' t y S r le fixieme de la Colledtion Académique , C\ l'on y É^«*I:S | comprend la Partie Françoife ; c'eft le quatrième ^rrvrvrvnx je ja partje Étrangère , & le premier de la fuite d'Hiftoire Naturelle féparée. Ce n'eft que fur l'avis des bons Juges & des Maîtres de l'Art que nous nous fommes déterminés à divifer la Colle£lion en trois fuites féparées : ce projet de divifion que nous avions annoncé dans le Difcours Préliminaire , a été approuvé , parce qu'on a fenti qu'en détachant & démêlant , pour ainfi-dire , les chofes de différents genres , il tendoit à rapprocher les chofes homogènes , & par conféquent à introduire plus d'ordre & de lumière dans un recueil qui réunira tout fans rien confondre. Le Naturalise , le Phyficien & le Médecin , trouveront chacun l'objet dont ils s'occupent , féparé de tout autre objet ; ils le faifiront plus facilement , ils le verront mieux , & la Science réelle deviendra plus facile , & ( qu'on me paffe ce mot ) plus portative. Tel eft le véritable but & le principal mérite de la Collection : épargner du temps } des recherches 3 du- travail , viij AVERTISSEMENT & de la dépenfe aux Gens de Lettres , voilà ce que nous nous propofons ; nos vœux feront remplis fi nous parvenons à nous rendre utiles à tous, même à ceux qui dédaigneront ou qui cenfureront nos travaux. Il eft inutile d'avertir qu'un ouvrage qui n'a pour but que l'utilité , & qui , pour ainfi-dire , vife à tous les genres d'éco- nomie , ne doit par conféquent vifer à aucune forte de luxe ; qu'on ne doit point exiger dans l'exécution de fes différentes parties cette perfe£lion , ce fini , qu'on remarque dans des ouvrages moins confidérables , ou entrepris avec moins de difficultés ; enfin qu'il méritera l'approbation & l'encourage- ment du Public , s'il préfente toutes les vérités relatives à fon objet expofées clairement, dégagées des inutilités, & épurées des raifonnements d'une mauvaife Philofophie. 11 eût été à fouhaiter que l'immenfité de notre plan nous eût permis de détacher , non-feulement les trois fuites généra- les , mais encore tous les objets particuliers compris fous chaque fuite , & de réunir méthodiquement fous autant de titres féparés , tout ce qui a été dit ou penfé fur chaque point d'Hi- ftoire Naturelle de Phyfique expérimentale & de Médecine : mais fans infifter fur la difficulté d'avoir continuellement fous les yeux un millier de Volumes , ( & il n'en faudroit pas moins pour débrouiller ce cahos , ) je me contenterai de faire fentir que la nature des ouvrages qu'embraffe la Colle£lion , ne comporte pas une telle méthode , & que l'ordre chronologique que nous avons dû fuivre a fes avantages. Chaque année voitéclorre de nouvelles produirions qui com- pofent les Recueils académiques , & qui font partie des Ou- vrages DE V ÉDITEUR. ix Vrages périodiques. Or , il eft évident que ce produit annuel & fucceiïif des Académies & des Ouvrages périodiques, lequel eft le principal fond de la Collection } ne pourroic dans la fuue s'affujettir à l'ordre des matières ; ou bien il faudroit mener de ftont autant de fuites féparées , qu'il y a d'objets particuliers fur iefquels les Philofophes modernes fe font exercés ; ôc il faudVoit de plus attendre que chacun de ces objets eut pro- duit une fuite un peu confidérable de découvertes ; c'eû-à- dire, qu'il faudroit attendre quelquefois plus d'un fiecle entier: ainfi donc quand nous pourrions ranger aujourd'hui dans l'ordre des matie'res, tous les mémoires qui exiftent actuellement dans les Recueils que nous avons indiqués , il ne feroit pas pofhble de fuivre cet ordre pour les mémoires qui fe publieront fuc- ceflivement à l'avenir , & nous ferions blâmés avec raifon , d'avoir commencé à travailler fur un plan que nous ferions for- cés d'abandonner dans la fuite. D'ailleurs n'eft-ce pas le temps qui enchaîne par des liens in- vifibles toutes les découvertes , & qui fouvent fait naître les unes des autres celles qui femblent avoir le moins de rapport entr'ei- les f L'ordre des temps eft donc plus propre qu'on ne le croiroit d'abord , à faire connoitre la vraie marche de l'efprit humain, à dévoiler les liaifons fouvent imperceptibles des découvertes , & par conféquent à favorifer les progrès toujours trop lents du. génie inventeur ? Tous ces motifs nous ont déterminé à fuivre l'ordre des temps dans 'chacune des trois Suites Jétac/iées , avec d'autant plus de raifon que le temps feul peut mefurer la durée de notre b s AVERTISSEMENT entreprife. En effet , la Collection Académique, fi elle eft bien dirigée ôc bien exécutée, doit fe foutenir par fa nature même, tant qu'on fera de nouvelles découvertes , & jufques à ce que la roue des chofes humaines ramenant l'ignorance ou une mau- vaife philofophie , tariffe les fources delafcience réelle, & par conféquent fupprime les vrais matériaux de la Collection Aca- démique. Quoiqu'il en foit , en nous écartant de l'ordre des matières dans les détails de chacune de nos trois fuites , il nous fera facile de fuppléer à ces avantages par des tables bien fai- tes : j'appelle ainfi des tables qui réunifient fous cha- que mot , l'indication de tout ce qui a rapport à la chofe figni- fîée par ce mot, & où les indications font fi juftes , fi précifes & fi multipliées , qu'une feule circonftance d'un fait inconnu étant donnée, on puifle, à l'aide des tables , trouver ce fait dans le corps de l'ouvrage. Il y aura à la fin de chaque vo- lume des tables conftruites d'après ces idées : nous y ferons entrer principalement tous les différents noms qu'on a donnés à un même objet en différentes langues , afin d'épargner au Le£teur le dégoût que nous avons fouvent éprouvé nous-mêmes, de chercher par-tout la fignification d'un mot qui défignoit une chofe très-connue: tous les Naturaliftes favent combien il eft uti- le d'éclaircir la concordance des noms en Hiftoire Naturelle. A l'égard de l'ouvrage même , nous tâcherons de fuivre dans fon exécution , les vues qui ont été expofées à la tête du premier volume de la Partie étrangère A & qu'il eft inutile de retra- cer ici» DEL EDITEUR. xj J'ai dit que le volume qui parohToit aujourd'hui , étoit le premier de la fuite d'Hiftoire Naturelle j mais comme diverfes perfonnes affignent diverfes limites à cette belle partie de la Science, & qu'en effet ces limites font affez arbitraires , je dois indiquer celles dans lefquelles j'ai cru devoir me renfermer. Rien n'eft plus vafte que l'Hiftoire Naturelle prife dans toute fon étendue : elle embrafle l'hiftoire de tous les êtres qui con- ftituent la nature ; non-feulement elle confidere leurs rapports extérieurs 6c leurs propriétés intimes , elle s'étend encore à tous les réfultats plus ou moins généraux de ces rapports 6c de ces propriétés : c'eft un tableau immenfe qui repréfente l'Uni- vers vifible 6c l'Univers intelligible, c'eft - à - dire , les phé- nomènes qui frappent les fens , 6c les loix invifibles d'où dépendent ces phénomènes 6c quinefe dévoilent qu'aux yeux de l'efprit. A proprement parler la Politique même 6c la Morale humaine , ainfi que tous les arts humains , font de fon reffort ; puifque l'homme lui-même eft un agent naturel , 6c que ces fciences 6c ces arts qu'il regarde comme d'un ordre fupé- rieur , parce qu'ils ont rapport à fes plus chers intérêts , ne font en effet dans l'Univers que de très-petits rapports établis entre de très - petits êtres perdants ôc rampants fur un tas de pouffiere. Si l'efprit du commun des hommes étoit affez vafte 6c afTez fort pour embrafler la nature entière fous ce grand point de vue , la divifion de la fcience de la nature feroit un abus ; mais la foiblefTe 6c les bornes de l'entendement humain, ayant rendu cette divifion néceffaire à un certain point f chacun l'a faite aç-. bij >ij AVERTISSEMENT bitrairement fuivant fes vues ou fes préjugés. Pline, qui feuî ofa envifager la nature dans toute fa plénitude } renferma la Phyfique , la Morale , & jufqu'à la Théologie dans fon Hiftoire Naturelle ; il ne fe propofa rien moins que de donner fous ce titre une Encyclopédie (a) complette. Quelques Modernes, par un excès contraire , ont exclu de l'Hiftoire Naturelle pro- prement dite , jufqu'à la Botanique & à l'Anatomie comparée : pour nous nous tacherons de tenir un jufte milieu entre ces deux extrêmes , & nous nous faifons un devoir de foumettre notre opinion au jugement du Public. Il nous paroît donc qu'on peut entendre par Hiftoire Natu- relle proprement dite , l'hiftoire de la forme extérieure , de laftructure intime , & des rapports inadifs des corps naturels dans l'état de repos , lahTant à la Phyfique Expérimentale l'hiftoire des corps en mouvement , fe modifiant les uns les autres par leurs propriétés actives. Conféquemment à ces limites dans lefquel- lesfe renferme l'objet de ces deux fciences, l'Anatomie de l'hom- me fembleroit appartenir à l'Hiftoire Naturelle ; mais comme elle a un rapport immédiat avec la Médecine , & qu'elle fait partie de la doctrine du Médecin , nous nous conformerons à l'ufage reçu , fans prétendre retrancher cette belle partie à l'Hiftoire Naturelle : nous ofbns même la recommander parti- culièrement à tous les Naturaliftes , comme étant la bufe de Panatomie comparée , & le feul moyen d'appliquer plus im- médiatement à l'homme l'avantage des découvertes que l'on ii lin Ml DE L' E D I T E U R. $j peut faire fur la ftrudure & l'organifation des autres animaux. A l'égard dc-1'Anatomie comparée même, nous l'emploierons fans fcrupule dans notre fuite d'Hiftoire Naturelle. Nous y fommes autorifés par l'exemple de plufieurs Naturaliftes célè- bres. Bellon a commencé l'Hiftoire des oifeaux par l'exnofi- tion anatomique de leurs parties internes ; Artedi a fait de même à l'égard des ponTons , Gefner &Redi à l'égard de prefque tous les animaux dont ils parlent ; enfin les Auteurs de YHiftoire. Naturelle générale & particulière , ouvrage fi bien conçu & Ci bien exécuté , ajoutent à l'hiftoire la plus complette des ani- maux , la plus belle fuite d'Anatomie comparée qui ait jamais paru. Si ces exemples ne fuffifoient pas pour nous autorifer dans le parti que nous avons pris d'admettre l'Anatomie comparée dans la fuite d'Hiftoire Naturelle , nous dirions que fi l'on vou- loir reftreindre l'objet de l'Hiftoire Naturelle à ce que préfen- te aux yeux l'extérieur des corps animés ou inanimés , ce feroit r raire de cette fcience une étude frivole & ftérile ; que la fi- gure extérieure des corps animés dépendant en grande partie de la ftrutfure de leurs parties internes , on ne peut bien connoître l'une fans connoître l'autre , & que fi les connoiflances de l'une & de l'autre étoient féparées , & ne fe trouvoient pas dans une même tête , il n'en pourroit jamais réfulter aucune découverte fur les rapports mutuels qui exiftent entre l'extérieur & l'intérieur de ces corps. Nous ajouterions , comme une raifon de con- venance à l'égard de la ColleBion Académique , qu'on a plus écrit fur la Médecine feule , que fur l'Hiftoire Naturelle & la Phylique biij m AVERTISSEMENT Expérimentale enfemble, & que par conféquent pour établir une certaine balance entre nos trois fuites , il faut attribuer à la moins volumineufe les objets intermédiaires ôc mitoyens qui peuvent lui appartenir , & appartenir encore à une autre fuite. Ces objets intermédiaires ôc , pour ainfi-dire, à deux faces , font en très-grand nombre , ôc donneront lieu fans doute à beau- coup d'objections de la nature de celle que je viens de pré- venir au fujet de l'Anatomie comparée. Je me contenterai de faire ici une réponfe générale à toutes ces fortes d'objections : c'eft que, comme l'ont remarqué de très-grands Philofophes , toutes les divifions des fciences & des objets des fciences , ne peu- vent être fi exactes qu'il n'y ait entre chaque divilîon des nuan- ces équivoques , qui tiennent autant de la nuance qui précède que de celle qui fuit ; que par conféquent ce vice réfide dans la chofe même , ôc ne doit pas m'être imputé ; ôc que pour m'é- xempter de tout reproche , il fuffit qu'une obfervation , une découverte que j'aurai employée dans l'une des trois fuites , ap- partienne à cette fuite au moins par quelqu'une de fes faces. Quel- que fois même on trouvera des faits qui auront un rapport évident avec l'objet d'une autre fuite , par exemple , des faits de Chy- mie & de Médecine dans la fuite d'Hiftoire Naturelle ; mais ces faits étrangers fe trouvent employés & comme encadrés dans un mémoire dont le fujet principal appartient à l'Hiftoire Naturelle ; ôc je n'ai pas cru devoir tirer ces faits de leur place, d'où ils jettent de la lumière fur ce qui les environne , pour les renvoyer dans un autre endroit, où paroifTant ifolés ôc fana aucune liaifon , ils ne figaifîeroient prefque rien. Je me déter-! DE V ÉDITEUR. xv mine en ce cas par les vues de l'Auteur: s'il eft Naturalifte , & qu'il traite fon fujet en Naturalise, je n'héfiterai pas d'em- ployer dans la fuite d'Hiftoire Naturelle, des faits qui femblent avoir un rapport immédiat à la Phyfique & à la Médecine, mais qui font employés en preuves dans un Mémoire d'Hiftoire Na- turelle : En agir autrement , ce feroit détruire l'enfemble des Mémoires, & difperfer les vérités qui fe font valoir mutuellement. ce qui feroit direftement contre l'efprit de la Colkaion. Quelques-uns trouveront peut-être que j'aurois dû éviter des efpeces de répétitions qui fe rencontrent dans ce volume ; non que j'aie employé deux fois une même obfervation , mais parce que j'aurai employé deux ou plufieurs obfervations. d'un même objet faites par différentes perfonnes. Ce reproche ne me fera fait que par ceux qui n'auront pas remarqué combien en Phyfi- que la multitude , la conformité, la diverfité même & l'oppofi- tion des témoignages , en un mot combien la concurrence des obfervations eft néceffaire pour conftater un fait. Le fait le plus limple n'eft prefque jamais expofé dans toute fa fimplicité. Les préjugés de l'Obfervateur jettent des reflets infidèles fur les objets obfervés , & fe mêlent fi intimement avec le vrai , qu'il eft très-difficile enfuite de les féparer. Il n'y a pas jufqu'au nom que l'Obfervateur impofe à fa découverte , qui ne puiffe être une fource d'erreur : prennons un exemple ; d'habiles Ob- fervateurs ont découvert ou cru découvrir des ovaires dans les femelles des vivipares , & des animalcules dans la liqueur fémi- nale des animaux , & dans quelques infufions végétales. Un erand Phyficien eft venu enfuite qui a mieux vu les mêmes cho- xvj AVERTISSEMENT. fes , & qui a reconnu que ces prérendus ovaires dans les femelles des vivipares , n 'étoient autre chofe que des corps glanduleux , qui fe développent fur les tefticules de ces femelles par la même caufe qui leur infpire le defir de perpétuer leur efpece : ce même Phy- ficien réfléchiffant profondément fur le procédé delà nature, & confirmant fes penfées par une obfervation vraiment Philofo- phique , a démontré que les animalcules féminaux n'avoient d'autre reiTemblance avec les vrais animaux que le mouvement Fpontanée ; mais qu'ils en différoient eflentiellement , foit par la privation de tout mouvement volontaire , foit par l'inaltérabilité même de leur mouvement fpontanée , foit par la mutabilité de leur forme , foit parce qu'ils étoient dépourvus des fens & des organes néceffaires à tout animal pour fe conferver , fe nourrir & fe reproduire. Enfin il a découvert que ces prétendus animal- cules étoient de fimples molécules organiques , & pour ainfi- dire , les éléments de toute matière vivante , lefquels vont cir-, culant à la furface de la terre , & fe combinant fous toutes les différentes formes qui réfultent des forces qui les raïïemblent, & de celles qui s'oppofent à leurs réunions. Cependant tout ce qu'il y avoit de réel dans les découvertes de Graaff ôcdeLeewen- hoeck ( a ) , c'eft-à-dire , le fait de l'exiitence des corps pris pour des ovaires _, de ceux pris pour des animalcules féminaux, & le fait de l'influence de ces corps fur l'œuvre de la génération, fubfiftent toujours ôc doivent être confervés : les corrections faites à ces découvertes ne portent que fur l'arbitraire qui s'étoit (a) Svammcrdam difputoit à GraafF la découverte des prétendus ovaires dans les vivi- pares ; & û l'on s'en rapporte à Thomas Barthohn, cette découverte appartient à Stenon. mêlé DE L È D I T E U R. xvij mêlé à l'expofition de ces faits , & fur ces infidélités fubtiles , involontaires , qui coulent imperceptiblement de la plume de tout hiftorien, même de l'hiftorien delà nature , lorfqu:il a la tête préoccupée d'une opinion. Or , pour dégager un fait de tout ce que l'opinion peut y mêler d'arbitraire & d'incertain , ne faut-il pas qu'il foit vu & revu par différentes perfonnes , en différents pays, en différents temps & fous des afpeds différents; & qu'un recueil tel que celui-ci raffemble toutes ces obferva- tions dans un feul corps, afin qu'elles fe confirment, s'éclairent & fe rectifient mutuellement. Peut-être auflï me reprochera-t-on le trop grand nombre de monftres : il eft vrai que je n'en ai pas omis un feul qui fût bien conftaté, quoique je n'ignoraffe pas que des perfonnes très-fen- fées ont regardé comme inutile cette foule de monftres des pre- miers volumes : mais je fupplie ces perfonnes de pefer mûrement les motifs que j'ai eus de m'écarter en ce point de leur opinion. J'avoue que c'eft un grand abus dans l'obfervation de la nature de négliger les phénomènes communs & journaliers pour ne s'at- tacher qu'aux phénomènes rares, par cela feul qu'ils font rares & qu'ds ne reffemblent pas à ce qu'on voit tous les jours ; j'avoue même qu'une telle difpofition dans un obfervateur, peut être comparée à l'imbécille curiofité du vulgaire, qui ne faifant nulle attention aux merveilles de l'art & de la nature, dont il eft envi- ronné, fe raffemble en foule autour de tout objet nouveau, fou- vent rebutant & quelquefois affreux, qu'il voit pour la première fois. Mais fi la curiofité mal-entendue des fingularitésÔc, fi l'on veut, des raonftruofités de la nature, égare l'obfervateur, l'exa- xviij AVERTISSEMENT men de ces mêmes fingularités fait avec des vues vraiment philo- fophiques jette une grande lumière fur les fciences naturelles. Hé ! quels avantages ne pourroit-on pas tirer de ces effets plus ra- res d'une caufe générale, fi l'on favoit les obferver, les comparer, & découvrir quelques fils de la trame par laquelle ils tiennent aux caufes générales ? Tout corps qui prend conftamment une forme déterminée peut être fujet à des monftruofités ; le nombre, le volume, la pofition de fes parties , peuvent varier hors des limites ordinaires par l'effet des caufes perturbatrices : ainfi il peut y avoir des monftres, non-feulement dans les animaux, non-feulement dans les végétaux , mais encore dans les fubftances minérales qui affe£tent conftamment une figure déterminée. Ne pourroit-on pas en comparant les monftres des trois règnes découvrir d'abord en quelles efpeces de chaque règne, en quels individus de cha- que efpece, en quelles parties de chaque individu ces fortes d'ir- régularités ont lieu plus fréquemment ; obferver dans ces irrégu- larités les tendances de la nature, foit à l'excès, foit au défaut ; remarquer ce que font ici la faifon , le climat , le milieu en- vironnant , le terrein , & d'autres circonftances plus particu- lières ; appercevoir quels changements dans chaque partie 6c dans l'habitude entière entraînent les conformations irrégulieres de chaque partie ; en déduire la correfpondance de ces parties, leur ufage, leur nécefllté dans l'oeconomie animale, la véritable caufe des monftruofités , leur formation , & peut-être l'art de faire des monftres ? J'ignore fi toutes les efpeces qui exiftent actuellement ont exifté toujours, & fi toutes celles qui ont exifté DE L'ÉDITEUR. xix autrefois exiftent actuellement : mais s'il eft un moyen de pro- duire des efpeces nouvelles, ou de fondre plufieurs cfpeces an- ciennes en une feule, c'eft cet art de faire des monftres : c'eft par cet art que l'homme pourroit augmenter fa puiftance fur les individus , & étendre fon empire jufques fur les efpeces ; & com- ment acquérir cet art, finon en obfervant, en comparant, en réunifiant fous un feul point de vue tous les monftres, en tâchant de découvrir dans ce cahos d'irrégularités apparentes la loi cachée qui dirige tout ce défordre ; & profitant de la connoifiance de cette loi pour perpétuer les irrégularités avantageufes , détruire à la fource les irrégularités nuifibles , 6c perfectionner non-feulement l'efpece humaine , mais encore toutes les races d'animaux que l'efpece humaine employé à fes befoins ou à fes plaifirs. Il eft donc à fouhaiter non-feulement que toutes les defcriptions de monftres foient raflemblées , mais encore que tous les monftres foient décrits, & fur-tout qu'ils foient décrits par des Philofophes. Si parmi les fingularités dont nous avons fait ufage , il s'en trouve quelques-unes d'incroyables , ou même qui paroiflent abfurdes , tout Le£teur équitable ne nous l'imputera point. Nous n'avons pas dû prendre notre opinion pour règle dans le choix des faits , mais donner tous ceux qui ont pour garants des Obfer- vateurs dignes de foi ; c'eft la règle que nous avons fuivie & que nous fuivrons toujours, perfuadés qu'il eft téméraire de juger de ce qui eft, d'après ce que l'on conçoit poffible. Au contraire, en Hiftoire Naturelle comme en Phyfique, ce qui eft, & non ce que l'on conçoit , eft la véritable mefure du pofljble , & l'on ne cij xx AVERTIS S EM ENT peut être trop réfervé à prononcer l'impoflibilité d'un fait qui pafle nos connoiflances. Si c'eft une expérience, il faut la répé- ter ; fi c'eft une obfervation paflagere , & dont l'occafion ne fe retrouve plus , il faut confulter l'analogie, pefer les témoignages, & apprécier les probabilités ; nous mettrons le Leûeur à même de faire tout cela : mais nous ferions répréhenfibles de le priver de tous les faits qui nous paroîtroient hors de vraifemblance , parce que fouvent ce qui n'eft pas vraifemblable eft vrai , & que ce qui avoit été jugé impoffible par les Philofophes s'eft trouvé confirmé par l'expérience. Dans le même efprit d'exa£litude nous avons tâché de con- ferver fcrupuleufement à chaque obfervation , le carattere ori- ginal que lui a imprimé l'obfervateur : tous les retranchements que nous avons faits , fe font bornés uniquement à ce qui étoit étranger ou contraire à la fcience ; nous avons refpe&é l'ex- pofition des faits au point de ne pas abréger des longueurs qui nous ont paru de mauvais goût ; mais nous avons cru cette ex- ceflive fidélité néceffaire pour mériter ou plutôt pour obtenir la confiance du Public. Lorfqu'un hiftorien cite une charte en preuve de fon récit _, il doit la citer dans toute fa pureté origi- nale ; & je regarde les obfervations qui font ici rafîemblées , comme les chartes de la Philofophie Naturelle, lefquelles font la bafe des théories préfentes & avenir , ainfi que les chartes hiftoriques font la bafe de la connoiffance du paffé. Enfin nous nous attendons à des obje&ions toutes contraires fur le plan & fur l'exécution de cet ouvrage : les uns y trouve- ront des faits trop minces & trop peu intéreflants ; les autres feront DEL' ÉDITEUR. xx furpris d'y trouver quelques hypothefes qui n'ont pas fait ôc qui ne dévoient pas faire fortune. Je réponds en deux mots à ces objections qui femblent fe détruire : les hypothefes qui font em- ployées ne le font que par extrait , &c elles contiennent des fait généralifés qu'on ne trouve gueres ailleurs ; car il n'y a gueres que les faifeurs d'hypothefes qui généralifent les faits. A l'égard des obfervations peu intéreffantes , elles prouvent au moins qu'on n'en a point omis de confidérables : d'ailleurs, quel eît le fait, fi mince qu'il paroiffe, dont on puilfe alfurer l'inutilité abfolue? Et même l'inutilité relative d'une vérité de fait ne fuppofe-t-elle pas toujours l'ignorance de l'homme ? & ne ceffera-t-elle pas tôt ou tard avec cette ignorance? Le but de la Colle£tion doit donc être de ne laiffer perdre aucune vérité qui ait rapport à fon objet : l'abus feroit de s'exagérer l'importance des petits faits & non de les conferver. Au refte , nous ne fommes pas afTez préfomptueux pour ofer ef- pérer , encore moins pour croire mériter l'approbation de tous» Il eft néceflaire que chacun jugeant de l'importance des chofes par le degré d'application qu'il a donnée à chacune , les uns regardent comme inutile ce que d'autres regarderont comme ef- fentiel : celui qui voit en grand n'aime que les grandes vues , & dédaigne tous les faits particuliers ; celui qui s'eft toujours oc- cupé de petits objets n'aime ni ne conçoit les grands fyftêmes , ôt ne fait cas que de ce qu'il voit à travers fon microfcope : la Colle&ion Académique fera un très-bon ouvrage lorfqu'elle ne préfentera rien qui puhTe paroître abfolument inutile à la clafle nombreufe des Lecteurs compris entre ces deux extrêmes, ciij xxij AVERTISSEMENT Ce volume renferme i°. le fupplément des Tranfaclions Phi- lofophiques , quant à l'Hiftoire Naturelle , depuis l'année \66$. jufqu'à l'année \6Z^. inclufivement. a°. Le Supplément des Ephémérides des Curieux de la nature , auflï quant à l'Hiftoire Naturelle, depuis l'année i6jo. jufqu'à l'année i6%6. 3°. L'extrait de la fixiéme année de la féconde Décurie de ces mêmes Ephémérides , quant à l'Hiftoire Naturelle. 4°. L'extrait du Journal Littéraire de l'Abbé Nazari , quant à l'Hiftoire Naturelle. y0. L'extrait des A£les de Y Académie de Copenhague y quant à l'Hiftoire Naturelle, depuis 1671. jufqu'à 1679. 6°, L'extrait de la diflertation de Nicolas Stenon fur les corps folides qui fe trouvent contenus naturellement dans d'autres corps folides. 70. Les Expériences de François Redi fur la génération des Infectes. 8°. Les Ohfervations du même Redi_/«r les animaux vivants qui fe trouvent dans d'autres animaux vivants. 90. Les Ohfervations du même Redi fur diverfes chofes natu- relles , & principalement fur celles qui viennent des Indes. io°. L'extrait de quelques Lettres de Redi & de plufieurs au-: très Naturaliftes fur divers points d'Hifloire Naturelle. 1 1°. Quelques Defcriptions d'animaux , extraites de l'Ouvra- ge de Willis intitulé : de Anima brutorum. Nous avons donné ailleurs une idée de la Société Royale de Londres , 6c de l'Académie des Curieux de la nature , dont DE L' È D I T E U R. xxiij les mémoires commencent ce volume : il me refte à dire un mot de VAcadémie de Copenhague , du Journal de l'Abbé Na- zari , & delà vie littéraire de Stenon, de Redi & de Willis. L'Abbé Fnnçois Nazari de Bergame , excité par la réputation & le fuccès du Journal des Savants, entreprit en 166S. fan Giornale de Letteiati , fous la direction de l'Abbé Ricci depuis Cardinal. Ce Joumaifbrt eftimé alors, non-feulement renfermoit les indications & l'ext-ait des livres nouveaux , on y trouvoit encore quelques mémoh-s entiers ôc quelques pièces origina- les fur différents objets de ^hilofophie & d'Erudition : l'Abbé Nazari le continua avec aflHuité jufqu'en 1679. mais s'é- tant avifé cette année même K79. de changer fon libraire , je ne fais pour quel motif f celui-c s'adreffa à Giovanni Ciam- pini qui lui fournit des matériaux jufqu'en 16S1. Ce Journal ainfi partagé en deux branches , fut tantôt interrompu & n'a pas été repris depuis : j'ignore s'il fut réglette alors , mais à en juger par ce que nous en avons extrait , ( ôç nous avons extrait le meilleur ) ce ne fut pas une grande perte p^ur l'Hiftoire na- turelle: peut-être même nous fuflions-nous abftsnus de puifer dans ce Journal, fi fa célébrité ne nous eût fait craindre qu'une telle omiflion n'eût été regardée comme effentielle par ceux qui ne jugent que d'après la célébrité. L'Académie de Copenhague fut fondée par Frédéric III. qui fentit combien il importoit à fa gloire & à celle du Dannemarck , d'encourager les fciences £c d'attirer ou de retenir les favants dans fes états : on trouve peu d'éclairciffements fur l'hiftoire dé cette Académie 3 on n'en trouve mêjne aucun dans les cinq xxiv A VER TISSEMENT volumes des aftes de Copenhague : le recueil de. ces mémoi- res eft dû principalement aux foins de Thomas Bartholin , le premier des Danois qui ait donné des obfervations de Méde- cine : fon projet étoit d'abord de faire une colle-tion qui em- braflat tous les genres de fcience ; mais effrayé par l'immen- fité de l'entreprife , il fe borna aux différentes parties de la Mé- decine , & aux connoiffances qui y avoif^t un rapport immé- diat : il fut fécondé dans l'exécution de ce projet par la protec- tion déclarée du Comte de* Griffenêld grand chancelier de Dannemarck , qui obtint en faveur de la Science un Edit très- fage par lequel il étoit enjoint a tous les Médecins Danois d'entretenir une correfpondanc exa£te avec le Doyen de la Fa- culté de Copenhague y. & de. l'iriftruire de toutes les fingula- rités de Médecine ou d'friftoire Naturelle obfervées dans les différentes provinces dt royaume. Bartholin fondoit } avec rai- fon, de grandes efpérances fur le produit de cette correfpon- dance ; & l'on trouve en effet dans les cinq volumes qu'il a pu- bliés y beaucoup de découvertes qui fe feroient -perdues , -ou qui peut-être n'aurôiéfif jamais exifté , fi cette côrrefpondance ne les eût corïrèrvées ou fait éc'lorre. Le plan de Bartholin > à l'é- tendueprès, avoit beaucoup 'dé rapport avec le nôtre, ôc fa ma- xime fondamentale , qui doit être aufll la nôtre y étoit qu'il fal- loir furmohter tous les obftaclés pour fe rendre utile aux hom- mes , & qu'il étoit plus -d'igné, d'un ^fagë dé leur faire du bien que- de leur -plaire. Ges^rnémoîrés-fihiffent en \6n^. ^teartholhï ne s'occupôit pas'1 feulement'du ffôin dé 'mûlrSpiret' & de réunir 'les "M\ ou verbes "unies ',' ïï f<® ptàifoit "a ûffi a -dé- terrer DEL' ÉDITEUR. xxvr terrer les talents naiflants & à Armer des obfervateurs qui puflent lui Feflembler. Nicolas Stenon fut du nombre de ceux •qu'il jugea dignes de fes foins, ôc juftifia bien l'opinion avan- ta^eufe que fou maître avoit conçue de lui. Après avoir achevé le cours de fes études à Copenhague fous les yeux de Bar- tholin , il pafla à Leyde où il fe perfectionna dans l'Anato- mie : il parcourut enfuite l'Allemagne favante , 6c vint à Paris où fon mérite perça bientôt , ôc le mit en liaifon avec les grands hommes qui fleuriflbient alors : Le célèbre Evêque de Meaux fut du nombre , 6c tâcha de faire la conquête de Stenon à la Religion Catholique ; mais Stenon , entraîné par l'attrait victo- rieux de l'Anatomie ôc de l'Hiftoire Naturelle , s'étourdit fur les impreflions que faifoit fur lui l'éloquence de BofTuet , 6c emporta dans fon cœur , fans s'en appercevoir , le trait qui devoit opérer fon changement. Il alla de Paris à Vienne , voyagea quelque-temps en Hongrie, pafla enfuite à Rome, 6c vifita les plus fameufes Univerfités d'Italie. Le Grand Duc Ferdinand II. qui fe connoiiïbit en hommes , arrêta Stenon à fa Cour , ôc crut l'y fixer en lui confiant l'éducation de fon petit-fils. Ce fut dans ces circonftances que les germes d'or- thodoxie que Bofluet avoit jettes dans fon ame achevèrent de fe développer : Stenon embrafla la Religion Catholique ; il l'embrafla de bonne foi , fans aucun motif d'ambition ou d'in- térêt , 6c uniquement parce qu'elle lui parut la meilleure : il en étoit fortement perfuadé , ôc delà fon zèle infatigable pour en perfuader les autres : ce zèle lui attira des dégoûts dans fa Patrie qui l'avoit réclamé , lui valut l'Epifcopat en " Italie Tome TV 'des Acxd. Ètrunv* d xxvj AVERTISSEMENT où il étoit revenu , ôc fe Soutint également contre ces deux genres d'épreuves , je veux dire la perfécution ôc les honneurs : le temps même fembla lui donner de nouvelles forces ; car fur la fin de fes jours Stenon perdit de vue toutes les fcien- ces humaines pour fe livrer fans partage 6c fans réferve à la Religion : on le vit alors fe promener de ville en ville pour convertir les Luthériens : Munfter , l'Ele&orat de Hanovre , le Duché de Meckelbourg , furent le théâtre de fes mifllons jufqu'à fa mort qui arriva le z$ Novembre 1686. Le Grand- Duc en ayant appris la nouvelle , envoya auflî-tôt à Hambourg pour faire tranfporter le corps de Stenon à Florence , où il le fit enterrer dans le tombeau des Grands-Ducs. Ce Prince favoit que les honneurs prodigués au cadavre d'un homme illuftre 3 exciteroient dans lame des Savants une émulation qui feule étoit capable de réparer une fi grande perte. Stenon rend compte lui-même à la tête de fa diiTertation de Solido ïntra Solidum Naturallter contento , des motifs qu'il eut de compofer cet ouvrage ; ôc fi la prévention ne m'aveugle pas en faveur d'un auteur que j'ai traduit , on trouve dans cet ouvrage , ou plutôt dans cette efquifie } la preuve que Stenon étoit l'un des hommes de fon fiecle qui connoifibit le mieux la bonne méthode d'étudier la nature , ôc qui joignoit le plus heureufement les vues fyftcmatiques au talent d'obferver. (a) (a) Les autres Ouvrages de Stenon , font i°. Elfai d'Obfervation fur les mufcles & !es glandes : on y trouve deux Lettres , l'une fur la diflcftion de la taie , l'autre fur le pafla- gc du jaune de l'auf dans l'inteftin du pouiet. x°. Difcours fur le cerveau. DE V É D I T E U R. xxvij La Cour de Florence étoit alors le rendez-vous des fa- vants les plus illuftres de l'Europe ; François Redi s'y trouva avec Stenon pendant les deux féjours qu'y fit ce dernier , ôc il y eut plus d'une obfervation faite en commun par ces deux Na- turalises. Redi avoit étudié les belles Lettres chez les Jéfuites , ôc la Philofophie dans l'Univerfité de Pife : il fit honneur à l'une 6c à l'autre école par fes fuccès diftingués dans l'un ôc l'autre genre ; car Redi n 'étoit pas feulement un obfervateur , un naturalise , un philofophe , il étoit encore poëte ôc bon poète , fi l'on en juge par de très-beaux vers Italiens qui nous reftent de lui , & qui échappèrent au feu auquel il avoit con- damné en mourant toutes fes poëfies. Il fut auflï grammairien , & il étoit bien éloigné de regarder l'étude des langues com- me une étude d'enfants : il fit de profondes recherches fur les étymologies de la langue Italienne , dont Ménage a bien fu profiter ; enfin il fut l'un des principaux auteurs du Diction- naire de la Cnifca , ôc fes ouvrages qui font fouvent cités dans ce dictionnaire , ne font pas moins eftimés des Italiens pour la pureté du langage , qu'ils le font des philofophes de toutes les nations pour l'excellence des chofes qu'ils contiennent. Ce qui caradérife Redi comme obfervateur , c'eft une fage incrédulité à l'égard du merveilleux , une grande attention à détruire les erreurs établies , une fagacité finguliere à obferver 5 . Obfervations Anatomiques de divers vâifleaux du nez. , de la bouche & des veux , Sec. ans. ( dij -y .VH«.lmwH0(UMHHjU^UUWaH1TU) vauji-dLjjt au nez, ae ia Doucne oc des 4°. Effai de Myologie , auquel on a joint pluficurs différions de poifl'ons. ( Tous ces Ouvrages fe trouvent dans la Bibliothèque Anatomique de Mange:. ) f°. Huit Mémoires répandus dans les Aétes de Copenhague. xxviij AVERTISSEMENT la marche de la nature dans la formation de fes plus petits ou- vrages , ôc une bonne foi fcrupuleufe à faire l'hiftoire de ce qu'il avoit obfervé : en un mot il paroiflbit animé du véritable efprit de l'Académie del Cimenta dont il étoit membre. Il s'apperçut de bonne heure des abus que la charlatannerie & l'ignorance avoient introduits dans la Médecine, ôc il fuivit une méthode nouvelle , auffi fimple que facile , de traiter les maladies ; méthode qui fut adoptée par Jofeph del Papa , par Laurent Bellini , & qui malheureufement n'a pas été adoptée par le plus grand nombre. Il eft rare de trouver tant de qualités en un degré auffi émi- nent , réunies dans un feul homme ; ce n'étoit cependant pas toutes celles de Redi , il en avoit de plus précieufes encore s qui lui gagnèrent l'affeftion de fes Maîtres , & le rendirent les délices des Gens de Lettres : il fut loué par fes contempo- rains avec toute l'effufion de cœur que produit le mérite fu- périeurôCmodefte : c'eft qu'il étoit éloigné de toute préemption , de toute injuftice , incapable d'abufèr de fes avantages , bien- faifant par caraûere à l'égard de tous , ôc par choix à l'égard des Gens de Lettres ; prompt à les- aider de fes lumières , à les encourager par de juftes éloges, ôc toujours attentif à ména- ger leur délicateffe : peut être n'en faut-il pas moins à un grand homme pour fe faire pardonner fa fupériorité, Redi fut attaqué du mal-caduc fur la fin de fes jours ; il mourut à Pife de mort fubite le premier Mars 1697. dans fa foixante & onzième année. Thomas Wiïlis naquit d'un Anglois , homme de Lettres , DE V ÉDITEUR. xxh aflez fage pour préférer le fdjour de la campagne à celui des grandes villes , & pour partager fon loifir entre le bonheur de jouir de lui-même, & le devoir d'élever fes enfants. Ses foins eurent le plus grand fuccès à l'égard deThomas Willia, mais il n'eut pas la fatisfattion d'en jouir pleinement ; car il mou- rut avant que fon fils eût atteint fa vingt-deuxième année. Thomas "Willis fe difpofoit à refter dans cette folitude que fon père avoit aimée ; mais il fut forcé de l'abandonner par les défordres que commit en ce temps la fa&ion de Cromwel : il étoit trop fidèle à fon Roi pour n'être pas en butte aux re- belles, ôc il étoit trop prudent pour s'expofer fans défenfe & fans fruit à leurs in valions. Il alla donc à Oxford , entra dans l'Univerfité de cette ville , & donna plufieurs années à la Théo- logie ; mais il s'apperçut enfin que ce genre d'étude lui fer- viroit peu , & qu'il pourroit même lui nuire beaucoup fous Cromwel qui avoit trop abufé de la Religion , pour ne pas hair quiconque faifoit profeffion d'en pofleder le véritable efprir. Willis fe tourna donc du côté de la Médecine , fans rien perdre des moeurs pures & de 1?. conduite auftere qui convenoient à fon premier état : ce fut alors qu'il publia quelques traités de Chymie & de Médecine; (a) celui de la Fermentation fait d'au- tant plus d'honneur aux talents de fon auteur , fur-tout à fon talent d'écrire , que quoiqu'il n'eût pas la vérité pour bafe , il attira à Willis un grand nombre de fectateurs ; beaucoup de Médecins furent féduits par la facilité qu'il leur procura d'e::- (<2) De Ttrmentadoru,4e Yebrdus , de Urirtis. xxk AVERTISSEMENT. pliquer tout à l'aide de je ne fais quelle fermentation J quoi- que la pratique dirigée en conféquence de ces explications ne fût pas toujours heureufe. Charles II. étant monté fur le trône , recompenfa les ta- lents ôc la fidélité de Willis , en le nommant Profefieur de Philofophie naturelle en l'Univerfité d'Oxford ; 6c Willis crut devoir juftifier le choix du Prince par de nouveaux travaux : il compofa dans cette vue fon Anatomïe du cerveau , Ou- vrage excellent } ôc fes traités du Scorbut 6c des Maladies con~ vulfives. En i66j. il fut appelle à Londres pour y faire la Médecine , 6c la fit avec tout le zèle dont il étoit capable : il étoit naturel- lement ennemi de la charlatannerie ôc de tous les petits moyens qui font fi fouvent la fortune de ceux qui fe refpe&ent aflez peu pour les employer ; néanmoins il fut bientôt prifé tout ce qu'il valoit : les petits moyens ne fervent qu'à la médiocrité, le vrai mérite n'a qu'à fe montrer pour enlever les hommages ; il a encore un cara&ere diftin£tif , c'eft de fuffire à plus d'une cho- fc. Willis compofa plufieurs ouvrages , eut une grande pratique , s'occupa très-férieufement de fes malades ; 6c s'il fit quelque- fois la Médecine trop fyftématiquement , il ne la fit jamais lef- tement ; cependant il fut encore trouver le moment de faire des obfervations d'Hiftoire Naturelle ôc de les rédiger : il en fit ufage dans fon livre de lAme des Bêtes , d'où nous les avons tirées par extrait. Willis ne s'en tint pas-là , ôc publia encore de nouveaux ouvrages de Médecine ôc de Chymie : tant de tra- vaux durent altérer fa fanté , ôc l'altérèrent en effet. Il mourut DE V É D I T E U R. xxxj d'une pleureTie dans fa cinquante-feptieme année , Ôc conferva fa tête jufqu'au dernier infiant. Comme nous avons déjà annoncé une partie des Gens de Lettres qui ont contribué à l'exécution de la Collection Aca- démique,il ne nous refte qu'un mot à dire de ceux de nos Collègues qui ont travaillé à ce volume , ôc dont je n'ai pas encore eu l'occa- fion de parler. Monfieur Savary Médecin de la Faculté de Paris, traducteur de l'ouvrage excellent du Docleur Lind fur le Scorbut , & auteur d'une thèfe très - curieufe fur la voix humaine 3 (a) a traduit une partie de l'extrait des Actes de Copenhague. Une autre partie de ces mêmes Actes , a été traduite par un homme de Lettres qui defire de n'être point nommé. Il en eft de même de la perfonne qui a traduit toute la partie des Œuvres de Redi. qui a rapport à l'Hifloire Naturelle. Nous ofons répondre au Public , que c'eft par des motifs très-loua- bles que ces deux traducteurs refufent de fe faire connoître , & qu'ils font fort éloignés de vouloir abuferde l'anonyme pour négliger leurs traductions. (a) Le Journal des Savants du mois de Juin 1757. parle de cette Thèfe : c'eft une liittin- ûion , niais elle lui étoit bien due. xxx;j T DES A c BLE A P I T R E Du Volume IV. de la Collection Académique , Partie étrangère. TRANSACTIONS PHILOSOPHIQUES. -> 4 M. Éche des Baleines en Amérique , près des Hles Bermudes. Pag. Relation de la même Pêche autour des mêmes Ijles Bermudes , &c. Obfervations faites dans le Sommerfet-Shire , par le Sieur Béai. Obfervauons fur la manière de greffer les Orangers fur les Citro- mers , & vice verfâ, & Jur un fruit de ces arbres. Ibid. Extrait d'une lettre de M. de la Quintinie fur la culture des Me- lons. 5 Suite de la lettre précédente. 7 Hypothèfe du Sieur Béai fur la correfpondance mutuelle de la moelle & du corps de l'arbre avec fa femence , &c. 8 Obfervations fur les diverfes qualités de l'ardoife } par Samuel Co- - leprefT. i o Lettre du Sieur Tonge } fur le retardement de Vafcenfîon de la fève , &c. 1 1 Lettre de Richard Reed , fur un efaim d Abeilles matinales , le ci- dre , la defcente de la fève , & lafaifon déplanter , &c. 13 Obfervations du Sieur Béai fur la circulation de la fève , fur les pû- mes & les poires qui font le meilleur cidre , & fur la culture de ces fruits , &c. 1 7 Extrait d'une lettre de Willughby 3fur les Abeilles des vieux fau- les. 1 9 Lettre de M. Lifter fur les veines des plantes , &c. 20 Lettre du même , contre la prétendue mêtamorphofe des crins de cheval en fer pents, 23 Lettre TABLE DES CHAPITRES. miij Lettre de M. Dodingfon fur les bains d'Apone. page 24 Reflexions du Père La.na.fur la formation des cryflaux. 2 y Defcription du Lac de Genève. 26 Defcription dune efp:ce de champignon , par M. Lifter. 29 Sur les veines des plantes , le fuc de ces veines > & le fentiment des plantes , par le même. 3 1 Defcription & culture du Cacaotier. 3 J Manière d'amener les feps de vigne fur les toits des maifons , par M. Templer. 37 Obfervations du même fur le battement du cœur de deux hérif- fons , &c. Ibid. Moyen facile d'avoir beaucoup d'arbres fruitiers , par M. del ot- nam HigherofT. 38 Defcription d'une ruche d' Ecoffe , propre à conferver les effaims. 39 Defcription de quelques morceaux d'Hifloire Naturelle , par M. Paul Boccone. 4° Defcription de deux fub fiance s minérales fingulieres , trouvées dans des mines de Charbon & de Fer, &e. par M. Lifter. 43 Defcription de certaines pierres figurées , &c. par M. Lifter. 44. Obfervations fur la nouvelle Zemble ; fa figure , fa pofition , &c. y % Que fiions & réponfes fur un Lac de la Carniole } appelle la Mer de Zirchnitç. % 3 Obfervations fur la route par le Nord aux Indes Orientales , & fur la découverte de la Terre de Jeffo ; & Voyage par l'Amérique Septentrionale aux Indes Orientales. $$ Obfervations fur le paffage aux Indes Orientales par l 'Amérique Septentrionale , en prennant par l'Ouefl. 63 Extrait d'une lettre de M. Lifter, fur un Spar finguliérement figu- ré , fur une Gloffopetre à trois pointes , & fur la Fleur & la Se- mence des champignons. 8 Sur le napel , qui perd fa qualité vénéneufe dans la Pologne , par le même. 99 Sur les principales Mines de Bohême , par le Do&eur Jean-George Greifelius. I0° Sur des corbeaux blancs^ parle Do£leur Jean-Louis Witzelius. 109 Sur le kermès de Pologne ^par le Dotteur Martin-Bernardi de Ber- nits. .10* TABLE DES CHAPITRES. xxxv Extrait des lettres du Do£teurBernardi au Docteur Sachs, page ioj Sur le napel , par le Docteur Jean Paterfonhain. lbid. Traité fur un bois fojjile nouvellement découvert , par François Stel- luti. \o6 Sur un aigle blanc , par le Do£teur André CnoefFolius. 108 Extrait d'un Traité fur la pierre de Boulogne , & fur quelques au- tres productions du Territoire de cette Ville , par Chrétien Ment- zelius , premier médecin de l'Eledeur de Brandebourg. 108 Obfervation tirée d'un traité inféré dans le Supplément de la qua- trième & cinquième année fur le paflel , autrement dit la Gucjde , par George Wolfgang W'edelius. 1 1 2 Sur le fuccin , par Daniel Ludovic. 1 ! î Sur une fenfitive de la grande efpece , par Jean Sigifmond Elshol- tius. Ibid. Sur les pelottes marines , par Luc Schroeck. 1 1 G Sur le girofle , par George-Everhard Rumphius. 1 1 8 Suite de cette obfervation fur le même fujet , par Luc Schroeck. np Sur différents fujets , par le même. Ibid. Supplément à ces obfervations , par Mentzelius. 120 Sur des canaux finguliers qui font derrière les cornes des Chamois , par Jean-Conrard Peier. Ibid. Sur la manne de ITfle de Céylan , par Herman - Nicolas Grimm. 121 Sur le mify de Dioforide , par George- Wolfgang Wedelius. 1 22 Sur des vers luifants très-rares, par Herman-Nicolas Grimm. 125 Sur plufîeurs efpeces de corail , par le même. 1 24 Sur lafeorfonere de montagne , par Jean-George Volkamer. Ibid. Sur une pierre d'aigle , defubflance de caillou , par Chrétien Ment- zelius. I2J Sur une crapaudine , par le même. 1 26 Sur une coquille pétrifiée femblable à une pierre d'aigle ,par le mê- me. 1 Ibid. Sur les parties de la génération des écreviffes à' eau-douce , par Lu- cas-Antoine Portius. 127 Sur un œuf de canne monftrueux , par Daniel Crugers. 1 36 Sur quelques variétés des pierres d'aigle , par Chrétien Mentze- lius. Ibid. Sur la nffure de la membrane uvée de l'œil d'un bœuf, par Salomon Reifelius. 138 eij xxxvj TABLE DES CHAPITRES. Sur les cigales & d'autres infecles chantants , & premièrement fur la cigale qui fe trouve aux environs de Boulogne } par Chrétien Mentzelius. page 138 Sur des cigales des Indes , par le même. 140 Sur Vefpece de mite dont le cri imite celui de la poule , & qui ronge les livres , & fur quelques infecles de nuit , par le même. 141 Sur des mouches formiciformes } & d'autres infecles qui volent par troupes , par le même. 14-2 S.ir une plante du Japon } appellèe Vinganfana , par André Cleyer. 149 Sur d:ux plantes aquatiques du Japon , le Koebe } & le Fafnofa- na , par le même. 144 S.ir deux arbres du Japon , le Canfehy , & le Fiewa , par le mê- m;, Ibid. Sir un pigeon monflrueux qui avoit deux têtes , par Jean Boh- mius. 14.^ Sur une couronne de romarin & autres chofes , qui fe font trouvées dais un ancien tombeau , par Samuel Ledel. Ibid. Sur une oie dont le fan g étoit blanc , par le même. 146' Sur la diffeclion d'un hérifb?i , par Jean- Jacques Harder. Ibid. Sur la métamorphofe d'une chenille , par Paul Jalon. 147 Sur la diffeclion d'une cicogne } par Gunther- Chriftophe Schella- mer. 148 Sur des fleurs qui produifent d autres fleurs t &c. & fur un petit champignon difcifere , par le même. 1 4P Sur un grand nombre de coquilles trouvées dans un Lac d'eau fa- lée , par le même. 1 jo Sur trois genres de coquilles d' eau-douce que l'on trouve près d Helm- jladt , par le même. 1 y 1 Sur le venin du crapaud de terre , par le même. 1 y 2 Sur les parties de la génération d'un cerf , par Jean- Jacques "Wep- fer. Ibid. Sur les béjoarts des jeux de cerf \ auxquels on a, donné le nom de larmes^ par le même. 1 y 4 Sur d-s tumeurs enkiflées trouvées dans l 'abdomen d'un cerf, par le même. 1 y y- Sur une tumeur vue dans le méfentere d'un cerf, par Jean - Jacques Harder, iy8 Sur une chenille de la grandeur du doigt , &c. par Charles Rifer. TABLE DES CHAPITRES. xxxvij Sur des œufs qui portoient comme l'empreinte cTunfoleil, par Ever- hard Gockel. page 160 Sur une Jlalaclite ferrugineufè , oa flos-ferri ^ tirée d'une mine de la Stirie , par Charles Ohmb. 1 6 1 Sur une de ces grenouilles vertes qui fe perclunt fur les arbres , &c. par Godefroi Schultz. 162 Sur un bâton de bouleau defféchè qui pouffa un fep de vigne , par Gabriel Clauder. 1 63 Sur la manière de multiplier le froment , par le même, 1 64 Sur un thermomètre vivant , par le même. 1 5j Sur un homme qui devint prefque fauvage } &c. par le même. Ibid. Sur une chevrette qui avoit des cornes , par le même. 1 6 S Sur un lièvre qui avoit des cornes , par le même. Ibid. Sur un cheval monflrueux , par Alard-Maurice Eggerdes. 1 67 Sur une prétendue pierre de fourmis qui contenait des mouches can- tharides , par Michel-Frederic Lochner. Ibid. Sur la d-ffeclion d'une biche , par Jean - George Volkamer le jeune. 16% Sur un combat entre une arraignée & un fcorpion , par le même. 172 Sur le cœur d'un cochon , qui étoit plein de vers , par Chrétien Fran- çois Paullin. Ibid. Sur une oie , un chat , & un corbeau } qui avoient des cornes } par le même. 175 Sur des œufs lumineux , par le même. 1 74 Sur des infectes femblables à des poux volants , par le même. Ibid. Sur une bergeronnette qui fe donnoit , dit-on } à elle-même un cly~ flere , par le même. 175 Sur la génération des huîtres , par Jacques Grandius, Ibid. Journal Littéraire de l'Abbé Nazari. D'un infecte invifible à Tœilnud. 177 Hifloire d'un géant, trouvé à Tiriolo , par Thomas Cornelio. 17S Obfervations fur certaines parties des mouches qu'on regarde corn-* me leurs yeux , par le Père de Gottignies Mathem. 1 79 Extrait de deux lettres ; l'une de Jérôme Santafofia , F autre du Dotleur Jacques Grandi }fur un petit ferpent trouvé dans un œuf de poule. 1 8 o Extrait d'une lettre du Père Henri de Noris }fur la nouvelle pêche eiij xxxviij TABLE DES CHAPITRES. de corail faite dans le Port de Livourne. page 1 8 1 Extrait d'une lettre écrite fur la découverte' de dou^e géants. 183 Hifloire dune vache qui mit bas quatre veaux d'une même portée. 184; Extrait des Mémoires de l'Académie de Copenhague. Defcription anatomique d'une aigle , par Olaus Borrichius. 18 j Defcription anatomique d'un lion d'Afrique. 1 8 8 Différents monflres. îpp Plantes monfrueufes , & quelques autres faits fmguliers. Ibid. Sur les pois de Norwege. 1 p 1 Defcription anatomique d'un finge nommé Mammonet. 152 Sur les animaux pétrifiés } & fur leurs parties. 1 p 3 Curio fîtes naturelles obfrvées dans les Ifles de Feroé. i£4 Oeufs de poule incorruptibles , par Erafme Bartholin. 204 Camphre confrvé fans aucune diminution. 20 J Infectes trouvés dans le fucre , par Thomas Bartholin. Ibid. Sur le fuccin , par le même. 206 Extrait d'une lettre de M. Hevelius. 208 Sur le mufc , par Thomas Bartholin. Ibid. Plantes qui croijfentfur des cailloux , par Olaus Borrichius. 2 1 o Sur l'algue faccarif ère d'IJlande , par le même. 21 1 Orchis à quatre bulbes ; Jmgularités obfervécs fur cette plante & fur un caillou , par le même. Ibid, Racine de jufquiame contournée en fpirale , par le même. 212 Singularités obfervées dans une camomille & dans un hieracium , par le même. Ibid. Plantes à tiges applaties , par le même. 2 1 3 Singularités obfervées dans un ophioglojfe & dans un plantain , par le même. 2I4 Marques obfervées fur une efpece de ranunculus , par le même. Ibid. Moujfe purgative , par le même. 2 1 j Gui d'amandier , fleurs d' œillet l'une dans l'autre , par le même. Ibid. Dijfection d'un hériffon terreftre , par le même, 2 1 6 Diffeâion d'un pigeon , par le même. 2 1 8 Diffetlion du renne , par le même. 2 19 DiffeUion d'un lièvre, par Gafpard Bartholin. 222 Extrait d'une lettre de Torchillus Amgrim , fur les eaux. Therma- les de Logarne. 224 $ur un grand nombre de fétus trouvés dans la portière d'une vache y TABLE DES CHAPITRES. xxxix par Thomas Bartholin. Page 12 j Sur de prétendus œufs de coq , & des œufs deferpents, par le même. Ibid. De la peau de l'animal qui donne le mufc , par le même. 227 Sur de nouvelles plantes d'Afrique } par le même. 228 Sur de fauffes feuilles de truffes , par le même. 229 Sur les plantes qui n'ont de l'odeur que pendant la nuit , par le même. Ibid. Sur les dents & l'œil de la haleine, & fur le fperma-ceti , par le même. 2JX De la prétendue licorne de Groenland } & des fauvages de ce Pays , par le même. 232 Sur l'œuf & fur la formation du poulet , par Sténon. 233 Sur la génération des grenouilles , par Thomas Bartholin. 24.2 Sur le gramen ofjifrage , par Simon-Pauli, & Thomas Bartholin. 243 Sur différents animaux vivants , touchant le mouvement du cœur , des oreillettes & de la veine-cave , par Sténon. 245 Diffeclion de l'aiguille de mer , par Olaus Borrichius. 2 jo Figures de plufieurs langues d'oifeaux , avec l'os hyoïde, par le même. 2 j 2 De la véficule du fiel dans le hœuf , par le même. Ibid. Plantes monflrueufes à tiges plattes , par le même. 253 Poire venue fur une autre poire , par le même. 2J4. Nouvelle efpece de fcabieuje , par le même. Ibid, Pommier qui rapporta deux fois dans la même année , par le même. . . . . , 2.^ Sur les œufs des animaux vivipares , par Nicolas Sténon. Ibid. Sur tous les mufcles de l'aigle , par le même. 2 6 3 Sur ce que l'Auteur appelle les œufs des animaux vivipares , par le même. 282 Sur le gramen ofpfrage , par le grand Chancelier Jean -Frédéric Marfchalch. 292 Sur les vaiffeaux lymphatiques , par Nicolas Sténon. Ibid;. Sur le canal inte final , les conduits de rair , & de l'urine du chzt- huant , par Ol. Jacobxus. 293 Sur le canal inteftinal , les conduits pancréatique & biliaire , & le cœcum d'un héron , par le même. 2^4 Sur des vers qui rongent le poivre } par Jean - Louis Hanncman, Ibid. xl TABLE DES CHAPITRES. Sur la diffeclion d'un paon , par GafparJ Barrholin. page 29 f Sur la formation du fuccin , par Jean-Daniel Major. 2y6 Sur la dijfeclion. d'un perroquet , par Oth ier Jacoba?us. 298 Sur les gouffres ou tournants d'eau des Ifles ferroe , par Lucas l)e- bes. 30 l Sur l'odeur de la queue des renards, & fur l'habitude qu'ont les ours de fe lécher la plante des pieds , par Gafpard Barthoiin. 30 3 Sur un agneau monflrueux , par Thomas Barrholin. 30c Sur la vejkule du fiel dans le cheval , par Gafpard Barthoiin. Ibid. Sur un agneau monflrueux , par M. Rentzius. 306 Sur un bout de chandelle trouvé dans un rein de bœuf, par Thomas Barthoiin. 3°7 Sur quelques plantes , par Jean-Valentin Willius. 3°8 Sur des ovaires & des œufs d'animaux , par le même. 309 Sur les chiens qu'on dit avoir trouvés dans la portière d'une vache. 3 12 Mines defoufreen IJlande , par Olaus Borrichius. 313 Sur une efpece d algue marine , l'ofeabiorn , & quelques pétrifications d'Iflande , par Torkillus Arngrim. 3 J4 Sur l'arbre de la canelle , par Herman-Nicolas Grim. 3 l S J)e l'algue faccarifere , de l'ofeabiorn , & d'une caverne d'Iflande t par ThorKillus Arngrim. Ibid. Manière dont onfetne la graine, & dont on prépare la feuille du the , par André Cleyers. 3 *7 Defcription anatomique de la falamandre & du grillon-taupe , par Ol. Jacobaeus. .3} 9 Sur quelques fleuves de la partie feptentrionale de la NorWege 3 &c. par Erafme Barthoiin. 32î Sur la glace d'Iflande , par le même. _ 3 2 7 Extrait de quelques obfervations de Jean Rhodius. 529 Addition fur le gramen ojfifrage. Ibid. Exemples finguliers de lafagacité de l'odorat , par Olaus Borri- chius. a *30 Sur une cicogne goutteufe , par le même. 3 3l Sur la durée de la vie d'une puce , par le même. Ibid. Si les vers font vivipares , par le même. 3 3 2 Sur l'algue faccarifere , par le même. ^ Ibld° Sur des cailloux triangulaires de l'IJle d'Anhold, par le même. 3 3 3 Sagacité d'unfinge à diflinguer les maladies. ^ Ibid» Sur une dent de veau marin , & fur un morceau d'ivoire foffik trouve TABLE DES CHAPITRES. xlj trouvé en Iflande , par TorKÏllus Arngrim. page 534 Extrait d'une lettre du Perc Jean-Louis Hanneman. 3 } j Racine des Indes , appellée Nifi. 335 Sur la pierre du ferpent nommé Cobra de cabelo. 337 Oeuf renfermé dans un autre œuf. lbid. Odeur des pierres précieufes , par Olaus BorrichiuS. 3 5 8 Sur des vitres d'une nouvelle efpecc , par le môme. 3 39 Sur l'odorat , par le même. Ibid. Sur le même fujet , par le môme. 340 Sur Yinftina des corbeaux aquatiques , ou cormorans , par le même. 34» Sur la formation des pierres dans la terre & dans le corps des ani- maux , par le même. Ibid. Sur des efpeces de diamants renfermés dans des cailloux _, par le même. 348 Diverses obfer\>ations d'Hifloire Naturelle 3 faites dans un voyage de France , par le même. 3 jo Sur du talc de Norvège qui fe travaille au tour , par le même, 3 J5 Sur l'ofcabiorn ou argus d'IJlande3 par Ol. Jacobi'us. 3 y 4, Dijfecïion anatomique de la cigogne , par le même. 3 j * — 1 — 1 Obfervations de RÉ d 1 , fur diverfes chofes naturelles , & parti- culièrement fur celles qu'on apporte des Indes. 541 Extrait des Lettres de Rédi 6c de quelques autres, fur divers points d'Hiftoire Naturelle. Extrait d'une lettre de Thomas Plat , &c. Sur le venin des vi- pères. $7* Obfervations fur les cirons ou infectes de la peau des galeux , par Ceftoni. S 74 Lettre de Rédi à Ceftoni yfur des vers de mer. $ 8 il — Au même fur la fève de mer, Ibid. TABLE DES CHAPITRES. xffij — Au même fur les vers de la farine. page J 8 1 — Au même, fur le moyen d'enter aux coqs leur ergot fur la tête. J82 — Au même fur les guêpes & les. guêpiers. Ibid. — A Giufeppe Lanzoni , fur les caméléons & Came des plantes. Ibid. — A AlefTandro Marchetti }fur une grape de raifin produite par un Olivier. y 8 j — A * * * fur des vers nés dans la chair de vipère. Ibid. — Au Dotteur Jacopo del Lapo ,fur quelques points cTAnatomie comparée. Ibid. Lettre de Rédi fous le nom de Fregofi au même ,fur les ouies des poijfons. y 84 Lettre écrite au nom de Fregofi , fur la trachée-artere du cygne, y 8 y Lettre à Pietro Nati ,fur les topinamboux. Ibid. — • A Nicolas Sténon fur des bulles a" air qui fe trouvent en grand nombre dans les vaiffeaux fanguins de la tortue. y 8 S — A Ceftoni ,fur la liqueur acre des carnumi ou œufs de mer. 587 Lettre de Rédi au même Ceftoni ,fur les priapes de mer. Ibid. Lettre fans adreffe & fans date fur les fétus d'une laie. Ibid. Defcription de quelques animaux , par T h o m a s W i l l is. L'huître. y8p L'écreviffe. y 5» 3 Le ver de terre. jP7 Structure des ouies des poijfons, $$$ Explication des figures qui n'ont point été expliquées , ou point été affez expliquées dans le texte. Fin de la Table des Chapitres. ERRATA. N. B. La plupart de ces CorreBions , furtout celles qui regardent l'indication des P 'tanches } font effentielles , & le LeBeur eft pris de les faire fur fin Exemplaire avant de lire ce Volume. Vage. Ligne. . viij. 10. & II. Entrepris avec moins de difficultés , lifer moins embarrafles de difficultés, ïviij. 6. aux caufes générales , lifei à cette caufe générale. Jbid. 14. après d'abord _, ajoute^ en quel règne. 4. 14. mille , lijè^ milles. 13. 18. apprêté, l'fe[ apreté. 14. 3 . xi. après membrane, mette^ un point au lieu d'une virgule. Jbid. 3 t. rejettent , lifiç rejette. Jbid. 36. ibufttraire , lifa fouftraire. Jbid. ligne dernière, circurlent, lifeç circulent. 293. 7. gonglobées , lifiç conglobées. 194. 3. ajoute^ PI. XIX. Fig. I. 295. 19. ajoute^ PI. XX. Fig. I. 313. xo. largile , lifeç l'argile. 317. xj. après préparer , ajoute^ (Pi. XXI. Fig. I.) 3x0. 4. Agicola, lifeç Agricola. 3 zi. xi. PI. XX. % PI. XXI. 3xj. 1. Fig. V. lifii Fig. VI. 254. 41. Pôle , lije-r ilole. 379. 17. après écrivains, ajoute^ &. 3go. 4j. Péripathéticiens , life\_ Péripatéticiens. 391. 37. chagement , lifc[ changement. 410. 44. après ordinairement, efface^ la virgule avec le point. 4x7. 17. renfermée , ///cf renfermée. •4x9. 19. femblable , lifc[ femblables. 444. La note qui eft au bas de cette page y a été mife par méprife. _ 4 1 8. xo. Figg. VII. VII. lifei Figg VII. VIII. N. B. dans cette ligne & dans la futvante il y a tranfpofition des chiffres Romains & des chiffres Arabes : ceux-ci indiquent les objets de grandeur naturelle , & les chifres Romains les mêmes objets grops ' au microfeope. 460. ligne dernière , efface^ Figg. X. & XIV. 496. 41. les parties, life{ ces parties, joo. *I7- efface^ l'indication de la planche. Jbid. 57. efface^ l'indication de la planche. Jbid. 38. & 39. efface-^ l'indication de la planche. 504. 37. confite, lifei confite. 59S. x7. la Figure II. lifii la Fig. IV. PI. XXXV. Ibid. après la ligne 40. ajouter La Figure V. même planche } feprefente la Coupe d une Olue. pour faire voir les trois conduits ou cavités. C OLL ECTION ACADÉMIQUE. S UPPLEMENT DES TRANSACTIONS PHILOSOPHIQUES DE LA SOCIÉTÉ ROYALE DE LONDRES , QUANT A LA PARTIE D'HISTOIRE NATURELLE, DEPUIS L'ANNÉE M. DCLXV. JUSQU'A L'ANNÉE M. DCLXXXIU. N°- i- PÊCHE DES BALEINES EN AMÉRIQUE, pris des IJles de Bermudes. (A) U O I O U E uifcru a préient toutes les tentatives faites dans Ttl , „. „ ces Mers pour le rendre maître des Baleines, n aient point Philosophiq. réulîi à caufe de l'agilité prodigieuie & de la fureur extra- f ordinaire de ces animaux énormes; on renouvella ce- Années 1665. pendant cette entreprife, & l'on choifit pour l'exécuter , a 1683. des perfonnes bien déterminées à la pouffer jufqu'au bout. S'étant mis dix-lept fois en Mer près des Mes Bermudes , ils tuèrent dans ces expéditions deux vieilles Baleines femelles avec trois petits, L'une des Tom. IV. des Acad. Etrang. N». 1. Art. IX. i COLLECTION vieilles avoit de la tête jufqu'a l'extrémité de la queue quatre-vingt-huit Transactions Pieds de long > Ia ^ueue 23" Pieds de larSe' la na§eoîre *6- Pieds en Philosophiq. longueur , & les ouies trois pieds de long. Elle avoit fous le corps de grandes foies, qui s'étendoient de la trompe jufqu'au nombril ; furie dos vers .'a Années 1665. partje p0ftérieure une nageoire , & l'intérieur étoit auffi plein de graiffe que à l683- la coeffe d'un cochon. I«Jof ! , L'autre vieille Baleine avoit environ foixante pieds de long. Des trois petits , l'un avoit vingt-trois pieds & les deux autres environ vingt-cinq à vingt-fix pieds. Le dos de ces Poiffons s'élève comme le faîte d'une maifon ; la tête eft affez groffiere &c couverte de boffes des deux côtés ; le dos eft parfaite- ment noir & le ventre blanc. Leur vîteffe &C leur force font fi prodigieufes , qu'un de ces animaux fe fentant frappé , entraîna après lui le bateau l'efpace de fix ou fept lieues en trois quarts d'heure de temps. Lorsqu'ils fe fentent bleffés , ils jettent des cris affreux ; toutes les Baleines qui entendent ces cris , fe rendent au- près de l'animal , fans cependant frapper ou faire le moindre mal à ceux qui fe tiennent fur leurs gardes. On tua une Baleine d'une groffeur prodigieufe, qui , fuivant qu'on put le conje&urer , avoit plus de cent pieds de long. Elle approchoit de cette efpece de Baleine , qu'on appelle Jubartc. Ces Baleines n'ont point de dents, elles font plus longues que celles du Groenland , mais elles ne font pas fi groffes. Elles fe nourriffent la plupart du temps de l'herbe qui croît au fonds de la Mer. En coupant à un de ces animaux la grande poche du ventricule , on y trouva environ deux ou trois muids d'une fubftance verdâtre & herbacée. La plus grande efpece de ces Baleines peut fournir fept à huit tonneaux d'huile , fi elle eft bien ménagée. Les petits n'en fourniffent que peu , & ce n'eft même qu'une efpece de gelée. Celle que rendent les vieilles , fe fige comme la graiffe de porc, cependant elle brûle très-bien. L'huile de la graiffe eft auffi claire & auffi belle que du petit lait. Celle qu'on tire de la partie maigre mêlée de gras , devient auffi dure que du fuif , & pétille en brîdant, & celle qu'on fait de l'épiploon , reffemble à de la graiffe de cochon. L'Auteur de cette Relation attribue à cette huile une qualité bien dif- ficile à croire. Il prétend , que quoiqu'elle foit bouillante , on peut y en- foncer la main fans fe brider ; il ajoute qu'elle guérit promptement les per- fonnes bleffées ou eftropiées, en en frottant la partie affectée. Sur ce que l'Auteur de la Relation dit que le temps de prendre ces Poiffons étoit depuis le commencement de Mars , jufqu'à la fin de Mai , après quoi ils ne* paroiffent plus dans cette partie de la Mer , on lui demanda le lieu de leur retraite ; il répondit qu'on croyoit qu'elles alloient paître les herbes qui font au fonds du Golfe de Floride , & cela avec d'autant plus de raifon, qu'on a remarqué que fur leurs dos & fur leurs nageoires , elles ont beaucoup de barnacles , fur lefquelles croiffent quelques plantes marines de la hauteur de ia main. ACADÉMIQUE. T^TU. 8. Transactions Philosophiq. [EL A TI 0 N DE LA PÊCHE D E S B A L E I N E S Années 1 66$. autour des IJles Bermudes , fur la Côte de la nouvelle Angleterre & de la nou- a '* RELATION autour des IJles Ber velle Hollande. (A) N°. 8. LA même perfonne qui nous a communiqué les particularités fur la Pê- Art. II che de la Baleine autour des lues Bermudes , dont on a parlé dans l'ar- ticle précédent , nous apprend que depuis on a pris par ordre de la Com- pagnie des lues Bermudes feize Baleines, qui ont fournit $o. à 6o. ton- neaux d'huile , lefquels font arrivés heureufement à Limerick en Irlande. Il y a environ deux ans , ajoute la même perfonne , qu'il échoua fur la Côte de la nouvelle Angleterre une Baleine morte, de l'eipece qu'on appelle Trumpo. Ses dents reffembloient à celles d'une roue de moulin , fa bouche étoit affez éloignée de la trompe & au-deffous. La trompe avoit plufieurs réparations femblables à celles qu'on voit dans la queue des écreviffes de Mer. Lorfqu'on l'ouvrit , il en tortit une fubftance huileufe & liquide qui fe forma enfuite en une efpece de gelée. On tira avec une écope le refte qui n'étoit que de la graiffe fort épaiiTe. Il prétend que cette fubftance efl le Sperma Cetï , & il ajoute , que lorfqu'on a fait bouillir cette huile , on voit furnager au-defïïis une fubftance crêmeufe, qui étant enlevée & jettée fur de la chaux blanche , y dépofe un fédiment hétérogène , ôi que ce qui refte en haut , fournit une fubftance femblable au Sperma. Ceti. Il finit par obferver qu'on trouve fur les Côtes de la nouvelle Angleterre & de la nouvelle Hollande ces Baleines pendant huit ou neuf mois de l'année, au lieu qu'on ne rencontre celles des Mes Bermudes que dans les mois de Février , de Mars & d'Avril. A l'égard de la Baleine qui avoit échoué fur les Côtes de la nouvelle Angleterre , voici les conjectures qui m'ont paru les plus vraifemblables fur fa mort. Cet animal a deux ennemis très-redoutables ; l'un eft un petit poif- fon , qui par le moyen de fon agilité , le tourmente autant qu'une abeille fait le bétail ; l'autre eft un poiffon (a) armé d'une longue corne qu'il en- fonce dans le ventre de la Baleine. On fait que ce dernier poiffon pouffe quelquefois fa corne contre les vaiffeaux ( les prenant fans doute pour des Baleines) avec tant de violence, qu'elle s'y brife , c'eft ce qui eft arrivé il n'y a pas long-temps à un Vaiffeau Anglois , dans les Mers des Indes Oc- cidentales. Le Maître de ce Vaiffeau préfenta cette corne au Roi , qui la fit mettre dans fon cabinet de curiofités, où elle fe conferve encore actuellement. Pareille chofe eft arrivée à un Vaiffeau François faifant voile vers les In- des Orientales ; on en peut voir la Relation dans le fécond Tome des Voya- ges de Mr. Thévenot. Ce fera fans doute ce dernier poiffon , qui d'un coup de corne, aura caufé la mort de la Baleine en queftion. (a) Le Narhwal. A 2 COLLECTION Transactions Philosophiq. N°- 18. Années 1665. OBSERVATIONS FAITES DANS LE SOME RSET-SHIRE à 1683. communiquées par le Dr. BEALE. (A) No. 18. Art. VI I. T^V Ans les marécages depuis Yeovill dans le Somerfet-Shire , vers ' J^/Bridgewater , il y eut dans l'extrême fechereffe occafionnée par les grandes chaleurs , une grande étendue de pâturage qui fe deffecha & s'en- tr'ouvrit plus que les autres. La partie entr'ouverte repréfentoit affez bien un arbre dans l'a longueur & là grofléur, en creufant on trouva en effet des chênes aufïî noirs que de l'ébene. On a pouffé cette recherche plus loin ^ & l'on a enlevé pluiieurs centaines de chênes , à ce que m'ont affuré des perfonnes dignes de foi qui demeurent fur les lieux. Une pareille découverte peut avoir fon utilité pour les Provinces de Kent , d'Effex , de Lincoln , &c. II. Philippe de Montague a dans lés pâturages de Secke , & environ à trois mille de diftance un grand étang. Les pigeons y viennent étancher leur foif , mais le bétail ne veut point y boire , quoique preffé de la foif, & dans la plus grande dilétte d'eau. Non-feulement celle de cet étang eft falée , mais on y difcerne d'autres qualités défagréables. Dans un verre de Venife elle paroît claire , verdatre & affez femblable au cidre le plus verdâtre auffi-tôt après qu'il eft parfaitement clarifié. J'en fis bouillir une pinte dans un vafe de ce métal dont on fait les cloches , aufiî-tôt il fe forma deffus une écume épaiffe dont j'ôtai une dizaine de cuillerées. Lorfque l'eau fut évaporée , je trouvai qu'il s'étoit beaucoup attaché de la même écume aux parois &'au fonds du vafe. Cette eau avoit un goût de vitriol. On en pourra connoître la nature & les qualités , fi l'on réitère l'expérience fur une plus grande quantité de cette eau. N°. 29. N°. 19.' Art. VIII. OBSERVATIONS SUR LA MANIERE DE GREFFER les Orangers fur les Citroniers & Vice Verfa ; & fur un fruit moitié Orange, moitié Citron , qui croît fur ces arbres. ( A ) NOus avons ici des Orangers, difent les Lettres de Florence, lefquels por- tent un fruit , qui d'un côté eft Citron , & Orange de l'autre. On ne l'a point apporté des Pays étrangers , mais il s'eft beaucoup propagé par la Un' Gentilhomme Anglois très-digne de foi, nous a non-feulement af- furé d'en avoir vu, mais encore d'en avoir acheté à Paris en 1660. où ils avoient été envoyés par des Marchands de Gênes. Il a remarqué auffi fur quelques-uns de ces arbres une tranche qui portoit des Oranges, & une autre chargée de Citrons ; il y a vu pareillement un feul & même fruit moitié Orange & moitié Citron , & quelquefois les trois quarts d'un même fruit d'une, efpece , & l'autre quart d'une autre efpece. (ANSACTIONS ACADÉMIQUE. Ç Un Provençal prétend pouvoir conierver à Paris les Orangers pendant l'hiver fans t'en , quoiqu'ils relient en pleine terre & qu'on ne les mette pas en Tra caille. On croit que c'eft par le moyen d'une cfpcce de fumier qu'on em- Philosofuiq. ployé à cet uliige , & qu'on enfonce profondément eir terre. , à 16S3. N°- 45- No. l8. EXTRAIT D'UNE LETTRE DE Mr. DE LA QUINTINIE ; écrite à r Editeur fur la culture des Melons. ( A ) TOutes les femences que je vous ai envoyées produifent des Melons,' N°. 4^. dont l'écorce eft mince , un peu brodée , & ne fe trouve point par- ... tagée par des côtes. Quelques-uns de ces Melons ont leur écorce blan- ART- lY* châtre , & quelques autres de couleur d'ardoilè. Ils n'acquièrent pas beau- coup de groffeur ; la chair en eft fort rouge , feche , fondante , n'eft point farineufe , &C a beaucoup de goût : j'en ai effayé de plus de cent efpeces dif- férentes ; les deux efpeces que je vous envoie font les feules dont je faffe ufage , n'y ayant jamais remarqué la moindre altération depuis vingt ans que je les cultive. A l'égard de la manière de les couper, vous favés qu'il paroît d'abord deux feuilles jointes enfemble , qu'on appelle ici oreilles 1. 1. figure I. quel- ques jours après on voit pouffer du milieu de ces deux oreilles une feuille à qui nous donnons le nom de première feuille ou de nœud. ( Plan. Ie. fig. I. ) Quelques jours après il en pouffe une féconde du même endroit , on l'appelle fécond nœud. ( Voyez 3 . fig. I. ) Vers le milieu de la tige de ce fécond nœud , paroît le troifieme nœud. ( 4. fig. I. ) C'eft ce troifieme nœud qu'il faut couper à l'endroit marqué par le chiffre 6. fans endom- mager la branche du fécond nœud d'où provient ce troifieme nœud. On verra paroître en cet endroit une branche, que nous appelions premier bras ; ce bras pouffera d'abord un nœud , enfuite un fécond, & après un troifieme. Il faut pareillement couper ce troifieme nœud de la même ma- nière qu'on a coupé le précédent. On doit être exaû à couper ces troi- fiemes nœuds , & ne point attendre que les quatrième & cinquième aient commencé à paroître. Vous verres fortir de chaque nœud des bras ou bran- ches femblablcs au premier bras , & c'eft de ces branches que le Melon fera produit. Ces Melons feront excellents , fi le pied ou racine eft bien nourri dans de bonne terre , & s'il eft expofé aux rayons du foleil fur une bonne couche de fumier : que lé pied du Melon ne paffe jamais dans le fumier ; arrofez la terre modérément, quand vous voyés qu'elle devient trop feche & que la tige en pourroit foufrrir. Il ne faut pas cependant différer trop les arrofements , de crainte que le remède ne vienne trop tard. Par- rofe mes Melons deux ou trois fois la femaine dans les grandes chaleurs , vers le coucher du foleil : je les couvre d'une natte de paille depuis les onze heures du matin , jufqu'à deux heures de l'après-dînée , lorl'que la chaleur du foleil eft trop violente , & qu'elle pourroit abforber trop promp- tement le peu d'humidité néceffaire à la racine. S'il fument de la pluie, je 6 COLLECTION *— i^— couvre auffi mes Melons , de peur qu'une trop grande quantité d'eau ne Transactions le'lr. faffe du tort- Philosophiq. Si la racine produit trop de branches ou bras, coupez les plusfoibles; Années 66 n Jre ces deux feuilles que pour un feul nœud. Il en pouffera enfuite un fécond, puis un troifieme, & ainfi de fuite jufqu'à vingt-cinq & même trente , fi l'on n'a pas l'attention de les couper à temps. Les Melons croîtraient alors à l'extrémité de ces branches fil éloignées ; -mais ils ne peuvent rien valoir , parce qu'ils font trop éloi- gnés du lieu d'où ils tirent leur nourriture , & que la fève s'altère enpaf- fant dans des branches trop longues que gâte l'ardeur du foleil. Si au con- traire le pied du Melon eft court & bien attaché, il y a toujours des feuil- les qui couvrent les branches & les Melons mêmes , jufqu'à ce qu'ils foient près de mûrir. La trop grande chaleur les deffeche & les empêche de prendre de la nourriture ; il faut faire beaucoup d'attention à cela , les curieux doivent fe promener fouvent dans leurs jardins pour y couper les branches qu'ils remarqueront être nuifibles ou inutiles. Quelques-unes de ces branches pouffent prefque à vue d'œil, & peuvent caufer une altération totale , fi l'on n'y remédie à temps. Je ne dois pas oublier de vous dire que , du milieu entre les deux oreilles & les deux premières feuilles , il fort encore une branche qu'il faut confer- ver fi elle eft vigoureufe , finon la couper. Dans la figure j'ai marqué une feuille du chiffre 5. qui pouffe du milieu du quatrième nœud ; j'aurais pu en marquer davantage qui fortent fuccef- fivement l'une de l'autre , comme vous voyés la quatrième fortant de la troifieme. académique; J^°, a6. Transactions j" Philosophiq. SUITE DES OBSERVATIONS DE Mr. DE LA QUINTINIE , Années 1 66 f. fur la culturt des Mdons. (A) d I(>83- N°. 46. J'Ai eu grand foin le mois dernier de couper tout-à-fait les petites bran- ches foibles , qui félon toutes les apparences , ou ne dévoient point du ART. ui« tout porter de fruit , ou n'en dévoient produire que de mauvais , & je n'ai laiffé que de bonnes branches. Quand vous avés un Melon qui eft bien noué fur la branche , & qui vient bien , il ne faut pas manquer de cou- per le refte de la branche , afin que la nourriture qui auroit été difperfée dans cette branche entière, puiffe paner dans le fruit qui fe trouve par-là à l'extrémité de la branche. On doit cependant faire attention que le fruit foit couvert de quelques feuilles des autres branches, afin de tempérer l'ardeur du foleil qui le deffecheroit. Je vous dirai , à l'égard de la manirité des Melons , que j'en aurois pu manger il y a huit ou dix jours ; mais le temps a été fort rude pendant ces trois mois ; il a foufflé pendant toute cette faifon un vent de Nord qui continue encore , & qui came du froid pendant la nuit. Cette intempérie des faifons m'a empêché d'ôter les cloches, ce qu'autrement j'aurois fait il y a trois femaines. J'ai des Melons de noués depuis la fin d'Avril , & i! ne faut communément que quarante jours depuis qu'ils font noués pour les munr. On ne doit garder d'autre graine que celle qui fe trouve dans la partie du Melon expofée au foleil. En même tems que vous mangés le Melon net- toyez les graines, & effuyez-les avec un linge, jufqu'à ce qu'elles foient bien nettes & bien feches. Vous les conferverés enfuite dans un endroit convenable jufqu'au temps propre à les femer. Ne mangez point de Melons qu'environ vingt-quatre heures après qu'on les a cueillis. Mettez-les pendant ce temps-là dans un endroit fec, qui ne foit ni trop chaud ni trop froid , & où il n'y ait aucune odeur bonne ou mauvaife. Il faut auflî avoir attention de les cueillir à propos , quand ils ne font ni trop mûrs , ni trop verds ; vous connoîtrés cela aifément à leur cou- leur jaunâtre , à l'odeur & à la queue qui fe cerne communément. Dès qu'un Melon commence un peu à jaunir quelque part que ce foit , il eft mûr , laiffez-le cependant encore un jour avant que de le cueillir. Cela demande une efpece de fujétion , puifqu'on ne peut fe difpenfer de fe promener au moins deux ou trois fois par jour parmi fes Melons , le matin , à midi & le foir. Un Melon crui mûrit trop vite n'eft jamais bon. Cela provient d'un dé- faut ou d'une maladie dans la racine. Le Melon doit être plein, & fans aucun vuide, ce que vous connoiffés aifément en frappant deffus. La chair en doit être feche fans qu'il en forte d'eau ; on voit feulement paroître une petite rofée d'un très-beau vermillon. % COLLECTION ,i ,i m, ■■__ Ne cherchez pas à avoir de gros Melons , mais feulement de bons. Ceux Transactions Ç1" recherchent le gros Melon , peuvent le contenter en femant des grai- Philosophiq. nés de la grande efpece , ou en arrofant beaucoup les autres. Ces arrofe- ments exigent beaucoup de foins & de difcretion. Comme j'ai jufqu'à pré- Aniiees 1665. f£nt „arcié mes Melons fous des cloches , de façon cependant que je les ai a 1603. élevés pendant ce mois de la hauteur de quatre pouces en les foutenant N°. 46. Par Ie moyen de petites fourches , je ne les arrofe qu'une fois la femai- ne , & encore fort peu à chaque fois. En un mot , on peut juger de la né- cefficé des arrofements, par la vigueur que doivent avoir le pied & les feuil- les , fans quoi le fruit, faute d'une bonne nourriture , ne fauroit être bon. • N°- 46. HYPOTHESE DU Dr. BEAL, POUR MONTRER la corrcfpondancc mutuelle de la moelle & du corps de r arbre avec fa fe- mence ; & celle de l'écorce ou de la fève de Cécorce avec la chair du fruit , ou. la tunique ou la goujfe qui renferme la femence. (A) N°. 46. F)Remiérement , dit le Dr. Beal , j'avois un pommier , dont le fruit fe J. mange en Été , & qui ne groffit pas beaucoup. Le poids du fruit faifoit ART. 1 1, pencher l'arbre vers la terre ; les branches plioient & étoient pleines de nœuds à chaque divifion ; elles reprenoient aifément fi l'on mettoit un bon nœud en terre aufîi-tôt après l'avoir coupé & principalement vers la Chan- deleur. Cet arbre étoit creux , & prefque tout fon bois étoit pourri depuis le fommet jufqu'à la racine ; il n'y avoit pas même une feule branche , quel- que petite qu'elle fût , qui ne parût de couleur de liège & pourrie dans le cœur. Il en etoit de même des racines , & il eft vraifemblable qu'il avoit été en cet état pendant plufieurs années. Cet arbre portoit beaucoup de fruits , & fe repofoit alternativement la féconde ou la troifieme année. Les pommes n'avoient prefque point de cœur; les pépins en étoient petits, minces & vuides, & néanmoins les branches mifes en terre me garnirent affez bien une petite pé- pinière. Cela paroît indiquer une communication de la partie moëlleufe & du cœur de l'arbre avec la graine ; communication que je puis encore prouver par la remarque fuivante. De la feule racine de ce pommier il étoit forti un jeune arbre comme un rejeton. Cet arbre devint plus droit que ceux de la même efpece ne le font communément. En voici fans doute laraifon. Les reje- tons refient ordinairement flériles un affez long-temps , & celui-ci demeura dans cet état jufqu'à ce que le tronc de l'arbre fût affez fort pour foutenir le fruit dont les branches étoient chargées. Tous les pépins étoient pleins & fains , & quoique le fruit fût le même, puifqu'il provenoit d'un rejeton du même arbre, cependant il ne paroiffoit ni fi tendre, ni fi agréable au goût que celui du vieil arbre , & il n'y en avoit pas une auffi grande quan- tité. La fève n'ayant plus à foutenir la vie du corps de l'arbre , fe portoit entièrement à nourrir les feuilles, les fleurs & la chair du fruit. Je ne veux pas dire par-là que la fève ne fert point communément à entretenir la vie & à l'acçroiffement du corps de l'arbre ; mais je penfe qu'il y a un rapport ACADÉMIQUE. 9 rapport plus fpécial & plus immédiat entre la love & la chair du fruit , — — — — & qu'il fubfifte un fcmblable rapport entre le tronc &C la racine de l'ar- Transactions bre , de lorte que fa nature , quelle qu'elle foit , fe communique aux philosophiq. Quelques perfonnes perdent qu'il ne pafle point dans le corps de l'arbre n?e" ' ï" de terre pour foutenir la vie &: fervir à fon accroiffement ; mais qu'il fe a 3- nourrit feulement des lues que lui tranfmettent les racines, de l'air, des ro- jvjo, 4g# (ées & de la pluie. Si nous failons attention qu'il croît des arbres très- élevés fur des rochers oii l'on ne peut trouver que peu de terre , ou même point du tout ; que le chêne ôi le poirier croiflent & s'étendent beaucoup ; que l'un & l'autre portent du fruit pendant beaucoup d'années , & quelquefois cinq à fix muids par an , & qu'en comparaifon il n'y a que peu de terre autour des racines ; nous trouverons plus naturel d'attribuer ces effets à l'humidité confiante qu'à la terre. Je vais rapporter une expé- rience qui paroît déterminer le point en queftion, quoique je fufpende en- core mon jugement. Je pris les plus grottes pommes à cuire que je pus trouver , des poires- pommes & des renettes. Je les fis faner , & je les coupai enfuite par le mi- lieu au travers des loges des pépins. Les ayant portées quelques jours dans ma poche, tous ceux qui les virent les prirent pour du bois ,& ils ne ref- fembloient pas mal à du liège dont le tillu étoit fort ferré. Je ne voulus rien avancer de faux à cet égard , je me contentai feulement de cacher le fait ; là-deffus pluiieurs Phylîciens répandirent que j'avois trouvé le fecret de convertir tout le fruit en bois ; que la chair & les pépins tout en un mot étoit bois. On peut faire la même chofe fur les poires, concombres, navets , & fur toutes les graines des végétaux introduites dans ces fubitan- ces , & nourries d'eau marneufe : j'en ai vu qui ont pouffé des tiges d'un pied, lefquelles fulpendues dans une armoire, fe changèrent en Êois , & quelque temps après devinrent poufliere & terre. Comme Mr. Boyle prouve très-bien que les purs liquides peuvent fe convertir en terre ; con- îequemment les parties terreftres du fruit peuvent provenir des liqueurs qui y font raffemblées, & qui viennent delà maffe de la terre. Mais revenons aux éclairciffements fur les communications ci-deffus fpé- cifîées. Je perçai une épine-vinette dans fa racine ; elle rapporta du fruit , mais fans aucuns pépins. Dans les pommiers creux en dedans les pépins font fort minces , n'ont que la peau, & font incapables d'accroiffement. Des Jardiniers m'ont affuré que fi l'on arrache au periil la branche principale, il ne donnera point de bonne graine. On peut m'obje&er qu'un chêne & un orme , quoique creux , ne Iaiffent pas de porter de la graine féconde ; mais je réponds qu'un orme efl tout bois & l'ecorce auffi , & qu'un chêne gâté jufques dans le cœur, peut encore avoir affez de bois folide pour tranfmet- tre les fucs de la racine jufqu'au gland ; la racine peut en effet être fort faine , quoique le corps de l'arbre foit beaucoup endommagé par les pluies «mi auront trouvé quelque paffage au travers de l'ecorce. Nous voyons tous les jours les fèves & le bled venir tort bien, pourvu que les yeux &: les parties adjacentes foient en bon état , quand même les autres parties des fèves fe- roient pleines de trous , ou qu'on auroit retranché avec des cifeaux la prin- Jom, IF. des Acad. Etrang. £ io COLLECTION cipale tige du froment. Quoiqu'il en foit , que cette objection ferve à Transactions nous faire prendre plus de précautions , & ne perdons point de vue que Piiilosophiq. pour avoir du fruit iàns pépins , la perforation efl la méthode la plus corn- plette, mais auffi la plus hardie. Années 1065. Déplus, il y a des arbres moins féconds que d'autres, & qui quelque- a 1653. fois font tout-à-fait ftériles. Ce défaut provient du trop d'accroiffement &C " ' 4"» de la trop grande folidité du corps de l'arbre ; on y remédie en faifant à travers l'écorce des coupures protondes & tranfveriales. Ces coupures fai- tes au cœur de l'arbre &C des principales racines , on fend les racines & l'on met une pierre dans la fente , afin qu'elle ne le referme pas trop-tôt. Si l'on ne fait point cette opération fur le tronc & fur les racines, ce re- mède ne réuflit point ; on a pareillement remarqué que la vigne rapporte moins quand on lui laiffe trop de branches. Secondement , pour prouver l'affinité qui eft entre la fève de l'écorce & la chair du fruit , j'ai fait pratiquer en Été de petites cavités dans le corps de ces pommiers , dont le fruit n'eft bon qu'à cuire , & j'eus loin d'y faire verfer fouvent de l'eau. Ces pommes devinrent prodigieulement greffes , fe trouvèrent tres-infipides , & leur chair parut en quelques endroits comme la pulpe du limon. J'en laiffai quelques-unes iùr l'arbre qui devinrent toutes couvertes de taches de couleur de hege , ou femblables à de la pourriture de pomme. Au refte , comme le corps de l'arbre qui reçoit la greffe , l'emporte tou- jours fur la greffe ; quelque fouvent qu'un arbre foit greffé , on n'a pas beaucoup d'efpérance en le bornant à ce moyen de voir arriver du chan- gement dans la chair du fruit. Mais fi après plulieurs greffes choifies & cu- rieufes , vous mettes l'amande , les pépins ou la graine dans du bon ter- reau , vous pouvés vous attendre alors à quelque efpece nouvelle & mé- langée , comme demi-abricots , &c. ainli l'amande & la pêche peuvent en changeant plulieurs fois la manière de greffer , & par l'attendriffement des noyaux de pêche & de l'enveloppe des amandes & par les térébrations faites au corps de l'arbre & aux racines , fe changer de façon que l'enve- loppe de l'amande approche de la chair de la pêche , & le noyau de la pê- che devienne une elpece d'amande. jN°. 50. OBSERVATIONS SUR LES DIVERSES QUALITÉS de f Ardoife par SAMUEL CoLEPRESS. (A) N°. cq. 'Ardoife d'Angleterre bien choifie eft d'un excellent ufage pour la COU? I ivertiire des bâtiments , elle dure très-long-temps , & il y en a des ef- ART. 111. peces , qui fuivant les conjectures des Couvreurs en ardoife les plus expé- rimentés , font demeurées fur des maifons pendant plufieurs fiécles , & font encore auffi folides que le premier jour. Voici quelques moyens fimples & peu coûteux , par lefquels on peut connoître la bonté ôc la lblidité de plufieurs efpeces d'Ardoife. ACADÉMIQUE. 1 1 I. Prenez la pierre coupée fort mince ; frappez-la contre quelque ma- dère dure, de forte qu'elle rende un fon. Si le ion en efl clair, cette pierre Transactions n'efl point fêlée, mais folide 6i bonne. Philosopkiq. II. Si loriqu'on la coupe elle ne le brife pas fous le tranchant de l'infini- , ment , on peut compter iur fa ibliditc. ,e ,J >' III. Pefez-la avec exaclimde , & laiffez-la dans l'eau pendant deux, qua- ^ ' tre ou même huit heures. Retirez-la enfuite & effuyez-la , de manière ' 5°« qu'elle foit bien feche. Si alors elle pefe plus qu 'auparavant, c'efl une efpece qui s'imbibe d'eau, & qui ne peut par confequent durer beaucoup de temps fans pourrir les lattes & les charpentes. IV. On peut conjecturer allez jufle par la couleur d'une Ardoife , fi la contexture en efl ferrée ou lâche. La bleue qui tire beaucoup fur le noir , prend volontiers l'eau ; mais celle qui efl d'un bleu léger , fe trouve tou- jours la plus compacte & la plus folide. Ajoutons qu'au toucher une bonne pierre paroît dure & raboteule, & qu'une mauvaife efl auiîi douce que fi on l'eût frottée d'huile. V. Placez votre pierre perpendiculairement dans un vaiffeau où il y ait au moins un demi-pied d'eau commune. Ayez attention de ne point mouiller avec votre main la partie fupérieure de votre pierre , qui n'efl point plon- gée dans l'eau. Laiflez-la en cet état une journée, ou même moins. Si l' Ar- doife efl d'une contexture ferme , elle n'attirera pas l'eau au-delà de fix lignes au-deffus de fon niveau , & peut-être n'y aura-t-il que les bords qui étant un peu défunis par la taille, fe trouveront humectés. Une mauvaife pierre au contraire s'imbibera d'eau comme une éponge jufqu'à la furface fupé- rieure de la pile , quelque haute qu'elle foit. N°- 68. LETTRE DU Dr. TONGE A L'ÉDITEUR,. fur le retardement de Cafcenfion de la fève , avec quelques queftions qui ont rapport à et fujet, ( A ) M O N S I E U R Art. V.. Le Chevalier R. Moray m'apprit hierplufîeur; particularités fur la ma- ^°- 62'. nicre de recueillir la fève des arbres fruitiers &C de retarder fon afeenfion : une perfonne du Glocefler-Shire entendue dans le jardinage, lui avoit communiqué ces particularités. Voici quelques réflexions que j'ai faites fur cette matière. On demande comment on peut recueillir toute la fève qui s'élève dans un arbre fruitier? Je réponds que les expériences que j'ai faites jufqu'ici, me fhifoient regarder cela comme impofîîble. Premièrement , parce que je ne con- nois aucune expérience qui tende à recueillir la fève de ces arbres , dont le fiic paroît être de la nature de la gomme quand elle efl condenfée 5 tels qu& Ç x. !î COLLECTION , le prunier , le cerifier, &c II fe trouve d'autres arbres fruitiers que je foup- Transactions çonne être de la même nature, quoique je- n'aie jamais remarqué qu'ils Philosophiq. fourniffent de la gomme ; je n'ai jamais pu en tirer de la fève, en quelque faifon que ce fiit , chaude ou froide. Il y a peut-être aufli d'autres arbres frui- Annees I"ù5i tiers, ou non fruitiers, dont la fève eft vifqueufe, quoiqu'elle ne foit pas de a 1603. ja nature de la gomme ; je fuisperfuadé qu'on n'en pourrait point tirer de N'J. 68. ^eve à ^a iuanicre ordinaire. Secondement , il ne me femble pas poffible de recueillir toute la fève des arbres , dont le fuc eft fluide & abondant , & fe condenfe à une efpece de ge- lée,parce qu'il paroît monter dans la plupart des faifons de l'année, d'une ma- nière imperceptible ; & cela non-feulement à l'extérieur , mais encore dans l'intérieur ; non-feulement entre l'écorce & le bois , mais encore entre cha- que membrane du bois & même à travers les parties les plus folides de cha- que membrane. On peut voir à ce fujet les Obfervations de Mr. Wil- loughby. ( a ) Le moyen par lequel ce curieux du Glocefter-Shire efpéroit recueillir toute la fève qui s'éleveroit dans un arbre fruitier , confifte à lier très-fortement l'arbre avec une corde , de façon qu'on intercepte la fève qui monte entre l'écorce & le corps ligneux ; & cela lui fuffit , parce qu'il penfe qu'il ne s'en élevé que très-peu dans les autres parties. Pour réfuter cette opinion , j'ajouterai à ce que je viens de dire qu'il y a des arbres qui ne laiffent pas que de vivre , quoique tout-à-fait dépouillés de leur écorce en quelques endroits , fur-tout fi cela fe fait en une faifon où il n'y a point de vents brûlans & orageux. Le même Curieux a découvert le moyen de retarder les fleurs des arbres par des ligatures faites à leurs tiges ainfi dans de certaines années on peut prévenir les accidents que la gelée fait éprouver aux fruits trop précoces. Je prendrai à ce fujet la liberté de propofer les queftions fuivantes. 1 °. Deux arbres étant libres & non liés de cordes , laiffent écouler une quantité égale de fève d'im orifice d'une largeur & d'une profondeur égales ; fi on les lie fortement, laifferont-ils écouler une quantité inégale de fève? & fi cela eft, quelle fera la différence ? 20. S'il fortira defdits arbres une quantité inégale de fève d'orifices égaux pratiqués dans les racines? 30. Le retardement de la fève qui empêche les fleurs & les fruits de pa- roître fitôt , ainfi qu'on le fappofe , guérira-t-U la PÂyZfo-OTaflw (£) comme fait une coupure tranfverfale ? 40. Un arbre qu'on aura empêché tout-à-fait de porter du fruit , quoique ce foit l'année où il a coutume d'en donner , en donnera-t-il l'année fui- vante, & plus abondamment fi les fruits font rares ? 50. Peut-on par ce moyen avoir des fruits dans une autre faifon que celle qui leur eft propre ? 6°. En liant les arbres avant le milieu de l'Été , l'écorce fe gonfle-t-elle (j) N». 48. page 186. du fécond volume de cette ColleBion Académique. Part.Etrang. (£) M«tvoctuA.A94 fignifie difette de feuilles dans un arbre ; cependant il femhle que l'Auteur du Mémoire prenne ici le mot Phyllo-manïe dans un lens directement oppofé» ACADÊMIQU E. ij au-deflbus de la ligature 6c au-deflûs après le milieu de l'Été ? Si cela ar- — — »— ^ rive eft-ce également, ou en quelle proportion ? ^ _ Transat-ho: <. 7°. En fanant une ligature tres-fbrte d'un feul côté, la fève fe portera-t- Philosophiq. elle aux branches greffées fur le côté oppofé? . , ,, 8°. En dépouillant un arbre de fon écorce tout au tour & en le revêtiffant .< /é de terre grafle, les mêmes effets s'enliiivront-ils ? *' ç)°. Si l'écorce fe gonfle au-deffus de la ligature , doit-on attribuer cela à N°. 68» la delcente de la feve , ou à la porolité de toutes les plantes qui laide lç partage libre à la feve ? N°- 70. LETTRE DE RICHARD RE E D, EC UY E R, fur un ejfaim matinal d'Abeilles , fur le cidre , la defeentt de la feve, & la faifon propre à tranfplanter les végétaux. ( A ) Du 14. Mars 1671. JEudi dernier il y avoit à la maifon attenant à la mienne , un eflaim d'A- N°. 70* beilles. Le jour étoit fort beau & pouvoit les engager à fortir de leurs jiRT iy# ruches ; autrement on ne les voit pas avant le milieu de Mai. Je tenois cela du nommé Parry propriétaire de cette maifon. Je m'informai de lui fi elles n'avoient pas toutes abandonné la niche , comme quelquefois cela leur arrive , quoique la faifon foit encore fâcheufe , par dégoût ou faute de nourriture. Il me répondit qu'il en étoit reflé autant qu'il en étoit forti. comme j'ai étudié le gouvernement de ces petits animaux , je fuis perfuadé que la clifette des vivres les avoient obligés à chercher fortune autre part. J'ai beaucoup appris dans l'excellent Livre de Mr. Evelyn , intitulé Po- mona. J'y ai trouvé beaucoup de chofes aufquelles je n'avois pas fait at- tention , & particulièrement la nouvelle manière de planter qu'il a tirée des papiers de Mr. Buckland, & la nouvelle méthode de faire du Cidre de renette , par le Chevalier Paul Neil. Les raifons qu'il donne de l'apprêté du Cidre de renette , avec la manière d'y remédier , font très-iblides & peuvent fervir à perfectionner nos différentes efpeces de Cidre. J'avois l'an- née dernière deux efpeces de Cidre ; de l'un je n'avois que quelques bou- teilles , mais c'étoit la mere-goutte de la pomme , ce qui coule de foi-même avant qu'elle foit preflee, & ne contient aucun mélange de la chair, que le Chevaber Neil appelle lie volante. De l'autre efpece j'avois un vairteau qui contenoit deux muids. Je voulus fuivre les avis du Chevalier, mais n'ayant point de vaiffeaux pour la tirer de deffus la lie volante , quand elle elt fuf- fifamment repofée, &c ne pouvant fuivre fa méthode avec exaclkude , je le paflai à travers un linge fort épais , & le dépouillai par ce moyen d'une grande partie de fa lie. Ces deux Cidres ctoient d'une belle couleur & d'un goût exquis ; celui des bouteilles l'emportoit , & je n'ai jamais goûté de Cidre fi délicieux, quoique j'aie d'auffi bon Cidie de rouget qu'on en puuTe boire quelque part que ce foit. i4 COLLECTION Pour avoir du Cidre d'une couleur & d'un goût exquis , je recommande Transactions un tonneau neuf, pourvu qu'il foit d'un bois propre à être mis en oeuvre; Paii-osoPHiQ. autrement il le gâteroit tout-à-fait. Tel étoit le vaiffeau dans lequel je con- fervois mon Cidre de renette. Après plufieurs épreuves fouvent réitérées : pom- . Ces deux efpeces s'accordent bien enfemble, & ces arbres ainfi greffés en font moins fujcts à certaines maladies, comme un vieux rouget fur un pommier fauvage. Le fruit en eft plus doux , & lorfqu'il eft mûr , il eft bon à man- ger. Le Cidre qu'on fait avec , n'a ni la force ni l'âpreté de celui qu'on tire du rouget enté fur fauvageon , & n'exige pas une li grande maturité ; le corps de l'arbre opérant quelque changement dans la nature du fruit. Car de même qu'une pomme greffée fur fauvageon réunit très-bien , & en reçoit une forte d'acrimonie &de piquant agréables, de même le fauvageon (& il en eft de même du rouget) étant ente fur pommier , perd fon âpreté & ac- quiert de la douceur & de la groffeur. Cela vient à ce que je penfe de la correfpondance & du mélange qui fe fait de la fève du cOrps de l'arbre &C de celle de la greffe." A propos de cela , je vous prie de me faire lavoir ce que perdent les Naturaliftes de la Société Royale , fur la defcente de la fève en Hiver , que généralement on ne croit pas. Pour moi je ne puis fouf- crire à cette do&rine, & je ne puis m'empêcher de la regarder comme une erreur en agriculture. Entre autres expériences faites à deffein de prou- ver cette defcente , & dont je n'avois jamais entendu parler auparavant ; j'ai remarqué que la greffe influe beaucoup pour gâter ou pour guérir le corps de l'arbre ; & ce qui plus eft , pour altérer & pour changer la ma- nière de croître , & la nature même des racines ; ce que je ne puis conce- voir , fi en effet la fève ne defcend point jufques-là. J'ai fait auffi une ob- fervation , dont je me fuis fort affuré. Si l'on greffe fur un pommier fau- vage quelques efpeces de fruit , qui ne peut s'accommoder du terrein où fe trouve le pommier fauvage , non-feulement la greffe fe gâte , mais en- core le tronc de l'arbre , & cela arrive à tous les arbres de la même ef- pece qu'on aura greffés de cette manière. Si vous les greffés de nouveau fur la première greffe avec un fruit qui convienne au fol par cela feul vous rendes la vie à vos arbres. J'ai aufîi obfervé de plus que vingt poiriers fau- vages étant greffés jeunes, encore avec une même efpece de poires , &C vingt autres poiriers fkuvages étant greffés avec une autre efpece , les ra- cines d'une même forte croiffoient de la même manière , & celles de l'au- tre d'une différente. Communément les arbres qui croiffent naturellement fort hauts, comme le poirier à plein vent, pouffent de profondes racines; lès racines de ceux qui ont la tête large & épaifîe , comme le bon chré- tien d'Été , s'étendent au large & s'entrelacent au-deflbus. Cette diverfité dans la manière de croître des racines , ne peut provenir que de la greffe , du mélange de fa fève avec celle de l'arbre &c de la defcente de cette fève. On recommande communément de planter dans le mois d'Oftobre ; j ai fort long-temps fuivi cette pratique ; mais depuis quelques années je ne plante jamais avant le 14. Février, quoique j'ai,e eu quelquefois des Hi- ACADÊ M [QUE. 15 vers fort doux & fort tempérés. Je préfère cette dernière méthode à l'autre , — — — « & de quelque manière que tournent le Printemps & l'Été , les arbres font Transactions fujets à moins d'accidents. Le froid de l'Hiver tue beaucoup plus d'arbres I'hilosophiq. que la fechereffe de l'Été , quelque conlidérable qu'elle ioit , comme celle de 1669. qui a été la plus grande que j'aie jamais éprouvée. C'eft le froid. Années }&(>% qui opère, & nous imputons le mal à la fechereile , parce que l'arbre à 1083. ayant reçu du froid le coup mortel, il languit jufqu'à l'Été, & meurt en- ^°' 7°' fuite. Car nous tirons nos jeunes plans des bois ou d'une pépinière ; dans l'un & l'autre endroit ils font chaudement. Si donc vous les tranfplantés en Odobre , vous les expoiès tout à coup fans abri & malgré leur foi- bleue , à toute l'intempérie de la faifon , & à un Hiver long & quelque- fois très-froid , auquel ils ne peuvent pas plus réiifter que nos compatrio- tes à la chaleur, avant que d'avoir paffé la ligne. Ajoutez à cela qu'on peut les foulager dans un temps de fechereffe , en les arrofant & en couvrant la terre pour l'entretenir dans un état de fraîcheur ; mais je ne vois rien qui puifïe les garantir de la gelée , qui fouvent pénétre dans les racines & les fait mourir , de manière qu'elles ne poufTent plus ; ou bien fi elles pouf- fent , c'eft bien peu & l'arbre meurt au Printemps ; fi cependant les arbres furvivent , comme cela arrive à plusieurs , ils ne pouffent que fort tard &C très-foiblement. Car l'écorce étant deffechée par le froid, elle s'attache au bois &: y adhère tellement , qu'ils ne laiffent plus de pafl'age libre à la fève que les racines envoient ; des rejetons fortent de terre, l'arbre le deffeche & devient rouge : fymptomes qui dénotent l'obftruûion de la fève qui devroit venir des racines : on eft alors forcé de tailler en plufieurs endroits l'écorce & de la relâcher autant qu'on le peut. A l'égard de la nouvelle manière de planter, û l'Été eft humide , il n'y a plus de danger, & les arbres réuffiffent parfaitement ; fi l'Été n'eft point tel , ils confervent prefque toujours leur verdure & leur fraîcheur , fe foutenant par la fève qu'ils ont reçue au commencement du Printemps, avant d'être tranfplantés. J'élague & je taille dans le plus fort de l'Hiver l'arbre que j'^i inten- tion de tranfplanter , & je le mets dans f'état où je le fouhaite, afin qu'il ne perde rien de fa force en le tranfplantant. Je foumets cependant cette pratique à l'expérience des perfonnes plus habiles & plus entendues que moi. Je laiffe après cet arbre dans cet état fans y appliquer la bêche lut qu'au 1 4. Février ; je le tire enfuite de terre après qu'il a pris un peu du Printemps. Je penfe qu'en fuivant cette méthode , l'arbre en prendra & en croîtra beaucoup mieux. Je ne vous ennuierai pas par mille petits détails fur la manière de greffer & de planter , dont au fonds je ne fais pas grand cas ; mais j'ai cru vous devoir faire part d'expériences utiles qui m'ont tou- jou rs réuffi. J'ai toujours foin en tranfplantant de conferver les racines & de les planter autant qu'il eft poffible dans toute leur longueur ; perfuadé cjue plus les racines font grandes , &C plus elles ont de force & contiennent de fève , & plus l'arbre aura de facilité a croître ; puifqu'il n'y a rien qui ne croifle à proportion de fa racine. Je ne fais fi je fais bien ou mal , & je î($ COLLECTION fouhaite (a) favoir ce qu'en penfent les gens habiles. J'ai appris de plu- ,s fieurs personnes addonnées à l'agriculture , & entre-autres d'un Chevalier PhiTo^ophiq. qui avoit acquis beaucoup de connoiffances là-deffus , qu'en coupant les racines fort courtes , l'arbre réuffit mieux , parce qu'elles pouffent de nou- Années 1665. veiies rac;nes qui tirent plus aifément la fève & la nourrkure néceffaire. à 1683. Aufli voyons-nous qu'une greffe fur bouture fans racines, devient plutôt Ko 70 un arbre. J'ai fouvent obfervé qu'une greffe tranfplantée après qu'elle a pris ' ' racine , ne réuffit pas fi bien qu'une bouture nouvellement plantée. fa) M. de la Quintinie étoit dans l'ufage de retrancher prefque toutes les racines. A peine en l'aiffoit-il deux ou trois : encore les raccourciflbit-il jufqu'à ne leur donner que dix ou douze pouces tout au plus. On fuit encore cette méthode en plufieurs endroits. Mais des curieux du premier ordre , & en particulier Mrs. le Normand , père & fils , fucceffeurs l'un & l'autre de Mr. de la Quintinie, ont trouvé après des épreuves réitérées avec toute l'exaÛitude pomble , qu'un arbre planté avec tout ce qu'il a de racines fai- nes réuflïflbit beaucoup mieux , & acquéroit promptement une toute autre vigueur que fon voifin qui avoit été planté avec un petit nombre de racines taillées de court, tt quand le contraire eft arrivé , on a prefque toujours découvert une caufe ieniible de cette irrégularité , qui ne provenait pas du plus ou du. moins de racines. N°.7i' ACADÉMIQUE. t? »■» xSI • 71* Transactions Philosophiq. OBSERVATIONS SUR LA LETTRE DE Mr. REED, A^cs 1665, inférée au No. yo. art. 4. en quel fens on peut dire que la fève iefeend & a l^"3- ' circule dans les plantes , & que la greffe a communication avec le corps de. ftut 7l l'arbre : quelles fortes de pommes donnent de meilleur Cidre dans de cer- . taines faifons , & font les plus aifées à fe propager : poires propres à de cer- taines terres; leur choix fuivant les u figes différents qu'on en veut faire , lorf qu'on fouhaite avoir une liqueur agréable ou de garde : comment on doit planter le poirier & le foin qu'il en faut avoir : faifon propre à tranfplan» ter. Par le Dr. J. BeAL. ( A ) ' Mon SIEUR Je fuis charmé que vous ayez publié les Obfervations de Mr. Reecî : quoiqu'il en foit de fes expreffions fur la defeente de la fève , les exem- ples & les expériences qu'il rapporte font très-inrtructifs. Vous avez publié mon fentiment fur ce fujet, & il n'eft pas étonnant que les effets dont parle Mr. Reed, s'eniùivent de cette correfpondance entre toutes les par- ties de la plante que je reconnois aufïi ; la plante tirant fur tout par les feuilles & les pores des branches & du corps de l'arbre , un aliment que lui fournirent le foleil , l'air & les rofées ; de même que par fes racines elle tire des lues de la terre ; & comme les couloirs ou vaiffeaux des divers troncs & feions différents , cette différence peut en opérer une autre dans le mouvement , & par-là dans la qualité du fluide , de même que l'efprit de vin fe rectifie beaucoup plus vite dans une cornue que dans un alembiciîmple. La différence du tronc & celle qui fe trouve entre le grain des racines du cœur de l'arbre oc des feuilles étant examinée avec attention , on peut avec le temps découvrir les caufes particulières de la différence qu'on re- marque dans la fève , les fleurs & les fruits. Dans un iiecle auffi exaft que le nôtre, & oit l'on trouve tant d'habiles gens dans le deffein & la gravure , on devroit joindre à la figure des plantes le tiffu & le grain par- ticulier de chaque racine , du tronc & des branches ; ce qui ieroit d'un grand fecours pour ceux qui cherchent à s'inltnùre. Je publiai il y a environ quinze ans quelques idées fur la manière de connaître par la couleur, la figure, la molleffe & l'afpérité des feuilles des jeunes pommiers & fauvageons, qui paroifîent les premières au prin- temps, la plante qui fourniroit la liqueur & les fruits les plus ou moins agréa- bles & même d'afîigner les divers degrés d'âpreté & de délicateffe , d'in- Cpidité & de force. Et cela prouve ou du moins defigne quelque' chan- gement ou quelque opération qui fe fait par le moyen de la fève. Mais lorfque je niai la ^defeente de la fève , je pris cette exprefïion dans fon fens vulgaire , cvefr-à-dîre , pour la principale partie de la fève qui monte au printemps, & qui par degrés fe durcit & fe change en feuilles* Tom. IK des Acad. Etrang. C Ç Art. I. I 18 COLLECTION — — — ■ mTm. en fleurs, en fruits , en bois , de même que s'opère dans les jeunes ani- Transactions maux l'offification qui a été décrite parle Dr. Kerckringius ; (a) quelle Philosophiq. prodigieufe quantité de fève, ne faut-il pas pour le fruit & Paccroiffement , . . de quelques arbres , comme le gland , la noix , la châtaigne i c'eft cette "eeS|<;s ^eve *lu' ne retourne Pas ^ la racine pendant l'hiver. a ioôj. j»^ pUy^ il y a long-temps & je îbutiens de nouveau qu'une pomme (N°. 7Ir infipide, comme l'a auffi obfervé Mr. Reed, prendre plus de goût en la greffant fur le plus dur fauvageon, & une pomme âpre perdre fa mauvaife qualité & s'adoucir en paffant fiir un arbre , dont le fruit eft na- turellement plus doux. Il feroit à fouhaiter que le paffe-pommier fut aufli connu & auffi répandu en Angleterre que le rouget l'eft actuellement. Ce feroit un grand avantage pour les Jardiniers ordinaires , qui fans dépenfes, fans choix , fans foins & fans l'embarras de la greffe , pourroient le pro- pager en mettant les branches à yeux dans une terre ordinaire , & qui ne peut paffer pour fertile , telle que les terres à feigle de la Principauté de Galles , & celles qui portent une efpece de genêt épineux. Lorfque ce fruit eft parfaitement mûr , il a une bonne odeur ; le cidre qu'on en tire eft doux & très-agréable : il m'eft arrivé de lui donner une fois en public la préférence fur celui du rouget , & j'eus les femmes de mon côté. Les cha- leurs de juillet le changent , & il devient alors plus fort. Il y a une pomme d'été connue de Mr. Reed fous le nom de Cornouiik Françoift , qui mûrit de bonne, heure & qui eft pleine d'unfuc agréable ; j'ofe dire que ce fruit fournit une boiffon délicieufe avant que le temps du cidre foit arrivé. J'i- gnore fi on pourroit venir à bout de le conferver & de le garder. C'eft un petit arbre dont toutes les branches font courbées & pleines de nœuds ; toutes ces branches coupées au-deffous du nœud étant mifes en terre , de- viennent un nouvel arbre. Il réuffit mieux dans de bon terreau que dans de la terre ordinaire. Il donne cependant beaucoup de fruit tous les deux ans dans les terres qui ne font propres qu'à femer du feigle , & fi un de ces arbres n'en donne point , l'arbre fiiivant de la même efpece en eft tout chargé. Il y a des terroirs qui ne font point propres aux pommiers , & où ce- pendant le poirier réuffit très-bien. Les efpeces de poires font très-variées, chacun peut y fatisfaire fon goût ; les unes mûriffent de bonne heure & les autres fort tard ; on en a pour toutes les faifons de l'année ; les unes font de garde , & les autres font excellentes cuites , deffechées ou confi- tes ; on peut aufli bien les tirer des Provinces de l'Eft que de celles de Wercefter , de Hereford & du Comté de Salop. Les poires que j'eftime & que je recherche davantage , font celles qui fourniffent abondamment la liqueur la plus riche , la plus faine & la plus vineufe. Si l'on n'a point éprouvé le terroir, ou bien fi le pommier n'y réuffit pas , il faut planter des poiriers alternativement. Si la liqueur des poires fe trouve foible &C qu'elle ne foit point de garde , on peut y remédier, en y mêlant des pom- mes fauvages ou les plus âpres ; ce qui non-feulement flatte le goût, mais encore eft" très-ftomachal. Ainfi lorfqu'un terroir, quoique bon , ie trouve (a) M. 70. Art. I. it l'extrait des Livrai ACADÉMIQUE. ,a encore t«op maigre pour les pommiers, & que le poirier y vient très-bien - plantez anfli des fauvageons , qui mûriffant dans la même faifbn vous fer' x yiront à corriger votre cidre, & les perfonnes du goût le plus exquis & SiwsoPHm* le plus délicat sy méprendront. A l'égard de la faifon la plus pronre à ™ROSOPHIQ- îranfplanter , le Dr. Lauremberg s'accorde en tout & par les mêmes rai- Années 1665. fons avec Mr. Rééd. Il convient que les plantes qui ne peuvent rapporter à l68î- la rigueur de l'hiver, doivent être tranfplantées au printemps, & qu'il isio faut planter en automne celles qui peuvent endurer le froid La feule ' 7U chofe où cet Auteur ne s'accorde pas avec Mr. Reed, c'en: en ce qu'il fou- tientque le pommier, le cerifier commun, le poirier, le coudrier le pru- nier, &c. fupportent aifément le froid, & réuffiffent mieux lorfqu'on les plante en automne ; & que le noyer, le pêcher, l'abricotier & quelques elpeces de ccniier viennent mieux en les plantant au printemps. Je penfe «juù fait auffi froid dans le pays où le Dr. Lauremberg met en pratique ces préceptes, qu'en Angleterre; nous lui avons donc de grandes obliga- tions pour fes dernières expériences qui nous empêchent de rien mettre au hazard. Je ne vois pas au premier coup d'oeil pourquoi nous devrions expofer une plante a toute la rigueur de l'hiver, tandis que nous avons 1 expérience que les petites plantes réuffiffent infailliblement, lorfqu'on les traniplante au pnntemps ; cependant il y a un vieux proverbe en Angle- terre fur les chênes, le pommier, le poirier & l'aubépine, fuivant lecuiel jl ieroit plus avantageux de planter ces arbres en automne. L N°. 74 EXTRJTT D'UNE LETTRE ÉCRITE DE MIDDLETOX dans k Warwickshire , par François irillughby , Ecuyer , fur les Abeilks qu'on trouve dans Us cavités des vieux faules. ( A ) LEs cartouches qu'on m'a donnés à Aftrop il y a près d'un an , f a) me XT fournie™ prefque tous les jours une Abeille. Je les entends ronger leur N prifon afin de s ouvrir un paffage , long-temps avant que je les puiffe ^per- cevoir ; ainfiil nya nen d'irrégulier fur leur naiffance. Après qu'elles ont enferme les jeunes Abeilles dans ces cellules avec des provifions fuffifantes elles prennent toutes avant l'hiver, les dernières comme les premières ' kur entier accroiffement, ou bien elles fe changent en nymphes • c'elt dans cet état qu'elles partent l'hiver, auffi bien que la plupart des infecte L'été fuivant elles fortent de leur engourdiffement , & devenues mouches elles voltigent autour de leurs cellules. Si quelqu'une eft éclofe trop tard 6c cm elle n ait pas eu le temps de parvenir avant l'hiver à l'état de nymphe elle ne peut éviter de périr : dans ce cas il n'y a pas grande perte , ni grand inconvénient que leurs cellules foient percées. La fcolopendre dont il eft fait mention dans les Ephemerides d'Allema- ( a ) Voyez deux Lettres écrites fur le même fujet qu'on a inférées dans le fécond vo- Jume de cette ColLtlion Académique , pag. 289. §t fciy Ê4 0-74- Art. M. Transactions Philosophiq. Années 1665. ïo COLLECTION gne , eft le même infecte que le Bruchus dont Mouffeta donné une defcrîpr* tion fur la fin de fon Chapitre de Julis, pag. iox. j'en ai vu il y a douze ou treize ans dans" le cloître du Collège de la Trinité à Cambridge. J'efpére vous en. envoyer avant qu'il ioit peu. à 1683. 2S!°. 79 N°. 74. LETTRE DE Mr. LISTER ÉCRITE D'YORK le 10. Janvier ifyz.fur les veines des plantes analogues aux veines du corps humain. (A) JVl O N S I E U R, No , Je fuis bien aife d'apprendre qu'on a déjà commencé d'écrire fur l'anatomîs ' 79* des végétaux , & que Mr. Malpighi a intention de donner quelque chofe de plus fur ce fujet. J'ai reçu depuis votre dernière le livre du Docteur *^T' ' Grew. Ses obfervations font autant qu'il m'a paru, très-exa des & pleines de fagacité. En. relifant des remarques que j'ai faites il y a quelques années , îetrquve entre autres choies de cette nature, quelques obfervations furies veines des plantes , ou ces vaiffeaux qui paroiiTent contenir & renfermer les lues des plantes. On n'en parle que peu, ou même point du tout dans ce curieux Traité , fi ce n'eft fous le nom générique de pores. Comme je penfe que ce font des" vaiffeaux analogues aux veines du corps humain tk. non de fimples pores , ils feront le fujet dont je vous entretiendrai dans cette lettre. Et fi en effet ce font des veines, comme je n'en doute point, bien-loin de paffer ce fait fous filence , on doit au contraire en faire men- tion de bonne heure dans l'anatomie des végétaux. y< Pour éviter l'ambiguité , les parties des plantes que Pline appelle (Livre 16. Chapitre 38.) Vtnà & Pulpa, ne font à mon avis que ce que le Dr. Grew nomme fibres ou corps ligneux entrelacé avec ce qu'il prend pour le cortical, c'eft-à-dire, les différentes diftinctions du grain. Il eft évident, en coupant tranfverfalement , par exemple , l'angelica Jjlveflris magna vulga- tior J. B. que les vaiffeaux dont je vais parler, ne font point , pour me fervir des termes du Docteur , aucun des pores du corps ligneux. Les veines y pa- roiffent très-clairement diftinctes des fibres , & on les apperçoit de même dans le parenchyme du corps cortical , où le fuc laiteux s'élève à côté des fi^ bres & non dedans. En coupant au mois de Juin de la même manière de la bardane , il en fort un fuc femblable de l'un & de l'autre côté des rayons du cercle ligneux , c'eft-à-dire , dans le corps cortical & la moelle feule- ment. De plus , dans les parties qui n'ont point de moelle , ce fuc n'exifte pas, & conféquemment ilm'y a point de ces veines , comme dans les racines des plantes , & le tronc des arbres , mais il y en a toujours dans l'écorce de l'un & de l'autre. Il eft inutile de faire rémunération de toutes les plantes où ces particularités paroiffent plus fenfibles , comme le Sphoadylium, la Cicutaria , & plufieurs plantes de l'efpece du chardon. On ne doit pas , fi je ne me trompe , mettre ces yaiffeaux au nombre des ACADÉMIQUE. lr p'Rl'CS du COffii Cortical ou de la moelle dont notre Auteur fait la deferip- . tion ; il ne faut pas non plus les ranger parmi les pores fitués tranfverià- T~ lement , parce que le cours du fuc dans ces vaifleaux eft fuivant la Ion- PHte^orHio" jgueur de la plante , comme je l'ai plufieurs fois obfervé dans une tige de fenouil deflechée, en fuivant les vaifleaux de la moelle dans toute (a Ion- Années 1665. gueur. Refte donc que fi ce font des pores , ce font de ces porcs du corps * l6^3- cortical qu'on fuppofe étendus fuivant fa longueur ; mais cela ne me paroît Ko «as fufKfant, &je les regarde comme des vaifleaux revêtus de leurs mem- ' Crânes & analogues aux veines du corps humain : 1 o. parce qu'on les trouve dans la moelle & quelquefois dans le corps cortical d'une plante, fans être renfermés dans la tunique commune de quelques fibres , comme on l'a re- marqué un peu plus haut. (La membrane des fibres ou de la racine féminale [>aroit d'une manière très-fenfible dans quelques plantes , comme la fougère e bec de grue : les fibres de la première font revêtues d'une tunique, du moins dans quelques parties de la plante , avec une peau noire , & celles de la dernière ont aufiî une membrane avec une peau rouge. ) En ce cas fi ces Vaifleaux n'avoient pas leurs membranes , je ne vois pas pourquoi la partie f)oreufe & fpongieufe de la moelle & de Pécorce ne feroit pas par-tout é" a- ement remplie de fucs , & pourquoi ces fucs ne montent que dans un petit nombre d'endroits fixes & déterminés par le nombre à la pofition & l'arran- gement de ces vaifleaux. 2°. Je puis prouver que ce font des vaifleaux analogues aux veines du corps humain par l'expérience que j'ai faite fur le catapulta m'mor Lobcl. & qu'on a inférée, No. 70. Art. 1. des Tranfa&ions Philofophiques. (a) Percez la membrane extérieure de la plante ; faites enfuite une forte ligature ; le fuc laiteux s'élance foudain par une infinité de pores de cette incifion ; phéno- mène , dont j'attribue la caufe aux veines qui étant coupées , fe déchargent impétueufement d'une partie de leur fuc dans le parenchyme poreux de Pé- corce. Il eft par conséquent probable que û ce fuc laiteux ne fe trouvoit pas arrêté par des vaifleaux revêtus de leurs tuniques , en faifant une fim- ple ligature , on le verroit fortir de même que l'eau fort d'une éponge qu'on prefle. r & n Il eft très-vraifemblable que ces vaifleaux exiftent dans toutes les plantes quelles qu'elles foient. Toutes les autres parties fubftancielles des végétaux le trouvent dans toutes les plantes, & leur font communes, quoique d'une configuration & d'un tiflu différents ; il en eft de même de ces veines qu'on ne doit pas croire manquer dans plufieurs plantes , parce qu'on ne peut les appercevoir aufli aifément que dans celles dont le fuc eft coloré. Dans ces [>lantes mêmes où les veines font le moins vifibles, il y a un temps où elles e font à l'œil nud , finon dans toutes les parties de ces plantes , du moins dans quelques-unes. Les jeunes jets du grand & du petit érable fe trouvent pleins au mois de mai d'un fuc laiteux, qui eft la liqueur connue de ces veines. De plus, fi l'on applique une lame de couteau bien nette à la cou- pure tranfverfale de fcmblables jets de fureau , on tirera la liqueur gom- ( a ) On trouve cet article pa>e 3,7. du fécond volume de la Collellion Académique ; mais ton a omis l'expérience en quejlion. Transactions Philosophiq. Années 1665. à 1683. N°. 72» aî COLLECTION meufe do ces veines en filaments vilibles. Les branches de la rhubarbe de jardin pouffent quelquefois une gomme tranfparente , quoique les veines qui contiennent ce lue gommeux ne loient point vifibles ; cependant en com- parant la nature & les propriétés de cette gomme avec celles des gommes des autres végétaux , nous ne fautions douter que cette gomme de rhubarbe ne foit le fuc de ces veines , puifque nous fommes fiirs que la gomme des autres végétaux fort de leurs veines. Enfin , je penfe que le champignon mê- me, cette plante qui occupe , félon quelques-uns , Te dernier rang parmi les vé- gétaux , n'eft point privé de ces veines dont quelques-unes rendent un tic laiteux fort chaud. On pourroit s'attendre à me voir ajouter , linon la circulation de ces fucs, leurs ufages les plus immédiats par rapport à la végétation, &une deferip- tion exacte de ces veines, du moins quelque choie fur leur origine & leur production. Mais quand même j'aurois le loifir de m'occupper de pareilles- recherches, lafaifon n'elt point propre actuellement pour perfectionner & vé- rifier des observations faites il y a déjà long-temps& que j'ai trouvées éparfes dans mes mémoires. Outre les particularités dont je vous ai fait part , j'en ai encore beaucoup d'autres qui regardent la pofition , l'ordre , le nombre % h capacité , les distributions , la différence & la configuration de ces vei- nes ; mais vous ne trouverez pas mauvais que je différera vous lès com- muniquer, jufqu'à ce que je les aie revues pendant un été. Il me fuffit d'a- voir fait naître l'idée de leur exiftence à des curieux qui auront le loifir de faire des obfervations , & qui étant fournis de microlcopes , fe trouveront dans des pofitions plus avantageufes que je ne fiùs. Je finis par deux ufages de ces veines. Le premier & le principal eft , à mon avis , de tranfmettre le fuc nourricier des plantes dans toutes les branches , parce que fans cela il n'y a point de végétation ; comme on le voit, fi on dépouille au mois de juin une branche greffée, de la terre qui la couvre , car on ne remarquera le cours de la végétation que dans l'écorce & non dans le bois , c'eft-à-dire , dans la feule place où ces veines exiffent. Elles fervent encore à fournir les boutiques des Apothicaires , & c'elt le fécond ufage dont je veux parler. On y trouve en effet toutes les drogues que nous tirons des végétaux , & l'on en pourroit extraire beaucoup- d'autres par des recherches foigneiues & par des moyens aifés qui m'ont réufli , témoin la réûne noire dont je vous ai envoyé il p'y a pas long-temps, un échantillon^ ACADÉMIQUE tj W . 83. Transactions _^_______ Philosophiq. EXTRAIT D't/NE LETTRE DE Mr. LISTER , Atmées l66^ écrite d'York le ix. Avril iGjz. contenant une réfutation di ta prétendue- à 168 \. fiétamorphofc du crins de cheval enjerperus. (^ A ) M W°.8j; V O N S I E U R , On croit communément que les crins de cheval jettes dans l'eau fe enan- Art, IV*i gent en reptiles ; cependant je vous ferai voir par des obfervations incon- testables , que ce que le vulgaire prend pour des crins animés , ne font autre chofe que des infedes qui trouvent leur vie dans le corps d'autres infe&es , de même que l'Ichneumon trouve la fienne dans celui des Chenilles. Avant que de parler plus avant , je vais vous faire le précis de ce qu'Ai* dr:6j. Les fentiments font fort partagés fur le courant du Rhône dans ce Lac •' * l6^3* quelques-uns (outiennent qu'on peut le difeerner , d'autres prétendant le N° 86 contraire. Apres avoir examiné ce qu'en penfent les curieux de Laufanne & de Genève , & les pêcheurs les plus expérimentés qui fe trouvent là en grand nombre, & fur-tout à Copet, je crois avec ces derniers, que quoique le Rhône à fon entrée dans le Lac , perde fa violence , il conlervc cependant en quelques endroits un mouvement fenfible & qu'on peut obferver par- tout ; on ne prend des truites nulle autre part dans le Lac que dans ce cou- rant du Rhône ; & c'eft ce que les pêcheurs appellent pêcher lùr le Mont. Quelques-uns prétendent qu'on peut diltinguer par-tout l'eau du Lac de celle du Rhône : mais les pêcheurs ne conviennent pas de cela , & ils alïii- rent qu'il n'y a point d'autres marques pour le diltinguer que celles qu'on vient d'alléguer ; lavoir , les imites & le courant. Cette dernière marque fuffit-ellc feule? puifque dans un temps calme on peut diltinguer le courant du Rhône, depuis l'endroit où il fe jette dans le Lac iufqu'à celui oii il eu fort. L'eau de ce Lac commence à croître vers la fin de janvier ou" le commen- cement de février, & continue jufqu'au mois de juillet, & très-fouvent juiqu'au mois d'août : il diminue enfuite infenfiblement : ainfi l'eau elt plus haute en été de douze à quinze pieds qu'elle ne l'eft en hiver ; la gelée épmlant les fources ou plutôt glaçant les eaux qui en fortent. Les fentiments font aulîi fort partagés furjeette crue d'eau. Tout le monde il elt vrai, croit en général que la fonte des neiges & des glaces formées en hiver par les eaux des fources & des torrents , elt la principale caufe de cet accroiffement. Cela fe trouve fi conforme à la vérité , que s'il tombe beaucoup de neige dans l'hiver, les eaux font très-hautes l'été fuivant Mais fi par hazard il pleut beaucoup en janvier, la neiçe n'étant pas en- core bien durcie, fe fond alors tout à coup. Lorfque cette fonte n'ell point fi violente , toute la neige qui refte fe fond à la fin du mois de mai ou au commencement de ju.n , & alors il ne relie plus que la glace pour entrete- nir la crue d'eau juiqu'au mois d'août. Cela a porté quelques perlbnnes à croire que cette crue d'eau qui monte communément , comme on l'a dit jufqu'a quinze pieds dans tout le Lac , eft caufée par les herbes qui croif' lent, à ce qu'ils prétendent, en grande abondance. Ces herbes venant à croître forcent leau à s élever, & venant à mourir en automne, l'eau reprend la hauteur accoutumée. Cette raifon ne me paroît nullement instal- lante , parce que l'on ne voit point d'herbes fur le Lac, très-peu dedans , & que les bords font denechei. D'autres prétendent que la chaleur du foleil raréfie l'eau & la fait enfler lur les bords du Lac, l'eau chaude, difent-ils, n'étant point fi haute au mi- lieu que la froide. H cil certain que toutes les rivières Scies torrents qui fe déchargent dans Dz aS COLLECTION — — — ce Lac, traînent avec eux beaucoup de pierres & déterre qui peuvent éle-' Transactions ver l'eau & faire paroître plus considérable le même volume ; mais une Philosophiq. telle augmentation ne peut être fenfible que d'un fiecle à l'autre ; d'ail- , leurs, en hiver lorfquc les eaux font baffes, on tire du Lac des pierres Années 1 00 5. p0ur fortifier Genève , ou pour y conftruire des bâtiments. a 1003. ^u j-ort;r cjes baj-res qlle forme la Ville de Genève, du côté du Lac , on N°. 86. volt deux ou trois greffes pierres qui s'élèvent au - deffus de l'eau. La principale s'appelle Niton , & fuivant la tradition , c'étoit autrefois un autel confacre à Neptune ; le milieu de cette pierre cft taillé , & l'on croit qu'il forvoit à offrir des facrifîces. Sept ou huit perfonnes peuvent le te- nir affiles fur cette pierre , & lorfque les eaux font fort baffes, on trouve au- près des couteaux , & des aiguilles auffi greffes que des aiguilles de tête & beaucoup plus longues , le tout de cuivre & fort bien travaillé ; on penfe que cela a fervi aux facrifîces. Le Lac paroît quelquefois dans un temps calme & ferein & avant le le- ver du foleil , de couleurs différentes , comme s'il étoit compofé de pie- ces de rapport , & il y a toujours une partie qui fe trouve plus brune que le refte. Cela paroît camé par un courant d'air qui pénétre l'eau & qui vient ou du fond du Lac ou bien d'en haut ; quoique d'autres perfonnes croient que l'effet dont il s'agit elt produit par quelques fources qui font au fond du Lac & qui occasionnent ces ondulations à la Superficie. Mais la partie de l'eau qui n'eft pas en mouvement , paroît auffi unie qu'une glace de miroir. A l'égard des couleurs , je penfe que les différentes images des montagnes voi- (înes venant à fe confondre dans l'eau , occafionnent ces couleurs pâles qu'on y remarque. Le Rhône ne reprend fon impétuofité ordinaire qu'à un quart de mille de l'endroit où il elt forti du Lac , c'ell-à-dire , au-deffus de Genève. Plus il s'ap- proche de cette Ville , &C plus fon lit devient étroit & conféquemment fon cours plus rapide. Cependant cette rapidité a été de notre temps furmontée une fois par le vent & une autre fois par l'eau. Pour entendre cela , imagi- nez-vous que dans Genève il y aime bande de terre d'environ cent braffes en longueur , qui divife le Rhône en deux parties , lefquelles paffent fous quatre ponts qui étoient alors chargés de maifons. De la pointe de cette lile jufqu'aux différents rangs de pieux qui font du côté de la Ville, il y a environ mille pas communs. Cette étendue d'eau , qui fait la figure d'un V, dont l'ISle forme la pointe , la Ville , les côtés, & les pieux, l'efpacevuide de l'extré- mité, fut deffechée par un coup de vent qui s'éleva pendant l'hiver de 1 645. il commença fur les neuf heures du matin, & fut fi furieux, que non-feule- ment il enleva les toits des maifons , mais qu'il mit à fec le lit du Rhône au-deffus des ponts , de forte que plufieurs perfonnes le traverferent à pied fec en préfence de toute la Ville ; un des fils de Mr. d'Aubigny ramaffa quelques médailles qu'il trouva en fon chemin. Ce paffage fut libre pen- dant une heure , au bout de laquelle la rivière reprit fon cours ordinaire. Le vent étoit à l'Oueft, l'eau étant en cette faifon très-baffe & étant refferrée par les hautes montagnes qui l'environnent avant que d'arriver à Genève, le vent fouffla avec beaucoup de violence proche des barres , tint fufpendue l'eau qui étoit au-delà , tandis que celle qui étoit au-deffous s'écoula par fa pente na-r ACADÉMIQUE. a9 Années 1665. à 1683. N°- 8$. turelle. Comme je faifois quelque difficulté d'ajouter foi à cette relation' on m'apporta Je commentaire de Gallafuis fur l'Exode imprimé en i*6o t., .■ , y,,*1 > /* i_ 1 i 1 -i /• •/ !• ) l R AlsS ACTIONS ou 1 on raconte qu un lemblable accident etoit arrive tandis que ce Minif- Philosopiiiq. tre y demeuroit , un vent du Sud-Oucft ayant repoufl'é le Rhône dans le Lac & defleché ion lit pendant une heure de temps. A l'égard de l'autre accident, vous vous rappeliez que la rivière d'Arve qui n'eft qu'une efpece de torrent, fe jette dans le Rhône, environ mille pas au-deflbus de Genève. Cette rivière s'enfla fi extraordinairement au mois de décembre 1652. que non-feulement elle pafla par-deflus fes bords avec impétuofité , mais aufli qu'elle interrompit le cours du Rhône pendant quatorze heures , &c le força de rentrer dans le Lac ; quoiqu'il fe trouve des perfonnes qui prétendent que l'Arve fe jetta elle-même dans le Lac en paflant par-deflus l'eau du Rhône , qui iùivant ce fentiment , continua fon cours fous l'Arve : quoiqu'il en foit , on vit à Genève l'eau rentrer dans le Lac. Ce Lac abonde en poiflbn ; mais ce qu'il y a de remarquable, c'eft que ces poiflbns fe cantonnent en quelques endroits , & partagent le Lac en- tre eux. On ne trouve les truites , comme on l'a dit plus haut , que dans le courant du Rhône ; les carpes ont pris leurs quartiers vers Vevay , les brochets & les perches ont aufli leur canton à part ; mais quelques autres poiflbns qui ne font que paflagers & qui n'habitent pas conilamment le Lac , fe difperfent indifféremment de tous côtés. Les grofles truites ibrtent du Lac pendant les quatre mois de l'été , & on les prend en automne , lorfqu'elles y rentrent. On a pratiqué dans le Lac des endroits 011 l'on garde le poiflbn. On y a pris des tnùtes qui pe- foient jufqu'à cinquante livres , & quelquefois on y prend des brochets qui pefent quatre-vingt livres, &vous favez qu'il y a dix-huit onces à la livre de Genève. Aux mois de juillet & d'août on prend les petites perches dans un temps où elles ne font pas plus grofles que les plus petits fers de lacets : cela fait un mets fort délicat, qu'on appelle dans le Pays, mille cantons. N°- 89. DESCRIPTION D'UNE ESPECE SINGULIERE de Champignon , qui rend un fuc laiteux & plus brûlant que le poivre. Par Mr. LlSTER, communiquée à F Editeur le i5. Novembre 1672.. vieux Jlile. (A) LE 18. août dernier en paflant parles Bois de Marton, au-deflus de Pinno-Moor en Craven , je remarquai un grand nombre de champi- gnons , dont les uns étoient fanés & les autres frais & en bon état. Ils étoient grands , un peu plus gros que les rouges qui fe mangent & appro- chant beaucoup de ces derniers par la configuration , c'eft-à-dire,ayant la tête parfaitement ronde , bien en chair & les feuillets inférieurs à découvert. La tige efl épaifle , charnue , ronde , & n'ett point creufe : elle s'élève de fix pouces au-deflus de la terre , 6c elle a communément un pouce de grol- N». 89. Art. II. 3o COLLECTION ^^mi— m leur. Si l'on coupe quelque part ce champignon , il rend en grande abon- Z dance un fuc laiteux, fur lequel j'ai fait les obfervations fuivantes. i». Ce Transactions . , . . '. . t > - . . . . 011», Philosophiq. lue laiteux excite lur la langue une lenlation plus piquante & plus bridante que le poivre. 2J. Il n'eft pas viiqueux au toucher. 3 '. L'air, ni la lame Années 1665. d'un couteau ne lui font pas beaucoup changer de couleur, contre l'ordinaire a 1603. de ce qui arrive aux fucs des végétaux. 40. Il fe cailla fur le champ dans N°. 8q. une pbiole où je le tirai , ôi en quelques jours il fe fecha tout-à-fait & ac- quit la confiftence d'un gâteau. 50. Quoique bienfec, il n'en conferva pas moins fa qualité brûlante & fa blancheur. De plus, je remarquai que ces champignons pleins d'un fuc que la langue ne peut endurer , étoient couverts de vers de mouches ; &c que les plus petits qui font les plus tendres , & ceux auffi qui rendent le plus de fuc , avoient été rongés par la limaffe des prairies qui s'étoit logée dans les côtés de cette plante. Dans un difcours fait depuis peu fur l'état de la Ruffie , j'ai trouvé fur cette efpece de champignon les paroles fuivantes. Groo-yshidys fungorum maximi , palmam lati, inflar omajl bibuli funt , crafjl & candidi ; dum crudi funt , fucco (laclco puta) abiindant. Eos fuut tithymallum muriâ corrigunt Rut heni ; aliter fauces & guttur injlammabunt. Ipfefemel nimis inconfidcnite, ajjatos comedere untabam , non fine fuffbc adonis pcriculo. Les renvois qu'on fait aux planches ou aux figures , fe trouvent trop confus dans ce difcours , & la defcription qu'on y donne trop abrégée pour pouvoir juger fi notre cham- pignon a d'autre rapport avec celui de la Mofcovie que la grande acrimonie de fes fucs. Cette réfine blanche a beaucoup d'affinité avec l'euphorbe. Depuis cette Lettre , t 'Auteur m en a écrit une autre datée du ij. Décembre J qui contient la fuite de la relation précédente. Je vous envoie la réponfe que Mr. Wray fait à ma Lettre fur le cham- pignon qui rend un fuc laiteux & brûlant. » Je ne doute point que ce champignon ne foit celui que décrit Jean » Bauhin liv. 40. chap. 6. fous le titre de fungus piperatus albus , lacleo fucco » turgens. Mais il dit ; i°. qu'il furpaffe en groffeur le champignon qui fe » mange, & vous femblez en convenir, quoiqu'en termes moins précis. 20. » Cet Auteur dit que ces champignons au fuc brûlant, ne font pas auffi » épais que ceux qui fe mangent , & ceux que vous décrivez ont beaucoup » de chair. Les deux defcriptions s'accordent parfaitement dans tout le refte. » Suivant toutes les deux , il eft blanc par-tout , il croît dans les bois & le » fuc excite fur la langue une fenfation plus brûlante que le poivre. Vous » faites mention de quelques autres particularités que cet Auteur n'a point », obfervées, ou du moins dont il ne parle pas. •ACADÉMIQUE, N°- 90. 3' SUITE D U N°. 7ç>. ART. I. Sur fexiûence des veines dans toutes les êcorces de plantes ; découverte de la fubtlance membraneufc de ces reines & de quelques actes des plantes qui rejjem- bltnt beaucoup à ceux qu uccafionne le fentiment ; rapport entre lejuc des rei- nes des végétaux & le fang des animaux. Communiqué par Mr. LiSTER dans une Lettre du 8. Janvier /67J. & préfentée à la Société Royale. (A) Transactions Philosophiq. Années 1665. a 1683. N°. 30. M O N S I E U R, Aux raifons déjà alléguées , pour prouver I'exiïtcnce des veines analogues àcclles des animaux, dans toutes les plantes, fans en excepter même le champi- gnon,on pourroit encore joindre celles-ci. On peut couper tout-à-fait l'écorce d'une plante & partie du parenchyme fpongieux, fans qu'il en forte dcfuc lai- teux , ce qui arrive toutes les fois qu'on n'a point endommagé de veine. J'ai fait dépouiller une plante de l'on écorce , en commençant par le bas ; dans cet état je Pexpofai à la pluie , & je l'y laiffai jufqu'à ce qu'elle devînt flafque comme un cuir mouillé , fans endommager les veines qiri laifferent couler la liqueur qu'elles contenoient dès qu'on leur eut fait une incifion. Ces ex- périences font autant de preuves contre l'opinion généralement reçue que la levé le répand par toute la plante & l'imbibe , de même que l'eau fait l'éponge. Quoiqu'on n'ait entrepris ces expériences & beaucoup d'autres , que dans la vue de faciliter la démonstration fenfible & oculaire de ces veines , je n'ai pu cependant y réuffir autant que je l'aurois fouhaité , ni les rendre aulîi apparentes qu'on les défireroit pour s'inftruire de leurs ufages & dé- couvrir tous les accidents qui les concernent en qualité de vaifleaux d'une telle nature. Un pareil ouvrage exige un grand travail & beaucoup de pa- tience ; & le nombre infini de plantes , leur petitefle & leur confulion aug- mentent encore la difficulté. Dans les plantes coupées tranfverfalement , on apperçoit un certain or- dre & un certain nombre d'orifices de veines coupées. On obferve aufU dans une feuille que je regarde comme la partie la plus fimple de la plante. i°. Que les veines accompagnent toutes les nervures &fe diftribuent dans toutes les parties de la feuille , fuivant les ramifications de ces nervures & forment avec elles une efpece de filet ; mais fi c'elt par inofculation ou par le fimple contaft, c'eft ce que je ne prétends point déterminer. z°. En coupant une feuille tranfverfalement, la fibre ou nervure du mi- lieu , par exemple , paroît rendre une grofle goutte d'un fuc laiteux , qui en fort comme fi c'étoit d'une feule veine ; cependant on voit clairement au microfeope que plulieurs veines contribuent à la formation de cette goutte. 3°. Si l'on tire d'une feuille avec beaucoup de dextérité une fibre ou Art. I, $i COLLECTION imi ■!■—■—» nci*viirc , on y nppcrcevra les veines comme autant de petits cheveux ou de Transactions tuyaux qui s'étendent le long de la nervure, laquelle en eft toute parfemée. Philosophiq. 4°. Suivant toutes les obfervations que j'ai faites jufqu'à préfent, ces vei- . , ,, nés font toutes d'une égale groffeur. , ^o *" 5°. Quoique les ramifications des fibres dans lefqtielles on apperçoit ces '* veines nous paroiffent évidentes, cependant il n'eff. pas fur que ces veines N°. 90. diminuent enfuite , & deviennent de plus en plus petites , quoique fuivant toutes les apparences cela arrive. La caufe de ce doute fe tire de la petiteffe de ces veines, qui eft exceffive dans les endroits même où l'on devroit s'at- tendre à en voir de groffes. Comme elles fe trouvent-là en très-grand nom- bres , & qu'elles s'étendent en ligne direfte le long de la fibre , je conjecture qu'il s'en fépare de l'un & de l'autre côté, une ou même plufieurs , avec les ramifications des fibres , fans la moindre diminution de leur groffeur. 6°. Nous ne faurions difHnguer dans toute la plante des veines plus grof- fes que celles que nous voyons adhérentes aux fibres des feuilles ; ce qui pa- roît en comparant entre eux les orifices faignans après avoir coupé la feuille tranfverfalement. C'eft un travail très-pénible que de démêler 6c de fuivre ces veines dans toute la plante. Je penfe que ces veines accompagnent toujours leurs fibres refpeftives. Toutes les fibres de la feuille fe réuniffent dans la queue de la feuille , &C cette queue en s'épanouiffant vient revêtir la branche ou tige de la plante ; il en eft de même , fuivant moi , des veines qui les accompa- gnent toujours. Les fibres des feuilles fe réuniffent comme nous venons de le dire dans les petites branches, celles des petites branches dans les frandes , & celles des grandes dans le tronc ou corps de l'arbre. Il m'a fem- lé obferver la même chofe , mais dans un ordre renverfé , dans les diverfes ramifications de la racine ; & les différents cercles des orifices faignants dans les coupures faites tranfverfalement paroiffent confirmer ce que je viens de dire. De plus, fî l'on fépare une fimple tunique de la racine d'une plante, & qu'on l'expolé entre l'œil & la lumière , on y apperçoit les veines prodi- gieufement entortillées &. entrelacées entre elles , & non dans le même ordre fimple où elles fe trouvent dans les feuilles. Je penfe de même del'é- corce du tronc des arbres , dont la fubftance ne peut guère fe diftinguer de celle des racines ; quoiqu'il y ait véritablement dans les racines quel- que chofe , du moins en certaines faifons de l'année , qu'on ne remarque en aucune autre partie de la plante. On peut bien douter par ce qu'on vient de dire, que les veines fe raffem- blcnt toutes dans un tronc commun. On croiroit plus volontiers qu'il exifle un grand nombre de veines également groffes , qui n'ont aucune connexion entre elles. Auffi efl-il très-difficile d'épuifer la plante de fon fuc laiteux , au point de la faire mourir, quoiqu'on y faffe dans ce deffein plufieurs inci- tions. Je pourrois apporter beaucoup de preuves qui favorifent la difeon- tinuité des veines & le peu de rapport & de connexion qu'elles ont entre elles. Contentons-nous de celle-ci. Une branche porte quelquefois de très- beaux fruits , avant que les autres branches du même arbre foient en fleurs , ou même aient pouffé des feuilles. La différente fituation &les autres cjr- conflances A C A D Ê M I QU E. jj confiances de la culture , l'accroiffement indéfini &: continuel tics arbres , ——"—■• saroiffent aufîi venir à l'appui de ce fcntiment. Transactions Jufqu'ici toutes les connoilïances que j'ai acquifes fur ces veines , je les Phiiosophiq. dois en partie à la manière dont elles paroiffent dans les coupes tranfvcrfa- les, & en partie au microfeope ; c'elt par ces deux moyens que j'ai acquis Annt-X's '""', quelque connoiffanec lur leur nombre, leur grandeur, & leur distribution;- 1083, mais ces mêmes fecours ont été infuffifans pour me .taire découvrir d'une m -_ manière latisraifante cl autres particularités qui concernent ces vaiffeaux y par cxem|)le , leur figure extérieure , leur tunique , leurs cavités , &c- La fubflance de ces veines paroît être aufîi réellement membraneufe que celle des veines des animaux ; une feuille ne cède point & ne s'étend point ; mais les veines des feuilles , dégagées de toutes les fibres ligneufes, peu- vent s'étendre d'un tiers & fe remettre enfuite dans leur premier état, de- même que les veines , les boyaux & autres vaiffeaux membraneux des ani- maux. De plus ces tuyaux menbraneuxfontli excefiivement minces & tranf- parents , que dès qu'on les a épuilés de leur lue , ils dilparoiffent auffi-tôt en s'affaifTant; & que d'ailleurs on voit à travers leurs parois la liqueur qu'ils* renferment , de même qu'on apperçoit le fang à travers nos veines ; par exemple, on reconnoît une teinture de laffran dans les vaiffeaux cryftallinî' de la grande chélidoine. Je penfe qu'on pourroit rendre pins fenfible la configuration extérieure de ces veines & cavités , & les autres particularités qui concernent ces vaiffeaux , s'il étoit poffible de coaguler le fitc qu'elles contiennent , fans que la plante perdît de fon volume. J'efpérois réuffir par le moyen de la gelée ; mais quoique mon attente n'ait point été remplie par rapport à la découverte de ces particularités ; elles l'a cependant été en quelque forte- par de nouvelles lumières que j'ai acquifes fur la nature des files de ces veines. Pendant le froid le plus vif de l'hiver dernier, je difîcquai les- feuilles gelées du tithymale de jardin. Je remarquai que tout le fuc , ex- cepté celui que renferment les veines , étoit véritablement gelé ; mais le fuc- laiteux étoit aufîi liquide qu'il l'ëfl: jamais; feulement fon activité n'étoit pas aufîi grande que lorlque l'air eft plus tempère. Je regarde cette expérience comme une excellente preuve de la perfection de ce fuc laiteux , & qu'il a intérieurement un degré de fermentation fi confidérable qu'il le préferve & conféquemment la plante entière des injures de l'air ; c'eft-à-dire , que la plante lui doit la vie. J'ai vu pareillement des infectes (• des vers hexapo- des ou a fix pieds ) étendus lin la neige , gelés & devenus une maffe d^ glace , qui non-feulement rendoit un fon en la heurtant contre du verre , mais qui étoit Û corapacle & fi dure , qu'elle le caffoit prefque ; ces vers- cependant étant expoiés fous une glace à la chaleur du feu, fe rarrimoient & reprenoient leur vigueur accoutumée. La raifon en eft , à ce que je. crois , que la liqueur vitale des veines de ces infeftes n'avoit point été endommagée par le froid, non plus que le fuc laiteux des plantes dont j'ai, rapporté l'exemple ci-deffus. Je tire de-là pareillement les ufages & la dif- férente nature de ces fiics ; je regarde cette fève abondante & limpide qui; fe glace , comme l'aliment de la plante, & le fuc laiteux qui ne fe gelé point, comme le feul qui foit particulier aux veines, Torn, IV, des Acad, Etrang, . £_ Transactions 34 COLLECTION A l'égard du mouvement de ces flics , ce qui fuit eft certain. i°. Le fuc laiteux eft toujours en mouvement & jaillit avec force, dès Vhilosophiq. qu'on ouvre une veine ; au lieu que la fève limpide ne le fait qu'en quel- ques faifons , & cela ne lui arrive pour ainfi dire que par accident , & non , Années 1665. |monaviSj par aucun principe de vie, ou par aucune fermentation qui à l683- lui «bit propre. jjo 0 i<\ Le mc des veines a manifestement en foi un mouvement inteftin ou de fermentation ; outre ce que j'ai déjà rapporté il n'y a qu'un mo- ment , on peut encore alléguer pour preuve le mouvement qu'il imprime & qu'il continue de donner à la liqueur la plus inactive ; de plus , il elî épais & trouble au fortir de la veine , comme du levain de bierre , & ce- pendant il devient au bout de quelques heures tranfparent comme la gomme du Rlius virginanum ou funrac des jardins. Je ne demande point qu'on re- garde la fermentation , comme caufe unique , mais qu'on cherche à décou- vrir la lîructure de toutes les parties d'une plante , de laquelle ce mouvement dépend peut-être beaucoup. Cependant fuivant la connoiffance que nous avons des parties des plantes , nous fommes forcés de convenir , que ces fucs fe meuvent par une ftructure de parties bien différente de celle des animaux , puifque l'on n'a point encore découvert que ces veines fe réuniffent dans un tronc commun , qu'on en arrête d'une manière fenfible le fuc par une li- pature , & qu'on n'apperçoit point de pulfation ni de différence dans les veines. On peut, je crois, furmonter ces difficultés avec le temps, & l'on peut éclaircir en tout le refte l'analogie qui fubfifte entre les plantes & les animaux , comme on l'a déjà fait par rapport à leurs fucs. Il paroit que les plantes ont quelque fentiment. Les unes fe retirent fou- âain dès qu'on en approche ; quelques fleurs s'ouvrent & fe referment fré- quemment ; ajoutez le redreffement périodique des têtes de pavots, & par- ticulièrement le mouvement vermiculaire des veines , lorfqu'elles font ex- pofées à l'air. Les veines des plantes peuvent différer de celles des ani- maux, quoique nous ne puiffions pas dire en quoi confiite cette différence. Les veines & les artères de notre têtefe distinguent difficilement à l'œil. De plus , les excrétions naturelles & fpontanées de l'humide fuperflu dans les plantes , font vilïbles & confiantes dans la couronne impériale , la Ro- relà , la plnguicula , &c. à l'égard de la ligature , il ne faut pas y compter pour' la découverte de ce mouvement , fur-tout de la manière dont je m'en fuis fervi jufqu'à préfent ; les veines étant probablement les feules parties des plantes capables d'extenfion. Je finis par vous dire qu'entre autres raifons qu'on donne de la circula- tion du fan» dans les animaux, on ne doit plus apporter que fans elle le fang fe eailleroit & fe figeroit , ou bien il faut attribuer le même mouve- ment au fuc des veines des plantes. Nous avons en effet des expériences incontestables , qui prouvent que le fuc des veines des plantes & le fàng des animaux s'accordent en ce que tous deux étant tirés de leurs veines 1 efpectives fe figent incontinent , & en ce que la férofité de l'un & de i 'autre ayant un peu repofé prend de la confiftance comme une gelée. Je me réferve pour une autre occafion , à vous entretenir de la différente nature des fucs de ces veines dans les diverfes plantes & de leurs mouvs- A C A D F. M I Q U E. 55 monts ; me contentant pour le préfent de vous informer que t ;rand nom- ■■«■"»i'm bre d'expériences m'ont appris qu'on peut tirer des limples des préparations Transactions probablement plus utiles 6c les analyfer avec plus de luccès, tandis qu'ils Ph:losophiq. font , pour ainli dire , faignants & pleins de lues , qu'après que ces lues ont , , ,* pris de la conliltance ce qu'ils ont perdu leur fermentation naturelle. N°. 90. Art. I. N°. 93. DESCRIPTION EXACTE DU CACAOTIER, & de fa culture, par une perfonne habile qui fait fa icfidencc dans la Jai que. (A) JE vous envoie le deffein très-reffemblant d'un cacaotier, fait d'après N°. 93^ nature. Ce deffein contient toute l'hifroire du cacaotier. On l'a tire d'après un vieux arbre ; le tronc a environ quatre pouces de diamètre , cinq pieds de haut, & de la furface de la terre jufqu'àu fommet de l'arbre de douze pieds. Ces arbres varient prodigieufement entr'eux ; quclques- uns pouffent deux ou trois troncs & d'autres un leul , comme celui-ci. Les feuilles meurent pour la plupart & changent de couleur , à moins que les arbres ne foient jeunes. Ces arbres n'ont aucune beauté , & n'ont pas tant d'agrément à l'œil que le fruit en a au goût de ceux qui aiment le choco- lat. Le nombre des gouffes que produit cet arbre eft fort incertain. I! rend communément depuis deux jufqu'à huit livres de noix par an , ck chaque gouffe contient depuis vingt jufqu'à trente noix, A l'égard du fruit, voici les ibins qu'il en faut avoir. Dès que la noix efl mûre coupez-la , & laiffez-la fuer trois ou quatre jour dans (es gouffes, ce qui le fait en les mettant par tas. Coupez eniùite les gouffes , tirez-en les noix , mettez - les dans un vaiffeau de bois que vous couvrirez de feuil- les de platane, & vous les laifferez fuer de nouveau environ lci/.e à vingt jours. Les noix qui font dans chaque gonffe fe tiennent enfemblc par de petites fibres, & elles ont autour d'elles une efpcce de chair blanche 1 faveur très-agréable. En faifant fuer ces noix & en les retournant , ces li- bres ou filaments fe brifent , & la chair s'imbibe & fe mêle avec la fub- llance de la noix. On les fait enliiite fecher au foîei! pendant trois ou qua- tre femaines ; elles deviennent alors d'une couleur rougeâtre &C tirant .. 1 le brun. Ce qu'il y a de remarquable dans ce fruit, c'eft qu'il croît feulement fur les grandes branches ; & que dans le même temps & fur la même bran- che , on apperçoit des fleurs , du fruit encore verd , & d'autre qui eft par- venu à fon point de maturité. <- es arbres portent du fruit en différents temps; la plus grande récolte de nos plants de cacaotier fe fait en décembre & en janvier : mais celle des plants du Colonel Modifort de chez qui l'on a tiré cet arbre , fe fait au mois ,.., .... core s'imaginent que c'eft le défaut d'ombre & la mauvaife qualité des vents ; mais la plupart penfent que cela vient de quelque maligne in- fluence des aftres ou de quelque mauvaife difpofition du climat. Nousfai- fions ici auparavant deux ou trois cents mille livres de cacao par an, &C ces deux dernières années à peine en aurons nous fait cinq mille. Cepen- dant on ne fe décourage pas & l'on en plante plus que jamais , fur-tout à l'Eft , parce que les plants qui fe font trouvés dans cette expofition , ont le moins fouffert. Le cacaotier eft fauvage dans fon origine. Vers Maracajo on trouve dans les montagnes beaucoup d'endroits qui en font pleins ; je viens d'apprendre que les Portugais en ont découvert depuis peu des forêts entières au-deflus de la rivière du Maragnon. Voilà l'hiftoire du cacaotier & fa culture ; Fmage & la vertu du cacao ne vous font point inconnus , mais fon ufage le plus fingulier eft , qu'il ferx de monnoie dans la nouvelle Efpagne & les Pays qui produifent de l'argent, ACADÉMIQUE, 37 NO Transactions • /;* Philosophiq. Années 1665. MANIERE DE FAIRE VENIR LA VIGNE à l68î- en la laijjant croître dejfus le toit d'une mai fan , communiquée par Mr fj°. oî. TEMPLER. (A) J'Ai vii depuis peu une manière fort agréable de cultiver la vigne chez . ry un Gentilhomme qui fait avec fon raifin de très-bon vin blanc. Il laifle monter fa vigne par une feule tige jufqu'au bord du toit, & il a foin de retrancher toutes les branches qui voudraient trop s'étendre. Quand elle -eft parvenue au toit, il lui permet alors de s'étendre de tous côtés fur les tuiles. Au moyen de cela fes efpaliers n'en reçoivent aucun défavantage , & le foleil venant à darder fes rayons fur cette vigne dans une direction pref- que perpendiculaire , le raifin mûrit mieux &C devient plus agréable que tori- que la vigne elt placée en efpalier. N°- 93. O B SE R VA T 10 N F A I T E PAR L E M Ê ME, fur le battement du cœur de deux Hérijfons , après avoir été détaché du corps. ( A ) AYant ouvert deux Hériflbns, j'en détachai le cœur. Je remarquai que N°. 93. la fyftole & la diaftole continuèrent pendant deux heures entières , quoique j'enfle expofé ces cœurs au froid d'une fenêtre fur un plat de ART. V. raïance. La diltance entre les diaftoles fut inégale ; elles furent très-gran- des pendant une demie heure , & diminuèrent enfuite fenfiblement jufqu'à ce qu'elles ceflerent tout-à-fait au bout de deux heures , & jamais je ne pus les réveiller avec la pointe d'une aiguille , quoique pendant la demi- heure précédente ils enflent éprouvé une convulfion à chaque piquure. Mais pouvons-nous regarder ces cœurs comme privés de vie après la première heure ? En ce cas un bras paralytique , qui non - feulement eft privé de fentiment, mais encore de mouvement, feroit beaucoup plus mort, puifque ce cœur avoit non - feulement du mouvement , mais encore du fentiment lorfqu'on le piquoit avec la pointe d'une aiguille. Si l'on objecte que la piquure d'une aiguille caufe une compreflion des fibres , & par conféquent des efpnts qui y font renfermés , &C que ces ef- prits par leur reflbrt & leur élafticité naturelle imitoient une diaflole du cœur ; je réponds que plus d'un quart d'heure après que les cœurs eurent ceffé de battre , de façon que la piquure d'une aiguille n'y caufoit aucun mouvement, on mit auprès du feu l'afliette fur laquelle ils étoitnt, &: qu'ils re- commencèrent à battre au bout de deux minutes , quoique foibiement ; huit 38 COLLECTION minutes après les pulihtions devinrent plus libres. Je les fis remettre fur la Transactions fenêtre , oit ils continuèrent à le mouvoir pendant plus d'une heure fans Philosophiq. qu'on les eût piqués. Ne pour,roit-on point de-là tirer des conjectures fur , , . la caufe de la vie &c de la mort ? & tant qu'un animal ou un infecte con— nr>ee . dont parle Jean Bauhin. Mr. Boccone donne le nom de levain à ce fuc de; corail, parce qu'il le trouva ainfi que les Mariniers, d'un goût aigre Si aftringent dans les morceaux tirés récemment de la mer ; ceux qui. étoient- g t.i ACADÉMIQUE. 41 étoicntfecs, avoicnt perdu leur âcreté, mais ils confervoient encore leur — " ■ « qualité altringente. Ce changement Ce fait environ fix heures après qu'on Transactions a tiré le corail de la mer ; ce temps fuffit pour fecher le levain renferme Philosophiq. dans les pores tk pour changer fa couleur. , . Mr Guiloni regardoit le corail comme une végétation minérale, fem- !; vJ blabl à l'arbre métallique, qui n'clt qu'une combinailon de mercure & a 1O83. d'argent diffous dans de l'eau-torte & jettes enfuite clans l'eau eommunc ; 5) >. 09. il appuyoit fon fentiment, en dilunt qu'il peut montrer un fel de corail , qui étant diffous dans de l'eau , qu'on laifi'e eniuite évaporer à une cha- leur douce , le coagule dans peu & fe change en un amas de ramifications :ui reffemblent à une petite foret. ( Mais la découverte de Mr. Peifîbnnei lit tomber cette conjecture & cette explication. ) z°. Une certaine fubltance pierrettfe feuilletée , & qui a l'odeur du bi- tume ; l'es feuilles font jointes enlemble, repliées comme des membranes. On la trouve fur les montagnes d'Hybla en Sicile , proche Milelli & dans le voifi- nagedelaVilled'Augufta & de l'ancienne Mégare.Lorfqu'onlabrûleàla chan- delle , on s'apperçoit en peu de temps de fon odeur bitumineulé. On affure' que cette fubltance au fortir de fa mine ou de fa carrière fe plie comme le papier, mais qu'étjmt expolée lopg-temps à l'air & att loleil , elle fe dur- cit & devient caffante. Les herbes qui croilfent iiir cette pierre , inlïnucnt leurs fibres & leurs racines entre les diverfes feuilles. Il feroit d'autant plus à propos d'examiner à quoi elle pourrait être utile , qu'on trouve des collines qui en font entièrement couvertes. 30. Une fangfue qui n'elt pas commune qu'on trouva attachée au poiffon appelle Xiphias ou l'Epée ; Gelner & Johnlton en diient très-peu de chofe; le premier dans fon livre de aquatilibus &c l'autre dans celui des poiffons. Mr. Boccone l'appelle hirudo ou acus caudd utrinque pennatâ , à catife qu'elle s'ouvre un paffage dans la chair de ce poilibn & qu'elle en fuce le fang. Suivant fa defeription, elle a environ quatre pouces de long ; fon ventre e(t blanc , cartilagineux ôctranfparent ; elle n'a point d'yeux, ni de tête , du moins n'en put-il remarquer ; mais au lieu de tète , on voit un mufeaii creux- environné d'une membrane très-dure , d'une couleur & d'une fubltance différentes de celles du ventre. La fangfue enfonce ce mufeau en entier dans le corps du poiffon ; elle s'y tient auffi ferme qu'une tarière en- foncée dans un morceau de bois , & ne lâche point prife qu'elle ne l'ait rempli de fang jufqu'à l'orifice. Sa queue a la figure d'une plume, & lui fert à fe mouvoir ; deffous on remarque deux filaments , ou fibres minces , plus longues que l'infecte , par le moyen dcfquelles il s'attache aux pierres , aux herbes èv fe cramponne d'une manière plus ferme fur le corps de l'Epée , dont il n'attaque que les parties oit les nageoires de ce poiffon nt ni le toucher , ni l'incommoder. L'Obfervateur affure l'avoir ne fôuvent attaché tantôt au dos & tantôt fous le rentre, quelquefois près de la tête ou de la queue de ce poiffon, mais toujours loin des na- enluite & reprenoient leur fituation ordinaire, 11 paroit qu'il lé fert de ces Tom. ly. dis Acad. Etrar.g. f 4t COLLECTION — ■ vaiffeaux pour flicer le fang , parce que le mufeau n'a ni fibres , ni vaî- Z „ vides pour attirer ce fluide , 6c que ces vaiffeaux ont un mouvement appro- Philosophiq. cnant de ceuu " llne pompe , le mufeau lailant l office de pifton & tirant le fang d'une extrémité à l'autre. Le ventre de cet infecle étant en forme •Années 1665. d'anneaux, il peut par ce moyen pouffer vers l'orifice les vaiffeaux inté- a 1683. rieurs & les retirer. Cet animal qui tourmente l'Epée, eft à fon tour fort j^o_ g,, incommodé d'un autre infecle d'une couleur cendrée , &c qui le cramponne vers la queue , & s'y attache au moins auffi fortement que la limace de mer s'attache à un rocher. Mr. Boccone lui donne le nom de pou. Il eft de la groffeur d'un pois , & il a une petite fente d'où fortent plufieurs fils déliés , entrelacés & chevelus. Autant qu'on a pu l'apprendre, il ne s'at- tache qu'a cette fangfue. 40. Un morceau de fel ammoniac apporté de Sicile où on l'avoit recueilli dans la dernière éruption du Mont-Etna. On en trouva en grande quan- tité quelques jours après que le feu fut éteint, fur la furface de cette ma- tière ferrugineufe , refte des minéraux brûlés. Une partie de ce fel étoit jaune comme du faffran , une autre étoit couleur de citron ; on en voyoit de blanches & de vertes. Quoique ces couleurs paroiffent venir des différen- tes fortes de mines de fer , de cuivre , &c. d'oii fort ce fel ; cependant , fi l'on tait attention aux expériences qu'a faites Mr. Borelli dans fon hiftoire du dernier embrafement du Mont-Etna , on verra que c'eft un fel faftice , tel qu'il fe vend dans les boutiques, & que c'eft un compofé de nitre, de fouffre, Se de vitriol brûlés & fublimés. Ayant trouvé ce fel en li grande quantité, & ayant appris que la poudre à canon augmentait prodigieufe- ment en force en la mêlant avec du fel ammoniac , iî crut que ce fel pou- voit avoir contribué à l'embrafement du Mont-Etna & à la fufion de la matière fabloneufe & vitrifiable ; il voulut en faire l'épreuve , & ayant mêlé un peu de ce fel ammoniac avec du fouffre & du nitre pulvériiés, il trouva, à fon grand étonnement , que bien-loin de s'allumer, il empêcha l'inflammation du fouffre & du nitre & les éteignit , comme fi l'on eût , pour ainfi dire , jette de l'eau deffus. La même chofe arriva en y ajoutant du charbon en poudre , ingrédient qui a coutume d'entrer dans la poudre à canon ordinaire. Cette expérience fait foupçonner à Mr. Boccone que ce fel ammoniac trouvé aux environs du Mont-Etna n'exifte point dans ces cavernes , depuis le commencement du monde ; mais qu'il eft faitice , comme on l'a fait entendre ci-deffus. A l'égard des pierres figurées , des coquilles , des gloffopetres , des poif- fons , des plantes , des bezoards minéraux de la Sicile , & autres chofes que renferme ce préfent, nous n'avons point intention d'en parler, parce qu'on en trouve des deferiptions dans beaucoup d'Auteurs. ACADÉMIQUE. 43 Transactions Philosofhiq. N°- IOO. Années i66j. . à 1683. DESCRIPTION DE DEUX SUBSTANCES MINÉRALES N°' l°°' Jînguliéres , trouvées dans quelques Mines de Charbon £• de Fer en An^lettrre communiquée à l'Editeur par Mr. LlSTEK dans une Lettre écrite' L j. Jan- vier i6y\. V. St. qui contient F extrait de plujieurs Lettres de M. Jessop. (A) LE champignon fofllle dont je vous ai envoyé une grande quantité , a été tiré d'un endroit plein de pierres à chaux , fur une commune À * environ deux milles de Caftleton dans le Pic de Derbyshire, à quinze ou feize verges de profondeur dans une mine qu'on exploitait autrefois & qui maintenant eft comblée ou par la terre qui s 'eft éboulée , ou par celle qu'on y a jettée à defîéin. On ne connoît point de mines de charbon à cinq ou fix milles de cet endroit. J'ai reçu beaucoup de champignons de cette cfpece de Mr. JefTop, & cependant je ne puis dire fous quelle forme ils croiffent, 6c ils ne me'pa- roiffent pas avoir une figure confiante ; du moins les morceaux que j'ai reçus reffemblent beaucoup par leur couleur de fuie &c leur fubflance in- terne aux tourbes , qui fe tirent des marais ; avec cette diflérence feule que les tourbes font d'une confiftance moins molle, plus vifqueufe , & qu'el- les ne fe fechent pas. Une partie de cette iùbflance fongueufe eft fort ten- dre & comme de la gelée. Dans les fragments de cette Yubftance les plus épais & dont j'en ai quelques-uns d'wTdemi pied en quarré , on trouve de gros morceaux de matière bitumineufe. Ce bitume eft inflammable com- me la réfine ; il efî fort léger, fe calTe net, eft luifant comme de bon aloès ; il en approche afTez par la couleur , excepté qu'il eft un peu plus brun & qu'il tire fur le pourpre ; cependant il y en a beaucoup d'un verd obfcur. Nous en diftiilamesun morceau , qui rendit d'abordune eaulimpide &C un peu acide , enfuite une liqueur blanche que je conjecture être un précipité de quelques-unes des parties huileufes , & enfin beaucoup d'huile jaune afTez lémblable à celle du fuccin ou de la poix ; nous n'apperçumes point de fel volatil dans le cou de la retorte, comme il s'en élevé dans la diftilation du fuccin. Je n'entreprendrai point de déterminer fi cette fubftance efl une plante, mi fi véritablement ce n'eft qu'un fuc minéral & un bitu- me fofïïle. Je n'avois jamais auparavant entendu parler d'une pareille terre fongueufe, dans laquelle k bitume croit naturellement ; cependant , comme • on l'a trouvée dans une vieille mine , je fuis fort tenté de croire que c'ôfl une fubftance qui végète, foirque ce toit la fubflance même des échafau- dages altérés de la forte, ou bien des champignons ou excroiflances qui vien- nent demis. Pline rapporte tres-exprefTement (a) qu'on tire du bouleau , dont toute cette pâme de l'Angleterre a été autrefois couverte & qui s'y trouve (a) Livre 16. Chap 18. Fz \ Transac nu, tour de la baie cinq doubles pointes ou pieds à diftances égales : ces pieds N°. i0o, ont été brifés & approchent de la figure d'un croiflant. Ceite pierre eft aufli incruftée ou couverte de lames hexagones qui font raboteufes. Je ne puis mieux comparer l'incmftation de ces pierres, qu'aux figures tra- cées fur la peau du poiflbn triangulaire , dont Marcgrave donne la deferip- tion. Cujus cutis (nam caret fquamis} figwis trigonis , tetragonis , pentagonis hcxaspnïfqut mire dijjingiiitur & notatur. Je trouve fur ces rochers une grande variété dans les lames figurées , tant par rapport au nombre des angles, qu'à la beauté de leurs formes & de leurs ornements. Comme elles appartiennent évidemment aux pierres ci- deflus décrites , j'ai cru qu'il feroit à propos de donner une description de toutes celles du moins qui font tombées entre mes mains. J'ai dit que quel- ques-unes de ces lames angulaires étoient encore vifibles en leur place, & leur pofition naturelle dans les pierres dont on vient de lire la delcrip- tion ; mais la plupart fontbrifées & entaflees pêle-mêle furies rochers. Il ne faudrait pas moins d'adreffe pour les raflembler toutes , que d'habileté pour vous inftruire de la figure d'un entroque entier, ou de la pierre à laquelle toutes les parties ci-deflus décrites paroiflent appartenir. Mais je ne veux omettre aucune partie qu'on puifle dire avec raifon y appartenir. Je com- mence par les lames pentagones. i°. La première efpece eft une pierre à cinq angles, aufii grande que l'ongle du pouce, (je parle des plus belles") concave d'un côté , convexe de l'autre , oii l'on voit de certains nœuds élevés & placés en quarré d'en- viron la grofleur de la tête d'une petite épingle. Cette lame eft un peu mince fur les bords , fans cependant avoir de tranchant. z°. La féconde efpece eft pareillement pentagone ,& n'a guère moins de largeur que l'autre. Elle eft , il eft vrai , un peu convexe en deflus , mais aufli elle n'eft pas concave en deflbus. Ses deux côtés font unis , du moins n'ont-ils pas ces nœuds élevés, û remarquables dans l'autre lame. Les bords de celle-ci font affilés & auffi minces que le tranchant d'un couteau. 30. La troifieme efpece de pierre pentagone n'eft pas à beaucoup près fi large que les deux précédentes , cependant parmi une centaine de cette efpece, j'en ai trouve une aufli large que les précédentes. Ces pierres font toutes convexes d'un côté & un peu concaves de l'autre avec un bord épais. Un feul de ces cinq côtés eft dentelé ; & ce côté eft conftamment le plus mince, la pierre allant toujours en diminuant vers ce côté. Remar- quez que parmi ces lames dentelées , il s'en trouve beaucoup dont le côté concave e(i cannelé. 40. On trouve ces différentes efpeces de lames pentagones en grande quantité à Braughton ou à Stock ; mais je vais vous parler d'une pierre que j'ai découverte par hazard parmi des pierres figurées que j'avois eues Tom, IF. des Acad, En an g, G Transactions Philosophiq. Années 1665. à 1683. N°. 100. 50 COLLECTION' d'une carrière près de Vansford-Bridge dans le Northamptonshire. Elle appartient probablement à cette efpcce de lames dont je fais actuellement mention. Un des cinq côtés eft beaucoup dentelé ; on voit au milieu de la partie convexe une boffe Semblable à celle des anciens boucliers &C tout autour des côtés un certain nombre de petits clous ou boffettes. J'ai depuis eu de Bugthorp en Yorkshire plufieurs lames qui refiembloient beaucoup à celles-là. Mais parlons aux différences qui fe trouvent entre les lames hexagones. «°. Toutes ces pierres font petites , excepté quelques-unes qu'on ren- contre de temps en temps. La première eft un peu concave d'un côté &C convexe de l'autre. Sur la face convexe on voit un triangle éqiùlatéral tracé en relief, & dont chaque angle coincidoit avec quelques argles de l'hexa- gone : il étoit divifé dans fon milieu par une ligne droite. On ne trouve de ces pierres qu'à Braughton-Fear. 6°. Cette pierre à lames qui eft la plus commune fur ces rochers , puis- qu'on en trouve des milliers de cette efpece pour une feule des autres ef- peces , eft hexagone , un peu concave d'un côté & convexe de l'autre ; elles font pour la plupart unies fur le côté convexe ou légèrement raboteu- fes. Elles n'ont pas toutes la même groffeur ; quelques-unes font auflî épaif- fes que larges , mais la plupart font des lames concaves qui ont à peu près la forme d'une patelle. Les côtés font fort inégaux , de même que dans les cryftaux ; quelquefois on remarque cinq cotés fort larges & un très- petit ; quelquefois deux côtés larges & quatre petits. Ces différences par rapport à l'inégalité des côtés, varient à l'infini. La parole n'eft qu'un fymbole arbitraire des chofes , & peut-être n'en ai- je pas tiré tout le parti qu'on pouvoit en tirer. Les fubftances elles-mê- rnes , ou à leur défaut un bon deffein , vous mettront bien-tôt au fait &C vous rendront tout ce que je viens de dire clair & intelligible. Je vous envoie donc un deffein de ces foftiles , tracé par Mr. Guillaume Lodge. EXPLICATION DE LA SECONDE FIGURE DE LA PLANCHE I. N°. 1. 'T'Rochite ou fimple vertèbre avec des rayons très-beaux & très- JL petits. 2. Trochite percée dans fon milieu reffemblant à la quinte-feuille. 3. Trochite d'une figure ovale, les rayons très-peu apparents &C un très- petit point marqué dans fon milieu. 4. Trochite de grandeur moyenne avec la cavité de la moelle exceffive- ment grande. 5. Trochites (Moquées & cependant adhérent l'une à l'autre dans leur ordre naturel. 6. Très-long entroque ou morceau de plufieurs articulations polies, dont les branches font hrilées. 7. Entroque p jli avec des articulations très-minces & très-nombreufes. 8. Entroque a/ec les articulations les plus grandes ou les plus profondes^ fi l'on excepte la trochite ovale du N°. 3 . 9. Entroque avec des noeuds fans ordre à chaque pièce articulée. ACADÉMIQUE. p i o. Entroqitc avec un feul cercle de nœuds au milieu de chaque pièce ar- "— — ticulee. -ti Transactions ii. Entroque avec trois cercles de nœuds. Piulosophiq. 12. Entroque uni avec un grand bord beaucoup élevé au milieu de chaque . pièce articulée. ^ Années 1665. 13. Pièces articulées alternativement rondes ou émouffees. 1653. 14. Double bord au milieu de chaque pièce articulée. jsjo_ JOO 15. Articulations alternativement avec des bords. 16. Entroque avec une branche affez longue. 17. Branche d'entroque arrachée. 18. Entroque reffemblant à un fruit. 19. Le fommet d'un entroque. 20. Racine d'entroque : A eft la vertèbre ou la trochite encore fubfiftante d'où l'entroque a été brifé , C , E , F D font quatre des pieds doubles , le cinquième eft caché. II. La même racine vue d'une manière plus avantageufe : A eft la trochite Ou bafe de l'entroque. C , B, D, E, F font les cinq pieds doubles. Remar- quez auflî les lames grofïïeres hexagones qui incruftent la pierre ou la couvrent tout-à-fait. 22. Racine plus petite avec des lames unies & cinq pieds fimples : H eft la pierre du fommet , I un des cinq pieds K , une des cinq lames angulai- res qui incruftent le milieu de la pierre , G la bafe , aufli la même pierre en perfpeclive ; G la même avec une cavité à fa bafe , dirigée vers le haut, Figures des lames qui font cenfées incntjler diverfes racines. 13. Lame pentagone noueufe. 24. Lame pentagone polie à bords minces. 25. Lame pentagone dentelée. 26. Lame pentagone trouvée en nofthamptonshire. 27. Grande lame pentagone polie. 28. Lame hexagone avec des angles en relief. 29. Lame hexagone aulfi profonde que large. 30. & 32. Lames figurées d'une manière ïingulicre." 31. Lame quadrangulaire dentelée &C garnie de côtes.' La Lettre de Mr. Lifter fe termine-là ; mais elle futfuivicpeu de temps apris d'une autre de Mr. Ray, qui contient des remarques fur celle de Mr. LiJ'er , & que nous avons jugé à propos de joindre à la précédente. J'ai reçu, dit Mr. Ray, vos obfervarions furies Trochites. lime paroît bien furprenant que les morceaux briiés ocs tices principales ou troncs foient d'une groffeur égale depuis le fommet jufqu'en bas, & qu'ils n'ail- lent pas en diminuant en forme de cône , fi tant eft que ce foient des tiges de plantes marines. Ou trouve à Malthe des pierres que les Habitants ap- pellent Bâtons de St. Paul. Je penie que dans Porigme, c'étoit une plante marine. Elles reffemblent à de petits bâtons raboteux , mais fans aucune Gî 2 çt COLLECTION — — — — ■ articulation. Le tronc diminue proportionnellement comme dans les plan- Transactions tes- Les racines que vous avez remarquées, feroient une preuve que dans Philosophiq. l'origine ces pierres étoient en effet des végétaux. Il eft étonnant qu'elles foient toutes brifées , &c que l'on n'en trouve pas une feule entière. Il n'eft. a^/V Pas moms étonnant que jufqu'à préfent on .n'ait point trouvé de fembla- bles corps fur les rochers qui bordent la mer, à moins qu'on ne veuille fuppofer qu'ils fe forment à une grande profondeur fous l'eau. Et qui fait fi ces plantes ne croiffent pas à préfent fur les rochers au fond de la mer , Se fi les pêcheurs de corail ne les trouvent point , quoiqu'ils les négligent & les rejettent comme n'étant d'aucune utilité? Il eft certain que c'eft une efpece de corail avec articulations. à 1683 N 100. N°. 101. Art. 1 1. Nc IOT. OBSERFATIONS SUR LA NO UVE LLE ZEMB LE, fa figure & fapojition : tiras d'une Lettre écrite d'Amfierdam à V Éditeur. (A) M ONSIEUR, JE viens de recevoir de Mofcovie une Carte récente de la nouvelle Zemble & du Weigats , tracée d'après les découvertes faites depuis peu par un ordre exprès du Czar. Il paroît par cette Carte que la nouvelle Zemble n'eft point une ifle comme jufqu'à préfent on l'avoit cru , & que la Mer Glaciale n'eft point une mer, mais un golfe ou une baie, donMes eaux font douces. Les Tartares qui ont goûté des eaux au milieu même du golfe, affurent la même chofe. Les Samojedes & les Tartares convien- nent unanimement , qu'en paffant derrière la nouvelle Zemble , à une dis- tance confidérable du rivage , les navigateurs peuvent bien aller auffi loin que le Japon. C'eft une grande faute aux Anglois & aux Hollandois de ce qu'en voulant aller au Japon , c'eft-à-dire , au Sud de la nouvelle Zemble , ils ont prefque toujours pafle le Weigats. On diftingue dans cette Carte la jonûion de la Zemble avec le conti- nent, & plufieurs rivières affez confidérables qui arrofent cette prefqu'ifle, l'une coule vers la Chine , appellée Kitaie, dans le pays; mais des rochers &C des bancs de fable la rendent impraticable aux vaiflèaux dans bien des endroits en leur bouchant le partage. Dans l'Oby, on remarque une'catarafte ou chute d'eau. Cette rivière charie continuellement une grande quantité de glace, qu'elle porte dans le Weigats ; ces glaces en embarraffant ce détroit , qui eft déjà fort reflerré, en rendent la navigation très-difficile. Les Samojedes vont tous les ans pêcher fur cette mer glaciale ou baie d'eau douce du côté de la nouvelle Zemble. *s* A C A D É M l'Q U E. Jj Transactions NO ._„ IRANSACTION' • IQ9' Philosophiq. Années 1665. QUESTIONS OCCASIONNÉES PAR LA LETTRE DU Dr. BROWN, à 1683. fur un Lac de la Carniole , appelle la Mer de Zirchnit^ , avec les réponfes fs0 à ces que/lions. Les queflions ont été envoyées de France ; Us réponfes font de r Auteur de la Relation. (A) D. T Es montagnes qui environnent ce lac, excepté du côté du Sud font- . ,, JL-jelles fort hautes , & la neigey refte-t-elle long-temps fans fe fondre r ' R. Ce lac eft environné de hautes montagnes à quelque petite diftance; de demis le lac je n'y apperçus point de neige ; mais en m'approchant de ce lac , ou en m'en éloignant , je remarquai au mois de juin de la neige fur les montagnes dans l'intérieur du pays. Les neiges fe fondent beaucoup plus vite fur les montagnes qui bordent les grands lacs , que fur celles qui font plus éloignées. D. Les ouvertures par où ces eaux s'écoulent font-elles dans de la pierre ou de la terre peu compacte ? R. On les trouve communément dans de la pierre & non dans de la terre molle. Cependant il y a un ou deux endroits où la terre s'affaifTe & s'éboule, particulièrement près du village de Sea-Dorf. D. Ces trous ou ouvertures font-ils les mêmes tous les ans , ou bien s'en forme-t-il de nouveaux ? R. Les grands trous font les mêmes tous les ans ; mais une partie de l'eau peut quelquefois trouver ou s'ouvrir un nouveau paffage dans les cre- vaffes & les parties poreufes de la terre. D. A-t-on examiné ces trous ? voit-on l'eau au fond de ces trous ou dans des puits , aux temps que le lac fe décharge de la plus grande partie de fes eaux ? R. On a examiné ces trous, & dans les commencements que l'eau quitte le lac , on l'y apperçoit pendant quelque temps ; mais enfuite elle deicend plus bas & fe dérobe à la vue. D. Lorfque l'eau eft defeendue dans ces trous au mois de juin, n'en refte-t-il plus dans le lac au-dedus des trous ? R. Il ne relie plus en ce temps-là d'eau ou du moins fort peu dans les endroits plus élevés que ces trous ; la plus grande partie s'écoule par les trous des vallées, le refte s'imbibe dans la terre, ou s'évapore au fo- leil , û un fond pierreux ne lui a pas permis de fe filtrer. D. N'y a-t-il point aux environs de ce lac quelque rivière , de la nei- ge , de la glace qui fourniflent l'eau qui y revient au mois de feptembre ? R. 11 ne tombe guère de neige qu'après que le lac eft rentré dans fon lit. Il y a plufieurs rivières confidérables dans les pays voifins du lac ; mais elles ne s'y rendent pas, & elles coulent dans une direction oppofée. Je n'ai pu favoir fi ces rivières augmentoient ou décroiffoient lors de la defeente ou du retour de l'eau du lac. B^JB.».v;i=raTgT1fi3 H COLLECTION D. Comment ceux qui prennent le poiffon au retour de l'eau peuvent- Transactions ^s *e tenir auprès de ces trous, lorfque l'eau s'élève avec force? Philosophiq. R. Je n'ai point dit qu'ils priffent le poiflbn quand l'eau monte, mais quand elle defcend ; car indépendamment que l'eau s'étend fort vite , le Années 1665. prince d'Eckenberg Seigneur de ce lac & des environs, ne permettroit pas a 160}. ajors qU'on prît le poiffon. N°. ioq. D. De quelle grandeur font ces trous? les ouvertures en font-elles per- pendiculaires ou obliques ? R. Les trous font de grandeurs & de figures différentes ; les uns perpen- diculaires au commencement & enfuite obliques ; les autres d'abord obli- ques ; à peine y en a-t-il deux qui fe reffemblent exactement. J'ai vu de pa- reils trous dans d'autres endroits de la Carniole, & auffi en d'autres pays, En Derbyshire il y a un trou appelle Elden-Hole de plus de quatre-vingt braffes de profondeur, qui n'elt point l'ouvrage de l'art, mais de la nature. D. Combien l'eau monte en feptembre & en combien de temps ? R. L'eau monte fi abondamment qu'elle remplit le lac en peu de temps ; & fur-tout les vallées ; & le trou en auffi peu de temps qu'il en faut pour remplir une étendue de deux lieues de long , fur une de large. On ne fau- roit déterminer cela avec précifion ; car il y a des années où l'eau vient fi abondamment , qu'elle remplit tout aux environs de Nider-Dorf , &. prefque jufqu'à Zirchnitz. D. L'eau eft-elle trouble ou claire lorfqu'elle revient ? R. L'eau qui jaillit femble à l'air un peu claire ; mais lorfqu'elle en: retombée , elle paroît comme elle étoit auparavant dans le lac. D. L'eau étant toute rentrée au mois de feptembre , refle - 1 - elle à la même hauteur jufqu'au mois de juin fiiivant ? R. L'eau ne refle pas toujours à la même hauteur, mais elle diffère un peu fuivant la quantité de pluie & de neige , ou la fechereffe. On s'ap- perçoit de fa hauteur par le fommet des montagnes qui font dans le lac, & lorfqu'elle fe répand vers Zirchnitz ; mais elle ne diminue pas beaucoup jufqu'à ce qu'elle commence à s'écouler tout-à-fait. D. N'entre-t-il point de rivière dans ce lac ? ce lac ne fe décharge-t-il que par ces ouvertures fouterreines ? R. Il n'entre dans le lac que de petits ruiffeaux très-peu confidérables au Sud & à l'Eu. On ne connoît d'autre voie par où il puiffe fe décharger que ces trous. D. Ce lac n'efl>il point fort élevé par rapport à la fituation des pays voifins ? R. Le pays eft élevé autour du lac ; mais le lac ne l'eft point par rap- port au pays voifin ; en voyageant de ce lac vers Idria , lieu remarqua- ble par fes mines de vif-argent , je trouvai le pays montagneux ; il y a des montagnes entre ce lac & l'iftrie, & entre le même lac & la mer. Il y en a en Dalmatie & vers la Croatie. On trouve auffi en d'autres pays des montagnes , le Mont-Cerùs , par exemple , dont les eaux abondent en poif- fons. D. N'y a-t-il point quelque montagne voifine, dont la glace fe fondant au mois de juin , paille ouvrir un paffage à l'eau du lac , oc fe gelant de Années 1665. à 168}. N°. 109. ACADÉMIQUE. ty fiouvcau nu mois de feptembre , boucher le paffage & forcer l'eau de ren- trer dans le lac ? Transactions R. Je n'ai entendu parler d'aucune montagne proche du lac , dont Philosophiq. la glace venant à le fondre , pût ouvrir un paffage aux eaux du lac; mais fuivant toutes les apparences, ce lac communique avec quelque grand lac fouterrein ou réfervoir d'eau , appartenant à ces régions montagneufes , lequel étant trop plein & venant à fe déborder, verfè fes eaux avec abon- dance dans cet endroit , & les abforbe de nouveau, lorfqu'il vient à baiffer ; le lac retourne alors à l'endroit d'où il étoit venu, puilqu'il n'y a point de rivière qui en forte par où il puiffe fe décharger. D. Ce lac gele-t-il ? trouve-t-on fur fes bords plufieurs fontaines ou des ruifleaux venant des montagnes voifines ? R. Il gelé en hiver comme les autres lacs : les poiffons de celui-ci de- meurent fous la glace pendant une partie de l'hiver , & fous terre une par- tie de l'été. D. Quels changements les pêcheurs découvrent-ils fur l'a pierre qu'ils appellent pierre du pêcheur, pour qu'ils en puiffent conjeûurer le temps où l'eau eil près de s'écouler? R. Ce qu'on appelle Fisher-flone (pierre du pêcheur ) eft une grande pierre fur une des montagnes ou élévations du lac. Lorsqu'elle paroît, les pêcheurs qui la remarquent connoiffent qu'en peu de jours l'eau fe reti- rera. En effet , après que le lac a été rempli en feptembre , l'eau ne di- minue jamais au point de laiffer appercevoir la pierre du pêcheur, qu'elle ne foit près de difparoître fous terre. N°. 109. OBSERVATIONS FAITES SUR DIFFÉRENTS VOYAGES entrepris pour découvrir une route par le Nord aux Indes Orientales ; avec les inflruclions données par la Compagnie des Indes Orientales Hollandoife , pour la découverte de la fameufe terre de Jejfo proche du Japon ; aufquelles on a ajouté une Relation d'un Voyage par C Amérique Septentrionale aux Indes Orientales. (A) ENtre les différentes routes pour aller aux Indes Orientales , dont fe font avifés plufieurs grands navigateurs , celle qu'on a tentée par le Nord ne paroît pas la moins considérable. Guillaume Barentz , dans fes voyages des années 1594. & 1596. fit voile vers le Nord jufqu'au 77e. degré 2.0. minutes avec intention de tourner au Nord-Eft , jufqu'à ce qu'il trouvât par effima- lion qu'il avoit affez avancé de cette manière pour changer de route &: pren- dre celle dvi Sud-Eft ou du Sud, &z parvenir ainfi à découvrir la Chine , le Catay ou le Japon. Sa Compagnie le détourna de ce deffein , quoique jufqu'à la mort il ait perMé dansle lentimcnt , que la route la plus sûre pour dé-r Art. U, 5A Pr^ent on na't tent^ eette route q11^ du côté de l'Europe , cependant a 1 3* Joris Van Spilbergen auroit hazardé de tenir cette route depuis les Indes N°. 109. Orientales , s'il n'en eût été détourné à force d'importunités. Quoique nous n'ayons point encore entendu parler de qui que ce foit qui ait actuellement entrepris un tel voyage , cependant les tentatives qu'on a faites peuvent faire juger de l'état de ces lieux. Comme on fuppofe com- munément qu'on trouve au Nord ou au Nord-Eft du Japon une grande mer, & que d'ailleurs on a beaucoup entendu parler les Japonois d'un pays appelle Yeço ou Efo qu'ils s'imaginent être fitué auNord-Oueft du Japon fur la côte du Catay ou de la Tartarie , & que ce royaume de Catay eft très- fameux pour fon opulence & la grande quantité de vaiffeaux qui y abordent. Le Confeil de la Compagnie des Indes Orientales à Batavia dans l'ifle de Java , donna en 1643. des inftruftions très-particulières à Martin Geritzen Vries, capitaine de Caftrikum, pour tâcher de découvrir la côte orientale inconnue de la Tartarie , le royaume de Catay & la côte occidentale de l'Amérique , avec les illes fituées à l'Eft du Japon que l'on a tant exaltées pour leurs richeffes en or & en argent. Comme ces inftrucfions contiennent plufieurs particularités qui ne font pas communes , j'ai cru qu'il feroit de l'utilité publique de les mettre ici. I. Les meilleurs géographes mettent la Tartarie au nombre des plus grands pays du monde. Elle n'a pas moins de 60. degrés en longitude & de trente en latitude. De tous les pays que renferme cette vafte contrée , on regarde le Catay comme le plus excellent. Ce royaume eft fitué dans un climat tempéré environ 4 50. degrés de latitude feptentrionale. C'efl la pre- mière & la principale province de l'empire du Grand Cham qui fait fa réfi- dence dans la capitale qui s'appelle Combalu, ville fameufe par le grand commerce qui s'y fait de toutes les parties de la Tartarie & de la Chine. II. La côte orientale de ce pays eft fort renommée pour fes flottes à caufe du grand trafic que fes habitans font fur toutes les côtes voifines. Cependant elle eft fituée dans un coin du monde fort écarté , ni les Européens , ni au- cune nation orientale , pas même les Chinois qui la touchent , n'ont pu y établir leur cpmmerce. III. Plufieurs pilotes habiles ont cherché diverfes routes pour arriver au Catay ; les uns ont pris par les Indes orientales , les autres par le détroit de Magellan , d'autres par l'Amérique feptentrionale ; quelques-uns en failânt le tour de la nouvelle Zemble &c quelques autres en allant direftement par le pôle feptentrional. Les tentatives faites par les trois dernières routes n'ont pas mieux réufîi aux Anglois &c aux* Hollandois que les voyages de 1 594. & de 1595-. dont Linfcoten a donné la relation. IV. Depuis ce temps on n'a fait aucune tentative pour fe rendre au Catay , ni par le Nord , ni par les Indes orientales ou occidentales, jufqu'à l'année 1639. cîue deux vaiffeaux Hollandois commandés par le capitaine Mathiu-Jvsvaft mirent à la voile pour découvrir la côte orientale de la grande Tartarie ACADÉMIQUE. 57 Tartarie , & fur-tout ces ifles renommées par leurs richeffes en or & en ar- ■— — » gent ; mais ayant éprouvé plufieurs accidents fâcheux , ils fe virent forcés de Transactions revenir fans avoir rien fait. Philosophiq. V. Les Hollandois perfuadés des avantages de cette découverte , perfifte- rent malgré cela à envoyer d'autres vaiffeaux, entr'autres le Caftricom & Années 1065. un Yacht très-bon & fort grand. Les capitaines qui les montoient confulte- a !^°3* rent François-Jacobfen Viffer, pilote très-expérimenté & plufieurs autres, Jf°. IOQ. cjui leur confeillerent de prendre entre le Japon ôc la Corée , s'ils vou- loient aller à la découverte de la Tartarie & des ifles fituées à l'Eft du Japon ; mais incertains s'ils trouveraient un bon paffage de ce côté-là , & fâchant combien il eft dangereux de naviguer dans ces mers à caufe des rochers & des bancs de fable , ils réfolurent de faire voile à l'Eft au-dehors du Japon en pre- nant le large comme la route la plus fûre, étant fur-tout probable que le climat des mers de la Tartarie étant à 40. degrés vers le Nord, ils ne trouve- roient aucuns vents de mouflon qui les empêchaffent de continuer leur route mais des vents variables comme en Europe. VI. On ordonna enfirite au capitaine Vries de fe mettre en mer à Ternate ' vers le milieu d'avril ou même plutôt , & lorfqu'il feroit parvenu à la hauteur de Gilolo , de diriger fa courfe vers le Nord-Eft avec les vents variables qui en cette faifon foufflent communément dans ces endroits , au moyen defquels il feroit porté jufqu'au dixième ou quinzième degré de latitude feptentrionale ; il devoit s'arrêter là vers le Sud-Eft, & alors fe porter infenfiblement un peu plus au Nord par l'Océan vers la côte orientale du Japon , afin que de cette manière il pût voir terre à environ 37. degrés , fans donner la moindre atten- tion aux ifles des Larrons ou autres dont il s'approcherait peut-être. VII. Les ordres portoient que dès qu'il auroit tait la côte orientale du Japon environ le 10. ou le 15. de mai , il eût à diriger de-là fa courfe , fans perdre la terre de vue , au Nord & au Nord-Oueft jufqu'à ce que ladite côte devint plus occidentale par rapport à lui , afin qu'en naviguant de la forte , il pût apprendre jufqu'où s'étend l'extrémité du Japon vers le Nord ; tk'recon- noitre le pays que les Japonois appellent Yeço ; fi ce pays de Yeço eft la Chine ou la Tartarie , ou bien un pays fmié entre deux ; enfin , fi c'eft une ifle, ou s'il fait partie du continent. On lui enjoignit de ne point employer cependant beaucoup de temps à cela , mais d'avoir foin de continuer fa route au Nord-Oueft jufqu'à ce qu'il découvrîtla côte de la Tartarie ou le Catay, & de tâcher de voguer au Sud autant que le vent & la terre d'Yeço le lui per- mettraient: cela devoit fe faire entre le 40. & le 45. degré comme l'eipé- roient les Directeurs , autour duquel il devoit faire voile le long de la côte vers le Nord , jufqu'à ce qu'il découvrit la rivière Polifangi, Jangfa & Brema villes maritimes du Catay, ou quelque baie, havre ou rivière où fes vaiffeaux puffent être en fureté à l'ancre, & où il pourrait trouver quelqu'un qui lui donnerait des nouvelles de l'état du pays. VIII. Il étoit probable que , s'il réufliffoit jufc(itcs-là , il rencontrerait fur la côte du Catay des vailfeaux , puifque la plupart des géographes re- gardent, non-feulement la côte de la Tartarie mais encore l'Océan voilîn, comme très-fréquentés par les vaiffeaux, '& qu'ils parlent du grand commerce qui s'y fait avec les ifles & autres Pays. Si l'événement répondoit aux idées des Diredeurs , il avoit ordre de fe donner toutes fortes de foins pour Tom. IV. dis Acad. Etrang. \\ Transactions Piiilosophiq. Années 1665. à 1683. N<\ 109. 58 COLLECTION engager ces peuples à lui apprendre le détail de leurs voyages de mer, oît font rïtués les principaux ports & les pricipales villes maritimes & fur-tout la rivière Polilangi & la ville de Jangia. Ces Directeurs efpérant qu'il dé- couvriroit l'un ou l'autre de ces endroits vers le 1 5 . ou le 10. de juin , ils lui recommandèrent beaucoup d'exactitude à marquer toutes les côtes , les promontoirs , les baies , les courants des rivières , les marées & de faire tout cela en aulîi peu de temps qu'il pourrait , cela étant d'une grande con- féquence dans une affaire de cette nature. IX. On lui recommanda d'examiner le naturel de ces peuples, s'ils font bar- bares ou civilifés ; quelles efpeces de marchandées ou de denrées leur man- quent ou leur feraient plaifir ; s'ils montrent, foit de l'or, foit de l'argent, qu'il tâche de lavoir s'ils fc nt grand cas de ces métaux, &: s'ils en font cas, qu'il ne paroiffe pas s'en foucier beaucoup en faifant l'échange de leurs denrées ; qu'il leur montre auffi du cuivre , de l'étain , & qu'il leur donne à entendre que l'on fait plus de cas dans notre pays de ces métaux que des leurs. Qu'il s'informe de la grandeur du pays , de les villes , de fes voifins , de la fituation de Combalu , de fes dimenfions , de fon gouvernement , du commerce Se de la relioion , fi c'eft la Mahometane ou le Paganifme; fi le Grand Cham cft leur maître ; avec quels peuples ils font fujets à avoir la guerre ; quelles chofes ou quelles marchandifes font plus de plaifir au prince ou à les fujets , & là- deffus faire avec eux un traité de commerce &C d'amitié. X. Cela terminé en Tartarie , qu'il prenne congé avec toutes fortes de refpeûs & de politeffes vers la fin de juillet ou au commencement d'août ; qu'il traverfe la mer de Tartarie au Sud-Eft à la longitude de l'extrémité orientale du Japon ou de la côte occidentale de l'Amérique inconnue vers les caps ForUine , Corrientes ou Mendocin ; qu'il tâche de découvrir ce pays , fi le temps & le vent le lui permettent : que de-là il continue fa route' directement au Sud vers l'extrémité orientale du Japon , qu'il aborde dans ce pays à environ 37 £. degrés , ce qui peut fe faire vers le 10. ou le 15 d'août. Les Directeurs elpéroient qu'il découvrirait en cet endroit l'ifle fi riche en or & en argent que le capitaine Kuwait, avoit manqué en 1639. Voici la fubflance du journal de ce capitaine & de celui du marchand qui l'accompagna dans cette expédition. XI. Dans la mer du Sud à 37 4. degrés de latitude feptentrionale & environ à 400. milles d'Efpagne ou 343. de Hollande,c'eft-à-dire,à 18. degrés de longitude orientale du Japon , eft une ifle élevée & très-grande , habitée par des peuples blancs , beaux , doux & civilifés , exceflîvement riches en or & en argent , comme l'a éprouvé , il y a long-temps , un vaiffeau Efpagnol qui faifoit voile de Manilles à la nouvelle Efpagne ; de forte que le roi d'Efpacme envoya en 1 6 1 o. ou 1 6 1 1 . un vaiffeau d' Acapulco au Japon , pour prendra poffeffion de cette ifle ; cette entreprife mal conduite n'eut aucun fuccès , & depuis ce temps on a négligé de tenter cette découverte. XII. Comme les Directeurs étoient perfuadés à caufe de ces avis & de plufieurs autres, que cette ifle étoit à peu près fituée à la diftance ci-deffus rapportée , à l'Eft du Japon , ils ordonnèrent au capitaine Vries de prendre occafion de fon voyage en Tartarie pour tenter cette découverte ; de faire route de l'extrémité orientale du Japon diredement à l'Eft, pendant 350. ACADÉMIQUE. S9 milles, fur une ligne parallèle à 37 *. degrés; de faire autant de voiws <_ pendant le jour qu'il le pourrait, & de les diminuer pendant la nuit, Transactions de crainte que l'ifle ne lui échappât dans l'obfcurité; ils ajoutoient dans Philosopmiq. leurs inftrucfions que , s'il ne rencontrait pas l'ille à cette diftanec , il eût », (f, à avancer cent milles plus avant à l'Eft ; afin que , ne la rencontrant pas , il _,'c ,<, 5 pût être affuré qu'elle n'étoit point à la latitude ci-deffus exprimée , mais a ' *" plus au Midi ou au Nord. N0, 109* XIII. Les inftruftions portoient que, lotfqu'il ferait venu à ce point, ce qui, fuivant le calcul des Directeurs , pouvoit être vers le 20. feptembre , il prît, après une mûre délibération & eu égard à l'état des vaiffeaux & des hommes & à la faifon , une des deux routes fuivantes pour continuer fes découvertes. XIV. L'une vers l'Oueft , fi la faifon & le vent le permettoient , en croi- fant depuis le 37e. jufqu'au 35e. degré, pour s'affiner fi cette ifle defirée n'étoit point fur cette route ou fur celle de ces iilcs qu'on difoit être entre le 30e. & le 36e. degré à 1 50. ou 200. milles à l'Eft du Japon, oii l'on af- furoit avoir trouvé des vaiffeaux Japonois qui emportoient de l'argent pour le Japon ; mais s'il ne rencontrait ni l'un ni l'autre , qu'il tirât plus au Sud-Oueft vers Formofe XV. Les inftru&ions pour l'autre route portoient, qu'au cas que lèvent d'Oueft ne lui permît pas de retourner au Japon en croifant dans la latitude expofée ci-deffus , il eût à faire voile du point nommé plus haut au Nord , vers la côte Sud-Oueft de l'Amérique , au-deffus du cap de Parfcllcs ou de Mendocin, pour venir à la vue du cap d'Agier fur la côte trilre ; & s'il le pouvoit commodément , de jetter l'ancre dans l'une ou l'autre baie , à peu près où le chevalier Thomas Candish ayant jette l'ancre en 1587. à 38. degrés, donna à ce pays le nom de Nouvelle Albion; il remarqua qu'on ne pouvoit ramaffer un peu de terre qu'il n'y parût un peu d'or ou d'argent. Qu'il tâchât donc d'aborder cette terre en paffant , qu'il s'infor- mât de ce qui la concerne,' qu'il y fît rafraîchir fes Matelots & qu'il y prît ics provifior.s néceffaircs. Cela fait , qu'il partît avec un vent de Nord- Éit qui probablement fouillerait avec violence en cet endroit fur la fin de l'année, qu'il fit route le plus au Sud-Oueft qu'il pourrait; ainfi il par- viendrait à découvrir l'ifle d'or ou quelques-unes des îfles d'argent, entre le 30. &: le 36e. degré, à 100. ou 110. milles à l'Efl du Japon. En cas qu'il ne la rencontrât pas , qu'il gagnât Formofe de la manière indiquée dans la première route. XVI. Mais comme les Directeurs avoient conçu de grandes efpérances qu'on découvrirait l'ifle d'or en faifant voile à l'Eft, ou du moins une des ifles d'argent par une des deux routes ci-deffus tracées ; ils lui donnèrent de plus amples inftru&ions fur ce qu'il avoit à faire , en cas de fuccès , pour le lervice de la Compagnie ; elles étoient, quant au principal , les mêmes que celles qu'ils avoient données précédemment à l'occafion du Catay ; elles portoient de plus qu'il fit attention qu'on rencontrerait plus aifément ces ifles du côté du Sud-Eft, où la carte du Japon de Beobis & celle qui efl ci-jointe , placent l'ifle d'or avec une rivière ou havre. S'il faifoit cette dé- couverte, qu'il traitât les habitants avec beaucoup de douceur & dépoli* H 2 6a COLLECTION teffe , qu'il leur montrât des marchandifes , qu'il parût méfeftîffler l'or , Si qu'il obfervât comment on le tiroit de la terre. Transactions paffons à l'événement du voyage. Il commença la même année. Années i66<. ]643 '■> mais on ne trouva Pas ce dont on s etolt flatte> témoin le journal \ i6$x d'un voyage fait à l'Eft à la hauteur du détroit de Le Maire , vers la côte du Chili , fous la conduite du capitaine Brover , où l'on peut voir auffi N°. 109. une dcfcription de l'iile d'Yeço découverte pour la première fois en 1643. par le Caftricom. On trouva alors que l'extrémité Nord-Eft du Japon s'étend jufqu'au 4e. degré de latitude feptentrionale , & au lieu de rencontrer là une grande mer fort fpacieufe &C la terre d'Yeço fort éloignée à l'Oueft ou au Nord-Oueft, un matelot Japonois leur fit voir qu'elle n'étoit quà 30. milles au Nord. Car ce Japonois partoit pour les affaires de fon commerce du Japon marqué dans cette carte de la lettre A. St fe rendoit à Mathmay Capitale du pays d'Yeço , défignée ici par B. Le même Japonois leur apprit que ce pays étoit fous la domination de l'empereur du Japon , & le nombre de nations & de villes qu'il renferme. Le même journal marque que le vaiffeau Caftricom fit voile de l'extrémité Nord-Oueft du Japon à l'extré- mité méridionale du pays d'Yeço en D. De-là le pays s'étend jufqu'au Nord- Eft & par l'Eft jufqu'à E , où l'on trouva un détroit qu'ils appelèrent le détroit de Vries , quoiqu'on eût dû plutôt lui donner le nom de détroit d'Aman. Us rencontrèrent auffi le pays fitué à l'Eft à la hauteur du détroit , qu'on a déiigné par F. Ils lui donnèrent le nom du pays de la Compagnie , au lieu qu'ils auroient dû l'appeller pointe occidentale de l'Amérique , ayant toujours été jufqu'alors placé & nommé de la forte , excepté que le détroit d'Anian avoit été repréfcnté un peu plus au Nord. Ils firent voile dans le dé- troit jufqu'à la baie G. Ils examinèrent toutes les côtes jufqu'à H. qui eft à 49. degrés de latitude, où ils virent une très-haute montagne fituée à envi- ron so. degrés , d'où ils retournèrent fans rien faire de plus, qui foit du moins parvenu à notre connoiflance. Ceux qui font curieux de connoître le pays d'Yeço , le Japon & la Corée , n'ont qu'à confulter la petite carte qu'on a ajoutée à ce récit. XVIII. On rencontre communément par-tout fur cette côte un terrein propre à jetter l'ancre à vingt brades ou même davantage de profondeur ; elle abonde en poiflbns parmi lefquels on trouve des baleines & des fau- mons : le rivage eft élevé , inégal &C fur-tout remarquable par une mon- tagne exceffivement haute que les naturels du .pays difent fort riche en argent. Il croît dans le même endroit beaucoup de fapins fort grands & très-propres à faire des mâts de vaiffeau. Le terrein eft gras & nrgilleux. Étant venus dans le détroit de Vries ou d'Anian qui a 10. milles de largeur, ayant à l'Eft le pays de la Compagnie en Amérique défigné , comme nous avons dit ci-deffus , par la lettre F , ils abordèrent à une de ces montagnes dont ils trouvèrent la terre brillante comme fi elle abondoit en argent. Le long de ce rivage & vers le Nord-Eft il y a un courant très-violent , & près de cette même°côte on trouve des rochers qui la rendent très-dangereufe. L'ide des Etats ( States-Ifland ) fituée vis-à-vis a auffi des montagnes fort élevées ; les bords en font efcarpés & pleins d'écueils , &C elle paroît dé- pourvue d'arbres, Le rivage de la baie G. paroiffoit auffi agréable que les ACADÉMIQUE. Si tôtes d'Angleterre ; il n'étoit point cultivé, cependant On y voyoit beau- — — ^— — » coup de mûriers , de vignes , de genévriers 6c de framboifiers ; beaucoup de Transactions chenes,de lapins & de bouleaux;le rivage étoit aufîi décoré par-tout de roliers. Philosophiq. On trouva fur cette côte beaucoup d'huitres, mais on ne vit ni bêtes fauves , années 1 66 < . ni moutons, ni vaches, ni oies, ni poules, quoiqu'on remarquât grand ^ i68î. nombre de faucons & d'aigles. Les naturels font communément gros &C de petite taille, ils teignent leurs fourcils & leurs lèvres en noir ou en bleu , N'J. 109, & ils portent aux oreilles des boucles d'argent. Ils ne paroiffent pas fort religieux, à peine donnent-ils quelques marques fort équivoques d'un culte extérieur ; tous font égaux , ils ne reconnoiffent point de maître ; les hommes ont chacun deux femmes dont ils fe montrent fort jaloux. Les hommes & !-ïs femmes aiment beaucoup les liqueurs fortes. Leurs maifons font de bois & couvertes d'écorce. Us ont très-peu de meubles , les robes du Japon font leur plus bel ornement , & ils ont fort peu de chofes pour fe couvrir pen- dant la nuit. Beaucoup de monde périt cet hiver de faim & de froid, fur le rivage de la baie G. Ils fe nourriffent de poifTons , de graiffe de baleine & de boutons de rofè rouge qu'ils deffechent pour garder pendant l'hiver. Ces peuples font fainéants , ne cultivent point la terre & ne vivent que de leur chaffe & de leur pèche. Us commercent avec le Japon , & il y a beaucoup de mots Japonois dans leur langue. Ils entendent très-bien leurs intérêts dans le commerce ; mais ils ne font pas voleurs. XIX. Le voyage raconté, qu'on me permette quelques réflexions, i0.' Cette defeription peut être utile pour trouver un paffage au Nord-Eft. i°. Les habitans d'Yeço font à très-peu près nos periaeciens, leur pays étant à la même latitude que le nôtre , &C ne différant que par la longitude qui cft de 180. degrés; ils ont l'été & l'hiver en même temps que nous; mais il eft minuit chez eux quand nous avons midi, & midi quand nous avons minuit. 30. La découverte de ce pays d'Yeço qu'on croyoit fitué au Nord- Oueft à la hauteur du Japon, au lieu qu'il l'eft réellement au Nord & au Nord-Eft de ce pays , ne contribuera pas peu pour aller des Indes orientales vers le Nord dans ce pays-là , comme le fouhaitoit Joris Van Spilbergen. On peut conclure de-là que ces côtes orientales du pays d'Yeço peuvent fort bien être la côte orientale de la Tartarie. Ce fentiment eft confirmé par la defeription que Caron fait du Japon. Ce géographe apprit des Ja- ponois par les différentes queftions qiu'il leur fit , que l'eau à l'extrémité Nord-Eft du Japon, ayant 1 1. milles de largeur, s'étendoit intérieurement jufqu'au pays d'Yeço courant contre les montagnes qui font autour de ia Province d'Oghio ; au moyen de quoi le Japon paroit au pays d'Yeço une terre ferme. On peut ajouter à cela qu'une perfonne a voyagé 200. milles vers le Nord, c'eft-à-dire, jufqu'à environ le 50e. degré de latitude fep- tentrionale, &c ne trouva par-tout que terre ferme. Ainfi les géographes qiù , avant ce voyage de 1643. avoient coutume de placer une grande mer au Nord du Japon , peuvent rectifier leurs cartes par ce voyage qui nous a appris que le pays dTeço , dont les côtes connues s'étendent depuis 42. degrés jufqu'à environ 49. occupe cet efpace. Mais ce n'eft point tout. En 1668. on fit une plus ample découverte. Le 13. août 1653. un yacht Hollandois , appelle le Sparwer, fit naufrage contre une petite ifle à n% 6z COLLECTTON m ii ■' . ou 13. milles de l'extrémité méridionale de la Corée; cette nie n'a que Transactions :4- à }')■ milles de circonférence & fe trouve fituée à 33. degrés 3a. minutes Philosophiq. de latitude Septentrionale. Les matelots ayant été faits prisonniers par les ,. habitants, on leur amena un nommé Jean Janflen Wellte Vree qui, en 1617. à"^o! ^' étoit tombé fur la côte de la Corée entre les mains de ce peuple avec deux de fes camarades qu'on avôit envoyés chercher de l'eau. Cet homme qui N°. 109. avoit aux environs de 58. ans, avoit prefqUe perdu fa langue maternelle, de forte qu'il eut bien de la peine à fe faire entendre de fes compatriotes. Au mois de mai 1654. on les transporta de cette ifle à la terre ferme de la Corée ; ils panèrent par plufieurs villes au Nord &c à l'Oueft pour fe rendre- à la C ouf du roi, fi rent 70 . à 7 5 . milles & vinrent aux environs du 3 9e . de gré de l'élévation du pôle. Ils afiurerent que laCorée eft fituée entre le 34e. degré & demi & -le 44.c'eft-à-dire'; du Sud au Nord, environ P40. ou 150. milles,' comptant 1 ■; . de ces milles pouf un degré. La largeur de ce pays de l'Eft- à l'OucSt çft d'environ 70. ou 75. milles. Son extrémité méridionale n'efl éloignée du Japon "que de 15. à 26. milles. A l'Oueft' cft la côte de la .Chine eu la baie de Nanquin , & au Nord elle n'eft féparée d'une des provinces les plus feptentrionales de la Chine , que par une grande montagne. Sans cela ce feroit une ifle , -riuifqu'au Nord-Èfî il y a une mer où , tous les ans , les Hollandois & -d'autres natiohs trouvent des baleines avec des harpons dans le ventre ; on y prend aufïi au printemps beaucoup de harangs ; ainfi il faut néceffairemént qu'il y ait un pafïhge entre la Corée & le Japon pour aller àb nouvelle Zémble"& au Waygatz. Ces Hollandois s'étant fouvent' informés des pilotes Coréens s'il y avoit quelque terre aux environs du Nord-Eft, ils leur répondirent toujours qu'il n'y avoit autre chofe que la mer. Ces hommes qui avoient été jettes fur cette ifle étoient au nombre de 36. huit s'échappèrent' au mois de feptembre 1666. & fe rendirent à Firando au Japon , 011 bientôt après' ils rencontrèrent leurs compatriotes à Nangafaki. 40: On peut conclure de ces découvertes que le pays d'Yeço efl véritablement joint au Japon, comme on l'a représenté dans cette carte par les lignes ponduées , & qu'il ne l'eft point à l'Afie ou à la Tartarie. 5". A l'égard de ce qu'on a trouvé des harpons Hollandois dans le corps de quelques baleines , ce qui paroît incroyable ; on doit faire attention qu'une baleine nage extrêmement vite ; & la diflance de Spifzberg à l'extré- mité Septentrionale de la Corée, étant Suivant la carte d'environ 700. milles, une baleine peut faire ce chemin en 10. ou 1 1. jours, en faifant 60. ou 70. nulles en vingt-quatre heures. 6°. Cette découverte indique la route la plus courte pour aller par le Nord , des Indes orientales dans ce pays ; Savoir entre la Corée & le Japon défignés ici par I. & K. Cet efpace de mer à 25. ou 26. milles de largeur , & a un courant violent qui Se jette dans une mer fort grande. Il eft beaucoup plus commode de prendre cette route que de paffer à l'ESt du Japon à travers le détroit de Vrics ou d'Anian, & cela d'autantpîus cu'onignore encore juSqiroù le pays d'Yeço s'étend vers le Nord. XX. Cette petite carte dans laquelle on a auSSi tracé la côte Septentrio- nale de là Tartarie entre la Corée & la nouvelle Zemble , quadre fort bien avec le globe & lés cartes de Pierre Kœrius, I. A. Kolom, K. Viffer, Fr. de Vit & quelques autres, quoique les deux derniers aient changé les leurs, fans que j'en piuffe voirlaraiibn. ACADÉMIQUE. g} XXI. Pour paffer des Indes orientales en Europe par le Nord , il ferait — — — » néccfTaire de faire voile des Indes orientales à l'Oueft du Japon &c tout le long T de la Corée pour voir le gùîement des côtes au Nord de la Corée & ) Comparez avec le N°. 101. Art. 2. fur la fituation de la nouvelle Zemble, £f C O LLECTION »——«»— le partage. On n'a qu'à confulter les cartes faites depuis , on y verra qu'après Transactions avoir traverlé le détroit de Hudfon, on vient en effet dans une mer fpa- Philosophiq. cieufe qu'on appelle la baie de Button qui à l'Oueft eft bordée par la terre. Il paroît que Mr. Hudfon penfoit l'avoir traverfée, parce qu'il fit Années 1665. beaucoup d'efforts pour gagner le côté du Sud où il fut enfin obligé de a 1683. paffer l'hiver à la latitude de 51. degrés, fans avoir rien fait. S'il eut fait N°. 109. scmte un peu plus à l'Oueft, il auroit peut-être mieux réuflu N°- no. EXTRAIT D'UNE LETTRE DE Mr. LISTER fur divers fujets , fur un Spar Jingidiérement figuré. N°. Ho. TE ne connois aucune efpece de pierre, métallique ou autre, qui n'ait «I fon fpar : tous ces fpars différent par la couleur ou par d'autres acci- Art. IIJ. dents, & fur-tout par la configuration extérieure. Celui dont je vais par- ler le trouve dans les carrières de notre pierre à chaux bleue , je ne fâche pas qu'il ait été décrit par aucun naturalise. Ce Ipar eft communément d'une eau- noire , comme lé cryftal des mon- tagnes de Chawk ; il y en a cependant des morceaux de couleur de pour- pre ou d'améthyfte , ÔC d'autres qui font limpides comme le plus pur cryf- tal de roche : ces différents morceaux fe trouvent dans les fentes perpen- diculaires, horizontales ou obliques dès lits pierreux ; il font adhérents aux parois de ces fentes , ils naiffent également des parois oppofées , & leur volume qui varie d'un à cent , eft proportionné à la grandeur des fen- tes ; on en trouve qui ne font pas plus gros qu'un épi de bled. Leur figure eft celle d'une colonne hexagone , dont les plans font iné- gaux. L'extrémité par laquelle ils étoient adhérents au parois des lits pier- reux eft inégale , comme ayant été caffée ; l'autre extrémité eft terminée par trois pentagones inégaux, qui forment une très-petite élévation dans le milieu ; quelle que foit la variété de leur affemblage & la bizarrerie de leurs réunions , on retrouve toujours le même nombre de plans , foit dans la colonne , foit dans fon extrémité. Ces fpars abondent fur tout à Rainf- borough - Scarr fur la Ribble & dans une carrière près d'Efthon - Tarnç en Cravcn. Sur une Gloffopetrt à trois pointes & à bords liftes. M. Ray croyoit qu'on ne trouvoit point de gloffopetres en Angleterre, & il en étoit uirpris , avec d'autant plus de railon, que l'on prend fouvent. des chiens de mer fur les côtes de cette ifle. J'ai vu des gloffopetres fof- files qui vendent de Tille de Shepy dans la Tamife. Elles n'étoient point pétrifiées , mais elles avoient , lorfque je les vis d'abord , une teinte de vi- triol, qui le diffipant affez promptement, leur laiffa leur blancheur na- turelle.. En A C A D É M I Q U Et 6j En vifitant les carrières de Hinderskelr-Park près" de Malton, j'ai trouve — — — — » & détaché moi-même du rocher une gloffopetre à trois pointes , d'une cou- Transactions leur très-brune, dont la furface étoit liffe , de même que les bords. Sa Philosopuiq. bafe , ainfi que celle des dents véritables , étoit inégale , raboteufe , & comme travaillée en bas relief fur fa circonférence, d'où partoient des li- Années jG&j* gnes (aillantes & tranchantes qui alloicnt aboutir à chacune des trois poin- 1083. tes. Ce morceau m'a paru un des plus rares dans ce genre. N°. 110. De la Jîcur €' de la femence des Champignons. Le Fungtts porofus , craffiis , magnus de Jean Bauhin , a (es fueillets fem- blables à du papier piqué à l'épingle : en Angleterre on le trouve com- munément au mois d'août fur les bords & au milieu des terreins maréca- geux. Il me paroît que les feuillets de ce champignon peuvent être regar- dés comme fa fleur , & comme contenant fa femence ; lorfqu'il cft mûr , les feuillets fe détachent facilement du chapiteau , la graine s'apperçoit dif- tinctement , elle laiffe fon empreinte fur la face inférieure de ce chapiteau, comme la graine d'artichaut laiffe la fienne fur le fond du calice de ce fruit, & elle eft auffi difpofée fur une ligne fpirale. L'une de fes extrémi- tés eft plus greffe & arrondie ; il eft vraisemblable que toutes les autres efpeces de champignons , quoique de formes différentes , ont auffi leur graine, & û cette graine étant femée, ne produit rien, c'eft une fingularité qui lui eft commune avec la graine des Orchis. Ce champignon frais cueilli eft à l'intérieur & à l'extérieur d'une cou- leur rouffe ; (i on le coupe par le milieu , il paffera par une infinité de nuances du jaune pâle à un bleu ou pourpre foncé , & tachera le lin^e de ces mêmes couleurs. Une goutte de fon fuc étant exprimée lentement & regardée an jour," tranfmct fucceffivement toutes les couleurs de l'arc-en-ciel ou du fpectre coloré ; tandis qu'elle fe forme & finit par la codeur de pourpre qu'elle conferve après s'être détachée du champignon. N°- m. MÉMOIRE DU Dr. BIORSIUS SUR L ISLANDE , ENVOYE à C Editeur {h.} L 'Air de cette Ifle eft fort falubre pendant toute l'année ; la colique N°. 3—j ôc la lèpre (ont les maladies les plus communes. Nous n'avons point de médecins & feulement deux ou trois chirurgiens qui nous fourniffent quelques emplâtres pour les bleffures. Le fer fe rouille très-vite. Les changements de temps font fort incertains ; ils ne fièrent pas les quatre (allons de l'année ; il neige quelquefois au milieu de l'été , & de temps en temps on éprouve des vents furieux en cette même faifon. La gelée pénètre au moins de quatre pieds en terre; l'efprit de vin, Tom. IV. dis Acad. Etrang. \ * 1 Tir Art, U. (,6 COLLECTION ■=t l'huile & à plus forte raifon le vif-argent ne s'y gèlent jamais. Nous ga- actions ramifions le poiffon de la putréfa&ion en l'enterrant fous la neige. Les corps sophiq. <*elés s'enflent ôc changent de couleur & de goût. La couleur de la neige varie de même que fa figure ; la grêle eft un peu ronde ; les plus gros crains font de la groffeur des grains de plomb avec lefquels on tue les oifeaux. Trans Philosoph Années 1665 à 1683. N°. 1 1 1, neaux. Entre autres météores j'ai obfervé des feux follets , ce qu'on appelle un dragon volant , & fouvent deux parhélies avec trois arc-en-ciels parlant entr'eux & le véritable foleil. Nous n'avons point de vent réglé. La profondeur de la mer varie ; auprès des côtes elle a environ cent quatre-vingt brafles ; je ne fais pas combien de fel rend l'eau de mer ; la plupart des habitants ne fe fervent point de fel , ceux qui en font ufage em- ploient celui qu'on importe dans l'ifle. La mer frappée par les rames étincelle dans une nuit claire , on diroit du feu qui fort d'une fournaife. Les marées fui- vent le mouvement de la lune , la mer s'enfle vers fon lever & fon cou- cher & elle baifie quand la lune eft méridionale ou feptentrionale. Les plus grandes marées ne furpaflent point communément 16. pieds, à moins nue ce ne foit en automne , lorfque la mer eft fort agitée , & alors l'eau s'élève quelquefois jufqu'à 20. pieds. Les plus hautes. & les plus baffes marées arrivent vers le temps de la pleine & la nouvelle lune. Nous avons beaucoup de lacs , la plupart fur de hautes montagnes , on y trouve quantité de faumons. On y voit aufli beaucoup de fontaines qui fortent des rochers , un grand nombre de iburces chaudes dont quelques- unes le font au point qu'en un quart d'heure on y fait cuire de gros morceaux de bœuf; ce qui fe fait de cette manière. On tient les marmites fufpendues & de l'eau froide par-deffus , de crainte que l'ébullition & l'eftervefcence de l'eau chaude ne brident la viande ou ne la renverfent. Ces eaux dépofent un fédiment pierreux fur les parois de la fontaine. Nos plus hautes montagnes n'ont pas plus d'un quart de mille d [Alle- magne de haut ; je réferve à une autrefois la manière dont j'en ai mefure la hauteur L'ifle eft traverfée d'un bout à l'autre par une chaîne de montagnes; on n'habite que les vallées & le bord de la mer. Outre le Mont-Hécla, nous avons encore d'autres montagnes qui vomiffent des flammes, elles font cependant toutes couvertes de neige , &c. L'aiguille aimantée décline ici au Nord-Ouert. Le Terroir eft gras prefque par-tout ; il eft fablonneux en quelques en- droits ; mais on ne voit nulle part de la craie. On ne cultive point du tout la terre. Tout fe tire des pays étrangers , l'orge, le froment , le ter, C Nous avons en été beaucoup d'oifeaux de diverfes efpeces, & en hiver des corbeaux, des canards fauvages & des cygnes, nous ignorons ouïe retirent les oifeaux d'été. Il y a un affez bon nombre de chevaux, de bœufs de vaches , de moutons & de chiens ; l'on voit aufli des poules en quelques endroits : on trouve des renards dans les montagnes. Lorfque la ebce du Groenland fe détache & vient contre notre ifle , elle nous amené des ours qui nous font beaucoup de mal. Les bœuîs & les vaches vivent de foin pendant l'hiver ; les chevaux & les mouton; mangent 1 ner&e A C A D Ê M I 0 U E. 67 qui eft fou"; la neige , & une plante qu'on appelle moufle marine. , Nous n'avons point de minéraux , que je fâche ; mais feulement beaucoup t . r r t 1 I _L J ] vr wlT TRANSACTIONS de loutre dont nous exportons tous les ans la charge de deux vaineaux. Philosophiq Pavois prefquc oublié de vous faire part d'une obfervation remarquable qu'on fit le 13. mai 1641. Toute la mer qui nous environne fut pendant Années 1665. deux jours fi claire & fitranfparente quel'on appcrçiitau fond les coquillages à 1683. & les plus petites pierres dans les endroits où clic avoit quarante braiïcs \j0 de profondeur. Les objets ne paroiffoient pas éloignés de plus de 3. pieds. Des pêcheurs y ayant fait attention , en furent épouvantés , ils firent rentrer incontinent leurs bateaux dans le port & divulguèrent ce phénomène dans tout le pays. Il commença à neuf heures du matin ; bien des perfonnes dignes de foi l'ont attefté. m, N°. iiî. AMÉLIORATION DES TERRES EN CORNOUAILLE par le moyen du jablc de mer. (A) PErfonne n'ignore qu'on eftime les terres à raifon de la proximité de N°. 1 n ' cette efpece d'engrais ; on voit peu de terres en friche près de la mer ou d'une rivière navigable. Je fuis étonné que cette manière d'améliorer Art. III. les terres ayant de fi grands avantages , elle ne foit pas répandue par-tout. Je fais qu'on trouve la même efpece de fable fur prefque toutes les côtes d'Angleterre , & cependant on le néglige ; la raifon en eft , à ce que je crois que les laboureurs voyagent rarement , &c ne font point à portée de pro- fiter des expériences des autres , ôc que les gentilshommes s'embarafTènt aflez peu de l'agriculture : mais puifque par bonheur notre province fait ufage de cet engrais, & qu'elle en feroit davantage fans les frais de tranfport, je ne crois pas inutile de m'étendre un peu lùr ce fujet. L'étain & le poiflbn font deux fources de richeffes pour ce pays , & , fi je ne me trompe , le fable de mer en eft une autre qui peut rendre autant que l'une ou l'autre des deux premières. Comme ce difeours peut tomber entre les mains de perfonnes qui fou- haiteroient améliorer leurs terres avec ce fable , je crois qu'il eft à propos de commencer par en donner une defeription. On le rencontre communément ou fur le rivage, ou du moins fort près ; mais il eft à propos de le diftinguer de celui qui n'eft bon à rien. La mer roule parmi fes flots des pierres 6c des coqiullages qui fe froiflant & fe broyant les uns contre les autres forment le fable. S'il eft produit par le frottement des pierres, on n'en fait pas grand cas ; fi les coquillages réduits en poufliere en font la plus grande partie, c'eft celui qu'on recherche. On voit dans notre Province du fable de cette efpece de trois couleurs diffé- rentes : autour de Plimouth & fur la côte méridionale , le fable eft bleuâ- tre ou gris cendré , ce qui vient, à ce que je penfe , des détriments des moules & des écailles d'huître. A l'Oueft,près de Landfend , le fable eft très-blanc & dans l'ifle de Sciily , U eft brillant ; cela vient , à ce que je crois , de la I z 6S COLLECTION h , poudre d'une efpece de pierre de taille mêlée avec des coquilles de péton- ~ " des qui font très-blanches. Sur la mer du Nord aux environs de Padftou Philosoph°q & à l'Eft de l'ifle Lundy , le fable eft excellent & d'une couleur brune oran- gée , il fe forme par le froiffement des coquilles d'une efpece de pétoscle ; je Années 1 665. conje£hire qu'il doit cette couleur aux eaux de la Saverne , qui eft fort bour- à 1683. beiife à fon embouchure. Quoiqu'on ne trouve point de poiflbn de mer au- No 113 près de l'embouchure de la Saverne , ou que du moins il y en ait fort peu à caufe de fon limon , & que par cette raifon le poiffon qui iè mange à Barn- ftable au Nord vienne de Loe qui eft iiir la côte méridionale ; cependant en avançant un peu plus dans la mer du Nord on trouve du poiflbn , non pas en aufli grande quantité que dans la mer du Sud , mais il efl plus gras ck vaut beaucoup mieux. _ Outre la couleur du fable , la groffeur du grain fait auflî quelque diffé- rence. Dans quelques criques (a) du havre de Plymouth on voit du fa- ble très-petit , & dans quelques autres du même havre on en trouve de plus gros. On l'emploie à différents ufages. On prétend que le petit vaut mieux pour le fermier qui n'afferme que pour quatre ans, parce qu'il tra- vaille & rend plutôt. Le gros eft meilleur pour le propriétaire & pour la terre , parce qu'il demeure plus long-temps en terre & l'améliore davantage. On trouve dans le havre de Falmouth près de St. Maufe-Caftle une ef- pece de fable , ou plutôt de coralline à un pied de profondeur fous la vafe. Lorfqu'on l'a écartée on enlevé ce fable , & on s'en fert aux environs de Truroe ck de Probus. A l'Oueft de la montagne dans la crique de Portcuthnoe on trouve du fable de coquilles , dont le grain eft gros ; dans la baie de Whitfand au- près de St. Ives , il eft blanc & fort petit. Autour de Minvet , de Perinfand & de Lelant , les vents foulevent une fi grande quantité de fable , que toutes les terres des environs en font cou- vertes , & que les maifons mêmes & les églifes en font pour ainfi dire fubmer'gées. Ainfi on peut affez bien comparer le penchant des montagnes qui font tournées vers cette mer auxdélerts de l'Arabie ; jufqu'à préfent on n'a pu empêcher ces ravages. f „,»/•• De ces différentes efpeces de fable le meilleur eft le rougeatre , enluite le bleu & le blanc occupe le dernier rang. Le fable qui fe fait par le froif- fement des coquillages , eft le plus eftimé & fur-tout celui qui vient du co- rail & celui que les pêcheurs d'huitres tirent de la mer , ou que l'on trouve après que la mer s'eft retirée. Le fable que le vent emporte n'eft d'au- cune utilité ; communément le fable dont on a exprimé l'eau falee pour le tranfporter plus aifément , vaut beaucoup mieux que celui qui a été long-temps à fe fecher au ioleil ou au vent qui lui ôtent une pâme de fa vertu. , , . Des bateaux tranfportent ce fable auffi avant que les marées le peuvent f a) Ce font des canaux qui communiquent avec un port de mer, & qui s'étendant dans l'intérieur du pays , facilitent le tranfport ou le débarquement. Quelquefois ce mot fe prend pour ces petits enfoncements dans les côtes , que les marins appellent baies ou anies. ACADÉMIQUE. 69 permettre ; on les décharge liir le rivage ; on vient enfuite de divers en- — — ^^» droits chercher ce Table avec des tombereaux ; mais prefque par-tout on le fert Transactions de chevaux , parce que le pays eft montagneux, ÔC que les chemins l'ont Philosophiq. étroits & mauvais; un cheval porte environ 13. à 14. gallons. Chaque charge de cheval revient avec les trais du tranlport à 16. ou 18. fols, &c fee^' f" quelquefois à beaucoup moins. La dépenfe de toute la province pour tranf- a I<553* porter ce fable par terre, fe monte par an à 31000. livres Sterling ; ce N°. 113. qui revient à environ 736000. livres de notre monnoie. Lorfque le fable cft rendu au lieu de la dcftination , on le répand fur la terre dans laquelle on veut femer du froment ou tout autre grain la première des quatre années ; je dis des quatre années , à caufe de l'u- fage où nous fommes de ne faire que quatre récoltes , & de laifl'er enfuite nos terres en pâturage pendant fix ou iept ans avant que nous les labourions de nouveau. L'herbe vient fi bien immédiatement après le labourage qu'on la fauche communément la première année. L'acre coutumier de cornouaille a 160. perches, à 18. pieds d'Angle- terre par perche ; ceux qui entendent l'économie rurale emploient plus ou moins de fable par acre , luivant la proximité ou la diftance des lieux : près de l'endroit d'où on le tire , on en emploie trois cents facs ou la charge d'un cheval. Si la difiance eit confidcrable , on diminue propor- tionnellement le nombre des facs , & beaucoup de perfonnes aiment mieux fe borner à vingt ou trente facs par acre , que de n'en point mettre du tout. On recueille communément beaucoup de grain & très-peu de paille dans les terres où on a répandu beaucoup de lable. J'ai vu dans ces en- droits-là de très-bel orge, dont l'épi étoit prefque auffi grand que fa tige. Mais où l'on a répandu peu de fable , on recueille beaucoup de paille & peu de grain , encore elt-il affamé. Lorfque les quatre récoltes de grain font faites , l'herbe qui convient le mieux eft le trèfle blanc avec un peu de trèfle pourpré , fi la terre a du fond. Cette herbe qui vient dans un terrein bien fable, eft excellente pour les befiiaux , quoique courte , & vaut beaucoup mieux que l'herbe plus longue qui croît dans d'autres endroits ; les herbage» & les fruits y vien- nent beaucoup mieux auflî , & ont un goût plus parfait. Dans le canton où l'on fable ainfi les terres, on ne voit point de neige, ou du moins très- peu ; on y jouit d'une température douce pendant l'hiver ; la moiffon (e fait de bonne heure, & communément un mois ou fix femaines plutôt qu'elle ne fe fait à fix ou fept milles de difiance. On éprouve dans un fi pe- tit efpace une fi grande différence dans la température de l'air, qu'en une après-dînée on croiroit en quelque forte paffer de FEfpagne dans les Or- cades. Des expériences fuivies font allez connoître l'utilité de ce fable ; mais d'un autre côté le fermier fe voit dans la néceflîté de faire des frais con- fidérables pour fe le procurer. Terminons ce difeours par quelques corollaires. i°. Un Chymifte ingénieux devroit ouvrir la lubfiance de ce fable, Se tâcher de découvrir les divers principes qui y dominent. Un habile Natw« Transactions Philosophiq. Années 1665. à 1683. N°. 113. 70 COLLECTION ralifte nous développerait enfuite les raifons qui rendent ce fable fi avanta- geux' à la végétation , & fur-tout à cette partie qui regarde la femencer prolifique. i°. Un fermier ou un jardinier induftrieux devrait faire des effais avec du fable de mer dans les pays plus à l'Eft. Je leur dirai pour les encou- rager, i°. qu'on tire de la Thamife auprès d'Erith un fable qui approche beaucoup du fable de Plymouth. Les faifeurs de briques en font ufage ; des bate&ix le leur apportent à un prix raifonnable. 1°. J'ai appris d'un bri- quetier qu'à côté de fon tas de lable l'herbe venoit beaucoup mieux que par-tout ailleurs. 30. Nous avons dans notre pays des terres de toute ef- pece , &C cependant le fable convient à toutes ces terres ; ainfi la diverfité du terroir ne doit point décourager perfonne. 40. On fait que les pois ÔC les carottes de Sandwich font très-eftimés , & cependant ils croifTent dans tin terrein mélangé de fable crue le vent y porte. 30. Si ces expériences réuffifTent ; on peut faire creufer le lit de la Thamife dans les endroits marécageux vers Blaclcwal ou un peu plus bas, & faire enlever à peu près un pied de limon pour voir s'il n'y a point def- fous quelque couche de fable de coquillages ou de corail, de même qu'on en trouve à l'embouchure de la Falmouth ; s'il s'en trouve , il fera à beau- coup meilleur marché que celui qu'on fait venir de loin. 40. Nos compatriotes qui ont tous les jours fous les yeux les bons ef- fets de ce fable devroient s'appliquer à rendre les tranfports plus faciles & moins chers ; la province en retirerait des avantages très-confidérables. (aj (a) Quoique ces deux derniers corollaires ne contiennent qu'un avis aux Anglois ;. toutes les autres Nations peuvent fe les appliquer & en tirer parti fuivant les çircenl» ances & la nature du terrein qu'elles ont à cultiver & à mettre en valeur. ACADÉMIQUE. ?l ~ , () Transactions j\ • IJ4- Philosophiq. Années 1665. EXTRAIT DE QUELQUES LETTRES DU CHEVALIER à l683- George Mackenzy à Mr. Jacques Gregory, envoyée par ce dcr- N°. tua nier à f Editeur (A) t. 1 " En. décembre dernier le vent fut fi violent qu'il brifa une efpece Art. II .Ld'obélifque près d'une vieille Eglile , lequel avoit douze pieds de haut, cinq de large & deux d'épaiffeur. Des bois entiers, quoique finies dans un terrein bas , furent abbatus & déracinés ; le vent étoit pour lors au Nord-Oueft ; il a continué à l'Oueft pendant fort long-temps. Ce 16. jan- vier 167*. vieux ftile. II. On m'a donné avis d'un phénomène qui m'a paru fort étrange. On trouve à Straherrick , fur les terres du Lord-Lovel , un petit lac qui ne fe gelé jamais tout-à-fait avant le mois de lévrier , même dans les gelées les plus rudes; mais la première gelée qu'il y a dans ce mois , le lac prend tout- à-fait , &deux nuits rendent la glace d'une épaiffeurtrès-confulérable. Je me luis informé de ce fait vers les plus honnêtes gens du voifinage qui me l'ont certifié avec tant d'affurance , qu'on ne peut en quelque forte en douter. J'ai depuis entendu parler de deux autres lacs , dont l'un fe trouve fur mes terres , & s'appelle Loch-Menar ; il eft d'une largeur affez confidé- rable , &C on y obferve la même particularité que dans le précédent. Je tiens cela de plufieurs perfonnes digne de foi. L'autre petit lac eft à Glen- canish , dans le Straglash , fur des terres qui appartiennent au nommé Chif- folm ; ce lac eft fitué dans un fond , entre les fommets d'une très-haute mon- tagne , de forte que ce fond même eft très-élevé. On voit toujours de la glace au milieu du lac , même lorfqu'il fait le plus chaud , quoique les bords foient dégelés. Ce phénomène me paroît d'autant plus étrange , qu'il fait très-chaud dans ce pays , à caufe que les montagnes réfléchiffent les rayons du foleil ; d'ailleurs , on ne voit rien de pareil dans des lacs du voi- finage qui font aufîî élevés. On remarque auffi fur les bords decelac, une verdure continuelle, comme fi l'on étoit toujours au printemps; & cette herbe engraiffe plus en unefemaine lesbeftiaux, que toute autre en quinze jour;. Je me fuis affuré de la vérité de ces deux faits; mais pour en trou- ver les caufes, il faut un meilleur Phyficien que moi. Ce 8. février 167^. vieux ftile. III. Le fameux lac Neff ( a ) ne gelé jamais ; au contraire dans les plus fortes gelées , il en fort des vapeurs plus confidérables. Je me rappelle qu'à deux différentes fois en partant un loir à Inverneff, fur le port de la rivière de Neff, un brouillard de ces vapeurs venant du lac & tom- (<«) On lif une defeription de ce lac page 73. & (Vivantes du premier 'volume de» tbfervationj fur les maljJiet dis armées dans Us eumps & dans Us garmj'ans , ouvrage dt| Dr. Pnngle. Transactions Philosophiq. a 1683 114. 71 COLLECTION bant fur nous dans un temps où il n'y avoit de brouillard que fur ce lac & inr la rivière , nos cheveux devinrent tout-à-fait blancs, de même que cela arrive lorfqu'il fait une gelée blanche , avec cette différence que cette fubf- tance qui avoit blanchi nos cheveux étoit douce & tiède , & que cela Années 1665. arrjve all nl;iicu de l'été & dans les foirées les plus chaudes. Comme je m'entretenois de cela la femaine dernière avec le Docfeur George Mac- kenzy qui demeure à InvernefT , il me dit que le romarin n'étoit point mort dans les jardins qui bordent ce lac , malgré la durée & la rigueur de l'hi- ver dernier , quoique des hivers moins rigoureux faflent communément mourir tout le romarin des jardins litués en des lieux plus chauds & fur le bord de la mer. Bien plus , quoique je n'en lois pas éloigné & que mon terroir foit meilleur & à une expofition plus chaude , cependant un hiver un peu plus froid qu'à l'ordinaire fait mourir mon romarin , quoique j'aie foin de le faire couvrir de paille & de litière ; au lieu que l'hiver dernier qui fut fi rude , le romarin demeura à découvert dans les jardins fttn.es fur le bord de ce lac , fans être incommodé de la gelée. Ce Docteur en attri- bue la caufe avec fondement à la chaleur occafionnée par les vapeurs qui s'é- lèvent fréquemment du lac. Ce 25. février 167-^. vieux ftile. IV. Dans le Glevelg à un lieu appelle Achignigliun , il y a un petit ruif- feau qui change tellement le houx en une pierre verdâtre , qu'on en fait communément des moules pour des balles à fufil ; les ouvriers en cuivre en font pareillement ufage pour leurs moules & leurs crevuets , & les fem- mes pour le pefon qui ie met au bout du fiifeau dont elles filent. Cette eau coule de montagnes qui abondent probablement en marne capable de fe réfoudre en petites particules par le frottement continuel de l'eau ; ne peut-il pas arriver que ce bois reftant long-temps dans l'eau , ces pe- tites particules s'introduilént dans les pores du houx , & forment de la forte cette pierre tendre ? Le relie de la fubftance ligneufe étant tout-à-fait incruftée de ces particules marneufes , fe trouve par cela même à L'abri de l'aftion du feu. Ce 16. Avril 1675. H°. 116- ACADÉMIQUE. 73 JN • * '6- Transactions Philosophiq. LETTRE OCCASIONNEE PAR I. E S R E M A RQUE S Ann/'cs ^65. fur Us gelées olfervées en quelques endroits a 'Écoff'e^ qu'on a inférées N°. 114. * 1603. art. II. on y a ajouté quelques olfervations fur la violence des vents & des N°. lxg tempêtes ; fur la fertilité des campagnes décidée par la température & les va- peurs chaudes de la jurface de la terre , des pierres , des rockers , des fources & des eaux , dont l'influence efl différente fuivant la pofaion des lieux , & fur quelques eaux qui ont la vertu de changer en pierres <,• en métaux les corps qu'on y plonge. On y trouve auffi quelques idées fur la culture des jardins en Ecofje , par Jean BEAL , Docteur en Théologie , membre de la Société Royale. (A) M ONSIEUR, I. T L paroît par les remarques qu'on vous a envoyées d'Écoffe qui bous devons encore chercher les cauies & la fource primitive de la celée , Art. III, auffi bien que iés principes & fa nature. Je fouhaiterois pouvoir indi- quer toutes les circonflances qui peuvent caufer les gelées , la chaleur , les vents & les tempêtes. Je fais par expérience que quelques-unes de ces cho- fes dépendent en grande partie de la fituation des lieux ; mais après beau- coup de foins &C de recherches fatigantes , je ne puis déterminer la proxi- mité ou la diltanec, ni toutes les autres choies néceffaires qui doivent con- courir pour opérer les effets extraordinaires que j'y ai obfervés. II. Mr. Boyle nous a dbnné une relation des changements d'air & de temps, & des vents violents qui précédèrent , qui accompagnèrent, & qui fuivirent le tremblement déterre arrivé à Oxfort au mois de janvier 1665. on peut confidter à ce fujet le N°. 11. des Tranfacfions Philofophiques & la defeription qu'en a donnée le Dr. "Wallis N°. 10. des mêmes tran- iaftions où le poids de l'atmofphere dans ce même temps efl marqué. Je conçois que des vapeurs fouterreines ont pucaufer ces tremblements mé- ditprranés ; odje ne connois point de voies ni plus sûres , ni meilleures pour découvrir la nature cv les propriété de ces vapeurs, que d'obferver les effets Se toutes les altérations de l'air , comme l'ont fait ces deux Phy- ficiens. I I I. Vous avez inféré N°. 90. de ces tranfacfions , les particularités que je vous envoyai du Sommerfetshite fur la linguliere gelée qui s'y fit en 1671. aux environs de Noël, & la chaleur qui fuivit immédiatement, &c qui fit foudain pouffer & fleurir les arbres. Je cachai alors mon nom, parce que je n'avois jamais entendu parler de rien de pareil , & parce que je remarquai que la multitude paffa de fon admiration à un de«i formel de ce qu'elle avoir vu & fenti. Mais puifque la fubftance de ce que je dis alors fe trouve confirmée par le mémoire du Dr. "Wallis envove d'Ox- ford tk infère au N°. 90. & par un homme digne de foi qui demeure dans, Tom. IF. des Acad. Etrang. K. a 1683. 'N». 116. 74 COLLECTION ■»— ce pays-ci , & qui n'écrit que ce qu'il a vu & vérifié , je m'avoue l'au- T.iv.imnm teur du mémoire que vous inférâtes N°. 90. Ilréfultede ce mémoire qu'une Philosophiq. gelée peut être tres-torte oc tres-dangereule dans 1 air & lur le fommet de quelques montagnes , ou fur quelques plaines , tandis qu'en d'autres en- Années 1665. droits elle s'éloigne de deux, trois & quatre pieds de la terre, des riviè- res & des lacs ; elle parcourt de certains endroits avec une efpece de fureur , & dans un elpace intermédiaire elle a perdu beaucoup de fa force. Quand elle eft extrêmement vive à la hauteur des arbres , elle ne l'eft ja- mais beaucoup au pied , à moins que ce ne foit fur les plaines de Salif- bury qui font très-élevées. IV. Perfonne n'ignore qu'il y a des terres fi peu denfes , fi légères , & tellement tuméfiées par l'aûion d'un ferment intérieur, qu'elles exhalent une vapeur échauffante ; c'eft fans doute par un effet de ces vapeurs , qu'en quelques endroits toute la neige fe fond aufïï-tôt qu'elle a touché terre , & en d'autres avant même qu'elle y foit parvenue ; ce font des faits qui fe renouvellent tous les jours fous mes yeux. Tout le monde fait que de certaines pierres , par leur chaleur innée & de certaines eaux fertiliient la terre ; oc que d'autres pierres à caufe de leurs qualités contraires , ou à caufe de leur pofition , ont un effet tout-à-fait oppofé. L'eau qui coule fur des pierres à chaux , dans des veines de marne ou de cette efpece de craie qui liert d'engrais , rend les campagnes fertiles. Il y a des eaux affamées , uligineufes & corrofives. Les rivières dont l'eau eft noire, & qui pro- vient de la pluie qui coule des bruyères , font beaucoup de ravages quand elles fe débordent , parce qu'elles produifent une quantité de bruyères dans les pâturages. Tout cela n'eft ignoré de perfonne ; mais ces phénomènes n'en ont pas moins de rapport à la matière préfente , & n'en méritent pas moins toute notre attention. On trouve beaucoup d'eaux qui pétrifient , ou qui changent en métaux les corps qu'on y plonge ; on remarque auffi les mêmes propriétés à de certaines vapeurs. Nous ne faurions révoquer en doute ce qu'ont dit les anciens par rapport au premier article , puifque nous autres modernes en avons un exemple récent affez fâcheux ; à l'é- gard des vapeurs qui changent en métaux, je vous renvoie au numéro 27. de ces tranfacfions , où il eft dit qu'on trouve en Italie du vif-argent à la racine & dans le lue d'une certaine plante , & qu'en Moravie , en Hongrie &C au Pérou on trouve des lues minéraux dans des végétaux*: Je ne puis non plus contredire les exemples nombreux qu'on lit dans les Mifcell. curiof. LipJIa anno primo iSyo. Obfervat. i^i.pag. 290. fous le titre de aurum vegetabilc ; parce que j'ai de bonnes preuves que tous les métaux & l'or même fe produifent continuellement &c qu'ils laiilent échapper des émanations qui forment leur atmofphere ; & parce que Mr. Boyle a dé- montré que le feu & la flamme , & peut-être auffi les rayons folaires s'in- corporent dans le plomb , Sk les autres métaux & minéraux , au point qu'ils en augmentent le poids & le volume. J'ajoute encore à ces raifons , que l'or fe volatilife par la trituration , comme on le peut voir N°. 87. Ne par- viendroit-on pas à découvrir des mines en examinant le fuc des végé- taux qui croiflent fur les lieux , qu'on voudroit fouiller 6c les eaux qui en fortent? ACADÉMIQUE. 75 V. Revenons à ces chofes que nous avons dites être connues de tout le ■— — monde , & qui cependant peuvent être de la plus grande utilité par rap- -r port à nos recherches. Dans la plus grande gelée qui foit arrivée depuis Pm^opmcT long-temps , la terre ayant été quelques jours couverte de neige , je vis un petit ruiffeau qui n'avoit p^s un pouce de large , couler légèrement &c ré- années 7665. pandre une vapeur en ion chemin (iir toute la prairie. Je ne pus remar- ;l 1^i' quer qu'il fût tombé de la neige à cinq ou fix pieds de diftance tout au- N° 116 tour de cet el'pace , & s'il en tomba elle le fondit ; l'herbe paroiffoit verte en cet endroit aux environs de Noël, & la glace étoit fondue. J'en écrivis alors ;\Mr. Evelyn, non comme d'une choie rare & finguliere , puifqu'on trouve en Angleterre beaucoup de ruiffeaux fumants de cette nature mais pour lui reprelenter fi l'on ne pourrait pas fe fervir de ces fortes de' ruif- ièaux pour échauffer une mailon , &c pendant l'hiver le plus rude entretenir dans une verdure continuelle un jardin , qui par fa fituation ferait à l'a- bri des vents. J'ait cent fois éprouvé entre deux villaces éloignés feule- ment d'un mille l'un de l'autre , différents degrés de chaud & 'de froid quoique je n'y pufTe remarquer aucune difparité du côté des montagnes' & des rivières ; les fourecs feulement de quelques-unes étoient peu pro- fondes , & d'autres l'étoicnt beaucoup. La furface de la terre dans une grande étendue de pays étoit tellement travaillée par un ferment chaud , qu'à cha- que pas elle s'élevoit jufqu'à la cheville du pied. Je l'examinai en pluiieurs endroits la bêche à la main , & je trouvai à un pied de profondeur autant de cailloux , que s'il y eût eu une chauffée en cet endroit ; mais les cailloux ôtés , la terre fe trouva excellente pour les fleurs , les arbres fruitiers & la vigne. J'ai vu des campagnes dont la furface paroiffoit couverte de cailloux qui n'étoient ni des pierres à fuiîl ni des pierres à chaux pro- duire cependant en abondance le plus beau feigle & la plus belle a'vcine. Les gens de la campagne enlevoient ces cailloux de defl'us la furface de la terre ; elleportoit alors du froment , des pois & de l'orge , & tous ces «rains etoient auffi abondants & auffi beaux que l'aveine tk te feigle qu'elle°avoit rendus auparavant. En d'autres endroits où je me fuis trouvé les laboureurs otoient les pierres qui paroiffoient couvrir les champs , & ce travail coû- teux aboutit à leur faire effuyer de grandes pertes , & pendant ph.fieurs an- nées leur bled devint beaucoup plus toible. L'expérience m'apprend que les pierres reconnues inutiles à la furface de la terre, peuvent lorfou'elles font à une certaine profondeur , en augmenter la fertilité. Les terres qui jont chaudes & poreufes, & qui abforbentla pluie & la neiçe auffi-tôt qu'el- les tombent , paronTent recevoir quelque rarfaichilfement des -cailloux fou- terreins. VI. Je vous écrivis , il y a quelques années , de la part du Chevalier * * * cru il pourrait vous faire voir des endroits où l'eau coule très-lentement fur un ht de pierres & d'oii elle tombe goutte à goutte, ayant la conflftance cv la couleur du lait ca.lle , après quoi elle fe pétrifie. Cela paraît en quelque orte montrer la manière dont fe fait la pétrification , & je croirais que toutes- les efpeces de pierres n'y contribuent pas indifféremment, mais que cer- taines pierres froides y contribuent plus qu'aucune autre. \ il. Je m'attacherai à ce qui regarde l'Éçoffe dans ce que je vais dire de la 76 COLLECTION — culture des jardins au fujet des rochers qui ont la vertu d'échauffer &c de rendre Tit \nsactions l;l terre fertile. J'eus plufieurs conférences avec le Chevalier Robert Morray Philosopiuq. furies jardins à racines & à légumes , fur les pépinières des arbres fruitiers & fur les autres végétaux de l'Ecoffe. Je lui repréientai que prefque depuis que Années 1665. • me contlouVois , ces biens faifoient la principale rcffource de l'Angleterre , a 'P-î" que l'on avoit remarqué depuis peu que le fruit le plus âpre fourniffoit N°. 116. lme liqueur forte , rpiritueufë & fort approchante du vin , que le profit des jardins étoit grand & prompt ; que les pépinières n'étoient point à charge, mais un engagement qui nous lioit & nous attachoit à la plus noble efpece d'agriculture. Le Chevalier convint de tout ce que je dis ; mais , ajouta-t-il, il y a en Écoffe tant de rochers & des vents fi froids que nous ne pouvons aller de pair avec l'Angleterre par rapport aux jardins & aux vergers. Je répondis que dans les provinces de dévon & de cornouaille on mettoit les jardins & les vergers à l'abri des vents de mer par une paliffade de fapins & de houx élevés ; que l'Ecoffe , ayant des fapins très-hauts & des pins affez grands , pouvoit pratiquer la même chofe ; que dans la nouvelle Angleterre les vents étoient auffi perçants , la gelée aufft forte , la neige auffi abondante & l'hiver auffi long qu'en Écoffe ; que cependant on y voyoit quantité de vergers très-fertiles. L'Ecoffe eft fort avancée vers le Nord ; mais la Norvège qui l'eft davantage a beaucoup d'arbres & d'arbriffeaux. Les jours, font "plus longs en été à l'extrémité du Nord , qu'à Rome. Un bon philofophe &C un habile cultivateur doivent chercher à mettre à profit un tel avantage &i examiner les végétaux qui en peuvent le mieux profiter. Mais pour ne point m'écarter de mon but, j'affurai le Chevalier Morray que , fi l'on vouloit planter à Edimbourg & dans les principales villes des jardins potagers , de même que cela fe pratique en Angleterre , on pourrait dès la première année fe voir récompenfé de fon travail, & être en état de rapporter les frais d'une pépinière , dont ils affureroientl'avantage à leur pof- térité & dont , au bout de fept ans , les fruits les dédommageraient ample- ment de leurs peines. VIII. A l'égard des rochers qui ont la propriété de fertilifer les terres , je répétai plufieurs fois au Chevalier , qu'à une journée du cœur de l'Angle- terre , je pouvois lui faire voir trois jardins remarquables par les fleurs , les arbres toujours verds & les plantes nouvelles qu'ils fourniffent pendant tout l'hiver, quoique placés fur un rocher très-dur & couvert feulement d'une couche de terre qui n'a communément qu'un pied d'épaiffeur, & jamais plus de trois. Des montagnes fort élevées bordoient ces jardins du côté du Sud & ils penchoient vers le Nord, mais de ce dernier côté le rocher n'avoit près de la muraille rien qui pût le mettre à couvert. J'ai vu au Sud de ce jardin une houblonniere expofée au Nord réulîir très-bien , tandis que celle qui étoit au Sud de la montagne étoit maltraitée des vents. Sur le fommet le plus efearpé au Nord de ces rochers où l'on ne pouvoit mener la charrue ordinaire , je vis un Gentilhomme labourer la terre légère avec une charrue à la main pour y faire venir du lin qui y vint parfaitement bien. Cette charrue à la main avoit un timon de frêne ou de faille d'environ 7. pieds en longueur & d'un côté , près de l'extrémité , une bande pour retourner les mottes ; le coutre pouvoit s'allonger ou le racourcir fuivant que le ter- ACADÉMIQUE. 77 rein avoit plus ou moins de profondeur ; elle n'avoit qu'une feule roue très- ——»»«»■» petite Se de fer ; le maître & fon domeitique traînoicnt cette charrue tour 7 à tour. Que les philofophcs examinent les caufes de cette fertilité, je me Philosothiq! contente de garantir la vérité de ce que j'écris , & je fuis ftir que fi en Écoflé on femoit de bonne graine de lin de Flandres, comme cela fe pra- Années 1665. tique en Angleterre, les Écoffois feroient d'excellentes toiles & de la belle à. 168]. tique batiile comme en Hollande. IX. On peut aifément pouffer avec une pelle les mottes & les gazons des endroits les plus efearpés du rocher & en faire des amas dans des endroits où , par le moyen d'un bon terreau , on peut les rendre utiles pour les jar- dins &C les vignobles. De cette manière la dixième partie d'un acre en jardinage rapportera davantage que dix acres de bled cultivés à l'ordinaire. Je puis donner de bonnes preuves de ce calcul par rapport à des villages même fort éloignés des marchés. J'ignore les plantes qui réuffiffent le mieux en Écoffe ; mais le fafran & la régliffe d'Angleterre l'emportent fur ceux qui nous viennent des pays étrangers & plus au midi. Si l'Écoffe en eft dépourvue , que ne fait-elle des effais ? La vigne & le mûrier ont paffé de l'extrémité de l'Orient &C par les contrées les plus chaudes à l'Occident, & font une des principales richeffes de nos voifins. Le petit nombre d'effais faits dans notre ifle ont réuffi ; le mûrier & le ver à foie ont très-bien fait dans des provinces fort avancées au Nord , dans le Huntingdonshire , dans le Cheshire ; le Chevalier Jacques Craig a fait venir des mûriers dans les parties les plus humides de l'Irlande ; je fuis perfuadé que û le mûrier y réuffit , l'on pourroit y élever des vers à foie. Pourquoi donc ne pas multiplier nos effais en ce genre ? N°. 116. N°- 1*7. O BSERVATIO N S D'HISTOIRE NATURELLE FAITES EN Ecvjfe par le Chevalier GEORGE M A K. E N Z I E , envoyées dans une lettre communiquée à l'Editeur. (A) L'E n G R A 1 s le plus ordinaire des terres à orge eff une terre mélangée N°. 117. avec le fumier du bétail. Près de ma demeure il y a un terrein qui ne contient pas un acre, d'oii l'on a tiré depuis plufieurs années une terre -"UT< ^^1. propre à cet ufage, qui , en deux ans, fe trouve remplacée par une autre qui y vient, de forte que ce feul endroit fournit conrinuellemen: de l'en- grais aux terres voiiines. Il s'en trouve une autre de la même nature & de la même qualité dans une ferme qui m'appartient & qui n'eil qu'à 20. milles de l'autre. Ces deux terres tiennent de l'argille , font humides & d'une couleur brune. Après un examen fuivi pendant plufieurs années, j'ai re- marqué que cette terre croît d'un pied en deux ans. L'algue marine donne un accroiffement très-prompt à l'orge , mais les terres accoutumées à cette efpece d'engrais ne donnent que de mauvais orge & en petite quantité & la bourfe qui enveloppe l'orge & l'aveine qui croiffent dans les terres préparées de' cette manière , cft plus épaiffe que celle du grain qui croît 7§ COLLECTION _ en d'autres endroits ; l'on y remarque auffi beaucoup plus d'ivraie. -f~~ La fertilité de quelques cantons de nos ifles paraît prefque incroyable , Philosophiq. fi l'on fait fu-tout attention au climat & au terrein ; ces terres rendent feize ou dk-huit fois davantage, comme je le tiens de fermiers dignes de Années 1665. ^ quoique la plupart foient fablonneules & qu'on n'y mette pour tout ^ I(^3,- entrais que de l'algue. J'ai des terres dans la paroifle de Lothbroom, fur N° 117 lefquelles on ne met jamais ni fumier, ni rien qui y fupplée , &C cependant j'en tire tous les ans une récolte abondante d'orge. Cette terre ne perd rien de fa qualité , de quoiqu'on n'y ajoute rien, elle ne s'épuife point. Peut- être que l'eau en tombant des montagnes voifines entraîne avec elle une fubltance qui équivaut au fumier , quoique cela ait échappé à mes recher- ches ; ou peut-être cette fertilité ell-elle due à des exhalaifons prolifiques qui fortent de defîbus terre ; mais je ne prétends rien décider là-deffus. On voit auffi des champs qui ne paroilfent qu'un amas de petits cailloux tellement preffés les uns contre les autres qu'à peine peut-on entrevoir la terre ; ils rendent cependant de très-bon grain & fùr-tout de l'orge & beau- coup plus que les terres contiguës qui ne font pas pierreufes. Je laiffe aux peribnnes plus habiles que moi à déterminer fi cela provient d'une chaleur accidentelle contractée par la preffion de ces pierres , ou bien d'exhalaifons falines & fulphureufes qui en fortent, quoique je n'aie pu les en extraire , ou de la répereuffion des vapeurs qui fermentent, & que ces pierres forcent à rentrer & concentrent en quelque forte. A l'égard de nos plantes je n'ai rien d'extraordinaire à vous apprendre , on trouve des deferiptions de toutes celles que je connois, fi vous en exceptez une qui croît fur les rivages pierreux ; mais comme je n'en aï point à prélënt , j'en différerai la defeription de crainte qu'elle ne foit trop imparfaite. J'ai remarqué une plante familière à nos Montagnards & qui probablement ne vous eft pas inconnue ; on l'appelle Iris paluflris lutea : quand les Montagnards ont befoin d'encre , ils prennent la racine de cette plante & la laiflent infufer pendant vingt-quatre heures dans de l'eau de fontaine bien claire ; d'autres la font bouillir un peu ; l'eau ne fe colore pas pour cela. On prend enfuite un caillou blanc & raboteux & on le frotte continuellement dans l'eau fur im couteau ou fur un morceau d'acier propre; en moins d'une heure l'eau noircit beaucoup & devient une encre pafla- blement bonne. Nos gardes de bois afiurent, que lorfque les bêtes fauves fe fentent blefïées ,'elles vont fe coucher fur une certaine herbe qui croît abondamment dans nos forêts , qui a la vertu d'étancher le fang & de guérir la blefiure. J'en pris une certaine quantité , & avec de la cire & du beurre j'en fis un emplâtre qui guérit trop promptement ; ce qui m'a empêché d'en faire l'eifai fur une blefiure un peu profonde. Mais pour les coupures légères r elle les fait fur le champ difparoître. J'ignorais alors le nom de cette plante. J'ai (il depuis que c'étoit l'alphodele dont Johnfton a donné une deferip- tion , fous le nom de AfphoJelus Lincajlriœ virus. J'ajouterai qu'on voit communément fur le rivage de Levés & de nos autres ifies occidentales des fèves des Molucques ; on les trouve adhé- rentes à des tiges que le peuple prend pour cette plante marine qui s atta- ACADÉMIQUE. 79 che aux- huîtres & qui croît fur les rochers. J'en écrivis an Comte de Sea- l_ fort, qui demeurant alors dans Pille de Lcwcs, étoit à portée de les exa- Tra miner : il fut de mon fentiment, & il m'envoya un morceau d'arbre chou Pm_- qu'on avoit pareillement trouvé fur ce rivage. L'amande de cette efpece . , ,, de noix fe conferve fraîche & faine , & l'on fait des tabatières avec fa co- "T^tô '* quille. Maintenant, vu la fituation de ces ifles par rapport aux pays où d ' »' croiffent ces fèves des Molucques , que les obfervateurs des marées confidé- N°. 11; rent les réciprocations qu'il faut imaginer pour faire quadrer les courants confiants à 1'Eft & à l'Oucfl: avec le tranfport de ces fèves dans des en- droits fi éloignés des marées direttes. Si ces fèves ne croiffent qu'aux en- virons des ifles Molucques , & nulle part en deçà de l'équateur, il eft vrai- femblable qu'elles viennent plutôt par le paffage du Nord que par toute autre route ; & l'amande qui conferve toute fa fraîcheur, paroît une nou- velle preuve. De Tarbutt ce $■ Juillet iCy;. NSACTIONS LOSOPHIQ. II7. N°- HZ. EXTRAIT D'UNE LETTRE DE Mr. LISTER , contenant des obfervations faites aux Barbadcs par le Docteur THOMAS Thowns. (A) I. ] ' E vin dont nous faifons communément ufage , vient de Madère ; on . T(> J (ne peut le conferver comme lej autres vins dans des caves fraîches: les vins de France & du Rhin nous perdroient ici l'eftomac , fi nous en fai- Art. VIII, fions un aufli grand ufage qu'en Angleterre. On fe foucie très-peu de vin de Canarie, on le trouve défagréabïe & raffafiant. II. Je choifirois cette ifle pour y habiter préférablement à tout autre pays : l'air y eft fi tempéré, qu'on n'a pas befoin du feu pour écarter le froid; &C qu'on n'eft pas obligé de fermer les portes à midi, fuivant l'ufage d'Ei- pagne & de placer fon lit au fommet des maifons , comme cela fe pratique dans quelques endroits de la mer méditerranée , pour fe garantir de la chaleur ; car malgré le voifinage du foleil , la chaleur y eft douce à caufe des vents d'Eft qui fouflent continuellement & qui rafraîchiffent le temps. . III. On doutoit que l'Amérique eût des plantes communes avec celles de l'Europe, & fur-tout le Nord de l'Amérique. On fuppofoit probable- ment que le fommet des montagnes étant frais tk. approchant davantage de la température de ces cantons du Nord où le foleil donne plus à plomb , pouvoit en produire de telles. Pour éclaircir ce doute , je remarque que toutes nos campagnes font couvertes de pourpier , qui devient par-là incommode à celui qui veut faire une plantation ; j'en ai cueilli plu- sieurs falades , & il eft tout aufli bon que celui des jardins d'Angleterre. Le fonchus ou laitron , la lentille apellée Lens paluflris croiffent auiîi dans cette ifle ; j'ai trouvé pareillement du méliiot ou du moins une plante qui lui reflemblc tellement, que je ne lui remarque d'autre différence avec le méliiot d'Angleterre finon qu'il n'a pas les branches fi droites. So COLLECTION 1 in— IV. Toutes les fources font près de la mer ; ainfi ceux qui demeurent Transactions au milieu de l'iile n'en peuvent profiter. On faifoit autrefois des étangs Philosophiq. pour y recevoir l'eau delà pluie; mais maintenant on ne voit point de fu- . , crerie, où il n'y ait un puits qui donne de très-bonne eau. àCC% -V' La terr° y elt fertile> quoiqu'elle n'ait pas plus d'un pied ou deux '°3- d'épaifleur ; fous cette première couche , on trouve une pierre à chaux N°. 1 17. blanche & fpongieufe , dont on confirait les bâtiments. Lamaifon, la fucre- rie &C les bâtiments qui en dépendent , paroiffent comme une jolie ville ; la plupart font de pierres & couvertes de tuiles courbes ou d'ardoifes dont on charge les vaifTeaux deftinés pour ces ifles , afin de les lefter ; on ap- porte auifi de la même manière du charbon de terre pour les forges. VI. Le fang des Nègres eft prefque auffi noir que leur peau ; j'ai vu tirer du fang à plus de vingt Nègres malades & en fanté ; la fuperficie en eft auffi obfcure que le fond du fang d'un Européen , après qu'on l'a laine repofer quelque temps : ainfi la noirceur eft probablement inhérente au Nè- gre , & non caufée par l'ardeur du foleil ; cela eft d'autant plus vraifembla- ble , qu'on trouve dans le même climat des animaux, dont le fang eft auffi vermeil que celui de ceux qui vivent dans des pays plus froids comme l'Angleterre. Il eft vrai qu'en s 'avançant vers le Nord, on trouve des peu- ples qui ne font pas auffi blancs que les Européens, d'où il réfulte que Faction du froid, n'eft pas moins efficace quel action du foleil pour altérez- la couleur de la peau. N°. 12.7. N°. 127. EXTRAIT D'UNE LETTRE DE DUBLIN, contenant quelques obfervations de Phyfique & d'hifloire nature/le. Du io-. Mai i676. (Z) JE vous envoie la figure d'un grand Scarabée volant, dont les cornes font très-longues , & dont la couleur eft d'un brun luifant & foncé : fes lon- Art. 1. gUes cornes font branchues comme l'eft le bois d'un cerf , de-là lui vient le nom de cerf volant qu'on lui donne dans la Virginie & la nouvelle An- gleterre. Son vol eft léger , il s'élève affez haut dans l'air , il fe plait ordi- nairement fur les branches ou fur la tige des grands arbres : à peine s'y eft-il pofé , qu'il commence à faire entendre un cri aigu & perçant qu'il augmente de force par degrés , jufqu a ce qu'il fane retentir les lieux d'a- lentour , après quoi il baiffe de ton auffi par degrés , jufqu'à ce que fon cri foit réduit à un petit murmure qu'on entend à peine : enfuite il prend fon effor & va dans un autre lieu recommencer le même ramage & fin- ie même ton. J'en ai fouvent entendu dans la Virginie , & cependant je n'en ai jam. is vu qu'un feul. Le deffein que je vous envoie le repréfente de grandeur naturelle ; il faut remarquer que fes cornes font d'une fub- ftance dure & luiiante , & qu'il les porte parallèlement au plan de po- iîtion. J'ai eu regret de n'avoir pu obierver la ftruchire intérieure de cet infecte 6t la, manière dont il fe perpétue, voyez pi. I, fig. III. L'eau ACADÉMIQUE. Si L'eau de la Tamife n'a pas cxclufivement la propriété de fe rétablir » » ' ^^ après s'être corrompue; (a) j'ai reconnu par expérience la même pro- Transactions priété dans des eaux de la Nouvelle Angleterre. Nous avions fait provilîon Philosophiq. de cette eau près de la Nouvelle Londres , au bout de huit jours elle , avoit contracté une fétidité infuportable , mais qui fe dilîipa d'elle-même, AnnCi:s i6"5' & dont il ne reitoit plus le moindre vertige lorfquc nous fumes arrivés a l6î*3* fur les côtes de la Virginie. N°. 127,} J'ai vérifié ce que M. Joffelyn a dit (£) du petit animal appelle PaiTe- mufe (c) fes tclt'icules quoique long-temps gardés , & même dcfïéchés jufqu'à devenir durs & noirs, exhalent une odeur de mufe, que je préfère au mufe des boutiques. N°. 137. MÉMOIRE SUR LES BARNACLES; par k Chevalier ROBERT MoRAY. (A) LA plupart des Habitants des ides occidentales d"ÉcoiTeconftruifent leurs J^o, ï7~\ i ■ \n sécher les moutons ou le bétail d'entrer dans tes ACADÉMIQUE. 8? champs de fafran , parce qu'en foulant aux pieds vos plantes , ils les brilcnt &c les étamines deviennent petites. Les plantes de fafran feront tout-à-fait deffechées au mois de mai ; on Philo^op'0''* peut enliiite couper de temps en temps l'herbe que produit ce terrein Sien nourrir le bétail jufqu'aux environs de la St. Michel, que les racines de -Années i66j; votre fafran poufferont de nouveau en terre, à 1683. Nettoyez bien votre champ & préparez-le à une féconde récolte, com- w0 , il eft par- tout en dehors & en dedans d'un rouge brillant ôc foncé. Un acre de terre rend communément douze livres de bon fafran tous les ans , L'on portant l'autre : quelquefois cela va jufqu a vingt livres» JSI0- 139. EXTRAIT D'UNE LETTRE DE Mr. EDMOXD P IT1 ALDERMAN DE WoRCESTER, fur kSorbus-Pniformh. (.'A) PLufieurs favants botaniftes, & parmi les étrangers & parmi nos com- tfo i-iol patriotes, nous ont donné des defcriptions du iorbus-piriformis ; mais " aucun ne dit qu'il s'en trouve en Angleterre. J'en trouvai l'année dernière Art. \ , F^^..v.ulJ »>a..u «umuiLcs, oc parmi les étrangers ùi parmi nr.s com- patriotes, nous ont donné des defcriptions du forbus-piriformis ; mais :un ne dit qu'il s'en trouve en Angleterre. J'en trouvai l'année dernière dans une forêt du Comté de Worçefter ; il reffemble beaucoup au frêne L z Transactions Philosophiq. Années 1665. à 1683. N°. 139. 84 COLLECTION iàuvage , avec cette différence , que le frêne fauvage porte {es fleurs & fon fruit à l'extrémité de la branche , & le cormier le long de la branche. La partie du fruit expofée au ioleil , eit d'un rouge foncé ; le fruit eit fort délagréable au mois de feptembre ; mais en le cueillant alors & en le gar- dant juiqu'au mois d'oclobre , il devient paffablement bon. N°- 142- DESCRIPTIONS, CUITURE ET USAGE par Mr. NVlNTHORP. (A) DU MAIS, N°. 141; Art. X. LE bled dont on faifoit ufage dans la Nouvelle Angleterre avant que les Anglois s'y établiffent , s'appelle Weachin par les naturels ; on le con- noît fous le nom de Mais dans les parties méridionales de l'Amérique ; les Anglois & les Hollandois en font du pain & une efpece de bouillie, même dans les contrées feptentrionales de l'Amérique , quoiqu'ils aient du froment & toutes fortes de grains en abondance. l'épi a communément neuf pouces de longueur , fept à huit rangs de grains & même davantage , fuivant la bonté de la terre , & dans chaque ran<* plus de trente grains. Ce bled varie beaucoup quant à la couleur ; il y en a de rouge , de blanc , de jaune , de bleu , d'olive , de verdâtre , de noir , de tacheté , de rayé , &c. quelquefois cette diverfité de couleur fe trouve dans le même champ &C fur le même épi ; mais le blanc & le jaune font les plus ordinaires. L'épi eu revêtu de plufieurs grandes enveloppes très-épaiffes & très-for- tes qui le garantiffent de la pluie & du froid de la nuit ; car en quelques en- droits il n'eft parfaitement mûr qu'à la fin de feptembre. Elles le défendent auffi contre les corneilles & les étourneaux , qui attirés par ce grain avant qu'il devienne dur , fe jettent en grandes bandes dans les champs- & dé- vorent tout ce qu'ils peuvent atteindre. La tige a fept ou huit pieds de haut , plus ou moins fuivant la bonté de la terre & la qualité de la femence. Le Maïs de Virginie eu plus haut que celui de la Nouvelle Angleterre ; fes articulations reffemblent à celles du jonc ; la tige renferme un fuc de même que les cannes à fucre ; on en fait un firop très-doux & on ne remarque aucune différence entre les con- fitures faites avec ce firop & celles où l'on a employé du fucre. On de- vrait effayer s'il ne pourroit pas fe cryftallifer , de même que le fuc de la canne à fucre. On voit à chaque articulation de longues feuilles &C au Commet un bou- quet de fleurs affez femblables à celles du feigle. On le plante entre le milieu de mars & le commencement de juin ; mais plus communément depuis le 15. avril jufqu'au 15. mai. Quelques Indiens prennent le temps, qu'un certain poiffon qu'ils appellent Aloofes , entre dans les rivières , 6c d'autres que de certains arbres commencent à pouffer. ACADÉMIQUE. 85 On trouve dans la partie ieptentrionale une cfpece de ce bled, qu'on — — ■ — 1 appelle Mohauks ; quoiqu'on ne le plante qu'au mois de juin , il cil mûr Transactions dans la failon ; les tiges de cette efpece iont plus courtes &c les épis croit- Philosophiq. fent plus près du bas de la tige & lbnt communément de différentes cou- . ,, , ' ' ° Années i66>. leurs. , .„ » On le plante par rangées à cinq ou fix pieds de dillancc. Les trous ont ' *" trois ou quatre pouces de profondeur ; on y met quatre ou cinq grains , N°, 141. un peu éloignés cependant les uns des autres ; on les couvre enfuite avec de la terre ;il n'y en a que deux ou trois qui pouffent ordinairement ; les oifeaux & les rats détruifent les autres. Lorfque la tige a environ deux pouces de haut , on coupe les mauvaifes herbes Cvl'on rend la terre meuble autour du pied ; l'on répète cette fa- çon auffi fouvent que les mauvaifes herbes reparoiffent ; & quand la tige commence à s'élever, on tire un peu de terre autour ; ce qu'on répète detemps en temps, en forte que lorfque l'épi paroît , la terre efl amoncelée au pied, de même qu'au houblon: cela fait, on n'a plus de foin à y don- ner julqu a la moiffon. Après la moiffon il faut fur le champ dépouiller le bled de fes envelop- pes, à moins que l'on n'en faffe des tas de peu d'épaiffeur : fans ces pré- cautions , le grain s'échauffe , fe moifit , & quelquefois il germe : on en- trelaffe ordinairement enfemble ces épis , par le moyen de quelques-unes dçe enveloppes qu'on laiffe à cet effet ; on les fufpend en cet état fur des planches deflinées à cet ufage ; ce bled ainfi fufpendu, fe conferve fain pen- dant tout l'hiver , quand même il ferait expoié au dehors à toute l'intem- périe de cette faifon. Les naturels battent le bled communément aufli-tôt après la moiffon ; ils l'expofent enfuite au foleil fur des nattes afin de le faire fecher ; lorfqu'il ell bien fec , ils le renferment dans des foffes pratiquées fous terre , bien garnies de nattes & d'herbes feches , qu'ils couvrent de même , mettant de la terre par-deffus. Ces foffes leur tiennent lieu de greniers , & le bled s'y conferve bien , jufqu'à ce qu'on veuille en faire ufage. Les Anglois fe fervent de la charrue, leur méthode vaut beaucoup mieux. Ils tracent avec la charrue des filions à fix pieds , plus ou moins , de diilance l'un de l'autre. Ils en tracent d'autres enfuite qui gardent en- tre eux le même éloignement , mais qui font perpendiculaires aux pre- miers ; on feme le bled dans l'endroit où ces filions, fe joignent , &C on l'enterre avec la charrue, & lorfque les mauvaifes herbes commencent à pren- dre le deffus , on laboure le relie du champ entre les filions & on les dé- truit par ce moyen. Lorfque le terrein efl mauvais ou qu'il fe trouve éptiifé , les Indiens ont coutume de le fumer avec ces poiffons , qu'on appelle Aloofes , dont on a parlé un peu plus haut. Les Anglois font de même , & ils ajoutent à cela la tête & les entrailles de la morue , engrais qui ne leur coûte que la peine de l'aller chercher. Après la moiffon on peut femer quelques grains d'été , comme froment d'été ; ils y viennent auffi bien que fi on eûtlaiffé repofer quelque temps la terre. 86 COLLECTION *■———— Les Indiens & quelques Anglois plantent dans un terrein ainfi préparé Transactions en même temps que le bled , une efpece de fèves de turqule ; la tige du Philosophiq. bled les foutient & elles grimpent à î'entour. Dans les intervalles on met Années i66t ^es me'ons d'eau. Beaucoup de perfonnes fement auffi des navets, après \ 1681 qu'on a ôté pour la dernière fois les mauvaifes herbes. Les tiges de ce bled coupées avant qu'elles foient tout-;i-fait feches font N°. 1 42. de très-bon Tourage pour le bétail. Les enveloppes de l'épi font auffi très- bonnes, &l'on en donne au bétail après le foin, afin de diverfifier. Les Indiennes font auffi avec ces enveloppes des paniers de diverfes façons- Les Indiens accommodent ce bled de différentes manières pour leur fer- vir d'aliments: quelquefois ils le font bouillir, jufqu'à ce qu'il s'enfle & qu'il devienne tendre ; en cet état ils le mangent feul ou en guife de pain- avec leur poiffon & le gibier. D'autres fois ils l'écrafent dans des mor- tiers & le font enfuite bouillir. Ils le font rôtir communément fous la cendre chaude, avec tant d'adrefTe, que fans brûler il devient plus ten- dre ; ils le pilent après dans des mortiers de bois avec une longue pierre qui leur tient lieu de pilon : c'eft la nourriture ordinaire des Indiens , & ils mangent cette farine feche ou délayée dans de l'eau. Les Anglois s'en font préparer avec du lait & du fucre. Les Indiens préparent encore ce bled d'une autre manière. Lorfqu'il eft encore verd , ils le ramaffent , le font bouillir & le laiffent fecher , après quoi ils le ferrent ; quand ils veulent en faire ufage, ils le font bouil- lir de nouveau en entier ou pilé groffiérement , & le mangent enfuite feul ou avec leur poiffon. Quelquefois on fait rôtir devant le feu l'épi encore verd & on le man- ge dans cet état. Les Anglois font une efpece de pain avec ce grain ; pour qu'il foit bon, la pâte n'en doit être guère plus ferme que celle des pud- dings : on fait auffi de très -bon pain avec ce bled, en y mêlant la moi- tié ou le tiers de farine de feigle ou de farine blanche. La meilleure efpece de nourriture qu'on en tire eft celle que les An- glois appellent Samp. On le tient d'abord dans l'eau pendant une demi- heure , on le bat dans un mortier jufqu'à ce qu'il foit de la grofleur du ris : on le pafTe dans un tamis ; on le fait enfuite bouillir ; & avec du lait ou du beurre & du fucre on en fait un mets agréable & très-fain. Plu- rieurs médecins ordonnent cet aliment à leurs malades , & les Indiens qui font le plus d'ufage de ce bled , font rarement fujets à la pierre. Les Anglois tirent auffi de ce bled une très-bonne bière , en travaillant de même que la drêche le pain de Mais coupé en morceaux gros comme le poing ; on y met du houblon fi on veut. Il y a une autre manière d'en tirer de la bière ; mais celle qu'on fait avec ce pain eft plus faine , plus agréable , fe garde plus long-temps , & par conféquent eft plus en ufage que l'autre . 4- ACADÉMIQUE. «7 mimm mnnmt mnnnt mvmm\ knn<* COLLECTION PHILOSOPHIQUE 2? £ ROBERT H 0 0 K. N°- Ii s 1665. 683. No. 1. LETTRE DE Mr. JEAN BEAU M ONT; fur les vapeurs enflammées lies mines. ( Z ) ^.°^>"^.^ U Nord de Stony-Eafton on trouve dans l'efpace de cinq mil- ty A 'Y les , fix mines de charbon , dont l'une n'eft qu'à un mille de dif- Jfy, A ^> tance de cette ville. Je n'ai jamais oui-dire qu'il fe foit élevé de ^'"t^^Viï ces mines des vapeurs enflammées : voici les principales obferva- tions que j'y ai faites. i°. J'y ai vu une crevaffe ou fente femblable à celles dont j'ai parle dans ma dernière lettre , & dont les parois étoient comme herborifées. 20. Une autre fente au defïïis de celle dont je viens de parler, dans la- quelle on trouve des végétations de marcafïîtes, & que par cette raifon les charbonniers appellent fente raboteufe. (a) 30. Parmi ces mines j'en ai obfervé qui ont une plus forte teinture de foufre que les autres ; cette teinture étoit fi forte dans une mine, qu'on exploitoit il y a quelques années ; que tous les joints des lits horizontaux paroifToient comme dorés. Ce faux éclat a fait donner à cette mine le nom de mine du paon. (£) 40. Il y a environ quatre ans que l'on trouva dans l'une de ces mines deux' ou trois cents livres de bonne mine de plomb , qui s'étoit formée dans une veine de charbon de terre. J'ai un échantillon de cette mine : elle a été teinte en jaune par le fouffre , & en quelques endroits elle efr. couverte de charbon. Il eit très-rare de trouver ainfi de la mine de plomb dans des mines de charbon de terre, d'autant plus que l'on croit commu- nément que l'efprit fulphureux a trop de force pour la production de ce métal. A environ deux milles Sud-Eft de Stony-Eafton, près des montagnes de Mendippe , commence une veine de charbon de terre , laquelle fe di- vilè en plufieurs branches , & s'étend à la diltance de quatre milles vers l'Orient ; cette veine dont on tire beaucoup de charbon, exhale continuel- lement des vapeurs enflammées , qui ont été funeftes à un grand nombre Art. IL W Thorny-clift. Peacock-vein. Collection Philosophiq. Années 1665 à 1683. N°. 1. 88 COLLECTION" de perfonnes ; quelques-unes ont été élevées du fond de la mine jufqu'à fort ouverture ; & quelquefois l'effort de ces vapeurs a été fi violent , que l'ef- lieu du cabeftan placé fur cette ouverture en a été emporté. La partie moyenne & orientale de cette veine eft tellement fujette à ces exhalaifons, qu'à peine fe trouve-t-il une feule ouverture qui en foit exempte ; les char- bonniers ne fe rebutent point pour cela , mais ils tâchent de prévenir les accidents par les précautions fuivantes. Ils font en forte d'entretenir le plus qu'ils peuvent un courant d'air dans leurs fouterreins : ils ne fe fervent point de chandelles , mais de petites mèches de foixante ou foixante & dix à la livre , & qui donne plus de jour dans ces mines que des mèches de dix ou douze à la livre dans d'autres endroits ; enfin , ils placent toujours la lumière derrière eux en travaillant. Ceux qui ont reçu quelque brûlure de la part de ces fortes de flammes , commencent par expofer la plaie à un grand feu , enfuite ils baignent la partie malade dans du lait chaud de vache , après quoi ils appliquent un onguent pour la brûlure , dont le di- recteur des travaux a toujours bonne provifion , & quand les douleurs font parlées , on confolide & cicatrife la plaie avec un emplâtre approprié. Je vais maintenant répondre à quelques-unes de queftions que M. Boyle a faites à M. Jeffop. I. Les vapeurs de ces mines font toujours prêtes à s'enflammer & s'en- flamment en effet dans tous les temps lorfqu'on y porte une chandelle al- lumée. M. Jeffop prétend que celles de nos mines qui prennent feu le plus rarement , y font plus fujettes l'été que dans tout autre faifon , fur-tout îorl- que le temps eft calme , & que l'air eft tranquille & chargé de brouil- lards : cependant nos charbonniers affurent que celles de nos mines qui font les plus fujettes à s'enflammer , ne s'enflamment jamais plus fouvent ni avec plus de violence que pendant l'hiver, lorfque le temps eft nébu- leux & froid, & qu'il fait un grand vent. Cela ne s'accorde point avec la précaution qu'ils ont de faire paffer un courant d'air dans leurs fouterreins, afin, difent-ils , de prévenir l'incendie. Il ferait à propos de rechercher la caufe de cette contradiction entre leur témoignage & leur conduite. II. Le danger de l'embrafement eft égal dans les terreins fecs &dans les terreins humides. III. On ne voit point de fumée à l'embouchure des foupiraux , éclairés par la lumière d'une chandelle ou d'une torche. IV. J'ai oui-dire qu'une de ces vapeurs ayant pris feu d'elle-même , le feu avoit gagné la veine de charbon, & que l'incendie avoit duré fort long-temps. V. Ces vapeurs font en aura grande abondance vers le fol que vers les voûtes des mines : c'eft un efprit fulphureux également répandu dans tout l'intérieur de ces fouterreins. VI. Je n'ai pu remarquer, ni n'ai jamais oui-dire que les mineurs euf- fent remarqué à l'ouverture des foupiraux un courant de vapeurs fenfible & venant du fond de la mine. Dans celles où il y a de l'eau, il fe forme fréquemment à la furface de cette eau dormante des bulles produites par I'expanfion d'un fluide qui s'embrafe , dit-on , à l'approche d'une chan- delle j mais je ne puis croire que des exhalaifons fouterreines foient la caufe de académique: t ïm J'ai oblcrvé que les veines des mines d'aimant qu'on trouve au pays-bas de Devonshire , tant celles où l'aimant eft diiperfe çà ôc là par petits frag- ments, que celles où on le trouve en grandes maffes ôi uni à la mine de fer , font toutes dirigées de l'Eft à l'Oueft , &c non du Nord au Sud. Ce qui détruit l'opinion de ceux qui prétendent que l'aimant doit fa direction polaire à la direction qu'il avoit originairement dans fa mine. De Stony-Eajion le if. aeufl. Il y a trois autres exemples de mines de charbon qui fe font embrafées^ rapportés dans les Tranjaclions PhïlofophLjucs aux numéros 119. 130. &136. Il réfulte de ces diverfes relations , i°. Que ceux qui étoient dans l'endroit mime de la mine de 'Wiogerf- worth , où commença l'un de ces incendies , entendirent un bruit fembla- ble à celui qui eft produit par Pexplofion en plein air de la pondre à ca- non , &£ que ceux criii fe trouvoient dans les autres parties de cette mi- ne , entendirent un bruit beaucoup plus confidérable. La fumée qui ac- compagna cette explofion, étoit aufli épaiffe & de même odeur que celle de la poudre à canon. 20. Que l'aûion de ce feu fouterrein enleva le cabeftan qui étoit à l'en- trée du puits , & lança par fon ouverture du fond de la mine , quelques décombres , parmi lefquels il y avoit de petits fragments de charbon. 30. Qu'après le commencement de l'incendie on fentit une odeur de foufre qu'on n avoit point fentie auparavant, ou du moins qui étoit beau- coup plus foible. 40. Que l'exhalaifon inflammable plus légère que l'air , fe raffembloit au haut de la voûte , en forte que les ouvriers étoient obligés de porter leurs lumières le plus près de la terre qu'il étoit poftible. . uge & des curieux de de violet ; on dirait qu'au milieu de ces fleurs il repole un oifeau , qui la Nature. reffemble au loriot, & dont la couleur tire fur le citron. _ Années 1670: Les bulbes de cette plante , qui font au nombre de deux , & qui ont la ^ i6g6 ' * forme de deux tefticulcs, font en u&ge en médecine ; il faut les choifir dures & pleines de fuc , ce qui arrive torique les fleurs de la plante font tombées Dec. 1. An. xl ÔC que la fenunce cil parvenue à fa maturité : l'on remarque au fujet de ces deux bulbes , qu'alternativement l'une augmente de volume , tandis que UDlerV- 4M l'autre diminue , fe ride & fe flétrit. EXTRAIT DE L'OBSERVATION XL II. Sur le Napclqui perd fa qualité vénéneufe dans la Pologne, par le même Auteur. ( E ) ON lit dans Phiftoire des ferpents& des dragons par Aldovrande , que Obferv. 42" les animaux les plus venimeux dans un pays cèdent de l'être dans tin autre, ce qu'il prouve par l'exemple des plantes, mais fur -tout du Napel , qui étant ceuilli fur le fommet des Alpes , eft un poifon des plus actifs , &c qui tranfplanté dans des jardins , perd prefque toutes fes mau- vaifes qualités. Ce que dit Aldovrande fe trouve confirmé par l'hiftoire Suivante. Mr. de Ceflar, tréforier de la feue Reine Louife-Marie , avoit nn do- mefHque qui alloit quelquefois dans le jardin fitué au bas de la citadelle de Varfovie , cueillir différentes efpeces d'herbes & de légumes , parmi lefquels il méloit des feuilles de Napel , pour faire des potages , dontr fon maître & fes commenfaux mangèrent plus de dix fois fans en reffentir ïa moindre incommodité ; cependant le jardinier s'étant apperçu que les tiges du Napel qu'il avoit apportées du Mont-Carpathe, & que par curio- fité il avoit tranfplantées dans le jardin royal , étoient fans feuilles , découvrit celui qui les dépouilloit ; mais n'ayant pu lui faire entendre que c'étoit un poifon , il alla trouver Mr. de Ceflar , & lui raconta ce qui s'étoit pafle ; celui-ci fort épouvanté , en fit part à la Pleine , qui s'informa très-exacte- ment du fait , & trouva que les chofes s'étoient paffées comme on vient de le raconter : on en conclut que le Napel tranfplanté de fon pays natal dans les jardins , perd toute fa malignité , & qu'il eft beaucoup moins dan- gereux dans les pays feptentrionaux que dans les pays chauds ; il vaut mieux cependant s'abftenir d'en manger que de faire des expériences qui peuvent être dangereufes : on n'aurait pas fans doute mangé impunément, même en Pologne, de la racine de cette plante , qui eft un poifon beaucoup plus violent que les feuilles : les anciens en empoifonnoient leurs flèches. Lettre du D. Bcrnhardidc Bernits datée-de Varfovie, au D. Sacht à Brejlatu Nij roo COLLECTION Ephî;msR!Di;s' bbcurieuide EXTRAIT DE L'OBSERVATION LXXVIII. tA Nature. années 1670. gur les principales mines de Bohême , par le. D. JEAN-GEORGE ài686. Greiselius. (E) Dec. 1. An. 2. Î 'Empereur voulant être înftrmt de l'état des mines de Bohême , or- _, donna au D. Greifelius d'en faire la vifite : en exécution de fes or- dres, l'auteur en 1670. fe transporta d'abord à Kuttenberg , lieu très- agréable, dans une belle fituation, & 011 l'air eft fort tempéré ; le mi- nerai qu'on y trouve eft un mélange d'argent & de cuivre ; la mine prin- cipale d'où on le tire , s'appelle la mine du Commiffaire ; c'eft la plus ri- che &: celle qui paroit avoir produit les autres , car elle fe divife en neuf veines , qui ont donné lieu de creufer autant de fouterreins pour la fuiyre. La plupart de ces fouterreins , à qui on a donné différents noms , font fort humides : on y defeend par un puits , auquel aboutiffent les conduits que l'on a pratiques pour aller dans toutes ces mines : l'eau qui s'y amaffe eft fi chargée de parties métalliques & de fr.c pétrifiant , que non-feulement elle a converti en pierre les échelles qui étoient de bois , mais que l'eau courante à lacueile on a pratiqué des canaux , fe forme au dedans de ceux-ci d'autres canaux qui font comme une matière tartareufe , dont on aurait en- duit les premiers : cette matière fe ramaffe auftî intérieurement dans les tuyaux des pompes , de forte qu'il eft rare qu'ils puiffent fervir au-delà de trois ans , à carde de cette matière lapidifique qui s'y eft accumulée & qui empêche le jeu du pifton. La cadmie qui s'attache aux parois des fourneaux où l'on brûle la mine, n'eft pas toujours de la même couleur ; on en voit de la blanche , de la noi- re, de la jaune & de la bleue : cette cadmie eft une fleur d'arfenic, & par conféquent un poifon des plus actifs ; pour s'en convaincre , il fuffit de la fentir ou de la jetter fur des charbons ardents , elle produit alors une fumée îrès-épaifle, & d'une odeur déteftable. Dans le temps que par tout ailleurs la terre eft parée de verdure , qu'elle eft couverte d'herbes , d'arbres & d'arbriiTeaux , on remarque à Kuttenberg qu'on n'en voit point fur les collines , qui contiennent dans leur fein des métaux ; que ces collines font nues , fteriles , & que la fu- mée qui fort des fourneaux, fe précipitant à caufe de fa peianteur, empê- che de croître , deffeche & fait mourir les herbes qui font aux environs ; Si que le lait des vaches qui viennent paître dans le voifmage de ces four- neaux, eft tout au moins infipide, s'il n'a pas quelque mauvais goût. L'auteur paffa de Kuttenberg à la Vallée de St. Joachim , qui eft un lieu élevé , froid , où l'aveine ne meurit jamais , & où le bled ne meurit pas toujours ; l'on y voit au mois d'octobre des grofeilles & des cerifes , qui ne font pas encore bonnes à manger ; il paraît qu'il n'y a aucun endroit dans cette vallée où l'on n'ait fouillé , tant il y a de conduits fouterreins : on y trouve pluûeurs mines d'argent phis riches que celles de Kuttenberg j. ACADÉMIQUE. iôi les veines en font très-dures, elles ont rarement plus de quatre ou fîv tra- — — ^— * vers de doigt de largeur ; le minéral qu'elles fournirent eft prcfque le mê- Ephemepides me clins toute, les mines oui font ii humides, qu'on voit des canaux les des curieux De uns iiir les autres pour donner l'écoulement aux eaux ; cet écoulement «■* Nature. eft fi comi. érable, même clans les temps les plus (ces , que l'eau feule qui fort a„„'„<. ./:.,„< i ii 'i r,- /r- • n ii Années 1&70. cl un, ou tout au plus de deux aqueducs, iufnroit pour taire aller tous \ i(,S6 les moulins des environs. Dans la fente d'un rocher, qui eft dans l'une de ces mines, on trouve une terre blanche, infipide , qui quoique trafic, ne Dec. 1. An. 1. s'enflamme point , & que le feu ne peut mettre en fanon ; Agricola fait men- „. , „ tion de cette terre , elle eft regardée par les gens du pays comme un fpé- ciriqr.e clans la colique néphrétique, car on a éprouvé qu'elle provoquoit l'urine & fàifoiï (brtir le gravier. A un mille de la Vallée de St. Joachim, fur les confins de la Bohême & de la Milhie, font des montagnes de grenat : tout y cil plein de ces pier- res , on en voit une grande quantité lur la lurface de la terre , mais de nulle valeur, ayant été calcinées par la chaleur du foleil. Pour avoir des grenats de quelque prix , il faut fouiller la terre de ces montagnes , car il paroît qu'une certaine humidité eft nécefTaire pour les conferver : on dit que cent de ces pierres contiennent quelques onces d'argent fin. Dans une des mines de la Vallée de St. Joachim, qu'on appelle la mine de Ste. Sufanne , on voit un arbre pétrifié , dont on diftingue très - bien l'écorce , les branches Se les racines ; la figure de cet arbre , la direction de fes fibres , font préfumer que c'étoit autrefois un chêne. On trouve dans la même Vallée une mine de fer très-riche , que les parlants prennent pour de la pierre hématite , & qui peut être employée pour les mêmes ufages : c eft un fafran de mars naturel , qu'on n'a pas befoin de chercher à une grande profondeur ; tout eft rouge dans cette mine , la terre , les pierres , jufqu'à l'eau qui s'amaffe dans le fond, &c qu'on prendroit pour du vrai lang , tant elle eft rouge & chargée ; la terre de cette mine eft un excel- lent vulnéraire : l'obfervateur l'éprouva fur lui-même , car s'étant blefTé en tombant, il appliqua de cette terre fur fa blefïure, qui fut parfaitement ci- catrilée le quatrième jour ; il en éprouva encore les bons effets fur une femme de Vienne , qui s'étant coupée une veine du pied , perdit une grande quantité de fang, qu'aucun remède ni aucun bandage ne put arrêter : on appliqua for la veine un mélange de cette terre & de veffe-de-loup ré- duites en poudre & incorporées dans le blanc d'oeuf „ le fang s'arrêta , &c le lendemain cette femme fut en état de marcher. La colline d'où l'on retire cette matière, a'jonde en minéraux, car on y trouve communément de la mine de plomb , & plus rarement de ce plomb fous la forme de cendre , qui étant purifié & mêlé avec de l'étain , le rend auflî fonore & aulïi bril- lant que l'argent : on tire encore de cette même colline une grande quan- le cadrnje, dont on fait le bleu de (axe ; cette cadmie, qui eft un mêlar ;érents m:tau:; , empoifonne les mouches , on n'en voit point dans i îs &C les fourneaux de la Vallée de St. Joachim , parce qu'on a loin de placer de cette marcaffite à de certaines diftances. , La . nt on vient de parler, renferme de plus dans l'on fein une mine d'arfenic ; à l'odeur feule on la reconnoîtroit aiiément ; les vapeurs roi COLLECTION fétides 8c arfenicales qui s'en élèvent ,. cauferent à l'auteur une difficulté Ephemerides de refpirer ; il lui arriva dans cet endroit ce qui lui étoit déjà arrivé à des curieux de Kuttenberg ; car ayant voulu imprudemment s'approcher de trop près des. la Nature. fourneaux où l'on brûle la mine, il fut prefque fiiftbqué, & quoiqu'il fut Années 1670. re*^ tout au P^1S ^-x ou ^P* mmutes dans la mine , il fut plus d'une heure à 1686. a craindre pour fa vie. Les ouvriers qui travaillent dans cette mine, ne vivent pas long-temps ; il font pâles , décharnés, ayant les yeux enfoncés: Dec. 1. An. 2. en un mot, ce font de vrais fquelettes vivants, qui meurent enfin après Obferv 78 avo'r cté quelque temps à trembler de tous leurs membres. Il en eft * ' de même de ceux qui tirent les fleurs de cette mine dont on fait l'arfenic blanc ou cryftallin , & l'arfenic jaune ou l'oqjin ( le foufre entre dans la compoiition de ce dernier, & n'entre pas dans .la compofition du premier:) on peut approcher fans danger des fourneaux , mais on rifqueroit d'être fuffoqué en s'approchant trop près des cheminées. Quoique ces fourneaux ibient au milieu des bois , & qu'il y ait beaucoup de cerfs , on n'en voit point dans leur voifmage , car fitôt qu'ils fentent la fumée , ils fe retirent promptement. A deux milles de la Vallée de St. Joachim efl un village fort élevé , con- tinuellement enfeveli dans les nuées & les brouillards : ce village efl fi pauvre & fon territoire fi ftérile , qu'un oifeau n'y trouverait pas de quoi ïubfifrer : on n'y voit ni herbe , ni broufïaille , ni arbre , ni arbrifîeau ; les ha- bitants ne connoiflent que trois faifons dans l'année ; ils n'ont jamais fente les chaleurs de l'été ; l'air y eft toujours froid & fi humide , que le gramen n'y eft d'aucun ufage , le bétail n'en mange point , & quand il en mange- rait, on ne pourrait le faire fecher ; on le laifîè pourrir fur pied tous les- ans, de forte que par fucceffion de temps la furface de la terre dans ce canton, eft recouverte d'un fumier gras, noir , de plus d'une brafTe & de- mie de profondeur ; quand on fouille la terre & qu'on fe trouve fous ces tas de fumier , comme cela arrive quelquefois , on fent une odeur fé- tide , qni fait foulever le cœur : au defious de cette mafle de gramen eft une terre argilleufe , boueufe , qu'on lave pour en retirer une mine d'étain qui eft noire & pefante : ordinairement de vingt livres de terre en retire trois & même quatre onces de bon étain : les habitants du lieu font con- tinuellement occupés à remuer cette terre , & quoiqu'elle ait été déjà fouil- lée plufieurs fois , on y trouve toujours de l'étain. A quelque diflance du village font des marais couverts de gramen , & par cette raifon très-dan- gereux, car on les prendrait pour la terre ferme ; les étrangers pourraient s'y tromper , comme cela eft arrivé à quelques-uns qui ont été engloutis. avec leurs chevaux , tant ces marais ont de profondeur. L'auteur partit de la Vallée de St. Joachim pour fe rendre à Schlac- kenwakl , renommé pour une veine d'étain très-riche , & qui s'enfonce fi profondément dans la terre, qu'on n'a jamais pu en trouver la fin ; plus on creufe , plus la mine eft riche , & ce qu'il y a de furprenant , c'eft qu'à mefiire qu'on fouille dans le bas, le minéral fe reproduit dans le » deffiis : 01 ne fauroit croire combien il y a d'édifices fouterreins à Schlac- kenw*>kl , combien il y a de cavernes , & combien elles font fpatieufes. L'auteur n'eut pas le temps de les parcourir toutes, parce qu'il faut pour ACADÉMIQUE. ?0?' cela trois jours entiers ; plûfieurs de ces cavernes ont au-delà de foixante ■ — — ■ w pas de longueur & cinquante de largeur ; elles font toutes taillées en for- Efhemerides nie de voûte, fans qu'il y ait aucun pilier qui les foutienne : c'ell pour des curieux de quoi il cil défendu très-expreflëment d'y faire jouer le pétard, parce qu'il la Nature. pourroit ébranler les voûtes, & que la terre en s'éboulant, enfeveliroit Années 1670" les ouvriers ; mais comme les mines font fort aérées' &c qu'il y a un grand ^ go-- " nombre de foupiraux , on peut allumer du feu fous la mine pour la dé- tacher. Dec. 1. An. 1; A une dcmi-lieuc de Schlackenwald cft un village nommé Schonfeld , p.. r _«, qu'on pourroit regarder comme faifant partie de Schlackenwald , à caufe C1V* ' * de la contiguïté des moulins où l'on broie la mine , & des fourneaux où on la brûle , lefquels bordent le chemin depuis l'un de ces endroits, juf- qu'à l'autre ; les fouterreins d'où l'on tire la mine, s'étendent auffi juf- ques fous le territoire de Schonfeld ; mais ce qu'il y a de fingulier , c'eft que ce dernier village , quoique fitué dans une plaine , eft plus fujet que l'autre aux frimats & aux intempéries des faifons , que l'air y cft plus nébu- leux , plus froid , & que l'hiver efr. d'un bon mois plus long qu'à Schlac- kenwald ; ici le ciel fera fercin & le temps fera fort doux , tandis qu'il tom- bera de la neige ou de la pluie à Schonfeld ; ici on fera tranfi de froid , la chaleur fera infuportable à une demi-lieue ; à Schlackenwald , les hom- font fains & bienfaits , à Schonfeld ils font fujets , mais particulièrement les femmes , aux goitres & aux écrouelles. L'auteur attribue ces différences au mercure qu'il fuppofe dans le territoire de Schonfeld ; il ne fait pas difficulté d'affurer que fi l'on pouffoit plus loin les fouterreins du côté de ce dernier village , on trouveroit infailliblement quelque mine de mercure. Lettre datée de Vienne , au D. Sachs à Brejlau. OBSERVATION LVII. Sur des Corbeaux blancs, par le D. Jean-Louis "WlTZELlUS. (E) Dec. 1. An. ji MR. de Carbcn Burgravc du Château de Fridberg, ayant appris que dans un petit bois près d'Ocarben, tin payfan avoit déniché des corbeaux, Obferv. 57. parmi lefquels il s'en étoit trouvé, un blanc, que le payfan avoit grand foin de cacher , il le força comme fon vaffal, de lui apporter ce corbeau, qu'il fit nourrir dans un endroit affez fpacieux, où je l'ai vu & entendu croaffer ; il n'eft pas feulement remarquable par la blancheur de fon bec & de les plumes , mais encore par fa groffeur. L'année dernière Mr. de Carben curieux de lavoir s'il y auroit encore des corbeaux blancs dans le même nid, le fit chercher, mais il ne s'en trouva que des noirs. Au mois de mai de cette année , je vis dans le même bois un corbeau noir & deux blancs ; l'un de ces derniers s'étant échappé lorfqu'on vouloit le prendre, & étant tombé du haut de fon nid , mourut quelques jours après ; je l'ap- portai à Ausbourg pour en faire arranger les plumes comme dans l'état na- i04 COLLE CT ION turel ; quant aux deux autres , dont l'un étoit blanc & l'autre noir, ils fti- Ephemerides rent enfermés dans la même demeure où ils vivent enfembîe & très-paifiblè- des curieux de ment. laNature. Lettre datée d'Ausbourg, au D\ Reifelius à Hanau. Années 1670. ài6S6. n . EXTRAIT DE L'OBSERVATION CIV. Dec. 1. An. 3. Sur le Kermisde Pologne , par le D. MARTIN BernhARDI CE BernitS. (E) Ubiery. 104. ■ £ polygonum qui a déjà fourni au D. Segerus la matière d'une obfer- JL-jvation , produit en Pologne des grains adhérents à fa racine, & ne pro- duit rien ailleurs : ces grains qui font pleins d"un fuc purpurin & de ver- miffeaux de la même couleur , ne paroiflent que vers la fin de juin ; peu de temps après on n'en voit plus , ils fe font transformés en vers , & il ne relie qu'une enveloppe blanche d'une odeur très-agréable : le polygonum ne rapporte pas tous les ans ; la récolte manque fur-tout lorfque le temps eft froid , humide ou pluvieux ; cette plante croît en grande abondance dans l'Ukraine , principalement dans les lieux les plus deferts. Mr. de Ko- nitzpolsky grand maréchal de la couronne, & d'autres feigneurs qui avoient beaucoup de terres dans cette Province , en retiroient des revenus confidérables ; ils atermoient ces terres aux Juifs , ou faifoient ramaffer le kermès par leurs ferfs & leurs vaflaux. Les Arméniens & les Turcs qui l'achè- tent des Juifs , en teignent la laine , la foie , le cuir , le maroquin , la crinière & la queue de leurs chevaux ; les femmes turques en tirent la teinture avec le jus de citron &c de grenade , ou le mêlent feulement avec du vin : elles s'en fervent journellement pour le rougir l'extrémité des doigts des mains &; des- pieds, ce qui paffe parmi elles pour être d'une grande beauté. Les Hollandois achetoient autrefois ces coques , &c pour teindre les draps en écarlate leurs teinturiers les empîoyoient avec parties égales de coche- nille, ce qui donnoit une couleur très-brillante , caria cochenille des In- des elî trop grafle , celle de Pologne a quelque chofe de plus fin. On pré- paroit auffi à Varfovie la confection d'alkermes avec le fuc exprimé des co- ques du polygonum , & Pobl'ervateur prétend qu'elle n'avoit pas moins de vertu que celle que l'on prépare en France avec le fuc du kermès re- cueillit fur le chêne vert , que l'on a_ peine a fe procurer en Pologne ; enfin , il attribue aux . coques du polygonum toutes les propriétés qu'on attribue au kermès & à la cochenille , aufquels on peut les fubilituer : les peintres s'en fervent très-fouvent, ils en tirent la teinture avec le jus de citron ou avec une lefîive d'alun , à laquelle ils ajoutent un peu de gom- me arabique : la laque qui eft compofee avec le kermès & la craie pré- parée, ne cède en rien, félon notre auteur, à la laque qui nous vient d'I- talie : voici de quelle manière on recueille ces coques dans PUkraine. Les payfans & autres perfonnes deftinées à cette eipece d'ouvrage , font fort foigneux d'examiner vers le foliîice d'été, fi ces grains font par- venus à leur maturité , & s'ils fout pleins d'un lue rouge ; alors avec une ef- Çcce ACADÉMIQUE. 105 ^ccc de truelle ils foulevent la racine de ta plante , cueillent les baies 6c ——— — ■ icmettent la plante dans le même trou dont ils l'ont tirée ; ce qu'ils font p__~— „,,,-. , ' • 1 vi 1 1 , -r » 1 1 • ■• LPHEMERIDES avec tant de promptitude, qu il y a beaucoup de plailir à les voir travail- DES curieux de 1er ; ils féparent cnfiiitc toutes les impuretés qui pourraient s'être me'.ees la Nature. avec les baies , par le moyen d'un crible deftiné à cet ufage : quand ils . , , voient que les vermiffeaux font prêts de fortir de ces grains, ils les ar?o- y ^sV fei t avec du vinaigre ou avec de l'eau très-froide , jufqu'à ce qu'ils foient morts; après cela ils les font lécher dans une étuve ou au loleil, mais Dec 1. An. j.' lentement , car fi on les déffechoit trop ou trop vite , ils perdraient ce beau pourpre qui fait tout leur prix : quelquefois les ouvriers tirent des Obferv. 17. coques les vermiffeaux qu'ils entaflent & dont ils font une mafle ; cette préparation exige encore beaucoup de précaution , car fi on preffoit trop ces vers , on exprimerait le ftic qui cil la partie la plus précieufe. Les teinturiers font plus de cas de cette maffe de vers entaffés que des coques en entier, aiiffi le vend-elle beaucoup plus cher ; la truelle dont on fe tert pour foulever les racines du polygonum , ne reflèmble pas à celle de nos maçons , elle eft concave & ié termine par un angle dont le fommet eft tronqué. Extrait des Lettres du D. Bernhardi , au D. Sachs à Brejlau. OBSERVATION ÇCXXIII. Sur le Napel, par le D. JEAN PaTERSON-Hain. (E) OH a déjà fait mention de cette plante dans une obfervation inférée n, r dans les Ephémérides de la féconde année , où l'on voit que plufieurs OWcrv' **> perfonnes mangèrent du napel fans en être incommodées ; il eft certain que les herbes du Mont-Carpathe qu'on cultive dans nos jardins , perdent beaucoup de leur force , cependant , je me fouviens qu'étant en Pologne. dans le beau jardin de Mr. Blonski où l'on avoit tranfplanté du napel du Mont-Carpathe , j'en donnai à un Polonois qui étoit à mon fervice pour le porter à ma maifon : la main gauche dont ce domeftique tenoit le napel commença à trembler , le tremblement devint eniiiite plus confidérable , enfin il tomba en fyncope en forte qu'il fallut recourir à la thériaque pour difliper ces accidents , ce qui fait voir que le napel ne quitte pas li faci- lement fa nature. Il eft vrai que ce domeftique étoit malade de la pli- , en éprouveront les funeftes effets. Il y avoit à Kermark un habitant qui al- loit touvent fur le Mont-Carpathe , &: qui guériflbit la fièvre tierce & la fièvre quarte avec un gros de racine de napel réduite en poudre; mais les malades qui avoient pris ce remède , menoient enluite une vie lancuif- knte, ce qui me fait croire que le napel du Mont-Carpathe cft moins: Tom. Il '. des Açad. Etrang, Q F.PHrr.'iERIDES 106 COLLECTION dangereux' que celui de la forêt noire ; ce dernier au poids d'un fcmpule Eb eft un poifon mortel , tandis que j'ai donné à un chien jufqu'à deux gros; des curieux de du napel qui croît en Pologne, le chien en fut malade à mourir, mais la la Nature. thériaque que je lui fit prendre difîipa tous les accidents. Tin/' t An "y Extrait des Lettres du D. Paterfon adrejjées à Brejlau. Années 1670. a 1686. TRAITÉ SUR UN BOIS FOSSILE. nouvellement découvert , par François SteILUTI. (E) Obferv. 2i'*. /^"^Ebois foffile, que j'appellerai un métallophyte naturel , parce qu'il \_> appartient autant au règne végétal qu'au règne minéral, eft certainement très-rare, car il n'en vient point ailleurs que dans notre pays, & aucun auteur ne parle d'une femblable production , à la réferve de Theophrafte,' qui au rapport de Pline , fait mention d'un bois d'ébene foffile mi-parti de blanc & de noir : le bois qui donne lieu à ce traité , eft parfemé de vei- nes , qui forment une infinité de différentes figures : il reffemble beau- coup au cèdre qui croît clans la Mauritanie fur le Mont- Atlas , dont on faifoit anciennement des lits & des tables d'un fi haut prix. On trouve ce bois dans le duché de Spolette , en plufieurs endroits du territoire de Tudern ; mais on n'en voit nulle part en auffi grande quan- tité , & qui foit fi varié qu'auprès de deux petits forts , dont l'un s'appelle Colle Secco , & l'autre Rofaro , à peu de diftance du chemin qui conduit à Rome. (C'eft la voie Appienne. ) Autant que j'ai pu le remarquer , ce bois n'eft produit par aucune fe- mence , par aucune racine, mais par une terre crétacée qui fe change in- fenfïblement en bois , à quoi contribuent beaucoup les feux fouterreins qui font dans cet endroit : car on remarque qu'il en fort continuellement une fumée affez épaiffe , & quelquefois même des flammes , fur-tout dans les temps pluvieux. Les eaux minérales lulphureufes ont aufîi quelque part à cette tranfmutation : quand la chaleur eft trop grande , la furface du bois eft noire & brûlée , le cœur même fe change en charbon , félon les de- grés de chaleur , & fi la matière n'eft pas totalement convertie en bois , le feu la durcit & la rend femblable à la brique ou aux vafes de terre que l'on fait fecher ck durcir dans les fourneaux. Il paroît donc que cette matière n'eft autre que de la terre , j'en ai vu quelquefois des mor- ceaux , qui d'un côté étoient de la craie dure , & de l'autre côté du bois ou du charbon. Ce qui prouve que ce bois ne vient d'aucune femence, d'aucune racine , c'eft qu'on n'en trouve jamais aucun morceau qui ait des racines , des branches , des fibres : ce ne font que de fimples troncs de dif- férentes figures , couchés fur la terre , qui n'ont jamais une pofition verti- cale comme toutes les autres plantes ; d'ailleurs , leurs veines ne s'éten- dent pas dans toute la longueur du tronc d'une manière uniforme , car dans l'efpace d'un pouce on remarque des ondes de formes différentes : les autres arbres reçoivent de leurs racines la plus grande partie de leur; ACADÉMIQUE. I07 h'ÔUftïtiire , on remarque des veines près de leurs noeuds & de leurs raci- nes , ces veines s'étendent félon la longueur ou la largeur de l'arbre, les fibres ligneufes & les vaifleaux féreux fuirent la même' direction, au lieu des curieu que ce bois minéral reçoit fa nourriture de la terre de tous côtés ik par ^ Nature. toutes les parties , & c'eft pour cette railbn que la forme de fes veines ert * * fi variée. Années 1670' 11 n'eft pas vraifemBlable que cette matière ligneulè ne foit qu'un amas a l6 ' de troncs d'arbres abbatus &c enfevelis dans la terre, fur lefquelsles feux Dec. 1. An. •>. fouterreins , les eaux minérales qui fourdent en cet endroit aient impri- 0, , mé ces ondes comme je me l'étois perfuadé dans le commencement , avant °J*crv- ' trouvé dans le même endroit des ormes enfevelis dans la terre : la grofleur prodigieufe de ce bois foflîle & fa configuration qui diffère de celle des autres arbres, m'ont fait changer d'opinion, car fa forme cft ovale , parce qu'étant prefle par la terre dont il étoit recouvert , il n'a pu prendre de l'accroiilcment du coté oit il trouvoit le plus de réiiflance : on peut afïïi- rer avec certitude que la première matière de ce bois , n'eft autre qu'une terre crétacée : ce qui vient appuyer ce fentiment , c'eft qu'il eft fort pe- fant , qu'il ne fumage pas , & que la moindre de fes parties fe précipite au fond de l'eau. On a dit plus haut que ce bois étoit onde , ce qu'il ne faut pas entendre de fes côtés où tout cft uniforme & de la même couleur , excepté dans quelques endroits où l'on voit quelques points blancs , ce font des crains de terre qui ne font pas encore devenus ligneux. _ Lorfqu'on le met en œuvre & qu'on en fait des planches après l'avoir récemment tiré de la terre , il fe courbe toujours du côté 011 il ne paraît aucune veine , c'eft ce que j'ai obfervé dans plufieurs croix faites de ce bois ; fi on le met au feu encore verd, il brûle lentement, en jettant une fumée d'une odeur défagréable ; mais quand il eft plus fec , l'odeur cft très-fupportable & le feu fi ardent , qu'on ne fauroit s'en approcher d'auffi pies que du feu des autres bois ; cependant il réfute plus long-temps qu'au- cune autre matière combuftible : fi ce métallophyte commence à fe conver- tir en pierre , il refte dans le feu deux & trois jours fans fe confumer. J'ai dit qu'il le convertiffoit en pierre, & en effet, on a trouvé plu- fieurs morceaux pétrifiés & très-différents entre eux quant à la forme & à la confiftance ; les uns tenoient le milieu entre la dureté du bois &: celle de la pierre, de forte qu'on étoit incertain de quel côté on les ramerait & qu'on pouvoit les appeller bois pierreux : les autres avoient la'fermè du bois & la fiMance de la pierre : dans ceux-ci le cœur étoit ligneux & l'aubier pierreux ; dans ceux-là l'aubier étoit ligneux tk le cceur pierreux. On uppercut encore dans le même lieu quelques morceaux de bois tout brillants d'une matière métallique fragile, qui s'étendoit dans toute la lon- gueur du bois, & femblable à un fil de fer rond & poli comme lorfqu'il a pafie par la filière. n Les bords d'une ravine creufée parles eaux ont laine à découvert une' couche de ce métallophyte qui a tout au moins quinze perches de lon- gueur ; dans quel< lies e [droits cette couche eft un mélange de craie & de" bois; un peu plus loin elle cft totalement ligneufe ; l'écorce qui l'enyi- O 2. joS COLLECTION ronne , participe ordinairement de l'une & de l'autre nature : quoiqu'on Epiiemerides n'ait Pas fait beaucoup d'expériences fur la génération de ce bois fbiîile , des curieux de il fuffit d'en rapporter une leule pour ne laiffcr aucun doute fur la matière xa Nature. qUj Je produit : on tranfporta un jour dans le palais du Prince d'Aigue- Anaées 1670' Pcr'e la terre encore humide qui environnoit un morceau de ce métallo- A 16S6. Pnyte» & ^on ^llt ^ort uirpris quelques mois après de la retrouver entière- ment convertie en bois. Dec. 1. A11. 3, OBSERVATION LIX. Sur une Aigle blanche , par le D. ANDRÉ CnOEFFELIUS. (E) Dec. 1. An. 4. T?Tant dernièrement à Varfovie je vis chez Mr. Bernhardi de Bernits ■ J I , premier médecin du Roi , une aigle blanche qui avoit été prife en Po- Oblcrv. 59* logne , & dont les ailes étendues avoient plus de trois aunes de longueur; elle n'avoit de noir que l'extrémité des plus grandes plumes de l'aile, tou- tes les autres plumes étoient blanches & fans aucune tache : cette aigle avoit appartenu au Roi Jean Cafimir qui en fit préfent à M*. Bernhardi Aldovr.ande. EXTRAIT D'UN TRAITÉ SUR LA PIERRE DE BOULOGNE & fur quelques autres productions du territoire de cette Ville , par Mr. CHRE- TIEN MENTZELIUS , premier médecin de l'Electeur de Brandebourg. (E) Dec. 1. An. 4. TL n'elt pas néceffaire de dire de quel endroit on tire la pierre de Bou- & 5. JL logne, ion nom le déligne allez. Avant que d'entrer dans aucune explica- tion fur fa nature , il n'eft pas hors de propos de faire quelque mention des différentes matières que l'on trouve dans le même heu que la pierre de Boulogne , on n'en aura que plus d'éclairciffements liir fa nature. Ce fut en 1604. au rapport de Fortunius-Licetus , qu'un habitant de Boulogne nommé Vincent Cafciorol trouva cette pierre à qui il donna le nom de pierre folaire , parce qu'elle contenoit une grande quantité de foufre ; & comme il la crut propre au grand œuvre auquel il travailloit , il fit fur cette pierre plufieurs expériences qui aboutirent, non à lui procurer de l'or qu'il cherchoit , mais à lui faire trouver un phofphore qu'il ne cherchoit pas. C'eft du Mont appelle Monte-Baderno , qu'on tire les pierres de Bou- logne ; après les grandes pluies qui fe précipitent de cette montagne comme des torrents, ces pierres lavées par les eaux fe font remarquer par leur brillant dans les crevaffes & les fentes des rochers ; je n'affurerai pas qu'il n'en vienne point d'ailleurs, car Mr. de Thou dans fon hiftoire parle d'une pierre lumineufe qu'un habitant de Boulogne en Picardie apporta des In- des ; le Pcre Kircher dit auffi que dans une carrière près de Touloufe , l'on trouve des pierres lumineufes. ACADÉMIQUE- ,'I09 Au pied de l'Appcnnin qui clivil'e l'Italie dans fa longueur, cft Située la — — ■ ri ville de Boulogne ; on ne Saurait fortir de la porte de San-Mammolo qu'on Ephemerides ne monte fur l'Appcnnin : du coté de cette porte s'elevcnt de hautes DES curieux di montagnes de pierre plâtreufe que l'on fait calciner pour les convertir en la Nature. chaux ; ces pierres reffemblcnt beaucoup au talc & a la pierre fpéculaire, ^nr)(;e5 ,g70- car elles font tranfparentes , le lèvent par écailles, & Se coupent très-aile- ^ , ' ' ment ; elles différent néanmoins de la pierre fpéculaire & du talc , en ce qu'on a plus de peine à calciner ces dernières que la pierre calcaire : le Dcc. t . An. 4.' talc, fur-tout celui de Mofcou, & cette pierre fpéculaire que l'on met & 5. dans les lanternes au lieu de verre , ne le calcinent pas aifément, au lieu que la pierre plâtreufe perd fa tranfparence & fa conliftance à la flamme même d'une lampe, & fe convertit en chaux. Licetus affure que fur le Mont-Baderno , l'on trouve du talc , des pierres fpéculaires , des diamants femblablcs à ceux de Bohême , des agates , du jafpe , des marcafîites de toute efpece, du fel ammoniac, du vitriol, de l'antimoine, des pierres de Ju- dée ; pour moi je n'y ai vu ni talc ni pierre fpéculaire , ni agate , ni jaf- pe, ni pierre de judee, ni antimoine, cependant je ne contefterai point les découvertes des autres : l'odeur défagréable des pierres de Boulogne calcinées me fait croire qu'elles font voifmes de quelque mine d'antimoine qui n'a pas encore été découverte , car cette odeur eu la même que celle qui s'exhale d'un mélange d'antimoine & d'arfenic. On trouve fur le Mont-Baderno plufieurs chofes qui méritent l'atten- tion des naturalises ; j'y vis une pierre d'une groffeur considérable dont la Subltance intérieure d'un gris cendré & formée de limon mêlé d'un fa- ble très-fin , étoit recouverte par une matière tranfparente comme de la corne , tirant fur le jaune , & Semblable à la mine d'argent que nos Mé- tallurgistes Allemands appellent pierre cornée : je vis encore fur la même montagne de ces cailloux tranfparents , qui font nos diamants d'Europe , des marcaiïites de couleur d'or , pelant au plus trois onces , dont on re- tire beaucoup de foufre , du vitriol bleu & du cuivre ; car après que tou- tes les parties fulphureufes ont été confumées , il relie une terre rouge que l'on peut convertir en cuivre par l'action du feu. A un mille du Mont-Baderno , eft une montagne très-efearpée & de- venue telle par la violence des torrents lefquels groflis par les pluies fréquentes qui tombent fur les montagnes voisines, ont entraîné toutes les terres. Sur le fommet de cette montagne on découvre des couches de co- ge de mer de toute efpece , Séparées entre elles par un lit de fa- ble d'une aune au moins d'épaiilèur & fans aucun mélange de limon ; ces coquillages tous Séparés & différents entre eux , fe font par fucceffion de temps convertis en chaux , comme s'ils avoient été calcinés par le feu. La pierre de Boulogne , félon Licetus , n'a point de forme particulière ; cependant celles que j'ai trouvées étoient communément d'une figure ellip- tique, & de la groffeur du poing ou d'un œuf de poule ; cette groffeur varie néanmoins , car j'ai vu dans un champ du territoire de Boulogne , une pierre très-groffe & très-pefante dont je détachai un morceau qui après avoir été calciné, devint très lumineux ; fa Structure intérieure étoit différente de celle des autres pierres, on y remarquoit des lignes droi- fiô* COLLECTION tes parallèles entre elles , &c qui n'éfoient dirigées vers aucun centre : Ephemerides eHe reflembloit en cela aux pains de fel ammoniac , qui font difpofés clans des curieux de leur épaifléur en cryftaux droits comme des colonnes : peut-être que Li- ia Nature. cetus , & quelques autres auteurs , qui ont avancé qu'on trouvoit du fel Années 1670. ammoniac dans le territoire de Boulogne, ont pris cette pierre pour du a 1686. fel ammoniac , car je n'en ai jamais vu que du faflice : je fais que M. Boc- Dec 1 An a conl botanifte du grand duc de Tofcanc , parle d'un fel ammoniac qu'il '»/ "4* dit avoir vu fur des feories après une éruption du Mont-Etna ; ce fel avoit toutes les marques qui carattérifent le fel ammoniac , cependant je doute qu'étant d'une nature volatile , il ait pu réfifter à un feu aura" violent & paroître fixe fur des feories , tandis que félon le même auteur , la terre & les autres matières que vomiffoit le volcan, devenoient comme du plomb liquide. Quoique je fois monté fur le fommet du Mont-Vefuve , je n'ai jamais trouvé de fel ammoniac ; ( bien foutenu : félon l'autre méthode , il faut réduire ces pierres en poudre , en faire avec l'eau feule ou le blanc d'eeuf de petits gâteaux que l'on fait fecher , que l'on ftratifie enfuit'? dans un fourneau à vent avec des charbons , & qu'on fait calciner pendant quatre ou cinq heures : on retire les gâteaux lorfque le fourneau eft refroidi ; mais s'ils n'ont pas été fuffifamment calcinés la première fois , ce qu'on reconnoît lorfqu il ne font pas affez lumineux , on les calcine une féconde fois en les ftratifiant comme la première , on réitère même la calcination jufqu'à trois fois : on fait avec ces gâteaux pulvérifés différentes figures d'animaux, que l'on met dans des vafes decryftal, & qui jettent beau- coup d'éclat pendant la nuit. Etant à Boulogne, dit Mentzelius , j'ai tenté une infinité de fois de faire des phofphores avec les pierres entières , mais inutilement; en vain je les ai fait calciner, je n'ai jamais pu les rendre lumineufes , qu'en les réduifant en poudre & en les faifant calciner à la manière de Poterius qui eft celle que l'on vient de décrire, (a) La pierre de Boulogne eft peu d'ufage en médecine ; c'eft un dépila- toire , û après l'avoir calcinée & réduite avec de l'eau en coniiftance de limon , on l'applique fur la peau ; prife intérieurement , elle excite le vo- miffement ; félon Fortunatus-Licetus , elle foulage les goutteux. La pierre de Boulogne a beaucoup de rapport avec le phofphore her- métique de (£) Balduinus ; cette pierre & le phofphore fe chargent de (,i) Le p'/iofphore de Boulogne eft une pierre calcaire ; ce n'eft pas la feule fubftan- ce qui foil lumineufe après avoir été réduite en chaux ; plufieurs minéraux , les os des animaux , les écailles d'huitre , les coquilles d'eeuf calcinées deviennent lumineufes ; les cendres même du bois , des fruits & des herbes deviennent lumineufes ii on les dif- lout dans l'eau forte. (£) Balduinus Chimifte Allemand , a fait un traité intitulé Pho/phorus hermitiais fivt rrjgnus luminaris , inféré dans le fupplém.'.it de la quatrième & cinquième année des f phémérides : ce traité eft écrit d'un iule enigmatique , inintelligible pour totu ceux qui ïr?.' COLLECTION la fiibltaflîfe de la lumière du foleil , & fémblent l'attirer ; l'un & Pautre ErHEMERiDES expofés à des charbons ardents , ou à la flamme d'une chandelle, s'appro- des curieux dî prient quelque partie de leur lumière & brillent enfuite dans les ténèbres ; la Native. \çS yafes de cryftal , dans lefquels on les tient enfermés n'interceptent point Années 16-^. *el" '-tiat : 'un ^ l'autre répandent leur lumière à une certaine diflance , & à 1686 *ont aPPelc-von" *es îorps qui les environnent ; l'un & l'autre perdent leur éclat après un certain temps ) on lit dans les commen- taires d'Amatus Lufitanus furie cinquième livre de Diofcoride , que l'indigo eft le fuc épaifïi du paftel ; "SVedelius paroît être de ce fentiment ; après avoir décrit la manière de le préparer dans les Indes , ( on ne l'inférera point ici , parce qu'on peut voir cette préparation dans le troifieme vo- lume de la CollecL Acad. p. 519-) il ajoute que cette belle couleur bleue que donne l'indigo vient de fès parties fulphureufes unies avec le fel vo- latil ; mais comme on l'affocie avec la chaux , les laines teintes avec ces fécules, font moins bonnes, &C les draps expofés au foleil ne confervent pas leur couleur auffi long-temps que ceux qui ont été teints avec le paf- tel qu'on n'altère point avec la chaux. (rf) Si l'indigo étoit auffi corrofif qu'on le dit, on ne l'emploieroit point intérieu- rement, cependant il eft vanté par Mr. de Muralto comme un excellent aftringent. Voy. la i'e. ann. de la 2- Lettres datée': de Berlin pour Brcjlau. a i 686 Dec. i . An. 4. La fenfitive ( mimofa ) efl ordinairement rampante , fes tiges font incli- ne 5. nées vers la terre; Mr. deTournefort en compte cinq efpeces. OBSERVATION XIV. Sur les Pelotes Marines > par M. Luc SchROECK. (E) /~\N ne connoît pas encore l'origine de ces pelotes marines, les uns Oblerv. 14. \^/ croient qu'elles font formées de je ne fais quelles impuretés de la mer liées enfemble , par le moyen de quelque humeur glutineulé ; ( a ) les autres prétendent que ce n'eft autre chofe qu'un amas de brins d'une herbe qu'ils ne connoiflent pas ; ( b ) enfin , quelques auteurs les confon- dent avec les nids d'alcyon de Pline , que nous appelions écume de mer ; ( c ) la conjecture la mieux fondée fur l'origine de ces pelotes marines , en: celle de Vichius, qui prétend qu'elles doivent être rangées dans la claffe des algues ou des rofeaux , puifqu 'elles en font des productions : mais il ne nous a pas appris quelle étoit l'efpecc d'algue ou de rofeau qui les produifoit ; il s'eft même trompé , en ce qu'il les regarde comme le duvet ou la fleur cotonneufe de ces plantes. Ayant examiné avec attention plufieurs pelotes marines qu'on apporta ici il y a plus de trois ans , je re- connus qu'elles venoient des feuilles mêmes du rofeau qui contenoient dans leur fubftance intérieure les linéaments de la plante qid en devoit naî- tre ; j'envoyai une de ces pelotes à Mr. "Wblkamer , qui me fit réponfe qu'il en avoit- obfervé de femblables fur les bords de la mer , & qu'elles appartenoient à cette efpece de rofeau qui croît hors de terre , & qui a été décrite par Dalechamp : ce fentiment étoit très-bien fondé • à la vérité les pelotes que j'ai examinées ayant été violemment battues par les flots, ne faifoient pas voir une aufli grande multitude de tuyaux & de rejetons naiflant d'autres tuyaux & d'autres rejetons , & n'avoient pas une forme aufli élégante que celles que Dalechamp trouva dans des facs rem- plis de coftus arabique & de gingembre , & dont il nous a donné la des- cription , comme d'une chofe très-rare : ces pelotes de Dalechamp étoient venues fans doute dans un endroit moins expofé à la brife , ou bien elles (a) C'eft le fentiment de Lemery. (b) C'eft le fentiment d'Imperatus. (c) Dale à l'article Alcyonium confond l'écume de me-f avec les pelotes marines , il cite même Luc Schrokc , tandis que celui-ci ne penfe pas que ce ibit la même chofe , com- mejil paroitpar cette obfervation. A C A D t MI Q U E. f 17 «voient été détachées lorfqu'elles étoient dans leur plus grande vigueur, — ■— — Néanmoins la defeription qu'il en donne quadre fort bien avec les pelotes Ephemeridks dont nous parlons ; avec cette différence, que ce qu'il appelle l'écorcc dis curieux db brune &C écailleufe , n'eft autre chofe, félon moi, que les folioles de la la Nature. plante couchés les uns fur les autres ; dans quelques-unes de ces plantes, . , ie vis leurs petites tiges tirant fur le noir , ietter d'autres tiges de tout . ,0. ' ' a / , '1 ° ■ • „.- r - 1 a 1606. cote ; dans quelques autres , je remarquai que ces tiges creules a la ma- nière des rotèaux étoient courbées & recourbées &C différemment entre- Dec. 1. An. 9.' lacées enfemble , &c qu'elles contenoient toutes les fibres qui dévoient for- & 10. mer les feuilles & les foutenir ; les folioles qui font plats, droits, fans aucune dentelure, d'une couleur brillante, tirant fur le noir comme les Ublcrv. 14. tiges , le terminent par une pointe arrondie ; ils font compolés de deux fubflances , Fune fibreufe , dont ils font revêtus des deux côtés , l'autre médullaire , brune , luilante , cotonneufe , dans laquelle on remarque des atomes d'une couleur plus foncée : on peut facilement féparer cette (ùb- ftance médullaire de la partie fibreufe ; celle-ci examinée avec le microf- cope , eft un compolé de fibres très-minces unies enfemble, qui s'éten- dent dans toute la longueur du foliole, & qui vont s'inlinuer dans la tige, non pas féparément , mais par petits faifeeaux ; je crois que ces folioles continuellement battus par les flots de la mer , ou par les eaux des ma- rais agitées par les vents , fe détachent infenfiblcment , que leurs fibres fe féparent de la fubftance médullaire , fur-tout lorfque ces folioles ont déjà pris un certain accroiffement , & qu'ils tendent d'eux-mêmes à fe féparer: ces fibres détachées ne font pas moins expofées à l'agitation des flots, elles font balottées en tout (ens & prennent une forme fphérique ou tout autre , félon les endroits où elles s'arrêtent , & félon l'imprefîîon qu'elles reçoivent du mouvement des eaux. Tout concourt à prouver que la vraie origine des pelotes marines eft celle que l'on vient de défigner, i°. la parfaite reflémblance des particu- les fibreufes qui font entaffées confufément dans ces pelotes avec les fibres de leurs feuilles ; 20. la plante elle-même qu'elles contiennent & qui leur eft quelquefois intérieurement adhérente ; 30. la féparation de prefque toutes les feuilles , fur-tout à leur partie fupérieure , féparation qui eft plus ou moins feniible, félon que les eaux ont plus ou moins pénétré ; 40. l'obfervation même de quelques auteurs, qui ayant apperçu dans ces pelotes des folioles , ou quelque partie de la fubftance médullaire , ont cru que c'étoit des brins d'herbes. Quant à la propriété qu'on attribue aux pelotes marines , de guérir les écrouelles , je penfe que fi elles l'ont en ctlet , elle ne leur vient que d'un fel neutre qu'elles contiennent ou d'un fel alkali qu'elles fourniffent après la calcination ; ces fels divifent la lymphe trop ép.iill'e , la rendent plus fluide & plus propre à circuler librement dans les vaifleaux des glandes du cou. Lettres datées d'Ausbourg pour Brejlau, i8 COLLECTION Ephemerides des curieux de la Nature. Années 1670. à 1686. Dec. 1. An. 9, Cx 10. Obferv. zi. EXTRAIT DE L'OBSERVATION XXI. Sur le Girofle , par M. GEORGE EVER.HÀRD RUMPHIUS. (E) JE vous fupplie de m'exeufer fijene vous écris pas fort au long fur le gi- rofle , fur la manière de le femer & de le cultiver, cela eft très-expreffé- ment défendu ; contentez-vous , je vous prie , du peu qu'il m'eft permis de vous en dire. Les arbres qui portent le girofle le multiplient par leur fruit qui n'eft pas ce girofle ordinaire, fi connu dans les boutiques, celui-ci n'eft qu'un embrion , car les vrais fruits font du triple , ou du quatruple plus gros : on les appelle ordinairement mères de girofle, elles ont un noyau très-dur, le refte de leur fubftance eit femblable à celle des baies de laurier ; ces mères de gi- rofle étant tombées fous les arbres produifent des girofliers qu'on tranfplan- te ; elles ne fauroient refter huit jours détachées de l'arbre & hors de terre qu'elles ne fe defféchent, & dès-lors elles ne font plus capables de rien produire. Quelqu 'attention que l'on ait eu à cultiver l'arbre qui porte le girofle ailleurs- que dans les ifles Molucques , jamais il n'a pu croître ou produire des fruits parfaits ; lorfque les baies de pâles ou vertes qu'elles étoient auparavant, commencent à rougir, le chapiteau qui eft à leur par- tie fupérieure , s'ouvre & fait voir des fleurs qui ne font autre chofe que des étamines blanches, femblables aux fleurs de eerifier, alors ces baies deviennent propres à nos ufages , & il eft temps d'en faire la récolte : après les avoir cueillies on le pofe fur une claie ; on les couvre de feuil- les de pied de veau & on les laifle ainfi expofées pendant quelques jours à la fumée : enfuite on les fait fécher au loleil où elles prennent cette cou- leur brune que nous leur voyons ; les baies qui relient fur les arbres ordinairement plus hauts que les lauriers les plus élevés , deviennent très- groffes en peu de temps ; ce font les mères de girofle {antophilla : ) on ap- perçoit peu de différence dans leurs fruits qui fe reffemblent prefque tous , vous en verrez de deux efpeces très-rares ; je ne vous envoie que fix baies de la première efpece qu'on appelle girofle royal , parce qu'il n'en vient plus dans aucun lieu du monde ; il le fait remarquer par les pointes rangées par étage qui forment quatre angles à chaque étage , ces pointes étant difpofées comme les pétales des fleurs en croix : l'arbre qui a pro- duit ces girofles , l'unique dans l'univers , étoit dans Fille de Machian l'une des Molucques : il eft mort depuis long-temps , & l'on n'en a plus vu de femblable ; je conferve encore quelques-uns de fes fruits : je vous envoie aufïi plulieurs baies de la féconde efpece qu'on appelle royale comme la première ; ces fruits reffemblent beaucoup plus aux girofles or- dinaires qu'à ceux de Machian , en effet, ce ne font que des girofles com- muns furmontés de plufieurs fommets qui fe terminent en pointe ; l'arbre qui les produit eft auffi unique &c fubfifte encore dans cette ifle ; le gi- rofle royal qui croiffoit autrefois à Machian & celui qui croît encore à Amboine, ne d:vient jamais mère de girofle, par conféquent il ne fauroit fe multiplier ; les il utiles de l'arbre qui, porte le girofle royal ne diffe- ACADÉMIQUE. ,19 rcnt pas des feuilles des autres girofliers : je ne m'étendrai pas davantage ? fur ce fujet, en ayant parlé fort au long dans le fécond livre de mon Ephemerues Traité des Plantes; û ce traité eft mis au jour, on y verra tout ce qu'il des curii cit permis de dire de cet arbre. la Nature. _ — - , — . Années 1670. à 1686. LETTRES ECRITES D'AMBOINE A Mr. MENTZELIUS. Dec. 1. An. 9. Extrait des Notes fur cet article , par Mr. LucSCHROEKC. (E) &10. POur donner une jufte idée des girofles de nos boutiques, l'auteur des notes le compare au calice & au chapiteau des rofes qui forment le fruit fi connu fous le nom de chinorrodon ; la partie fupérieure du gi- rofle relevée de quatre pointes , reflemble parfaitement au calice lacinié d'une rofe qui n'eft pas épanouie : la fleur qui cit à l'extrémité de ce ca- lice, eft enveloppée de quatre pellicules , qui repliées fur elles-mêmes, - forment ce corps fphérique quiie trouve au milieu des quatre fommets poin- tus ; ces pellicules en s'ouvrant laiflent appercevoir une fleur compofée derus , que ces animaux qui grimpent dans des lieux fort élevés & qui ont befoin d'une plus grande quantité d'air , la tirent par ce double paf- fage ouvert à leur refpiration : mais , ajoute-t-il , les brebis lauvages habi- tent les mêmes lieux , & cependant ne font pas conformées de même. I! y a plus de dix ans qu'étant dans un vallon des Alpes , je remarquai ces canaux , ignorant alors quel étoit leur ufage ; je répondis à Mr. Harderus qu'il n'étoit pas vraifemblable que les chamois, quoique fur le fommet des Alpes , enflent befoin d'une plus grande quantité d'air que les autres animaux ; mais qu'il étoit certain que fouvent ils fouilloient la terre pou? chercher les racines des herbes dont ils le nourrirent ; qu'en fouillant ainfi la terre ils pouvoient le boucher les narines & étouffer fans ces ca- naux qui donnent paflage à l'air dans les poumons. Nous ne voulons pas laiffer ignorer plus long-temps rexiftence de ces conduits , afin que nos cu- rieux interprètes de la nature les examinent avec attention : au relie ; on voit par le paffage d'Oppien (a) que les anciens connoilïbicnt l'art d'in- fecter avec de la cire les vaiffeaux des animaux , quoique peut-être ils ne fulTent pas injeûer avec autant de liiccès que les anatomiftes modernes. OBSERVATION CLI. Sur la Manne de l'ijk de Ceylan , par Mr. HERMAN -NICOLAS Grimm. (E) J'Ai vu dans l'ille de Ceylan une efpece de manne très-belle, très-claire, Obferv. 1 î r, d'un goût agréable & qui fe diffout facilement ; on la trouve fur de vieux arbres où elle eft préparée par des animaux de la groffeur des peti- tes abeilles ; ces animaux ont la tête & le dos munis d'une peau écail- leufe, qui reflemble à un bouclier ; leurs pieds font longs, & ils échap- pent en fautant à ceux qui voudroient les prendre , ils n'ont point d'aile dans le temps qu'ils travaillent ëc ne quittent pas l'arbre , ni même la bran- ( ' ■ Ephemerides ————■——-—-—— — ' .1. des Curieux de ia Nature. OBSERVATION II. C )'% De Chrétien Mentzelius , fur une crapaud'mt. (F) FRederic Guillaume, Électeur de Brandebourg , trouva la même- année 1658, dans un terrein fabionneux , une pierre aue l'on a ap- pellée crapaudine parce qu'elle a quelque reffemblance avec une tortue de terre , en la voyant par la partie Supérieure ; cependant on pourrait la regarder comme une efpece de coquille pétrifiée, foit parce qu'elle représente par fa partie inférieure , une coquille entr'ouverte , & qui laiffe voir intérieurement quelque chofe d'analogue au poiffon de la co- quille , foit parce qu'il femble que cette pierre s'eft formée & durcie dans une coquille , dont elle eft le noyau , comme on le reconnoît en partie par fa figure : cependant je lui ai confervé ici le nom de crapau- dine, que Pline lui a donné, (a) La crapaudine dont il s'agit, eft de la groffêur d'une châtaigne ordinaire , arrondie & convexe par .-l'une de fes faces , & de l'autre un peu applatie ; en forte que fa forme totale eft à peu près celle d'une tortue. On voit comme des efpeces de fentes au fommet & vers le milieu de la convexité de cette pierre : les fentes Supérieures deffinent de chaque côté deux ailes , entre lefquelles on dis- tingue une petite tête percée de deux ouvertures en manière de narines : cette tête reffemble àffez à celle d'une petite tortue quand elle paraît hors de l'écaillé : il part de ces fentes d'autres ftries , dont l'une paffe en droite ligne fur le dos ou fur la convexité de cette pierre , & va fe termi- ner à une forte de cavité auffi garnie de ftries. La partie inférieure de cette pierre représente la forme d'une moule , telle qu'elle paraît lors qu'on ouvre fa coquille ; au refte , cette crapaudine avoit une couleur noirâtre , & prefque femblable à celle de la pierre de touche ; fa dure- té étoit à peu près la même , & elle aurait pu fervir au même ufage ; enfin cette pierre avoit à fa partie inférieure de petits points de couleur d'or, un peu obfcurs. Voyt^ PI. II. OBSERVATION III. De CHRETIEN MENTZELIUS ,fur une coquille pétrifiée femblable à une pierre- d'Aigle. (F) le; ■£* Ette pierre reffemble autant à une coquille qu'à une pierre d'aigl fcJMerv. 3. %^j on n'a jamais fu qui l'a trouvée le premier, ni d'oii elle vien mais il me femble qu'elle a beaucoup de rapport avec les deux pierres do mil eft fait mention aux obfervations précédentes, & qu'elle peut avoir j£a) Lih. 37. Cap, iç. 1687. Obferv. 3. A C A D É M IQUE. ivf Ste apportée du même endroit : plufieurs particuliers de Berlin l'ont eue — — — ^ .avant m >i ; cette pierre cil de la groïfeur de la crapaudine de l'article Ephemeridfs précédent, & n'en diffère paria figure qu'en ce qu'elle eft un peu plus des Curieux dk arrondie de toutes parts, &C qu'elle n'a pas une de ces faces planes ; enfin LA Nature. elle reflemble aux coquilles arrondies qu'Aldrovande appelle coquilles rjec 2 An- 6. , , & aufquelles les Italiens donnent le nom de capetundi. Puifque cette pierre n'a point de ftries, & que là furface eft unie, on peut pré- fumer qu'elle s'eft formée dans l'intérieur d'une coquille , car elle repré- fente en relief la cavité de la coquille dans laquelle elle s'eft moulée , lorfque la matière dont elle eft formée etoit encore molle , & elle s'eft durcie par la fueceffion des temps. Cette pierre a une efpece de petite tête de même que la crapaudine décrite précédemment , & x>n voit iiir la partie oppolée deux aîles & deux petites fentes , qui font cependant moins apparentes fur cette pierre que fur la crapaudine , parce que la matière çrofliere dont elle eft formée a oblitéré les ftries & les fentes , ce qui fait qu'elle repréfente affez bien la coquille de Fobfervation précédente; au refte, ce qu'il y a d#e plus remarquable dans cette pierre , c'eft que fa couleur eft d'un jaune clair comme le fuccin & qu'elle eft diaphane dans toutes fes parties : fi on l'expofe à la lumière pour voir fa tranfparence , on apperçoit à l'intérieur une cavité triangulaire qui a la forme d'un cœur , cette cavité eft remplie à moitié d'une pouîîlere opaque , qui fuit toutes les inclinaifqns qu'on donne à cette pierre , & quoique cette pouffiere ne faffe aucun bruit quand on agite la pierre , parce qu'elle eft trop fine ; cette pierre a cependant quelque reflemblance avec une pierre d'Aigle , en ce qu'elle eft cave , & qu'elle contient intérieurement une matière hétérogène. Au refte cette pierre eft pref- qu'auffi dure que le diamant : quand on la frappe avec de l'acier, elle donne beaucoup de feu , fans le diminuer fenlîblement. OBSERVATION XIX. De Lucas Antoine Portîus , fur les p.in'us de la génération des ÉcreviJJes d'eau douce. ( F ) L'E c R F. v 1 s s e d'eau douce a des œufs plus gros mie la grande Ëcrevifle de mer, appellée Homard. Pour mieux voir l'ouverture Obferv. it)* par où fortent les œufs , il faut choifir les plus grands & les plus çros de ces animaux. Le homard a deux ouvertures qui fervent à cet effet, elles font fituées l'une à droite & l'autre à gauche à côté de l'endroit oit fe réunifient les os qui recouvrent le ventre, ou plutôt la partie an- térieure de l'animal: cette couverture diffère dans l'écreviffe d'eau douce, elle eft compolée de plufieurs os qui ont tous enfemble la forme d'un bouclier allongé : je ne pus découvrir dans celle-ci aucune ouverture à la vue fimple, j'en fus fort étonné, la groffeur des œufs m'avoit fait croire que l'ouverture par laquelle ils fortoient devoit être plus apparente , *i8 COLLECTION *>" " " '" & que je n'aurois pas befoin de verres pour la trouver. Je la cherchai Ep-EMERiDEsPar une autre voie, je diflequai une écreviffe vivante; j'obfervai les des Curieux de ovaires , ils étoient unis à leur partie fupérieure & féparés à leur partie la Nature. inférieure , je m'apperçus enfuite qu'ils avoient chacun un petit conduit Dec. i. An. C. qui.s'étendoit à un des bras de l'écreviffe , le conduit qui fortoit de l'ovaire " 1687. ' ' droit abo"t.ifloit au bras droit & l'autre au bras gauche. Oblerv. 10. ^ ?^ évident par la différence de groffeur qu'il y a entre les œufs de l'écreviffe d'eau douce & ceux du homard & par l'accroiffement de ces deux animaux , qu'un animal né d'un gros œuf ne prend pas pour cela plus d'accroiffement , & ne devient pas plus gros par la fuite des temps , qu'un autre animal éclos d'un plus petit œuf; car l'écreviffe d'eau douce a* des œufs plus gros que ceux du homard , j'entends non- feulement les œufs qui fe trouvent dans les ovaires, mais même ceux qui font au dehors après la ponte ; car ils • croiffent encore après avoir été pondus ; & cependant c'eft le homard qui ^devient le plus gros par la fuite des temps : la même remarque a lieu à l'égard des végétaux. 1 Avant que de dire par quel bras ou par quelle ouverture dans les bras les écreviffes pondent leurs œufs , je crois qu'il eft à propos d'in- diquer les caractères par lefquels on peut diftinguer le mâle d'avec la femelle , fans qu'il foit befoîn de les difféquer. Pour me faire mieux entendre , j'ai divifé le corps de l'animal en trois parties , favoir , le ventre , la queue & les membres. La première partie qui eft le ventre , contient tous les vifeeres & les ovaires dans les femelles & dans les mâles , les tefticules , les vaiffeaux fpermatiques , &c. La queue qui eft la féconde partie , eft compofée de beaucoup de lames dures & offeufes ,, qui s'articulent les unes avec les autres & d'un grand nombre de- mufcles ; enfin , ce que j'appelle les membres de l'écreviffe , conftituent la troifieme partie de ma divifion ; j'en diftingue de deux efpeces , de gros & de petits; les gros font ceux qui prennent naiffance de chaque .cote du ventre; il y en a qui ont des pinces & d'autres qui n'en n"ont pas; ceux qui ont des pinces, je les appelle des bras, & les autres , jambes ou pattes ; enfin , les petits membres fe trouvent à la queue , & font beaucoup plus petits que les premiers. Avant d'avoir difféqué des écreviffes , je ne trouvois aucune diffé- rence fenfible à l'extérieur entre le mâle & la femelle , ils avoient l'un & l'autre de chaque côté du corps trois bras & deux pattes qui étoient" parfaitement rcffemblants ; le homard, foit mâle, foit femelle , diffère de l'écreviffe, en ce qu'il n'a qu'un bras & quatre pattes de chaque côté, c eft-à-dire , que le homard n'a qu'un feul des cinq membres iïtués à côté du corps qui foit armé de pinces, dont l'animal fe fert comme d'une main ; tandis que dans l'écreviffe mâle ou femelle , les trois premiers membres ont des pinces, les pinces de la première paire de ces bras font fortes , groffes & dentelées , femblables à celles de's bras du homard ck capables de bleffer ; les autres paires de bras ont des pinces bien moins fortes , plus petites , Si avec lefcjuelles l'animal ne peut faire aucun mal ; enfin les deux paires de pattes lont terminées en; pointe, au lieu d'avoir des ginc.es. Toutes ces parties ainli que le refte du corps font dIus ACADÉMIQUE. 119 plus greffes dans le mâle que dans la femelle , quoique de même âge. Ce — — — - n'eft que par les petits membres ou barbes de la queue que l'on peut dif- Ephemerides tinguer l'écreviffe mâle d'avec la femelle, celle-ci n'en a que quatre paires , des curieux de le mâle en a cinq. Dans le mâle les barbes de la première paire font plus la Nature. longues , plus dures & plus fortes que toutes les autres ; ces deux, barbes Qec 2 An 6 font tournées vers le ventre & prennent naiffance à l'endroit de la pre- mière féparation des lames de la queue ; l'animal les tient couchées 1687. entre les quatre pattes, elles font cartilagineufes & terminées comme une ^1 r bande cartilagineuse qui feroit contournée en cylindre. Dans le homard ' * mâle les barbes de la première paire font tournées vers le ventre & cou- chées entre les pattes de même que dans l'écreviffe; mais elles font offeufes prefque iiir toute leur longueur , excepté à la pointe qui eft terminée par un cartilage roule en cylindre ; ces deux barbes font fendues fur le côté , en forte qu'elles peuvent fe prêter au gonflement des parties contenues dans leur cavité , car elles font fiftuleufes & contiennent en effet plulicurs parties. Comme les ovaires des homards femelles ont deux orifices extérieurs , l'analogie peut nous faire regarder ces deux barbes comme deux organes corrcfpondants à ces deux orifices ; mais je n'ai pu encore découvrir dans le homard mâle aucun vaiffeau fpermatique qui eût fa direction du côté de la queue , & je fais que ces mêmes vaiffeaux s'étendent dans l'écre- viffe mâle du côté des pattes , & qu'ils ont chacun dans les pattes mê- mes un orifice par lequel l'animal répand la femence ; mais l'écreviffe mâle peut avec la première paire de ces petites barbes de la queue , exciter par le frottement ces petites ouvertures ou orifices dans le temps de la fraie , & occaiîonner par-là une abondante émiffion de femence , comme je le dirai plus bas. Je ne fais point fi les vaiffeaux fpermatiques font conformés & dirigés dans les homards comme dans les écreviffes. Les écreviffes mâles ont ces petites barbes de la féconde paire moins fortes & plus courtes que celles de la première ; elles reffemblent à celles- ci à quelques égards , & pour le refte elles ont plus de rapport aux pe- tites barbes des dernières paires qui font plus foibles , moins longues & moins dures que celles de la première paire ; au refte, elles ne différent aucunement de celles de l'écreviffe femelle qui, comme j'ai déjà dit, n'a que quatre petites barbes de chaque côté de la queue ; ces petites barbes font toutes fourchues; chaque branche de cette première divifion eft en- core fous-divifée en deux autres , & elles font terminées par des fibres très-fouples & très-flexibles aufquelles les œufs font adhérents dans le. temps de la ponte ; je ne fais pas fi ces fibres s'attachent immédiatement à l'œuf, ou bien s'il ne fort pas de la fubftance même de l'œuf une fibrille qui s'attache aux fibres des petites barbes de la queue , l'une & l'autre de ces deux conjectures me paroiffent vraiièmblables : il faut remarquer que le nombre des fibres fe multiplie dans le temps de la ponte , &: que les œufs font baignés d'une liqueur qui fe durcit promptement en forme de fibrilles , de forte que l'œuf qui eft forti fans aucune attache fe trouve fiifpendu en peu de temps aux petites barbes de la queue : ces petites barbes femblent tenir lieu de matrice aux écreviffes ck les fibres faire la. fonction du placenta. Tom, IV. des Acad. £erar: ■ R. i3o COLLECTION Le homard femelle n'a auffi que quatre petites barbes à la queue ; elles' Ephemîridis ont à l'extrémité de petites fibres aufquelles les œufs font attachés ; j'ai des curieux de vu ces œufs prefque toujours rouges ; quelquefois je les ai trouvés jaunes; la Nature. mais je ne me fouviens plus fi cette couleur ne venait pas de ce qu'ils T)ec An ( ^toient Cllits '•> au re^e ■> i' m'eft arrivé plufieurs fois de trouver des écre- ' viffes non cuittes qui avoient fous la queue des œufs de plufieurs nuan- 1687. ces de rouge & de jaune. Les œufs du homard qui font attachés aux fi- bres de chacune des petites barbes de la queue , font difpofés en forme Obferv. 14. c;e grappe ; ces petites barbes font dures & offeufes à leurs racines &i ter- minées par un cartilage cylindrique & pointu , dont l'extrémité eft garnie d'une grande quantité de petites fibres auffi cartilagineufes qui fe rami- fient encore quelquefois en d'autres petites fibres ; les petites barbes de la- queue ont dans le milieu de leur longueur une articulation qui fe trouve auffi dans l'écrevifie , & c'efl à cet endroit que commen- cent leurs ramifications ; je n'ai jamais trouvé dans la queue d'aucune femelle de homard huit paires de petites barbes , aufquelles les œufs fuf- fent adhérents, & peut-être que la femelle dans laquelle on prétend les avoir trouvés , n'étoitpas de l'efpece des homards ; peut-être auffi n'étoit-ce qu'une variété individuelle. Les femelles des homards & des écreviffes différent encore beaucoup entr'elles par le nombre & l'arrangement de leurs œufs ;• les premières en ont beaucoup plus que les fécondes ; mais auffi les œufs de celles-là font plus petits & forment autant de grappes fépnrées qu'il y a de petites barbes à la queue , au lieu que dans l'écre- vifie , teus les œufs font réunis en un feul tas & ne forment , pour ainfi dire , qu'une feule grappe : quelquefois feulement les œufs de chaque pe- tite barbe, font comme autant de petits bouquets de la grappe princi- pale. Outre ces différences , le homard a de plus que l'écrevifie huit efpeces de petites plumes qui naiffent des huit petites barbes de la queue, & qui forment deux aîles compofées chacune de quatre plumes ainfi nom- mées par la grande reffemblance qu'elles ont avec des plumes d'oifeau ; je n'ai jamais vu d'eeufs attachés à ces fortes de plumes qui ont de cha- que côté fur toute leur longueur un duvet ou plutôt des barbes pareilles à celles qui font de chaque côté du tuyau des plumes des oifeaux : ces plumes font offeufes , caves , recourbées , & fi longues que l'extrémité de celles du côté droit peut atteindre jufqu'à l'extrémité du côté gauche ; elles forment autour des œufs une forte de rempart qui fert à les défendre con- tre l'agitation des flots. Mais revenons aux parties extérieures de la génération de l'écreviffe : je ne pouvois d'abord me déterminer à les chercher dans les bras ; mais ayant ouvert quelques écreviffes, & m'étant apperçu que les ovaires avoient des conduits qui fe prolongeoient jufqu'aux bras , je foupçonnai que l'ouverture par laquelle fortent les œufs devoit être dans ces parties ; je les examinai &C je découvris dans chacun des bras delà troifieme paire, PI. III. Fig. III. un petit orifice ovale; les canaux membraneux qui tirent leur origine des ovaires , aboutiffent à ces orifices par lefquels fortent les œufs après avoir parcouru toute la longueur de ces canaux membra- neux, ACADÉMIQUE. 151 Pour mieux faire connoîtrc la pofition de ces orifices ovales , je vais décrire la troifieme paire des bras où ils fe trouvent & en donner la figure. Ephemeridis Les bras de la troifieme paire, Fig. III. PI. IIL ont chacun huit articulations, des curieux db y compris celle qui tient le bras attaché au ventre & font compofés chacun la Nature. de huit os creux dans leur longueur, qui renferment plufieurs mufcles. jjec 2 ^Q g Le troifieme de ces os eft fort petit ; il fe réunit quelquefois dans les vieilles ecreviftes avec le fécond & le quatrième qui lui font contigus , 1687. de forte que ces trois os n'en font plus qu'un feul. Le premier os des bras de la troifieme paire de Pécrcvifl'e eft fitué Obierv. M* entre la première articulation qui fe fait avec le ventre, & la féconde ; c'efl dans ce premier os que ie conduit de l'ovaire du même côté s'in- fère & le termine à un orifice ovale recouvert fur les bords par une membrane tendue de dedans en dehors ; j'e penfe que les fibres mufeu- leufes de cette membrane fe contractent dans le temps de la ponte ; il eft à remarquer que cette membrane n'elt adhérente aux rebords de l'orifice ovale que du côté des pinces, & qu'elle clt fans aucune adhé- rence du côté du ventre , de forte qu'elle peut donner un libre paffage aux œufs ; mais comme la couleur de cette membrane eft la même à l'extérieure que celle des membranes des mufcles qui font entre quel- ques-unes des articulations , il eft aifé de fe tromper & de la prendre pour un mufclc folide qui remplit cet orifice , tandis qu'il eft très-sûr que ce n'elt qu'une efpece de voile qui cache le conduit des ovaires , mais qui s'ouvre d'un côté en fe contractant pour laifler paffer les- œufs : dans une écrevifTe deflechée on apperçoit à l'endroit de cet ori- fice une cavité dirigée vers l'intérieur, parce que le voile qui la ferme , quand l'animal eft vivant, n'elt plus gonflé ni même tendu : au reftc,ces troifiemes gros membres font parfaitement reffemblants aux autres , li ce n'elt que les bras de la première paire ont des os plus gros & des pinces plus fortes, & que les deux derniers gros membres de chaque côté ne font point terminés par une pince : les bras de la troifieme paire du mâle ne différent des mêmes parties de la femelle , qu'en ce qu'on n'apperçoit aucun orifice dans le premier os ni même dans aucun des autres : on pourra par conféquent diftinguer les écreviflés mâles d'avec les femelles par cette feule différence , fans avoir recours à celles dont j'ai fait mention plus haut. Je trouvai un jour une écrevilîe, qui indépendamment des deux orifices ovales qui étoient dans les troifiemes bras , en avoit encore un autre tout femblable feulement dans le premier os de la première patte gauche, c'eft- à-dire , du quatrième gros membre gauche ; je dilféquai cette écreviffe, & je reconnus que le canal qui partoit du côté gauche de l'ovaire, s'étoit divilé en deux rameaux , dont l'un aboutiflbit à l'orifice ordinaire , & l'au- tre à celui du premier os de la première patte gauche. Les canaux qui partent des ovaires en fortent l'un à droite, &c l'autre à gauche, au deffus de l'endroit où ils fe réunifient en un feul corps arrondi ; chacun de ces canaux fe prolonge entre les apophyfes des côtes , pour venir fe rendre dans la cavité du premier os du troifieme bras & aboutir à l'orifice qui. ic trouve , comme j'ai déjà dit , dans cet os. l'ai oblervc en toute iàilbn des œufs dans les ovaires ; car avant que 8.2. i.ji COLLECTION' ^^ tous les vieux foient pondus , on diftingue les ébauches des nouveaux œufs Ephemcrides 911' paroiffent alors blanchâtres ; j'y ai trouvé Couvent en même temps des curieux de & des œufs affez formés pour descendre parles oviducrus jufqu'aux orifices ia Nature. des bras , & d'autres plus petits de couleur blanchâtre &c d'une confiftance n a , plus molle ; les ovaires étoient, pour ainfi dire, affaiffés & bien moins ' gros que quand les œufs ont atteint leur groffeur , ce qui prouve que les 1687. ovaires acquièrent du volume à mefure que les œufs prennent de l'ac- croiffement : bien plus comme la capacité des ovaires eft peu confidéra- Obferv. 14. ble, les œufs perdent leur figure fphérique dès qu'ils y ont augmenté de volume ; dans ce cas ils fe compriment les uns les ^utres , ce qui leur donne la figure de polyèdres ; mais après la ponte , &c Iorfqu'ils font fuf- pendus à la queue, ils paroiffent avoir repris la forme fphérique. Les membranes qui recouvrent les deux ouvertures par 011 fortent les œufs , •ne font point tendues pendant tout le temps de la ponte des œufs parve- nus à maturité , ni même quelques jours après , elles deviennent au con- traire lâches & flafques , & paroiffent humides , & pour ainfi dire fatiguées ; la ponte fe fait aux mois de novembre & de décembre, elle fe continue même pendant janvier & février , & on trouve rarement des œufs atta- chés aux petites barbes de la queue dans le mois de mars. Le cœur de l'écrevifTe femelle eft couché fur les deux ovaires , Se fa partie fupérieure fe trouve pofée au milieu- d'eux , de forte que fi on coupe & qu'on enlevé l'écaillé, Fig, II. PI. III. qui recouvre le dos depuis la queue jufqu'à la ligne courbe qui paroît fur le dos , on apperçoit le cœur pal- pitant qui eft couché fur les ovaires , fa fubftance eft blanchâtre & les vaiffeaux qui en fortent font de cette même couleur , on ne peut les dif- tinguef des petites membranes & de la fubftance mufculeufe des autres parties, que par le battement & la palpitation, car le mouvement & la palpitation du cœur font reconnoître, non-feulement la naiffance & la di- rection des gros vaiffeaux qui partent du cœur, mais encore la naiffance & la direction des ramifications qui partent de ces gros vaiffeaux. On dé- couvre fur le cœur des vieilles écreviffes , après leur mort , deux cicatri- cules qui ne font qu'une apparence produite par une efpece de corde fort courte, laquelle eft tendue fur le cœur : j'en parlerai plus au long dans la fuite. Foyei PL IV. Fig. IV. V. VI. VII. Dans l'écreviffe mâle le cœur eft pofé fur les tcfticules qui , vus de près , paroiffent femblables à deux petits pelotons de filaments très-minces & blanchâtres ; cependant j'ai développé plufieurs fois la partie fupérieure des tefticules , qui eft tournée du côté de la tête , & j'ai reconnu qu'elle étoit compofée de vaiffeaux anfra&ueux , finueux & celluleux. Les vaif- feaux fpermatiques , PI. IV. Fig. IX. font fort petits en^fortanrdes tefticules , mais à mefure qu'ils s'étendent , ils deviennent plus gros & plus forts ; la cou- uleu.r blanche de la femence qu'ils contiennent en abondance pendant les mê- mes mois que les femelles pondent , les fait reconnoître aifément; on les trou- ve au mois de mai lâches , flafques & prefque fans femence ; ils font moins blancs- Si d'une moindre capacité à leur partie poftérieure , c'eft-à -dire , près des pattes ; mais ils font plus charnus & plus forts que dans le mi- lieu de leur longueur , Se ils ne fe caffent pas û aifément ; l'efpace qu'ils ACADÉMIQUE. t î? ont a parcourir depuis les tefticules jufqu'aux pattes eft aftez long ; enfin , — — — « après avoir fait beaucoup de circonvolutions & de replis , ils viennent fe ter- Ephemerides miner chacun de leur côté dans la féconde paire des pattes , c'eft-à-dirc , des curieux uï dans les deux derniers gros membres , PI. IV. Fig. X. & ils aboutiflent à une la Nature. petite protubérance cylindrique & percée d'un orifice qui fe trouve dans le j-)cc , An (ï ' premier os de chacune des dernières pattes ; l'orifice de cette protubérance eft recouvert par une forte de caroncule, qui n'eft autre chofe qu'une 1687. membrane gonflée, cette partie du canal eft celle que j'ai déjà dit être la ^o f plus charnue : il fe trouve à l'un des côtés de cette caroncule un poil gros erv' Ii*' à fa racine, terminé en pointe , & qui fait par fa pofition que cette caron- cule rcflemble à l'extrémité de la queue de certaines efpeces de feorpions ou à un grain de millet armé d'une pointe ; quand l'écrevifTe eft morte & deflechéc , la caroncule fe defîeche aufli , s'affaifïe & laifTc voir une petite cavité dans l'os : fi on tourmente un de ces animaux dans le temps que les vaifleaux fpermatiques font pleins , il répand de la femence par l'orifice que remplit la caroncule ; il m 'eft arrivé plufieurs fois d'en faire fortir, en preflant avec une petite efpatule de bois entre les deux pattes l'endroit par 011 je favois que les vaifleaux fpermatiques dévoient parler pour aller fe rendre à ces orifices ; très-fouvent en difféquant des écrevifTes j'ai comprimé les vaifleaux fpermatiques près des pattes , & j'ai occafionné une émiffion de femence blanche par l'orifice des pattes. Les organes de la génération des éorevifl'es font conformés de façon qu'il me paroît très- difficile de dire comment le mille peut introduire fa femence dans le corps de la femelle ; je n'afliirerai point que cela foit impoffible ; peut-être qu'il ne féconde les œufs qu'en les arroiant de fa femence après que la femelle les a pondus, EXPLICATION DE LA PLANCHE III. FIGURE /«. A B. & A B. la première paire des bras de l'écrevifTe , dont les pin- ces A. & A. font grandes , fortes & dentelées. C. C. C. & C. les pinces des bras de la féconde & troifieme paire , elles font petites & foibles. DE. DE. DE. & DE. les quatre pattes ; au lieu d'avoir des pinces," elles font terminées en pointe D. D. D. & D. 1. 1. 1. 1. & l. les cinq paires des petits membres ou barbes de la queue de l'écrevifle mâle , car la femelle n'en a que quatre paires. FIGURE II. A. la partie du dos de l'écrevifle entre la queue B. & la ligne courbe DE F. fi on enlevé l'écaillé qui recouvre cette partie du dos, on voit palpiter le cœur à travers ces membranes , il eft pofé fur les ovaires dans la femelle & fur les tefticules & les vaifleaux fpermatiques dans le mâle. FIGURE III. G. G. les pinces des bras de la troifieme paire : on voit dans ie pre- 134 COLLECTION mieros de ces bras de Fécreviffe femelle une ouverture, par laquelle elle- Ephemerides pond fes œufs. StsCû^IËuxùE m. le premier anneau de la queue vu par défions ; la femelle n'a point xa Nature. de barbes attachées à ce premier anneau, au lieu que dans le mâle les- Dec. 1. An. 6. Pet'tes barbes de la première paire que l'animal tient couchées entre les jambes , prennent naiflance en cet endroit. 1687. KL. le fécond anneau de la queue d'où naît la première paire des petites. Obferv ia ^>ar'Jes ^e *a ^enieue M. M- on y voit des œufs fufpendus, de même 4' qu'à toutes les autres petites barbes de la queue M. NNNN M. EXPLICATION DE LA PLANCHE IV, FIGURE &. AB. & AB. la première paire de ces barbes, celle du côté droit a des. œufs qui font fufpendus en grappes à de petites fibres , celle du côté gauche n'en a point. CD. & C D. la première paire des plumes qui naiffent des premières barbes avec lefquelles elles font articulées en C. E F. E F. E F. E F. Les trois autres paires de plumes qui naiffent des autres barbes comme dans la première paire : on ne voit point les grap- pes d'eeufs adhérentes à ces trois dernières barbes, parce qu'elles font ca- chées par la grappe de la premier barbe , de même que toutes les autres parties. FIGURE II. AB. & AB. une paire de ces barbes du homard avec une plume ar- ticulée avec chacune. CD. & C D. ces plumes font une forte de rempart autour des œufs qui forment du côté droit une grappe K. on voit du côté gauche les fibres OI. & O I . aufquelles les œufs font fufpendus. F.I G U R E III. A. les os du milieu du ventre. O. le trou oval , recouvert d'une petite membrane qui n'eft point ad- hérente du côté des os marqués A. & qui eft fortement attachée au bord de cette ouverture du côté I. qui regarde les pinces B. §1 C C. les ovaires. D. canal qui va d'un des ovaires jufqu'à l'ouverture O. qui fe trouve dans le premier os du bras de la troifieme paire. FIGURE IF. A. le cœur couché fur les ovaires, II. les parties des ovaires qui s'é- tendent du côté de la tête ; 000. des œufs vus au-dedans de la partie des ovaires qui regarde la queue , les ovaires débordent fous le cœur r mais ils débordent fort peu lorfque les œufs font petits. ACADÉMIQUE: i5f B. un vaiffeau allant c!u cœur vers la queue & qui fe divlfc en deux autres vaiffeaux , dont l'un, c, s'étend en droite ligne vers la queue , & l'au- EpHEMERiDEt tre, d. remonte vers la partie antérieure de l'animal. DES curieux d* m.m.m. l'cftomac. la Nature. n. n. une portion des vifceres compofés de petits filaments attachés au t-j . , •canal inteltinal. FIGURE FI. ïôgy. A. la place du cœur couché fur les ovaires. Oblerv. 14, B. &C B. les ovaires féparés à leur partie fiipérieure & réunis à leur par- tie inférieure du côté de la queue. CD. & CD. les canaux dans lesquels les œufs paffent pour venir dans les bras. FE. & FE. une portion des vifceres compofée d'un grand nombre de petits filaments qui font attachés par leurs parties fupérieures au canal in- reltinal près de l'eitomac. G H. la partie du canal inteltinal qui s'étend vers la queue, FIGURE FIL a. la véficule du cœur. b. un vaiffeau qui paffe entre les ovaires & qui s'étend du coté de la tête. c. un vaiffeau qui s'étend en en-bas, & qui le divife enfuite en deux branches , dont l'une d. fe replie &c fe prolonge du côté du ventre , l'autre e. defeend vers la queue. - FIGURE FUI. Q. P. Écreviffe femelle vue d'un feul côté, 00. deux ouvertures auf- cjuelles aboutiffent les deux rameaux du canal qui vient de l'ovaire du même côté , & qui eft dirigé vers S. cette écreviffe pondoit donc fes œufs par les bras de la troifieme paire & par la patte de la première paire. FIGURE IX. B. & B. les tefticules de l'écreviffe mâle fur Iefquels le cœur eft pofé. B C. & B C. les vaiffeaux déférents qui fortent des tefticules , ils font minces à leur origine & fe prolongent jufqucs dans les dernières pattes, en faifant beaucoup de replis & de circonvolutions. C. & C. caroncules qui reffemblent à des grains de millet & qui font gonflées 8c fituées dans le premier os des dernières pattes ; c'eft de ces caroncules que fort la femence. P C. la partie des vaiffeaux déférents qui fe trouve le plus près de la patte & qui elt moins large , mais plus charnue & plus forte que le refte de leur longueur, B D. C E. une des pattes de l'écreviffe ; on voit un vaiffeau déférent B D C. 136 COLLECTION 11 un — que l'on a étendu & déplié , lequel vient fe rendre dans le côté de cette Ephemerides P^tte. des curieux de f i g u r e x. la Nature. Dec. 2. An 6 A A- A. les pinces des trois bras de l'un des cotés de l'écreviffe mâle; la pince du premier bras marquée A C. eft plus grande & plus forte que. 1687. les deux autres. .-., r BE. BE. les deux dernières pattes du même côté d'une écreviffe mâle,. • ' ' Ij*' on voit dans la dernière, c'eft-à-dire , dans celle qui eft le pins près, de la queue , une caroncule I. par où fort la femence. I. caroncule fituée de l'autre côté dans la patte correfpondante. DO. DO. la première paire des petites barbes de la queue de l'é- creviffe mâle que l'animal tient toujours couchée entre les pattes , & dont il peut fe fervir pour exciter les caroncules 1 1. de chaque côté. OBSERVATION XLIIL De DANIEL CRUGERS, fur un œuf monflrueux d'une canne. (F) ObferV 4^ /^Et auteur ayant trouvé dans un œuf de canne nouvellement pondu ' J" \^>une fubfrance fpongieufe & fanguinolente qui avoit quelque reflem- blance extérieure avec un foie de brochet, ne manqua pas d'attribuer cette, fingularité à l'imagination de la canne ; il a même tâché de confirmer fa conjecture , par une hiftoire qui nous a paru fufpeûe , quoique le fait en lui-même femble affez avéré. OBSERVATION XLVI. De CHRETIEN MENTZELIUS , fur quelques variétés de pierres d'Aigle. ( F} Obferv. 46. T'Ai trouvé beaucoup de différentes efpeces de pierres d'aigle & d'autres «J genres de pierres aux environs de Cleves , dans la Marche de Bran- debourg &t ailleurs ; j'en ai vu une qui venoit du pays de Cleves & qui étoit compofée de deux autres pierres de même efpece réunies l'une à l'autre ; l'enveloppe qui renfermoit le noyau étoit en partie ferrugineufe , d'un noir luifant , & en partie d'une fubftance obfcure de couleur jaune ; j'en ai vu une autre venant du même pays , dont l'enveloppe étoit de l'ochre jaune fans aucun mélange , j'ai obfervé une petite géode, ainfi ap- pellée , parce que la matière contenue étoit adhérente à la matière con- tenante & rempliffoit toute la cavité, de forte qu'il n'y avoit point de noyau mobile oc détaché comme il s'en trouve dans les pierres d'aigle- ordinaires ; la matière contenue de cette géode étoit de l'ochre jaune def- féchée, ôtla partie contenante étoit revêtue de gros fable fur toute fa fur- face- ACADÉMIQUE. 137 face extérieure , la Fig. III. PI. II. reprefente une autre géode aufïi trouvée à a DES DI Cleves, fa cavité cft remplie d'une terre d'une belle couleur de cinabre, p J'ai trouvé dans la Marche de Brandebourg, près de la ville de Fut-stem- des curieux vald, la pierre d'aigle représentée à la Fig. IV. elle eft triangulaire , de la Nature. couleur brune, & entièrement creufe ; elle renferme un fable fin qui n . - fait un peu de bruit quand on agite cette pierre près de l'oreille. La ligure ec' 2" "' X. (<;) reprefente une géode de Cleves, compoféc de plufieurs couches 1687. ou enveloppes ferrugineuies qui contiennent intérie; rement de l'ochre : cette géode efï vue à l'extérieur à la Figure VI. j'ai obiervai une au- Oblerv. 46. tre géode aufli trouvée à Cleves, elle contient du bol rouge. J'ai une autre géode ou plutôt une très - grande pierre d'aigle de Cleves, dont la cavité eft très-fpaticufè : avant que d'ouvrir cette pierfe , on enten- doit , en l'agitant près de l'oreille , un bruit caufé par d'autres petites pier- res qu'elle contenoit dans fa cavité ; & quand je l'eus caffée pour en voir l'intérieur , je trouvai les parois internes garnies de fluors fer- rugineux , luifànts & cannelés. Ferdinand Impcratus , fait mention ( b ) d'une cfpece de pierre d'aigle appellée enhydros , qui renferme dans fà cavité de petits cryftaux formés par la condenfation de l'humeur aqueufe qu'elle contenoit. On entend proprement par enhydros des pier- res d'aigle , qui renferment dans leur cavité quelque chofe de liquide , & dont on entend le bruit quand on agite la pierre près de l'oreille. J'ai trouvé à Cleves l'an 1666. une pierre d'aigle de cette efpece : je la donnai à l'Electeur, qui la frappa avec une clef & qui fit jallir en la caf- fant une liqueur jaune , qui n'étoit autre chofe que de l'eau chargée de beaucoup d'ochre : on voit par ce fait que dans le temps où les pierres d'aigle commencent à fe former, la matière liquide, ferrugineufe enveloppe une humeur hétérogène ; & comme l'air ne peut pas durcit la matière contenue auffi promptement que la matière contenante qui eft ferrugineufe & vifqueufe , dès que cette matière extérieure a pris de la folidité & qu'elle s'eft durcie , alors cette forte de pierre à laquelle on a donné le nom de enhydros , renferment pendant très-long-temps quelque chofe de liquide, jufqu'à ce qu'enfin la matière contenue fe defleche entière- ment & remplifTe toute la cavité de la pierre ; ou qu'elle fe durcifTe! en une autre pierre qui fe détache des parois de la cavité & qui fait réfonner la pierre d'aigle quand on l'agite près de l'oreille. Nous avons aux environs de Minden un rocher compofé à peu près comme les pierres d'aigle ; il eft formé de conches purement ferruçi- aeu'ès qui renferment entr'elles du fable, de façon que la matière ferru- gineufe & le fable font pofés par couches alternatives. ( a ) Cette pierre que l'auteur prend pour une pierre d'aigle pourroit bien n'être qu'une coquille pyriteule , ainfi que celle de la figure III. Ci) Hifl. nal..l. 24. chap. 18. J£om, IF, d(s Acad. Etrang;. 5 i38 COLLECTION Ephemeridïs des curieux de la Nature. Dec. i. An. 6 1687. Obierv. 47. OBSRRVATION XLVII. De SALOMON REISELIUS , fur la tiffure de d'un bœuf. (F) la membrane uvie de fœll JE cherchois un jour dans l'œil d'un bœuf les ligaments qui ont été nouvellement découverts dans l'homme par Antoine Moulins mé- decin dans le collège de la Trinité proche Dublin , lefquels fortent inté- rieurement du milieu de la fclérotique ; je les trouvai aifément , & je découvris en même temps une tiffure finguliere dans la membrane de l'uvée ; je vis des filaments pâles , accompagnés de lignes ou de fines noires ; ces filaments font tous dirigés en haut autour du nerf optique qui leur fert de centre , & en fe réunifiant ils forment de petites ondes , ou bien ils s'élèvent plus haut , & fe replient vers les taches noirâtres de l'uvée. Pour conferver plus long-temps le fouvenir de cette îtruâure , je voulus mieux obferver cette membrane ; & faute de microfcope , je me fervis d'une phiole de verre pleine d'eau ; je coupai cette tunique par le milieu & par le diamètre de l'iris , & je l'appliquai fur la partie convexe de la phiole. Ce globe plein d'eau me rendit cette tunique aufii appa- rente , que fi je l'enfle vue au microfcope : un plus plus petit globe , ne fut-il pas plus gros que l'œil n'en produira que plus d'effet : je ne puis dire de quel genre étoient les vaiffeaux qui compofoient cette tiffure ; je ne fais cas fi c'étoient des nerfs ou des veines , ou des artères. Obferv. 48. OBSERVATION XLVII I. De CHRETIEN MENTZELIUS , fur les cigales & d'autres Infectes chantants ," & premièrement fur la cigale qui fe trouve aux environs de Boulogne. (F) LA cigale diffère de la fauterelle en ce qu'elle ne faute pas pour avancer en avant ; les deux pattes de derrière de ce premier infecte ne font pas affez longues , pour qu'il puiffe s'en fervir pour fauter à la manière des fauterelles ; fes fix pattes font courtes & d'égale lon- gueur ; il s'élève , foit en volant , foit en rampant , fur des arbres qui ont beaucoup de hauteur & y chante pendant les grandes chaleurs de l'été : on ne trouve au contraire les fauterelles que fur des plantes her- bacées, ou très-rarement fur des arbriffeaux. Je vais rapporter»ci dans quels différents états j'ai obfervé ce premier infecte avant qu'il parvienne à l'état de cigale : il commence d'abord par être un petit ver qui fe mé- tamorphofe enfuite en nymphe , appellée par les anciens Tettigometre. Vers le folftice d'été cette nymphe (a) rompt l'enveloppe qui l'environne & quitte fon état de nymphe pour paffer à celui de cigale. Le petit ver dont je parfois tout à l'heure eft une forte de petite chenille éclofe d'un {a) Pline, 1. 11. c. 26. ACADÉMIQUE. ,J9 œuf de cigale ; elle fe nourrit fous terre , & le transforme enfuite en nym- —^— ■ phe ou Tettigometre ; la nymphe parte l'hiver entier dans la terre , elle F.phemf.rides a un pouce de longueur; fa tète eft large, triangulaire & armée en def- Dts curieux 01 fous d'un aiguillon près de la poitrine ; le dos quoique large le paroit LA Nature. encore mo:ns que le ventre qui eft Ion épais , & qui rcrt'emble à celui rj 2 A 6 d'une écrevifle d'eau douce : cette nymphe a iix pattes dont elle fe fert pour marcher, le^ deux premières font plus larges 5c plus rudes au tou- 1687. cher que les autres , elles ont affez de reffemblance avec ceiles dont le n, f grillon-taupe fe fert comme les taupes pour s'ouvrir des chemins fous ^klerv. 4°« terre ; feulement celles de la cigale font un peu plus minces. Les nym- phes des cigales ne rongent pas , comme le grillon-taupe, les racines qu'elles rencontrent dans leur partage en s'enfonçant dans la terre ; elles en tirent le lue par le moyen de leur aiguillon , fait en forme de trompe , & qui leur tient lieu de langue ; elles vivent ainfi pendant tout l'hiver jufqu'au folllice d'été , qui cil le temps où elles cèdent d'être nymphes , & où elles fe transforment en cigales : alors elles s'envolent en l'air au lieu de ref- ter dans la terre. Dès que la nymphe fent qu'il commença à faire chaud , elle quitte les lieux fouterreins , & vient fe rendre à la furface de la terre ; elle iort même la moitié de fon corps , & dans cette fifuation , elle rompt fon enveloppe, s'en débarrarte en entier, & fe met à chanter en prenant fon elTor. L'enveloppe commence à fe fendre par la partie fupérieure du corps qui eft hors de la terre , & cette fente s'étend fur les côtés du cou & fur le dos : la cigale fort de cette enveloppe la tête la première ; elle tire enfuite les deux pattes de devant , & lùcceflivement toutes les autres parties du corps. Voyez la Fig. III. PL V. que j'ai fait defliner d'après une nymphe qui commençoit à s'ouvrir , & de laquelle on voit fortir une cigale que j'ai tuée en la perçant avec une aiguille , pour pouvoir la con- ferver plus long-temps dans cet état. La Fig. IV. repréfente la dépouille féparément. La cigale au fortir de l'enveloppe de la nymphe eft un in- fecte ailé, qui a, ainfi que fa nymphe, la tête large & triangulaire; on lui voit fous la tête une trompe qui s'étend jufqu'au milieu de la poitrine & qui lui tient lieu de bouche ; les yeux font (aillants , Fig. V. le dos eft noir, luiiant , arrondi & un peu convexe ; les iix pattes fe trouvent fituées dans la poitrine , & elles ne différent cntr'elles qu'en ce que les premiè- res font plus larges & plus rudes au toucher que les quatre autres : il y a au deflbus des dernières , de chaque côté , deux fortes de boucliers qui font (aillants , & terminés chacun par une pointe obtufe ; ces fortes de boucliers font les organes de la voix des cigales , ils produifent le même effet que les inftruments à corde , & occasionnent le chant ou le bruit de ces infectes : les femelles différent des mâles en ce que ces organes leur manquent. Il y a dans l'abdomen deux rangs de cannelures circulai- res qui font terminés par deux corps larges & durs , qui conftituent les parties de la génération. J'ai vu la figure d'une cigale de Boulogne qui étoit fortie le matin de fon enveloppe de nymphe. Pline dit que cette transformation peut fe faire aurtï la nuit ; ces jeunes cigales ne con- fervent pas long-temps le degré de moleffe qu'elles ont en fortant de leur enveloppe de nymphe, car la chaleur du loleil les defl'éche le bois en cft tendre & les branches font touffues & courbes ; les feuilles- font larges , roides & remplies de petites veines : cet arbre porte des fleurs» ftériles, & fon beis n'eit bon qu'à faire du feu. Fig. II. OBSERVATION L V I I. De JEAN BOHMIUS , fur un Pigeon monjlrueux qui avait deux têtes. (F) J'Ai vu chez Jofeph Sandalus de Ferrare un pigeon monftrueux éclos chez .-.t ç lui àVenife l'année dernière 1686. ce monftre avoit deux têtes & trois 57«- aîles. OBSERVATION LXIII. De SAMUEL LEJDEL, fur une couronne de romarin qui s'efi confervée tres~ long-temps dans la terre avec toute fa. verdure , & fur des perles & d'autres richejjïs trouvées dans un ancien caveau. (F) L'An 1687. en faifant une foffe dans le cimetière St. Nicolas de la ville Obferv. 6r«- de Gorlitz, les foffoyeurs trouvèrent une couronne de romarin bien confervée & encore verte : on reconnut que c'étoit la couronne d'une jeune fille qui avoit été enterrée dans cet endroit cinquante ans aupara- vant : le cordon qui avoit fervi pour attacher cette couronne aux che- veux de cette jeune fille, avoit été auffi prélèrvé de la pourriture ; le pere- de la jeune fille fe fit apporter le cordon , & à peine l'eut-il fenti , qu'il fut obligé de le rejetter, pa-rce qu'il avoit une odeur aflèz acre, qui lui donna des envies de vomir, les mains conferverent pendant plufieurs heures une odeur forte & défagréablé. L'emper.ur Horioriûs' éiànt fur le point de fe marier avec la fille deSti- licon , cette jeune fille mourut tout à coup avant les noces ; il demanda la fœur de la défunte, il l'obtint, & elle mourut auffi avant la confomma- rion du mariage ; les parents de ces jeunes filles les inhumèrent avec beau- Tout. IV, des Acad. Etrang, X ,46 COLLECTION MumiiiiM coup de pompe & de magnificence. En jettant les fondations de Saint Ephemerides Pierre de Rome onze cents dix-huit ans après, on trouva le caveau où des curieux de ces jeunes filles avoient été dépolées , on porta au Pape toutes les richef- ia Nature. {"es qui y étoient renfermées , qui font encore toutes en très-bon état ', Dec i An 6 ^ l'exception des perles qui étoient fi tendres , qu'elles s'écrafbient facile- ment entre les doigts. 1687. OBSERVATION LXV. ï)e SAMUEL LtDZL , fur une Oie qui ne rendit qu'une liqueur blanche au lieu- de Jang, après qu'on lui eut coupé la tête. (F) O jferv. 65 . TA Aniel Kretfchmcr de Gorfirz ayant fait couper la tête à une oie graffe, I ;Jfat fort furpris de voir couler une liqueur blanchâtre au lieu de fang ; quand l'oie fut ouverte , on ne trouva dans le foie & dans tout le relie du corps qu'une pareille liqueur blanchâtre , fans appercevoir une feule goutte de fang ; au refte , cette oie rendit beaucoup de graine à la broche : ceux qui en mangèrent la trouvèrent d'un bon goût, & n'en furent point incommodés. OBSERVATION CV. De JEAN-JACQUES HARTJER, fur la dijjeclion d'un Hiriffon. (F) L'An 1687. nous ouvrîmes au mois d'août un hérifîbn vivant, en pré- fence de plufieurs curieux : nous trouvâmes que le foie étoit compofé de quatre lobes , & qu'il avoit une belle couleur rouge ; la véficule du fiel étoit infixée dans le grand lobe ; la rate étoit oblongue. Ayant en- levé l'épiploon , qui fe trouva affez chargé de graine , nous vimes à dé- couvert l'eftomac & les inteftins , ils nous parurent très-blancs ; on apper- cevoit fur leur furface extérieure beaucoup de petites glandes transparen- tes mais il n'y avoit pas la moindre apparence de cœcum : les reins & les glandes furrenales n'étoient pas remplis de graiffe , comme cela arrive quelquefois ; les parties de la génération avoient une conformation fort élégante ; les tefticules étoient dans l'intérieur du corps ; les vaiffeaux déférents fetrouvoient finies entre les véficulcs féminales qui étoient di- viféès en pjuûeurs petits lobes de même que les proftates , &c ils s'infé- •' roier.t dans l'artère chacun iëparémcnt. Les véfkules lémir.ales s'éten- doient des deux côtés comme deux aîles , elles avoient une belle couleur Manche , & rieurs vain'eaux étoient cntrelafiés en forme de réfeau ; enfin, elles vetfoient dans l'urètre par des conduits particuliers la liqueur qu'el- les contenaient ; il en étoit de même des proftates. Nous avons \ii outre çgfa deux autres corps glanduleux fitués extérieurement, qui avoient cha- ACADÉMIQUE. 147 cnn leurs Conduits par lefquels ils envoyoient une humeur Iaiteufc vers — i— — « »> forigine de l'urètre. On coupa enfuite le diaphragme &c nous vîmes Ephemerid^s battre le cœur après avoir ouvert le péricarde ; on l'arracha entièrement descuru & il eut encore quelque mouvement fur la main d'un des affiftans. On la Nature. voyoit fur la peau qui porte les piquants , des fibres charnues très-remar- rj . , qiuibles. Nous difféqtiamcs un autre hériffonle mois de Jèptcmbrefuivant; nous ne trouvâmes aucune différence dans les viieeres , u ce n'eft que les 1687. deux corps glanduleux extérieurs dont nous venons de parler , man- quoient dans cet individu. OBSERVATION CVI. De PAUL Jalon , fur la métamorphofe extraordinaire d'une Chenille. (F) IL y a quelques années qu'herborifant dans la campagne aux environs Obferv 106 de Balle, je trouvai fur un pied de ferpolet, à ce que je crois, ou fur un petit bafilic fauvage, une chenille remarquable par la variété de (es couleurs. Elle n'avoit pas beaucoup de poils , le dos étoit marqué de ban- des longitudinales de différentes couleurs , il y en avoit de bleues , de cou- leur de pourpre , de jaunes , de rouges & de noirâtres ; outre ces ban- des, on voyoit de petits points femés çà & là ; je rapportai cette che- nille à la maifon , je \9 mis dans un bocal de verre , & peu de jours après elle fe métamorphofa en chryfalide , comme les vers à foie : j'attendois avec impatience le moment où je pourrais obferver le papillon qui de- voit provenir de cette cryfalide , mais je fus fort furpris de trouver en- viron fix femaines après , au lieu d'un papillon , quatre mouches ( a ) un peu plus groffes que les mouches ordinaires , qui étoient forties de cette cryfalide & qui voltigeoient dans mon bocal ; ces mouches avoient la tête & les ailes bleuâtres , & tout le refte du corps de couleur de pourpre : je voulus voir la chofe de plus près & prendre une de ces mouches pour l'examiner ; mais à peine eus-je un peu ouvert le bocal qu'elles s'envolè- rent toutes & échappèrent à mes observations ; je trouvai au fond du bocal la cryfalide vuide & defféchée. Sa ) C'étoit aparamment le produit des œufs qu'une mouche Ichneumon avoit dé-: es dans le corps de la chenille. (Z ) Ij. COLLECTION Ephemerides ————————— i — • DES CURIEUX DE ■ la Nature. OBSERVATION CIX. Use. 2. An. 6. ^ Gunther ChristOPH. Schelhammer,/w- la direction d'une 1687. Cuogm. (F) Obferv. 109. I. T E jabot pduvoit contenir une noix dans fa capacité & fa fubftance JL/avoit un pouce d'épaiffeur j> la membrane intérieure étoit veloutée comme le font tous les inteftins , félon Willis. Quand on eut enlevé ce velouté , on apperçut une infinité de petites glandes en forme de ma- melons , qui étant preffées , rendoient en abondance une humeur d'un rouge pâle ; toute la fubftance intérieure de ce vifcere étoit de cette même cou-, leur. II. L'eftomac n'avoit pas un double mufcle propre à broyer les aliments .comme dans les oifeaux granivores ; il n'étoit pas non plus membraneux comme dans les corbeaux & les autres oifeaux carnaciers ; fa fubftance eft moyenne entre celle de l'eftomac de ces deux genres d'oifeaux, il eft plus épais que l'eftomac des oifeaux carnaciers & plus mince que celui des oifeaux granivores ; la membrane extérieure étoit charnue & mufculeufe, &c l'intérieure remplie d'inégalités comme la panfe des Ruminants. IÏI. il y avoit deux conduits biliaires qui alloient fe rendre dans Pin- teftin duodénum , l'un venoit de la véficule du fiai , & l'autre du foie. IV. La véficule du fiel ne touchoit point au foie , elle en étoit au con- traire éloignée d'un pouce , nous n'avons apperçu aucun canal qui com- muniquât du foie à la véficule du fiel. V. Nous trouvâmes deux conduits pancréatiques qui aboutifïbient auffi au duodénum par deux ouvertures qui leur étoient communes avec les deux canaux biliaires. VI. H y avoit de plus un troifieme conduit pancréatique qui aboutif- foit dans un autre inteftin, & qui étoit éloigné des deux premiers con- duits de la largeur de la main : le pancréas eft très-alongé dans les oifeaux àe cette efpece. VII. Le canal inteftinal étoit très-long, il faifoit beaucoup de circonvo- lutions , de forte qu'il fembloit avoir à proportion deux ou trois fois plus 4e longueur que celui de l'homme. VIII. Le caecum manquoit abfolument, mais notis découvrîmes deux appendices à l'endroit où commence le recium. IX. Les grandes plumes des ailes avoient chacune à leur racine deux cap- fules dont le diaphragme fe trouvoit a l'endroit oii la plume tient à la peau ; la capfule fuperieure , c'eft-à-dire , celle qui étoit plus près des barbes de la plume contenoit une humeur noirâtre , l'autre capfule ren- fermoit un fuc plus cru ; la cavité du tuyau de chaque^plume étoit rem- plie d'une infinité de petites capfules , & il fembloit qdWft y diftinguoit des yaiffeaux lymphatiques avec leurs valvules. X. Les os étoient çompofés de petites lames très-minces , & tous étoient académique; Ttf creux à l'intérieur : les plus épais, tels que les vertèbres du dos, & quel- r— T gg ques autres os de cette efpece, reffembloient par leur conformation cel- Ephemerides luleufe aux rayons conitruits par les abeilles ; ils étoient tous fort trani- des curieux di parents & très-légers , quoique leur fubilanec propre fut plus ferme & plus la. Nature. compare que dans les quadrupèdes. > j)cc % ^n hm aanÉw— — Ïf5 , . , COLLECTION étoit coinpofée de cinq grades tumeurs ; la première ' pe'foît deux livres Ephemerides ^ demie, &Z la féconde environ une demie livre; la troilieme s'appro- •bes curieux de choit du colon & pefoit quatre livres un quart, la quatrième & la cinquie- la Nature. me étoient tres-étroitement unies l'une à l'autre ; on voyoit cependant ai- Dec ■> ' A ( 1^menî leur'icparation, elles pefoient enfemble plus de deux livres. Je 'trouvai près du cœcum & du rettum une autre maffe de pareilles tu- 1687. -meurs enkiftées, qui s-'étôient réunies au nombre de fix ; cette maffe te- _, . 110k au méientere & pefoit quatre livres ; il étoit très- difficile de féparer KJiHiy. ii 9. rcs tunleurs les unes des autres, quoiqu'elles euffent chacune leur enve- loppe particulière. Le ferotum conienoit aufli une tumeur pareille aux précédentes & du poids d'une livre , cette tumeur recouvrait le tef- îiculc gauche & les muicles cremaiters dont je la iéparai fans rien dé- chirer : toutes ces tumeurs anomales avoient chacune leur enveloppe qui étoit compofée de trois membranes ; les membranes extérieures de cha- rpie enveloppe me parurent plus minces & d'un tiffu plus lâche que celle du milieu qui étoit nerveufe , denfe & plus épaiffe dans des endroits &C •plus mince dans d'autres. J'ai obfervé des vaiffeaux fanguins & des nerfs fur la tumeur qui adhéroit à la veine cave & fur les plus greffes de l'ab- domen. On voyoit autour de la racine de celles qui avoient pris le plus "tfaccroiffement dans l'abdomen , une efpece de plexus formé par des vaif- feaux fanguins & des. nerfs entrelaffés les uns dans les autres ; ce plexus fe trouvort a l'endroit le plus épais de la tumeur. La furface de toutes ces tumeurs enkiftées étoit inégale & raboteufe, à l'exception de quelques- unes , de forte qu'elles me parurent au premier coup d'œil fcro.fuleufes ; leur couleur reffembloit à celle des intérims, il y en avoit de couleur p;lle & d'autres de couleur jaune , les unes étoient plus dures & les au- tres plus molles. La matière contenue n'étoit pas la même dans toutes ces tumeurs, la plus greffe de celles du méientere, la plus pelante de toutes les autres & deux de celles qui fe trouvoient auprès du cœcum &»du recïum con- tenoient une eau jaune & tranfparente ; toutes les autres tumeurs du mé- fentere, celle du ferotum & deux autres de celles du colon avoient inté- rieurement une eau jaune & trouble avec une matière épaiffe & feinbla- ble à du pus ; enfin , la greffe tumeur de la poitrine , celle qui adhéroit au quatrième eftomac & les deux autres du colon conîenoient une ma- tière jaune pareille à cette gelée que l'on tait avec des jaunes d'eeufs , du jus de viande & un peu de fafran. Je reçus dans un vafe la liqueur tranf- parente & jaune , je la mis enfuite fur un feu ardent , & elle fe conver- tit en une gelée blanche qui rendoit une odeur de viande. Il n'y avoit ■aucune de ces matières contenues qui fentît mauvais. Les chiens ne niar- quoient pas moins d'avidité pour la matière gélatineufe de ces tumeurs que pour la liqueur aqueufe qu'elles contenoient. La tumeur du méfcntere ren- ferment une matière verelâtre & d'une confiiianœfemblableà celle d'un fro- mage mou; cette matière devint friable en fe defféchant, il y en eut même une petite quantité qui le convertit en une fubflance très-blanche & fembla- ble à de la craie ou à un calcul. L'eau jaune , quoique limpide , avoit ce- pendant quelque chofe de vifqueux, & on la faifoit mouffer en l'agitant. Les enveloppes de ces tumeurs étoient celluleufes , ôc chaque cellule A C A D É M I Q U t. \ v 'pouvoit contenir une noix des plus groffes ; j'ai trouvé dans quelques-unes — ^— w de ces cellules ('.es corps arrondis qui étoient comme nerveux , filamen- p teux & femblables A ceux que Ton voit dans le ventricule gauche du cœur; m s t wueux de il v avoit Je ces pellicules qui rcffembloicnt parfaitement à la parife d'un la Nature. veau à caule de leurs fibres nerveufes , & on auroit pu prendre r^ chacune des groffes tumeurs cnkillées pour un corps compote de plùfieurs *' petites tumeurs réunies & recouvertes par la même enveloppe à caufe des 1687. cellules d-ns lefquelles ces cavités étoient divifées. La plupart de ces en- „, r vJ.oppes avoient A l'intérieur une couleur jaunâtre, quelques-unes étoient ^bferv. lt& enduites de^ mucolité , & dans toutes la membrane intérieure m'a paru d'un riflu plus lâche que l'intermédiaire ; on voyoit au "dedans des kiûes qui avoient pris plus d'accroiffement, & qui étoient devenus plus épais & plus rouges au dehors , des cavités ou cellules qui pouvoient contenir lin pois, une lentille ou tel autre corps de pareille groffeur, & qui ref- iembloient en quelque forte aux cellules des abeilles ; il m'a femblé qu'il fortoit de ces cavités une matière qui rempliffoit les enveloppes. Les autres glandes conglomérées, favoir, le pancréas, le foie, les pa- rotides, les amygdales &c les glandes fituées dans la mâchoire fupéneure nu deffous du maffeter , me parurent très-faines ; le cœur étoit fort gros & pefoit trois livres , je n'ai pas trouvé la moindre apparence de polype dans les ventricules lefquels contenoient du fang d'un rouge éclatant ; il n'y avoit non plus aucun os , cependant les baies des valvules figmoïdes commençoient â fe durcir, & étoient prefque cartilagineufes. Les Amyg- dales .avoient une couleur brune , & m'ont paru plus dures & dix fois plus petites que dans un jeune taureau que j'avois difféqué quelques jours au- paravant , elles reffembloient à des amandes recouvertes de leur écor- ce ligneufe. La glande pinéale étoit affez grande ; des filaments du ple- xus choroide , lefqucls étoient la plupart des vaiffeaux fanguins , adhé- roient à, fa partie fupérieurc , & j'ai cru que cette glande fe réuniffoit in- térieurement au corps médullaire par le moyen de plùfieurs petits nerfs. Pai rrouvé fous la dure mère qui étoit fort épaiffe, un efpece de filet ou réfeau , ou plutôt un plexus fibreux & nerveux dans lequel fe décharge l'artère carotide interne ; car dès qu'elle eft entrée par un conduit offeux particulier , elle s'interrompt depuis la bafe jufqu'à côté de la felle du Turc oii elle reprend comme auparavant la forme d'un vaiffeau ; elle pénétre eriiuite dans la dure mère de toutes parts & répand des ramifications dans le crâne. Jai vu auffi 'des conduits lacrymaux fort apparents qui s'éten- doient jufqu'aux narines, ils avoient chacun deux différentes' origines , l'une dans la paupière fupérieure , & l'autre dans la paupière inférieure près du petit angle de l'œil : ces deux branches defeendoient de chaque cote teparément ious la peau jufqu'A une certaine dillance, & fe réuniffoient entuite en une feule qui entrait dans un canal offeux , elle paffoit fous is offeux des larmes du cerf, & elle fe prolongeoit jufqu'A la partie eure de l'une des ailes du nez A un pouce & demi de dillance de leur extrémité : ces conduits avoient dans les narines une petite ouverture fort apparente ; mais on n'appercevoit pas fi aifément celle qu'ils avoient dans les yeux, ils étoient plus larges qu'il ne falloit pour y inférer une plume 158 COLLECTION «n— ■ — — d'oie ; ils contenoient de la mucofité , & quand on introduîfoit dans ces Ephemerides conc'llu's un ^et Par ^e bas , il pénétrait difficilement jufqu'en haut , parce des curieux de 1lie leur ouverture étoit fermée par des valvules réticulaires. L'intérieur la Nature. de ces conduits avoit une couleur rouge à l'endroit du milieu de leur lonj Dec. i.An.6.gUeur' S C H 0 L I E. 1687. On vient à bout de guérir de différentes manières ces fortes de rumeurs; Oblery, 11 g, quand elles font à découvert comme dans le fcrotum, i°. On peut faire une incifion pour faire fortir la matière contenue & brider enfuite la ra- cine , cette méthode m'a réuffi fouvent pour les loupes de la tête , je l'ai auffi employée avec fuccès à Brandebourg pour détruire une tumeur qu'un tifferand avoit au fternum. i°. On peut encore couper en entier l'en- veloppe & emporter tout ce qu'elle contient, j'ai vu faire cette opération à Rome par Trullius pour une tumeur dans le dos. OBSERVATION C X X. De Jean- JAC QUES Harder, fur une tumeurvue dans le méfentere d'un Cerf. (F) „. - Es premiers jours de février de l'année 1683. j'obfervai les entrailles erv* I20, JLfd'un cerf qui n'avoient pas eu le temps de fe refroidir ; je fus fort étonné d'appercevoir au premier coup d'œil un petit fac glanduleux dont je ne connoiffois pas l'ufage ; le pancréas avoit environ une aune de lon- gueur, & étoit attaché par fon milieu à ce fac comme les épididymes le font aux tefticules , d'abord je crus que ce pourrait être un skirre formé de plufieurs glandes endurcies , je l'ouvris , & il en fortit une matière glu- tineufe qui étoit d'une couleur rouffe , foncée & ardente , & d'un goût douçûtre ; après avoir enlevé cette matière , je découvris plufieurs cellules avec de petites glandes fort apparentes , ces cellules avoient une couleur jaune , tirant fur le fafran &c difpofée par tache. Au relie , ce petit fac étoit membraneux & peu denfc : le pancréas avoit à l'extérieur une cou- leur à-peu-près brune , & il étoit intérieurement glanduleux : on difhn- guoit dans ce vifeere une cavité fort apparente & le méfentere le recou- vrait de toutes parts. Je vis derrière ce pancréas plufieurs glandes de cou- leur brune , &c dont la figure approchoit un peu de celle de la langue d'un bœuf. Le réfidu renfermé dans lés kiftes glanduleux de ce cerf, étoit déjà fi dur, que j'avois beaucoup de peine à le rompre avec mes mains. Je croirois volontiers que cette greffe tumeur fituée au milieu du méfentere n'étoit pas naturelle. La fFructure de la veille de ce cerf me parut auffi finguliere; car au lieu d'être dilatée fur toute fon étendue comme elle l'eft dans les autres animaux , elle ne fe dilatoit que dans fon milieu , le fond ACADÉMIQUE. j^ en étoit ptiffé par l'cfTetclc plufieurs membranes déliées ^ circulaires, glan- SBBÊSSBS duleufes, fibreufes, muqueufes & élaftiques. L'infertion des véficules fé- Ephemerides minales dans l'urètre étoit très-apparente au deflbus des vaiffeaux déférents, des Curieux di Les reins différaient de ceux du bœuf, le cœcum étoit très-ample, & on LA Nature. idhtinguoit très - aifément les fibres circulaires quand il étoit gonflé, fa £>ec ^ g forme approchoit de celle d'un cor de chafl'e. L'ileum étoit entièrement glanduleux à fon extrémité Se à la diflance de deux aunes au-delà ; I'iiTue 1687. de cet inteftin étoit afle/. étroite , & fembloit former une valvule de Varole ^1 r à l'endroit de fon infertion avec le colon. Il y avoit un des tefticulcs beau- *-^lerv. 1 10# coup plus gros que l'autre, & outre tous les mufcles ordinaires de la verge , on en voyoit deux autres cylindriques & alongés qni prenoient leur origine derrière le rectum , & qui s'étendoient jufqu'au-delà du mi- lieu de la longueur de la verge : ces mufcles fervoient fans doute à ren- dre l'érection plus forte. OBSERVATION CXXI. De CHARLES RlSER , fur une Chenille de la grandeur du doigt , dont les couleurs étoient tris-variées & fur fa metamorphofe. (F) JE trouvai fur la fin de juillet une chenille plus grofîe qu'à l'ordinaire , & QUfcrv , • qui mangeoit des feuilles de roquette , je préfumai de-là qtie je pour- rois la nourrir avec cette herbe & me la conferver vivante. Je l'emportai à la maifon avec la branche à laquelle elle étoit attachée , & je la mis dans un bocal de verre , pour être à même de l'obferver chaque jour ; tous les anneaux de cet infecte étoient de différentes couleurs alternati- vement , & dans cet ordre , couleur d'or bleuâtre , noir & pourpre , de forte que cet animal fembloit être revêtu d'une belle robe de foie : toutes ces couleurs formoient des ondes lorfque l'infecte rampoit. La tête étoit moins large que le refle du corps , il y avoit deux dents faites en forme de faux & dont l'animal fe fervoit pour manger les feuilles de roquette. .'1 commençoit par faire une incifion en forme de croiffant à l'extrémité de la feuille , qui eft oppofée au pédicule , & continuoit de même fans jamais attaquer la feuille par un autre endroit. Les anneaux du corps de cette chenille étoient foutenus de chaque côté par des pieds larges & non crochus , chaque anneau étoit chargé de poils de fa couleur très-courts , & qui lui donnoient un œil velouté ; feulement le dernier anneau portoit des poils plus longs en forme de piquants. Les excréments de eette chenille étoient d'un verd brillant au fortir du corps, & ils deve- noient noirâtres engfe durciffant : je la nourris environ pendant un mois cle railles de roquette , au bout de ce temps elle devint languiffante & cefia abiolument de prendre de la nourriture , alors elle commença à atta- cher er. cbiTerents endroits de la branche des fils qu'elle droit de fa bou- che , & qu'elle faifoit psuTer fur elle en forme de ceinture : le lendemain matin fa dépouille etoit roulée en forme de boule & attachée à ces fils; ïftj COLLECTION je vis aullî une cryfalide de la groiTeur d'une noix & de couleur verdâ- Ephemerides tre , pointue par les deux extrémités, convexe par les côtés & par le dos, de' Curieux de qui étoit fufpendue à ces mêmes fils paria partie fuperieure : cette cry- ia Nature. falidè n'étoit plus recouverte d'une peau , mais, d'une forte de croûte plus Dec 2 An 6 c'ure ' îe l'auro's crue ^lns v'e' ^ ïe ne lui avois vu faire de petits mou- ' c'o ' ' vements, dès que je la touchois. Je l'obfervai dans cet état environ pen- dant un nois fans appercevoir le moindre changement" ; mais après _, . ce temps-là je découvris dans la croûte qui étoit transparente des taches Vl ial' obfcùres, qui devenoient chaque jour de plus en plus noires, & qui s'é- tendirent fur toute l'enveloppe ; j'augurai de-là qu'il y av.roit une fécondé transformation, fur-tout quand je vis que l'animal s'agitoit & fe contour- noit davantage lors même que ;e le touchois très-foiblement. J'expofai le bocal dans'lequel étoit cette nymphe à l'ardeur du foleil , je l'obfervai pendant quelque temps , je vis l'enveloppe fe fendre fur le clos en forme de croix , & j'apperçus un petit animal velu qui fàhoit des efforts comme pour fe débarraiTer de fon enveloppe , laquelle s'étant bientôt ouverte de tous les côtés, il en fortit le plus grand & le plus béait des papillons que j'aie jamais vu. Il parut d'abord languiffant , car il ne_pouvoit fe foutenir fur fes jambes , ni étendre les ailes ; je le mis au foleil, il devint plus fort, & en peu de temps je le vis -s'effayer à marcher & à voler. Ce papillon avoit l'extrémité des ailes pointues ck recourbées en haut comme une faux , les bords étoient frangés & de différentes couleurs , & il y avoit fur les ailes des taches rondes , de couleur noire , rouge & bleue , qui reflem- bloient à des yeux , & qui ne cédoient en rien à ceux que l'on voit fur les plumes du paon. Je donnai au papillon des feuilles de roquette , & je fus fort fâché de voir qu'il n'en voulut point manger, parce que' j'étois fort curieux de le conferver pour obferver fes œufs, & (avoir s'il reprendroit fon premier état de chenille. Je lui préfentai un œillet que je tenois par hazard , l'odeur de cette fleur lui plut apparemment , car il étendit auffi- tôt une très-longue trompe, qu'il tenoit cachée & roulée entre les orbites des yeux , & il l'enfonça dans la fleur pour la fucer ; je préfumai de-là qu'il ne fe nourriffoit que du fuc des fleurs les plus odoriférantes. OBSERVATION CXXVIM, Sur des œufs qui portoient comme l'empreinte, d'un foleil , par EvERHARL» > - GOCKEL. (F) Qbferv. 118. T 'An 1641. depuis le 12. juillet jufqu'au 20. feptembre , on a vu cinq .Lœufs pondus à Ulme par cinq différentes poules, $C qui portoient fur leur coque l'image d'un foleil à treize rayons , deffinée allez régulièrement. Quelques-uns prétendoient même que l'un de ces œufs avoit paru lu- • mineux : on ne cite cette dernière circonftançç qu'à caufe du rappon qu'elle a avec FobierYation XXVI. de l'Append. OBSERVATION ACADEMIQUE. 161 mm ' ~~ ' """" ~~ "~ ~ ~~ ErHTMERIDFS DES CURIEUX DE OBSERVATION CXLIII. la Nature. De CHARLES OHMB » fur une Stalactite ferrugineufe , fippellée par les Chy- . c" • * • ' miP.es Fl.UOR , FLOS-FtRRl , tiret d'une mir.e de fer de la Stirh. ( F ) i637. ON trouve cette mine de fer dans un village de la haute Stirie , furies ^kl'-1'" I-*3' frontières de l'Autriche ; il s'y forme quantité de ftalacrites qiù font adhérentes à la fuperficie des pierres métalliques des cavernes de cette mine. Cette ftalatfire prend différentes figures ; pour l'ordinaire elle s'élève, en forme de rameaux blancs , qui ont pour bafe un bloc de même ma- tière ; tantôt ces rameaux paroiffent entièrement bruts, & ne différent entre eux que par diveriés courbures qu'ils ont pris ; tantôt leur forme eft fi linguliérement variée , qu'ils représentent différents objets de la na- ture , comme des branches de corail blanc, ou de petites feuilles frangées, ou les protubérances des dents molaires : ou des réfeaux très-fins , quelque- fois cette matière qui fert de bafe au lieu de s'élever en rameaux , paroît difpofée en ft ries de différentes grandeurs , d'autres fois elle refte en maffe & ne forme qu'un bloc de pierre femblable à de l'albâtre ; dans quelques endroits elle paroît ftriée comme l'hématite ou la mine d'antimoine ; enfin, dans d'autres endroits elle préfente des herborifations lemblables à celles que la gelée forme quelquefois fur nos vitres. La ftrudiure intérieure de cette matière n'eft pas toujours la même , elle varie par l'arrangement &C la connexion des particules dont tous ces corps font compofés : la fubf- tance de ces ftalacrites diffère par la couleur , la dureté & la tranfpa- rence ; elle eft blanche comme de la neige , ou fa couleur imite celle de l'ar- gent .; quelquefois elle a une confiftance très-dure , d'autres fois elle eft Beaucoup phis tendre , & elle fe caffe très-aifément ; enfin, tantôt elle pa- roît opaque, & tantôt on la voit tranfparente & difpofée comme un amas de cryftaux contigus. (a) A l'égard de la formation de ces ftalacrites, j'ai oui-dire à quelqu'uns de mes amis , qui demeurent près de la mine de fer dont il eft queftion , que l'on voit de l'eau fe filtrer à travers les parois des cavernes de cette mine , & que c'eft cette eau qui fe congelé en cette forte de pierre. J'ai reçu le mois de feptembre dernier une lettre de Jean Adam , dans laquelle il m'apprend d'où proviennent ces eaux, & pourquoi elles fe congèlent. Voici ce qu'il me dit dans cette lettre. « Cette mine de fer eft couverte » d'un banc de pierre calcaire qui s'étend fur toute la croupe de cette » montagne & julqu'au fommet. L'eau des pluies & des neiges qui eft y> retenue par la couche de terre fupérieure , tombe fur ce banc de pierre » calcaire, fe charge de la partie la plus foluble de cette matière calcinable, » pénétre à travers les mines de fer , & fe filtrant dans les grottes inférieur (j) La figure ^6> du texte repréfente une plante incruftee plutôt qu'une ftala&ite» Torn. IF. des Acad. Etrang. X 161 COLLECTION mo-miM » res où l'air a un libre accès , y forme ces différentes concrétions. Voict Èphemeridés * comment cette matière concrette prend différentes figures en fe formant. de5 curieux de » L'eau qui tombe goutte à goutte commence par former une croûte ia Nature. » continue fur le fond de la caverne ; les gouttes qui diitillcnt enfuite p. / » fur cette croûte , fe congèlent les unes fur les autres , & laiffent dans i. An. 6. ^ je miijelI une ouverture ou un petit conduit , par lequel les gout- 1687. » tes qui viennent enfuite, forment en deffus ou à côté des rameaux qui » fe durciffent en fe congelant. L'augmentation & la pofition de cette Ob^ery. 143. „ matière font toujours les mêmes, jufqu'à ce qu'elle fe foit élevée à » une certaine hauteur , ôc qu'elle ait bouché l'ouverture du petit conduit » central. Quand l'eau tombe avec plus d'abondance , elle s'épanche alors » dans de petites fentes de la caverne qui font vuides & forme des fortes » de roupies de différentes grandeurs , ou bien elle fe congelé en des blocs de » pierre proportionnés à l'efpace qui les contient. » A l'égard de la tranf- parence de quelques-unes de ces ftalaûites , je crois qu'elle provient de ce oue les eaux dont elles font formées circulant plus long-temps fous terré , ou fe filtrant à travers des veines femblabtes à celles qui préparent la matière des pierres précieufes , acquièrent un degré de pureté & d'homo- généité , que n'ont pas celles aufquelles les llalaclites opaques doivent leur origine. OBSERVATION CLVIL De GODEFROI SCHULTZ, fur une de ces grenouilles vertes qui fe perchent fur les arbres , & que l'on appelle raines ou rainettes. ( F ) UN chirureien a nourri une de ces grenouilles vertes pendant prefque huit années. 11 la prit au commencement du printemps, & la mit dans un bocal de verre cylindrique qu'il ferma avec une efpece de filet ou de réfeau ; il lui donnoit pour nourriture de l'herbe fraîche tout l'été , & du foin un peu humecté pendant l'hiver ; il lui jetoit de temps en temps quelques mouches , la grenouille les attendoit la gueule béante , & les fai- fiffoit avec une adreffe admirable. Comme les mouches font rares l'hi- ver , à peine en donnoit-on une ou deux à cet animal , de quatre jours en quatre jours ; auflï il maigriffoit beaucoup & s'affoiblifibit confidérablement pendant cette faifon ; mais , aux approches de l'été & dans la laifon où les mouches & les confins font communs , la grenouille qui en mangeoit plus abondamment reprenoit fon embonpoint & fa fanté. Ce chirurgien •vint à bout de conferver cette grenouille vivante pendant l'hiver , en la mettant dans un poêle où elle ne fentoit aucun froid ; & même elle ne manquoit pas de vivacité dans cette faifon, fur-tout quand il étoit quef- tion de fe jetter fur fa proie : on l'entendoit quelquefois coafTer l'été \m peu de temps avant qu'il tombât de la pluie ; comme elle étoit beaucoup mieux nourrie dans ce temps -là que pendant l'hiver, elle groffifToit con- fidérablement , & paroiffoit comme eaiflée ; mais elle favoit fe guérir elle- ACADÉMIQUE. r63 même par un vomiffcment qu'elle s'occnùonnoit ; pour cet effet elle ap- — — — pliquolt les deux pattes de derrière à l'endroit des hypocondres, qu'elle Ephfmerides preffoit avec effort, & elle rendent par la bouche une mucouté blanche eb cvrhux di &c vifqueufe. Qîielquefois fon gardien ta tiroit de fa prifon , elle fe met- la Nature. toit auffi-tôt à fauter de côté & d'autre, & elle dardoit par la partie pof- De£ x ^ g. térieure du corps une forte de liqueur Limpide. Les gros excréments étoient noirs &t grumeleux : enfin , pendant le huitième hiver , comme on 1 687. ne nut lui trouver de mouches , elle devint languiflante & mourut. _, . 1 Obferv. 157; S C H O L I E. On ne peut douter que cette grenouille n'eût vécu plus long-temps il Fon eut continué de lui fournir une nourriture convenable : plufieurs p..rionnes affurent qu'elles ont vu pendant L'hiver des grenouilles vivantes au fond des fontaines chaudes. OBSERVATION CLXX. £h GABRIEL ClAUDER, fur un bâton de bouleau deffèchè , qui fervoit à fou tenir un cep di vigne nouvellement planté , & poujja du milieu de fon tronc un petit rameau de vigne. (F) JEan-George Krieg intendant des poftes , planta au mois de mars quel- Obferv. 170» ques boutures de vigne pour faire un berceau dans fon jardin ; il donna pour foutien à la plus toible un bâton de bouleau defféché , épais de trois pouces & coupe depuis plus de fept mois : environ deux mois après tous les autres ceps de vigne avoient déjà des feuilles fur leur pre- mière pouffe , excepté celui qui étoit foutenu par le bâton de bouleau , le- quel pouffoit très -lentement ; le maître commençoit à en défelpérer lorfqu'il apperçut une pouffe de vigne fortir du bâton de bouleau. Tous les amateurs vinrent voir cette fingularité , & le profeffeur de Botani- que pria George Krieg d'avoir grand foin de ce bâton parafite, qui s'étoit approprié le fuc nourricier de Ta vigne qu'il foutenoit , & d'examiner ce qui en réfulteroit pendant le refte du printemps ; cette pouffe atteignit la longueur d'environ deux pouces , elle portoit douze ou quinze feuilles c 1 avoient à peu près chacune la largeur d'un liard ; mais trois mois & demi après les feuilles fe flétrirent & tombèrent defféchées. On découvrit que la vigne nouvellement plantée étoit aufli morte , peut-être parce qu'elle n'avoit pas de fève en affez grande abondance pour pouvoir nourrir ces deux différentes tiges. On arracha le bâton & le cep ; & on trouva que la racine du cep étoit fortement attachée à la partie intérieure du bâton qu'elle s'étoit inférée dans fa fubftance , & que par un jeu de la nature elle avoit fourni une partie de fa fève à ce bois fec. ié4 COLLECTION Ephemerides ZSN?tvr*D£ OBSERVATION CLXXI. Dec. 2.. An. 6. jj( GABRIEL Clauder , fur la manière de multiplier le froment. (F) LE S meilleurs moyens qui ont été employés pour fertilifer les terres l fuppofent que le nitre eft le principe de leur fécondité , & fe bornent à rendre ce fel plus abondant dans la terre , ou à faire macérer le grain pendant quelques jours dans une folution de nitre : quelques-uns pour rendre la méthode plus ailée & plus courte , ont imaginé de faire détremper du fumier de pigeons , de moutons , &c. dans de l'eau de pluie ou de la rofée du mois de mai , dans laquelle ils font diffoudre le nitre ; feloa d'autres , on peut fuppléer à cette folution par l'eau qui découle des fu- miers : d'autres ont fait un meilleur ufage de ce principe alcalin , en l'em- ployant de manière qu'il puhTe fixer le fel volatil de l'air. On peut voir ce que j'ai dit ailleurs, (a) de l'influence utile & falutaire de ce fel aérien fur les corps terreftres , &c. Je vais donner un autre procédé que j'ai éprouvé & qui m'a réuffi. On commence par faire au mois de feptem- bre , dans un endroit expofé au foleil & bien à l'abri du vent, -un creux de deux ou trois aunes de profondeur , que l'on remplit d'une bonne terre graffe & limoneufe , on la laifl'e ainfi jufqu'au- printemps : alors il faut ramaffer jufqu'au temps de l'équinoxe dans des vafes propres , de l'eau de pluie , de neige ou même d'orage ; on prend un ou deux tonneaux dans lefquels on met une partie de la terre graffe du foffé , avec laquelle on mêle deux parties de l'eau dont nous venons de parler , on agite fou- vent le tout pendant l'efpace de trois jours , enfuite on décante lorfque l'eau eft bien éclaircie ; pour avoir- encore plus de parties falines , on '; prend deux parties de cette eau décantée pour faire une leffive avec une partie de cendres de feuilles de fougère , de perficaire , de tiges de fèves , ou d'autres plantes femblables qui contiennent une grande quantité de fel alcali ; on agite bien le tout enfemble , enfuite on décante , & on conferve ce mélange pour s'en fervir dans le temps que l'on veut femer le froment ou tel autre grain : on le fait tremper dans cette folution pen- dant vingt-quatre heures , & chaque grain pouffe vingt , trente ou qua- rante tuyaux & "autant d'épis bien graines : j'ai été quelquefo:? témoin de la réuffîte de ce procédé, il n'eft pas néceffaire de fumer le champ que l'on veut enfemencer de froment ainfi préparé ; & une feule mefure de cette graine fuffit pour femer le même efpace de terre , dans lequel on met trois mefures de froment qui n'eft pas préparé ; il faut avoir foin pour femer- de mêler avec le froment préparé , de la terre ou même du fable , afin qu'en le femant il tombe moins épais dans le champ. Il eft bon de favoir auffi que la vertu faline de cette préparation eft fi (a) Dijfcrt. detinttur univcrfili, cap. /. pag. \g6. Voyez auili Digby , de Medtc'ini 4$pe'im(ntali< ACADÉMIQUE. iSf pénétrante , que fi l'on feme plufieurs fois le même champ de cette façon , ■»— — — — il s'épiùfe en peu d'années &C devient ftérile. J'ai appris par l'expérience Ephemeride* que cette préparation profite plus aux plantes herbacées qu'aux arbres : desCurieuxde je mis tremper pendant vingt-quatre heures dans une liqueur préparée la Nature. comme la précédente des greffes que je devois enter fur des arbres , elles jy An 6 ne prirent pas beaucoup d'accroiffement , & ne s'élevèrent qu'à la hau- teur d'une aune ou deux. Un père de famille qui veut employer cette 1687. méthode en grand , doit avoir foin de ne pas laifler long-temps la fe- mence dans la liqueur préparée , de mêler la femence fortement imprégnée avec d'autre femence qui le fera moins, ou, enfin d'affoiblir la liqueur, l'étendant dans une grande quantité d'eau : je ne confeillerois pas de préférer à cette liqueur l'égout de fumier dont j'ai parlé plus haut, parce que cet égout contient moins de fel nourricier , que de fel cauftique & corrofif , qui brûle & defféche la graiffe de la terre. OBSERVATION CLXXV. De Gabriel ClaudêR , fur un Thermomètre vivant. (F) Obfcrv. 17Ç? IL y a un poifTon appelle en Allemand Neunauge , * Se par les pêcheurs * ni yu « j der-fchlamm-beirTer , il efl: affez reffemblant à la lamproie ; on le pêche a' quelquefois dans -les fleuves, mais on le trouve beaucoup plus commu- nément dans les endroits marécageux ; on le tient enfermé dans un bocal de verre , & on ne lui donne pour toute nourriture qu'un peu de fable & de l'eau de rivière ou de pluie , il faut avoir foin de renouveller l'eau deux ou trois fois la femaine. Quas^l la température de l'air doit chan- ger, on voit ce poiffon inquiet & s'agiter dans fon bocal la veille du chan- gement , ou feulement une demi - jou.rnée auparavant , il avertit même quelquefois par une forte de fifflement quand il y a une tempête fubite à craindre , ou le tonnerre , ou quelque chofe de femblable. On peut le gar- der pendant l'hiver dans le poêle , pourvu qu'on le place près de la fenêtre. OBSERVATION CLXXV I. De GABRIEL CLAUDER, fur un homme qui mangeoit des poux vivants & qui devint pour ainjî dire fauvage par ta grande habitude de vivre dans les bois. (F) CEt homme avoit environ foixante ans, il étoit né de parents très- Obferv. 1761 pauvres , il vint au monde pendant les dernières guerres d'Allema- gne ; il fut nourri dans un village où les foldats venoient fouvent faire des incursions ; le père & la mère de cet enfant ennuies de fe voir enle- ver tous les jours le peu qu'ils avoient pour vivre , quittèrent le village , & s'en allèrent pour quelque temps avec leur enfant chercher dans les bois un afyle tranquille & inçonuu. Ce genre de vie plut fi fort à ce jeune ï66 COLLECTION I homme , qu'il en ,conferva l'habitude après la mort de (es père & mère ,". £pI)EMER!DES quoiqu'il fe trouvât quelquefois en fociété avec les autres habitants du Drs CuRirux de village avec qui il vivoit pendant quelque temps, il préférait la folitude la Nature. des campagnes déferres & des bois, oit il s'abrutit au point qu'il man- n . , geoit avec grande avidité les poux qu'il prenoit fur fon corps, & il les rk " ' ava^0^ tcllt vivants. Le gouverneur de ce canton en fut inftruit &c il l'en- 1 7j voya chercher aufli-tôt par commifération , il le garda chez lui , lui fit faire Obferv. 176. bonne chère, &C le traita avec beaucoup de douceur ck d'affabilité pour tâ- cher de le guérir de fa manie. Toutes ces précautions furent inutiles , car cet homme iauvage s'efquiva furtivement quelques jours après , & s'en alla' dans les bois reprendre fon premier genre de vie. OBSERVATION CLXXXII. De CABRIEL CLAUDER , fur une Chevrette qui avait des cornes.- (F) q,ç o T TN chafleur tua dernièrement dans la forêt voifme une chevrette qui trv. 1 1. \^J av0-t jgj cornes recouvertes de poil comme les refaits d'un cerf ; elles étoient offeufes & compofées de plufieurs pièces contiguës & arron- dies ; l'une des perches n'avoit pas la hauteur ordinaire des bois de che- vreuils , comme on peut le voir , Fig. II. PI. VII. Jonflon {a ) dit qu'on trouve quelquefois des biches , dont la tête eft iiirmontée d'un bois pareil à celui des cerfs , & cet auteur cite Maximilien & Scaliger pour en avoir vu. OBSERVATION CLXXXII L De GABRIEL ClAUDER, y#r «72 Lièvre qui avait des cornes. (F) Obferv. 18?. T^an Lofer, Gouverneur de Setz , m'a affuré qu'un Gentilhomme des J environs avoit pris à la chaffe un lièvre qui avoit des cornes ; ce Gen- tilhomme l'a gardé vivant pendant plus d'un an dans fon parc ; outre cela cet animal différoit encore des autres lièvres par fon poil qui étoit de couleur cendrée blanchâtre, Fig. III. PI. VII. Jonflon (£) nous a donné les figures de deux lièvres qui avoient aufîi des cornes, mais il ne nous en a laifîé aucune defeription. (a) Hijl. nat. de Quadrup. lit. 2. cap. 2. artic. 7. / m. 87- Voyez auffi la première Décurie des Ephémérides, année 9. obf. 88. & la :econde Décurie , année 2. obf. 98. ( h) Hijl. nat. de Quad.liv. 5. cap. 13. f. m. 1/7. ACADÉMIQUE. 167 Ephemerides OBSERVATION CCVI. ^nÏÏS£M .D'ALARD-MAURICE EGGERDES, fur un Cluval monjlrueux. (F) ^ec. *• An. &' 1687. JE revins un jour du château du Comte de Sœteren fur un cheval d'une grande taille, fort & afl'cz gras , mais qui étoit monftrueux, en ce qu'on ^bicrv. 100- ne pouvoit reconnaître (on fexe. Il n'avoit à l'extérieur aucune apparence des parties de la génération, &Conne voyoit pas d'abord d'ouverture pour Tiffue de l'urine, mais feulement on appercevoit à l'endroit oii les juments ont leurs mamelles deux papilles , qui avoient chacune une ouverture ; ce cheval rendoit fon urine par l'une & l'autre de ces papilles , & comme l'ouverture en étoit petite , l'urine ne fortoit que par petits filets. Je ne fais pas fi l'urètre étoit double dans toute fa longueur, ou s'il avoit am- plement deux branches , parce que je n'ai pas diiléqué ce cheval. OBSERVATION CCXV. De MlCHEL-FREDERIC LoCHNER , fur une prétendue pierre de Fourmis , qui contenoit des mouches cantkurtdes, ( F ) JE me fis apporter fur la fin du printemps de cette année plein un bocal Obferv. ai 5. de grofles fourmis , par une vieille femme qui avoit coutume d'en aller chercher pour ceux qui en avoient befoin ; je lui demandai fi elle n'avoit jamais trouvé dans les fourmilières des pierres noires ; elle me répondit qu'elle en avoit donné plufieurs à un chirurgien de cette ville, elle pro- mit de m'en chercher, & quelques jours après elle m'en apporta. Ces pierres , û l'on peut les appeller ainfi , étoient ovoides , un peu moins Erofles qu'un œuf de pigeon, très-légères, & d'une couleur brune, fem- laHe à celle de la terre végétale ; il y avoit fur leur furface des émi- nences formées par d'autres petites pierres ; & quand on les agitoit près de l'oreille, on entendoit un petit bruit intérieur occafionné par quelque chofe renfermé dans leur cavité. En un mot, ces efpeces de pierres n'é- toient autre chofe qu'une m a (Te d'une fubftance terreufe &C de figure ova- le. Je rompis une de ces pierres en préfence d'un de mes amis, nous trouvâmes dedans une nymphe jaunâtre, prefquc fans mouvement, & par- faitement femblable à celle d'une chenille , & nous découvrîmes que la pierre en queftion n'étoit autre chofe qu'une enveloppe de terre que s'é- toit raite un ver pour y pafl'er l'hiver. Quelques jours après , j'ouvris le foureau de la chryfalide, mais je ne connus pas d'abord à quel genre d'infefte elle appartenoit. Huit jours après je fus fort lurpris de trouver en entrant dans mon cabinet des mouches cantharides , apcllécs en Alle- mand Gold-Kafer, ou Rolen-Kafer, parce que ces infedes le tiennent m collection i dans les rofes ; elles voltigeoient en faifant entendre un petit murmure. Je- Ephemerides me hâtai de faire fortir par les fenêtres ces infectes fales &C incommodes", des curieux de parce qu'ils gâtoient mes papiers & mes livres avec leurs excréments ;. la Nature. je ne pouvois concevoir comment ils s'y étoient introduits , parce que Dec 2 An 6 tout &0ït exactement fermé, mais mon étonnement ceffa quand j'eus ap- ' perçu que les prétendues pierres de fourmis, ou plutôt ces coques ter-reu- 1687. fes que j'avois mis dans mon cabinet avoient été rompues par ces mou- „,.. ches cantharides pour en fortir. Qblerv. zi 3sË^ c - Année 167?. ajoute encore que rien n ell plus taux que ce que 1 on penle commune- ' ' ment de la formation de ces vers, & que fi on faifoit à ce fujet des ob- li. nations exactes, on trouveroit que ces animaux quç le vulgaire penfe être formes par la corruption, font engendrés de femence ou par une caufe provenante de quelque femence ; parce qu'il eft incroyable que les aliments feuls piaffent produire dans le corps humain par leur corruption des infectes parfaitement organifés. Et il ajoute encore pour prouver la vérité de fon opinion, que la raifon pour laquelle il s'engendre des vers dans le corps des enfants pendant la faifon des fruits plutôt que dans toute autre, c'eft qu'ordinairement il fe trouve, foit au dehors , foit audedans du fruit, des vers ou au moins des femenecs de vers , qui paffant par l'eftoraac fans être altérés, fe logent dans les replis des inteftins , y naiffent & y prennent de l'accroiffement. Quant à la troifieme queftion; l'auteur dit que quoique la coquille de l'œuf foit allez poreute pour donner paffage à 1' air néceffaire à la refpiration du poulet; il n'eft cependant pas poiîible qu'un ferpent , quelque petit qu'il foit, paffe à travers pour pénétrer dans l'œuf. D'où il conclut que la poule avalant ordinairement tous les vers & tous les petits ferpents qu'elle trou- voit, aura par hazard mangé ou quelque petit ferpent , ou quelque œuf de ferpent dans lequel le petit étoit éclos ; est œuf, dit-il , ou ce ferpent étant petits & gliffants feront facilement fortis du gofier &c de l'eftomac , le petit animal n'aura pas perdu la vie , quoique l'œuf ait été caffé par la compreffion , il fera paffé aifément dans les inteftins , & de-là fera tombé dans la partie où fe forme le blanc de l'œuf; il fera refté là jufqu'à ce que quelque jaune d'oeuf fe foit détaché de l'ovaire pour s'incorporer avec le blanc; alors le petit ferpent nageant dans cette liqueur, fe fera trouvé d'abord enveloppé parcelle qui forme la membrane de l'œuf, & enfuite entermé dans celle qui en forme la coquille : & c'eft ainfi que ce ferpent fe fera trouvé , dit l'auteur , dans l'œuf dont il eft queftion. Il confirme les con- jectures , en ajoutant que dans la faifon des vers à foie , on ne mange point d'eeufs dans la Lombardie , parce qu'il s'y trouve quelquefois des vers à foie , ou quelque choie qui y reffemble. EXTRAIT D'UNE LETTRE ÉCRITE PAR LE R. P. F. Henry DE NoRIS Théologien de S. A. S. le g and Duc di Tofcane , & profcjjeur d'hijloire ecclefîaflique dans Puniverflcc de Pife, au Sieur N. N. au fujet de la nouvelle pèche de corail faite dans le port de Livourne. (B) QUoique la mine de corail que le père Noris dit avoir été trouvée Ann^c 16-6 dans la mer de Livourne , y ait été découverte nouvellement, on ne peut cependant pas douter qu'il ne s'y en foit tait autrefois une pèche i8x COLLECTION" très - abondante : Pline le naturalise rapporte qu'il s'en trouvoit une grande T , quantité dans la mer de Tofcane , Si dans celle de Sicile : & le P. Noris Journal Litte- 7. . . A . r , ' . . , raire de l'Ab- d1* lui-même dans la lettre , que vingt ans auparavant on avoit tente be' Nazari. la recherche du corail, & que l'on n'avoit trouvé pour lors que des ra- . , -. meaux naiffants de cette plante ou de cette pierre ; car le corail poffede les- ' nec I(,7Ù' propriétés de l'une & de l'autre ; cependant des naturalises le mettent au nombre des plantes marines, (a) On abandonna donc pour lors l'entreprife, afin d'en réferver une récolte plus abondante à la portante , qui cent ans après , auroit le bonheur d'en faire la découverte ; car il ne faut pas moins d'un fiecle pour l'entière perfection du corail félon le calcul de quelques perfonnes. Il arriva au mois de feptembre dernier qu'un bateau de pêcheurs Génois paffant entre l'ifle delà Gorgone & l'écueil de la Meloia qui eft vis-à-vis du port de Livourne , lés pêcheurs jettant leurs hameçons dans la mer pour prendre du poiffon, en retirèrent un auquel s'étoit ac- croché une branche de corail détachée du tronc, ce qui leur, fît connoître qu'il y en avoit une mine dans ce lieu. Les pêcheurs voyant qu'au lieu de poiffon ils pêchoient du corail , dans l'efpérance d'un gain plus confidérable , firent part de leur découverte à d'autres pêcheurs plus ex- périmentés ; ils- préparèrent donc des inrtruments propres à cette forte de pêche ; ils la commencèrent avec deux bateaux , & en firent une fi heu-- reufe,qu'en deux jours ils en amaflerent plus de trois cents livres : la nouvelle de cette découverte s'étant répandue , d'autres pêcheurs arrivèrent avec un nombre de plus de cinquante bateaux , & quoiqu'ils fuffent tous très-peu expérimentés , ils en recueillirent jufqu'à trois mille livres pendant l'ef- pace de douze jours feulement , au bout defquels la pêche cefla , la' mer étant devenue orageufe. Comme la perfection du corail dépend de la beauté de fa couleur , ce-- lui-là fut trouvé parfait , & les marchands Arméniens en envoyèrent en Perfe la plus grande partie , ce qui en augmenta beaucoup le prix. L'abondance de corail que l'on pécha dans ce lieu , fît juger que la ' mine étoit très-riche : on remarqua aufli des branches vermoulues com- me le vieux bois, & dont la couleur étoit altérée parle temps, & d'autres- rameaux qui renarffoient d'une grande quantité de matière laiteufe rertéc dans les troncs coupés, de forte que l'on efpéra non-feulement de recom- mencer la pêche avec fuccès dans une nouvelle faifon , mais même que ' cette abondance fe conferveroit toujours pour les temps à venir ( a ) Les obfervations de M. PevfTonnel répétées & confirmées par les plus favants ■ natura'iftes ne lauTent plus aucun doute fur la nature du corail : c'efl certainement l'oiu- viage des inlecles. ( Z ) ACADÉMIQUE. i8j EXTRAIT D'UNE LETTRE ÉCRITTE A ANCOSE PAR LE 1™™*?%? Sieur N. N. au Sieur Charles Canari doyen des avocats du Lonjijioire , BE- JVazaRI. au fujet de la découverte de dou^e Géants. (B) Année 1676. CLuvier rapporte (a) que quelques payfans de Sicile fouillant un terrein au pied du Mont St. Julien, ou Mont-Erix, dans le deffein d'y creu- fer les fondements d'une maifon, découvrirent une grotte où ils trouvèrent un grand cadavre affis. Ce ne fut pas fans crainte qu'ils le touchèrent, il tomba audî-tôt en pouïïiere, à l'exception des quatre dents molaires qui relièrent entières , & dont on en porta dans la fuite une à Rome : on la •conferve dans le célèbre cabinet des Barberins , avec les trois autres dents qui relient attachées à la partie antérieure & entière du crâne, qui égale -en capacité plufieurs muids de Sicile. Ce fait ell confirmé par Boccace , & par Thomas Fuzellus. Suidas dit qu'en bàtiffant le temple de S. Mina , on trouva dans une •foire une grande quantité d'os de géants, que l'on porta à l'Empereur Anallafe. St. Augufhn dans fon livre de la Cité de Dieu , affure qu'il a vu avec plulieurs autres perfonnes dans le havre de la ville d'Utique éloi- gnée de 30 milles de celle de Carthage, une dent centuple des dents d'un homme ordinaire. A peu de diltance de la ville d'Ancone on voit un ancien temple que î'on appelle la grande Eglife. A quinze pas de diltance de ce temple ell un grand chêne , que l'on nomme vulgairement le chêne des géants : en creulant un jour autour de cet arbre , on trouva un petit caillou fur lequel -étoient gravés ces cara&eres CAV. SOT. CROC. TROV. M. Le lendemain on trouva encore «ne grande brique remplie de cendres & de charbon , enfuite un pot de terre qui contenoit aufli du charbon , & un peu plus bas un fquélette entier d'une grandeur démefurée. Sous les pieds du ca- davre , étoit une efpece de coffre fait de briques, on le brifa, & on le trou- va rempli de charbon. Prés du pied droit etoit une boule groffe comme une bouteille ordinaire , &C dont on n'a pas encore pu connoître la ma- tière ; on remarqua feulement que dans l'inflant où on la découvrit , elle réfléchilîbit les objets comme une glace , mais dès qu'on l'eut ex- pofée au grand air elle perdit cette propriété. On trouva prés de ce îquélette onze cadavres entiers , féparés les uns des autres , placés dans la même polition , & tous à-peu-près de la même grandeur. Ces onze cadavres étoient couchés fur le dos , & avoient la face tournée vers le Ciel ; celui dont nous avons parlé le premier étoit le feul couché fur le ventre , fa taille furpaffoit celle des onze autres , car il avoit dix palmes romaines de longueur , & fes dents étoient exactement femblables à cel- les d'un gros cheval. On y trouva encore de très-gros charbons , deux boules femblables à la première , &c l'on n'y découvrit plus rien de curieux (jV î^ftions, dont je rapporte ici les principales qu'il a bien voulu me Se 1672.. Actes de Co- penhague. ¥ communiquer. • I. La partie Supérieure cîu bec étoit noirâtre, & finifloit en pointe re- Ublerv, courbée ; la partie inférieure avoit la figure d'une pelle creiue à épuiier l'eau des bateaux , & cette forme la rendoit très-propre à faciliter la dé- glutition. Les ouvertures des narines étoient ovales & les cavités auxquel- les elles répondoient fe dirigeoient droit au cerveau. II. La langue qui étoit longue de trois travers de doigt, en avoit h peine un de largeur , & elle etoit un peu concave.' Une dent très-poin- tue s'élevoit de chaque coté de la langue un peu au-delà de Ion milieu du coté de la gorge , & ces deux dents étoient appuyées contre un rang d'autres dents beaucoup plus petites , qui traverfoient la langue entre les deux premières. Ce rang de dents étoit un peu incliné vers la gorge , de que les aliments qu'elles avoient laiiTé palier ne pouvoient plus en fortir. Au-delà de l'orifice de la trachee ôrtere on appercevoit dans le gofier même deux rangs tranfverlàux de dents fcmblables aux premières, mais plus petites ; elles y étoient dilpofées en croiffant , 6c traversées obli- quement par trois rangs d'autres dents inclinées vers fcefophage , au-delà Tom. ir. des Acad, Etrang, A a i8<5 COLLECTION m* m duaucl on trôuvoit encore un autre rang de dents fcmblables auv pre-? Actes deCo- nùeres , mais cartilagineufes & moins dures. Enfin, on voyoit de chaque penhague. côté du gofier deux branches o.Teufes à leur racine & cartilagineufes à leur extrémité , qui étoient longues de deux travers de doigt , & qui Années 1671. s»inférant dans le cou de l'aigle, formoient l'o;> hyoïde : on trôuvoit en- & 1672. CQre (j.ms ja part,c lupérieure du palais deux rangs de dents cartila- Qbferv. 2. gineufes. III. Dans l'œil on voyoit fortir de l'angle le plus voifin du bec , une tunique ou paupière intérieure un peu épaiffe & à demi transparente , cette tunique recevoit fon mouvement d'un mufcle qui lui étoit particu- lier ; tantôt elle cachoit l'œil, & tantôt elle le laiffoit à découvert, félon que l'aigle la faifoit mouvoir pour garantir l'œil de ce qui auroit pu le bief- fer. Enfin , après avoir ouvert la paupière , on découvrit l'œil dont la pu- pille étoit d'un bleu foncé , & l'iris prefque couleur de cendre ; la cornée étoit très-épaiiïe & dure comme de la corne ; l'humeur aqueufe étoit en petite quantité , & Thumeur vitrée avoit prefque la même con- fiftance que le cryiï. ilin , qui étoit convexe d'un côté & prefque applati de l'autre ; fa forme & fa groffeur étoient à -peu -près comme dans l'homme. IV. La peau de l'abdomen étant enlevée , on trouva par tout beaucoup de graiffe , les mufcles étoient d'une forme élégante &C leurs fibres par- faitement diftinctes. Le foie, dont la groîTeur étoit très-confidérable, par- tageoit en deux lobes égaux , qui rempiiffoient prefque les deux hypo- condres , & on voyoit entre les lobes une fubftance nerveufe qiri les fé- paroit. On trouva fous le foie la véficule du fiel qui égaloit une aveline en groffeur , & qui étoit remplie d'une bile très-verte. V. Le cœur étoit gros comme un œuf de poule & placé au milieu de la poitrine ; fa pointe n'étoit inclinée ni à droite ni à gauche , mais étoit directement placée vis-à-vis la feiffure qui partageoit le foie en deux lo- bes é<*aux ; on trouva dans le ventricule gauche le commencement d'un polype. VI. Les deu* conduits cholidoques , diftants l'un de l'autre de la lon- gueur du doigt , s'ouvroient dans les inteftins à environ trois palmes & demie au deffous du pylore , & prefque dans l'endroit où le canal pan- créatique s'infère dans le conduit inteftinal, quoiqu'ils panifient plus voi- fms du pylore à caufe des replis des inteftins ; les vaineaux , dont le foie étoit parfemé , contenoient la bile toute pure. VII. On ne trouva point de trace de la valvule du colon. La capacité des inteftins fupérieurs étoit un peu plus grande que celle des inférieurs. le canal inteftinal avoit quatorze pieds Romains , & quatre doigts de lon- gueur. Le cœcum étoit double, un de chaque côté du canal inteftinal; ces deux cœcum étoient à peine longs d'un travers de doigt ; ils avoient très- peu de largeur, & étoient diftants de l'anus d'environ quatre travers de doigt. VIII. L'eftomac très-petit, eu égard à la groffeur du corps, & d'ail- leurs peu femblable à l'eftomac des autres animaux , avoit la figure d'un cône arrondi par la bafe ; à peine contenoit-il quatre onces de liqueur : on ACADÉMIQUE. i*7 pouvoit le regarder comme divifé en deux punies; la partie Çuptrieurt com- ■— ^— mençoit à l'orifice de l'eftomac, elle étoit tapiffée à l'intérieur d'une mem- A r brahe blanche, coupée verticalement par quatre filions parallèles, & cri- penhagui! blée d'un nombre infini de trés:petits trous : entre cette membrane &c la tu- nique extérieure commune de Feltomac le frouvoit encore une membrane ^nnccs 1671. intermédiaire affez épaifie, & compofée d'un grand nombre de petites ^ l^>71- glandes rondes qui communiquoient avec Feitomac par les petits trous de Obferv 2. la membrane intérieure. La p -mac étoit compofée dctroismembran.es, l'intérieure fillonnée irrégulièrement de rides trt->- profondos ; celle du milieu qui étoit charnue , & dans laquelle on ne rcmar- quoit aucune glande, & enfin la membrane extérieure & commune de l'eftomac Dans l'endroit qui divifoit les deux parties du ventricule, on voyoit quatre efpcces de petites cornes cartilagineuses , qui s'ele\ oient parmi pluiieurs glandes Taillantes , au milieu deiquelies on remarquoit plu- lieurs trous qui s'ouvroient dans l'eftomac. IX. Le poumon étoit de la couleur du vermillon , & fes extrémités defeendoient prclque jufqji'aux reins. Sa fubftance intérieure étoit compo- lee de pluiieurs couches ou feuillets , comme la chair du champignon. X. Le larynx n'étoit pas compote d'un cartilage continu & tourné en lui— raie , mais de cercles cartilagineux , entiers & parallèles les uns aux autres. XI. Les reins étoient Semblables à ceux des agneaux , mais ils n'avoient pas une courbure fi coniîdérable que ceux des autres animaux. Leur fnbf- tance intérieure reffembbit parfaitement à la chair des tefticules. XII. On voyoit fous les doigts, & fur-tout fous leurs extrémités, des tubercules calleux fort arrondis , fur lefquels l'aigle marche dans les lieux pierreux , en levant en haut la pointe de fes griffes , & ce qui lui faci- lite cette allure , c'eft que les lames écailleufes dont fes doigts font cou- verts , rentrent alors les unes fous les autres. PLANCHE VIII. FIGURE PREMIERE. La langue de C Aigle. A. La langue un peu concave dans fa partie fupérieure. B. Les dents de la langue, dont la fubftance eft analogue à la corne, C. La chair pointillée de la langue. D. La chair du gofier tapiffée d'une membrane fpongieufe & ridée. E. L'orifice de la trachée artère. F. Les deux rangs tranfverfaux de dents cartilagineufes & les trois ran»s obliques. G. L'cefophage. H. Le rang de dents cartilagineufes placé fur l'cefophage. I. Les branches offeufes en dedans , charnues au dehors & cartilagineu- fes aux extrémités , plantées de chaque côté de la mâchoire & formant un os hyoïde fingulier. K. La trachée artère, Aa z Actes de Co- penhague. Années 1671. & 1671. Obier v. î. A. B. C. D. E. 1S8 COLLECTION FIGURE SECONDE. L'eflomac de C Aigle. L'eflomac de l'aigle ouvert dans fa longueur. La partie inférieure de l'eflomac. Le fonds de l'eflomac. Le pylore. Les rides de la partie inférieure de l'eftomac. F. Les glandes remplies d'une liqueur noire. G. Les trous des glandes ouverts, • H. Les quatres petites cornes prefque cartilagineufes. I. Le commencement de la partie lupérieure de l'eflomac. K. Les petits pores en très-grand nombre que l'on fuppofe appartenir aux petites glandes placées entre la membrane intérieure ci la tunique ex- térieure de l'eflomac. L. Les filions moins larges que le naturel. M. Le nombre prodigieux de petites glandes qui compofent' le tifïu moyen ôt les deux membranes de la partie fupérieure de l'eflomac , Se qui ne te trouvent point dans la partie inférieure. N. La membrane blanche où commence l'orifice de l'eflomac. O. Les rides de l'orifice de l'eflomac & de l'ccfophage. OBSERVATION XVII. Defcription' anatomique d'un Lion d'Afrique. (B) OJiferv. 17. éT~^ E non avort été tué d'un coup de pillolet , parce qu'on ne put autre- \_> ment lui arracher un milérable à qui il avoit flicé tout le fang par le cou & le dos : l'année précédente il avoit attffi déchiré la face & les mamelles d'une femme , qui en reffentit des douleurs violentes , & qui mourut bientôt de la gangrené qui fè mit à fes plaies. Il fut difféqué publiquement par Simon Pauli, & enfuite examiné avec plus de foin par Olaus Borrichius , qui fit les obfervations fuivantes eu préfence de plufieurs étudiants en médecine & de Gafpard Bartholin. i°. Le cœur étoit dur & fon tiffu extrêmement ferré ; on trouva un peu de graine à la pointe ; le côté extérieur du ventricule droit étoit ferme , d'un tiffu fort compacte & épais d'environ un pouce. La cloifon qui fé- paroit les deux ventricules du coeur étoit encore plus dure & plus épaiffe, & on n'y remarquoit aucune ouverture : vers la pointe du coeur le côté extérieur du ventricule gauche n'avoit guère plus d'épaifîeur qu'une feuille de papier : le coeur avec les oreillettes qui étoient afl'ez grandes , & la graille qui s'y trouvoit en quelques endroits , pefoit environ vingt-qua- tre onces , fans y comprendre le péricarde. On trouva dans chaque ven- tricule un corps vifqueux, qui refTembloit afTez à un polype. On ne dé- couvrit qu'une feule valvule à l'embouchure de l'aorte delcendante. z°. Le poumon qui étoit d'un volume confidérable , étoit divilé en huit ACADÉMIQUE. 189 obes. Le thymus qui lui étoit adhèrent étoit gras , mais très-petit , eu — — »^— égard à la grofleur de l'animal. Actes de Co- }°. Les reins étoient gros, très-bien conformés ; leur partie convexe penhague. étoit arrondie , & leur furface ne paroiffoit parfemée d'aucuns vaiffeaux. . , , Un feul rein dégagé de toutes fes enveloppes, peibit environ neuf onces. « , ' L'ouverture de l'uretère étoit tellement étroite, qu'à peine pouvoit-on y introduire un tuyau de plume à écrire ; il n'y avoit aucun baflïnet parfai- Obferv. 17. tement diftinft , mais plufieurs cavités vuides , difperfées dans le corps du rein. 40. Le colon & les inteitins voifins contenoient des os que le lion aYoit avalés quelque temps avant fa mort. 50. La véfkule du fiel étoit de médiocre grofieur & remplie d'une bile verdàtre , mais non pas allez acre pour teindre les parties voilînes qu'elle touchoit. 6°. La rate dégagée de toute fa graifle pefoit environ onze onces : elle étoit oblongue & recourbée : l'une de les extrémités étoit fort large , l'autre beaucoup plus mince ôi plus étroite , & la partie moyenne etoit courbée. Elle avoit près d'un pied & demi de longueur : elle étoit d'un rouge foncé : fon parenchyme étoit très-mou , & comme il arrive d'or- dinaire , on le convertiffoit aifément en fang à force de le manier : elle étoit parfemée d'une infinité de fibres : l'artère d'Highmore étoit très-déliée, & ierpentoit obliquement dans ce vifeere. 70. L'intérieur de l'œfophage près de l'orifice de l'eftomac , étoit très- ridé , ces rides étoient circulaires , & par-là l'œfophage fe contractent avec plus de force , mais cette force étoit encore augmentée par quatre petites coionnes charnues qui croifoient perpendiculairement ces rides circulai- res , &C qui defeendoient dans toute la longueur de l'œfophage. 8°. La trachée artère d'où le lion tire fon rugiffement effroyable , avoit plus de capacité que celle d'un bœuf; la partie poftérieure &: voifine de l'œfophage étoit feulement membraneufe, & cédoit facilement à la com- prefîïon des aliments durs qui defeendoient dans l'eftomac : la partie antérieure & les deux côtés étoient compofés de cartilages femi-annulaires & très-forts; ck depuis le premier anneau jufqu'au huitième ou neuvième on ne diftin- guoit point entre eux de membrane intermédiaire , tous ces anneaux étoient difpofés en recouvrement les uns fur les autres, comme font les écailles de poiflbn ou les tuiles d'un couvert. 90. La tunique fupérieure de la langue étoit d'un tilTu fmgulier ; le bout delà langue étoit mou fur les bords jufqu'à un demi pouce de largeur; S là jufqu'au yoiicr , elle étoit couverte d'une infinité de petites pointes dures comme la corne. Plus ces pointes approchoient du gofier , plus elles diminuoient & devenoient pointues, & il ne s'en trouvent dans le gofier même que de très-petites. Cette tunique féparée de la langue , formoit un corps continu avec ces pointes, dont ia cavité étoit remplie par autant de tubercules charnus qui fe trouvoient fur la fublîance de la lan- gue ; en forte que tous les pores qui dévoient être fur cette tunique , fà trouvoient à l'extrémité de ces pointes qui étoient dures, roides Se non pas flexibles comme celles qui le trouvent fur la langue du bœuf. 190 COLLECTION Actes deCo- OBSERVATION XXIV. PENHAGUE. . - , Différents Mcnftres (B) Années 1671. ■" j \ / T E Dr. Hammeric m'a envoyé un agneau monftmeux , dont la tête Obièrv. 2.4. JL/étoit très-groflé, le rniuean. allongé & dont les oreilles reffembloient à celles de l'éléphant. Voyez Figure III. PI. VIII. Le môme oblcrvateur m'a envoyé la figure & la dcfcription fuivante d'un cochon monitrueux ne à Helfingort. Voyez Fig. IV. PL VIII. a a. Partie du corps du cochon né fans aucun poil, après fept autres de la même portée , tous bien conformés. b b. Chair fpongieufe & molle placée fur le devant de la tête , allez femblable à la trompe d'un éléphant ; cette chair étoit mobile en tout fens , parfemée de quelques poils longs en très-petit nombre , & qui ne font pas bien rendus dans la figure. c c c. La mâchoire fupérieure formant le mufeau de l'animal & ayant quelque rapport avec la trompe de l'éléphant, en forte qu'il paroiffoit avoir deux trompes. d. L'œil très-gros & très-faillant. c e. La langue pointue & hors de la gueule. f. La mâchoire inférieure remarquable par fa courbure. g g. Les pieds fourchus Se recourbés , de manière que la pointe eil tournée en haut. OBSERVATION XXV. Plantes monflrueufes ,& quelques autres faits Jînguliers. (B) Obferv. iK. T ^-s ieux ^e 'a nature fe manifeflent dans les végétaux comme dans les JL_) parle d'un linge affez iémblable à celui dont il eft queftion , mais fa tête approche plutôt de celle d'un chien que de celle d'un cochon. Al- bert le Grand , appelle Mammonets tous les finges à queue. Geiiier dit encore (c) que le Mammonet eft plus petit que le finge. Le nôtre eft plus gros qu'un finse &c n'a point de queue. Comme aucun auteur n'a donné itifqu'ici la description d'un femblable animal , fa hideufe figure permet de douter fi c'eft un monftre ou un animal que perfonne n'a vu ni décrit julqu'à préfent. Quoiqu'il en foit , je vais rapporter ce que j'ai obfervé en le difléquant, & ce que j'ai rarement obfervé en diflequant d'autres animaux. I. On ne vit aucune trace de l'ombilic. II. Les tefticules affez gros étoient placés au deffus de la verge , préci- fément au milieu de l'os pubis. La verge étoit affez longue, on y voyoit à la partie moyenne les deux mufcles érecteurs qui étoient ronds. Il y avoit quatre proftates , deux plus groffes &c deux moindres ; celles-là oc- cupoient leur place naturelle , & les deux petites étoient rondes & adhé- rentes aux premières. Les véficules féminales étoient de petites glandes, qui ne contenoient aucune liqueur. Cet animal étoit très-lafcif. III. Le foie étoit divifé en trois lobes ; on y remarquoit trois velues remplies de lymphe , & auffi groffes que le poing , elles étoient à moitié engagées dans le parenchyme du foie , mais il étoit aifé de les en déta- cher; elles étoient reçues dans la cavité des lobes , & fe trouvoient elles- mêmes chargées de véficules femblables à celles de l'ovaire. Leur tunique étoit épaiffe & pouvoit fe féparer en plufieurs membranes. La lymphe au'elles contenoient étoit pure ; car après avoir été chauffée , il ne refta q*ue de l'eau claire, la fubftance gélatineufe avec laquelle elle étoit d'abordmê- lée ayant fervî fans doute à former les tuniques. Cette lymphe avoit dit tillé des vaiffeaux hépatiques , mais par des voies que l'on ne put dé- couvrir. IV. Nous trouvâmes dans le poumon une veffie tout-à-fait femblable à celle dont nous venons de parler, («) Tab. 59. M p. 362. le") A l'endroit cité. ACADÉMIQUE. I95 V. Quelques caillots de fang étoient attachés ])ar quelques fibres aux — — ■— ^ parois intérieures des ventricules du cœur , ce qui empêchant la circula- Actes di Co- tion du fang, avoît apparemment hiffoquc l'animal. penhague. VI. On trouva beaucoup d'eau épanchée entre les mufcles & la peau , de la tête ; cette efpcce d'hydropifie pouvoit avoir été occalionnée par le Années 1671. changement d'air & d'aliments, ÔC par la bière qui fervoit de boiffon à 1671. cet animal. VII. L'épine du dos étoit courbée dans un endroit : j'ignore fi ce vice étoit naturel ou accidentel. VIII. La rate étoit peu épaiffe & avoit à peine trois travers, de doigt de longueur. IX. La cloifon du cœur avoit une ouverture que l'on n'y remarque point dans les autres animaux. M. Aur. Scverinus donne d'autres obfervations dans la quatrième partie de fa Zootomie ; mais ces oblervations ont été faites fur des finges différents de celui-ci. Voyti PI. IX. Fig. I. II. III. &c IV. Obferv. 36» OBSERVATION XL VI. Sur les animaux pétrifiés £• fur leurs parties. ( P, ) Pierre Refenius profeffeur de l'Académie , m'a envoyé une dent mâche- Obferv. 46» liere d'éléphant, pour la placer dans le cabinet d'Hiftoire naturelle que nous avons commencé d'établir dans la même Académie. Cette dent vient d'Iilande, elle a trois quarts d'aune de longueur, ic quatre travers de doigt d'épaiffeur , mais elle cft entièrement pétrifiée , foit que fon féjour dans la terre ait ainfi changé fa fubftancc naturelle T ou que ce foit une véritable pierre à laquelle le hazard ait donné la fi- gure d'une dent macheliere. Nous avons beaucoup de ces pétrifications, qui fans peut-être avoir jamais appartenu à aucuns animaux , en reprelèn- tent cependant des parties; j'ai fait cette remarque en obfervant deux pierres qui font dans mon cabinet. On me donna un jour un caillou trouvé liir les cotes de la mer Baltique, il étoit rond 6c reffemblbit affez à un pain ; après l'avoir caflé , j'y apperçus tres-difiinctement la figure d'un fer- pent roulé fur lui-même, fuivant la rondeur de la pierre; la fingularité de cette pétrification m'engagea à la préfenter au Roi Frédéric III. Le doc- teur Henry de Moinichen médecin du Roi & mon collègue , me donna dernièrement une autre pierre beaucoup moins dure que la première ;elle repréfente à l'extérieur la figure d'un petit homme , mais on trouve à l'in- térieur le fquélette exact d'un anchois (a) étroitement attaché à la pierre. Si ce n'eft pas le hazard qui a donné ces formes aux pierres , il faut fiip- pofer que les pierres font originairement composées ( comme l'ambre jaune ) d'une matière molle qui fe durcit peu à peu ; d'ailleurs , ces pé- trifications ne repréfentent que la figure du ferpent ou de l'anchois , 6c (d) Ou d'un hareng : le mot haUx fignitie les deuv Tom. IV. des Acad. Etrang, Bb «94 COLLECTION y— — — uni» on n'y trouve point le fquélette réel. On yoit dans le même cabinet plu- • actes de Co- Geurs autres pétrifications dont on peut lire la Me dans le catalogue des fenhague. curiolités qu'il renferme. On m'a apporté d'Iflande une dent de veau marin, entièrement pétrifiée comme la dent d'éléphant dont je viens de parler. n"^es 1671. Il y a des eaux en Iflande qui pétrifient tous les corps que l'on y plonge, 72 je ne lais fi cette dent étoit voifine de ces eaux ou non. Mon doute vient 'Obferv. 46. de l'odeur bitumineufe & fulfureufe qu'exhaloit la rapure de la dent d'é- léphant jettée au feu. Je foumets cette conjecture au jugement du lefteur , mais comment cette dent d'éléphant auroit-elle été apportée en Iflande } elt-ce le déluge univerfel ? font-ce les marchands , les voyageurs ? où ie- roit-ce quelqu 'autre caufe? Lucas Debes Intendant des ifles de Feroé , m'a montré une pierre qu'on îtii a apportée de ces ifles. Cette pierre a été formée par les ftillations des eaux, & représente affez bien l'intérieur d'une petite maifon, quoiqu'elle ne fait pas plus grofle que le poing. La matière des murs , des colonnes ôc du pavé porte l'empreinte de fa formation , & paroît évidemment compofée de gouttes qui fe font congelées fucceffivement ; ce qui rend la furface de cette pierre inégale & femblable à celle d'un épi de mais. •Obferv. 49. OBSERVATION X L I X. Curiojlth naturelles obfervêes dans les IJles de Feroé. (G) "Ous ne tirerons de la defeription des ifles de Feroé (a) de Lucas Ja- cob Debes , (£) que ce qui regarde la médecine & l'hiltoire naturelle. I. On ne connoît dans ces ifles ni fièvre , ni maladie contagieufe , à caufe des différents vents qui purifient l'air. On a même obfervé que des fièvres opiniâtres qu'aucun remède n'avoit pu guérir ailleurs , fe font paf- fées d'elles-mêmes & fans le fecours des médicaments ; dès que les malades y ont été tranfportés. II. La petite vérole y eft auflï inconnue , à moins qu'on ne l'y apporte d'ailleurs. Quand par malheur cela arrive , elle attaque indiftinctement les perfonnes de tout fexe & de tout âge , fans que l'on ofe s'entredonner du fecours. La première année que Fauteur étoit dans ces ifles (en 165 1.) il fut témoin de cet affreux fpeâacle. Un jeune homme qui relevoit de cette maladie , pafla au commencement de l'été du Danemarck: daris ces ifles. A fon arrivée ayant donné une chemife à blanchir , la blanchiflèulè (.z) Les ides de Fero ou Feroé, (d'autres écrivent Farré, Farro , Farroé ) font de petites ifles su nombre de dix-huit ou vingt , fituées au Nord de l'Ecoffe au foixante-' deuxième degré de latitude , entre les iiles de Schetland & l'Hlande. Elles dépendoient autrefois de l'EcofTe; aujourd'hui elles l'ont au Roi de Danemarck & fous le Gouver- neur de l'Illande. (b) L'ouvrage de Lucas Jacobfin Dcbcs , dont Bartholin a tiré ces obfervations , a paru peu de temps après le premier volume des actes de Copenhague , fous le titre de Firoa referai* Il eft écrit en Daaoii. ACADÉMIQUE. 195 gagna le mal &c le communiqua à d'autres. Preique tons les habitants du _ lieu en furent attaqués, il en périt un très-grand nombre, & on n'ofoit Actes de Co- pas même approcher des corps morts pour leur donner la fépulturc, de penhague. peur d'être infectés. La contagion ferepar '.;t auffi dans les iflcs voifmes. , III. La conltitution froide de l'air y caufe dans le printemps & dans Années 1671. l'automne des catarres & des rhumes beaucoup plus fâcheux que par tout 1671. ailleurs , & qui attaquent prcfque tous les hal : : ces catarres le jettent Oferv. 49. d'abord fur la membrane pituitaire, & tombent enfuitc fur la poitrine , avec tou\ violente , expectoration , mal de tête , foibl . 1 tous les membres, au point qucla plupart des malades !ont ■ de garder le lit 1 temps, lk même il en meurt plufieurs. On regarde cependant cette mal; - die comme critique & falutaire, en ce qu'elle délivre le corps de Mail- vaifes humeurs , qui pourroient cainer des maladies plus dangereuses. Une autre maladie oceaiionnée par ce même air (fixé & humide, cft une eipece de maladie aiguë, aftez iemblabie à la maladie de s armées que les foldats gagnent lorsqu'ils font trop long-temps expofés au froid & à l'humidité. C'elt une grande ardeur, accompagnée de mal de tète &c de délire , & dans quelques-uns de diarrhée. La maladie ne fe termine point que le corps ne foit entièrement épuilë. H en réchappe cependant plu- fieurs. Le feorbut eft la troifieme maladie propre à ces ifles. Il reconnoît les mêmes caufes que les deux autres , en y ajoutant le voifinage de la mer. La lèpre fe joint fouvent à cette maladie. IV. Le pays abonde en pâturages excellents , où l'on nourrit des boeufs qui donnent jufqu'à cent livres de graille. On a remarqué que ces pâtu- rages étoient tournés du côté du feptentrion , & en conféquence on at- tribue leur bonté à la neige dont ils font long-temps couverts. On fait que la neige contient beaucoup de parties nitreufes, & que les fels con- tribuent beaucoup à la fécondité .des terres. C'eft suffi peur cette raifon que l'on fume ici les terres avec l'algue marine. On y trouve cependant auffi de bons pâturages fur des rochers fort élevés , expofés aux rayons du foleil. V. Outre les plantes bonnes à manger , comme racines , légumes , lai- tue , creffon , fariette & autres ; on trouve encore ici par tout en abon- dance quatre fimples anti-lcorbutiques , le crefibn , le cochlearia , que les habitants du pays appellent Frifgroes , le becabunga & Toleille. On v trouve encore en quantité la tormentille , dont on fe fert en guife d'écorce pour préparer les peaux, Pangéiïque fauvage dont on man- ge la ti<>e & dont la racine eft d'un grand fecours dans la rareté des vi- vres ; enfin, la racine de rhode, en langue du pays Hielpelroed, cYft-à-dire, racine fecourable , dont on fait une eau diflillee, qui a le : il & l'odeur de l'eau de rofe, & dont l'auteur s'eft fervi pour les mêmes ufàges. Cette dernière plante vient ordinairement au pied des montagnes, au bord des eaux cou^Htes ou fur les côtes de la mer. VI. Les brebis paiflent d'elles-mêmes dans ces ifles , ce font pour ainfi dire des brebis iauvages, & qu'on ne garde point ; elles reftent toujours dans les champs , été & hiv«r ; quelquefois même elles lont toutes cou^ Bb a i95 COLLECTION vertes de neige , & on ne pourroit les trouver , s'il ne s'élevôit de l'en- Actes de Co- droit où elles font une vapeur qui avertit les payfans de les aller délivrer. penhague. H leur arrive quelquefois de demeurer uu mois fous les neiges , & elles font obligées pour le nourrir de brouter juiqu'aux racines des herbes , &C Années 1671. nlgme ^ fe manger la laine les unes aux autres ; mais fouvent les plus oc 1071. forts v moutons du troupeau font tant qu'ils percent la neige , Se qu'ils vien- Obfcrv, 49. nent à bout d'échapper & de faire échapper tous les autres par la même iffue. Ces beftiaux fouffrent plutôt encore le froid que le chaud. Auflî la plupart meurent-ils dans les premières chaleurs ; cela n'eft pas étonnant: leurs corps exténués & affaiblis par les froids exceffifs ne peuvent réfiller aux ardeurs du foleil , ils tombent fubitement en défaillance & meurent dans une efpece de léthargie. On fait ici la chaffe à ces animaux avec le fecours des chiens que les bergers d'un limple gefte font aller par tout où ils veu- lent. Dans la partie feptentrionale de ces iiles , la plupart des brebis font blanches , mais elles font prefque toutes noires dans la partie méridionale. On attribue cet effet aux vapeurs qui s'élèvent de la mer, aiiicpielles font plus expofées les parties méridionales. On dit même que fi on tranfporte des brebis blanches dans une de ces iiles , qui eft toujours couverte de vapeurs , elles deviendront noires. VII. Parmi les oifeaux de proie, le corbeau eft le plus commun dans ce pays , & en même temps le plus redoutable aux brebis , ce qui fait qu'on lui donne la chaffe. C'eft même un ufage établi, que tous les ans un certain jour de l'année chaque habitant apporte à la Chambre de Juf- tice un bec de corbeau. On fait un monceau de tous ces becs , on y met le feu ; & il y a une amende pour ceux qui manquent de fournir leur contingent. Les corbeaux font ici comme en Mande , ou tout blancs, ou mêlés de blanc & de noir. On peut leur apprendre facilement à parler en leur coupant le filet de la langue quand ils lont jeunes. L'auteur en rap- porte un exemple. Il avoit chez lui un jeune corbeau blanc , à qui il avoit fait couper le filet , fans cependant avoir envie de fe donner la peine de l'inftruire. Comme il avoit coutume d'appeller tous les matins fon valet, le corbeau à force d'entendre toujours le même nom , s'apprit de lui-même à le prononcer, & il y réuffit li bien, que fouvent il trompoitle valet, &C le faifoit lever plus matin qu'il n'auroit voulu. Quand l'auteur eut re- marqué cette difpofition dans le corbeau , il travailla tout de bon à l'inf- truire , & il le tenoit quelquefois deux heures entières fur l'es genoux , fans que l'oifeau fe laffât d'écouter & de caqueter. Le lendemain matin il ne manquoit pas de répéter tout ce qu'il avoit appris la veille , en épellant fyllabe par fyllabe , jufqu'à ce qu'il eût prononcé diftinÛement les mots , précifé- ment comme les enfants apprennent à lire. Le corbeau a pour ennemi un oifeau qu'on appelle dans le pays Kiel- der ( û) & qui eft connu en Norvège , fous le nom de pie de mer. Il eft de la groffeur d'un geai : il a le bec jaune, long & obtus. Il fond avec ra- pidité fur le corbeau, l'attaque à coups de bec, & l'oblige à fe tenir ca- ( .z) Cet oifeau eft nommé hxmjtopus par le plus grand nombre de» Naturaliftes. Lin- tutUi Fauna-futçitA 161. * ACADÉMIQUE. 197 ché. Les habitants en font un très-grand cas , à caufe qu'il fait la guerre à — ■ — — » un oifeau qui leur eft nuifible. . ActesWCo- Le canard à duvet eft très-commun dans ces ifles, on l'appelle en lan- penhague. •gue du pays Eidcr. (a) Le mâle &C la femelle font de couleur brune lorf- qu'ils (ont jeunes, mais la femelle change de couleur au bout d'un an, Années 1671. & devient blanche. & i67z. L'oiièau nommé Imbrlm ne fort jamais de l'eau. Les gens du pays Obferv. 49. croient que c'eft une efpece d'alcyon , nommé vulgairement Jisfugl ; mais il y a une grande différence entre ces deux oifeaux : car l'imbrim eft plus gros qu'une oie , il a le cou oblong , le bec allongé , il eft gris fur le dos avec des marques blanches fur la poitrine ; il a pareillement le cou tout gris , à l'exception d'un cercle blanc qui fe voit au milieu comme une efpece de collier ; ce qui l'a fait prendre pour une efpece d'alcyon , c'eft qu'on dit que ce dernier couve fes œufs dans l'eau de même que l'im- brim , qui ne peut pas fortir de l'eau , ni vivre fur la terre , parce que. fes pieds lbnt placés trop en arrière , & font fi foibles , qu 'ils ne pour- roient foutenir le poids du corps ; d'ailleurs , fes ailes font trop petites pour qu'il puiffe voler. On a encore remarqué qu'il a fous chaque aile un creux capable de contenir un œuf. C'cft-là qu'on croit communé- ment qu'il tient fcs œufs cachés & qu'il les couve, avec d'autant plus de vraifemblance , qu'on a oblèrvé que cet oifeau ne fait jamais éclorre plus de deux petits. Ces oîfeaux paroiffent fouvent fur les cotes à l'approche d'une tempête, & ils font connoître aux habitants par leurs cris l'endroit oii ils font. On amorce les jeunes , en leur préfentant des morceaux de linge blanc pour les attirer à la portée du fulil , mais il n'eft pas ailé d'at- trjper ainfi les vieux. On voit encore ici dans l'été un autre oifeau aquatique , qu'on appelle Lio- men (/•) affez femblable à l'imbrim par fa groffeur, par la voix & parla pofition de les pieds en arrière qui l'empêche de marcher, ainli que par la petiteffe de fes ailes qui l'empêche de voler facilement. Aufîî quand il apperçoit quelqu'un , fa feule reffource eft de fe coucher à terre & de fe tapir. Lorfqu'il il eft hors de l'eau il ne laiffe pas que de s'aider un peu de fes ailes , fur-tout quand le vent foufle : il tait fon nid fur de petites éminences qui fe trouvent fur le bord des rivières , prefque à fleur d'eau , pour pouvoir boire fans fortir de fon nid. Si les pluies viennent à faire croître les eaux , au point même de couvrir les nids ck les œufs , il refte toujours dans fon nid , &i ne difeontinue pas de les couver. Un autre oifeau aquatique , mais plus rare , eft celui qu'ils appellent Gar- ( a ) Cette efpece de canard eft nommé dans le Muftcum Danicum de Wormius anat -ptumls moUijftmis. Son eflomac eft çarni d'un duvet précieux connu dans le Nord fout le nom à' EiJerdunen , d'où eft venu le mot d'Edredon ou d'Egledun. Le meilleur eft celui qu'on appelle Duvet vif, c'eft-à-dire, celui que l'oifeau s'arrache pour garnir le de- dans de fon nid. Voy. l'hift. natur. d'Iflande par Mr. Anderfon, tom. i. (i) Cet oifeau aquatique nommé en Danois Liomcn ou Lumnt , eft le Mc-pis mjxi- mus farrenfii de Clufius. Linnœui 1» nomme Colymbus pedïbus pjlmatis inJivijis. Faun. fuec. in. 19S COLLECTION " ' ' ""■■■ fuhl, (7z- L'oifeau nommé Pir.gouin, que l'on trouve dans la terre de feu lui reffem- Obferv. 40' kle un Peu- ^u rc'^ , on Fapprivoife aifement , & l'auteur en a eu chez lui ; mais il ne vit pas long-temps fur la terre. Plulieurs autres oifeaux de proie viennent encore ici parler l'été ; fa- voir, le fVartbag, le truen , & le skuen. Le premier eft un gros oifeau femblable au milan qui n'a rien de fingulicr. Le truen, (£) c'eft-à-dire, vo- leur, a été ainfi nommé, parce qu'il dérobe aux autres oifeaux leur nour- riture : il ne fait que leur donner la chaiïe & les pouriuivre à coups de bec , jufqu'à ce qu'ils laiffent échapper leur proie ; alors il fond deffus avec rapidité , & l'attrape môme dans l'air. Ceft ainfi qu'il trouve le moyen de fe nourrir, ne pouvant pas lui-même plonger pour attraper les poiffons au fond de l'eau. Quand il a pu dérober à quelque oifeau ià provifion , il en attaque d'autres le lendemain de la même manière pour les voler aufli en l'air. Le skuen eft un oifeau du même genre que les deux autres , mais plus gros, étant de la taille du corbeau. Il eft on ne peut pas plus à crain- dre , quand il s'agit de défendre fes œufs & fes petits. On doit alors pren- dre garde à foi en paffant devant fon nid, car il fond fur la tête des paf- fants avec un intrépidité étonnante, Scieur fait iouvent beaucoup de mal avec fes aîles. Auffi les habitants du pays qui connoiffent le dangereux inftindt de cet oifeau , ont la précaution de mettre fur leur tête un couteau la pointe en haut , & l'oifeau furieux venant fondre fur leur tête , fe perce lui-même de part en part. On trouve dans ces ides différentes efpeccs d'oifeaux aquatiques bons à manger. Outre trois efpeces d'oies fauvages , on mange encore le skraben , la lunde lomvifven ou la huppe & la corneille aquatique ( Monedala aquati- ca.~\ Tous ces oifeaux ont cela de particulier, qu'ils ne pondent chaque année qu'un œuf, & cependant il y en a une quantité prodigieufe. Ou- tre qu'on en prend tous les ans des milliers poitr la nourriture des ha- bitants , on en voit partir des bandes innombrables de deffus J.es rochers efearpés de ces ifles , de forte qu'ils obfcurciffent le foleil en plein midi comme feroit un nuage ; & ces oifeaux font un fi grand bruit avec leurs aîles en volant, que ceux qui ne feroient pas au fait, s'imagineroient pref- que entendre le tonnerre. Chacun de ces oifeaux a fa manière propre de faire fon nid. Le skra- ben le fait dans la terre ; en grattant avec les ongles & fouillant avec le bec couché fur le dos ( d'où il a tiré fon nom ) il fe fait un- trou fous- terre à la profondeur de quatre ou cinq aunes, (^)& choifit le voifmage («) Ceft l'oie de Magellan, autrement Pingouin. Alca roflri fulcis 9B0 , macula ai- ba ante veulum de Linnœus Faun.fuec. 117. (£) Ceft le Stcrna rellribus maximïs nigris de Linnœus. Faun. fuec. 119,. (/) Environ huit ou dix pieds de France,. ACADÉMIQUE. i9!) d'une pierre pour plus grande sûreté. Il ne couve jamais qu'un wuf à la '— ■ ■■■hi»iimim fois , comme nous l'avons déjà dit. Quand le petit efl éclos , il le quitte Actfs de Co- pendant le jour,& lui donne à manger pendant la nuit. Si parhazard il penhague. oublie de fortir de fon nid dès le matin , il y relie toute la journée , & ne . , va que la nuit fuivante chercher dans la mer la provilion qui doit fervir ni£cs/, IÛ7I*J pour la nuit d'après. Quoique ce petit ne mange qu'une fois le jour, il it>7i- devient plus gras cependant que l'oie commune, &C les habitants de ces Obferv. 49- ifles (ont obligés de le faler pour l'hiver , autrement ils ne pourraient le manger. Ils fe fervent de fa graiffe pour mettre dans leurs lampes ; ils ap- pellent le petit en leur langue Lieren. Pour la mère , ils ne fe foucient point de la prendre. La lunde (a) efl un allez petit oifeau , un peu plus gros cependant qu'un Îrigeon : elle a le bec fort 8c crochu. Cet oifeau efl toujours en guerre avec e corbeau , parce que celui-ci en veut à fon petit : leur combat a quelque chofe de fort divertiflant. Dès que le corbeau approche, la lunde prompte comme un éclair, le faifit à la gorge avec fon bec fii lui ferre la poitrine avec fes ongles , afin qu'il ne puiffe pas lui faire de mal , mais qu'il cher- che feulement à s'envoler, cependant elle le tient toujours ferme juf- qu'à ce qu'il foit arrivé au defïiis de la mer ; alors elle fe laifle tomber avec lui , & l'étrangle dans l'eau. Elle fait fon nid à terre dans des autres pierreux, & quand fon petit efl éclos Si en état de prendre l'effor, avant que de quitter fon nid , elle a foin de nettoyer ce nid, d'ôter toutes les vieilles branches qu'elle y avoit apportées , & d'y remettre du gazon frais. On prend les pe- tits de ces oifeaux dans leurs nids en faifant entrer des chiens dans les ca- vernes oii on fait qu'il y en a. Quand ils ont pris leur volée , on les prend avec des filets qu'on fufpend à des perches. La huppe pond fur les rochers les plus élevés , fans faire de nid -, on apperçoit quelquefois çà &C là une centaine d'eeufs & même davantage , placés à côté l'un de l'autre , les femelles couvent continuellement pen- dant l'efpace de quatre femaines , & les mâles leurs apportent à manger. Les rochers paroiffent tout couverts de ces oifeaux dans ce temps-là. Quand le petit efl éclos la mère en prend foin encore pendant trois fe- maines , après quoi elle l'emporte fur fon dos à la mer. Lorfqu'elle veut lui donner à manger elle plie fa tête fous fes ailes , & la fait repafTer fur fon dos. VUI. La mer de Feroé abonde en pohTon de toute efpece. Je ne parlerai point ici des petits poifTons : je ne ferai mention que des phoques ou veaux marins & des baleines. Les phoques font gros à-peu-prés comme des bœufs. Ils ont leur re- traites dans les creux &C les cavernes des rochers : c'efl-là qu'ils font leurs petits. On peut avec de petites barques entrer dans ces antres étroits pour furprendre & tuer ces animaux. Les vieux efquivent le coup de lannflue, & échappent fouvent aux pêcheurs ; mais pour peu qu'on les frappe fur la tête , ils tombent & préfentent la gorge au couteau. On en (.;) C'eft VAn.is arflicz de Cluftus , de Rai , &c. Linnœus dans fa F.wnj-Succka Mo. l'appelle Aki mftrifuLis quatuor , oculorum rtgkne umporibufiue albit. ioo COLLECTION égorge quelquefois de cette manière jufqu'à cinquante dans un jour. Le T„ „P en. cuir lert à foire des fouliers , la chair eft. bonne à manger , on fond le lard pour penhague. en faire une eipece de lain-ctoux , ou bien on le laie pour le manger. 11 tant pour donner la chafle à ces animaux être armé de perches , de gros. Années 167 1. jetons, & je torches allumées de la groffeur du bras, qu'on a foin d'éle- & 7 2" ver au deffus de la tête pour qu'elles ne s'éteignent point dans ces antres hu- Qbfery. 40. mides & obfcurs. Les jeunes ne (é défiant de rien , ne font pas difficiles à tuer. Parmi les Cétacés , le grindeval eft le plus commun fur ces côtes ; il n'eft pas gros , il a la tête obtùie , les yeux petits , la peau noire avec une ligne blanche fur le ventre , il eft fort gras fur-tout à la tête. On en tire beaucoup de lard qu'on fait fondre , ou que l'on fale avec du fel noir pour manger comme on mange le lard de cochon. Ce fel noir fe tire des cendres de l'algue marine qu'on fait brûler après l'avoir laiffé fécher ; & on a obfervé que ces cendres faloient bien le lard , & l'empêchoient de fe gâter, pourvu qu'on le fufpendît dans un lieu fec. Quoique ce lard ainû préparé paroiffe noir à l'extérieur comme le lard qu'on fait fécher à la fumée , il ne laiffe pas que d'être intérieurement aufTi blanc eue le lard de cochon, & il faut s'y bien connoître pour diftinguer l'un d'avec l'autre. Il y a des gens qui fe fervent de cette graiffe dans les fauces en place de beurre. La chair de ces poiffons fert de nourriture aux habitants ; quand elle eft fraîche & bien cuite , on la prendroit pour du bœuf : celle qu'on ne peut pas confommer fur le champ , on la coupe par longues tranches qu'on tait fécher à l'air , & qu'on conferve comme les autres, viandes. Quelquefois les étrangers la font mariner , & on lui trouve alors à-peu-près le goût des pieds de bœuf. C'eft de-lâ que les gens du pays ont. appelle cet amphibie foéquoeg , bétail de mer. (a) On prend une autre eipece de baleine nommée doglinge dans la baie de Qualboé de l'ifte de Suderoé. Il eft fort furprenant qu'elle ne paroiffe en aucun autre endroit des ifles de Feroé. Tous les ans dans l'automne on en prend tout au plus une demi-douzaine dans cette baie. Elles ont quatorze à feize aunes (£) de longueur & quatre aunes (c) de diamètre. Les pêcheurs les attaquent & les prennent d'une façon affez finguliere : dès qu'ils apperçoivent une baleine proche du golfe , ils courent à elle dans leurs canots munis feulement de cordes & de lances. Si le vent leur eft contraire , ils chaffent le poiffon vers la côte , & le font entrer dans la baie ; fi la mer eft calme , ils l'approchent le plus qu'ils peuvent , & avec leurs lances ils lui font un trou profond dans la graiffe, ordinairement à la paupière , & y attachent le bout de leur corde , fans que cela paroiffe lui (j) Pierre Claudii dans fon hiftoire de la Norvège , rapporte que cette baleine elt chaiïee vers les côtes par des chiens de mer appelles Hwailiunde. Dans l'automne de l'année 1664, dit cet auteur , une grande quantité de baleines ayant échoué dans la baie de Staalefiord , les habitants du pays en tuèrent plusieurs, ils apperçurent entre les baleines & le rivage un monftre qui reflembloit à un chien par la partie du corps.qui étoithorsde l'eau. Il étoit gris, tout couvert de poils, & avoit les oreilles pendantes comme les dogues d'Angleterre. Cette eipece de chien de. mer rrageoit autour des baleines. (b) Environ trente-deux pieds de France, (c) huit pieds de France.. Êire ACADÉMIQUE. zor faire une douleur bien fenfible ; puis ils gagnent le rivage à force de rame — — — "^— tirant au bout de la corde la baleine qui ne peut s'empêcher de Cuivre. Actes deCo- Eniuite ayant attaché l'autre bouta de groffes pierres, ils percent l'animal penhague. à coups de lance jufqu'à ce qu'ayant perdu tout fon fang , il ne donne plus aucun figne de vie. La chair de cette efpece de baleine n'eft pas bon- n^eS/1 ' ne à manger, non plus que le lard, qui a cela de Singulier, que fi quel- qu'un en mangeoit , il pénétrerait à travers les pores de la peau avec Oblerv- 49» l'humeur de la transpiration, &C communiqueroit même à fa chemile une cou- leur jaunâtre &C une odeur fétide. Cette graiffe eft Si pénétrante qu'elle tranflude à travers les tonneaux où on la met. On voit encore affez communément des baleines d'une plus greffe ef- pece clans la mer qui baigne les ifles de Feroé ; mais les pécheurs de ces pays-ci n'ofent pas les attaquer. La plus dangereufe de toutes eft celle qu'ils appellent ïrold-\ral , qui culbute fouvent leurs barques , ou qui les fouleve en paffant par deffous, & les ibutient fur fon dos comme fur un rocher. Ils ont cependant trouvé le fecret de les éloigner , en cachant du caftoreum entre des planches fur le devant de leurs barques ; ils ont éprouvé que lorfque la baleine paffe fous un navire où il y a du caftoreum, ou même lorfqu'on jette fur elle un morceau de bois dans lequel on en ait mis, cette drogue la fait fur le champ couler à fond comme une pierre, Au défaut de caftoreum ils portent avec eux des copeaux de bois de ge- nièvre .qui font auffi le même effet. L'auteur attribue la caufe de ce fait, qui eft attefté par plusieurs perfonnes dignes de foi , à la fubtilité de l'odo- rat de cet animal , & a l'odeur forte & désagréable du caftoreum Si du genièvre. IX. Les habitants des ifles de Feroé font fobres,& fe contentent tous les jours de leur nourriture ordinaire qui confifte en viande , poiffons , lait & bouillie. Ils ne font ufage ni de pain, ni de bière , ni de Sel : Ils font fécher leur viande à l'air fans la faler , cojnme on fait fécher ordinairement le poiffon pour le conferver. Au refte, ils aiment mieux manger la viande à demi-pourrie , fur-tout par rapport à la graiffe ( ne trouvoient point les ifles voifines , ils diri- gèrent leur courfe vers le Nord. Et après avoir trouvé les véritables ifles Feroé, ils jugèrent que celle qu'ils avoient apperçue d'abord , en étoit éloignée de "onze lieues auSud-Eft, & cependant jamais perfonne n'a vu de terre en cet endroit. Mr. Debes foupçonne que ce pouvoit être une ifle flottante. II. Au fujet des fontaines dont nous avons parlé ( xiv. ) & qui ont un flux & reflux comme la mer , deux perfonnes du pays même de Suderoe qui demeurent auprès de ces fources , nous ont afiuré dernièrement à Copenhague où ils font pour affaire , que ces eaux font falées , ce qui prouve encore plus certainement que les fources viennent de la mer. III. L'été dernier (1670) fur la cote méridinoale de Suderoé, plufieurs habitants du village de Qualboé ont vu une firene. Elle relia près de trois heures élevée au défais de la furface de l'eau , tenant en fa main un poiffon la tête en bas & la queue en haut. Sa longue chevelure defeendoit jufqu'à la partie du corps qui étoit plongée dans la mer. On la voyoit à décou- vert jufqu'au nombril. Les habitants de Suderooé ont auffi vu ce monftre , &C je tiens le fait d'un d'entre eux qui eft aujourd'hui à Copenhague. (.2) Mr. Debes explique ce phénomène comme il expliquerait l'élévation d'une liqueur dans une des branches d'un Siphon , & il tâche de démontrer fon fenument par le moyen d'une figure. Mais le paralogifme eft il évident , qu'il eft inutile de le réfuter , & même de l'expofer. ( b ) Cette conjecture eft démentie par des faits plus certains & mieux vus que celuj que rapporte l'Auteur. te Y- *04 COLLECTION. Actes de Co- O B S E R V A T I O N L I I. PENHAGUE. Années 1671 ®'^* de Poule incorruptibles , par ERASME BARTHOLIN Profejfeur royal & 1671. ' de médecine. (K) Obfery. 52. FJLine rapporte que le pouliot fleuriffoit dans les garde-mangers le jour J. du folfiice d'hiver ; il ajoute que l'orme , le tilleul , l'olivier , le peu- plier blanc &C le i'aule tournoient leurs feuilles fens deflus defibus après le iblilicc ; mais je me luis affuré par une obfervation confiante pendant quatre ans que la correfpondance que Pline luppofe ici entre les phéno- mènes du Ciel & ceux de la terre , n'exifloit pas. En 1660. comme je te- rjois lin œuf avec peu de précaution , la coquille fe caffa , & je n'y trou- vai qu'un peu de poulîlere jaunâtre ; cela me fît naître des foupçons fur la diminution continuelle de la matière de l'œuf, & c'eft ce qui m'enga- gea àramafleraux environs de l'équinoxe du printemps de l'année 1669, une certaine quantité d'œufs dont les uns étoient crus , Si les autres cuits; j.e les confervai pour obferver les changements qui pouvoient leur arriver les années fuivantes. Jofeph Burrhufs , nous propofa le jour même de l'équinoxe , deux expériences à faire pour confiater fi les œufs de poule pondus le jour même de l'équinoxe ne fe corrompoient jamais , & fi ces mêmes œufs couvés enfuite par une poule ne produifoient que des poulets mâles. Pour vérifier ces deux faits , je mis à l'écart les œufs que je con- fervois des jours précédents ; j'en pris enfuite d'autres qui avorent été pon- dus le jour de l'équinoxe & les fuivants , jugeant que s'ils étoient fournis aux influences du Ciel , ces influences ne fe bornoient pas à un feul jour déterminé. Au mois de décembre fuivant je cafiai un de ces œufs , mais quoique les plus frais n'aient pas ordinairement une odeur ni un goût agréables , il fut cependant impofllble aux perfonnes mêmes dont l'odo- rat étoit le plus fin , d'y trouver aucun indice de corruption. Je laiffai donc les autres œufs fans y toucher jufqu'au 6. avril de l'année 1671. jour auquel je renouveUaî l'expérience en préfence de mon frere Thomas Banholin. Je pris trois œufs dont l'un avoit été pondu le- 11. mars après l'équinoxe de l'année précédente , le fécond le 8 mars avant l'équinoxe de la même année, & le troifieme enfin le 5 mars de l'année 1669. Je cafîai les deux premiers, & je trouvai que loin d'être corrompus, le blanc &C le jaune avoient un goût & une odeur afiez agréables , ce qui certainement n'étoit pas un ligne de putréfaftion. Il me parut cependant que le jaune avoit éproHvé quelque changement , il étoit plus épais vers le gros bout, il n'empliflbit pas exactement le milieu, & laifibit ainfi un efpace vuide vers le petit bout. On diftinguoit cependant facilement les cordons nommés chalaçœ vers le gros & vers le petit bout des deux œufs de l'année 1670. Je caffai le troifieme qui avoit été pondu le f mars 1669. je trouvai que le jaune étoit beaucoup plus épais , & qu'il étoit dégénéré en une matière tout-à-fait glutineufe ; je trouvai encore une certaine quan- tité de blanc dans le petit bout , mais il étoit très-épaifli ; fon odeur &c fon goût n'étoient cependant pas délagréables , ce qui nous fît juger qu'il ACADÉMIQUE. 105 r étoit point corrompu. Nous fîmes encore l'expérience fur un œuf cuit %;,..; que je confervois depuis trois ans. Dès qu'il rat cafle , il répandit une Actes de Co- pdeur lî fétide que nous le fîmes jetter dans l'inftant; la matière qu'il con- penhacue. tenoit étoit oblcure & livide. Enfin, pour fatisfaire la curiolîté de Jean lJicart , , qui le trouvoit alors à Copenhague, nous caflames vers l'éqiùnoxe du ^^^ J1' printemps de l'année 1671. un des œufs cuits qui avoient été pondus en 1072. 1669. il étoit û léger, que nous crûmes qu'il ne contenoit aucune matière: Obfcrv. 52. nous y trouvâmes cependant une fubftance affez femblable à celle que nous avions trouvée dans l'œuf du 5. mars 1669. mais en moindre volume , & tellement épaiflîe, qu'elle étoit prefque dure; nous n'y remarquâmes cependant aucun figne de corruption. OBSERVATION LUI. Camphre confervi fans aucune diminution de fa fubftance. IL feroit à fouhaiter mie ceux qui font des obfervations fur l'Hiftoire naturelle , fe donnaient la peine de chercher qu'elle eft. la caufe de la diminution de la fubftance du camphre. On le conferve ordinairement dans les apothicaireries , couvert de graine de lin , ce qui fait penfer à quel- ques-uns que la graine de lin a quelque vertu fecrette pour la confervation de cette matière. Mais comme ce fait n'eft pas bien prouvé , j'ai renfer- mé un morceau de camphre très-léger dans un petit poudrier de verre fermé en partie hermétiquement , & en partie avec de la cire; enfuite j'ai pefé le tout dans une balance très jufte , afin de pouvoir remarquer chaque jour les différents degrés de diminution de la iubftance. Mais après une obfervation de trois ans , je ne remarquai aucun changement , ni dans la poids , ni dans la qualité de la matière. Ce qui prouve bien qu'il faut attri- buer non à l'air feul, mais à l'agitation de l'air extérieur l'évaporation du camphre, & que cette matière ne foutfre aucune altération dans des vaifleaux de verre bien fermés. Obferv. 53.' OBSERVATION LIV. Infectes trouvés dans le fucre , par THOMAS BARTHOLIN. (G) ~h/€JRCGRArE dans fon hiftoire du Bréfil , {a) parle d'un petit ver Obferv. 54. 1 /J. qui gâte les cannes à fucre en rongeant les racines de cette plan- te. Les habitants du pays l'appellent Guirapeacoja , les Portugais Pao de galinha. J'ai vu dernièrement un infecte d'une autre efpece dans le fu- cre qui nous vient des Indes orientales fur les vaifleaux de la Compagnie de Copenhague. C'eft plutôt une efpece de grillon , mais qui ne reflèmble à aucun de ceux dont Jonllon a donné la figure , comme on peut le voir ( ' gués 6c quatre petites cornes à la queue. Ceux qui ont des ailes font plus ' ' gros que les autres , mais de la même couleur & de la même forme , fi Obferv. 54. ce n'eft qu'ils ont quatre ailes litr le dos , & que leurs jambes font plus velues. Au refte, nous avons nourri ces deux efpeces de grillons pendant un mois avec le même lucre , clans lequel ils étoient venus des Indes. On les trouve auiTi dans le ris & dans quelques autres denrées des vaiffeaux,. de l'aveu de nos matelots qui fe plaignent fort du dégât qu'ils font ; mais je crois que ces infeftes aiment mieux le fucre moins affiné que celui qui l'eft trop , parce que celui-ci eft chaud , plus acre , conlequemment plus maliain que l'autre. C'elt pour cette raifon que Pilon ( b ) avertit que le lucre trop affiné eft pernicieux pour la fanté , & qu'il caufe des maux de tête , au lieu que celui qui l'eft médiocrement , conferve fa vertu naturelle, &C donne beaucoup plus de douceur aux firops , aux électuaires & aux au- tres préparations femblables : mais pour revenir à nos grillons , après s'être confervés un mois dans le lucre, ils moururent aux premiers froids du mois de novembre. Voye^ PI. VIII. Fig. V. & VI. OBSERVATION LVII. Sur le Succïn , par T H. BARTHOLIN. (G) Obferv. 57. T7N creufant les foffés neufs de la ville de Copenhague on a trouvé JLplufieurs morceaux de fuccin de différentes grandeurs. Il eft effentie! de remarquer que par tout où l'on trouve du fuccin , on y trouve aufii. des morceaux de bois de chêne , & que c'eft à l'écorce de ce bois que le fuccin eft adhérent , comme on peut le voir dans tous les différents mor- ceaux que les ouvriers qui travaillent à ces fofles vendent aux curieux. 11 eft vrai qu'il fc trouve encore dans une efpece de bois noir & comme brûlé , que je prendrais pour une efpece de bitume ou d'ambre noir, fi l'odeur qu'il exhale en brûlant, ne fembloit plutôt indiquer que ce font des reftes de bois de chêne brûlé. On trouve cependant en Angleterre, au rapport de Cambden , une femblable fubftance à laquelle on donne le nom d'ambre noir ou de jayet \_g.igathes~\ & j'en ai vu aufti qu'on avoit {a) Ces deux efpeces de grillons, dont parle Bartholin , pouvoient bien n'en faire qu'une ; l'ailé en ce cas auroit été le mâle , & celui qu'il appelle rampant , la femelle. Peut-être auffi que lever de Marcgraveeftle même animal. Bartholin ne décritque ce qu'il itd, mais il n'a pas fuivi l'infecte dans fes différents états de transformation. Linnœus fait mention du grillon dont il eft ici queftion , & le range parmi les Blawz fous cette phrafe blatta ferrugineo-fufca , elytris fulco ovato imprejfis. Fauna fuec. 617. » (h) Guillel. Pifo. Medic. Brafil. lib. 4. c. t. ACADÉMIQUE. ao7 tire tles fofles de Copenhague. Quoiqu'il en l'oit , il n'en: pas facile de dé- — — — — « cider fi le fuccin le forme ici naturellement dans le fein de la terre , ou Actes de Co- iî , par des inondations de la mer Baltique , auxquelles notre ville étoit rtM< autrefois très-expofée, il y a été apporté cies pays où cette refinc tranfliide du chêne & des autres arbres rélineux. Je me rappelle qu'on en a trouvé Années 1671. quelquefois de petits morceaux dans des montagnes au milieu de notre ^ 1671'. Zélande. Il n'y a pas long-temps qu'en labourant dans les terres de Ty- Obferv geflrup , le foc de la charrue en déterra un morceau gros comme la tête d'un homme. Mais y a-t-il quelque endroit dans notre ifle où la mer voi- iine n'ait pénétré ? ce qu'il y a de certain , c'eft qu'on a obfervé en creu- iànt les foffés de la ville , que le fuccin ne fe trouvoit point dans la terre au deffus ni ma deffous du niveau de la mer. Diverfes expériences prouvent que le fuccin a commencé d'abord par être d'une confiftanec molle. i°. On a vu des morceaux de fuccin flexi- bles , & qu'on pouvoit manier comme de la cire , témoin celui que poffede Mr. Guill. "Wbrmius Bibliothécaire du Roi. 20. On apperçoit dans un grand nombre de morceaux de fuccin une goutte de liqueur flottante : c'eft ce que j'ai obfervé dernièrement dans un morceau qu'un de mes amis poflede. En l'élevant , je voyois cette goutte fe mouvoir &c former en trois endroits, trois figures différentes, une globuleufe, une autre oblonwue & une troilieme platte , fans doute à caufe de la figure différente des eijiaces où elle étoit contenue. Il n'eft pas aile de deviner de quelle nature eft cette li- queur ; peut-être a-t-elle de l'analogie avec l'huile de pétrole , du moins a en juger par l'odeur qu'on fent quelquefois en touchant certains morceaux de iuccin. 30. On trouve fouvent dans le fuccin des infeftes & d'autres petits ani- maux , qui fans doute ayant été pris & embarraffés dans une matière molle comme dans une efpece de glu , y font reftés dans la même attitude & dans la même fituation où ils s'étoient trouvés d'abord. Rien n'eft plus ordinaire que d'y voir des mouches , des coufms , des araignées , des pail- les , &c. J'ai vu chez Mr. Scholer un morceau de iuccin où il y avoit un grillon tout entier, & un autre où l'on appercevoit deux confins dans Tattitude de l'accouplement. On a même trouvé dans une malle de fuccin de Pruffe une grenouille verte, de Pefpecc de celles qui fe tiennent fin- ies feuilles des arbres ; & dans une autre un véritable léfard ; André Aurifaber fait mention de poiffons & d'oeufs de poiflbns enfermés dans le fuccin. Enfin , ce qui prouve que cette fubftance eft originairement un fuc rélineux , nous avons vu dernièrement un fruit de lapin dans un morceau de fuccin. 40. Le tait fuivant , tiré d'une thefe foutenue à Konsberg en 1 660. achevé de démontrer que le fuccin a été d'abord une fubftance liquide. Des cu- rieux ayant trouvé un morceau de lu.ccin encore mou & glutineux, le jetterent dans la mer après avoir mis dedans un petit billet , où ils mar- quoient la date du joui & de l'année qu'ils Favoicnt trouvé , afin de cons- tater à la poftérité, s'il arriveroit à la longue quelque changement par rapport à la conliftance de ce fuccin ; cent ans après on a retrouvé ce même morceau fur le bord de la mer , avec le billet qu'on y avoit enfermé ; Actes de Co- penhague. 208 COLLECTION mais le fuccin étoit devenu très-dur & très-folide. ( a ) Il n'y a donc an- . cun doute que cette matière ne doive fon origine a un fuc liquide & ré— fineux qui coule de certains arbres , lequel forme petit à petit une marie concrette & folide , foit par la fuccefnon des temps , foit même par l'effeC Années 1671. ^ ^ marin. Au relie, il y a beaucoup de gens qui lbupçonnent avec: 7Z* affez de probabilité que quelque matière graffe & bitumineufe contribue Oblerv. 57. à lui faire acquérir cette iolidité. Extrait d'une Lettre de M. HevELIUS , écrite de Danr^ick le 5. juillet \Gqoi- ON m'a envoyé des côtes de la mer Baltique un morceau de fuccin, dont la conlillance efi fi molle qu'il a reçu l'empreinre'de mon ca- chet. Il a la tranfparence & toutes les autres propriétés du fuccin ordi- naire , mais il exhale une odeur plus forte , comme fi c'étoit une ma- tière bitumineule : cependant il n'y a pas un an que ce morceau a été jette fur le rivage par les flots de la mer avec d'autres productions ma- rines. Une autre perfonne digne de foi , afiure qu'elle a eu en fa poffefnorv un petit morceau de fuccin qui étoit dur d'un côté & mou de l'autre, ck dans lequel on voyoit une mouche. V. les Tranjaclions Philofophiques , n°. G 4. art. I, OBSERVATION LVIII. Sur le Mufc , par THOMAS BARTHOLIN. ..f 0 T>E toutes les conjectures qu'on a formées jufqu'ici fur l'origine du- Oblerv. %V. J_J»mufC5 ia plus yraifemblable eft celle de Fallope. (*) U croit que le mufc n'eft autre choie qu'un fang corrompu, épais, noirâtre, contenu dans deux ou planeurs abcès qui ie forment fous la peau d'un certain ani- mal des Indes , de même qu'il nous vient quelquefois à la peau des tu- meurs où il s'amaffe un fang corrompu ; on lie enliiite avec un fil cet ab- cès , ou plutôt cette tumeur pour la faire tomber & la féparer du relie de la peau , & c'eft cette poche ainfi féparée qu'on nous apporte avec le mufc qu'elle contient. On dit que le lieu de l'abcès efl au ventre & à la poitrine. Gefner l'appelle abcès de l'ombilic, (a) Mais Higmor rapporte, d'après un marchand , que ces abcès fe forment dans tous les endroits de la peau , & qu'ils font caufés par les coups dont les chaffeurs accablent l'animal , jufqu'à ce que le fang s'épanche fous la peau & forme des po- (a) Ce fait a befoin de bons garants. Il faut prouver. i°. que ce morceau de fuccin avoit été trouvé dans ion état de molleue naturelle. 2°. Qu'on y enferma un billet. 30. Que ce même billet y a été retrouvé. 4°. Qu'alors le fuccin avoit acquis de la. dureté , & c'eft apparemment ce qu'a fait l'auteur de la fhefe. (i) Fallop. de mat. med. cap. 24. ches ACADÉMIQUE. 109 ches qu'ils ont foin de nouer avec un fil bien ferré , & de couper enliiite — — — 1 pendant que l'animal ert encore vivant. (£) Actes de Co- Je croirois bien que le muic vient effectivement d'un abcès qui fe for- penhague. me à la peau de la gazelle des Indes : mais je prétends que cet abcès elt . naturel ; car s'il étoit un effet des coups donnes à l'animal , le fang ainfi £CCS. l67u amafle par' une caufe violente, auroit une odeur fétide , au lieu d'une i*7*« odeur agréable. Je penfe donc que ces vclîcules font fituées naturellement ObfetY. 58. dans la peau de la gazelle , & que le fang qui y aborde fe change par une propriété fmguliere de cet organe en une fuMance odorante , comme celle qui fe forme dans les follécules naturels de ta civette, & par le même méchanifme que le lait fe forme dans des glandes particulières. Ce fentiment fe trouve confirmé par l'examen que j'ai fait d'un morceau de la peau de l'animal qui donne le mufe , que j'ai vu entre les mains d'un curieux à Co- penhague: c'étoit un morceau de cuir rond, dont la face intérieure étoit revêtue d'une membrane gonflée dans le milieu, & c'étoit dans cette tu- meur qu'etoit contenue la liqueur du mufe fous une forme concrette. A l'intérieur on voyoit un tubercule un peu dur , rond, uni, velu , mais de façon que tous les poils étoient dirigés de la circonférence au centre du tubercule. De ce centre on voyoit s'élever une petite proéminence oui paroiffoit un veitige d'ombilic. Les poils qui couvroient le contour de" la rumeur étoient plus ferrés , la plupart blancs , & n'affecïoient aucune di- rection particulière ; il ne faut pas cependant rejeter tout-à-fait le té- moig na°e du marchand ; car on peut concevoir qu'en fatiguant l'animal à la courte , & en le chargeant de coups de bâton , on facilite l'abord du fang à la peau & aux organes naturels dont je parle , qui font les réfer- voirs du mufe, de la même manière, à-peu-près , que les femmes de nos pays en maniant & frottant dans leurs mains le pis des brebis, leur font venir plus de lait ; mais le fang fe convertit dans ces follécules en un lue odorant par un effet purement naturel , comme il fe prépare dans les vé- licules de la civette une odeur agréable, S: dans celles du caflor une oc1, ur delagréable ; ce foc de la gazelle n'a ni la fuavité de l'une , ni la féti- dité de l'autre. Ces effets dépendent de la ffruefure fmguliere des parties : c'elt ainfi qu'on trouve dans la queue des renards une" odeur de violette & qui tire fur le mufe : nous en parlerons ailleurs, (c) ( •» ) Gefner , lib. de quadruped. (i) Highmorus, lib. de hiftor. Faiïion. cap. 6. (<:) Voyez l'obferv. il. de l'année 1674. 6-c- Tom, iy. dts Acad. Etre . £)(j 119 COLLECTION Actes beCo penhague. OBSERVATION LIX. Années 1671. & 1671. PLANTES QUI CROISSENT SUR DES CAILLOUX. Obferv. 59. Par Oh xv s Borrichius. (G) LE plus grand nombre des plantes ont leurs racines dans la terre, quel- ques-unes les ont dans l'eau , de ce genre eft la lentille d'eau qui s'y enfonce par deux ou trois petites racines très-fines : d'autres pouffent, quoique leur racine foit pour ainfi dire dans l'air , ce qui eft ordinaire à quelques efpeces de Sedum. Il y en a qui viennent fur des vieux murs , & dont les racines le font jour à travers les petites fentes des briques , com- me la rue , la giroflée jaune , la pariétaire. On en voit quelquefois fortir des fentes des rochers , foit que le vent y ait tranfporté les femeiices de ces plantes , foit que les oifeaux les y aient laiffé tomber. C'eft ainfi que j'ai vu un fruùer qui avoit pris racine dans les fentes étroites des rochers , fur lefquels eft confirait l'amphithéâtre de Nimcs. D'autres enfin viennent fur le «ros fable , ainfi que je l'ai remarqué a Rome dans un aloès d'Améri- que. On peut dire cependant que toutes ces plantes généralement tirent leur principale nourriture de l'eau , foit en état de liqueur , foit en état de vapeur , 6i que ces différentes matières dures , 011 l'on voit que cer- taines plantes prennent racines , ne leur fervent uniquement que de bafe & de point d'appui. Je pourrois parler ici du tithymale de Diofcoride qui vient fur des pierres , & de plufieurs autres plantes ; mais la principale remarque que j'ai à faire à préfent , concerne la famille des algues-mari- nes. On trouve affez communément fur nos côtes l'efpece nommée chêne de mer ( ou fucus marinus ve/iculis lumens ) fur des pierres de toute forte , ce que Théophrafte avoit peut-être déjà obfervé ; (a) mais ce qu'il y a de plus finguîier , on a vu cette plante attachée aux pyrites & aux cail- loux les plus durs , comme fi elle y eût été collée. J'ai vu auffi cette année un lin marin en Danois Kochefnonr (alga viridiufcula folio capïllaceo') qui avoit pris racine far un caillou plat ; il eft très - vraifemblable que le premier germe de cette plante s'étoit collé à ce caillou , par le moyen d'un fuc glutineux qui y eft contenu , qu'elle y a crû & s'y eft élevée , & que c'eft cette efpece de glu qui l'avoit affermie contre les efforts des vagues de la mer ; car pour ce qui eft de la nourriture , ces fortes de plantes la tirent plutôt de la tige & des feuilles que de leur racine qui n'eft prefque rien. Il fembleroit qu'en abforbant ce fuc nourr'oer, elles devroient auffi ab- forber une quantité de fel marin capable de les faire périr ; mais ce qui empêche ce mauvais effet, c'eft, fi je ne me trompe. i°. L'humeur vif- queufe dont la plupart de ces plantes font remplies. i°. Les tuniques (.?) âvtTcii ivi-rûv ôïpeMM , *«<> £""' T«y ?ÙQuf. Theophr. Hiftor. Plantar. Jib. IV. cap. VIL ACADÉMIQUE. m extrêmement minces qui tapificnt leurs petits pores, & qui arrêtant le C..1 «■«■■■■■■w marin, ne laiffent parler que ce qu'il y a de plus tenu èv de plus doux Actes de Co- dans le fuc nourricier. On tire de ces plantes en les brûlant beaucc :ip de fel 11- penhac. i xiviel; maisil ne s'enfuit pas qu'elles aient abforbé ponrcela, beaucoup de fel ^m,\çft I($7I> marin ; car il eit facile de démontrer qu'il y a une grande différence en- g. ï6j%i ire le iél marin &; le fel lixiviel qu'on retire des cendYcs de ces plantes. Obferv. 59. OBSERVATION LIX. (/us) SUR U ALGUE S ACCA RIFÉRE D'ISLANDE. Par OLAUS BORRICHIUS. (G) ON trouve dans la mer d'Iflande une efpece d'algue, qui n'a été dé- Obferv. 5$>i crite par aucun auteur que je fâche, & dont Bauhin lui -même , le plus exaft des Botaniftes , n'a fait nulle mention. Elle reffemble afiez à l'algue à feuilles étroites connue dans les verreries, fi ce n'eft qu'elle a les feuilles un peu plus çraffes , & qu'elle eft d'une couleur jaunâtre , ce qui femble indiquer en elle une nature différente. Après que les flots l'ont jettée fur le rivage , & qu'elle eft demeurée quelque temps fur la terre , petit à petit , à l'aide de la chaleur du foleil , elle fe couvre en différentes places de grumeaux fahns, dont la faveur eit très-agréable, ce qui fait que les habitants d'Iflande les recueillent avec foin, pour s'en fervir en guife de fucre ; & même quelquefois ils anticipent &C préviennent l'effet de la nature , & fervent fur leurs tables la plante elle-même en guife de falade , avant que cette matière iiicrée fe foit formée fur les feuilles : elle n'elt pas défagréable non plus de cette dernière façon, & les perfonnes les plus confidérables de l'ifle s'en font un régal. ( a ) OBSERVATION LX. O R C H I S A QUATRE BULBES. Singularités obfervàs dans cette Plante , & dans un Caillou , par OlAUS BORRICHIUS. (G) ON trouve dans nos prairies (aux environs de Copenhague) au mois Obferv. 6a, de juin, quantité d'orchis à odeur de mufe , autrement nommée Mo- norchis , plante que craignent fort les femmes hyftériqucs ; mais on y trouve aufTi quelquefois le cynoforchis couleur de pourpre à trois bulbes , {cynoforchis purpurea triorchis) j'en ai même trouvé cette année une ef- ( a ) Les Mandois l'appellent SocL Dd2 ni COLLECTION .» i i ii— pece qui avoit quatre bulbes , dont deux étoient fpécifiquenierrt plus pe- Actes de Co- lants q»e l'eau & les deux autres furnageoient. Ils n'ayoient tous qu'une penhague. feulejige & une feule fleur purpurine. Bauhin fait mention dans fon Pinax d'une eYpece de cynoforchis blanc odorant à quatre bulbes oblongues 6t Années 1 671 . ^breuf£S ( Jctrorclus alba odorata uftkuMs oblongis ùjibrofis. ) Mais celui que & 1672. j^j vu jans notre yj n^e^ nj j,ianc nj odorant, & d'ailleurs les raci- Obferv. 60. nés ne font point oblongues ou fibreufes , mais elles repréfentent allez bien les tefticules des animaux. J'ai vu fur des fleurs de cynoforchis purpurins ces caractères m très-diflinctement deflinés. Cela me rapelle un caillou qu'on ma montré à Londres , lequel ayant été cafle par bazard dans fon .milieu , laifla voir ces deux chiffres arabes 39. écrits très-lifiblement. (Au refte , il n'y a aucune conféquence importante à tirer de ces fingularités. ) Obferv. 61. OBSERVATION L X I. RJCINE DE JUSQUIAME CONTOURNÉE EN SPIRALE. Par Olaus Borrichius. (G) J'Ai obfervé que la racine de jufquiame jaune n'a pas toujours fes fibres dirigées en long , comme la plupart des plantes , mais qu'elles font con- tournées en forme defpirales, &c qu'elles imitent les pas d'un vis, ou plu- tôt les fpires de la licorne de Groenland. Cette ftrufture n'eft cependant pas la même dans toutes les racines de jufquiame. Les unes ont ces con- tours en fpirale moins marqués , les autres les ont très-bien deflinés com- me je l'ai obfervé dans celles que j'ai arrachées auprès des murs d'Amag. Comment le fuc nourricier peut-il pafler librement à travers toutes ces anfraftuofités des fibres de la racine , qui font d'ailleurs preflees de toute part & environnées d'une terre dure , tandis que d'autres plantes venant à fe tortiller dans le temps qu'elles croiflent, meurent ou féchent petit à petit? Obferv. 6z. OBSERVATION LXII. Divcrfes fingularités obfervéa dans une Camomille & dans un Hicracmm. Pai Olaus Borrichius. (G) J'Ai trouvé dans nos campagnes en berborifant , une camomille commune, dont la tige étoit toute tortillée , & formoit fept contours en fpirale. Outre cette bizarrerie de la nature , il y avoit encore une fingularité à remarquer h igue. le Languedoc, & que je tiens des lavantes conversations de Mr. Bour- delot. Pour faire mûrir plus vite leurs raiiins , ils ont foin de tordre un peu les queues des grappes. Moyennant cette précaution , la fève ne par- venant pas en aiifîi grande quantité au-delà du pédicule, la maturité du Oblerv. 6^ raifin n'ell point retardée ni interrompue par la Surabondance d'une hu- meur crue ; &i quoique les grains ne fuient pas auffi gros que ceux qui parviennent à une maturité naturelle, ils ne laiffent pas que de donner un vin beaucoup plus agréable que celui de l'arriére faifon. On pourroit peut- être tenter avec fucecs les mêmes expériences dans nos pays du Nord où les rajiins viennent rarement à une parfaite maturité. J'ai encore vu dans la campagne un hieracium à feuilles étroites, dont la tige étoit tortillée un peu au délions de la fleur , avec une tumeur au même endroit ,^jui étoit prefque dvire comme du bois. (.*) L'ayant ouverte avec mon couteau , j'y trouvai plufieurs petits vers blancs logés chacun dans fa cellule à part, fans qu'il y eût au dehors aucune apparence de trou par où on pût foupçonner que ces vermiffeaux ftiffent entres. V. P . XL Fig. 1. OBSERVATION LXIII. PLANTES A TIGES APPLATIES. Pur Olaus Borrichius. (G) DAns nos dernières herborifations nous avons trouvé trois plantes dont les tiges étoient larges, minces &: plattes en manière de ruban , & dont les feuilles plus petites que dans l'état naturel fortoient à droite & à gau- che en grand nombre des côtés de ces tiges applaties. (/■) Th. Bartho- lin m'avoit déjà fait voir une pareille Singularité dans une camomille dont la tige étoit applatie en forme de bande mince , mais large de deux tra- vers de doigt. Ne peut-on pas conjeûurer que deux ou trois graines de la même plante étant tombées en ligne droite , dans la même place fe font réunies en germant, & pour ainfi dire, confondues en une feule plante ? Ce qu'il y a de certain , c'elt qu'on peut donner lieu à bien des variétés de ce genre dans les plantes par la manière de les femer , fans compter (j) Cette tumeur étoit apparemment une efpece de galle , comme il s'en forme fur plufieurs autres plantes. ( b ) C étoit une renoncule des champs à fleurs jaunes , une julienne , & une CotuLi. Ranunailus agreflis flore luteo Hefpcris hortenfit feu viola rrutronalis Coiuli fatida. Obferv. 63. 414 COLLECTION — les jeux de la nature. On m'a dit à Florence qu'en joignant enfembîe les C ' PePins du citronier & de l'oranger avec un certain art, il en naiflbit une penhIgJe. l'orte d'arbre hermaphrodite, qu'ils appellent en Italien Bi^arrU, & dont les fruits font agréables au goût èc à l'odorat. On a tenté la même choie Années 1671. >, Crémone. Cependant il y a des perfonnes qui ■font d'un lentement dif- & 1672. férent for l'origine de ce fruit. /~,u.\ . /-, Dans le temps même que j'écris fur ces variétés naturelles & artificiel- V' *' les des plantes , on m'apporte une queue de cerife deux fois plus large qu'à l'ordinaire , & qui dans fori milieu le 'rouve fendue naturellement &C partagée en deux petites branches, au bout defquclles il fe trouve deux cerifes mûres, une de chaque côté. Il . paraît , pour peu qu'on y fa ffe at- tention, que d'abord il y avoit deux pédicules , & que fe trouvant très-près l'un de l'autre & étroitement ferrés , ils le font enfin unis enfembîe. OBSERVATION L X I V. SINGULARITÉS OBSERVES DANS UN OPHIOGLOSSE, dans un plantain. Par Olaus Borrichius. (G) ON trouve quelquefois l'ophiogloffe avec uns double langue , mais rarement avec une langue fendue en deux par le bout. C'eft cepen- dant ce que j'ai obfervé au mois de juin dernier dans cette plante à la cam- pagne. La langue étoit firrrple par le bas, & fe partagcoit dans fon milieu en deux petites langues qui avoient chacune une languette intermédiaire ; de façon qu'elle ^reffembloit allez à un Y grec. J'ai obfervé la même fin- çularité dans un épi de plantain à fept nerfs, lequel ne formoit à fa naif- ïance qu'un feul tronc, & ife partageoit enfuite en deux tiges. OBSERVATION LXV. MARQUES OU POINTS OBSERVÉS fur une efpcce de Ranunculus. Par O LAU S BORRICHIUS. (G) OBferv. 65. QUr une efoece de grand Kali noueux, (a) j'ai obfervé des points bien ^marqués au bas de chaque nœud de cette plante, rangés fymmétnque- ment, & dont quelques-uns avoient à-peu-près la forme d'un croiflant ; je ne fâche pas qu'aucun Botanifte ait fait mention de cette elpece, peut-être ( a ) Le Kali eft un genre de plante dont on tire la foude. ACADÉMIQUE. 1,5 anm" n'eft-ce ce qu'une variété &un jeu de la nature. Simon Pauli nous a fait «——»■«— obferver des marques a-peu-près fcmblablcs fur la fleur d'un ranunculus nemo- Actzs de Co" rofus albus , qui n'eft pas la même chofe que Yanemone ntmorofa ficrilis fo- penhague. lus punclatis de Bauhin ; la différence qui fc trouve entre ces deux plan- ce de points fur les feuilles , au lieu An"ces, l67^ & 1671. tes , c'eft que la dernière eft marquée que l'autre l'eft fur les fleurs. Obferv. 65. OBSERVATION LXVI. MOUSSE PURGATIVE. Par O LA US BORRICHIUS. (G) ON trouve en Iflande une efpece de moufle terreflre , dont aucun Bo- tanifte n'a encore parlé , mais qui commence à être connue chez nos apothicaires. Elle eft blanchâtre , ferme , branchue , à peine de la largeur de l'ongle , mais s'étendant beaucoup en longueur , hériffée çà & là de petites épines. Les habitants du pays s'en fervent au commencement du printemps comme d'un bon purgatif, & l'été ils la laiffent fécher pour en faire une farine qu'ils mettent dans leurs ragoûts. Elle a perdu alors fa vertu purgative , & n'a plus que la Cjualité d'aliment. C'cft ainfi que les premières pouffes des feuilles du lureau ont une grande vertu purgative qu'elles perdent enfuite, à mefure qu'elles s'épanouiffent & qu'elles fe fortifient. C'eft peut- ître auffi parla même raifon que l'Yuca des Indes occidentales étant humide & encore verd, eft un poifon pour le corps humain, ck que fa racine defféchée devient un aliment (#) Obferv. CCi OBSERVATION LXVII. GUI & AMANDIER. Fleurs d'Œillet lune dans Cautre. Par Olaus Borrichius, (G) LEs Botaniftes ont obfcrvé que le gui venoit fur pluficurs arbres tels Obferv. 67. que font le chêne , l'yeufe , le châtaignier , l'églantier , le larix , le nefflier, l'olivier, le peuplier, le pommier, le rofier, le taule, le cornicr, le liège, le tilleul ; on eftime beaucoup celui qui vient fur le coudrier; mais perfonne ne l'a encore remarqué , à ce que je crois , fur l'amandier. ( .1 ) L'Yuca ou Manioque eft une plante d'Amérique dont la racine reflemble au gros navet. On en exprime le lue qui eft un très-violent purgatif & un vr.ii poifon. Le pa- renchyme qui refte , fert à faire le pain de Caflave , dont les Nègres fe nourriflent. ii6 COLLECTION — im ■ ' Rien n'eft fi commun cependant dans la Provence , fur-tout auprès de Sif— A.cte5 de Co- teron , dans des pays de montagne , où l'on trouve fur les grands chemins» PENHAGUE. Années 1671 & 1671. Obier v. 67, quantité d'amandiers tout couverts de gui. J'ai vu cet été un oeillet qui , en s'épanouiffant , a laiffé voir un autre œillet .tout pareil qu'il renfermoit ; de même que l'on trouve quelquefois un ci- tron renfermé dans un autre. OBSERVATION XC. DISSECTION DU HÉRISSON T E RREST RE. Par Olaus Borrichius. (G) v. 9°" JL,temps qu'il lé blottit. Le peuple mange quelquefois de la chair de cet- animal , peut-être conviendroit-elle aux hydropiques étant préparée d'une certaine façon. Mais j'aurai occaflon de parler ailleurs de ce remède. Je vais expofer ici ce que j'ai obfervé dans la diffettion d'une jeune femelle de hériflbn. I. Elle s'eft laiffé clouer les pattes & ouvrir le ventre fans jetter un feul cri , & fans donner aucune marque de douleur. II. Le foie étoit d'un beau rouge & divifé en fept lobes. III. La véficule du fiel étoit placée fous le foie. Elle étoit ronde & de couleur bleuâtre, je l'ouvris, & il en fortit une bile très-verte, tirant un peu fur le bleu , ck très-amere au goût. IV. Les vaiffeaux lattes rampoient fur différents endroits du méfentere, & la liqueur blanche qui les diftendoit les- rendoit très-vifibles. Tous les inteftins étoient à-peu-près de la même groffeur. V. Les reins fuccenturiaux, au lieu d'être informes, étoient arrondis, oblongs & bien. unis. Les reins avoient la figure d'un haricot , je ne trou- vai point de cœcum. VI. Le vagin étoit affez ample & frtué précifément entre le reclum & la veffie. A l'endroit 011 le vagin s'ouvre dans les cornes de la matrice , on voyoit une bande, circulaire nerveufe , ferme- & dure, qui formoit l'orifice intérieur de la matrice. Les cornes de la matrice étoient allez con- fidérables à proportion du corps de l'animal. La rate reffembloit à celle du chien. VII. Le cœur étoit petit. On appercevoit diitincleinent fès mouvements, à travers le diaphragme , même avant que d'avoir fait l'ouverture de la : poitrine. VIII. Dans le même temps je pris un autre hériffon de la même portée qiie je mis tout en vie dans un grand poêle de Hefle ; & ayant fermé le couvercle, j'allumai défions un feu clair, pour voir qu'elle contenance fe- roit cet animal au milieu clés flammes. Il fut long-temps fans donner au- cun fi1MC1\. I }©. VI. Le canal biliaire sinlere dans 1 întefhn, a un demi doigt dupilore. VII. Toute cette portion d'inteftins qui s'étend depuis l'inlertion du ca- nal biliaire jufqu'à l'infertion du canal pancréatique , eft parfemée de vaif- feaux fànguins très- apparents à l'extérieur. ^ III. Le caecum a plus de deux pieds de longueur. Extérieurement au- delà des deux tiers de fa longueur, il eft contourné en fpirale comme dans les lapins : on trouve à fon extrémité jufqu'à huit travers de doigt de longueur , quantité de vaiffeaux fanguins très-apparents. On dirait que toute la fubftance de cet inteftin n'eft compofée que de petites glandes rondes ; on apperçoit à l'infertion de l'iléon dans le ccecum une pareille fubftance glanduleufe, de la groffeur d'une petite châtaigne , qui s'élève un peu au défais du ccecum même. J'ai trouvé auiïi une pareille glande dans les inteftins grefles à huit pouces au deflbus de l'infertion du canal pancréa- tique. IX. Le cœur eft d'un volume confidérable. Pline ( refte du fang. La tumeur étant coupée, on applique les fang-fues à l'a- » nimal, jufqu'à ce qu'elles aient tiré tout fon fang & que l'animal meure: » enfuite on fait fécher ce fang , on le met en poudre , & on y mêle une » très-petite quantité du fang qui eu. forti le premier : on prétend qu'il » n'en faut qu'une centième partie de celui-ci. On le ferre enfuite dans de-' » petites bourfes , telles qu'on nous les apporte. » Ce détail , s'il eft conforme à la vérité, nous apprend. i°. Que ce n'efl pas feulement fous le ventre que le fang s'amaffe , mais en différents endroits fous la peau de l'animal. i°. Que tout le mufe qu'on nous apporte n'eftr pas le véritable & le plus excellent , mais qu'il eft formé de tout le fang de l'animal , & pour ainfi dire falfifié. 30. Que le fang de la gazelle , auffï bien que fa peau, a naturellement cette odeur fuave, & la vertu de la communiquer. 40. Puifque les fentiments & les récits font G its fur le mule, pouvons-nous nous fier dans la médecine au mufe qu'on nous apporte des | ngers ? 50. S'il elî vrai, comme le prétendent les. Arabes, que le mufe foit d'un ufage indifpcnftiole dans la curation des ma- ladies , ne pourrions-nous pas trouver chez nous cette fubftance ; & en tirer des animaux de nos pays? 6°. Il paroît enfin que :'. fang rn- maffé dans les tubercules, n'efl pas converti fur le champ en miifc,.maiss (a) Pent-^tre aufli de la faifon. (i) Sous le nom de Caprcolus mofckifcriu variegatust {c) Exercitatj ni n8 COLLECTION — — m-» qu'il faut pour le moins l'efpace d'un mois, fi l'on en doit croire un té- ActesdeCo- moin oculaire, qui rapporte ainfi la manière de tirer le mufc. (a) «Le penhague. » mufc nous vient de la ville d'Alcp en Orient : on le tire d'un peti ni- , »mal de couleur rougeâtre par la méthode fuivante : on fraj pe ^et ani- Annee 1673. >( maj je p|uneilrs coups de bâton fur le même endroit lu corps, jufqu'à Obferv. iq. " ce qu'il le forme des bofles & des contufions où le fang fe rarnafle. On » lie enfuite la peau dans les endroits où le fang extravaté la la.t élever, » & on (erre tellement le nœud, que le fang qui efl enfermé dans ces ef- » peces de poches ,.n'en puifle plus fortir : on laifT* fécher ces poches » fur l'animal, jufqu'à ce qu'elles tombent d'elles-mêmes & fans qu'on foit » obligé d'employer aucun infiniment ni aucune force. Cell-là que l'on » trouve ce fang parfumé qui s'efl converti en mufc au bout d'un mois. » a°. Si nous ne pouvons pas tirer le mufc des animaux de nos pays , nt pouvons-nous pas du moins nous en paffer? les anciens ne le connoif- foient pas, & ils n'en faifoient pas moins heureufement la médecine. Au- cun des médecins Grecs n'en a fait mention avant Aetius , qui vivoit du temps de Conflantin le Grand. Paracelfe le tiroit des matières fécales , & c'eft ce qu'il appelloit Carbon Se Civette occidentale. On prétend que le mufc qui a perdu fon odeur la reprend étant expofé dans des privés. Obferv. 2.4. OBSERVATION XXIV. Sur de nouvelles plantes d'Afrique , par Th. BARTHOLIN. (G) CEs plantes nous ont été communiquées par un chirurgien nommé Jé- rémie Stolle, qui les a apportées cette année (1673.) du Cap de Bonne Efpérance. Je les ai fait deffiner par Mr. Jacobaeus , & comme je n'ai point encore appris que perfonne en ait fait la defeription, j'ai cr* qu'il étoit à propos d'en donner ici la figure, Eupatorium ïndïcum flore albo (£) Laurus africana ferratis fol'ùs ( c ) Sidcritis afric. flore aureo oblongo. ( i Erlca afrïc. umbdl.it a flore purpureo (e Verbena ind'ica lanuginofa flore rubente Erica afric. arbore/cens flore carneo (/) Thymbra afric. flore purpureo Canna afric. minor flore, fuave-rub ente -Verbena afric. minor flore luieo. ( ,) Gabriel Sionita Je monte lîbano, Defcript. urb. & mor. Oriental, cap. ç. (b) Conyza afric. humilis , fol. auguftiorib. nervofis , floribus fpicatis. Infi. (A Alaternoïdes afric. lauri ferratœ fol. commel. prœl. 61. (J) Leonurus afric. fideritis afric. fideritkiis folio fl. phœniceo majore. Infi. (e 1 Erica africana juniperifolia fl. oblongo, umbellato. Injl, Vf) Erica. afric. juniperifolia, fl. oblongo fpicato. lajl PI. XV. Fig. III. PI. XIV. Fi g. III. PL XIV. Fig. I. PI. XIII. Fig. II. PI. XV. Fig. II. PL XIII. Fig. III. PL XIII. Fig- IV. PL XIV. Fig. II. PL XV. Fig. I. ACADÊMIQ'UE. «9 H OBSERVATION XXV. Sur de fautes faillies de Truffes , par Th. BARTHOLIN, (G) Enri de Moïnichcn nous a fait voir des feuilles qu'on veut faire parler pour des feuilles de trufles. Mais je doute fort que c'en foient effective- ment. En Italie où les truffes font très-communes , je n'en ai jamais vu qui enflent des feuilles. Prefque tous les anciens font d'accord avec moi fur cela. Ariftote dit positivement (a) que les truffes & les champignons n'ont ni branches ni feuilles , & il le répète encore dans un autre endroit. ( b ) Diofcoride (c) définit la truffe une racine orbiculaire , fans tige & fans feuilles, a.0 *Aoç. Il eft vrai que dans Athénée (d) il y a un" mot qui femble fignifier la feuille de truffe vo\:Qj>&ov ; mais pour peu qu'on fafle -attention à ce qui fuit , on voit bien que ce mot ne fîgnifîe autre chofé qu'une herbe qui vient au deflus des truffes , & qui peut fervir à indiquer Fendroit où il faut fouiller pour en trouver. A l'égard des feuilles qu'on veut nous faire parler pour des feuilles de truffe , on reconnoît aifément qu'elles ont été cueillies fur le folanum tuberofum , dont les racines font connues fous le nom de pommes de terre. En Allemagne le peuple les appelle Tartuffeln à caufe vie la reffemblance qu'elles ont avec les truffes que les Italiens appellent Tartuff. (e) Actes de Ca PENHAGUE. Année 1673. Obferv. 15. OBSERVATION XXVI. Sur les plantes qui n'ont de [odeur que pendant la nuit , par Thomas Barthoun, (G) L'Efpece de violette , qu'on appelle en Botanique Viola Matronalis flore varieg.no ineleganti , laquelle fleurit dans nos jardins au mois de mai a cela de fmgulier, qu'elle ne fent rien pendant tout le jour, & qu'elle donne une odeur agréable au coucher du foleil & pendant toute la nuit. Le Géranium nociu olens qui vient aufli dans nos jardins lui rcflcmble aflez par l'odeur & par la couleur des fleurs qui approchent de celles de (j) Lib. I. de Plant, c. 3. (£) Lib. II. des Plant, c. z. (>.) Lib. IL c. 175. ex edit. Saraceriî. j(rf) Lil). IL Deipn. Pamphil. in Gloflis. (.'") Scaligei affure avoir vu une truffe qui aroit une tîge & une follicule oblongue ; il ajoute qu'il tonferve ce morceau curieux dans l'on cabinet. Excrcit. ad Cardanum CLXXX. Obferv. 26. 23o COLLECTION la fritillaire commune. Quand la fleur eft paflée , les filiques féroient prerP «„,.„„,- r,-, dre la plante pour une efpcce de Géranium. Dans le Catalogue du jardin Actes de lo- r < r . , r _ e> i penhague. Royal de Pans imprime en 1636. on trouve le Géranium indicum tubero- fum noctu olcns. Jacques Cornut ( la hauteur d'un prunier : on le plante ordinairement dans les places ——»»»—» » publiques , à caufe de l'on odeur agréable. Il croît fort aifément Se fort Actes Dr. Cu- S> vite. Une branche coupée & plantée par bouture , reprend facilement & pENHague. » porte quantité de fleurs en très-peu de temps. » Au relie , comme cet arbre ne nous eft pas encore connu, il eft inutile de m 'arrêter davantage Annce 1675. far cette odeur & d'en rechercher les caufes : on n'a qu'à consulter , li Oblerv, 26. l'on veut, Clufius, Garcias ab Horto, Chrillophe à Cofta, 6c les autres qui en ont parlé. OBSERVATION XXX. Sur les dents & tce.il de la Baleine , & fur ce qu'on appelle Sperma-Ceti , par Th. Bartholin. (G) VOici ce que Mr. Hannatus m'a écrit d'Otten-Sehe le 16. décembre obfcrv 10' I67^. au fujet d'une baleine qu'on a prife dans la Fionie. ' * « Le flux nous a apporté le 22. novembre fur les côtes Septentrionales une » groffe baleine , qui n'a pu regagner la haute mer ; les payfans lui lance- » rent d'abord quelques flèches , qui ne lui firent aucun mal : enfuite ils » s'approchèrent avec des haches , ck à force de redoubler les coups à la » même place , ils entamèrent enfin le cuir de l'animal, & lui firent une large » bleffure : il voulut fe fauver , mais en vain : l'effort & le mouvement qu'il » fit pour leur échapper lui cafl'a l'épine du dos , ce qui produifit autant de m bruit qu'en feroit un gros chêne en tombant. Lorlqu'il mourut, il rendit une » liqueur blanchâtre parle nombril. C'etoit, fi je ne me trompe, le véritable » Ipcrma-ceti , ou blanc de baleine , dont on ié fert en médecine. Les pay- » lans qui n'en vouloient qu'au lard , ne tinrent compte d'en ramaffer. Il » me refte à décrire les dimenfions de cette baleine : la longueur de fon » corps , fans la queue , étoit de vingt-cinq aunes , (a) fi on n'avoit pas cou- » pé & emporté la queue , le corps entier auroit eu au moins trente aunes » de long. La hauteur étoit de fix aimes. Fai cherché avec empreffement » les dents de cette baleine , mais je ne lui en ai point trouvé. Tous les » payfans m'ont affure qu'elle n'en avoit point , quoique j'aie bien de la » peine à le croire. Comme tous ceux qui la voyoient emportoient cha- » cun quelque pièce par curiofité , j'ai pris la portion intérieure de l'or- » bite de l'œil droit. Il m'eit impoffible de vous exprimer de quelle fub- » tance elle eft, ce n'efl point une matière analogue à la corne, ni à la >» chair , cela ne reffemble point non plus à de la graiffe , c'efl une efpece » de corps folide, qui ne reffemble à aucun autre. Cette portion infé- >» rieure de l'orbite pefoit quinze onces & un gros. Je vous enverrais fa » figure fi je la jugeois digne de votre curiofité. •> J'ai quelques mots à ajouter à cette lettre, pour éclaircir ce que fon (j) Environ cinquante pieds. L'aune de Copenhague eft à deux pieds de France. comme 701. eft à 710. 131 COLLECTION auteur y dit du blnnc de baleine & des dents de cet animal. Actes dfCo- ^e na* jamais obfervé que le blanc de baleine coulât par le nombrilde penhaguii. l'animal, & je ne ferais pas pour cela de l'avis de Schroder, qui dit que- , ce qu'on appelle fperma-ceù , n'eft autre chofe qu'une graille làrineufe pro- nnee 1673. duite par les particules fùlphureufes. mêlées avec le tel marin, lesquelles- Oblérv. '50. étant rapprochées par l'agitation des flots , fe ramaffenten forme de graille. Car je fuis sûr par des expériences inconteftables que cette fubftance hui- leufe fe tire du cerveau d'une efpece de baleine allez grolTe , & qu'on la purifie enfuitc. C'eft ce que Mr. Johannxus, ConfuI vétérant de Copen- hague a vti lui-même dans les ifles de Feroé. Mais la liqueur qui coule par l'umbilic & par les parties génitales de cet animal , eft-elle de la mê- me nature que l'autre? c'eft ce que je n'oferois décider. Tout ce qu'il y au de sûr, c'eft que la véritable origine de cet huile eft dans le cerveau. Comme toute efpece de baleine ne donne pas le fperma-ceù , de même elles n'ont pas toutes des dents. J'ai donné les différences des poi - cétacés dans les Hiftoires anatomiques les plus rares. Il n'y en a eue 'i efpeces qui aient des dents : l'une les a greffes , courtes & obtulés , tel- les qu'on les peut voir dans mon cabinet. L'autre efpece qu'on appelle Narhval , n'a qu'une feule dent longue & cannelée, qui s'avance beau- coup en dehors de la mâchoire. Tout le monde prenoit cette dent pour une corne de licorne : on voit le crâne ck les dents de cette féconde efpece de baleine dans le cabinet du Roi. Olaus Wormius qui. a li bien écrit fur les antiquités du Nord, en a donné une defeription fort exacte. J'en ai auffî parlé dans mes obfervations fur la licorne. Au refte, cette dent a été tellement prifée, tant qu'on l'a regardée comme ayant appartenu à la li- corne , qu'elle fe vendoit au poids de l'or. Frédéric III. s'en eft fait faire un thrône. A l'occafion de ces dents de baleine , je ferai encore mention ici d'une dent d'un fétus de baleine que j'ai vu parmi d'autres curiofités à Copenhague chez Mr. Henshaw, Ambaffadeur d'Angleterre auprès du Roi de Danemarc. J'en ai une toute pareille, mince, aiguë, longue d'un demi-pied. J'ai éprouvé plus d'une fois qu'elle avoit la vertu fudorifîqr.e autant que de plus groffes dents de baleine. OBSERVATION XXXI. De la prétendue Licorne de Groenland & des Sauvages de ce pays } par Th. Bartholin. (G) ©bferv 11 TV^TR' Millier Seigneur de Draxholm, a reçu ces années dernières par J. VA les vaiffeaux qui. revenoient de Groenland, une grande quantité de dents de cette efpece de baleine, qu'on appelle Narhval, & que d'autres appellent aufîi Licornes du Nord. Il y en avoit beaucoup de fort grandes, &: quelqffes-unes avoient jufqu'à trois aunes (a) de longueur. Il vient de * (« ) Ei.viron fix pieds de France,. iàire ACADÉMIQUE. 233 faire prêtent au cabinet de l'Académie d'une de ces dents , d'une longueur — «— — n 1 i>: d'un poids confidérables. J'ai parlé ailleurs de l'ufage qu'on en tait en Actes de Co- médecine, & de ("es vertus, qui dans le vrai lont les mêmes que celles i'lnhague. qu'on a attribuées aux licornes. . Les fanrages du Groenland font tellement accoutumés à leur climat, nnce l673' quelque affreux qu'il loit, qu'ils ne peuvent vivre dans d'Aitres pays. Le Oblerv. 31, pilote ùu vaiflcau dont nous venons de parler avoit amené avec lui du Groenland quatre de ces làuvages , un homme ÔC trois femmes. L'hom- me mourut dans la Norvège. Les trois femmes , dont l'une étoit vieille & les deux autres jeunes , toutes trois de couleur bafanée , arrivèrent jufqu'à Copenhague. Mr. Muller leur donna un logement chez lui, & avoit envie de leur faire apprendre notre langue & nos ufages, Cv de les faire inftruire de notre Religion. Mais malgré toutes les attentions qu'on avoit pour elles, elles ne purent jamais s 'accoutumer à nos mœurs iîi à notre climat , & elles moururent en peu de temps l'une après l'autre. La plus jeune fut celle qui vécut le plus long-temps. OBSERVATION XXXIV. Par Nicolas Stenon, fur Cœuf& fur la formation du Poulet, (G) LA première chofe qui fe préfente lorfqu'on caffe un œuf par le gros Obferv. 34> bout , c'ell la membrane qui tapiffe tout l'intérieur de la coque ; elle fert d'enveloppe commune à toutes les parties contenues dans l'œuf, elle eft rude extérieurement , lifte intérieurement, & vere le gros bout de l'œuf elle forme en partie une cavité allez lenlible. La féconde membrane efl lifle à fa lurface extérieure , elle recouvre immédiatement tout le blanc de l'œuf, & pour peu qu'elle loit entamée, le blanc s'écoule. Plus près du milieu de l'œuf que des extrémités on voit deux cordons (chala{cc~) adhérents de part & d'autre à l'enveloppe du jaune par un pé- dicule compofé de deux petits nerfs ou filets blancs. C'ell par le moyen de ces cordons que l'obfervateur peut tourner l'œuf & le remuer en tout fens, fans rifeuer de déplacer les parties. A-peu-près à égale dilîance de l'un & de l'autre de ces cordons, on oblerve un cercle blanc, ayant une petite tache blanchâtre dans ion centre, & entouré d'un autre cer- cle : c'eft la cicatricule. J'ai remarqué aufîï fur le côté oppofé du jaune , divers autres cercles avec leur centre marqué d'une tache : ceux-ci n'étoient point blancs com- me le premier, mais plutôt ils tiroient kir ie rouge. On y oblervoit plu- sieurs bandes concentriques. J'ai compte julqu a cinq d>; ces cercles dans un œ\.\f , & trois dans un autre, mais ils étoient inégaux entr'eux. J'ai mis un blanc d'œuf dans l'eau pure, & j'ai remarqué qu'il ne fe tnêloit pas entièrement avec cette eau, mais que la plus grande partie al au fond , de manière cependant que chaque gourte Iailibit dans l'eau, de- puis la lurlace jusqu'au tond, une trace marquée par des eipeces de fi-r Toi::,. IF. des Acad. Etrang. G g Actes de Co feni-iague. Année 1673. Obferv. 34. 134 COLLECTION bres diftinftes , & qui fe tortilloient à-peu-près de la même façon que l'on traite le chanvre pour en taire de petites cordes. Je jettai en le jaune dans l'eau , il alla au tend. En agitant le vafe, le blanc fe ré- duifoit en fibres ou filaments , & le jaune le mêloit intimement avec l'eau ; il lui donnoit même une teinture jaune par l'intcrpofition de fes molécules , qui cependant retombèrent au fond bientôt après , fans que Peau en redevint plus claire. Dans un œuf cuit dur, on apperçoit vers le centre, à l'endroit où les cordons (chalazse) s'attachent au jaune , on apperçoit, dis-je, plufieurs fibres difpofées en manière de rayons ; on retrouve encore entre les deux cordons le cercle blanc dont j'ai parlé , on remarque de plus différen- tes lames dans le blanc, & une tache blanche dans le milieu du jaune. Premier Jour. Après douze heures d'incubation , la petite tache blanche paroifîbit un peu augmentée , & l'on pouvoit y difeinguer différentes parties. Cette ta- 'che changeoit de fituarion fuivant les différentes iituations de l'œuf, & elle s'élevoit toujours en haut , comme fi la partie du jaune où elle fe trouve étoit fpécifiquement plus légère que toutes les autres parties con- tenues clans l'œuf. J'ai obfervé le même changement de poiition les ze. 3e. je. 6e. 7e. & 8e. jours. I Ie. Jour. Le jour fuivant on pouvoit compter plufieurs cercles dans la tache blanche. Non-feulemêYit elle étoit beaucoup plus grande que la veille , mais encore elle s'élevoit au deffus de la iurrace du jaune , & y formoit une protubérance de la même façon que la partie traniparente de la cor- née , forme un renflement fur le globe de l'œil. Il y avoit au centre de la tache une molécule blanche inégale. Sur la fin du fécond jour, ayant ouvert un autre œuf, je vis diftincte- ment la tache blanche toute entière , & tout auprès une figure oblongue de couleur bleuâtre , qu'on auroit pris pour les premiers linéaments du corps du poulet avec i'a membrane , de la grandeur qu'il pouvoit avoir le fécond jour de l'incubation. Autour de cette figure plufieurs petits fi- lets fanguins étoient rangés en forme de réleau , & formoient un cercle de la largeur du doigt. Le tout étoit entouré de plufieurs cercles blan- châtres , d'une courbure inégale , qui formoient des efpeces d'ondes ; le cercle extérieur avoit plus de deux doigts & demi de diamètre. On ne pouvoit toucher à la membrane qu'elle ne fe déchirât auflî-tôt & ne iaif sât échapper les humeurs. : ce qui prouve qu'il y avoit déjà un commen- cement de corruption. Au bout de quarante-fept heures , j'appercevois autour du point blanc deux cercles jaunes , épais & irréguliers. ACADÉMIQUE, *3 5 8 / / Ie. J O OR. La cavité n'étoit pas encore bien confidérablc ; le jaune étoit c« dant fort près de la membrane, c\i à ùi partie l'ébauche dû poulet. Ce n'étoit autre chofe que de ; euins , qui paroiffoient former un plus grand c< t îe jaune hors de la coque. Du rrfilieu de • ?ce de point fàillant, on voyoit partir deux ' ifl jrtoieht pres- que en ligne droite vers la partie inférieure , l ' chacun du côn: O] pofé , alloient fe rejoindre • bout de l'œuf. Outre ces deux vaiffeaiix interieurs, deux autres lé portbiértt en la partie Supérieure en formant une figure ovale, 6V jetoient différentes ramifications, qui par Ifcurs circonvolutions j rempliflbierft fou intermédiaire : on voyoit encore au deffous lortir quelques vi idéaux. Mais- ce qu'il y avoit de plus curieux à remarquer, c'étoit une ef- pece de véficule fort tranîparente & oblongue, à-peû-près de cette figure. Dans un autre œuf je trouvai le jaune entièrement changé de couleur, & outre différents petits filets canelés , de couleur jaunâtre , je remarquai encore la même véficule dont je viens de parler, CZ^) tranfparentc & limpide comme de l'eau, mais il ne me fut pas poff-.ble d'y rien di£ tinguer. Dans un autre , après la foïxante & onzième heure , je meforai le bord fanguin qui environnoit la tache tout autour, c'étoit un ovale, dont le long diamètre avoit environ deux travers de doigt , S; dont le petit dia- mètre n'avoit pas un doigt & demi. Les vaiffeaiix qui partoiént du cen- tre fitué fous le poulet, s'étendoient par toute la tache dans le fens du long diamètre ; avec cette différence , que du côte où l'on remarqi tête' du poulet, ils fe portoient droit, fc fans fe divifer, vers le bord de la tache ;au lieu que dans la partie oppoféeils fepartageoient en plùfièurs ra- mifications avant que de s'anaffomofer avec ce même bord. Les Vaiffeaiix qui fuivoient la direction du grand diamètre , étoient plus grands & fer- moient de plus grandes ramifications que les autres. La tCte du poi (et étoit groffe au moins comme le tiers de tout le corps , & ce corps fert allongé reffembloit à un petit vermiffeau ; on voyoit au milieu un petit vailTeau fanguin ; ck dans la région du cœur on voyoit un autre vaiffeau fànguin contourné en Ipirsle. J'ai remarqué dans un autre œuf, au dedans des vaiffeaiix fangirîns , un petit point blanchâtre avec un cercle blanc tout autour. Ces pirties n'é- toient pas fi proéminentes que la veille : le jaune étoit pli s pâle ; l'un des deux cordons me paroiffoit anaftomofé avec un petit canal tranfparent contenu dans la membrane du jaune , peut-être n'étoit-ce autre chofe qu'une partie du blanc moins fluide que le relie, Actes de Co- Pl .'AOUE. Anne. 167^. Oblerv. 34. Ggi Î.3S Actes de Co- penhague. Année 1673. Obferv. 34. COLLECTION / V*. Jour, Le quatrième jour , les parties ébauchées du poulet changeoint moins facilement de fituation. Il ne me parut point (itué du côté du gros bout de l'œuf, mais à une égale diftance du gros bout &C du petit bout, j'ai même oblervé dans deux autres œufs le fétus placé tout-à-fait au petit bout. Ce qui fait voir que la pofition de la tache n'eft pas auffi confiante qu'on le dit, & qu'elle ne s'élève pas toujours vers la cavité qui fe remar- que au gros bout de l'œuf Ayant ouvert un autre œuf fur la fin du quatrième jour , je trouvai la véfcule encore tranfparente à la vérité, mais cependant un tant foit peu jaunâtre à la partie antérieure du corps , du côté de la queue. Après avoir enlevé Yammo*, la vélicule qui étoit près de la qfteue contenoit encore fa liqueur , mais cette liqueur paroifloit plus aqueufe qu'auparavant. Dans un autre œuf cette môme véficule me parut toute remplie d'une liqueur crytlalline. On pouvoit déjà diitinguer dans le fétus la partie globuleufe de la par- tie oblongue ; dans la partie globuleufe on appercevoit une efpece de cer- cle, que je prenois pour le commencement de l'œil. On voyoit diflinctement les diftributions de l'aorte , tant à la partie in- férieure le long du dos , qu'à la partie fupérieure autour de la tête. On re- marquoit des vaifleaux rouges qui fe portoient du centre à la circonfé- rence , quoiqu'il fut impoffible de difîinguer les artères d'avec les veines. Dans l'endroit où l'on avoit remarqué la veille un point blanchâtre avec un cercle blanc tout autour, on voyoit la partie oblongue du poulet. Sous le corps du fétus , il y avoit dans l'enveloppe du jaune , une petite partie qui paroiflbit blanche. Ve. J o u R. Le bord fanguin qui environnoit la tache étoit beaucoup plus grand que les jours précédents ; les vaifleaux s'anaftemofoient en divers endroits avec les vaifleaux qui venoient du centre : il ne formait plus une courbe ren- trante , mais la continuité de cette circonférence étoit interrompue en plu- fieurs endroits , au lieu que je ne m'étois encore apperçu jufqu'alors que d'une feide interruption. Tous ces vaifleaux paroiffoient tirer leur origine des parties fituées fous le poulet , & en effet ils fe répandoient dans toute la membrane du jaune , fur laquelle efl couché le fétus ; de forte qu'il n'eft pas ailé de démontrer fenfiblement la continuité de ces vaifleaux avec le poulet , fans le renverfer & le tirer un peu de fa piace. La véficule que nous avions vu la veille remplie de liqueur, nous parut toute parfe- iriée de vaifleaux fanguins. La membrane du jaune avoit encore fes deux cordons (chala^a:) comme auparavant. On voyoit déjà dans le pou- let un cercle noirâtre à l'endroit des yeux , qui marquoit fenfiblement la prunelle. On appercevoit dans la tête deux efpcces de véficules ; je pris dabord l'antérieure pour le cerveau, & la poftérieure pour le cervelet-, mais je fus délabufé de mon erreur par les observations des jours fuivants. ACADÉMIQUE. 137 On voyoit auffi la pointe du bec : un petit corps blanchâtre qu'on rc-«— ■■ — — — quoit au deffus du cœur fembloit marquer l'ébauche des ailes : les Actes de Co- pieds étoient plus fenfiblcs. Une efpece de queue prolongée au-delà des penhague. pieds nous parut l'ébauche du croupion. Le mouvement du cœur étoit , déjà aifé à diltinguer de celui des oreillettes. Le tronc de l'aorte étoit très- Armee ' "73* vifible , auffi bien que les vaiffeaux qui s'étendoient extérieurement le long Oblerv. •?+. du do*. C'étoit peut-être le canal de la moelle épiniere? VI*. Jour. Cette vélicule qui avoit commencé à paraître le quatrième jour, avoit foit qu'il iùt encore adhérent à l'humeur vitrée, foit qu'il en fut détaché : il avoit environ une ligne de diamètre. Le blanc de l'oeuf étoit d'une couleur jaunâtre , & alloit au fond de l'eau, Dans un autre œuf, les vifeeres du fétus étoient déjà recouverts. Le cœur étoit fort grand : on y diftinguoit fort bien les ventricules &. les oreil- lettes. Le foie n'étoit point rouge , mais tiroit plutôt iur le jaune. Le ventricule & les intellins étoient très-faciles à diftingiter. Les vertèbres de l'épine étoient larges dans la région lombaire : tout le long de cette co- lonne oiTeufe on voyoit des lignes tranfverialcs. Les pieds étoient diviiés en plufieurs doigts. L'extrémité de l'aîle étoit large , le bec ne préfentoit en- core rien de laillant au-delà des yeux , fa partie inférieure fe recourboit dans la cavité de la bouche. La langue étoit courte, mais allez groilc. Les yeux étoient d'une grandeur confidérable : la partie de la membrane noirâtre ,. qui étoit la plus proche du milieu, étoit plus noire que le relie. V I I /<=. Jour. La membrane appellée chorion recouvroit l'œuf prefque en entier. Après, avoir fait lortir le blanc & le jaune par un trou fait à la partie inférieure de l'œuf, & avoir enlevé le chorion, je vis très-diltinctement Vamnios^ qui contenoit une liqueur auili claire & aufli limpide que le cryllal : le fé- tus nageoit dans cette liqueur : fa tête étoit à proportion plus grofle que lte relie du corps : fes yeux étoient fort grands ; il avoit la bouche entre- ouverte, on y appercevoit déjà la langue. Le croupion qui étoit extrior- dinairement long , formoit une efpece de queue : on obfervoit très-diilinc- • tement le mouvement du cœur & des oreillettes , le cœur continuoit à le mouvoir long-temps dans ma main après avoir été coupé & léparé de tous les vairTeaux ; ck lorlqu'enfin il avoit celle de palpiter &. qu'il pa- roiffoit entièrement mort , je lui rendois fon mouvement avec le fourlle ; c'elt une expérience que j'ai répétée plufieurs fois au grand étonnement de tous ceux qui en étoient les témoins. Le cerveau n'étoit plus d'une con- fillance aqueufe , mais d'une conlillance plus épaiffe à-peu-près comme la pituite : le cervelet étoit fort l'aillant ; le cryllallin très-ferme & les côtes bien formées. Ce que j'avois pris les premiers jours pour le cervelet , n'étoit autre chofe qu'un prolongement des nerfs optiques. On voyoit très- clairement une liqueur qui baignoit le cerveau & le cervelet ; les parties irférieures &c latérales du cerveau féparées auparavant , étoient jointes pour lors ; la langue étoit vifible , le cou recouvert de fa peau , la cavité de la poitrine encore toute ouverte , les pieds diviiés en doigts. ACADÉMIQUE. 139 / A'c. Jour. ~ Actes de Co- Lc quatrième ventricule du cerveau étoit tort large. Le fternum , les ïekhague. poumons, Ijs tciticules, les uretères commençoient à lé former. Je caflài un œuf, & je ris tomber fur une afliette toutes les parties qui y étoient Annce l673- contenues. Le bord circulaire du chorion y paroiffoit bien marqué. Au mi- Obfcrv. 34. lieu on voyoit le poulet comme un petit nuage : à l'endroit du coeur on remarquoit une partie faite en demi-cercle , qui recevoit & renvoyoit le fane par une eipece de circulation. J'obfervai encore les mêmes chofes dans un autre œuf que j'examinai de la même manière ; toutes les parties en étoient un peu plus formées. J'avois d'abord ouvert celui-ci par le petit bout, & j'avois vu que le chorion n'enveloppoit pas encore tout le j lu- ne. Au relie , cette membrane me parut avoir une double cavité : le jaune étoit dans l'une, & le fétus dans l'autre. Les yeux du poulet étoient plus grands que la veille. Les ailes & les pieds fort diftincb, & même on y obfervoit déjà quelque mouvement ; le foie étoit jaunâtre : toutes ces parties étoient pour lors recouvertes de leurs téguments. La tête étoit plus grofle que tout le corps : tous les vaifleaux paroiffoient pour ainlî dire iaillants Ôc élevés fur la membrane. Xe. Jour. Dans un œuf que j'ouvris le dixième jour je ne trouvai ni poulet ni aucune trace de poulet ; je tirai l'œuf de fa coque pour l'examiner plus attentivement ; je vis dans l'elpace intermédiaire qui fe trouve entre les d;ux cordons (ch.i/ai» qu'animal qui fera mort pour avoir mangé de cette herbe : aufli les gens » de la campagne ont-ils grand foin de garder toujours de ces os. Mr. » Bielcke Chancelier de Norvège , a fouvent examiné cette plante Suffi » bien que moi , & c'eft lui qui Ta nommée gramen oflifra<*e , à catue >• de fes mauvais effets. Il y a aufli dans ce pays une autre efpece de » plante que je n'ai pas encore vu décrite clans aucun livre : elle refl'em- » ble afiez à cette plante qui excite le ris Sardonique, (a) mais elle a » des racines noueufes & groffes comme les raves de Rothfeld : elle fait » crever fur le champ les beftiaux qui en mangent, foit vaches, brebis » cochons ou chevaux. Tous ces animaux en font cependant fort av'i- » des , ce qui fait que tous les payfans ont foin d'enfermer de haies les >• endroits où cette herbe vient en abondance. On rappelle dans ce pays- » là Syllenœbber. Son poifon eft, dit-on, fi fubtil , qu'un oifeau ne peut » approcher du cadavre de l'animal qui en eft mort', fans tomber avffi » mort fur le champ. De Chrifùaina , le 24. août 1GG1. » M<\ Pauli eft lâché que Mr. Reichvein ne lui ait pas indiqué prteifé- ment l'endroit de la Norvège où l'on trouve ces plantes . & qu'il lui ait marqué feulement que c'eft à fonçante milles de Chriftknia. Il ne doute pas que cette dernière herbe venimeule ne foit une efpece de rantmcuhis & il conjeclurc fort ingénieufement que le gramen oflifrage cû un indice des mines de plomb ou de vif-argent. Ce fentiment me paroît aflez pro- -, puifqu'on voit communément que les plantes ont un coût de ter- roir, Se qu'elles prennent les fucs tels que le terrein où elles fe trouvent Actes deCo- penhague. Année 167J. Obferv. 43. (.j) Apium r'nûs. C'eft une efpece de rjnunculus. H h 1 144 COLLECTION »"■ i — fSBÊÊS les leur fournit. « Il y a une fieur dans les Indes que l'on appelle rofe' Actes de Co- » noire. Les éléphants la mangent , comme les bœufs mangent l'herbe de fîNHAGUE. » nos prés, aulîi fentent-ils la même odeur que cette fleur, & leur haleine . , , » eft très-odorante. » (a) C 'eft donc un fait , que le tempérament tient i 73> beaucoup de la nourriture. Les Orientaux 'qui vivent d'ail fentent tou- Oblerv. 43 • j°'lrs mauvais. Une nourrice qui a pris médecine, donne à fon enfant un lait qui ie purge. Les moutons que nous mangions dans la Province de Narbonne avoient un très-bon goût , parce qu'on les nourrit de thym , de romarin & d'autres herbes odorantes. On fait que les herbes s'imprè- gnent des fubftances qui font dans le fein de la terre. Les vignes qui font dans une terre fulphureufe donnent de mauvais vin ; tels font les vins d'Orléans ; ceux d Alface donnent la pierre , parce qu'ils ont beaucoup de parties terreufes: Mais rien n'appuyé davantage cette conjecture de Simon Pauli , qu'une obfervation de Péchlin , qui rapporte fur la foi de Mr. Du- pont médecin de Cologne , qu'on a fait voir à Leyde une branche d'ar- bre , dans laquelle il fe trouvoit du vif-argent. Béguin affure que dans la Pologne on trouve fouvent du mercure infinué dans des racines , & au rapport de plufieurs Chymiftes , on voit fenfiblemcnt ce métal dans des troncs d'arbres dans la Dalmatie. La même chofe peut fort bien arriver au gramen offifrage dans la Norvège, qui eft un pays fécond en mines, de façon que ce ne font peut-être pas tant les os de ces animaux qui font affectés , que les nerfs dont le vif-argent eft ennemi , & les tendons qu'il fait retirer. J'avoue qu'il y a des plantes qui amolliffent les os , tel- les font par exemple les feuilles de ciguë que l'on prefcrit pour cette railon en fomentation & en cataplafme pour amollir le cal d'un os. Mais favoir fi ce font effectivement les os qui s 'amolliffent , au point- d'être fra- giles dans le cas de notre gramen , comme le dit Reichwein , ou fi ce ne îeroient pas plutôt les nerfs qui feroient affoiblis , comme cela me paroît plus vraifemblable , & comme Simon Pauli le foupçonne aufîi : c'efl ce que nous ne pourrons favoir que par des relations plus exactes que nous at- tendons de la Norvège. Pendant que j'étois occupé à réfléchir fur les propriétés finguliercs de cette plante , on m'a communiqué une lettre écrite de Berghen , capitale de Norvège : elle eft de Mr. Treubler , médecin digne de foi. Comme elle contient un détail plus exact, que nous n'en avions encore eu juîqu'à préfent fur ce gramen, je vais la tranfcrire ici. « Je vous envoie une tige du gramen que vous me demandez, j'ai été » obligé de la rompre pour qu'elle pût tenir dans ma lettre. Les payfans » de l'endroit où elle vient l'appellent Sterregraes. Ses fleurs font jaunes , » elles font déjà paffées, vous y trouverez les iem;nces, mais qui ne font » pas encore mûres. Elle vient dans les endroits marécageux & humides, » parmi des broffailles , auprès de toutes les métairies. C'eft la première » herbe qui pouffe au printemps , ce qui fait que les beftiaux en font avi- » des ; mais dès qu'ils trouvent d'autres herbes à manger , ils n'en veulent (a) Achill. Tatius !ib. IV. de elitoph. & leucip. amor. Saumaife croit que cette rofe Boire n'eit autre choie que le girolle, «673- Obferv- 43» ACADÉMIQUE. l4ï « plus , peut-être parce que la tige efi un peu dure. Dès qu'ils en ont mangé ——m 1 ■ >* pendant quelque temps, ils deviennent malades, us maigri lient horri- Actes de Co- » blement , l'épine du dos s'eleve en boffe , (ce qui fait dire aux gens de penhag » la campagne que ces animaux ont le dos caflé ; ) leurs pieds, & généra- A » lement tous les os de leur corps deviennent fi foibles , qu'à peine peu- >' vent-ils fe traîner. Mais il (croit impofllble que tous leurs os fiiflent en- » tiérement amollis , comme on l'a dit ; car ils ne pourraient plusfe foute- » nir, & ils périraient bientôt. Les payfans n'emploient pas d'autres rcme- » des que des os fecs qu'ils gardent tous les ans pour cet ufage. Après » en avoir bien ratifie la chair , ils les amaflent par tas dans les mes &C * dans leurs maifons ; ils les font fécher , & les caffent enfuite en petits » morceaux qu'ils donnent à manger aux beftiaux malades. Ces animaux » les ayant mâchés quelque temps , il leur nirvient une falivation falutaire, » cv après avoir elfuyé un flux abondant de falive , ils font entièrement » guéris. Quelques-uns fe fervent de la racine de tormentille pour la même » intention ; mais le plus grand nombre s'en tient aux os defféchés. Ils ne » peuvent pas en donner de raifon ; mais il paraît que la terre étant en- » core trop remplie d'humeurs au commencement du printemps , cette her- » be précoce occafïonne dans le corps des animaux qui en mangent , une »> humidité furabondante qui doit être abforbée par ces os fecs. Au refte, h je laiffe à chacun la liberté d'en croire ce qu'il voudra. » Il ne refte donc plus , pour avoir l'hiftoire complette de ce gramen, que de fouiller dans les endroits où on le trouve , pour s'aflurer s'il y a en effet au défions des mines de plomb ou de vif-argent. Simon Pauli touve les conjectures confirmées encore par la falivation qui annonce la guérifon. Mr. Treubler attribue cette falivation à la furabondanec d'humidité que les os abforbent. Il ne paraît pas que l'humidité feule puifie produire les fymp- tomes qu'éprouvent ces animaux, s'il ne s'y joint encore quelque mali- gnité dont la caufe nous efl cachée , & que l'on pourra favoir avec le temps. Mr. Treubler parle encore de cette plante dans fa dernière lettre datée du 14. octobre 1673. «Il me refte avons dire , touchant le gramen ofiîfra- » ge , qu'on le trouve en abondance dans tous les villages , & que deux » chirurgiens qui l'ont vu fur ma table , l'ont pris pour la petite centau- » rée , & m'ont afîuré qu'ils l'avoient employé long-temps fans aucun in- » convénient : ce qui me confirme encore dans mon opinion que cette plante •> n'eft point dangereufe par elle-même , mais feulement par le trop d'hu- » midité qu'elle contient au printemps. Voyt^ PI. XVI. Fig. I. a46 COLLECTION Actes de Co- penhague. OBSERVATION XLVI. Années 1673. _ . , Sur différents animaux vivants , touchant le mouvement du cœur , des oreillettes: Qpterv. 46. £ je ia ve-ne cave } par Nicolas Stenon. (G) I. A Près nous être arrêtés un peu de temps à examiner fur un chat le mouvement périftaltique des inteltins , & plufieurs mineurs confidé- rables qui fe trouvoient dans les vaiffeaux biliaires , nous nous remimes à obferver le cœur, que nous trouvâmes fort tranquille ; mais je l'eus à peine preffé trois ou quatre fois entre mes doigts , qu'aufïi-tôt il reprit fon mou- vement ainfi que la veine cave. Les battements étoient très-rares , mais ils étoient très-diftindis , &; l'on voyoit manifeftement dans la veine cave un mouvement qui paroiffoit avoir fon principe , tant à la partie fupérieure , qu'à la partie inférieure dç cette veine , Se qui fe terminoit au cœur. I I. Pendant que je tentois inutilement de faire paffer l'air de l'artère cœlia- que d'un chien dans les vaifièaux lymphatiques du foie , l'animal mourut nu milieu de l'expérience. Je lui ouvris la poitrine : le cœur étoit extrê- mement gonflé de vent , je le débarafîài du péricarde qui le gênoit , & il recommença à le mouvoir. III. Dans la même vue j'avois ouvert un chien à quatre heures après midi en prélènce de quelques perfonnes , j'eus le délabrement de ne pas mieux réufïïr que la première fois, & de les renvoyer fans leur avoir fait voir les fecrettes communications de la lymphe. Je retournai fur les fix heures a- mon cadavre , je trouvai les ventricules du cœur extrêmement diïler.dus , je ne fis que les remuer un tant foit peu, aufu-tôt je vis les oreillettes. fe mouvoir , Si la partie du cœur voïùne de l'oreillette fe contracter fen- iiblement. Mais ce qui m'a le plus étonné, c'ell qu'à huit heures l'oreil- lette battoit encore manifeftement , pour peu que je touehafie au cœur ,. &C j'ai obfervé le même phénomène à différentes fois jufqu'à neuf heures. IV. Dans un autre chien, un battement de cœur répondoit à cinq, quel- quefois à fept battements de l'oreillette ; vers l'endroit où l'artère pulmo- naire fe joint au cœur. Chacune des contractions du cœur ctoit fuivie: dîme dilatation de la tunique de cette artère , feulement dans l'endroit où elle part du co ur ; lorfqu'il ètôit en repos , on n'avoit qu'à fe piquer ait ventricule droit , & aufîï-tôt il recommençoit à battre ; en quelque au- tre endroit qu'on l'irritât, il demeuroit abfolument immobile. V. Je coupai la pointe du cœur d'un chien , je 1s mis fur un de mes doigts r dès que je l'irntois, foit avec l'ongle, foit avec un couteau, je la voyais PENHAGUE. Année 1673. Olcrv. 46. ACADÉMIQUE. 147 fe refferrer & fes parois fè rapprocher au point de rouler de deffus le doigt — — ■«■— où je l'avois mile. La même pointe retournée iens deffus deffous avoit Actes de Co- encore du mouvement. V I. J'ai pris le fétus d'un chien , je l'ai débarraffé de Tes enveloppes , & après l'avoir laiffé refpirer plutieurs t'ois , je lui ai ouvert la poitrine. Je l'ai placé fur ma main , detaçon que je voyois iènfiblement tous les mouvements du cœur & de l'artère ; l'on coeur mince & tranfparent devenoit rouge quand la pointe s'éloignoit de la baie , &c redevenoit pâle quand au con- traire la pointe s'approçhoit de la baie. L'artère voiline laiffoit apperce- voir le fang qu'elle recevoit , non-ieulement par la dilatation , mais encore par fi couleur, & même tout ce fang s'écoula bientôt par une plaie qui fut faite vers cet endroit de l'artère. Dans le commencement à chaque bat- tement de l'oreillette le cœur battoit deux fois , mais enluite il ne bat- toit plus qu'une fois contre deux pulliitions de l'oreillette : ayant coupé le cœur & l'ayant réchauffé dans mes mains , je l'ai percé de plus de vingt coups d'aiguille dans tous les fens, & néanmoins il n'a pas laiffé que de continuer ion mouvement fort long-temps. V I I. Avant que d'expofer ce que j'ai obfervé fur le mouvement du cœur dans les lapins , il elt à propos de faire remarquer que dans ces animaux la veiné cave a trois branches , une inférieure qui s'infère dans le diaphragme , & deux fupérieures , dont l'une monte directement du côté droit , & l'autre partant de la branche droite vers la bafe du cœur fe porte tranfverfalement à gauche pour monter enluite du même côté. Cela pofé : voici le réfulrat de mes obfervations fur ces animaux. Dans le temps que le cœur & les oreillettes étoient en repos, j'ai vu la veine cave fupérieure continuer ion mouvement , même après que j'eus coupé la pointe du cœur, & après avoir entièrement épuifé le fang qu'elle contenoit , pourvu cependant qu'on en fît fuccéder de nouveau , quoiqu'il y eût déjà trois heures que l'animal étoit ouvert , & que toutes les parties fuffent déjà froides. J'ai auffi obfer- vé dans le cœur, avant qu'il fut roide , différents mouvements, félon que je le preffois différemment avec les doigts. V I II. J'ai vu dans un autre lapin la partie de la veine cave qui fe joint à l'o- reillette , faire cinq , & quelquefois iix battements avant que l'oreillette en fît un. I X. Au mois d'aoïit 1661. j'ai fait en préfence de M. M. Sylvius & Van "Home plufieurs obfervations fur une femelle de lapin , principalement touchant le mouvement de l'oreillette &c de la veine cave. Quand l'oreil- lette droite eut une fois commencé à battre plus lentement , je vis enfin très-fènnblement le mouvement de la veine cave , tant dans la branche droite , que dans la gauche. Je comptois deux ou trois pulfations de cette veine contre une de l'oreillette ; encore ne le failôit-elle pas toujours de même, car tantôt le mouvement le faifoit fur le bord de l'oreillette en le propageant de l'angle inférieur vers le fùpérieitr, tantôt d'une manière 14S COLLECTION. —«m— tout-à-fait oppofée en commençant à l'angle fupérieiir , & continuant Actes de Co- jufqu'à l'inférieur ; quelquefois le bord de L'oreillette paroifloit parfaite- penhague. ment en repos, & on appercevoit une efpece de contraction au milieu; , du plan de l'oreillette. (J'ai oblervé anG dans le cœur d'un pigeon, que 1073. ie rnot;ventc t commençoit à l'un des angles de' l'oreillette pour Ce con-- Obferv. 46. tînuer vers l'angle oppoié. ) Enfuite j'ai lié les trois branches de la veine cave , & j'ai fait fortir tout le fang qui étoit contenu au deffous de la ligature dans la veine cave, dans l'oreillette droite, & dans le ventricule droit , par le moyen d'un petit trou que j'ai fait avec la pointe d'une ai- guille au fond du ventricule droit ; fur le champ j'ai vu ceffer tout mou- vement , & tout paroiffoit mort , mais ce repos rxa p.cs duré long-temps f un nouveau fang regorgeant des veines du cccur, a fuffi pour difrendre un peu les tuniques affaifléesde la veine cave, &pour y produire un nou- veau mouvement fort petit à la vérité , & qu'on ne pouvoit appercevoir que dans cette veine ; mais je n'eus pas plutôt ôté les ligatures, que le fang abordant librement , rétablit entièrement le mouvement de la veine cave &C des oreillettes. J'avois ouvert l'animal fur les fix heures du loir , & après neuf heures & demie , quoique l'oreillette n'eût plus aucun mouvement , la veine cave avoit encore un refte de vie. La même expé- rience m'a encore réuffi avec un égal fuccès , en préfence de quelques au- tres amis. Car après avoir vuidé tout le fang par une petite plaie faite au cœur, comme dans l'autre expérience, & après lui avoir rendu de nouveau fang , il reprit fon mouvement accoutumé ; mais ce que j'obfer- vai de particulier dans celle-ci , c'eft une pulfation diftinéte de celle de tou- tes les autres parties , qu'il étoit ailé d'appercevoir dans l'angle même oîi les branches fupérieures de la veine cave le joignent avec la branche in- férieure , &. fur-tout au côté gauche de cet angle. Après deux pulfations de cet angle , on remarquoit un battement dans la branche droite & dans la branche gauche; mais quand le mouvement de la droite commençoit à s'af-r- foiblir, onvoyoit fenfiblement qu'il commençoit de l'endroit où elle perce le péricarde , & qu'il le continuoit vers le cœur. .A.. Dans des fétus de lapin, j'ai remarqué que le cœur s'allonge après fa contraction , & on voit manifeftement , quand on peut le tenir dans une ûtuation commode, qu'il s'allonge par fon propre poids; car il s'étend toujours du côté où on l'incline, quelque fituation qu'on lui donne. Lor!=- qu'il eft dans cet état d'allongement, les oreillettes commencent à battre les premières , au même inftant la pointe du cœur fe porte en Haut & en. avant , le ventricule droit fe gonfle & fe raccourcit , tout le cœur de- vient dur, &fur le champ l'artère pulmonaire s'enfle & fe dilate. La pointe étant coupée , n'a plus laiffé appercevoir de pulfations. Le ventricule droit étant coupé , le gauche n'a pas laiffé que de battre. Après avoir coupé les oreillettes & les artères , j'ai encore vu le cœur battre fur ma main dès que je Pirritois. Dans le temps que l'oreillette , fur-tout la gauche , fe meut, on appercoit un enfoncement ienfible dans le milieu de fon plan. X I. Dans un jeune cormoran qui étoit tombé de fon nid en notre préfence, 1 on ACADÉMIQUE. S49 'on pouvoit dnlingiier les pnlfations des oreillettes & de In veine cave des ———«a battements du cœur, auffi-tôt que le mouvement du cœur eut commencé ^CTES Rr Cq- à devenir languiffant, c'eft-à-dire , environ deux heures aprè". avoir fait pn„HAGUE. l'ouverture de cet animal : tous ces trou mouvements fe faifoient dans des , temps différents. Lorfque le cœur eut cefTé de fe mouvoir entièrement , Année 167J. la partie de l'oreillette la plus proche de la veine cave, continua encore, long- Obferv. 46^ temps a fe mouvoir , jiiiqu'à ce qu'enfin ayant auffi elle-même perdu tout fon mouvement , il n'y eut plus que la veine cave qui eût des pulfations au deffotis du cœur , laiffant appercev&ir deux mouvements trts-dillintls l'un de l'autre ; l'un extérieur dans la partie la plus éloignée du cœur, <3c l'autre intérieur dr.ns la partie la plus voifine. Mais ce que j'ai obfefvé de plus fingulier , & qu'il ne m'a pas été pofiible de revoir dan:' aucun : utje fujer , c'eit qu'après avoir coupé le ventricule droit , & avc> vuic'.e tout ic lang , il reftoit encore dans les tuniques de la veine, tout nffaiffées qu'elles étoient,. un certain mouvement qui élevoit un peu toutes îes fibres tranf- verfales l'une après l'autre , ce qui donnoit l'apparence d'un fil qu'on au- rait conduit le long de la veine tranfverfalement &c en allant du côté dn cœur. Ce mouvement duroit encore h deux heures après midi , quoi- que j'enfle commencé ma diffeftion à neuf heures du matin. X I I. J'ai obfervé auffi dans la poule, entre plufieurs autres choies ctirieu- fes , certains phénomènes touchant le mouvement du cœur , qui méritent de trouver ici leur place : car fans parler des mouvements ordinaires du cœur & des oreillettes qui dans cet animal étoient les mêmes eue dans les autres , on appercevoit encore un mouvement long & très-diltinct , tant dans les deux branches de la veine cave inférieure , que dans cette partie de la fuperieure qui fe porte tranfverfalement à la bafe du cœur du côté droit , & même les veines qui vont de la pointe du cœur à fa bafe , avoient4un battement fenfible qui paroiffoit commencer è la racine dé ces veines , & le continuer jufqu'à la bafe du cœur. XIII. Le cœur d'un poulet que j'avois tiré de fon œuf le feptieme jour de Fincubation , après que j'eus coupé les grands vaiffeaux qui lui étoient at- tachés , battit encore long-temps fur ma main , & dès qu'il ceffoit de fe mouvoir, je n'avois qu'à le réchauffer de mon fouffle pour lui rendre la vie. Cela m'a réuffi plufieurs fois fur le même cœur. X I V. Dans un autre poulet que j'avois ouvert , m'étant arrêté trop long-temps à' examiner d'autres parties , je ne revins à obferver le cœur que lorfqu'il n'avoit plus de mouvement ; mais en réchauffant tout le corps du poulet avec ma main, oc en lui appliquant en même temps un de mes doigts fur le cœur, il recommença à fe mouvoir ; après quoi étant mort une féconde fois , je lui rendis la vie & le mouvement, en y faifant couler un nouveau fang des veines du foie. J'ai encore rendu pareillement le mouvement vi^ tal au cœur d'un autre poulet', en le réchauffant avec le doigt. Et même j'ai obfervé fur un jeune lapin que la lèule chaleur de mon doigt avoir Tejn. IF. des Acad, Etrang,. Ii PENHAGUE. Année 1673, Obierv. 46. 250 COLLECTION ! tellement ranimé le mouvement déjà éteint du cœur, qu'il battit enfulté de Co- de lui-même plus de cent fois. Il fuit de toutes ces obfervations , i°. Que le mouvement du cœur étant éteint , peut fe ranimer dès qu'on irrite cette partie , foit avec quelque corps lblide , comme l'ongle, une aiguille, un couteau; foit par le fouffle ou par un nouveau fang qui y aborde , ou par une dilatation forcée. 20. Que le mouvement n'appartient pas à la fubltance entière du cœur; mais à chaque fibre en particulier , & qu'il n'eft pas même befoin que ces fibres foient entières, puifqu'elles font fufceptibles de mouvement lors mê- me qu'on en a coupé les deux extrémités. 3°. Que les fibres ne fe contra&ent pas tout à la fois dans toute leur longueur, mais infenfiblement & par parties en commençant par une extré- mité , & continuant ainfi jufqu'à l'autre, de la même manière précifément qu'on l'obferve dans le mouvement périftaltique des inteilins. On pourrait encore en tirer d'autres conféquences que j'expoferai plus au long dans le traité du cœur que j'ai déjà commencé. Je ferai en atten- dant de nouvelles expériences pour tâcher de découvrir les caufes & le méchanifme du mouvement animal. Il eïî fâcheux de voir ; i°. que les Philosophes après des travaux & des fpéculations de tant de fiecles n'aient encore rien de certain fur ces caufes & fur ce méchanifme. 20. que ceux qui ont expofé avec autorité leur fentiment fur cette matière, nous aient tous donné des hypothefes ou des rêves pour des démonflxations. Je n'ai garde de me flatter de tout expliquer clairement; mais c'eft toujours beau- coup que de defabufer les autres, & de mettre en évidence les erreurs qui ont fubjugué û long-temps tous les efprits. OBSERVATION XLVIII. Direction anatomique de t Aiguille de mer , par OLAUS BoRRICHIUS. (G) Obferv. 48. T E poiflbn que les Grecs appelaient ftsAsvjj , pâtis & a.Rten>!< , les La- J_j tins acus , ou aculeatus félon Pline , a été aflez bien décrit par Ron- delet, lié. vu. de Pifcib. cap. ni. néanmoins il y a encore quelque choie à ajouter à fa defeription , fur-tout à l'égard de la ffruaure intérieure. Cette efpece de poiflbn eft aflez commune dans notre mer Baltique , & on en fert aflez fouvent fur nos tables. Voici ce que j'ai remarqué de plus important dans les vilceres de cet animal. _ 1. Ayant ouvert le ventre, je n'ai obfervé qu'un feul conduit înteltinal aflez ample & continu , fans aucune courbure ni circonvolution ; d n'y avoit entre l'eftomac & le reite du canal alimentaire aucune différence, finon que ce canal avoit plus de capacité à fa partie lupérieure. 1. Dans la femelle , une quantité prodigieufe d'œufs enveloppes de leurs membranes , étoit répandue de chaque côté de l'intellin : dans le mâle , les laites occupoient la même place. 3. Sous le même canal inteftinal , une veille pleine d'air s'étendoit de- ACADÉMIQUE. MI puis les ouïes |' fqu'à l'anus; elle étoit marquée çà & là de quelques traits » blancs qui représentaient des cfpeccs de pyramides. C'eft par le moyen . . „. vwl re ,IIUjrcil Actes deCo. de cette veine que le poilion seleve, s enfonce & nage à toutes les penhague. tauteurs, en comprimant plus ou moins l'air qui y eu enfermé. 4. Sous cette longue vefïîc étoient placés les reins, qui s'étendoient ^'nn^e x^73« depuis la rcte jufqu'à l'anus ; ils étoient d'une couleur ohfcure, & on re- Obferv. -A. marquoit un vaiffeau fanguin allez considérable qui les parcouroit dans leur milieu. ■j. Le foie étoit affez gros à proportion du volume de l'animal, mais il etoit d'une iiibftance un peu molle. La véficule du fiel qui y étoit at- tachée contenoit un demi gros de bile verte. 6. Une quantité innombrable de petits vaiffeaux fcintillanu fe répan- doient de la véficule du fiel dans un des côtés du foie : on les eût pris pour des fils d'or & d'argent : on remarque affez fouvent cette couleur dans quelques endroits des yeux & de la tête des poifions ; mais perfonne, à ce que je crois , ne l'avoit encore obfervée dans les vaiffeaux du foie. Ces vaiffeaux étoient plus éclatants dans la femelle , & plus obfcurs dans le mâle 7. Le coeur étoit trois fois plus petit que la véficule du fie! , mais d'une fubfhince ferme , & d'une figure à-peu-près triangulaire ; il n'avoit qu'un ventricule qui occupoit le milieu de fa fubiïance. J'ai remarqué à la par- tie fupéricure du cœur, un corps blanc & dur, d'une figure tirant un peu fur la pyramidale : je me fins affuré enfuite que c'étoit la naiffance de i'artere aorte. 8. La rate étoit à- peu -près triangulaire & d'une chair plus folide & plus ferme que le foie. 9. Dans le cou je n'ai obfervé que trois paires de branchies ( qu'on ap- pelle vulgairement^ les ouies ) quoique Rondelet faffe mention de quatre paires. Il y avoit à leur partie inférieure quatre tubercules oblongs , durs, épineux , dentelés , qui reflemblent affez bien aux quatre follicules des femences de la cynogloffe quand elle entre en maturité , finon qu'ici il n'y a point de protubérance dans le milieu. 10. La langue étoit petite, offeufe ; les deux mâchoires de la femelle armées de petites dents ; le mâle , outre celles-là , avoit encore d'autres rangées de dents , mais fort petites. 11. Les yeux étoient grands, le cryfrallin très-rond, autant qu'on en peut juger à la vue. Les écailles- étoient difpcrfées çà & là fans fe tou- cher , & un de leurs bords étoit d'une couleur verte foncée , mais tout le refte du corps des écailles n'avoit pas la plus petite nuance de verd. 1 1. L'épine du dos étoit verte , mais les épiphyfes offeulés & les cô- tes I'étoienî bien davantage. J'ai cherché à fixer ce verd dans quelque liqueur, mais je n'ai pu y réuffir. Les menfirues acides, falés , alkalins, lixiviels n'y ont rien fait du tout. Il n'y a que l'efprit de vin très-mirifié qui en ait tiré une teinture, encore n'étoit-elle pas verte, mais jaune. La couleur naturelle des os s'eiî perdue dans l'opération. Ii 7. ÏJi COLLECTION. Actes de Co- penhague. Année 1673. Obferv. 51. OBSERVATION LIL Figures de plu peurs langues d'oifeaux , avec Vos hyoïde , /w'Olaus Borrichius. (G) Endant que j'étois occupé à examiner la langue de l'aigle , & à confl- dérer fa ftruciure admirable , il me vint dans l'idée d'en faire la com- P peces fidérer à mon aile les variétés de cet os dans les diverfes efpeces d'oi- feaux. J'ai cru qu'il étoit plus à propos de mettre fous les yeux du lec- teur la figure de ces parties , que de l'embarraffer par une longue 5c en- nuyeufe defeription, Voye^ PI. VIII. Fig. I. À. La langue de l'aigle. B. Dents très-dures qui fe trouvent fur la lan- gue de l'aigle. C. Pores de la langue de l'aigle qui s'ouvrent entre les dents & la fente du larynx. 1 1. L'os hyoïde. F. Autres dents , mais qui font cartilagineufes. E K. La trachée artère. PL XVI. Fig. II. La langue de l'oie , elle eft garnie de dents dans l'on contour. III. La langue du canard domeftique. IV. La langue du chapon domeftique. V. La langue de la poule. VI. L'os hyoïde de l'aigle. VII. L'oshyoïde de l'oie, avec le bout de la langue un peu dur. Fig. VIII. L'os hyoïde de la poide d'inde, avec l'extrémité car- tilagineufe de la langue. Fig. IX. L'os hyoïde du canard domeftique. Fig. X. L'os hyoïde du coq, Fig. XI. L'os hyoïde du perroquet. Ce n'eft pas feulement dans ces parties que l'on peut remarquer une variété inépuifable , l'organe de l'ouïe des oifeaux , & en particulier de la corneille, préfente un appareil fi compliqué qu'il ne feroit pas poiïible d'en donner une jufte idée par aucune defeription. Fig. Fig. Fig. Fig. Fig. OBSERVATION LUI. De la vépcule du fiel dans le bœuf, /wOlaus BORRICHIUS. (G) Obferv. 53. "I A véficule du fiel dans cet animal eft compofée de quatre tuniques JL_< membraneufes. Sous la première on trouve beaucoup de graifie , & l'on voit ramper des vaiffeaux fanguins. Entre la féconde & la troilicme ACADÊMIQ U E. 155 je n'ai apperçu aucune trace de vaifTeau fanguin , non plus qu'entre la — — — ■ troifîeme &i la quatrième, qui cft celle qui reçoit la bile. Cette quatrième ActlsbeCo- tunique eft plus ferme 5c plus épaiffe que les autres , & on n'y remar- penhague. que aucuns vaifleaux ; s'il y en avoit ils ne pourraient qu'occafionner . , ,6-7 des maladies toutes les fois qu'ils feraient corrodés par une bile trop acre. J'ai très-Ken diltingué ces quatre tuniques fans aucune préparation; Obferv. 53. mais après avoir fait bouillir un peu la véficule dans de l'eau falée , la tunique extérieure m'a paru tout auffi mince qu'auparavant, & fembla- ble à la membrane allantoïde ; la fuivante n'avoit pas beaucoup changé non plus , fmon qu'on voyoit dans quelques endroits des fibres plus groflés. La troifîeme & la quatrième étoient trois fois plus épaiffes après la coftion ; elles ne reffembloient plus à des membranes , mais plutôt à un cuir épais , denfe & opaque ; leur fubftance forte &C épaifTe eft ca- pable de rélifter à l'action irritante de la bile. Il m'a été impoflible de di- viièr ces tuniques intérieures en plufieurs lames après cette préparation , à caufe de la texture des fibres qui font tellement entrelacées , à ce que j'imagine, que le plus adroit difféqueur ne pourrait les féparer. J'ai ob- ièrvé la même chofe dans le cuir, j OBSERVATION LIX. Plantes monjlrueufes à tiges plates , par Olaus BORRICHIUS. (G) C'Eft une maladie affez commune aux plantes que l'applatifTement de leurs tiges en forme de bandes ou de rubans. J'ai remarqué entre au- Obferv. ?o.' très un géranium qui avoit deux tiges ainfi applaties , & larges de près de deux doigts. Chacune de ces tiges plates étoit formée de quinze petites qu'on pouvoit encore dittinguer , & qui s'étoient réunies & col- lées enfemble dans un même plan ; cette difformité s'étendoit jufqu'ù quelques-unes des branches fuperieures ; j'ai arraché la plante pour exa- miner la racine , &: il m'a paru que la fource de cette fingularité venoit de la racine même , car elle étoit fort nouée & tortillée contre l'ordi- naire. Mais j'ai remarqué quelque chofe de plus furprenant dans un hyfîbpe qui étoit dans le jardin de Rofekrantz ; fa tige immédiatement au deffus de la racine étoit ronde à l'ordinaire , mais au premier nœud qu'elle formoit elle s'élargiffoit & s'applatiffoit infenfiblement. J'attribue la caufe de cette irrégularité à la dureté du nœud qui fermant les paf- fages ordinaires à la levé , l'obligea de fe détourner & de fe porter ail- leurs. J'ai encore obfjrvé la même chofe dans un lys-martagon , & dans rhcmerocalle de Diofcoride, qui n'eft autre chofe que la couronne im- périale. Olaus "SVormiits avoit déjà vu le même phénomène dans une li- naire , & je ne doute pas que les curieux n'aient occafion d'en remarquer de pareils tous les ans. 2?4 COLLECTION Actes de Co- penhague. OBSERVATION LX. Année 1673. ~,r , Poire qui ejl venu fur une autre, par OLAUS BORRICHIUS, (G) ON m'a apporté dernièrement une poire d'une conformation finguliere,, c'étoit moins un feul fruit que deux fruits réunis. Le premier étoit' formé de la queue & de la moitié d'une poire ordinaire ; l'autre formoit la partie la plus considérable & l'extrémité du fruit. Entre les deux for-- toient de part & d'autre des feuilles qui fe touchoient avec fymmétne &C s'uniffoient, de manière qu'on les eût prilës pour une feule feuille diverié- ment découpée. On ne voyoit aucune féparation dans l'intérieur , & tout y étoit tellement dilpofé , qu'on eût dit que c'étoit un feul fruit , fi ce n'eft quelques fibres irrégulieres & les pépins diiperfés confulément qui mar- quoient un peu le vice de la conformation. OBSERVATION LXV. Nouvelle efpece de Scabieufe , par OlAUS BORRICHIUS. (G) Obferv. éy. uns> Aétius. PLufieurs croient que la feabieufe étoit connue des anciens , & les la rapportent à la Stoebe de Diofcoride, les autres à la Pfora d'Aé — Mais comme les deferiptions de ces anciens auteurs ne conviennent pas exactement à la feabieufe, il vaut mieux abandonner ces recherches inuti- les pour s'attacher à ce qu'il y a de sûr. Il vient plufieurs efpeces de ica- bieufe dans nos jardins , mais on en rencontre même dans la campagne juiqu'à trois efpeces. La première elt celle des prés , velue , dont la fleur eit d'un couleur de pourpre, tirant fur le bleu {Scabiofa pratenfis hirfuta flore ex purpureo ad cœrukum inclinante. La deuxième efl la petite feabieufe à fleur globuleufe d'un bleu foncé, que Vorftius appelloit ordinairement/à^o/i arietina. La troifieme que j'appelle proliféra , porte une grande fleur bleuâ- tre à l'extrémité de fa tige , mais du bas de cette fleur s'élèvent cinq au- tres tiges de la hauteur de trois travers de doigt , qui ont à leur extrémité une petite fleur bleue , ce qui forme une efpece de couronne autour de la principale fleur. Cette troifieme efpece a été découverte en ce pays pour la première fois cette année ( 1673.) & je fuis furpris que Clufius ce fa- meux botanifle , dite ne l'avoir jamais trouvée à la campagne, mais feule- ment dans les jardins de Flandre où on la cultivoit. V ACADÉMIQUE. M5 — - - — — — — — — — — — — — ^ AciIS DE CO- PENHAGUE. OBSERVATION LXVI. Année 1675. D'un Pommier qui rapporta Jeux fois dans la même année, par OLAUS Obferv. 66'. Boriuchius. (G) IL n'eft pas rare de voir dans nos pays les pommiers & les cerifiers donner une féconde fois des fleurs lorlque l'automne eft douce : mais cette année-ci, comme l'été a été tort pluvieux , on a vu pluiieurs arbres produire deux fois des fruits contre l'ordinaire. Ce que j'ai remarqué de plus fingulier, c'eft un pommier, qui après avoir pouflé fon bois & fes fleurs au printemps , & avoir donne des fruits en juillet , poufla de nou- veaux rejetons &c de nouvelles branches fur les premières, & refleurit en- core une fois pour porter de nouveaux fruits. Ainfi il fuppoita dans un feul été les travaux de deux années ; il eft vrailemblable que certains ar- bres feroient conftamment la même chofe , fi la température du climat le permettoit , puifqu'on voit en Italie , en France , & même en Hollande des orangers & des citroniers porter toute l'année ou des fleurs ou des fruits quand on a foin de les bien cultiver. Je me fouviens d'avoir vu à Vienne dans les jardins du Comte de Brederode un même arbre , chargé tout à la fois de fleurs fur quelques-unes de fes branches , de fruits verds fur quel- ques autres , & de fruits mûrs fur d'autres. Les voyageurs difent que cela fe voit communément dans les Indes. OBSERVATION LXXXVIII. Sur les œufs des animaux Vivipares , par NICOLAS Stenon. (F) 'Entends par le nom d'eeuf , non-feulement les véficules arrondies qui Qbferv. 8$. font remplies de liqueur & qui font, une bonne partie des telticules , J. ..... . mais encore le chorion avec tout ce qu'il renferme ; je me fers des ter- mes les plus ufités, & j'emploie celui de tefîicules pour fïgnifier les ovai- res des femelles & ceux de trompes , de cornes &i de matrice pour ex- primer l'oviduftus. Je dis donc que les œufs naiflent dans les ovaires , c'elt-à-dire , dans les telticules, &i qu'Us prennent leur dernier accroiffe- ment dans l'oviductus , c'eit-à-dire , dans la matrice ou dans les cornes avec les trompes. Dans une matrice ou portière de Vache. Il y a deux parties de chacun des cotylédons qui font glanduleufes & qui reffemblent a de la chair ; l'autre partie tient au chorion , cv elle a un très-grand nombre de protubérances qui s'inlerent comme autant de ra- cines dans la partie du cotylédon qui eft adhérente à la membrane de ta PENHAGUE. Année 1673, Obferv. 88. 156 COLLECTION matrice, & qui étant comprimée, répand un lue blanchâtre ; on peut ~ 7T~_ très-aifément féparer toute la fubftance glanduleufé des membranes de la. nhague! '" matrice, à l'exception des vaiffeaux ; les points rougeâtre&que j'ai trouvés dans l'intérieur de ces vaiffeaux en les difféquant , m'ont fait reconnoître que c'étoient des vaifléaux fanguins. L'allantoïde s'étendoit au dedans du chorion fous la forme de deux cor- nes, dont l'une avoit une fois plus de longueur que l'autre ; elle conte- - noit une eau blanche & infipide qui dépoia en peu de temps uafédiment de même couleur. L'amnios avoit en très-grand nombre des fortes de véficules rondes qui. étoient remplies d'une eau un peu falée & de couleur verdâtre. Les artères umbilicales du fétus font beaucoup plus greffes que les ar- tères iliaques d'où elles fortent. La veine umbilicale fe drvifoit en deux branches au fortir de l'umbilic, la rate étoit oblongue & noirâtre , l'efta- mac contenoit une humeur tranfparente qui le tenoit tendu ; les poumons, quoiqu'ai&ifles , lé diftendoient encore en les foufïïant ; & après avoir ouvert l'abdomen, il en fortit une grande quantité de fang. Autre matrice de vache: Les tefticules étoient gonflés de différentes véficules qui contenoient" une eau jaune ; je tirai hors de la matrice le fétus avec toutes les enve- loppes , & je féparai l'amnios fans répandre la liqueur qui étoit renfer- mée dans cette membrane, ni même celle de l'allantoïde. On voyoit fur la furface extérieure de l'amnios plufieurs fortes de glandes ou de petites véficules blanchâtres éparfes çà & là , qui contenoient intérieurement une humeur un peu falée. Il y avoit fur la fuperficie intérieure de L'amnios une grande quantité de petites éminences affez fermes & bien marquées ; les vaiffeaux fan- guins qui alloient s'y rendre étoient fort apparents , on en voyoit autour de l'umbilic en plus grand nombre que par tout ailleurs , & on diftinguoir à l'endroit où l'amnios fe rencontre avec la peau du fétus , une efpece de cercle ou d'anneau. Outre les groffes glandes du chorion, qui font la troifieme partie des cotylédons , on voit fur toute l'étendue de fa tunique extérieure d'autres petites glandes qui fe féparent chacune en un très - grand nombre de particules femblables à du fable tres-fin r on difïingnoit de petits fila- ments qui alloient le rendre à chacune de ces glandes , & qui n'étoient fans doute autre chofe que de petits rameaux capillaires des vaiffeaux fanguins ; je foupçonnai qu'il pourroit y avoir fur la membrane intérieure de la matrice d'autres glandes qui répondraient à celle-ci , comme il y en a qui répondent aux cotylédons ; & je ne me trompai pas en cela ; car je trouvai une grande quantité de petits grains de couleur jaune , qui n'é- toient autre chofe que des glandes, & je vis auffi fur cette membrane in- térieure de la matrice beaucoup de vaiffeaux rougeâtres , &C même _ il y avoit fous cette membrane plufieurs petits corps qui reffembloient à des : glandes conglomérées. II A C A D Ê M I QU E. 157 Il y avoit près de chacune des extrémités de l'allantoïde-, une efpece de t nœud qui penddit au dehors du chorion. Act£sdiCo- Je trouvai dans l'abdomen du fétus une grande quantité de fang extra- p^nhague. vale, & le foie étoit comme rongé de toutes parts. La véficule du fiel . ; , avoit une couleur blanche, la liqueur qu'elle contenoit étoit de même ' y *° couleur, &C n'en avoit pas moins d'amertume. Obfcrv. 88. La moelle épiniere te trouvoit plus épaule près du cou & près des lombes que dans le milieu de fa longueur. Troifïemc matrice de vache. Ily avoit dans le vagin 6v dans le cou de la matrice une matière gluante & femblable au blanc d'oeuf devenu plus viïqueux par une incubation de quel- ques jours ; le fétus occupoit rurr#»des cornes , & je ne trouvai dans l'au- tre que la continuation de l'allantoïde qui Ce prolongeoit avec le chorion, prefque jufqu'à l'extrémité de cette corne ; cette continuation de Pallart- toide contenoit une humeur blanche & trouble : on voyoit fur les tef- ticules des véficules pleines d'eau ; il y en avoit deux autres qui adhé- roient à l'ouverture des trompes qui conduit dans la matrice ; en foufflant la veine on a fait gonfler l'allantoïde. Quatrième matrice de vache. ■ Le fétus étoit de la grofleur d'un chien d'une taille médiocre ; les plifs ■ grands cotylédons avoient quatre pouces de diamètre , il reftoit des cavi- tés très-apparentes dans la partie des cotylédons qui étoit adhérente à la membrane intérieure de la matrice ; après qu'on avoit féparé & arrache les protubérances ou les racines de la partie des cotylédons qui étoit ad- hérente au chorion , les vaiffeaux fanguins , que ces prolongements con- tenoient intérieurement leur donnoient une couleur rouge ; & cependant la féparation fe faifoit fans aucune effufion de fang ; ce qui fait voir que !js vaiffeaux Sanguins 'de la mère ne communiquent pas avec ceux dn fétus. La liqueur de la véficule du fiel du fétus n'avoit aucune amertume , & reffembloit par fa couleur à de l'eau dans laquelle on auroit lavé des chairs, • Cinquième matrice de vache, Chacune des extrémités du chorion s'étendoit, non-feulement jufqu'an : bout de chaque corne , mais elles fe prolongeoicnt encore toutes deux par un long filet qui fuivoit prefque toute la longueur des trompes lesquelles cohtenoient une matière blanchâtre congelée & grumeléufe. Outre la li- queur de l'amnios & de l'allantoïde , il fembloit qu'il y en avoit une trot- fieme qui étoit renfermée dans une membrane particulière. On voyoit fur la furfacc extérieure du chorion des taches blanches com- me s'il y avoit eu des croûtes adhérentes à la matrico. Je fis cuire la matrice, alors les cotylédons . &z toute la membrane in- térieure de ce vifeerc me parurent remplis de pores, & la feule différence Tom. IF. des Aù.id. Etrang, K. k. 1?8 COLLECTION Égm mmgggmm que j'aie appcrçue entre cette membrane & les cotylédons , c'eft qu'il fe Actes de Co- f°rrna uir les cotylédons des tubercules, par la grande quantité de paren- penhague. chyme qui en fortit ; tandis qu'on ne voyoit qu'une forte de croute fur tout le refte de la membrane intérieure de la matrice , parce qu'il y avoit Année 1673. mo;ns jc ja matière qui tbrmoit le parenchyme. Obferv. 88. Les fibres motrices charnues de la matrice s'entrecoupdient très-fouvent, j'ai vu qu'elles avoient trois différentes directions , mais il n'y avoit aucun ordre ; les unes fe portoient du côté des tcfticules , d'autres du côté des aîles , d'autres vers les cornes , & d'autres vers les trempes ; enfin , on en voyoit beaucoup qui le terminoient dans la membrane extérieure de ce vifeere. L'orifice de chaque trompe fe trouve auprès des tefticules , & reffemble à l'ouverture de l'oviducrus des oifear.x qui eft en face des ovaires. Les fi- bres charnues qui fe prolongent au-delà du rétreciffement des trompes , fe répandent de toutes parts , mais elles ne parviennent pas toutes jusqu'au bord extérieur de l'orifice evafé. Je fis cuire les tefticules , &C j'obfervai enfuite ce que j'appelle les œufs , qui étoient en plus grand nombre dans l'un de ces tefticules que dans l'au- tre ; ces œufs reffembloient tous à du blanc d'eeuf coagulé ; on voyoit dans les endroits^, où il n'y avoit qu'un petit nombre d'œufs , beaucoup de petites parties luifantes & d'une belle couleur rouge & une fubftance d'un volume affez grand , de couleur jaunâtre : on obfervoit un petit filament femblable à un vaiffeau excrétoire, qui paffoit par le milieu de cette fub- ftance, & qui s'étendoit jufqu'à la fuperficie du tefticule ; on diftinguoit à •l'extrémité de ce filament un petit point , comme fi c'eût été une ouver- ture. Matrice de Brebis. Je n'ai rien vu que des protubérances dont les vaiffeaux devinrent très- apparents après que je les eu dilféquées ; elles étoient toutes recou- vertes d'une membrane , & on voyoit au milieu de la furface unie de ces protubérances une efpece de tache rouge ; mais je n'y trouvai prefque au- cune humeur. Autre matrice de brebis. Le cou de la matrice étoit très-étroit & fermé par de petites éminences difperfées çà & là , de façon qu'on ne pouvoit pas y introduire de ftilet ; on Voyoit fur la furface extérieure de la partie du chorion la plus éloi- gnée, plufieurs petites lignes blanches qui étoient pofées irrégulièrement dans beaucoup d'endroits ; il y en avoit cependant dans de certaines places qui étoient parallèles , & interrompues de manière qu'elles fembloient ren- fermer entr'elles de petits efpaces arrondis. Les cotylédons étoient en très-grand nombre , & n'avoient aucun arrangement marqué , ni aucune pofition décidée, & les vaiffeaux du chorion adhéroient à ceux du mi- lieu : en preffant un cotylédon près de la matrice , on faifoit fortir des alvéoles utués dans la matrice , des glandes entières qui adhéroient au chorion : la liibfcanee des alvéoles étoit la même que celle des glandes. ACADÉMIQUE. açg Je tâchai enfuite de féparer le chorion & j'en vins à bout fans rien clé- ' " " L chirer, quoique l'amnios cédât avec peine à l'endroit du centre des co- Actes de Co- tylédons ; j'obfervai quelques vaifleaux très-fins dans l'allantoïde, l'eau penha-cue. qu'elle renfermoit étoit prelquc iniipide, & celle de l'amnios me parut un . j peu falée ; je difféquai le fétus , &C à l'ouverture de l'abdomen il fortit <"c * de l'eau qu'il contenoit dans l'a capacité. La rate étoit très-petite & d'une figure prefque arrondie-. La vélïcule du fiel adhéroit au foie fur lequel j'ob- ^"lery. °»* fervai une autre véficule très-mince & mobile ; ces deux véficules conte- noient une humeur blanche , dont on fentoit à peine l'amertume. La li- queur que je trouvai dans Feftomac étoit limpide & très-peu falée ; j'ap- perçus une couleur verdâtre dans les intcltins grefles,.& il y avoit des. excréments bien formés dans le gros intcltins. Troifienu matrict de brebis. J'ai vu que la matrice étoit divifée en deux parties par une cloifon in- termédiaire ; je tirai dehors le chorion , & je comptai pins de cent coty- lédons ; il y avoit trois fétus qui étoient tous recouverts du même cho- rion , au lieu qu'ils avoient chacun un amnios & une allantoïde. J'ouvris un de ces fétus, j'enflai fa veffie avec un chalumeau, & je vis que l'air J>afi"oit dans l'allantoïde qui étoit particulière au fétus ; l'un de ces trois ètus avoit de petites taches noires occafionnées par des poils de cette couleur qui commençoient à fortir de la peau , les longs poils du men- ton aufqucls on a donné le nom de barbe étoient déjà allez grands dans ces trois fétus. La liqueur de la véficule du fiel n'avoit encore aucune amertume. ■ Chienne morte de maladie.' ■ On fentoit plufieurs tumeurs clans l'aine gauche , &: après avoir enlevé la peau , on vit que le péritoine s'étoit dilaté fous la fin du mufcle obli- que intérieur , en forme de fac de la grefleur du poing , de façon qu'il fembloit que ce fac avoit lui-même un appendice formé par la dilatation du péritoine. Une portion de l'inteilin formoit la plus petite partie de cette tumeur ; l'autre portion provenoit de la corne gauche de la ma- trice &C de la membrane du péritoine chargée de graiffe qui s'étoient en- tremêlées l'une dans l'autre : on vovoit aufîi dans le côté droit un tu- bercule qui renfermoit dans fou intérieur des ligaments membraneux de la matrice, qui avoient encore leur couleur naturelle , au lieu que dans la tumeur du côté gauche , il y avoit déjà plufieurs parties gangrenées , tant à l'intérieur, qu'à l'extérieur. . Il y avoir une forte de mufcle long & droit qui remontoit depuis les reflicules jufqu'à la dernière côte ; je tachai de le féparer des autres par- ties fur lefquelles il pofoit , & j'emportai en même-temps le diaphragme; je vis un vaifleau qui defeendoit du diaphragme dans ce mufcle, & qui fe divifoit en ramifications : je ne fais de quel genre étoit ce vaifleau - K k ij i6o • l».f\MXimj COLLECTION Matrice prife fur une lapine vivante. Actes de Co- penhague. J'ai obfervé le mouvement de la matrice ; je l'ai vu fe dilater , fe Années 1671. contracter & s'allonger ; j'avois cependant tait mon pofiîble pour empê- cher que le fang ne fe portât dans ce vifeere , en fanant une ligature à Qbferv 88 l'aorte Pr^s c'u milieu de l'épine ; j'ai aulfi vu le mouvement des cornes, ck j'ai eu un plaifir infini à obferver près de la veftic, des fibres qui avoient un mouvement très-fenfible ; elles n'appartenoient ni aux cornes de la matrice , ni à la matrice même ,mais il m'a lemblé que c'étaient des vefpeces de ligaments. Autre matrice de lapim. La fubftance des tefticules étoit remplie de véficules qui contenoient une liqueur aqueufe ; outre ces véficules il y en avoit encore trois au- tres recouvertes par une membrane commune , & qui étoient fituées à l'orifice de l'une des trompes ; je ne trouvai à l'orifice de l'autre trompe qu'une feule véficule ; au refte les trompes avoient une large ouverture , & beaucoup d'étendue. Ourfe. Les tefticules font compofés de plufieurs petits grains blanchâtres com- me les ovaires des poiffons ; les extrémités des trompes en fe déployant les enveloppent de toute part, à l'exception d'une petite ouverture qui communique dans l'abdomen , & qui en le dilatant ouvre une commit- .nication libre de la matrice avec les tefticules. Hiriffon femelle. Il y a deux fortes de fibres motrices qui fe portent du côté des trom- pes de la matrice , les unes ont leurs extrémités fupérieures fous le rein ; je n'ai pas vu û ces extrémités s'attachoient à la première côte , ou Am- plement au péritoine ; les autres portent leurs extrémités oppofées vers la région des aines : on a donné' à cette dernière efpecc de fibres le nom de ligament rond. Les fibres de chacune des extrémités des trompes fem- Hent fe prolonger fur toute l'étendue des cornes jufqa'à l'endroit oii elles fe rencontrent : les fibres fupérieures fe réunifient & forment une efpece de nœud de couleur blanche à l'extrémité des cornes ; on voit fortir de ce nœud des fibres qui fuivent la direction d'un vaifiéau fanguin , fait en arc, & qui foutient les œufs : je ne lais pas fi ces fibres font continues avec les fibres motrices des trompes , il peut fe faire qu'elles réunifient leur action , & qu'elles tiennent alors la trompe tendue , ou bien elles agif- fent peut-être chacune féparément , & pour lors elles fervent à tirer la trompe alternativement en haut ou en bas. Je ne fais pas fi ces fibres ne meuvent les cornes de la matrice que dans l'inilant de la conception. A C A D É M I Q UE; 161 ça feulement pendant celui de l'accouchement ; peut-être au contraire que — a^— leur aftion n'elt interrompue que dans ces deux temps-là ; peut-être aufli ^ctes d« Co- ■qu'elles les tbnt mouvoir dans tous les temps. On trouve à l'extrémité penhagi;e~. de chaque corne une véhicule lituée entre les œufs & un canal ; les œufs (bat à l'un des bouts de cette vélicule , & le canal tient à l'extrémité op- Années 1673. potée ; il eft cartilagineux & contourné en arc de cercle ; enfin, il a dans l'intervalle des deux extrémités de l'arc une petite ouverture, près delà- Obferv. 88.. quelle on voit celle de la trompe , qui eft dans la vélicule même , & qui donneroit par -là aux œufs la facilité de tomber dans l'abdomen , s'il n'y avoit pas à l'endroit de l'ouverture un tubercule blanc qui fert à faire entrer dans les trompes les œufs qui fortent de la véficule , & à les empêcher de palier dans l'abdomen : les ceufî font tous rangés par ordre autour du vaifleau fanguin , que nous- avons dit être difpofé en arc , & auquel ils adhèrent par de petits vaifleaux qui leur fervent de pédicules , comme dans les ovaires des oifeaux. On voit beaucoup plus de vaifleaux fanguins fur les trompes , fur les cornes & fur la matrice ; que fur les ovaires ; c'etl que l'œuf reçoit plus de nourriture lorfqu'il fe trouve dans quelques-unes de ces parties , que quand il eu; dans l'ovaire. Les mamelles font fituées fous les fibres motrices de la peau , fur la poitrine & dans la région de l'abdomen ; elles font compolees de cha- que côté d'un feul corps glanduleux , quoiqu'il y ait au dehors cinq ma- melons ou papilles aufli de chaque côté. On trouve entre les fibres mufculeufes de la peau & les autres mufcles , beaucoup de glandes lactées réunies , & entre celles-ci beaucoup d'au- tres glandes conglomérées ; j'en ai vu une fituée fur la poitrine fous des glandes laftées , qui étoit rougeâtre. La veflîe étoit û gonflée qu'elle forpaflbit la groffeur d'un œuf de poule ; elle s'étendoit fur les inteftins prefque jufques vers la vélicule du fiel qui l'avoit teinte en partis d'une couleur verdâtre : cependant après la mort de l'animal l'urine fortoit pour peu qu'on preflat la vefïïe. Hufi. Les tefticules étoient de deux différentes fubftances , qui avoient toutes Les deux une couleur grife ; cette couleur grife fe trouvoit plus foncée dans l'une de ces fublîances , & plus blanchâtre dans l'autre ; on y dif- tinguoit beaucoup de taches arrondies , & très-femblables à celles que l'on voit à la bafe de l'ovaire d'une poule quand les œufs commencent à le former, & qui condiment les premiers germes des œufs ; les trom- pes de la matrice avoient une ouverture , laquelle portoit fur les tefti- cules. Salamandre. Il y avoit un ovaire de chaque côté, & ils étoient tous deux" pi •. ; on voyoit un corps oblong & jauni' re qui adhérait à ch; cun d'eux ; il y avoit aufli deux oviduchis , un de chaque côté ; i's <.: entièrement féparés l'un de l'autre , 6c ne fe réuniffoient par aucune de ï6ï COLLECTION ; leurs extrémités ; ils contenoient des œufs enduits d'une matière liquide," , Actes de Co- penhague Tortue. . Années 1673. Les œufs étoient en très-grand nombre, & adhéraient au bord d'une- membrane ; les plus petits avoient une couleur blanche ; ceux d'une mé- Obierv. 88, diocre grolTeur étoient au contraire d'un blanc jaunâtre ; enfin, les plus gros avoient une belle couleur de fafran. La membfane qui contenoit chacun de ces œufs leur fervoit pour ainfi dire de calice , & avoit une petite ouverture arrondie qui dans les poules au contraire eft oblongue, & préfente une efpece de ligne formée par l'interruption des fibres &: des vaiffeaux. On voyoit fous la membrane de chaque ovaire un corps blanchâtre adjacent à la veine cave, . Les deuxjoviductus aboutiffoient à une feide &même ouverture extérieure^ & dans chacun je trouvai deux œufs qui étoient adhérents & recouverts • d'une coque blanche & déjà affez dure. Dans la femme.-. La première femme dont j'ai difféqué les tefticules ' pouvoit avoir cin- quante ans ; ils étoient remplis de véficules ; en prenant le côté de la matrice , on taifbit fortir une humeur féreufe. J'ai vu dans le ligament rond de la matrice , des fibres femblables à des fibres motrices qui fe prolon- gement du côté de l'os pubis. J'ai difféqué par la fuite deux autres fem- mes à-peu-près de même âge que la première , & dans lelquelles j'ai obfervé ces deux particularités. J'ai trouvé dans les tefticules de l'un de ces nijets , quelques grains graveleux & deux vrais calculs , dont l'un étoit arrondi & très-petit ; l'autre , plus gros que le premier , avoit plu- fieurs tubercules qui rendoient fa furface inégale. La féconde femme avoit dans l'un des tefticules un corps tuberculeux qui reffembloit par fa figure au calcul dont nous venons de parler , mais dont la lubftance étoit très-différente ; car elle me parut analogue à celle des tefticules. Dans une autre femme moins âgée r les tefticules contenoient beaucoup d'œufs de figure arrondie & de différentes groffeurs ; il étoit difficile de les féparer de la fubftance des tefticules , parce qu'elle étoit d'une confif- tance affez ferme : en difféquant une autre femme j'obfervai attentive- ment le ligament rond de la matrice , & je découvris des vaiffeaux fan- guins , des nerfs & des fibres charnues qui étoient continues à la fubf- tance de la matrice ; l'extrémité des trompes étoit frangée & parfemée d'une grande quantité de vaiffeaux fanguins qui fe prolongeoient fur toute leur longueur, comme dans les ouies des poiffons ; les fibres des trompes fe dirigeaient fui vaut leur longueur ; l'air foufflé dans les trompes paûoit dans la matrice. ACADÉMIQUE. a<5j ' — ~~~~ -^— — — — ^^— — — ^— — — — — — — — — — — Actes de Co- penhague. OBSERVATION CXXVII. Année 1675. Sur tous les muiçlcs de l'Aigle , par Nicolas Stenon. (F) Obferv. 117. Des mufeks de la tête. 1 . T"1 N enlevant la peau de la tête on a coupé le bout inférieur d'un Jtlimufcle, dont l'extrémité fupérieurc étoit attachée à la partie pofté- rieure de l'orbite de l'œil & à l'os du crâne qui eft au-delïus de l'orbite. 2. Le mufcle abaifléur de la mâchoire intérieure eft attaché par (on extrémité poftérieure à l'endroit du crâne qui eft après les oreilles ; Ion ventre qui eit fort court, parle immédiatement au deflus de bipartie infé- rieure & poftérieure de la membrane du canal auditif ; & l'extrémité an- ' térieure de ce mufcle a Ion inlertion dans la ligne intérieure & poftérieure de la mâchoire inférieure. 3. Le plus fort des mufcles moteurs de la mâchoire inférieure, eft le grand releveur, c'eft-à-dire , celui qui la tire en haut & en avant ; l'ex- trémité poltcrieure de ce mufcle s'attache à la partie poftérieure Se inté- rieure de la mâchoire inférieure , & l'extrémité antérieure tient à la par- tie poftérieure de l'os vomer, & à l'os qui forme le devant du palais ; les chairs recouvrent de tous les côtés cet os , de forte qu'on peut le regarder comme un tendon offilîé &C intermédiaire d'un mufcle compolé. 4. Le mufcle crotaphite , au lieu de s'épanouir comme dans les autres animaux fur l'apophyfe de la mâchoire , s'attache à un tubercule finie un peu en avant de l'articulation de cette mâchoire, & le mufcle qui répond au maiTeter lui c(l adhérent. 5. L'os qui eft entre le crâne & la mâchoire inférieure a au moins deux mufcles. L'une des extrémités du premier s'épanouit fur le milieu de la bafe du crâne de derrière en devant, l'autre extrémité s'étend fur toute la longueur de l'os intermédiaire. Le fécond mufcle fé termine par l'une de fes extrémités au cùté inférieur de cet os , l'autre extrémité s'attache intérieurement à la partie inférieure & poftérieure de la mâchoire infé- rieure. 6. Il y a quelques fibres mufculeufes qui s'étendent depuis l'angle pos- térieur de l'une des branches de la mâchoire inférieure jufqu'à l'angle de l'autre branche en palTant tranfverfalement fous la trachée artère. Des mufcles de Veut De tous les mufcles «le l'œil , celui qu'on rencontre le premier , eft le mufcle releveur de la paupière ; le mufcle oblique defeendant eit iitue fous celui-ci , oc on trouve fous le mufcle oblique une glande qui eit dans l'angle antérieur de l'œil : on voit dillinctcment dans cette glande un vail- feau excrétoire , qui empêche qu'on ne la prenne pour un mufcle , à quoi 264 COLLECTION elle reffemble beai'.coup par fa couleur ; elle pafîé affez près de la cornée , çQ_ à travers la membrane qui tient lieu aux oifeaux dé paupière intérieure. pikhàgue. Outre le mufcle releveur de la paupière & ceux de la membrane ou .. . paupière interne, on trouve encore iépt autres minVics. ' Année 1673. Les extrémités des mufcles obliques fqrtent du globe de l'œil & vont • Obferv. 127. ^e Rendre dans l'angle antérieur, ces deux mufcles font peu diftants l'un de l'autre , ce qui cil caufe qu'on n'apperçoit pas la poulie, &c qu'elle n'a aucun ufage. La membrane, ou plutôt la paupière interne de l'œil a deux mufcles, l'un elt fait en forme de poire, & l'autre eft à- quatre faces, le premier fufRroit lui feul pour ouvrir cette membrane ; mais il comprimerait par fon action le nerf optique , s'il n'étoit retiré en même temps du côté op- pofé par le nuifcle à. quatre faces, dont l'une des extrémités tient à la cornée ; l'autre extrémité de ce mufcLe n'a aucune attache , elle forme un canal tendineux, qui fert de partage au tendon du mufcle en forme de poi- re ; il femble que la force élaiîique de la paupière intérieure conjointe- ment avec la forme convexe de la cornée devroit fuffire pour ouvrir cette paupière interne.. Des mufcles de la langue-, de C'os hyoïde , du jabot & de la trachée artère. 1. Le premier mufcle & le plus inférieur, quant à la pofition de la lan- gue , a dans ion milieu un tendon , dont les extrémités oppofées s'étendent de part & d'autre en arrière fur les côtés de la mâchoire inférieure 2. Le fécond s'attache des deux côtés au bord interne de la mâchoire inférieure , depuis le milieu de cette partie jufqu'à l'angle antérieur , & on remarque un tendon dans le centre de ce mufcle. 3. Il y a de chaque côté fur le premier os de la langue un mnfcle*qui s'attache par l'une de fes extrémités fur le côté de cet os , à l'endroit oui fait environ le milieu de fa longueur , il fe prolonge prefque jufqu'à la moitié des bra-nches du fécond os , lefquelles répondent à celles de l'os hyoïde des autres animaux. 4. l'une des extrémités du quatrième mufcle tient à la partie poftérieure du premier os de ceux qui compolent l'os hyoïde, l'autre extrémité abou- tit à la pointe de la face inférieure de la langue. Ce mufcle fait replier la langue en deffous en la tirant à lui par l'extrémité inférieure à laquelle iî eit attaché. 5 . On trouve des fibres charnues qui s'étendent depuis l'une des bran- ches du premier os , jufqu'à l'autre branche du même os , & qui pafTent tran£ verfalement fous le fécond os. Ces fibres fervent à faire lever en droite li- gne le bout de la langue qui eft applati... 6. La pointe de chacune des branches du premier os , fert d'attache aux mufcles qui fe' prolongent juiquau fécond rang de «es pointes , dont la lan- gue eft hériffée. 7. L'extrémité antérieure du mufcle extérieur de Fos hyoïde s'épanouit fur la partie antérieure & fupérieure de cet os avant l'articulation ; l'ex- trémité poftérieure fe termine en partie au dehors & en pattte au-dedans- à ACADÉMIQUE. a65 à la portion poftérieure de la mâchoire inférieure dont il aide le mou- £ Année 1673. Obferv. 127. me„nt', r, -, -,-- /T . r , , ,, ActesdeCo 8. Le mufcle gemohyoïdien eu plus fort que le précèdent , rune.dc fcs penhague. extrémités aboutit à la partie poftérieure de l'os hyoïde, &c l'autre furie milieu de la mâchoire inférieure. 9. Il y a de chaque côté au-delà de l'articulation de la mâchoire une pointe offeufc qui lert en partie d'attache à l'une des extrémités d'un muf- cle qui tient aufli en partie par la même extrémité au fécond os de ceux qui compofent l'os hyoïde ; ce mufcle le replie fur lui-même & le prolonge en arrière du côté de la mâchoire inférieure. 10. On trouve près de l'articulation de la mâchoire l'une des extrémités d'un muicle , dont l'autre extrémité s'attache à la partie poftérieure du premier anneau cartilagineux de la trachée artère. 1 . Parmi les fibres niufcideufes qui font autour du jabot , & qui s'éten- dent fur toute la longueur du cou, il y en a quelques-unes dont l'extré- mité poftérieure aboutit près de l'acromion, de-là elles remontent un peu à côté & fe recourbent en arrière ; enfin leurs extrémités antérieures s'at- tachent à l'os du crâne , qui efï fitué avant l'extrémité de l'os temporal , fur le côté fupérieur du canal auditif. Z. Les autres fibres aboutiffent par leurs extrémités inférieures à la partie antérieure & au milieu des branches de l'os fourchu , qui eft fitué avant le fternum ; enfuite elles remontent &; s'étendent lur le jabot ; enfin, après s'être repliées en arrière , les unes entourent le cou , &: d'autres s'in- fèrent poftérieurement à la peau. Toutes ces fibres fervent à la digeftion , en preffant les aliments contenus dans le jabot. 3. Les deux mufcles afeendants du côté de la trachée artère, ont leur extrémité inférieure attachée au fternum, enfuite ils remontent de cha- Sue côté colés fur la trachée artère, & je n'ai pas vu où leur extrémité ipérieure aboutifibit. 1. Les mufcles de la bifurcation de la trachée artère de l'aigle différent de ceux des mêmes parties vues dans l'homme & dans les quadrupèdes, dont tous les mufcles qui fervent à la voix aboutiffent à la tête de la tra- chée artère : dans les oifeanx ces mufcles varient pour la conformation & la configuration dans les diverfes efpeces , & caufênt la différence de leurs voix : on trouve clans l'aigle phifieurs paires de mufcles qui fervent à la voix ; l'extrémité fupérieure de la première paire eft à quelques pouces au deffus de la bifurcation ; l'extrémité inférieure aboutit en dehors au premier anneau cartilagineux de la trachée artère. Il femble que cette paire de mufcle ferve à dilater l'endroit de la bifurcation. , 2. On remarque extérietirement fur les branches de la trachée artère , au défias de la bifurcation, d'autres fibres, dont les extrémités fupérieures s'attachent au premier anneau cartilagineux des branches de la trachée ar- te e : les extrémités inférieures fe terminent à chacun des anneaux inférieurs ; on voit par-là que ces fibres fervent à rapprocher les uns des autres les • anneaux cartilagineux. . Tom. If\ des Jcad. Etrang, . La i66 COLLECTION —, "~77 DES MUSCLES DU COU. Actes de Co- penhague. , , , Des mufcles qui partent du crâne, & qui vont fe terminer à la partie extérieurs Année 1673. du cou. .Obfery. 127. 1. L'extrémité fupérieure du premier mufcle s'épanouit entre le mufcle temporal & le milieu de l'os occipital ; l'extrémité inférieure tient aux apo- phyiès latérales des quatrième , cinquième & fixieme vertèbres. 2. Le fécond mufcle eit. digafixique , il a fou extrémité fupérieure près du milieu de l'os occipital , fous l'endroit oii les mufcles de la paire précé- dente fe rencontrent ; l'extrémité inférieure tient à l'épine de la treizième vertèbre. Le premier ventre de ce mufcle a deux pouces & demi de lon- gueur , celle du tendon intermédiaire eft d'environ trois pouces ; le ten- don inférieur reçoit neuf mufcles qui partent de neuf différentes verte- lires , & dont quatre , â leur partie fupérieure , unifient leurs fibres avec celles d'autant de mufcles qui partent des vertèbres inférieures. Il y a entre les deux mufcles digaitriques du cou une autre forte de mufcle , dont l'extré- mité inférieure aboutit à trois épines des vertèbres du cou , à commencer en remontant par celle qui cft immédiatement au deffus de l'épine où s'inlere l'extrémité inférieure du mufcle digaftrique. 3. L'extrémité fupérieure du troiiieme mufcle commence au côté exté- rieur de la première paire des mufcles du cou,& s'étend fur toute l'apo- phyfe latérale du crâne ; fon extrémité inférieure s'épanouit dans le milieu du cou aux environs des féconde , troifieme & quatrième vertèbres. 4. L'extrémité fupérieure du quatrième mufcle s'étend fous l'extré- mité fupérieure des trois mufcles précédents , & fon extrémité inférieure s'attache aux épines des féconde & troifieme vertèbres. 5 . Le cinquième mufcle a fon extrémité fupérieure à-peu-près au milieu de l'os occipital ; fon extrémité inférieure fe termine à la partie fupérieure de l'épine de la féconde vertèbre. 6. Enfin on trouve l'extrémité fupérieure du "fixieme mufcle à côté du muf- cle précédent ; fon extrémité inférieure s 'épanouit fur la première vertèbre, & s'étend depuis l'épine jufques fur le côté du corps de cette vertèbre. Des mufcles qui partent du crâne , & qui vont fe terminer à l'a partie intérieure du cou. 1. L 'extrémité fupérieure du premier mufcle eft large , & s'étend depuis le milieu du crâne jufques vers fon apophyfe latérale ; fon extrémité in- férieure fe prolonge fur le milieu du corps de la première vertèbre , & de plufieurs autres en fuivant. 2. Le fécond mufcle a fon extrémité fupérieure fous le mufcle précé- dent, un peu à côté; l'extrémité inférieure s'étend fur les côtés du cou, & s'attache aux apophyfes de la première vertèbre & de plufieurs autres en fuivant ACADÉMIQUE. i£7 Des mufcles qui font entre la première vertèbre & toutes les autres vertèbres inférieures. Actes de Co- J PENHAGUE. i. On trouve de chaque côté fur la face latérale du tubercule qui ré- Année 1677 pond au corps de la première vertèbre, l'extrémité fupérieure d'un nui f- cle, dont l'extrémité inférieure pane entre les apophyfes latérales iiipé- ç\\ç-, , rieures des vertèbres, & s'étend jufqu'à l'endroit de l'articulation des troi- "* tn fieme , quatrième, cinquième & fixieme vertèbres. Ce mufcle defeend en cet endroit, paflé fur î'apophyfe de cette dernière vertèbre, & vient enfin s'attacher extérieurement fur les côtés de cette vertèbre. z. Il y a fous le mufcle précédent & un peu en avant , un petit muf- cle , dont l'une des extrémités s'épanouit fur le corps de la féconde ver- tèbre, un peu plus haut que le milieu, & fur les lames ofTeufes delà pre- mière \ ertebre ; l'autre extrémité le termine fur I'apophyfe latérale in- férieure de la troilieme vertèbre. Dans la partie postérieure. On voit une paire de mufcles , dont l'extrémité fupérieure s'épanouit fur le bord inférieur de la première vertèbre ; l'extrémité intérieure aboutit fur les côtés de l'épine de la féconde vertèbre. Dans la partie latérale. Il y a une paire de mufcles , dont l'extrémité fupérieure s'épanouit rhr les côtés de la première vertèbre ; l'extrémité inférieure s'attache fupérieu- rement aux apophyfes latérales inférieures de la féconde vertèbre. Des mufcles qui font enr. e la féconde & la troi:ïcme vertèbre, Dans la partie antérieure. 1. L'extrémité fupérieure du premier mufcle aboutit fur le côté infé- rieur de l'épine poftérieure de la féconde vertèbre & fur la partie de I'a- pophyfe latérale qui regarde I¥pine ; l'extrémité inférieure s'attache à la partie fupérieure de l'épine de la troifieme vertèbre. 2. L'extrémité fupérieure du fécond mufcle aboutit à la partie pofté- rieure de I'apophyfe latérale de la féconde vertèbre ; l'extrémité inférieure s'étend fur les fix vertèbres fuivantes , & fe termine à l'endroit oii elle ren- contre l'extrémité inférieure du mufcle digaftrique décrit ci-defTus. 3. L'extrémité fupérieure du troifieme mufcle s'attache fur la partie la- térale de I'apophyfe latérale de la féconde vertèbre ; l'extrémité inférieure tient à la partie fupérieure des apophyfes latérales de la troifieme vertèbre, - a68 COLLECTION m e l'extrémité fupérieure du premier mufcle eft fur la par- l'épine de la troisième vertèbre , & celle de l'extrémité in- Actes de Co- Des mukles qui font entre la treifieme vertèbre Se les fuivantes. PENHAGUE. Dans la partie antérieure. Année 1673. Obferv 127 1 ■ Le premier a fon extrémité fupérieure fur les côtés de l'épine de la troifieme vertèbre ; & l'extrémité inférieure aboutit à la cinquième vertèbre, & s'attache aux pointes antérieures qui bordent la foffe de cette vertèbre. 2. L'extrémité fupérieure du fécond mufcle s'attache aux apophyfes la- tréales de la troifieme vertèbre, & l'extrémité inférieure fe termine fur les pointes des quatrième , cinquième & fixieme vertèbres. 3. L'extrémité fupérieure du troifieme mufcle s'attache fur le côté in- térieur de la troifieme vertèbre , & l'extrémité inférieure fe prolonge pres- que jufques fur le côté de la quatrième vertèbre. Dans la partie pojlérieure. 1. L'attache de tie inférieure de l'i _ férieure fur la partie fupérieure de l'épine de la quatrième vertèbre. 2. L'extrémité fupérieure du fécond mufcle aboutit par derrière fous l'apophyfe latérale de la troifieme vertèbre , & l'extrémité inférieure occupe tout l'efpace qu'il y a entre l'épine & la partie fupérieure de l'apophyfe latérale de la quatrième vertèbre. • 3. L'extrémité fupérieure du troifieme mufcle fe termine à la même apo- phyfe latérale que le mufcle précédent ; mais en dehors l'extrémité inté- rieure aboutit fur les côtés des fixieme Si feptieme vertèbres. Des mufcles qui font entre la quatrième vertèbre & les fuivantes. Dans la partie antérieure. 1 . Le premier a fon extrémité fupérieure dans la féparation qui eft au deffous de l'épine de la quatrième vertèbre ^l'extrémité inférieure fe termine fur les cinquième & fixieme vertèbres ; elle s'étend obliquement du milieu fur les côtés. 2. L'extrémité fupérieure du fécond mufcle aboutit entre l'apophyfe la- térale, & l'épine de la quatrième vertèbre ; l'extrémité inférieure fe ter- mine fupéneurement vers les côtés de la cinquième vertèbre. 3. L'extrémité firpériêure du troifieme mufcle s'attache à l'apophyfe la- térale de la quatrième vertèbre; l'extrémité inférieure s'étend fur les cin- quième , fixieme , feptieme & huitième vertèbres. 4. L'extrémité fupérieure du quatrième mufcle fe termine fur le côté inférieur de l'apophyfe latérale de la quatrième vertèbre ; l'extrémité inté- rieure s'attache à la partie fupérieure de l'apophyfe latérale de la cin- quième vertèbre. ACADÉMIQUE. z6$ Dans la partie poflérieure. Actes deCo- rtCTES DE i. Le premier mufclc a fon extrémité fupéricure fur la partie inférieure penhague. de l'épi ne de la'quatrieme vertèbre ;& fon extrémité inférieure fur la par- . :-. s . lie fupérieure de l'épine de la cinquième vertèbre. 2. l'extrémité Supérieure du fécond mufcle aboutit fur la partie porté- Obferv. 1x7. rieure de l'apophyfe latérale inférieure de la quatrième vertèbre ; l'extré- mité inférieure s'étend fur les cinquième, fixicme, feptieme & huitième ver- tèbres , & peut-être aufli fur la neuvième. Des mufcles qui font entre la cinquième vertèbre & les fuivantes. Dans la partie antérieure. 1. Le premier mufcle a fon extrémité fupéricure dans la partie fupé- rieure delà cinquième vertèbre fur les côtés de la forte du milieu ; l'ex- trémité inférieure aboutit à la partie fupérieure de la fixieme vertèbre. 1. L'extrémité fupérieure du fécond mufcle s'attache a l'apophyfe & fous l'apophyfe de la cinquième vertèbre ; l'extrémité inférieure le pro- longe fur les fixieme, feptieme & huitième vertèbres. 3. L'extrémité fupérieure du troifieme mufcle s'attache entre l'épine & l'apophyfe latérale de la cinquième vertèbre, & fur le côté inférieur de cette vertèbre ; l'extrémité inférieure fe termine fur la partie fupérieure de l'apophyfe latérale de la fixieme vertèbre. Dans la partie poflérieure. L'extrémité fupérieure de ce mufcle s'épanouit fur toute l'étendue de l'angle inférieur qui eft fous la pointe qui tient lieu d'épine à la* cinquiè- me vertèbre, aboutit en partie fur le milieu delà fixieme vertèbre, ôcen partie fur les apophyfes latérales des feptieme & huitième vertèbres , ÔC à l'extrên ité inférieure du mufcle digaftrique du cou. Des mulclcs qui font entre la fixieme vertèbre Se les fuivantes. Dans la partie antérieure. Il y a à la fixieme vertèbre trois paires de mufcles comme à la cinquiè- me , & ils ont la même direction ; celui qui eft lîtué dans la partie porté- rieure fuit autfi la direction du mufcle de la cinquième vertèbre, aufliûtué polïérieurcment , fi ce n'elt que celui-ci a ainfi que les quatre mulclcs qui Juivent des fibres affez longues , qui vont fe rendre au milieu du tubercule des huitième, neuvième, dixième, onzième & douzième vertèbres. D'au- tres occupations m'ont empêché de continuer à cMéquer le relie des mul- clcs du cou : il femble en général que dans les cliverfes efpeces d'animaux, ceux - là ont le cou plus court , qui ont les extrémités antérieures uivilées en plufieurs doigts. 17<3 Actes de Co- penhague. Année 1673. Obfcrv. 1-17. COLLECTION Des mufcles de la cavité de la poitrine & du haz-vaure. On compte fept vraies côtes & deux fàufles , celles-ci font les plus proches du'cou , & non près des lombes comme dans l'homme ; la pre- mière faufle côte elî très-courte & a un mufcle qui vient de la dernière vertèbre du cou. La féconde faufle côte s'étend pfefque jufqu'au milieu de l'angle que forme les vraies côtes, elle a deux mufcles, dont l'un fort de la première vertèbre de la poitrine , & l'autre de la première faufle côte. Les vraies côtes font divifées chacune' en deux parties qui font unies par une articulation; la plus proche du fternum elî analogue à la partie cartilagi- neulèdes côtes dans l'homme; l'autre le joint aux vertèbres. On trouve dans chacune des vraies côtes trois articulations ; la première fe fait avec le fter- num, la féconde avec la vertèbre ; enfin, la troifieme articulation cft en- tre lès deux différentes parties de la côte. Les côtes ont deux mouvements principaux ; l'un fe fait du côté du cou & facilite l'infpiration , l'autre mouvement eft du fens contraire , c'eft-à-dire , du côté des lombes , il fert à l'expiration ; les fibres motrices qui cauferit ce dernier mouvement font inclinées du côté des lombes, & celles qui occafionnent. le premier ont leur direction du côté du cou. On ne trouve pas de fibres mufculeufes dans l'efpace qui eft entre Iés" deirx dernières côtes du côté du fternum ; mais il y a fur la partie op- pofée qui regarde les vertèbres , un mufcle incline dans la région des lombes ; fi l'os ifchion n'eût pas été dérangé dans le fujet que je diflc- quois , j'aurois pu obferver d'autres mufcles attachés aux vertèbres & di- rigées vers le cou. . A A , Il n'y a dans l'efpace qui cft entre la cinquième & la fixieme cote du cote du fternum , qu'une forte de fibres qui s'étendent toutes dans la région des lombes. La direction de celles qui font dans ce même intervalle du cote ces vertèbres eft différente ; les fibres extérieures vont du côté du cou , & les intérieures fe prolongent dans la région des lombes. Il y a outre ces fibres un mufcle intérieur intercoftalqui remplit tous les intervalles des cotes , & qui fe dirige vers la région lombaire, il fert à tirer les côtes en en bas du cote des tombes , & facilite l'expiration en rendant l'intervalle qui eft entre- les côtes plus étroit. . On trouve dans la poitrine , fur la partie des cotes, qui eft le plus près du fternum , un mufek remarquable , dont l'une des extrémités aboutit a là pointe du fternum au devant de la première côte ; l'autre extrémité va fe rendre fur les troifieme, quatrième & cinquième côtes : ce mufcle fa- cilite l'infpiration en agrandiffant les efpaces intercoftaux & en éloignant le fternum de la colonne vertébrale. - ; Le mufcle oblique extérieur qui devroit plutôt fe nommer le muicle tranfverfe eft l'anfagonifte du mufcle précédent ; il a l'une de fes extrémi- tés qui s'attache fur la partie du fternum , près des quatre dernières cotqs, & fe prolonge par la ligne blanche jufqu'à un pouce & demi de diftance de l'os pubis; l'autre extrémité parcourt toutes les côtes, & s écarte d'autant plus de l'articulation qui eft dans le milieu des côtes pour s appro- cher des vertèbres , qu'il eft plus éloigné de la première cote ; enluite il ACADÉMIQUE. 1?I recouvre prcfquc en entier le bord de l'os ifchion. Les fibres les plus éloi- gnées du fternum paroiffent plus obliques que les autres ; ce mufcle lért k l'expiration en reflèrrant les interfaces des côtes, & en tirant le fternum Act«i>eCo- du côté de l'épine du dos. penhague. Le mufcle droit eft entièrement tendineux fur la moitié de fa longueur Année 1673. qui eft la plus proche des os pubis ; l'extrémité de l'autre moitié aboutit ou- & s'attache prefque dans fa plus grande largeur fur le bord du fternum; Ublerv- rl7- le furplns. fe termine à la première" côte. « Jl y a des fibres qui partent de cette première côte pour aller fe ren- dre fur le boni antérieur de l'os ifchion ; celles qui font le plus près de la ligne blanche font droites , & plus les autres en font éloignées plus elles ont une direction oblique. Les mufcles obliques intérieurs font fitués fous les mufclcs droits , & fe dirigent obliquement de l'os pubis vers le bord du fternum. Les quatre mufcles que nous venons de décrire font conspirants , en ce qu'ils fervent tous à l'ejecïion des matières contenues dans là cavité com- mune qui eft féparée dans les oheaux par ces mufcles, en deux parties, qu'on appelle la poitrine & l'abdomen , & qui eft encore fous-divilèe en diffé- rentes cellules par plufieurs membranes ; mais ils différent entr'eux , quanta leurs ufages ; car les uns tirent le fternum en droite ligne vers l'épine du dos , d'autres l'entraînent aufti en droite ligne du côté de l'os pubis , les autres le meuvent obliquement du côté de l'épine & du côte du pubis. Des mufcles du Croupion ou Coccyx. 1 . La première paire de mufcles qu'on trouve dans le milieu du crou- pion a l'une defes extrémités qui s'attache à l'os facrum; l'autre extrémi- té fe prolonge fur les côtés de chacune des épines du croupion ; il y a fous ces mufcles encore d'autres fibres charnues, qui s'étendent furies côtés des épines. 2. Les mufcles de la féconde paire aboutiffent par l'une de leurs extré- mités à l'os lacrum , & s'étendent fur toutes les apophyfcs tranfverfes du coccyx ; l'autre extrémité fe termine aux deux plumes qui font dans le milieu du croupion. 3. L'une des extrémités des mufcles de la troifiemc paire s'attache fur les pointes des apophyfes tranfverfes du coccyx ; l'autre extrémité de c .s mufcles fe termine fur le côté extérieur de la dernière plume de la queue. 4\ L" mil<"cles de la quatrième paire aboutiffent par l'une de leurs extrémités à la commiffure des os pubis ; on trouve l'autre extrémité vers les deux dernières plumes de la queue. 5. Les mufcles de la cinquième paire ont l'une de leurs extrémités fous les mufcles précédents ; ces deux extrémités font un peu plus larges que celles de ces derniers mufcles ; car elles s'attachent non-feulement à l'os pu- bis , mais encore à la partie de l'os ifchion qui fait angle avec l'os pubis ; 1 autre extrémité le termine vers les deux plumes du "milieu de la queue. 6. On trouve l'une des extrémités des mufcles de la fiademe paire fur vj% COLLECTION le bord poftérieur & intérieur de l'os ifchion ; l'autre extrémité finit vers Actes de phnhague. Oj. le milieu des os poftérieurs du coccyx. Année 1673. pbferv. 127. 7. On trouve l'une des extrémités des mufcles de la feptieme paire fous les apophyfes tranfverfes du coccyx ; l'autre extrémité eft plus lar- ge, & fe termine vers les plumes du milieu de la queue. 8. La huitième paire de mufcles eft fituée fous les mufcles de la paire précédente , entre les apophyfes tranfverfes antérieures & celles du mi- lieu du coccyx ; ces mufcles ont la même direction que ceux des vertèbres. Des mufcles qui tiennent les os de Vaîle réunis entre eux , & qui les attachent au tronc. . On peut divifer les os de chaque aile en fept parties ; favoir , i°. L'o- moplate & la clavicule. 20. L'humérus. 30. Le cubitus & le radius. 40. Le carpe compofé de deux petits os. 50. L'os double & antépénultième qui eft fendu dans fon milieu , & un petit os qui touche à celui-ci exté- rieurement. 6°. L'avant-dernier os , & un petit os qui eft près de celui- ci intérieurement. 70. Enfin , le dernier os qui eft feul. Les divifions de ces os font en même nombre que celles qu'on fait des os du bras de l'homme , depuis le tronc jufqu'à l'extrémité du pouce ; mais il y a une divifion de plus dans les autres doigts de l'homme , parce qu'il y a dans ces doigts une phalange de plus que dans le pouce. L Des mufcles qui réunijfent les deux premières parties entre elles , & qui les attachent au tronc. 1. Le premier a l'une de fes extrémités en partie fur la face plane du fternum , & fur le milieu de l'épine du fternum près du bord , & en par- tie fur l'os fourchu qui eu avant le fternum. L'autre extrémité s'attache en partie fur la ligne âpre de l'humérus , & en partie dans une autre ligne qui s'étend depuis la tête intérieure de cet os jufqu'à la fin de la ligne âpre ; ce mufcle eft fort épais. z. Il y a au côté extrérieur & fupérieur du mufcle précédent un petit mufcle, dont l'une des extrémités s'attache à la pointe de l'angle de l'os fourchu , cet os eft appuyé fur le fternum ; l'autre extrémité de ce muf- cle fe termine eu fternum même : ce mufcle eft mince & large , ck fon tendon donne ndfîance près de l'aile à un antre petit mufcle d'une ftruc- ture allez remarquable, car il a .deux tendons, dont l'un qui fe divife en- core en c;eux s'épanouit fur les fibres mufculaires , tandis que l'autre qui rie fe fiibdiviie pas s'y enfonce. 3. Le troifieme mufcle s'attache par l'une de fes extrémités en partie dans '"angle que forme l'épine du fternum avec fa face plane , & s'épa- nouit en partie dans la membrane tendineuie qui s'étend entre la par- tie antérieure du fternum , & la rencontre de la clavicule ayet ie ftej-num ; ce ACADÉMIQUE i7î ce mufcle paflî :,-/:.îitc fous le ligament qui attache la clavicule avec "SB Fépaulc, Cv s'infère à la pointe antérieure de l'arête de l'humérus. Actes de Co» 4. L'une des extrémités du quatrième mufcle s'attache à la partie anté- penhagui. ricure & poftérieure de la clavicule la plus proche du fiernum : l'autre ex- . . , .,,.',. , , •.-.■ 1 Vl Année 167*. tremite s infère à la pointe intérieure de 1 humérus. ' •> 5. On trouve fous la clavicule des fibres charnues & mufculeufes, dont Obferv. 127. l'une des extrémités fe termine à la partie inférieure de la clavicule , l'autre extrémité eft dans la ligne du fternum la plus proche de la clavicule. 6. L'une des extrémités du fixieme mufcle s'étend fur les quatrième , cinquième , fixieme , feptieme & huitième côtes , & il a en cet endroit trois dents charnues ; l'autre extrémité fe prolonge fous l'épaule ; ce mufcle répond au grand mufcle dentelé. 7. Le feptieme mufcle fe termine par l'une de fes extrémités fur la face plane extérieure de l'os de l'épaule , & recouvre la plus grande partie de cet os ; l'autre extrémité aboutit dans une cavité fituée fùperieurement dans l'humérus , ou plutôt fur le bord antérieur de tette cavité. 8. Le huitième mufcle a l'une de fes extrémités qui s'étend fur toute fa largeur dans la ligne inférieure de l'os de l'épaule ; enfuite elle pafie par la ligne oblique pour venir fe terminer près de la clavicule ; l'autre extré- mité s'attache à la tête de l'humérus auprès de la clavicule : on pourroit donner à ce mufcle le nom de mufcle troué, par rapport au mufcle fuivant. 9. Le neuvième mufcle a l'une de fes extrémités qui paffe par le milieu du mufcle précédent, & qui s'étend jufqu'à l'os de l'épaule ; l'autre extré- mité s'attache à la première des vraies côtes. 1 o. L'une des extrémités du dixième mufcle fe termine à la partie antérieure & fupérieure de l'os de l'épaule ; l'autre extrémité fe prolonge fur toute la lon- gueur de l'arête de l'humérus , & même fur la partie extérieure de cet os. 1 1 . Le onzième mufcle aboutit par l'une de fes extrémités à l'endroit , où la clavicule fe joint à l'épaule ; l'autre extrémité fe termine fur la face plane de l'humérus au deflbus de l'arête de cet os. I I. Des mufcles qui Miment les deux premières parties de Vaile réunies avec la troijîeme & toutes les autres. 1. Le premier mufcle a l'une de les extrémités qui s'épanouit en une large membrane , laquelle s'attache en partie à la tête de la clavicule , en partie à la tête intérieure de l'humérus ; l'autre extrémité eft fourchue & s'attache par l'une de fes branches au radius , & par l'autre au cubitus : la ftructure de ce mufcle eft fimple, & on voit de chaque côté fur les chairs des expanfions tendineufes. 2. L'une des extrémités du fécond mufcle aboutit en partie dans la lig- ne inférieure de l'os de l'épaule & la plus proche de l'humérus, & en partie à l'humérus même extérieurement & à deux pouces de diftance au deflous de l'articulation de cet os avec celui de l'épaule. 3. Le troifieme mufcle a l'une de lès extrémités entièrement charnue ^ Tom, IF, des Mad, Etrang, M iq tpç COLLECTION jfSSSSSS. ""•" elle fe termine au côté fupérieur de l'humérus ; l'autre extrémité fe trouve Actes de Co- réunie avec l'extrémité du mufcle précédent : elles s'épanouiffent toutes penhague. deux en une membrane tendineufe qui fert d'attache au petit mufcle an- . , , coné ; cette expansion tendineuie s'attache poftérieurement au cubitus & Année io7î. <■ r ' J au radius. Obiérv. 1 27. 4- Le quatrième mufcle eft mince ; l'une de fes extrémités fe réunit avec le lecond muicle de la poitrine que j'ai décrit plus haut ; l'autre extrémité fe termine au côté extérieur de l'humérus , auprès de l'articulation de cet os avec le cubitus. 5. L'une des extrémités du cinquième mufcle eft charnue; elle s'attache au tendon du mufcle précédent ; ces deux mufcles fe réunifient pour for- mer un long tendon qui s'infère à une avance extérieure du métacarpe. 6. 7. On trouve au même endroit près de l'os deux petits mufcles , dont l'un a fa première extrémité tendineufe & l'autre charnue : elles fe terminent toutes les deux au tendon du mufcle précédent ; l'autre extrémité de chacun de ces mufcles s'attache fur le côté intérieur du petit os qui s'articule avec l'avance du métacarpe. 8. Le huitième mufcle s'attache par l'une de fes extrémités à la tête ex- térieure de l'humérus ; l'autre extrémité eft entièrement charnue, & abou- tit au cubitus près de l'humérus. 9. L'une des extrémités du neuvième mufcle s'attache à la tête intérieure de l'humérus ; l'autre e?vtrêmité fe termine au côté intérieur du muicle précédent. 10. Le dixième mufcle s'attache auffi par Tune de fes extrémités à la tête intérieure de l'humérus , fous le mufcle précédent ; l'autre extrémité paffe dans la partie inférieure du mufcle déjà cité , & s'étend plus loin fur le radius. 11. Le onzième mufcle s'infère par Fune de fes extrémités dans la ca- vité qui eft entre les deux têtes inférieures de l'humérus ; l'autre extrémité s'attache près de l'articulation de cet os avec l'humérus. I I L Ses mufcles qui font fîtués extérieurement dans fefpate qui ejl entre les os de la troifieme diviflon. 1 . Le premier de ces mufcles a Pune de fes extrémités qui s'attache à la tête interne de l'humérus, fon autre extrémité palfe par le milieu d'une gaine qui fe trouve au côté extérieur de l'articulation , & fe divife en deux tendons, dont l'un va ie rendre au petit os qui eft au deffus de Fapophyic du métacarpe ; l'autre paffe fous un autre tendon dans l'articulation du carpe avec l'os antépénultième de l'aile, & vient s'inférer obliquement en arrière à la pointe poftérieure de ce dernier os. ?.. L'une des extrémités du iècond mufcle fe termine prèsj du mufcle précédent-, mais plus poltérieurement , & peut-être auffi fur une partie dit cubitus ; l'autre extrémité paffe par la gaine la plus voifine de l'angle de- flexion , enfuite eîk- reçoit un tendon qui fort de l'endroit de la diviûon ACADÉMIQUE. 175 de la gaîne de ce mufcle d'avec celle du mufcle précédent ; & enfin, elle — — — » vient le rendre au côté intérieur du métacarpe. Actes dïCo- 3. On trouve l'une des extrémités du troifieme mufcle entre les deux penhague. mufclcs précédents ; Fautre extrémité eft entièrement charnue &c s'attache » - , à la partie du cubitus , qui eft près du carpe. nee ' 7Ϋ 4. L'une des extrémités du quatrième mufcle eft entièrement charnue; Obferv. 117. elle s'attache en partie au radius , & en partie au cubitus près de l'humé- rus , & occupe tout l'intervalle qu'il y a entre ces deux os ; l'autre extré- mité fuit la direction des tendons du premier & du fécond mufcle fitués auprès du cubitus &. du radius , & vient s'attacher à l'apophyle du mé-- tacarpe. 5. Le cinquième mufcle a l'une de (es extrémités entièrement charnue; elle fe termine au côté intérieur du radius qui regarde le cubitus , elle recouvre la plus grande partie de ce premier os, de façon cependant qu'elle ne s'étend pas jufqu'à l'articulation de l'humérus , ni jufqu'à celle du carpe ; l'extrémité inférieure paffe par la gaine la plus éloignee de l'an- gle de flexion : elle tapiffe enfuite la cavité de l'articulation, & au fortir de la gaîne elle reçoit le tendon d'un petit mufcle (impie, mais d'une ftruc- ture finguliere , dont l'extrémité oppofèe aboutit au côté extérieur de l'ar- ticulation ; enfin , cette même extrémité, inférieure du cinquième mufcle fe prolonge jufqu'à l'articulation fuivante, & ayant formé en cet endroit un os fefamoide , elle vient fe terminer jufqu'au dernier os de l'aîte : on trouve dans le côté extérieur de l'angle, qui eft entre les os de la troi- fieme & quatrième divilions des os de l'aile , une poulie divifée en trois gaines difpofées comme des crenelures qui font parallèles entre elles , & dans lefquclles paffent des tendons. IV. Des mufcks qui font fuiùs intérieurement dans Fefpace qui efl entre Us os de la troifieme divifion. 1. Le premier de ces mufcles a l'une de fes extrémités charnue, elle s'étend au-delà du milieu de la longueur du cubinis du côté de l'humérus; l'autre extrémité pafTe par un finus offeux, qui fert comme de poulie & qui eft fitué au côté intérieur de l'articulation des os de la troifieme di- vifion avec le carpe ; elle fe prolonge enfuite en paffant par le côté in- térieur des articulations fuivantes jufqu'au dernier os de l'aile. 1. L'une des extrémités du • fécond mulcle eft entièrement charnue , elle commence a l'endroit où fe termine la première extrémité du mufcle précédent, & s'étend prefque jufques aux environs du carpe ; l'autre ex- trémité paffe par un finus offeux , qui fert comme de poulie, & qui eft fitué au côté intérieur du carpe , de dedans en dehors , enfuite elle en fort obli- quement pour venir s'inférer au métacarpe près de l'articulation de cet os avec le cubitus. 3. Le troifieme mufcle a l'une de fes extrémités qui aboutit à la partie antérieure d'un tendon qui s'étend depuis la tête intérieure de l'humérus ^ Mm 1- i7S COLLECTION fgm^mmmgm jufqu'au tubercule interne de l'os qui eft entre le cubitus & le carpe ; je Actes de Co- crois qu'il fort de ce tendon des labres tendineufcs qui vont fe terminer penhague. d'un côté aux plumes de l'aîle & de l'autre au radius ; l'autre extrémité « • /- de ce mufcle pane fous le tubercule du carpe , c'eft- à-dire , de l'os qui eft nncs. i 73. ^^^^ l'humérus & le métacarpe, & fe prolonge jufqu'à lavant-dernier os Obfery. 1 zj. de l'aîle. 4. L'une des extrémités du quatrième muicle fo termine à la tête infé- rieure de l'humérus près des plumes ; l'autre extrémité aboutit au tu- bercule intérieur du carpe , c'eft-à-dire , de l'os qui eft entre le métacarpe & le cubitus. Il iémble que ce muicle foit adhérent à un autre mufcle , dont les fibres s'attachent aux plumes de l'aîle fur toute fa longueur. V. Des mufcles qui font à l'extérieur des os de la cinquième divifîon de l'aile dans F angle de flexion. 1 . Le premier de ces mufcles a l'une de fes extrémités dans une mem- brane tendineufe qui s'attache aux plumes du cubitus & dans la ligne an- térieure du métacarpe ; l'autre extrémité eft divifée en deux parties, celle qui fe trouve la plus proche du cubitus eft la plus large , & fe termine dans un enfoncement applati du plus petit des deux os de cette articula- tion ; l'autre partie finit par un tendon mince dont je n'ai pu voir la fuite parce qu'il étoit coupé. 2. Le fécond mufcle a l'une de fes extrémités divifée en trois parties , dont il y en a deux de féparées par le ligament du petit os lïtué entre le cubitus & le métacarpe ; l'extrémité fuperieure du mufcle précédent s'é- tend entre ces deux parties & la troifieme ; le refte de la première extré- mité de ce fécond mufcle s'attache fupérieurement au bord de ce même petit os , jufqu'au-delà du milieu de fa longueur ; l'autre extrémité eft mince , elle parle par une canelure ou entaille du bord de ce même petit os , &C elle fe prolonge jufqu'à la pointe du petit os fitué au côté antérieur de l'os de la fixieme divifîon de l'aile ; il y a des fibres charnues qui aboutiflent à cette extrémité; avant qu'elle s'attache au petit os de la fixieme divi- fîon. 3. L'une des extrémités du troifieme mufcle eft charnue, elle s'attache au côte intérieur du plus gros os de la cinquième divifion des os de l'aîle ; l'autre extrémité pafle par une fente qui eft fituée à l'extrémité de cet os obliquement & en dehors, & elle fe prolonge jufqu'à la pointe poftérieure de l'os de la fixieme divifîon. 4. Le quatrième mufcle eft fitué entre les os de la cinquième divifîon des os de l'aîle ; l'une de fes extrémités eft charnue , & eft adhérente à la fuperficie de ces deux os ; l'autre extrémité s'étend en haut & fe prolonge entre les os delà cinquième divifîon &c les plumes aufquelles ces os fer- vent de baie jufqu'à la dernière; il femble qu'elle s'attache à ces plumes: ce mufcle fert peut-être à les faire tourner de façon qu'il ne refte point d'interitices entr'elles loifque les aîles font étendues. ACADÉMIQUE. 277 5. On trouve le cinquième mufcle fous le mufcle précédent entre les — — — mêmes os ; l'une de fes extrémités s'attache clans fa plus grande partie au Actes de Co- côté intérieur du plus gros os de la cinquième divifion de dedans en de- penhagui. hors, & le fiirplus de cette extrémité s'attache au petit os de la même di- vifion ; la féconde extrémité de ce mufcle paffe en dehors , & fe prolonge» Annee '°73' par une tonte de l'os de la fixieme divifion entre la racine des plumes Obferv. 1 27» &c cet os , pour venir fe terminer à la pointe intérieure du dernier os de l'aile. Des mufcles qui tiennent les os des pieds réunis entr'eux & qui les attachent aux os du tronc. I. De ceux qui fe trouvent aux environs du fémur. 1 . Le premier mufcle a fon extrémité fupérieure large & tendineufe ,' «lie fe termine dans fa plus grande partie au bord fupérieur & poflérieur de l'os qui répond à l'os ifchion ; l'extrémité inférieure eft étroite & ten- dineufe &C s'attache à la pointe fupérieure & intérieure de l'os qui répond au tibia. 2. L'extrémité fupérieure du fécond mufcle eft large Se tendineufe ; elle fe termine aufli à l'os ifchion , & s'attache à fon bord poftérieur , depuis l'endroit on finit le mufcle précédent, jufqu'au tubercule qui fe trouve à la plus grande diftance de l'épine de cet os : il y a un autre tendon qui s'at- tache au bord antérieur de cet os, &c qui defeend tranfverfalement intérieu- rement entre les chairs & les tendons : l'extrémité inférieure de ce fécond mufcle fuit la direction du tendon inférieur du mufcle qu'on nomme le grand externe. 3. Le troifieme mufcle a fon extrémité fupérieure large; elle fe ter- mine, au bord poftérieur de l'os ifchion, en commençant depuis le tuber- cule où finit le mufcle précédent , & s'étend prefque jufqu'au bas de cet os ; l'extrémité inférieure paffe fur une poulie d'une ftructure finguliere , - &c dont le bord fupérieur eft attaché au côté intérieur du fémur , 6c l'in- férieur a la tête extérieure de ce même os. Il y avoit au milieu de la poulie un nœud qu'on pourroit regarder comme le germe d'un os féfa- moide. Quand ce troifieme mufcle eft parvenu fur la poulie , il fe change en un tendon aflez épais, qui repréfente un cylindre applati,& forme un nœud qu'on peut regarder aui'fi comme le commencement d'un os féfa- moiue : au défions de ce nœud il devient encore plus mince & fe conti- nue ainli jufqu'à deux pouces de difiance au defibus de la tête du tibia , &C s'mfere à la partie poftérieure du tibia , à l'endroit où il y a un mbercule. 4. Le quatrième mufcle eft fitué fous le mufcle précédent ; fon extré- mité antérieure s'attache au milieu de la partie poftérieure du fémur ; on trouve l'extrémité poftérieure entre les mufcles de la queue fous l'extré- mité poftérieure du cinquième mulcle du coccyx. 5. L'extrémité fupérieure du cinquième mufcle analogue au mufcle fef- fier, s'étend fur toute la longueur du bord de l'os ifchion, en cooî; *7* COLLECTION ■-"- Lc— ' ' mençant par la partie antérieure , & de-là en arrière fur la partie fupé-:- Actes de Co- rieure ; enfuite elle defcend fur la partie poftérieure jufqu'au tubercule penhague. où finit le fécond de ces mufcles du fémur, lequel eft cornpofé de deux muf- Année 167-1. c^es » ^ ^ont ^e tendon inférieur eft renfermé dans le milieu des chairs ; les fibres extérieures de l'extrémité fupérieure de ce cinquième mufcle font les Qbjery, 117. plus courtes, les intérieures font les plus longues, & recouvrent une grande partie de l'os. L'extrémité inférieure eft fur les côtés extérieurs du grand trochanter, & l'entoure prefque circulairement. 6. Le fixieme mufcle eft fitué fous le mufcle précédent; fon extrémité fupérieure recouvre le bord antérieur & le milieu de l'os ifchion ; l'ex- trémité inférieure traverfe extérieurement fous le grand trochanter, & va fe terminer fous l'extrémité tranfverfe inférieure du feptieme mufcle , mais dans une direction oppofée. 7. Le feptieme mufcle a fon extrémité antérieure fous l'extrémité pof- térieure du mufcle précédent ; l'extrémité poftérieure fe prolonge à tra- ver les chairs qvii font à la fuperfîcie inférieure de l'os ifchion ou de l'os , de la hanche ; ce mufcle fertà tirer le fémur en arrière, & le mufcle pré- cédent le tire en avant. 8. Le tendon du huitième mufcle traverfe le fémur, on trouve auprès de lui un autre tendon droit, dont j'avois coupé l'extrémité oppofée; fans doute qu'elle alloitfe terminer au bord poftérieur de l'os ifchion. A l'endroit où ces tendons s'attachent au fémur , on voit encore celui du feptieme- mufcle qui fe prolonge fur les chairs , & celui du fixieme qui paffe par def- fous. 9. L'extrémité antérieure du neuvième mufcle fe termine fous le ten- don du huitième , prefque dans le milieu de fa longueur, 10. On trouve autour d'un tendon du grand trochanter des fibres char- nues , difpofées en forme de bourfe , dont l'extrémité oppofée fe termine à la circonférence du trou de l'os ifchion ; le tendon du grand trochanter pnfle par ce trou, & s'applique intérieurement fur la fuperfîcie de cet os. 1 1 . Le onzième mufcle eft mince , fon extrémité antérieure s'attache fur le bord intérieur de l'os des iles , près de la cavité cotyloïde ; l'ex- trémité poftérieure fe termine fupérieurement dans le côté intérieur du fé- mur de dedans en dehors. iï. L'extrémité fupérieure du douzième mufcle s'attache au bord inté- rieur de l'os de la hanche , après la cavité cotyloïde ; & l'extrémité infé- rieure à la partie poftérieure du fémur. 13. L'extrémité fupérieure du treizième mufcle fe termine au même en- - droit que le mufcle précédent y mais par le côté intérieur, l'extrémité infé- rieure s'attache au fémur dans le mufcle précédent qui eft moins large que- celui-ci. Les -deux extrémités de ce mufcle font deux parties du mufcle tri- ceps , leurs tendons fe réunifient aux tendons des mûicles qui font fitués- à la partie poftérieure du tibia. 14. Le quatorzième mufcle s'attache par fon extrémité fupérieure à la pointe inférieure de l'os de la hanche ; l'extrémité inférieure fe termine au côté intérieur du tibia; ce mufcle eftfimple, & fes fibres charnues font: iongties, . ACADÉMIQUE. 1?9 t limple comme le mufcle précédent , mais fes fibres font plus longues. 3. Le troifieme mulcle eft percé à fon extrémité fupérieure par la pou- lie que nous avons décrite plus haut ; l'extrémité inférieure groftit auprès de l'articulation du petit doigt , & s'attache au-delà du milieu de la pre- mière phalange & un peu fur le commencement de la féconde ; ce mufcle troué fe dilate fi fort fous les mufcles perforateurs qu'il occupe tout l'ef- pace de l'articulation. 4- H y a deux mufcles qui s'attachent fupérieurement au mufcle précé- dent ; le premier de ces mufcles qui eft ici le quatrième , reçoit un tendon fous le tarfe , lequel traverfe obliquement la région de la malléole ex- terne ; les tendons de ces deux mufcles 'fe réunifient dans leur rencontre, & ne forment plus qu'une feule extrémité inférieure commune, qui va fe rendre dans le doigt le plus proche du petit doigt où elle commence à fe dilater fous la plus petite articulation , & elle forme le premier mulcle troué. 5. Le fécond de ces deux mufcles, qui eft ici le cinquième, fe termine par fon extrémité inférieure au côté extérieur dtr doigt , qui eft le plus près «vi pouce . PENHAGUE. Année 1673. Obferv. 117 2g0 COLLECTION 6. Le fixieme mufcle s'attache par fon extrémité fupérieure an côté ex- ^o. teneur du tibia , entre les mufcles précédents & le tubercule antérieur de: " cet os ; l'extrémité inférieure fe termine à la féconde phalange du doigt qui eft le plus voifin du petit doigt : ce mufcle commence par être le premier perforateur , & devient aufîî-tôt après le fécond mufcle troué ; mais avant qu'il pafie à travers le premier mufcle troué , il fe prolonge fur fon côté extérieur : tous ces mufcles, excepté le premier, font renfermés dans une même gaîne , formée en partie par le premier de ces mufcles ^ de façon cependant que cette gaîne commune eft divifée en plufieurs gaines parti- culières. 7. La plus grande partie des tendons perforateurs partent près de cette grande gaîne commune , & ils s'épanouiflent en cet endroit en un corps large & dur ; l'extrémité fupérieure de ces tendons eft fourchue , l'une des branches fe continue au côté extérieur du fémur jufques fous l'extré- mité fupérieure de la poulie ; l'autre branche fe prolonge jufqu'à la ca- vité du fémur fous le genou & de dehors en dedans , de façon que ce mufcle femble occuper la place que remplit ordinairement le mufcle gaf- trochnemien, & l'arrangement de ces fibres eft prd'que le*même que ce- lui des fibres du mufcle droit du fémur de l'homme. 8. Il y a une troifieme gaîne , à travers laquelle parte l'autre partie des tendons perforateurs ; fon extrémité fupérieure eft entièrement char- nue & s'attache au péroné & au tibia, & les recouvre prefque en entier; les extrémités inférieures du feptieme & du huitième mufcle fe prolon- gent fous le tarfe , & quand elles font parvenues au-delà de la moitié de fa longueur de cet os, elles femblent fe réunir en un feul tendon , par le moyen de fibres tranverfales : elles fe divifent enfuite & fe réunifient une féconde fois ; & enfin, après s'être féparées encore une fois , elles fe ter- minent par quatre tendons perforateurs, qui vont fe rendre à chaque doigt; celui du doigt qui eft le plus près du pouce, fe trouve plus épais & plus fort que les autres. 9. L'extrémité fupérieure du neuvième mufcle eft divifée en deux par- ties , dont l'une fe termine au côté intérieur du fémur , auprès de l'articulation , & l'autre au côté intérieur du tibia ; l'extrémité inférieure forme en partie la gaîne dont nous venons de parler à l'article précédent, & paffe en partie à travers cette gaîne au côté intérieur, & vient fe ren- dre fur l'éminence du tarfe , de façon qu'elle fe prolonge pour concourir à la formation de la membrane où font renfermés les tendons qui remplit- fent le canal du tarfe. I I I. Des mufcles qiu fe trouvent au côté antérieur du tibia & du péroné. 10. L'extrémité fupérieure du dixième mufcle eft divifée en deux par- ties, dont l'une qui eft tendineufe s'attache au fommet externe du tibia ,, l'autre partie eft charnue & s'attache à l'arête du péroné ; l'extrémité in- férieure eft auffi double; L'une des parties va fe rendre dans la gaîne qui eft ACADÊM1QU E. i8r eft fous le tarfe , & l'autre fe réunit au premier perforateur du doi^t le ■■■ J "■» plus proche du petit doigt. Actes de Co- ll. Le o îzieme muicle eft le plus grand de tous ceux qne l'on trouve penhague. au côté antérieur du tibia ik. du pcror.e : l'on extrémité rupéricure s'atta- » , r che en partie au bord antérieur & fupérieur du tibia, cV: en partie à la e ' 73* erête de cet os, depuis la tétc fimérieure ji;:c.jii*an-iicîà du milieu de fa Ion- Obfcrv. iîji gueur ; l'extrémité intérieure paffe par la gaîne qui lui fert de poulie, ôc forme aufli-tôt après un noeud qu'on p l regarder comme le principe d'un os fefamoïde ; enfuite elle va s'inférer en grande partie dans le mi- lieu de la cavité fupérieure de l'os du tarfe ; lé relie de cette extrémité s'attache fur le bord extérieur de cette cavité. ii. Le mufcle extenfeur des doigts elî caché fous le mufcle précédent; fon extrémité fupérieure recouvre antérieurement la plus grande partie du tibia ; l'extrémité inférieure paffe à travers la gaîne fituee intérii ment, & va fe terminer au côté externe dit petit d ligl . !.s i voihns de celui-là; le tendon de l'extrémité inférieure de ce muicle re- monte entre les chairs , fous la forme d'une plume d'oie ; il a auffi un nœud lous la gaîne. 13. L'extrémité fupérieure du treizième mufcle fe termine inférieure- ment en partie au tibia & en partie au péroné ; l'extrémité inférieure paffe par un anneau, fe porte obliquement en dehors, &c va lé terminera l'émi- nence externe du tarie. Des mufeks de fos qui tient lieu des os du tarfe & du metatarfe des qundru- • pedes , en commençant par Us mufçles fupîneurs. 1. Le premier de ces mufcles a fon extrémité fupérieure divifée en trois1 parties, dont l'une s'attache au côté interne du tarfe, la lècor.) découler de quelques arbres , Si qu'étant encore fluide en fortant, il tombe par terre , au lieu de refter attaché aux branches des arbres. j. La plupart des gommes ou lues végétaux entraînent rarement avec eux quelques vertiges des arbres dontils découlent. 6. Les infectes qu'on trouve renfermés dans le fuccin , tels que les mou- ches , les confins , &c. voltigent fur les arbres & s'y repoiènt ; comme cette matière eft liquide dans le temps de fa diftillation , elles les enveloppe auffi ailément que les petits infectes qui fe retirent fous terre pour v ref- ter l'hiver , & qu'elle rencontre dans fon paffage engourdis Se à demi morts , en fuppofant que le fuccin fe forme fous terre. 7. Tacite dit dans fon Livre des mœurs des Germains « que lé fuccin » eft un fuc qui fort des arbres , puifqu'on voit fouvent dans cette ma- » tiere différents corps qu'on ne trouve qu'à la funerricie de la terre, & » même des infedtes volants qui s'y font embarrafles quand elle étoit li- » quide ; & il croyoit que puifqu'on trouvoit en Orient des forêts en- » tieres qui produifent l'encens & les baumes , il devoit y avoir en Oc- » cident des ifles & des continents près de la mer remplis d'arbres qui » donnent le fuccin ; les rayons du foleilTexprimcnt , dit-il, des arbres; » il coule enfuite pendant qu'il eft encore liquide dans la mer, qui eft près » de ces arbres , & les grandes tempêtes le jetent fur le rivage oppofé : » le fuccin mis au feu brûle aifément , & donne une flamme épaiffe &C » odoriférante , & la chaleur ramolit en peu de temps cette matière com- » me de la poix ou de la réfine. » Ce que dit ici Tacite de la nature du fuccin eft indubitable, & doit nous faire ajouter foi à ce qu'il nous dit da fon hiftoire. 8. On trouve prefque toujours de l'écorce d'arbre dans les mines de fuccin qui font dans le Danncmarc. (j) Sur U formation de. la Uque , qui riefl autre chofc qu'un ouvras des infcRcs . voy» U Juin Je U ColUdion. * ' Jn T.om. IV. des Acad. Etrang, . '0 9 COLLECTION On ne voit point de plumes d'oifeaux renfermées dans le fuecin,' Actes de penhague. Année 1673. Obferv. 112, Ca parce que ces animaux ne fe perchent que fur les petites branches des ar- bres , & jamais fur le tronc , qui eft l'endroit où les mouches & d'autre pe- tits infectes volants , tels que les confins &C les fourmis ont coutume de ramper. 10. H nous vient de la Norvège, qui eft fort abondante en pins & en d'autres arbres réfineux, des morceaux de réfine fort reffemblants à du fuecin. Jean Frinchius a rapporté de ce pays une forte de pierre , qui participe beaucoup à la nature du fuecin; elle eft fort légère & reficm- ble à de la corne noire , elle s'enflamme & rend en brûlant une odeur défagréable ; au refte elle reflemble affez à du bois foffile, qui cependant ne s'enflamme pas fi facilement & qui exhale en brûlant une odeur moins défagréable : ce bois foffile eft ce que quelques-uns appellent de l'ambre noir. 1 1 . Les fentiments des Auteurs font fort partagés fur la formation de l'ambre gris qu'on nous apporte de la Floride ; les uns préfument que ce peut être le fperme d> la baleine ou la femence de l'éléphant ; Arif- tote rapporte lib. 2. de gen. Anim. c. 2. 22. & lib. 3. de hift. que Ctefias étoit de cet avis : d'autres penfent que l'ambre gris n'eft autre chofe que l'excrément de certains oifeaux des ifles Maldives qui lé nourrifient de plantes chaudes & odoriférantes. Ferdinand Lopez eft de ce fentiment : il y en a d'autres , tels que Fufchius , qui croient que c'eft une com- pofition de bois d'aloës, de civette , de ftyrax & de ladamim ; enfin Guil. Duvai , in Phytolog. pag. 139. & bien d'autres foutiennent que l'ambre gris eft une forte de bitume dont la fource eft dans la haute mer. Malgré tous ces différents fentiments, j'affurerai fans héfiter que la for- mation eft la même que celle de l'ambre jaune ou fuecin , parce que je fais qu'il n'y a pas long-temps qu'on a trouvé en Ruffie de l'ambre gris , en fouillant fous terre , & je ne .doute pas qu'il n'y ait dans les terres nouvellement découvertes , des arbres odoriférants qui diftillent de pa- reils fucs. OBSERVATION CXXIV. Sur la dijfcclion d'un Perroquet , par Ol. JaCOB^EUS. (F) [ Obferv. 1 24. ^ Et Auteur s'eft attaché particulièrement à obferver la ftructure fingu- V> liere des organes , par lefquels le perroquet imite la voix de l'hom- me mieux que tous les autres oifeaux. 1 . Il y a dans l'abdomen une cavité qui commence auprès de l'extré- mité des poumons , & qui eft formée par une membrane qui s'étend pref- que jufqu'à la crête de l'os des iles ; on voit près du milieu de l'articu- lation des côtes , des ouvertures par lefquelles les poumons communi- quent avec cette cavité. z. L'cftomac étoit petit, fa furface intérieure étoit d'un jaune verdatre, ACADÉMIQUE. 199 ïï conteftoit de petites pierres pareilles à celles qu'on trouve quelquefois — — — dans l'eftomac des poules ; ces pierres fervent peut-être à broyer par leur Actes de Co- frottement les femences dures qui réfifteroient à l'effort de l'eftomac. penhague. 3. Le jabot' eft fitué au de (lus de l'eftomac , il renferme une membrane , fort épaifle-, qui s'élève de plus d'un demi pouce, & qui rcflemble affez au •Annce l673" corps tubulé qu'on trouve dans le jabot de l'aigle.. Oblerv. 114. 4. Il n'y avoit aucune apparence de ccecum. 5. La tête de la trachée artère eft groft'e &C de figure ovoïde ; Pouverture qui fert de paffage à l'air , eft la même que dans les autres oiieaux : on trouve en cet endroit une paire de mufcles , dont l'extrémité antérieure s'attache au côté extérieur du premier cartilage de la trachée artère , &C l'extrémité poftérieure au côté extérieur &c poftérieur du fécond ; ces deux mufcles fervent à éloigner l'une de l'autre les cornes du premier car- tilage : s'il arrive que le larynx foit tiré en avant dans le même temps , il fe fait alors une très-grande dilatation ; on découvre aufti fur ces parties de petites glandes* 6. On trouve plulleurs mufcles à l'endroit de la bifurcation de la tra- chée artère. Les mufcles de la première paire font allongés & minces comme un fil , ils ont leurs extrémités inférieures au défions de la poitrine ; leurs extrémités fupérieurcs fe terminent fur les côtés de la trachée artère près du dernier anneau. Les mufcles de la féconde paire s'attachent par leurs extrémités infé- rieures à la pointe antérieure du troifieme anneau cartilagineux au deflbus de la divifion , ôc ils ont leurs extrémités fupérieures près des mêmes ex- trémités des mufcles précédents. Les extrémités inférieures des mufcles de la troifieme paire font à uit pouce au defTus de l'endroit de la divifion de la trachée artère , les extré- mités inférieures defeendent & viennent fe terminer au bas de la trachée artère , un peu au defTiis de l'endroit où elle fe divife. On trouve les extrémités fupérieures des mufcles de la quatrième paire fituées poftérieurement près des mêmes extrémités des mufcles de la pre- mière paire ; leurs extrémités inférieures fe terminent à la pointe pofté- rieurc des deux premiers cartilages au deflbus de la divifion de la tra- chée artère. Les mufcles de la cinquième paire ont leurs extrémités fupérieures fi- tuées poftérieurement près des mêmes extrémités des mufcles de la troi- fieme paire ; leurs extrémités inférieures s'attachent à la partie poftérieure des premiers anneaux cartilagineux au deflbus de la divifion. Les anneaux da la trachée artère n'ont pas exactement la forme d'un cy» lindre arrondi ; la partie antérieure eftplus large ou plus étroite alternative- ment^ de même la partie poftérieure devient aufli alternativement plus étroi- te ou plus large , & la trachée artère a une figure ovale & non pas circu- laire : on voit à fon extrémité inférieure , à l'endroit où elle fe divife , un cartilage d'une ftructurc finguliere , qui eft compofé de trois autres carti- lages, dont le fupérieur forme une portion de cône tronqué & creux» de îa bafe duquel fortent de chaque côté fur les faces latérales des prolon- Ppi PENHAGUE. Année 1673. Obferv. 114 30a COLLECTION. gggggggggm gements qui fe terminent en pointe , & qui reffemblent aflei à une plume A t s de Co a écrire ; l'efpace qui fe trouve entre les pointes des prolongements efl ' demi circulaire & terminé de chaque côté par un cartilage qui a une fi- gure, pour ainfi dire, parabolique à l'endroit fupérieur de la réunion ; il forme au côté oppolé deux fortes de cornes , entre lefquelles on apper- çoit une ligne prefque droite. 8. Chaque mâchoire eft compofée de deux os mobiles , & on apper- çoit entre elles deux efpeces de ftylets oblongs : la partie extérieure de la mâchoire du deffus forme la pièce fupérieure du bec , & la partie inté- rieure n'eft autre chofe que le tendon d'un mufcle qui s'épanouit dans la jjouche : c'eft peut-être ainfi qu'eft compofé l'os auquel font attachés les jnufcles pterigoïdes. La partie intérieure de la mâchoire de deffous compofela pièce inférieure du bec , & la partie fupérieure répond à la partie pofté- iieure de la mâchoire inférieure des autres animaux : les deux ltylets dont nous venons de parler font attachés par l'une de leurs extrémités à la partie poftérieure de la mâchoire inférieure, le moins long fe prolonge fur la partie intérieure de la mâchoire fupérieure , & l'autre fur la partie extérieure. 9. La langue eft large , épaiffe & femblable à celle de l'homme. 10. On trouve fur chacun des côtés de la langue un corps glandu- leux & applati , d'où fortent plufieurs petits vaiffeaux qui s'étendent ea ligne droite fur les côtés de la langue. 1 1 . On apperçoit fous la langue un cartilage noirâtre qui fe porte tranfverfalement vers fon extrémité antérieure, & qui a la figure d'un ongle. 1 1. Il y a dans le canal auditif externe une forte de ftylet très-mince, qui fe prolonge depuis la membrane qui repréfente celle du timpan de l'homme ; ce ftylet eft prefque perpendiculaire à la face intérieure de cette membrane ; l'extrémité intérieure de ce ftilet eft attachée à un os concave à l'extérieur convexe à l'intérieur Se dont la circonférence eft ovale ; l'en- droit de cet os où s'attache le ftylet a la figure d'un étrier, dont les bran- ches fe trouvent dans le plus grand diamètre de la figure ovale de cet os qui fert de bafe à l'étrier ; je ne fais pas fi celui-ci n'eft pas une conti- nuation du ftylet , ou s'ils font articulés enfemble ; il paroît qu'il y a des ligaments ou des mufcles attachés à leur bafe : celle de l'étrier a une ou- verture particulière dans laquelle il defeend jufqu'à un certain endroit ; cette ouverture eft recouverte par une membrane très-mince , au deffous de laquelle on trouve une cavité peu profonde plus bas que l'ouverture dont nous venons de parler ; cette cavité n'a point d'iffue en deffous , &C forme , pour ainfi dire , un cul-de-fac qui communique par deffus avec l'eipace qui eft fous le labyrinthe : l'étrier ne fe meut que par l'affaiffe- ment de la membrane. %, ACADÉMIQUE, pi «■■■■MM Actes de Co- penhague. OBSERVATION UNIQUE TIRÉE DE LA SECONDE PARTIE de ce fécond volume des Actes de Copenhague , fur les gouffres ou tournants Armées l»7J d'eau des ifles Ferroc , par LUCAS DEBES. IL y a près des ifles de Feroé trois gouffres de la nature de ceux que nous nommons mala flromme ; le premier eft entre Videroé , Suinoé , & Bordoé , il eft le moins à craindre ; qn a donné au fécond ie nom de Quernen, il fe trouve près de Dalsflaes , I'impétuofité des vents &c des flots le rendent dangereux ; enfin on trouve le troifieme au Midi de Su- deroé , il entoure un rocher qu'on nomme Sumboé & il eft très - dan- gereux. Ces gouffres ne font point occafionnés par de profondes ouvertures, que quelques-uns fuppofent au fond de la mer , & dans lefquellcs , félon eux , ie jetent les eaux au temps du reflux , & d'où elles fortent dans le temps du flux ; il y a même des perfonnes qui attribuent à ces fortes d'abymes cachés , la caufe du flux & du reflux de la mer ; mais cette explication pèche; car fi ces tournants d'eau provenoient de pareilles ouvertures , au lieu du bruit affreux que font ces eaux , on ne devroit prefque pas les entendre : on fait d'ailleurs que les eaux les plus profondes font les plus tranquilles & font le moins de bruit : je crois au contraire que ces tour- nants d'eau font occafionnés par des courants oppofés qui paffent entre des rochers difpofés en rond au fond de la mer. Lucas Debes eft le premier qui ait ofé approcher dans une barque du gouffre fitué près de Suderoé , & qui tourne autour du rocher appelle Sumboé Munck ; voici ce qu'il en dit. 1 . La violence d'une tempête jointe à celle des marées , rend ce gouf- fre très-dangereux ; il attire & abforbe , pour ainfi dire , tout ce qui en approche de trop près , de façon qu'un vaifleau périt immanquablement s'il avance trop avant. 2. La mer a quatre-vingt ou quatrevingt-dix braffes de profondeur fur toute la circonférence extérieure de ce gouffre ; la fuperfîcie des eaux n'eft point agitée en cet endroit , & les flots ne font aucun bruit ; plus loin on ne trouve plus que vingt-cinq , trente ou trente-cinq braffes de profondeur fur toute la circonférence ; c'eft-là que les flots commencent à s'enfler , à être fortement agités Se à tournoyer ; plus loin le fond de la mer eft rempli de rochers qui ont huit, dix ou douze braffes de hauteur, & qui forment quatre tours de fpirale ; l'eau qui les recouvre à dix ou douze braffes de profondeur jufqu'à leur bafe , & feulement huit jufqu'à leurs pointes , & il y a vingt- cinq , trente ou trente-cinq braffes de profondeur d'eau entre chaque tour de fpirale ; les vaiffeaux qui approchent de cet endroit , dont le fond eft garni de rochers difpofés ea rond, font entraînés en tournant horizon- talement par les flots*trui coulent autour de ces rochers : ce mouvement eft fi rapide qu'il fait tourner la tête aux jeunes gens & à ceux qui n'y font pas accoutumés : outre ce mouvement de rotation du navire, il y joi COLLECTION ■——■S en a «n autre qui l'emporte dans une efpece d'orbite fpirale ; telle qu'elfe: Actes beCo- e& déterminée par la difpofition des rochers qui font cachés fous l'eau. penhague. 3. Il y a entre les quatre tours de fpirale de rochers trois canaux dans> Année 167^ lefcluels l'?*a col,le àr"Jairement : on voit du côté de l'Orient, à la. 73 ■ partie antérieure de l'endroit où commencent les tours de fpirale , une large- ouverture ou une efpece d'abyme , dans lequel tombe l'eau comme dans, une forte, de réfervoir , elle y refte prefqu'entiérement en repos ; les ca- naux dont nous venons de parler ont vingt-cinq , trente ou trente-cinq braffes de profondeur ; & comme leur fond elt inégal , on voit à la fu- perfide de l'eau de petites inégalités correfpondantes à celles du fond. 4. Il y a au milieu de cette abyme une forte de précipice de cinquante ou cinquante braffes de profondeur à quelque diftance de fon centre : le mi- lieu de cette abyme a au moins foixante-une braffes , la fuperficie de l'eau eft unie & tranquille dans cet endroit , elle tourne feulement en rond & très-lentement ; cela fe diftingue avec facilité par le moyen de l'écume qu'elle entraîne avec elle ; il s'élève à la partie méridionale de cet abyme un rocher qui a dix braffes de hauteur hors de l'eau , & qu'on nomme Sumboé Munck ; la mer n'a quequinze braffes de profondeur tout autour : au Nord de ces rochers on en trouve fix autres, qui ne font éloignés de celui-ci, que de trois ou quatre braffes : lorfqu'une bouffole fe trouve entre ces rochers , l'aiguille tourne avec une très-grande rapidité & fe dérange ; le froid eft û vif à l'extrémité du rocher Sumboé Munck, que les chaffeurs qui y montent pour prendre des oifeaux , ont peine à s'en défendre , même dans la faifon des plus grandes chaleurs : les oifeaux qui habitent ce ro- cher font très - maigres : cependant la température des ifles Feroé eft fupportable ; eft - ce le mouvement circulaire des eaux ? eft - ce la vertu magnétique qui réfule dans ces rochers ? eft-ce une autre caufe qui produit ce froid local ? c'eft ce que l'Auteur ne décide point. 5. Il y a du côté du Nord près de Suderoé d'autres bancs de rochers au fond de la mer, qui s'étendent en ligne droite , &t qui font battus per- pendiculairement par les vagues avec un bruit effroyable. L'eau du gouffre qui eft près de Sandoé tourne en rond , jufques même, dans le centre de ce gouffre , mais il. n'y a point d'abyme comme dans le précédent. Le troilîeme gouffre fe trouve entre les ifles Boréales , Lucas Debes l'a obfervé avec beaucoup d'attention : quand une barque approche de ce gouffre , l'eau l'entraîne & femble vouloir l'engloutir, de façon que les Matelots ont fort à faire pour furmonter l'effort" des flots; car il faut^ue d'un côté de la barque ils oppofent leurs rames à la rapidité des eaux , & qu'avec les rames qui font de l'autre côté de la barque ils tâchent de mi imprimer un mouvement oppofé à celui du gouffre ; quand il arrive que la barque eff emportée par la violence des flots , on la voit faire deux tours dans un iens, puis deux tours en fens contraire, & cela fe ré- pète quatre ou cinq fois : il eft aifé de s'imaginer d'agrès ces obfervations. comment elt tait le fond du gouffre. ACADÉMIQUE, 303 Actes de 'Co- penhague. penhague. ACTES DE COPENHAGUE Année* r^ ANNÉES M. DC LXXIF. LXXV. LXXVL _, . Obferv. ii. OBSERVATION XXL Sur l'odeur de la queue des Renards & fur l'habitude qu'ont les Ours de fe lécher la plante des pieds , par GASPARD BARTHOLIN. (G) " TVT^US avons déjà dit dans le premier volume des aftes de Copenha- » 1A| gue , (a) d'après les obfervations de Mr. Hahnius , que la queue *> du renard avoit une odeur de violette & tirant un peu fur le mufe ; »> mais nous avons promis en même temps un plus grand nombre d'ex- » périences : voici celles qu'a faites fur ce fujet Gafpard Bartholin mon » fils , ayant eu occafion de difféquer un renard fous les yeux de Mr. » Stenon. » Nous obfervâmes à quatre travers de doigt du coccyx des poils qui rendoient une odeur aflez femblable à celle de Ja violette au commence- ment du printemps : ayant enlevé la peau , nous vîmes que ces poils avoient leur racine dans de petites glandes conglomérées ; & ce qu'il y avoit de fingulier , ces poils étoient rudes comme des foies de porc , & d'une autre couleur que les autres poils de l'animal. Quoique j'aie vu ces poils , obfervé ces glandes & fenti cette odeur finguliere, je n'en fuis pas moins embarraffé depuis ce temps à trouver la caufe de ce phénomène : pour ce qui eft des glandes , je fais bien qu'on en obferve de particulières dans certaines efpeces d'animaux : tous les oi- feaux ont dans l'œfophage au défais du gêner un amas de petites glandes dont les conduits fecrétoires verfent dans le ventricule une liqueur qui fait l'office de diffolvant : le corps tubulé qu'Olaus Borrichius a décrit dans Panatomie de l'aigle, publiée dans les aftes de Copenhague, (£) fait la même fonction, & je me fouviens d'avoir obfervé dans un cygne que j'eus occafion de difféquer à Copenhague en ^67 3. outre des pelotons de tuvaux glanduleux, quantité de petits orifices tout le long du canal de l'cefophage , d'oii il fortoit une liqueur très-feniîble ; j'en vis pluficurs en- core plus confidérables dans le jabot & quelques autres aux côtés de la langue, lefquels étoient fitués dans le fens de fa longueur, & dans lef quels une foie de porc pénétroit affez avant : les fucs filtrés par toutes ces glandes peuvent fervir à diffoudre plus promptement & plus facilement (S) V. an. 1671. ohf. 58. (J>) V. l'année 1672. *0 COLLECTION wm les aliments dont ces animaux fe rempliffent avec avidité. A l'égard des. Actes de fenhague r quadrupèdes , outre ces glandes particulières obfervees a la queue des re- E nards dont il eft ici qucftion, M'. Stenon a découvert en difféquant une femelle de loir, deux glandes fituées dans la région des aines, dont les Années i<574-tuyaux excrétoires qui alloient aboutir aux parois de la vulve, étoient 1675.1676. rempi;s d'une humeur laiteufe. Mais ce n'eftpas feulement cet amas de glandes que je trouve de plus Obferv. il. fingulier dans la queue du renard, quoique je ne fâche pas qu'on en ait encore obiérvé de pareilles dans la queue d'aucune autre eipece d'animaux: je fuis plus étonné de l'odeur de violette que rendent les poils en cet endroit de la queue dans les premiers jours du printemps. On fait qu'il v a des animaux , dont certaines parties font odorantes , par exemple, l'animal qui donne le mufc, la panthère, &c. mais on pourrait attribuer l'odeur de la queue du renard au fang qui fe porte aux glandes dont j'ai parlé par un nombre infini de petits vaiffeaux que j'y ai apperçus , ou aux glandes elles-mêmes qui féparent une humeur particulière , laquelle fert peut-être à nourrir le poil : on pourrait même foupçonner que cette odeur vient de la falive de cet animal, s'il eft vrai qu'il lèche fouvent fa queue, comme nous le difent les chaffeurs : en ce cas , le renard aurait cela de commun avec l'ours : je crois qu'il ne fera pas inutile à cette occafion de dire ici quelque chofe de ce que j'ai remarqué dans la diffeaion de 1 ours par Mr. Stenon, au fujet de la plante des pieds de devant, laquelle eft fans poil , & que cet animal lèche à chaque inftant , lur-tout pendant I On y remarque une fubftance foîide & formée d'une infinité de pe- tits canaux perpendiculaires : peut-être cette fubftance n'eft-elle autre chofe qu'un épaifuTement de l'épiderme. ( IL On voit enfirite la peau elle-même qui eft molle & epaifle , 6C dont la furface extérieure eft hériffée d'une infinité de fibrilles ou de petits vaiffeaux qui vont s'inférer chacun dans les petits canaux de la fubftance de l'article précédent. Pour voir bien diftinaement ces deux parties , il n'y a qu'à les laiffer macérer pendant quelque temps dans de l'eau de chaux vive , alors elles fe fépareront d'elles-mêmes , & on diftinguera fort aifément les fibrilles ou vaiffeaux , & les petits canaux qui les re- ' III Enfin on obferve à la racine de chaque doigt une fubftance blan- che molle ,'affez femblable à de la graiffe : on apperçoit auffi diftinae- ment quantité de vaiffeaux fcnguins qui fe diftnbuent à cette partie ; ce qui a fait foupçonner à Mr- Stenon , que comme il fe fepare naturelle- ment quelque chofe de la maffe du fang par les pores de la peau , tan- tôt fous la forme de vapeur, tantôt fous la forme de fueur, il pourrait bien aufli le faire dans cette partie de l'ours une fecrétion des parties le- reufes du fang ; fecrétion d'autant plus abondante que la fréquente fac- tion de l'animal y détermine une plus grande quantité de matière , & en. rend les pores plus ouverts. Ne pourroit-on pas dire que la même chofe fe paffe dans les glandes que j'ai oblérvées fous la queue du renard, & qu'au lieu d'un foc nour- ACADÉMIQUE. 305 ricier que l'ours attire à la partie qu'il fuce , c'eft une vapeur aromati- i^—^— ■■ que qui s'exhale de la queue du renard ? c'eft ce que je n'oicrois décider : Acrrs de Go- jc vois cependant que quelques Naturalises ont attribué l'odeur de la ci- pimiague. vette à une caufe femblable ; je veux dire à la fueur de l'animal. Années 1674S _ 1675. l(>76. OBSERVATION XXVIL Sur un agneau monfirueux , par THOMAS BarTHOLIN. (G) AU mois de janvier 1675. nous avons vu à Copenhague un agneau monftrueux qui avoit deux corps avec une feule tête : j'ai ouvert ce monftre ; il n'avoit qu'un cœur fitué au milieu d'une poitrine très- ample , parce qu'elle étoit formée des deux poitrines réunies, mais qui ne faifbient qu'une feule cavité : il avoit deux poumons blanchâtres. Il n'a- voit non plus qu'un foie , mais le volume de ce vifeere étoit très - grand & rempliffoit toute la capacité du bas-ventre ; fon bord inférieur s'éten» doit julqu'à une efpece de bourle , d'où l'on voyoit fortir les vaiffeaux umbilicaux qui alloient s'inférer dans le foie : il avoit deux ventricules, un de chaque côté du foie. Obier v. 17.- OBSERVATION XXXI. Sur la véficule du fiel dans le Cheval. Extrait d'une Lettre de GASPARD BARTHOLIN fils de THOMA5 , écrite de Leyde le 26. janvier 16 y 3. (G) BLafius dans l'anatomie du cheval obferve qu'il n'y a rien déplus faux ^b'01"^ J1' que ce qu'on dit ordinairement que le cheval n'a point de véficule du fiel : il affure en avoir trouvé une de la grofîêur du poing , mais en- foncée dans la fubftance même du foie, & il ajoute que c'erf peut-être- cette lituation qui a trompé les anatomiftes. Cependant Simon Pauli n'a pas trouvé la moindre apparence de véficule du fiel dans un cheval du Roi de Dannemarck qu'il diflequa le 11. décem- bre 1671. Voici ce qu'il dit du foie dans fa difïertation fur la maladie de ce cheval. « Le volume du foie étoit confidérable & de couleur plombée » tirant fur le gris dans fa partie concave qui recouvrait le ventricule ; la » partie convexe étoit moitié faine , moitié gâtée : au refte , je ne puis- » décider fi tpus les chevaux n'ont point de véficule du fiel : ce que je » puis aflurer , c'eft que dans celui dont il cft ici quefiion & que j'ai dif- wféquéavec beaucoup de foin, il m'a été impoflîble de trouver cette vé- »Ticule, quoique j'y aie apporté toute l'attention dont je fuis capable &: Tarn, IF. des Acai, Etrange Q q 3o(5 COLLECTION » que j'aie même fait couper tout le foie en petits morceaux dans l'intea- -0. » tion de la découvrir. » Penhague. Il faut donc qu'il y ait des variétés , puifqu'il y a des individus où on îa trouve , &C d'autres où on ne la trouve pas : au refte , il eft à préfu- Annees 1 674. mer „ue lorfqu'clle manque il y a quelque chofe d'analogue qui y fupplée. 1675. 1676. PWerv. 31. _______________________________________ OBSERVATION LXI. Obferv. 61. Sur un agneau monftrueux trouvé dans la Norvège. Extraie d'une Lettre de Mr. Rentzius Pajleur de Lujl dHehna en Norwege , le 27. mai 16 jS. (G) ON a trouvé à Offre-Skaar , petite ville du diocefe de Berghen en Norwege , un agneau monftrueux qui avoit une tête ronde & d'une figure approchant de celle d'un enfant : quoiqu'il n'eut qu'une tête , il avoit quatre oreilles & deux faces , dont l'antérieure n'avoit pas la moin- dre apparence d'yeux ; les mâchoires fe croifoient en fautoir : dans la bouche on voyoit deux langues , dont la droite plus petite que la gauche étoit couchée fur la gauche auffi bien que la mâchoire : la face pofté- rieure n'avoit qu'un œil , rouge & fans prunelle ; les mâchoires fe croi- foient auffi , & la bouche avoit pareillement deux langues , dont la droite plus grande que la gauche avoit la même fituation que dans la bouche antérieure : du refte ce monftre avoit huit pattes , avec une feule poitri- ne, & fe partageoit en deux depuis le nombril : fes membres étoient couverts d'une laine noire , ils étoient affez bien conformés , fi ce n'eft que leur groffeur étoit moindre qu'à l'ordinaire ; tout le corps mefuré depuis le fommet de la tête jufqu'au bout du pied , n'avoit pas plus d'une demie aune de Zélande : je l'ai fait ouvrir & j'ai trouvé toutes les par- ties intérieures doubles &: renfermées chacune dans leur région propre , foit épigaltrique , foit hypogaftrique : les parties de la génération étoient auffi doubles , & on difeernoit aifément deux femelles : ce que je trouve de plus extraordinaire dans ce monftre, c'eft en premier lieu deux langues en chaque bouche ; en fécond lieu , un œil feulement pour deux faces : je crois devoir ajouter que ce monftre fut expose fur un fumier pendant onze jours , fans qu'aucun animal y touchât. ACADÉMIQUE. 307 OBSERVATION LX VIII. Sur un bout de chandelle trouvé dans un rein de Bœuf. Extrait (Tune Lettre de THOMAS BaRTHOLIN à Mr. DUVERNEY. (G) AU mois d'octobre 1675. un bon bourgeoisde Copenhague ayant fait tuer un bœuf chez lui pour l'ufage de fa rnaifon , on trouva un bout de chandelle avec fon lumignon dans le parenchyme de l'un des reins de cet animal : tous ceux qui étoient préfents furent étonnés de cette fingu- larité : il y avoit entr'autres dans la maifon un Médecin nommé Joachim Feririus , qui , après s'être affuré de la vérité du fait , vint fur le champ m'en faire part, & m'apporta le bout de chandelle niché dans la fubftance du rein. Je l'ai examiné bien attentivement , & il ne m'a pas paru pof- fible de foupçonner le fait d'impofture : car outre qu'il m'étoit attefté par des gens dignes de foi qui avoient été témoins oculaires , la cavité dans laquelle le bout de chandelle étoit enfoncé, paroilïbit fenfiblement l'ou- vrage de la nature & non de l'art ; elle formoit un vrai moule calleux adapté à la figure & à la grandeur de ce corps étranger. J'imagine que quelque garçon d'étable avoit par mégarde laifTé tomber un bout de chandelle dans le foin , & que ce bœuf l'avoit avalé avec le fourage ; que comme le fuif ne le digère pas facilement , il aura pu paf- fer avec la partie (éreufe du fang dans la fubftance du rein fans avoir iubi de changement, & qu'il lé fera arrêté dans le parenchyme de ce vifeere, ne pouvant fans doute pénétrer le canal étroit de l'uretère : au refte, tout ceci n'eft qu'une conjecture ; je laiffe aux plus habiles à deviner mieux , car j'avoue de bonne foi qu'ici tout eft oblcur , la caufe & les moyens ; il ne faut pas douter cependant qu'il n'y ait dans le corps des animaux vi- vants beaucoup de partages connus à la nature , & que nous n'apperce- vons pas dans les cadavres : c'eft pour cela que nous voyons dans les obfervations des Médecins , quantité d'exemples de choies extraordinaires rendues par la voie des reins &c de la veflie , fans que nous puiflions comprendre comment cela fe peut faire : tous ces faits dont nous fom- mes témoins furpaffent notre imagination , mais ils ne furpaflent pas le pouvoir de la nature , qui opère au dedans de nous à notre infu & fans notre participation : ainfi nous lifons dans les Tranfadfions Philofophi- ques (<ï) qu'une balle de fufil eft fortie avec les urines, fans qu'on puifle nous amgner les routes par lefquelles elle eft parvenue dans la veftie : de même nous avons rapporté dans nos mémoires (£) qu'une perfonne avoit rendu une pilule purgative par la voie des urines : nous donnons des faits , & nous laiftbns aux génies plus éclairés le foin d'en chercher es caufes. la) Pag. 671. (i) Vol, 1. oblL 12 J, Qq a Acrrs nr Co- penhague. Années 1674. 1675. 1676. Obferv. 68. jo8 COLLECTION Actes de Co- penhague. Années 1674. 1675. 1676. Obferv. 81. OBSERVATION LXXXI. Sur quelques Plantes, par Jean VALENTIN WlLLIUS. (G) OUtre le plantes ordinaires qui fe trouvent dans la terre d'Abraham- ftrup où j'ai paffé l'été dernier (1674.) voici ce que j'y ai remarqué ■de Singulier. I. Le petit cochlearia , tant celui qui a fa tige droite , que- celui qui ïampe , y eft beaucoup plus petit que ne le représentent les figures de Si- mon Pauli & de Mollenbroc : les feuilles de ces deux efpeces de coch- learia ne font pas non plus découpées comme celles de Pille d'Amagh que Simon Pauli a décrites , mais elles reffemblent affez pour la forme à celles de l'afarum : cependant celles du haut font un peu pointues : au refte «lies font plus petites que celles des autres efpeces de cochlearia , mais elles ne font pas moins acres : le cochlearia dont je parle fleurit en avril, & dès le mois de juillet on ne trouve plus ni fleur, ni graine, ni même le pied de la plante : je ne l'ai trouvée nulle part que dans Pifle d'Aalholm, qui dépend de la Seigneurie d'Abrahamftrup , où elle vient d'elle-même fur le rivage en affez petite quantité. II. J'ai vu dans le parc d'Abrahamftrup des hêtres fi branchus & fi touffus , que trois de ces arbres qui fc font trouvés par hazard près l'un de l'autre , peuvent donner de l'ombre à mille perfonnes & les mettre à l'abri des pluies & des orages : nos Rois ont fouvent pris plaifir à dîner fous cet agréable couvert , tant il eft vrai que le Nord n'a rien à envier aux autres climats , ni pour le néceffaire , ni même pour les cho- fes de pur agrément. III. J'y ai trouvé une moufle fur uneefpece de fungus, qu'on appelle com- munément vefle-de-loup : elle avoit fa racine dans une petite fente qui fe- de Jonas , n'étoit pas une baleine, mais un chien de mer, de l'eipece du Actes deCo- Lamia , qu'on appelle Canis carcharias, (le requin') à qui on a donné le penhague. nom de chien, a caufe du grand nombre de dents dont cet animal eft A pourvu ; il ne tant pas le confondre avec une autre clpcce de poiffon, nnL'cs I"74» que l'on appelle auffi chien de mer; & qui eft du genre des Phoques. l675- 1676. OBSERVATION L X X X V I I. Mine de Soufre en Mande. Extrait if une Lettre Je ToRKlLLUS Arngrim, écrite d'I/Iande h o. août iCyz. à OLAUS BORRICHIUS Médecin de Copenhague. (G) JE n'ai d'autres obfervations à vous communiquer pour le préfent que Oblerv. 87. ce qui concerne la mine de foufre vif que l'on trouve à Krifcwik , dio- cefe de Skhalolt, affez près de la côte méridionale : on ramaffe fur le côté de la montagne qui regarde le midi , quantité de foufre qui a été pour ainfi dire fublimé par un feu fouterrein , & qui a pris la forme concrète en rencontrant un air froid : en quelqu'endroit qu'on fouille un peu pro- fondément , on y trouve une argile bleue : dans les chaleurs de l'été on tire beaucoup de pierres tendres qui fe trouvent parmi cette argile , & quantité de vitriol mêlé avec l'alun : du côté du Couchant il y a un ruit feau d'eau froide qui roule du foufre , du vitriol , de l'alun & de larajlg bleue : on peut fans aucune dépenfe faire évaporer cet eau par les feux fouterreins voifins , pour en tirer ces minéraux, qui cependant ne fe- roient pas un grand profit :^ du côté du Levant il y a une fource d'eau bouillante remplie des mêmes fubfiances minérales, & qui forme un femblable ruiffeau lequel va fe jeter dans la mer : dans l'endro;t où la mon- tagne fe termine en rochers efearpés , on voit du côté oriental un lac qui a plus de cinq milles pas- de circuit : il baignoit autrefois ces rocs jufqu a la hauteur d'environ trois cents pieds ; mais l'an 1663. par l'effet d'un grand tremblement de terre qui renverfa même plufieurs maifons fort éloignées. ce lac fut englouti vraifemblablement dans des lacunes fouterreine°s , de forte qu'aujourd'hui on peut paffer Librement fous ces rochers & fur le bord du lac. . ♦ *h *fc Tom, IV. des Atad. Eirang. ft y 3i4 COLLECTION Actes de Co penhague. OBSERVATION LXXXVIII. Années 1674. 1675. 1676. Sur une efpece d'algue marine, fur l'ofcabiorn, Ça) fur des pétrifications Obferv 82 ^ autres productions de l'ifle d'Illande. Extrait d'une Lettre de Torkillus Arngrim à Ol. Borrichius. De Garda en IJlande le ty, août 1674. (G) JE vous envoie, Monfieur, quelques pieds d'algue marine de l'efpece qui fe trouve dans cette ifle, & que vous appeliez aigu marina faccha- rifera à caufe du fucre ou de quelque matière approchante du fucre que cette plante contient. Pour en tirer cette matière fucrée, il faut aupa- ravant faire macérer la plante dans de l'eau commune , enfuite la faire fécher à l'air libre dans un lieu bien tec , & la garder ainfi pendant fix mois. Elle mûrit au commencement de juillet , mais je n'y ai jamais pu appercevoir ni fleurs , ni femences : la racine eft ordinairement adhérente à des pierres ; fi l'on arrache les feuilles de cette plante , il en repouffe d'au- tres l'année fuivante de la même racine. Je ne vous envoie qu'un feul ofcabiorn , encore eft-il fort petit , car il ne m'a pas été poffible d'en trouver davantage depuis que j'ai reçu votre lettre. On ne peut prendre ces infectes que fur d'autres poiffons où ils s'at- tachent : c'eft ce qui me fait croire qu'on peut fort bien les ranger parmi les poux de mer. On trouve quelques pétrifications dans la fontaine dont je vous ai parlé dans ma dernière lettre. Je vous envoie des feuilles de bouleau pétrifiées; vous les reconnoîtrez facilement , auffi bien qu'une petite branche de bou- leau avec fon écorce & quelques autres végétaux. Je n'ai pas encore pu m'al- furer s'il s'y trouve des animaux pétrifiés. Je vous envoie auffî par la même occafion un échantillon d'une efpece de terre qui fert dans ce pays-ci à teindre les draps &C autres étoffes de laine en noir, étant mêlée avec une efpece de myrtil qui eft toujours verd,&qui a une vertu diaphorétique. J'y joins un arbriffeau dont on fe fert pour teindre la laine en jaune , & que je ne fâche pas avoir été ■décrit par aucun Botanifte. (a) On trouve dans la mer d'Iflande un certain infecte qu'on nomme Ofcabiorn. Sa figure approche de celles des plus grandes fortes de poux ou de punailes de mer. Cet animal incommode les pohTons comme les poux affligent les autres animaux. ( Lefler Theol. de infeil. p. 229. not. 62.) ACADÉMIQUE. 3M Actes de Co- penhague. OBSERVATION X C. Années 1674 Sur l'arbre de la Canelle. «675. 1676. Extrait de deux Lettres écritesen i6j5. àOLAUS BoRRICHIUS /wHERMAN Nicolas GRIM Médecin à Columbo , dans l'ijle de Ceyian. (G) JE travaille a£h;ellement fur l'arbre de la canelle , qui cft fort commun dans cetifle, & je ne puis me laffer d'admirer combien un feul arbre nous fournit de différents médicaments précieux. Tout le monde connoît fon écorce & l'huile que l'on en tire : les fleurs qui font blanches , nous donnent une véritable cire blanche. On diflille une eau de fcs feuilles qui font lemblables à celles du laurier, & qui fourniffent une huile acre & échauffante , peu différente de celles de girofle. De ces fruits ou baies y qui reffemblent beaucoup aux baies de laurier , on tire par la diftillation ôc par expreffion une huile d'une qualité tempérée, & de plus une belle cire qui donne une odeur fuave en bridant. On trouve auffi dans fa racine une huile précieufe , du camphre admirable très-odoriférant & très-fpiri- tueux que l'on peut fublimer, de la cire & plufieurs autres chofes. OBSERVATION XCIV. De l'algue Saccharifere , de l'Ofcabiorn & d'une Caverne d'Iflande. Extrait d'une Lettre de THORKILLUS ARNGRIiM à OlAUS BORRICHIUS, De Garda en IJlande le 31. juillet iGy5^ ( G ) JE fuis fâché que l'algue marine que je vous envoyois fe foit gâtée dans Obferv 04. le voyage. Il ne faut point attribuer cette putréfaction à la caffette dans laquelle je l'a vois mife, mais plutôt à l'air humide qui a pu s'infinuer par quelques fentes de cette caffette : car on ne peut conferver cette plante fans la garantir avec foin de l'humidité de l'air. Vous avez dû recevoir, non-feulement quelques pieds de cette plante avec leurs racines attachées aux petites pierres , parmi lcfquelles elles s'entrelacent , mais encore un petit tonneau plein de cet algue marine toute chargée de fon fucre déjà depuis long-temps , attendu qu'elle avoit plus d'un an. Je n'ai pas encore éprouvé fi l'on pourroit avoir ce fucre féparément des feuilles. Je vous envoie quelques ofeabiorns , ( a ) nous ne favons rien de l'u- fage qu'on peut faire de cet animal, finon que les pêcheurs en mangent la chair toute crue pour étancher leur foif. Quelques-uns prétendent ( a ) Voyei la remarque fur ce mot dans l'obferv. 88. Rr 2 316 COLLECTION <■■— — ^ aufîi que c'eft un bon remède contre les envies de vomir que caufe la c mer , c'eft ce que je n'ai pas eu occafion de vérifier, PENHAGUE. " ^e vous env°ie aun*î ^es ftalaftites qu'on trouve (iiipendues à la voûte d'une caverne où j'entrai l'année dernière. Il y en a de folides , il y en a Années 1 674. de creufes ou tubulées , elles font toutes plus fmguliérement fcultees les 1675. 1676. unes que les autres. Au refte, la caverne elle-même mérite d'être obfer- Ohfer v^e • e^e a P^us ^e deux cents quarante pas de long fur trente pas de ' large , & la hauteur paroît affez bien proportionnée à la largeur. Le fol qui eft de pierre eft plan & uni , la voûte eft faite avec toutes les pro- portions de l'art. Les murailles font incruftées de pierres, dont les cou- leurs font variées , à-peu-pres comme nous avons coutume de boifer nos chambres. Au milieu de la voûte , à-peu-près à quarante pas de l'entrée de la caverne il y a tin foupirail par où entre le jour. Dans cet en- droit on trouve kir les côtés deux autres retraites affez grandes & de même ftruâure , mais qui n'ont pas plus de fix pieds d'élévation. L'une de ces deux retraites a deux entrées léparées par une grande colonne très- ronde & qui femble faite au tour. Il paroît par l'hiftoire de ce pays que cet antre a été d'abord habité par un géant nommé Surtus , il a fervi en- fuite de retraite à dix-huit brigands , que les habitants de l'ifie ont à la fin attrapé & mis à mort pour des crimes affreux. Vous recevrez auffi par la même occafion quelques pétrifications , dont les unes font parfaites , & dont les autres ne font que commencer à fe former ; vous y trouverez entr'autres un morceau de drap pétrifié & deux petites boules au/quelles plufieurs ont attribué la vertu de produire leurs femblables avec le temps , fe fondant fur ce qu'on en trouve quelquefois deux ou trois attachées enfemble. Mais à vous dire le vrai , cette opi- ne me paroît pas foutenable. Il y a des gens qui leur attribuent la d'arrêter les hémorrhagies , iorfqu'on les tient dans la main jufqu'à cç mon vertu qu'elles (oient échauffées î*7 ^"^rl** ? • • • • ij&î > • <•» ^rE* ? • ^J-j-i > ■" . ( r^ryr^ COLLECTION ACADÉMIQUE. ACTES DE COPENHAGUE, ANNÉE M. DC. LXXVI. TOME IF. ( * ) OBSERVATION I. Extrait d'une Lettre cI'AndrÉ Cleyers premier Médecin de Batavia à penhague* °* Simon Pauli premier Médeciu du Roi de Danemarck, datée de l'ifle de Java le 20. février 1674. Manière dont on ftmt la graine & dont on prépare la feuille du Thé. ?C"*8^"*8^:Jî N feme la «raine du thé au Japon dans les environs du moi* ■J*=«I de février. Pour cela, l'on fait dans une bonne terre une foffe ronde «Ff^**^ de la profondeut de huit pouces ou à-peu-près, dans laquelle »^8ë^Ssî3S on jette pêle-mêle quarante à cinquante graines , après quoi l'on remplit la foffe & on la couvre de paillaffons lorfque le froid fe tait lentir. Ces quarante ou cinquante graines produifent fix, huit, dix & jufqu'à quatorze arbriffeaux que l'on laiffe tous croître enfemble ; les toutes les plus épaiffes , & dont les tiges s'élèvent le plus , font celles dont on fait le plus de cas : ces arbriffeaux excédent rarement la hauteur de quatre à cinq pieds : on ne les tranfplante point, & on les laiffe pendant trois ans avant que d'en cueillir les feuilles , ce qui fe fait communément au mois d'avril ; voici ce qu'on obferve, foit pour les cueillir, (bit pour les préparer. Le thé ne perd point fes feuilles pendant l'hiver , mais il en pouffe au Année 1676. Obferv. 1. 3i8 COLLECTION — — — ^— mois d'avril de nouvelles qui font d'un beau verd , & qu'on diftingue ai» Actes de Co- fément des anciennes , dont la couleur eft jaunâtre ; ce font ces nouvel- penhague. les feuilles qu'on choifit : les gens de la campagne les cueillent dans un' Année 1676 temPs fel"enV> & Par Ie Pms chaud du jour : fur le foir ils les apportent ' à des perfonnes qui fe rendent exprès fur les lieux pour fe fournir du Obferv. 1 . meilleur thé ; auiïi-tôt que ces derniers ont reçu ces feuilles , ils les font deffécher au feu dans un pot de fer de la chine qui n'a point fervi ; ils les remuent fans ceffe avec la main jufqu'à ce qu'elles foient fanées , ayant la précaution de tenir le pot incliné de leur côté pour ne pas fe brûler les mains ; ils les étendent enfuite fur une nate bien propre ou fur du papier , & ils les éventent pour les refroidir : après cela ils les mettent dans un vaiffeau de bambou , dont le fond eft plat , & ils les frottent avec les mains contre le fond de ce vaiffeau , jufqu'à ce qu'elles foient roulées : ils les rejettent tout de fuite dans un autre pot propre & con- venablement chaud , & ils ne ceffent de les tourner avec la main com- me la première fois : ils ne les tirent de ce pot que loifqu'elles font raffermies, & ils les font refroidir de nouveau en les éventant : ils les rejettent encore dans un troifieme & dans un quatrième pot, en dimi- nuant la chaleur fucceffivement & par degré , & lorfqu'elles font affez rif- folées , ils les tranfportent à la ville : on les laiffe pendant fix jours ou environ fans y toucher , alors on les tire du vaiffeau où elles font & on choifit les feuilles les plus déliées & les plus petites qui paffent pour les meilleures ; on les fait deffécher pour la dernière fois dans un cinquième pot , en obfervant toujours le même procédé ; après quoi elles peuvent fe conferver pendant un an entier. Les femences de thé qui m'ont été envoyées par Simon Pauli étoient renfermées dans des coffes rondes , mais la plus grande partie avoient perdu leur forme , fe trouvant prefqu'entiérement defféchées par la lon- gueur du voyage : celles qui s'étoient confervées, reffembloient affez pour la figure à un rein ; elles étoient de la groffeur d'une petite fève & de la couleur d'une châtaigne ; elles renfermoient fous l'écorce une pulpe ou chair délicate du goût de la fève : cetre chair dans celles qui étoient defféchées étoit réduite en farine. Je ne m'étends pas davantage fur cette defeription , parce qu'on ne fait point ufage des femences du thé , mais feulement de fes feuilles. V. le tom. 3. de la Collection p. €49. 0r & ACADÉMIQUE. 319 « Actes de Co- penhague. OBSERVATION II. , , , Année 1676. Defeription anatomique de la Salamandre & du Grillon-taupe , tirée d'une Let- Obferv. 2. tre d'OL. JaCOB.EUS ProfejJ'eur de tUniverfité de Copenhague. A Paris le 21. février 1Ç76. (*) JE vous envoie la defeription anatomique de la falamandre & j'y joins celle du grillon-taupe : j'ai éprouvé beaucoup de difficultés dans ces diflechons par rapport à la ftrucrure de leurs vifeeres , & à la délicatefle ■des tuyaux de leurs poumons & de leurs trachées : encore ne puis-je me flatter d'avoir vu tout ce qu'on peut obiérver dans ces parties , qui par leur trop grande petiteflé échappent aufcalpel,ou le dérobent même à la vue. Defeription de la Salamandre. 1. La furface externe de la peau eft entièrement couverte d'une hu- meur gluante & vifqueufe qui a l'éclat du vernis ; c'eft à caufe de cette humeur femblable à la mucofité qui fort des narines, que Nicandre donne à la falamandre le nom grec de Lipporrinos. Stenon dans la defeription anatomique de la raie , dit avoir oblérvé dans les poiffons la fource d'une humeur onertteufe qui abreuve continuellement la furface de leur corps , eft , félon lui , auffi néceffaire pour faciliter leurs mouvements au miheu de l'eau , qu'un enduit de fuif . de vieux oing ou d'autre matière graf- fe l'eft aux vaiffeaux qu'on veut -expoler à la mer. Quelques-uns croient que cet humeur vifqueufe fermant les pores de la falamandre lui lert de préfervatif contre la violence des flammes ; c'eft ainfi , dit-on , qu'on voit des charlatans manier le feu fans fe brider, après s'être frotté les mains d'une certaine mixtion. Il y avoit , félon Varrcn , dans le territoire des Falifques , une certaine efpece d'hommes qu'il appelle Hirpini ; ces gens , dit-il , avoient coutume de s'oindre les pieds d'une compoiïtion de même nature , à l'aide de laquelle ils marchoient fur des charbons ar- dents fans en être offenfés. On lit dans les relations de l'Orient , qu'avec les peaux de falamandres on fait des ceintures qui ne le comument point au milieu des flammes ; c'eft une propriété qui eft reconnue dans l'a- mianthe, & que quelques-uns attribuent aux œufs de ferpents. Les prê- tres d'Egypte voulant déligner un homme qui s'étoit tiré des flammes fain & fauf , employoient l'hiéroglyphe d'une falamandre pofée fur des charbons bien allumés ; emblème dont nos peintres fe fervent encore au- jourd'hui. Tous ces différents témoignages m'ont infpiré la curiofité d'exa- miner la chofe par moi-même ; j'ai jeté dans le feu plufieurs falaman- dres qui m'avoient été données par Nicolas Marchant botanifte à Paris , & je les y ai vu fe confumer en très-peu de temps ; il eft vrai qu'elles réfifterent pendant quelques inftants à l'action des flammes , foit à caufe de cette humeur vilqueufe de leur peau , foit par rapport au froid & à Actes de Co penhague. Année 1676. Obferv. 2. jio COLLECTION l'humidité quife font remarquer en elles , fur quoi Pline a dit que la falaman» dre femblâble en ce point à la glace , éteignoit le feu par là grande fror- deur. 2. Agicola rapporte que le Tel fait mourir la fàlamandre ; c'eû un fait que j'ai vérifié par ma propre expérience : qu'on en mette une fur un petit monceau de ici ; on la verra tourner, s'agiter & mourir enfin après avoir roulé tout fon corps en fpirale : j'ai éprouvé que la même chofe arrive au lézard commun , au ver de terre , & à d'autres petits animaux. 3. Lorfqu'on ouvre le corps de la fàlamandre, il en (ort avec abon- dance une humeur laiteufe que Nicandre nomme en grec ickor ;_ j'ai ex- périmenté que la même choie arrive en ouvrant un crapaud ; mais je n'ai jamais fentj dans l'humeur laiteufe que rendent & la fàlamandre & le cra- paud , cette odeur infecte , dont les anciens ont parlé. J'ai fouvent tâché d'irriter la fàlamandre , dans cette vue je Pai même bleffée quelquefois , & ;e n'ai cependant jamais pu l'engager à mordre ; ainfi je ne puis rien décider fur fon venin, que l'on aflure être d'une grande activité. Je ne parle point de fa falive à laquelle on attribue la propriété de faire tom- ber les cheveux , & que l'on fait entrer , dit-on , dans la compofition des dépilatoires, 4. Le péritoine eft marqueté de petits points noirâtres, if s'étend* ruP- qu'à la région des pieds de devant, & fert à féparer non-feulement le diaphragme , mais encore le cœur , des poumons & des vifceres de l'ab- domen. • 5. L'cefophage, comme dans les grenouilles, s'avance beaucoup au-delà du gofier , environne le palais & s'étend dans toute la circonférence de la mâchoire inférieure. 6. L'eftomac n'eft point incliné du côté gauche comme dans l'es au- tres animaux , mais il delcend en droite ligne depuis l'cefophage : je l'ai toujours trouvé vuide, ainfi j'ignore ce qui fert de nourriture aux fala- mandres ; tout ce que je puis affurer, c'eft que j'en ai gardé pendant près d'un an dans de l'eau, & qu'elles y ont vécu fans aucun autre aliment : M. Marchant que j'ai déjà cité m'a dit la même chofe des falamandres qu'il conferve. 7. La rate eft oblongue , & d'un rouge noirâtre. 8. Le foie qui eft rouge & d'une groffeur confidérable , eft diyifé en quatre lobes ; il s'étend fur l'eftomac & fur une partie des inteftins , 05 il couvre le poumon droit. 9. La véficule du fiel eft d'un bleu pâle. 10. Deux petits facs clairs, tranfparents & propres à recevoir l'air , corn- pofent les poumons ; ces facs s'étendent le long du conduit alimentaire ,. depuis le commencement de l'cefophage jufqu'aux ovaires. 11. Le cœur eft blanchâtre & tacheté de petits points noirs , comme dans le crapaud : la fàlamandre fe remue par intervalles encore plufieurs heures après que le cœur & les autres vifceres lui ont été tirés du corps : la même chofe peut fe remarquer dans les crapauds & dans les grenouilles : Willisattn- bue ce mouvement à l'effervefcenee que produit dans les fibres charnues k concours du fang & du lue nerveux : d'autres lui donnent pour caufe la ACADÉMIQUE 311 vifcofité des efprits animaux ; mais cette dernière opinion qui eft plus — 1»»!'^ hardie que vraie , a été pleinement réfutée par Gafpard Bartholin fils de Actes de Co- Thomas , dans une lettre que j'ai jointe à mon traifé des grenouilles : la penhague. "queue eft la dernière partie qui celle de fe mouvoir : François Rédi dans . , , , les expériences fur l'hiftoire naturelle, rapporte qu'il a fait la même obier- ' vation à l'égard de la torpille. Obferv. i. 1 z. Aux Veins qui font oblongs , font attachés de petits facs remplis d'une matière huileufe. 13. L'ovaire eft double de même que dans le lézard commun, la gre- nouille & le ferpent. Le férus de la falamandre paroît comme une lub- ftanec blanche marquée dans le milieu de petits points noirâtres. 1 4. Les trompes de fallope s'élèvent en ferpentant jufqu'à la région des pieds de devant , & fe joignent par l'une & l'autre extrémité. 15. Les mâles ont quatre grands tefticules , les uns exactement ronds, les autres en forme de poire : à ces quatre tefticules font attachés plu- fieurs autres tefticules plus petits , qui font peut-être les épididymes, mais je n'ofe l'affurer : dans la falamandre comme dans la grenouille, les tes- ticules ont de petits facs adhérents , pleins d'une matière huileufe & pa- reils à ceux des reins dont nous avons parlé. EXPLICATION DES FIGURES. PLANCHE XX. FIGURE IV. Les parties intérieures de la falamandre dans leur fituation naturelle, a. Le foie, bb. Les poumons. c. L'eftomac. d. Les inteftins. e. Le cœur. f f. Les ovaires. MÊME PLAN. FIG. V. a. L'cefophage. bb. Les poumons. c. L'eftomac. d. Les inteftins. PLAN. XXII. FIG. I. Les cornes de la matrice. FIGURE II. Les reins. FIGURE III. aaaa. Les tefticules. bb. Les petits facs pleins d'une matière huileufe^ V. le tom. 3. de la Collect. p. $41, Tom. IV. des Acad, Ecran*, i S î%i COLLECTION Actes de Co- penhague. .Année 1676. Obferv. x. Defcrlptlon du Grillon-taupe , autrement Courtllltrt. 1 . La peau de cet infe&e , principalement fur le dos , eft couverte d'une efpece de duvet blanchâtre qui ne fe mouille point dans l'eau , èv qui au toucher paroît velouté ; l'on diroit que ce petit animal eft revêtu de pe- tites plumes blanches , fur-tout lorfqu'il efl un peu âgé , car dans fa jeu- neffe il efl un peu plus noirâtre. 2. Il a quatre ailes , dont deux qui font pliées à-peu-près comme un éventail , font plus longues que fon corps ; les deux autres qui font éten- dues fur ces deux premières font plus courtes & fans aucun pli. Corclus s 'eft donc trompé lorfqu'il a donné à cet infeele le nom de fphondyle, &C il en a été repris avec juftice par Moufet , puifque le iphondy le n'a point d'ailes. 3 . Le grillon-taupe a fix pieds , dont les deux antérieurs font beaucoup plus larges que les autres : il fe fert de ces deux pieds pour creufer la terre comme la taupe, & pour s'y pratiquer des chemins , ce qui lui a fait donner le nom qu'il porte ; Ferrantes Imperatus le nomme Amplement taupe. Ces deux pieds antérieurs ont chacun fix doigts , dont quatre fort noirâtres font rangés fur la même ligne OC tiennent enfemble ; les deux autres qu'on pourroit comparer à des pouces , forment une autre articu- lation, & font tournés en dedans. Moufet & Godard avancent que le çrillon-taupe s'appuye fur les deux pieds du milieu & fe fert des deux- derniers pour s'élancer ; pour moi je ne me fuis jamais apperçu que cet infecte ait tenté de fauter ou de voler, (a) 4. Son corps , comme dans tous les infeûes , eft pour ainfi dire coupé en différentes parties. L'abdomen eft de couleur rouffe & fe divife en huit anneaux : il eft aifé de le voir fe dilater & fe^ reflerrer à mefure que l'air y entre ou en fort, & on peut faire la même obfervation fur les fauterelles. Les anneaux ne forment pas un cercle entier, mais ce cer- cle eft interrompu à chacun des deux côtés par une efpece de membrane fort repliée ; à l'endroit où chaque anneau eft coupé par cette membrane, on voit de petits trous ovales propres à recevoir & à rendre l'air, & pa- reils à ceux que Malpighi a remarqués dans les vers à foie. 5. A l'ouverture du corps on apperçoit des fibres charnues qui s'éten- dent en long , & qui iont de couleur de chair un peu blanchâtre ; on ne peut mieux les comparer qu'à un paquet -de plufieurs cordes jointes enfemble. . ' 6. Ce qui paroît fur -tout remarquable dans cet infecte , c'eft une infi- nité de petits vaifleaux répandus dans tous les vifeeres ; ces vaiffeaux font de couleur argentée dans le grillon-taupe & de la couleur du cuivre dans la fauterelle : à mefure qu'ils s'éloignent du tronc , ils deviennent plus déliés & fe ramifient en plufieurs branches , à-peu-près comme les (a) Chriftian. Menzelius fomient contre Godart que le grillon -taupe fefert de fes ailes la nuit pour voler fur les arbres ; il ajoute que cet infère a 1;I p»>P"<-*t? »n" guliere de pouvoir vivre fous terre , fur la terre , dans l'air 6t dans, l'eau. Zphemeridcs d'AUcm. ann. 1687. obf. 48. ACADÉMIQUE. 313 vaiffeaux capillaires ; ces vaiiTeaux forment les poumons du grillon-taupe; — — — ■ — il n'y a prefque aucune partie de ion corps oii ils ne le portent, ils s'é- Actes de Co- tendent jufques dans les pieds ; c'eft ce que j'ai conftaté par l'expérience hnhaoue. fuivante faite fur une fauterelle : lui ayant coupé la jambe par le milieu, je ,. vis une liqueur , qui tantôt entroit, tantôt fortoit en bouillonnant , félon que Année 1 676. l'air pén étroit ou s'échappoit ; ne pouvant attribuer cet effet qu'à quelque tra- Obferv. 2. chée voifine , je difléquai cette jambe , &C je découvris effectivement , a l'aide du microfeope , ces ramifications des conduits pulmonaires : ces conduits parcourent de même toute la largeur du clos , & chacun des an- neaux de l'abdomen en a deux qui aboutiffent de chaque côté aux trous ovales deftinés à recevoir & à rendre l'air , defquels j'ai parlé. Inftruit par Pline qui nous apprend que l'huile eft mortelle aux infectes, & guidé d'ailleurs par les expériences que Malpighi a faites fur les vers à foie , j'ai jeté quelques gouttes d'huile fur l'orifice de ces trachées : d'abord les parties que l'huile avoit pénétrées perdirent leur mouvement ; bientôt après le corps entier parut comme frappé de paralyfie, l'animal ne pouvant plus fe remuer , & les parties internes étant privées de leurs fonctions ; en peu de moments enfin , les ouvertures des trachées fe trou- vant fermées par l'huile , & le paffage de l'air étant entièrement intercepté, Finfe&e fut iuffoqué : toute autre matière onctueufe, comme le lard, le- fuit, le miel liquide, produit le même effet, ainfi que Malpighi l'a éprouva fur les vers à foie. 7. Le grillon-taupe a trois eftomacs : le premier qui eft affez confulé- rable eft blanc èk tranfparent : le fécond un peu phis noirâtre , renferme au dedans quelques cellules ou fofTes que j'ai découvertes avec le microf- eope, &: que j'ai fait deffmer , PI. XXII. Fig. VII. ce fécond citomac rcflemble à-peu-près à la tête d'un vieux pavot : le troificme eft oblong , fitué tranf- verfalement , & rempli d'une matière liquide ; il eft environné des autres inteftins dans lefquels on trouve des excréments verdâtres en forme de petits noyaux. J'ai vu de même trois ventricules dans la fauterelle , & j'en ai obfervé quatre dans le limaçon. Je ne déciderai pas fi le grillon-taupe doit être mis au nombre des animaux qui ruminent ; tout ce que je puis dire , c'eft que fuivant le témoignage de Swammerdam , les fauterelles dont les ventricules font femblables pour le nombre, & pour la ftruchire à ceux des grillon-taupes , ruminent en quelque forte. 8. La forme du cœur eft très-finguliere ; il s'étend comme dans le ver à foie & dans la fauterelle, depuis le fommet de la tête jufqu'à l'extré- mité du corps, fous la forme d'un cordon affez mince, & qui eft divifé d'efpace en cfpace par cinq renflements ou petits nœuds ; de chaque nœud fortent de petits vaiffeaux ou des filaments , qui peut-être tiennent lieu d'artères. 9. Les mufcles & les vifeeres font par tout environnés dune fubftance verte, un peu grafie , fillonnée par de longues canelures, & qui dans cet infecte femble remplacer l'épiploon : les petits lacs pleins d'une ma- tière huileufe que j'ai trouvés en grand nombre dans les grenouilles & dans les falamnndres , ont apparemment le même uiage. io. Les ceuts ne font point enveloppés dans une membrane commune, S s a ji4 COLLECTION — — — mais il font difperfés de côté & d'autre dans le corps de la femelle , & Actes de Co- ils f°nt collés lur la furface des différentes parties internes par le moyen d'une fubftance tenace & vifqueufe : ces cents font durs comme de la corne , de couleur jaune & un peu tranfparents , il en fort beaucoup FENHAGUE. Année 1676 Obferv. ». d'huile lorfqu'on les ouvre ; j 'en ai trouvé cent foixante-quatre dans une feule femelle. Si l'on en croit Godard , les grillon-taupes marquent beau- coup d'adreflè dans la conftruction de leurs nids ; ils choififfent, dit-il,- une motte de terre dure &C ferme , dans laquelle ils pratiquent un trou qui leur fert de paffage pour entrer & pour fortir : au dedans de la motte ils forment une cavité allez fpacieufe pour y dépofer leurs œufs : cela fait , ils ont grand foin de bien affermir les dehors de ce nid fouterrein ; fans cette précaution leurs œufs deviendroient bientôt la proie de certai- nes mouches noires cachées fous terre ; non contents de cela , les gril- lon-taupes fe frayent , dit-on , autour de leurs nids , une efpece de chemin couvert pour y faire leur ronde. 1 1 . Tous les vilceres du grillon-taupe étant arrachés , fon corps fe meut encore pendant plufieurs heures , ce qui eff commun à tous les in- fectes : l'on voit même un mouvement évident dans fa tête , pendant près de deux jours , après avoir été féparée du corps. Godard fufpendit un grillon-taupe à un fil, & l'expofa de la forte aux plus grandes ardeurs du foleil ; cet infecfe devint tout noir, mais il ne mourut qu'au feptieme jour. 1 1. Outre deux antennes très-longues , cet infecte en a quatre autres plus petites, dont deux fortent de la mâchoire fupérieure, & deux de l'inférieure. ( Pl"S F»"™ ""e «2& « ie hazard ma fait découvrir au fujet de cet infecte. Il y a trois ans & plus que ,e fus appelle auprès d'une femme étrangère cruellement touf rnenteepar des douleurs de goutte : comme j'entrois u ou dans S chambre, elle me pria d'attendre la fin du repas, d'une puce attachée à û mam : furpns d'un pareil difeours , je jetai les 'yeux ff J£Î£* & J y apperçus en effet une puce bien nourrie qui la fuçoit avidement & qu, etoit hee par une petite chaîne d'or : la malade m'affura qu'elle COrf fervoitprecieufcment ce petit animal depuis f.xans, & qu'elleîe repaiffok deionfang deux fois par jour ; lorfqu'il fût raffàfié , Vfe le fSradaÏÏ SeTt?°ete d,°.ubIée d'UnC ët°ffe de foic- A» »*>« d'un mois cc"e w/ ltr°UVant b,en gnéne Partit avec fa puce : elle en revenue cette le fon ÏhTvÎ ? °C"fion,de a v°ir> Je & ai demandé des Zuve ils de ton petit .nfede elle m'a répondu avec beaucoup de regrets mrf! etoit mort par la négligence d'un domeftique : ce que ie trouva Tt 3 *3* COLLECTION Actes de Co- ' ÏENHAGUE. Année 1676. Obferv. 54. OBSERVATION L I V. Les Fers font-ils vivipares} par Olaus Borrichius. (*) JE ne prononcerai point décifivement fur cette queuion , quoique j'aie bien des raifons pour pancher à la négative : on lit à la vérité dans Amatus Lufitanus, qu'un homme ayant écraié avec le pied la tête d'un ver rond & fort grand , qui avoit été rendu par fa fille , il en vit fortir plufieurs autres petits vers ; mais ce que cet homme prit pour des vers n'en avoit peut-être que l'apparence : lorfque j'ai difféqué des vers moi- même , j'ai cru fouvent voir d'autres vers dans leurs corps ; mais après une obfervation plus exacte, j'ai toujours reconnu que le premier alpeft m'avoit trompé : il y a plus d'un an que je fis rendre à un entant de trois ans un ver cylindrique long d'un pied , aigu aux deux extrémités , fans qu'on pût diftinguer laquelle étoit la tête ; je crus d'abord que c'étoit celle de ces extrémités fur laquelle j'apperçus trois petites proéminences , mais je découvris enfuite, à l'aide du microfeope , que ces proéminences étoient des cotylédons , par le moyen defquels le ver tenoit aux inteftins. Le ven- tre de ce ver étant tranfparent , je l'examinai au jour, & je crus y voir d'autres vers plus petits : lorfque je l'eus ouvert , je trouvai que les fils blanchâtres qui m'avoient paru être des vers , n'étoient autre chofe que les inteftins , les uns plus gros, les autres plus petits, mais tous attachés enfemble & entrelafles les uns dans les autres. Outre ces inteftins blancs, je remarquai un conduit plus gros que les autres de couleur jaunâtre qui s'étendoit clans toute la longueur du corps du ver , & qui renfermoit une matière affez femblable à de la bile. OBSERVATION LVI. Sur l'Algue faccarifere , par OLAUS BORRICHIUS. (*) Pbferv. 56. /^Ette plante croît fur les rochers au fond de la mer, à-peu-près com- V_> me le varech commun : lorfqu'on la ramafle fur le rivage où elle eft apportée par les flots , on n'y voit aucune apparence de fucre ; telle étoit celle qui m'a été envoyée par Torchillus Arngrim ; mais après l'a- voir gardée quelque temps chez moi , fes feuilles qui font larges & per- cées d'un grand nombre de petits trous , comme celles du mille-pertuis , fe couvrirent infenfiblement d'une poudre farineufe !k très-douce au goût: je les ai confervées jufqu'à préfent en cet état. Les naturels du pays don- nent à cette plante marine le nom de Voll : les brebis font très - avides de fes feuilles , celles qui s'en nourriflent s'engraifTent tellement , que leur chair devient infipide, 6c que les gens d'un goût délicat n'en peuvent Année 1676. Obferv. 56. ACADÉMIQUE. «langer : un négociant d'Ifiande m'a affuré avoir trouvé dans le corps » d'une brebis d'un an nourrie d'algue, jufqu a vingt-deux livres &c demie ~~A r de fu.frnon compris la graiffe dont fa chair étoit entrelardée. Ccte plante fem^cue ramant fur des rochers de racines exceffivement déliées , Planche XXII Fig X. & XI. J'ai voulu éprouver par la diftillation fielle contenoit quelque huile & du fel lixiviel, ou fi elle renfermoit quelqu'autre fei plus doux • 1 ayant donc mïfe en diitillation dans une cornue, elle donna d'abord une li' queur aflez fcmblablc & pour la qualité & pour le goût, au phleome du tartre : cette liqueur fut fuivie d'une huile épaiffe & un peu fétide • le refidu fle la mafle brûlé à feu ouvert donna un fel lixiviel en erains pref que cubiques ; ce fel avoit la même faveur que les autres fols alcalis il fermenta violemment avec les acides, & il précipita l'argent tenu en c'iif- foluuon dans 1 eau-forte, tous la forme d'une poudre très-blanche Les feuilles de 1 ah ne font tachetées de pourpre ; leur iubftance eft fi ferrée & fi compare , qu'à l'exception des petits trous qui y font parfemés el- les ont une reflemblance entière avec la membrane allantoide. Pour en ti fer le fucre on les arrofe d'eau de fontaine ou de pluie, & on les ex- pôle enfiute a l'air dans un endroit bien fec OBSERVATION LXXIV. Sur des cailloux triangulaires de l'ifle d'Jnhold , par OLAUS BORRICHIUS. (*). CEtte petite ifle fituce dans le golfe Codan, eft fameufe par les nau- frages qui arrivent touvent fur fes côtes. Ses cailloux font la feule fingulanté qu'elle renferme : lorfqu'on fouille fur le rivage, on en trouve une infinité de blancs , de noirs ou de diverfes couleurs qui font enfouis dans le fable de côté & d'autre : ils ont un doigt d'épaifïeur & ils font longs de ûx travers de doigt : leur forme eft triangulaire, & quand on les auroit travaillés exprès , elle ne pourrait être plus régulière La plu- part font fi aigus & fi tranchants fur les bords, qu'ils coupent comme des lames de couteaux : on en fait des très-bonnes pierres à fufil. Obferv. 74; OBSERVATION L X X V I. Singe à queue d'une fagacicé admirable a diflingutr les maladies. (*) pErfcnne n'ignore combien le fens de l'odorat eft exquis dans certains Obferv rt 1 animaux & fur-tout dans les chiens, qui attirés, dit-on , par l'odeur Ubfcrv' 7& de la mort, fouvent même ayant que le malade foit expiré, femblent demander leur proie par leurs hurlements. Je parlerai ici d'un fingê à queue qui avec un odorat auffi exquis faifoit paraître des inclinations bien dit 334 COLLECTION _ férentes : cet animal étoit chéri de fa maîtrefle , & avoit pouf elle un at- Actes de Co- tachement fi grand , qu'à peine pouvoit-il la quitter : la rougeole le répan- penhague. dit dans le pays , la Dame en fut attaquée, & quelque jours auparavant, , , lors même qu'il n'y avoit aucun indice de maladie , le finge abandonna fa Année 1670. maîtrefl"ej&; ne parut plus dans fa chambre, comme fi par la fineffedefon Obferv. 76. odorat il eût preflenti qu'elle en feroit bientôt atteinte ; dès qu'elle fut gué- rie , il revint à elle avec la même familiarité. Peu de temps après furvint à cette femme une petite fièvre, mais fans aucune apparence de malignité ; dans cette dernière maladie le finge demeura conitamment auprès d'elle , il fembloit qu'il connût les différents genres de maux : l'on pourroit croire que fa perfévérance dans cette dernière conjoncture auroit pu être avanta geufe à fa maîtrefle , s'il étoit vrai , comme on le dit , que la chair du fing< fut un bon fébrifuge pour le lion. ge OBSERVATION LXXVIII. Extrait d'une Lettre écrite d'Iflande (a) le 3/. août iGyC par TORKILLUS Arngrim à Olaus Borrichius , fur une dent de veau matin & fur un morceau d'ivoire fofjilt trouves dans cette ifle. ( * ) DAns les aftes de Médecine que Bartholin nous a donnés pour l'année 1671. il eft parlé d'une dent d'éléphant & d'une dent de veau ma- rin, toutes deux pétrifiées : on m'a apporté depuis peu une dent de veau marin, efpece de poiffon cétacée, auquel nous pourrions peut-être don- ner plus proprement le nom d'éléphant marin : cette dent fut trouvée dans la terre au mois de mars dernier ; tout l'intérieur en étoit réduit en pe uf- fiere , la fuperficie en étoit affez bien confervée : je vous l'envoie pour vous faire voir que les dents mêmes fe pourriflent par un trop long fé- jour dans la terre , lorfque cette terre fe trouve dépourvue des fels né- ceflaires à la formation des pierres : comme cette dent étoit à deux brades de profondeur, j'ai recherché, mais en vain, par quelle raifon elle fe trouvoit fi fort enfoncée en terre ; peut-être y a-t-elle été laiffée lors du déluge univerlel ? car je ne puis croire qu'on l'y ait enfouie exprès. Je joins un morceau d'ivoire foflile qui me paroît pétrifié ; il a été trouvé non au- près de nos fontaines chaudes , mais fur les bords d'un fleuve très-rapide : lorfqu'on le met fur du feu, il exhale une odeur de bitume ; fi l'on aug- mente l'ardeur du feu , il blanchit , mais fans perdre fa configuration. Vous me parlez d'un foufre que vous dites venir du Mont-Hécla ; cette mon- tagne ne produit point de foufre , on le tire d'ailleurs dans les environs, des fources chaudes. (a) Gardez Iflandicœ. ACADÉMIQUE. 355 Actes de Co- penhague. ACTES DE COPENHAGUE,*™^; ANNÉES M. DC. LXXVlî. LXXVÎlL & LXXIX. OBSERVATION VI. Extraie d'une lettre écrite de K.ILIA le 21. mai >6j8. par JEAN-LOUIS HANNEMAN Docleur en Médecine , ProfeJJ'eur de Phyfique & de C Acadé- mie des Curieux de la nature. (*) JE vous envoie la defeription d'un agneau monftrueux, dans laquelle Oblerv. 0. A A. Défignent les pieds de devant, PI. XXIII. Fig. I. B. Les pieds de derrière. C. Le nez applati & femblable à celui d'une face humaine. D. Le nombril avec un cordon pendant qui en fort. E. Les traces des mamelles. F. Les traces des parties de la génération. G. Les traces de l'anus. Aufli-tôt que j'eus reçu ce monftre , je le difféquai en préfence d'un habitant de cette ville & de trois étudiants en médecine , du nombre defquels étoit George Kus. 1. La furface de la peau étoit liffe & blanche comme la peau d'un homme , fans poils & même fans la moindre apparence de poils. 2. La première chofe que j'apperçus en l'ouvrant fut une férofité abondante répandue dans tout le corps, à l'exception de la tête : les în- teftins baignant dans cette férofité , étoient devenus prefque tranfparents ; ces inteftins étoient placés fans ordre & d'une manière fi confine qu'on avoit peine à les distinguer : fur le colon paroiffoit une petite excref- cence de la forme à-peu-près d'fln ver cylindrique blanc , & qui étoit pl.ée en plufieurs tours. 3. La couleur du foie étoit allez naturelle : le lobe gauche étoit un peu plus rouge qu'à l'ordinaire ; le lobe droit paroiffoit un peu noi- râtre : ce foie étoit au relie d'une groffeur proportionnée au corps de l'animal , mais fa fubltance étoit devenue molle par le vice du fuif dans lequel il baignoit. 4. La forme du cœur n'avoit rien d'extraordinaire, & fa pointe regar- doit le milieu du thorax : les artères étoient régulièrement difpofees : l'aorte paroiffoit double , affez grande , ferme & blanchâtre , ne renfer- mant que de la férofité & pas une feule goutte de fang. 5 . La poitrine , de même que la région du ventre & des inteftins , con- tenoit une matière glanduleufe , affez femblable à des œufs de carpes. n6 COLLECTION »*"5I5ÎÎÎ5?5 6. Il n'avoit point de reins. Actes de Co- y. L'épiploon paroiflbit fous cette membrane tranfparentc & parfemée penhague. je giancies dont je viens de parler. Années 1677. 8. La langue étoit entièrement attachée à la partie inférieure de la 1678. &i 1679'. bouche, & imbibée d'une férofité abondante ; fa couleur tiroit fur le blanc , & elle étoit enveloppée d'une peau blanche affez ferme , & for- Obierv. 6. tement adhérente à cette partie de la bouche. 9. Les yeux n'avoient aucun des conduits qui doivent y aboutir; point de nerfs optiques ; l'os n'étoit point percé , & il n'y avoit pas même la moindre trace des conduits qui communiquent à cette partie. Voici un autre monftre dont Adolphe Conrad Langelott médecin & chymifte notre compatriote , m'a envoyé la defeription par fa lettre écrite de'Leide le 23. Août 1677. Je vous rapporterai fes propres termes. » Une » femme accoucha ces jours derniers de deux filles qui tenoient l'une à » l'autre par la poitrine , & qui d'ailleurs étoient bien conformées : elles » n'avoient qu'un feul nombril , mais deux têtes , quatre pieds & autant » de mains : elles étoient affez grandes & d'une belle figure. Au placen- » ta qui étoit unique , étoit encore attaché un troifieme enfant ; c'étoit » un garçon qui vit encore. J'ai vu moi-même ces trois enfants ; les deux » filles étoient mortes dans l'accouchement. », Obferv. 10; OBSERVATION X. Racine des Indes appelUe Nijî. (*) LEs vaiffeaux de notre compagnie des Indes Orientales nous ont ap- porté ces années dernières une racine confite au fucre nommée mfi : elle fe vend très-chere , mais le goût n'en eft pas frrt agréable , car elle fent le lard cuit : on en fait beaucoup de cas dans les Indes : Simon Pauli nous a fait part d'une lettre qu'il a reçue à ce fujet de Jean-Joachim Pauli fon fils , qui a la direfton du commerce dans l'ifle de Yava pour notre compagnie de Danemarck : cette lettre datée de Bantam le 4. oûobre 1676. étoit accompagnée de quatre de *es racines , & étoit amfi conçue; » J'ai été guéri par un Chinois, dans le temps que je nattendois plus » que la mort : cet homme m'a fait prendre d'une racine qu'on appelle » ginfeng à la Chine , & mfi au Japon ; ce remède a ranimé mes efpnts » prefque éteints : Athanafe Kircher en fait mention dans la description » de la Chine, page 178. Je vous envoie quatre de ces racines afin qu on » puiffe éprouver 'leur vertu dans le Dannemark , elles fe vendent ici au. » poids de l'or , à la lettre. » {a) (u) On omet le refte de cet article, parce qu'i' fe trouve déjà traduit dans les Enhénurides dec. 2. année 1685. Notes fur l'obfervation 11. VoyeK tom. 3. de cette Colleaion , paaes. 647. & 648. On trouvera au même endroit plufieurs ngures de cette racine &. de la plante qui en fort. Voyc^ encore le même tome , pages 070. & fuiv' OBSERVATION ACADÉMIQUE. 337 OBSERVATION XII. Sur la pierre du ferpoit nommé cobra de cabelo. ( * ) UNc femme de qualité ayant été empoifonnée avec de l'arfenic mêlé dans un verre de Bierre , par une demoilelle attachée à fon fervice, fut garantie de la violence du poifon par un vomiflement ; mais (a fanté fe trouvant tort dérangée par les fuites de cet accident , elle eut recours à différents contrepoiions , & fut enfin guérie : entre autres chofes , clic appliqua fur fes bras une pierre du iérpent qu'on appelle cobra de cabelo , ci la pierre s'attacha aux bras comme pour attirer le venin : pour moi je penfe qu'indépendamment de tout poifon , cette pierre étant naturelle- ment fpongieufe , s'attacheroit au corps ; François Redi eft du même avis dans fes expériences fur l'hiftoire naturelle : c'elr. un fait reconnu , oue ces pierres s'attachent aux plaies ; mais on doit avouer au/H qu'elles s'at- tachent à toutes fortes de plaies indiftinclement ; foit qu'elles foient ve- nimeufes ou non, & que même, fi on les applique^ fur une partie molle du corps humeélée ou par le fang ou par quelqu'autre liqueur , elles y feront adhérentes de la même manière que les terres iigillées , & que toute autre efpece de bol. t'oye^ ton:, i. de cette Collect. pages 262. & 27/. & tom. 2. pages if. & fuiv. Act! S M C .'J- FLNH.v Années 1677. 1678. &1679. Obferv. 12, OBSERVATION XVII. Œuf renfermé dans un autre œuf. ( * ) AU mois d'août 1679. dans la maifon de Cofme Bornemann profef- Oblery. 17. lv.ur royal en droit, une poule pondit un œuf qui contenoit un ai.tre ceuf : ce double œuf dont on me fit préfent étoit un peu plus gros qu'un œuf ordinaire ; tous deux paroiffoient bien formés ; le blanc ci le jaune de l'œuf externe envirorinoient l'œuf interne : j'en ai vu plusieurs pareils, mais il n'y refroit que la coeme. A cette occalion , je parlerai ici d'un autre œuf obfervé par Olaus Bor- richius : cet œuf, qui avoit été pondu chez un patiffier, avoir à Cune de fes extrémités une cxcrefcence en forme de pédicule de même fubf- tance que fa coquille ; c'étoit la première ponte d'une poule d'Afrique. Voyc\ tom. 3. de la ÇolkS. pages 1,6. & 4f8. Tom. IF. des Acad. Etrang. Vv 333 COLLECTION Actes de Co penhague. OBSERVATION XXXVII. Années 1677. 1678. &t 1 67g. Odeur des pierres précieufes , par OLAUS BORRICHIUS. (*) Obferv. 17. LOrfqu'on veut faire ufage en médecine des pierres précieufes , il faut les broyer jufqu'à ce qu'elles foient réduites en une poudre fi fine qu'elle ne crie point fous la dent ; ou comme le dit Galien, () « que ce Religieux diftinguoit à l'odeur les femmes » impudiques ; comme il s'étoit applicvé à la phyfique , il avoit entrepris » de nous donner fur le fens de l'odorat , des préceptes pareils à ceux que >> nous avons fur l'optique & fur l'acoufrique , en rangeant fous certaines » claffcs une infinité d'odeurs ai'fouellcs il avoit impolé des noms : mais » une mort précoce l'enleva ai»m'lieu de cette carrière. » Jcmefirsrapellé ce trait à propos d'un fïnee dont j'ai déjà parlé, (c) & qui fit paroître la fineffe de fon odorat dans la maifon d'un homme de la première qua- lité auquel il appartenoit : je rapporterai encore fur ce fujet un effet fin - gulier des odeurs fvr les animaux : je me trouvois à Rome & j'avois en- trepris de me rendre à Naples ; les chemins étoient infeftés d'afialîins & de fj) Tom. 4. des Afles de Copenhague, p. 15 3- (b) Ir. philcfop.'K va. re(l. (c) Aftes de Copenh, tom. 4. p. 170. y v i 340 COLLECTION brigands ; pour nous en garantir , nous nous réunîmes au nombre de trente- Actes de Co- deux t0lIS à cheval , du nombre defquels étoient le Comte de Deiftein , fENHAGUE. 1'- Comte de Donaw , le Baron de Siciowkhi & le Baron de Hornflein ; le troifieme jour de notre marche . l'un des chevaux de la troupe fe trouva !]°oS 77- ii fatigué, qu'à p^ine pouvoit-il avancer : celui qui le montent paroiflbit 107 . ce 1679. déjà fort embarraffé , lorfque tout à coup l'on cheval reprit cœur; mais au Qu ç bout de quelque temps il retomba dans fa première laliitude ; le cavalier "*' ' mrpris de cette alternative de force & de foibleffe , & en recherchant la caufe , obferva enfin que fon cheval marchoit bien tant qu'il fe trouvoit à la fuite d'une jument qui étoit dans la troupe ; mais qu'il paroiflbit recru aufïï-tôt qu'il s'en éloignoit : après cette remarque il pria celui qui montoit cette jument de ne le pas quitter, & de cette forte fon cheval animé par l'odeur feule qui exhaloit de cette bête , le rendit heureufemerit à l'auberge avec le refte de la compagnie. OBSERVATION XL VIII. Sur h même fujet , pur Olaus BORRICHIUS. (*) Obferv. 48. Y ^s gu^es cf110 l'on Pre"d fur la route de Smyrne ou d'Alep à Babilone JLf n'ont point de fignes au milieu des déferts qu'il faut traverfer pour connoître le lieu où l'on fe trouve , ils annoncent cependant avec certi- tude, même au milieu de la nuit, à quelle diftance l'on eft de cette der- nière ville ; il leur fumt pour cela de flairer le fable comme j'ai dit ail- leurs ; (.1) peut-être jugent-ils de cet éloignement par l'odeur qui exhale des petites plantes ou des racines mêlées parmi ce iable. Nous autres médecins , lorfque nous approchons des malades , & avant même que de les avoir vus , nous formons fouvent des prognoitics certains fur l'événe- ment de la maladie ; pour moi lorfqu'à mon entrée dans la chambre d'un malade , mes narines fe trouvent frappées d'une odeur cadavéreufe , j 'en augure mal , & mon prognoftic n'eiï point fans fondement : car fi un ca- davre rend beaucoup d'exhalaifons fétides , il en fort fenfiblemcnt de pa- reilles , quoiqu'en moindre quantité , d'un corps , dont les vifeeres cor- rompus approchent de l'état où ils font dans les cadavres : mais fur ce point, les chiens ont beaucoup plus de fagacité que les hommes : j'ai de- meuré pendant fept ans à Ripen , & j'y a%vu un petit chien couleur de châtaigne , dont le maître fe nommoit George Karboé ; ce chieq annon- çoit fort fouvent la mort des malades , fans s'être trempé une feule fois de ma connoiflance ; toutes les fois qu'il aboyoit pendant la nuit fous les fenêtres de quelqu'un dont la maladie ne paroiflbit pas même dangereufe, il arrivoit infailliblement que ce malade périflbit dans le cours de la iémaine. Borellus (£) rapporte qu'un homme ayant été mordu d'un chien enragé , [ a ) Afles de Copenhague tom. 4. obf. 49. i) In cintur. ACADÉMIQUE. 341 diitinguoit de loin fes aniis à l'odorat avant même que de pouvoir lés >mm — »■— ■ dilHnguer à la vue, Actes de Co- penhague. Années 1 677. OBSERVATION LXXIII. 1678.&1679. Sur finflinct des Corbeaux aquatiques ou Cormorans , par O L A U S Obferv. 73 . BORRICHIUb. (*) P Roche Sevenhufe , en Hollande , s'élève un bois qui n'oit pas fort étendu , mais où l'on trouve une grande quantité de nids qui font oc- cupés fucceflivement par plufieurs oifeaux de différentes efpeces : fi l'on délire un plus grand détail là-de'.rus, on peut conlidter Hegenitius dans fon itinéraire de Hollande : je vifitai ce bois avec quelques amis dans la faifon dans laquelle les corbeaux aquatiques ou cormorans font à leur tour les poffeffeurs des nids ; celui qui nous conduiioit voulant nous faire voir la manière dont on prend ces oifeaux , faifit avec un croc un arbre allez élevé , & dont le tronc étoit encore flexible , & a force de l'a- giter il fit tomber du nid qui étoit dcfîiis , deux petits cormorans déjà munis de plumes, mais point affez forts encore pour voler ; l'arbre étant fur le bord d'un ruiffeau, ces petits oifeaux tombèrent dans l'eau, & quoique cet élément fut nouveau pour eux, ils s'y plongèrent fi à propos . qu'ils élu- dèrent, les coups qu'on leur portoit ; nous avions trois hommes placés au pied de l'arbre ck armés de longues perches pour les affomnier au mo- ment de leur chute ; non-feulement ces jeunes cormorans évitèrent ce pre- mier péril, mais ils fe garantirent pendant lonç-temps ces coups de perche , s'enfonçant dans l'eau , & ne paroiflant que fur le bord cppolé à celui où on les attendoit : à voir leurs rufes, l'on eût dit qu'ils eufîent été flylés à cet exercice pendant plufieurs années ; cependant ils avoient à peine deux mois. (.*) OBSERVATION LXXXI. Sur la formation des pierres dans la terre & dans les corps des animaux , par OLAUS BORRICHIUS. (*) 1. /^Ette formation cft expliquée diverfement par les Naturalises ; je obferv. 81. \_> n'entreprendrai point de combattre leurs hypotheies , mais je tâ- cherai feulement d'expliquer mon fentiment à ce fujet. Je penfe que l'eau commune, celle dont nous faifons ufàge journellement, eît la feule ma- tière des pierres ; fi parmi cette eau fe trouvent mêlés quelques fucs ter- (.1 ) De cet exemple, & de celui de la poule à qui l'on fait couver des œi;fs de can- nes , l'auteur conclut que les canat ds , les cormorsns , toutes les ix-tes , 6: à pius forte railbn les hommes ont des idées innées. 34* COLLECTION , reux ou quelques minéraux , c'eft ce qui produit les rf,r.:-Lr£s colores &) Acte de Co- les pierres précieufes de différentes efpeccs. Quant à la caufe efficiente de penhague. h formation des pierres , elle n'eft autre, félon moi, que le repos conf- Années 1677. tant ^S Part'es ^e ^'eau r:''ffemblécs dans des lieux oii elles ne font point 167U.&1679. cxPofëes aux agitations de l'air externe ; elles fe touchent alors par des races femblables , & fe trouvant affujetties par la preffion immobile de Obferv. Si. l'atmofphere, elles fe lient aifément les unes aux autres à caufe de leur homogénéité. 2. J'ai dit que l'eau étoit la feule matière des pierres; pour le prouver, je n'ai befoin que du témoignage de nos fens. Dans l'Europe , pour ne point parler des autres parties de la terre , prcfque tous les pays mon- tueux font remplis de cavités fouterreines ou formées par la nature ou creusées par les hommes ; dans la plupart de ces cavernes on voit toi;< les jours l'eau commune , fans aucune (Lveur , fe convertir en pierres d^ forme & de grandeur différentes : j'ai vu deux grottes de cette efpece en Angleterre, deux en France & un nombre beaucoup plus grand en Italie & dans les Alpes ; je ne m'en fuis pas tenu à un examen Superficiel,» &C je les ai obfervées avec toute l'attention pofïible. En Angleterre , près de Bath , cette ville renommée par les bains, eft une montagne qui a fourni la plupart des pierres dont la ville eft bâtie : à force d'en tirer on a pra- tiqué une caverne dans laquelle l'eau coulant infenfiblement , fe conver- tit en un marbre jaunâtre, (a) La grotte (£) qui eft aux environs delà ville de Wells , eft plus belle , quoiqu'un d'un afpect plus fàuvage & pa- roît ne devoir fon origine qu'à la nature : cette grotte préfente à la vue d'un côté des parois aufîi brillantes , que fi ellef^toient couvertes de diamants, de l'autre de greffes ftaladtites de pierre qui s'augmentent tous les jours par la filtration continuelle des eaux , & qui lorfqu'on les enlève , fe re- produifent en peu de temps : fur le terrein de la grotte on découvre de greffes maffes de pierres blanches ; elles y font formées par l'eau qui' diftille de la voûte , & cette eau leur donne à chaque inftant de nouveaux accroiflements. J'ai vu en France près de la ville de Tours une grotte pa- reille qui eft fort connue ; les pierres dont a été bâtie l'églife de St. Mar- tin viennent de cette grotte, qui clans fon origine étoit une carrière, elle n'approche point cependant ni de celle qui eît aux environs de Wells, ni de celle de Chinon , petite ville à peu de diftance de celle de Riche- lieu : dans cette dernière , fous des portiques taillés dans la pierre , ont voit l'eau dégouttant infenfiblement former des ftalaftites plus courtes en hiver & plus longues en été : l'eau qui tombe de la voûte fur le terrein de la grotte, s'y convertit en petites pierres, dont la configuration exté- rieure reprélente des pois , des amandes , du poivre long ou d'autres cho- fes pareilles. Telles font aufîi ces grottes d'Italie qui font fituées entre Pile &C Luques ; telles font celles de Tivoli d'où Ton tire ces petites pierres figurées que les Italiens nomment Confetti du Tivoli , qui ornent le porti- (/») Ce que l'auteur appelle ici du marbre eft Je l'albâtre, Voye^ dans les Mem, de l'Académie Royale des Sciences de Paris pour l'année 1753. un excellent Mémoire de M. Daubenton , qui contient la découverte de la formation de J'albitre, ( /' ) Cjverna ukijiana^ . • ,. . ACADÉMIQUE. ,,. me du jardin de médecine à Pile, & qu'on voit en différents endroits — «— ion à Rome, foit à fivoh. Je ne parlerai point ici de la crotte de Biu' ~Z Ke^xr608* & d'i,ne ln(imt6 dWs que ics tAm ^"^ i£2S£ co_ 3. J'avouerai, fi l'on veut, que les eaux de ces grottes contiennent ac- Années 1677. cfdenteUement quelquefois des fels, des particules de vitriol ou d'autres 1678. & 1679. mélanges pareils : mais on n'en doit pas conclure que ces mélanges con- ohfrrv 8, tnbuent à la formation des pierres ; un Philofophe au contraire doit re- ™ 8l" jetter ces principes étrangers, dès-là qu'il eft fenfible que fans leur con- cours leau la plus commune dans un état de repos, quoiqu'à la vérité cette eau ne fort pas entièrement dépourvue de tout ici , fe chance en pierre d elle-même : c'eft un fait qui eft attefté par le témoignage deS tous les fens ; qu on éprouve l'eau des grottes dont ,'ai parlé, l'on n'y trou- fSZZTu^S"' aVCC reaU dC f°ntainC ; la laTie n> à travers les paffages étroits SâfthSS eT , n.que .* Ia chal,x' & étant enfIn parvcniies julqua la furf.ee interne de la voûte , où elles ne font plus expofées aux £Ë? C la'r' * S'y coM^i &y forment mfenfibL n dès ftalaft, es pierreufes. J'ai vu des flattes Wpendues en grand nom- ! Z ï T? ll" P°rt!Cll!C conflruit de briques à Lyon proche le con- i'ènnconl(L °nC* & ^ ï Sa°ne' à ^ de d'ilanCC d^ ftï* Epifcopal; , en conferve même quelques-unes que j'ai détachées moi-même ; j'en a d Fr [jlTeîUYhkCaU dC Montmélian , dans quelqa.es vieille^ éghfes fembhn W ? " autrcs.heux : °n ne peut, fans choquer la vrai- rcnÏÏm <'l ' qî'e C£S fl'CS laPidih>e* q"'on a imaginés , étaient mr es fl,manS *T, hnq^ ***■*». «bns une matière bien épurée « -il n- fl ' (^ °l,.C!llîls y étoient ^mbés avec les eaux pluviales : car il n . (t pas queffion ici d'une pluie de pierres. niet'r. {',u^exP1,cn,er maintenant comment l'eau en repos fe convertit en foit L' fon CaU 3ya^ Pei;°n'é, dans la tcrre ■ tend tol,J°lirs à defeendre , rencoïr Z ?roPrePolds? f°« * caufe de la preffion dé l'air ; fi elle ne rencontre quun paflage étroit, elle filtre goutte à goutte : te molécules pli:idePn','v!l|POint ■* br'que qui a Pu folirnIr ,es Pécules lapidifiques aux eaux P % ,lieS ' "u,s le mort'« o» amen! qui fervoit à lier les briques. H 344 COLLECTION ■"■a"8"™»" dont ces gouttes font compoféës fe trouvant preflees par l'air , &z étant Actes de Co- d'ailleurs toutes égales &c d'une furfaee très-polie , le lient aiférnent les penhague. unes aux autres ; de cette forte, fi ces gouttes d'eau ne font pas pouffées Années 1677. troR PromPtement Par cc^es qui leur fuccedent , ou fi la chaleur du lieu 1678.& 1670 ne *orme P;IS obitacle à leur coagulation, elles pafîcnt aifément de L'état ' ■>' de fluidité à celui de folidité , à-peu-près comme ces ftalaftites de glace Obferv. 81. qui pendent à nos couverts lorfqu'il gelé, avec cette différence que les parties dont ces ftalaftites font compoiées , n'étant point fi fortement liées enfcmble à caufe de la violence & de la promptitude de la congélation , fe liquéfient ailément. Il eft inutile d'imaginer quelqu'efpece de colle qui unifie les parties de l'eau ; lorfqu'on joint deux furfaces bien polies & de même nature , elles tiennent l'une à l'autre plus fortement que fi elles étoient liées par quelque colle : cela eft confirmé par diverfes expérien- ces qu'on peut voir dans les ouvrages de Boyle, d'Ottoh de Guerrike & de plusieurs autres : l'on garde dans le palais épifcopal à Copenhague deux tables d'airain de forme plane, qui ont été polies exactement par Gyntelberg : lorfqu'on les applique l'une fur l'autre , quatre hommes des plus forts ont peine à les féparer en les tirant en fens contraire : il en efl) de même , ainfi que Boyle l'a expérimenté , lorfqu'on embo'te des corps convexes dans des corps concaves : il eft vrai que ces différents corps tiennent plus fortement, lorfqu'ils font arrofés d'efprit de vin, d'huile d'amandes ou de quelqu'autre liqueur, mais c'eft parce que leurfurface n'é- tant pas exactement polie , la liqueur remplit tous les petits vuides qui y font refiés : ces petits vuides s'apperçoivent fans peine au microfeope , &C ou découvre à l'aide du même infiniment que la poudre avec laquelle on polit le marbre efl compofée de corps anguleux , &c qu'ainfi elle ne peut former un poli parfait : d'ailleurs l'on voit les mouches monter & def- eendre le long d'une table du marbre le plus poli, placée verticalement, ce qui leur feroit impoflible , fi elles ne trouvoient ces petites cavités aux- quelles elles s'attachent avec les crochets dont leurs pattes font armées. L'eau par elle-même & fans aucun mélange de fels & de fucs pierreux fiiffit donc pour former la pierre ; j'ajoute que plus l'eau fe trouve char- gée de parties hétérogènes , moins auffi la pierre qui en refaite eft com- pacte ; voilà pour quoi le diamant efl d'une fubflance plus ferme & plus folide que les autres pierres précieufes de différentes couleurs ; dans celles-ci les parties hétérogènes qui forment les couleurs empêchent que leurs molécules ne foient fi intimement unies ; le diamant au con- traire étant parfaitement pur, n'a rien qui puifié nuire à l'exafte liaifort de toutes fes parties. Il efl indifférent après cela de rechercher fi les par- ticules de l'eau font crochues ou fi elles font autrement conformées ; c'eft une chofe évidente, (& cela me fiiffit) que leurs furfaces fe lient ailé- ment , & que par-là elles fe trouvent nécefiairenient difpofées à prendre une forme plane ; fi ce plan eft eompofé de lignes droites , la pierre efl diaphane ; fi les lignes font obliques , la pierre efl opaque : fa pefenteur varie à mefiire qu'elle efl plus ou moins poreufe , plus ou moins chargée de fubftances minérales, 5. Je fuis fort tenté de croire qu'un induflrieux imitateur de la nature pourrait ACADÉMIQUE. U5 pourrait réuflïr à changer l'eau en pierre clans une grotte qu'il aurait lui-même — «—— — pgg pratiquée à cet effet : la plus grande difficulté ferait de faire filtrer L'eau Actes de Co- petit à petit &: fans interruption, mais l'on pourroit employer à cet tifage ptnhagui:. ces pierres de Sardaigne fi communes à Gènes, qui s'imbibent aifément, Années l( &C qui reffemblcnt à des cribles extrêmement fins : j'en ai vu une de cette , g Sci67o" efpece à Copenhague dans le palais du Comte de Rebolledo Ambaffadeur 7=\ d'Efpagne : la goutte dont ce Seigneur étoit tourmenté lui avoit fait inter- Obferv. 81. dire l'ufage du vin, & il fe fervent de cette pierre pour filtrer fon eau & la rendre plus limpide , ce qui fe faifoit en quinze heures de temps ou environ. Pour empêcher que l'eau ne parlât trop promptement , on pour- roit choifir les plus épaiàes de ces pierres : mais il faut laiiïer ces re- cherches aux curieux. L'on trouve à la vérité des grottes où l'eau dillille (ans le pétrifier, j'en ai vu moi-même une de cette forte aux' environs d'Utrecht, laquelle eft très-fpacieule ; mais dans ces grottes la lapidifica- tion éprouve différents obltacles : tantôt l'eau coule trop rapidement , tan- tôt les vapeurs fouterreines empêchent l'union de fes parties ; quelque- fois la grotte eft trop fpacieufe , d'autrefois fes ouvertures oppofées oc- cafionnent un courant d'air, ou bien enfin les ouvertures de la terre par où l'eau diftille font trop grandes pour que les gouttes aient le temps de s'arrêter & de fe confolider. L'on peut citer plufieurs chofes qui ne s'endurciiTent que lorfqu'elles font hors de l'eau : telle eft , félon Pelle- pratius , l'argille qu'on tire à l'embouchure de la rivière des Amazones ; tel eft encore le corail du Brefil , qui , fi l'on en croit Pifon & Marcgra- ve , eft flexible dans la mer & devient dur à l'air : je pourrais révoquer en doute ce dernier fait , il eft certain du moins que l'on ne voit rien de pareil dans le corail qui fe pêche à Marfeille ; mais en fuppofant la vé- rité de ces obfervations , il en refaite feulement qu'il y a des fubftances à la compofition defquelles l'eau a beaucoup de part , & dont les parties étant femblables peuvent , de même que celles de l'eau , s'unir &C s'endur- cir aifément lorfqu'elles ne font plus agitées. 6. Mais les nuages font dans une agitation continuelle, & cependant il s'y forme, dit-on , des pierres; elles naiffent chaque jour dans l'inté- rieur du corps humain où les humeurs font toujours en mouvement , foit fous leur forme liquide , foit fous la forme de vapeurs ; on en trouve enfin fur le haut des montagnes malgré les orages aufquels elles font expofées ; de ces exemples on voudra peut-être inférer que la chaleur & le repos, quoique de nature très-difierente , concourent également à la formation des pierres : il eft vrai que la chaleur peut contribuer acciden- tellement à cette formation , parce que l'effet de fon mouvement eft de dif- fiper , changer , anéantir les angles des plus petits corps qu'elle applanit pour ainfi dire ; mais elle ne peut pas pour cela être regardée comme la caufe qui produit les pierres , puifqu'après avoir ainfi difpofé les par- ties de la matière , le repos feul peut les endurcir & les convertir en pierre. Les os de bœufs expofés au miroir ardent de Villette qui eft ici dans»le palais royal , font changés en pierres vitreufes & opaques ; mais ce changement n'arrive que lorfque les rayons réunis par ce miroir font dans un repos fenfible au foyer : û. donc les particules de la matière ont Tom, IV. d , , ,.','. penhague. moins lorlqu elles n ont qu un mouvement tres-lent , tel que celui des parti- cules d'eau qui fe filtrent à travers» les terres. Cela pofé , je reconnois qu'il Années 1677. tombe quelquefois des pierres formées dans les nuages, Septala m'en a 1678. & 1679. montré une à Milan, qui avoit été tirée en fa préfence de la cuilTe d'un Capucin frappé du tonnerre ; mais je dis que ces pierres fe forment de Oblerv. 81. même que celles des grottes, à cette différence presque dans les grottes les particules de matière deftinées à devenir pierres, font d'elles-mêmes liffes & polies ; c'eft une eau pure , qui lorfqu 'on la fait diltiller goutte à goutte , fe convertit en petites feuilles terreufes très-déliées & très-tranf- parentes , comme je l'ai déjà expliqué ailleurs ; mais dans les nuées il faut que la chaleur applaniffe cette grande quantité de particules fiilphu- " reufes , falines & même terreiîres qui fe trouvent mêlées parmi l'eau , & qu'on découvre aifément dans le fédiment de l'eau de pluie lorfqu'on la fait évaporer. Je paffe aux pierres qui s'engendrent dans le corps humain, malgré le mouvement qu'y caufent les différentes humeurs & les exhalai- laifons chaudes qui en réfultent ; certaines parties y relient quelquefois dans un état d'inaûion , & cette inaâion produit les obftructions , la goutte & le calcul ; par ce mot d'inaction, je ne prétends pas défigner une privation entière de mouvement , qui ne fe rencontre pas même dans les grottes fouterreines , mais feulement un repos moins interrompu , ou du moins un mouvement très-ralenti : après cette obfervation l'on compren- dra aifément de quelle manière la pierre fe forme dans les reins : la féro- fité pouffée ou par l'on propre poids , ou par le mouvement que les ar- tères lui ont imprimé , ou même par celui qu'elle reçoit du diaphragme, tend à pafier des artères dans le bafïinet par les vaiffeux deftinés à ce partage , mais quelquefois ces vailTeaux font trop étroits , fouvent même la tunique interne du baflinet , qui par fon prolongement forme aufîi la tunique interne des uretères, n'a pas affez d'ouverture : alors la férofité, lur-tout lorfqu'elle eft pituiteufe, fe trouve arrêtée au partage, & étant for- cée de féjourner contre l'ordre naturel , fes parties s'uniflènt , s'épaiffiflent & prennent infenfiblement de la confiltance , aînli que font les particules de l'eau dans les grottes dont nous avons parlé ; ou fi l'on veut , de la même manière que l'urine s'attache anx côtés du vafe dans lequel on la lairte repofer ; ou bien encore , comme l'humidité de la bouche s'arrête à la racine des dents , & par fon épaififlément y forme un tartre très-dur , fur-tout pendant le repos de la nuit : félon moi , cette difpofition au cal- cul , héréditaire dans certaines familles , n'ert autre chofe qu'une trop gran- de arctitude dans quelques vaifleaux des reins , vice qui fe tranlmet des pères aux enfans : on peut expliquer de même comment la pierre le for- me dans toutes les autres parties du corps , puifqu'il n'y en a aucune où les humeurs ne puiflent être arrêtées & contraintes à une fragnation con- tre l'état naturel : aurti ai-je trouvé des pierres jufques dans la glande pi- néale : pour celles de la veflie , je panche beaucoup à croire avec Fernel, qu'elles ont commencé à fe former dans les reins , & que quoique très- ACADÉMIQUE. 547 petites dans leur origine, elles ont acquis de la grorteur, foit par l'excès n —■■■»■■■ "«» du fommeil , foit par une vie fédentaire, foit enfin par un mauvais régi- ActesdeCo- me , à-peu-près comme une pelote de neige s'accroît en roulant fur d'autre pENhague. neige , & devient enfin une malle considérable. 7. A l'égard des pierres que Ton voit fur le fommet des montagnes, & Années 1677. de celles qui fe trouvent répandues de tous côtés fur la furface de la ter- '678. & 1679. re, il fe peut qu'elles foient suffi anciennes que la création ; li l'on ne Obfcrv. 8r. veut pas admettre cette conje£fure, il eft vraifemblable que les Commets des montagnes & les autres endroits de la terre 011 les pierres fe montrent à découvert, ont été dans l'origine revêtus de terre ; les eaux des neiges ou des pluies ayant filtré à travers cette terre, & s'étant trouvées dans un état de repos , auront produit les pierres ; dans la fuite la terre qui les couvroit aura été enlevée , foit par les vents , foit par les tremblements de terre , foit par la violence des pluies & par les inondations ou même par le déluge univerfel , voilà comment les pierres formées fous cette terre fe montrent aujourd'hui fur la furface du globe : ce qui eft certain, c'eft q:'on n'expliquera jamais la formation de ces pierres en les fuppofant pro- duites à découvert, quoiqu'on puiffe accorder que , depuis même qu'elles font à l'air , leur volume a été un peu augmenté par l'union fucceffive des particules d'eau pluviale : G l'on confiderc que, lors de la création, la terre a éprouvé une efpece de fermentation , & que ce mouvement a fans doute produit dans fon fein un grand nombre de cavités, on fe perfuadera fans peine que l'eau s'étant inlinuée dans ces cavités, & s'y trouvant dans un état de repos , s'eft infenfiblement convertie en pierre. Telle eft auffi l'o- rigine des pierres qui fe trouvent dans les lits des rivières ; car il feroit abfurde de penfer qu'elles ont été formées parmi l'agitation d'une eau qui coule continuellement. Les pétrifications extraordinaires font des phéno- mènes d'une clarté différente , je ne nierai point le fait ; il eft appuyé fur le témoignage de l'hiftoire & fur notre propre expérience ; nous connoif- fons des fontaines & des rivières qui ont la vertu de pétrifier ; les cabi- nets des curieux font remplis de ces pétrifications ; on y voit des hom- mes entiers , des animaux , du bois , des nids d'oifeaux , & une infinité d'autres chofes converties en pierres ; (a) & ces pétrifications fe font tan- tôt à l'air, tantôt fous les eaux, quelquefois même dans le fein de la ter- re : mon opinion eft que l'air & l'eau font fouvent remplis de particules pierreufes dont les faces font polies ; ces particules pénètrent jufques dans la terre , & lorfqu'elles peuvent remplir les pores des corps qu'elles ren- contrent , elles les transforment en pierres. On fait que les vaftes déferts de l'Afrique & des autres pays chauds font couverts de fable ; depuis plufieurs fieclcs ces fables font portés de part & d'autre par les vents ; dans une fi grande agitation , il s'en doit néceffairement detacher des 1110- lécules polies par le frottement continuel, & ayant toutes des furtaces lif- fes , de forte qu'elles peuvent facilement s'inlinucr dans les pores du corps qui fe préfentent à leur partage. Les pierres qu'on trouve fouvent dans les poumons des carriers , félon le rapport de Schenckius & de plufieurs (j) Foye^ tora. i.dela CellcSion, pages 14. 56. & $7. Xx % Actes de penhague. 54$ COLLECTION — • autres , ne doivent leur naiffance qu'à l'cfpece d'exhalaifon pîerreufe que 7~~ ces ouvriers ont refpirée ; ces particules qui iortent de la pierre, font le " plus fouvent de forme irréguliere & inégale , & pour lors elles caufent des ulcères au poumon ; mais quand elles font de forme égale, elles s'u- Années 1677. nifrenti & fe liant eniemble elles produisent des pierres dans le poumon, 4678. & 1679. jg m£,me qlie fi elles étoient expofées à l'air. Cette pouftiere de pierre Qb&xv* Si. étant Portée de tous côtés par le vent , fe mêle fouvent aux eaux , & pé- nètre avec elles jufques dans les entrailles de la terre : telle eft la caufe des pétrifications qui arrivent dans l'un & l'autre de ces éléments. A l'é- gard des fontaines dans lefquelles on remarque une vertu confiante de pé- trifier , il eft probable ou que dins leurs environs fe trouve répandue une grande quantité de ces molécules pierreufes qui s'incorporent con- tinuellement avec leurs eaux , ou que ces molécules renfermées dans le fein de la terre , font pouffées fans celle par des feux fouterreins vers les fources de ces fontaines. Au refle j'obferverai qu'on prend fouvent pour pétrification ce qui dans ■fon origine n'a jamais été que de la pierre : tels lont quelques fragments qu'on m'a montrés dans un cabinet fort célèbre ; celui qui les faifoit voir, trompé par leurs veines fc par leurs linéaments , vouloit que ce fuflent des morceaux de bois pétrifiés : j'ai remarqué Cependant dans les Alpes plufieurs morceaux de pierre, &: même des rochers tous entiers marqués xle veines , & ondes de la même manière. OBSERVATION LXXXIII. Efpcccs de Diamants infirmes dans dts cailloux , par O L A U S BORRICHIUS. (*) Ct\ f v 8 T A Procl»&ion du diamant n'efi point affectée à certains pays particu- Ublerv. 53. J_j;ers ; i'on en trouvera vraiièmblablement par-tout où fe rencontrera l'eau la plus pure , la plus homogène , & dans un repos plus parfait : car telle eft la matière du diamant , ou du moins celle qui contribue le plus à fa formation : ce que je puis aflurer , c'eft qu'ayant brifé dans d'autres vues certains cailloux noirâtres qui le rencontrent dans les en- virons de Briftol & de Gloccftre , & dans différents endroits de la France , j'ai trouvé de très-petits diamants placés & comme enchafles dans le milieu de ces pierres : j'en ai même vu dans un feul' caillou plufieurs joints eniemble , dont les pointes &c les angles fe diftinguoient aifément , quoique d'une extrême petiteffe : je les aurois pris pour de petits cryftaux fans leur éclat plus vif que celui du cryftal , & fans la dureté de la pierre qui leur fervoit de matrice ; je ne pus éprouver quelle étoit la dureté de ces brillants eux-mêmes , ils étoient trop petits , & d'ailleurs un voyageur n'a pas toujours la commodité de faire ces fortes d'effais. Il eft probable que ces cailloux dans le temps de leur formation , & avant que d'être entièrement endurcis , renfermaient . au ACADÉMIQUE. U9 milieu des parties plus groffieres dont ils étoient compofés ', d'autres — ■— ■— ■ parties plus épurées , ou pour mieux dire , des particules d'eau fans mê- Actes ul Co- lange : (bus une pareille enveloppe ces particules d'eau i'e trouvant à h.vhacue. l'abri de toute agitation , & ayant des iiirfaces parfaitement égales , fe A - ,- font unies enfemble , & fe tout amfi converties en diamants. Mais corn- n"LCS ' 77' ment expliquer leurs angles ? les attribuera-t-on à quelques particules de ni- 1 ^ l ^9* tre mêlées parmi l'eau qui les a produits? ou penfera-t-on que l'eau épu- Obferv. #3. rée de tout fluide hétérogène prend d'elle-même cette configuration? Sans décider entre ces deux opinions , je dirai feulement que fa dernière me plaît davantage : le cryftal a des angles de même que le diamant, cepen- dant il ne renferme aucun fel nitreux , mais feulement une très-petite quantité d'un fel acre & de forme cubique , ainii qu'on peut s'en inf- truire ailleurs (a) plus exactement ; après tout, la figure hexagone n'eft. pas 'plus naturelle au nitre , qu'au diamant & au cryftal eux-mêmes. J'ai dit que les diamants fe formoient avant l'endurciflement des cailloux qui les renferment : autrement , & fi l'air ne trouvent pas un paffage à tra- vers la matière encore molle qui doit produire le caillou , l'eau par elle- même , quoique compofée de molécules parfaitement homogènes, nepour- roit fe changer en diamant ; elle ne parvient à ce changement que lorf- que le reffort de l'air comprimant légèrement fes particules encore mo- biles, les force à fe réunir : de même deux plans, quoique joints enfem- ble , ne s'attachent jamais bien fortement que quand on les preffe un peu l'un contre l'autre : cette conjecture m'eft venue à l'afpcct d'une agate & d'un morceau de cryftal qui ibnt clans le cabinet de Septala , & qui renferment l'un & l'autre quelques gouttes d'une eau très-limpide; ces gouttes d'eau ont confervé leur état de fluidité , aparemment parce que le trop prompt endurcilTement des parties qui les enveloppent les a privées de l'air nécefîaire pour les comprimer & pour les unir. Les cailloux ne font point les feules pierres qui contiennent des dia- mants ; Baptifte Frégofe m'a aflïïré en avoir trouvé dans du marbre qui avoit été fcié ; j'en ai vu moi-même au milieu d'un morceau de crytLil un peu brun à Rome chez Mr. l'Abbé Corvini ; je ne pus à la vérité m'affurer de leur dureté , mais ils étoient beaucoup plus parfaits & plus brillants que le cryftal qui les environnoit , d'où je jugeai qu'ils étoient aufïï plus durs ; & l'Abbé Corvini me certifia qu'ils avoient la dureté du diamant. Dans les Indes on trouve aufïï des pierres précieufes julqu'au ie;n des rochers les plus durs. Si l'on dit que le diamant &: le cryftal étant diftingués parleur forme, cV' par plufieurs autres caractères , l'un ne peut produire l'autre , je ré- pondrai que ces deux fubftanccs ne différent entre elles que par la pu- reté de la matière dont ils font compofés , pureté d'où reluirent \\ &C la dureté: cette pureté eft fi fort altérée par différents mêlantes dans les pierres colorées , que les jouailliers les plus intelligents &: les plus expérimentés ont peine à les diftin^u-r. L'opinion où on a été de tout temps , que le feu ne fait aucune im- (j) In htrmct. ftp. 35° Collection f M—— igg? preflîon fur le diamant , a été démentie par les nouvelles expériences \ Actes de Co- cette pierre ne fe liquéfie pas à la vérité , quoiqu'expofée même pendant penhague. une demie heure aux miroirs ardents les plus actifs , tel que celui de Années 1677 Vllette ^ue nous avons ici > mais elIe Pcrd kn éclat, & elle fe couvre 1678 &1670 de 1uelclucs taches opaques de couleur violette. OBSERVATION LXXXIV. Diverfes objervations d'Hiftoire naturelle faites par Ol-AUS BORRICHIUS , dans un voyage de France. Obferv. S4. ~U N paffant par les montagnes qui font entre Lyon & Grenoble , j'ai JLivu dans des bois de chataigners & de noyers , une grande quantité de digitale de deux efpeces ; l'une dont la fleur eft blanche , l'autre dont la fleur eft pourprée & un peu tachetée. Dans ces mêmes bois , au fommet des noyers , étoient de gros cham- pignons qui paroiflbient avoir beaucoup de vigueur. Les cochons de ces cantons , & même les cochons de lait font tout noirs : la chevelure de la plupart des enfants y eft abfolument blanche , comme en Danemarck , ce qui eft très-commun dans tous les pays mon- tueux. Ces montagnards , hommes & femmes, font fort fujets aux écrouel- les : quelques-uns d'entre eux portent des tumeurs fcrophuleufes d'une grofléur fi excefllve , qu'ils femblent avoir deux têtes. Les anciens ont prétendu qu'il y avoit de l'antipathie entre la vigne & le lierre ; c'eft une erreur ; j'ai remarqué aux environs de Grenoble un arbre qui foutenoit en même temps une tige de lierre & un fep de vigne. M. de Boiffieu , Maître des Comptes en cette Ville , me fît part d'un bruit populaire qui s'étoit répandu : on prétendoit qu'une femme de Gre- noble avoit conçu par la force feule de l'imagination : cette fable s'étoit fi fort accréditée , même par toute la France , que le Parlement de Gre- noble avoit été obligé de rendre un Arrêt contre cette impoflure. Le même Magiftrar me fit préient d'un ouvrage qu'il avoit donné de- puis peu au public , fur les fept merveilles du Dauphiné ; de ce nombre eft 1 ne fontaine ardente qui tire fa fource d'un rocher ; l'eau en eft froide, mais un peu mêlée de foufre & de bitume : pour peu qu'on en appro- che du ioufre éteint, il s'enflamme à l'inftant , & brûle vivement : la paille s'y allume de même , fur-tout lorfque le temps eft nébuleux. L'on mange à Grenoble des fraifes depuis le mois de mai jufqu'à celui de novembre ; la Ville étant environnée de montagnes , ce fruit mûrit fur les coteaux les plus bas pendant les mois de mai & de juin , & les mois fuivants dans les endroits les plus élevés ; il eft naturel que le froid foit plus vif fur les montagnes à proportion de leur hauteur ; auflî dans ces environs voit-on les fommets les plus élevés couverts d'une neige qui ne fond jamais , pas même dans les plus grandes chaleurs ; ces vo- ACADÉMIQUE. ,,, chers ne Iaifîent pas de produire des plantes ; je vis dans le mois de — — — — juillet , auprès de la grande Chartreuie , de l'ellébore blanc à feuilles AcT minces & crénelées , de la gentiane à fleurs jaunâtres , une efeece rare pexhaIIT °" de polygonatum à fix feuilles très-larges , du troène , de la patience , de l'épine- vinette, du houx, du grofeillier, du gremil , de l'alcée , & des baies Annécs l677- rouges attachées fur un feul pédicule ; le buis fur-tout y en très-commun. l67^-& 1679. J'y oblervai auffi une fource qui fort d'un rocher, tk dont les cauv jau- Obferv 8a muent un peu l'argent ; ce rocher renferme vraifemblablemcnt une mine 4' de vitriol. Je vis au même endroit des agneaux dont la laine étoit très- noire fur tout le corps , à l'exception de la queue, 011 elle étoit d'un beau blanc. ^ Etant au point du jour fur une montagne au deffiis de Montmélian , j apperçus un petit nuage qui ne fembloit guère plus gros qu'un cha- peau ; en moins d'une demie heure il s'étendit tellement qu'il couvrit prefque tout l'hémifphere, & il produifit un grand vent accompagné de pluie. Dans la petite ville d'Aix en Savoie , je vis des eaux thermales , les unes fulphureufes d'une couleur bleuâtre , dans lefquelles les malades fe baignent , les autres alumineufes qu'ils prennent intérieurement. L'on me fît remarquer à Lyon un endroit élevé d'où l'on jette les fous dans e Rhône , après quoi on les retire par le moyen d'une corde avec laquelle ils font attachés ; cette méthode n'efl pas fans fuccès. Je fis dans la même ville différentes obfervations chez M. Berthet ; cn- tr autres que la graine de kermès biffée pendant trois jours fans la faire cleuecher , produit un grand nombre de vers & de papillons , & que les pierres de Boulogne nommées phofphores jettent de la lumière , lorfqu'on lès a expofees à l'air avant le lever du foleil , & qu'on les renferme enfuite dans un endroit obfcur. La terre aux environs de Montpellier étoit couverte de lavande de romarin de calament , de thym , de différentes efpeces d'éryngium, de car- lme, d arbnffeaux qui portent le kermès , de tamarins , de coloquinte de gramen auftnacum plumtum , & d'autres plantes : on trouve auffi /ur le' ri- vage beaucoup de percepierre , & quatre efpeces de fonde , entr'autres celle appellee faheorma ou falicot , dont les cendres font fi fort recher- chées dans les verreries ; elle croît auffi dans notre pays, & le rivage dfr la mer auprès de l'hôtellerie de Rundft dans la Zélande Danoife , en elt couvert. ' Sur le rivage près de Maguelonne, j'ai découvert la pierre d'aigle & différentes efpeces de la pierre de petite vérole ; les gens du pays la nom- ment purre picot; je l'ai trouvée auffi fur les bords de la Diirance en Pro- vence , quoiqu'on fût autrefois dans l'opinion qu'elle fe rencontrait feu- lement aux Indes. M. de la Roquette me montra chez lui à Montpellier , un phénicon- tere , oiieau dont les Romains étoient fi ftilands, un murex, poiffon dont les anciens tiraient leur pourpre, un calcul tranfparent tiré du corps d'un nomme , bc une torpille dans laquelle on diitinguoit des yeux au nom- ore de -quatre : ,e m'arrêtai fur-tout à confidérèr un lézard verd à qua- tre pieJs u fort grand ; il étoit renfermé dans une cage de verre dont le 35î COLLECTION deffus n'étoit couvert que d'un linge fin pour laiffer paffage à Pair ; il vî- Actes de Co- voit dans cette prifon depuis trois mois (lins qu'on lui eût donné aucune penhague. nourriture , cependant il paroiffoit frais, & fa couleur étoit vive ; il avoit . , , même quitté , comme font les ferpents , fa vieille peau qu'on voyoità côté , vUo ,''' de lui dans la cage. 1 7 79- Les Médecins d'Arles frappent de glace tous les firops & toutes les Obferv. 84. décodions qu'ils font prendre aux fébricitants ; ils ont emprunté cette mé- thode des Catalans , & ils m'affûtèrent que depuis qu'ils l'employoient , le nombre des maladies étoit beaucoup diminué chez eux pendant l'été. Auprès de Salon, dans cette campagne pierreufe dont Sirabon fait men- tion, la voiture qui nous portoit s'embrafa quatre fois , &£ nous nous trouvâmes enveloppés dans la fumée fans cependant appercevoir de flam- mes : ce feu caïue par le frottement de l'éffieu , joint à la grande ardeur du folei! , ne fut pas facile à éteindre à caufe de la rareté de l'eau. Je fis connoiflance dans ce voyage avec plufieurs favants ; parmi lefquels ;e nommerai M. de Beauxhotes de Montpellier , qui entr'autres chofes me montra un amalgame d'or & de mercure femblable à de la poix liquide , mais pefante : j'ai déjà cité M. de la Roquette de la même ville ; il me fit voir dans l'on jardin une efpece de miroir ardent fait avec de l'eau ; il rcmpliffoit d'eau commune une bouteille de verre ronde dont les parois avoient la courbure néceffaire pour réunir les rayons du foleil : l'ardeur de ce miroir perçoit des feuilles vertes avec autant de promptitude que l'auroit pu faire une broche de fer rouge. Je vifitai aufîï le cabinet de M. Catelan, qui eft aujourd'hui à M. Gilbert ; j'y remarquai fur-tout un agnus Scythicus de couleur d'herbe ; comme il ne me fut pas permis de le ma- nier , je ne déciderai pas s'il étoit véritable , ou fi c'étoit une figure pof- tiche. L'Ille de Camargues eft le grenier de la ville d'Arles ; le terrein y eft très-fertile , mais ceux qui le cultivent m'affurerent qu'ils étoient obli- gés de le labourer jufqu'à dix fois ; cette précaution eft néceffaire pour détruire la faumure & l'acrimonie dont les terres s'imbibent par les fré- quentes inondations de la mer. Dans le caveau où l'on enterre les Arche- vêques à Arles , on me fit remarquer trois fépulchres contigus , dont le plus bas renferme toujours beaucoup d'eau ; le plus élevé demeure tou- jours à fec: dans celui du milieu la hauteur de l'eau varie , dit-on-, iui- vant les différentes phafes de la lune. Les eaux minérales d'Aix en Pro- vence font connues ; je vifitai dans cette ville le cabinet de M. Laurier ,. qui , fi je ne me trompe , étoit autrefois celui de M. de Peirefc : il con- tient , entr'autres curiofités , une agate fur laquelle on voit cinq cercfës tracés très-exaûement ; plufieurs yeux de chat , mais un fur-tout qui re- préfente parfaitement jufqu'à l'orbite & à la prunelle de l'œil du chat : l'on m'y montra deux autres agates fingulieres : l'une renferme un roma- rin bien formé ; dans l'autre on diftingue une petite fouris , preuve (a) cer- (j) Il y a de meilleures preuves que les cryftaux & autres pierres ont été originai- rement dans un état de mollette & de fluidité; ce romarin & cette fouris n'étoient vrai- femblablement que des apparences produites par des accidents finguliers , 6c dont on ne peut rien conclure. laine *—** ACADÉMIQUE. 353 tâïne rAîé clans leur origine les pierres précieufes proviennent d'une ma- ' " ticre liquide. ; Actes de Co- Èntre Arx & Marfeille les chemins font femés de lavande & de thym ; penhjlgete. les câpriers y font auffi communs que les bruyères en Dancmarck. Du , côté de Sifteron & d'Embnin, on voyage entre des hayes de buis, d'é- '^"0°^ \77' pinc-vincttes , de feules nains , & de fedums buiffonneux ; l'on y voit auffi J 7 ' beaucoup d'amandiers , dont quelques-uns portent du buis. Obferv. 84. Je rencontrai dans ce canton un âne en fureur , ce qui me parut aflez étrange dans le plus indolent des animaux. Nous paffames dans un village des Alpes , nommé S. Crifpin , dont tous les bâtiments , jufqii'aux étables & aux murs des enclos , étoient conf- truits de marbre ; mais on y mouroit de faim. Il y a dans le village d'Argentiere une mine d'argent, qui aujourd'hui eft exploitée par M. Bogdet. On voit auprès de Briançon un grand rocher veiné comme le bois. La vallée de Pragelas a fept milles de longueur ; le grofellier , l'épine- v'mette &C la digitale pourprée y croiftent fans culture : fur les côtearrx qui environnent "cette vallée, on n'emploie au labourage ni boeufs ni che- vaux , mais feulement des vaches , apparemment parce qu'elles marchent d'un pas plus fur dans ce terrein efearpé. Le fommet des montagnes eft abfolument nud , & ne produit rien ; on voit fur leur penchant quelques petits bois tout compofés de fapins. OBSERVATION LXXXV. Talc de Norwegc qui fe travaille au tour, par OLAUS BoRRICHIUS. (*) IL y a plufieurs efpeccs de talc, & chaque efpece a fes propriétés : celui de Obferv. S), Venife eft d'une couleur verdàtre , & fi nous en croyons quelques chy- miftes , on en tire de l'huile ; celui de Mofcovie eft tout à fait diaphane, quelques-uns le nomment le miroir de la Vierge ; celui de Scanie eft plus opaque : en un mot il n'y a prefque point de pays montueux qui n'ait Ibn talc particulier. La Norvège en fournit deux efpeces principales ; l'une naît avec le grenat, & fe trouve dans les mines d'Arndal; ce talc eft un peu noirâtre , mais û" après l'avoir expofé au feu on le retire prompte- ment , il paroît comme un amas de petites lames d'or ; avec un peu d'in- telligence on pouroitmême en tirer de l'or, mais en trop petite quantité pour dédommager des dépenfes qu'il faudroit faire: l'autre efpece de talc, c'eft celle dont il s'agit dans cet article , le rencontre dans la Province d'Aggerhus , Diocefe de Chriitiania ; fa couleur eft tantôt blanchâtre , tantôt tirant fur le verd ; on le travaille au tour , on le coupe , on le feie, on en fait des vafes & on lui donne telle forme que l'on defire ; il paroît un peu gras au toucher , & c'eft de-là que les Nom égiens hù ont donné le nom de Fitfleen ; fes feuilles font f> minces & fi déliées qu'à peine peut-on d'abord diftinguer fi c'eft du talc ; mais elles fe défu^ Tom. IV. dis Acad. Etrang, Y y 3) mais comme on n'eft entré dans aucun détail fur fes yeux , qui par leur ftructure finguliere , font l'une des parties les plus curieufes de fon corps, j'ai cru devoir en parler de nouveau : je rappor- terai d'abord ce qu'en a dit un auteur d'iflande même , c'eft Hannas Thor- levius , homme iincere , très-habile , & fort verfé dans l'hifloire naturelle de fon pays : voici fes propres termes. » Le nom de l'ofcabiorn doit fon » origine à la fable & à la fuperflition : il eft compofé de deux mots , » bïorn ourfin , &C oskar génitif tfoosk , vœu ou iouhait ; l'animal a été » ainli nommé parce que félon l'idée populaire , quiconque peut avaler » la pierre qui eft cachée dans fon corps , obtient l'accompliflement de tous » fes fouhaits. L'ofcabiorn eft du genre des teftacés, fa forme eft oblon- » . mais apparemment que Wormius n'avojt pas vu l'animal entier & bien a. es de Co- >* confervé , car dans cet état le corps de l'oicabiorn n'a pas moins de dix la- penhague, » mes , & lbuvent il en a davantage : de chaque côté des fept Unies an- ^^ , ».térieures naiilcnt autant de bras ou de pattes dont l'animal le (en pour , g'&'ÀZ^' » natier : ce nombre de pattes n'eft pas toujours le même , & il eft quel- "" ' (9* >* quèfois plus grand , quelquefois moindre dans différents fujets. Son Obferv. 90. «• coros ne contient aucun inteflin , on n'y voit ni cœur, ni aucun autre » vhcerej ni même rien d'approchant ; il ne s'y trouve qu'une matière » vifqueufe , tranlparente , lémblablc à de la gelée de grofcilles im peu »» épaiffie , oi marquée d'un léger fillon ; cette matière dont la forme ap- >> proche de celle' d'un fphéroide alongé , lé durcit avec le temps, alors >* on la nomme la pierre de l'ofcabiorn ; Ce n'eft cependant point une vé- » ritable pierre, mais plutôt une corne légère ,JciJj;k , un peu diaphane, » tirant fur la couleur du rubis ; elle fe dilTout dans le vinaigre , mais >» elle le rend trouble &: inlipide : les Iilandois l'emploient comme un cx- » cellent remède dans différentes maladies ; j'ai éprouvé moi-même qu'en » l'avalant on le garantit du mal de mer : on s'en fert au lieu de per- » les dans l'épilepfie & dans les aifeâions cardiaques ; elle eft bonne aufîi » contre la phthilie & contre la pleunJlic, parce qu'elle ferme Oc confolide >< les ulcères du poumon. L'oicabiorn le trouve Couvent attaché à quel- » qttes poiiTons ; par cette railon certains r.omenclateurs l'ont placé dans » la datte des poux ou des groftes punaifes ; il ne pullule cependant pas » fur les poilfons , comme le poux fur les animaux , mais il paroît d'a- » bord dans un petit fac ou foureau membraneux dans lequel il eft cou- >« ché fur une elpece de moililTure verdâtre : fans être réellement de l'al- >» gue , cette enveloppe en a l'apparence ; elle eft au dehors de couleur » d'écarlate, & noirâtre au dedans ; elle eft quarrée, & fa largeur eft de » fix à huit travers de doigt : ce n'eft qu'après être forti de ce foureau , » & lorsqu'il dirige fa marche où il veut , que l'oicabiorn s'attache aux ba- » leines ou à d'autres poifibns , ou même à l'algue Se au bois pour cher- » cher fa nourriture. La pierre de l'ofcabiorn fe nomme en Ifiande Peturs- » /kin , pierre de S. Pierre , & fon enveloppe Perurs-jkip, barque de S. » Pierre : ces noms font fondes fur une fable qui ne mérite point d'être » raportée. » Cette defeription de Thorlevius eft allez exacte ; je l'ai vé- rifiée moi-même ayant ici bon nombre d'ofeabiorns & de leurs pierres ; mais les yeux de ce petit animal étant le principal objet de cet article , Rajouterai quelques obfervations à ce qu'il en a dit ; ces yeux, comme on l'a rapporté , font immobiles & placés dans une petite écaille qui lorme la tête de l'oicabiorn ; lorfqu'on les examine a la \-ue f:mple , ils prélc ti- rent la figure d'un petit treillage ou d'un réfeau verdâtre ccinpofé d'une infinité de fils qui vont & reviennent fur eux-mêmes ; avec le microfeope on apperçoit diitinctement deux pièces ccailleuics couvertes d'yeux ou de ca- vités au nombre de deux cents au moins ; on ne peut les compter exac- tement , parce que ces pièces écailleufes étant un peu convexes , les mou- vements que l'obfervateur eft obligé de faire faire à fon microfeope pour fuivre cette convexité , troublent fon opération. Cette couleur verte dont Yyz 35enhague. J'ai fouvent examiné ces cavités au microlcope , & toujours avec une , nouvelle admiration : elles paroiffent li profondes qu'au premier coup d'ceil .,„ „ /''il femble voir un rayon de miel avec toutes fes cellules. Après avoir bien 1 7 • * 79- coniidéré ces yeux au dehors , j'ai voulu obfervcr la face interne de Oblerv. 90. l'écaillé qui les porte ; j'ai féparé pour cela , avec beaucoup de ménage- ment , toutes les pièces dont le crâne eft compofé ; j'ai reconnu qu'elles étoient toutes liffes & fans filaments , à l'exception des deux feulement dans lefquellcs les yeux étoient placés ; celles-ci étoient comme hériflées d'une infinité de filets : comme mes ofcabiorns étoient defléchés , je ne pus m'affurer fi ces filets étoient autant de petits vaifleâux ; j'ai lieu ce- pendant de le croire , car on diftinguoit à l'extérieur des cavités môme affez profondes , &. il eft probable que leurs extrémités internes n'avoient été fermées que par le defféchement : ces extrémités n'aboutiffent à au- cun cartilage , ni même à l'écaillé dont nous avons parlé , mais elles le rendent au milieu d'un vuide formé par une pièce ecailleufe dont la face intérieure eft concave , & qui paroît faire ici les fonctions de la rétine en recevant & réunifiant toutes les images envoyées par ce grand nombre de petits yeux , & en faifant palier ces impreffions jufqu'au cerveau ou à la partie qui en tient lieu. Les autres teltacés ont des yeux qui débor- dent un peu au dehors de la tête 5 & qui par cette iituation peuvent fa tourner aifément fur tous les objets qui font à leur portée : l'ofcabiorn n'a pas la facilité de mouvoir les fiens , il elt dépourvu de tout mufcle dans cette partie ; mais il en elt dédommagé par la multitude de fes yeux , & par ces petits filets internes qui empêchent la confufion des images , en les réunif- iant au centre de la cavité de l'orbite , d'où elles vont le peindre fur cette pièce ecailleufe concave qui tient lieu de rétine. OBSERVATION XCIV. Obferv. 04. Diffici'wn anatomiqiu de la Cicognc , par Ol. JaCOBjEUS. (*) IA cicogne eft un oifeau rare en Italie , il n'y en avoit point encore _fparu du^temps d'Aldrovande ; cependant j'en ai vu une à Florence, elle fut diflTéquée en ma préfence , &C nous finies fur elle les obfervations fui- vantes. 1. A l'ouverture de l'abdomen , on voyoit deux cavités, féparées par une membrane, intermédiaire qui s'étendoit félon la longueur de l'abdomen : chacune de ces cavités contenoit un lobe du foie ; celle du côté droit ren- fermoit de plus la moitié du ventricule ; l'autre moitié du ventricule étoit dans une troilieme cavité placée au délions de cette dernière ; dans cette troilieme cavité étoient fitués les reins avec leurs artères , enveloppés dans une membrane particulière ; elle renfermoit aufli tous les inteltins au mi- lieu defqueis étoit le rectum accompagné de fa membrane , qu'on peut • ACADÉMIQUE. ^7 nommer méfentere : nous diftingames dans ce méfentere des vaiffeaux de «m— ■— w trois efpeces ; les premiers étoient peut-être des nerfs ; les féconds actes de Co" étoient peut-être des artères , du moins ils étoient certainement des vail- penhague. féaux (ànguins ; les troifiemcs qui étoient les plus éloignés & les plus gros, & dont les parois étoient plus minces que dans les autres, étoient peut- Années 1677. être des veines, quoiqu'on n'y vît qu'une liqueur féreufe. 1678. & 1679. 1. De chaque côté de cette troifieme cavité , s'en prclentoient deux autres Obferv. 04. qui s etendoient dans toute la longueur de l'abdomen : les poumons com- muniquoient à chacune de ces deux dernières cavités par une ouverture dont le diamètre étoit égal à celui d'une plume d'oie , quoique le relie des poumons en tût léparé par l'autre cavité intermédiaire. 3. Au deflus de ces cavités latérales du côté droit , en montant juf- qn'à la région du cœur, le fuccédoient trois autres cavités, dont les deux intérieures , à l'endroit oîi elles étoient (éparées par la cavité intermé- diaire dans le poumon , avoient deux ouvertures continues , ou une feule ouverture divifée en deux par une membrane qui la traverfoit : la troi- fieme de ces cavités qui étoit la plus proche du cœur & de l'œfophage , étoit féparée du poumon par une autre membrane , & cette membrane tormoit plufieurs autres petites cavités aufquelles la litbftance fpongieufe du poumon communiquoit par plufieurs trous. 4. Les inteftins lé plioient & replioient en différents contours , quoi- qu'en dife Pline , félon lequel le conduit alimentaire dans la cicogne elt droit & fans aucune circonvolution. 5 . Elle avoit , ainfi que la plupart des autres oifeaux , deux cœcum fort minces , & placés tout au plus à quatre doigts de diftance de l'anus. 6. Nous trouvâmes clans l'eftomac des vers femblables à des chenilles. Etienne Lorenzini de l'Académie de Florence , m'a dit en avoir diffequé une autre dont tout le conduit alimentaire étoit plein de ces vers. La cicogne le nourrit ordinairement de grenouilles & de ferpents ; elle a tou- jours été fort révérée dans plufieurs" pays , & fur-tout dans la Theffalie , parce qu'elle mange les ferpents qui y 'font très-communs ; du temps de Pline ,(>-') celui qui y avoit tué une cicogne étoit puni de la peine des homicides. 7. Le conduit hépatique perçoit l'extrémité du pancréas , & avoit une infertion commune avec le canal cyftique. ■ 8. Le conduit pancréatique étoit éloigné de plufieurs doigts des vaif- feaux biliaires , & s'approchoit davantage du ventricule. 9. Pline le trompe Iorfqu'il dit (F) que la cicogne n'a point de langue ; elle en a une qui à la vérité eft fort courte & fort mince, & qui elt cachée au milieu d'un bec très-long : les deux côtés de ce bec fe choquant l'un contre l'autre , rendent un Ion à-peu-près pareil à celui du crotalus ou tambour de bafque ; de-là les Latins ont donné à la cicogne le nom da crotalijlna , &C fefont fervi du mot «loturarc pour défigner (on cri. j Hifi. nat. I. ,0. c. 23. ■ (b) li.d. 358 COLLECTION B!!MII !!■■ Actes de Co- PENHAGUE- OBSERVATION XCV. Années 1677. 1678. & 1679. Structure de la. langue du Pivert , par Ol. JacûB£US. (*) T^Our donner une idée jufte de la langtte du pivert, & du méchanifme J_ de fes mufcles, j'ai fait deffiner ces parties dont je donnerai l'explica- tion. PLANCHE XXIII. FIGURE IL A. La langue du pivert telle qu'elle eft lorfqu'elle fort du bec de toute fa longueur ; dans fa lituation naturelle elle eft plus comte , & repliée à- peu-près comme celle du caméléon : à fon extrémité elle eft très-aiguë , &c fortifiée d'un cartilage par le moyen duquel le pivert tire les vers &; les moucherons des arbres qu'il a percés avec fon bec. Cet inftinft qu'il a de creufer les arbres lui a fait donner par Pline les noms grecs de dendroco- laptes , & de xulocopos : d'autres l'appellent pelecan ,para to pelccan ta xu~ la , parce qu'il perce les arbres. Voici ce qu'en dit Albert : « Il y a des » oifeaux dont la langue dans fa partie poftérieure eft compofée de chair, » & dans fa partie antérieure , d'une corne très-aiguë ; tel eft le pivert qui » infinue fa langue dans le bois pour en tirer des vers. » Pierre Martir fait mention d'un autre animal qui a quelque reffemblance en ce point avec le pivert ; fon mufeau qui eft fort aigu & long de trois palmes , ne fe termine point par une bouche , mais il a feulement une ouverture par laquelle l'animal fait fortir une langue très-longue qu'il fourre dans les nids de fourmis. Le pivert a fur l'extrémité de la langue une efpece de glu qui fert à arrêter plus fortement la proie qu'il a furprife : j'ai fait à Leyde chez Arnold Sien botanifte , la même oblërvation fur la langue du camé- léon , animal qui fe nourrit de mouches. B. La partie fupérieure du bec que j'appellerai bec fupérieur. C. La partie inférieure du bec que je nommerai bec inférieur. D. L'arrangement fingulier des mufcles de la langue : ils ont leur ori- gine à l'occiput ; de-là ils s'étendent fur tout le fommet de la tête , &' garniffent un enfoncement formé dans l'os du crâne , après quoi fe réu- nifiant &c ne faifant pins qu'une corde , ils vont s'inférer dans le côté droit du bec fupérieur , marqué E. ce long circuit donne à l'oifeau la facilité d'étendre fa langue , & de la darder comme un trait. F F F. Les mufcles de la trachée artère G. qui s'étendent jufqu'à la ra- cine de la langue. Ces mufcles tournent en fpirale autour de la trachée , & fe croifent alternativement. H H. Mufcles droits qui ont leur naiffance dans l'intérieur du thorax , & qui aboutiffent à la langue. 1 1. Enfoncement du crâne occupé par les mufcles de la langue. K K. Parties des mufcles qui font dures , & qui reflemblent à des cordes à boyaux. ACADÉMIQUE. FIGURE III. 5*9 A. La langue. I3B. Les mufclcs de la trachée artère qui tournent autour de cette tra- chée , comme des rubans. C. L'ouverture de l'épiglotte. DD. L'os hyoïde. Actes de Co- penhague. Années 1677. x67tf.ee 1679. Obier v. 95, OBSERVATION XCVI. Diiïiclion du poijjon nommé Centrines , ou chien de mer épineux , en Italien pefee porco , par O L. JacoB£US. (*) !. QA peau étoit très-épaifïe , très-rude , & garnie d'une infinité de Obferv. 9$. v3 petites pointes : elle étoit de couleur de fuie. Son corps depuis la tête jufqu'à la queue paroilToit de forme triangulaire. 2. Sa tête étoit petite & applatie. 3. Il avoit derrière les yeux une ouverture qui communiquoit dans la cavité de la bouche : cette ouverture elt regardée par quelques-uns comme fon oreille. 4. La partie fupérieure du groin étoit plane & percée d'un grand nom- bre de trous. 5. Ses dents étoient aiguës , triangulaires , crénelées des deux côtés en forme de feie , &c enfin femblables , pour la forme , aux gloffopetres , Se aux dents du chien marin nommé carcharias , dont Sténon nous a donné la description. Cet auteur regarde les gloflbpetres comme de véritables dents de chien de mer. 6. Ce poiflbn avoit dans la mâchoire fupérieure fept rangs de dents ; le nombre de ces dents n'étoit pas pas facile à compter à caufe de leur confufion ; cependant j'en comptai plus de quarante avec le microfeope. La mâchoire inférieure contenoit cinq rangs de dents , dont le premier étoit droit , les autres inclinés : ces dents étoient lî fort enfoncées dans la chair molle &t fongieufe des gencives , que pour les appercevoir l'on étoit forcé de couper ces gencives. 7. Il s'élevoit de Ion dos , afïez près de la tête , une nageoire armée d'un aiguillon. Cet aiguillon, qu'Oppien dit être venimeux , a fait donner au poiflbn le nom de centrines , ou de ealeus ticuleacus : Aelien reconnoît deux efpeces de chiens marins ; il nomme les uns galei, &z les autres centrina : quelques-uns ont mal-à-propos donné à ce poiflbn le nom de centrina , nom que Thcophrafte emploie tantôt pour marquer la vipère appellée dip- tade , tantôt pour défigner le coufin. La queue du poiflbn que je décris fe terminoit par une efpece de nageoire large dans le dellbus & aiguë dans le defïus. 8. L'eftomac, de même que dans les grenouilles, s'étendoit en droite ligne , & fembloh un œfophage plus élargi ; il étoit liuvi d'un imeflin Actes de penha.oue, Années i 1678. &i Obl'erv. Co- 677. 679. 96. 5'5d COLLECTION fort long , droit , & fans aucune circonvolution , à l'extrémité duquel pa- roiflbit un appendice femblablc à un ccecum. 9. La rate étoit comme divilée en deux lobes, dont le droit étoit mince & oblong , &c le gauche plus épais. François Rédi a difléqué quelques- uns de ces poiflons , dans lefquels ces deux lobes étoient bien distingués ; Gafpard Bartholin , fils de Thomas , a auffi trouvé deux lobes dans la rate du chien. 10. Les deux lobes du foie étoient très-longs, & pleins d'huile: l'un rempliflbit le côté droit de l'abdomen, l'autre étoit dans le côté gauche, & s'étendoit jufqu'à l'anus. La légèreté de l'huile étant un préjugé pour fon excellence , j ai éprouvé celle de ce foie , en la mêlant avec l'huile d'olives , avec celle d'amandes douces , & même avec cette huile ii ef- tiniée qu'on nomme di pefca , & j'ai toujours vu la première furnager : j'en mis dans de l'efprit de vin reâifié , & elle alla au fond. Ce foie fricafle eiî bon , félon Rondelet , pour ramollir les duretés , - prochant du crâne, dd. Globules, ou véficules transparentes. FIGURE II. aaaaa. Petites lames charnues des ouics. bbbbb. Cercle ou ouverture qui eft au milieu. ce. Bord extérieur. ddddd. Ouvertures internes des ouies. eeeee. Trous de la peau répondants à ces ouvertures, FIGURE III. a. Le cœur de la torpille. b. L'oreillette droite. C. L'oreillette gauche. FIGURE IV. fia, L'oviduclus avec fes circonvolutionsr Zz » Actes de Co- penhague. Années 1 677. «678. & 1679. Obferv. 97. M. b. c. cl. e. H. 364 COLLECTION FIGURE V. Les lobes du foie. Prolongement plus délié de ces Ipbes qui les unit l'un à l'autre dans le milieu. La véficule du fiel. Le canal cyftique. Union du canal cynique avec l'un des conduits hépatiques. Son infertion dans l'inteftin. Deux conduits hépatiques qui fe joignent au point K. Infertion du conduit hépatique dans l'inteftin. I. Autre conduit hépatique qui fe joint avec le canal cynique d. a* point e. PLANCHE XX K FIGURE I. Repréfentant le foie & quelques autres parties du poiflon nommé capo'„ ■ aa. L'eftomac. b. Le rectum. dd. Les deux lobes du foie qui fe diminuant à leur extrémité com- me dans la torpille , forment entre eux deux une eipece de cordon , e a qui les unit au deftus de l'eftomac. f. La véficule du fiel. g Le canal cyftique. hh. Les ovaires. I. Union des oviducrus au deflus de l'eftomac. K. La rate. L. Le pancréas. Çbferv. 98. OBSERVATION XCVIII. Obfervations anatomiques fur la lamproie & fis poumons , & fur t anguille j par Ol JACOBIUS. I. T A bouche de la lamproie, comme celle de la fang-fue , eft ronde, JLjcreulè & armée tout autour de dents très-aiguës ; ces dents lui fervent pour faifir le bois & la pierre ; elle s'y attache fi fortement qu'elle femble les fucer , Si qu'on a peine à l'en féparer. i. Elle a quatre rangs de dents ; l'inférieur qui eft le plus proche du bord externe , a fept dents ; le fécond & le troifieme qui font placés dans les côtés de part & d'autre , en ont chacun quatre , & le rang fupérieur en a deux plus longues que les autres. Gelner en a compté juiqu'à vingt rangs qui du centre de la bouche s'étendent dans toute fa circonférence, &C dont chaque rang contenoit trois , quatre & jufqu'à fix dents. ACADÉMIQUE. jffy f. Au defïus de la tête on voit comme dans les baleines , une efpcce — w— de filiale ou un trou ouvert, dont j'ai vu fortir quelques bulles d'eau. Actes de Co- 4. Au défions de la tête paroiffent de chaque côté fept ouvertures quip£NHAGUE. font les extrémités d'autant de conduits : ces conduits font compolés de , plusieurs canaux unis enfemble , au nombre de douze à quatorze pour -^n^c<;s ! chaque conduit ; on les regarde comme les ouies de "la lamproie , & ils 1670.ÎX 1079. fervent à expulfer l'eau qu'elle a prife par la bouche. Les anciens Obferv. q8« noinmoient ces trous des yeux , & comme ils en comptoient neuf , c'eft de-là que ce poilTcn a été appelle ncncnaugtn. 5. J'ai voulu renouveller fur la lamproie les expériences faites par Malpighi fi.tr le ver à foie & fur d'autres infectes ; il a iouvent éprouvé qu'en jettant de l'huile fur les petits trous ovales que ces infectes ont dans les côtés, cette huile fermoit l'orifice de leurs poumons , & inter- ceptoit le pafîàge de Tair , d'où réfultoit une privation de mouvement dans les parties enduites d'huile , & bientôt apixs la fiiffocation de l'ani- mal ; cette expérience ne produifit pas le même effet fur la lamproie ; ap- ' paremment parce que les trous étant trop grands & trop ouverts , l'huile ne pouvoit les boucher entièrement , ni ôter tout partage à l'air. J'em- ployai de la cire liquide qui eft plus tenace que l'huile , & en ayant jette dans ces ouvertures ou trachées, je m'apperçus que le mouvement des poumons diminuoit , parce que la cire ôtoit à l'air la liberté du paf- fage ; aufîî-tôt que j'eus enlevé cette cire , je vis les poumons reprendre leur mouvement naturel. 6. Auprès du gofier on découvre un corps fourchu qui a du mouvement: fur ce corps il y en a un autre charnu qui eft marqué fur les côtés de deux taches oblorigues & noirâtres. 7. Le foie eft oblong , fa couleur eft verd de mer , & il n'a qu'un lobe. 8. Le cœur eft caché fous les ouies , & enfoncé dans la fubftance du foie : il eft enfermé dans une enveloppe ou dans un péricarde qui eft dur & cartilagineux. 9. De la bouche à l'anus il n'y a qu'un feul conduit fort long, & fans aucune circonvolution. La lamproie ayant beaucoup d'affinité avec l'anguille ; je joins ici quelques obfervations que j'ai faites avec Nicolas Sténon fur la tête de ce dernier poiflbn. 1. La tête de l'anguille féparée de fon corps, fe remue pour peu qu'on l'irrite , pendant une heure & plus : la tête du grillon-taupe conferve du mouvement pendant deux jours après fa féparation. 2.. Le crâne étant ouvert , tout autant de fois que la dure-mere a été tiraillée , même légèrement , nous avons apperçu dans Pinftant un moin e- ment convulfiï très-fenlible dans les niuicles de la tête. 3. Le cerveau préfente différentes éminences que je décrirai en corn- ' mençant par celles qui fe trouvent dans la partie poftérieure. L'on y dé- couvre, i°. Le cervelet , fous lequel aux côtés du quatrième ventricule paroiflent deux corps gris. i°. Deux éminences blanchâtres , d'où les nerfs optiques tirent leur curigine : ces éminences dans la partie fupérieure où -66 COLLECTION = l'on voit diftinctement une cavité , peuvent être fépnrces l'une de l'antre v r fans quu foit befoin de les couPer '■> nous avons remarqué dans cet en- penhIgueE " droit , des corps qui font peut-être analogues à ceux que dans le cerveau l'on nomme nous & te fies. 30. Deux autres emmenées grifes , liées en- Années 1 677. fembie par un filament tranfverfal de couleur blanchâtre : ces deux émi- 1678. & 1679. nences donnent naiffance à plulieurs fibrilles auffi blanchâtres, difperlées Obferv 08 de côté & d'autre , & attachées à d'autres filaments nerveux qui s'éten- dent en avant. 40. Deux autres protubérances rondes & grues qui com- mencent la moelle allongée ; mais cette moelle étant partie de cet en- droit renvoie en arrière deux filaments qui vont fe réunir au relie dit cerveau. 50. Deux autres petites eminences grifes d'où fortent pardevant des filaments nerveux. t 4 Le cerveau étant renverfe , on découvre encore deux tubercules orilà'tres , & on en voit fortir des fibres nerveufes qui montent au cer- veau : ces deux tubercules font féparés par un troifieme qui eft rouge. « Le troifieme & le quatrième ventricules font allez gros & ailes à dif- tingùer : le quatrième defeend beaucoup au deffous du cervelet au milieu delà moelle épiniere. t 6 La "lande pituitaire dans fa furface fupéneure ne reffemble pas mal à une pe?le percée ; fa fubftance grife qui fe prolonge jufques dans 1 en- tonnoir lui donnant cette apparence : dans fa partie antérieure elle ne tient à rien , mais elle efi adhérente à la dure-mere par les extrémités la- térales de fa partie poftérieure. Explication des Figures de la Lamproie.. PLANCHE XX r. FIGURE IL aaaaaa. Les trous ou les orifices des poumons que le vulgaire nom- me les yeux. _ . v bbbbbb. Les ouies ou les conduits pulmonaires qui ahoutillent a cha- cun de ces trous. FIGURE 1 1 L- a Corps charnu qui eft placé fur le corps fourchu près du gofien. bk Les deux taches noires oblongues qui paroifient fur ce corps charnu» ACADÉMIQUE 367 Actes deCo- OBSERVATION XCIX. penha«ue. Années 1677. Sur le Scorpion, par Ol. jACOB£US, (*) 1 678. & 1679. PEndant mon féjour en Italie je reçus de François Redi plufieurs feorpions ; les ayant difféqués & examinés au microkope , ils me fournirent les obférvations Suivantes. 1. Les femelles font plus grandes & plus noires que les mates; ceux- ci tirent lin peu fur le rouge, & leur couleur eft allez femblable à celle du petit .poiflon qu'on "nomme la fquille. 2. De la bouche fortent deux tenailles qui font dentelées dans le mi- lieu , Si qui s'étendent en long. 3. Le dos eft compofé de lépt anneaux. 4. Le feorpion a de chaque côté quatre pieds , dont l'extrémité eft four- chue , & qui ne reffemblent pas mal aux pinces des écrevifles & des crabes : ces pieds ont chacun quatre nœuds ou articulations , Si font d'un jaune femblable à celui de la corne. gl'ë ■> tel'e qu'elle eit produite par l'eau-forte lorsqu'elle tombe fur penhague. des parties fenfibles. Olaus Borrichius m'a dit avoir vu chez M. T.hevcnot , à Paris , des dents de ferpents des Indes , & il m'a afîuré que ces dents Années 1677. ^toient couvertes de véficules, & qu'elles avoient dans le milieu une en- 1670. 6£ 1679. taj][e par laquelle le venin s'écouloit. Oblerv. 99. 9- La cinquième vertèbre du coté de l'aiguillon , eil la plus longue de toutes : le dernier nœud de la queue , auquel Pline a donné le nom de dent , eft celui qui porte l'aiguillon : cet aiguillon eit creux , & renferme un canal qui m'a paru double & un peu recourbé. 1 o. Le feorpion porte ion corps de travers en marchant , & toutes les fois qu'il veut piquer, il élevé (a queue, & la recourbe fur for* dos en forme d'arc. 1 1 . Je ne connois point d'infectes qui ne foient ovipares , à l'exception du feorpion ; celui-ci eit vivipare , ainfi que Pline (a) & Èlicn (£) l'ont reconnu. Les fétus du feorpion iont plus blancs que la neige ; au pre- mier coup d'œil ils paroiflent afTez iemblables au ver de l'aveline ; j'en ai trouvé dans une femelle quelquefois trente , quelquefois un peu plus ou un peu moins ; ils font attachés à un fil très-délié , ainfi que Redi l'a ob- . fervé avant moi , & ils font tous féparés les uns des autres par une mem- brane très-déliée qui enveloppe chaque fétus , & qu'on peut comparer à la toile la plus fine. J'ai vu ians microfeope les traces de leurs yeux qui paroiflent comme deux petits points noirâtres. Ces fétus quoi- qu'en grand nombre, font logés commodément dans un efpace fi étroit, parce que leur queue qui dans les icorpions eit étendue , le tient repliée fous leur ventre , & que leurs pinces & leurs tenailles font abaiffées fous leur tête , & comme collées à leur corps. Voyt^ PI. XXV. Fig. IV. & V. il. Sténon m'a fait voir des feorpions plus grands qui étoient deflé- chés , & qui vendent du Royaume de Tunis en Afrique. Leur coukur étoit d'un verd jaunâtre , & ils paroifloient tranfparents comme l'ambre jaune ; j'en ai fait ufage pour obierver plus exactement les parties exter- nes de cet animal. 13. Ayant lu dans un auteur ancien que le feorpion fe donne la mort lorfqu'il fe voit enfermé & qu'il ne trouve aucune iffue pour s'échapper, je voulus par moi-même éprouver la vérité de cette obiervation ; je pris donc plufieurs feorpions que j'inveitis exactement de charbons ardents pour leur ôter tout pafîage , leur huilant dans le milieu un efpace allez conii- dérable ; Gafpard Bartholin afliltoit à cette expérience , nous vimes tous les deux ces petites bêtes courir de côté & d'autre pour chercher une for- tie ; enfuite ayant fait quelques tours , elles fe piquèrent de leurs aiguil- lons , & moururent : j'ai eu depuis un foupçon , qui ne me vint pas au moment même de l'expérience ; il fe peut faire que ces icorpions dans les mouvements qu'ils fe donnèrent pour fuir, enflent été bridés par les char- bons qu'ils avoient rencontré , & que cet accident leur eût donne des !j) C. 2$. !. it. b) C. îo. I. 6. convulfions ,' ACADÉMIQUE. 369 convulfions , & les eût fait mourir clans l'attitude que je viens de marquer: "—— "— ■ c'eft ce que je laiffe à examiner aux naturalises qui fe trouvent plus à Actes m Co- portéc que moi de faire des obfervations fur c*s petits animaux. penhàgue. Années 1677. 1 678. & 1679. OBSERVATION C. Obferv. 1 oc, Defcrlption anatomique des Serpents & des Vipères , par Olivier JaCOBjEUS. (*) i.l Es vipères ont à la racine des dents une veffie pleine d'une liqueur Obferv. 100. jLrfjaunâtre : cette liqueur eft venimeufe félon Redi ; M. Charras Pa- rifien foutient le contraire , & prétend que le venin confifte feulement dans les efprits irrités ; quand on admettrait cette dernière opinion , il cil conftant que ces efprits fe mêlant à la liqueur dont il s'agit , lui com- muniquant leur activité, & la taifant fermenter violemment , fuffiroient pour la rendre venimeufe. 2 . Les dents qui font enveloppées dans cette veffie , reffemblent à de petites dents canines , & font attachées à la mâchoire par une racine molle. 3. L'enveloppe du cerveau eft noire : la llibftance de ce cerveau cft denfe aux environs du quatrième ventricule. 4. Le cerveau contient deux paires de tubercules , l'une grife & l'autre blanchâtre : cette dernière produit une expaniion fur le quatrième ventri- cule : entre ces deux paires de tubercules eft une ouverture placée au centre commun de leurs baies. 5. Les nerfs optiques font adhérents les uns aux autres. 6. La prunelle cft compofée de deux arcs qui fe rencontrent dans une ligne perpendiculaire à l'horizon. 7. Le cryftallin eft exactement rond. 8. La trachée artère eft d'une ftruâure fingulicre ; fes cerceaux font au moins fémicirculaires , le refte eft continu à la cavité des poumons : l'on voit dans ces poumons beaucoup de cellules fort approchantes des alvéoles d'une ruche. 9. Je n'ai apperçu dans le cœur qu'un -ventricule Se qu'une oreillette; mais j'y ai découvert plufieurs finus : l'oreillette fe ferme par une valvule charnue. 10. On voit beaucoup de bulles dans le fang des veines. 1 1 . L'ovaire cft double : il y a aulli deux oviduûus qui ont chacun leur orifice particulier. 1 2. Les mufclcs releveurs des côtes font très-remarquables. 13. Les fibres intcrcoftales externes defeendent de la partie poftérieure vers l'antérieure ; les internes au contraire montent de la partie pofté- rieure à l'antérieure , & traverfent plufieurs côtes : les mufcles vertébraux internes defeendent du milieu vers les côtés. 14. La mobilité des dents n'eft pas le iéul objet digne de remarque dans Tom. IV. des Acad, Etrang. A a a 370 COLLECTION la tète , on y peut encore obferver les cavités qui fe trouvent dans la Actes de Co- partie antérieure des narines : ces dents mobiles l'ont attachées en partie penhague. au crâne, en partie à un os qui eft articulé dans la mâchoire. Années 1677. „■ , „ , 0 o y ' Vwtrt femelle. 1678.1X1679. r J Oblerv. 100. i« L'on découvre dans la queue deux petits corps très-minces, dont l'extrémité fupérieure s'élargit & eft tranfparente : c'ell peut-être une ef- pece de clitoris. 1. L'utérus eft double , & n'a qu'un orifice placé entre le dos & le rectum : la corne Supérieure de l'utérus paroît ouverte ; l'extrémité de celle du côté droit eft continue à un petit lac qui couvre l'extrémité de l'ovaire. 3. Ce oui forme l'ovaire eft une membrane roulée en forme de tuyau,' au dedans de laquelle les œufs font adhérents. 4. Lorfqu'on {buffle clans la trachée artère , la veffie des poumons def- cend & s'alonge beaucoup : le poumon étant ouvert , on découvre l'ar- tère qui eft au dedans , & qui s'étend dans toute fa longueur. 5. La bouche eft compofée d'une membrane très-forte, & fufceptible de la plus grande extenlion ; aufîi lit-on dans Ariftote que les ferpents font de tous les animaux les plus voraces , & qu'ils avalent tout ce qu'ils rencontrent , même des corps d'une groffeur confidérable : Erafme Bar- tholin ( a ) affine avoir vu plufieurs fois à Helfingore chez un droguifte , un ferpent defléché , dans l'eftomac duquel on avoit trouvé quatre alouet- tes avec leurs plumes ; on montre encore aujourd'hui dans ce même en- droit le ferpent & les alouettes. M. Aurele Severin (£) fait mention d'un fait pareil. Bartholin ajoute que fe trouvant dans une maifon de campa- gne , il avoit pris plaiiir à examiner une vipère qui avaloit des grenouilles toutes entières ; elle avoit l'adrefle de faire paffer la tête la première , en forte que les pattes étant appliquées le long du corps , le refte fuivoit plus aifément. 6. On trouve dans l'abdomen une grande quantité de graifle, même après que la vipère a fouffert un long jeûne. 7. Sur le dos extérieurement paroiflènt trois paires de mufcles : la pre- mière eft tranfverfale , & s'étend d'un côté à l'autre ; la féconde va du tranfverfal à l'épine , cv la trôifieme , du tranfverfal & de l'épine * l'épine. 8. Intérieurement l'on découvre trois autres paires de mufcles ; la pre- mière eft celle des facrolombaires : la féconde venant des côtes antérieu- rement, & la trôifieme venant des côtes intérieurement, aboutiflent l'une &C l'autre à la ligne qui partage la peau par le milieu. 9. Le mufcle fàcrolombaire eft remarquable par fon mouvement & par l'admirable interfection de fes tendons : fon ufage eft , à ce que je crois , de fléchir le corps du reptile fur les côtés. (.2) Hijlor. anatom. cent. iv. (&) In vip. Pyth. c. 12. ACADÉMIQUE. 371 10. S tenon ayant fait mordre une tourterelle par une vipère; cet oi- feau fut aulTi-tôt faifi d'un tremblement , il marcha eniuite pendant quel- AcTrs DE co- ques moments , mais d'un pas chancelant ; peu de tems après il eut de penkague. fortes convulfions, après quoi s'étant renverfe fur le dos, il mourut : le , , orne le plus remarquable fait que le bec & les yeux furent à l'inl- /'o'"'^.1 /'' '. d'une humeur abondante couverte de petites bulles : le corps l 7 ' '9. ae la tourterelle ayant été ouvert , le foie parut d'un noir jaunâtre ; le Obferv. 100* 1 1 114 ùoit coagule dans tous les vaiffeaux , quoiqu'on apperciit encore quelque mouvement dans l'oreillette du cœur : dans tous les vaiffeaux & du cerveau, & du relie du corps, c: fi ng coagulé étoit environné d'une grande abondance d'humeur féreufe. 11 refaite de ces obfervations que le venin de la vipère a deux effets principaux : l'un de féparer l'humeur fé- reufe , l'autre de coaguler la partie rouge du lang. Plulieurs obfervateurs ayant vu la férofité un peu rougie par le contact du fàng , & teinte à- peu-près comme l'eau oit l'on a lavé les chairs des animaux , le font ima- ginés que le iàng n 'étoit pas coagulé. Dans quelques endroits les inteftins cle la tourterelle étoient enflés ; le fang qui étoit forti par la plaie s'y étoit coagulé à Imitant. 1 1 . François Redi & Moïfe Charras Parifien indiquent plufieurs re- mèdes contre la morfure de la vipère , je ne ferai mention ici que de celui qui a été éprouvé par Bovle : il coniilie à approcher plufieurs fois à une certaine diftance , un fer rouge de la plaie faite par la vipère ; ce fer at- tire tout le venin , & Boyle a giuri cle la forte plufieurs perfonnes. Serpent malt. 1 . Le cœur , comme dans la vipère , n'a qu'une oreillette. t. La partie antérieure de la trachée artère eft compofée de cerceaux qui forment le demi-cercle ; la partie pofterieure eft fort large , & l'cefb- phage y eft adhérent. Un peu au defTus du cœur eft le poumon qui n'eft compofé que d'une feule poche , mais cette poche dans fa cavité renfer- me un grand nombre de petites cellules : la iiiblrance du poumon eft un peu plus dente, & telle à-peu-près que dans les quadrupèdes. 3. Le foie qui eft double & oblong , adhère à la partie inférieure du poumon. 4. Au deffous du foie eft le ventricule qui contient une humeur vit queuie , & dans lequel on a trouvé des oifeaux entiers. 5. Au deffous du ventricule eft un inteftin dont la longueur eft de la moitié d'une palme , ce qui eft affermi par des fibres charnues : j'ai vu un ver dans ce canal. 6. Sous cet inteftin eft la véficule du fiel.- Il fort du foie un petit canal long d'une palme & plus , qui defeend à cette véficide : la véficule dans fa partie inférieure eft aiguë , elle eft un peu large & arrondie dans fa partie fupérieure : de cette dernière partie naît un conduit qui eft (impie dans fon origine, mais quic'etant enfiiitc partagé en deux branches, def- eend à une glande blanchâtre que je crois être le pancréas. Sur cette glande eft placé un petit corps rouge qui peut-être eft la rate : le canal Aaa 1 37.1 COLLECTION ■» ' «■*■— qui defcend de la véficulc rencontre un autre canal qui vient du foie "* Actes de Co- & Sui s'étend jufques vers le milieu de la glande : les différentes anafto- ïekhagus. menés de ces canaux produifent fur la furface de la glande un tacis de , vàiflèaux verds , après quoi fe réunifiant tout-à-fait , ils la traverfent &C A"ne« ^77- aboutirent à l'inteftin. 17 79" 7- Quoique j'euffe vu quatre rameaux biliaires fe porter à l'inteftin , je Obferv. 100. n'a' trouvé dans l'inteftin , même après en avoir fait l'ouverture, que trois orifices verds. 8. Un peu au deffous de cet efpace eft le teiricule droit, plus bas efl le tefticule gauche ; de l'un & de l'autre defeendent les vaiflèaux fperma- tiques qui font un grand nombre de circonvolutions. 9. Au deffous des teflicules font les reins. 10. Vers l'extrémité du rectum paroît une membrane qui par fon exten- fion forme une cavité , & cette cavité eft percée aux environs du milieu du dos par deux ouvertures fort voifines. 11. J'ai préfenté à un ferpent deux moineaux ; il failit l'un par la tête , l'autre par la queue, & il les avala tous deux. il. J'ai apperçu dans le ferpent deux fortes d'excréments; l'une com- pofée de plumes jointes & amoncelées enfemble , l'autre eft une matière blanchâtre , lèche , friable , & qui reffemble beaucoup à des os calcinés. Autn ftrpent du genre des ferpents verds. 1. Le canal biliaire pénétrait au milieu du pancréas : le conduit hé- patique après être defeendu environ d'une palme du foie vers le pancréas, remontoit à la véiicule du fiel dans un efpace de quatre doigts. 2. Le méfentere étoit très-noir , de même que la furface interne de la poche du poumon. 3. Le foie étoit double & long d'une palme. 4. A quelque diiiance au deffus du cœur , étoit un corps d'un jaune rougeâtre analogue au thymus : en y voyoit auffi quelques tumeurs épar- fes de côté & d'autre , & remplies d'une eau rouge. <;. Les reins étoient compofés de plufieurs petits lobes: le rein gauche étoit plus bas que le droit de la moitié de fa groffeur. 6. Le tefticule droit étoit élevé de quatre doigts au. deffus du gauche; ils avoient l'un & l'autre deux doigts de longueur. 7. Sous l'anus étoit une cavité aifée à diftinguer : au milieu de cette cavité s'élevoit un mamelon auquel les uretères & les vaiffeaux déférents aboutjffoient enfemble. 4. A C A D Ê M I Q U E, 373 Actes de Co- OBSERVATION CI. mnhagot. Années 1677. Obfcrvaùons anatomiques fur l'Ane, par OuvlER JACOBvEUS. (*) 1678. & 1679. J'Ai fait ces obfcrvations fur la ftruclure intérieure de lane , dans la mai- Obferv. ioi, ion d'Edouard Tyfon anatomitte , pendant mon féjour à Londres. 1. Je n'ai point trouvé fous le foie de véficule du fiel, mais feulement un pore biliaire. D'autres obfervateurs affurent également qu'ils n'ont ja- mais rencontré cette véficule dans le cheval , dont les vifeercs font entiè- rement conformes à ceux de l'àne : Simon Pauli l'a cherchée inutilement dans un cheval du Roi qu'il a difféqué à Copenhague , quoique pour plus grande exactitude il eût féparé le foie en plufieurs morceaux : cependant Gafpard Bartholin rapporte dans les Aftes de Copenhague , que Blafius difî'équant un cheval , a trouvé une véficule du fiel de la grofleur du poing, enfoncée dans la fubflance même du foie. 2. La tunique interne de l'cefophage ne tenoit prefque point à la tu- nique externe , en forte qu'on voyoit comme deux œfophages renfermés l'un dans l'autre. Cet œfophage étant parvenu au milieu du ventricule , s'y attachoit fortement par des efpcces de franges d'une ftruôure très-cu- rieufe ; fa couleur étoit prefque jaunâtre , comme celle du jabot des oi- feaux. 3. Auprès de l'ouverture de l'épiglotte fuintoit une matière laiteufe qui fortoit fans doute des glandes placées en cet endroit : cette matière fe trouvant chargée d'acrimonie cft probablement la cauie de la toux , lorf- qu'elle tombe dans la trachée. 4. La couleur du foie étoit noirâtre , &: tiroit fur le gris de plomb , telle que d'autres l'ont obfervée dans le foie du cheval. 5. La rate étoit rougeâtre, & de la forme de la gloffopetre. 6. Le cœur ne regardoit point le diaphragme , mais fa pointe étoit tournée vers le ftemum , & fa bafe qui étoit perpendiculaire au flernum , regardoit le dos. 7. La conformation des reins étoit encore plus finguliere : l'un reflem- bloit à un cœur tel que les peintres le repréfentent ; l'autre avoit la forme d'une cornue. COLLECTION Actes de Co tenhague. OBSERVATION CVI. Années 1677. 1678. & 1679. sur les reins des Chiens , par Olivier jACOBEUS. (*) Obierv. 106. LA forme des reins varie beaucoup , foit que cette diverfité vienne dliS jeu de la nature , foit qu'il faille l'attribuer au vice de quelque ma- ladie. Dans un chien de chaffe du Chancelier Olivier Vindius qui fut dif- iéqué par Sténon , nous remarquâmes que le rein droit étoit de la grof- feur ordinaire, & que le gauche étoit tout au plus gros comme une ave- line : dans c"e dernier on ne voyoit qu'un peu de chair mêlé avec les ref- tes de la membrane interne qu'on avoit peine à dittinguer : peut7être avoit-il été rongé par les vers ; il eft certain du moins qu'on trouve Couvent des vers clans les reins des chiens : Sennert ayant ouvert un de ces animaux , obferva un rein dont la fubltance étoit entièrement confommée, & auquel il ne relïoit plus que la tunique dont il avoit été enveloppé ; cette tunique étoit remplie de vers longs femblables aux vers de terre. OBSERVATION CXVII. Troupeau de bêtes marines appellées dans la langue du pays Strandqvceg , & en Allemand Strand-oder-meervich , par Gaspard Kolichen. (*) Obferv. 117 T TN dc mes amis 1d demeure à Coege , m'a raconté que fa femme %J retournant de Copenhague chez lui environ un jour d'été , fe trouva à midi fur le bord de la mer : le rivage étoit fec alors , comme il arri- ve lorfque certains vents foufflent ; & le chemin y étant plus uni , cette femme y fit paffer fa voiture : de-là elle vit de loin aux environs de l'endroit où la mer devient plus profonde, un troupeau de betes marines fans poil , de différentes couleurs , & dont la tête étoit armée de cor- nes comme celles de nos vaches : elles différaient cependant des vaches en ce que leur queue avoit la forme d'un éventail , du moins autant qu'elle put le distinguer à une fi grande diftance : elle compta , autant que je puis m'en fouvenir, douze vaches & un taureau : à Ion arrivée toutes ces bêtes fe retirèrent , le taureau à leur tête , & nageant lentement , elles gagnèrent la haute mer. A cette occafion je me fuis informe des gens d^s environs s'ils avoient quelque connoiffance de ces bêtes marines ; non-feulement ils m'ont confirmé le récit qui m'en avoit été fait , mais ils m'ont encore ajouté que le taureau marin le mêloit quelquefois avec les vaches , & que les petits qui naiffoient de cet accouplement gagnoient le rivage peu de temps après leur naiffance , & alloient fe précipiter dans la ACADÉMIQUE. £5 i)\or. Erafnuis Francifcus (♦ P7* COLLECTION Actes deCo» penhague. Années 1677. 167S.Sc !^79. Obferv. 129. OBSERVATION CXXIX. PLANTES MONSTRUEUSES, L'humidité de l'été dernier a produit beaucoup de fingularités parmi nos plantes. La rofe eft ordinairement circulaire , j'en ai vu une qui avoit la forme d'une pyramide : j'ai trouvé des grofeilles qui avoient aulïi une forme pyramidale : enfin j'ai obfervé deux mauves monltrueufes , dont l'une fur-tout étoit digne d'attention ; elle paroiffoit chargée de ban- delettes & l'on auroit dit voir Pajuftement dont les femmes ortlènt leurs têtes félon la mode régnante : je joints ici la figure de cette mauve telle qu'elle m'a été communiquée par Olaus Borrichius. Voye^ PI. XXV. Fig. IX» COLLECTION 377 t l?*.-*-* ^^ï^xxxxxAe/^^fe^f^^ '♦> v i. vV>1* COLLECTION ACADÉMIQUE. a> EXTRAIT DE LA DISSERTATION DE NICOLAS STÉNON lur les corps folidcs qui le trouvent contenus naturellement dans d'autres corps iolides. (Z) Dédiée à Ferdinand II. Grand Duc de Tofcane. ff^Sg^lI N voyage«r qui parcourt pour la première fois un pays inégal — riàiTîi&iii montllcux ' n'a Pas plutôt apperçu fur le fommet d'une Sténos, des «ri U * jj montagne éloignée , la ville où il doit ferepofer, qu'il s'imagine c°*ps solides r ^■^'sjff en être tout proche : mais plus il avance, plus cette ville pa- fcî5Së^fei.si ro;t s'éloigner, parce qu'il découvre fucceflivement une éten- due de chemin très-confidérable , qui lui étoit cachée d'abord par les iné- galités du terrein. Ce qui arrive à ce voyageur efî une image aflez jufte de ce qu'éprouvent ceux qui fe propofent de parvenir à la connoifTance certaine des chofes naturelles par la voie de l'expérience : dès qu'ils ont entrevu quelque foible trace d'une vérité inconnue , ils s'imaginent qu'ils vont bientôt la découvrir pleinement ; mais ils ne pourront jamais déter- miner le temps qui leur fera néceffaire pour réfoudre cette liiite de diffi- cultés fuccefïïves , imprévues , & fans ceffe renaiffantes , qui arrêtent le philofophe ou l'obiervateur à chaque pas. On ne doit donc pas être ftirpris que depuis un an & plus j'aie cru prefque chaque jour être au bout de la recherche où je me fuis engagé à l'occafion des glofîbpctres ou dents de chien de mer; car ayant examiné plus d'une fois les terres d'où l'on tire les coquilles & les autres produc- tions marines , j'avois compris que ces terres n'étoient autre chofe qu'un fédiment dépofé par les eaux de la mer ; & qu'on pouvoit découvrir en obiervant le nombre des couches de ce fédiment, combien de fois la mer avoit été troublée dans chaque endroit par le mélange de matières étran- gères : non-feulement je m'étois imaginé , j'avois même annoncé avec Tom, IV, des Acad, Etrang, g bl> 378 COLLECTION — ^— — confiance que j'aurois bientôt éclairci ce point d'hiftoire naturelle ; Stenon , des mais à mefure que je me fuis enfoncé dans les détails de cette recherche , Corps solides, que j'ai obfervé un plus grand nombre d'objets & avec plus d'attention , 6-c- j'ai vu germer les difficultés fous mes pas , & naître une multitude de doutes dont la chaîne indiflbluble m'arrêtoit ou me rcnvoyoit même au commencement de la carrière , dans le moment où je me croyois prêt à atteindre le but. Ceci ne liirprendra point les perfonnes à qui un long ufage aura appris combien il eu difficile de trouver la vérité dans le la- byrinthe de l'expérience. Je ne donne ici qu'une efquiffe de l'ouvrage dont j'avois conçu le plan fur les corps folides qui le trouvent naturellement contenus dans d'autres corps folides. J'aurois defiré d'exécuter ce plan dans toute fon étendue , & j'aurois volontiers attendu un temps plus commode , s'il m'eût été permis de l'efpérer ; mais je ne puis me flatter de cette efpérance , après avoir conf- tament éprouvé que des travaux commencés ont toujours été interrompus par d'autres travaux. Au milieu de mes recherches fur les glandes , & de l'entreprife que j'avois faite de déterminer leur nombre dans le corps hu- main , j'ai été détourné par l'obfervation de la ftrufture du cœur ; la mort de mes proches m'a arrêté dans ce travail ; tandis que je m'attachois à la defcription exacte & détaillée des mufcles , il femble que la mer de Tof- cane ait fait paroître un chien de mer d'une grandeur prodigieulè pour in- terrompre ces recherches anatomiques ; & maintenant que je fuis entiè- rement occupé des expériences relatives à la queftion des corps folides'con- tenus naturellement dans d'autres corps folides , des raifons indifpenfables me rappellent dans ma patrie : ainfi ne fâchant plus quel objet m'occu- pera déformais, je vais jeter fur le papier les découvertes que j'ai faites for cette matière, foit par mes expériences, foit par mes réflexions, dans l'efpérance que ces découvertes ne feront pas tout-à-fait inutiles à ceux qui pourront confacrer leur loifir à perfectionner la géographie phyfique ; & que le Souverain qui me protège daignera les agréer comme un hom- mage public de ma reconnoiffance. L'ouvrage dont il s'agit efl divifé en quatre parties : Dans la première, qui tient lieu de difeours préliminaire, je fais voir que cette queftion fur les productions marines trouvées loin de la mer , eit fort ancienne , qu'elle réunit le double mérite de l'utilité & de l'agrément, & qu'il elî au flî diffi- cile d'en donner aujourd'hui la vraie folution , que cela eût été ailé dans les premiers fiecles du monde. Enfuite ayant expofé les raifons pourquoi les modernes fe font éloignés de l'opinion de l'antiquité , & pourquoi il n'y a rien eu de pleinement décidé fur cette matière , quoiqu'un _ affez çrand nombre de bons écrivains s'y foient appliqués avec fuccès , je fais voir que la gloire de cette découverte , & de beaucoup d'autres , étoit réfervée au liecle du Grand Duc Ferdinand If. & qu'elle fera le fruit des fages encouragements qu'il accorde à la bonne philofophie. Dans°la féconde partie je réfous ce problême général duquel dépend l'explication de toutes les difficultés : Un corps figuré d'une certaine manière , & formé par la nature , étant donné , trouver dans ce corps même des indices ■sûrs du lieu de fa formation, & de la manière dont il s'ejl formé. Mais avant A C A D t M \ 0 U E. 3-") Jentàiherrafohition de ce problème, je détermine le iens de chacun des — - u " "'!^gg termes oui entrent dans fon énoncé , afin c'e prévenir les objeûions qui Stinon , des pourraient naître des fentiments propres à chaque feue particulière , ôc de Corps solides , rendre ma folution vraie dans tous les fyllémes. &«' Dans la troilieme partie j'examine en particulier les divers corps iolides renfermes dans d'autres corps folides, & je me conduis dans cet examen par les relies qui réiultent de. la folution du problème. Dans la quatrième partie je décris la Toicane dans les différents états par on elle a dû paffer, & qui ont échappé non-feulement aux hifto- riens, mais encore aux naturaïiiks. Enfin j'y propofe une explication du déluge univerfel , conforme aux loix de la nature. Mais comme il ferait trop long de détailler toutes les obfervations , avec la fuite de conféquences qui en dérivent, j'entremêlerai librement les faits & les raifonnements , fuivant que je croirai pouvoir en tirer plus de fe- cours pour éclaircir en peu de mots les principaux points de la quelhon. Je remarque d'abord que dans les feiences naturelles les doutes fem- blent germer fous la plume des écrivains , fe multiplier par les efforts mê- mes que l'on fait pour les écarter ; cela arrive , ce me lemble , principa- lement par deux raifons : la première eft , qu'il y a très-peu d'écrivains qui entreprennent d'éclaircir toutes les difficultés dont l'explication eft ne- ceffaire à la folution complette des queftions qu'ils le propofent. La quef- tion dont il s'agit ici offre un exemple frappant de ce défaut. Les anciens ne s'attachoient qu'à cette feule difficulté : comment les productions ma- rines avoient été portées à de fi grandes ditfances de la mer ; & il ne leur tomba jamais dans i'efprit de douter que ces productions vinffent en effet de la mer. Dans les fiecles poftérieurs on s'eft peu embarraffé de la difficulté qui avoit occupé les anciens , & prefque tous les efforts fe font portés à expliquer la manière dont ces productions fe font formées. Ceux qui les ont regardées comme de vraies productions marines , fe font ém- diés à prouver° qu'elles ne pouvoient avoir d'autre origine : ceux au con- traire qui prétendoient qu'elles s 'étoient formées dans la terre, foutenoient que les lieux ou on les trouvoit n'avoient jamais pu être fubmergés par les eaux de la mer; & ils s'attachoient uniquement à faire valoir les forces de la nature , & à fonder fur ces forces mal connues , la poffibihté de toute forte d'effets , & la vraifemblance de leurs conjeftures. D'autres conciliant ces deux opinions , en ont formé une troifieme qui a été adoptée affez généralement : ils ont fuppofé qu'une partie de ces produaions fe formoient dans la mer , & l'autre au fein de la terre ; mais dans tout cela on ne trouve prefque aucune trace de la difficulté qui avoit frappé les anciens ; fi ce n'eft qu'on a parlé de certaines inondations , & qu'on a allégué je ne fais quelle fuite immémoriale d'années ; mais ce font de (impies conjectures qui ont été jetées comme en pafïant par ceux qui les avoient imaginées. Pour moi voidant me conformer de tout mon pot- fible aux loix "d'une féverc analyfe je fuis revenu fans ceffe fur l'objet de mes recherches , j'ai examiné & recïifié les réfultats dans leur enfem- ble & dans leurs détails, jufqu'à ce que je fois parvenu à ne rencontrer aucune difficulté , foit dans les ouvrages des naturaliftes , foit dans les ob- B bb i )$o COLLECTION 5, jeûions de mes amis , (bit dans le fpe&aclede l'univers * que je n'aie ré- Stenon des folue , ou du moins que je n'aie déterminé à quel point elle pourroit Corps solides , être réfolue par les connoiffances que j'ai acquîtes julqu'à ce jour. 6v. La queftion n'étoit au commencement que de lavoir fi les gloffopetres de Malthe avoient été autrefois des dents de chiens de mer ; mais je vis bientôt qu'elle rentroit dans cette queftion générale : les corps femblables aux pro- ductions marines qui le trouvent à de grandes diftances de la mer , ont-ils été formés autrefois dans la mer ? & comme on trouve auffi dans la terre des corps femblables à ceux qui le forment dans l'air , dans l'eau douce , & dans d'autres fluides , nous ne pouvons fuppofer que la terre produife cette dernière forte de corps , fans reconnoître qu'elle peut aufl] produire tous les autres : la queftion propofée doit donc embrafler tous les corps que l'on tire de la terre, & qui font lemblables à d'autres corps que nous voyons croître & fe développer dans différents fluides. Mais on trouve encore des matières figurées contenues dans des cailloux & des pierres : & fi l'on attribue leur formation à une certaine faculté de leur matrice , il faudra dire la même chofe de tous les autres corps ; je me fuis donc vu forcé de généralifer entièrement la queftion , & d'examiner dans tous les cas fi un corps folide naturellement contenu dans un autre corps folide avoit été formé originairement dans la matrice où il fe trouve a&uelle- ment ; & par conféquent d'obferver la nature du lieu où il fe trouve , & du lieu où il s'eft formé : mais comment déterminer le lieu de fa forma- tion primitive fi l'on ignore la manière dont il fe forme ? & comment con- noître la manière & le progrès de fa formation li l'on n'a pas une idée jufte de la nature de la matière? d'où l'on peut voir combien de queftions générales il faut réfoudre pour éclaircir pleinement une leule queftion par- ticulière. La féconde caufe qui femble nourrir & perpétuer les doutes , c'eft qu'on ne diftingue pas affez dans les feiences naturelles ce qui peut , & ce qui ne peut pas être déterminé avec certitude ; & de-là les deux feftes qui partagent à-peu-près le monde philofophe. Les uns fe feraient un fcrupule de fe laifler aller aux démonftrations les plus irréfiftibles ; ils craindroient que ces démonftrations ne cachaflent de fecrettes erreurs femblables à celles qu'ils ont fouvent découvertes dans des affermions qu'ils avoient inconfidé- rément adoptées. D'autres au contraire fe croiroient gênés dans leur doc- trine s'ils n'admettoient pour certain que ce quieft réellement certain, & reconnu tel par le fuffrage de la raifon & des fens : ils regardent comme vraie toute opinion ingénieufe , & qui leur plaît. Ceux même qui fe font appliqués à la phyfique expérimentale ont rarement eu affez de modéra- tion pour ne pas rejetter les principes les plus certains de la nature, ou pour ne pas donner comme inconteftables ceux qu'ils avoient imaginés. Dans la vue d'éviter ce dangereux écueil j'ai fait une continuelle & rigou- reulë application à la phyfique d'une maxime morale que l'on trouve dans Seneque : les meilleurs de tous les préceptes , dit ce Philofophe , font ceux qui font généralement adoptés par les Péripathéticiens, les Académiciens, les Stoïciens , les Cyniques , & aufquels le fuffrage unanime de tous les Philofophes&de toutes les Seftes , ont imprimé lefceau de l'approbation pu- ACADEMIQUE. jgi bKquc : de même en phyfique les meilleurs principes font ceux dont tous les r— *— ■»— > Phyficiens conviennent malgré l'oppofition de leurs fyflêmes & de leurs opi- Stenon des nions, & qui font également admis par ceux qui font les plus lcnfibles au Corps solides, charme de la nouveauté , & par les plus zélés adorateurs des opinions an- &c. tiques. Je n'entreprendrai donc point de déterminer fi les parties primitives d'un corps naturel peuvent ou ne peuvent pas changer de figure ; fi l'on doit admettre ou ne point admettre du vuide dans leurs interitices ; fi ces par- ties primitives ont ou n'ont pas d'autres propriétés que l'étendue & la dureté ; toutes les opinions qui roulent lur ces fortes d'objets ne font point des opinions reçues univerfellement ; elles n'ont ni ne méritent d'avoir le caractère de la publicité ; car c'ell bien mal raifonner de dire : je n'apperçois que cela , donc il n'y a que cela ; c'eft vouloir renfermer l'immenlité de la nature clans le cercle étroit de nos idées. Je me borne à affirmer avec affurance, i°. Qu'un corps naturel efl un amas de particules infenfibles qui fe laifle pénétrer par l'adion de l'aimant par celle du feu, quelquefois même par celle de la lumière, foit que les pores de ce corps foient difperfés dans les interftices de fes particules foit dans les particules mêmes, ou indifféremment dans les particules & dans leurs interilices. 2°. Qu'un corps folide diffère d'un fluide , en ce que dans le fluide les particules infenfibles font dans un mouvement continuel , fe féparent faci- lement les unes des autres ; au lieu que dans les corps folides les parti- cules infenfibles peuvent bien fe mouvoir, mais ne peuvent prefque jamais fe féparer , tant que ce corps folide refte folide & conferve fon intégrité. 3°. Que les particules infenfibles d'un corps folide font en mouvement, tandis que la nature travaille à fa formation. 4°. Que jufqu'à préfont nous n'avons rien découvert fur la nature de la matière qui punie expliquer le principe du mouvement & la perception du mouvement : mais que nous connoiffons trois caufes qui peuvent chan- ger la détermination des mouvements naturels. i°. Le mouvement d'un fluide qui pénètre & s'infinue dans tous les corps : ce qui fe forme de cette manière , nous le difons formé naturellement. 2°. Le mouvement animal : la plupart des chofes que l'homme fait à l'aide de ce mouvement font appellées artificielles. 30. La caufe première & inconnue du mouvement : les payens eux-mêmes ont reconnu quelque chofe de divin dans les effets immédiatement produits par cette caufe : vouloir lui refluer la puiffance de changer le cours ordinaire de la nature , c'ell vouloir refufer à l'homme le pouvoir de détourner le cours des fleuves , d'employer les voiles pour fe rendre maître des vents , d'allumer du feu 011 il ne s'en feroit jamais allumé fans lui, d'éteindre une lumière qui fans lui n'eût fini que lorlque l'aliment lui auroit manqué , d'unir fiir une même tige par le moyen de la greffe des plantes de différentes efpeccs, de conferver les fruits d'été au milieu de l'hiver , d'avoir & de faire de la glace au milieu des plus gran- des chaleurs de l'été , & de réuffir dans mille "autres entreprifés toutes"auffi contraires les unes que les autres aux loix communes de la nature. Si ne connoiilant point la ilruclure de notre propre corps } ni des corps étran- }8i COLLECTION gers, nous pouvons cependant changer tous les jours In détermination des Stenon , des mouvements naturels, comment oferions-nous réfuter le même pouvoir à ce» Corps solides, lui qui connoît tout,& qui a tout fait? Certes, ce feroit une étrange ab- &c' furdité d'admirer l'induftrie d'un agent libre & borne dans les ouvrages de l'art humain , & de ne vouloir point reconnoître dans les productions de la nature un moteur fuprême & louverainement libre; d'autant plus que l'homme dans les chef'-d 'œuvres les plus merveilleux ne voit qu'à travers un nuage & ce qu'il a fait, & l'inftrument qu'il a employé, & la came primitive qui a mu cet infiniment. J'expoie toutes ces vérités plus au long dans la differtation dont il s'agit , je les démontre par le raifonnement & par les faits , je fais voir qu'elles ont été admifes par tous les Philolbphes fans exception , quoi qu'ils n'aient pas tous tenu le même langage, & je prouve que s'il s'en eft trouvé qui le foient expliqués d'une manière contraire en apparence aux vérités que je viens d'indiquer, ces vérités étoient des conféquences néceffaires des principes qu'ils admettoient. Il en eft ainii de ce que j'ai dit de la matière ; ce font des vérités qui ont lieu , foit que l'on tienne pour les atomes , foit qu'on fuppofe des molécules fufceptibles d'une infi- nité de changements , foit qu'on admette les quatre éléments, ou qu'on adopte les divers principes chymiques établis par les divers chymiftes. II en eft de même des proportions que j'ai avancées fur la détermination du mouvement. Ces propoiîtions font vraies clans la fuppofition de quel- que moteur que l'on veuille imaginer : foit qu'on faffe réiider le principe du mouvement dans une certaine forme , ou dans les qualités émanées de cette forme , ou dans l'idée , ou dans une matière fubtile commune , ou dans une matière fubtile propre , ou dans une ame particulière , ou dans une ame univerfelle , ou dans le concours immédiat de Dieu. Je détermine dans le même efprit le fens des différentes façons de par- ler reçues pour expliquer diverfement la production des corps divers , & quelquefois des mêmes corps : car tout ce qui contribue à la production d'un être corporel y contribue ou comme lieu , ou comme matière , ou comme agent. Ainfi lorfqu'un être femblable produit fon femblable , il eft tout à la fois &c le lieu , & la matière , & l'agent de la production. La petite plante renfermée dans la femence a trouvé dans la plante qui a donné cette graine , une rmtrice convenable , & la matière dont elle eft compofée > tk le mouvement qui lui a imprimé la première- forme. II en eft de même de l'animal contenu dans l'œuf. Lorfqu'une forme ou une ame particulière travaille à la production d'un nouvel être , le mouvement des particules qui opère cette production , eft déterminé par quelqu 'agent particulier, foit que cet agent foit auflî le mo- teur de quelqu'autre corps femblable , foit qu'il foit quelque chofe de fem- blable à ce moteur. Les chofes dont la production eft attribuée au foleil , font mues dans leurs petites parties par les rayons du foleil ; de même les chofes qu'on attribue aux- influences des aftres , pourront avoir été mues dans leurs pe- tites parties par ces mêmes aftres : car puifqu'il eft certain que la lumière des aftres excite du mouvement dans nos yeux , pourquoi ne pourroient-ils ACADÉMIQUE. 385 pas de même agir fur toute autre partie de matière ? (a) — — — Les productions de la terre ne trouvent dans la terre qu'une matrice çTr..„„ „« convenable, oc des lues nourriciers propres a leur nutrition oc a leur ac- Corps soliùis, croisement. &c. Les choies que la nature produit font mues dans leurs petites particules par Faction d'un fluide qui les pénètre, loit que ce fluide émane du loleil, ou qu'il s'échappe d'un feu contenu dans la matière terreftre , ou qu'il ait une fource inconnue, &c. Celui donc qui attribue une production particulière à la nature , indi- que un moteur univcrlel qui influe liir toute production ; s'il attribue cette même production au foleil , il détermine plus particulièrement ce moteur ; s'il parle d'une ame , ou d'une certaine forme individuelle , il particularise de plus en plus la caufe motrice , mais il n'y a rien de clair dans tout cela pour quiconque approfondit les choies ; car de la nature , des rayons du foleil , de l'ame , & des formes individuelles , nous n'en connoilTons que le nom. Puis donc que dans la production des êtres cor- porels , il faut confidérer non-feulement le moteur , mais encore la ma- tière , & le lieu , ce feroit fort mal expliquer la formation des coquilles foffiles , que de dire qu'elles ont été produites par la nature , puifque celles qu'on trouve dans la mer font aulli l'ouvrage de la nature. La na- ture produit tout , puifque tout eft produit par l'action d'un fluide péné- trant ; mais on pourrait dire avec autant de raifon que la nature ne pro- duit rien , puifque ce fluide ne peut rien feu] , & qu'il ne peut recevoir de détermination efficace que du lieu où il agit , & de la matière fur la- quelle il agit. Il en elt de même de l'homme ; rien ne lui eft impoffible lorfqu'il eft pourvu des inftniments néceflaires : ôtez-lui ces inftruments , vous lui enlevez tout l'on pouvoir. Celui qui regarde la terre comme caufe productrice, indique le lieu de la production ; mais puifque la terre eft en partie le lieu de tous les corps terreftres, & que le lieu ne fuffit pas feul pour produire, on pourra dire de la terre ce qu'on a dit de la nature : qu'elle produit tout ce qui fe forme dans fon fein , & qu'elle ne produit rien de tout cela. Les principes que je viens d'établir fuffifent pour éclaircir les doutes qui obfcurciflént la queftion, & dont la folution dépend des trois propo- rtions fuivantes. I. Si un corps folide eft enveloppé de toutes parts par un autre corps (c- li celui-là a acquis le premier la dureté qui dans tous les points de (.») Ce raifonnement qui fuppofe l'influence des aftres fur notre globe , me p très-jufte : ce n'eft pas que je voulufle adopter toutes les extravagances de l'aftri judiciaire ; mais aulTi il me femble qu'on a prononcé trop légèrement l'in matières végétales & autres corps liftes qui le trouvent renfermés dans, les terres , dans les pierres & dans les cailloux , étoient déjà folides lorf- que la matière des terres & des pierres qui les contiennent, n etoit en- core que fluide : ainfi non-feulement ces terres & ces pierres n'ont point produit les corps contenus dans leur intérieur, mais elles n'exiftoient pas même dans le lieu où ces corps contenus furent produits. 2°. Si un cryftal eft en partie renfermé dans un autre cryftal , ou un. fpar dans un fpar , ou une marcaffite dans une marcaffite , les corps con- tenus étoient déjà folides lorfque les corps contenants étoient encore en partie fluides. 3°. Les coquilles pétrifiées en fubffance cryftalline ou autrement, les veines du marbre & du lapis lazuli, les filons des mines d'argent , de mer- cure , d'antimoine , de cinabre , de cuivre , & des matières minérales de ce genre que l'on trouve dans les terres & dans les pierres , étoient en- core dans l'état de fluidité , lorfque les corps contenants étoient déjà fo- lides : ainfi les marcaffites ont été produites les premières , enfuite les pierres qui renferment les marcaffites , enfin les filons de matières miné- rales , qui rempliffent les crevafles des pierres. IL Si un corps folide refTemble à un autre corps folide , non-feulement par la forme extérieure & par la fuperficie , mais encore par la ftrufture des plus petites parties , & par ia conftitution intime , ces deux corps au- ront été produits dans le même lieu & de la même manière. Quand je dis dans le même lieu, je ne parle point d'une infinité de circonllances loca- les , étrangères à la production , & qui ne peuvent ni l'aider ni l'empê- cher. Il rélùlte de ceci ; i°. Que les lits de terre ont des rapports frappants avec les couches de fédiment que dépofent les eaux troubles , & quant au lieu de leur for- mation , & quant à la manière. 2°. Que les mêmes rapports fe trouvent entre les cryfîaux de roche , & les cryftaux de nitre , quoiqu'il ne foit pas évident que le fluide où fe font formés les cryftaux de roche , ait été un fluide aqueux. 3°. Que ces corps que l'on tire de la terre, & qui reffemblcnt de tour point à des parties de plantes ou d'animaux , ont été produits dans le même lieu & de la même manière que leurs analogues , c'eft-à-dire , que les vraies parties de plantes &C d'animaux aufquelles ces corps reffem- blent. Mais pour écarter toutes les difficultés qui pourroient naître du fens équivoque du mot lieu, j'entends par le lieu d'un corps toute la matière qui to.iche immédiatement la fuperfkie de ce corps : cette matière peut fe trouver en des états différents; car, i°. Elle eft ou toute folide, ou toute fluide , ou en partie folide & en partie fluide,- 2°. ACADÉMIQUE. 385 i°. Elle efl ou toute fenfible par elle-même , ou fenfiblc en partie par elle-même , en partie par fon action. Stenon , des 30. Elle efl: contigué par tous fes points au corps qu'elle renferme, ou Corps soudas, bien elle efl: continue par quelques endroits à ce corps. 6v 40. Ou elle eft toujours la même , ou elle change imperceptiblement. Le lieu de la production d'une plante efl cette partie de matière apparte- nant à une plante femblable dans laquelle la jeune plante efl ébauchée. Le lieu de l'accroiflement d'une plante efl cette malle de terre & d'air , ou de terre & d'eau , ou quelquefois de terre, d'eau & d'air, ou même de pierre & d'air, (a) qui touche immédiatement la fuperficie de cette plante. Le lieu d'une orange , après que la fleur cft tombée , c'elt en partie le pédicule auquel elle efl attachée &Z continue , en partie l'air contigu qui î'envicpnne. Enfin le lieu du premier développement d'un animal , c'eft en partie l'eau de l'amnios dans laquelle il nage , & qui lui efl contigue , en partie les vaiffeaux umbilicaux aufquels il tient par le lien de la continuité, & qui fe répandent dans le chorion. III. Tout corps folide produit félon les loix de la nature a été produit d'un fluide. Pour bien concevoir la production d'un corps folide , il faudrait en con- fidérer les premiers linéaments , &i enfuite leurs développements fucceffifs. J'avoue que nous fommes condamnés à ignorer entièrement les premiers linéaments de la plupart des corps organifés ; mais je foutiens aufli que nous connoiffons beaucoup de vérités fur leurs développements : telles font les vérités fuivantes. L'accroiflement d'un corps fe fait par l'addition des nouvelles parti- cules tirées d'un fluide externe , & appliquées aux particules propres de ce corps ; cette addition fe fait ou par l'action immédiate du fluide ex- terne , ou par celle d'un ou de plufieurs fluides internes. Dans le pre- mier cas ce font quelquefois des molécules pelantes qui tombent au fond du fluide par leur propre poids , & qui forment les fédiments : d'autres fois ce font des particules déterminées vers un corps folide par l'action d'un fluide qui pénétre un autre corps folide , lefquelles particules s'ap- pliquent à la furface entière du premier en forme d'incruftation , ou s'at- tachent feulement à quelques parties de fa furface , fous la forme de filets , de ramifications , 6c de corps anguleux. Il faut remarquer que dans certains cas le cours de ces accroiflements dure tant qu'il refle de l'efpace à remplir ; d'où réfultent des amas tantôt compofés de choies homogè- nes , comme de fédiments , ou d'incruflations , ou de corps anguleux ; tantôt compofés de ces diverfes chofes combinées diverfement. Les particules qui font appliquées à un corps folide par l'intervention d'un fluide interne , peuvent prendre la forme de fibres , foit en paf- (.j) J'ai vu fouvent dans des lieux fouterreins des plantes dont les racines étoienj adhérentes au tuf nud , & fans la moindre cuiK'he de terre , ni même de poufliere. Tom, IF. des Mad, Etrang. C c c 3&<$ COLLECTION __ », fant dans les pores ouverts , comme dans des efpeces de filières , fôit en *~7 ' s'engageant , pouffées par le fluide , dans les inteflices des fibrilles déjà for- Corps soudes5 mées ; ou bien ces particules remplirent Amplement les cavités qu'elles pc% ' rencontrent : toutes les parties des animaux & des végétaux font formées de l'une de ces deux manières : comme je fuis peu verfé dans Panatomie des plantes , je n'entreprendrai pas de déterminer fi les végétaux ont plu- fieurs efpeces de fluides internes ; mais il eft certain que les animaux en ont plufieurs efpeces , que je vais expofer avec ordre. Outre le fluide iubtil qui pénètre tout , on peut obferver dans les ani- maux au moins trois fortes de fluides dont le premier eft externe , le fécond eft interne & commun , & le troiiieme interne & propre à chaque partie. J'entends ici par fluide externe, non-feulement le fluide qui environne immédiatement cette furface de l'animal qui paraît aux yeux , mais encore celui qui touche toutes les autres furfaces , lefquelles font continues à celle-ci ,.& communiquent avec elle paroles paflages libres & ouverts : telles font les parois internes de la trachée artère que l'air infpiré touche immédiatement ; telles font les parois internes du canal inteftinal dans toute fa longueur ; telles font les parois internes de la veflie & de l'uretère , celles de l'utérus & du conduit qui y aboutit , du moins dans l'âge de puberté ; celles de tous les vaifleaux excrétoires depuis les capillaires jufqu'à leurs orifices , lefquels verfent la liqueur qu'ils contien- nent dans les oreilles , dans les paupières , dans le nez , dans les yeux , dans le conduit inteitinal , dans la veflie , dans l'uretère , dans l'utérus , & dans la peau. Si l'on vouloit faire l'exacte énumération de tous ces vaifleaux , on trouverait qu'un grand nombre de parties qui pafîent pour internes , & même pour tout-à-fait intimes , lont réellement externes. Il fuit de-là : i°. Que les vers qui s'engendrent dans notre corps & les pierres qui s'y forment , font produits la plupart dans le fluide externe. i°. Qu'un grand nombre de parties font néceflaires à l'animal, non parce que l'animal ne pourrait exifter fans elles , mais uniquement parce que l'animal eft né avec elles. J'apoelle externe le fluide qui touche immédiament ces parties , parce qu'il communique avec le fluide ambient par des paflages libres ,_ autres •que des capillaires, & fans être altéré par aucune élaboration m hltra- t'ion : en forte que quoique les cavités où lont contenus ces fluides fe fer- ment quelquefois , cependant elles rejettent indistinctement toutes les par- ■ ties de ces fluides lorf qu'elles viennent à s'ouvrir. J'appelle fluide interne celui qui n'a de communication avec le fluide externe que par les filtres des vaifleaux capillaires , par lefquels , fuivant le cours de la nature, il ne peut faire pafler indiftinûement toutes les parties dont il eft compofé, ni par conféquent fe mêler tel quil eft avec le fluide externe. . . Le fluide interne commun eft celui qui eft répandu dans les veines, les artères & les vaifleaux lymphatiques , du moins dans ceux qui s e- tendent entre les veines & les glandes conglobées : j'appelle ce fluide commun , parce qu'il fe diftribue dans toutes les parties du corps. A ACADÉMIQUE. 3g7 Pegard du fluide nerveux , qui eft une autre forte de fluide commun , il — ■»*■— — -^ n'ert pas affez connu pour que je piiiiTe en rien dire de pofitif. c » */i • 1 ' Al- • /• i -/r •■, . Stinon, des Le fluide interne propre elt celui qui arrole les vailîeaux capillaires Corps soudis „ du fluide commun , & qui c(î divers dans les diverfes parties , comme dans 6*. les parenchymes fanguins , dans les parenchymes non fanguins , dans les nV .es, dans la capfulc de l'œuf, clans la fubftance de la^ matrice , &c. car on n'eft fondé ni en raifon ni en expérience pour prétendre qu'il n'eft pas un feul point dans le corps vivant où n'aboutiffent une artère & une veine pour y porter la chaleur & la nourriture. Il eft certain qu'il y a par tout le corps des cavités dans lesquelles les parties féparées du lang par la fécrétion, fc mêlent au fluide propre de cet endroit , & s'ap- pliquent enfuite aux parties foiides ; de même que les molécules qui fe détachent des parties foiides parle frottement, tombent dans ces cavités, & font repjottces par le fang au fluide externe. La doctrine d'Hippo- crate eft très -favorable à la fuppofnion de ce fluide contenu dans des ca- vités particulières ; mais j'avoue que je ne puis afligner la caufe pour- quoi la fécrétion tire différents fluides du même fang. Cependant je me perfuade qu'il relie peu de chofe à faire pour expliquer ce phénomène , puifqu'il eft clair qu'il ne dépend pas de la conftitution du fang , mais de celle du lieu où le font les fécrétions : c'eft donc la coriftitution du lieu qu'il faut examiner ici , & cet examen porte fur trois points : i°. Sur les vaifleaux capillaires du fluide interne commun, c'efl: à quoi s'attachent uniquement ceux qui , comme je faifois autrefois , rapportent tout le méchanifme des lecrétions & des excrétions à la diverfité des pores des différents filtres : 2°. Sur le fluide interne propre, qui eft la feule chofe confidérée par ceux qui fuppafent un ferment propre à chaque partie : cette fuppofi- tion peut avoir quelque chofe de vrai , quoique la comparaifon prife du fer- ment foit trop particulière. _ 3°. Sur chaque partie du folide, & c'efl: l'objet dont s'occupent prin- cipalement ceux qui prétendant que chaque partie a fa forme , ne nous ap- prennent autre chofe finon qu'ils reconnoiflent dans chaque partie une qualité propre , très-efficace & non moins inconnue : mais fuivant les no- tions actuelles que nous avons de la matière , nous ne pouvons concevoir cette qualité que comme dépendant d'une certaine difpofition des pores de ce folide , & d'un fluide fubtil qui pénètre ces pores. Je m'écarterois trop fi je voulois faire l'application des principes que je viens d'établir, aux phénomènes les plus fréquents du corps humain , lefquels ne peu- vent s'expliquer que par ces principes. Il fuffit d'avoir indiqué que les particules du fluide externe ayant été féparées de la mafle de ce fluide par divers moyens , font portées par la voie de la filtration dans le flui- de interne commun , d'où elles fe féparent encore de différentes façons , &C vont , en fubiffant de nouvelles filtrations , fe mêler avec les fluides internes propres, s'appliquer aux parties foiides, foit fibreufes, foit pa- renchymatiques , & s'aflîmiler à ces parties par l'effet d'une force incon- nue qui réfulc dans une partie toute auffi inconnue ; effet néanmoins qui Ceci 388 COLLECTION _ fe rapporte à l'un des trois moyens par lefquels nous venons de faire vol? Stenon, Ms^'e."1 effet pouvoit être produit. ' , Corps solides, Si donc on vouloit diviler méthodiquement & par claltcs , les corps 6x- folides contenus naturellement dans d'autres corps folides , on pourrait mettre enfemble tous ceux qui font formés par la juxtapofition des particules apportées par un fluide externe : de ce genre font tous les fédiments , tels que les lits parallèles de la terre ; toutes les incruftations , comme les agates , les onyces , les chalcédoines , les pierres d'aigle , les bézoars , &c. toutes les productions filamenteufes comme l'amiante, l'alum de plume, les différents filets que j'ai trouvés dans les fentes des pierres ; toutes les ramifications , comme ces figures de plante que l'on voit dans les gerçures des pierres , & qui ne font que des repréfentations fuperficiél- les ; (a) tous les corps anguleux, comme le cryftal de roche, certains corps ferrugineux ou cuivreux , les cubes des marcaffites , les améthifies , les diamants , cvc. tous les amas de matières qui ont rempli les cavités qu'elles rencontraient ; tels font les marbres de plufieurs couleurs , les granités , les bois pétrifiés , les coquilles pétrifiées de toutes fortes , les plantes métalliques , & un grand nombre de corps de même genre qui occupent la place d'autres corps détruits & confumés. On pourrait former une féconde claffe des corps produits par la réu- nion des particules entraînées par un fluide interne , & qui font de Am- ples dépôts de matière , comme la graiffe , le calus qui fonde les par- ties des os caffés , la fubftance cartilagineufe qui unit les tendons coupés , les affufions qui conftituent la principale fùMance des vifeercs , la moelle des végétaux & des animaux ; ou qui forment en fe réunifiant des par- ties fibreufes , telles que les fibres de plantes , les fibres nerveufes & les fibres motrices dans les animaux , tous lefquels corps font folides , & le plus fouvent contenus naturellement dans d'autres corps folides. Si donc tout folide doit au moins fon accroiffement à un fluide , fi tous les corps qui fe refiemblent entièrement les uns aux autres ont été produits par des moyens femblables , fi de deux corps folides contigus celui- là a eu le premier une confittance folide, dont la forme extérieure le trouve comme gravée fur la furface de l'autre, il fera facile, un corps folide & le lieu oii il fe trouve étant donnés , de déterminer le véritable lieu de la formation de ce corps. Après avoir confidéré en général la queftion du folide renfermé dans le folide , je paffe à l'examen de plufieurs corps folides trouvés dans la terre , & qui ont été le fujet d'un grand nombre de difputes : telles font les incruftations , les fédiments , les corps anguleux , les coquilles & au- tres dépouilles des animaux de la mer, & les figures des plantes. Toutes les pierres de quelqu'efpece que ce foit qui font compofées de lames parallèles entre elles , mais qui ne font point planes , fe rapportent aux incruftations. Le lieu des incruftations eft celui du contact d'un fluide (j) J'ai vu dans une agate une certaine herborifation qui avoit fa bafe_ dans la fur- face de la lame extérieure , &. dont les ramifications pénétroient dans la iubiknce des lames intérieures. académique: ^9 ïivec un folîde j en forte que la forme des lames repréfente celle du lieu — — ■— — où elles fe font pour ainli dire moulées , & qu'elle indique l'ordre de Stenon , des leur formation. Si le lieu ou le moule étoit concave , les lames extérieu- Corps soudas res ou convexes ont été formées les premières ; ft le moule étoit con- 6'c' vexe , les lames intérieures ou concaves font les plus anciennes. Si la ma- trice de ces incruftations avoit pluficurs inégalités coniïdérables , les pre- mières couches ik. les plus étroites ont d'abord rempli les efpaces inter- médiaires que les inégalités laiffoieni entre elles, & lorfque ces efpaces ont été comblés, il s'eft formé des lames plus grandes, 6c qui font dé- montrées plus nouvelles par cela même qu'elles font plus grandes. Il eft facile d'expliquer de même toutes les variétés de figure qui le remarquent dans la coupe des pierres femblables , foit qu'elles repréfentent les cou- ches concentriques d'une branche d'arbre coupée tranfverfalement , ou les replis tortueux d'un ferpent , ou toute autre forme irréguliere & qui ne reflemble à rien. Il n'eft pas furprenant que les agates & toutes les au- tres efpeces d'incruftations foient inégales & raboteufes à l'extérieur , comme le caillou le plus greffier , puifqu'il n'eft pas poffible que ces in- cruftations ne portent pas à leur furface l'empreinte du moule où elles fe font formées. Si l'on trouve fouvent de pareilles incruftations dans les torrents , & loin du lieu de leur formation originaire , c'eft que les par- ties du moule & les matières moulées ont été difperfées par rafiaiffe- ment des lits parallèles qui compofent la furface du globe. Voici ce qu'on peut dire de plus certain fur la manière dont un fluide peut fe charger des particules qu'il dépofe enfuitc fur les corps folides, & dont fe forme l'incruftation. i°. La légèreté ou la gravité fpécifique ne font rienwci. i°. Ces particules peuvent s'appliquer fur toutes les furfaces imagina- bles ; car on trouve des furfaces liftes , inégales , planes ou courbes , en un mot compofées de plulîeurs plans diverlement inclinés , toutes égale- ment incruftées. 3°. Le mouvement du fluide ne leur apporte aucun obftacle. Je laiffe à décider s'il ne faudrait pas confidérer une certaine fubftance qui peut-être émane du corps folide , fubftance différente de celle qui agite les parties du fluide , ou bien s'il ne faudrait pas avoir égard à d'au- tres circonftances. On pourra déduire les variétés des lames de la diverfité des particu- les que le même fluide a dépofées en différents temps a mefure qu'il fe diflolvoit de plus en plus ; ou qui ont été apportées fucceffivement par différents fluides ; & comme les mêmes caufes produiknt les mêmes ef- fets , les lames d'une première incruftation s'étant arrangées dans un cer- tain ordre , ce même ordre fe trouvera conftamment obfervé dans les in- cruftations fiuvantes , & l'on y trouvera des traces manifeftes de l'intro- duction d'une nouvelle matière. Il me femble , & je tâcherai de prouver dans la fuite , que la matière de toutes ces lames n'eft autre choie qu'une tmanation fubtile des fubftanccs pierreufes. 39j COLLECTION ~~Z Des couches terreufes ou lus horizontaux, stekon , des ■* «■ Corps soudes, ,,,,,, , . * ,, &c, T Es lits parallèles du globe terreftre doivent être regardes comme les _B_jfédiments d'un fluide par plufieurs raifons. • i°. La pouflîere dont ces lits font compofés n'auroit pu fe difpofer de cette façon fielle n'eût été d'abord mêlée avec un fluide, puis abandon- née à fa propre pefanteur ; & fi la furface du fédiment qu'elle forme en le précipitant au fond, n'eût été applanie par le mouvement & la preflîon du fluide fupérieur. i°. Les corps les plus confîdérables qui fe trouvent renfermes dans ces lits font la plupart difpofés fiiivaht les loix de la pefanteur, non-feu- lement quant à la pofition particulière de chaque corps , mais encore quant à la fituation refpeftive de ces corps entre eux. 3°. La pouflîere dont ces lits font compofés s'eft tellement appliquée à là furface des corps qui s'y font trouvés engages , qu'elle en a rempli exactement les plus petites cavités , & qu'elle a même reçu & confervé jùfqu'à l'empreinte de leur poli fur la furface qui étoit en contaft, malgré le peu de difpofition qu'un compofé de pouflîere peut avoir à prendre le poli. Il fe fait un fédiment toutes les fois que des molécules foutenues dans un fluide fe précipitent par leur propre poids , foit qu'elles fe féparent de toutes les parties du fluide également , ou feulement à la furface l'u- périeure , foit qu'elles aient été apportées d'ailleurs. Quoiqu'il y ait de grands rapports entre les incruftations & les fédiments , cependant il eft facile de les diflinguer ; car la fui-face fupérieure des incruftations eft pa- rallèle à leur furface inférieure , quelqu'inégale Se raboteufe que foit celle- ci ; au lieu que la furface fupérieure des fédiments eft parallèle , ou très- peu s'en faut , à l'horizon. Ainfi dans les fleuves les incruftations miné- rales tantôt vertes , tantôt jaunes, tantôt rougeâtres , n'empêchent pas les inégalités d'un fond pierreux , au lieu que le fédiment des fables ou de Fargille applanit tout , & fait difparoître toutes les inégalités du terrain. Cette différence bien conftatée fait que dans des lits compofés & hété- rogènes , il m'a été facile de diflinguer les fédiments des incruftations. A l'égard des lits horizontaux qu'on trouve dans l'intérieur de la terre," voici ci? que je penfe que l'on peut déterminer. i°. Si toutes les particules qui compofent un lit pierreux font très- fubtiles & de la même nature , on ne peut nier que ce lit n'ait été for- mé dès le temps de la création par un fédiment du fluide qui couvrait alors toute la terre ; c'eft de cette façon que Defcartes explique la for- mation des lits horizontaux qui compofent notre globe. i°. Si l'on trouve dans un de ces lits des fragments d'un autre lit , ou des parties d'animaux , ou des matières végétales , ce lit n'a certainement pas été formé par le fédiment du fluide qui environnoit la terre au temps de la création. 3°. Si l'on trouve dans un de ces lits des indices de fel marin , ou des dépouilles de poiifons de mer , ou des débris de navires , & que la ma-. ACADÉMIQUE. J9, fîere de ce lit foit de même nature que celle du fond de la mer, il df — — — — certain que le lit a été autrefois fous lies -eaux de la mer, foit par une Stehon uis inondation naturelle, foit par une inondation forcée , & par des torrents Corps sol'uus, vomis par les montagnes. &c. 4°. Si l'on trouve clans l'un de ces lits une grande nuantité de jonc, de gramen , de pomes de pin, de troncs, de branches &C d'autres pa- reilles matières , il cil vraiiemblable que toutes ces matières ont été en- tafîées par le débordement d'un fleuve , ou par la rapidité d'un torrent. 50. Si l'on trouve dans l'un de ces lits des charbons, des cendres, du bitume , des corps calcinés , il eft certain qu'il y a eu un incendie non loin du cours du fluide qui a apporté toutes ces matières ; & cela fera •encore plus évident li le lit entier n'eft compofé que de charbons & de cendres. J'en ai obfervé un ainii compolé près de Rome, dans un endroit d'où l'on tire de la terre propre à faire de la brique. 6°. Si dans un même lieu la matière de tous les lits eft la même , il eft certain que cette matière a été apportée par un feul fluide , & non par plufieurs fluides de différente nature , & venant de différents endroits , en différents temps. 7°. Si dans un même lieu la matière des lits eft diverfe , c'eft une preu- ve , ou que des fluides différents venant de différents endroits, ont pris leurs cours par-là en différents temps ; ce qui peut être occafionné par la diverlité des vents & par les pluies abondantes tombées en certains en- droits ; ou que les particules qui compofoient ce fédiment , n'étoient pas toutes de la même gravité fpécinque ; en forte que les plus pelantes fe font précipitées d'abord, & enfuite les plus légères : la viciiïïtude des faiibns fuftit pour produire cette variété , fur-tout dans les terreins qui font iné- gaux avec une forte d'uniformité. 8°. Si l'on trouve quelques lits pierreux entre des lits de terre , cela prouve qu'il y a eu dans le voilinage de ce lieu une fontaine pétrifiante , ou quelques exhalaifons d'une vapeur fouterreine , ou que le fluide s'é- tant retiré après avoir dépoié un fédiment, n'eft revenu qu'après que la croûte fupérieure s'étoit durcie par la chaleur du foleil. Voici maintenant ce qu'on peut établir de certain fur le lieu des lits. i°. Dans le temps que chaque lit fe formoit , il y avoit fous ce lit un autre corps qui empêchoit les particules du fédiment de defeendre plus bas ; & par conféquent dans le temps de la formation du lit inférieur, ce lit étoit foutenu ou par un autre corps folide , ou par un fluide dif- férent du fluide fupérieur , & fpécifiquement plus pelant que le fédiment folide du fluide fupérieur. z°. Dans le temps que fe formoit un des lits fupérieurs , le lit qui ttoit immédiatement au deffous avoit déjà acquis une confiftance folide. j 3°. Dans le temps qu'il fe formoit un lit quelconque, ce lit étoit en- vironné d'un corps folide , ou bien il s'étendoit fur toute la furface du globe terreftre ; d'où il fuit que par tout où l'on voit une interruption de ces lits , il faut tâcher d'en retrouver la continuation , ou du moins de trouver le corps folide qui a foutenu la matière de ces lits lorfqu'elle s'étoit encore qu'une pâte molle 6v détrempée, '39i COLLECTION _ 4°, Dans le temps que chaque lit fe formoit , toute la matière fupe- rieure à ce lit étoit fluide ; ainfi lorfque le lit inférieur fe formoit , il Consolides5 n'exiftoit encore aucun des lits fupérieurs. £,Ct ' A l'égard de la figure de ces lits il eft certain que les furfaces infé- rieures ^£ latérales s'étoient modelées fur les corps folides qu'elles tou- choient immédiatement , & que la furface fupériéure étoit autant qu'il étoit poffible, parallèle à 1 horizon ; en forte que tous les lits, excepté le lit le plus bas , étoient terminés par deux plans parallèles à l'horizon ; d'où il fuit que les lits qui font aujourd'hui perpendiculaires ou inclinés au plan horizontal , furent dans d'autres temps parallèles à ce plan. La différente pofition & les interruptions fréquentes que l'on peut ob- ferver dans ces lits , ne détruifent en aucune façon ce que je viens de tlire : car dans les endroits où l'on remarque ces changements , on en 5>eut auffi remarquer la caufe , c'eft-à-dire , des traces des ravages occa- ionnés par l'action du feu , ou par le mouvement des eaux. L'eau diffout la matière terreufe , la charrie vers les lieux bas , & la dépofe fur la fur- face de la terre ou dans- des cavités : le feu qui détruit les matières les plus folides , non-feulement diffipe les particules les plus légères de la terre , mais lance avec force les plus grandes maffes , d'où rélùltent à la furface du globe les précipices , les canaux , les lits des rivières , & dans l'inté- rieur les excavations fouterreines & les cavernes , ce qui peut occafionner le changement de pofition des lits horizontaux en deux façons. La première feroit un violent ébranlement caufé ou par l'inflammation fubite des vapeurs fouterreines , ou par l'effort de l'air comprimé par l'affaiflement fondain d'une grande mafle dans le voifinage. L'effet de ces violentes fecouffes eft de diffiper en pouflîere la matière terreufe , & de divifer en fragments & en petites maffes la matière pierreufe dont la con- fiftance eft plus dure & plus folide. La féconde façon dont les lits horizontaux peuvent changer de pofi- tion , c'eft l'affaiflement fpontanée des lits fupérieurs qui n'étant pas fuf- fifamment foutenus , plient fous leur propre poids , & prennent une po- fition quelquefois perpendiculaire & plus fouvent inclinée à l'horizon ^quel- ques-uns dont la matière a une plus grande force de cohéfion , fe plient en arc ; il peut arriver que tous les lits horizontaux s'affaiflent en même temps ; mais il peut aufli fe faire que les lits inférieurs s'affaiflent feuls, & laiflent fubfifter en entier les lits fupérieurs. Ce chagement de pofition des lits horizontaux explique un grand nom- bre de phénomènes d'ailleurs affez difficiles ; on peut s'en fervir pour ren- dre raifon des inégalités de notre globe , telles que les montagnes , les vallées , les réfervoirs des eaux fupérieures , les plaines des pays élevés & des pays bas ; toutes queftions célèbres par les difputes auxquelles elles ont donne lieu. Je me bornerai feulement à dire quelque choie des inéga- lités du globe. Des ACADÉMIQUE. 393 Des Montagnes. STrNON _ ^ . . . . Corps solides, LEs montagnes doivent principalement leur origine au changement de £«• pofition des couches horizontales : on ne pourra guère en douter fi l'on fait les remarques fuivantes. 1 °. On voit de vaites plaines au fommet de quelques montagnes. 2°. On y découvre un grand nombre de couches horizontales. 3°. Les couches l'ont inclinées diverfement le long de la pente de ces montagnes. 4°. Les collines oppofées préfentent le même afpeft , la même matière ,' la même diipofition , en un mot les mêmes lits , qui ont été interrompus par le déplacement de leur partie intermédiaire. 5°. On trouve des couches ou lits dont les berds font à découvert. 6°. On trouve au pied des mêmes montagnes , des fragments & des débris de ces lits fracaffés, lefquels débris ont formé en s'amoncelant des collines & de petites éminences , ou fe font difperfés dans les campagnes voiiïnes. 7°. On trouve dans les montagnes compofées de couches pierreufes , ou dans le voifinage de ces montagnes , des indices manifeues d'un feu fouter- rein ; de même qu'on trouve des eaux autour des collines compofées de couches terreufes. Et il elt bon de remarquer en paffant que ces collines de terre font la plupart appuyées fur une bafe plus folide , formée de débris confidérables de couches pierreufes , laquelle elt plus propre que les lits de terre à réfifter à l'aclion des eaux courantes & à l'effort des torrents ; fou- vent même des régions entières , comme le Brélil , font défendues par des barrières femblables contre la violence des flots de la mer. 11 eu encore d'autres moyens par lefquels les montagnes ont pu fe former; favoir par l'éruption des feux fouterreins qui ont rejette au dehors des mon- ceaux de pierres & de cendres mêlées avec du foufre & du bitume ; & aufïï par la chute impétueufe des torrents & par la violence des pluies , qui ont pu enfoncer les couches pierreufes déjà minées par les vicitfitudes du froid &C du chaud. A l'égard des couches terreufes elLes fe defl'échent &c fe ger- cent par les grandes chaleurs , qui achèvent bientôt de les diiîïpèr en les réduifant en poufîïere. Il y a donc des montagnes de deux cfpeces ; les unes formées de couches pierreufes ou terreufes ; les autres compofées des rui- nes de ces couches entaffée^ connifément & fans ordre. De-là il fait , i°. Que les montagnes que nous voyons aujourd'hui n'ont pas cxiité dès le commencement. 2°. Que les montagnes ne végètent point. 3°. Que les rochers que l'on ""trouve dans les entrailles des montagnes n'ont d'autre rapport avec les os des animaux que la dureté , puifqu'ils en différent & par leur fubitance , & par leur formation , & par leur ftruc- ture , &z par leur deuination , fi cependant il elt permis de prononcer fur un point aufli obfcur que l'eu la deuination des choies. 4°. Il n'eu prouvé ni par le raifonnement ni par l'expérience que les Tom. ir. des Açad. Ecrang, Ddd 394 COLLECTION chaînes de montagnes aient une direction confiante fur la fui-face de lai Stenon , des terre. (*)'.., , . r . Corps solides, 5.0. On voit qu il eft pofîible que des montagnes foient renverfees, que p£, des pièces de terre toutes entières foient tranfportées d'un lieu dans un autre par defllis un grand chemin , que les fommets des montagnes s'élèvent ou s'abaiffent, qu'il s'ouvre des gonflées & qu'ils le referment; en un mot, on reconnoît qu'un grand nombre de faits que les hiltoriens racontent comme merveilleux , &C qui font rejettes comme impoffibles par ceux qui craig- nent de paffer pour crédules , font cependant dans l'ordre de la nature. Des différents fluides quifortent de l'intérieur des Montagnes. CE même changement de pofition des couches horizontales a ouvert des partages à tout ce qui fort de la terre , comme aux fources qui découlent des montagnes , & dont les eaux fe féparent de l'air contenu dans les cavernes de ces montagnes , foit qu'elles s'élèvent en vapeurs , des réfer- voirs des eaux fouterreines , foit qu'elles fe forment des vapeurs de l'air extérieur , condenfées tk. reçues dans l'intérieur des montagnes : ce dernier moyen eft à mon avis le plus familier à la nature , parce que dans la plu- part des cavernes que j'ai eu occafion de voir , & où il y avoit d'abondan- tes ftilations , j'en ai trouvé le fond ou le fol ferme & folide. Le dérangement des lits horizontaux donne encore partage aux vents qui fortent des montagnes , & qui font caufés ou par l'aâion de la chaleur qui dilate l'air , ou par l'eftervefcence réfultant du mélange de divers fluides aé- riens. Le même bouleverfemcnt a fait partage aux exhalaifons fétides , aux four* • ces bouillonnantes dont les eaux font ou chaudes ou froides , &c. On explique facilement par la même caufe pourquoi il y a ébullition fans aucune chaleur fenfible toutes les fois qu'on verfe de l'eau dans certains lieux froids & fecs ; pourquoi il fort une fontaine chaude tout auprès d'une fontaine très-froide ; pourquoi un tremblement de terre refroidit une fon- taine chaude , & change le cours des rivières ; comment des vallons fermés de toutes parts envoient dans les lieux plus bas que leur niveau les eaux qu'ils reçoivent par les pluies ; comment des fleuves fe perdent quelquefois fous la terre , ci reparoiflent à fa fiirface ; pourquoi en certains pays on ne peut trouver le folide pour affeoir des fondations , lorfqu'on eft une fois parvenu à ce que les ouvriers appellent l'arène vive ou le fable vif; pour- quoi en d'autres pays on trouve d'abord de l'eau en fouillant la terre , & pourquoi en continuant de creufer jufqu'à la profondeur de plufieurs toifes, on trouve de nouvelles eaux qui jailliflent par le partage qu'on leur fait , &: s'élèvent à une plus grande hauteur que la première ; comment des cantons {a) Voyez l'Hiftoire naturelle généraie & particulière , tom. I. pp. 73.8c 321. où M. da Buffon a tiré un fi grand parti de la direction des chaînes de montagne, & fur-tout de la correfpondance de leurs contours & de leurs angles faillants & rentrants ; il n'étoit pas poflible que Sténon ignorant un fait auflî confidérable pût s'élever à la vraie théo- rie de la teTre ; au refte cet auteur fentoit bien que fon hypothefe ne pouvoit iiibflfter avec la diipofition régulière des montagnes. ACADÉMIQUE. 39î de pays s'affaîflent tous entiers infenfiblement, & font quelquefois engloutis ■__■«■■__. avec les édifices , les arbres & les animaux qui couvroient leur fuperficie , " en forte qu'on ne voit plus que de grands lacs dans la place où furent au- Corps solide" trefois de grandes villes ; pourquoi ce danger menace principalement les ha- 6-e, ' bitants des pays plats , à moins que le fond du terrein ne toit de la pierre ou du caillou ; comment il s'ouvre quelquefois des gouffres qui exhalent un air empefté, & qui le remplirent par les différents corps qui y font en- traînés ou qu'on y jette. Des pierres de diverfes couleurs & des minéraux. CEs mêmes changements arrivés dans la fituation des lits horizontaux ont donné lieu à la formation des pierres de diverfes couleurs , & ont préparé des endroits propres à recevoir la plupart des minéraux , foit dans les gerçures qui fe font faites dans la matière de ces lits lorfque cette matière étoit féchée , mais point encore dure ; foit dans les interftices des couches dont ces lits font compofés; foit dans d'autres fentes ou cavités formées d'une autre façon ; foit dans les efpaces vuides occupés auparavant par des lits qui fe font affaiffés , ou par des corps qui fe font diffous & diftipés de quelque manière que ce foit. Ces faits & ces raifonnements donnent lieu à plufieurs conféquences. i°. On voit quel fond on doit faire fur les prétendues ramifications des filons & des veines métalliques que des ouvriers crédules donnent pour bien conftatées : on voit aufîi combien il eft dangereux de fe tromper en voulant juger de la richeffe d'une mine par l'examen du tronc ou de quel- ques branches de fes ramifications. 2°. La plupart des minéraux qui exercent l'induftrie des hommes n'ont point exifté dès le commencement. 30. L'examen des lits & des mafTes de pierre peut conduire à des dé- couvertes qu'on efpéreroit vainement de la feule obfervation des minéraux ; car il eft très-probable que la formation des matières minérales eft due à une vapeur qui s-'eft exhalée des lits pierreux , foit avant l'affaiffement de ces lits , comme je penfe qu'il eft arrivé dans les montagnes du Pérou ; foit après l'affaiffement de ces mêmes lits ; en forte qu'il peut fe former de nouveau des matières minérales dans les endroits qu'on en a épuifés. C'eft ce qui arrive , dit-on , dans une mine de l'ifle d'il va fur la côte de Tofcane ; mais c'eft plutôt un bruit populaire qu'une vérité de fait ; car on y a trouvé des idoles & des outils qui y avoient féjourné long-temps , & qui cependant ne fe font point trouvés environnés de matière ferrugineufe , mais feulement de terre. Voilà les divers points de vue fous lefquels je penfe que l'on doit ob- ferver les lits de terre dont la croûte de notre globe eft compofée. Ces obfervations font liées avec la queftion que je traite , foit parce que les lits de terre renferment prefque tous les corps qui ont donné lieu à cette queftion , foit parce qu'ils font eux-mêmes des corps folides natureHe- nient contenus dans d'autres corps lblides. Ddd> 396 COLLECTION tgSÊSBSBS * Stenon , des Du Cryftal. Corps solides, f"e' S~\ Uant au cryftal , je ne me fens point en état de déterminer fa for- V^mation dans fa première origine ; mais je fuis en état de démontrer par le raiionnement , & fur-tout par des faits , la fauffeté des hypothefes employées jufqu'ici pour l'expliquer : telles font les irradiations imagi- nées par quelques-uns ; la fimilitude de figure entre les particules compo- fantes & le tout ; la prétendue perfection de la figure hexagone ; la ten- dance égale des parties vers un centre commun , &c. Mais pour éviter la confufion qui naît trop fouvent de l'abus des mots ,' je commencerai par fixer l'acception de tous ceux que j'employerai dans la fuite pour déligner les différentes parties du cryftal. Une aiguille complette de cryftal eft compolée de deux pyramides hexa- gones féparées par une colonne intermédiaire pareillement hexagone : j'ap- pelle angles folides extrêmes ceux qui conftituent le fommet de chaque pyramide ; les angles folides intermédiaires font ceux qui le forment par la rencontre des angles de la baie de la pyramide avec les angles de la bafe de la colonne : de même j'entends par plans extrêmes , les plans triangu- laires des pyramides & par plans intermédiaires les plans quadrangulaires de la colonne. Le plan de la bafe eft celui qui coupe perpendiculairement les plans intermédiaires , & le plan de taxe eft celui dans lequel le trouve l'axe de l'aiguille , lequel axe eft compofé de celui des deux pyramides oppofées &C de celui de la colonne. Il n'eft pas polîible de déterminer le lieu où le cryftal a commencé de fe former, & de reconnoître û c'eft entre deux fluides différents , où en- tre un fluide & un folide , ou dans le fein d'un fluide ; mais le lieu où le cryftal déjà formé augmente & s'accroît eft en partie folide , & en par- tie fluide ; il eft folide par la bafe fur laquelle le cryftal eft pofé , foit que ce foit une pierre ou même un morceau de cryftal , le refte de ce lieu eft fluide aux inégalités près de la pierre ou du cryftal qui fert de bafe. Je ne puis dire fi ce fluide ambient eft un fluide aqueux : l'eau qui fe trouve quelquefois renfermée dans des morceaux de cryftal ne prouve rien , car il eft certain qu'on y trouve auiïï de l'air avec l'eau , & même quelque- fois uniquement de l'air ; cependant fi le cryftal fe fût formé dans un flui- de aqueux, toutes celles de fes cavités qui n'ont point d'iflùe , devroient être pleines d'eau , puifqu'il eft conftaté par l'obfervation que de l'eau ren- fermée de cette manière fe conferve pendant des fiecles , & ne peut rien perdre par l'évaporation. Les cavités qui fe forment de différentes manières dans les rochers Si. les lits pierreux offrent un lieu convenable à la formation du cryftal ; en vain oppoferoit-on à ce fentiment , qu'il y a des collines toutes de terre &C où cependant l'on trouve une grande quantité de cryftaux : ces collines font toujours dans le voifinage de montagnes de pierres propres à pro- duire le cryftal ; on trouve même dans l'intérieur de ces collines de très- grandes maffes de pierre détachées des montagnes voifines, & dont les fiffures font remplies d'une matière analogue à celle qui remplit les fen= académique; i97 tes des lits dont les montagnes pierreufes font compofécs : or la même — — *— — caufe qui détache des montagnes ces malles de pierre , & qui les pouffe Stenon , des fur les collines des environs , peut auffi détacher de ces maffes pierreu- Corps soudes, les les cryftaux qui y font adhérents , & les répandre de toutes parts &'■ dans ces collines. Nous allons maintenant déterminer dans les proportions fuivantes quel eft le lieu du cryftal dans le temps où il reçoit un nouvel accroiffemcnt par une addition de nouvelles parties. I. L'accroiffement du cryftal fe fait par juxtapofition , c'eft-à-dire , par l'application fuccelîive & régulière d'une matière nouvelle aux plans ex- térieurs du cryilal déjà formé ; & non par intuffulception , c'eft-à-dire , par une elpece de végétation ou de nutrition , en vertu de laquelle le cryf- tal tireroit de la matrice à laquelle il eft adhérent , un lue fourni par cette matrice pierreufe , & convertiroit ce lue interne dans la propre fubftance. II. Cette nouvelle matière ne s'applique pas indifféremment à toutes les faces du cryilal, mais feulement aux plans extrêmes; en forte que, i°. Les plans intermédiaires ne lont autre choie que la fomme des bafes des plans extrêmes , & de plus, que ces plans intermédiaires font tantôt plus grands , tantôt plus petits , & quelquefois manquent abfolument dans dif- férents cryftaux. i°. Que les plans intermédiaires font prefque toujours fillonés d'une légère cannelure, & que les plans extrêmes portent des marques d'une matière qui leur a été appliquée. III. La matière cryftalline ne s'applique pas toujours en même quantité ni dans le même temps aux plans extrêmes : de-là il arrive, i°. Que l'axe des deux pyramides oppofées ne fait pas toujours une ligne droite avec l'axe de la colonne hexagone qui fépare ces pyramides : 2°. Que les plans extrêmes font rarement égaux entre eux, d'où s'enliiit l'inéga- lité des plans intermédiaires. 30. Que les plans extrêmes ne font pas tou- jours triangulaires , ni les plans intermédiaires conftamment quadrangu- laires. 40. Que lbuvent l'angle folide extrême , ainfi que les angles folides intermédiaires fe divifent chacun en plulieurs angles folides. IV. La couche de matière cryftalline ne couvre pas toujours le plan dans fon entier ; quelquefois elle manque ou vers les angles , ou vers les cô- tés , ou au milieu du plan ; de-là il arrive, i°. Que ce qu'on appelle com- munément le même plan , a en effet fes parties dans différents plans. 20. Que quelques-unes de fes parties font concaves ou convexes au lieu d'ê- tre planes : 30. Que les plans intermédiaires préfentent des inégalités fem- blables aux marches d'un efcalier. _ La matière cryltalline appliquée aux différents plans , s'étend & le dur- cit infenfiblement par la prelîion du fluide extérieur fur ces mêmes plans : de-là il arrive , i°. Que le cryftal a d'autant plus de poli que la matière nouvelle appliquée à fes différentes faces a été plus de temps à fe durcir: & qu'au contraire il refte plein d'inégalités û la matière appliquée s'eft durcie trop promptement & avant que' le fluide ambient l'ait fuflifamment étendue. _ 20. Qu'on peut reconnoître la façon dont la matière cryltalline s' eft appliquée au cryftal : Iorfque la coagulation a été prompte , la fur- face du cryftal eft femée de petits tubercules femblables aux grains de pe- 398 COLLECTION — — —— tite vérole ', ou bien aux petites gouttes rondes que forme une fubftance Stenon , des huileufe far la furface d'un fluide aqueux. Corps solides, Au contraire fi la coagulation a été un peu moins prompte, ces inégalï- ^c- tés ont quelquefois la forme de petites pyramides à bafe triangulaire. La trace tortueufé de la matière cryftalline indique l'endroit où cette matière s'appliquoit lorfqn'elle étoit dans l'état de fluidité , la direction dans la- quelle elle s'appliquoit , & l'ordre obfervé dans cette application. Aufîi le cryftal de roche préfente-t-il toujours quelqu'inégalité , & l'on a beau vanter la perfection de fon poli , je n'en ai jamais vu un feul morceau qui fût naturellement d'un poli auffi vif que le cryflal cafle. 30. Que toutes fortes de corps folides s'engagent dans la fubftance même du cryflal , comme dans une efpece de pâte glutineufe , lorfqu'ils rencontrent le cryf- tal avant que fa furface ait pris une confiflance ferme. 4°. Que l'on voit quelquefois cette matière comme débordée fe répandre fur les plans voi- fins. 50. Que la matière nouvelle venant à s'étendre fur les cavités formées par les lacunes des couches précédentes , les couvre quelquefois de plu- iieurs couches nouvelles , & y renferme une partie du fluide extérieur , qui eft ou de l'air feul, ou de l'air avec de l'eau. Le fluide extérieur tire la matière cryflalline de la fubftance des lits pierreux , en forte que des rochers de différente nature ayant des émana- tions différentes doivent produire des cryftaux de différentes couleurs. 20. Que de pluiieurs cryftaux formés dans le même lieu , ce font tantôt les premiers formés, & tantôt les derniers qui font les plus obfcurs ; & que les parties qui ont plus anciennement acquis la dureté, font quelquefois plusobfcures que celles qui l'ont acquife eniùite. 30. Que les huîtres , toute forte de coquillages & d'autres corps s'étant cli flous dans la terre , la place qu'ils occupoient fe remplit d'une matière cryflalline. Le mouvement par lequel la nouvelle matière cryflalline eft dirigée vers les faces du cryflal déjà formé n'eft pas produit par une caufe générale qui réfide dans le fluide environnant ; mais il efl différent dans chaque cryflal : d'où l'on peut conclure que ce mouvement dépend d'un fluide fubtil qui émane du cryflal déjà formé ; & de-là on conçoit, i°. Comment dans un même lieu la matière cryflalline s'applique aux faces du cryflal diverfement fituées refpectivement à l'horizon. 20. Comment différents cryftaux pren- nent différentes figures dans un même fluide. Je laifïè à décider fi le fluide fubtil dont je viens de parler, ce fluide propre du cryflal eft le même que celui qui opère la réfraction de la lumière , ou fi ce font deux fluides. Ce qu'il y a de confiant , c'eft que l'on connoit des fluides pénétrants qui font d'une grande énergie ; tel eft celui de l'aini.int qui arrange en filets longs & continus la limaille de fer qui fe trouve dans la fphere de fon activité , & dont l'effet n'eft point arrêté ni affoibli par un papier interpofé. J'at- tribuerois encore à l'action d'un fluide pénétrant la formation de ces filets que l'on trouve quelquefois dans les vaiflëaux chymiques , & qui font com- pofés de plufieurs gouttes de liqueur qui s'unifient fucceflivement en diffé- rentes directions , & qui relient fortement unies entre elles en prennant de ia confiflance. Je penfe que certains filaments que j'ai quelquefois obfer- vés dans l'humeur aqueuie de l'oeil , font aufli compofés de globules , & académique; -399 fe font formés de la même manière : c'eft auflî par cette forte e, tronqués d'une certaine manière. J'ai obfervé une autre fingularité tans les corps angulaires ferrugineux de OS , DES ACADÉMIQUE, ^ de la féconde cfpcce, les plans extrêmes à cinq pans & qui font cannelés ^ fe changent avec le temps en triangles , & les plans intermédiaires oui c font triangulaires & liiics , le changent en figures à cinq pans qui ont deux CoRPb iutiULs angles droits , voifins l'un de l'autre : ces pentagones irrcguliers fe ton- &c. cher.t par leur angle droit; c'eft dans cet endroit même £v entre tous ces pentagones pris deux à deux , que Ton voit deux plans triangulaires lif- iés , dont les bafes coïncident avec le côté perpendiculaire des pentago- nes irrcguliers : cette obfervation jointe aux deux remarques fuivantes me perfuade que les corps angulaires ferrugineux de la féconde cfpcce fe transforment en ceux de la troifieme : i°. Lorfque Ton trouve un amas de ces corps figurés , prcfquc tous les plus petits font à douze faces , & les plus gros en ont vingt-quatre. i°. Dans certains corps à douze faces on apperçoit les premiers traits des plans triangulaires qui paroiflent for- més après coup, & qui lorfqu'ils font formés tout-à-fait, conftituent les corps ferrugineux à vingt-quatre faces. J'ai obiervé quelques-uns de ces corps dont les plans ou faces trian- gulaires étoient du poli le plus exact & fans la moindre inégalité fenfi- ble , ce que je n'ai jamais obiervé dans aucun morceau de cryftal : dans d'autres j'ai vu des plans circulaires plus petits pofés fur de plus grands ; les plus élevés étoient le plus communément voifins du fommet du trian- gle ; en forte que l'on pourroit conjeâurer que les faces pentagones font formées des baies des faces triangulaires , d'autant plus que ces faces pen- tagones font toutes cannelées, & que leur cannelures font parallèles à ces bafes. On voit dans le cabinet du Grand Duc à Florence des corps cuivreux figurés , & qui fe font formés dans la mine comme les corps ferrugineux & le cryftal. Il en eft de même d'autres corps métalliques où l'argent domine, & que l'on voit auflî dans le même cabinet : quelquefois il eft difficile de reconnoître la figure entière de ces corps , noyée , pour ainfi dire , & brouillée dans l'abondance de la matière qui remplit tous leurs intervalles. Du Diamant. L ne faut qw'examiner la configuration du diamant pour conclure qu'il le forme dans le même lieu & de la même manière que le crvftal. I i°. Le vrai lieu de la formation du diamant, c'en: un fluide contenu dans des cavités de rochers : quoiqu'un écrivain célèbre ait prétendu que les diamants renaiffoient au bout d'un certain temps de la même terre d'où on les avoit tirés. 2°. Il eft produit par la juxtapofition des particules de matière. 3°. Dans fa formation il éprouve comme le cryftal l'action du fluide pénétrant, & celle du fluide ambient. La figure des diamants varie ; il y en a à huit , à neuf, à dix-huit & à vingt-quatre faces : la plupart de ces faces font cannelées , quelques- unes font liftes. J'ai vu des diamants qui étoient de figure angulaire , & dont cependant les faces étoient plutôt convexes que planes. Tom. IF. des Acad, Etrang. E e * 33$ COLLECTION Stenon, des DiS Marcatftes. Corps solides , — „,.•.,./. v /• $t. T A matière des marcaiiites cil fii]ette a le figurer diverfement : tantôt J_jelle ne fait qu'incruftrer une fuperficie ; tantôt elle forme des corps terminés par plusieurs plans ; tantôt elle prend la figure d'un parallelipi- pede reftangle , ou pour parler comme le vulgaire , la figure d'un cube : en adoptant ce mot confacré par l'ufage , nous croyons devoir avertir que ces fortes de cubes font imparfaits, & font rarement terminés par des plans exactement égaux. Je ne parlerai ici que de ces cubes de marcaflïte , parce que j'ai eu fou- vent occalion de faire des obfervations & fur leur ftru&ure , & fur les lieux où ils fe trouvent. Leur formation diffère de la formation du cryftal; i °. Quant au temps : puifque ces cubes font plus anciens que les bancs où ils font renfermés , au lieu que la production du cryftal eft poftéricure à celle de ces bancs. z°. Quant au lieu : car le cryftal , au moins durant fon accroiffement ,' avoit un corps folide pour point d'appui , en forte que le lieu de fa for- mation étoit en partie folide & en partie fluide ; au lieu que les cubes pa- roiffent avoir pris leur accroiffement entre deux fluides ; puifque dans les plus oros cubes on ne trouve pas le plus léger veftige d'adhérence avec aucun corps étranger , quoiqu'on en trouve fouvent de petits , qui du- rant leur accroiffement , fe font unis les uns aux autres à la furface du fluide : or que des corps pelants puiffent fe foutenir fur un fluide fpécifi- quement plus léger , lorfque leur lurface fupérieure eft en contact immédiat avec un fluide d'une autre nature & d'une moindre pefanteur , c'efl: ce que Galilée a prouvé très-folidement : ( a ) l'un des fluides dont il s'agit ici étoit aqueux autant que l'on peut en juger par la matière du banc où l'on trouve ces cubes , & qui n'eft autre chofe qu'un fédiment du même fluide. 3°. Quant à la manière : tous les cubes que j'ai détachés moi-même du rocher , avoient toutes leurs faces uniformément cannelées , en forte que les cannelures des faces oppofées étoient parallèles , & celles des faces voi- fines, dirigées en fens contraire ; d'où il réfulte que la matière marcaffi- teufe ne s'applique point aux différentes faces des cubes de la même manière que la matière cryftalline s'applique aux différentes faces du cryf- tal. Les directions diverfes des cannelures dont les faces des cubes font ïil- lonnées , indiquent trois mouvements divers dans le fluide ambient , l'un vertical & les deux autres horizontaux , mais perpendiculaires l'un à l'au- tre. On pourroit rendre raifon de cette triple direction , en fuppofant que le fluide tendant à s'éloigner du centre de la terre & arrêté par la bafe du cube , fe porte le long des quatre faces latérales où il trouve moins de rélîftance, & les fdlonne dans le même fens : les deux autres faces feront fillonnées par cette partie du fluide qui pafie entre le cube Si le flui- de réfléchi par la bafe du cube. (a) T. I. p. 244. &fuiv* ACADÉMIQUE; 40î 40. Quant à la pcrfettion de la figure : à peine trouve-t-on une feule EggfiÈÉHgB aiguille de cryftal , dont la figure (bit abfolument régulière ; au lieu que Stenon dm la figure des cubes de marcaflite cft rarement irregulierc. La raifon de Corps solides; cette différence, eft que dans le cryftal tous les angles folides , excepté 6-c les angles extrêmes étant obliques , & la matière cryftalline s'appliquant aux différentes faces du cryftal en différents temps , l'une de ces races de- vient d'autant plus petite relativement aux autres qui changent de figure , qu'une plus grande quantité de matière eft appliquée à l'une de ces au- tres faces. Au contraire dans les cubes de marcaflite tous les angles étant droits , chaque face conferve fes juftes dimenfions , lors même qu'une nouvelle matière s'applique à une feule de ces faces, les faces voifincs ne changeant point pour cela de figure. On obferve diverfes autres variétés dans ces fortes de marcaflîtes , com- me des cubes renfermés dans d'autres cubes , la matière de la marcaflite recouverte d'une matière tranfparente qui renferme une autre marcaf- fite , &c. Il y a d'autres corps angulaires qui fe réfolvent en de petites lames , telle cft la félénite rhomboïdale qui fe levé en feuillets rhomboïdaux , tels font encore plufieurs autres corps, qui quoiqu'ils différent en plufieirrs (>oints du cryftal, (ont comme le cryftal formés d'un fluide & dans un fluide ; e talc eft du nombre de ces corps , & l'pn ne doit pas regarder comme faillie l'opinion de ceux qui croient qu'il cft pofîîble de lui rendre fa flui- dité, c'eft-à-dirc, de le ramener à fon premier état ; mais fi cette opinion eft vraie , on fe trompe dans les moyens de la confirmer par la voie ex- périmentale, & la violence du feu que l'on emploie pour cela ne fert qu'à diffiper ce qui eft refté du diiïblvant naturel dans l'intérieur du talc. Si l'on obfervoit avec foin les phénomènes de la compofition & de la dé- compofition des corps angulaires , on connoitroit bientôt toutes les variétés du mouvement qui entraîne les particules , foit du fluide pénétrant , foit du fluide ambient : & cette partie delà phyfiquefi peu cultivée, eft cependant néceflaire pour la parfaite intelligence des opérations de la nature. Tout ce que j'ai dit jufqu'ici du cryftal & des corps angulaires , devien- dra plus facile à comprendre par l'explication de quelques figures. FI. XXVI. Les treize premières figures font de deux efpeces. Les lèpt premières montrent les différences du plan de l'axe dans les divers cryftaux. Dans la première , la féconde & la troifieme , les axes des parties dont chaque aiguille de cryftal cft compofée, ne font qu'une feule ligne droite; mais la colonne intermédiaire qui manque dans la première figure , eft plus courte dans la féconde & plus longue dans la troifieme. Dans la quatriè- me figure les axes des différentes parties de l'aiguille cryftalline ne font pas une ligne droite. Les figures cinquième & fixieme fervent à faire voir que dans le plan de l'axe le nombre & la longueur des côtés peuvent varier, quoique les angles reftent les mêmes ; & qu'il fe trouve dans les cryftaux des cavités recouvertes pa» de nouvelles lames. J'aurois pu faire defliner un très-grand nombre de ces fortes de différences. La figure fep- tieme fait voir comment le nombre & la longueur des côtés du plan de Eee 2 3»4 COLLECTION i. ■ ■«* l'aXe font augmentés Ou diminués, fuivant qu'il s'applique une nouvelle " Stenon , des matière cryitallinc aux plans extrêmes des pyramides. Corps solides, Les figures de la féconde claffe montrent lîx variétés dans le plan de la '6v. bafe de divers cryftaux. Les figures huitième , neuvième , dixième & on- zième , font toutes de fix côtés , avec cette différence que dans la huitiè- me tous les côtés , & dans les neuvième &r onzième feulement les côtés oppofés, font égaux, & que dans la dixième les côtés oppofés font iné- gaux. Dans la douzième figure le plan de la bafe qui devrait être hexa- gone , a douze côtés. La figure treizième fait voir comment les couches additionelles de matière cryftalline fur les plans extrêmes , font varier le nombre & la longueur des côtés du plan de la bafe , les angles refiant toujours les mêmes. Les fix figures fuivantes représentent deux fortes de corps angulaires fer- rugineux. Les figures quatorzième , quinzième & feizieme , font celles des corps angulaires ferrugineux qui font terminés par douze plans ; la qua- torzième" fait voir un développement de ces douze plans, dont fix font triangulaires & liffes, & les fix autres pentagones & cannelés : la figure quinzième représente le plan de la bafe , & la figure feizieme le plan de l'axe de ce même corps. Les dix-feptieme , dix-huitieme & dix-neuvieme figures fervent à faire connoître les corps angulaires ferrugineux qui font terminés par trente plans , dont il y en a fix pentagones & liffes , douze triangulaires & liffes, fix triangulaires & cannelés, enfin fix quadrilatères, oblongs & liffes. La figure dix-feptieme repréfente tous ces plans développés : la figure dix- huitieme fait voir le plan de la bafe, & la figure dix-neuvieme le plan de l'axe de ce même corps. Coquilles. LEs coquilles tiennent un rang confidérable parmi les corps folides natu- rellement renfermés dans d'autres corps folides , il n'en efl point qui fe trouvent en plus grande abondance , ni dont l'origine foit moins incertai- ne : je vais d'abord parler de celles qu'on tire de la mer , après quoi je viendrai à celles qu'on trouve dans les entrailles des montagnes. Dans toute coquille qui a fervi d'habitation à un animal , on peut obferver, i°. Que la coquille entière efl compofée de petites coquilles , & celles- ci de fibres ou filets folides de deux efpeces , lefquels différent entre eux par la couleur , par la fubflance & par la pofition. 2.°. Que la furface tant fupérieure qu'inférieure des petites coquilles compofantes, efl formée des extrémités des filets , & que la furface du lim- be de chacune de ces petites coquilles efl formée des côtés des filets fi- tiiés dans ce limbe. 30. Que la furface intérieure de la coquille entière eft Ja même que la furface intérieure de la coquille compofante la plus intérieure qui eft auffi la plus grande, & que la furface extérieure de la coquille entière efl com- pofée de la furface de tous les limbes des petites coquilles intermédiaires, A C A D Ê M I Q U E. 405 Voici les principaux faits de la formation des coquilles." i°. Les filets ou fibres, dont les petites coquilles font compofées , ont s cela de commun avec la fueur des animaux , qu'ils doivent leur origine à Corps solidçs. une humeur fbrtie de la furface extérieure du corps animal. . &c, 20. Les filets dont il s'agit prennent la forme qu'ils ont , en paffant par les pores de l'animal comme par autant de filières ; ou bien ils la reçoi- vent du mouvement de l'animal qui le fentant , à mefure qu'il croît, d'un volume trop gros pour la capacité de la partie de fa coquille déjà folide qu'il avoit occupée, s'avance un peu en s'éloignant de la partie trop étroite de fon habitation , en forte que la matière vifqueufe contenue entre la furface externe de l'animal &C la furface interne de la coquille fe tire en filets déliés , & ne peut être remplacée que par une matière fem- Llable qui tranfïïide de la même façon des pores de l'animal. 30. Les variétés de ces filets dépendent de la diverfe configuration des pores de l'animal , & de la différence de la matière dont la fécretion fe t'ait par les pores : les poiflbns à coquilles ont deux fubftances à la fur- face de leur corps , l'une dure , l'autre molle , toutes deux fibreufes , &c dont l'examen pourroit répandre beaucoup de lumières fur la formation des os. 40. Toutes les petites coquilles compofantes, excepté l'extérieure , c'eft- à-dire, la plus petite, fefont formées entre la coquille extérieure & la fur- face du corps de l'animal , de forte qu'elles ont reçu leur forme du lieu , ou plutôt du moule où elles fe font formées : on voit comment les dif- férents mouvements de l'animal, de l'huitre, par exemple, & la différente quantité de matière peuvent produire toutes les variétés que nous remar- quons dans fa coquille. On ne fait pas pofitivement fi la petite coquille extérieure a été en con- tact immédiat par fa furface externe avec le fluide ambient , ou fi dans le commencement elle n'a pas été couverte d'une efpece de membrane : de ces deux conjectures , la féconde eft celle qui me femble la plus vraie ; i°. Parce que tous les filets , dont les autres petites coquilles font com- pofées n'ont point été en contact immédiat avec le fluide ambient : i°. Parce que nous voyons que les chames épineufes font recouvertes exté- rieurement d'une efpece de peau ou de membrane ; au refle, cette qucl- tion ne peut guère être décidée par le témoignage des fens ; & l'on peut conjeclurer que les fibres ou filets de la première des petites coquilles compofantes avoient pris leur conliftance dans l'œuf; car c'efl: un faiteonf- taté par l'obfervation , que l'huitre & tous les autres teffacés font ovi- pares. Ce que l'on vient de dire fufHt pour expliquer, i°. Cette variété de couleurs , cette multitude de piquants & d'inégalités que l'on remarque dans les coquilles qui fe trouvent fur nos côtes ou qui viennent de plus loin. Tout cela doit fon origine au limbe de l'animal renfermé dans la co- quille. A mefure que l'animal croit , s'étend & change de place , le limbe de l'animal s'étend auflî , s'avance fucceflivement , & laiffe fon empreinte fur le limbe de chaque petite coquille ; foit que ce dernier limbe foit for- mé de la matière qui tranilude de celui de l'animal , l'oit qu'il ne l'oit au- 40(5 COLLECTION tre chofe que le limbe même de l'animal qui fe détache tous les ans du Stenon , des re^e du corps , & qui eft remplacé tous les ans par de nouveaux limbes Corps solides, qui fe développent fuccefîivement , de même que les dents tombent & fe £v. renouvellent tous les ans aux chiens de mer, les cornes aux cerfs &c. 2°. On explique auffi par les mêmes principes la formation des perles , foit de celles qui étant adhérentes à la coquille , ne fe trouvent pas exac- tement rondes ; foit de celles qui étant reftées dans l'intérieur de l'ani- mal , y ont acquis & confervé une rondeur parfaite ; car la feule diffé- rence qui fe trouve entre les lames dont font compofées les perles , & celles dont font compofées les petites coquilles de la nacre , c'eft que les premières font prefque planes , & les autres courbes & concentriques. J'ai trouvé la preuve de ce que j'avance ici dans une perle du Grand Duc que j'ouvris par fon ordre. Cette perle qui étoit blanche à l'extérieur , contenoit intérieurement un petit corps noir de même couleur & de mê- me volume qu'un grain de poivre : on y reconnoifîbit évidemment la fi- tuation des petits filets compofants , leurs circonvolutions fphériques , les différentes couches concentriques formées par ces circonvolutions , & la direction de l'une de leurs extrémités vers le centre. Dans le cours de mes obfervations fur cette matière, je découvris, i°. Que certaines perles iné- gales , qu'on appelle baroques , ne le font que parce que c'eft un groupe de plufieurs petites perles renfermées fous une enveloppe commune. i°. Qu'un grand nombre de perles jaunes le font non-feulement à la furface , mais encore dans tous les points de leur fubftance; que par conféquent ce vice de couleur doit être attribué à l'altération des humeurs de l'animal , &; qu'il eft impoffible de l'enlever à moins qu'il ne foit fuperficiel , ce qui peut arriver dans deux cas ; favoir , lorfque les perles ne font jaunes que pour avoir été long-temps portées , ou lorfque les couches intérieures ont été formées avant que les humeurs de l'animal s'altéraflént & puffent al- térer la couleur des perles, (d) Les coquilles que l'on trouve dans l'intérieur de la terre font de trois efpeces. La première efpece eft de celles qui reffemblent parfaitement aux co- quilles analogues de mer, que nous venons de décrire , Se qui comme cel- les-ci font compofées de petites coquilles , lefquelles font elles - mêmes compofées de fibres ou filets, & dont les fibres ou filets élémentaires ont les mêmes variétés 6c la même pofition que dans les coquilles analogues. Il fuffit.de bien obferver ces coquilles pour s'affurer qu'elles ont appartenu à un animal aquatique , quand même on n'auroit jamais ivu de coquillages de mer. Je prends pour exemple les bivalves ou coquilles de deux pièces. (a) De tout cela l'auteur conclut l'impoffibilité de faire des perles artificielles qui égalent l'écfet des naturelles , parce que félon lui cet éclat dépend de leur ftruéture , laquelle eft trop compliquée pour pouvoir être imitée par l'art. Cependant de toutes les productions de la nature , celles que l'art a imitées le plus heurenfement , ce font les perles. Bonne le- çon , Scpour les Philofophes , de ne pas prononcer l'impoffibilité abfolue lorfqu'ilsn'en voient qu'une relative à un nombre limité de moyens ;& pour les artiftes , de ne pas {; laiffer décourager par de pareilles affertions. Steuon auroit dû voir que des corps dont la ftruéture intime eft différente , peuvent néanmoins par leur furface affeéter nos fens , & fur-tout un feul de nos fens, de la même manière. ACADÉMIQUE -<0j Lorfque CCS coquilles fe font formées , ——m— i°. La matière contenue dans leur cavité avoit fa furface lifte criblée c d une infinité de porcs , & ces pores etoient de deux efpeces. Corps solides 2°. Elle étoit moins dure & plus flexible que la coquille qui l'cnvi- &c ronnoit. 3°. Elle avoit une libre communication avec la matière ambiente par l'un de les côtés, tandis que par l'autre elle n'en avoit aucune. 4°. Elle s'eft éloignée fuccefîïvement de la partie fermée de la coquille, & s'eft avancée du feul côté par où elle put communiquer avec les ob- jets environnants. 5°. Elle a pu de temps en temps ouvrir la coquille de toute l'ouver- ture de l'angle , dont la charnière des deux pièces de la bivalve étoit capable. 6°. Elle a pris de l'accroifTement. 7°. La matière dont les petites coquilles font formées, n'eft qu'une exu- dation du corps contenu ou du noyau de la coquille quel qu'il foit. A l'égard de la matière qui environnoit les coquilles, i°. Si elle n'étoit pas entièrement fluide , au moins il eft certain qu'elle avoit moins de force pour réfifter, que n'en avoit le corps renfermé dans la coquille pour fe dilater & s'étendre. 2°. Elle a contenu une fubftance fluide propre à former les fibres com- pofantes des petites coquilles. Tous ces faits étant indubitables , il eft aifé d'en conclure que le corps contenu dans les coquilles bivalves étoit celui d'un animal, & que la ma- tière qui environnoit ces coquilles étoit fluide. La féconde efpece de coquilles qu'on trouve dans la terre ne diffère que par la couleur & par le poids de celle qui vient d'être décrite : les unes font plus pefantes , parce que leurs pores font remplis d'une matière étrangère : les autres font plus légères, parce que leurs pores font multipliés & agrandis par l'expuliion des parties les plus légères & les plus volatiles , c'eft-à-dire , que les unes font pétrifiées & les autres calcinées. La troifieme forte de coquilles qui fe trouvent dans la terre , ne reffem- ble que par la figure à celles dont je viens de parler , elle en diffère pour tout le refte : les coquilles de cette efpece ne font point compofées de petites coquilles emboîtées les unes dans les autres , ni ces petites coquil- les de fibres ou filets de différente nature : il y en a de pierreufes dont la couleur eft quelquefois noire, & quelquefois jaune : il y en a de'cryftalli- nes , d'autres dont la fubftance eft de marbre , d'autres que j'appelle aérien- nes , d'autres enfin de différentes matières : voici comment j'explique la formation de ces fortes de coquilles. Celles que j'appelle aériennes , ne font autre chofe que les moules vui- des des coquilles , dont la fubftance a été diffoute par un fuc pénétrant, lequel a été enfuite lui-même abforbé par la matière terreufe environnan- te. Lorfqu'à ces fucs pénétrants il s'eft mêlé différentes matières, les mou- les vuides fe font remplis de cryftaux, de marbre ou de pierre', & c'eft ainfi que s'eft formée cette belle efpece de marbre appellec Nephiri, qui 4o§ COLLECTION eit route compofée du fédiment de la mer, c'cft-à-dire, de détriments cfe Stenon , des coquilles de toute efpece , lequel fédiment s'eft moulé dans la cavité des Corps solides, coquilles. *?• Parmi les différents morceaux de ce genre, qui m'ont pani mériter quel- que curioSité , je me contenterai de parler des Suivants. i°. Une bivalve appcllée mere-perLe, trouvée en ToScane, à laquelle il y avoit une perle ou coque de perle adhérente. z°. Une portion de grande pinne marine remplie d'une matière ter- mite , qui avoit contervé la couleur du byffus , quoique le byffus rut ab- solument détruit. 3°. De très-grandes coquilles d'huitres où l'on voit des cavités oblon- gues, qui paroiSfent avoir été faites par des vers , & qui reffemblent par- faitement à ces trous de la pierre d'Ancone, de Naples & de Sicile, les- quels fervent de retraites à une efpece de coquillages. Je ne crois pas que ces cavités foient l'ouvrage des infectes , qui emploient la vate à te faire des nids ou cellules; parce que le centre de la pierre, où il n'y a aucune de ces cellules ; eft de même fubftance que fa Superficie où elles te trou- vent toutes. Il me paraît plus vraifemblàble que des vers les ont creufées dans la pierre en la rongeant avec leurs dents : l'infpcftion des parois de ces cavités confirme cette opinion, & le fait Suivant ne permet guère de la révoquer en doute : on a trouvé dans plufieurs de ces cellules un corps compote de filaments affez épais , dont le volume &c la figure ré- pondoient à la capacité & à la Sorme de la cellule. Ce qu'il y a de cer- tain , c'eft que ces cavités n'ont point été creufées par les coquillages dont il s'agit, puifqu'on ne leur connoît aucun organe propre à ronger : elles ne te font point formées non plus par l'application d'une matière molle autour de ces coquillages , puifqu'il n'y a aucune de ces cellules qui foit modelée fur la forme des coquillages qu'elles renferment. Il eft aifé de concevoir que les œufs de ces coquillages font portés par les flots dans ces cavités , qui ont toutes une ouverture extérieure : Si elles euS- fent été produites par des corps qui te feraient trouvés engagés dans urt fuc lapidifique , on trouverait dans l'intérieur de la pierre des cavités qui n'auraient aucune iffue. 4°. Une coquille dont la fubftance détruite en partie a été remplacée dans fa partie détruite par une fubftance de marbre, laquelle eft chargée de glands de mer : d'où l'on peut inférer que cette coquille rejettée d'a- bord par les flots , a été rendue enfuite à la mer qui l'a rejettée une fé- conde fois , après l'avoir enduite d'un nouveau fédiment. 5°. Des œufs très-petits & de petites coquilles turbinées , à peine vi- fibles au microfeope. 6°. Des peignes , des fabots & des bivalves non pas recouvertes , mais entièrement compofées de matière cryftalline. 7". Plufieurs fortes de tubes vermiculaires. ^j*. V autres ACADÉMIQUE. 4o9 autres parties d'animaux. CE que je viens de dire des coquilles doit s'appliquer à tout ce qui Cormsoub»* a appartenu aux animaux entiers qu'on trouve dans la terre , c'eft-à- &c. dire, aux gloffopetres ou dents ue chien de mer, aux dents de faucon d'e mer , aux vertèbres des poiflbns , aux poilïons entiers de toute efpece aux crânes , aux cornes , aux dents , aux fémurs Se autres offements d'animaux terreftres , &c. toutes ces choies ou reffemblent exactement à de véritables parties d'animaux , ou n'en différent que par le poids & la couleur, ou ne leur reflémblcnt que par la figure extérieure. On objectera peut-être contre mon opinion la quantité innombrable de gloffopetnrs qui fortent tous les ans de l'ifle de Malthc , n'y ayant pas un ieul vaiffeau qui parte des ports de cette iile fans emporter de ces fortes de curiofités. Mais à cela je réponds, i°. Qu'un chien de mer a fix cents dents au moins , & qu'il paraît qu'il lui en pouffe fans ceffe de nouvelles tout le temps de (a vie. i°. Que les flots de la mer agités par les vents & par d'autres caufes , dépofent & accumulent dans de" certains endroits tous les corps qu'ils peuvent entraîner. 30. Que les chiens de mer vont par troupes , & que par conféquent ils ont pu laiffer un grand nombre de dents dans un même lieu. 4°. Qu'outre des dents de différentes efpeces de chiens de mer, on trouve encore dans la terre à Malthe dif- férentes coquilles & autres productions marines : de tout cela il réfulte que fi la grande quantité des gloffopetres femblent nous porter à croire qu'elles fe font formées au fein de la terre , la ftruâure de ces mêmes .glofîopetres , le grand nombre de dents dont les chiens de mer font pour- vus , la nature de la terre où elles fe trouvent , femblable à celle du fond de la mer , les autres productions marines qu'on rencontre dans le même lieu, font autant de preuves déciiïves que les dents dont il eft queftion fe font formées dans la mer ou plutôt dans la gueule des chiens de mer.. Quelques-uns ne peuvent reconnoître pour de vraies parties d'ani- maux , ces dents , ces crânes , ces fémurs & tous ces offements énor- mes qu'on trouve dans la terre ; mais efl-il fenfé de croire que la na- ture ne fait que ce qu'elle fait communément , & que le grand lorfqu'il parle les hnutes ordinaires , paffe auffi la melure de fes forces ? n'a-t-on pas vu de nos jours des hommes d'une taille gigantefque ? & n'eftvil pas prouvé par les monuments de l'hiltoire qu'il a exilté des géants ? D'ail leurs on a pris fouvent pour des os humains les offements d'autres ani- maux : enfin dire que la nature produit féparement des os compofés de fibres ce parfaitement orgamfés , c'eft dire qu'elle pourrait produire à part une main ou tel autre membre qui exifteroit feul , & fans appartenir a aucun animal. rl D'autres confidérant qu'il fe trouve des productions marines dans des endroits qui n ont pu être fubmergés depuis le déluge de Noé , c'eft-à-dira depuis quatre mille ans au moins , ne peuvent concevoir que des fubf- tances animales aient refiflé durant tant de fiecles aux injures du temps • puifqu ils voient tous les jours les mêmes fubibnees fe détruire fous leurs yeux dans un très-petit nombre d'années, Tom, IV, dts Acad, Etranç, p çç 4I0 COLLECTION .mm ww H n'eft pas difficile de faire évanouir cette difficulté en remarquant que Stenon , des la différence de durée des mêmes corps confiés à la terre dépend des dif- Corps soudes, férentes qualités de la terre. J'ai obfervé des lits argilleux qui confumoient &c. promptement tous les corps que l'on y renfermoit ; j'ai vu au contraire des lits de fable qui confervoient dans leur entier tous les corps qui y étoient dépofés. Si cette obfervation étoit fuivie , l'on parviendrait peut-être à connoître la nature du fuc pénétrant qui diffout les corps folides. Au refte il eft facile d'établir que plufieurs coquilles que nous trouvons aujourd'hui ont été produites dans des temps voifins du déluge de Noé : car il eft inconteftable que la ville de Volterre étoit déjà floriffante lors de la fondation de Rome : or dans de grands quartiers de pierres tirés de ruines très-anciennes de cette ville, on trouve toute forte de coquil- les , lefquelles étoient par conféquent formées dans le temps que l'on com- mença à bâtir Volterre : mais ce ne font pas feulement les coquilles pé- trifiées ou celles qui étoient renfermées dans la pierre qui fe font con- fervées pendant fi long-temps ; tout le coteau fur lequel eft bâtie cette ville ancienne, eft compofé de différentes couches de fediments marins po- fés parallèlement à l'horizon , & l'on trouve dans ces lits ftratifiés & qui ne font points pierreux , une grande abondance de coquilles véritables qui n'ont fouffert aucune altération : il y a donc trois mille ans & plus que les coquilles non altérées & bien confervées qu'on trouve dans ce coteau exiftent ; car l'on compte depuis la fondation de Rome jufqu'à nos jours , (1669. ) deux mille quatre cent vingt ans : il a fallu plufieurs fie- cles p'our que les premiers hommes qui fixèrent leur demeure furcecô- teau , changeafîent leur habitation en une ville floriffante : ajoutez à cela le temps qui s'eft écoulé depuis celui où la mer a dépofé la première cou- che de fédiment qui a été le premier lit du coteau de Volterre , jufqu^au temps où la mer a abandonné ce coteau qu'elle avoit formé , & jufqu'au temps où ce nouveau terrein a commencé d'être habité , il fera facile de remonter à l'époque du déluge de Noé. C'eft auffi un fait attefté par l'hiftoire que ces offements énormes que l'on trouve dans la terre aux environs d'Arezzo, s'y font confcrvés pen- dant dix-neuf fiecles : car il eft certain, 1°. Qu'ils n'ont point appartenu à des animaux de ce climat. 2°. Qu'Annibal paffa par cet endroit ayant d'arriver au lac Trafvmene , où il défit les Romains. 30. Que ce Géné- ral avoit dans fon armée des bêtes de femme d'Afrique , & des éléphants qui portoient des tours chargées de foldats. 4°. Qu'il perdit un grand nom- bre de ces animaux en defcendant les montagnes de Fefule , (a) &c en marchant dans des lieux marécageux & inondés par les pluies. 5°. Que le terrein d'où l'on tire ces offements eft formé de plufieurs couches remplies de pierres que les torrents ont détachées & entraînées des mon- tagnes voiiines. Ainfî les preuves hiftor'ies confirmées par l'infpeaion (a) Il ne reftoit à Annibai qu'un feul élepha qu'il montoit ordinairement; depuis la bataille de la Trébie : c'eft fur les bords de < e rivière qu'on devroit trouver des fquélettes d'éléphant en abondance.- ACADÉMIQUE. 411 des lieux & par la nature même des os foffiles qu'on y trouve ne per- gggg" — ^T mettent pas de douter que ces os ne fe fiaient confervés pendant plus de Stenon , des dix-neuf iiecles. Corps solides, Des Plantes. CE qui vient d'être dit des fubltances animales foffiles relativement à leurs analogues , peut auffi s'étendre aux fubftances végétales que l'on tire des couches terreufés, ou même de l'intérieur des rochers : car toutes les plantes ou parties de plantes foffiles peuvent fe réduire à trois claffe <• ; les unes ont une parfaite reffemblance avec les véritables plantes , & font la claffe la moins nombreufe : les autres réduites en charbon , ou imprégnées d'un fuc pétrifiant, ne différent des véritables plantes que par le poids & par la couleur. Enfin celles de la troifieme claffe en différent en tout point , excepté par la forme extérieure. Les plantes foffiles des deux premières claflés ont été des plantes vé- ritables , leur ftruchire le prouve , & on ne peut tirer de la nature du lieu où elles fe rencontrent , aucune objection qui puiffe affoiblir cette preuve. Si l'on m'oppofe que de la terre gardée fort long-temps dans un lieu fer- mé s'eft à la fin convertie en bois , je répondrai que cela n'eft vrai que de la terre végétable prife à la furface , & qui contenant beaucoup de particules ligneuies , les a laiffé paroitre à découvert lorfqu'elle a été def- îéchée & réduite en pouffiere : fi l'on infiile fur les veines métalliques que l'on trouve dans les pores du bois foffile , je répondrai par un fait dé- cilîf ; car j'ai tiré moi-même de la terre un tronc dont l'écorce & les nœuds ne permettoient pas de douter que ce ne fut un véritable tronc d'arbre ; or , toutes les gerçures de ce tronc étoient remplies d'une ma- tière minérale. Je remarque à cette occafion qu'on pourroit répandre du jour fur la nature des minéraux en recherchant dans le bois foffile & dans le lieu de ce bois , ce qui a pu contribuer à la formation ou production de cette matière minérale : beaucoup de fubltances qu'on regarde comme du bitume ne font autre chofe que du bois réduit en charbon ; ce qu'on reconnoît, foit parles veltiges apparents de leur ftructure fibreufe , foit par la nature de leurs cendres. La troifieme claffe de plantes foffiles préfente plus de difficultés : ce font des efpeces d'empreintes ou de repréfentations gravées fur des pierres & analogues aux herborifations que la gelée trace fur nos vitres , à l'arbre de Diane , aux concrétions des fels volatils , à ces végétations ifolées ou adhérentes aux parois d'un vaiffeau de verre, formées par une fubflance blanche Si loluble dans l'eau ; mais toutes ces empreintes de plantes font de deux fortes : les unes ne font que des repréfentations ftiperfîcielles tracées fur les parois des crevaffes qui fe trouvent dans les couches pier- reufes. J'avoue que ces fortes d'empreintes peuvent avoir été produites fans le fecours d'aucune plante , & non fans le concours d'un fluide quelconque. Mais à l'égard de celles qui pénètrent la fubftance m de la pierre , & y jettent des ramifications de toutes parts ; il cit vifiblè que ce font autant de plantes ou de végétations réelles qui exiiloient , Fffi %\i COLLECTION ■—— — quelle qu'ait été leur formation , avant que la pierre où elles font enga- Stenon , des gées eût perdu fon état de molleffe & de fluidité : cela eft confirmé par Corps solides , la confiftance peu dure de ces fortes de pierres , & par les corps angu- &<•'- laires que contiennent ordinairement celles de Pifle d'Ilva ; car on fait que les corps angulaires , comme les cryftaux & toutes les fubftances qui fe çryftallifent , ne le forment,que dans un fluide libre. D'ailleurs j'ai vu dans des lieux fouterreins & non fouterreins, mais humides & maréca- geux , des pierres compofées en partie de moufle & d'autres plantes , par une efpece d'alluvion , ck recouvertes d'une nouvelle moufle. Des changements arrivés dans le fol de la Tofcane. A Près avoir parlé des fubftances principales dont le lieu afluel jette quelqu'incertitude fur le lieu de leur formation , je vais tâcher d'attein- dre par l'indu&ion , & de repréfenter en peu de mots l'ordre des révolu- tions qui ont changé plufieurs fois la face de la terre comme elles ont changé la face de la Tofcane , & fur-tout du pays fitué entre le Tybre ck l'Arno. La figure XXV. (a) Planche XXVI. nous offre la coupe perpen- diculaire du terrein de la Tofcane dans le temps que les lits pierreux ho- rizontaux étoient encore dans leur entier : fur quoi il faut remarquer que lors de la formation du lit ùipérieur F G ce lit étoit fous les eaux , d'où il réfulte que les fommets ou replats des plus hautes montagnes ont été fubmergés ; & comme on ne trouve aucuns corps hétérogènes dans les lits les plus élevés de ces montagnes, (£) il s'enfuit encore que l'eau qui a formé ces lits a exifté avant ces corps hétérogènes, c'eft-i-dire, les animaux ck les plantes : car on voudrait en vain fuppofer que ces corps hétérogènes fe feraient détruits ck confumés par le temps : il faudrait toujours que l'on reconnût quelque différence entre la matière propre des lits horizontaux , ck celle qui fe feroit filtrée par les pores de cette matière pour remplir le vuide des corps hétérogènes confumés : 6k fi l'on trouve fur les couches anciennes d'autres couches remplies de diverfes fubftances , c'eft qu'un nouveau fluide a dépoté Ion fédiment fur les cou- ches formées par le fluide ancien ; & ce nouveau fédiment a pu quel- quefois remplir les excavations produites par l'aftaiflement des couches anciennes. La figure XXIV. repréfente de grandes cavités fouterreines creufées fous les lits fupérieurs par le feu ou par les eaux. La figure XXIII. fait voir comment les montagnes èk les vallées , en un mot les inégalités du globe terreftre ont pu être produites par l'ébou- lement des lits fupérieurs. Avant cet éboulement les replats des plus hau- (.j) Les lignes ponftuées repréfentent les couches fablonneufes , c'eft-à-dire , celles où la matière fablonneufe eft en plus grande abondance que toute autre matière ; les li- gaes continues repréfentent les couches pierreufes , c'eft-à-dire, celles où la pierre abon- de plus que toute autre fubftance. - (4) Ce fait qui peut être vrai de quelque lieu particulier , me paroît avancé trop gé- néralement. ACADÉMIQUE. $,j tes montagnes & les vallées intermédiaires qui réparent ces montagnes, «— — — «. ne formoient qu'une vafte pleine unie 6c fans inégalités dans toute fon Stenon , des étendue. Corps soudes, La figure XXII. indique les couches nouvelles dépofées par la mer &c- fur le fediment ancien qui compofoit le terrein des vallées. Lors de la formation de ces couches nouvelles les lits anciens F G avoient la mê- me fituation inclinée qu'ils ont aujourd'hui , c'eft-à-dire , que la formation des bancs fablonncux des collines eft postérieure a l'exiftence des vallées , dans lefquclles ils fe font formés ; & comme les lits de ces collines font compofés du iédiment des eaux , non-ieulerrlent en Tofcane , mais encore dans plufieurs pays plus élevés que le niveau de la mer , & arrofés par des fleuves qui tombent dans la méditerranée ou dans l'océan , il s'en- fuit que dans tous ces pays le niveau de la mer a été plus élevé qu'il ne l'eft aujourd'hui. Il y a des indices certains du féjour deS eaux de la mer fur des terreins élevés de plufieurs centaines de pieds au deffus de la furface actuelle de ces eaux : d'ailleurs notre globe a pu être inondé une féconde fois comme il l'étoit dès le commencement : tout change dans la nature , mais rien ne fe perd ; & qui fait fi dans les entrailles de la terre il n'y a pas de grands réfervoirs qui fe rempliffent alternative- ment d'un fluide aqueux & d'un fluide aérien ? La feule fuppofition d'un déplacement fucceiîîf du centre de gravité de la terre , produit par les excavations ou éboulements fucceflîfs qui fe font faits dans l'intérieur de ce globe , fuffit pour faire comprendre comment le fluide ancien qui fub- mergeoit tout le globe , a pu abandonner & enfuite recouvrir certaines parties de fa furface. On peut encore expliquer cette féconde inonda- tion par la fuppofition d'un feu central agiffant avec force fur une grande malle d'eau qui feroit fuppofée l'avoir enveloppé , & qui trouvant fes com- munications avec la mer fermées par l'affaiflement des lits horizontaux , auroit jailli à la furface de la terre par toutes fes ouvertures , fe feroit échappée par tous fes pores , & feroit retombée en forme de pluie avec celle des vapeurs & des nuages ; le fond de la mer fe feroit élevé par l'effet de la même force qui auroit augmenté la capacité des excavations louterrcines ; les autres cavités fuperficielles du globe auraient été com- blées en partie par les matières que les pluies auraient entraînées des lieux élevés : enfin on peut encore fuppofer que dans ces premiers temps les inégalités du globe étoient moins confiderables. Nous ne favons rien de ce qui fe pafla fous les eaux tandis que la terre étoit fubmergée ; mais nous pouvons , ce me femble , rapporter à cette époque l'origine des vallées profondes dont le terrein dans les pays même les plus eloi- ; ' ■ de la mer, n'eft compofé que de diverfes couches du iédiment des eaux. La figure XXI. représente des excavations formées fous les cou- ches nouvelles fupérieures par le déplacement des couches inférieures en- traînées par les eaux ou diflipées par le feu. Il eft certain que toutes ces couches ont été formées parles eaux, & conféquemment qu'elles ont été fous les eaux ; mais il eft incertain de quelle manière les eaux fe font re- tirées , fi c'a été fubitement , ou bien îi de nouveaux gouffres s'ouvrant 4i4 COLLECTION BBÉgg *ggJ5 mccefîivement , & les abforbant par parties , ont fait paroître fucceflive- Stenon , des ment de nouvelles régions. Ce qui eft certain , c'eft que les torrents &c Corps solides, les fleuves entraînent continuellement dans la mer une grande quantité **• de terres qui s'accumulant fui les côtes , étendent fans celle le continent , & produifent môme quelquefois de nouveaux pays affez coniidérables! Nous connoiffons quelques-uns de ces pays , les anciens en connoiffoient, & les Grecs affuroient fur la foi d'une vieille tradition , que les premiers hommes, d'abord habitants des montagnes, defeendirent peu à peu dans les plaines, à mefure que les terres humides de ces plaines fe furent fé- chées , & par conféquent fertilifées avec le temps. La figure XX. indique la manière dont fe font formées les collines & les vallons par I'affaiffement des lits fupérieurs fablonneux. Ces affaif- fements ont été produits ou par le mouvement des eaux , ou par l'aôion du feu. II n'eft pas furprenant que nous ne puiffions pas fixer l'époque de chacun de ces changements , puifque l'hiftoire , pleine dans les premiers temps de confufion & d obfcurité , femble s'être dans la fuite beaucoup plus occupée des actions des hommes illuftres que des grands faits de la nature : cependant les vertiges de ces faits que l'on trouve épars dans ce qui nous refte dTiiftoriens , les tremblements de terre , les exhalaifons enflammées, les éruptions des volcans , les débordements & les inondations dont il elt parlé prefque à chaque année , font voir par indu£tion combierr il elt arrivé de changements fur notre globe dans l'efpace de quatre mille ans , & combien il eft téméraire d'imputer aux anciens Géographes au- tant d'erreurs qu'il fe trouve de différences entre leurs cartes & les nô- tres. Il ne faut pas croire ni rejetter aveuglement toutes les traditions anti- v ques, & j'avoue qu'il en eft quelques-unes qui me paroiffent vraifembla- }' blés & dignes de foi : telle eft l'irruption de l'océan occidental dans la mer méditerranée , la communication de la méditerranée avec la mer rou- ge , la fùbmerfion de l'ifle Atlantide , & l'exiftence de plufieurs pays dont il eft fait mention dans les voyages de Bacchus , de Triptoleme , dlJlyfte & d'Enée , & qu'on a peine à reconnoître aujourd'hui : tous ces pays & le globe entier ont pu changer de face par les caufes que nous avons indiquées , & qui me paroiffent également conformes aux loix de la nature & au récit de l'Hiftorien facré. '415 COLLECTION ACADÉMIQUE. EXPÉRIENCES DE FRANÇOIS RED l fur la Génération des Infçftes. (Y) J?tÙ**^& L cft peu de matières fur lefquelles les Philofophes aient for- — — — — f ltI"ST^I3r mé des conjectures plus diveries & plus bizarres que fur rEDI5Gesera- $?V* ?t?î>y> celle de la génération des êtres vivants. Les uns ont cru TI0N des Lnsec- scf'fe**^ T16 'a terre , dès le premier moment de fon exiftence , tes. Siv -»t>«*C^"ï p0uffa d'elle-même à fa furface une efpece de moufTe analogue au poil follet qui couvre les oifeaux lorfqu'ils éclofent , & les quadrupèdes au moment de leur naiffance ; que cette moufTe fortifiée par les rayons du foleil , &c nourrie par les fucs de la terre , forma les diverfes fortes de plantes , 6c offrit une nourriture facile à tous les animaux fortis de la même origine. La terre , félon eux , eft la mère commune de tout ce qui vit , &C l'homme même n'eft point excepté ; la feule diftinftion qu'ils lui accordent c'eft d'avouer que toute forte de terrein n'étoit point pro- pre à le produire ; & de-là les difputes entre les Egyptiens , les Ethio- piens , les Phéniciens , les Phrygiens , les Arcadiens & les Habitants de î'Attique, qui tous prétendoient que leur pays avoit été le berceau du genre humain. Dans les premiers jours du monde, fi l'on en croit Em- pédocle & Épicure , la terre encore neuve & regorgeant de germes , en- fantoit fans ordre & fans loi , une foule d'êtres ou plutôt de monltres vi- vants , ceux-ci n'avoient point de bouche , ceux-là manquoient de bras : les uns n'avoient point d'yeux ni de jambes , d'autres n'avoient ni tête ni ventre : quelques-uns avoient une tête humaine fur le corps d'un autre animal, d'autres avoient la tête d'un autre animal fur le corps d'un homme, d'autres enfin préfentoient des affemblages encore plus étranges. Mais la terre devenue avec le temps plus réglée dans fa fécondité , produilit cons- tamment des animaux parfaits dans leurs efpcces. L'homme n'étoit d'abord, félon Démocrite , qu'un petit ver qui par un développement lent & pref; TES 416 COLLECTION ; qu'infenfible , prenoit la forme humaine : fuivant Anaxiœandre , il fortolt Redj, Gênera- du fein maternel renfermé dans une enveloppe toute hériffée d'épines tion des Insec- femblable à celle d'un maron : félon Épicure , les fétus humains & les em- brions des autres animaux fe formoient dans les matrices de la terre , d'abord enveloppés de certaines membranes qu'ils déchiroient enfuite eux- mêmes pour en fortir au temps de la maturité. Il ajoutoit que la terre épuifée par fa fécondité même , étoit bientôt devenue fiérile , & que n'ayant plus la vertu de produire les efpeces parfaites telles que celles de l'homme & des grands animaux, elle n'avoit confervé de force qu'au- tant qu'il en falloit pour engendrer les infeftes , comme les mouches , les guêpes , les cigales , les araignées , les feorpions , les fourmis, &c. Les Philofophes anciens & modernes ont attribué la production de ces infeftes à la terre & à toutes les choies qui en fe corrompant, fe conver- tirent en terre , comme les fubftances animales & végétales. Quelques- uns regardent la corruption , & d'autres une certaine coction naturelîc comme des agents affez puiffants pour donner l'être à ces petits animaux ; la plupart y joignent d'autres caufes qu'ils nomment actives & efficien- tes , comme l'ame univerfelle du monde , l'ame des éléments , les idées , la lumière , la chaleur , les influences des corps fupérieurs , les germes compofés d'atomes , & difperfés dans toute la matière. Mais Harvey a foutenu que tout ce qui vit provient d'une femence , ou plutôt d'un œuf, foit que cette femence ait été produite par des individus de la même efpece, ou qu'elle foit venue fortuitement d'ailleurs ; car il fuppofe que des ger- mes féconds font répandus dans l'air , & portés en tous lieux par les vents; mais il n'explique pas clairement fon opinion fur l'origine de ces germes : il paroît feulement qu'il panchoit à les regarder comme le produit de caufes étrangères & d'une nature différente de la leur , & non comme une efpece qui fe perpétue régulièrement par une propagation univoque , c'eft-à-dire,par la reproduction uniforme d'une fuite d'êtres femblables entre eux. Peut-être Harvey nous auroit-il laifle quelque chofe de plus précis & de plus clair, s'il n'eût malheureufement perdu dans le tumulte des guerres civiles , le recueil des obfervations qu'il avoit faites fur ce fil jet. Je ne prétends ni examiner les diverfes opinions des Philofophes , ni prononcer fur le degré de probabilité de chacune ; je me contenterai d'ex- pofer iimplement la mienne avec les faits fur lefquels elle eft fondée, fou-- mettant le tout au jugement des favants. J'avouerai donc qu'après avoir fait un grand nombre d'expériences, je luis très -porté à croire que la terre n'a produit d'elle-même au- cune plante , aucun animal , aucun infefte depuis les premiers jours du monde où toutes les efpeces de plantes & d'animaux fortirent de fon fein à la voix du Tout-puiffant ; & il me paroît vraifemblable que toutes les efpeces fe perpétuent par le moyen d'une vraie femence , & que fi l'on voit tous les jours naître des infeftes dans des chairs corrompues., dans des herbes , des fleurs & des fruits pourris , ces matières ne con- tribuent à la génération des infeftes qu'en offrant aux mères un lieu pro- pre à recevoir leurs œufs ou toute autre efpece de germes, & en four- niflant une nourriture convenable aux petits lorfqu'ils font formés. Mais afin ACADÉMIQUE. 417 afin qu'on puifle juger de la vérité de ce que j'avance , j'entrerai dans ■— — — des détails circonstanciés au fujet des inle&es les plus communs , & par redi Genera- conféqueht les plus connus, tiondes Insec* Cette opinion , que les chairs mortes & toute efpcce de cormp- tes. tion engendre des vers , étant allez généralement reçue , j'ai voulu m'af- furer de ce fait : pour cela je fis tuer au commencement de juin trois de ces ferpents qu'on nomme ferpents d'Efculape , & auffi-tôt qu'ils fu- rent morts je les mis dans une boite ouverte pour les y laifTer corrom- pre ; peu de temps après j'y trouvai une grande quantité de vers dont la forme étoit conique , & qui me parurent n'avoir point de pieds ; ils, dévoroient ces chairs & croiffoient à vue d'oeil ; leur nombre augmen- toit d'un jour à feutre ; aulîi quoiqu'ils fiiffent tous de la même forme conique , ils n'étoient pas de même grandeur , parce qu'ils étoient nés en différents temps ; après avoir tous enfemble confommé les chairs , & avoir exactement dépouillé les os qu'ils huilèrent intaûes , ils s'échappè- rent de la boîte par un petit trou que je n'avois point remarqué lorf que je l'avois fermée , & je ne pus jamais découvrir le lieu où ils s'é- toient retires. Cette première épreuve n'ayant fait que piquer ma curio- fité , je la réitérai le onze de juin fur trois autres ferpents de même ef- pece que les premiers , & au bout de trois jotirs j'y vis de très-petits vers qui d'heure en heure croiffoient en nombre & en grandeur. Ils avoient tous la même forme , mais ils différaient par la couleur : les plus grands étoient blancs , & les plus petits tiraient fur la couleur de chair. Lorfqu'ils eurent entièrement confommé la chair des ferpents , ils mar- quèrent de l'inquiétude , & je vis qu'ils cherchoient une ifiue pour s'en- fuir ; mais ils n'en trouvèrent point , car j'avois exactement fermé la boîte. Le dix-neuf du même mois j'obfervai que quelques-uns de ces vers tar.t des grands que des petits , fembloient s'endormir & devenir immo- biles ; enfuite ils parurent fe contracter & comme fe retirer en eux-mê- mes , & ils continuèrent ainfi jufqu'à ce qu'ils enflent pris la forme d'un œuf. Le vingt-un ils avoient tous pris cette forme, la couleur de ces. œufs étoit blanche au commencement , enfuite elle devint par degrés dorée, puis rougeâtre: cruelques-uns conferverent cette dernière couleur, les autres s'obfcurcirent peu à peu &C devinrent noirâtres ; tous fe dur- cirent par degrés , & leur enveloppe devint ferme & friable , de forte qu'ils reffembloient aux chryfalides , aurélies ou nymphes des chenilles , des vers à foie, & de quelques autres infeâes. Cette métamorphofe me les fit obferver plus attentivement, & je remarquai quelques différences entre les chryfalides rouges & les noires : car quoique les unes Se les autres fuffent compofées d'anneaux contigus , cependant ces anneaux étoient plus faillants & plus apparents dans les chryfalides noires que dans. les rouges , qui au premier coup d'oeil paroiflbient liffes; ces dernières n'avoient pas non plus une certaine cavité qui fe trouvoit dans les noi-. res à l'une de leurs extrémités , & qui étoit affez femblable à celle qu'on voit dans les limons & quelques autres fruits , à l'endroit par où ils te- ndent à leur pédicule. Je mis ces chryfalides leparément dans des vaif-. ieaux de verre , bien fermés avec du papier ; au bout de huit jours, Tarn, ir. dis 4iadf Ecrang. G g g 4i8 COLLECTION — — toutes les coques des chryfalides rouges s'étant rompues , il fortit de Redi Gênera- chacune une mouche de couleur cendrée, qui parut d'abord engourdie, tion desInsec-& qui n'étoit , pour ainfi dire , qu'ébauchée»; les ailes étoient encore ïes. pliées; mais elles commencèrent bientôt à fe déployer, & dans l\fpace d'un demi quart d'heure elles avoient acquis des dimenfions proportion- nées à celles du corps de l'infecte, qui dans le même temps avoit aufli achevé de prendre une forme régulière , & qui ayant quitté fa couleur cendrée , étoit devenu d'un verd très-vif & très-éclatant : ce corps avoit pris un tel accrohTement qu'il fembloit impoflible qu'il eût été contenu dans la coque d'où je l'avois vu fortir. Pour les chryfalides noires, elles furent quatorze jours fans éclorre , & au bout de ce temps il en fortit de groffes mouches noires rayées de blanc , qui avoierft le ventre rouge & velu , Se qui étoient de même efpece que celles qu'on voit commu- nément dans les boucheries & dans les maifons voltiger autour de la viande. Dans les premiers moments ces mouches avoient aiiffi leurs ai- les pliées , & paroiffoient informes & pelantes comme avoient été les mouches vertes dont j'ai parlé. Toutes les chryfalides noires n'achevèrent pas d'éclorre dans le quatorzième jour ; il y en eut beaucoup qui tardèrent juiqu'au vingt 8i unième , & il en fortit alors de petites mouches bizarres , totalement différentes des deux premières efpeces , tant en grandeur qu'en figure , & que je ne fâche pas qu'on ait jamais décrites. Elles font beau- coup plus petites que les mouches ordinaires qui infeftent nos tables ; elles ont deux ailes argentées , dont la grandeur n'excède point celle de leur corps : tout ce corps eft noir comme du fer bruni ; le ventre qui refîèmble par la figure à celui des fourmis ailées , eft luifant , & il a queU ques petits poils qu'on apperçoit au microfeope. Ces mouches ont deux longues cornes ou antennes qui s'élèvent fur leur tête : les quatre pre- mières jambes ne font pas plus grandes que dans les autres mouches ; mais les deux jambes de derrière font fort longues & fort groffes à pro- portion du corps ; leur fubftance eft dure & femblable à celle des jambes de la langoufte de mer: elles ont auffi la même couleur, mais plus vive, & fi rouge qu'elle efface le cinabre ; & comme elles font toutes parfe- mées de points blancs , elles reffemblent à une efpece de mofaïque très- délicate , exécutée en émail. Ces différentes fortes de mouches engendrées dans un même corps , loin de fuffire à ma curiofité , l'excitèrent encore davantage , & pour varier mes expériences , je préparai fix boîtes fans couvercles : je mis dans la première deux des mêmes ferpents dont j'avois déjà fait ufage ; dans la féconde , un gros pigeon ; dans la troifieme , deux livres de veau ; dans la quatrième , un morceau de chair de cheval ; dans la cin- quième , un chapon , & dans la fixieme , un cœur de mouton. Le len- demain il y avoit des vers dans ces différentes fubftances , & cinq ou fix jours après ces vers fe transformèrent en chryfalides. Toutes les chry- falides qui fe trouvèrent dans les ferpents étoient rouges tk fans aucune cavité ; au bout de douze jours il en fortit de grandes mouches , les unes bleues & les autres violettes. Dans le pigeon il fe trouva des chry- falides rouges & des noires ; les rouges produifirent au brut de huit jours des mouches vertes , & les noires s'étant rompues le quatorzième ACADÉMIQUE. 4t9 jour par le bout où il n'y avoit point do cavité, il en fortit de greffes ■— — — mouches noires rayées de blanc. De femblables mouches noires rayées n rrv,rn . de blanc lortirent dans le même temps des autres chrylalides qui ctoient Tion d£s Ij>sec- dans les chairs de veau & de cheval , dans le chapon & clans le cœur tes. tic mouton ; mais dans le cœur de mouton il s'en forma auiîi de bleues & de violettes. Dans le même temps je mis des grenouilles écorchées dans un vaif- feau de verre que je ne couvris point ; le lendemain j'y trouvai quelques vers dont les uns mangeoient ces chairs , & les autres nageoient au font! du vaié dans une eau que ces mêmes chairs avoit rendue. Le jour fui- vant tous ces vers avoient pris de l'accroiffement, & il en étoit né une infinité d'autres qui nageoient de même fur la furface d; cette eau, & au deffous. Ils la quittoient de temps en temps , & revenoient fur ces chairs de grenouilles , qu'ils confommerent entièrement en deux jours : enfuite ils continuèrent de nager &c de s'agiter dans cette eau corrom- pue ; ils fe foulevoient tout mouillés & chargés de cette liqueur ; Sz quoiqu'ils n'euffent point de jambes , ils fe mouvoient en tout fens , montoient , defeendoient &£ ferpentoient fur les parois intérieures du vaiffeau , puis fe remettoient à nager : le jour fuivant je trouvai qu'ils s'étoient tous échappés malgré la profondeur du vafe. Vers ce même temps je renfermai auffi quelques barbeaux de la rivière d'Arno dans une boîte toute percée , que je fermai avec un couvercle percé de même. Ayant ouvert cette boîte quatre heures après , je trouvai fur les poiffons une multitude innombrable de vers très-déliés , & japperais des œufs d'une extrême petiteffe , amoncelés & attachés à la furface intérieure le long des joints de la boîte , & tout autour des trous que j'y avois faits. Parmi ces œufs il y en avoit de blancs & de jaunes ; j'en écra- fai des uns & des autres , & il en fortit une liqueur blanchâtre , plus claire &C moins vifqueufe que la glaire qui fe trouve dans les œufs des oifeaux : je refermai la boîte comme auparavant , & lorfque je l'ouvris le lendemain , je vis qu'il étoit fort! un ver de chacun de ces œufs , &c que leurs coques vuides étoient refiées attachées aux mêmes endroits oit ils avoient d'abord été dépofés : les premiers vers , que j'avois vus la veille , avoient cru du double ; mais je fus bien furpris le lendemain de trouver qu'ils avoient pris un tel accroiffement , qu'ils pefoient environ fept grains chacun , tandis que le jour précédent il en eût fallu vingt- cinq ou trente pour faire le poids d'un feul grain. Quant aux vers qui étoient fortis des œufs , ils étoient très-petits : tous enfemble achevè- rent en un moment de dévorer la chair des poiffons , & ils laifferent les os fi nets, fi blancs, Si d'un fi beau poli, qu'ils fembloient des fquélet- tes faits & préparés par le plus adroit anatomilte. Je mis ces vers en nn endroit d'où ils ne purent s'échapper , quoiqu'ils fîffent tous leurs ef- forts pour cela ; &c cinq ou fix jours après ils fe transformèrent à l'or- dinaire en autant de chrylalides , les unes rouges , les antres noires , & toutes d; différentes grandeurs. Ces chrylalides produifirent , aux termes que j'ai indiqués , des mouches vertes , de grandes mouches bleues , de noires rayées de blanc, &î enjïn de ces petites mouches que j'ai décrites Css * 4io COLLECTION g ! — ci-deffus , & qui ont quelque reffemblance avec la langoufte de mer $l la Redi Gênera- fourmi ailée. Outre ces quatre efpeces j'y vis huit ou dix mouches , de celles -noN des Insec- qui voltigent ordinairement autour de nos tables. Mais le vingt & unie- T£s. me jour étant pane , je m'apperçus que parmi les chryfalides noires les plus greffes , il y en avoit qui étoient encore entières ; je les mis dans un vaiffeau à part , & deux jours après il en fortit des moucherons noirs très-petits , & dont le nombre devint en deux jours beaucoup plus confidérable que celui des chryfalides qui les avoient produits : je caffai cinq ou fix des chryfalides qui reftoient, &c je les trouvai toutes remplies de ces moucherons , chacune en contenoit au moins vingt-cinq Ou trente , &c au plus quarante. Je continuai à faire de femblables ex- périences , &C je les ai fouvent réitérées fur des chairs crues & cuites , de différents animaux quadrupèdes domeftiques & fauvages , comme du taureau , du cerf, de l'âne , du buffle , du lion , du tigre , du chien , du chevreuil , de l'agneau , du daim , du lièvre , du lapin , du rat : fur celles de diverfes fortes d'oifeaux , comme de la poule , de la poule d'inde , de l'oie , du canard , de la caille , de l'étourneau , du loriot , du moineau , & de deux efpeces d'hirondelle ; & fur celles de différents poiflbns de mer OC d'eau douce, comme du thon , de l'omble, de l'épée de mer , du chien de mer , de la foie , du mulet, du brochet , de la tanche , de l'an- guille , des écreviffes de mer & d'eau douce , du homard , de quelques poiffons à coquilles , tirés de leurs coquilles ; j'y ai toujours vu naître indifféremment tantôt l'une, tantôt l'autre des efpeces de mouches dont je viens de parler ; fouvent il s'en formoit de toutes ces efpeces dans un même animal , & encore plufieurs autres fortes de moucherons noirs , qui d'abord étoient fi petits qu'ils échappoient aux yeux. J'ai prefque toujours vu furies chairs, furies poiffons, & autour des trous de la boîte qui les ren- fermoit , non-feulement les vers , mais les œufs qui les produifoient. Ces œufs me firent fouvenir de certaines ordures que les mouches laif- fent fur la viande &C fur le poiffon mort , & qui deviennent enfuite des vers ; c'eft une obfervation qui a été faite par les compilateurs du dic- tionnaire de notre Académie de la Crufca , & qui n'a pu même échap- per aux chaffeurs ni aux bouchers ni aux cuifmiers qui favent tous par expérience avec quelle promptitude les vers fe forment en été dans les viandes , & qui n'ont d'autre moyen pour la conferver , & pour la ga- rantir de ces infectes , que de l'enfermer dans des garde-mangers , ou de l'envelopper dans des linges blancs. D'après ces faits que je venois d'acquérir, je commençois à foupçon- ner que tous les vers qui naiffent dans les chairs y font produits par des mouches & non par ces chairs mêmes , & je me confîrmois d'au- tant plus dans cette idée qu'à chaque nouvelle génération produite par mes l'oins, j'avois toujours vu des mouches voltiger & s'arrêter fur les chairs avant qu'il y partit des vers , & que les mouches qui s'y for- moient enfuite, étoient de même efpece que celles que j'avois vues s'y pofer. Mais ce foupçon n'auroit été d'aucun poids fi l'expérience ne l'eût confirmé ; c'eft pour quoi au mois de juillet je mis dans quatre bouteilles à large cou un ferpent , quelques poiffons de rivière , quatre petites an- ACADÉMIQUE. 411 miles & un morceau de veau. Je bouchai bien exactement ces" bouteil- gv les avec du papier que j'arrêtai fur leur orifice, en le ferrant autour du Redi.Genera- goulot avec une ficelle ; après quoi je mis des mêmes chofes & en mê- tion des Insec- me quantité , dans autant de bouteilles que je laiffai ouvertes ; peu de TEs- temps après les poifibns & les chairs de ces féconds vaiffeaux fe rem- plirent de vers , &C je voyois les mouches y entrer & en fortir libre- ment ; mais je n'ai pas apperçu un feul ver dans les bouteilles bouchées , quoiqu'il fe fût écoulé plufieurs mois depuis que ces matières y avoient été renfermées ; on voyoit quelquefois fur le papier qui les couvroit , de petits vers qui cherchoient un paffage pour s'introduire dans ces bouteilles , ils tembloient s'efforcer de pénétrer jufqu'à ces chairs qui étoient corrom- pues , & qui exhaloient une odeur fétide. Les poiffons de rivière fe con- vertirent entièrement , à l'exception des arêtes , en une eau trouble & épaiffe, qui dépotant peu à peu un fédiment, devint claire & limpide, &C toit dans ce vaiffeau que depuis un jour. Au contraire les anguilles jetterent très-peu d'eau, elles fe gonflèrent, fermentèrent, &C perdant par degrés leur figure elles formèrent comme une maffe de colle ou de glu extrême- ment vifqueufe & tenace. Pour le veau il fe deffécha entièrement après quelques femaines. Je ne me contentai pas de ces expériences , j'en fis une infinité d'autres en différents temps & avec différentes fortes de vaiffeaux , & pour ne né- gliger aucune efpece de tentatives, je fis enfouir plufieurs fois dans la terre des morceaux de chair que j'eus foin de faire recouvrir de terre bien exac- tement, & quoiqu'ils y reitaffent plufieurs femaines, il ne s'y engendra jamais de vers comme il s'en formoit dans toutes les chairs fur lefquelles les mouches s'étoient pofées ; & ce qui mérite auffi d'être remarqué, c'eft qu'au mois de juin , ayant mis les entrailles de trois chapons dans une bouteille de verre à long cou, & l'ayant laiffée ouverte , il s'y engendra des vers , qui ne pouvant fortir de ce vaiffeau à caufe de la hauteur du cou , retomboient au fond , y mouroient Scfervoient à leur tour de pâture & de nid aux mouches qui continuèrent d'y dépofer leurs œufs, non-feulement pendant tout l'été , mais jufques aux derniers jours d'Octobre. Je fis auffi tuer une affez grande quantité de vers qui s'étoient formés dans de la chair de buffle : j'en mis une partie dans des vaifleaux que je fermai & une autre partie dans d'autres vaiffeaux que je laiffai ouverts ;il ne s'engendra jamais rien dans les premiers ; mais dans les fec«ndsil naquit des vers qui s'étant changés en chrylalides , devinrent enfin des mouches ordinaires. La mCme chofe arriva fur un grand nombre de ces mêmes mouches que je fis tuer & dont je mis une partie dans un vaiffeau ouvert , & une par- tie dans un vaiffeau fermé ; car il ne s'engendra rien dans le vaiffeau terme , êv il fe forma dans l'autre des vers qui fe transformèrent en chry- falides , & devinrent enfuite des mouches de même efpece que celles fur lefquelles ces vers étoient nés. C'eft apparemment quelque chofe de fem- blable qui a donne lieu à l'erreur du père Kirker , fur la manière de faire 411 COLLECTION — —■ — i renaître les mouches mortes. Il ne faut , dit-il , (a) que les arrofer avec Redi Gênera- un mêlange d'eau & de miel , & lorfqu'elles en font bien imbibées les ex- tion des Insec- pofer à un feu de cendres chaudes , fur une lame de cuivre ; il en naîtra ris. d'abord de petits vers qu'on ne pourra voir qu'au microfcope , peu à peu il pouffera des aîles à ces vers , & ils deviendront de très-petites mouches qui prennant enfuite de l'accroiffemcnt , parviendront par degrés à la gran- deur naturelle des mouches de leur efpece. Pour moi je crois que l'eau mê- lée avec le miel ne fert qu'à attirer fur ces mouches mortes des mouches vivan- tes qui y depofent leurs ceufs,& je penfe que la chaleur des cendres & le vaif- feau de cuivre font des conditions inutiles ; car en tout temps ôc en tout lieu il naîtra fur ces matières des vers qui fe transformeront en mouches pourvu que des mouches vivantes y aient dépofé des œufs ou de la femence de vers. D'ailleurs je ne comprends pas comment ces vers imperceptibles , décrits par le père Kirker , fe changeroient en mouches fans avoir paffé par l'état de chryfalides , ni comment ces mouches naîtraient fi petites de prendroient enfuite de l'accroiffement ; car toutes les fortes de mouches, de moucherons &C de papillons que j'ai vus naître , ont en fortant de la co- que toute leur grandeur , & font tels qu'ils doivent relier jufqu'à leur mort. Mais quoiqu'il me parût évident qu'il ne s'engendre point de vers dans les chairs des animaux morts , fi les femences de ces vers n'y ont été dépofées par des animaux vivants ; cependant pour lever toute efpece de doute & prévenir l'objeûion qu'on me ferait peut-être fur ce que l'air ne pouvoit fe renouveller dans les vaiffeaux fermés dont je me fuis fervi , je voulus faire de nouvelles expériences & je mis de la viande & de la chair de poiffon dans un fort grand vaiffeau , que je couvris d'une gaze d'Italie , & que je renfermai dans une efpece de garde-manger , entouré de la même gaze : je ne vis jamais un feul ver fur cette viande ni fur ces poiflons , mais on en voyoit affez fouvent au dehors fur le garde-manger: ces vers attirés par l'odeur des chairs pénétraient quelquefois à travers la gaze & fi l'on n'eût pas eu foin de les ôter promptement , ils auraient peut-être réufîi à entrer dans le vaiffeau , tant ils faifbient de tentatives & d'efforts pour y parve- nir. J'obfervai une fois que deux vers ayant paffé à travers la première gaze & étant tombés fur la féconde qui couvrait le vaiffeau , ils y pafferent jufqu'à la moitié du corps , & peu s'en fallut qu'ils ne parvinffent furies chairs: (£) on voyoit les mouches voltiger autour du garde- manger , elles s'y arrêtoient quelquefois & y dépoioienfleurs petits vers ; je remarquai que quelques-unes en laiffoient fix ou fept à chaque fois , & que d'autres les pondaient en l'air avant de fe pofer fur la gaze : ces dernières mouches étoient peut-être de même efpece que celle qui laifîa de petits vers fur la main deScaliger, d'où ce lavant conclut que toutes les mouches généralement font vivipares & non pas ovipares. Mais tout ce que j'ai dit ci-deffus prouve affez qu'en cela Scaliger s'efl trompé. Il ell (a) Mundus fubterraneus. lib. 12. (h) Voyez les obfervations de Vallifnieri fur ce fujet dans fon fécond dialogue fur Jes iafe&es, &. dans la fuite de la collection académique. ACADÉMIQUE. 413 certain & je me fuis affuré par mes yeux que quelques mouches font des — — — vers & quelques autres des œufs; je ne fuis point entraîné par l'autorité Redi Genera- du père Fabri qui, dans fon livre de la génération des animaux , dit que tiondesInseo les mouches produisent toujours des œufs & jamais des vers ; il peut bien tes. fe faire ( & je ne prétends point décider cette queftion ) que les mêmes mouches fuient tantôt vivipares & tantôt ovipares , peut-être feroient- elles naturellement & constamment ovipares fi la chaleur , dont l'effet eft d'avancer le développement &c la maturité de tous les germes , ne faifoit quelquefois éclorre les œufs dans le corps même des mouches , & ne leur faifoit ainfi produire des vers vivants , & qui fe meuvent d eux-mê- mes , ainû que je l'ai obfervé mille fois, (a) Jean Sperlingius , cet obfervateur exact, s'eft aufli trompé, Iorfqu'il a dit dans fa Zoologie que les vers ne font pas produits par les mouches, mais' qu'ils naiffent des excréments des mouches , lefquelles ayant mangé de la fe- mence de vers mêlée avec d'autres aliments , la rendent avec le réfidu de ces mêmes aliments & par la même voie. Mais Sperlingius n'a pas remar- qué , ce qu'il eft cependant facile à tout le monde de reconnoître , c'eft que les mouches ont un ovaire divifé en deux cellules féparées qui contien- nent leurs œufs , & qui aboutiflent à un canal commun par lequel tous les œufs paffent pour fortir du corps : la quantité de ces œufs eft prefque incroyable ; car il y a des mouches vertes qui ont jufqu'à deux cents œufs dans leur ovaire. Sperlingius qui a cru que les vers naiffoient des excréments des mouches , & le père Kirker qui avance une opinion à-peu-près femblable , fe font donc tous deux trompés. Un très-habile homme de ma connoiffance ne s'eft pas moins trompé en s'imaginant que la morfure de l'araignée pouvoit produire des vers dans les mouches , parce qu'il avoit obfervé qu'une mouche qui s'étoit engagée dans une toile d'araignée jettoit des vers toutes les fois qu'elle étoit pincée par l'araignée Il paroît par tout ce que j'ai rapporté jufqu'ici qu'aucun animal mort ne produit d'infectes ; fur quoi étoit donc fondée cette opinion de tant d'au- teurs anciens , que la chair corrompue du taureau produit des abeilles ? opi- nion fi généralement reçue que les Grecs appellerent les abeilles $=vy- «1 bougonai, c'eft- à-dire , filles du taureau, (h) C'eft fans doute une de ces fables antiques dont on ne connoît point l'inventeur, & que les écrivains ont co- piées en y ajoutant chacun quelques circonftances nouvelles ; car ils ne iont pas tout-à-fait d'accord entr'eux fur la façon dont s'opère cette mer- veilleufe génération. Quelques-uns prétendent que les feules entrailles du taureau iuffifent à la production des abeilles ; d'autres ajoutent qu'il faut couvrir ces entrailles de fumier ; d'autres foutiennent qu'elles ne contri- buent en rien à cette production : plufieurs croient qu'il faut le corps en- tier; mais les uns veulent qu'on le mette dans la terre en laiflant paner les cornes , d'autres qu'on le garde dans un lieu fermé de murs & cou- vert , d'autres qu'on l'enferme dans un coffre de bois , d'autres enfin qu'on (a) Les obfervateurs modernes ont conftaté l'exiftence des mouches vivipares. Voyez la fuite de cette colUiïion. (i) Voyez le premier dialogue de VMifnierifur les infeSes , & la fuite de cette ColleOiolù 4i4 COLLECTION i n ii i le laifle exp'ofé à l'air : quelques-uns difent qu'il faut le coucher fur des Redi,Genera- tas de thim &c de giroflée , parce que ces plantes contiennent, félon eux , tion des Insec- des femences propres à produire des abeilles , & que ces femences fubti- T£5, les & aftives pénétrant la fubftance du corps de l'animal, la difpofent à une nouvelle organifation , & la transforment en un effaim de mouches. Beaucoup de modernes ont adopté cette erreur ; de ce nombre font Crefcenzi , Aldrovande, Licetus, Cardan ,Moufet, Jonfton, Grembs , Tho- mas Bartholin , Foili inventeur du Xérometre , Gaflendi , le père Fabri ; & quoique Sperlingius dans fa Zoologie ait très-judicieufement obfervé que dans une grande mortalité de bétail , arrivée au pays de Virtemberg , on n'avoit point remarqué cette production d'abeilles faftices , Sachs qui fait tous les efforts pour l'établir dans ta gammarologie, dit avec VofTius (<*) •que fi cela n'eft point arrivé dans le Virtemberg , c'elt peut-être la faute du. climat qui eft, trop froid pour que ces infeftes pmffent s'y former & y vivre». Le pcrc Kirker qui eft tres-perfuadé de cette génération artificielle, ajoute- (/>) que la fiente de bœuf produit aufli des vers qui d'abord aûez reffem- blants à des chenilles acquièrent des ailes peu après leur naiffance, & fc changent en de véritables abeilles; pour moi je ne fais file père Kirker. s'eft afluré de ce fait par fa propre obfervation ; mais toutes les fois qu& j'ai fait mettre de la fiente de bœuf ou de tout autre animal dans un lieu ouvert , comme le veut le P. Kirker ,j'y ai toujours vu naître des vers foit au printemps , foit en été , foit en automne , lesquels vers font devenus des. mouches ou des moucherons , & non pas des abeilles : mais lorfque j'ai confervé de cette fiente dans un endroit clos & inacceffible aux infectes > je n'y ai jamais rien vu naître ; ce qui prouve la faufleté de l'affertion d'Albert; le Grand , qui veut que le fumier pourri produite des vers. Quelques auteurs ont aufli prétendu qu'il s'engendroit des abeilles, dans les chairs corrompues du lion., & que les abeilles nées de cette.- manière fe reffentoient de leur origine , & avoient plus de courage & d'ar- deur que les autres ; mais il me paroît évident qu'aucune chair morte ne les produit , quoiqu'au rapport de plufieurs auteurs on ait vu des abeilles faire leur miel dans des fquélettes , & que Mr. Albergotti m'ait afluré qu'il en avoit vu lui-même un eflaim dans le crâne d'un cheval. Ces faits ne prou- vent point qu'elles fe fuffent formées de la fubftance de ces corps ; peut- être feroit-on mieux fondé à conje&urer avec Franzius que des abeilles en avoient mangé les chairs, & y avoient dépofé des œufs ou de petits vers ; &c que les abeilles qui étoient nées de ces germes étoient reftées dans le fquélette , & y avoient fait leur miel : mais il y a plus d'apparence qu'elles y étoient venues d'ailleurs., car les abeilles n'ont point d'horreur pour les os décharnés , au lieu qu'elles en ont beaucoup pour les chairs mortes : j'en ai fait l'épreuve en différents temps & en différents lieux , en mettant de grands morceaux de viande autour & au deffus de leurs ruches , fans que jamais j'aie vu les abeilles en approcher, Ariftote, (c) Varron , Eliçn & (.2) De l'idolâtrie , liv. quatorzième» (£) Monde fouterrein , liv. douze, (c) Hilloire des aninviu* , liv. neuf. plufieurs ACADÉMIQUE. 4x5 plufieurs autres naturalises en parlent de même , & Pline dît (<;) pofitive- — — — — ment que les abeilles ne mangent point de chair, il e(t vrai qu'il fe con- Redi Gêner a- tredit dans un autre endroit (/>) 011 il dit, que lorfqu'elles manquent d'ali- tion des Insec- ments on leur donne certains fruits fecs & de la chair de poule. Mais il tes. me lemble qu'on peut concilier Pline avec lui-même , en difant que les abeilles ne mangen,t de la chair que lorfqu'elles n'ont aucune autre nour- riture ; c'eft auffi l'opinion de Columellc , qui dit qu'on met dans leurs ruches des oifeaux morts aufquels on laiffe la plume, que les abeilles fe cachent en hiver dans cette plume pour être chaudement, & qu'elles man- gent la chair lorfqu'elles n'ont rien autre chofe à manger, mais qu'elles n'y touchent que dans ce feul cas. Au contraire les guêpes & les frelons dévorent tout ce qu'ils trou- vent de chairs, même corrompues, & j'en ai fouvent été témoin ; ils ne ie contentent pas de s'en rafîafier , ils les grattent év en détachent de pe- tites parties dont ils font des efpeces de boules qu'ils portent dans leurs guêpiers. Ces petites bêtes font même fi carnacieres qu'elles attaquent quelquefois les animaux- vivants. Moufet rapporte , dans fon théâtre des infectes, qu'on a vu en Angleterre un frelon pourfuivre un moineau, le blefler , le tuer & fe repaître de fon fang. Pline dit que les guêpes font très-avides de la chair de ferpent, & que cet aliment rend leurs piquures plus yenimeufès , Ce qui eft auffi confirmé par Elicn : mais il n'y a pas d'ap- parence que la chair de toutes fortes de ferpents envenime les piquures des guêpes & des frelons qui s'en font nourris, Se je crois que cela n'arrive que lorfqu'ils ont trempé leur aiguillon dans leveninque renferment les poches qui couvrent les dents canines de la vipère ou de quelques autres ferpents de même genre, & dont j'ai parlé dans mes ' obfervations fur les vipères. Au reitc les guêpes fe nourifïent aum de fleurs & de fruits fecs & frais ; elles font très-friandes de raiiins , fur-tout de raifins mufeats , & on les voit tous les jours en manger avec excès. S'il eft faux , comme je l'ai prouvé , que la chair corrompue du taureau produife des abeilles , je crois pouvoir auffi mettre au rang des fables ce qu'on raconte d'une efpece de ferpents qui vivent de lait & quife trouvent dans certaines contrées de la Ruffie & de la Podolie. On dit que ces fer- pents appelles Zmija ont la tête & le bec femblable à celui du canard, qu'il s'engendre dans leur corps des abeilles appellées Zmijoiocki , & qu'ils les rendent par la bouche , ou plutôt les vomifTent peu à peu , jufqu'à la quantité de deux effaims par an. On ajoute que les piquures de ces abeilles font dangereufes & prefque mortelles. Ce fait palle pour avéré dans le pavs , & plufieurs perfonnes difent avoir vu de ces ierpents ; mais Mr. Ménage qui me l'écrit de Paris n'y ajoute pas foi , & il penfe que fi ces ferpents vomiflènt en effet des abeilles , c'eft qu'ils les ont avalées en man- geant du miel ; il fuffitmême que cela foit arrivé par hazard une fois, pour donner lieu à cette erreur populaire. (j) Hijl. nat. livre onze. (i) Hijl. nst. livre vingt & un chap. quatorze. Tom, IV, dis A(ad. Etrar.g. H h h 4i6 COLLECTION Il n'eft pas vrai non plus que les guêpes & les frelons foient produits Redi.Genf.ra- par des chairs corrompues, quoiqu'un nombre infini d'auteurs concou- tion des Insec- rent par leur témoignage à établir cette opinion ; les uns attribuant la pro- T£5, dudtion de ces infe&es à la chair, à la peau, ou à la cervelle du cheval {a) & d'autres les faifant naître de la chair , de la peau , ou de la cervel- le de l'âne ou du mulet : quelques-uns attribuent aulTi à l'âne la production des fcarabées. Orus à l'occafion des hiéroglyphes , parle des guêpes for- mées de la chair du crocodile, & Antigonus lui fait produire les fcorpions terreflres ; je ne puis nier abfolument ce fait n'ayant point de preuves con- traires , & n'étant point à portée d'en acquérir ; mais je crois être bien fondé à conclure par analogie que les productions qu'on attribue à la chair du crocodile n'ont pas plus de réalité que celles qu'on attribuoit à la chair du cheval , du mulet & de l'âne , lesquelles fe font trouvées démen- ties par mes expériences. J'ai reconnu aufîi par diverfes épreuves qu'il eft faux que les écreviffes de mer étant mortes , & mifes dans la terre , produifent des fcorpions , comme l'ont écrit plufieurs modernes fur la foi de Pline , qui peut-être avoit pris cette opinion d'Ovide ; & qui ajoute à ce qu'en a dit ce poëte une de ces conditions myîtérieufes qui font tant d'impreflion fur le vul- gaire ; c'efl: qu'il faut choifir pour cette opération le temps où le foleil entre dans le figne de l'écrcviffe. Cette fable a été rejettée avec raifon par Tho- mas Bartholin, il allure , dans une lettre écrite au Docteur Sachs, qu'en Dane- marck où il fe trouve beaucoup d'écreviffes de mer , il a obfervé qu'elles ne produifent point de feorpion : mais Sachs , qui croit cette production polîible , prétend que les expériences faites en Danemarck ne prouvent rien , parce que les pays feptentrionaux font de tout temps exempts de fcorpions. Pour moi je fuis très-porté à croire que Sachs & tous ceux qui ont eu la même opinion fe font trompés : mais Pline ne s'efr pas con- tenté de faire naître les fcorpions des écrevilTes mortes , il a prétendu qu'il s'en formoit aufïï dans le bafilic pilé & couvert d'une pierre. Beaucoup d'auteurs modernes ont adopté cette opinion, quelques-uns feulement veu- lent qu'au lieu de renfermer le bafdic fous une pierre , on l'expofe au foleil : Volfang-GEffert, cité par Sachs , prétend qu'on a vu de notre temps en Autriche, un apothicaire qui fe procuroit des fcorpions factices par cette méthode. Et comme les anciens préjugés agiffent avec force iùr lef- prit des hommes , il ne faut pas s'étonner que Lollier ait dit férieufement dans la pratique médicinale , qu'il s'étoit engendré un feorpion dans le cerveau d'un homme pour avoir trop refpiré l'odeur du baiîlic. Cepen- dant ce préjugé n'eft pas général ; car Galien nie que le baiîlic produilé des fcorpions , & Michel Fehr , cité par Sachs , affure qu'il en a fait l'expérience avec toutes les précautions requifes , & qu'il a trouvé que c'étoit une erreur d'attribuer la production des fcorpions au bafilic, comme l'ont fait beaucoup d'auteurs : quelques-uns ont accordé la même propriété avec aufîi peu de fondement , au creffon & à toute forte de bois pourri , (a) Voyez premier 4'ulogue de ValUfiùtri fur lis infeSes , & la fuite de cetee fvUcctïon. ACADÉMIQUE. 417 & l'on a prétendu auflî faire naître dos feorpions de la terre par le moyen »^ t du fuc de l'oignon : mais Ariftote a Sien mieux connu la génération de ces rEDj Genfi.a- animaux ; car il a dit que les feorpions font produits par l'accouplement du tion dîs Inscc-t m à le & de la femelle , & que les femelles ne font pas des œufs comme beau- TES- co;ip d'autres infe&es ; mais qu'elles font leurs refus vivants & tout for- mes , ce que Pline (^) n'a point nié , non plus qti'Efien , (A) & ce qui a été tre-,-e\aclement obférvé par Furcnius & par Rodius clans lés obfervations de médecine. J'ai aufîi conftaté cette vérité par des expériences réitérées; car m'éunt fait apporter une grande quantité de Icorpions des montagnes des environs de Piftoie , je choifis quelques femelles qu'on diftingue aifément des milles , parce qu'elles font plus grandes &C plus greffes , & le vingt juillet je les enfermai féparément dans des vaiffeaux de verre, fans leur donner à manger : quelques-unes y moururent avant d'avoir fait leurs petits ; mais lé cinq août l'une de celles qui reltoient fit, non pas onze petits , nombre- fixe par Ariftote & Pline , mais trente-huit bien formés : leur couleur étoit d'abord blanc de lait , &c de jour en jour elle fe changeoit en couleur de rouille. Le fix du même mois , une autre femelle renfermée dans un autre vailTeau , fit vingt-fept petits de même couleur que les premiers ; les uns &c les autres fe tenoient renverfés fous le ventre de la mère : le dix-neuf août ils étoient encore tous Jrvie, mais depuis ce jour ils mou- rurent fuccefiivement , & le vingt-quatre il n'en reftoit que deux qui fe trouvèrent morts le lendemain. Je voulus obferver auffi la lituation de ces infecles dans le ventre de leur mere : c'eft pour quoi j'ouvris beaucoup de temelles pleines , & je trouvai que le nombre des petits varioit entre vingt-fix & quarante ; ils étoient tous attachés enfemble , èv formoient un long cordon par le moyen d'une membrane commune qui les enveloppoit: cette membrane étoit prefque inviiible , tant elle étoit déliée & trar fparente». & l'on voyoit les feorpions bien féparés les uns des autres par des étran- glements de la membrane , qui dans ces intervalles ne paroifïbit plus que comme un fil très-fin. Je remarquai en fanant ces expériences qu'il n'clt pas vrai , comme l'ont écrit Ariftote & Antigone Cariftius , que la mere fbit tuée par lés petits, ni comme le veut Pline , que les petits foient niés par la mere, à l'exception d'un feul , qui plus avifé que les autres fe fauve fur le dos de fa mere , s'y place de façon qu'elle ne peut ni le mordre, ni le bleffer avec fon dard, & devient enfuite le vengeur de fes frère? en la tuant à fon tour. J'obfervai auffi avec grand foin, filles mêmes femelles qui avoient fait des petits n'en feroient pas de nouveaux après quelques jours ; car Rodius dit en avoir vu un grand nombre qui n'é- toient que de la groffeur des lentes : mais quelque attention que j'y aie apportée , je n'en ai point vu , & même avant ouvert beaucoup de fe- melles pleines, je n'y ai jamais trouvé que ce cordon ou chapelet de pe- tits feorpions, tous d'égale grandeur, & dont le nombre varioit conf- tamment, entre vingt-fix & quarante , comme je l'ai déjà di . il efl fible à la vérité que toutes les femelles qui me font tombées entre les. (j) Livre onze , chap. vingt-cinq. (t>) Làv.fix, chap. vingt. Hhhi 4i8 COLLECTION mit~mÊi±m i mains enflent déjà fait une partie de leurs petits à différentes fois , & Redi.Genfra- qu'elles n'en enflent plus que pour une ponte. tion des Insec- Au refte il ne faut pas croire que les lcorpions foient auffi rares en T£5- Italie que Pline (<ï) infinue qu'ils l'étoient de fon temps , loriqu'il dit que ces animaux ne peuvent vivre en Sicile , 8c qu'on en voit cependant quel- quefois en Italie, mais qu'ils n'ont point de venin ; car il s'en emploie aujourd'hui dans la feule ville de Florence , environ quatre cents livres par an pour faire de l'huile contre les venins : mais je crois que Pline a eu railon de dire que les feorpions qui fe trouvent en Italie n'ont point de venin ; car j'ai vu fouvent les payfans qui les apportent à Florence au temps de la canicule , les manier impunément, & s'en laifler piquer fans aucune crainte & fans inconvénient. Cependant ces feorpions de Tofca- ne font de ceux qui ont fix nœuds ou vertèbres à la queue , & qui félon Avicenne, font les plus venimeux de tous. Je ne fais pas s'il fe trouve des feorpions qui aient plus ou moins de fix vertèbres , car je n'en ai jamais vu de tels. Pline fait mention de feorpions à fept vertèbres ,., & les regarde comme les plus dangereux , ce qui efc contraire au fentiment d'Avicenne. Plufieurs autres auteurs parlent auffi de feorpions qui ont fept vertèbres , & il femble par lin pafl'age de Nicandre qu'il ait prétendu que certains feorpions en avoient jufqu'à neuf: mais fon commentateur donne un autre fens à ce partage , & il afi'ure qu'il ne fe trouve point de feorpions qui aient plus de fept vertèbres , ce qui ci! même affez rare au fentiment d'Appollodore. Tous les feorpions d'Italie que j'ai obfervés n'avoient que fix vertèbres ; & ceux qui furent envoyés d'Egypte au Grand Duc l'année 1657, n'en avoient pas davantage. Les feorpions d'Egypte différent cependant af- fez des nôtres , quoiqu'ils foient de la même couleur noirâtre ; car ils font beaucoup plus grands & plus gros : j'en ai pelé un de cette efpece tout dciléché , 6c fans aucune partie interne , je trouvai fon poids de vingt grains , tandis qu'un de ceux d'Italie , mort depuis peu de jours, en pefoit à peine cinq. Les feorpions d'Egypte ont auffi toutes lej vertè- bres de la queue à-peu-près de même longueur & de même grofleur , à peine s'apperçoit-on qu'elles s'allongent en s'éloignant du dos ; mais dans ceux de notre pays , la cinquième vertèbre , qui précède l'aiguil- lon , a toujours le double de la longueur des autres. J'ai vu des feorpions un peu différents des deux efpeces dont je viens de parler ; ils m'ont été envoyés de Tunis par le Docteur Pagni , Pro- fefleur en médecine de PUniverfité de Pife , qui fe trouve à prélent dans ce pays. Ces feorpions , qu'on appelle en langue Barbarefque ahrab , font fort communs dans tout le Royaume de Tunis , & fur-tout dans la petite ville de Kilijan : ils font beaucoup plus gros &plus longs que ceux d'Egypte ; j'en pefai deux vivants , & le poids de chacun étoit de cent (û) Sœpe Pfylli qui rdiqu,irnm vénerie lerrarum invehentes quotÇtùs fui causa peregri- /lis mdlls implevere hatiam , .':os quoque (fcowiones) importare cotiàti funt , fedvivere intra Siciili cali regionem non potuçrt : vifuntur tamen aliquandb in haliâ , ftd innocui. Hift, natur, lib. iindecimo. ACADÉMIQUE. 419 quinze grains, ou de la cinquième partie d'une once ; cependant Us avoient —^— — — dû maigrir & diminuer, car ils avoient été plus de quatre mois fans man- REr),,GENERA- ger : il s 'eft écoulé trois mois depuis , & l'un de ces feorpions vit en- t10n deeInsec- core fans avoir pris aucune nourriture pendant tout ce temps. Leur cou- tes. •leur eft ordinairement d'un verd jaunâtre , foible , & comme tranfparent , de même que celle de l'ambre ; il faut cependant excepter l'aiguillon & les deux- pinces , dont la couleur un peu plus chargée , reffemble à celle de la chalcedoinc obicure ; la pointe de l'aiguillon eft tout-à-fait noire. Parmi ces feorpions il s'en trouve quelquefois de blancs , mais rarement de noirs. Le tronc de chaque pince a quatre articulations ou jointures ; les jambes font au nombre de huit ; les deux premières , placées de cha- que côté auprès du tronc des pinces , font les plus courtes ; les Vi- vantes font plus longues à mefurc qu'elles s'éloignent davantage : celles de la quatrième paire , qui font les plus longues de toutes , ont fept jointu-^ res , tandis que les autres n'en ont que fix : le dos eft compofé de neut lames annulaires pour le plus, & fur la partie du dos qui eft entre les deux troncs des pinces , s'élèvent deux petites éminences rondes , noires & luifantes : fous le ventre , qui a cinq anneaux , on apperçoit deux pe- tites lames dentelées , femblable à des feies , que le feorpion étend & agite lorfqu'il marche , & dont il femble vouloir fe fervir comme de deux- ailes : ( voyez la Planche XXV. Fig. VI. ) la queue a fix vertèbres , dont la dernière , qui forme l'aiguillon, eft fort longue & recourbée; les cinq autres vertèbres font cannelées dans leur partie fupérieure , elles ont leurs bords dentelés ; au deffous elles font convexes &C rayées dans toute leur longueur par des "lignes faillantes , compofées de points noirâtres. Ces feorpions de Barbarie portent la queue haute & arquée , non-leule- ment lorlqu'ils font en repos , mais auffi lorfqu'ils marchent , ce qui eft commun à prefque toutes les efpeces de feorpions. Un grand nombre d'auteurs anciens mais elle étoit ouverte de même que cette première , à l'on extrémité la plus aiguë , & il en fortit un très-grand papillon vers les derniers jours d'avril. Le fept d'août j'enfermai dans un vaifleau de verre une cheniHe qui avoit été trouvée fur des feuilles de rue ; elle étoit verte & marquetée par tout . de taches rouges , jaunes Si. bleues. Le même jour elle devint immobile , s'étant attachée par la furface inférieure de fon corps , au pa- pier qui couvrait le vaiffeau , elle parut tirer de fes flancs deux fils , Se de fa queue une efpece de duvet ; elle étoit étendue fur le papier , & y touchoit par tous les points de fa furface inférieure confervant fa couleur & fa figure ; mais le jourfuivant le rouge Se le bleu dilparurent , il ne relia que le verd Se le jaune, tous deux un peu décolorés. La chenille s'étant durcie fans jeter fa déDOuille, avoit détaché fa tête du papier en la fou- levant , Se cette tête avoit poufle des cornes. On voyoit fur les épaules deux petites éminences femblables aux omoplattes d'un homme maigre : ia queue s'étoit amincie Se aiguifée , Se tout le refte du corps portoit fur ACADÉMIQUE. '4fç cette partie: au bout de quatorze jours il en fortit un papillon, jaune , —— — «— tout rayé &C émaillé de noir , tant fur le corps que fur les aîles. Les Redi,Genera- deux plus petites ailes avoient à leur extrémité deux taches rondes & tion des Insec- rouges , & quelques autres taches bleues terminées par une ligne vio- tes. leltc veloutée : de l'extrémité du bord il fortoit deux petits appendices qui faifoient comme deux queues à ces ailes. Sur la tête s'élevoient non pas deux petits panaches , mais deux aptennes noirâtres , mobiles , très- longues & plus grofles à leur extrémité qu'à leur baie. Ce papillon mou- rut au bout de quatre jours. M 'étant trouvé à la campagne dans le mois de feptembre , je fis ra- mafl'er une grande quantité de chenilles verdâtres marquetées de noir &. de blanc qui rongeoient quelques côtes de choux ; je les mis dans des boîtes , & leur donnai à manger de ces mêmes choux. Au bout de quatre jours elles montèrent prcfque toutes vers le haut des boîtes , s'y atta- chèrent , & devinrent immobiles ; plufieurs y laifferent quelque choie qui reflembloit à de petits œufs enveloppés de foie jaune. () foutient que les vers à foie s'engendrent dans le mûrier, lorlque la femence de certains infectes a pénétré jufqu'à la fubllance & aux fucs intérieurs de cet arbre. Cependant j'ai obiervé avec le plus grand foin , non-feulement les mûriers qui font autour de Florence, mais encore ceux de plulîeurs autres villes de Tofcane , &C je n'ai jamais vu un feul ver à foie qui fût né fur ces arbres , ni aucune apparence qu'il y en dût naître. Je n'ai jamais vu non plus que les choux produi- sirent des chenilles comme le veut Arifiote ; mais j'ai fouvent apperçu fur les feuilles du chou , fur fa tige & fur les herbes qui en étoient voi- fines, une grande quantité d'eeufs que les papillons y dépofent, & d'où naiflent des chenilles , qui après s'être changées en chryfalides, reparoif- fent fous la forme de papillons. Quiconque voudra obferver les plantes avec attention , trouvera fou- vent de ces œufs fur leurs furfaces & dans les fentes de leurs tiges. Je me fouviens d'avoir vu au commencement de mai fur des feuilles de fo- rçai! , une grande quantité d'oeufs jaunes très-petits , je voulus obferver ce qui en. réiulreroit, & peu de jours après j'en vis fortir des vers d'une ex- trême petitene ; aurTi-tùt qu'ils furent éclos , je leur donnai de ces mêmes feuilles de fureau , qu'ils mangevent avec avidité : ils s'accrurent & pri- rent une couleur jaune mêlée de taches rougeâtres : la queue fe termi- noit en demi-lune : la tète étoit très-petite & pointue , & lorfqu'ils mar- choient il leur fortoit fous le ventre de petits boutons , qui fembloient leur fervir de pieds. Le vingt-fix de mai la plupart de ces vers devinrent im- mobiles & cédèrent de manger, fans changer de couleur ni de figure ; mais le premier de juin fix de ces vers fe contractèrent & devinrent des chryfalides de forme arrondie , de couleur de rouille , & qui fe terminoient en pointe. Le douze de juin il fortit de chaque chryfalide une mouche un peu plus grande que les mouches ordinaires : elle avoit deux ailes errti- lagineufes , blanches & plus longues que le corps : les jambes étoient (.:) Vallifnieri a complété cette hiftoire dans fon premier dialogue , où il décrit ces inleites ; il a trouvé le moyen d'en voir les métamorphofes en renfermant les bran- ches à'.tgnvs-cjftus & de {aille dans des vaifleaux de verre avec d de la terre bien arrofée , afin que ces excrefeences , & les vers qu'elles contenoient en ti leur nourriture jufqu'à leur entier accroifTement , & qu'au fortir de leur nid , ces vers trouvaient un lieu convenable pour fe métamorphoYer. En effet, les vers le retirè- rent au pied des branches, & fe cachèrent dans le fable, où chacun fe fabriqua une pe- tite coque, d'où il fertit fous la forme de mouche : les vers obfervés par Redi raou- roient tante de nourriture ou d'un terrein convenable, , (i) Monde fouterrein , liv. douze. Tçm. IF. des Acad, Etrang, M m ru 4?8 COLLECTION | ! " ""—■' jaunes & au nombre de fix : deux cornes très-courtes fortoîent de la tête Redi, Gênera- qui étoit couleur de rouille : le dos avoit la même couleur, mais plus tion des Insec- claire dans fa partie la plus voiiinc de la tête , & vers fon extrémité il avoit r£s« une grande tache jaunâtre : tout le ventre étoit d'un jaune vif rayé tranf- verfalement de bandes noires. Cette mouche jetta quelques excréments blancs, auffi-tôt qu'elle fut née, & ne vécut que deux jours. Sept jours après que cetre chryfalide fut éclole , il fortit des cinq au- tres des mouches fort différentes de cette première , quoiqu'elles fuffent de même couleur : car celles-ci étoient longues &C déliées : au lieu de deux longues aîles, elles en avoient quatre beaucoup plus courtes que leur corps : les pattes étoient au nombre de fix , & il y en avoit deux beaucoup plus longues que les quatre autres : fur la tête s'élevoient deux antennes très-longues , aiguës & compofées d'un grand nombre de nœuds. Ces mouches aum-tôt qu'elles furent nées, rendirent, comme la première, des excréments blancs , & elles vécurent quatre jours. J'ai obfervé dans la transformation de ces vers du fureau, que la chryfalide étoit beaucoup plus petite que le ver dont elle s 'étoit formée & que la mouche qu'elle produifit , de forte que cette mouche n'a pu y être contenue fans être ex- trêmement comprimée. Ces mouches ôi leurs chryfalides font reprélen- tées Planche XXVII. Figg. VII. VII. &c. XII. dans leur grandeur natu- relle, & Figg. 7. 8. &c. 12. telles qu'elles paroiflent au microfeope. J'ai déjà dit que je n'ai pu voir de vers à foie s'engendrer dans les mû- riers : il me paroît encore moins croyable qu'ils puiffent fe former dans les chairs corrompues d'un taureau nourri pendant vingt jours de feuilles de mûriers : je n'ai fait ni ne veux faire cette expérience chantée par Vida , &c adoptée férieufement par pluheurs philofophes ; mais je fais avec cer- titude que dans les chairs d'un chevreau qui n'avoit mangé pendant vingt jours que des feuilles de mûrier, il ne s'eft formé que des vers, & qu e les chairs du même chevreau , gardées dans un vaiffeau fermé , n'ont rien produit. Je fais de même que dans les mures & les feuilles de mûrier pourries , il naît feulement des vers qui fe changent en mou- ches & en moucherons de cinq ou fix efpeces , lcfquels naiffent indiffé- remment fur toutes fortes d'herbes, pourvu qu'elles foient imprégnées de la femence de ces infectes : mais fans cette condition il ne s'engendre jamais rien , comme je l'ai déjà dit, ni dans les herbes ni dans les chairs putrifiées, ni dans aucune matière privée de vie : Au contraire, je crois ■que toute matière vivante peut d'elle même produire quelques vers qui fe transforment en infectes volants , comme on le voit dans les cerifes , les prunes , les poires , & dans les différentes efpeces de galles , dont j'ai parlé plus haut. Je fuis très-porté à croire que les vers & les autres infectes , qui fe trouvent dans les inteffins ôc dans les autres parties du corps humain, s'y engendrent de la même manière. On trouve fouvent auin dans le fiel (Jfr.^»«N_^ vÇ 4- i k COLLECTION ACADÉMIQUE. frc OBSERVATIONS DE REDI, Swr /es animaux vivants qui fe trouvent dans les animaux vivants. p^, „„ if ++++++++^1 ' H Y D R E deLerne & fes fept têtes.font une fiction des poètes; KEDI,DES ANI- /* • m- r ' r i ^ i Tl n. • maux vivants <^| F *^* mais cette fiction a ion fondement dans la nature. 11 eu certain ' ^| *-• +X qu'il fe trouve quelquefois des ferpents à deux têtes : Elien ^i^t^V^* rapporte que de fon temps on voyoit affez fouvent de ces »iv'V~»v\9> ferpents dans le pays arrofé par le fleuve Àrcas , qu'ils étoient ordinairement longs de quatre coudées , & qu'ils avoient tout le corps noir , à l'exception des deux têtes qui tiroient fur le blanc. Avant €lien Ariftote avoit attefté & même expliqué un fait femblable. » On a vu au- » trefois ( dit-il) () Traire des monftres. ttendu ACADÉMIQUE. 4<î étendu an foleil fur les bords de l'Arno. () De plus il y avoit autour de chacun des deux cous, immédiatement auprès de la tête, une bande en forme de collier , & dont la couleur étoit blanc de lait , ce qui ne fe trouve point dans les vipères ; une autre bande ou zone du même blanc entouroit l'extrémité de la queue, & cette queue étoit toute parfemée de taches blanches, fcmblables à de très-petites étoiles. Les deux têtes & les deux cous étoient exactement de même gro fleur ck de même longueur , &c la longueur de chaque cou étoit au plus de deux travers de doigt. Dans chaque gueule on vo-yoit une langue très- aiguë & fourchue à (on extrémité , comme l'ont ordinairement les ferpents: cette langue prenoit naiffance fous le canal de la trachée artère ; chaque tête avoit deux yeux pofés de même ; en un mot , les deux têtes étoient parfaitement femblables. Ce ferpent avoit deux trachées artères , & par conféquent deux pou- mons , Iefquels étoient tout-à-fait féparés l'un de l'autre ; le poumon droit paroiflbit évidemment plus gros que le gauche, la figure en étoit fem- blable à celle des poumons des vipères & des autres ferpents ; c'étoit une efpece de lac membraneux fort long , dont la lurface intérieure étoit femée de petites éminenecs répandues lans ordre ; il étoit manifeftement eompofé de deux différentes fubltances , & tout-à-fait lëmblable au pou- mon du ferpent décrit par Gérard Blalius. ( c ) Il fe trouva deux cœurs enveloppés chacun de leur péricarde , & ayant chacun leurs vaiffeaux fanguins j ces deux cœurs différoient en cela feul que le droit étoit plus gros que le gauche. Il y avoit deux cefophages & deux eftomacs aflez longs , comme dans -tous les ferpents : ces eftomacs s'uniffoient dans un feul inteflin qui leur étoit commun ; à l'endroit de leur réunion , l'on appercevoit fur la fur- (j) Redi parle d'un monftre femblable obl'ervé par Giufeppe Lanzoni , dans une Let- tre qu'il écrivit à cet oblèrvateur le 20. février 1693. ( b ) Dans fès obfervatîons fur les vipères. V. le tpnvj III. de cette ColleBion , pp. xy, & luivantes. (<:) Anatomit des brutes , cinquième partie^ Tom, ir. dis Acad. Efang, Nn a 46<5 C O L L E C T I ON face interne de chacun un petit amas circulaire de glandes ou marne- Redi desAni- lons très-petits, aigus & rougeâtres, iemblables à ceux qui dans les vo- maux'vivants, latiles, tapiflent le dedans de la partie inférieure de l'cefophage la plus &c. voifine de l'eftomac. Les mamelons diftilloient quelques gouttes preique imperceptibles d'une liqueur blanche & falée. Une file de mamelons femblables, mais beaucoup plus petits &C qu'on ne pouvoit diftinguer qu'à l'aide du microfeope , regnoit fur toute la longueur du canal qui compo- foit les deux œfophages & les deux eftomacs. L'inteftin, après fes circonvolutions ordinaires, alloit s'ouvrir dans la cloaque de l'anus , comme on le voit dans la Planche XXVIII. Figure première. Les eftomacs étoient totalement vuides , il y avoit feulement dans le canal des inteftins quelques petits relies d'excréments &c un peu de matière muqueufe , dans laquelle étoient engagés , & pour ainfl dire embourbés, un grand nombre de vers très-petits, les uns d'un beau blanc, les autres rougeâtres & tous pleins de vie. J'avois cependant gardé ce fer- pent enfermé pendant trois femaines dans un vâifleâu de verre où il ne voulut prendre aucune forte de nourriture , comme c'eft la coutume de plufieurs efpeces de ferpents. Celui-ci avoit deux foies, & dans le droit qui étoit plus grand que le gauche , il fe trouva cinq petites véficules rondes & diftendues , dont cha- cune rerifermoit un ver de même efpece que ceux qui étoient dans la ca- vité des inteftins. La rencontre de ces vers me fit naître l'idée du traité que je donne aujourd'hui, & dans lequel j'inférerai chemin faifant quelques au- tres obfervations d'hiftoire naturelle , félon qu'elles fe présenteront. Mais revenons au ferperit à deux têtes. Chacun des deux foies avoit fa veine propre qui regnoit fur toute fa longueur , & comme il y avoit deux foies , il y avoit aura deux véficu- les du fiel : ces véficules n'étoient point infixées ou incruftées dans le foie , au contraire elles en étoient féparées & même un peu éloignées , comme c'eft l'ordinaire dans les vipères & dans les autres ferpents qui n'ont point de pieds. Je dis les ferpents qui n'ont point de pieds , car dans les léfards , les léfards verds (ramarri) les grand léfards d'Afrique, les caméléons , les falamandres aquatiques , les léfars étoiles (flelliom ) qu'on nomme taràntok à Florence & dans les autres ferpents à quatre pieds , la véficule du fiel eft fituée entre les deux lobes du foie , & elle eft profondement infixée dans l'un de ces lobes. J'ai obiervé que quelques autres animaux n'ont point la véficule du fiel infixée dans le foie. Par exemple, dans l'hirondelle de mer (pefee rondine) elle fe trouve logée dans l'inteftin duodénum , & communique avec le foie, parle moyen d'un ca- nal très-délié ; Jonfton s'eft afturément trompé , lorlcm'il a dit qu'elle étoit incruftée dans le foie. Cette véficule eft auffi attachée à l'inteftin duodé- num dans un poiffon dont je parlerai en fon lieu , fous le nom de poifion doré , {ptfce eToro) lorfque je traiterai de la veflie pleine d'air qui fe trou- ve dans certains poiiTons. Pans le ferpent à deux têtes que je décris , la véficule du fiel étoit beau- coup plus grande dans le foie droit que dans le gauche : elle communi- quent par un petit conduit au lobe droit du foie. Le canal cyftique fortoit ACADÉMIQUE. 467 du milieu de cette véficule ou à-peu-près , Si alloit verfer la bile d;ms g^S les inteftins. Du bord du foie droit naiflbit un autre'petit conduit bi- Redi.desAni- liaire, qu'on nomme hépatique, il étoit ifolé Si fans s'approcher de la maux vivants, véficule , il alloit déboucher dans les inteftins , à quelque diftance du ca- S*» nal cyftique. Ce fécond conduit biliaire ou conduit hépatique , manquoit au foie gauche, du moins je ne pus l'y appercevoir. Ce foie avoit feule- ment une véficule du fiel d'où partoit un canal cyftique qui aboutifioit dans l'intciliii & y avoit fon infertion féparément des deux autres con- duits : l'embouchure de celui-ci étoit marquée dans la cavité intérieure de l'inteftin par un mamelon fort gonflé. Il fe trouve très-communé- ment dans les oifeaux que le canal cyftique de la véficule du fiel Si le conduit hépatique vont chacun fe rendre dans les intcllins féparément, Si même à une allez grande diftance l'un de l'autre : Malpighi l'avoit déjà remarqué dans fon traité du foie , Si j'ai eu fouvent occafion de m'en af- fluer par ma propre obfervation , & particulièrement dans l'onocrotale ou goitreufe (grotto) le butor (tarabufo') le héron blanc (garia bianca) le ces d'oifeaux ; car elle fe trouve à différentes diftances de l'eftomac , Si quelquefois ces canaux entrent dans l'inteftin avec les canaux pancréati- ques , quelquefois ils s'y rendent féparément, comme on le voit dans les Figures de la Planche XXVIII. Figg. II. Si fuivantes , jufqu'à la VIIe. inclu- fivement. Tous les mâles de l'efpece des lerpents & des léfards ont deux ver- ges & deux tefticules , il iembloit donc que ce ferpent qui avoit deux tê- tes, Si dont les vifeeres étoient doubles, dût avoir quatre verges Si qua- tre tefticules : cependant il n'avoit que deux tefticules Si ceux verges.» Les tefticules étoient blancs comme à l'ordinaire , un peu alongés ; ils avoient tous leurs appendices & le trouvoient placés comme ils ont cou- tume d'être, non pas à côté l'un de l'autre , mais l'un un peu plus haut, c'eft-à-dire, plus près de la tête que l'autre. Les deux verges conformées à l'ordinaire, avoient leur pofition accoutumée dans la queue ; elles étoient hériffées de pointes à leur extrémité, comme elles le font dans les vipè- res & dans les autres ferpents qui fe traînent fur le ventre : les léfards verds Si les autres léfards ont cette partie fourchue , mais non pas hérif- fée de pointes. J'ai remarqué feulement parmi les quadrupèdes, que les rats d'eau, les loirs (<î) &c. ont l'extrémité de la verge divifée en trois, en forme de trident, Si de plus, j'y ai trouvé un petit os, femblable ;V celui que j'ai vu dans l'écureuil, la taupe, le cochon d'Inde , la belette, Si dans quelques autres animaux plus grands, Si qui ont cet os plus gros, comme la martre, la fouine, le putoir , le taiffon, le hériffon, le chien, le renard, la loutre, la civette, le lion, l'ours, le loup Si le phoque ou (.;) Voyez la lettre de Redi au Dr. Jacopo dcl tapo du 50. feptembre t£8â. & tes notes fur cette lettre , dans le Glornal^ de Uuerati tome 1. & dans les Extraits des let- ttes de Redi , rjui font à la fin de ce quatrième volume àçli-Colletlion .-Icadcm'hiut, JN nn i 4(58 COLLECTION *—■——— veau marin. Il eft vrai que dans la jeuncffe de ces animaux cet os n'efr. Redi,desAni- pas proprement lin os, mais un (impie cartilage qui s'offifie peu à peu , thaux vivants, & fe durcit avec le temps. Voyez la Planche XXVIII. Figures VIII. & ^ Suivantes , jufqu'à la XXIe. inclufivement. En preffant les deux verges de ce ferpent à deux têtes , j'en fis fortir la liqueur féminale ordinaire, dont l'odeur eft forte & défagréable. J'ai eu occafion d'obferver deux ferpents à deux queues , &c je ne leur ai trouvé non plus que deux verges , & non pas quatre , de même qu'aux lélards verds & aux léfards à deux queues , parmi lefquels il s'en trouve qui ont jufqu'à trois queues , comme on le voit dans la Planche XXVIII. Figure XXII. Les deux cerveaux contenus dans les deux têtes étoient femblables en- tre eux , tant pour le volume que pour la conformation : les deux moel- les épinieres , après avoir traverlé respectivement les vertèbres des deux cous , Ce rcuniffoient à la naiffance du dos en un feul tronc qui regnoit jufqu'à l'exrêmité de la queue. PI. XXVIII. Fig. XXIII. Après que j'eus obfervé ces vifeeres , j'en laiffai les reftes avec le tronc &: la peau pendant quelques jours fur une table : lorfque ces fubftances eurent commencé à fe corrompre , je m'apperçus un foir qu'elles répan- doient dans l'obfcurité une lueur blanchâtre & foible , laquelle dura l'efpace de quatre nuits confécutives , & enfuite s'évanouit peu à peu. J'ai voulu éprouver cet été 11 les vifeeres , les chairs & la graiffe des vi- pères 6c des ferpents qui font fans venin produiroient le même effet , & je n'ai jamais réufïï à y voir cette lueur, quelqu'attention que j'aie ap- portée à les obferver ; mais je l'ai vue bien des fois & en différentes fai- lons dans les chairs , la graiffe & les os huileux de plulieurs poiffons de mer, comme dans l'hirondelle de mer, le dauphin, la vipère marine , le brochet de mer (sfïrena') le flambeau (ténia} l'aigle de mer ou tarefran- che , le polype , tous les poiffons qui jettent une liqueur noire , le pou- mon de mer & plufieurs autres. C'efl même un phénomène très-connu que la lueur que rendent les chairs de ces animaux, lorfqu 'elles commen- cent à fe corrompre. Le petit ferpent dont il s'agit mourut au commencement de février ; fa mort fut peut-être caufee par les efforts que je lui fis faire pour mor- dre quelques animaux , comme je le dirai bientôt. J'obfervai que la tête droite mourut fept heures avant la gauche. Plufieurs jours auparavant j'avois voulu favoir fi la morfure de ce fer- pent étoit venimeufe ; pour cela je fis mordre par l'une & l'autre tête fucceffivement , un gros pigeon , qui non - feulement n'en mourut pas , mais qui n'en parut pas même incommodé : il en fut de même de qua- tre moineaux & de deux chardonnerets ordinaires ; c'eft pourquoi l'on pourroit dire affirmativement que la morfure de ce ferpent à deux têtes n'étoit point venimeufe , s'il ne fe trouvoit des animaux qui , comme les feorpions d'Afrique dont j'ai parlé ailleurs , perdent leur ve- nin pendant l'hiver , & le reprennent au printemps ou en été avec toute fon aclivité & toute fa force. Au refte , il eft certain que les vipères con- fervent leur venin dans toute fon activité au plus fort de l'hiver , fors ACADÉMIQUE 4g<, même qu'elles font tapies dans leurs trous &c prefque engourdies de froid : — — — — — ■ j'en ai fait plulieurs fois l'expérience, & il y a quelques années qu'ayant REDI desAni- cu des vipères qui avoient été prifes fur le rivage de la mer, près dePife, maux vivants, au commencement de février, je trouvai que non-feulement les morfurcs ^c* de ces vipères vivantes, mais encore celles qu'on faifoit avec leurs têtes quatre jours & plus après leur mort , étoient venimeufe & mortelles. C'ell ce qui me donna l'idée de déterminer par une obfèrvation précile combien de temps les vipères mortes confervent leur venin , en faifant fur cela des expériences réitérées , & tenant un compte exact des heures, ce que je n'avois pas fait dans mes premières obfervaiwns Jur les vipères adreffées au Comte Lorenzo Malagotti , ni dans la lettre que j'écrivis fur le même lujet à Meilleurs Bourdelot &C Alexandre Moms. Il paroît par un partage («, qu'il éprouvât beaucoup de tremblements &c quelques légères convui- Éions. Le jour fuivyit , cent vingt-fix heures après que les vipères furent mor- tes , je leur fis mordre trois pigeons & un cochet ; les pigeons mouru- rent tous trois fucceffivement dans l'efpace de cinq heures, & le poulet mourut au bout de dix heures. Le quinze de mai , cent-cinquante heures après que les vipères eurent été tuées , je fis la même expérience fur trois cochets , dont aucun ne mou- rut : il n'en mourut aucun non plus de trois autres que je fis mordre le lendemain , cent foixante & quatorze heures après la mort des vipères. Il eft vrai que dans ces derniers jours les têtes s'étoient corrompues &C rem- plies de vers , qu'elles s'écrafoient très-facilement dans la main , & qu'on avoit beaucoup de peine à leur faire imprimer leurs morfures , parce que les dents étoient trop ébranlées , & que les gencives rongées & déchi- rées n'avoient plus affez de confiliance. Au milieu du mois de juin je réitérai ces expériences avec des têtes de vipères mortes , & les animaux qui en furent bleffés en moururent tous: mais je ne pus continuer mes épreuves que pendant trois jours , la grande chaleur ayant fait corrompre totalement les têtes dans cet intervalle , &C les mouches les ayant remplies de vers. La même chofe arriva au commencement d'août. Dans les différents temps où j'ai fait ces premières , fécondes & troifie- mes expériences , pour lavoir combien de temps les vipères mortes con- fervent leur venin , je fis deffécher quelques têtes de vipères , ayant bien fuin de les garantir des infedies & d'en faire tenir la gueule ouverte Si les dents canines hors de leurs gaines &C prêtes à mordre. Après un grand nombre de jours , St lorfqif elles furent bien defféchées , je m'en ièrvis pour bleffer des pigeons & des poulets fur la poiuine & dans les cuif- les , mais il ne leur en arriva aucun mal. Dans le même temps j avois tiré de la gueule de plufieurs vipères nou- vellement mortes , & des gaines de leurs dents canines , une grande quan- tité de la liqueur jaune & venimeufe qui s'y trouve. Je trempai dans cette liqueur de petits brins de bouleau bien aiguifés ; lorfqu'ils furent fecs ,. je les retrempai de nouveau dans la même liqueur, & les ayant encore laiffé fécher , je les mis dans un vaiffeau de verre que je fermai bien exactement. Je les y laiffai pendant un mois , & même quarante jours j eniiute je m'en fervis pour piquer des pigeons & des poulets qui mouru- rent tous en très-peu de temps. J'avois enfoncé à chacun de ces animaux „ dans la partie charnue de la poitrine , une de mes petites flèches de bois ,. affez profondément pour qu'elle y entrât toute entière , qu'elle fût recou- verte par la peau , Se qu'on ne pût l'en retirer aiièment. Il elt facile d'ex- pliquer pourquoi- les morfures des têtes de vipères defféchées ne font pas. dangereufes , tandis que ces petits morceatix de bois envenimés font des. Meffures mortelles : la piquure de la dent d'une tête defféchée eu une pi- ACADÉMIQUE. '47r ^^ quure fimple & momentanée, qui n'introduit point de venin dans la pl.ie, "'" "" ■—— mais lorfque le morceau de bois empoifonné eft enfoncé dans la chair & Rldi.desAm- y refte quelque temps, le venin qui étoit fec fe ramollit, pénètre dans les maux vivants, s du corps & les empoifonné. Il elt certain que la mort des ani- 6*è« maux fur lefquels je fis cette expérience , fut caufée par le venin & non par la feule piquure ; car beaucoup d'autres pigeons & poulets que je pi- quai avec de petits brins de bouleau aiguifés II femblables aux premiers, mais non envenimés , n'en moururent point , non plus que ceux que je piquai jufqu'à feize & vingt fois avec une épingle dans les gfos mufcles de la poirrine , enfonçant l'épingle jufqu'à l'os. J'ai réitéré toutes ces expériences dans les mois de novembre , décem- bre & janvier , avec des vipères prifes en feptembre , que le Grand Duc Cofme III. avoit fait venir de Naples, & ces expériences m'onttoujours donné les mêmes réfultats qus je viens d'indiquer. J'ai feulement obfervé de plus , que les têtes de vipères coupées dans ces trois mois confervent leur qua- lité vénéneufe pendant dix ou douze jours; quelquefois plus, quelquefois moins , félon que la liqueur empoifonnée fe defTéche plus ou moins vite dans les gaines des dents. Mais je reviens à l'hiftoire des vers qui fe trouvent en différentes par- ties du corps des animaux vivants , dont j'ai promis de parler lorique j'ai fait mention de ces petits vers blarfcs & rouges que j'ai vus dans les inteftins du ferpent à deux têtes , & dans cinq petites vélicules ron- des qui s'élevoient iur le foie droit de cet animal. Il eft certain que j'ai fouvent trouvé de ces mêmes vers dans l'eftomac & dans les intertins des vipères & des autres lerpents aufli bien que dans ceux des léfards verds (ramarri} des léfards de notre pays & des grands léfards d'Afrique. J'en ai ouvert un de ces derniers, lequel étoit long d'une brane & deux tiers (a) & qui m'ayant été envoyé des côtes d'Afrique en 1677. avoit vécu huit mois à Florence fans mantrer & fans boire , enfermé dans une case de ter ou il mourut au bout de ce temps , fort de faim , d'ennui , de froid ou de maladie. Non-feulement je trouvai de ces petits vers dans l'el- tomac & dans les inteftins ; mais j'en vis encore d'autres très-blancs , renfermés entre le péritoine & les mufcles de l'abdomen ; ils étoient vivants , longs de quatre ou cinq travers de doigt & de la groûeur d'un gros fil à coudre doublé. De plus tous les mufcles de l'abdomen étoient parfemés de petites éminences ou glandes de la groffeur &C de la couleur des grains de panis & de millet : chacune de ces glandes renî'ermoit un petit ver. Parmi ces petits tubercules , il y en avoit de plus gros & qui î'étoient prefque autant que des grains de vefee , de petits pois & des pois chiches : ils contenoient aufti chacun un ver à-peu-près de la groffeu.- de ceux qui fe promenoient librement entre le péritoine & tes mufcles de l'abdomen, & dont j'ai parlé plus haut. L'intérieur du péritoine étoit tout rempli de ces mêmes éminences; il y en avoit aufti une multitude in- nombrable dans la partie du péritoine qui va fe joindre au méiènt?re près de l'inteflin colon , & dans le méfentere même ; enfin il y en avoit une (a) La brade de Florence eH d'un pied neuf pouces fix lignes. 47i COLLECTION quantité prodigieufe fous le péritoine dans les aines, & j'y trouvai dette R — " corps glanduleux de couleur d'or, ou plutôt deux glandes conglomérées, ». . ?,JJ MS ~ longues de fept travers de doigt & diviiées en pluficurs bandes, atta- AlAUX VIVANTS, , p ,, . *7, ° i ii* o î /-t &f. chees 1 une a «autre par un grand nombre de petits canaux & de nbrcs membraneufes très-deliées ; toutes ces bandes étoient couvertes de ces mêmes tubercules qui renfermoient des vers. On trouve aufîi des vers dans le poumon de certains animaux. Celui du hériffon terreitre efl divifé en deux parties , dont l'une fituée du côté droit dans la cavité du thorax , eft ordinairement partagée en trois lobes, & quelquefois en quatre ; tandis que celle qui fe trouve du côté gauche ne forme jamais qu'un feul lobe. Ayant ouvert une feifielle de hérilfon vivante , laquelle étoit très-groffe & nourriffoit «es petits , j'obfervai dans fes poumons la même ftrucuire que je viens de décrire ; je vis de Elus que dans le poumon droit , ainfi que dans le gauche , toutes les ronches , c'eft-à-dire , toutes les ramifications de la trachée artère , étoient remplies de petits vers vivants blancs très-deliés , & qui n'étoient pas plus longs que l'ongle du doigt index : j'en comptai jufqu'à quarante, & je crois que je ne les comptai pas tous. J'ai retrouvé plufieurs fois de ces vers dans les hériflbns mâles & temelles , mais jamais en fi grande quan- tité que dans cette première femelle ; il eft vrai que je n'en ai jamais apperçu dans les vaiffeaux fangttins qui ferpentent fur les poumons , mais feulement dans les ramifications de la trachée artère. J'ai vu de même dans un renard les quatre lobes du côté droit du poumon , 6c les trois lobes du côté gauche parfèmés extérieurement de quelques tubérofités glanduleufes & blanches , femblables pour la figure & la grandeur , les unes à des grains de vefee , les autres à des grains de millet ; les plus greffes de ces tubérofités renfermoient chacune un ver blanc plus délié qu'un cheveu ; dans les plus petites , c'eft-à-dire , dans celles qui reffembloient aux grains de millet , il y avoit un peu d'eau où nageoit un petit atome blanc , femblable à un œuf très-petit & pref- que imperceptible. Dans un autre renard , j'ai trouvé une glande adhé- rente aux tuniques extérieures de l'eftomac : cette glande beaucoup plus grotte qu'une groffe noix , étoit toute remplie de vers très-rouges de la grofTeur & de la longueur des plus petites épingles. J'ai trouvé dans une fouine les quatres lobes du poumon droit & les deux lobes du poumon gauche, tout parfemés à l'intérieur de petits facs ou de véficules noirâtres de différentes grandeurs, difpofées fuivanî la direction des ramifications de la trachée artère : chacune de ces véû- cules renfermoit quelques vers très-déliés. Non - feulement j'ai trouvé les mêmes véficules pleines de vers dans trois autres fouines ; mais de plus j'ai obfervé dans l'une de ces trois fouines que l'épipfoon étoit tout couvert de tubérofités traniparentes de la groffeur d'un grain de vefee : quelques-unes de ces tubérofités ne contenoient qu'une eau très-claire , les autres qui étoient moins tranfpa- rentes , renfermoient avec cet eau un petit ver très-délié. Ayant écorche cette fouine , j'obfervai fur toute l'étendue du corps , entre les mufcles oc les téguments extérieurs , une grande quantité de petits vers cylindriques, dont A C A D Ê M IQ U E. 4?î dont plusieurs pénétfoient dans la fubftancc même des mufcles , & dans •"" ' " -*• leurs interftices. Ces vers étoient tout blancs, longs d'un à deux- cm- Redi , qes Àni pans, & pour la plupart de la groffeur de la foie commune à coudre. Fai ma»x vivais» trouvé de ces vers fous la peau d'un grand nombre d'autres fouines en &c> différentes Unions de l'année ; ils étoient en telle quantité , que j'en ai quelquefois compté dans une feule fouine jufqu'a deux cents & deux cent cinquante , tous vivants , & qui lorfqu'on les mettoit fur le champ clans l'eau ne mouroient qu'au bout de quatre ou cinq heures , mais qui fe defféchoient en peu de moments lorfqu'on les laiffoit expofés à l'air (ce. La fouine n'efï pas feule fujette à cette vermine ; il s'en trouve de mê- me fous la peau duputoir, petit animal un peu moins gros que la foui- ne, & iqui tire fon nom delà mauvaiie odeur qu'il exhale de toutes les parties de fon corps, tant intérieures qu'extérieures, fur-tout lorfqu'if fait chaud ou qu'il eft en rut. Ça) Les martres n'en font pas exemptes non plus , & j'ai vu des vers femblables fous la peau des lions : ils font Ordinairement un peu plus gros que ceux de la fouine. Ces vers du lion font représentés un peu grolîis, Planche XXVIII. Fig. XXIV. & ceux de la fouine , du putoir & de la martre , même planche , fig. XXV. On trouve aufTi quelquefois fous la peau des cerfs certains vers gros &C courts qui rongent la peau même &C la fillonnent profondément : leur figure diffère un peu de celle des vers qui fe trouvent dans la tête & dans les cornets du nez des cerfs &C des moutons , dcfquels j'ai parlé dans mes expériences fur la génération des infectes , & dont j'ai donné la figure pag. 1 90. de la pre- mière édition de Florence : (/) mais non -feulement j'ai trouvé fous la peau des fouines ces vers blancs dont j'ai parlé , & qui s'}' promenoient librement , j'ai encore écorché d'autres fouines dont toutes les chairs étoient parlemées de petits corps blanchâtres , les uns femblables pour la grandeur êc la figure à une amande pelée, d'autres à un lupin, quel- ques autres à des lentilles & d'autres enfin un peu longues & femblables à des pignons mondés. Quelqujs-uns de ces petits corps renfermoient un de ces mêmes vers blancs &ï longs ; d'autres en contenoient deux , trois & jufqu'à quatre : il y en avoit où l'on ne trouvoit point de vers , mais feulement une matière blanchâtre Semblable au beurre ou au fuif : on voyoit aufTi quelquefois un peu de cette même matière blanchâtre dans ceux qui renfermoient des vers. J'ai vu (ouvent de ces rflëmes vélicules vermineufes, çroffes comme des lentilles ou des grains de bled, entre les tuniques de l'efl ;nac. En obfervant les vifeeres d'une martre , je trouvai le rein droit dans fon état naturel, & qui n'excédoit point la groffeur d'une châtaigne ; mais le rein gauche me parut au premier coup d'ceil prodigieufemerï enflé ; il avoit la forme d'une très -grande bourfe : j'ouvris cette bourfe (.1) L'odeur i î&âe-qu'exhale le outoir vient des parties de la génération , tant dans les mâles que dans les femelles: carde même que dans les' civettes i! diftille dg ce5 pa-ties une liqueur . d'une odeur agréai .', dans le putoir elles contiennent une'ef- pecede ' blanche- qui s'émie lorfqu'elleeft de fléchée 4 l'odeur en efl extrêmement forte 5c pénétrante. (.:) v. p|. XXIV. Fig. IX. Tom. IF. du Àcad. Etranç, O o o '474 COLLËCT ION — — — ■ qui étoit compofée des tuniques du rein defféchée-s & très-minces. Je trou- Redi des Ani- vai à la place du parenchyme un ver mort d'une taille énorme , roulé m aux vivants, fur lui-même en différents fens. Sa longueur étoit d'une braffe & trois #<••• vingtièmes , mefure de Florence , '& fa groffeur celle de l'extrémité du petit doigt, (a) Ayant réfolu de faire voir ce ver à quelques perfonnes , & craignant qu'il ne fe defféchât pendant la nuit , je le mis le foir dans un vafe où je jettai de l'eau de feuilles de mirthe : le lendemain matin je trou- vai ce ver un peu aminci ; mais ce qui eft remarquable, il s'étoit alon- gé à un tel point qu'il avoit une braffe & deux tiers, ayant abforbéune bonne partie de cette eau de mirthe. Quelques jours après je trouvai dans le rein gauche d'un chien un ver de même longueur que celui de la martre , mais un peu plus délié ; ce ver quoique mort confervoit une couleur d'écarlate très-vive , il étoit enfermé dans les tuniques du rein déjà confumées. Ces tuniques avoient pris de l'épaiffeur, & lent fubftance étoit pour ainfi dire glanduleufe. Pluûeurs auteurs ont obfervé (£) ces vers qui fe rencontrent dans les reins des chiens. Je trouvai vers le même temps dans le rein gauche d'une chienne pleine , un ver tout-à-fait femblable à celui dont je viens de parler : ce ver replié fur lui-même non-feulement occupoit la bourfe for- mée par les tuniques épaiffies du rein , il entroit encore de la longueur de cinq ou fix travers de doigt dans le canal de l'uretère , Si. ce canal étoit dilaté beaucoup plus qu'il ne l'eft ordinairement ; l'urine qui ne pouvoit plus defeendre par ce canal rempliffoit la grande cavité du rein , _ où fe îrouvoit ce long ver , accompagné d'un autre beaucoup moindre qui étoit auff d'un rouge écarlate très-vif : tous deux étoient morts , & comme le ver de la martre ils s'alongerent dans l'eau où je les mis pendant la nuit , & ils en ablorberent une" bonne partie ; cette eau n'entroit point dans leur corps par la bouche ni par l'orifice de l'anus ; mais elle y pénétrait à travers les pores de la peau ; car ayant eu la curiofité d'obferver leurs vifeeres je trouvai toute l'eau dans cette longue cavité qui renferme le con- duit inteftinal, & pas une feule goutte dans ce conduit, (c) Ayant continué d'obferver les vifeeres de ces vers de la martre & du chien, & auffi de ceux qui vivent dans le corps humain, pour reconnoî- tre s'ils étoient réellement de même efpece que les vers de terre , qui fe trouvent dans les terreins gras & dans le fumier , j'ai vu manifeftement d'autres globules plus petits & à-peu-pres lçmblablcs à de petites ca- «$'<\ » roncules jaunâtres , chaque rang contient quatre ou cinq de ces caron- » cries & même plus. » PI. XXVIII. Fig. XXVIII. J'ajouterai qu'autant que j'ai pu l'obferver, les vers des hommes & des animaux n'ont pas Cet tomac divifé en trois grandes cavités , comme celui des vers de terre dc- " crits par V/illis, & qu'on ne trouve pas dans l'inteftin des vers des ani- maux cet autre canal que "Willis a vu dans l'inteftin des vers de terre , & qui lui a paru faire les fondions du foie & du méfentere. J'en parlerai ci-après , lorfque je traiterai des vers de terre. Quant aux deux vers que je trouvai dans le rein gauche de la chienne dont j'ai parlé ; j'ouvris le plus grand , & j'y vis deux canaux principaux , l'un de couleur olivâtre obfcure,& l'autre tout blanc ; le canal olivâtre eft celui des aliments ; fon extrémité tient à la bouche du ver, & ce n'eft d'abord qu'un petit ca- nal également délié par tout , un peu charnu & blanchâtre, dont les tu- niques font épaiffes , & qui va s'inférer dans le grand canal olivâtre , le- quel eft membraneux , compofé de tuniques très-déliées , & beaucoup plus large comme on le voit dans la Figure XXVI. de la Planche XXVIII. où il eft représenté de grandeur naturelle. Ce grand canal olivâtre s'é- tend en ligne droite dans toute la longueur du ver , & fe termine à l'ex- trémité de la queue par un orifice très-apparent : il eft tout compofé de plis ou rides tranfverfales , au moyen defquets il s'alonge & s'accour- eit félon les mouvements de l'animal. Chacune des extrémités de ce ca- nal eft attachée à la peau fur une certaine longueur par des ligaments très- déliés , un peu longs & flexibles ; il n'y a que la partie intermédiaire qui foit libre &C fans aucune adhérence aux parties qui l'environnent : il ne fe trouva dans toute fa cavité qu'un peu de matière affez fluide & de couleur de fuie» L'autre canal cjiii étoit blanc me parut être l'organe de la génération,. il avoit au moins fept brafTes de longueur , 8c il etoit rempli d'une ma- tière blanche & graffe femblable à une pommade. Ce canal a quelquefois fa naiflance & fes attaches fort près de celui des aliments ; il commence aufti par un petit conduit , mais beaucoup plus délié que celui pur lequel commence le canal alimentaire ; à trois travers de doigt de fon origine il s'élargit &s'épaiffit beaucoup ; enfuite il aplufieurs étranglements & plu- sieurs renflements , &faifant un grand nombre de détours & de circuits, il parcourt prefque toute la longueur du ventre, & remonte vers fon origine , d'où il defeend de nouveau , toujours en ferpentant & s'entrelaçant par de nouvelles circonvolutions ; enfuite il remonte encore une fois vers fon- origine , & s'entortille autour du canal des aliments dans la partie ou ce- lui-ci eft ifolé & détaché du corps : il l'entoure par pluiieurs replis & fetord en quelque forte à force de prefter fes circonvolutions : enfin il redefeenef vers la queue r&fe termine en fixant fon extrémité dans le ventre, à deux- ou trois travers de deigt de l'anus, (a) {a) Redi en a donné la figure, mais comme cette figure le repréfente développé & fan». tputçs fes circonvolutions , on l'a retranchée comme peu inûruétive. OûOl 47S CO LLECTION, «——g— Le ver de l'autre chien étoit auffi pourvu de deux canaux" tout-à-fait RtDf,DEs Ani- femblables à ceux que je viens de décrire , avec cette feule différence que .*i aux vivants, le canal blanc , c'eft-à-dire , celui delà génération, n'avoit que cïnSijbr&ffes 4v & demie de longueur , & que fon extrémité s'attachoit plus près de l'anus que dans le ver de la chienne. Le ver de la martre avoit ces deux mêmes conduits , avec quelques légères différences que je ne me rappelle pas affez clairement pour les indiquer, ayant perdu la note que j'en avois faite, & n'ayant poii:t cou- 4ume d'affirmer des chofes douteufes ; ce que je puis dire avec certitu- ■ de , c'eft qu'un ver que j'ai trouvé dans les inteftins d'une tigreffe avoit aufli & le conduit alimentaire & le canal blanc, que je -regarde comme appartenant à la génération : mais de l'extrémité inférieure du canal des aliments , il fortoit deux inteftins cœcum extrêmement déliés & tels qu'on les voit, Planche XXVIII. Fig. XXVII. Le canal blanc étoit d'une longueur démefurée , liiTe , égal & très-délié ; fa longueur étoit de plus de dix fois celle du ver. Ce canal, de même que celui des vers des chiens , étoit atta- ché, par l'une de fes extrémités à la bouche , & par l'autre près de l'a- 4ius : tout le relie étoit libre & ifolé , excepté dans les endroits où ce canal s'entortilloit autour de celui des aliments. Ces deux mêmes canaux fe trouvent dans les vers cylindriques du corps humain : celui des aliments a dans fon origine des parois épaiffes, dures, folides & opaques; il eft blanc , très-délié , & peu à peu il s'élargit & prend une forme conique fur une longueur moindre d'un travers de doigt ; en- fuite fa tunique étant devenue flexible , déliée & tranfparente , ce canal fe refferre un peu& recommence tout d'un coup as 'élargir, prenant une teinte olivâtre , qu'il reçoit de la matière contenue dans fa cavité. Dans cet état de dilatation, il parcourt un tiers de la région du ventre, attaché de toutes parts aux parties qui l'environnent : enfuite il fe refferre encore , & dans cet état de contraction , il parcourt librement & fans tenir à rien un autre tiers du ventre , puis il s'élargit de nouveau & fe termine enfin près de l'extrémité de la queue par un orifice qui paroît à l'extérieur. La matière qui fe trou- ve ordinairement dans le canal des aliments n'eft autre chofe qu'une li- queur un peu épaiffe & fangeufe , & d'un brun verdâtre , ou plutôt de couleur de fuie. Cette matière eft accompagnée quelquefois d'un peu d'air. { Voyez la Planche XXIX. Fig. 1. ) La' diflance de la bouche à la naiffance du canal blanc qui fert à la génération eft du tiers de la longueur du ventre. Le canal eft cinq , fix & jufqu'à fept fois plus long que le ver. Il commence par un tronc fort délié, qui fe partage tout d'un coup en deux groffes branches ,^ lesquel- les en confervant toujours une groffeur égale , deîcendent du côté de la queue en faifant des circonvolutions , & parcourent une grande partie de la longueur du ventre : enffiite ces deux branches retournent vers leur origine en s'aminciffant au point qu'elles reffemblent beaucoup à un éche- veau de fil fort fin & très-embrouillé , elles s'entortillent autour du con- duit alimentaire , &t ne fe terminent point par deux extrémités féparées , maisfe réunifient l'une à l'autre, & forment un feul canal circulaire & A C A D, Ê,\M Q U E. 477 ■continu. (Voyez la Planche XXIX. Fig. II. où le conduit dont il efl queftion , S efl repréienté dans l'on développement , & non pas avec les circonvo- redi ( DES Ani- lutions ordinaires , afin qu'on en voie mieux la figure circulaire & la maux viyams, continuité. ) "*• Il y a donc cette différence marquée entre les vers des animaux dont j'ai parlé & ceux de l'homme , que dans les premiers le canal de la géné- ration n'a qu'un fcul tronc, au lieu. que dans les vers de l'homme, il fe divife en deux branches , lefquelles fe réunifient en un cercle continu , & qu'à l'endroit même de l'on origine , ce canal pénètre les parois in- ternes du ventre auxquelles il efl adhérent , & s'ouvre au dehors par un petit orifice qui aboutit à la fuperficie de la peau, & qu'il eft très-difficile de difeerner fans le fecours du microfeope : mais fi l'on preffe intérieure- ment le canal , & que l'on force la matière qu'il contient à monter vers cet orifice, on voit un peu de cette matière blanche en fortir, & fe ré- pandre fur la peau ; l'on pourrait même en vuider entièrement le ca- nal en forçant par une preffion réitérée toute la matière contenue à pren- dre la même route. Cette matière fe rencontre également dans les con- duits des mâles & dans ceux des femelles : dans les uns &c les autres elle eft très-femblable au lait , quelquefois elle fe trouve un peu plus épaifle & d'une confiftance de pommade , d'autre fois un peu plus fluide. Dans le grand nombre de vers cylindriques du corps humain que j'ai obfervés , j'ai toujours trouvé ce même canal de la génération tel que je l'ai décrit fans aucune variété , ce qui me donne lieu de foupçonner qu'il n'y a réelle- ment aucune différence entre les mâles Si les femelles de cette efpece , quant à la conformation de ce canal ou organe de la génération. Seule- ment dans quatre vers fortis du corps d'un enfant & de celui d'un hom- me avec une quantité prodigieufe d'afearides , j'ai trouvé ce canal fort différent de celui que j'ai décrit , tant pour fa forme que pour fa pofition : car la diftance de l 'attache & de l'orifice de ce dernier à la tête étoit me- furée par le tiers de la longueur du ventre de l'animal , mais dans les qua- tre vers dont je parle, il étoit attaché & il avoit fon ouverture dans l'ex- trémité de la queue , prefque à côté de l'orifice par où Pinteftin jette les excréments , il étoit très-délié à (on origine , alloit toujours groffiflant fur la longueur de quatre travers de doigt , en s'avançant vers la tête , & par- venoit à la groffeur d'une plume de l'aile d'un gros pigeon : enfuite il s'a- minciflbit tout d'un coup , & devenoit femblable à un fil très-fin & très- blanc. Ce fil en confervant toujours la même finefle s'entortilloit autour de l'inteflin par divers contours & entrelacements , & au lieu que le canal des autres vers formoit une figure circulaire & continue , le canal de ceux-ci fe terminoit par une feule extrémité & il étoit tout rempli , fur-tout dans fes renflements , d'une matière laiteufe très-blanche Se trés- fluide. Je n'ai jamais vu de canal femblable dans aucun ver du corps hu- main , à l'exception de ces quatre dont il efl ici queftion, ( V. Planche XXIX. Fig. III. ) Il eft vrai que ces quatre vers étoient d'une figure un peu dif- férente de celle des autres ; car ils n'avoient point la queue ronde com- me ils l'ont ordinairement, mais un peu applatie à Ion extrémité, ÔC 478 COLLECTION Mi^Mww, après leur ffloft cetfe queue fe tenoit recourbée en demi-cercle \ au lieu que tous les autres vers morts ou vivants ont toujours la queue étendue REuxMSÎtI en %ne droite, (a) ma . ivants, piufieurs perionnes feront peut-être furprtfes de ce que j'ai dit que les conduits qui fervent à la génération paroiffent être exactement fembla- bles dans les vers mâles &C dans les femelles ; il eft certain cependant que cette reffemblance entre tous les individus d'une efpece, fans diftinclion de fexe , fe trouve dans plusieurs autres infectes , par exemple dans les li- maçons à coquille & les limaces tereitres fans coquille , lefquels s'accou- plent d'une manière fort finguliere & très-différente de celle des autres, animaux : les limaces mâles & femelles ont dans l'intérieur de leur corps un organe pour la génération qui eft exactement de même forme & de même grandeur dans les deux fexes. Cet organe eft une efpece de cordon que les deux individus, lorfqu'ils veulent s'accoupler, pouffent au dehors par un méchanifme femblable à celui qui fait fortir leurs cornes. Lbrfque ces cordons font étendus de toute leur longueur , ils ont plus d'une braffe , mefure de Florence : les limaces les entortillent &i les entrelacent enfemble » & demeurent affez long-temps en cet état : j'en ai vu y paffer deux 8c trois heures; pendant tout ce temps ces cordons qui flottent hors du corps s'entrelacent mutuellement, s'agitent, fe contournent, s'alongent, s'accourciffent , &C dans tous ces mouvements fe couvrent dune écume femblable à un eau de favon très-blanche & un peu vifqueufe ; cette écu- me fe répand extérieurement fur tonte la longueur dés cordons & s'ar- lêtant à leur extrémité s'y amaffe en gros flocons. Pendant ce temps ces parties font remplies intérieurement d'une liqueur blanche & aqueufe qui y eft portée par les vaiffeaux fpermatiques & qui produit cette écu- me. J'ai vu quelquefois deux limaces attachées au haut d'une muraille faire fortir de leur corps ces parties & les entrelacer feulement à leur extrê» mité ; cette extrémité s'attachoît fi fortement à la muraille que le refte des cordons étoit tendu comme les cordes d'un luth. ( V. Planche XXIX.. Fig. IV. ) Mais les limaces ne fixent pas toujours à un point d'appui ces extrémités entrelacées , au contraire elles les laiffent le plus fouvent flot- ter en l'air. J'ai fouvent trouvé des limaces accouplées , & je les ai diffé- quées pour obferver leurs parties internes , fans pouvoir jamais parvenir à diftinguer le mâle de la femelle ; car tous les canaux , tous les organes de la nutrition , de la fanguification & de la génération paroiffent dans l'un & dans l'autre exactement figurés fur le même modèle , & je n'y ai jamais pu appercevoir la plus petite différence ; s'il y en a , elle fera fans doute faifie par de- meilleurs yeux que les miens aides des lumières que je viens de donner. Je me fuis peut-être trop écarté de mon fujet ; mais puifque j'ai fait mention en paffant des limaces , je crois qu'il ne fera pas hors de propos d'en donner une defeription plus étendue.. (a) Redi n'a pu diftinguer dans les vers cylindriques du corps humain , l'ovaire & les oeufs , des vailïeaux fpermatiques. Il n'a pas vu non plus les organes de la refpiration ou le> trachées , ni le long cordon de cœurs en forme de chapelet , ni quelques autres parties cl- fentielles à la vie. Mais Vallifnieri en faifant de nouveau l'anatomie. de ces vers y a. trouvé toutes ces parties. Voyez la fuite.de. cette collecUon.. ACADÉMIQUE. 479 Ces animaux font fort connus , & plufieurs auteurs en ont écrit , — ■— — les plus grandes limaces que j'aie vus en Tofcane pcfoient une once 6c rIDi,DesAni- demie au plus. p mavjc vivants A l'extérieur du corps on troitTe quatre ouvertures fituées vers la tête ; ** deux de ces ouvertures font affez apparentes , mais il faut beaucoup d'at- tention pour difcerner les deux autres : l'une des deux premières eft placée fur la pointe du mufeau , à-peu-près au milieu de l'efpace compris entre les deux plus petites cornes, & cette ouverture eft celle de la bouche. L'autre qui change de figure félon les mouvements de l'animal , a fon diamètre égal à celui d'une groffe lentille , elle eft fttuée au côté droit du cou , à l'endroit où la limace porte une efpece de capuce ou de camail dont le bord eft détaché de la partie antérieure du corps , & fous laquelle elle re- tire & cache fa tête à fon gré; elle ouvre & ferme aufft à volonté cet orifice , le refferre , l'élargit fisc en fait fortir de temps en temps certaines bulles d'air qui fe brifent au paftage ou que l'animal retire au dedans de foi par le mouvement de fes poumons , lorfqu'il reprend haleine ; car ce tronc appartient &c communique aux poumons. Quant aux deux autres ouvertures qui font moins apparentes , l'une eft placée au côté droit de la tête , entre la bouche &c le paffaga de la refpiration ; c'eft par cette troi- fieme ouverture que la limace pouffe au dehors l'organe de la généra- tion. Enfin le quatrième trou eft fur le rebord de celui par lequel la lima- ce refpire , & c'eft celui auquel aboutit l'inteftin, & par où fortent les excréments". Toute la peau épaiffe de la limace & fur-tout le capuce ou camafl eft parfemée d'autres petits trous prefqu'imperceptibles , d'où fort l'humeur gluante & vifqueufe dont elle eft toujours enduite : on voit aifément cette humeur fuinter. au dehors lorfqu'on preffe quelque endroit de ce capuce , & par conféquent il eft vrai de dire que les vaiffeaux qui fe ramifient dans toute la peau , communiquent à ces petits trous , comme cela fe trouve auffi dans les anguilles & dans plufieurs autres fortes de poiffons d'eau douce &£ d'eau falée . Si l'on faupoudre bien une limace avec du fel commun, du falpêtre ou du fucre raffiné, elle jette au dehors une grande quantité de matière vifqueufe , fort tenace & pour l'ordinaire de deux couleurs , jaune &c blanche. Cette matière devient épaiffe com- me delà colle, & en moins de quatre minutes la limace fe roidit &: meurt, fon ventre s' étant gonflé comme fi elle eût été hydropique ; fi l'on confi- dere alors la peau de la limace féparée des parties internes , au lieu de la trouver épaiffe & dure comme elle eft ordinairement , on la trouve flexi- ble , très-mince &c totalement feche , parce qu'elle a rendu toute l'hu- meur vifqueufe contenue dans les petits conduits qu'on voit clairement ferpenter dans cette peau lorfqu'on la regarde à la lumière du foleil. La première de ces quatre principales ouvertures eft donc , comme je l'ai dit , celle par où la limace prend fa nourriture , & on peut la regar- der comme la bouche de cet animal : elle communique dans une cavité que j'appellerai le gofier : l'entrée de cette cavité eft toute parfemée à l'intérieur de mamelons faillants , très-petits , femblables à ceux qui fe trou- vent dans l'oefophagc des oifeaux à l'endroit de fon infertion dans l'efto- xnac : outre ces mamelons , on trouve près du petit canal qui coramun*- 4?o COLLECTION » que du gofier à l'eftomac, un petit os fait en demi-lune, aflez tranchant Redi desAni- pour faire office de dent ;.( Voyez Pfanche XXIX. Figure V.) & fur le maux vivants, côté oppofé auffi en dedans, on voit un petit corps cartilagineux. Les ffc quatre cornes qui s'élèvent fur la tête de cet animal , ont leurs bafes at- tachées aux parois extérieures du gofier : lorfque la limace les retire au dedans, leur extrémité qui efl gonflée & globuleufe, s'arrête & porte fur ici baie : lorfqu'elle les pouffe au dehors , elle les alonge comme une saine , à la pointe de laquelle eft attachée au dedans un petit globule noir, qui termine la corne : Si quand elle retire les quatre cornes, elle retire en même temps les quatre gaines , & les retourne de dehors en dedans comme on retourne les doigts d'un gand. Si donc ces globules noirs qui font fort apparents dans les deux grandes cornes , font les veux de la limace , comme ils le font en effet , & comme l'a cru avec rai- fon Lifter, (a) la limace peut envoyer fes yeux au dehors à volonté &C les retirer de même fur la baie des cornes attachée à fon gofier. Le go- fier fe termine par un pafTage étroit & court qui va à l'eftomac. Le ca- nal des inteftins , qui eft la continuation de l'eftomac , s'entortille étroi- tement.par différentes circonvolutions autour du foie, avec lequel il com- munique par un grand nombre de petits vaiffeaux , ce qu'on reconnoît évidemment en lbuftlant avec un chalumeau dans ce canal inteftinal par la bouche de l'animal ; car on voit fe gonfler non-feulement ce con- duit , mais auffi tout le foie : on trouve de plus dans le foie une fubftance fluide , femblable à celle qui eft contenue dans l'eftomac & dans les in- teftins. Le conduit inteftinal ceffant de tourner autour du foie , remonte, vers fon origine & pénétrant un peu dans la fubftance de la peau , il s'y cache & va ainii aboutir à ce petit trou qui eft placé vers le bord de celui qui fert à la refpiration. ( Vovez Planche XXIX. Figure VI. ) Les pou- mons forment une efpece de veffie adaptée à cette ouverture , & qui oc- cupe tout le lieu que couvre cet os blanc , qu'on nomme vulgairement , pierre de tête de limace : cet os ou pierre ié trouve fous le milieu du capuce qui couvre le cou de la limace , & il eft placé dans une cavité de la peau qui eft convexe du côté de la peau même , & concave du côté qui regarde le poumon. La partie convexe eft blanche , d'une iiibf- ftance luftrée comme la nacre de perles , & compofée de pluficurs cou- ches , aififi que les coquilles d'huitres , &c. La partie concave eft ordinai- rement incruftée & remplie d'une congélation prefque cryftalline , très- blanche , quelquefois liffe & quelquefois rude au toucher. Ces os varient pour le volume & le poids fuivant Pépaiflétir de leur congé- lation : les plus légers que j'aie trouvés dans des limaces de grandeur or- dinaire , palfoient deux èc trois grains, les plus peiimts alloient à neuf ou dix grains. Les auteurs anciens ci modernes attribuent à cette pierre des propriétés fmgulieres , mais avec peu de fondement ; laiiions ces opi- nions -à ceux qui aiment le merveilleux, pour moi je croirai tout au- plus, avec Lifter , que cette pierre a dans la médecine les mêmes effets que les perles,. les pierres d'écrevifîé tk. les coquilles de mer : en effet, la pierre (.<) Traité de CpcùLis. de ACADÉMIQUE. 48» de limace pulvérifée produit avec l'efprit de vin la même eflèrvefcence ™ que produifent ordinairement les perles, les nacres & toutes les coquil- Redi,desAm- les de mer , la coque d'oeuf, la corne de cerf, ck plulieurs autres matières maux vivants* femblables , calcinées ou fimplement réduites en poudre. C'eft donc une •** charlatanerie de faire rechercher avec peine de fi petites pierres , dont il faut un grand nombre pour faire feulement le poids d'une once , tandis qu'on peut employer aux mêmes ufages &C avec le même fuccès , les co- quilles d'huitres & d'autres coquillages , qu'il eft aifé de fc procurer en abondance. ( Voyez Planche XXIX. Figure VII. ) De même que cette pierre on cet os fert comme d'abri aux poumons &C les recouvre en entier, ainfi les poumons couvrent le cœur qui eft blanc, renfermé dans le péricarde, & environné d'une fubftance molle & jaunâtre rie la confiftarree du fa von tendre. Si l'on regarde attentivement la limace à l'extérieur , on voit manifestement le battement du cœur vers le milieu du capuce. Quant aux organes de la génération , l'on trouve parmi les parties con- tenues dans le ventre de la limace un corps blanc irrégulièrement dé- coupé , d'une fubftance molle , femblable aux tefticules de la plupart des poiffons , & que par cette raifon je nommerai ainfi. (d) De ce tefticule fort un conduit d'une couleur très-blanche, & tranfparcnt comme la na- cre : ce conduit eft fillonné à l'extérieur par beaucoup de cannelures & de rides , ce qui me fait le regarder comme un vaifTeau fpermatique : (£) ce vaiffeau en fortant du tefticule , va vers la tête &C s'approche du trou par où la limace fait fortir & déploie l'inftrument de la génération lorf- qu'elle veut s'accoupler. Près de cette ouverture il fort du vaiffeau fpermatique une petite bourfe en forme de poire , qui cependant ne fe trouve pas dans toutes les limaces, (c) Le vaifîèau fpermatique va ie réunir enfùite à un autre canal fort long & blanc , mais moins tranlparent ; celui-ci eft le membre génital , qui ne failar.t plus qu'un feul canal avec le vaiffeau fpermatique , va aboutir à ce trou qui fe trouve entre le paffage de la refpiration & les cornes. Le tefticule des limaces varie dans les dif- férents individus pour la grandeur & pour la figure, & quoiqu'il foit d'une fubftance fort charnue, comme je l'ai dit, &C que je l'aie toujours trouvé tel dans les mois de feptembre & d'octobre , cependant aux mois d'avril & de mai , je l'ai quelquefois vu totalement vuide de toute fubftance , &: ne confiftant plus qu'en une fimple membrane , de la figure d'un petit fac. En ouvrant ce fac , on voit qu'il eft divifé à l'intérieur en un grand nom- bre de petites cellules , comme Pinteftin colon , & l'on y trouve un liga- ment qui règne dans toute la longueur de ce fac, précifément encore com- me dans le colon; c'eft ce ligament qui forme les cellules. Dans les mêmes (.:) Swammerdam a pris d'abord ce corps pour l'ovaire , & enfuira après l'aVoir mieux obfervé , il l'a regardé comme un fac plein d'un fluide vifqueux , & l'a appellé- cn conféquence fie delà °lu. (b) Swammerdam regarde ce vaiffeau fperm.itiaue comme la m.itricc de la limace. (<:) C'eft le fie de la pourpre félon Swammerdam qui l'appelle ainfi à caufe de forr analogie avec un fac fcrnblable , lequel dans le murex contient , félon lui , la vérita- ble pourpre. Torn, IF. dts Aiad. Etrangi Ppp 48i COLLECTION mois d'avril & de mai , j'ai quelquefois trouvé ce tefticule femblable à un Redi, des Ani- amas de petits globules, ou œufs très-blancs, attachés enfemble par un maux vivants, grand nombre de filaments, comme font les œufs des poiflbns dans leurs &Ct ovaires : mais en quelque état que foit le tefticule , on trouve toujours à l'endroit où il eft joint au vaifleau fpermatique un autre petit vaifleau très-délié , ( a ) plein d'une matière blanche un peu épaifle ; ce vaifleau va ordinairement en ferpentant dans la cavité du ventre , fans avoir au- cune attache dans fon milieu , il fe fixe & le ramifie par (on autre ex- trémité , qui eft la plus déliée , dans le foie , ou plutôt dans un corps glan- duleux (/•) femblable au foie par la figure & la fubftance , mais de cou- leur un peu plus rouge ; ce corps eft environné du foie qui eft d'un vo- lume cinq ou fix fois plus grand. Dans les mois d'avril & de mai j'ai vu quelques limaces auxquelles manquok cette partie , que j'ai nommée tefticule blanc , lequel eft attaché & même continu au vaifleau fpermatique. ( Voyez Planche XXIX. Figu- re VIII. ) J'ai aura obfervé dans les mois de mars , d'avril & de mai , que tous les vaifleaux qui ont rapport à l'appareil de la génération dans ces ani- maux , font beaucoup plus petits & moins pleins ; mais dans les mois de feptembre , d'oftobre tk. de novembre , je les ai toujours trouvés très- grands & remplis de liqueur , principalement les deux que j'ai nommés tefticule & vaifleau fpermatique. Le vaifleau fpermatique eft un canal , qui, comme je l'ai dit ci-defîus , contient dans fa cavité une humeur aqueufe , mais blanchâtre & un peu gluante. La petite bourfe en forme de poire qui fe trouve ordinairement, mais non pas toujours , fufpendue au vaifleau fpermatique , renferme un petit corps qui n'y eft point adhérent : ce corps eft d'une fubftance rou- geâtre , femblable a celle de la chair ; il a la grandeur d'une demi lenï tille & la figure d'un petit rouleau recourbé en demi cercle. Je ne puis dire avec certitude ce que c'eft que cette fubftance charnue. ( Planche XXIX. Figure VIII. ) Près de cette petite bourfe le vaifleau fpermatique s'unit au membre génital qui eft aufli un canal long & liffe ; lorfque ce membre eft dans fon repos , il refte dans le corps de l'animal avec les autres parties inter- nes , non pas étendu de toute fa longueur , mais roulé en fpirale vers fon extrémité libre ; on le voit marqué g , Planche XXIX. Figure VIII. ou il eft repréfenté dans fon état naturel ; il eft contenu dans cet état par une membrane pleine de ramifications très-entrelacées. Planche ( XXIX. Figu- re IX. ) Telle eft à l'intérieur la forme & la pofltion de cette partie ; mais lorf- qu'elle eft déployée hors du ventre , fa fuperfkie n'eft plus liffe , elle eft couverte fur la moitié de fa convexité d'un grand nombre de papilles ou de petites glandes faillantes , depuis fon origine jufqu'à la moitié de fa longueur. Son extrémité varie aufli beaucoup dans ces deux états ; car (<») Swammerdam l'appelle conduit caténiforme. (J>) Ce corps glanduieux eft ce que Swammerdam appelle \ ovaire. ACADÉMIQUE; 48} Iorfqu'elle eft renfermée dans le ventre , elle cil liffe & terminée en pointe — — — — » comme une petite corne, mais lorfque le cordon eft déployé au dehors Rrr,!-Drç Avi_ & qu'il entre en aftion, (on extrémité s'élargit, s'applanit , fe diftend & maux'vivakts, donne naiffance à une efpece de crête inégalement découpée, qui s'étend <5- Tan. IV, des Acad. Etranp Q q q 49° COLLECTION ■■• ! ! '— B ayant ouverts au commencement de mai , & ayant levé une efpece de Rîdi,desAni- croûte lèche qui s'étoit formée fur la fuperficie de cette pâte de fleurs maux vivants de hyacinthes , je Iaiffai les vaiffeaux ouverts , & je vis fouvent s'y pofer beaucoup de ces moucherons qui voltigent autour du vin & du vinaigre : ils y laifferent des œufs qui produilirent autant de moucherons aux termes ordinaires. Le même jour quatre de mars , je fis fur des hvacinthes blanches & vineufes la même épreuve que fur les hyacinthes bleues , & précifément avec le même fuccès que je viens de rapporter. Le douze de mars, je fis broyer de nouvelles fleurs d'hyacinthes , &le vingt d'avril j'y remarquai des vers; je bouchai donc les vaiffeaux avec du papier ; mais ces vers ne réuffirent point , & il ne fe forma aucune efpece de mouches ni de moucherons ; c'eflpourquoi le vingt j'ouvris de nou- veau ces vaiffeaux , afin que les infe&es aîlés revinffent fur cette pâte qui avoit confervé fa molleffe : trois jours après je vis qu'il étoit né des vers dans tous les vaiffeaux , alors je les bouchai fur le champ , & il s'y for- ma dans le mois de mai, aux termes ordinaires , beaucoup de ces mou- ches qui voltigent autour de nos tables; il y en avoit de deux efpeces, les unes plus grandes & les autres plus petites , comme les vers qui les avoient produites étoient auffi de deux efpeces qui différaient par la fi- gure. Les plus grandes mouches naquirent quelques jours avant les plus petites : lorfqu'elles turent toutes éclofes , & qu'il fe fut paffé encore plufieurs jours, je rouvris tous les vaiffeaux, &je mis dans un feul tous ces reftes de pourriture d'hyacinthes que j'arrofai légèrement avec de l'eau commune , les mouches vinrent de nouveau s'en repaître , & y laiffe- rent des œufs , d'où fortirent des vers qui devinrent enfuite des mou- ches d'une feule efpece : ces mouches paroifloient engourdies , elles mou- rurent en peu de moments , quelques-unes n'eurent pas même la force de rompre leur coque , & périrent avant de pouvoir en fortir. Dans le temps oii les hyacinthes font abondantes , j'en avois fait fé- cher à l'ombre une grande quantité , je les confervai bien enveloppées dans du papier jufqu'au premier de juin , que je mis ces fleurs feches fe ramollir dans l'eau tiède : je les fis enfuite piler , & je les distribuai dans quatre vaiffeaux de verre que je ne bouchai point. Trois jours après j'y vis beaucoup de ces moucherons qui voltigent autour de la ven- dange , & autour du vin & du vinaigre. Parmi ces moucherons , j'apper- çus deux jours après quelques petites mouches noirâtres , dont les ailes étoient beaucoup plus longues que le corps , & qui avoient de longues antennes fur la tête : j'y remarquai auffi d'autres mouches , mais rarement & en petit nombre. Au bout de quelques jours , je vis beau- coup de petits vers fur cette pâte; je fermai les vaiffeaux , & après le temps ordinaire , je vis naître dans trois de ces vaiffeaux , un grand nombre de moucherons; peu de jours après il s'y forma des mouches, & au bout de quelques jours encore , il y naquit beaucoup de ces petites mouches noires à longues antennes, & dont les ailes font plus longues que le corps. Dans le même temps il y naquit encore d'autres mouche- rons un peu plus gros que ceux qui étoient nés les premiers jours ; dans ACADÉMIQUE. ^ le quatrième vaiffeau , il ne le forma que des mouches.' , Pour continuer ces épreuves , je fis piler le dix de juin quelques oi- p gnons d'hyacinthes bleues, & je mis cette pâte vifqueufe & gluante dans M u x \ 1Vants un vaiffeau de verre débouché. Le 26. de juin j'y vis des vers qui , le 10. juillet, produifirent de petites mouches à courtes antennes ; ces petites mouches continuèrent d'éclorre tous les jours jusqu'au 21. du mê- me mois : j'obfervai qu'elles étoient trèi-vives & très-agiles , &C qu'elles s'accouploient au(ïi-tôt qu'elles étoient nées. Je réitérai cette expérience avec de nouveaux oignons le 25. de juil- let , auffi-tôt il y eut des œufs dépofés ; mais ils ne produifirent point de vers ni par confequent d'infe&es ailés. Avant de quitter les hyacinthes, j'ajouterai ici les expériences que fai faites fur des hyacinthes blanches des Indes plus grandes que celles dont je viens de parler , & qu'on nomme communément hyacinthes tu- béreufes. Le 11. de juin je pilai de ces fleurs & les mis dans un vaif- feau découvert , j'y vis prefqu'auffi-tôt une grande quantité d'oeufs , & peu à près beaucoup de petits vers qui vécurent quelques jours , & mou- rurent enfuite fans prelque avoir pris aucun accroiffement ; il n'y en eut qu'un feul qui augmenta en groffeur & en longueur , mais il mourut auffi ie ai. de juillet fans s'être changé en chryfalide. La même chofe ar- riva dans des épreuves femblables que je fis les 18. 19. & 31. de juil- let, & les 7. 16. 20. & 25. d'août; car il naquit feulement des vers qui moururent fans s'être changés en infecles ailés : cependant j'avois pré- paré ces fleurs de différentes manières , tantôt les pilant, tantôt les cou- pant fimplement avec des cifeaux , les écrafant & les humectant avec de l'eau , pour que cette pâte fe confervât plus molle. Les feuilles des hva- cinthes tubéreufes ont quelquefois produit le même effet , quelquefois rmfïi le réfultat a été différent ; car ayant pilé de ces feuilles le 19. de juillet, il y eut à l'inflant des œufs, d'où fortirent beaucoup de petits vers qui moururent tous peu à peu , à l'exception d'un féal qui à fon terme fe changea en une mouche tellement engourdie , qu'elle ne put jamais déployer fes ailes , & qu'elle mourut 24. heures après fa naif- iance fans avoir pu voler. Mais dans trois autres vaiffeaux où il parut de petits vers à différents jours , il n'y en eut aucun qui fe changeât en infefte ailé. Seulement dans un vaiffeau de verre rempli le 7. août de feuilles & de tiges tendres de ces hyacinthes tubéreufes , il y eut à l'inf- tant deuxgrands amas d'œufs, & les vaiffeaux ayant été bouchés le ma- tin du 9. août, il s'y forma beaucoup de petits vers : le 26. trois mou- ches fortirent de leurs coques ; il y naquit auffi beaucoup de petites mou- ches à courtes antennes , qui s'accouplèrent en naiffant : dans les deux jours qui fuivirent , il parut une grande quantité de ces petites mouches, mais depuis il ne s'y forma plus rien. Le 17. de mars je pilai des fleurs de violettes blanches avec des feuilles de lepidium ou paffe-rage ; je les mis dans un vaiffeau de verre que je laiffai débouché pendant dix jours : enfuite je le fermai avec du papier, & il refia ainfi jufqu'au 12. de mai, auquel jour je rouvris ce vaiffeau dans lequel il n'étoit né aucun animal. Comme les fleurs s'é- Q qq z 491 COLLECTION toient defféchées, je les détrempai avec de l'eau, & au bout de quel-' Redi,desAni- ques jours les mouches y déposèrent beaucoup d'œufs , lefquels produi- maux vivants, firent des vers , qui à leur terme le changèrent en mouches communes ■&c' d'une feule efpece. Il ne naquit aucun animal dans des jonquilles de Lorraine pilées le 20. de mars , &C miles dans un vaiffeau qui relia quelques jours ou- vert, & qui fut enfuite bouché. Je n'eus pas le foin de rouvrir ce vaif- feau dans les mois de mai ou de juin. Le 19. d'avril j'employai des jonquilles odoriférantes d'Efpagne, & au bout de deux jours j'y vis de très-petits vers , qui au mois de mai fe changèrent en petites mouches noires à courtes antennes extrêmement vives &c agiles. Le 1 o. de mai je pilai des rofes rouges , & les laiffai dans deux grands vaiffeaux de verre débouchés. Le 14. je bouchai ces vaiffeaux avec du papier, & le matin du 2.5. je vis dans l'un quelques moucherons : ils continuèrent d'éclorre en grande quantité pendant dix jours , c'eft-à-dire , jufqu'au foir du 3. juin. Dans l'autre vaiffeau les premiers moucherons fortirent de leur coque le 25. de mai au foir, Se on en vit éclorre tous les jours jufqu'au premier de juin , mais en moindre quantité que dans le premier vaiffeau. Depuis cela il ne s'engendra plus rien dans l'un ni dans l'autre , malgré le foin que j'eus de les ouvrir tous les deux le 24. juin, d'humefter avec de l'eau cette pâte defféchée, & de laiffer les vaif- feaux ouverts pendant plufieurs femaines. Dans des rofes blanches de Damas pilées le 11. de juin, je vis naître le 23. & le 24. des mouche- rons de même efpece que ceux qui fe formèrent dans des rofes rouges gardées dans deux vaiffeaux d'abord ouverts & enfuite fermés. Le 7. juillet je commençai à voir éclorre des moucherons dans l'un de ces vaiffeaux, & cela dura jufqu'au 9. inclufivement. Du 9. au 15. il ne na- quit plus rien; mais le 15. j'y vis naître d'autres moucherons un peu plus gros que les premiers, & ils continuèrent d'éclorre jufqu'au 18.. inclufivement. Le 25. je rouvris ce vaiffeau pour voir s'il fe ferait une nouvelle génération ; en effet le 6. d'août il y naquit encore des mou- cherons de même efpece que ceux du 7. juillet. Quant au fécond vaif- feau de rofes rouges, il y naquit des moucherons feulement pendant le 7. & le 8. de juillet , paffé lequel temps il ne s'y fit plus aucune pro- duction nouvelle. Le 12. mai, je mis des fleurs de coquelicot dans un vaiffeau de verre, que je bouchai quatre jours après. Le 27. il y naquit un moucheron feulement; mais le 15. & le 16. de juin, j'y vis éclorre beaucoup de mouches. Le 14. mai je mis des fleurs de laitron épineux dans un vaiffeau que je fermai au bout de cinq jours. Le 27. il y naquit beaucoup de mou- cherons , & dans le même temps on y voyoit des vers qui mangeoient &C qui groffiffoient. Lorfqu'ils eurent pris leur entier accroiffement , ils cefferent de fe mouvoir, ils fe durcirent, & fe firent des coques qui pro- dukirent le 10. de juin quelques mouches, quelques moucherons & un .grand nombre de petites mouches noires à courtes antennes. Ces trois ACADÉMIQUE. 493 fortes d'infectes continuèrent d'eelorre jufqu'au feize de juin , mais d;ms ! ... les trois jours fuivants il naquit feulement de petites mouches noires en Redi desAm- grande quantité. maux vivants, Dans des fleurs de troefne pilées le 16. de mai & gardées dans qua- **i tre vaiffeaux, deux defquels furent arrofés d'eau commune, & ne furent bouchés qu'au bout de nx jours, il ne s'engendra rien du tout, quoique des mouches y euffent dépofé quelques œufs dès les premiers jours. Le 6. juin j'employai des fleurs d'orange , il y naquit le 15.1m grand nombre de moucherons & beaucoup plus encore le lendemain. Le 29. je commençai à y voir éclorredes mouches , &i cela dura jufqu'au 4. de juillet inclufivement. Le même jour quatre, il y naquit de petites mou- ches à courtes antennes , & de celles auffi qui ont les antennes longues : ces deux efpeces de petites mouches continuèrent d'éclorre jufqu'au foir du 10. juillet. Sur des fleurs de jafmin ordinaire prifes le 14. de juin, il naquit des moucherons le 23. & tous les jours qui fuivirent jufqu'au 18. inclufive- ment. Du 3. au 8. juillet, il y naquit chaque jour de plus gros mou- cherons, le 9. une mouche, une autre le 10. & le 15. un moucheron. Dans un autre vaiffeau de jafmin pilé auffi le 14. de juin, il naquit des moucherons le 23. & le 25. De plus gros moucherons y naquirent le 3. de juillet & tous les jours fuivants jufqu'au 12. Le 14. parurent de petites mouches à courtes antennes , de même que les 17. 18. & 19. Ce même jour dix-neuf & le lendemain il naquit , outre ces petites mou- ches , beaucoup de gros moucherons : enfuite les petites mouches feule- ment continuèrent d'éclorre jufqu'au foir du 26. Le 5. & le 6. d'août il naquit encore de ces mêmes petites mouches. Le 19. de juillet, il naquit un moucheron feulement dans du jafmin qu'on ayoit pilé le 8, du même mois. Dans un autre vaiffeau du même jour huit , il naquit beaucoup de moucherons les 19. 20. & 21. Sur ces fleurs qu'on nomme à Florence jafmins dcl gimé , pilées le 5. de juillet, je vis un grand nombre d'œufs le 8, les vers fortis de ces œufs devinrent des mouches le 25. Il parut auffi le 4. d'août beaucoup de petites mouches noires à courtes antennes. Dans un autre vaiffeau de ces mêmes jafmins piles le 9. de juillet il naquit le 19. & le 20. une grande multitude de mouckerons, & le 29! une mouche & beaucoup d'autres le 30. avec une grande quantité de gros moucherons , & enfin des mouches le 2. & le 3. d'août. Dans un autre vaifleau 011 il y avoit de ces mêmes fleurs , & qu'on avoit auffi préparé le 9. de juillet , il naquit le 28. & le 29. beaucoup de gros moucherons ; le 30. des moucherons femblables & quatre mou- ches ; le 31. encore des mouches outre une multitude de petites mou- ches à courtes antennes , & le 2. d'août un autre mouche. Enfin, dans un vaiffeau de jafmin del gimé pilé le 29. juillet, il naquit la nuit du 11. au 12. du mois fuivant un grand nombre de mouches deux autres mouches le 12. & trois le 14. Dans un autre vaiffeau de ces mêmes fleurs préparées le même jour 26. juillet _, il naquit auffi deux 494 COLLECTION n il mu— mouches la nuit du onze au douze du mois d'août , & deux autres le Redi.desAni- quinze. maux vivants. Il ne naquit ni vers ni infectes ailés dans du jafmin de Catalogne pilé *"*■ le fix juillet , & diftribué dans quatre vaifleaux. Dans deux autres vaifleaux de ce même jafmin pilé le 2 1 . juillet , je vis dès le lendemain beaucoup de petits vers ; je bouchai les vaifleaux avec du papier , mais tous ces vers moururent fans produire aucun infecte ailé. Sur des jafmins de même efpece piles & mis dans un vaiffeau le fix d'août, je vis quelques œufs le if. mais ils ne produisent point de vers ni par conféquent d'infectes volants. Dans un autre vaifleau de jafmin de Catalogne préparé le même jour fix d'août, j'apperçus le l'ept au matin une grande multitude d'oeufs & de petits vermifleaux qui rampoient non-feulement fur les jafmins , mais en- core fur les parois du vaifleau : le foir du même jour ils s'arrêtèrent fur ces parois, & ceflerent de fe mouvoir ; le 11. ils y étoient tous morts & defléchés , & il n'en vint aucun infecte ailé. Il en fut de même de deux autres vaifleaux où j'avois mis aufli de ces jafmins le même jour fix , & de quatre autres vaifleaux dans lefquels je réitérai cette épreuve le 11. d'août; en un mot, dans tous les vaifleaux pleins de jafmins de Catalogne, j'ai toujours vu périr les petits vers fans jamais parvenir à fe changer en infectes ailés. Dans une épreuve commencée le 17. de juin fur des fleurs degeneft,' je yis naître des mouches ordinaires le 7. & le 8. de juillet : le 9. il naquit de petites mouches à courtes antennes & le 19. d'autres mouches plus petites que les premières , & qui font d'une efpece différente , com- me leur ver diffère aufli du ver de la mouche ordinaire ; car celui-ci efl de figure conique , lifle & compofée d'anneaux ; mais celui des petites mouches dont je parle , efl plus plat , & au lieu d'être lifle , il a la peau parfemée tout autour de petits points femblables à des points de dentelles : ces vers font ceux dont j'ai fait mention en rapportant l'épreuve du douze de mars fur des hyacinthes. Sur d'autres fleurs de geneft préparées le même jour 17. de juin, il naquit le 8. de juillet des mouches ordinaires , & cela continua tout le jour fuivant , après lequel il ne s'y engendra plus rien. Mais dans deux autres vaifleaux qui contenoient des mêmes fleurs pilées le premier de juillet , je vis des ceufs qui ne produifirent aucun vermifleau ni aucun être vivant. Le même iour , 17. de juin , j'employai des fleurs laiteufes de laitue ; il y naquit le 2.6. & le 17. beaucoup de moucherons , le 8. & le 9. de juillet d'autres moucherons plus gros, & beaucoup de mouches le 10. & le 11. Sur des œillets mis en expérience le 18. de juin, il naquit le 6. de juillet de gros moucherons, le 7. encore des moucherons femblables & beaucoup de petites mouches à courtes antennes ; le 8. & le 1 1. un mou- cheron chaque jour, le douze une mouche, une autre le 13. &C déplus une grande quantité de ces petites mouches à courtes antennes. Le même jour 18. de juin je pris des fleurs de bluet de Perfe très- ACADÉMIQUE. 49Ç odoriférant nomme vulgairement ambrette,lc n. de juillet , il y naquit — *— ■*■— « beaucoup de mouches, le ix. rien, le 14. une mouche &c une autre le Ridi desAni- 15. je réitérai cette épreuve le 26. de juillet dans quatre vaifleaux diffé- maux vivants, rents, & il naquit feulement deux mouches dans l'un de ces vaifleaux le 1 5, &'• d'août. Le même jour je préparai des fleurs d'acacia , il y naquit feulement une mouche le 19. de juillet & rien du tout depuis. Le 30. de juin je mis des fleurs de mirthe dans deux vaifleaux; le 5. de juillet, j'y vis quelques œufs dont il ne réfulta rien :il ne naquit rien non plus dans un autre vaifleau du même jour , feulement dans un grand matras de verre plein de ces mêmes fleurs de mirthe non pilées , il naquit de petites mouches à longues & à courtes antennes. Le 1 1 . de juillet j'employai des rieurs de fcarlattea , ( COLLECTION ■g» mac ; car l'extrémité de ce canal qui defcend par l'inteftin du côté de Redi desAni- 'a queue, s'a min ci fiant beaucoup à quatre bon travers de doigt de l'a- jm aux vivants, nus, perce la tunique de Pinteftin , en fort & continue fon chemin *"«■ vers l'anus entre cette tunique ck le dos. De même l'extrémité fupérieure «tant parvenue aux environs de l'eltomac , en perce la tunique, fort de la cavité inteftinale , &c devenant extrêmement délice, continue de s'a- vancer vers la tête. Tous ces vers n'ont pas ce canal conformé de la morne manière : dans les vers qui ont la queue en feuille d'olive , il conferve une grofleur prefque égale clans toute la cavité de Pinteftin ; fes parois font lifles à l'extérieur depuis i'eftomac jufqu'au milieu de Pinteftin ; mais dans tout le refte il eft fillonné par de petites rides tranfverfàles : ( Planche XXX. Figure XII. ) Au contraire dans les vers à queue cylindri- que , & qui n'ont point de bât fur le dos , ce canal près de I'eftomac paroît très-gros & tout cannelé longitudinalement jufqu'à fon milieu où il s'amincit beaucoup , & où difparoiffent ces cannelures , lesquelles font formées par autant de petits vaifleaux qui pénètrent dans la fubftance de ce canal devenu plus délié. ( Voyez Planche XXX. Figure XIII. ) Il eft à propos d'obferver ici que les lamproies ont un conduit prefque femblable à celui dont nous parlons , il parcourt la cavité intérieure de Pinteftin dans toute la longueur ; ce conduit dans les lamproies , n'eft autre chofe qu'une veine qui fort du foie & qui pénètre dans Pinteftin à l'endroit de fon adhérence au foie ; elle a une glande & une valvule à l'endroit de fon infertion , après avoir parcouru d'un bout à l'autre la capacité de Pinteftin , elle en perce de nouveau la tunique & fort pour aller s'anaftomofer avec une groffe artère , qui ferpente dans toute la lon- gueur du ventre de la lamproie. Les vers dans lefquels on trouve autour du cœur les globules blancs obfervés par Wiilis , en ont quatorze , fept de chaque côté fitués en li- gne droite le long de la poitrine ; ceux-ci font 1« plus petits , ils n'ex- cèdent pas la grofleur des grains de panis , &c ils font plems d'une li- queur blanche femblable au lait. Outre cela ces vers ont huit autres glo- bules ou petits facs plus près du cœur , ceux-ci font beaucoup plus gros que des grains de vefee , & ils contiennent une matière laiteufe très- blanche , clans laquelle on voit quelques petits œufs iphériques : fix de ces facs ont la forme de petites bouteilles plattes , dont le cou étroit , mais à large ouverture, eft droit ou tors , félon la pofition des petits facs: (Planche XXX. Figure XIV. ) Les deux autres plus voifins de l'eftomac font un peu plus grands & d'une forme un peu différente , comme on le yoit aufîi • Planche "XXX. Figure XIV. On ne doit point traiter d'erreur ce que dit Wiilis , qui lésa le premier découverts. (^) Suivant cet ob- fervateur il y a feulement deux globules ou petits facs qui contiennent des œufs. ( Voyez Planche XXVIII. Figure XXVIII. ) Car il arrive quel- quefois qu'aucun de ces facs ne renferme d'oeufs , mais qu'ils contiennent feulement la matière laiteufe ; d'autres fois il ne fe trouve des œufs que «lans un ou deux facs , & tous les autres en font entièrement dépolir- ai;) De anima Brutorum , Iib. I. cap. 3. PI. IV. Fig. I. ACADÉMIQUE. 501 vus ou en contiennent fi peu , qu'on ne les difeerrie pas tout d'un coup — «— 1 dans cette matière blanche : enfin, il eft des temps oii les huit petits lacs redi desAni- font pleins d'œufs : for la fin de mars , dans tout le cour* d'avril & au maux Vivants, commencement de mai j'en ai trouvé feize , dix-huit , vingt & vingt- &c. cinq dans chacun de ces petits ovaires ; non-feulement ils en font pleins , mais on trouve quelquefois encore des œufs détachés autour des ovai- res , dans la cavité inférieure du ventre , & plus que par tout ailleurs à l'extrémité de la queue autour de l'inteltin : ces œufs forteht enfuite par de petites ouvertures , qui font placées fur le bord de l'anus : j'en ai fou- A'ent compté dans cet endroit juïqu'à deux cents , tous les facs s'en étant entièrement vuidés : dans cet état ces facs fc trouvent pleins d'une écume blanche , femblable à une eau de favon , ou à des blancs d'œufs battus. On ne trouve cependant pas des ovaires de la même figure , finies de même &C en auffi grand nombre, dans toutes les efpeces de vers dont j'ai fait mention : j'en ai vu feulement dans tous les vers qui ont la queue faite en fueiUe d'olive, repréfentés Planche XXX. Figures VII. & VIII. Les autres vers n'ont ni les quatorze globules blancs , ni les huit petits facs d'œuts , mais ils ont autour de Pœfophage & du cœur quelques pe- tits cor-js blancs pleins d'une matière afl'ez analogue au lait , où je n'ai jamais trouvé d'œufs , particulièrement dans les gros vers pefants*& engourdis re- préfentés Planche XXX. Figure IX. J'ai remarqué dans cette dernière efpece que la queue étoit pariemée dans toute fa longueur de petits conduits tranf- parents & pleins d'une eau très-claire. Autour de ces petits facs pleins d'œufs s'entortille par divers contours un gros vaiffeau fanguin , qui au premier coup d'œil paroît variqueux à caufe de les fréquents étranglements ; il va jufqu'à la queue attaché fur toute la longueur de l'inteftin. En confulérant tous ces détails il me vint dans l'idée de faire quelques expériences fur ces vers de terre , pour connoître les chofes qui leur tbnt contraires, & qui peuvent les tuer, afin d'en faire l'application aux vers du corps humain , & d'être en état de juger, du moins par conje&ure , iî les remèdes que les médecins y emploient font réellement propres à faire mou- rir ces animaux , & fi les aliments que les médecins défendent comme pro- pres à engendrer ces infeftes-, ont en effet cette mauvaife qualité. 1. J'humectai au mois de mars plufieurs morceaux de papier avec de l'huile contre les venins prife dans le laboratoire du Grand Duc : j'en hu- mectai d'autres avec de l'huile contre les vers prife dans le même labora- toire, & d'autres encore avec de l'huile contre les vers des moines du Mont- Cafiîn de l'Abbaye de Florence. Lorique le papier eut bu toute l'huile & qu'il tut fec , j'en fis des cornets , dans chacun defquels je renfermai quatre vers ; au bout d'environ cinquante heures, je les trouvai tous morts ; mais comme dans le même efpace de temps je trouvai morts 'd'autres vers que j 'a vois enfermés dans de fimples cornets faits avec du papier qui n'étoit point du tout huilé , je crus qu'il étoit néceffaire de faire ces ex- périences de quelque autre manière , d'autant plus que je reconnus dans la fuite que la feule fécherefle du papier contribuoit beaucoup à taire mourir les vers de terre. 502. COLLECTION z. J'enduifis avec les trois huiles dont je viens de parler quelques vaif- Rfdi,desAki- féaux Je verre; de manière cependant que l'huile n'étoit pas en affez grande mau:: vivants- quantité dans chaque vaiffeau, pour former au fond une maffe fluide. '-'■ ■ Je mis clans chacun de ces vaiffeaux quatre vers , avec un peu de la terre graffe , dans laquelle ils avoient été trouvés , & je bouchai bien exacte- ment les vaiffeaux avec du papier imbibé de ces mêmes huiles. Il eiî cer- tain qu'ils y vécurent quinze jours & qu'ils y enflent vécu davantage fi je les y enfle laiffés. J'ai répété cette épreuve un grand nombre de fois fans voir mourir un fcul ver. On peut juger par-là s'il eft fort utile de frotter fans ceffe avec de l'huile le nez , les tempes , la gorge , le côté gauche de la poitrine , le nombril & le bas ventre des enfants pour faire mourir les vers qui font dans leur eftomac & dans leurs inteftins. J'avois mis de la terre dans ces vaiffeaux, parce que la lé-chereffe eft fort con- traire aux vers -, car lorfqu'on les garde dans un vaiffeau dépourvu de toute humidité , ils meurent fort vite &c ne partent guère la fin du troi- fieme jour : d'ailleurs , fans cette terre ils euffent été privés de la nour- ture qui leur convient. 3. J'humectai quatre vers avec de l'huile contre les venins, quatre au- tres avec de l'huile contre les vers , & quatre encore avec celle des moi- nes du Mont-Caffm , je mis auffi-tôt tous ces vers dans des bocaux fe- parés que j'avois enduits des mêmes huiles. Au bout de vingt-quatre heu- res aucun de ces vers n'étoit mort , c'eft pour quoi j'y verfai de nou- veau quelques gouttes de ces huiles : les ayant retrouvés tous vivants le lendemain , j'y en verfai encore quelques gouttes , ayant toujours foin d'en faire tomber fur les vers mêmes ; il n'en mourut aucun quoiqu'après _ces afperfions réitérées, ils fuflént reftés encore pendant quinze jours enfermés dans les vaiffeaux , & que le douzième jour j'euffe encore verfé dans chacun douze ou quinze gouttes d'huile. Je fis la même expérience précifément de la même manière & avec le même fuccès avec l'huile de mille-pertuis , teinte de plufieurs infufions des fleurs de cette plante. Cependant Par,acelfe , dans fon livre fur les vers , prétend que le milic-pertuis cil un remède très efficace contre les vers , & que même ap- pliqué extérieurement fur le bas ventre , il les fait changer de place & les force à s'éloigner. Mais comment pouroit-on s'aflurer de ce change- ment de place & des mouvements que font les vers dans la cavité inté- rieure des intefiins ? Au refte, ces topiques ne font du moins que des char- lataneries innocentes , & qui pour l'ordinaire ne peuvent faire de mal ; mais il n'en eft pas de même des remèdes qu'on fait prendre intérieure- ment. 4. Après avoir humecté d'huile d'olive à plufieurs reprifes quatre vers de terre , je les enfermai dans un bocal avec un peu de la terre dont ils fe nournffent ; il y vécurent plus de quinze jours. Je plongeai deux gros. "vers dans deux autres bocaux pleins d'huile, & ils y relièrent vingt-qua- tre heures lans mourir , mais ils paroiffoient tort engourdis. Je les tirai de cette huile & les laiffai libres dans un vaiffeau plein de terre humide où l'un mourut le troifieme jour, & l'autre alla jufqu'au fixicme, quoi- qu'il parut toujours engourdi & malade. On voit par-là que fi l'huile eft ACADÉMIQUE. 505 contraire aux vers de terre , elle n'eft cependant pas un poifbn auiït puil- '■"" f ; 1 > Tant ôc aiiffi prompt pour ces animaux, que pour beaucoup d'autres in- redi desAm- fectes, tels que les mouches, les guêpes, les abeilles , les feorpions , les nauxvivants, grillons, les courtillieres ou grillon-taupes nommés en Tofcane Zuccajuole, &ct les limaçons nuds, les vers à foie, toutes les eipeces de chenilles, le$ fcolopendres de mer, les fang-fues & une infinité d'autres eipeces d'in- fecles. On peut voir dans la difl'ertation de Malpighi fur Us vers à foie , (<:) la raifon pour laquelle l'huile eft fi contraire à ces animaux. 5. J'incorporai un peu de thériaque dans de la terre humide, & je mis le tout dans un bocal ; j'y pofai quatre vers , qui s'enfoncèrent auffi-tôt dans cette terre. Au bout de vingt-quatre heures ils étoient encore vi- vants , j'y remis un peu de thériaque & je continuai d'y en ajouter tous les jours un peu jufqu'au quatrième jour ; mais les vers relièrent toujours vifs & agiles : j'ai répété fouvent la même expérience avec l'orviétan & le mithri- date, & toujours avec le même lliccès. À quoi lert donc de faire prendre aux enfants avec tant de difficulté une petite quantité d'huile alexipharmaque , de thériaque, de mithridate ou d'orviétan ? mais fi ces potions font inutiles , quel effet & quel fecours doit-on attendre des emplâtres de thériaque appliquées; fur le cœur ou fur le nombril ? Je ne prétends pas nier que les vers ne mourufTent promptement fi on les plongeoir dans une bouillie de théria- que , d'orviétan ou de mithridate détrempé avec un peu d'eau ou de vin : mais comment pourroit-on avaler une affez grande quantité de ces dro-> gués pour fubmerger les vers dans l'eftomac &c jufques dans les inteftins ? Et fi on pouvoit l'avaler, le mal que feroit la drogue même feroit-il corn» penfé par l'utilité dont elle feroit en tuant quelques vers ? mais en fup- polant encore que cela n'eût aucun inconvénient pour la fanté , je crois être en droit d'afTurer que fi les vers meurent dans des infufions de thé- riaque , de mithridate 6k d'orviétan , ils ne font pas tués par ces drogues mêmes , mais par le miel qui entre en afTez grande quantité dans leur compofition : c'eft ce que je ferai mieux voir dans la fuite de ces expé- riences. 6. J'ai mis des vers dans des vaifTeaux pleins d'eau commune , ils y ont vécu, feize , dix huit & vingt jours iàns manger ; lorfqu'après ce temps, je les ai tirés de l'eau & remis dans la terre, ils ont recommencé à manger , & de blancs qu'ils étoient devenus dans l'eau , ils ont repris leur première couleur, fans paroître en danger de mourir. Àinfi Moufet s'eft trompé , lorfqu'il a dit que « de même que les vers de terre ne vivent pas » long-temps dans l'eau ,ainfi les vers aquatiques meurent promptement û » on les met fur la terre defféchée. (J>) 7. Je détrempai dans l'eau commune de l'aloès fuccottin pulvérifé , de façon que l'eau en fut teinte & devint très-amere , j-; mis dans cette teinture quatre vers qui parurent d'abord s'étourdir ; mais ils refterent vivants l'efpace de vingt - quatre heures , pendant lequel temps un de^ quatre vers commença à fe dépouiller de fa peau depuis !a queue juf- Î<«) Page 30. édition de Londres 1666. t) Théâtre des inleifes, livre 2. chapitre 42. 5o4 COLLECTION _ qucs vers le milieu du dos & du ventre, où cette peau fe ramaffa tout Rfdi désuni- autour en forme de bourlet. Vingt-quatre heures après je tirai de cette MAux'vivANTs, infufion les quatre vers, je les mis dans un bocal avec de la terre humîc &c de à laquelle je joignis une petite pincée d'aloès pulvériié , & ils y vé- curent un grand nombre de jours. Je réitérai cette épreuve fur quatre vers avec la même teinture, ils y panèrent trois jours entiers fans mou- rir ; mais au bout du quatrième jour je les trouvai tous morts, Sur quel fondement donc les auteurs affurent-ils que l'aloès efl un anti-helminthi- ques fi piaffant & fi prompt ? fi les vers vivent quatre jours plongés dans une infuiion très-amere d'aloès, comment pourroit-il être vrai qu'on les fit mourir dans le corps humain en appliquant fur le nombril une em- plâtre d'aloès incorporée avec du fiel de bœuf & du vinaigre ? & fi l'ex- trême amertume de l'aloès a fi peu d'efficacité, quel fecours doit-on attendre des feuilles vertes de pêcher pilées & appliquées fur le ventre avec du vinaigre ? 8. Diofcqride prétend que la décoction amere des lupins avec de la rue & du poivre chaffe les vers hors du corps , & qu'on trouve la même utilité à manger les lupins amers infufés & amortis dans l'eau ; enfin il attribue encore la même vertu à la farine de lupin mêlée avec du miel ; cependant je fais avec certitude que les vers de terre gardés dans une décoction très-amere de lupins , y vivent plufiei.rs jours. 9. 11 efi vrai que dans une forte & très-amere déco&ion -d'abfinthe , les vers font morts quelquefois en vingt heures , quelquefois^ en vingt- quatre & d'autres fois au bout feulement de trente heures. J'ai détrempé tin peu de terre avec cette décoction, & l'ayant réduite à la confiitance d'une boue fort liquide, j'ai vu mourir au bout de trente heures tous les vers que j'ai mis dedans: ils ont vécu quelquefois jufqu'à quarante- huit heures dans des décoctions plus légères , & dans de fimples infu- fions. 10. Ayant fait dans de l'eau chaude une bonne infufion de cette grai- ne que les apothicaires nomment femencine ou barbotine, & ayant tenu cette infufion pendant deux heures au bain-marie , j'y mis, lorfqu'elle fut refroidie & fans en retirer la graine , quatre vers de terre ; ils moururent au bout de fept heures ; j'étendis cette infufion en y mêlant une égale quantité d'eau commune , & j'y mis quatre autres vers qui moururent en huit heures de temps. C'eft donc avec quelque raifon qu'on donne de cette draine confite avec du fucre aux enfants qui ont des vers. 11. Je mis infufer dans l'eau commune quelques petits morceaux d'a- garic , Si une heure après je mis quatre vers dans cette eau fans en ôter l'a- garic, ces vers moururent au bout de trente-fix heures. 1 a. Ayant fait infufer dans l'eau commune de la rhubarbe pulvérifée , je parlai ce.îe infufion en la prefiant, & j'y jettai quatre vers qui mou- rurent dans l?efpace de vingt heures ; d'autres moururent en trente-fix heures dans la même infufion dftbiblie par une égale quantité d'eau pure : quatre autres vers après avoirpafi'é douze heures dans la première infufion où Ton n'avoit poinr mêlé d'eau , en furent tirés , & mis dans un vaiffeau plein de terre où ils vécurent encore piufienrs jours. i3- ACADÉMIQUE. 505. 13. Ayant laiffé une pomme de coloquinte infufer pendant dix heu- m Jjgm/j fcs dans l'eau commune froide , je paffai cette infufion qui étoit très- REDi desAni" amere , & j'y mis quatre vers qui moururent tous dans l'efpace de qua- maux'yivantsS- torze heures: d'autres vers moururent en vingt- quatre heures dans la &c. même infufion mêlée d'eau par moitié; quelques-uns étant tirés de cet- te infufion , après y avoir été plongés pendant deux heures , furent mis dans la terre, & y vécurent plus de dix jours. 1 4. Je fis infufer fur la cendre chaude trois drachmes de feuilles de féné dans trois onces d'eau commune ; cette infufion étant paffée & re- froidie , je la verfai fur quatre vers de terre qui étoient dans un vaiffeau de verre , ils moururent tous en quinze heures. 15. Ayant fait infufer pendant long-temps au bain-marie de la coralline dans de l'eau commune , je laiffai refroidir cette infufion qui étoit très- forte, & j'y mis quatre vers fans en ôter la coralline ; ces vers ne moururent que le feptieme jour. On voit par là combien on doit ajouter foi à Mathiole & à tant d'autres auteurs de médecine , qui affirment com- me une chofe bien éprouvée que la coralline eft très-efficace contre les vers des enfants. 16. Je mis dans un vaiffeau de verre une demi-once de poivre pulvé- rifé avec fix onces d'eau commune ; j'y plongeai quatre vers des plus gros , ils y moururent tous en moins d'une demi-heure, laiflant au fond du vafe quantité de mucilage ; lorfqu'ils furent morts & retirés du vafe, j'ajoutai à cette infufion fix onces d'eau pure, & j'y mis quatre autres vers qui moururent au bout de trois heures ; je décantai huit onces de cette eau , je mis à la place huit onces d'eau pure, &c les vers que j'y plongeai moururent auffi au bout de trois heures : d'autres vers moururent dans l'efpace de quatre heures , après que j'eus encore verfé doucement huit onces de cette eau poivrée, & que j'y eus remis huit onces d'eau pure. Enfin, je verfai doucement toute l'eau de ce vaiffeau dans un au- tre , & les vers que je mis dans cette infufion décantée & au fond de laquelle il n'y avoit plus de fédiment de poivre , moururent en douze heures de temps ; mais une fauterelle très-groffe y mourut à l'ir.ftant qu'el- le y fut plongée. 17. Ayant mis dans un vaiffeau de verre deux drachmes de quinquina bien pulvérifé & paffé au tamis, j'y verfai quatre onces d'eau commu- ne ; & deux heures après j'y mis quatre vers qui moururent en qua- rante-fix heures. 18. Je fis bien frotter toute la furface intérieure d'un vaiffeau de ter- re avec des gouffes d'ail que je laiffai broyées au fond du vaiffeau ; j'y mis fix vers , trois grands &c trois petits ; ils parurent d'abord bleffés de l'odeur & du contait de l'ail , &c ils fembloient engourdis & fufToqués .- je les couvris enfuite de terre graffe pour qu'ils trouvaffent à manger , & je fis. mêler dans cette terre quelques gouffes d'ail hachées ; ces vers tant les- gros que les petits vécurent dans cette terre environ vingt jours, & il y a toute apparence qu'ils y auroient vécu davantage fi je les y euffe laiffés. 19. Ayant détrempé du miel d'Efpagne dans un peu d'eau commune,: Tout. IV. des Acud. Etrang. S s a 506 COLLECTION j'y mis quatre vers qui moururent tous en vingt minutes : j'ai réitéré • Redi,des Ani- Souvent la même épreuve, toujours avec le même fuccès , & avec la feule maux vivants, différence de trois à quatre minutes de plus ou de moins. Sur quoi donc *£• efl fondée cette opinion û commune & fi accréditée , que non-feulement les chofes douces ne font point contraires aux vers , mais qu'elles les en- gendrent & les mettent en mouvement dans le corps? ne feroit-il pas plus facile & plus sûr de faire boire aux enfants tourmentés des vers de l'eau mêlée de miel , que de les contraindre à prendre tant de breuvages amers & défagréables indiqués par les auteurs de médecine ? 10. Je fis diffoudre dans l'eau commune du lucre rafîné en afTez gran- de quantité ; j'y plongeai quatre vers, dont les deux plus petits mou- rurent au bout d'une heure &£ quelques minutes, & les deux plus gros dans l'eipace de deux heures. J'ajoutai à cette eau fucrée une dofè égale d'eau pure , & tous les vers que j'y mis y moururent en deux heures, j'affoiblis encore cette folution de fucre , en y mettant une fois autant d'eau pure ; les vers que j'y plongeai enfuite moururent dans l'efpace de fept heures. Je répétai ces expériences avec de la cailonade , & j'ob- tins toujours les mêmes réfultats à très-peu-près. Ne feroit-ce donc pas un remède bien doux à donner aux enfants tourmentés par les vers que de l'eau fucrée Amplement, ou quelque breuvage agréable, comme l'eau de cédrat ? Je nomme le cédrat , parce que les vers qu'on jette dans l'eau d'é- corce de cédrat diitillée , y meurent en deux heures. Il efl à remarquer aufli qu'ayant fait écrafer dans la pierre où l'on fabrique le chocolat , une bonne quantité d'écorce jaune de cédrat frais, bien féparée du blanc, & l'ayant fait broyer jufqu'à ce qu'elle fut impalpable, j'en étendis une couche épaiffe fur le fond d'un vaiffeau de verre, & j'y pofai quatre vers qui commencèrent aufïi-tôt à s'agiter & à fe contourner, preuve certaine qu'ils fe trouvoient mal fur cette pâte ; enfuite je leur en mis encore un peu fur le dos , & en moins d'une heure ils moururent tous , de même que tous ceux que j'y remis pour m'affurer davantage de ce fait , en répétant l'expérience. Le fucre efl fi contraire aux vers , que fi on met un de ces animaux dans un vaiffeau de verre , qu'on le faupou- dre bien avec du fucre fin en poudre, & de façon qu'il puiffe s'y rou- ler , on le verra mourir en peu d'inftants. Le fucre en poudre fait aufîi mourir fort vite ces infectes de mer , qu'on nomme fcolopcndres mari- nes, mais cependant moins vite que les vers de terre : enfin, l'eau fucrée efl une efpece de poifon pour les fàng-fues , puifque ces infecles n'y peu- vent vivre guère plus de vingt-quatre heures. 21. Quatre vers moururent en moins d'un quart d'heure dans un mé- lange de deux onces de firop violât purgatif & de deux onces d'eau commune. J'y ajoutai quatre onces d'eau, & les vers y moururent encore prefque aufîi vite que les premiers. J'y mis de nouveau une égale quan- tité d'eau , & les vers moururent en un peu plus de quarante minutes : enfin, ayant encore ajouta de l'eau, les vers y vécurent plus de quatre heures & moururent au bout de ce temps. Les médecins ont grande raifon d'employer fouvent le firop de chicorée contre les vers des enfants, car il efl très-propre à faire mourir les vers , non-feulement parce qu'il efl fait ACADÉMIQUE. 507 avec du fucre , mais encore parce qu'il y entre de la rhubarbe : cepen- mu min 1 1 dant il y a beaucoup de juleps plus doux & plus agréables au goût qui R , . peuvent produire le même effet, comme les juleps do pommes d'apis, de m,\ux'viv\nts fleurs -•, de jafmin , de fleurs de bugloié, d'écerce de cédrat , 6v . d' de citron ce autres femblables que les enfants prendraient avec plai- fir : il n'eit pas nécefl'aire qu'un remède foit dùagreable pour être bon, ce je ne vois pas pourquoi, à vertus égales, on voudrait préférer ceux qui répugnent le plus. ai. Dans une certaine quantité d'eau commune chauffée fur le feu & prclque bouillante , je ris diflbudre du fel commun des falines de Volterre autant qu'il peut s'y en diffoudre naturellement, & jufqu'à ce que le fel reliât au fond du vaifleau en forme concrète. Je filtrai l'eau, & l'ayant laiiïé refroidir, j'obfervai que les vers y moururent en peu de moments. Je mêlai à cette eau falée une égale quantité d'eau pure , & les vers y moururent à l'inltant comme les premiers. D'autres vers y moururent en un quart d'heure , quoique j'enfle encore affoibli cette folution de fel , en y ajoutant de l'eau commune ; ck l'ayant une troifieme fois mêlée de nouvelle eau commune , toujours par égales portions , j'y vis mourir les vers dans l'efpace de deux heures. Je répétai plulieurs fois cette expérien- ce , non-feulement avec du fel de Volterre , mais encore avec les fels folîiles d'Ethiopie & des mines de Villiska, près de Cracovie en Pologne ; les vers y font toujours morts auffl promptement que je l'ai dit. Cette eau tue auffi vite les fcolopcndres marines , quoiqu'elles foient accoutu- mées à l'eau falée de la mer : enfin, les limaces & les fang-fues y meu- rent en auffi peu de temps ; à peine les fang-fues touchent cette eau qu'elles vomiffent tout le fang qu'elles ont avalé , & après avoir fait quelques fauts & quelques mouvements , elles fe roidiflent , meurent & furnagent fur l'eau. Auffi les chirurgiens les faupoudrent de fel lorfqu'ils veulent leur faire rendre le fang qu'elles ont tiré des veines hémorroï- dales. On peut juger combien 1 ufage des eaux du Tettucio ( a ) & du Bagnuolo eil efficace contre les vers; car ces eaux non -feulement peu- vent tuer les vers , mais les entraînent hors du corps avec elles. Cette conjecture efl confirmée par la pratique, ck je puis Paflurer pour avoir été fouvent témoin oculaire de l'effet de ces eaux du Tettucio & du Bagnuolo. 2.3. Ces expériences que j'avois faites avec le fel commun & les fels foiïiles_ d'Ethiopie & de Viliska , me donnèrent les mêmes réfultats I que je les répétai avec le fel gemme , le vitriol & l'alun de roche. Le ' (.:) L'èa'J du Tettucio eftj'eau d'une ton rnine dont la fource eft danslava'lée de Nie- voie en Tôfcane, près du Mont-Catini. Cette eau efl médiocrement (âlce, & c'ell un (pacifique lûr contre 'es dyienteries , remode unique & fi efficace, qu'on ne voit ■ perfonne mourir à Fiorcnce de la dylenterie. Je l'emploie aulli avec un grand 1 ians les jarn ... [es coliques bilieufes , les maladies hvftériques , &c. Cette eau peut être tran(p< ftée dans 'es ' ■ plus éloignés (ans rien perdre de fa vertu, comme on le voit par un ufage journalier , & comme l'allure André Bacci dans fon cinquième livre de Thermïs. Lettre de Rcdi , tome 4. de fes Œuvres , pag. 23. édit, de Naples i~-n. S ss z 5oS COLLECTION fel gemme efi le plus efficace , & il a autant de vertu que le fel com- Redi DEsANi-mun » Ie vitriol le fuit, & enfin l'alun. Le nitre a auffi. le même effet maux vivants, que le fel commun & les autres fels fofïiles. *"«• 24. Je fis infufer pendant douze heures une bonne quantité de mer- cure dans de l'eau commune prefque bouillante. Lorfque cette infufion fut refroidie , j'y mis quatre vers fans retirer le mercure , & ils y moururent dans l'efpace de vingt-quatre heures ; j'avois employé pour cette expérien- ce des vaiffeaux de verre. 25. Dans un vaiffean de même matière je mis affez de mercure pour couvrir tout le fond du vaiffean, & s'élever à une certaine hauteur. J'y pofai un très-gros ver, il commença auffi-tôt à fe tordre & à jeter beaucoup d'écume & de vifcofités : enfin , il mourut au bout de vingt- quatre heures s'étant roidi & contracté. Je répétai cet expérience fur un ver encore plus gros que le premier ; au bout de vingt-quatre heures il n'étoit pas mort , mais il paroiffoit malade & il avoit beaucoup de con- vulfions : il vécut encore un jour & mourut fuite enroidi & contracté fomme le premier. Je fis de nouveau cette épreuve fur fix autres vers plus petits ; ils jetterent aufîi beaucoup d'écume ; quatre de ces vers moururent au bout de feize heures , & les deux autres qui étoient un peu plus gros , vécurent vingt-quatre heures. J'obfervai que les convul- fions & l'enroidiffement commençoient par la queue , & que lorfque je les tirois du mercure, ils remuoient bien la tête , mais qu'ils avoient beau- coup de peine à tirer le refte du corps. Les anciens médecins ont donc eu grande raifon d'employer contre les vers , non-feulement le mercure , mais encore l'eau oîi l'on a fait infufer du mercure. 26. Je détrempai dans l'eau commune de la terre figillée en affez • grande quantité , de façon qu'il s'amaffa au fond du vaiffean beaucoup de fédiment. Les vers fe tenoient fort tranquilles dans ce limon, ils s'y mouvoient à volonté & y pafferent vingt jours fans qu'il en mourût au- cun. Un grand nombre de vers vécurent auffi plus de vingt jours dans l'eau de Nocera , qui comme on fait eff fort chargée de mines de bol; cependant quelques auteurs modernes prétendent que cette eau eft un anti-helminthiques très-puiffant. 27. Je fis cette épreuve de la même manière avec le bézoart orien- tal & occidental, ils fe trouvèrent l'un & l'autre auffi peu efficaces con- tre les vers que la terre figillée. 28. L'efprit de vin efl plus puiffant & même fon effet efl prompt ; car à peine les vers y font plongés qu'ils y meurent. Ces vers morts dans l'efprit de vin font les plus commodes à difféquer. Les grillons noirs , les courtilleres ou grillons-taupes , les limaces &C .les fang-fues meurent dans l'efprit de vin comme les vers. Les fang-fues y vomiffent le fang, &i les limaces y laiffent une quantité prodigieufe de mucilage vifqueux & caillé , ce qui fait qu'on peut enfuite les manier & les couper aifé- ment : autrement les limaces font très-difficiles à difféquer à caufe de leur vifeofité qui les rend très-gliffantes. 29. Le vin blanc & rouge, doux ou fermenté, tue auffi les vers, mais un peu moins vite que l'efprit de vin. Le vinaigre les fait mourir corn- ACADÉMIQUE. 509 me le vin , ce qui détruit l'opinion de ceux qui prétendent cjuc ces pe- — *■— tites anguilles imperceptibles, que le microfeope nous fait découvrir dans Redi.desAnj- 1c vinaigre, font des vers de terre nouvellement nés. maux vivants, 30. L'aigre de limon exprimé elt pour les vers un poifon un peu plus &c- lent que le vinaigre &C le vin , car ils y vivent une heure , une heure & demie , & julqu'à deux heures. Mais ayant fait cette épreuve avec le jus de nos oranges douces &C des oranges de Portugal, avec le fuc exprimé des gros limons doux de Galice &c de Portugal , & avec le fuc des limes douces de Valence , tous les vers gros & petits y moururent dans l'efpace d'une demi-heure ou un peu plus. 31. Dans le jus exprimé de raifins qui avoient été long-temps atta- chés au plancher, je vis mourir des vers en une demi-heure, & ils y réi- tèrent comme durcis & defiechés ; cependant on veut que tous les fruits contribuent à faire naître des vers dans les enfants; mais cette opinion me paroît très-fauffe. Qu'on mâche des pommes, des poires, des abri- cots , des pêches , & qu'on plonge des vers dans cette pâte de fruits broyés , on les y verra mourir en très-peu d'heures : on voit de même mourir les vers qu'on tient dans un vaiffeau avec des ceriles écrafées &C preffées avec des prunes , foit aigres & vertes , foit douces & mûres ; des fraifes rouges , blanches , mufeates , & enfin avec de ces groflès fraifes qu'on nomme caperons. 32. Mais fi les fruits tuent les vers, les fleurs ne leur font pas moins mortelles. Je fis piler dans un mortier de marbre avec un pilon de bois, des boutons de rofes rouges, 6c comme ils avoient peu de lue, je les arrofai légèrement avec de l'eau commune : tous les vers que je mis à différentes fois fur cette pâte , y moururent dans l'efpace de quatre heu- res : les rofes incarnates & les fleurs d'orange produifirent le même ef- fet ; mais dans les fleurs de muguet, les vers moururent en moins d'une demi-heure. 33. Je fis une forte infufion de feuilles de rofes incarnates dans l'eau commune bouillante , & je la laiflai vingt-quatre heures fur les cendres chaudes, l'ayant erffuite paflée en la prelTant fortement , j'y plongeai beaucoup de vers ; les uns y moururent en feize heures , & les autres en vingt-quatre. L'infufion des rofes rouges, des fleurs d'orange Se du mu- guet , fait à-peu-près le même effet. 34. Dans l'eau de fleurs d'orange diflillée , dans l'eau rofe , dans l'eau de fleurs de mirthe, j'ai toujours vu mourir les vers en peu d'inflants ; le plus long-temps qu'ils y aient vécu , c'a été une heure ou une heure & demie , & ils y ont toujours laifle, fur-tout dans l'eau de fleurs de mir- the , une grande quantité de mucilage trcs-vifqueux. L'expérience fait voir que ces eaux diftillées & odoriférantes, font très-contraires aux infectes, foit aquatiques , foit terreftres. Les fang-fues y meurent en une heure ou un peu plus, & les courtilleres ou grillons - taupes en une demi -heure pour l'ordinaire ; & ce n'eft pas que ces eaux les noyent comme (impies liqueurs , c'efl parce qu'elles font diftillées & odoriférantes ; car les cour- tilleres vivent &c nagent aflèz long-temps dans l'eau commune , foit de puits , de rivière ou de fontaine , & j'y en ai coruervé de vivantes pen- jio COLLECTION ■—.m i»ni»«BMM cjant c;nq jours &c cincj nuits consécutives. Les limaces mifes dans l'eau Redi.des Ani- commune, font tous leurs .efforts pour en fortir en fe cramponnant airs m a vx vivant? , parois lilfes c!u vailfeau d'argent, de verre ou de terre vernifïée, & Il £''• elles ne peuvent s'échaper, elles y relient en vie pendant fort long-temps; quelquefois elles paroilfent mortes lorfqu'on les retire de l'eau ; "mais en les mettant fur la terre , on reconroît évidemment qu'elles n'étoient qu'engourdies , car peu à peu elles ■ ecommencent à fe mouvoir & re- prennent bientôt leurs fondions ordinaires : au lieu que quand on les jette dans les eaux odoriférantes dont j';ii parlé, elles s 'étourdiflent d'a- bord , fe tortillent & n'ont pas la force de s'enfuir : elles y meurent au bout d'une heure ou deux , un peu plus ou un peu moins , félon au 'elles font plus ou moins grandes & robuftés. Les fcolopendres marines , quoi- que nées & nourries dans l'eau falée de la mer , ont vécu plus de vingt jours fans aliments dans l'eau douce de puits ; mais dans l'eau rofe, l'eau de fleurs d'orange & l'eau de fleurs de mirthe diflillées , elles n'ont ja- mais vécu plus d'une demi-heure tout au plus. Il femble que les fcolo- pendres terreftres y meurent encore plus vite , mais quoiqu'elles pa- roilfent mortes , elles ne le font pas en effet, & fï on les retire & qu'on les mette fur la terre , elles reprennent peu à peu le mouvement &c la vie. 35. L'eau de chiendent tue aufïï les vers comme ces eaux odoriféran- tes ; ils y jettent en mourant beaucoup de vifeofité , y fouffrent des con- vulfions , & après leur mort paroilfent & font tout roidis. Les eaux de pouliot & de thim produifent à-peu-près les mêmes effets , & prefque avec la même promptitude. 36. J'ai vu mourir les vers en dix heures dans les eaux diflillécs de fribules, de calament & de fleurs de fureau. Ils ont vécu plufieurs jours dans l'eau de feorfonere, d'hyfope & de l'auge. Je m'abftiendrai de faire une plus longue énumération de toutes ces eaux , d'autant plus volontiers que l'on peut aifément fe tromper fur le moment de la mort des vers. Il fe rencontre fouvent auffi dans ces expériences des variétés qui peu- vent venir de différentes caufes, comme de la qualité des eaux mêmes, ou de la manière dont elles ont été diltillées , ou enfin du plus ou moins de grandeur de ces animaux, & du plus ou moins de temps qu'ils ont pafl'é hors de la terre avant de fervir à ces épreuves. Dans toutes cel- les dont j'ai fait mention, p me fuis fervi d'eaux diftillées dans unvaif- feau de terre à chapiteau de verre , 8c jamais je n'ai employé d'eau diftil- lée dans le plomb. 37. Le peuple croit & plufieurs auteurs aflurent que l'eau diftillée de vers de terre , elt un excellent remède contre les vers mêmes : pour m'en affûter , je fis prendre une affez grande quantité de vers pour faire le poids de deux livres ; je les fis laver dans l'eau, & lorsqu'ils furent bien eiTuyés, je les fis diftiller dans un vailfeau de verre au bain-marie : il en fortit dix-fept onces d'eau que je recueillis dans trois différents récipients, afin d'obferver la différence qui fe trouveroit entre la première & la fé- conde , & entre la féconde & la troifïeme. Les vers plonges dans la pre- mière oc la féconde, y vécwçnt huit jours, & ceux qui furent mis dans ACADÉMIQUE. 51, la dernière eau , moururent au bout de quatre jours. ————*— ?8. Les vers faupoudrés avec du tabac , moururent en peu d'inflants ; Rc„, __. A... le poivre en poudre & la canelle les tont aufh mourir, mars moins vite maux vivants , que le tabac. La, pouffiere des balayures des chambres les tue auffi, & &c. en général toute elpece de pouffiere, de même que toute efpcce de fel. 39; On pourra m'objeclcr avec quelque fondement, qu'au lieu de faire mes expériences fur des vers de terre, j'aurois dû les tenter fur des vers fortis du corps humain ou trouvés clans le corps d'autres animaux : j'a- voue que ce parti eût été le meilleur s'il eût été praticable ; mais tout le monde fait qu'il eft difficile, pour ne pas dire imposable, d'avoir de ces derniers vers vivants en allez grande quantité pour faire & réitérer ces épreuves autant qu'il le faut, afin de s'aflurer du réfultat. Mais en liip- pofant qu'on les eût vivants, comme cela arrive quelquefois, il eft cer- tain qu'ils doivent nécessairement mourir quelque temps après être for- tis du corps , ainfi on ne pourroit jamais connoître avec certitude fi leur mort ferait l'effet naturel de ce changement d'élément , ou ii elle ferait caufée par l'action des médicaments qu'on aurait employés. Je pourrais auffi demander à ceux qui me feraient cette obieftion s'il fe* trouve dans les livres de médecine quelques expériences bierreûres , bien vérifiées & bien décifives , qui prouvent que tels ou tels remèdes tuent les vers & les chaffent du corps , &: que tels aliments doux & telle boiffon les en- gendrent, ou du moins contribuent à leur production, à leur naiffance & à leur confervation. Les médecins ont marché pour l'ordinaire à la lueur des conjectures Se des probabilités, ce qui eft toujours beaucoup : excepté les grandes évacuations Se les crifes que l'on excite par le moyen des purgatifs, des lavements & des vomitifs aqueux, on ne fait rien de certain fur cette maladie des vers ; encore cette prétendue certitude eft- elle aux yeux d'un médecin fage Se prudent fujette à be'aucoup de ref- triftions, de limitations & d'exceptions. Je rapporterai cependant ici le petit nombre d'expériences que j'ai pu faire fur les vers du coros ani- mal , & defquelles j'ai conclu que plufieurs chofes peuvent être- employées contre ces vers avec le même fuccès que contre les vers de terre. 40. La féchereffe eft extrêmement contraire aux vers du corps hu- main , elle les tue fort vite , & après qu'ils font morts ils fe retirent & fe deflechent , de manière qu'on peut les conferver long-temps : lorfqu'on veut enfuite en obferver les vifeeres, il ne faut que les mettre infufer quelques heures dans l'eau , car ils s'y renflent facilement & reviennent à leur état naturel , comme s'ils n'étoient morts que de depuis quelques moments. 41. J'ai mis de ces mêmes vers dans l'eau commune, pure, fimple , fraîche, en un mot telle qu'on la boit, ils y ont vécu jufquà foixante 8c quelquefois foixante & dix heures. 41. La même chofe eft arrivée dans l'eau de Nocera & dans l'eau com- mune'de fontaine & de puits, où j'avois fait infufer une bonne quantité de terre figillée : cependant beaucoup d'écrivains indiquent cette terre &C l'eau de Nocera, comme des remèdes très-efficaces contre les vers des enfants. -ia COLLECTION 43. Pai vu de ces vers vivre plus de foutante heures dans une infiuio! — de coralline en poudre ; deux autres vécurent plus de trente heures dans Redi , ors Ani- j,eau impregnée d'aloès. MAUXMVANT5, D^ ]ss infufions de rapure de corne de cerf, d'ivoire, de cor- ne d'élan & de corne de rhinocéros , ils relient préciféfient comme dans l'eau pure & ne paroiflent éprouver en auaine manière l'action de ces remèdes tant vantés. _ ,.,..,., ±5. Ils meurent fort vite clans l'eau totalement imprégnée de fel^ dont f ai parlé au numéro t% ; mais ils meurent plus vite encore dans l'efprit de vin , comme je l'ai dit des vers de terre , avec cette différence ce- pendant' que les vers du corps animal renflent plus long-temps à tous ces remèdes que les vers de terre , ce qui ne paroîtroit point croyable , û l'expérience ne le faifoit voir. Cette même expérience nous apprend auffi que les vers du corps humain , lorfqu'ils en iont fortis , femblent pefants & engourdis , au lieu que les vers de terre font très-vifs & très-agiles hors de leur élément. 46. Si les eaux diflillées odoriférantes tuent les vers de terre & beau- coup'd'autres infectes., les vers du corps humain meurent auffi en moins. de dix heures clans l'ea»rofe, l'eau de fleurs d'orange & l'eau de fleurs de mirthe. Pour les petits vers blancs nouvellement nés , & les afean- des ils meurent à Pinftant qu'ils touchent ces eaux. 47. L'eau fraîche où l'on a fait diflbudre une bonne quantité de lucre, de manière que cette eau devienne comme un julep , tue les vers dans l'efpacede trois ou quatre heures : j'en ai fait l'épreuve jufqu'à fix fois.- 48. J'ai dit (au numéro 13.) que le vin tuoit fort vite les vers de terre & cela eft vrai ; mais je dois ajouter que les vers du corps humain y vivent plus longtemps ; j'en ai vu un y pafler plus de vingt-quatre heures , un autre quarante; & un troifieme , après y avoir vécu foixante-quatre heures, pa- rut mourir , mais pendant quelques heures il conferva encore un refte de vie depuis la tête jufqu'au milieu du corps, ce qui fe manifefla mieux lorfqu'on le coupa : cependant le vulgaire croit fermement, & plufieurs hommes célèbres affurent que le vin efl l'unique & le plus sur remède. contre les vers. . , 49. L'odeur des huiles que l'on donne contre les venins Se contre les. vers , paroît ne point incommoder du tout ces animaux , non plus qu'une légère afperfion de ces mêmes huiles. De deux vers qui me furent don- nes aufli-tôt qu'ils furent fortis du corps, j'en mouillai un légérement-avec de l'huile contre les venins , je les mis enfuite tous deux dans un vafe imbibé d'eau , que je couvris d'un papier bien humecté de ces mêmes huiles , & ces vers y vécurent, près de quarante heures. 50. Ayant trouvé quelques vers dans les inteflins d'une lune de mer,. ( un grand nombre de petites véficules membraneufes , dont chacune renfermoit un ver blanc, long & délié ; il y avoit même de ces véficules qui contenoient deux, & jufqu'à trois vers. Les petits reins contenus dans la grande poche membraneufe étoient aufli parfemés , entre leur tunique propre & le pa- renchyme , de femblables véficules vermineufes , mais plus petites que celles qui fe trouvoient entre la membrane adipeufe & la grande poche, dont cet amas ou grouppe de petits reins étoit enveloppé. Fai trouvé le» reins des dauphins , des phoques ou veaux marins , des bœufs , des buf- fles & des tortues de mer configurés , à très-peu près , comme ceux des ours ; & j'ai obfervé que chacun de ces petits reins avoient tous les vaiffeaux , appendices , cavités & conduits qui fe trouvent dans les grands, reins de tous les autres animaux ; mais je n'y ai jamais vu de ces vers utriculaires ou véficules vermineufes , j'en ai trouvé feulement dans une aigle de mer ou tarefranche , dont je parlerai en fon lieu. Un chevreuil tué dans les chaffes de l' Ambrogiana , avoit autour du rein gauche une maffe glanduleufe , dure & fort grande , qui environnoit de tous côtés non-feulement ce rein , mais encore tous les gros vaiffeaux fanguins du bas ventre. Cette maffe étoit énorme, elle pefoit environ cinq livres , & renfermoit outre le rein , fix petits fàcs , les uns de l'a groffeur d'une noix , & d'autres beaucoup plus gros : ils étoient recouverts cha- cun d'une double tunique, & contenoient dans leur cavité une matière de couleur de fuie & de la confiftance de la pommade : cette matière étoit pleine de petits vers très-déliés & de différentes longueurs : j'en comptai jufqu'à quatre cents. A cela près le chevreuil étoit beau & gras ; tous fes autres vifeeres fe trouvoient dans leur état naturel, & le rein même renfermerons cette maffe glanduleufe n'étoit nullement vicié. Fai trouvé quelquefois Toefophage des loups , des taiffons , des hérif- fons , des lions & des chiens , couvert à l'extérieur de certaines émi- nences glanduleufes de diverfes grandeurs , pleines de petits vers rouges de différentes tailles. J'ai vu fouvent auffi fous la première tunique exté- rieure de l'cftomac des renards , plufieurs pelotons de groffes glandes , pleines de ces mêmes vers. Quant à ceux qui fe trouvent dans le nez des cerfs & des moutons , &dont les gazelles ne font par exemptes, j'en ai parlé ailleurs, (a) Sous la racine de la queue des taiffons , tant mâles que femelles , fe trouve l'ouverture d'une large cavité, dont le fond qui eft fermé, fe di- vife en deux petites cellules où féjourne en abondance une efpece de- bouillie vifqueufe & blanche , dont l'odeur eft fauvage , forte & très-défagréa- (*) Expériences fur la génération des Infectes» Ttt s çi6 COLLECTION iIM— ble. Cette liqueur fe filtre comme celle qui fe trouve dans les civettes , à "Z travers une multitude de petites glandes qui tapiffent , pour ainfi dire , en edi,desAni- mofajqlle non-feulement la voûte, mais toutes les parois & le fond de maux vivants, " .' , , , ,-j- ' . , f /• \ efct tamburo ) étoient quatre fois plus gros & qu'ils avoient la queue fourchue ; à l'endroit de la bifurcation on voyoit ma- nifeltemcnt l'ouverture de l'anus où aboutiffoit l'infeftin du ver. On trou- voit dans cet inteftin , ainfi que dans l'cftomac , un peu de cette bouillie çi8 COLLECTION mm mmEE mt ' ' blanche, dans laquelle les vers étoient engagés. Les extrémités des deux Redi,dl'sAni- branches de laqueue étoient auffi percées , & deux ramifications des vaif- m*ux vivants féaux fpermatiques y aboutiffoient : ces deux ramifications étoient plus ■ '■• longues dans les mâles que dans les fèWlles , & les deux extrémités de leurs gaines renfermoient deux verges fort aiguës : ces deux gaînes fc terminoient de même dans les femelles par deux ouvertures que l'on voyoit aux deux extrémités des branches de la queue , & leur tronc principal , avant de fe divifer en deux rameaux, fe dilatoit & formoit une cavité ovale , toute pleine de petits œufs. Le cœur de ces vers étoit d'une figure approchant de l'hexagone ; de la partie fupérieure de ce cœur fortoit l'aorte , qui peu à peu fe ramifioit en trois branches , s'attachoit par fon rameau principal à l'intérieur de la cavité du ventre , & continuant d'y être adhérente , fe retournoit & det- cendoit vers la queue , où s'élargiffant elle formoit une cavité femblable à un nœud , & s'uniffoit à la veine cave , laquelle ferpentoit adoffée au canal des aliments & alloit fe décharger dans le cœur : Voyez Planche XXXI. Figures XVI. XVII. XVIII. & XIX. On voit dans le ventre de ta femelle d'une forte de feche nommée vul- gairement calemar, fept conduits, ou facs ou petites poches , dont l'entrée eft ouverte & libre ; mais on ne trouve que cinq de ces mêmes poches ou conduits dans les calemars mâles. Les deux premiers conduits du mâle font l'inteftin & le réfervoir de l'encre, leurs extrémités réunies aboutif- fént à l'anus ; ils font placés entre deux autres facs membraneux qui tien- nent aux ouies. Le cinquième fac ou conduit me paroît contenir l'appareil de la génération ; il renferme un corps blanc , folide , long de quatre tra- vers de doigt au moins , & prefque auffi gros qu'une plume à écrire : il eft roulé en plufieurs contours. Ce cinquième fac , ( Planche XXXI. Figure XX. ) contient de plus un autre petit fac ou un conduit qui fait auffi plu- fieurs circonvolutions , & qui eft plein d'une matière vifqueufe & très- blanche. Tout le refte de la capacité du cinquième fac eft rempli d'une multitude infinie de petits filaments blancs , ifolés , fans adhérence entre eux ni avec aucune autre chofe , & qui paroiffent des vermiffeaux , longs de près de deux travers de doigt & affez déliés. En les obfervant au microfeope , il paroît que l'une de leurs extrémités eft fermée , & de l'autre qui eft ouverte , on voit fortir par un mouvement fpontanée un conduit fort tranfparent , dans lequel on découvre un petit corps blanc , long & qui a des finuolîtés. Cela n'eft point particulier aux mâles des lèches , la même chofe fe trouve auffi dans tous les mâles des polypes de mer & des autres poiffons de même genre , que nous nommons en Tof- cane totani. Dans les polypes j'ai vu de ces vers affez gros , longs de quatre & même de fix travers de doigt ; à l'endroit le plus gros de leur corps ils paroiffent blanc-de-lait , tout le refte eft diaphane , & lorfqu'on les obferve hors de leur petit fac, on y voit quelque apparence de mou- vement ; mais cette apparence eft fort équivoque. Si on les met à la nage dans l'eau douce , ils jettent par l'une de leurs extrémités un fil très-long, très-fin & très-blanc , qui fait un grand nombre de contours femblables à ceux d'un écheveau de fil fort mêlé ; mais ce phénomène n'a point lieu ACADÉMIQUE. 529 lieu lorfqu'on les met dans l'eau falée. Je parlerai de cette cfpecc de ver* — dans la féconde partie de cet ouvrage, &C j'expliquerai leur nature. Je me RfDI desAni- contenterai de remarquer ici que le commun des pécheurs croit, très-mal maux vivants, à propos , crue les anguilles font produites par les feches , las polypes & les &c' autres poiflbns de ce genre , ce9 gens ne distinguant point les maies des fe- melles , produifent pour preuve de leur opinion ce fac plein de petits fila- ments femblables à des vermiffeaux, qu'ils appellent de petites anguilles, . lequel fac fe trouve dans ces fortes de poiflbns. (a) Les polypes ont le conduit inteftinal allez femblable à celui des oifeaux,' car l'ouverture de la bouche eft armée d'un bec noir, femblable à celui d'un perroquet ; il y a un jabot à l'cefophage; le ventricule eft mufcu- leux & les parois font fort épaifles : fous le ventricule il pend de l'intef- tin un autre inteftin ou appendice aveugle. Dans un très-gros polype femelle du poids de dix-huit livres , & de l'efpece qui n'a que cinq bras & non pas huit , j'obfervai que le ventricule étoit tout parfemé à l'extérieur de tubercules, qui renfermoient chacun un ver vivant, très-blanc, de for- me applatie , avec une petite queue à ^une de fes extrémités. Parmi les chairs du ventre , je trouvai de ces mêmes tubercules qui renfermoient la même efpece de vers ; ils font repréfentés de grandeur naturelle Plan- che XXXI. Figure XXI. & l'on voit le conduit inteftinal du polype , de la feche & du totano Planche XXXII. Figures I. II. & III. Dans un marmot ( denticc,) (£) dans une ombre ( ombrina, ) (c) & dans un congre très- gros , j'ai vu des vers non-feulement entre les tu- niques de tout le canal des aliments , mais encore entre les deux tuniques de la veffie d'air qui fe trouve dans beaucoup de poiflbns , foit d'eau douce , foit de mer. Les pêcheurs Italiens donnent à cette veffie le nom de nuotatoio ou de nageoire , avec beaucoup de raifon , car elle eft fort utile aux poiflbns qui en font munis, pour fe foutenir fur l'eau , pour s'y tourner, clefccndrc au fond, remonter vers la furface , en un mot pour nager en tout fens. J'ai aufli trouvé une fois dans la veflie d'air d'une groffe anguille , quelques petites véficules qui contenoient chacune un ver, non pas de ceux qui habitent dans les inteftins. de l'anguille, mais (a) Extrait de trois Lettres de Redi à Cejloni , rune fans date, & Us deux autres des- 20. & 27. Novemb'e 16S3. Les polypes ont dans le corps un petit fac tout rempli de petits corps qui paroif- fent être , ou qui font en effet , des vers très-blancs & à-peu-près de cette longueur & de cette grofléur — — — . ■ - s'il vous tombe entte les mains un pol vpe vivant, je vous prie de l'ouvrir , de voir û ces corps font en effet des vers vivants , & de m'en envoyer la figure groffie au microfeope. Les calemars & autres poiflbns de ce genre , ont un fac femblable à celui des polypes & plein de ces mimes corps. Les femelles n'ont point ce fac, il ne fe trouve que dans les mâles ,. & il renferme certai- nement les organes de la génération. Voyez les (Eiuvres de Redi , tom. 2 pages 131. & rsi. ( b ) C'eft le poiflbn de mer appelle en latin dentex ou fynedon , parce qu'il a ua grand nombre de dents. (c) C'eft un grand poiflbn de mer appelle en latin umbra , umbr'ma , feiana ; ir ne diffère que par la taille du poiiTon appelle Coraànus en latin , Si. Durdo en français» Tom IK des Acad. Etrang, Xxx. 53o COLLECTION -.d'une autre efpcce refl'emblante aux vers cylindriques. Comme Jérôme " 7~7 Cardan (a) affirme positivement que cette veffie d'air manque à l'anguille, WAEvDxvn'lNTs",je crois qu'il eft à propos de la décrire ici. &c, La veffie d'air de l'anguille eft compotee de deux tuniques propres & d'une troilieme tunique commune aux inteftins & qui vient du péritoine. Des deux tuniques propres l'extérieure reçoit beaucoup de vaiffeaux fan- «uins qui y ferpentent , & il s'en trouve de même à l'intérieur de la tu- nique propre interne dont les parois font parfemées de petites glandes milliaires , principalement autour de l'origine du canal qui va de cette vef- fie à l'cefophage dans lequel elle s'inlére près de l'eftomac : elle eft d'une forme approchante de celle d'un fufeau qui feroit gros &: obtus par les deux bouts. L'extrémité fuperieure lé termine un peu au deffous du foie, dans l'angle que font enfemble l'eftomac & l'inteftin : l'extrémité infé- rieure aboutit dans l'angle fait par la réunion des deux reins en un feul corps. Dans cette veffie j'en ai quelquefois, mais rarement, trouvé une fé- conde plus petite & de même figure que la première, & qui avoit comme la première une grande quantité de jjaiffeaux fanguins, & de glandes milliaires. ce canal s'avance fur toute la longm externes , jufqu'à l'extrémité fuperieure, qui eft dans l'angle fait par l'es- tomac & l'inteftin, de-là ce canal s'aminciffant & fe refferrant, va s'infé- ferer dans l'cefophage près de l'eftomac : c'eft par ce canal que l'air peut paffer dans la veffie. A la naiffance du canal on voit dans la veffie même deux corps ron- ces , à-peu-près hémifphériques , formés par les extrémités tendineufes des deux tuniques propres de la veffie, lefquelles reçoivent les vaiffeaux qui portent le fang à ces corps. Mais fi Cardan eft tombé dans l'erreur en avançant que la veffie d'air mnnquoit à l'anguille , il ne s'eft pas moins trompé en infinuant que cette veffie fe trouvoit dans tous les autres poiffons : car quoique beaucoup d'efpeces de poiffons l'aient en effet, il yen a cependant plufieurs efpeces qui en font dépourvues. Parmi les poiffons que j'ai obfervés, j'ai trouvé cette veffie dans le congre, où elle eft figurée précifément comme dans l'anguille : je l'ai vue auffi dans la murène, la vipère & le brochet de mer, (b) l'épée de mer. l'ombre, la dorade (p;fce fan-pktro , ) la lyre de mer ou rondelle ( organo, ) la gavotte ( gavotta , ) toutes les efpeces d'hirondelles & de gn- ves^de mer ( tordi , ) le merlan ( merlo, ) la donzelle ( minchia di ri , ) la lar- dine , la première aiguille de Rondelet , l'aiguille d'Ariftote ou féconde aiguille de Rondelet , le merlus (na{dlo , ) le marmot ( dentice , ) le barbeau , la roffe ou celerin ( lafea , ) les tanches de lac , de rivière & de mer , la carpe ( reina,") la bordeliere (fearpa , ) la carpe ( carpiom , ) la tniite , l'alofe ( cheppia o laccia ) le brochet d'eau douce & d'eau falée , le poiffon pers , (.j) Dans fon livre De la variété des chofes. (i) Sphyrxna Aldr. fphyrana prima Rondelet. Sudis. A C A DÉ M I Q U E. 5}t (pefce perjo,)\c grand lciard marin & beaucoup d'autres dont l'énumé- SSSSSE2* ** ration feroit trop longue. Parmi ceux qui n'avoient point cette veffie , Redi.des Am-~ font la lamproie ( lampreda , ) le furmulct ( (Inglia , ) l'anchois ( accïuga , ) maux vivants, le dragon de mer (ragana,) la pélamide (palamita, ) la lune de mer (pefce &'• tamburo , ) le (pefce prête ) nommé par les auteurs uranolcope , le dauphin , le munier ( fquadro , ) le cochon de mer ( centrina , ) l'aigle de mer ou chauve- fouris , ( aquila o pipifinlla , ) toutes les efpeces de raies . • la torpille , la tareronde ou bougnete ( pafiinaca marina afpera ofer raccia , ) la grenouille pêcheufe , le chien de mer épineux nommé par les naturalises galeus J'pinax ,1e nocciuolo (galeus /<;m,)la rouffette (gauucio , ) le chien carcha- rias, & en un mot tous les chiens de mer, le grand feorpion, le gou- jon d'eau douce & autres. Mais fi certains poiffons fe trouvent munis de cette veflie d'air , tan- dis que d'autres en font totalement dépourvus , il y a auffi de grandes différences entre ces veffies clans différents poiffons : car les unes font compofées d'une feule cavité ou ventre, comme celles des anguilles, des congres , des murènes , des épées de mer , des truites , des pucelles , des aiguilles , des brochets , des grives de mer , des merlans , des brochets de mer ou poiffons d'argent (fphyircenœ, ) des marmots , des merlus, des brè- mes de mer (tanude,') & des poiffons pers (perjï.} Dans d'autres poif- fons la veflie d'air a deux cavités ou ventres, comme dans le barbeau , le celerin , la tanche d'eau douce , la carpe , le ballerus & l'hirondelle de mer. Enfin, il y a des vefîies d'air qui ont trois cavités, comme celle de la tanche de mer , de la gaVotte (gavotta,*) &c de la rondelle. En l'an 1667. je trouvai dans une efpece de poilfon feulement, cette veffie d'air divifée en quatre cavités ; trois de ces cavités produifoient chacune un canal, & ces trois canaux fe réuniffoient en un feul qui alloit s"inlérer à l'entrée de l'eftomac. Aucun pêcheur ne put me dire ce que c'étoit que ce poiffon, & même tous ceux de Livourne & de la rivière de Provence avouoient qu'ils n'en avoient jamais vu de fcmblable : comme ces poiffons étoient de couleur d'or marquetée de taches rouges, ils les appelloient poiffons dorés, & croyoient qu'on pouvoit les rapporter à l'efpece des grives de mer ; mais en les obfervant avec attention , on reconnoiffoit qu'ils en dif- féroient beaucoup ; d'ailleurs ils n'ont pas dans la bouche une feule dent, au lieu que la grive de mer a non-feulement quarante dents très-aiguës dans les mâchoires, mais encore plus de foixante autres dents autour de l'œfophage : on ne voit pas non plus d'inteftins cœcum ou de conduits pancréatiques fortir de l'inteftin duodénum de la grive de mer , au lieu que dans ces poiffons dorés on trouve quatre cœcum de grandeurs iné- gales , & difpofés par ordre fuivant leurs différentes grandeurs : Planche XXXII. Figures IV. V. VI. VII. VIII. IX. X. XI. XII. XIII. Planche XXXIII. Figures I. II. III. IV. V. VI. & VII. Gauthier Needam avance (a) que dans les poiffons qui ont les mâchoi- res armées de dents, la veffie d'air n'a qu'une feule cavité, & cju'au contraire dans les poiffons qui n'ont point de dents aux mâchoires, cette (j) Dans fon traité Je formato fatu. Xxx x 53ï COLLECTION veffie eft divifée en deux cavités ou ventres ; il eft bien vrai que la tan- Redi,desAni- che,la carpe (reina,) la bordeliere , le celerin, le barbeau & d'autres maux vivants, poiifbns femblables , dont les dents ne font point enracinées dans les mâchoi- &c- res , mais fituées dans la voûte charnue du palais , ou dans de petits os placés à l'entrée de l'œfophage , ont la veffie d'air à double cavité ; mais parmi les poiffons dont les mâchoires font armées de dents , il s'en trouve auffi qui ont la veffie d'air à double cavité , comme on le peut voir dans l'hi- rondelle de mer , qui a les mâchoires munies de deux rangs de dents. Au contraire dans l'alofe la veffie d'air n'a qu'une feule cavité , quoique ce poif- fon non-feulement n'ait point de dents aux mâchoires , mais qu'il n'en ait aucune dans toute l'étendue du palais & des parties voifines de l'entrée de l'œfophage , & qu'enfin il n'en ait point du tout , à moins qu'on ne veuille donner le nom de dents à certaines petites inégalités en forme de feie que l'œil apperçoit à peine , mais qu'on fent au taft à l'extrémité des lèvres fupérieures de ce poiffon ; dans celui appelle poifTon pers (perfo,) la veffie d'air eft auffi compofée d'une feule cavité, cependant ce poiffon a les mâchoires liffes & fans dents ; mais il a l'extrémité de lèvres fupé- rieures toutes parfemées de dents très-petites & très-fines ; il a auffi trois rangs de dents femblables dans le milieu du palais , & d'autres encore vers le fond du palais : de plus , toute la partielles ouies qui fe trouve tournée du côté du palais eft rude au toucher , parce qu'elle eft parfemée auffi de dents très-petites , & près de l'entrée de l'œfophage il fe trouve deux petits os rudes & dentelés , de figure romboïdale , & affez fembla- bles à ceux qu'on voit dans les tanches. L'épaiffeur des tuniques des veffies d'air varie dans .les différentes efpe- ces de poiffons. Il y a de ces veffies qui font fi fortement attachées au dos qu'on ne peut les en féparer entièrement fans les déchirer en morceaux; d'autres n ont prefque aucune adhérence. Quelques-unes font prefque en- tièrement cachées fous les vifeeres , de forte qu'on ne les apperçoit pas auffi-tôt que le poiffon eft ouvert , comme cela fe trouve dans les anguil- les , dans les congres , les merlus (nafelli , ) les fphirenes ou poiffons d'ar- gent : ces derniers ont la veffie d'air placée dans une cavité particulière , formée par les côtes, laquelle renferme uniquement cette veffie & les reins, &C les fépare des autres parties internes , de forte qu'en ouvrant un poif- fon d'argent on jugerait qu'il n'a point de veffie d'air, fi l'on s'en te- noit au premier coup d'œil , & qu'on ne cherchât point à pénétrer plus avant à l'aide du fcalpel. Cependant cette veffie eft fort grande, car dans un poiffon d'argent du poids de huit livres & demie , & long de deux braffes & trois quarts , depuis l'extrémité pointue du grouin juiqu'à celle de la queue , la veffie d'air avoit deux tiers de braffe de longueur, & il fe trouvoit au dedans un long amas de corps rouges & charnues , parfaitement femblables à ces deux corps rouges qui font dans la veffie d'air des anguilles , à l'entrée du canal qui part de cette veffie & qui va s'inférer dans l'œfophage , tout auprès de l'eftomac. Jean Alphonfe Borelli affure (a) que dans tous les poiffons le canal par oh (.2) Dans fon livre Du mouvement des animaux première partie , proportion 211. ACADÉMIQUE. 535 k vcffie reçoit & rend l'air , va constamment en fortant de cette vefKe s'infé- — — ■ — ^ rer au fond de l'eftomac ; mais dans la vérité, ce canal n'aboutit pas ton- p__, „, a.., t* 1 t 11 A • t'A 1 > r \ ■ ÎVEDI , DES AN1- jours au fond de 1 cltomac : je n ai même trouve qu une feule elpcce de maux vivants, poiffons , qui eft celle des alofes ( laccieo cheppii) dans laquelle ce canal Oc. s'infère au fond de l'eftomac. Il aboutit dans les autres efpeces de poiffons ou à l'œfbphage , ou à l'en- tréetde l'eftomac , ou dans le milieu de fa longueur. Ce canal n'eft pas égale- ment apparent dans toutes les efpeces , car fi on l'apperçoit aifément au premier coup d'œil dans les poiffons d'eau douce , il y a beaucoup de poiffons de mer où il eft très-difficile à trouver , & où il faut le cher- cher avec beaucoup d'attention & de patience ; cela eft même au point que dans quelques efpeces, je l'ai cherché bien des fois inutilement, quoi- qu'il foit très-probable ou plutôt très-certain qu'il y étoit, &C qu'il n'a échap- pé à mes recherches , que parce qu'elles n'ont pas été affez exactes , ou affez confiantes. Mais laiffons cette digreffion fur la vefîie d'air des poil- fons , &c revenons aux animaux qui fe trouvent dans leur corps. Le homard [granczvola ] eft cette écreviffe de mer qu'Aldrovande nom- me pagurus fœmina venetorum : il a deux ovaires, qui ont tous deux leur ori- gine près des ouies , lefquellcs font au nombre de quatorze dans ce poil- ion : de-lâ les ovaires s'avancent vers l'eftomac, & y étant arrivés, ils retournent du côté de la queue , defeendent par le milieu du dos & décrivent différents contours avant d'arriver auprès de la queue où ils fe réuniffent en un fcul corps. Chacun de ces ovaires eft ordinairement long d'environ une braffe : vers le milieu ils communiquent entre eux par le moyen d'un conduit tranfverfal , qui eft prefquc auffi gros que les ovaires & rempli d'œufs comme les ovaires mêmes : à huit doigts de ce conduit il fort de chaque ovaire un autre petit canal qui a deux ouvertures exté- rieures , placées dans une cavité offeufe que couvre la queue de l'ani- mal ; c'eft par cette double ouverture que fe fait la ponte : ces œufs , qui font toujours d'un rouge de corail très-vif, étant fortis , reftent atta- chés à huit barbes ou fibres cartilagineufes & creufès au dedans , dont l'extrémité eft velue ; toute la queue eft velue auffi par deffous , & les poils y font difpofés par petites touffes épaiffes : cette queue qui eft compofée de fept articulations fert comme je l'ai dit à couvrir la grande cavité offeufe où fe trouvent les deux trous par où les œirfe fortent du corps de l'animal , après quoi ils s'-attachent à ces poils où je crois qu'ils reçoivent une première incubation. J'ai obfervé dans un de ces homards , qu'à l'endroit où les deux ovaires s'uniffent en un feul corps , il y avoit une véficule groffe comme une noix , attachée fortement à ce tronc des deux ovaires : je trouvai dans cette vélicule une matière jaune & vif- queufe dans laquelle étoient tapis feize vermiffeaux vivants , tous de la même couleur, un peu larges &applatis, ayant quelque reffemblance avec les femences rouges du concombre , excepté que ces vers avoient une échan- crurc dans leur extrémité la plus large : Voyez Planche XXXIII. Figure VIII. ■ ■ « * J J'ai trouvé des vers parfaitement femblables à ceux dont je viens de par- ler dans deux veffies d'une langoufte ; l'une de ces veffies étoit attachée j34 COLLECTION — — — mm à l'eftomac , Se l'autre à la naiflance de l'ovaire droit : les ovaires de la Rîdi des Ani- langoufte font précifèment de la même ftrutture que ceux des homards. maux vivAMs, Parmi les priapes de mer il s'en trouve une efpece, que les pêcheurs *""'"• nomment pinci marini , ils ne nagent point & ne rampent point au fond de la mer comme les autres efpeces de priapes , mais ils font fixés & en- racinés par l'une de leurs extrémités fur les coquilles d'huitres ou d'autres poiffons , fur les rochers & les murs de revêtement des ports & de *dar- fes, & fur toute autre muraille baignée par les eaux de la mer. On les y trouve amoncelés & entrelacés enfemble par le moyen de plufieurs ra- cines ; j'en ai compté jufqu'à cinquante & foixante de différentes gran- deurs , unis dans un feul grouppe ; mais quoique la plupart foient at- tachés par leurs racines à la furface d'un rocher ou d'une muraille , il y en a cependant quelques-uns dont l'extrémité a pour unique point d'ap- pui la croupe ou les flancs des plus grands priapes du même grouppe, & dont les racines ne s'étendent point jufqu'au rocher ni à aucun autre corps étranger : on voit quelquefois fur un feul des plus gros priapes , trois ou quatre autres priapes plus petits qui y font fixés avec dix-huit ou vingt autres encore plus petits , &c dont la groffeur n'excède guère celle d'une fève & même celle d'un grain de bled ; mais on ne trouve pas feulement de ces petits priapes de mer enracinés fur le dos & fur les flancs des pinci ou grands priapes ; on y voit encore d'autres petits ani- maux, attachés un à un ou par tas ; ceux-ci ont la forme fphérique, & ils font revêtus d'une peau très-ferme , on y diftingue deux petites ouver- tures ou bouches : ils font nommés carnumi ou œufs de mer par les pê- cheurs de Livourne , qui les mangent cruds & en font très-friands : on peut les rapporter au genre des priapes de mer , mais ils font d'une autre ef- pece que les pinci & les autres priapes qui rampent au fond de la mer , ils en différent totalement par la ftruefure intérieure. Outre ces carnumi, on trouve encore attachées fur le dos & fur les flancs des mêmes pinci , \ quelques petites coquilles univalves , de l'efpece de celles que les auteurs nomment glands de mer [balani.~\ (a) L'extrémité poftérieure des pinci eft enracinée dans le rocher , & n'a aucune ouverture ; l'extrémité antérieure fe divife en deux branches , dont l'une eft plus longue & plus groffe que l'autre, & qui toutes deux font cannelées en dedans & percées à la pointe, avec cette différence feulement que l'ouverture de la plus groffe branche eft ordinairement oftogone , & celle de la plus petite hexagone. Au dedans de cette petite branche , près de l'ouverture , aboutiflent deux petits canaux , dont l'un eft mince & tout blanc , excepté à l'extrémité où il devient d'un rouge très-vif; il contient une liqueur très-blanche & femblable à un lait épais ; ce canal eft un or- gane pour la génération , & il fe trouve dans tous les pinci mâles & femel- les : l'autre canal , qui fe termine aufïl dans la cavité de la plus petite bran- (a) Extrjit d'une Lettre de Redi à Ceftoni , du _J0. août idSj. Je vous fuis trés-obligé de l'avis que vous me donnés au fujet de cette écrevifle de mer vivante , fur laquelle il s'eft trouvé des glands de mer vivants. Œuvres de Redi, tom. i. p. f)6. ACADÉMIQUE. 535 ckc de cette extrémité du corps , eft beaucoup plus gros que le canal blanc — — — — ^ & c'eft l'inteftin par lequel les excréments font portés au dehors. A Tinté- Red; desAni- rieur de la grande branche , qui eft la bouche de l'animal , on trouve une maux vivants, cavité large & longue dans laquelle nagent des animalcules vivants : de tous ^f« les priapes de mer ou pinci que j'ai obfervé pendant le cours de plufieurs années , aux mois de janvier , de février , de mars , d'avril & de juillet , il ne s'en eft trouvé aucun dépourvu de ces petits animaux ; pendant qu'ils vivent ils font de couleur noirâtre , ou d'un gris pointillé de noir : mais quand on les fait cuire dans l'eau ils deviennent d'un rouge très- vif ; leur groffeur n'excède point celle d'un petit grain de bled ; ils ne font point munis d'une enveloppe dure, leur ùibftance eft très-molle , & ils s'écrafentpour peu qu'on les preffe entre les doigts : leur nombre n'eft pas toujours le même , j'en ai trouvé feulement cinq dans certains pinci, dans d'autres j'en ai vu fix , fept , huit , neuf, & dans les plus gros jufqu'à douze ; ils con- tinuent de vivre après que le priape où ils fe trouvent eft arraché du ro- cher , &c même deux ou trois jours après qu'il eft mort. Ces œufs de mer font repréfentés groffis an microfeope , Planche XXXIII. Figure IX. & le pincio marino de grandeur naturelle , même Planche , Figure X. Je ne fais point & ne prétends point examiner ici comment ces animalcules fe trou- vent dans la bouche du priape de mer ; s'ils y naiffent , ou fi étant nés dans la mer ils s'y retirent d'eux-mêmes comme dans un afyle , ou enfin fi le priape les y attire , & les y tient en réferve pour s'en nourrir. On m'apporta à Livourne un petit animal marin que je nommerai ourûn ou hérifron de mer [ iflrice marino ; ] on en voit la figure de grandeur na- turelle , Planche XXXIV. Figures I. ik II. Cet animal avoit le défions du ventre blanc , lifte & non velu , mais traverfé par des rides droites dont les intervalles étoient faillants comme des cordons : il étoit environné de petites touffes de crins femblables à de petits pinceaux qui regnoient fur toute la cir- conférence du ventre depuis la tête jufqu'à la queue ; je comptai vingt-fix de ces touffes ou pinceaux de chaque côté , ce qui fait en tout cinquante- deux ; mais ce nombre des pinceaux varie , car dans quelques autres our- fins j'en ai trouvé jufqu'à quarante de chaque coté. Ceux des côtés font beaucoup plus courts & moins fournis que ceux du milieu : les plus gros avoient, les uns cinq , 1*6 autres iix , fept & huit crins durs, piquants & renfermés, pour ainfi dire, dans une gaine; ces crins paroifloient tous de couleur de fuie noirâtre , excepté celui du milieu qui eft toujours le plus long & le plus gros , & dont la couleur eft toujours d'un jaune d'or luftré , qui quelqueÉfc paroît glacé de vert , félon les différents reflets de la lumière : la gaîne qui renferme ces crins eft munie de tendons & de mufcles par le moyen defquels elle fe meut , le dreffe , pouffe au dehors fes crins , & les retire au dedans : les flancs de l'animal font aufïï tous en- tourés de pinceaux ou touffes femblables , mais moins épaiffes, les crins en font plus longs , & pour la plupart moins piquants & plus flexibles : le dos dans toute fa longueur , & fur la largeur d'un pouce , eft liffe & fans aucun crin , mais il eft tout couvert d'un duvet crépu , jaunâtre , & fem- blable à cette bourre qui recouvre les cocons des vers à foie. A l'une des extrémités on voit l'ouverture de la bouche autour de laquelle font placées / 53<5 COLLECTION ™ deux antennes ou petites cornes charnues , flexibles & blanches ,i- ture de l'anus fe trouve à l'extrémité oupoiée ; dans la cavité du i \ l'ouver- Redi, des Ani- ture de l'anus fe trouve à l'extrémité oppoiée ; dans la cavité du ventre on maux vivants, voit un petit canal d'une couleur de pourpre très-éclatante , il eft compofé f *■' de petits globules diftinâs les uns des autres , & depuis fon origine qui eft dans la bouche , & où il eft le plus gros , il parcourt toute la région du ventre &c va, toujours en diminuant de diamètre, fe terminer vers l'anus : ce canal eft le cœur, ou plutôt un cordon, une fuite de cœurs ; l'eftomac placé dans la même cavité du ventre eft d'une fubftance blanche, dure & prefque cartilagineufe ; l'inteftin va directement & fans aucun détour vers l'anus ; fur prefque toute la partie de l'inteftin comprife entre le pylore & l'anus fortent deux rangs parallèles de cœcum , il y en a vingt dans chaque rang ; ces quarante cœcum , pleins d'excréments gris & noirâ- tres , font diverfes ramifications irréguheres , lefquelles s'entrelacent vers la pe'au parmi les mufcles & les tendons qui fervent au mouvement des touffes latérales de crins dont j'ai parlé ; de-là tous ces cœcum parlent &c emboîtent leurs extrémités aveugles dans autant de gaines , lefquelles ne s'ar- rêtent point dans la cavité du ventre , mais pénètrent dans une autre grande cavité qui occupe tout le défais du clos & de l'épine de l'animal depuis l'une des extrémités jufqu'à l'autre : ces gaines entourées d'une expanfion membra- neufe préfentent la figure d'un parafol en éventail avec fon manche ; l'ex- panfion membraneufe eft double & cannelée à l'intérieur; entre les deux: rnembranes il coule un fluide très-clair, qui quelquefois en gonfle les bords , ( Planche XXXIV. Figg. III. & IV. ) En foufflant par le moyen d'un chalu- meau dans l'eftomac, on fait gonfler non-feulement l'eftomac , mais encore l'inteftin principal &: les quarante cœcum , dans lefquels l'air entre par les quarante ouvertures qui fe voient au dedans de l'inteftin principal. J'ai trouvé la cavité qui renferme l'eftomac & les inteftins pleine d'une eau falée ; l'autre cavité , qui occupe le dos , étoit pleine de la même eau ; elle y entre par un trou large & rond dont on voit l'orifice à l'extérieur au mi- lieu de la peau du dos : dans l'eau de cette cavité du dos je vis nager huit vermifleaux très-petits ; ils font repréfentés tels qu'on les voit au microf- cope, Planche XXXIV. Figure V. ils étoient tranfparents comme le plus beau'cryftal de Murano. Olivier Jacobaeus [a] de Danemarck fait men- tion d'un petit animal marin fort reflemblant à Hourfin que je viens de dé- crire ■ il le nomme vermis aurcus & eruca marina ; mais il me paroit que cet animal diffère beaucoup , quant à la ftrufture intérieure , de celui que j'ai' décrit. A l'extrémité du bas-ventre du dauphin femetle , fers la queue, on voit à l'extérieur une foffe ou cavité longue d'un huitième de brafle : à l'en- trée de cette cavité longue eft l'orifice de la partie naturelle ; à côté de cet orifice dans la même cavité fe trouve une autre ouverture par où fe fait l'écoulement de l'urine ; au bout de cette même cavité il y a un troi- fieme orifice , qui eft celui de l'anus : fur les deux rebords de cette même cavité, il fe trouve deux petites fentes, une fur chaque rebord &c de cha- cune de ces fentes fort un mamelon ; ces deux mamelons font les bouts des [j] Atles de Copenhague, toin. 3. chap. 4. & $v mamelles • ACADÉMIQUE. 5:37 mamelles qui fervent au dauphin à nourrir fes petits : ces mamelons ff s'alongent & s'accourciffent , ils font ouverts à leur extrémité , & lorf- RrDI DEÇ Ani- qu'on introduit une longue fonde dans leur ouverture, elle entre fort maux'vivants, avant dans un long canal interne qui parcourt un corps glanduleux d'un 6'c- volume allez confidérable : ce long canal interne eft tout rempli de cellules , ou plutôt de facs membraneux dont quelques-uns ont leur ouverture tournée du côté de la tête du dauphin , & d'autres du côté du mamelon. L'ouverture de la partie naturelle qui fe trouve, comme je l'ai dit, à l'en- trée de la fente longue &C extérieure du bas-ventre, conduit a une ca- vité fpacieufe , au fond de laquelle s'élève un gros mamelon ridé , ou- vert à fon extrémité , & qui a à l'un des côtés de fa bafe une aile mem- braneirfe épaiffe , dure & ferai-circulaire. Il (embleroit au premier coup d'oeil que ce mamelon ouvert, gros & faillant, eft le cou de la matrice qui conduit à fes deux cornes : ce ne l'ell cependant pas , car ce mame- lon entre dans une autre cavité plus petite que la première , & au fond de laquelle s'élève un autre mamelon femblable an premier , & qui a de même à l'un des côtés de fa bafe une aile membraneufc , épaiffe, dure & femi-circulairc : l'ouverture de ce fécond mamelon communique à un canal ou paffage affez large, & long de cinq bons travers de doigt, au. fond duquel font deux ouvertures inégales qui conduifent dans les deux cornes de la matrice , dont la longueur ell de plus d'un tiers de braffe, mefure de Florence : chaque corne par fon extrémité s'approche de ion tefticule , qui eft parfaitement femblable pour la grandeur & la figure à. irne amande pelée Se blanche ; en l'obfervant attentivement, on voit qu'il eft tout rempli d'œufs très-petits. Je remarquai une fois que la fui-face-. intérieure de ces deux cavités de la partie naturelle du dauphin femelle, étoit rude & inégale à car.ie de certaines veffics ou globules (aillants ,, d-e différentes grandeurs', & qui renfermoient chacune un vermiffeau fait. en demi-lune. Je vis ces mêmes globules vermineux fous la première tu- nique extérieure du canal des aliments : ce canal ell très-long ; car dans ce dauphin qui peibit deux cents livres de Florence , c'eft-à-dire, de douze-, onces , & dont tout le corps n'avoit que trois braffes & un tiers de long,, le canal des aliments étoit long de quarante-trois braffes. Quelques pe- tits vermiffeaux femblablcs à ceux que contenoient les globules , ram- poient librement dans toute la cavité intérieure de ce canal , particuliè- rement dans les inteftins les plus gros & les plus voifins de l'anus. Dans, le parenchyme intérieur du foie de ce même dauphin , je trouvai deux. gTands conduits biliaires : ils étoient û larges , que mon petit doigt entroit: aifément dans leur cavité. Au fortir du foie, ces deux branches ou con- duits s 'unifient en un feul tronc dont les parois font ii épaiffes, qu'il rel- fèmble plutôt à un gros inteftin qu'à un (impie tronc du conduit biliaire :- à fix bons travers de doigt du foie , les parois de ce conduit sVpaifif- lènt encore & là capacité intérieure augmente à un tel point, qu'il de- vient femblable à un gros œuf ; enfuite il s'attache extérieurement &. s'unit au duodénum ; il parcourt un efpace de cinq bons travers de doigt fans fe féparer de cet inteltin : toute la partie du conduit biliaire atta- chée à l'inteflin , eft cannelée à l'intérieur ôi pleine de cavités dont les. Tom, IV, des Acad. Etrang.. Y y y î3g COLLECTION _ rebords font affez Taillants , épais & durs : ce tronc diminue enfuit? Redi des Ani- Peu à peu , perce l'inteftin , &C introduit dans fa cavité un gros marne- maux Vivants, Ion par où il fe termine, & par l'ouverture duquel il verle la bile en <-(?. grande abondance ; je dis en grande abondance , car j'ai trouvé tous les conduits biliaires extrêmement pleins débile , tant ceux qui ont leur origine dans le foie même , que ce gros tronc qui en dérive ; il y a quant à cette longue union du canal biliaire avec l'inteftin , beaucoup de reffem- blance entre les conduits biliaires du dauphin & ceux de la loutre, ani- mal quadrupède ; mais pour venir à la circonftance qui appartient à mon fujet le conduit biliaire du dauphin eft à peine forti du foie , qu'il eft en- vironne tout autour par un corps glanduleux qui le ferre étroitement; ce corps , qui fait peut-être office de pancréas , eft fi gros que dans le dau- phin dont je parle, il pefoit dix-neuf onces , il étoit tout parfemé de pe- tites véficules , dont chacune renfermoit un ver. Ce corps glanduleux qui enveloppe & couvre tout le conduit biliaire a peut-être donné lieu à l'erreur de quelques auteurs anciens & modernes , qui affirment que le dauphin n'a point de fiel : non-feulement ce corps glanduleux étoit plein de véficules vermineufes, mais deux greffes glandes attachées aux côtés de l'inteftin reclum en étoient pleines auilî, de même que deux autres glandes qui pendoient aux extrémités des deux lobes du poumon , quatre glandes femblables qui étoient jointes à la tunique extérieure du premier ef- tomac & beaucoup d'autres greffes glandes répandues entre les deux cornes de la matrice , & dans l'efpace compris entre les deux reins. Le cer- veau n'avoit point de vers , il étoit très-gros & pefoit trente-fix on- ces ; celui d'un autre dauphin , du poids de trois cents quatre-ving livres , pefoit cinquante-huit onces , ce qui eft remarquable dans un poiffon ; car pour l'ordinaire , la cervelle des poiffons a très-peu de volume & de poids , comme on le voit par le chien carcharias qu'a décrit Stenon : cet animal qui pefoit plus de trois mille livres , n'avoit pas trois onces de cervelle. Pour moi je me rappelle que dans une tortue de mer, du poids de foixante-neuf livres , je trouvai que le cerveau ne pefoit pas la lixie- me partie d'une once ; & dans un renard marin , qui tout entier & fans être vuidé , pefoit vingt-huit livres , le poids du cerveau n'étoit que d'un quart d'once. Je dirai encore plus , un thon qui , bien vuidé de toutes les parties intérieures, pefoit trois cents quatre-vingt-dix livres , n'avoit guère plus d'un huitième d'once de cerveau , & un autre thon du poids de trois cents quarante livres , vuidé auffi de tous les vifeeres , n'en avoit pas même un huitième d'once. On peut donc affurer comme une chofe ftngnliere , & qui n'avoit point encore été obfervée , que le dau- phin eft de tous les animaux celui qui a le plus de cervelle , par pro- portion à la grandeur totale du corps : car les bœufs & les buffles, qui pefent jufqu'à quinze cents livres , ont à peine deux livres de cervelle , ou très-peu plus. Apicius & Athénée affurent que la cervelle du dauphin eft très-bonne à manger , & qu'elle ne çede point à cellejdu veau , ni à aucune ACADÉMIQUE. ï39 autre qu'on puiffe fervir fur les meilleures tables : (eues eiIU"erlt rejetté tout le venin dont elles s'étoient imbibées , ce qui donnoit au lait une teinture d'un jaune verdâtre. Ces Religieux offri- rent de confirmer leur récit par l'expérience , & tandis qu'on cherchoit pour cela des vipères , Mr. Vincenzio Sandrini , un des plus habiles artil- tes de la Pharmacie du Grand Duc , ayant examiné ces pierres , fe fou- vint qu'il en confervoit depuis long-.temps de femblables , il les fit voir à ces Religieux , qui convinrent qu'elles étoient de même nature que les leurs, & qu'elles dévoient avoir les mêmes vertus. La couleur de ces pierres eft un noir femblable à celui de la pierre de touche ; elles font liffes & luftrées comme fi elles étoient vernies ; quel- ques-unes ont une tache grife fur un côté feulement, d'autre l'ont fur les deux côtés ; il y en a qui font toutes noires & fans aucune tache , & d'autres enfin qni ont au milieu un peu de blanc fale, & tout autour une teinte bleuâtre : la plupart font d'une forme lenticulaire ; il y en a ce- pendant qui font oblongues : parmi les premières les plus grandes que j'aie vues font larges comme une de ces pièces de monnoie appellées groffi, & les plus petites n'ont pas tout-à-fait la grandeur d'un quattrïno. Mais quelque foit la différence de leur volume, elles varient peu entre elles pour le poids ; car ordinairement les plus grandes ne pèlent guère au-delà d'un denier & dix-huit grains , & les plus petites font du poids d'un denier &.fix grains. J'en ai cependant vu & effayé une qui pefoit un quart d'once & lix grains , elle étoit plus large qu'un teftort.^ La faifon étant cette année plus froide qu'elle ne l'eft ordinairement , les vipères n'étoient point encore forties de leurs trous , & il fut împofli- ble d'en avoir une feule qui pût fervir aux expériences en queftion^: c'eft pourquoi on réfolut de faire le lendemain l'effai des pierres fur d'autres venins , les favants & les médecins les plus célèbres de l*Umverfité de Pife s'affemblerent pour en être témoins. Parmi les venins qui empoifonnent les plaies , on choifit l'huile de ta- bac , comme l'un des plus piaffants ; on enfila une aiguille avec un fil blanc double , qu'on humefla de cette huile fur la longueur de qua- tre travers de doigt , & ayant piqué avec cette aiguille la cuiffe d'un poulet, on y fit paffer le fil envenimé ; aufli-tôt un des Religieux ap- pliqua fur la bleffure fanglante une de ces pierres, laquelle s'y attacha for- tement comme il l'avoit annoncé ; cependant le poulet mourut dans Pet- pace d'un demi quart d'heure, au grand étonnement de ces Religieux. Non contents de cette épreuve , ils voulurent la répéter fur un fécond poulet qu'ils piquèrent eux-mêmes, après avoir "de nouveau mouille le même fil avec la même huile ; ce poulet mourut aufll en très - peu de temps, malgré l'application de la pierre ; enfin, ils firent une troifieme ACADÉMIQUE. 543 ayant appliqué la pierre fur fa bleffure, le poulet ne parut nullement in- ' commode , on le bluffa de nouveau fous l'aile droite avec une lancette , red, ? Obser- &C l'on fit tomber quelques goutte d'huile de tabac fur fa bleffure fan- vationssurdi- glante où l'on appliqua fur le champ la pierre , & il ne parut pas encore verses choses avoir le moindre mal ; mais il fouffrit & s'agita beaucoup lorfqu'on lui naturelles,^ eut fait une troifieme bleffure , en lui paffant dans la cuifle gauche un fil bien humecté de cette huile venimeufe : cependant il reprit fes forces quel- ques heures après , & le lendemain matin il étoit entièrement guéri. Ceux qui vouloient que ces pierres euffent quelque vertu, encouragés par ce fuccès, demandèrent qu'on fit de nouvelles épreuves fur différents animaux , ces épreuves furent fui vies de la mort des animaux & prouvè- rent évidemment que ces pierres n'avoient aucune vertu contre le venin de lliuile de tabac : cependant on foupçonna que dans les expériences précédentes , les animaux n'étoient peut-être morts , que parce que les parties oii ils avoient été bleffés ayant été percées de part en part , cha- que bleffure avoit deux ouvertures , & qu'on n'avoit appliqué la pierre que fur l'une de ces iffucs ; mais ce doute fut bientôt levé par de nou- velles expériences qui furent faites fur quelques poulets qu'on bleffa de la même manière que les premiers , & qui moururent , quoiqu'on leur eût appliqué deux pierres. Un fait qui mérite d'être obfervé , c'eft que de deux chapons aufquels on avoit fait , dans la même partie & au même inftant , des bleffures éga- les , celui auquel on appliqua les pierres , mourut quelques minutes avant l'autre. Je ne vois point d'abfurdité à croire que l'application de la pierre peut accélérer la mort de l'animal , parce qu'en arrêtant l'effufion du fang , elle empêche la fortie de quelque partie du venin que le fang en- traîneroit. J'ai fait plufieurs épreuves femblables en différents temps & en préfence de plufieurs hommes célèbres, ( *■ -. V ~ . avec des vipères apportées de Naples &c des collines voifines de Flo- rence. Entr'autres expériences , je m'en rappelle une que je fis le neuf de ■ mai , en préfence de plufieurs favants ; je fis mordre par quatre vipC- ; res quatre pigeons , à chacun dcfquels on appliqua une pierre , & qui ' cependant moururent tous quatre , dix minutes après avoir été mordus. Je fis la même épreuve fur quatre poulets, dont trois moururent dans Eefpace de vingt minutes , & le quatrième , qui en fe débattant avoit fait tomber la pierre, ne mourut qu'au bout de cinq heures. Après tant d'e>- preuves , ne voulant pas encore me fier à la bonté des pierres que j'a- vois entre les mains, non plus qu'à celles du Grand Duc, j'en employai une autre qui avoit été donnée par un Dominicain , revenu des Indes j, au docteur Cheluzzi , profeffeur de médecine à Florence , & je la trou- vai également dépourvue de toute vertu contre le venin des vipères & des feorpions d'Afrique que j'ai décrits ailleurs. ( a ) Je venois de recevoir beaucoup de ces feorpions de Tunis ; & dans le' mois de juin je fis mordre par quatre de ces animaux , dans la partie la plus charnue de la poitrine , quatre pigeons que l'application de la pierre n'empêcha pas de mourir dans l'efpace d'une heure. Un chapon qui fubit la même épreuve , ne mourut qu'au bout de fept heures ,.& un cochon d'Inde que ie fis piquer auffi par un feorpion de Tunis , & auquel j'appliquai une pierre des plus belles & des plus grandes , réfifta dix-huit heures. Je ne prétends pas pour cela révoquer en doute les deux expériences contraires faites en dernier lieu à Rome, mais je crois que l'homme & le chien qui • ont été guéris de la morfure d'une vipère , ne doivent point leur guénlon à la pierre , mais à une forte & vigoureufe complexion qui l'a emporte fur l'activité du venin de la vipère , laquelle auffi n'avoit peut - être pas fes forces & fa vivacité ordinaires : ou bien cet événement eu un de ces- prodiges , qui lbuvent reftent inexplicables pour toujours ; mais dont quei-J quefoïs auffi on parvient par un mur examen à connoître les caufes. Je rapporterai à ce fujet plufieurs choies de ce genre, que j'ai pour la plu- part obfervées moi-même. ' Plufieurs croient fur la foi de Diofcoride (T) & de Pline (c) que 1 herbe nommée chélidoine a été trouvée par les hirondelles qui s'en fervent pour ouérir les yeux de leurs petits , lorfqu'ils ont été crevés ou bleffes par quelque accident. Tertullien ( d) attefte le même fait : cependant on ne trouve jamais de chélidoine clans les nids d'hirondelles , & cette herbe n'a point dé part à la cure qu'on lui attribue , laquelle cft opérée par la nature feule : chacun peut s'en affurer en crevant les yeux avec une ai- guille ou une lancette , à des hirondelles ou à tout autre oifeau : j'en ai fait l'épreuve fur des pigeons, fur des poules, des oies, des canards & des poulets d'Inde; je les ai tous vus guérir naturellement & fans aucun (a) Expériences fui la génération des infe&es.- (£) Liv. i. (c) Hijl. nat. liv. huit & vingt-trois. ( « fait pas que ces choies prifes par la bouche ne font pas des poilons, croit que ces gens n'évitent la mort que par la vertu de leurs antidotes, &c que c'eft aufli par ce moyen qu'ils fe font mordre impunément par des vi- pères , tandis que c'elt feulement parce qu'ils ont eu foin auparavant d'ô- ter les dents à ces animaux , de leur ncttpyer la bouche , le palais & la gorge, & de déchirer les vélicules des gencives où réfide la liqueur jau- ne , qui eft le venin de la vipère : d'autres avalent fans beaucoup de dan- ger les corrolifs les plus forts, comme l'arienic ôc le fublimé, moyen- nant la précaution de fe remplir d'abord l'eftomac de certaines patifleries fort ondueufes , & enfuite de fe faire vomir auiïï-tôt qu'ils ont avalé ces corrofifs. Il v a plus de fubtilité dans la fourberie de ceux qui fe vantent de ren- dre les hommes invulnérables n & à l'épreuve du fer ou du moufquet : cette fuperiiition des enchantements , dont les anciennes fables & quel- ques romans modernes iont pleins , eft encore en vogue chez les Orien- taux. J'ai même vu à Florence de ces gens qui fe diloient invulnérables , & je fus témoin d'une expérience qui découvrit la fourberie des charla- tans qui les avoient trompés. Un foklat qui le croyoit enchanté , demanda fi inftamment d'en faire la preuve, qu'on y confentit ; mais le Grand Duc n'ayant pas voulu permettre qu'on lui tirât un pillolet dans le iein comme il le demandoit , on dirigea le coup- vers la partie la plus char- nue des ferles que la balle perça en travers de part en part. Peu de temps après on vit reparoitre à Florence deux autres foldats , dont l'un le difoit invulnérable, & l'autre étoit celui qui l'avoit enchanté ; le premier mon- trait cinq meurtrinurcs qu'il avoit fur la cuilîe , îk qui y avoient été im- primées par autant de coups de pillolet tirés par Ion camarade à la dis- tance ordinaire ; on fit la même épreuve que la première fois & avec le même fuccès ; le charlatan fut arrêté & forcé d'avouer fon fecret, qui confiftoit dans la manière de charger les armes ; il mettoit d'abord quel- ques grains de poudre feulement , & enfuite la balle qu'il couvrait exac- tement avec de Fétoupe ; puis il mettoit une bonne charge de poudre qu'il bourroit bien , de forte que le coup faifoit beaucoup de bruit ; mais la balle n'étant pouflée que par le peu de poudre qui étoit au fond, n'avoit prefque aucune force & ne pouvoit faire qu'une légère meurtrilïure. Ce n'clî pas feulement en Tofcane qu'on a démafqué ces fourberies ; Olaus Bor- richius profeiTeur de l'Univerfité de Copenhague, à qui j'avois raconté ce que je viens de dire , me fit part aufli d'une expérience faite à la Cour de Danemarck , où des gens qui fe difoient invulnérables n'avoient foutenir aucune épreuve. () De la gencration des animaux, liv. quatre.. Hijl..tJt. lLv. fix. To/n. IV. des Acad. Etran^ Z zr U6 COLLECTION _■■ C'eft par une fupercherie de ce genre , accompagnée de cérémonies Redi Oasip- fuperftitieufes, que les Santons ou Dervis Turcs prédifent le fuccès d'une ba- v ations sue di- taille ; & quoique leurs prédirions foientfouvent démenties par l'événement, verses choses |es crédules Mahometaus s'y laiffent toujours prendre ; la politique Ot- nat'jrelles,6-£. toinane entretient même cette erreur pour encourager les foldats par l'ef- pérance d'une victoire certaine. Tous les prelriges des Infidèles cachent toujours quelques tours de main , & ces impoftures font très anciennes : l'écriture fainte & les hiftoires en font fouvent mention ; je n'entrerai dans aucun détail fur ce qu'on en a écrit, & je me contenterai de rappor- ter un fait, dont j'ai été témoin oculaire il y a quelque mois. Un citoyen deGoa, natif de Mafagam en Afrique, avoit apporté à la Cour de Tol- cane beaucoup de curiofités étrangères , & entr'autres plufieurs morceaux de tavarcaré, que nous appelions coco des Maldives ; à toutes les pro- priétés que plufieurs écrivains ont attribué à ce coco , cet homme ajou- toit encore une vertu finguliere : il afiuroit que comme 1'airrmnt & le fer ont une forte de fympathie mutuelle , ce coco avoit au contraire une telle antipathie pour le fer , qu'il le repouffoit & le forçoit à s'éloi- gner ; il offrit d'en faire l'épreuve à l'inftant ; mais lorfque je lui pré- fentai un morceau de fer , il me dit que comme la pierre d'aimant de- voit être armée pour mieux faire fon effet , il falloit ici , que non pas le coco , mais le fer fût armé & qu'on pourrait faire cette expérience avec une lame d'épée garnie de fa poignée : on lui donna donc une épée nue, dont il tourna la pointe en bas, & foutint la garde fur les extrémités de fes deux doigts index , qu'il tenoit dans une pofition ver- ticale, de forte que l'épée étoit fufpendue en l'air ; alors il me dit d'ap- procher un grand morceau de coco vers le milieu de cette lame , qui en effet fe retira , mais je vis que cela étoit arrivé par le mouvement vo- lontaire des doigts de celui qui la tenoit , & ayant voulu la tenir moi- même , elle ne fit plus aucun mouvement à l'approche du coco, (à) Ce font-là de ces impoftures qu'on nomme tours de main ; mais il arrive quelquefois que par des obftacles inconnus ou non remarqués , certaines caufes très-puiffantes ne produifent point leurs effets ordinaires, comme lorfqu'un fort purgatif ne caufe aucune évacuation. Boyle rapporte- qu'ayant lu dans l'hiftoire naturelle du Chancelier Ba- con , que l'eau de vie fumage fur l'huile d'amandes douces , il voulut en faire l'expérience, & trouva toujours que l'eau de vie alloit au fond & que l'huile fumageoit ; mais qu'ayant employé enfuite de l'efprit de vin bien re&ifié, l'expérience confirma ce qu'avoit dit Bacon, lequel n'avoit pas remarqué, ou avoit négligé d'avertir, qu'il falloit que l'eau de vie fût (j) Gab. Clauderus fe déclare contre l'opinion de Redi (Epherri. année 1688. obf. 159. & 160.) fans alléguer aucune expérience. Il cite au même endroit un fait que je •ne répéterai , que parce qu'il l'attefte comme témoin oculaire. Un homme avoit une épée qu'il di'foit enchantée, & dont il fuffiloit de toucher le pomeau pour être frappé d'épouvante. Cela peut s'expliquer par l'effet de quelque drogue chymique , dont on avoit enduit le pomeau de cette prétendue épée enchantée, ou par l'abus de quelque phénomène inconnu , tel que l'électricité ; ou peut-être Clauderus a-t-il été dupe de ce qu'il voyoit , d'autant plus que cet auteur paroît très-crédule. ACADÉMIQUE. 547 très-pure, & ne contînt que peu ou point du tout de phlegme. . On trouve dans les EJ/'ais d'expériences phyjîques de l'Académie del Ci- ~~ÏT. q ' mtnto , que toutes les eaux naturelles de fleuves, de thermes, de fontai- vationssurdi- nes &C de puits , fe troublent lorfqu'on y mêle quelque eau diftilléc dans verses choses le plomb, à l'exception de l'eau de l'aqueduc de Pife , qui ne blanchit natvrelles,6-c. ni ne fe trouble jamais. Ce tait eft attelle par un grand nombre d'hom- mes célèbres , tous témoins oculaires ; cependant depuis quelques mois j'ai reconnu que l'eau de l'aqueduc de Pife fe trouble auflî , & je ne vois pas à quoi l'on peut attribuer cette nouveauté, ri ce n'eft au mélange de quelques parties terreftres qui auront pénétré depuis peu dans la fource de cette eau : peut-être àuffi que toutes les eaux dilîillées dont on s'étoit fervi dans les expériences précédentes , s'étoient très-peu chargées du fel du vaifleau de plomb où elles avoient été diftillées , de forte qu'elles ne pouvoient troubler que les eaux les moins pures , & non pas celle de l'aqueduc de Pife', qui elt de la plus grande pureté, & qui ne fe trouble que lorfqu'on y mêle une eau qui en diftillant fe foit fort imprégnée du Ici du Vaifleau de plomb ; il elt vrai qu'en faifant cette épreuve avec foin & y employant beaucoup de différentes eaux diftillées , on en trouvera quelques-unes qui ne feront jamais troubler l'eau de l'aqueduc de Pife, & d'autres qui la troubleront à l'inllant qu'elles y feront verfées ; outre la diverfité des vaifl'eaux, plufieurs circonstances de la diftillation peuvent influer fur ces effets , comme les différents degrés de chaleur & les diver- fes qualités des fleurs & des herbes dont ces eaux font tirées ; il y a auflï une grande différence entre la première eau qui fort de l'alambic , & la dernière qu'on tire lorlque le fel du vaifleau eft , pour ainfi dire., épuifé par plufieurs jours de diftillation ; enfin , il peut réiidter une grande variété, du plus ou moins d'eau diftilléc qu'on verle dans celle de l'aqueduc de Pife, qui d'ailleurs ne fe trouble jamais autant que toutes les autres eaux na- turelles que j'ai éprouvées, à l'exception de l'eau de la Pefcia , rivière qui arrofe la vallée de Nievole en Tofcane, & de l'eau douce d'une pe- tite fontaine qui fe trouve dans le pré du palais des Bonvifi , fitué dans les montagnes de Lucques , aflez près du bain délia Villa : ces deux eaux font très-analogues à celle de l'aqueduc de Pife &l ne fe troublent pas plus ; au refte, l\au fi vantée du Nil & celle du puits de la Mcque, fi révérée des Mahomctans, fe troublent aufli aifément que les eaux les plus com- munes, & je m'en fuis allure par le fait. Dans les rpêmcs EJJais d'expériences phyfiqties , on dit que les eaux dif- tillées dans le verre ne fe trouble point par le mélange des eaux diftillées dans le plomb. Ce fait eft très-fouvent confirmé par l'expérience , mais non pas tou- jours : j'ai fait diftillcr de la pariétaire au bain-marie dans des vaiffeaux dé verre ; au bain de fable, dans des vaiffeaux d'or & d'argent à cha- piteau de verre, & dans le fourneau d'étuve avec des vaiffeaux de verre & de terre verniffée ; l'eau qui en eft fortie eft toujours devenue trou- ble & blanche comme du lait, lorfqne j'y ai verfé un peu d'eau rofe ou d'eau de fleurs de mirthe diftillée dans le plomb. Je mis un jour dans un alambic de verre quatre livres de pariétaire, à l'inflant qu'elle fut cueit- ZZZ2 548 COLLECTION lie , & ayant couvert la cucurbite avec fon chapiteau à bec , j'en fis dif- Redi Obser- I''^er ^'eau ? a un kain ^c 'a^^e toujours égal , jufqu'à ce que la pariétaire vationssurdi- lût defféchée , èv pour ainfi dire calcinée ; & pour diftinguer les diffé- verses choses rents effets des eaux qui paffent les premières & de celles qui viennent naturelles^, enfuite , je changeai quatorze fois de récipient ; ces quatorze effais d'eau blanchirent tous , par le mélange de l'eau rofe diftillée dans le plomb. Je fis cette expérience au mois d'avril , & je la réitérai dans les mois de mai & de juin : eniliite pour faire une autre épreuve , je mêlai les reftes de ces quatorze effais , & je les fis de nouveau diftiller au bain-marie , dans un vaiffeau d'argent à chapiteau de verre , en changeant huit fois de ré- cipient ; les eaux des fept premiers récipients fe troublèrent toutes , & il n'y eut que celle du huitième & dernier récipient qui ne le troubla ja- mais , quoique je l'éprouvaffe avec diverfes fortes d'eaux diftillées dans le plomb. Dans ces expériences la méliffe donne à-peu-près les mêmes rciultats que la pariétaire , quelquefois cependant avec tin peu de diffé- rence : mais il y a des herbes qui étant diftillées dans le verre au bain de fable , produifent dans les épreuves de très-grandes variétés ; car ou elles ne blanchiffent jamais , ou bien il ne blanchit que les premières eaux qui font tombées dans le récipient , & non pas les dernières , qui loin de fe troubler , éclairciffent les eaux troubles avec lefquelles on les mêle , &c leur rendent leur première tranfparence , comme font auflï les fucs du limon & du verjus , & encore mieux le vinaigre fort , & le vi- naigre diflillé, mais non pas l'efprit de vitriol. Ces dernières eaux font d'autant plus efficaces pour en éclaircir d'autres , qu'elles ont été diftil- lées à un feu plus violent : chacun peut s'affurer de ce fait fur la poirée & fur la lauge , mais non fur la pariétaire , dont l'eau fe trouble tou- jours également , comme je l'ai déjà dit. Les eaux diftillées dans le four- neau d'etuve , dans des alambics, foit de verre , foit de terre verniffée à cha- piteau de verre, fe troublent prefque toutes ; il y en a cependant quelques- unes qui ne fe troublent jamais : parmi celles qui fe troublent, les unes font les premières qui font forties de l'alambic, d'autres font celles du milieu ou de la fin ; d'autres font celles qui diftillent des alambics placés au bas du fourneau d'étuve ; d'autres enfin , celles des alambics fitués au deffus ; fouvent il ie trou- ve que ces eaux ne gardent pas conftamment le même ordre dans leurs effets, & il peut arriver que l'eau d'une certaine herbe s'étant toujours trou- blée dans une épreuve , on tire une autre fois de la même efpece d'herbe une eau qui ne fe troublera point : c'eft pourquoi il eft très-difficile d'é- tablir quelque chofe de général fur ce fujet ; peut-être en parlerai-je quel- que jour plus au long , en temps Si lieu , car cette matière eft fort cu- rieulc & pleine de variétés très-lingulieres. L'eau de cannelle diftillée dans des alambics d'or, d'argent, de cuivre étamé ou de verre , à chapiteau de verre, conferve toute fa tranfparence, lorfqu'on la oarde dans des vaiflèaux de verre ; mais dans le cryftal de Pifeelle fe trou- ble en peu d'heures , s'épaiffit & devient blanche comme du lait ; au bout de quelques jours elle jaunit peu à peu , & prend un goût d'amande amere : j'ai répété plus de cent fois cette expérience fur de l'eau de cannelle diftillée avec du vin ou fans vin : elle ne fe trouble pas fi vite dans le cryftal ACADÉMIQUE. 749 de Rome &de Venife, ce n'eft qu'au bout de deux ou trois jours qu'elle — *— — commence à y blanchir , Se elle n'y jaunit jamais &C n'y prend point le redi j qbser- goût d'amande amere : elle conlerve encore plus long-temps fa tranfpa- vationssurdi- rence dans le beau cryftal qu'on fabrique à Paris , elle y blanchit fi peu, verses choses qu'on pourroitprelque dire qu'elle n'y blanchit point du tout ; j'attribue cet naturelles, ùc. effet de certains cryltaux kir l'eau de cannelle, au fel contenu dans le cryftal , & qui à la longue, le ronge & le brife; il eft aifé de s'enaffurer, en fai- fant diifoudre dans de l'eau de cannelle diftilléc , une quantité proportion- née de ce fel, on verra l'eau fe troubler, & l'on reconnoitra l'erreur de ceux qui prétendent que les vaiffeaux de cryftal ne peuvent caufer au- cune altération aux liqueurs qu'on y renferme : cette opinion eft d'au- tant plus aifée à détruire , que certaines eaux diftillées dans le plomb blan- chiffent dans le cryftal de Pife, quoiqu'un peu plus lentement que l'eau de cannelle. On voit fouvent aufïi de la variété dans les effets de la poudre , qu'on nomme tonnante , elle fe fait avec trois parties de nitre rafiné , deux de fel de tartre , & une de fleur de foufre , & elle tire fon nom de l'effet qu'elle produit ; car fi on met un peu de cette poudre dans une cuiller ou autre infiniment femblable de métal, & qu'on tienne la cuiller fur la flamme d'une chandelle , ou fur des charbons ardents , la poudre change de couleur peu à peu Si fait un bruit femblable à un coup de piftolet ou de moufquet , félon que la dofe eft plus ou moins forte ; mais il fe trouve quelquefois que cette poudre après avoir très-bien réufîî dans une première épreuve , ne fait aucun effet dans ^a féconde &C qu'enfuite elle fait fon effet lorfqu'on répète l'expérience , comme il m'arriva lorf- que je voulus la faire voir à Mr. Loren^o Magalottl ; car d'abord la poudre ne fit point d'effet & fe fondit comme de la cire , mais dans la féconde &c la troifieme épreuve elle réufïit fort bien. 11 m'eft arrivé plus d'une fois d'avoir beaucoup de peine à faire mou- rir quelque animal à force de morfures de vipère, ou à force d'huile de tabac. Plufieurs circonftances influent fur ces effets ; le venin de la vipère peut fe trouver diminué confidérablement & même épuifé , foit par des morfures récentes , foit par quelque aliment âpre & déterfif que la vipère aura mangé, & qui aura pu lui ratifier la bouche, le palais & la gorge ; ou bien le venin étant abondant , il n'arrivera point julques dans la maffe du fang , parce que la bleffure aura été ou trop fuperficielle , ou faite dans quelque partie peu fournie de veines & d'artères , fur-tout fi rani- mai qui fubit cette épreuve , eft de grande ftature ; car la vipère ne tue pas fi ailément les grands animaux que les petits : il arrive aufii quelque- fois que le fang qui fort de la bleffure entraîne tout le venin qui y étoit entré ; d'ailleurs il fe peut que toutes les vipères ne foient pas égale- ment venimeufes , & que le climat influe beaucoup fur l'activité de leur venin. De même l'huile de tabac ne fait pas mourir tous les animaux , du moins avec la même promptitude , lorlque la bleffure n'a point ou- vert de veines ou d'artères un peu ^roffes. Enfin , tous les tabacs ne don- nent pas une huile également véneneufe ; il y en a même qui ne l'eft point du tout , comme l'expérience me l'a fait voir avec la plus grande 5 50 COLLECTION — — — '■m certitude ; j'ai trouve beaucoup de différence entre le tabac du Brefil Redi Obser- & celui de l'hle de Saint Chriflophe : le tabac de Varina & celui du vationssurdi- Brefil, ont à -peu -près les mêmes effets ; mais le tabac de Terre- vlrses cHOits neuve, de l'ifle de Nieve , de Saint Martin & de l'Anguille, différent Naturelles. 6v, peu jg celui de Saint Chriflophe dans leurs effets : enfin, le nôtre opère encore différemment, quoique tous donnent unchuilc empireumatique , dont l'odeur eft très-mauvaife & prefque infuportable ; mais ce qui pa- roît bien fingulicr, c'efl que tandis que l'huile de tabac introduite dans les plaies, tue fort promptement, ou caufe au moins de très-facheux ac- cidents ; il y a des gens qui guériffent avec la feule poudre de tabac , toutes les coupures , & toutes les blefliires que les chirurgiens nomment Amples. Le père Antonio Veira Jcfuite, qui a paffé trente-deux ans dans le Brefil , m'a dit que dans ce pays le remède le plus ufité pour les blef- iiires , elt le fiic de tabac frais , ou de feuilles de tabac ; & Nicolas Me- nardes rapporte que les Indiens guériffent les blefliires faites par les flè- ches empoifonnées des Cannibales , avec ce lue , lequel non - feulement empêche l'effet du venin, mais encore arrête l'hémorragie & fait cica- trifer les plaies fort vite. Plufieurs perfonnes mâchent tous les matins beaucoup de tabac & l'avalent fans inconvénients, au moins apparents, 6 cependant la moindre goutle d'huile de tabac qui entre dans l'eftomac, caufe des accidents mortels : de même le tabac en poudre , que tant de perfonnes prennent par le nez , fait mourir certains petits animaux , & en particulier les léiards, à l'inlrant qu'on leur en met dans la bouche. J'ai vu la même choie arriver aux fe-rpents dans des expériences que j'ai ré- pétées pendant deux ans confécutifs ;mais l'ayant tenté de nouveau cette année , je n'ai pu faire mourir aucun ferpent , ni reconnoître la caufe de cette différence, m 'étant fervi de ferpents de même efpece que dans les expériences des deux premières années. La poudre de tabac fait auflî mourir en très-peu d'heures les fang-fues loriqu'on les y roule , & ce n'eff. point comme poufliere qu'elle les tue , mais par une vertu qui lui cil propre. Ceux qui favent la manière de faire l'huile de tabac , doivent être en- core plus furpris de ce que tant de gens prennent impunément par la bou- che la fumée du tabac , & s'en abreuvent tellement le palais & les parties vùifmes , qu'ils la rejettent au dehors , par les yeux , par les oreilles & par les narines : on a même trouve un moyen fort aifé de faire paffer cette fumée dans de petits tuyaux , entourés & couverts de neige, d'où elle fort extrêmement fraîche ; il y a aufli des gens qui la prennent , mais chaude , en lavements, parle moyen d'un infiniment inventé depuis peu, & qui s'en trouvent foulages dans des maladies très-opiniâtres , & en particulier dans la colique. On pourra demander fi ce n'efl: point la manière de faire cette huile qui la rend fi meurtrière, ou s'il n'y entre pas quelque mélange d'autres ma- tières vénéneuiès , comme l'afi'ure un auteur françois, dans un traité fur le tabac , dédié à M. l'Abbé Bourdeiot ; je ne puis répondre autre chofe , linon que l'huile de tabac fe fait de la même manière que toutes les au- tres huiles les plus ialutaires dont on le fert dans la médecine , foit pour ACADÉMIQUE. vA les potions, foit pour les topiques, & qu'il n'y entre aucun mélange de m " .._, chofes qui puiffent la rendre vénéneufe : mais comme on prétend que L i marchands falûfient le tabac en Amérique , avec l'euphorbe & l'ellébore , vationssvrdi- j'ai fait tirer de l'huile de l'euphorbe & de l'ellébore , & les avant éprou- vhrses choses vées toutes deux (iir différentes bleffurcs , je n'y ai trouvé aucune arjpa- nàtu*eu»,6 rence de venin. Les peribnnes fuperftitieufes pourront à la vérité m 'ob- jecter que je n'ai pas obfervé , en cueillant l'ellébore , les cérémonies in- diquées par les auteurs de botanique, & en particulier par Pline; mais ces conditions myit érieufes font des charlataneries fur lesquelles les écri- vains ne font pas même d'accord entre eux. Rien n'eit plus connu parmi les auteurs d'Hiftoire naturelle que la vertu qu'a la torpille, d'engourdir la main & le bras de celui qui la touche: je m'en fuis afiïiré par plufieurs épreuves , &c j'en puis parler avec une en- tière certitude ; quelques pêcheurs à qui j'avois demandé une torpille m'en ayant apporté une toute vive , peu de temps après qu'ils l'eurent prife , à peine je la touchai 8c la ferrai avec la main , que je fentis un grand fourmillement dans toute la main, dans le bras. & dans l'épaule avec un tel tremblement & une douleur fi aigué a la pointe du coude que je fus forcé de retirer promptement ma main ; la même chofe m'ar- rivoit toutes les fois que je m'obftinois A toucher long-temps la torpille : mais à mefure que fa mort approchoit , cet effet devenoit moins fenlible quelquefois même je ne le fentois point du tout ; & lorfqu'elle fut prefque morte , ce qui arriva au bout de trois heures , je la maniai fans aucun inconvénient : c'elt peut-être pour n'avoir fait cette expérience que fur des torpilles mortes ou mourantes , que plufieurs perfonnes ont traité de fable la vertu attribuée à ce poiffon. Je ne puis décider avec la même âffurance s'il eft vrai qu'il ne foit pas befoin de toucher immédiatement la torpille pour en reffentir la vertu ; tous les pêcheurs l'affurent conftam- ment , ils difent que cette vertu fe communique du corps du poiffon à la main &c au bras du pêcheur, par les cordes du filet & par la ligne à la- quelle tient l'hameçon : l'un d'eux me dit qu'ayant mis cette torpille dans un grand vale , il fentoit en y verfant de l'eau de la mer un léger engour- diflement dans les mains. Je ne voudrais pas le nier, & je fuis même affez porté à le croire; cependant tout ce que je puis affurer, c'eft que lorfque j'approchois ma main de la torpille fans la toucher, ou que je plongeois mes mains dans l'eau où elle étoit , je ne fentois aucun engourdi ffement ■ mais peut-être que quand la torpille a toute fa vigueur, qu'elle eu dans là mer, & que fa vertu n'eff point affoiblie par les approches de la mort die produit tous les effets que les pêcheurs lui attribuent. Cette torpille fut prife le 14. Mars de l'année 1666. elle étoit femelle & pefoit environ tjuinze livres : je voulus en obferver les vifeeres mais je ne pus le faire alors qu'à la hâte & fiiperficiellenient. Je rapporterai ce- pendant ici ces obfervations dont j'ai confervé la note. Les yeux de la torpille font petits & placés dans la partie fupérieure à deux travers de doigt du bord de l'extrémité antérieure du corps : ils font faillants hors de leur orbites , comme deux petites cornes informes ; la pupille n'elt pas ronde, l'un des arcs de l'iris étant concave & l'autre »p COLLECTION ■ , convexe ; le convexe s'emboîte dans le concave , c'eft ainfi que la pupille * eft cachée par l'uvée, le cryftalliu eft rond, d'une fubftance molle à l'exté- v™'s?Jr ™" "eur & dure à l'Intérieur. SÏÏT chÔsk Les dents font aiguës à l'extrémité & larges à la bafe. natvbei.les,£c. Le foie fe divife en deux lobes, femblables à deux faux, attaches en- femble à leur bafe par une bande très-mince Se très-étroite ; il pefoit onze onces. LCCb* La véficule du fiel , affez grande & du poids de fix drachmes , étoit attachée au lobe droit du foie : Aldrovande a cru que ce fiel appliqué fur quelque partie du corps y occafionnoit le tremblement & l'engourdiffe- ment; mais par l'épreuve que j'en fis, je reconnus qu'il s'étoit trompé, je ne crois pas mieux fondée l'opinion de Pline & de Galien qui ont prér tendu que ce même fiel avoit la vertu de débiliter dans les hommes l'or- gane de la génération* L'eftomac & l'inteftin font fitués entre les deux lobes du foie. L'eftomac cil fi grand qu'un homme y ayant introduit fa main par la bouche de L'animal , laquelle eft auffi fort grande , peut aifément la tour- ner dans fa capacité ; fa fubftance eft charnue & fa furface ridée. Entre l'eftomac & l'inteftin eft un petit paffage qu'on peut nommer lq pylore ; il. fait deux angles ou plutôt deux contours qui. forment la figure. de la lettre S. „ ' , L'inteftin a tout au plus. fix travers de doigt de longueur, il eit tait en fpirale à l'intérieur ,. & reffemble beaucoup aux iiateftins du chien de mer non épineux ( pefee palomto ) &C des autres poiffons de l'efpece des chiens & de celle des raies ; il reffemble auffi , en grande partie , au double m- teftin cœcum de l'autruche & du lapin. Le pancréas Se la rate font fitués dans l'un des contour* que fait le py- lore ; la rate pefoit deux drachmes , elle étoit de figure elliptique : mais le. pancréas avoit une forme très-irréguliere , car il étoit gros Se large vers fa rate , Se il diminuoit Se dégénéroit en une longue bande en s'appro, chant de l'inteftin. Le cœur reffemble à celui des autres poiflbns , Se na quune oreillette „ il continua de palpiter pendant fept heures ,. après que je l'eus féparé du corps de la torpille , & de tout vaifiéau fanguin ; Se le corps léparé du cœur conferva manifeftement pendant l'efpace de trois heures du mouve- ment Se de la fenfibilité ; la queue fut la dernière partie qui cefTa de fe mouvoir ; & cela me fait fouvenir que dans une autre torpille , morte de-' puis quelques heures, Se déjà roide, j'obfervai encore un refte de mou- vement dans la queue. La torpille a deux ovaires attachés immédiatement aux deux lobes du foie , Se fitués entre le foie Se le diaphragme. Dans celle dont je parle cha- que'ovaire contenoit plus de cinquante œufsde diverfes grandeurs : des deux ovaires partent deux conduits qui aboutiffent dans les oviduclus. Je trouvai dans l'un de ces oviductus fix œufs affez gros , chacun du poids d'une once environ, Se d'une couleur verte tirant furie jaune, comme sUle de la bile poracée : dans, le fécond oviductus il y avoit huit œufs fem- blables- ACADÉMIQUE. 555 blables aux fix du premier ; lorsqu'ils furent tirés de leurs conduits ils pri- . . ■■■■ mi i— rent une figure plane & circulaire. redi j Obser- D'is la cavité des oviduSus éroit répandue autour des œufs une hu- vationssuRdi- meur femblable au cryftal liquéfie , Cv qui n'étoit point adhérente aux ovi- \ 1 Rsi s cho6'<.-. ner l'ufage ; car je crois que dans l'cftomac des oifeaux, la digeftion ne s'achève pas entièrement par la feule trituration , comme le veulent quel- ques perfonnes , mais qu'il faut encore un fuc pour mettre en fermen- tation, diffoudre , fubtilifer & convertir en chyle l'aliment déjà broyé; je penfe que les pierres avalées par les oifeaux , & mifes en mouvement par la force des mufcles , font feulement ce que feraient des dents : & j'ai obfervé que certains poiffons qui , comme la langoufte de mer , fe nourriflent de matières dures & les avalent entières , ont des dents' au dedans de la cavité de l'eftomac ; il eft très-utile de lire à ce fuiet l'ou- vrage de Thomas Corneille , intitulé Progymnafmu de mutationc. J'ai dit que les boules de cryftal creutes fe briioient en peu d'heures dans l'eftomac des oifeaux, mais que les boules maffives étoient plusieurs femaines à s'y pulvérifer : ayant fait avaler à un chapon quatre de ces boules maflîves de cryftal dont on fait des colliers & des chapelets cha- cune du poids de huit grains , je les retrouvai douze heures après' dans l'eftomac de ce chapon , faines , entières & avec tout leur luftre : feule- ment le trou par lequel on les enfile s'étoit rempli d'aliments broyés. Il en fut de même de quatre boules que je laiffai pendant vingt-qua- tre heures dans l'eftomac d'un autre chapon : un troifieme chapon ayant avalé quatre de ces mêmes grains de cryftal maffif , & les ayant gardés huit jours , je les lui retrouvai entiers dans l'eftomac ; ils avoient feule- ment perdu leur luftre & ils paroiffoient écorchés & diminués de vo- lume. Quatre autre de ces grains , après avoir féjourné feize jours dans l'eftomac d'un chapon , s'y retrouvèrent de même écorchés & beaucoup diminués , ainfi que quatre qui pafferent trente jours dans l'eftomac d'une poule. Je fis avaler à un chapon cent de ces boules ou grains de cryftal maf- fif & je l'enfermai dans une cage , fept heures après je vis qu'il en avoit encore beaucoup dans le jabot , mais au bout de dix-fept heures le ja- bot étoit entièrement vuide ; je le laiffai encore fept heures , tk l'avant enfuite fait ouvrir , je lui trouvai dans l'eftomac vingt-quatre d'e ces crains & neuf dans les inteftins ; le furplus étoit dans la cage parmi les excré- ments , & on voyoit que le chapon n'avoit point vomi ces grains mais qu'ils avoient paffé dans les inteftins , car le trou qui fert à les enfiler , étoit rempli de millet broyé. Tous ces grains trouvés dans la cage dis Acad. Eirang, Cccc ■570 COLLECTION baie , près de la ville de Baffain , environ à foixante lieues de Goa du côté R.EDI , Obsïïr- du Nord , & c'eft, la racine d'un arbufte laiteux comme le Tithimale ; fa vationssuudi- feuille, ell plus grande que celle de YEfula magna, elle eft de couleur verte verses choses à la furface fupérieure, mais blanche &C cotonneufe du côté qui regarde naturelles, Sfc, ja terre ; il y en a de deux efpeces , on n'eftime que celle dont la fleur eft rouge , & Ton ne fait aucun cas de l'autre qui a la fleur blanche : on ne prend pas toutes les racines de cet arbufte ; celles qui font tour- nées vers le Midi , panent pour venimeufes , & l'on choifit feulement cel- les qui regardent le Nord, aufquelles on attribue une vertu fi merv^illeulé , qu'on dit qu'il fuffit d'en porter fur foi ou d'en avaler une demi-drachme macérée dans l'eau , pour n'avoir rien à craindre des bêtes venimeufes & de leurs morfures : on prétend aufîi que dans les léthargies &C les apoplexies les plus caractérifées , on rend dans un moment la parole & la fanté aux malades , en leur mettant dans les coins des yeux un peu de l'eau oh l'on a fait infufer & macérer la poudre de cette racine ; mais je n'ai vu aucun de ces admirables effets dans les expériences que j'en ai faites, & qu'on peut répéter pour s'en affurer davantage. Il y auroit auni beaucoup de nouvelles expériences à faire fur la racine de Calumbé , qu'on regarde comme un remède très-efficace ; fur la Va- nille & fur les bois de Laor & de Solor , qui étant fort amers , pour- roient bien avoir les propriétés fingulieres qu'on leur attribue , mais dont la vertu ne me paroît pourtant pas évidente comme le font les merveil- leux effets du Quinquina dans les fièvres intermittentes & continues. Les auteurs Chinois vantent beaucoup les productions de leur pays : quelques-uns ont écrit entre autres merveilles , que dans la Province d'O- nan il y a un fleuve oii l'on pêche certains poiffons rouges , dont le fang a une propriété finguliere ; car ceux qui s'en frottent la plante des pieds peuvent, difent-ils, marcher fur les eaux, fans danger d'y enfoncer. Un cabaretier d'Angleterre a trouvé de nos jours un moyen plus sûr pour marcher fur les eaux ; c'eft une machine de bois femblable à un aiffon ou grapin de galère à quatre bras , fupportée par qusifk barils pleins d'air, dont les proportions font tellement combinées , qu'ils fe foutiennent à fleur d'eau & ne font point vus : cet homme à l'aide de fa machine , paffoit à pied le petit lac d'Iflington, à deux milles de Londres, & fe van- toit en plaifantant , que dans un grand calme il pourrait faire auffi à pied le trajet de Douvres à Calais. La plupart des autres fables de ce genre avancées par les Chinois , font trop abfurdes pour être réfutées férieufement. Telles font les prétendues vertus des deux herbes nommées Pufu & Genfing , dont la première rend, difent-ils , les hommes immortels , & l'autre , qui ne peut garantir de la mort , préferve au moins de toutes maladies pendant le cours de la vie. Tel eft le feu de certains puits de la Province de Xamfi , auquel on peut faire cuire toutes fortes de viande , mais qui ne confume point le bois & qui peut être tranfporté dans les pays les plus éloignés , renfermé dans des tuyaux. Tels font encore ces deux fleuves de la même Province de Xamfi dont les eaux font fi pures &C fi légères que le moindre brin de paille y enfonce, & le lac Taipe, fur la rive duquel on ne peut battre du tarn- ACADÉMIQUE. 571 bour fans y exciter une tempête , accompagnée de tonnerre & d'éclairs. — *—— ■■ — Tel eu. ce lac de la Province de Pékin , dont l'eau devient rouge comme Redi , Obsir- du fang lorsqu'on y jette une pierre, &C qui a la vertu de transformer vations sur di- en hirondelles vivantes les feuilles des arbres qui font fur fes bords lorf- VERSES choses qu'elles tombent fur fes eaux ; enfin, il en cft de même de ces poiflbns NATURILLES> *"«• écailleux des mers de la Chine , qui font de couleur de fafran,, lefquels tout l'hiver habitent , dit-on , les eaux, & qui au printemps fe dépouillent de leurs écailles , acquièrent des plumes & des ailes & s'envolent dans les bofquets des montagnes , où ils parlent l'été & l'automne fous cette for- me qu'ils quittent enfuite à l'entrée de l'hiver pour reprendre celle de poif- fons &c pour habiter de nouveau les mers. Au refte , les Chinois ne font pas les feuls qui aient écrit de fembla- blés contes ; Guillaume Briton (*i™^— puis long-temps , de forte que la liqueur jaune étoit durcie dans les vé- LettresdeRe- îicules des gencives, & ne s'écouloit point fur les dents lorfqu'bn pref- di et autres, foit ces véliculcs : ce pigeon n'eut d'autre mal que les petites cicatrices faites par les dents ; & pour que perfonne ne pût douter de ce fait, on bleffa de nouveau avec la même tête feche le même pigeon , qui ne fit autre chofe que crier & battre des ailes tant que dura la douleur de la pi» quure , après quoi il ne parut plus avoir le moindre mal. 3°. On fit mordre fucceffivement par une vipère vivante quatre pou- lets ; le premier & le fécond ne parurent nullement incommodés, foit que le venin n'eût' pas pénétré dans la plaie, foit qu'il en fût forti avec le fang , le troiûeme , qui d'abord paroiifoit vigoureux & gai , mourut au "bout d'une demi-heure; le quatrième parut malade auffi-tôt' après la blefTure, mais il le remit peu à peu. 4°. Une petite chienne mordue deux fois par une vipère vivante dans- la partie pendante de l'oreille , éprouva d'abord les fymptomes avant- coureurs d'une mort prochaine , le vomiffement, les convulfions, le trem- blement ; enluite elle fe remit , puis fut encore atteinte des mêmes ac- cidents , de forte que quatre heures après la bleffure , elle étoit immo- bile , elle avoit la langue tirée , les yeux tournés ; il ne lui reftoit d'autre figne de vie , qu'une refpiration pénible & très-embarraffée : on la trouva le lendemain matin dans le même état , excepté que la refpiration étoit plus lente , tk on acheva de la tuer : on ne lui vit ni enflure ni lividité fur aucune partie du corps , mais elle avoit rendu par la voie des ex- créments une matière fort noire. 5°. Enfin , on fit mordre deux chapons & un poulet par une vipère irritée, & qu'on n'avoit point encore employée ; ils ne parurent fouffrir aucun mal, & on les remit dans. le poulailler, où ils paroiffoient encore fains, le foir du même jour ; mais le venin ayant fans doute pris le deffus pen- dant la nuit , le fécond chapon & le poulet furent trouvés morts le len- demain matin. OBSERVATIONS Sur les cirons ou infectes de la peau des galeux , publiées fous le nom du Docteur GiOVAN-CoSIMO BONOMO , dans une Lettre adrejjée à RedL De Livourne le 1 8. Juillet 1687. (■*) TAndis que guidé par vos vues & "fous vos aufpices je faifois des ex- périences fur les infectes, je lus par hazard dans le diftionnaire de- l'Académie De la Cru/la, que le ciron eft un très-petit ver qui fe forme fous la peau des galeux , & dont la morfure caufè une extrême deman- (i) Cette Lettre publiée par Redi comme lui ayant été écrite par le Docteur Bo- nomo , a été réclamée par Ceftoni , qui en eft le véritable auteur : on y a fondu ur;i autre Lettre du même Ceftoni à Vallifnien écrite de Livourne le 15. janvier 171Q. ACADÉMIQUE.^ § 57J geallbn ; ayant trouvé depuis que Giufeppc Lorcnzio adopte cette opi- — — ■— — nion , (a) j'eus la curiofité de vérifier le fait par moi-même ; je com- Lettres de Re- muniquai ce deffein à Mr. Diacinto Cefloni, il m'amira qu'il avoit vu di et autre*, plufieurs perfonnes tirer avec la pointe d'une épingle , des plus petites pullules de la gale avant qu'elles fu fient mûres & purulentes , quelque chofe qu'on n'écrafoit point fans quelque petit craquement ; il ajouta qu'il ne favoit pas avec certitude (i les cirons étoient effectivement des vers , ainfi nous réfolumes tous deux de nous en éclaircir. Ayant fu d'un homme attaqué de la gale que les pullules qu'on nomme aqueufes , parce qu'elles ne font pas encore purulentes , étoient celles qui lui caufoient la plus grande demangeaifon , j'en ouvris une avec la pointe d'une épingle très-fine, & après avoir exprimé un peu de la li- queur contenue, j'en tirai un petit globule blanc prefque impercepti- ble , nous obfervames ce globule au miferofeope , & nous reconnûmes avec toute la certitude pofTîble que c'étoit un ver , dont la figure ap- prochoit un peu de celle des tortues ; il étoit blanc, & cette couleur étoit moins vive fur le dos , où fe trouvoient quelques poils longs & clair-femés ; il avoit flx pieds , trois de chaque côte , & il exécutoit tous fes mouvements avec beaucoup de vîteffe Se d'agilité : il avoit la tête aiguë & armée de deux petites cornes ou antennes à l'extrémité du muleau , comme on le voit Planche XXXIV. Figures VI. & VII. Nous ne nous tînmes pas à cette première obfervation , nous la répé- tâmes un grand nombre de fois fur diverfes perfonnes attaquées de la gale , d'âge , de tempéraments & de fexes différents , & en différentes fai- fons de l'année ; nous trouvâmes toujours des animaux de même fi- gure : on en voit dans prefque toutes les pullules aqueufes , je dis prefque toutes , parce qu'il nous a quelquefois été impofïible d'y en trouver. Il ell très-difficile d'appercevoir ces infecles fur la fuperficie du corps , a caufe de leur extrême petiteffe & de leur couleur femblable à celle de la peau ; cependant nous les y avons vus marcher plufieurs fois, fur-tout dans les articulations , dans les plis , les rides & les petits filions de la peau ; ils s'introduifent d'abord par leur tête aiguë , & ils s'agitent en- fuite , rongeant & fouillant jufqu'à ce qu'ils foient entièrement cachés fous 1 epiderme , où il nous a été facile de voir qu'ils favent fe creufer des efpeces de chemins couverts , ou des routes de communication d'un lieu à un autre , de forte qu'un feul ver produit quelquefois plufieurs puf- tules aqueufes ; quelquefois auffi nous en avons trouvé deux ou trois enfemble , & pour l'ordinaire fort près l'un de l'autre. Nous étions fort curieux de favoir fi ces petits animaux pondoient des œufs , & après de longues recherches nous eûmes enfin la fatisfadlion de nous affurer de ce fait ; car ayant mis fous le microfeope un ciron pour en faire deffiner la figure par Mr. Ifaac Colonnello , il vit en deffinant , fortir de la partie poflérieure de cet animal un petit œuf blanc , à peine {a) Dans fon Amdkhe*, t Ç7é COLLECTION vifible & prcfque trânfparent ; il étoit de figure oblongue comme un Lettres de RE-pignon' Voyez Planche XXXIV. Fig. VIII. a. b. dj et autres. Animés par ce fuccès , nous recommençâmes à chercher ces œufs avec la plus grande attention , &c nous en trouvâmes beaucoup d'autres en dif- férents temps ; mais il ne nous arriva plus de les voir fortir du corps de l'animal fous le microfeope. II me femble qu'on peut conclure de la découverte de ces œufs que les cirons fe multiplient comme tous les autres animaux , par le concours des deux fexes , quoique je n'aie jamais apperçu dans ces inieâes aucune différence qui pût faire diftirfguer le mâle de la femelle : peut-être trou- vera-t-on dans la fuite cette différence , foit par un hazard heureux , foit par des obfervations plus fuivies , plus exactes & faites avec de meilleurs microfeopes. En confidérant toutes ces chofes mûrement & fans prévention, il me femble qu'on peut révoquer en doute les opinions des auteurs de méde- cine touchant les caufes de I4 gale. Parmi la multitude des anciens , quel- ques-uns avec Gallien , la font provenir de l'humeur mélancholique , fans qu'on fâche bien encore dans quelle partie du corps réfide cette humeur: d'autres avec Avicenne, veulent qu'elle foit produite par le fang feul, & d'autres enfin par l'humeur atrabilaire mêlée avec la pituite falée. Quant aux modernes , quelques-uns avec Silvio Deleboe , attribuent cette maladie à un acide mordicant exhalé par le fang ; d'autres avec Van-Helmont à une fermentation particulière; & d'autres aux fels acres & irritants , contenus dans la lymphe ou dans la fércfité & portés dans la peau par différents conduits. Parmi tant d'opinions différentes , je hazarderar auffi mes conjectures î j'avoue donc que je fuis très-porté a croire que la gale , nommée par les Latins fcabks & décrite par eux comme une affection de la peau, & com- me une maladie très-contagieufe, n'eft autre chofe que la morfure des petits vers dont j'ai parlé, lefquels rongeant continuellement la peau, y font de petites ouvertures par où s'extravafent quelques gouttes de fe- rofité ou de lymphe ; cette férofité ou lymphe extravafée , forme les pu£- îules aqueufés , dans lefquelles ces vers continuant à ronger , caufent une extrême demangeaifon ; & lorfque le malade fe gratte, il augmente &le mal &c la demangeaifon même , il déchire non-ièulement les pullules aqueu- fes , mais encore ta peau & les petites veines dont elle eft parfemée, d'où> s'enfuivent de nouvelles puftules , des plaies , & les croûtes qui fe for- ment fur les plaies : en effet, on ne voit jamais de ces plaies dans les. endroits du corps où les doigts ne peuvent aifément atteindre, lors mê- me que ces endroits font tout couverts de gale , la feule morfure des ci- rons ne produifant que des puftules aqueufés : au refte, ces petits ani- maux fe gliffent fous la peau par tout le corps ; mais ils fe raffemblent en. plus grande quantité dans les articulations , parce qu'ils s'introduifent Se fe nichent avec facilité dans les plis de la peau ; mais en quelque partie qu'ils fe foient d'abord logés , il s'en trouve bientôt dans les mains , & lur-tout entre les doigts ; car en grattant les parties où l'on fent de la demangeaifon a les ongles rencontrent des cirons qui ne peuvent en être entamés. ACADÉMIQUE. î77 entames , parce qu'ils ont la peau très - dure , & ces cirons fc glifiant — — — fous les ongles & le failànt des routes fous la peau, fe nichent plus faci- jrT d R - lement entre les doigts que par tout ailleurs , & s'y font des efpeces de Di et autres. nids où ils dépofent leurs œufs en fi grande quantité , qu'un petit nombre de cirons fiiffit pour en couvrir bientôt tout le corps. Il me iemble que ce que j'ai dit jufqu'ici peut fervir à expliquer pour- quoi la gale eft fi contagieufe ; les cirons partent aifément d'im corps à un autre par le feul contact de ces corps ; car ces petits animaux ayant une extrême agilité, &c n'étant pas tous continuellement occupés à fe creu- fer des partages fous l'épidémie , il s'en trouve fouvent quelques-uns fur la fuperficie de la peau , & ils font très-prompts à s'attacher à la première chofe qui fe préfente ; ils s'y logent & y multiplient prodigieufement gar les œufs qu'ils y dépofent. Il ne faut pas s'étonner non plus de ce que la gale fe communique par le moyen des linges &c autres hardes ,. qui ont fervi aux perfonnes qui font attaquées de ce mal, car il peut y refier quelques cirons ; ils vivent même hors du corps jufqu'a deux &L trois jours , comme j'ai eu occafion de m'en affilier plufieurs fois par l'ob- ier va tion. Je me fouviens à ce propos qu'un Gentilhomme vint un jour me con- fulter fur une demangeailbn très-incommode qu'il éprouvoit à la joue gau- che : je reconnus que cette demangeaifon étoit occafionnée par quelques cirons qui s'étoient infinués dans cette partie ; je l'en avertis , & il s'apper- çut que le domeftique qui lui portoit ordinairement fon manteau plié fous le bras, avoit la gale à ce bras & aux mains, & comme le maître avoit coutume de s'envelopper le vifage dans fon manteau , les cirons qui s'y étoient trouvés étoient aifément palTés dans la joue ; mais il s'en délivra bientôt par l'ufage d'un onguent propre à tuer ces infeftes. On comprend ailément aufii comment la gale fe guérit par les IcfTïves , les bains & les onguents compofés de fels , de foutre, de vitriol, de mer- cure fimple , précipité , fublimé & d'autres femblables drogues corrofives & pénétrantes ; car ces drogues s'infinuent dans les cavités les plus pro- fondes , dans les labirynthes les plus reculés de la peau, & y tuent infail- liblement les cirons, ce qu'on ne peut jamais faire en fe grattant, quoi- qu'on fe faffe des plaies afléz eonfidérables ; parce que les cirons font ar- més , comme nous l'avons déjà dit, d'une peau fi dure, qu'ils ne peu- vent guère être entames par les ongles , & que d'ailleurs ils échappent par leur extrême petitefle : les remèdes qu'on avale n'agiffent point non plus fur ces petits animaux , &C l'on eft toujours forcé de revenir aux onguents dont je viens de parler pour parvenir à une parfaite guérifon. Il arrive fouvent aufii qu'après avoir fait ufage des remèdes extérieurs pendant dix ou douze jours & s'être cru totalement guéri, on voit bien- tôt reparoitre la gale comme auparavant ; cela vient de ce que l'onguent n'a tué que les cirons vivants , &: n'a point détmit les œufs dépofés" dans les cavités de la peau comme dans des nids , où venant à éclorre ils renou- vellent le mal ; c'eft pour quoi on fait très-bien de continuer l'ufage des onguents pendant quelques jours, après que la gale a difparu ; cette pratique eft d'autant plus facife, qu'on peut compofer ces onguents avec des parfums Tom. iy, des Acad. Etrange D ddd Ï7S COLLECTION très-agréables , comme avec de la pommade jaune de fleurs d'orange ou de ro- . l'es incarnates , mêlée d'une quantité convenable de mercure précipité rouge. di et autres. " J'avois comptéfmir ici cette lettre , mais ayant depuis formé le deffein de la publier, j'ai cru devoir y ajouter une explication abrégée de quelques figures qui achèvent de remplir la planche où celle du ciron eft repré- fentée. La mite ou tarière (tar/o) qui le trouve ordinairement dans les bois durs & qui s'en nourrit , eft repréfentée de grandeur naturelle Planche XXXIV. Figure IX. ce ver eft produit par des fearabées grands & fort noirs qui ont l'ur le fommet de la tête deux longues cornes ou antennes compofées de pluiîeurs nœuds , Planche XXXIV. Figure X. ils font nom- més par les payfans de Livourne perajuoli , parce qu'ils aiment les poires & rongent aufli les poiriers & les autres arbres de ce genre : lorfque les œufs du fearabée femelle ont été fécondés par le mâle , elle va les dépo- fer non-feulement dans les fentes & dans les crevaffes des arbres déjà coupés , & qui commencent à fe gâter en quelques endroits , mais en- core dans les fentes du bois mort , & même dans les fentes de l'écorce de ces mêmes arbres , lorfqu'ils font en pleine végétation. Au bout de trois ou quatre jours il fort de chacun de ces œufs un petit ver, ou plu- tôt une mite , qui commence d'abord à ronger peu à peu , fuivant fes forces & fuivant fon befoin qui croît avec fes forces , & creufe ainfi de larges & profondes cavités dans la fubftance de l'arbre : il quitte fa dé- pouille tous les deux mois environ , principalement l'été , &C continuant toujours de ronger , il prend de l'accroiffement pendant un , deux , & même trois ans ; car M. Ceftoni en a confervé de vivants pendant tout ce temps-là : au refte , on juge ordinairement du temps plus ou moins lon^ que l'animal doit conferver fa forme de ver , par la dureté plus ou moins grarrde du bois dont il fe nourrit ; lorfqu'il a pris fon entier ac- croiffement il fe change en chryfalide , & après être refté immobile fous cette forme environ vingt jours , il fe dépouille de nouveau & reparoît fous la forme d'un infecte ailé , tel qu'il eft repréfenté Planche XXXIV. Figure X. La Figure XI de la Planche XXX' V. repréfenté le ver qui fe tranf- forme en fearabée pillulaire & en fearabée ftercoraire ; on voit le fea- rabée ftercoraire dans la même Planche , Figure XII. & le fearabée pillulaire Figure XIII. ( s'échappent, ou fi elles ne peuvent s'enfuir , font leurs petites coques de foie dans le lieu même où elles font nées : lorfqu'elles trouvent moyen de s'échapper , elles vont fe cacher où l'initinc! les conduit , & elles font leur coque d'où elles fortent au bout de deux & quelquefois trois fe- maincs fous la forme de petits papillons , pour aller à leur tour dépofer leurs œufs fur ces mêmes fruits oléagineux ; les générations fe renouvel- lent ainfi deux & trois fois l'année , félon les faifons , & c'eft la vraie Caufe pourquoi les fruits oléagineux font gâtés & vermoulus , le temps feul ne fuffifant pas pour produire cet eftet , comme on le croit com- munément ; car j'ai confervé de ces fruits bien fains pendant plufieurs années , dans des vafes de verre & de terre bien fermés , fans qu'ils foient jamais devenus vermoulus lorfque je les y ai renfermés aufTi-tôt qu'ils ont été tirés de leurs gonfles. Mr. Cefloni l'a éprouvé de même , il a de plus confervé le jalape pendant dix ck douze ans , fain & fans ver- moulure , en le gardant bien clos ; & il a confervé ainfi plufieurs autres drogues , comme le méchoacan , le quinquina , la rhubarbe , le rapon- tique , les hermodaftes & toutes les autres chofes qui s'emploient dans la pharmacie & qui font fujettes à la vermoulure : ces vers des drogues ne font pas de même efpece que ceux qui gâtent les fruits oléagineux ; ils viennent de fearabées qui différent des premiers dont j'ai parlé, tant par la grandeur que par la figure. Il eft vrai qu'il eft très-difficile de conferver ainfi les drogues appor- tées des pays étrangers , parce que ces drogues n'ayant pas été gardées dans le tranfport avec tout le foin nécefTaire , on ne peut être sûr qu'elles ne contiennent point d'oeufs de fearabées ; il faut un an pour s'en afïu- rer ; mais fi dans cet intervalle de temps il ne naît aucun animal volant dans la drogue qu'on garde bien enfermée , on peut tenir pour très-cer- . tain qu'elle ne fera jamais vermoulue fi l'on continue de la garder avec les mêmes précautions : ce que je dis des drogues , peut aufli s'appliquer aux confitures , lefquelles font fujettes lorfqu'on ne les bouche pas exac- tement, à être gâtées , non- feulement par les vers qui fe changent en Dddd z 58o COLLECTION — ■ — — m fcarabées , & dont vous avez donné la figure (a) dans Votre livre fur U Lettres de Kz- génération des infectes, Planche vingt-quatre; mais encore par d'autres pe- di et autrïs. tits vers qui naiflent dans le fromage & dont je vais parler. Outre les vers qui fe trouvent dans le fromage frais, & dont vous avez décrit fi exactement la naiffance Se la transformation dans votre livre fut la génération des infectes , vous favez qu'il y a quelques années nous en oblervâmes plufieurs fois avec Mr. Ceftoni, une autre efpece dans le fro- mage fec : on en voit la figure Planche XXXIV. Figures XVII. & XVIII. & celle de l'œuf de ces mêmes vers , Figure XIX. on les a repréfentés tels que j'ai pu les voir avec les microfcopes que j'ai a&uellement & mê- me un peu plus grands ; la figure n'en eft pas parfaitement femblable à celle qu'a donné l'an paffé à Rome Mr. Tortoni , d'après l'obfervation de M. Giufeppe Teutonico , mais mon microfcope ne me les a pas fait voir autrement. Cet infe&ff eft fi petit, qu'on ne peut l'appercevoir qu'à l'aide du mi- crofcope , & les miens ne me l'ont montré que de la groffeur d'une len- tille ou un peu plus ; il eft blanc , diaphane & prefque rond , la tête eft aiguë & les pieds font au nombre de huit : on lui voit fur le dos quel- ques piquants longs , clair-femés & femblables à ceux du hériflbn ; ces piquants font dreflés & roides , ils reftent toujours à la même diftance les uns des autres , comme pour la défenfe de l'animal ; & autant que j'en puis juger par ce que j'ai vu, je crois qu'ils ne s'abaiffent & ne fe couchent jamais, comme le couchent les poils des autres animaux ; il eft impoffible de distinguer ces infeâcs à l'œil fimple , & de les reconnoître pour des animaux vivants , quoiqu'ils foient en grande abondance dans le vieux fromage ; à force de le ronger , ils y font quelquefois de fi gran- des cavités , qu'on en pourrait tirer une once de ces vers , ce qui ferait plufieurs millions d'individus. Ces vers fe trouvent non-feulement dans le fromage , mais encore dans tous les fruits doux fechés , comme les figues , les jujubes , les raifins fecs , les pruneaux , les amandes , les pignons mondés , le ris & les au- tres matières de ce genre ; ils infe&ent aufïi les confitures , les confer- ves , les cotignacs , les éleûuaires & toutes les autres compofitions des apothicaires /lefquelles, fi l'on n'a pas foin de les bien boucher & de les vi- fiter fouvent, deviennent le féjour de ces animaux invifibles qui s'infi- nuent dans toutes les chofes comeftibles. Les marchands de fromage ne connoiffant point ces animaux les prennent pour une pouflîere , & les appellent la pouiîiere du fromage. Une chofe aflez remarquable , c'eft que ces petites bêtes réfiftent également aux plus gran- des chaleurs de l'été , & au froid le plus rigoureux de l'hiver ; elles vi- vent & fe multiplient en toutes faifons ; leur génération fe fait , comme celle des autres animaux par la voie de l'accouplement : lorfque les œufs ont été fécondés par ce moyen , & que la femelle les a dépofés fur la première chofe que le hazardluia préfentée, il en fort de petits animaux femblables à leur mère ; car ces vers du fromage fec coruervent la (.7) Voyez la Planche XXV. Figure X. ACADÉMIQUE. 581 même figure tout le temps de leur vie, & ne le transforment jamais en — — ^ animaux volants : ces œufs, repréfentes Planche XXIV. Figure XIX. font Lettres de Re- ii petits qu'on a peine à les dilcerner, mêrne avec le microfeope ; ils font D1ET autres. blancs & diaphanes comme les animaux qui les produifent ; mais j'en par- lerai plus au long quand je publierai les obfervations que j'ai faites fur les infectes , en fuivant la route que vous avez ouverte & applanie avec tant de gloire. Je ne me bornerai point aux infectes terreftres, je parlerai encore de quelques infectes marins , & particulièrement de ces brumes , ou vers à tuyau qui s'attachent aux navires & les rongent , defquels vous faites mention dans votre livre fur Us animaux vivants qui ft trouvent dans les animaux vivants ; je parlerai aufli des dails ou mites des rochers de la mer, & j'efpere prouver évidemment que ces infeftes & plufieurs au- tres femblables, qu'on a nommés zoophytes, fe multiplient d'une manière particulière , & par le moyen d'une femeoce analogue à celle des plantes dans lefquelles il n'y a ni diftinftion ni concours des deux fexes. EXTRAIT D'UNE LETTRE DE FR. REDI A CESTONI. De la Cour le 23. mai 1682. VOus ferez furpris d'apprendre qu'ayant reçu ici à Caflello le vaifTeau que vous m'avez envoyé bien bouché , je n'y ai point trouvé les vers de mer que vous m'annoncez, mais feulement une vafe molle , ou je n'ai pu appercevoir aucun vertige de ces vers. AU MEME. De Florence le 3. férrier f584. CE que M. Francefco Vincenn a envoyé ici fous le nom de fève de mer^ eit un œuf de Bougnette ou tare ronde ; mais un œuf avorté, qui n'a point produit de poiffon , & qui étant relté dans la mer s'y eft deueché, ck dont enfin la coquille a fervi de nid à d'autres petits animaux ou infec- tes de mer. A U M E M E. I De Florence le 19. Juillet 1687. L faudra décrire la naiflartee , l'accroiflement & la transformation de» vers de la farine. 5§2 COLLECTION J.ïttresdeRe- A V M E M E. EU Et AVTRIS. Florence î2. février 1688. JE vous remercie de ce que vous me dites de vos chapons aufquels vous oreffés liir la tète , après leur avoir coupé la crête , une corne qui non- feulement s'y attache , mais y croît. Quelques impofteurs font la même chofe pour faire croire que des coqs où. des chapons font monftrueux , & qu'ils ont naturellement des cornes ; ils coupent un ongle au poulet, &C lui ayant enfuite coupé la crête, ils greffent l'ongle à la place % & ont foin de tenir les pattes du poulet atta- chées pendant quelques jours, jufqu'à ce que l'ongle foit enraciné & là plaie confolidée : cela réuffit mieux fur les poulets qui n'ont pas été bien chaponnés, & qu'on nomme coquâtres. AU MEME. Florence le 31. août 1689. IL y a beaucoup de différentes fortes de guêpes, & elles conftruiferft diverfement leurs guêpiers , de même que leurs nids : c'eft pour quoi je vous confeille de tenir une note exacte de ce que vous en avez ob- fervé & de la manière dont fe forme la cellule ou nid, lorfque le ver a pris tout fon accroiffement. Réitérez attentivement aufli l'obfervation que vous avez faite de la liqueur dont les mères nourriffent leurs vers : au refte, il eft bien connu, & l'on a déjà écrit crue les guêpes naiffent fous la forme de ver, comme les mouches, qu'elles conferyent quelques jours cette forme , &C qu'après avoir paffé quelques autres jours dans un état d'immobilité , renfermées dans une efpece de coque , elles en for- tent enfin avec des ailes; mais je n'ai jamais lu que les mères bouchaffent avec de la terre l'ouverture de chaque cellule : obfervez tout dans le plus- grand détail , & tenez-en un compte exaft. A GJUSEPPE L A N Z O N I. Florence le ao. février 169J. JE fuis de votre avis fur le caméléon, & je crois qu'il eft très- faux que cet animal vive d'air : je puis même affurer avec ma fincérité ordinaire qu'ayant ouvert plufieurs caméléons en préfenee de quelques-uns de mes amis , j'ai trouvé leurs eftomacs pleins d'infectes & d'herbes d'une ex- trême petiteffe qu'ils faififfent & avalent, à ce que je crois, avec beau- coup de promptitude , au moyen de leur langue qui eft fort longue. U me paroît que vous ne goûtez point mon opinion fur l'ame des plan- ACADÉMIQUE. 583 tes à laquelle j'attribue la production des infeftes qui fe trouvent dans *— ^—^ les gaies de chêne , comme je l'ai dit dans mes Expériences fur la généra- Lettres de RV tion des ïr.fecles ; il cil vrai que j'ai laiffé échaper ce trait de ma plume 1-1 £t autres. prefque par force ; mais fi j'ai du temps, j'efpere m'expliquer plus claire- ment dans de nouvelles obfcrvations aufquelles je travaille , & peut-être publierai-jeenmême temps l'hiftoire des divers fruits & des divers animaux produits par les chênes & par les autres arbres ; hiftoire que j'ai annoncée dans mon ouvrage fur les infectes. A ALESSANDRO MARCHETT1. Florence 14. feptembre 1672. JE vous fuis infiniment obligé des particularités que vous m'apprerrez , touchant cet olivier qui a produit une. grappe de raifin. Lettre fans adrejfe & fans date. Je fais qu'on vous a écrit depuis peu plufieurs lettres d'obfervation fur les infeftes allés , c'eft pour quoi je veux vous faire part d'un fait qui fe paffa fous mes yeux l'été dernier ; je faifois des expériences fur les cho- ies qui empoifonnent les vipères , & un jour que j'en avois fait mourir un grand nombre , j'en mis une dans une boîte que je fermai bien exac- tement pour qu'elle fût plutôt corrompue ; quelques jours après j'y trouvai des vers au nombre d'environ quatre - vingt qui fe repaiflbient de ces chairs ; je continuai de leur donner à manger de la chair de vi- père hachée & battue , & dans l'efpace de douze jours ils prirent un tel accroiffement , qu'ils pefoient chacun fix à fept grains ; ils difFéroient peu des vers à foie communs , tant par la forme que par ia couleur , mais ils étoient plus luifants & même fi tranfparents , qu'on voyoit à tra- vers leur peau le mouvement de leurs parties internes. Au bout de douze jours ils cefferent de nlanger & fe contractèrent peu à peu ; leur peau s'étant durcie, prit la forme d'une coque de yer à foie: ces coques étoient d'une couleur jaune , qui fe changea par degrés en un grisobfcur, & enfin en no!r; quelques jours après je vis ces iniecles renaî- tre & fortir de leurs coques fous la forme de greffes mouches , avec de grandes aîles. AU DOCTEUR J A C O P 0 DEL L A P O. De la Cour, aux chafTes d'Artimino , le 30. feptembre 1681. DAns le loifir où je me trouve ici, je me fuis amufé à difiéquer des loirs 6c des écureuils que m'a donnés le Grand Duc, & j'y ai ob- ier, c quelques particularités qui me perfuadent de plus eu plus qu'il ne 584 COLLECTION — — — faut pas trop fe fier à ce qu'ont écrit les auteurs d'Hiftoire naturelle-^ Lettres de Re- & l1^ lorfqu'on veut connoître quelque vérité, il faut la voir par les. dî rr autres, propres yeux , & non pas la chercher dans leurs livres. Gérard Blafuis dans fon anatomie des animaux , affirme comme té- moin oculaire, qu'il n'y a point de véficule du fiel dans le foie du loir, & il s'appuie du témoignage de Mattia Mattiade , cité par Bartholin : (^;; sr * • * ♦ * ♦ * * . * ♦ * ♦ ♦ ♦ * ♦ » » COLLECTION ACADÉMIQUE. DESCRIPTION De quelques animaux , par THOMAS W I L L I S. V H U I T R E. CR1PTION Dï QUELQUES ANV tfegSgfgg A coquille de l'huitre eft formée dans l'œuf; cfîe n'eft pas difte WlLLIS Des. ïe. T s!£ au commencement , mais elle prend de la dureté à mefure qu'elle S^jJI prend de l'accroiffement : l'une & l'autre écaille de cette co- S"*"SF""Ï quille a un mufcle très-fort, dont les fibres motrices font diri- maux gées perpendiculairement à la furface intérieure de ces écaillles , de forte qu'en fe raccourciffant elles forcent les deux écailles à fe rapprocher & ferment la coquille ; lorfqu'au contraire ces fibres fe relâchent & s'éten- dent , elles donnent aux écailles la facilité de fe féparer , & ces écailles fe féparent en effet par l'aûion d'un mufcle qui eft joint à celui dont on vient de parler. Outre ces mufcles droits & perpendiculaires aux plans des écailles de la coquille, il y a deux autres mufcles circulaires qui embraflent la circonférence de l'une & de l'autre écaille , &C qui aident au mouve- ment des ouïes , lefquelles font renfermées entre ces deux mufcles. Ces deux mufcles s'unifient à la partie fupérieure de l'huitre, & for- ment une efpece de voile qui couvre la tête, enluite ils fe diviient un peu plus bas , & renferment les ouïes fupérieures qui font au nombre de quatre, & qui laiffent entre elles un paflage oblique, lequel conduit à la bouche de l'animal : la bouche communique avec le ventricule par un conduit aflez droit & fort court ; la cavité du ventricule eft fort ample & femée de petits traus qui aboutirent à des corps de couleur oblcure , kfquels font infixés des deux côtés dans fes parois. Je regarde ces corps 59o COLLECTION ■—— — —— comme propres à féparer le chyle le plus pur, &c par conféquent comme Villis , Des- faifant les fonctions du foie & du méfentere : cette conformation fe re- criptton de trouve dans les cruftacées , & peut-être dans tous les autres animaux quelques ani- qui n'ont qu'un feul & unique inteftin dépourvu de veines lactées de mé- maux. fèntere , & par conféquent de vaifleaux méfaraïques. Dans l'huitre le conduit inteftinal part du fond du ventricule, fous la forme d'un tube uniforme & applati ; il defcend enfuite fur la droite vers l'anole du mufcle droit ; là il le replie & revient fur lui-même, remonte- vers fou origine , reparle fur le ventricule & le foie ; puis defcend du côté gauche, parle liir le limbe du mufcle droit de ce côté & fe termine à l'anus ; en forte que l'inteftin de l'huitre eft plus long & plus étendu à proportion que celui d'aucun autre animal. Cet inteftin étant ouvert longitudinalement , laine voir dans le fond de la cavité un conduit ou tube ifolé qu'on prendrait d'abord pour un au- tre inteftin ; ce conduit eft prefque cylindrique, d'une fubftance un peu ferma ; il s'étend depuis l'anus au ventricule , où étant arrivé il fort du canal alimentaire , &c fe prolonge fous l'cefophage jufques vers la tête : je crois qu'on peut regarder ce conduit ou tube ifolé , comme renfer- mant la moelle, épiniere. Au deffous du ventricule fe trouve le péricarde qui contient le cœur & l'oreillette : le cœur eft blanchâtre ; l'oreillette qui eft fort grande , tire fur le noir : en ouvrant le péricarde on voit les battements du cœur : à chaque diaftole la liqueur contenue dans la veine cave parle dans l'o- reillette , & à chaque fyftols elle pafle dans l'aorte , qui eft fituée du côté oppofé. L'aorte fe partage en trois branches, en forte que la liqueur contenue forcée de fuivre la direction de ces trois branches, eft pouflee en partie vers- la région de la tête, du foie & de l'eftomac, en partie vers le muf- cle droit , & en partie du côté des ouïes : la branche de l'aorte qui s'é- tend vers les ouïes eft la plus confidérable , & fe divife en une infinité de ramifications. J'ai remarqué que l'eau pénétrait par un grand nombre de petits con- duits dans la fubftance des ouïes , lefquelles font d'un volume très-confi- dérable par rapport au corps de l'animal , puisqu'elles s'étendent fur plus de la moitié de fa circonférence. Les ouïes font divifées en quatre feuillets frangés, & chacun de ces fauillets paraît avoir deux lobes ; le lobe fupérieur eft plus large & phis épais que l'inférieur : chaque feuillet eft double & renferme comme deux franges qui femblent fe réunir en une feule. Chacune des ouïes a fon artère & fa veine propre : cette veine & cette artère fourniffent la liqueur vitale aux feuillets frangés, &C envoient de petites ramifications aux fibres les plus déliées de chaque frange : outre ces conduits on en trouve un grand nombre d'autres qui pénètrent entre les interftices des fibres, lefquels conduits fervent à l'écoulement de l'eau qui eft entrée par la commifTure inférieure des mufcles circulaires : j'ai remarqué la mê- me chofe dans les cruftacées. A l'égard du mouvement des ouïes, voici comment il s'exécute : les ACADÉMIQUE. », mufcles circulaires qui renferment les ouïes , fe relâchent & fe contraient ,, alternativement : lorsqu'ils fe relâchent , ils s'étendent jufqu'à la circon- w férence de la coquille, & les ouïes qui s'étendent avec eux fe trouvent cript.Ôn de' en contad avec l'eau & s'en imbibent : lorfqu'au contraire ces mufcles quelques aki- fc contractent , ils font ramenés au dedans de la coquille & prefiant les "aux- ouïes, ils en expriment l'eau qu'elles viennent de recevoir : c'eft peut- être cette eau afpirée par les ouïes , ou celle que l'huître tient en ré- ferve dans fa coquille , qui donne à cet animal la faculté de réfifter plus long-temps que les autres animaux dans le vuide de la machine pneuma- tique : cette faculté lui eft commune avec les différentes efpeces d'écre- viffes , lefquelles tiennent auflï de l'eau en réferve , comme nous Talions voir dans leur defeription anatomique. EXPLICATION DES FIGURES DE L'HUITRE. PLANCHE XXXV, LA Figure I. repréfente une huitre tirée de fa coquille & bien entière, en forte qu'on peut voir toutes fes parties en fituation. ( A. La tête de l'huitre , à laquelle viennent aboutir en B.B. les mufcles circulaires qui environnent tout le corps. Ç. Ouverture entre les ouïes & les mufcles, laquelle mené à la bouche oe l'animal. D. Portion fupérieure du foie , celle qui eft placée fur le ventricule : elle eft de couleur tirant fur le brun. E.E. L'œfophage par lequel la bouche communique au reritricule. F.F.F.F. L'inteftin avec toutes fes circonvolutions, depuis le ventricule jufqu à l'anus. H.H.H. La peau avec la chair glanduleufe & la graiffe qui recouvre les vifeeres & qui fe retrouve dans les vifeeres mêmes. I La cavité qui renferme la péricarde avec le cœur & fes vaiflêaux. K. Le mufcle droit , dont les fibres perpendiculaires fervent à ouvrir la coquille. L. Autre mufcle droit , dont les tendons attaches aux deux écailles fer- vent a les rapprocher & à fermer la coquille. M. Coupe de ce dernier mufcle , où l'on voit fon épaiffeur & la hau- teur de fes fibres. N.N. Mufcles circulaires qui renferment les ouïes du côté droit. ( O. Mufcle circulaire fupérieur qui recouvre les ouïes ; ce mufcle eft. écarte pour laitier voir à découvert les ouïes. P. Le mufcle circulaire inférieur , fur lequel les ouïes font pofées. Q.Q. R.R. Parties de ces mêmes mufcles qui font du côté gauche. S. Sinus où les mufcles circulaires , & leurs parties fituées à droit & à gauche, s'unifient & forment un conduit par lequel l'eau eft reçue dans les ouïes , & en eft rejettée alternativement. T.T.T.T. Franges inférieures des ouïes , qui font plus minces & plus ï9i . COLLECTION - V.V.V.V. Franges fupérieures des ouïes, qui font plus épaiffes & plus Willis Des- étroites. . cription de La Figure II. ( même Planche ) repréfente l'huître développée , afin que quelques ANi- l'on puiffe voir à découvert les vifceres. maux. a. A. Deux des ouïes fupérieures difféquées & écartées pour laifler voir la bouche de l'animal. B. La bouche. C. Efpece de voile qui enveloppe &: cache la bouche. D.D. Les deux autres ouïes fupérieures en fituation , avec les vaiffeaux qui rampent fur leur furface. E. Portion fupérieure du foie , celle qui eft placée fur le ventricule ; elle eft de couleur tirant fur le brun. F. Le cœur tiré du péricarde , avec fon oreillette qui eft noirâtre & fort ampk. G. L'aorte qui à fa fortie du coeur , fe divife en trois rameaux, H. Le premier rameau qui s'élève vers la tête. I. Le fécond rameau qui fe porte vers les mufcles droits. K. Le troifieme rameau qui va du côté des ouïes. L. Le tronc de la veine cave qui pénètre dans l'oreillette du cœur. M. M. M. M. Les ouïes inférieures avec les mufcles circulaires ; les ouïes font féparées du corps & développées , afin que Fon voie mieux leurs conduits & leurs cavités. n.n.n.n. Origine ou naiffance des ouïes : chacune a fa veine & fon ar- tère o.o.o.o. & fa petite cavité p:p.p.p. Q.Q.Q.Q. Extrémités frangées des ouïes. R.R. Mufcle circulaire inférieur du côté droit ; il eft hors de fa fitua- tion naturelle & renverfé pour qu'il foit mieux vu. S.S. Portion du même mufcle , par laquelle il étoit adhérent au fond de la coquille. T.T. Portion de ce même mufcle , qui environne- le côté gauche de Far nimal , & qui étcit adhérent à la portion V. "W. .Mufcle circulaire fupérieur du côté droit; il eft replié & écarté pour qu'il ne cache pas les ouïes. X. Portion du même mufcle , laquelle environne le côté gauche de l'hui- tre & étoit adhérente à la portion Y. Z.Z. Lafuperficie des ouïes : on y voit les ftries ou conduits ftriés .," dans lefquels circulent l'eau & le liquide vital. i . Le limbe inférieur de l'huître : on en a féparé les ouïes & les muf- cles circulaires. i. Portion de l'inteftin qui fe termine à l'anus. • 3. L'anus. wsgw JOÉCREVISSE. . ACADÉMIQUE 593 V É C R E F I S S E, L'Écrevîffe, le crabe, la (quille, le homard & tous les autres crufta- cées de ce genre qui nagent, pour ainfi dire, à rebours, ont auffi leurs p " :s fitiiécs à rebours par rapport aux autres animaux. 1". ! membres ckles parties motrices ont les os en dehors, & la chair en 1 i ; ' • : en forte que prefque tous les mufcles des pieds , des bras , de la queue , du dos & de la tête, excepté les nuifclcs temporaux, font recouverts de toutes parts d'une enveloppe écailleuie : cette enveloppe ck enduite intérieurement d'une mucofité épaifTe , purpurine & ana- logue à celle des poiffons mous , excepté que ceilc-ci n'efl point purpu- rine ; il faudrait que quelque chymifte bon phylicien recherchât les cau- fes de cette différence de couleur. i°. Le même renverfement qui fe trouve dans la pofition des os & de l,i chair des cruftacées , fe retrouve encore dans la pofition de leurs par- ties internes ck de leurs vifeeres : le foie , l'cffcmac ck la matrice font finies dans la région fupérieure du corps ; le cœur eft contigu à l'extré- mité inférieure du dos, & la moelle épinicre prend fon cours fous les viiecres &c fur la partie intérieure de l'enveloppe écailleufe, ck s'engage dans les commiffures du fierrmm. Pour bien voir toutes les parties ck les vifeeres de I'écreviïïe , il faut enlever d'abord l'enveloppe écailleufe avec la mucofité purpurine & la membrane qui fe trouvent deffous immédiatement : au haut de la tête fe préfente le cerveau de couleur verdâtre , d'un volume médiocre , &C comme divilé en deux lobes : du cerveau partent les deux nerfs opti- ques , les prolongements mamillaires & les deux branches de la moelle alongée : ces deux branches qui defeendent dans la cavité de la moelle épiniere , demeurent d'abord iéparées , s'unifient enfuite , puis fe féparent encore. La bouche a deux dents ; elle communique avec le ventricule par l'ce- fophage qui eft droit & fort court. Le ventricule eft grand , & compofé d'une membrane très-épaiffe & très-forte : on y remarque trois dents qui aident fans doute à la tritura- tion des aliments ; cette trituration le commence dans la bouche par l'action des mufcles temporaux, & dans l'eftomac par l'attion d'une paire de mufcles attachés de part &c d'autres aux côtés de l'eftomac. Ces mêmes côtés de l'eftomac donnent naiffance à deux corps glan- duleux , remplis de plulieurs vaifi'eaux variqueux, femblables à de petits inteftins : ces deux corps glanduleux s'éfendent jufqu'à l'extrémité du tronc, ck lé terminent par deux lobes pointus : il. y a communication entre ces corps & l'eftomac , car lorfque l'on fouffie l'eftomac, l'air pafle dans ces corps : on les regarde ordinairement dans les crufiacées , & même dans les teftacées , comme le foie de l'animal, & en effet, je croirois volontiers qu'ils font les fonctions du foie &. du méfenterc. Mai- Tom. IF. des Acad. Etranq, E ffX Villis, Des- cription, de quelques ani- MA L'X. 594 COLLECTION _ pighi a découvert dans le ver à foie & dans d'autres infectes , quelque Willis Des- cn°k d'analogue à ces corp's glanduleux : fur quoi je remarque qu'en cription de obfervant attentivement la conformation de ces parties, qui dans certains quelques ani- poiffons & dans quelques infectes, tiennent lieu du foie &: duméfentere, maux. on pourroit faire des découvertes utiles fur les véritables ufages du foie & du méfentere dans les animaux qui ont du fang. Dans l'écreviffe mâle les corps fpermatiques ou tefticules prennent naiffance des deux côtés de Pcefophage , au deffus de l'origine des corps olanduleux ; ils s'étendent vers l'extrémité inférieure du tronc , ou étant arrivés, ils. deviennent plus compares, plus arrondis, plus femblables à des épididymes , & fe terminent par deux verges , dont & pointe fort au dehors par une ouverture qui fe trouve dans la première phalange des pieds de Favant-derniere paire. Semblablement dans l'écreviffe femelle les deux ovaires font pofés des deux côtés de l'cefophage & de l'eftomac , ils communiquent avec les deux cornes de la matrice qui eft fituée à Fextirêmité inférieure du tronc, & ces deux cornes ont chacune leur orifice extérieur dans la première phalange des pieds de l'avant-derniere paire : c'eft dans ce double vagin que font reçues les deux verges du mâle , & c'eft par la même iffue que fortent les œufs au temps de ia ponte. Au deffous du ventricule , & même de l'origine des autres vifceres , en un mot à l'extrémité inférieure du dos , fe trouve le péricarde , & dans le péricarde le cœur palpitant : la fyftole Si la diaftole font fortes & fré- quentes , comme dans les animaux qui ont du fang ; le cœur eft de cou- leur blanchâtre : c'eft une efpece de mufcle .conique, dont la cavité eft affez grande, qui eft fortifié par plufieurs fibres ou colonnes charnues , & dont les parois préfentent plufieurs petites cavités. L'aorte part de la partie fupéricure du cœur, & fe partage à fa naif- fance en deux branches, lefquelles fe portent vprs les ouïes : les deux troncs de la veine cave , le defcendant & l'afcendant , s'uniffent fur la partie du cœur qui regarde le dos , & pénètrent aufii-tôt dans l'oreillette. Lorfque le cceur'fe dilate , il reçoit le liquide contenu dans la veine , &C lorfqu'il fe contracte , il pouffe ce même liquide dans l'aorte. Quoique les cruftacées n'aient point de fang , non plus que les tefta- cées , ils ont cependant des efpeces de poumons , ou des ouïes fort am- ples & en grande quantité ; ces ouïes ne font point difperfées par tout le corps comme font les trachées dans la plupart des infeâes terreftres , mais font réunies en petits faifceaux , & fituées de chaque côté fous le bord de l'enveloppe écailleufe : la partie inférieure externe des ouïes qui eft large & obtufe , s'attache aux pieds qui ont leur origine dans le fter- mim ; la partie fupérieure interne s'étend fous l'enveloppe ; elle eft un peu pointue & fans aucune adhérence , mais au contraire hbrc & ifolée ; en quoi l'écreviffe diffère des autres poiffons , dont les ouïes s'attachent par les deux extrémités à des parties îblides. . Les ouïes de l'écreviffe ont chacune trois finus : il y en a deux qui fervent manifeftement à la circulation du liquide vital ; car en injectant dans le cœur une liqueur colorée , elle pénètre d'abord dans l'un de ces ACADÉMIQUE. 595 finus , & revient au cœur par un autre : nous parlerons tout à l'heure ■ ■ du troifieme : ces finus portent des prolongements fibreux, iemblables à w1LL,s Drs- des franges ou à des barbes de plume : comme ces prolongements font criptjon de fpongieux, ils font propres à abforber le liquide environnant à chaque Quelquïs ANir diaftole , & à le rendre à chaque fyftole. maux. Le troifieme finus s'étend de l'extrémité de l'ouïe jufqu'à la bafe où il s'ouvre dans un canal commun à toutes les ouïes du même côté ; 6c ce canal a un orifice aflèz large auprès de l'infertion de l'ouïe fupéricure , laquelle a un mouvement continuel de fyflole 6c de diaftole : il cft facile de reconnoître ce canal dans une écreviffe hors de l'eau , car à chaque fyf- tole de cette ouïe fupéricure , on voit une goutte d'eau fortir de l'orifice de ce canal dont nous venons de parler ; fi l'on injefte dans cet orifice une liqueur colorée, elle fe répandra dans ce canal commun, de-là dans toutes les ouïes , dans la cavité des fibres qui condiment les franges des ouïes , dans tous les pieds & tous les bras , dont la cavité n'eft pas exac- tement remplie par les mufcles , & enfin dans la cavité intérieure du corps. Si au lieu de la liqueur colorée on injecle de l'air , dans ce cas on voit fe gonfler toutes les parties où nous avons dit que pénétrait la liqueur co- lorée. Ne peut-on pas regarder ce canal commun avec fon orifice extérieur d'une part , & le troifieme finus des ouïes d'autre part , comme une ef- pecede trachée qui afpire l'eau à chaque diaftole , &i qui l'expire à chaque fyftole , en forte qu'on pourrait fuppofer aux écreviffes une efpece de refpiration aqueufe? EXPLICATION DES FIGURES. PLANCHE X X X T. LA Figure III. repréfente une écreviffe étendue fur le ventre & ou- verte par le dos. A. A. Le cerveau divifé en deux hémifpheres diftincts. B. La tête de la moelle alongée , d'où partent les nerfs optiques , fous lefquels fe trouvent les prolongements mamillaires. D.D. Les deux branches de la moelle alongée , qui vont fe rendre dans la cavité de la moelle épiniere, ôc qui femblables à deux gros nerfs , tantôt s'uniffent, tantôt fe féparent dans leur cours. E. L'artère carotide. F.F. Portion de Fcelbphagc. G. Le ventricule ouvert. H. L'orifice fupérieur. I. Le fond du ventricule & fon orifice inférieur , près duquel fe trou- vent trois dents. K. Les mufcles temporaux hors de leur fituation. L.L. Autres mufcles qui font les appendices des précédents. M. M. Corps glanduleux remplis de petits vaiffeaux : ils naiffent de? côtés du ventricule , 6c communiquent dans fa cavité, F.fff-a- 596 COLLECTION m,m.m.m. Les mêmes corps glanduleux qui i'e prolongent de part &r d'au- Willis , D s- tre vers la partie inférieure du tronc , &c qui le terminent par les prolon- cR'.rrioN de gements f*/*'. QUELQVîSAKi- " n.n. Les corps fpermatiques qui naiffent de chaque côté du ventricule, ?.iv.:\. ^ ^ paffant fous ie péricarde , fe terminent par les prolongements n.n. o.o. Prolongements des corps fpermatiques , qui ont la forme d'épidi- dymes , & d'où fortent deux verges. p.p. Les deux verges , dont la pointe fort par des ouvertures qui fe trouvent dans la première phalange des pieds de l'avant-derniere paire. q. L'ouverture du pied par laquelle fortent les œufs. R. Le péricarde avec le cœur contenu dans fa cavité. S. L'oreillette du cœur dans laquelle pénètre la veine cave. T.T. Le tronc afeendant de la veine cave. V. L'aorte qui à fa fortie du cœur, fe divife en trois rameaux. W. Le premier rameau qui fe porte à la tête. x. x. Les deux autres rameaux qui vont de part & d'autre aux ouïes. Y. Y. Extrémités des ouïes. 1.1.3.4.5.6. Quelques portions de mufcles. a. a. et: a. Ligaments qui s'étendent du péricarde aux mufcles du tho- rax. B.B. B.B. Mufcles du ventre & du thorax. y. y. y .y. Mufcles dirigés vers la queue. § §.. L'inteftin qui s'étend du ventricule jufqu'à l'anus. î.i. Les gaines ou tubes à travers lefquels chaque nerf optique va fe rendre ait globe de l'œil. _ ■•' j; •-. - '- - La Figure II. repréfente l'utérus d'une écreviffe femelle , le cou de la matrice & l'orifice externe de la partie naturelle , qui n'eft autre chofe qu'une ouverture qui fe trouve dans chaque pied de l'avant - dernière paire. . . A. Portion de la matrice ou de l'ovaire , remplie d œufs. B. Cou de la matrice. C. Son orifice dans le pied. D. La bafe de ce pied. E. Le pied , dont le mouvement aide au mouvement des ouïes qui y font adhérentes. F.F. Deux ouïes adhérentes à la bafe du pied , avec les petites franges fpongieufes. G. Appendices des ouïes : c'eft un fac membraneux ou une velTie que l'on peut diftendre en la foufflant. ACADÉMIQUE. î97 LE FER DE TERRE. LE corps tin ver de terre eft forme en entier d'une fuite de mufcles annulaires, dont les fibres orbiculaires étant contractées, diminuent le diamètre de chaque anneau & augmentent fa hauteur : cela feul bien entendu fuffit pour faire comprendre par quel méchanifme ce reptile traîne fur la terre : fuppofons que par la contraction des mufcles annu- laires de la partie antérieure du corps , il alonge cette partie , & qu'il la tî\e fur le terrein étant ainfi alongée ; il eft facile de concevoir que les mufcles annulaires de la partie poftérieure venant à fe relâcher , & par conféquent à diminuer de hauteur , cette partie fe raccourcira & fe portera comme vers fon point d'appui vers la partie antérieure qui eft fixée ; d'où s'enfuivra le mouvement progreltif. D'ailleurs , le ver de terre a quatre rangs de très-petits pieds ou cro- chets difpofés parallèlement fur toute la longueur de la partie inférieure du corps ; & il fe fert de ces pieds pour fixer fur le terrein une partie de fon corps , tandis que l'autre partie eft en mouvement pour s'éten- dre ou pour fe raccourcir. Enfin , il a au deflus de l'ouverture de la bouche une cfpece de trom- pe dont il fe fert pour percer la terre. Si l'on prend un ver de terre, qu'on le fixe fur une table dans une fituation renverfée , qu'on l'ouvre longitudinalement &c qu'on écarte les téguments à droit & à gauche , on verra à découvert toutes les par- ties de cet animal , depuis la tête jufqu'à la queue. Au deflifs de l'ouverture de la bouche paroît le cerveau dont le volu- me eft très-petit , & qui a à-peu-près la forme d'une bulle blanchâtre : un peu au deffous de la bouche , on découvre l'cefophage avec fes muf- cles , lequel defeend en ligne droite & fe rend fans détour dans le ven- tricule. Le cœur eft placé près de la partie fupérieure de l'œfophage ; il a fes battements de fyftole & de diaftole , de même que dans les animaux qu'on appelle parfaits. De chaque côté du cœur & un peu plus bas , on voit des corps blan- châtres , à-peu-près fphériques &: partagés en trois lobes diftincts : les deux lobes fiipérieurs font moins gros & d'un blanc plus vif : le lobe Inférieur de chaque côté eft deux fois plus gros & un peu oblong. Entre ces corps ou globules blanchâtres , & un peu plus en arrière . on apperçoit un double rang d'autres plus petits globules lemblables à des caroncules jaunâtres, dont le nombre n'eft pas confiant : chaque rang eft compofé , tantôt de quatre , tantôt de cinq caroncules , tantôt de plus ou de moins. On voit au milieu de ces globules des vaifleaux fanguins confidéra- bles , dans lefquels on remarque une ofcillation ou battement décide , comme cela arrive à tous les vaifleaux qui ne font pas éloignés du cœur, Wiuis, Des- cription i quelques an1- MAI) S. 59S COLLECTION Je n'ai jamais pu découvrir de cavité clans ces globules, foit en les; Wiiais ' Des- difféquant , foit en les foufflant ; mais en ayant ouvert quelques-uns & cription de les ayant preflés , je reconnus qu'ils rendoient une humeur laiteufe , ce quilquesani- qui me fit foupçonner auffi-tôt que ce pouvoient être des corps fperma- MAVX. tiques : je me confirmai dans cette conjecture en obfervant que ces parties n'avoient pas exactement la même conformation dans tous les vers de terre : d'ailleurs, il eft allez clair que l'accouplement de ces vers ne fe fait pas comme dans la plupart des animaux , par l'union des parties voifines de la queue , mais par l'union mutuelle des parties voifines de la tête : enfin 'a probabilite.de ma première conjeâure s'efi élevée à la certitude par les remarques que j'ai faites en difléquant un ver de terre femelle qui étoit fécondé : car en obfervant dans ce ver les corps blanchâtres les plus gros , & qui font de forme oblongue , je trouvai qu'ils étoient remplis d'eeufs : je remarquai de plus fur la partie de la poitrine qui répondoit à ces corps ou globules blanchâtres, deux mamelons de même couleur, & percés de petits trous : il y a grande apparence que ces mamelons font les organes extérieurs de la génération. Au refte, le ver de terre n'eft pas le feul animal en qui fe trouvent ces corps ou globules blanchâtres ; on les a obfervé encore dans le fea- rabée , le grillon-taupe , & quelques autres infeftes dans lefquels ils pa- roifTent de même faire les fondions de corps fpermatiques. Au deflbus de ces corps eft placé le ventricule : il eft d'un volume coniidérable , & fa cavité eft divifée en trois cavités diftinefes. L'inteftin naît de la dernière de ces trois cavités , il fe porte droit à l!anus fans aucune circonvolution ; il eft marqué fur toute fa longueur , de cannelures tranfverfales qui font l'empreinte des bords des mufcles an- nulaires , en forte qu'il paroît divifé en plufieurs tronçons , comme le co- lon dans les quadrupèdes. Cet inteftin étant ouvert par une feclion longitudinale, laiffe voir au fond de fa cavité un tube ou conduit jaunâtre qui parcourt toute fa lon- gueur depuis la queue jufqu'au ventricule dont il pénètre les parois , & fe prolonge enfuite julqu'à la tête : la capacité de ce tube ou conduit eft confidérable , car étant foufflé , ilfe diftend beaucoup : & comme il eft ana- logue aux conduits ou vaifléaux que Malpighi a obfervés fur le ventricule & ies inteftins des infectes , je fuis porté à croire qu'il fait les fondions du foie & du méfentere. En difféquant des vers de terre , j'ai trouvé quelquefois des œufs mûrs & prêts à fortir de part & d'autre de l'inteftin , à fon extrémité la plus voifine de là queue : il me parut que ces œufs étoient defeen- dus jufques-là de la région des ovaires ; ils débouchent dans l'anus par des ouvertures particulières. Si l'on tient le ver de terre fur le ventre & dans fa fituation naturelle, on apperçoit fur la partie du corps la plus élevée dans cette fituation , une file de petits trous qui le trouvent tous fur le bord de chaque mufcle annulaire : cette file s'étend prefque depuis la tête julqu'à la queue : fi on les fouftle avec un chalumeau, toutes les parties inférieures contiguësfe gonflent, &les ex- créments renfermés dans les inteftins, font pouffes en haut ou en. bas : £ ACADÉMIQUE. 599 l'on preffo ces petits trous , on en exprime une liqueur bUnche , vifqueufe — »^— — & quelquefois laiteule. Willis Des- On pourroit regarder ces trous comme les orifices d'autant de trachées cription de analogues à celles qui tiennent lieu de poumons aux infectes qui n'ont quelques ani- point de fang : cependant il faut remarquer que les vers de t»rre ne ref- MAUX- pirentprefque point , qu'ils vivent long-temps, non- feulement lorfqu'on laide tomber de l'huile fur ces petits trous , mais encore lorfqu'on les tient plongés eux-mêmes dans l'huile ; il elt vrai qu'un degré de chaleur allez modéré les fait mourir : il en efl: de même des poiilbos , fur-tout des tef- tacées, qui rapportent beaucoup mieux la privation de l'air ou de l'eau que l'aftion du feu ou de la chaleur. Les vers de terre fournis à l'analyfe chymique,ne donnent ni fel vola- latil ni fel fixe. EXPLICATION DES FIGUR&S. PLANCHE XXVIII. LA Figure XXVIII. repréfente le ver de terre renverfé , & n'en mon- tre que la moitié antérieure ouverte & difféquée. A. La bouche. B. Le cerveau ; on voit fur la furface une artère qui defeend vers le cœur & de-là à la queue. b.b.b.b. Les mufcles annulaires ouverts & développés , avec leurs ten- dons. C. Portion de l'œfophage. D. Le cœur. E. e.e.e.e. Corps ou globules blanchâtres fupérieurs , grands & petits. F.F. Les deux corps oblongs inférieurs , lesquels lbnt pleins d'œufs de différentes grofieurs. G. Le ventricule qui efl divifé en trois : on ne voit ici que le pre- mier eltomac , & le commencement du fécond. FIGURE XXIX. même Planche. a.a.a.a. Les quatre rangs de pieds ou crochets des vers de terre. STRUCTURE DES OUÏES DES POISSONS, LEs ouïes des poiffons font des parties fémicirculaires , oïïcufes , atta- chées de chaque côté au fond de la bouche , criblées d'une infinité de petites cavités , & aufquelles répondent des ouvertures particulières. Les vaiffeaux des ouïes font des artères & des veines : voici leur dil- poiïtion telle que je l'ai obfervée dans l'efturgeon, le làumon , & le ca- billau. éoo COLLECTION «uMi»1 "— L'aorte en fortant du cœur & s'étevant du côté de la mâchoire infé- Willis,Des- rieure , jette deux rameaux de droite & de gauche : chacun de ces ra- cription de meaux le divife en deux autres qui portent le fang artériel à deux ouïes quelques ani- c]u même côté : le rameau de l'aorte fe divilé encore & envoie deux ra- maux. mifications qui traverlént l'arc de chaque ouïe près de fa bafe offeufe : ces deux ramifications en produifent une infinité d'autres plus fines & plus déliées, qui fe portent vers le milieu & les côtés des bords frangés des ouïes : toutes ces ramifications artérieles ayant traverl'é les ouïes fe réunifient en un feul tronc , qui fe repliant fur lui-même , abbreuve tes différentes parties qui fe trouvent fur fon paffage. Le tronc descendant de la veine cave s'applique fur le tronc afeendant de l'aorte , qui fe porte vers les ouïes ; & les ramifications les plus fines de l'un & de l'autre fe correfpondent exactement, feit dans les arcs , fait dans les fibres les plus déliées des franges des ouïes : il part de chaque point de ces franges un rameau véneux qui s'infère dans le tronc defeendant ; & cela paroît évidemment, en ce que fi l'on ouvre les rameaux des ouïes foit véneux , foit artériels adjacents aux arcs , on apperçoit une fuite de petits trous , par lefqnels ces rameaux communiquent avec les fibres des ouïes : & fi l'on injecle par les rameaux artériels une liqueur colorée , elle revient par les rameaux véneux. Cependant j'ai obfervé qu'il n'y a qu'une partie de la liqueur injectée, qui prenne la route des bords frangés des ouïes par les trous dont j'ai parlé, & que l'autre partie de cette eau injeûée , paffe tout droit dans les conduits , & va fe rendre dans le tronc defeendant de l'aorte , formé par l'union de toutes les ramifications artérieles qui ont abreuvé les ouïes ; d'où je conclus que la circulation du lang dans les poiffons , diffère de celle des animaux qui ont des poumons, en ce que dans ceux-ci tout le fang paffe par les organes de la respiration , au lieu que dans les poiffons il ne paffe qu'une partie du fang par les ouïes , qui dans ces ani- maux peuvent être regardés comme les organes de la refpiration. EXPLICATION, ACADÉMIQUE. *,, ^nwMfMim— miiia, iwMirwpwii iimimnii m»miiii nu m ii^mm^^ e xjFl I c a t i o n Des Figures qui n'ont pas été indiquées dans le corp? de l'Ouvrage. PLANCHE IX. FIGURE PREMIERE. TEte du Mammonet. FIGURE II. A. Le rec~rum du mammonet lié à fa partie fupérieure b. a. L'arms. BB. La veffie urinaire. C C. Les véficules féminales. dd. Conduits qui partent des véficules fémirrales. f. Iffue par laquelle ces conduits s'ouvrent dans l'urètre : cette if- fue eft munie d'une valvule. G G. Les proftates. H.H. Les mufcles qui contribuent à l'éreftion & à la dilatation de la verge. KK. L'urètre. LL. Les corps caverneux de la verge. m. Le gland. N. Le prépuce. O. La fente du gland. FIGURE III. Mâchoire fupérieure du mammonet. A. L'os triangulaire du Commet du crâne. B. Les os temporaux. S. L'os pétreux. C. Os jugal. D D. Deux protubérances de l'os cribreux qui efipercéde plufkurs trous, E E. Orbites des yeux. F. Prolongement mamillaire. G G. Portion de l'os de l'occiput, Ki Les cinqs dents molaires. Te/72. IV, du Actd, Etrang, q „„ „ 6oi COLLECTION L L. Les canines. m m. Les deux incifives antérieures. n n. Les deux incifives latérales qui font très-Iargeî.' O. Les narines. FIGURE IV. QQ. La mâchoire inférieure du mammonet. RR. Apophyfes coronales. S S. Condyle. tt. Petite cavité creufée entre les deux prolongements» u. Les quatre dents molaires poflérieures. X. Autre dent molaire très-large. zz. Les canines. O. Les quatre incifives. PLANCHE XII. Fig. I. Parties de la génération du hériuon. Fig. II. Inteftins du loir. Fig. III. Langue d'une poule d'Afrique. PLANCHE XIX, Fig. I. Canal inteflinal du héron. PLANCHE XX. Fig. I. Canal inteflinal du paon. PLANCHE XXL. Fig. I. L'arbre du thé. PLANCHE XXVIII. Nota. La Figure Ire. doit être marquée la XXIII. & celle-ci la Ire, Fig. II. aa. Portion d'inteftin de la goîtreufe. b. Canal cyflique. c. Conduit hépatique d.d.d. Trois conduits pancréatiques. Fig. III. aa. Portion d'inteflin du héron blanc. b. Canal cyflique. c. Conduit hépatique. d.d. Deux conduits pancréatiques. Fig. IV. aa. Portion d'inteflin d'un butor. b. Canal cyflique. c. Conduit hépatique. d.d. Deux conduits pancréatiques. Fig. V. aa. Portion d'inteflin du canard appelle Doitors en Tofeane ( anas plazynnchos.} b. Canal cyflique. ACADÉMIQUE. 603 C. Conduit hépatique, d. Conduit pancréatique. Fig. VI. aa. Portion d'inteftin d'un vanneau {pavonalla , fifa.} b. Canal cynique. c. Conduit hépatique. d. d. Conduits pancréatiques. Fig. VII. a. a. Portion d'intcitin du Courli, Çgamhtto, ai quota, numenius.') b. Conduit hépatique. c. Canal cyftique. dd. Conduits pancréatiques. Fig. VIII. Os de la verge de la loutre.' Figg. IX. &X. Du chien.] Figg. XI. XII. XIII. & XIV. De la martre & de la fouine. Fig. XV. Verge du loir. Fig. XVI. Os de cette verge plus grand que nature. Fig. XVII. Os de la verge du putoir. Fig. XVIII. Du loup. Fig. XIX. De l'hyène odoriférante qui donne la civette. Fig. XX. Du taiflbn : cet os a un corps cartilagineux à fon extrê* mité. Fig. XXL Le même os dépouillé de ce corps cartilagineux. Nota. La Figure XXIII. doit être la Ire." Fig. XXVII. Conduit alimentaire d'un ver trouvé dans les inteftins d'un tigre. _ ( A. L'extrémité qui tient à la bouche, B. L'extrémité oppolée qui fe termine à l'anus. C C. Deux cœcum. PLANCHE XXIX. Fig. VI. a. Commencement du conduit alimentaire de la limace, f. Le gofier. b. L'eftomac. c.c.c. L'inteftin. d. L'extrémité de l'inteftin qui va aboutir à un peAtrou fitué fur le bord d'une plus grande ouverture , par laquelle la limace refpire. Fig. VIII. g. Membre génital de la limace. h. Endroit par oii le membre génital fe déploie, i.i.i.i. Canal fpermatique félon Redi , & la matrice félon Swam- merdam: k. Le tefticule félon Rcdi,5defac de la glu félon Swammerdam', 1. Conduit blanc qui tient par l'une de fes extrémités au tef- ticule ou au fac de la glu , & par l'autre extrémité à un corps glanduleux que Swammerdam regarde comme Pcf- vaire ; Swammerdam. appelle ce conduit blanc, conduit caténiforme. in. m. m, m. Ramifications de ce conduit, Ggggi Éô4 COLLECTION ri. Peau de la limace. o. Conduit alimentaire. Fig. XIII. Conduit alimentaire du limaçon terreftre." a. Ouverture fupérieure de ce conduit , laquelle répond à la bouche. b. Cavité du gofier , dans laquelle eft enracinée la dent du limaçon. ce. d. L'eftomac. e.e.e.e. L'inteftin. f. L'extrémité de l'inteftin qui aboutit à cette ouverture , la- quelle eft fituée auprès du paffage de la refpiration. PLANCHE XXX. Fig. I. a. Ouverture par laquelle fort l'appareil de la génération du limaçon terreftre. b. Cavité membraneufe où fe trouve un mamelon blanchâtre. c. Membre génital hors de fa fituation. h. Petit lac blanchâtre cartilagineux , dans lequel fe trouve le petit os de forme pyramidale. dr«W. Vaiffeau fpermatique félon Redi, & la matrice félon Svam- merdam. g. Le teftkule félon Redi, & le fac de la glu félon Swam- merdam. e.e.e. Conduit que Swammerdam appelle caténiforme. f. Corps glanduleux félon Redi , ou l'ovaire félon Swammer- dam , auquel aboutit le conduit caténiforme. m. m. Conduit que Swammerdam appelle vaiffeau déférent. 1. Petit fac qui termine ce vaiffeau déférent & qui contient une matière couleur de rouille , & de la confiftauce du favon tendre : c'eft le fac de la pourpre , fuivant Swam- merdam. Fig. IV. .aa. Moelle épiniere de la fang-fue d'eau douce. ' b. Membre génital. Fig. V. Conduit alimentaire de ces mêmes fang-fues. Fig. VIL Ver de terre qui a un bât marqué fur le dos , & la queue large en feuille d'olive. 4. La bouche de ce ver. 3. L'ouverture de l'anus. Fig. VIII. Ver de terre à queue large en feuille d'olive qui n'a point de bât marqué fur le dos. A. La bouche. B. L'anus. Fig. IX. Gros ver de terre à queue cylindrique & qui n'a point de bât marqué fur le dos. A. La bouche. B. L'anus. A C A D É M I QV E. ôoj PLANCHE .Y A' .Y 1. Fig. IV. a. Rettnm du hibou, (gufo.) b.b. La cloaque ouverte. ce. Deux mamelons des uretères qui débouchent dans la cloaque; d.d. Les uretères. e.e. Deux mamelons par lefquels les vaifleaux fpermatiques ré- pandent la liqueur féminale, dans l'accouplement, f.f. Les vaifleaux fpermatiques. Fig. VII. aa. Veflie urinaire de la murène femelle. b. Orifice externe de cette veflie. ce. Les deux uretères. d.d.d.d. Les ovaires. Fig. XVII. Conduit alimentaire d'un ver trouvé dans l'inteftin d'une lune de mer. a. Origine de ce conduit, b.b.b. Trois cavités. c. Autre cavité plus grande, d.d.d. Continuation de l'inteftin. Fig. XVIII. Vaifleau fperniatique de ce vers , lequel eft attaché par l'une de fes extrémités dans le milieu de la cavité du ventre, f.f. Deux rameaux du vaifleau fpermatique. g. g. Deux verges. Fig. XIX. L'ovaire de la femelle de ce ver eft immédiatement avant la byfurcation formée par deux conduits qui fe terminent à l'extrémité des deux branches de la queue , laquelle eft fourchue : les orifices de ces deux branches repondent aux deux verges du mâle. Fig. XX. Sac des calemars , polypes & feches mâles , plein d'un grand nombre de filaments blanchâtres femblables à des vers. c.C.c. Contour de ce fac d. Bouche de ce fac. a. Corps blanc roulé en plufieurs fens , renferme dans ce fac. b. Petit fac rempli cTune matière blanche &vifqueufe , ôc ren- fermé dans l'autre fac. Fig. XXI. a.b. Vers du polype. PLANCHE X X XII, Fig. I. Canal alimentaire du polype. c. Le bec. d. L'œfophage. e. Le gofier. f. L'eftomac , femblable à celui des oifeaux. g. Le cœcum. h.h.i. Les inteftins. 6o6 COLLECTION k. Réfervoir de l'encre ou véficule du fiel. 1. Ouverture de l'anus par oii fe déchargent & l'inteftin & le réfervoir de l'encre. Fig. II. Canal alimentaire de la feche ou du calemar. m. Le bec. n. L'oefophage. o. L'eftomac. p. Le ccecum. q.q. Les inteftins. r. Réfervoir de l'encre ou du fiel. s. L'ouverture de l'anus par où fortent l'enere & les excré- ments. Fig. III. Canal alimentaire d'un autre poiffon de même genre. t. Le bec. ' • a. L'oefophage. x. Le réfervoir de l'encre ou du fieL y. Les inteftins. K. Ouverture qui aboutit à l'anus. u. L'eftomac. W. Ccecum ou fécond eftomac. Fie;. TV. a. a. Veffie de l'air d'une anguille. b. Conduit de cette veflie qui aboutit dans TeftomaCr c.d.d. L'eftomac de l'anguille, e. L'inteftin. Fig. V. a. a. Veffie de l'air du poiffon appelle roffe {Itfca) b. Conduit qui va de cette veflie à l'eftomac. d. L'eftomac. e.e.f. L'inteftin. Fig. VI. d. Veffie d'air de la murène. c. L'eftomac. Fig. VII. Veffie d'air de la tanche de mer , divifée en trois ventres, Fig. VIII. ' a. Veffie d'air du brochet, b. Conduit de cette veffie. Fig. IX, Veffie d'air de la lyre de mer ( pefa-organo ) divifée en trois parties. Fig. X. Veflie d'air du poiffon appelle muggine... Fig. XI. Veffie d'air de la vipère marine, Fig. XII. Veffie d'air de l'hirondelle de mer. Fig. XIIL Veffie d'air du poiffon appelle fan-phtro owfaber* PLANCHE XXXIII. Fig. I. a. a. L'eftomac de l'alofe (lafeia o cheppia.) b. Veffie d'air , dont le conduit aboutit au fond de l'eftomac. d.f. L'inteftin. 3*e.c.e.e.e. Les ccecum ou conduits pancréatiques.- a' La véficule du fiel. ACADÉMIQUE. 607 Fig. II. a. Veflie d'air de la tniitc , dpnt le conduit aboutit à l'œfo» phage. b.c. L'eftomac. d. L'inteftin. e.e.e.e.e. Les cœcum ou petites véficules pancréatiques, Fig. III. Veflie d'air de l'ombre (ombrina.} Fig. IV. Veflie d'air d'une efpece de carpe freina.) Fig. V, Veflie d'air de la tanche d'eau douce. Fig. VI. Veflie d'air de l'aiguille repréfentée dans Jonfton Fig. 14; Fig. VII. a. Eftomac du poiflbn doré, b.b.b. L'inteftin. c.c.c.c. Quatre ccecum de longueur inégale. d. Veflie urinaire. e.e.e.e. Veflie d'air divifée en quatre ventres. f.f.f. Trois conduits de cette veflie qui Ce réunifient en un feuf g. lequel aboutit à l'eftomac. Fig. VIII. f.f.f. Vers du homard. Fig. XI. Veflie d'air de la grive de mer ( tordo. ) Fig. XII. Veflie d'air du dentex. Fig. XIII. Veflie d'air de la fardine. PLANCHE X X X I V. Fig. XX. Ver de la tête des moutons. a. La tête armée de deux antennes. d. Partie poftérieure de ce ver. Fig. XXI. Chryfalide de ce ver. c. Partie la plus étroite de la chryfalide , & par laquelle la mouche fort. d. Partie la plus large , qui renferme la partie poftérieure de la mouche. Fig. XXII. Cette même chryfalide ouverte après que la mouche en eft fortie. Fig. XXIII. g. La mouche fortie de cette chryfalide. Fig. XXIV. i. Cette même mouche renverfée, & groflle au microfeope. Fig. XXV. 1. La tête de cette mouche groflie avec un meilleur microf- eope. m.n. Les yeux. o. La partie poftérieure de la tête. F I N. A DIJON, de l'Imprimerie de h Veuve de Pierre De Saint, feul Imprimeur du Roi , de Monl'eigneur l'Evêquc & du Collège. , ; ■//, y t.. -J, v t,K l'art. Or. T.iv.ctL- i-Jï JHi^t .X.U.^fiinv l'I 1 3o. CoUectAcad. Part-Or- T.nr.etlai-del'Hùfr-Nat.Separée /'/• // CôlledAcaJ .Par rtr ï'.iv.d If j.Jl- t'HustiiJt.S<;i> CollecCAcad.Partr.l an. Ti.jir.etrlej.de l'IIùi-Xai: Séparée, J'L viu. ,;>//<•<•/•: I, ad .Partr.Ep-erv.Tt>. a ■■//.• / >>,- ntist. x.h. Separée,PL . ix C "eîlet t . h adé ■ Toe. 4. '.' Part . Etram 1 . et le- /. de Mût Nat ■ îépm \ '■. ri a l ?//,-< tA \ àd. ParbMai. t jt. < tl : .h ■ lifts/.. 1 ,"//-. Séparé&H. XI. Fia / Fiû .r ■■ ' ''' ' ■ V ■ • ^>. '«•y/ HiSJ l 'cUecl.AciUi. J'url. FJran. To.ji:rt /<• /■ de Nlist ..\ ut. .^■/wr,y,/Y xn . . <■ - • ; l : >//< v t. . ù -aâ. l'ai t ■ En s n ■ 7ï> jr< < t L ■..-.. \ • iHist ■ A ',//. Séparée, PI . XM Fia- y. C N« il • .-• - . . ■- -■ i t'ILrtrAcdJ -l'art . i:tran. Tb.W.ettel. de CHist rNatrSeparecJPl . xjr. cti. Is.Pdrt:Elr(-ii. ■Ji'.ji'.t't/(>j.,h' /7//S/.A,//. Sr/'iinv,/'/. XVI •>■ -. '--_™ : -.1+1 l?f* : '• *- c \>U J,\ni .PtV-l.Etrm-ïl'-n--t'tk i-iiç r/ùst-Xii! S \ià. t'ai t.Ftraihi . 7/' ■ j: -. e'tkl''. de l'Hist. Xae Séparée' J'Ijux i i. 'IU\ •/- icaâ ■ Ptirt ■ r.u ans- 7à -n'-t 7 Is / '■ 'A- 1 lusl .y,!/. Si'rut < * • • /'/■ aa i / : Ht" ■V- K&i [ hlli'rt-.Ai •titf.Part.-Jiowiu.Ti'.ji: dlei "dt'> L'Msf.JVdt. Seyait. PL. ixi " - - ■ ! : ■//■ ■' .JrdJ ■Paiir.Ettwuj ■'!!? ■ iv- t't U' i': de L'Hisl. Xtit.Srptiree . Pi. xxn ?//tvt-h\u) -Part. J'Araihi . 7Ï> . /y. //,:■/■ .■L;iJ.J'. n . rt L' /'■' .^V i i'Ar/.lW. Pari. Jicrgiy. T'en-, ellef.de VHist: Nul Séparée ■ Fiû.jv. ri. X»' ?ihit:Ji\ià. Partetr. T.iv.ti L. X tliul . X.u. Srpnn; ■ 1'! . x \- vr ■ r-v ullâct.Aca, tan Urcuw rcrs.etbi'd&lJhisfflab. Sépare*. PI .ut// : \ : .-■..- ïh a •■/./•:// ■,///,/. ■ii'.ir.t'ilr i:\ti- l'Ilot. NtàSéparéà. ri.xxix Fiif.n ; '■/./.!,•' :■: '■" >'■: CbUecà^icad, P.rrl.J-.lr.m.,. To.lTTa Le F Je ////■>/. .V//., i,'/ •,,/,'«■ PI ..XXX. *. , \ _^___^ '-dffe*. 0 ,£5 ■■'.^1-.V \ s^ j£ /,•■//■/.. /■//>. ParhEtrâng L<. ll.\i /.■ //',/«• î&ZràÎTat. Jeparee PL XXXI. /•>. >\m ■ H &MI. *V£ lo//;i.\ l\ul.Jihun.//.,/ /■ /.' ,/ IMstNat.Jeparée J'/.\\ /,:,./. &a& l\Vv" A "■'■■ '' ■ % '&1 H-.S S Collecr.Jcad.Part^Etra^. To.IV. etk /.- de iHistNatSep^reé . PI . XXXV îîîîïttî v^. * VïL îîîîïîîï ^*> «%• TABLE DES MATIERES Contenues dans ce Volume. A, ,B DO M EN d'un fétus de vache , Pag. in, d'un fétus de brebis ijj. Muf- clesde cette partie dans l'aigle, 170. Cavi- tés de l'abdomen communiquent avec celle des inteftins dans un fétus d'Emirtolc , 18 3, dansprcfque tous les animaux contient une liqueur, igj. De YArgentina, i%6- 187. Du perroquet , 198. Des fétus d'une hafe, 310. Des fétus de renard, jn , du grillon-taupe, 311, des fauterelles , ibid. de la cicogne, ; f 6, de h vipère, 370. Abeilles , temps où fortent les cflaims en Angleterre , pag. 13. Abeilles qu'on trouve dans les cavités des vieux faulcs , 1 9. Ru- che propre à empêcher les Abeilles de for- tir , 59-40 ; (e multiplient quelquefois proJigieufement , & en quel temps on les voit par grandes troupes, 14;. Leur vé- ritable origine ,42.3. Craignent les chairs mortes , & non les os décharnés , 414, &fuiv. Ne paroiflent pas en plus grande quantité pendant la mortalité du bétail , ibid. Si elles reffufeitent véritablement , 43 5- Abricot contraire aux vers , pag. 1 09. Abricotier. Saifon de le tranfplanter , page 19. Abfmthe , fon effet fur les vers de terre , pag. J04. Acarbarum , corail noir d'Amboinc , pag. no. Accegge ( Bécaffcs ) , pag. y 1 0. Açciuga , pag. f 31. Achigniglium , pag. 71. Acridophages , fujets à la maladie pédiculai- " > pjg- 174- Acus caudâ utrimq. pennatâ, pag. 41. Voyer Sangfue du Xiphias. Acus des Latins. Voyez Aiguille de Mer. Agaric , fon effet fur les vers de terre , pag. JO4. , Agates , pages 511-388. Agate fînguliére- raent hcrhnrifée , 388 , dans la Note. Agneau monftrucux par ht tête , pag. ijo. Autre, 50t. autre , jo<î. Autre, 335. Agneau noir à queue blanche, jji. Agnus caftus de deux efpeccs , & excrcfccn- ces de l'une & l'autre efpccc , pag. 4;*- 4Î7- Agnus Scythieus , vrai ou fuppofé, pag. 3 ji. Ahrab , Scorpion de Tunis décrit, pag. 42. S- 419. Aigle blanche , pag. ic8. Diffcction d'une aigle , iSj , 6- fuiv. Langue de l'aigle , &c. iji. Myologie de l'aigle , 163 , & fuiv. Aigle de Mer, lueur de fa chair corrompue, 468. Structure de fes reins , Jic. Aigle Royale , Aigle pédicule , |i9. Aigle Royale, rio. Aigle fujette aux vers , jn. Aigle de Mer,fjt-f40. Aiguille aimantée , (a déclinaifon en Iflandc , pag. 66 ; fon dérangement dans un en- droit des Ifles Fermé , 301. Aiguille de Met dilTcqucc , ^a^. iro-iti. Sa vcfiïe d'air, y 50. Aiguillon du Chien de Mer , nommé G Aculeatus, pag. 5 59 AiguillonduScorpion, 3 «7. S'il eft percé , ibid. &/uh\ & 419. De celui de Tunis , 419. Ail , nourriture ordinaire des Orientaux, pag. 144. Son errer fur les vers de terre , t o e . Ailes au nombre de trois dans un pigeon , pag. 14;. Grandes plumes des ailes de la Cicogne ,148. Articulation des os de l'aile Hhhh 6io T A B dans cet oifcau , pag. 149. Ailes du pou- let 1; 7-1 3 8. Os 8c mufdes des ailes de l'aigle, 171 , & fuiv. Ailes du grillon- taupe, 511, de l'aigle Royale , 510. Aimant , voyez Aiguille aimantée, Si Mi' nés d aimant. Air , comment contribue à la diverfité des couleurs qu'on remarque dans les eaux du lac de Genève , pag. 18. Racines qui vé- gètent dans l'air , no. Air dans le coeur d'un chien , 246 , dans les vaiffeaux ura- bilicaux du fétus d'un cmiffole, 182. Dans les vaifleaux fanguins de quelques tortues marines, 5 8 6-5 87. Albanelle , pag. 519-511. Albardeola , la palette ,pag. 467. Albâtre , pag. 161. Albellus , pag 511. Alcée , plante qui croît fur des rochers cou- verts de neige , pag. 351. Algue marine , fert d'engrais , fa qualité S: fon effet , pag. 77 , 78-195, eft contraire aux huitres, 17 5- 176 : vient fur des pier- res, des pyrites & des cailloux,i 10. Com- ment fe nourrit , ibid. Algue faccharifere, 111-214- 3 15-3 31-3 3 3 , en Mande, 318 , fon analyfe ,335. Alkalis , leur vertu pour fertilifer les terres , pag. 164- 165. Alkah des cendres des ani- maux , 117. Alkermes ( Confection d' ) fe prépare avec le fuc des coques de Polygonum , pag. 104. Allantoïde dans la vache , pag. 2.56-157 , . dans la louve , 188. Expériences fur la liqueur de cette membrane , ibid. Ce qu'on trouva dans cette membrane ,. ibid. elle communiquoit avec la veffie , ibid. Allan- toïde d'un fétus de laie , 189. Ufage de l1 Allantoïde de vache , 338. Aloes d'Amérique , comment fleurit ; en quels cantons fe trouve , fa defeription , pag. 96-97. Vient dans le gros fable ,110. Effet de I'Aloès fuccotrin fur les vers de terre, 503. Effet de l'aloès fur les vers du corps humain, 511. Alofe , pag. 530. Alvéoles de la matrice d'une brebis, p. 158. Alun (Cryftaux d) d'où fe peuvent tirer , pag. 90. Leflive d'alun fert à tirer la tein- ture de la cochenille de Pologne , 104. Formation de l'alun , 38S. Son cfret fur les vers Je terre 507- 50S. Amalgame d'or Se de mercure, pag. 35*. Amande , moyeu de changer la nature de ce fruit , pas. 10. Ambre gris , de la JFloride , pag. 198 , trou- L E vé en Rufîîe , ibid. Ambre noir , ibid. Amiante, fa formation , pag. 388. Ammoniac ( Sel } , pag. 41. S'il s'en trouve du natif dans les mines de charbon qui fe font embrafées , 90. Manière d'avoir de ce fel , ibid. Sa ftructute , 109 , s'il s'en trouve dans les volcans ,110. Amnios du poulet , pag. 1 ; 6 , du veau , %}6. Des fétus de l'émiffole , 181 , dans la louve , 2.88. Expériences fur la liqueur de cette membrane , ibid. Amnios d'un fétus de laie, 289. Amygdales d'un cerf , pag. 157, d'un tau- reau , ibid. du renne , xii. Anacangrifpafaui , oifeaux , pag. 297. Anas platyrinchos ,pag. 601. Anatomie de l'homme , & anatomie compa- rée , rapports qu'elles ont entt'elles , pag, XII-XUI. Anchois pétrifié ( repréfentation d'un ) p. 1 9 3 , ce poiflbn n'a point de veffie d'air ,531. Anconé ( mufcle ) dans l'aigle , pag. 274. Ane en fureur ,pag. 353 Ane dilféqué , 373» Anémone fauvage , ponctuée , pag. 115. Anejfe difféquée , pag. 2S9 190. Angelica fylveftris magna vulgatior , Sec. Obfervations de fes veines , p. 10. L'an- gélique vient en Illande . 328. Anguille difféquée , p. 365. Chair de l'an- guille , ce qu'elle devient en fe corrom- pant, 411 , migrations régulières des an- guilles, 488-489 , fujettes aux vers , 523. Erreur fur leur génération, 5 29, leur veffie d'air, 530. Anil , différences de cette plante S: du paftel , p 114. Animalcules qui fe trouvent dans la bouche des Vinci , p. 555. Animaux qui préparent la manne de Ceïlan , p. 1 11-121. Animal d'une coquille turbi- néc , 1/1. Etat des vifeeres dans les ani- maux morts de faim , 499. Anneaux de la trachée artère du paon , pag. i?J' Ante nés du grillon- taupe ,p. 314 , de l'our- fin de mer , 535. Antophylla , p. 118. Anus de la limace , p. 479 , du Tincio , 534 , du Dauphin femelle , 536. Aorte dans le poulet couvé , p. 136. Naif- fance de l'artère aorte dans l'aiguille de mer, ici , bifurcation de cette artère dans le héron, 194. Aorte du limaçon, 485 , des vers d'une lune de mer , 518 , de l'huitre , 590, de l'écreviflé , 594 , de l'efturgeon, du faumon&ducabillau,«oo. DES MA Appendices de la queue de la torpille ,/>. j. 171. Nid d'une arai- gnée , fts œufs , temps que cet infeifte vit fans manger , 45 y , & Juiv. Leur mue , 45 S. D'où tirent leurs fils , & comment elles les attachent, 457-438. Erreur fur leur génération , 457. Araticu , fruit du Bréfil , décrit , pag. fjj- jy4- Différentes efpcces d'araticu , c j 3. Arbre chou , p. 79. Arbre , correfpondances mutuelles de fes ditFércntes parties , p. 8 , & fuiv. n'ont pas befoin de beaucoup de terre pour vé- géter , croître , & donner des fruits , 9. Moyen d'augmenter le produit d'un arbre qui donne peu, 10. Caufe de la fcénlité d'un arbre , ibid. Corps de l'arbre l'emporte fur la greffe , ibid. la greffe agit aufft fur le corps de l'arbre , 1 4. Saifon de les planter , 14-1 y : qu'eft ce qui nuit le plus aux arbres , du grand froid ou du grand chaud , ir. Manière de mukipli r les ar- bres fruitiers, 58-19. Arbres que l'onrrou: ve aux environs des endroits d'où l'on tire le fuccin ,11;. Arbre trifte de Goa , 1 ;o. Arbres fleurirent aux environs de Noël , de l'année 1671 , dansIeSommerset Shire 3 75. Arbres pétrifiés , de quelle efpece , 101. Ce qui multiplie les plantes herba- cées , n'a pas toujours la même vertu à l'égard des arbres , I6y. Arbres qui por- tent plusieurs fois l'année, iyy. Ardoife , fon ufage , fa durée , p. 10. Moyens de connoitre li elle eft bonne , par la cou- leur , le poids , l'imbibition , le fon , la manière dont elle fe coupe , 11. Argent ( mines à') ,p. 100; il s'en. tire des pierres de grenats d'une montagne , à un mille de la Vallée de S. Joachim ,101. Mine d'argent au Village d'Argentiere , 55-3. Manière de dorer l'argent ', 375. Corps métalliques figurés , où l'argent do- mine , 401. Argentina ou gros-yeux , difTéque* , p. it6- 187. Argile de la rivière des Amazones , fa pro- priété , p. 34j. Arithénoide ( Cartilage ) dans la biebe , p. 170-171- Armadillo ou tatou animal du Brefil ,/>. jj ;. Arquata } pag. 603. Arfenic ( Fleur d' ) qui fe tire des mines de Kuttemberg, p. 100. Mine d'arfenic de la T I E R E S. 6,i Vallée de S. Joachim , toi-rot. Arfenic blauc ou cryftallin ; atfenic jaune ou or- pin , 101. Les cerfs fuient les endroits on il y a des mines arfcnicalcs , 101. Com- ment l'arfenic peut être avalé fans danger , Î4f- Artère, d'Highmorc dans la rate , fi elles ont des plantes f«n- blables à celles d'Europe , 79. Barbagianni ,pag. J10. Barbeau , pag. y 30. Barbes de la queue de l'Ectevilfe Se du Ho- mard , pag. 1 19 , 6> fuiv. & y 3 3. Barbotine, fon effet fur les vers de tetre,p. J04. Hhhh ij 6\% T A Bardane , obfervation de fes veines , pag. 10. Barnacles fur le dos des Baleines , pag. i , defeription de ce coquillage , 81-81. ïa- ble fur la génération des barnacles } pag. J7'1- Bafmet , manque aux reins du Lion ,pag. 1S9. Sas-ventre, rnufcles de cette partie dans l'Ai- oh,pag. 170-171 ; bas-ventres des fétus du Renard ,51:. Bâtons de S. Paul de Malthe , ce que c'eft , pag. 51-51. Bec de Grue , pag. 1 1 . Bec de l'Aigle ,pag. 18/, du Poulet, 137 , de la Cicogne , 3 57 , du Pivert , 3 j 8 , bec des Oifeaux, pij du Polype , «19, 60 j. Becajfes , pag. 510. Belette , fa verge , pag. 4 67. Bellotas j efpece de glands , pag. J85- Bergeronette ., manœuvre finguliere de cet oi- ' Ceaa,pag. 17 r. Bétail, plantes dangereufes pour lui , pag. 143 6>'Juiv. Be\oart qui contient une flèche , trouvé dans un animal qui tient du Bouc & du Cerf, pag. 97-98 , bézoart des yeux du Cerf, ij4 , des yeux de la Biche, 170; nature des bézoaits ,388. Béçoarts , s'ils font contraires aux vers , pag. y 08, dans quels animaux on en trouve, 5/6. Biches cornues , pag. 166 , Biche dilféquée , i6i ,i,'fuiv. & 188. Bile , fe trouve en abondance dans les deux eftomacs d'un Pigeon , pag. 119, dans ce- lui du Poulet , 141 j dans la vélkule du fiel de l'aiguille de mer ,151, dans le fétus de vache , 1 57 , & foiv. dans le fétus de bre- bis , 1 5 9 , dans le dauphin ,538. BifciuoU , pag. 459-5 14- Bitume , comment on l'emploie à la produ- ction du fel ammoniac , pag. 90 , où on en trouve , 1 1 5 , ce que l'on prend quelquefois pour du bitume-, 41 1. Bivalves qji donnent des perles , pag. ijl' 408. Blaireau. , ( femelle ) fes oeufs , pag. 191. Blanc-d'œufmè\é avec l'eau , pag 133-134. Bled , conditions néceiïàires pour qu'il vienne bien , pag. 9, où mûrit difficilement , 1 00. vient en abondance dans Je Nord , 191 , Bleu de Saxe , d'où on le tire , pag. 101 , ce qui entie dans la teinture bleue ,114. B.euf qui avoit deux fearabéesa côté ducceur, pag. 173 , bœufs des Ifles Féroé, 195, ce qu'on trouva dans le rein d'un b*uf , 5*07 > «eiveau du bœuf } 5 3 i. . . .1 . BLE Bois foffile des environs de Spolette , fa del- cription _, fon origine , lieux où on le trou- ve , pag. 106 , &'fuiv. planches de ce bois Ce courbent , & de quel côté ! 1 07 , ce bois le pétrifie , & comment? ibid. expériences fur la formation de ce bois , 108 , bois pouifé en Iflmde pat la mer, 318 , bois foffile rempli de veines métalliques, 41 1 j bois de Laor & de Solor , 570. Bois de cerf, fa naiflance , fa chute , fon ar- ticulation avec l'os de la tète, fa reprodu- ction,/m£. 5 6; , nombre des andouillers , quels font fes vai/leaux, 566 , influence de la caftration fur ce bois , $(-•. Bon chrétien d'été , quelles font fes racines , & leur rapport avec la tête de l'arbre , 14. Bonnet ou Réseau de la biche , pag 170. Bordeliere , pag. y 30. Bouche , quand commence à paraître dans les grenouilles , pag. 141 , de la lamproie , 364, du feorpion, 367 , de la vipère, 570, du pou du cygne , 461-46 ; , de la limace , 479 j de la lune de mer, 5171 du polype, j 19 , du pincio , 5 5 5 , de l'ourfin de mer , ibid. de latorpi.le, jyz , de l'huître , 589, de l'écrevifle., J93 , du ver de terre , 597- ... Boucliers de la cigale , pag. 1 3 9 , o' Juiv. > Bougnetle , pag. 531-540. Bouleau , (bâton de) du milieu duquel fort un rameau de vigne , & comment , pag. 163 , branches de bouleau pétrifiées, 314 , bouleau vient en Illande , 3 18. Bourdons , pag. 143. Bourfe de la verge de l'épée de mer , pag. Bmture nouvellement plantée , comparée a une greffe ttanfplantée après qu'elle a pris racine , p&g. 1 6. Bonagri-, pag. 5 19. Branches , mauvais effet de leur trop grande quantité dans la vigne , pag. 10. Branchies , voyez, ouies. Bras , du homard Sa de l'écrevifle , pag. 1 18- 119. Brebis , comment on fe fert de ces animaux pour farder le paftel ,pag. 115, brebis fau- vao-es ,1X1. Brebis ont quelquefois près de l'œil unfinus femblâble à celui où fe forme dans le cerf ce qu'on appelle larme de cerf, J>ag. 155, «ipece de brebis fauvages des Ifles Féroé, 195-196 , parlent long-temps fous la neige ; craignent plus le chaud que le froid, 19e, font blanches ou noires , Suivant l'expolïtion du pays qu'elles habi- tent , ibid. comment on leur fait venu plus D E S M A de lait, îoj > matrices de brebis difféquées, Brèmes de mer , pag. y ; i. Brocards, pag. y 6 y. Brochets du Lac de Genève ^ pag. ly , bro- chets de mer , lueur de leur chair corrom- pue , 468, leur vefTîe d'air, y 30, celle du brochet d'eau-douce , ibid. Bronches , du poumon du hériffon tcrrdli'e remplies de vers ,pag. 471. éBruchus , pag. 10. Brume , vers à tuyau , pag. 486'. Bufie , fon cerveau , pag. y î 8 . Buglofe , ( fleurs de ) en julep , fon effet fur les vers de terre , pag. $07. Buis , pag. ; 5 1 , fur des amandiers , 3 y 3- Bultoltaja , efpcce de grue , pag. 461. Bulbes de torchis } leur forme , leur accroiffe- ment, & leur ufage }pag. 99 , ill-MX. Butor , ( Tarabufo ) fa vélicule du fiel , pag. 467 , butors , f 19- j 60, 601. Buiards,pz« y 19. Byjfus , comme pétrifié dans une pinne mari- ne pétrifiée , pag. 403. l^ A B I L L A U , pag yié-yy?. Cacaotier , fa delcription , fa culture , fes ufages, ;><;£. 3 y ;*. Cadmie qui s'attache ans fourneaux des mi- nes de Kuttenberg , pag. 100 fa nature ar- fenicale 3 ihid. cadmie dont on fait le bleu de Saxe , ici , fon effet fur les mouches , ibid. Ké.i.cum , manque dans le hériffon , pag. 146- iiS, dans la cicogne , 148-3 y 7. Caecum d'un cerf , pag. jyj , de l'aigle , 186 , du renne , u:, du lièvre & du lapin f & des .ruminants, 111-113 , 361 , trois excum dans le poulet , 2.40 , manque dans un per- roquet , 199, ctecum du chat-huant ,193, du héron , 194 , du paon , i9y , du chien de mer, 360, de l'autruche, 3*1, de la torpille, ibid. des perdrix blanches des Py- jénées , des pigeons, des ramiers, des bé- caffes , des corbeaux , des pics , des hérons noirs , des «icognes , du larus , des mouet- tes, des palettes ou cfpatules, des oifeaux de proie , des ducs , des hiboux , des frefaics cju chauves-founs , de l'aigle royale ; yio, ducabillau, y 16, du poillondoré^ y 5 1 , de l'ourfïn de mer, y ; 6 , du loir, JS4, de l'é- curcuiI,/W d'un vcr,é0 3, d'unpolype,6oy. Cagnot dilféqué , pag. 184-187. Caillette de la biche } pag. it?. T I E R E S. 6tj Cailloux j s'ils font contraires à la fertilité de la terre, pag. 77-78, cailloux qui ren- fermenr quelques corps étrangers , ou du moins leur figure, 193-194 } cailloux triangulaires de l'Ifle d'Anhold, 33 3, cail- loux qui renferment des cfpcccs de dia- mants, 348-349, cailloux compofés de plu- iîcurs lames féparées pat différents ctj llaux, 399, cailloux trouvés dans l'cltomac d-s caïmans, yy7. CSimans , forte de crocodiles }pag. yy6-yy7, vertus attribuées aux pierres & aux dents de ces animaux , y r-. Calarr.ent , ( effet de l'eau de ) fur les vers de terre, pag. y 10. Calcul humain } où fe forme , & comment , pag. 346 , Iran fparent , ;yi. Calcmar 3 pag. y 18 , d'fuiv. 60C. Calumbé, (racine de) pag. y7o. Caméléons , fituation de la vélicule du fiel &fuiv. Chalcidoine , fa nature , pag. 388. Chaleur du foleil , fi elle contribue aux crues du Lac de Genève , & comment , pag. 17 , fi elle cft auffi contraire aux arbres que le froid , 15 ; chaleur qui fuccéda fubitement à la gelée fur la fin de Décembre 1*71 , & qui fit fleurir les arbres , pag. 7 3 , effet de la chaleur fur du bois fofiîle , 106 , chaleur contraire aux brebis, 196 , encore plus aux vers de terre, y 99. Chamois, pag. 1 10-1 1 1 , fa rate , fes ventri- cules , fes poumons , ibid. comment fe nourrir , ibid. Champignons d'une efpece dangereufe , pag. 19 , ( voyez fungus ) couverts de vers , & rongés par la limaffe des prairies , 30 , (voyez Groo-rshidys) affinité de leur fuc avec l'euphorbe , ibid. où ils croilfcnr, ibid. champignon fofiiie , 43-44, fleurs Se fe- mences du champignon, 65 , champignon difeifere , 149- lyo , champignons au-def- fus des noyers , ; yo , champignon de mer, fa ftruéture interne , & fa fenfibilité , 449. fuc des veines du champignon , pag. 11. Chapon domeftique , fa langue , pag. iy 1. Charbon , ( mines de ) Voyez mines , con- tiennent quelquefois d'autres mines métal- liques , pag. 87 , comment on fe fert du charbon de terre pour produire du fel am- moniac , 90 , on trouve de ce charbon à, Virtemberg, 11 y. Charrue à la main, pag. 76-77- DES MA Chat cornu , pag. 175 , chat fauvage , com- bien vit fans manger , pag. 499 , état de leurs vifeercs lorfqu'on les a lailfé mourir de faim , ibid. Chat-huant dilléqué , pag. 103. CAauve-fouris , pag. jio , chauve - fouris de mer, j3i. C haux , quel effet elle produit lotfqu'elle en- tre dans la préparation du paltel Se de l'in- ^°iP"g- «14- C/ttggio , Voyez Queijo.. Chelidoine , erreur fur fes vertus , pag. J44. Chênes trouves en terre , où , comment , leur nombre , leur couleur , pag. 4 , chêne creux , 5/ , faifon de tranfplanter le chérie , 19 , on trouve du fucciu dans une forte de chêne brûlé , 106. Chêne-vert ou ïlex aculeata cocci-glandi-fcra , p 91 , dans la note. Chenille du ferpolet ou du bafilic fauvage, & fa prétendue métamorpliofe en mouche , p. 147. Chenille trouvée dans le coeur d'une poule, 17!. Chenille de Roquette , I $9-160; fa métamorphofe , ibid. Gé- nération des chenilles, 451 , & fuiv. Che- nille de l'ycufe , 451 : chcuille verte, ibid. Chenille du folanum , 4c;. Che- nilles du chêne , leurs mues , 455 , leurs transformations , ibid. &:Juiv. Du pru- nier 4?4 , des feuilles de rue, ibid. Du chou, 4ÇJ-4J7. Des cxcrefcences de l'a- gnus cairus, 456. Chenille ou ver qui fc loge dans l'épailfeur des feuilles du faule , 45 e , 6' fuiv. Chenille de la noifeuc feche, 579- Cheppia, p. c;o. Cheval qui n'avoit point de fexe , p. 167. Si Je cheval a une vélîculc du fiel , joj-jotf- 5 7 3 ; fon foie , ibid. Cktveux des enfans , de quelle couleur en Dannemarck , en Dauphiné , & dans la plupart des pays de montagne , p 350. Chevrette cornue ,p. 166. Chevreuil qui a des vers dans les reins , pag. fif- Chien de Mer dilîéqué , p. 3 79 , fes dent1; , 4)09. Chien de mer épineux , chien de mer non épineux, 531- 84. os dans leur ver- ge , «03. Chiendent ( Effet de l'eau de ) fur les vers de terre , p. j 19. Chienne diiléquée , p. ij<>. Chiens trouvés . dit on , au nombre de tren- te daus la portière d'une vache , 115-311. Chiens de mer , 313. Chien qui prédi- rent la mon des malades , 340341. Reins T I E R E S. 615 des chiens, 374 : leur verge , 467. Com- bien vivent fans manger , 499. Ver s dans leurcefophage, 51t. Os de leur verge, «03, Chine p. 51-j j. Chorion du poulet , p. 1 ; 8 , ÙJuiv. d'un fé- tus de vache , ijé , & fuiv. des fétus de l'émiffolc , 1S1 , dans une louve , 188 j racines de cette membrane , ibid. Chorion d'un fétus de louve , 188, d'un fétus de laie , 189 , d'un fétus de daine ,191. Choroïde ( Plexus ) du renne & de l'ours, p. 111. Choroïde du poulet , à quelle er- reur donne occafîon , 137. Chryfalide de la chenille de la roquette , p. 1 60. Chryfalides des vers nés dans de la chair de ferpent, 417 , dans des chairs de pigeon , de veau , de cheval , de cha- pon , de mouton, 418-419, Dans des chairs de grenouilles écorchées & de bar- beaux , 41 9; dans des chairs de divers au- tres animaux , foit quadrupèdes , toit oi- feaux , foit poiilons , 410. Chryfalides des vers nés fur des fcorpions morts , 4; 1. Des vers du fromage , 459-440: des vers du melon & ce plulicurs autres fruits, 44 1 : des vets de la citrouille crue , & de la citrouille cuite & préparée avec des ctufs , ibid. Chryfahdcs des vers des écrites , 4jo. Variétés des chryfalides dans les différentes efpeces de chenilles, 4c 1-4/1. Chryfalide de la chenille du lolanum , chryfalide de la chenille de l'yeufe , 4J 1» 453 , d'une chenille du chêne, ibid. 6V fuiv. d'une chenille de la rue , 4J4 , d'une chenille du chou , 4JJ. Chryfalide du ver du fureau , 457. Chryfalides des veisnés dans des fleurs broyées d'hyacinthe, 487. du ver de la tête des moutons , 607. Cicatricult de l'œuf , p. 133» ii fuiv. Cicogne difféquêe , p. 148-149 , a quelque- fois des vers dans le cœur , 171-173 , fujette à la goaite , 331 ; tare en Italie, 3 j6 , difféquée , ibid &' fuiv. Son cri , 3ï7 , n'a probablement point de poux , 4C1. Ses caecum , jic : vers fous fa peau , f lO-tlI. Cicutaria , fes veines apparentes , p. 10. Cidre de paiTe-pommier , de rouget. Eff.iv. Sef cl.a.igcmcnsd'é- 616 T A B rat , ibli. Les organes de fon cri , 139. Cigales des Indes , 140-141 : ce qui fem- blediftinguer les mâles des femelles, 140. Ciguë , Ion cftec furies os , p. 144. Circulation du fang , comment fe fait dans certains poillons , p. 600. Cire employée par les Anciens aux injections anatomiques , p. 1 1 r . Cire du Canellier , C/Vorc , fa defeription , fa génération , Sec. p. 574, &fuiv. Citron , fruit en partie citron , & en partie orange p. 4-114. aigre de citron en ju- lep , fon effet fur les vers de terre ,p. 507. Jus de Citron employé par les Peintres , pour tirer la teinture de la cochenille de Pologne j p. 104. Civette occidentale , p. 11S. Verge de la ci- vette , 467. Combien vit fans manger , 499- Clavicule , mufcles de cet os dans l'aigle , P- 173- Clématite , p. ni , maladie de cette plan- te , 444. Clitoris d'une haze , p. 303-518, de la vipère , 370. Cloaque du chat-huant , p. 193 , du hibou, 510 & 605 , du héron blanc mâle , 511. Cloifon du cœur , différente dans le mam- monet de ce quelle eft dans les autres ani- maux, p. 19 j ; percée dans le pigeon, 11 8. Cobra de Ccbelo , efpece de ferpent , & pier- re qu'on lui trouve , p. ; 57-541 , ÙJuiv. Coccyx , mufcles de cet os dans l'aigle , p. 171-171-277. Cochenille , p. 91 , dans la Note. Cochenille fauvsge , ibid. cochenille de PolognCj 104, comparée à celle des Indes , ibid. Com- ment on en tire la teinture , ibid. Cochlèaria ( petit ) p. 308. Cochon qui avoir des vers dans le cœur, p. 173. Cochon monftrucux , no; mufcles du grouin de cet animal , 117; œufs du cochon d'Inde, 191. Cochons du Dau- phiné , de quelle couleur , 350. Cochon d'inde , fa verge , 467 , cochon de mer , 5 ; 1 : cochon de rivière ,557. Coco des Maldives ou tavarcaré , vertu attri- buée fauffement à ce coco , p. 746. Cal-aque (artère ) fi elle communique avec les lymphatiques du foie , p. 146. Cœur des héritions , conferve fon battement quoiqu'arraché du corps de l'animal , p. 37-38. Cœur de l'écrevifTe , 131 : cœur d'une biche , 170. Vers du cœur de divers animaux , 171-173. Cccur de l'aigle , L E 1S6 , du lion, 188 ,,. du mammonet ; 19; , du hériilon , 116 , du pigeon , 118-14S , du hevre , 113 , du poulet , 137,6' fuiv. du chat ; comment reprend fon mouvement , 14t.' , d'un chien , gon- flé de vent , ibid. Mouvement du cœur dans le fétus d'un chien , 147 , dans la pouk Se le poulet, 149. Moyens de ra- nimer (e mouvement du cœur après qu'il a celfé , 149-ijo. Cœur de l'aiguille de mer , ip , du chat huant , 19; , du hé- ron , i?4 , d'un agneau monlfrueux , 305 , de la falamandre } 310 , du gril- lon-taupe , de la fauterelle & du ver-à- foie , 313 , d'un a_neau monftrueux , 335, de la torpille , 361-55 1 , de la lam- proie , 3 «5 , de la vipère , 369 , du fer* pent , 3 71, de l'âne, 373 , de la vipère , 443 , d'un ferpent à deux têtes , 465 j de la limace, 481 , du limaçon, 485. Des buccins ( cangigli ) 485, de l'huître , de tous les coquillages; des vers de terre , des priapes de mer, des œufs de mer , des vers à tuyau, dumicrocofme , 486. Despe- lourdes, de la fcolopendre terreltre, de l'our- findc mer, 487. Des vers d'une lune de mer , 518 : de l'ourfin de mer, 53e , de I'huitre , 590 , de I'écrevilfe , 594 , du ver de terre , 597. Colique , en quel pays eft une maladie com- mune , p. 65. Collines, leur formation félon Stenon , pag. 413-414. Colon de l'aigle , p. 18 6, du lion, i89jdu lièvre , 11;. Colonnes charnues de l'œfophage du lion , pag. 1S9. Coloquinte , fon effet fur les vers de terre t p. 505. Combalu , p. 5 6. Concept de renard, p. 311-311. Conduits biliaires dans la cicogne , p. 148 , pancréatiques êè la même , ibid. lacrymaux d'un cerf , 157, falivaircs & autres d'une bichej 171 , cholédoques d'une aigle, 186, hépatiques du pigeon , & leur mouvement particulier, 118-119 » falivaire. extérieur du renne , 111 , biliaire d'un lièvre , 115 ; de l'ocfophage, du jabot, Sec. des oifeaux , 303 , hépatique de la cicogne , 357, cyfti- que & pancréatique de la même , ibid. bi- liaires du ferpent, 371-371 jd'un ferpent à deux têtes, 466-467 } hépat que du mê- me , 467 , les mêmes conduits dans les oi- feaux , ibid. dans le dauphin , 537-558 , dans la loutre ,538, conduit caténifome dans D E S M A dans la limace , 481 , dans le limaçon , 48 ,. Congres, p. 513-519. Contagions inconnues aux Mes Feroé , pa°. «94- Coj , prétendu ovipare , n'avoit point d'o- vaire , p. 116. Os hyoïde du coq , 151. Coques de la renouée de Pologne , p. 91. Coques de Polygonum , 104. Manière de les recueillir , 104-105. Coque du ver de la prune, 451. du ver des poires & des pe:hcs , ibid. Variétés des coques des che- nilles , 451-451. Coque d'une chenille verte, 45 t. d'une chenille du prunier , 454, de petites mouches qui fenourriifent de la fublrancc des chenilles, 455-456. Vers de la chair de vipère ,583. Coquillages, produifent par leur froiffement, un fable propre à engrailfer la terre , p. 66. Pluficurs couches de coquillages fur le fommet d'une montagne & convertis en chaux , 109. Deux efpecesde coquilles trouvées en grande abondance dans le fable d'un lac falé, 150. Trois autres ef- péces de coquillages trouvés dans un ruif- feau près d'Helmftadt ,151. Animal de l'un de ces coquilhgcs , ibid. Coquilles pétrifiées,/'. 116-117. Coquilles applatics, 151 , quand les huîtres com- mencent à avoir une coquille , 1-5. Co- quilles foiïilcs , 384-406-407-408. Co- quilles , leur formation , 404, 6' fuiv. Coquilles fofli es , leur ancienneté calcu- lée , 410 : formation de celle des huitres, J89. Coracinus , p. 519. Corail , Obfervations fur cette fubftance , p. 40-41. Corail noir d'Amboine, 110. Trois efpcccs de corail à Sumatra, 114. Corail découvert dans le port de Livourne ,181- 181. Temps néceflairc pour fa formation , 181. Corail ver-moulu , ibid. s'il eft flexi- ble fous l'eau , 345. Coralline , efpcce de fable qui fert d'engrais , p. 6% ; fon effet fur les vers de terre _, 505 , & fur ceux du corps humain , j 1 1. Corbeaux blancs , p. ioy\tf£.-i7o-i7i. ■Externe, (grand) dans l'aigle , pag. 177, M? AIT S, leur utilité , p. XXI. Falcinelli , p. y 10. Fafnofana , plante , p. 144. Faucon s , p. ^18-519 , faucon pcllcrin , jn. Femme , fes tefriculcs, p. 161. Fémur , mufcles de cet os dans l'aigle , p. 277 > à' fuiv. Fenouil de la Chine , erreur fur fes vertus , p. Ç6 8. Fer , ( Mine de ) refîemblante à la pierre hé- matite, fa couleur , fes propriétés, p. 101 , fer dans les eaux de Logarne , 114. Feroé , defeription de ces liles , p. 194, £' fuiv. manière de vivre de leurs Habuans , ÎOI-lOl. Ferraccia , p. t 3 If 40. I Ferrugineux , ( corps angulaires } leurs iranf- formations & leur poli , p. 401. Feffier , ( mufde ) p. 177. Fétus , fituation de celui de la poule dans l'œuf, p. ijr-ijfi, fétus de vache ijtf , if fuiv. fétus de brebis, i;y-i6o , de le- mifToIc ou pefee palombo , 181 _, & fuiv. du cagnot , 185, n'ont point de membranes propres , comment fe noutrilfent dans l'o- viduétus , iSj , fétus de la torpille , i8tf , de la laie , 1 8 S , a quatre membranes , ibid. ii fuiv. 587-588, fétus d'une haze , }oj , de renard , jir, de la biche , 18 8 , de la laie , 188-189 , comment fe nourrit, ibid. fétus de daim , 191 , fétus de feorpions , leur nombre t leur forme , & leur (îtua- tion 3 368-417 , fétus d'une laie diiréqués, liqueur & excréments trouvés dans l'efto- mac & dans les boyaux de ces fétus , j 87- j88j dents de ces mêmes fétus, 5-88. Feu , s'il s'incorpore dans les métaux fournis à fon action , & s'il en augmente ainfi le poids , p . 74 , corrige les exhalaifons dan- gereufes , 9 y , eft un remède contre le ve- nin de vipère , 371. Fèves , conditions néceflaircs pour qu'elles viennent bien,/.. 9 _, fèves des molucques, 78-7? , feve de mer , 581, T T E R F. S. 6lI Feuille , où fe réumiTl-nr Ces fibres , & ce qu'elles deviennent enfuicc ,p. ji , feuilles du napel , leur qualité vénéneufe comparée à celle des racines de la même plante , p. 99 , fi les feuilles de l'orme , du tilleul, de" l'olivier , du peuplier blanc , & du faulc tournent le jour de l'équinoxe , 104 , ce que c'eft que les feuilles qu'on donne quel- quefois pour des feuilles de truffes, 119. Feuillets , frangés des ouics des' huîtres , p. JJO. Fialigras, plante d'Iflande , p. 3 ig. Fibres des feuilles , où fe réuni/lent , & com- ment elles s'étendent jufqu'aux racines , p. 5 1 , fibres charnues de la peau du hérilîôa, 147 , fibres fpiralcs de l'ccfopnage du ren- ne , 111 , fibres de la veine - cave , leur mouvement, 149 , mouvement des fibres du cœur, iyo , des fibres voifincs de la vcfiîc & de la matrice, i6# , des fibres de la torpille qui caufent de l'engourdirTc- ment, i8«-f;3 , fibres charnues du gril- lon-taupe , 3 il , fibres de la torpille dans lefquelles réfide principalement la vertu d'engourdir , 361 , fibres des muicles de la vipère, 369, des coquilles , 40/, & fuiv. Fiel, ( véficule du ) dans le hériffon , p. i4<- 161 , dans la c i cogne , 148 _, dans la biche, 170, dans l'aigle, 186 , dans le lieu , 189 , manque au pigeon , 118 _, dans le lièvre, 111 , dans le poulet , 141 , dans l'aiguille de mer , - f 1 , dans le bœuf, 1 5 1- 15; , dans le veau , 157 , dans le fétus de brebis, 159, dans le cagnot, 1S4, dans le cheval , 505-506, dans la falamandrc , 310, du héron, 194, delà rorpille, ;,(t- J5i,duferpent, 371 , fil âne & le cheval en ont une , 375 , celles d'un ferpent à deux têtes, 4.66 , du poiffon dore , ibid. des di- verfes efpeces de lézards , de l'hirondelle de mer , ibid. véficule du fiel fiiiTuliere d'un hevre remplie de vers , 514° fi le dauphin a du fiel , 538, véficule du fiel du loir, 584 , du polype , 606. Fièvre, inconnue aux Ifles Feroé, p. 194. Fieva , arbre du Japon , p. 145. Fifa, ( Voyez Vanneau)/». «05. Figuier , vient entte les tentes des rochers , p. 110. Filaments féminaux de la feclie du polype &- ducaIcmar,/> 484-yiS , & fuiv. & «oj , de la vipère marine , 515. VUandres des faucons , p. 518-515 } ne Cr. trouvent dans aucun autre oifeau de proie , p. 5:.. IilariaftcundayCî maladie,/». iu, 6n T A B Fisher-ftone , ou pierre du pêcheur , ce que c'ettjp.SS- Fit-ftecn , efpccc de talc gras , p 353. Flambeau ou taenia , ( poiflon ) lueur de fes chairs corrompues, p. 468. Fleur dejoufre , où on en trouve ,p. 90 , fleur d'arfenic , Voyez Arfenic. Fleurs des arbres , moyens de les retarder , ?. ii, fleurs qui produifent d'autres fleurs, 149 , effet des fleurs fur les vers de terre , 509 , &fiiv. Fleuves d'Iflande , p. 3 1 5 , fi' fuiv. Fluides , ce que c'eft , p. 3 8 r , contribuent à la formation des corps lolides , 3 8 5 , flui- des internes & externes des animaux , 386. Fluors ferrugineux, où fe trouvent, p. 137- i6r. Flux & reflux de certains fleuves d'Illande , P- 5M- ■• , , ■ Foie du héiiflon pag. I4<î-zi6 , de la cico- gne, 148 , de la biche, 170, ce qu'on trouva dedans, ibid ^ foie de l'aigle 186 , du mammonct 191 , du hériilon 117 , du pigeon , 118 , du renne , 1 1 1 , du lièvre , tu , du poulet , 237 , fi" fuiv. fa cou- leur le 10e jour de l'incubation , 1.41 , foie de l'aiguille de mer , 1 5 1 , du cagnot, 1 84, de la torpille, 285-551, d'un agneau monfhueux, îoç , des fétus d'une hafe , 3 1 o , de la falamandre , ; zo , d'un agneau monftrueux , î 3; , du chat huant, 193 , du héron , 294 , du paon , 195 , de la ci- cogne , 356 j du chien de mer , 360 , plein d'huile, ibid. de la torpille 361, du poilïbn nommé capo , ibid. de la lamproie, 36; , du ferpent , 371-371 , de l'âne & du cheval, 37; , vers du foie des moutons, 458-459 , des foies d'un ferpent à deux tê- tes., 466 , foie de la limace , 480 , de la limace de mer, 483 , du limaçon, 484, du chien de mer , 517 , du dauphin, 537- 538; de l'huître ou ce qui en tient lieu, jjo, de l'écrévilîe , 593 , du ver de ter- re, 59S. Fc/aga j poule d'eau , pag. 467. Fontaine falée lùjctte au flux & reflux^,?. 10 ; . Fojfe naviculaire dans le héron blanc mâle , p. fii. F 0 files j où fe font formés , p. 384. Fougère , p. il. Fouine , fa verge, p. 467-603 , vers dans fes poumons , 471. Fourmillier ou tamanoir défîgné , p. 358. Fourmis ailées , p. 14; , pierres de fourmis, 167-168 , ce que font les fourmis d'un fea- rabée jette dansune fourmilliere, 168, cha- L E 3ue efpcce de fourmi eft tourmentée pat e petits infeiflcs différents, 461. Fraifes , leur faifon à Grenoble , p. 350» leur effet fur les vers , 509. franges des ouies de l'huitre, 59;. Frelons, p, 143 , leur nourriture, p. 415 , er-t reurs fur leur génération, 416, Frefaies j p. 510. Frisgroes ou cochlearia , p. 195. Froid , s'il ne nuit pas plus aux atbres que la grande chaleur , p. 1 j , quel effet il pro- duit fur l'écorce , ibid. Froid local dansjun endroit des IflesFéroe, 301. Froment j moyen de le multiplier, p. 164- 165. Fruit , correfpondance de l'enveloppe , & de la femence avec différentes parries de l'ar- bre,^. 8, if fuiv. fruit d'un pommier pourri depuis les branches jufqu'aux racines , quel il étoit ! 8 , & fuiv, quantité de fruits que porte le chêne Si le poirier , 9 ; fruits fans pépins , manière d'en avoir, 8-9 ; moyen de changer la nature des fruits , 10 ; fruits font contraires aux vers, 509 ; moyeu de lespréferver des vers, 579» Fumier, fon ufage pour fertilifer la terre, p. 164-16;. Fungus piperatus albus laBeo fucco turgens,p. 19-30 ; fungus porofus , craffus , magnus , 6j. Changemcns iiicceflifs de couleurs de fon fuc exprimé , ibid. Moufle trouvée fur un fungus , 308. Fufoni j p. 56J. G r^ABBJANI , pag. yio. Gagathes ou jayet trouvé en Angleterre & i Copenhague , p. 1C6-107. Gaines des tendons dans l'aigle, pag. 179 , fi" fuiv. Gale , fa caufe , 574 , Ù fuiv. Galega où l'on en trouve, p. 150. Galeus j Uvis , galeus fpinax , p. 5 3 1 j ga- leus acanthias , p. 584. Galle de l'Hiéracium , p. 1 1 ; , ce qu'on trou- ve dans les galles de chêne, 437-447- 44S ; lieu ouïes galles fe forment dans les différents arbres ,"447-448. Conjeauresfur leur formation 447 , (i fuiv. Gambetto (v Courlis) p. 603. Garfuhl ou pingouin , ou oie de magellan,^. 197-198. Garça bianca , héron blanc , p. 467. Gaftrochnemien (mufcle) de l'aigle p. 280, Gattuccio , p. 514-531. Gavonchi , p. 513. D E S M A Gavotta , gavotre poilTon , p. 530. Gabelle des Indes qui donne le mufc,;>. 10 j , morceau de fa peau examine , ibid. Com- bien vit fans manger, 499. Géant ou éléphant trouvé à Tiriolo, p. 178. Matière bitumineufe & infeription cjui fc trouvèrent au même lieu , ibid. Autres géants, 183-184. Gelée ne tue pas les vers qu'elle a glacés, p. 3;. Périodique dans certains lacs , 73; continuelle dans un autre , ibid. Singulari- tés de fa marche & de fa propagation , 7J. Génération ( parties de la ) diflequées dans un cerf en rut, p. 151 , &fuiv. dans les deux fexes du lièvre , 11; , de la limace, 478 , & fuiv. Se 603, du limaçon, 484 , ducale- mar, jiS-yij, àupincio, efpècc de priape de mer , 534 , du dauphin femelle, 5 5 6, du ver de terre , 598 , du liériilon } 601. Génération des Etres vivants , pag. 415 , & fuiv. Genièvre craint des baleines, p ici , vient en Mande, 318. Genou , mufcles de cette partie dans l'aigle 3 />' i7?; Gentiane à fleurs jaunâtres, p. 3 ri. Géode , p. 156-137. Géranium t rifle , p. 130. Ginfeng , pag. 336-570. Girofles , mercs de girofles , girofle royal , p. 118-119. girofle à épi ,.119. Glace d'Illande , p. 31--318. Employée heu- reufement contre certaines maladies dans le Dauphiné , 33- 1. Glaife , comment on s'en fert pour produire du fel ammoniac , 90. Glanas de mer, p. 534, glands d'Afrique bons a manger, 385-586, glands d'Efpagne , glands de la Morée & de l'Archipel ,586. Glandes du jabot de la cicogne,/j. 148, glan- des de l'épiploon de la biche , 169 , du mefentere dans le même animal , 1 70 , de fes mâchoires j ibid. glande pituitaire d'une biche, 171 , glandes de l'eltomac de l'ai- gle , 1 S7 , glandes furrenales du hériflon , 116 , glandes inteftinales du renne, 110, glande fupérieure du cerveau dans le renne & l'ours , ni , glandes dans les inteftins du lièvre ,113, dans la matrice d'une va- che , & dans l'amnios & le chericn de fon fétus, 156, glandes lactées dans le hérif- fon ,161, glandes en différentes parties de difïérens animaux, 503 , glande furrenale dans des fétus de vache , JII , glande pi- tuitaire de l'anguille , 366 , glandes de l'épiglotte dans 1 âne , 373 , de l'vcfophagc T I E R E S. 6ii des oifcaux , 466-cn-jn , glandes furre- nales du dauphin , 340. Glande pinéale d'un cerf, fes adhérences , p. 1 37 , d'une biche , 1-1 , du poulet, 141. Globe terreftre , fes grands changemens , p.'.g. 411, 6' fuiv. Globules autour du coeur de certains vers, p. 474 500 , £' fuiv. , & 397. Globul.s vermincux dans le dauphin , 337. Gloffbpctrcs à trois pointes , p. 64-65. Il vient beaucoup de gloflopétres de II Ile de Malihc , 409. Si ce font de vraies dents de chiens de mer, ibid. Glu ( Sac de la) dans la limace , p. 481- 603 , dans le limaçon , 485-604. Goitreufe ou onocrotale , p. 487-601. Gold-Kafer , cantharides ,p. 167. Gomme Arabique , employée f',"c d'autres ingrédients pour la teinture de la co- chenille de Pologne, 104. Gofier , l'aigle a des dents dans cette parrie , p. 185. La lamproie y a un corps tourchu Se un autre charnu, 31. 5. Gofier de la lima- ce , 479-603 , de la lune de mer, 517, du limaçon, 604, du polype , 605. Gouffre des ifles Fcroé , p. 301-301. Goujons , p. 531. Graine , v. Semence. Moyen d'empêcher le perlîl de donner de la bonne graine , 9. Graijfe , tous les Septentrionaux l'aiment 3 Comment les infulaires de Fcroé la pupa- rent , 101. Graille du hérilfon , 117 , des reins des fétus de vache , 3 1 1 , delà cico- gne, fii. Gramen d'un pays de mines , prés la Vallée de S. Joachim , ce qu'il devient , ici. Gramen oflifrage , 143 , (1 fuiv. A quelle plante rcflemble , 145. Expérience fur cette plante , 191-319. Grancevo/a , p . 533. Granivores , leur eftomac , p. 148. Greffe , manière de l'employer avanrageufe- ment pour améliorer les fruits , p. 1 :-i 8. La greffe influe beauconp fur le corps de l'aibie , 14 , & jufqucs fur les racines, ibid. Si une greffe tranlplanréc après qu'el- le a pris racine , réuflît auflï-bicn qu'une bouture nouvellement plantée ,16. Greffe fur bouture fans racines , comment réuilir, ibid. Greffe d'une ente fut une racine, & fon effet ,38. Gremil, p. 351. Grenats ( Montagne des '. en Bohême, quel métal contiennent les pierres de grenats , p. ici. Grenouille pécheufe , y.jjj 3 1. Grenouilles qui tfi4 T A B fe perchent , p. 161. Comment fe procu- rent le vomiifement , 163. Où l'on trouve des grenouilles pendant l'hiver , ibid. Leur génération , 141-143. Grenouilles dans un morceau de fuccin , 197 ; leur œlopha- ge , 310, vivent plufieurs heures fans cceur , ibid. leur ovaire ,311; leurs tef- ticules , ibid. Erreurs S: vérités fur leur gé- nération & leur développement , 441-44;. Grillon , organes de fon cri, p. 140 , grillon qui ronge le fucre Se autres demies , 105- 106. Grillon-taupe , p. 159-J98 , dilTéqué , jn , & fuiv. Grindeval , cetacée , p. 100 , & fuiv. Grives de mer , p. y ;o- Groo^shidys , efpece de grand champignon , l'a éeferintion & fes qualités , p. 30. Gros-yeux, poiffon } Voyez argentina. Grofeillier , p. ; y 1 . G/oïfcd'Iflande,^ 316 , différentes grottes d'Angleterre , d'Italie , de France , Se d'Allemagne , p. 3 41 , & fuiv. grotte artifi- cielle , manière d'en faire une , & fon utilité, 344-34;. Grotto , onocrotale ou goitreufe , p. 467 , temps du paffage de cet oifeau , y 60. Grouins de certains animaux, mulclcs qui fer- vent à leur mouvenicnr , p. 117. Grue , fa véficule du fiel , p. 4*7 , avalle des pierres, jjg-çjj, temps du paffage des grues, leur nourriture , y y 9. Guanacki , p. y y 6. Guêpes , p. 14; , leur nourriture, 417, er- reurs fur leur génération , 415 , leurs diffé- rentes efpeces & leur guêpier , y8i. Guefde ou paftel , Voyez paftel. Gufo , hibou , p. 467- j 10. Gui , fur quels arbres il vient , p. iij-ii6\ Guira peacoja , infeéte , p. 10 y. H H JEMATOVVS , p. i3. 197. Incendies des mines de charbon , p. 87 , &• fuiv. Comment on les prévient , 90. De quelles caufes ils femblent dépendre , ibid. Incendie d'un puits, >4"9J. Incrustations , p. 3 8 8 , h fuiv. Incubation , fes progrès jour par jour , p. 1 j 3 , & fuiv. Indes Orienta/es , route pour y aller , pag. S S > &f"iv- Indigo. S'il eft corroCf, p. 174, s'il entre de la chaux dans fa préparation ; inconvé- nients de cette préparation examinés, 114. De quelle plante on le tire , ibid. InjeRions anatemiques connues des Anciens , p. m. Inondation , p. 19. Infcription trouvée dans le tombeau d'un géant ou éléphant , p. 178. Infecte de nuit reiTemblant aux cigales des Iu- des , p. 141-141. Sur quelles fleurs on le trouve , 141. Infectes qui volent par trou- pes , 141-143. Quels infectes fc multi- plient prodigieufement certaines années , & en quels temps on les voit par troupes, 143», Infectes, p. m-iii-i 13-177-10C-106- 107-187. Infectes qui fe trouvent dans le fuccin,i97. Génération des infcctes,4i y &• fuiv. S'il s'en engendre dans les chairs cor- rompues , 41e , & Juiv. Dans les chairs enfouies dans la rerre ,411. Infectes trou- vés entre les pointes d'un ourfin , 4*1. In- fectes des diverfes efpeces d'animaux , ibid. & fuiv. Leur couleur, 4^3 : pluficurs in- fectes obfervés par Redi , ibid. Leur odorat , 488. Vivent long - temps fans manger, 4>5>- Infpiration , mufcles qui y fervent dans l'ai- gle, 170. Inteftins du hétiffon , p. i+6-i\6. Velouté des inteftins en général , 148. Inteftins de la cicogne , ibid. de la biche, 170, de l'aigle, i%6 , du renne , 110, du daim & de l'écureuil , 111. Inteftins gicles du lièvre & du lapin , ibid leurs vaiflcaux fanguins , 113. Inteftins du poulet, 137, & fuiv. de l'aiguille de mer, 150 , de l'é- miilble , comment communiquent avec le placenta dans le fétus , 181-183 , avec la cavité de l'abdomen , 183 , ians les fi- ni d'une hafe , 3 io. Des férus de renard , Kkkk 5 1 1 j d'un agneau monftrncux , 5 3 5 , du chat-huant , 193 , du paon, 195-601, delà cicogne , 356, du chien de mer, 360-361 , de la raie, du poiflbn palum- bus , ibid. de la lamproie , 565 , du fer- pent, 371 , du Cavattuccio , 445 , d'un Terpenc a deux têtes , 466, de quelques vers , 47J , & fuiv. & 497 , S? fuiv. 500, de la limace , 480-603 , du limaçon, 484-604, de la fang-fue, 497-604 , de la lune de mer, 517. Du calemar , delà féche & du polype, 518-J19-605 , de rourfin de mer, 536, dumufnier, 540, d'une torpille , jji. Des fétus d'une laie, j 88 , de l'huitre , 590, du ver de terre, 598 , du loir _, 6oz , du héron , ibid. d'un ver trouvé dans les intertins d'un tigre, É03. Inteflins d'un ver trouvé dans l'in- teftin d'une lune de mer , 605. Jooues , hcimites des Indes qui vendent les pierres de ferpents _, p. 555. Iris de l'aigle , p. 186. Iris paluflris /utca , fon ufage , 78. Ifchion , mufclesde cet os dans l'aigle ,p. 177. Iflande , pag. 65-66. IJle Flottante prétendue , p. 103. Comment on cultive la terre dans des Ifles fréquem- ment inondées , 351. Iftrice marino , p. 535. Jubarte , p. 1. Julips de pommes d'apis , de fleurs d'orange , de jafmin , de fleurs de buglofe , d'écorce de cédrat , d'aigre de citron , &c. Leur effet fur les vers , p. 507. Ivoire , s'il a quelque vertu contre les vers , p. 511. Jvfquiame , jaune , comment a les fibres de fes racines , p. 111. K K. .ALI noueux & ponctué , p. 114-115. Kermès , fur quel arbre il croît, 91. Ses ula- ges , 104 : ce que devient la graine de .Kermès , jji. Kielder ou pie de mer , fon antipathie pour le corbeau , p. 196-197. Kiutie. Quel pays s'appelle ainfi , p. 51. Knawel ou renouée de Pologne , p. 91. Kochejhorer ou lin marin , vient fur les cail- loux, p. 110. Koe be , plante, pag. 144. _/ IBrRiNTHE dans l'émiifotc , p. 185- 184 , dans le perroquet ,300; BLE Lac de Genève , fa fîtuation , fa figure , fôn étendue , fa plus grande laigeur , & fa plus grande profondeur , p. 16. Qualité & couleurs de fes eaux , 16-19. Quel fleuve il reçoit ( v. Rhône) 16-17. Poiflons qu'on y trouve , 17-19. Elévation de fes eaux en différents temps , caufes de ces différen- tes élévations , on y voit peu d'herbes , 17. Lac de Straherrick qui ne fe gelé ja- mais avant un certain temps, 71. Autre lac qui a la même propriété , ibid. Lac de Glencanisk qui a toujours de la glace , ibid. Qualiré de l'herbe qui croît fur fes bords, ibid. Lac-Nerf, ne gelé jamais, ibid. Nature de fes vapeurs , & leur effet furie romarin , 71. Lac abforbé par un tremblement déterre , 311. Lac de Cai- niole. Voyez Mer de Zirchnit^. Laccia , pag. 5 30. Laie diiléquée p. 188. &c. ' Lait des vaches qui paiffent aux environs de certaines mines , quelle efl fa qualité, p. 100. Laites de l'aiguille de mer, 150. Lames dentelées adhérentes au ventre du feorpion , p. 367 , de celui de Tunis, 419. Lames figurées des racines des Tto- chites ; variétés de leurs formes , 48 , 6* fuiv. Lamproie ( Lamprcda ) difféquée , p. 3 64 , &• fuiv. Veine ilolée dans fes inteflins , 500 , n'a point de ve (lie d'air , 531. Langue delà biche ,p. 170, de l'aigle , 185, du lion, 189 , du boeuf, ibid. du renne, & diflance de fa racine àl'épiglottc, 111 ,de l'aiguille de mer, 151. Langues de divers oifeaux ,151. Mufclesde la langue de l'ai- gle , 164-165. Langue de perroquet , 500. Quatre languesdans un agneau, ; 06. Langue d'un agneau monftrueux 336 duchar-huant, 19 3, du héron ^ 194, de la cicogne, 357, du pivert, 358-3 59 , d'un ferpent à deux tê- tes, 465 , d'une poule d'Afrique , 601. Laor ( Bois de ) , p. 570. Lapin. _, fes inteflins grêles , fon caecum _, p. 111. Expériences fur le mouvement du cœur de cet animal & de fon fétus , 147 , & fuiv. Matrice d'un lapin femelle , 160. Lapis la-zuli , fes veines , p. 3 84. Laque ( Gomme) fa formation , p 197. Lard de la baleine , appellée Vog/inge , fa qualité pénétrante , p. 101. Manière de préparer le lard de baleine, loi. Larmes de cerf, p. 154, de biche, i-'o larmes de verre , ou larmes Bataviqtes' avalées par des canards & par deschapcis» ce qu'elles font devenues en féjournan* DES MATIERES. dans l'eftomac de ces oifcaux , pag. y6i. Logarne ( Eaux de ) , r>. 114. 6i7 Larus , p. y 10. Larynx de l'aigle , p. 187 , du perroquet , 199 , de la limace , 479. Lafia , pag. y 3 0-606. Lafcia o cheppia , V. alofe , />. 606. Lcns paluftris des Barbades , /> . 79. Laites , p. 460 461. Lèpre, en quel pays eft une maladie com- mune , ^>. 6 y. fe voir quelquefois aux Iiles Feroé , 101. Lézard commun , l'on ovaire, p. jii. Lé- zard verd , ;ji-jji. Sujet à la mue Se fupporce la faim , ibid. Situation de la véficulc du fiel dans les différentes efpcccs delézards, 4,66. Combien le lézard d'A- frique vit fans manger , 491,. Lézard ma- rin , y 31. Licornes du Nord , ce que c'eft , p. 1 ; i. Lie volante dans le cidre , ce que c'eft , te moyen de la féparer de la liqueur , p. 13. Lierre terreftre , fes maladies, 308. S'il a de l'antipathie avec la vigne , 350. Lieu , ce que c'eft félon Scenon , p. 3 84. Lièvres connus, p. 166. Lièvre diffequé , 211-11;. En quoi diffère des ruminants, in , s'il eft hermaphrodite, 11;. Lièvre marin ,483 ; fi les lièvres font hermaphro- dites , y iê. Ligatures , leur effet fur les arbres , p. n. Limace des prairies ronge des champignons d'une efpece dangereufe , p. 30. Parties de la génération de- ces animaux , & leur accouplement, 478-496-60) ; cequ'ils de- viennent étant faupoudrés de différents fels, 479. Limace de mer comparée à celle de terre, 483. Conduit alimentaire de la li- mace , 603. Limaçon , fes eftomacs , p. ; 1 ; . Sa deferip- tion , 483 , & fuiv. font hermaphrodites , 496-604. Limas de mer , fes dents, p. 48 3-484 , un de ces limas décrit , ibid. Limbarde , où on en trouve , p. 1 yo. Limon gras & liquide , contraire aux huitres , p- 175-176. Limes & limons, leur effet fur les vers de terre , J09. Lin ( graine de fon ufage pour la conferva- tion dn camphre , p. icy. Liomen ou lumme , p. 197. Lion diiréqué , p. 188-189. Manière dont il tue, danger des plaies qu'il fait avec fes griffes, 188. Sa verge , 467. Vers dans fon œfophage , y 1 y. Liquides , en quoi fe convertirent , p. 9. Lech-menar , propuétéde ce lac , p. 69. Loir , fa verge , p. 4fj-6o) , fes iiitcftim , 601. Lomvifven , oifeau , p. 198. Loup , fa verge, p. 467-6^3. Vers dans fon œfophage , y 1 5 . Loutre , fa verge , 467-603 , fes conduits biliaires ,558. Louve difléquée , p. 187. Lumme ou Liomen , oifeau aquatique , pag. '97- Lumière rendue par quelques infectes , p. 1 1 3 , par des pierres , 108-1 1 1 , par des ceufs , i6o-t74 , par les chairs corrompues de quelques ferpents & de quelques poilfons , 468. Lunde , oifeau,;». 198-199. Lune de mer , luna Uvis , mola } ortkrago- rifeus , poifTon , p. 511517-/31. Lupin , fon effet fur les vers de terre , p. /04. Lyre de mer , p. 5 ;o. Lymphatiques , d'une biche, p.16%-169. S'ils communiquent avec l'artère cccliaquc, 146. Lymphatiques de divers animaux , 191. M, M A C H 7 N E pour marcher fur les eaux , p. 570. Mâchoire inférieure courbée dans un cochon , p. 190 , mâchoires de l'aiguille de mer, iji , mufclcs des mâchoires de l'aigle, 163 , mâchoires de l'émiffolc , 184, du perroquet, 300, d'un agneau raonftrueux, 306 , du mammonet , 601-601. Magellan , ( détroir de ) p. $6. Mai j ( ver de ) p . 168. Mais , fa defeription , fa culture , & Ces ufa- g«>£- 84» èfuiv. Malléole, mufcles de cet os dans l'aigle,/. 179 , &fuiv. Mamme/les du hérifîoii ,p. 161 , de l'émiffo- le , de quelle humeur font pleines , 184, mammelles du dauphin , y 36-5 37. Mammelons du dauphin , p. 357 , du vet de terre , J98. Mammon , chat des Indes Orientales , pag. yy«. Mammonet difféqué , p. 191 , & fuiv. 601- 601. Manioque, qualités de fa racine, 8c manière de la préparer ,/>. 11 y. Manique , ( racine de ) p. 569. Manne de Ccylan , infecte qui la préparent , P-lzl- ., j Marais dangereux en ce qu étant couverts de Kkklc ij tfi8 T À B graœen , ils reflemblent à la terre ferme , p. 101. Marbre renfermant une matière cryftalline , p 349, marbre des Alpes ,353, veines du marbre , 384. Marcajjites du Mont Baderno , & ce qu'elles contiennent , p. 109, ordre de leur forma- tion , 3S4 , defeription & formation des marcaflites ferrugineufes comparées avec le cryftal , 400 , & fuiv. Marées d'Illande , p. 66. Margaignan , p. 513. Marmot, p. 519-530. Marfouin difféq ué , p 310. Martinacci , efpcce de limaçons,/». 483. Martre, fa verge , p. 467-603. Majfoi , ce que c'eft , p. 1 1 5 , ce qu'on en fait , ibid. Matrice du hériffon femelle , p. 1 1 6 , de va- che, 15 y , & fuiv. matrice de vache cuite, 157-1 f 8 , mouvement de cette partie dans un lapin femelle, 160, matrice d'une louve, 187 , d'une haze , 309 , d'un renard fe- melle ,311, d'une biche , 1 8 8 , d'une laie, ibid. & fuiv. d'une âneffe , 189 , d'une mu- le, 190-191, d'une daine, 191, d'une fem- me j ibid. d'un cagnot , ibid. de la vipè- re, 370 , de la limace, 481-60; , du dau- phin femelle, y 3 7 , de l'écrevifTe , 594, du limaçon , 604. Mauve monftrucufe , p. 376. Mélilot des Barbades , en quoi diffère de celui d'Angleterre , p. 79. Mélijfe , eau diftillée de cette plante _, p. 548. Melons , leur culture , p, y , & fuiv. deux ef- peces qui ne s'altétent point , yr , manière de les couper, y -6; temps néceflaire pour qu'ils acquièrent la maturité ,7, lignes de maturité , ibid. choix des graines , ibid. qualités d'un bon melon, & moyen de les reconnoître, 7. Membrane de la racine féminale dans la fou- gère , le bec de grue,/!, ir , membranes de l'eftomac de l'aigle, r87 , membranes de l'oeuf ,133,6' fuiv. membrane pleine de liqueur & diftinéte de l'amnios & de l'allantoïde dans un fétus de vache, iy7 , membranes du fétus de l'emiffole, 181 , manquent dans le fétus du cagnot, 185 , celui de la louve en a quatre , 188,6' fuiv. quatrième membrane propre au fétus de la laie, 189-587-588. Mer d'Illande plus tranfparcnre qu'à l'ordinai- re pendant deux jours , p. 67 , Iumineufe en certains temps , 66 ; mer des Ifles de Baudane cfl blanche pendant un certain L E temps , 1 id ; mer , Ces grands changements, 411 , & fuiv. mer glaciale , ce que c'eft , 5 1 , quels peuples y vont pécher , & quand, ibid. mer de Zirchnitz , comment fe rem- plit &fe vuide d'elle-même, & quand ,53, & fuiv. defeription de ce Lac , ibid. Mercure amalgamé avec l'or , p. 351, effet du mercure fur les vers de terre , 508. Mères de girofle , p. 118. Mcrgus longirofter , p. y 1 1. Merlans aveuglés par la glace, p. 318 , leuE veffie d'air , y 30. Merlo , p. y 30. Mer/u^ ,530. Méfentere du renne , p. 110, du poulet dans l'œuf, 141 , vaifTeaux de celui du héron , 194 , méfentere de la cicogne & fes vaif- feaux , 3 57 , du ferpent , 371 , vers dans le méfentere d'un lézard verd , 471 , dans le méfentere d'un lièvre, 514, méfentere de l'huitre , ou ce qui lui en tient lieu, 590 , de l'écreviJfe ,595. Métacarpe , mufcles de cet os dans l'aigle , p. 174 , à fuiv. Metallophyte , fa defeription,/;. ro6, 6* fuiv. Métamorphofc prétendue des crins de cheval en petits ferpents, p. 1;. Metatarfe , mufcles de cet os dans l'aigle , p. 181 181. Métaux , leur reproduction , leurs émana- tions ,/>. 74, un Ancien les diftinguoit par le feul odorat ,330. Microcofme , petit animal marin très-fïngu- lier , décrit , p. 486-487. Microfcope , moyen de le fuppléer quand on en manque , p. 138, avantage du microf- cope à deux oculaires piano-convexes, t77, microfcope qui groflit 17 millions de fois, 180. Miel , fon effet fur les vers de terre }p. 503- 505-506. Milandre ou cagnot , p. 184, Milans , p. 519. Mille cantons , ( Voyez Perches , ) p. 19. Minchia-di-re , p. y 5 o Minéraux rares en Iflande,/». 67 , fucs miné- raux dans les végétaux , 74 j ordre de la formation des minéraux , relativement aux marcaflites & aux pierres, 384, minéraux en général , 3 9 y', moyen de découvrir leur formation ,411. Mines , manière d; les découvrir , p. 74 , def- eription des mines de charbon , près de Srony Eafton , 87-88 , quelles fourcesdans le voifinage , 90, mine du paon, 87 , les DES MÂT mines fufditcs s'embrafent quelquefois 87, 6' fuiv. mines d'aimant de Dcvonshire , leur ducction , 89 , mine de charbon , où l'on trouve un fuc minéral laiteux , 44 , mines d'aroçnt & de cuivre à Kurr<-mK<-«» . en Boiicmr , ioo , qualité de l'eau qui cou- le dans ces mines , ibid. nature de la cad- mie qui s'attache aux parois des fourneaux de ces mines , ibid. ftérilité des collines qui contiennent le minéral , ibid. mines de la Vallée de Saint Joachim , ibid. 6' fuiv. fté- rilité de cette Vallée , 100 , terre antiné- phrétique qu'on y trouve dans la fente d'un rocher , ior , mine de fer , que l'on prend pour une pierre hématite , coulcut de cette mine & de fes eaux , ici, mine d'arfenic , loi-loi , danger d'en approcher Si d'y travailler, ici, mine d'étain à deux mil- les de la Vallée de Saint Joachim , ibid. mine très-riche d'étain à Schlac-Kenwald , loi- io; , mines de Schonfeld, 10 j , diffé- rence de la température de ces deux en- droits qui font contigus , 105 , influence des mines fur la végétation & fur la con- stitution animale, 100, & fuiv. deferip- tion d'un pays de mines , près de la Vallée de Saint Joachim , ioi, mine d'argent dans les Alpes , ; f 3. Mirt/iej ( eau de Fleurs de) fon effet fur les vers de terre , p. joj. Mify minéral , p. m- ri 3. Mite qui gloufle^. 141. Moelle d'un arbre , fa correfpondance avec la femence , p. 8 , (f fuiv. to , if fuiv. moel- le épiniere d'un poulet, 137, d'un férus de vache ,157, moelle alongée de I'an- guillc , ; 66 , moelle épiniere d'un ferpent a deux rêtes, 468 , de l'huître, 3-90, moel- le alongée & moelle épiniere de 1 ecrevifle , J93 , moelle épiniere de la faqg-fue, «04. Mo/ti , poiflon , p. j 1 z , Voyez lune de mer. Mo/y, (Grand j fituation de fes feuilles, p. '43- Monachetto , p. /il. Monedula-aquatica , p. 198. Monftres dans les animaux ou les végétaux , pug. 4 , 1 jâ-145-149-1 tfo-i £3-166 167- 173 184- 1 90-111-11 3-11 4- il ç-ilç-ij 3- ^"Mf- 3° f" 306-3 11-3 19-3 5 j-5 36-415, néceiîité de les décrire , XV11 , & fuiv. Montagnes d'Ifljnde , leur hauteur , p. 66 , quelques - unes jettent des flammes , ibid. montagnes en général , 393 , & fuiv. 4 11- 415. Mouches , leur cri , comment eft produit dans quelques efpctes , p. 140 , mouches I E R ÏÏ S. 61? formiciformes qui volent par grandes trou- pes , 141-14; , mouches culiciformes Se autres, 14; , mouches fortics de la cryfali- dc d'une chenille , 147 , les mouches font l'alimrnr Hes rainettes , 161, les yeux des mouches, 179-1S0 , mouches des cry lan- des vers nés dans la chair de ferpent ,418, dans des chairs de pigeon , de veau , de cheval , de chapon , & de mouton ,418- 41 9 , mouches & moucherons des vers nés dans des chairs de grenouilles écorchées, Se de barbeaux ,419, dans des chairs de di- vers autres animaux , l'oit quadrupèdes , foit oifcaux , foit poiflons , 410 , ce qu'on doit penfer de l'expérience du Fcre Knker , pour faire revivre les mouches , 411 , fi les mouches Si les moucherons prennent de l'accroilfemcnt , ibid. mouches vivipares qui pondent en volant , ibid, mouches des cryfalidcs des vers nés fur des feorpions morts, 4î 1-4; ; . l'huile leur eft contraire, 434 , fi elles reftufeitent lorfqu'elles ont été noyées , ibid. & fuiv. mouches nées dans la chair du thon, 435 , mouches & mou- cherons dans lelquels fe changent les vers du fromage , 419-440 , mouches éclofes dans le melon, le concombre, la citrouil- le , &c. 441 , dans le balîlic , l'hyflope , la lavande , le mille-pertuis , le perfil , le thin , les champignons , 445-446 , dans les galles couronnées , 447 , mouche du ver de la cerife , 450 , mouches qu'on voit fortir d'une cryfalide de chenille, Si com- ment, 45-1, petites mouches qui naiflent de vers qui vivoient fur des chenilles ,453- 456, mouches des cxcrcfcences de Vagnus- cjftus , & du faule , 4J7 , mouches des vers du fureau , ibid. & fuiv. des vers nés fur des fleurs d'hiacinthe , 490 , mouche- rons produits par des vers formés des mi- mes fleurs , ibid. mouches des vers formés fur des oignons Si des fleurs d'hiacinthe , 49 1 , des vers nés fur des fleurs de violet- tes blanches Si de pallc-rage , 491 , des vers nés fur des jonquilles d'Efpagne , fur des rofes, du coquelicot , des fleurs de lai- tron épineux, 491 , mouches & mouche- rons produits par des vers nés fur des fleurs d'orange , de jafmin , 493-494 , fur des fleurs de geneir, de laitue , fur des œillets, 494 , fur des fleurs d'acacia , de mirthe , de fcurlattea , fur des amaranthes , des fleurs d'anis , de l'ambrctte , 49 c , mou- ches & moucherons des vers nés fur des fleurs de tanacetum , fur le tourncfol du Pérou , 496, mouches du ver forme JaiiS 650 t A la chair du vipère , jgj , mouche du ver né dans la tète des mourons , 607. Moucherons , Voyez Mouches. Mouettes , p. 510. Moula qui donnent des perles ». in. Mout/e marine , ufage de cette planre , p. 67, niouife purgarive , 115 , moufle trouvée fur un fungus , 308. Mouvement , quelles (ont les caufes de fes dé- terminations , p. 381. Mucofité purpurine qui fe trouve fous l'écaillé de l'écrevifle , p. 593. Mugnaï , p. 510. Muguet ( Fleurs de ) leur effet fur les vers de terre, p. 509. Mules dilféquées , quant aux parties de la génération , p. 190. Munier ( pefcefauadro ) p. 5 3 1. Murènes très-fujettes aux vers , p. 511-513, leur veflie d'air , 530. Mûrier , en quel pays réuflit , p. 77. Si les feuilles de cet arbre produifent des vers à foie , 457-458. Mufi , fon origine, p. 108 ,&fuiv. & 117- 11S. Le premier qui en a fait mention, 118. D'où le tiroit Paracelfe, ibid. Mujcles particuliers de la verge du cerf, pag. 1(9. Mufcles de la biche, 169, de l'ai- gle , 186, mufcles éreetcurs du mam- monct , 191-601. Mufcles droits du Iié- rilfon ,117. Mufcles de fon grouin , ibid. Mufcles droits du bas-ventre du renne , 110. Mufcles de fes yeux ,111. Mufcles de fes pieds , 111. Mufcle du tefticule d'une chienne, 159. Mufcles de l'aigle, 163 , &fuiv. Mufcles qui fervent à la voix dans les divers animaux , i6j. Mufcle dente- lé dans l'aigle, 175. Mufcles de la tra- chée-arrere du perroquet, 199 , du ven- tre dans les férus d'une hafe , 310. Muf- cles du taupe-grillon , 313 , de la trachée- ancre du chat-huant , 193. De la langue du pivert , 358. Mufcles de la vipère , 369-370. Vers dans les Mufcles de l'abdo- men d'un léfard verd , 47 1 . Mufcles des piquants de l'ourlîn de mer, 536, des écail- les de la coquille de l'huitre , 5S9. Muf- cles de l'écrevifle , 593. Mufcles annulai- res du ver de terre , 597-598. Mufni , p. 513. Mufnier , p. 517-540. N N, ACKTEMAYDT , plante, pag. 143. Nigcoires du cagnot , p.'t 184 , de la lune de mer , 517. BLE Napel _, fi lès feuilles perdent leur qualité - néneufe, & comment cette qualité eff plus forte dans fes racines; ufage qu'en faifoient les Anciens , p. 99. Erfets de cette plan- ~; l?'-io6. Napel du Mont Carpathe, comparé avec celui *de ià Fore: noire , ibid. Narhwal , p. 3-131. Narines de l'aigle , p. 185 , de la vipère^ 570. Nates du cerveau de l'anguille , p. 3 6 S. Nare/lo , p. 530. Nègres. Couleur de leur fang , p. 80. Con- jecture fur leur noirceur , ibid. Neige. Influence desexhalaifonsnitreufes fur fa formation , p. 15. Fonte des neiges fi elle contribue à la crue des eaux du Lac de Genève , 17. Neiges perpétuelles fur montagnes de Daaphiné , 350. Neige fur des montagnes qui jettent des flammes , 67. Certaines terres la font fondre plus ou moins promptement , 69- 74. Néréide de Jonfton , p. 94. Nerfs d'une biche , p. 171. Nerfs de la ;'. paire du renne & de l'ours , 111. Nerfs optiques , leur prolongement dans le pou- let, 138. Nerfs optiques de l'anguille, 3 66 j de la vipère , 369, de l'écrevifle ,593. Nervures dans les plantes accompagnées de veines , p. 31-31. Nef ( Lac. ) Voyez lac. Neunauge. Poillon thermomètre , p. 165. Neç, vers dans les cornets du nez des mou> tons , p 469. Nibbi , pag. 5 10. Nidda grillon-raupe , p. 314. Nids _, où les divers oifeaux les font , 488. Nids que l'on mange , 567. Erreur fur ces nids, ibid. Nifi , pag. 3 ; 6. Nitre, effet de fes exhalaifons dans la for- mation de la neige & du cryltal du val-fab- bia , p 15 : on en trouve en cet endroit des grains de forme quarrée & de forme pyramidale,. bid. Sa vertu pour fertilifer les terres , 1 64 ; fon effet fur les vers de terre , 508. Nociuolo ( efpece) , p. 516-531. Noix d'une forme finguliere , p. 190. Nord ( Terres du ) leur fertilité , p. 191. Nottcle , pag. 510. Noyer , faifon de le tranfplanter , pag. 19- Numenius ( Courlis ) pag. 60;. Nuotatoio , pag. 51J. Nymphe de la cigale , p. 138-139. D E S MA 0, 'BSERVATIONS, combien la multitude des témoignages eft néceflaire pout en con- ftatei la certitude/;, xv. %; Pag- S1- Odeur de certaines plantes , ne fe fait lentir que la nuit,/>. 119-130-131. Odeur de quelques pierres & de quelques terres, ; 58, effet des odeurs fur les animaux , 340. Odorat exquis de quelques-uns , p. 3 3 o- 3 3 9 , & fuiv. d'un cluen , 340 , des infectes, 488. (EU de l'aigle , p. 1 86 , orbite de l'œil d'une baleine ,131, mufclcs de l'œil dans l'ai- gle , 163-164 , œil unique d'un monftre double , 306. Œillet de Jérufilem dont la fleur produit d'autres œillets , 149 , œillet dans un œil- let , 116. (Efopkage , l'aigle a des dents aux environs de cette partie ,p. 1 87 , œfophage du lion, 189, du renne, 111 , du lièvre , ni,de la falamar.dre & des grenouilles , 3 10, du grillon taupe , ;ij , du chat huant, 19 3 } du héron, 194, du paon , 195. du ferpent, 571 , de l'âne, 373 , du cavulluecio, 445, du ferpent à deux tetes, 465-466 , glandes qu'ont les oifeaux dans cette pattie , 4,66- j6o , œfophage des vers , 497 , vers dans l'œlophage de plulieuis animaux, 5 1 j,&dc quelques oifeaux de rivière, 511-511-511, du monachetto ou albcllus, y 1 1 , y 1.2, du muf- nier',y40 , de I'huitre, y89-y9t, de l'écre- ■vifle,j93 , du ver de terre, 5 97, œfophage du polype , 60 y. (Sufs de 1 écreviffe d'eau douce,& du homard; ouverture par où ils fortent pag. 117-118 , û la grolfeur de l'œuf indique une groileur proportionnelle de l'animal qui y efteontenu, 118 ,en quel temps fe trouvent dans les ovai- res de l'écrevine, 131-131 3 œuf de canne monftraeux, 1 36 , œufs prétendus de coq , ny-116 , œufs de ferpent* 116; s'ils lont venimeux , ibid. de grenouilles, 141 , de l'aiguille de mer, 150, des vivipares, 155., & fuiv. 181, & fuiv. 309 , & fuiv. Ces œufs cuits, if 8, œufs de falamandrc,i6i, de tortue , 161, de l'émiffole , 184 , de la torpille , 185-186-363 , de la vipcrc,i87, d'une louve, ibid- du grillon-taupe, ;ij- 314, œuf' qui produifent des vers trouvés dans des chairs corrompues , 410 , œufs des mouches, leur nombre , 41 3, œufs d'a- raignées , 43 j , & fuiv. des eavalluaci , T J E R E S 6)i 444-445 ,œufs des limaces & des limaçons, 485 , œufs de mer ou arnumi , 486 , où les divers poiflems jettent leurs œufs., 48!, œufs des anguilles , ibid. des vers de terre , J 03- 5 01, des homards, 53 3 , du dauphin,, 5 57 > du ciron , 575 , du ver du fromage, 580, de bougnette ou tare ronde, 581 , du ver de terre , 598 , œufs de poule mar- qués de l'image d'unfoleil, & lumineux ace qu'on dit, 160, œufs lumineux ,174, ceufs d'huitre, 175 , œufs où l'on a ttouvé un petit ferpent vivant, 180; quelque cho- fe qui rellcmble a des vers a foie, 181 , œufs de ferpent, 188 ; fi les œufs de poule font incorruptibles en cettains cas, 104- 105 , développement de 1 oeuf par l'in- cubation, 133, & fuiv. œuf cuit dur, 134, œufs de i'émillble, 184, du cagnot, 185, œufs ( prétendus ) de louve, 1 8 8, d iinelîc, 189, de mule, 19", des femelles de cochon d'Inde , S: de blaireau & de quatre daines , 191 ; ces œufs cuits, 19 1 , œuf dans un œuf, 3 ;7,œu^ avec une efpcce de pédicule, ibid. œufs d'une torpille, 551-553. Oie dont le fang eft blanc, pcg. 146, oie qui a une cotnc , 173, oie de Magellan , 198, langue de l'oie, & fonos hyoïde, 151. Oifeaux d'Iflande , p. 66 , o'feaux carnaciers 6 granivores, 148 , oifeaux des Iiles Fé- roé, 196, ù fuiv. Excréments des oifeaux, 11.» , organes de fouie dans les oifeaux, 1 j 1, mufclesqui fervent à la formation de leur voix, i6y. Obfervations anatomi- ques fur les oifeaux, 303. Oifeaux amphi- bies ont beaucoup de poux, 461. Conduits biliaires dans les oifeaux, 467, indufrriè des oifeaux, 48 8 , s'ils digèrent les petites pierres , 49S , &fuiv. Quels font ceux qui en avalent , 499 , oifeaux de proie, & oi- feaux nocturnes , 510 , reins des oil'caax , 5 59 , oifeaux de pall.ige , f 59-560. Expé- rience fur la digeftion des oifeaux , 560- 56 1. Olivier , s'il tourne fes feuilles le jour de l'é- quinoxe du printems , p 1^4, un olivier qui porte une grappe de raifins , y S 3. Ombre ombrina ( poiilon ) p. 530- e»07. Ongles des oifeaux ,f. 511, ongle d'un coq greffé fur fa tête ,581. Onocrolale , ou goitreufe ou grotto , p. 467 , temps du partage de cet oifeau , 560. Onyces , leur nature , p. 583. Ophioglojfe à langue fendue , p . : 1 4- Opuntia , arbre des Indes qui donne la co- chenille , p. 91. Or, commnet fe volatilife, p. -4, amalgamé 6ji T A avec le mercure } 451, fe tire du Talc, ÎSÎ- Orange , fruit qui eft en partie orange & en partie citron, p. 4. Effet du julep de fleurs d'oran 'e fur les vers de terre, J07, de l'eau de fleurs d'orange, 509. Orangers , façon de les conferver en pleine terre, p. c. Orbite de l'œil d'une baleinc,i\i3 1, du mam- monct , 60 r. Orchis de différentes efpcces, & de différentes figures, p. 98- 99. fes bulbes, ( v. bulbes ) 99-111-111. Oreilles d'un pied de melon , p. j , des fétus d'une hafe, 309 , des fétus d'un renard , jii, d'un chien de mer, 359, du duc, S}9- Oreillette du cœur du poulet, p. 1 37, du cœur d'un chien comment reprennent leur mou- vement, 146, ce mouvement comparé à ce- lui du cœur, 146-147. Obfervations fem- blables fur les oreillettes du cœur des lapins, 147 , & fuiv. oreillettes du cœur de la tor- pille , j 61, de la vipère, 5 69-44 J > du ^ec* pent, 57 1 , de l'huitre , 5 90. 9rgano , pag. 530. Orge , engrais qui lui eft propre, p. 77 , l'en- grais d'algue marine lui eft contraire , ibid. Orignal d'Amérique , p. 119. Orme creux & fa graine, p. 9, erreurs fur les feuilles de l'orme , 104. Orpin , ce que c'eft,/>. 101. Orthragorifcus , pag. ju, voyez lune lie mer. Ortie, comment elle pique ,p. 367. Os de la cicogne , p. 148-149 , articulation des os de l'aile dans cet eifeau, 149 , pe- tits os de la nature de l'enclume de l'oreille, dans cette même aîle, ibid. effet du gramen ofllfrage fm les os, 14 3 , & fuiv. ertet de la ciguë fur les os , 144. Os delféchés font un remède, 145, os de l'aiguille de mer, leur couleur, 15 1, os des ailes dansl'aigle,i7i, es de bœuf vitrifiés par le miroir ardent, 34; , os folfiles ,384, très-grands os fofli- les , 410 , os de la limace , 4S0 , os des parties de la générationdes limaçons, 484- É04 , os du pied d'une aigle criblé par les vers , j 1 1 , os d'une cfpece de firene du Bréfil, j j f,os de l'hippopotame ou cheval marin , ibid. os de l'écreviffe, 593 , os de la tête &c des mâchoires du mammoner , 601-601 , os de la verge de différents ani- maux , 467 , & fuiv. 60;. Ofcabium , efpece de poux de mer ^/>, 3 14- BLE Ovaires de l'écrevifTe , 11 8- 594, du homard femelle , 119-5 j 3 , ovaire de la biche fans œufs, 170 , manque dans les coqs préten- dus ovipares, 11 6 , ovaires des vivipares , 155, & fuiv. de la filamandre , 161, de la toi tue , 161, de lémiffole, 184, du cagnot, 185, de la torpille, 185-186- 363-551, de la vipcie , 187 , dans les quadrupèdes , 308, & fuiv. dans le renard, 311-311, dans la falamandrc , le lézard , la grenouille 8c le ferpent, 311 , dans le chat- huaut , 19 3 , du chien de mer , 3 60 , de la vipère , 369-370. Ovaire des mou- ches, 411, de la limace, 481-603 , du limaçon, 481-604, de l'anguille, 488, des vers de terre, 500-501 , des vers d'une lu- ne de mcr,yi8-605, de la langoufte^ 5 34, de l'écrevifTe, 594 , du ver de terre, 598, du fearabée , du grillon-taupe , de quelques autres infectes , ibid. Oviduilus des vivipare? p. ijy , & fuiv. 181, i' fuiv. de la falamandre, 161-161 , de la tortue j 161, de l'émifTolcj 181 , b fuiv. du cagnot, 184-185 , de la torpille, 1S6- 551-553 , de la vipère, 187. Double dans une poule qui n'avoit qu'un ovaire , 187- 191 , du cliat-huant, 193 , du chien de de mer , 360, de la grenouille , ibid. de la torpille, 361, de la vipère , 369. Ouie , erganes de l'ouie dans les mouches , Sic. p. 179, dans les' oifeaux , 151 , dans lémiffole, 183 , dans le perroquet, 300. Ouies de l'aiguille de mer, 1 5 1, de la torpil- le, 361-553 , de la lamproie , 365 , de la lune de mer , 5 17 , du homard , 5 ; 3 , des poiffons écailleux & cartilagineux, 584- 585 , de l'huitre , 589-590 , leur mouve- ment, 591 , ouies de l'écreviffe , J94, de l'efturgeon j du faumon & du cabillau , S 99, & fuiv. Ours, du groenland; comment vont en Iflan- de , p. 66 , quelques parties de l'ours com- parées à celles du renne } 111 , fes tefticu- les , œufs , &c. p. 160 , fe leche la plante des pieds , 303 , ours d'I (lande, 317-318, verge de l'ours, 467, fttruétute de fes reinSj 515- , ... Ourfm de mer décrit , p. 53/, 6' fuiv. P ACOS , pag. jj6, Vaglietana , pag. 513. Tagurus ,p. 533. Pain manque aux infulaires de Féroé,^.10I, pain de callave, 11 s. r m D E S MA Ta! ou eagnot , p. 184. Palais de la biche , cavités qui s'y trouvent , p. 171. Palamita , p. y j 1. Valette , palcttonc , p. 467 y 10. Pa/ijfades propres à garantir les jardins & les vergers des vents de mer , p. 76. Palombo {pefee) p. 181. Pancréas de la cicogne , p. 148-^7 , pan- créas d'un cerf qui avoir une tumeur dans le méfenterc , 158, de la biche, 170, du lièvre, 115, du chat-huanc , 19} , du héron , 194 , du paon , ijj , de la tor- pille, 564- y yi , du ferpenr, 571. Pannicule charnu d'une biche ,p. 1 6 9 , d'un hériiion ,117. Panfe de la biche, p. 169. Paon ditiïqué ; pag. 195 , inteftins de cet oi- feau , Soi. Papier , arbre dont il fe fait au Japon , pag. 144-14;, le papier contraire aux vers, yot. Papilles de la caillette de la biche , p. 1 70, du bonnet ou rezeau dans le même animal , ibid. de fa langue & de fes mâchoires, 1 70, papilles ouvertes dans un fétus d'émilfole qui établirent une communication entre la cavité de l'abdomen Si les inteftins , 18 3. Papillon , de la chenille de la roquette, pag. l«o, fes yeux , 179; fi les papillons pren- nent de l'accroilTcmcnt , 411 , papillon du ver de la prune , 4j 1 , du ver des poires Se des pêches, ibid. Génération des papillons, 4; 1-4(1, & fuiv. papillons des chenilles de l'ycule, 4(1, papillon d'une chenille verte, ibid. de la chenille du folanum, 4(3, d'une chenille du chêne ,454, d'une che- nille du prunier , ibid. d'una chenille des feuilles de rue, 4yy , d'une chenille du chou, 4j S , d'une chryfalide formée par un ver né lur des fleurs d'hyacinthe , 487 , de la noifette féche , (79. Pariétaire ( eau de ) diftillée de différentes manières,^. y 47 -y 48 Paffe-mufc , propriété de cet animal ,p. gl. Pafte-pomier , p. 18. Paftel , p. 1 1 1 , & fuiv. fa culture, fa prépa- ration connue des anciens , manière de le recueillir & nombre des récoltes, ni 1 1 3, propriétés du paftel préparé, ibid. différence du paftel & de l'indigo ,114. Pafiinaca marina afpera , p. j j I-J43. Patatas. Voyez topinambous. Patience , pag. i y 1 • Pâturages des Ides Féroé leurcxpolîtiort & leur bouiéfp. ift. *** T I E R E S. Pavoncclla ( v. vanneau ) p. «03. Paupière interne de l'œil dans l'aigle , & fon ufagc/>. 1 86-164, paupière du poulet, 1 j 9- 141 , mufclcs de cette partie dans l'aigle , 163-164. Peau duhériflon, fes fibres charnues, />.i 47, peau de l'animal qui donne le raufe, exami- née , 109 , peau du poulet , 140 , du gril- lon-taupe , ; 11 , d'un agucau monftrucux, 3 5 y j du chien de mer , 3 y 9 , de la torpil . le, t«t, de la limace de mer, 483. Vers fous la peau de la chauve-fouris & de la ci cogne, y 10, couleur de la peau de celle-ci, (il , peau de la lune de mer & des autres poiffons cartilagineux, y 17, de la limace, 6^4. Peaux, comment fe préparent aux Ides Féroé, 19;. Pèche des baleines, v. baleines. Pêcher , faifon de le tranfplanrer , p. \9. Pèches , moyen de changer la nature de ce fruit, p. 10, contraires aux vers, jtoj. Télamide , pag. y ; 1 . Pélicans , temps de leur partage, p. y 60. Pelottes marines, conjectures fur leur origine, description de leur forme tanr intérieure qu'extérieure,/?. 116-117, leur propriété, 117. Pépins , moyen de prévenir leur formatio» dans les fruits, p. 8-9, pépins d'un pommier creux , 9. Perche du Lac de Genève , p. 19 , petites per- ches appellées mille-cantons , 19. Perdrix blanche des Pyrénées , fa véficule du fiel, p 467, cœcum dejees perdrix, &c. y 10 , leur cefophage , y 1 1. Perforation , fou effet fur les plantes , p. 10. Péricarde de la lamproie, p. j6y,de l'huître, y90, de l'écrevilfe, y94> Péritoine de la falamaodrc , p. ;i^ , péritoi- ne d'un lézard verd plein de vers, 471 , d'une vipère marine, yi4-yiy. Perles long-temps confervées dans un caveau, ce qu'elles deviennent , />. 14*, petles des moules & autres bivalves , 1 y 1 , leur for- mation & leur Structure interne, 4-6, en quoi différent de la nacre ibid ce que c'clt que les perles baroques, ibid. Perles jaunes, quand il eft poilible de leur rendre leur éclat, ibid. mère perle foflîle avec une perle adhérente, 418 , perles , ce qu'elles devien- nent dans l'eftomac des pigeons , y 63. Péroné, mu(cles de cet os dans l'aigle,/). 179, & fuiv. Perroquet , fon os hyoïde , p. 1 t 1 . Perfil, moyen de l'empêcher de produire de bonne graine , p. y, lui *J4 T A Pefce-poreo , p. j ys-517 > ? ttt6 » pcyïc tamburo, 511. Voyez /un« afe mer Pefce finfietro , 530-66, tefce perfo , jji , fe/ce frète, ibid. fefee fquadro} 54O, pf/ce i&wîj ou firene poiffon des mers du Brefil , vertu attribuée à fesos, HJ ,[efee organo , 606 , fefee mugine , 606. Pefcia , rivière de la Vallée de Niévole en Tofcane, 547. Tarification trouvée dans l'eltomac d'un cerf, & fa defcnption, p. 91 , plufieurs pétrifi- cations ,193; autres qu'on trouve en Man- de , ? 14-316 S autres, 334; autres, 347 , fautes pétrifications , h8 , ce des chiens, 374. Vers dans les reins de plulicurs animaux , 473-4-4. Dans ceux d'un ours , d'une aigle de mer , d'un chevreuil , & ftruéturc de ces reins , y 1 r . Reins des fphyrencs , y 31 , des oifeaux , des poilfons , & notamment du dauphin } 539 j de la tortue de mer , 540. Renard, a une odeur de violette , & où? pag. 109-303. Sel des cendres de deux renards brûlés vifs , 117 Matrice du re- nard femelle pleine dilléquée ,311. Verge du renard , 467. Vers du poulmon du rc nard,47i. Cerveau d'un renard marin, «38. Renne , dilléqué j p. 119 6' fuiv. Renouée de Pologne , p. 91-91. Reptation, comment s'exécute par le ver de terre, pag. y 97. Rcfervoir de l'encre dans la féche , pag. yi8 , dans le polype , 606. R-'Jine noire tirée des veines des plantes, p. 11. Rejna _, p. 584. Rejpiration de l'écréviffe , quelle! p. <$c. Rétine du poulet , p. 139. Réseau , ou bonnet de la biche ,p. 170. Rhinocéros , cireurs fur la vertu de fon fang , de fa peau Si de fes cornes } pag. <6t. Rhcde , plante , p. 1 9 y. Rhône , fon entrée & fa fortic dans le lac de Genève j différence de fes eaux à ces deux termes , & leur différence avec celle du lac ; fon courant dans le lac , pag. 16-17, fon mouvemeut en fortant du lac , deux caufes différentes l'ont arrêté ; quel poif- fon on trouve dans fon courant au milieu du lac , 17-1S-19. Ce fleuve deux fois rais à fec, 18 , fes eaux refluent dans le lac, 19. Rhubarbe de jardin , fuc de fes veines , />. n. Effet de la rhubarbe fur les vers de terre , y 04. Rhumes fréquens aux illcs Feroé , p. 19 y. Rochers qui ont la propriété de fertilifer les terres, pcg. 76 Rocher compolé comme la pierre d'aigle, 137. Rochers veinés com- me du bois pétrifié , 3 48- 3 y 3. Romarin conkt\é frais pendant long-temps } pag. i4y. RonàeUe , p. y xc. Rcr.dine ( pefee ) hirondelle de mer , p. 466. Refe noire des Indes, fon effet , pag. 144. Rofe pyramidale^ 376. tffet des rofes fur les vers de terre , J09. Refcau auquel on rapporte l'origine des pe» lottes marm»s, f. il<« 6]î T A B Rofée , fi clic contribue à la formation du cryltal du Vai-SMia, p ic. V.ofen Kafer , p. 167. Rofmar , p. , 51;). ■K^#j P- î?°- Rotule , mufcles de cette partie dans l'aigle , p. 179. Roupie de l'amnios dans une louve , p. 18S. Rouget y p. 18, enté lur le pommier perd fon aprété , 14. Roufecte , p. ja+-jjit. KucAe , propre a empêcher les effaims dia- beiilcsde fortir , p. 39-40. Kuijfeau pétrifiant , p. 71. Autre dont l'eau eft chaude ,7;. O 4 B L E de cornouailles , fon ufage , pag. 61 6' fuiv. fon origine , fes différen- tes couleurs ; groffeur de fon grain , en- droits où on le trouve, & comment , 68 6' fuiv. fes différentes qualités , 68-69. Frais de tranfport , 69. Manière d'em- ployer ce fable , ibid- Ses effets fur le grain , fur différentes plantes ; fur la neige , fur la température de l'ait , 69. Expériences in- diquées pour en découvrir la nature , 69-70. Sable qui inonde certains pays, 68. On trouve' de petits infectes dans le fable , 177. L'aloes d'Amérique y vient , 110. Sac de la glu dans la limace , pag. 481- 60; , dans le limaçon 48 j- 604. Sac de la pourpre dans la limace , 481 , dans le li- maçon , 48 r -604. Sac des filaments iémi- naux des féches , des calemars & des po- lypes mâles , J1S-J19-60J. Safran , meilleur en Angleterre qu'ailleurs , p. 77. Sa culture , 81-83 , préparation de fes fleurs , 8}. Saijbns de l'Iflande , p. 316-317 Salamandre , fes oeufs , ovaires , & oviduc- tus, pag. 161 -161. Si la Salamandre ré- fifte au feu , 319-310. Expériences fur fon venin , 310. Sa dillection , ibid. Vit quelques heures fans cœur, 310. Salicornia ou Salicot j cfpece de foude très- utile , p. 3 j 1. Salivation furvenue à des beftiaux malades , & comment , p. 145. Sang blanc dans une Oie , pag. 146. Si le fang tire fa couleur du foie , 141. Sang veineux de la Vipère eft plein de bulles , 3 69. Sang des pigeons tués par des piqûres du feorpion , 431. Sangfue du xifhias , pag. 41-41. Sangfues L E d'eau douce & d'eau falée font hermaphro- dites , 496. Figure de leurs parties inter- nes, 604. Sapin j on en fait des palilladcs , & pour- quoi , pag. j6. Sont jettes par la mer dans les îflles occidentales d'Ecollc, 81. 11 y en a dans les Alpes , 3 j 3. Saraine , p. J30. Saffafras ( bois de N p.. j68 y6j. Satyrium Eunuque , cfpece d'erchis, p. 98"- 99- Sauge , le crapaud de terre l'aime , effet qu'il produit fur fes branches , p. 1 j 1. Effet de l'eau de Sauge furies vers de terre, y 10. Saule _, s'il tourne fes feuilles le jour de l'é- quinoxe du printemps , p. 104. Vient en îflande , 318. Saules nains, 3J3. Tubéro- fités de fes feuilles , Si. ce qu'elles conte- noient, 4^6-457. Saumon , p. 599.. Sauterelles , p. i;8. Organes de leur cri, 140. Mouvement de leur ventre , 511. Trachées de cet infecte, 313. Ses efto- macs, ibid.Le Frioul infecté de ces infectes, & quand _, 519. Sauvage , homme qui l'étoit devenu , p. I p. 19-10. Scorbut, fréquent aux îfles Feroé, p. 19J. Scorpions de Céylan , lumineux , & dans quelle circonftancc . pag. 113. Senfation de leur piqûre , ibid. Combat d'un feor- pion avec uue araignée , 171. Scorpion DES MA cornu, 319, Scorpions obfervés, 5 17- 3 68. Différence du màlc & delà femelle, 567-477. Démarche de cet infecte , 3 68 , cft vivipare , ibid. 417- Scorpions de Tunis tranlparcnts. Expérience fur plulieurs Scor- pions, pour favoir s'ils fe tuent eux-mê- mes lorfqu'ils font environnés de feu , ibid. Erreurs fur leur génération , 416-417. Leur véritable génération 3 417 Etoieut rares autrefois en Italie; s'ils y font venimeux, 418. Leur venin , 430 , (ifidv. Erreur au fujet du Scorpion, 431. Scorpion de mer, 461 , n'a point de veilie d'air , j ; t. Effet de fon venin , 144. S'il elc dangereux de manger des Scorpions , 545-. Scorfonere des montagnes de Vicence , p. 114, fes vertus & celles de les racines , ibid. Effet de l'eau de feorfonerc fur les vers de terre , 5 10. Scutiformc ( cartilage ) de la biche , p. 170. Secht , p. 5-18 & Juiv. & 606. Séclicreffe } fi elle nuit autant que le froid a la végétation , des arbres îy. Contraire aux vers du corps humain , 511. Sécrétion , à quoi tient l'explication de fes phénomènes j p. 387. Sédiment de l'eau blanche contenue dans l'al- lantoïde d'une vache, p. 156. Sédiments en général j 390. Sedum , où fes racines fe plaifcnt , p. no. Sedum builfoneux , où ctoît naturellement. Segaloni 3 p. y 11. Sel des bains d'Apone , façon de l'en tirer ; qualités de ce fel fuivant les différentes manières de l'en tirer, ' ug. 14. Sels que contiennent les pelotes matines, 117. Sel de l'algue manne calcinée , 100. Les îniu- laires de Feroé n'ont point d'autre fel, loi. Sel des cendres d'un liérillon , & de deux petits renards , 117. Sels des eaux de Io- garne , 114. Sel contraire à la Salaman- dre & à d'autres infectes , ; 10. Sel du cryf- tal , 349. Effet du (cl commun & de quel- que fcls fofîrlles fui les vers de terre , les fcolopendres marines , les limaces & les fang-fucs, J07. Sel gemme > (<ùi\ effet fur les vers de terre , 507-508. Sélénite , p. 40 3 . Semence } fa cotrefpondance avec la mocle Se le corps de l'arbre , p 8 &fuiv. Semence de l'écrévrlîe , comment elle féconde les œufs , 133. Semence de lhuitic , 175 , en quel temps i'huitre la répand , & ce qu'elle devient , 176 Semences d'un 1er- pent à deux têtes, 4*8. Semences, ma- nière de les combiner diverfement pour T 1 E R E S. 6}9 produire des variétés dans les cfpeccs, 1 1 3 Semenàne , voyez baibutine. • Séné , Ion effet fur les vers de terre , p. 505. Scnfuivc de la première & de la féconde cf- pecc ; leur différence , p, 115. Hauteur remarquable de la dernière , 115 116. Serein , s'il contribue à la formation du cryf- tal du val Jibbiu , p. ij. Strole ou Seroluni , p. 511. Serj tnt pétrifié d^ns l'cftomac d'un cerf, & fa defeription , p. 91-9 ) . Petit ferpent vivant, trouvé dans un ceufji 80-116. Elpcccdcfer- pent pétrifié , 19 ;. (Eurs deferpent , it6, fon ovarre ,51!. lierres de ferpeut , 337- 541,6" Juiv. 534. Serpents de Virginie, activité de leur venin, ;6i. Serpent drrié- qué , 371-371. Comment les ferpents ava- lent les oifcaux , J70. Serpent mort gardé long-temps dans un vaiileau fermé , ce qu'il devint , 411 Erreurs fur la genéra- tion des ferpents , 4; 3-434 Serpenta deux tètes diiTéqué , 464 , & Juiv. Sa chair corrompue devient lumineufe , & non celle des autres ferpents , 468 , s'rl éroir veni- meux , ibid. Serpents , fi dans certains cas les crins de cheval fe changent en ces reptiles , p. 1 ! ; ce que c'eft que les petits ferpents à qui on a fuppofc cette origine , ibid Ou on les trouve , ibid. Cffuiv. Leut defeription , 15-14. S'ils font venimeux, & comment , 14. Séfamoides ( Os ) p. 175-177. Sct.i aquatica , p. i;. Sève, fi elle circule . p. 17-18. Si on peut recueillir celle des arbres fruitiers , 11-11. Nature de cette feve dans le prunier , le cerifier , &c. 1 1-1 1. Moyen imaginé pour ia recueillir, 11. Expériences pour prouver fa defeente , t4. Symptômes de fon ob- ftni'îtion & le remède , 1 5. Sexe , cheval qui n'en avoir point , pag. 167. Sj5V«w,Brochet de mer , lueur de fa chair cor- rompue , p 468. Singes , leurs fagacité , p. ; 3 o- 3 ! 3 . Sinus des véliculcs fcminales dans un cerf en lut, p. 153-154. Sinus où fe forme ce qu'on appelle Larmes de cerf, 158. Sinus des ouies de l'écrevitfe , (95. SiVf/«(efpece de ) vue en P.innemarck ; au- tre ditfcquéc , p 91-94 > ce que c'étoit , ibid. à' Juiv. Sirène vue fur la côte Méri- dionale de Suderoé ,103. Kfpecie de lirene des mers du Brcfil, prérenduc vertu de fes osj 5 55- Sirop violât , fon effet fur les vers de terre , 640 T A B p. ' fuiv. Leur formation , ;8f. Moyen de découvrir le fuc qui les duTout j 399-410. Solor ( bois de) p. 570. 5o« de l'ardoife indique fa qualité ,p. 1 1. Sonchus des Barbades , p. 79. Sorbus piriformis où fe trouve,/;. 8;. A quel autre arbre ilrellcmble,8;-S4,fonfruicJ84. Soude , où l'on en trouve jf. 1 50. Soufre , commun en Iflande , p. 67. S'il s'en trouve du natif dans les rames de charbon qui fe font embrafées , 90. Mines de fou- fre abondent dans la mer des Ifles de Bau- dane , jufqu a la nouvelle Guinée , 1 10 : foufre des eaux de Logarne , 114, d'Iflan . de j ; 1 5. Autres minéraux mêlés avec cet- te mine fulfuruufc , ibid. Sources chaudes en Iflande ; ufage qu'on en fait, & leur fédimcm , p. 66- Autre» fon effet & fon ufage _, 75. Sources vnrio- liqucs , 90-313. Sources pétrifiantes , 347 ; fources vitrioliques , 351 : fources fulfurcufes Se alumineufes , ibid. fources minérales d'Aix , 3 j 1 : fources en général , }5»4- Souris . les hérifTons leur donnent la chafle , p. 1J7. Spar hexagone d'un configur tion finguliere , p. 64. Ordre de la formation des fparSj 3 84. Spcrma ceti , p. 3. D'où on le tire, 131-131. Sphirenes , pag. J13-J30, & fuiv. Sphondyle , en quoi diffère du grillon- taupe , p. 311. Sphondylium , fes veines apparentes , p. 10. Squadro , pag. 517-531. Squille , pag. 594. StalaUites ferrugineufes & autres , p. i(îi , & fuiv. Leur analogie avec l'albâtre, 161 , leur ftruéture & leur formation , ibid. Sta- lactite des Ifles Féroé , 194, d'une grotte d'Iflande , )ii , de différentes grottes d'Europe , 3 41 , & fuiv. de voûtes , 3 44 , artificielles, 344-345, Surna , oifeau, p. 198. L E Sternum du poulet , p. 139. Mufcles de cette partie dans l'aigle , 165. Stcrregraes , ou gramen ollifrage , p. 144. Stigmates du grillon taupe , p. 315. Stony Eaflon. Voyez Mims Se vapeurs. Strand'Oder-mecrvich , pag. 374. StraniquAg , pag. 3 74. %ij pag. y 10. Striglia., pag. y 31. Sublimé , comment on peut en avaler fans danger , p. 545. Swcm trouvé à Virtemberg , n;, defeription du terrein où on le trouva, ibid. Conjecture fur fa nature, ibid Huile da fuccin avec quelles huilles elle a plus de rapport , ibid. Succin trouvé dans les fofTés de Copenha- gue , 106 ; ce qu'on trouve dans le fuccin , 107-108 ; s'il a été dans un état de mo- leffe , ibid. Se 196, & fuiv. Matières & corps étrangers qu'il renferme , ibid. od fe trouve , 107-198. Sucre , infecte qui en gâte les cannes ; gril- lon des Indes qui le trouve dans le fucre de cepays,p. 105-106. Son effet furies vers de terrejo6,& furies vers du corps hjmain, Sucs minéraux dans les végétaux , p. 74. Sucs des végétaux , leur ufage , ibid. Sucs ani- maux & végétaux qui ne fe gèlent point , 33. Suc minéral laiteux , tiouvé dans une mine de charbon ,44- Moyen de décou- vrir le fuc qui diflout les corps fohdes , 399-410. Sucs chylifiques dans les oifeaux , __ 560-561. Sudis , p. 5 ; o. Superfitation , comment fe peut faire dans une haze , p. 309. Superftition , aufujet desarmesà feu ,p. 545. Sureau , fuc de fes veines , p. 11. Vertu de fes poufles différentes en différents temps , 1 1 j . Effet de l'eau de fureau fur les vers de terre ,510. Surmulet , pag. 55t. Swartbag , oifeau , p. 198. Sylleneebber , plante qui tue les befliaux,i43. Synodon, pag. 519. T. JL ABAC , fon effet furies vers de terre ,p. ' 511. Effet de l'huile de tabac , 541-543. variétés dans ces effets, 549 y ço, effet: du tabac en poudre & du fuc du tabac fur des blcflures , 550. Effet du rabac en pou- dre fur les Léfards, les Serpents Scies Sang- fues. ibid. Différents ufages de la fumée du Tabac } ibid. Tables, DES MA Tables, b'enfaites , p. X. Tac! , exquis d'un aveugle, p. 3 50. Ttnia, ou flambeau de mer , p. 468. Taille, des arbres avant de les tranfplantcr, p. if , taille des racines dans ce cas , ibid. & fuiv. Taipe, (lac )p. 570-571. Taijfon , fa verge,/). 467 & 60 3, combien vit fansmangei ,;>. 499 , vers trouvés dans fon corps , 51 ç, 516. Ta/c , de différents pays & fes ufages , no- tamment du pays de Norwege , p. 335- 3J4, fi l'on peut lui rendre fa fluidité , 4°''-. Tamanoir, voyez , Foureiillier. Tanches , p. 530. T. 57?.' Tarfe, mufcles de cet os dans l'aigle/; 179, & fuiv. Tanarie , fon étendue ,p. 56. Tartuffeln , ce que c'eft . p. 119. Tarve , p. c c 6. Tavarcaré , voyez , coco. Taupe , fa verge , /> . 467. Taureau , fa verge , />. 117 , taureau marin ,'. 374- Téguments , da ventre des fétus d'une hafe , Température, différente en deux endroits voi- fins , & femblablement expofés , p. 75. Tempes, des fétus de renard, p. ;n. Temps\ lie les découvertes , />. IX. Tendons , de l'aigle ,/>. 1 r 3 , 6' /ûiv. du muf- cle facrolombaire dans la vipère , p. 3 70. Tenre , du cervelet du renne & de l'ours , p. ni. Terebration , fon ufage pour changer la qua- lité des fruits, />. 10. Terre , (î elle contribue par elle - même à la végétation ; expérience à ce fujet , p. 9 , les purs liquides fe convertirent en terre, ibid. lits de terre ;88&J90 Ùfuiv. où on en trou* ve remplis de matières calcinées , 391 , formation & deftruétion alternative des- lits de terre , 411-41 3 ,1a terre a été inon- die & comment clic a pu l'être, 411 , & T I E R E S. û4:' , fuiv. la terre fert d'aliment aux vers de terre 498, terre antinéphrétique qui fc trouve dans la fente d'un rocher au milieu des mi- nes de la vallée de faint Joachim, 10 1 , terre vulneraire , ibid. terre fervant à la teinture , 314 , terres odorantes , 358 , manière d'améliorer les terres cnCornouail- les, 6j, & fuiv. terres qui fermentent in- térieurement , 74 , fi les pierres S: les ro- rochers font favorables ou contraires à la fertilité des terres ,76 , & fuiv. terre qui fert d'engtais, manière dont elle fc for- me, 77, terres extrêmement fertiles ,783. Lits de terre à quoi ont rapport , 384 ,. teue végétable defféchée en quoi fe con- vertit ,411-, terre iigilléc fon effet fur les veis de terre , 508; Tefiacées , leurs yeux p. ; 5 6 , font ovipares" 405 , craignent beaucoup la chaleur > 599- Tefticules , de l'écreviffe , p. 1 3 1 & 594 , d6& 31 , vailleaux fpermatiques du fer- pentj 371, fes vailfeaux déférents, ibid. vailleau fpermacique de la limace _, 481 & *05 , du limaçon , 485-604 , gros vaif- feau fanguin variqueux des vers de terre , Soi , vailfeaux fpermatiques des vers de la lune de mer , 28 , vailfeaux fanguins de quel ines tortues marines contiennent des bulles d'air, s 86-587 , vailfeaux fanguins des vers de terre } *97 , des ouiesdes poif- fons , 600 , vailfeaux fpermatiques du hi- bou , 60' , d'un ver , 60 j , vailfeaux ca- pillaires des véficules féminalcs dans un cerf en rut , 1 53 , vailleaux déférents , 159, vailfeaux umbilicauides fétus du re- nard 311, leurs vailfeaux fanguins , ibid. Vallées , p. 4 1 2 -4 1 3 . Vallonea, glands de la Morée & de l'Archipel, 586. ' Valvules , des vaiffeaux déférents dans le cerf & le taureau , p. 153, valvules Hgmoides T I E R E S. c-45 cartilagincufes d'un cerf , m 7, valvules du caur d'une biche, 170, du canal thora- chique, 171 , valvule du colon manque dans l'aigle, 186, valvule du cœur du lion, 1 8 % , s'il y en a dans le cœur du pigeon , 118 , valvule de la veine cave du poulet , 140 _, de l'oreillette du cœur de la vipère , 769 , de la veine intclrinalc de la lam- proie, îoo. Vanille, p. 570. l'anneau , p. 603. Vapeurs, du lac K'cfsj leur nature te. leur effet ,71, vapeurs enflammées des mines de charbon pies de Stony - Eafton & ail- leurs , 87 , & fuiv. effet des vapeurs fur la couleur des brebis , i>-6. Vautours , p. 51 y. Veaux , nés d'une même vache an nombre de quatre a la fois, 1 84 , chair de veau gar- dée dans un vailfeau feimé s'y delfécha , 4x1. Veaux marins 3 c'eff. le vrai nom des firencs , p. du polype, jij> , de l'huitre , jSo , de l'écrevifTe , 59; , du ver de terre, 598. Verge du cerf ,. (es mufcles particuliers , pag. 'f9 , du.mammonet., 191 Se. 601 , du hé- riifon & du taureau , 1 1 7 , d'un ferpent à deux têtes , des vipères , des autres fer- pents , des léfards , des rats d'eau , des loirs ,&c, 467. Os de cette partie dans les rats-d'eau , les loirs 3 l'écureuil , la taupe i Je cochon d'Inde , 4a ieletre , la martre , la fouine , le putoir , le taiflon , le hérifîon , le chien _, le renard , la lou- tre , la civette _, le lion , l'ours , le loup & le phoque, 467-46S & 603. Verge des ferpents& léfards à plufieurs queues _, 46?, f!e la limacej 481-481& Éo 3., du limaçon, I E 485 & 604, du hibou & des oifeaux en gé- néral , jio , du héron blanc mâle , j 11 de l'épéc de mer , 515-716. Verges des vers d'une lune de mer, 518 , du loir, 584., de l'écureuil , ibid Veige double de l'é- crevilfe , 595 , de la fang-fue 3 604. Versre double d'un ver , 605. ir • r. • venus tetanus , p. 15. Vérole ( petite ) étrangère aux Ides Féroé; défordie affreux qu'elle y caufe lorfqu'elle y eft apportée d'ailleurs, p. 194-195. Vergers. Comment on. les garantit des yents de mer , p. 76. Vers qui rongent des champignons d'une ef- pece dangereufe , p. 50. Vers hexapodes gelés., & qui n'en meurent point, 3 3. Vers des coques de la renouée de Pologne ,91. Vers luifants des cotes de CoromandelB 115. Vers de mai, 168 : vers appelles Cucurbitini t où fe font trouvés, 170 ; vers trouvés dans le coeur de divers ani- maux, 171-173 : vers trouvés dans une tumeur de Xkieracium } 115. Si les vers du corps humain.font vivipares _, 551 Vers .qui rongent le (ucre & le poivre _, 194 } & même le linge 3 ibid. Vers de l'eltomac de la cicogne, 517: ver dans l'inteltin d'un ferpent , 371 , dansks reins d'un chien , 374. Vers nés dans la chair de ferpent à l'air libre, 417 : leurs changements de forme , ibid. 6" fuiv. Vers nés dans des chairs de pigeon 3 de veau , de cheval , . de chapon & de mouton ,418 : leurs chan- gements de forme , ibid & 419. Vers nés dans des chairs de grenouilles écorchées & de barbeaux , & leurs changements de .forme, 419-410 , dans des chairs de di- vers autres animaux , foit quadrupèdes , foit oifeaux , fcjit poiffons , 410. Vers morts fur lefquels s'engendrent à l'air li- bre d'autres vers , 41 1. Vers nés de même fur des mouches mortes , -& leurs change- ments de forme , ibid. fur de la fiente de -boeuf & d'autres animaux , 414. Sur des feorpions morts & expofés à l'air libre , 431; leurs changements de forme , ibid. ,Ce que devinrent des vers plongés dans différentes liqueurs, 454 : vers qui ne ren- dent poinr d'excréments , 45 r & 4 f o. Vers nés dans un amas d'araignées mortes , 4j 8: . ïersdu fromage , ibid. 6' fuiv. & de diffé- rents laitages , 440. Vers nés dans les ma- tières végétales , 440 , & fuiv. dans du melon , 441 , dans le concombre , les fraifes , les poires , les prunes, les pota- ges 5 le verjus, le limon, les figues 3 le DES MA jus de pêches , 441 , dans la citrouille crue & cuite , préparée avec des ceufs , ibid. Dans le balilic broyé, dans l'hyflo- pe , la lavande , le millepertuis , le per- ftl j 44<î. Dans le thim , les champignons fur pied & arrachés , ibid. Vers des galles des arbres, 447-448 : vers des ecrifes, 449 , des noifettes , 450 , des racines ' de la poiréc rouge 8c des têtes d'ail , ibid. des prunes , 410-4;! , des pèches & des poires , ibid. Vers qui vivent fur des che- nilles , 455. Vers des cxcrefccnces de l'a- gnus-caftus & du faule , 45 6-457 : vers du fureau , 4:7 : vers du foie des mou- tons , 458 Se 559. Des intefHns d un fer- ment à deux têtes , 46$ , de fon foie , ibid. de l'eftomac, Si. des imeftins des ferpents , vipetes , & léfards , 47 1. vers en différentes parties d'un lézard d'A- frique , 471-471 3 dans le poumon de plu- sieurs animaux , notamment des héritions mâles & femelles , des fouines , &c. 471 , dans lépiploon des fouines , Si fous leurs téguments extérieurs & dans toutes leurs chairs entre les tuniques de l'eftomac , 471-475 , fous la peau du putoir , de la martre , du lion , du cerf , & dans le rein d'une martre , 475-474, ce que deviennent les vers morts jettes dans de l'eau de mir- the , 474 , ver des reins du chien , &c. leur euffection , ibid. & fuiv. leurs différences d'avec les vers de l'homme , 476 , & fuiv. font hermaphrodites , 477 , ver à tuyau , 486 , vers nés dans des fleurs d:hiacinthe , 487-489 , & fuiv. s'il s'en forme dans les vaiffeaux bien fermés , 489 , vers nés fur des oignons d'hiacinthes , 491, fur des fleurs de violettes blanches , & de paffe- rage , 451, fur des fleurs de laitron épi- neux , ibid. fur des fleurs de jafmin ,495- 494 , fur des fleurs de jafmin de Catalo- gne , 494 , fur des fleurs de geneft , ibid. fur des fleurs de feartattea , de mauve , de Ja petite violerte d'Afrique veloutée , 495 , fur des fleurs de tanacetum , 496 , vers de terre j leurs différentes efpeces , 497 , leur aliment , 498 , ce qui les rue, 501 , & fuiv. vers Trouvés dans les imeftins d'une June de met, jn , dans les imeftins du chat , ç 1 ; , du loup , ibid. du chien , ibid. & fuiv. du lièvre , 514-515, dans les reins d'un ours , 5 1 1 , d'un chevreuil , dVnc ai- gle de nier , dans 1 oefophage de plufieurs animaux , & dans le nez des cerfs , des înoucons , 8c des gazelles , j 1 ;-«07 , dans T I Ë R Ê S £4c les taiffons & les lièvres, yrr , & fuiv. dans les rats , 5 1 1 , vers des tortues terre- stres , d'un cygne , des alouettes , des char- donnerets , des faucons , y 1 8-5 1 9 , de I ai- gle royale , de l'épcrvicr , d'un duc , j 1 9- jzo , dans les poumons d'un faucon tierce- let j j 1 9 j dans les cïeum des perdi ix blan- ches des Pyrénées , dans le conduit intcfti- nal du hibou , & dans leurs uri'crcs , dans Jes inteftins de la chauve-foun . , fous fa peau j 8c fous celle d'une cicogne , 510- r 11 , vers du corbeau royal, de deux cf- peces de corneilles , des pieds d'une aigle, jti, dans l'ccfophage de quelques oifeaux de rivière, 511-511, dans une cavité voi- line de la cloaque du héron , y 11 , dans les murènes j 111-515 , dans les congres , les anguilles , 5 1 5 , dans le poilîon d'ar- gent , 515-514 , ce que devinrent ces der- niers dans du vin, 5 14, veis de la rouilcttc , ibid. d'une vipère marine, d'une épée de mer, 515, d'un gros cabillau , ce qu'ils devinrent dans l'eau Se fur du papier, 516 , d'un chieu de mer, 517 , de la lune de mer décrits , 517-528, efpece de vers des calemars Se des feches , 518-519, vers du marmot , de l'ombre, du congre, 519, de r anguille , 519-5 ;o, du homard, 53 5 , 8c 607, de la langoufte ,555, & fuiv. du pincio _, 555, de l'ourfin de mer ,55*, ver doré , ibid. vers du dauphin , 557558 , & fuiv. du mufnier, 540, d'une aigle de mer Se d'une bougnette , 540, ver qui ronge le bois , 578 , ver du fearabée pillulaire 8c frerco- raire, 8c de pluûeurs autres fearabées, 5 -8, ver de la racine de poirée rouge , de la noi- fette fraiche , & de la noifctie fechc , des amandes, des femenecs de citrouille , &c. $■^9 , ver du fromage, 580 , vers de mer, de la farine, 581 , de la chair de vipère, 585, ver de certains glands d'Afrique, 586 , ver de terre dillequé, 597 , & fuiv- vie dans l'eau, dans l'huile, mais craint la cha- leur , 599, ver des imeftins du tigre, 605, différentes efpeces de vers Je terre , 604 , ver du polype , 605. Vers à foie. ont rcullî en Arnleterre, 77, on en trouve ou quelque ch'.c qui y icllcmblc , .dansIcsœufsenLoin'u die, pendant la lai- fon des vers à foie , 1 i> 1 ; erreurs fur leur génération , 457 458. Vertèbres de la cicogne , p. 146 , du poulet , 118 , mufclcs des vertèbres dans l'aigle, i. 158-159 , veffie d'une biche, 170, cette partie manque aux oifeaux , 119 , velfie pleine d'air de l'ai- guille de mer ,150-151, communication de la velfie avec l'allantoide _, 157-159 , 2S8 , velfie du héiilTon , 161 , velfie plei- ne d'air du poilficn appelle' gros-yeux, 186- 287 , vers dans la velfie d'air de quelques poùTons , 519 , velfie d'air de l'anguille , du contre , & de plufieurs auttes poiffbns, 530 , V fuiv poilîons qui en font dépour- vus y 531 , fituation de cette velfie d'air dans les fphytenes , t)i, velfie urinaire du mammonet , Coi , de la murène , 605 , veifie d'air dans 1 anguille , la rofle , ou lafea _, la murène , la tanche de mer , le brochet , la lyre de mer , le pefee muggi- ne , la vipère marine, l'hirondelle de mer, lefaber, l'alofc , la truite , l'ombre , la rei- na , la tanche d'eau-douce , l'aiguille , le poiilbn doré , la grive de mer , le dentex & la fardine , 606-607. Vejfies pleines de lymphe , trouvées dans le foie du mammonet , p. 191 , & dans fon poumon , ihid. velfies qui font à la racine des ctochets des vipères, 369.. Vie longue des Infulaires de Feroé ,p. 101. Vif-argent , comment modifié par les exha- laifons du plomb , p. 15 , fe trouve dans les plantes y 244. Vigne , mauvais effet de la trop grande quan- tité de fes branches, p. 10 , manière de la faire monter fur les toits des maifons , 37. Son partage d'Orient en Occident , 75 , un rameau de vigne fort d'un bâton de bou- leau , ifij , vignes de l'Orléanois , de l'Al- face , 144 y fi elle a de l'antipathie avec le lierre , 350. Vigognes, p. ^6. Vin , fon effet fur les vers de terre , p. 508- 509 y Se fur les veis du corps humain ^ 511. Vinaigre , fon effet fur les vers de terre , p. 509. Vinganfana , on Duxumira , plante, p. 143. y/perc dilfi. quée ,p. 1S7 , 3*9 ,&fuiv. cbm- meju avale les grenouilles, 370. Erreur fur L E l'origine des vipères , 4.3 3 , expérience fur leur venin , 468 , & fuiv. Vipère maiine , lueur de fa chair corrompue , 468 , com- bien la vipère vit fans manger, 499, vipe» re marine , 514-515 , fa vefl'e d'air 530, effet de fon venin, 541 , & fuiv. s'il eft dangereux de manger la tête & le fiel des vipères, 545. Variétés dans les effets de la motfure de ces animaux, 549 , 571 , 6/ fuiv. fi la tête de vipete cft un préletvatif contre fon venin, 573. Vifceres des fétus de renards_, p. ; 1 1, du gril- lon-taupe, 311-313, état des vifceres des animaux morts de faim , 499. Vitriol dans les eaux de l'étang de Socke,^ . 4. dans les eaux de Logarnc , 114 ; fon effet fur les vers de terre, 507-508. Vitulus aquaticus , pag. 13. Vivipares , leurs œufs, pag. 155 , & fuiv. & 181 , & fuiv. fi les vers le font, 3 3 1. Vmbilic manque ou dumoins ne paroît point dans le mammonet , p. 1 91^ dans le poulet, 140. Umbra , umbrina , pag. 519. Voix, mufcles qui fervent à fa formation dans les divers animaux, p. 1155 , organe de la voix d'un perroquet , 198 , & fuiv. Vol, comment s'exécute dans la cicogne, pag. 149. Volcans en grand nombre dans la mer qui s'é- tend depuis les Ifles de Baudane jufqu'à la nouvelle Guinée , p. 1 10. Voll y v. algue' 'faccarifere , p. 3 ;i. Uranofcope , pag. 531. Uretères d'une biche,/). r70 , du lion, 1&9, du chat-huant , 193 , du ferpent , 371, du hibou , 510 , 605 , du héron blanc mâle , 511, d'un dauphin , de la tottue marine ,, J39-J40- Urètre d'un cerf en rut, p. 154 , urètre dou- ble ou dumoins fourchu dans un cheval , 167 , différents corps rendus par l'urètre y. 307 , orifice de l'urètre dans le dauphin fe- melle , 556 , urètre du mammonet, éoi. Urine , fon effet fur l'argent , p. 375. Uvée de l'œil d'un bœuf , p. 1 3 8 j d'une tor- pille,, i8fi & 3 & yâ'W dans les grenouilles , 141. Vaifl'eaux fcintillants des yeux des poilfons, *j 1 , yeux de l'aiguille de mer , ifi.de la torpille, 186, ffi-jvi ; de l'ar- genttna ou gros yeux , itid. d'un fétus de nafe , J09 , d'un fétus de renard , j 1 1 . d'un agneau monftrucux , 5 j 6 , de la ror T I E R E S. Yuca ou manioque , pag. u#. *47 Zj EM BLE ( nouvelle ) fi c'efr une Me , p Ji, rivières qui l'arrofcnt , tbid. Quelle mer on trouve au nord de cette prcfqu'Me $6. n * Zlrcknit7 , v. mer plie, jji&jii 1 du chat, ;ti,del'ofca- ZTO>'„ forte de ferpcntdc RumV - . Zuccajuola. Voyez grillon-taupe. ■f /« <& /a 7W« <&* Matières.