i (( n s-m 3. HISTOIRE N A T U R ELLE DES INSECTES TRADUITE DU BIBLIA NATURE DE JEAN SWAiMMERDAM. ^(fèô. COLLECTION ACADEMIQUE. COMPOSÉE Des Mémoires, A£tes ou Journaux des plus célèbres Académies & Sociétés Littéraires Étrangères, des Extraits des meilleurs Ouvrages Périodiques, des Traités particuliers / & des Pièces Fugitives les plus rares , CONCERNANT L'HISTOIRE NATURELLE ET LA BOTANIQUE, LA PHYSIQUE EXPERIMENTALE ET LA GHYMIE, LA MEDECINE ET L'ANATOMIE, Traduits ea François & mis en ordre par une Société de Gens de Lettris. Ita Tts acctndunt lumina rébus, LUCRET. Dédiée à S. A. S. Monfeiçïneur le Prince de C G N D E'. Tome V. de la Partie Etrangère, Et le Second Volume de l'Hiftoire Naturelle fépare'e , Contenant: les ObfervatLons de J. Svammerdam, Juf les Infecies , avec des Notes, & trente-jix P [anches JnT aille- douce. A D I j dV,— ^ Chez DESVENTES , Libraire de S. A. S. Monseigneur le Prince de CONDÉ. ET A PARIS, r Jean DESAINT & Ch. SAILLANT, rue S.Jean de Eeauvais. Chez s '^'^""'"Êtiinne GANEAU, rue S. Severin , aux Armes de Dombes. 1 Pierre GUILLYN, fur le Quai des Grands Auguftins , au Lys d'Or. C Michel LAMBERT, rue & près la Comédie Françoife , au Pa m aile. M. D C C. L V 1 l I. AVEC APPROBATION ET PRIVILÈGE DU ROI. AVIS DU LIBRAIRE. C^ O M M E les faits d'Hiftoire Naturelle l'ont un peu rares dans les trois premiers volumes de cette Colle£lion, on a tâché de réparer cela en publiant deux volumes de fuite , à'HiJloire Naturelle. Celui que nous donnons aujourd'hui contient, comme on l'avoit prorais, les deux tomes in-folio du Bihlia Naturcz de Jean Sv/AMMER< DAM; ouvrage vraiment fondamental dans la partie des Infectes , & que par cette raifon nous avons cru devoir réunir en un feul volume. Ce tome cinquième renfermant un corps d'obferva- tions aflez complet fur les ïnfeftes, & n'ayant pas encore été traduit en françois , nous offrons de le vendre fépa- rément ; mais comme la dépenfe de ce volume a d'ailleurs été confidérable par le grand nombre des gravures des notes qu'on a ajoutées à l'original , ainfi que par fa grof- feur ; nous fommes contraints d'en fixer le prix , en papier ordinaire , à quini^ livres en feuilles , pour ceux qui voudront l'avoir feul. Meffieurs les Souf- cripteurs , & toutes les Perfonnes qui prendront le corps entier de la Collcclion Académique , ou feulement les cinq tomes de la Partie Etrangère , auront ce volume de SwAMMERDAM , au même prix que tous les tomes de cet ouvrage ci-devant publiés ; & pour en faciliter l'ac- quifition , nous prolongerons la voie de la Soufcription jufqu'à la fin du mois d'Août prochain 1758. Le volume fuivant , qui fera le Jixieme de la Partie Etrangère, fera le premier de la PhyjiqueExpénmentale réparée ; il fera compofé de l'Extrait des Recueils des Académies & des Ouvrages Périodiques , quant à la Phyfique Expérimentale & à la Chjmie. rome V> des Acad. Etrang. /» V LETTRES INDICATIVES D E MM. LES TRADUCTEURS DE CE VOLUME. G M. SavARY , Médecin du Roi a Breft, Y. M. *** Z. M. Gu EN EAU 3 Editeur: AVIS AU RELIEUR, Pour placer les Tables ô les Planches de ce V^ Tome, i^. Après rAvertIflement , la Table des Chapitres. %? . Le Texte du Volume, feuille A. page i" 3". L'Explication des Figures, page 627 à 638 4°. Toutes les Planches enfemble , fuivant leur N°, 5°. La Table Alphabétique des Matières, après les Planches, page 639 AVERTISSEMENT DE L E D IT EU R, E cinquième Volume , qui efl: le fécond de VHîJîoire Naturelle [éparée, eft compofé en entier de l'ouvrage de SwAMMERDAM fur les infedles. Cet ouvrage avoir plus d'un titre pour entrer dans la Colleftion Acad'jmique : c'eft un traité particulier d'Hiftoire Naturelle j le plan de k Colleftion embrafle nommément les traités de ce genre. Ce traité, qui eft excellent en lui-même, étoit devenu rare ; le but de la CoUeftion eft de répandre les bons ouvrages, & de les multiplier , pour ainfî dire , par tout ce qui peut en faci- liter la circulation : enfin le traité dont il s'agit eft vraiment ori- ginal , & contient feul plus de découvertes importantes & d'ob- fervations neuves , que tous les ouvrages poftérieurs auxquels il a donné naiffance ; ce feroit un grand avantage pour la Collec- tion Académique , ft elle préfentoit fur chaque matière un ouvrage fondamental , qui fût comme un centre de lumière auquel fe rap- porteroient d'eux-mêmes les faits particuliers de même genre difperfés dans la fuite de ce Recueil , & qui en éclairant ainfi chaque partie , donneroit plus de liaifon & d'unité au tout en- femble. LesTradufteurs & l'Editeur croiront avoir bien employé leur temps, fi en rendant plus commune & plus portative cette ^ Bible delà nature t ils contribuent à répandre , avec les découvertes ai} jv AKERTISSEMENT qu'elle renferme , l'efprit de méthode & d'invention qui y règne j. à rendre plus général le goût de l'étude de la nature , & à redou- bler l'émulation de ceux qui ont déjà fenti l'attrait de cette belle- étude. Les deux volumes In- folio du Biblia Naturct de Swammerdanv font ici réduits à un feul in-quarto , parce que nous avons fuppri- mé non-feulement le texte hollandois , qui groffit de moitié l'édi- tion latine donnée par Boerhaave , mais enciore retranché ou abrégé toutes les réflexions moitié chagrines moitié dévotes qui fe.reffentoient du commerce de l'Auteur avec la Bourignon , tous fes raifonnements fur les fins de la nature, toutes fes digreffions fijr la mifere de l'homme , toutes les réfutations devenuesinutiles par le difcrédit aftuel des opinions réfutées , enfin toutes les per- fonahtés aufquelles il eut la foiblefle de s'échapper contre des détrafteurs ignorants ou de mauvaife foi , à qui il ne devoir que du mépris. Nous avons auffi diminaé le nombre des planches , en prefTant les figures plus que dans l'original , & fupprimant celles que nous avons jugé fuperflues j telles font les figures qui ne difènt aux yeux rien de plus que ce que les defcriptions de l'Auteur difent à l'eC» prit , & encore celles qui étant groflles à un fort microfcope , ne font voir aucune partie qui ne foit affez diftinfle dans les figures de grandeur naturelle : nous avons apporté nos foins pour que celles que nous avons confe^vées fuffent copiées avec fidélité j car la fidélité & l'exaftitude , qui dans l'ordre des qualités piito- refques font peut-être au dernier rang , font le mérite elTentiel des gravures de ce genre. De même que nous avons retranché les chofes inutiles , nou? avons ajouté tout ce qui pouvoit fervir à completter les décou- vertes de Swammerdam. Ces additions que nous avons mifes en notes , nous les avons puifécs dans les meilleures fources , & ce- pendant fi l'on fe donne la peine de les rapprocher des ouvrages dont nous les avons tirées , on trouvera fouvent réduit à quelques lignes , tout ce qu'il y a de neuf dans de longs difcours. Cette DE V EDITEUR. y comparaîfon perpétuelle que nous avons faite des obfervations de Swammerdam avec celles des autres Naturaliftes , noiis a mis en état , nos Collègues & nous , de donner la plus grande exactitude à cette traduction, quoiqu'elle ne foit pas faite immédiatement d'après l'original hollandois , mais d'après la traduction latine de cet original par le docleur Gaubius : par-tout où nous nous fom- mes trouvés embarraffés , nous avons confulté la nature ou ceux qui l'avoient obfervée , & cette reffburce nous a été d'un plus grand fecours que la connoiflance parfaite de la langue holîan- doife. Outre les additions dont nous venons de parler , les notes con- tiennent encore des éclairciflements fur la concordance des noms des infeftes , des remarques critiques fur quelques opinions de Swammerdam , ou fur les cenfures injuftes qu'on lui a fait efluyer. Quelquefois nous avons indiqué notre penfée dans le texte même par de petites parenthefes italiques , qui fans interrompre la lec- ture , avertiffent le Lefteur de fe tenir fur fes gardes : dans tout cela nous avons eu pour but de défendre la vérité , de combattre l'erreur, & d'étiqueter, pour ainfi dire , chaque opinion erronée' ou douteufe , de fon jufte degré de probabilité. Parmi les opi- nions de ce genre foûtenues par Sv/ammerdam , la plus confidé- rable a pour objet la génération fpontanée des infeftes ; il paroît même que cet Auteur n'a fait & publié fes obfervations que pour prouver rimpoflibilité de cette efpece de génération. J'ai donc cru devoir examiner plus particulièrement cette queftion importante , pefer avec impartialité les raifons pour & contre , & infifter fur les conféquences qui réfultent des faits & de l'ana- logie. Mais comme il n'étoit pas polTible de reflerrer dans une note tout ce que j'avois à dire fur ce fujet, j'ai pris le parti de le placer à la fin de cet Avertiffement , c'eft-à-dire après l'abrégé d& la vie de Swammerdam (a) : il femble qu'on entende mieux les opinions d'un écrivain , & qu'on foit plus en état de les appré- (j) Le fond de cet abrégé efi tiré de la vie de l'Auteur, que Boerhaave a mife i k tête de l'édition bollandoife & latine du £iklia Natunt, V) AVERTISSEMENT cier , lorfque l'on connoît bien fon caraélere , fon humeur , 8c les différentes fitiiarions où il s'eft trouvé. Jean Swammerdam ( a ) naquit à Amfterdam le 1 2 Février 1637. Son père, qui étoit apothicaire , le deftinoit à la prédica- tion , mais Swammerdam fut entraîné par fon génie à l'étude de la nature. S'il eft permis de juger de ce qu'un homme auroit pu devenir, Swammerdam eût été fans doute un grand prédicateur j il joignoit à la vigueur du raifonnement une fenfibilité de conf- cience qui alloit jufqu'au fcrupule ; il avoir de plus en un h3ut degré cette trifteffe d'imagination qui produit le fublime , &: cette fevérité de mœurs qui donne du poids aux paroles : on peut dire même qu'en fe livrant à fon goût dominant pour THiftoire natu- relle , il ne s'éloigna pas entièrement de la deftination de fon . père , & qu'il fut tout-à-la-fois naturalifle & prédicateur j car on pourroit extraire un fermon très-long & très-beau de fes obfer- vations fur les infeftes. Quoi qu'il en foit , il trouva dans la mai- fon de fon père un riche cabinet d'Hifloire naturelle , où il paffa ,' pour ainfi dire , fes premières années : fon amufement étoit de 'l'arranger, & ce fut ainfi qu'il fe famiharifa de bonne heure avec la nature ; mais il prit un goût de préférence pour fes plus pe- tits ouvrages : il cherchoit fans ceffe des infeftes , il les obfervoit avec foin, & les obfetvoit en anatomifte , parce qu'il menoit de front l'Anatomie & l'Hiftoire naturelle ; & ce fut en unifTant ces deux fciences qu'il les perfeftionna dans la fuite l'une & l'autre, & l'une par l'autre. En 1661 , Swammerdam qui avoit déjà fait des progrès dans la connoiflance des infed^es , vint à Leyde , où il trouva Nicolas Stenon & Régnier deGraaf : Stenon étoit principalement anato- mifte , & traitoit l'Hiftoire naturelle en grand , rien ne troubla ni ne pouvoit troubler la liaifon qui s'étoit formée entre Swam- merdam & lui ; mais Graaf étoit obfervateur dans le même genre à-peu-près que Swammerdam , & de-là la rivalité , la jaloulie 6ç la haine entre ces deux concurrents, {«) Swammerdam eft un furnom qui fut dcnixé au grand-perc de notre Autear, parc^ DEL' EDITEUR. vîj En 16^3 , il rechercha & trouva le moyen de conferver des pièces d'Anatomie difféquées , & préparées pour les démonftra- lions anatomiques. Le If Janvier de la même année, il avoir fait voir à Sylvius Deleboë , l'un des plus grands Anatomiftes de ce tems-là , que dans l'infpiration (des grenouilles) l'air pouvoir pafTer des bron- ches dans l'artère & la veine pulmonaire , & de- là dans l'un & l'autre ventricule du cœur {a). Il découvrit en 1664 les valvules des vaifleaux lymphatiques: il fe trouvoit pour-lors chez M. Lefebvre à Saumur , où il décri- vit l'infefte ailé appelle demoifelk , & quelques efpeces d'éphé- mères. De Saumur il paffa à Paris , où il retrouva Srenon , & où il fut accueilli , aidé & protégé par M. Thevenot : il afîifta long- tems , comme fimple auditeur , aux affemblées favantes qui fe ïenoient chez ce dernier ; mais il ne put refufer aux inflaiices des perfonnes qui compofoient ces afiembiées , de donner un ciïai de fon adrefle fmguliere à diflequer les infeftesj & fa modeflie ne fut pas moins admirée que fon talent. M. Thevenot s'intéreflant de plus en plus à fon fort, le recommanda à l'ambafladeur de Hol- lande , qui lui obtint la permiffion d'ouvrir tous les cadavres de l'hôpital d'Amfterdam j il ufa de cette permiffion avec beaucoup de zèle & de fuccès. Le temps où il retourna à Amfterdam , fut celui où fe formok une fociété entre les plus habiles Médecins de cette ville , qui s'aflembloient tous les quinze jours pour raifonner de leur art & fur-tout pour faire des expériences d'Anatomie : c'eft de-là que fortirent les obfervations publiées en 1666 & 1667 par Gafpard Commelinus ; on y trouve plufieurs découvertes de Swammer- dam , principalement fur la ftrufture de la moelle épiniere. Dans ce même temps il tenta plufieurs expériences fur les ani- maux vivants , en injeftant différentes liqueurs dans leurs vaif- feaux: ilfitauffi quelques expériences chymiques^ mais ces ex- qu'il étoit da vfllage de Swamraerdamme , fitué fur le Rhin entre Leyde & Wourden. (a) S:ilvius, Difp, m«d. 7. §. 75.8*. vîlj AVERTISSEMENT périences fe rapportoient à l'Anatomie , fur-tout à l'anatomie des infeftes , & il ne les fuivit pas plus loin. Sur la fin de 1 666 , étant revenu à Leyde pour fe faire recevoir dofteur, il s'y lia étroitement avec Van- Horne fon profefleur d'Anatomie , qui lui procura toutes fortes de fecours pour faire des obfervations anatomiques : chacun y contribuoit à fa manière j &• , ce qui eft affez rare , la gloire des découvertes fe partagea paifiblement , du-raoins pendant quelque temps , entre les deux obfervateurs. Swammerdam n'étoit donc pas incapable de fe prê- ter à un partage fi délicat , & s'il fut en guerre ouverte avec Graaf, il faut croire qu'il n'eut pas tous les torts. Au commencement de 1667, il injeftade cire fondue les raif- féaux de ïuierus d'une femme , invention qu'il perfeftionna dans la fuite. Le zz Février de la même année il reçut le bonnet de dofteur, La thefe qu'il foûtint dans cette occafion , roula fur le mécha- nifme de la refpiration \ il étendit enfuite fes idées , & en fit uil livre folide & lumineux , où l'on trouve par-tout un philofophe qui fait également obferver & raifonner. 11 donna dans ce livre la figure deffinée de fa main de deux limaçons accouplés. Ce fut dans ce temps que Swammerdam imagina un nouveau moyen de conferver les pièces d'Anatomie ; c'étoit de bien vuider d'abord tous les vaiffeaux , enfuite de les dilater par le moyen de l'air introduit avec force dans leur cavité , & de \zs faire fécher dans cet état. Les travaux anatomiques de notre Auteur furent interrompus par une fièvre quarte ; au lieu de les reprendre lorfqu'ii fut réta- bli , il fe livra à l'étude des infeftes : il en difTéqua plufieurs en préfence du Grand -Duc de Tofcane qui voyageoit pour-Iors en Hollande ; il lui fit voir le papillon actuellement formé dans la chenille , & lui prouva par le fait que la chenille & la nymphe ou chryfalide ne font que des déguifements divers du même infefte. Le Grand- Duc lui offrit douze mille florins de fon cabinet d'Hiftoire naturelle , à condition qu'il viendroit lui-même en Tofcane DEL' EDITEUR. ]x Tofcane pour en avoir foin : ce Prince faifoit plus de cas des hom- mes que des chofes , & il avoit raifon de vouloir s'artacher Swam- merdam ; mais Swammerdam né au fein de la liberté , nourri dans riiabirude de ne foumertre fa conduite qu'aux loix , &: fes opinions qu'à fa confcience , étoit trop fage pour paffer d'une ville de Hollande dans une cour d'Italie. Ce fut encore dans ce même temps qu'il eut occafion de faire des expériences fur le fuc pancréatique de l'efturgeon ; il trouva que ce fuc n'avoit rien d'acide , mais plutôt du rance & de l'amer : l'opinion contraire de Graaf & de Sylvius ne l'empêcha pas de publier cette découverte. 11 fit encore quelques obfervations ana- tomiques fur les cadavres de l'hôpital ; mais il revint bientôt à fon objet favori, & il publia l'Hiftoire générale des infeftes en 1669 : il n'épargna rien pour perfeftionner cette hifloire , foit en raffemblant des infeftes de tous les pays , foit en les obfervant avec autant de patience que de fagacité , foit en réunifiant fur cette feule partie toutes les lumières qu'il avoit acquifes dans fes diff'érentes études. Son père s'étant apperçu que ce genre de travail , loin d'avan- cer fa fortune , l'engageoit au contraire dans des dépenfes afi"ez confidérables , le perfécuta pour le lui faire abandonner ; il lui propofa la pratique de la Médecine , comme une occupation plus lucrative ; & pour achever de le déterminer il lui retrancha tous les moyens de fuivre un goiJt qu'il jugeoit ruineux & fri- vole. Le fils épuifé par fes travaux & tourmenté par les contra- di£Hons de fon père , tomba malade ; à peine rétabli , il fit tous fes efforts pour fe prêter à ce qu'on exigeoit de lui j mais fa fanté ayant fuccombé une féconde fois , foit aux fatigues de fon nou- veau métier, foit à la répugnance qu'il avoit à l'exercer, il fe re- tira à la campagne : le temps qu'il y pafla fut entièrement em- ployé à l'obfervation des infe6tes : la liberté de difpofer à fon gré de fes moments , la violence qu'il s'étoit faite pour complaire à fon père , les occafions continuelles de voir les objets dont il étoit amoureux , & de les obferver en paix, tout l'engagea à fe livrer p. 3t AVERTISSEMENT à fa paffion dominante , & la douceur de s'y livrer le guérit de tous les maux. M. Thevenot fâchant les perfécutions qu'il éprouvoit dans fa famille , tâcha de l'attirer à Paris par les offres les plus géné- reufes ; mais quand Swammerdam fe fût laiffé tenter par ces offres , il auroit encore trouvé de l'oppofition à ce parti de la part de fon père. Enfin pour faire quelque chofe qui fût agréable à ce père , il mit en ordre fon cabinet de curiolités , qui étoit conlidérable ; & en dreffa un catalogue raifonné : ce travail fî fatiguant , fi long , fi minutieux , ne put épuifer fon goût pour l'Hilloire naturelle ; mais on l'a vu regretter toute fa vie le temps qu'il y avoit employé. Dans le cours de Tannée \6ji , il continua la defcription de l'éphémère , & fit celle du caméléon ; cette dernière ne fe trouve nulle part , & il leroit à fouhaiter qu'on voulût la reflituer au pu- blic , ainfi que toutes celles de la même main qui n'ont pas encore été publiées. Le premier Mai 1672 , il dédia à la Société Royale fix figures defîinées de fa main, qui repréfentoient V utérus d'une femme, fes trompes , les vaifTeanx Ipermatiques , & ce qu'il appelloit les ovaires : il y joignit ['utérus même , préparé fuivant la méthode qu'il avoit inventée dès le commencement de 1667 ; méthode par laquelle les vailfeaux fanguins & leurs plus fines ramifications étoieni rendues non-feulement fenfibles , mais prefqu'incorrupti- bles. Son objet étoit de revendiquer la gloire de fes découvertes, qui lui étoit difputée par Van Horne & par Régnier de Graaf j il s'en rapporta fur le tout au. jugement de la Société Royale. Dans la même année il difféqua beaucoup de poiffons , s'atta- chant à obferver principalement le foie , la rate , le pancréas , & à étudier la nature du fuc pancréatique : il reconnut que la plu- part des poiffons avoient le pancréas très -gros & des vaiffeaux pancréatiques confidérables , fbuvent même en grand nombre 5. il ne trouva aucun figne d'acide dans le fuc de ce vifcere , & il enamaflà une allez grande qiianiité pour en rerophr de petites, D E r E D I T n U R. 5,^ bouteilles qu'il envoya au dofteur Drélincourt. Cette fois il ré- futa fans aigreur l'opinion de Graaf & de Sylvius fur la nature de ce fuc ; on a vu plus haut qu'il n'avoit pas toujours été fi modéré : cet heureux changement fut produit par la lefture des ouvrages d'Antoinette Bourignon : il puifa dans cette lefture un dégoût fincere pour tout ce qui flatte la cupidité & l'ambition j il y puifa aufîl un defir très-vif d'entrer en commerce de lettres avec cette fameufe enthoufiafte ; il follicita long -temps cette faveur, & il en reçut enfin une lettre qui le rempHt de confolation : dans la fuite il ne fe conduifitplus que par fes confeils ; il avouoit que jufqu'à ce moment la vaine gloire avoit été l'unique mobile de fa conduite : le repentir qu'il en conçut fut pouffé au point qu'il prit les infeftes mêmes en averfion , & que ki amis n'ofoient plus l'entretenir de rien qui eût rapport à fes anciennes études : cepen- dant il ne les avoit pas interrompues abfolument , & cette même année il avoit fait une découverte importante en Anatomie , c'eft que dans les hommes les hernies ne font point caufées par la rup- ture du péritoine , mais par l'extenfion forcée de cette membrane. Cette découverte fe trouve expofée tout au long avec les figures parmi les obfervations de Schraderus {a). C'eft dans ce même livre qu'ert: rapporté le fait des deux cicatrices remarquées par notre Auteur fur l'ovaire (^b) d'une femme qui étoit accouchée de deux jumelles. On y trouve encore la manière dont il embaumoit les pièces d'anatomie pour les conferver. L'année précédente il avoit deffmé de fa main la graine de fougère : il acheva l'hiftoire des abeilles le dernier de feptembre de la même année j & il s'épuifa tellement par la continuité de fes travaux , que depuis il n a jamais recouvré fes forces. Il mit un mois entier pour obfer- ver , décrire & deffiner les. inteftins des abeilles : il obfervoit tant quil avoit affez de jour & que fes yeux n'étoient point fatigués, U) Décade II. Ohferv. iv. &v. (*) Je crois qce la découverte des pre'tendus ovaires de femme, étoit une de cel- les que Oraat dilputoit à Swammerdam ; mais 11 tous deux eufTent vécu julqu'à nos jours, Il et probable qu'ils ne l'eufTent plus revendiquée ni l'un ni l'autre. Voyi: IHif- loirc naturelle , générale & particulière , tom. II. v >. ^ 3Ù) AVERTISSEMENT c'efl-à-dire en été depuis fix heures du matin jufqu'à midi , le refte du jour &: une partie de la nuit étoient employés à rédiger ce qu'il avoit obfervé j mais ce qu'on aura peine à concevoir , c'eft qu'en, travaillant avec cette ardeur & cette affiduité , il ne cefla d'être tourmenté par les inquiétudes de fa confcience , & que fes obfer- vations furent fouvent interrompues par fes foupirs , fes fanglots & fes larmes : preffé par l'efprit de pénitence , il n'eut pas plu- tôt achevé fon ouvrage fur les infeftes , qu'il le confia à un tiers, {ans s'embarralTer beaucoup de ce qu'il deviendroic. Il écrivit encore deux lettres à Paul Boccone fur la ftrufture des plantes marines & des coraux , après quoi il prit un nouveau dégoût de toutes les chofes humaines , & forma le projet de s'abforber entièrement dans la fpiritualité que profeffoit la Bourignon. Pour vaquer plus facilement à cette haute occupation , il réfolut de fe retirer dans la folitude j & comme il avoit calculé qu'un revenu de 1 500 florins lui étoit néceflaire pour y mener la vie qu'il s'étoit propofée , il mit fon cabinet en vente , dans l'efpérance qu'il en retireroit un capital aflez fort pour lui produire ce revenu , & peut-être au/fi dans la vue de rompre les feuls liens qui l'attachaf- fent à la terre : il s'adreffa pour cela à M. Thevenot , mais ce lî'étoit pas encore le fiecle de l'Hifloire Naturelle , & M. The- venot ne put lui trouver d'acheteur en France. Swammerdam. voyant fes efpérances trompées de ce côté - là , s'adreffa à Ste- non , qui avoit cnibrafTé depuis peu la religion romaine , & qui fe trouvoit alors à la cour de Tofcane ; il le pria de propofer fon cabinet au Grand-Duc , pour le même prix qu'il lui en avoit oifert en Hollande : Stenon l'exhorta à fe faire catholique , 6^ à venir en Tofcane avec tous fes tréfors d'Hiftoire Naturelle , l'affurant que le Grand-Duc lui en donneroit i 2000 florins, & joignant à cela beaucoup d'autres promefies. Swammerdam répondit à Ste- non que fon cabinet étoit à vendre , mais que ni fon ame ni fa créance n'étoient à l'encan. Pendant ce temps d'incertitude & d'irréfolution il rangea (on -cabinet ; il en fit le catalogue , & il donna à chacune des pièces DE V E D IT E U R. xiij t{ui le compofoienr , tout l'éclat & toute la folidité dont elle étoitfufceptible. Les morceaux d'anatomie & les infeftes étoient la bafe de ce cabinet j il faifoit fur-tout gtand cas de la partie des infeftes , & l'on n'en fera pas furpris fi l'on fait attention qu'il avoit pafie feize ans à les recueillir à grands frais, à les obferver à les diflequer & à les préparer ; il en avoit rafiemblé près de trois mille efpeces différentes , & qu'il avoit toutes examinées plus ou moins ; il les avoit dillribuées en clafles & en genres , & les avoit diftinguées par des caractères bien choifis ; il avoit fait l'hiftoire & la defcription de plufieurs, depuis l'œuf jufqu'à l'in- fefte aîlé ; il avoit confervé les pièces préparées d'après lefquelles il avoit fait fes defcriptions j enfin il avoit pouffé l'exaftitude & la curiofité jufqu'à couver pour ainfi dire les œufs de quelques infeftes , afin d'y appercevoir la formation des premiers ger- mes , ou du moins les progrès de l'incubation & les premiers dé- veloppements de l'animalcule. En 1(^75 il publia l'hiftoire de l'éphémere qu'il avoit commen- cée en France onze ans auparavant. Ce fut le dernier ouvrage qu'il donna au public , & celui où perce le plus l'efprit de la Bou- rignon : depuis cette époque il ne voulut vivre que pour aimer le fouverain être à la manière de cette enthoufiafte ; il l'alla voir dans le duché de Holftein , d'où on la chaffa bientôt , & ce jufte traitement ajoiàta au dévouement aveugle de (ox\ profélyte l'intérêt que prennent les âmes fenfibles à la vertu perfécutée. Comme ce nouveau genre de vie de Swammerdam ne parut pas à fon père plus lucratif que l'FMoire Naturelle , il en effuya de nouveaux chagrins , qui le firent revenir au projet de s'aller cacher dans une folitude : ce parti lui étoit devenu d'autant plus néceffaire , que tout fon revenu fe réduifoit déformais à une pen- fion de 200 florins , & qu'il fut obligé dans ces circonftances de quitter le logis de fon père : (e trouvant donc fans maifon , fans argent & fans autre reffource que fon cabinet , que perfonne ne vouloit acheter , il demanda un afyle à Jean Oort fon ancien ami , qui l'avoir fouvent reçu dans fon château , & qui l'avoit invité xjr AVERTISSEMENT plufieurs fois à venir s'y établir. Jean Oort qui avoit fait ces offres à Swammerdam lorfqu'elJes lui étoient inutiles , les rétrafta lorf- qu'elles lui devinrent avantageufes & même néceffaires : Swam- merdam qui connoiffoit mieux les infeftes que les hommes , fut furpris de ce procédé , & il ne commença que de ce moment à fe défier du genre humain. La mort de (on père arrivée l'année fuivante , fembloit devoir le mettre à fon aife à tous égards j mais il étoit dit qu'il ne feroit pas maître un feul inftant de fa deftinée. Il n'avoit pas encore commencé à jouir de la douce liberté , qu'il fut attaqué d'une fiè- vre double-tierce , laquelle fe changea en continue , & dégénéra en fièvre lente : il fut tellement occupé de fon mal , qu'il pafla une année entière fans faire aucune obfervation & fans fortir de fa chambre ; d'abord il y refta par néceffité , il y refta enfuite par habitude ou par goût , & lorfqu'il fe porta mieux , jamais (es médecins ne purent obtenir de lui qu'il fortîtpour prendre l'air, ni qu'il fe foumît au régime qu'ils jugeoient convenable à fon état ; & toutefois il écrivit dans le même temps à M. Thevenot pour lui demander du quinquina & un fpécifique contre l'hydropifie. La fortune de Swammerdam étant devenue meilleure , il fem- bloit qu'il dût' renoncer au deffein de vendre fon cabinet; mais du caraftere dont il étoit , il fuffifoit qu'il eût voulu une chofe , pour la vouloir toujours j il fe mit donc en tête de chercher un acheteur ; n'en trouvant point en Hollande , il réfolut d'aller à Paris , dans le cas où il pourroit efpérer que fa préfence facilite- roit la vente ; M. Thevenot , qui étoit fon oracle après la Bou- rignon, lui ayant ôté cette efpérance , il indiqua lui-même la vente en détail de toutes fes curiofités au plus offrant & dernier enchériffeur , pour le mois de Mai 1680 ; mais fon mal ayant fait des progrès , ainfi que fon averfion pour l'Hiftoire Naturelle, il mourut le 27 Février de cette même année , peut-être le plus malheureux des hommes , ayant toujours été contredit dans ce qu'il vouloit le plus fortement , & ayant fini par être en contra- diftion avec lui-même. DEL' EDITEUR. ^y II avoit légué à M. Thevenot fon manufcrit du BlhUa Natures^ avec un grand nombre de figures qu'il avoit deffinées de fa main & qui par cette raifon étoient extrêmement précieufes. M. The- venot eut beaucoup de peine à tirer ce manufcrit des mains d'un traducteur à qui Swammerdara l'avoit confié pour le mettre en latin ; lorfqu'il s'en fut rendu maître , il entreprit lui - même de traduire l'ouvrage de fon ami , qui étoit en hoUandois , mais il n'eut pas le tems d'exécuter cette utile entreprife. Après la mort de M. Thevenot le manufcrit ayant pafle en diii'érentes mains , parvint heureufement dans celles de Boerhaave , qui le fit mettre en latin par le dofteur Gaubius habile profefleur , & qui en donna la belle édition de 1737, fur laquelle notre traduftion a été faite. C'étoit beaucoup de ne pas laifTer perdre ce tréfor , mais on ne peut trop regretter la difperfion ou la perte des préparations ad- mirables d'après lesquelles Swammerdam avoit fait fes defcrip- tions , & qui en étoient pour ainfi dire les pièces juftificatives. On fent combien tous ces morceaux préparés par l'auteur même , auroient jeté de lumière fur fon ouvrage. L'illuftre Editeur du Biblici Naturœ a tâché d'y fuppléer en recherchant dans les pa- piers de Swammerdam &; dans fes lettres , fa manière de faire toutes ces préparations anatomiques dans lefquelles il excelloit • les recherches de Boerhaave n'ont point été infruftueufes, & fans doute on nous faura gré de les avoir rafl"emblées ici. Le but de la CoUeftion académique eft non-feulement d'inftruire le lefteurde ce qui a été vu , mais encore de lui indiquer les moyens de voir lui-même des chofes nouvelles , & de vérifier les découvertes anciennes. Dans les difFeftions les plus délicates Swammerdam fe fervoit d'une table d'airain à laquelle étoient adaptés deux efpeces de bras de même matière , mobiles en tout fens , & faits de façon que l'on pouvoit élever ou abaifTer à volonté leurs parties fupé- rieures par un mouvement lent & régulier : il attachoit fur l'un de ces bras l'objet à obferver , & le microfcope s'appliquoit fur ïautre bras. 11 eraployoit des microfcopes dont les verres étoient. xvj AVERTISSEMENT de différentes grandeurs , de différentes courbures , travaillés avec foin & d'une tranfparence parfaite : il appliquoit fucceffivement & par degrés aux corps qu'il obfervoit , des microfcopes d'iné- gale force , & il s'en fervoit avec tant d'art , que les découvertes qu'il faifoit d'abord avec les lentilles les plus foibles , le condui- foient à d'autres découvertes qu'il faifoit avec des lentilles plus fortes , & que toutes ces découvertes fuccefTives , bien ménagées & liées entr'elles , ne faifoient qu'un corps de defcription unique & bien complet. Un de fes principaux inftruments , c'étoient des cifeaux très- déliés & bien tranchants dont il fe fervoit pour cou- per avec précifion les parties délicates : il avoit reconnu que les couteaux & les lancettes de la meilleure trempe , & les lames les plus fines & les mieux acérées , déplaçoient toujours les fibres qui faifoient plus de réfiftance , & par conféquent caufoient un dérangement dans la texture des parties. La délicateffe de fes fcalpels , lancettes , flilets , &c. étoit telle qu'on ne pouvoit les aiguifer fans microfcope : il difféquoit avec ces inftruments les plus petits infectes , & il faifoit la démonftration de tous leurs vifceres auffi diftinftement qu'un autre eût fait celle des vifceres des plus grands animaux, Lorfqu'à l'aide du microfcope il avoit apperçu quelques vaif- féaux qu'il vouloir fouffler ou injefter pour en découvrir la direc- tion & les communications , ilemployoit au lieu de chalumeaux, des fils de verre creux , extrêmement déliés par un bout , & un peu évafés par l'autre ; il s'en fervoit d'abord pour faire une pre- mière injeftion d'eau pure qu'il laiffoit écouler, afin de nettoyer l'intérieur ; enfuite il faifoit une féconde injeftion, qui étoit d'une liqueur préparée , ou bien il diftendoit les vaiffeaux en les fouf- flant , & pour les fixer dans cet état de gonflement , il les faifoit fécher à l'ombre. Il employoit la même méthode pour injefter tous entiers les infeftes qu'il vouloit conferver fous leur forme naturelle : il perçoit la peau de la queue avec une aiguille très- fine ; par cette ouverture il faifoit fortir doucement ce qui pouvoit for tir , il remplaçoit tout cela par une injeftion de cire , ou même en DE L' E D I T E U R. xvij en foufflant l'infeéte , & l'infefte ainfi préparé étoit incorruptible & comme vivant : aucune partie n'étoit affaiflée ; on comptoit tous les anneaux , & les petites fibres n'avoient rien perdu de leur ibupieffe ni de leur tranfparence. Les parties internes , comme on voit , n'itoient pas fort ménagées dans cette préparation ; mais Swammerdam en avoit une autre pour embaumer les infeftes de manière que ces parties fuflent bien confervées , & qu'on pût les obferver pendant pluiîeurs années comme dans le vivant. Lorfqu'il vouloir difîéquer un de ces petits animaux , il le noyoit dans l'alkohol , dans l'efprit de térébenthine , ou dans quelqu'autre liqueur appropriée , & l'y laiffoit jufqu'à ce que ks parties euflent acquis affez de confiftance : enfuite il l'ouvroit par le milieu du corps avec la pointe de fes cifeaux les plus fins ; & après avoir écarté les téguments, il obfervoit lapofition relative de toutes les parties internes; il tiroit epfuite les vifceres avec une dextérité finguliere , & non fans les avoir nettoyés de la graifle qui s'y trouvant ordinairement en abondance , empêche qu'on ne les tire du corps fains & entiers. Il enlevoit exactement toute cette graifle avec de très -petits pinceaux , ce qui eft plus facile lorfque l'infefte eft dans l'état de nymphe ; mais pour cela il faut employer le vrai diflblvant de la graiffe des infeftes : Swammer- dam l'avoir découvert , & il en faifoit un grand fecret ; c'eft l'hui- le de térébenthine ; l'ufage de ce diflblvant eft d'autant plus né- ceflaire , que lorfque la graifle des infeftes eft congelée , elle ref- femble à de la chaux dont on auroit faupoudré les parties internes, & par conféquent empêche qu'on ne les obferve exaftement. Pour démontrer les trachées des infeftes , il en noyoit un , & tenant fes vifceres dans de l'eau limpide , il les agitoit doucement , & faifoit par ce moyen diftinguer les trachées ou conduits de l'air de tous les autres conduits. Lorfqu'il vouloir écorcher une chenille , il la prenoit dans le temps où elle étoit prête à filer fa coque ; il la prenoit , dis- je , par un de fes fils , la plongeoir dans l'eau bouillante & la retiroit prompteraent : par cette opération l'épiderme le détachoit de xviij AFERTISSEMENT lui-même , après quoi la chenille étant mife ainfi dépouillée dans un mélange égal de vinaigre diftillé & d'efprit-de-vin , elle y acquéroit affez de confiftance pour qu'on pût enlever fes enve- loppes fans endommager ni déranger aucune partie. C'eil par cette induftrie raifonnée que Swammerdam parvint à faire Tes belles découvertes fur la ftrufture & l'économie des in» feéles , & principalement fur leurs transformations , dont ils'étoit rendu maître au point de pouvoir les avancer , les retarder , les fufpendre & les diriger à fon gré. Ce n'étoit pas affez pour faire ces découvertes , d'avoir un bon microfcope & la patience de s'en fervir : lorfqu'on aura vu dans ce volume le détail des obfer- vations de notre auteur, & fa manière de procéder dans la re- cherche de la vérité , on reconnoîtra qu'il avoit affez d'étendue d'efprit pour appercevoir les analogies , affez de reffources pour en tirer de nouvelles vues , & affez de fageffe pour ne s'attacher qu'à celles qui fe trouvoient confirmées par l'expérience ; en un mot on fe convaincra qu'il avoit le véritable efprit d'invention , & la bonne méthode de raifonner ; mais on n'en fera que plus furpris de fa conduite à l'égard de la Bourignon : comment un homme qui avoit tant de lumière & de fermeté dans l'efprit put-il abandonner la direftion de fa conduite à une enthoufiafte ignorante , & foumettre ainfi la-force à la foibleffe , la fageffe à la folie ? Seroit-il vrai qu'une obfervation trop continuelle de petits objets rétrécît le génie , énervât l'ame , & lui ôtât jufqu'au fèntiment de fes propres forces ? Ou plutôt n'eft-il pas évident que fur tous les fujets que nous n'avons pas examinés par nous- mêmes , nos préjugés , & fouvent ceux d'autrui , nous tiennent lieu de principes ? Swammerdam avoit beaucoup étudié la ftruc- ture des animaux grands & petits , mais peut-être n'avoit-il jamais réfléchi un peu profondément fur les êtres moraux & mé- taphyfiques , fur cet ordre de vérités auquel fe rapportent toutes les vérités ; dès - là il n'eft pas fort étonnant qu'après avoir diffipé & reftifié les erreurs des Naturaliftes fur le développe- ment des infectes & fur la nature de la chryfalide, il foit tombé 9 DE V EDITEUR. ^jx lui-même dans plus d'une erreur fur divers points de Morale & de Métaphyfique ; & qu'après s'être élevé quelquefois au-deflus de Defcartes en Philofophie (a) , il fit gloire de fe profterner aux pieds de la Bourignon. Une des opinions que Swammerdam avoit le plus à cœur d'établir, & qui prouve encore , cerne femble , la foiblefle de fa métaphyfique , c'eft celle de l'impcffibiliré prétendue de la génération fpontanée. Il ne pouvoit fouffrir que de petits animaux en qui il avoit découvert tant de parties organisées avec tant d'art , un appareil de pièces fi différentes concourant par leur forme , leur mouvement & leur fituation , aux diverfes fondions animales , fuflent des enfants de la pourriture & de la corruption ; & il accumuloit les preuves & les inveiîtives contre ceux qui foutiennent ce fentiment : il faut avouer que Swammerdam a convaincu d'erreur les partifans de la génération fpontanée , fur plufieurs faits qu'ils avoient allégués à l'appui de leur opinion ; mais étoit-il en droit d'en conclure l'impoffibilité abfolue de cette voie de génération ? C'eft ce qu'il s'agit d'examiner. Il n'y a que deux fortes d'impoffibilités abfolues , l'une méta- phyfique , l'autre phyfique. La première fuppofe une contradic- tion dans les termes , & il n'eft pas befoin de beaucoup de paroles pour faire voir que l'idée de la génération fpontanée ne renferme aucune contradiftion , puifqu'elle ne fuppofe autre chofe qu'une nouvelle forme réfuitant d'une nouvelle combinaifon de particu- les matérielles. En effet, eft-il contradiéloire que les parties conftituantes des germes puiffent exifter féparées les unes des au- tres , qu'elles fe difperfent , qu'elles entrent dans la compofition de différents corps , qu'elles s'en dégagent enfuite lorfque ces corps viennent à fe diffoudre ou à fe pourrir , & que fe trouvant à portée les unes des autres , elles fe réuniffent & forment un nouveau germe ? Eft-il contradiftoire que cette réunion des par- ties conftituantes des germes puiffe fe faire ailleurs eue dans une matrice proprement dite ? Enfin eft-il impoffible métaphyfique- (") Par exemple, dans la définition qu'U donne, ;;^« 6p) , des idées vraies. cij XX AVERTISSEMENT ment & par l'eflence des chofes , que l'œuf ait exifté avant l'ani-' mal ovipare ? C'eft ce qu'apparemment perfonne n'ofera foutenir, ou du- moins ce que perfonne ne pourra prouver ; & par confé- quent la eénération fpontanée ne peut être dite métaphyfique- ment impoffible : voyons fi elle eft dans le cas de l'impoffibilité phyfique , c'eft- à-dire , fi elle eft contraire aux loix de la nature. Et d'abord il faut bien diftinguer les véritables loix de la na- ture , des réfultats prématurés que l'on tire fouvent d'une obfer- vation incomplette , & que trop fouvent on veut faire paffer pour les vrais refîbrts de l'univers. Cela feul eft phyfiquement impof- fible dans toute la force du mot , qui eft contraire aux loix éter- nelles & générales de la nature , & non à ces petites loix parti- culières & momentanées qu'une philofophie imprudente établit précipitamment, & qui s'abrogent d'elles-mêmes bientôt après. Mais pour s'élever à la connoiflance des grandes loix de la na- ture , il faudroit une chaîne immenfe d'obfervations , qui embraf- fât tous les temps, tous les lieux , tous les phénomènes , tous les états antérieurs de ce globe que nous habitons , tous ceux du grand fyftême dont il fait partie. Or combien ne fommes-nous pas éloignés de ce haut degré de connoiflance ! Les obfervations d'après lefquelles nous cherchons à deviner la nature , ne fe rap- portent qu'à un inftant de la durée , qu'à un point de l'efpace , & qu'à un très-petit nombre de phénomènes ; de pareilles obferva- tions nous apprennent quelques vérités de fait , &■ peuvent même nous conduire par analogie à de nouvelles découvertes , mais ne doivent jamais fervir de bafe à aucune conféquence exclufive , parce que toute conféquence exclufive eft une propofition géné- rale & abfolue , & qu'on ne peut , fuivant les loix du raiibnne- ment , déduire une propofition générale & abfolue , de quelques faits particuliers. Comment donc ofons-nous prononcer l'impof- fibilité abfolue de quelque chofe que ce foit ? Je fuppofe pour un moment que nous euffions une connoiflance complette de l'état aftuel de l'univers , de tous les phénomènes qui fe pafFent dans fon fein , & que cet état ai^uel n'offrît pas un feul exemple de DE V EDITEUR. xxj génération fpontanée ; je dis que nous pourrions tout nu plus affir- mer i'impoflibilité de cette voie de génération relativement à l'état aftuel connu , & non pour tous les états antérieurs que nous ne connoiflbns pas , & que nous pouvons à peine deviner. Les loix de la nature ne changent pas , mais les phénomènes va- rient fuivant les différentes combinaifons que prend la matière en obéiffant à ces loix. Maintenant que l'eCpece humaine eft répan- due fur toute la furface de la terre , & que fes travaux interrom- pent fans ceffe l'aftion de la nature , les combinaifons d'où réful- tent les générations fpontanées , doivent être beaucoup plus rares que dans les temps où l'efpece humaine réduite à un petit nombre d'individus fauvages , & reléguée dans un coin de la terre, laif- foit à la nature un champ vaffe & libre où elle avoir tout le temps d'achever fes ouvrages. ^11 eft donc certain qu'il nous manque beaucoup de connoiflan- ces pour être en droit de prononcer que la génération fpontanée eft contraire aux loix de la nature , ou bien en d'autres termes, qu'elle eft phyfiquement mipoffible ; il n'eft pas moins certain que cette alTertion feroit encore téméraire , quand même nous connoîtrions exaftement la conftitution aftuelle de l'univers. Al- lons plus loin , & examinons fi la génération fpontanée n'eft pas fondée fur les phénomènes connus , & fur les réfultats qu'on a tirés de ces phénomènes , & qui maintenant ont force de loi en Philofophie. Avant d'entrer dans cette difcuffion , je dois avertir que c'eft la génération fpontanée & non la génération fortuite que je dé- fends. Je fuis bien éloigné de croire que rien fe faft"e dans ce monde fortuitement & par hafard : le hafard n'eft rien , ou plutôt n'eft qu'un mot inventé pour cacher notre ignorance. Cela arrive par hafard , que nous n'avons pas prévu, & dont nous ne voyons pas les haifons avec les phénomènes connus: fi l'on veut donner un autre fens au mot /z.y<5,i, & dire qu'il a lieu réellement dans la nature, c'eft dire qu'il exifte des êtres fans propriétés; car {x les êtres ont des propriétés, leur ailion réciproque , qui eft ït^zi xxi) AVERTISSEMENT combiné de ces propriétés , fera toujours le même dans les mê* mes circonftances , ce qui exclud le hafard ; & tous les change- mens produits dans l'univers par cette aftion réciproque des êtres , participeront au même caraftere de régularité , & fe fuc- céderont dans un ordre confiant. Orque l'on foit de bonne foi, & que l'on conçoive , que l'on imagine même des êtres fans pro- priétés , c'eft- à-dire , des êtres qui ne foient pas des êtres. Il eft beaucoup plus facile de concevoir que le hafard eft impoffible , que c'eft une de ces chimères que l'efprit humain enfante dans fon délire , ou bien un de ces phantômes qu'il fe forge quelquefois pour les combattre. Mais fans m'arrêter plus long- temps à déve- lopper cette queftion , qui fera aifément approfondie par les gens qui penfent , je me borne à prouver la poffibilité de la généra- tion fpontanée , en affignant les rapports qu'elle peut avoir avec les phénomènes connus , & pour cela je parcourrai rapidement les trois règnes de l'Hiftoire Naturelle , en recueillant les exem- ples de nouvelles formes produites par des combinaifons fponta- nées de particules matérielles. Le règne minéral n'offre peut-être pas une feule matière qui dans certaines circonftances ne prenne de foi -même une forme déterminée. Lescryftaux, les talcs, les fpars , les gypfes , les fels , la glace , la neige , le régule d'antimoine , les marcaffites , & , félon quelques-uns , les filons des mines , font des corps na- turellement figurés : j'ai même obfervé dans certaines carrières de plâtre , de très-gros blocs qui affeftoient une forme & des an- gles déterminés , & je trouve dans les auteurs d'autres exemples de cryftallifation en grandes mafles (a). On ne connoît ni lafi- gure propre des parties compofantes de ces corps , ni la force qui les meut & qui les arrange ; mais leur tendance à prendre une forme déterminée eft inconteftable, puifqu'elle fe manifefte par le fait : cette tendance peut être arrêtée ou feulement modifiée par i'aftion d'une caufe perturbatrice : dans le premier cas elle ne pro- (a) Kirker {Mundus fubttrrancus , lit. viii.) parle d'un rocher enTofcane, qui eft tout compofé de parallélépipèdes. 11 cite Rueus au fujet d'un rocher femblable qui fe trouve en M (fuie. DE L' E D I T E U R. xxîij 3uît aucune forme régulière ; dans le fécond elle produit une for- me régulière , mais qui s'éloigne d'autant plus de la forme ori- ginelle , que la caufe perturbatrice eft: plus puiffante , & de - là les variétés qui fe rencontrent dans la forme des cryftaux , des fels , des marcaffites , & de tous les corps figurés. En combinant diverfement les fubftances qu'on appelle acides & alhalines , on a des fels neutres diverfement cryftallifés ; comme on peut par diffé- rents mélanges produire différentes végétations Scherborifaticns^ tous ces corps figurés font produits manifeftement par une efpece de génération fpontanée : pourquoi donc feroit-il abfurde d'ac- corder aux éléments de la matière vivante (a) cette faculté qu'ont les éléments de la matière brute , de fe réunir avec ordre, & de former par leur réunion des corps d'une figure déterminée , & qui participent à la nature de leurs éléments ? On ne peut nier la cryf- tallifation des fels , la formation de l'étoile fur le régule d'anti- moine , les végétations minérales , les herborifations naturelles & chymiques , & l'on voudroit nier jufqu'à la poffibilité de la génération fpontanée , qui dans le fond n'eft qu'une cryftallifation de matière vivante ; cryftallifation qui ne diffère de celle de la matière brute , que par les différentes qualités des deux matières, & qui s'y rapporte exaftement en ce que l'une & l'autre n'eil qu'une combinaifon fpontanée de particules , d'où réfultent des compofés d'une figure déterminée , & d'une nature analogue à celle de leurs parties compofantes. Mais , dira-t-on , dans toutes les cryftallifations minérales la même forme eft toujours produite parles mêmes éléments : faites diffoudre & enfuite évaporer félon l'art , du fel marin , du nitre , du vitriol martial , du borax , le fel marin donnera conftamment des cubes i le nitre des prifmes hexaèdres terminés par des pyra- mides à bafe hexagone ; le vitriol martial des cryftaux de forme rhomboïdale ; enfin le borax des prifmes hexaèdres tronqués par les deux bouts ; par conféquent , pourra-t-on dire , fi la généra- (-») J'appelle ainfi la matière dooC font coi»pofts 6c dont peuvent fe nourrir le» animaux & les f égétaux. xxjv AVERTISSEMENT tion fpontanée efl une forte de cryftallifation , lorfqu'un animal quelconque fe corrompt , fes molécules conftituantes dégagées par l'effet de la corruption , devroient en fe réunifiant former de petits animaux qui fuffent au-moins femblables à celui dont elles faifoient partie. Cette objection qui peut fembler fpécieufe , a été prévenue par ce qui a été dit plus haut : j'ai remarqué & tout le monde fait que les corps figurés, produits par la cryftallifation, varient dans leur forme fuivant les différentes matières dont ils font compofés 5 or il eft certain que la fubftance animale n'eft point homogène , & qu'au contraire elle eft compofée de différentes matières , dont les différentes proportions peuvent faire varier les combinaifons fpontanées des molécules animales ; & comme les différentes for- tes de matières qui entrent dans la compofition de tel corps vi- vant , font limitées , les variétés des germes produits par la cor- ruption de ce corps , ont aufn des limites , & l'on voit en effet les mêmes efpeces d'infeftes à -peu- près naître des mêmes matières diflbutes par un même degré de corruption. Les végétaux préfentent aufïï plufieurs exemples de génération fpontanée. Les Botaniftes ont fait une claffe entière des plantes dont on ne connoît ni les fleurs ni les graines ; fi dans toutes les efpeces qui conftituent cette claffe , il y en a une feule qui n'ait point en effet de graines , la génération fpontanée eft prouvée à l'égard des plantes , & elle acquiert un nouveau degré de proba- bilité à l'égard des animaux. Or je ne fâche pas que les plus forts microfcopes aient fait appercevoir de la graine dans les truffes , la mouffe , ni dans quelques autres fubftances végétales de même nature ; & fî l'on objefte la forme conftante & régulière de ces fubftances, comme étant la preuve qu'elles viennent d'une graine oîi le deffein de leur forme & l'ordre de leur dévelop- pement étoient tracés ; il fera facile de répliquer que les fels que l'on tire de différentes matières , prennent une figure non moins confiante & non moins régulière , lorfqu'il ne manque aucune des conditions requifes à la cryftallifation j cependant les fels DE V E D 1 T E U R, xxv fels ne viennent pas de graines , & par conféqucnt la forme ré- gulière des truffes , &c. ne prouve point du tout qu'elles vien- nent de graines. Encore une fois , la puiiïance de produire des formes nouvelles par des réunions fpontanées, appartient évi- demment à la matière brute ou minérale , & c'eft par cette puif- fance que la matière brute approche plus de la matière vivante : comment donc a-t-on pu fe perfuader que cette même propriété fut incompatible avec les propriétés de la matière vivante ? Continuons d'établir par le raifonnement que cette prétendue incompatibilité eft une fuppofition gratuite , afin de difpolër les efprits prévenus à admettre les faits qui démontrent que la géné- ration fpontanée a lieu réellement dans la nature. Le règne animal eft celui qui nous offre les preuves les plus nombreuiès & les plus déciiives ; on s'y feroit rendu fans doute, fans la répugnance très -peu philofophique que l'on a lèntie à feire naître des corps organifés du fein de la corruption. Le vul- gaire qui voit les corps perdre leur forme en fe corrompant , juge que toute corruption eft uniquement deftruftive , & par conféquent oppofée à toute génération ; mais que l'on reo^arde de plus près dans les débris des formes détruites , on y verra re- naître de nouvelles formes , fouvent plus parfaites que les pre- mières , & l'on reconnoîtra que la corruption eft une opération de la nature , qui a fes loix comme la génération , & qui , comme la génération , ne détruit que pour produire ; enfin , qui dans quelque fyftême que ce foit , précède & accompagne néceffai- rement toute génération , puifque la quantité de matière étant toujours la même dans cet univers , un nouvel être , c'eft-à-dire , une nouvelle forme, ne peut commencer d'exifter que par la deftruftion de quelqu'une des formes préexiftentes. Ce raifonnement général eft confirmé par l'obfervation à l'é- gard de la génération des animaux : que Ion examine à un fort microfcope des matières animales ou végétales , lorfqu'elles font corrompues , on y verra une multitude de molécules en mouve- d xxvj A FER T I S S E M E N T ment (a) , comme dans la femence féconde des animaux ou des végétaux , & l'on fe convaincra par fes yeux que la corruption eft un état analogue à celui où doit être toute femence féconde , pour produire un être vivant , & que cet état de corruption eft en quelque manière une des conditions requifes pour toute géné- ration ; condition tellement néceffaire , que fans elle les femen- ces même , foit végétales , foit animales , ne produiroient rien. La maladie pédiculaire préfente des phénomènes qu'il n'eft guerepoflibled'expliquerautrementquepar la génération fponta- née. Ceux que cette maladie afflige , font tourmentés fans cefle par une multitudedepouxdontaucun foin ne peut diminuer le nombre; ces infeftes femblent fe multiplier par les moyens même que l'on prend pour les détruire ; & fi l'on en croit les obfervateurs de Médecine , cette multiplication eft fi abondante & fi prompte , qu'elle ne peut guère être attribuée au développement des œufs. Comme la maladie pédiculaire eft une maladie de corruption , il eft , me femble , facile de concevoir que la fubftance animale , à mefure qu'elle fe diiïbut en fe corrompant , fe recombine fur le champ fous de nouvelles formes , & qu'elle eft déterminée par fa nature à produire les infeéks dont il s'agit. Cela eft d'autant plus vraiferablable , que la plupart des affeftions putrides , comme les ulcères vénériens , la galle, la lèpre, & la pefte même, fem- blent avoir leurs infeftes propres dans lefquels fe réfout la fubftan- ce animale décompofée par la corruption. Le ver folitaire des inteftins , les vers du foie , ceux qu'on a trouvés dafts le cerveau , les reins , le cœur, les veines & les ar- tères , en un mot dans différentes parties où l'en ne pouvoit foupçonner qu'il fût pafle ni germes ni œufs produits par aucun animal {b) , font autant de preuves de fait pour la génération fpontanée ; & fi l'on infifte en difant que de ce qu'on n'a point [a) V oyszV m ihlre Naturelle générale & particulière , tome II. Je fuis témoin oculaire ée lobrervacion que je cite. • (i) fjvfr (ians Fortuntus Liceius , de viventium ertu fpontanco , & dans tous Tes obfer- \ateuiï de Médecine, une foule de feits qui peut-être ne feront pas tous avérés, ajai» \ DE U E D 1 T E U R. xxvij découvert les œufs de ces vers , on ne doit pas conclure que ces vers fe reproduifent par génération fpontanée, je réponds que l'on en doit encore moins conclure l'exillence de ces œufs. D'ail- leurs la génération fpontanée étant conforme aux loix connues de la nature , comme je crois l'avoir prouvé, nous devons nous en rapporter à nos fens fur les faits qui l'établiffent , & rien ne lui eil contraire (i elle a pour elle le témoignage des fens & de la raifon. Que l'on cherche avec les meilleurs microfcopes les œufs des anguilles qui naiflent dans l'infufion du bled ergoté, ■& dans celle du bled fain que la meule a réduit en farine ; on n'apperce- vra point d'œufs, mais dans chacune de ces infufions bouchées avec tout le foin imaginable , on verra des anguilles difféientes ; celles du bled ergoté font dans une agitation perpétuelle tant qu'on leur fournit de l'eau , & ne perpétuent point leur efpece (a) ; il faut donc qu'elles s'engendrent fpontanément : celles de l'infu- fion de farine font produites d'abord par une efpece de végétation fpontanée , après quoi elles fe perpétuent avec une técondité étonnante , & deviennent vivipares (b). Il ell: naturel que ces anguilles nailTant dans une même matière différemment modifiée , aient des différences entr'elles ; au refte , elles s'accordent en ce point , qu'elles ne commencent à exiiler que par une génération fpontanée. Mais , a-t-on dit , c'efl: une loi de la nature que tout animal n'ait qu'une voie unique pour fe perpétuer ; l'infefte comme la brute , efl: ou vivipare ou ovipare ; il fe reproduit de la même façon qu'il a été produit , & ne fe reproduit que d'une façon : par conféquent lorfque l'on voit un animal quelconque engendrer fon fèmblable , on peut conclure qu'il a été engendré par fon fembla- ble , & qu'il n'a point été produit par une génération fpontanée : je réponds que cette conclufîon eft erronée , parce que la pré- tendue loi fur laquelle on la fonde , eft démentie par les faits. Les il feroit difficile qu'il n'y en eût pas un feul de vrai , & il n'en faut qu'un fenl pour anéantir tous les raifoiineroents qu'on a faits contre la génération fpontanée. (a) "Voyez Ncv/ mkrofcopic.il. ohfervat. hy M. Needham. ^bj Voyez l'Hifloirt naluielle , générale & parlicuUert, tom. II. dij xxviij AVERTISSEMENT pucerons ont deux manières de fè reproduire , puifqu'ils (t perpé- tuent fans accouplement , & qu'ils s'accouplent quand ils veu- lent : les polypes d'eau douce , les étoiles & les orties de mer, les vers de terre , ont autant de manières de fe reproduire que les pucerons , & peut-être davantage; puifque les premiers fe reproduifent , comme on fait , par une efpece de végétation , par fciflîon &■ fans doute par accouplement , & les autres par fciffion & par accouplement. La nature ne s'affujettit donc pas à un moyen'unique pour la multiplication d'une feule & même efpece ; auffi les mêmes écrivains qui avoient trop légèrement établi cette loi d'une voie unique de génération pour chaque efpece , furent-ils contraints d'avouer que les découvertes deM.Trembley fur la multiplication des polypes par végétation & par fciffion , déroutaient leurs anciennes idées. En effet , il ne faut qu'un feul fait pour détruire toute opinion exclufive 6c abfolue ; au lieu que pour l'établir il faudroit plus d'obfervations & de connoiflances que tous les hommes enfemble n'en pourront jamais raffembler. . Mais on infifte & l'on dit : Si la génération fpontanée avoit lieu , un animal pourroir engendrer un autre animal qui ne feroiî pas femblable à lui , ce qui feroit contre l'ordre de la nature. La réponfe tCt facile. Premièrement , cet ordre de la nature que l'on allègue fans cefTe , précifément parce que l'on ne s'en fait pas une jufte idée , ne peut être connu que par l'obfervation j & fi l'obfervation prouve la génération fpontanée , il faudra bien avouer que la génération fpontanée eft dans l'ordre de la nature. En fécond lieu , fi l'on a de la répugnance à convenir qu'un animal puifTe eng.endrer un autre animal qui ne foit pas femblable à lui , cela vient de l'idée trop particulière qu'on a attachée au mot engendrer: cette idée s'eft formée & modelée fur l'ordre de reprodu6tion que l'on connoiflxiit le plus , & par confëquent n'embraffe point des voies de génération qui étoient ignorées.. Mais pour faire difparoître l'abfurdité apparente de la propofition dont il s'agit , il ne faut que la reftifierde cette manière : Un ani- mal peut être le lieu où fe forment fpontanément d'autres ani- DE r E D I r E U R. xxHK maux qui ne lui refTemblent pas ; il peut même contribuer de fa propre iubftance à la formation de ces animaux , & c 'elT; ce qu'on ne fauroit guère nier de la plupart des infeftes qui fe trouvent dans l'intérieur des animaux où aucun germe n'a pu pénétrer. Redi lui-même , ce grand ennemi de la génération fpontanée , a été contraint par la force des faits de l'admettre comme poffible , mais en même temps il a prétendu qu'elle ne s'opéroit que dans l'intérieur des êtres vivants (a). On oppofe encore à la génération fpontanée une autre loi pré- tendue de la nature , par laquelle les efpeces d'infeftes font , dit- on , auffi invariables dans leur forme que les efpeces des grands animaux ; ce qui ne pourroit avoir iieu fi la génération fpontanée pouvoit faire éclorre d'un animal d'autres animaux qui ne fufFent pas femblables à lui ; mais au lieu de conclure de- là contre tant de preuves , qu'il n'y a point de génération fpontanée , ne feroit^ il pas plus raifonnable de douter de l'invariabilité des efpeces , laquelle n'eft rien moins que prouvée. En effet , plus on obferve cet univers , plus on reconnoît que les êtres qu'il renferme font dans un état de continuelle variation ; que toute forme eft paffa- gere , toute exiftence fugitive , tout état inconftant ; nul chano-e- ment ne fe fait au hafard , mais tout change , & la nature entière n'eft; qu'une grande fcene mouvante , où les êtres remplacent fans cefle les êtres. Cela eft évident quant au règne minéral; les métaux, l'albâtre, les marbres, les bitumes, les cryftaux, n'ont pas toujours exifté ; ce font des matières nouvelles , comme l'a remarqué Stenon {b) , & qui portent avec elles des preuves de leur nou- veauté. A l'égard Aqs végétaux , tout le monde fait que nous, avons des fruits différents de ceux qu'avoient les anciens : nous avons vu de nos jours de nouvelles efpeces de plantes produites artificiellement par des greffes heureufes. Il y a plulieurs faits fur. (j) rovfç- le tome précédent de la ColUlior. A des expériences commencées {a) & qui méritent d'être fuivies, ont fait voir qua des foetus de chienne pouvoient en naiffant,&: même après avoir ref- pire , refter plus d'une demi- heure de fuite dans de l'eau ou du lait îiede , fans en être fort incommodés. Ily a tout lieu de croire qu'en continuant ces expériences on parviendroit à dénaturer quelques (*) Voyez VHjftoirt Natur-dle , pniralt 6- paniculicrc , tome J I. dt l'Enfancu xxxij AVERTISSEMENT efpeces ; il femble même que la nature ait fait ces expériences , & qu'elle ait dérivé plus d'une efpece aquatique ou terreftre d'au- tres efpeces accoutumées à un autre élément ; du-moins c'eft ce que l'on eft porté à croire lorfque l'on confidere les rapports mar- qués qui fe trouvent entre certains animaux terreflires & certains animaux aquatiques ou amphibies. Si cesconjeftures font fondées, & que les expériences dont je viens de parler fe répètent avec fuccès , la prétendue loi de l'invariabilité des efpeces eft par cela feul démo ntrée faufle. Les faits qui prouvent la génération fpontanée étoient trop nombreux & trop frappants , pour n'être point remarqués par des obfervateurs attentifs ; aufTi n'ont-ils pas échappé à Swam- inerdam ni à Redi ; mais le dernier s'eft contenté de reconnoître , comme je l'ai dit plus haut , que la génération fpontanée pouvoir avoir lieu feulement dans les êtres qui ont vie ; & Swammerdam moins accommodant, a mieux aimé dire que ces faits étoient inexpliquables , que de les expliquer par la génération fpontanée. Je crois cependant avoir prouvé que cette forte de génération ne doit être regardée comme impoffible dans aucun fens , que de plus elle a de i'analogie avec les loix connues de la nature , & que même elle a lieu réellement à l'égard de plufieurs animaux aufquels on ne pourroit aiîîgner une autre origine : je crois aufli avoir répondu aux plus fortes objections qu'on ait faites contre cette voie de génération ; ainfi fans m'arrêter plus long- temps à accumuler les raifonnements & les faits qui démontrent fa pofli- bilité , fon exiftence , & même fa nécefllté , j'ajouterai feulement que c'a été une opinion généralement reçue des Philofophes an- ciens , & que parmi les modernes elle a trouvé des défenfeurs illuftres, tels que Licetus, Scaliger, les Jéfuites Cabée, Kirker & Bonanni. Ces hommes avoient trop de lumières pour donner dans les abfurdités que l'on prête ordinairement aux partifans de la génération fpontanée ; par exemple , pour perfonifier la cor- ruption & le hafard , & pour avancer que ces deux caufes puf- fent engendr«r des êtres organifés. Ils n'ignoroient pas que le hafard DE L' E D I T E U R. xxxiij hafard ne peut être une caufe phyfique, maislls croyoîent pou- voir foutenir que la corruption ou diflblution des corps orga- nifés mettant en liberté leurs parties conftituantes qui font aufli organifées , ces parties pouvoient alors fe combiner par des réu- nions fpontanées , & produire des infeftes ou des germes d'in- feftes , de même que les parties conftituantes des fels & des cryrtaux forment par leur réunion fpontanée des corps figurés. D'ailleurs ils fentoient qu'il falloit admettre cette opinion , ou fe jetier dans celle des germes préexiftants , & contenus à l'infini les uns dans les autres. En effet , fi les germes des animaux ne font pas contenus à l'infini les uns dans les autres , il faut qu'il s'en forme de nouveaux à chaque génération , & comment peu- vent-ils fe former finon par la réunion fpontanée des molécules propres à entrer dans leur compofition ? Or rien de moins prouvé que l'opinion des germes préexiflants ; l'imagination fe perd , & la raifon s'égare dans les progrès à l'infini qu'elle fuppofe («) : elle femble même ne s'être foutenue que par l'adrefle de fes par- tifans à décrier la génération fpontanée ; mais fi les preuves qui établifient cette voie de génération ne fe font pas afi'oiblies dans mes mains , l'opinion des germes préexiftants doit tomber d'elle- même pour ne fe relever jamais. Quoi qu'il en foit du fentiment de Swammerdam fur ce point , les obfervations qu'il a faites pour l'appuyer font excellentes ; elles offrent l'exemple , peut-être unique , d'un obfervateur for- tement prévenu d'une hypothefe , & qui a tout vii comme s'il n'eût été prévenu d'aucune hypothefe. On ne peut nier qu'il ne foit tombé dans quelques erreurs , fur-tout en Morale & en Mé- taphyfique , & cela prouve feulement qu'il n'exceiloit pas ea tous les genres ; mais fi l'on fait attention au talent & l'habitude qu'il avoit d'obferver , à fon affiduité infatigable dans ce genre de travail , à la dextérité de fa main , à la fureté de fon coup- d'œil , à fes connoiffances dans les différentes parties des fciences (if) Voye[ la réfùation de cette opinion , tome II. de Vffijhire NaturtUc, générait £• farticulitre. e xxxjv AVERTISSEMENT, Sec. naturelles , à la vigueur du raifonnement qu'il montre en plus d'un endroit de ies ouvrages , & fur -tout à fon amour pour la vérifé , on ne fera point furpris qu'il ait découvert les faits les plus importants de l'hifloire des infeftes, & l'on avouera facile- ment que peut-être il faudra plufieurs fiecles pour former un pareil obfervateur» APPROBATION. J'AI lu par ordre de Monfeigneur le Chancelier, un Manufcrit qui a pour titre, Collection Académique , Tome V, Partie étrangère; &C j'ai cru que la continuation d'un Ouvrage fi important & (i utile ne pouvoir être reçue du Public qu'avec beaucoup d'empreffernsnt. A Paris ce lo Avril 1758. LAVIROTTE.. Ze Privilège fe trouve à la fin du troifieme Kelumc de la Partis. Etrangère. XXXV As ' ' I " ■ III i^f, TABLE DES CHAPITRES- C H A P. I. KJ Bjet & divifion de l'Ouvrage. (Z) Page i C H A P. II. De l'état de nymphe conjîdéré comme le fondement de toutes les transjormations des infecles : Manière dont les vers & les chenilles pajjent à cet état de nymphe (K). 3 C H A P. III. Erreurs anciennes & nouvelles fur la nature de la. Nymphe, 1 2 C H A P. IV. Dijl'ibution des infecles en quatre ordres , fondée fur leurs différentes transjormations & leurs différents développements. 19 Premier ordre des transformations ou développements des in- fe&es. 20 Enumération des infecies du premier ordre caraclértfé par la nymphe- animal. 23 Exemple du premier ordre de transformation , pris du pou , avec l'in- dication des chofes communes aux quatre ordres. ■> 6 Parties externes du pou. 3 g Parties internes du pou. » o De la puce aquatique arborefcente. j O Des fcorpions. ç, Hifîoire de l'efcargot ou limaçon à opercule. 5 5 Art. I. De la fubflance dure & de la fubjlanct molle de l'efcar- got .^ defes cornes f defesycux. «y « ij xxxvj TABLE DES CHAPITRES. Art. II. Des parties de la bouche. P^gC 6% Art. III. Du goût, de l'odorat, & de quelques manœuvres de l'ejcargot. ^^ Art. IV. Du limhede l'efcargot, de fa refpiration , des glan- des defes vaijfeaux , de la partie qui lulfert de pied, &c. 65 Art. V. Manière ds préparer l'efcargot pour le dijféquer : effet du fel fur lui. ^j Art. VI. Syjléme des vaiffeaux fanguins , cavités du limhe , fac calcaire, mouvement des mufcles. 6g Art. VII. Foie y bile, eJîomac,inteJlins, vaiffeaux faliv aires. 75 Art. VIII. Parties de la génération, 74 Art. I X. Accouplement des efcargots. 79 Art. X. Cerveau, nerfs, & mufcles. 82 Art. XI. Mufcles, coquille, œufs de l'efcargot. 84 Art. XII. Du Bernard l'hermite, de la pinne manne , de la coquille turbinée , de la volute , de la porcelaine , du pinceau en plume , ou mitre, o i Petit limas turbiné. 04 Petit limas applati. o e Limas ovoïde. o^ Art. XIII. Limaçon de jardin ou laquais ^ limace domeflique & celle des prairies. oj Limace domeflique, 9 8 Limace des prairies. I O I Art. XIV. Limas aquatiques , moules, 105 Limas aquatique^ vivipare, cryflallin, 106 Alie-kruyk. 1 1 5 Petit limas marbré à umbïlic. 116 Limas à coquille concave d'un côté. 1 1 7 Autre limas à coquille concave des deux côtés» 11^ Moules de Hollande. ibid. Defcription du Bernard l'hermite. 1 2i Ses parties externes. ibid. Ses parties internes. 1 z6 Second ordre caraclérifé par la nymphe-ver.. 131 Enumération des inf&es du fécond ordre. 132 Exemple du fécond ordre pris de la dem.oifelle. 138 Différentes efpeces de nymphes de demoifeU.es. 143 Des fcorpions aquatiques ailés : parties externes, 1 46 Leurs parties internes^. \ 47 TABLE DES CHAPITRES. xxxvij Histoire de l'Ephémère. Art. I. L éphémère vient d'un otuf. Page 1 49 Art. II. Ver de U éphémère. icq Art. III. Nourriture & manœuvres de ce ver, 1 1 1 Art. IV. Combien dure cet état de ver. I r -, Art. V. Parties externes de ce ver. I e a Art. VI. Parties' internes de l'éphémère. i^j Art. VII. Signes avantcoureurs deja transformation. 164 Art. VIII. Sa transformation. ig^ Art. i X. Durée de la vie de l'éphémère. xio Art. X. Apparition des éphémères i différentes efpeces de ces infecles. j _ ^ Troisième ordre caraSérifé par la nymphe. 173 E numération des infecles du troifieme ordre. l^f Exemple du troifieme ordre , pris de la fourmi. j 8 } Différentes efpeces de fourmis. igo Hifîoire du fcarabée monoceros. I o j Art. I. Lieux où il fe trouve , fi génération y Suc. ibid. Art. II. Ses parties externes , fa mue , Sic. I04 Art. III. Ses parties internes; manière de le préparer. 1 o5 Art. IV. Sa transformation, déploiement de fes fligmates. 204 Art. V. Diffeclion de la nymphe , fa transformation.. 210 Art. VI. Parties du monoceros mâle & femelle. 213 Parties propres au mâle. i I g Parties de la génération de la femelle. 220 Hifloire du coufin. 22t Hifloire des abeilles. 2 ■? « Trompe de la guêpe vue par-deffous. 20 ç Obfervation fur une jeune abeille femelle > 3 \ 3 Autre obfervati on. Voià. Autre. 31^ Autre. Ibid Autre, , , _ Parties de la génération du grand fcarabée aquatique. 3 44 Moelle épiniere des abeilles. 34? Defcription d'une ruche. 3 r o Autre. ^ ... 360 Lxamen d'une ruche qui renfermait un effaim dépuis quelques Explication de quelques figures relatives à l' hifloire des aleil- jxKviij TABLE DES CHAPITRES. Enumérai'ion des injc3.es du feconi genre du tro'ifieme ordre. Page 372 Exemple du fécond genre du troijîeme ordre , pris d'une chenille. 379 Anatomie d'un papillon diurne ^ coloré. _ 386 Art. I. Defcripdon de la chenille épineufe de l'ortie. 387 Diffcclion de la chenille. 389 Art. II. Transformation de cette chenille en chryfalide ; obser- vation de cette chryfalide & de [on papillon. 391 Diffeclion d'une chryfalide de deux jours, 396 Dïïjccîion d'une chryfalide defx à huu jours. 397 Dijfeclion d'une chryfalide de dou::;e ou treize jours. 398 Dijf&clion d'une chryfalide de fei^e ou dix-Jept jours , prête à fe changer en papillon. Ibid. Transformation de la chryfalide en papillon. 400 Art. m. Defcription des parties internes du papillon, 403 Parties de la génération du mâle. 406 Dijfeclion de l'ovaire. 407 Comment le papillon efl caché fous la forme de la chenille , trcifeme exemple du fécond genre du troifieme ordre, 409 Quatrième ordre des transformations ou développements des infecles , caraclérijé par la nymphe vermiforme. 41 0 E numéro tien des infecles du quatrième ordre. 414 Exemple particulier du quatrième ordre, pris de la mouche des latrines. 431 Hijloire de la mouche a fie. 439 Art. I. Defcription des parties extérieures du ver de la mouche afiie. _ 440 Art. II. De la manière de vivre de ces vers , & du lieu où on les trouve. 444 Art. III. Defcription anatomiquedu ver de la mouche afile. 447 Art. IV. Manière dont ce ver fe met en nymphe. 45 1 Art. V. Dijfeclion de la nymphe, changements qu'on remarque dans les vijceres à mefure qu'ils fe développent. 455 Art. VI. Transformation de la nymphe en mouche. 460 Art. VII. Parties internes & externes de la mouche afile mâle & femelle. 464 Hijloire du ver du fromage & de fa mouche, 47 1 Parties externes de ce ver. Ibid. Manœuvres de ce ver. 473 Parties internes de ce ver, 47 5 Génération de ce ver. 480 Sa transjormation en nymphe, A^A TABLE DES CHAPITRES. xxxjit Transformanon de la nymphe en mouche. Page 48(1 Parties de la génération de la mouche , fon accouplement. 488 Ponte de cette mouche. 49 1 Infecles des galles des plantes. 49 r Des galles du faule. 495 Comment ces injectes dépofent leurs aufs dans Us feuilles de faule. 502 Autres infecles des galles du faule. ^07 Autres ^ quife changent en fcarabées. j r© Autres , qui fe changent en mouches. j i 5 Autres des galles en rofe du faule. j i j V^ers apodes des noifettes. ■ j 1 ^ Infecles des feuilles de l'aulne. Première ohfervation. j 17 Deuxième ohfervation. 5 1 9- Troifieme ohfervation.- 520 Galles du chardon commun. 521 Galles de l'ortie griéche. 5 22 Galles cotonneufes du chêne. 5 2 j Galles du chêne, 524. Infecles de l'éponge de l'églantier. 529 Galles du peuplier noir. j 3 o Vers apodes des feuilles du chou.- j 3 j Teignes. . T4i Vers à fourreau du poirier, du prunier, du pommier & du cerifier. Première ohfervation. «44 Deuxième ohfervation. c 4j Infecles des bourfcs du mufc. c 46 Autres vers à fourreaux. Première & féconde ohfervation. 548 Hijloire de la grenouille , & comparaifon de cet animal avec les in- fectes. ^ 49 Art. I. Accroiffement de la grenouille. Ibid. Art. II. Comparaifon de l'homme avec les infeSes & la gre- ■ nouille. y 5 5*' Art. III. Génération de la grenouille. j j j Art. IV. Accroiffement de fon fœtus dans l'œuf: comment il éclat. c 6 j Art. V. Circulation du fang dans ta grenouille adulte. ^yô Expériences fur le mouvement mufculaire de la grenouille ^ &cc.. ,581 Développement de l'aillet comparé avec le développement des infecles^ ^ ^j xl TABLE DES CHAPITRES. Table comparée de tous ces développements. Page 599 Epilogue, 601 De la grojfc fcolopendre de mer, 604 Découverte de la graine de fougère, 606 Dejcription anatomique de la feiche mâle, 609 Explication fommaire des Figures, 627 Table alphabétique des Matières. 639 Fin de la Table des Chapitres du cinquième Volume. ERRATA. Page. Ligne. I. 4. M remaniant, toute, lifei toutes. 3.0. 15. après premier ordre, effjcii le point. 50. 17. a/Tw naturelle , -t/ow^î (PI. II. Fig. III.) j 6f. 6. en rem ontant , effiice^ l'indication de la Figure , Comme inutile, 84. 9. l'hiftoirc , life^ la defcription. 156. II. en remontant , avoir, lifei y avoir. Ihid. II. en remontant, dépofés , /i/êf dépofé. 156. zg. (Fig. VIII.) life^ (Fig. IX.) lyi. y. en remontant, une de refpece, life^ une dont le ver. Ibid. Ibid. ailes ,. /;/({ ouies. ny. dernière , Cliryfophis, lifei Chryfopis. l8{. 4. "î remontant, &, ///e{ en. 108. "7. ^n remontant, le ver, ///f^ la chenille. 11 8. t6. parties de la génération du , Ufei parties propres au ij j. ^. en remontant, ont parut, life^ lui ont paru. j I j . Le chifre de la page doit être 3 1 } . j8i. 1: en remontant, de la, life:^ dans la. , 385. II. Fig. XIX. life^ (Fig. XX.) ^02, 14. XXIV. lifei XXII. 408. 3. en remontant , il y a , lifei^ il y a eu. 41 J. 4. chyfalide , /{/îj chryfalide- At-j, X. en remontant, il tendoit , life;^ il n'attendoit. Ïi7. II. efface^ (PI. XXIX. Fig. XIII.) 695. }. développements fucceflift qni , Hfe[ qui. j6i8. 10. en remontant, traité, /i/ff recueil. 617. 7- groffis , lifei^ groffi. 6)1. 15. le bafe, life^ les bafes. COLLECTION COL LEGTÏON ACADÉMIQUE. HISTOIRE NATURELLE. O B S E R VAT IONS DE JEAN SWAMMERDAM SUR LES INSECTES. CHAPITRE ET ET Division Ob j PREMIER. DE L' O U V R A G E. (Z) } A nature nous étonne par la grandeur des ouvrages T — nil f^lli^ ^ TïrrtrhMtc on /-l^tilr^»r-i«#- _^ ^ /! I!.,- ^ -_ -JWX menre qu parce qu Tom 5^ qu'elle^ a produits en déployant, pour ainfi dire , toute h,'stoire 1' que travaillant à la formation du plus petit inléâe, elle concentre toute fes forces dans un feul point. Le orand nous accable, le petit nous échappe, & la chaîne im- AMMERDA.M, fa puifTancc fur la matière ,'' & qu'elle a répandus avec "nsYctiI!' °" tant de profufion dans les profondeurs de l'efpace 3 mais elle ne nous eil pas moins incompréhenfible, lorf- es for petit nous echapp 1 unu ces deux extrêmes , ne nous eft connue qu'imparfaitement, 'il n'ell point d'anneaux intermédiaires de cette chaîne qui ne 1 COLLECTION I -— tienne par quelques fils à l'un ou à l'autre de ces deux extrêmes : les <;„.... ...or.. plus grands corps font compofés d'éléments imperceptibles, dont la con- ^^V AMMERDAM. 1 „C' . ^ . r\ ' J'^I • i • /-, Histoire des noiffancc plus ou moms exatte repandroit plus ou moms de jour fur la Iksectes. nature de ces corps : on n'admire jamais plus les animaux appelles par- faits , ( c/eft-à-dire les animaux que l'homme a jugés plus femblables à lui ) que lorfqu'en les dccompofant dans leurs plus petites parties , l'on découvre que dans une maffe vivante tout cA organifé , tout eft vivant ; & dans ce fens le petit eft l'élément du grand , il eft par tout , il pénè- tre la nature entière , & devient un objet digne de la philofophie. D'ailleurs , qu'eft-ce que le petit , qu'eft-ce que le grand , finon des quantités relatives à l'homme qui fe fait le centre de tous les mondes , & l'unité de mefure de tous les êtres ? & pour nous borner à la claflTe des êtres animés , qu'a de plus aux yeux du philofophe un éléphant , une ba- leine, que le plus petit animalcule? l'un & l'autre eft vivant, &c c'eft le vivant qui étonne & qui confond le philofophe ; l'un & l'autre eft pourvu de toutes les parties folides & de toutes les liqueurs néceflaires à fa confervation , à fon accroiffement , & à fa reproduûion : l'un & l'au- tre a fon inlTiinft , fes inclinations , (es mœurs ; tout cela même femble plus à l'aife dans l'éléphant que dans la fourmi , dont la petitcfTe eft une mer- veille de plus. ^ Les petits animaux ont encore un avantage fur les animaux parfaits , en ce que la nature paroît agir plus à découvert dans leur formation : dans la plupart des inîéftes , nous pouvons obferver les premiers germes avant qu'ils, foient fécondés , & fuivre de l'œil tout le progrès de la fé- condation jufqu'au dernier terme du développement : c'eft une raifon de plus pour étudier les petits animaux , qui d'ailleurs ne font petits que par accident : car il eft certain qu'il y a un moment où le germe de la fourmi eft égal à celui de l'éléphant ; & fi celiù-ci croît davantage dans la fuite , cela ne vient apparenuuent que de ce qu'il eft doué d'une plus grande force expanfivc, laquelle furmonte plus facilement la prefiion de l'athmofphere qui s'oppofe au développement de toutes chofes. Ne routriflbns donc point de nous occuper de petits objets : fongeons au contraire que nous ne pouvons parvenir à la connoifiTance du grand que par celle du petit , c'eft-à-dire, à la connoiflance du compofé que par l'analyfe de fes éléments. Rien n'eft plus propre à convaincre de toutes ces vérités que VHifloire du Infectes que j'entreprends de donner : on verra dans ces atomes animés &i dans leurs diverfes fondions , une méchanique auflî profonde , plus variée & cependant plus facile à obferver que dans les plus grands ani- maux ; l'étude affidue de cette méchanique pourra même nous éclairer fur plufieurs points de l'œconomie animale j car la nature lemble avoir dif- perfé çà & là les traits de lumière qui peuvent nous aider à découvrir la vérité , & ce n'eft qu'en étudiant tous fes ouvrages que nous pouvons • réunir ces rayons épars & jeter quelque clarté fiir les objets qu'il nous importe le plus de coimoître. Cette Hifloire des Infectes que j'annonce, fera dlvifée en quatre parties: la première aura pour objet l'état de nymphe, que j'étabUs comme la ACADÉMIQUE. 3 bafe de toutes les transformations, de toutes lesmétamorphofes , ou pîutôr — — i de tous les développements fiicceflits de l'infedc. Swammerdam. La féconde partie dilTipera les nuages qu'une mauvailc philofophie Histoire d£s avoit répandus fur cette matière. h.bicïrs. La troifieme établira quatre ordres de dévelopjicments , aufqueîs fe rapporteront d'clles-m.êmcs toutes les variétés qui s'obfervent dans les prétendues transformations des infeftès ; transformations qui , je le ré- pète, ont toutes leur principe & leur orioinc dans Tétat de nymphe. La quatrieine partie préfentera des exemples particuliers de ces quatre ordres de développements , & pour être plus facilement & mieux enten- dus, nous joindrons par tout oîi il fera ncceilaire, des figures gravées aux defcriptions les plus exactes. mgAMfJ^WWJJUMUi-UaJaUdUBflJilUiyaJLJWIfWLJl CHAPITRE IL De Citât de Nymphe confidiri comme le fondement de tontes les transfor- mations des Infectes : manière dont les vers & les chenilles pajj'ent à cet état- de Nymphe. (Y) OUoique rien ne paroifTe plus merveilleux au vulgaire que la t> vers s'appellent nymphes , dit-'il , lorfqu'ils ont les premiers linéaments » de leur forme. » Aufîi Moufet , qui renferme en un chapitre particulier i'hiftoiredes chryfalides (^) & qui nie qu'elles aient aucune partie diftinfte, n'a pn difputer à la nymphe ce développement aftuel, cette conformation difîinfte des membres deTinléfte, laquelle y eflfi apparente, qu'à peine a- i-il pu mettre en doute que la nymphe ne fût en effet l'animal même qui en doit éclorre : & c'ell apparemment par cette raifcfti qu'il donne aux nymphes les furnoms dont je viens de parler, & qu'il n'en donne au- cune defcription dans le Chapitre des chryfalides. Harvey a été entraîné par l'erreur de Moufet fur la nature de la chry- falide ; il met au rang des chryfalides les nymphes mêmes des abeilles , dont il fuppofe que la transformation ie fait d'une manière très-compli- ( .2 ) Nifioin des animaux , livre cinq , chapitre dix-nouf, ,(i) T/iéstre dis infcffcs. ACADÉMIQUE. 5 qiiéc, très-fubtilc , & qui me femble très-peu conforme à la nature & à la ■— i— — vérité : car ces auteurs , ainfi qu'Arirtote , Aldrovandc & beaucoup d'autres, Swammerdam. ne croient point que la nymphe de l'abeille ait toutes les parties de riiifetSe, Histoire des & ils la regardent plutôt comme quelque choie d'analogue à l'œuf. Insectes. Mais fi la chryfalide diffère de la nymphe par quelques qualités extérieures , qui ne doivent point empêcher qu'on ne lui donne le nom de nymphe , les nymphes différent auffi entr'elles par des variétés de même genre : ainfi la nymphe de la fourmi commune , reffemble bien plus parfaitement à la fourmi , que les nymphes de la mouche & de l'abeille ne reffemblent à la mouche & à l'abeille ; & puifqu'il n'y a pas phis de différences entre une chryfalide ôi une nymphe, qu'entre une nym- phe & une autre nymphe , & que ces différences ne font qu'accidentel- les , elles ne me paroitTent d'aucune importance , malgré l'opinion d'A- riftote , & je regarde la chryfalide ou aurélie comme une vraie nymphe de couleur d'or , laquelle ne doit point , à caufe de cette couleur , confer- ver la dénomination particulière de chryfalide , d'autant plus qu'on en a détourné l'acception ; car les nymphes aufqucUes on donne le nom 'falide , auflî bien que dans la nymphe , toutes les parties de l'infeite qui en doit éclorre , favoir, le corps, les ailes, les antennes, les pieds & la trompe : la po- fitlon des panaches, n'eft pas fi claire dans la chryfalide , & il en eft de même dans l'infeûe, La peau qui revêt les membres de la chryfalide , eft beaucoup plus épaifl"© fur leur furface extérieure que fur leur farface intérieure qui touche le corps: d'ailleurs ces membres fontcontigus & comme collés enfemble, de forte que leur affcmblagene forme qu'une maffe,dont la furface eft uniforme & conti- (d) In interpreutione Nccydali. {h) Théâtre des Infeltes, liv. ii. chap. 3 5. de Aure!. {c) TItéjc. des Inf. liv. i. ch. 14. 8 COLLECTION nue ; c'cft ce qui le» rend très-difficiles à dilnngucr , à moins qu'on ne f^it Sa'ammerdam. exercé dans l'art que j'ai employé pour les y découvrir : cette difficulté , Histoire dis non-fculcment efl cauie que Moufet (a) ne nous a pas donné la vraie Insectes. figure de la chryfalide , dans l'endroit que j'ai déjà cité , mais encore elle lui a fait nier, d'après Ariftote , que la chryfalide eût aucune partie for- mée, aucun membre diftinft. La même chofe a fait illufion à Libavius, (^) car en avouant que le necydale ou la chryfalide du ver à foie a les linéaments des pieds , des ai- les 6c des antennes , il nie que ces membres y foient réellement formés & dirtinûs. Goedaert n'ayant pas mieux connu la nature de la chryfalide, s'eft efforcé d'y faire trouver quelque reflemblance avec la face humaine, & on l'y trouve en effet dans les figures qu'il en donne , mais cette ref- icmblance n'a jamais exiflé que dans ces figures &c dans fon imagination ; il n'a pas mieux réufîi dans ce même endroit , à donner la vraie repréfentatioii de la chenille dont il parle ; car cette chenille ell hériflee de piquants &c non pas de poils , & elle reffemble à-peu-près à la chenille dont il donne la figure. {Expérience XXVI.) Mais comme les membres réunis de la chryfalide, ou plutôt la peau qui les couvre fe durcit infenfiblement , & que cette peau , de molle & flexible , devient ferme comme de la corne en fe defféchant , & change en même temps fa couleur verdâtre en une vraie couleur d'or ; il arrive que ces membres deviennent toujours de plus en plus immobiles , juf- qu'à ce que la chryfalide ou plutôt le papillon qu'elle renferme , fe dépouille de cette enveloppe dure, &c en forte fous la même forme, fous laquelle il y étoit caché, fans avoir fubi d'autre changement, finon que fes membres d'abord mous , fluides & incapables de fe mouvoir à caufe de l'humidité fiirabondante , ont acquis avec le temps , de la confit, tance de la fermeté &c de la force ; ce qui arrive de même aux nymphes dont j'ai parlé plus haut. Lors donc que la chryfalide a quitté fa peau ou fon enveloppe , fes ailes fe déploient & croifTent vifiblement , les pieds & fucceffivement tous les membres s'étendent & s'arrangent dans la pofition où on les voit dans le papillon. Le développement des aîles étant fort fubit & très-difficile à faifir & à comprendre , à moins qu'on ne foit fort exercé à obferver, il n'efl pas étonnant qu'Harvey & tant d'autres, s'y foient trompés, & qu'ils aient pris ce développement extérieur pour une métamorphofe intime & totale de tous les membres de la chryfalide ; en effet , Harvey qui appelle très- improprement la chryfalide un œuf parfait , affure qu'elle prend alors une forme toute nouvelle ; mais fon opinion efl détruite par l'expérience qui fait voir évidemment que cette prétendue métamorphofe n'a rien de réel, ni à l'intérieur ni à l'extérieur : au reffe , fi Harvey n'a pas pénétré la nature de ce développement , il n'a pas été plus heureux à expliquer la transforma- tion qu'il fuppolbit ; car en niant l'accrolffement infenfible & fucceffif des (j) Th. des Inf. 1. II. ch. 35. de Aurel, {h) Ohferv. hip. Bonib. 1. i. çh. XXI. parties ACADÉMIQUE. 9 parties de l'infcûe, il lui ilibftituc une mctamorphofc imaginaire à laquelle on ne comprend rien : on verra dans le détail de nos expériences la vraie Swammcrdam^ manière dont le fait cet accroifl'cment , & les changements qui s'cxécu- Histoire dls tent dans l'œuf de l'infeftc & dans la chrylalide , ( car ce font deux êtres de Insictes. même nature ) jufqu'nu moment oii la chenille fort de l'œuf & le papillon de la chryfalide : c'eft pour quoi je ne m'y arrêterai pas davantage. Si donc on pefe attentivement les variétés par lefquclles les nymphes & les chryfalides différent entr elles & différent de leurs infcfles', & les caraâcres qui leur font communs entr'ellcs & avec leurs infcftes , il pa- roîtra évident que la nymphe & la chryfalide font toutes deux de même nature & n'ont aucune différence effentielle, pinfque l'une & l'autre con- tient également toutes les parties de l'infefte qui en doit fortir , & que cette reffcmblance de forme efl feulement plus apparente dans la nymphe que dans la chryfalide : enfin , il n'eft aucune efpece de chryfalide , quel- que nombrcufes & étranges que foient les figures qu'en donnent Gocdaert éc plufieurs autres , bien plus d'après leur imagination que d'après la na- ture , où je ne fois en état de faire voir toutes les parties de l'infcâe qui en doit fortir , auïïi dilîinûement que dans la nymphe ; & qui plus eft , je puis les faire voir de même dans le ver ou la chenille, avant qu'elle foit parvenue à l'état de chryfalide ; car fans cela on auroit pu m'objec- ter avec Harvey, que la chryfalide étant un œuf parfait, peut fc transfor- mer & acquérir des membres : il eft donc hors de doute que la chry- falide ne diffère de la nymphe, que par des variétés légères & fuperfî- cielles , comme la couleur & l'arrangement des membres. Mais, dira-t-on , fi la nymphe & la chryfalide font des infefles également formés , pourquoi les membres de l'une font-ils féparés , & ceux de l'au- tre unis enfemble ? pourquoi la peau de la nymphe eft-elle fi mince & fi flexible , tandis que celle de la chryfalide a prefque la confiflance de la coque d'un œuf de poule ? je réponds que ce font de ces variétés affez communes dans la nature & dont les caufes pour la plupart nous font cachées : il n'efl donc pas néceffaire ni peut-être pofTible de réfou- dre ces queftions ; mais fi l'on veut en chercher la folution , ce doit être uniquement dans la nature de la chofe, tous les raifonnements qui s'en éloignent n'étant propres qu'à nous égarer. Je bazarderai donc des conjeftures qui paroifTent fondées fur la nature de la chofe même. Les nymphes des fourmis, des mouches , des abeilles étant beaucoup plus petites que la chryfalide que je leur ai comparée , il s'enfuit affez naturellement qu'elles doivent avoir la peau plus délicate : d'ailleurs , les nymphes font toujours dans des lieux humides , oii leur peau ne peut guère fe durcir ; les nymphes des fourmis font cachées i'ous terre , celles des mouches dans des chairs corrompues & dans d'autres matières humides ; enfin, celles des abeilles, non-feulement fe trouvent dans des endroits humides , mais encore elles font environnées de cire Se revêtues d'une membrane déliée , comme celles des vers à foie : de plus, lorfqu'elles prennent la forme de nymphe , tous leurs membres font fort humides & fouvent elles reffemblent beaucoup plus dans cet état à la demoii'elle qu'A l'abeille même dont elles doivent prendre la figure ; il pa» Tom, F. B To COLLECTION *' I ■liiiiMiii.c— roît même étonnant que toute cette humidité puiffe s'évaporer infenfi- SwAMMERDAM. blement par la tranljîiration , avant que ces nymplies foient capables de Histoire des faire le moindre mouvement, & c'eft pourtant ce qui arrive ; car les Insectes. nymphes ne rendent aucun excrément tant qu'elles font dans l'état de nymphe, comme l'a remarqué Ariflote. (^) Au contraire , toutes les chryCafides des papillons diurnes font cxpofées au grand air & y iubiffent tous leurs changements , la plupart fans être enveloppées d'aucun tiffu : il paroît donc affez naturel que leur peau fe durciïïe par l'impreffion de l'air, de façon qu'elle puiffe conferver fa for- me lorfquc rinfeàe en fort : & ce qui confirme mon opinion , c'eft que la peau de la nymphe du fcarabée nommé monoceros , qui fe trouve auffi dans la terre , a moins d'épaiffeiir que celle d'une chryfalide commune. Je ne prétends pas décider cependant que ce foit là la caufe unique &C totale de la dureté de l'enveloppe de's chryfahdes , & de la molleffe de celle des nymphes ; je crois feulement que c'eft ime des caufes qui pro- duifent cet effet ; mais il ne me paroît pas vraifemblable que des chofes qui s'exécutent tous les ans d'une manière fi conftante & fi uniforme , dépendent de circonftances auffi fortuites que celle de la température du lieu où ces infeftes fe trouvent : d'ailleurs , s'il n'y avoit point d'autres caufes de cette différence , il femble que la peau des chryfalides étant plus épaiffe fur la furface extérieure des membres , que fur le côté oppofë , elle devroit réfifter à la féchereffe de l'air plus aifément que celles des nymphes qui eft également épaiffe par tout : enfin , les différentes tem- pératures des lieux oii fe trouvent les chryfalides & les nymphes fem- blent leur être refpeflivement néceffaires ; car les nymphes des abeilles expofées au grand air , fe durciffent & meurent , & de même l'humidité fuffoque les chryfalides : il paroît donc que ces différences ont quelque caufe plus intime & plus conftante ; mais il n'en eft pas moins prouvé par tout ce qui vient d'être dit , que la chryiàlide ne diffère de la nym- phe , sue par les circonftances extérieures de la confiftance de fon en- veloppe , & de la contignité de fes membres : différences que nous exa- minerons plus en détail dans nos traités particuliers. Manière dont Us vers & les chenilles pajfent à fêtât de Nymphe. Après avoir établi que l'état de nymphe eft le fondement de toutes les transformations des infeftes , & que tous les vers & toutes les chenilles paffent par cet état , à l'exception feulement des infeftes qui reftent dans l'œuf jufqu'à ce qu'ils aient acquis toute la perfeftion de leur forme , ou de ceux qui cachant la forme de nymphe fous celle de l'oeuf , en fortent de même parfaitement formés ; il eft à propos avant de paffer à notre féconde partie , d'expofer la manière dont s'opère cette elpece de tranf- formation. Mais comm£ il règne entre les înfeftes qui doivent parvenir à l'état de nymphe , une variété infinie & très-difficile à décrire , nous les diftingue- (<:) Hi^. des 'a.ilm, liv. J. diap. XIX. ACADÉMIQUE. 1 1 rons par un carafterc principal , qui conlifte en ce que les uns n'ont point de pieds, les autres en ont lix , & les autres un plus grand nombre. Dans Swammerdam; cette troifieme claffe , c'e(l-à-dire , dans celle des infeâes qui ont plus de Histoire des fix pieds , il le trouve aulfi des différences très-conlldérables par rapport Insectes. au nombre des pieds ; mais dans tous les vers qui ont des pieds, il faut ; remarquer principalement les fix pieds antérieurs , & dans les vers fans pieds Ic'corcelet , c'ell-à-dire , la partie antérieure du corps que nous nom- mons thorax dans les autres animaux. La raifon qui nous porte à choifir ce carailere pour la diftinftion des infeftes , c'eft que dans les vers fans pieds le corcelet ou thorax ne fubit jamais aucun changement ni aucun déplacement ; & que les vers & les chenilles qui ont plus ou moins de pieds , confervent auflî toujours leurs fix pieds antérieurs fans qu'ils fe déplacent fenfiblement , quoique Goe- daert fe foit efforcé d'établir le contraire : les pieds ne cliarigeiit point du tout de place dans la plupart des vers , pour ne pas dire dans tous ; & même parmi les vers à fix pieds il y en a beaucoup dont les pieds chan- gent fi peu , lorfque le ver devient nymphe , qu'on n'y apperçoit aucune différence , malgré les métamorphofes qu'ont fuppoiées fi gratuitement les naturahftcs. Si nous voulons fuivre attentivement ces principes , il nous fera facile de concevoir comment s'opèrent les transformations moins connues des infeftes qui n'ont point de pieds : mais fans vouloir conclure ou dé- montrer rien par voie d'induftion , nous pouvons avancer , en fuivant fimplement le fil de nos expériences , que les pieds , les ailes , les anten- nes , enfin tous les membres , qui après la transformation des vers fans pieds , paroiffent autour du thorax ou corcelet de la nymphe , ne font point produits fubitement à l'inftant de cette transformation ; mais qu'ils font cachés fous la peau du ver où ils prennent leur accroiiTcment par degrés avec le ver même , de forte que lorfque la peau s'ouvre fur la tête ou fur le dos du ver , tous fes membres fe manifellent , & l'infefte quit- tant fa dépouille paroît fous la forme de nymphe : ainfi l'on peut à vo- lonté changer un ver ou une chenille en nymphe ou chryfalide en le dé- pouillant de fa preau , comme j'en ai fait l'épreuve en prélénce de M"'. Thérenot , à qui j'ai fait voir toutes les parties de l'abeille aftuellement contenues dans le ver de l'abeille , &: toutes les parties du papillon aftuel- lement formées dans la chenille. La manière dont ces changements s'opèrent dans les vers qui ont des pieds , ell fi vifible , qu'elle n'a pas beloin d'explication ; & pour faire entendre en deux mots comment les mêmes changements s'exécutent dans les vers apodes ou fans pieds , il fuffit de dire que leur nymphe ou chryfa- lide n'eft autre chofe que ce ver même , dont le corps Si. les membres :' fe font accrus fous la peau qui les cou^-roit , & qui a)-ant enfin quitté cette peau , paroît avec toutes fes parties : changement qu'on a très-im- proprement nommé transformation , métamorphofe , mort & réfurrcc- tion , puifqu'il n'a rien de plus merveilleux que ce qui arrive journelle- ment aux herbes les plus viles & les plus communes , lesquelles croiffant & fe développant par degrés infenfiëlcs , forment enfin un follécule > uo îi COLLECTION ; ■■ ■— ' bouton ," un bourgeon , un calice , un œilleton , d'où fort enfuite la • SwAMMERDAM. flCUr. Histoire des Et fi l'on veut étendre cette comparaifon jufqu'aux animaux qui ont du IhsixTEs. fang , on trouvera que le développement de leurs membres le fiiit encore précilément de la même manière. La grenoudle liir-tout a des rapports frappants avec les infeftes, car elle paUe réellement par l'état de nym- phe, état dans lequel on la nomme têtard: c'eft ce que nous ferons voir clairement lorfquc nous comparerons eniénible , le têtard, la nymphe du ver & le follécule ou bouton de la fleur": ainfi les mêmes transformations fe retrouvent dans les animaux & dans les végétaux , & ces productions fi variées de la nature , f?nt foumifes à des loix très - générales , très- fimples & très-uniformes. Le développement du ver hexapode ou à fix pieds étant beaucoup plus aifé à comprendre que cekii du ver apode ou ians pieds , puifque le pre- mier n'acquiert que des ailes , ou plutôt que le maniement de les ailes , &c qu'on voit pouffer & croître tous les autres membres , comme on voit la fleur végéter, & les membres de la grenouille fe développer ; il eft étonnant qu'un fait û vifible ait échappé fi long-temps aux naturalilles , & qu'ils aient chargé cette matière de fables fouvent préférées par eux aux vérités acquifes par leurs propres expériences. CHAPITRE III. Erreurs anciennes & nouvelles fur la nature de la Nymphe, E crois avoir évidemment prouvé que la nymphe ou chryfalide n'eft autre chofe que l'infeûe qui en doit éclorre , qu'elle eft elle - même cachée pendant un temps fous la peau du ver , comme la fleur l'eft dans le bouton , & que les membres de cette nymphe croiffani peu à peu fous cette peau du ver la forcent enfin de s'ouvrir , & fe débarraffant de cette enveloppe étrangère , paroiffenï au dehors fous une forme nouvelle. Ce qui fe paffe lorfque l'infeûe prend ainfi la forme de nymphe , fixe la vé- ritable notion de l'état de nymphe , & des autres transformations des in- feftes , qui toutes font analogues à celle - ci : je ne m'arrêterai donc pas à relever & à réfuter toutes les opinions contraires , cela feroit infini , & je penfe que la fimple expofition d'une vérité eft la manière la plus sûre de combattre toutes les erreurs contraires à cette vérité. Cependant comme Moufet non-feulement appuie fes opinions de (a propres expériences , & de celles de Wotton , de Gefner & de Pennius , mais encore qu'il les tire de plus de quatre cents auteurs , au nombre def- quels eft Aldrovande , & fur-tout Ariftote dont il eft le difciple fidèle, je remarquerai qu'il s'eft trompé au fujet des transformations du ver à foie qu'il donne pour exemple des autres , en difant ( «^ ) « que la tête du pa-, (j) Théâtre des Infeltes , liv. II< cb. I,* ACADÉMIQUE. «î « pîllon fe forme de la queue du ver , & que la qiiciie du pàpilton fe • — » terme de la tête du ver, ce qui arrive de même, ajoute-t-il, dans tou- Swammerdam. »> tes les autres chenilles qui le changent en ehryfaUdes. » Il avance auffi Histoire db« très-mal à propos que (a) «la chryfalide n'a ni bouche ni aucun autre Insectes. w membre diftinft : » car tout cela ell: démontré faux par les obferva- tions dont nous avons ci-deffus donné les réfultats : & cet auteur s'étant laiffé prévenir de cette erreur que d'autres Anglois ont relevée , (i) ne dit mot de la manière dont s'exécutent en effet ces changements, quoi- qu'il décide contre le fentimcnt d'Ariltote que la chryl'alide n'eil point un «euf, parce, dit-il, «que l'œuf eft un produit fans mouvement &: fans » vie, d'un animal vivant; au lieu que la chryfalide e(î , non le produit i> d'aucun animal , mais un être dans lequel s 'ell transformé un autre » être.» Au relie, quoique Moufet foutienne que la chryfalide n'efl pas im œuf, il n'ofe cependant pas lui donner le nom d'animal ; il aime mieux en faire un être moyen entre l'œuf & l'animal , être qu'il ne peut définir , & dont il n'entreprend pas même d'expliquer la nature. Mais laiffons dans leur erreur ceux qui prétendent découvrir les véri- tés de la nature dans les écrits des anciens , tandis que la nature elle- même renouvelle chaque année le fpeftacle de fes produclions , & que nous pouvons nous procurer à notre gré ce beau fpeflacle , même au mi- lieu des faifons les plus rigoureufes , en hâtant le cours des développements naturels , par le moyen d'une chaleur artificielle. Voyons plutôt dans un ou deux exemples comment les auteurs qui ont le plus approfondi cette matière de la génération des animaux , & en particuUer de la génération des infe£les , l'ont obfciurcie & défigurée par les fables groffieres qu'ils y ont mêlées. L'opinion d'Harvey fur-tout eft abfolument contraire à l'expérience ; car il foutient avec Arillote que la chryfalide ell un œuf parfait d'où l'in- fefte doit naître par une transformation réelle , ( c ) & il appelle les che- nilles « des œufs imparfaits , des femences d'infeftes qui cherchent leur » nourriture , & qui s'étant accrus , parviennent à l'état de chryfalide on » d'œuf parfait ou de femence. » Ainfi il femble non-feulement fuivre le fentiment d'Ariftote , en nommant la chryfalide un œuf parfait qui n'efl ni chenille ni papillon , mais il paroît encore adhérer à l'erreur de Mou- fet , en faifant de la chryfalide un être moyen entre la chenille &i le pa- pillon : il paroît par fes propres paroles qu'il n'a point connu les infec- tes qui fortent parfaits de leur œuf, & qui ne paÎTcnt point par l'état de ver ni par celui de nymphe , ou du moins il femble croire que leur tranf- formation fe fait dans l'œuf, comme il conçoit que fe fait la génération du poulet dans l'œuf de poiile , ou celle des vers dans les œufs des in- {a) Th. des Inf. liv. tl. ch, 36. ( * ) Dans un livre intitulé : Catalogue des plantes qui crotffent aux environs de Can^ bridge. {c) Lib. De Gêner, anim, excrc. XI, î4 COLLECTION I t"^— leûcs ; ( que (e) dans la génération qui fe fait par voie de métamorphofe les for- • » mes fe moulent comme par l'imprefllon d'un cachet , la matière fe tranC- » formant totalement : » & non-feulement il s'éloigne ici de la vraie na- ture de ces développements , mais il ne peut même expliquer la me»- tamorphofe imaginaire qu'il leur fubftitue. Le fyftême d'Harvey , quoique fort éloigné de la vérité , efl ingénieux, & peut faire voir combien les meilleurs efprits s'égarent lorfqu'lls aban- donnent l'expérience pour fe livrer à des conjeâures. Harvey (/) dlftlngue deux fortes de générations , l'une fonuite & fpon- tanée , qu'il nomme métamorphofe , dans laquelle la matière préexlftante fe transforme totalement & produit l'animal par la co4tion , l'arrange- ment & le mouvement fortuit de fes parties : la matière a la principale part à cette génération , dont la caufe efficiente eft la vertu végétative : telle eft; félon notre auteur, la génération des infedes , dont chaque tranf- formatlon lui paroît une nouvelle génération , une métamorphole réelle : & ces animaitx produits par une génération fortuite , ne conftituent pas des efpeces aufTi confiantes que les animaux plus parfaits, c'eft-à-dire, ceux qui ont du fang , lefquels fe perpétuent par une génération unlvo- que , & forment une chaîne d'individus de même efpece : cette féconde génération efl, félon Harvey, la génération proprement dite, dans la- quelle la matière paroît être produite en même temps que la forme , & où l'agent extérieur eft la caufe principale ; dans cette génération l 'animal n'eft pas formé tout d'un coup comme dans la métamorphofe ou géné- ration fpontanée , mais fes membres font produits fucceflivemenî ; îa (a) Lib. de Gêner, anim. exerc. LVII. (i) Lib. Je Gêner, anim. exerc. XVIII. (c) Exerc. LXXII. de Hum. pnmig. {- ment ; (c) on voit clairement dans la figure qu'il en donne que cette arai- gnée eftune vraie nymphe lorfqu'elle n'a plus qu'une peau à quitter, carfes jambes s'alongent confidérablement dans cette dernière mue : Lifter a aufti obfervé que les araignées ne font quelquefois en état d'engendrer que dans la féconde année de leur vie ; d'où il réfulte qu'elles croifl'ent pendant tout ce temps avant de quitter leur dernière dépouille & la for- me de nymphe ; car jufques-là elles ne font point propres à la généra- tion , & lorfqu'elles y font propres , elles ne font plus fujettes à la mue. Jacob Hoefnagel peintre de l'Empereur Rodolphe , m'a laiffé en mou- rant les figures de trente-cinq araignées & d'environ trois cents efpeccs d'infeftes qu'il avoit deflinées d'après nature : ces figures ne font point inférieures à celles qu'a donné Goedaert ; je les ai iait graver & les ai mifes au jour en faveur des naturaUftes. Vencerîaus Hollaar nous a aufli donné des figures très-exaftes des infec- tes confervés dans le cabinet du Comte d'Arondel : il feroit à fouhaiter que d'autres bons artiftes de ce genre fiffent le même ufage de leurs ta- lents ; ils contribueroient à l'avancement de cette partie de l'hlftoire na- turelle , qui ne doit point être regardée comme une des moindres , puil- qu'elle conduit à la connoiffance du naturel , des mœurs & des aftions d'un nombre infini d'animaux. Avant de quitter les araignées , il eft bon de dire comment celles qui font de la toile , peuvent pafTer d'un arbre à un autre , lors même que ces arbres font féparés par un courant d'eau : le fil de l'araignée n'efi pas fimple, il eft compofé de deux, &c quelquefois de dix & douze fils, il eft aifé de s'en afliirer , foit en jettant une araignée d'un endroit un peu haut, & regardant dans ce moment ce que devient fon fil, foit en la coupant en travers &C par le milieu du corps & fuivant ce fil jus- qu'à fon origine : l'araignée après être defcendue le long de ce fil double, remonte aifément à fon fommet par le moyen des fils ftmples qui le cona^ (j) Ds geair. anim,. (J>) Aranea lupus. %c\ In. txpa-inunto undeguinquagejimo loitù altiriuti. ACADÉMIQUE. jr pofent , ou paffc d'un arbre à un nuire par le moyen de ces mêmes fils ai ■iniiii laa— de communication , qui flottant en l'air, s'accrochent aux points d'appui Sv/ammerdam qu'ils rencontrent. ^ Histoire de» * Mais Lifter prétend que l'araignée lance fcs fils au loin comme le porc- Insectej. épi pouffe fes piquants , avec cette feule diftcrcncc que les piquants dar- dés par le porc-épi fe détachcru, dit-il, de ion corps, au lieu que les fils de l'araignée, quelques longs qu'ils folent, font adhérents par une de leurs extrémités à l'anus de l'mfefte comme à im centre commun : il dit auflî que les araignées adultes s'abandonnent dans l'air & s'élèvent jufqu'aux nues par la longueur de leur fil : quant à la première de ces deux idées, elle ne me parolt p;is affez clairement expliquée, car je ne vois pas com- ment un fil fi mince & û folble pourroit être lancé au loin fans que la réfiftance de l'air le forçât de fe replier & de former des contours qui envelopperoient l'araignée ; d'ailleurs, toute la matière de ces fils n'eft pas contenue dans une feule cavité, & enfin, l'efpece d'éjaculation que fiip- pofe Lifter , exigeroit des mufcles forts & robuftes , au lieu que cette partie de l'araignée en eft entièrement deftituée: mais c'eft à l'expérience à confirmer ou à détruire ces fortes de conjeûiires. L'autre idée de Lifter fe conçoit plus alfément , Se j'ai vu fouvent de mes propres yeux comment de petites araignées fiifpendues à leur fil , pouvoient s'élever de la même manière que ces cerfs volants que les en- fants lancent en l'air au moyen du fil auquel ils font attachés : fi donc Lifter entend que l'araignée abandonne fon fil au vent & s'élève en alon- geant continuellement ce fil , je n'ai point d'objeûlon à lui faire ; mais pour moi je penfe que le fil de l'araignée s'alonge en defcendant par fon propre poids , & qu'il fort ainfi du corps de l'animal comme le fil du ver à foie s'échappe des réfervoirs de la matière foyeufe , fans être lancé: cependant je ne vois pas de difîlculté à comprendre comment l'araignée étant en repos , peut pouffer hors de fon ventre des fils que le vent porte enfulte d'un arbre à un autre. Quant à la tarentule, dont lapiquure fe guérit, dit-on, par le moyen de la mufique, un homme très-curieux qui avoit voyagé en Italie, m'af- fura il y a quelque temps que ce fait paffolt pour fabuleux , même dans la Poulllc , & qu'il n'y avoit que des gens de la lie du peuple , des va- gabonds qui fe difant piqués de cet infefte , parolffolent guérir par la danfe & la mufique, & gagnoient leur vie par cette charlatanerie : c'eft ainfi qu'en Hollande nous voyons la poptdace fe perfiiader que ces mendiants qu'on nomme Bohémiens , ont l'efprlt de prophétie. Je n'en dirai pas davantage fur les araignées : Lifter a donné la lifte de celles d'Angleterre, & les a divifées en différentes efpeces. ( a) toire de cet infefte, (a) Voyer. cette diflributioti méthodique des araignées par Lifter , c. i. de la Colkc. lion AcaJ. Partie étrangère , pp. 331. Ce 331. 32 COLLECTION — '^"'"— — II. Je rapporte aufll le ciron à ce premier ordre de transformation, car SwAMMERDAM. Cet infefte fort de fon œuf parfaitement forme, & il prend enfiiite par de- HisTOjRE DES grés fon entier accroiffement. Insectes. m. Lg po^,. Cet infeéle fort très-promptement de fon œuf ou lente, ou plutôt cet œuf eftle pou même, qui pour fortir de fon enveloppe, n'at- tend que l'évaporation de l'humidité furabondante : cela explique pour- quoi les poux Ce multiplient fi rapidement, & c'eft ce qui a donné lieu à certains proverbes qui exagèrent leur fécondité ; en effet, ils ne peuvent éclorrc , que lorfqu'ils fe trouvent dans un endroit chaud & un peu hu- mide , d'où il arrive fouvent que des lentes qui ont été dépofées la nuit dans les cheveux , périffent le jour par le froid de l'air, & qu'elles paroif- fent dans les cheveux pendant plufieurs mois, jufqu'à ce qu'enfin elles per- dent entièrement leur forme. Quoique j'aie de bonnes raifons pour croire que les poux des autres animaux qui ont du fang , ceux des infeftes & ceux qui s'attachent anx plantcs & qui errent dans la campagne , peuvent fe rapporter à ce même ordre, je ne l'affirme point, n'en étant pas affuré par l'obfervation : au refle, je ferai voir en traitant des infeftes du quatrième ordre, qu'il fe trouve des poux d'arbres qui appartiennent au fécond ordre , & je les décrirai fous le nom d'animalcules qui fe trouvent dans les tubercules du peuplier noir. IV. La tique d'Aldrovande, (/>) cependant je ne puis affurer pofitive- ment qu'elle appartienne au premier ordre : j'en conferve une dans morv cabinet. V. La punaife domeftique. VI. Le morpion : je n'ai cependant point de preuve évidente qu'il ap- partienne à ce premier ordre. Je conferve un pou de baleine, il eft long d'un pouce & large d'un demi-pouce : cet animal efl cruftacée & d'une figure fort finguliere. Vil. La puce qui, comme le pou , vient d'une lente dans laquelle elle fubit tous fes changements , tant pour la forme que pour la couleur , comme on le peut voir aifément à l'aide du microfcope. On m'a cepen- dant affuré que Lewenhock avoit obfervé à Delft , que la puce lortoit de fon œuf fur la fin de l'été à la manière des vers , & qu'elle fe ren- fermoit dans une coque où elle reftoit cachée jufqu'au mois de mars fui- vant : je ne puis décider ce qui en eft , ni fi la puce prend dans cette coque la forme de chr3rfalide ou de nymphe ; fi cela étoit , elle appar- tiendroit au troifieme ordre de nos inleâes , & non pas au premier ; je m'affurcrai de ce fait par des obfervations exaûes lorfque j'en trouverai l'occafion. VIII. La puce aquatique arborefcente : (i») cet infe£le fe trouve dan?; les citernes oii fe conferve l'eau de pluie : Goedaert l'a décrit (c) fous le (lî) Rkinus Aldrovaniî. {h") PuUx arborefcens aqnatlcus^. (c) Tome trois , lettre X. nom académique: 3î 'nom de pou aquatique : cependant il diffère beaucoup du pou J tant TT. B£» par fa nature que par fa conformation, qui font Tune &i l'autre fort fin- Swammerdam.; julicrcs ; ainfi jo le décrirai immédiatement après le pou. Histoire IX. Les cloportes ; il s'en trouve de toutes fortes de grandeurs ; & I^'ï^ctes, j'ai encore d'autres raifons pour les rapporter à ce premier ordre : j'ai des cloportes de trois efpeces ; la première eft commune & terreftre : la fcconde qui eft fort grande , a les yeux noirs & faillants , la tête dif- tinfte & le corcelet fait en capuchon : enfin , ce qui caraftérife le clo- porte de la troifieme cfpece , c'efl: que loriqu'on le touche, il fe contraûe & prend la forme d'une boule , forme qu'il conferve quelque temps. J'ai auffi quelques dépouilles de cloportes qui font très-blanches &c qui repréfentent parfaitement ces infeftes : elles produifent une grande effer- vcfccnce lorfqu'on les mêle avec quelques acides ; d'où je préfume qu'el- les contiennent beaucoup de fel , & qu'elles peuvent être utiles contre l'hydropifie , & contre la pierre & la gravelle qui fe forment dans les reins. Je conferve outre cela quelques efpeces de cloportes de mer ; nous les nommons cloportes de mer , parce qu'ils fe trouvent dans l'eau falée : «le ce nombre eft le grand cloporte marin qui a deux pouces trois lignes de long, Se un pouce trois lignes de large : il eft compolé de huit anneaux qui font d'une fubftance ferme & offeufc : j'en ai un autre plus petit de cette même efpece , &C je l'ai trouvé près de Petten , dans la mer qui eft au Nord de la Hollande : M"". Padbrugge m'en a envoyé une au- tre efpece de l'ifle de Ternate, fous le nom de pou marin : celui-ci a près d'un pouce & demi de long, il eft aufti compolé de huit anneaux lin peu colorés , & il eft bordé tout autour comme les ourfins de mer , d'aiguillons fort petits : cette efpece de cloportes n'a point de pieds. J'ai d'autres efpeces de cloportes de mer plus rares , parmi lefquels il y en a quatre qui font femblables aux fquîlles pour la figure. Le premier & le plus grand eft long d'un pouce ; il a le corps étroit & fept pieds de chaque côté , comme les cloportes terreftres , fes cornes font plus gran- des & font un angle de convergence très-aigu : le dernier anneau du forps eft beaucoup plus long que les autres , & il fe termine en forme de trident : le fécond & le troifieme cloportes font beaucoup plus petits,mais affez femblables au premier pour la forme : le quatrième diffère des trois précédents , en ce cfii'il a les pieds antérieurs plus longs que tout le corps, &C qu'ils font divifés en quatre articulations diftinflcs ; mais l'infedle même eft plus petit que ceux des trois efpeces précédentes, car lorfque fes bras font étendus , il n'excède pas la longueur d'un demi-pouce. Je conferve un autre cloporte de mer qui m'a été envoyé d'Iflande , il «ft long d'un pouce & large d'un demi-pouce ; il a quatorze articula- lions ou anneaux en comptant la tête & la queue ; les antennes font ai- guës & courtes ; les yeux d'un brun rougeâtre ; les fix pieds antérieurs armés de crochets aigus : fur l'un & l'autre côté de la queue font deux nageoires plattes : Olaus Borrichius a obfervé que le corps de ce cloporte eft rempli par un feul os, affez reffemblant à la graine de palmier, & ^'une fubftance çaxtilagincuiç çii analogue ù la corne, J'en conferve auffii Tom. K ' £. 34 COLLECTION «MiiiiiiMiiiMM quelques-uns de cette forte, mais plus petits, que j'ai trouvé dans la rl- SwAMMERDAM. Vicrc d'Yc qui pafle à Amfterdam & dont les eaux font lalées. Je puis Histoire des faîre voir encore un autre cloporte de mer fort rare que j'ai pris auprès Insectes. de Petten : il a tout au plus un demi pouce de long, & il ell t'ait en forme de poire, fa queue eft longue & revêtue de plufieurs nageoires. Enfin, j'ai quelques griottes (a) qui fe rapportent au genre des clopor- tes : i'ai trouvé la plus petite de toutes fur le rivage de la mer qui efl ' au Nord de la Hollande , celle-ci court obliquement & nage quelquefois de même ; quelquefois aufll elle faute & s'élance en haut comme une puce lorfqu'elle eft fur le rivage. Parmi les griottes que j'ai prifes dans l'eau douce & dans les rivières de Hollande, il y en a une qu'on nomme Snel, qui court obliquement avec beaucoup de vivacité ; fi l'on en croit les pêcheur^,, elle fe glifle dans les ouies des perches & tue ainfi ce poiffon ; c'efl un fait que je n'ai pas encore vérifié , je fais feulement que ce petit animal eft muni d'armes qui rendent la chofe croyable , & que lorfqu'on le tient dans la main, il y caufe une demangeaifon extraordinaire ; d'ailleurs, les ouies des perches, & même celles de tous les poifTons, étant fort délicates, il femble difficile que cette partie puifîé être blefîée fans que la perche meure : car tout le fang des poiffons eft pouffé par une circulation continuelle dans les ouies qui le rafraîchiffent comme font les poumons dans les au- tres animaux : cette griotte nommée Snel, fe trouve & dans l'eau douce & dans l'eau falée. X. Les vers de terre : (b) ils fortent de leurs œufs tout formés , & n'ayant plus aucun changement à fubir : auffi deviennent-ils plutôt ca- pables d'engendrer & leurs femelles ont-elles des œufs trèî-apparents : j'ai obfervé que ce genre peut auffi fe divifér en plufieurs efpeces. Dans la plupart des autres efpeces de vers & de chenilles , on diftîn- gue aifément le mâle de la femelle à diverfes marques , fur-tout par le moyen des petits œufs que l'on trouve dans le corps de quelques indi- vidus , & qui indiquent que ces individus font des femelles , quoique ces infeftes ne s'accouplent jamais tant qu'ils confervent la forme de vers : il me femble donc que Goedaert avance un étrange paradoxe , lorf- qu'ayant appelle mâle un certain vermifTeau , (c) il le nomme femelle après fa transformation ; {d) car c'eft comme fi l'on difoit qu'un enfant eft né mâle & qu'il s'eft trouvé femelle lorfqu'il eft parvenu à l'âge de puberté : mais j'en parlerai dans la fuite , & je déclare une fois pour tou- tes , que fi je relevé les erreurs des autres , je defire qu'on agifTe de même avec moi , afin de détruire autant qu'il eft pofTible toute erreur ; au reûe , je fuis perfuadé cjue l'examen le plus févere , confirmera les ob- fervatlons que je donne ici , & que même î'exaftitude de ces obfervations (a) Scrophulx : on les appelle auffi agrouMes, {h) Inteflim terra. (c) Première partie , ExpirUnçe LXXIV. (J) Expirienc! LXXV. ACADÉMIQUE. ^ 3^ ne fera bien Connue que de ceux qui les répétèrent, & qui comme moi , a— — — puiferont clans le fein de la nature la fcicnce dont je traite : fcience vaftc, <■ „„.... protonde, dont j avoue que je connois a peine les éléments, oc qui ne Histoire des s'apprend qu'en voyant les chofes mêmes , & non en lifant ou en écou- Insectesi tant leurs defcriptions. XI. Le fcorpion : cet infe£Ie fe multiplie comme le pou & fort d'un œuf, ainfi qu'on le verra dans l'hiftoire particulière que j'en donnerai à la fuite de celle de la puce aquatique arboreicente. XII. La fang-fue ; je segarde cet infefte comme appartenant à ce premier ordre, quoique je n'en aie encore d'autre preuve, finon qu'on trouve des fang-fucs de toutes grandeurs : c'eft une chofe remarquable que la force avec laquelle une fang-fue renfermée dans un vafe de verre plein d'eau , s'attache aux parois intérieures de ce vafe : je conçois que cela arrive ainfi ; la fang-liie s'applique fortement à la furface interne du va- fe ; elle fouleve enluite le milieu de Ion corps , repouffe ainfi l'eau qui réagit contre la furface fupérieure du corps , & produit cette forte adhé- rence de quelques endroits de la furface inférieure aux parois du vafe : la même chofe arrive à l'égard d'une pièce circulaire de cuir appliquée fur une pierre polie : fi on fouleve le centre de cette pièce à l'aide d'un fil qu'on y aura attaché , l'adhéfion de la circonférence n'en devient que plus forte. XIII. La fcolopendre : je la rapporte à cet ordre , parce que j'en ai trouvé de toutes grandeurs, & parce que je n'ai jamais pu découvrir qu'elles priffent une nouvelle forme : j'en conferve une de la plus grande efpece , elle a prefque un empan de long & vient des Indes orientales : j'ai aufîi quelques autres efpeces de fcolopendres , comme la libique de Moufet 6c l'aquatique , & enfin quelques Jules qui doivent être mis au nombre des fcolopendres. XIV. Le limas : cet infefte fort de fon œuf avec la forme qw'il doit con- ferver : j'ai une efpece de limace dans laqueUe on trouve, après lui avoir coupé la tête , une pierre qu'on nomme pierre de limace, & qu'on vante comme un diurétique qui a la vertu d'expulfer le gravier de la veflie : le cœur qui efl fort blanc , aufli bien que les vaifleaux qy'il produit & lés oreillettes membraneules , efl fitué fous cette pierre , on la trouve après qu'on a coupé la tête de la limace , & il me paroît qu'elle fait office de fternum : ce qu'il y a déplus remarquable dans les limas, c'eft qu'ils refpirent & rendent leurs ex- créments par le cou , laquelle partie contient aulîi tous les organes de la génération , qu'enfin chaque limas cû tout à la fois mâle & femelle , & qu'ils ont une verge fort longue , faite comme le priape de la baleine : les auteurs Anglois du Catalogue des plantes qui croiffent aux environs de Cambridge , avoicnt déjà fait cette obfervation, que les limas font her- maphrodites. Je conferve des dents de limas qui font flexibles & d'une fubftance ana- logue à la corne : j'ai auffi un cœur de limas avec fes oreillettes , foiifflé & embaumé. Tous les infcftes dont j'ai fait mention jufqu'ici, ne paffent point par l'état de nymphe immobile , ils font parfaitement formés en fortant de E 2 36 COLLECTION l'œuf, & leurs membres prennent feulement à la longue de l'accroifle- SwAMMERDAM- ment & de la force, ainfi ils ne différent nullement à cet égard des au- HisToiRE DES très animaux, qui félon Harvey, naiffent d'un œuf parfait, quoique cc- I>'S£CT£5. pendant ils doivent avant de parvenir à leur entier accroiffement , chan- ger plufieurs fois de peau & que quelques-uns fubiffent même certains chan- gements de forme dans leur dernière mue , ce qui me porte à les défigner dans cet état par le nom de nymphe-animal : ajoutez qu'il y en a même quel- ques-uns dont les œufs éclofent dans le corps de la mère , comme les fcor- pions & certains limas , & qui font par conféquent vivipares , de même que les hommes & les quadrupèdes. EXEMPLE DU PREMIER ORDRE. Des transformations ou développements naturels dans le pou , avec tindica- tion des chofes qui font communes aux quatre ordres. POur expliquer par un exemple comment s'opèrent les changements de forme , ou plutôt le développement fucceffif des infeftes de ce premier ordre, j'ajouterai à ce que j'en ai dit en général l'hiftoire dé- taillée du pou , & la defcription exafte de toutes fes parties , tant exté- rieures qu'intérieures : cet exemple & ceux que je donnerai dans leur lieu pour les trois autres ordres , mettront le leûeur en état de recon- noître & d'expliquer les développements de tous les autres infeftes , & de les rapporter chacim aux ordres refpeftifs aufquels ils appartiennent : mais outre ces carafteres généraux , il y a dans ces développements des variétés particulières qui diftinguent chaque infefte de tous les infeftes du même ordre , comme on le verra par les figures des inlcftes dont je donnerai des hiftoires particulières après les exemples principaux de cha- cun des quatre ordres que j'établis , & comme il paroît fur-tout dans mes expériences particulières relatives au quatrième ordre , fur la nym- phe vermiforme du taon , & fur les nymphes oviformes des mouches , entre lefquelles 11 fe trouve d'affez grandes différences , quoique toutes ces nym- phes appartiennent à un léul & même ordre , & qu'elles fubiffont les mê- mes changements : ces variétés font très-remarquables dans les chryfall- des de chenilles dont Goedaert a donné les figures ; car quoiqu'elles appartiennent toutes au fécond genre du troifieme ordre , cependant cha- que chryfalide diffère fenfiblement de toute autre, mais aucune de ces différences n'efl , comme on dit , cffentielle , puifqu'elles font feulement extérieures. Le pou fervlra donc d'exemple pour le premier ordre. L'infefte nom- rné demoifelle fera l'exemple du fécond ordre : je choifirai la fourmi pour le premier genre du troifieme ordre ; le papillon nofturne pour le fécond genre de ce même troifieme ordre ; & la mouche pour le qua- trième ordre ; & afin de répandre un plus grand jour fur toutes ces tranf- formations , je finirai par décrire l'accroiflement des membres de la gre- ACADÉMIQUE; 37 «ouille, & l'accrolflcment des diffcrentes parties de la fleur, &je com- — i»— — » parerai ce développement à celui des infeftes. Swammerdam Quoique les exemples & les comparaifons qui viennent d'être indiquées Histoire des foient plus que fufiifants pour caraftérifer les quatre ordres dans lefquels If-'^iCTEs, nous comprenons tous les infeftes, & pour taire connoître leurs rap- ports & leurs différences, j'ajouterai encore à chacun de ces exem- ples quelques traités particuliers qui fe prêteront mutuellement une nou- velle lumière , & qui ferviront à établir plus folidement ma méthode : ainfi dans le premier ordre on trouvera Thilloire détaillée & la defcrip- cion exafte de l'efcargot ; je donnerai celle de la mouche éphémère dans le fécond ordre : au premier genre du troifieme ordre , je joindrai Fhif- toire & l'anatomie des abeilles, du karabée monocéros, & du coufin ; celle du papillon diurne fera dans ce même troifieme ordre pour le fecond genre ; & enfin dans le quatrième ordre on verra les change- ments que iubit le taon, avec l'hiftoire de quelques autres infeftes. (a) Pour bien voir la nature & la rendre auffi cxaftement qu'il eu poflî- ble , j'ai eu foin d'obferver les animalcules blancs fur un fond noir au contraire j'ai mis ceux qui étoient colorés fur le fond le plus propre à faire fortir toutes leurs parties : on voit combien cette précaution eft nécefliiire par la méprife de Goedacrt fur une chenille dont je donne I2 figure , & qu'il a aulfi repréfentée , mais qu'il dépeint toute rafe , quoi- qu'elle foit hériffée de poils ; erreur qui vient fans doute de ce que ces poils , qui font blancs , ont échappé à fa vue , faute d'avoir mis la che- nille fur un fond convenable pour la deffiner. Enfin, dans le choix des infedes qui repréfentent les quatre ordres de ma méthode , j'ai préféré ceux dont les figures étoient tellement connues qu'elles n'avoient pas befoin d'être enluminées , & je crois que ces figu- res que je donne ibnt affez fidèles & affez exactes , pour que les cou- leurs qu'on y ajoutcroit fuffent au moins inutiles ; mais il eft temps de palier à la defcriptlon du pou. Le pou acquiert fa forme parfaite dans fon œuf, qu'on nomme lente : cet œuf que je repréfente groffi au microfcope ( PI. I. Fig. I. ) eft ter- miné du côté de la tête par un limbe ovale a fur lequel on apperçoit comme de petits fleurons qui font découpés fur les bords , &c qui ont dans le centre un renflement blanchâtre. On voit auflî fur la lente deux éminences molles l'ir où font renfer- més les yeux du pou , tandis que toutes fes parties font encore molles & humides : les yeux prenant peu à peu une couleur plus foncée , pa- (.;) Afin de donner une 'idée claire & difrinSe des développements du pou, de la demoilelle , de la fourmi , du papillon noûurne & de la mouche , & de comparer Tor- A "' <■4^■^'°PP^"le"ts , il feroit à propos de reprélcnter chacun de ce^ infec- tes dans différents états ou degrés d'accroifTement , ainfi qu'a fait Swammerdam ; mais comme les ngures qui repréfentent ces objets de grandeur naturelle , n'offrent louvent aux yeux rien de diftinft , & que d'ailleurs les changements de quelques in- leaes, par exeniple , du pou, ne confident qu'en un fimple accroiffement , on necon- lervera que les figures qui pourront inftruire le ledeur fur l'analogie qui fe trouve en- tre le développement des infeûes , & celui de la grenouille & des fleurs. '3^ COLLECTION . I — roifl'ent à travers la peau, & deviennent à la fin prefque tout- à- fait SwAMMÎRDAM. '^°"^^' r 1 •!• 1 1 • V ^ Histoire des Enfin , on diitingiie iur le milieu de la lente a travers la coque, quel- I«S£CTEs, que choie de blanchâtre qui a un battement régulier comme celui du cœur , cette partie que je regarde comme le pancréas , eft indiquée par la lettre m. dans la Figure VI. qui repréfente l'eflomac du pou , & on la voit ifolée dans la Figure VIII. Lorlque le pou a acquis aflez de confillance & de force pour fortir de fa coque , le limbe ovale qui la termine du côté de la tête , fe fé- pare du refte de la coque dans la plus grande partie de fa circonférence , & fe levé comme le couvercle d'une boîte à charnière ; le pou fort par cette ouverture , & en fortant il renverfe ce limbe en arrière. Dès-lors le pou a en petit la forme qu'il doit conferver, & il l'a voit de même dans l'œuf ; c'eft pour quoi je donne à cet iniefte & à tous ceux de ce premier ordre, tant qu'ils font dans l'œuf, le nom de nym- phe-animal-oviformt ; au lieu que je nomme nymphe-ver-oviforme les in- feftes des trois autres ordres lorlqu'ils font renfermés dans l'oeuf, parce qu'ils y font renfermés fous la forme de ver. Le pou change plufieurs fois de peau à mefure qu'il prend fon accroif- fement ; On peut le regarder comme nymphe lorfqu'il ell parvenu au der- nier degré de cet accroiffement, & qu'il n'a plus qu'une peau à quitter; car alors fon état eft parfaitement analogue à cehii des nymphes des trois autres ordres, puifque cet état eft le plus voifin de la puberté, & que l'in^ fe£le n'a plus qu'une dépouille à quitter pour être adulte & propre à la génération : je le nomme donc alors nymphe-animal. Quoiqu'il foit vrai en général que les infeûes de ce premier ordre ne changent point de forme depuis qu'ils font fortis de l'œuf, il y en a ce- pendant quelques-uns qui lubiffent quelque léger changement à la der- nière mue , comme par exemple l'araignée à longs pieds ; car lorfque cette araignée quitte fa dernière dépouille , fes pieds s'alongent beau- coup : au refte , ces changements font peu confidérables _& ne peuvent être pris pour des transformations, & la dernière mue finie, aucun de ces infeftes ne prend plus d'accroilTement ni ne fubit le moindre change- ment de forme. Les parties exurnes du pou. Avant de donner l'anatomie du pou , j'indiquerai les parties externes qui fe voient fur la tête , le corcelet & l'abdomen de cet infeûe. La tête (PI. I. Fig. II.) eft un peu oblongue en avant, arrondie en arrière ; elle eft recouverte d'une peau dure comme le parchemin le plus ferme ; cette peau eft tendue , tranfparente de toutes parts & hériflee de poils durs. L'aiguillon a. eft à l'extrémité antérieure , mais 11 ne paroît que très- rarement, étant prefque toujours caché au dedans, c'eft pourquoi je le décrirai dans fa pofttion ordinaire lorfque je parlerai de l'œfophage & de l'eftomac. Sur chaque côté, de la tête fe voient les antennes b. b, revêtues aufli ACADÉMIQUE. 39 d'irnc peau femblabic à du parchemin : elles ont chacune cinq articula- ^ tions, qui toutes font hériffées de poils durs régulièrement diipofés ; fous Swammerda-m. la peau qui les couvre , on apperçoit quelques vaifleaux blancs. Histoire d» Les yeux c. c. font fuués derrière les antennes , ils ne paroiffent point Insectïs. divii'cs en petits raifeaux à mailles hexagones , comme les yeux de plufieurs autres infeftes ; j'y ai remarque quelques poils fur leurs bords antérieur, extérieur & poilérieur. Le cou efl; fort court ; il fc joint au corcelet qui fe divife en trois parties, fur le milieu dcfqucllcs paroît, du côté du dos , une efpece de petit bouclier : fur les deux côtés on voit les fix pieds d. d. qui s'arti- culent à la partie inférieure du corcelet ; ils ont chacun fix articulations ou phalanges de différentes grandeurs ; ils font parfemés de points faillants ana- logues aux petits tubercules du chagrin : ces points vont en diminuant peu à peu , & ils difparoiffent vers l'extrémité du pied : enfin , ces pieds iont bordés de poils durs , & parfemés de vaifleaux blanchâtres qui paroiiFent à travers la peau : l'extrémité de chaque pied eft armée de deux ongles ou crochets t. e. d'inégale grandeur , rougeâtres & tranfparents , ils fem- blent fervir à cet infefte comme d'un doigt Se d'un pouce , au moyen defquels il faifit & embraffe les corps d'un volume proportionné , & marche aflTez vite le long d'un cheveu : il y a beaucoup de poils en- tre les ongles des pieds. Sur la poitrine, au centre à-peu-près de la partie où s'articulent les pieds , paroît à travers la peau un petit corps flrié blanchâtre , qui va fe terminer fur cette partie a. ( Fig. III. PI. I. ) de couleur obfcure , qu'on voit à travers les anneaux de l'abdomen , & qui a un mouvement très- marqué : aux deux côtés de ce corps , qui efl la moelle épiniere , on voit deux appendices, de cette autre partie plus- grande & de couleur obfcure que je viens d'indiquer : ces appendices fe prolongent fort avant dans la poitrine & y paroiflent aufîl à travers la peau. L'abdomen efl divife en fix parties dillinftes ou en fix anneaux , &c fon eJctrémité inférieure fe termine par une efpece de queue fourchue : au milieu du bas-ventre on apperçoit une particule ou un point blanchâtre b. ( PI. I. Fig. III. ) qui a un battement vertical ou de bas en haut bien mar- qué : aux deux côtés , les bords velus du ventre font parfemés de petits corps rcWgeâtres ; fur toute l'étendue du ventre font répandus beaucoup de vaifTeaux blancs ainfi que fur le dos & fur la poitrine, g. g. ( PI. I. Fig. II. ) La peau de l'abdomen efl; fillonnée de petites flries, comme celle de l'extrémité de nos doigts , cette texture n'a pourtant pas lieu fur tout l'abdomen , principalentent fur fes bords ; car la peau en efl comme celle du refle du corps, tranfparente, aflTez ferme, & d'une confiflance fembla- ble à celle du parchemin ; cette peau efl un peu chagrinée fur les bords de l'abdomen. Les parties internes. Si l'on fend adroitement la peau de la partie fupérieure de l'abdomen, on en voit difliller le fang aufli-tôt ; ce fang recueilli dans un petit tube de verre a a, ( PI. 1. Fig. V. & obfervé au microfcope , parcît compofé de ■^o COLLECTION globules tfanfparents h. comme le lait de vache , & comme le fang humain 5 SwAMMiRDAM. lequel, félon la découverte qu'on a faite depuis quelques années, n'eft Histoire des qu'un compofé de globules rouges nageant dans une liqueur limpide. Insectïs, Mais on feroit bien fondé à mettre en queftion fi le fang efl; compofé de globules , tandis qu'il eil renfermé dans fes vaifleaux , car il pourroit bien prendre cette forme à l'inftant qu'il en eft tiré , fur-tout fa partie rou^e : j'ai fouvent projette , pour acquérir ce fait , d'inférer un tuyaii de verre dans l'artère d'un chien pour y voir couler le fang & l'obfer- ver au microfcope ; cette expérience pourroit nous faire juger par analogie, avec une forte de certitude , fi le fang humain aftucllement circulant dans fes vaiffeaux, eft composé de globules; ce que je ne puis croire, parce qu'il y a des vaiffeaux fanguins, dont le diamètre efl: moindre que celui des globules qu'on voit dans le fang : le moyen qufe j'ai indiqué feroit peut-être auffi découvrir quelque différence entre le fang des artères & celui des veines ; je n'ai trouvé des globules que dans ce dernier, n'ayant jamais obfervé le fang artériel : je ne prétends pas non plus affurer que le fang du pou ait réellement des globules ; car cette apparence peut être produite p;u- le mélange de la graiffe ou de quelques particules des vifce- res qu'il efl: ailé de bleffer, & qui font compofés de molécules globu- kufes , comme je le ferai voir. Immédiatement fous la peau font les fibres mufculeufes qui font moiî- voir les anneaux de l'abdomen : j'ai obfervé que ces mufcles font de trois efpeces bien diftinftes , les uns ibnt plus larges , les autres font plus étroits , & les troifiemes font digaftriques , c'eil-à-dire , qu'ils ont deux ventres : ces mufcles s'étendent quelquefois d'un anneau à l'autre , ils font de grandeurs fort inégales : les bords de l'abdomen font la partie s la plus mufculeufe du pou , auffi cette partie fe meut avec beaucoup de force, & c'eft-là que font placés les ftigmates ou orifices des trachées, au moyen defquels le pou attire Ôc rejette l'air par une infpiration & une expiration bien apparentes : les mufcles récemment tirés du corps fem- blent confifter en ime fimple fibre ; mais quand on les fait deffécher fur nn verre mince & bien net , après les avoir lavés avec de l'efprit de vin pour en détacher toute la graiffe , on dillingue leurs fibres , & les mo- lécules globuleufes dont ces fibres font compofées. Sous ces mufcles on trouve la graiffe & les trachées ; je n ai jamais pu découvrir le moindre veftige du cœur dans cette partie fupérieure de l'abdomen, au lieu que dans les autres infeftes le cœur ell: toujours fitué dans la partie fupérieure de l'abdomen & du dos : je l'ai cherché avec d'autant plus d'attention dans le pou qu'en le difféquant, je trou- vois une analogie parfaite entre fes autres parties & celles des autres in- fectes -y, il eft poffible que le cœur du pou foit d'une extrême petiteffe & que par cette raifon il ait échappé à mes recherches ; car il y a d'aii^ très infeftes plus grands comme le taon , dont le cœur eff très-difficile à- trouver : un autre obftacle à cette découverte dans le pou, eft le batte- ment continuel & fort de l'eftomac, qui rend la recherche du cœur i'ort difficile. Les particules que je regarde jcomme de la graiffe, font fort petites jgOVffi ACADÉMIQUE 41 pour la plupart , «lais fort nombreufes ; il y en a cependant de plus gran- — > des ; celles-ci font de figure irrégulicre, & les petites font globuleulcs : S'vammi-rdam. elles ont la tranfparcnce d'une gelée, ce qui pourtant n'a pas lieu dans Histoire ues toutes les parties de l'animal. Insectîs. Les ramifications de la trachée artère font une partie très-confidéra- ble du corps de cet infeifte ; car leur multitude eft prodigieufe & fe dif- tribue dans la tête , la poitrine , le ventre , les pieds & jufqu'aux anten- nes : elles font attachées & foutenues par la graiffe , ce que j'ai aufTi re- marqué dans d'autres infeftes : ces trachées font ces vaifTeaux blancs qui fe voient à travers la peau en différents endroits du corps du pou, & que j'ai indiqués en décrivant les parties externes : ce qui les rend fi vifibles , c'efl leur couleur argentée & luifante , femblable à celle de la nacre de perle : elles ne perdent point cette couleur & ne s'aifaiflent point lorfqu'elles font tirées du corps de l'animal , car elles font conf- tniites de manière qu'elles confervent toujours la forme de tubes ou- verts. Ces trachées ( PI. I. Fig. IV. ) font compofées de deux fiibflances , l'une forme des anneaux qui repréfentent les cartilages de la trachée artère de Fhomme : on voit au niicrofcope que ces anneaux produifent ime cavité ou un tuyau en tailanî plufieurs circuits a. en moindre nombre cepen- dant que dans d'autres infeftes , parce qu'ils font plus courts dans le pou : mais ils ont plus de finuofités b. & ils paroiffent interrompus en diffé- rents endroits c : dans ceux où la trachée artère fe ramifie , ces anneaux font plus grands, lon la furface de l'eau , & tantôt plus bas à d'inégales profondeurs. Je donne le nom de puce à cet infe£le, à caufe de fes mouvements par lefqucls il tient bien plus de la nature de la puce que de celle du pou ; & je l'appelle puce arborefcente à caufe de la reffemblance de fes bras avec des branches d'arbres. Le ventre de cet infefte n'eft pas moins digne d'attention que fa poi- trine & fes bras : à l'extérieur il paroît être de forme rhomboïdale , mais ce qu'on prend pour le corps, n'eft autre choie qu'une peau dure ou une écaille tranfparente , continue fur le dos ou fur la partie pofté- rieure du corps , mais fendue en avant fur toute la longueur du ventre d'. & dont les deux bords fe léparent & forment un paflage ouvert par où l'animal peut faire fortir fes pieds , fa queue & fon ventre : ainfi cet infefte reffembie par fon enveloppe aux animaux teftacées ; mais il en diffère par le mouvement qu'il a dans la queue & dans l'abdomen ; car je l'ai vu fouvcnt pouffer fa queue e. au dehors par l'ouverture de Ion enveloppe & la retirer auffi-tôt en dedans : le corps avec la queue re- préfente une figure contournée à-peu-près comme xme S romaine ; fa tranfparence laiffe voir l'inteftin qui en occupe le milieu, & les pieds fitués dans la partie antérieure, & conformés à-peu-près comme les foies noueufes des fquilles boffues ; (a) ils ont de même un mouvement de trépidation ou de vibration , mais qui ne fuliit pas comme dans la fquilie (4) Souilla giiiz, G f SwAMMERDAM. trêmités des oviduaus , ni les premières ébauches des œufs qui doivent Histoire des ' s'y trouver : quoiqu'il en foit , ce long cordon ou chapelet dont il parle Insectes. eft fans doute l'oviduftus ; la membrane qui féparoit les petits fcorpions ne pouvoit être que l'enveloppe des fétus , &C par conféqucnt l'œuf même du fcorpion ; & l'on peut croire qu'il a trouvé cet œuf tel qu'il le dépeint dans les extrémités des oviduftus , quoiqu'il ne'faffe mention que d'un feul oviduftus ou cordon , ce qui eft contraire à l'analogie ti- rée de la ftrufture de la matrice & des oviduûus des autres infeûes : cependant comme il parle des cloifons ou étranglements qui féparoient les fétus , il femble indiquer ici un oviduûus ; mais tout ce qu'il dit fur ce point eft très-obfcur. Au refte , il me paroît évident d'après ces obfervations de Rédi , que le fcorpion appartient au premier ordre de ma méthode ; il diffère du pou en ce qu'il eft vivipare , au lieu que le pou produit des œufs ou lentes d'où fortent enfuije fes petits : à cet égard il en eft du fcorpion comme du limas vivipare ; car les œufs de ce limas éclofent dans fon corps , & les petits en fortent vivants & tout f(#més , mais à différentes fois & par intervalles , au lieu que le fcorpion produit tous fes petits à la fois , & ces petits fcorpions prennent enfuite leur accroiffement par degrés. Pour décrire le fcorpion plus exaftement, je le divife en trois parties, la tête , la poitrine & le ventre. La tête eft unie & continue à la poitrine , & cela m'a paru de même dans tous les fcorpions defféchés que j'ai vus : il y a deux yeux fur le milieu de la partie fupérieure de la poitrine ou fur la tête , & deux au- tres un peu plus en avant : au deflbus de ceux-ci font deux petits bras, ou deux pinces courtes a. (PI. II. Fig. V.) dont le fcorpion fe fert fans doute comme de dents pour broyer & porter les ahments dans fa bou- che : je ne fâche pas que perfonne jufqu'ici ait remarqué ces deux peti- tes pinces & les quatre yeux qui font au deffus ; le fcorpion peut reti- rer dans fa bouche ces pinces ou dents , de façon qu'on n'en voie aucuii veftige au dehors. Sur la partie inférieure de la poitrine s'articulent huit jambes t. b. di- vifées chacune en fix phalanges , dont la dernière eft armée de deux petits crochets à fon extrémité : ces jambes font velues tout autour ; de cjiaque côté de la partie antérieure de la tête font les deux bras ce. termi- nés par des pinces : ils ont chacun quatre phalanges , à la dernière def- quelles fe trouve une eipece de pouce qui forme la pince en fe rappro- chant de cette phalange qui eft épaiffe & forte ; auffi contient-elle des mufcles très-forts & femblables à ceux que renferment les bras de l'é- creviffe. Le ventre fe divife en fept anneaux d, du feptieme anneau fort la queue qui a fept articulations ou vertèbres globuleufes & toutes hériflees de pciils c ; la dernière eft armée d'un aiguillon jC Rédi afTure qu'il a vu fortir une goutte de liqueur blanche de l'aiguil- lon du fcorpion , & je le crois aifément ; car l'abeille lance auilî par fon aiguillon une liqueur venimeufe très-iimpide dans les piquures qu'elle taii: ACADÉMIQUE. 55 avec fon aigtùllon ; c cfl pour quoi je foiipçoiine que l'aiguillon extérieur" du ■■'■^■»»— ■ Icorpion n'cit, comme celui de l'abeille , qu'une gaine qui renferme le vé- Swammerdam. ritable dard : je n'ai pu vérifier ce fliit n'ayant point de fujets vivants , Histoire des mais feulement un fcorpion defVéché , dont la dernière articulation de la Insectes. queue a acquis la dureté de la corne en fe deflcchant : j'y ai cependant remarqué deux conduits , qui paroifToient aboutir au rélervoir du venin , &C fe terminer à leur partie antérieure par deux aiguillons ; mais je n'ai pas vu tout cela allez clairement pour en rien dire de pofitif. Dans im autre fcorpion j'ai trouvé les deux bras a. a. (PI. II. Fig. VI.) fort différents de ceux que je viens de décrire ; car les pinces en étoicnt beaucoup plus déliées & terminées en pointe : au devant de la tête fe trou- voient au'fîi les deux petites pinces ou dents dont j'ai parlé , & au defliis de chacune il y avoit trois yeux, ce qui fait fix en tout : à l'égard des autres membres , ce fcorpion reflembloit alTez au premier , à de très-pe- tites différences près : on jugcoit bien à la fîneffe de fes pinces qu'elles étolent moins fortes , mais auflî leur longueur lui donnoit un grand avan- tage pour atteindre &C faifir fa nourriture de plus loin. J'ai un autre fcorpion beaucoup plus grand qui vient des Indes Orien- tales : on y voit très-clairement les petites pinces antérieures ou dents,lefquel- les font hérifTées de poils ; au deffus de chacune font fix yeux qui bor- dent la tête & vont en^iminuant de grandeur : dans l'endroit où la tête eu unie à la poitrine , font deux autres yeux fort apparents , & les feuls aufîî dont les auteurs aient fait mention ; car ils ne difent mot des douze qui font au defTus des pinces : toutes les autres parties font aufH beau- coup plus apparentes que dans les deux premiers dont j'ai parlé ; les fix phalanges des jambes font parfaitement femblables à celles des petits fcor-' pions , les bras ont de même quatre articulations & portent des pin- ces énormes ; mais la queue efl fort différente de celle des petits fcor- pions ; car au Heu de fix vertèbres , elle n'en a que trois : au refte, je doute fort que cette différence foit naturelle , il m'a paru que la queue de ce grand fcorpion avoit été caffée& recollée, mais qu'on n'y avoit pas re- mis toutes les vertèbres : ce fcorpion eft d'un très-beau noir. Je conferve im fcorpion d'Amérique , prefque aufîî grand que celui des ^ Indes Orientales , & dont la queue n'a que cinq vertèbres , mais je crois qu'elle n'efl pas entière non plus, & que dans tous les fcorpionsla queue a fix vertèbres. M'. Padbmgge gouverneur des Ifles Molucques , m'a envoyé la figure d'un fcorpion , dont la couleur efl un rouge bleuâtre & qiii a fix vertèbres dans la queue : au refte , il ne diffère du grand fcor- pioh des Indes Orientales que par fa taille qui eft de moitié plus petite. Il fe trouve en Hollande une efpece de fcorplons aufïï petits que la punaife , à laquelle ils reffemblent encore par la partie poftérieure de leur corps qui fe divife en onze anneaux étroits, ils n'ont point de queue ; leurs jambes au nombre de fix font compofées chacune de q-.iatre pha- langes , elles s'articulent à la poitrine qui eft dlftlnguée de la tête : au devant de la tête eft un bec aigu , couvert de poil ," & beaucoup d'yeux difperfés fiir les deux côtés de la tête : au devant des yeux font les bras' .qui fortent de la tête comme le» antennes dans les papillons, ils ont SwAMMERDAM Histoire des Insectes. 56 COLLECTION quatre phalanges en comptant la pince , & ils font conflrults comme ceux-, du fécond fcorpion dont j'ai parlé : toutes ces parties font couvertes d'un: poil fin &C leur couleur efl la même que celle des fcorpions communs^ d'Allemagne &C d'Italie ; les bras font très-longs , relativement au corps ,, & l'animal exécute par leur moyen des mouvements finguliers , lorfqu'ib marche & fe meut progreffivement comme le cancre terreftre : cet inleâe fe trouve dans la pouffiere des coffres, des caffettes, des boîtes qui n'ont pas été nettoyées depuis long-temps , & je crois qu'il fe nourrit des au- tres infeftes qui fe multiplient dans la même pouffiere , & qu'il les faifit avec fes pinces : j'ai trouvé de ces petits fcorpions dans de l'écarlate qui étoit enfermée depuis long-temps ; je le décris d'après ce que j'ai obfervé. fur un de ces infeûes defféché. HISTOIRE de CEfcargot ou du Limaçon à Opcrcuk. (a) DE tous les limaçons , on ne mange en Hollande que le limaçon dé- nier nommé Al'u-Kruyk ; il fe mange cuit & affaifonné avec dufels mais il n'y a guère que le foie qui ait de la faveur , les mufcles étant très-coriaces. En Italie , en Allemagne & en France on mange le limaçon des vi- gnes ou efcargot , fur-tout lorfqu'après une diète de quelques mois cet animal fe trouve nettoyé de toutes fes immondices ; car alors il fe for- me fur l'ouverture de fa coquille un couvercle ou opercule d'une fubf- tance gypfeufe , lequel empêche qu'U n'y entre de la terre ou d'autres ordures, ainfi l'animal y vit pendant plus de fept mois, depuis l'automne jufqu'au printemps , fans aucun mouvement & fans aucune nourriture. Le fang des limaçons , leurs coquilles & les opercules de ces coquilles font d'ufage en médecine : parmi ces opercules , le plus remarquable efV VopercuU appelle blatm , c'eil-à-dire , l'opercule du murex , coquillage qui donne la pourpre ; on le nomme blattu de Byzance , parce que nous le tirons de Conftantinople , autrefois nommée Byzance , d'oii venoit la belle pourpre ; (i) mais aujourd'hui l'on donne indifféremment ce nom à plufieurs opercules de coquilles , entre lefquels cependant il y a tant & de fi grandes différences qu'on en pourroit faire un traité complet, & qui ne ferait point inutile. Je traiterai ici de l'efcargot feulement, j'en expliquerai la nature & la propagation , & je prouverai par fa defcription anatomique que le cer- veau &: la moelle épiniere de cet animal ont leurs mufcles , qu'il a des yeux très-apparents & palpables , qu'il eft hermaphrodite, qu'il fe repro- duit comme tous les autres animaux par le moyen d'im œuf, &. que par. (ropre au mouvement , comme étant très-déliée ; lorfqu'on veut obferver c mouvement progre/fif de l'efcargot, on n'a qu'à le pofer fur un verre bien clair & retourner ce verre, tandis que l'animal s'y traîne, on voit alors ce mouvement d'ondulation femblable à celui des petites vagues lorf- qu'elles font pouflces par un vent très-doux & qu'elles fe fuccedent lente- ment ; je ne trouve rien gui piiiffe en donner une idée plus jufte que cette comparaifon. On a prétendu , mais très-mal-à-propos , que lorfqu'on mettoit une limace dans une bouteille pleine d'eau , l'on voyoit le mouvement des cfprits animaux , lefquels defccndoient de la tête à la queue en forme de globules &c remontoient de la queue à la tête : c'efl une chimère inven.- tée par ces fortes de philofophes , qui n'étudient la nature que dans les livres : cette apparence vient de ce que lorfqu'on jette la limace dans l'eau il fe trouve toujours dans l'humeur muqueufe quelques particules d'air qui fe meuvent avec force, mais non pas régulièrement ; ces bulles confer- vent toujours le même ordre entr'ellcs , quoique fe contraftant & fc dilatant avec le corps elles fe réimiffent enfemble &c fe féparent alternati- vement. A R T I C L E V. Suite des obfervations fur les manœuvres de Cefcargot , de fa vie , de la ma- nière dont il faut le faire mourir pour le difjéquer ; effet que le fcl produic fur ut animal. QUand l'efcargot veut fe repofer & fe fixer en quelqiie lieu, il jette au dehors beaucoup de mucofité , qui fe deffcchant peu à peu , tient fa coquille fufpenduc en forme de hamac , ces animaux ont fouvent re- cours à cet expédient pendant le jour , & reftent ainlî jufqu'à ce qu'il tombe de la pluie ou que l'air fe rafraichiffe , rien ne leur étant plus contraire que la fcchereffe. Cela m'a donné lieu d'obferver que leur mucofité eft d'autant plus colorée, qu'elle fe trouve réduite à un moindre volume dans fes vaifleaux & fes glandes : lorfqu'elle eft abondante , elle eft blanchâtre & hmpide. Ces animaux aiment fort à \-ivre en troupe , fur-tout lorfqu'ils travaillent à agrandir leur coquille ; ils fe raflemblent alors par centaines dans des en- droits fombres & couverts oîi ifs reftent immobiles ; ils fe recherchent fur- tout quelques jours avant de s'accoupler, comme je le dirai en temps & lieu. L'efcargot a la vie fort diu-e : fi on le met dans l'eau , il y vit jufqu'à fus. I X 68 COLLECTION f ou fept jours : ceux qu'on a blefles & tirés de leur coquille peuvent vi- SwAMMERDAM. vrc cncore quatre jours , pourvu qu'on les mette aufll dans l'eau ; ils ont Histoire des tant de force , qu'un efcargot en peut traîner un autre collé à fa coquille , Insectes, & qu'il fe meut aifement en tout fens avec ce fardeau : ibuvent même un efcargot en traîne deux autres ; il eft difficile de déterminer précifé- ment la durée de leur vie , mais je la crois très-longue , à en juger par le lent accroiffement de leur coquille ; car on y voit à la furface un grand nombre de cannelures, comme celles qu'on trouve fur les cornes des boeufs , & par lefquelles les payfans comptent les années de ces animaux. . On a beaucoup de peine à diflequer les efcargots , & fur-tout les ef- cargots vivants : fi on faupoudre ces animaiixavec du lél, ils n'en font pas confumés comme on l'imagine , mais ils meurent & tous leurs vifceres fe retirent & fe refferrent tellement , par la forte contraction des mufdes , qu'il n'eft plus poffible de les difcerner ; car toute la mucofité eft rejettée hors du corps , & les parties même de la génération diminuent des deux tiers de leur volume : c'eft pour quoi le fel me paroît être le vrai pur- gatif propre à faire fortir du corps de l'efcargot toutes les humeurs qu'il contient : (i l'on enduifoit ces animaux avec quelques autres drogues pur- gatives , on tireroit peut-être de cette expérience quelques induftions fur l'effet de ces remèdes ; c'eft une épreuve que je n'ai jamais tentée , mais je crois que les purgatifs agifTent fiir les inteftins de l'homme par irritation , comme le fel fur la peau de l'efcargot , c'eft-à-dire , qu'ils en expriment les humeurs en pinçant , en piquant , en irritant les glandes des inteftins : cet effet eft manifefte à l'égard de la falive , qu'on fait couler avec abondance, en tenant dans fa bouche quelque remède propre à exci- ter la falivation , comme tout le monde peut s'en affurer en mâchant des racines de pyrêtre : je ne puis donc attribuer à ces drogues la vertu d'al- ler chercher dans le corps quelque humeur particulière pour la féparer des autres & l'entraîner par une efpece de choix ; il eft plus naturel & plus conforme à l'expérience de dire qu'elles purgent l'humeur qui fe trouve la plus abondante dans le corps ; & cela étant une fois conftaté , il n'y auroit plus d'autre diftindion à faire dans les purgatifs , que de leur qua- lité froide ou chaude, humide ou feche, ce qui en fimplifîeroit beau- coup la connoifTance. Il ne faut point employer l'efprit de vin, l'huile de térébenthine, ni d'autres liqueurs femblables pour faire mourir les efcargots qu'on veut difféquer ; quoique la feule vapeur du foufre enflammé tue quelques au- tres infeftes , fans altérer leurs parties : mais à l'égard des efcargots , la meilleure manière eft de les lallfer mourir lentement dans l'eau ; par ce moyen les parties mufculeufes , loin de fe contrafter fe dilatent ; car l'eau s'introduit dans les orifices des glandes , & fe mêlant à la mucofité qui s'y trouve, l'étend & fe répand avec elle dans tout le corps, ce qui gon- fle & rend vifibles des parties , qui fans cela feroient très-difficiles à dif- tinguer, comme l'ouverture par où fortent les organes de la génération, la verge, la matrice, les dents, la forme du limbe, les glandes & plu- ACADÉMIQUE, 69 Ceufs autres parties , ainfi les efcargots qu'on a fait mourir de cette ma- — ■— ^— niere font plus alfcs à difleguer. Swammerdam. Quelques curieiuc nourriflcnt cette efpece de limaçons, parce qu'ils font Histoire des fort grands ; j'en ai vu dans les jardins des Comtes Maurice & de Wal- Insectes. dec à la Haie & à Culembourg, & dans d'autres endroits. Le temps le plus propre à tranfporter les efcargots eft l'hiver , parce qu'ils font alors renfermes dans leur coquille, dont l'ouverture eft exac- tement bouchée par l'opercule qiii s'y forme en cette faifon : lorfqu'on veut les tranfporter en été , il faut les mettre dans des herbes , & fi c'eft pour les manger , on les enferme dans des facs où l'on répand de la paille hachée ; les brins de pa'dle les piquent lorfqu'ils fortent de leur coquille 6c les forcent à s'y renfermer. ARTICLE VI. Dts parties internes , & premièrement du cœur , de fort orellktte , de la velnt xave & de P aorte ; du fang & de fa circulation continuelle ; de la diffé- rence qui fe trouve entre le fang & la mucojîté ; des cavités du limbe ; du fac calcaire : expérience fur U mouvement des mufcles, AVant de décrire la coquille de l'efcargot, je crois qu'il eft néceffaire de faire connoître les parties d'oii elle tire fa nourriture & fon ac- croiflement ; je commencerai donc par décrire les parties internes les plus confidérables , lans cependant m'affujettir à la règle que fùivent ordinai- rement les anatomlftes qui commencent toujours leurs defcriptions par la tête ou par le ventre ; j'ai cru que l'ordre le plus naturel étoit de faire mention d'abord des parties qui fe préfentent les premières ; je ne me fuis pas mis en peine non plus de les repréfenter toutes grofîles dans une même proportion ; car cela ne fait rien à l'intelligence de la chofe ; & il y a certaines parties dont on ne pourroit comprendre la ftiufture, fi on ne les voyoit un peu plus grandes qu'elles ne font dans l'animal vivant. La meilleure manière d'ouvrir l'efcargot après avoir enlevé la coquille «". c'cft de fendre le limbe e. (Pl. II. Fig. Vil.) avec des cileaux très-fins fur le côté gauche, en prenant garde de ne point toucher les bords des orifices g.f. qui font fur la droite ; on fépare donc avec précaution le limbe du corps auquel il adhère par fa partie inférieure , en ménageant les orifices dont j'ai parlé, fans quoi ceux de l'anus & du conduit du fac calcaire feroicnt endommagés. La première chofe qu'on trouve alors, eft la peau du corps que cou- vroit la partie mufculeufe intérieure & fupérieure du limbe , & qui dans cet endroit eft fort mince , de couleur blanche ou fort pâle & parfemée de fibres mufculeufes alTez longues : fi l'on enlevé adroitement cette par- tie de la peau , on entrevoit des mufcles tranfverfaux : fur les deux cô- tés dans la partie molle du ventre paroiflcnt des mufcles dentelés, SwAMMERDAM' Histoire des Insectes. 70 COLLECTION dont les tendons fe répandent iur le péritoine fur leqiiel pafle anffi itn petit mufcle tranfverfal : tous ces mufcles fervent à refferrer le corps au. dedans de la coquille , & à mouvoir les inteffins , les organes de la géné- ration, ùc. (PI.* IV. Fig. II.) Quand on retire le limbe avec fa partie membraneufe en arrière , fur la fpiralc que fait le corps , & qu'on le fépare des parties aufquelles il eft adhérent , on voit les veines a. ( PI. IV. Fig. II. ) qui font au deffous ^ qui vont vers le limbe h. on voit de plus le cœur c. fon oreillette d. la veine cave qui en fort, plufieurs cavités où pafle lair, & diverfes autres parties telles que le fac calcaire e. &c fon conduit qui règne le long de l'inteftin reftum ; cet inteftin même / le foie , &C quelques parties appartenant à la génération. Le cœur eft placé au milieu du corps , vers la fin de la voûte dix limbe qui environne le corps , déclinant un peu du côté gauche : la tineffe & la tranfparence des membranes qui le recouvrent le laiflent paroître , /. ( PI. IL Fig. VII. ) & on le voit palpiter dans l'animal vivant ; il eft renfermé dans un péricarde très-délié , dont la cavité contient une aflez grande quantité de lymphe claire & tranfparente comme le cryftal : à l'ouverture du péricarde on voit d'abord le cœur qui bat c. (PI. ÎV. Fig. IL ) puis on trouve fon oreillette d. qui eft membraneufe , d'une ftrufture très-délicate & parfemée à l'intérieur de fibres , tant mufculeu- fes qne charnues , telles qu'on en voit auffi dans le cœur de l'homme & des autres animaux : ce cœur eft de fubftance & de couleur de "chair ; il refl"emble à un mufcle macéré dans l'eau pendant l'efpace d'un jour &C prefque entièrement vuide de fang : il a la forme d'une poire ; fa furface extérieure eft \iffe , mais l'intérieure eft inégale & pleine d'éminences & d'enfoncements produits par un grand nombre de colonnes charnues , de poils &C de fibres qui s'y trouvent de même encore que dans le cœur de l'homme & des brutes : à l'entrée du cœur , près de l'oreillette , font deux valvuks fémilunaires c. qui s'oppofent au retour du fang dans cette' oreillette : comme ce cœur n'a qu'une oreillette , il n'a aufîi qu'un ven- tricule , & feulement deux fortes de vaifleaux , favoir, des veines & des artères : on apperçoit aifément les veines fur l'oreillette du cœur d. où paroît la veine cave qui produit toutes les autres , lefquelles s'en- trelacent enfemble & forment un réfeau : les artères font plus diflîciles à découvrir , elles ne paroiflènt que quand le corps eft ouvert ; cepen- dant l'origine de l'aorte ou grande artère eft hors du ventre , vers l'en- droit où le cœur tient au fac calcaire : elle fort de la pointe du cœur , &C prefque dès fa naiffance elle forme un petit renflement g. comme dans les poiflbns ; aufli-tôt après elle jette des rameaux de toutes parts & les diftribue aux parties intérieures & aux membranes extérieures , tant en avant qu'en arrière : elle en envoie d'abord aux parties voifines , comme au fac calcaire e. aux inteftins , au foie , à l'eftomac & aux parties de la génération , puis elle s'étend aux tuniques du foie , aux mufcles , aux nerfs & aux glandes de la peau ; je me contente d'en donner dans la fi- giure les principales branches avec leurs ramifications j la fpirale & la ACADÉMIQUE. 71 forme du refte du corps l'ont feulement indiquées par des Kgnes ponftuées — —imm i.i.i.i. pour faire connoître la pofition de chaque partie. Swammebdam. Le fang contenu dans le cœur & dans les artères eft d'un blanc bleuâ- Histoire des tre, trcs-jiffcrent en cela de celui de l'homme & des grands animaux , Insectes. ciui eft d'un rouge foncé ; &' parce que le fang des infeftcs , à l'excep- tion, je crois, des feuls vers de terre, n'a point cette couleur rouge, les auteurs ont prétendu que ces animaux n'avoient point de fang , quoique cependant l'on ait quelquefois trouvé du fang tout blanc dans les artères de l'homme même. Le fang de l'efcargot eft une humeur vifqueufe , un peu tenace & pituiteufe ; fi on la répand dans l'eau , il s'y forme un nuage bleu , qui s'affoiblit a mefure qu'il s'étend & qui fe diftîpe enfin tout-à- fait. La partie du fang qui ne paffe point dans les membres pour leur nu- trition, retourne au cœur par des veines très-fubtiles & y reçoit une nouvelle élaboration : ces veines paroifient à l'extérieur & couvrent la plus grande partie du corps ; car prefque tous les vaiffeaux qui y fer- pentent , font des veines , comme on en peut voir entre les points glandu- leux qui font répandus fur le corps : toutes ces veines fe réunifient en im tronc commun & fort gros , que j'appelle la veine cave , & qui fe voit diftinftement , comme je l'ai déjà dit , dans la furface intérieure de la par- tie concave & raembraneufe du limbe t. (PI. IV. Fig. II.) ces veines par- courent donc la cavité du limbe & vont verfer leur liqueur dans l'oreil- lette t/. qui par fon mouvement de contraftion , pouffe le fang dans le cœurc. du cœur il paffe de nouveau dans les artères, d'où il revient dans les veines par une circulation non interrompue ; & le battement du cœur commence par fon oreillette, & paffe enfuite dans le cœur même; la diftribution des rameaux que jette la veine cave fur la membrane dont je viens de parler , eft exaftement repréfentée dans la figure. Pour bien voir le cœur , il faut qu'il ait été fouflé au moyen d'un cha- lumeau introduit dans la veine cave : on le diffeque lorfqu'il eft à demi defféché ; car s'il eft tout-à-fait fec , il fe contrafte trop, & l'on ne voit pas bien fa ftru£ture intérieure & fes valvules : comme le fang eft blan- châtre , on prend aifément les vaiffeaux fanguins pour des nerfs , c'eft pour quoi il faut les injeâer avec une liqueur colorée , ce qui eft affez difficile à caufe de leur extrême fubtiiité : fi l'on veut fe fer%'ir de ce moyen, on doit employer des couleurs qui puiffcnt tomber en forme de fédim;nt, avec une liqueur qui foit affez fubtilc pour s'évaporer à tra- vers les parois des vaiffeaux ; car une liqueur colorée homogène don- neroit à toutes les parties une couleur uniforme , & l'on ne diftingueroit rien ; je pourrois indiquer à ce fujet plufieurs autres procédés utiles , fi ce traité n'étoit déjà plus long que je ne me l'étois propofé. Le fang de Tefcargot diffère beaucoup de la mue fité ; on les diftingue à la coideur & à la confiftance : quoique le fang foit très-fluide dans les veines , il s'épaiffit & devient plus tenace peu après qu'il en eft tiré , & fi on le jette dans l'eau , même au fortir du corps de l'animal , il ne s'y mêle pas bien , à moins qu'on ne le rem.ue un peu : pour la muco- fné qui fuinte des glandes , elle ne fe diffout dans l'eau qu'après un affez, 71 COLLECTTON — — ■^— — long-temps ; car elle eit épaiffe , tenace & d'une couleur blanche : tout SwAMMERDAM. cclii l'crt à la faire difiinguer du fang lorfqu'on jette un efcargot bleffé HisTOjRE DES dans l'eau , & qu'on voit le fang & la mucofité s'y répandre. Insectes, Si l'on enduit un papier blanc avec du fang d'efcargot, cela ne lui donne aucun luftre ; mais la mucofité y fait une efpece de vernis brillant & argenté , ainfi l'on pourroit s'en fervir dans la peinture en la mêlant avec diverfes couleurs pour leur donner de l'éclat : ceux qui mangent des , efcargots , en eftiment beaucoup le fang , qu'ils appellent le jus ; il en eft de même du fang des huifl-es , & cela me paroît bien fondé. Lorfqu'on veut voir la mucofité fortir des glandes de la peau , il faut d'abord deflécher cette peau à plufieurs fois avec du papier brouillard , en l'effuyant jufqu'à ce qu'on n'y voie plus du tout d'humidité ; enfuite on la prend & on la comprime doucement entre ks doigts : fi on l'ob- ferve en même temps au microfcope , on voit la mucofité fortir des po- res glanduleux fous la forme de points limpides , qui forment enfuite de petites gouttes , & qui lorfque la preffion continue , fe raffemble en aflez grande quantité pour humefter toute la peau &c la rendre gluante. La cavité du limbe où paffe l'air , fait une voûte ou un dôme par l'adhérence de fa membrane à la furface interne de la coquille ; mais cela n'a lieu qu'autant que l'efcargot refte dans fa coquille ; car auffi-tôt qu'il en eft tiré , la membrane du limbe s'affaiffe fur les parties qu'elle couvre , n'ayant plus rien qui la foutienne , comme lorfqu'elle tenoit à la coquille où elle étoit collée par la mucofité : fi on enfle de nouveau cette membrane en fouflant dans l'ouverture de la refpiration , on la voit très -bien s'élever vers !a coquille ; du côté droit fa cavité s'étend en fuivant la fpirale des inteftins ; & du côté gauche où eft le cœur, eile accompagne le foie dans fes circonvolutions , jufqu'au troifieme ou fécond tour de Ipirale des parties internes du corps. Dans cette même voûte du limbe , auprès du cœur & de fon oreillette, on trouve un corps long & triangulaires. (PI. IV. Fig. II. ) attaché au cœurc. ou plutôt au péricarde : ce corps produit une élévation affez apparente fur le corps de l'animal (PI. II. Fig. VII.) n. qui paroît encore mieux dans l'efcargot cuit ( PI. III. Fig. VII. ) o. & l'on y voit aufli la forme que prend alors le corps de l'efcargot, la (pirale du foie p. &C le limbe contradlé q.. la couleur du corps dont il s'agit eft un gris de cendres délayées dans l'eau : ce corps s'attache fortement en arrière /. ( PI. IV. Fig. III. ) avec une partie du foie & des inteftins ; ce qu'on en voit à l'extérieur à tra- vers la membrane qui revêt le corps , eft parfemé de vaiffeaux : fa cou- leur eft plus lavée d'un côté m. que de l'autre k. par où elle tient au pé- ricarde & où elle eft tachetée & couleur de cendres. J'ai pris d'abord ce corps pour la rate , mais en l'examinant plus at- tentivement, j'ai reconnu qu'il comjuuniquoit dans un conduit affez am- ple , qui règne le long de l'inteftin reûum / dans lequel je crois qu'il s'ouvre ; il me paroît donc que c'eft un fac glanduleux où fe fait la fe- crétion de îa matière calcaire du fang , laquelle paffe de-là dans l'inteftin rec- tum ; car j'ai quelquefois trouvé de cette matière mêlée avec les excré- ments ; û l'on met dans l'eau ce lac après l'avoir ouvert , fa fubftance paroîî RE DE» ACADÉMIQUE, 75 paroît glandiileufe ; mais rhumcur calcaire & grife dont il eft plein, trou- «—i—— i— * ble toujours l'eau : ce fac eft luilant & d'une matière plus tranfparente Swammirdam; du côté des inteftins , de même qu'en quelques endroits de fa partie Histoirf — moyenne , oii il ferable compoCé de glaire &: de grains qui paroiffent au Insictis. travers : la i'ubftance a à-pcu-près le goût de la cendre. ARTICLE VII. Du foie , de la hik , de Pcfiomac , des intejlins & des vaiffeaux falivalres " de refcargoe. LE foie placé en grande partie au fond de la coquille, y forme avec les inteftins la (piralc du corps a ( PI. IV. Fig. V.) ce qui fe volt aufll à l'extérieur (PI. II. Fig. VII.) en k il eft divifé en plufieurs lobes l"i>i> ( PI. IV. Fig. V.) félon la rencontre des inteftins qui embraffent & fiUonnent fa furface : ce vifcere eft paifemé d'une multitude de vaif- feaux grands &C petits ; il a aufli fes conduits cholédoques propres a (PI. IV. Fig. VI.) qui fe déchargent immédiatement dans les inteftins ; il ne s'eft point trouvé de véficule du fiel ; ce qui a lieu auflî dans les chevaux , dans les pigeons , & dans quelques autres animaux qu'on fuppofe très-mal à propos n'avoir point de bile ; je n'ai pas fenti d'amertume re- marquable dans la bile de l'efcargot. La fubftance du foie paroit compofée de petits grains également dif- tribués ; Malpighi (a) les a nommés des glandes , & fon opinion eft d'un grand poids : la couleur de ce viiéere eftunbnm foncé, tirant un peu fur le vert '; fa confiftance eft celle de la rate de l'homme ; il eft plein d'un fuc , dont la couleur eft un vert jaunâtre : fa timique externe tire fur le vert , principalement à la partie fupérieure contournée en fpirale , où elle eft grenue & femée de points blanchâtres fort petits : ce foie a très-peu de lobes intérieurement : cette partie de l'efcr .-got eft la meif- leure à mnnger , & la plus facile à digérer ; prefque tous les mufcles de cet animal Ibnt coriaces : les parties de la génération font aulîî aftTez bonnes à manger. L'eftomac de l'efcargot c ( PI. IV. Fig. V.) eft fitué dans la cavité Ai cou & du ventre de cet animal ; il a , comme l'eftomac de l'homme , trois tuniques , mais bien plus minces & plus délicates ; il eft parfemé d'une grande quantité de veines & d'artères , fa couleur eft celle de fes membra- nes, blanche & traniparente ; mais quand il eft diftendu par Tair ou par les aliments, il prend la teinte des matières colorées qu'il contient : lorf- qu'il eft vuide il a des rides longitudinales produites par la contraftion- de fes mufcles ; il diminue peu à peu de diamètre & forme ainfi le pv- lore d. auquel font continus les inteftins grêles b t i ; le foie eft placé en grande partie entre ces inteftins, qui après avoir fait deux ou'trois- (a) Traité du foie. Tora, K I^ 74 COLLECTION ,i.;iiii an» iiM»! tours en fuivant la fpirale du corps , forment le r e£him è , dont Torifice SwAMMERDAM,/eft clans le limbe de l'efcargot : auprès de la fpirale du corps eft l'endroit Histoire des g par ou la bile fe répand dans les inteffins grêles , non loin de leur origine : iësïCTEs. pour mieux voir cette communication , il faut détourner un peu ces con- duits biliaires n, (PI. IV. Fig. VI. ) de forte que le foie foit féparé de tout le conduit inteftinal. En retournant cette maffe compofée des inteftins &C du foie , on voit quelques-unes de ces parties encore plus clairement fur la face oppofée, comme le foie a, (PI. IV. Fig. VII. ) les inteftins grê- les dans leur pofition naturelle è , le reftum c & l'eftomac d. Le long de l'eftomac & de l'œfophage régnent deux vaiffeaux o o (PI. IV. Fig. m.) qui débouchent dans la partie ïiipérieure du palais, ou de k bouche a? ; (PI. III. Fig. VI, ) leur ftruclure efl la même que celle des cpididymes de l'homme ; ils ont la couleur de l'agate & leur cavité con- tient une liqueur limpide qu'ils répandent dans la bouche : ces vaiffeaux font les conduits falivaires de l'efcargot : dans l'homme & dans les grands animaux ces mêmes vaiffeaux fe trouvent placés prefque au même en- droit , mais un peu plus bas. Ces deux conduits tirent leur origine de deiLX petits corps pp ( PI. I\^ Fig. III. ) réunis en un feul dans leur milieu , découpés en ditfcrents lobes & d'un blanc éclatant : on les prendroit aifément pour delà graiffe: un vaiffeau g rampe fur leur furface & leur porte la liqueur nutritive ; il vient de l'endroit du corps le plus élevé qui fe trouve fous le limbe , à la naiffance de la fpirale, &: il diffribue des ramifications à ces deux corps dont les côtés font attachés à l'eftomac par divers vaiffeaux qui font comme autant de petits filaments : les conduits falivaires tiennent auffi à l'efto- mac par des ligaments ou vaiffeaux femblables ; j'ai pris d'abord cette partie pour le pancréas , mais l'expérience a détruit cette conjeéhire ; ce n'eft pas non plus de la graifle ; car elle ne fe fond pas au feu , & ne s'enflamme point à l'approche de la f^mme. ARTICLE VIII. 'X>es parties de la ^Inkation , de la verge , de la matrice , des tcjlicules , de l'ovaire , & de quelques vaiffeaux appartenant à la génération. LEs parties de la génération non-feulement occupent la partie antérieure du cou , du ventre & du dos de l'efcargot , mais elles s'étendent juf- qu'à l'extrémité de la fpirale du foie , en fuivant toutes les circonvolu- tions du corps ; de forte qu'on doit les mettre au nombre des parties les plus confidérables de cet animal : on ne peut les voir qu'après avoir ou- vert la peau & coupé quelques membranes & quelques mufcles , parmi lefquels eft ce mufcle dont les fibres s'étendent obliquement d'un côté . du corps à l'autre , & qui porte fur l'eftomac & fur les parties ;nême§ de la génération. Dans tette efpece d'animaux chaque individu a les deux fexes ; la verge ACADÉMIQUE. 75 & la matrice y font tellement unies , qu'elles ont plufieufs parties ^ communes : les organes mafculins font la verge a ( PI. V. Fig. I. ) & Sw am.merdam. fon appendice longue & torfe hh terminée par une boule alongée : le Histoire des fexe féminin eft caraftérlfc par la matrice ccc , & l'cvaire dd (^a) qui Insectes. s'ouvre dans la cavité de la matrice où les œufs prennent leur accroif- fement & s'enduifent de mucofité ; ce qu'on voit très-bien auflî dans la raie & même (fans la matrice des poules ; quoique cette analogie foit plus remarquable encore dans quelques autres animaux , comme la tor- tue, les léfards & le caméléon ; car dans la poule je ne l'ai apperçue l' qui fervent à mouvoir cette pièce platte & frangée , qui fert de pied à l'efcargot , & à l'aide de laquelle il fe tranfporte d'un endroit à un autre par un mou- vement progrcftlf très-lent : ces mufcles forment au milieu du corps , où eft; leur principale infertion, un tendon très-fort dans lequel on trouve, vers la partie poftérieure , un peu d'humeur jaunâtre , médiocrement épaiffe , & contenue dans des cavités particulières ; mais j 'ignore l'ufage de cette humeur. En arrière , fous l'extrémité du noyau de la coquille , on voit le cours des fibres c de ces mufcles qui meuvent la queue, c'eft- à-dire , la partie poftérieure du pied & qui s'y infèrent : tous les ten- dons des mufcles du limbe qui environne la partie fupérieure du corps , s'attachent à l'endroit marqué J ; de - là ces mufcles s'étendent avec la membrane tendineufe qui enveloppe toute la fpirale du corps, jufqu'au fommet oii à la pointe de la coquille, fans avoir de nouvelle infertion, feulement ils font un peu froncés ; Us fervent à contraftcr l'extrémité du foie & à le mouvoir un peu avec les inteftins : au deffus & près de J'infertion de ces mufcles , paroît un autre petit mufcle e , qui fert à reti- 86 COLLECTION -— — — ■ rer au dedans du corps les parties de la gorge & de la bouche , le car- r tilaee oui couvre la langue , avec le palais & quelques autres parties Histoire des contigues. Ce mufcle eit repreiente dans la figure , de façon qu on apper- Insectes, çoit la bafe de la langue g, & fon extrémité antérieure & pointue/, qui eft armée de dents afîez dures, mais ce n'eft point-là la pofition natu- relle de ces parties. On voit enfuite les deux mufcles h h qui retournent les cornes fupérieures , &C retirent ainfi les yeux au dedans du corps par la cavité de ces cornes ; à travers ces mufcles on apperçoit les finuofités des nerfs optiques il, &C l'on fuit leur cours julqu'aux yeux : les yeux même font apparents &C femblables à deux points noirs, au defliis def- quels on voit une partie de la corne renverfée k k. Au deflbus de ces mufcles paroifTent deux autres mufcles plats //, qui retirent dans la ca- vité du corps les lèvres & quelques autres parties de la bouche. La paire de mufcles m m qui s'infèrent dans les côtés des précédents , fert à reti- rer de même au dedans du corps les deux cornes inférieures. Dans l'ef- pacc que tous ces mulcles laifTent entr'eux on en voit deux autres très- remarquables & très-robufles nn, ils vont s'implanter par de forts ten- dons dans le milieu du corps, qu'ils meuvent en divers fens & avec force: . le vuide qui fe trouve entre ces tendons , eft le vrai lieu de la moelle épiniere, qui diftribue les nerfs à toutes les parties que j'ai indiquées, & qui , par le moyen des nerfs , communique à ces parties les différents mou- vements qu'on leur voit exécuter dans l'animal même. Quant à la ftriidure de la coquille , à fes contours , fes étages , fes cloifbns , chacun peut aifément les voir par foi-même dans une coquille^ fur-tout fi l'on fe laifTe guider par la defcription que je vais en donner. Enfin, la bordure du corps ou le pied qqqqq, dans lequel j'ai indiqué tous les mufcles , mérite aufTi une attention particulière. La chair , les fibres & les tendons font également tachetés de blanc , de forte que la partie charnue & la partie tendineufe ne différent guère entre elles que par la fineffe & la folidité de leurs fibres. Tout cela étant bien entendu , examinons l'intérieur de la coquille ; la première chofe qui fe préfente , eff la bouche ou l'orifice extérieur a ( PL V. Fig. II. ) qui fe refferrant peu à peu à mefure qu'elle fe contour- ne , formelle fécond étage b , enfuite le troifieme c, en continuant de s'é- trécir & de tourner ; puis le quatrième d , & enfin le cinquième e , dans la cavité duquel eft renfermée l'extrémité du toie de l'animal. Lorfqu'on fcie délicatement la coquille , &C qu'on enlevé entièrement avec des cifeaux très-pointus les parois & les cloifons internes , on peut voir la coupe de la fpirale & les cinq étages qu'elle forme. Si au contraire on ne conférve que le noyau de la coquille , autour duquel tournent tous fes étages, comme les marches d'un efcaher avis, &C qu'on enlevé l'extrémité fupérieure de ce noyau ou le cinquième &C dernier étage on y voit une petite cavité qui règne dans toute la lon- gueur du noyau , &C va s'élargilTant en entonnoir jufqu'à fon extrémité inférieure ; on volt encore mieux cette cavité par la coupe de 1 extré- mité inférieure du noyau : la plupart des coquilles , excepté celles qu'on nom«ie tuyaux de mer , & qui ne font point de tours de fpirale , ont ACADÉMIQUE. 87 de ces noyaux creux , formés par la rencontre de leurs différents étages , — — ^— « dont les parois le touchent & s'uniffent enfemble. Swam.merdam. Pour prendre une idée de la formation de ces noyaux , il ne faut que Histoire des faire tourner un tube flexible &c conique autour d'un fil de fer : lorf- Insectes. qu'on a retiré ce fil , la cavité qu'il laiflc repréfente celle du noyau de la coquille , fur-tout fi les tours de fpirale font tellement prefTés que les pa- rcfis de chaque étage s'uniffent à celles de l'étage fuivant , &c ne faffent plus en- femble que des cloifons mitoyennes : telle eff la ffrudure de prefque toutes ces fortes de coquilles , quelques variées qu'elles paroiffent : je m'en fuis affuré par l'obfervation d'un grand nombre d'efpeces qui fe trouvoient dans le cabinet de mon père ; mais cela ne fe voit dans aucune auffi clai- rement que dans une coquille appelléc tuyau de mer, laquelle eft tour- née en l'pirale vers fon fommet feulement ; je décrirai à cette occafion quelques autres coquilles, pour en faire remarquer la différence. On peut tirer à volonté d'une grande coquille, autant de petites co- quilles femblables que l'on veut en caffant fucceflivement une partie du noyau & des cloisons correfpondantes , & en égalant à chaque fois les bords caffés avec la lime, procédé qui eA exadement l'inverfe de celui de la nature, laquelle dans lés produûions va toujours par gradations du petit au grand : examinons comment elle fuit cette loi dans la formation & l'accroiffement des coquilles. Je n'ai jamais apperçu les moindres vertiges de la coquille dans l'œuf de l'efcargot ; mais en obfervant d'autres coquillages, j'ai reconnu que ces animaux fortent de l'œuf avec leur coquille toute formée : on con- çoit bien que cela doit être ainfi ; car autrement les mufcles de l'animal n'auroient aucune attache , aucun point d'appui , ce qui eft abfurde à fup- pofer ; cependant je ne veux rien affurer fur cela que ce que j'ai ob- ïervé. J'ai vu fouvent à travers la coque des œufs de limaces le petit animal qui efl: renfermé fe mouvoir dans cette enveloppe, & j'ai fait voir la même chofe à M^ Van Beuningen ambaffadeur & conful : ce qu'il y a de plus furprenant , c'cft que ces limaces au fortir de leur œuf font déjà fi grandes , qu'on ne conçoit pas comment elles pouvoient fe mouvoir dans un œuffi petit, où elles dévoient être extrêmement reffer- rées & comprimées. •- Les limaçons aquatiques mêmes fe meuvent auffi dans leur œuf quel- ques jours avant d'en fortir, d'oii l'on peut inférer que ces animaux ne fortent de l'œuf qu'après avoir acquis leur forme parfaite, &; lorfque leur coquille a déjà une certaine confiftance ; enfin, lorfque la chair & & l'os , c'eft-à-dire , la coquille font en état de s'accroître avec le feul fecours des aliments extérieurs : il en eft de même des autres animaux , ils ne fortent de la matrice de leur mère que quand leur chair & leurs os , déjà for- mes , n'ont plus qu'à fe fortifier & à s'accroître par la nourriture ; il pa- roit donc que la coquille du limaçon fe nourrit de la même manière que les parties molles, quoique cela femble fort différent. Cette coquille eft revêtue d'un périofte femblable A celui qui recouvre les cornes des cerfs; celui-ci s'ufe & fe détache à la longue par les frottements, lorfque la corne ayant acquis toute fa dureté, cette tunique §8 COLLECTION ''^— — — ^"^ extérieure ne reçoit plus de lues nourriciers : dans quelques Coquilles SwAMMERDAM. j'ai trouvé cette membrane dure &c û tenace, qu'elle rcfilloit à Teau-torte, Histoire des laquelle dctniifoit la coquille même plutôt que fon périofte : cette mem- Insectes. brane efl très-remarquable dans les coquilles des rr ouïes, car les moules y collent ces filaments , au moyen defquels elles s'attachent les tmes aux autres pour n'être point le jouet des vagues : ces filaments partent de leurs corps ; ils font fort larges à leur partie antérieure , & faits à-peii- pres comme un chaufl'e-pied ; ils fervent non-feulement a attacher ces co- quillages les uns aux autres , mais encore à les fixer à d'autres corps, comme aux rochers, aux bois & aux plantes marines : le fyjl'ts n'eft autre chofe que les filaments d'une efpece de moules, &: c'efl la matière dont on fai- foit cette étoile ou toile très-fine , que Rondelet appelle auffi fyjfus. Le périofte de la coquille de l'efcargot eft allez fort ; il paroit fur tou- tes les cannelures de cette coquille &c dans leurs interfaces : je l'ai quel- quefois trouvé ufé par le frottement des pierres, parmi lefquelles rampoit l'animal , mais on le voit toujours autour de la bouche de la coquille : quand les coquilles de mer le trouvent dénuées de cette membrane , on en conclut que la coquille ell reliée dans la mer après la mort de l'ani- mal qu'elle renfermoit. Lorfque l'efcargot veut travailler à agrandir fa maifon , il commence par en nettoyer le pcrioile avec fes dents , & même il en ronge & en avale quelques parcelles ; il ell vrai que je l'ai vu encore en d'autres temps nettoyer avec fes dents les bords de fa coquille , lorfqu'ils fe trouvoient char- gés de certaines pellicules , qui s'y forment quand l'animal relie long-temps immobile , & qui compolent l'opercule ; il enduit ces pellicules d'une ma- tière calcaire , & lorlqu'on les met dans le vinaigre , elles y produifent la même effervefcence que la coquille pulvéritée : tous ces faits prouvent évidemment que la coquille efl: la peau de l'animal , ou plutôt im os pier- reux, dont il efl: revêtu. En examinant attentivement cet os , on reconnoît qu'il efl compofc de plufieurs lames déliées , tranfparentes & membraneufes qui fe font dur- cies par degrés : on voit la même chofe dans les écreviflés qui fe font dépouillées depuis peu,. & dans les os du crâne humain , qui ne font d'abord que des membranes , lefquelles s'olTifient peu à peu : ces membranes ne font même dans leur origine, que comme une humeur qui s'épaifit &C fe confolide par l'effet d'une quantité de particules fibreuies & anguleu- fes qui s'y forment, comme on le reconnoît clairement dans la tête des embryons avortés : on peut voir tout cela dans une coquille brûlée , eu l'obfervant avi microfcope. Quant à la formation de la coquille , il faut remarquer d'abord que le corps de l'efcargot efl parfemé de glandes ■, dont les orifices , jettent de petits filaments d'une liqueur vifqueufe ; la réunion de ces filaments forme un tilTu ou une croûte continue qui s'épaiirit, fe durcit & devient une véritable coquille. La mucofité ell donc la matière premieredes coquilles ; ce n'ell d'a- bord qu'une exffucktionqui pi-endla confiflance d'une membrane , &c enfuite celle d'un os ou d'une pierre : les filaments qui la compolent, fe voient très- ACADÉMIQUE. 89 très-bien dans les endroits où les tours de fpiralc fe rencontrent & s '11- ^ uiflcnt. SwAMMrRDAM. L'émail des dents de l'homme & des animaux n'eft de même qu'un Histoire de» tiffu de filaments très-fins , dans quelques-uns il devient poli & dur coni- Insectes, me de la vraie pierre ; quoique dans leur origine les dents ne foient qu'une mucofité qui devient peu à peu membrancufe, & enfin ofleufe : j'ai même trouvé dans des fétus de cinq mois ces ébauches des dents , èc je les conferve avec leurs filaments. Le D"". Sténon a aulTi découvert ces filaments dans les coquilles qu'il défigne par le nom de conques , il a enrichi le cabinet de mon pcre d'une conque trouvée dans les montagnes d'Italie, dont l'humidité avoit à la longue détaché les lames qui la compofoient, & qui tbrmoient au- tant d'autres conques plus minces & plus petites : on voit par la décom- pofition de cette coquille , que fa formation s'opère en la manière que j'ai indiquée. La formation des coraux fuit encore la même loi ; car ce ne font d'abord que des membranes déliées où naiflent enfuite de petits grains , qui en fe réunifiant , prennent la nature de la pierre , comme je l'ai expliqué dans deux lettres fur cette matière, que j'ai inférées dans l'ouvrage de Boccone fur les coraux. Les tendons des mufcles de l'efcargot font durs comme de la pierre h l'endroit de leur infertion dans la coquille ; cela fe reconnoît aifément & par leur infertion même dans la fubflance de la coquille, & par les circonvolutions du noyau , qui vont toujours en s'élargiflant. Dans les poules & dans les coqs-d'inde les tendons des mufcles s'ofiifient aufii à la longue ; & fur- tout ceux qu'on tire du deffous du pied & dont quel- ques perfonnes fe fer^■ent comme de cures-dents. L'opercule a à-peu-près la même origine que la coquille ; il efl feu- lement plus analogue à la chaux ou au plâtre qu'à la pierre ; car il ell moins dur, plus fpongieux , & conféquemment plus épais que la co- quille : j'ai obfervé que lorfque l'animal s'cll plus enfoncé dans là co- quille , après avoir conftruit fon opercule , il travaille encore au def- fous de ce même opercule , & produit quelquefois deux & même trois autres membranes inégalement épaiffes & plus ou moins chargées de matière calcaire. Vers le centre de l'opercule paroît un fil membra- neux qui attache ces membranes à l'opercule , comme û on les y avoit coufues avec une aiguille. Quand l'efcargot travaille à fon opercule^ il le retire de plus en plus dans fa coquille ; de forte que la cavité en ell fer- mée uniformément par le limbe , d'où il exprime enfuite cette humeur qui fe condenfe enune^fpece de gypfe , & qui eft peut-être fournie en partie par le fac calcaire. La partie du corps qui contribue le plus à raccroifTement de la co- quille eft le limbe ; l'efcargot le poufle & le gonfle au dehors , de toute l'étendue dont il veut augmenter fa coquille ; enfuite il exprime des glan- des de fon corps l'humeur glutineufe, dont il forme un tilTu membraneux auquel il donne peu à peu de l'épaiffeur, & que l'impreffion de Tair durcit; cette membrane efl fi délicate & fi fragile dans fa naiifance, que le moindre frottement la déchire ; c'eft par cette raifon que les coquilles Tom. r, M. 90 COLLECTION '- d'efcargot font raboteufes & pleines de cicatrices & de tubcrofités. SwAMMERDAM. S'il arrive que par une chiite violente , ou par quelqu'autre accident. Histoire des In coquille s'enfonce ou fe cafle en quelque endroit , l'animal répare peu iNSECTEi. ^ pgjj [g bj-^>(;hc par de nouvelles couches de cette humeur glutineiife dont la coquille eu formée ; de forte que l'endi-oit qui a été offenfé de- vient plus folide qu'auparavant : c'eft ce qui rend la furface extérieure d« la coquille inégale & raboteufe , tandis que la furface interne eft liffe & po- lie : ceci eft analogue au calus qui fe forme dans les os fracturés des au- très animaux , &: qui les rend noueux en les confolidant : on en voit fouvent des exemples dans les côtes des brebis ou des moutons , & j'en ai vu dans les os de l'homme & de plufieurs autres animaux. J'ai quel- quefois caffé des coquilles d'efcargot , de manière à y pouvoir introduire mon petit doigt, & je trouvois la brèche exaûement refermée au bout de quatre jours. Il réiulte de tout ceci, que les coquilles font fujettes pour leur accroif- fement aux mêmes loix & aux mêmes variétés que les os des autres animaux , avec cette feule différence qu'on n'y difcerne point de vaiffeaux , peut-être parce que leur extrême petiteffe & la blancheur du fang qu'ils contiennent les dérobent aux yeux ; & fi cela eft ainfi , il n'y a aucune différence réelle entre les os & les coquilles. Il paroît étonnant que les coquilles fluviatiles & marines fe durciflent au milieu des eaux, quoique ces coquilles ne foient elles-mêmes, dans leur naifi'ance , qu'une efpece d'humeur ; il eft encore plus furprenant de voir des inieûes aquatiques fe conflruire des coques & des tiffus , avec des filaments glutineiix & fins, qui prennent dans l'eau même autant de con- fiflance & de folidité que ceux des vers à Ibie en acquièrent à l'air ; je conferve quelques efpeces très-rares de ces infeâes. J'ajouterai ici , pour terminer mes obfcrvations fur les efcargots , qu'ayant dépouillé de fa coquille un de ces animaux, je le vis mourir le troifieme jour après cette opération , quoique je n'cuffe offenfé aucun des vaif- feaux fanguins , & que j'euffe ménagé avec grande attention la partie de la coquille où !;s mufcles font inférés : cependant l'efcargot avoit déjà produit une membrane qui lui enveloppoit tout le corps ; ainfi m'a curiofité fut fatisfaite , ear je n'avois d'autre but en faifant cette expé- rience que de voir fi l'animal travailleroit à une nouvelle coquille : au relie , il étoit affez vif au commencement , mais il parut bientôt s'affoi- blir par degrés , & il mourut enfin après s'être retiré fous fon limbe. ACADÉNfIQUE çr SwAMMERDAM» Histoire des ARTICLE XII. Inseçtiî, Du htrnard riiirmite ; {jÀ) di la pinnc marine ; dis anfracluofîtês internes d- U. coquille turbtnic ; (b) de la volute ou coquille cylindràide & pyra~ milale ; de la porceUine ; (c) du pinuau ai plume ou mitre ^ (d) & de quelques autres coquilles. CE qui a été dit dnns l'article précédent , prouve évidemment que toute coquille eft réellement l'os de l'animal qu'elle renferme , & que cet animal ne ponrroit vivre s'il en étoit dépouillé ; il n'eft donc pas vrai, comme on k croit communément , que l'efpece de petit crabe nommé bernard thermite, fe loge fucceffivement dans différentes comiii- les , après avoir mangé les animaux qu'elles renferm.oient ; erreur fur laquelle font fondés les noms d'hermite & de Ibldat qu'on a donnés à cet animal finejulier. Il y a plufieurs années que me trouvante la Haie, je demandai à quel- ques pêcheurs de Schcvelingue de m'apporter tous les petits poiflbns étrangers qu'ils prendroient. Parmi ceux qu'ils me procurèrent , ils fe trouva plufieurs foldats ou bernards-hermites ; ils.étoient renferm'és cha- cun dans une coquille arrondie & contournée en fpirale très-liffe & pour ainfi dire polie. (PI. V. Fig. III. ) En obfervant attentivement ces. animaux, je trouvai qu'ils reffembloient aux crabes par la partie anté- rieure du corps feulement ; car on y voyoit quatre jambes & deux bras armés de pinces , dont la droite étoit beaucoup plus grofle & plus forte que la gauche. Il y avoit auffi deux antennes fouples & déliées près- defquelles ie trouvoient deux yeux proéminents , & quelques autres pe- tites parties au defTous de celles-ci : la panie poftérieure du corps atta- chée au noyau de la coquille par les tendons des mufcles , étoit molle & contournée en fpirale comme elle l'eft dans les limaçons , & même dans les limaçons de mer nommé alickruyk. Anrtote & Elien rapportent qu'on trouve quelquefois un craïe &une- moide, ou un limas, dans une même coquille, d'où ce crabe prend le nom de pinnophylax ; ils ajoutent que le crabe a foin de procurer la nourriture à ion camarade, de forte que tous les biens font en commun entre eux. Cette prétendue fociété a fourni aux auteurs plufieurs traits de morale aÛ legonque ; & fans doute l'animal qui a donné lieu à cette fable étoit une efpece de bernard l'hermite , ou de Hmas de mer, dont la'partie anteneure du corps , qui fort de la cocjullle pour chercher des alime.its^ (a) Cancdlus. (b) Turbo feu verticiUum^ (c) ConiAa veneris. (d) Penicillum, U-a. 91 COLLECTION — M^— — eil revêtue immédiatement d'une enveloppe dure , tandis que le refte du Sii'AMMERDAM. corps qul reftc au fond de la coquille , eft d'une fubftance molle , & n'eft Histoire des revêtue que de la coquille même , comme je l'ai dit du bernard l'hermite. Insectes, On donne à cette elpece de coquillage le nom de pinne , & en Hol- lande on l'appelle v;>z/ze , peut-être parce qu'elle vit de rapines, & qu'elle iaifit & tue avec fes pinces les petits animaux dont elle le nourrit; (a) ou bien parce que fa coquille ell mince comme les nageoires des poiffons , & tranfparcntc comme leurs écailles dépouillées de la pellicule qui les recouvre. Le fommet de cette coquille le termine en pointe ; il y en a plHlieurs de cette efpece dans le cabinet de mon père ; quelques perfon- nés leur donnent le nom de moules à coquilles pointues, (i") Je ne prétends pas nier qu'il n'entre fouvent de petites écreviffes dans des coquilles qui fe trouvent vuides ; j'ai même vu à Petten , fur le ri- vage de la mer , des coquilles où s'étoient retirées de petites étoiles de mer ; mais tout cela ell fortuit , & ces animaux n'habitent pas long- temps ces maifons empruntées ; car la faim les force bientôt d'en for- tir. J'ai même trouvé dans la Seine plufieurs petites écrevifles logées dans les cavités de quelques os de tête de bœufs qui y avoient été jet- tés : Mrs. ïh.évenot & Sténon , avec qui je cherchols alors des infedes dans cette rivière, furent comme moi témoins de ce fait. La coquille du bernard l'hermite eil tournée en fpirale, & fa coupe intérieure eft à-peu-près comme celle de la coquille de l'efcargot ; mais il y a d'autres coquilles , dont la flrufture eft très-différente. Dans la co- quille turbinée le premier tour de fpirale a (PL V. Fig. IV.) eft le plus large de tous , les autres s'élèvent au deffus en tournant comme un ef- calier à vis. Si forment différents étages qui vont toujours en s'étrécif- lant , & fe terminent enfin par \m fommet fort aigu h ; d'où il eft facile de concevoir que cette coquille eft beaucoup plus alongée que celle de l'efcargot. Les circonvolutions de la coquille nommée volute ou cornet paroif- fent beaucoup plus compliquées : la bouche de cette coquille s'étend fur toute fa longueur , depuis le fommet jufques vers la circonférence de la bafe : la coquille eft roulée comme un cornet ; car elle rentre en elle- même & fait plufieurs circonvolutions, qui forment autant de cornets renverfés les uns dans les autres , & qui vont toujours en diminuant de hauteur & de largeur, jufqii'au plus intérieur qui fe réduit à un point, & qui eft placé au centre de la bafe ; cette bafe eft un peu convexe à i'extérieur , & l'on y voit des tours de fpirale qui indiquent les bords des différents cornets. La conque de venus ou porcelaine n'eft pas moins remarquable par fes fmuofités : cette coquille a à-peu-près la forme d'un œuf applati fur l'une de fes faces ; la bouche eft longitudinale & dentelée ; elle règne tout le long de la face applatie de la coquille , qui a l'un de fes bouts plus aigu que l'autre : le bout qui renferme le plus grand nombre de cir- (a) Vinnigheld , en Hollandois fignifie avec violence. {b) Mytuli aculeath ACADEMIQUE. aj convolut'ions eftlc plus gros. Cette coquille en fe roulant au dedans d'elle- "^'mmmtm^^ même, comme la précédente, tait plufieurs contours emboîtés les uns Svammerdam. dans les autres , & de même forme que le contour extérieur ; ils vont Histoire osi toujours en dccroiflant. Le corps de l'animal s'ajufle exaftement à tou- Insectes. tes ces finuolités , comme je l'ai fait voir dans l'efcargot : tous les con- tours intérieurs font bordés de petites dentelures , comme la bouche de la coquille. Le pinceau on la mitre fait fes circonvolutions d'une manière toute différen- te : c'eil un ellipfoïde fort alongé & fort aigu : la bouche ell placée au gros bout. Cette coquille forme fept différents étages, en tournant & s'éleva'nt autour d'un noyau cannelé en fpirale : les étages font faits en entonnoir & vont toujours en diminuant de hauteur & de largeur , de forte que le dernier , à compter depuis la bouche, n'ell pour ainfi dire, qu'un point ; mais ce point ell proprement le premier étage^ la coquille primitive qui forme ics autres circonvolutions à mefure qu'elle croît. On voit dans les cabinets des curieux une coquille affez femblable aux cornes d'Ammon, c'^fl le petit nautile ; fa forme cft celle d"un tube co- nique roulé fur lui-même comme un cor de chaffe. Cette coquille efl fmgulicre , en ce que fa cavité intérieure efl: divifée par différentes clol- lons qui y forment autant de chambres féparées , lefqucUes ne commu- niquent point entr'elles : ces cloifons font indiquées fur la furface exté- rieure de la coquille par autant de lignes circulaires , & elles paroiffent à découvert dans leur véritable pofition , lorfqu'on enlevé une partie de la coquille, l' b (PI. V. Fig. V.) Dans la première cloifon, qui fait le fond de la chambre antérieure , on voit un petit trou , lequel efl: l'orifice d'un tuyau ou manche creux qui tient à cette cloifon & qui lui efl perpendi- culaire : ce manche creux de la première cloifon traverfe la féconde cham- bre fur le côté concave de la coquille , & s'emboîte dans le manche creux de la féconde cloifon , lequel traverfe de même la troifieme cham- bre ; & amfi de fuite ; en forte que tous ces manches enfilés les uns dans les autres iiii ( PI. V. Fig. VL ) forment un tuyau continu fur le côté concave de la coquille. Tous ces tuyaux ou manches creux vont toujours en diminuant proportionnellement aux cloifons , & deviennent prefque im- perceptibles au fommet de la coquille ; ils font emboîtés exaûement les uns dans les autres fans être adhérents , comme les tubes des lunettes de longue vue : au contraire , les cloifons tiennent à la coquille extérieure. Je conferve quelques-unes de ces chambres, détachées les unes des au- tres, mais qu'on réunit en remettant leurs manches dans leur pofition naturelle , & les contenant ainfi par le moyen d'un fil d'argent qui paffe dans leur cavité. Cette coquille reffemble donc -à celle des limas, en ce qu'elle efl com- pofée d'un tube roulé en fpirale ; elle en diffère par la pofition de (es cloifons , & par leurs manches creux ; cependant comme ces manches s'infèrent les unes dans les autres , on peut en regarder la fuite continue comme le noyau de la coquille. Je n'ai jamais vu cette coquille avec fon animal , & je ne fais pas com- ment il y elUogéi s'il s'étend d'une chambre à l'autre par la cavité con-. SwAMWERDAM. ç4 COLLECTION tinue Jes manches , ou s'il n'habite que la chambre antérieure : le grand nautile des Inùes eft prefque de même llrufture que ceUil-ci : Aldrovande Histoire des nous en a laiiTc une hgure en bois allez exatte. Insectes Mais rien ne donne une idée plus nette de la lîrufture des coquilles , que les tuyaux de mer ; ce font des tubes fimples , qui font feuleiucnt quelques finuofités & quelques tours de fpirale vers leur fonimet aigu, &C quelquefois auffi vers leur milieu ; en effet, les coquilles ne différent entre elles que par la manière dont elles font leurs circonvolutions , & par quel- ques variétés extérieures dans leurs furfaces , comme les couleurs , les renflements , les dépreflions , les anfrafluofités , les protubérances , les finuofités , les expaniions , &c. joint à ce que la cavité du noyau fe bou- che quelquefois & fe remplit entièrement comme je l'ai vu même dans des coquilles d'efcargots : on peut donc dire que le^ coquilles les plus variées fe réduifent toutes à une même forme primitive , qui n'eft autre- qu'un tube conique diverfement contourné. Les tuyaux de mer font donc les plus fimples de toutes les coquilles ,, puifque fur la plus grande partie de leur longueur , ce font de fimples tuyaux, & qu'ils ne fe contournent en fpirale que vers leur fommet aigu ; mais ces tuyaux fe trouvent quelquefois raffemblés au nombre de dix , & mê- me de vingt , & tellement entrelacés enfemble , qu'on n'y diltingue aucun arrangement, & qu'on ne voit que leurs fommets, leurs contours & leur petite ouverture ou leur bouche. J'ajouterai ici que prefque toutes les coquilles font leur circonvolutions de gauche à droite ; il y en a très-peu qui foient contournées en fens contraire ; celles - ci fe nomment uniques à cauie de cette fingulari- té qui cependant fe trouve dans plufieurs efpeces de turbinées ovales , & encore dans quelques autres : les curieux les eftiment à caule de leur rareté. J PETIT LIMAS TURBINÉ, (a) E trouvai il y a quelques années au mois de juin , parmi des écorces ^ de iaules tombées de l'arbre , un petit limas turbiné , qui ne fe mon- tre jamais de jour, fi ce n'eft lorfqu'il pleut ; il fe cache ordinairement pendant le jour fous ces écorces de faules , ou dans d'autres endroits, abrités , & colle la bouche de fa coquille contre le bois , de manière que fon fommet eii foutenu en l'air, & que la coquille eft inclinée au plan de pofition : cette coquille eft une de celles qu'on appelle uni- ques , étant contournée en fens contraire aux coquilles ordinaires ; & ce qu'il y a de plus remarquable , c'eft que l'orifice des parties de la génération fe trouve dans le côté gauche du cou , au lieu que dans les autres limas cet orifice eft du côté droit : j'ai vu quelques murex con- tournés dans ce même fens, & il eft probable que dans tous les coqiiil- (a) Turbo minttttis^ ACADÉMIQUE. 9^ lages qui font ainfi leurs circonvolutions , les parties de la génération font ^— — — "^ placées du côté gauche. Swammerdam. Celui dont je clonnc iciladefcription étoit fort petit : il n'avoit que trois Histoire de« lignes &d.rr.iie, & fa coquille que trois lignes de longueur ; j'en ai rarement Insectes. trouvé de plus grands. Lorfqu'il rampoit il portoit (a coquille fur le mi- lieu de fon corps en guife d'une pyramide fort inclinée. Il avoit quatre cornes ; deux fupérioures , au fommet defquelles étoient les yeux , & deux inférieures peu apparentes , & qui ne m'ont paru que deux petits tuber- cules obtus : les cornes fupérieures avoient plus du tiers de la longueur du corps. Les yeux étoient auflî fort grands relativement au volume de l'animal. Le trou du limbe par où les limaces refpirent étoit du côté gau- che , de même que l'orifice des parties de la génération. La coquille fai- jbit fept tours de fpirale , elle étoit cannelée & revêtue d'un périofle. Les parties internes de cet animal rcfl'emblent fort à celles de l'efcar- got ; il n'y a aucune différence à l'égard du goficr , de la bouche , du palais , des vaiffeaux falivaires & de l'eflomac. Le cerveau eft de même pofé fur l'œfophage , mais par fa ftruilure , il efl plus femblable à celui du limas aquatique commun, dont je parlerai bientôt. Le foie eft de fubrtance glanduleule ; il eft terminé en pointe & occupe le fommet de la coquille dont il fuit exa£lement les circonvolutions. Les orifices de la matrice & de la verge s'ouvrent dans le côté gauche. La perfeftion des parties de la génération* me fit juger' que l'animal, quoique très-petit, étoit adulte & n'avoit plus d'accroilTement à prendre : je vis aflez diftinc- tement & l'ovaire & le fac de la pourpre & le conduit caténiforme. Je confervai ce limas pendant plufieurs jours dans un vafe de verre où je verfai quelques gouttes d'eau ; je lui donnois de la laitue , & il fut en mouvement pendant toute la journée. Dans les grandes chaleurs cette eipece choifit par préférence le temps de la nuit pour manger. En obfervant cette coquille au microfcope , on en voit très - diftinfte- ment & la bouche & la cavité du noyau , & les ftries qui font à la furface. PETIT LIMAS UN P E U A P P L A T I. {z) ON trouve encore parmi les écorces de faules un autre petit limas J dont la coquille eft un peu applatie , fort mince & tranfparente : la féchercffe avoit fait mourir celui que j'ai vu , ainfi je ne puis le dé- crire : à travers la coquille je vis des taches de plufieurs couleurs fur le corps de cet animal mort. ( a ) Minium cochlta leviter dtprcjfa. 96 COLLECTION SwAMMIRDAM. ———^~ ' Histoire dis Jnsîctes. limas ovoïde, PArmi les joncs des fofles & fur les feuilles de nymphéa qui fe trou- vent joignant 'les bords des ruiffeaux, on rencontre une efpece de îimas qui aime la fraîcheur & l'humidité de ces lieiix & qui s'y nourrit en tout temps , mais qui mange principalement la nuit , le foir & le inatin ; il fe tient immobile à l'ombre durant la chaleur du jour. Ces limas portent une coquille ovoïde , cannelée & revêtue d'un périofte châ- tain pâle : la partie poftérieure eft fi délicate & fi fragile , qu'elle fe brife pour peu qu'on la manie inconfiderément ; cette partie fait deux tours de Ipirale. Le corps de l'animal ell: parfemé de points ou taches noires. A la partie antérieure on voit deux cornes obtufes qui portent les yeux j & deux autres plus petites au deffous de celles-ci. Il fe trouve dans la bouche de ce limas une dent affez forte , qui forme ime expanfion offeufe, laquelle s'étend dans l'intérieur de la bouche. L'o- rifice de la refpiration efl: fur le côté droit du limbe , & les orifices des par- ties génitales s'ouvrent aufll dans le côté droit du cou. L'eflomac eft d'une couleur pâle ponftuée de noir, & ce mélange de couleurs le fait paroître gris. Les vaifiTeaux falivaires qui regntnt le long de l'œfophage, fous le cerveau , font grands relativement au volume total du corps ; ils font ponftués comme l'efiomac. Le foie eft femblable à celui de l'ef- cargot. Le cœur fe trouve dans le côté gauche. Le fac calcaire, qui eft auprès du cœur, eft fort grand & parfemé de globules blancs & iné- gaux. Le cerveau & les nerfs font comme dans l'elcargot. La verge paroît courte , mais fi l'on ouvre l'étui membraneux qui la renferme, & d'oî^ elle fort lorfqu'elle fe déploie , on trouve qu'elle fait à l'intérieur plu- fieurs finuofités tortueufes & qu'elle eft fort longue. La matrice eft de même ftrufture que celle de l'efcargot , mais à côté de ce vifcere on, trouve une particule grife , que je n'ai jamais vue dans l'efcargot. Après la matrice paroît le fac de la glu, (a) Se enfin le corps ou conduit caté- niforme qui eft fort noir. Le petit fac de la pourpre a la forme d'un demi globule un peu alongé. Je n'ai rien découvert de plus dans cet animal ; feulement les mufcles m'ont paru femblables à ceux de l'efcar- got, & j'y ai vu même ces deux mufcles qui paflent fous le cerveau., Se. qui retirent à l'intérieur les parties que j'ai indiquées ci-deflus. (j) Dans l'efcargot l'auteur a nommé ce fac l'ovaire , & il femble quHl n'a com- mencé qu'ici à reconnoître fa méprife : dans la fuite il appelle conftammçnt fac de Li glu la parti.e marquée dd (PI. V. Fig. I. ) & il appelle ovaire la partie "niarqucs î- ^,>?* .ARTICLE ACADÉMIQUE. 97 SwAMMERDAM. Histoire des ARTICLE XIII. Insectes, Du l'emaçon de jardin OU laquais ; de la limace dome^iqui j & de celU des prairies. LE limaçon de jardin ou laquais eft fort femblaBle à l'efcargot, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur & n'en diffère que par de légères varié- tés de conformation &c de couleur : je me contenterai d'indiquer la prin- cipale différence ; elle fe trouve dans les parties de la génération : l'ou- verture par oii fc déploient ces organes , eft fur le côte droit du cou , mais un peu plus bas que dans l'efcargot ; la matrice & fon ligament , le fac de la glu (a) & le conduit caténiforme font précifément de même que dans l'efcargot. Comme j'ai fait ces obfervations au mois de juin , j'ai vu les œufs bien diftindement dans l'ovaire (P) placé au fommet du con- duit caténiforme , vers l'extrémité de la IpiraJc du foie : ces œufs me parurent prêts à defcendre dans la matrice par le conduit caténiforme où je crois qu'ils s'enduifent de glu : le petit fac de la pourpre étoit d'un jaunâtre pâle , Si contenoit une matière plus épaiffe que dans l'efcar- got ; l'autre branche du canal déférent , qui dans l'efcargot s'ouvre dans la matrice , fe prolongeoit plus loin ici , & l'os alcalin étoit entré dans cette branche, & s'y trouvoit dans une pofition renverfée ; mais j'ai quelquefois trouvé dans l'efcargot cette même branche telle que je viens de la décrire. L'origine de ce canal déférent ou fa connexion avec la matrice étoit comme dans l'efcargot. L'appendice aveugle de la matrice avoit auiîl la même ftru£hjre que dans l'efcargot, mais fa couleur étoit plus grife ; lec taftlculec n'ôtoiont toiiijjulcs tjuc de fi.t fildincnts , mais CCS fi- laments étoient plus longs : le petit os alcalin étoit différent de celui de l'efcargot , il n'avoit point ces quatre côtes que j'ai indiquées dans la fi- gure du premier repréfenté en grand , on y voyoit Cependant quelques en- foncements & quelques éminences difpofés régulièrement ; il étoit au moins aufli gros que celui de l'efcargot , & il pouvoit fe porter plus loin hors du corps ; car il pofoit fur une bafe plus alongée , dont le cou étoit auflî beaucoup plus long & de couleur grife : la verge me panit plus lon- gue & plus aiguë ; elle n'avoit qu'un mufcle pour la retirer à l'intérieur, & ce mufcle étoit pofé comme dans l'efcargot : le canal de communica- tion entre la verge & la matrice ne différoit en rien de celui de l'ef- cargot : ce limaçon agitoit avec force l'extrémité de fa verge & la rou- loit en divers contours tandis que je le difféquois , ce que je n'ai jamais rémarque , du moins fi clairement , dans l'efcargot. Il y a auflî ime grande différence entre l'accouplement des efcargots (<î) C'eft ce que l'auteur nomme Vovaire (hns la defcription de Tefcargo}. {h) Dans la même dcfcription de l'efcargot, l'auteur ne donne point de nom àcetts^ partie marquée î, (P1,V, Fig. I.) ç8 COLLECTION & celui de ces laquais ; dans ceux-ci la verge fe déploie bien davantage " SwAMMEiiDAM. c^e cft dans fon origine parfemée de glandes femblables à celle de Histoire dis la peau : l'accouplement dure beaucoup plus long-temps que celui des ef- Iniectes. cargots : la partie déliée ou l'appendice de la verge de chaque limaçon entre de toute fa longueur dans le corps de l'autre , les deiix verges a {fl-^- Fig. VII. ) s'entrelacent enfemble avant d'arriver aux orifices ref- pèftifs des deux matrices , mais on ne peut bien voir leur entrelacement qu'en éloignant un peu les deux animaux l'un de l'autre afin d'étendre CCS parties : fi on les lépare tout-à-fait , on voit l'une & l'autre verge /', d dans toute fa longueur au fortir de l'une & l'autre matrice corref- pondante c , c ; & bientôt après chaque limaçon retire tout cet appareil au dedans de fon corps : comme les parties font placées fur le même côté du cou dans chaque individu , leurs corps fe trouvent pofés en fens contraire pendant l'accouplement, & leurs têtes fe joignant par le côté droit, fe croifent prefque en fautoir. Cette cfpece de limaçon eft fort commune ; la coquille eft jaunâtre ; elle a quelques petites ftries comme celle de l'efcargot ; de plus elle cft ornée de bandes brunes qui fuivent fes tours de fpirale, & dont le nombre varie dans les différents individus : les couleurs du fond & des bandes fe retrouvent fur le période lorfqu'on l'a féparé de la coquille : ce périofte efl: très-délié. Enfin , ce limaçon a comme l'efcargot quatre cornes , dont les deux fu- périeures feulement portent des yeux à leur fommet ; c'efl une er- reur de croire que cet animal ne fe ferve de ces cornes que comme un aveugle fe fert de fon bâton pour fe guider dans fa marche , & pour re- connoître parle feul taft la confiftance des corps dont il s'approche : la tête à l'endroit des lèvres fur-tout, repréfente affez bien la tête d'un chat. DELA LIMACE DOME STIQ^UE. LA limace domeftique qui fe trouve dans les endroits humides des maifons & autour des citernes , n'a point de coquille, & n'efl revêtue qiie de fa peau , de forte qu'à cet égard elle reflemble à la partie de l'efcar- got qui efl hors de fa coquille lorfqu'il rampe : fur fa tête s'élèvent qua- tre cornes, dont les deux fupérieures portent les yeux à leur fommet : l'œil n'eft pas fitué précifément au milieu du renflement qui termine la corne , mais un peu fur le bord du côté qui regarde le dos de l'animal : les deux cornes inférieures font beaucoup plus petites & ne portent point d'yeux : la partie antérieure du corps efl: couverte d'un capuce qui adhère au dos de l'animal : le corps parfemé de tubercules glanduleux & oblongs , femble guilloché : il a aujfîl des raies & des taches noires : les glandes font beaucoup plus petites & plus molles fur les cornes , la tête , le cou , & tout ce qui fort de delîbus le capuce en avant : on voit fur le côté droit du cou l'ouverture par oii fe déploient les organes de la génération. ACADÉMIQUE. çç Le capuce eft d'une Ilruâure toiit-à-fait différente de celle du reftc du — i»g»»— corps ; car il cÛ parfcmc de tubercules cannelés , & il a des taches noi- Sv.-AMv.ti dam, Tcs & blanches ; mais cela n'eft pas commun à toutes les limaces domelH- Histoire uii ques , elles différent beaucoup entr'clles pour la couleur : la partie anté- Ik«£cth, rieure du capuce cil libre ; le relie eit étroitement uni au corps de la limace & y adhère fortement du côté du dos ; mais quand on irrite l'animal , il foulcve fon capuce de différentes manières : (ur le côté droit du capuce on voit un trou par oîi l'animal refpire & rend fes excréments ; ce trou a rap- port à l'orifice du limbe de l'efcargot , lequel fert auffi à ces deux ufn- ges ; car ce capuce ell tort analogue au limbe de l'efcargot , quoiqu'il ne recouvre que la partie ("upérieurc du corps de la limace. La partie pofté- rieurc du corps n'a rien de remarquable , û ce n'eft la ftnichjre particu- lière de fes glandes : le corps ell terminé des deux côtés par une petite bordure noire & inégale ; enfin il s'élève fur la queue imc efpece de crête où fe fait la fecrétion de la mucofité : la limace des prairies diffère de la domeftique , quant à cette flrufture particulière. Si l'on fend le capuce avec des cifeaux à l'endroit du trou qui donne paffage à l'air, on trouve que fa membrane intérieure eu d'une ftruc- ture réticulaire produite par les vaiffeaux qui s'y diftribuent , comme je l'ai fait voir auffi dans le limbe de l'efcargot. On peut voir ce réfeau dans l'intérieur du capuce de la limace vivante, en la regardant au foleil lorfque l'orifice qui fert à la refpiration ell fort dilaté ; car l'animal peut contrarier cet orifice au point qu'il n'en paroiffe plus aucun veflige : dans la cavité du capuce du côté gauche on trouve le cœur qui bat, avec fon oreillette , fon péricarde & quelques cavités où paffe l'air : aprè» avoir ôté le réfeau , on trouve au deflbus une petite pierre, que les na- turaliftes ont nommée pierre de limace , & à laquelle on a attribué plu- fieurs propriétés dans la médecine ; on pourroit appeller cette pierre l'o? du thorax ou du dos ; car elle ell fituée entre le thorax & le dos : fa forme ell celle d'une petite conque oblongue & concave ; plufieurs mem-- branes l'attachent dans tout fon contour au réfeau du capuce qui la coir- vre : quelquefois elle eft tout-à-fait membraneufe , d'autre fois elle efl affez épaiffe , toute pierreufe , & elle ftiit effervefcence avec les acides ; enfin quelquefois elle n'ell pierreufe qu'en quelques endroits, & on y voit ramper des vaiffeaux remplis de grains pierreux , d'où il eft aifé de comprendre comment elle fe forme par la réunion de ces particules pierreufes ; cela ar- rive de la même manière dans les membranes dont fe forme l'opercule de l'efcargot ; j'ai vu de ces pierres dans les plus petites limaces, comme dans celles qui étoient adultes ; quelquefois même j'en ai trouvé dans les plus grandes limaces, qui étoient encore très-minces, membraneufes- & feulement parfemées de ramifications pétrifiées ; au contraire , j'ai vu des pierres toutes formées dans de très-petites limaces : ainfi je foupçonne que ces pierres fe renouvellent tous les ans , comme ces petites pierres piano-convexes qui fe trouvent dans la poitrine des écreviffes , & qii'orr nomme très-mal-à-propos leurs yeux. Près du cœur on voit le fac calcaire qiii diffère peu de celui de l'ef- cargot : l'eflomac, les inteflins & les parties de la génération fe tTOU' ,00 COLLECTION — — i» vent clans l'abdomen ; l'eftomac eft affez ample & affez fort , Il a troîi <^^^ tuniques bien diftindes , la plus intérieure eft toute ridée & de couleur Histoire des j^une : celle du milieu eft mufculeufe, & enfin l'on remarque fur la tu- Insectes. nique extérieure des rides ou cannelures difpofées régulièrement , fur-tout quand l'cftomac eft vuide. Sur fa partie antérieure on voit les vaiffeaux falivaires qui font beaucoup plus courts, mais de même ftrufture que ceux de l'elcargot; il en eft de même des glandes d'où ils partent : les inteftins tournent auffi autour du foie, mais ils font moins de circonvo- lutions que ceux de l'efcargot ; car ils régnent dans toute la longueur du corps , & ne font pas forcés de s'ajufter aux contours d'une coquille. Le foie fe divife en plufieurs lobes , & fa fubftance eft compofée de pe- tits grains ou de petites glandes. On trouve dans la bouche de la limace une dent femblable à celle de l'efcargot : toutes les parties de la bouche font aufli à-peu-près comme dans l'efcargot ; il en eft de même encore du cerveau , de la moelle épiniere & des nerfs : ces parties font fituées dans le cou , & on les y dilîingue aifément : les mulcles qui retirent en dedans les cornes iiipérieu- res , font beaucoup plus noirâtres que dans l'efcargot ; mais les autres qui paffent dans le thorax ont leur partie charnue &C leurs tendons de couleur blanche , & ils vont s'inférer dans la peau qui eft fort épaiffe & dans l'endroit de l'adhérence du capuce avec le corps ; car il n'y a dans cet animal aucun os oii les mufcles puiffent s'infixer, mais les mufcles ont leur attache dans les mufcles , & ils aident à le mouvoir les uns les au- tres , ce qui s'exécute par un méchanifme très-remarquable dans certains animaux. Les parties génitales ont trois orifices internes qui viennent tous abou- tir à un feul orifice externe fitué dans le cou de l'animal : le premier de ces trois orifices ou le fupérieur eft celui de la verge , le fécond appar- tient à la matrice («) & le troifieme au fac de la pourpre qui eft fort court dans cette limace : la verge eft afl"ez forte & nerveufe , elle eft en- fermée dans une efpece de bourie ; on peut en foufflant cette bourfe l'en- fler & en faire fortir la verge qu'elle contient : de l'extrémité de cette verge il fort un petit filament qui va fe joindre au ligament de la ma- trice : ce ligament fourmille de petits grains blancs , inégaux qui m'ont d'abord fait prendre cette partie pour l'ovaire dans l'efcargot ; car je fiippofois que les œufs paffoient de la cavité de ce ligament dans la ma- trice par des conduits cachés ; mais j'ai reconnu dans la limace dont je parle , que ce ligament avoit un conduit de communication qui alloit ré- pandre la matière qu'il contenoit dans la cavité de la verge , à l'extrémité de laquelle il s'infère : la matrice tourne autour de fon ligament auquel elle eft adhérente , & cette adhérence la fortifie beaucoup , quoique dans (a) Rl-cU en parlant de cetw mcme efpece de limace , donne le nom de vaifleau fper- matique à ce que Swammerdam appelle la matrice : quant au fac de la pourpre , Rédi en parle auiU comme d'une poche fufpendue à la nailTance du vaiffeau fpermatiçjue , & C|ul contient une petite mafle de fubftance & de couleur de chair ; mais il ajoute i v « a , Swammerdam. Dans la limace que je dccris & que j ai dulcquee le dix d août , la ma- Histoire dm trice étoit fort diftendue , elle contenoit imc grande abondance d'œufs , I>secte$. & fes parois croient d'un tiflu plus ferme que dans le temps oii elle eft vuide. A l'extrcmité de ce vifccre fctrouvoit cette partie que j'appelle le fac de la glu , laquelle ctoit aufîl fort gonflée & divifée en plufieurs lobes , fur chacun desquels on remarquoit encore quelques fcifllires : en obfer- vant ces lobes au microfcope , ils me panirent pleins d'une multitude prodigieiife de petits globules applatis & inégaux. Le conduit caténifor- me étoit étendu & affez droit. L'ovaire afFaiffé & vuide de fes œufs n'étoit plus à l'intérieur qu'un tiffu cellulaire. J'imagine que les œufs étoient def- cendus dans la matrice par le conduit caténiforme , & qu'ils s'étoient en- duits de la glu contenue dans le fac qui eft à l'extrémité de la matrice : ce que j'expliquerai plus amplement au fujet de la limace des prairies : les œufs ne flottoient point librement dans la matrice ; mais ils étoient tous attachés fortement & dans un feul & même côté de ce vifcere , ce qui m'empêche d'affirmer comme certain ce que j'ai dit jufqu'ici de l'o- vaire & des œufs : mais j'cfpere m'en éclaircir avec le temps , ainfi je paffe à la defcription de la limace des prairies qui répandra plus de jour iiir cette matière. DE LA LIMACE DES PRAIRIES. LA limace des prairies commune diffère principalement de la limace domeftique par la texture de la peau , & par la bordure dont le corps eft environné : de plus fa queue eft un peu fourchue & il en fort une hu- meur glutineufe : quant aux panies internes, elles font aflez femblables dans ces deux animaux : la limace des prairies a comme l'autre un capuce , fous lequel elle retire fa tête : fur le côté droit de ce capuce on voit le trou par où l'animal refpire & rend fes excréments , mais ce trou efl dans la partie antérieure du capuce , au lieu que dans la limace domef- tique , il fe trouve à l'extrémité poftérieure de cette même partie : la membrane interne de ce capuce eft blanche & réticulaire comme dans la limace domeftique ; fa furface extérieure eft compofée de petits grains glanduleux , qui ne font pas exaftement arrondis , mais dont la furface eft inégale & parfémée de ftries & de tubercules ; ces inégalités font cepen- dant moins apparentes que dans la limace domeftique. Le refte du corps eft guilloché , ou fillonné affez profondément par les interftices d'une multi- tude de petites glandes oblongues, &: qui font elles-mêmes divifées en d'au- tres glandes plus petites par "de légères cannelures. Tout autour du corps règne une bordure d'un rouge foncé, elle eft rayée de noir, & ces raies font de largeurs inégales & perpendiculaires à la circonférence de cette bordure, qui répond à celle que j'appelle le pied dans l'cfcargot. La limace des prairies peutfe contraderau point de réduire fon ,oz COLLECTION w— ■—— — corps au tiers de la longueur qu'il a quand il eft étendu; les glandes de SwAMMERDAM. f^ pcau cHangcnt de figure dans ces mouvements de contraftion & d'exten- HisTOjRE DES fion : la couleur du corps eft un rouge brun , mais il y a beaucoup de Însectej. variétés à cet égard entre les différents individus. Les parties internes font , comme je l'ai déjà dit , prefque femblables à celles de la limace domeftique : comme dans ceiie-ci les organss de la génération i'e trouvent fituées derrière les parties de la bouche & du pa- lais , & fortent par le cou de l'animal : le cerveau qui lemblc compofc de deux lobes globuleux réunis enfemble , eft pofé fur l'œfophage ; en- fuite on voit le commencement de l'eftomac placé entre les vaifl'eaux fa- livaires, & enfin les deux corps glanduleux d'où partent ces vaifiéaux , & qui fe réuniffent fur l'eftomac. Au-delà de ces deux corps on retrouve l'eftomac qui eft parfemé de vaifleaux blancs , ainfi que les inteftins t ceux-ci font leurs circonvolutions autour du foie qui eft compofé de pe- tites glandes également diftribuées, &C qui eft femé de vaiffeaux très- blancs ; le canal biliaire qu'il produit eft affez ample & fe décharge dans les inteftins grêles. Les organes de la génération ont leur orifice externe fur le cou de l'a- nimal : la verge va en diminuant de groffeur depuis fon origine , & fe termine par un petit conduit , qui après avoir fait une circonvolution , va s'inférer dans la cavité de la matrice : cela n'a pas lieu dans la hmace domeftique ; (a) mais dans l'efcargot il y a un canal de communication entre la verge & la matrice, au delà duquel la verge fe prolonge encore confidérablement : derrière la verge fe trouve le fac de la pourpre qui eft affez ample , & qui contient un fuc ou une matière très-molle ; il a la forme d'une poire , & il eft fufpendu par un conduit qui peut repréfenter le pédicule de la poire ; ce conduit va fe décharger dans la cavité de l'é- tui membraneux de la verge. La matrice eft dans fon commencement un canal affez gros & affez fort , qui diminue enfuite & fait quelques fimiofités comme dans beau- coup d'autres limas : je n'y ai point vu de ligament ; mais à la place de ce ligament il fe trouvoit quelques vaiffeaux blanchâtres attachés à une membrane déliée , qui réunit les froncements de la matrice. Vers l'ex- trémité de la matrice, c'eft-à-dire, à l'endroit où elle fe joint au fac de la glu , elle reçoit le conduit caténiforme qui ferpente entre le toie & les inteftins grêles, & aboutit à l'ovaire auquel il eft attache : l'ovaire eft divifé en deux parties comme dans beaucoup d'autres animaux , mais cette divifion eft moins apparente dans les limaces qui ne ie font pas ac- couplées : cette partie prend beaucoup d'accroiffement après l'accouple- ment. J'ai vu les œufs bien diftinftement dans l'ovaire de la limace que je décris (PI. V. Fig. VIII. ) & j'ai jugé qu'il s'étoit écoulé quelques mois depuis qu'elle s'étoit accouplée : j'ai auflî oblèrvé ce même accroiffe- ment dans l'ovaire de l'efcargot ; il me paroît que les œufs defcendenî (j) Cependant l'auteur en décrivant la limace domeftique , parle d'un filarnent qui fort de rextrêmité de la verge & qui aboutit au ligament de la matrice ; ce filamens. paroit analogue au petit conduit t^ui termine la verge de la limace des prairies. ACADÉMIQUE. roj 'de l'ovaire dans le conduit caténiforme , & de-là dans la matrice, h Vex- qin en reçoivent enfiiitc une plus grande quantité à mcfurc qu'ils grofTiffent clans la matrice , jufqu'à ce qu'ils y aient pris leur/entier accroiffement. J'avoue , comme je l'ai déjà dit au fujet de la limace domcftique , que je n'ai jamais troiivé d'œufs dans ce conduit caténiforme , de forte que je ne puis donner ce que j'ai dit de la route que tiennent les œufs , que com- me une conjedure, mais comme ime conjefture qui me paroît très-vrai- iemblable & très-bien fondée. Dans cette limace le fac calcaire s'étend fur l'un des côtés du cœur , & tourne autour de fa pointe en remontant de l'autre côté , jufqu'à en- viron le tiers de fa hauteur. <— f ■»— — — — ^— O— — — i^ ARTICLE XIV. Du limas aquatique commun ; d'une autre efpece plus rare & qui ejl vivipare ; du limas aquatique applati ; des moules de la rivière de Fegt , &C. Objerva- tion particulière fur le limas aquatique commun. LE limas aquatique commun qu'on trouve en Hollande aux bords de tous les foffés, diffère beaucoup de l'efcargot & de tous les autres limas , non-feulement par la forme de fa coquille , mais encore par fes yeux, par les orifices tant de fon limbe que des parties de la généra- tion , lefquels orifices font apparents à l'extérieur ; & principalement par fes parties internes. La coquille a ( PI. VI. Fig. I. ) de ce limas eft turblnée ou alongée, an lieu que celle de l'efcargot eft Iphéroïdale. Les yeux , qui dans l'efcargot fe trouvent au fommet des cornes , font ici placés fur le côté intérieur de leur bafe ^^ ; on n'y voit point de mufcles qui pulflent les mou- voir ; les cornes fe terminent en pointe c c , l'animal n'a pas la faculté de les retirer au dedans de lui-même ; feulement il les accoiu-cit quel- quefois un tant foit peu. Dans quelques-uns de ces limas j'ai trouvé fur le côté droit deux yeux contigus , qui avoient chacun leur humeur cryflalllne à part. Cela me pa- roît très-fingulier & propre à démontrer comment les yeux peuvent fe multiplier dans les Inieftes , ainfi que je le ferai voir dans l'hiftolre des abeilles. Les nerfs optiques font beaucoup moins apparents que dans l'ef- cargot , parce qu'ils ne viennent pas immédiatement du cerveau , mais d'un petit nerf qui s'avance vers les parties antérieures de la tête. Au refte , cet œil ne diffère de celui de l'efcargot, qu'en ce qu'il eft plus grand, & qu'il a la forme d'une poire : le cryftallin a aufli beaucoup plus de volume que dans l'efcargot , quoique l'animal foit plus petit. L'ouverture du limbe d par où l'animal refpire , a pluîieurs mulcles I04 COLLECTION p I"'"" qui fervent à la dilater & à la contrafter. Quelquefois l'animal alof/g* S\vAMM£RDAM. ^^s bords dc cet orifice & lui donne la forme d'un tuyau qu'il élève Histoire dîs au deifus de la fuperficic de l'eau , pour recevoir 5c rejetter l'air ; & cet Insectes. gir que l'animal refpire tait quelque bruit au partage. Le limas fe foutient au deflus de l'eau quand il a rempli d'air l'intérieur de fon limbe & les cavités de fon corps ; au contraire il peut defcendre au fond de l'eau en comprimant l'air & y defcendre plus ou moins vite , félon les difterents degrés de comprefllon de cet air contenu dans fon corps , comme il peut remonter plus ou moins vite à la furface de l'eau , fuivant les différents degrés de rarefaftion de ce même air : mais s'il rejette tout l'air qu'il avoit reçu , comme on peut l'y forcer en le piquant pendant un peu da temps avec la pointe d'une aiguille , alors il ne peut plus revenir au def- fus de l'eau qu'en fe traînant , èc par conféquent très-lentement ; il eâ même vraifemblable qu'il mourroit s'il fe trouvoit ainfi privé d'air au fond d'un foffé bourbeux ; car il lui faudroit plufieurs jours pour gagner le bord en rampant , & il feroit fuffoqué faute d'air avant d'y arriver. Dans l'efcargot toutes les parties de la génération fe déploient par une feule & même iffue , mais dans ce limas aquatique la verge fort du cou par un orifice particulier e &c l'orifice / de la vulve fe trouve plus bas , fous le tuyau du limbe qui donne paffage à l'air. Le limbe différa prin- cipalement de celui de l'efcargot , en ce qu'il eft plus mince , qu'il a plus de mouvement & que fa cavité eft plus grande o : au refte , il adhère dans tout fon contour au bord de la coquille g g tomme celui de l'efcar- got. La dent A & la langue qui fe trouve fous la dent ^ font de même urufture que dans l'efcargot , excepté que la dent eft moins inégale &n'a pas des pointes fi faillantes. Les parties internes ne différent pas moins de celles de l'efcargot' par la couleur que par la forme. La plus grande différence eft dans l'efto- mac ; car au lieu que l'eftomac de l'efcargot eft membraneux comm(î celui de l'homme & des quadrupèdes , celui-ci eft mufculeux & tout-à- fait femblable à l'eftomac des poules. Le jabot eft d'un gris foncé : l'œ- fophage paffe par la bifxircation du cerveau , & toutes ces parties fe recon- noifl'ent d'autant plus facilement , que les nœuds delà moelle épiniere font diftingués par une matière hétérogène & jaune qui les fépare les uns des autres : c'eft pour quoi l'anatomie de ce limas eft plus facile à faire que celle de l'efcargot ; car y ayant beaucoup de parties colorées , l'on dif- tingue aifémenr les mufcles & plufieurs autres parties , principalement cel- les de la bouche & du palais. Les vaiffeaux falivaires font comme ceux de l'efcargot : le foie fe con- tourne auffi, en fpirale, & fa fubftance eft compofée de petites glandes diftinftes. Le cosiu" avec fon péricarde eft fitué comme dans l'efcargot ; les vaiffeaux du limbe font moins apparents : la couleur du fac calcaire eft un orangé pâle. Tous les mufcles font inférés dans la coquille &c dans fon noyau. Les parties de la génération différent aufll de celles de Fefcargot. La verge efl large & fait ifne efpece de bandelette , qui reffemble en qiiel- «pie forte h h, verge du canard marin, Cette partie a des mufcles plus forts,, ACADÉMIQUE. lo^ forts , plus apparents d<. en plus graiitl nombre que dans l'efcargct. La ■ ' i m ^ matrice le clivilc dans fa longueur en trois parties diilinclts, & aboutit Swammerdam. par deux orifices à l'orifice externe /.' La première partie de la matrice Histoire dbs ell: d'un gris cendre , elle reffcmble à la panl'e des ruminants : la féconde Insectes. partie devient plus gîutineufc ; & enfin la troifieme partie eft marquée par une expanfion de la matrice , à l'endroit où elle reçoit le conduit ca- téniforme : au deifus de cette expanlîon cfl placé le fac de la glu , & un avitrc corps qu'on peut regarder comme l'ovaire. Le conduit caténiforme ell plus crand que dans Tefcargot, mais il eft de même ftruflure à l'en- droit oïl il tient à l'ovaire Si au foie , excepté que les petits globules que j'y ai vus ctoicnt blancs dans Tefcargot, & jaunes dans le limas aqua- tique dont je parle. Le fac de la pourpre ctoit de couleur orangée fon- cée , il s'ouvroit dans la vulve par un conduit particulier, comme dans la limace. Je n'ai jamais vu les œufs, mais j'ai vu quelques particules ron- ^ des & tranfparentcs répandues dans le corps & foiblcment adhérentes , qui me parurent de vraies glandes. Sous les organes de la génératioa , près de leftomac, fe trouvoit un lacis conCdérable de vaiflcaux , dont la plupart alloient vers le foie. A l'ouverture de l'eftoraac on voyoit les deux forts mufcles de ce vlfcere , & il fe trouvoit dans fa cavité quelques graines de plantes aqua- tiques , lefquelles aident peut-être à broyer les aliments, comme font les. petites pierres qu'avalent les poules &l les pigeons. J'ai même oui-dire , qu'une piftole d'or avalée par un canard avoit perdu feiie grains de fon poids dans l'ellomac de cet animal : c'efl peut-être quelque choie de femblable qui a donné lieu à cette fable , que l'autruche digère le fer , comme Harvey l'a très - bien remarqué. Ces limas vivent de plantes aquatiques ; je les ai nourris pendant phi- fieurs jours avec de la laitue , & ils en mangeoient même les plus gran- des feuilles en entier, quand ils avoient palTé quelques jours lans nour- riture : je les voyois alors pouffer continuellement leur dent & leur lan- gue au dehors , d'oii je jugeois qu'ils étoient preffés de la faim. J'ai fait man- ger aufll du pain de feigle à des efcargots , &i ils en étoient même fort avides quand il avoit été détrempé par la pluie ; c'eft alors qu'on peut voir clairement la manière dont ces animaux mangent , fur-tout fi le pairt eft mince en très-petits morceaux. Lorfque je leur avois donné du pain,, je les voyois dès le lendemain fe dlfpofer à s'accoupler , d'où je conclus, qu'ils tirent un fiic très-fubftantiel de cet aliment. La tarière aime auflî beaucoup le pain. J'ai quelquefois trouvé fur la coquille d'un de ces limas des ceufs qni y avoient été dépofés par un autre limas de même elpece ; ils étoient renfermés dans uns maffe unit'orme & oblongue d'une mucofitc tranfpa- rente ; ces œufs avoient auflî la tranfparence du cryftal : au bout de quelques jours on voyoit dans le milieu un petit limas gris, qui avoit un mouvement continuel de rotation , femblable à celui que fait une par- ticule de cire renfermée dans une petite bouteille de verre pleine d'eau ^ lorfqu'on renverlé lentement cette bouteille : ces petits limas îournoyoicalr ainfj dans Icu? coque en ûottant librement dana une humeur linigide,, Tom, f, O to6 COLLECTION Trois jours après la ponte les limas contenus dans ces œufs commencent SwA^!MERDAM. à jaunir, puis ils redeviennent gris. Histoire des La même partie ii qui fert à l'animal pour ramper, lui fert auflî pour Insectes. nager : c'cll une pièce analogue à celle que j'ai nommée le pied dans Vcf- cargot , & qui tû appliquée de même à la furface inférieure du corps du limas aquatique : quand il veut nager il fe renverfe fur le dos , de forte que cette pièce fe trouve en haut étendue & à fleur d'eau ; enfiiite le li- mas replie fon corps, puis l'étend de nouveau & s'avance ainfi en na- geant très-lentement, par un mouvement femblable au mouvement pro- greffit de l'efcargot : il jette aufll au dehors un peu de mucofité qui fert tout à la fois à le défendre de l'ardeur du foleil & à le faire nager plus ai- fément : au relte, il peut nager en tout fens & fe tourner dans l'eau de toutes les manières pofilbles. Quand on veut difféquer cet animal, il faut d'abord le tirer de fa co- quille , après quoi il meurt dans l'efpace de deux jours, & û on l'a mis dans l'eau il s'en imbibe & fe gonfle tellement , que les organes de la génération fe montrent quelquefois au dehors : ainfi l'on en fait ailément l'anatomie ; mais fi l'on a bleiTé quelque partie , il fe répand tant de mucofité fur le tout , qu'on ne peut plus guère en faire ufage. La figure que je donne de ce limas le repréfente tel qu'on le voit lorf- qu'il rampe fur les parois internes d'un vafe plein d'eau : dès qu'il cft ar- rivé à la furface de l'eau , il poufle au defliis de cette furface le tuyau d de fon limbe, comme pour relpirer. DU LIMJS AQUATKIUE VIVIPARE CRYSTALLIN. A Près avoir fait' tant d'obfervations fur les coquillages , je croyois connoître parfaitement ce genre d'animaux , & pouvoir tirer quel- ques réfultats généraux de toutes mes remarques particulières ; mais plus on étudie la nature , plus on reconnoît combien elle eil inépuifable & variée dans fes produflions. En effet, j'ai trouvé tant de chofes nouvel- les & fingulieres dans le limas aquatique dont je vais parler, que je ne ferois pas furpris qu'on refufât d'ajouter foi à ce que j'en dirai. On trouve quantité de ces limas en Hollande , dans les fofles , dans les grandes rivières d'eau douce & dans les bancs de fable de ces riviè- res. Dans les foifés ces animaux rampent près des plantes aquatiques & dans le limon dont ils fe nourrirent ; le premier que j'ai eu fe trouva dans de l'argille : auiîl leur coquille efl toujours fouillée & comme in- cruftée de ces matières étrangères , de forte qu'on ne peut en voir la vraie texture : mais on la voit très-bien dans les coquilles des fétus qui font encore dans la matrice de leur mère. 11 efl: vrai que j'ai quelque- fois trouvé dans des rivières des limas de cette efpece , dont les coquilles n'avoient point d'incruflation , mais je n'en al vu aucune qui fïit abfo- lument nette & bien confervée. La tête b (PI. VL Fig. IL) diffère de celle des autres limas , en ce qu'elle eft ACADÉMIQUE. 107 plus apparente, plus faillante hors du corps & qu'elle ne rentre point ■—'■——*• au dedans, mais s'accourcit feulement un peu par le froncement de la Swammïrdam. peau. Dans la partie antérieure fe trouve une petite ouverture qui eft Histoire de*. celle de la bouche. Les cornes c c (e terminent en pointe , & de chaque Insecies- côté près de la face extérieure de leur bafe , font placés les yeux JJ qui s'élèvent un peu plus que ceux des autres limas aquatiques , & qui font à l'extrémité de deux petites cornes fort courtes, en quoi ils font plus analooues aux yeux des cruftacées. La couleur de toutes ces parties eft un fond noir ponftué de jaune. Sur le côté droit on voit l'orifice de la matrice e que l'animal alonge quelquefois hors de fa coquille par def- fous fon limbe ; il ouvre & ferme cet orifice à fon gré , parce que la ftruâure en eft mufculeufe , ce qui me le fit prendre d'abord pour le trou du limbe. Au deftus de la tête on voit (bus le limbe cinq appendices /, qui m'ont paru des ouïes. Le limbe g eft fort femblable à celui des autres limas , excepte qu'il ne fe meut pas avec autant de force, quoiqu'il foit d'un tilTu plus folide , plus fort & plus tenace. La fpirale du corps A eft com- me dans les autres limas. Le pied iii ou la partie inférieure du corps eft remarquable, en ce que l'opercule k y eft adhérent : cet opercide n'eft ni offeux , ni pier- reux , il tient de la nnutre de l'ongle ; aulli dans les murex on lui donne le nom d'ongle odoriférant, parce qu'étant brûlé il exhale une odeur af- fez femblable à celle du caftoreum , & bonne contre les vapeurs hyfté- riques. L'opercule du coquillage dont je parle , exhale aufll une odeur quand on le bnlle , & cette odeur eft aflez agréable. Quant à fa ftruc- ture , il paroît compofé d'anneaux à- peu près ronds & concentriques, diftingués les uns des autres par les teintes plus ou moins foncées de leur couleur : fa face interne eft un peu concave. La queue du corps tient à cet opercule par des mufcles aflez forts pour le ramener vers la bouche & les cornes, le recourber &c même le rouler fur lui-même : lorlque l'a- nimal veut être en sûreté, il rentre dans fa coquille & la ferme exaéte- ment avec cette opercule , il répète cette manoeuvre au moindre mouve- ment extraordinaire qu'il fent dans l'eau ; car c'eft l'animal le plus peu- reux que je connoiffe : au refte , il rampe fort lentement & nage ren- verfé dans l'eau, comme je l'ai dit du limas aquatique commun. Telles font les parties externes de ce limas ; fa contormation inté- rieure eft tres-fmguliere , mais lorfque pour parvenir à la connoifTance de cette conformation on veut difféquer l'animal , il fe retire précipitam- ment dans fa coquille & la ferme fi bien avec fon opercule , q.i'on ne peut y introduire la pointe d'une épingle. Il faut donc commencer par brifer la coquille qui cil fort dure , avec des pinces plates , puis en dé- gager adroitement l'animal. On voit alors comment les mufcles font for- tement attachés à cette coquille , & fur-tout à fa partie antériem-e. Cev animal eft très-difïicile à difTéquer vif ; car il ramené fon opercule vers^ fes parties antérieures en le recourbant & le pliant en double aa (PI. VE Fig. m.) d'ailleurs la bouche & les cornes !> fe retirent un peu à l'iii— tériour. Si Ton commence la difTeôion en ouvrant le Umbe avec des cifeauXj. Or io8 COLLECTION — i^-^— — près de la vulve c ; on voit d'abord paroître un petit rebord d tortueux c & cannelé : enfuite l'orifice e de l 'inteftin reftum ; puis les ouics f, dont 'W A %1 MER D AM ^ • • •'' Histoire des " quelques-unes paroiffent fous le limbe dans la Fig. V. &C enfin la matrice Insectes. ^ : en la dilTéquant j'ai trouvé dans fa cavité un fétus vivant & tel que je le repréiente ici en k ; car ce limas eft vivipare. Le limbe n'a point d'ouverture particulière comme dans les autres li- mas terreftres & aquatiques ; mais il eft , pour ainfi dire , ouvert de tou- tes parts , l'animal lait mouvoir les parties internes de ce limbe, & les déployer au dehors pjur attirer l'air qu'il rejette eniiiite en le retirant dans fa coquille : durant cette manœuvre , il eft facile d'appercevoir le rebord délié , tortueux & cannelé qui eft au dedans , &i. dont je crois que les cannelures font produites par les mouvements du corps qui fe courbe & fe contrafle. En ouvrant ce rebord d, on trouve que ce n'cft qu'un amas de globules égaux , tranfparents , cryftallins & de la nature de la pierre ; car ils craquent fous les inftruments tranchants. Les cor- nes , la partie fupérieure de la bouche &C plufieurs autres parties du corps de cet animal , font de même nature & craquent fous la dent comme des grains de fable. Cette matière a produit une grande efiervefcence avec î'efprit de vitriol. Il paroît étonnant que toutes ces parties dures & pierreufes folent mo- biles & flexiî^les , & que l'animal puiffe les contrafter, les étendre, les déployer & les faire rentrer dans fbn corps à l'aide des mufcles & des tendons qui paffent & s'inlerent dans ces parties : ' mais comment les nerfs, les veines & les artères peuvent-ils s'y dlftribuer, & fur-tout dans les cornes oii ces grains cryftallins font tellement prefîés , qu'on n'y voit prefque point d'efpace pour loger aucune autre partie? On trouve une matière grlfe & terreufe dans la cavité de l'inteftin rec- tum qui eft dlviiée à l'intérieur par des cloifons membraneufes & ner- veufes , femblables à des valvules. L'inteftin va toujours en s'élarglfTant, jufqu'à ce qu'ayant traverié le foie , il forme les Intcftins grêles , & enfin l'eftomac , qui n'eft qu'un tuyau affez étroit. Les excréments rendus par cet animal, font des amas de parties oblongues & enchaînées les unes aux autres : on les trouve fous la même forme dans les inteftins. Les parties auiquelles j'ai donné le nom d'ouies/(Pl. VI. Flg. ÎI. & III.) font placées fur le côté de l'inteftin reftum qu'elles accompagnent dans le corps, jufqu'à l'origine de la fpirale. Elles font toutes d'égale lon- gueur & reffemblent par leur difpofitlon à des dents de peigne fort lar- ges ; mais ces dents font de confiftance membraneufe : je les ai d'abord prlfes pour des expanfions membraneufes de la matrice, mais j'ai reconnu depuis , à leur pofition & à leur ftrufture , qu'elles étoient plutôt ana- logues à des ouïes. La m.atrice g (PI. VI. Fig. III.) eft fituée à l'endroit où fe trouve l'in- teftin reûum dans l'efcargot. Comme j'ouvrois lentement ce vifcere , je trouvai fous fa timique fupérieure qui eft commune , & pour alnfi dire , mi- toyenne avec la peau du limbe , un amas de petits corps lonus a ( PI. VI. Flg. IV. ) qui dliférolent entre eux pour la taille & pour la figure ; en les déplaçant je reconnus que c'étoient autant de vers vivants : leur ACADÉMIQUE. 109 tranfparence laiffoit voir à l'intérieur de leurs corps une ftrle h , longue —■ — — — ' & d'un gris cendré. Je voulus dirtequer quelques-uns de ces vers, £c je Swammerdam. vis fortir de chacun en les ouvrant, deux, trois, & jufqu'à quatre au- Histoire des très petits vers de même forme , à peu près , que les têtards ou que le Insectes. coucou de mer : ils a voient la tête greffe a (PI. M. Fig. V. ) &: la queue mince t. Les premiers vers fe mouvoient aflez lentement , mais ces au- tres animalcules étant mis dans l'eau , y nagcoieni rapidement & con- tournoient leur petite queue avec force. Ces féconds vers étoient d'une fubflance tranfparente , à travers la- quelle on voyoit dans le milieu de leurs corps une efpece de globule. La queue étoit hé.iffée de quelques pointes molles , affez fcmblables à des poils. Je n'ai pu trouver dans ces animaux aucun excrément : en les examinant au foleil dans le microfcope , ils paroiffoient tous compofés de petits grains , femblables à des grains de fable. Lorique j'eus tiré tous ces vers de l'endroit qu'ils occupoient , le ca- nal de la matrice me parut de même compofé de grains cryftalllns aulîi nombreux , aulïï ferrés 6c difpofés dans le même ordre que ceux des cor- nes , de la peau & du petit rebord tortueux & cannelé qui fe trouve dans le corps. C'cft pour quoi il me femble qu'on pourroit comparer la fubf- tance de cet animal à la croûte qui revêt la partie dure des coraux ; car cette croûte eft à - peu - près de même ftruclure & fe fépare aifément du corail qu'elle enveloppe ; déplus, j'ai trouvé dans des branches de corail, qui étoient hors de l'eau depuis quelques mois , j'ai trou- vé, dis-je, que l'extrémité de ces branches n'étoit pas d'une confif- tance plus dure que la croûte qui les revêtoit. (a) J'ai auffi rencontré dans le corps du limas aquatique commun , quelques particules globuleufes & cryftallines qui font , je crois , de cette même matière pierreufe. En- fin , j'ai vu quelque chofe de femblable dans l'inteftin rectum du ver du taon , comme je le dirai dans l'hiftoire de cet infecle. En ouvrant de nouveau la matrice d'un de ces limas, j'y trouvai un autre petit limas a (PI. VI. Fig. VI.) parfaitement formé , qui ayant déjà rompu les enveloppes, nageoit dans la matrice, s'y traînoit & montroit le même naturel & le même inftinft que fa mère. C'eft ce qui m'apprit que ce coquillage eft vivipare & qu'il produit fcs petits tout formés & munis d'une coquille & d'un opercule déjà affez durs. J'examinai au microfcope la coquille de ce fétus, & je vis qu'elle fai- foit quatre tours de fpirale , dont le premier étoit le plus grand , & les'' autres alloient toujours en diminuant ; ils fe terminoient par une pointe affez obtufe. Cette coquille étoit revêtue de fon période & hirlfTée de fept rangs de poils durs , & ces rangs fuivoient les tours de fpirale. La tranlparence de la coquille laiffoit voir quelques taches noires ré- pandues iiir le corps du petit animal qu'elle renfermoit. Enfin , elle étoit parleméc de lignes ponaxiécs, de ftries , de cannelures &: de filaments. Tout cela confirme ce que j'ai dit, que la coquille n'eft autre chofe que la peau offeule de l'animal , puifqu'on trouve celle du fétus toute formée (a) Voyez mes Letirts fur Us coraux. iio COLLECTION ■ I dans la matrice de la mère , revêtue de fon périofte & même de Tes poils : SwAMMiRDAM ^^ 1"' prouve incontellablement aufli que ces parties fe-nourriffent de la Histoire des même manière que les parties molles : c'efl: pour quoi les grains cryftal- InaccTEs. lins dont j'ai parié font beaucoup plus petits dans les limas nouvellement nés , que dans ceux C[ui font adultes. J'ai trouvé ce fétus libre 6c fans aucune de ces membranes qui enve- loppent ordinairement les fétus des vivipares : cela pourroir faire foupcon- ner que j'ai pris l'a'fophage pour la matrice, & que ce petit coquillage avoit été avalé , 6c non pas engendré par le grand ; mais j'ai trouvé dans un autre de ces limas douze œufs parfaits attachés à la matrice chacun par un cordon umbilical : quelques-uns même avoient deux de ces cordons, Icfquels étoient un peu plus larges par le bout qui tenoit à l'œuf que par l'autre qui aboutiffoit à la matrice où ils devenoient auffi déliés qu'un fil fin. Ils s'attachoient tous à-peu-près au milieu de la matrice, à une petite future qui fe trouve en cet endroit. Les cinq œufs qui étoient dans la partie antérieure de la matrice, con- tenoient chacun un petit limas qui étendoit fon corps hors de fa coquille dans le fuc nourricier dont il étoiî environné. L'animal renfermé dans le premier œuf, étoit le plus gros , ceux des quatre ftiivants étoient plus petits : dans le fixieme, je n'apperçus qu'un point, &C la coquille n'étoit pas encore viiible. On ne difcemoit rien encore dans les fix autres œufs qui étoient plus petits ; ils étoient d'ailleurs tranfparents , d'une couleur uniforme & d'une confiilance molle. En les ouvrant je reconnus que l'humeur qu'ils conte- noient , étoit plus tenace que celle des premiers : ceux-ci étoient de la groffeur d'un pois commun, & revêtus d'un chorion & d'un amnios très- minces & très-délicats , à travers lefquels on voyoit l'animalcule ie mou- voir foiblement. L'amnios étoit' plein de cet humeur dont le fétus fe nourrit, & dans laquelle, il nage comme fait le fétus humain dans la matrice de la mère. La quantité de cette humeur diminue à mefure que le petit animal croît. J'ouvris l'un de ces œufs & j'en tirai l'animalcule ; il étoit gros com- me la tête d'une épingle commune , je ne lui vis plus faire aucun mou- vement , & il ne fe retira point dans fa coquille ; fes mufcles étoient en- core trop foibles , & peut-être aufli l'avois-je bleffé. Lorfqu'on foulevoit un de ces œufs en le tirant par fon cordon, l'ani- malcule relloit immobile dans fa place ; mais en luipendant ainfi un œuf qui étoit hors de la matrice depuis l'efpace d'un , de deux ou de trois jours, on voyoit le fétus tomber au fond de cet œuf, d'où l'on petit inférer que les vaiffeaux du cordon étoient rompus au dedans , quoique cela ne pût point fe voir , parxre que toutes ces p;!rties font limpides , blanches & très-molles. La liqueur nutritive même où nage le fétus , cfl aidii limpide, quoiqu'elle tire un peu fur la couleur de la férofité du lait, & qu'elle devienne plus trouble quand on la met dans l'eau : mais fi on l'y laifle pendant quelques jours, elle s'y répand cor,:me une efpece de gli» & s'éclaircit au moyen de l'eau dans laquelle elle s'étend ci: fe diffout. J'examinai au microlcope l'animalcule que j'avois tiré de l'aul: les yeux ACADÉMIQUE. III me parurent très-noirs & le corps prclquc tout blanc : les cornes ctoicnt ■*—— — i un |)eu obtufes : la bouche bien ouverte & tout le corps étendu hors de Swammîrram. Ja coquille : l'opercule tenoit à la partie poftérieure de la queue ; enfin. Histoire uu la coquille étoit déjà hériffée de fes lépt rangs de poils. iNSEcvis. Je n'ai pas diflequé un aflcz grand nombre de ces limas pour en con- noître exadement toutes les parties ; au refle, cette efpece eft commune & l'on en peut trouver en tout temps : je vais rapporter en peu de mots les chofes que j'y al encore obfervécs. Cet animal n'a point de dents, mais à la place de dents il eft muni d'une trompe , au moyen de laquelle il prend fa nourriture par la ludion comme les papillons & quelques efpeces de fcarabées. Cette trompe cft d'une ftrudure également difficile à décrire & à deffiner exadement : fa partie antérieure eft d'un brun tranfparent & bordée fur chaque côté de certaines appendices femblables aux ouies des poiflbns , ou aux dents d'un peigne à double rang : ces particules deviennent pâles vers leur partie poflérieure , elles font écailleufes , de même que toute la trompe dans fes divifions ou articulations. L'œfophàge ell comme im fil fin ; je n'ai pas bien vu l'eftomac, parce que j'avois déchiré quelques parties ; mais ce qui m'a paru l'eftomac étoit memb.-aneux &Z reffembloit à im petit inteftin. L'ovaire eft fait comme celui des poules , excepté que tous les œufs qu'il contient font égaux entr'eux. Je pris d'abord ces œufs pour des globules ou grains cryftallins , mais les ayant laiffés fécher fur un verre , je vis qu'ils fe contradoient, ce qui n'arrive point aux grains cryftallins ; d'ail- leurs je les trouvai mous en les maniant & en les mettant fous la dent. Je ne puis rien dire de la verge , quoique j'aie vu quelque chofe qui m'a femblé analogue à cette partie. Le foie étoit compofé de glandes en forme de poire : je n'ai vit dans aucun autre animal les glandes du foie fi diftindes. A l'égard des autres parties contenues dans l'abdomen , je ne les ai point obfervées. Le cerveau & les nerfs font fort différents -de ceux de tous les autres limas que j'ai vus. Je n'ai point examiné les yeux ; mais comme cet ani- mal reifemble par cette partie aux cruftacées , c'efl-à-dire , aux crabes & aux écreviffes , je préfume que j'y aurois trouvé quelque chofe de fem- blable à ce que j'ai vu dans l'œil du bernard l'hermite, qui eft confor- mé comme celui de l'abeille : du moins la cornée étoit à réfeaux comme dans l'abeille. Je n'ai pu découvrir comment l'œuf paffe de l'ovaire dans la matrice, dont le fond paroît fermé : je ne fais s'il y a une trompe ou quelque chofe d'analogue comme dans les grenouilles & dans les tortues. J'ignore auflî combien de temps cet œuf relie dans la matrice avant que l'animal puifle en fortir vivant & tout formé ; à en juger par la grandeur que la coquille y acquiert , il faut qu'il y refle long-temps : ainfi je préfiime qu'on peut trouver en tout temps des fétus vivants & des œufs dans la matrice de ce limas. Mais ce qui me paroît le plus difficile à expliquer, c'eft la manière dont ces beufs font fécondés, &c dont l'animalcule reçoit le mouvement & la vie. 112 COLLECTION ■*" ™"" L'année qui fiiivit celle où j'avois tait ces obfervations fur le limas SwAMMERDAM. vivipare, j'amaffai le douze de mars une quantité confidérable de ces mê- Histoire des mes limas , & je les mis dans un grand badin plein d'eau de pluie , oii^ \nsçctes. je les nourris affez long-temps avec de l'argille diflbute dans l'eau. J'en ouvris un le treize du même mois, & je lui trouvai dans la matrice neuf petits limas vivants, revêtus chacun de leurs membranes ou enveloppes ; -, la liqueur de l'amnios étoit prefque entièrement conlommée, d'où je con- clus que le moment de leur naiflance étoit proche : les plus grosfe trouvoient placés dans la partie la plus antérieure de la matrice , & les autres s'éloi- gnoient d'autant plus de la partie antérieure de la matrice qu'ils étoient plus petits. Lorfque je les eus tirés du corps du limas , je les mis dans l'eau de pluie récente , ils y étoient encore vivants le vingt-huit de mars , ils s'y remuoient & y nageoient aufli bien, & même mieux que les li- mas adultes. D'autres obfervations que j'avois à faire alors , m'empêchè- rent de fuivre celle-ci, & je jettai ces petits limas avec l'eau dans la- quelle je les avois mis. Le vingt & un de mars j'ouvris un autre de ces limas, & je lui trouvai quarante-quatre fétus de dilférentes tailles , enveloppés chacun de leurs membranes propres & difpoiés par ordre dans la matrice. Quelques jours après j'ouvris encore trois de ces limas ÔC je trouvai dans le premier foixante-cinq fétus , dans le fécond foixante-fept , &i dans le troifieme foixante & quatorze. Les plus petits de ces fétus n'étoient pas plus gros que la pointe d'une épingle. En les regardant à la lueur d'une chandelle dans un lieu obfcur, de riianiere qu'ils étoient entre mon œil & la lumière, je -^ - . ies vis ie mouvoir circulairemcnt & fe contourner avec alfez de rapidité dans la liqueur de l'amnios. Je ne trouvai point d'œufs dans ces derniers limas , d'oîi je conclus que tous les fétus étoienr déjà parfaitement for- més , & qu'ils n'avoient plus qu'à prendre de l'accroiflement pour naître fucceflivement dans les mois fuivants &c faire place à de nouveaux œufs. En quelque temps donc de l'année qu'on ouvre de ces limas , on y trouve toujours ou des œufs ou des fétus éclos , ou des fétus & des œufs tout à la fois. Le vingt-trois de mars je m'apperçus que quelques-uns de ces limas , que je gardois dans une grande auge pleine d'eau, y avoient fait des pe- tits qui étoient tous de même grandeur. Quelques jours après je vis qu'ils en avoient encore produit de nouveaux : ainfi j'ai reconnu par des expé- riences certaines que ces limas font des petits pendant tout L'été. J'ouvris, dans le mois de juin quelques-uns de ceux qui avoient déjà fait des pe- tits, & je leur trouvai encore des ébauches d'œufs ; d'autres œufs plus avancés, où l'on dirtinguoit déjà le fétus ; & enfin, dans la partie anté- rieure de la matrice , des œufs plus parfaits dont l'animalcule devoit ap- paremment éclorre & naître dans cette même année. Preique tous mes limas moururent vers la fin de juin , parce que je négligeai de renoiivelier l'eau dans laquelle ils étoient r je les mis dans i'efprit de vin pour tes conferver quelque temps avec d'autres qui y étoient liéja depuis glufieurs femaines , & quand M^ Hughens pafla chez moi eri levenaat ACADÉMIQUE. 113 revenant de Paris , je lui fis voir loixante fétus renfermes endani pas Je trouver le moyen defurmontex cette difEculîé & j'y DAM. £S ii8 COLLECTION î travaillerai avec d'autant plus d'empreffement , que j'ai obfei'vc que qr.nriCÎ Sw^MMERDAM. OU conimencc à briler la coqudle , cet animal jette une liqueur de cou Histoire des leur de pourpre pâle , & qui le répand même parmi fes vilceres , fi on Tns£ctes. le fait mourir dans l'efprit de vin , cette liqueur colorée fort aufTi de fon corps ; il en eft de même fi on le noie dans du lait , où cepen- dant il peut vivre quelque temps ; mais s'il meurt naturellement dans l'eau , on ne voit aucune teinte de pourpre , peut-être parce que cette couleur eft détruite par le dérangement & la diflblution des parties. Au refte , quoique j'aie vu battre le cœur , je n'y ai jamais trouvé cette humeur couleur de pourpre , non plus que dans fon oreillette ; d'où je conclus qu'elle a quelque réfervoir propre , comme j'en ai vu dans d'autres li- mas , quoique je n'aie jamais pu découvrir ce réfervoir dans celui-ci. Après avoir enlevé adroitement la coquille , il faut fendre le lirobe à l'endroit de fon orifice f : on voit alors que cet animal refTemble beau- coup au limas vivipare ; car fon limbe eft muni de même d'un petit rebord cannelé , dans le tiflu duquel on trouve une multitude de globu- les cryftallins, qui craquent fous les inftruments tranchants. De l'autre côté, c'eft-à-dire, dans le côté droit du limbe , il y a auffi un amas de vers femblables à ceux qui fe trouvent dans le limas vivipare , de cha- cun defquels il fort de mêm.e , quand on les ouvre , un grand nombre de ces autres vers plus petits & à grofi'e tête, qui nagent avec vite fie : ceux-ci font encore plus vifs & plus agiles que ceux du limas vivipare. Le mouvement progrefiif de ces vers eft fort prompt ; ils alongent d'abord la tête , puis ramènent avec rapidité le relie de leur corps vers leur tête -, de forte que la plus grande force femble réfider dans la bou- che , qui eft peut- être munie de pieds , comme j'en ai vu à d'autres animal- cules , ainfi que je le dirai aillei is : ceux-ci font beaucoup plus petits que ceux du limas vivipare. Depuis que j'eus fait la décoiu'erte de ces vers , je les ai vus quelquefois par milliers nager & fe mouvoir avec agi- lité dans des bouteilles' d'eau où je confervois ces limas. Le lac meiribra- neux qui contient ces vers a fes parois internes d'un jaune foncé , &: je foupçonne que ce pourroit être le fac de la pourpre ; mais je ne puis l'aft'iîrer. ^ Ce limas rellemble au Umas aquatique commun par la conformation extérieure de la bouche & des dents ; il n'a point d'opercule , enfin il lui refiTemble par quelques-uns de fes vilceres ; car fon eftomac eft mufcu- leux & analogue à celui des poules. Le cerveau eft auflî de même ftruc-- ture que celui du limas aquatique commun, il y a feulement quelque dif- férence dans les nerfs. Le cœur eft fitué dans le côté gauche du corps .■ le îoe eft compote de glandes , mais ce qu'il a de particulier, c'eft qu'il ne s'étend pas jufqu'au tond de la coquille ; j'ai même trouvé dans eut endroit une partie qui renfernioit des milliers de ces vers à groft'e tête dont j'ai parlé. On voit enfiùte le conduit caténiforme, derrière lequel eft une autre petite partie glanduleufe , tirant fur la couleur de pourpre , & enfin une autre particule jaunâtre placée auprès de la matrice , laquelle eft de même.ftrua'ure que dans le hm.as aquatique commun, & s'ouvre aufiâ par trois conduits dans la partie poftérieure du cou. La verge ell ACADÉMIQUE. 119 encore fcmblable à celle de ce limas , & n'a rien de particulier, finon ■— n 1 !■»«» qu'à l'endroit où elle le déploie hors du corps, on voit trois particules s«-ammefdj*m pliffees, dont celle du milieu affcz fcmblable ;\ un champignon, eft fou- Histoire dis ' tenue par un petit pédicule & fendue d'un côté.. Insectss. AUTRE PETIT LIMAS A COQ^UILLE CONCAVE dis deux cous, IL Y z un autre petit limas de ce genre, qui ne diffère de celui que je viens de décrire qu'en ce que la coquille fait une fpirale à -peu -prés également renfoncée des deux côtés. Elle eft entourée en partie d'une cannelure ou côte longitudinale a (PI. VI. Fig. XII. ) qui fuit la direâion de la fpirale fur le côté extérieur , & qui va aboutir à la bouche de la coquille ; la rencontre de cette côte fait faire diverfes inflexions aux can- nelures tranfverfales. La Figure XII. la repréfcnte de grandeur naturelle. Il fe trouve aufll quelque différence à l'extérieur du corps : les cornes font d'un rouge pâle , quoique le corps foit noirâtre. La coquille regardée au folcil paroît tranfparente , fur-tout dans fes circonvolutions intérieu- res , qui font teintes de couleur de pourpre : on apperçoit la même cou- leur dans le cœur qui bat. Si lorfque le corps eft étendu hors de la co- quille on le perce avec une aiguille fine & qu'on la retire auftl-tôt, l'animal rentre à l'inftant fort avant dans fa coquille , & l'on voit diftil- 1er de la bleffure une humeur couleur de pourpre, d'où j'infère que c'eft le fang de cet animal qui eft de cette couleur pourprée. Mais je ne puis dire s'il en eft de même du fang de l'autre limas que j'ai décrit dans l'article précédent : pour le favoir, il faudroit en obfervcr de petits, dont la peau fi.it allez nincc pour qu'on vît au travers. L'efpece que je décris fe trouve comme la première dans les foflés qui féparent les pâturages & qui bordent les chemins en Hollande. DES MOULES D'EAU DOUCE QUI SE TROUVENT en Hollande. IL fe trouve des moules en affez grande abondance dans le Veght & dans quelques autres rivières de Hollande ; ces coquillages font enfon- cés drns l'argille & dans la vafe , mais fans adhérence, & de manière que la partie aiguë de leur coquille paroît au dehors de la vafe. On en trouve beaucoup quand on nettoie le fond du Veght & des foffés voi- fms ; j'y en ai diftingué trois efpeces ; l'une plus grande, & dont la co- quille eft mince & large ; une autre de moindre taille , plus alongée , & dont la coquille eft plus épaiffe ; & erfin une troilîeme plus petite en- core & d'une ftrufture un peu différente des autres. Je n'ai obfervé que l'efpece moyenne , qui eft la plus commune ; ces moules ne s'ouvrent que très-peu, elles pouffent feulement hors de leur lîd COLLECTION .■■>— Bttii I coquille deux aîles ou lèvres,, au moyen clefquclles elles (c remplïffent ScvAMMERDAM. d'csu ; Cil voït auflî Ibrtir hors de la coquille , vers l'extrémité aiguë du Histoire des' corps de l'animal, de petites pointes rougeStres qui tirent fur le noir Injectés, vers leur bafe , & qui reffcmblent aux papilles aiguës dont la iurface de la langue des bœufs eft parlëmée. J'avois deffein de faire l'anatomie exafte de ces moules, mais n'en ayant jamais difféqué ni de cette efpece ni d'aucune autre , je trouvai , dans les deux premières que j'ouvris , tant de parties qui m'étoient inconnues que j'abandonnai cette entreprife , à laquelle je ne pouvois donner alors tout le temps qu'elle demandoit. J'expoferai cependant en peu de mots ce que je remarquai tant en dedans qu'au dehors de la coquille : fur-tout à l'égard de l'infertion des mufclcs ; cela répandra une nouvelle lumière fur es que j'ai déjà dit de Tinferlion des mufcles des teftacées dans leur coquille. Quand on a enlevé la coquille par éclats avec des pinces , & qu'on l'ouvre du côté où les mufcles font infixés , ce qu'on voit d'abord dans la moule ce font des lèvres ou limbes qui environnent tout le corps &C le couvrent comme des aîles, l'une defqu«lles a a (PI. VL Fig. XIIL ) cft renverfée fur le côté du corps de la moule : à la partie inférieure de cette même aîle , comme auflî à l'extrémité correfpondante de l'au- tre côté du corps, paroîfTent les papilles hb dont j'ai fait mention; elles font couvertes d'une matière noire qu'on ôte aifément avec un pinceau : comme ces papilles communiquent avec l'œfophage , elles me paroiffent être autant de tuyaux ou de trompes , au moyen defquelles l'animal at- tire dans fon corps les particules les plus fines de l'argile & du limon dont il fe nourrit. Sur chaque côté du corps fe trouvent quatre ouies , compofées chacune de trois membranes , dont celle du milieu eft en ré- feau & tjffue de filaments longitudinaux & tranfverfaux qui fe croi- fent : cette texture paroît à travers chacune des deux membranes exté- rieures, & tous ce^ filaments femblent être autant de tuyaux où paffe le fang comme dans les poiflTons. Les plus gros vailTeaux de la moule font fitués dans la partie inférieure du corps , & je crois qu'ils produi- fent ces tuyaux , leiquels aboutiflent & s'attachent fortement aux papilles ou trompes dont l'animal fe fert pour prendre la nourriture. Il y a de chaque côté dn corps quatre de ces grandes ouies cccc dont je viens de parler , & quatre autres plus petites dddJ placées vers les parties pof- térieures. - Le corps eft compofé de deux parties , l'une dure e , & l'autre molle / : je les regarde comme le thorax & l'abdomen. La partie dure n'eft qu'un amas de mufcles qui s'étendent d'un côté du corps à l'autre par des plans fibreux fort longs , & qui s'avançant fur la partie molle vers les ouies & les aîles ou lèvres , le diftribuent enfuite dans le ventre. Le tho- rax, qui eft de couleur jaunâtre, s'élève en pointe; lorfqu'il eft oxivert on voit ces fibres mufculeufes '&C tranfverfales , dont le concours fait la folidité & la force du thorax. Sous le thorax on trouve le cerveau re- vêtu d'une membrane dont la couleur eft un jaune médiocrement char- gé ^ mais la moelle épiniere 5: les nerà tirent fur le blanc, ôc ils jettent ACADÉMIQUE. . , '^' lin j;rar.d nombre de ramifications qui vont fc diltribucr en quantité dans — ^— "'^ ICi murdcS. SwAMMERDAM. Je dillinguc dans l'abdomen quatre différentes parties ; le foie, la graiffe, Histoire ds» une matière de couleur cendrée , enfin , beaucoup d'expanfions membra- Insectes. neu(cs & mufculeufcs. La partie que je nomme le foie , eft un amas confidcrable de petites glandes alongées , dlfpofées autour des vaiffeaux hépatiques en forme de grapj)es de raifm : la couleur de ce foie efl: roufiatre , tirant un peu iiir le bleu ; fon vaiffeau^ dans Tendroit oîi il eft le plus gros , contient une matière gclatincufe. Ce que j'appelle la graiffe eft une matière répandue en abondance dans l'abdomen, fous la forme de petits nœuds glanduleux fort blancs, & que j'aurois pris pour des œufs, s'ils n'euflent pas été en ù grande abon- dance : il s'en trouve jufques dans la moelle épiniere. Ce que j'appelle les expanfions membraneufes , font auiïi en grand nombre dans le ventre : je ne puis dire û elles font conipofées de vaif- feaux &L de nerfs, ou bien de fibres mufculeufes. Enfin , la matière de couleur cendrée fe trouve encore en affez grande abondance ; elle eft répandue parmi la graiffe ; j'en ai aufîi vu autour des grands vaifieaux des ouies , & dans quelques autres endroits. ^ Je n'ai pu découvrir encore ni l'eftomac ni le cœur. Les mufcles , qui pour la plupart viennent du dos, font très-forts & fe divifent en fibres tendi- neufcs qui s'attachent fortement à la coquille , & qui s'y enfonçant les unes plus, les autres moins , y produilent diverfes inégalités. Parmi les mufcles qui viennent du dos , il y en a un petit , qui paflant dans la pièce dure qui joint les deux battants de la coquille , comme dans une poH- lie, va s'inférer à la pointe de la coquille. Les mufcles qui fe trouvent à cette extrémité aigué (ont foibles ; de plus ils font très-courts , c'efl pour quoi la coquille s'ouvre peu , & on la romproit fi l'on faifoit le moin- dre cflbrt pour l'ouvrir davantage. A l'intérieur de la coquille on voit cinq endroits particuliers où s'in- fèrent les mufcles : l'un eft iitué antérieurement dans le petit bout de la coquille : cette infertion eft large & circulaire a (PI. VI. Fig. XIV.) mais peu forte. La principale force de la moule réfide au gros bout de la coquille, parce que fes mufcles s'attachent très - folidement à cet en- droit de la coquille , dans lequel on remarque quatre différentes cavités b, où les tendons des mufcles pénètrent & s'unilTent à l'os, ou plutôt s'olfiticnt. Outre cela les mufcles des ailes ou lèvres s'attachent , quoi- que foiblcmcnt ccc aux bords de la coquille, dans prefque tou.t fon con- tour. J'ai aufTi obfervé que la fpirale d de la coquille fait faillie & s'e- leve un peu au defïïis de fa cavité voûtée : enfin , les deux côtés de la co- quille font joints &c fortement attachés enfcmble au moven de deux pie- ces e c qui forment une efpece de charnière , ou plutôt d'articulation fem- blable à celle que les Anatomii^es appellent ginglyme. L'intérieur de cette coquille reflemble beaucoup à la nacre de perle ; au dehors elle a des côtes faillantcs faites en aoilTant , ôc elle eft revêtue par tout d'un pé- Tom. r. Q 111 COLLECTION I rioile : cette membrane eu très-forte dans la mou'.e , & fa couleur cft un SwAMMERDAM. jaune verdâtre. ^ _ Histoire des Je n'ai pas eu le temps d'obierver plus exactement cet animal, ni ceux Insectes. dont j'ai parlé précédemment ; je n'ai pas laiffé cependant de rapporter CCS obfevvatlons quoique fuperficielles , parce qu'elles peuvent répandre quelque lumière fur l'hirtoire & la defcription que j'ai données de l'efcargot & de quelques autres coquillao;es. Avant de quitter ce fujet, j'indiquerai ici la manière de graver des fi- giu'es fur les coquilles. On prend de la cire jaune , oii l'on mêle un peu de térébenthine de Venifc pour la rendre plus maniable , & de l'encre des peintres autant qu'il en faut pour lui donner une teinte affcz forte. Après avoir fait fondre cette compolition dans une cuiller , on s'en fert pour defliner iur la furface de la coquille telles iigures qu'on veut : en- îuite on mouille avec de l'eau-forte tout les endroits de la coquille qui rcflcnt à découvert , ce qui fe fait aifément avec une forte de pinceau de bois enveloppé de toile : la partie de la coquille qui a été ainfi enduite d'eau - forte , efl bientôt creuiée , & tout ce qui efl défendu par la cire refte entier & laillant. On peut tracer de cette manière fur une coquille divcrfes figures & même fur divers plans , en forte que ces plans &: ces figures ne paroifî'ent point avoir été pris dans l'épaifiéur de la coquille , mais y avoir été ajoutés. Lorfqu'on a enlevé la cire , foit en la ratiffant , ibit en la liquéfiant de nouveau , s'il fe trouve quelques irrégularités , quelques iné- galités dans le deffein, on les enlevé avec le burin. On peu former ainfi fur une coquille trois , quatre & cinq figures placées les unes fur les au- tres, ou groupées de quelque manière que ce fbit , félon l'épaifiéur de la coquille. Si l'eau-furte efl trop corrofive, on l'afFoiblit avec un peu d'eau de pluie : les autres acides corrofifs font moins propres à cet ufa- ge , parce qu'ils laifl'ent une matière femblable à de la chaux qui nuit à la netteté des figures. DESCRIPTION DU COQUILLAGE nommé Bernard l'Hermite oit k Soldat. }'Ai déjà dit quelque chofc du coquillage nommé hernard rhcrmhc ou le _ foLiat , mais je crois devoir ajouter ici pour terminer mes remarques fur les coquillages , une de(i:ription plus détaillée de cet animal : j'ai eu occafion de faire des obfervations plus exa£les fur un affez grand nom- bre d'individus de cette efpece, que M"". Jean Oort m'a envoyés de la Haie , Se qu'il avoit eu foin de mettre dans l'efprit de vin à l'inflant qu'ils avoient été pris. Parties exurms du Icrnard Vlurmlu.  l'ouverture du vafe qui renfermoit ces animaux , je vis que quel- ques-uns fe montroient hors de leur coquille , & que les autres y refloient cachés. Les plus grandes coquilles étoient grofîés comme des châtaignes, ACADEMIQUE. lî^ & les plus petites comme des pois romains. Les animaux eux - mêmes !■■■■ ctoient de taille proportionnJe à celle des coquilles où ils fe trou- Swammerdam. voient, & qui toutes avoicnt la même forme, la même ftrufture, & qui Histoire des ne dilféroicnt cntr'cllcs que p;ir de légères variétés dans les couleurs. Par- Insectes. nii cevx de ces animaux qui étoient reliés dans l'.nir coquille, les uns n'y avoient aucune adhérence , &C n'y étoient accrochés que par l'extré- mité de leur q\ieue , qui le trouvoit engagée dans les derniers tours de fpirale de la coquille : mais je vis très-dillinclement que d'autres adhéroient à leur coquille par le milieu du corps, de même que les moules &c les li- mas ; d'oîi j'ai conclu que la coquille de cet animal eil fon env-lo;)[3e propre, &C comme la peau pierreule , ainfi que cela a lieu dans tous les coquillages. Je liiis donc très-furpris de ce que Rondelet avance que hcmard Fker- miu fe loge toujours dans Us coquilUs à'autrni & qu'il rien a point de pro- pres ; car de même que dans l'eicargot, non-feulement les mufcks Ibnt attachés à la coquille , mais que les tendons des mulcles y font incorpo- rés & comme identifiés, (fl)a!nfi dans le bernard Chermitc les tendons des mulcles s'attachent fortement & s'incorporent au noyau de la coquille , vers fon iécond tour de fpirale ; mais comme cette infertion n'occupe pas un orand efpace , le corps de l'animal mort le détache aifément de la coquille ; & c'eft peut-être ce qui a trompé Rondelet, qui, entraîné par l'autorité d'Ariftote, a né^.lijjé de conlulter l'obfervation. D'allle\irs toutes ces coquilles étant de même ftruâure & de même forme, l'em- blent appartenir A une feule & même efpece d'animaiLx , & conféquemment elles fe forment &r croifient avec l'animal qu'elles renferment , comme cela efi: vrai de tous les coquillages. Je fuis donc convaincu que tous Iss Jc/dats d'une même efpece , ont des coquilles femblables ; car j'ai reconnu par la comparailon d'un grand nombre de ces coquillages , qu'il y en a de plufieurs efpeces fort différentes entr'elles , foit par la ftrufture du corps , toit par la forme de la coquille. La coquille du bernard rhcrmite ou foldat , efl: revêtue d'un périofle très-mince ; autre preuve qu'elle fiiit partie de fon corps ; de forte que cet animal a fes os à l'extérieur & autour de fa chair, comme les (ca- rabées & les teflacées , quoiqu'a\cc quelque différence. Ce périoffe eft très-mince, & le meilleur moyen de l'enlever c'eft de l'enduire léré- rement d'eau-forte, après avoir laiffé macérer la coquille dans ime lef- five pendant quelques jours. II n'eft point de coquille dont on ne piiiffe découvrir le pcricfte par ce moyen; mais quelquefois cette membrane eft aflez épaiffe & aflez ap- parente, pour qu'on n'ait pas befoin de cet expédient. 11 fe trouve au£ des coquilles dont le période eft tout-à-fait ufé par le frottement des. pierres & des fables , parmi lefqucis l'animal les a roulées & traînées. Quelques-unes de ces coquilles a ( PI. V. Fig. III. ) étoient marbrées „ trcs-lifffes & même polies comme des glaces de miroir; mais les plus gran- des fe trouvoien: chargées de l'efpece de plante marine appellée fucus ,, {à) Les tendons des pieds des coqs £c des coqs-d'Inde s'oflifient autTi à Ii longue». 114 COLLECTION qui s'y élevoit par petites éminences aiguës, les coiivroît de toutes parts ^ SvAMMERDAM. a'téroit leur forme & empêchoit de voir leurs tours de fpirale b. Der- HjsToinE DES riere ces petites éminences on appercevoit des enfoncements &: de petits Lnsectis. grains de fable, dont quelques-uns étoient incruftés & recouverts de la iubftance des fucus : d'auti-os cavités cont«noient des erains plus mous & de couleur de pourpre. Les fucus étoient d'une confiftance molle dans quelques coquilles , & dans d'autres ils étoient durs , courbés &c contre- faits. Je trouvai la furface interne d'une de ces coquilles toute incruftée de cette matière , de forte qu'on ne voyoit ni à l'entrée , ni plus avant dans l'intérieur de la coquille , aucun endroit qui ffit exempt de cette in- crnflation , excepté celui d'où les tendons des mufcles s'étoient détiichés: enfin , j'obfervai c[u'une de ces coquilles avoit été percée en divers en- droits par des vers , & que d'autres a voient été endommagées , & que ces efpeces de blelTurcs s'étoient enfuite cicatrifées & conlblidées. Les coquilles, dont l'animal eft encore petit, n'ont point d'incruflation , & par cette railbn , méritent la préférence pour im obfervateur & pour un curieux. Il en eft de même de plufieurs autres coquillages aquatiques que j'ai obfcrvés , & dont le périolle étoit hériffé de longs poils , tant que l'a- nimal éioit jeune, & que la coquille n'étoit fouillée d'aucune matière étrangère ; mais c'eft trop s'arrêter à la coquille du foldat , pafTons à la defcription de l'animal même, & diftinguons-le en quatre parties, la tête, le thorax , l'abdomen & la queue. Sur la tête on voit les deux yeux c (PI. V. Fig. III.) à côté defquels fe trouvent deux cornes ou antennes dd ; au deffous il y a quelques barbes articulées , & enfin la bouche & les dents ; les yeux font oblongs , leur couleur eft un rouge clair , & ils tirent fur le.verd foncé à leur fommet. Ils s'articulent de chaque côté avec la tête , par le moyen d'un anneau dentelé qui eft de même fubftance que la peau ou enveloppe dure , qui revêt le thorax & les pieds ; l'œil eft engagé dans cet anneau : il eft d'une confiftance fort dure dans la partie inférieure & moyenne, mais plus molle dans la partie fupérieure à l'endroit de la cornée. Les antennes , compofées chacune de trois articulations , dont les plus greffes font cel- les de la bafe , ont leur origine dans la tête à côté des yeux : ces an- tennes diminuent peu à peu de groffeur depuis leur bafe , & deviennent déliées comme des foies très-fines : j'ai compté dans cette partie déliée & flexible des antennes plus de cent-vingt petites articulations , de cha- cune defquelles partoient deux poils égaux très-fins, un de chaque côté. Ces articulations font très-marquées dans les grofles écrevifl^es , & avant qu'elles foient cuites , on peut divifer leurs cornes en autant d'anneaux applatis qu'il s'y trouve d'articulations. Entre la première &c la féconde articulation des cornes ou antennes du foldat, il y a une petite appen- dice écailleufe, hériffée auffi de poils rudes. Il fe trouve fous les yeux, entre les antennes, deux barbes ou appen- dices articulées qui ont chacune trois phalanges dont celle du deflus eft fort large. Au deffous paroiffent les dents, qui font deux oflelcts creux, blancs, longs & munis de forts mufcles qui les font mouvoir. Entre ces ACADÉMIQUE. 115 dents eft placée la bouche extérieure , dont l'animal fe fcrt pour prendre les aliments ; il les faifit non-feulement avec Ces deux bras ou pinces Swammerdam. «,/,( PI. V. Fie;, m.) mais encore avec plufieurs paires de barbes anicu- Histoire de* lées , de diveries ilrudures , qui couvrent le deflbus de fa bouche. Les Insectes. deux barbes ou appendices de la première paire font petites , plates , lar- ges , rougeâtres , hériffées de poils ; elles n'ont qu'une articuhticn chaciuie. Celles de la (cœndc paire font de même ftruihire, mais pluî grandes & compofées de deux articulations chacune : les deux de la troi- fieme paire font moins applaties, elles ont auffi chacune deux divifions, & s'articulent encore de chaque côté avec deux autres paires de petites appendices fecondaires. La quatrième paire eft aufïï moins applatie, elle a trois articulations & fe joint à une autre paire d'appendices iecondai- res , qui n'ont que deux divifions. La cinquième paire eft encore dou- ble ; les deux appendices principales &: qui font les plus grandes , ont quatre articulations,& les deux appendices fecondaires feulement trois. Enfin, au deflbus , près du thorax , fc trouve une paire d'appendices plus grandes que toutes les autres & femblables à des pieds ; elles ont chacune fix art:- cuktions & portent fur chaque côté une petite appendice fecondaire qui a deux divifions feulement. De forte qu'il y a en tout douze paires de ces barbes ou appendices hériffées de poils, dont l'animal ie fert pour pren- dre la nourriture, comme on le voit clairement par leur ftrufture & par leur pofition. La partie inférieure du thorax eft divifée dans fon milieu en deux pai- res d'offelets aufquels s'articulent les deux bras & les quatre pieds anté- rieurs gg. Pour bien voir tout ceci , il faut tirer l'animal tout-à-fiiit hors de fa coquille & le renverfer fur le dos ; on voit alors entre les yeux quatre barbes articulées a a (PI. VII. Fig. I.) qui recouvrent toutes les au- tres que je viens de décrire. Près des yeux font les deux cornes ou an- tennes bè ; & enfuite les deux bras, dont le gauche avec fa pince c eft toujours plus petit que le droit .<»U«ICl»gM1»Ji—— — tWtgMO; lllll l|i||— I— B— ^— ^^■i— — M SwAMMERDAM. Histoire des SECOND ORDRE Z?iî transformations ou développements des Infectes. LEs transformations de ce fécond ordre s'opèrent (Tune manière aflcz facile ïl co:Tiprcndre, quoique cependant un peu plus obfcure que celle du premier. Mais avant d'entrer dans aucune explication touchant ce fécond ordre, qui embraffe une multitude innombrable d'infeâes, ilfautoblerver qu'il y a dans le développement des infe£les de cet ordre & des deux hiivants , une forme commune , un état primitif par où pafTent d'abord tous les inlcftos compris fous ces trois ordres. Pour bien entendre ceci , il faut fe rappeller ce que nous avons dit en expolint les carafteres du premier ordre, qu'il y a des infeâes qui for- tent parfaits de leur œuf, & d'autres qui enfortent imparfaits ; nous avons rapporté an premier ordre ceux qui fortent parfaits de leur œuf : tous les autres qui éclofent imparfaits , fe diftribuent dans les trois derniers ordres , & fubillent tous une première transformation avant celle par laquelle ils acquièrent leur forme parfaite ; de forte qu'au lieu que les infcûes du premier ordre paffent une feule fois par l'état de nymphe ; (car l'œuf eft une véritable nymphe , c'ell-à-dire , l'animalcule renfermé dans une mem- brane ) les infeftes des trois derniers ordres pafTent deux fois par ce mê- me état & ont deux transformations à fubir. La forme de ver eft cette forme primitive fous laquelle éclofent d'a- bord tous les infeftes de ces trois derniers ordres. En effet , le ver ayant déjà paflé par un état analogue à celui de nymphe dans l'œuf où il a été renfermé , prend peu à peu de l'accroifiement & parvient avec le temps à l'état de vraie nymphe , en redevenant fluide comme l'eau , & aufTi foible que lorfqu'il étoit dans l'oeuf. C'efl parce que cette remarque n'avoit point encore été fiite, que Tanciemie erreur de la métamorphol'e des infefles s'ert maintenue jufqu'ici , même parmi les meilleurs obfervateurs ; car Rédi & pkuieurs autres n'héfitent point à donner ce nom de mét;;mor- phofe aux différentes périodes du développement des infeftes , quoiqu'ils di(ent pofiiivcmcnt avoir vu ces a;iimaux quitter leurs dépouilles , c'ell- à-dire , les enveloppes fous leic|uelles leurs membres s'étolent accrus. M.i!S venons à notre fécond ordre , & commençons par obfervcr que le développement du ver de cet ordre , qui c\\ ordinairement un ver à Cx pieds , ie fait peu à peu par l'acquifition de différentes parties extérieu- res ; car lorfque, ce ver a changé plufieurs fois de peau , il lui poufle des ailes renfermées dans des fourreaux , comme les fleurs dans leur bouton , &i ces ailes fe gonflant cnfuitc ])ar un accroifi'ement inf'enllble , acquièrent à la longue aflcz de force pour rompre leurs enveloppes & ic déployer au de hors ; & au lieu que dans les deux derniers ordres lever devient une vraie nymohe , & refle quelque temps immobile , l'infcâe R X LnSECTIS. ijî COLLECTION «■Il iMKi ■ de ce fécond ordre au contraire continue de fe mouvoir, de marcher,' SwAMMERDAM.''^ couHr , dc fauter, de manger pendant que ces changements s'opèrent Histoire des en hii, & il ne perd le mouvement que dans l'inftant où il va quitter fa Insectes «iépouille : alors on apperçoit des différences très-conudérables dans la forme de quelques-uns de ces infeâes, comme par exemple de l'éphé- mère ; dans d'autres au contraire, comme le perce-oreille , il n'y a pref- que point de changement fenfible que le développetiient des aîles. Comme l'infeûe de ce fécond ordre ne perd point le mouvement pen- dant les changements qui fe font en lui , qu'il conferve la forme de ver , & que cependant quelques-uns de ces membres font repliés & difpofés comme dans les vraies nymphes , je le nomme nymphc-vcr dans cet état, où il tient en efl'et de la nature du ver & de celle de la nymphe. Le caraftere de ce fécond ordre confifte donc en ce que le ver ayant quitté la forme de nymphe qu'il avoit dans fon œuf, où il ne prenoit point de nourriture , s'accroît & acquiert de nouveaux membres extérieurs par le fecours des aliments; redevient enfuite une efpece de nymphe, fans ce- pendant perdre le mouvement , 8i pafTe de cet état à celui d'un animal aîlé , adulte & propre à perpétuer fon efpece. Je donne le fécond rang à cette forte de développement , parce qu'il n'eft pas fort compliqué & qu'il s'éloigne peu de celui du premier ordre , où l'animal fort de fon œuf parfaitement formé. Et comme cette leconde efpece de développement eil aflez intelligible & très-analogue au bour- geonnement des plantes ou à la produftion des fleurs , je lui comparerai les autres dans la fuite ; car en effet le changement qui s'opère à l'exté- rieur dans l'infefte de ce fécond orcke , s'opère auffi dans les infeftes des deux derniers ordres , mais il s'opère fous la peau qui les recouvre, comme je l'ai déjà dit, & comme je vais bientôt l'expliquer plus amplement. ÉNUMÉRATION DES INSECTES compris fous le fécond ordre de transformations , dans lequel nous donnons à la nymphe le nom de Nymphe-ver. L T A demoifelle: (a) j'en conferve dix-fept efpeces , favoir, neuf çran- J_ides , cinq moyennes , & trois des plus petites. L'une de ces der- nières a été décrite par Goedaert ; mais comme cet auteur ne repréfente point dans la figure qu'il en donne , les fourreaux des aîles , & qu'il n'en fait nulle mention dans fa defcription , il ell évident qu'il n'a pas connu la nature de cette forte de nymphe : d'ailleurs , la troificme figure qu'il en donne eft tout-à-fait de fon invention. Je ne fâche pas qu'aucun autre l'ait dé- crite ; & dans les figures qu'a données Hoefnagel, parmi lefquelles il y a dix efpeces de demoifelles, on ne trouve aucune de leurs nymphes. Cependant elles n'ont pas été ignorées des auteurs, & Rondelet knible avoir connu une nymphe de demoifelle , quoiqu'il la nomme très-mal-à- (.;) Mordella five Orfodœna Hadr. Jun'ti , Libella Meufcti, Perla Aldrovandi. ACADÉMIQUE. 133 propos cigale aquatique. Je crois aufTi que la faiitcrelie aquatique de Mou- n— 1 fit cft une nymphe de demoifellc'; au moins cela eft certain du perce- Swammerdam. oreille aquatique de Jonllon ( (Z ) ou puce marine de Moufet : il en cft Histoire dm de même dû icorpion aquatique de Rédi , la demojfelle dont il eft la Insectes. nymphe, elt de l'une des grandes efpeces dont j'ai parlé. J'ai fiv elpeces de nymplus-vers qui fe changent en demoifelles , lavoir une grande, trois moyennes & deux petites. Je conferve auiïi une de- mollelle liir le point de la transformation , &: dans laquelle on voit com- ment les aîies (ont pliées dans leurs fourreaux. Enfin, j'ai l'ovaire du même infecte ; il eft parfaitement femblable à celui des poiflons & di- vi(é de même en deux parties , dont l'une fe trouve dans le côté droit & l'autre dans le côté gauche de l'abdorren ou de la queue. II. La fauterelle : J'en ai vingt-une efpeces , tant mâles que femelles , favoir , n;-uf grandes, fix moyennes & fix petites ; les unes ont les ailes rouges , les autres de couleur de pourpre , bleues , verdâtres , ou enfin mêlées de différentes couleurs. J'ai aulîi des nymphes, des vers & des œufs de fauterellcs. Parmi les grandes efpeces la plus grande que j'aie cil la fauterelle d'Afrique , la fauterelle d'Afrique dont le corcelet eft en forme de capuce ; elle a deux pieds très-longs , qui tiennent à des cuiffes hexa- gonales , & font armés d'un double rang de pointes , femblables aux dents d'une fcie : fes ailes font couleur de pourpre ou couleur ce feu très-tbncé , mais elle eft une de celles qui ne montrent leurs couleurs qu'en volant. Je conlerve encore la fauterelle des Molucques, qui m'a été envoyée par M^ Padl)ragge; elle a le corps très-mince comme le cav^/Zz/cc/o de Rédi, &: fa queue eft recourbée en bas : les ailes font longues & de pkifieurs couleurs comme celles des poules d'Afrique : le cou eft extrêmement long & la tête courte. Le même M'. Padbrugge m'a auflî envoyé la figure d'une chenille des Molucques , dont le corps eft aulïï gros qu'un œuf de poiUe & par- fcmé d'un grand nombre de veines ou "de nerfs ; les jambes font cour- tes relativement au volume du corps. J'ai une autre fauterelle, qui vient d'Efpagne Se qui ne diiFere de celle d'Afrique que par fa taille, par la diftribution des veines de fes ailes & par fa couleur qui eft rouffe. J'en ai une autre encore d'Afrique , dont les pieds font courts ,• les antennes groffes & courtes , & les yeux fort faillants. Parmi les efpeces de fau- terelles moyennes , j'en ai une qui vient encore des ifles Molucques , &: dont les auteurs , & entr'autres Moufet , rapportent cette fable qu'elle indique de fon pied le chemin aux voyageurs qui le lui demandent, & de-là lui vient le nom de mantis ou devinerefte qu'on lui a donné. Les autres fauterelles que j'ai , viennent prefque toutes de France ; elles font parées de différentes couleurs , mais ces couleurs ne paroiflent que quand J'animai vole. Il y a très-peu de différence entre la fauterelle & fa nymphe , & cette différence ne confifte qu'en ce que les ailes de la fauterelle font dé- ployées & couchées fur fon corps , au lieu que celles de la nymphe font renfermées dans quatre boutons ou fourreaux , & pliées comme dans la (j) Forficula aquatUa. 134 COLLECTION S nymphe de la demoifelle. Il me paroît que les ditTérents noms donnés à SwAMMERDAM. la fauterellc par Ariflote , Pline, ^Idrôvande, Moufct, Jonfton & les au- HisToiRE DES très naturalillcs , font relatifs aux dillérents états de leurs aîles : ces au- iNsECT£s. teurs appellent le ver de la fauterellc (auterells lans aîles , ou chenille ; ils lui donnent le nom A'attcLwus , lorfque ces aîles commencent à pouf- fer , & celui (Wife/Zus quand le corps prenant de l'accroiffement , fur-tout dans la femelle, l'animal commence à fauter, mais ne peut encore voler. Je paffe fous filence plufieurs autres dénominations ; celle d'attclahus dé- lîgne proprement la nymphe. - ver de la fauterelle : je conferve fept de ces nymphes , tant petites que grandes. Parmi les figures d'Hoetiiagel qui a rcpréfenté quinze elpeces de fauterellcs : on voit auffi une de leurs nymphes, & je ne comprends pas fur quel fondement Goedaert avance que la fauterelle provient d'une chryfalide , pui^qu'Aldrovande , Moufet & tous les naturalises font mention des fauterelles lans aîles, ce qui fe trouve d'accord avec l'expérience. J'ai aulîl un eftomac de fauterelle ; il eft triple & très - femblable à celui des ruminants , on y voit fur-tout bien diflindcment cette partie qu'on nomme la panfe ; ainfi , je ne doute pas que la fauterelle ne rumine , & je crois même m'en être apperçit. Je conferve des œufs de ihuterelle qui font oblongs, &: un ovaire en- tier parfemé de filaments d'un blanc argenté , qiii font fans doute des ramifications de la trachée artère , & entre ' lefquels paroiffent des vaifleaux fanguins veineux & artériels. Ces œufs ont prelque la confil- tance de la corne , la couleur en efl brune, mais leurs premières ébau- ches , dont j'ai aulïï des échantillons , font blanches ôi jaunes , & leur en- veloppe ell très-déliée. Quelques fauterelles femelles ont des qj.ieues , & les mâles n'en ont point , d'oii Aldrovande préfume que la femelle s'en fert pour creufer la terre , & y dépofer fes œufs : je fuis en état de faire voir de ces queues qui font quadruples & même quintuples. J'ai aufli des dents de liiuterelles, & la dépouille que quitte la nym- phe quand les fourreaux des aîles commencent à parcître. Il efl: inipol- lible de concevoir comment une pellicule fi fine le détache des anten- nes très-longues & très-minces de cet animal, des parties dures comme les yeux & les dents , & enfin de fes ongles aigus. La fubllance du corps eft alors comme une cire molle , de forte qu'on peut courber les pieds à volonté, & qu'ils fe defféchent dans le même état oii on les a mis. Enfin, j'ai des aîles de fùuterelles prifes dans l'inftant de leur dévelop- pement , de forte que l'une de leurs extrémités ell: déjà déployée , & que l'autre eft encore toute froncée & repliée. Lorfque la transformation eft achevée , ces aîles font un bruit que quelques-uns prennent pour le cri de la fauterelle, ainfi que l'a très-bien obfervé Cafferius. De plus, -les mâles des fauterelles chantent, mais non les femelles : enfin, telle efpece ne fait du bruit qu'avec fes aîles , & telle autre en produit par la collifion de fes aîles & de ks pieds. III. La fauterelle-puce : on la trouve cachée fous l'écume qui fe forme fur la furface de toutes fortes de plantes ; il lui pouffe lur le dos qua- ACADÉMIQUE. i3î trc tubercules , qui font les fourreaux des aîles. J'ai deux efjrtces de ces ' ' ' infcftes : ils n'ont pas été inconnus aux auteurs qui ont décrit les j^iantcs Swammerdam. des environs de Cambridge. Cet animal n'a point de dents comme les Histoire du autres fauterellcs , mais leulement , comme les cigales , une trompe ou un i^sicTEi. aiguillon terminé en pointe & couché fur la poicrine. I\'. Le grilfon-champêtre : dans cette efpece comme dans celle des fau- terellcs , il n'y a que les mâles qui chantent. J'ai quelquefois vu un champ plein de ces grillons mâles qui s'étoient creufcs dans la terre chacun un trou d'environ deux doigts de profondeur , à l'entrée duquel ilsfe tenoient & faifoient un bruit iniuportable en agitant leurs ailes ; ils s'enfonçoient précipitamment dans leurs trous , des qu'ils appcrcevoient quelque chofe d'extraordinaire. V. Le grillcn-domeftique : il porte comme la fautcrelle fes ailes ren- fermées dans des fourreaux , tant qu'il cft dans l'état de nymphe. VI. La cigale eft encore de cet ordre ; car quoique nous n'en voyons point de grandes en Hollande , je crois pouvoir conclure des ])etites aux grandes par induflion : d'autant plus qu'AIdrovande a donné la figure d'un ver qui porte fur le dos les tubercules ou fourreaux de les aîles , & qu'il nomme eectigomettre , de forte que c'eft la vraie nymphe de la cigale. Je conferve une cigale étrangère très-rare, dont la tête cft alongée & s'é- lève de plus de cinq quarts de pouce au deffus des yeux , en forme de mitre. Il en eft encore des cigales comme des fauterelles, en ce que dans l'une & Tautre efpece les mâles feids chantent : je confers^e les par- ties que je regarde comme les organes du chant des cigales, (a) VII. Le grillon-taupe : (^) auquel il pouffe fur le dos quatre tuber- cules ou fourreaux , dans lelquels font contenues fes aîles , comme dans les autres infefles dont je viens de parler. J'ai un ver de grillon - taupe qui n'a point de ces fouri'eaux , un autre qui en cfl pourvu, & entin l'infcde adulte , dont les aîles font déployées. Goedaert a décrit l'œuf de cet animal ; j'en ai auffi des dents , & des aîles repliées dans leurs four- reaux. VIII. L'animalcule qui fe trouve dans les tubercules des feuilles du peuplier noir ; je me réferve à le décrire fous le quatrième ordre, parce qu'il fe transforme d'une manière moins vifible. IX. L'infefte des tubercules du faule. Je renvoie aufli fa defcription au quatrième ordre , &: par la même raifon. X. L'infefte des Indes connu en Hollande fous le nom de kakkerlak ; (<») Ces parties (ont ce eue l'auteur appelle le tanAour , & la particule tjvi modifie le fon ,011 qui pouffe Fuir contre le tambour. M. de Rcaumur a découvert depuis le véritable organe du chant des cigales : il confifte en une double membrane très-roide , tres- ilaftique , contournée en forme de timbale , pleine de rugofités régulières, c,ui rcfonne plus que le parchemin fec pour peu qu'on la touche , mtme dans une cigale morte, & tjui eft fecouée & mife en vibration dans l'infefte vivant , par deux forts mufdes , dont les tendons s'attachent à la furface concave de ces timbales ; elles font plactes de chaque côté dans la cavité formée par les premier» anneaux du ventre. (i) Talpa Ferrantis Jmperati. ,36 COLLECTION I ■ je lui al vu les foutreaiix des aîles , mais les aîles n'avoieiit pas encore pris Sw'AMMERDAM. leur entier accroiffement. HisTOjRE DES XL Le (carabée qui fe trouve autour des fours & parmi les ordures Insectes. des cuilines, au rapport de Fabius Columna. (a) Il eft fort femblable au kakkerluk dont je viens de parler & à l'inlefte décrit par Moufct fous le nom de hlatta. J'en ai deux el'peces avec leur nymphe, dont les four- reaux des aîles commencent à peine à paroître. XII. Les punaifes terreftres volantes ; il yen a vingt-fix efpeces dans mon cabinet, avec une grande qui vient des Indes & qui elî parée de diverfes couleurs, mais qui exhale une odeur très-dciagréable. Hoefnagel en a dépeint onze efpeces. Parmi celles que je conferve fe trouvent la cruci- fère , la rouge , la rouge rayée de noir , la verte , la noire , la jaune , la fphérique & celle dont la poitrine s'élève en pointe. X!I1. Les punaifes aquatiques volantes ; elles ont dans la bouche un aiguillon dont elles piquent avec force ceux qui veulent les prendre^, comme je l'ai éprouvé , mais fans que cette piquure ait eu de fuites fâ- cheufes. Je conferve quatre de ces punaifes adultes & une nymphe. XIV. Un certain infeôe hexapode , foible & pefant , dont les pieds font fort déliés , les antennes aiguës &i longues , & le corps affez épais : de la partie poftérieure du corps vers la queue fortent deux foies aiguës; enfin , cet animal a un aiguillon comme les punaifes & me paroît être de même genre. Je n'ai jamais vu ces infeûes fe transformer , on les trouve le plus fouvent immobiles fur différentes plantes. On voit alors fortir de leur corps une mouche fort agile , qui provient d'un ver , le- quel s'efl changé en nymphe du troifieme ordre dans le corps de cet autre inlëcle. Cette mouche en fort par une petite ouverture qu'elle fe fait en rongeant , & laiflé le corps mort de l'animal qui la renfermoit, vuide&dansla même attitude que s'il étoit vivant. (/-) Faute d'avoir bien obfervé ces infeûes , on les a nommés très-mal-à-propos pous des plan- tes : j'en conferve quelques-uns ,.& plufieurs de ces mouches qui en for- tent. XV. Les tipules aquatiques, dont j'ai trois efpeces avec une de leurs nymphes. Ces infeftes courent fur la furface de l'eau avec une extrême légèreté : ils ont un aiguillon dans la bouche comme les punaifes. ( a ) Ohfcrv. Aq. &■ Terr. (b) Il pourroit bien avoir ici quelque méprifc produire par les mouches ichneumons qui auroient, à l'aide de leur tarière, dépofés leurs aufs dans l'infefte hexapode, foible & pelant dont il s'agit dans cet article ; cet œuf auroit produit un ver qui auroit ron- ce les parties internes de l'infeifte , v auroit fubi Tes transformations en nymphe & en mouche , & en feroit forti fous cette dernière forme. La méprife de l'auteur coniiC- te en ce qu'il généralife trop quelques obfervatior.s particulières. On ne peut pas (iouter de ce qu'il a vu , mais on peut & l'on doit douter de ce qu il n'a pas vu, & qu'il fait "entendre , favoir qu'il fort conftarament de l'infefte hexapode dont il s'a- git ici , une mouche agile provenant d'une nymphe & d'un ver. D'ailleurs , comment Swammerdam pouvoit-il ranger dans une méthode , dont les ca- rafteres font pris des diverfes transformations, une infeile dont il n'a jamais obfervé ni apperçu les transformations ? encore ACADÉMIQUE. 157 (a) J'ai encore une autre elpece de tipules qui marchent lentement & qui iont d'une ftrufture très-finguliere & très-délicate. Swammerdam. XVI. Le ftorpion aquatique ; il a aufii un aiguillon dans la bouche. Histoire des J'en conferve deux efpeces , dont la plus grande a été décrite par Aldro- Insectes. vande , fous le nom de tipule aquatique , & la plus petite par Moufet , qui lui a confcrvé fon nom de fcorpion aquatique. J'ai aulîi la nymphe de cette petite efpece , dans laquelle on voit que les ailes pouffent de la même manière que dans ia nymphe de la demoifelle. XVII. Les mouches aquatiques, dont j'ai quatre efpeces. J'ai c bfervé les nymphes & les vers dont elles fc forment , dans leurs différents de- grés d'accroiffement : elles ont dans la bouche, comme les autres infecles aquatiques, un aiguillon avec lequel elles fe défendent quand on veut les toucher. .^Idrovande les a décrites très-exaftement fous le nom d'a- beilles amphibies. Jonflon les nomme abeilles fauvagcs, & je ne doute point que ce ne foient les mêmes dont Pilon a décrit la ruche marine qui le trouve aujourd'hui entre les mains de M". Vander Linden le jeune , & qui n'eft autre chofe qu'un éponge aquatique. Moufet appelle ces mou- ches notomclx , parce qu'elles nagent fur le dos & non fur le ventre , & il femble mettre auiïi les punaifes aquatiques au nombre des infeéles qui nagent de cette manière. Comme tous ces infeftes ont des ailes & volent , les uns le jour & les autres la nuit ; il n'eft pas étonnant qu'ils fe raffemblent & multi- tiplient fi. vite dans tous les endroits oii il y a de l'eau. AulTi voit-on en été dans les plus petits amas d'eau , que la furface de ce liquide eft fans ceffe agitée par les mouvements des infectes qui s'y trouvent. XVIII. L'éphémère; j'en ai les œufs ou plutôt l'ovaire (P) qui eft fem- blable à celui des poiifons. J'ai auffi le ver, la nymplu-ver &c Téphémere adulte, tant le maie que la femelle ; enfin, je puis faire voir comment fes ailes font renfermées dans leurs fourreaux & pliées différemment de celles de la demoifelle. J'ai trouvé aulTl dans d'autres iniefles quelques variétés à l'égard de cette difpohtion des ailes, comme on le verra dans la fuite de mes obfcrvations particulières, où j'expliquerai aufll les caufes de ces variétés. J'ai aufti des éphémères à demi transformées , de forte qu'on y voit très-bien comment elles fe dépouillent de la pelliaile mince qui les re- vêt : l'infefle fort d'une partie de fon enveloppe , de la même manière dont on tire fon pied d'un foulier , & il le débarralfe du reftc de fa dépouille en la renverfant Se la retournant de dedans en dehors comme on retourne un gand en l'ôtant : cela fe verra dans le détail de mes ob- fervations fur cet infeûe. Je ne puis comprendre fur quel fondement un auteur (c) alïïire que l'éphcmere provient d'une chrj^falide, dont il donne (j) M. c!e Roatimnr accule Svammerdam & Goed, en de méprife fur ce point, & il prétend que ces tipules aquatiques qui ont un aiguillon (ont des couiîns , & que les vé- ritables tipules n'ont ni aiguillon , ni trompe , ni même de dents. {l) Les éphémères pondent leurs œufs en grappe. (c) Augerius Clutius, T«m. y, 5 i^S COLLECTION 1 même la figure ; cette affertion efl contre toute vérité. Les figures de «i„r..,.., or,... cet infefte qui le trouvent à la fuite du Traité de Goedaert , ne font pas Histoire des cxaftes non plus, & parodient avoir ete deliinees de mémoire, comme Injectes. je m'en liiis apperçu en les comparant avec ces infeûes mêmes qui m'ont été envoyés de Dordrecht par André Colvius. Enfin, j'ai quelques autres eipeces d'éphémères aflez fingulleres qui viennent de France & d'ailleurs , parmi lelquelles il s'en trouve une pe- tite qu'on nomme mut en Hollande , & dont j'ai fait obferver les transfor- mations à Mr. Thcvenot. XIX. Le peree - oreille : (a) je conferve un de ces infedes dont les aîles font déployées , ëc un autre fous la forme de nymfhe-ver. Tous les inlcftes que je viens de citer , ôi qui fortant de l'oeuf fous la forme de ver, paflent cnfuite par l'état de nymphe-ver , puis devien- nent adultes , appartiennent donc à notre fécond ordre , lequel n'a encore été obfervé de perfonne que je fâche. Car il faut avouer que les natu- raliftes nous apprennent fi peu de faits touchant ces animaux , qu'ils pa- roiffent n'en avoir point connu la nature ; ôi cela eft au point , que il l'on retranchoit de ce qu'ils en ont écrit toutes les fables de leur invention , il n'y refteroit guère que les noms de ces infeftes. Il faut cependant en excepter quelques auteurs , comme Goedaert , qui a décrit fidèle- ment les transformations & les mues des chenilles , Rédi , qui a prouvé d'une manière très - folide qu'aucun animal ne s'engendre de la corrup- tion, &C quelques Anglois affez exafts, au nombre defquels font Jean Ray & Martin Lifter. EXEMPLE DU SECOND ORDRE Des transformations , pris de rinfecie nommé demoifclle , dont je nom me la nymphe , Nymphe-ver. L'Ovaire de la demoifelle eft double , tout-à-fait femblable à celui des poiffons , fur-tout à celui du harang , & compofé de même d'une mul- titude de germes ou d'œufs dont la forme eft oblongue , comme on le voit par ceux qui font difperfés dans la Figure I. (Pi. VIII.) Les œufs (y) contenus dans cet ovaire , font répandus dans l'eau par la demoifelle ; il en fort de petits vers à fix pieds , qui venant à s'accroître & à chan- ger de peau , deviennent autant de demolfelles. La Ficure II. ( même Planche ) rcpréfente ce ver un peu plus grand qu'il n'c'ft au fortir de l'œuf, & tel qu'il devient quand il s'eft nourri pendant quelque temps. On voit fur la tête les yeux avec les deux antennes. Sous le corcelet paroifTent fix pieds herifTt's de poils , & divifés chacun en quatre phalanges dont la dernière eft armée de deux (a) Forficula feu auricular'u. (b) Les femelles des petites demoifelles obfervéas par M. de Réatimiir, ne pondent pas comme les autres , tous leurs œufs à la lois & réunis en une grappe ; au moin» ils îbrtirent un à un du corps des femelles , que M. de Rcauraur prelta à deflein pour s'aflurer de ce ce fait. Ces oçufs étoient pointus par les deux bouts. A C A D É iM I Q U E. 139 ongles. Le ventre eft compolc de dix anneaux , &c le dernier Je ces an- ncaux a quelques appendices ou foies roidcs. Comme ce ver cÛ encore c impartait quand il lort de Ion œui , ce qui lui elt commun avec ceux du Histoire des troificme & du quatrième ordre, je le nomme nymphe-ver-ovi/orme lori'qu'il Iksectes. elt dans l'on œuf, ainfi que je m'en fuis explique ci- dcflus : ce que je dis encore ici , tant pour cet ordre que pour les deux fuivants , afin de me difpcnfer de le répéter davanta£,e. Lorfque ce vereft un peu plus accni (PI. VIII. Fig. III.) on voit poufler vers rextrémlté du corcelct , à l'endroit où il s'attache avec le ventre , quatre foiiéculcs ou boutons mcmorancux , qui renferment les ailes comme les boutons du calice des plantes & des arbres renferment les fleurs & les fruits : mais fi l'on ouvre alors ces quatre foUécules, on n'y trouve qu'une humeur aqueule , parce que les ailes n'ont pas encore pris leur confif- tance ; il en efl de même des boutons nailFants des plantes , qui ne con- tiennent qu'une humeur vilqueufc. Dans ce même animal (PI. VIII. Fig. IV.) parvenu à fon dernier de- gré d'accroiirement , les quatre follécules attachés aux omoplates fur le dos, ont toute leur grandeur, & c'eft alors qu'on y trouve les ailes par- faitement formées , mais pliées & roulées lùr elles-mêmes. La tranfparence de la peau laifTe même appercevoirles différentes couleurs dont l'inl'efte cft émalllé. Je le nomme en cet évdt nymphe-nr , parce qu'en effet c'eft tou- jours un ver, mais un ver qui a quelques-uns de les membres plies, ren- fermés dans des fourreaux &c immobiles , comme ceux de la nymphe du troifieme ordre. La Figure VI. (PI. VIII. ) tait voir comment cette nym- phe-ver quitte fa dépouille. Enfin, ce ver aduhe & dans (on état de pcrtedion (PI. VIII. Fig. V. ) prend le nom de demoifelle. Ainfi cet animal qui n'étoit d'abord qu'un ver rampant & nageant , devient un infefle volant & fubit des change- ments remarquables dans fes yeux, fes ailes & fa queue : mais les pieds confervent leur première forme. J'ai vu pour la première fois ces vers dont fe forme la demoifelle , dans la Loire à Saumur, où j'étois chez M^. le Febvre. J'en ai revu de- puis dans différents amas d'eau douce, dans de petits étangs, des foffés marécageux , 6c. Ils y font quelquefois en telle quantité que le tond en paroît tout couvert : ces vers rampent & nagent tout à la fois, mais affez lentement ; ils ont la vue très - perçante & ils fe plongent préci- pitamment au tond de l'eau dès qu'ils apperçoivent quelque obet étran- ger. Leur nourriture elî le limon & les parties les plus fubtiles de la terre où ils cclofent. (^2 ) Les demoilélles qui les produifent vivent aufll autour de l'eau & s'y accouplent. On les trouve encore en grand noni- (a) M. de Rcaumur reprend Swammerdam d'avoir dit que Its e'tmoi/tffes à qui U mafijuc {en cafque ) a ai donné , fc nourriJTent de terre : mais i". il ne s'agit ici que des nymphes de demoifcllcs , 6c non des demoilélles mêmes, z". Swammerdam n'a point r.irlé des nymphes à mafque en cafque ; car en comparant les figures avec celles de M. de Réaiimiir , il eft clair que ces deux obfervateurs ne parient" pas de la même ef- pece ; or ce qui n'eft pas vrai des efpeces de M. de Reaumur , peut être vrai des et- pcces de Swammerdaia, s% 140 COLLECTION mmmmmimmu i i bre dans Ics endroits où il y a beaucoup de mouches ; car elles s'en nour- SwAMMERDAM. ''^^^111 dc mêmc que les oifeaux. Histoire des Les œufs que cet inlcfte répand dans l'eau paroiffent au microfcope Insictes. d'une forme alongée & pointue par le bout antérieur, fur lequel o'i voit des efpeces de petits fleurons , fembiables à ceux que j'ai indiqué? dans la lente du pou : cette pointe tire fiir le noir. L'autre extrémité qui ell d'une forme ovoïde plus obtufe , n'a rien de remarquable , fmon que fa fuperficie eft luftrée. Lorfque les vers provenus de ces œufs font arrivés à l'état de nym- phe, ils fortent de l'eau, vont dans des endroits fecs , fur des herbes, des morceaux de bois, des murailles de pierre ou tout autre corps, & s'y cram- ponnent au moyen des ongles de leurs pieds a ( PI. Vill. Fig. VI. ) ils y reltent un peu de temps immobiles, & alors on voit leur peau fe fendre d'abord fur la tête & fur le dos. La tête de l'inlefte & les yeux b b en fortent les premiers , puis les fix pieds ce , dont les dépouilles vuides ref- tent accrochées comme auparavant. Enfuite l'infefte fe traîne un peu en avant & tire ainfi fes ailes dd, &c une partie de fon corps hors de fa peau , puis s'étant encore un peu avancé , il s'arrêtjs de nouveau. Cepen- dant fes ailes commencent à le déployer, leurs plis & leurs rugofités s'ef- facent , & le corps s'étend auffi jufqu'à ce que tous les membres aient acquis leur jufte grandeur. Tout ceci s'opère par l'adion du fang & des humeurs qui circulent dans le corps de l'animal , & qui lont miles en mouvement par l'impulfion de l'air qu'il refpire ; mais cet inléde ne peut encore' voler , & il faut qu'il refte dans l'endroit oîi il fe trouve , jufqu'à ce que l'air ambient & le foleil aient féché fes membres. Le fpeftacle de ces transformations ne s'offre ici que très-rarement aux regards de l'obfervateur ; ce fut par un heureux hazard que j'en fus té- moin la première fois , ayant vu fur un mur bâti dans la Loire , une de- moifelle , qui ne put fe transformer qu'à demi k caufe de l'eau qui re- venoit toujours la baigner. J'ai revu depuis une demoifelle de la plus grande efpece quitter là dépouille de nymphe fur des herbes oii elle s'é- loit arrêtée au fortir de l'eau. Il n'eft pas tout-à-fait 11 rare de voir la transformation des petites efpeces de demoilelles qui font très-communes en Hollande ; transformation décrite par Goedaert , &: que j'ai fait voir à plufieurs perfonnes , & entr'autres au D''. Mathieu Sladus. Cet infefte- chafTe & faifit fa proie dans l'air en volant : fes deux grands yeux luifants comme des perles , & qui compofent prefque toute fa tête , lui font d'un grand ulage pour cela. Il a auffi quatre grandes ailes membraneufes & argentées, qui font comme des rames, au moyen defqueUes il peu fe tourner rapidement dans l'air en tout fens, comme l'hirondelle. Sa longue queue lui fert à diriger fon vol. Moufet qui a cru très-mal-à-propos que ces animaux s'engendroient des joncs pourris , a fort bien remarqué la perfeâion de leur forme , qui prouve la fupériorité des productions dc la nature fur les ouvrages dc l'art. L'œil de la demoifelle eft d'une ftruûure réticulaire & a un double rang de divilîons. ACADÉMIQUE. 141 On lui trouve dans la bouche deux dents que recouvre une levrc , (u) & avec lefquelles cet ini'cde mord très-tort quand on veut le faifir ; ce Swammerdam. qui a peut-être porté Junius à lui donner le nom de mordcUa. Je ne lais Histoire dm point li l'a morlure eft venimcuic & fi elle fait enfler la peau. Insectu. Comme cet inlefte a les ailes tort longues 6c les pieds très - courts à projîonion, il ne peut guère marcher à terre, &C d'autant moins qu'en marchant il n'élevé pas fes aîles & ne les tient pas dreffées & appliquées l'une à l'autre fur Ion dos comme les papillons. C'ell pour quoi il lé pôle flir des branches d'arbres lèches & ilolées lorfqu'il veut fe repofer , ou qu'il a attrapé quelque proie : il la prend en lair avec fes fix pieds & la porte dans la bouche avec les deux pieds antérieurs , puis il la broie en- tre fes dents. Outre les mouches , il dévore les abeilles , qu'il faifit en l'air & qu'il déchire toutes vivantes. On ne peut conferver long-temps ces infeftes vivants dans des boîtes, à moins qu'on ne leur donne tous les jours des mouches , dont ils font très-friands. Ils aiment beaucoup la chaleur du folcil , dont ils ont reçu, pour ainfi dire , la vie & le mouvement ; lorfque le temps eft couvert ils ne mangent point 6c ils s'engourdilTent prefque tout-a-tait. La partie du corcclet où les ailes font attachées aux omoplates, eft munie à l'intérieur d'un grand nombre de fibres nuifculeufes , qui font mouvoir les pieds & les aîles. Le cœur pafl'e entre ces fibres , de même 3UC l'œfophage & la moelle épiniere, dont la plus grande partie eft lîtuée ans les lombes & dans le ventre. Comme je n"ai pas fait exademcnt Ta- natomie de cet inf'efte, je n'en puis rien dire de fort détaillé. L'ertomac eft de la forme d'une poire , je l'ai trouvé quelquefois plein d'aliments 8c quelquefois plein d'air. Les vaifTeaux pulmonaires ou tra- chées font en affez grand nombre. J'ai vu diftinclement aufîî des fibres mufcu- leufes dans les anneaux du ventre &i de la queue , & j'ai vu quelque- fols ces fibres fe mouvoir fenfiblement. (/>) Dans le mâle la verge efl placée (j) Cette levn a rapport avec ce que M. de Réaumur appelle dans la nymphe les vclits du cafque ; cet auteur fait trois genres de ces nymphes : le premier genre cil caraflérifé par le mafoue en cafque , qui cache une partie de leur face ; le fécond psr le maf'que plat, & le troifierae par le maique plat & éfilé : à ces carafleres , qui ne font que focondaires, il en joint d'autres pris du volume & de la forme du corps & de la tête, & ces derniers cara£leres répondent à ceux qui déterminent les trois genres, dans lefquels il a auflî diftribué les demoifeUos. D.ins le premier genre de nymphes , le front du cafque a dans fon milieu une future , qui n'eft autre chofe que la ligne de réunion des deux parties dont il efl: compofé ; ces deux parties font les ro/crj du cafque, félon M. de Réaumur : on pourroit aufli les regarder comme des mâchoires, puifque ce font des parties dures qui font munies de dents. (i) Le mouvement obfervé par Swammerdam dans les anneaux de la queue & du ventre , peut avoir rapport au jeu du pirton , par lequel M. de Réaumur a vu que cet infeéle attire l'eau dans les cinq derniers anneaux de fon corps , & qu'il rejette cette eau , quelquefois à deux ou trois pouces de diftance. Ce pifton qui eft compofé d'un lacis des ramilications des quatre grofies trachées , entraine félon toute apparence dans iês mouvements l'extrémité du tube inteilinal , à laquelle il eft adhèrent. 1^1 COLLECTION "■'' '■■■■■^™ aux enviroiii de t'oiigine uii ventre ; (./) dans la femelle au contraire h SwAMMERDAM. vu'vc k troiive à l'extrémité de la queue. Je n'ai pas non plus examiné Histoire d£s attentivement ces parties ; car je ne les ai vues qu'en ouvrant ces infec- InsïCTEs. j£5 ^ §£ tirant les vilceres de leurs corps pour confcrvcr leurs belles cou- leurs. Il ne faut pour cela qu'enlever les vifceres &: faupoudrer de plâtre ou de chaux vive les parties qui reftent humides à rinttrieur , afin d'ab- forber toute l'humidité ; on conCerve les couleurs de la queue, du cor- ■) celet & des yeux par ce procédé , que j'indique ici , parce qu'il peut ; être utile aux peintres Se aux deffinateurs ; mais il demande une dexté- rité qu'on n'acquiert que par l'ufage. Ce qu'il y a de plus remarquable dans cet in(e£le , c'ell fon accouple- ment. Le mâle voltigeant & tournoyant rapidement dans l'air, préfente fi qi:eueij(Pl. VIII. Fig. VII.) à la femelle, qui fe l'applique à l'articulation du cou & l'embraffe avec fes pieds f>. Enfuite elle replie (on corps & ra- mené fa queue, à l'extrémité de laquelle ell l'oriHce de la vulve, vers le cotcelet c du mâle où fe trouve la verge. Le mâle de fon côté pour rap- procher & joindre enfemble les parties caraclériftiques des deux fexes , ra- courcit fon corps &: le recourbe en arc ; tous deux s'agitent & (ë tré- mouflent en volant , & l'accouplement s'achève au fein des airs. (/■) (,i) La partîe caraflériftiqne du mâle eft placée dans le fécond anneau du corps, Se faillante au dehors fous la forme d'un mamelon prefque noir. Cette partie efl fujette à quelques variétés dans les différentes efpeces de demoifelles M de Réaiimur l'a ob- fervée dans un mâle d'une afl'ez grande efpece du fécond genre , qui parolt de bonne heure au printemps. Lorique cette partie eft en repos , elle eft recourbée en anfe & fert en effet d'anfe à une efpece de vafe à longue queue , dont le corps eft pofé fur l.i ligne où (e rencontrent le fécond & le troifieme anneau , & dont la queue s'étend danî le troifieme. Ce vafe a dans fa partie antérieure une ouverture dans laquelle s'adapte , mais fans aucune adhérence , un bouton que la partie du mâle a à fon extrémité : ce bouton eft charnu & refendu ; quand on le prelTo il s'ouvre comme s'il étoit tait ds deux petites coquilles. La partie courbée en ani'e, à laquelle il appartient, fe redreft'j dans l'accouplement, félon la conjefture de M. de Réaumur & s'introduit dans Ix vulve de la femelle. Un peu plus haut, c'eft-à-dire , plus près du corcelet, on trouve un crochet écailleux , & de chaque côté de ce crochet deux feuilles cartilagineufes , qui ont leur origine à côté de Fanfe, & dont l'extrémité peut s'élever au dehors : plus haut encore on apperçoit d'autres feuilles cartilagineufes , & d'autres crochets écailleux , tout cela plus petit & difpofé fymmétriquement de paît & d'autre. Cet appareil eft contenu^ dans une couliffe large & protonde , qui fe trouve fous le premier , le fécond & le troifieme anneau , & qui n'eft que la continuation de la goutiere qui règne fous le ventre. Dans l'etpece des petites demoifelles , dont M de Réauinur a décrit l'accouplement , il a remarqué près de la vulve quatre petites fcies ou lames dentelées , convexes du côté de leurs dents, cSt logées dans une cavité en goutiere qui fe trouve fous les der- niers anneaux du corps. (i) M. de Réaumur prétend que Swammerdam n'a pas décrit avec exaélitude l'ac- couplement des demoifelles qui le joignent en l'air ; il lui reproche d'avoir dit que la. femelle embralTe avec fes pieds & retient fur Ion cou l'extrémité pol^érieure du corpj du mâle ; de n'avoir pas repréfenté la véritable courbuie de la partie antérieure delà iemelle & du corps du mâle dans l'accouplement , cS>f. Mais pourquoi accufer d'inéAacti- tude un obfervateur aufli fcrupuleiix que Swammerdam } pourquoi fur-tout lui inipa- ter d'avoir donné des figiires , 4ont k modèle étoit dans l'on imagination , plutôt qitî; ACADÉMIQUE. Mî La femelle étant ainfi fécondée , va plonger fa queue dans l'eau & )• — — ^^^ répand fes œufs oblongs dont j'ai parlé ; ils font d'abord mous & blan- Swammerdam. châtres , mais peu à peu ils fe durciflent, deviennent jaunes & prennent Histoire d£ï une couleur noire à leur pointe. J'ignore comliicn ces oeufs reftcnt dans Insectes. l'eau avant que les vers cclofent , &c combien il fe paffe encore de temps depuis que le ver eft cclos jufqu'à fa tr.instormation ; mais je crois qu'il lui faut deux ans ; car j'ai vu de ces vers, qui fur la fin de l'été fe tronvoient encore fort éloignés de leur perfcftion. J'<;n ai vu aufii en France , le div-huit d'avril , une grande quantité dans im fofie d'argile éboulée , où il n'y avoit point de plantes aquatiques , & dont ils cou- vroient tout le tond. DIFFÉRENTES ESPECES DES NYMPHES DE DEMOISELLE. LA nymphe-ver de la demoifclle que j'ai repréfentée (PL VIII. Fig. IV.) ell une des fix que j 'ai dans mon cabinet. Je décrirai ici encore qua- tre de ces nymphes , &: en premier lieu celle de la plus grande elpecc de demoilélle. On volt à cette nymphe (PI. VIII. Fig. VIII.) deux gros yeux égaux aa ui ne font point divifés en réfeau. Les deux antennes h h font au devant des yeux, & fous les antennes paroiflent trois pièces qui forment la ];ou- che , dont les deux fupérieures ibnt armées de petites dentelures c , que j'euffe pris pour des dents , fi elles n'cuffent pas été d'une confiilance trop molle pour des dents. Sous le corcelet font attachés les fix pieds, terminés chacun par deux ongles dd ; ils font ras & tachetés de vert , de jaune &: de plufieurs au- tres couleurs. On voit très-diftinûement fur le dos, fous les omoplates , les quatre follécules ou fourreaux membraneux , oîi les ailes c e font refferrées 6i re- pliées à un tel point , qu'il ell difficile de comprendre comment elles peuvent être contenues dans un fi petit eipace ; car ces aîlcs font gran- des &, fortes. Cependant on ceffe d'en être furpris , quand on fait ré- flexion au nombre de pétales renfermés dans le petit bouton du pavot ; car ces pétales font en effet très-analogues aux aîles dont il s'aeit ici. L'abdomen a plufieurs anneaux terminés fur fes deux côtes par des pointe dures ff : les anneaux qui produifent ces pointes , font tranf- parents & Irtiflent voir les différentes couleurs qui font deffous. La queue di dans la nature i lui qui avoit autant de fidélité à rendre compte de fes découvertes que de talents pour cecouvrir. N'étoit-il pas plus naturel de fuppofer que l'efpece obfervée en Hollande n'étoit pas la mî-me que l'elpece obfervée aux environs de Paris? M. de Rcaumur avertit en plus d'un endroit qu'il y avoit des variétés dans les parties fexuelles dis diHércntes efpcces de ces infeftes ; ne peut-il pas y en avoir auffi dans les préli- minaire» & dans les attitudes de l'accouplement ? Au refte , l'erreur de Lewenhoek (ur le même fujet , ne pcJt être juflitiée ; il pl.ice les parties de la gétvération du mâle a l'extrémité du corps , & celles de la femelle dans le cou. l'oyei Us obfervations de Af. Hombcrg fur les demo'ifelUs tom, i. de !a Colleifl. Acad. piriie françoife , p. 47J. 144. COLLECTION — — — ' ■"" eft divlfée en cinq appendices coniques , (a) qui dans l'animalcule vivant , SwAMMERDAM- font commc autant de piquants fort durs, & qui le dépouillent chacune Histoire dîs de leur fourreau quand la nymphe fe change en demoii'elle : ces pi- l.NS£CT£s. quants couvrent l'anus & accompagnent la partie inférieure du corps : dans le mâle elles ont encore un autre ufage ; car il s'en fert pour le cramponner au cou de la femelle dans l'accouplement , comme on le peut voir (PI. VIII. Fig. VII.) J'ai remarqué dans une dernière obfervation, que les ramifications de la trachée artère de cette nymphe fe dépouilloicnt de leur enveloppe comme ie rcfte , &C cela lui ell commun avec toutes les autres efpeces de nymphes , & avec les vers & les chenilles. La féconde de mes nymphes de demoifelle (PI. Vill. Fig. IX. ) eft celle d'une efpece de demoifelle de grandeur moyenne ; elle a toutes les mê- mes parties que la grande que je viens de décrire , feulement fes lèvres (/-) & fes dents font un peu différemment difpofées & plus longues ; mais dans la grande efpece on peut alonger ces parties au même point. Les pieds /) de celle-ci font velus ; on voit diftinftement les fourreaux c des ailes , les anneaux de l'abdomen & les piquants de la queue d. J'ai trouvé cette nymphe à la campagne fur des plantes aquatiques qui étoient venues dans un foffé ; & la grande que j'ai décrite auparavant, fur des herbes où elle venoit de quitter fa dépouille. Dans celle que je viens de décrire les aîles étoient formées au point qu'on pouvoit les dé- ployer. La troifieme de ces nymphes fe trouve dans les Prpvinces d'Utrecht & de Gueldres , & non pas en Hollande. Je rencontrai la première que j'aie vue de cette efpece , près de Paris , dans un endroit de la Seine où l'on avoit jette beaucoup de têtes de bœufs ; elle s'étoit logée dans l'une de ces têtes , & fe nourriffoit du limon que l'eau y avoit dépofé. Py vis anlTi plufieurs petites écrevifles, qui peut-être fe nourriffent de ces fortes d'infetles aquatiques. La nymphe dont je parle eft le même animalcule que Rédi nomme fcorpion de mer, & qu'il dépeint fans ces foUécules ou fourreaux qui contiennent les aîles , parce qu'il ne l'a pas vu dans le degré d'accroil- fement où les fourreaux paroiflent fur le dos du ver. L'infefte nommé par Rondelet marteau ou LibeUa fiuviatUis , eft encore de même nature que celui dont je parle. Sur la tête de cette nymphe on voit les deux yeux , lefquels ne font point à réfeau. Au devant des yeux s'élèvent les deux antennes articulées a (PI. VIII. Fig. X.) Les fix pieds h b font longs relativement au corps. Les quatre fourreaux des aîles a.tta- (.î) Ces appendices triangulaires ont leur face intérieure creufée en goiitiere, & quand elles font réunies , elles forment une queue pyramidale creufe à l'iniefle ; iorf- qu'au contraire elles font écartées les unes des autres , elles donnent paflage non-foule- ment aux excréments , mais encore à l'eau que la nymphe delà demoifelle infpire & ex- pire alternativement. Cet infefle fe fert aulil des appendices de fa queue , comme de pinces , lorfqu'il eft tourmenté. {h) Les volets du ca/que felon M. de Réaumar, Voyez çi-deffus pag. J41. chés ACADÉMIQUE. 14.; chéi aux omoplates , ibnt couchés & contigus , de (01 te qu'ils préfentcnt ■— — — — — une furfaceunie, parlcméc de ramifications nerveufes ce. Les anneaux du Swammirdam corps lont velus ; la queue mêlée de vert & de jaune le divifé en trois Histoire de$ ' appendices triangulaires e. Insectes. Cette nymphe nage plus vîtc que les deux précédentes, mais la de- moifcUe qui en provient eft moins agile, les ailes font très-belles, elles ont ccjjendant quelques variétés lelon les différences qui fe trouvent dans les nymphes mêmes. En examinant ces ailes, on voit que leurs nervures font plus ferrées que dans les aîles de la grande &c de la moyenne cfpece de demoifelle dont j'ai parlé auparavant. Enfin , celle - ci diffère encore des autres , en ce qu'elle porte fes ailes de même que les papillons tliur- ncs , lorfi.|u'elle fe pofe & s'arrête en quelque endroit. Enfin, la quatrième de ces nymphes (PI. VIII. Fig. XI.) eft très- com- mune en Hollande, fur-tout dans les fofles étroits, où l'on en trouve en quantité parmi les plantes aquatiques , prefque en tout temps & même en hiver. Cette nymphe diffère peu de la dernière que j'ai décrite : en quittant fa dépouille elle devient une petite demoifelle, dont les aîles font argentées & le corps bleu Sinoir; elle n'eft pas non plus fort agile, & elle voltige prefque toujours autour des foffés. Elle s'accouple en vo- lant , comme celles des grandes & moyennes efpeces ; mais je n'ai jamais vu l'accouplement de la troifieme que j'ai décrite, & qui eft repréfentée (PI. VIII. Fig. X.) J'ai une demoifelle d'Efpagne qui diffère de toutes les autres, en ce que fes ailes fe terminent en pointe , au lieu que dans la plupart de ces infeftes elles font ovales en grande partie & arrondies par le bout : celle-ci a de plus des antennes velues & très-grandes. Il m'en eft venu d'Afrique une autre , dont les aîles étoient tachetées , & je l'ai deflînée au naturel. J'en ai vu encore une autre efpece qui avoit les ailes très-loa- gués & très-larges , & le corps petit à proportion. Sur fes aîles étoient repréfentés des eipeces de dragons : je l'ai aulTi deffinée de grandeur na- turelle. ( (Fig. IV.) celles du fé- cond embraffent de même le troifieme c ; celles du troifieme le quatriè- me d, & ainfi de fuite dans toute la longueur de l'oviduftus. Ces fcorpions aquatiques paffent le jour dans l'eau ; mais la nuit , & même le foir ils prennent leur effor & voltigent en divers endroits ; ils vont même chercher leur vie dans d'autres amas d'eaux que ceux qu'ils habitent ordinairement, (iir-tout quand leurs foffés font à fec. S'il fe ttouve donc de ces infeftes jufques dans les plus petits amas d'eau , ce n'eft pas qu'ils s'y engendrent de la corruption , mais c'eft qu'ils y viennent le foir ou pendant la nuit. Un homme qui fait fon plaifir de la pcche,m'a même rapporté qu'il avoit vu des œufs de certains poiffons collés fur des aîles de canards, d'où 11 jugeoit que ces poiflons pouvoienr bien fe mul- tiplier dans les eaux des montagnes & des vallées, où leurs œufs auroient été portés par ces canards. Mais pour la nymphe ambulante du fcorpion aqua- ACADÉMIQUE, 149 tlone , elle demeure toujours clans les mêmes endroits , jufqu'à ce que »^— — li» ibs aîles aient acquis leur perfedion : alors cet inlecte vole &C va cher- Sw a m. mer dam. cher ion iemblable pour perpétuer l'efpece. Histoire dîs La grande efpece de icorpion aquatique diffère peu de celle que je viens Insectes. de décrire , & iculement en ce que le corjjs ell plus long & plus aigu a ( PI. IX. Fig. M. ) les membres plus diftinds ; la couleur plus pâle , im peii plus griie & tirant fur le roux. Ce qu'il y a de remarquable dars les bras , c'eft que les articulations aulquelles tiennent les ongles , lorment deux petites émmences aiguiés /■/■ , à l'endroit où la pointe de l'ongle s'y rejoint en le repliant. Les pieds, beaucoup plus longs que dans l'autre Tcor- pion, (ont conime des ibics roides ce. Il y a une difîérence confidérable ilans les extrémités membraneulés des aîles fupérieurcs d. Quant aux par- ties internes , je ne les ai point oblcrvées. HISTOIRE DE L'EPHEMERE. ARTICLE PRE. M 1ER. L'Éphémère vient cTun œuf. L'Éphémère efl: un infefte qui a quatre aîles , deux petites antennes , .fix pieds, & la queue compolée de deux filets longs & velus. (^) 11 vit tout au plus cinq heures après être arrivé à cette lorme. Ces infec- tes paroiffent tous les ans aux embouchures du Rhin , de la Meule , du Vaal , du Leek & de l'Ylél vers la fctc de Saint Olof & de Saint Jean ; on en voit voltiger un grand nombre iiir la iurface de l'eau pendant trois jours confécutits ; mais ce ne lont pas les mêmes individus que l'on voit chacun de ces trois jours ; toutes les éphémères qui le transforment & commencent de voler le premier jour, meurent avant la nuit, la mêm.e choie amve les deux jours fuivants ; & fi l'air ert rempli de la m.éme quantité de ces inl'eftes pendant tout ce temps , c'efl qu'ils lie transfor- ment & prennent l'effor fucceffivement. La femelle de l'éphémère ayant quitté fa dépouille de nymphe & s'é- tant élevée fur la furface de l'eau, y voltige pendant Quelque temps, s'y agite, & jette enfin dans l'eau fa double grappe d'œufs. (^) La femelle dépoie ainfi fes œufs à la manière des poiffons ; & le mâle (.1) Ces tilets ne font pas toujours velus des d-eux côtés, ni fur toute leur longi^ur; il y a des variétés à cet égard dans les différentes efpeces d'éphémères. (t) M. Guettard a découvert une efpece d'éphémères , dont les œufs font réunis en forme de cordon , & non en forme de grappes. M. de Réaumur a dilTéquc une éphé- mère qui n'avoit qu'une feule grappe. Cette dernière éphémère étoit de celles qui portent leurs ouies horizontalement. Le même .M. de Réaumur a compté plus de trois cent cinquante œufs dans chaque grappe d'une efpece d'éphémère qui avoit deux grappes d'œufs. 150 COLLECTION qui cft aiiffi forti de l'eau, & s'eftrécemmenttransformé, vient les féconder SwAMMERDAM. ^11 y répandant fa femence oufonfrai. (j) J'expliquerai bientôt comment Histoire des s'opère cette génération , & comment ces animalcules montent au deffus Insectes. Jg l'eau & fubiffent leurs diverfes transformations, foit dans l'eau, f®it fur la terre. Ce flit à Culembourg que je vis pour la première fois des éphémères dans un bras du Rhin, en l'année 1666. Clutius dit qu'on en voit auffi à Arnhem , à Zutphen, dans le Vaart près d'Utrecht, à Rotterdam &C dans plufieurs autres endroits. M', de Mey a écrit fur ces infeûes en par- ticulier, comme on le voit dans l'addition ajoutée aux obfervations hit toriques de Goedaert. Les anciens ont aufTi connu l'éphémère, ou quel- que autre infefte de même genre ; car on en trouve la defcription dans Pline, Ariftote, Elien & ptufieurs autres, (^) cela paroît aufli par le Traité d'Augerius Clutius. (c) Les œufs de l'éphémère étant fécondés par la femence du mâle , dcfcendent peu à peu au fond de l'eau; lorfque c'eft une eau courante elle les entraîne &C les •dilperfe fur l'argile, ou fur le terrein dans lequel fon lit eft creufé. La for- me piano-convexe de fes œufs contribue aufli à les faire aller au fond de l'eau : fi l'on en met plufieurs fur la pointe d'un couteau , & qu'on les plonge très-lentement dans l'eau, on les voit fe féparer les uns des autres par une efpece de mouvement fpontanée. {d) Je ne fais pas com- bien ils reftent de temps dans l'eau avant que les vers éclofent ; on pour- roit éclaircir ce fait en gardant de ces œufs dans un vafe où il y auroit de l'eau & de l'argile. Le ver qui en fort eft un ver hexapode ou à fix pieds , & fert d'appas aux pêcheurs pour prendre les poiffons. ARTICLE IL Fir de rÉphémere. Quelque temps après que ces œufs fe font enfoncés dans l'eau , fi l'on remue l'argille qui eft au fond , on y trouve une multitude de petits vers à fix pieds , femblables aux grands par leur figure ; mais il ne faut les chercher qu'affez long-temps après la ponte ; car leur accroif- fement eft fort lent, & au bout d'un an ils n'ont guère que les trois {a) M. de Réaumur n'eft point de cet avis ; il Soupçonne quelque accouplement : c'eft un fait à vérifier. (i) Sous les noms de HemerobioSi à'Ephemerus & de Diaria. (c) Publié en 1634. ((/) Ou plutôt parce que la gomme qui tenoit ces œufs unis , fe difloiu dans l'eau ; M. de Reaumur l'a démontré par l'expérience ': ces œufs ne fe féparent point dans l'sf- prit de vin , parce que la colle qui les unit n'eft point foluble dans cette liqueur. ACADÉMIQUE. 151 quarts d'un pouce de HoUiinde de longueur, c'eft-à-dire , le tiers de la «^m» i— liw raille des grands vers prêts ;\ fe transformer. Sw'amm£fu\m. Outre ces deux efpeces de vers, dont la taille eft fi diffcrento, il s'en Histoire ces trouve dans la même argille une elpece moyenne ; mais cette variérc de l.>sEtTïs. grandeur ne vient pas toujours de la différence d'âge ; car il y a de ces \'ers qui étant de même âge , différent cependant beaucoup entr'cuY par la grandeur ; de (brte qu'au commencement de juin, c'efl-à-dire, au temps de la transformation de ces vers les plus grands, ont environ trois pou- ces de long ; ceux de l'efpece moyenne un peu moins de deux pouces , 6c les petits à peine un pouce. Ces derniers n'ont encore aucuns verti- ges d'ailes ; mais dans les vers de taille moyenne on voit paroitre les fourreaux des aîles , & dans les grands les aîles fe voient très-diftincle- ment & font comme une fleiu: qui commence à ouvrir fon bouton. ARTICLE III. Nourriture & manœuvres du ver de CEphêmere, ON ne voit guère ces vers nager au fond ou au milieu des rivières ; car quoi qu'ils le meuvent affez preftement dans l'eau , & qu'ils y nagent en recourbant leur tête,foiten haut, foit en bas, & faifant avan- cer leur corps d'un mouvement tortueux , ils fe tiennent cependant prel- que toujours vers les bords & dans les berges des rivières oii l'eau efl plus tranquille. Leur nombre eft d'autant plus grand , que le fond où ils habitent abonde plus en argille ; on les trouve rarement fur l'argille , mais ils s'y creufent chacun de longs boyaux parallèles à l'horizon oii ils logent folitairement. ( a ) Ainfi , comme l'abeille fe conftruit une maifon de cire , le ver de l'éphé- mère fe creufe dans l'argille ime habitation proportionnée au volume de fon corps ; lorfqii'on tire ces vers de leurs trous & qu'on les pofe fur un plan où leur corps n'eft plus foutenu dans tous fes points , ils perdent bientôt leur mouvement progreffif. Je les ai même vus dans ce cas fe ren- verier à l'inftant fur le dos comme s'ils fliflent tombés en défaillance , en forte qu'ils ne pouvoient plus fe relever. Au contraire , tant qu'ils font (a) M. de Réaumur remarque qu'i! y a des efpeces d'éphémères , dont le ver ne fe creule point de trous ; & d'autres dont les trous , femblables à des (yphons , font diUb'es, 5i confiftenten deux boyaux fitucsdans le même plan horizontal , & qui com- muniquent enfemblo dans la terre par la courbure qui les unit ; ces deux bovaux le terminent au dehors par deux orifices un peu ovales , & quelquefois par un feu! ori- fice , dont le diamètre horizontal eft double du vertical , ce qui arrive lorfque la cloi- fon intermédiaire des deux boyaux eft éboulée ; enfin , quoique ces trous (oient pour l'ordmaire creuies horizontalement , il y en a non-("eulement qui (ont inclinés à l'horizon , mais il y en a d^autres même qui y font perpendiculaires ; & quoique la plupart foientcreu(és dans l'argile, il s'en trouve quelquefois de creul'cs dans une terre médiocrement graveleule ; mais dans ce cas les parois intérieures du trou font enduites d'une couche d'une terre plus fine, &qui eft d'une même épailfeur dans tous les points de ces parois. 151 COLLECTION ■UN. I ii»i— lians leurs trous , ils le meuvent en tout fens avec beaucoup de facilité. SwAMMsRDAM. Ceh cll commun à tous les vers qui habitent dans des loges ou dans des Histoire des trous; ils fom agiles tant qu'ils reftent dans leurs habitations accoutumées , Ikseçtk. & tombent dans une cfpece de défaillance dès qu'ils en font tirés. J'en ai tait l'obfervation fur les vers qui vivent dans des troncs d'arbres qu'ils ont creulés , 6c fur ceux qui fe trouvent dans les fruits , dans les tubercu.les des feuilles , dans les excrefcences des plantes. Le ver du fcarabée mono- céros lorfqu'on l'a tiré de fa loge, fe couvre tout le corps d'une efpece de toile, après quoi il recommemcc à creufcr le bois; effort, dont {peut- être ) il ieroit incapable fans le fecours de cette enveloppe qui lui îert de point d'appui pendant ce travail. Le ver de l'éphémère eft fi foible quand il eft hors de fon trou , que dans l'eau même il perd bientôt le mouvement , car il s'étourdit , enfonce , & tombe enfin à la renverle au fond de l'eau. A peine ces vers font hors de l'œuf, qu'ils commencent à creufer dans l'argille leurs trous qui font , comme je l'ai dit, de longs boyaux ordinaire- ment droits & horizontaux, mais quelquefois courbes ou obliques. L'ani- mal agrandit fa loge à mefure qu'il s'accroît ; de forte que les. grands vers, fe trouvent dans les plus grands trous , & les plus petits vers dans les plus petits trous. Ces vers creufent l'argille , non-feulement avec leurs deux pieds de de- vant qui font faits comme ceux des taupes communes & des grillons-taupes, mais encore à l'aide de leurs mâchoires armées de deux dents femblables à quelques égards aux pinces des écrevifl'es. Si l'on met ces vers dans de l'eau où il y ait im peu d'argille , on les voit d'abord commencer à la percer; & quand même on leur en fourniroit trop peu pour fe faire des loges entières, ils ne laifl'ent pas de montrer leur inftinîl en y creufant de petits trous où ils cachent tour à tour leur tête , leur corps , ou leur queue. Les pêcheurs afTurent que ces vers font leurs trous dans les endroits les plus bas des berges des rivières lorfque l'eau ell baffe , mais qu'ils montent & s'élèvent à mefure que l'eau augmente , & il liie paroît que cela doit être ainfi , car ils ont beaucoup de trachées qui leur fervent à refpirer fouvent un air nouveau ; ce qui feroit impoffible s'ils refloient dans les endroits profonds quand les eaux font grandes. J'ai fouvent obfervé que ces vers tirés de leurs trous & pofés fur un fable baigné d'eau, fe tenoient hors de l'eau, plutôt que de s'enfoncer dans ce fable , fans doute à caufe du défaut d'argille & de la tiédeur de l'eau qu'on avoit employée ; deux circonllances qui pouvoient leur être contraires, (a) Ce n'eil qu'en difféqaanî ces vers, qu'on peut voir de quoi ils fenour- riffent. J'ai reconnu par ce moyen qu'ils vivent d'argille feule , car on. kur en trouve dans l'eftomac & dans le tube inteftinal en quelque temps (j) D'ailleurs , les grains de fable peuvent blefTer les membres délicats de cet in-» iefte , & ne peuvent lui fervir de noiirriturs ni f« lyiitcnir Cil voùts pour former Son- KQU cylindriijue ; Voye^ U noie prkcdcnu. qu'oxl ACADÉMIQUE. 153 qu'on les ouvre ; ainfl il en eft à-peu-prcs de ces vers , comme de la ^g^— ^— teigne , qui vit de la matière même dont elle fe tait une cipece de maifon Swa.mmirdam. portative ou de fourreau. Histoire des Injectes. A R T I C L E I V. , Combien de temps le rer de C éphémère vit fous fa forme de ver. IL paroît difficile de déterminer le temps que doit fe nourrir & croître un ver qui vit caché dans la terre & ious les eaux. On en peut cepen- dant juger par les diiférentes tailles des individus d'une même elpece ; car comme il n'y a qu'un temps dans l'année pour la ponte de ces uh- feftes , les différences de leurs âges ne peuvent être de moins d'un an ; & puifqu'au temps où les plus grands de ces vers fe transforment , les plus petits qui font éclos depuis un an , n'ont encore que trois quarts de pouce de longueur, & que les vers de taille moyenne ont un pouce & demi ; il s'enfuit qu'il faut trois ans de nourriture à ce ver pour ar- river à fa transformation , temps auquel (a taille eft de deux pouces & demi. Ces vers parvenus à leur dernier degré d'accroiffement , paffent de leurs loges d'argille dans l'eau , & enfuite dans l'air , comme je le dirai bientôt. Quand ils (ont prêts à fe transformer , les poifTons les pourfuivent & les mangent ; & lorfqu 'après leur transformation ils prennent leur eflbr dans l'air , ils deviennent la proie des oifeaux. Les pêcheurs s'en fervent pour amorcer leurs hameçons, c'eft pourquoi dans plufieurs en- droits de Hollande on nomme ce ver appât des rivages ; ( a ) & après fa transformation en animal aîlé , appât volant, (ii) Ces infeftes voltigent en grandes troupes , & rempliflent l'air comme les flocons d'une neige abon- dante. Ces vers paffent trois ans dans l'argille , & l'on peut y en trouver en tout temps ; cela eft feulement plus difficile quand les eaux font hautes ; car alors il faut y faire plonger un homme , & je l'ai fait faire quelque- fois pour avoir de ces vers quand j'ai voulu les obferver. Pour s'en fer- vir à la pèche on enfonce l'hameçon dans leur tète qui eft très-dure ; malgré cela ils ne laiffent pas de conferver de la vie & du mouvement, & d'agiter l'eau continuellement , ce qui les rend une amorce très-propre à attirer & à tromper les poiffons. J'ai encore éprouvé combien ils ont la vie dure , en perçant avec une épingle un de ces vers pour le faire mourir , & enfuite deffécher ; je le trouvai vivant le lendemain , quoiqu'il eût paffé la nuit dans de l'urine où je l'avois jette pour le faire mourir. Cependant quand on les tire de leurs (w) Efcj riparij. En France , on l'appelle la manne. (i) Efca volaùlis. On l'appelle Hj:ft à Rotterdam , à Dordrecht & en plufie'urs att- ires endroits de la Hollande, Jom. F. V 154 COLLECTION iMmiLM-jjggtea trous , & qu'oii Ics met dans c!e l'eau mêlée J'argille , ils n'y vivent pas Sv.'AMMERDAM. p'"s <^^ ''^"'^ jours ; le meilleur moyen de les conferver vivants, c'efl: de Histoire des les mettre dans du fable humide , ou de l'argilte détrempée ; j'ai vu les Insectes. plus grands vivre de cette manière pendant quatre jours , & les plus petits pendant huit jours ; mais ils ne peuvent abfolument vivre plongés dans l'eau. La meilleure m.tnierc de les tranfporter au loin , cfl d'attacher enfemble phifieurs joncs de la grande eipece, qui (oient creux , & de tâcher d'y taire entrer ces vers ; autrement ils le blefferoient les uns les autres enj:he- min par le frottement ; mais par ce moyen on les trnnfporte aifénient d'une rivière à une autre , comme on tranlporte le poillbn dans les ré- fervoirs. ARTICLE V. PartiiS extérieures du ver de Céphimeri. LE corps de ce ver efl divifé en quatorze anneaux, dont le premier forme la tète, les trois fuivants le corcelet , (<î) & les dix aiures le ventre & la queue. Dans la tête on voit les yeux a ( PI. IX. Fig. VII.) qui font revêtus d'une tunique liiVe & uniforme dans tous fes points , & qui font environnés des deux côtés par des poils ou foies déliées ; quand le ver efl prêt à quitter fa dépouille , on voit cette tunique liffe fe déta- cher peu à peu de l'œil qui elî à réfeau dans l'éphémère comme dans les mouches. Un peu plus bas & fous les yeux font deux antennes pointues bb qui font enfemble un angle de convergence affez aigu ; au deflbus pa- roiffent les dents, ou plut-ôt les mâchoires c qui conilituent la bouche , {V) & à la racine defquelles fe trouvent des efpeces de barbes (émblables à certains égards à celles qu'on voit dans les écrevifl'es ^: dans les fquilles. Les deux pieds antérieurs d font attachés au premier anneau du cor- celet ; ils font conftruits comme ceux des autres animaux qui creufent la terre , de forte que leur mouvement , qui efl très-fort, le dirige en dehors , & que l'infede fe fert de ces pieds pour divifer & écarter la terre comme (lî) Dans quelques efpeces le corcelet n'eft compofé que de deux anneaux , fuivant la remarque de M. de Réaumur. (i) L'efpece qu'a obfervée M. de Réaumur a%'oit deux paires de mâchoires , qu'il appelle des dents ; les plus grandes mâchoires ont cinq dents & reflemblent à une main ouverte ; chacune des deux plus petites eft fituée fous l'une des grandes & moins en avant ; elles n'ont que trois dents ; c'eft entre ces quatre mâchoires que M. de Ré.iu- mur a vu la bouche & im corps hémii'phérique fdlonné d'une rainure , qu'il regarde ■comme une langue. Cet infefte a de plus deux crochets écailleux , qu il porte affez loin en devant de la tète : ces crochets tiennent chacun à un efpece de manche articulé au deflbus de la baie de l'œil. Ce manche efl: recourbé ; la convexité qui fe trouve en de- hors efl: chargée d'un double rang d'épines , & là balê a encore d'autres épines qui forment une derai-molette d'éperon. ACADÉMIQUE. i,^ font les taupes. Chacun de ces pieds cft compofc de quatre articulations _ 6i d'un ongle; la première articulation ou ])halange cft attacht-e au cor- " ' celet, la icconde qui tient à celle-ci cft un peu arquée de même que la ^"'^'^'^'^'^'''^m- troifieme qui cû d'une (ubftance plus dure que les autres , & qui a des iJstçi'ti^ ^^'' pointes ou dents d'un rouge brun , environnées des deux côtés par un poil touffu ; la quatrième phalange efl fort petite & armée d'un ongle. On voit très-dirtindcment l'uifertion des mulcles qui font mouvoir toutes ces phalanges écailleufes. Le fécond anneau du corcelet qui fait le troifieme anneau du corps forme proprement les lombes ; cet anneau efl couvert au deflus & aii deflbus d'une pièce écailleule qui a la forme d'un bouclier. Les pieds de la féconde paire d font attachés à ce même anneau ; ces pieds ont cinq articulations & un ongle , & ils font hérifîes de poils. Un peu plus en ar- rière & de chaque côté paroifl'ent les fourreaux e de la première paire d'aîles ; ces fourreaux font parfemés de trachées qui paroifl'ent fur leur furface comme de petites veines ou de petites nervures. Lorique le ver eft prêt à quitter fa dépouille, on voit les aîles & leurs plis à travers le tifTu de ces fourreaux qui les renferment. Au troifieme anneau du corcelet, qui efl le quatrième du corps , font attachées les aîles de la féconde paire ; ces aîles font beaucoup plus pe- tites que les premières qui les recouvrent en entier ; la première paire d'aîles couvre aufTi en partie les pieds de derrière, qui comme les pré- cédents , font velus , compjfés de cinq articulations , & terminés par un ongle. Le premier anneau de l'abdomen , qui efl le cinquième eu corps , efl lifTe & aucun membre n'y efl attaché, (a) Les fix anneaux fuivants por- tent de chaque côté fix ouïes /qui ont un mouvement continuel de trépi- tlation -ou de palpitation , ce qui les a fait prendre à Clutius pour des nageoires , mais mal-à-propos, car ce font certainement des ouics. (t) Ces parties ont à- peu-près la même flnifture & la même pofition dans les ccreviffes de mer 6c de rivière , comme aufîi dans les féches ; tous animaux qui relTemblent aux inléftes a beaucoup d'égards : feulement leurs ouies fe trouvent placées plus intérieurement que dans l'éphémère; & de plus , les écrevif'es les portent renfermées fous cette efpece de bou- clier qui leur couvre le dos. Dans la figure que Kracht a donnée du ver de l'éphémère , on voit douze ouies de chaque côté ; mais c'efl une er- reur , car il n'y en a que douze en tout , fix de chaque côté. ( c ) (a) M. de Rcaiimiir dit que les ouies de la première paire partent du premier ou du ^ fécond anneau, & que les trois derniers en font ieuls dépourvus ; mais dans les ve-s qui n'ont que fix paires douies £v dix anneaux, ily a nécefTairement quatre anneaux fans ouïes. (t) D'aut.-nt plus que les ofcillations de ces parties font plus fréquentes & pluj promp- tes lorfque l'infecte eft arrêté. r r r (c) M. de Réaumur a compté fept ouies de chaque côté dans d'autres efpeces d'é- phemeres, par exemple dans celle qui porte fes ouies verticales : les douze piemiere» ie meuvent toujours à la fois ; les deux dernières font fluelciuelijis en repos , tandis que l«i autres hm en niouYSmenr. Vx 1^6. COLLECTION f ■"'^ Le huitième & le neuvième anneaux du ventre, qvii font les douzième SwAMMERDAM. & treizième du corps, font encore uniformes & llffes ; enfin, le dernier de Histoire des tous eft terminé par trois filets hérifies de poils durs g ; il a de plus deux Insectes. appendices recourbées peu vifibles dans les femelles , mais qui dans les mâles font encore accompagnées de quelques autres appendices. Quant à la couleur de ces vers , les plus petits font d'un bleuâtre pâle & tirant fur le verd : mais c'eft moins la couleur propre de l'animal , que celle de fcs vifceres qui paroiffent à travers la peau. Dans tous ces "^ vers les yeux font d'un brun noirâtre, &c le dos a des taches d'un brun pâle , qui à la longue approchent de plus en plus du noir. La bouche eft pâle & fes dents font d'un rouge brun , de même que les pinces ou cro- chets fitués au dcfious des dents de la bouche ; ces crochets font aufll armés de deux dents & font partie de la bouche. Enfin , les parties écail- leufes & les ongles des pieds font de la même couleur que les dents &c les mâchoires. Lorfque les ailes commencent à pouffer , elles font d'une couleur pâle qui fe change par degrés , & prend fucceffivement des teintes de jaune , cle violet , & enfin , des nuances foncées d'un brun noir. Tout le corps de l'animal fe teint peu à peu d'un jaune pâle, & les taches noirâtres qui font fur le dos deviennent de plus en plus foncées. Le mâle & la femelle différent entr'eux par des carafteres affez mar- qués ; les yeux du mâle ont en fuperficie le double de ceux de la femelle , mais le corps de la femelle eft beaucoup plus grand que celui du mâle. J'ai remarqué la même chofe dans tous les infeftes que j'ai obfervés juf- çu'ici ( iz ) & cela paroît venir du volume de l'ovaire & des œufs. Le mâle a de très-longs filets qui compofent fa queue , & de plus trois ou quatre appendices placées à côté & au deffous de ces longs filets ; mais ces mêmes appendices font à peine vifibles dans la femelle. Le mâle qui eft repréfenté ( PI. IX. Fig. VIII.) eft le plus grand que j'aie jamais vu, mais j'ai trouvé des femelles beaucoup plus grandes. Je n'ai pas fait beaucoup d'obfervations fur l'inftinft & les mœurs de I cet animal ; mais je puis dire que de tous les infeftes que j'ai obfervés , c'eft le plus doux & le moins mal-faifant ; de quelque façon qu'on le ma- nie , il paroît toujours tranquille, & dès qu'on le laiffe libre, il ie remet à travailler & à creufer fon trou. J'ai feulement remarqué dans les p-lus petits , que quand on les manie trop rudement , ils recourbent leur tête vers leur poitrine & fe roidiffent un peu. De tous les mouvements de cet animal, le plus remarquable eft la trépidation continuelle, diftindeSc ré- gulière de fes oines f f. {a) Le mâle de la demolfelle n'eft jamais plus petit , & quelquefois il eft plus gr.ind que la femelle , luivant l'oblervatlon de M. d^ Réaumur. .rv ACADÉMIQUE. • 157 S w A. M MER DAM. Histoire des ARTICLE VI. Insecte». Parités intcrnis de Céphcmerc, A Près tout ce que j'ai dit de l'œuf, du ver, de la nourriture, de la durée de la vie, des parties extérieures & de l'inHincl de l'cphé- mere , il feroit facile d'expliquer fa transfortnation ; m;iis comme elle eft fort fubite, & qu'elle ne confifte que dans le dépouillement de deux tu- niques, & dans le développement de quelques membres , je crois que pour donner une idée plus nette de la différence qui fe trouve entre le ver &; l'éphémère adulte , il eft à propos de décrire d'abord les parties internes de cet animal, d'autant plus qu'elles font les mêmes avant & après la transformation. Je ne me plaindrai point avec Clutius de ce que les Auteurs ont né- gligé la diffeftion de cet infefte ; je ne fâche pas à la vérité qu'aucun l'ait entreprilc ; mais que nous importe de trouver dans les livres les faits que la nature met fous nos yeux , & que nous pouvons apprendre d'elle-même avec bien plus de certitude ? Je ne me difpenferai donc pas de tenter cette entreprife , fous prétexte que je n'ai pas un affez grand nombre de ces vers pour en faire l'anatomie avec une entière cxadlitude , ou même feulement pour fatisfaire ma curiofité fur ce fujet. Mais je donnerai tou- jours mes obfervations , & pour les mettre dans tout leur jour , j'in- diquerai la méthode dont je me fuis fervi pour les taire , en l'année 1670 : car je ne prétends ni tromper les autres , ni me faire iilufion à moi-même. Avant de paffer à la defcription anatomique de l'éphémère , rappelions- nous rénumération des parties extérieures de ce ver; ces parties font la tête, le crâne, les antennes , les yeux, les dents, la bouche, la langue & fes barbes velues, femblablesà celles des écreviffes, le corcelet, les pieds , les ongles, les ailes, le ventre & fes dépendances, les douze ouies qui font au deffus , les dix nageoires qui fe voient deffous , la queue avec fes appendices, enfin les orifices des trachées fous le corcelet. Les parties internes du mâle font le fang , les tuniques , les mufcles , la graifle , l'eilomac, les inteftins, les trachées , le cœur , la moelle épi- niere , & les vaiffeaux ipermaiiques ou les laites. Toutes ces mêmes parties fe trouvent dans la femelle , à l'exception des référvoirs fperma- tiques ou des laites qui font remplacées par un ovaire revêtu de mem- branes déliées & parfemées de trachées. Je n'ai pu, faute de fujcts, obferver les parties internes de la tête & des yeux affez exaftement pour en parler , non phis que les parties in- ternes du corcelet , dont la capacité efl prefque toute occupée par les mufcles des pieds & des ailes. Si l'on poie un ver d'éphcmere mâle fur un morceau de bois de pin lâuvage , & que l'ayant renverfc fur le dos , on le cloue avec les cp'n- 1^8 ■• COLLECTION « — i— gles les plus fines à un papier noir ctenclii fur le morceau de bois , on SwAMMERDAM. '^^''^ aufil-tôt clilHllcr de la bleffure une humeur aqueule ; cette humeur Histoire des eft le fang de l'animal , quoiqu'elle ne foit point rouge comme le fang LvsECTEs. des vers de terre , & celui des quadrupèdes. Je n'ai point trouvé d'inflru- ment plus convenable pour ouvrir la peau que des cifeaux très -fins, car les lancettes , même les plus aiguës , n'y lont pas propres ; elles déchirent toujours quelques parties , iiir-tout fi ces parties font inégalement dures. il faut enfuite féparcr adroitement la peau des parties fubjacentes avec un fcalpel très-aigu, ou avec la pointe d'une aiguille ; alors on trouve la pellicule inférieure qui eu meiTibraneule & très-déliée ; fi on enlevé encore celle-ci avec les mômes précautions , on découvre les mufcles du ventre , tant ceux qui s'étendent d'un anneau du corps à l'autre par des fibres droites , que ceux qui font pofés tranfverfalement & obliquement , & enfin , ceux qui font mouvoir les ouies. La leconde tunique ou pellicule eft aufli fi- breufe , & femble attachée aux mufcles dont je viens de parler. Après ces mufcles on trouve une membrane très-déliée qui leur cfl: ad- hérente , & qui me paroît être le péritoine. Autour & au delTous de cette membrane font répandues de petites véficules qui contiennent une graifle fluide comme de l'huile : ces véficules ont leurs parois très-déli- cates & très-minces , cela paroît fur-tout quand on les obferve au mi- crofcope ; elles font toutes de même grandeur , & on les prendroit à l'œil fimple pour la graiffe même ; ce ne font cependant en ettet que les ré- fervoirs qui contiennent la graifle , comme dans l'homme & les autres ani- maux. Plus l'infefte eft jeune, & mieux on diftingue ces véficules graif- lûuflTes ; car elles font alors difperfées , au lieu qu'elles fe rafl!"emblent & lé réunifl"ent dans les vers plus âgés. En continuant cette difl'eftion l'on trouve l'eftomac, (PI. X. Fig. L) 6c enfuite les inteftins. L'œfophage ou la partie du conduit inteflinal qui précède l'eftom-ac , eft comme un fil fin qui vient de la bouche ou des mâchoires , & defcend le long du dos & du corcelet où il forme la par- tie fupérieure de l'eftomac. Ce conduit diminue de diamètre à l'entrée de l'eftomac a , & fait un autre étranglement b à l'orifice inférieur de ce vifcere. Quoique l'eftomac c ( viéme Figure') foitcompofé de différentes parties, il paroît cependant ne l'être que d'une feule membrane molle & déliée, pleine à l'intérieur de rugofités difpofées en forme de réléau. La lurface extérieure de ce viicere eft hflé & uniforme , fur-tout quand il eft plein d'aliments , ou lorfqu'on l'a foufflé. On n'y voit point de veines ni d'ar- tères , parce que le fang n'étant point coloré , les vaiflfeaux qui le con- tiennent ne fe diftinguent pas des parties voifines ; c'eft ce qui a fait dire que ces fortes d'animaux , & prelque tous les infe£les , n'avoicnt point de fang; d'où les naturahftes ont pris occafion d'en faire une cLiflé à part défignée par ce caractère privatit. On voit pourtant fur l'eftomac c quelques conduits qui refîcmblent ii des vaifleaux fanguins ; mais au microlcope on reconnoît que ce font plutôt des ramifications des trachées, iefquelles fe diftribuent non-feulement à l'ef- tomac, mais à toutes les autres parties du corps tant externes qu'internes, ACADÉMIQUE. 1^9 & mOme aux pieds, & aux ongles qui terminent les pieds. Le refte du con- — i»*— — 5 duit intertinal qui fuit l'ertomac ell compofé de trois fortes d'intcftins , Sw*,mmerdam. (avoir, l'intelVui grêle dd, puis le £;ros inteftin ou le colon e , & enfin Histoire des le TcA\.\mf. Dans la cavité de Pintcftin grêle vers l'on extrémité, on voit Insectes. quelques rugolités en forme de croidant, affez femblablcs aux valvules an- nulaires des intelVms grêles de l'homme. Un peu plus bas , à la naid'arcc du colon e , paroilfent dans la cavité de cet intelHn des llrics lemblables à de longues fibres mufculaires , par le(quelles il a quelque analogie avec cette partie de l'eftomac des ruminants cfu'on nomme la panje. Ça ) En- fin, le reClum/a des cannelures tranfverialcs prefque jul'qu'à Ion extrémité qui e(i terminée par un orifice extérieur affez ample lequel donne ifiiic aux excréments. L'ellomac c eft placé dans le quatrième & le cinquième anneaux du corps; ce vifçerc & l'intertin grêle occupent toute la région antérieure du ventre , favoir , les fixieme, (eptieme , huitième, neuvième, dixième & onzième anneaux du corps ; les trois derniers anneaux, c'ell- à-dire , les douzième , treizième & quatorzième renterment le colon & le rcftum. Les inteftins font parfemés de trachées comme l'eftomac, & le re(flum en a fur-tout une grande quantité à l'endroit / oii fe trouvent deux mufcles qui chaffent les excréments & forment le fphinôer de l'anus. On trouve en tout temps de l'argille dans l'eftomac & dans les intef- tins de ce ver , on la voit même ;\ travers tout le corps , 6i principale- ment à travers le dos. Cette tranfparence du corps fait que le ver n'eft pas toujours de même couleur, mais qu'il prend les différentes teintes de l'argille dont il fe remplit, lefquelles teintes varient fuivant que l'argille eft plus ou moins digérée. Quand ce ver eft prêt à fe transformer , on ne troirve plus d'argille dans fes intellins; il en eft de même du ver du fcarabée monocéros , de celui de l'abeille , du ver à foie , & de beaucoup d'autres infeâcs qui deviennent tranfparents comme le cryflal au temps de leur transformation. D'autres infeôes conférvent cette tranfparence dans tous les temps de leur vie ; de forte qu'on voit dans l'animal vivant toutes les parties internes , & qu'on en diftingue tous les mouvements. Entre les parties internes du ver de l'éphémère une des plus dignes d'at- tention efl le conduit pulmonaire ou la trachée artère a a Ç'PX. XL Fig. L ) comme on l'appelle dans' l'homme , dans les quadrupèdes , & dans les oit'eaux. Ici elle ne commence point par un tronclimple & unique, comme dans l'homme & dans les animaux que je viens de citer ; mais elle a deux troncs principaux qui ferpentent fur l'un & l'autre côté du corps , & qui non-feulement parcourent la poitrine comme dans le corp.f humain , mais fe diftribuent à la tête , au ventre , aux pieds & aux aîles ; de forte que l'air fémble néceffaire aux fonftions de l'eflomac, des intefîins , des mufcles & des nerfs. • Ces trachées font, comme dans tous les autres infeftes que j'ai obfervés, de petits tuyaux élafHques formés par une fuite d'anneaux contigus , ou (j) Echinas. léo COLLECTION ■ [Il Ml»— plutôt par les circonvolutions d'un filet cartilagineux tourné en fpirale: SwAMMERDAM. CCS anncaux font unis étroitement & foutenuspar des membranes très-fines. Histoire ces & forment des conduits propres à contenir l'air, & à le tranfmettre à toutes Insectes. \q^ parties du corps. Quand ce ver quitte fa peau , je crois que fes trachées fe dépoiàllcnt auffi d'une pellicule ; mais je n'ai pu m'en affurer par nies obiervations ; dans le ver à foie la mue des trachées efl très-remarquable , car au mo- ment où cet infefte fe débarraffe de fa peau , plufieurs centaines de trachées renfermées dans fon corps, quittent auffi leur dépouille, (a) qui femble compolée d'une fuite d'anneaux contigus, lefqueîs répondent aux tours de Ipirale du filet cartilagineux dont j'ai parlé plus haut. La couleur des trachées de l 'éphémère efl: im gris perle qui devient d'autant plus blanc & plus luftré que ces trachées ont fubi plus de mues ; auiTi font-elles beaucoup plus blanches dans l'inlede volant que dans fon ver. Elles portent l'air à toutes les parties du corps tant internes qu'ex- ternes ; car les deux troncs ou trachées principales qui femblent être des dépendances des réfervoirs fpermatiques, &C avoir une ifluc commune avec ces réfervoirs & les inteftinso, quoique je ne l'aie pas vue clairement ; car 11 faudroit diftféquer une multitude de ces infeftes pour arriver à la connolifance exafte de toutes les parties qu'on ne peut examiner fu'Tifammcnt dans les premiers fujets ; je doute même qu'on y parvînt jamais. L'ovaire de la femelle (PI. X. Fig. V. ) eft double & placé comme celui des poilTons. Si l'on coupe avec des ciiéaux très-fins un petit mor- ceau de la peau de l'abdomen, on voit les œufs// ( PI. X. Fig. II.)fitués dans les deux côtés de la partie molle du ventre. L'eftomac & les intef- tins // paroiffent , mais obfciuément , dans le milieu, à trSvcrs les mem- branes de l'ovaire mm, aufquelles ils adhèrent affcz fortement : le con- duit inteftinal fe voit d'autant mieux qu'il contient plus d'argille , & cela rend auffi les œufs plus vifibles, parce qu'ils font blancs & qu'ils fc trou- vent alor; fur un fond coloré. La membrane déliée qui revêt ce double ovaire , eft parfemée d'une multitude de trachées, oui pénétrant à travers fon tilfu , parviennent aux œufs qu'elle renferme. Si l'on ouvre cette membrane avec la pointe d'une aiguille fine, &c qu'on en mette un petit morceau avec quelques-uns de fes œufs dans une cuiller pleine d'eau, on voit les œufs fe féparer les uns des autres , & il refte un bouquet ou ime touffe de filaments min- ces , de couleur de perle , qui pour la phipart font , je crois, des trachées. Ces œuts font d'une extrême petiteffe & prefque imperceptibles ; on ne peut les obicrver qu'au microfcope , & il faut les mettre fur un pa- pier noir ou bleu. Ils ont imç forme piano • çonvcxç ôf oblon£,ue ; la X 2 iA..i. foulon par exemple , efpece de fcarabée , a de trcs-longucs aîles qu'iH'cit ca- HisroiRE DES cher & reflerrer dans de petits fourreaux , à l'aide des mufcles 5i des ar- iNsECTXS. ticulations dont elles font munies dans leur milieu. Comment donc les aî- les de réphcmere deftituces de ces i'ecours , peuvent-elles fe déployer fi rapidement ? voici ce que mes expériences m'en ont appris. Le iang qui fe porte du cœur dans les ailes , quand le terme de leur développement eft arrivé, y eft poufle avec une nouvelle force par l'eau qui pénètre ces parties, &C qui eft plus chaude à la furface qu'au fond de la rivière; car tout le monde fait que l'eau chaude a la vertu de faire gonfler les vaifleaux des pieds & de toute autre partie que l'on trempe dedans. Ainfi donc le fang & toutes les humeurs de l'infeôe étant dans une vio- lente agitation au moment où il nage ôi où il va fe transformer , l'eau ambiente peut aider à déterminer le cours de ces humeurs vers les ai- les ; auilî remarquons-nous que fi l'on déchire l'aile d'un infefte pendant fon développement , il en réfulte fouvent une hémorragie mortelle , ou que du moins l'aile ne peut jamais achever de fe déployer. L'air qui fe répand dans cette multitude de trachées, dont les ailes de l'éphémère font parfcmées , peut aufîl contribuer beaucoup à les étendre , les affermir & ; les deflécher. Si l'on coupe les ailes d'un ver d'éphémère prêt à fe tranf- former , & qu'on les mette dans un baffin d'eau , on les voit bientôt s'é- tendre 'S: fe déployer en entier par l'aftion de ce fluide ; & il ne leur manqueroit pour devenir femblables à celles dont l'éphémère fe iert pour battre l'air & pour s'envoler , que d'être feches & d'avoir de la coniiflance. C'eft en répétant fouvent cette expérience , que j'ai vu comment ces ai- les fe déploient. Dès que je les avois mifes dans l'eau , je voyois leursr principaux plis «te ( PI. XI. Fig. L ) s'ouvrir, les rugofités longitudinales s'étendoient & s'efFaçoient jufqu'à ce que les ailes eufTent acquis leurs jullcs dimenfions, comme dans l'animal repréfenté de grandeur naturelle ( PI. IX. Fig. VIII. ) ces ailes , tant qu'elles font repliées , font d'un gris obfcur , ouï prend une teinte plus claire à mefure qu'elles fe déploient. L'éphémère s'étant ainfi envolée hors de l'eau , ( PI. IX. Figg. VIII. & IX.) cherche promptement un endroit où elle puiffe s'arrêter tranquil- lement & le dépouiller d'une féconde peau très-fine qui lui revêt tout le corps , ( 'î ) c'eft-à-dire , la tête , le corcelet , le ventre , les pieds , les filets de la queue & les ailes , ( Figg. X. & XI. ) Avant d'expliquer cette féconde mue , il faut obfcrver qu'elle s'opère fur la terre , au lieu que la première fe fait dans l'eau : celle-ci tft la principale &: la plus digne d'at- tention ; car c'eft dans cette première mue que l'infcûe en quittant fon envelonpe extérieure , perd en même temps fon ancienne forme & en prend une prefque toute nouvelle ; au lieu qu'il ne lui arrive rien de fem.- blable dans la féconde mue. Dans la première mue , où la peau de Tinfedle s'oavrant fur la tête Si lur le dos, fe détache fubitement du corps, l'animal perd plufieurs (/«) Les éphémères qui' abondent le plus f.\r h Seine & fur Ta Marne, n'éprouveni çoiiu cetta féconde mue , fuivaJ^t {"oLfervation ùe M. de Réaumur. / ^ ACADÉMIQUE. 167 parties trcs-rcfflarquablcs , comme toutes (es ouies // (Fig. Vil.) & fes ■ 1 — dix nageoires rr (PI. XI. Fig. I.) Les ouies en quittant le corps, n'y laif- Swammerdam. font d'autres vertiges que de petites cminences qui forment un rebord de IIistoire des ' chaque côté du ventre de l'éphémère. Cet inléâe perd en même temps fes 1n«£ctes. dents ou pinces c (PI. IX. Fig. VII. ) la première forme de (es pieds dd, les fourreaux •; de fes ailes , le filet intermédiaire de fa queue g, Oc. de forte que l'éphémère après fa transformation icmbîe être un animal nouveau & tout différent du premier. La promptitude avec laquelle fe fait cette transformation , ne permet jws d'oblerver toutes ces chofes ; pour les bien examiner , il faut tranf- formcr foi-même l'infefte , en dépouillant de la peau un ver qui touche au terme de fa transformation. Par ce moyen on voit les ouies fe <ëpa- rer du corps & refter attachées à la dépouille ; on apperçoit aufli les vcf- tiges ou éminences que ces ouies laiflcnt fur le corps , & l'on découvre dans la dépouille de petits filions où ces cminences étoient looées. Les dépouilles des trachées fe voient de même ; Se enfin celles dcs'mufclcs, des fendons , des vaiffeaux & des nerfs , fe féparent auffi comme des fruits murs fe détachent de l'arbre ; mais j'ignore, & je ne crois pas qu'on puiffe découvrir , la manière dont fe fait cette mue des parties inter- nes, (i?) Quoique la plupart des parties de l'infefte s'agrandiffent beaucoup dans cette transformation , cependant les antennes font plus molles & l)liis courtes dans l'éphémère volante que dans fon ver. Le changement qui fe fait dans les yeux , eft très-grand ; car la cornée qui eu lifle dans le ver , devient réticulaire dans l'éphémère , & ce réleau dont les mail- les font égales , préfente une multitude d'yeux arrangés avec régularité. Les pieds & deux des filets de la queue s'alongent beaucoup dans cette transformation, mais le filet intermédiaire difparoit entièrement, (b) Quand je dis que les deux yeux de cet animal fcmblent être compo- fés chacun de plufieurs yeux , (c) je ne prétends pas faire entendre que ce foient autant d'yeux conformés comme ceux de l'homme ou de quel- qu'autre animal connu ; ils font dépourvus d'humeurs ; mais chacune de leurs divifions globuleufes jette un filament hexagone, femblable à une aiguille 6c qui le termine dans la tunique réticulaire de l'œil , laquelle va (j) M. de Réaumur prétend que dans la transformation de la nymphe de la demoi- felle, ce font les troncs mêmes des trachées, & non leurs dépouilles, qui fortent par les ftigmates. (A) Dans l'efpece d'éphémero obfervée par M. de Réaumur, la femelle a une queue compoice de trois filets égaux , & le mâle n'a que deux longs filets , & un très-court , qui o(l celui du milieu. . (.'■) L'Auteur a compté dans certains infeftes jufqu'à fix ou fept mille de ces yeux ainli ralTemblés ; au lieu que dans d'autres infères , telt que les araignées & les fcor- pions , ils font difperfés fur le corps. j68 collection y— «— —— eUe-mcme aboutir au nerf & au cerveau, (a) Ces animiuix ont donc Sw^MMERDAM. ""^ nianicre de voir très-différente de la nôtre -, car nous voyons par Histoire des le moyen des rayons' de lumière qui fe raffeniblent dans notre œil ; Lnsectes. inais ici la vifion eft produite par cet aflemblage de filaments nerveux , dont les extrémités protubérantes font légèrement ébranlées par les rayons de lumière que réflechiflènt les objets. J'ai expliqué ce méchanifme fort en détail dans mon Traité des abeilles , où je donne les figures des par- ties qui ont rapport à la vifion. Le fécond changement de peau de rép'ncmere fuit immédiatement le premier ; l'animal n'affcfte pour cette opération aucun lieu particulier , mais il s'arrête indifféremment fur les corps, foit animés, foit inanimés qu'il rencontre en volant , pourvu qu'il puiffe s'y fi\er ëi s'y dépouiller tranquillement de fa peau de la manière luivante. L'animal fixe d'abord les ongles de fes pieds à quelque point d'appui ; enfuite il éprouve une efpece de friffon violent, & le petit bouclier qu'il a fur le dos fe fend ; cette ouverture de la peau s'agrandit peu à peu en avant, jufqu'à ce que la tête de l'infefte en puifTe fortir : a'ors il tire auffi fes pieds de leurs gaines , (PL IX. Figg. X. & XI. ) ôi les ongles qui tiennent à ces dépouilles relient toujours fixés au même endroit , ce qui facilite beaucoup le relie de l'opération. Il faut obferver ici que la tête &ç les pieds fe tirent de leur dépouille comme nous tirons une épée de fon fourreau ; mais les autres parties , favoir la première & la féconde paire d'ailes , quittent leur peau d'une autre manière ; car cette tunique fe renverfe de dedans en dehors comme les doigts d'im gand qu'on re- toiu-ne en l'ôtant de la main. Dans le temps où cette peau eft à moitié tirée des ailes, l'inlefte relie immobile pendant quelque intervalle. (PI. IX. Fig. X.) Tout le refte du corps s'alonge encore beaucoup dans cette féconde transformation ; les filets de la queue & les pieds y deviennent d'un tiers plus longs qu'ils n'étoient après la première , dans laquelle néan- moins ils s'ctoient dé^a alongés fuivant cette même proportion ; cet alon;^ement eft plus fenfible dans les filets delà queue, que dans les pieds, parce que ces filets font compofés d'anneaux creux emboîtés les uns dans les autres, & que lé tiraillement fépare ; au lieu que les pieds qui étoient fimplemcnt repliés dans leur peau , ne font que fe déployer lorfau'ils en font dépouillés. Les poils touffus , dont la queue du ver étolt héril- fée , fe trouvent beaucoup plus clair-femés fur celle de l'éphémère vo- lante ; ils font auffi beaucoup plus fins , parce qu'ils ont quitté deux dé- pouilles comme les autres parties. Lorlque l'éphémère eft débarraffée de cette féconde peau , dont une partie s'eft détachée fimplement, & l'autre s'eft renverfée comme je l'ai dit, elle retourne fur la iurface de l'eau , où on la voit fe jouer & volti- ger tantôt vîic , tantôt lentement , & quelquefois refter immobile , fe Soutenant fur la queue , & frappant fes ailes l'une contre l'autre ; pen- {■') M. de Ré-urr.ur a découvert dans une efpece d'-'phcmere qu'il a obfervée, ou- tre ces deux yauï à réfeau , trois autres yeux liïïes , iuilant , , ch.-.cun fertis dans un cnatoii brun , & difpofés fur la tète en triangle , dont le fommet eft en avant. Les mouches communes ont de ces mêmes yeu,\ , mais un peu plus re<;uiïït dant A C A D.É M I QU E. 169 dant ces mouvements l'animal m foutenu à la furface de l'e.iu fur la _ queue, parce qiie fa cfiieue étant hcriffée de poils, & fa 'cavité étant Swammerdam remplie d'air , elle ne peut enfoncer dans l'eau. D'autres inlcftcs , com- Hiïtoire des * me les vers d'où fortcnt les coufins & les taons , font de même revêtus Insectes. de poils , parmi lefquels & au dedans defqucls cA contenue une certaine quantité d'air qui les foutient fur l'eau. L'air renferme dans la queue de l'éphémère , n'y refte pas toujours , il en fort quelquefois quand on fait deflécher cet infcfte attaché avec une épingle, alors les filets de la queue ié flétriffent & s'afTaiffent. Une autre caufe qui contribue à foutenir l'é- phcmerc fur la furface de l'eau , c'eft qu'elle a dans le corps une petite véficule pleine d'air, à moins qu'on ne prétende que c'eft l'eflomac de cet inlcfte qui darts ce cas fe remplit d'air alors ; car je n'ai pu édaircir pleinement ce fait, (a) Il m'a para que le lecond changement de peau n'avoit lieu que dans les mâles , & que les femelles n'en iubiflToicnt qu'un feul , mais je n'en fuis pas sûr, n'ayant pas fait des obfervations fuivics fur les femelles : j'ai trouvé leurs queues d'im tiers plus courtes que celles des milles , ce que j'attribue à cette caufe, les quexics s'alongeant environ d'un tiers dans la mue ; une autre différence remarquable , c'eft que les femelles ont les yeux de moitié plus petits que les mâles ; le corps du mâle eft d'un jaune plus rougeâtre que celui de la femelle ; enfin, le mâle a outre ces deux longs filets de fa queue , quatre appendices recourbées qui ne fe voient pas fi diftindlement dans la femelle. Les éphémères ne s'accouplent ni dans l'eau, ni dans l'air, ni fiir la terre ; mais la femelle répanîl fcs œufs dans l'eau, & le mâle qui les ap- perçoit aifément à l'aide de ces grands yeux dont j'ai parlé , vient les fé- conder par l'etîufion de fa laite ou de fa femence. Cet infefte fe reproduit donc comme beaucoup de poifTons , fans accouplement , & en répandant une matière prolifique dans l'eau ; les œufs, lorfqii'ils font dépoics , ne font plus réunis en une feule malTe ou en une feule grappe , mais ils font dif- perfés de même que ceux des poiffons. Il eft évident que les éphémères ne s'accouplent point pendant qu'elles vi- vent fous l'eau ; car elles ne fortent de leurs trous que pour fe dépouil- ler de leur peau ; ou fi quelque cas urgent , comme le befoin de refpi- rer un nouvel air, les en faifoit fortir plutôt, elles ne pourroient toujours confommer l'afte de la génération dans l'eau ; car elles ne s'y fouticnnent qu'en nageant, &dèsqu'clles veulent s'arrêter, elles tombent au fondoîi elles ne peuvent fe fixer en aucun endroit, qu'en fe creufant une nouvelle lo- ge. Ces raifonnements font encore appuyés d'un fait générale confiant; c'eft qu'aucun infefte ne vaque à la propagation de fon efpece, qu'après avoir quitté fes dernières dépouilles , comme mes obfervations me l'ont prouvé. Les éphémères ne s'accouplent pas non plus dans les airs ; il cfl aifé (a) M. de Réaumur a vu fortir deux velTies qui fembloient pleines d'air , par l'orifice •ù étoient pafTées les grappes d'œuls ; il a vu fortir auiR une petite velTie de l'ouvsr* «ure de la bouc.'ie , lorfqu'il preiîoit la tête de l'éphémère. Torn. V. Y lyo COLLECTION i— ^— — ■ de s'en nffiirer en les obfervant, tandis qu'elles voltigent; il leur fcroît SwAMMERDAM. mêmc très-difficile de s'accoupler ainfi ; car le mâle après (on dernier chan- Histoire DES gement de peau, a les pieds tellement étendus, que Clutius les a pris Insicteï. pour des antennes : d'ailleurs , on voit par l'exemple des mouches & de la demoifelle qui s'accouplent en volant , combien cette lorte d'accouple- ment demande d'appareil. Il réiiilte donc de mes obfervations que les éphémères ne s'accouplent ni dans l'eau ni dans l'air , mais que la femelle ayant dépofé (es œufs dans l'eau , le mâle vient les féconder par l'émiflion d'une liqueur pro- lifique , & que la génération fe fait (ans accouplement ; toutes ces choies arrivent dans un (i court elpace de temps , qu'il (èroit dilBclle de les ob- ferver bien exaftement. Ces infeftes ne mangent point du tout depuis leur transformation juf- qu'à leur mort , & cela leur eft commun avec plufieurs autres in(èftcs. L'expérience m'a fait voir aufli que les grenouilles , les léfards , les (èr- pents &C les caméléons peuvent vivre plufieurs femaines, & même plu- fieurs mois fans manger. ARTICLE IX. Durée de la vie de Ciphîmcrt ; dangers aufquels elle eji expofèe. L'Éphémère ne furvit que quatre ou cinq heures à fa transformation , c'eft-à-dire , depuis les fix heures ou fix heures & demie du (oir, juf- ques fur les onze heures : je m'en (liis a(ruré en portant dans mon cabi- net plufieurs de ces inlèftes renfermés dans une boîte, ils mouroient tous dans cet efpace de temps, & cette vie fi courte , ils l'employoient à vol- tiger dans les airs & à fe jouer fur les eaux. Naturellement ils ne meu- rent point fur la terre , mais ils retournent fur la furtace de l'eau dès qu'ils ont quitté leur féconde dépouille. La vie de cet infeâe eft encore abrégée par mille accidents. Un grand nombre d'éphémères font dévorées par les poilTons (û) dans l'inftant mê- me de leur transformation : celles qui échappent à ce danger (e trouvent de nouveau expofées à la voracité des mouettes , des hirondelles & d'autres oifeaux , qui les mangent toutes vivantes pendant qu'elles fe dépouillent de leur féconde peau ; enfin , les éphémères , dont la féconde mue s'achève fans accident, redeviennent au(ri-tôt la proie des poiflbns , tandis qu'elles fe jouent fur la furface de l'eau, ou la proie des oifeaux, fi elles s'élè- vent trop haut dans l'air. Si l'on eft étonné du peu de durée de la vie de ces animaux , il faut fe rappeller qu'avant que nous les voyons paroître ils ont vécu déjà (a) Clutius dit que les perches ÔC les brochets font les feils poilTons qui ne dévo- rent pis le» éphémères. ACADÉMIQUE. 171 trois ans (a) fous l'eau, dans l'ctat de ver; qu'ils y ont pris leur entier: accroiffement , & que même les œufs ont toute leur perfeftion & leur matu- Swammerdam, rite dans le corps de l'inlcfte, avant qu'il quitte (a dépouille de ver, de Histoire dz| forte que quand il prend la forme d'inleâe volant , il touche au terme Insuctis, de fa vie, & n'a plus d'autre fonction à faire que de dépofer des œufs, ou de les féconder 6c de mourir. La truite eft plus grafl'e & d'un meilleur goût dans le temps que pa- roifTcnt les éphémères , parce qu'elle mange ces infeftes ; cela m'a été afliiré par M'. Nicolas Tulp ancien Mag'iilrat d'Amftcrdam, qui en avoit fait la remarque. ARTICLE X. Durîc de rappar'uion des éphémères ; différences tfpeccs de ces Infecles, I 'Apparition des éphémères dure trois jours confécutifs ; j'en ai vu vol- - tiger encore le quatrième & même le cinquième jour , mais en plus petit nombre ; d'où j'ai jugé que c'étoient des vers dont les ailes avoient acquis plus lentement lei'rs derniers degrés d'accroiffement & leur per- feftion , ou dont la transformation avoit été retardée par quelque acci- dent ; du moins eft-il certain que quand la transformation de ces vers prévient fdn temps ordinaire , c'eft toujours l'effet de l'accroiffement pré- maturé de leurs ailes & de tous leurs membres ; il me paroît donc na- turel que l'époque de leur apparition foit avancée ou retardée par diffé- rentes caufcs, & félon que la failbn eff phis ou moins favorable ; l'ex- périence nous fait voir que les limites de cette époque font de quatorze jours. (^) (a) J'ai lieu de croire, dit M. de Réaumur, que ces infefles palTent fous l'eau deux années... Je ne me fouviens pas , a;oute-t-ii , d'en avoir oblervé qui eulTent des four- reaux d'ailes fur leur corcelet avant le mois de juin , mais dans le temps ou la der- nière métamorphole , celle des nymphes, étoit prochaine, j'ai obfervé des vers en- core petits , qui n'avoient pas encore la moitié de ia grandeur de celles-ci ; ils ne pouvoient pourtant être venus que d'œufs de l'année précédente , & ils ne pouvoient devenir des éphémères que dans le même n.ois de l'année fuivante ; donc , é-c. (i) En 1738. les éphémères delà Marne, obfervces par M. de Réaumur , commen- cèrent à paroitre en abondance le 19. d'aoïJt depuis huit heurevun quart ou huit heures & demie du foir jufqu'à neuf heures & demie. Le lendemain de même : le 11. il ne pa- rut que 'e tiers des éphémères des deux jours précédents , mais à la même heure , malgré le mauvais temps froid ; le ii. il en parut moins encore , & les quatre ou cinq jours fuivants , de moins en moins. En 1739. elles parurent le 6. août entre 9-i. & 9!, heures en moindre quantité que l'année 1738. Le 7. elles étoient en plus grand nom- bre que la veille & parurent aux mêmes heures ; le 8. de même ; le 9. il n'en parut point; M. de Réaumur remarque que l'heure du coucher du foleil fic de celui de la lune nlnfluoit gueru fur celle de leur apparitioB, T » i/i COLLECTION ^— ■!■—— Ce que dit Moufct de la mouche qu'il nomme diaria , &C et qu'on "swAMMERDAM. tfouvc luf cct inicftc dans Aldrovande , Jonllon , Clutius & plufieurs au- HisToiRE DES très auteurs cités par ceux-ci, n'ell pas bien conforme à mes expérien- IjiSECTEs. ces ; je ne prétends pas pour cela les taxer d'erreur , l'infsâe dont ils parlent, n'eli peut-être pas de la même efpece que mon éphémère ; car il y en a différentes elpeces qui varient entre elles par leur forme &C leur inrtinéi. J'exhorte leulement les curieux à coniulter la nature elle- même , un moment d'obiervation les inltruira plus qu'une longue & pé- nible étude des écrits des Naturaliftes. J'ai trouvé dans le livre d'Augerlus Clutius une figure que Dortmann a donnée de l'cphémcre, & qui paroît avoir été defTînée de mémoire ou même de fantaifie. Goedaert a vouhila corriger , mais auiil arbitralrt'ment, &C avec auffi peu de fuccès ; car il n'a changé que les parties qui lui ont femblé ditformes , &; il a huilé fuWifter la figure totale de l'infcûe , quoi- que fort défetlueufe ; en corrigeant ainfi arbitrairement les erreurs des autres , il les accrédite & leur donne plus de poids. Au refte , Goedaert lui-même avoue qu'il n'a jamais vu d'éphémère. Dans le temps que j'obiérvois ces inleâes, j'en ai vu plufieurs efpeces; mais je n'ai jamais vu l'éphémère d'Hoefnagel , dont Clutius donne la figure , &C qui (é trouve en effet parmi celles d'Hoefnagel ; j'en ai quelquefois trouvé la nymphe foulée aux pieds fur les bords du lac Dhmcrmur : j'ai cru alors qu'elle tiroit fon origine d'un certain ver aquatique , noirâtre &C dentelé, dont la peau a des rides fort ferrées : lorfqu'il a pris tout fon accroiffe- ment, il fort de l'eau & vient fur la terre fe changer en une nymphe qui prend dans la fuite la forme de l'éphémère repréfentée par Hoefna- gel , & retourne alors dépofer les œufs dans l'eau , coniijie font beau- coup d'autres infeâes, & entr'autres plufieurs efpeces d'éphémères que je puis montrer. Telles font celles que j'ai prifes à Saumur dans la Loire; , elles différent peu des nôtres pour la forme , mais elles font plus petites. J'en ai vu quelquefois de nombreux eflaims voltiger le foir fur le pont de Saumur , quelques - unes traînoient leur féconde dépouille qui tenoit encore à leur queue. Je ne puis dire autre choie de cette efpece ni des autres que je conferve , finon qu'il n'y en a point qui vivent fi peu que celle de notre pays dont je viens de donner l'hiftoire & la defcription dé- Le même obfervateur a vu des éphémères le 1-9. mai « midi ; une feule au mois de juin à 5. heures du foir (celle-ci vécut près d'une femaine ;)d'autres le 11. feptembre 1741. & le 26. oilobre : ces deux derniers jours avoient été chauds pour la faifun. f M. de Réaumur a remarqué que plus les éphémères font vivaces , moins elles vo- îent par troupes nombreufes : entr'autres une de l'efpece qui porte fes ailes verticales, refte des mois entiers dans des poudriers , dont on ne renouvelle point l'eau , & s'y change en mouche : une des grandes éphémères de l'efpece de celles que M. de Réau- mur vit le 19. Mai, & à qui il avoit écrafé la tête, avoit encore du mouvement dan* le refte du corps au bout de dou/e à quinze heures. ACADÉMIQUE. 17^ taillce , d'où j'Infere que ces dlvcrlcs efpcces d'éphémères peuvent encore SE différer entr'cUes à bien d'autres égards, (a) Swammerdam. Sur ia fin de juin 1670. me trouvant au village de Slootcn près d'Ain- Histoire dis ftcrdam , je vis un ioir en me promenant, une multitude d'infedes un peu I^itcits. -"- plus grands que des confins le pofer iur mes habits &C s'y dépouiller d'une pellicule déliée ; cela tait, ils retournoient (iir l'eau & s'y jouoient comme ces grandes éphémères ; ils naiffent aulîi de la même manière que l'éphémère; car ils vivent dans les foffés juiqu'au terme de leur transfor- mation, alors ils quittent deux dépouilles , l'une fur l'eau, &c l'autre fur la terre. Les vers de cette petite efpece d'éphémère ne fe logent pas dans des trous créufés dans l'argille, comme les vers des éphémères de la grande efpece ; mais ils habitent ordinairement des fonds pierreux & fa- blonneux ; ce qui prouve qu'ils font plus forts &c d'un tifl'u plus ferme : leur peau cÛ même allez femblable à celle des écreviflés &c des fquilles. On leur voit aufT» iiir les côtés du corps des ouies & des nageoires. Quand au milieu de l'été on tire quelques pierres du fond du Rhin, du Leck &C de nos autres rivières , on amené en même temps de ces vers qui y font adhérents , j'en ai trouvé auffi dans la Loire , dans la Seine & dans plufieurs autres rivières de France. On voit donc qu'il y a diverfes cfpeces d'éphémères, & qu'il ne faut pas rejetter légèrement les delcrip- tions qu'en donnent les auteurs , quoiqu'elles ne reflémblerit pas toujours aux éphémères que nous connoiflbns. Pour moi je puis démontrer pref- que tout ce que j'en avance fur des fujets que je conierve. TROISIEME ORDRE Des transformations ou développements des Infectes. CE troifieme ordre où l'infede fubit comme dans le fécond deux tranf- formaîions iuccefllves , ell beaucoup plus obfcur que les deux pre- miers ; c'eft pour quoi je le comparerai à l'un & à l'autre , afin de don- ner une idée nette de ce qui eft commun à tous trois & de ce qui eft particulier à chacun. 11 faut donc fe rappeller que l'infcde du premier ordre acquiert fa forme parfaite , quoique fort en petit , dans la matrice même de la mère , qu'il s'y accroît & qu'il naît enveloppé d'une mem- brane oii il eft comme dans l'état de nymphe , & oii il refte jufqu'à ce qu'il ait alTez de force pour la rompre & en fortlr. La féconde forte de développement eft beaucoup moins parfaite , puifquc l'infeftc ayant pris {a) Indépendamment des variétés qui fe trouvent entre ces efpeces relativement aux époques de leur apparition , aux limites de la durée de leur vie. ( t^oyc^ l.i noie prcccJenie)a\i port Sc à la forme de leurs ouies, à leur inllln£l,à leurs téguments exter- nes , ùc. il le trouve auffi des dift'érences dans d'autres parties , notamment dans k tonne de leurs crochets étaiUcux. ÎNSiCTES. ______ '^'^ COLLECTION f **^ de l'accroiflement de la même manière que celui du premier ordre , fort ce» SwAMMERDAM. pendant de fon œuf encore informe ; car certaines parties , & principa- HisToiRE DES lement les ailes , lui manquent alors abloiument ; on les voit dans la fuite pouffer & croître à l'extérieur comme les boutons des plantes , à l'aide de la nourriture que prend l'animal ; de forte qu'il paffe , pour ainft diro, une féconde fois par l'état de nymphe, en continuant cependant de manger & de fe mouvoir à l'ordinaire. Mais l'infefte du trolfieme ordre , après s'être fomié & accru comme ceux des deux précédents , &c être forti de fon œuf, encore plus informe que le fécond, puifque dans plufieurs efpeces il n'a pas même de pieds , fe trouve revêtu d'une peau , fous laquelle naiffent & croiffent les membres qui lui manquoient , de même que les fleurs fe forment & fe nourrlffent dans leur bouton ; cette peau gonflée & diftendue par l'accroiffement des membres qu'elle renferme , eft forcée enfin de s'ouvrir , l'infefte en la quittant redevient une vraie nymphe, & immobile comme lorfqu'il étoit dans fon cent, û ce n'eft qu'il lui refte un peu de mouvement dans la queue , parce que cette partie n'efl: point -ordinairement chargée d'hu- meirs fuperflucs comme le refte du corps, &c qu'il ne lui refte plus qu'à changer de peau. La produftion& l'accroiffement des membres de l'infeftede cetroifieme ordre, fe fait donc fous la peau du ver, comme par une addition infen- fible de nouvelle matière ; leur dernier degré d'accroiffemcnt fe mani- feffe à l'extérieur par le gonflement de cette peau , &c lorfque l'in- fetle s'en efl dépouillé, tous les membres qu'elle couvroit paroiffent di(- tinftement , comme je les ai fait voir à Mrs. Thevenot & Magalotti ; c'eft cette enveloppe, cette efpece de voile, qui en cachant la naiffance 8c l'accroiffement fucceffif des membres de l'infefte , a donné lieu à toutes les erreurs des philofophes fur cette matière. Lorfque l'infefte a quitté cette peau de ver, nous le nommons nym- phe , d'après Ariffote & Pline , parce qu'il eft alors en pleine puberté &C lur le point de s'unir à fon femblable pour perpétuer l'efpece. L'infefte du troifieme ordre paffe donc deux fois par l'état de nym- phe ; mais ces deux nymphes différent entr'elles , non-feulement en ce que dans la première, c'eff-à-dire, dans l'œuf, les parties de l'animal font beaucoup moins diftin£les que dans la féconde , comme je l'expliquerai bientôt ; mais auffi en ce que l'infefte arrivé à ce premier état de nym- phe, n'a eu encore qu'une vie végétative, fans aucun mouvement fenfi- ble ; au lieu qu'avant de parvenir au fécond état de nymphe , il a été doué du mouvement progrcffif , il a pris fa nourriture par la bouche , enfin, il a joui de la vie animale ; ce qui met une différence confidér?.- ble entre ces deux nymphes , quoique dans l'un & l'autre cas l'état de nymphe ne confifte qu'en un certain degré d'accroiffemcnt des membres de l'animal. J'infiffe iiir tous ces faits , parce qu'ils font fondamentaux & qu'ils ruinent totalement les erreurs de la métamorphofe & de la génération fortuite des infeftes. Mais parce qu'on ne diflingue pas également bien dans toutes les nym» phes de cet ordre les membres de i'inleile qui en doit fonir , (& cette re- ACADÉMIQUE. ,7, marque n'avolt point échappé ;\ Ariftote, quoique les expériences lui man- 1 , ,, quaffent ) nous dillinguerons pour plus de clarté ces nymphes en deux Swammlrdam genres , & nous adopterons les noms qu'on leur a donnés , de nymphe Histoire de» " proprement dite, 6c de nymphe chryfalide, quoique ce dernier nom n'ex- Insbciks. prime pas exaftement la choie, puilque les nymphes auCquelles on le donne , ne font pas toutes dorées comme le fignifie ce mot. Mais je crois qu'on ne doit pas rejetter légèrement les dénominations reçues ni en in- troduire de nouvelles ; mon but ell d'étudier , de connoître la nature & de la préfenter aux autres hommes dans toute fa fimplicité c'cft-à-dire dans toute (a beauté. Je n'expofe dans mes defcriptions que ce que j'ai vii moi-même , & ce que chacun verra comme moi s'il oblerve les mêmes objets avec la même afîiduité. É NUMÉRATION DES INSECTES qui appartiennent au troifieme ordre des transformations naturelles kcuel tjl déjlgni par le fimple nom de Nymphe. LE caradlere de ce troifieme ordre confifte donc en ce que l'infeôe s'c- tant accru , & ayant acquis de nouveaux membres , fait éclater fa peau trop étroite pour le contenir, & devient une nymphe où la forme de rinfefte futur eft nettement exprimée dans tous fes détails : voici les infeftes qui appartiennent à cet ordre. I. Les abeilles : j'en conferve la fe- melle ou mère abeille , qu'on nomme très-improprement le roi les faux- bourdons (iî) qui font les mâles, & enfin des abeilles ouvrières c'cft- à-dire, celles aufquelles on ne trouve point de parties fexuelles', par- ties qui font fort difUnftes refijeâivemenl dans les milles & dans l'es fe- melles. J'ai fait la découverte de l'ovaire de cette femelle chez M^. Jean Van- Hoorn profeffeur de chirurgie & d'anatomie, par la facilité que M\ >tV. V. Hoorn médecin de Slooten m'a donnée d'aller obferver fes ruches autant que j'en avois befoin. Je conferve auffi des nymphes tant des mâles que des femelles & des abeilles ouvrières ; leurs toiles ou coques qui font femblables à cel- les du ver à foie ; des rayons dans lefquels le trouvent les alvéoles ou cellules des mâles , de la femelle & des ouvrières , avec plufieurs autres dé- pendances de ces cellules que j'ai préparées de différentes manières pour en faire mieux voir la ftrufture. Enfin , je garde l'aiguillon de la femelle & le fac de fon venin, l'aiguillon des ouvrières qui a trois pointes, & les tefticules avec la verge du mâle. Les poumons des abeilles, comme ceux des autres infeftes, font très- remarquables ; ils confiflent en deux véficules blanches. Dans les ani- maux qui ont du fang , les poumons vuidcs d'humeurs, ne font de même qu'un amas de véficules , comme l'a remarqué Malpighi ; & j'en dirois volontiers autant des autres vifceres , outre que la peau & les membra- (<<) Les ancUas les appelloient fuci. SwAMMERDAM Histoire des Insectes. 176 COLLECTION nés ne font que des tiffus de vaifleaux fermés , qui même s'ouvrent quel- quefois naturellenient. Je réferve pour un traité particulier la defcription des vifceres de l'abeille ; l'inftinft focial qui porte ces infeftes à fe raf- fembler par troupes & à travailler enfemble & comme de concert , mé- rite bien que nous les obfervions en particulier. II. Les abeilles fauvages qui vivent dans les jardins, dans les champs &; dans les bois : j'en conferve fix' efpeces , dont l'une a de très-longues antennes ; une autre efl toute hcriffée de poils, & une îroifieme refiem- ble à la guêpe. III. L'abeille fauvage d'Aldrovande , que Moufet nomme guêpe foli- taire, (a) J'ai cette abeille, fa nymphe &c la toile ou coque de fon ver , avec les nids qu'elle conftruit de petites pierres de gravier & d'argillc. J'ai quelquefois trouvé dans ces nids une guêpe fort fmguliere avec un fcara- bée , & le ver d'où fe forme ce fcarabée : j'ai même vu la transforma- tion de ce ver en fcarabée, après l'avoir gardé pendant un an entier fans lui donner d'autres aliments que de petites pierres & de l'argille. (/■) Ces trois différentes obfervations femblent mettre en doute auquel de ces deux animaux appartiennent les nids en queftion ; mais il eft certain que c'efl; l'abeille fauvage qui les fait & qui porte les petites pierres qui en- trent dans leur conÛruction ; la forme de ces nids a d'ailleurs beaucoup de rapport avec la forme de l'abeille fauvage. On voit en France quan- tité de ces nids parmi les décombres de murailles. Quant aux abeilles privées de Goedaert , elles appartiennent à notre quatrième ordre , & ne font pas de vraies abeilles , mais des mouches dont je parlerai en leur temps. IV. Les guêpes : j'en conferve fept efpeces avec des rayons dans lef- quels font renfermées quelques nymphes. J'ai oblervé que la guêpe ap- porte avec fes pieds la matière dont elle conftruit fon nid. V. La faufle guêpe qui provient ordinairement d'une chryfalide , la- quelle eft , dit-on, corrompue. J'en ai vingt efpeces dans mon cabinet ; Hoefnagel en a repréfenté vingt-quatre , & quelques-unes ont été décrites par Goedaert. Mais cette efpece de mouche peut aulïï fe rapporter à no- tre quatrième ordre , comme on le verra dans la fuite, (c) Parmi les fauffes guêpes que je conferve, j'en ai quatre efjîeces de cel- les que Moufet nomme mouches à trois queues (<;')& deux de celles qu'il appelle mouches à une feule queue : (t) j'ai aulfi le ver &c la nymphe Çi) Et M. de Réaumur abeille maçonne. (/))■ M de Réaumur a reconnu que ce ver mangeoit celui de l'a-'îeille maçonne , & que plufieurs efpeces de vers d'ichneumons fe trouvoient fouvent dans les nids de cette abeille & dévoroient auffi fon ver. (c) Ces efpeces équivoques & mitoyennes entre deux ordres, font le grand & me- vitable inconvénient des méthodes, ôcil n'eftpas furprenant que la méthode de Swara- merdam n'en foit pas exempte. I {d) Miifca. Trifela^ (c) Mujca Unifeta, 4fc ACADÉMIQUE 177 de CCS dernières , avec la cliryralidc«dc la corruption de laquelle on prétend ■■'— — '^■^■^ ciiic b'engendrt cette mouche. Enfin, parmi mes fauflcs guêpes, il y en a Swammirdam^ d'étrangères & de rares , dont je parlerai peut-être dans le détail de mes ob- Histoire d£% Cervations particulières. La mouche que Gocdaert nomme vorace,{a') cfîen- I^slctes, corc une el'pece de fauflc guêpe qui tue les araignées ; elle tient du na- ture! de la mouche-loup ; car fi celle - ci broie la proie entre les dents , l'autre la perce a-\ec Ion aiguillon. Une autre de mes t'auffes guêpes (/>) eft cette mouche qui infefte les railins. J'ai oblervé qu'elle ne s'en tient pas obflinément à une leule ef- pece d'aliment , Se que quand les raifms lui manquent , elle ib nourrit in- différemment de tout ce qu'elle trouve. VI. Les frelons;. (<:) j'en ai deux eipeces avec la toile ou coque que fe filent leurs vers ,; j'ai auffi leurs nymphes & ks alvéoles dans lefquels ils les renferment. Cet infefte eft fi vorace qu'il continue de manger lorfqu'on l'a coupé ])ar le milieu du corps , & fi l'aliment qu'il prend cft liquide , on le voit dilliUer par la plaie : j'en ai fouvent fait l'épreuve en leur don- nant im peu de miel. Vn. Les bourdons ; (1/) j'en conferve huit efpeces , dont l'une eft étrangère ; celle-ci a les ailes couleur de pourpre. On trouve cinq efpe- ces de bourdons parmi les figures d'Hoefnagel ; & Gocdaert a décrit le ver de cet infede. \'1II. Le coufin : cet infecte naît dans l'eau , comme on le verra par l'hiftoire particulière que j'en donnerai, & qui fera précédée de l'hif- toire du fcarabée monocéros, laquelle répandra beaucoup de jour fiir le développement des inleftes de ce troifieme ordre , parce que la nymphe de ce icarabéc cil fort grande & bien formée. IX. Je pofléde dans ma Colleâion d'infeftes deux efpeces de mouche aux yeux dorés que Goedaert a décrites. («) X. Je conferve auffi cette mouche noire qui gâte les fleurs , & dont on voit quelquefois des multitudes fe répandre fubitcmcni dans la campagne & dans les jardins. On i)rétcnd qu'elles fortcnt de l'eau, & je n'aurois pas de peine ù le croire ; car on connoît beaucoup d'infeOes qui prennent tout d'im coup leur cfibr dans l'air , après avoir vécu long- temps cachés dans l'eau fous la forme de vers : c'cfl ainfi qu'on voit ap- paroître fubitement des milliers de demoifclles, de coufins , d'éphémères & d'autres inleftes ; ce qui a fait croire > mais mal-à-propos , que ces animaux nailToient dans l'air. Parmi tous ces infedes, la mouche éphé- mère cù. remarquable, en ce qu'elle meurt quelques heures aorès ttrt (j) Dcvorator. ( i ) Panorpes ( £• ) Crabrones. (d) Bomhylu. (c) Et qu'il appelle mu/ca chyfophisi Ton. F. Z 178 COLLECTION Il 1 1 I II lu— éclole ; mais les autres vivent zffez long-temps après avoir changé de for* SwAMMERDAM- me & d'élément. Histoire d£s XI. XII. XUl. XIV. XV. La mouche qui reffemble à un papillon, ect£s. ne trouve rien de fcmblable dans les autres œufs plus gros & qui renfer- ment l'aliment de l'embryon. Parmi les œufs d'infeftes que je conferve, je n'en connois point de plus digne d'attention que celui du ver de terre, &c il mérite que j'en taffe mention en partant. Comme le fang de cet infecte ell rouge, on le voit fe mouvoir & circuler dans le cœur du ver encore enfermé dans fon œuf. Au refte, quoique cet œuf ne foit pas plus gros que celui du monocé- ros, le ver lorfqu'll en efl forti & qu'il s'étend, paroît vingt fols plus long qu'il ne paroiffoit dans l'œuf. J'ai vu deux efpeces de ces œufs , de diffé- rentes tailles , de figure oblongue , terminés aux deux bouts par un fommct aigu , & femblables à des fphéroïdcs alongés vers leurs pôles : leur couleur efl: un jaune pâle & verdatre. On trouve au printemps ces œufs diipcrfés dans la terre ; pour les faire éclorre je les mettois avec un peu de terre dans un plat couvert d'un papier blanc, ayant foin de tenir ce papier toujours humide : j'ai tait éclorre des œufs de limaçons par le même moyen. Je garde auffi deux œufs de monocéros , tous deux de même groffeur, & revêtus d'une coque aufll dure que celle des œufs de poule , ce qui eft très-rare. Pour conferver ces fortes d'œufs , il faut les percer avec une épingle fine , en tirer toute la liqueur , puis les faire fécher à l'om- bre , après les avoir foufflés avec un chahimeau de verre ; enfin , il faut les enduire avec un peu de réfine difloute dans l'iiuile d'afpic. Je conferve par ce moyen des œufs tirés d'un ovaire de femme ; j'en fis la découverte en mil fix cent Ibixante - fix , & c'eft ce qui me fit foupçonner que je trouverois des œufs dans tous les animaux ; conjec- ture qui s'eft trouvée affez bien fondée. Mais revenons à notre fujet : le ver du monocéros trouve en fortant de fon œuf l'aliment dont il a beioin, comme du bois pourri ou du tan ; car les mères dépofent leurs œufs dans ces matières ; mais après la ponte elles ne prennent plus auam foin ni des œufe ni des vers qui en fortent. Beaucoup d'autres infeftes ont la même indifférence pour leur progéni- ture, quoique parmi ceux-là même il s'en trouve qui ont grand foin de dépofer leurs œufs dans les matières qui doivent fcrvir d'aliment à leurs petits : mais on voit auffi des iniefles qui nourriffent les leurs avec un foin extrême , comme les fourmis , les abeilles & plufieurs autres. D'autres infeftes dépofent leurs lémences ou leurs œufs dans des chairs corrompues , comme l'a obfervé Redi : quelques-uns les cachent dans- les boutons & dans les germes tendres des plantes qu'ils percent avec im aiguillon dont ils font pourvus ; enfin, il s'en trouve qui introduifent leius femenccs jufques dans les corps des animaux , & dans d'autres en- droits auffi peu acceffibles , oit les petits trouvent leur fubfillance dès qu'ils font éclos. Je pourrois rapporter ici les obfervations particulières que j'ai faites fur quelques fruits de chêne &C de plufieurs autres plantes ; mais- Tarn. f-\ B b 194 COLLECTION Il I I j'en parlerai ailleurs , & je m'abftiens de m'y arrêter h préfenr pour cort»' SwAMMERDAM. tinuer l'hiftoire du monocéros. Histoire des Je ne puis dire combien de temps il faut au ver de ce fcarabée pour Ikïectes. prendre tout l'on acçroiffement &; parvenir à fa transformation ; mais j'ai gardé de ces vers pendant plus d'un an dans une bou'eJlle de verre avec de la terre & du tan , fans leur voir lubir aucun chareement de forme ; j'ignorois alors qu'ils fc changeafTent çn monocéros. Quelques temps au- paravant j'avois auffi gardé un vçr de cette efpeçe pendant un an entier dans du tan fans l'humefter, & cependant l'humidité eu néceffaire à la fub- fiftance de ces vers , ce que je remarque ici pour donner une idée de leur forte conftitution : j'en conclus auffi que fi ce ver parvenu à fon dernier de-iré d'accroilfement , peut vivre encore un an entier lans le transfor- mer , il lui faut fans doute plufieurs années pour arriver à ce dernier de^ gré d'accroiflement. On peut fe rappeller à ce fujet que le ver de l'éphé. rnere, dont j'ai donné Thiiloire , croît & fe nourrit pendant trois ans avant de prendre fa derniei"c forme , fous laquelle jl ne vit guère plus de cinq heures, ijW,n^jiia^jjftaiiatÉ«te^]faMmjj'a»wjo wi ja.ju ARTICLE IL Parties extérieiires du ver du monocéros, fon naturel, fes maurs , fin ■ changement de peau, LE ver dont je viens de parler, décrit par Moufet & par d'autres au- teurs fous le nom de Cojjtis , a environ un pouce d'épaiffeur , & qua- tre de longueur lorfqu'il e(t arrivé à fon dernier degré d'accroiffement : fon corps eft blanc & (illonné par des rides ou des cannelures difpo- fées régulièrement : a ( PI. XII. Flg. XII.') il eft compofé de quatorze di- yifions ou lames annulaires , que les auteurs ont fouvent nommées des anneaux , maïs improprement à mon avis ; car ces anneaux ne font pas d'une fubftance écailleufe, comme dans beaucoup d'autres infeftes. Sur chaque côté du corps de ce ver on voit neuf points ou ftigmates b , d'un brun rougeâtre , qui ne font' pas exaclement ronds , mais un peu alongés en forme de fèves : ce font les orifices des trachées par où le ver ref- pire ; c'cft pour quoi je les appelle les orifices de la refpiration. La pre- mière divifion annulaire qui forme la tête, n'a point de ces ftigmates ; les deux premiers font placés fur les deux côtés de la féconde divifion , &i au deftiis de chacun on voit une tache c de même couleur. Il n'y a point non plus de ces ftigmates ou orifices de la refpiration fur les troifiemc & quatrième divifions ; c'eft-là que doivent pouffer & croître avec le temps les fourreaux écailleux des ailes (<î) & les ailes mêmes ù\\ fcarabée, comme je le dirai dans la fuite. Sur la cinquième divifion & les luivan- {a) Plufieurs naturalises ont pris de-là occafion de caraîlérifer ces infeÛes par le nom de Vag'ini-pcr.n'1,4, ACADÉMIQUE, 195 tes , Jufqu'à la douzième incliifivement, font placées les huit autres ■——»—■ paires de rtigmates. La tête qui cft brune & un peu raboteufc ou ridée Sw•AM^^£BCAl^f a plufieurs parties diftinftes , comme les yeux , les antennes d^ les dents Histoire c£* <«, la lèvre fendue qui fe voit entre les dents, & encore quelques au- Injectes, très antennes ou barbes aiguës & articulées /, qui font cachées, pourainfl parler , fous le menton & dont le ver fait ufagc quand il man^e. Les fauterclles ont auffi des barbes femblables, mais plus apparentes, qui leur font fort utiles au temps de leur mue , pour débarrafler de leur dépouille leurs ongles , leius dents , leurs yeux & toutes les autres parties. Il eft aîfé de nourrir les (autcrelles avec des raifins fecs enfilés dans un fil, & fuf- pendus dans un panier ; elles mangent jufques à la pellicule ou bourfe de ces raifms. Mais pour revenir au ver du monocéros , il a fix petites jambes g , trois de chaque côté ; elles font d'un jaune rougeâtre, velues, arméeâ d'ongles & divifces chacune par cinq articidations ; elles fe trouvent at- tachées aux féconde, troiljeme & quatrième divifions du corps, c'eft-à-dire^ tout auprès de la tête. Les autres lames annulaires du corps , poftérieures à celles-ci , font luifantes comme des miroirs ; car la peau en eft tendue & polie , de forte que fa fuperficie bleuâtre & tranfparente laiffe apperce- voir quelques trachées /; qui fe trouvent dcflbus , & qui font d'un blanc argenté , ou plutôt qui ont la couleur & le luftrc de la nacre de perle. Tout le rcfte de la peau , jufqu'à l'anus / , eft hériffé de poils fins SC flexibles kk. Les mouvements de ce ver font lents & pefants ; fa prin- cipale force réfide dans fa tête , fa poitrine & fes jambes ; à l'aide def ces parties il fe creufe dans la terre o^i dans le tan un nouveau trou , auf- fi-tôt qu'on l'a tiré du ficn : quand il en eft hors il fe recourbe & form^ comme un demi cercle , dont fon ventre fait le côté concave : c'eft danï- cette attitude à-peu-près que la Figure XII. le repréfente.^ Il arrive fouvent que le tan &: le bois où vivent ces vers s'échaufFent & fermentent comme le foin mouillé : cela ne les incommode nullement, au contraire , il font d'autant plus vifs , plus agiles &: p!u5 vigoureux , qu'ils éprouvent ime plus grande chaleur ; ils mordent alors avec plus de force , fi on les manie trop rudement , mais au refte ils ne font pas d'urt naturel mal-faifant. A mefure que ce ver croît, il change phifieiirs fois de peau, comme le ver à foie , mais je n'ai pas obfervé le nombre de fes mues. Avant de quitter fa dépouille, il fe décharge comme le ver à foie de tous fes ex- créments , Si faifant un effort de "tout fon corps , il fe creufe dans la terre nne cavité ifolée pour s'y dépouiller à fon aife. La mue de ce ver &r de tous les autres me paroît très-digne d'attention ; leur dépouille n'efï* pas fimplemcnt une peau extérieure comme celle que qc\ittent les fcr- pents ; car rcefo])hage , une petite partie de l'eftomac & toute la fur- face interne de l'inteftin redlum fe dépouillent aufTi ; les trachées mê- me, qui font par centaines dans le corps du ver, quittent une pelli- cule déliée, & ces pellicules fe réuniffent, s'entortillent enfcmble & forment dix-huit cordons, neuf de chaque côté de la dépouille, lefquels ioittai lentement du corps par les dix-huit orifices de la relplratiOn , enf Bb 1 1^6 COLLECTION ■jj^iuMUM»!—— ciirirjeant leur cxtrcmitc du côté de la tête du ver, il y a deux autres ra- SwAMMERDAM."''J'îc liions pUis pctitcs de tnichécs qui ic dépouillent auffi d'une peau. Histoire dis ' mais qui n'ont point de ftigmates apparents. Les dix-huit orifices cle la rel- Iks£ctes. piration fe dilatent dans ce même temps ; li l'on divilé avec une épingle fine les failccaux des dépouilles de trachées qui ibrtent par ces orifices, on en diftingue les différentes nimificaîions , & l'on reconnoît qu'elles font compofées d'anneaux contigus. Le crâne ie divilc en trois parties , celle du milieu fait voir les dents que quitte le ver , entre lelquellcs paroît auifi la dépouille de la lèvre , & les antennes aux deux côtés. Derrière la lèvre on voit la partie moyenne du crâne, qui forme une efpece de triangle dont l'angle du fommet feroit aigu , & à côté duquel paroiffent les deux autres por- tions eu crâne. Les antennes pointues ou articulées fe dépouillent auffi ; en- fin, il tombe des yeux même une membrane tranfparente ; ce qui arrive auffi aux lérpents quand ils changent de peau. On voit encore fiir la dé- pouille fix ouvertures aux endroits où étoient attachées les jambes du ver , & toutes les divifions , les rides ôi les inégalités de la peau y font imprimées ; enfin , à la partie poftcrieure de la dépouille qui eu roulée & repliée , on diflingue la dépouille de l'intefiin reÛum loriqu'on l'exa- mine attentivement. Il faut remarquer que le crâne refte adhérent à la peau que quitte ce ver; au lieu que dans les mues du ver à foie le crâ- ne fe fépare du refte de la dépouille , excepté la dernière fois qu'il change de peau, c'eft-à-dire, lorfqu'il devient chryfalide. La tête & les dents du ver que je décris , font d'une fubflance molle & blanche quand elles viennent de muer, au lieu que dans les autres temps elles font écailleufes ; de forte que ce ver mord le fer même quand on l'irrite. J'expliquerai bientôt plus clairement la manière dont ié fait cette mue des trachées , & je ferai voir en même temps qu'elles ont plus de dix-huit troncs principaux dans ce ver , ce qui cfl vrai auffi du ver à foie ; la même chofe fe voit dans le ver du frelon , qui a" vingt ftigmates ou orifices extérieurs de la refpiration bien apparents. Mais ve- nons à l'anatomie du ver du monocéros. ARTICLE III. Anatomii du ver du fcarabée monocéros. Man'ure de le tuer & de le conferver. JE me fuis fervi de divers moyens pour diiTéquer ce ver, félon les différentes vues que je me propolbis. Ordinairement je le faifois mou- rir dans l'efprit de vin , ou dans l'eau de pluie un peu plus que tiède , d'oîi je le retirois au bout de quelques heures : de cette manière non-feide- ment le ver perd tout mouvement , mais les fibres motrices de fes muf- cles ne fe contraftent plus ; ce qui feroit fort incommode dans la dif- teûion. ACADÉMIQUE. 197 La peau ayant été fendue liir le clos , où le cœur eft fitué , on en voit iortir le lang , Cjnl n'cft qu'une humeur aqueuib , & lodqu'il eft écou- Swammerda.m. lé, les fibres motrices des anneaux le manif'eftent : il eft prelque impof- HibTOir.E o£s fible de clccrire &c de reprcienter exactement ces fibres ; elles lont de dif- ^-'^^Et.'rss. férentes longueurs &c de différentes grofleurs, 8i elles vont d'un anneau du corps à l'autre , portées les unes fur les autres 6i dirigées en tout lens, longitudinalement , tranrverialement , obliquement & en le croifant. Mais il n'y a aucun inlecte dont les mufcles Ibient d'une plus belle ftruclurc que ceux des limaçons , comme on le voit par la delcription que j'en ai donnée. Le coeur eft comme un tube membrineux qui règne dans toute la lon- gueur du dos du ver ; tout le long de ce cœur (ont placées des fibres motrices femblables à celles des anneaux du corps ; elles pénètrent dans la lubrtance même du cœur, &. iont comme autant de cordons qui le dilatent & le refferrent. Ce tube eft fort étroit \ers la tête ; enfuite il a deux renflements léparés par un étranglement ; enfin , il diminue encore de dia- mètre & fe relVerre beaucoup vers la partie poftérieure du corps , fous le treizième anneau. Il a des deux côtés quelques taches noirâtres & inéga- les qui le rendent plus facile à dillinguer qu'il ne le feroit fans cela , à caufe de fa tranfparence. En agrandiffant un peu l'ouverture qu'on a faite à la peau , on apperçoit la graiffe ; elle eft compolée d'une infinité de petits grains globuleux, qui vus aa microfcope , paroiffent contenir chacun beaucoup d'autres grains femblables &C plus petits. Tous ces globules font répandus iiir des membranes tranfpa- rentes & très-déliées aa (_ PI. XII. Fig. XIII. ) qui font diftribuées en grand nombre dans tout le corps du ver, & difpofées de différentes manières, de forte qu'elles forment un grand obft^cle à la découverte des parties internes. En obférvant cette graiffe au microfcope, on y voit férpenter des trachées bl>. Si la graifl'e elle-même pareil fous la forme de globu- les huileux c c qui nagent dans de petits Ucs blancs , fphériques & mem- braneux. Cette matière recueillie dans un petit tube de verre & mife fur de la braifc recouverte de cendres, jette au dehors une liqueur blanche affez abondante, qui étant répandue fur du papier, y fait le même effet qu'une autre huile , & s'enflamme au feu , ce qui me l'a fait regarder comme une véritable graiffe. Elle eft de figure irrcguliere & affez fém- blable aux véficules d'air qui fe trouvent dans les fourreaux des ailes & que je repréfenterai biemôt ; mais il faut entendre ceci feulement des mem- branes tranfparentes fur Iciquelles font répandues les particules de graif- fe ; car pour ces particules même, elles font communémcrnt globuleu- lés. Dans le ver à foie la graiffe eft jaime & de figure très-ivréguliere : celle de notre ver, vue à un microfcope qui grofHt un peu plus les ob- jets , pdroît toute environnée comme de petites hydatides. Au rciîe , cette graiffe eft réellement renfermée dans des lacs membraneux ; car par elle-même elle eft fluide , & s'écoule aifément Icrlqu'on perce avec la pointe d'une aiguille très-fine les facs qui la contiennent ; & s'il en tom- be ime goutte dans de l'eau, elle y lurnage comme toute autre huile. ic>8 COLLECTION 1 1 ■«■ Lorfqn'on l'exprime ainfi en déchirant les enveloppes , elle trouble l'eaw SffAMMERDAM. conimc feroit de l'amidon ou de la chaux , & elle fe partage en un grand Histoire des ' nombre de petits grumeaux : on la dlftingue mieux dans la nymphe que ÏNsrcTSJ. dans le ver. Quand on oWerve au niicrokope la graiffe des grands ani- maux, on reconnoît qu'elle eft auiTi compofée de petites particules qui , par leur tranfparencc, reficmblent aux grains de fable, mais qui ne Ibnr pourtant pas d'un tranfparent fi net & qui paroident toutes à-peu-près de même grofleur , ce qui n'a pas lien dans le fable : cette graiffe pelotonnée, ell comme une niaffe de grains de fable réunis , quoique les particules de graiffe aient chacune leurs enveloppes particulières qui fe déchirent 6J tombent au fond quand on la fait fondre. On apperçolt même à l'œii fimple & fans le fecours du microfcope de femblables petites particules de graiffe dans les embryons de veaux & d'agneaux , & on les y ohierve d'autant plus alfément , qu'elles n'y font pas en fort grande quantité. Revenons à notre ver. Si la graiffe empêche qu'on n'en voie claire- ment les parties internes , les conduits pulmonaires ou trachées qui fe- diftribuent en tout fens dans le corps de ce ver, augmentent encore la difficulté. Ces trachées ont dix-huit troncs principaux qui partent des lligma- les ou orifices de la refpiration , &: produifent une multitude infinie de rami- fications latérales , de forte qu'il n'y a aucune partie dans tout le corps du ver qui n'en ait quelques branches , &que même les muiclcs, le cer- veau , les nerfs & leurs plus petits rameaux en font pourvus. Il femble donc que ce ver & les autres iiifeftes tirent plus de fecoiirs de l'air que' les grands animaux , & ceux même qui ont le plus de fang , à moins qu'on ne veuille fuppofer que dans ceux-ci l'air fe mêle au ïang dans le poumon, & fe répand ainfi par les artères dans toutes les parties du corps , opinion qui n'eft pas fans vraifemblance. Toutes les trachées du ver que je décris , font droites & non interrompues par des véficules ; ces véficules ne fe trouvent que dans le fcarabée adulte. Quant aux autres parties , l'eftomac eft le premier objet qui fe pré- ^ fente (PI. XU. Figg. XIV. & XV.) lorique la peau eft fendue dans toute '^ fa. longueur aaaa. Ce vifcere occupe prefque tout le corps du ver ; il eft compofé de plufieurs tuniques & de fibres motrices circulaires qui agitent les matières qu'il contient. On le trouve toujours diftendu & plein de bois ou de tan broyé , excepté au temps de la mue ; c'eft pour quoi il paroît bleuâtre, & quelquefois rougeâtre , la tranfparerce de fes Umiques laiffant appercevoir les aliments qui s'y trouvent. Il eft précédé d'un œfophage b fort étroit , qui commence au fortir de la boudie , & qati s'elargiffant bientôt après, forme l'orifice fupérieur de l'eftomac. II eft environné dans fa partie antérieure de foixante & dix particules ou" luyaiix en forme de dents dd diijjofées- en fix rangs, dont les deux pre- miers /. 2-. ont leurs pointes dirigées en avant, & les quatre autres 3. 4. 5. 6. placés nn peu plus bas, les ont les uns en avant e, & les autres ea arriere/T Tous ces liiyanx s'ouvrent dans l'eftomac, de même que les- appendices ou le pancréas des poiffons débouche dans l'inteftin grêle. Je as dis j^as que. ces tuyaux s'ini'srcnsles uns dans- les autres comme danak- ACADÉMIQUE, ^ 199 cablllflii, (rt) maïs feulcmçnt qu'ils ont chacun leur jnfertîon partkulicre .1» n— ■ dans l'inteftin grcle , comme le pancréas du faumon qui a plus de foixante Swammîrdam. tuyaux dilVinils qui s'ouvrent tous féparémcnt dans l'inteûin grêle. Un Histoire pe» peu plus bas l'eftomac cft muni de vingt-deux autres tuyaux f; blanchâ- Insectes. très îk glanduleux , diriges en arrière. Enfin , vers la région inférieure de l'eftomac , immédiatement au dcffus du pylore , on voit encore trente tuyaux i i inégaux comme les premiers , divergents , oblicprcmcnt & en dedans ; ils s'ouvrent aufli dans l'eftomac en cet endroit & leurs ibmmcrs regardent en avant. Si l'on emporte le rang du milieu de ces tuyaux, la difpoliîion de leurs baies reprciente une couronne de trépan. Sur l'autre côté de l'eftomac, c'eft-à-dire , du côté du ventre du ver, où les tuyaux ibnt dirigés en arrière , la iurface de ce vifcere eft partagée par une fu- ture/ femblable au périnée. Outre cela l'eftomac eft parfemé id'un nom- bre infini de trachées ; & enfin, on voit liir ("es Acwx côtés quelques pe- tits vaifleaux kkkk arrangés avec ordre, & que je nommerai vaifteaux jaunes & variqueux, d'après Malpighi, qui donne ce nom à des vaifteaux femblables dans l'on Traité du ver à foie. Après le pylor-e , qui termine l'eftomac, fe trouve un petit inteftin étroit & court /, qui (e dilatant enftiite , fiarmc un autre inteftin gros , ample, mais court, qu'on peut nommer colon m ; car il eft de même ftrudiire que le colon de l'homme. On le trouve pour l'ordinaire tout rem- pli d'excréments figurés comme ceux des loirs : c'eft la grofleur & la dii'- tenfion de cet inteftin , qui rend les derniers anneaux du corps du ver diftendus, polis & luifants ; d'ailleurs, comme il n'y a point de graifîe en cet endroit , la couleur argentée des trachées qui lerpentent ftir le colon brille à travers la peau , & l'inteftin eft d'une couleur mêlée de pourpre & de bleuâtre. On voit dans la figure les trachées r:ri qui partent des deux derniers ftigmates & vont fe ramifier & fe diftribuer liir cet inteftin , fur la partie int"érieure de l'eftomac & liir le reûum. J'ai fupprimé le refte des trachées , pour faire voir plus diftinâement leurs huit autres orifices ou ftigmates 0000 dans leur pofttion naturelle, & débarrafi'és de !a graifîe, & de tout ce qui pourroit empêcher de les bien difcerner. L'inteliin dont j'ai parlé s'étant replié, remonte vers l'eftomac & fe ter- mine par un canal étroit p , qui s'étend en ligne droite fous l'eftomac , & que je nomme reâum , tant à caufe de fa figure que de fon infertion )&■ de fon ulr.gc. J'imaginois que la moelle épiniere (PL XII. Fig. XVI.) étoit comme dans tous les autres inl'eftes. Mais en ouvrant deux de ces -N'ers, qui jTi'étoient reftés de l'année précédente , je m'appcrçus que leur moèilo différoit beaucoup de celle des autres infedcs, & même de celle du ver 9 foie. Car la moelle du ver à foie eft composée de plufieurs ganglions pu noeuds féparés , qu.e Malpighi a pris poiu" autant de cerveaux diffé- rents ; ma's celle de notre ver ne s'étend tout au plus que juf qu'A la troi- fieme ou à la quatrième divifion annulaire du corps ; une multitude de perfs fort de cette moelle, comme autant de rayons partis d'un centre • (..) .Afdlus, 200 COLLECTION commun, Se fe cliftnbiiant dans tout le corps du ver, portent ie fentî- SwAMMERDAM- !"£"* ^ ^^ mouvement à toutes les parties mufculcufes. La même diftri- HisToiRE D£s bution des nerfs a lieu auiîî dans le ver à foie; mais la moelle épinicre IhSicrEj. règne dans toute la longueur du corps de celui-ci, au lieu que dans le ver du fcarabée nionocéros elle eft tort courte ôc les nerfs wès longs : je l'ai obfervée dans un autre ver de même efpece , mais plus petit , que j'avois nourri depuis le moment où il ctoit éclos : comme ce ver avoit le corps raccourci & contraclé , la moelle s'énfonçoit plus profondément dans le ventre & cependant on la voyoit très-diftinflement. Le cerveau (ï, de ces vers litué c'.ans la tête, cil compofé de deux hé- mlfpheres qui fe réunifient en un ù\\\ corps ; fa partie antérieure jette quatre petits nerfs ; enfuite le cerveau produit deux gros nerfs i> , im de chaque côté ; ces nerfs laifient entre eux un intervalle confidérable & le rcuniffant un peu plus bas, forment le corps de la moelle épiniere. Cette moelle c paroît diviiée en quatorze ganglions , dont les trois der- niers femblent ne faire qu'un feiil globule plus arrondi. Enfin , une multitude de nerfs ddd fortent de la moolle avec ordre S< fymmétrie. Il faut remarquer que l'œfophage pafle dans l'intervalle que laiffent entr'eux les deux gros nerfs l> , qui partent féparément du cerveau pour former enfuite la moelle épiniere , moyennant quoi la moelle occupe tou- jours le milieu du corps , ce qui feroit impoflible fi l'œfophage ne paf- foit à travers ; car t'eilomac &c l'œfophage étant fitués dans le ventre &C dans le cou , & le cerveau dans la tête , il faudroit que la moelle fût rejettée fur l'un des côtés de l'œfophage, ou qu'elle fe contournât autour , fi elle ne s'ouvroit pas pour donner paffage à ce conduit. La moelle du ver à ioie a une ouverture femblable où paffe l'œfophage , quoique Malpighi ne l'indique ni dans la defcription ni dans la figure qu'il y joint. Il ne re- préfcnte aulîl que quelques-uns des globules qui compofent la moelle de ce ver, & fupprime tout le cerveau. Au refte, la moelle du ver du fcara- bée nionocéros île fe fépare en deux branches qu'une feule fois, & cela dès fon origine , mais celle du ver à foie fe fépare & s'ouvre en plufieurs endroits, comme l'a très-bien obfervé Malpighi. De plus, on voit deux rameaux confidérables des conduits pulmonaires ou trachées ; ces ra- meaux qu'il eft aifé de reconnoître à leur couleur argentée & qui appro- che de celle de la nacre de perle, ferpentent fur la moelle du ver que je décris , & leurs ramifications accompagnent celles des nerfs jufques dans leurs divifions les plus fines ; ce qui a lieu encore dans le ver à foie : enfin, toute la différence qui fe trouve entre ces deux vers, par rapport au fyftème nerveux, eft dans le corps de la moelle épiniere; car le cer- veau & les nerfs font tout-à-fait femblablcs dans l'un & dans l'autre. Parmi ces nerfs, celui qu'on nomme récurrent, mérite une attention particulière ; car il a dans ces deux vers le même ufage que dans les grands animaux & dans l'homme même, oii il icmble propre à l'eftomac & aux parties adjacentes. Pour bien entendre ceci, il faut fe rappeller ce que je viens de dire, que l'œfophage en allant de la bouche à l'ef- tomac, paffe à travers les deux branches de la moelle qui s'ouvre en cet endroit ; de forte que le cerveau fe trouve pofé mollement fur Tœfophage ACADÉMIQUE. loi & y eft attaché par les nerfs qu'il y jette &c par les trachées qui s'y ren- <— ■ dent, & quVnfuite TceCophage & l'cftomac qui en eft la coniin\iation , Swavi fc trouvent à leur tour (ur la moelle épiniere , la couvrent &C lui 1er- H:, h, If, 1,1,3 ^'^- La moelle épiniere compofée de douze noeuds ou ganglions formés chacun par la réunion des deux nerfs de chacune des douze paires que produit le cerveau. c, c Paire de nerfs qui vont aux yeux. (/, d Deux nerfs remarquables qui tirent leur origim: du premier nœud de la moelle épiniere, & qui vont aux mufcles de la tète, des dents & des parties voiiines : ces deux nerfs forment chacun \\\\ nœud e , e à leur partie fupérjeure. / Paire de nerfs très-déliés qui naiffent du cerveau ou de l'origine de la moelle épiniere. g. Les nerfs récurrents en fituation, avec leurs deux nœuds & avec leurs ramifications. h. Paire de nerfs qui fortent du premier nœud de la moelle épiniere , & qui vont aux réfervoirs de la matière de la foie , laquelle eft fembla- ble â de la glu ou à de la colle liquéfiée ; ces nerfs animent peut-être les fibres motrices oui fervent à l'émiffion de la matière de la foie. /',/'. Deux paires de nœuds formes par l'union de deux nerfs qui /or- tent, l'un du cerveau, & l'autre de la moelle épiniere, & qui fe diftri- bucnt principalement dans les mufcles de la tète. .-^ k,k,k,k. Quatre paires de ncrft qui naiffent, non des noeuds, mais du tronc même de la moelle épiniere : je crois que tous les nerfs ont auffi leur véritable origine dans le tronc de la moelle épiniere; & cela paroi: fur-tout dans les nerfs du papillon du ver à foie ; car la fubftance Tom y. Ce MERDAM. R£ DES 101 COLLECTION !^ qui forme le nœud cfl diftérente de celle du tronc de la motlle , Se fem- SwAMMERDAM. blc feulemcnt propre à la Ibutenir & à la fortifier. Histoire des Dans l'homme, dont la moelle épiniere eft aufïï dîvifée en deux troncs Insectes, ^ fa naiffance , les nerfs tirent aufTi leur origine de la fubftance nerveufe de la moelle épiniere qui eil pleine de fibres ; & après s'en être un peu éloignés, ils fe réunifient & forment des ganglions en différents endroits. La même chofe fe voit dans les quadrupèdes ; fi l'on met leur moelle épiniere toute chaude dans de l'eau fraîche , elle s'y durcit , & l'on dit tingue aifément une matière fibreuie , & une autre matière toute diffé- rente. J'ai tiré plufieurs figures de ces objets chez Mathieu Sladus, & je les ai jointes à la moelle épiniere dont Blafius a donné la repréfentation dans le livre de Commelinus : Blafius y a ajouté une defcription fous fon nom , parce que les peHbnnes qui m'aidoient dans ces expériences , ne voulurent point alors qu'il nous citât. j^ Il faut remarquer que dans l'homme & dans les bêtes, la pie-mere qui revêt la llibfiance médullaire , laquelle s'échappe de la moelle épiniere par filets très-fins pour former les nerfs , eft appliquée fi exaftement fur ces nerfs , & les ferre fi fort , qu'on ne peut introduire dans fes ramifica- tions les fils de verre les plus fins ; & comme ces paffages fi étroits , font encore embarrafifés par la fubftance médullaire fibreufe , il «"enfint que la matière qui circule dans les nerfs , (^s'il y a une telle matière) efl d'une fub- tilitéinconcevable. Les divers nœuds que forment ces nerfs les empêchent de fe déplacer & de fe mêler : ils font d'ailleurs retenus chacun à leur naiflance par une troifieme tunique du cerveau , qu'on nomme arachnoïde , à caule de Ion extrême finefiTe. Dans la grenouille , la raie & d'autres animaux , lorfque des nerfs ont été coupés & font féparés de la moelle épiniere depuis quelques heures, & que les mufcles ont abfolument perdu le mouvement , on peut le leur rendre , & j'en ai fait l'épreuve , en irritant des nerfs coupés, /, /, /, /, Quelques anailomofcs des nerfs. m, m, OT, &c. Le relie des nerfs qui tirent leur origine de la partie in- férieure de la moelle épiniere. n,n, n, tfc. Endroits où la moelle épiniere s'ouvre moins que dans les trois premiers intervalles entre les nœuds voifins du premier ftig- mate, ;. 2. j. &c. Les neuf ftigmates qui fervent ici à faire voir la pofition de la moelle épiniere , relativement aux anneaux du corps. o Endroit où la moelle épiniere efi: repréfentée un peu plus ouverte qu'elle ne l'eft; naturellement, & cela pour faire mieux voir les nerfs /,/. Le refle de la figure reprèfentt les parties de la ghzération du papillon du. ver-a-joie mâle . p, p La dernière & la plus grande paire de nerfs que produit la moelle épiniere : ces deux nerfs font percés d'un trou s ,s par où paffent les vait féaux déférents r, r. Je laiffe à décider {i cette conformation ne rend pas plus vif & plus exquis le fentiment des parties de la génération, & le plaifir de raccouplement. ACADÉMIQUE. 103 y, q Tefticulcs du papillon, &c qui étoicnt déjà formés dans le ver. — ^»— — e Proftatc ou partie analogue à cette glande. Swammerdam. u,u, Véficulcs féminales qui tburniffent la femence par deux conduits, Histoire des & qui ne communiquent point avec les vaiffeaux déférents r , r. Insectes, X, X. Corps de la verge, qui eft un tuyau par oîi paffe la liqueur féminale. y, y. Deux ongles ou crochets placés aux environs de la partie écail- leufe de la verge ; le papillon mâle s'en fert pour fc cramponner à la vul- ve de la femelle dans l'accouplement : la même chofe a lieu dans beaucoup d'autres efpccesd'infeftes, notamment dans celles du fcarabée monocéros & de la demoifelle. l , Partie écailleufe & rougeâtre de la verge , qui eft comme un pré- puce, ou plutôt un fourreau d'où l'on voit la verge fortir lorjqu'elle fe dé- ploie au dehors. J'ai trouvé une préparation très-bonne pour conferver ces parties du cerveau & de la moelle dans leur état naturel, leur couleur & leur gran- deur ; car autrement elles fe dctruifent en fe defféchant. J'indiquerai ce procédé lorfque je donnerai au public mes curiofités anatomiques ; en at- tendant j'en ai fait plufieurs effais fur des parties très-petites, & qu'on ne peut trouver qu'avec beaucoup de peine dans les fujets d'où on les tire : moyennant cette préparation , elles fe voient plus diftinftement que dans les corps même des animaux d'où elles font tirées. Avant de reprendre le fil de mon hifloire , j'ajouterai que les poules & les coqs d'Indes mangent ces vers & en font très-friands ; c'eft pour quoi je fuis fort porté à croire ce que Moufet rapporte d'après Pline , qtie dans le Pont &: dans la Phr>'gie les anciens mangeoient ces mêmes vers & les eftimoient comme un mets très-délicat ; peut-être auflî étoit- ce des vers d'une autre eipece &: d'où proviennent les plus grands fcara- bées. Au refte, fi l'on vouloit manger ceux de notre pays , il faudroit les priver de nourriture , jufqu'à ce qu'ils euflènt rendu tous leurs excré- ments. Pour conferver ce ver , je lui fais une petite incifion à la partie pofté- rieure du corps , & j'en exprime par-là tous les vifceres , puis je remplis la cavité du corps avec une injeclion de cire. On peut auffi faire difîou- dre toute la graifle du ver dans de l'huile de térébenthine, & enfuite l'embaumer, fuivant les règles de l'art ; j'expliquerai ailleurs , (i j'en ai le temps , ce procédé qui eft peu connu. + Ce i04 COLLECTION swammeuda.. Histoire dis Insectes. ARTICLE IV. De la transformation de ce ver en nymphe , & du déplacement de fes JligmatiS. LOrfque ces vers touchent au terme de leur transformation , qui en l'année 1673. arriva !e feize d'août; ils s'enfoncent plus avant dans la terre ou dans le tan, cherchant les endroits où ces matières font les phis compaftes , & s'appuyant fortement fur leur anus , ils fe creufent un trou ovale & liffe de toutes parts. Ils fe tiennent immobiles dans ces trous Si y deviennent beaucoup plus petits & plus minces qu'ils n'étoient, foit par l'expulfion de leurs excréments, foit par l'évaporation d'une grande quantité d'humeur ; leur peau fe ride auffi de plus en plus , mais toujours fymmétriquement , & elle perd fa tenfion , fon luilre & fon poli , de Ibrte que ces vers femblent dépérir & fe confumer. Les membres de l'infefte cachés fous cette peau , ne fe manifeftent point au dehors en la gonflant, comme il arrive au ver à foie, & aux vers des abeilles & des autres infedes ; cependant on peut voir ces membres tout formés fous la peau & reconnoître la manière dont fe fait leur ac- croifl'ement. Si l'ondiffeque le ver parvenu à cet état, on voit clairement la divi- fion de fon corps en trois parties , lavoir, la tête , le corcelet & le ventre. L'œfophage a (PI. XIÏL Fi^. II.) conferve fa première forme, mais l'eftomac bb eft fort changé & fort contraûé, de même que fes appen- dices ou dents ccc qui s'oblitèrent prefque entièrement. Les vaifléaux jaunes & variqueux dd font moins adhérents, mais ils ne fe fépnrent pas tout-à-f?.it de l'ellomac ou de l'intellin : on voit leur inlénion à la partie poftérieure de l'eilomac , près du pylore ; & comme ils naifl'ent en cet endroit de quatre tuyaiix diftincls , on pourroit les regarder comme aiuant de cœcum. On peut voir la même chofe dans mon anatomie du ver de l'abeille, où j'ai repréfenté des tuyaux femblables. L'intellin colon / a toujours à-peu-près fa même grandeur , & l'on ap- perçoit plus dillinftement lés cellules ^ \ fous cet inteftin , en arrière , c'ell- à-dire , vers \z reûum h , paroiffent des vaifîeaux il qui fe contournent & font diverfcs finuofités fur l'un & l'autre côté du refiuni. Lorfque le ver eft prêt à fe transformer , il eil très-facile de féparer les trois tuniques qui comi)ofent l'eftomac & de diftinguer leurs libres motrices. Une chofe qui mérite d'être remarquée , c'efl que le ver du frelon , lorfqu'il eft prêt à fe changer en nymphe , rejette à la fois non-feulement tous fes excréments , mais encore la tunique intérieure de fon intellin , ou plutôt de fon eftomac, dans laquelle fes excrém.ents font renfermés. ïl en eft doiTC de ces vers comme des fétus humains , en ce qu'ils con- fcfvent jufqu'à leur naiflance tous leurs excréments ramafles dans leurs ACADÉMIQUE. ^ ^ :o< inteftins. J'aî obfervt la mcmc chofo dans des fctiis Je vache , 3c ce qui eft fort fingiilicr, j'ai trouve parmi les excréments de ces fétus, des poils Sv/ammerdam. Icmblables à ceux qu'ils avoient fur le corps Si autour de la bouche; ce Histoipe des qui me paroît prouver évidemment que ces animaux renfermes dans la Inssctes. matrice de la mère , fe lèchent 6c avalent avec leur aliment ces poils que j'ai trouvés parmi leurs excréments : cela prouve encore incontefta- blcment , que l'humeur dans laquelle nagent ces fétus , &C qui fc trouve auffi dans leur eflomac , cil réellement leur nourriture. Dans la partie fupérieure des intellins , ces excréments font blanchâtres ; lui peu plus bas ils tirent furie jaune; plus bas encore, ils deviennent d'un jaune ver- dâtre , &c ù l'extrémité de l'intelîin ils font fort bruns. Au relie , on -trouve dans tous les vers de frelons des excréments de même forme & de même matière , ce qui fait voir qu'ils font tous nourris d'une même pâture , f ivQir , de petites cantharides : on voit même dans ces excréments des efpeces de paillettes brillantes & dorées , qui font des parcelles des yeux , des pieds & des fourreaux des ailes de ces cantharides ; d'oii il paroît encore que les frelons, de même que les oifeaux de proie, ont foin de leurs petits. Après avoir vu les changements qu'un accroiffcmcnt infenfible produit dans les parties tant intérieures qu'extérieures de ce ver, il faut remar- quer ici que les parties qui ne changent point , &c celles qui font for- mées les dernières fous la peau , font peu à peu diftendiies par l'aftion du fang & des humeurs qui s'y portent ; de forte que le corps fe con- tradlant de plus en plus , tout le l'ang ell pouffé vers les membres anté- rieins , & que le crâne ell forcé enfin à fe fendre en trois parties ; ce qui arrive aulli dans les mues précédentes que fubit ce ver, comme je l'ai déjà dit. La peau s'ouvre auffi fur le milieu du dos & le détache à l'aide du mouvement d'ondulation qu'on voit alors dans les lames annu- laires du dos & de tout le corps ; de forte que les yeux , les antennes , la lèvre & les barbes articulées fe dépouillent & s'étendent en même temps, & qu'étant gonflées par ic fang, les humeurs & l'air qui s'y in- ' troduifent, elles prennent peu à peu une autre litustion que celle qu'el- les avoient dans le ver. Pendant que tout cela fe fait , il fe répand en- tre l'ancienne & la nouvelle peau vme humeur aqueufc qui en facilite la féparation. La première chofe qui paroît dans cette transformation du ver en nym- phe ell la corne du nez a ( PI. XIIL Fig. IIL ) qui dans le ver étoit ca- chée fous le crâne. Au deffbus de cette corne on voit quelques émincn- ces qui en font la baie h ; &c aux côtés de cette bafe fe trouvent deux tu- bercules fphériqucs ce, relies des dents du ver dd (Fig. IV.) car ces dents font beaucoup phis courtes dans la nymphe & dr.ns le fcarabée , que dans le ver. Deux autres paires de tubercules fphériqucs <; e ( Fig. in. ) fc voient fur les côtés de ceux-ci , ils proviennent des antennes du ver// (Fig. IV.) & forment dans la fuite celles du fcarabée. Sur le côté intérieur de chaque paire des tubercules ee (Fig. III. ) il s'en trouve encore une autre f:g d'une forme ovale , qui tire fon origine des barbes articulées du ver h II (Fig. IV.) Se qui fc retrouve, mais fous \ir.c autre foimc, dans le 2o6 COLLECTION ^^ fcarabée. Trois tubercules plus petits paroiffent dans le milieu l (Fig. IIL ) & c font les rcftcs de ces particules ou foies indiquées dans la tête du ver par la Sw AMMERDAM. , , ^„. ,,,x k \ rr J » • ^- ■» r \ ' ■ Hr.ToiRE DES lettre A (big.iV.) Au deflousde toute» ces parties on en voit une Ipnenque Iksectes. beaucoup plus grande / ( Fig. III. ) qui doit former le cou du foarabée & de- venir alors dure & hériflée de poils fur l'un & l'autre côté. Dans fon contour fupérieur , près de la corne , paroît l'os du corcelet m. Un peu plus bas & fous le corcelet on voit la première paire de jambes /. ; avec leurs ar- ticulations; la féconde paire 2.2. ell placée au deilbus de celle-ci , Sc cnfuite fur les deux côtés les fourreaux écaiUeux des ailes nn , fous lefquelles pouffe une petite portion des ailes mêmes 00. qui étoient ref- ferrées & toutes plilTees fous la peau du ver , mais qui ont été peu à peu étendues par le fang & l'air qui s'y f§nt portés. Enfin , la dernière paire de jambes 3 . 3 eft placée & prefque cachée fous les ailes. Toutes ces jambes & leurs articulations font étendues & roides à -caufe de l'a- bondance des humeurs & de l'air qui les gonflent , & elles reftent ainfi immobiles dans cette fituation, jufqu'à la transformation de la nym- phe en fcarabée. Enfin , on voit fous la dernière paire de jambes les an- neaux de l'abdomen /"P, dépouillés de leur peau, & l'extrémité de l'a- nus q , par où la dépouille du reftum eft fortie , comme celle de l'œfophage a été rejettée par l'orifice fupérieur du canal alimentaire. Le bord de l'a- nus eft dlvifé en deux pièces qui ont la forme de petits boucliers ob- longs. Quant aux yeux ils font affez apparents dans la nymphe , mais ils ne peuvent paroître dans la figure que j'en donne, parce qu'ils font trop enfoncés derrière les antennes. Toutes les parties extérieures de ce ver font alors privées de mouve- ment , comme quand il étoit renfermé dans l'œuf, de forte qu'il re- tombe pour ainfi dire une féconde fois dans l'état de fétus : cependimt comme l'extrémité de l'abdomen eft de toutes les parties celle qui chan- ge le moins , il y 'a encore dans la queue ou dans les derniers anneaux de l'abdomen un refte de mouvement , au moyen duquel la nymphe peut changer de fituation dans fon trou. La chryfalide du ver à foie renfermée dans fa coque, a la même facidté. Il n'y a rien de plus digne d'attention dans ce développement & ce changement de forme , que ce qui arrive aux ftigmates. En effet , quoi- que les neuf ftigmates placés fur chaque côté du corps du. ver quittent leur dépouille , il n'y a cependant que les cinq prcnùeres paires dont on puiffe dire proprement qu'ils changent de peau ; car quoique les quatre autres en changent aufli , ils perdent leur première forme dans cette opéra- tion , le fixieme , le feptieme & le huitième fe refferrant beaucoup , & le dernier fe fermant entièrement. Dans le même temps où le ver fe change en nymphe, les dépouilles des trachées- fortent par ces dix-huit ftigmates , fous la forme de dix-huit cordons qui paroiffent fimples, mais qui font réellement compofés cha- am de plufieurs trachées , lefquelles fe réuuiffent ainfi en un iéul cordon ou faifceau , à caufe de la preffion qu'elles ont éprouvée en paffani par rorifice étroit du ftigmate. ACADÉMIQUE. 107 Pour rendre tout ceci plus clair, j'ajortc la rcpréfcntation de la mu- nie nymphe couchée ûir le ventre (Fig. V.) de (orte qu'on voit fur ion Swammerdam. dos les anneaux du corps & les rtigmates dans leur polition rel'pecHve , Histoire des comme je les repréientcrai aufTi dans le (carabce. Insectes. On voit d'abord la corne /. qui tient au premier anneau, lequel for- me la tète. Sur le fécond anneau 2. le trouve la première paire de ftig- mates; ils font placés dans le corcelet fous les pieds antérieurs , de forte qu'on ne peut les voir fans tuer la nymphe. Il n'y a point de ftigmates fur les troilicme & quatrième anneaux 3 , 4 aufquels les ailes & leurs fourreaux écailleux font attachés ; dans la nymphe ces deux anneaux fe ' réunifl'ent & n'en font plus qu'un , lequel conlHtiie la partie poflérieure du corcelet ou le dos. Entre ces anneaux on voit , lorfqu'ils quittent leur dé- pouille , fortir deux de ces cordons ou faifceaux de trachées dont j'ai parlé en décrivant la mue du ver ; mais ces orifices fe referment dans la nymphe & difparoiflent entièrement , lorlqu'en quittant fa dernière dé- pouille elle fe change en karabée. La féconde paire de ftigmates eu. pla- cée fur le cinquième anneau 5 , mais ne s'y voit pas bien diftindement, étant cachée fous les ailes : il faut remarquer ici que dans la nymphe ce fécond ftlgmate s'éloigne du premier & fe retire vers les parties pof- térieures beaucoup plus que dans le ver. Sur le fixieme anneau paroît à l'extérieur & très-diftinftement aux bords de l'abdomen de la nymphe la troifieme paire de ftigmates. La quatrième & la cinquième paire font fur lesfeptieme & huitième anneaux. Lafixieme & la feptieme paire de ftigma- tes font fituées fur les neuvième & dixième anneaux,leurs ouvertures font fort reflerrées. Enfin, la huitième & la neuvième paire de ftigmates font placées comme dans le ver fur les onzième , douzième & treizième anneaux , lefqucls femblent n'en former qu'un feul à eux trois : les ftigmates de la huitième paire ont leur orifice fort refferré , & ceux de la neuvième paire difparoiflent entièrement. Pour le quatorzième anneau , il ne pa- roît point dans la nymphe ainfi couchée fur le ventre, mais on le voit très-bien fur la face cppofèe , où il eft comme divilé en deux pièces ovales &C femblables à de petits boucliers oblongs. Tant de changements font paroître cette nymphe un animal nouveau , quoique ce foit en effet le même qui étoit caché auparavant fous la peau du ver. Le ver ainfi devenu nymphe par l'accroifTement de fes membres , & , débarrafl'é de fa dépouille ," la tord & la comprime fortement par les mou- vements de l'anus , de forte qu'elle eft repouflTée vers les parties pofté- rieures fous l'abdomen. Alors la nymphe eft toute blanche , f: ce n'eft ^u'il le trouve fur les cinquième , fixieme , huitième, neuvième & dixième anneaux du dos , quelques petits corps écailleux qui tirent fur la couleur brune ; on voit de fem.blables corps fur les deux pièces ovales ou petits boucliers oblongs qui compofent le dernier anneau , fur la tète &: iur les jambes. A cela près , la nymphe ell molle & flexible , &C comme elle eft •fort accourcie , elle eft aufli beaucoup plus grofle ; à caule du fang & de l'air qui gonflent Se diflendent fes jambes , fes ailes & les autres parties •oifincs de 1.1 tète. En l'examinant de plus près , on apperçolt des rami- Ticatlons de trachées , non-feidemcnt dans fes jambes , mais encore dans rBmskj.ixjaBLix~3taK loS COLLECTION fes ailes , dans leurs fourreaux ccnillcux & jul'ques dans la fubftance écail- SwAMMERDAM. leulc qui fortifie le corcelet. Histoire dis Cette nymphe reffenible alors au fétus récemment tiré de la matrice, Insictes. encore renfermé dans fes enveloppes, & qui ne peut ibutenir un frotte- ment un peu fort. On peut le comparer encore à l'embryon nouvelle- ment conçu, qui peut («fo-o/z) recevoir de l'imagination de la mcre di- verfes impreflions qui altèrent fa forme. En effet, toutes les impreffions que reçoit notre nymphe dans ces premiers temps , fe retrouvent dans le fcarabée adulte ; d-e forte que fi l'on courbe & fi l'on tord, de quel- que manière que ce foit , la corne , les jambes ou quelqu'autre partie de la nymphe , ces parties reftent dans l'état où on les a miles & confer- vent les mêmes difformités dans le fcarabée. Cette nymphe a donc dans fon état d'immobilité & fous les enveloppes dont elle doit fe dépouiller, tous les membres dont le fcarabée fera ufage dans la iuite pour mar- cher, pour voler & pour prendre fa nourriture, & je ne crois pas que dans toutes les transformations que iubiffent les divers infeftes , il y ait rien de plus remarquable. La nymphe du cerf volant olfriroit fans doute des obfervations tout aufîi intéreffantcs , èc peut-être plus finguiieres encore. Je connois auffi une chryfallde fort finguliere & fort rare , c'eft celle d'un certain papillon qui vole plus rapidement que tous les autres, & que .T. Bauhin a décrit en 1590. avec phifieurs autres infeftes fous le titre de mouches, ou papillons non vulgaires. Aldrovande a donné à-peu-près la fi- gure de cette chryfalide. (^) Moufot (è) décrit la plus petite efpece de ces papillons, qu'il nomme avec railbn les plus vîtes de tous : en effet , le vol de l'hirondelle n'eft pas plus rapide qi'.e celui de ces papillons , &; ce qu'ils ont encore de particulier, c'efl qu'ils prennent leur nourriture en volant , ce qui leur elt commua avec les hirondelles & la demoiielle de Moufet. Au contraire, certaines mouches,. & entr'autres la mouche-loup, s'arrêtent pour manger leur proie. De même donc que l'hirondelle mange en volant, ces papillons planent autour des fleurs, mais d'un mouvement fi doux, li régulier , fi uniforme, qu'on ne s'en appcrçoit point, & qu'ils femblent immobiles & fufpencus dans les airs. Pendant ce temps, ils dé- ploient une trompe fort déhée , longue de quatre pouces & compofée de deux tuyaux, au moyen defquels ils tirent le fuc des fleurs, après quoi" ils roulent cette trompe, & la retirent fi preftement entre deux barbes qu'ils ont fituées fous les yeux , que pour l'appercevoir, il faut être fort exercé à obferver ces fortes d'infeftes. Comme cette efpece eft fort rare, je repréfente le panillon (PI. XIII. Fig. VI.) la chryfalide (Fig..VII. ) Sc le ver (Fig. VIII.y Puifoue j'ai fait mention de la manière dont ce papillon prend fa nourriture, j'ajouterai ici encore une obiérvation de même genre fur- la manière dont fe nourrit un autre infeâe qui vit dans l'eau , & que je (rt^) LU. n. cap. de Chryf. tab, VII. Fi^. L (o) Pa^. 10}. le c'ed papilioferaix de c^uelques-uns. J^, ci-deffus pag. 185. & le ton^Pl frécédçîit, jTag; i\%^' ' ' ' •■' ' nomm? ACADÉMIQUE. 109 nomme ver affaffin. (a) Cet infecte eft proprement un ver aquatique , — ^^ compofé de treize anneaux , y compris !a tête & la queue (PI. XI\'. Sw ammîrdam. Fig. I.) La tête de ce ver eft grande , il a fix pieds velus a, a, outre Histoire d£» deux appendices auffi hériiTces de poils b qui terminent fa queue , & dont Insectis. il fe fert comme de gouvernail pour diriger fes mouvements en nageant : ij fe fuipund aulTi à la lurface de l'eau, par le moyen de ces appendices; car quand il drefle fa queue au delîus de l'eau , on voit ce fluide en dé- couler de tous côtés , & l'animal refte fufpendu à la fuperficie. Dans fa tête fe trouvent deux dents ou mâchoires ce grandes, aiguës, recour- bées &: très-fortes; c'eft fans doute l'infertion de leurs mufclcs qui rend la tête fi grande. Ce ver a fix yeux de chaque côté d d ; mais on n'en voit que huit en tout dans la figure. Enfin , il a fix foies ou barbes arti- culées , dont quatre eece font placées entre les dents & au deffous , les deux autres //qu'on peut regarder comme des antennes, font des deux côtés de la partie inférieure de la tête. Cet animal eft cruflacée & refl'emble fort aux fquilles ; il a de chaque côté du corps fix fiigmates g placés dans les anneaux de l'abdomen , &: deux autres au defious , près des pieds antérieurs. On en voit la figure parmi les miniatures de Georges Hoefnagel. (*) Moufet l'a auflî décrit (c) & en a donné à-peu-près la figure. Ce ver ne (é nourrit que d'infeftes aqua- tiques, comme les griottes ou agrouelles , (jï) les limas & plufieurs autres ; il faifit fa proie avec fes deux dents ou mâchoires , & il la perce avec deux pointes recourbées , dont font armées ces mêmes dents qui font creufes & dont la cavité aboutit dans la bouche; comme elles ont un peu de tranfparence , de même que le corps du ver, on voit le fang qu'il fuce monter dans fa bouche par la cavité des dents & defcendre de la bouche vers l'eftomac, fur- tout lorfque ce fang efl rouge; & c'elt une chofe affez cu- rieufe de hii voir fucer tranquillement le fang d'un ver de terre fans lâcher prife, quoique le ver s'agite, fe contra£le & fe contourne en dif- férentes manières. J'ai donné à un de ces vers un petit morceau d'un ver de monocéros que je dllTéquois , & je vis monter dans la cavité de ies dents , de petites bulles d'air avec le fang qu'il liiçoit. Ce ver voit très-bien dans l'eau , moyennant douze yeux noirs , un peu diflants les uns des autres, immobiles & fitués tout différemment de ceux des cra- bes, des écrevifles & des fquilles, lefquels font mobiles. Dès qu'il ap- perçoit fa proie, il nage nu côté où elle eft, & s'en faifit : ce ver dif- fère des infe<9es terrefires à l'intérieur , en ce que la trachée artère a moins de ramifications ; mais aufiî elles font un peu plus amples &: plus ouver- tes : leur firudure eft plus membraneufe & moins ferme, & leur cou- leur un peu plus chargée.. Le cœur eft fitué dans le dos. La moelle épi- niere qui fe trouve dans l'abdomen , eft compofée de ganglions comme celle du ver à foie , ou plutôt comme celle du ver du monocéros ; car fes (lî) Verm'S fcar'ms. (t) Première pirrie, pag. r, (c) Infeft. Thuit. cap. 37. \d') Scophulcz, Tom. K D à mxiia ' WMM Tgtgwwi 1,0 COLLECTION iïant;lion5 font fort près les uns des autres. Dans les endroits où les nerfs S-.vAMMERDAM. iiaiffcnt âc CCS ganglions , la moelle épiniere rcflemble affez à ces colliers Histoire des "de corail, dont chaque grain cil traverfé par un double fil. Insectes, Les autres parties internes font l'ertomac & les inteftlns , dont la cou- leur eft mêlée de blanc & de gris foncé , cette couleur eft produite par les matières qui fe trouvent dans le canal alimentaire. Les vaifleaux que Malpighi a appelles jaunes & variqueux dans d'autres infeûes , font dans celui-ci d'une covileur pourprée; quelques-uns de ces vaifleaux font blancs vers le bas Si fcmés de ])oi.its couleur de pourpre. En examinant au microfcope la dent de ce ver , on voit que fon fom- mct fe termine par une pointe aiguë & un peu recourbée a (PI. XÎV. Fig. II.) je l'avois coupée dans fon milieu, & fa coupe qui étoit perpendiculaire à l'axe , préfentoit une arrête (iiillante b qui fe rabattoit en forme de toit fur les deux côtés,la face fupérieure & extérieure de cette dent c étoit con- vexe. Près de l'extrémité antérieure efl: une longue fente, entourée de poils fins & noirâtres ; c'eft par oîi l'animal fuce l'humeur dont il fe nourrit. 11 eft probable que ce ver fe change en grand fcarabée aquatique , & vient fe transformer fur la terre féche après s'être nourri dans l'eau , & y avoir pris tout fon accroiffement : mais ceci n'eft qu'une conjeâure. La mouche chevj/.ine ( ^ ) fe nourrit d'une autre manière ; car elle a tout à la fois une trompe & un aiguillon. Quant au taon & à fon ver , qui refpire par l'anus & qui porte lès pieds attachés .\ fa bouche près des mâchoires, j'en parlerai dans le quatrième ordre , auquel cet infede appar- tient. Mais laiflbns ces digreflions & reprenons la defcrJption de la nymphe du monocéros. BKM^JgmiKfUgffiB^gB ARTICLE V. Dijjiclion de la nymphe du monociros & fa transformation en fcarabée. Près avoir donné une idée de la nymphe du monocéros & fait voir comment elle fe forme du ver, la defcription des parties internes de cette nymphe répandra fans doute beaucoup de lumière fur fcs change- ments uhérieurs & fur fa transformation en fcarabée, c'eft-ù-dire , fur Ion paffage de cet état d'immobilité à celui d'un animal parfait , adulte & ca- pable de fe reproduire. La première choie qui s'offre à obferver , c'eft la quantité de fang & d'hu- meurs furabondantes qui gonflent les membres our peu qu'on les dérange, on les bleflé &c même on les rompt. La corne qui fe trouve à la partie antérieure de la tête du mâle , eu auffi très-molle, ou plutôt fluide dans la nymphe, quoiqu'elle acquierre dans la fuite une telle dureté, que félon Moufet, on pourroit l'aiauifcr fur la meule comme on aiguife Tacier. Ayant difTéqué plufieurs de ces nymphes , lorfqu 'elles étoient un peu plus avancées , je trouvai la corne pleine d'une matière gélatineufe , qui lorlque l'animal refpiroit , fortoit par l'ouverture que j'avois faite, de même que le poumon de l'homme fort quand le côté du thorax cfl ou- vert. Les yeux étoient déjà un peu plus fermes , mais encore pleins d'humeurs. Je trouvai dans l'articulation des ailes & de leurs fourreaux écailleux, quelques-uns de ces poux qui s'attachent à cet animal , foit dans l'état de ver, fbit dins celui de fcarabée; car prefque toutes les efpcces d'inleclefr ont des poux qui leur font propres & qui différent les uns des autres par la figure. Les membranes des ailes étoient beaucoup plus épaifles dans les en- droits oîi Ils ailes étoient à découvert, que dans ceux où ces mêmes ai- les étoierrt recouvertes de leurs fourreaux. Lorfque je féparois du corcelet les jambes de la nymphe, leur peau ex- térieure fe détachoit, comme un bas fe lépare d'une jambe qu'on dc- chaulTe , & cette peau avoit la forme d'une gaîne roide ou d'une efpece de bottine : des trachées aboutiffoient jufques dans cette peau extérieure des pieds , mais j'en parlerai bientôt plus ;:mplcmcnt. Les intelVms avoient une autre rtrucfure & faifbicnt plus de fmuofités que dans le ver , & l'eftoniac étoit réduit à la p/ofTcur d'un petit intcf- tui , chaneements qui doivent nscefTairemcnt arriver , puifque le corps de Ddi m COLLECTION rniiinial eft alors fort nccoiirci. Comme l'eftomac fc trouve extrcmement SwAMMEROAM. rcii'crré, les parties mulculeufes doivent fubir de grands changements, aufli Histoire des tout le condiHt inteftinal & l'eftomac même eft diffous ôc réduit en une f!, SECTES, elpece de mncofité. Les vaifleaux pulmonaires n'avoient changé ni de forme , ni de po- fuion. Tout l'abdomen ctoit plein d'une matière calcaire ou farineufe , qui oifufquoit les yeux lorfqu'on y touchoit. En examinant attentivement cette matière , je reconnus que c'étoient les détriments des facs de la graiffe qui fe déconipofent peu à peu, & fe confument enfin entièrement, de forte qu'il n'en refte aucun veftige dans le fcarabée ; & non - feulement la grailfc fe détruit , mais il en eft de même des petites membranes auf- quellcs elle eft adhérente. On voit alors dans cette matière quelques par- ticules plus blanches, aufquelles femblent tendre beaucoup de trachées; ce qui m'a fait conjeftiuer que ces particules pouvoient être les ébau- ches des véficules d'air, qui font fort nombreufes dans le fcarabée ; mais peut-être ces véficules ne font-elles que les dilatations des trachées , ce que je ne puis décider. Quoiqu'il en foit , ces particules font fi friables, qu'el- les fe réduifent en poudre , pour peu qu'on les touche, & forment un petit nuage blanc qui empêche qu'on ne diftingue bien les parties voifî- nes , de Ibrte qu'il faut fans ceffe laver avec de l'eau le ventre de la nym- phe : fans ces obftacles , j'y aurois pu obferver beaucoup d'autres cho- ies. Les parties contenues dans le corcelet étoient plus folides ; les fibres mufculeufes des pieds & des ailes avoient une confiftance un peu plus ferme que celle du blanc d'œuf qui commence à fe prendre : tout le refte étoit d'une extrême niollefie. Je trouvai beaucoup d'eau entre la peau externe & la peau interne , mais il y eut des endroits où je ne pus les féparer l'une de l'autre. Les membres de la nymphe s 'étant fortifiés de plus en plus , on s'ap- perçoit dans les jours qui précèdent immédiatement fa transformation , que l'infefte remue fes jambes fous la peau qui les recouvre & qu'il haufle & baifl'e les ongles ou crochets dont les pieds font armés. J'ai vu la même chofe à travers la peau des chryfalides des vers-à-foie qui approchoient du terme de leur transformation. Si l'on enlevé alors la peau extérieure des jambes, on trouve très-peu d'eau fous cette enveloppe : on voit auffi que la fubftance qui forme les phalanges des pieds eft dure , revêtue de poils , en un mot , que ces pieds font parfaitement formés. Je ne fais pas combien ces inléftes emploient de temps à leur tranf. formation ; car j'ai négligé d'en retenir une note, quoique j'aie vu plus de cinquante de ces nymphes fe changer en fcarabées. Je fais feulement qu'il s'en trouve qui reftent tout l'hiver dans l'état de nymphe ; cela ar- rive fiir-tout quand ils quittent la dépouille de ver en automne, & que le froid furvient tout à coup ; dans ce cas il paflent plufieurs mois fans manger, & il feroit impoflîble qu'ils prifient aucun aliment, à caufe de la molefle & de la débilité de tous leurs membres. Lorfque le terme de la transformation eft proche , on s'apperçoit que les parties mufculeufes de la nymphe acquièrent par degrés la force né- ACADÉMIQUE. ai; ccfTaire pour dépouiller cette dcrnicrc peau. Cette mue de la nymphe le ^■^"^'^^** fut de la même manière que celle du ver décrite ci-defl"us ; & l'on voit Swammerdam. de même dans cette dernière pellicule qui cft extrêmement déliée , les Histoire des dépouilles des trachées , Icfqiielles ic l'ont comme dédoublées. Ces dépouil- Insectes. les font dirtriliuées en vingt t'ailceaux ou cordons, &C non pas en dix-huit feulement, comme je l'ai déjà remarqué. Alors tous les membres, ôi fur- tout les ailes & leurs fourreaux écail- leux s'étendent &c fe déploient par l'effort de l'air, du fang & des hu- meurs qui s'y introduifent en ("e dillribuant dans les artères & les trachées. Les ailes ont alors la moUefl'c du pnpier mouillé, le fang en diftille, pour peu qu'on les bleffe ; mais quand elles ont acquis toute leur fer- meté , qui cil confidérable , liir-tout dans les fourreaux , ces vaillcaux fc ferment & fe confolident tellement qu'il n'en fort plus aucune liqueur, quelques blediires qu'on fafle à ces parties ; le grand nombre de vail- feaux fanguins & de trachées que j'y ai obfcTvés , me porte à croire qu'el- les en font prefque entièrement compolécs , & qu'elles doivent être regar- dées comme des tiffus vafculeux. Par la même raifon, je crois que les membranes & la peau des au- tres animaux, iont auïïl des tiifus vafculeux entièrement compolés de nerfs, d'artères, de veines, de vaifTeaux lymphatiques &C autres fem- blables : on diftingue même une infinité de vaifTeaux dans le tifTu de la peau & jufques dans la fubllancc ofTeufe des fétus tant de l'efpece hu- maine que des quadrupèdes. Il féroit trop long d'ajouter ici le détail des changements qui fe font dans les ailes memhraneufes des papillons. Se de faire voir comment la nature opère à découvert , & combien fes opérations font intcrelTantes lorfqu'elle travaille à la formation de ces petits animaux. ARTICLE VI. Parties internes & externes du monoccros mâle & femelle. LA nymphe que j'ai décrite s'ctant débarrafTée de fa dépouille, paroît fous la forme de icarabée. On diftingue le m;lle de la femelle dans l'état même de nymphe à un figne extérieur & certain; c'eft la corne proéminente que portent les maies fur la partie antérieure de la tête , & qui manque aux femelles. D'ailleurs, le fcarabée mâle a le corps plus petit que la femelle , il a encore deux antennes plus longues terminées p^r un bouton , qui lorlque l'animal vole , s'épanouit en plufieurs feuillets qu'on peut comparer aux feuillets d'un livre. Mais avant de m'arrêter aux par- tics propres & caraâériftiques de chaque fexe , je décrirai d'abord les parties qui font communes au mfde & à la femelle. Les parties communes à l'un & à l'autre fexe font les ftigmatcs ou ori- fices extérieurs de la refj>iration , les yeux, le cerveau, les trachées, les vificides pneumatiques , le cccur. La corne & les orgincs maitulir.s de 114 COLLECTION »■— ■—iiM la ^(incration caraûérilent le mâle, & l'ovaire efl propre ii )a femelle, S'.vAMMLRDAMi J'indiqucral le tout par ordre ; mais je m'abiliendrai de décrire fcrupiileU' llisToiiiE Di s i'ement chaque partie intérieure ou extérieure & d'entrer dans des détails iNiiCThs. hifloriques lur les mœurs , le naturel &c la manière de vivre de cet ani- mai, liu" fa manière de voler, le bruit que font fes ailes, les aliments dont il fe nourrit , la durée de fa vie , enfin , fur fes qualités utiles ou Buifiblcs ; car il me refte encore beaucoup à découvrir fur toutes ces choies, &C d'ailleurs je me fcns fatigué des peines que j'ai prifes pour o'oferver, defiiner li<. décrire ce que je donne ici ; toutes opérations qui demandent un homme tout entier , &C qui m'ont pris beaucoup de temps. Entre toutes les parties extérieures du fcarabée, les itigmates méritent une attention particulière : je me contenterai d'en décrire &C d'en repré- lenter l'un des ran2;s; car c'eft la même chofe des deux côtés, tant pour la ftrufture que pour la pofitlon. Les lligmates du fçari'.bée font fort dif- férents de ce qu'ils étoient dans le ver; ils femblent jettes au hnzard & fans ordre , les uns plus hauts , les autres plus bas , & ne font rien moins que parallèles les uns à l'égard des autres ; d'ailleurs , ils font plus ovales , plus enfoncés , plus creux dans le fcarabée que dans le ver ; en- fin, les tuyaux qu'ils dlftribuent au dedans du corps font aufli plus am- ples & plus ouvens : cette dernière dJiFércnce peut être attribuée à celle du çenre de vie du monocéros dans ces deux états : dans l'un il rampe fous la poufTiere, dans l'autre il fend les airs. Le premier ftigmate a (PI. XIIL Fig. IX.) efl placé dans la cavité du fécond anneau du corps , ou de l'os du corcelet , & on ne le voit qu'après avoir enlevé cet os. Le fécond i> ell un peu plus éloigné du premier , plus en- foncé vers les parties inférieures que dans le ver. Il fe trouve lur les cô- tés du cinquième anneau , & par conféquent fous les ailes , & il efi: dans une fituation inclmée à l'égard du premier. Le troilieme c ell placé iur le fixieme anneau en fuivant le contour du bord de l'abdomen ; il eft encore plus enfoncé que le fécond ftigmate , & il en eft plus près , que celui-ci ne l'eft du premier. Le c^uatrieme d plus enfoncé ôc plus près du précédent, fe trouve fur le feptieme anneau, Si le cinquième e fur le huitième anneau , encore phis enfoncé. Ces cinq premiers lligmates qui font dix en tout, puifqu'ils font en même nombre lur les deux côtés du corps, (ont les principaux pafTages de l'air; car des huit autres qui paroiiroient dans le ver , les uns font fort reiicrrés , & les autres entière- ment fermés à caule de l'accoiircifiement du corps. Les dix ftigmates for.t couverts par les fourreaux écailleux des ailes , excepté quand le fcarabée vole ; car alors ces fourreaux fe tiennent drefiés & immobiles , de forte que les fligniates étant découverts , l'animal attire l'air plus aiiément &: en remplit fes véficulcs pneumatiques; ce qui le rend plus léger & lui donne plus de facilité à le fouîenir dans les airs. Les fwcme, feptienie & huitième ftigmates f, g, h, qui régnent fur les côtés des neuvième, dixième, & onzième anneaux, lont fort reflerrés êf moins marqués que ks précédents. Comme l'abdomen s'étrécit & fe ter- mine en pointe, les douiicme, treizième & ctuatorzieme anneaux font fort coauraclés & fort diminués;, de forte. que le neuvième iligmate /' qui s'y I ACADÉMIQUE. 115 troiivolt fur chaque côte du corps ert entièrement oblitéré ; comme on l'a 2 vu dans la ddcription & dans la figure de la nymphe : la Figure IX. ( PI. Swammerdam. XHI. ) repréfcntc tous ces lligmatcs dans leur polition relpeilive. Histoire uls Les yeux ("ont aulTi des parties tres-rcmarquables dans le icarubée ; ils dif- I^e<^t"' fcrent de ceux du ver, tant par la grandeur que par le nombre &C la figure: il y en a un fiir chaque coté de la tête, &c cet œil ell un aflbmblage de pluficurs petits yeux ou globules, qui tous enlcmble forment une ef- pece de réieau hexagonal ; ce réCeau conllitue la tunique cornée ; car dans tous les inledes que je connois la tunique extérieure de l'œil eft d'une lii!)ftance écailleuf'e, & qui ell divifée en plulieurs hexagones, dont la fiir- t'ace fiipérieure eli convexe. Mais dans l'œil de notre karabée , ces hexa- gones ont moins de convexité que dans les yeux des mouches ou des abeil- les ; &i!s font non-feulement plusapplatis , mais encore plus petits , & tout- à-tait dénués de poil. Les divilions de ces hexagones pénètrent dans tou- te l'épiiiffeur de la cornée &C femblent produites par un réfeau de tra- chées qui y rampent. Sous cette cornée réticulaire le trouve la tuni- que ^ uvée , ou une particule qui lui ell analogue : elle ell de couleur noirâtre & fe trouve contenue dans les cavités des hexagones de la cor- née, en ibrte qu'elle n'occupe que la partie fupcrieure de l'œil, & non pas le fond. Dans l'homme & dans les quadrupèdes, l'uvée s'étend juf- qu'au fond de l'œil, & elle eft percée dans la partie antérieure; mais rien de tout cela n'a lieu dans l'œil du fcarabée : ainfi les rayons de la lu- mière ne peuvent fe raffembler au dedans de cet œil, ils paffent feulement à travers les hexagones convexes de la cornée & s'arrêtent fur l'uvée ; &i quoiqu'il foit probable que les rayons fe ralTemblent en quelque forte en traverfant la cornée , je ne voudrois pas falVurer. Si l'on enlevé l'uvée de la cavité intérieure de la cornée avec de l'eau & un pinceau très-fin , la cornée relie claire & tranfparente. Après l'uvée on trouve une efpece de gelée un peu vil'queufe , qui fe divifc en filaments tres-hns a ( PI.XlV.Fig^ III.) lefquels doivent être re- gardés comme des fibres pyramidales renverfées. Quand on lépare la cor- née de ces filaments, on apperçoit au dedans de l'œil quelqHes points noirâtres , qui font les relies de l'uvée ; car l'uvée fait la liaiibn de ces fibres ]>yramidales avec les cavités de la cornée. Toutes ces fibres abou- tirent dans une tunique aflez épailfe , fibreuié & fort blanche^, dont la lubflance prend .Une couleur plus obfcure d à l'endroit oii elle reçoit le nerf optique c qui en ell féparé dans la figure. Beaucoup de trachées fer- pentent en cet endroit, & attachent fortement le nerf optique h cette tu- nique fibreufe : Se même ces trachées paffent à travers la tunique &C acconioagnant les fibres pyramidales renverfées e , arrivent par des rami- rications très-fubtilès jufqu'à la cornée dont je crois qu'elles produilént les divilions hexagonales : d'oii l'on peut concevoir comment l'œil , lorf- que l'inlecle quitte fa dépouille, acquiert fon accroiJtement , fa forme & h convexité, à l'aide de l'air & du fang qui s'y portent. Les racines des trachées dont je parle , lônt placées Ibus le nerf optique & s'attachent d'abord à la tunique dont il eft revêtu : elles tirent leur origine d'une 2i6 COLLECTION !■ I ■ I "■■ Il I III branche confldérable , adhérente au deffous , & environnée d'autres peti- SwAMMERDAM.t" trachées femblables. Histoire des H faut remarquer ici que les deux yeux paroiflent divifés chacun en Insectes, deux parties //"( PI. XIV. Fig. IV.) comme on le voit par la figure par- ticulière où je repréfente l'œil avec la corne de la tête g. Cette divi- fion efl: produite par deux éminences du crâne qui s'étendent julqu'à la partie fupérieure de l'œil , lequel paroît diviié de même au dedans k , (Fig. III.) car la flrufture interne répond à la forme extérieure. Cepen- dant cette divifion n'eft point imprimée fur le nerf optique , mais les fi- bres pyramidales manquent à l'endroit de cette même divifion. Pour bien voir toutes ces chofes, il faut mettre le cerveau à décou- vert; & pour cela, il ne s'agit que de couper la corne avec un fcalpel aigu, & féparer enfuite le crâne du cerveau i qui eft , comme je l'ai dit en parlant de la moelle épinlere , compolé de deux globes réunis , & qui par conféquent eft divifé en deux parties , fituées l'une à droite &c l'au- tre à gauche , de même que le cerveau de l'homme & des quadrupèdes. Celui de notre fcarabée eft pariemé d'un grand nombre de trachées k, les nerfs optiques qu'il produit, font beaucoup plus gros qu'ils n'étoient dans le ver : ces nerfs & le cerveau font revêtus d'une membrane com- mune affez épaifle & allez forte , que je crois pouvoir nommer dure- mere, par cette raifon : beaucoup de trachées ferpentent dans fontiili!, de forte que quand elle eft féparée du cerveau , elle reffemble au réfeaii admirable. Les nerfs optiques font fort grêles au fortir du cerveau l/;. peu après ils fe dilatent confidérablement mm, puis fe rétreciflent de nouveau nn Se forment enfin un autre renflement en arrivant à l'œil o. Là ces nerfs font revêtus & environnés des parties intérieures de l'œil , qui font autour de leur fommet le même effet à-peu-près que ces bon- nets velus que portent les mariniers ; car je compare à des poils les fi- bres pyramidales qui aboutiffent à la convexité de la tunique blanche 8c fibreuié , qui eft au fond de l'œil. Il faut remarquer ici que ce fcarabée doit mieux voir de nuit que de jour ; le lefteur peut en juger en comparant la ftrutfure de l'œil de cet infefte avec celle de l'œil de l'abeille , dont la vue eft • au contraire plvis perçante pendant le jour. On trouvera que le nerf optique de l'abeille s'approche moins de l'œil , & qu'il eft moins apparent. Au refte , chacun peu en tiner telle conféquence qu'il voudra , il me fufKt d'expofer la vé- rité des faits. Je n'ai jamais obfervé l'œil du grand fcarabée aquatique qui volt dans l'eau & dans l'air; mais j'ai trouvé des fibres pyramidales dans les yeux de Fécrevifle &.du bernard-l'hermite. L'œil des liinas aquatiques a les trois humeurs qui fe trouvent dans l'œil humain, comme je l'ai dit dans la defcription de ces animaux, où l'on voit auffi que leurs yeux font quelquefois multipliés. Mais venons aux conduits pulmonaires ou trachées de .notre. infeûe, les- quelles étoient fimp'.cs dans le ver 6c fe trouvent accompagnées de vc- licules dans le fcarabée. ■"■ " ':" Ces conduits qui dans îe ver refl'emliloient à des branches d'arbres dé- auées de feuilles, repréfentent dans le Icarabée des rameaux chargés de feuilles ,, ACADÉMIQUE. 257 feuilles , avec cette différence que les feuilles d'arbies font minces & pla- tes , au lieu que les vclicules de ces trachées font des eUipfoides creux , Swammindam. & un peu gonflés par l'air qui s'y introduit, aa (PI. XIV. Fig. V. ) Une Histoire des autre diiférence remarquable , c'eft que les extrémités de ces véficulcs qui Insectes. portent iur les trachées comme fur des tiges , jettent des branches latérales hb qui fe dilatant , forment de nouvelles véficules , d'oîi partent encore deS' ramifications femblables avec leurs véficules , & ainfi de fuite , jufqu'à ce que les ramifications des trachées deviennent prefque imperceptibles ians perdre leur forme de tuyaux creux : llrufture qui les rend allez 1cm- blables à certains /«c/^i. (a) Quelquefois une même véficule produit plu- fieurs ramifications ce, ce que je repréfente un peu en grand. Quand l'air s'échappe de ces véficules, elles s'atfaiffent , & leurs parois s'appliquant l'une à l'autre , elles reffcmblent parfaitement à des feuilles d'arbres , au lieu que les tuvaux qui leur fervent de tiges confervent toujours leur forme cylindrique ; car ils reilemblent à des tubes compofés par «les circonvo- lutions d'un fil d'argent qu'on auroit fait tourner en fpirale autour d'un petit cylindre de fer; la fiibftance de ce fil eft dure, tranfparente, argen- tée, ou plutôt de coideur de nacre de perle, & l'on diftingue fes an- neaux ou lès tours de fpirale qui font interrompus en quelques endroits. Ces trachées font tapiffées à l'intérieur de membranes très-fines qui at- tachent leurs anneaux & qui les maintiennent en fituation ; elles font tout-à-fait membraneufes aux endroits où elles forment des véficides erj fe dilatant, & au microfcope on les voit dans ces endroits parfemées de petites bulles ou de petits grains. Les véficules font d'un blanc pfde Se mat, comme la toile d'araignée ou la raoihffure , au lieu que les tra- chées ont, comme nous avons-, dit, le luflre & l'éclat de la nacre. La différence qui fe trouve entre les trachées du ver & celles du fca- rabée , vient des mues qu'elles ont lubies , &: dont j'ai fait mention plus haut. On obferve quelque chofe de femblable dans les trachées du papillon du ver-à-foie : ces conduits ayant quitté plufieurs pellicules internes reffent fort dilatés, mais fans véficules diifinôes. Quoiqu'il en foit, les particules- blanches qui fe trouvent dans la graifl'e de la nymphe, &C dont j 'ai parlé en la décrivant, me paroiffent avoir beaucoup de part à la formation de ces véficules , & je ne doute point qu'on ne puiffe éclaircir ce tait en fuivant ces obfervations , comme je me propofe de le faire dans la iuite. On peut fouffler les trachées du fcarabée monocéros avec de petits cha-- himeaux flexibles de plomb ou avec les tuyaux des plumes de l'aile de l'émeu ou cafiiel , {f) lefquels tuyaux font percés naturellement d'un bout à l'autre ; cela réuffit liir-tout quand on a eu loin d'introduire ces trachées- dans un petit tube de verre. On peut voir les véficules pneumatiques fans ouvrir Tinfeife, il ne' faut qu'éloigner un peu du corps les fourreaux écailleux des ailes & les regarder au jour avec un microfcope. On en apperçoit auffi à travers l'abdo-- men &C jufques dans la fubltance écailleufe & mcmbraneufe dont il elf revêtu;; (a) Sur-tout :xu fucus tertius marlrimus Dodonai, 4*) On l'appelle ençor« emc ou caibar, Tom. y,. Ee- ii8 COLLECTION mais on les v-oit mieux entre les lames des fourreaux des ailes où <;«Ai«^,ri,r,«„ elles forment diverfes iî"ures finj^ulieres : trois gros rameaux de la tra- cs» ammerdam. O ? ■ 1 1 °i 1,1, Histoire des chec artère paroiUent en cet endroit, les deux plus grands lur les deux i.NSECTts. côtes & un plus court au milieu : ces rameaux portent les vëficules, d'où naiflent d'autres trachées plus menues , qui produifent d'autrts véfi- cules plus petites , luivies de nouvelles ramifications de trachées toujours décroiffantes , & qui fe réduifent enfin à des filaments imperceptibles, comme nous l'avons déjà remarqué plus haut. Sur la face intérieure des fourreaux des ailes (e trouvent de petites éminences , du milieu deiquelles fortent quelques longs poils qui, je crois, empêchent que l'aile ne foit trop com- primée , & font qu'elle le plie &C s'arrange plus, ailément foi:s Ion four- reau. Quant à ce grand nombre de conduits & de véficules pulmonaires, ils contribuent beaucoup, comme je l'ai déjà dit , à l'expanfion des fourreaux des ailes ; il faut obierver auffi que ces véficules lont un peu applaties ; ce qui vient peiTt-être de la diminution de volume de ces fourreaux , occafion- née par l'évaporation de leurs humeurs , &; par la ceffation de la circula- ■ tion des liqueurs dans leurs vaiffeaux fanguins qui le ferment, comme nous l'avons déjà remarqué. Le cœur du fcarabée eft beaucoup plus court &: plus variqueux que celui de fon ver : on peut concevoir fans figure les renflements & étran- glements alternatifs qui le divifent dans fa longueur : au relie , je ne l'ai pas obfervé fort attentivement, alnfi je pafl'e à la defcription des parties caradériftiques Je chaque fexe ; celles du mâle font la corne, la verge, les teftticules & les véficules féminales ; & celles de la femelle, l'ovaire , la ma- trice & la vulve. Parties de la génération du monocéros mâle, La corne eft d'une lubftance écalUeufe & fi forte , qu'on peut s'en fervir pour percer le bois le plus compaft ; elle eft recourbée en arrière, de forte qu'elle regarde le corcelet , fa couleur eft un brun foncé , & fa furface eft fi polie , qu'elle a le brillant d'une glace. II en eft de même de l'os ciu corcelet & des fourreaux des ailes ; leur couleur eft aulTi brune, mais ti- rant davantage fur le rougeâtre : on voit fur la corne quelques petites cavités. Dans la nymphe cette corne eft membrrnfufe & comme remplie d'une liqueur aqueufe, mais elle s'affermit peu à peu & acquiert enfin une aficz grande dureté ; & quoiqu'elle Ibit encore flexible quand l'in- fefte quitte la dépouille de nymphe , elle a deux ou trois jours après la dureté, non-feulement d'un cartilage, mais même celle d'un os. Cette corne n'eft point placée fur le nez, mais fur la tête de l'animal, & on doit la regarder comme une expanfion du crâne; car elle fort en effet de cette partie du crâne Ibus laquelle fe trouve le cerveau. Elle eft creufe à l'intérieur , & femhla'ble à la corne d'un bœuf; fa cavité ne contient autre choie que des véficules pneumatiques &; des trachées en grand nom- bre , lefquelles pénètrent même dans fa fiibftance dure , ce qui la rend d'autant plus légère & moins incommode à l'animal, foit qu'il marche ou qu'il vole. Cet infefte efl donc une véritable licorne; mais cela n'eft vrai que du mâle. A C A D É M I Q U E. ii9 Il n'elï pas hors de propos de rapporter ici ce qui m'a cti; ilit par un homme très-digne de foi , qu'il ne vient point de cornes aux cerfs ma- Swamuehdam. les qui ont été coupés; de forte que la cnftration les rend à cet égard Histoihe ncs fcmblablcs aux femelles de notre icarabée. (a) Iwiectis. Quant à la verge du fcarabée monocéros (PI. XIV. Fig. VI.) il faut y diflingucr la ])artie ncrveufe & la partie écailleufe a , cette dernière en cft comme le prépuce , ou plutôt la gaine d'où la verge fe déploie au temps de l'éreïlion, &C dans laquelle elle rentre & fe renferme enfuite. A la partie antérieure de cette gaine font placés deux petits ofltlcts en forme d'ongles ou de crochets ^ léparés l'un de l'autre , &: qui s'écar- tant à l'aide de certains miifcles , laiflcnt un libre paffage à la veree lorf' qu'elle cft en éreftion ; ces mufclcs lont placés dans la fubftance" écail- leufe du prépuce , avec laquelle ils s'articulent. Le mâîe fe fert de ces- cnîchets pour fe cramponner à l'anneau écailleux de la vulve de la fe- melle dans l'accouplement: Derrière ce prépuce elî placée la partie ner- veule &: molle de la verge c qui eft fort groffe, &: qui contient un petit offelet iémblable à celui qui le trouve à la racine delà verge de l'abeille mille , dont je donnerai la figure en fon lieu. Enfuite paroît le corps ou la racine de la verge d, qui cft un petit canal muni d'un nerf affcz appa- rent à l'endroit où les vaift^eaux déférents & les véficules féminalcs vien- nent s'y rendre : j'ai vu ce même nerf dans l'hydrocantharus ou fcara- bée aquatique, & je l'ai repréfenté dans l'abeille. Les vaiffeaux déférents e e fe voient fur les deux côtés & contiennent une liqueur (éminale très -blanche : ils font étroits à leur jondion avec la racine de la verge, mais ils fe dilatent vers leur milieu & fe refferrent de nouveau en fe joignant de l'un & de l'autre côté au vaifl'eau du tcftjcule. Les tefticules , d'où la liqueur féminalc pafîe dans les vaifleaux défé- rents , font d'une ftruiSure fort fmguliere dans ce icarabée ; car ils font compolés chacun «l'un feul vaiffeau tefticulaire d'environ deux pou- ces de long. J'en repréfenté l'un développé /, pour faire voir comment il grofllt à fon extrémité 6i fe termine en cul-de-fac g. L'autre tefticule k eft à-peu-près dans fa pofuion & fon état naturel , il n'y a que l'extré- mité de fon vaifteau i, qui Ibit développée. Les vaifleaux déférents & le vaiffeau teftkulaire font pourvus d'un grand nombre de véficules pneumatiques & de trachées , qui contiennent &C lient ù fortement les circonvolutions du vaiffeau tefticulaire, qu'on ne peut le développer qu'après avoir coupé & enlevé toutes ces trachées , ce qui demande be;tucoup de temps & de dextérité. Entre les vaiffeaux déférents paroiffent les véficules féminalcs k k qui contiennent une matière plus grife que celle qui fe trouve dans les- tefticules de ks vaiffeaux déférents dilatés. II me paroît certaim que la produftion & la fecrétion de cette matière fe fait dans les véfi- cules mêmes ; ce qui a lieu auffi dans l'homme ëc dans les quadrupc-- des , dans quelques-uns defquels les véficules féminalcs contiennent plu- (a) Ec aux biches elles-mêmes , qui communément n'ont point de cornes, Ee 1 iio COLLECTION — — »— i» lieurs onces de cette nKitiere. Chacune de ces vèûcules fe termine par SwAMMiRDAM. "" petit coudiiit ou filament tortillé // qui fe divife en fix autres tuyaux Histoire des fort étroits , à l'extrémité dcfquels lé trouvent autant de petites dan- Jnject£5. des mm, qui communiquant avec ces tuyaux, veriént au temps deTac- couplemcnt une liqueur féminale dans la verge par les vélîcules fénii- nales. Je repréfente quelques-unes de ces glandes vues par leur face i\\- périeure n, dont le milieu etl plus gonflé que le contour, & renferme une matière tranfparente , lemblable à de la glaire d'œuf liquéfiée : au lieu que les bords qui environnent ce milieu , contiennent dans leur cavité une fubllance analogue à de la glaire d'œuf qui commence à fé prendre : d'où il efl aifé d'inférer que la matière grile qui ié trouve dans les veficules féminalcs , fe forme dans ces vélicules mêmes , à moins qu'on ne voulût établir qu'elle s'y altère à ce point, ce qu'il faudroit d'abord prouver. Cette partie du milieu des glandes eil lemblable à un globe applati ; mais la face intérieure de ces glandes o efl tour-à-tait globuleule , & c'efl à fon centre p ( PI. XIV. Pig. VII. ) que s'inlere le rameau du conduit de la véficulc. On voit dans cette même figure la fubllance q , qui envi- ronne le globule llipérieur de la glande, 6i qui contient comme je l'ai dit , une matière féminale analogue à la glaire d'œuf Ces glandes & les véficules féminales font toutes parfemées de ramifications de trachées qui repréiéntent afî'ez bien les conduits ciliaires de l'oeil humain. Les véficules féminales n'ont aucune communication avec les vaifTeaux déférents dans cet iniéûe, non plus que dans le taureau & dans beaucoup d'autres ani- maux, & môme dans les autres infedes, comme je le ferai voir dans l'hifloire de l'abeille. Toutes ces parties génitales font fort blanches, à l'exception des véfi- cules à travers lefquels on voit la couleur grifé de la matière qu'elles contiennent \ ces organes fe trouvent fuués dans la région inférieure de l'abdomen, & tellement entrelacés, qu'au premier coup d'œil il paroît impolfible de les déployer. J'ai remarqué qu'il y a de grandes différences entre les infeftes par rap- port aux parties de la génération, & l'on s'en convaincra fi l'on compare celles de l'abeille , de l'hydrocantharus ou fcarabée aquatique &: de quel- ques autres : celles du frelon m'ont paru d'une itrufture fort curieufe , mais je ne les ai pas encore- bien obfervces. Parties de la génération du monocéros femelle. La femelle du fcarabée monocéros eft ailée à difiinguer du mâle , en ce qu'elle n'a point de corne fur la tête a (PL XIV. Fig. VIII.) fon ovaire ee ell placé dans la région inférieure de l'abdomen, mais il monte un peu plus haut quand il eft plein d'œufs. Pour faire mieux entendre tout ceci , je repréfente dans une même fi- gure la tête, l'cclophagé, l'ellomac b qui eft fort grêle, les inteftlns c, oc leur ifliie d qui lé trouve tout auprès & au delTous de celle de l'o- Vaire. Cet ovaire e e cil compofé de douze ovidudus , fix de chaque côté , I ACADÉMIQUE. ^ m lesquels fc réimiffcnt en deux troncs qui ic joignant encore n'en for- ment plus qu'un icul , auquel on peut donner le nom de mntrice , ou Swammerdam. plutôt de vagin : ce tronc s'étend juiqu'à l'extrcmito de l'abdomen , & Histoire de< les œufs en (ortent par un anneau écailleux / fait en croiffant , & velu Insectes. par deffous. Dans l'un des deux troncs de l'ovaire on voit un œuf par- tait , & quatre œufs moins avancés dans trois des oviduâus particu- liers qui aboutiffcnt à ce tronc ; les trois autres oviduûus du même côté font vuides, bc ne contiennent plus d'œufs. Dans les oviduflus de l'au- tre partie de l'ovaire paroilTcnt aulTi trois œufs , dont l'accroificment cil plus avancé : tous ces oviduclus font fort reflerrés & fort étroits dans les endroits oîi il n'y a plus d"œufs. J'ouvris la femelle qui m'a fervi de fujet pour ma defcription Iç dix-fept août , qui eft le temps où finit la ponte de ces fcarabées , & oii l'on trouve même de leurs petits vers éclos. En examinant l'intérieur de la vulve ou de l'orifice du vagin, qui eft hérlfle de poils , on y difcerne huit particules dures & brunes , avec les communications qui vont au vagin & à l'inteftin recHim. Sous le*vagin , affcz près de la vulve , on voit un fac allongé en for- me de poire g, qui s'iniere dans le vagin par un petit tuyati : fi l'on ouvre ce lac on y trouve une matière jaunâtre , qui après s'être coa- gulée fe divife en petits grains friables quand on la manie : j'ignore l'u- fage de cette matière ; la couleur jaune paroît à travers les parois du fac qui la contient. Un peu plus haut font deux autres conduits aveugles ou en cul-de-fac, & qui fé réuniilant enlemble ne forment plus qu'un petit tuyau, lequel a auin ion inlertion dans le vagin. L'un de ces conduits h, étoit tranf- parent comme im vaiffeau lymphatique, &c l'autre /' paroiffoit très-blanc , dur 6c nerveux : je n'en connois pas non plus i'ufage. Enfin, toutes ces parties font pourvues d'une multitude Infinie de tra- chées , lefquelles ont beaucoup de véùcules d'où partent de nouvelles tra- chées kk, &c. Ces trachées attachent tellement enfemble les oviduftus , l'eftomac , les inteftins & toutes les parties que je viens d'indiquer, qu'il eft très-difficile de les féparer. On voit un tronc entier de ces trachées /, autour de l'un des troncs de l'ovaire, &M'autres petits rameaux m vers l'eftomac & les inteftins. Pour éviter la confufion , j'ai fupprimé dans cette figure les vaiflèaux variqueux qui font beaucoup moins gros & plus étroitement fermés dans le Icarabée que dans le ver. Une chofe h remarquer, c'eft que le fcarabée monocéros , foit mâle, foit temclle , a d'autant plus de trachées & de véficules pulmonaires qu'il avoit plus de facs de graiffe étant ver. Avant de quitter ce fujet , je ferai mention ici de cinq autres efpeces •de fcarabées exotiques de même genre, & j'en indiquerai les ditîcren- ces. Dans le premier (PI. XIV. Fig. IX.) l'os c de la poitrine ou du cor- celet forme un long tuyau recourbé en avant & retendu à fon extré- mité. La corne h du nez , n'eft autre chofe qu'une expanfion de l'os du crâne, elle eft auftl fourchue & porte fur fon milieu une éminence ai- guë. Les jambes fff^ la corne b, l'os du corcelct c, & fon prolonge- 222 COLLECTION .— i.— r„,..ement en quatre parties, favolr, la tête, le corcelet, le ventre &: la queue. Dans la tête que je repréfenté pendante & plongée dans l'eau , on dis- tingue plufieurs parties , & principalement les yeux , les antennes & la partie inférieure de la bouche. Les yeux a a font noirs & faits en croiffant : la furface en eft liffe & non pasdivilée enferme de grappe ou de réfeau hexagone. Les antennes iè font courbées comme les os des clavicules de l'homme : leur fommeî: (a) Selon M. de Rcaumur lès œufs de coufin fe trouvent d'ordinaire fur l'eau au- nombre de 150. à 350. réunis en une feule malTe dont la forme eft celle d'un bateaa. Chacun de ces œufs reffemble à une quille, dont le gros bout s'arrondiroit & fe termi- nerait par un cou court : ce cou femblable à celui qu'ont certains flacons à liqueur, eft rebordé & femble avoir un bouchon ; c'eft par cette extrémité inférieure de l'œuf que le ver fort. Pour former ce bateau , la femelle du coufm cramponne fes quatre jambes antérieures fur quelque corps folide , le pénultième anneau du corps touche l'eau , le dernier anneau où eft l'anus , fe recourbe en haut , & les œufs qui en for- tent un a. un dans une fituation verticale , s'arrangent dans cette même fituation en- ferme de bateau entre les deux jambes poftérieures qui fe croilent derrière l'anus , Se forment un anale plus ou moins obtus, félon que le bateau eft plus ou moins avancé, & qui le tiennent pour ainfi dire fur le chantier. Lorfque le bateau a plus de la moi- tié de fa longueur, alors les jambes poftérieures ne fe croifènt plus , mais elles Je dif- pcfent parallèlement l'une à l'autre & foutiennent toujours le bateau d'œufs jufqu'à ce qu'il (bit achevé , & alors la femelle le met à flot. Ces bateaux , ou plutôt les œufs, dôm tlv foDT campofés , font tout blancs au moment de la ponte; peu à peu ils pren- nsnt uni nuance de verd , fit ôeiicHnent enfuite grisâtres, tout cela en moins d'une; demi-journée- V.erfr. la fin- de. mai la ponte, fe-failbitlur les fix heures du matiru. ACADÉMIQUE. iij eft garni de quelques poils. Ça) L'ouverture do la bouche c paroît comme une tache noirâtre & triangulaire : on appcrçoit de plus lept par- Swammerdam tJcules ou barbillons articules & velus qui appartiennent à la bon- Histoire ijW che , & dont trois paires font diflribuées , tant )ur la bouche qu'à fcs cô- Insectis. tés : le leptieme de ces barbillons c|ui cil bnm &C femblablc à ce qu'on appelle la lunette dans les oifeaux , eft placé vers le corcelet, & porte fur deux bafes qui s'étendent jufiqu'aux yeux : ce barbillon eft blanchâtre vers fon milieu , mais un peu plus bas & près de la bouche il devient brun : fa partie antérieure ell faite comme les ongles de nos doigts ou comme les écailles des poiflbns. A l'endroit où ce barbillon fe termine par une courbure brune , vers le milieu de la région inférieure de la tê- te , on voit les deux premiers des fix autres barbillons, dont la figure pa- roît triangulaire à caufe des poils dont leur face intérieure ell garnie. La féconde paire de barbillons eft placée vers l'extrémité de la première; ceux-ci font d'une matière dure & prefque offeufe à leur origine , &: velus prèsde leur extrémité. Enfin, la troifieme paire fe trouve au defîbus de la ieconde, ces derniers font plus grands, plus velus & s'étendent jufqu'aux poils des antennes. Le ver fe fert des uns & des autres pour diriger fes aliments quand il mange; (è) j'en ai décrit & reprélénté de fcmblables dans le bernard-l'hermite. La partie antérieure de la bouche eft bordée de poils fins , égaux entr'eux & diftants également les uns des autres. ( c ) La lettre c indique proprement ces poils. On apperçoit fur le corcelet quelques divifions régulières dd produi- tes par les articulations des jambes ik des ailes qui pouflcnt en cet en- droit. Ainfi je puis faire voir dans ce ver tous les membres de la nym- phe ou du coufin cachés fous fa peau , ce que je démontrerai aufll dans te ver de l'abeUle , pour donner un exemple applicable à tous les infecles qui appartiennent au premier genre de ce troifieme ordre; & enfin,le papillon diurne me fournira un exemple pour le fécond genre de ce même ordre. Le corcelet du ver du coufin paroît encore divilé par quelques lignes & revêtu fur chaque côté de poils durs qui femblent partir d'un même centre. (^) Le ventre ee a huit anneaux, on peut même en compter dix, fi l'on veut y comprendre la queue velue /, & fa partie g que le ver eleve au defliis de la iurface de l'eau. Cette partie de la queue qui paroît à la forface de l'eau , eft pnrfeniée de taches noires , de cavités & de poils (a) M. deRcaiiinur ajoute qu'elles n'ont d'antre articulation que celle de leurbafe; leur côté concave eft lifTe; fur la plus grande partie de la longueur du côté convexe il y a de diftance en diftance un poil femblable à une épine qui eiî preique couciié fur l'an- tenne & qui fe dirige vers fon fommet. (A ) M. de Réaumur a obfervé que les divers mouvements de ces barbiilojis for- «noient dans l'eau de petits courants qui fe portoient vers la bouche du ver, & y en-.^ trainoient les particules animales , végétales , ou même terreufes dont U fe nourrit. (c) Le ver du coufin n"a point de dents. (<:') Il y en a trois houppes de chaque côté du corcelet , félon M. de Réauir.jr.. Tom. K î£ ai6 COLLECTION jt^umu-mm, m Jurs h ; cc qu'il y a de plus remarquable ilans cette partie ou appendice SwAMMERDAM.^^ ^^ queiic , c'cft qu'elle ne fe mouille jamais, quoiqu'elle plonge dans Histoire des ' l'eau quand le ver nage : c'cft pour quoi lorCqu'il veut s'arrêter, il remonte à }:ion fur cette' meilire, & s'imaginant que tous les gâteaux ont toujours été faits fiir le' même ruodele , a cru avoir trouvé une mefiire conllante & univericlle, à. laquelle on pourroit toujours rapporter toutes les autres. Son idée mé» (<) Mr. Maraldi a ofcferré que chacun des trois quadrilatères qui font la bafe d'im alvéole, ei^ un rhombe dont les deux grands angles ont à-peu-près chacun iio. de- gros, & les deux petits chacun 70. & M. Koenig a trouvé par la nouvelle géométrie que cetta forme cîoit la plus avantageulè pour l'épargne de la cire & de l'elpace.- M. de Réaumur , auiri bien que Swammerdam , a obfervé des variétés dans les figures de: ces trois pièces du fond : quelques-unes paroiiTent quarrées , mais plus ordinairement elles femblent des rhombes ou lolanges plus ou moins approchant du quarré. (6) Outre ces efpaces libres qui fe trouvent entre les différents gâteaux d'une ru- che, on remarque encore de petites ouvertures à-peu- prts rondes , pratiquées dans duque gâteau &. qui le traverfent, H h'i DES 144 COLLECTION riteroit affurément d'être applaudie , s'il étoit vrai que les abeilles euffent SwAMMERDA^i donne à leurs cellules précisément les mêmes dimcnfions dans tous les Histoire des ' pays & dans tous les temps. Mais il s'en faut un peu que cette rcgu- Insectes. larité fbit aulîi parfaite qu'on ("e l'imagine communément. Il efl: vrai qu'an premier coup cl'œil il femble qu'il n'y ait pas l'épaiffeur d'un cheveu de différence entre une cellule & une autre : cependant li on veut fe don- ner la peine d'y regarder de plus près , on y trouvera fouvent beaucoup d'irrégularités, fur-tout dans celles qui font deflinées à fervir de magaxin pour le mie). Les trois pièces qui forment le fond des alvéoles, font communément de forme quarrée , cependant elles approchent fouvent de la fic^ure romboidale ; j'ai encore obférvé quelquefois des cellules plus balles & de plus étroites les unes que les autres, (a) D'ailleurs il n'eft pas toujours vrai que chaque cellule foit adoffée exaftement à trois au- tres , mais il y en a quelquefois qui ne font confîruites que fur ne lo- fange entière de la bafe de deux cellules oppofées &: fur la moitié d'une lo- fange d'une troifieme ; &: d'autres qui font appuyées fiir trois lofanges ap- partenant aux bafes de trois cellules &C fur une partie d'une loiange d'une quatriem.e cellule. Enfin , on trouve quelquefois des alvéoles qui font deux & trois fois plus longs qu'à l'ordinaire , &c quelquefois même cour- bés & tortueux comme les cellules des frelons. Il efl vrai de dire cepen- dant que les abeilles ne bâtifTent jamais de cette manière que lorf qu'el- les ont une très-grande provifion de miel à ferrer. C'efl dans ces cas-là que j'ai vu des cellules pleines de miel & bouchées avec de la cire, fufpcndues dans la ruche par tas de la groffeur du poing. Il y a encore fouvent de grandes irrégularités à l'égard des cellules des femelles & fur la manière dont ces cellules font arrangées avec les autres, quoiqu'en général tout cela paroiflè fort régulier, quand on n'y regar- de qu'en paflant & fans attention. Il faut encore remarquer que les abeilles ne bâtifTent pas leurs cellules fucceflîvement & les unes après les autres ; mais elles en ébauchent un grand nombre à la fois. Elles commencent par conflruire le fond concave &C pyramidal, fur lequel elles élèvent enfuite les pans inférieurs Si inégaux du tuyau hexagone , de forte qu'on peut voir tout à la fois dans une même ruche le commencement des bafes, & quelques pans des tuyaux hexagones , (a) M. de Réaiimur a trouvé que vingt cellules d'abeilles ouvrières pofées fur «ne même ligne droite , formoient enfemble une longueur de quatre pouces moins une demie lii^ne , & que dix cellules d'abeilles mâles avoient une longueur de 2. pouces 9. lignes, & -. de ligne. Ainfi le diamètre de chacune de ces cellules étoit plus grand environ d'une ligne que le diamètre des premières. Mais ayant enfuite raefliré les dix cellules de mâles dans un autre fens , il a trouvé qu'il n'en falloitque neufpour rem- j!ir la m^me longueur de deux pouces neuf lignes &L i. de ligne ; ce qui prouve qu'el- les ne font point des hexagones parfaits. Dans les petites cellules cette différence entre les diamètres étoit moins confidérable. A l'égard des profondeurs des différentes cel- lules , il a obfervé encore plus de variécés. Communément les ceUuIes d'ouvrières ont tina lignes & demie de profondeur , celles des mâles ont quelquefois plus de huit lignes, <[ueîquefois moins. Celles qui font deftinées à recevoir du miel, font encore plus pro- fv>r.4es. TA C A D È M I Q U E. 145 de l'une &c l'autre face élevés fur ces baies, & d'autres pans qui font — i^— — à peine ébauchés. Mais quand les parois de ces cellules (ont trop Swammerdam minces, & que les abeilles l'ont obligées de les lailfer pour quelque temps Histoipe des fans les achever (ce qui arrive lorfquc la femelle pond dans une autre par- Insectes. tie de la ruche) alors elles ont foin de renforcer tous les bords des pa- rois qui ne font que commencées , de peur qu'elles ne fe brifent ou ne fe courbent fous le poids ou par les mouvements dos mouches qui font obligées d'aller & de venir à tous moments. Elles enduilent donc d'une cire épailTe le bord fupérieur des parois de ces cellules ébauchées, qui n'ont pas encore toute la profondeur qu'elles auront par la fuite, &c elles appliquent un cordon de cette même cire tout autour de l'ouverture de ces tuyaux , ce qui fait que cette ouverture ne paroît pas un hexagone par- fait. Elles bordent même quelquefois de la même façon leurs cellules qui font entièrement achevées, & il en réfulte un avantage pour elles dans la fuite quand elles font obligées de boucher ces cellules : il leur faut moins de temps & moins de cire p?ur conflruire les couvercles qui doi- vent les fermer. Les cellules des mâles font au moins d'un tiers plus grandes que celles des abeilles ordinaires ; du refte elles font faites de la même manière &c communément elles font placées à la partie inférieure du gâteau , parce qu'elles font conftruites les dernières de toutes. On en compte quelque- fois jufqa'à trois ou quatre cents , ou même davantage ; quelquefois aufli il s'en trouve beaucoup moins. Les gens de la campagne attribuent le petit nombre de ces cellules de mâles aux féchereffes , & au contraire ils croient que la grande quantité de ces mêmes cellules dans une ruche ell due aux temps humides. Auffi ne manquent-ils jamais de prédire que toute l'année fera plu vieufe, toutes les fois qu'ils trouvent un grand nombre de mâles d ins une ruche ; mais ces préfages font de pures chimères fondées uniquement fur l'opinion que dans les temps lecs les abeilles ne s'occupent que de la récolte du miel , & qu'elles ne travaillent à la propagation de leur efpece que dans les années humides. Ces gens-là ne favcnt pas ob- lerver, & après avoir élevé des abeilles pendant c;nqu;:ntc ans ils n'en font pas plus éclairés fur le fait de la génération de ces infectes : ils ne connoifTent pas même la nature de celles d'entre les abeilles qu'ils appel- lent mouches couveufes , & qui font réellement les mâles. Au refle , je n'ai pas jjrétendu déterminer ici exactement le nombre précis des cellu- les, jî ne les ai comptées qu'à-peu-prés effort en gros. A l'égard des cellules où doivent naître les femelles, on en trouve •quelquefois une trentaine dans une ruche, mais la plupart ne lont pas entièrement achevées : elles ne iont pas bâties fur le même modèle cjuc les autres , & leur conftrudtion ell afléz irréguliere ; elles font ordinaire- ment oWongues arrondies & en forme de poire : quelquefois elles ont moins de ventre , moins de renflement qu'une poire, quelquefois aufli elles en ont im peu davantage. Leur iurtace extérieure eft inégale, rabo- teule , remplie de petites éminences &C de petites cavités ; mais leur (uv- face intérieure ell lifTe & polie , comme celle des cellules des abeilles ordinaires , avec cette différence cependant que ces cellules de femelles SwAMMERDAM Histoire des Insectes. 146 COLLECTION forment intcrieurcment une cavitc femblablc à celle d'une bouteille , oir plutôt d'une poire qu'on auroit creul'ée & \'\iidée. On lent bien par conlequent qu'elles doivent avoir une grande capacité, & qu'elles doivent être beau- coup plus amples que celles des abeilles ouvrières, &même que celles des mâles ; ainfi les femelles ont beaucoup plus d'efpacc dans leurs cellu- les &C peuvent s'y mouvoir & s'y retourner avec beaucoup plus de fa- cilité que toutes les autres abeilles. Ces cellules font placées ordinaire- ment , & même prefque toujours , iur les bords & dans les coins des f â- teaux : rarement en voit-on qui foient élevées dans le centre &c au mi- lieu des autres cellules. Je vais maintenant tâcher d'éclaircir par quelques figures ce que j'ai dit j^ifqu'à préfent fur la conftruftion des cellules ou alvéoles. La première Figure (PI. XVL) repréfente la coupe a d'une cellule d'a- beille ouvrière vue par defius ; pour faire ces figures hé,\agones plus ré- gulières, j'ai tracé les lignes bb, ce par lefquelies les angles font déter- minés. Les diamètres & les côtés des différentes cellules font pris fiu: les lignes dd. La Figure IL repréfente trois cellules a d'abeilles ouvrières féparées du refte du gâteau, &c jointes enfemblc par un de leurs pans : la réunion de leurs bafes forme une cavité toute propre à recevoir & même à conf- tituer le fond pyramidal de la cellule b ^ li l'on vouloit l'adoffer aux trois premières a. c. L'une des trois lofanges du fond pyramidal de la cellule h. dd. Deux autres lofanges, qui par leur réunion avec la précédente c, forment ime cavité triangidaire , & conlHtuent le fond pyramidal de la cellule b. La Figure IlL repréfente un alvéole coupé longitudinalement par la moitié : on y peut voir les trois lofanges du fond pyramidal, favoir, la lofange entière a dans l'une des moitiés de cette cellule ; la lofange b féparée par la coupe en deux parties dont l'une tient à l'une des moi- tiés de la cellule , 6c l'autre à l'autre moitié ; enfin , la troifieme lolange c qui efl; entière , & qui fe trouve dans la bafe de l'autre moitié de la cellule.' 7.2. 3,3. 4, 4- 5- 6. indiquent les fix pans & les fix arrêtes de la cellule hexagone coupée longitudinalement en deux parties égales; les pans qui ont été coupés , font indiqués par les mêmes chiffres dans l'une & L'autre rftoitié' de hi celliulie coupée. La Figure IV. repréfente quinze cdhiles adoffées , favoir, huit d'un côté, & lépt de L'autre, toutes coupées dans le fens de leur longueur. Dans le màlieu l'on apperçoit une partie dti fond pyramidal de chaque cellule ; on peut y remarquer comment les cellules fupéneures a, b loot ecmitruites: kir une même bafe commune d , qui fert aijiîl de fond au.v (SeMules- inférieures c. f.f.f.f.. Les:plus longues arrêtes des tuyaux hexagones. e; e.e^e... Les plus courtes arrêtes des mômes tuyaux hexagones». g, L'une des. trois, iolknges. dit fond pyramidal en, place. ACADÉMIQUE. " 147 La Figure V. repréfcntc quelques cellules de mâles c, lelqucllcs font ; plus longues d'un tiers que celles des abeilles ouvrières : elles font ici Swammef. dam. un peu plus grandes que nature Au dedans de chacune de ces cellules , Histoire des on voit le fond pyramidal d 6c fes trois lofangcs dont chacune répond Insectts. à deux des pans du tuyau hexagone, e Cavités triangulaires & pyrami- dales formées par la réunion des bafes des cellules adolîces. Les cinq cellLdes / ne paroiffent point hexagones , à caulc des couches de cire dont leurs bords & leurs ançles font chargés. Les quatre cellules g font tout-à-fait irrégulieres ; elles fervent immé- diatement de bafe à la cellule a de la femelle : cette cellule, que quel- ques-uns appellent cellule royale, a fa furfacc irréguliere & caverneufe, die eft faite en forme de poire. La Figure VI. repréfente dix cellules d'abeilles ouvrières, cinq d'un côté' a, &C cinq d'un autre ^. Les cellules de chaque côté font jointes enfemblc par un de leur pan, & font jointes aux cellules adofTées par une des lo- (anges de leur fond pyramidal. Dans la Figure Vil. a. a. a. font trois fegments égaux d'une cellule he- xagone d'abeille ouvrière, coupée longitudinalement en trois parties.- Chacun des fegments a ,a, eft compofé de deux pans & de l'angle com- pris. I. 2. 3. Angles de chaque fegment. 4,4. 5, 5. 6 , 6. Angles par lefquels a paffé la coupe qui a féparé ces trois fegments. h La bafe de la cellule diviféc en trois lofanges qui font reflées join- tes chacune à l'un des trois fegments de la cellule qui lui corrclpondoit. La Figure VHl. repréfente par derrière dix-neuf cellules a , h , aûcm- blées comme elles font dans le gâteau : on y voit de quelle manière trois cellules qui fe touchent comme '. 2. 3. forment enfemble par les parois extérieures des lofanges de leur bafe , une cavité triangulaire qui fert de bafe ou de fond pyramydal à la cellule qui leur eft adoffée, en forte que fi, comme je l'ai déjà dit, on plante une épingle au milieu de chacune des trois lofanges du fond pyramidal d'une cellule, ces trois épingles pé- rctreront dans trois cellules différentes du côté oppofé ; & qu'au con- t.aire fi l'on plante une épingle dans trois lofanges appartenant à trois cellules du côté oppofé & qui fe touchent , ces trois épingles pénétre- ront dans le fond pyramidal d'une feule & même cellule : ce fond pyra- midal étant formé par les trois lofanges appartenant aiLX trois cellules I. 2. 3. Quand les cellules dont je viens de décrire la conftruftion font toutes nouvelles & qu'elles n'ont pas encore fervi à ferrer du miel ou de la cire brute, ou à loger du couvain, (iz) alors la matière dentelles font faites {a) Je me fers de cette exprefTion , non pas pour faire entendre que les abeilles couvent leurs œi!t"s, mais pour rendre le mot latin proUs , &' pour exprimer en ;m 'eul mot ia progéniture des abeil es , en que'que état qu'elle foit dans les cellules , c'eft-à- dire , ou dans l'œuf, vu dans l'etat de ver, ou dans celui de nymphe. 14? COLLECTION — — '— «™ eft de ta véritable cire-vierge bien pure , & qu'on peut fondre fans aucun SwAMMERDAM. déchct. Celle au contraire qu'on a fait blanchir a\i foleil, & qu'on vend Histoire des dans les boutiques fous le nom de cire-vierge, n'en a rien que le nom; Insectes. elle eft toujours falfifiée avec le talc, & l'ardeur du foleil lui a fait per- dre d'ailleurs une grande partie de fa vertu. De même le miel qui a été amaffc dans ces cellules uniquement réfer- vécs pour cet ufage, & qui n'ont jamais fervl que de magazin , eft un vrai miel-vierge quand on a l'attention de le faire couler de lui-même & fans le prefler du tout ; & c'eft fans contredit le miel le plus exquis & le plus pur. 11 eft rare , comme l'ont remarqué les gens qui élèvent des abeilles , de voir une cellule de femelle conftruite dans le voifnage de celles des milles; cela n'eft pourtant pas fans exemples, & j'ai encore aujourd'hui chez moi un gâteau où l'on en voit une auprès de celles des mâles ; mais c'eft encore une vieille erreur qui vient, comme beaucoup d'autres, du préjugé où l'on eft de regarder la mère des abeilles comme le roi de la ruche , ci les bourdons comme des fujets indignes d'approcher de trop près fa perfonne. Cette approche cependant eft nécefl'aire , & fans cela toute la race des abeilles s'éteindroit bientôt ; car ce qu'on appelle fauflèment des bourdons parmi les abeilles , ne font autre chofe que de vrais mâles ; ils font d'un naturel beaucoup plus doux & plus traitable que les deux autres ef- peces d'abeilles , ils n'ont point d'aiguillon , & ils s'occupent uniquement de la propagation de leur efpece. Mais comment les abeilles viennent-elles à bout de conftruire des ouvra- ges fi réguliers , que l'homme le plus adroit n'en pourroit pas même def- fmer la figure (ans le lecours de la règle & du compas } j'avoue que je n'en fais pas plus que les autres là-defliis. (a) Je fuis convaincu feulement ( '" ^"^m rions bien de la peine à appcrcevoir un œuf d'abeille au fond de (on Swammerdam. alvéole même en plein jour; mais les infectes, du moins pour la plupart , Histoire uis apperçoivent les objets dans l'obfcurité. Les yeux des abeilles lur-tout Insectes. font conftruits de manière à voir encore plus diflinftcmcnt dans les té- nèbres que ceux d'aucun autre animal , comme je le démontrerai en don- nant la defcription de cet organe. Les œufs des abeilles ne demandent donc pour être couvés que la cha- leur de l'athmofphere , &c fur-tout celle qu'elles entretiennent dans leur ruche par Lur mouvement contisuel ; les œufs des vers -à -foie & ceux des autres infeftes n'ont befoin pareillement que de la chaleur. II ne fe trouve donc pas dans une ruche , des abeilles qui foient chargées du foin de couver , & il n'en ell pas befoin ; ce qu'on débite des mâles , qu'on appelle mouches couveufes , n'efl qu'un pur conte. Cette erreur aujour- d'hui fi univerfeliement répandue parmi nous , vient de ce qu'on n'a pas connu julqu'à préient la nature de ces œufs, & de ce qu'on n'a pas fait attention qu'il n'y a preique point de faifon dans l'année 011 il n'é- clofe quelques vers d'abeille , & que par conféquent on en trouve même avant le temps où l'on remarque dans une ruche ces prétendues mouches couveufes qui ne paroiffent que quelques jours avant la fortie d'un ef- faim. Ça été aufli l'erreur des anciens qui appelloient ces mouches Bour- dons , ( Fuci.') On n'a qu'à hre toutes les abfurdités que dit là-deffus Goe- daert (^a) & que M^ de Mey prétend confirmer dansfes remarques; ils con- fondent les bourdons, les frelons & les abeilles ; aufli ne fais-je cas dans les ouvrages de Goedaert que de fes figures , lefquelles même ne font pas exemptes de défauts, quoique deflinées d'après nature. Aurefte, tout homme peut fe tromper, & moi-même comme les autres; il n'y a que le menfonge ou le deffein d'obfcurcir la vérité de propos délibéré qui foit impardonnable. Ceux qui ont qualifié les mâles des abeilles du titre de nobles , & qui les ont regardés comme les grands de la ruche , ont plus approché de la vérité, puifqu 'en effet ils vivent du travail des ou- vrières fans rien faire ; ils font d'ailleurs d'un naturel plus doux & plus traitable que les abeilles ordinaires : mais il n'y a rien de plus abfurde & de plus ridicule aue de leur donner l'emploi de couver. Comment veut-on que des œufs qui font, pour ainfi dire, en l'air, & qui ne doi- vent ni ne peuvent être dérangés fans rifque , puiflcnt être couvés ? D'ail- leurs, la pulpart des cellules n'étant pas encore achevées dans le temps que l'œuf y eu. dépofé , la mouche couveufe auroit eDe de la place pour arranger fon corps , Se n'embarrafléroit-elle pas les ou\ rleres qui travail- leroient en même temps à finir la cellule où elle couveroit ? Quand une fois l'œuf, pàf l'effet de lachaicir, efl parvenu à (a maturité , le ver qui en fort n'a pas Lcloin non plus d'être cou.vé, il ne lui faut que de la noiu-- ritiire; or, on fc:it que ce ne font ni les mâles, ni même la femelle qui puiffent lui donner à tout mor.ient la nourriture dont il a befoin. Enfin » quand ce ver a affcz mangé & qu'il a pris tout fon croît , pourvu qu'il (o) Mitamorph. natur, féconde partie , Exp. 4$, Tom, V. Tem, F. Kk a«l8 COLLECTION _ f'oit (îans un lieu afiez chaud, il le transforme de lui-même en nymphe, SwAMMERD^M. ^ ^^ nymphc en mouche, Ians le lecours d'aucune chaleur communi- HisTOiRE DES quée par les prétendues couvcufes. C'efl: ce que j'ai éprouvé dans ma Insectes. chambre fur un grand nombre de vers d'abeille , même dans le mois de l'eptembre affez avancé , temps où les nuits commencent à être froides. Bien plus , mon expérience m'a fi bien réuffi , que j'ai vu dans quelques cel- lules que je venois de déboucher , les yeux de la nymphe fe changer en ma préfence , & d'ime couleur blanche & limpide , prendre ime teinte légère de pourpre , ce qui efi: le premier changement fenfible que les nym- phes éprouvent. J'ai obfervé auffi la même chofe dans le bourdon ÇBom- bylius') que Goedaert a décrit fous le nom de l'abeille. Il eit à propos de remarquer ici que la chaleur d'une ruche eft fi con- fidérable , même au cœur de l'hiver, que le miel ne s'y cryltallife point, c'efl-à-dire , qu'il ne prend point une conlillance dure & grenue , à moins que les abeilles n'y foient en trop petit nombre. De plus , lorfque leurs ruches font bien fécondes , elles nourriflent de miel leurs petits , même au milieu de l'hiver, les foignent , les échauffent, & s'échauff'ent auffi les unes les autres. Je ne fâche pas qu'il y ait d'autres inleftes qui aient cela de commun avec les abeilles ; car les frelons eux-mêmes , les guêpes & les bourdons , auffi bien que les mouches & la plupart des papillons , reftcnt engourdis pendant tout l'hiver fans fe remuer ni changer de place , & (ans qu'ils aient befoin de prendre aucun aliment , ni de fe vuider en aucune façon. Il en efl; de même de l'efcargot à opercule , & de quelques autres efpeces de limas qui deviennent alors une bonne nourriture , rcffant pendant long-temps dans un état d'engourdiff"ement , fans avoir befoin de manger, ôc par conféquent fans faire d'excréments. Le ver de l'abeille étant fortl de fon œuf. Si s'étant dépouillé de la pellicule mince qui l'enveloppoit , a donc befoin de nourriture , comme je l'ai dit ; mais comme il ne lui eft pas poffible de fortir de la cellule où il a été dépofé & d'aller chercher fa nourriture comme font les .vers des autres infeftes qui rampent & fe traînent où ils veulent , il lui faut ab- folument une nourrice. Ce font encore les abeilles ouvrières qui font chargées de cet emploi , qui noiu-riffent , qui réchauffent , qui élèvent ce petit ver depuis l'inftant oîi il n'étoit au fortir de l'œuf qu'une molécule prefque imperceptible , juiqu'à ce qu'étant parvenu à fon dernier ac- croiffement il foit fur le point de fe transformer en nymphe ; car quand une fois il eft parvenu à ce ter;:ie , il ne croît plus du tout , ielon la loi commune ii tous les infeiSes , depuis le plus grand jufqu'au phis petit. Les abeilles apportent à manger à leurs petits vers à plufieurs heures dti jour avec autant de foin & d'affeftion que les oifeaux en ont pour leurs petits; ce n'eft point de miel qu'elles les nourriflent; mais d'une efpece de gelée blanchâtre qui reifem-ble à du blanc d'œuf qui commenceroit à fe coaguler ou plutôt à de la bouillie , elle eft plus épalffe que le miel & d'un goût fi douceâtre qu'à peine fait-elle impreflion fur la langue. Je n'ai pas encore pu m'aifurer d'où les abeilles tirent cette matière , & fi ACADÉMIQUE. 259 ce ne feroit pas leur miel même (a) qui aiiroit fubi auparavant quelque ^— i— — préparation dans leur trompe ou dans leur ellomac , &: qu'elles dégorge- Swammerdam. roient enliiite pour fervir d'aliment à leurs vers , comme font les pigeons Histoire des &C quelques autres oileaux qui donnent à leurs petits dans les commen- Insectes. céments une elpece de bouillie. Quoiqu'il en fbit , les habitants de la cam- pagne qui n'élèvent des abeilles que pour en tirer du profit , nous dé- bitent bien des contes fur cette nourriture ; comme ils n'ont que le pro- fit pour objet, ils ne favent uniquement que ce qui regarde leur intérêt, & il n'y a rien à apprendre d'eux. Cependant les plus experts d'untreux appellent cette matière du miel dégorgé. Il n'y a pas de doute que les abeilles ne puiffent rendre ainfi leur miel, puil'qu'en leur preffant le ven- tre on fait revenir le miel par leur trompe, (è) Malgré tout cela , il n'eft pas encore décidé que ce miel ^^enne de l'ellomac des abeilles ; car elles peuvent en garder une quantité aflez confidérable dans le creux de leur trompe , & peut-être ne font-elles que comme les pigeons qui dé?- gorgent la bouillie qu'ils ont préparée dans leur jabot. Mais quand même le miel feroit tout-à-fait préparé par la nature , ôi que les abeilles le trouveroient tout fait & n'auroient plus qu'à le fucer avec leur trompe fur les endroits où elles le vont ramafler , je ferois encore perfuadé qu'il reçoit dans leur corps &C dans leur trompe même un changement confi- dérable, tme certaine coûion qui le convertit en une nourriture folide, bonne & durable ; c'eft ce qui refle à obferver avec plus d'exaftitude. On fera encore plus porté à croire ce que j'avance , fi on fait attention que la matière mielleufe que les abeilles rnmaflent fur les fleurs , n'a pas toujours la même confirtance , mais qu'elle le trouve tantôt plusépaiffe, tantôt plus ténue , quelquefois aqueuie , d'autre fois d'un goût aromati- que. Ce qui doit faire conclure que cette matière reçoit sûrement quelque préparation dans le corps même de l'abeille. Mais pour en revenir à notre miel dégorgé, je me fouviens d'avoir vu fouvent couler des failles une matière qui a beaucoup de reffemblance avec le miel en queftion , & dont les frelons , les guêpes , les papillons diurnes & les mouches Ibnt fort avides , fur-tout les papillons qui frap- pent les mouches avec leurs grandes ailes pour les chaffer de defllis cette lève épalflîe : je ne puis dire cependant que j'aie jamais vu les abeilles auprès de cette matière qu'elles auroient pu emporter dans leur ruche, pour fervir de nourriture à leurs petits. Quand je confidere d'ailleurs qu'elles ont quelquefois des vers à nourrir au milieu même de Ihiver & (j) M. de Rcaumur foiipçonne que la cire brute & le miel reçoivent dans le corps de l'abeille une préparation qui les change en cette bouillie , qui eft l'aiiment du ver. Il a obfervé qu'elle eft différente félon fon âge & fes forces. Dans les commencements elle eft infipide Se bhnchâtre , dans un âge moyen elle a une légère pointe de fucre ou de miel , & fa couleur eft plus tranfparente , tirant tantôt fur le jaunâtre , tantôt fur le ver- dàtre. Enfin, dans les cellules des vers prefqu'à terme, la gelée a un goût très-fucré. (i) Le miel fort par la bouche , dont nous parlerons plus bas , & Mr. Maraldi lui- mcme a très-bien remarqué que l'endroit par lequel l'abeille fait lortir le miel de fon corps , eft au deii'us de la trompe &. tout près de fes dents. Kk 2. ^^^ îffo ^ COLLECTION — ^"■■'*^' dans le temps qu'elles ne ("ortent point du tout de leur ruche , je ne puis SwAMMERDAM. m'cmpêchcr .de croire que les abeilles nourriffent les vers de leur miel Histoire dis même qu'elles dégorgent après lui avoir fait fubir dans leur corps une iNSECTts. certaine préparation , quelque choie que veuillent dire contre ce fentiment ceux qui font commerce d'élever des abeilles. Je ne luis pas en état de déterminer combien de temps le ver des abeilles doit être nourri , julqu'à ce qu'il ioit parvenu au terme de (on croît ; ôi qu'il ne puiffe plus vivre fous la forme d'un ver dépourvu de jambes; cependant, fi l'on pouvoit compter fur la parole de ceux qui élèvent des abeilles , qui m'ont afliiré qu'un jeune elfaim peut eifaimer de nouveau dans l'efface d'un mois ou de fix femaines , il ne feroit pas difficile de déterminer le temps pendant lequel ces vers fe nourriffcnt , & je crois que fiù\ ant ce compte , on pourroit fixer ce terme dans l'été à vingt-quatre jours ou environ. Ils ne croiflént pas fi promptement que les vers des mouches , parce qu'ils fortent d'un œuf très-petit &c très- tendre, & qu'ils n'ont d'ailleurs que très-peu de mouvement. La tem- pérature de l'air, plus ou moins chaude, doit entrer encore pour quel- chofe en ceci ; car cette feule caufe peut retarder de dix jours entiers la transformation d'un ver ou d'une chenille , comme je l'ai éprouvé plus d'une lois. Il y a plus , le changement d'un ver en mouche qui fe ïeroit dans l'efpace d'un mois au milieu de l'été , cÛ. quelquefois retardé de huit ou neuf mois , ce qui arrive principalement lorlque l'inilant de la transformation tombe dans l'automne. Car fi dans ce cas-là les pre- miers froids de l'hiver venoieut à fe faire fentir tout d'un coup , l'infcfte refleroit engourdi jiifqu'au retour des chaleurs, qui lui rendroient le mou- vement &C lui rameneroient la nourriture qui lui el\ néceffaire , tant pour lui que pour les petits qui en doivent naître. C'efl pour cette raifon auifi que plufieurs efpeces d'infeftes ne meurent pas auffi promptement fur la fin de l'année, que dans le milieu de l'été. J'ai eu chez moi des papillons de vers-à-foie , qui n'ayant fubi leur transformation que fort tard & fur la fin de l'année, ont furvécu fix femaines à leur ponte : cette obfcrvation eu. tout-à-fait fmguliere. L'effet ordinaire de la chaleur fur les infeâcs , eft de les appeller à la vie , & celui du froid de leur caufer la mort, qui n'efl: autre chofe que la ceflation de tous les mouvements naturels : ce- pendant dans les exemples que je viens d'alléguer, le froid a fervi à pro- longer leur vie , parce qu'en retardant le mouvement des hqueurs dans le corps de ces petits animaux , il a empêché qu'elles ne fe diffipaf- fent auffi vite , & conféquemment que les forces de la vie ne s'cpuifaf- fcnt auffi promptement que dans l'état ordinaire : c'eft ce qu'il efî bien important de remarquer. Lorfque le ver de l'abeille a pris un peu d'accroiffement , il remplit . alors tout le fond de fa cellule , & iliè tient toujours roulé , & dans la même attitude que certaines efpeces de cloportes , qui pour peu qu'on les touche , fe pelotonnent comme des hériffons. En tirant alors ce ver de fa cellule , on apperçoit fous lui une couche de matière jaunâtre , de confiftancc un peu épaiffe & qui n'eil autre chofe que fes excréments. Je ne doute aucunement que notre ver en grandiflant ne change plus A C A D É M I Q\J E. i6i d'une fois de peau , comme tous les autres infeftes , mais Je ne puis dé- terminer combien de fois il mue jufqu'à ce qu'il ait pris tout fon croît. Swammirdam. Ce que j'ai obfervc de fmgulicr, c'cft que dans le temps qu'il quitte tout- Histi.ike du à-fait fa peau de ver pour fe transformer on nymphe, les trachées mêmes Insectes. fituces au dedans de fon corps , participent à cette mue , j'ai vu fortir une pellicule très-mince par les ftigmates qui font les ouvertures exté- rieures de ces trachées. C'eft une chofe remarquable , que tous les infec- tes en général foient fujets à ce changement de peau ; les poux mêmes & les plus petits cirons n'en font point exempts. Bien |)lus , les araignées & les lauterelles font foumifes à cette loi générale de la nature , au point que leurs yeux, leurs dents & les crochets de leurs pieds fe détont aufTi de la peau qui les envcloppoit. Il ne faut pas même en excepter les anten- nes, qui quoique plus fines qu'un cheveu dans les lauterelles, fe dépouil- lent cependant d'une pellicule fi mince , que cela pafTe l'imagination. Les cruftacées, comme les ccrevifles & les cancres, font aufli dans le cas de changer de peau. J'ai obforvé que les ferpcnts dans le temps qu'ils fe dé- pouillent , quittent même la cuticule de leurs yeux , & que tes animaux iè défont de leur peau en la retournant de dedans en dehors, comme on tire un gand en le retournant. Enfin , j'ai pouffé la curiofité jufqu'à mâcher & goûter de ces vers , & en cela je n'ai fait que ce que font tous les jours ces gens qui mangent les vers qui naiffcnt dans le fromage, de ces vers qui (autent fi loin en rapprochant les deux extrémités de leur corps en forme d'arc, & s 'éten- dant enfuite promptement. Mais les vers des abeilles font d'un goût très- défagréable , approchant de celui du fuc pancréatique des poiffons , & ils laiffent au gofier une impreffion femblable à celle du lard rance. Etant cuits , ils font d'un bien meilleur goût ; mais pour peu qu'on attende à les manger, ils reprennent bientôt leur première faveur. Avant que d'aller plus loin , je vais donner la figure du ver de l'abeille, defliné d'après nature dans fes différents degrés d'accroiffement. Dans la Figure XII. ( PI. XVI. ) la lettre a reprcfente le ver tout nouvellement forti de fon œuf i> ,c, d , e , font des vers un peu plus forts , & qui ont déjà pris quelque nourriture -.f&Cg, font d'autres vers encore plus grands, & qui ont été nourris plus long-temps : ils (ont repréfentés ici courbés & roulés en forme d'anneaux, tels qu'ils font dans leurs alvéoles : / repréfcnte un ver d'abeille couché fiir le dos , qui commence à ramener en dedans fa partie poftérieure & à remuer un peu fa tête. J'ai deffmé fous la let- tre k un ver couché fur le ventre , on apperçoit fiir fon dos une raie de couleur noirâtre tirant fiir le bleu pâle ; cette raie marque l'eftomac, qui paroît en cet endroit à travers fon corps; l'ayant ouvert, je l'ai trou- vé plein d'une matière jaune. La Figure XIII. de la Planche XVI. repréfente fous la lettre a un ver qui a pris tout fon accroiffement , & qui s'eft élevé tout droit dans fa cellule pour la tapiffer , s'y enfermer & s'y tenir en repos & fans au- cun mouvement : on voit aux chiffres / , 2 , 3 , les anneaux de fon corps diftendus : fes membres cachés fous fa peau y ont déjà pris de l'accroif- fement, peu à peu ils fe gonflent d'humeurs, & difpoicnt ainfi inl'cnfible- i(5i COLLECTION « blement le ver à jeter fa dépouille, comme je l'expoferai plus bas avec SwAMMERDAM. la pliis grande exaditude. Histoire des Maintenant fi l'on vcHt examiner de plus près le ver de l'abeille & le Jksectes. confidcrer au microfcope , on le verra, comme le reprélente la Figure XIV. compolé de quatorze anneaux a a a, en y comprenant la tête. Dans la tête /', il faut remarquer les yeux ce, la lèvre d, les deux petites par- ties ee qui doivent fe changer bientôt en antennes, & deux autres //, placées au deffous des premières , & qui paroiffent comme articulées ; ce font les ébauches des dents de l'abeille. Outre cela , entre ces ébau- ches des dents , & au deffous de la lèvre c , il fe préfente encore une petite proéminence, qui repréfente affez bien une langue ou une trompe, & qui efteâivement doit la former dans l'abeille ; c'eft de cette partie qu'on voit fortir fupérieurement une petite papille par oii le ver file , lorfqu'il a pris affez de nourriture & qu'il ell fiir le point de fe changer en nymphe. Dans quelques autres vers, outre la langue g, j'ai apperçu entre cette langue & la lèvre d, une efpece de petite trompe tubuleufe, par le moyen de laquelle le ver fuce peut-être fa nourriture. Je n'ai pu cependant remarquer cette partie , que quand je preflbis un peu le corps du ver entre mes doigts , & que je dirigeois cette preffion du côté de fa tête. Dans d'autres vers enfin , j'ai obfervé précifénient fous la lèvre une petite partie écailleufe. Au refte , j'avouerai naturellement que je n'ai pu obferver diftlnftement & à mon aile ces dernières parties , par la difficulté qu'il y avoit de les tenir écartées & féparées les unes des autres fans les couper, tandis qu'elles étoient fous le microfcope. (a) Leur couleur qui eft d'un blanc jaunâtre , eft encore un autre inconvénient qui empê- che de les bien voir dans tous les fens, & d'employer un fort microfcope pour les obferver. Les deux yeux c c (^méme Figure ) font d'un blanc luifant , de forte qu'ils paroiffent remplis d'une matière lymphatique. Dans les autres inieftes les yeux font pour l'ordinaire bruns , noirâtres , verds , rouges , bleus ou jaunâtres , quelquefois même d'une couleur de pourpre ou claire ou très- foncée , ffiivant les couleurs de l'uvée , ce qui fait voir que la cou- leur des yeux eft variable dans tous les infedles. La même diverfité fe trouve auffi dans les grands animaux, comme je l'ai obfervé dernière- ment à l'égard des lapins, dont l'uvée eft toute blanche au fond de l'œil & fembleroit en conféquence être moins propre à arrêter & abforber les rayons de lumière ; car c'eft ime propriété de tous les fonds noirs , de ne réfléchir prefqu 'aucun des rayons qui tombent deflus ; & c'eft par (a) M. de Réamniir a donné une defcription plus détaillée & plus exaéte des par- ties de la tête de ce ver , parce que i'ufage des lunettes à loupe , inconnu à Swammer- dam , laiffbit à M. de Réaumur les deux mains libres. En coni'idérant la tête dans un jour favorable , il a trouvé deux crochets qui luivent le contour du haut de la tête , & qui le terminent près de la lèvre liipérieure par une petite pointe écailleuie & jau- nâtre. Il n'étoit guère polTible d'appercevoir ces parties fans avoir les mains libres , pour éloigner du contour de la tète avec la pointe d'une épingle, un de ces crochets qui y étoit appliqué. ACADÉMIQUE. 165 cette ralfon qu'un papier noir mis au foyer d'un verre ardent, prend feu hbh n plus vite qu'un papier blanc place au même fovcr. c Lntrc les deux yeux, tout auprès de la lèvre d , on appcrçoit quelque Histoirj; d£s chofe de jaunâtre , la couleur de la levrc elle-même, ainfi que de la langue^, Insectis, tire pareillement fur le jaune. A l'extrémité des futures antennes e e il v a une pointe jaune & roufsâtre. Toutes ces parties au relie font très-ditfi- ciles à dirtinguer, par rapport à leur tranfparence & à leur couleur trop claire. Sur les anneaux du corps on compte dix ftigmates de chaque côte hhh, ils font dépourvus des rebords ccailleux d'une autre couleur, tels qu'ils fe rencontrent dans le ver du monocéros , (a) dans le ver-à-foie &: dans d'autres infectes ; c'eft pour quoi ils lont difficiles à trouver par rapport ;\ leur blancheur &: à leur tranfparence ; & ce n'cfl: qu'après avoir tourné long-temps le microfcope de tout fens, qu'on peut venir à bout de les voir ; ils s'ouvrent par une fente oblongue , & font un tant foit peu en- foncés. Les trachées qui aboutiffent à ces ftigmates , ont la couleur & l'éclat de la nacre de perle ; elles paroifTent à travers la peau du ver four-tout quand la maigreur le rend un peu tranfparent. On voit auffi à travers fa peau le conduit des aliments qui m'a paru rempli alors d'une matière jaune, femblable à de la cire fondue. On dirtingue auffi dans fon corps , fans l'ouvrir , le cœur qui paroît placé le long du dos , & la moelle épiniere fituée dans le ventre de l'infefte. Ce ver n'a qu'un mouvement très-lent, & s'il paroît fe remuer quel- quefois , c'eft pour rapprocher fa tête de fa queue. Si on le tire de fa cel- lule , & qu'on l'irrite un peu , il fe donne alors quelques mouvements un peu différents & un peu plus marqués , il fe courbe & f^ plie tantôt en devant, tantôt en arrière. Au refte, à moins qu'on ne le touche & qu'on ne le dérange, il refte immobile & comme engourdi dans fa cellule d'oii il ne fort que fous la forme d'abeille. Avant d'aller plus loin, je ^•ais donner la defcription anatomique de toutes les parties du ver de l'abeille. Il y a bien des manières de dilTé- quer les vers des infeftes , & j'en ai mis en iifage un grand nombre. Dabord j'ai employé différents moyens pour les faire mourir : j'en ai fait cuire 'dans l'efprit de vin, j'en ai fait macérer d'autres dans l'alkaheft de Glauber , & dans différentes liqueurs colorées , & cela afin de mieux dif- tlngucr leurs parties intérieures. Cejjcndant, toutes ces tentatives ne me réuffirent point , parce que les vers étoient fort gras ; en les mettant dans l'efprit de vin , toutes leurs parties fe fondent &: fe tournent en eau en les faifant cuire, elles fe condenfent trop; l'alkaheft les condenfè trop auffi d'abord , & cnfuite elles redeviennent trop aqueufes. La meil- leure méthode que je connoifle eft de les étouffer d'abord dans l'efprit de vin , & de fe mettre tout de fuite à les diflequer ; il eft bon auffi de les laiffer macérer dans des liqueurs colorées , jiifqu'à ce qu'ils deviennent noirs, rouges ou jaunes autant qu'il eft pofTible ; on peut encore les laif- fer fe corrompre d'eux-mêmes, jufqu'à ce qu'ils deviennent un peu co- ^54 COLLECTION ■■"■ ■■■— lorés ; car c'eft riinic[iTe moyen de faire paroître quelques-unes de leurs SwAMMERDAM. parties, qu'il li^ro'' impoffible, ou du moins très-difficile fans cela d'ap- HisToiRE DES percevoir, à caufe de la blancheur & de la tranfparence de toutes les par- Ins£ctes. (J^s Je igjjr corps. Il ne feroit pas befoin de tov.tes ces préparations , fi on favolt diiTcquer ces vers tous vivants; mais cela n'ell; point du tout fa- cile, parce que les membres font très-tendres, & que d'ailleurs ils ne laifTent pas de fe contrafter alors avec beaucoup de force. En ouvrant le ver de l'abeille par le dos , on voit fortir d'abord une hu- meur aqueufe, qui n'eft autre chofe que le fang de l'infede qui s'écoule du cœur ou des vaiffeaux qu'on a ouverts ; fous la peau on trouve d'a- bord les mufcles qui fervent à mouvoir les anneaux du corps, & -'ont quelques-uns vont s'inférer dans le cœur même ; enfuite la graiffe , au milieu de laquelle fe prcfente le cœur : c'eflun long conduit qui s'étend tout le long du dos jufqu'à la tête, & d'où partent les vaiffeaux qui vont fé dillribuer dans toutes les parties. J'avertis cependant que ce n'eft pas fur le ver de l'abeille que j'ai fait cette obfervation , mais fur le yer-à- foie. Je m'étendrai davantage fur le cœur de l'abeille dans la defcription que je ferai de la femelle. En continuant la diffeftion , on découvre bien- tôt après l'eftomac qui eft un canal garni d'une infinité de trachées , 6c tiffu de fibres affez conlidérables : pour peu qu'on le bleffe en difféquant, il fe lépare très-facilemenr de fa tunique interne qui eft membraneufe & trois fois plus mince que l'eftomac même. Cette tunique eft d'ailleurs polie &: tranfparente comme les plus belles glaces de miroir. J'ai re- marqué la même chofe dans d'autres infeftes , &C nommément dans les vers-à-foie. Dans les derniers vers d'abeilles que j'ai difféqués, j'ai tou- paroi: même. Dans les vers des frelons, (a) la tunique interne de l'eftomac a la figure d'un réfeau couleur de pourpre ; à la partie poftérieure de l'efto- mac , dans l'endroit où commence le pylore , on apperçoit quatre petits vaifleaux remplis d'une matière d'un jaune pâle , lefquels étant fortement engagés dans la graiffe & dans les trachées, paroiffent en différents en- droits à travers la graiffe & fe répandent dans le corps en faifant plufieurs contours & formant une manière de lacis. Je ne puis deviner de quelle nature font ces vaiffeaux ; car ils ne me paroiflcnt p..s avoir un rapport exad avec les vaiffeaux jaunes (i>) dont Malpighl a donné la defcrip- tion dans les vers-à-foie, puifque je les ai trouvés dans tous les infeftcs que j'ai difféqués jufqu'à préfent , fans qu'ils aient cependant été tor.jours teints d'une couleur jaune. Quoiqu'il en foit, j'ai découvert après de lon- gues & pénibles recherches qu'ils étoient fermés à leurs extrémités, com- me le font les inteftins cœcum dans les gallinacéts : voici comme je m'y prends pour le démontrer.: je faifis avec une petite pince l'intelUa où (.j) Crdhrûae.s. (i) Vafu crocea & varîcofa. s'inférereni ACADÉMIQUE. 265 s'nfercnt ces petits vai/Tcaux , puis je les dégage lentement & avec at- h» tcntion de la graille , des membranes & des trachées oîi ils fe trouvent entrelacés. Si on fait un peu macérer ces vaiffeaux aveugles dans l'efprit .j*'^"''"^''^*'^' de vin, ils paroiflent alors tous parlemés de glandes, femblables à celles i^sVctis! "" (jue j'ai oblérvées dans beaucoup d'autres infectes. J'ai donné à ces vaif- ieaux le nom de vaiffeaux jaunes & variqueux dans le ver du nionocé- ros. Il eft extrêmement difficile de les bien démontrer dans les abeilles. La graiffe du ver de l'abeille ei\ formée comme celle du ver du mo- nocéros , de globules qui ont auffi quelque reffemblance avec les globu- les graiffeux de ce dernier. Cette graiffe ne fc perd point dans notre ver malgré fes transformations , & on la trouve encore lorfqu'il cft changé en abeille. En la confidérant plus attentivement, on y remarque ou- tre les globules , quelques molécules huileufes , telles que je les ai r«pré- fentées dans la graiffe du ver du monoccros. Il n'y a pas de meilleur moyen de s'affurer de la véritable ffniclure de cette graiffe, que de la mettre fur un morceau de verre très-mince & de la regarder à travers- ime bonne loupe, l'objet étant placé entre l'œil 6c la lumière. On y dé- couvre en différents endroits , outre les membranes &c les trachées , piû- fieurs petites particules pliff^s & comme ridées, de couleur de pourpre pâle & tirant prelque lur le blanc ; ce font les ébauches, des véhcules, aériennes, qui dans la fuite , quand le ver eu devenu abeille,, iè reniplit ient d'air & s'abouchent avec les trachées avec lefquelles elles n'ont qu'une fim pie adhérence, tant que l'infede efl dans l'état de ver. Ces vé- ficules font donc ici affaiffées & ridées , à-peu-près comme le font les pou- mons dans les animaux qui n'ont pas encore refpiré. Antérieurement du côté de la tête il paroît encore dans le ver de l'a- beille quelques vaiffeaux , qui comme les vaiffeaux aveugles que je viens de décrire , font tortillés en manière de vrilles ou mains'' de fa vigne. Ils font û fortement engagés dans les, membranes , la graiffe & les trachées qu'il m'a été impoffible jufqu'à prefent de les féparer de ces parties ; c'eff ce qui m'a empêché de m'affurer de leur ffruûure avec touto l'e'xacli- tude que j'aurois defiré. Ces vaiffeaux au refte, quelque tortillés qu'ils foient, ne forment que deux branches qui vont fe réunir en un icul tronc : ce tronc enfuite s'avançant en dehors fous la langue du ver, forme un tuyau plus ferme & plus fort , dont il déborde extérieurement une petite papille tendre & percée d'un trou par où fort une hum.eur gluante, qui eff la matière de la foie que file notre ver. On peut donc affurer'que ces vaiffeaux font la véritable filière du ver de l'abeille ; car nous ver- rons que des qu'il a pris affcz de nourriture , & qu'il eff fur le point de fe transformer en nymphe , pour lors il a foin de tapiffer Tiennent-ils lieu du cœcum qui fe trouve dans les autres animaux , & principalement dans les lapins & dans les oi- feaux : le véritable ufage du cœcum n'eft pas encore bien connu à la vé- rité dans les animaux ; cependant il eft sûr qu'on y trouve prefque toujours •des excréments femblables à ceux des- gros inteftins. Si ces vaifleaux dans le ver de l'abeille n'étoient pas auffi exadcment partagés en quatre bran- ches, s'ils n'étoient pas fi longs, & d'un autre coté s'ils n'avoient pas leur inlertion dans le canal intcftinal , précifémcnt au deffous de l'efto- 179 COLLECTION ——■a—— mac , je foiipçonnerois qu'ils ont quelque rapport avec la véficiile dii ve^ SwAMMERDAM. "'"j ^^ont jc parlerai dans la defcription de l'abeille ordinaire : il y bu- Histoire DES roit un moyen bien fimple de s'en affurer, ce feroit de difféqiier un ver Insectes. dont il doit provenir un mâle ; mais je ne fuis plus dans la faifon de pou- voir m'en procurer ; car j'écris ces obfervations le dernier de (ep- lembre. Je reviens à la defcription des parties internes du ver que je difleque aftuellement : fon eflomac eft plus refferré & plus rétréci qu'il n'étoit auparavant , il reffemble à un petit inteftin , fa couleur efl: blanchâtre , & les matières jaunes qui y étoient contenues font entièrement diffipées. . J'obferve que fi le ver efl: plus avancé d'une demi-journée ou d'un jour entier, fon eftomac le raccourcit encore davantage, &c que les vaifleaux jaunes deviennent plus forts & plus vifibles. Un peu au deffous de l'in- fertion de ces vaifleaux , les gros inteflins font bien plus fenfibles aftxiel- lement qu'ils ne l'étoient avant que le ver eût filé , ils forment avec l'ef- tomac un canal continu , ils paroifi'ent en quelque façon s'alongcr , Se commencent à fe courber & à former un coude : à leur partie pollé- rieure on apperçoit une ou deux petites particules fi tendres , qu'on ne peut diflinguer nettement ce que c'cfl. La graifl'e fe fépare A préiént très- iacilement de fes membranes , ce qui fait que les véficules pulmonaires afFaiffées dont j'ai parlé, en deviennent beaucoup plus vifibles. Le ver dans l'état de repos oii nous l'avons laiffé fous fa toile , éprouve bien des changements intérieurs. Sa poitrine fe gonfle confidérablement ; fa tête s'enfle moins à proportion ; infenfiblement il devient de plus en plus gros & fe tuméfie vers le fécond & le troifieme anneau ; ce qui vient de ce que fes membres qui ont pris intérieurement de l'accroifTe- ment , fe trouvent diflendus petit à petit par les humeurs qui y abor- dent : on peut alors diftinguer à travers la membrane fine qui le recou- vre , les jambes & les ailes , enfuitc la tête , le corcelet , le ventre & la trompe , enfin la forme entière de la jeune abeille qui en doit naître ; mais tous ces membres font encore foibles , exceflîvement tendres , plil- fés &c comme chiffonnés. Les fibres mufculeufés ne font alors qu'une efpece de gelée qui s'en va tout en eau fous les doigts ; elles font inca- que de pc moelle épiniere éprouvent auffi les mêmes changements : il leur arrive pareillement des diflentions, des développements, des rétreciffements & même des déplacements très-fenfibles. Je ne vois point d'infeûes où ces chan'^cments foient mieux marqués que dans la petite demoifelle décrite par Moufet, & dans la demoifelle du fourmi-lion , nu temps que ces in- fcftes fe transforment ; car dans la petite demoifelle la moelle épiniere s'alonge, au point qu'elle devient deux fois plus longue qu'elle ne l'étoit dans le ver. On obferve aufli quelque choie de fcmblable dans les nerfs Optiques du limaçon. Ce font particulièrement les jambes , les antennes Se la trompe qui de- vieiuient très-vifibles dans le temps que le ver fe gonfle fi fort : ainfi l'on ACADÉMIQUE. 571 volt paroître peu h peu à travers fa peau la forme entière de l'abclUe ; ■'«■■■■»■■■■— ^ & tons les anneaux de la tCtc , du corccict & du ventre , deviennent Swammerdam* très-(onfibles. Enfin, la peau du ver fc fend (ur le dos, fon crâne s'ou- Histoire du vre en trois endroits , & le \ct devient nymphe , c'eft-à-dirc , que les Insectes. membres, qui jufqu 'alors avoient été cachés fous fa peau de ver, dé- pouillés enfin de cette peau , parolffent au dehors bien arranges , de ma- nière qu'on peut déjà appercevoir toutes les parties de l'abeille future, & même plus nettement, pins diftindement que dans l'abeille même parce que les poils qui les recouvrent dans l'abeille , ne paroifîent pas en- core dans la nymphe. La trompe (ur-tout cil plus vifible dans cet état, &C à caufe de ta fituation & de fon immobilité , plus facile à obferver, qu'elle ne le fera lorfque l'infcftc Icra devenu abeille par l'entier développement de fes membres. Cette nymphe eft extrêmement tendre & délicate ; car prefque tous fes membres font diftendus ôc gonflés de beaucoup d'humeurs ; la peau qui les recouvroit eu entièrement arrachée. Ses trachées mêmes ont chan- gé de peau au dedans de fon corps , & lont gonflées d'un air nouveau. Mais une choie très-remarquable dans cette transformation, c'eft aue ces trachées ne muent pas Amplement en le dépouillant d'une enveloppe ex- térieure, mais qu'elles en iortent toutes entières par les lli^:;mates du ver & telles qu'elles étoient dans l'intérieur de fon corps fous la forme de petits vaiffeaux formés par les tours de fpirale d'un filet cartilagineux, tefles en un mot qu- je les ai décrites. L'œfophage, l'eftomac &; fes intef- tins changent aulîî Je peau , ce qui n'eft cependant pas aifé à oblerver , à moins qu'on n'examine la dépouille du ver aulTi-tôt après qu'il l'a quit- tée, ou qu'on n'ait l'art de dilféquer le ver lui-même & d'enlever fa {)eau pour obferver l'intérieur de fon corps. C'eft liir-tout dans ks fré- ons que l'on peut voir ce phénomène fmgulier ; car les vers de ces in- feftes dans le temps de leur transformation rejettent tout à la fois leurs excréments & la tunixjue Interne de leur eftomac , laquelle paroît de cou- leur de pourpre , & le poids total de leurs déjeftions e(i de plus de trois grains. On peut même calculer exaâement, au moyen de ces membra- nes que l'on trouve entafTées au fond des cellules , combien il y a eu de vers changés en frelons dans une même cellule. Il faut encore obferver ;\ l'égard des nymphes d'abeilles , que tous leurs membres, leurs jambes, leurs ailes, leurs antennes, leur trompe, toutes leurs parties , en un mot, ont des trachées toujours pleines d'air dans le temps que les membres de la nymphe fe gonHent , & même c'eft cet air qui contribue à leur expanfion. C'eft ce dont on peut s'af- liirer , principalement fur la fin , quand la nymphe quitte fa peau pour paroitre fous la forme d'abeille. Je trouve un exemple d'un pareil effet de l'air dans le caméléon , qui eft le feul que je connoilîe parmi tous les animaux qui ont du fang , dont le poumon ait quelque rapport avec ccltii des infeftes par fes trachées & fes ftigmates : cet effet néanmoins n'a lieu que duis le mouvement de fa langue qu'il darde avec une grande VÎtelTe ; car quoiqu'il y ait des mufclcs qui contribuent à cette adion, je crois cependant qu'elle dépend principalement vie l'air qui eft pouffé 171 COLLECTION '"""'"— "^ du poumon dans la double cavité de la langue. J'ai découvert aufïï dans Swan:merdam. le caméléon l'organe de l'ouie & la rate, quoique les Académiciens de Histoire dis Paris qui ont donné la diffeftion de cet animal, aient affuré que ces iNSECTts. parties lui manquent : j'ajouterai en paffant qu'ils fe font encore trom- pés au fujet des cornes de la matrice, & que la figure qu'ils en donnent n'efl pas plus exafte que la dcfcription qu'ils en font ; ils n'ont pas non plus repréienté les trachées pulmonaires afl'ez pointues. Mais je reviens aux abeilles. Puifque les vers des abeilles tapiflent le dedans de leur cellule d^me toile delbie, comme nous l'avons dit^ puifqii'ilsyvuident leurs excréments & qu'ils s'y dépouillent de leur peau & de leurs trachées, il doit arri- ver après un certain nombre d'années , quand les cellules ont fervi d'ha- bitation à plufieurs vers fuccefllvement , qu'elles deviennent inienlible- ment trop étroites & trop petites pour en loger d'autres. Les abeilles fe- ront donc obligées alors d'abandonner leur ancienne ruche , & d'aller chercher une autre habitation pour y conftruire de nouveaux gâteaux. On ne peut plus donner le nom de miel-vierge & de cire-vierge au mie! & à la cire qui fe trouvent dans des cellules ainfi gâtées & falies , piiif- Que l'un & l'autre font remplis d'ordures , qu'il faut en féparer avant que d'en pouvoir taire ufage. Si quelqu'un a voit envie de vo» la toile qui enveloppe la nymphe, it n'auroit qu'à la faire macérer avec la cire à laquelle elle ell adjiérenje, dans de l'efprit de vin pendant quelques jours : la cire s'en détachera par grumeaux, & la toile fera très-aifée à appercevoir. Si on tient ainfl en macération dans de bon efprit de vin reftifié une cellule toute entière avec fon couvercle, on dlftinguera à travers la toile tout le corps du ver ou de la nymphe qui y eft renfermée, & qui n'en pourra pas fortir qu'on ne coupe la toile. Cette méthode de fe convaincre, que les vers des abeil- les filent réellement , donne encore un moyen aifé & sûr de connoître comloien de vers ont été élevés fiicceffivement dans chaque alvéole ; car enféparant les unes des autres les pellicules qui s'y trouvent, on pourra aiTurer -qu'il y a eu autant d'œufs pondus dans une même cellule qu'on y trouvera de toiles appliquées l'une fiir l'autre. Si l'on eft affez adroit pour détacher de la toile toute la cire , au moyen de la macéra- tion , fans endommager aucunement cette toile , on verra qu'elle a exac- tement la figure hexagonale de la cellule , principalement à la partie in- térieure ; elle efl plus épaiffe &C plus noire vers la bafe & vers les an- gles de la cellule qu'à fa partie fupérieure où elle efl: plus membraneu- té , comme je l'ai déjà dit , & d'une couleur plus jaune. Je n'ai pu encore appercevoir la raifon de cette différence. Pour démontrer fur le champ cette toile, il faut faire bouillir un inflant un morceau de gâteau de cire avec l'efprit de vin ou l'huile de térébenthine. En coupant des cellules d'une vieille ruche avec un couteau , on en voit quelquefois dont le fond a la moitié de l'épaifieur d'un écu , tandis que pour l'ordinaire il eft prodigieufement mince ; cela vient de plufieurs toiles qui ont été mi- fes les unes fur les autres. Un avantage qui réfulte encore de ces toiles , c'eft que les gâteaux ea font ACADÉMIQUE. 17, font plus forts & plus folidcs. C'cft pour cette ralfon qu'on peut tram- , porter avec moins de rifqueune ruche où des abeilles ont déjà c» plufieurs w,v,MrHn.M fois du couvain, que celles dont les gâteaux font nouvellement conlbmts. Histoire oa' Ajoutez à cela que les cellules qui font ainfi tapiflées, ne le fondent pas fi Insectes. aiiement dans les grandes chaleurs. A l'égard des Hls dont cette toile ell tiffue, il n'eft pas fort difficile de les démontrer; il n'y qu'à emporter avec des cifeaux ou avec la pointe é un canif le couvercle de cire qui bouche le haut d'une cellule déta- cher bien exadement tous les petits morceaux de cire , & examiner en- fuite attentivement avec une loupe , on verra dillinâernent les fils qui fe croilent , & on lera convaincu que les vers des abeilles favent vraiement nier. Avant que de paffer à la defcription de ia nymi^he que nous avons laiflee dans fon enveloppe , qu'il me ioit permis d'inlcrcr ici quelques ob- servations fur la cochenille, qui n'ell autre chofe qu'un ver afle? reilem- blant à notre ver d'abeille , du moins à en juger par la forme de Ion corps qui m a paru divife en difttrents anneaux , après l'avoir fait macérer pendant quelque temps dans l'efpric de vin. Il y a cependant cette différence., qu'il eft plus court & plus gros que le ver de l'abeille Ci que d ailleurs il laiffe appercevoir quelques vefliocs de jambes Ces vers fuivant ce que j'ai emendu dire, naiffent d'un œuf que leur mère depofe fur les teuili. s d'un arbre tres-connu dans l'Amérique fous le nom de Tuna. (a) Au moment qu'ils (ortent de leurs œufs, ils font auffi petits que les vers du fromage lorlqu'ils font tout nouvellement éclos- mais ils prennent tant d'accroiffement au moyen de la nourriture que leur fourmilent les femlles dont je viens de parler, qu'en très - peu de temps tout l'arbre en ei\ couvert. & même ils multiplient fi prodicjeu- lemcnt, que dans l'intervalle d'une année on en peut tkire julqua trois ou quatre récoltes. On a grand loin leulement qu'il n'y ait aucune autre e(pece d iniedtes lur l'arbre oîi ils lont , & que les poules n'en puiffent pas approcher, parce qu'eUes iont fort avides de ces vers. I orf^u en veut en faire la récolte, on examine auparavant s'ils lont du point de grandeur qu'ils doivent avoir, après quoi on les arrofe de cendres & on les fait tomber de deffus l'arbre avec un balai de plumes pour' les mettre enfuite fécher à l'ombre. Si on les laiffoit trop long-temps & jui- quà ce qu'ils euffent pris tout leur croit, pour lors ils s'attachero'ient aux teuilles pour fe transformer en nymphes, j^près avoir été quelque temps en cet état, ils fe dépouillent de la peau mince qui les enveloppoit &:ie changent en karabécs ailés, très-petits, de figure prefque ronde, d'une couleur bnme tirant fur le noir, & marqués de points d'une couleur do pourpre foncée. Les mâles s'accouplent enfuite avec les femelles & b ponte des œufs recommence; mais ces fcarabées ne font pas bons poir la teinture comme les vers dont ils proviennent, quoiqu'on nous les en- W Opuntia m^jor fplnof, , fruBu fanguineo. En fran,,ois , raquette, carcîalTe . on nopal : fon fruit s'appeUe Sguc d'Inde. t > ^ . ^us.o.i Tom, F. M m 174 COLLECTION 5! voie fouvent mêlés dans la cochenille , ainfi que je m'en fuis aïïiiré moi- SwAMMERDAM. même, & j'en garde encore aujourd'hui que j'y ai trouvés. Histoire des On rencontre dans nos pays fur les feuilles de lis des vers un peu gros. Insectes. ^\in rouge pâle, qui ne différent de ceux de la cochenille, qu'en ce qu'ils ont fix jambes allez remarquables , de couleur noire , &C une tête fort ai- iée à diftinguer. Ces vers en très-peu de temps fe changent en fcarabées oblongs , d'un rouge foncé , ayant les jambes &C les antennes noires. Ce qu'il y a de fmgulier dans les vers dont je parle, c'eft qu'ils fe couvrent de leurs propres excréments contre l'ardeur du foleil, ce qui fait qu'ils marchent fur les feuilles du lis, fans qu'on puiffe les appercevoir. J'ai encore dans ma Colleûion de petits infeftes , qui ne différent pas beaucoup du fçarabée de la cochenille, fi ce ii'ei\ qu'ils font un peu plus petits, &c qu'ils ne donnent pas précifément la même couleur ; ce qui me fait croire qu'on pourroit bien trouver & élever dans nos pays l'inlede de la cochenille, quoique je ne l'aie point encore rencontré. Les fcara- bées dont je viens de parler ont leurs antennes en- maffe ; on les appelle en Hollandois Lkven Hccren Haantkcns ou Onfi frouwen Hdiuitkens. Mais je reviens à la defcription de la nymphe de l'abeille. La nymphe qui provient du ver de l'abeille, n'efl autre chofe que le même animal dans un autre état : c'eft le ver lui-même , dont les mem- bres ayant pris jufqu'alors leur accroiffement fous la peau, commencent à fe développer & à paroître au dehors dans une nouvelle difpofition , & demeurent immobiles , jufqu'à ce que les humeurs qui les gonflent & les dillendent, étant entièrement dlffipées , l'animal foit en état de les mouvoir & de les faire agir. Auffi obferve-t-on que la nymphe pefe beau- coup plus que l'abeille même qui en eft venue. Mais avant que de don- ner la figure des membres de la nymphe, il ell: à propos de commencer par la defcription de fes parties telles qu'elles font cachées fous l'enve- loppe du ver, & d'y apporter plus d'ordre &: d'exaftitude qu'on n'a fait jufqu'à préiént. Je fuivrai l'ordre fuivant lequel le ver exécute petit à peiit fon changement de peau & le développement de fes membres. Da- bord le crâne dont il doit fe dépouiller , fe remplit infenfiblement d'une humeur limpide, dont l'effort détache ce crâne peu à peu de la tête ei le pouffant vers la partie antérieure ; moyennant quoi les antennes, les dents & la trompe , qui étolent cachées & pliées fous la peau , commen- cent à s'arranger de manière à pouvoir s'étendre & s'enfler petit à pe- tit par l'humeur qui abreuve ces parties. Cependant la tête qui fort de la partie poflérieure du crâne par un mouvement infenfible , & que l'œil peut à peine appercevoir , s'augmente & s'étend à la longue. Cet accroif- fement de la tête eft dû principalement à l'aftion de l'air, du fang & des autres humeurs qui abondent dans les yeux & qui en gonflent toutes les parties. D'un autre côté la poitrine s'enfle auffi par l'effort de l'air & des humeurs qui s'y introduifent ; par la même raifbn , les jambes s'étendent auffi , tant au haut du corcelet que par deffous ; la manière dont elles paroiflènt arrangées fous la peau mérite attention ; la première paire efl couchée au deflbus de la tête le long de la trompe, & appliquée de ma- nière que l'extrémité des pieds eft plus élevée & les cuiffes plus enfoncées ACADÉMIQUE. 175 fous la peau. La féconde paire de jambes eft placée un peu au deflbus dç la j— — — première 6c arrangée de la même façon. On dilHnguc lout auprès de Swammerdam. cette féconde paire, les quatre ailes, dont les plus petites font fituées à Histoire des côté des grandes, & en font cachées en partie. On voit eniliite la der- i^stcTts. niere paire de jambes qui eft difpofée fous la peau de la même manière que les deux autres paires. Toutes ces parties , tant qu'elles font cachées fous la peau , font plifiées & chitTonnées ; elles font même plus courtes Se plus petites au moins de moitié , qu'elles ne le feront dans la nym- phe : car dans le moment que l'infeâe quitte fa dépouille de ver, tou- ies parties s'enflent & fe dillendent confidérablement ])ar l'effort de l'air & du fang ou des humeurs. D'ailleurs, le mouvement périftaltique par lequel le ver rompt fa peau &s'en débarraflé, contribue encore beaucoup à l'extcnfion de ces parties : comme elles tiennent lâchement à la peau, au moyen de quelques fibrilles extrêmement fines, on conçoit que la peau ne fauroit le détacher & fe féparer du corps fahs les tirailler &i fans les alonger : voilà pourquoi toutes ces parties fe trouvent placées dans la nymphe fi régulièrement , &C dans un ordre fi confiant , je vais en don- ner la defcription , accompagnée de figures que j'ai deffinées moi-même. La Figure L (PI. Xv'll.) rcpréfente l'arrangement des parties fous la peau du ver, un tan; foit peu dérangées de leur fituation ; a a font les antennes , h la trompe avec toutes fes pièces , e ^ la première paire des jambes, ff la. féconde paire, g g la troifieme; hk, ii font les grandes & les petites ailes de chaque côté, k les anneaux du ventre. La Figure II. marque l'arrangement de toutes ces parties dans la nymphe. a La tête de la nymphe : elle eft actuellement gonflée d'humeurs & diftendue par l'effort de l'air qui y a été pouifé ; du refte elle eft d'une confiftance aufti molle que du lait nouvellement caillé. La même riioUeiié s'obferve auftl dans tout le refte du corps de la nymphe : toutes (es par- ties font d'une extrême blancheur, &i on n'y remarque pas le moindre mouvement. L'animal dans cet état, femble parfaitement inanimé. ti> Les deux grands yeux de la nymphe. On ne peut pas voir ici les trois petits yeux , parce qu'ils font fitués plus en arrière fur la partie la plus élevée de la tête. C'etl fur les yeux que s'opère le premier change- ment qui s'obferve dans la nymphe, de blancs qu'ils étoient, il, pren- nent infénfiblement une couleur de pourpre claire, & on commence alors à diflinguer leur figure fémi-liinaire , qu'il étoit impofîlble de difcerner auparavant à caufe de l'extrême blancheur & de la tranf'parence des par- ties. ce Les antennes : elles fortent du milieu de la tête : la peau du ver en fe détachant les a recourbées & appliquées fur le ventre, où elles paroifTent couchées le long de la trompe &C des pièces qui entrent dans ia compofition. Sous les extrémités des antennes on apperçoit trois ar- ticulations des jambes de la première paire. On peut diflinguer des tra- chées qui paroiflent à travers les enveloppes , dans le milieu des an- tennes. d La levrc , qui n'eft pas confidérablement augmentée en groffeur. Mm 2 176 C O L L E C T I O N ■«iii»jji».^a»— I - es Les Jents ou les mâchoires , qui font un peu couvertes parla levre. SwAMMERDAM. // ^^ première paire des pièces qui compol'ent la trompe ; elles ont Hi<;toire d£s auffi leurs trachées. Au deffus de ces pièces & fous les dents, on volt une Insectes. portion de la troifieme ou dernière paire des pièces qui appartiennent à 1» trompe ; ce font les plus courtes & les plus petites de toutes. gg La féconde paire des pièces qui compoient la trompe , lefquelles font divifées de chaque côté en trois articulations. k La trompe elle-même, fituée entre toutes les parties dont nous avons fait mention jufqu'à préient. Il eft; important de remarquer ici que toutes ces parties ibnt aéluellement pourvues de trachées tranfparentes &: très-vi- fibles ; mais quand l'animal approchera de ia dernière transformation & fera près de paroître fous la tonne d'abeille , pour lors ces trachées de- viendront prefque toutes invifibles. La même chofe s'obferve à l'égard de celles qu'on remarque dans les ailes ; car elles font tellement refferrées dans ce temps-là , qu'on les prendroit plutôt pour des fibres nerveufes , que pour des trachées. a Les jambes de la première paire ; leurs dernières articulations font placées lous les extrémités des antennes ce. k k Deux pièces joliment travaillées , tranfparentes , d'une confiftance ferme , faillantes , &c fituées près des dernières articulations des jambes de la première paire. Peut-être ces pièces font particulières à la nymphe & ne relient point à l'abeille, qui les quitte avec le reilie de fes dépouil- les , lorfqu'clle fe défait de fon enveloppe de nymphe. // Les jambes de la féconde paire ; elles ont auffi leurs trachées appa- rentes. Ces jambes qui ont été allongées au-de là de la moitié du corps, par l'etïbrt qui a caufé le changement de peau du ver, & par l'aflion de l'air & des humeurs qui y abordoient , font ici placées fym.métri- quement. mm Les ailes de la nymphe qu'on ne peut voir encore qu'en partie; elles ont beaucoup de trachées, qui doivent muer auffi bien que toutes les autres parties dans le temps que la nymphe quittera fes dernières dé- pouilles. Après ce changement de peau univerfel, les nouvelles trachées étant gonflées de nouveau par l'air qui s'y introduit , & les véficules pul- monaires , qui jufqu'alors avoient été alfaiffées , fe trouvant auffi dilatées par ce même air, 11 faut néceffairement que toute la fubilance de l'aile le déploie pareillement & deviiinne trois &c quatre fois plus grande qu'elle n'étoit; cependant ce n'ell pas feulement à l'air qu'eft due cette expanfion fubite des ailes , mais le làng ou l'humeur qui tient lieu de fang dans les infeftes y entre encore pour beaucoup , & peut-être a-t-il la meilleure part à cet effet ; car dans le même temps que l'air s'inCnue dans les ai- les, il fe porte auffi dans les vaiffeaux fanguins de ces parties ime quan- tité de fang confidérable. On conçoit bien que ce fang n'eil pas de la même nature que celui des grands animaux ; c'efi: plutôt une humeur ichoreufe & limpide , comme on pourra s'en affurer û l'on coupe alors un peu des ailes de la jeune abeille ; car on en verra fuinter une humeur telle que je viens de dire, fous la forme de petits globules tranfparents qui formeront infertfiblement d'affez grofTes gouttes. Dans la plupart des ACADÉMIQUE.^ 177 nymphes de mouches, non-fculcmcnt les ailes le déploient au moment m— — 1^ do la transformation, mais tout leur corps le dilate aiilïï ; ce qui liiit Swammiudam. qu'elles paroiffent dans letat de mouche plus grofles de moitié que le Histoire des " fourreau qui les contcnoit dans l'état de nymphe. L'expanlion des ailes Insectes. dans les papillons , eft un des plus agréables phénomènes de la nature : dans l'efpace d'un quart d'heure cette petite aile qui n'ctoit pas plus gran- • de que la moitié de l'ongle du petit doigt, le déploie & devient de la grandeur d'un écu ; & en même temps toutes (es couleurs le répandent &C prennent un éclat plus vit. Dans ce moment-là les trachées des ailes font d'une extrême molieire, & les ailes pendent en cmbas , de façon que l'air & les humeurs trouvent encore plus de facilité pour les péné- trer & pour les diftendrc. nn Les épaules qui s'avancent un peu plus bas & forment une faillie un peu en pointe. Sous les épaules on apperçoit les fligmates du corce- let, d'où j'ai dit que fortoit l'air qui contribue au bourdonnement t{uc font les abeilles avec leu-s ailes. 00 Les jambes de la .roifieme paire, avec les trachées qui paroiffent au travers comme fi c'éti)ient de petites veines. pp Les anneaux du ventre : on y trouve fept fligmates de chaque côté. Je n'ai point marqué ici ces iligmates, parce qu'on ne peut pas en- core connoître leur véritable place dans la nymphe , toutes les parties étant alors d'une même couleur ; ce que j'ai vu du moins en difféquant la nymphe, c'eft qu'il y a des trachées qui vont aboutir aux anneaux du ven- tre, j'ai dirtingué aufîl trois ftigmates dans le corcelet. q Le derrière de la nymphe. On y apperçoit l'aiguillon qui s'avance un peu hors du corps avec les deux pièces r qui l'acompagnent dans l'a- beille ordinaire &c dans la femelle. 5 L'anus. Pour peu qu'on écarte enfuite les unes des autres toutes les parties |,,|t ^q toutes leurs adions & de tous leurs travaux. Cet hom- me avoit le fecret de conferver autant de femelles qu'il vouloit , & conféquemment de fe procurer trois ou quatre fois plus d'effaims qu'on n'en a ordinairement dans nos pays troids. Voici comme il faut s'y prendre : dans le mois d'avril on renverfe une ruche en tournant l'ou- verture en haut, pour examiner ce qui efl dedans ; fi l'on voit qu'il y ait du couvain dans les cellules des femelles , il faudra prendre l'ancienne mère avec quelques-unes des abeilles & les mettre dans une autre ru- che à part, elles s'y établiront de nouveau, elles y conflruiront des gâ- teaux, & bientôt il y aura des œufs dans ces nouvelles cellules. Quel- que temps après on retournera examiner la première ruche., & fi l'on y apperçoit une femelle provenue depuis peu des œufs que l'on y avoit laiffés , on la prendra encore comme on a fait la première fois , & on la portera dans une autre ruche avec un certain nombre de mouches pour y multiplier. En continuant enfuite à tirer toujours de la même façon de la première ruche toutes les femelles à mefure qu'elles naîtront , & à les mettre dans de nouveaux paniers avec une certaine quantité d'ou- vrières , on aura dans un été un peu fertile dix & même julqu'à qua- torze efTairos d'une feule ruche , puifqu'il le trouve- quelquefois jufqu'à quatorze cellules de reines dans une même ruche. Je dis pourvu que l'an- née foit fertile , autrement , non-feulement les abeilles ne mukiplieroient pas comme je viens de dire, mais encore elles ne pourroient pas amaf- fer affez de miel &'de cire pour paflér l'hiver. D'ailleurs il faut bien prendre garde que la première ruche ne jette , puifque chaque colonie qu'on en tire avec fa reine doit être regardée comme un véritable efiaim. J'ajouterai encore à toutes ces précautions que toutes ces nouvelles ru- ches feroient Itériles , s'il n'y entroit auffi quelques mâles pour fécon- der la jeune mère : c'eit ce que. mon homme ne pouvoit pas trop com- prendre ; il convenoit feulement. avec moi qu'il fe gliflbit quelquefois par hafard des mouches couveufes dans les nouvelles ruches, & qu'elles ve- noient de la mère ruche ou de quelques paniers volllns. Ces prétendues mouches couveufes des gens de la campagne , ne font autre chofe que les mfdes , comme je l'ai déjà dit. Cette expérience tait voir jufqu'oii va l'induftrie des abeilles ouvrières , &: avec quelle aftivité elles s'acquittent de leur emploi, lors même qu'on leur a ôté leur reine. Si l'on ôtoit de la ruche les œufs ou les vers, bien- tôt elles cefl'eroient de travailler ; mais tant qu'il y refiera du couvain , on n'y verra jamais le moindre défordre ni le moindre relâchement. Il ne doit donc plus relier aucun doute fur l'emploi de ces abeilles ou- vrières; elles n'ont autre choie à faire conjointement avec la mère abeille ( qu'on a mal à propos appellée du nom de Roi , ) qu'à nourrir les petits vers qui font nés de cette mère, & à leur conllruire des alvéoles qui leur puiffeat feryir de logements convenables ; & quand ces foies ACADÉMIQUE. ,^ %h leur laiiTent qiiçlque loifir , çllcs l'ernploîént à faire des proylllons de nnçl ^ de cire brute, Swammfbdam. Dans les climats qui font plus chauds & plus fertiles qtic les nôtres , Histoire de* les mouches à miel jettent plus d'cflaims qu'ici fans qu'il foit befoin d'avoir l^stciEs. recours à l'expédient dont je viens de parler , comme on le verra par le fait fuivant que m'a raconté \\n homme digne de foi , & qui fait mé- tier d'élever des abeilles : dans le temps des incurfions que le Comte de Manst'eld fît dans la Province d'Emtlen il y a foixante années , il refta ù cet homme une feule ruche échappes du pillage , laquelle jetta trente effaims l'année fuivante. Il eft vrai que cette ruciie étoit extraordinaire- mcnt féconde ; parce que toutes les autres niches du pays, tant les Tiennes que celles de les voilins, ayant été pillées & détruites, un grand nombre d'abeilles s'y étoient rendues de tous côtés. Le premier elfaim qu'elle donna fortit le jour de l'Aicenfion , quelques moments après il Ibrtit encore un fécond effaim. Le premier de ces deux efl'iims jetta auffi lui-même deux fois au bout d'un mois, & l'autre trois fois au bout de lix lémaines. Enfin, il (brtit dans la même année tant de la mère ruche, que de ces jetons, vingt-trois nouveaux effaims, outre les fept premiers dont il a été fait mention ; ce qui fait bien voir la grande fécondité de ces in- fedes. Lorfqu'une ruche eft fur le point d'effaimer , les abeilles fe tiennent en grand nombre &i par tas, tant à la porte de la ruche, qu'au dehors. C'eft ordinairement l'ancienne mère qui fe met à la tête de l'effaim , après qu'elle a été de nouveau fécondée par les jeunes mâles pour le refle de 1 année. (^) Quand il fort un fécond effaim ou même un troifieme , il s'y trouve fouvent deux femelles & même quelquefois trois. S'il y a un nombre fuffifant de mouches , il faut les partager en autant de colo- nies qu'il y a de femelles , & les mettre en autant de paniers différents ; mais fi les abeilles étoient en trop petite quantité , pour lors il faudroit facrifier une ou deux mères. Les môles relient prefque toujours dans l'ancienne ruche où ils ont pris naiffance , parce qu'ils y trouvent fans doute plus ailément de quoi fe fatistaire à l'égard des femelles ; quelque- fois cependant on en trouye quelques-uns dans les ruches où les effaims fe font nouvellement établis, ce qui arrive peut-être lorfque les femelles n'ont pas été affez fécondées , & qu'elles ont encore befoin des mâles. On pourroit empêcher les abeilles d'effaimer , fi l'on vouloit , en ôtanî de la ruche tout le couvain mâle & femelle ; car quand même il reikroit encore au haut de la ruche quelques cellules de femelle que l'on n'«uroit pas pu couper , la jeune femellcquien naîtroit enfuite rcfieroit toujours (té- rile, ce qui lliffiroit pour empêcher la fortic d'un effaim. Quand on (a) Il eft plus probable que c'eft une jeune mère qui fe met à !a tête de l'edaim. M. ds Réaumur afTure que de toutes les femelles qu'il a vu fortir avec des effaims , il n'en a jamais vu aucune qui n'eût les ailes bien l'ainçs ; au lieu que celles qu'il a ob- fervécs dans les rudies anciennes , avoient la bafc de l'aile déchiquette , ce qui eft la principale marque de vieillefle pour les abeilles. ■; ugn tssjpeeoKm i8S C O L L E C T I ON veut retrancher aïnfi d'une ruche tout le couvain mâle , il n'eft pas be- SwAMMiRDAM. foin de couper les gâteaux tous entiers , il fuffit d'en emporter feulement Histoire des le deflus ; car on tranche par ce moyen toutes les têtes des nymphes ou l^sscTEs. des vers qui auroient donné des mâles; & les abeilles ont loin de trans- porter eniiiitc promptcmcnt les corps morts hors de la ruche , & de nettoyer les gâteaux en un inllant. Il en rélulte un avantage , c'eft que les abeilles qui n'ont plus de vers à foigner, ne s'occupent plus que de la provifion du miel , parce qu'il leur refle beaucoup de cellules vuides qui n'ont befoin que d'être un peu racommodées & nettoyées. Lorlque tout l'effaim cil forti de la ruche , il va le placer ordinaire- ment fur quelque branche d'arbre , ou ùir quelque autre chofe qui fe rencontre. Rien de plus curieux que la manière dont les abeilles qui compofent cet eflaim , fe tiennent cramponées les unes aux autres par leur jambes , &C forment ime manière de grappe en s'accrochant toutes en- femble par leS ongles de leurs pieds : elles peuvent cependant fe déta- cher du peloton &c y revenir , & même fortir du milieu de ce tas pour s'envoler , quelque ferme qu'elles foient attachées les unes aux autres. Les abeilles ayant paffé l'hiver, la femelle commence à pondre dès le mois de Mars , & elle continue fa ponte avec vigueur & fans re- lâche; elle dépofe d'abord les œufs d'oîi doivent naître les abeilles ou- vrières , elle va pondre enfuite dans quatre ou cinq cellides où doivent éclorre les jeunes femelles ; enfin elle fait le refle de fes oeufs dans les cellules des mâles au cœur de l'été , & à-peu-près vers le temps de la fortie des eflaims. Si par hafard il arrivoit que les alvéoles des mâles mnnquaffent dans une ruche , ce qui arrive aflez fouvent lorfqu'on les coupe avec le miel en châtrant les mouches fur la fin de l'année , alors les abeilles ouvrières fe mettroient à en bâtir d'autres pour loger les vers d'où doivent naître les mâles ; & elles font voir autant d'em- preffement à les élever & à les nourrir, qu'elles en montreront dans la îiiite à les égorger , après que la femelle aura été fécondée. Il ne leur fe- ra pas difficile d'en venir à bout, puifqu'ils n'ont point d'armes pour fe défendre, & que d'ailleurs ils ont épuifé leurs forces avec la îemelle; au refte, n'étant propres ni à la récolte du miel & de la cire brute , ni à l'éducation des petits, ils mourroient toujours de leur mort naturelle , quand même les ouvrières ne les tueroient point ; je crois que la même chofe eu chez les fourmis; car les mâles qui font ailés parmi ces in- feftes , ne fe trouvent dans les fourmillieres que pendant un certain temps de l'année. Mais pour en revenir à notre jeune abeille , au premier inftant qu'elle fort de la cellule , elle efl aifée alors à diftinguer des vieilles par fa cou- leur ; elle eft beaucoup plus pâle & plus grisâtre , au lieu que les vieilles font plus brunes & plus rouffes ; Ion aiguillon n'a pas encore toute la force qu'il doit avoir ; ( on fent bien que je parle ici de l'abeille ordi- naire , ) fa véficule du venin efl: encore vuide : c"eft pour quoi on a beau l'irriter alors , elle ne pique point du tout Se même elle n'effaye point de piquer ; cependant au bout de quelques jours elle devient d'une cou- leur ACADÉMIQUE. ^Sç} leur aulïï foncée que celle des vieilles. Il ne faut pas s'imaginer comme i,,,, quelques-uns l'ont débité , que les vieilles apprennent aux jeunes à faire c de la cire &c à amaffer du miel; cette fcience leur eft innée, elles n'ont hbtoi pas befoin d'apprendre leur métier, elles n'ont qu'à iiiivre leur inllinct Inslctes pour s'en acquitter parfaitement dès le premier jour de leur naiflance. La railon pour laquelle les abeilles nouvellement nées font d'une cou- leur plus pale, c'ell que les parties écailleufes qui recouvrent leur tête, leur corcelet & leur ventre, fortant encore tout nouvellement de leur enveloppe, n'ont pas acquis toi:te leur fermeté, ce qui tait auflî que leur poil ert alors plus grisâtre : mais dans la fuite elles prennent la dureté 6c la couleur qu'elles doivent avoir, quand il s'en ell encore e\halé quel- ques relies d'humidité , & que ,leurs pores font devenus plus étroits & plus rcfl'errés. J'ai parlé jufqu'à prefent affez au long de tout ce qui regarde l'exté- rieur des abeilles , leur génération , leurs mœurs , & leurs travaux : je paffe afluellement à la delcription de leurs parties internes contenues dans es trois cavités , favoir , la tète , le corcelet & le ventre. Je garderai ici le même ordre que j'ai déjà luivi dans la defcription du ver & de la nymphe ; je ne parierai cependant des parties qui font renfermées dans le corcelet & dans la tête, que lorlque j'en ferai à la defcription du mâle- je remarquerai feulement ici au lujet de la tête, que dans les abeilles ordinaires les dents ou mâchoires font beaucoup plus ccnfidérablcs que dans les autres abeilles , & qu'elles font pourvues de deux forts mufdes lun plus grand & l'autre plus petit; ces deux mufclcs lont d'une con- filtance très-ferme , & ils occupent en' bas & en dedans une grande par- tic du crâne écailleux : leurs tendons font cartilagineux , à-peiT-près de la nature de l'ecaille , & ils font au miheu de la partie charnue qui tient de chaque côté , comme les barbes d'une plume font attachées de part & d'autre à la tige ; mai» on pourroit afl'ez bien comparer ces mufcles avec ceux qui (ervent à mouvoir les pinces des écrevilfes , la connexion de la partie charnue avec les tendons offeux v étant la même ; car quel- que petits que foient les mufcles des abeilles, leur ftrufture n'efl pas différente de celle des mufcles des autres animaux, & ils agiffent de la même manière. A propos de la reffemblance qu'il y a entre les mufcles des abeilles & ceux des animaux cruftacées, je ferai oblerver encore ici que conim.e dans les cruftacées , les parties ofl'eufes font placées à l'extérieur & les parties charnues intérieurement, il en eft de même dans les abeilles : cette Itnidure eft entièrement oppofée à celle qu'on remarque dans l'homme &: dans les animaux fanguins , dont les chairs font en dehors & les os en dedans^. Cette difpofition n'eft pourtant pas conftante , & ne s'obfer- ve pas à l'égard de toutes les parties, ni dans l'abeille ni dans l'écreviffe; car dans les articulations les tendons avec une grande partie des muf- des font à découvert, fans cela le mouvement ne feroit point auftî fa- cile : il faut en excepter cependant les awiculatlons des antennes oîi tout ce qu'il y a de mulculcux eft entiéremc*t renfermé au dedans de la partie Tom. F. O o MERDAM. STOIRK DES 193 COLLECTION «>w«g«w»CTw«n» cca'illeufe ; aufîî le moxivement n'ell-il pas ablolument L'ien diftlad dans ees Sv/AMMERD\r.i. parties. ^ ^ Histoire des Nous avons encore a con'udcrer dans la tête des abedles ordinaires la iNSfiCTES. trompe qui ell^beaucoup plus confidcrable que dans les mâles ; elle eft compoiée principalement de lept pièces : celle qui ell lituée dans le mi- lieu i (PI. XVII. Fig. VII. ) femble percée à Ion extrémité d'un petit trou, & torme la langue ou la trompe proprement dite : les fix autres pièces font placées par paire de chaque côté de la véritable trompe , & iemblent propres à faciliter la lliftion , & à aider l'ndlion de la trompe lorfqu'clle pompe le miel des fleurs. Il faut obferver dans la trompe même les di- viûons qui l'ont très-régulieres , & qui parolflént toutes hériffées de poils triangulaires, dlfpoiés lymmétriqnement ; ces divilions que j'ai priles au premier coup d'œil pcnir des articulations, font au nombre de plus de cent, ik quelques-unes d'entr'elles ne font point marquées fur toute l'épaifleur de la trompe ; mais avant que de pourlliivre la delcription de cette par- tie & de les mufcles, &i d'expliquer la manière dont elle fuce, je vais décrire auparavant les trois paires de pièces qui font placées le long de la trompe proprement dite. Les deux premières pièces a a font en partie écailleufes , en partie membraneufes , revêtues de poils çà & là , & garnies de trachées ib qui fe dillribuent intérieurement d?.ns la partie écalUeule & qui paroiffent à travers : leurs extrémités ce font un tant foit pou recourbées, & dans l'endroit où ces pièces fe joignent avec la racine de la trompe ti 11 V HisToiRE D-s lervent à contenir la trompe en lituation dans le temps quelle (uce, en l.NiSCTEs. ' failant l'office de petits crochets ; je crois qu'il n'ell pas impofllble de s'en afliirer avec du temps & de la dextérité : on voit à l'extrémité extérieure de la partie écailleul'c , un bouton ou une petite tête , au milieu de la- quelle il y a une ouverture qui me paroît pénétrer dans la cavité de la partie mcmbraneufe : cette ouverture n'eft pas aulîl petite que l'orifice des vaiffcaux lattées, quoiqu'elle le paroiffe au microlcope ; elle elt ce- pendant û étroite dans cet endroit, eu égard à cette partie, qu'on n'en peut rien dire de certain ; je lais que dans les papillons la trompe a plufieurs ouvertures qu'on apperçoit, comme autant de petits poils , dans le moment qu'ds pompent le lue des fleurs ; mais ici la ilrufture ell bien différente : cette petite tête de la trompe oo (PI. XVII. Fig. VII.) avec ia petite membrane f arnie de poils , ell capable de le contrader, de le rétrécir & de fe mou- voir de dehors en dedans , au moyen de quelques mufcles , comme on pourra s'en ailurer en maniant cette partie dans différents temps & en l'examinant liir de jeunes abeilles & liir d'autres ; je l'ai reprélentée ici dans l'état où je puis la démontrer à tout moment. Enfin , la partie écail- Icule s'ouvre par le bas &C s'écarte en deux manières de jambes qui vont s'articuler avec le relie de la partie inférieure de la trompe ; mais à l'en- droit de cette connexion, on apperçoit encore trois pièces écailleufes qijq lui- fantes & noires comme de la poix, jointes entr'elles par différentes ar- ticulations : celle du milieu fert d'étui à la trompe dans le temps qu'elle m luce point : elle y ell ramenée , ainfi que les pièces qui la compofent, par l'aftion de quelques mulcles , &c elle y relie repliée : c'eft auffi dans le même étui que font renfermés les mufcles qui appartiennent à la fé- conde paire des pièces de la trompe ee. Les mufcles des pièces ou demi- étuis de la première paire , font placés encore plus bas & comme implan- tés dans les deux pièces écailleules noires extérieures q cj : ces deux pie- ces avec celle du milieu qui fert d'étui à la trompe, font attachées au moyen de quatre articulations dillinftes rr rr aux extrémités des parties ofleufes ou écailleufes qui concourent à former la tête de l'abeille : de façon que tout l'étui avec la trompe & toutes fes pièces , fe meuvent tout à la fois de dehors en dedans par l'ailion de deux forts mufcles s s; SiC pen- dant que fe fait ce mouvement , les pièces que je viens de décrire fe re- plient en arrière & en dedans , & par ce moyen elles couvrent & en- ferment la trompe : ces mufcles s s paroilTent ici au travers d'une mem- brane mince t , fous laquelle on peut voir auffi l'œfophage que j'ai cou- pé avec ces mufcles êc la membrane qui les revêt, {a) (a') Suivant M. de Réaumur , la trompe de l'abeille dans le temps qu'elle n'agit Bomt eft toujours pliée en deux : fon origine eft proche du cou, de-là elle va en Lne droite jufqu'aux dents, où elle le replie fur elle-même, de taçon que fa pomte vient rejoindre fa balé. Ce n'eft pas la trompe i que l'on apperçoit quand elle eft ainli Dliée en deux ou quand elle eft fimplement redreffée fans être alongee ; on ne voit au» 'es étuis .2.J «.ious lefquels elle eft cachée. La pièce du milieu ; eft un filet un peu ap- p' "ti' une lams étroite, dont les côtés font arrondis , c'eft la trompe proprement dite. ACADÉMIQUE. i^] Les deux demi-étuîs Intérieurs et tirent à-peu-prcs leur origine de l'endroit où ert — »— — ^ le coude de la trompe pliéc en deux ; ils ont une concavité tournée du côti de la „ trompe , dont ils couvrent les bords , ou plutôt une petite bande de (a lace intérieure , ^^^ammeR""'""' & une bande encore plus étroite de l'a face lupérieure. Chacun des deux autres demi-étuis . *J'-"'*'^ "'* extérieurs aa , couvre en entier la iace lupérieure de la trompe repliée , depuis le pli qu'elle "''5-<^'^^5' forme , jufqu'à ion extrémité , de forte que l'un d'eux recouvre l'autre ; mais ils ne couvrent point la face inférieure , ils ne font que s'appliquer contre le bord de cha- que cité de cette face. Ainli tout le delfus de la partie antérieure de la trompe repliée ert défendu par deux lames écailleu.'es 6c capables de réfiltance , quoique minces; tan- dis que le dell'ous n'eft recouvert que le long de chacun de les bords ; l'origine des demi-étuis intéi leurs « eft fur le corps de la trompe même , aulTi la luivent-ilslorfqu'elle fe redrefle & lorfqu'elle eft portée en avant. Mais alors les demi-étuis extérieurs ja relient en arrière , parce que leurs attaches & leur origine font par de-là la bafe de la trompe 6c en dehors. Chacun de ces demi - étuis ell porté par une tige af- fez mallive. Dans l'endroit ou cette ti^e finit , il y a une forte d'articulation ou de pli, qui permet au demi-étui de refter iur la trompe raccourcie & pliée en deux : lorl- qu'elle ell déployée & portée en avant, le delTus de fa partie antérieure eft tout cou- vert de poils jaunâtres, mais plus courts dans l'endroit le plus large, plus longs dans Je rerte de la trompe , 6c principalement fur les côtés ; de manière que la trompe vas au microfcope a quelque reffemblance avec une qi:eue de marte. La partie pofté- rieure de la trompe eA féparée de la partie antérieure par ime lubilance prefqu'entié- rement charnue , très-flexib!e , qui permet à la trompe de fe plier, comme nous avons dit , 6c qui lui fert comme de charnière. La face inférieure de cette partie poftérieure de la trompe ell: teute éçailleufe , luifante fie arrondie ; elle paroit compofée dans la longueur de deux pièces , dont la première s'arrondit com.me pour fe pofer fur l'au- tre , qui lui fert de bafe. Celle-ci eft conique , éçailleufe , mais d'une couleur pljs claire que la première, &c terminée en manière de pivot. Si l'on obferve ce pivot dins le temps que la trompe eft autant en arrière qu'il eft pDlïïble , on le trouvera logé dans l'angle que font enfemble deux petits corps bruns, écailleux, longs, droits, & allez dehés. Ces deux petits corps font les deux leviers qui portent la trompe en avant ; par I une de leurs extrémités ils font articulés enfemble 6c forment un angle , au fommet duquel eft aulfi articulé le pivot qui termine la trompe : par l'autre ex- trémité , ils font arrêtés fur le bout d'une efpece de petit pilier polé dans la dire£Hon de la longueur de la tête. Quand la trompe qui étcit en arrière eft portée en avant , c'eft le fommet de l'angle formé par ces deux leviers , Se auquel elle tient, qui lui fait faire ce chemin ; car èans l'état de repos , cet angle eft faillant du côté du corps ; 6c pour que la trompe s'.ilonge , il faut que ce même angle tourne fur d bafe 6c fe ren- verfe , de manière qu'il regarde la trompe dont l'extrémité poftérieure où le pivot adhère au fommet de cet angle , &l qui par conféquent eft pouffée en avant de deux fois la perpendiculaire abaiftce du fommet de cet angle fur fa bafe. Les petits leviers qui forment cet angle , font aulTi les appuis des deux demi-émis extérieurs a a , lel'quels font arrêtés par un pédicule (ur la partie de ces leviers qui forme le prolongement de . part 6c d'autre de l'angle ; 6c comme ils fe trouvent ainfi trop près de l'axe de révolution, ils font moins de chemin que la trompe qui en eft plus éloignée. Au delTus de la face lupé- rieure de cette partie de la trompe, on remarque une efpece de cordon très-blanc, di- rigé vers le cou , 6c qui a dans de certaines circonftances la figure d'une velHe oblon- gue : c'eft fous fon enveloppe que lont cachés les vain"eaux qui reçoivent le fuc fourni par la trompe. Tout ce qui a un contour circulaire Si qui eft écailleux fur la face in- férieure , eft applati 6c charnu du côté de la face fupérieure ; c'eft dans cet endroit charnu que fe trouve la bouche ; elle eft fur la trompe 6c le trouve fouvent fermée ' par les chairs qui la bordent ; quelquefois même elle eft entièrement recouverte par une partie charnue, qui eft une véritable langue ; mais pour la bien voir, il faut tirer la trompe en avant autant qu'elle y peut être tirée , enfuite la renverfer fur la partie inlc- rieure de la tête 6c du corcelet fans la trop forcer, 8c l'aft'ujettir dans cette pofition en la prefiant avec le doigt contre le corcelet; le contour intérieur de cette bouche eft Un peu plus brun Se plus luifant que les chairs des environs, comme s'il étoit cartiU- 194 COLLECTION ■ ' " ' —wa^ Maintenant voici la manière dont je crois que l'abeille fuce ; d'abord elle SwAMMERDAM. ccartc pcii à peu la partie écaillcufe de fa trompe,de la partie membraneulc & HisTOiRE DHs velue : au même inilant cette partie membraneuie qui étoit pliflée &C ri- Insect£s. àée , fe déploie & s'étend à mellire que la partie écailloufe s'élargit en forme d'arc : & comme tous ces mouvements s'exécutent par l'aftion des mufcles de la trompe , l'air environnant fe déplace , & c'efl par la pref- fion que le miel eft poulie dans la cavité de la trompe : le méchaiiifme de la iuâion eft tout - à - fait différent dans les papillons ; car dans ces in- feftes la trompe eft double , & dans le temps qu'elle n'agit point elle eft pliflce & roulée d'une façon fmguliere, au moyen d'un nombre confi- dérable d'articulations ; apparemment qu'en reflerrant leurs ftigmatcs & dilatant leurs corps, ils repouffent l'air qui les environne, & cet air ainiî repouffé avec force , fait entrer dans leur trompe le fuc mielleux qu'ils veulent fucer. On pourrait imaginer , à ce qu'il me femble , quelque chofe de femblable pour expliquer la fuûion des abeilles , puifque leurs ftigmates qui font cartilagineux au dedans , ont un rebord membraneux , au moyen duquel ils peuvent s'ouvrir en torme de tente oblongue & fe fermer en fe refferrant ; de même que la grenouille ouvre & ferme fa tra- chée artère à fa volonté , fuivant les obfervations de Malpighi ; il me pa- gineiix ; elle eft encore plus vifible dans les gros bourdons velus , ainfi que la langue q'ii la recouvre. Cette langue eft c'narnue & capable de prendre bien des figures : quel- qttlcis elle eft alongce & reflemble en petit aux langues les plus connues; d'autres , fois elle eft à-peu-prcs également large dans plus des deux tiers de l'a longueur , & le tiers reftant fe termine par une pointe telle que celle d'un angle refliligne ; dans d'au- tres teinps l'a pointe eft moulTe , & même elle forme quelquefois trois pointes moufl'es difpofées enileursde lis. On trouve fur la trompe des bourdons une cavité où la langue eft reçue , de manière qu'elle ne déborde point du tout fur la furface de la trompe. Sion élevé avec ime épingle cette langue , on découvre l'ouverture que M. de Réaumnr re- garde comix'.e la bouche; & la langue vue ainfi pardelTous laifle appercevoir une arrête allez élevée , qui la divife d'un bout à l'autre en deux parties égales. Il iuftiloit pour s'en- gager à rechercher la bouche des abeilles, d'être averti par les gouttes de miel que l'on voit fortir de defTous les dents d'une abeille, quand on la tient entre fes doigts: en ne pouvoit chercher l'ouverture qui permet à ces gouttes de fortir, fans trouver la btraçhe. ' Ce n'eft point p.ar le trou qu'on a cru au bout de la trompe que l'abeille fuce la li- qtiei'.r miellée ; le bouton où eft ce trou prétendu , eft fouvent relevé au deflus de cette liqr.e'ir , tandis que la partie antérieure de la trompe tend à s'en charger & à la con- duire dans la bouche par une infinité de mouvements difierents , qui reflémblene pré- cifément à ceux que ferojt là langue d'un animal occupé à lécher quelque liqueur; en- fin, ks étuis ne fervent pas /èulement à couvrir la trompe, mais à former avec elle une efpece de conduit par' où paHe la liqueur miellée pour parvenir à la bouche. D'ail. leurs M. de Réaumur n'a pu faire fortir par le trou apparent de l'extrémité de la trom- pe, la plus petite goutte de la liqueur qui rempliffoit & diftendoit la cavité de la trom- pe,, & qui la creva plutôt que de s'échapper par ce trou prétendu. Au refte , les abeilles font la réco'te du miel fur les ileurs des plantes dans des ré- fervorrs que les bovaniftes ont appelles neétaires. Quelquefois elles trouvent le miel épanché autour de ces rélèrvcàrs , mais fouvent elles font obligées de les ouvrir avec leurs dents pour y puifer cette liqueur qu'elles font paffer fur le champ dans leur corps cfe la manière que nous veco'is de le dire , & elles la çonfervent dans leur eftomac , ji^fqu'à ce qu'elles puillens'îa dépofer dims les petites ceUpI^s. çiù elles font leur ma.-; gaan. " " ■■-.'■ ■ - ■ , ACADÉMIQUE. jj? roît doix qu'on pourrolt encore rendre raifon du méchanifine de la fuflionde l'abeille lî.nplomeiit par la conllruftion de fes ftigmatcs &C par la dilatation Swamm^rdah- de fon corps : bien plus, on voit que lorfqu'ellc rclplre , elle t'ait mouvoir Histoire des les anneaux de Ion ventre de dedans en dehors, & de dehors en dedans Insectes. de la même manière que nous failbns mouvoir notre poitrine en rei^ pirant. Dans les autres efpeces d'abeilles , par exemple dans la guêpe , la trom- pe eft beaucoup plus petite , &C n'eft pas non plus li longue : la raifon de cette dillerence nie paroît venir de ce que ces infeâes qui font trop gourmands, outre la trompe, ont encore un autre canal par oîi ils pren- nent leurs aliments; les trêlons fur-tout lont fi coraces, que quand on les couperoit par la moitié du corps , ils ne renonceroient pas encore à man- ger , & û on leur donnoit encore dans cet état ou du miel ou du iiicre difTous dans Tcau, qui eftun mets dont ils fonttrès-triands , ils le (iicero'cnt avec avidité, au point qu'on le verroit Ibrtir par la plnie à mefur-: qu'ils s'cngorgeroient; je n'ai obfervé d'autre trompe que celle de h pius gran- de efpcce des guêpes, & comme elle eft fort belle, j'ai cru qu'on ne feroit pas fâché d'en trouver ici la defcription & la figure. TROMPE DE LA GUÊPE VUE PAR DESSOUS. P/anche XVII, Figure VllL » T7 ST une partie de confiftance écailleufe qui forme le deffous de la XL/tête; elle eft toute hérifl'ée de poils jaunes fur les côtés, le refle eft d'un noir luifant ;\ l'exception de deux petites taches jaunâtres. bb, c. Sont trois pièces écailleufes fituées à la racine de la trompe : idies font d'un noir luifant ; les deux latérales b b renferment les niufcles qui fervent à mouvoir les foies articulées d. d. La pièce écailleufe du mi- lieu c fert d'étui à la trompe /, & renferme , outre les mulcles de la trom- pe , ceux des autres foies articulées dd : ces deux paires de foies arti- culées , aident l'aftlon de la trompe. ee Repréfcnte l'endroit où les dents ont été rompues. / Marque la trompe elle-même dans laquelle on voit quatre pièces ter la confufion : outre cela , comme la guêpe fur laquelle on a deffiné ces parties , eft repréfentée couchée fur le dos , il y a quelques-unes des pièces que je viens de décrire , dont on ne peut voir que la moitié. Je reviens à la defcription des parties de l'abeille : fi on l'ouvre par le dos , la première chofe qui le préfente eft une humeur claire & lim- pide qui s'écoule de la plaie faite au cœur & à fes vaiffeaux ; car dans ces petits animaux, comme dans les vers-à-foie, les vers des monocéros, &i: le cœur eft fitué le long du dos. On voit auftî alors les fibres mufculaires qui fervent au mouvement des anneaux de l'abeille : elles ne difterent ni par leur fituatioii ni par leur iç)6 COLLECTION llriifturc âe celles que j'ai décrites dans le ver du monocéros. "s-.v-AMMEBDAM. O" découvrc enliiite la graifle , qui ell formée de molécules globulen- HisToiRE DES ' fes enfermées dans de petites membranes. iNsrcTfs. Mais ce qui mérite le plus ici d'être remarqué , c'eft le poumon de l'a- beille lequel confille en deux véficules blanches &: tranfparentes a a (PI. XVII. Fi». IX. ) formées par le concours & la réunion des trachées qui ie di- latent en cet endroit : ces deux véficules pulmonaires font entièrement menibraneufes & s'aft'aiflent dès que l'air en eft forti ; il n'en eft pws de même des trachées qui en partent ; car celles-ci forment quantité d'an- neaux creux différemment contournés &: toujours ouverts : les poumons compofés , comme je viens de le dire , des ramifications dilatées de la tra- chée artère, aboutilfent à de nouveaux tuyaux annulaires bh, &c. lef- quels en fe dilatant forment à leur tour d'autres véficules ce, &c. ces vé- ficules en s'étrécifTant produifent d'autres tuyaux ou trachées J(/, & alnfi de fuite : cette alternative n'ell pourtant pas fi fréquente ici que dans le fcarabée monocéros , dont les poumons font compofés d'une quantité in- nombrable de petites véficules, que l'on pourroit en quelque manière comparer avec les liliques de la grande linaire encore attachées à leur tiee ; mais les poumons des abeilles font formés , du moins pour la plus grande partie , de deux véficules plus ce fidérables , enfuite de quelques autres plus petites, enfin de plufieurs tuyaux qui vont après cela fe dif- tribuer par toutes les parties du corps ce, &c. de la même manière que dans le ver du monocéros , ou plutôt dans le ver de l'abeille même : de façon qu'au moyen de ces trachées répandues dans tout le corps, le pou- mon communique par tout avec lui-même par différentes anaftomofes. Si l'on ouvre l'abeille par le ventre , on décoirvre principalement la moelle é])iniere , dont je vais donner à prêtent la defcription ; car je ne m'arrêterai point à décrire les autres parties qu'on retrouve encore ici , & dont je viens de parler il n'y a qu'un moment, non plus que les ex- trémités des anneaux qui font menibraneufes & terminées par des re- bords noirs & écailleux; je paflè tout de fuite à la moelle cpiniere : elle efl ici formée, comme dans le ver-à-foie, de nerfs & de petits nœuds ou ganglions qui tirent leur origine de deux prolongements du cerveau ; il me^paroît cependant qu'il doit y avoir ici quelque matière hétérogène qui attache enfemble ces ganglions & ces nerfs pour leur donner feulement phis de confiflance & de fermeté, comme cela fe remarque aufTi dans le ver-à-foie & même dans l'homme : ces nerfs avant que de fe réimir de diflance en diftance pour former les ganglions , font ici beaucoup plus de chemin écartés l'un de l'autre , que dans la moelle des vers-à-foie; de manière que dans les abeilles la moelle épiniere eft prefque par tout en- tr'ouvertc & partagée en deux portions aftuellement divifées , au lieu que dans les vers - à - foie elle ne fe divifè que par intervalles ; mais les anatomjfles n'ont donné proprement le nom de nerfs qu'aux branches qui partent de chaque côté des ganglions : fi l'on pourfiilt la moelle jiifqu'aux anneaux pcftérieuis du bas-venire , on y voit aufTi des nerfs qui partent des nœuds ou ganglions , & cjui fê répandent dans les mufcles qiti ACADÉMIQUE. 297 qaî fervent à mouvoir raiguillon , tant en dedans qu'en dehors. — — ^^ Enfin, les vifccrcs qui le trouvent encore dans le ventre de l'abeille, Swammerdam font l'eftomac , les intcftins &c quelques autres parties qui appartiennent Histoire des à l'aiguillon. I.NSECTEi. L'œfophage a ( PI. XVIII. Fig. I. ) el\ très-grêle , & l'ellomac l> cù. mem- braneux & fort mince ; il clT: tonifié par quelques fibres charnues & fe trouve ordinairement rempli de miel , qu'il eft ailé de reconncitre an goût : on y dillingue facilement le pylore c , au delîbus duquel on ap-- perçoit une partie un peu plus faillante, d'une couleur jaune tirant fur le rouge : avec un peu d'attention on reconnoit que ce n'eft autre chofe qu'une matière contenue dans la cavité de l'inteftin , &c qui paroit en cet endroit à travers la membrane. En fuivant l'examen de ces parties , on voit un inteftin Jd qui reflem- ble en quelque forte au colon; (a) il a plus d'cpaiffeur que l'eftcmac même, fur-tout lorfqu'il eft plein ; il a aufli des fibres mufciilaircs allez fortes, qui lorfqu'elles entrent en adion , forment plufieurs plis eu rides dans cet inteftin qui aauffides valvules : û on le perce avec la pointe d'une petite lancette, on en voit fortir communément une matière qui me pa- roit avoir quelque rcflemblance avec du blanc d'œut qu'on auroit fait macérer pendant quelque temps dans l'efprit de vin reftifié , & qui com- menceroiî à fe coaguler , ou à de l'empois un peu clair. - Cet inteftin devient enfuite plus grêle & fe rétrécit confidérable- ment : dans l'endroit où commence ce rétrcciflément, on remarque une quantité innombrable de petits filets blanchâtres eee de la même nature que ceux que j'ai appelles vallfeaux jaunes dans le ver du monocéros : ces filets qui reffemblent à de petits inteftins , font attachés au colon dans toute l'on étendue , mais fur-tout à l'endroit / où il fe rétrécit : cette connexion eft très-forte , & fe fait par le moyen des trachées qui fe dif- tribuent par tout le corps , mais priucipalcment à ces parties , ce qui rend leur examen extrêmement difficile : examen qui , félon moi , ne fcroit pas fans utilité, comme je le ferai voir dans la fuite. Cet intellin après l'étranglement dont je viens de parler , fe dilate de nouveau en g; mais alors il paroît entièrement membraneux : comme il efl tranfparent, il laiffe voira travers fa fubllançe quelques particules blanchâtres oblongues k , û l'on ouvre l'intefiin , on trouve qie ce font des parties glanduleufes , au nombre de fix, & alors elles ne paroiflent pas- (") M. de Réaumur regarde cet inteflin comme an lêcond eftoînac , c'eft fiiivanr fi defcriptJon un tuyau cylindrique en grande partie & contourné s'il eft entouré de tordons charnus polés les uns auprès d-'s autres comme les cerceaux d'un tonneau ;. ce font autant de mufcles circulaires. C'e'.^ dans ce fécond eftomac que fe trouve 1.^ c>re brute , qui eft précil'ément cette n-.atiere que Swammerdam en a vu fortir ; mais on ne trouve jamais que du miel dans le premier : celui ci eft capable de fe contrac- ter comme le premier eftoraac des ruminants ; lorfqu'il eft vuide, il a dans toute fou étendue un diamètre égal, &ne femb!e qu'un fi! blanc & délie; mais .'crfqu'il eft bien reinplt de miel , il a la fiqure d'une veftie oblongue , que les enfants cornoilTerr à mer- veille : le fécond eftomac eft diftingué par un étranglement d'avec les inteftins , qui ftnt, flafques ou renflés félon qu'ils l'eut vuides ou pleins. açS COLLECTION y— — <[«— blanches par tout uniformément , mais on y remarque quelques înégalî» SwAMMERDAM. ^^s tran^arcntcs : ces fix parties glanduleulbs s'élèvent d'une manière très- HisToiRE DES (enlible iiir la liirfacc interne de l'inteflin ; j'en ai découvert de iembla. Insectes. blés dans les inteftlns des trêlons : outre cela, il faut oblerverque l'ex- trémité de l'intellin où l'on voit ces llx parties glandulenfes , eft quel- quefois rempli plus qu'on ne pourroit fe l'imaginer, d'excréments jaunâ- tres & friables, affez femblables à de la cire brute, û ce n'efl que leurs molécules ne font ni globuleufes , ni d'aucune figure régulière : on y trouve aufli quelquefois une humeur aqueufe & comme gélatineufe, en auffi grande abondance que les excréments jaunâtres dont je viens de parler ; mais cela ne s'obferve cependant que dans les jeunes abeilles tout nouvellement nées. Le colon fe rétrécit encore une fois à l'endroit ; oîi il finit, enfuite il forme par la dernière dilatation l'intcftin reftuni / : (cependant on ne re- marque pas toujours ce tlernier rétrecpffement) & dans ce cas il fait plu- fieurs plis en k comme un mouchoir de coton que l'on tiendroit ferré dans fa main ; enfin il fe termine par l'anus qui le trouve fous la pointe de l'aiguillon. Si l'on enlevé ces inteftins fans les détacher de l'eftomac , qu'on les mette fur un verre mince travaillé à la lampe de l'émailleur , & qu'on les y lalffe fécher, alors on pourra voir dirtinftement non-feulement leurs fibres circulaires, mais encore des efpeccs de valvules qui répondent à celles que Kerckringius a nommées dans l'homme valvules conniventes , & que Spigelius avoit déjà décrites avant lui , & même en quelque forte deiîlnées. Ruyfch efl le premier qui lésait démontrées fen 1667.) fur un inteftin humain foufflé ; pour moi je les ai obfervées dans l'abeille &c dans la guêpe. Voilà tous les vifceres qui font renfermés dans le corps de l'abeille ou- vrière ; ;\ l'égard des organes de la génération , je puis affurer qu'il eft impoffible d'y trouver le moindre vellige de quelque partie qui puiffe répondre ou à la verge du mâle ou à l'ovaire de la femelle : ce qui me fait croire qu'on peut raifonnablement regarder ces fortes d'abeilles comme des eunuques naturels qui travaillent à élever les petits des autres : au con- traire on découvre très - aiféuient les parties de la génération dans ce qu'on a appelle les bourdons, qui font, comme je l'ai déjà dit, les vérita- bles mâles ; & on voit fenfiblement leurs tefticules qui occupent toute la capacité du ventre, comme je l'ai démontré en 1668. en préfence de S. A. le Grand Duc de Tofcane, qui a eu la bonté d'approuver mes tra- vaux. Il me refte à décrire l'aiguillon de l'abeille a : f PI. XVIIL Fig. IL ) cet organe merveilleux & fait avec tant d'art, eft fitue à la partie poftérieure du corps , &c fa pointe g eft appuyée fur l'extrémité de l'inteftin rec- tum ; de forte qu'il eft placé précifément dans les derniers anneaux du ventre, avec lefquels même il s'articule d'une manière très-fenfible , au moyen de quelques cartilages /. /. /. /./. /. comme cette partie mérite beau- coup d'attention , je tâcherai de la décrire avec toute l'exaftitude dont je fuis capable , & de détailler toutes les parties qui y ont rapport , premie- ACADÉMIQUE. 19g rement les conduits k k d'où il tire l'a liqueur venimeufe ; enfitfte fcs car- 1 •^^"^ tilages LUI 11^ en troifieme lieu (es mulcles 0000 , enfin fes deux bran- Swamm£rdam ches dd &z l'ctui ee qui les embrafTc. Histoire des Que l'aiguillon ait une liqueur venimeuie, c'eft ce que Hoolce dans fa ÏNiccT£s, micrographie écrite en Anglois , a cherché à démontrer ; mais il croyoit que cette liqueur étoit cachée dans l'épaiffeur de l'étui , ce qui ne fe trouve point vrai, li ce n'ell par quelque accident. Si l'on faiin avec de petites pinces les jambes ou les ailes d'une mou- che à miel , ou plutôt fi on la prend par le corcclet , on verra fortir pour l'ordinaire de Ion aiguillon une humeur aqucule &c limpide , qui reftera attachée A la pointe g en forme de gouttelette tranfparente : c'ell dans cette humeur que réfide proprement le venin de la mouche à miel; c'eft cette gouttelette qui s'infimiant dans la plaie que l'aiguillon a faite, produit tout le mal qui iliit une piquure d'abeille ; car ce n'eft pas l'ai- guillon lui-même qui eft dangereux , & fans cette liqueur fa piquure ne feroit pas plus de mal que celle d'une aiguille ; j'en ai fait fouvcnt l'ex- périence fur moi-même ; je me fuis fait piquer plufieurs fois avec cet ai- guillon , fans en avoir reffenti d'autre mal qu'une petite demangeaifon à l'endroit de la piquure ; il faut cependant avoir grand foin de bien pref- fer l'aiguillon auparavant & de le bien efluyer ; i'ans quoi il pourroit en arriver des accidents plus fâcheux. Cette liqueur venimeuie n'eu pas dans l'aiguillon, elle ne fait qtfy paffer; mais elle a la fource dans le ventre de la mouche à miel, où elle eft contenue dans une vélicule ù un peu tranfparente , de figure oblongue , & d'un tiflii fi ferme , qji'on peut la preffer avec les dojgts fans la cre- ver : bien plus, fi on ouvre le ventre d'une mouche à miel, on peut prendre cette vélicule & l'arracher du corps avec l'aigmllon 6c toutes fes dépendances, fans déchirer ni la vélicule ni Ion vaiiitau excrétoire c; je l'ai même trouvée d'une conflîance û fermé dans de petites guêpes , qu'en la comprimant tant que je pouvois entre mes doigts, j'en faifois jaillir la liqueur par l'aiguillon jufqu'à la diftance de deux pieds : cette véficule cû entourée d'un mufcle très-fort, qui a fon tendon au milieu de fes fibres charnues , comme 1.= mufcle temporal dans l'homme : lors donc que ce mufcle fe contratte, il exprime par fon adtion la liqueur ve- nimeuie & la darde dans la plaie ; de Ibrte qu'en comparant l'aiguillon à une feringue , le mufcle dont je parle fait l'office de pillon ; je n'ai pourtant pas encore vu dillinftement le mufcle de la véfiade dans la moirche à miel, je l'ai obfervé fiu: la guêpe, & principalement lin- un frelon que j'avois confervé un an entier dans du baume : c'crt une pré- paration que j'ai imaginée pour en voir plus diftinftement les parties. De la véficule b que je viens de décrire , il part un conduit excré- toire c qui s'étend jufqu'à l'étui a de l'aiguillon dans toutes les cfpcces d'abeilles, & qui s'infère entre les deux branches dd de l'aiguillon dans cet étui, préciicment à l'endroit de fa plus grande épailfeur //" .- c'ell par cette voie que la liqueur venimeufe ell portée de la vclicule dans l'aiguil- lon le long de l'étui , & qu'elle cil dardée de la cavité de l'étui dans la plaie au moment de la piquure, en coulant par delT^us &c entre les bran- Pp z 300 COLLECTION *— ^— — ' chcs de raiguillon, dont l'extrêmitc eft garnie départ & d'autre de den- SwAMMERDAM. telures crochues hh. _ Histoire des De l'autre extrémité de cette veflîe part un autre tuyau i délié & tor- Insectes. tueux ; j'en ai oblervé deux dans le trclon ; ce tuyau à une certaine dillance ("e divife en deux autres ; mais je n'ai pu découvrir fur le champ où ceux-ci alloient fe terminer : cependant en oblervant dans la fuite ces parties fur les guêpes & fur les frelons , j'ai remarqué que dans le corps de ces infeftes , il y a à la partie poftérieure de la véiicule deux petits tuyaux diflinûs, dans lefquels fe fait la fecrétion de la liqueur ve- nimeufe, ou du moins qui fervent à porter cette liqueur dans la véii- cule : ces tuyaux fecrétoires me paroiffoient garnis çà & là de tuber- cules, & fe terminoient en forme de cul-de-fac kk comme les intef- lins cxcum dans les poules : j'ai obfervé enfuite la même chofe fur les abeilles ; mais ces tuyaux fecrétoires font beaucoup plus larges poftérieu- rement qu'ils ne le font antérieurement, &: à l'endroit où ils finiffent en cul-de-fac k k ils font fortement attachés à la graille & aux trachées , ce qui fait qu'on a beaucoup de peine à les développer & à les obfer- ver ; au refle , ils reffemblent beaucoup à ceux des guêpes , comme on peut le voir dans la PI. XVIIL (Fig. [V. ) oii ils font repréfentés tels que je les ai deffinés d'après nature fur une femelle : on peut y remarquer la véficule du venin ^ d'une mère abeille , le conduit excrétoire de cette véfîcule, lequel s'étend jufqu'à l'étui de l'aiguillon : «■ repréfente le tuyau interne où fe filtre la liqueur : /S /3 font les extrémités aveugles de ce qui eft renfermée dans la première; de même que le canal déférent, qui par lui-même eft fort étroit , ell entouré d'une membrane glanduleufe & nerveufe : la première tunique , pour peu qu'onla manie , fe fépare ai- fément de la tunique interne qui n'eft pas plus groffe qu'un cheveu : ce tuyau eft encore attaché très-fortement aux vaifleaux jaunes par le moyen des trachées, de forte qu'an premier coup d'œil on croiroit que ces vaif féaux font des prolongements du tuyau fècrétoire ; mais comme ils font îrès-fblidement fixés à l'endroit où l'inteftin fe rétrécit , & que d'ailleurs la matière qu'ils contiennent fe coagule dans mon baume, tandis qu'au- contraire la liqueur que contient le tuyau fècrétoire de la véficule, s'y conferve claire & limpide ; il cil évident que ce tuyau n'a aucune com- munication avec les vaifleaux jaunes : quelquefois la liqueur venimeufe, étant mife dans mon baume , fe teint d'une couleur de pourpre , celle du frelon y eft même devenue verte ; il faut bien obferver encore à l'égard de la véficule du venin des abeilles , qu'elle ne fe contraûe point orbi- culairement, comme la veffie urinaire de l'homme; mais fes deux côtés s'applatifTent & s'appliquent l'un contre l'autre , comme deux plans qui fe pretfent réciproquement : c'eft ce que j'ai obfervé plus d'une fois, & chacun pourra s'en affurer de même en irritant ime abeille , après avoir eu la préaaution auparavant de lui couper les ailes ; car dans l'inflant ce ACADÉMIQUE. p, petit animal colère, voulant piquer robfcrvateiir, exprimera de fa véricule la liqueur qui verfe le poifon dans la plaie. Mais pour revenir à la dcCcription de l'aiguillon, il faut fe rappcllcr j^**"' ^u'il cft litué dans le ventre de l'abeille, à la partie poftéricure, prccifé- In'sect'î ment fous les derniers anneaux , & qu'il peut avoir un mouvement de dedans en dehors, & de dehors en dedans par l'aôion de quelques mufcics qui me relient à décrire ; mais comme ils ont leurs attaches à certaines parties écailleufés , je commencerai par donner une légère idée de ces pièces avant que de parler des mufcles ; j'ai obfervé fix de ces parties écailleu- -- "V.I.I.V. «j», 1 «nidiigcment ae toutes ces parties, il ne faut pas s'imaginer que cet aiguillon foit logé dans fon étui , comme un couteau dans fa gaine , ou comme im pifto- let qui remplit exactement fbn fourreau ; mais ces pièces fontaffcmh'lées à lanpiettc & à couliflé , comme ces cfpeces de boîtes dont le bord itipéneur eft.crcifé d'une rainure pour recevoir le couvercle ; telle eft à- 301 COLLECTION ■ »«» peu-j^rès l'idée qu'on doit fe faire du jeu de letui : fa face înténeiTfe ie SwAMMEROAM. te^'iiins '^^ chaqiic côté dans tonte fa longueur par une efpece de rebord Histoire des tant (oit peu recourbé ee (PI. XVIII. Fig. III.) ces rebords font reçus Insectes. en manière de languettes dans la rainure de la face inférieure de chaque branche de l'aiguillon ; ainfi l'aiguillon peut aller & venir «ntre les re- bords ou les languettes de fon étui & fe mouvoir de bas en haut , & de haut en bas , auffi facilement que le deffus d'une boite glifle dans fa cou- liffe ; au relie, il y ell logé de manière que fa pointe eft contenue entre les rebords de l'étui , au lieu que les dentelures débordent de part & d'autre fur les mêmes rebords , & par conféquent font hors de fa cavité ; lorfque l'aiguillon eft pouffé & dardé hors de fon étui , on fent bien que la pointe & les dentelures font également hors de fa cavité ; ainfi les branches de l'aiguillon ont un de leur côté dans la cavité de l'étui , je veux dire le côté intérieur & liffe, au lieu que l'autre côté eft hors de cette ca- vité : les dentelures qu'il a à fon extrémité inférieure , débordent hors de l'étui, &la rainure qui fe trouve fous ces dentelures, reçoit les languettes de cet étui , entre lefqueiles chaque branche fe meut librement dans le fens de fa longueur au moyen de cet affemblage , tandis que par leur côté liffe , ces deux branches gliffent quelquefois l'une fur l'autre/, g', ( Fig. III. ) &z quelquefois parleurs extrémités réunies , forment la pointe de l'aiguillon g ( Fig. II. ) II faut encore obferver que l'étui n'eft pas également ouvert dans toute fa longueur , mais qu'à fa partie poftérieure , fes deux bords fe touchent prefque entièrement à l'endroit ce. dd { Fig. III. ) de fa plus grande lar- geur , de forte qu'il embrafle les branches de l'aiguillon du moins en partie , & qu'il peut les empêcher en cet endroit de fortir de leur place ; dans le frelon l'étui eft entièrement fermé à l'endroit de fon plus grand renflement. Chaque branche de l'aiguillon a du côté de fa pointe ordinairement dix dentelures crochues^ (Fig. II.) /", g, ( Fi|. III. ) & quelques autres moins eonfiJérables qj (F'g- Ht.) toutes dirigées vers la baie de la branche; pour ce qui eft de l'étui, il ne paroît pas qu'il en ait aucune, autre- ment l'aiguillon ne pourroit point gliffer librement : c'eft par l'effet de ces dentelures que l'aiguillon refte dans la plaie lorfqu'on eft piqué d'une abeille; & même plus elle fait effort pour le retirer, plus elle l'enfonce dans la panie bleffée , au moyen des vingt crochets qui y "pénètrent fuc- ceffivement; car quand même il feroit entièrement arraché du corps de l'abeille avec toutes les dépendances dans le moment de la piquure, il ne laifferoit pas que de s'enfoncer encore de plus en plus dans la plaie, lemblable aux vipcres qui mordent encore, même après qu'on leur a coupé îa tête : l'expérience prouve ce fait : nous voyons effeftivement qu'après que cet aiguillon a été arraché & entièrement féparé du ventre de l'abeille, il continue encore à s'agiter, à incliner fes parties en fens contraires & à s'enfoncer dans la plaie : la raifon de ce phénomène eft fen- fible : en arrachant l'aiguillon on arrache en n-.ême temps fon étui, fes cartilages, la veffic du venin & fes mufclcs qui continuent leur jeu ; j'ai fouvent fait cette expérience iur desgands de chamois ; on prend une A C AD É M I Q U E. 30? »bellle par les ailes , on lui fait enfoncer (on aiguillon dans le gand , en- — ^■— — fuite on la retire bnifqiiement afin de lui faire laifler l'aiguillon avec fes Swa.mmerdam. dépendances dans le chamois: alors on voit qu'il s'y enfonce de lui- Histoire des rneme de plus en plus profondément : la ftrudure des parties fait concc- Insectu. voir aifémcnt la raiibn de ces mouvements ; car l'aiguillon étant com- pofé, comme j'ai dit, de deux branches réunies par leur pointe, &C qui peuvent fe mouvoir toutes deux enfemble ou chacune féparcmcnt , on conçoit que l'une des branches de l'aiguillon étant enfoncée dans la plaie, l'autre peut encore ])énétrer plus avant, 8c que pendant que cel- le-ci fe fixe à ion tour & s'attache à la partie bleffce , au moyen de ces dentelures crochues , la première au moyen de ce point d'appui , s'infi- nue de nouveau & s'enfonce plus profondément ; de manière qu'à la fin l'aiguillon avec fon étui peut pénétrer très-avant dans la plaie : c'efl: pour cela qu'on obferve afléz fréquemment que l'une des branches eft retirée au dedans de l'étui , tandis que l'autre en ell: encore dehors : ainfi quand une abeille a fait une piquure dans un morceau de chamois, jl arrive fouvent qu'en arrachant fon aiguillon on apperçoit l'une des branches plus alongée hors de Venu que l'autre , fans doute parce qu'el- les étoient enfoncées inégalement , & que l'une étoit dans ce moment- là plus fortement attachée par fes crochets que l'autre : on peut encore faire la même expérience fur quelque endroit un peu calleux de fa peau , en y enfonçant légèrement l'aiguillon nouvellement arraché du ventre d'une abeille avec fes dépendances : on verra trcs-fenfiblement cette par- tie fe mouvoir avec vivacité & s'enfoncer de plus en plus dans la plaie, fans cependant faire de mal , pourvu que la callofité ait affez d'épaiffeur pour empêcher la liqueur venimeufe de parvenir jufqu'aux vaifleaux fan- guins ; parce qu'il eil confiant que le venin ne peut agir que fiir le Si on obferve les dentelures de l'aiguillon à un bon microfcope , on trouvera qu'elles reffemblent à-peu-près aux griffes d'un chat , je veux dire qu'elles font un peu recourbées en dedans : elles ont auffi leurs poin- tes tout-à-faît tranfparentes , mais elles ne font point mobiles comme les griffes des chats : elles font d'une fubftance cartilagineufe & affez flexi- ble , ainfi que les branches de l'aiguillon , mais on n'y trouve aucune forte d'articulation ni de jointure : j'ai cru quelquefois y en appercevoir, mais j'ai été trompé par l'apparence de quelques petites bulles d'air qui s'étoient infinuées dans la cavité de l'étui à force de manier cet parties, & qui formoient des cfpeccs de nœuds tranfparents v v (PI. XVIII. Fig. m. ) en différents endroits de la liqueur venimeufe contenue encore dans l'étui. Quand l'abeille fait fortir fon aiguillon hors de fon étui , & qu'elle darde fa liqueur venimeufe , c'eft d'abord à l'extrémité de cet énii que cette liqueur paroît fous la forme d'une gouttelette tranfparcnte ; mais enfuite elle s'étend plus loin lorfque l'aiguillon fe trouve mouillé : c'eft ce qui arrive dans le moment que l'abeille fait une piquure & qu'elle infinue fon venin dans la plaie : cela ne peut pas être autrement ; l'ai- guillon ayant une bafe afTe^ confidcrable , bouche (i cxaûemeni la plaie 304 . COLLECTION I qu'il vient de faire , que la liqueur venimeufe n'a point d'autre iffue que s^t.J^.-.rn,^ ., <^'''"s la partie bleflce, en coulant dans l'interftice des branches de l'ai- Histoire des glllUo". I.NsECT£s. Il feroit pîus facile d'avoir de cette liqueur des frôlons , des guêpes Sc des bourdons, parce que dans ces animaux la véficule du venin ell plus grande que dans les mouches à miel ; mais auffi on ne peut pas ie pro- curer autant de ces infcftes qu'on peut trouver d'abeilles ; aurefte, pour a,yoir la véficule bien rea;plie de liqueur venimeufe , il faut avoir foin de faire mourir fur le chsmp l'animal , foit en le jettant dans une fiole remplie d'elprit de vin , foit en le fuftoquant à la fumée d'une efpecc de flingus connu fous le nom de veffe - de - loup , ou d'un morceau de linge tortillé en manière de mèche : cette dernière façon de faire mourir les abeilles me paroît la meilleiu-e pour l'expérience dont il s'agit ici, parce qu'on n'efi: pas obligé de les prendre avec les doigts ; car on fait que pour peu qu'on veuille toucher à toutes ces efpeces d'infeâes, ils dardent fur le champ leur liqueur venimeufe, ce qui fait qu'on trouve alors leur vé- ficule du venin fort défcmplie , quand on vient à les ouvrir ; au lieu qu'en s'y prenant de la manière que je viens d'indiquer, on la trouve toute pleine ; je conferve plufieurs de ces véficulcs préparées avec foin. Si l'on cft curieux de recueillir beaucoup de cette liqueur, il n'y a qu'à arracher doucement du ventre de l'abeille l'aiguillon avec la véfi- cule du venin, puis prenant cette véficule, il faut faire entrer la pointe de l'aiguillon dans i\n petit tube de verre, &c exprimer la liqueur qui eft contenue dans la véficule : on peut enfiiite la faire tomber dans quelque petit vaifTeau de verre en foufflant dans le tube , & en ramafler affez pour la foumettre aux expériences que l'on veut faire ; mais il faut être prompt dans toutes ces manipulations, parce que cette liqueur fe coagule très-facilement étant hors du corps de l'animal ; il y a encore une autre pratique , mais qui ne vaut pas la première , c'eft de percer légèrement la véficule du venin pour y inférer le bout d'un tube capillaire , la liqueur y montera d'elle-même. Lorfqu'on exprime de cette veffie un peu de liqueur venimeufe fiir un morceau de verre , elle s'évapore en un infiant , fans doute à caufe des- parties fiibtiles & fpiritueufes dont elle eft formée , & elle laifle fiir le verre une efpece de croûte afiîez fenfible , qu'on peut réduire en pouf- fiere en la grattant : j'ignore encore fi cette poufiiere auroit quelque vertu : quelquefois même la gouttelette tranfparente que l'on voit, com- me je l'ai déjà dit , au bout de l'aiguillon d'une abeille qui a été irritée,, s'y coagule en gardant toujours la même figure & la même limpidité. J'ai déjà obfervé que lorfque les abeilles piquent , elles laifi"ent prefque- Toujours leur aiguillon dans la plaie, à caufe des dentelures crochues, dont fa pointe eft garnie; mais ne pourroit-il pas fe faire qu'elles pi- quâffent quelquefois avec l'étui fcul ians être obligées par conféquent de- perdre leur aiguillon à chaque piquure ? c'eft ce dont je ne me fuis pas. encore affuré : du moins il eft certain que cet étui eft fort pointu; ainfîl il paroît que l'abeille pourroit également s'en îérvir pour piquer, en re- tiiiui!: au dedans ion aig.uiUoa dans le monient qu'elle feroit fa piquure ;; d'ailleurs j, ACADÉMIQUE, 305 d'ailleurs il eft ailé d'obfcrver qu'il n'cll pas toujours également faillant , ^ ■»» & que tantôt il eft entièrement caché dans fon étui , tantôt il en fort plus Swammirdam. ou moins. Histoire d£s Toutes les fois que raigiilllon refle dans la plaie , l'abeille en meurt , Insectes. parce qu'elle perd en même temps l'inteftin rc£tum & toutes ("es dépen- dances , avec plulicurs parties écailleulcs &C ligamcnieufes qui tenoient aux derniers anneaux du ventre ; mais ce qui eft encore plus à remar- quer , c'eft que la véfîculc du venin toute entière eft en même temps arrachée du corps de l'abeille avec l'aiguillon , & qu'elle eft encore ca- [)able, quoique hors de l'animal, de le mouvoir & de f"e comprimer pur 'aftion de les fibres murculcufes, au point de taire pénétrer le venin plus avant dans la plaie : c'eft pour quoi lorfqu'on a été piqué d'une abeille, il faut bien le garder, pour arracher l'aiguillon , de le prendre par la partie qui fort de la plaie ; ce feroit le vrai moyen d'exprimer en- core plus de venin dans la piquure ; il vaut mieux commencer par cou- per avec des cifeaux tout ce qui déborde de la plaie , &: retirer cnfuire l'aiguillon au moyen d'une petite aiguille : j'ai vu quelquefois l'cftomac même relier avec l'aiguillon après une piquure. Si l'on veut fe garantir de ce venin, 6c même apprivoifer une abeille, il faut lui faire piquer un morceau de cuir ou de chamois, & lui cou- per promptement la pointe de fon aiguillon pour faire écouler toute la liqueur venimeufe : l'animal n'en meurt point , & on peut alors le manier fans rilque ; car quand même il fe formeroit une nouvelle liqueur veni- meufe, il ne fc formeroit plus de nouvel aiguillon, ainfi il n'y auroit plus de piquure à craindre. La véficule du venin eft deux fois plus groffe dans les frelons que dans les abeilles & beaucoup plus ferme. La mère abeille a aulTi im aiguillon , comme je le ferai %'oir dans la defcriptlon que je donnerai des parties de la femelle ; & même parmi les frelons, il n'y a que les femelles qui en aient un; il eft plus long, plus pointu , plus fort & garni de plus de dentelures que celui des abeilles ; je n'ai pas encore eu le lolfir d'examiner comment eft fait celui des bour- dons & des çuêpes ; je remarquerai feulement ici que les mâles des fre- lons n'ont point cet aiguillon , non plus que ceux des abeilles ; de forte que dans ces deux efpeces les mâles fe rellémblent par leur naturel doux & pacifique, n'ayant ni rufe ni méchanceté, & ne s'occupant unique- ment que de la propagation de l'elpece : on obferve le même caraftere dans les mâles des fourmis, qui comme dans les efpeces précédentes ont les dents plus petites que leurs femelles. Il y a auffi parmi les fourmis une troifieme elpece compoféc des ouvrières, lefquelies ne contribuent en rien à la génération, mais qui fervent feulement à élever les petits. J'ai déjà expolé plus haut mon fentiment fur l'ufage de la Hqucur ve- nimeufe , favoir , qu'elle pouToit fervir à convertir la cire brute en vé- ritable cire , ce qui mérite encore des recherches plus exaftes. Les abeil- les ne font jamais plus promptes à piquer & à le mettre en colère, que dans le temps des eflaims & un peu après, foit pour garantir leurs petits de toute infulte , foit pour conferver leurs proviiions : les femelles des frè- Tem, V, Qq 3o(S COLLECTION — — «■*— Ions ont auflî cle pareilles armes , quoiqu'elles ne faffcnt point da cire ,' SwAMMERDAM. & qu'clks HC bfitjffcnt leurs cellules probablement que d'écorces d'ar- Histoire des bres collées enfemble , ce qui fait que ces cellules font de différentes covi» INSECTES. leurs , félon les difîérentes écorces qu'elles ont mifes en œuvre. Pour fuivre l'ordre que je me fuis prefcrit , je vais donner à préfent la defcription de la mère abeille : comme elle a plufieurs parties qui lui font communes avec l'abeille ordinaire , je ne ferai mention que de celles qui lui font propres , ou de quelques autres qu'il m'a été plus facile de diilinguer dans la femelle que dans les ouvrières, Entre ces dernières parties , je compte d'abord le coeur a a (PI. XVIII. Fig. V. ) qui efl un tuyau fibreux , affez ferme , un peu renflé en quel- ques endroits, qui s'étend d'un bout du corps à l'autre, & qui par con- fcquent fe recourbe pour palfer dans l'étranglement qui joint le corce- îct au ventre : pour bien découvrir ce cœur dans le bas - ventre , qui efl l'endroit où on peut le mieux l'appcrcevoir , il faut couper avec un canif, ou avec des cifeaux fins , les anneaux écailleux du ventre , ayant attention de ne point endommager les parties qui font defTous ; car la partie extérieure des anneaux du ventre eft fi mince & fi tendre , que non-feulement on peut voir au travers les trachées qui y font renfermées, mais encore qu'on pourroit diflinguer un peu le mouvement du cœur fous ces parties : les trachées ne le ramifient pas autant dans la femelle que dans les abeilles ordinaires, & ne s'épanouiffent pas en autant de vé- ficules. En difTéquant une mère abeille, il faut encore remarquer qu'à l'endroit où les anneaux du bas-ventre commencent, ils paroilTent d'un brun foncé ; enfuite dans l'endroit oii ils deviennent membraneux , ils font d'une couleur jaunâtre tirant fur le rouge, & on obferve feulement tlans leur milieu deux ou trois petits traits noirâtres ; enfin , leurs extrémi- tés font noires, minces & garnies d'un rebord écailleux, ce qui n'a lieu pourtant que dans les anneaux inférieurs. Si l'on a donc attention , com- me j'ai dit, de rompre légèrement & avec adrefTe les anneaux du ventre à leur partie fupérieure , on découvrira d'abord le cœur lus tendres que cciix qui iont mmh placés dans la partie la plus balTc de Vov'uhuius la plus proche du tronc ,. de l'ovaire : la nicme cht fe s'oWcrvc auflî dans d'autres infedes, comme j^, 5^,,,^ ^ ^^^ ' je l'ai remarqué dans le pou ; mais dans l'ovaire de la grenouille tous Insectîs. les œufs font de même grofleur : dans les femmes ainfi que dans les fe- nieilcs des quadrupèdes &c des oifeaux-, ils font toujours d'un volume très-diiîcrent. 11 faut encore ici faire attention que dan3^4^Jvaire d'une femelle peu féconde , on voit quelquefois des œufs plus gros^Sk.ims que les autres , quoiqu'ils foient déjà delcendus au bas de l'ovaire ; ce que- je n'ai cependant obfervé que dans les ruches 011 il y avoit du défbrdrc, & où la reine donnoit peu de couvain , ce qui me fait croire que c'cft: une maladie de l'ovaire : c'eft pour quoi pour n'être pas obligé de don- ner deux figures, j'ai repréfcnté de l'autre côté a un ovaire d'une vraie aljeille féconde, d'une de ces mères qui enrichlflcnt leur ruche de cou- vain , de miel & de cire en abondance ; dans cet ovaire les oeufs font à- peu-près de même groffeur juiqu'à la moitié de l'ovaire , enfuite ils di- minuent infenfiblement de volume à mefure qu'ils fc trouvent placés plus haut : les extrémités des ovUuaiis dans l'abeille féconde, repréfentent en quelque forte de petits fils extrêmement déliés & ù peine vifiblcs , cour- bés par le bout , & garnis d'une file de petits œuts oblongs & prclque égaux , qui échappent enfin aux yeux les plus perçants. L'ovaire dans la partie la plus baffe du ventre de l'abeille, fe termine par deux conduits très-fenfibles , qui reffemblent en quelqiic manière aux deux cornes de la matrice dans les quadrupèdes : c'eft dans ces deux con- duits que tous les oviducîus viennent fe rendre , & fe décharger fucceifi- vement de leurs œufs ; ce qui a lieu non-feulcmcnt dnns les abeilles fécon- des , ma'i5 encore dans celles qui le font peu , quoique dans celles-ci la ponte foit beaucoup moins régulière : ces deux conduits fc dilatent peu à peu. & forment un renflement prefque globuleux : les ayant ouverts à l'en- droit de leur renflement, j'y ai trouvé de chaque côté neuf ou dix œufs qui s'y étoient arrêtés, & qui dévoient peut-être y prendre xme enve- loppe plus forte , ou y recevoir quelque nouveau changement & quelque nouvelle préparation avant que de fortir du corps de l'abeille : car les abeilles ne dépofent point leurs œufs couchés fur leur côté comme ceux des poules , mais elles les attachent perpendiculairem.ent au fond de l'al- véole par un de leurs bouts : ces petits œufs paroiffoient un tant foit peu à travers la matrice (s'il cft permis de fe fervir de ce nom:) elle eft en cet endroit fibreufe ou mufculeufe , & par conféquent d'une ftrufture propre à faire avancer les œufs & à les chaflcr hors du corps; je ne doute point que les vaiffeaux de l'ovaire n'aient aulîi quelques fi- bres mufculaires : un peu plus bas, précifément à l'cxtrêmitc du ventre de l'abeille , ces deux cornes fe rétreciffent encore & aboutiffent ii un canal commun s plus étroit, auffi garni de fibres, & qui a un mouve- ment périflaltique. La moelle épiniere paffe par l'extrémité de l'intervalle que Iniflent ces deux canaux avant que de fe réunir, immédiatement au defius de l'endroit où fe fait cette réunion , & clic fournit à ces conduits tles perfs qui fervent h leiir mouvement & à faire pondre l'abeille quand 310 ^ COLLECTION Il !■■■■■■ iiMw elle veut : la mêmej chofe s'obferve dans les bourdons & dans les gnê- SwAMMERDAM. pss i outrc ccla quantité de trachées viennent le diftribuer dans ces ef- HisToiRE p£s peces de cornes de la matrice : l'ovaire lui-même efl tout parienié d'un Insectes. amas prodigieux de ramifications qui viennent de chaque côté des véfi- cules pulmonaires de l'abeille, j'ai deffiné une de ces véficules oblongues d dans la portion c de l'ovaire qui repréiente celui d'une abeille peu fé- conde, afin qi''on puiffe voir la manière dont cette véficule jette lès ra- mifications dans l'ovaire : ce n'eft pas feulement à la furface que ces trachées fe dirtribuent dans cette partie , on les voit pénétrer même dans de très-petits œufs. On trouve à l'extrémité du ventre une partie exaûeraent globuleufe ou fphérique /, en forme de fac , qui contient la liqueur vifqueufe propre à tenir les œufs arrêtés par un de leurs bouts au fond des cellules : fur ce petit fac fphérique il faut encore remarquer deux vaifleaux faillants, fem- blables à deux petites cornes recourbées , lefquels fe terminent par un pédicule ou conduit implanté dans le canal que j'ai nommé la matrice : c'efl: ce petit conduit qui reçoit du fac fphérique t la liqueur vifqueufe, & qui la porte dans la matrice où les œufs s'en enduifent à leur paffa- ge : ces deux vaiffeaux aveugles me paroiffent être les deux vaifleaux fe- crétoires de la matière vifqueufe contenue dans le petit fac fphérique ; à moins qu'on n'aime mieux dire que cette lecrétion (e fait dans le fac mê- me, comme je fuis convaincu qu'elle s'y fait aufîi en même temps : ces vaifl"eaux font de même très-vifibles dans les bourdons , le fac n'a ce- pendant pas la même figure que dans les abeilles ; il eft fphérique dans les frelons comme dans les abeilles ; dans les guêpes il a la forme d'une poire c ; (PI. XVIII. Fig. VI. ) mais les vaiffeaux aveugles qui féparent la liqueur vifqueufe , ne font pas fi grands ni fi fenfibles que dans les bourdons ou dans les abeilles : ces vaiffeaux font très-confidérables dans le papillon du ver-à-foie, on n'y apperçoit cependant aucune trace du fac fphérique : la convexité de ce fac efl formée de deux tuniques dans l'abeille ; l'extérieure qui eft blanchâtre & mufculeufe , efl garnie d'un grand nombre de trachées , qu'on prendroit aumicrofcope pour un ouvrage de broderie : on peut aifément détacher cette tunique extérieure de celle qui eft defTous , & pour lors le fac paroît encore plus exaftement fphé- rique, & d'une couleur de pourpre affez claire , mais bigarrée de quelques points blancs : fi l'on ouvre enfuite cette tunique intérieure, qui efl plus épaiffe que l'autre Se glanduleufe , avec des cifeaux faits tout exprès pour ces diflTcâions fines , il en tort une liqueur trouble fem- blable à de la vraie glu , qui colle les doigts & qui fe peut tirer , aufîi ai- fément que la liqueur des vers-à-foie , en de longs fils que le contaâ: de l'air environnant a bientôt rendu folides : c'eft au moyen de cette glu que la mère abeille colle & attache fes œufs : les frelons & les guêpes les collent fi bien qu'il n'eft plus pofîible de les détacher fans les en- dommager : ceux des bourdons ne tiennent pas fi ferme : j'ai obfervé des choies fî CurieufeS à l'égard de ces œufs , & fur la manière dont ils font collés , que je ne pourrai m'empêcher d'en dire quelque chofe après r%'oir.fîni l'hifloire des parties de la mère ai>ejlie. ACADÉMIQU E. 3 1 1 Les pnplllons des vers-à-foie ont aufli leurs vaiflçaux aveugles remj^jlis —— — — ■ de la liqueur vifqueufe qui fcrt à enduire &c à coller leurs œufs ; enhn, s«-a.mmerdam. j'ai obfervé la même chofe à l'égard du pou de l'homme, qui diffère Histoire des de ceux de tous les autres animaux : l'ovaire de ces infcftcs eft fort con- Insectis. fidérable , il fo partage en deuv portions , dont chacune fe diyife en iîx oviductus , qui contiennent un grand nombre de lentes : ces lentes ou œufs font aufll de différentes groffcurs : ceux qui doivent être les pre- miers pondus & collés , font beaucoup plus gros que ceux qui fortiront plus tard ; il en eft de même chez les guêpes , dont les œufs Ibnt petits 6c de forme ovale dd {VI XVItl. Fig. VI.) Mais pour revenir au fac fphérique de l'abeille , il en part infcrieure- ment , fii quelquefois latéralement un tuyau , au moyen duquel il com- munique avec le grand canal où fe rendent tous les œufs s ( Fig. IV. ) ainli quand les œufs palTent dans leur canal excrétoire , à l'endroit gii s'y ouvre le tuyau du fac fphérique , ils (ont enduits & enveloppés de la liqueur vifqueufe qui doit fervir lorfqu'ils feront pondus à les attacher au fond de l'alvéole : je n'ai pas encore obfervé comment le canal excré- toire s a fa fortie hors du ventre, ni quelles font les parties qu'on y peut appercevoir, outre celles que j'ai décrites, parce que ces années de troubles & de guerres ayant fait périr quantité de mouches à miel, je n'ai pu me procurer un affez grand nombre de femelles pour faire tou- tes ces obfervations. J'ai repréfenté dans la même Figure IV. (PI. XVIII.) les parties muf- culeufes extérieures y de l'aiguillon S courbé ici comme il efl naturelle- ment : { marque la véficule du venin avec fon vaiffeau fecrétoire ce Se fes appendices aveugles /3/3 : le conduit excrétoire de cette véficule s'a- vance vers l'étui de l'aiguillon : Ç, repréfenté l'extrémité de l'inteftin reûum : toutes ces parties font defîinées ici un tant folt peu plus grandes que le naturel : on voit enfin les deux pièces e e qui accompagnent l'aiguillon à droite & à gauche : comme toutes les parties que je ne fais qu'indiquer ici font communes à la mère abeille & à l'abeille ouvrière, on peut voir la defcription que j'en ai donnée dans l'hiftoire de celle-ci , & la Fig. II. qui eu relative à cette defcription. Quant à l'eftomac, aux inteflins , aux vaifTeaux jaunes & aux autres parties contenues dans le ventre de la femelle , comme elles ne ditfercnt point de celles de l'abeille ordinaire, je renvoie pareillement à la def- cription que j'en ai faite à la Figure I. de cette même Planche XVIII. j'ai apperçu feulement quelque légère différence par rapport à la couleur & à la lituation dans les fix parties glanduleufes oblongues A que j'ai démon- trées dans la cavité de l'inteftin de l'abeille ouvrière , à l'endroit oii cet intef- tin forme un fécond renflement. La véficule du venin efl: aufli très-vlfible dans la mère abeille : elle eft limpide, claire & tranfparente comme le diamant : elle eft même ime fois plus grofTe que celle de l'abeille ouvrière ; il efl bien plus aile de découvrir ici le vaifTeau fecrétoire de la véficule que dans l'abeille ordinaire , & le conduit excrétoire qui va de la véficule à l'étui de l'ai- guillon, cil aufTi plus long & d'un tifl'u plus ferme. V^oyant que la liqueur 311 COLLECTION contenue dans cette \'clicule étoit fi claire & fi agréable aux yeux , j'ai eu SwAMMiRDAM. la curiotîté d'en goûter, cependant avec la précaution de n'en pas met- HisToiRE DU tre iur ma langue une affcz grande quantité pour rifquer de me faire Insïctis. niai ; j'ai fentl d'abord un goût d'amertume , qui devenant enfuite plus acre & plus pénétrant , fe répandoit dans toute la cavité de la bouche jui'qu'au fond de la gorge, di. qui me fliifoit falivcr à-peu-près comme fefoit la racine de pyrethre, mais moins vivement : il m'excitoit aufli dans toutes les parties de la bouche un mouvement auffi violent que fi j'euffe pris dix ou douze gouttes d'efprit de vin très-reâifié : cette pre- mière épreuve m'enhardit , & je voulus goûter auffi de la liqueur veni- meufe des autres abeilles & même des guêpes : elles fe refi'embloient afier, fi ce n'eft que celle de l'abeille ouvrière étoit un peu moins acre que cellef" de la femelle, & celle-ci encore moins que celle de la guêpe : il ne faut donc pas s'étonner fi une petite gouttelette de cette liqueur étant dardée entre cuir & chair au moment de la piquure , eft capable de produire ime fi vive douleur , & d'exciter une pulfation dans les artères , une tu- meur , une inflammation fi confidérable , que non-feulement la fièvre fur- vient quelquefois , mais qu'on pourroit en mourir fi ces piquures étoient en grand nombre : ai.'^ efl:-ce un proverbe connu de tout le monde, qu'il ne faut que fix frelons pour tuer un cheval. L'aiguillon de la femelle eft plus fenfiblement courbé que cehu de l'ou- vrière , quoiqu'en même temps fort pointu : c'eft peut-être pour cette raifon cifelle ne peut guère en faire ufage ; mais c'eft un pur conte que ce qu'on entend dire communément , que le roi des abeilles eft d'un na- turel doux & paifible, & qu'il n'a point d'aiguillon; car j'ai éprouvé phifieurs fois fur moi-même que la mère abeille tait du moins fes efforts pour piquer auffi-tot qu'on l'irrite. J'avois foupçonné, & j'ai dit plus haut, que la liqueur venimeufe pou- voit fervir à l'élaboration de la cire : mais les frelons & les guêpes ont im aiguillon &C une pareille liqueur, & cependant ne font point de cire: outre cela , la reine des abeilles ne travaille pas à la cire , &c même elle ne défend point fes petits ; ainfi on pourroit encore douter de ce fécond iifage que quelques-uns attribuent à l'aiguillon. Pour éclaircir davantage tout ce que je viens de dire fur l'aiguillon & fa liqueur, & fur l'ovaire, j'ajouterai ici quelques obferyations particu- lières que j'ai faites fur des mères abeilles. PREMIERE ACADÉMIQUE. 317 -^ . SwAMMERDAM. _ _ Histoire des PREMIERE OBSERVATION l^sECT£s. Sur une jeune abeille femelle. AYant ouvert une ruche le 16. juin, j'y trouvai plufieurs femelles qui n'ctoient pas encore Ibrties de leurs cellules, mais qui ne dévoient pas tarder à ie mettre à la tête d'un cfl'aim ; car elles avoient déjà quitté la dépouille de nymphe ; elles étcndoicnt dtja leurs ailes & étoient fur le point de fortir de leurs cellules : dans la première que je difféquai l'ovaire n'étoit pas encore fort fenfible, je fus obligé de me fervir d'un bon microfcope pour l'examiner : j'y découvris quantité A'ovUuclus , mais il n'étoit pas poffible de compter les œufs à caiife de leur extrême peti- tefle & de leur nomlîre prodigieux qui paroiffoit bien le monter aux en- virons de dix ou douze mille : j'aurois pu cependant en venir à bout lî j'avois eu la patience de iéparer tous les ov'uluclus de l'ovaire les uns des autres : les œufs étoient extrêmement petits , en comparaifon de ceux qu'on obferve dans une abeille féconde, lorfqu'elle efl dans le temps de fa ponte : ceux qui étoient au bout des oviduclus étoient fi ferrés les uns contre les autres, & fi prodigieufement fins, que jamais je n'aiirois pu les dilîinguer lans le fccours d'un fort microfcope : tout l'ovaire me parut revêtu d'une membrane commune, ce que je n'avois pas encore • vu , au moins fi diflindement. DEUXIEME OBSERVATION Sur une jeune abeille jemellc, . DAns une autre fcijielle de la même ponte , mais un peu plus avarr- céc que la première , & qui avoit déjà quitté fa ruche natale avec un effaim de quelques milliers d'abeilles, je trouvai l'ovaire encore aflez petit : les œufs n'avolent acquis guère plus de volume, qu'ils n'en ont au moment que l'abeille vient de naître, d'où je conclus qu'il n'y avoit pas lon2;-temps que cette femelle étoit fortie de fa cellule quand elle s'é- tolt mile à la tête de l'eflaim. Il ne me fut pas poffible de pouffer plus loin mes recherches, quoique j'cuffe alors pUifieurs femelles en ma di(j)o- fition ; car elles moururent toutes dans J'cfpace d'un jour ou deux : mal- gré la précaution que j'eus de les mettre d;.ns l'efprit de vin pour les em- pêcher de fedeffcchcr, j'eus cependant le plaifir de voir ia plupart des vikeres fe gâter , peut-être parce que mon eijjvit de vin n'étoit pas tefti- fié : dans quelques-unes la liqueur venimeufe fe coagula en Éi^ matière blanche , prefque fant goiit & fiins vertu , & qui étant expofée à l'air li- ife s'évaporoit en fc deflechant ; dans une autre abeille ie trouvai cctle: Tom. y. 9 R r 314 COLLECTION uMiuuiintww»— liqueur condenfée & féparée en petits grains blancs Jrrégullers : on ap» Svi'AMMf RDAM. p^rcevoit même très-diftinftement tout le conduit fecrétoire de la véficule HisToiRK DES du venin, environné de toutes parts de particules graiffeules concrètes qu'on Insectes. pouvoit détacher & emporter facilement avec le pinceau. TROISIEME OBSERVATION Sur uni ahùll: fcmdU. J'Obferva! fur une autre femelle que je difféquois dans le même temps, que le conduit qui apporte la liqueur venimeufe dans la véficule fe partageoit en deux autres vaiffeaux affez courts terminés en cul-de-fac : en melurant exaftenient ce tuyau fecrétoirc, depuis (on entrée dans la véficule jufqu'à fa première divifion, je trouvai qu'il avoit 'm quart de pouce (d'Hol- lande) de longueur : & que l'une des deux branches de ce tuyau avoit à- peu-près un pouce & demi de longueur , & l'autre près de deux pou- ces ; mais on ne peut prendre ces mcfures qu'après avoir eu foin de dé- plier toutes les courbures & tous les contours de ces vaiffeaux , & les avoir féparés adroitement des autres vifceres. Quoique l'abeille fur qui je faifois cette troifieme obfervation eût été dans l'eiprit de vin , cepen- dant toutes les parties dont je viens de parler étoient affez diilinftes & avoient affez de confiffance. QUATRIEME OBSERVATION Sur une mère abeilli dans le temps de la ponte. JE difféquai le 4. d'août une mère abeille bien féconde qui avoit e(- faimé le 14. juillet,- & qui avoit déjà pondu plufieurs œufs: l'entrée de l'ovaire étoit remplie de quantité d'œufs tout -à- fait formés; mais ceux qui étoient aux extrémités des oviduHus , n'avoient pas encore ac- quis le degri de groffeur & de pcrfeftion , qu'on obferve dans ceux des abeilles fécondes au temps du mois de mai , qui eft le fort de leur ponte; ils n'étoient pas même fi avancés qu'ils le font en automne, comme on le verra par ma cinquième obfervation ; c'eft ce qui me fît connoître que l'abeille que je difféquois étoit encore de l'année ; mais je n'ofe affurer que ce foient toujours de jeunes femelles qui fe mettent à la tête des effaims. (a) Ce n'étoient pas feulement les oeufs de la partie la plus baffe des oviduclus qui avoient acquis leur état de perfec- tion , ceux qui étoient un peu plus élevés étoient auffi dans le même point de grOflcur : cet ovaire étoit rempli d'une quantité d'œufs innombra- (.j) Vcyc^ la Note a de la page 287. ACADÉMIQUE. 315 ble : j'ai compté feulement dans quatorze petites parties détachées de ■— — â^^ l'extremitc des oviduclus , iurciirà cent Ibixnnte & quatorze œufs : d'où <;„,. „..r„„.., „ • *• ,1 1- • „ /• r 1 /- 11 3WAMMERDAM. Ion i)eut imaginer quel nombre prodit^ieux dœuts une leule tcmelle con- Histoire des tient dans fon ventre ; & affurément il faut qu'elle foit conllruite de fa- Inmctis. çon à en contenir un très-grand nombre , puifque toute une ruche naît d'une feule femelle , comme nous l'avons dit , & que le nombre des abeilles d'une ruche ne fe monte pas feulement à trois ou quatre mille, mais quel- quefois jufqu'à dix-neuf miHe. On voyoit encore diflinélemcnt dans cette femelle tous les oviduclus fe réunir de chaque côté de l'ovaire en cinq branches , oii chacun des ovlduUus fait defcendre les œufs qu'il contient pour être tranfportés enfuite dans les deux branches principales, & dc-là dans le tronc commim dont j'ai parlé plus haut. Quelque peine que je me fois donnée pour découvrir diflinftement l'if- fue de la vulve, je n'ai pu en venir à bout, tant parce que j'étois pour lors à la campagne, & que je n'avois pas avec moi tous mes inflru- ments , que parce que je ne voulois pas faire fortir la vulve du derrière de l'abeille, de peur d'endommager quelques autres parties que j'avois befbin d'examiner aufTi en même temps ; cependant j'ai vu afTez nette- ment que le canal excrétoire des œufs s ( PI. XVIII. Fig. IV. ) forme un renflement mufculeux à l'endroit oîi il s'approche du dernier anneau du ventre , qu'enfuite il fe rétrécit & fe dilate de nouveau en devenant mem- braneux : je n'ai pu le pourfuivre plus loin , parce qtie je voulois con- fcFver la véficule du venin qui efl: fituée précliément à cet endroit avec quelques mufcles qui fervent au jeu de l'aiguillon ; mais dans ime autre femelle il m'a paru que la vulve , en fuppofant l'abàlle couchée fur le ventre , s'ouvre dans le dernier anneau du ventre fous l'aiguillon, & qu'il eft très-difficile de pénétrer dans cette ouverture, à moins que ces parties ne s'étendent & ne fe déploient dans le temps que l'abeille pond r j'ai vu très-diftinftement l'anus s'ouvrir au defl'us des deux pièces qui ac- compagnent l'aiguillon ; il étoit placé précifément & fur l'aiguillon , & fur les deux pièces dont je viens de parler : j'ai découvert auflî que le reftuni formoit en cet endroit une efpece de cloaque , qui étoit remplie d'excréments jaunes & fougcâtres : pour ce qui efl de Tinteflin , il étoit fait de la même manière qu'on le voit repréfenté dans la Planche XVIII. (Fig. I. Lat. /.) J'ai obfervé encore que les deux appendices mouffes 00 qui accompa- gnent l'aiguillon , ne font autre chofc qiie les prolongements des cartila- ges // & e. w m que j'ai reprélenîés dans la PI. XVIII. Fig. II. Le vérita- ble ufage de ces appendices me paroît être de fonder les objets que l'a- beille veut piquer, afin qu'elle ne foit point expofée à darder en vain fon aiguillon contre des corps trop diu-s & à le rompre : enfin , j'ai re- marqué que l'un des côtés de ces appendices étoit recouvert d'un carti- lage &c garni de poils très-fins. Mais parce que l'aiguillon &: toutes fes dépendances étoient plus con- fidérables dans la femelle que dans l'abeille ordinaire, j'y ai remarque des chofes fingulieres qui m'avoicnt échappé jufcju'alors. Premièrement, j'ai découvert que l'étui de l'aiguillon avoit auffi lui-même deux branches Rr i awAMV.ERDAM. ,,6 COLLECTION aiifquellts s'appliquoient exadenient celles de raigu'ilîon , ce qui fac'ii'itç encoj'e davantage le jeu de ces pièces : les branches de l'étui étoient cour. Histoire des btes preciiement comme celles de 1 aiguillon : toutes ces parties etoient Insectes. conftruites d'une manière admirable ; on y appercevoit çnpore deux pe.- tites parties courbées dans leur commencement en forme ovale, avec un bord de couleur de maron , & qui fe rapprochant enfulte en formant une pointe , prenoient peu à peu une couleur plus pâle : elles étoient articulées latéralement avec les cartilages n n (^ PI. XVIII. Fig. I. ) avec lefquels s'articuloient auiTi par en haut les extrémités des branches de l'aiguillon. La pièce ofleufe que j'ai comparée ci-deffus à l'os de la lu- nette des oifeaux , paroiffoit auffi articulée par fa partie poflérieure avec l'étui ; mais le conduit de la liqueur venimeuié pafioit feulement par deilus &C fe terniinoit, après avoir fait quelque chemin, au dedans de l'étui : je n'ai pas encore examiné fi tout cela fe trouve de même dans l'abeille .ordinaire. En fécond lieu , j'ai obfervé dans cette diiTeftion que les deux pièces rrr (PI. XVIII. Fig. III. ) que j'avois repréfentées dans l'abeille ordinaire comme fituées à Textéricur des branches de l'aiguillon du côté qui efl garni de dentelures pointues , font réellement placées fur le côté liffe &: intérieur de ces branches ; ci j'ai vu très-dirtindement que les mufcles qui fervent à mouvoir l'aiguillon , à le faire fortir Se à le ramener dans fon étui, font logés entre les deuxfebords de l'étui, dans fa cavité pof- térieure , où ils font articulés avec les deux pièces dont je viens de par- ler; de façon que je n'ai plus douté que le principal ufage de ces pièces ne fût de retenir «n place les jambes de l'aiguillon , dont elles font même partie en quelque façon : ce qui leur çfl: d'autant plus facile, qu'elles font elles-mêmes cachées dans la cavité de l'étui , comme je m'en fuis affuré, avec le fecoiirs d'un bon microfcope , en les tirant plufieurs fois de cette cavité & en les y faifant rentrer lans endommager aucune partie. Enfin, j'ai reconnu la véritable caufe de mon erreur <à l'égard de lai fituation Je ces deux pièces dans l'abeille ordinaire : elle vient de ce mte les branches de l'aiguillon, après qu'on les a tirées de leur étui. Te recourbent toujours un peu, moyennant quoi les pièces dont je parle , paroiffcnt toujours fur le côté oppofé à celui où elles font na» tureUement. ACADÉMIQUE, j.t SwAMMERDAM. Histoire des CINQUIEME OBSERVATION I^•sECT£5. Sur une mcn abdlU dans le temps de fa ponte. CEtte femelle me fut apportée pendant l'automne, précifément au temps qu'on châtre les mouches & qu'on fait pafier quelquefois les ïibeilles d'un pannicr dans un autre pour ne faire qu'une ruche de deux ; je trouvai encore Ion ovaire tout rempli d'œufs entièrement formés ; ce qui me fit connoître que les abeilles ne pondent jamais tous leurs œufs comme font les poules : je penfe donc que comme il y a une infinité d'œufs rangés par files jufqu'aux extrémités des vaifTeaux de l'ovaire de l'abeille,, les derniers & les plus éloignés defcendent fuccefîlvem.ent & prennent la place de ceux qui viennent d'être pondus. Après avoir gardé cette femelle près d'un an dans l'efprit de vin , je trouvai fa liqueur veni- meufe toute coagulée dans fa véficule ; on auroit pris cette liqueur pour un petit morceau de cire de figure ovale : la véficule ne l'embrafloit pas exa^ment , mais on diftinguoit un vuide entre cette liqueur condenfée & la paroi intérieure de la véficule. Comme j'avois plufieurs abeilles en ma dlfpofition dans le temps que je faifois ces expériences , je voulus éprouver ce qui réfulteroit du mé- lange de la liqueur venimeufe avec la cire brute : cette matière qui de fa nature efl: friable, très-foluble dans l'eau, & qui ne fe laiffe point pé- trir, acquit par ce mélange une certaine ténacité, devint plus flexible, & après avoir perdu entièrement fa friabilité , commençoit un peu à fondre au feu; mais enfuite elle reprit fa première couleur & fon caraftere de cire bnite , qui n'eft point inflammable , mais qui noircit feulement an feu : de plus, cette pâte étant jettée d'ansTeau , ne s'y diffolvoit pas d'a- bord, mais pour peu qu'on 'f'y agitât, elle y redevenoit foluble : il eft vrai que quelques grains de cette matière à cire que j'avois pétris avec de la liqueur venimeufe, & que j'avois confervés pendant quatorze jours, ont gardé la duftilité que ce mélange leur avoit fait prendre , & qu'ils ne font plus devenus friables ; mais je n'oferois pas encore affurer qu'on doive tirer quelques conféquences de cette expérience : tout ce qu'on en peut conclure, c'efl que cette matière que les abeilles apportent fur leurs jambes à la ruche , fert à former la cire. J'ai fouvent propofé de bonnes recompenfes à ceux qui élèvent des abeilles, s'ils pouvoient m'apporter de la vraie cire attachée aux jam- bes des abeilles ;*mais quelques foins qu'ils fe foient donnés pour cola , ils n'en ont jamais pu venir à bout : ainfi je regarde la manière dont fe fait la cire , comme une chofe qui nous eft encore inconnue & qui de- mande beaucoup de recherches, (a) On pourroit aufli avoir quelques doutes fur la «laniere dont les abeil» L") ^'^^''i '«s Notes des pages 241. 24S. 249. t8 COLLECTION mîeL 555 les font le miel, quoiqu'il y ait cependant moins de difficultés à l'égard du mî Sw-AMMERDAM. q"'<^ l'égard dc la cire : je n'ai pas encore eu le loifir de faire là-deffus toutes les Histoire d£s expériences quejem'étois propofé défaire : voici comment je conçois qu'on iNsacTEs. pourroit s'y prendre pour voir diftinftement le travail des abeilles : on pourroit faire confiruire un chaffis de bois monté fur trois ou quatre pieds, qu'on placeroit dans une ruche ordinaire tiÏÏiie de paille, de fa- çon que la ruche pourroit aifément s'ôter par en haut & fe remettre fur le chaffis quand on le voudroit : on coUeroit enfuite les bords du chaf- fis avec du papier, &c on y feroit entrer un jeune efl'aim dans le temps que les mouches jettent : & dès qu'une fois les abeilles auroient com- mencé à conrtruire des gâteaux de cire & à pondre, ce qui arrive ordi- nairement dans l'efpace de dix ou douze jours, pour lors on enleveroit la ruche extérieure de defl'us le chaffis & on déchireroit auffi-tôt le pa- pier : (a) ainfi on pourroit voir très-diftinftement les abeilles faire tous leurs ouvrages à découvert. Quoique je n'aie jamais effayé cette expé- rience , je fuis pourtant prefque sûr qu'elle réuffiroit ; car j'ai vu plus d'une fois des abeilles qui s'étoient fait dans des trous de vieilles mazu- res une ruche dont l'ouverture avoit un pied en quarré ; en forte qu'on pouvoit voir par cette ouverture tous leurs ouvrages. Il ne faut donc pas craindre que les abeilles ainfi expofées au grand jour s'en aillf^t , puifque je fuppofe la ponte déjà bien avancée, & qu'on fait d'ailleurs qu'elles n'abandonnent jamais leur couvain : fi on craignoit les fraîcheurs de I9 nuit pour les abeilles, on pourroit les couvrir pendantla nuit de la pre- mière ruche , ou de quelque autre couvercle plus grand : pendant le jour il faudroit auffi avoir attention de les mettre dans un endroit où elles fuf- fent à l'abri de la pluie & de l'ardeur du foleil. Avant que de paiïer àThifloire du mâle de l'abeille , je dirai ici quelque chofe des bourdons (^) & de leurs œufs, comme je l'ai promis : les bour- dons, autant que j'ai pu m'en appercevoir , n'habitent point enfembleSc ne conflruifent point de cellules : ils paffent tout l'hiver, comme plu- fieurs autres Infeftes , fans manger & dans un état d'engourdiflement : ainfî ce font des efpeces d'abeilles folitaires : j'ai obfervé cependant fur la fin du mois de mai , &i même quelquefois plutôt , dans les champs & dans les prés des environs d'Amfterdam , quelques bourdons mâles qui fe rafl"em- bloient avec une femelle : celle-ci eft aifée à diflinguer par fa grofleur : entre les épis de bled ou les brins d'herbe où ils fe pofent, ils choifif- fent un petit trou fort peu enfoncé fous terre, dans lequel on trou\'e une manière de duvet fin, qu'ils y ont fans doute apporté ou qui y étoit peut-être naturellement : c'eil dans ce duvet que la temelle pond fes œufs îur un morceau d'une certaine matière dudible, de couleur brune, qui (il) Swammerdam ignoroif que les abeilles auroient elles-mènies déchiré ce papier. M. de Rîamnur le^ a vues détacher & réduire en pièces du papier qui avoit été em- ployé à boucher les vuides qui fe trouvoient entre le bois & les carreaux de verre de les ruches & à mieux affujettir ces carreaux. Le incme M. de Réaumur allure que le meilleur moyen d'obferver his abeilles, eîl d'avoir dei ruches vitrées. {t) Bomiylii. ACADÉMIQUE. 3'9 approche beaucoup de la nature de la cire o (PI. XVIII. Fig. VII. ) les, œufs font aulTi rcvctus par deffous ôi lur les côtes de la même matière; SwANîMEroAM. mais je n'ai pas encore pu m'afliirer par des expériences, comment les bour- Histoire des dons couvent leurs œufs, de quelle manière. les petits vers en fortent, iNsecTts, . ni fi la matière dont je viens de parler fert à leur nourriture : j'ai trouvé feulement le 21. juin dernier un nid de bourdon tout entier, qui avoit d'un côté a (PI. XVIII. Fig. VII.) dix-huit cellules, & huit feulement de l'autre i> : parmi ces cellules il y en avoit une tout à-fait vuide c : on appercevoit en différents endroits des morceaux irréguliers de cette ma- tière dont j'ai parlé plus haut ^,1:,/, lefquels renfermoient de petits œufs & les environnoient exadement : je n'ai trouvé dans ce nid qu'une feule femelle &C pluficurs mâles qui voloient d'un air inquiet , & firent enten- dre un. bourdonnement continuel : j'ai examiné eniiiite les dix-huit cellu- les avec grande attention, je les ai ouvertes en rompant une petite partie de la matière qui les fermoit g; toutes étoient remplies de vers, prêts à fe transformer en nymphe h. Ces cellules font de forme ovale, d'une couleur tirant im peu fur le jaune, & tillues de fîls, que je crois filés plutôt par les vers eux-mêmes , que par les bourdons : elles avoient entre elles un certain arrangement, qui n'eft pas cependant toifiours fort régulier ; chacune paroiffoit entourée de cinq autres : du refte elles étoient toutes collées l'une à l'autre à-peu-près de la même manière que les vers-à-foie attachent leurs coques à un cornet de papier ou à un car- reau de vitre au moyen de leurs fils : de plus , l'une étoit plus éle- vée, l'autre plus abaiffée alternativement : elles étoient un peu moifies par le bas, à l'endroit où elles tenoient au duvet dont j'ai parlé, fans doute à caufe de l'humidité «Je la terre. J'ai tiré enfuite quelques vers de leurs cellules , & j'en ai laifTé quelques autres dans les leurs : ceux-ci quelques jours après fe transformèrent en nymphes , qui dans l'eipace ce deux ou trois femaines , devinrent autant de bourdons; mais ils n'eurent pas la force de fortir de leurs coques , & Us y moururent , auflî bien que les vers que j'avois tirés de leurs cellules : les huit cellules de l'autre côté n'étoient point tiffues de fils , mais elles paroiffoient formées d'une efpoçe de cire brune, leur figiue étoit auflî moins régulière & moms fymmétrique, ce qui m'a fait foupçonner que c'étoient les bourdons eux- mêmes qui les avoient bâties : je croyois y trouver du miel ou de la cire brute ; mais je fus bien furpris de n'y voir que des vers de diffé- rentes grofleurs , tous exaélement claquemurés : deux de ces cellules con- tenoient chacune deux vers affez gros / ; dans un autre il n'y en avoit qu'un k , mais encore plus avancé que les deux premiers : je pns ces vers , je les mis dans un cornet de papier , ils s'y filèrent une coque de forme ovale , & vuiderent d'abord plufieurs excréments , pluficurs petites crottes bnmes de forme régulière, affez femblables à la matière où ils étoient logés dans leur nid. Dans une autre cellule, j'obfervai une cloi- fon de cire / qui la partageoit en deux loges , dont l'une contcnoit deux vers un peu plus gros : je vis pareillement dans une autre de ces huit CcIluUs trois vers m , & quatre n d^n$ une autre, lo C O L L E C T'I O N On voit par tout ce que je viens de dire combien le nid des bourdons SwAMM£R3AM. diftcrc des cellules des abeilles, & même de celles des frelons & des guê- HisToiRE DES pes, que ces infedes bâtiffent eux-mêmes avec une induftrie admirable; Insectls. niais ce qui me paroît lingulier dans les bourdons, ceft que ces petits vers qui ont encore à prendre de la nourriture & de l'accroiffement , l'oient néanmoins enfermés, & que l'entrée de leurs cellules foit fceîlée her- métiquement : on peut penfer que la matière même t]ui lert de couver- cle à leurs cellules , fert auffi à les nourrir , &: qu'à meiure qu'ils la con- ibm.ment , les bourdons ont foin d'en remettre de nouvelles couches à la place : nous avons q-peu-près le même exemple dans ces petits vers que les infedes dépofent dans le fromage, dans la viande ou dans les fruits & les plantes : la même matière qui leur fert de logement , leur fofir- nit encore la nourriture ; il paroît auffi vraifemblable que nos vers de bour- dons le nourriffent de la cire même qui bouche leurs cellules'; de même que la chenille-loup dont je parlerai dans la fuite , tire fa nourriture de la cire même qui lui fert d'habitation : autrement il faudroit que les bourdons pour nourrir leurs petits, débouchaffent & rebouchaflent continuellement leurs cellules , ce qui donneroit à ces animaux une peine inutile & en- nuyeufe,' dont il n'y a point d'exemple dans la nature qui efl toujours fimple dans fcs opérations : ce qui rend encore mon fentiment fur ce point plus probable , c'ell l'ordre avec lequel les bourdons enferment leurs œufs au dedans de cette matière ; car il ne me paroît pas polTible qu'ils puiffent deviner précifément l'inflant où le ver fort de fon œuf, & où il faut déboucher fa cellule pour lui donner à manger : d'ailleurs il feroit prelque impolîîblc de rompre la matière qui enferme les. œufs fans les endommager eux-mêmes ; mais cependant je n'oferois encore rien décider là-deffus affirmativement, avant que d'être allure du fait par des expériences plus certaines & plus répétées. Pour reprendre le fil de ma defcription , j'ajouterai que j'ai encore trouvé dans ce nid de bourdons une cellule vuide qui étoit aulîl tifliie de fils ; il m'a paru très-vraifemblable qu'il en étoit forti un jeune bourdon. Enfin , j'ai rompu ces morceaux de cire irréguliers qui le trouvoient at- tachés en. trois différents endroits aux cellules tilVues de fils : j'ai trouvé dans l'un d (PI. XVIII. Fig. VII.) fix œufs, dans le fécond e dix-fept , \ & dans le troifieme/ vingt-trois : ces œufs étoient allez gros, un peu re- courbés & collés par le bout le plus pointu à cette matière fur laquelle ils avoient été dépofés : ils paroiffoient au microfcope en quelque forte fen-blables à du chagrin ; du refle ils éroient d'une couleur laiteufe, & rem- plis de liqueur; ils fe tenoient dans une fituation droite, & fi près les UKs des autres, qu'ils fe touchoient prefque, ce qui formoit un allez joli coup d'œil : j"ai gardé fort long-temps de ces œufs , tant au dedans de la matière qui les bouchoit , que hors de cette matière ; mais ils fe font defféchés & il n'en ell point forti de ver. On voit courir fur le corps aiême des bourdons quantité de petits poux de tlifférentes gran- dieurs, qu'il n\9i pas ailé de faire mourir : j'ai obfervé auffi des poux, iur les. founuis & prefque fur tous les autres infedes : Goedaert appelle; tes,gouxde bourdons , excitateurs , & il en raconte des choies fi plaifantes^ I ACADÉMIQUE. 311 qu'il femble avoir voulu plutôt nous donner un roman qu'une hirtoire ■ i«wi véritable. ^ _ _ ^ Swammirdam. Mais il eft temps d'en venir à la defcription des parties du mâle de Histoire des l'abeille : je garderai dans cette defcription le même ordre que j'ai gardé l'^^'^CTEi. dans celle dos parties de la femelle, & je ne décrirai que les parties, tant de la tcie que du corccict &: du ventre, qui ne fe trouvent point dans l'abeille ouvrière ni dans la femelle, ou du moins qui fe voient d'une manière plus fcnfiblc & plus parfaite dans le mâle. Les parties qui fe préfcntcnt à obferver dans la tète , font principale- ment les yeux-, les antennes, les dents & les poils pennifcrmes dont la tête efi: hériiTée : j'ai déjà parlé ailleurs de quelques-unes de ces parties, il ne me relîe qu'à décrire ici les yeux , &c À entrer dans un détail exa£t de toutes les chofes qui y ont rapport, foit intérieurement, foit exté- rieurement , favoir , le nombre des yeux , leur figure extérieure , les poils qui y font implantés à la partie lupérieure ; la cornée, l'uvée , les fibres internes pyramidales & renverfées ; les trachées qui les traverfent; la première & la ieconde membrane où fe terminent les fibres pyrami- dales ; les fibres corticales tranfverfes qui paroiffent fous ces membranes ; la fiibflancc corticale du cerveau fituée fous les fibres dont je parle ; ie cerveau même avec les trois petits yeuxféparcs &: difpofés en triangle; l'o- rigine de la moelle épiniere qui eil au dcifous ; l'origine des trachées ; enfin la furface inférieure de l'œil. A l'égard du nombre des yeux, il y en a d'abord deux plus confidé- «ables qui font placés de chaque côté de la tête ; mais outre ces deux yeux qui font très-remarquables, on en obferve encore trois autres pe- tits , qui dans le mâle fe trouvent dil'pofés triangulairement entre les deux grands yeux , & un peu au deflbus , précilément à l'endroit où ces deux grands yeux après s'être touchés, s'écartent l'un de l'autre en forme d'Y grec (PI. XIX. Fig. I.) ces trois petits yeux dans les femelles &: dans les ouvrières , font placés plus haut fur la tête , comme je l'ai déjà re- marqué ailleurs , & par conféquent ils fe trouvent exaftement entre les deux grands yeux ; mais j'aurai occafion de m'éicndre davantage fiir ce fujet. Les deux grands yeux rcpréfentent en quelque manière la figiire d'un croifiant , excepté que l'extrémité qui cil à la partie la plus élevée de la tète eft arrondie , au lieu d'être pointue , & qu'au contraire l'extrémité inférieure fe termine en pointe auprès des dents : ces yeux font convexts &fe touchent, mais dans le mâle feulement, à l'endroit le plus haut de la tête, c'e!l-à-dire, le plus près du cou & du dos; ils s'écartent enfuite & vers le bas de la tête , à l'endroit c où ils deviennent plus aigus en s'ap])rochant des dents , ils fontaffez éloignés l'un de l'autre ; & c'ell dans l'intervalle qu'ils laiffent entre eux que le trouvent placés les trois pe- tits yeux a , L's antennes qui font coupées ici //", les dents ou les par- ties qu'on appelle de ce nom , & quelques poils penniformes J. Chacun de ces deux grands yeux eÛ couvert de poils très - ferrés : je n'ai repréfentc ces poils que liir la circonférence pour éviter la confu- fion ; ils lieiutent lieu de foiu-tils ou de paupières aux abeilles ; mais com- Tom. r. Si 3X1 COLLECTION me on ne poiirroit guère comprendre leur fituation fans avoir auparavant SvAMMERDAM. "ne ïdéc de la cornée où ces poils ont leur racine, je vais commen- HisToiRE DIS cer par la deicription de cette tunique. Insectes. La tunique ou membrane extérieure de l'œil dans l'abeille s'appelle cornée , c'efl: le nom qu'on lui donne auffi dans l'homme , dans les qua- drupèdes , les oileaux , les poiffons & les ferpcnts ; mais il fembleroit de- voir être propre à la tunique extérieure de l'œil des abeilles, parce que cette tunique a exaftemcnt la fermeté, la flexibilité &C la tranfpa- rence de la corne ; il y a cependant une grande différence entre les yeux des abeilles & ceux de l'homme & des autres animaux : dans ceux-ci la cornée ell par tout liffe & également polie , dans les abeilles au con- traire, ainiî que dans prefque tous les infeftes que j'ai eu occafion d'ob- ierver , elle elt divifée en plufieurs facettes ; & comme chacune de ces facettes eft d'une convexité ijjhérique , cela a donné lieu à M. Hooke & à d'autres de penfer que les yeux des infedes ne font qu'un affembiage d'un nombre prodigieux de petits yeux , dont chacun reffemble par fa ilrufture particulière à ceux des hommes & des autres animaux : je n'ai cependant obfervé cette reffemblance dans aucun infecte , fi ce n'efî dans un limaçon , où j'ai vu dillimSement deux yeux du même côté , très-tlif- tinds l'un de l'autre , & ayant chacun leurs trois humeurs à part ; mais pour donner im détail plus exaû des divilions de la cornée, j'obferverai d'abord que les facettes dont je viens de parler ne font point circulai- res , mais hexagones : quoique les maffes totales qui réfultent de tou- tes ces facettes , paroiffent fphériques à leur furface fupérieure , & repré- fentent par conféquent très-exaftement une portion de gâteau , dont les alvéoles font bouchés , puifque chaque alvéole efl: pareillement à fix pans, & que tous enfemble forment une convexité & s'élèvent en forme de voûte. Cette ftniftxire fmguliere de la cornée des abeilles ell encore m.ieux repréfentée par les cellules des frelons , lefquelles font aufîi hexagones , & fermées par des couvercles qui tous eniemble forment im tiffu fphérique & très-bien voûté : lors donc que l'on confidere l'œil des abeilles & de la plupart des infeftes , il fe préfente fous la forme d'un véritable réfeau ; fur-tout quand on l'obferve au microfcope , en plaçant l'objet entre l'œil de l'obfervateur & la lumière , & c'efl: la meil- leure manière de voir cette flmôure ; car en regardant ainfi au travers de ces maffes fphériques , on diflingue les divifions de tous ces hexa- gones qui font plus opaques, & qui toutes enfemble offrent la figure d'un réfeau : il faut remarqtier encore que ces facettes hexagones de la cor- née , quand on les examine de plus près , n'ont pas rigoureufement la figure d'un gâteau de cire : car toutes les lignes qui diflinguent les cel- lules d'un gâteau les unes des autres , font des lignes droites , au lieu que les fiicettes qu'on obferve dans l'œil de l'abeille , font diilinguées Tune de l'autre par des lignes courbes & un peu pliées , à caufe de la convexité fphérique de la cornée , qui fait plier en différents endroits les facettes hexagones avec les lignes qui les féparent : d'ailleurs, comme cha- que fiicette hexagone fe trouve placée au milieu de fix autres facettes fcmblables, cela fait que toutes enfemble le préfentent fur la cornée fous ACADÉMIQUE. _ 313 une forme ovale & comme voîitce, ainfi que j'ai tâché de les clcJTiner dans relpacc compris emrc les lettres c bcce b (PI. XIX. Fig. I.) il cft Sw-ammerdam. aiié de comprendre d'après cette figure comment chaque facette s'arran- Histoire des ge avec les fix autres dont elle eu entourée. Quelques curieux devant ^'''s^c'is. qui j'ai fait ces démonftrations , ont cru que cette llnidure des yeux de l'abeille pouvolt lervlr à rendre raifon de la figure de leurs ouvrages ; de forte que , félon eux , l'abeille conftruit fa cellule de figure hexagone , parce qu'elle volt avec des yeux qui ont cette même figure : comme fi nous ne devions bâtir que des maifons rondes , parce que la prunelle de no- tre œil ell ronde. Je n'ai jamais compté combien il y a de facettes à la cornée de l'abeille, ôi je ne lais pas même comment on pourroit en venir à bout, à moins que l'on ne coupe la cornée en pluhcurs mor- ceaux , & qu'on ne compte enfuite les facettes de chacun de ces petits morceaux à un bon microfcope l'un après l'autre, ayant attention de ne prendre deux facettes ^uc pour une dans l'endroit de la coupe : Hookc fur l'exaûitude de qui on peut compter, a trouvé dans Tceil de la de- molfelle quatorze mille facettes , ce qui tait un très-grand nombre : en- fin, j'ajouterai encore ici que ces facettes font fi belles, fi brillantes, û régulières , que les plus beaux ouvrages de l'humaine induftrie n'ont rien qui en approche. Pour ce qui eil de la ftnidure intérieure de la cornée , j'ai obfervé que fa furface interne ell divifée en autant de fofléttes hexagones, qu'il y a de facettes à la furface externe : &i fi on obi'erve cette tunique au mi- crofcowe , en la tenant comme j'ai dit entre l'œil & la lumière, on pourra voir très-dlrtinclcment qu'elle eft un vrai réleau hexagone ; car la cor- née étant extrêmement mince & tranfparente dans les endroits oii elle forme des facettes fphériques , & ayant une épailfeur plus confidérable à l'endroit des divifions , il n'y a proprement que ces divifions qui paroif- fent lorfqu'on regarde au travers , & c'eft la vraie raifon pourquoi la cornée ie préfente alors lous la figure d'un réleau percé de mailles hexagones : cependant cette figure n'ell pas confiante , mais quelquefois les facettes parolfTent triangulaires ou quarrees ; cette variété vient des différentes réflexions ou réfraâions des rayons de lumière qui traverfént la cor- née : cela arrive fiir-tout quand les angles des facettes ne font pas tous oppofes direftement au microfcope ; car dans ce cas 11 n'y aura qu'une partie des hexagones éclairée, tandis que l'autre ne le fera point, & ainft il fe prélentcra de f uix angles à la vue : au relie , prefque tout les corps concaves quand on regarde le jour à travers , paroiflent convexes ou fphériques, comme on peut le voir principalement dans les agates gra- vées : c'elt pour cela qu'il faut lavoir manier les microfcopes , afin de n'être pas trompé par des illufions d'optique : j'expliquerai plus bas ce qui produit ces mailles hexagones dans le réfeau. L'épallleur de la cornée eû plus confidérable à proportion dans l'a- belUe que dans plufieurs infe£les aulTi petits qu'elle. C'elt entre les fa- cettes que je viens de décrire que font logés les poils dont j'ai dit que les yeux des abeilles étoient chargés : ils s'cnfonceot dans la cornée & la percent entièrement comme nos cheveux pénètrent l'épallîéur de notre Ss X 3H COLLECTION ¥?!Î^CÎ!5;5ÎS!! jjcau ; ils s'clevcnt en finiflant en pointe & ils font trois ou quatre Sv/iMMbRnAM'fbis plus longs que le diamètre de chaque facette hexagone; ils ù?nt hisroiuE D£s ronds & reflemblent aflez aux foies des autres animaux, formant une It.:,ïCT£5. fimplc tige qui va en diminuant de groffeur, depuis l'on origine jufqu'à fon extrémité : leur nombre efl aflez confidérable, quoique moindre que celui des facettes, ils font cependant fi ferrés, qu'ils femblent former fur l'œil une forêt de poils eee : û faut fc fouvenir que je les ai reprélén- tés feulement dans le contour des facettes de l'oeil, & que je n'ai mar- qué dans cette figure qu'un certain nombre de facettes, quoique réelle- ment il y en ait beaucoup davantage, & que le véritable nombre ne m'en foit pas encore connu. Le principal ufage de ces poils , eft de dé- fendre l'œil contre le choc des corps , & d'empêcher la pouffiero d'en- trer dedans, enfin de fervir à le nettoyer s'il y étoit entré par hafard quelque ordure , conim.e on voit auflî les mouches nettoyer leurs yeux en partant plufieurs fois leurs petites pattes velues par defl"ns , comme {)our les brofl"er : ainfi on pourroit dire que ces poils font proprement 'office de fourcils & de paupières. Pavois penfé d'abord qu'il pourroit bien n'y avoir que les èfpeces d'infeftes qui vivent long-temps , telles que font les abeilles , qui cuflént de ces poils ; mais je les ai obfervés aufTi dans plufieurs autres efpcces , entr'autres dans des papillons de jour diverfement colorés, dans l'abeille de Goedaert, où cependant ils ne couvrent pas tout l'œil , mais feulement une partie en forme d'ovale : cette efpece d'abeille, dont Goedaert donne la defcription dans la fé- conde expérience de fa première partie , n'eft autre chofe dans le vrai , qu'une efpece de mouche à deux ailes , qui naît tous les ans dans la fiente conftamment de la même manière : elle vient d'un petit ver à longue queue , qui a des pieds extrêmement petits , & qui fe trouve dans le fumier & dans les latrines : cet infefte cû du quatrième ordre des tranf- formations naturelles , au lieu que l'abeille eft du troifieme , comme je l'ai déjà dit afl"ez au long : mais je viens aduellement à la defcription de l'uvée , qui eft la féconde tunique de l'œil ; je dirai quelque chofe plus bas «les trois petits yeux liffcs & féparés de l'abeille. Quand on a enlevé la cornée du corps de l'œil , il fe préfente une au- tre tunique qui paroît n'être autre chofe que l'uvée : elle n'occupe donc point le fond de l'œil dans les infeftes, mais elle eft très-près de la fur- fàce ; on n'y voit point de trou comme dans les grands animaux , ainfi elle empêche les rayons de lumière de pénétrer au dedans de l'œil , plus loin qu'à travers la cornée : on ne fauroit prefque détacher la cornée , qu'on enlevé en même temps avec elle une matière opaque , qui lui ôtc toute fa tranfparence : la couleur de cette matière varie dans les diffé- rents infeftes ; dans l'abeille elle eft d'un pourpre foncé , dans d'autres infeftes elle eft verte, dans d'autres bleue, dans d'autre noire, dans quel- ques autres enfin , elle eft bigarrée de diverfes couleurs qui paroifl"ent à travers la cornée & qui forment im deffin agréable ; cela ne peut s'ap- percevoir cependant qu'à la furface interne de la cornée , à l'endroit où elle eft immédiatement contiguë à l'uvée : au refte, cette matière qui, félon moi , conftitile l'uvée , eft le plus ordinairement d'une couleur noi- ACADÉMIQUE. . , 5M rlltre , tant c!ii côtti qui s'applique immédlatcinent à la concavltc de la — ^— ■— cornée , que du côte qui regarde le dedans de Tctll , &: lorfqu'on la ma- Swa.v.:.!erdam. nie, elle teint les doigts de la môme manière que ce qu'on appelle pig- Histoire des wentum nigrum dans l'uvéc de l'homme & des autres animaux : voilà Insectes, pourquoi cette matière ternit la tranlparencc de la cornée, comme je l'ai dit plus haut , Si il t'aut avoir loin de l'emporter en frottant légèrement avec le bout d"un pinceau ou d'un petit cornet de papier , fi l'on veut rendre à la cornée là tranlparence naturelle: quand on écrale la tête d'une mouche dans un morceau de papier plié en deux , la couleur purpurine qui le peint de chaque côté du pli cil dû à l'épanchement de ce pigmcn- tum : on demandera peut-être fi cette matière n'eft pas réellement une mem- brane à laquelle on puiffe donner le nom d'uvée , ce que je penfe de la nature, & quelle idée il faut du moins s'en faire ? je réponds que ce n'eft autre chofe que les extrémités de certaines fibres g g (PI. XIX. Fig. I. ) placées immédiatement fous La cornée qui ont été déchirées en enle- vant cette membrane ; car il faut bien remarquer qu'il n'y a en aucun endroit de l'œil de ces inleftcs aucune humeur proprement dite, quoi- que Hooke en ait imaginé dans la demoifelle fans aucun fondement , n'ayant pas un affez grand nombre d'expériences fur ce fait ; & peut-être aufll a-t-il eu recours à cette fupofitlon , parce qu'il n'auroit pu expli- quer fans cela le méchanifme de la villon dans les infeftes : quoiqu'il en foit enfin, cette matière colorée que je viens de décrire, tient lieu d'uvée dans les abeilles. Au delTous de cette efpece d'uvée, on apperçolt autant de fibres dif- tinftes , qu'il y a de facettes à la cornée au dehors de l'œil : toutes ces fibres fe rapportent exaftement aux cavités des facettes fphériques de la cornée ; auffi font-elles de figure hexagone & larges à leur extrémité luperieure, plus grêles dans le milieu, enfin, elles lé terminent en pointe: du relie, elles ont toutes à-peu-près la même grofleur , la même lon- gueur & la même largeur : cependant fur les bords de l'œil & dans tout fr)a contour, à l'endroit où la cornée-fe joint avec la tête, elles font un tant loit peu courbées & paroilfent un peu plus courtes : ces fibres lont l)eaucoup plus grolTcs en haut où elles s'adaptent aux facettes de la cor- née /zA, qu'en bas où elles le rapprochent & fe joignent toutes entre elles par leurs pointes i : elles reprélentent donc une manière de pyra- mide hexagone renverfée, & pour former la convexité extérieure de l'œil, elles font à-peu-près difpoiees comme ces petits œufs que quelques inléftcs collent en rond autour des branches d'arbres; enfin, toutes ces fibres s'élèvent du fond de l'œil , prefque de la même manière que les fleurons des plantes radiées s'élèvent de leur dilque ; j'ai parlé plus haut delà couleur de ces fibres, j'ajouterai feulement ici que ce pigmer.tum , cette couleur noire qui teint leurs extrémités lupérieures ou leurs bafes pénètre un tant foit peu entre ces bafes, & que tout le relie jufqu'au fom- met de la pyramide eft de couleur incarnate : les fibres du milieu de l'œil font droites /; h ( PI. XIX. Fig. I. ) celles qui font fur les côtés font un peu obli- ques , enfin toutes les autres font tout enfcmble & obliques & un peu courbées ; mais elles ont pourtant toutes un même fond , une membrane 3i(î COLLECTION commune ;\ laquelle elles vont fe terminer , & de laquelle on les détache Sw'AMMERD^M. allement pour peu qu'on y touche : cette membrane par confcqucnt pré- HistoiRe des iente diftinftement autant de petits points enfoncés, que la cornée a de Insectes. facettes. Il faut encore remarquer au fujet de ces fibres pyramidales , que fi on a l'adrefTe d'en détacher la cornée fans les endommager ni les déchirer , elles repréfenteront parfaitement par leur furface fupérieure les compartiments hexagones d'un gâteau de cire ; mais quand en féparant la cornée on emporte en même temps quelques parties de ces fibres, alors cette figure n'eft plus cxafte; il efl trcs-facile de les déchirer & de les rompre en enlevant la cornée , parce qu'elles tiennent à cette mem- brane & qu'elles s'enfoncent même dans les petites cavités qui font à fa furface interne : cette connexion le trouve encare atlcrmie au moyen d'un grand nombre de trachées qui s'élèvent vers la cornée le long de ces fibres , & qui me paroifTent même par leurs entrelacements conlH- tuer les mailles hexagones de la cornée; peut-être même ( & je ne don- ne ceci que pour une fimple conjefture ) ces trachées ont-elles dans le temps que la nymphe quitte fa dépouille , les mêmes ufages à l'égard des yeux qu'elles ont, félon mol, à l'égard des ailes; je veux dire qu'elles peuvent fervir alors à l'expanfion , à l'épanouifl'ement des yeux encore tendres & délicats , par l'adion de l'air qui fe trouve prefîé au dedans de leur cavité. Au refte, il n'y a rien de plus curieux que la ma- nière dont ces trachées innombrables s'élèvent le long des fibres pyra- midales & s'unifTent avec elles en différents endroits ; je fuis obligé d'avouer que quelque envie que j'aie eu d'examiner fi ces fibres font mufculeu- fes ou nerveufes,fi elles cmt du mouvement ou non, & de quelles par- ties elles font compofées, il m'a été abfoluinent impofTible de rien dé- couvrir là-deffus , & que ces recherches font au-delà de la portée de ma vue & même des meilleurs inflruments que j'aie pu me procurer. Les fibres pyramidales font jointes l'une à l'autre immédiatement au deffous de la- cornée , & m.ême un peu plus bas , elles vont toutes abou- tir à la membrane .v ( PI. XIX. Fig. II. ) comme à un centre commun , & qui leur fért d'appui ou de bafe : cette membrane efî blanche, fibreu- fe, fituée dans l'intérieur de l'œil; c'efl à travers fa fubflance & fur fa circonférence que pafTent les trachées qui montent le long des fibres py- ramidales : fa figure eft exaftement la même que celle de l'œil à l 'exté- rieur, c'eft-à-dire , qu'elle forme un croifiant, dont l'une des extrémités efl arrondie : enfin , elle eu blanchâtre dans fon milieu , mais dans fon contour elle a quelque choie de la couleur qui efl particulière à la partie fupérieure des fibres pyramidales dont elle porte les empreintes. Quand on a enlevé cette membrane avec un inftrument très-fin , on en découvre une autre beaucoup plus mince , plus tranfparente & qui tient à la première au moyen de quelques trachées , mais de façon cependant qu'il n'eu pas bien difficile de l'en féparer. ' Derrière ou par deffous cette féconde membrane , un peu plus avant Si cependant au dedans de l'œil , on apperçoit des fibres d'une autre na- ture que les fibres, pyramidales : elles font appliquées tranfverfalement à k fiu-face inférieure des membranes, que je viens de dierire ^ ct& iiir ces ACADÉMIQUE. 317 fibres tranfverfales nnn (PI, XIX. Fig. III.) & (PI. XIX. Fig. IV. ) la féconde paire des parties qui compofent le cerveau , & de quelle manière la fubrtance corticale en tire fon ori- gine, les fibres en ont été enlevées : les lettres ee marquent féparément les parties de la troilieme &c de la quatrième paire ( qui ne paroifî'ent autre chofe que le cervelet) & la manière dont ces parties communi- quent entre elles : pour ce qui eft des fibres corticales quj, y prennent leur origine ,, elles font reprélentécs en fituation dans la troilieme figure de la même planche n n. Si l'on veut voir l'origine de la moelle épi- niere en fituation r (Fig. Il») il faut abiblument commencer la diflec- tion de l'œil par la partie inférieure, à la jon£fion de la tête avec le cor- celet : alors en enlevant ou écartant feulement le crâne écailleux en cet endroit , on appercevra d'abord la graifle & le commencement des tra- chées qui font ici en grand nombre ; leurs plus grandes ramifications fe dilfribuent aux parties fupérieures , & les moins confrdérables s'entrela- cent avec la graiffe, d'une façon finguliere ; il faut encore enlever une ou deux mem.branes dans le même endroit, avant que de découvrir l'o- rigine de la moelle épiniere ; alors on apperçoit très-difîinûement cette- féconde efpece des fibres de l'œil , que j'ai appellées fibres corticales qf (Fig. II.) & que j'ai repréfentées fous les lettres /:n dans la Figure IV. cil la difîeftion de l'œil a été commencée par la partie fupérieiire : on peut aufu voir nettement la face inférieure de la fubilance corticale du cerveau s s (Fig. II.) qui recouvre en partie les fibres corticales : outre cela cette fubflance corticale paroît encore ici partagée en deux lobes- égaux ; mais cette divifion eft cachée de l'autre côté par une membrane fine : j'ai repréfenté cette fiibiiance corticale a a & fa divifion dans la qua- trième Figure qui montre la diffeélion du cerveau commencée par !a par- tie iiipérieure. Enfin, on découvre la moelle r. (Fig.II.) quicrtfituée préci- fément dans l'erttre-deux formé par la divifion de la fiibflance corticale, & 00. -voit très-diliiaciement eommenî eUe coauauniqvie en partie avec «eue ACADÉMIQUE. 319 cette fiibftnnce conicnlc. La Icitre j, tant clc !a Figure I. que de la Fi- c gure II. marque le premier ganglion ou nœud formé par la moelle épi- Swammirlam* niere au lortlr du crâne ; mais dans la première figure il eft vu par def- Histoire des fus, & dans l'autre par deffous : n (Fig. II.) font les fibres pyramida- Insect£s. les de l'œil de chaque côté, niais dont en a iéparé la cornée, uu Mar- que la partie la plus groUc des fibres & l'endroit oii elles font plus co- lorées ; .V repréftnte la tunique interne de l'œil où fe terminent les fibres pyramidales ; c'efl cette timique qui cft repréfentée par la face fupcrleurc ibus la lettre i dans la première figure. On remarque encore vers le bas de la tête qv.elques parties qui ap- partiennent à la bouche, avec deux petites pièces écailîeufes faillantes, faites en forme de petits llylets, aufquelles s'attachent en partie les m.uf- cLs des dents ou mâchoires, &: ceux qui fervent au^ommencement de l'œfophage ; mais je ne parlerai pas de toutes ces parties , non plus que des organes de l'ouie &c de l'odorat , dont je n'ai encore pu trouver les moindres vertiges dons les abeilles , quoiqu'il ne foit pas vraifemblable que ces infeftes qui ont l'organe de la vue fi beau & fi compliqué , fcient privés des autres fens. Il n'eft pas aifé non plus de décoinrir ces orga- nes dans les poiflbns & dans plufeurs autres animaux , parce qu'on n'y apperçoit aucune ouverture extérieure qui fer\'e d'entrée à ces deux fens ; ainfi par exemple dans le caméléon & dans la grenouille j'ai cb- , fervé que l'organe de l'ouie a fon ouverture au dedans de la bouche : d'oii l'on voit la néccflité de l'anatomie comparée, & combien la con- noifiance de la ftruclure d'un iinin.al peut nous éclairer fiir la fîruéture d'un autre, parce que telle partie, qui eft très-difiîciîe à appercevoir dans Fun , (;ra très-vifible dans l'autre : c'eft pour quoi on trouvera bon qu'a- vant que d'aller plus loin, j'ajoute ici en peu de m.ots quelques obfer- vations que j'ai eu occafion de faire fur les yeux de quelques autres infectes. L'abeille ouvrière a les yeux faits de la même manière qi:e ceux du mâle que je viens de décrire , avec cette différence cependant qu'elle les a beaucoup plus petits & par conféquent beaucoup moins garnis de fibres internes ; mais il y a une chofe qu'il faut bien obferver : après qu'on a enlevé le crâne avec la cornée , tant des grands yeux que des petits, on apperçoit aufll-tôt entre les deux yeux à réfeau & par deffous les antennes, deux véficules pneumatiques, oblongues , que je n'av ja- mais trouvées dans la tête du mâle ; ce font peut-être ces véficules rem- plies d'air q\ii donnent à l'abeille ordinaire plus d'agilité &C de légèreté pour voler. Outre cela , on trouve dans la tête de l'abeille ordinaire plus de graille que dans celle du mâle : fi l'on met cette graifle fur un peiir morceau de verre, & qu'on l'y laiffe jufqu'à ce qu'elle foit féche,elle deviendra tout-ù-fait traniparente, parce que les petites membranes blan- ches qui la ibutiennent fe deffécheront ; & c'eft même lA le moyen de Tendre fsnfibics les ttachées qui fe ramifient dans cette graiffe : la manière dont ces molécu'es graifTeufes font comme enchaînées les unes avec les au- .trcs.& repliées foiK le crâne , eft la chofe la plus firgulicre qu'on piriffe obfer- \er : les fibres muiculaircs dci mâchoires font aulTi phis rcmbreufes; Tor,i. K Tt 330 COLLECTION ■reiB»»i»jtt«wj» dans rabeille ouvrière qi'.e dans le mrUe; pour ce qui eft du cerveau, des S«-,vMMiRDAM. ribrcs tranfverfales , que j'ai appellées corticales ou cendrées, delà ilib- IlisToiUE DIS llance corticale même, toutes ces parties font ici conflruites de la même Insectes. façon prccilément que dans la tête du mâle ; il eft plus ai{é cependant de les appercevoir nettement dans l'abeille ouvrière, parcequ'elle a moins de fibres pyramidales , qui dans le mâle pourroient empêcher d'examiner les parties qui Ibnt deflous. Les yeux de la guêpe ont la même flrufture à-peu-près , mais ils ont tant à l'extérieur qu'à l'intérieur la figure d'un haricot de Turquie ; c'eft- à-dire, ou'ils fe courbent un tant foit peu en dedans du côté des antennes, comme s'il y avolt en cet endroit quelque choie d'cchancré : les fibres intérieures répondent, comme je l'ai déjà dit, aux facettes extérieures; c'ert une fuite néjf flaire de ce que chaque facette produit une fibre py- ramidale. On peut voir la flrufturc de l'œil du monocéros, dansia figure que j'en al donnée. Dans la mouche flercoraire que Goedaert a Jprlfe pour une abeille , l'œil eft prefque fait de la même manière que dans l'abeille ouvrière ; car on y trouve pareillement un très-grand nombre de fibres pyramida- les renverfées , qui répondent aux facettes, de la cornée : quand on a enlevé quelques parties de ces fibres avec la cornée , on appç rçoit une matière rouge , tirant un peu fur le pourpre ; mais fi l'on détache la cor- née fans endommager les fibres pyramidales, elles paroiflent un peu jau- nâtres : on remarque aufTi dans l'œil de cet infefte , une quantité prodi- gieufc de trachées & de la graille en abondance, de même que dans les yeux des abeilles. La demoifcUe (a) a les yeux {b) bien différents de ceux des abeil- les , par rapport aux facettes extérieures & aux fibres pyramidales inté- rieures ; car les facettes fupérieures font beaucoup plus grandes dans l'œil de cet infefte que les inférieures , & pareillement les fibres pyramidales qui répondent aux facettes fupérieures, font beaucoup plus confidérables que celles qui répondent aux facettes inférieures : la couleur des plus grandes fibres pyramidales tire fur le pourpre , celle des plus petites eft d'un noir pâle. Il feroit fort utile de confacrer quelque temps à l'exa- men de l'œil de ces infedcs ; car les fibres pyramidales de la plus gran- de efpece y font très-fenfiblcs & très-faciles ;\ manier , & je fuis perfua- dé qu'il y aurolt encore quelqvic chofe ;\ découvrir touchant les figures hexagones des fibres qui font reçues dans les cavités de la cornée ; mais je remets ces recherches à un autre temps , lorfque je répéterai plufielirs des obfervrations que j'ai données dans cette hiftoire ; car il n'efl pas poffible dans un auflî grand nombre de faits, que l'attention de l'obfer- (d) Les Anglols l'appellent dragon - fly , les HoUandois puyflchyter &. rombout , & M. Hooke , mouche-paon : ou peut voir les autres p.oras de cet infeile ci-deiTus dans fon hiftoire, p. 132. {b) M. Hooice a repréfenté les yeux de la demoiielle dans fa Micrographie ( Figg. XXIIL &XXIV.) ACADÉMIQUE. 331 valeur ne fc lafle quelquefois , & il pourroit fort bien arriver que je re- *— i^w— ^' vinffe un jour fur mes pas & que j'avouafie que je me fuis trompé dans Swammïrdam quelques-unes de mes expériences. Histoire d£s * Quelqu'un pourroit objefter ici que les parties que je viens de décrire Insectes. ne Ibnt pas de vrais yeux ; mais les expériences de M"^. Hooke ne per- mettent pas de douter du fait ; il a percé ou coupé à des mouches ces parties , 6c elles le font toujours conduites en aveugles ; mais on peut .-.voir recours à un moyen plus doux & moins équivoque de s'afllirer de la même vé- rité ; car on pourroit encore foupçonner la douleur & la plaie de caufcr quelque changement à la vue de ces inleftes : il n'y a qu'à prendre un peu de noir détrempé à l'huile, & en enduire légèrement ces yeux, au moyen d'un pinceau : alors on verra ces petits inléftcs devenir aveugles 'er deux autres pièces écallleufcs plus courtesSc plus petites, qui paroifiènt join- tes l'une avec l'autre. Quant à la firudure du canal, que j'appelle la nicine du pénis, il me femble qu'il ell d'iuie fubftance nerveufe ou qui approche beaucoup de celle des cartilages qui n'ont pas encore acquis leur dernier degré de dureté ; au reflc , ce canal eft beaucoup plus blanc dans les en- droits où il y a de la liqueur fémlnale que dans ceux où l'on ne voit fim- plement que fa propre fiibftance, qui elt plutôt tamfparente que blanche » il en efl de même des véficules féminales qui ne paroiffent blanches éga- lement, qu'à raifon delà liqueur laiteiife qu'elles contiennent. , Au ceflbus ou à côté- de la partie que je viens de décrire , on volt le pénis g ou du moins une partie qui me paroît répondre au pénis des au- tres animaux ; j'en parlerai bientôt phis au long. Du côté oppoié h on apperçoit la pièce qui efl: divifée par cinq bandes de couleur fauve & ua peu plus bas d>c prefque de l'autre côté une autre partie femblable, mais fans être marquée de différentes bandes, qui étant difiéquée , paroît ve- f>ie , raboteufe & hériffée de foies ou de poils longs & rudes : telle eft- f apparence de la pièce à: cinq bandes,, dont je viens de parler : au reile , «es. ttois, dexnleres gictes, aiufi qiie les appendices creiiksôc pointues A fc A C A D É M 1 Q U E. 337 qiii font au dcfibus, paroificnt ridées, plilTces 8c fcmblables à de pL"- i*"» tites mepibrancs minces qui ieroient prefices l'une contre l'autre : on en Swam.mijid/.m. verra bientôt la raifbn : les véficulcs féminales, les vaiffeaux déférents, Histoire l.ls tant ii leur origine auprès des tefticulcs, qu'à l'endroit de leur infertion 'Ns^'^Tts. où ils fe rétreciffent de nouveau , le petit canal que j'ai appelle la racine du pénis, toutes ces parties, dis-je , confidérécs féparément & lorfqu el- les Ibnt vuides de liqueur iéminale , (ont tranfparentes & reflemblent par la couleur à du verre blanc , ou i quelque gelée blanchâtre comme de veau : mais quand il relte encore de cette liqueur en quelques endroits des véfi- tules on des autres conduits , on croiroit voir un joli morceau de marbre tranfparcnt , ou une agate marquée de petits points blanchâtres. Voilà rénumération & la dcfcription fuccinte des parties fexuclics de l'abeille mâle ; il y auroit encore bien des choies à dire fur leur llruc^ ture ; mais je remets cela à un autre temps : le jeu de toutes ces par- ties dans le temps de la fécondation,, cil quelque chofe de très-fingulier. La partie que j'appelle le pénis g, la pièce à cinq bandes h, les appen- dices pointues k h , chacune de ces parties dans le moment de l'éreftion fe retourne , de manière que la lurfacc qui étoit intérieure devient exté- rieure , 8c ii ù fait précifémcnt la même choie que quand nous ôtons no- tre gand en le retournant , ou quand un cuillnier habille un lièvre ou un lapin : ainfi je ne fais fi cette aition peut être appellée éreâ:ion,& fi on ne feroit pas mieux de l'appcller un retournement des parties : ce re^ tournement ell produit par l'air , puifqu'en même temps que les parties fe' retournent ainfi, elles font réellement remphes & gonflées d'air : affuré-- ment je ne me fouviens pas d'avoir rien vu dans la nature à quoi: Ton puîlVe comparer cette aftion ; il efl: vrai que les limaçons retirent &C alongcnt leurs cornes prelque de la même manière; mais ici l'air ne con- tribue en rien au retournement de ces parties , &C toute cette aftion s'exé- cute par le moyen de mufclcs très-vifibles & travaillés avec beaucoup' d'art , ce qui ell bien ditférent de ce qui fe paffe dans le retournement des organes de la génération dont il s'agit : fi on tient plufieurs mâles- d'abeilles enfermés dans une même boîte , il arrive fouvent que ces par- ties fortent d'elles-mêmes de leur corps, retournées & développées com- me je l'ai dit : mais j'ai trouvé à cette occafion le fecret de les faire for- tir de même à ma volonté ; c'eft en prcflant légèrement le ventre de ces- infeftes entre mes doigts , &: en faifant fortir enfuite toutes ces parties de leur derrière l'une après l'autre. Ainfi dans le temps de la fécondation , Icrfque l'éreftion , ou plutôt le retournement des parties cil fur le point de s'exécuter dans le mâle de l'abeille, ce font d'abord les appendices pointues kk qui fe développent les premières, &ce développement fe ftit dans ces parties, ainfi que dans les autres qui fe retournent pareillement, par l'effort de l'air qui y cil pouffé.- Voici l'ordre dans lequel fe fait le retournement de tous ces organes; l'animal t'ait fortir d'abord le bout velu des parties qui conftitucnt fon fe- xe r (PI. XX. Fig. II.) enfuite le bout écailleux des mêmes parties ^^ s'avance aulîi au-delà des derniers anneaux de (on ventre ; en même- temps la racine du pénis te, avec la pièce écailleufc qui y cû. contenue-" Tom.r. y V 338 COLLECTION iiw.»j.Liuuji iiiiiBy le porte aufTi en avant, de même que les vaiffeaiix dcférents ce & les SwAMMïRpAM. vélîcules féminales dd : bientôt après on apperçoit dlftinftement quatre Histoire des parties qui commencent à fortir du corps, en le retournant de dedans en If.sECTEs. dehors : lavoir, les appendices terminées en pointe kk, h partie pyra- midale i , &C la pièce à cinq bandes h ; mais avant que ces parties fe drelTent & s'alongent entièrement , on a le temps de les voir fortir peu à peu en fe retournant par quatre petites ouvertures lemblablcs aux ou- vertures des doigts d'un gand quand on commence à les retourner : de plus, on voit paroître à travers la peau l'une des appendices pointues Se ia pièce à cinq bandes. Ce font donc les appendices qui fe retournent les premières , & leur bafe eft déjà lortie que leurs pointes font encore cachées en dedans IT (PL XX. Fig. in. ) enfuite la pièce pyramidale / fe déploie aulTi de plus en plus , ainii que ia pièce à cinq bandes h : enfin la partie écailleule qui eft dans la racine du pénis /, le porte auffi en même temps un peu plus en avant , & s'enfonce davantage dans le bout écailleux q q ; julques-là ce- pendant le bout velu n'a pas encore changé de fituation. Enfuite les appendices s'ctant déployées peu à peu paroifient enfin tout- à-fait retournées & diftendues par l'air qui y elt pouflé kk (PI. XX. Fig. IV. ) en même temps la racine du pénis e avec la partie écailleule qui y elt contenue /, ell aulTi bien plus portée en dehors Se commence à s'enfoncer plus avant dans le bout écailleux ^ ^ : la pièce pyramidale i fe développe aufli un peu plus , & la pièce à cinq bandes h ei\ rétour- née en partie & laiffe déjà appercevoir quelques-unes de fes bandes ; il n'y a pourtant encore rien de changé jufqu'à préicnt à la partie ve- lue r. Bientôt après la pièce pyramidale i (PI. XX. Fig. V.) fe déploie & fe déve- loppe enfin toute entière , ainfi que la pièce à cinq bandes qui paroît alors courbée en manière d'arc h h, & qui laifle appercevoir diftinftement lés cinq bandes hériffées de petits podi ou foies de couleur fauve , & féparées par des intervalles membraneux liifes & blanchâtres, ce qui forme un tres- joli coup d'œil : au refte les appendices k k gardent toujours la même figure qu'elles avoient ; la pièce écailleufe fituée dans l'intérieur de la ra- cine du pénis, fe porte toujours de plus en plus en dehors, & s'en- fonce petit à petit dans le bout écailleux q q , ce qui fait que la racine du pénis e devient plus droite , tandis que le bout velu refte toujours tel qu'il ctoit auparavant. Enfin , fi l'on continue à preffer encore davantage ces parties , la peau qui fe trouve entre la pièce pyramidale & l'arc à cinq bandes, fe dilate & fe diftend peu à peu , & bientôt on voit fortir en cet endroit la par- tie que j'ai appellée le pénis g (PI. XX. Fig. VI.) ce pénis eft pareille- ment retourné tout-à-fait comme les autres parties , fa ftrucf ure paroît membraneufe , & les bords de fon extrémité que j'appelle fa tête, font joliment plifles ou godronnés t. La pièce pyramidale / achevé aufti en même temps de fe déployer Si de fe tourner, & la pièce écailleule du dedans de la racine du pénis / eft alors entièrement fortie hors du corps avec une grande partie de cette même racine , pénétrant au travers ôc ACADÉMIQUE. 339 de la pnrtie ccaillcufe ^ ^ , & de la partie velue rr : ainfi la pièce à cinq | bandes eli: pour lors entièrement dilatée &: diftendiie ;\ un tel point, qu'elle Swammiudam. fe recourbe en embas , du côté de In partie velue rr,& qu'elle diiparoit Histoire de» en cet endroit ; mais comme toutes ces parties font trani'parcntes , on Insictes. peut voir la pièce écailleule /à travers la peau & le pénis, tandis que la pièce à cinq bandes qu'elle couvre, reffemble à une membrane diften- diie, ayant encore quelques petites traces rouisàtres , entre Icfquelles on d illingue fes cinq divifions : pour ce qui eft des appendices, elles gardent toujours leur première figure ôi la même fituation. Pendant que toutes ces parties font dans cet état , on peut apperce- voir au defl'ous du pénis g- une manière d'ouverture afl'ez ienfible u , qui paroît par dcffous & entre les parties de la pièce écailleufe fituée dans la racine du pénis : cette ouverture ell capable de laiffer fortir non-feule- ment la pièce écailleufe, mais même une grande partie de la racine du pénis , & par conféquent de donner paffage à la liqueur féminale : ainfi on pourroit prendre cette cavité u pour ime ifiue véritable de cette li- queur, quoique j'aie attribué d'abord pendant quelque temps cette fonc- tion à la pnrtie que j'ai nommée le pénis ^t% mars j'ai remarqué enfuite que cette partie n'avoit point d'iffue, & qu'elle n'étoit point percée non plus que les autres parties de la génération ; c'efl pour quoi je n'ai jamais pu deviner à quoi elle lert , & je ne comprends pas non plus quel peut être l'ufage de la pièce à cinq bandes , que quelqu'un pourroit aufll prendre pour le pénis : au lieu qu'il me paroît très-vraifemblable que la pièce écailleufe intérieure / peut fervlr par fa confiflance à dilater la ra- cine du pénis & à la ienir ouverte pour laifier un paffage libre à la li- queur féminale ; &: affurément cette pièce dure e(l d'un grand ulage , à ce que je pcnfe, vu Timpétuoiîté avec laquelle toutes ces parties fortcnt du corps de l'inlcfte ; car fi cette pièce n'avoit pas eu la dureté de la corne ou de l'écaillé, il auroit pu fe faire très-facilement qi-.e le paffage dont je parle fe fût affiiffé, ce qui auroit empêché l'émiffion de la liqueur fémi- nale; mais il me.faudroit encore faire beauco'.ip de recherches plus exac- tes pour déterminer fi ces parties que l'air enfle & diflend, peuvent con- tribuer à faire fortir les autres pièces, 5i fi la cavité par oîi je crois que pnffe la liqueur féminale eft naturelle, ou fi elle a été occafionnée par i'effort de mes doigts fur ces parties pour les faire fortir du ventre de l'in.efte. Il ne fera pas inutile de réfumer en peu de mots le retournement de chacun de ces organes en particulier, dans l'ordre fuivant lequel il s'exé- cute. Les appendices pointues kk (PI. XX. Figg. I. II. & III.) fortent les premières, & e'ies commencent à fe retourner infenfiblement kk (Fig. IV.) jufqu'à ce qu'elles foient enfin entièrement déployées : en même temps la pièce pyramidale fe prépare à fortir / (PI. XX. Figg. II. & HI. ) &: petit à petit elle paroit de plus en plus au dehors en fe retournant pareillement i (FI. XX. Fig. IV.) jufqu'à ce qu'enfin elle foit tout-à-fait développée / (PI. XX. Fig. V.) enfuite la pièce à cinq bandes h com- mence à paroîfc (PI. XX^ Figg. II. &III.) & à fe retourner, jufqu'à ce «[uc s'étant déployée de plus en plus elle k retourne enfin tout-à-fait ce Vv i 340 COLLECTION «nrr rmiw— formant un arc trcs-jolimcnt travaillé h h (PI. XX. Fig. V.) enfin, la SwAMMERDAM. paHie à laquelle j'ai donné le nom de pénis ^, ( Fig. L ) s'avance petit ;\ ïiisToiRE DES petit entre la pièce pyramidale & la pièce à cinq bandes , & paroît Insectes, gonflée d'air g t (^ Fig. VL ) & dans le même moment la pièce à cinq bandes fe dilate entièrement & fe retire tous le pénis, du côté èe la partie velue rr : pendant ce temps-là la racine du pénis c &: la pièce écailleufe intérieure /fe portent inlenfiblement en avant & en dehors, de manière qu'on peut très-bien appercevoir alors l'ouverture u par où fort la liqueur léminalc. Comme c'cfl: l'aflion de l'air qui poufle en dehors prefque toutes ces parties, on conçoit à préfent pourquoi quelques-unes d'entre elles, lorf^ qu'elles ne font point gonflées d'air, paroiffont plifî'ées & ridées dans l'in- térieur du corps : on voit aufli pourquoi j'ai donné le nom de pénis à la partie g; (PI. XX. Fig. L) ce n'efl qu'à caufe de la rellemblance qu'elle m'a paru avoir avec la verge des autres animaux |'r:(Pl. XX. Fig. VL ) efFeftivement fi l'éredion de cette partie fe faifoit par l'aftion du fang ou de la femence , & fi cette partie avoit une ouverture pour laif- fer fortir la liqueur féminale , elle ne diftéreroit en rien de la verge des autres animaux, (a) Le bout poflérieur de cette efpece de pénis «, eft d'une forme très-élégante , & reffemble par fa tranlparence au pied d'un verre de cryftal à côtes , fi ce n'eft qu'ici la tranlparence efl: en plufieurs iendroits interrompue par quelques traces blanchâtres. Il paroît affez par la defcription &: par les figures que je viens de .donner de toutes ces parties de la génération , qu'il efl: impolfible qu'el- les s'introduifent toutes , ou même quelques-unes d'elles dans le corps xle la femelle : c'eft pour quoi je fuis très-perfuadé que l'odeur léule de la liqueur féminale fuffit pour la fécondation dans ces fortes d'animaux : quelque abfurde que paroifTe cette opinion au premier afpeft , je ne crois pas cependant qu'elle foit tout-à-f;iit à rejetter , pour peu qu'on pefe les raifons fur lefquelles elle efi: fondée. Premièrement , quoique les mâles des abeilles , parmi les parties qui caraftérifent leur fexe, femblent en avoir une qui réponde à la verge des grands animaux , cette partie néanmoins ne fuffit point pour un vrai ac- couplement , non-feulement parce qu'elle n'a point d'iflue pour la liqueur féminale, mais encore parce que fa figure & fa fituation ne lui permet- troient pas de s'introduire dans le corps de la femelle : d'ailleurs quand , même il n'y auroit pas tant de difproportion entre cette partie & la vulve (.i) M. de Rc-iumur qui a donné à cette partie le nom de palette podronnée , à caufe de fa figure , a prefTc le ventre déplus de cent mâles , à plufieurs reprifes différentes , pour en faire fortir tout ce que la preffion oblige de fe montrer , fans parvenir à voir cette palette à découvert ; il ne l'a vue que dans des cas rares lorfqu'il le failbit un déchi- rement dans les parties voifines. C'eft peut-être un de ces cas rares fur lequel fera tombé Swammerdam , & qu'il aura pris pour un cas ordinaire. Ainfi le nom qu'il a donné à cette partie , eil impropre & conviendroit plutôt à la pièce à cinq_ bandes que M. de Réaumur a nommée l'arc. Ce dernier dit avoir examiné le fait fur plus d'un millier de fauxbourdons , au lieu que Swammerdam femble n'avoir pas eu alfez de mâfes à fa difpofition pour répéter fes expériences. ACADÉMIQUE. 341 de la fcmelie, il n'en fcroit pas moins vtâ qu'il y a une autre voie " 1 ■ 1 1 ^ poîff- l'cniiirion de la liqueur laitcuCe du mâle. La partie que j'ai appel- Swammeudam. ice le pcnis , eft plus vilible & plus fingulicre dans les frôlons : car elle Histoiue uis a de chaque côté deux nianicrcs de petits crochets ccaillcux , au moyen Insectes. dcfquels le frelon s'accroche h l'extrcmité de l'anneau qui borde la vulve de la femelle, tan;!is qu'il introduit cette partie dans fon va<;in : cette méchanique eft encore plus aiféc à diftinguer dans le papillon du ver-à-foie & dans le fcarabee monoceros. L'expérience m'a appris que l'odeur qui s'exhale de la liqueur féminale du mâle de l'abeille eft d'une force à étonner quel- qu'un qui ne connoit pas encore, cette forte de vapeur; il fuftît d'enfer- mer lept à huit mâles dans une boîte pour lui communiquer cette odeur fmguliere : ainfi, quand même il feroit vrai que les parties qui contien- nent cette liqueur n'auroient point d'iffue naturelle , & que telle qui fc préfente, en preffant un peu fort le ventre de l'animal, ne feroit que l'ef- fet^ de la violence faite à ces parties; n'eft-il pas vraifemblable néanmoins qu'une vapeur auffi fubtile peut aifément pénétrer les membranes des or- ganes de la génération , étant iiir-tout auffi minces & aufti diftcndues qu'elles le font, & que cette vapcHr feule eft capable de féconder les oeufs de la femelle ? ne fait-on pas que le blanc d'œuf lui-même , ainfi que le jaune, s'exhale & s'évapore infenfiblement à travers les membra- nes &la coque où ces humeurs font renfermées? En lecond lieu , quand même les mâles auroient une partie propre à un véritable accouplement, ils n'auroient jamais Toccafion de s'accoupler avec la femelle , qui eft toujours entourée d'un certain cortège d'abeilles ouvrières, de manière qu'elles ne la laiflent jamais feule un inftant , & par conféquent on ne fauroit imaginer comment les mâles pourroient trou- ver le moyen de l'approcher & de s'accoupler avec elle. Quelqu'un dira peut-être que cet accouplement fe fait dans le temps que les mâles fc tiennent autour de la cellule d'oii la femelle vient de naître ; mais en- core une fois , leurs organes ne font pas proportionnés pour cette ac- tion : fi l'on pouvoit s'afturer que l'ouverture dont j'ai parlé, par oii la liqueur féminale a fon ifliie, eft naturelle , je nebalancerols pas de me rendre à l'opinion d'un de mes amis , qui penfe que les mâles , au moment qu'ils fe rnêlent dans le peloton des autres abeilles , s'approchent de la femelle , & !a fécondent en répandant un peu de leur Hqucur féminale, au moyen d'un fmi- ple frottement ; mais il faut prouver que cette ouverture eft naturelle , au- trement cette opinion me paroit bien hafardée : pour moi je crois qu'il eft plus fimplede dire que la mère abeille eft fécondée par la feule vapeur forte & iiib- tile qui s'exhale de la liqueur féminale des mâles ; car fi fept ou huit de. ces^mâles font capables de donner une odeur aufTi forte que je le difois il n'y a qu'un moment , que ne feront pas quatre cents mâles tout à la fois ? & il eft très - probable qu'il fe trouve dans une feule^ruche au moins quatre cents mâles, & peut-être davantage ; il ne feroit pas dif- ficile de s'affurer de ce nombre en comptant folt les mâles eux-mêmes , foit les cellules dont ils font fortis. Il y a encore d'autres animaux qui fécondent leurs femelles fans l'introduaion des parties , fans un véritable accouplement, comme on le peut remarquer dans les poiffons, & dans Î4i COLLECTION quelques oifeaux : c'eft iirf^hiit confiant diins toutes les efpeces de poif- SwAMMERDAM. '^"^ {^non cctaccts') que dès que la femelle a pontlu fes œufs dans Feau, HisTO'RE DES le mille ne fait que les arrolcr c'e fa laito poi;r les féconder : la même iNiZ-ciK. • chofe s'obferve dans l.i mouche éphémère : la femelle volant fur la fur- face de l'eau, y laifle tomber les œuis, & le mâle les va chercher pour les arrofer de fa liqueur laiteufe & pour les féconder : puis donc que l'eau fert aux poiffons de milieu par oii la vertu vivifiante de la liqueur féminale fe communique aux œufs, eft-ce un paradoxe fi étranee d'aflii- rer que l'air cil paroillemont pour les abeilles un milieu qui tranfmet à l'ovaire de la femelle les vapeurs fubtiles & pénétrantes de la liqueur fpermatique qui font diiperfées dans tout l'intérieur de la ruche & qui vont féconder les oeufs ? Outre les raifons que j'ai déjà apportées pour appuyer ce fentiment, je pourrois encore le confirmer par les obiervations d'Harvey qui dé- montrent évidemment que dans les temmes même & dims les femelles des grands animaux la femence du mâle ne parvient pas jv.fqu'à la ma- trice, mais que ce font feulement les particules lr.L.>iles & imperceptibles de cette liqueur, qui dans le temps du coït, altèrent tout le corps de la femelle , & vont donner le mouvement & la vie aux œufs déjà exif- tants dans l'ovaire, comme je l'ai obfervé dans la matrice de la femme : l'expérience fiiivante prouve inconteilablement que la lemence n'efi: point portée julques dans la matrice. Qu'on lie la verge d'un chien dans le temps de l'accouplement , der- rière le nœud qu'elle forme alors, & qu'on la roupe tout de fuite ; on n'a qu'à ouvrir fur le champ la femelle, on verra que toute la liqueur féminale efl reliée dans le vagin. Dans le genre des gallinacées, le coq ne s'accouple pas véritablement avec la poule, puifqu'il n'a ni verge ni aucun prolongement fenfible des vaiffeaux déférents, mais l'émiiTion de la liqueur féminale, qui lort dans ces animaux par deux petits mamelcns, s'opère au moyen d'un firaple frottement contre la vulve de la poule ;. & les vapeurs fubtiles de cette liqueur pénètrent les membranes , les nerfs, les vaiffeaux, en un mot, tout le corps de la femelle &; fécondent fon ovaire ; à-peu-près de la même manière que les femences qu'on jette dans la terre ou même fimplcment à fa furtace, font bientôt péné- trées par les flics qui les fécondent & les font germer ; ou qu'une petite molécule de levain fait fermenter la pâte toute entière, & la met en mouvement. On pourra encore m'objefter que la mère abeille dans le temps de l'ac- couplement introduit peut-être elle-même le bout de ia vulve dans le corps du mâle, comme cela fe remarque dans certaines efpeces de mou- ches ; mais il s'en faut bien que ces parties fbient configurées dans les abeilles comme dans les mouches dont il s'agit ; & d'un autre côté les difîîcultés au fujet de i'occafion & de la pohlbilité de cet accouplement au milieu d'une troupe d'abeilles ouvrières , demeurent encore les mê- mes r d'ailleurs il refleroit encore à prouver que l'ouverture que j'ai ob- fervée auprès de la pièce écailleufe de la racine du pcnis., & de laquelle- îl'ai exprimé de la liqueur féminale,. e{l naturelle j Sc que toutes ces gai/- ACADÉMIQUE. ^ 34Î ries s'avancent autant en dehors dans l'ctat naturol , qu'elles m'ont paru mm s'avancer en les preffant : enfin, quand on accorderoit tout cela, il ie- Swammehoam. roit encore bien difficile de démontrer que l'accouplement des abeilles Histoire des reircmblc à celui de ces efpeces de mouches dont il eft queftion : affu- Insectïs. rcment la manière dont s'accouplent les frelons , qui font des èfpeces d'abeilles, ne favorlle. guère cette opinion : ainfi jufqu'àce qu'on ait des CÂpériences sûres qui nous inflruifent fur la vraie manière dont les abeil- les font fécondées, expériences que je ne crois pas impoffiblcs, je m'en tiens à mon fentiment, favoir, que c'eft par l'odeur feule que fe fait cette fécondation. ( tites écailles qui tiennent à des pédicules. Aldrovandc a donné aufll la fî- '-""'e^-tï^ gure de cette dernière eipcce de papillons, qu'il appelle la teigne des ruches. On pourrolt demander pourquoi les abeilles foufïrent dans leurs ru- ches ces inl'eftes qui perdent &C dévorent leurs ouvrages, elles qui m;ii- facrent impitoyablement leurs propres mâles ilir la fin d'août , qui leur caifent les ailes avec leurs dents, qui les emportent hors de leurs ruches & qui ne les quittent point qu'elles ne les ait tués tout-à-fait ; elles qui ne veulent point laifTer entrer dans leur habitation , ni les frelons , ni même les abeilles d'une autre ruche ; la principale raifon de cette né- £;li^'ence de la part des abeilles, vient de ce qu'alors leur reine eft (lé- rile , ou qu'elle ne pond pas allez d'œufs pour peupler la ruche , ou peut-être de ce qu'elle eft mutilée des ailes ou de quelque autre mem- bre : dans tous ces cas , comme elles n'ont point de couvain à élever, ni de cellules à bâtir, ou même dans le cas où elles fe trouvent en fi petit nombre, que la ruche ell beaucoup plus grande qu'il ne faudroit pour les contenir elles & leur couvain , elles ne tiennent plus compte alors ni de travailler ni de nettoyer leurs cellules , il n'y a plus parmi elles d'ému- lation, plus d'aftivité, plus de règle ; ('0 elles ne font prelque plus de provifion , elles ne fongent qu'à elles &C paroiffent entièrement indiffé- rentes pour tout le relie ; bien plus , s'il fe trouve des mâles parmi elles, bien loin de leur faire du mal , elles les laiffent vivre tranquilles jufqu'à ce qu'ils meurent d'eux-mêmes dans le fort de l'hiver : d'ailleurs les papil- lons de ces teignes fe ehffent quelquefois dans la ruche par le bas , pour aller dépofer leurs œufs liir la cire, ce qui arrive fur-tout lorfque les cultivateurs n'ont pas foin de bien boucher les bords intérieurs des pa- niers : quelquefois à la vérité les abeilles elles-mêmes ont cette précau- tion. Dès qu'on s'apperçoit que lemaleil fait (& il n'eft pas difficile de le voir, & même de le prévenir en retournant de temps en temps les ru- ches & en les vifitant foigneufément) alors il faut longer au remède : pour délivrer les ruches de ces inleftes, il n'y a qu'à couper les portions de gâteaux qui en font infeftés : (^) fi la femelle eû en mauvais état, il faut la tuer & faire paffer les abeilles dans ime autre panier ; fi même il y-avoit encore trop peu d'abeilles dans cet autre panier, il faudroit (.:) Fiyf^ ci deffus la note {a) pag. 184. (*) !1 y a des temps où les abeilles favent faire la guerre aux faufles teignes. M. de Réaumiir a vu une abeille tranfporter à dix ou douze pas de la ruche une taufTe tei- gne de la plus grande efpece , & prête à fe transformer en nymplie. Au refte , quant a la manière de remédier aux accidents dont parle ici Swammerdam , de faire pafTer les abeilles d'un panier dans un autre, & généralement pour tout ce qui regarde les foins Su'on doit prendre des abeilles , on peut'lire les deux derniers Mémoires de M. de éaumiir & Us ouvrages qui ont plus particulièrement pour but l'oeccnomle des mou- ches à miel , que le Traité de Swammerdam , dont l'objet principal étoit l'anatomie 5c l'hifloirc naturelle de ces infectes. 3^o COLLECTION Bmasaraaasmmm alors de tiois ruchcs n'en taire qu'une, & avoir la précauticn, en ra(- Sw-MMERDAM. femblant ainli toutes ces mouches, de tuer l'une des deux femelles pour Histoire des éviter les nouveaux troubles & les nouveaux délordres que peut caufcr Insectes. cette pluralité de femelles dans une même ruche : enfin, il ne faut rien négliger pour rappeller les abeilles à leurs fondions ordinaires, ce qui n'eH: pas fort difficile, parce qu'elles fuivent en cela leur inftinâ &i qu'el- les n'ont pas befoin d'autre maître que la nature. Outre la faufie teigne de la cire, il y a encore d'autres animaux qui incommodent les abeilles : Virgile en parle dans le quatrième livre des Georgiques. On croit communément, & Virgile a dit d?ns le même Poëme , que les abeilles dans les temps de pluie & d'orage , ont l'induflrie de faifir en- tre leurs jambes de petites pierres pour fe letlc'r,pour an.ri dire , contre la violence du vent; mais je ne fâche pas qu'aucun de »'cux qui élèvent des abeilles ait jamais rien obfcrvé de pareil , & je n'ai jamais pu moi- même furprendre aucune abeille ainfi leflée. Clutius a nié le fait , comme je le nie ; je croirois cependant que cette erreur a Ion fondement fur l'ob- iérvation fuivante, qui efl certaine : il y a une efpece d'abeilles fauva- ges , allez reffcmblantes aux bourdons de la plus petite el'pece, lefquel- les bâ'iifent ordinairement avec du gravier & de l'argile, & qui ont cou- tume de faire leurs nids fur les façades des maifons : ces petits animaux emportent quelquefois en volant de petites pierres, allez confidérables pour qu'on foit furpris qu'ils aient la force d'élever & de foutenir en volant tout a a la fois leur corps & ces fardeaux : leur nid pefe quelquefois jufqu'à deux livres , quoiqu'ils n'y nourriflent que dix à douze petites mouches. J'ai obiervé de ces nids pour la première fois en i666. en préfcnce de Sténon, dans la maifon de campagne de M"^. Thevenot, au village d'Iffy près de Paris ; ils étoient autour de la tablette d'une croifée. Je trouvai aufTi dans un de ces nids un petit ver de couleur rougeâtre à fix jambes a ( PI. XXL Fig. II. ) lequel fe transforme en nymphe b : cette nyrnphe cnfuite après une année toute entière, fe changea non pas en abeille , mais en un fcarabée fort joli c. Je ne fais point quelle forte de nourri- ture a pu prendre ce petit ver pendant tout le temps de fon croît , a moins qu'il n'ait vécu de quelques particules pierreufes ou argilleufes du nid oii il étoit. J'ai trouvé aufîi dans le même nid une guêpe (inguliere, & j'y ai ob- fervé de plus quelques tuyaux oblongs creulés dans l'argile , avec des toiles membraneufes qui étoient déjà rompues, & dont les jeunes abeil- les étoient déjà forîies. Il paroît donc par-tout ce que je viens de dire , qu'on a pu voir quel- quefois des efpeces d'abeilles porter de petites pierres entre leurs jambes i mais ce ne font point les abeilles communes. Aldrovande a connu aufu les nids dont je viens de parler, mais il en parle comme s'ils n'étoicnt faits que d'argille, ainfi qu'on peut le voir dans fes Paralipomenes , où il repréfente affez groffiérement le ver de cette efpece d'abeille avec lorj ACADÉMIQUE. 3^1 nid; il rapporte même qii'Ariftote en a fait aiiflî mention; (> tomifte. » .le me fouviens qu'un jour en allant à Culembourg dans les grandes chaleurs de l'été, je vis fur le chemin une charogne de cheval qui four- (j) Hifl. des anim. ch. XXIV'. 5^1 COLLECTION mllloit de tant Je millions de vers , qu'il étoit prefqiie impoflible d'y dé- Sv/AMMERDAM. mêlcr les chairs ; on m faiiroit s'imaginer tous leurs cUfFérents mouve- HisTO'.RE DIS mcnts en haut , en bas & en tout lens, on auroit cru au premier coup Imsectes. d'œil que le cheval coniervoit encore quelques mouvements de vie : le nombre des vers étoit li prodigieux , que toute cette charogne ne fuffi- foit pas pour les nourrir, & il y en avoit une grande quantité le long du chemin qui fe traînoient pour aller chercher leur nourriture ailleurs , & qui étoient ctoufFés , loit par le foleil, foit par la poufliere. Les mou- ches ont un inllinft admirable pour diftinguer & fentir les matières qui conviennent à leurs œuts ; j'avois un jour quelques vers d'abeilles dans . ma chambre, je les gardois dans une boîte aflez mal fermée, pour voir leur transformation , & pour faire quelques autres expériences : il m'en, mourut quelques-uns : lur le champ je remarquai de petites mouches y que l'odeur de CcS petits cadavres avoit fans doute attirées ; elles y dé- polerent leurs oeufs , dont il lortit des vers au bout d'un efpace de temps alTez court; enfin, ces vers ayant pris tout leur croît, fe transformèrent comme les infeftes du quatrième ordre que j'ai établi , & parurent quel- ques jours après fous la ferme de petites mouches entièrement femblables à celles dont elles provenoient : c'efl: fur-tout dans les grandes chaleurs ^ de l'été que ces mouches ie multiplient fi prodigieiiiement & fi vite. Il y a encore d'autres infeftes qui s'attachent aux cadavres & qui en ron- gent les chairs : c'eft même un moyen de préparer les os des animaux pour l'anatomie , & pour peu qu'on les expoié enfuite à la roiée ou à la piuie, ils deviennent avec le temps auffi blancs que l'ivoire. En rapprochant donc toutes les circonflances, on comprendra aifément que le fquélette du lion de Samfon a bien pu être ainli préparé & net- toyé, de façon à fervir d'habitation a tm effaim d'abeilles; car il ne faut pas croire , comme on le dit vulgairement, que lorfque les abeilles fe pré- parent à effaimer, elles envoient devant elles des maréchaux des logis pour préparer leur habitation ; au contraire , tout ce qu'elles rencontrent leur convient pour s'y loger , une branche d'arbre , un vieux trou de mur, tout kur eft bon : û le propriétaire n'a pas foin de fe trouver d'abord pour leur préfenter un panier, elles s'arrêtent dans les premiers en- droits qu'elles trouvent , &c fi elles ne s'en accomodent pas, elles en chan- oent, jufqu'à ce qu'elles aient rencontré un logement où elles puiflent s'établir : c'eft donc bien gratuitement qu'on leur a fuppofé tant de pru- dence &c d'ordre dans le temps de cette fortie , puifque j'ai vu un eflaim qui s'étoit logé dans la muraille d'une vieille mazure, dans un trou dont l'ouverture étoit û grande, qu'elles ne purent s'y garantir du froid aux approches de l'hiver : elles avoient eu cependant l'imprudence d'y fixes leur habitation , puifque j'y ai trouvé du miel & de la cire : bien plus , elles y étoient en fi petit nombre , qu'elles n'avoient pu amafler des pro- vlfions fufîifantes pour la mauvaKé falfon : quelquefois j'ai vu des elTaims fe fufpendre à des branches d'arbres extrêmement hautes , d'autres fois à des buiflons fi bas , que le peloton qu'il formoit touchoit prefque à terre. C'eft uns doute quelque fait pareil à celui dont il qû parlé dans l'bil- toire A C A D Ê M I Q y E. ^n-, toire de Samfon , quia donné lieu à l'opinion chimérique que les abc;' frl les naiffent des chairs pourries des lions, des t;uireaux, des chevaux,6t. i^v^^,^,£RJ,J^„_ & la reffemblance que les vers des abeilles ont avec ceux qui font en-HisToiRE dzs gendres dans ces charognes, n'aura pas peu contribué à appuyer cette er-lf>s£CT£s. rcur : quelque abhirde que Ibit un pared lentiment, il n'a pas laiflé que d'être foutenu par plufieurs perfonnes fort habiles d'ailleurs : entr'aiitres Coedaert fait naître les abeilles des vers ftercoraires , & de Mey eu de fon fentimcnt en cela : ils ont été trompés l'un & l'autre par la refl'em- blance extérieure que l'abeille paroit avoir avec la mouche qui vient de ce ver ; il faut donc être bien réiervé à prononcer fur les choies que nous n'avons pas obfervées dans tous leurs rapports , ou du moins il faut les décrire avec les circonftances fous lefquelles elles ie font préfentées à nous. Quoique ce foit le comble de l'abfurdité d'imaginer que la pourriture foit capable d'engendrer des animaux aufli bien organiiés que le (ont les abeilles , c'ell cependant l'opinion de la plus grande partie des hom- mes, parce qu'on juge fans vovdolr rien examiner; mais fi on veut fe donner la peine de confidérer attentivement combien il faut de condi- tions pour que le ver de l'abeille forte de fon oeuf, qu'il fe nourrifie , qu'il croiife , qu'il fe change en nymiphe , & enfuite en abeille , com.me je l'ai détaillé affez au long dans ce traité, on aura un moyen sûr pour fe garantir des erreurs de la génération fpontanée, & de toutes celles qui juf- qu'à prélént ont embarraffé &C obfcurci l'hilloire des abeilles. Il n'eft pas facile de déterminer la durée de la vie des abeilles , j'a- voue du moins que je n'ai pas encore afiez d'expériences pour rien éta- . blir fur ce point : (a) quelques perfonnes qui ont élevé long-temps des ^ abeilles , m'ont affuré que les ouvrières ne vivent pas plus d'un an , je penlerois allez volontiers comme eux , quoique cependant ce fcntiment mérite d'être confirme par des faits plus certains : fi l'on ramaflbit toutes les abeilles qui meurent dans une ruche pendant le cours d'une année, on trouveroit que leur nombre égale celui des abeilles qui reftent dans la niche : c'eft lur-tout en aiuomne & en hiver, lorfque les abeilles ne fortent plus & qu'elles n'emportent pas les mortes hors de la ruche , (j) Il pa'oit par les expériences de M. de Réaumur , i° que les abeilles ouvrières ne vivent pas plus d'un an : de cinq cents abeilles qu'il avoit eu la patience de mar- 3uer en rouge avec un vernis deflicatil', dans le mois d'avril , & qu'il avoit reconnues ans les mois fuivants lorlqu'elles alloient à la campagne , il n'en trouva pas une envie d.ins le inois de novembre : i". que la mère abeille eft plus vivace & qu'elle peut ré- fifter à ce qui eft capable de faire périr les ouvrières. 3°. Que les mâles vivroient plus de (ept à h lit femaines , fi les abeilles ouvrières ne les i'aifoient point périr de mort violente. Il arrive quelquefois, mais très-raremer.t , que le nombre des mâles eft fi grand , que les abeilles ouvrières ne peuvent venir à bout de les détruire & qu'el- les paffent avec eux l'automne , & au moins une partie de l'hiver ; mais alors on doit mil augurer de la ruche, les abeilles l'abandonnent dès le commencemeut du prin- temps. M. de Réaumur a eu trois exemples de cette défertion ; les abeilles ouvrières étoient parties avec la mère dès le mois de février , quoiqu'elles eullcnt encore beau- coup de provifions. A l'égard des abeilles qui étoient mortes pendant l'hiver , il n'y en avoit pas plus de trente parmi les ouvrières , mais il y en avoit quatre à cinq fois davantage parmi les mâles. Tom. F. Yy J)4 COLLECTION ! -^'^'411 'on peut voir combien leur nombre diminue ; car on en trouve alors Sycammerdam. des poignées au bas de la ruche, qui font mortes, fans compter toutes Histoire des celles qui fe font envolées, &C qui ne font pas revenues, foit qu'elles Insectes, aient été m ingécs pa^ les hirondelles & les demoifelles , foit que les vents les aient troillees &: érrafées entre les tjuillcs des arbres , ou qu'elles aient péri dans les champs par les pluies & par les gelées, foit enh'n qu'el- les aient été prifes dans des toiles d'araignées ; il paroît donc qu'il en meurt dans l'eijjace d'une année beaucoup plus qu'il n'en refte : de plus , on obferve communément que les abeilles ont leurs ailes froiflees , blel- fées &c déchiquetées , en automne & dans les premiers jours du prin- temps , & non pas dans le temps que les ruches jettent , ce qui lemble prouver encore que ces animaux ne vivent que depuis un effaim julqu'à l'autre & ne partent pas deux hivers : cependant une même ruche peut fubfilter pendant quelques années à-peu-près fur le même pied , pourvu qu'on ait foin de leur ôter de temps en temps une partie de leur cire ; mais il arrive ici la même chofe que dans une grande ville bien peuplée, où les jeunes gens remplacent inlenliblement les vieillards : d'ailleurs les abeilles ouvrières qui ont déjà paffé un hiver, ont rempli toutes leurs fondions, qui font, comme je l'ai dit, l'éducation des petits vej-s, le ré- chauffement de la ruche, (yc. or, on fait que c'eft après avoir fatisfait à leurs emplois que tous les infeftes meurent , les uns un peu plutôt , les autres un peti plus tard : ceux qui pondent le plus promptement de tous font aufîl ceux qui meurent le plutôt , tel eft par exemple l'éphé- ^ mère , dont les œufs ont déjà leur pcrfeftion dès l'inllant de fa naif- , fance , & qui n'eil point obligé de veiller à la nourriture de les petits : les autres infeftes ont la vie plus longue , foit parce que leurs œufs n'acquièrent le degré de perfeftion nécefîaire qu'avec le temps, foit parce qu'ils ne pondent ces œufs que peu à peu, & les uns après' les autres, comme on l'obferve dans les abeilles & dans quelques autres : d'oii l'on pçurroit conclure avec quelque vraifemblance, que la mère abeille vit plus long-temps que les ouvrières , puilqu'cUe ne fauroit pondre tous fes œufs à la fois ; rnais on n'efl: pas encore affuré précilément jufqu'oii peut aller le terme de fa vie : il y auroit cependant des moyens sûrs & faciles dé s'en convaincre; ce fcroit , fuivant le confeil de Clutius , de marquer la femelle de manière à la reconnoître facilement , foit en lui perçant les ailes , foit en les rognant un peu avec des cilèaux , ou même il feroit encore plus finiple d'en colorer les bords avec quelque vernis : pour moi je croirols volontiers que la durée de fa vie, ou tout au moins de fa fécondité n'excède pas l'efpace de deux années : au rcfte, le moyen que je viens d'indiquer pour s'en affurer, ne feroit point dii tout pratiquable à l'égard des tibcilles ordinaires , tant parce qu'elles font en trop grand nombre , que parce qu'on né fait pas précifémmt le temps de leur naiflimce , au lieu qu'on connoît l'inftant où la fem-'lle fort de fa cellule : en effet, les abeilles originaires naiifent prefque dans tous les temps de l'année, & quoique ce foit particulièrement dans la faifon des effaims que règne k fort de la pente,' cependant il ell vrai de dire que les imes viennent quelquefois im , deux , trois & même quatre mois phi- A C A D tu l Q V-Z. 35Î tôt qiie les autres , puikiu'or» en voit quclcjues-iinesL qui n'cdofent c[i;c ; long-temps après que la ri;chc a effr.imé : j'ai même obfervc la vcrlic Swammffdam. tic ce fait à l'égard des mâles : de plus, on (ait que la merc abeille corn- HisToir.r dis menée de pondre des le mois de mars, ainfi les abeilles néceflaircmcnt Insectis. {loivent naître les unes plutôt, les autres plus tard, & par confé- quent il n'cfî guère pofîible de s'afiiuer de la durée de leur vie , fur-tout à caufe de Timpcffibilité de diftinguer les jeunes d'avec les vieilles dans un aufn grand nombre : on n'eft pas sur non plus du tem.ps que la na- ture a fixé pour la vie des mâles ; car quoiqu'on croie qu'elle ne va guère au-delà de fix ou huit femaines , cependant je ne vois pas qu'on ait fur cela des expériences inconteftables , & je ne crois pas même qu'il foit facile d'en acquérir de telles : j'ai oui dire à quelques pcrfon- nes , que lorfque la femelle n'eft pas bien féconde., les mâles refient juf- qu'à l'hiver ; mais ce f.iit mérite d'être confirmé par des obfer\'ations plus cxaâcs : car comme ks mâles des abeilles meurent toujours de mort violente , on ne peut rien établir fur la durée naturelle de leur vie : ce- pendant je ferois afez porté à croire qu'elle eft bornée à l'efpace de fept à huit femaines , & je fonde mon opinion fi:r les loix ordinaires de la na- ture, fuivant lefquelles les infect» meurent dès qu'ils ont fini de contri- buer à la multiplication de leur efpece : ainfi les papillons des vers-à-foie meurent ordinairement trois jours après que leur ponte eft faite; à moins que la iailbn ne foit froide; car j'ai remarqué qu'alors ils vivent plus long-temps , fans doute parce que les humeurs de ces petits infeftes qui ne mi!n;;ent plus, ne s'exhalent pas fi vite dans un temps frais. J'ai fait une coUeûion d'environ trois mille infedes , conune papillons, mouches , fcarabces , fauterelles , chenilles , vers , chrylalides , infeftes aquatiques &C autres , parmi lefquels je compte fix efpeces d'abeilles fau- ,vagcs : la première efpece eli celle des abeilles maçonnes qui font leurs nids de petites pierres de graviers & d'argile ; mais elles ont tant de ref- femblarrce avec les bourdons qu'on pourrcit le^compter parmi ces derniers. La féconde efpece eft d'une figure finguliere ( PL XXI. Fig. III. ) elles reflemblent aux abeilles ordinaires par la tête & par le corce- Jet , mais elles ont le ventre bien différent ; car il cft tout couvert de poiis d'un rouge jaunâtre , qu'on prendroit pour autant de petites taches, le dernier anneau eft garni de trois pointes aiguës , comme des efpeces de dards , Si l'anneau précédent en a auffi deux femblabies , mais plus pe- tites : enfin , elles ont leurs jambes hériffées de poils jaunâtres , mais ceux que l'on remarque fous leurs antennes , fur leur tête & à f endroit qui fépare le ventre d'avec le corcckt , font prefque tout blancs : elles font à-peu-près de la groffeur & de la longueur des ftmelies des abeilles do- meftiques, finon qu'elles ont le ventre un peu plus large, & en même temps un peu plus court. La troifieme efpece ( Fig. I\'. ) a le corps un peu plus gros & plus ra- maflé , elle reffemblc affez par la grandeur & par la forme aux mâles des abeilles , fi ce n'eft qu'elle a les ailes plus courtes : elle a la tête & les yeux comme ceux des abeilles ordinaires , on voit cependant un pe- ut point jaune fous chacune des antennes , & c'cft même une marqu©- Yy z 3 56 COLLECTION qui peut fervir à dlftinguer cette elpece de toutes les autres : au refte, SwAMMERDAM. "^"^ ^ '^ ^''"' ^^ ^^ trompc coloré , le corcelet & le ventre hériflcs de jii'iToiRE DES poils gris , & les dernières articulations des jambes toutes couvertes de l.vofCTEs. poils plus longs & un peu plus bruns. La quatrième efpece (Fig. V.)a quelque chofe de très-remarquable, c'efl qu'elle a les antennes trois à quatre fois plus longues que celles des abeilles ordinaires , &c une trompe beaucoup plus confidénible & plus alongée : au relie , les abeilles de cette quatrième eipece lont prelque d'un tiers plus groffes que les abeilles domeitiques , & elles ont tout le deffus du corcelet & une partie du ventre garnis de poils roux , tirant un peu fur .le marron : cette marque jointe à la longueur des antennes, fuffit pour les diltinguer de toutes les autres elpeces. Celles de la cinquième efpece (PI. XXI. Fig. VL ) font un peu plus petites, & elles différent de toutes les autres par leurs coulciirs & par leurs poils : ceux qui couvrent le corcelet & les jambes font d'une cou- leur d'or foncée , principalement aux deux articulations fupérieures des jambes de derrière où ces poils font même plus longs & plus ferrés : les dernières articidations au contraire iont tout-à-fait rafcs : enfin, les bords des anneaux du ventre font couvetts de iemblablos poils , mais plus courts &i d'mie couleur moins foncée : la fixieme efpece (Fig. VII.) efl: un peu plus petite que l'abeille commune : elle a la tête & le corcelet garnis de poils plus gris clairs que dans l'efpece précédente : ion ventre eil for- mé d'anneaux écailleux noirâtres , marqués de chaque côté de petites raies jaunes , qui ne fe touchent pas entièrement , ce qui fiit que cette efpece d'abeilles reffemble un peu aux guêpes : au refte , ces abeilles ont les jambes de couleur jaunâtre & plus groffes que celles des abeilles ordinaires & des guêpes , ce qui me fait conjeâurer qu'elles (ont natu- rellement afléz robulles. Toutes les efpeces d'abeilles dont je viens de faire l'énumération , conviennent avec les abeilles domeftiqucs , en ce qu'elles ont fix jambes , quatre ailes , deux antennes , & que le corps fe divife également en trois parties , qui ibnt la tête , le corcelet & le ven- tre : il y a même quelques-unes de ces efpeces fauv.igi s qui ont auffi les trois petits yeux dilpofés triangulairenient : mais il eft très-rare de trou- ver ces abeilles en Ibciété , elles font toujours folitaircs , & il eft à pré- fumer qu'elles n'ont point d'habitation commune comme les abeilles do- meftiqucs : on ne les voit guère dans les champs , mais prefque toujours dans les parterres , où elles vont chercher leur miel dans les fleurs ; cepeni^ant il y en a parmi elles qui ne me paroifl'ent peint propres à faire la récolte de la cire à caufe des poils , dont leurs jambes font entièrement chargées. Je garde aufll deux efpeces de frelons, la granrlc & la petite : les premiers font huit fois plus gros que les abeilles orc inaires , & ils rei- femblentplus aux guêpes qu'^iux abeilles par la forme de leur ccrps : ils ont quatre ailes aa (PI XXI. Fig. VIIL) dont les intérieures ibnt trois fois plus petites que les extérieures qui lont attachées au.x épai^les : ils ont lix jambes articulées avec le devant du corc^dct , leurs exrrên'ités iont munies de deux ongles ou crochets bi : leur tête c paroît un p.u oblon- ACADÉMIQUE. 357 giie, fur-tout qunnd clans leurs mâchoires fe joignent : leurs yeux à réfeaux n ■ ont à-peu-prcs la forme d'un croiflant , &c dans l'entre-deux Ibnt places Swammebdam. liipérijuremcnt les trois petits yeux fimples, au deflbus defquels s'cle- Histoire des vent les antennes. Au refte , les frôlons ont anifi deux fortes mâchoires, Insectes. & ils lont marqués en deffus fymmétriquement de traits roux & bruas , defquels naiffent de chaque côté huit taches ou mouchetures bru- nes , 6z dans le fécond & le troifieme anneau , en comptant depuis la pjrtie antérieure, on remarque encore une troifieme tache qui forme une e(,)ece de triangle avec les deux entre lefquelles elle fe trouve : la tête, le corcelet & les jambes font par tout de la même couleur, & on y ob- ferve de petits poi's fins ; on peut voir l'aiguillon ,t-cinq efpeces de fauffes guêpes , toutes différentes en- tr'elles par leur ftrufture, par leur grofl'cur & par leurs couleurs : je donne ce nom dj guêpes à tous ces infcâes , à caufe de quelque ref- lemblance extérieure que la plupart paroiilent avoir avec les siuêpcs, quoiqu'ils en différent beaucoup par leur naturel & par la manière dont ils naiflent ; car ils viennent pour la plupart de chrylalides ; leur pafl'age fuccefTif de l'état de ver à celui de chryfalide , &; de cet état à celui de faufl'e guêpe , s'exécute d'une manière très-finguliere , & il efl fort aifé de le bien obferver, parce que la nature y emploie l'eipace de trois ou quatre femaines, ainfion peut voir à fon ailé tous les développem.ents èc tous les changements de couleur qui fe iucccdent : parmi ces fauffes guêpes il y a quelques efpeces qui donnent la chaffe aux mouches &c qui les mangent, il y en a d'autres qui tuent les araignées, & qui leur cafTent les jambes pour les manger : parmi ces dernières, je compte la mouche qui a un filet à la queue, & celle qu'on appelle mouche à trois queues : ( Fig. XII. ) («j) toutes ces mouches font des efpeces de fauiî'es guêpes ; je n'en dirai rien ici , parce qu'elles demanderoient elles feu- les un volume enr»«r : je ne parlerai pas non plus du cnraftere, des mœurs , de la génération & de la flrudure des frelons , des bourdons , ni des vraies guêpes, ni enfin des guêpiers ou des nids &l habitations de tous ces différents infeftes, quoique j'en aie quclcues-uns che^ moi : j"ai entr'autres un nid de frelons (PI. XXI. Figg. XFIl. & XIV.) (/-) & je garde un mâle & une femelle de cette efpece , avec le ver q.ui en pro- vient , fa toile , la dépouille qu'il quitte lorfqu'il fe change en nym- phe , & tous les excréments qu'iL vuide dans le temps de cette tranf- formation avec la tunique interne de l'eflomac & des inteilins : j'ai con- fervé au/Ti différentes nymphes de frelons , dans lefquelles on peut voir les différents changements de couleur qu'elles éprouvent dans leurs dé- veloppejnents : à l'égard des parties internes des frelons, j'ai confervé le réfeau membraneux de leur eflomac, quelques trachées, l'un des facs qui leur fervent à filer Se la moelle épiniere. Enfin, j'ai diverfes efpeçcs de mouches qui reffemblent aux abeilles, & que quelques auteurs rangent aufiî pour cette raifon dans leur clafié, telle eft l'abeille de Goedaert & de Jean de Mey : celle-ci n'a que deux (j) Ces efpeces de mouches font de vrais ichneiimons. Le filet ou ia pointe qu'el- les ont à la queue, eft une forte de tatiere embraffée de deiLx demi-étuis qu'on peu: en fcparer avec une épingle. Comme ces filets ont été obfervés , tantôt réunis , tantôt fcparcs , c[uelques Naturaliftes ont fait de la même efpece de mouches ichneumons plu- fieui'S eJpcces di! érenres, qu'ils ont appellces mouches à une feule queue, m.ouches à deux queues, mouchei . trois queues. Mufca uniftta , hifetiz , trifeia. (i) Ce nid de fiêlons efl nommé guêpier dans re-^plication des Figures qui Ur •rcuve à ia fin de- l'ouvj^age original. ACADÉMIQUE. 55^ »ilc5 , & cette feule différence devoir la faire diftinguer des abeilles , — — ■— — riais il y en a aiuR qui ont quatre ailes : telle cfl: une joliemouchc qui Swammerdam. a les antennes terminées par un bouton , mais qui au relie approche afiez Histoire dm ,de l'abeille , fice n'ell qu'elle ell beaucoup plus grofle : ce qu'il y a à remar- insectes. quer de plus fingulier au (ujet de cette mouche , c'eft qu'elle vient d'un infefte aquatique ; mais comme je l'ai déjà dit , chacune de ces efpeces de mouches exigeroit un traité fait exprès , Ci l'on vouloit épuilér tout ce qui concerne leur hiflolre. ADDITION DE QUELQUES OBSERVATIONS PARTICULIERES QUI ONT RAPPORT A L'HISTOIRE DES ABEILLES, DESCRIPTION D'UNE RUCHE ouverte le 10. Mars, LE 10. mars j'ouvris ime ruche où l'on avoit mis au mois de juin de r.uince précédente un nouvel efi'aim d'ubelUes, lefquelles moururent toutes dans le mois de février fiiivant, pour avoir manqué de miel; j'en- trepris de compter toutes les cellules qu'elles avoient conftruites depuis le mois de juin ju^u'à l'hiver, c'eft-à-dire, dans l'efpace de quatre mois. Je trouvai que le nombre des cellules qui fervent tant à élever les abeil- les ouvrières, qu'à^^rrer le miel & la cire brute, le niontoit à vingt- deux mille cinq ceius foixante & quatorze; il y en avoit fept mille huit cents quatorze cnii avoient déjà fervi de logements ;\ des vers d'abeilles; je n'avois pas benucou]) de peine à les reconnoître & à les diftinguer des autres cellules, puifque j'y trouvois les toiles & les enveloppes que les abeilles ne manquent jamais d'y laifler : toutes les autres étoient tlilpcfées de manière à fervir de magafin pour le miel, & même les pre- jnieres iervem auflî au même ufage, après que les nymphes font tranf- forniées en mouclics. Tous ces alvéoles formoient neuf gâteaux ou rayons, affez grands, oblonps , de difierentcs figures; les uns divergents parallèlement, les autres formant deux, trois ou quatre angles : cette divexfité de figurej venoit apparemment de ce que les uns de ces gâteaux avoient été coni"- truits chacun féparément, & les autres tous à la fois ; ou peut-être parce que les abeilles voulant éviter les petits bâtons qu'on fait paffer à tra- vers la ruche pour foutenir les gâteaux , fe détournent §i leur donnent 3éo COLLECTION une figure nnguleufe , ou telle autre figure irréguliere ; car on ne volt pas SwAMMERDAM. 9"'>^llcs s'affujettiflent à aucun ordre, ni à aucune règle dans la forme Histoire des de leurs gâteaux , & cela ne fait rien à la forme des cellules. Iksectes. Les alvéoks où les abeilles avoient ferré leur miel, étoient pour la plupart deux fois auffi longs que ceux qui avoient (crvi à loger le cou- vain ; ils étoient aufîl moins réguliers, plus anguleux , courbés ,& même en quelques endroits les lames de cire dont ces alvéoles étoient compo- fés , ne fe répondoient pas fi exaftement qu'on n'y apperçût quelque • vuide , quelque ouverture à y mettre la tête d'une épingle ; ce qui ne fe remarque jamais dans les alvéoles bien réguliers. On voyoit des gâteaux qui avoient les cellules d'une de leurs faces une mjitié en fus plus longues que celles de la face oppolée : il y avoir encore bien d'autres irrégularités , mais beaucoup moins fenfibles dans les cellules qui avoient déjà lervi à loger le couvain , à moins qu'elle ne tuf- fent pas achevées. On peut conjeflurer par le nombre des cellules que les abeilles bâtif- (fent depuis le mois de juin jufqu'au mois de féptembre, combien elles en feroient encore depuis le mois de mars jufqu'au mois de juillet de l'année fuivante ; je crois , fans jamais avoir fait ce compte , qu'il montcroit au moins à cinquante mille , en y comprenant les cellules des mâles & celles des femelles qu'elles conftruifent dans cette faifon en même temps que celles des ouvrières. Un homme digne de foi qui élevé des abeilles , m'a conté qu'il avoit un jour placé une ruche à nud fur la terre , &c que les abeilles qui y étoient en très-grand nombre avoient creufé & tranfporté hors de la ru- che une partie de la terre qui étoit fous leur panier, afin d'étendre da- vantage leurs gâteaux , & de multiplier leur famille en augrnentant l'ef- pace de leur habitation : au refte , ces fortes de faits s'obfervent plus fouvent fur les guêpes & fur les frelons , lefquels font portés par leur inftinft à faire leur nid fous terre. •> DESCRIPTION D'UNE RUCHE ouverte le 14. juin. UNe ruche que j'avois achetée au commencement de juin me donna un effaim le 14 du même mois : je logeai cet effaim dans un autre panier, 6i le furkndemain je le noyai tout entier : j'y trouvai une fe- melle , quatre mâles & deux mille quatre cent trente-trois ouvrières : elles n'avoient pas encore été à la récolte de la cire. Le 16. de juin je noyai auffi les abeilles qui étoient reftées dans la mère ruche r-j'y trouvai une femelle , huit mille quatre cent quatre- vinnt-quatorze ouvrières , & fix cent quatre-vingt-treize mâles : pendant que je faifois ce compte, je laiffois dégoutter l'eau de la ruche, ahn de pouvoir enfuite compter auffi les alvéoles; mais il y en avoit un nombre li prodigieux j fur-tout de ceux qui font dcftinés pour élever les ouvrières^ que ACADÉMIQUE. }6i qiie je crus qu'il valoit mieux laiffer là ce calcul , de peur de ncgliger —^—^55 pendant ce temps-là d'autres recherches qui me paroiffoient de plus gran- Swammerqam. de importance. Histoire des Je comptai donc avec toute l'exaftitude poflible les cellules des femel- i!-sï<-'rEs. les : j'en trouvai dix-neuf qui n'ctolent encore qu'ébauchccs, dont les unes étoiont plus élevées , les autres moins ; &C quinze qui étoicnt en- tièrement achevées : elles avoient la forme à-peu-près d'une poire , elles étoicnt toutes fermées avec de la cire & fe trouvoient placées fans or- dre confiant fur les bords dos gâteaux; car il y en avoit quelques-unes qui étoient entièrement ifolées, & d'autres qui étoicnt rangées fort près l'une de l'autre , trois , quatre fc même cinq cnfemble ; il y en avoit auffi qui fe trouvoient très-près des cellules des mâles : outre cela les unes avoient une fuuation oblique, les autres étoient fituées horizontalement comme celles des abeilles ouvrières & des mâles , d'autres enfin étoient tout-à-fait renverfées , de façon que leur ouverture étoit tournée en cm- bas, comme cela s'obferve dans la plupart des cellules des frelons : j'y reconnus auffi la cellule d'où étoit fortie la femelle qui avoit conduit l'el- faim du 14. juin, elle étoit toute rongée par devant. Dans neuf de ces cellules que je viens de dire qui étoient bouchées avec un couvercle de cire & fermées d'une toile de foie, je trouvai tout autant de femelles qui avoient déjà pris tout leur croît ; elles avoient les ailes étendues, & quelques-unes d'elles étoient ercore toutes vivantes: les unes étoient toutes grifes , les autres d'une couleur un paiplus foncée , félon qu'il y avoit plus ou moins de temps qu'elles avoient quitté leurs dépouilles , & fuivant qu'elles dévoient percer leurs cellules phitôt ou plus tard : cependant il n'y en avoit pas encore une feule parmi ces neut qui eût encore eflayé de fortlr de fa cellule. Les cinq aiures cellules bouchées de cire, renfermoient chacune uns nymphe de femelle : l'une de ces nymphes commençoit déjà à paroître grife fur le dos , & étoit bien près de fe transformer ; les quatre au- tres étoient beaucoup moins avancées , & leur couleur étoit prefque par tout blanchâtre , &C reffembloit en quelque forte à celle du lait cail- lé : les yeux avoient feulement pris infenfiblement une cotileur de pour- pre claire , ce qu'il faut entendre non-feulement des yeux à réleaux, mais encore des trois petits yeux lifles qui étoient beaucoup plus ailés à dif- tinguer alors qu'ils ne le font quand ces infeftes ont atteint leur état parfait. Je trouvai fous le ventre & fous la queue de ces nymphes les trachées & les dépouilles qu'elles avoient quittées lorlqu'elles avoient paffé de l'é- tat de ver à celui de nymphe : on y voyoit auffi les reftes de leurs ali- ments , qui rtffcmbloient à de la gomme adraganh qui commence à fe gonfler , ou à de l'amidon ramolli ; ils avoient un goût un peu aigre , & leur couleur étoit fèmblable à celle du luccin tranfparent. A la partie fupcrieurc de chacune de ces quaior7e cellules, immédia- tement au defîbus du couvercelede cire, en voyoit cette toile que fe fi- lent les vers des abeilles avant que de fe changer en nymphes ; elle étoit extrêmement forte au haut de U cellule , ôc elle paroifl'oit entièrement Tom, y, Z z 5^i COLLECTION ^^M— »— — » tilTue Je fils en cet endroit ; mais elle avoit en bas la forme d'une vtri- Sv^-AMMERDAM. ta^'^ membrane, ce qui vient fans doute de ce que ces vers dans le temps Histoire des qu'ils s'agitent en tout fens pour faire leur toile & pour s'enfermer dans IfiSECTEs, leurs cellules , ne peuvent s'empêcher de remplir les interftices de leurs fils de la matière qui leur fert de nourriture &c peut-être auffi de leurs excréments , ce qui forme une efpece de glu qui fait que leurs toiles de» viennent en quelque forte femblables à des membranes. J'ouvris aufîi toutes les cellules des mâles qui étoient pareillement fer- mées d'une toile & d'un couvercle de cire ; elles étoient pour la plu- part placées auprès de celles des abeilles ouvrières , & dans un gâteau particulier fufpendu à la partie la plus baffe de la ruche : les autres cel- lules de mâles fe trouvoient difpofées au milieu de celles des ouvrières , & avoient même leurs parois communes avec elles ; leur nombre fe monto.it à huit cent cinquante - huit , parmi lefquelles il s'en trouvoit deux cent trente-quatre qui logeoient autant de vers qui n'étoient pas encore transformés en nymphes , mais qui avoient cependant pris tout leur croît , & qui étoient fur le point de fe transformer , les uns un peu plutôt , les autres un peu plus tard ; cent quarante-fix autres cellules qui renfermoient des nymphes d'abeilles mâles, blanches comme du lait, & qui venoient de quitter tout récemment leurs dépouilles ; quarante-qua- tre, dont les nymphes avoient déjà leurs yeux qu'on diftinguolt à caufe d'une légère teinte de pourpre ; quatre cent quatorze où les yeux étoient d'une couleur de pourpre peu foncée ; enfin , vingt autres oîi les nym- phes étoient fur le point de fe transformer en abeilles mâles , puiiqu'on voyoit dé'ia paroître à travers la petite peau qui les enveloppoit les mem- bres grisâtres &c velus des jeunes mâles. Je comptai enfuite toutes les cellules des mâles : le nombre fe montolt à quinze cent huit , dont fept cent vingt étoient vuides , &C avoient déjà fervi à loger des mâles qui s'y étoient transformés quelque temps aupa- ravant ; deux cent foixante-huit n'étoient pas encore achevées , & les cinq cent vingt autres n'avoient jamais fervi à loger du couvain , êç étoient remplies de miel-vierge très-pur : outre ces cellules , j'en comptai encore dix-fef)t cent-ime plus grandes, oblongues, affez femblables à cel- les qui fervent à élever les mâles : elles étoient tontes vuides Si n'avoient jamais contenu de couvain ; il paroifiblt même qu'elles n'étoient pas conf- truites avec autant de régularité que les autres, & qu'elles n'étoient pro- pres qu'à fervir de magafin pour ferrer leur miel; aulTi ne les ai -je point comptées parmi les cellules des mâles , mais parmi celles où les abeilles ferrent leur provifion pour l'hiver, quoique celles-ci reflembknt plus ordinairement aux cellules des ouvrières. Les cellules d'abeilles ordinaires, encore bouchées d'un couvercle de cire, étoient au nombre de fix mille quatre cent foixante-huit : j'y trouvai des vers & des nymphes qui ne m'offrirent rien de plus à con- fidérer que dans les cellules de mâles dont j'ai parlé plus haut ; c'eft pour quoi je ne m'arrêtai pas :\ obferver toutes ces cellules les unes après les autres, fur-tout parce que je n'aurois pas eu le temps de le faire ACADÉMIQUE. 56^ bien exactement ; car quelques-unes des nymphes commençoient déjà à mm h ifui-s— fentir mauvais. ,. „ , ,. , . , [S^.amm£rdam^ Au reltc , )e trouvai deux cent dix cellules remplies de cire brute en- Histoire dk» tafl'ée &i empilée ; aucune n'étoit fermée ; elles étoient placées en diffé- Insectes. rents endroits des gâteaux , entre des cellules remplies de miel & d'au- très qui contenoient des nymphes. A l'égard des autres cellules , tant celles qni étoient nouvelles , mais vuides pour lors , &C qui avoient déjà fervi à élever des vers d'abeilles que celles que les abeilles avoient bâties l'année précédente ou pouf loger du couvain , ou pour ferrer du miel , il ne me fiit pas poffible d'en faire le compte, parce que le nombre en étoit prodigieux, & que je n'avois pas afl'cz de loifîr : je ne comptai pas non plus toutes celles qui étoient bouchées au haut de la ruche , &c qui contenoient le miel pour la provifion ; j'eus cependam la curiofité de pefer le miel qu'elles con- tenoient, & je trouvai qu'il pefoit fept livres. Je ne trouvai point d'œufs dans toute cette ruche , ni même de vers qui n'euffent pris tout leur croît ; il paroît que les abeilles ouvrières étoient quittes pour lors de leurs travaux les plus pénibles ; elles n'avoient plus h peine de conllruire des cellules , ni le foin de nourrir les petits ; elles ne s'occupoient plus que d'amafl'er du miel pour la nourriture de toute la ruche : cependant elles avoient encore à préparer tout ce qui étoit néceflaire pour la fortie d'un fécond, d'un troilîeme & même d'un qua- trième effaim , ce qu'il nvétoit facile de conjeflurer par la différence d'âge que je rcmarquois entre les nymphes qui dévoient donner des femelles, lefquelles étoient plus avancées les unes que les autres, & par conféquent fe feroient transformées les unes plutôt, les autres plus tard ; il efl donc probable que la mère abeille ne ccffe point de pondre, même dans le temps de la fortie des effaims , comme j'ai eu occafion de le remarquer dans la première ruche que j'ouvris le 11. août, & dont j'ai parlé au commencement de cet ouvrage. Pluheurs des abeilles ouvrières de la mere-ruche étoient encore d'une couleur grisâtre , ce qui eft une marque certaine qu'il n'y avoit pas long- temps qu'elles étoient forties de leurs cellules ; je n'"n trouvai même au- cune parmi elles qui eût les ailes déchiquetées , comme elles le font affez communcnrent en automne & au printemps ; ce qui femble prou- ver que les vieilles mouches de l'année précédente étoient mortes pour la plupart, foit de leur mort naturelle, foit par quelque accident, & qu'elles avoient été remplacées par de jeunes abeilles : on ne trouvera rien de furprenant dans ce que j'avance , fi l'on fait attention que j'ai compté le 14. juin dans une feule ruche jiifqu'à fix mille quatre cent foixante-huit nymphes , & deux mille quatre cent trente - trois abeilles dans un feul effaim : il eff donc ailé de conjcfturcr It nombre prodigieux d'abeilles qui doivent naître dejuiis le mois de mars jufqu'au mois de' juin, & encore depuis le mois de juin jufqu'au mois de feptembre ; une telle fécon- dité eÛ bien capable non-feulement de réparer les pertes qu'une ruche a feltes , foit l'année précédente , foit pendant l'été, mais encore d'augmen- ter du triple le nombre de fes habitants : il n'y a que la mère abeille dont Zz 2- 3^4 COLLECTION y——— la vie a plus de durée , quoique cependant il ne me paroiffe pas proba- c ble au'elle s'étende au-delà de trois ans : car comme il naît dans une HiSToiRE DES '^"''^ ruche jufqu à quinze temelles par an , dans 1 elpace de temps ou le Insectes. fait la fortie des effaims ; comme il eft prouvé d'ailleurs par l'expérience que les ruches donnent rarement plus de trois ou quatre effaims par an, du moins dans nos pays , & que les abeilles ne manquent jamais de tuer les femelles qui relient après le dernier effaim , il paroît probable que la vieille mère qui eil déjà épuifée cil comprile dans ce maffacre , & que c'eil une jeune femelle qui prend fa place & qui lui fuccede : (^i) cela mérite cependant d'être confirmé par l'expérience : &: il ne feroit pas même fort difficile de s'en affurer en facrifiant quelques ruches. Il eft étonnant combien les abeilles ont la vie dure ; après avoir été tenues pendant quelque temps fous l'eau avec leur ruche, tandis que i'étois occupé à les compter, elles reprirent vie , & déjà elles commen- çoient à courir & à voler dans la ruche avec vigueur, de façon que je fus obligé de les noyer une féconde fois ; & quoiqu'elles me paruffent toutes bien mortes pour cette fois, cependant il y en eut encore plu- fleurs qui en revinrent quelque temps après, lorfqu'elles furent un peu lé- chées , & qui vécurent encore trois jours & deux nuits , même lansrien manger. Il ne fera pas Inutile de récapituler ici tout ce que j'ai obfervé , tant dans la mere-ruche que dans l'effaim qui en fortit , afin qu'on voie d'un coup d'œil rénumération de toutes les abeilles & des nymphes qu'une feule ruche peut renfermer. RÉCAPITULATION Di toutes les abeilles & des nymphes qui fe font trouvées dans la ruche dont je viens de parler & dans rejjaini qui en fortit. FEmelle de l'effaim i Femelle de la mere-ruche i Femelles prêtes à (ortir de leurs cellules 9 Abeilles ouvrières de l'effaim . 1433 Abeilles ouvrières de la mere-ruche ^494 Mâles de l'effaim . . 4 Mâles de la mere-ruche 693 Nymphes qui dévoient donner des femelles 5 Nymphes & vers qui dévoient donner des abeilles (juvricrcs 6468 Nymphes & vers qui dévoient donner des mâles. . • • • "... 858 Total des différentes efpeces d'abeilles & de nymphes i%t)66. {a) Voyci la Note a de la page 2S7. ACADÉMIQUE. 3<55 SwAMMERDAM. Histoire d£S NOMBRE DES CELLULES NON COMPRIS LES VIEILLES , It^stciEi celles qui cto'unt tout nouvdUmcnt conflruites , celles qui étaient bouchées & qui logeoient des nymphes , & celles qui étaient yuides au qui étaient remplies de miel & de cire brute apris la fortie des ouvrières. V_> Elliiles de femelles , tant ébauchées qu'achevées ; 34 Cellules de mâles , tant bouchées que vuides , & celles qui étoient remplies de miel après la l'or- tie des mâles iB*^"^ Total de ces cellules . . 1400. EXAMEN D'UNE RUCHE qui renfermoit un ejjam depuis quelques jours. ETant à la campagne le 15. juillet, je vis partir un effaim fort con- fidérable ; il alla fe pofer fur un orme ; je le fis tomber dans une ru- che vuide , en fecouant les branches où il s'étoit attaché ; mais comme la femelle n'étoit pas tombée dans la ruche avec les autres abeilles , elles ne tardèrent pas long -temps à retourner toutes au même endroit de l'orme , où elles fe fufpendirent en forme de grappe , en s'accrochant les unes aux autres avec leiu-s ongles : je leur préfentai la ruche une féconde fois , & je fis tant , qu'à la tin toutes les abeilles qui compofoient l'eflaim y entrèrent petit à petit. Le 16. le temps étoit aflez beau & il fit du folell. Le 17. le temps fe couvrit. Le ib'. & le 29. il y eut de la pluie. Le 30. j'examinai la ru- che : je trouvai fur l'appui une portion de gâteau qui y étoit tombée , fans doute parce que les abeilles ne l'avoient pas attache affez folidement à la ruche , ou peut-être aufli l'avoient-elles fait tomber par leur poids , en s'y accrochant en trop grand nombre : on comptoit déjà dans ce oâ- tcau, qui n'étoit commencé que depuis quatre jours, quatre cent dix- huit cellules , tant ébauchées qu'achevées , & de plus , dix œufs qui étoient attachés par un de leurs bouts au fond des cellules. Le 31. il plut toute la matinée ; fur le midi il fit beaucoup de vent & d'orage, fuivi de pkifieurs ondées : enfin , je me déterminai fur le loir à emporter cette ruche dans mon cabinet pour examiner l'ouvrage qu'auroient fait les mouches de mon effaim dans l'cfpace de fix jours. Mais comme je redoutois l'aiguillon , je pris le j^arti d'abord de faire périr toutes les abeilles de ma ruche : pour cet effet je pris un grand nombre d'allumettes que j'entortillai de vieux linge, j'en fis lui paquet 3(56 COLLECTION "' ■ — afiez gros pour qu'il pût feulement entrer par l'ouverture fuperieure de SwAMMERDAM. ^^ mchc ; j'y mis le feu , comptant que la flimée du foufre &c du linge HisTouE DES ne manqueroit pas d'étouffer toutes les mouches ; mais je ne pus jamais Insecies. en venir à bout ; j'eus beau continuer cette fumée depuis huit heures du foir jufqu'à onze , ôi rallumer de temps en temps les vieux linges qiù s'éteignoient, elles réfillerent à cette vapeur, &c elles faifoient au de- dans de la ruche de grands bourdonnements & un bruit effroyable. Le lendemain au matin je les trouvai affez tranquilles : c'eff pour quoi je pris le parti de reporter la ruche dans un autre endroit : je trouvai feu- lement par terre quelques centaines d'abeilles qui étoient mortes de la vapeur du foufre ; mais le plus grand nombre avoit échappé, & même il y en avoit déjà qui commençoient à Ibrtir de la ruche & à voler : je voulus donc effayer encore une fois de les expofer à la fiimée, mais en leur donnant cependant les moyens de s'échapper de la ruche pendant l'opération : je pris auffi mes mefures pour qu'elles ne me fiiîent point de mal : je me fers'is d'une bouteille de trois chopines , dont j'entourai le cou de papier gris i j'enfonçai le cou de cette bouteille dans l'ouverture fupérieure de la ruche , & le papier me fervit à boucher tout le vuide qui rellolt entre le col de la bouteille & l'ouverture de la ruche : enfuite dès que la fumée fe répandit dans la ruche , il s'excita un trouble & ime confufion épouvantable parmi les abeilles , elles couroient de toutes parts en faifant un bruit horrible, & cherchant à s'échapper ; il en entra , pour ainfi dire , d'un feul coup , dix-huit cent quatre-vingt-dix-huit dans la bou- teille : je la retirai fur le champ, & j'en mis promptement une autre en fa place , & je continuai ainfi jufquà ce que j'euffe fauve toutes les abeilles , & que je n'entendiffe plus aucun bourdonnement dans la ruche. Après cette opération je retournai la ruche fens deffus deffous, & je trouvai par terre la mère abeilk lans mouvement, il y avoit auffi plu- fieurs mouclies qui étoient mortes : toutes celles qui s'étoient trouvées fur l'appui de la ruche au moment de l'opération avoient été étouffées , & leur corps étoit tout mouillé : celles au contraire cp.ii s'étoient trou- vées alors au haut de la ruche, avoient échappé au danger, leur corps, étoit fec , & on les voyoit courir &c voler dans les bouteilles , comme (i elles n'euffent jamais eu aucun mal. Je, veriai enfuite un peu d'eau fur les abeilles qui étoient dans mes bou- teilles pour les noyer, &: effeftivement elles moururent en très -peu de temps, excepté quelques-unes, qui réfillerent & donnèrent bien-tôt après des fignes de vie : par ce moyen il me fut aifé de compter l'une après l'autre toutes les mouches qui compofoient mon efi'aim : je trouvai que k nombre fe montoit à cinq mille fix cent foixante-neuf , & affuré- ment cet effaim étoit très-conf^dérable : cependant comme l'année étoit déjà avancée». & que l'endroit où il étoit fourniffoit peu de miel, j'eus moins de regret de le facnfîer à ma curiofité : je voulois voir ce qu'il avoit pn fiùre d'ouvrage en fi peu de jours, malgré les mauvais temps , êi julqu'oii peut aller l'indtiffrie & l'aâivité de ces petits animaux. Dans. lé grand nonibre d'abeilles qui formoient cet efîaim , il n'y avoit;. ACADÉMIQUE, _ B^^T qit'un feul roi , on pour parler plus exadement , qu'une feule femelle : — — ■^—'™* les abeilles ouvrières qui n'ont aucun fexe, comme je l'ai déjà dit ail- Swammerdam" leurs, compoloient le plus grand nombre : les mâles étoient au nombre Histoire des de trente-trois; on les appelle fort improprement, mouches couvculcs; Insectes. car il n'y a que la chaleur de l'été , & principalement celle que les abeilles ouvrières excitent entr'clies par leur agitation continuelle 6i par le mou- vement de leurs ailes, qui fervc à couver leurs œuti> &,à les faire éclorre; & cette chaleur naturelle ell fi confidérable , que la bouteille même dans laquelle étoient entrées dix-huit cent quatre-vingt-dix-huit abeilles fe trouva échauffée affez fenfiblemcnt par le (cul mouvement de ces animaux & par les vapeurs qui s'exhalolent de leurs corps. Le nombre des cellules , tant ébauchées que -finies , que ces abeilles étoient venues à bout de bâtir en lix jours de temps , en y comprenant celles que j'ai comptées dans le gâteau qui s'étoit détaché , montoit à trois mille trois cent quatre-vingt-douze; elles avoient toutes la même forme & la mcme grandeur & étoient de celles qui font deftinées à loger des abeilles ouvrières : parmi ces cellules il y en aroit deux cent trcnte- fix qui avoient déjà fervi à amaffer du miel ; mais la provifion avoit été mangée à mefure , fans doute à caufe que la récolte étoit très-difficile : au relie, il étoit aifé de diftinguer ces cellules d'avec les autres qvii n'a- voient pas encore contenu de miel, celles-ci étant d'un beau blanc, & les premières tirant un peu fur le jaune. Dans ce grand nombre de cellules, j'en trouvai foixante-deux où les abeilles avoient déjà commencé à entaffer de la cire brute : cette matière étoit de différentes couleurs , d'unjaune à-peu-près rougeâtre, tirant un tant foit peu fur le pourpre : je ne fais cependant fi cette diverfité de couleurs ne pourroit pas être attribuée à la vapeur où j'avois expofé cette ruche ; £ar la cire elle-même paroiffoit aulïï gâtée & tachée de petits points noirs. Je trouvai trente-cinq cellules garnies chacune d'un œuf ; ils y étoient collés par un de leurs bouts : en y ajoutant les dix œufs que j'avois compté dans le premier gâteau , on aura en tout la fomme de quarante- cinq œufs; il y avoit encore dans cent cinquante cellules autant de vers déjà éclos qui n'avoient qu'un mouvement languiffant ; ils étoient à la vérité de grandeurs différentes, & ceux qui étoient les plus avances, étoient comme- ceux- que j'ai repréfentés fous la Lettre c ( PI. XVI. Fig. XH. ) au refle , tous ces vers étoient couchés au milieu d'une cfpece de bouillie qui leur fert de nourriture, & que les cultivateurs d'abeilles les plus expérimentés appellent miel dégorgé : cette efpece de miel étoit blanchâtre, prelque infipidc , à-peu-près femblahle à de la gomme adra- gantîi diffoute , ou à de l'empois : du relfe vue au microfcope , elle ne montroit rien de particulier : on pouvoit appercevoir dans les vers mê- mes des trachées d'un blanc argentin qui s'étendoient en long, & qui paroifToient fous une forme très-élégante à travers leur corps tranf- parent. J'examinai cnfuite la cire à l'endroit oii elle fe trouve attachée au haut de la ruche & où elle forme la première bafe du gâteau ; je ne trouvai pas la moindre différence entre cette cire & celle de tout autre endroit 36S COLLECTION "— i»g=— du gâteau ; j'obfervai que ce gâteau étoit collé à la ruche par une pe- SwAMMERDAM *'^^ portiofi , à laquelle le refte étoit fufpendu perpendiculairement lans Histoire des être attaché en aucun endroit , comme un dilque de bois qui leroit iiif- Insectes. pendu au plancher par une petite partie de fa circonférence. Au refte , il y avoit déjà dans cette ruche plufieurs de ces gâteaux ainfi ébauchés , qui étoient de forme ovoïde; Je les trouvai garnis de cellules des deux côtés ; ils laiffoient entre eux un intervalle d'un de- mi pouce, par où les abeilles paffoient pour marcher fur les gâteaux : on voit par la chute de celui qu'elles avoient fait tomber en marchant ainfi deffus en trop grand nombre , de quelle néceffité il eft de paffer de petits bâtons en croix dans les riTches pour foutenir les gâteaux : les abeilles ne manquent pas d'y attacher leur cire , comme on peut l'ob- ferver dans les vieilles ruches. Quand je confulere le nombre des abeilles qui travaillèrent à la conf- truftion de toutes ces cellules , je ne fuis plus 11 étonné qu'elles aient pu faire autant d'ouvrage en fi peu de jours , même par le mauvais temps ;, mais ce qui me paroît digne de remarque , c'eft qu'une feule femelle ait pu dans un efpace de temps auffi court pondre un fi grand nombre d'œufs, les placer dans tout autant de cellules dlftinftes & les y attacher, attendu fur-tout qu'il falloit au moins que la bafe perpendiculaire des gâteaux fî^it achevée auparavant : ce qu'il y a encore de remarquable , c'eft que ces . petits œufs éclofent en fi pe« de temps , & que les vers qui en pro- viennent prennent un accroiffement auffi rapide : je terminerai enfin ces obfervations par la récapitulation de tout ce qui fe trouva dans cette ruche. Mâles l '. '. • Femelle .... Ouvrières Cellules d'abeilles ordinaires Œufs .... Vers .... Cellules remplies de cire brute Cellules qui avoient fervi déjà à ferrer du miel. Total 33 I 5635 339^ 45 150 6i 136 9554 EXPLICATION. ACADÉMIQUE. EXPLICATION DES FIGURES QUI ONT RAPPORT A L'HISTOIRE (ks Abeilles , G" qui ni fi trouvent point expliquées dans Is texte. SwAMMERDAM» Histoire des Insecths, PLANCHE XVII. LA Flg. III. repréfente une abeille ordinaire , dont les parties font dé- tailliics dans la figure fulvante. La Fig. IV. eft une efqulffe de la même abeille , dans laquelle toutes les parties externes font défignées pas des lettres. aa Les deux grands yeux de l'abeille ordinaire , qui font beaucoup' moins confulcrables que dans le mâle. i Les trois petits yeux ficucs entre les deux autres. ce Les deux antennes. d La lèvre écailleufe , plus confidérable dans l'abeille ouvrière , que dans le mâle. ee Les deux dents aiTcz longues dans l'ouvrière; elles font moindres dans la femelle , & très-courtes dans le mâle, /La trompe, beaucoup plus longue dans l'ouvrière que dans le mâle, g Le corce'.et arrondi , garni en defiiis d'un rebord écailleux fur fa par- tie pollérieure , à l'endroit de fa commiffure avec le ventre. h h Les deux ailes (iipcrieures. a Les deux ailes intérieures moindres que les premières^ k k Les deux jambes de la jjremiere paire. // Les deux jambes de la deuxième paire. mm Les deux jambes de la troifieme paire ; elles font plus grandes que' les deux autres paires , fur-tout quant à la partie que j'appelle le pied. nn Les crochets des pieds. 0 0 La partie de ces jambes que j'appelle la jambe proprement dite ^ laquelle cil jointe par une de fes extrémités au pied, & par l'autre à 1» «uiffe. p Le ventre. q L'aiguillon. La Fig. V. repréfente une abeille femelle , appellce fort impropremenr le roi des abeilles : on peut comparer cette figure avec la précédente &l avec la fuivante qui repréfente le mâle , pour voir en gros la différence-' qu'il y a entre ces trois fortes d'abeilles, quant à l'extérieur. La Figure VI, repréfente le mâle de l'abeille. I"*»^ ^- A a a 370 COLLECTION X. poil de Tabcille vu au microfcope a fa tige, h h fes branches SwAMMERDAM. 1"i reffeinblciit aux barbes d'une plume, c extrémité de la tige. HuTOiRE DES Insectes. PLANCHE XVII L La Figure I. repréfente les vifceres de l'abeille. mm Partie poftérieure du dernier anneau du ventre; elle efl: garnie de poils, & elle donne iffue à l'intellin reftum. nn Les fix pièces écailleufes qui s'articulent avec les branches de l'ai- guillon. o o Les deux appendices qui accompagnent l'aiguillon , & qui font lîtuées à droite & à gauche de l'intellin Si de l'aiguillon. p La véficule du venin. qq Les extrémités aveugles du tuyau fecrétoire qui s'inlére dans la véficule. Nta. Lis autres parties ont ctc expliquées dans le texte. La Figure III. montre plus diftinftement l'aiguillon & quelques-unes de fes dépendances. a L'extrémité la plus groffe de l'étui où fe décharge la liqueur ve- nimeufe. b L'extrémité la plus pointue de l'étui où la liqueur venimeufe eft por- tée par deffous les branches de l'aiguillon. ce L'endroit où les bords oppoiés de l'étui font avance & retiennent en place les branches de l'aiguillon qui lont logées dans fa cavité : cela fe voit encore mieux fous les lettres dd dd Les branches de l'aiguillon logées dans la cavité de l'étui & rete- nues en place par deux avances que forme l'étui à l'endroit marqué, ce ee Les languettes ou bords recourbés de l'étui qui font reçues dans les rainures des branches de l'aiguillon, lefquelles rainures finiffent en / & en g : au moyen de cet agencement , ces branches font retenues dans leur étui, & cependant peuvent aller & venir librement entre (es bords recourbés comme par un mouvement de touliffe. / L'une des branches de l'aiguillon , qui eft ici un peu plus pouffée en avant dans fon étui que l'autre , de forte cependant que la pointe cil en- core entièrement cachée dans l'étui. g L'autre branche plus retirée en arrière : ce qui aide à concevoir com- ment l'aiguillon peut s'enfoncer de plus en plus dans la plaie , chacune de ces branches étant garnie vers fon extrémité de dix dentelures crochues &C dirigées vers la bafe de l'aiguillon. k La cavité de l'étui dans fa plus grande largeur. i L'endroit le plus étroit de la cavité de l'étui. rrr Efpeces de cartilages fervant-au lieu de miifcles à mouvoir les bran- ches. ttt Parties poftérieures des branches de l'aiguillon, efpeces de ligaments qui fervent à les étendre &C à les alonger. X La véficule du venin. ACADÉMIQUE. 371 y Partie du t\iyau fccrétoirc qui apporte la liqueur vcnimcufc, «m- m ■■— ■ ? Conduit excrétoire de la vcficule du venin. <;,..,..,,„ ^ '^w AiMMERDAM t Histoire des La Figure VII. repréfente un nid ou une ruche de bourdons. Insectes. a Partie de cette ruche contenant dix-huit cellules. b Autre partie de la même ruche contenant huit cellules. c Cellule vuide , ouverte. d Pièce irrcgiilicre de cire qui étoit adhérente à une cellule, dans la- «[ucllc on a trouvé fix œufs. t Pièce irréguliere de cire qui ctoit adhérente à une autre cellule dans laquelle on a trouvé dix-fcpt œufs. / Pièce irréguliere de cire qui étoit adhérente à une autre cellule dans laquelle on a trouvé vingt-trois œufs. ^ Partie détachée des cellules qui renfermoient des vers. h Ver tiré de fa cellule , & fur le point de fe transformer en nymphe. /' Grand ver, tel qu'on en a trouvé deux dans une cellule fermée. k Ver plus grand que le précédent , & qui a été trouvé fcul dans une cellule. / Cellule diyifée en deux chambres , dans l'une desquelles il s'efl trou- vé deux petits vers , & dan» l'autre deux vers \\n peu plus gros. m Ver tel qu'on en a trouvé trois dans une cellule. n Ver tel qu'on en a trouvé quatre dans une cellule. o Cinq œufs de bourdons dans une fituation droite, & collés parleur extrémité inférieure fur laquelle ils fgnt pofés. PLANCHE XXL La Figure XIII. repréfente une ruche de guêpe de la plus petite efpece. a Guêpe de cette ruche. hb Guêpier qui eft fait à-peu-près comme une pomme. ccc Trois enveloppes de ce guêpier. d Ce guêpier brilé en quelques endroits. e Cellules hexagones dans lefquelles fe trouvent les œufs. La Figure XIV. eft celle d'un guêpier qui n'a aucune enveloppe , & quieft fimplcmert compofé de cellules jointes les unes aux autres : je l'ai trouvé attaché à une ortie. Nta. Uauuur parti dans U uxu de cette ruche , comme d'une ruche de fre- lons. , «ï> <^ *î» , . *h ^ , Aa a 2 Î7* COLLECTION swammïrdam. Histoire des Ik§£CT£S, ÉNUMÈRATION DES INSECTES QUI A P P A RT lE N N E NT au fécond genre du trcijeme ordre de transformation dans tquel Ij nymphe prend le nom d: chryfalïde. JE paffe maintenant à la defcription des infeftes qui appartiennent bien à la vérité à mon troifieme ordre , mais dont j'ai cru devoir faire un iccond genre , parce que la forme de chryfalide lous laquelle ils éprou- vent le développement de leurs membres , ne laifl'e pas appercevoir tou- tes leurs parties aufli diftinftement que la forme de nymphe qui carafté- rife le premier genre; quoi qu'à dire vrai, ces deux fortes de transforma- tions ne différent l'une de l'autre qu'accidentellement. Je place dans ce fécond genre premiérenvent les papillons diurnes , ou papillons de jour, qu'on appelle en Hollande Vlindcrs & Pennevogels, & qu'on ne diftingue les uns des autres parmi nous ordinairement que par deux ou trois noms particuliers Witkens, Botercappdkn, Schoenlappers, Al- buli, Butyracd, Ccrdoncs. (a) Entre ces papillons diurnes , il y en a qui font comme engourdis , & d'autres qui font toujours en mouvement : j'en ai de quatre- vingt cinq el- peces dont trente-quatre font étrangères & me viennent d'Afrique , d'A- mérique , du Brefd , d'Efpagne , de France , & de quelques autres en- droits : de ces quatre-vingt-cinq efpeccs, il s'en trouve vingt-deux gran- des trente petites , & trente-trois de moyenne grandeur : je conferve auffi quelques unes de leurs chenilles & de leurs chryfalides , & quelques larves (^) qui ^^"t encore chenilles par une de leurs extrémités, & chry- falides par l'autre : je puis même démontrer aux yeux comment le pa- pillon eft placé au dedans de fa dernière enveloppe lorfqu'il eft dans cet état que je nomme chryfalide, & comment toutes fes parties, quelque petites qu'elles foient , peuvent être néanmoins diftinguées dès-lors par leurs différentes couleurs ; enfin, comment ks ailes commencent à s'étendre (à) Albuli font les papillons blancs , comme ceux du chou ; Butyracd font les jau- rià; Cerioncs font le papille ûs tachetés , comme ceux de l'ortie. {■/>■) J'-i traduit ve-mb en cet endroit par le mot larve pour éviter l'abfurdité qu'il y auroit à dire d<:s vers qui font encore chenilles : on entend aujourd'hui par larve , l'état de l'inlefle deouis qu'il eft forti de l'œuf jufqu'i la transformation en chryfalide ou en nymphe l'état où il rampe & prend fa nourriture : ce nom convient également a la chenille & au ver, & il fignifie une efpece de mafque ou d'enveloppe qui cache 1 m- fcae ailé qui doit en provenir , ce qui répond partaitement aux idées de Swamraerdam. ACADÉMIQUE, 373 iîans rinftant qu'il a quitté l'es dépouilles : je conferve même les barbil- .i..MiH»ia>Mi Ions , les inteftins , l'clîomac & la trompe de quelques papillons : de plus T je luis en état de faire voir dans le papillon lorfqu'U eft prêt à quitter fa Histoire d£> •dernière peau , toutes les couleurs de lés ailes qui paroiflént déjà à tra- Insectes. vers cette peau, & qui plus eft, de démontre^ dans la chenille même toutes les parties du papillon qui en doit ibrtir. J'ai trouvé l'art de reprélenter en plâtre les papillons avec leurs ailes fans employer aucune couleur étrangère ; c'eft un fecret dont je ne lâ- che pas que perfonne ait encore parlé : j'en pourrai faire part quelque jour aux curieux, ainfi que de la manière de fouffler les chenilles, ou de les injefter de cire, de fuif, de plâtre ou d'autre -matière pour les con- ferver ; ce qui fe pratique trcs-utilement, fur-tout à l'égard des chenilles velues dont les couleurs font plus fixes : j'expoferai aulTi comment on peut étendre les ailes des infeftes en différents fens & leur donner leur forme naturelle ; comment on peut faire paroître celles qui font encore cachées dans leur enveloppe, -les déplier, les étendre de la manière qu'on voudra , & les delTécher. J'expliquerai auffi, fi le temps me le permet, par quel artifice on peut faire devenir leurs ailes monftrueufes & y faire naître des tubercules des empoulles & autres inégalités lemblables : enfin , je pourrai commu- niquer plufieurs expériences curleufes , également utiles aux médecins & aux phyficiens, touchant le développement de ces ailes & le mouvement des humeurs qui y abordent. Fabius Cokimna a prétendu reconnoître par les aliments des chenilles qu'elles étoient les plantes de même vertu ; il affure que les différentes plantes dont une même efpece de chenilles fe nourrit , ont les mêmes propriétés & les mêmes carafteres : d'autres Naturaliftes vont plus loin. & prétendent que chaque efpece de ces infeftes ne vit que fur une feule efpece de plante , ce qui femblerolt infinuer que plufieurs plantes que nous reprdûns comme différentes, devroient être rapportées à une feule &: même efpece^ des qu'on verroit la même efpece de chenilles s'en nour- rir ; mais tout le monde ne convient pas de ce fait : au contraire , il eft prouvé par l'expérience , comme l'a fort bien remarqué Moufct , qu'il y a des chenilles vagabondes (a) qui ne fe contentent point d'un^ feule plante pour leur nourriture , mais qui mangent également de toutes les plantes qui rongent les feuilles de tous les'arbres qu'elles rencontrent fans s'allreindre à aucune efpece particulière : j'ai vu moi-même une che- nille qui vit ordinairement fur le chou , manger des. feuilles de mûrier • je l'ai trouvée encore fur plufieurs autres plantes oii elle alloit manger d'elle-même : je garde encore l'œuf du papillon qui eft forti de ceue chenille : cet œuf eft d'une forme très-élégante , il reflcmble à une ef- pece de petit nœud , cannelé & entouré d'une petite bande circulaire de couleur de pourpre. Aldrovande a décrit cent dix-huit cfpeccs de papillons, tant Pofturnes ^ue diurnes. Moufct en donne quatre-'singt fix : on n'en trouve que cin- (^) Ambulones. 374 COLLECTION quante dans les figures que nous avons d'Hoefnagel ; enfin , Gocdaert a Sha.mmerdam. reprélenté loixante-dix-iept papillons nofturnes , & huit diurnes ; mais Histoire des tous ces auteurs n'ont parlé que de la fimple métamorphofe de ces in- Insect£s. fcftes , fans entrer dans aucun détail , & même Hoefnagel n'en a donn^ que les figures. Goedaert a décrit à la vérité la mouche du fromage , mais il n'en donne pas l'hiftoire , il ne fait qu'expofer feulement les trois états de ver, de nymphe & de mouche, par où cet infefte paffe : d'ail- leurs la figure qu'il a donnée du ver, n'efl: pas bien exafte. Mais il y a bien d'autres chofes à obferverdans les transformations de tous ces infeôes , & beaucoup de phénom.enes à décrire qui font également cu- rieux &c importants ,* & dont tous ces auteurs n'ont pas dit un feul mot: ils auroient plus fait afl'urément pour la phyfique, s'ils euffent feulement décrit d'après nature la transformation d'une fimple chenille, pour fervir d'exemple aux transformations de tous les autres infeftes, qu'en repré- fcntant , comme ils ont fait, les différentes efpeces de chenilles & leurs nymphes avec leurs diverfes couleurs : mes obiérvations précédentes ont déjn fait voir les progrès que j'ai faits dans cette étude importante & négligée : j'efpcre dans les recherches qui me relient à expofer , faire voir encore plus nettement l'ordre que fuit la nature dans fes diverfes opé- rations l'.ir les plus petits animaux. Tandis que je faiibis imprimer cette Hijloire des^ infectes , j'ai reçu de M'. Thevenot les obiérvations de M^. Malpighi fur le ver-à-foie, que la Société Royale de Londres vient de faire imprimer cette année ( 1669.) cet obfervateur eft le feul, après André Libavius, qui ait dit quelque chofe de vrai fur les développements & les transformations des vers-à- foie ; il avoue cependant lui-même qu'il a été conduit à cette découverte comme par hazard ; je ne puis mieux faire que de tranfcrire ici lés pro- pres paroles , d'autant plus qu'elles contiennent des vérités intérefTantes. « Enfin, au bout de quatre jours, dit il, dans le temps que le cœur du » ver-à-foie commence à fe mouvoir plus lentement & que fon corps fc « rétrécit, l'animal fe dépouille de fon enveloppe extérieure & paroît fous » une nouvelle forme qu'on nomme chryfalide : ce dépouillement fc fait » dans leipace d'une minute & dix fécondes, de la manière que je vais » rex43ofer, & comme je l'ai vu par hazard s'exécuter fous mes yeux: » d'abord le cœur bat avec une très - grande vîtelTe , on apperçoit des » mouvements convulfifs dans toute l'habitude du corps , en forte que >t chaque anneau fe gonfle & s'élève fucceffivement. La peau extérieure » fe féparede l'intérieure par une conftricfion tranfverfale des côtés ; en- » fiiite on voit paroître tout à coup une groffeur confidérable du côté » de la tête : la vieille peau eft pouffée en embas, & entraîne avec elle » des portions de trachées qui fe détachent de leurs orifices extérieurs : » ce mouvement fait fendre la peau fur le dos tout auprès de la tête , V & le refte du corps fort par cette fente , tandis que la vieille peau fe .» retire petit à petit du côté de l'anus, à quoi elle eft aidée par l'efFet » d'une liqueur jaune , ichoreufe qui fort des cavités du crâne , de façon que » la chryfalide paroît enfin libre & dégagée entièrement de la peau qui » l'enveloppoit. ACADÉMIQUE, 375 « Tandis que ranimai fe tire de fa peau de chenille, on voit fortir «»»«i— —1— » de deux cavitcs du crâne les deux antennes qui paroiirent alors aflez Sv/ammerdam. » grofles &C d'une fublhince muqueu(e ; elles ibnt léparées du refte du Histoire des » corps de la chrylalide , excepte à l'endroit où elles s'implantent : elles Insectis. » font roulées dans la même place qu'occupoient auparavant dans le ver- » à-foie les deux mufcles des mâchoires : on voit pareillement les ailes » &C les jambes bien marquées dans tout leur contour : les jambes (or- » tent du même endroit où étoient les jambes antérieures du ver, les ai- » les font placées aux parties latérales du dos , qui auparavant étoient » teintes de pourpre ; mais comme toutes ces parties font encore nuiqueufes, » elles s'attachent ailément l'une à l'autre, & lé collent fi bien à me- » fure qu'elles fe féchent , qu'elles paroilTent ne former qu'une envelop- >♦ pe à la chryfalide : ainfi comme tous ces membres appartiennent au » papillon , il paroît que l'organifation de cet animal efl: préparée de plus » loin , &C que Ion origine remonte plus haut qu'on ne croit communé- » ment; puifque dans le ver-à-foie , même avant qu'il fe file fa coque, »> les rudiments des ailes font déjà cachés fous le fécond &: le troifieme » anneau , & qu'on apperçoit des-lors dans l'intérieur de fon crâne les » premiers traits, & pour ;unfi-dire , les ébauches des antennes, qui ne »> doivent parvenir au terme de leur accroiffement qu'après que l'infecte » aura achevé la coque : de forte qu'on peut raifonnablement affurer que ♦< ce nouvel état de chryfalide , n'ell autre chofe qu'une efpece de maf- » que ou de larve, qui couvre & qui voile le papillon déjà tout formé, » lequel fe développe & fe fortifie fous cette peau (ans être expoie au » choc des corps étrangers, comme le fétus s'accroit & fe développe « dans la matrice. » Ces obfervalions font parfaitement d'accord avec celles que j'ai faites en préience du Grand Duc de Tofcane, dans le temps qu'il voyageoit en Hollande , comme je l'ai dit ailleurs : au refte, dans tout cet ouvrage je -n'ai décrit du ver- à -foie aue le cerveau, la moelle épiniere , & les parties de la eénération du mâle qu'on peut voir (Pl.XlII.Fig.L). ^ S H F Parmi les papillons que je conferve dans mon cabinet , il s'en trouve plufieurs qui ont été -décrits par Aldrovande, Moufet, Goedaert & quelques autres Naturalilles ; je ne parlerai pas ici de ceux-là , ni même de leurs chenilles : parmi ces chenilles , les unes font velues , les autres rafes, il y en a qui ont une queue, d'autres ont ou des antennes, ou des épines , ou des bandes , ou des taches , ou des raies , ou des tu- bercules , ou des houppes , ou des broffes ; les unes ont plus de couleurs diveries , les autres moins : outre cela, il y a encore des différences dans le nombre & dans la forme des jambes; il s'en trouve qui ont la tête faite comme celle d'un cochqp , ou d'un chat, ou d'un rat; il yen a d'autres qui femblent porter un étendard ( injîgnc ) (rf) enfin , il y a des chenil- les de mille formes différentes , de toutes fortes de couleurs , &C par con- féqucnt il n'cfl guère poffible de donner une defcription de chaque el- (a) Swatnmerdam ve« parler apparemmeut de cette appendice charnue en forme d'Ygret , qu'on voit 5' élever de temps en temps fur une certaine efpece de chenille. » 37*5 COLLECTION pece : c'ell pour cela l'ans doute que Goedaert a mieux aimé les repré- Svir^MMERDAM. 'enter d'après nature. Histoire des A l'égard des papillons eux-mêmes, on ne fauroit fe laffer d'admirer Iksectes. leur beauté : il y en a parmi eux (je parle toujours des papillons diur- nés) dont les ailes ibnt fi éclatantes, que la queue du paon & les plus belles plumes de l'autruche ne peuvent leur être comparées : elles femblent famées de perles & de diamants, dont l'éclat eft encore relevé par les couleurs les plus vives du (aphir , de la turquoife & du rubis : on en voit dont le fond paroît de nacre de perle, recouvert de lames d'or & d'argent & de bronze, & qui jettent des reflets fi brillants, qu'ils ne le cèdent pas aux couleurs de l'arc-en-ciel : ce n'étoit pas aflez que la nature leur pro- diguât tout ce qu'il y a de plus beau en couleurs , elle leur a encore donné quatre ailes , dont l'une eft répétée dans l'autre comme dans un miroir , quoiqu'ils eufl'cnt affez d'une feule paire d'ailes pour fendre l'air & pour y voltiger comme ils font : on peut s'affurcr de ce que je dis, en coupant les deux ailes poftcrieurcs à un papillon , il n'en volera pas avec moins de légèreté : parmi ceux que je garde , les uns ont les ailes ovales , les autres les ont rondes , d'autres oblongues , enfin , il y en a qui les ont dentelées : mais ce qui eft extrêmement rare , j'en ai un entr'au- tres dont les ailes font membraneufes d'un côté , & farineufes de l'autre , de forte qu'elles paroifl'ent formées d'une membrane tout-à-fait nue d'un côté & recouverte de petites plumes ou écailles de l'autre : j'en ai aufîi quelques-uns, dont les ailes inférieures- fe terminent en manière de queue pointue , & d'autres qui les ont terminées en forme de bouton , comme font les antennes en mafl"e : mais c'en eft affez pour les papillons diur- nes; je paffe aux papillons nofturnes. Je place donc en fécond lieu dans mon fécond genre de l'ordre des chryfalides, les papillons nodurnes , qu'on appelle aufiî phalènes : j'en ai cent quatre-vingt-treize efpcces : favoir, treize des plus grandes, vingt- huit d'une moyenne grandeur , quatre-vingt-fix plus petites, & foixante- fix de la plus petite efpece : dans ce grand nombre de phalènes , il s'en trouve trente- cinq que Goedaert a décrites chacune avec fa che- nille, & dont il a donné la figure au naturel : outre cela j'ai quinze on feize efjjcces de chryfalides , dont les unes font rafes ; les autres hériflées de poils , dépouillées de leur ancienne peau, d'autres marquées de ban- des colorées, quelques-unes fans couleur &: à nud, quelques autres en- fermées dans des coques, à travers leiquclles ont voit paroître leur cou- leur : je conferve aufîi les œufs de quelques-uns de ces papillons : il y en a de couverts de poils , d'autres entourés d'une efpece d'écume ; enfin , les uns Ibnt enveloppés d'ime manière, les autres d'une autre r de plus, je garde dans mon cabinet quelques coques fingHlicres & très-jolies, les unes faites en manière de rcfcaux , les autres en forme de membranes , dans lefquelles ces infeftes favent s'enfermer avec une adreffe finguliere, îorfqu'iis font prêts de fe changer en chryfalides ; de ibrte qu'on a peine à comprendre comment ils peuvent fe tenir dans des prifons auffi étroites , & travailler un tiffu aufii iolide , étant gênés comme ils le ibnt. . Les. p'nalenes ne font pas les feuls inledes q^iii volent pendant la nuit, l'ai* ACADÉMIQUE. 377 l'air eft encore rempli d'une infinité de icarabées & d'infeôes aquatiques ■ i i — »■ d.'5 que le lolei! cl> couché : fi l'on porte une chandelle aiiumée dans la Swammekdam* ç.mpagne pendant la nuit, on en pourra prendre quantité qui feront at- HisTomE des tirés par la lumière. Insectes. Parmi mes phalènes, la plus grande de toutes celles qui fe trouvent en Hollande, vient d'une chenille très -pcrnicieufe, dont les poils font clair-kmés , & qui fe nourrit principalement de l'écorce &c du bois des faulcs. Moufet appelle cette chenille Jpo/!jy!a jjztira : (a) je l'ai nourrie pendant un an entier avec du pain de tromen" Moufet dit que les Gran- des phalènes tuent celles de la petite efpece avec leurs ailes pour les man- ger ; je crois que ce fait eft avancé un peu légèrement, puifqu'il eft cer- tain que les phalènes n'ont qu'une trompe tabulée : d'ailleurs la plupart de ces infeftes , dès qu'une fois ils font propres à l'afte de la généra- tion , ne cherchent plus de nourriture, & oubliant entièrement leurs an- ciennes rufes , ils ne s'occupent plus que du foin de perpétuer leur ef- pece : il eft vrai que les uns y travaillent plutôt, les autres plus tard, fuiyant que leurs œufs acquièrent plus ou moins promptement leur ma- turité dans le temps qu'ils font encore dans l'état de nymphe , & même dans l'état de chenille ou de ver : il faut en excepter cependant les in- fectes qui ont l'inftincl de nourrir leurs petits, & qui vivent plus long- temps ; au lieu que ceux qui n'ont pas cet inftinft , meurent auftl-tbt après avoir latisfait à l'œuvre de la propagation : ainfi dans tout ce qui arrive à ces petits animaux , la nature femble n'avoir en vue que la con- fervation des efpeces , comme il paroît par mes obfervations fur les abeil- les : tous ces infeftes cependant ne remplilîent pas de la même manière ces vues que nous fuppolons à la nature ; il y en a qui s'accouplent, il y en a d'autres qui ne connoifTent point l'accouplement, tels que la' de- moifelle qui naît du fourmilion : c'eft pour cela que ces infeâes font obli- gés de dépofer leurs œufs & leur frai fur l'eau comme les poiffons, &C c'eft ce qu'ils font loifqu'on les voit voltiger fur la liirface de l'eau en fe trémouffant. J'ai auffi l'efpece de phalène que Jean Bauhin a décrite dans fon Traité des animaux ailés nuifibles , imprimé en françois en 1593. j'ai repré- ienté ce papillon avec fa chenille & fa chrs-falide ( PI. XIII. Fisg. VI. VII. & VIII.) & je lui ai donné le nom de papillon au vol rapide (pir- nix. ) r \r Entre les papillons nofturnes, il y en a qui font connnus fous le nom de teignes : (/•) ils viennent de petits vers qui rongent les habits, les livres , la pouftiere , & même les feuilles de certains arbres : quelmies- uns de ces vers portent leur maifon par tout avec eux comme les tor- tues ; c'eft ce qu'on verra plus en détail dans mes obfervations particu- W Crf le Cofus de Pline & des anciens : fa Phalène eft nommée dans Linnius, l^hjlc:na Jubuhcornis , cUnguis , alis dcprcjfu mbulofis , ahdomiat annuLis altis. Faun, luec. 812. ^ {h) On donne aiiionrd'hui le nom de teigne au ver lui-même , ou pour parler plu» exactement , a la cheniUe d'où provient le papillon. Tom. K Bbb "^ ,^3 COLLECTION" ^ fieres : la différence qu'il y a entre les teignes &c les antres papillons de SK'AMMERDAM.iniit, c'eft quc !es teignes prennent leur eflbr fiir le champ quand elles Histoire des veulent voler , au lieu -ep-ie les autres papillons battent des ailes aupara- Insectes. vaut, & font un certain bruit, ce qu'on obferve auffi dans d'autres in- feftes qui le préparent ;\ reprendre leur vol après s'être repoféi quelque temps : j'ai donné la iîgure de la teigne de la cire en parlant des sbeil- les (PI. XXLFig. L) Je garde aufll dans moiucabinet cette elpece de papillons, dont le mâle a des ailes, tandis que iF femelle n'en a point : les mâles des fourmis pareillement ont quatre ailes , & de plus ont le privilège de ne point tra- vailler , privilège qui leur eli commun avec les mâles des abeilles , com- me je l'ai remarqué ailleurs : au relie, les mâles de ces papillons dont A j'ai deux efpeces , ont les yeux plus grands que ceux des femelles, comme 1 je l'ai ôbfervé aufli à l'égard des mâles de l'abeille , de la fourmi , de ï l'éphemere & de quelques autres mfeftes : la femelle du papillon qui vient de la chenille perce-bois du Brefil , laquelle porte fon fourreau avec elle, eft pareillement dépourvue d'ailes, autant que j'en puis juger par fa chryfalide que j'ai dans ma coUeftion : j'ai encore une autre ef- pece de papillon dont le mâle feul eft ailé, qui me vient de France : j'en ai donné la figure (PI. XXL Fig. XXIIL ) Je pourrois auiti foire voir des papillons, dont les ailes font faites en manière de plumes : je remarquerai à ce lujet que toutes ces belles cou- leurs dont on voit briller les ailes des papillons , ne dépendent que de petites plumes ou écailles qui différent entre elles par la variété inconce- vable de leur arrangement , comme je l'expliquerai plus au long quand il fera queffion de l'accroiffement prompt & rapide des ailes des pa- pillons. Enfin je conferve auffi un petit papillon qui fuit toujours une ligne droite en volant , & qui a une queue un peu longue : jamais on ne le voit décrire en l'air une ligne oblique & tortueufe , comme font les au- très efpeces de papillons : Arnold Senguerdius penfe comme moi que l'é- galité ou l'inégalité du mouvement de ces infedes dépend principalement ae la queue. ACADÉMIQUE. 379 SwAMM ERDAM Histoire des EXEMPLE DE TRANSFORMATION i-^^^""- Fris du fécond genre du troifieme ordre. PLANCHE XXI. LA Figure XV. repréfente grofll au microfcope l'œuf de la chenille d'un "papillon noSurne (': ces poils font noirs, & de différentes longueurs; leurs extrémités font branchues & reffemblent à des barbes de plumes : on voit auffi fur les côtés deux femblables aigrettes de plumes ce, difpofées en manière de rames, & plus antéiieurcmcnt deux autres plus petites dJ placées tout auprès de celles-ci &C difpofées de la même manière; mais il s'en faut beaucoup que ces dernières aigrettes aient la beauté & l'élj'jrance des autres; leur couleur eff à-peu-près la même que celle des brolfes qui font fur le dos : au rcfte la peau de cette petite chenille eft (j) Le papillon dont Swammerdam va donner la defcrlpfioii , eft nommi dans Lin- nreus ph.ilanu peâmicornis clinguis , aits pljniujcuHs , fupcriorihus macula jltj anpili ani , fitmittj apicrj. Faun. l'uec. Si''. Notr« auteur lui a donné le nom de mire de familU. Bbb % }8o COLLECTION ■— — nm marquée en différents endroits de jolies couleurs , qui lui viennent de SwAMMERDAM ^^''^'''t't'^' ^^ pctites plumes , ou plutôt de petites écailles formées de poils Histoire des courts, &C entremêlées de toutes parts d'autres poils plus longs & plus IniiECtes. lâches e e , le fond de la peau eft d'un rouge brun : on voit llir le der- rière une aigrette / de même lîrudure & de même couleur que celles de la tête : cette efpece de chenilles fe trouve communément en Hol- lande fur les feuilles de prunier & de cerifier, & fur quelques autres : elles ont feize jambes , fix antérieures , tout auprès de la tête , huit in- termédiaires dans le milieu du corps, &i deux pollérieures à l'extrémité , fous l'endroit où eft placé l'aigrette de la queue. La Figtu'e XVIII. fait voir la coque que s'eft filée cette chenille , &aii dedans de laquelle elle fe tient tranquille ; elle commence déjà à n'avoir plus de mouvement vers le corcelet ; on peut voir même qu'elle eft plus grofle & plus renflée en cet endroit, parce que les membres qui avoient pris de l'accroiftenient fous la peau, fe gonflent peu à peu, ce qui fe re- marque principalement du côté de la tête vers le troifieme & le quatriè- me anneau b ; il faut cependant qu'avant de quitter fa peau de chenille , elle devienne tout-à-fait immobile , qu'elle fe gonfle encore bien davan- tage vers le corcelet, & conléquemnient que la longueur de fon corps diminue, à caufe des humeurs qui refluant de toute la partie poftérieure fe portent toutes dans ce même endroit ; on reconnoît aufîi dans cette figure comment l'infefte par les différents mouvements en tout fens qu'il s'eft donné pour faire ia coque , a détaché la plus grande partie de fes 'poils & de fos petites plumes, dont il a garni le dedans de fa coque, & dont il a fait une eipece de Ht de duvet à la chryfalide : d'ailleurs , tous ces poils ainfi difperfés & tenant aflez lâchement à la coque , faci- literont auffi les changements de peau de l'infefte, & feront emportes avec la dépouille de la partie antérieure de la chenille, vers fa partie poftérieure. La Figure XIX. repréfente cette même chenille qui vient de quitter tout-à-fait fa dépouille , & qui paroifl'ant maintenant fous la forme de chryfalide i. i. 3. laiflfe appercevoir les membres de l'infede qui en doit naître ; car , quoiqu'on ne diftingue pas aufll facilement les parties du papillon dans les chryfalides que dans les nymphes , comme je l'ai déjà dit, il n'en eft pas moins vrai que la chryfalide elle-même n'eft autre chofe que le papillon , dont toutes les parties font comme emmaillottées dans une nouvelle enveloppe. La chryfalide i. préfente déjà la forme du papillon mâle qui commence à fe débrouiller. La chryfalide 1. repréfente plus diftinftement les membres de ce papillon ; ces membres font un peu écartés du corps pour être mieux vus. a La tête du papillon & fes deux yeux, au deffous defquels eft fituée la trompe , le long du corcelet , entre les deux jambes fupérleures. i b Les antennes .& leurs enveloppes tirées de leur fituation naturelle. c c Les fix jambes aufll écartées du corps de la chryfalide, dd Les ailes fiipérieures & inférieures, encore dans leur pofîtion , & comme elles font arrangées naturellement dans la chryfalide. ACADÉMIQUE. jSr e Les anneaux du ventre fur lefquels on remarque quelques poib qui font rcftcs malgré le dépouillement de la chenille, ainfi qu'à la tête. SwAMMERm^r. La chryfalide 3. fait voir toutes les parties de la femelle, mais fans être Histoire des dérangées en aucune façon de leurpofition naturelle : on voit que la chryla- Insectes. lide de la femelle diffère de celle du m;tle ; premièrement par la forme des antennes, en deuxième lieu, par rapport aux ailes, enfin, par la grof- feur du corps : ces trois différences paroîtront encore d'une manière plus fenfible dans l'explication de la Figure XX. Au refte , il faut fe rap- pciler que les différents arrangements des parties dans les chryialides, ne conftituent pas des ditTérences effentielles entre celles des diverfes e(pe- ces d'infeftes , mais que toutes ces différences ne font qu'accidentelles &C ne dépendent que du plus ou du moins de grandeur èc de longueur des parties ainfi cachées fous l'enveloppe de chryfalide. Enfin , la Figure XX. repréfeiite le même animal qui vient de quitter fa dernière dépouille , fon fourreau de chrylalide, & qui paroit enfin fous la forme de papillon : lorfqu'une fois les inlecles ont pris cette dernière forme, ils ne crolffeni plus, ils n'éprouvent plus aucun changement, au- cune métamorphofe , ils ne s'occupent plus que du foin de perpétuer leur efpece : le papillon dont je viens de fuivre ici les différentes transforma- tions , eft de la claffe des papillons nofturnes : on peut voir dans cette même Figure fes antennes au, fon corps grêle & alongé b , &c fes qua- tre ailes ce, il n'y a que le mâle dans cette efpece qui ait des ailes, la femelle n'en a point. (-) Dans la Figure XXI. on voit la manière dont les œufs de notre pa- pillon font collés à la coque même dans laquelle il a fubi fa dernière transformation : j'entrerai plus bas dans un plus grand détail fur cela ; on peut voir auffl le trou par où le pa])illon eft forti de fa coque. J'ai repréfenté (Fig. XX.) le papillon mâle avec fes jolies antennes, fon corps menu & (es quatre ailes étendues. Dans la Figure XXII. je re- préfenté maintenant la femelle , afin de faire obferver les différences qu'il y a entre l'un & l'autre. aa Sont les ant-ennes : elles font beaucoup moins jolies que celle du mâle. i> Marque le corps qui eft gros & renflé. ce Montre de légères apparences d'ailes. ~ <^ Il patoît donc qu'on pourroit , abfolument parlant , regarder cette fe- melle comme dépourvue d'ailes : en revanche fes fix jambes font très- vifibles, au lieu que dans le mâle elles font tellement cachées fous les ailes , qu'on ne peut appercevoir que les deux de devant , entre les antennes & les ailes iuperieures , comme cela paroît (PI. XXI. Fig. XX.) C'eft lans doute parce que cette femelle n'a point, ou prelque point d'ailes qu'elle garde toujours la maifon comme ime bonne mère de fa- mille, &C qu'elle colle même fes œufs à la furface de la coque où elle eft née fans jamais les quitter : c'eft une particularité que je n'ai encore ob- fervée dans arcune autre efpece d'infedk-s, & c'eft ce qui me feroit ap- peller la feiuelle de cette elpece la mère de famille, fi j'avois un nom (•>) Oi! plutôt paroît n'en point avoir ; ces ailes ne font vifibles qu'à la loupe de Ja femelle . 3S^ COLLECTION à lui donner, & le mâle pareillement le père de famille, à caiife de l'afliduité SwAMMtRDAM. q^'il "larquc à fa femelle , & du foin qu'il a de la venir retrouver pour ï!isTO!iE DES féconder les œufs. Insectes. Cette femelle eft extrêmement féconde : tout fon ventre eft plein d'oeufs que l'on diftingue très-bien à travers la peau , qui efl excefTivement mince en cet endroit, & qui s'applique exaéîement liir les convexités de tous ces œufs , en s'infinuant dans les petits interfaces qui les féparent les uns des autres , de manière que le ventre de cet infefte refîemble en quelque forte à une grappe de raifin : il faut feulement difféquer un peu la peau du dos & la renverfer fur la partie poflérieure, pour voir très-difïinc- tement la manière dont ces œufs font placés. Leur forme eft ronde, le dcffus efi: marqué d'une bande annulaire de couleur de pourpre, le def- fuis eft d'un blanc luifant , comme fi c'étoit de petites perles : ils ont une coque i\ dure, que jamais ils ne s'atfaifTent en fe defféchant à l'air, mais ils confervent toujours exaftement leur figure, comme tous les œufs qui ont une coque dure; au lieu que ceux qui n'ont qu'une enveloppe mince & membraneufe , tels que ceux des abeilles & de plufieurs au- tres infeftes , s'aifaifTent tellement en fe defféchant, qu'ils viennent pref- qu'à rien. Mais ce qui mérite d'être remarqué, c'eft que dans notre infeôe, lors même qu'il n'cft encore que fous la forme de chenille , on peut déjà ap- percevoir les rudiments de ces petits œufs , qui dans la fuite lorfqu'il s'efî mis en chryfalide, paroifTent avoir acquis plus d'accroiffement , & qui enfin ont leur dernier degré de pcrfedion lorfqu'il eft devenu papillon : dans le corps de la chenille ils paroifTent encore d'une fuLfiance aqueuie, ils femblent membraneux & flexibles dans la chryfalide , enfin , dans le papillon même ils font fermes & ont une véritable Coque , qui n'cft pas fort différente de celle des œufs de poule par fa dureté ; c'eft pour cela qu'on les entend craquer lorfqu'on les caffe. Avant que de finir Thifloire de ce papillon, je crois qu'il eft à pro- pos d'ajouter quelque chofe iur la difpofiîion de fes membres d'ans Féiat de chryfalide, afin qu'on puilfe comparer cette difpofition avec Celle qui s'obferve dans la nym.phe, &: qu'on foit en état de déterminer la diffé- t* rence qu'il y a entre l'une & l'autre : dans les premiers moments que les chenilles paroifTent fous la nouvelle forme de chryfalide , leurs membres font encore tendres , foibles , mous , abreuvés de beaucoup d'humidité ; ils ne différent p«s alors de ceux de la nymphe ; mais peu à peu les mem- bres de la chryfalide fe rapprochent , fe ferrent & fe collent ou s'ap- pliquent exaftement l'un à l'autre : on diroit qu'ils ne forment plus tous enfemble qu'une même peau lifTe d'une feule pièce , qui enveloppe la chrjialide : au lieu que dans la nymphe les membres ne fe collent pas ainfi l'un à l'autre , mais ils reftent toujours placés l'un à côté de l'au- tre , & ne font que fe toucher fans (é confcindrc , de manière qu'on peut toujours les diftinguer ; c'cff-là la véritable différence qu'il y a entre la nymphe & la chryfalide. Mais quelle peut être la raifon pour laquelle les membres de la chry- falide fe collent abfi l'un à l'autre & femblent fe confondre ? je trois que ACADÉMIQUE. . 3S.Î cela vient de ce que la pellicule qui revêt la chryliillde aux endroits oii les membres le touchent & doivent s'unir en une maffe, eft beaucoup S^vammeudam. plus mince qu'aux endroits expofés à l'air : sa lieu que la peau qui Histoire les enveloppe tous les membres de la nymphe, a par tout la même épaiU wsectls. feur ; il cil vrai cependant qu'il y a quelquefois dans les nymphes mê- me certaines parties recouvertes par une pellicule qui u'efl: pas d'une épailleur égale par tout : ce que je dis a lieu principalement lorfqu'il y a quelques membres qui font couchés l'un fur l'autre : tels font par exem- ple les fourreaux des ailes : leur tiffu eft beaucoup plus mince du côté qui regarde le corps, que du côté qui eft expofé à l'air : ainfi il y a des nymphes qui reffemblent à cet égard aux chryfalides. On ne fauroit s'imaginer quelle eft la tinefle & la ténuité des enve- loppes qui recouvrent" les membres de la chrylhlide dans l'endroit oîi ils font collés enfemble : la lame externe, à la vérité, qui fert d'enveloppe commune à toutes ces parties , eft épaifle , forte , dure ; mais la lame interne eft auffi fine , aufli molle , aufïï mince qu'une toile d'araignée : cette cuticule eft même quelquefois d'une telle rinefle , qu'étant expofée aux rayons du foleil , elle préfente les différentes couleurs de l'iris , comme les fils d'araignée les plus fins. On conçoit bien maintenant pourquoi il y a beaucoup de papillons qui naiiTent contrefaits : cela arrivera toutes les fois que dans le premier inC- tant de la transformation les membres de la jeune chryfalide ne fe trou- veront pas bien arrangés ôZ empaquetés com/ne il faut : ce cas n'eft pas rare ; j'ai même vu périr plus d'une fois des papillons pour cette feule caufe. L'art peut ici encore déranger la nature , & il eft très -facile par ime certaine manœuvre de fiiire venir des papillons aufTi contrefaits qu'on le jugera à propos ; je puis auft'i très - facdement féparer l'un de l'autre tous les membres d'une chryfalide &i les décoller ; il eft vrai que ces mem- bres ne s'étendent jamais naturellement davantage, pas même dans le temps que la chryfalide fe change en papillon ; car les dépouilles qu'elle doit quitter ne le fendent jamais en plus de trois ou quatre endroits , parce qu'alors au moindre mouvement les pellicules minces , dont les membres de l'inléde font immédiatement revêtus , achèvent de fe rom- pre avec la dernière facilité, de forte qu'il n'eft pas befoin de tirer cha- que membre l'un après l'autre de f'on enveloppe particulière. C'eft fans doute pour n'avoir pas afléz fait d'attention à tous ces phé- nomènes , qiie les Naturalifks fe font imaginés que la chryfalide étoit enfermée dans une feule enveloppe, comme le poulet au dedans de fa coque; tandis qu'au contraire tous les membres de la chryfahde, de mê- me que ceux de la nymphe ont chacun leur enveloppe partlcidiere : ce qui eft incontellable, puifqu'on trouve ces membres déjà toj^jt farmés , avec leurs enveloppes même dans les chenilles & dans les vers , 6c que l'art peut les y développer ; de forte qu'on peut dire avec vérité, que la chenille eft un infecte qiri cache un autre infefte , comme j'en ferai plus bas la démonftration détaillée , afin d'achever d'établir cette vérité im- portante. Il y a plus : dans les chryfalides qui viennent de chenilles velues , il 384 COLLECTION ,,,1, ... ~.m.— nj n'y a pas jufqu'i'.UK poils mêmes qui ne le dépouillent de la pellicule qui SwAMMERDAM. 1^5 envelonpoit, & qu'on ne retrouve encore fur la chryfalide : preuve Histoire des incontcHable qu'il ne fe forme pas ici un nouvel animal, mais que c'eft l;.s£CTEs. toujours le même qui a quitté fon enveloppe extérieure , & que toute cette métamorphofe dont on a tant parlé, fe réduit au fimple dépouil- lement d'une peau, qui avoit jufqu'alors caché les membres dont l'infecle doit faire déformais ufage. Enfin, les œufs dont j'ai dit qu'il étoit aifé d'appercevoir les rudiments dans le corps même de la chenille , ^font une nouvelle preuve qu'il ne fe fait point ici une vraie transformation, à proprement parler, mais un fimple accroiffcment , un fimple développement comme dans tous les autres animaux, plus remarquable feulement &C plus varié que dans au- cun des êtres organifés : on pourroit encore dire que l'œuf n'ert autre chofe que l'infcûe lui-même renfermé au dedans d'une écorce dure, où il croît jufqu'à ce qu'il ait afiez de force pour la rompre & pour (or- tir de cette première enveloppe fous la forme d'un ver ou d'une chenille. On obferve encore bien des variétés à l'égard des toiles & des coques que les chenilles fe filent : comme ces coques doivent leur lervir de nids, il n'eft pas étonnant que la conftruction en foit variée , fuivant rinflinft qui ell propre à chaque efpece de chenilles; mais quelque induflrie qu'il y aitdans ces coques , je ne fais s'il n'y a pas encore plus d'invention & plus d'a- dreffe à admirer dans les efpeces de chenilles qui ne filent point du tout & qui ne s'enferment point, dans des toiles comme les autres : entre ces efpeces il y en a qui s'enfoncent en terre &i qui favent la creufer avec tant d'induflrie qu'elles s'y trouvent plu5 en sûreté que les autres dans leurs coques : il y en a d'autres qui ne s'enfoncent pas fous terre, & qui ont rinftinâ d'appliquer une toile contre des plantes, des arbres, des murs ou des haies, avec tant de dextérité & d'adreffe, qu'elles peuvent de- meurer fupendues au dedans , fans rien rifquer , quoiqu'expofées à l'air de toute part, jufqu'à ce qu'elles quittent leur dépouille de chryfalide pour paroître fous la forme de papillon : ce qu'il y a de plus fingulier dans les chenilles qui fe fufpcndent ainfi , c'eft la promptitude avec laquelle ces petits animaux dans le temps de leur changement en chryfalide fa- vent détacher leurs crochets de la toile où ils font fufpendus pour les dé- pouiller de leur peau , ainfi que le refte du corps , fans ceffer néanmoins de refter cramponnés au même endroit de la toile , au moyen de leurs crochets mêmes : l'adreffe avec laquelle ils exécutent ces mouvements, eft infiniment au deffus des tours de force, que nous admirons dans les fauteurs & voltigeurs les plus habiles ; j'ai vu quelques autres chenilles cfiii avoient la précaution de couper avec leurs dents des morceaux de feuille» d'arbre, au milieu defquels elles fe faifoient un logement sûr, au moyen de quelques fils qu'elles fe filoient elles-mêmes. Parmi celles qui fe font des coques , les unes fe les font ovales , les autres exaûement rondes , d'autres oblongues , quelques - unes les travaillent en forme de réfeaux, quelques autres les font cannelées, il y en a qui y laiflent des parties angulaires, d'autres fivcnt mêler adroitement dans le liffu de leurs toiles du bois, du fable, des coquilles, des pierres, des cailloux. ACADÉMIQUE. ^ 3^5 & d'autres matières ; d'autres enfin roulent tout amplement des feuilles d'arbres ou d'autres plantes pour s'y enfermer. Swammeruam. Ce n'eft pas feulement en Hollande que j'ai trouvé l'efpece de papil- Histoire des l^ns dont je viens de faire la dcfcription ; j'en al vu encore en France, If^sECits. qui en a|)prochoient beaucoup , comme on peut le reconnoître par la Figure XXIII. de la Planche XXI. laquelle rcpréfente le mâle & la femelle accouplés : la femelle a e(i tout-à-fait dépourvue d'ailes, elle a fix jambes, deux antennes fort petites, & fon cerps eft divifé en plu- fieurs anneaux : le mâle l> a au contraire deux antennes fort jolies & quatre ailes ; il a le corps plus gros que le papillon d'Hollande rcpré- fente Fig. XIX. ces papillons de France étoient auffi de la clafle des noc- turnes ; leur coulei'.r étoit un fond blanc, mêlé en quelques endroits de taches d'un gris tirant fur le noir , ce qui les rendoit aflez jolis : les an- neaux du dos étoient marqués d'un noir plus obfcur , & on y remarquoit en outre quelq'.'.es bandes circulaires jaunâtres, qui n'étoient formées que par des poils ; je ne fais pas de quelles chenilles viennent ces papillons , les ayant trouvés accouples à la campagne. Ce nid admirable dont j'ai donné la figure dans mon hifloire de l'ephc- mere (a) & qui eu. fait de ])etiis brins de bois hachés ou coupés avec les dents , afTemblés les uns avec les autres , comme les poutres des mai- fons en Mofcovie, c'eft la chenille perce-bois (^lignipcrda^ qui le conftruit; elle loge toujours dedans &C le porte par tout fur fon dos comme une pyramide : (/^) ces chenilles fe changent aulTi en papillons, dont les mâles feuls ont des ailes, les femelles n'en ayant point du tout : d'où l'on peut conclure que fouvent les animaux d'une même efpece peuvent di.Térer entre eux : peut-être obferveroit-on quelque chofe de femblable dans certaines efpeces de quadrupèdes , d'oifeaux ou de poiffons , fi on y regardoit de plus près, principalement dans ces eipcces dans lelquclles on n'a pas encore pu diftinguer les mâles d'avec les femelles : telle eft par exemple l'efpece des anguilles , dans laquelle plufieurs difent qu'il n'y a aucune dirtindiion de fexe , quoique d'autres prétendent le contraire : comme je n'ai jamais tourné mes obfervaiions de ce côté-là, il m'eft im- pofîiblc de rien prononcer pour ou contre ces opinions diverfes. (.7) Publié réparcment en 1675. {h) l.'inféSe que les Grecs ont appelle ^■jy.e'i'Boo ç , & les l.3X\ni^Ugniperd.i , com- me qui diroit ïnfeP.e qui corrompl le bots , a été range par Pline dans la daffe des tei- gnes ; il fe fait un fourrea" de foie qu'il recouvre enfiiite par dehors de petits brins de bois pour lui donner plus h : un peu plus bas que l'endroit oii la tête forme une efpece de divlfion ou d'écarte- ment, on apperçoit une partie qu'on peut regarder comme la lèvre, & c'ell fous cette lèvre que font placées dans toute fa longueur les deux dents ce, & plus inférieurement encore trois petites parties, dont celle du m.ilicu eft la filière de la chenille. , On apperçoit fur le deuxième anneau quelques poils rudes & piquants, Ccc 1 38S COLLECTION gi II I ■! ■! I au dcffous defqucls paroît une eipece de tache noire ; c'eft le premier SwAMiMERDAM. ^cs ftigmatcs par oii la chenille refpire : il eft placé précifément au IhsToiRE D£s * defliis de la première paire des jambes antérieures : ces jambes e font Insec ris. formées de plufieurs pièces écailleufes articulées enfemble , dont l'extré- mité efl: garnie d'un crochet pareillement écailleux , d'une couleur rouge foncée : le troifieme & le quatrième anneau n'ont point de (ligmates , parce que c'efl: - là l'endroit du corps de la chenille oii font placées les ailes qui doivent fcrvir im jour au papillon : peut-être auffi que ces rtig- mates, outre qu'ils auroient nui à l'accroiflement des ailes, auroient encore empêché le papillon de voltiger librement : le troifieme anneau efl: garni de chaque côté de deux piquants, de chacun defquels partent plufieurs petites épines , comme dos branches qui partent d'une tige com- mune : les deux petites épines inférieures , qui iont les plus petites, ibnt blanches ; les deux fupérieures tirent fur le noir. Le quatrième anneau efl: conftruit de la même façon que le troifieme ; mais comme il eft vu dans cette figure un peu plus de côté , on ne peut y appercevoir que deux piquants : à l'égard des jambes , tant de cet an- neau que du précédent /g' , elles ne différent point du tout de celles du premier anneau : dans les interfaces des petites épines dont j'ai parlé plus haut, on remarque différentes taches blanchâtres , fur un fond noir, au deffus defquelles s'élèvent de petits poils blancs que je n'ai pas re- préféntés ici, pour éviter la confufion, autrement il m'auroit fallu groffir encore davantage la figure. Le cinquième anneau a trois piquants de chaque côté , & un au milieu, précifément fur le dos h : le premier & le plus grand i des trois qui font fur le côté , eft fitué un peu obliquement auprès de l'impair qui efl fur le dos ; le fécond a fou origine au defliis du fligmate , & le troifiem.; k paroît dans la partie la plus déclive du ventre , au defîbus du même ffig- niate ; j'ai repréfentc ces deux derniers piquants prefque fur tous les an- neaux , fans leurs branches épineufes , pour ne pas faire de confufion : tous les autres anneaux, jufqu'au douzième, ont la même ftrufture , Se ont chacun leur fligmate ; ainfi la chenille a de chaque côté dix-huit flig- mates, qui ont chacun dans leur contour un rebord noirâtre. .' ' Le cinquième &: le fixieme anneaux n'ont point de jambes, mais le feptieme, le huitième , le neuvième & le dixième en ont chacun deux pla- cées de chaque côté fous le ventre : elles font membraneufés & fé divi- ient en plufieurs parties articulées enfemble , qui fe terminent par plufieurs petits crochets rougeâtres llll, difpofés tout autour de la partie qu'on peut regarder comme la plante du pied. Le onzième & le cIou7,iîme anneaux n'ont point non plus de jambes : les deux jambes mm qui fe trouvent h la partie poftérieure de la chenille, font placées fous la ciueue ou fous le dernier anneau de chaque côté ; ce treizième ëc dernier anneau n'a que deux -piquants. ACADÉMIQUE. JS9 Histoire ves DISSECTION DE LA CHENILLE. Insectes. LA première chofe qui oint qu'il étoit prelque im- poffible de les en féparer fans les rompre ; j'en donnerai la defcription & les figures quand j'en ferai aux parties du papillon. TRANSFORMATION DE LA CHRYSALIDE EN PAPILLON. CEtte transformation , ou plutôt ce développement fe fait en di\-huit jours, fi c'eft en été , comme dans le mois de juin ou dans le mois de juillet: en automne il elt retardé de dix jours, & même il arrive quel- quefois dans cette faifon , qu'un affez grand nombre de chryialidcs n'ayant pas la force de rompre leurs enveloppes périffent dans cet état. Ce 'qu'il y a de plus remarquable dans les premiers inlîants oii le pa- pillon fe difpofe à fortir de fa chryfalide, c'eft le degré de perfeflion que prennent alors fes ailes ; on les voit paroître petit à petit à travers leurs enveloppes, même fans le fecours des verres, & on diftingue de plus en plus les couleurs de ces ailes, le long de la trompe, des jambes & des antennes : ces couleurs font particulièrement le noir , le rouge & le bleu. Si on regarde alors cette chryfahde avec une forte loupe, on verra les extrémités de fes pieds fe mouvoir fenfiblement , ce que j'ai obfervé plufieurs fois fur les chryfalidcs des vers-à-foie. On ne diftingue pas encore les couleurs des ailes inférieures, parce qu'elles font entièrement cachées par les ailes qui font au deflus : let r ;) M. de Réanmiir regarde ce corps graiffeux comme I» réfervoir de la matière dont fe nourrit le papillon dans l'état de chryfalide ; & il a reconnu que l'evapora- ration des humeurs de la chryfalide , eft moins confidérable que ne croit Swammer- dam ; il pefa deux chryfalides iortant du fourreau de chenille , & les^ ayant repefees enfuite tous les deux ou trois jours pendant feize jours confccutits , c'eft-a-dire , jul- qu'au moment de leur dernière transformation , il trouva qu'elles avoient a peine di- »if.iié peudant te temps de la vingtième partie d« leurs poids, C^) {£ D£S ACADÉMIQUE. ^oi couleurs ics autres parties ne font prs non pins fort fer.fiblrs . parce ï^ qu'elles ne font pas naturellement affez nuancées pour être apperrues. Swammerdam. Lc.rfque l'infecte eft prêta prendre fa dernière forme, toutes les liqueurs Histoire - — font dans un grand mouvement; celle qui lui tient lieu de lang eft par- I^^ sectes. ticiiliérement dans un état de fern.cntation : elle e(l portte eu cœur dans les ailes par les valffeaux qui lui (ont propres : d'un autre côté l'air y eft auflî pouffé des poumons par les trachées ; l'animal en même temps re- mue fes jambes avec le plus de force qu'il lui ei^ poffible : à toutes ces caufes , fi l'on ajoute fur-tout le développement , la diftenfion des ailes qui augmente peit à peu , on concevra comment la peau de la chryfalide doit le fendre néccffaircment en quatre parties diftinftes & régulières. C'eft d'abord la partie de l'enveloppe a (PI. XXII. Fig. XIII.) q\ii en- fermoit la trompe , les quatre jambes antérieures , les antennes & les barbes , qui s'enlève & fe lépare la première tout d'une pièce ; auflî- tùt les jambes qui fe dégagent de ce fourreau, contribuent par leur mou- vement à tirer le refte du corps de fon enveloppe ; alors la peau achevé de fe fendre fur le dos en deux parties régulières (> t , &i c'eft par cette ouverture que fortent les ailes & le dos du papillon : on appcrçolt en- core au milieu de ces deux parties un autre Iracment régulier de la peau c qui recouvroit les anneaux du dos dans la chrylalide : tout cela étant fait, le papillon nouvellement éclos, ayant les ailes encore pendantes , refte pendant quelque temps pofé fur les bords de fa dépouille fans faire aucun mouvement. Au relie , il ne faut pas s'imaginer que les ailes , les jambes , les an- tennes, la trompe & les autres parties du papillon, gardent quelqu 'or- dre dans la manière dont elles fortent de leurs dépouilles ; il y en a plu- fieurs qui reftent encore collées enfcmble : cela vient de ce que toutes ces parties dans le temps que la chenille quitte fa peau pour prendre la forme de chryfaliie , iont toutes humides & abreuvées d'une humeur gluante, qui les colle tellement enfcmble, avec le concours de l'air & de la chaleur , qu'elles ne peuvent plus fe féparer : mais com- me les enveloppes particulières qui recouvrent le côté intérieur de ces mêmes parties Ibnt beaucoup plus minces que les enveloppes qui recou- vrent leur côté extérieur ; il arrive de-là que toutes ces petites envelop- pes mcm!)raneufes fe rompent & s'écartent fans aucun ordre confiant : voilà pour quoi on trouve fur la furface intérieure des dépouilles de chry- falides , plulieurs petites pellicules crevées auffi fines que des toiles d'a- raignées J. Outre cela, on voit encore fur l'intérieur de la peau de chr^'falide, de petits filets blancs ee qui font les dépouilles des trachées; car les tra- chées fe dépouillent alors de leur peau pour la dernière fois : les dix-huit ftigmates que j'ai dit le trouver fur le corps des chenilles, reftent en- core pour la plus grande partie aux chrylalides qui refpirent par ces ftigmates , jufqu'à ce qu'elles foient devenues papillons : les trachées ont donc leurs parois beaucoup plus déliées & plus minces dans le papillon, qu'elles ne l'étoient dans la chenille ou dans la chrylalide ; c'eft pour cela que le papillon peut attirer plus d'air dans fon corps qu'auparavant, Tom, r. E e e 401 COLLECTION t— np— »»» ce qui le rend beaucoup plus propre à voler , à fucer le miel des fleurs', SwAMMERDAM.à digércr cc micl & à faiic pluiieurs autres fonaions. Histoire des DÎ-'s que le papillon efl Ibrti de (a dépouille , fes ailes commencent Insectes. à s'étendre & à s'agrandir à vue d'oeil , & avec tant de vîteffe, que quoi- que ies quatre ailes , dans le moment de la naiiîance , aillent tout au plus à la moitié de fon corps , & que leurs couleurs & leurs taches ne paroiffent prefque point , cependant elles prennent leur entier accrolffe- ment en moins d'un demi quart d'heure : un elpace de temps auffi court fuffit pour leur faire prendre cinq fois plus de volume qu'elles n'avoient, & pour étendre en même temps les couleurs &c les taches dont elles font bis;arrées : ainfi ce qui n'étoit d'aboi'd qu'un mélange confus de pe- tits points à peine viiibles, forme bientôt un aflbrtiffemcnt agréable des plus jolies couleurs, comme on peut le voir dans la Fig. XIV. (PI. XXIV. ) qui repréfente notre papillon avec fes ailes étendues & entiè- rement développées ; les couleurs dominantes font le rouge & le noir ; mais on voit iiir leurs bordures quelques taches bleues, jaunes &C blan- ches, mêlées d'une manière preique inimitable. Ce papillon a quatre jambes , dont chacune eft armée de crochets & couverte de poils de différentes couleurs : il a deux antennes placées au defliis des yeux , dans l'interftice defquels on voit les deux barbillons qui fervent à loger la trompe : cette trompe elf double ; elle fert de langue au papillon, & c'eft par le moyen de cet organe qu'il luce la liqueur miellée ; lorfqu'il ne la fait point agir , il la roule en plufieurs tours de fpirale, & il la cache entièrement entre les deux barbillons : aurcfte, la première paire des jambes de la chenille fe trouve encore fous le cor- celet du papillon; mais elles ont tellement changé de figure , que le nom de jambes ne peut plus leur convenir ; elles n'ont point de crochets comme les autres, & l'animal ne s'en fert plus pour marcher. Dans le temps que les ailes prennent un accroiflément rapide , elles font auffi m.olles que du papier mouillé & chiffonné ; mais en moins d'une demie heure elles deviennent entièrement féches & lifles, de forte qu'elles peuvent alors fervir au papillon. Enfin, quand tous ces change- ments font finis , le papillon vuide trois ou quatre gouttes aficz grofiés d'une liqueur rouge comme du fang : ce font les relies de ces humeurs fuperflues qui s'évaporent du corps de la chryfalide dans l'efpace de dix jours pendant les grandes chaleurs de l'été , & qui lorfque le papillon ell entièrement développé , fortent de fon corps fous la forme d'excré- ments. Il ne faut donc au papillon que l'efpace d'un quart d'heure pour.ac- quérir toute la perfeftion : on peut le comparer tant qu'il eÛ fous la for- me de chenille, à l'embryon qui eft nouvellement conçu dans le fein de fa mère : dans l'état de chryfalide on peut le regarder comme le fœtus encore renfermé dans fes membranes &C prêt à fortir de la matrice ; enfin, lorfqu'il quitte fes dépouilles, il reflemble à l'enfant qui vient au inonde, avec cette différence cependant, que l'enfant naît foible & impar- fait , au lieu que le papillon a prefque en naiffant toute fa force & tout ce qu'il lui faut pour fe corifcrver. ACADÉMIQUE. 403 Gocdaert a décrit la chenille, dont je donne l'iiiîloire, avec (on pn- «icrTTm»^-»»»-^ pillon , dans la première partie de l'es Métamorph. nai. exper. XXI. mais Swammerdam. ;ui lieu de reprél'enter les piquants de cette chenille dans la figure qu'il Histoire des ' en a donnée , il a figuré fimplement des poils ; il s'ell encore trompé en Insectes. ctiffinint des ftigmates à chaque anneau de la chenille. Mouf'et a décrit auffi les couleurs de ce papillon ; mais la figure de Goedaert eft beau- coup plus exaCle. Noire papillon ( PI. XXII. Fig. XIV. ) comparé avec ceux de plufieurs autres efpeces , n'ell que d'une médiocre beauté ; il a la tête chargée de petites plumes noires fquammeules ; fes yeux qui occupent la plus grande partie de fa tête , font couverts de poils rudes , ils paroiffent avoir l'é- clat de l'or ; mais cette couleur ell due à l'uvée qui paroît à travers la cornée tranlparente : la couleur du corcelet ôi du ventre, eft un fond noir, fur lequel s'élèvent des poils d'un jaune d'or : les jambes & les antennes font d'une matière écaillelife noire , mais elles font parfemées de petits ])oils de couleur d'or : le fond de la couleur des ailes eft un rouge foncé , qui fépare les unes des autres huit grandes taches , & quatre petites , toutes de couleur noire : les ailes liipérieures , du côté du corcelet , font femées de petits points brillants comme l'or , & les ailes inférieures atiprès du ventre font revêtues de poils de couleur d'or: la couleur qui domine dans les interftices des taches fupérieures , eft un jaune qui tire fur le rouge , mais auprès de la troifieme paire des taches noires, il y a deux autres taches blanches comme la neige : lesbordii* res des ailes font joliment dentelées : on y dilHngue quatre couleurs bien mnrquées, du noir, du bleu, du gris &c de l'orangé : le noir fait le fond iur lequel le bleu efi: difpofé en forme de croiflant , & les deux autres couleurs repréfentent des lignes circulaires diveifement interrom- pues par des traits de couleur noire. ARTICLE III. Defcripùon des parties internes du Papillon. A Près avoir décrit les parties tant internes qu'externes de la che- nille & de la chryfalide, &i. quelques parties externes du papillon, il me relie A expofer les parties internes de ce dernier : comme j'ai fait ces diffcftions aux approches de l'automne, & qu'il ne m'étoit pas pof- fible de me procurer alors d'autres papillons que ceux qui s'ctoient tranf- formés chez moi, le temps d'ailleurs toujours fombre & pluvieux n'ayant pas été favorable à ces fortes de recherches , je n'ai pu leur donner toute la perfcdion que j'aurois defirée : j'offrirai feulement ici les obler\'ations que j'ai faites pour lors fur les organes intérieurs de cet animal. Si l'on ouvre un papillon par le dos, on découvre d'abord dans le corcelet de petits vaiffeaii.x ditîeremmcnt repliés a a (PI. XXIII. Fig. I.) E ee 2 404 COLLECTION — — ■■^— finies le long de l'œfophage , lefquels vont fe terminer à la partie anté- SwAMMîRDAM. rieiirc du ventre ; ils me paroiflent être les mêmes que ceux qui j'ai def- HisToiRE DES fines dans la Fig. V. de la Planche XXII. l'origine de ces vaiffeaux eft Insectes. un petit canal affez délié /' ( PL XXlII. Fig. I. ) qui bientôt fe partage en deux autres tuyaux , leiquels après avoir fait quelque chemin , for- ment un renflement c , & vont enfin s'inférer vers le commencement de l'eftomac d; ils font tellement unis, ou plutôt attachés à ce vifcere, au moyen des mufcles & de la graiffe, qu'il ne m'a pas été poffible jufqu'à préfent de les dégager comme il taut à l'endroit de cette infertion , & de les fuivre comme j'aurois voulu ; j'ignore abfolument l'ufage de ces vaiffeaux : peut-être ne font-ils autre chofe que des conduits lalivaires; je ne fais pas non plus de quelle manière ils fe terminent par leur extrémité antérieure , ni s'ils communiquent ou non avec la trompe ee. Entre les vaiffeaux que je viens de décrire , on apperijoit l'œfophage f qui fert à conduire dans l'eftomac la liqueur miellée dont le nourrit le papillon : il eft partagé fupérieurement en deux petits tuyaux qui s'u- niffent à la bafe de la trompe : de la partie inférieure de l'œfophage , tout auprès de l'eftomac , on voit f rtir un petit canal affez court g , qui fe termine en un petit fac h : ce fac eft une véficule pneumatique , qui me paroît tenir l'air en réferve dans le temps que les aliments font conduits dans l'eftomac : elle a un mouvement périftaltique affez confi- dérable, & elle eft prefque toujours couchée fur l'eftomac du papillon dans la région du dos; je l'ai trouvée pleine d'une matière rouge dans la chryfalide, comme je l'ai dit ailleurs. La figure de l'eftomac i i eft bien différente de celle qu'il avoit dans l'état de chenille. ( Voy. la Fig. IV. de la PI. XXII. ) il reflepible aOuelle- ment à un inteftin colon qu'on auroit foufflé ; il forme quantité de boffes , de plis & de rides , qui font un affez joli coup d'œil : à l'égard de fa partie poftérieure k (PL XXIIL Fig. I. ) elle rcffemble fi fort à un inteftin grêle garni de beaucoup de plis , que je ne faurois dire fi cette partie ap- partient proprement à l'eftomac , ou fi c'eft un inteftin qui part de ce vifcere : à l'extrémité de cette partie (quelque nom qu'on lui donne) on obferve les fix petits inreftins cxcum ou vaiffeaux variqueux llllll ; ils n'ont plus ni la eroffeur ni la figure qu'ils avoient dans la chenille ; car ils font maintenant détachés de l'eftomac , tandis qu'autrefois ils étoient tou- jours exaftement couchés fur ce vifcere , auquel ils étoient même forte- ment attachés par les trachées ; mais je ne fais pas encore quel peut être leur iifage dans le papillon, je les ai feulement repréfentés tels qu'ils m'ont paru dans la dift'eilion : au deflbus des vaiffeaux variqueux commencent les inteftins grêles mm, on peut diftinguer à travers leurs membranes les matières globuleufes qui y font contenues : après quelque chemin , l'in- teftin forme un renflement affez confidérable n, enfiiite un petit étran- glement , enfin , un fécond renflement o , moindre que le premier ; c'eft au deflbus de ce fécond renflement qu'on peut faire commencer l'inttftin reûum p , qui a fon iffue dans un petit anneau écailleux , qu'on peut re- ^.nrder comme l'anus f : il eft garni de poils & le papillon le retire nu dedans de fon ventre : de chaque côté de l'anus on voit deux mufcles ACADÉMIQUE. 405 Tr y qui ont chacun pour tendon une petite pièce écallleufe noire : les ^■■■— ™" deux renflements dont j'ai parlé tiennent lieu du colon qui ie trouve dans Swammerdam. la chenille , & qui a entièrement changé de terme dans le papillon. Histoire des De toutes les parties du papillon, il n'y en a point qui mérite plus Insectes. d'attention que la trompe ; je ne l'ai repréfentée ici qu'affez groiïiére- nient : mon deffein étoit d'en donner plufieurs figures groffies au microf- cope ; mais la faif.^n ne me l'a point permis : c'ell fur-tout l'extrémité par laquelle le papillon fuce, dont la ftrufture eft bien finguliere : elle cft formée d'un double tuyau, (iz) divifé à ce qu'il paroît, en plufieurs articulations (/■) au moyen delquclles elle peut taire plufieurs mouve- ments particuliers , fe rouler & s'étendre alternativement. Quand un pa- pillon fuce ou du miel ou du fucre, on voit l'air ie mêler avec la liqueur & fe porter avec elle dans Teftomac par le canal de la trompe : pour voir l'action de cet organe bien à fon aife , il faut faifir un papillon par les ailes avec une petite pince, lui dérouler fa trompe avec la pointe d'une petite aiguille, & approcher du bout de fa trompe ainfi alongée, un petit morceau de fucre humefté- d'un tant foit peu d'eau : bientôt le Eapillon fucera le fucre , & on pourra avec une forte louppe diilinguer , liqueur fucrée & l'air qui montent tout à la fois dans la trompe : on ■ peut par ce moyen conferver des papillons vivants pendant plufieurs fe- m.iincs; il;; s'apprivoilent même à la fin & ils redreffent d'eux-mêmes leur trompe pour l'enfoncer dans le fucre ou dans le miel qu'on leur pré- fente. De quelle fincfle doivent être les mulcles, les veines, les artères & les nerfs qui contribuent à des mouvements fi prompts & fi délicats ? j'avoue ingénuement que je n'ai ni les yeux affez bons , ni les mains af (j) Selon M. de Réaiimur , ce n'eft point par ceç deux conduits latéraux que monte le flic dont fe nourrit le papillon , mais par un canal intermédiaire que forment en ie joignant les deax parties de la trompe creufées l'une & l'autre en goutiere ; ces deux parties fe joi^nenr exaflement par le moyen de quatre lames, compofées de filets très-ferrés , femMables à des barbes de plumes , lei'quels s'engrainant les uns dans les autres , ferment tout partage foit à l'air , foit aux liqueurs : c'ell par ce canal que M. de Réaumur a vu quelquefois de la liqueur defcendre de la baie de la trompe vers fon extrémité , & il a remarqué que le fucre qu'il avoit préfenté à ce papillon étoit humeflé dans les endroits où la trompe s'étoit appliquée ; il avoit obfervé auparavant la trompe du papillon venant de la belle chenille dutitimalie : les deuxmoitiés de cette trompe étoient léparees jusqu'au près de leur bafe , & dans l'angle de la féparation il vit une gouttelette très-limpide qui , la trompe étant en repos, alloit & vennit al- ternativeitient dans fa cavité , groililToit lorl'qu'elle s'éloignoit de la bafe , & au con- traire , à-peu-près comme une bulle de favonpoulTée parle fouffle; d'oîi M. de Réau- mur conclut que le papillon peut refpirer & fiicer par fa trompe ; la fu£lIon eft en- core aidée par le roulement de la trompe , ce qui ell aifé à concevoir. Il y a des variétés dans les couleurs & dans la ftrufture des trompes du papillon ; il y en a de noires, rouffes , couleur de marron, feuilles mortes, jaunes, é-c. à l'é- gard de leur ftruélure , les unes font plus longues , plus applaties , & font en fe rou- lant un plus grand nombre de tours : ce font les trompes en lames aufquelles fe rap- porte ce qui a été dit plus haut ; les autres font plus arrondies , plus courtes Se plus groilei, ce font les trompes en cordon ; celles-ci n'ont qu'un feul canal dans leur intérieur. (Z) (i) Les fibres tranfverfales qui forment ces articulations , perdent leur parallelifmc vers l'extrémité de la trompe; elles deviennent obliques en fe dirigeant vers la poiji:e. (Z) 4o6 COLLECTION lez adroites, ni refprit affez pénétrant pour voir, maniérée décrire à fond SwAMMERDAM. le méchanifiiie de parties aufil délicates & aiifii imperceptibles. Histoire des Insectes. - _- - PARTIES DE LA GÉNÉRATION DU MALE. AYant ouvert un papillon mâle quatre jours après fa transformation , je trouvai qu'il avoit déjà toutes fes parties génitales dans leur état de perfeûion : \t pcnis a (Pi. XXUL Fig. II.) fuué dans les derniers an- neaux du corps , étoit recouvert dans fon milieu & dans fa partie pollé- ricure par deux pièces écailleufes de couleur de marron placées de cha- que côté b b : ces deux pièces s'articuloient avec un rebord pareille- ment écalUeux c qui entouroit en forme de ceinture les parties dépen- dantes du pcnis : on oblérvoit encore tout auprès un autre ofielet écail- leux recourbé dd, &c partagé poftéricurement en deux par les parties dé- pendantes du pénis e ; après avoir foulevé les deux pièces écailleufes antérieures , on voyoit par defl'ous , dans la cavité des parties dépendan- tes du pénis , deux crochets recourbés , dont le mâle fe fert dans le temps de l'accouplement pour s'accrocher aux anneaux poftérieurs de fa fe- melle : cela s'obterve fur-tout dans les papillons blancs, de l'elpece la plus commune : on voit Ibuvent la femelle emporter avec elle en volant le mâle qui fe tient fortement à fa vulve, au moyen des crochets dont je viens de parler, & qui fe laifle aller la tête en bas fans remuer les ailes : les mufcles fervant à mouvoir les parties du pénis , étoient fitués entre les pièces écailleufes que je viens de décrire , & y avoient même leur infcrtion : outre les deux crochets , on voyoit encore fous les pièces écailleufes deux autres petites parties dépendantes du pénis, que je n'ai pas eu le loifir d'examiner avec allez d'attention ; à l'égard du pénis lui- même , il eft compofé de deux parties, l'une écailleufe , & l'autre ncr- veufe ; la portion écailleufe reffemble à l'os qui fe trouve dans la verge du chien : elle eft ouverte à fon extrémité antérieure , & c'eft par cette ouverture que fe dreflè & s'alonge la portion nerveufe dans l'accouple- ment : la bafe du pénis f cû aulFi nerveufe , mais plus ferme & d'un tilîu plus ferré que la partie antérieure oii fe fait l'éreôion : enluite on voyoit la racine du pénis gg , qui contenoit dans fa cavité une liqueur féminale blanchâtre , & une autre humeur compofée de petits grains d'une extrê- me fîneffe h , qui s'écouloient auffi-tôt qu'on avoit un peu endommagé la racine du pénis i ; ils paroiflbient alors brillants comme de petits grains de fable argenté : je laifle à d'autres le foin de rechercher de quelle nature eil cette" matière : au deflbus de cet endroit la partie nerveufe du pénis ne faifoit qu'un feul tronc formant plufieurs replis tortueux; enfin, elle fe partageoit dans la région poftérieure du ventre en deux bran- dies k, qui enfuite fe divifoient elles-mêmes en quatre autres tuyaux, d'une fobfiance a fiiez ferme à l'endroit de leur origine : il me feroit bien diiiicile de rien prononcer fur la nature de ces parties ; s'il étoit permis de fe livrer aux conjeftures , je croirois que deux de ces derniers tuyaux ACADÉMIQUE. 407 ne font antre chofe que les vcficules féminales , ce font les deux ^■'— ■■■ ■■■■ qui paroifTcnt les plus déliés & les plus entortillés //; car ils contenoient Swammerd-.m. une liqueur féminalc blanche , &C quant à leur ilruihire , ils fembloient Histoire des formés de petits grains afliijettls &C attachés enfemble par une membrane : Insectes. on pourroit regarder les deux autres tuyaux comme des vaifleaux défé- rents mm, &c prendre le renflement où ils aboutirent pour un tefticule n : de manière que le papillon n'auroit qu'un feul tellicule : cette par- tie arrondie & renflée, que je regarde comme le tellicule, étoit d'une couleur pille , à-peu-près grife , tirant un tant foit peu iur le pourpre ; elle étoit revêtue de deux membranes , l'extérieure qui fe trouvoit jointe avec une grande quantité de trachées , étoit extrêmement mince , l'autre étoit beaucoup plus épaifle : lorlque je l'eus ouverte , je la trouvai rem- plie d'une matière gluante, un peu molle, fans être liquide, entrelacée de beaucoup de trachées d'un blanc argenté , & marqué en différents endroits de quelques filets de couleur de pourpre ; il faut cependant un plus grand nombre d'expériences &i de difledtions pour aflîirer pofitivemcnt fi cette partie eft un vrai tellicule : au refte , la graiflTe & les trachées ctoient tellement engagées dans les organes de la génération , qu'il étoit extrêmement diflîcile de les développer : le reclum avoit fon illlie fous les pièces écaillcufes du pcnis , mais les deux renflements étoient alors rétrécis : la véiîcule pneumatique , fituée antérieurement fur l'eftomac , étoit pleine d'air : l'ellomac reffembloit alfez à une petite grappe de raifm : oii voyoit au deffous les vaifleaux variqueux ; l'intellin grêle étoit con- fidérablement plus long que l'eltomac , &c fe terminoiî par les deux ren- flements que j'ai décrits ailleurs ; voilà toutes les oblervations que je fis fur ce papillon le 6. de feptembre ; il s'étoit mis en chr) falide le 17. d'août , ainfi les organes que je viens de décrire avoient pris tout leur ac- croiflemcnt en dix-neuf jours de temps. DISSECTION DE V O V A I R E. Quelques jours après j'ouvris une femelle ; elle reflTembloit fi fort au mâle à l'intérieur, que je craignois d'abord de dilïéquer un mâle au heu d'une femelle , malgré la groffeur de fon ventre : je reconnus ce- pén:lant que je ne m'étois pas trompé , lorfque je découvris les oviduclus, ils n'étoient pas encore remplis d'œufs : les infeftes , qui peu de temps après leur naiflance , font en état de fe reproduire , meurent bientôt après avoir fatisfait à cette impulfion de la nature ; mais ceux qui ne doi- vent pondre qu'au printemps fuivant, tels que les papillons dont il s'a- git ici , font long-temps fans qu'il paroifle d'œufs dans leur ventre , ou du moins avant que leurs œufs aient pris leur entier accrciflTcmcnt : ces infedles dès les premiers jours de l'automne fe retirent dans des creux d'arbres , dans des greniers , ou des chambres qui donnent fur des jar- dins ; ils relient ainfi pendant tout l'hiver, comme engourdis , fans faire aucun mouvement 6c fans avoir befoin de prendre aucune nourriture , 4oS C O L L E C T ! O N ^ parce qu'alors leurs humeurs ibnt condenices &: figées, pour ainfi d're, 's„,AMMrrVAM comme l'huile dolivc ; ils ne rcjcitent même alors aucune lorte d'excré- Histoire des ments : c'efl: dans ce temps que ) ai tait iur les papillons plulieurs expe- iNsïCTEs. riences cuiieufcs, qu'il feroit trop long de rapporter ici. Le papillon femelle a fix ovUuclus , trois de chaque côté aaaaaa (PI. XXlll. Fie. 111.) qui aboutiflent à un conduit commun bb\ ainfi l'ovaire n'oit plus formé en cet endroit , que d'un fimple tronc qui reçoit les oeufs à mefure qu'ils defcendcnt des ovïduclus : on voit à droite & à 2,aiiche de ce canal cinq tuyaux creux ccccc, qui vont s'ou^■rir dans (a cavité par une de leurs extrémités , & qui n'ont aucune iflue par l'au- tre : ces tuyaux ou conduits font les véritables réfervoirs qui contien- nent l'humeur gluante dont le papillon fe Icrt pour coller fes œufs aux feuilles de l'ortie ; ces réfervoirs forment des tubercules en plufieurs en- droits & il en part de petites branches latérales qui fe dilatent auflî,& qui peut-être fervent à la fecrétion de cette humeur, qui doit être por- tée enfuite fur les œufs dans le temps qu'ils paffent dans le tronc de l'o- vaire ; le conduit qui part de l'ovaire au - delà des réfervoirs de la glu efl plus étroit d; il fe termine d'un côté dans un fac oblong <;, & de l'autre dans les parties externes de l'ovaire , qu'on pourroit appeller le va"in h : ce fac oblong eft formé d'une membrane allez forte ; il con^ tient dans fa partie fupérieure une matière jaunâtre /, qui m'a paru rcf- fembler beaucoup à la graiffe du papillon , & dans fa partie inférieure, une liqueur limpide , qui paroiffolt même à travers le fac § : on voyolt fort avant dans le vagin, un offclet écailleux rougeâtre, qui fe terminoit à la vulve par une ouverture i. Toutes ces parties de l'ovaire font tellement embarraffées l'une dans l'autre par le moyen des trachées a ^ ( PI. XXIII Fig. iV. ) & de la graiffe bh que j'ai fouvent défefpéré de pouvoir les difféquer; mais la patience , vient à la fin à bout de tout. On fait périr ces infeftes très-aifément dans l'efprlt de vin ; ils meu- rent auffi en très-peu de temps , lorfqu'on les met dans une bouteille oii il y a du tabac d'Efpagne : j'ai obfervé la même chofe fur plufieurs autres infeftes , c'eft le pur hazard qui m'a fait faire cette obfervation pour la première fois. COMMENT ACADÉMIQUE. 409 Histoire dis COMMENT LE PAPILLON EST CACHE SOUS LA FORME iNSfcits. de lu chenille : troiJîeiiK exemple choiji pour jeter plus de Jour fur le deuxième genre du troijteme ordre. OUoique toutes les obfervations que j'ai rapportées jiirqii'à préfent aient fiiffifammcnt établi quelles (ont les transformations qui appar- tienr.cnt au premier ou au fécond genre de mon troisième ordre ; j'a- jouterai encore ici, pour compléter mes démonftrations, une defcription lénfible de la manière dont le papillon ell caché dans la chenille, & pour ainfi dire , emmaillotté dans ia peau , comme je l'ai fait voir dès l'an- née 166S. à Mrs. Magalloti & Thevénot. Le papillon qui doit me fervir d'exemple , efi: celui que Goedaert a repréfenté dans fa onzième Planche, Part. I. & dont Rai a décrit fpé- claleiuent la chenille dans fon Traité des plantes des environs de Cam- bridge, pag. 134. (a) L'œut de ce papillon (PL XXIV. Fig. I. ) n'efl autre chofe que la che- nille elle-même renfermée dans fon écorce membraneufe, de même que la chryl'alide ou la nymphe l'efl: dans (on enveloppe : cet œuf eft grofii au microlcope : on voit une quinzaine de petites côtes , dont chacune jette une ombre fur l'enfoncement qui fe trouve entre elle & la côte voi- fuie , ce qui fait qu'au premier coup d'œil on prcndroit toits ces enfon- cements , qui ne font que membraneux , pour d'autres petites côtes : outre cela , on apperçoit des cannelures régulières , tant fur les côtes elles-mêmes, que ilir les enfoncements qiii (ont entre deux : toutes ces côtes tendent à fe réunir à un centre commun vers l'extrémité de l'œut la plus pointue ; mais cependant elles s'élèvent un peu au-delà de cette extrémité fans fe réunir : cet œuf .eft jaunâtre quand il a pris fon entier, aceroiiiément ; mais il eft blanc dans Voviductus, lorfqu'il eft nouvelle- ment formé ; car je regarde comme parfaits les œufs même encore ren- fermés dans Voviduclus quand ils font près de foijjk & d'être pondus : ceux qui font; placés un peu plus haut, font plus^wtits , quoiqu 'ayant la même fi :.nn-e ; mais ceux qui (ont à l'endroit le plus élevé des oviduc- tus , paroi;rjnt avoir une ngure qi'.arrée ; enfin, ceux qui font tout-à-fait à l'extrémité de ces conduits , font d'une fi prodigieufe petitefTe , qu'ils échappent à la vue : on obferve la même choie à l'égard des œufs de ' certains papillons , qui paroîiroient de la même efpece que ceux dont je donne ici la iîgure, s'ils n'avoicnt le corps plus menu & les ailes pliis petites : j'ai vu pondre ceux-ci au mois de mai ; ils collent leurs œufs fur dkS feuilles de chou, dans la même pofition que j'ai donnée à l'œuf de notre grand papillon dans cette Fig. I. c'eft-à-dire, que la bafe arron- die de l'œuf ell en bas , & que l'extrémité plus aiguë où les côtes ten- (.i) C'cft le papillon du chou le plus commun, Pjpilio hexjpus , élis ratunjjils al- his, p,im.iriis bim.icuLiiis , apiciius nigris m.ijor Linnaus Faun. l'uec. 799. Tom. K Fff 4,0 COLLECTION „ ■iiiiMiiii dent à fc réunir, regarde en haut; les œufs des papillons, dont il eft ici '^~ ^ '. qi;c(Hon , font auffi collés dans la même fituation fur les feuilles du H r-'roip.E'* D*'^' *^^°" • comme on trouve de ces papillons toute l'année , il eft probable lNs.rcTr5. qu'ils pondent dans différentes faifons, mais principalement en automne, qui e(l le temps où l'on voit leurs chenilles fe multiplier confidéra- blemc it. On voit cette chenille ( Fig. II. ) dans le temps qu'elle a pris tout fon accroiffement ; il s'agit de démontrer à préfent &c de faire voir claire- ment que cette chenille & le papillon qui en doit fortir ne font qu'un même animal. Je commencerai par décrire la forme extérieure de la che- nille qui cache le papillon ions fa peau : comme la defcription que Rai en a donnée eft extrêmement claire & précife , je ne ferai que la tranf- crire ici prefque mot à mot. « La chenille qui vit fur le chou tient le » milieu entre les plus grandes & les plus petites efpeces ; elle a des poils » blancs , courts , diiperics , & qui ne lont ramafl'és en tas ni entrelacés » dans aucun endroit ; la couleur de fon corps ell mêlée de noir , de » bleu & de jaune ; le jaune y forme trois raies longitudinales , une » tout du long du milieu du dos , &c les deux autres fur les deux côtés : » entre ces raies jaunes, il y en a une de chaque côté bigarrée de noir >> & de bleu ; le bleu en fait le fond , fur lequel le noir ell jette par >» points ou par taches : ces points noirs font des tubercules qui s'éle- » lèvent au deffus de la furface de la peau : c'ell du centre de chacun » de ces tubercules, à l'endroit le plus noir, que partent les poils dé- >» crits plus haut ; la tête eft auffi couverte de femblables poils, & on y >» remarque les trois couleurs précédentes différemment combinées entre » elles : cette chenille a feize jambes difpofées en trois endroits diffé- » rents, favoir , fi\ vers la tête, huit vers le milieu du corps, & deux » à fon extrémité; les iix jambes antérieures ont chacune un ongle, M les dix autres en ont plufieurs qui paroiffent recourbés. » C'en eft affez pour la forme extérieure de cette chenille. Maintenant pour fe convaincre que le papillon eft caché intérieure- ment fous la peau de la chenille , voici comme il faut s'y prendre : an choifit une cheniUeAui a pris tout fon accroifiement ; l'ayant attachée avec \m fil par le milieu du corps , on ia trempe pUifieurs fois de fuite (dans l'eau bouillante , & on l'en retire fur le champ : on fera féparer par ce moyen fa peau evtérieure de celle qui eft au deft'ous , parce que les humeurs qui fc trouvent entre ces deux peaux , étant raréfiées & dilatées confidérablement par la chaleur de l'eau bouillante , rompent & déta- chent lej vailTeaux &: les fibres qui tenoient les deux peaux unies l'une à l'autre : la première peau étant donc ainfi détachée, on peut l'enlever très-facilement : on voit alors très-diftinftement que le papillon étoit ca- ché fous cette enveloppe : ainfi on doit confidérer la peau de la chenille comme une cfpcce de fouiTcau extérieur qui tient renfermées toutes les panies du "papillon , Icfquellcs croiffent & fe développent infenfiblement fous cette peau, de la même manière que tous les autres corps or- ganifés. Mais comme il faut beaucoup d'a^drefle pour découvrir alors les mom- ACADÉMIQUE. 411 br:s du pnpillon ainficachjsfous le malqi'.c delà cîi.;nil!c, par:^ q'.i'i!;îj>r: aramt^i^-'.—^^ encore tort petits, c:\treniemcntmoiis, tcncrcs & dél:c?ts , & que ci'ail- s-jtamm-rdam. Imirs ils font tous pliffts & renfermés d.ins de petites enveloppes incm- Histoire dls brancules particulières ; il vaut mieux citrcrcr cette expérience , jr.iqii'à iKstcrLs. ce qu'ils ioient devenus plus icr.tiblcs , & que l'effort îles humeurs qui y auront été pouffces avec force , leur ait titit prendre un accroiffement plus conlidérablc fous cette peau ; ce qui arrive quand la chenille cefle de manger, & qu'on voit ia peau le gonfler de chaque côté un peu au del- fous de la tête, & former deux manières de boflés par l'effort continué des parties intérieures qi i fe gonflent alors &C qui le développent de plus en plus. On peut voir ce gonflement qui fe faitvers letroiflcme& lequatrieme anneaux a b (FI. XXIV. Fit;. III.) aïik dépens du relie du corps c : cette figure repréfénte la chenille qui vient d'être décrite, au moment 011 ayant pris tout fon accroiffement , elle s'ell retirée en quelqu'endroit caché où elle pût être en siireté pour fe dépouiller de fa pcr.u & fe mettre en chrylalide : elle commence par attacher quelques fils de foie très-fîi'.s & affez. fuperficiels à un morceau de bois dd , ou à quelqu'autre corps que ce foit qui fe rencontre , foit une branche d'arbre ou de quelque plante , foit même une muraille ; enfuite elle s'y attache par les crochets de fes jambes poflérieures « : puis elle tire de fa filière un double fil aC- fc/ fort qu'elle fait paffer tranfverfalcment par dcffus fon dos, & qu'elle afiu'icttit centre le morceau de bois à fa toile en deux endroits différents ff; c'eil cette efpece de lien qui doit embraffcr la partie antérieure de fon corps comme une ceinture , tandis que la partie poflérieure refiera feulement appliquée contre la petite toile mince dont j'ai dit qu'elle avoit d'abord tapiffé le morceau de bois fuperficiellement ; mais il y a ici une chofe à remarquer , qui femblc fiippoler une grande induffrie dans notre chenille, c'eft le foin qu'elle a d'attacher fon lien un peu obliquement & autour de la partie antérieure ; moyennant quoi , lorfqu'enfuite elle fe retirera de la peau & qu'elle la rejettera en arrière, le lien qui embraf- foit lâchement cette peau, ne pourra être pouffé en arrière que jufqii'à une certaine diflance , jufques vers le milieu de fon corps où il fe colle un peu à la nouvelle peau encore tendre & gluante de la chryfalide : d'où il réiulte un avantage pour cette chryfalide , qui efl de refier ainfi fuf])endue en équilibre , au moyen de la ceinture qui l'embraffe précifc- ment dans Ion milieu. (L.'i« jm»jwjjjj^ag3a g» L'infeflc ayant tout dif'pofé de la forte, avec autant d'ordre que s'il SwiMMERDAM. prcvoyoit ce qui doit lui arriver, refte enfin tout-à-falt immobile, &C Histoire des lemble dii'pofer Ibn corps à un repos partait : enfiiite dans l'efpace de I.NsECTis. vingt-quatre heures, on s'apperçoit vers i'a partie antérieure que ies mem- bres qui ont pris peu à peu leur partait accroiffement par l'affluence inlen- fible des humeurs, commencent à s'étendre & à le gonfler d'une manière fenfible , au point de s'élever au-delà de la furface de la peau & de ren- dre la peau même tendue & luifante à force de la diUendre : en recom- penfe, les parties poliérlcures fe reflerrent & diminuent de grofleur & de lon.:^ucur dans la même proportion que les parties antérieures augmen- tent de volume : ce qui t'iit que les jambes ne peuvent plus avoir la fa- culté de fe mouvoir, & que la chenille n'ell plus en état de marcher, ni de fe traîner , ni même de le foulpnir. Enfin , ce gonflement , qu'on pourroit comparer à celui d'un bouton de fleur, ou d'un bourgeon qui va s'épanouir , cette diftention devient fi forte, que la peau extérieure ell forcée de le tendre d'abord liir le dos , enluite en trois diiîcrents endroits de la tête ; d'oîi les mouve- le contournant autant qii'i! eft nécefTaire : elle répète la même manœuvre , jurqn'à ce ciue le lien ibit allez fort, & pour cela il faut qu'il i'oit compofé d'environ cinquante fils • alors elle déoaoe fa tête & h retire de deîTous le lien , près de l'un de lès deux points fixes, & ce lien fa trouve placé autour du dos de la chenille. La chenille cloporie , qui fe fait auliî une efpece de ceinture , la fait d'une autre manière; elle commence de môme par cramponner ies ongles de fes pieds de derrière dans une pelote foyeufe qu'elle s'eft préparée; mais cjmme elle efi: inoins Ibuplo-que la chenille du chou dont on vient de parler , c'efl en recourbant fa tête de part & d'autre fur les flancs qu'elle attache les fils de chaque côté de l'en corps , qu'elle les t'ait palTer brin à brin d'abord fur fa tète , qu'elle fait racourcir & étendre à propos , en- luite par les gonflements alternatifs de lés anneaux, fur la partie du dos que le lien doit embralïer. Enfin , la chenille cornue du fenouil f.;it un procédé d-.rtcrent en partie des deux précédents pour fe lâbriquer un lien femblable ; elle fe fixe horizontalement le dos tour- né en bas ; elle commence par tapid'er de foie l'endroit qu'elle a choifi , & par y for- mer une pelote foyeufe à laquelle l'on derrière fe cramponne ; enluite recourbant fur l'un de lés flancs la partie antérieure de Ion corps elle applique un fil fur le corps au- quel elle eft fixée, près de la première paire des jambes membraneufes; ramenant en- iiiite la tête en avant, elle fait palTer ce fil fur la première paire de fes jambes écail- leufes où il demeure accroché, & delà le conduit de l'autre côté du corps^ où elle le colle pareillement à la hiuteur de la première paire des jambes membraneufes ; & flù- fant paffer plufieurs fils par le même chemin, il en réfulte une forte d'écheveau, ou de demi-écheveau, fixé par les extrémités, & accroché par l'on milieu à la première des Tambes écailleufes ; enfune inclinant fa tête , la faifant pafl'er entre fes deux jambes antérieures, & la portant en avant, elle la relevé & l'engage feus le lien, puis par des gonflements alternatifs, ce lien eft conduit en place fur les anneaux, du dos. À réeard de la chenille de l'ortie qui fe fufpend la tête en bas pour le transformer. ut les ce pelote foyeufe , le remonte elle-même à l'aide de cette dépouille , dont elle laiiit bords entre deux de fes anne.tux , comme dans une pince , ce qifelle répète julqu'à que fa queue , qui eft armée de crochets , rencontre la pelotte foyeufe à laquelle elle s'attache aufll-tôt. (Z) ACADÉMIQUE. 413 mcnts que fe donne l'animal la pouflcnt vers la partie poftcrieure de Ion ^>^-m^^^^_ corps, & bientôt la tbrmc intcrioure qu'elle cachoit, paroit à découvert : Swammerdam. Taninidl ainfi privé de tout mouvement , & fous cette forme, s'appelle Histoire dhs chyCalide (Fig. IV.) il n'cft pas étonnant que tous (es membres l'oient Infectes. alors immobiles, étant diftendus & gonflés comme ils le font par les hu- meurs qui y ont afflué en abondance, & ayant été d'ailleurs autant ti- raillés & alonoés en embas qu'ils l'ont été par la vieille peau dans le mo- ment de fa féparation ; car il ne faut pas croire que ce dépouilleir.ent le faffe fans beaucoup de peines & de difficultés, puifqu'il cit nécefTaire que toutes les attaches par lelquellcs la ])remiere peau tenolt à celle de dcffous, fe rompent alors avec cilbrt : c'cll pour cela qu'on voit la che- nille dans ces infiants de crife s'agiter, & donner aux anneaux de fon corps plufieurs mouvements d'ondulation à droite & à gauche, juiqu'à ce qu'enfin il fe glilî'e entre les deux peaux une certaine humeur limpi- de qui les détache l'une de l'autre , Si que l'inlccle pv.iffe fe tirer de fa dépouille , ce qui fe fait avec beaucoup de promptitude , lorfqu'une fois la fente du crâne ei\ commencée : telle efl en peu de mots la manière dont la chenille prend la forme de chryfalide. Si au lieu d'attendre l'opération de la nature , on fe fert de l'eaH bouil- lante pour dépouiller cette chryfalide , ou plutôt ce papillon empaqueté dans fon envelopjie , on lui trouvera une figure différente de celle de la chrvfa- lide qui ell rcpréfentée Fig. IV. car on pourra diftinguer en lui tous les membres que l'on apperçoit dans le papillon formé, qui cft reprc- fenté dans cette Planche (Fig. V.) j'ai donné une efquifle de ce papil- lon-chryfalide , ainfi dépouillé par le moyen de l'eau bouillante dans la Fig. VI. afin qu'on puiffe comparer toutes fes parties avec celles du pa- pillon entièrement formé : a a font les deux antennes, t eft la trompe placée inferieurement entre les deux antennes ; elle efl double & roulée : les quatre ailes c c font attachées de chaque côté du corcelet : on \'oit les fix jambes placées entre les deux paires de ces ailes , & on diftin- gue fort bien les anneaux du ventre dd : toutes ces parties font vifibles dans l'animal ;; de la Fig. IV. & ne paroiflent point dans la chrj'falide x (Fig. IV.) cependant celle-ci n'a pas une autre organifation que l'autre, & a précifément les mêmes membres : toute la différence apparente ne vient donc que de la dil'pofition différente de ces membres ; il y a plus , toutes les figures de cette Planche XXIV. indiquées jufqu'ici , quelque iujmm',nmrm» core parce qu'elles fe font trop affermies à l'air ; il y auroit cependant un Swammerdam mréfenté dans la même Figure IV. { , les mêmes membres que je viens de décrire, mais après les avoir débarraflés de leurs dernières dépouil- les & les avoir tirés de l'enveloppe de chryfalide ; ainfi l'animal paroit ici avec la dernière robbe qu'il doit avoir & qu'il ne quittera plus défor- mais juiqu'à ce qu'il meure ; mais comme ce dernier dépouillement n'eft pas moins remarquable que le premier, je vais expofcr en peu de mots la manière dont le papillon fe tire de fon fourreau de chryfalide : on peut très-facilement prévoir le temps de cette dernière transformation , j)ar deux petites taches noires qu'on voit paroître à travers l'enveloppe de la chryfalide fur les pointes des deux ailes fupérieiires : la Figure Vil. repréfente une chryfalide fur le point de fe transformer. Mais pour comprendre comment ce papillon peut venir à bout de for- tir de cette dernière enveloppe , il faut favoir que dès qu'une fois fes membres ont acquis aflez de force au dedans de cette enveloppe , au moyen de la tranfpiration iniénfible de l'humeur lurabondante, il s'agite, il ie remue , & refpirant avec plus de torce par fes Aigmates , il rompt enfin en trois ou quatre endroits la peau extérieure qui l'environne, (Fig. VUl. ) &c peu à peu il dégage fes membres , cjui jufqu'à préfent avoient été collés fous cette peau. A peine l'enveloppe a-t-e!le commencé à fe fendre que les forces du papillon augmentent à mefurc ; ainfi il a bientôt tait de fortir fes anten- nes, fa trompe & fes jambes , puis fe cramponnant avec les crochets de fes jambes aux premiers objets qu'il rencontre , ou même à fes propres dépouilles , il achevé par un dernier effort de tirer fon corps de l'enve- loppe : ce papillon fort de fa dernière dépouille exaftement tel qu'il eft repréfente dans la Fig. IX. (PI. XXIV.) on peut voir en comparant cette fif.ure avec la f.xicme qu'il n'eft pas bien différent, quant à la for- me extérieure, de celui que j'ai tiré artificiellement de fon fourreau de chenille. Mais il faut remarquer que le papillon ne garde pas deux in{?ants de fuite cette forme qu'il a au ibrtir de fon enveloppe ; car fur le champ les ailés s'étendent & s'accroiffent extrêmement vite ; mais avant que d'aller plus loin, il cû important de fe rappeller ce que j'ai déjà dit plus haut, que les membres du papillon, & princi|)alcment fes ailes, ont trois périodes de grandeur ; elles étoient cxccffivcinent petites dans la chenille de la Figure II. elles paroiffoient \m peu plus grandes dans le pa- pillon dépouillé artificiellement que repréfente la Fig. VI. enfin , elles ont acquis leur troifieme & dernier degré de grandeur dans la chryfalide de la Figure IV. oii elles ont pris un arrangement régulier, de façon qu'elles n'ont pu alors s'étendre davantage, malgré l'impulfion du fang & des humeurs, parce que la dernière peau qui les cnvcloppoit, s'oppofoit à Tuni. 1'^, Ggg 4i8 COLLECTION "^"■"i ■'"■"■' '" leur extcnfion ; c'eft pour cette railbn que dès qu'une fols le papillon SwAMMERDAM. s'^ft dépouilié de cette dernière peau, pour lors Tes ailes cédant libre- HiSToiRE DES ment à l'effort du fang , des humeurs & de l'air qui y abordent, fe Insectes. déploient, s'alongent & s'étendent confidérablement , comme la Figure X. le tait voir. Quand on coniidere ce phénomène fur un papillon, avec quelque attention, on ne lauroit le mieux comparer qu'à l'effet d'une ooutte d'eau, qui venant à tomber fur un petit morceau de papier bien icc, le dilate, l'étend & le fait paroître inégal & chiffonné; les ailes du papillon naiffant, ainfi chiffonnées & ridées , s'étendent peu à peu , jufqu'à ce qu'elles deviennent planes & unies , & qu'elles aient pris dix à douze fois plus de grandeur qu'elles n'avoient dans le commencement , comme on peut l'obferver dans le papillon de la Figure V. dont les ailes font re- préfentées de grandeur naturelle , & autant étendues qu'elles peuvent l'être. Mais ce qu'il y a de plus remarquable , c'eft que ce développement des ailes, cet accroiffement , tout confidérable qu'il eft, fe fait en moins d'un quart d'heure : fi dans le temps qu'il fe fait on emporte une par- tie de l'aile avec des cifeaux , on en voit fortir une liqueur jaunâtre qui coule goutte à goutte , en plus ou moins grande quantité , fuivant que l'aile efl bleffée plus ou moins près du corps , & jamais l'aile ainfi bief- fée ne peut s'étendre davantage ; mais quand une fois les ailes font fé- ches & qu'elles ont pris tout le vokmie qu'elles doivent avoir, elles ne donnent plus aucune goutte de liqueur, quoiqu'on les bleffe ; en forte que les papillons prennent tout leur accroiffement en un quart d'heure , & qu'ils n'ont point à éprouver les foibleffes de l'enfance. Pour finir cette hiftoirc , il ne me relie plus qu'à donner une légère efquiffe des membres du papillon nouvellement éclos : on voit d'abord les deux yeux à réfeaux, qui occupent la plus grande partie de la tête : on ap- perçoit au deffus des yeux les deux antennes a a (PI. XXIV. Fig. X. ) di- vifées par articulations & ornées de petites plumes fquammeufes , blan- ches , jaunes & noirâtres : on peut voir entre les deux antennes , de quelle manière ce papillon tient (a trompe roulée /> : quelque temps après il la cache entre fes barbillons : on remarque llir le corcelet les deux ai- les fupérieures c c , qui font prefque toutes couvertes de petites plumes - ou écailles blanches , mêlées en quelques endroits de petites écailles jau- nes ; les taches noires qui bordent leurs extrémités , lont formées par de petites plumes de même nature que les blanches : la même choie s'ob- îerve aulîl dans les ailes inférieures dd : on voit encore les lix jambes esec qui font beaucoup plus alongées qu'elles ne l'étoient dans la che- nille ou dans la chrylàlicle artificielle ; cependant elles ne prennent plus d'accroiffement dans le temps de la dernière transformation , & c'eff dans l'état de chryfalide qu'elles ont acquis toute la grandeur qu'elles doi- vent avoir; enfin, on diffingue aifénient dans la même figure la queue & le ventre du papillon avec fes anneaux, fes poils &; les petites plu- mes /; je finirai par faire remarquer qu'il efl polïible d'enlever toutes les couleurs de delîus les ailes du papillon en les frottant avec le doigt , ACADÉMIQUE. 419 de forte qu'il ne rcftera plus qu'une membrane fine , mince & tranl- pr.rente. (rf) Swammerdam. Histoire des Insectes. QUATRIEME ORDRE diS transformations ou diveloppements des infeclcs, A Près avoir expofé les transformations les plus fmiples & les plus faciles à comprendre, je paflc maintenant aux plus compofées & aux plus obfcures , quoique clans le fond tous les infeftes de ce quatrième ordre, dont j'ai pu obferver jufqii'à préfent les transformations , fe changent en nymphes véritables , entièrement femblables aux nymphes du premier genre du troilieme ordre : c'cll pour cette raifon que je ne ferois pas dif- ficulté de ranger fous une môme claffe les unes & les autres de ces nymphes ; car quoique les membres d'un infecte du quatrième ordre ne foient pas auflî vifibles & aufli faciles à reconnoître dans l'état de nym- phe , que ceux d'un infeûe du premier & du fécond ordre le font dans ce même état ; ils font néanmoins plus fenfibles que ceux d'une chryfa- lide qui a nippon au iécond genre du troifieme ordre ; ainfi on peut en quelque faron comparer ces transformations qui vont établir mon qua- trième ordre avec celles dont j'ai fait le premier genre du troifieme ordre. Il y a cependant, quand on y regarde de plus près, une différence très-confidérable entre la nymphe du troifieme ordre & celle du qua- trième : c'ell que celle-ci ne quitte point fa peau pour fe transformer , comme fait l'autre , mais elle fe met en nymphe au dedans même de fa première peau : voilà pourquoi je fuis obligé d'ajouter un quatrième or- dre pour placer ce genre de nymphes qui conviendroient parfaitement k tout autre égard avec celles du troifieme ; ainfi les vers qui appartien- nent à ce quatrième ordre, ont leurs membres placés de la même ma- nière fous leur peau que les vers qui appartiennent au premier genre du 'troilieme : ces membres égakment dans les uns & dans les autres croif- fent 6i fe développent lentement lous la peau de ver : jufques-là tout fe refTomble de part'& d'autre ; mais quaad le moment de la transforma- tion eit arrivé , les uns fe dépouillent de cette peau & laiffent apper- cevoir leurs membres arrangés comme ils doivent être fous la forme de nymphe , & les autres gardent toujours leur première peau & s'en font une efpece de coque , au dedans de laquelle ils tiennent leurs membres cachés ; de forte que les premiers dans le temps de leur dernière tranf- formation ou de leur paffage à l'état d'animaux parfaits , n'ont qu'une feule pellicule à quitter, au lieu que les autres doi\-ent fe dépouiller de deux enveloppes, dont l'extérieure eit beaucoup plus épaifle que l'intérieure; (j) Parce qye ce5 couleurs réfident dans les pefiteb pliJBies ou écailles dont les ail«« font couvertes , & cju'on peut enlever avec le doigt. 410 COLLECTION c'eft-là l'unique différence eflentielie qu'il y ait entre les nymphes du c troifieme ordre & celles du quatrième. Histoire des ^'"^ ^'^ 1" il y a de remarquable, c elt que quelques-uns des vers qui ^Ns£<^rES. appartiennent au quatrième ordre gardent entièrement la même forme extérieure dans le temps qu'ils le changent en nymphes , tandis que d'au- tres la quittent en partie , fans cependant perdre tout-à-fait l'apparence de vers, fous laquelle ils relient immobiles pendant tout le temps qu'ils éprouvent le développement de leurs membres & qu'ils font dans l'état de nymphe : on pourrolt en quelque forte comparer ce changement à celui d'un ver ou d'une chenille qui fe transforme dans une coque de foie qui le dérobe à la vue , comme l'ont fort bien obfervé les au- teurs qui ont donné la defcription des plantes des environs de Cam- bridge, (a) Ainfi, puifque ces infeftes, foit qu'ils gardent exaftement leur pre- mière figure extérieure , foit qu'ils la changent un peu , ont du moins cela de commun , qu'ils ne quittent point leur peau de ver pour le met- tre en nymphes, je crois qu'on peut défigner cet état de transformation, par le nom de nymphe vcrmiforme ; mais avant d'entrer en matière, j'ai quelques obfervations générales à faire iur les différents états des quatre différents ordres d'infeâes que j'ai établis , afin qu'en les comparant entre eux on foit plus en état de comprendre ce que j'ai à dire de particulier fur ceux de mon quatrième ordre. A l'égard du premier ordre, il faut remarquer que les inicftes qui font renfermés dans leurs œufs , reffemble aux nymphes du quatrième ordre, & qu'ils font cachés dans l'enveloppe de leurs œufs , comme celles-ci dans la peau de leurs vers , de façon que leurs parties font également dérobées à la vue ; mais les infeftes du premier ordre différent des autres , en ce qu'ils fortent de leurs œufs avec leurs membres complets, ians paffer par un état intermédiaire, fans prendre la forme de ver, fans avoir acquis le terme de leur accroiffement : dans la fuite au lieu de ie chan- ger en nymphes immobiles , ils ne font que quitter leur dernière peau ; voilà pourquoi j'ai dcfigné l'état de ces infectes jufqu'à ce terme par le nom de nvmphi-anlmal. Quant aux infeftes du fécond ordre , on peut auffi les comparer quand- ils font renfermés dans leurs œufs, aux' nymphes cachées dans leurs coques ; mais ils en fortent imparfaits , 6c ce n'eft qu'après qu'ils font éclos que fe fait peu à peu le développement de quelques parties qui paroiflbient leur manquer au fortir de l'œut : j'ai défigné par le nom de nymphc-nr cet état de ces infeûes jufqu'à leur perfeûion : ainfi ce fécond ordre diff.;re en un point effentiel du premier, dont les infcc'ces fortent de leurs œufs avec tous leurs membres ; mais auffi ils fe reflémblent , en ce que dans l'im & dans l'autre l'infeûe marche & fe meut pendant tout le temps de fon accroiffement , & qu'il ne fait enfin que changer de peau pour paffer à l'état parfait, ians reffer immobile & engourdi pendant un temps, comme ceux des deux autres ordres. («) Voyez C.:ii2log. finit, circ^i Cintabr. n^ifc. r. i •■ ACADÉMIQUE. 411 Les œufs des infectes du troifieme ordre, font aiifll des nymphes in- vifibles, renfermées dans une membrane où elles ne prennent point de Swammerd/.m, nourriture : jufques-l;\ ils reffemblent à ceux des deux premiers ordres ; HisTontE lih mais le ver qui iort de Ion œuf dans ce troifieme ordre, diffère bien plus Insectes. de celui du iëcond ordre , à railon de la perfedion de fes membres , que celui-ci ne ditfere de l'animal du premier ordre au fortir de Ion œuf. Premièrement, les infedes du troifieme ordre croiflent & fe développent fous une peau de ver ou de chenille , comme Ibus un mafque étranger qui cache leurs véritables parties, & ce n'ell qu'après avoir quitté cette peau que leurs membres paroiffent à découvert fous une nouvelle forme : en fécond lieu , ces inieCtes en prenant cette nouvelle forme , per- dent encore le mouvement , & femblent être replongés dans le même état de langueur oii ils étoient autrefois dans l'enveloppe de l'œuf : cet état intermédiaire, li différent de ceux du premier & du fécond ordre, je l'ai dclipné par les noms de nymphe & de chryfaitde. Eniin, les vers du quatrième ordre confidérés dans leurs œufs, font pareillement des nymphes, dont toutes les parties font cachées : aiiifi ils reflemblcnt parfaitement alors aux infeftes des trois premiers ordres ; mais au fortir de l'œuf ils différent de ceux du premier ordre , en ce qu'ils (ont fous la forme de vers Imparfaits ; ils diiierent de ceux du fé- cond ordre , en ce que leurs membres le forment & croiffent fous une peau qui les cache , &: ils reffemblent en cela à ceux du troifieme ; en- fin , ils différent de ceux-ci , en ce que leurs membres ne paroiffent ja- mais à découvert avant leur dernière transformation ; mais ils le chan- gent en nymphes immobiles au dedans de la même peau fous laquelle ils ont crû; de manière qu'ils reprennent alors précifément le même état 011 ils étoient dans l'œuf ; j'ai appelle l'infefte dans cet ét^t , nymphe-vermi- fonne : cette nymphe elf tout-à-fait différente de celle des deux premiers ordres, puifqu'elle n'a aucun mouvement & que les autres marchent; elle reffemble à celle du troifieme ordre par la difpofitlon des p.rties ; mais elle en diffère en ce qu'elle efl cachée dans fa vieille peau ; enfin , elle a encore un point de convenance avec les nymphes du fécond &C du troifieme ordre , en ce que la forme de ver a précédé foii change- ment, au lieu aue les infeâes du premier ordre fortent de leurs œufs entièrement lemblables à leurs pères , & ne paffent point par l'état de ver. On voit donc aftuellemcnt jufqu'à quel point les Infecles des quatre différents ordres fe reffemblent, tk en quoi ils différent, foit effentielle- ment , foit accidentellement : ainfi il n'y a plus rien qu'on ne puiffe con- cevoir facilement dans ce quatrième ordre, dont le caraftere cû. que la nymplie refte cachée dans la peau oîi elle a pris fon accroiffement , & ne laiiTc jamais appercevoir fes membres. Cela pofé , je vais expliquer comment il arrive que les vers qui ap- partiennent au quatrième ordre, s'éloignent plus ou moins de leur pre- mière forme extérieure fans quitter leur peau. Afin de comprendre la railon de cet effet , il faut fe rappeller auparavant que parmi les vers qui compofcat cet ordre , il y en a dont lu peau cil ferme , dure & 411 COLLECTION — ^— — — tenace, & d'autres qui ont la peau mince, molle & flexible : c'eft cette SwAMMERDAM. diftcrencc de la peau , qui non-leulemcnt rend le chargement de forme Histoire des extérieure plus ou moins marqué, mais encore qui efface quelquefois Insectes. tellement la première forme, C[u';i peine eft-e!le reconnoiflable : c'eft ce qui arrive dans les vers qui ont la peau molle : au contraire , ceux qui ont la peau dure , retiennent conlfemment leur ancienne figure ; car comme cette peau extérieure eft très-peu fouple pour fe prêter & s'acconmioder aux changements intérieurs qu'éprouve le petit corps de la nj'mphe qu'elle renferme, il réfulte de-là néceffairement qu'elle garde fa première apparence & reflemble exaftement au ver lui-même. Lors donc que les vers du premier genre de mon quatrième ordre ont affez pris de nourriture, èi. que leurs membres ont acquis leur ]uûe accroiffement fous leur peau , ils cherchent un endroit commode pour fe mettre en nymphes tranquillement & en sûreté ; ils y refient d'abord pendant quelque temps en repos , jufqu'à ce qu'ils aient entièrement per- du le mouvement de leurs membres : ce n'eft pourtant pas dans ces pre- miers moments qu'ils fe raccourcifîént ou qu'ils perdent beaucoup de leur première forme, quoiqu'ils le changent réellement en nymphes au dedans de la coque qu'ils fe font de leur propre peau. C'efl dans ce cas-ci qu'on peut voir fenfiblement l'ufage important de cette tranfpiration infenfible dont j'ai parlé tant de fois à l'égard des nym- phes : dans les vers de cette première efpece , la nymphe remplit d'a- bord exaftement toute la peau, enfuite changeant infenfiblement de cou- leur & fe rapetiflant peu à peu , elle s'éloigne des deux extrémités de ia peau, jufau'à ce qu'enfin fon corps de plus en plus raccourci & retiré par l'évaporanon des humeurs furabondantes , laiiîe appercevoir deux ca- vités afîez fenfibles dans l'intérieur de la peau , l'une vers la tête de la nymphe , &: l'autre vers fon ventre : ces cavités augmentent enfuite de plus en plus jufqu'à pe que les membres de l'inféûe aient toute la folidité fcc toute la pTteftion qu'ils doivent avoir ; la cavité qu'Harvey a obiér- vé dans les œufs de pou.le récemment pondus , a afîez de rapport avec celles dont il efl ici queftion, puifque c'eft pareillement par l'évaporation des hqueurs que cette cavité augmente. Si donc la peau extérieure du ver efl naturellement ferme & coriace, ou fi dans le temps qu'il fe transforme en nym.phe cette peau devient lin peu plus dure qu'elle n'étoit , il s'enfuivra néceffairement que le ver t...rdera encore à l'extérieur fa première figure, tandis qu'intérieurement ié féparant infenfiblement de plus en plus de cette peau dure & coriace , il prendra la forme de nymphe, comme je le ferai voir clairement par des figures & par des oblérvations particulières que j'ajouterai , pour fa- ciliter l'intelligence de ce que j'ai à démontrer : c'eil fur-tout à mes ob- lérvations que j'ofe en appeller, parce que je fuis sûr de leur exactitude. Le fécond genre de mon quatrième ordre renfermera les vers dont !a P'.-au eft molle , & fe moule fur le corps de la nymphe : ainfi comme le plus grand nombre de ces efpeces de nymphes-vefmiformes prennent ia fi,ure d'un œxif , il fuit de-là que leur peau extérieure qu'elles confervent prendra également une forme ovoïde; a\t refle, les nymphes de ce genre ACADÉMIQUE. 413 font de toutes les nymphes d'infeftes celles dont la compofition eft la ^— —■■«'■■ plus compliquée & la plus diflicile à connoîtrc , parce que leurs vers ont Swammerdam. une peau extrêmement fine & délicate , & qu'en général la Ûruflure de Histoire des ces nymphes eft plus ou moins obfcure , fuivant que la peau de leurs vers Insectes. eft plus ou moins déliée. Quelque différence qu'il y ait entre la figure des nymphes-vermiformes & celle de leurs vers, ces nymphes ne Liiffent pas d'en garder toujours quelques vertiges : premièrement, elles iont revêtues de la même peau, en (econd lieu , elles confcrvent encore les traces des anneaux , la tête , la queue & même quelques autres parties , félon qu'elles s'éloignent plus ou moins de la forme de ver ; on en trouve même qui confervent en- core leurs jambes , leurs antennes & d'autres marques qui fe voyoient dans le ver : c'eft pour cette raifon que j'ai donné indifféremment à tou- tes ces nymphes le nom de vermiformes , quoique je fâche que d'habiles Naturai.iftes, Moufet, Goedaert, les auteurs Anglois de la Defcription des Plantes des environs de Cambridge , &C tout nouvellement François Rédi (a) leur ont donné le nom d'œufs , comme fi l'on ne pouvoit re- connoître dans ces nymphes aucunes traces de membres ; mais il eft évi- dent qu'elles ne font autre chofe que les vers eux-mêmes, dont les mem- bres (e développent dans leur propre peau ; enfin , que ce font des vers changes en nymphes véritables : pourquoi donc les appeller des œufs ? ce n't:ft pas un véritable animal, difent ces auteurs, c'eft feulement une coque d'oeuf remplie d'une liqueur qui doit former un jour un animal ; les auteurs Anglois, que j'ai déjà cités plufieurs fois (i») font en doute s'il n'y auroit point une chryfalide cachée dans ce prétendu œuf, & ils avouent ingénument qu'ils n'ont point de terme propre pour défigner cette manière de fe transformer ; mais ils affurent un peu plus haut que ces œufs font à l'égard des mouches ce que les chryfahdes font à l'égard des papillons : en cela ils fe trompent affurément ; car la chryfalide eft l'infede lui-même dépouillé de fa peau de chenille , au lieu que ces pré- tendus œufs ne font que la peau même du ver toute entière , au dedans de laquelle fe trouve renfermée, non pas une chryfdide, mais une nym- phe qui laiffe paroître à découvert tous les membres de la mouche fu- ture, & que je puis démontrer clairement & dilîinftement en quelque temps que ce fbit : d'ailleurs, il ne le paffe point ici de transformation telle qu'ils l'imaginent dans les chryfalides : mais je ne prétends pas ici difputer fur les termes , il fuffit de s'entendre fur les chofes ; on appel- lera ces œufs du nom qu'on voudra leur donner, pourvu qu'on les rap- porte au quatrième ordre des changements naturels , fuivant les idées que j'en viens de donner : voici en peu de mots à quoi elles fe réduifent. Les transformations ou développements du quatrième ordre , pour ré- fumer tout ce que je viens de dire , confident dans les faits fuivants : {a) La traduâion de Rédi , qui fe trouve dans le tome précédent de la Collec- tion Académique , a fubftitué le mot coque à celui d'œuf employé ji^fr l'aucour , ôcTon s'eft conformé aux idées de Swammerdam avant de les connoitre. {t) Catalog. Plant, circa Cantabrig. nafc. p. m. 137. 414 COLLECTION — ■— ^— » le >-er aprcs avoir demeure quelque temps cians (on œuf fans prendre Si- vv.v.iK.riv. aucune nourrinire, dans un état q\ie je regarde comme \on premier état Ki>Tv^iRE Dïs de nvmphe , Ion de cette première enveloppe , croît & fe foniiie pou iNsïcris. à peu par In nourriture qu'il prend ; enfuite aysnt acquis tout rme qu'il a déjà eue iorlqu'il eiojt œuf. & en vénérai à l'œuf des in- fectes dans tous les autres ordres . il le tait une ë\-aporation inlenlîble des humeurs furabondantes ; dans Telpace de quelques jours Tinfecle re- prend l'ulage de les membres qui ont acquis de la force & de la foli- dité ; entin , il fe dépouille à la fois des deux peaux qui Tenveloppoient , il paroit tout d'un coup revêtu d'une robbe plus brillante , & fé trouve capable de tra\-ailler fur le champ à la propagation de Ion efpece. É A U MÉ R A T l O X DES I S S E C T E S qui appjrnennent à mon quatrième or--?re des transformatiom jutureiles , à Ccràre des nymphes-vermiformes. ( a ) PRemierement . je rapporte à ce genre de transformation en général , tous les œuh des infedes, non-lculement ceux du premier ordre, d'où il fort un animal jwrtait , & ceux du lecond qiîi donnent nailfence à des \-ers ; mais encore ceux du troilieme & même du quatrième qui ren- ferment foit un ver , foit une chenille ; parce qiîe je trouve que ces arim.r.ix & ces vers font renfenués dans leurs oeuK ou dans leurs membranes , à-peu-prcs de h même manière que la nymphe du qi:atrienie ordre . dont l'ai donné la defcripîion il n'y a qaim inlb.nt , eû placée dans fa ^•ieille peau dont elle s eil tait une coque : c'ell pourquoi i'inîeàe qui fort, foit parfait , foit imparfait de fon œuf, ou plutôt des membrsnes qui Tenve- ioppoicnt , le dépouille de deux pellicules à la fois , auffi bien que la nymphe : c'ert im lait ^ont Je me luis alïïiré fur plufieurs irledes , & il V a même telle efpece d'œuls , dont je pourrois fcparer la membrane extérieure de l'intérieure, comme cela paroîtra par les figures que j'en donnerai bientôt : on voit donc à préfent pourquoi ces infedes frnt auffi invilibles dans leurs œufs, que le lont les njTnphes du quatrième (j) S-wainmerdain a phcé dans fon quatrième ordre pîuCeurs espèces d'infeSe* , qai apjvircenijent proprement à l'un des trois premiers : pour éviter 'a corfoiîon , i'.ii cru devoir &rs de K>n enmr.£ratii>c tiHale , trois CDuoeèrations partielles ; dans la pre- mière, iJ rapporte oéneraiement à ce q'jatrieme ordre toutes !es elpeces d'inieâes , nuis confiderées fo'js un autre poÎDt de, vue : dans la feconde, i! ra.ige les eipeces (Tui appiTtiennent proprement à cet ordre : dans la troiûeioe il ajoute d'autres ;Ti;ecles qià n"v ont quuc rapport K>rt éio%u<. (GJ ordre ACADÉMIQUE. 415 ordre dar^s leur vieille peau : leurs mcmbrci font également cachés par — — ■■ !■ la peau extérieure qui les enveloppe ; je garde dans mon cabinet plu- Swamuiud»». fi,:urs efpeces de ces œufs qui dificrent en grandeur, en figure , en cou- Hi»TOi»t t>u leur : j'appelle ceux qui donnent des infectes du premier ordre nymphes- '"îeciw. animaux-oviformcs , & ceux qui donnent des inicâes des trois autres or- dres , nymphes vcrs-oviformes. En locond lieu. Je place particulièrement dans cet ordre, i^, les vers des latrines ; ils font àfi ceux qui ne perdent rien de leur première fi- gure extérieure dans l'état de nvmphe , parce que leur peau eîft dure; j'ai donné dans la PI. XXIV. la neure de ce ver , de fa nymphe 6c de la mouche qui en vient ; les œufs de ces moucheç méritent d'être remar- ques , je les ai auili repréfentés au même endroit. IL La mouche afile , dont la nymphe garnie aufll fa première forme de ver : les Planches XXIV. XXV. XXV L & XXVII. rcpréfentent ce qui a rapport à cet infecte ; j'en ai chez moi de quatre efpeces : on trou- ve aflez communément ces mouches fur les fleurs du panais , ^rs la fin de l'été ; je ne favois pas encore de quoi elles Ib nourrifTotent , dans le temps que j'écris ois mes obfervatioris particulières. III. Le taon ( Tabanus. ) Quoique je ne fois pas encore bien sûr de l'origine de c;tte mouche , j'ai cependant de fortes raifons pour croire qu'eue fe transforme de la même manière que la mouche afile : ce cju'il y a de fingulier dans ces mouches , c'efi qu'elles ont tout a la fois une trompe povr pomper le miel des fl;i;rs , éc un aiguillon pour fuccr le iang des animaux : airiû quand l'une des nourritures leur manqué , elles ent recours à l'autre : on ne fait pas encore û la même chofc a lieu dans lA autres infeâes qui fe nourriUtnt de lâng , tels que fcmt les punaifes , les puces, les coufios, &c. c'efl a l'expérience à nous apprendre ce qui en eft ; le fait ne me paroit pas douteux à l'égard des couiins ; il faut remarquer auffi que quand ces infectes attirent le fuc des fleurs dans leur trompe, iiv font monter en même temps des bulles d'air, comme je l'ai vu trcs-dalmdement à l'égard des trompes des papillons. IV. La mouche chevaiine, j'en ai de plufieurs efpeces : je n'oiérois cependant aiTurer qu'elles appartinfTent toutes à ce quatrième ordre ; je n'ai pas encore iiM. alTez d'o'olervations pour cela. V. L'abeille privée de Goedaert , ou plutôt la mouche flercoraire ; comme le ver d'oii provient cette mouche a la peau plus mince que ceux du premier genre que j'ai nommés plus haut, (â nymphe s'éloigne un peu de lâ première forme : le ver efl aile à reconnoitre par iâ lon- gue queue; (a) il fort d'an œuf que la mouche flercorairj a dépclc dans les matières ûercorales : cet infeâe efl repréienté dans fés diScrects états PI. XXIV^ VI. Le ver du fi-oma^ , dont la nymphe retient encore moins la fi- gure de ver que la précédente, à caufe de la fineUe de â pezn : je ^arde dans mon cabinet la nymphe de ce ver, la mouche & ^ dépooiUes \ j'ai reprél'enté (PL XXVIL & XXVIII. toutes les dîjférer.tes formes. (') M. lie Réananr appelle ce» Ibnes i/t r^n , rers à t/pate. 6t ti^ To-7. F, Hbh ^1(5 COLLECTION „,— »— 1^— tant Je grandeui" nattirelle que vues au microfcope : ce qu'il y a de re- S^Immerdam marquable dans ces mouches, c'eft que dans le temps de Taccouplement Histoire des" ce font les parties de la femelle qui font reçues dans celles du mâle. Insectes. VII. Une efpece de petits vers apodes, de couleur verdâtre, qui vivent dans les feuilles du chou ; j'en donnerai une hiftoire particulière dans Ion lieu : comme il a la peau très-fine , fa nymphe s'éloigne encore plus de la forme de ver, que celle du ver du fromage. VIII. Je rapporte auffi à mon quatrième ordre toutes ces nymphes-ver- miformes qui tirent réellement leur origine de petits vers qui le font raccourcis au point de prendre la forme d'œufs , &C dont on a fauffe- ment attribué la génération à la pourriture des chairs des animaux oh ils fe trouvent : ces petits vers ayant pafle quelques jours au dedans de leurs peaux dans l'état de nymphes immobiles , donnent une grande quan- tité de mouches de différentes efpeces ; & ce n'efl pas i'eulement entre les divers efpeces de ces mouches que l'on trouve des différences, il y eh a end^e de fenfibles entre leurs vers & leurs nymphes , les unes ap- prochant plus , & les autres moins de la forme extérieure d'im œuf, fuivant que la peau de ces vers étoit plus mince ou plus dure, ou même félon les différentes figures que peut avoir le corps de la nymphe elle- même qui eit cachée au dedans de cette peau. Tous ces vers dépofent leurs excréments dans les chairs mêmes dont ils fe nourriffent , ce qui contribue à produire plus vite la putréfaction &C la puanteur de ces chairs , ou à l'augmenter. Rédi a décrit plufieurs efpeces de ces nymphes - vermiformes ; mais il leur donne toujours le nom d'œufs, fans jamais faire mention de la nymphe qui eft véritable- ment cachée fous la peau de fon ver, dont elle s'ell fait une coque : ce- pendant l'auteur détruit par les arguments les plus folides le fyftême de la génération des infedes par la pourriture. IX. Je place encore dans le même ordre toutes les nymphes-vermifor- mes qui viennent de vers cclos dans le corps même de quelques chenil- les toutes vivantes , où ils ont pris leur accroiffement & d'où ils doivent fortir en perçant le corps de ces chenilles : ces vers fe changent en mou- ches après être demeuré quelques jours dans l'état de nymphe , fans quitter leur ncau. Il y en a de plufieurs efpeces , toutes leurs nymphes n'ont pas la ' forme d'œufs , il y a même parmi elles des variétés qui mériteroient beaucoup d'attention , & qui demanderoient un traité tout entier , fi on vouloit décrire chaque efpece en particulier. J'ai 'obfervé que les vers dont je parle ne rejettent plus aucun excré- ment dès qu'ils font une fois fortis du corps de la chenille où ils ont pris naiffance ; mais ils fe raccourcifl^ent fiir le champ & perdent le mou- vement de leurs membres , jufqu'à ce qu'enfin fans quitter leur peau ex- térieure ils fe changent en véritables nymphes , entièrement femblables à celles que j'ai décrites dans le premier genre de mon troifieme ordre ; je ne iache pas que perfonne ait oblérvé avant moi que ces infectes per- cent ainfi le corps de la chenille où ils font éclos , pour fe changer aul- fi-tôt en nvmphes : m.ais j'en ai vu auffi quelquefois qui reftoient dans le corps de la chenille & qui s'y changeoient , après avoir rongé toutes fes ACADÉMIQUE. 4^7 .entrailles ; de façon que quand ils fortoient cnfiiite fous la forme de ■"■- —^ nnuches, ils ctoient obliges de rompre trois peaux à la lois, iavoir , Swammerdam ks deux qui enveloppent "la nymphe, & celle delà chenille. Histoire dïs Mais comment ces vers viennent-ils dans le corps de ces chenilles ? y Insectes. ont-ils été introduits fous la lorme d'œufs, ou tirent-ils leur origine d'un principe intérieur qui fe développe dans le corps de l'animal où on les trouve : je n'ai pas affez de faits pour rien déterminer fur ce point im- ])ortant ; ainfi quoiqu'il me fût fort ailé d'apporter des raifons pour l'un ou pour l'autre de ces fentiments , j'aime mieux laiffer la queftion indé- cife, jufqu'à ce que le grand nombre d'obfervations néceffaires pour cela m'ait appris ce qui en ell ; (a) j'avertis en palVant les Naturalises qu'on n'obfervera jamais exadement le naturel des chenilles & leur manière de fe transformer, fi on n'a foin d'en élever foi-même un grand nombre de la même efpece , & d'épier affidument tous les changements qui leur arrivent , & fi on ne joint à cet efprit d'obfervation beaucoup d'adrefle & de dextérité dans la dilfedion : fans ces deux moyens , on ne verra jamais clair dans l'hiftoire des infeftes. X. Je mets dans la même clafle toutes les nymphesvermiformes(que d'autres appellent des œufs) qui viennent des vers qu'on croit engendrés du corps des chryfalides putréfiées : ces vers étant devenus immobiles , &C •s'étant mis en nymphes au dedans de leur propre peau , ie changent au bout de quelques jours en mouches de différentes elpeces. Moufet ell le pre- mier qui ait parlé de ces transformations , enfuite' Goedaert & enfin Rédi & plufieurs autres ; j'ai donné la figure d'un de ces vers & de fa nym- phe , qui a l'apparence d'un véritable œuf ( f^oyi^ PI. XXIV. Figg. XX. XXII. & XXIII. XI. Je compte enfin parmi les infectes de mon quatrième ordre , les nym- phes-vermiformes qui viennent de vers formés dans le corps même de cer- taines chryfalides, où après avoir pris tout leur accroifî'ement, ils fera- ^ petifTent en prenant la forme d'un œuf, & fé changent dans le dorpsde la chrvlalide où ils ont pris naiffance : cependant il eft plus ordinaire que ces fortes de vers fortent de la chryfalide quand ils ont pris tout leur accioifTement ; la raifon en eli claire : comme ces chryfalides font prefque toujours humides , les vers qui s'y font nourris les percent pour aller fe retirer dans quelqu'endroit fec , fans quoi leur peau extérieure,, au dedans de laquelle ils doivent fe changer en nymphes, ne prendroit pas la fermeté qu'elle doit avoir pour tavorifer cette transformation ; mais s'il arrivoit que le ver eût conlbmmé pour fa nourriture toutes les (a) On a aujourd'hui toutes les obfervations nccefTaires pour décider la queftion : on lait, à n'en plus douter , que tous ces vers tirent leur origine des œut's qui ont été dépoles dans l'intérieur même du corps des chenilles par des rnouches , d..>nt la plu- part font connues en général (bus le nom d'ichneuraons, que ces vers croilîent dans le cotps de la cjienille toute vivante , parce qu'ils ne le nourriiTcnt que des parties qui doivent former le papillon , Se qu'ils épargnent les organes efTentiels à la chenille , qu'enfin ils percent la peau , tantôt plus tôt , tantôt plus tard pour le métamorphofer en nyniphes , & enfuite en mouches parfaitement leinblables à celles qui leur ynt .donné le jour. (G ) Hhh z 4i8 COLLECTION I. 1 1 mil II — humeurs de la chryfalide où il ert logé , pour lors la peau de la chry- SwAMMERDAM. '^lidc fc dcflccheroit affez pour que le ver s'y transformât, & en ce cas Histoire des la mouche qui en viendroit auroit également trois peaux à percer. Insectes. Tous les infeftes dont je viens de faire l'énumération , & qui fe chan- gent en diveries efpeces de mouches que je garde dans mon cabinet , appartiennent proprement à mon quatrième ordre ; mais on pourroit y rapporter encore toutes les nymphes du premier , du fécond , du troifie- me & du quatrième ordre qui fe changent dans le corps d'autres infec» tes , comme vers, chenilles , nymphes & chryfalides , dans des fourreaux, dans des gales , dans des feuilles d'arbre & dans des excrefcepces que l'on trouve fur certaines plantes : ce n'efl pas que ces nymphes appar- tiennent proprement à ce quatrième ordre, mais leur transformation fe pafle d'une manière obfcure , cachée & qui fe dérobe à nos yeux, de même que celle des infedes qui font proprement de cet ordre ; de forte qu'il faut être très-verfé dans la connoili'ance de cette partie de l'Hiftoire naturelle pour pouvoir obferver ces transformations, & reconnoître la ma- nière dont elles s'exécutent ; je place donc en troifieme lieu dans ce mê- me ordre , L Les infeftes qui naifTent dans le corps des vers ou des chenilles , & qui fe nourrifîent de leurs entrailles. Il arrive quelquefois qu'un ver ou une chenille n'ayant pas la force de fe dépouiller, refle fous la même peau & s'endurcit : dans ce cas les infeftes dont je parle dévorent les entrailles de ce ver ou de cette chenille, s'y changent en nymphes, &i. de nymphes en mouches : on ne trouve d'autres fois qu'un feul ver afTez gros dans le corps de la chenille; il s'y nourrit pareillement, s'y chan- ge en nymphe , & enfuite en mouche : (i la chenille avoit la force de fe dépouiller & de fe mettre en chryfalide , alors tous les changements dont je viens de parler fe pafl'eroient dans le corps de la chryfalide ; mais ce qu'il y a de plus fingulier , c'eft qu'il fe trouve des vers qui for- tent du corps de la chenille où ils ont pris leur accroilTcment , & qui fe tranfportent en quelque endroit pour s'enfermer dans une toile de for- me ovale , au dedans de laquelle ils fe changent en nymphes & enfuite en mouches. II. Les infeftes qui vivent dans les fourreaux de certaines chryfalides où ils fe changent en nymphes aufTi diftinftes que celles du premier genre de mon troifieme ordre , avec cette particularité qu'on ne trouve jamais plus d'une de ces nymphes dans un feul fourreau de chryfalide. Il y a beaucoup d'efpeces de ces infeftes ; il n'eft pas difficile d'obferver leurs transformations de vers en nymphes : auffi fuis-jc bien furpris qu'aucun auteur n'ait fait mention ni de ces vers , ni de leurs nymphes. Goedaert a bien connu cependant les mouches qui en viennent , & les figures qu'il -^en à données font affez bonnes ; je les ai décrites fous le nom de fauf- fes-"uêpes (^z) dans mon troifieme ordre , auquel ces fortes de mouches {a) Ces mo'iches que notre auteur appelle du nom de faunfes-nuêpes , font de vr>iies ichneumons : au refte , la diftinflion qu'il fait entre les vers qui s'élèvent dans le_ corps dçs chenilles ,, & ceux qui s'élèvent dans le corps des chryfalides , n'a aucun tonde- ACADÉMIQUE. 419 apjvirtîennent proprement : la gourmande de Goedaert ou la mangculc ■— — w d'araignée, cil du nombre de ces mouches. Le moment d'ob(erver les Swammijujam changements fmguHers de ces inl'eftes, eft quand les chryfalides devien- histoire des nent roides & changent de couleur ; il n'y a qu'à les rompre alors &C Insectes. en tirer le ver qui eft dedans : li on le met dans une boîte fans la fer- mer , on verra dillinftemcnt la manière dont ce ver fc change peu ;\ peu en nymphe , & de nymphe en mouche. III. Les infeûes qu'on trouve par centaines dans des fourreaux de chryfalides dont ils fe nourriffent : ils s'y changent en nymphes & en- fuite en mouches , de même que les précédents , mais avec cette diffé- rence, qu'on trouve cinquante de ceux-ci, & même quelquefois cent, & jufqu'à deux cents logés dans une même chryfalide. Goedaert a connu ces petites mouches , mais il n'a rien entrevu fur la manière dont fe fait leur transformation , ni fur la nature de leurs nymphes : c'eft pour- tant ce qu'il y a de plus important à favoir : peut-être n'en aurois - je pas plus appris que lui là-dcifus fans le fecours de la difTeftion , & fi je ne m'étois toujours attaché à l'exemple d'Harvey, à obferver autant qu'il m'étoit polfiblc , les caufes réelles des changements naturels : toute la Icience qui s'acquiert par de fmiples induftions, ou par le feul raifonne- inent, n'étant qu'une fciencc imaginaire à laquelle Defcartes prétéroit avec raifon les connoiffances pratiques d'un fimple artifan. IV. Les infeftes qui fe changent en véritables nymphes dans le corps d'une autre nymphe-vermiformc , comme je l'ai vu dans la nymphe-ver- miforme de la mouche des latrines : la même chofe s'obferve aufii à l'é- gard des infcftes du premier ordre. V. Toutes les nymphes qu'on trouve cachées dans les fruits , dans les galles , dans l'épaiffeur des feuilles d'arbres ou d'autres plantes , dans des bois vermoulus , & dans quelques autres endroits cachés à la vue ; je gar- de quelques échantillons fort rares de ces fortes de nymphes & de mou- ches , avec les matières où elles étoient renfermées : j'ai aufli dans ma Colleftion cette efpece de mouches qui vient du ver que Rédi a trouvé dans les galles du faule, &C dont il n'a jamais pu obferver la transfor- mation : on trouve dajis le corps cte ces mouches précifément les mêmes œufs que l'on remarque dans ces galles : ce qui prouve incontcftablement Ar^. la forme extérieure d'un œuf (Fig. XXII.) &C après quelque temps on H'*toire ues y apperçoit différentes couleurs qui (e iiiccedent : d'abord ce corps ridé '^'*'^■'■"• & ratatiné, ell blanchâtre, enluite il jaunit, après quoi il devient rou- ge, du rouge il paffe au pour|)re , & il finit par avoir le brillant du plus beau îuccin, jufqu'à ce eniin il prenne une couleur brune foncée, qui eft celle qu'il garde jiifqu'au moment de la dernière transformation. Si on difféque avec dextérité cet infcâe dans le temps qu'il vient ainfi d* changer de couleur, & qu'on détache avec attention la peau du ver, on appercevra une nymphe parfaite , ayant tous les membres de la mouehe qui en doit naître , arranges régulièrement : ce corps ridé qu'on prcndroit d'abord pour un œuf, eil: donc une véritable nymphe-vermiiorme, com- me celle de la figure précédente, avec cette différence qu'elle s*'éloigne encore davantage de la forme extérieure de fon ver : ce qui vient iini- quenaent de ce que la peau de ce ver eft fi molle & fi tendre , qu'elle fe moiUe cxadtement & s'applique fur la fiirface de la nymphe qui y eft contenue. Ainfi parmi les nymphes - vermiformes de mon quatrième ordre, les unes différent plus de la forme de ver , les autres moins , iuivant le plus ou le moins de mollefle & de foupleffe dans la peau : les vers qui ont la peau plus feche & plus dure , tels que le vpr des latrines &: celui de la mouche afile , font dans le cas de conferver leur première forme extérieure dans l'état de nymphe : ceux au contraire qui ont la peau plus molle & plus tendre, comme le ver de la Figure XXI. perdent celte première forme, comme on le voit. (Fig. XXII. ) Il eft donc évident que Moufet , Goeclaert & beaucoup d'autres au- teurs fe font trompés , en regardant comme un véritable œuf cet état de dé- veloppement, que j'ai appelle nymphe-vcrmiforme. 'Qu'on ne croie pas que j'aie envie de tirer une vaine gloire en relevant ainfi les méprifes de ces auteurs : je n'ai en vue que la vérité &. mon but eft d'exciter pour cet effet à obferver la nature qui en apprend plus en un inftant, que tous les livres écrits pendant plufieurs fiecles , pourvu d'ailleurs qu'on ait le jugement fain & libre de préjugés ; parce qu'on ne fait que trop combien des obfcrvations mal faites font capables de produire d'er- reurs. Enfin , la Figure XXIII. repréfente la mouche qui vient de la nymphe dont je viens de faire la dcfcrrption : elle rcflemblc à la mouche com- mune , étant comme elle d'une couleur grife , mêlée de noir , & n'ayant aucun ornement remarquable : on diftingue pareillement fa tête , fon cor- celet & fon ventre : fes yeux font de couleur pourpre foncée ; on voit dans l'intervalle qui eft au milieu, deux bandes argentées, entre lef- quellcs font placées les antennes : elle a deux ailes membrnncufes , gri- sîfres, attachées aux épaules, & fix jambes hériffées de poils, lefquelles s'articulent avec le deffous du corcelet : le ventre eft compofé de plu- fieurs anneaux diftingués l'un de l'autre par des bandes noires , & il eft tout couvert de poils courts & rudes : cette mouche a de même que ■438 COLLECTION les antres , deux enveloppes à rompre tout à la fois lorfqu'ellc fort de SwAMMERDAM. l'état dc nymphe. Histoire ces La difficulté eft d'expliquer comment cette mouche vient à bout d'in- Insectes. troduire fes oeufs dans le corpï de la chenille , &i comment les petits vers qui en éclofent prennent leur accroiffement dans cet inl'efte , qui ne laiffe pas de fe changer enfuite en chryfalide , pour aller eux-mêmes fe métamor- phofer; je dirai quelque chofe de général fur cette matière dans la fuite de cet ouvrage , & je ne délefpcrc pas de trouver un jour dans un traité parti- culicr'le nœud de toutes ces générations obfcures. (a) (/:) Il feroit à fouhaiter que Swammerdam eût donné tous les éclaircinements qu'il promet ici ; car le grand nombre d'sfpeces différentes de§ vers qui prennent leur ac- croiilement dans l'intérieur des^ chenilles & des chryfaiides , ne lailTe pas d'embarraf- fer les meilleurs Obfervateurs : parmi ces vers, les uns vivent en fociété dans le corps des chenilles, les autres font folitaires ; il y en a qui percent le corps de la chenille ou de la chryfalide pour fe transformer ailleurs, il y en a au contraire qui fe méta- morphofent dans la chryfalide même ou dans la chenille ; quelques efpeces le filent des toiles , foit en particulier , foit en commun ; quelques autres ne filent point & fe transforment dans leur propre peau ; enfin , parmi les vers qui s'élèvent dans les che- nilles , les uns manoent les entrailles des chenilles, les autres fe nourriffent delafiib- ftance même des vers mangeurs de chenilles ; de forte qu'il eft très-difficile de recon- noitre lequel des deux eft ITiabitant naturel. La chenille du chou , qui eft reprclentée dans la PI. XXIV- Fig. II. eft très-fujette à être criblée par une cinquantaine de petits vers qui deviennent des mouches à quatre ailes, de l'efpece que L.nnœus a nomméei Icfieumon fcriio conglomerato flavo. ( Faun. iuec. 952. ) De trente chenilles- du chou que M. de Réaumur a obfervées, il en a trouvé vingt-cinq qui étoient plei- nes de ces vers carnaciers : cependant le ver que Swammerdam a vu fortir du corps de cette chenille, ou du moins de fa chryfalide , & dont il vient de donner la def- cription, eft d'une efpece différente, puifqu'il fe transforme en mouche à deu.x ailes; il paroit que cette mouche n'introduit point fes œufs dans l'intérieur même de la che- nille , comme fait la mouche ichneumon , qui eft pourvue d'un inftrument néceftaire pour cet effet , mais qu'eMe les dépofe feulement fur fa peau , & qu'enfuite les petits vers qui en éclofent, percent la peau de la chenille pour s'introduire dans fon corps & pour y croître à fes dépens. ( G ) ACADÉMIQUE. 439 |MgOtl»«l HISTOIRE PARTICULIERE DE LA MOUCHE ASILE. INTRODUCTION. L'Infefte dont je vais préfentement donner l'hiftoire, & qui eft connu par quelques auteurs fous le nom de taon {tabanus) préfcnte à robfervateur des lingularités très-remarquables. Moiitet ne veut point que Toa confonde cette mouche avec Vafiliis ; il trouve une différence eilentiell: entre ces deux isfeftes, & j'ai obfervé la même différence; il dit d'après .-vrillote , que la mouche afile naît d'infefles aquatiques un peu larges , il ajoute que ces mouches font bien moins connues que les taons, qu'elles ne volent que vers les endroits oii il y a des eaux ; enfin , qu'elles ont la trompe plus longue que celle des taons : cela étant ainfi , la mouche que je vais dé- crire, ell un vrai ajilus , & ne doit point être appcllée tabar.us ; (a) car elle naît d'un ver un peu large qui fe trouve dans l'eau , elle vole dans les champs & auprès des rivières ; enfin , fa trompe ell plus grande que celle du taon. Moufet a bien donné la véritable figure de la mou- che tahanus , & il a indiqué le vrai caraftere qui la diftingue de la mou- che chevaline commune ; car il y a pluheurs ef[)eces de ces mouches , parmi lelquelles il faut ranger le taon ; mais il fe trompe , lorfqu'il donne à la mouche ahle un bec dur , ôc un aiguillon tres-compaû , qui tient ;\ la partie antérieure de l'infefte, cecaraflere étant propre au taon ; il fe trom- pe encore, lorlqu'il dit que le taon prend Ion accroiffement fur les bords des gâteaux de mouches à miel : au refle, il n'eif pas étonnant que cet auteur le ibit trompé , n'ayant pas eu l'obfervation pour guide , & ayant été obligé de recourir à des compilateurs qui fe copient les uns les au- tres , 6c qui fe tranfmettcnt leurs erreurs. Je crois devoir avertir ici que c'efl la mouche afile que j'ai décrite fous le nom de tabanus , dans mon Hifioirc générale des Inficles ; je ne fais comment cette négligence a pu m'échapper, ayant cité dans le même en- droit l'obfervation d'Arillote dont je viens de parler ici ? (.ï) Rien n'efl: plus embarralTant dans l'hiftoire naturelle que la coiifufion des noms: rinexa6litude des delcriptions que nous ont lailTées les anciens , a beaucoup embrouillé Ja nomenclature : comme il eft prefque inipoirible de reconnoitre quels font les infec- tes à qui ils ont donné un tel nom , (k de diftinguer hir-tout parmi les mouches Vcef- trus , l\ifilus , U tabanus, &c. comme d'ailleurs cela paroit afte/. peu important, pourvu qu'on s'entende j nous avons appelle la mouche dont on va lire l'hiftoire du nom de mouche alile avec Swammerdam, quoique d'autres Naturaliftes lui donnent un autre nom : (z e(i \.\ inr>uche à corcelit armé de M. de Réaumur, & l'afirus aquit de Litui%us. Faun. fuec. 1029. I SwAMMEHDAM. Histoire oes Insectes. 4,|0 COLLECTION ^— — gi-— l_es trois états de c*t infcfte nous offrent également des particiilail'tés SwAMMERDAM. digncs dc notre attention; lorfqu'il efl Ipiis la forme de ver, il ne vit que Histoire des' dans Tcau , il refpire par la queue, & 11 a fes pieds placés au dedans Insectes., de fon Lee : dans l'état de nymphe il fubit fa transformation ou le dé- veloppement de fes membres au dedans de fa première peau qui lui fert d"en\-eloppc ; enfin, quand il eft devenu mouche , il ne peut plus vivre dans l'eau , & il pcriroit infailliblement dans l'élément qui lui donna la vie. Mais tous ces phénomènes extérieurs ne font prcfque rien en compa- raifon de ce qui fe paffe au dedans de cet infede qui éprouve des chan- gements finguliers dans fes différents organes, dans la peau, l'eftomac , les inteftins , &c fur-tout la moelle épiniere : on voit dans ce feul & même animal, comme trois animaux fucceflifs déformes très - différentes , on voit les couleurs changer, les parties s'endurcir, des membres difparoî- tre & de nouveaux membres fe développer à leur place ; mais venons à la defcription. ARTICLE PREMIER. Defcription des parties extérieures du ver qui donne la mouche ajlk. E ver vu à l'œil nud , paroît compofé de douze anneaux a ( PI. c ^^XXIV. Fii^. XXIV.) en y comprenant la tête. Il n'eff pas facile de diftinguer le corcelet d'avec l'abdomen , parce que l'eftohiac & les intef- tins font placés dans l'intérieur de l'un & l'autre comme dans les chenil- les : ce n'cft qu'après que l'infeûe a pris la forme de nymphe qu'on peut neconnoître diftinàement la féparation du ventre & de la poitrine. De toutes les parties de cet infefte qu'on peut obferver fans le fe- cours des verres , c'eft la queue & le bec qui méritent le plus d'atten- tion ; la queue fe termine par une touffe de poils difpofés à -peu -près circulairement h : c'ell au moyen de cette touffe de poils que le vôr flotte fur l'eau & fe tient à la furface , tandis que fon corps demeure fulpendu la tête en bas , le plus fouvent fans faire aucun mouvement ; le bec paroît divifé en trois parties : celle du milieu eft immobile , les deux autres ont un mouvement fingulier, & tel à -peu -près que cekii qu'on obferve dans la langue d'un ierpent ou d'un léfard : c'eft de ces deux parties latérales du bec que dépend la plus grande force du ver ; car il s'en fert pour avancer fon corps fie pour fe traîner lorfqu'il eft hors de l'eau : de forte qu'on diroit qu'il marche avec la bouche : les perroquets qui ont les deux mâchoires également mobiles , fe fervent auffi de leur bec pour grimper : notre ver le cramponne de la même manière avee les deux petites parties de fon bec dont je viens de parler, lorfqu'il veut porter fon corps en avant ; mais je ferai voir bientôt que ces organes , quoique ACADÉMIQUE. 44i quoique finies en cet endroit , ne forment pas cependant la vraie boa- .1 che de l'inietlc. Swammef.dam. Lorfque ce ver veut aller au fond de l'eau , il ne fait que courber Histoire dss les extrémités des poils de fa queue , de manière qu'ils s'inclinent l'un Insectes. vers l'autre : comme cette inclinaifon cil moindre vers le milieu des poils qu'à leur extrémité , & qu'ils ne fe courbent point à leur origine, on conçoit qu'ils laifTent entr'eux en fe courbant ainii , une petite cavité, dans laquelle fe trouve enfermée une bulle d'air , qui pour l'ordinaire reffemble affez bien en apparence à une petite perle a (^Fig. XXV. ) cette petite bulle fervira enfuite à faire remonter le ver à la furtace de l'eau , pour peu qu'il s'aide en même temps d'un léger mouvement : la même chofe s'ob- ferve aufTi da'ns les vers & dans les nymphes qui donnent naiffance aux cou- fins : fi la bulle d'air venoit à s'échapper de fa cavité , le ver eft maitre de la remplacer par une autre, qu'il fait fortir, quand il veut, des trachées qui abou- tiffent à cette cavité ; il arrive même quelquefois de voir fortir fuccefllve- ment de fa queue plufieurs bulles d'air qui s'élèvent à la furface de l'eau, & vont fe réunir avec l'air de l'athmofphere : la preflion de l'eau oblige ces panies d'air qui font fpécifiquement plus légères , à fe porter en haut oîi il y a moins de réfiilance : pour voir ces phénomènes bien à Ion aife , il faut mettre ce ver dans un gobelet de cryltal plein d'eau fur une table; on verra avec une forte de plaifir cette bulle d'air tranfparente , enfermée, comme je l'ai dit , dans la petite boule creufe formée par les poils de la queue. Je garde dans mon cabinet quatre cfpeces de ce genre de vers aqua- tiques , & les mouches qui en viennent : ces efpeccs différent feulement par la grandeur & par la couleur : au relfe , il n'y a pas entre elles de dif- férence efienticlle. Si l'on confidere au microfcope lever dont 11 s'agit ici, on verra (PI. XXV. Fig. I. ) que fa partie antérieure , celle où la bouche eu fituée , eft un peu pointue ; que celle qu'on peut prendre pour la poitrine eft: un peu plus large , &C qu'il redevient enfuite plus menu dans la région du ventre ; en^ , que fon corps fe termine par une queue pointue or- née de poils , qui partant de fon extrémité comme d'un centre , torment autour une efpece d'étoile. Le corps entier , en y coraprenant la tête & la queue , eft compofé de douze anneaux marqués par les chiffres i. z. 3. 4. ^c La peau tient plus de la nature des téguments des animaux teftacées , que des vers ou des chenilles raies ; elle eft médiocrement dure & chagrinée à grains fins : ces petits grains qui paroilVent difpolés avec une forte de (ynimétrie , Ibnt placés h près les uns des autres, qu'ils ne laifTent point de vuide en- tre eux ; au refte, ils font beaucoup plus petits dans les endroits oiiles anneaux du ventre fe joignent l'un avec l'autre, que dans le milieu de ces anneaux : ce qui fait que la peau de ce ver eft plus fouple dans la jonc- tion des anneaux , & par conféquent que les mouvements font plus li- bres &i plus faciles ; mais il faut obferver ces grains avec les verres qui grofTiffent le plus , pour connoître leur flniclure véritable. J'ai eu foin de rcpréfenter à part ( PI. XXIV. Fig. XXVI. ) un petit morceau de la peau extrêmement grolFie au microfcope , pour faire voir ja texture de ces Tom. r, Kkk V 44i COLLECTION I grains & celle de la peau qui paroît entre leurs interftices a ; ils forment Sv/AMMERDAM. "n tubercuic affez confidérable dans leur milieu b ; mais le contour de Histoire des leur baie paroît formé de plufieurs anneaux c qui font joints entre eux & Insectes. qui s 'engrainent par plufieurs petites pointes irrégulierest/, ce qui contriiîucà donner beaucoup de fermeté à ces grains : au refte, ils font d'une liib- ftance très-dure & qui tient de la nature de l'écaillé ; je luis perfuadé que les Ebéniftes &: les Tourneurs pourroient fe (ervir de la pe;.u de ce ver aulïï bien que du chagrin pour polir l'ivoire ou les bois durs & com- paftes , comme le buis & l'ébene. On apperçoit neut lligmates de chaque côté du corps de notre ver; ils font d'une couleur noirâtre : je n'en ai repréfenté que douze en tout, neuf d'un côté , & trois de l'autre : on ne voit aucune apparence de ftigmates en dehors fur le troifieme anneau antérieur , non plus que fiir celui qui forme la queue a (PI. XXV. Fig. L) c'eft à l'extrêmité d« cette queue que s'ouvrent les trachées poftérieures : à l'égard du troifie- me anneau antérieur, qui eu. celui oii les ailes doivent fe développera où elles commencent à fe former fous la peau du ver , les ftigmates y font beaucoup plus petits qu'ailleurs , & ils font entièrement cachés au dedans de la peau. Ce qu'il y a à remarquer ici , c'eft qu'on trouve tou- jours dans toutes les chenilles deux anneaux qui manquent de ftigmates, au lieu que dans notre ver il n'y en a qu'un feul qui en paroiflé déposr- vu ; or, les chenilles doivent fe changer en des animaux à quatre ailes, au lieu que notre ver doit devenir une mouche à deux ailes. Au deffus Se ces ftigmates on remarque encore plufieurs points noirs beaucoup plus petits ; ils paroiflent ne fervir que de fimples ornements : ils changent de peau, aufli bien que les ftigmates, & on les retrouve en- core quand le ver eft devenu nymphe. La peau eft marquée de trois couleurs ; il y a des raies cblongues , noires , des taches un peu plus claires , & des anneaux orbiculaires , du milieu defquels il s'élève un poil ; je n'ai repréfenté ces poils que fur les côtés h h, pour ne point trop groftiir la figure en les mtrquant fur tout le corps : on voit auffi en différents endroits quelques poils plus grands ce, femés parmi les autres qui font en plus grand nombre; la bigarrure de la peau vient de ce que les petits grains que j'ai décrits plus haut, font d'un brun plus foncé en quelques endroits , & plus clairs dans d'au- tres, quoiqu'au refte ils différent peu les uns des autres par la grandeur: aihfi les raies & les anneaux paroiflent d'une couleur plus foncée ou plus pâle , fuivant qu'il y a plus ou moins de ces petits grains , & que la cou- leur de ces grains eft plus noire ou plus claire. La tête de ce ver d eft comme partagée en trois parties : la peau en eft moins grenue que fur le refte du corps; les yeux ee font places an- térieurement auprès du bec, où ils font une petite faillie : on voit aufîi deux petites antennes ii qui s'avancent un peu au-delà de la partie an- térieure de la tête ; le bec forme d'abord une petite courbure & finit en une pointe très-aiguë /; mais ce qu'il y a de phis remarquable & de plus fingulier dans cet animal, c'eft la fltuation de fes jambes gg : elles font placées tout auprès du bec, entre les deux enfoncements où les yeux font lo- ACADÉMIQUE. 44. gcs, de façon qu'au premier coup d'oeil j'ai cru que ce ver s'accro- — i»— ^— choit avec (on bec , comme les perroquets , à tout ce qu'il rencontroit pour Swammehdam. faire avancer fon corps; mais après avoir confidcré la choie plus atteii- Histoire dis' tivement , j'ai reconnu que les véritables jambes de cet inledle étoient iNtECTts, dans cet endroit , ce qui cû jnifTi fingulier que fi l'homme avoit deux pe- tites mains au dedans delà bouche , une de chaque côté de la mâchoire. Ces jambes ont chacune trois articulations ; celle qui eft la plus an. térieure eft garnie de poils rudes commes des loies ; la féconde articula- tion laiffe fortir une pièce ccaillcufe noirâtre h h qui femble faire l'offic» de pouce : à l'égard de cette articulation elle-même, elle eu au/Ti d'une matière noire , qui tient beaucoup de la nature de l'écaillé ; la troifieme celle qui cft le plus en arrière , paroît auffi de la même couleur & de la même fubllance : tout ceci ne (c voit pas cependant bien dlftinôcment en dehors ; il faut avoir loin auparavant de difiéquer, avec un fcalpel ex- trêmement fin , les pariies qui forment les parois fupérieures de la bou- che , &C d'enlever les yeux ; alors on verra trés-lenlîblement à l'aide d'un bon microfcope , que la jambe de notre ver eu. articulée au moyen de quelques ligaments particuliers avec le côté de la boiiche , qui répond .^ la mâchoire dans l'homme : on découvre même les mufdes qui fervent à mouvoir cette partie, & qui ramènent de dehors en dedans la jambe toute entière, au dedans d'une cavité formée entre le bec &c les parties de la bouche auprès defquelles font placées antérieurement les petites antennes ;'/'. J'ai deffinécinq de ces mufcies qui étoient très-diflinfls ; il yen avoit trois a (PI. XXIV. Fig. XXVII. ) dont les tendons fe réunifient pour for- mer une pièce écailleufe noirâtre ; & redevenant cnliiite d'une fubftance plus molle , ils s'inféroient dans la plus grande & la plus intérieure des articulations b ; les deux autres muicles c avoient leur infertion de l'au- tre côté de la même articidation : c'ell au dedans de cette grande ani- culatlon écailleufe que font logés les mufcies qui fervent au mouvement de la leconde d : comme celle-ci renferme ceux qui font mouvoir la dernière articulation «, fes foies, & le pouce que j'ai repréfenté ici dans le milieu / : on peut remarquer aufii dans cette Hgure les houppes de poils , dont le bout de la jambe eu. hérifle : au relie , ce ver ne fe fert pas feulement de ces jambes pour marcher au fond de l'eau , elles lui fervent' encore pour fe traîner quand il efl hors de l'eau : elles lui font auffi d'un grand fecours pour nager & pour faire aller fon corps de côté & d'autre , pendant que fa queue relie à la furface de l'eau ; il n'y a rien de fi amulant que de voir alors le jeu de fes jambes ; on les prendroit à la vue fimple pour deux petites langues de ferpent. A l'égard du bec , il ell formé d'une écaille noire , il faut pour le mieux examiner, renverfer l'infeûe : alors on volt fa pointe ^ (PI. XXIV. Fi-^. XXVIII. ) qui ell courbée , derrière laquelle s'ouvre le gofier c ; c'eft aii dedans de cette ouverture qu'eft placé pollérieurement l'œlophafe , avec toutes les autres parties qui appartiennent à la bouche : on obferve dans ce bec trois divifions membrancufes, dont deux font placées tranfverfale- ment à droite Si à gauche dJ , & l'autre s'étend le long du bec qu'elle 444 COLLECTION ^— w^— — partage par le milieu : ces divifions fervent conjointement avec les tnuf- SwAMMERDAM. clés qui font placés intérieurement à dilater & à rétrécir le bec; mais la Histoire des partie pollérieure du bec e eu. entièrement formée d'une matière écailleufe I.NSECTIS. noirâtre & arrondie , tandis que l'extrémité antérieure fe courbe & finit enpoime/(PI.XXV.Fig. I.) La firufture de la queue n'eft pas moins remarquable : fon extrémité eft bordée tout autour de trente poils , qui i'ont eux-mêmes garnis d'au- tres poils plus petits de chaque côté de leur tige ; il y en a même quel- , ques-uns par dedans , qui fe partagent à quelque diftance de leur origine en deux branches que je fais entrer ici en compte : tous ces poils s'im- ' plantent dans la peau qui couvre l'extrémité de la queue ; cette peau efl: aufli grenue qu'en tout autre endroit du corps : pour s'en affurer , il faut couper la queue de ce ver, la faire bien fécher & l'examiner enfuite vis-à-vis la lumière fur un morceau de verre mince : cette manœuvre m'a appris aufli que les poils dont je viens de parler font grenus julqu'à leurs pointes , ce que je n'avois pas obfervé au meilleur microfcope. Dans le milieu de la queue il y a une petite ouverture , au dedans de laquelle s'ou- vrent deux ftigmates par où l'infefte refpire : il eft rare que les poils foient épanouis avec autant de régularité lur la furface de l'eau , que je les repréfente ici, fi ce n'eft lor'ique le ver flotte Amplement à'^v.s l'eau, &C que fa queue eft un tant loit peu enfoncée ; fi alors il vient à l'enfon- cer davantage , ces poils forment en fe rapprochant une petite coupe évafée par le haut. Il eft donc évident que notre ver fe fert de fa queue pour nager & pour refpirer : c'eft par les ftigmates qui s'y ouvrent que l'air entre & fort alternativement : les poils qui la bordent , font de nature à ne fe jamais mouiller; quand ils auroient été fubmergés dix mille fois, l'eau s'en écoule fur le champ dès qu'ils font à la furface : ces poils fer- vent encore à tenir le ver fuiJDendu tranquillement au milieu de l'eau, quaxid il ne veut plus nager. ARTICLE IL De la manière de vivre de ces vers , & du lieu où on les trouve ordinairement. Ne des chofes les plus curieufes qu'il y ait à obferver dans le ver aquatique dont je donne l'hiftoire, c'eft la manière dont il nage, & les différents mouvements qu'il exécute, lur-toiu lorfquetout fon corps flotte fur la furface de-l'eau, & que fa queue eft gonflée d'air : dans cette attitude , s'il veut nager , il commence par replier fon corps à droite ou à gauche , enfuite par une féconde contraftion , il lui fait prendre la figure d'une S romaine; enfin, il l'étend en ligne droite, toujours cou- ché fur le ventre, : c'eft en faifant faira ainfi à fon corps des replis alter- natifs, que ce ver bat l'eau, & qu'il efî en état d'avancer du côté oîi il u ACADÉMIQUE. 44«; veiit : il peut même continuer ces mouvements affez long-temps , parce î; qu'ils iont très-lents. Swammirpam. On a beau manier ces vers, même dans l'eau, ils ne fe donnent au- Histoire des cun mouvement qui témoigne qu'ils aient peur; il n'en eft pas de même I'-shctes. lorfque des vers d'une autre clpcce que la leur viennent à les heurter en nageant , ou même lorlqu'ils s'entrechoquent l'un l'autre dans les dif- férents mouvements qu'ils le donnent pour nager ; ils fcmblent dillinguer ce qui eft capable de leur faire mal : c'eft la tranquillité naturelle de ces petits animaux qui m'a procuré l'avantage de les obferver & de les def- finer à mon aife au microfcope. Dans le temps que ces vers nagent à la furface de l'eau, & que leur corps eft comme flottant, on auroit beau les enfoncer, on ne viendroit point à bout -de les faire refter au fond ; ils reviendroient toujours fur l'eau jufqu'à ce qu'ils euflent perdu par les ftlgmates de leur queue l'air dont leur corps étoit gonflé & qui s'oppofoit à leur immerfion : alors quand ils ont fait fortir tout ce volume d'air qui les foutenoit fur l'eau , ils s'enfoncent d'eux-mêmes ; & il ne leur eft plus polîible de le tenir à la furface , à moins qu'ils ne remontent pour rouvrir le godet formé par les poils de leur queue & pour recevoir de nouvel air par fes ftig- mates : quand ils font hors de l'eau , tout le mouvement dont ils font alors capables s'exécute du côté de la tête,, parce qu'ils ne peuvent alors s'aider que de leurs jambes pour faire avancer leur corps : & comme leurs jambes font placées dans la bouche, ils ne peuvent s'en Icrvir , fans que la tête fafl!"e beaucoup de mouvement : c'eft pour cela qu'on crjiroit,lorfqu'on n'y regarde pas de près, que ces vers marchent avec leur l-ouche , quoique dans le vnù ils ne fe fervent que de leurs jambes pour cela. On trouve ces vers dans des eaux foit douces, foit filées, vers le commencement de juin , quelquefois plutôt , quelquefois plus tard , fui- vant que l'été eft plus ou moms chaud; il y a des temps où on en voit en quantité , d'autres fois on a beaucoup de peine à en trouver : ils ha- bitent communément les foflTés qui bordent les prairies , mais fur-tout les endroits de ces folles où la furface de l'eau eft couverte de plantes aquatiques ; ils fe plaifent à ramper & à fe traîner de côté & d'autre par deffus ces petites herbes vertes : on les trouve aufli fouvent fur les bords d£s foft"és , la queue en haut & la tête en bas ; ils font occupés dans cet attitude à fouiller dans la boue & dans la vafe , avec leur bec & leurs jambes, pour chercher leur nourriture ; il eft probable qu'ils ne fe nourriflTent que d'une matière gluante (a) qu'ils trouvent dans des ma- res d'eau & fur les bords des fofles : aulTi ne voit-on jamais de ces vers dans des pièces d'eau un peu larges & profondes ; quand les fofles font trop pleins d'eau , ils font obligés d'aller chercher leur nourriture au fond , & même quelquefois ils viennent ramper fur la terre : ce qu'il y a de plus fmgulier , quand ils font enfoncés fous l'eau, c'eft de voir les bulles d'air qu'ils font fortir fucceflîvement de leur queue; il en reparoît toujours (a) Ou peut-être d'autres petits infeâes qu'ils uouvont duii cette y*fe , & que oos yeux n'apperçoivent pas. ( G ) 446 COLLECTION III I I MU une nouvelle dans la boiirfe que forment les poils de la queue : on pren- SwAMMERDAM. droit cctte bulle d'air au premier coup d'œil pour une perle qui fe meut Histoire des dans l'eau : au moyen de cet air, la queue de l'inleôe fe tient toujours )>;sECTEs. élevée en haut , & cette attitude lui eft favorable pour chercher fa nour- riture. On ne fauroit croire combien cet animal eft doux , il ne mord ni ne pique , ni ne cherche à faire aucun mal : on croiroil d'abord en voyant le mouvement rapide de fes jambes , que ce font deux dards ou deux aiguillons venimeux : rien n'eft plus faux ; l'ouverture de la bouche par cil le ver fuce, n'eft: pas même de ce côté-là : elle eft placée, comme je l'ai dit , fous la courbure que forme l'extrémité pointue de fon bec. J'ai dit que la terre glaile & l'argile faifolent la principale nourriture tle notre ver : j'ai cependant trouvé de très-petites pierres rouges &c de petits grains de fable mêlés parmi les parties terreuies, lorfque j'ai ou- vert ces animaux ; je ne pourrois pas afl'urément expliquer comment l'ou- verture de leur bouche étant fi étroite , ils peuvent venir à bout d'y faire entrer des- morceaux auflî confidérables ; je croirois qu'ils n'avalent que les parties les plus fubtiles & les plus vifqueufes de la terre , de la vafe & de l'argile, & que ces parties lubiffent encore différents change- ments dans leur cftomac ; j'en parlerai plus au long quand je ferai à la defcription anatc mique de ces vers & des nymphes qui en viennent. Je me fuis fervi de différents moyens pour faire périr ces vers lorfque j'en voulois faire la diffeftion : l'efprit de vin ne m'a pas réuffi pour ce- la ; ils y reftent en vie pendant vingt-quatre heures ; peut-être y fubfif- teroient-ils encore bien plus long-temps, mais je n'ai pas eu la patience de l'éprouver : il m'eft arrivé quelquefois de les retirer de l'efprit de vin au bout" de vingt-quatre heures , & de les remettre dans de l'eau de pluie avec les autres : quelques-uns ont vécu encore pendant plufieurs jours ; ils ne périffent pas non plus afléz promptenient dans le vinaigre, ils s'y remuent avec plus de vivacité que dans l'eau , & quelquefois ils s'en échappent ; j'en ai vu qui ont vécu dans cctte liqueur l'efpace de deux jours &C d'une nuit , quelques-uns plus long-temps encore , & quel- ques autres moins ; mais dans l'efprit de térébenthine , c'ell tout au plus s'ils vivent un quart d'heure : il fe préfente alors un phénomène affez fîngulier : l'air s'attBche entre leurs poils & les anneaux de leur corps , & l'on croiroit voir de l'argent briller dans ces endroits. Goedaert a décrit & repréiénté ce ver dans fes Métamorphofes natu- relles (Part. I. Exper. 70. ) autant que j'en puis juger par la figure qu'il en a donnée ; il a oubhé cependant d'avertir s'il l'a trouvé dans l'eau ou fur la terre : au refte, de tout ce qu'il en dit, il n'y a rien de fort re- marquable, li ce n'eft qu'il a obfervé qu'il peut vivre pendant neuf mois fans manger : c'eft pour cette raifon qu'il lui a donné le nom de can^e- Icon, dans la fauffe idée qu'il avoit, ainfi que bien d'«utres , que cet animal vit feulement d'air. Aldrovande a auftî décrit notre ver fous le nom de ver aquatique Çin. tefànum aqua ) il en a même donné la figure ; mais il a ignoré pareills^ o ACADÉMIQUE. 447 ment qu'il en vient une mouche , il n'a pas connu un feul de tous les faits — *— — que je viens de rapporter fur la nature de cet inlcde. Swammerdam. Histoire des Insecte». ARTICLE III. Dcfcripùon anatomlquc dts parties inurnes du ver qui donne la mouche afik. LEs parties internes du ver qui donne la mouche afilc , font les dents, l'œlophage, l'cflomac , les intertins grêles, les gros intertins, les vail- feaux falivaires , les trachées, la graifl'e , le cœur, le cerveau, la moelle épiniere & les mufcles. Les dents (ont placées dans la partie poftérieure de la bouche , com- me elles le font aurti dans quelques efpeces de poiffons : après que les aliments ont été introduits dans la bouche , elles peuvent encore les bri- fer & les broyer avant qu'ils defcendent dans l'ertomac : dans les écre- virtes & dans les homards , les dents ne font placées que dans la cavité même de l'ertomac : celles de notre ver font d'une liibllance écailleufe, & en quelques endroits un peu raboteufes & inégales ; je n'ai pas trouvé cependant ces afpérités afl"ez confidérables pour les repréfentcr dans une figure. L'œfophage eft un petit canal délié , qui" s'étend depuis le fond de la bouche jufqu'à l'ertomac en partnat par une fente qui ert pratiquée dans la moelle épiniere , comme cela s'oblérve encore dans quelques autres infeftes ; le cerveau ert placé au defliis de la région antérieure de l'erto- mac : l'ertomac même eft une partie mcmbrancufe , qui fe trouve remplie d'aliments déjà broyés , fi l'on a eu foin de faire périr le ver dans l'huile de térébenthine aurti-tôt après qu'on l'a pris : les intertins grêles font aufli farcis de la même matière : il n'y a pas une grande différence dans cette efpece de vers , entre l'ertomac & ces intertins : c'ert un feul & même canal qui a cinq pouces de longueur (mefure de Hollande.) Vers l'extrémité des intertins grêles on apperçoit quatre vailTeaux aveugles , qu'on peut appeller les vaiffeaux variqueux : ils font autant placés dans la poitrine que dans le ventre ; quelquefois ils contiennent une humeur aqueulé , d'autres fois on y trouve une matière d'un beau blanc , & qui reffemble à du lait caillé, ou qui commence à fe prendre : ces quatre vaiffeaux variqueux font bien une fois auffi longs que les vérita- bles intertins ; ils forment plufieurs circonvolutions dans la poitrine & dans l'ertomac , & il ert très-difficile de les découvrir & de les détacher : enfuite on obferve les gros inteftins qui forment des renflements en plu- fieurs endroits : on les trouve remplis d'argille , de petits grains de fa- ble de différentes groffeurs , de petits morceaux de pierres rougeâtres , & de divers aiurcs excréments de cette nature ; mais tout ceci fera plus expliqué quand je donnerai la figure des intelHns de la nymphe , Se j'ex- 448 COLLECTION poierai alors quelle eft la nature de ces petits grains de fable qu'on y SwAMMÉRDAM. ti'.)UVC. Histoire des Les vaiffeaux falivalres a ( PI. XXV. Fig. II. ) (ont deux petits canaux Jns£ct£s. aveugles , membraneux , tranlparents , extrêmement tortueux , que l'on remarque d^s la poitrine ; leur couleur eft fembiable à celle du lait cail- lé ; mais ils ne la doivent qu'à la matière qui ell contenue dans leur ca- vité, & qui paroît à travers leurs parois minces & tranfparcntes ; cette matière eft vraiment coagulée , & on a beau piquer les vaiffeaux qui la contiennent, elle ne s'écoule point : ces deux vaiffeaux fe réimiffent en- fuite , & ne forment plus qu'un fuul canal b qui va s'inférer à la partie fupérieure & poftérieure de la bouche : on diftingue encore au même endroit deux petites parties ce, qui reffemblent affez à des mulcles. Quoi- que j'aie donné le nom de vaiffeaux lalivaires à ces canaux, à caufe de la reffemblance qu'ils ont avec ceux des autres vers & même des li- maçons , je n'olérois cependant afllgner pofitivement leur véritable ufa^ ge , n'ayant point encore trouvé jufqu'à préfent la matière qu'ils contien- nent dans un état de fluidité : on les retrouve encore dans la nymphe, & même dans la mouche; mais ils font alors étendus en ligne droite, & ils traverfent le corcelet pour aller fe terminer dans le ventre par des extrémités plus larges qu'elles n'étoient dans le ver; je ne doute pas qu'ils ne faffent l'office de vaiffeaux falivaires dans la mouche. Dans cette Figure II. qui repréfente la bouche du ver d, & l'infcrtion des vaiffeaux falivaires que je viens de décrire , on n'apperçoit ni les yeux, ni les en- droits de la tête où ils font placés , parce que ces parties fe féparent très- facilement de la bouche dans la diffedion. Les trachées font fi nombreufes dans ce ver, qu'il n'y a point d'en- droit où l'on n'en découvre : on voit d'abord deux gros tuyaux d'un diamètre confidérable aa (PI. XXV. Fig. III.) qui paroiffent formés d'u- ne faite d'anneaux un peu applatis : ces tuyaux font plus renflés dans leur milieu , &: plus déliés à leurs extrémités : ce lont les deux principa- les trachées ; elles occupent les deux côtés du corps de l'infedfe , & el- les communiquent avec tous les ftigmates ; il ne paroît pas cependant que l'infefte faffe ufage de ces trachées pour refpirer avant qu'il loit dans l'état de mouche ; je crois qu'il en eft de ces parties dans le ver comme des poumons & de la trachée artère dans le fœtus : au reffe , les trachées de notre ver fe diftribuent dans toutes les parties de fon corps , & mê- me dans les vifceres , dans le cerveau & dans les nerfs , de forte que l'air eft porté dans toutes les parties par ces canaux ; on en vc-it un nombre prodigieux à l'endroit oîi iont les nerfs optiques, & les rudiments des membranes des yeux b qui fe développent inlenfiblement &: qui s'accroif- fent de plus en plus, jufqu'à ce qu'elles aient acquis leur perfeftion dans l'é- tat de nymphe , & qu'elles puiffent fervir aux ufages de la mouche qui en doit naître : on peut voir en différents endroits comment ces trachées partent de deux côtés oppofés & vont à la rencontre les unes des autres ce : ce qui fe remarque principalement vers les côtés du corps dddddd où elles s'anaftomolent toutes enfemble au moyen des ram.eaux de commu- nication qui vont d'un ftigmate à l'autre : de-là il part ime infinité de ramifications ACADÉMIQUE. 449 ramifications qui vont aux membranes & aux mufcles de la peau que ■■ ■ 1 !■ j'ai marquée ici par une fuite de points ^eee; d'autres qui vont fe ren- Swa.mmerdam. Cire aux parties internes; enfin, ces deux trachées principales fe tcrmi- Histoire des nent dans la queue /", par deux tuyaux toujours dilHncls qui ont chacun leur Insectes. C)U\ crture particulière , ou leur lligmate , dans une fente commune , par où r.iir entre & fort alternativement , comme je l'ai démontré même exté- ileurement fur la queue du ver fans avoir recours à la difléftion, parce que ces deux tuyaux paroiflcnt en quelque manière à travers la peau. Les grandes trachées paroiflent fenfiblement faites d'anneaux ovales ; en tirant doucement une portion de ces tuyaux , on fait léparer les an- neaux les uns des autres , on les déroule quelquefois de la longueur de deux ou trois pieds : on diroit un fil d'argent qui auroit été roulé en fpirale autour d'une aiguille ■: ce fil , dont les trachées font formées , efl; prefque auffi fort qu'un til de vcr-à-foie , car il craque en fe caffant. La graiffe a (PI. XXV. Fig. IV.) eft: dlftribuée également dans tout le corps de notre ver : on la trouve aufïï bien dans la tête que dans la poitrine &i dans le ventre : fa couleur clî un blanc aufli vif que ce- lui de la neige qui vient de tomber : elle tire cependant un peu fur le vcrd du côté de la queue : à IV^ard de fa figure, il n'eft guère poflible de la décrire exactement, tant elle varie : dans quelques endroits elle eft ronde t, dans d'autr(.s elle eft alonrée c, dans d'autres large i/, ici elle cft anguleufe c, là elle a une forme de poire /, ailleurs elle a une au- tre figure ; il s'y engage un grand nombre de trachées, ce qui me fe- roit croire qu'il en eft ici comme de l'épiploon dans l'homme, qui fert à foutenir & à défendre les vaifTeaux fânguins : fi on expofe cette graiffe à la flamme d'une ch:indelle fur un petit morceau de verre , on la verra fé fondre comme de l'huile &: s'enflammer; ce qui démontre incontefta- hlcmcnt que c'eft une véritable graiffe : on pourroit donner à ces mo- lécules le nom de vaifTeaux adipeux par rapport aux vaifîéaux qui y font renfermés , mais cette dénomination ne feroit pas tout-à-fait exafte : au rcfte , cette gralfl'e perd entièrement fa première forme dans la nymphe &C dans la mouche : aufTi eft-ce dans le ver même qu'il faut l'oblérvcr; le coup d'œil qu'elle préfente eft agréable & tel que je ne crois pas qu'il foit poffible d'en donner une idée jiifte par des defcriptions. On voit diftinftement les pulfations du cœur c étoient allez lâ- Sw'AMMERDAM Histoire D£» Insectes. 4^6 COLLECTION — — —— — chôment jointes entr'ellcs, de manière que je les détachois alfément les SwAMMEUDAM. ""^^ dcs Eiitres avec la fimple pointe d'une lancette : au refte , dans la Hi5Toi.^n DES ' nymphe nouvellement transformée , la graiffe a^ oit commencé h prendre Iks£ct£s. une légère teinte de verd. On obferve aulfi dans l'eftomac & dans les inteftins de la nymphe des changements conficicrables & très-fmgiiliers ; ces changements font cependant plus ou moins marques litivant qu'il s'eft plus ou moins dif- fipé de ces humeurs llirabondantes dont la nymphe efl intérieurement abreuvée ; il n'eft donc guère poflible de décrire les renflements , les étrans'lements , 8i tous les autres changements qui arrivent alors dans les inteftins , tant par rapport à la figure , que par rapport au volume : tous ces changements étant en proportion des évaporations qui i'e font. Je décrirai feulement ici les différences qui m'ont le plus frappé, & je commencerai ma defcription par Fceiophage , a (PI. XXVI. Fig. VI. ) qui paroît ici en deçà des pièces écailleules b de la tête , du bec & des jambes que l'animal tient rephées, comme je l'ai déjà dit ; on voit^n fuite comment l'oelophage paffe fous le cerveau c , par une ouverture prati- quée dans la moelle épiniere, &. s'étend jufqu'A l'eftomac d; la portion liipérieure de Xeftomac paroît former cinq petites rides ou plis à-pcu- près annulaires , fur lefquels on voit ramper quelques trachées ; ces ri- des empêchent d'obferver quelle eft la ftrufture intérieure de l'eftomac en cet endroit ; mais la portion inférieure eft d'une figure toute diffé- rente, elle eft divifée par des raies longitudinales que repréfentent les lignes ponûuéesSt ; & comme cette partie de l'ellomac eft gonflée & remplie d'une humeur limpide, on y apperçoit à travers fa membrane ime manière de tuyau ouvert /, qui efl: d'autant plus remarquable qu'il eft d'une couleur qui tire un peu fur le rouge ; au refte, il eft bon de re- marquer que cette portion inférieure de l'eftomac que je viens de dé- crire , le fépare très-aifément de l'inteftin grêle qui lui eft continu ; le haut de cet intertin eft joUment plift"é, &: forme fix rides annulaires bien mar- quées g', ainfi que l'extrémité fupéricure de l'eftomac ; un peu au deflous de ces rides on remarque au dedans de cet inteftln un autre inteftin en- core plus grêle h , qui eft contenu dans fa cavité , & qui après avoir for- mé plufieurs ziguezagues & quelques boucles fmguiiérement entortillées , /', fe termine par une extrémité im peu évafée ; la couleur de ce petit in- teftin eft d'un jaime foncé, & il eft très aifé de le diftinguer à travers l'inteftin qui le contient, parce que l'humeur qui fe trouve dans celui- ci en cet endroit , eft claire & limpide ; fi l'on ouvre l'inteftin grêle , on pourra en tirer le petit inteftin qui y eft contenu , &: il lé trouve alors deux fois plus long qu'il ne paroiflbit lorfqu'il étoit logé dans la cavité du premier; on reconnoît aufti que fa couleur jaune eft due à une ma- tière de même couleur qui eft renfermée dans fa cavité; il m'eft impol- fible de ren.lre raifon de l'afas^e de ce petit inteftin; je l'ai trouvé même dans les vers qui (ont prêts de fe transformer; c'eft pour quoi j'ai cru pouvoir laifler encore la tête du ver dans cette Figure \\. dont je donne maintenant l'explication, quoiqu'elle repréfente les parties de la nymphe: il m'eft arrivé une fois de trouver dans une nymphe très-avancée le petit inteftin I ACADÉMIQUE. 457 intcflin c'.ont je parle très-frinble, & en même temps d'une couleur .Mu^m^JuiM^mm qui tiroit un peu plus fur le rouge, enfin, ayant tout l'air de commencer s^^ammerdam. à fe dliroudrc; audl ne l'ai-je jamais obfervé dans la mouche. Si même h,stoire des j'ai remarqué qu'il ctoit entièrement ccnfumé dans les mouches qui ne Insectes. faifoient que d'éclorre ; c'cft pourquoi on pourroit conjcâurer que ce petit intefiin n'cfl: autre choie que la membrane interne de l'inteflin grêle du ver, laquelle au lieu d'être rejettée tout d'une piccTc dans le temps de la transformation , le coiilume & fe dcffcche inienfiblement dans le corps même de la nymphe : au refle je ne donne ceci que comme une conjefture ; je me fouviens d'avoir vu quelque chofe de (émblablc dans les araignées ; je trouve auffi que Thomas ^V'illis a obrcrvc pareil- lement dans les vers de terre un intefiin contenu dans un autre. Au deffous de l'endroit où fe termine l'intcftin contenu, dont je viens de parler, l'inteftin contenant redevient liffe, uni, & d'une capacité affez uniforme, jufqu'à ce qu'enfin 11 forme un médiocre renflement, dans lequel s'infère un petit tuyau k , qui bientôt fe partage en quatre bran- ches qu'on peut appeller vaiffeaux variqueux , ou plutôt inteftins aveugles ; ces vaiffeaux , comme autant de petits inteftins grêles , viennent répan- dre l'humeur qu'ils contiennent , dans le renflem.ent dont ;e viens dépar- ier , lequel forme proprement la limite où commencent les gros intef- tins /, & oîi finiffcnt les grêles ; leur ffruâure efl remarquable : deux de cas quatre vaiffeaux font remplis pour l'ordinaire d'une humeur blan- châtre , laquelle fuivant les obfervations que j'ai faites fur des nymphes plus avancées, fe vuide peu à peu dans les gros inteflins; cette matière n'cft point continue, mais elle efl comme partagée en plufieurs bulles par une autre humeur plus limpide femblable à du lait clair qui s'y trouve interpolée ; ce qui forme des efpeces de compartiments mm très- élégants ; je n'ai pu reprcfenter ici que fort groffiércnient cette ftruc- ture , parce qu'il auroit fallu ime figure trop grande pour la rendre exaftcment ; au refte , il eft très-difficile de léparer ces vaiffeaux aveu- gles de la graiffe où ils fe trouvent engagés , d'autant plus que cette matière blanchâtre dont j'ai parlé plus haut , ne fe trouve point dans toute leur longueur, & qu'ils fe caffent très- aifément dans les endroits où il n'y en a pas ; ils font encore bien plus difficiles à préparer & à ^ découvrir dans le ver, parce qu'ils font alors bien plus embarraffés dans la graiffe ; au refte , ils fe répandent dans toute la capacité du ventre /in, en faifant plufieurs replis & plufieurs tours & retours ; car dans la nvmphe on ne les retrouve plus dans l'intérieur de la poitrine qui fe trouve affcz remplie des mufcles des jambes , & d'autres parties ; enfin , il faut remarquer que les deux qui vont à la partie fupérieure , fe re- joignent dans l'endroit marqué par la lettre o , & qu'en fuite l'un d'eux (j) Ici Swammerdam promet de publier de nouvelles expériences dont il réfultera félon lui , qiic le foie eft le véritable organe de la fanguification ; il tendoit pour cela flu'nn temps plus commode & la folution de quelques doutes qui lui reftoient encore fur cette qi:euion. Voyez plus bas dans l'Hiftoire d< la grenouille, Tom. K. Mm m 4'i8 COLLECTION I — — s'étant encore partagé en deux branches qui rentrent l'une c!ans IV.ntre, SwAMMERDAM. deicend en taifant plulicurs circonvolutions p p ,&C i'e termine dans les gros Histoire des intcftlns oii il verie la liqueur qu'il contient ; à l'égard des deux autres Insectes. c\m s'étendent dans la partie inférieure du ventre , l'un qui eft celui oîi le trouve la matière blanchâtre qui forme les différents compartiments mm, dont j'ai parlé, après avoir fait auffi pluiieurs circonvolutions qq y fe termine en cul-de-lac r, & l'autre ayant formé pareillement plu- fieurs détours s s-, finit par une efpece de cul-de-lac annulaire t. En oblervant enluite l'inteftin colon , on voit qu'il forme en plu- fieurs endroits de petits renflements u , produits par la matière blan- châtre qui eil: contenue dans fa cavité ; l'inteflm étant plus étranglé dans les endroits où cette matière lé trouve en moindre quantité ; mais un peu plus bas j'ai obfervé un renflement plus confidérable x , qui étoit rempli d'une matière noire : enfin , il y a encore dans le même inteliin deux renflements y jK où le rendent les matières excrémenteufes dont l'inlefte doit lé vuider lorfqu'il fera devenu mouche ; ainfi on pourroit donner à ces derniers renflements le nom de cloaques. On peut enfin remarquer l'inteftin re^^im & par deflTous dans la queue même l'anus :^ ; j'ai repréfenté le dernier anneau du ventre comme il tient à l'anus, pour faire mieux comprendre la fituation relative des parties que je viens de décrire Si de repréfenter. Quand la nymphe ell un peu plus avancée , on trouve quelquefois fon eftomac rempli d'une matière verte ; mais lorfqu'une fois elle approche de fa dernière transformation, alors fon eftomac & fes inteftins font li confidérablement rétrécis 6c rapetifl'és , qu'on croiroit diflequer un au- tre animal fi on n'avoit pas luivi les changements fuccefTifs de ces par- ties depuis le commencement jufqu'à la fin ; mais dans la région infé- rieure de l'abdomen , les cloaques du colon & le reftum font alors telle- ment diftcndus &: gonflés par des humeurs blanchâtres mêlées d'une ma- tière calcaire, que la furface en paroit luifante & polie; fi l'on vient à crever cette poche , les humeurs s'en écoulent & ottiilquent toutes les parties voifmes, & même étant mêlées avec de l'eau pure, elles lui font perdre fa traniparence. L'ovaire qui dans cet infefte eft double , paroifToit de confiftance aqueufe & de couleur blanchâtre dans la nymphe nouvellement tranf- formée , èl les œufs contenus dans l'ovaire étoient prelque impercep- tibles ; niais dans une nymphe un peu plus avancée , cette partie étoit d'un jaune pâle , & dans une autre toute prête à (ortir de Ion enveloppe , elle étoit d'un beau verd : dans la partie la plus élevée du ventre à len- droit oii l'ovaire touche prefque la poitrine , on voit deux petits facs vuides & comme chiffonnés ; ce font deux véficules pneumatiques dont j'aurai occafion de parler plus au long dans l'hilloire des parties de la mouche. Il le préfente encore îi l'extrémité du corps au dedans des der- niers anneaux, trois petits boutons tranijjarents , arrondis, qui ont cha- ciui leur pédicule , & qui fe dépouillent comme les autres parties ; ces boutons ié développent dès qu'on vient à les endommager. Je ne puis encore déterminer l'ufi'ge de ces parties ; tout ce que je fais, c'eft qu'elles ACADÉMIQUE. • 4.19 ont npport aux organes de la gcncratloii de la femelle , car ^e ne Ici ai — » jannis trouvées dans aucun mâle ; ainfi je les repréfenterai dans la figure Swammerdam que. je donnerai de ces organes. Histoire des' Les parties maCciilines ibnt aufll devenues pour lors affez fenfibles , Insectes. & au lieu de la confiftance aqueuie qu'elles avoient dans le commence- nent , elles ont déjà pris un peu de fermeté , & elles paroiflent d'un blanc clair &c tranfparent; les mufcles de la poitrine font aufîî devenus plus fermes &: d'une couleur qui tire im peu fur le pourpre , au lieu pue dans la nymphe nouvellement transformée, ils étoient d'une con- fiflance molle , muqueufe , femblable ù de la gelée & d'un blanc irès- p.lle. , Tous ces changements ne font rien , pour ainfi dire , en comparai- son de ceux qui arrivent par un développement lent & fucceflîf dans la tête, dans les yeux , les trachées, la graiffe , & dans certaines pièces ccailleufes qui auparavant n'étoient formées que de membranes & d'hu- meurs ; mais comme j'en parlerai en décrivant la mouche, je les paffe niaintcniiiit fous filence. On voit fur le cerveau deux petites parties blan- ches, molles, qui ont pour ainfi dire la forme de nœuds, & qui s'éle- vant en manière de petites cornes , s'attachent de chaque côté de la poi- trine & s'appuient fur l'eftomac qui leurfert de liafe ; au refte , j'ignore abiblument la nature &C l'ufage de ces parties. J'ai obfcrvé dans une nymphe qui étoit morte dans fon enveloppe, que le corps grailTeux étoit de couleur de pourpre parfemée de points blanchâtres : le petit inteftin que j'ai dit plus haut que l'on trouvolt cori- tenu dans un autre, étoit ici tout pliffé, & pour ainfi dire ratatiné ; il ne tenoit plus du tout à la furface de l'autre; mais l'endroit de l'inteflin extérieur où il paroiffoit flotter, formoit un renflement confidérable ; la tunique de l'œil qui répond à l'uvée des grands animaux , étoit d'une couleur de pourpre la plus belle &: la plus foncée ; le ventre étoit rem- pli de quantité de petits vers , parmi lefquels il y en avoir déjà de tranf- formés en nymphes Si d'autres qui étoient iur le point de pafler à l'état de mouches ; j'avois déjà vu de ces transformations fmgulieres de vers en mouches s'opérer dans le corps même des chenilles èc des chryfa- lides , & qui plus ei\ j'avois compté jufqu'à douze efpeces différentes d'infedcs qui s'étoient ainfi transformés fur une même elpecc de che- nille ; mais je n'avois pas encore remarqué que ces phénomènes eulfent heu , même dans les infecf es aquatiques. Les changements qui arrivent à la moelle épiniere dans le temps»-de la transformation , méritent pour le moins autant d'attention que ceux d^nt j'ai déjà parlé; cette moelle étoit toute roulée dans le ver ;\-peu-près comme une boucle de cheveux ; au contraire elle ell parfaitement éten- due en long dans la nymphe , ik. prelque tous les ganglions ou nœuds qu'elle forme font féparés les uns des autres 1. i. 3. &£. ( Fig. Vil. ) je dis prefque tous , parce que cette remarque n'a lieu qu'à l'égard des gan- glions de la partie poflérieure ; pour ce qui efl de ceux de la piirtie an- térieure qui font les plus voillns du cerveau a , au deffus duquel j'ai rc- prélenté la cornée de chaque œil , il eft évident que le premier de tous M m m 1 46o COLLECTION ■— —— — b n'a point changé de fituation; mais les quatre fuivants c, non-feulement SvAMMERDAM. Ont changé de figure & de pofition, mais encore fe font confondus l'un Histoire des dans l'autre , de forte que les nerfs qui en partent , ont aftuellement une Iksectes. toute autre direftion qu'ils n'avoient : on peut remarquer encore com- bien la moelle épiniere a été dillendue & alongée à l'endroit de fon ori- gine entre le premier & le fécond ganglion , ce qui eft encore plus fen- îible vers le fixieme , le feptieme , & le huitième , tandis que les trois derniers d ont gardé leur première fituation , quoique cependant le der- nier de ces trois foit plus marqué que les deux précédents; il l'embleroit que la moelle devroit plutôt être roulée dans la nymphe & étendue dans le ver, puifqu'il ei\ des deux tiers plus long que la nymphe, & par con- féquent que cette moelle n'auroit qu'à fe plier pour fe prêter au rac- courciffement de l'infcde ; mais ce n'eft pas la première fois que la na- ture déroute notre raifon , &C que l'expérience détruit nos conjeûures. ARTICLE VI. Z?« la manière dont la nymphe fort de fa double enveloppe ^fous la forme de mouche à deux ailes. L'Infefte étant demeuré quelque temps fous la forme de nymphe dans la coque qu'il s'eil faite de fa propre peau , va paroître bientôt fous la forme de mouche : le terme de fa métamorphofe elt ordinairement le onzième jour; (a) mais avant qu'elle s'accompliffe entièrement, il faut que l'hu- midité furabondante qui abreuve & qui gonfle les membres de la nym- phe , fe dilTipe infenfiblement par une évaporation lente : fon corps , com- me il a été dit , eiï retiré aii dedans de la coque jufqu'au niveau du cinquième anneau, moyennant quoi les quatre derniers anneaux du ven- tre & de la queue , fe trouvent vuides dans la vieille peau qui forme cette coque : cevuide fe remplit d'air par le Ifigmate qui s'ouvre dans la queue, & la nymphe , par conséquent , refpire au moyen de cette ouverture : pour s'en alTurer, il ne s'agit qne d'expofer aux rayons du ibleil un de ces vers ainfi métamorphofés au dedans de leur propre peau , en- fuite plonger fa queue dans de l'eau : on verra bientôt une petite bulle d'air fortir de fon corps , & un infiant après une autre bulle y rentrer : ce mouvement alternatif démontre évidemment qu'il fe fait dans la nymphe fucceflivement une infpiration & une expiration, comme parlent les anat*i- miftes &par conféquent que la nymphe refpire : cette aftion eft même plus forte lorfque la nymphe eft plongée dans l'eau, qu'elle ne l'étoit aupara- vant. Ce n'eft pas feulement du côté de la queue qu'il fe trouve un viiide « (a) M. deRcaumur dit que cette métamorphofe s'achève en cinq ou fix joiirs : cette différence vient peut-ètrejdu climat , ou de la faifon , ou de ces deux caufes à la fois, (G) A C A D É M I Q U E. 4) Voyez le voiame précédent de la ColleSlion académique pag. 438. & fuiv. 471 COLLECTION !!!5Î?!?^!5*?^ que nulenient qu'on le manie; le devant de la tête efl: comme pnrtngé SwAMMFRDAM. cn deux iiianieres de tubercules d'où partent deux antennes tort courtes : Histoire des entre ces deux tubercules de la tête on voit toujours paroître une particule iNsiCTEs, noirâtre qui eft pareillement fendue en deux : cette particule contieint toutes les pièces écailleules qui forment la bouche , Si avec Iciquelles s'articulent antérieurement deux petits crochets noirs , qui tervent tout à la fois de jambes , d'ongles & de dents à ce ver ; au refle , on voit très-ditlinftement à travers la peau , que l'inlede peut mouvoir ces cro- chets , & en même temps les pièces écailleules de la bouche de dedans en dehors & de dehors en dedans , de la même manière que le limaçon déploie ou retire à fon gré fa tête & fes cornes. Ce qu'il y a à remarquer fur le fécond anneau , c'efl qu'il eft prefque le téul oîi l'on trouve des ftigmates , à l'exception du dernier anneau qui en a auffi une paire : ces lligmates , qui ne Ibnt autre choie que les ex- trémités ou plutôt les orifices extérieurs des trachées pulmonaires , font conflruits ici b , d'une manière remarquable ; leur partie antérieure qui s'élève au deffus de la peau en forme de tube, eft extrêmement fine & déliée , d'une tubftance membraneule & d'une couleur qui tire fur le blanc , mais un peu plus bas ils forment une etpece de renflement, Si ils paroiilent en cet endroit d'une couleur jaunâtre , qui approche beaucoup de l'éclat de l'or : enfin, il fe rétreciftent de nouveau vers le commen- cement du troifieme anneau , où on les volt à travers la peau fe joindre avec les ramifications des trachées à qui ils fervent, pour ainfi dire, de larynxs ; ils paroiffent en cet endroit d'un blanc argenté , ou plutôt ils ont le brillant de la nacre de perle ; l'avantage qui rcliilte de cette po- fition des ftigmates antérieurs , c'eli que dans le temps que le ver retire fa tetc & tes jambes de dehors en dedans, &: fait avancer fon corps dans le fromage mou , les clpeces de larynxs ou de ftigmates que je viens de décrire fe trouvent alors cachés fous le pli que forme la peau en cet en- droit , de manière qu'il ne peut entrer aucune falote dans leur ouver- ■ . ture. Sur le troifieme anneau on apperçoit très - diftinftoment à travers la peau les deux plus groflés trachées , lelquellcs communiquent l'une avec l'au- tre vers le commencement du quatrième anneau par une anaitomoie très- fenfible : outre cela , il part encore des deux groflés trachées fituces dans le troifieme anneau , plufieurs rameaux moins confldérables qui montent vers le fécond anneau & vers la tête ; je n'ai pas repréfenté ces rameaux fecondaires, pour n'être point obligé de trop groilir la figure : on voit encore quelques autres parties intérieures à travers la peau des trois pre- miers anneaux, mais moins diftinâcment cependant que les trachées que je viens de décrire : on diftingue dans le quatrième anneau deux nouvel-, les branches fecondaires de ir.ichées ce qui partent de ch;:quc coté des grofîes branches primitives, & qui vont d'un côté au troifieme anneau , & d'un autre vers le cinquième où ils communiquent par Kne double anaftomofe affez confidcrable avec les branches qui partent des greffes tra- chées en cet endroit. Je ne fâche pas que les deux grofîei trachées aient une communication immédiate ACADÉMIQUE. 47> jmmcilinte l'une avec l'autre, en aucun autre endroit que vers le com- — — ^ ' mcnccmcnt du quatrième anneau ; mais leurs branches collatérales qui Swammerdam. paroiiî'ent très-diltinclement de chaque côté- du corps vers chaque divi- Histoire des fion annulaire, communiquent sûrement entre elles par des anaftomofes Insectes. trcs-fenfibics , comme on peut le ref onnoître fort ailément dans la figure fur la partie déclive de la poitrine, aux endroits marqués ddd, &c. on y peut appercevoir en même temps pluficurs autres ramifications de tra. chées plus petites qui partent de ces branches fecondaires 6c qui vont fe ré- pandre dans les vilceres. Tous les autres anneaux, depuis le cinquième jufqu'au onzième, ont la même ftrufture les uns que les autres , & les ramifications de trachées qui paroiflent à travers leur peau ont toutes à-peu-près la même figure : toute la différence qui s'y trouve , différence même qui n'eft qu'accidentelle , c'eft qu'il y a quelques-ims de ces anneaux à travers Icfquels on apper- çoit plus confufement les parties intérieures du ver , & d'autres qui les laiffent voir plus diftinftement : on reconnoît à travers le cinquième an- neau quelques particules graiffeulcs e , qui ne (ont pas auïïî vifibles à tra- vers le fixieme ; j'ai appcrçu à travers le leptieme & le huitième quelques parties des mteHins cœcum ou vaifleaux aveugles //que les matières qu'ils contenoient faifbient paroître d'une couleur jaune-pàle, tirant un peu fur le verd ; j'ai obfervé auffi la même choie dans le neuvième anneau, mais moins conftamment : dans le dixième , entre les deux grofles trachées principales qui régnent tout le long du dos , on voit pour l'ordinaire une branche confidérable o^, qui va fe diftribuer dans les entrailles du ver; mais ce qui paroît le plus à travers le onzième anneau, c'eft une petite maffe grailîeuié // , qui couvre en cet endroit les deux greffes trachées ; je ne l'ai pas vue cependant dans tous les vers que j'ai obfervés. A l'égard du douzième anneau , fa ftrufliire eft différente de celle de tous les autres ; car c'cff-là que finiffent les deux greffes trachées qui viennent s'ouvrir à l'extérieur de la peau par deux ftigmates de la même couleur que les deux antérieurs , mais d'une conftruftion un peu diffé- rente , comme on le reconnoîtra fuffifamment par la feule infpcflion de la figure : au refte, ce dernier anneau eft inégal, raboteux, 5c tout couvert de tubercules ou de petites papilles proéminentes & de petits en- foncements ou de rugofués dont je dirai l'ufage ci-après. DES PRINCIPALES MANCEUFRES DE CE FER. JE viens d'expofer en peu de mots les parties externes de notre ver , & en même temps quelquesinies des parties internes qui fe voient à travers fa peau; j'ajoute qu'il a beaucoup de force & qu'il a la vie très- dure ; mais tout ce que j'en ai dit eft bien moins curieux que ce que j'ai à dire du méchanifme qui s'obferve dans chacun de fes membres ; méchanifme très-profond & qui furpaffe tout ce que l'art a pu inventer en ce genre. Dans ta figure que je donne de ce ver, je le repréfente ( Fig. VI.) Tum. y, Ooo 474 COLLECTION —— 1"^— ^ comme s'il étoit appuyé fur le milieu du dos, faififfant fa queue avec fes SwAMMERDAM. dcfits : cctte pofitlon cependant ne lui eft pas naturelle ; car on ne le Histoire des voit jamais fur le dos tant qu'il eu en vie ; mais j'ai voulu le repréfen- Insectîs. ter dans cette attitude , afin de donner l'idée la plus claire qu'il me fe- roit poffible , de la manière dont il exécute fon faut ; ainfi , il n'y a qu'à renverfer cette figure , de manière que ce qui efl enihaut paroifle en bas , &c on aura alors la reprcfentation exafte & naturelle de l'attitude que prend ce ver, lorfqu'il fe dilpofe à l'auter. Lors donc que le ver du fromage veut faire un faut, il commence par fe dreffer fur fon derrière ; les tubercules qui s'élèvent fur fon dernier anneau lui fervent beaucoup pour cet effet , parce qu'en les alongeant &: les retirant fiicceflîvement & à propos, il peut fe tenir en équilibre; enfuite il courbe tout fon corps en forme de cercle , & ramenant fa tête a vers fa queue il fait fortir fes deux crochets noirs & recourbés, qu'il fait enfoncer avec une célérité admirable , entre les deux papilles polté- rieures de fon corps , précifément dans deux petites foffettes qui font creu- fées en cet endroit : on peut voir tout cela' dans la Figure VL qui a été deffinée au microfcope d'après nature. Tout ce que je viens de dire étant fait en un clin d'oeil , le corps de ce ver fe contrafte avec tant de force , qu'au lieu de la forme circulaire qu'il avoit (Fig. VII.) il devient d'une forme oblongue (Fig. VIII.) enfiùte il s'étend en ligne droite avec un tel effort , qu'on entend craquer les cro- chets de fa bouche dans le moment qu'il les décroche de la peau de fon dernier anneau : de cette manière ce ver appuyant fon petit corps plié en double contre du bois , ou de la terre , ou du fromage , & le redref- fant fubitement pour le ramener en ligne droite, s'élève & fait un faut qui ne laiffe pas d'être confidérable relativement à la petitefTe de cet ani- mal ; j'ai vu un de ces vers, qui n'avoit pas plus d'un quart de pouce de longueur (mefure de Hollande) fauter hors d'une boîte qui avoit fix pouces de haut , ce qui fait une hauteur égale à vingt-quatre fois la longueur de l'infeâe ; j'en ai vu quelques-uns lauter encore plus haut : au refte, ce ver ne forme pas toujours de fon corps un cercle perpendi- culaire à l'horizon , quand il fe difpofe à fauter ; il fe tient quelquiîfois couché lur le côté , quoique cependant la première attitude foit celle qu'il affeâe le plus ordinairement quand il veut faire un faut ; mais de quel- que manière qu'il fe pofte, foit verticalement, foit horizontalement, il commence toujours conflamment par courber fon corps en forme de cercle , enfuite il change cette forme circulaire en ime figure alongée avant que de fauter. Si l'on veut obferver ce méchanilme fur le naturel, il faut prendre un de ces vers & l'expofer au microfcope fur un fond blanc , que l'on aura mouillé auparavant , afin que le ver qui ne peut exécuter fes fauts lorfque fon corps efl dans l'eau , donne le temps de voir comment il s'y prend pour fe préparer à fauter : on verra tres-diftinftement la manière dont il faifit fon derrière avec les crochets, & Ton reconnoîtra fur l'o- riginal les attiti des fingulieres que j'ai reprcfentées d;:rs les Figures VI. ' VII. Si VIII. il y a encore d'autres moyens pour voir la m.anœuvre de ACADÉMIQUE. 475 cet infeûe , ce fcroit de le coller llir la pointe d'un ftylet avec de l'em- 1 ,1 —^ pois, la peine qu'il auroit à fe dégager, laifleroit le loifir d'obierver les Swammerdah efforts; ou bien on peut le rouler lur une table avec les doigts, )"f- Histoire de» qu'à ce qu'il ait perdu une partie de fes forces ; il y a cependant un Insectes. inconvénient dans ces fortes d'expériences oii Ton afibiblit l'infeâe, c'efl qu'il n'accroche pas fa t(^te "à ion derrière auffl régulièrement que quand il a toutes fes forces : fbuventmême il lé trompe, & au lieu de mettre fes croc'nets dans les cavités, il les enfonce dans fés lligmatcs poftérieures ; mais on a toujours l'avantage de pouvoir obicrver à ion aile la manière dont il fait fortir fes crochets de l'intérieur de fa bouche. DESCRIPTION A N A T 0 Al I QU E des parties iimrnes du ver du fromage. LOrfque j'ai voulu faire la difîection de ce ver, j'en ai jeté quelques- uns dans de l'eau de pluie pour les y faire mourir ; c'efl l'affaire de (w ou'fept jours; mais ils ne hiiffent pas d'être bons à difféqner quand ils font ainfi macérés feulement pendant deux ou trois jours, quoiqu'ils Ibient encore en vie : en les tirant de l'eau au bout de quatre jours, on les voit ramper, fe courber & fauter à leur ordinaire ; il y en a même quel- quefois parmi ceux qui ont été ainfi baignés, qui ne laifTent pas de fe mettre en nymphes & de fe transformer enluite en mouches aufTi bien que les autres. Je n'ai jamais pu découvrir fi ce ver a des yeux ; les premières parties qui fe préfentent dans la tête , font les jambes que j'ai appellées aufTi in- différemment du nom de dents & de celui de crochets, parce que l'ex- périence m'a appris que ces parties avoient cfTeàHvement ce triple em- ploi dans le ver; en effet, j'ai obfervé premièrement que cet infefte fc lérvoit de ces parties pour creufer le fromage dans lequel il vit , & pour ratiffer les petites miettes qu'il avale enfiiite, ainfi le nom de dents leur convient parfaitement à cet égard. En fécond lieu , le ver s'en fcrt aullî pour fe traîner, de forte qu'on croiroit d'abord qu'il marche avec fon bec : pour s'en affurer, il n'y a qu'à mettre cet inieâe fur du linge on fur une feuille de papier, alors on verra très-diflindfement qu'il enfonce ces parties crochues dans les pores du papier ou du linge, & qu'il s'en fért conféquemmcnt comme de deux jambes pour faire avancer fon corps Il faut convenir cependant que ce n'efl pas là le féul mouvement pro- greffit que ces vers aient reçu de la nature ; ils peuvent encore fe traî- ner par le mouvement d'ondulation de leurs anneaux comme les autres reptiles. Enfin, j'ai donné encore le nom de crochets à ces mêmes par- ties qui font déjà l'ofSce de dents & de jambes, & ce dernier nom leur convient aufîi , tant par rapport à la figure qu'elles ont extérieurement ; que parce qu'elles fervent au ver pour s'accrocher à fon dernier anneau lort iju'il veut fauter. O 00 i 476 COLLECTION amÊÊÊÊmmmmsmmmm Ccs dents OU jaiTibes font très-pointucs antérieurement & un peu cro- SwAMMERDAM. chues, comme les ongles d'un épervier am. grande vîted'e : voilà ce que j'ai obfervé fur un ver vivant; mais dans Histoire des un autre qui étoit à demi putréfie , je remarquai que la membrane qui Insectes. recouvre ces petits inteftins, (é réduiloit toute en petites molécules graif- leules ; le mouvement de la matière contenue dans ces parties , donne lieu de conjechirer qu'elles ont des fibres mufculaircs fpirales ; mais je n'ai pu les découvrir, elles font fans doute d'une telle fincffe , qu'elles échappent aux yeux"& inême aux verres qui groffiffjnt le plus. A l'é- gard des trachées /z, il n'elt pas difficile de les apperccvoir ; mais il en- tre peut-être encore dans l'organifation de ces parties bien des refforts qui nous font cachés. C'efl au deffous de l'infertion des quatre petits inteftins aveugles que l'on apperçoit le pylore o , au deflous duquel commence immédiatement l'inteftin colon pp , & enfin le reftum q , dont l'extrémité r a cependant une figure autre que je ne l'ai repréfentéc ; car il paroît ici tel qu'il lé montre lorfqu'on le fait fortir par l'ouverture de l'anus en preffant le der- nier anneau avec les doigts. La manière dont deux de ces petits inteftins aveugles font engagés dans la graiflé , mérite encore beaucoup d'attention; leurs extrémités ss fem- blent enfoncées dans les particules graifiéules & y être attachées par plu- (ieurs ramifications de trachées ; je n'ai marqué cette ftrufture , qu'à l'é- gard d'un de ces inteftins : au refte, les particules graifteufes font fort abondantes dans le ver du fromage : elles font d'une forme ovale alon- gée , quelquefois elles font deux l'une fur l'autre , il y en a qui ont des efpeces d'appendices ; dans des endroits elles font rondes & comme creu- fées dans le milieu ; dans d'autres endroits elles font tout-à-fait plates : on peut voir tout cela dans les deux maflés de graiffe que j'ai repréien- tées ss, k l'extrémité d'un de ces inteftins aveugles. Si l'on obfcrve cette graifte au microfcope , qui groftît davantage les objets , on verra que chaque molécule graiffeufe eft renfermée dans une membrane particulière, & qu'elle eft compofée elle-même d'un grand nombre de petits globules de même fubftance aaa (PI. XXVII. Fig. X.) que s'échappent &c fe confondent enfemble dès qu'on vient à ouvrir la molécule : l'alfemblage de plufieurs de ces molécules femble repréfcntcr en quelque manière un petit arbrifleau avec fes branches ; la diftribution & la couleur blanchâtre de ces particules graiflculcs forment dans le ver vivant un coup d'œil agréable conjointement avec la diftribution &C la couleur argentée des trachées h qui fe répandent fur les particules graiffeuies & qui s'infinuent dans leurs interftices. i.)n voyoit à côté de l'œfophage un tuyau délié qui fe portolt vers le fond du gofier , aux parties écaillcufes du pilais & de la bouche ; mais je n'ai pu oblérver préciiément oii il about.ioit : ce tuyau fe di\iloit dans la poitrine en deux autres petits canaux , dont chacun formoit bien- tôt une véficule oblongue (t (Fig. IX.) ermite un étranglement & en- fin, une féconde véficule de la même figu -e que la première & garnie éc quantité de trachées qui fe diftribuoicnt à fa' furface « « ; l'un des 47? C O L L E C T I O TT doux côtés de ces véficules glanduleufcs étoit chargé d'une mpfTc ds pnf- SirAMMîRDAM. ticules graifleufes difpofées fymmétnqi'.ement xx, & qui s'étendolent de Histoire d£s haut en bas en manière de grappes oblongues _y y , il n'y avoit uni- 1ns£ct£s. qucment que cet endroit dans tout le corps de l'infcfte où la graiffe eût une fcmblable ftruflure. Je ne fuis pas bien affuré de l'ufage des parties que je viens de dé- crire : on pourroit foupçonner qu'elles font l'office de glandes & de conduits falivaires ; effeftivement , ptilfque ce ver ne file point, & que d'ailleurs les véficules que j'ai décrites n'ont point c''ifrie intérieurement, je ne vois pas qu'on puiffe affigner d'autre ufage à l'humeur qu'elles con- tiennent , que de faire la fonftion de la falive. Les trachées qui fe diflribuent dans toutes ces parties, font conftrui- tes de la même manière que Malpighi les a décrites dans le ver-à-(oie, & que je les ai repréfentées dans prefque tous les genres •d'infeftes : ce- pendant , les anneaux dont elles ibnt compofées , ne font pas en fi grand nombre dans notre ver , & c'efl pour cette raifon fans^doute qu'elles font plus membraneufes & phis flexibles. Si on examine c ver au microfcope après lui avoir enfoncé la pointe d'une aiguille dans la tête , on difiinguera très- bien le mouvement des tra- chées à travers fa peau : comme il fe donne alors beaucoup de mouve- ments & qu'il fe tortille de toutes les manières, on voit les trachées tan- tôt s'alonger en ligne droite, tantôt former plufieurs ziguezagues, tantôt fe rouler en forme de cercle, fans jamais s'alîaifibr ; il eft curieux de voir un petit canal flexible , trente fois plus fin c|u'un cheveu & diviié en plufieurs branches , garder toujours fa cavité & laifier un libre pal- fage à l'air, malgré les diftérgntes figures qu'il cfl obligé de prendre dans les mouvements de l'inléète. ^ Le cerveau eft fitué dans le cou même du ver , derrière les parties écaillcufes qui forment la bouche & le palais : c'ell: pour cela que lors- que l'infefte retire fa bouche ou fes crochets en dedans, le cerveau s'en- fonce encore davantage dans le cou , &c qu'il fe porte au contraire en avant lorfque la tête s'alonge ; c'efl ce qui s'obferve encore d'une ma- nière plus marquée dans les limaçons ; le cerveau de notre ver eft compofé de deux parties qui forment un lobe droit & un gauche aa (PI. XXVIII. Fig. I. ) il eft percé vers l'origine de la moelle épiniere d'un trou par oii paffe l'œfophrge ; de fa région antérieure partent deux nerfs confidé- r.iblcs qui fe renflent un peu vers le milieu de leur longueur bb, ce que je n'ai pas obfervé cependant dans tous les vers : ces nerfs forment enfin deux ganglions irés vifibles <; , d'oii partent deux autres petits nerfs dJ; je n'ai pu les fuivre jufqu'à l'endroit oii ils aboutiffent, je croirois volontiers qu'ils fe diftribuent aux parties mufculeufes de la bouche, du p liais 8c des jambes : immédiatement au deffous du cerveau, on voit partir de 1 origine de la moelle deux paires de nerfs grêles ee qui vont à quelques vifceres & aux mufcles qui fervent à mouvoir les anneaux dans cet en- droit : au dcfibus de ceux-ci , on en remarque deux autres plus confidé- rables, qui après avoir fait quelque chemin, forment un "anglion alongé ff S>i. qui ie rétrecifl"ent enfviite & forment bientôt un Iccond ganglion ACADÉMIQUE. 475 plus petit, d'oii partent deux petits nerfs; je ne lais point qiiel peut-être — ^— leur u(;ige clans le ver : peut-être ne font-ils que prendre alors leur ac- c «roiliement, & peut-être icrviront-ils au mouvement des ailes quand le Histoire des ver fera changé en mouche ; enfin, il part de chaque côté delà moelle Insectis. épiniere plufieurs nerfs ires-dcliés gg qui le diflribuent tous dans les en- trailles du ver, & flir-tout dans les miTlcles du corps; il y en a Darmi ceux-ci qui fe divifent en plufieurs ramifications lilili : cette moelle ell fort courte, A proportion de la longueur du ver, de même que la mou- che qui en doit venir ; il faut donc que ces nerfs qui s'étendent fi loin dans le ver, fe froncent 6c fe raccourcillent dans le temps de la trani- formation , ce qui peut fe remarquer déjà dès le premier infiant que le ver fé met en nymphe. Dans les grands animaux , par exemple dans les chiens & dans les veaux, j'ai vu plufieurs fois les nerfs fe retirer en for- mant plufieurs ziguezagues , dès que la partie où ils fé diltribuoient ve- noit à lé contraâer, c'cfl ce que )'ai oblérvé principalement fiir les nens du méfentere ; mais dans notre ver tous les nerfs fé froncent également ; on peut remarquer ce même retirement de nerfs dans le ver du fcarabee monocéros. Il paroît que la moelle des vers du fromage ed formée de douze di- vifions , qui toutefois ne font pas extrêmement diltinftes à caulé de leur petitefîé : elle efl revêtue d'une membrane très-fine, garnie de plufieurs trachées, & de particules graifTeufés indiquées par des points que j'ai fait graver fur la moelle : tous les nerfs qui partent de la moelle , font aun'i recouverts de la même membrane & accompagnés de trachées jufqu'à leurs plus petites ramifications. La moelle épiniere paroît avoir une figure toute difî'érente lorfqu'on la regarde décote : on reconnoît alors que' le cerveau a (PI. XXVIII. Fi^. II.) eu fitué plus haut que la moelle, & que la moelle clt un peu cour- bée l>, ce qui donne un paflage plus libre à l'oelophage. Aiiifi le cerveau -eft placé au defius de l'œfophage , tandis que ce canal &: l'eflomac font appuyés fur la moelle & fur les nerfs qui y prennent leur origine , de forte que la moelle efl fituée précifcment fur les mul'cles des anneaux du ventre oii elle efl entourée de graiflé. La flrufture des mufcies qui fervent à mouvoir les anneaux du ven- tre, efl remarquable; j'en ai découvert de trois efpecesr,..^ tes , dont les vers qu'on trouve cachés dans leur corps le déiiacent de OWAMMERDAM. " . ^ -, . * i ^ . ^ R ^ , Histoire des cette prifon. Jai vu i». un ou plulieurs vers percer le corps dune che- Inseciis. nille , la tuer & fortir de fa peau. 2°. Deux ou trois vers percer de mê- me une chryfalide, la faire périr & fortir de fon corps. 3°. Un ou plu- fieurs vers faire mourir 'une chenille , relier dans ia peau , fe nourrir de fes entrailles & fortir enfin de fon corps après avoir percé ou déchiré avec les dents cette peau feche & aride. 4°. Un ou plufieurs vers dévo- rer ainfi toutes les parties intérieures d'une chryfalide, jufqu'à ce qu'il n'y reftât plus que la peau defféchée qu'ils perçoient enfuite pour en fortir. Mais il y a encore bien des chofes à confidércr dans chacun d^ qua- tre cas dont je viens de parler. Premièrement, s'il n'y a qu'un ver qui perce le corps de la chenille , comme je l'ai dit , & que ce ver s'arrête entre cette chenille & fa coque , il fe filera lui-même en cet endroit une nouvelle toile de forme ovale & de couleur blanchâtre, dans laquelle il fe changera d'abord en nymphe, & enfuite de nymphe en mouche ; mais s'il y a plufieurs vers qui fortent tous à la fois du corps de la chenills qu'ils font périr , ils fe retirent tous fou» le ventre de cette chenille , dont ils ont percé la peau, & là ils fe filent chacun une petite coque do- rée , dans laquelle ils fa métamorphofent d'abord en nymphes , & enfuite en mouches. Dans le fécond cas, les deux ou trois vers qui percent la chryfalide pour fortir de fon corps , ne fe défont pas fur le champ de leur peau , comme ceux du premier cas , mais feulement ils fe rapetiffent & pren- nent fucceflîvement treize nuances de couleurs différentes ; enfin , ils gar- dent la treizième nuance & fe font une coque de leur propre peau, ait dedans de laquelle ils fe changent en nymphes , & dont ils fortent enfuite fous la forme de mouches affez communes. Dans le troifieme cas , fuppofé qu'il n'y ait qu'un feul ver qui ait ron- gé les entrailles de li chenille , il refte dans la peau de la même chenille, quelquefois même il y file, & enfuite s'y change en nymphe , puis il en fort fous la forme d'une mouche qui reffemble à une fauffe-guêpe : (û) on trouve dans la peau feche de cette chenille quelques excréments, avec les dépouilles du ver & celles de la nymphe; mais lorfqu'il y a dans le corps de la chenille plufieurs petits vers qui fe font nourris de fa propre fubftance, ils ne s'y font point de toile, ils s'y transforment feulement en mouches , de la même manière que le ver dont je viens de parler fe change en faulTe-guêpe , enfuite ils fortent de la peau de la chenille qu'ils percent de plufieurs trous. Enfin , dans le quatrième cas , lorfqu'il ne fe trouve qu'un ver qui fe foit logé dans une chryfalide, il s'y file une coque, il y vuide fes excré- ments, & il s'y chansje en une efpece de ftuffe-guêpe , de même que je l'ai dit du ver qui s'eft logé dans le corps d'une chenille : fi on vient à ouvrir un des côtés de la chryfalide, tandis que le ver qui y efl: n'eft (a) C'eft proprement une mouche ichneumon. ( G ) ACADÉMIQUE. 4^3 pas encore tout-à-fait transforme , il a bientôt fait de boucher ce trou avec ^^— i— — fon fil. Mais quand ce font plufieurs petits vers qui fe font logés dans Swammeruam. une chryfalide , ils fe changent en nymphes & enfuite en petites mou- HiixoiRt des ches , fans faire de coques &C même (ans fe raccourcir : ces mouches font ^'*"ctej. très-jolies , elles forcent de la peau feche de la chenille où elles fe font tranf- formées , par un ou plufieurs trous qu'elles y font elles-mêmes. Toutes ces chofes fe paffent régulièrement tous les ans dans le même ordre & fuivant les mêmes loix, de manière qu'il n'entre rien ici de for- tuit ni d'accidentel : bien plus , la régularité de ces métamorphofes na- turelles eft quelque chofe de fi confiant , que l'on pourroit même recon- noître parmi toutes les autres, les chenilles ou les chryfalides dans le corps defquelles elles doivent s'exécuter : cela fe remarque fur-tout d'une manière très-(enfible dans le premier cas dont j'ai parlé plus haut ; car en même temps que les vers qui ont percé le corps de la chenille fe re- tirent par deflbus fon ventre , la chenille fe fouleve pour leur faire pla- ce ; & même, quoique'cUe ait reçu une bleffure dont elle doit mourir, elle ne laiffe pas d'enfermer encore dans une coque commune toutes les petites coques particulières que chacun de ces vers fe file, & de les at- tacher folidement comme û. elles craignoit qu'elles ne vinffent à fe perdre: après quoi elle meurt dans l'efpace de deux ou trois jours : (a) on peut donc conclure avec quelque vraifemblance , que fi tout ceci n'étoit qu'un pur effet du hazard, la chenille n'auroit pay tant de précautions pour fes meurtriers , jufqu'à les envelopper tous enfemble d'une toile pour les mettre à l'abri de la pluie & des injures de l'air, afin qu'ils puifTent l'année d'après parvenir heureufement à leur dernière transformation. On obferve* pareillement les mêmes vues de la nature dans tous les autres cas dont j 'ai parlé , où des vers de différentes efpeces percent le corps des chenilles ou des chryfalides , les font périr elles-mêmes & dé- vorent leurs entrailles : ce n'eft donc que notre ignorance & notre témé- rité qui nous ont fait attribuer l'ouvrage de . la nature à la pourriture & au hazard , comme à une caufe capable de le produire ; les favants auffi bien que les gens du peuple en ont cru bonnement Ariftote & les anciens fur leur parole , & cette confiance aveugle a accrédité l'erreur : on n'a pas fait attention que la crédulité & la parefTe à obferver la na- .ture, font les plus grands obftacles qu'on puiffe apporter à la connoiflan- ce de la vérité. (1) Cette attention que notre auteur fuppofe Jans la chenille pour les vers qui ont criblé fa peau , eft ici de trop : nous avons déjà fait remarquer que ces vers ne man- geoient pour l'ordinaire que les parties qui dévoient former le papillon ; ainfi tant qu'il refte i la chenille proprement dite un peu de vigueur, elle travaille à la vérité, mais pour fon compte , elle commence à filer fa coque comme fi elle devoit fe transformer, mais bientôt elle périt tout-à-fait épuilce, tandis que chacun de fes meurtriers achevé de filer la toile au milieu du tiflu qu'elle a laiiïé imparfait ; il y a même certaines et peces de ces vers parafites , qui après avoir percé le corps d'une chenille , coir.mencent à attacher à fon ventre quelques fils lâches, au milieu defquels ils (e renferment pour filer leur coque ; la chenille, quoique foible , ne laifte pas de fe donner quelques mou- vements équivoques qu'on a pris pour des efléts de fa complaifance , tandis que ce ne lont que des efforts qu'elle fait pour k débarraffer. (G) Pppi 4^4 COLLECTION — ^■■— ^'— De même que les chenilles qui fe changent en papillon logent ordî- SwAMMERDAM. nairemcnt dans leur corps des vers qui deviennent mouches ; les vers qui Histoire des fe changent en karabées nourriffent auflî la plupart du temps dans leurs Insectes. propres entrailles d'autres petits vers , qui fe changent en fcarabées d'une cfpece plus petite : au refte , on obfcrve dans ces dernières transforma- tions le même ordre Jèc la même régularité que dans les autres. A l'égard de ces petits vers qui fe trouvent renfermés , comme j'ai dit , dans les vers du fromage , je n'ai pu m'affurer s'ils leur percent le corps pendant qu'ils font encore dans le fromage, ou feulement après qu'ils fe font mis en nymphes ; car il n'y a que cinq ou ûk fcmaines que j'ai commencé pour la première fois à faire des expériences fuivies ilir ces infeftes ; j'ai trou- vé cependant quelquefois dans le fromage des vers morts & à demi pour- ris , ils étojent aifés à remarquer par leur couleur rouge & livide , ils aug- mentoient confidérablement la puanteur & la pourriture du fromage, 6c lui donnoient un goût bien plus fort & plus acre. MANIERE DONT LES VER^ D U FRO M AG E fi mettent en nymphes, LOrfque les vers du fromage doivent fe changer en nymphes , ils quit- tent ordinairement leur fromage & on les voit fauter de côté ôi d'au- tre pour fe retirer en quelque coin : au bout de trois ou quatre jours leur peau efl devenue dure , leur corps efl: roide , & ils ont perdu tota- lement la facuké de fe mouvoir : on pourroit hâter un pçu leur tranf- formation , en les enfermant dans une boîte bien feche , & en leur re- tranchant la nourriture quand on voit qu'ils ont pris à- peu -près affez d'accroiflement ; j'ai vu quelquefois de ces vers qu'apparamment j'avois enfermés trop petits, fubfiûer encore pendant l'elpace de deux ou trois' femaines fans aucune nourriture, & enfin périr fans pouvoir fe transfor- mer : fans doute que leurs membres n'avoient pas encore pris fous la peau de ver tout l'accroiffement néceflaire pour qu'ils puflent fe mettre en nymphe. Je vais expofer maintenant la manière dont fe fait cette transformation. Le ver commence par froncer les anneaux de fon corps & les rap- procher tellement l'un de l'autre , qu'il paroît de moitié plus court qu'il n'étojt , ce qui fait qu'on a de la peine à obferver déformais la fuite de fes 'anneaux ; la peau qui eft entre chacun des anneaux forme plu- fieurs rugofités : on apperçoit cencndan't encore à la partie antérieure le bec du ver, & à fa partie poftérieure les tubercules one j'ai décrits: au relie, il n'y a prefque rien à remarquer touchant la forme de cetin- fefte vers ce temps-là , parce que la peau n'eft plus tranfparcnte ; il chan- ge de couleur par nuances, jufqu'à ce qu'il ait paffé iucceffivement du blanc qui étoit fa première couleur, jufqu'à un rouge vif tirant fur le vermillon. Rédi qui a donné en peu de mots l'hiiloire de ce ver, compare fa ACADÉMIQUE. 455- transformation à celle des nymphes Se des chryralides ; mais il ne dit pas — — ' ' " cnquoiellcs le reffemblentprécilcment , ni en quoi elles ditFerent ; d'autres Swammerpam. donnent le nom d'oeufs à nos vers lorfqu'ils (ont dans l'état de nymphe ; Histoire des mais cette dénomination n'cfl; fondée que fur une refl'emblance , je ne Imsectes. dis pas feulement fuperficiellc , mais encore imaginaire : quant à moi , je caradérife ce genre de transformation par le nom de nymphe -vermi- formc, tant parce que Tinfeûe dans cet état a confervé à l'extérieur la forme de ver, que parce qu'il renferme fous fa peau de ver une vraie nymphe & non pas ime chryfalide ; mais j'ai expliqué alTez au long dans im autre endroit ce qui conllitue réellement ce quatrième ordre de tranf- formations naturelles. Cette nymphe ainfi cachée fous l'enveloppe extérieure eft d'une forme très-élégante : pour la bien voir, il faut rompre la première peau qui lui fert de coque , & la détacher avec beaucoup de ménagement & d'adreffe, du corps delà nymphe : on appercevra moyennant cette précau- tion la tête , le corcelet & le ventre de la mouche future ; mais pour mieux diliinguer tous fes membres, il faut fe fervir d'un bon microfco- pe : on réconnoit alors à la. partie fupérieure de la tête les deux an- tennes a ( PI. XXVIII. Fig. IV.) les deux yeux bb qui occupent la plus gran- de partie de la tête, la trompe c qui eft fituée au dcffous des yeux , ics jambes de la première paire dd placées le long de la trompe , celles de la féconde paire ee, les ailes qui font encore pliffées //, & les jambes de la troifieme paire g g qui font au delîbus des ailes & étendues fur les anneaux du ventre : ces anneaux h fe diftinguent auffi très - aifément , ainfi que l'anus ; enfin , toutes ces parties font fi artiftement arrangées , qu'il n'efi pas pofTible d'en donner une defcription jufte & cxafte : pour mieux voir encore cet arrangement , il faudroit avoir la patience d'enlever aufli la féconde enveloppe qui recouvre immédiatement toutes les parties de la nymphe. Lorfqu'il n'y a pas long-temps que l'infefte a pris la forme de nym- phe , toutes les parties que je viens de décrire font d'une couleur de lait caillé & d'une confiftance aqueufe : auffi eft-il très -difficile alors de ti- rer la nymphe de fa peau : d'ailleurs, comme les membres iont partout de la même couleur , il ell prefque impoffible des les reconnoitre & de les diftinguer les uns des autres dans ces premiers temps de la transfor- mation ; mais après dix ou douze jours environ , ils prennent toute la confiflance Se toutes les variétés de couleurs qu'ils doivent prendre , de forte qu'après le douzième jour révolu , l'infefte eft en état de rompre fes enveloppes & de paroître fous la forme de mouche , comme je vais l'ex- pofer. ■486 COLLECTION SwAMMERDAM. Histoire des Insectes. MANIERE DONT LA NYMPHE DU VER DU . fort de Jes enveloppes fous la forme de mouche. FROMAGE LE changement de couleur qui fe remarque à l'enveloppe extérieure de la nymphe, annonce qu'elle va bientôt paroître : au lieu d'un rouge foncé qui étoit la dernière nuance qu'elle avoit gardée , elle prend infen- fiblement une teinte plus obfcure : enfuite la nymphe elle-même qui étoit cachée dans cette peau de ver dont elle s'étoit fait une coque , ne tarde pas à la rompre : elle la fend en deux du côté de la tête , & en même temps elle dégage tous fes membres de la pellicule mince qui les tenoit, pour ainfi dire , empaquetés , & elle laifle cette féconde enveloppe dans la vieille peau ; enfin , elle fort de cette double dépouille fous la forme d'une petite mouche grisâtre fans ailes apparentes : ce qu'il y a de plus remarquable , c'eft qu'on voit courir cette mouche dès l'inflant qu'elle vient d'éclorre , avec autant de vîteffe que fi elle avoit déjà plufieurs fe- rnaines. Peu de temps après que la mouche eft fortie de ces dépouilles, elle paffe plufieurs fois de fuite fes deux jambes antérieures fur le devant de fa tête , un peu au deffous des antennes : c'eft qu'il y a dans cet en- droit une tumeur affez confidérable qui paroît avoir quelque mouvement; la mouche ne cefTe de frotter cette efpece de boffe , juqu'à ce qu'elle l'ait fait rentrer en dedans , & qu'elle ne paroiffe plus ; il eft probable que c'eft cette partie que l'on voyoit antérieurement fur la peau de la nym- phe , & au dedans de laquelle étoient arrangées fes deux jambes anté- rieures ; enfuite elle frotte tout doucement avec fes deux jambes pofté- rieures fes deux petites ailes qui font encore toutes chiffonnées , & par ce mouvement répété , qu'il n'eft pas difficile d'appercevoir, elle vient enfin à bout de déployer & d'étendre les deux plus grands plis de fes ailes que j'ai repréfentés dans la nymphe ( Fig. IV. //) après tous ces mouvements , elle le tient pendant quelques temps en repos, jufqu'à ce qu'enfin fes ai- les s'épanouiflent totalement : ce phénomène fingidier qui fe pafle en un clin d'œil , n'eft pas difficile à expliquer : toutes ces petites nervures que l'on voit dans l'aile de la mouche & qu'on prend communément pour de vrais nerfs , ne font autre choie exaâement que les ramifications des trachées qu'accompagnent les vaifleaux fanguins : ainfi , l'air & le fang (ou la liqueur qui en tient lieu) fe portant dans un inftant de l'intérieur de la mouche dans ces deux fortes de petits canaux diftribués dans toute la fubftance de l'aile, font les feules & vraies caules qui la font s'éten- dre & s'applanir fi promptement : cependant notre petite mouche n'eft pas i-ncore en état de voler : fi on vient à blefTcr alors fes ailes , il en coule quelques gouttes de liqueur ; mais quand une fois elles font feches, ce qui arrive au bout d'un quart d'heure, on a beau les couper, même ACADÉMIQUE. 4S7 entièrement , elles ne rendent plus de fang, (a) parce que les valiTeaux ■■*—■—< s'oblitèrent en (e léchant-, je croirois afl'ez volontiers que toutes les par- Swammerdam. ties membranenfes qui fe rencontrent dans tous les anneaux, ne font pa- Histoire des reiilement que les tiffus de vaifleaux fanguins affaiffés &C oblitérés : ne Insectes. voyons-nous pas même dans l'épiderme des embryons qu'il y a vérita- blement des vaifleaux fanguins qui fe icchcnt &C s'effacent dans la fuite quand l'enfant eft venu au monde , & que l'épiderme ne prend plus tant de nourriture. Cette mouche eft d'une efpece affez commune ; mais pour mieux faire voir tous fes membres , j'ai repréfenté le mâle groffi au microfcope (PI. XXVIII. Fig. V. ) on voit diftindemcnt fa tête , fon corcelet & fon ven- tre : on remarque fur le devant de la tête deux antennes courtes a , qui ont chacune un petit poil rude ; les deux yeux à réfeau fe font affez remarquer par leiu- groffeur & par leur couleur rougcâtre ; ils font féparés l'un de l'autre par une bande noire , fur laquelle on obferve trois autres petits yeux difpofés en triangle vers le derrière de la tête : ces petits yeux font plus vifibles quand la mouche vient d'éclorre , qu'ils ne le font dans la fuite , parce qu'alors la bande dont j'ai parlé n'eft pas en- core noire , & que d'ailleurs il s'y implante quelques poils qui fe dreffent à mefure qu'ils fe fechent. Le corcelet eft d'une couleur brune qui tire fur le noir, il eft luifant, & femé en quelques endroits de poils rudes comme des foies ; les fix jambes s'attachent en defl'ous ; la première paire th eft prefque noire ; à l'égard de la féconde paire , il n'y a que la première articulation du côté du corcelet qui foit noire , les deux dernières articulations font d'un brun obfcur ce ; la dernière paire d^ ne diffère point de la première : cepen- dant ces couleurs ne font pas conftantes dans toutes les mouches. Ces trois paires de jambes font hériffécs de poils rudes, & font armées à leurs extrémités de deux crochets, au moyen defquels la mouche court fur le verre avec beaucoup de facilité ; fi on lui coupoit ces crochets , elle ne laifferoit pas à la vérité de marcher , mais elle ne pourroit plus fe tenir fur le verre , quoique fes pieds fuffent encore humeftés comme ils l'étoient , parce qu'elle n'auroit plus de quoi s'accrocher aux pcres du verre; les deux ailes ee qui tiennent au corcelet, excédent la longueur du corps quand la mouche eft poiée : elles font bordées de poils dans leur contour , & tous les petits filets qui font répandus dans leur fub- ftance comme autant de nerfs , ne font autre chofe que de véritables tra- chées : la membrane qui remplit les interftices de ces nervures , eft cou- verte de petites papilles ; mais il faudroit une figure dix fois plus grande pour exprimer tout le travail que la nature a mis dans l'aile d'une mou- che. La partie poftérieure ' du corcelet eft terminée par un petit rebord qui lui fert comme d'ornement : on remarque dans le même endroit deux (j) Afin d'(5viter les circonlocutions , je fuis obligé de me fen-ir quelquefois avec Swammerdam de ce terme pour exprimer la liqueur qui circule dans les vaitTeaux des infeiiles , quoiqu'elle dil^'ere beaucoup par fa couleur & par fa nature du fang propre- ment dit, qui circule dans les grands animaux. (G) , COLLECTION petites pièces oblongues , arrondies par le bout , qui reffemblent à deux SwAMMERDAM. maillets : c'ert en frappant ces deux maillets contre les ailes que la mou- HisToiRE DES che fait le bourdonnement qu'on entend quand elle vole : le ventre eu Insectes. divilé en quelques anneaux f, ù couleur efl: comme celle du corcelet , d'un brun foncé luilant ; il eft couvert en différents endroits de petits poils très-fins ; il efi; facile de fe reprélenter cette mouche de grandeur naturelle , en la concevant réduite à un volume proportionné à celui du ver de la Fig. V. ( PI. XXVII. ) , , , . La femelle ne diffère du mâle à l'extérieur que par la groffeur ; mais les organes de la génération établiffent une grande différence entre l'un &C l'autre à l'égard des parties internes : c'eft ce qui me relie à décrire. ORGANES DE LA GÉNÉRATION DES MOUCHES DES VERS du fromage , manière dont elles s'accouplent. LEs organes de la génération de la mouche mâle font la verge , les tef- ticules, les vcficides féminales & les proftates : ceux de la femelle font l'ovaire, la matrice & fes dépendances. La verge eft en partie écail- leufe &C en partie membraneufe ; la partie écailleufe qui eff ailée à dillin- guer par fa couleur noire, ne s'étend que d'un côté a (PI. XXVIII. Fig. VI. ) ce qui contribue en même temps à rendre la verge d'une confiffance plus ferme & à la tenir toujours ouverte ; l'autre côté^ ell membraneux & paroît compoié de globules tranlparents bi. d'anneaux ; l'extrémité antérieure de la verge eft moufle & membraneufe c , quoique je l'aie vue quelque- fois fe terminer par une efpece d'articulation pointue, cependant elle efl le plus ordinairement obtufe & ouverte : l'éreâion de la véritable par- tie qui cara£Iérife le mâle fe feroit-elle par cette ouverture obtufe ? c'eft ce que je ne fais pas : ce dont je fuis très-si^ir , c'ell que la par- tie qui caraftérife la femelle efl reçue dans cette ouverture de la verge; cette manière de s'accoupler efl: diamétralement oppolce à celle des au- tres animaux chez qui la partie de la femelle reçoit au contraire celle du mâle ; j'ai fait cette découverte par hazard en examinant une femelle qui étoit morte dans le temps même de l'accouplement ; je trouvai vers l'ex- trémité de fa vulve la verge du mâle qui y étoit encore appliquée, & qui s'y étoit defféchée , je fus tout furpris de voir que la vulve étoit re- çue dans l'ouverture dont je viens de parler , & je l'en tirai tout-i-fait pour me convaincre de cette manière de s'accoupler auflî extraordinaire. La verge efl fituée hors de la cavité du ventre un peu latéralement , de forte cju'on peut la découvrir fans lefecours de la difletlion, puifqu'il n'y a que le dernier anneau du corps qui recouvre fon côté droit : elle forme en cet endroit des circonvolutions à-peu-près femblables à cejle qu'on re- marque dans la verge du canard : ce n'eft pas par la cavité intérieure de cette partie qtie fe fait l'éjaculation de la liqueur féminale dans le canard; mais par une efpece de rainure qui y eft creufée en dehors ; j 'ai obfervé que ACADÉMIQUE. 489 que la même fingularité avoit lieu encore à l'égard d'autres animaux, quoi- «"i— que d'une manière un peu différente. SwAMMiPDAM. Le relie des organes du mâle, qui ne mérite pas moins d'attention, eft Histoire des placé dans l'intérieur du ventre ; la première chofc qui fe préfenie en ou- Insecte!. vrant le ventre, c'eft la racine de la verge ■''""•' i^ç)6 COLLECTION ■ vaincu que tous ceux qui fe mêlent de faire des expériences, rifqueront S ■ ERDAM toujours de fe tromper toutes les fois qu'ils ne les répéteront point avec Histoire dis " attention, & qu'ils ne chercheront point à remonter aux fources & à Iksectes. développer les raifons de ce qui fe préfente à leurs fens ; c'eft pour cela que je ne me fuis pas contenté d'avoir vu en différents temps toutes ces productions bizarres qui fe trouvent dans les feules galles des feuilles de faules ; je me fuis mis de nouveau à les examiner tout de bon , & à les obferver long-temps avec toute l'attention dont j'étois capable : à force d'en voir & d'en ouvrir , j'ai découvert enfin les vrais œufs d'où naiffent ces petits vers que j'avois trouvés d'abord dans ces excrcfcences ; en même temps j'ai cherché les raifons pourquoi d'autres infectes fe trou- voient aufTi dans les mêmes galles que ces vers. Ce fut donc le 14. de juin que j'ouvris tant de galles de toutes fi- gures &c de toutes grandeurs , qu'à la fin je trouvai dans les plus petites de ces excrcfcences un véritable œuf, auifi parfait , & aufTi bien condi- tionné à tous égards que s'il y eût été dépofé par quelque infeûe. La feuille de faule dans laquelle je découvris cet œuf, étoit encore très- tendre & ne faifoit que de poufîer tout nouvellement , quoiqu'elle eût déjà toute fa grandeur : il y avoit fur cette même feuille des rudiments de ces excrcfcences au nombre de fept qu'on peut voir fur les deux côtés de la feuille dans la figure que j'en ai donnée m. ( Fig. IX. PI. XXVIII. ) Parmi ces petites galles il s'en trouvoit quelques-unes un tant foit peu plus grandes que les autres : les plus petites de toutes étoient fi peu de chofe , qu'on ne pouvoit les dil^inguer du relie de la feuille que par la différence de la cmileur ; les plus avancées qui com- mençoient déjà à faire boffe fur la feuille , étoient d'une couleur jaunâtre tirant fur le verd ; mais les plus petites qui ne formoient encore aucune apparence de relief, ne différoient du refle de la feuille que par une ' teinte aufTi jaunâtre , mais un peu plus pâle. Il faut remarquer ici que dans les plus petites galles l'œuf étoit moins gros que dans les plus avancées ; il étoit oblong n, (PI. XXVIII. Fig. X.) plus cros par un bout que par l'autre, fans aucune apparence d'anneaux : fa couleur étoit comme celle de l'eau, & il paroifîbit diflendu jufqu'à en être luifant ; au refte , il n'étoit attaché en aucune manière à ces petits tubercules dans Icfquels il étoit logé, il y étoit libre fans cependant être contenu dans aucune cavité particulière , mais il étoit environné de toute part également par la fubftance intérieure du tubercule : dans la fuite quand la galle devient plus groffe & plus dure , on oblerve qu'elle forme peu à peu une cavité intérieure à mefure qu'elle perd de fa mo- lefTe en gagnant du volume , & à la longue elle devient une efpece de coque qui "peut s'ouvrir en deux parties dans l'une defquelles l'œuf fe trouve logé o , ( PL XXVIII. Fig. IX. ) & où il prend peu à peu^ fon accroiffcm'ent : c'eft alors princip^alcment qu'on peut s'afîùrer que l'œuf n'a point d'attaches fixes , & qu'il ne tient point du tout à Texcrefcence dans laquelle il eft , par aucuns vaifl'eaux ni par aucune forte de fibres ou de filaments quelconques , au moyen defquels il puiffe tirer fa nour- ritiu-e de la galle ; il n'occupe même pas toujours çonftamment la même place. ACADÉMIQUE.^ 497 pince rlans cette galle ; tantôt il eu. d'un côté, tantôt d'un autre ; quel- 11 11 f qiict'ois il eft dans le milieu ; il ie trouve aufU tantôt plus , tantôt Swammerdam» nioir.s éloigné de la fente qu'on remarque dans la l'ubftancc de la galle ; Histoire dïs ■julqu'alors il n'y a point encore d'excréments dans la cavité qu'il oc- Insectes. cupc, tout eft net & propre dans l'on habitation. Cependant il eu très-sûr que cet œuf prend dès -lors ime forte de nourriture , de quelque part qu'elle lui vienne ; puifqu'il efl évident qu'il fe développe peu à peu & qu'il prend un accroiffement aiïcz confidé- rablc; c'elt fur-tout dans les galles les plus avancées qiron a des preu- ves manitefîes de cet accroifl'ement , puilique l'œuf devient à la fin d'une telle grofléur vers la partie antérieure , qu'on peut voir paroître à travers fes enveloppes la tête du ver qui y ell cachée , & fes deux yeux f qu'il ert alfé de diflinguer par leur couleur noire. ( PI. XXVIII. Fig. X. ) On demandera donc d'oii cet œuf peut tirer fa nourriture ? Je ferois aiTez porté à croire qu'elle lui vient des liqueurs qui tranipircnt au de- dans de la cavité île l'excrelcence où il ei\ logé , &c qui pénètrent la membrane qui l'enveloppe : je fonde cette opinion fur la nature de tou- tes les membranes; on fait que quand elles font dans un lieu humide, elles s'imbibent bientôt des humidités qui les environnent , & qu'au contraire quand elles font étendues à l'air libre & fec , ces humidités s'en évaporent : ne voit-on pas aiifli que la gomme adraganth étant enve- loppée dans une membrane, fe gonfle confidérablement lorfqu'on la met dans des endroits humides ? Combien d'autres exemples ne pourroit-on pas apporter de ces fortes d'imbibitions? Qui eft-ce qui ne fait pas en- tre autres avec quelle avidité l'alkali fixe du tartre attire l'humidité de r.uhmofphere ? Je ne vois pas que la nutrition puiffe fe faire non plus d'une autre manière dans les racines des arbres &c des plantes , quoi- qu'on n'ait pas encore démontré les ouvertures par où pafle le fuc de la terre ; quoiqu'il en loit , mon ientiment eft que le fuc qui tranfpire de la fubftance de la galle pénètre la membrane de l'œuf & fert de nour- riture au petit ver qui y eft contenu. Comme l'œuf n'eft autre chofe, à le bien prendre, qu'une efpece de nymphe reniérmée dans ia membrane, & qui n'a pas encore toute la force qui lui ell: néceflaire pour rompre cette enveloppe ; on peut com- prendre aifcment que l'infecle dans cet état de foibicfl'e , & enfermé , comme il eft , dans la coque de fbn œuf, croît & fe fortifie infcnfible- ment au moyen de ce fuc qui pénètre à travers fa membrane : cette ob- lervation qui nous fait voir qu'il y a des œufs qui prennent réellement de la nourriture 6c de l'accroiflcment pendant le ^emps même qu'ils reftent fous cette forme , confirme pleinement ce que j'ai dit tant de fois, que l'œuf n'eft: autre chofe que l'animal lui-même en raccourci , & qu'il n'y a dans le fond aucune dilférence entre l'un & l'autre, que par rapport à la membrane qui enveloppe l'infefle pendant qu'il efl: fous la forme de l'œuf, & qui le dérobe à la vue de l'obfervateur , tandis qu'il demeure dans cet état; quoiqu'on puifle encore le diftinguer quelquefois à travers la pellicule mince dont il eft enveloppé : ainfi Tom. F. Rrr 49? COLLECTION l'œuf dont il eu ici qiicftion , dlifcre de ceux de quantité d'autres în- SwAMMERDAM. fcdcs , CH cc qu'il prend de l'accroiflement , au lieu que les autres no Histoire des croiffent point & ne font que lervir d'enveloppe à l'iniefte qui y eii: ÎNsECTis. renfermé , de la mcme manière que les membranes des nymphes ca- chent iculement pour quelque temps les infeftes qu'elles enveloppent. L'infetfe , un moment après qu'il vient d'éclorre , a la forme d'une pe- tite chenille qui ell une fois plus longue que l'œuf dont elle vient de fortlr : on appert;oit alors dans l'intérieur de la galle la petite enveloppe qu'elle a quittée ; au reile, elle eli fi petite alors , que fi on vouloit la renréienter de srandeur naturelle , la figure qu'on en donneroit ne for- meroit aifun point à peine fenfible : c'efr pour qr.oi j'ai mieux aimé la repréfenter dans un âge plus avancé q , (PI. XXVIII. Fig. IX. ) telle qii'elle paroît lorfqii'après avoir rongé tout le dedans de la galle , elle fort de cette efpece de prifon par la petite iflue qu'elle s'efl faite à elle- même r. Cette fuifTe chenille appartient proprement au genre défigné commu- nément par le nom de convotvu'us : ( -î ) vue au micrôfcope , elle paroît compofée de quinze anneaux , en y comprenant la têre , le cgrcelct , le ventre & la queue ; la tête elt d'un- beau noir, on y diftingue les deux yeux s ( PI. XXVUI. Fig. XXV. ) on voit aufll au devant & au bas de la tête les deux mâchoires qui font écailleufes , dures , & dont les extrémi- tés fe divifent en plufieurs petites dents pointues , d'une couleur de ma- ron, tirant fur le rouge .-elles lont 11 fortes, que l'infecle ne craint point de mordre une aiguille d'acier quand on vient à l'irriter ; les fix jambes antérieures s'articulent avec les trois premiers anneaux du corcelet en deffous ;/ : elles ont chacune cinq articulations Si un petit crochet à l'ex- trémité ; les deux anneaux fuivants font dépourvus de jambes ; mais les fix anneaux du ventre en ont douze u^ & la queue deux autres x : ce qui fait en tout dix paires de jambes : on remarque des points noir.îtres vers le derrière de la tète , & auprès de la queue ; la peau de cette fauffe chenille eft ridée , comme celle du ver du monocéros , & couverte de poils en différents endroits : elle roule la partie pollérieure de fon corps précifément comme le convolvulus : elle ne fait pas fouvent ufage de fes jambes poftérieures , ni même des intermédiaires , à moins qu'elle ne veuille cramponner fur le bout des feuilles la partie de fon corps qu'elle tenoit auparavant roulée : pour lors elle emploie fes jambes poliérieu- rcs & ne le fert point de celles de devant : dans toute autre circonllance elle fait ufage de fes jambes écailleufes ; par exemple , quand elle marche il n'y a que les jambes écailleufes qui agifl'ent , & le refte de fon corps eft tiré en avant : cette manière de marcher eft la même pour toutes les efpeces de faufîes chenilles qui ont plufieurs jambes : c'eft aulfi le pro- pre de tous ces infeftcs de le changer en mouches ; carafterc fi conftant dans ce genre , que je n'ai pas encore vu un ieul çxemple du contraire. On voit encore dans la faufle chenille que je décris atluellcm.ent les llig- (a) La mouche qui vient de cette faud'e chenille, 2 éti appellée par IJnnKUS Tc/t- ■thredb g^.'lcs foliarum /alicis.Fàun. i'aec. 945. Fayc^ la note précédente. (G) ACADÉMIQUE. 499 mntes qui viennent s'ouvrir à la lurface du corps , & les trachées elles- — i—— — i mêmes parolifent à travers la peau , ainfi que le cœur dont on pcut/nëme Swammerdam. (^'néme /igure) des coques que j'avois retirées de mon las defible, & que j'avois miles dans une petite boite feche; ces mou- ches vues au microicope paroiflbient divifées en trois parties bien dif- tinftes , qui font la tête , le corcelet & le ventre ; elles avoicnt fur le devant de la tête deux petites antennes noires c , (PI. XXVIII. Fis;. XII. ) le corcelet étoit joliment ouvragé : elles' avoient quatre ailes membraneufes , dont les ilipérieures cachoient celles de deffous , &: qui toutes enfemble couvroient le corps de la mouche : les ailes fupcricures étoient garnies de quelques trachées , & marquées fur leurs bords de deux taches noirâtres d d -.les fix jambes e e tenoient à la partie ii.fé- rieure du corcelet , elles étoient compolées de plufieurs pièces articulées enfemble & de deux crochets , leur couleur tiroit fur le noir : le ven- tre étoit pareillement noir, & il étoit formé de plufieurs anneaux. Par- mi ces petites mouches , les unes avoient une queue , les autres n'en avoient point : les premières étoient les mâles , les autres les femelles ; en preffant avec les doigts les derniers anneaux du ventre des femelles Jf, ( PI. XXV'I.I. Fig. XIII. ) on en faifoit fortir une petite pointe qui étant examinée au microfcope avec attention , paroiffoit avoir la forme d'une fcie g , placée entre deux autres petites pièces écailleufes h h , ter- minées en pointe : ainfi cet inftrument paroiffoit très-propre à entailler Hne feuille d'arbre ,. comme je le dirai dans la fuite : j'ai remarqué en même temps oue le deffous du ventre de la femelle étoit blanchâtre du côté du corcelit , & que fes jambes étoient rougeâtres dans le même endroit. ^ Enfuite ayant ouvert le ventre de la femelle , j'y trouvai des œufs parfaitement femblables à ceux que j'avois vus auparavant dans les galles que j'ai décrites, en forte qu'il n'y a aucun doute que ce ne loient les œufs de cette efpcce de mouches que l'on trouve dans les galles du faulc : ces mouches me paroiffoient du même genre que celles qui viennent des entrailles des chryfilidcs defféchées , (a) ce ne- furent pas ieulement les coques que j'avois mifes dans ma boéte qui me donnèrent de ces mouches , il en (ortit encore des coques qui étoient enfoncées fous le fable : mais l'humidité de ce fable en avoit fait périr ime grande partie, & les autres étoient feulement toutes engourdies : je trouvai dans d'autres coques que j'avois gardées , de petites mouches toutes vivantes qui en fonirent fi promptement, qu'elles s'échappèrent de mes mains. (a) La mouche qtii fort d'une chryfalide qu'elle a mangée , eft un ichneumon , aa lieu que celle qui fort des galles du iaule ell une mouche a f-ie ( tenthrido ) ce l'ont deux genres didérents , ils fe reù'emblent feulement par le nombre des ailes. (G) 501 COLLECTION J'ouvris aiiffi quelques mâles de cette efpece de mouAos , j'y trouvai S^vAMMERaAM. Ics orguiies de la génération, dont je ne p-ais faire nuiir.te.iant la def- KisTOiRE DES cription , faute d'avoir écrit alors mes obfervations fur ces parties. Iksectes. Quand il arrive que les vers dont j'ai parlé n'entrent dans la terre pour faire leur coque que vers la fin de la bonne fail'on , ils ne fe transfor- ment en mouches qu'an printemps de l'année fuivantc. J'ai examiné auhi les coques après que ces mouches les ont quittées , elles les ou- vrent d'une façon affez fmguliere, on diroit un petit baril qu'on a dé- bouché , elles ne font que détacher une petite pièce orbiculaire i ( PI. ' XXMII. Fig. XL ) qui bouchoit le fond de la coque , &c qui reifemble en quelque Ibrte au bondon d'un petit tonneau : j'ai retrouvé auffi dans la coque &c la peau que le ver avoit dépouillée en fe changeant en nymphe. Si la petite pellicule fine dont la nymphe s'eft débarraflée en fe transformant en mouche. ■Quand une fois ces petits vers ont abandonné leurs galles , elles fe fechent totalement, & au bout de quelques jours elles fe rident ôc' s'af- faiffent : j'ai eu la curiofité de garder dans mon cabinet tous ces petits inieftes dans leurs dlfi'érents états : j'ai éprouvé qu'il n'y a pas d'autre moyen de conferver les galles du faule , que de les remplir de fable bien fec jtifqu'à ce qu'elles fe foient bien delîéchées , après quoi on peut jeter le fable. MJNIERE DONT LES ŒUFS DES INSECTES Jvni dcpofés dans hs fiuilUs de Jliule. MR. Rédi, qui le premier a combattu par l'expérience l'opinion de la génération fortuite & fpontanée , penfoit que les iniéftes qui fe trouvent dans les feuilles &: dans les fruits, étoient engendrés par la vertu naturelle de cette même ame végétative qui produit les fruiïs & les plantes : fon fentlment n'eft pas dellitué de toute probabilité ; car enfin les expériences qu'on peut faire à cet égard lont enveloppées de tant de difficultés, & couvertes de ténèbres (i épalflés, qu'il peut fort bien fe prélénter quelques phénomènes qui donnent lieu de foupçonner que ces infecles font engendrés par les plantes elles-mêmes. J'ai cher- ché cependant avec une patience incroyable , & avec toutes les difficul- tés dont j'ai rendu compte , à ni'affurer au julîe de la vraie origir.e des vers qui fe trouvent dans les galles du faule , malgré toute la déférence que j'avois pour l'opinion de ce favant naturalllie, qui aflure n'avoir ja- mais vu ces vers fubir aucïine transformation ; & j'avoue de bonne foi que fi je. n'avols pas été plus heureux que lui d;-ns nies recherches fur corte cijsece de vers , j'aurois penlé comme lui ; mais la découverte eue j'ai faite de leur transformation en mouches, m"a empêché d'embraiTer ion fentimenf, d'autant plus que j'ai trouvé encore dans l'intérieur de ces petites mouches des œufs entièrement femblables à ceux qu'on trou- ve dans les galles du faule , & qui donnent naifiance aux vers dont ii ACADÉMIQUE. ^o^ eft quertion : il y a encore im fait fur lequel M. Ré4i s'cû trompé , il ^^^-n^^-^M rcprclcnte ces vers ieuL-mcnt avec liv j.ucbjs, &C je me fuis aiTuré qu'ils Swammerdam. en ont vingt. HisTo,:\r d« Je pcnlc donc que toutes ces excrefcences , tous ces fruits , & tou- Issccr^i. tes ces autres parties des plantes d.ins iefquelles on trouve certains in- feftcs , ne fervent uniquement qu'à fournir une habitation sûre & v.n aliment convenable aux petits animaux qui y font renfermés , & qui font dépoumis de jambes. ( a ) Les vers des abeilles & ceux des four- mis qui font pareillement dépourvus de jambes, trouvent aufil des ref- fources équivalentes , les uns dans les abeilles ouvrières qui leur fer- vent comme de nourrices , les autres dans les fourmis qui les trar^f- portent toujours avec elles dans différents endroits où ils peuvent trou- ver une nourriture ailée ; il eft vrai que les fauffes chenilles dont j'ai donné la defcription ont des jambes , mais elles ne leur fervent qvi quand elles vont chercher un endroit poiu: faire leur coque , &c non pour aller chercher letir nourriture. Je me perfuade donc que tous les vers que l'on trouv&'tous les sns dans les galles, & qui doivent s'y trouver infailliblement, font toujours le produit des œufs qui ont été dépofés dans les feuilles ou dans les fruits des plantes par -des infectes de la même efpece, & d'une forme parfaitement femblable à celle que ces vers doivent avoir après leur dernière transl'ormation : cela paroît évident , fi je ne me trompe . par les obfervations que j'ai fiites fur les œufs qui fe trouvent dans les galles du laule , & lur-tout par la comparaiidn que j'ai faite de ces œufs avec ceux qui fe trouvent dans le corps des petites mouches qui en proviennent , entre lefquels œufs on n'apperçoit pas la moindre dif- férence. Il ne refte donc plus qu'à expliquer coifiment ces petits œufs peu- Vent parvenir dans l'intérieur des feuilles du faule : cela ne me paroit pas dilBcile à imaginer , qviand on fait que dans cette efpece de mou- ches les femelles ont le derrière armé d'un infiniment propre tout à la fois à percer les feuilles du faule , & à (érvir de canal par où les œufs pniffent delcendre , comme je l'ai obfer\é & décrit plus haut ; & on fera convaincu que cela ne fe fait pas autrement , quand on fera atten- tion que ces mouches ne s'attachent qu'aux feuilles les plus tendres &C les plus ailées à percer pour y dépofer leurs œufs , & que dans les gal- les nailTantes on trouve effeftjvement le petit œuf prefque imperceptible placé entre les deux membranes de la feuille , fans y être aucunement attaché ; ajoutez à cela qu'il m'eft arrivé quelqtiefois d'appercevoir les trous extrêmement petits par où ces œufs avoient été introduits dans la fubftancc de la feuille. Je conviens qu'il n'y auroit plus rien à répliquer fi j'avois pu furpren- (a) Ces infères ont la peau t'-ès-délicate , & ne peuvent fupporter les impreffiont de l'air extirieur , aufquelles ils ne l'ont pas accoutumés. ( G ) ^04 COLLECTION ■ I «a» dre la mère de ces petits vers dans Taftion même de la ponte ; (a) je «^«'AMMiUDAM. ne dcfefpere pas de prendre ainfi quelque jour la nature fur le fait; niais Histoire des' en attendant, je me perfuade que les faits que je viens de rapporter ont Insectes. plus de force qu'il n'en faut pour établir mon fentiment ; je conviens encore que je n'ai pas toujours apperçu bien diflinftement les trous que rinii-'fte cft fuppofé faire dans la membrane de la feuille pour y dépofer les œufs; mais ces trous peuvent bien être d'une petitefle fi prodigieufe, qu'ils échappent fouvent à la vue. Lorfqu'on elT: piqué d'un coufm ou d'une puce , on ne voit pas afTurément fur le champ la petite plaie que rinfcfte a faite, & cependant perfonne ne s'avifera denier cette piquure, quoiqu'on ne s'en appcrçoive que par un changement de couleur qui fur- vient bientôt à la peau ; la même chofe arrive précifément dans la pi- quure que notre mouche fait dans la feuille du iaule : on ne diftingue la place où l'œuf a été introduit que par un changement de coideur af- fez peu confidérable : ajoutez à cela qu'une fi petite ouverture faite par im fi petit infeâe dans une feuille pleine de lue peut fe refermer très- aiftment , au moyen des liqueurs qui y abordent continuellement & qui peuvent recoller &: faire reprendre les lèvres de la plaie. Mais ce n'cit pas tout, on ne voit pas encore ce qui produit ces tu- iercules qui croiflant fur les feuilles de faule, fourniflént la nourriture à nos petits œufs : par quel mcchanifme enfin peut-on imaginer que fe forment tant d'autres excrefcences fi fingulieres , connues fous le nom de galles, qiii viennent fur toute forte de plantes & d'arbres? j'avoue que cette queftion efl très-difRcile à réfoudre, & je ne vois pas que je puifle y donner d'autre réponfe, finon que je conçois que. la première blefiiire faite à la feuille ou au fruit , ou à quelqu'autre partie d'une plante que ce foit^ par ime mouche qui cherche à y dépofer les œufs , ell la véri- table caufe du tubercule qi»i doit fe former enfuite, de quelque manière qu'il foit figuré ;. il arrive ici à-peu- près la même chofe que lorfqu'on s'a- mufe à écrire ou à tracer quelques chiffres avec un poinçon fur des ci- trouilles ou d'autres fruits, ou fiir des écorces d'arljre encore tendres, les traits qu'on a tracés ainfi fur ces matières quivé-etent, s'imprègnent du fuc nourricier, fe gonflent peu à peu, & s'élèvent à la fin confi- dérablement au deSus de la fiirface de l'écorce ou du fruit. D'ailleurs , Harvey dans Ion livre de la Gincration des animaux , dé- montre pleinement qu'il peut y avoir une grande difiérence entre deux piquures faites par le même inflrument ; il aiîïire d'après fa propre expé- rience « que les chairs même des animaux vivants dillinguent très-bien une » piquure empoifonnée d'une autre qui ne l'eft point ,& que c'efi pcwir « cela , qu'elles fé froncent & fe crifpent , &C qu'il s'y forme des tumeurs » & des inflammations : un jour, dit-il, j'en fis l'expérience fur moi- >> même ; je me piquai la main avec une aiguille , enluite ayant frotté » cette même aiguille comre la dent d'une araignée, je me repiquai dans » un autre endroit de la main ; je ne pus jamais reconnoître la moindre (a) Malpighi a été p'us heureux ; il afurpris une mouche dans k temps q-.i'elle pon- CL.t fur un bouton de chêne. (G) difiereiic r ACADÉMIQUE. 50s » différence entre ces deux petites piquures ; il y avoit cependant un certain » fentiment dans ma peau qui favoit bien les diftinguer ; car elle ie con- s^^jimerdam » tracta liir le champ &: tbrma une petite clevurc dans l'endroit où étoit Himoirï ds« » la piquure envenimée. » Et qui oferoit aflurer que les plantes n'ont pas Insectks. aufll leur manière de fentir ? pour moi je croirois volontiers qu'il ne leur manque que des mufcles pour nous donner des fignes extérieurs de leur fentiment ; la fameulé plante à laquelle on a donné le nom de fen- fitivc , nous en offre un exemple bien frappant ; car cqÙ. iims doute au moyen d'une certaine eipece de mulcles qui lui font propres, qu'elle étend te contraire fés branches , comme fi c'étoient de véritables bras. A l'égard des différentes figures de ces excrefcences , lefquelles ne fe trouvent jamais fiir les plantes fans être habitées par les infedtes qui doi- vent y prendre leur accroiffement , je crois que leurs différences ne vien- nent que des manières différentes dont les mères de ces infefles percent les plantes pour y introduire & y greffer, pour ainfi dire, leurs œufs ; les mêmes différences s'obl'ervent auffi dans les différentes manières dont on s'y efl: pris pour greffer un arbre : c'eft ainfi qu'un coufin fait lever fur notre peau une pullule d'une autre forme que celle que produit la punaifc ; &: que la piquure d'une punaife diffère de celle d'une mouche à miel ; le hazard n'entre pour rien dans tous ces effets ; ils font tou- jours les mêmes & ont une marche confiante dans la nature , à moins qu'il ne fe trouve quelques variétés ou quelques actidents dans les plan- tes ou dans les corps des animaux fur leiiquels ils le paffent, comme l'a très-bien remarqué M"". Rédi au fujet de la piquure du fcorpion. J'ai vu plufieurs fois des œufs d'infeôes qui étoient fi fortement atta- chés à de petites branches d'arbre , qu'il étoit impoffible de les en arra- cher fans les entamer ; la plus groffe des phalènes de Hollande , celle que donne la chenille a])pellée par les anciens Cojjus , & qui habite le faule principalement entre l'écorce & l'aubier, imprime, pour ainfi aire, fes œufs fur l'écorce en dehors , afin de donner aux petits vers qui en doivent naître la facilité de fe percer une route vers l'intérieur de l'arbre <[ui doit leur fervir de nourriture ; l'œuf ainfi collé à l'écorce, leur prête le point d'appui que cette opération exige ; car fi on retire enfuitc ces vers de l'intérieur du faule oii ils font, pour les replacer liir l'écorce, ils commenceront par fe hier une toile dans laquelle ils s'mfermeront comme dans un nouvel œuf , puis ils la perceront du côté de l'arbre en s'appuyant le dos contre le fond de cette toile , afin d'avoir plus de force & plus de prife pour percer le bois. J'ai obfervé cet hiver fur des raves plufieurs petites galles de différentes groffcurs, dans lefquelles étoient logés a\uant de vers apodes qui avoient des yeux & des dents affez dures ; les plus petites de toutes ces excrefcen- ces ne contenoient encore que l'œuf d'oîi le ver dcvoit éclorre : celles qui étoient un peu plus grofles , renfermoient un petit ver encore tendre & mollet. Il eli important de remarquer que tous ces vers apodes périffent quand on les tire de leurs galles : ordinairement la cavité oîi ils font lo- gés dans l'intérieur de ces excrefcences , paroit moulée lùr leur corps , comme on le remarque fur-tout à l'égard du ver qui ell renfermé dans Tom, F, Sss çoS COLLECTION ww— lia— M une excrefcence en forme de rofe que l'on trouve fur les Jeunes poufles SwAMMERDAM. ''" ^''"'^ ' ^ '^^"'^ '^ parlerai bientôt ; la cavité que cet iniofte occupe , Histoire des ' répond exaftement à la groffeur de fon corps ; mais les vers qui habitent Insectes. les galles de la rave , font dans un efpace un peu plus grand que leur corps; j'ai remarqué aufll que les petits trous que certains petits vers apodes iavent percer dans le bois fec , avec un art fingulier , (ont par- ^ faitement moulés fur la forme de leur corps ; de forte qu'ils peuvent s'y mouvoir avec affez d'agilité : c'eft en fronçant d'abord leur partie pof- térieure du côté du bois , puis en étendant la partie antérieure en ligne droite , que ces inléftes exécutent leurs mouvements & qu'ils peuvent faire avancer leur corps , même affez vite , dans les petits chemins tor- tueux qu'ils fe font creufés. La raifon pour laquelle tous les infeôes dont je viens de parler , ne peuvent plus vivre lorfqu'on les a fait Ibrtir prématurément de leur trou, c'eff qu'ils n'ont plus alors la faculté de fe mouvoir, & qu'ils fe deffé- chent &C fe roidiflent à l'air ou au foleil , outre qu'ils fe trouvent privés de la feule nourriture qui leur convenoit ; il y a encore bien d'autres infeftes dépourvus de jambes, qui vivent, foit dans l'eau, foit dans le fein de la terre ; les vers aquatiques qui n'ont point de jambes , fe fer- vent de leur queue ou de quelques autres parties en guife de rames pour fe tranfporter d'un lieu dans un autre ; à l'égard des vers apodes qui vi- vent fous terre , ils fe traînent entre les fentes & les petites gerfures , de la même manière à-peu-près que les vers du bois : on peut voir dans l'hiftoire que j'ai donnée des mouches, des fourmis & des abeilles, com- ment fe nourriffent leurs vers qui font aufli dépourvus de jambes : pour ce qui eft des chenilles & des autres infeâes qui ont pliifieurs jambes , il n'y a point de difficulté à cet égard : on me dira peut-être qu'on voit quelquefois fortir des infeftes du bois vermoulu , quelques années après ; mais ces infeftes viennent (ans contredit de vers qui y ont pris leur ac- croiffement , & ces vers étoient venus eux-mêmes des œufs que les mè- res avoient dépofés dans ce bois , félon l'ordre confiant de la nature ; il eft vrai qu'il y a quelquefois de ces vers qui font plufieurs années de fuite à prendre leur accroiffement avant que d'être en état de fiibir leur dernière transformation , comme on l'obferve à l'égard du ver qui donne le Icarabée monocéros , & de celui qui fe change en la cantharide de Hol- lande, qu'on appelle communément le fcarabée doré; j'ai remarqué aufîi la même chofe dans l'hiftoire que j'ai donnée de la mouche éphémère , au fujet des vers aquatiques qui vivent dans des trous creufés fur le bord de l'eau. Au refle, il eft bon de remarquer qu'il y a bien des efpeces d'animaux qu'on croit comm.unément dépourvus de pieds , & qui en ont pourtant réellement; les vers de terre en ont un grand nombre (<;) mais formés à la vérité d'une manière différente des pieds ordinaires : dans le genre des ferpents mêmes , j'ai obfcrvé des pieds de cinq efpece? différentes; il y a des ferpents qui ont au milieu de leur corps une proéminence épi- t i") Voyez le tome précédent de- la Celleltiae^Acadèmique , pag. 597. ACADÉMIQUE. 507 oeufe à peu-prcs femblable à une machine de guerre, qu'on appelle che- — — — ' val de friie ; un petit os qui s'articule avec ceux du pubis & qui eft re- Swammerdam, couvert de la peau , occupe le centre de cette efpece de pieds hcrifle de Histoire du pointes , au moyen duquel ces ferpents peuvent le foutenir & fe gliffer lNs*CTis. dans les cavernes à travers les fentes des rochers ; i! y en a d'autres à qui j'ai vu deux tubercules épineux de la même nature que celui que je vieni de décrire; ce qui contribuoit à augmenter la rapidité de leurs mouve- ments : on m'a fait prélent d'une troifieme efpece de pieds de ferpcnts, compofés de plufieurs os bien diftinfts articulés enlémble, & ayant à leurs extrémités des crochets qu'on pouvoit en détacher comme on dé- chauffe les ergots des pieds des cochons ; j'ai obfervé encore moi-même une troifieme efpece de ferpents qui avoient quatre pieds , à la vérité fort pe- tits ; ceux de devant étoient compofés de trois articulations &C de deux doigts armés de petits crochets à leurs extrémités , fans compter une au- tre articulation plus courte que les autres , en forme de pouce , qui pa- rolffoit de côté intérieur de chacun de ces pieds , & qui étoit pareille- ment garnie d'un crochet ; les deux pieds de derrière étoient conflruits de la même manière , fi ce n'eft qu'ils avoient chacun un doigt de plus que ceux de devant; enfin, M^. Ruylch m'a fait préfent d'une cinquiè- me efpece de ferpents à quatre pieds : cts pieds font très-petits & com- pofés chacun de trois articulations qui ne (ont pas à la vérité bien aifées à diftinguer, parce qu'elles (ont recouvertes d'écailles jufqu'au bout : on n'apperçoit qu'un fimple crochet à leur extrémité , & ils ne font point divifés en doigts comme les pieds que j'ai décrits plus haut : ce qui me fait croire que ces petits ferpents ne peuvent fe fervir de leurs jambes que dans certaines circonllar.ces , parce qu'elles font trop foibles pour être en état de foutenir le corps de ces infeûes ; cependant il y a des cas où elles peuvent contribuer à rendre leur courfé plus rapide. AUTRES INSECTES QUI SE TROUVENT DANS LES GALLES dis fcuilUs du faille ; manière dont ils y font introduits. J'Ai dit au commencement de cette hiftoire, que lorfque j'ouvris les galles du faule pour obferver ce qu'elles renfermoient, j'y a vois trouvé bien d'autres petits infeftes , outre celui que je viens de décrire ; j'ai averti en même temps que cela étoit capable d'en impofer à ceux qui ne font pas au fait d'obferver, ou qui obfervent fans beaucoup d'atten- tion, n'y ayant rien de plus aifc que de prendre un de ces infeûes pour \\n autre , d'où il s'enfuivroit des conféquences qui feroient des fources d'erreurs : c'eft pour cette raifbn que je reviens fur mes pas pour tâcher d'éclaircir ces difficultés ; j'ai donc trouvé premièrement dans plufieurs galles, qui n'étoient point encore percées, quelques petits infedles qui avoient tué ôc étouffé la fauffe chcfiille , dont j'ai donné l'hifloire ; pour Sss 1 5o8 COLLECTION î"^— ^*''— comprendre la rùfon de ces faits fingiiliers , il faut favoir d'abord que les SwAMMERDA M. feuilles du faulc font peuplées de diflérentes efpeces d'infeftes qui vien- HisToiRE DES nent dépofer leurs œufs fur leur furface ou dans leur épaiffeur , & qu'il lusscTEs. çp, éclot enfuite de petits vers , les uns apodes , les autres à plufieurs jam- bes , fuivant l'efpece des mères qui les ont pondus. Les galles encore lai- nes & entières dont je veux parler, renfermoient pour lors deux efpe- ces différentes de ces infeftes , favoir, la faufle chenille que j'ai décrit» plus haut , & un ver apode ; &C comme ils occupoient tous deux la ca- vité de la même galle , fe nourriffant de la fubflance de cette galle , qui nedevoit fervir qu'à un feul , & qu'ils y vuidoient auffi leurs excréments, il eft arrivé à la fin que la fauffe cbenille a été étouffée par le ver mê- me avec qui elle partageoit fon logement. La première fois que je vis de ces vers apodes dans les galles du faule, je les pris d'abord pour les mêmes inleâes que j'y avois déjà trouvés plufieurs fois & que j'ai décrits ; je crus que ces efpeces de vers n'a- voient apparamment point de jambes en naiffant , & que ces parties ne leur venoient que par la fuite lorfqu'ils étoient plus grands ; mais des obfervations plus exaftes me détrompèrent , & je découvris enfin que ces vers apodes étoient d'une efpece toute différente ; je ne doute point que leurs œufs ne foient dépofés dans les feuilles précifément de la même manière que ceux de la fauffe chenille , afin que le petit ver qui en doit èclotre y prenne auffi fa nourriture &c fbn accroiflement ; mais ce ver m'a toujours paru un peu plus gros que la fauffe chenille avec la- quelle il habitoit la même galle ; il a auffi la tête plus pâle , & il ne laiffe pas de vuider beaucoup d'excréments : on trouve quelquefois de ces vers logés feuls dans les galles du faule : comme je n'en ai point trouvé un affez grand nombre , je n'ai pas eu occafion de fuivre toutes leurs transformations. J'ai trouvé dans une autre galle du faule une troifieme efpece de vers pareillement dépourvus de jambes , mais de moitié plus petits que ceux dont je viens de parler ; ils avoient la tête à - peu - près faite de même, mais cependant un peu plus groffe à l'endroit où elle fe joint avec la poitrine ; j'y ai remarqué deux points noirs , qui étoient peut- être les yeux ^ il m'a paru que ces vers changeoient auffi de peau ; ils fe traînoient avec affez de vîteffc : on en trouve quelquefois deux dans une même galle ,■ & ils font alors féparés l'un de l'autre par une efpece de cloifon formée de leurs excréments ; j'ai obfervé la même chofe à l'é- gard des fauffes chenilles, lorfque leurs galles fe touchoient & fe con- fondoient enfemble ; il paroît que ces petits vers fubiffent auffi leurs transformations au dedans de leirrs galles , ce qui an-ive dans le temps ■que la galle prend une couleur de rouille dans toute fon étendue : ce- pendant je n'ai pu encore parvenir à voir leur métamorphofe , parce qu'on ne trouve pas ces infeftes auffi communément que l'on voudroit ; ainfi , ce ne fera que par une forte de hazard que l'on pourra découvrit ACADÉMIQUE. ^09 . Je n'.u pas encore vu les premiers rudiments de ces galles : ce n'eft que par hazard que j'en obfervai un jour, en me promenant dans les bois de la Haie avec deux de mes amis ; j'en emportai chez moi une bonne provilion pour les examiner à loifir : je vais faire part du rélul- tat de mes ohfervations qui font des plus exaftes & des plus curieufes. Je coupai d'abord une des plus groffes de ces excrefcences , tranfv^fa- lement,par fa partie fupérieure (^, ( PI. XXIX. Fig. XIV.) je trouvai une cavité affcz confidérable , dans laquelle étoient logées trois autres petites excrefcences e .; je ne pouvois m'imaginer comment elles avoicnt pu fe former en cet endroit ; elles occupoient chacune une cavité ])ar- ticuliere , fans néanmoins être (éparées l'une de l'autre par aucune cloi- fon : je les retirai de leurs cellules pour les mieux obferver ; elles me parurent avoir affez de reffemblance avec un haricot ou phaféole, a)'art im des côtés plus convexe que l'autre /, & dans leur milieu une ma- nière de petit pédicule comme û elles euffent été attachées à une cofTe ; cependant ce pédicule ne s'appercevoit qu'au microfcope : je donncr.ii à ces petites excrefcences le nom de phaléolcs à caufe de leur fi- Ces phénomènes fmguliers redoublèrent ma curiofité , & m'excitèrent à examiner d'autres galles de même elpcce avec la plus grande atten- tion : j'en pris une qui étolt beaucoup moins avancée & plus petite que celle que je viens de décrire ; je l'ouvris en la fendant en deux , je n'v tro.iv^i point de cavité comme dans l'autre, mais il y avoir deux petites phaféoles toutes pareilles à celles que j'ai décrites plus haut ; en ouvrant la galle je les avois coupées par le milieu, ainii que deux pe- tits vers qui y étoient contenus , comme on peut le voir dans la Fig. XV. qui repréfente la moitié de la galle un peu plus groffe qu'elle n'eft naturellement , avec les deux phaféoles coupées en travers ; elles font placées dans le milieu de la fubftance intérieure de la galle qui les em- braffe de toutes parts comme la chair d'une orange environne les fe- mences qui y font contenues ; la croûte extérieure de cette g^lle étoit d'une matière plus ariJe & plus compade , & d'une couleur plus verte que la lubftance inférieure : j'ai marqué cette différence comme s'il y avoit une féivirarion entre ces doux fubftances , quoiqu'elles ne foient pj-nt réellement diiiin^es l'une de l'autre dans la galle , tandis qu'elle vé- gète- encore. * Mais une troifieme galle qui -ctoit un peu plus avancée , me fit voir que fa (iihitance intérieure fe deflfeche peu h peu &i. fe fcpare à la fin à" la p'iaféol': ; car je remarquai en ouvrant cette galle que la phaféole qu'elle renlermoit y étoit logée comme dans une cavité , & qu'elle était aj)juyé'; lur l'une ou l'autre des parois de cette cavité : cette troifieme obferviiion me prouva clairement que c'étoil par une évaporation feai- ji6 COLLECTION ■ wiiii i-fi blable des particules infenfibles , que les trois pbaféoles que j'avois oh" SwAMMERDAM. fervécs dans le creux de la première galle y étoient logées chacune dans Histoire des ' une cavité particulière ; & l'expérience que je fis enUiite fur toutes les Insectes. galles que j'avois, & fur les phaféoles qui y étoient renfermées, ache- va de me perfuadcr que c'étoit là la véritable raifon de ce fait qui m'avoit extrêmement embarraffé la première fois qu'il s'étoit préfenté à moi. Il y a beaucoup de phénomènes dans la nature qui ont quelque rap- port avec ceux que je viens d'expoftr ; les pépins des pommes & des poires qui font cachés dans le parenchyme de ces fruits , fe détachent peu 'à peu de leurs enveloppes, de manière qu'ils y font logés pour ainii dire à l'aife : la même chofe s'obferve encore à l'égard des amen- des contenues dans les coques des noifettes à mdiire qu'elles fe del- fechent & à l'égard de la noifette elle-même qui fe détache à la fin de fon calice ; mais ce qu'il y a de plus fingulier dans les galles dont il s'agit ici, c'eft que la phaféole qui s'en eft détachée intérieurement, contient encore un ver vivant qui y efl logé dans une cavité parti- culière. Lorfqu'il n'y a que très-peu de temps que ces phaféoles ne tiennent plus à la fubflance delà galle, à caufe de l'évaporation qui s'eû faite & du vuide qui s'y cil formé en coniéquence , alors leur kirface pareil un peu inégale &C raboteufe ; mais enluite à mefure qu'elle fe delTeche elle redevient liffe & polie : cependant on peut toujours voir ces iné- galités au microfcope g ; ( PI. XXIX. Fig. XVI.) on recpnnoît aufïï tou- jours l'endroit par où la phaléole puifoit la matière de fa nourriture & de ion accroiffemeni , on y voit une efpsce de petite cicatricule h. La fubftance de la phaféole -eil d'abord un peu molle , enfulte elle s'endurcit , fe defleche, & prend une belle couleur de marron qu'elle ne perd plus , ce qui fait un fort joli coup d'œil lorfqu'on voit cette pha- féole rougeâtre encore logée dans le milieu de fa galle qui eft d'une couleur verte ; enfin, loriqu'elle eft tout-à-fait feche , elle a pour lors une confilîance aflez ferme , & confidérée par rapport à fon écorce & à la dureté , elle ne reffemble pas mal à la peau d'une thataigne , à l'é- paifleur près qui efl plus confidérable dans la chat'aigne qiie dans cette phaféole : au refle , elles ne font pas toutes de la même groffeur , & de même les vers qu'on y trouve logés ne font pas non plus tons avifTi avan- cés les uns que les autres. Le nombre des phaféoles contenues dans une galle , varie confidéra- blement ; quand les galles lont fimples , chaque phaléole y occupe fa ca- vité particulière, c'eft tout le contraire quand elles iont doubles ou même plus compofées ; cependant il arrive quelquefois que quoiqu'il y ait deux ou trois galles confondues enfemble, chaque phaféole ne laiffe pas dêtre logée dans fa cellule particulière, & -que toutes ces cellules font féparées l'une de l'autre par une cloifon ; l'endroit oii la phaféole eft ajjpuyée au dedans de la galle, eft pour l'ordinaire un peu humide, ce qui l'em- pêche de rouler d'ime place dans une autre : on apperçolt aiifTi des dif- féieaces entre les cavités particulières de ces galles ainfi réunies §C coi> ACADÉMIQUE. 117 fondues enfemblc ; cela vient , à ce que je crois , de ce qu'il y en a eu SSS^SSî de plus ou moins groflcs, ou qui fe font plus ou moins defléchées les Swammeroam. unes que les autres : cependant il n'y a pour l'ordinaire qu'une feule pha- Histoire des féole d ms chaque tubercule. Insectk. J'ouvris enluite avec grand cmpreffement une de ces phaféoles ; j'y trouvai un ver vivant; il ctoit tout blanc, ;\ l'exception d'une petite li- gne grife tirant iiir le noir qui fe voyoit fur fon dos : fa figure étoit oblongue, & il paroilToit compofé de plufieurs anneaux , comme on peut le voir dans la Fig. XIII. (PI. XXIX.) où je l'ai reprclenté couché fur le milieu d'une feuille de chêne , mais d'une grandeur au defliis du na- turel m : (PI. XXIX. Fig. XIll. ) j'obfervai en le diffequant que la petite ligne grisâtre venoit des matières digérées, & qui étant arrêtées dans les intertins de ce ver , paroiflbient h travers fa peau : cette ligne eft bru- ne dans d'autres vers , quelquefois rouge , d'autres fois jaune ou verdâtrc, <;e qui vient toujours des matières contenues dans le conduit inteftinal. Le ver fur lequel je faiiois cette obiervation , étoit roulé en forme de croiffant dans fa petite phaléole, fort à fon aile , fans y être attaché par aucune forte de lien ; je ne pus même découvrir ni cordons umbilicaux , ni le moindre vaiffeau de communication par où cet infeûe eût pu rece- voir fa nourriture, comme on s'imagine ordinairement que cela doit fe faire : au furplus, il fe tournoit & retournoit à la fantaif.e dans fa petite loge , donnant des marques fenfibles de fa force : on n'y vfiyoit pas les moindres traces d'excréments , ni aucune iffue par où il eût pu les rejctter ; le dedans même de la galle étoit parfaitement net. Je ne prétends pas cependant faire entendre que ce ver ne prcnoit au- cune nourriture dans fa phaféole ; le contraire ert afiez prouvé par les matières excrémenteufes qui étoient contenues dans fes inteftins : c'eft pour quoi je fuis très-convaincu qu'il fe nourriflbit par la bouche , de la lève de l'arbre qui montoit du tronc dans les feuilles , & qui s'infir.uoit jufques dans la cavité de la phaféole par le petit pédicule dont j'ai fait mention ci-deffiis ; & comme cette nourriture étoit probablement d'une très-grande ténuité , il n'ert pas étnnnant que cet inlefre n'ait point du tout rendu d'excréments, & on conçoit fort bien qu'il a pu les retenir dans fes inteftins & les y ramaffer, jufqu'à ce qu'enfin étant devenu mou- che dans le temps marqué par la nature , il ait pu les rejeiter tous à la fois : on fait que tous les infeftes qui viennent de nymphes & de cliryfa- lides ont cela de commun , qu'ils fe viiident d'une grande quantité d'ex- créments un quart d'heure après qu'ils font éclos. Je ne crois pas qu'on trouve abfurde qu'un animal puifTe prendre fon accroiflément ians rendre d'excréments , puifqu'on obferve tous les jours la même chofe dans les agneaux & dans les veaux , qui ne fe vuident qu'après leur naliTance. Quoiqu'il me paroifl'e très-probable que la fubftance intérieure de la galle ne commence à fe dcffécher, qu'après que le ver a pris tout (on accrod- fement, & lorfqu'il eft prêt de fe mettre en nymphe, cependant on ob- fervc''encore alors que la phaféole eft toujours hume£lée à fa partie in- férieure, de manière que le ver qui y eft renfermé pourroit encore (c «ourrir du fuc qui continue de monter & de pénéuxr dans la phaféole , • SWAMMERDAM. 518 COLLECTION au cas qu'il n'eût pas pris tout-à-tait aflez de nourriture : dans la fuite en voit le bas de cette phaféole fe détacher & le defTécher peu à peu , à Histoire des meiure que le ver approche de la tr.instormation ; de manière que cette 1ns£ci£s.^ humidité commence à moifir infenfiblement , lorlque le temps où il doit paroître fous la forme de mouche n'ell plus éloigné : c'eft alors qu'on trouve ordinairement les phaféoles entièrement détachées & mobiles dans les cavités des galles. Un de ces vers que j'avois arraché de fa phaféole , vécut encore de- puis le 5. de juin, jufqu'au y de juillet. Lors donc que ces vers ont affez pris de nourriture , les anneaux de leur corps fe rétreciffent & fe rapprochent l'un de l'autre ; (PI. XXIX. Fig. XVII.) enfuite ils fe dépouil- lent d'une pellicule affez mince & prennent la forme de nymphe : cette nymphe eu. d'abord toute blanche ; mais à mefure que fes membres s'af- fermiffent , fa couleur change & tire de plus en. plus fur le noir : on dif- tingue dès-lors dans la tête les deux yeux à réfeaux aa (Fig. XVIIl. ) de la mouche future : au deffous de la tête on remarque deux dents qui fe voyoient déjà dans le ver; les antennes l'b ibnt placées à droite &c à gauche tout du long du corps ; les jambes & les ailes font pliées &. fort ailées à diftinguer dans le milieu du corps , entre les deux antennes : on voit auffi très-diftinftement quelques anneaux du ventre c : c'eft pour quoi on doit rapporter cette nymphe au premier genre du troifieme or- dre, puifqu'on y apperçoit les membres de l'iniéâe qui en doit naître, au/Ti clairement & auffi diftinftement que dans la nymphe de la fourmi que j'ai donnée pour exemple de cette iorte de transformation. La mouche qui vient de cette nymphe eft repréfentée d'abord de gran- deur naturelle, (Fig. XIX.) enfuite telle qu'elle paroît au microlcope : (Fig; XX.) elle a comme les autres mouches une tête, un corcelet & un ven- tre ; les parties principales de la tête font les yeux , & les antennes a a qui ne laiffent pas d'être affez longues : au corcelet font attachées les quatre ailes /> /' , dont Ics (iipérieuris font fort grandes &i s'étendent fur tout le corps, & les- fix jambes, dont la couleur eft rougeâtre, & les extrémités armées de deux petits crochets c c ; le ventre eft un peu gros dans les femelles , il fe termine par une petite pointe d , qui leur lert peut-être de tarière pour percer les feuilles Si pour y introduire leurs œufs par le petit trou qu'elles y font : toute la (urface du corps de ces mou- ches eft d'un beau noir luifant & poli : celles que j'ai oblervées étoient lorties de leurs galles le 18. de juin : au refte, je n'en ai difléqué au- cune ; ainfi je ne puis rien dire ni des œufs de la femelle , ni de l'ap- pareil de la génération du mâle. Mais ce qui arrive lorfque ces infeftes fortent de toutes leurs envelop- pes , mérite d'être remarqué : dès que le ver a pris la forme de nym- phe , la galle commence à s'amincir peu à peu dans un endroit dcter- ml;ié , connue je l'ai repréfenté fur celle qui renfermoit deux phaféoles fi i (Fig. XXI. )&C non-feulement elle s'amincit, mais encore elleledeffe- che aiî même endroit, jufqu'au point de devenir dure & de pouvoir erre percée & hachée par les deux dents de la mouche : ainfi lorîque l'infefte i. ixsbi fa dernière transformation , il commence par percer la phaféole • ^ avec A C A D É M l QU E. 519 avec fcs dents, cnfuite il hache avec les mêmes dents la galle elle-même &»y pratique une petite ouverture orbiculaire k (PI. XXIX. Fie. XIII.) Swammerdam. qui a préciicment toute la largeur qu'il faut pour laifler paffer le corps Histoire des de la mouche. Insectes. On peut prévoir le moment où ces petites mouches doivent éclorre par les places dellcchées // (Fig. XIII.) qu'on remarque alors fur les galles : quelques jours après le i8. de juin je retournai vifiter ces ex- crelcences du chêne ; la plupart étoient ouvertes , &i les mouches s'é- toient envolées , de forte que je n'y trouvai que les phaféoles qui avoient été percées par les dents de ces infedes : toutes ces galles , quelque temps après qu'elles ont été abandonnées par leurs habitants , fe ratatinent &: fc dcfTcchent en grande partie ; l'année d'après les mêmes phénomènes re- paroiflent dans le même ordre & offrent au.K yeux de l'obfervatcur les mêmes fmgularités à remarquer. VERS q^UI PRENNENT LEUR ACCROISSEMENT dans Ccponge de réglantUr, IL vient quelquefois fur l'églantier une efpece de galle ou d'excrefcence affez femblable par ia forme extérieure à celle du chêne, que j'ai re- préfentée dans la Figure X. mais qui au lieu d'être cotonneufe , cft au contraire d'une fubrtance fpongieufe , de forte qu'on pourroit avec rai- fbn lui donner le nom d'épongé : quand elle eft fcche , elle eft d'un gris noirâtre , & on y diftingue plufieurs enfoncements & plufieurs éminen- ces inégales aa (PI. XXX, Fig. I.) elle croît pareillement à l'extrémité des petites branches de l'églantier , & elle y paroît attachée comme un bouton de rôle fur fon pédicule b : fi l'on coupe cette éponge , on y découvre plufieurs cellules c ( Fig. II. ) dans lefquelles on trouve un grand nombre de petits vers blancs de différents âges, de difl^érentes grofl'eurs, & qui fe transforment en nymphes fur la ffn de l'été , de la même ma- nière que tous les autres vers des galles dont j'ai déjà parlé. J'ai vu fortir de ces éponges deux ditiércntes efpeces de mouches qui les avoient criblées de trous ; la première efpece approchoit affez de celles qui étoient forties chez moi des galles du chêne , fi ce n'eft qu'el- les avoient le corps un tant foit peu plus gros J, (PI. XXX. Fig. III.) & les yeux noirs, le refte du corps étant roux; l'autre efpece de mou- ches étoit de celles qu'on appelle à deux queues e; mais ce caraftere ne convenoit qu'aux mâles : (»;) elles avoient quatre ailes comme les pre- mières, & fix jambes rougeâtres ; leur corps a voit une forme oblongue; la tête ne tenoit au corcelet que par un petit filet délié ; les yeux étoient d'une couleur tirant fiir le rouge : au refte, elles avoient tout le corps (a) On a averti plus haut de la méprife où Swammerdam femble être ici tombé , «n prenant le mâle pour U femellef Tarn y, Xxx ^p COLLECTION — ^^— *— d'un verd doré , auffi luifant & aiiffi beau que celui des cantharides r ce$ SwAMMîRDAM, mouchcs ne ibrtoient point toutes en même temps , elles mirent quelques Histoire des jours de fuite à percer leur éponge ; elles y firent p.lulieurs ouvertures en Insectes. ziguezagues à force de la ronger avec les dents , &C elles la criblèrent de trous en différents 'endroits / (Fig. I.) GALLES TROUVÉES SUR UN PEUPLIER NOIR. EN allant à Schevelingue le lo. juillet 1674. nous apperçîimes de de- dans notre carofie certains fruits rougeâtres femblables à des cerifes, qui tenoient aux feuilles d'un peuplier noir en fi grand nombre , qu'il n'é- toit pas pofïïble que les yeux des p;iffants n'en fuflent frappés : nous les examinâmes de près, & nous reconnûmes que c'étoient des galles ridées ou des excrefcences qui étoient venues lur les feuilles de ces arbres a ( PI. XXX. F:g. IV. ) elles contenoient un nombre confidcrable de petits infeftes vivants , & même jufqu'à foixante ou foixante-dix chacune : ces galles étoient placées précilément fous la côte des feuilles, & s'élevoient au defius de la furface de leur membrane externe , de forte que les ner- vures qui paffoient par defl'us b , fe trouvoient tantôt plus, tantôt moins élevées dans cet endroit , fuivant que les galles elles-mêmes avoient plus ou moins de relief : on voyoit auffi, maïs plus rarement, deux de ces galles fur une même feuille : elles étoient de différentes grofléurs ; il y en avoit de très-petites , qui fans doute ne failoient que de naître ; il y en avoit d'autres un peu plus groifes & plus renflées ; enfin, il s'en trou- voit quelques autres encore plus avancées : toutes ces galles au premier coup d'œil , nous parurent exaftement fermées de toutes parts ; mais en examinant la chofe de plus près & avec plus d'attention , nous recon- nûmes qu'elles avoient chacune une ouverture longuette c du côté de la membrane interne de la feuille par où ces galles étoient applaties ; cette ouverture donnoit un ifTue aux infeftes renfermés dans les galles. Il faut remarquer que c'efl toujours dans le milieu de la feuille & fous la côte ou principale nervure que toutes ces galles (é forment ; la railon de ce phénomène nous a paru dépendre de ce que les œufs des inléftes qui peuplent ces galles ayant été dépofés fpécialement dans cet endroit de la feuille , la fève s'y eft portée pour la plus grande partie : on conçoit aifémcnt que l'irritation produite par la ponte de l'infefte , ayant fait ac- cumuler le lue nourricier de la feuille dans cet endroit, elle devoit s'y élever & s'y tuméfier d'une m.aniere fenfible : aufîi voit on clairement que toute cette excrefcence n'eft autre chofe qu'un renflement & une di- latation de la feuille mcnie, plus confidérable dans un endroit que dans lin autre, & que cette dilatation ayant pouffé la principale nervure en dehors, lui a fait prendre en même temps les différentes courbures qu'on y remarque dd. Mais il eft important d'obferver que tous ces phénomènes fe paffent «yil ACADÉMIQUE. 5U toujours d'une manière extrêmement réj;ulicre ; lorrque ia feuille vient d'c- — ^i» tre piquée tout nouvellement par l'inflcle qui y dcpol'e (es œufs , on n'y Swammer voit' d'abord qu'une tache jaunâtre , il s'y forme enfuite une petite éle- Histoire vation qui , à mefure qu'elle groflit , prend une couleur de plus en plus Insecte». rouge, & qui devient enfin de la groffeur &C de la forme d'une cerife qu'on auroit creuiée par dedans : d'un autre côte les deux bords infé- rieurs de cette excrefcence qui regardent le dedans de la feuille , font (î exactement rapprochés , &: pour ainfi dire, joints l'un à l'autre, qu'il eft prefque impoffible d'y appercevoir la moindre tente; ainfi les œufs ne rilqucnt pas de tomber , ni les vers nouvellement éclos de s'échapper du lieu qui doit leur fervir de berceau , jufqu'à ce qu'ils aient pris tout leur accroiffement, &i qu'ils aient acquis la force de s'envoler : c'en eft affez pour ce qui regarde la forme extérieure de ces excrefcences. Nous trouvâmes dans l'intérieur de ces galles pkifieurs objets différents; premièrement ,. quelques mouches entièrement formées , en fécond lieu , des vers hexapodes ( ou à fix jambes ) qui étoient de vraies nymphes démon fécond ordre, outre cela d'autres petits vers qui commençoient à fe développer , mais qui n'avoient pas encore toutes leurs parties de nymphes; enfin, une lubftance cotonneufe, blanchâtre, avec certaines matières gluantes &C vifqueufes renfermées dans une poche membra- neufe. Mais pour détailler tous ces faits avec ordre , je commencerai par faire obferver que la furface intérieure de ces galles étoit plus lifTe , phis polie, &: en même temps d'une couleur moins rouge que la fur- face extérieure : la raifon de cette première différence vient , à ce qu'il nous a paru , de ce que hir la furface extérieure de ces galles il fe trou- ve des nervures de la teuille qui ont été en même temps diftendues ; à l'é- gard de la différence des couleurs, il nous a paru qu'on pouvoir l'attri- buer à un amas de petites molécules farineufes , blanchâtres , dont toute la furface intérieure de la galle eft comme Saupoudrée ; nous verrons dans la fuite d'où peut venir cette elpece de duvet : cependant il nous eft ar- rivé plufieurs fois de trouver quelque chofe d'inégal & de rafcoteux fur les parois intérieures de certaines galles ; nous avons penfé , /ans ofer cependant l'afliirer , que cela pouvoir venir de ce que des mouches entièrement formées avoient gratté ces parois avec leurs ongles ou cre- chets, pendant le temps qu'elles avoient léjourné dans ces galles. Les plus petits vers qu'on pût appercevoir dans ces excrefcences avoient le corps auffi bien divifc en tête , corcelet & ventre que les mouches les plus formées a , (PI. XXX. Fig. V. ) on diftinguolt dans la tête les deux yeux &c les antennes ; ils avoient fix jambes qui s'articu- loient avec le deffous du corcelet, le refte du corps étoit un peu court; ils paroiffoient d'une couleur bleuâtre à l'œil nud, mais le microfcope les faifoit paroître verdâtres : ils changeoient de peaux comme toutes les auues efpeces de vers ; enfin , ils étoient beaucoup plus agiles que Xxx DAM. DU 531 COLLECTION les vers plus avancés , ou même que ceux qui étoient déjà transformés SwAMMERDAM. en mouches. (.2) Histoire des Mais ce qu'il y avoit de plus remarquable dans ces infeftes, c'eft une Insectes. matière cotonneule que chacun d'eux portoit à la partie poftérieure de Ion corps & qui y étoit appliquée d'une manière finguliere : ce duvet vient-il du corps même de l'infeâe ? ou bien eft-ce une production de la galle dont il lé couvre enfuite le derrière ? c'efi: ce dont nous ne pûmes nous afiurer pleinement : le premier lentiment cependant nous parut le plus vraifemblable , parce qu'aucun des vers les plus avancés n'avoit de cette matière cotonneule appliquée à Ion derrière. J'ai vu plufieurs fois fur les feuilles du lis une efpece de petits vers qui fe couvrent ainfi la partie poftérieure du corps de leurs propres ex- créments : comme ils ont le corps tendre &C qu'ils vivent toujours à l'air, ces matières fervent à les défendre de l'ardeur du foleil. J'ai ob- (ervé auffi fur les feuilles des chardons d'autres vers qui ont à la queue deux petites pointes , aufquelles relient attachées toutes les peaux que l'infefte quitte à chaque mue, aveQ,une partie de fes excréments : ces vers courent par defliis ces feuilles lous cette efpece de parafol naturel qui les met à l'abri des rayons du loleil ; la première efpece des vers dont je viens de parler fe change en fcarabées d'une couleur orangée tirant fur le rouge, qui ont les jambes & les antennes noires ; (^) l'autre efpece donne un fcarabéeaffez gros, voûté en forme de tortue, qui a pareillement les jambes noires & le corps noir : ( c ) les moyens qu'emploient pour fe couvrir ces deux fortes d'infeftes , me paroiffent avoir quelque reffcmblance avec la manière dont la partie poftérieure des vers dont il eft ici queftion fe recouvre de duvet ; tout le dedans des galles en eft rempli , ce qui vient fans doute de ce que ces infeftes à chaque fois qu'ils muent , fe dépouillent de cette matière cotonneufe , en même-temps que de leur peau , & la lement dans toute la cavité de leurs galles en courant de côté & d'autre : ce duvet imite par fes ramifications celles du falpêtre de houffage ; vu au microfcope il a quel- que reffenîblance avec la petite mouffe des arbres. Pouï ce qui eft de la manière dont ces vers fe nourriffent , il n'eft pas aifé de s'en affurer : ce qu'il y a de certain, c'eft qu'ils prennent de la nourriture dans l'intérieur de leurs galles ; mais quelle eft la ma- tière qui la leur fournit ? c'eft peut-être cette humeur blanchâtre & gluante que j'ai dit qu'on trouvoit dans les galles avec ces infeftes; ce qui me le feroit croire , c'eft que cette matière eft de nature à ne jamais (a) On reconnoît bien à préfent que les infeâes que Swammerdam décrit ici font de véritables pucerons : ainfi tout ce que cet auteur a dit plus haut au (ujet de leurs œufs eft gratuitement fuppofé , pulfqu'on fait aujourd'hui que ces infeftes font vivipares. Voyez une defcription plus détaillée des galles du peuplier & de leurs pucerons dans le Mém. IX. du 3e. vol. de M. de Réaumur. ( G ) (i) Chryfomdii ruhra , thorace cylindraceo utrinque imprejjo. Linn. Faun. fuec. 425. (c) Cajftda viridfs , ovata , lavis, clypeo caput tegente intégra. Ibid. 377. ACADÉMIQUE, 553 s'écouler, ni mouiller ces petits animaux; comme elle eft vifqueufc, le"! duvet s'y attache fur le champ & lui forme une efpece de poche mem-SwAMMiROAM. brancufe clans laquelle elle relie enfermée comme dans un biberon , fansHisroiRE des pouvoir s'écouler : je me 1ers de la comparaifon d'un biberon , parce^^^^^cTUr que la plupart des poches membraneul'es dont je parle, ont à-peu-près la même figure que ce vaifl'cau /, ( PI. XXX. Fig. V'I. ) & fe trouvent attachées par un pédicule tubulé à la furface interne des galles , dans les endroits probablement où l'humeur que j'ai décrite fe filtre à travers la fubrtance de la galle : ainfi le feul & le véritable ufage de la matière cotonneufe à l'égard de nos inicftes & des galles où elle fe trouve , c'cft d'arrêter Se de contenir cette humeur gluante ; & lorfqu'une fois elle efl confommée, le duvet s'affaifl'e fur lui-même & forme en fe pelotonnant de petits floccons cotonneux g qu'on trouve en grande quantité dans l'in- térieur de ces galles. Il refteroit cependant à fe convaincre par des expériences , fi cette humeur eli la vraie nourriture de nos vers , ou s'ils fe nourriffcnt de quelque aiure matière : ce qu'il y a de sûr, c'ait qu'ils n'ont ni trompe ni dents , ils n'ont reçu de la nature qu'un petit bec pointu allez fem- blable à celui de la cigale dont ils peuvent très-bien fe lervir pour péné- trer dans la poche membraneufe où cette humeur eft contenue & pour la fucer; au refte, je ne fuis pas encore aflùré que ce foit-là la véritable manière dont ces infedles fe nourriffent , & je ne donne ceci que comme une conjeclure. ( «^ ) Nous eflayâmes de faire tomber une petite goutte d'eau dans la cavité de ces galles , aufll-tôt elle fut env^eloppée de coton farineux qui lui fit perdre entièrement fa liquidité, de manière qu'étant mife enfuite fur du papier (ec , elle ne le mouilla aucunement , mais elle glifla par deffiis en roulant fans y adhérer : cette expérience nous parut fort curieufe &C nous fit beaucoup de phiilir. Les vers un peu gros n'ont pas tant de ce duvet que les plus petits; ceux-ci ont de chaque côté des épaules deux paires de moignons ou de boutons qui fe développent infenfiblement au deffus des jambes pofié- rieures A A ; ( PI. XXX. Fig. VII. ) ces boutons ne font autre chofe que les fourreaux dans lefqtiels les ailes font encore pliffées : ainfi on peut regarder alors ces infetles comme étant dans l'état de nymphes appar- tenant proprement au fécond ordre de transformations , puiiîqu'ils ne {a) Ces infefles, fuivant M. de Réaumur, fe nourrinent du fuc même de la plante (ur laquelle ils vivent, Se c'eft mC-me ai;x piquures faites parla trompe extrêmement fine d'une mère puceron & répétées enfuite par les petits qu'elle met au monde tout vi- vants , qu'il attribue l'origine de ces veilles de l'orme & du peuplier, dans lefquelles cette mère fe trouve renfermée avec toute fa famille , & non pas à des œufs qui y auroient été dipolés , fe'.on le fentiment de Swammerdam &. même de Malpighi : à l'égard de cette eau fucrée , dont les fourmis font li friandes , &c que notre auteur foupçonne être la nourriture de ces infeiles , M. de Réaumur la regarde plutôt comme uii excrément, & il en a vu for tir des gouttes fenfibles par les deux petites cornes que les pucerons ont fur leur partie porferieure , &. qui femblent avoir échappé aux obfervations de Swammerdam. (G) 534 COLLECTION Il I II— perdent pas la faculté de fe mouvoir , & qu'ils, continuent encore de « RM niarcher , de manger , & de faire tous leurs autres mouvements pendant ^iSToiRE DES tout le temps qu'ils fubiffent leur dernière transformation , qui ne confitle Insectes. que dans le dépouillement de leur peau, & dans le développement en- tier de leurs ailes : fi je place ces nymphes parmi celles de mon qua- trième ordre , ce n'eft que parce qu'elles fe tiennent cachées dans l'inté- rieur de ces galles pendant qu'elles fe transforment. Lors donc que ces nymphes font fur le point de fe transformer en mouches, elles ne font que fe dépouiller d'une pellicule très-mince qu'on retrouve encore dans le creux de leur galle ; pour lors elles paroifTent fous la forme de petites mouches à quatre ailes , ( PI. XXX. Fig. VIII. } elles font d'une couleur noirâtre, à l'exception de leurs ailes membra- neufes qui tirent un peu fur le marron , & dont les nervures font brunes ; du relie tous leurs membres , la tête , le corcelet , le ventre , les an- tennes & les jambes font bien plus aiiés à diftinguer dans cet état de mouche qu'ils ae l'étoient fous la forme de ver. Les arîtennes iont cotnpofées de fix pièces articulées femblables à de petits grains de raifm ; les yeux font en réfeau , ils paroiffent affez gros fur-tout quand la mouché eft couchée fur le dos ; le bec eft appliqué con- tre le deflbus du corcelet , & il paroît dirigé en embas entre les jambes de la première paire , de même que dans les cigales ; les ailes outre leurs nervures & leurs vaiffeaiix, ont encore deux taches noires oblongues qui leur fervent d'ornements. Cette mouche a le vol très-lourd , & tous fes mouvements n'ont pa» tant d'agilité qu'en avoit le ver dont elle tire Ion origine ; je n'ai pas- encore obfervé par la difleftion les différences qu'il peut y avoir entre le mâle & la femelle ; je n'ai jamais vu non plus les œufs d'où naiflent ces infeftes : je ne doute point que la mère ne les dépofe dans la mem- brane interne de la feuille du peuplier , &c que cette ponte n'occafionne k formation de ces tubercules ou galles que je viens de décrire , & où ces infeftes trouvent à la fois la nourriture & de logement ; mais juf- qu'à préient nous ne pourrions que conjeilurer la manière dont ces phé- nom.enes s'exécutent ; les plus beaux raiibnnements ne peuvent nous inllruire au jufle de ce qui en ell, il n'y a que des expériences bien faites & bien répétées qui nous apprendront ce que nous pouvons fàvoir Jà-deflus* 4- ACADÉMIQUE. 535 SwAMMERDAM. Histoire Dis FERS APODES QUI SE TROUVENT DANS LES FEUILLES Inslctls. de choux , & qui appartiennent à mon quatrième ordre, < LE 15. d'Août je trouvai dans des feuilles de choux quelques vers apodes & en même temps quelques-imes de leurs nymphes ; les vers avolent le corps \m peu olus pointu vers la partie antcricure que vers la partie polléricure , ( PI. XXX. Flg. IX. ) ils étoicnt co:npalés de plufieiu-s anneaux que l'on difVinguoit par de petits enfoncements de la peau ; le fond de leur couleur ctoit un verd pâle, mais on dillinguoit à travers leur peau quelques-unes de leurs parties intérieures, qui paroi!- foient blanchâtres ; au refte , ces infeftes font naturellement affez engour- dis, à moins qu'on ne les touche, pour lors ils font plus alertes : je n';ii pu m'affiirer s'ils vivent des feuilles de choux ou s'ils donnent la chaffe à de petits infeôcs verds à fix jambes qui fe transforment en nymphes du fécond ordre , & enfuite en mouches , ( d ) & qui habitent la même plante qu'eux : je fais qu'il y a des naturaliltes qui penfent qu'ils fe nou:- rilfent de ces infeftes ; quand ils veulent marcher ils commencent p;.r lever en haut la partie antérieure de leur corps, comme l'éléphant levé fa trompe ; je crois que c'eft le même infede que Goedaert a décrit dans l'expérience onzième de la féconde partie. Lorlqu'une fois notre ver a ceffô de manger & qu'il a pris tout fon accroliTomenr , il fe transforme en une nymphe qui appartient à mon qua- trième ordre , ( PI. XXX. Figg. X. & XI. ) on obicrve d'abord qu'il fe rappetilTe peu à peu dans fa première peau , fa tête fe retire en dedans & devient plus groffe qu'elle n'étolt ; la partie poftérieure de fon corps devient au contraire plus déliée ik. plus grêle, de manière que la for- me de fon corps fe trouve à la fin totalement changée ; cela vient de cî que toutes les humeurs font pouffées antérieurement dans ces nouveaux organes qui fe font développés infenlîblement , & qui ont groffi fous la peau dont le ver s'eft fait une coque ; on peut même fi on a l'adrelTe d'enlever cette peau extérieure, appercevoir diftindement tous ces or- ganes de la nymphe novivellement développés , fa tête , fes yeux , fon corcelet , fes jambes , fes ailes & fon ventre ; on peut les voir encore fans enlever la peau , lorlque la nymphe ell: plus avancée & qu'elle com- mence à prendre les couleurs qu'elle doit . avoir : car dans le commen- cement de ù transformation elle ell blanche , quelque temps après elle prend une teinte de verd mêlée d'un blanc tranfparent ; les yeux a a fe diftinuuent cnhilt; à travers la peau par la couleur rouge qu'ils prennent inlenhblement ; on voit paroîrre en même temps quelques poils à tra- vers la peau qui recouvre le corcelet b ; le ventre le remarque au/Ii {a) Ces petits in 'eiles font de vrais pucerons , & les vers que S\rammerdam décrit ici , ibnt de ciJX qje M. de Rcaumur a nommés vers-mangeu s de pucerons, ûc qui fe changent en mouches ù deux ailes, Voy.L'hîfl- des Inf, loi^. }■ Mon. //. (G) ■ 536 COLLECTION te par fes anneaux qui font couverts de poils très-petits c c c ; on voit re SwAMMERDAM '"ire Un peu les ailes à travers leurs enveloppes fur les parties laicialcs Histoire des du corps J ; enfin, on obferve du côté de la queue un petit vadkau tor- Iksectes. tillé e , qui m'a paru une trachée développée. Mais quand la nymphe eft un peu plus avancée & qti'elle eft tout-à- fait colorée , alors toutes les parties que je viens de décrire le préfcntent de la manière la plus dirtinde , fi on enlevé la peau qui les enveloppe , comme on peut le voir dans la figure que j'ai donnée de cette nymphe groffie au microfcope ; on y apperçoit les deux yeux à réfeau a ( PI. XXX. Fig. Xn. ) entre lefquels font fituées deux petites antennes tort courtes k ; la trompe paroît appliquée fur le corcelet c , im peu au def- fous on diftingue les deux premières paires de jambes arangées & pliées fymmétriquemcnt le long de la trompe ; les ailes d d font auffi pliffées de chaque côté du corcelet , & la dernière paire de jambes e paroît for- tir de deffous; mais ce que j'ai trouvé de plus remarquable , c'étoient les extrémités des parties génitales qui s'avançoient au-dglà des anneaux du corps /"/, elles forment une manière de houpe qui rentre dans le corps de rinfefte lorfqu'il eft entièrement transformé en mouche. On voit donc que cette nymphe ell une des plus rares & des plus curieufes par les changements confidérables qu'elle éprouve dans cet état ; car quoiqu'elle appartienne proprement à mon quatrième ordre , cependant elle ne conferve prefque rien de fa première forme, fi ce n'eft fon ancienne peau dont elle s'eft fait une coque : quelle eft donc la rai- fon pourquoi cette nymphe diffère aiuant des aiUres du même ordre qui paro'iffent encore avoir la forme extérieure du ver ? cette différence ne vi^nt uniquement que de la nature de la peau de ces infeftes qui efl plus dure dans les uns & plus molle dans les autres, comme je l'ai ex- pliqué ailleurs lorfqu'il étoit queftion du caraftere des nymphes de ce quatrième ordre ; la peau de notre nymphe eft fi mince & fx tendre , qu'elle s'applique exactement à toutes les parties qui croiffent & fe dé- veloppent dans l'animal , & qu'elle fe moule entièrement fur tous les contours &£ fur tous les reliefs qui réfultent de Ion changement de for- me ; il y a encore une chofe à obferver au fujet de cet infefte dans le tem'ps qu'il eft dans cet état , c'eft qu'ils n'eff point alors couché libre- ment fur la feuille de chou fans être attaché à rien du tout, comme cela ell à l'égard des vers du fromage & d'aiUres infeftes de ce genre , mais il s'y colle lui-même avant que de fe transformer , au moyen d'une ma- tière gluante & vifqueufe qui paroît fur cette feuille comme une petite membrane mince. // ( Fig. XI. ) . . ^ Après que cet infette a paru pendant l'efpace de feize ou dix-fept jours fous la forme de ny.-nphe , il rompt enfin fon enveloppe extérieure & en même-temps la pellicule mince qui recouvroit immédiatement tous fes membres , & paroît fous la forme de mouche , ( PI. XXX. Fio. XIII. ) on retrouve dans la vieille peau toutes fes dépouilles de nymphe ; cette mouche eft beaucoup plus petite au moment de fa naif- fance , qu'elle ne le fera un quart d'heure après, parce que fes membres pendant ce court interv^e fe gonflent ôc s'étendent mfenûblement Uir- tout ACADÉMIQUE. 537 Icnit (lu côic de la tête & du ventre , de manière qu'elle paroît une 1 m fois plus groffe qu'elle n'étoit ; après cela elle ne doit plus croître , ce Swammcrdam- phénomène fmgulier d'un nccroifl'cment aufil prompt, & pour ainlî dire HiiToiRE des, momentanée , eu. l'efFct de la Icule refpiration qui gonfle d'air les tra- Insectes. chécs & les véficulos pneumatiques de la mouche , au moyen de quoi fon corps encore tendre & délicat fe diflend allcment & prend la fi- gure qu'il doit garder pour toujours dans la fuite. Cette mouche a la tête , le corcelet & le ventre bien diftingués l'un de l'autre ; elle a fix jambes 8i deux ailes ; on voit derrière fes ailes deux petites parties aflcz lemblables par leur forme à de petits maillets , & qui font attachées au corcelet ; elles fervent en choquant les ailes de la mouche lorfqu'elle vole , à produire le bourdonnement qu'elle tait en- tendre ; les yeux font rouges , le corcelet verdâtre , le ventre d'une cou- leur qui tire fur le jaune ; on y voit quelques bandes rvoirâtres velues. , J'ai vu fortir une fols du corps d'une de ces nymphes , au lieu de la mouche qui en vient ordinairement, huit mouches très-petites d'une autre efpece ; elles tlrolent leur origine d'autant de petits vers qui s'étoient transformés dans rintérleur de cette nymphe après avoir dévoré fes en- trailles, & qui avoient enfuite percé fa peau pour s'envoler fous la for- me de mouches; elles avoient toutes quatre ailes, fix jambes rougeâtres, & le corps d'un beau verd doré, (a) (.3) M. de Réaumur a obfervé un grand nombre d'infefles qui vivent dans l'intérieui «les plantes. I. Une grande chenille à feize jambes, qui a le delTus du corps lilTe 6c luifant , dont la couleur eft d'un beau rouge lorfqu'elle eft jeune , & fur - tout lorl- qu'elle vient de muer; dans d'autres temps elle eft marron clair : la tète eft noire & le deftus du premier anneau eft à-peu-près couvert de deux taches d'un brun prelque •noir ; les côtés 6c le deftbus du ventre , qui n'ont pas le luifani du deflus du corps , font d'un blanc rougeâtre : cette chenille fe fait des routes dans les branches d'orme & tle chêne qui commencent à fe pourrir , & vit de la poufliere qu'elle fait en hachant le bois avec fes dents ; elle fe transforme dans les trous qu'elle s'eft creufcs , & qu'elle tapifTe de foie auparavant ; elle s'y lile une coque , puis s'y transforme en une chrvfalide d'où fort, trois ou quatre femaines après, un papillon portant fes aiies en toit arron- di , fans trompe , aux antennes coniques & chargées de poils ; le fond de la couleur de ce papillon eft un gris blanchâtre, fur lequel un gris plus brun forme dir!érentes ta- ches ; le delTous des ailes , tant fupérieures qu'inférieures , eft d'un gris moyen entre les précédents, & qui fur le delTous des ailes inférieures , paroit diftribué par petits çuarrés. II. Une autre efpece de chenille perce-bois, qui avoit la peau jaunâtre & pointillée de brun. III. Une autre chenille qui avoit fait fon trou dans l'intérieur de la tige très-faine d'un jeune pommier en plein vent, & d'où provint uncgrofte phalène d'un blanc gri- sâtre. IV. Une autre chenille qui s'étoit creufé de longs tuyaux dans des branches de pom- mier ; elleétoit raie Si. d'un jaune de fuccln, piqué de points û'un brun noir , fa gran- deur étoit au deflus de la médiocre , elle avoit leize jambes ; les parties antérieure & poftérieure font d'un brun luifant , prefque noir, & fe reiTemblentà s y méprendre; la tète & le premier anneau font fouvent un angle obtus avec le refte du corps : ce preinier anneau el^ écailleux, & plus large qu'aucun des autres anneaux, au lieu qu'il eft le plus étroit dans la plupart des chenilles ; celle-ci fe changea en une chryfalidc épineufe , dont les épiaes stoiçju dirigée} vsrs k queue , 6i d« cette chrvfalide forut Tqui, k ^ yy 5^8 COLLECTION d.iiis les nremiers jours d'août une pliakne , dont les antennes font à filets graines , 1« trompe compofée de deux filets jaunes , écartés l'un de l'autre; le corps d'un ver4 Sw'AMMFRDAM. f^^^^, ^ ,^^.|^'(lt- bleu ; les anneaux bordés de blanc ; les jambes noires ; le corcele. char. liiSTO'.F.E DtS ■ jjg taches noires; les ailes que ce papillon porte en toit, étroites par rapporta leur Ih'SECTES, lonoueur; les ailes ilipérieures de couleur b'anche, avec des places un peu jaunâtres, le tout piqué de points d'un beau verd foncé ; enfin , des œufs oblones , & d'un jaune pâle. M. Bernard de JufTieu a trouvé une chenille de même efpece dans une branche de troefne, V. Une autre chenille trouvée en hiver entre l'écorce & l'aubier de l'orme : elle étoit menue, grisâtre , hérilTée de quelques poils clair-femés, & au delibus de lïi gran- deur médiocre ; peut-être devoit-elle prendre encore de l'accroilTement. VI. Une autre chenille qui habite l'intérieur des racines d orobaute , & des tiges ds fcrophulaires , de laitue & de chicon ; cette chenille a feize jambes, eileellau moins auflî vive que les rouleufes : fa grandeur eft au de'lbus de la médiocre , fa peau tranf- •parenîB & blanchâtre ; mais quatre tubercules , de chacun defquels part un poil , font dilpofés fur la p^iitie fupérieure de chaque anneau , de manière qu'ils font paroitre cette chenille grife ; elle le fait des coques de terre , & donne un papillon noflurne fans trompe , portant les ailes en toit arrondi & à bafe étroite ; fon corcelet eft velu & blanchâtre , l'origine de l'aile eft 'de cette môme couleur , & chaque aile a une grande tache triangulaire de plufieurs bnms ; Ces antennes ont de chaque côté des bar. ■bes , dont la pointe ell: garnie de quelques poils. VII. Une chenille trouvée dans la moelle de la tige de Vcnula campana : elle avoit aufTi feize jambes , & paroilToit rafe ; mais la loupe faifoit découvrir de part & d'autre de chaaue anneau deux poils noirs , nailfant d'autant de tubercules de même couleur ; fa tête & fon premier anneau étoient d'un brun noir & luifant ; le refte du corps étoit d'un blanc olivâtre. Vlil. Une faufle chenille trouvée dans de petites poires qui s'étoient détachées de la branche peu de temps après avoir été nouées; elle avoit, étant écrafée, une odeur d'amande amere : cette chenille fort de la poire pour ie transformer ; elle entre en terre, oîi elle fe fait une petite coque , d'où fort quelquefois dés l'été une mouche à quatre ailes. M. de Réaumur propofe d'empoifonner ces mouches , en mêlant de l'arlenic avec quelques firops dont elles font friandes , & leur offrant ce mélange dans le temps que les arbres font en fleur ; mais ne feroit-il pas dangereux que les mouches empoi- sonnées voltii^eant fur les fieurs du poirier, n'empoifonnâffent le germe du truit naiiTant, & ne lui donnâlTent au moins une mauvaile qualité ? IX. Une petite chenille verte trouvée dans un abricot par M. de la Hire le 9. d'août, 6f, qui fe fila le 13. une petite coque de foie blanche : on ne trouve prefque^ jamais d'infefles qui éclofent , croilTent & vivent dans l'intérieur des abricots , des pêches Se des raifms ; ceux qui ie rencontrent quelquefois dans les abricots , y ont pu pénétrer lorfque ces fruits s'ouvrent d'eux-mêmes. X. Une chenille de grandeur médiocre trouvée au commencement d'oélobre dans une goufle de haricots à maturité & prefque feche ; l'endroit par oii cette chenille s'étoit introduite , ne paroiflbit pas; elle avoit mangé prefque toutes les fèves, & avoit rem- pli la goulTe d'excréments rougeâtres & un peu humides ; cette chenille avoit feize jarnbes , elle paroiflbit rafe ; mais en y regardant de plus près , on voyoit quelques poils courts , écartés les uns des autres, & qui partoient chacun d'un tubercule : on diftingue tout le long du dos une raie d'un verd prefque olive , accompagnée de cha- que côté de raies moins bien terminées dans leiqueiles il y a du rougeâtre vineux : fur le refte du corps & fous le ventre , le brim clair , le verdâtre ôc le brun vineux fe méloient par ondes : elle fe cache fous terre pour fe transformer en chryfalide. XI. Chenille cloporte à feize jambes trouvée dans la goufTe du bagnaudier ; fa cou- leur étoit un olive brun ; le delFus du corps étoit jafpé par «les taches rougeâtres : elle fe mit en chryfalide comme toutes les autres chenilles cloportes ( Voyez ci-dellus p. 411.) & donna un petit papillon diurne à fix jambes femblables , portant fes ailes per- pendiculaires au plan de pofition ; le delTus des quatre ailes eft d'ini beau violet , le deflbus des fupérieufes eftondé de.pluiieurs gris; le deifous des ailes inférieures a deux ACADÉMIQUE. 53> jrcux , cî'vnt le centre eft noir , & qui d marquent par deux taches fur la l'ace op^olce des mimes ailes. XII. La petite chenilie à faijLC jambes qui fe trouve dans leseounes des pois verds ; ^wammep.dam, elle ert d'un blanc verditre pointillé de noir ; quelques-unes fe filèrent à fleur de terre , Histoire de» contre les parois du poudrier, oii elles ctoient renlermées de petites coques d'un tilTu l^'SECTES. très-ferré, & d'un brun cafté. XIII. Certains vers apodes très- petits qu'on trouve quelquefois en grand nombrç dans les gouflbs des pois verds ; ils (ont blancs &i refTemblent afTez aux vers de la vian- de ; ils rampent comme eux, mais ils favent aulli fauter comme les vers du fromage; ces vers apodes fortent de la goufle pour fe transformer , & leur propre peau leur iert de coque. XIV. Un ver qui fe trouve ordinairement dans les pois fecs , & d'oii provient le fcarabée appelle coffon en pluheurs pay. XV. La chenille de la pomme ; elle eft rougeâtre , & n'a que quelques poils clair- femés fur le corps : elle a feiie jambes; quelques-unes montrent très-peu leurs jambes membraneufes , même pendant qu'elles marchent ; leurs anneaux fe terminent de cha- tjue côté par une appendice plus ou moins longue , qu'on pourroit prendre pour une jambe en n'y regardant pas de près ; cette chenille ne lort de la pomme que pour iè transformer en chryfalide ; on trouve dans l'intérieur du fruit (es exciéments l!.;en- femble avec de la foie que la chenille a filée ; lorfqu'on voit un petit tas de ces excré- ments fur l'ouverture extérieure du trou par oii l'ini'eàe lort de la pomme , c'efi un figne qu'il n'en eÛ pas encore lorrij plufieurs pommes de ram.bour verreufes avant été miles le 17. juillet dans un poudrier , la plupart des chenilles allèrent fe hier "une co- que de foie blanche au haut du poudrier, entre les bords du vaiè & le papier qui le recouvroit ; elles tirent même entrer dans la conflruûion de cette coque quelques particules de papier qu'elles avoient détachées avec les dents. ^ ers le 15. d'août il lortit d'une de ces coques une phalène portant fes ailes en toit arrondi & à bafe aflez large : fes quatre dernières jambes avoient de longs ergots ; la partie antérieure Se une afTez grande portion des ailes fupréieures étoient d'un gris clair , féparé en deux par une bande brune tranfverfale ; ce gris clair paroilToit à la loupe composé débandes tranfverfales en point d'hongrie , dans lefquelles il entroit du jaunâtre & du brun ; la partie poflcrieure & le contour extérieur des ailes étoient brun, & ce brun avoit trois ou quatre taches jaunâtres difpofées fuivant la courbure de la bafe de l'aile. XVI. Une autre chenille trouvée dans le poudrier de l'article précédent; elle étoit piquée de points noirs alignés , & moins rougeitre que celle qui vient d'être dé- crite ; elle avoit attaché à un morceau de pomme detVeché û coque, où elle confervoit encore la torme de chenille le zo. novembre. XVII. La chenille de la prune, prelqu'entiérement femblable à celle de la pomme dé l'article XV. ces chenilles font rougeâtres , mais il y en a d'une couleur plus pâle dans les mêmes fruits. XVIII. Une chenille trouvée le 25. d'août par M. de la Hire dans une poire de bon chrétien ; elle étoit longue de fept à huit lignes , & de couleur de chair lâlie ; elle fe lila une coque compofée de foie & de fciure qu'elle détacha de la boite où elle étoit : le 1/. juin elle avoit encore fa forme de chenille; le 4. de juillet il lortit de la coq'.ie im papillon ayant des ergots ajix jambes, la couleur étoit d'un gris mufc , & le bq^n des ailes tiroit fur le doré. Xl\. La cher.ille de l'orge & du bled ; elle eft très-rafe & foute blanche , la tête feule efl: un peu brune, elle a feiie jambes, les huit intermédi.iires font très-|ietites & ne s'apperçoivent qu'à laide d'une forte loupe; elle le met en chryfalide dans le grain même dans lequel elle fe trouve; c'efl-là qu'elle le fiie une coque de foie blanche, dans laquelle elle eft feparée par une cloilbn de l'amas de fes excréments; le papil- lon perce cette coque dans le grain même d'où il fort, par une iiTue que la chenille a ménagL;e fur le côté du grain, plus près du petit bout que du gros bout, laquelle il- fue relte fermée par la pièce que la chenille a détachée fans l'enlever tout-à-fait , & qui ne tient au bord de cette illue que par un point de là circonférence : ce petit pa- pillon a uoe trompe & des antennes à filets graines ; il porte fes ailes pirallelement ■ Yyy * 540 COLLECTION ^^m^Êommwmm au plan de pofition ; le deflus des ailes fupérieures eft d'un cannelle clair Schiifant ; le "Z. dellous de ces mêmes ailes eft plus blanchâtre ; les ailes inférieures qui (ont tort ctroi- SwAMMERDAM. jg^^ {ç,„i ^g (-gtte dernière couleur par deffus & par deflbus ; leur côté intérieur eft Histoire des bordé d'une frange de poils très-longs, fur-tout à la jonftion de ce côté intérieur avec Insectes, j^ ^afe ; les barbes de ce papillon font recourbées & s'élèvent au defTus de la tête comme deux cornes de bélier : dans l'accouplement qui dure plufieurs heures , leurs corps font fur une même ligne , & leurs têtes tournées vers des côtés oppofés , après quoi la femelle pond fes œufs à la file dans la rainure d'un ou de plufieurs grains de bled : (i l'on prend une femelle entre fes doigts & qu'on lui preffe le bout du derriè- re, il s'étend en longueur autant que tout le refte du corps; le bout de cette partie alongée eft l'anus ; la vulve s'apperçoit fous la bafe de cette même partie ; la chenille de ce papillon dans ion grain d'orge, eft expolée comme les autres chenilles à être dévorée par les vers des ichneumons. XX. Les chenilles à feize jambes du gland, de la même couleur que celles de la pom- me & de la prune ; quelques-unes ont cependant la partie antérieure grisâtre ; leur pa- pillon diffère de celui des chenilles de la pomme & de la prune : des glands verreux ayant été renfermes au commencement d'oftobre, les vers & les chenilles en forti- rent quelques jours après ; les chenilles fe filèrent des coques de foie brune fur la terre ou un peu au deflbus. Vers la fin de juillet il fortit de ces coques des phalènes por- tant les ailes horizontalement ; la couleur de ces ailes eft un gris formé par plufieurs nuances de brun plus ou moins clair. XXI. La chenille rafe & à feize jambes de la châtaigne : fon corps eft blanchâtre i & fa tête brune , ainfi qu'une grande tache irréguliere qui paroît fur le dos ; elle fort de la châtaigne pour fe filer tantôt fur terre tantôt fous terre, une coque brune, d'un tiflfu ferré , 6c recouverte de grains de terre ; de chacune de fes coques il lort vers la fin de mai une p'nalene, dont la trompe ne fait guère qu'un tour , dont les antennes font à filets graines, & qui porte fes ailes fupérieures en toit arrondi : elles font bru- nes , piquées vers le milieu du deffus du corps de quelques points grisâtres ; trois de ces points font comme placés aux trois angles d'un triangle ifolcéle ; le corps & les ai- les inférieures font d'un gris cendré. XXn. La chenille de la noifette. XXIII. La chenille de la datte du levant, afTez femblable à celles des articles XV. & XXI. mais plus grande : elle fila une coque de foie blanche & fe mit en chryfalide à la fin de juillet, entre la chair du fruit & le noyau d'où elle étoit fortie ; dans le courant de feptembre ou d'oélobre cette chryfalide donna un papillon , qui étoit par- tout d'un brun clair & luifant. XXIV. La petite chenille ou faulïe teigne à feize jambes, à corps ras & blanchâtre, qui ronge le froment & le feigle : elle lie plufieurs grains enfemble avec des fils de foie, & fe file entre ces grains un tuyau de foie blanche, d'où elle fort en partie pour ronger les grains qui font autour d'elle : on trouve fouvent les chryfalides de ces fauflés teignes dans des grains de bled creufés; la partie poftérieure de cette chryfa- lide eft plus brune que le refte ; il y a du côté du ventre deux petits crochets qui font per- pendiculaires au corps ; les premiers papillons en fortent vers la fin de mai; le fond de l.i couleur des ailes (upérieures du papillon eft un gris blanc qui paroit argenté au foleil : fur ce fond il y a d'affez grandes taches d'un brun clair , de figure irréguliere, & diftribuées ir- régulièrement ; le corps , le deflbus des quatre ailes & le deffus des inférieures , font d'un gris blanchâtre : ce papillon porte fes ailes en toit arrondi fur le dos ; leurs bouts . s' élevant fur le derrière, y forment comme une queue de coq ; le côté intérieur eft frangé ; le devant de la tête eft couvert d'une toufie bien fournie de poils ; il a des antennes à filets graines; l'es deux barbes font plus dillantes l'une de l'autre que n'ont coutume de l'être celles des papillons : entre ces deux barbes on trouve deux filets di- rigés vers le ventre. XXV. Le ver du fcarabée appelle charençon qui ronge le bled , & dans fon état de ver , & dans fon état de fcarabée. XXVI. Le ver des cerifes douces, qui fe transforme en mouche. XXVII. Le ver blanc à tête écailleulè qui ronge le gland Se qui le trouve quelque- ACADÉMIQUE. 541 SwAMMERDiM. _ „ _ Histoire des DES TEIGNES. Insectes. Quelque conimiines que (oient les teignes, il y a peu de gens qui les connoillcnt , parce que ces infeftes vivent à couvert ; ennemis d'au- tant plus dangereux qu'ils nuiCent fans être apperçus ; ce font de véri- tables vers ( quelquefois la teigne de l'artichaut &: du. chardon, tient cette efpece de couverture élevée au delfus de fon corps, ou parallele- «tsnit ou verticslement j au moyen d'une t'yurchstte à deux branches fort longues Profefleur ACADÉMIQUE. 545 Profcffcur de médecine à Lcyde , qui m'a fait remarquer fur une feuille m— —^m^ de ccrificr la prerniere efpcce des vers dont je vais parler : je les ai trou- Swammerdam' vés au(H dans in fuite (iir le faule & fur l'aulne; leur fourreau a (PI. Histoijie dm' XXX. Fig. XV. ) paroiflbit noir, & comme tiflii d'une écorce ridée; il Insectes. étoit plus gros à la partie poftérieure & divifé en deux lobes , l'extré- mité antérieure étoit plus pointue ; lorfque le ver marchoit , il fortoit un peu de ce fourreau s hétérogènes placés ACADÉMIQUE. 5^5 Tous la membrane qui enveloppe les reins ^ mais je ne les ai point ob- 1 Les vaifleaux déférents forment cnfuitc chacun un feul tronc aflez dé- Histoire de» lié (î o , mais qui a un renflement confidérable à l'endroit oii les véfi- Insectes, cuks fcininales p p s'appliquent fur chacun de ces vaiffeaux ; la ftrufture des véficules féminales eft la même à-])eu-près que dans l'homme , ex- cepté que leur fubftance efl un peu plus membraneuie ; elles s'ouvrent dans les vaiffeaux déférents & y font couler de pluficurs petites cellules une liqueur féminale aqueufe , 8i qui eft peut-être le véhicule de la vé- ritable femence ; enfin , les véficules féminales & les vaiffeaux déférents aboutiffent par deax petits orifices en r à l'inteffin redum q q au dcffous du fond de la veffie urinaire. Cette veffie eff double y 5 Si fituée fur le reflum ; elle reçoit l'urine par les deux vaiffeaux déférents qui font auffi fonftion d'uréteres ; là première fois que je découvris ces vaiffeaux déférents , je cherchai foi- gncufément les uretères, ne pouvant m'imaginer que les vaiffeaux défé- rents ferviffent de conduits excrétoires à l'urine ; mais ayant reconnu que dans les femelles les uretères étoient de la même ffrufture que les vaiffeaux déférents dans les mâles, il ne me reffa plus de doutes fur l'ufagc de ces conduits. J'ai trouvé toutes ces mêmes parties dans une grenouille plus petite. Les parties de la génération de la femelle ibnt l'ovaire , les trempes ou cornes de la matrice , & la matrice même. L'ovaire eft pofé fur la matrice oc lui eft toujours joint ; on y trou- ve ces mêmes appendices graiffeufes dont j'ai parlé lorlque j'ai décrit les tefticules du maie : cet ovaire ell toujours double & placé à droite & à gauche ; chacune de fes deux parties fe fubdivife encore en plu- fieurs lobes ; j'en ai compté jufqu'à neuf d'un feul côté dans quelques grenouilles ; au refte leur nombre varie , mais l'ovaire eft toujours divi- fé en plufieurs lobes : c'eft principalement entre ces divifions de l'ovaire a a, (PI. XXX. Fig. XXVIl. ) que font placés les vaiffeaux fanguins , lefquels fe diftribuent de-là dans tout l'ovaire ; chaque petit lobe eft for- mé par une tunique qui a une cavité intérieure, fans aucune communi- cation avec les lobes voifins ; en forte qu'en y introduifant un chalu- meau on peut remplir d'air chaque petit lobe i , & le iéparer ainfi de tous les autres ; mais il t'aut prendre garde de pouffer l'air avec trop de force de peur de faire crever cette tunique qui eft très-délicate ; il eft clair par cotte expérience oue tous ces petits lobes font abfolumentifolés , & n'ont aucune communication les uns avec les autres. Les tuniques des lobes de l'ovaire font fi minces qu'on voit diftinc- tement au travers les œufs c c , & que fi on les regardoit , ou même fi on les touchoit fans beaucoup d'attention , l'on pourroit croire qu'ils (ont appliqués fur la furface extérieure de l'ovaire ; ccj petits œufs font exac- tement ronds , noirs , & marqués le plus fouvent d'un point blanc ou jaunâtre dans leur milieu : ils lont adhérents à la furface interne de la tu- nique de l'ovaire, & ils y tiennent par un court pédicule formé d'un fâilTcrau de vaiffeaux fanguins : tout cela lé préfente d'abord lorfqu'oa Aaaa i j,^ COLLECTION yi I diffeqiie un des lobes de l'ovaire d, &i. l'on voit très-diftjnûement les oeufs SwAMMERDAM. ^iins Iciir cavitc. Histoire ues On ne peut faire aifement cette obfervation que vers le commençe- Iw!,£CT£s. uient de mars ou un peu plus tard , car c'eft principalement dans ce temps que l'ovaire contient des œufs parfaits ; & c'ell aulfi le temps la plus propre pour obferver les autres parties de la génération : fi l'on examine alors l'ovaire avec attention, l'on y trouve outre les œufs que je viens de décrire , d'autres œufs plus petits qui font blancs &C qui de- viennent jaunâtres lorfqu'ils ont pris un peu d'accroiflement ; ceux-ci font proprement les ébauches des œufs , & ils relient dans l'ovaire tan- dis que les autres en fortcnt : mais avant d'expliquer comment ils lor- tent , il eft à propos de décrire les trompes ou cornes de la m.atrlcc. Ces trompes prennent naiffance fort avant dans la poitrine , elles par- courent enfuite toute la longueur de l'abdomen , puis- viennent aboutir à la matrice avec laquelle elles Ibnt cachées dans la partie inférieure de l'abdomen : elles peuvent s'élever plus ou moins haut fuivant qu'elles font plus ou moins dlftendues ; chaque grenouille a deux trompes placées l'une à droite , & l'autre à gauche. La partie fupérieure des trompes fe trouve placée près du cœur , elle eft attachée par le ligament fufpenfeur du foie à l'endroit où une portion du péritoine s'étend librement & fans aucune adhérence fur le péricarde & (ur le cœur , & forme avec ce ligament du foie une. cavité très-fenfible , analogue au médiaftin où le cœur revêtu de fon péricarde eft logé fous l'os de la poitrine ; pour bien voir tout ceci , il faut ouvrir le ventre d'une grenouille vers le cartilage qui termine l'os de la poi- trine : enfuite il faut renverfer cet os fur la tête de l'animal ,& le fixer dans cette fituatlon en y enfonçant une épingle a : {?l XXXI. Fig. I. ) on voit alors autour & au deflus du (ommet du cœur b cette cavité ana- "■ logue au mcdiaftin dans laquelle il eft logé ; de chaque côté du cœur 1 paroiflent les extrémités fupérieures ou les orifices naturels des trom- | pes c c , qui, comme je l'ai dit, adhèrent fortement au péritoine & au ligament fiifpenfeur du foie , de forte qu'il eft impofùble qu'elles s'ap- prochent de l'ovaire, lequel eft placé fort loin delà ; d'ailleurs ces trom- pes font très-fort étroites & très-déliées , elles fe recourbent un peu à l'en- droit où elles pofent fur les poumons, & elles font placées fur les pou- mons & fur le foie : les parois de cette partie fupérieure des trompes font membraneufes & fort minces , c'eft pourquoi elles s'affaiffent tou- jours , & il eft difficile de les reconnoître & de les fuivre jufqu'à leur origine : cependant quand on eft exercé aux obfervations anatomiques on peut aifement fuivre ces trompes , même fans les fouffler : le refte de chaque trompe fe contourne & fait beaucoup de circonvolutions & de finuofités d d ; fans cela elles ne pourroient être contenues dans le corps de l'animal, car une feule de ces trompes que j'ai mefurée avoit plus de deux pieds de long : toutes ces finuofués des trom]3es font at- tachées 6i contenues par nne membrane déliée dans laquelle font dif- tribués avec ordre un grand nombre de vaifl'eaux fanguins c , qui paftent par cette membrane pour arriver aux trompes. ACADÉMIQUE, Ï57 I^cs extrémités des trompes ou cornes de la matrice s'infèrent de part & d'autre dans les côtés de la matrice, & communiquent dans fa cavi- Swammerdam. t-é par un orifice ouvert //, chacun de ces orifices paroît rond lorfque Histoire des les cornes font ibufBces Hi dcffcchces , mais avant le defféchement des'iKsscTEs. trompes ces mêmes orifices paroiffent ovales : la matrice gg eft double, membraneul'e , &C (emôe de vaifleaux l'anguins ; lorfqu'elle eft remplie d'œufs , chacune de les parties eft d'une tonne prefque (phérlque ; mais étant louflôes elles ont la figure d'une poire : à la diftance d'un pouce de l'infcrtion des trompes, chacune des deux matrices fe terminent au rec- tum h , qui dans toutes les grenouilles eft fitué entre les deux matrices ; la veille urinaire i eft double aufli , & placée en avant du reftum. Toutes les parties dont il \ient d'être parlé, je les ai dcffinées de ma main fur une grenouille encore vivante qui avoit pondu fes œufs depuis environ une demi-heure. Cette même figure repréfente l'ovaire d'un côté k , û eft contrafté & fort éloiçné des orifices c c des trompes ; on y diftingue un œuf parfait qui y étoit refté , on voit en;ore l'un des reins / les appendices graiffcufes de l'ovaire m , & deux petits œufs n que j'ai trouvés flottants & (ans aucune adhérence dans la cavité de l'aljdomen ; apparemment que dans l'accouplement , ils s'étoient échappés de l'ovaire fans prendre la route des trompes ; la trompe elle-même contient encore un œut o qui y a pénétré après coup ; tous les autres œufs avoient pafle auparavant dans la ma- trice ; ce que j'ai conclu en voyant que celui-ci n'étoit point environné de glaire. On voit aulTi dans cette figure l'eftomac p & les intelVins grê- les dans leur pofition naturelle ; une portion du toie q , avec quelques petits vaiffeaux fanguins dont (a furface eft parfemée , & la véficule du fiel r qui eft à côté du foie ; j'ai repréfente les deux poumons placés à droite & à gauche avec leurs vaiflcaux s s ; mais j'ai ouvert à deflcin l'un des poumons & j'en ai fait fortir l'air , afin de mettre à découvert l'orifice & tout le conduit de l'une des trompes ; au contraire , l'autre poumon ell repréfente diftendu par l'air : on apperçoit l'oreillette du cœur / e , laquelle eft divifée à l'intérieur par une membrane aftcz fembla- ble à une valvule; enfin, j'ai auflî deflîné les parties des téguments de la poitrine & de l'abdomen que j'avoi^ coupées k««, afin de repréfen- ter le tout autant qu'il étoit poflible , dans une feule figure & de gran- deur naturelle. Je ne puis m'empêcher de relever ici l'erreur d'Olivier Jacobaeus , qui en avouant qu'il n'a pu découvrir l'orifice fupérieur de la trompe de la matrice , décide que cette trompe s'infère dans l'inteftin reftum , & la re- préfente iuivant cette opinion. « La partie fupérieurc de la trompe , dit - il , dans fon Traité de la » p-cnouilU , eft cachée dans la région du cœur, du foie & des pou- » mons ; j'ignore quelle route elle prend depuis là , car je n'ai pu y in- » troduire de l'air plus avant : fa partie inférieure qui le rend fous l'o- » vaire, a un orifice ovale affez grand, elle jette des fibres qui vont s'at- »> tacher aux reins & à l'ovaire"; l'extrémité de la trompe s'infcrc dans » le rectum , à un pouce de diftance de l'orifice ovale. » Jacobaeus m'ac- <;^S . ^ ^ '■ L E C T I O N f_'. ■="» cuîe enfiiitc de n'nvoir pas connu cet orifice ovale , Se d'avoir r(fppnJii SwAMMERDAM. dc nouvclles ténèbres iiir la manière dont les œufs paffent tle 1 ovaire Histoire dis dans la trompe & de-là dans la matrice, en difant que l'orifice des trompes Insectes. eft éloigné de l'ovaire de deux travers de doigts, & que nonieulcment cet orifice eu fort étroit, mais encore qu'il cfl: immobile & qu'il ne peut s'appli- quer à l'ovaire comme dans la femme & dans les femelles des oileaux. Il eft plus que probable que la matrice de la grenouille a tout-à-fait échappé à Jacobsus , car il n'en fait aucune mention dans fon Traité ; d'ailleurs il prétend que la trompe s'ouvre dans l'inteftin redum ; mais c'eft la matrice & non pas la trompe qui s'infère dans le reflum ; l'ovaire de la grenouille n'a pas non plus la figure que Jacobœus lui attribue dans l'efquiffe qu'il en donne , mais on trouve quelquefois cette figure à la ma- trice lorfqu'elle eft pleine d'oeufs ; enfin, l'orifice ovale dont parle cet auteur , cfl félon moi , l'ouverture qui termine la trompe , & par où la trompe communique dans la matrice , à l'entrée de laquelle elle s'infère. (Voyez PI. XXXI. Fig. I. ) Toutes ces parties étant telles que je les ai décrites , & l'extrémité in- férieure de la trompe n'ayant aucune communication avec l'ovaire, qui d'ailleurs ne pourroit lui tranlmettie les œufs puifque fes lobes fo.-.t fermés, je ne vois pas comment Jacoba:us pourroit expliquer le pallage des œufs dans la trompe, dont il n'a pu découvrir l'orifice fupérier.r ; mais loin de vouloir m'engager avec lui dans une difpute , je me con- tenterai d'expofer mes obfervations fur ce paffage des œufs de l'ovaire dans la trompe ; j'ajouterai feulement ici que Jacobseus auroit fans doute trouvé les orifices hipérieurs des trompes s'il les eût cherchés après la ponte; car on peut alors, fans rien couper, introduire de l'air dans la trompe en foufflant dans la matrice , & l'on peut de même enfler la ma- trice en foufflant par l'orifice fupérieur de la trompe ; on voit bientôt cet orifice , û l'on regarde auprès du cœur , en pouffant doucement l'air dans la trompe ; mais on ne peut rien taire de tout cela quand 11 y a des œufs dans la cavité de la trompe. J'avoue que ce paffage des œufs dans la matrice par la trompe, eft plus difficile à démontrer qu'aucun autre fait d'anatomie , & que fi ce fait efl: obfcur dans les autres animaux , il cû prefque inexplicable dans la grenouille ; car, comme je l'ai dit , & comme je puis le faire voir dans la grenouille même, l'ovaire ne communique ni avec la matrice, ni avec la trompe, & l'orifice fupérieur de la trompe, placé à fa partie fupé- rieure & mcmbraneufe qui adhère fortement aux membranes du cœnir , ne peut fc rapprocher de l'ovaire ; cet orifice efl: cependant le feul par où les œufs puiffent entrer dans l'a trompe, car il ne fe trouve aucun veflige de l'orifice ovale qu'on a fiippofé qu'avoit la trompe vers la ré- gion inférieure de l'ovaire ; il eft même facile de féparer l'ovaire de la trompe, & de fe convaincre qu'ils n'ont aucune communication entre eux : il ne faut pour cela que fouffler l'ovaire lorfqu'on l'a tiré du corps & le laiffer deffécher ainfi gonflé ; car on n'y découvre aucune ouver- ture , Si l'air ne s'échappe par aucun endroit. Fai vu diflinftement dans, une grenouille fécondée que j'ouvris aiv coin- ACADÉMIQUE, ^ 5^9 mcncement d'avril , tous les œufs encore contenus û^ns l'ovaire ; mais ^TS^i ayant ouvert une autre grenouille quelques jours plus tard, je ne trou- Swammirdam. vai plus qu'un petit nombre d'oeufs dans l'ovaire a (PI. XXXI. Fig. II. ) Histoire ntt iic je vis beaucoup de ceux qui s'étoient échappés, diiperfés dans l'abdo- Insecti». jnen bbb, entre les poumons, ibus l'cllomac , les intertins, les parties memhraneules des viicercs , le mélentere , &c. il y en avoit tout au[)rès de l'orifice liipcrieur de la trompe c ; d'autres étoient defcendus dans la cavité des trompes ddd, à différentes dirtances de l'orifice; j'en trouvai im à l'entrée même de la trompe e. Se j'en vis d'autres qui entroient dans la nistrice //, par l'extrémité inférieure de la trompe ; j'obfervai que la plus grande partie des cxuifs étoient déjà dans la matrice que je re- préfente ici de deux manières différentes ; le côté g c& dans fon état na- turel, oîi l'on n'apperçoit que foiblement les œuts à travers les parois de ce viicere ; l'autre côté h crt tel qu'il paroît lorfqu'il commence de fe deffécher à l'air , après avoir été macéré dans l'eau, de forte qu'il laifle voir les œufs bien plus clairement ; enfin , je fais voir l'extrémité unique & commune de cette double matrice / qui s'ouvre dans le reftum , en- viron à un pouce de l'infertion des trompes dans la matrice. Au haut de cette Figure II. on voit l'origine de la grande artère dans le cœur. Se les deux branches qu'elle jette k ; aux deux côtés du cœur font les orifi- ces des trompes//; j'ai auffi rcpréfenté les poumons mm pour faire voir comment les trompes font pofées deffus. Il ert à remarquer qu'on trouve prefque toujours des vers vivants dans les poumons des grenouilles.; j'y en ai compté quelquefois julqu'à fix : ces vers reffemblent afiei au ver de terre , quant à la partie antérieure du corps , mais la partie portérieure ert plus grofle : on les trouve ordinai- rement roulés au dedans des poumons ; ils font à-pcu-près de même taille que le ver qui ronge la coquille du limaçon de mer nommé alU-kruyk , () je trouvai que dans la première de ces liqueurs la glaire des œufs s'étoit coagulée , de forte que les œufs avoient pris de la rondeur , & qu'ils reffcmbloient à des grains de raifm : cette glaire avoit à-peu-près la couleur de l'agate ou de l'œuf de vanneau cuit ; les embryons ou les vrais œufs étoient auflî coagulés, de forte qu'il ne s'en écouloit rien lorfqu'on les ouvroit , ce qui étoit facile ; car on en féparoit aifément la glaire. Dans la féconde liqueur les œufs étoient deveniK couleur de pourpre, & la glaire s'étoit un peu dlffoute. Dans la troifieme liqueur où j'avois mis de ces œufs, la glaire étoit devenue plus laiteufe , elle paroiffoit auffi s'être un peu diflbute & avoir perdu de (a vifcofité ; les œufs étoient auffi fort dilatés, & tout ce qu'ils contenoient à l'intérieur , s'étoit un peu coloré , de forte qu'il me fut aifé d'y obfervcr l'animalcule tel qu'il efl dans ces premiers jours. Dans la quatrième liqueur la glaire des œufs avoit pris une teinte ver- dâtre , & s'étoit prcfque entièrement difToute ; la liqueu; ueur avoit produit ibre de jou (i) Dont l'auteur n'auroit pas dû £iire m fecrec (o) Les chiffres i. i. 3. 4. &c. indiquent le nombre de jours qui fe font ccoulé» depuis que l"œuf a été pondu. , produite au dedans par quelques petites rides ou fentes ; je coupai cet œuf en deux à l'endroit où le filion commençoit de le par- tager , & je reconiuis que ce fillon pénétroit d'un côté prefque jufqu'aii milieu du corps de l'embryon, & qu'en cet endroit l'uTie des moitiés dit corps formoit une petite convexité it (Fig- VI.) tandirque l'autre avoit i.ne petite cavité è, qui recevoit cette partie convexe Je la première moitié : fur le côté oppofé à celui où le fillon pénétroit fi avant, la con- tinuation de ce même fillon étoit fort fuperficielle &c fembloit n'être qu'une fente ou un pli de la peau ce ; enfin, à l'endroit où finiffoit ce fillon, au dedans , on dilHnguoit la fubftance grenue 7 Une obfefvatlon fi importante excitant de nouveau ma curïofitc, je — T??"*'*—^ touchai l'œuf un peu plus rudement, & je vis l'allantoide i'e dilater a Swammhrdam. (Fig. Vlil. ) car toute la liqueur revenoit dans l'amnios, paffoit alors dans Histoire des l'allantoide ; & cette mC-me liqueur revcnoit dans l'amnios lorfque je re- Insectes. tirois l'inllruinent dont je me fer\ois pour prcfi'er l'ccut. Ayant entuite prLÏÎé cet œuf un peu plus fort, je vis l'allantoide fc iliparer tout-à-fait de l'embryon ; mais comme j'avc>is en même temps blelfé l'embryon, il en lonit de petites molécules noires & fluides qui «afférent dans l'allantoïde , troublèrent la liqueur de l'amnios & firent di- later cette membrane ; l'allantoïde prit alors la forme d'une poire a (fii;. IX.) je continuai de prcffcr ainfi fœuf jufqu'à ce que l'allantoïde, en fe rempliffant des molécules fluides qui fortoicnt de l'embryon , fe fût tout- à-fait diftendue , & qu'elle eût pris la forme qu'on lui voit ( Fi^. X.) où je l'ai rcpréfentée exaftement, mais plus grande que nature : jufqu'alors je n'avois point encore rompu ces membranes. Je voulus examiner aufli les parties internes de l'embryon, mais je n'y pus rien dillinguer; je vis feulement ces grains réunis dont j'ai déjà parlé, & qui femblent être les éléments dont fe forme l'animalcule : cette f.ib- fiance grenue s'étoit diverfement colorée dans les différentes liqueurs ou j'avois mis les œufs, il y en avoit de jaune, de blanche, de pourprée 6i e tût cachée par l'expanfion du chorion & de l'amnios, ou fi c'étoient feulement quelques plis du chorion & de l'amnios qui tor- moient auparavant ce quej'avois pris pour une allantoïde : quant à l'enî- bryon renferme dans l'amnios , il y étoit dans un mouvement preique con- tinuel. Vers le milieu da fixieme jour je vis que quelques-uns des embryons ou têtards 6'. ( PI. XXXI. Fig. IV. ) avoient rompu le chorion & l'am- nios , &C s'étoient même échappés de la glane ; d'autres n'étolent plus en- gagés que dans la glaire ; d'autres enfin n'étoient pas encore arrivés à ce point de développement; je remarquai aufll quelques œufs qui avoient augmenté de volume, &i dont cependant l'embryon étoit relié plié en deux ; peut-être que la femence du mâle n'avoit pas pénétré ces œufs ; Je vis même un ou deux globules glaireux qui ne renfcrmolent point d'em- bryon , & qui n'en avoient point renfermé : on voyoit feulement au de- dans un point blanc , d'oii je conclus que ce pouvoit être des œufs im- parfliits qui s'étoient échappés de l'ovaire avec les autres, & s'étoient en- veloppés de glaire en paffant dans la trompe de la matrice. Le dixième jour j'obièrvai que les petits têtards qui étoient fortis de leur glaire y revenoient en nageant continuellement , qu'ils y rentroier^t & en fortoient alternativement pour fe repofer & pour manger : ces têtards avoient dé)a la forme de celui que je repréfente ( PI. XXXI. Fig. IV. N°. 10.) ii même ils n'étoient un j>eu plus grands ; les appendi- ces noires frangées dont j'ai parlé avoient pris beaucoup d'accroiffement ; elles faifoient xme efpece d'ornement à l'animal, qui paroifloit de plus en faire ufage pour nager & s'appuyer deflus quand il étoit retiré tran- quillement dans fa glaire. Le quinzième jour j'examinai très-attentivement au microfcope le tê- tard que je repréfente de grandeur naturelle (PI. XXXI. Fig. XI. ) & vti au microfcope renverfé lur le dos ( Fig. XII. ) j'y vis très-dillinâenien^ la tête, le thorax, le ventre & la queue; les yeux a a paroiflbient fur clia»^ que côté de la tête & commençoient à faire une petite faillie , quoiqu'ils paruflent encore fermés : à la partie antérieure de la tête , entre les yeux ,, on voyoit la bouche b qui étoit ouverte : un peu au deflbus de la bou- che fe trouvoient deux petites parties peu dilTérentes des appendices ec, lefquelles étoient au nombre de douze de chaque côté ; j'obfervai que le têtard étendoit ces deux parties à fon gré, &£ qu'il pouvoit les ramener vers l'abdomen & les en éloigner ; le thorax étoit affez diftinâ: du ven- tre : on voyoit fur le ventre l'intellin qui avoit un peu de laillie , ri fai- foit diverfes fmuofitcs, mais point encore de circonvolutions entières; il paroifloit (e terminer à la naiiTance de la qiteue d ; la queue e e étoit un peu tranfparente de chaque côté, mais le milieu étoit plus opaque ;cela vient de ce que ce milieu efl fort épais , & de ce qu'il s'y forme peu à peu beaucoup de parties cartllagineufes «jui ont des mufçles , lefqtiels fervenit au ACADÉMIQUE. ^69 au mouvement de la queue : on voyoit allez dillinûemcnt que cette iub- «i^— — i-* ôance cartilagineufe & nuirculeufe dans toute la longueur de la queue s'é- Swammjrdam.' tendoit julqu'à l'extrémité/", entre les deux parties membraneufes qui i'or- Histoire des moient les côtés ; la peau de ce têtard vue au microlcope Icmbloit parie- Insectes. mée de taches noirâtres , entre lefquelles paroiflbit en divers endroits un fond blanc. Je voulus difféquer ce têtard & je commençai par ouvrir l'abdomen; j'y trouvai l'inteftin déjà bien apparent , mais il avoit encore lî peu de confillance , que le moindre frottement le réduilbit en molécules globu- leufes ou en petits grains ; il en étoit de même des appendices frangées qui ornoient les deux côtés du thorax ; la peau fe réduiloit aufli en grains globuleux dès que je la touchois ; l'extrême délicateffe des vifceres na me permit pas de reconnoître l'ertomac ; je crus appercevoir le cœur ; mais je ne vis ni fang ni vaifleaux ianguins : toutes les parties renfer- mées dans le thorax fe rédiiifoient auifi en molécules gobuleufes : on voyoit les yeux au dedans de la tête bien plus dilHnftement qu'au de- hors ; la portion cartilagineufe de la queue avoit déjà pris affcz d'accroif- fement pour que je puffe prefque la (éparer du refte ; mais quoique cette queue eût déjà un mouvement aflez fort, je n'y vis pas clairement les mufcles , tant parce qu'ils étoient fort petits, que parce que toutes ces parties fe réduilbient comme les autres en grains globuleux : cependant j'ai très-bien vu les ébauches de ces mufcles dans un autre têtard , vers la naifTance de la queue. Les parties internes étoient d'un gris obfcur, ce qui contribuoit beau- coup à en rendre Toblervation difficile ; je n'ai rien découvert de plus dans d'autres têtards ou vers de grenouilles plus grands , & que je choi. fis par cette raifon pour les difféquer; je remarquai feulement que ces grains, dont l'œuf eft compofé dans fon origine, comme je l'ai dit,com- pofent aufïï la peau & les parties internes du têtard : cela m'a paru d'au- tant plus fingulier, que ces grains font très-apparents & d'une telle grof- feur , qu'un microfcope commun m'a fufîi pour les obf'erver. Ce même jour qui étoit le 1. mai , & le quinzième depuis la ponte des œufs dont j'avois obfervê l'accroifTement , il me reftoit une grenouille qui n'avoit pas encore pondu fes œufs , foit qu'elle eût manqué de mâle ou qu'elle û'it malade ; je lui tirai donc les œuts hors du corps , &C je les employai à nourrir mes têtards ; je mis de ces œufs dans l'eau & ils ne s'y déployèrent point. * Le 7. de mai , qui étoit le vingtième jour depuis la ponte des œufs d'oii provenoient mes têtards , je vis que les appendices frangées ce com- mençoient à difparoître , &C même dans un de ces têtards , qui étoit un peu plus grand que les autres , les appendices du côté droit ne paroifToient plus du tout ; je fus d'autant plus curieux de découvrir la caufe de ce changement , que je remarquai du mouvement dans ce qui reiioit de ce* appendices du côté gauche ; j'obférvai aufTi que la peau qu: occupoit l'efpace compris entre ces appendices ducôté droit, s'étoit étendue & gon- flée au point de les recouvrir & de les renfermer entièrement , & je vis qu'elle commençoit à fe gonfler ,de même & à cacher en partie celles du Tom. y. C C c c 5-'o COLLECTION coté gnnche ; enfin, j'apperçus dans les deux parties que j'ai repréfentces SwAMMERDAM. l^"" '"' poltrinc du têtard , lelquelles font placées au defibus de la bouche Histoire des & dirigées en bas , deux petits trous qui me parurent avoir communica- Iksectes, tion lous la peau avec les appendices latérales frangées ; je ne pus m'en aflurer à caule do l'extrême délicateile de toutes ces parties : cependant je me crois bien fondé à foupçonner que ces appendices qui rentrent &c le ren- ferment fous la peau, deviennent les ouies du têtard; je remarquai dans celles qui étoient déjà cachées du côté droit, quelque changement quant à la forme & quant à la pofition. Les inteftins qui faifoient toujours faillie fur la peau du ventre étoient plus faciles à reconnoître ; leur orifice paroiffoit auffi plus dillinfttment à l'endroit que j'ai indiqué <^ : on appercevoit à travers la peau le mou- vement du cœur qui étoit aiiez tort : on voyoit suffi les vertèbres car- làlagineules qui fc formoicnt dans la queue , & ks mufcles qui y étoient attachés de chaque côté; ce qui reprélentoit allez bien ime plume d'oie, dont la tige jette de chaque coté de petites barbes. En difiequant ce têtard, je trouvai que les inteltins prenoient peu à peu de l'accroiffement & s'alongeoient ; le petit efpace dans lequel ils étoient reflerrés , les avoit contraints de fe rouler iur eux-mêmes ; cepen- dant ils étoient encore d'une conliilance tres-moIle, ik même leur tuni- que externe n'éloit compoiée que de grairs globuleux ; l'eflomac com- mençoit à paroître ; on appercevoit auiîî le toie ik. la vc feule du fiel , qui étoit de couleur d'eau & compoiée de globules , aufli bien que toute la fubftance du foie; je tirai le cœur encore palpitant hors du corps, & je le trouvai de même compolé de globules ; enfin , le fang qui en iortoit à chaque fyftole, & dont la couleur étoit blanchâtre , le trouvoit aufîl mêlé de globides. Il me païut afléz évidemment que le cœur de la grenouille fe forme de la même manière que celui du poulet, fuivant la delcnptlon que Mal- pi^hi a donnée de ce dernier ; les vaifl"eaux fanguins commençoient à pa- roître ; les yeux & leurs humeurs fembloieat encore compofés de globules; toutes ces parties étoient extrêmement molles & délicates , & même la jl partie noirâtre de la tunique uvée paroiffoit auffi compofee de globules ; ■ la bouche , qifi avoit la ibrme de celle des poiilons , fe trouvoit fort I agrandie Se avoit acquis beaucoup de capacité , cependant elle n'appro- jf, choit ni pour la grandeur ni pour la capacité de ce qu'elle e(l dans la "renouille adulte , ou même dans la grenouille nouvellement dépouillée de fa peau de nymphe, comme je le ferai voir eiV fon lieu : quant aux deux petites parties qui fe trouvoient auparavant fiu' la poitrine, au délions de la bouche, je n'en vis plus alors aucun vefiige. Le 13. de mal il ne me relloit plus aucun des têtards éclos chez moi de ces œufs pondus le 18. d'avril; je les avois tous employés à mes ob- fervations anatomiques , alnfi j'en fis venir de la campagne „„.,._._ de l'cftomac; il paroiflbit diftinftement compofé de petites glandes ;rin- "^^ tellin grèlc-jirc troiivoit au ilc lions de rdlomac auquel il ctoit continu; Saammerdam. il avoit des valHeaux fanguins, £c les aliments qu'il contcnoit , & dont "'^'■t^^'^^ °^* la couleur perçoit h travers fes tuniques , le tiiiloient paroître vcrdàtre. Les circonvolutions des inteftins tbrmoient uns double fpirale rr au mi- lieu de l'abdomen; ces deux (pirales étoient régulières ô£ concentriques; l'cx-tcricure revenoit (iir elle-même &c le tcrminoit à l'intedin reftum s , dont rextrC-mlté tbrmolt l'anus t entre les deux jambes de derrière un. La diftjnftion des intcftins grêles d'avec les gros intcilins n'eCl pas fort apparente dans le têtard, non plus que dans le fostus humain ; je Iiiis en «tat de taire voir tiir un foetus humain de fix mois , que l'inteftin grê-lc ne diffère que très-lcgcrement du colon & du reftum. Les deux jambes de derrière uu étoient les feules qui paroiffoicnt au dehors , encoi-e n'en voyoit-on que les premières ébauches; les doigts ou plutôt les endroits des doigts des pieds étoient marqués par de petits bou- tons femblables ;\ ceux que poufle une plante aux endroits d'où il doi! lor- tir de petites branches ; ces doigts ne contenoient encore aucune fubltancc offeufe , & cependant la forme du pied étoit déjà reconnoiflable. Les jambes de devant .v.v, ne paroilToicnt point du tout au dehors : elles étoient entièrement renfermées & cachées fous les téguments exté- rieurs de la poitrine ; il falloit déchirer & écarter ces téguments pour les appercevoir , & alors on les voyolt fur les poumons, -vers la p:irtie in-- fcrieure des ouics ; & l'on reconnoilToit que ces jambes de devant n'é- toient pas aulîi formées que celles de derrière. Il réfultc de tout ce qui vient d'être dit, que la grenouille dans fon ori- gine Se fon premier état, peut & doit être regardée comme un véritable infefte, puifque fes membres prennent leur accroiffemer.t (ous une cnvckippc commune, iSi y demeurent cachés jufqu";! ce que l'animal fe dépouille de cotte enveloppe ,& paroifle enlaauittanî fe transformer en un nouvel animal ; i'aurois pu même à raifon de cette transformation placer la defcriprion de la grenouille dans le fécond ordre de ma méthode ; mais j'ai mieux aimé la ré- ferver pour la fin , afin de répandre plus de lumière fur l'analogie réelle qui fe trouve entre les animaux qui ont le fang rouge, & ceux dont le fang eft blanc, jaune, verd ou de toute autre couleur. Le têtard a encore un rapport frnppant avec les infeftes ; c'eft qu'en quittant comme eux fa dépouille il perd auffi comme eux avec fa dé- pouille des parties organifécs fort confidérables comme fa bouche & fa queue , & que tous les nerfs , les mufcles , les cartilages & les vaifTeaux qui entroient dans la comijoûtlon de ces parties , s'alfaifient & s'oblitè- rent entièrement comme cela arrive dans les transformations de plufieurs infeftes. Je n'ai pas aftuellement afTez de têtards pour continuer mes recherches fur la ftruÛure & le développement de fes parties , je me borne à dire im mot des mufcles qui occupent le milieu de fa queue : ces mufcles yyy (Pi- XXXn. Fig. I.) partent des deux côtés de la queue , &: s'avan- cent vers l'axe de cette queue &; obliquement à cet axe , fur lequel les mufcles oppofés de paît & d'autre fe rencontrent & forment une fuite ^j6 COLLECTION w^— — I d'angles renfermés les uns dans les autres ; je les ai repréfentés à dc'con- ,c vert &c comme s'ils étoient fitués extérieurement lur la peau, afin de faire Histoire dis mieux voir leur Itruaure. Insectes. La peau de la queue { aux environs de fesmufcles , eftmembraneufe &C ie- mée de points noirs ; elle contribue aux mouvements tortueux de la queue du têtard , à l'aide defquels il nage dans l'eau. Avant de décrire la manière dont le têtard change de peau, je dois avertir que j'ai fait mes obfervations à ce fujeti'ur le têtard de la plus grande efpece , & que je l'ai encore repréfenté groffi dans la figure , afin de rendre plus fenfibles tous les détails de cette transformation. C'eft ordinairement vers le milieu de juin, ou un peu plus tard(c'eft- iVdire environ deux mois après qu'ils font éclos) que les têtards chan- gent de peau & quittent leur forme de têtards pour prendre celle de gre- nouilles : d'abord leur peau le fend fur le dos près de la tête, la grenouille pafTe bientôt fa tête par cette fente, &c l'on voit alors la bouche a ( PI. XXXI. Fio^. XIV.) du têtard, qui fait partie de fa dépouille, & qui diffère no- tablement de la bouche énorme b de la grenouille ; les jambes antérieu- res ce, qui jufqnes-là étoient reftées cachées fous la peau, cornmencent à fe déployer au dehors, & la dépouille eft toujours repouffêe en ar- rière ; le refte du corps, les jambes de derrière ^<^& la queue elle-même fe tirent lucceffivement de cette dépouille, après quoi la queue va tou- jours diminuant de volume , jufqu'à ce qu'elle s'oblitère &C difparoiffe en- tièrement , en forte qu'on n'en trouve plus le moindre vertige ; lorfque c'eft un mâle , il a aux deux côtés de la bouche , derrière les yeux , une véficule d'air ce, & le pouce ff des pieds antérieurs eft plus gros & plus grand que dans les femelles. Je ne fuis pas en état de déterminer quelles font toutes les parties que la grenouille perd en fe dépouillant, & fi les ouies font du nombre; les crapauds & les falamandres d'eau quittent leur dépouille de la même ma- nière que les grenouilles. ARTICLE V. Di la cîrculanon du fang dans la grenouille adulte. LA manière dont fe fait la circulation du fang dans la grenouille adulte eu un fait très- important , & qui fait bien fentir l'utilité de l'anato- mie comparée , puitque fans la connoiffance de ce fait il feroit prefque impofiible de connoître les vraies fondions des vifceres. Malpighi, Needham & plufieurs autres affurent que la grenouille a des poumons très-vifibles & qu'elle refpire ; ils foutienncnt de plus que le fang circule dans ces pou- mons , &C que c'ell-là qu'il s'élabore , fe dépure &; fe perfeûionne ; de forte qu'ils attribuent aux poumons la fanguification , qui jufqu'à préfent avoit été attribuée an foie : ces mêmes obfervateurs ayant trouvé dans les aoLffbns des ouies qui tiennent lieu de poumons, dans lefquelles Jont le ^ fang ACADÉMIQUE. ^ 577 feng circule & fur krquellcs l'eau agit , comme l'air agit fur les pou- — — i^im mons, l'analogie les a conduit ;\ regarder les ouies comme les organes Swammlrdam. de la (anguification dans les poiflbns : j'avoue que cette opinion eu in- Histoire de* génieufe ; mais pour qu'elle ibitfolide, il faut établir que le foie ne con- Insectes, tribue en rien à la fanguification : or, je demande où elle fe fait dans les animaux qui ayant à la vérité des poumons , mais n'ayant qu'un ven- tricule dans le cœur , font tellement conformés , que leur fang fe diftri- bue de ce ventricule du cœur à tout le corps fans paffer dans les pou- mons ? c'cft ce qui a lieu dans les grenouilles , & peut-être aufll dans les crapauds, les falamandres aquatiques, les léfards , les caméléons, les tor- tues, les fcrpents , &c. tous animaux aufquels j'ai trouvé les poumons membraneux , mais dont je n'ai pas encore examiné avec affez de foia les vaiffeaux fanguins : on eft donc forcé de recourir au foie pour expli- quer la fanguification ; cela cfi; d'autant plus néceflaire par rapport à la grenouille , que cet animal n'ayant point de veines laftées , il faut abfo- lument que le chile entre dans les veines méfaraïques, lefquclles font en très-grand nombre dans la grenouille , pour paffer dans le foie par la veine- porte : c'eft donc félon moi vers l'extrémité de la veine-porte que fe fait la première fecrétion du fang , lequel paffant enfuite dans la veine- cave , y acquiert fa dernière perteâion ; j'efpere établir folidcmcnt ce fait & en donner de plus fortes preuves par rapport au,\ animaux qui ont des veines laftées ; mais je n'ai pas le loifir de fuivre à préfent les expé- riences que j'ai commencées à ce fujet , & qui fans être fort nom- breufes , me paroiffent très-importantes pour la décifion de cette quef- tion. Je vais dire maintenant la manière dont le fang circule dans la grenouille, & les vaiffeaux principaux dans lefquels fe fait cette circulation ; le cœur a (PI. XXXII. Fig. II. ) eft placé dans la cavité de la poitrine qui eft fort étroite ; l'oreillette b tient à la partie fuperieure du cœur ; au reffe ce cœur , de même que celui des poiffons , n'a qu'un feul ventricule d'où fort aufîi une feide artère fort mufculeufe & affez dilatée à fon ori- gine ; cette artère fe divife bientôt en deux branches qui s'étendent , l'une c dans la région droite de la poitrine, & l'autre d dans la région gau- che ; affez près de cette première divifion , chacune de ces deux artères qui lont analogues aux fous-davieres , forme encore trois ramifications principales , dont la première de chaque côté qui eft la plus petite e c , va porter aux poumons la matière nutritive ; c'eft pourquoi je nomme ces deux -ci artères pulmonaires, & je les regarde comme analogues à celles qu'on appelle bronchiales dans l'homme & dans les grands ani- maux ; ces deux artères en approchant des poumons fe partagent encore chacune en trois branches que je repréfente coupées ; elles rcs que je l'eus rendu témoin de mes expériences fur les grenouilles : ces expériences réuiriffent , non-feulement fur les quadnipedes, mais encore fur les oi- feaux , les poiffons, & principalement fur la raie, dont les mufcles fe meuvent très-fortement lorfqu'on irrite les nerfs qui y répondent. En réflcchiffant fur cet effet confiant que produifent les nerfs irrités fur les mufcles aufquels ils répondent , je crus pouvoir m'en fervir pour faire de nouvelles découvertes fur l'ufage & fur les véritables fondions des parties internes comme des inteflins (où j'ai obfervé des fibres charnues aflez confidcrables ) des reins , du foie , de la rate , des poumons , des parties de la génération , &c. je ne doutois pas que les nerfs qui abou- tifTent à ces différentes parties étant irrités , il n'en refultât dans ces par- ties , & fur-tout dans les reins , des mouvements qui repréfenteroient ceux qui s'y exécutent naturellement ; mais le temps me manqua pour fuivre ces vues ; je les publie afin qu'elles puifTent être fuivies par d'au- tres perfonnes qui auront plus de loifîr. Comme les mufcles des animaux dont le fang eft froid, c'efl-à-dire, des animaux aquatiques & même des amphibies , confervent plus long- temps la faculté de fe mouvoir de la manière que je viens de dire , que les mufcles des animaux dont le fang cft chaud , c'efl par cette raifon que j'ai fait mes expériences principalement fur la grenouille ; d'autant plus que fes nerfs font très-faciles à reconnoître &; à mettre à découvert; h moelle cpiniere & fon cerveau qui fe prél'entent fous la forme d'un kl fondu , renfermé dans des tuniques, & pénétre par des vaifléaux fanguim, font par tout à portée des nerfs , depuis le crâne jufqu'à rcxtiêmité ds I> (•i) MyoU^uv fpciimen p. 78, & 79, idk. Janjf. A C A t> É M 1 0 U E. 5«J «(wjté b , planter la pointe de ces épin- -gles dans un morceau de liège fans les fixer trop fblldement , mais afiez, •pour qu'elles fe foutlennent : û l'on Irrite alors le nerf c , on verra les têtes des épingles fe rapprocher en dd, par l'effet de la contraftion du mufcle, le ventre du mufcle fe gonflera fenf'iblement , remplira toute la capacité du tube & en chafTera l'air , jufqu'à ce que la contrafllon ve- nant à ceffer , les épingles reprendront leur première fituatlon , le ventre du mufcle diminuera & laifiera à l'air un libre accès dans le tube : fi l'on met le mufcle avec tout cet appareil dans l'eau froide , on l'y verra bientôt fe contrafter de foi-même , fe froncer peu à peu & fe gonfler , au point de remplir totalement le milieu du tube. En confiderant attentivement cette force de contraftlon , ce mouve- ment que reprennent les mufcles toutes les fols qu'on irrite les nerfs ou -même l'origine des nerfs, c'eft-à-dire, la moelle épiniere & le cerveau, on peut demander s'il n'y a pas entre le nerf & le mulcle , quelqu'autre communication que celle du fmiple mouvement d'irritation ; & comn;e on excite les mêmes mouvements dans les mufcles des animaux qui ont {a) On trouve cette poufTiere dans les boutiques des apothicaires fou» le faux nom ■ie cerveau de carchar'us. 5^4 G O L L E C T I O N ■**'^—— — le iîing chaud en irritant de même leurs nerfs , la même quefHon part SwAMMERDAM. encore avoir lieu à leur, égard. ^ k'^. Histoire des Je demande donc û l'on ne doit pas rejetter l'opinion qui attribue le Insectes. mouvement miiiculaire à l'arrivée fubite d'une matière fpiritueule émanée du cerveau, & dont le cours efl: fi rapide, que foit dans les mouvements volontaires , foit dans les mouvements fpontanées , elle poulTe devant elle la portion de cette même matière qu'elle trouve fur fon chemin, ôc paffe dans un inftant aux parties vers lefquelles elle le dirige , quelqu'éloi- gnécs que foient ces parties. Ceux qui attribuent la contraftion des mufcles à une efpece de gonfle- ment, d'effervefcence ou d'explofion n'adopteront point. cet avis, & ils objefteront l'augmentation d^ volume qu'on peut aifément remarquer dans les mufcles au moment de la contraftion ; à quoi ils ajouteront que les parties mufculeufes étant déjà pleines d'efprits , il ne faut plus qu'une très-petite quantité d'elprits animaux pour produire le gonflement qui fe remarque dans les mufcles au moment de la contraftion. Mais toutes ces différentes opinions font également détruites par les faits que je viens d'ex'pafer, puifqu'on peut rendre plufieurs fois le mou- vement à un mufcle en irritant fon nerf, lors même que ce nerf ei\ coupé depuis long-temps, & que les elprits qu'il pouvoit contenir ont dû fe diiîiper dans les airs ou s'épuilér par Feffet des premières irritations, & qu'enfin le nerf n'a plus aucune communication avec le cerveau , ni avec la moelle; il efl: facile pn réfléchiffant fur ces faits, de fc bien convain- cre que l'expérience ne favorife aucune des opinions qui fuppofent le pa{- fage de quelque matière que ce foit des nerfs dans les mufcles ; car on n'y apperçoit d'autre communication que celle d'une atlion foudaine , d'un mouvement très-rajHde & prefque momentanée : s'il pafToit réelle- ment wne matière iubtile des nerfs dans les mufcles, on pourroit com- parer fon mouvement , quant à la rapidité , à celui qui parcourt dans un inf^ .tant toute la longueur d'une grande poutre , lorfqu'une perfonne frappant avec le doigt l'un des bouts de cette poutre , ce petit bruit s'entend au même inftant à l'autre bout, ç'efl-à-dire, que ce rnêrae mouvement fe communique inflantanéément .aux nerfs , & par les netfs aux mufcleï,",de Ja perfonne qui tait cette expérience &y produit diverfes copimofions. ' £j .Mais une preuve plus forfç jcontre les opinions que je viens de rap- porter , c'eft que les ^mufcles n'augmentent point de volume au moment de la contrafiion , & qu'ils fcmblent plutôt ié réduire à de moindres di- menfions, tandis que leurs fibres motrices changent leurs fituations ref- peâives en fe rapprochant plus près les unes ces autres ; la même chofe arrive à une éponge que l'on applatit en la prefTant contre un corps fo- lide ; la prefîlon augmente la dxntité , mais diminue, fon volume. , De toutes, ces- raifons Sf de celles que j'expoferai dans la fuite, jp crois pouvoir conclure que la;véritable action, ou fi l'on veut la con- traftion des fibres motrices d'un mufcle , confiiîe non dans leur gonfle- ment, mais au contraire dans leur rapprochement mutuel, d'où réfulte une diminution de volume de la. maffe totale.de ces fibres. . ,^ D'ailléurSj conçoit-on bien c^ite les miifdescompoliésï;ornme, ils font, (^S: fibres ACADÉMIQUE, 5^5 fibres imperceptibles , lefqiielles à la vérité font elles-mêmes compofces ■■— ■■[■■■■— ■ de globules, piiilTcnt être gonfles par l'abord d'un fluide? ne faudrolt-il Swammerdam. pas que ce fluide pafsàt à travers les fibrilles encore plus fubtiles qui Histoire du conftituent les nerfs ? & ne (àit-on pas que les nerfs font û délies à leur Insectes. origine , & fi étroitement ferrés par la dure merc , que les fils de verre les plus fins ne peuvent pénétrer dans la cavité que forme cette membrane pour embraffer les nerfs ? or, cette cavité eft encore remplie par le filet nerveux qu'elle contient ; quelle feroit donc la fubtilité d'un fluide qui pénétreroit dans des palfages fi étroits , je dirois prefque li impénétra- bles ? cependant plufieurs auteurs ont afl"aré Tcxiftence d'un tel fluide ; ils ont même prétendu que les fucs nourriciers, dont la confifbncc eft, fé- lon quelques-uns , celle du blanc d'oeuf, paflxîient dans les nerfs ; opinion aofurde & que je compare à celle qui explique le mouvement mufculaire par une effervefcence iiippofée entre le (ang & les cfprits, laquelle fait enfler le mufclc ; ce que l'on fait de la texture intime des mufcles eft abfolument contraire à ce gonflement ; mais l'expérience fuivantc n'y ré- pugne pas moins, & n'eft pas moins décifive contre le cours prétendu des cfprits qu'on regarde comme la caufe de ce gonflement : fi l'on di- vife un mufcle dans toutes fes fibres , fi l'on fépare ces fibres les unes des autres, & qu'on irrite le nerf qui y aboutit, toutes ces fibres féparées fe mettront en mouvement : on peut faire cette expérience fur la gre- nouille & fur plufieurs animaux aquatiques, mais principalement fur le canard. II réfiilte de toutes ces expériences qu'une commotion ou irritation fimple & naturelle des nerfs , loit dans le cerveau , folt dans la moelle épi- niere , foit ailleurs, eft la feule condition requife pour opérer le mou- vement mul'culaire : nous voyons dans tous les animaux, que lorfquela moelle épiniere reçoit à fon origine quelqu'ébranlement, tous les muf- cles dont les nerfs ont leur origine plus bas que l'endroit ébranlé, en- trent aufïï-tôt en contraftion ; la même chofe arrive à l'égard de toutes les ramifications des nerfs relativement aux mufcles aufquels aboutifîenf ces ramifications ; mais il eft à remarquer que le mouvement produit par l'irritation des nerfs ne fe communique jamais qu'aux mufcles in- férieurs , &c defcend conftamment des plus grandes ramifications des nerfs aux plus petites, fans jamais remonter plus haut que l'endroit irrité, c'eft- à-dire, aux plus grandes ramifications ni aux mufcles fupérieurs aufquels ces plus grandes ramifications aboutifl"ent ; en forte que pour mettre un mufcle en mouvement, il faut avoir attention d'irriter le nerf au defl'us de fon inicrtion dans ce mulcle : les mouvements des nerfs d'oii dépendent nos fenfations , paroiflfent fe faire dans une direftion contraire & de bas en haur. Maintenant fi l'on me demande quelle eft la caufe de cette irritation na- turelle que je crois futfifante pour opérer le mouvement mufculaire , Sc dans quel lieu réfide cette caufe ? je répondrai qu'elle réfide principale- ment dans la moelle épiniere, & qu'elle exifte auffx dans tous les nerfs, en forte que les nerfs & la moelle épiniere étant continuellement irrités, communiquent une force motrice à tous les mufcles ) je ne diftingue point Tom, y, E e e e ^86 COLLECTION > I muumm ici Ics iTiouvemf iits Volontaires des mouvements fpontanées , parce qiw SwAMMERDiM. '^ cHffércnce de ces mouvements n'efl: qu'accidentelle, fous le point de Histoire ues ' vue fous lequel je les confidere ; en effet dans les mouvements volontaires I».'S£CT£s. nous ne fommes maîtres que de la détermination , & la contraftion même du mufcle, en quoi confille l'eflentiel du mouvement mufculaire, cfl toujours fpontanée : c'ell par cette raifon que dans l'homme & dans tout autre animal le mouvement volontaire celte ou ne lublllle plus que par intervalles , lorfque les mufcles antagonifks manquent , ou que les uns ont plus de force que les autres, (a) La puiiTance que la volonté exerce fur les mouvements des mufcles ie réduit donc à pouvoir donner au mouvement naturel &C fpontanée des antagoniilts des directions con- traires : fi les antagoniftes manquent dans une partie, les mouvements de cette partie deviennent naturels & forcés ; nous avons pluficurs parties inufculeufes dans notre corps fur leiquelles notre volonté n'a aucun pou- voir, fi ce n'eft lorfque les mufcles de ces parties font gonflés & dilatés par un fluide qui dans ce cas fait les fondions de mufcle antagonifle , & nous met en état de donner à ces mufcles des déterminations contrai- res , au gré de notre volonté , autrement tout eu. dans une contraftion fpontanée, dans un repos forcé. Enfin , je crois que la vraie caufe de la contraftion habituelle des muf- cles n'ert autre que l'aftion du fang artériel fur la moelle épiniere & fur les nerfs, & que ces parties étant fans ceffe irritées par le fang qui s'y porte , communiquent auffi fans cefle aux mufcles cette irritation qui les tient dans un état de continuelle contraftion : en effet , tous les nerfs font pourvus d'artères, & il ne s'en trouve aucun qui n'en ait à propor- tion autant que le cerveau & la moelle épiniere : pour \ érifier cette con- jefture, il faudroit injefter par quelque artère dans la moelle, une liqueur convenable , &i obferver s'il s'enfuivroit quelque mouvement dans les muf- cles : qu'on fe rappelle à ce fujet combien il eft facile de mettre en mou- vement un mufcle, en irritant tant foit peu fbn nerf. Maintenant je vais prouver par une expérience décifive ce que j'ai avancé , que les mufcles bien loin de fe gonfler en fe contraûant , dimi- nuent réellement de volume , & qu'ils occupent alors moins d'efpace que quand ils font relâchés & prefque en repos ; je dis prefique en repos , parce que je n'ai jamais vu que le mouvement cefsât totalement dans les muf- cles d'un animal vivant : ainfl l'on peut dire que le relâchement des muf- cles efl moins un repos qu'une diminution de mouvement , & qu'alors le mufcle raffemble, pour ainfi dire, fes forces pour le mouvement qui doit fuivre : c'eft ce qu'on peut voir avec évidence par le mouvement du cœur & de fon oreillette dans la grenouille ; le fang après avoir par- couru tout le corps , revient fuivant les loix de la circulation dans l'o- reillette , & la dilatant , fait à fon égard office d'antagonifle : l'oreillette à fon tour fait office d'antagonifle à l'égard du cœur en pouffant le fang dans le ventricule & dilatant ainfi fes parois , d'où réfulte néceflairement wn mouvement alternatif &C continuel ; car ces deux mufcles , favoir , le ( Soit un fyphon de verre a ( PI. XXXII. Fig. VI. ) ^)ercé avec un dia- mant près de l'origine de fon petit tube en t ; c'eft par cette petite ouverture qu'il faut faire paffcr le nerf c du mufcle mis en expérience dans le fyphon ; mais comme l'air pourroit ficllement pénétrer par cette petite ouverture, tandis que le nerf fcroit irrité , & par conféquent cm-i pêcher la defcente de la bulle d'eau dans le petit tube &: faire manquer l'expérience; il faut boucher le trou ^ avec de l'empois ou de la coUe I^ .50 COLLECTION \q poiffon ; jerdois cependant avouer que malgré toutes ces prccautions SwAMMERDAM. la dekcntc de la bulle d'eau dans le petit tube ell preique imperceptible : Histoire des en forte que de tous les muCcles le cœur elt celui fur lequel cette expé- IxsEcrris, rience réulTit le mieux , parce qu'il a la propriété de conlerver long-temps fon mouvement. Il y a d'autres raifons pourquoi cette expérience ne réuflît pas auffi bien liir les autres mufcles ; car, en premier lieu un mufcle dans ce iy- phon n'a point d'antagonifte par lequel il puiffe être balancé ; en fécond lieu, fesvaiffeaux fanguins ne peuvent être dillendus par le iang , & par conféquent ce mufcle" ne peut augmenter de volume ; deux conditions néceflaircs pour produire fa parfaite contraâion.. Au rcfle, les expériences que l'on a produites depuis quelque temps pour établir que le fang eft néceffaire à la contraôion des mufcles , ne iont rien moins que déclfives ; celle fur laq*ielle on femble faire le plus de fond c'eft la conftridion qu'on peut exciter dans l'aorte par la méthode de Sténon : mais cela n'eft point du tout concluant, & l'on s'en convain- cra fi l'on remarque que les vertèbres , plufieurs nerfs , & la moelle épi- niere même qui font compris dans le ligament de Sténon , éprouvent alors une forte comprefTion. Il cÛ une autre expérience qui prouve encore moins ; c'eft celle dans laquelle on fait fortir le fang des mufcles en y injeûant de l'eau ; les fi- bres motrices font trop dérangées par cette expérien:e pour que l'on puiffe en rien inférer. ^ r ■ jr Il faut donc chercher de meilleures preuves pour établir un fait auflt important; ces preuves pourroient s'acquérir par des ligatures faites aux artères fémorales des animaux & fur-tout de la grenouille. Sténon étoit trop fage pour vouloir déterminer le méchanifme des mufcles, & fur-tout pour affurer que leur mouvement étoit produit par l'abord d'une matière affluente ; il a même été convaincu par les expé- riences que j'ai décrites ci-deffus & que je fis devant lui , que les muf- cles ne recevoicnt aucune matière nouvelle au moment de la contraâion. "Je vais plus loin,& je me crois en droit de foutenir d'après ces mêmes expériences , que les mufcles perdent de leur volume au moment de la contraftion : cela efl manifefte par les expériences où l'on emploie un cœur rempli d'air au lieu de iang , & dans celles oii on emploie un cœur vuide de toute matière. Dans la première de ces expériences on peut remarquer plufieurs phé nomenes qui peuvent fe retrouver dans la contraûion des mufcles. Premièrement , l'air renfermé dans les ventricules du cœur eft con- denfé. Secondement , l'air qui environne la furface externe du cœur elt dilaté. Trolfiémement , les fibres du cœur éprouvent dans ce même temps une forte conftriftion, & leurs interllices font refferres au point que l'air qui peut s'y trouver en eft chaffé ; tous ces phénomènes ont lieu pen- dant la courte durée de la contradion. Quatrièmement , l'air renfermé & condenfé dans le cœur fe raréfie. ACADÉMIQUE. 591 Cinqui(5meniant , l'air qui environne la lurface externe du coeur gft « concienlc on chatfc en partie. Swammerdam. Sixièmement, les fibres du cœur s'étendent & fe dilatent. Histoire oes On m'objeftera peut-ûtre qu'il n'y a point d'air naturellement contenu Insectm. dans le cœur; je réponds que cela cil vrai pour l'ordinaire, mais que cependant j'ai trouvé de l'air dans le cœur de quelques cadavres hu- mains encore chauds; au rerte, fans infiller fur ces cas finguliers je me contente de remarquer qu'en fuhftituant le fang à l'air dans les expé- licnces que j'ai faites fur la contradion du cœur , les mêmes phénomènes s'en fuivent ; le fang contenu dans la c.ivité du cœur eft condcnfé & chafTédans le temps de la contraction du cœur; le fang même des veine» coronaires éprouve les mêmes effets & eft pouffé hors de ces veines , d'oii il arrive que la tubfl.mce du cœur devient alors plus pâle ; tandis que le cœur lé réduit ainfi à un plus petit volume , l'air qui environne in ûirface externe ne peut manquer de fé dilater , & les fibres motrices entrent dans un état de conftridion , comme dans l'expérience fur le cœur loufflé & rempli d'air, que j'ai détaillée plus haut ; à la contr>.£lion du cœur fuppofé dans fon état naturel fuccede fa dilatation qui cfl ac- compagnée des mêmes phénomènes & dans le même ordre que dans le cœur rempli d'air que j'ai mis en expérience. Il réiidte de tout ceci qu'il y a beaucoup plus de chofes à examiner fur la contraûion des mufcles que les phyfiologifks n'ont fait jufqu'ici ; il efl fur-tout important d'obferver le degré de force avec quoi les fi- bres motrices fe retirent en elles-mêmes au moment de leur contrac- tion ; dans quelques animaux j'ai vu ces fibres devenir à lors trois fois plus grofl'cs qu'elles n'etoicnt dans leur état naturel, & les fluides con- tenus dans les valfTeaux qui lé trouvoient entre ces fibres , en étoicnt chafTés avec force ; c'efl la raifon pourquoi dans tout animal fanguin les mufcles font plus pâles dans le temps de la contraftion que dans toute autre temps, comme l'a remarqué Sténon. Cela explique encore la manière dont les mouvements réitérés des mufcles peuvent occafionner dans le corps une chaleur confidérable , puifque le fang étant chaffé avec force des vailleaux des mufcles par leurs fréquentes contraftions, il ne peut fe faire que le mouvement de la maffc entière de ce fluide ne foit accéléré ; cette accélération du fang produite par le mouvement mufculaire n'efl pas même ignoré des phlebotomîfteï qui ont appris de l'expérience à mettre l'étui de leurs lancettes dans les mains des peribnncs qu'ils faigncnt, & à leur Fecommandcr de le faire tourner continuellement avec leurs doigts afin que le fang forte p'.'JS vite de la veine ; ce même eft'et peut encore être produit par la feule imagination qui donne différentes déterminations à nos mufcles , fuivrx.t qu'elle nous préf.ntc des images agréables qui ouvrent & dilatent le cœur, ou des iiiiages trillent qui le ferment & le ferrent. J'ai vu moi-même dans l'Hôpital de Leide un enfant qui avoit aux pieds des ulcères gangreneux, faire fortir de ces plaies quand il vouloit une grande quantité de fang par le (éul mouvement de fes mufcles , &C 4ins retenir foa hakine ; nous voyons aufîl d»ns les animaux, 6i même y^i COLLECTION ■ dans ceux qui n'ont point de poumons , que lorfqu'ils ont quelque pFaîe, SwAMMERDAM. le fang en fort avec bien plus d'impctuoiité quand l'iinimal eft en moiî- HisToiRE DES vement que quand il efl: en repos. Insectes. jg ^g doute pas même que la fenfotion de Inffitude ne dépende de la trop grande quantité de fang qui gonfle les mufcles & les rend incapables de contraûion ; la première fois que je fis cette obfervation ce fut en foufîlant & façonnant du verre à la lampe de l'émailleur; mes mafcles buccinateurs furent tellement diftcndus par l'abondance du fang à force de fouffler, qu'il ne m'ctoit plus pofliblc de les contrarier, & de chaf- fer l'air de ma bouche par le jeu de ces mufcles. Il efl remarquable que les infeftes perdent leur mouvement mufculaire- en hiver , tandis que le froid a preique figé dans leurs vaiffeaux leurs humeurs & leur fang ; leur immobilité efl telle alors que tous leurs mem- bres gardent les fituations qu'on leur donne, pourvu que ce foit fans fe- eoufTes un peu fortes ; enfin , ils ne fe raniment & ne reprennent dir mouvement que par la chaleur de la faifon ou par une chaleur artifi- cielle ; car à peine on les approche du feu , que (on acllon les rappelle ,. pour ainfidire, à la vie, ils commencent à fe mouvoir, à fe rouler, & V même à courir & à voltiger , jufqu'à ce que le froid épaiffi fiant & fi- geant , pour ainfî dire , de nouveau leurs fluides dans leurs vaifieaux , ils retombent dans leur première immobilité ; j'ai remarqué que la fenfîtive efl bien moins fenfible en automne qu'en été. Mais , dira-ton , puifque les nerfs étant irrités , non-feulement les mut- eles qui répondent à ces nerfs ne font point gonflés par un fluide ou par aucune nouvelle matière qui y aborde , mais qu'au contraire ils, poufTent au dehors une partie du fluide contenu dans leurs vaifTeaux , & fe rédulfent à un plus petit volume , quel efl donc l'effet propre &c déterminé de l'irritation naturelle ou artificielle des nerfs à l'égard dut mouvement mufculaire ? La réponfé à cette queflion dépend de la connoifTance exaâe de la flniélure des mulcles ; or, j'avoue que cette connoifTance me manque, & même je crois qu'elle ne peut être acquile que par une très-longue fuite d'obfervations & d'expériences; au défaut de ce moyen qui feroit le plus sûr, il faut avoir recours à celui par lequel on a découvert le méchanifme de la vifion ; cette découverte a été faite fans que l'on connût bien exa£lemen£ la flrufture de l'œil & fimplcment par analogie; or,, l'analogie nous préfente dans le règne végétal des phénomènes qui ont rapport à ceux dont il s'agit ici. Si l'on touche légèrement les filiques de l'herbe impatiente de Do- donée ou féconde Balfamine de Fabius Cokimna , auiTi-tôt deux eu troisD fibrilles herbacées & nerveufés qui les tenoient dans un état d'extenfiori fe cop.traftent , & la graine contenue dans ces filiques efl dardée avec force : fi ces fibrilles ncrveufcs , après s'être ainfi contraûées , pouvoient revenir à leur premier état d'cxtenfioii & de dilatation pour fe contrarier de nouveau, ce feroit un véritable mouvement mufculaire, lequel confifle principalement dans la contraftion, qui ne peut avoir lieu que lorfqu'il y a eu dilatation j mais la vraie fon^ioa des mufcles elt la contraclion , puifqu'oD A t A D É M I Q U E. 59Î puifqu'on retrouve jurques clans les mufcles des cad.nvres des animaux — ^— »ra» une tendance à fc contn'.clcr ; j'ai niûmc obfcrvd un effort de contraftion s^^^jm^rd^m. kr.liblc dans un inufclc que je faifois cuire dans le mûme baume où Histoire des je Tavois gardé quelques années. ' Insectes. Quoiqu'il en ioit de ces analogies il demeure pour conllant , & c'eft im tait d'expérience , que tout mufclc fe contraite ioriquc (on nerf efl irrité ; & comme j'ai prouvé plus haut que le nnifcle contrafté a moins de volume que le muî'cle dilaté , il s'enluiî qu'aucune matière expan- five ne pénètre dans le mul'cle au moment de fa contraftion. Quelle doit donc être l'inconcevable fubtilité de la fiibftance qui produit cette con- trailion mulculaire ? Au refte , il ce paroît pas que cette fubftance agilTe liir les mufcles autrement que le vent ou le bout du doigt , ou même un crin agit fur la filique élaftique de l'herbe impatiente de Dodonée, dé- tend fon reffort , & contrafte les fibrilles herbacées & nerveufes qui conf- tltuent ce reffort. De tout cela je crois pouvoir conclure ce que j'ai déjà avancé plus haut , que lorfqu'un nerf éprouve une irritation continuelle, fon mufcle eft auiTi dans une contraftion continuelle, ou du moins qu'il tend par un effort continuel à fe contracter ; {a) j'indicucrai bientôt une méthode pour obferver cette contraftion habituelle des mufcles. Mais avant de paffer à cet article par où je finirai ma difiertation fur le mouvement mufculaire , il efl à propos d'examiner quel eft l'état des mufcles avant qu'ils aient exercé la taculté qu'ils ont de fe contraûer ; c'efl fur-tout dans les infectes qu'on peut faire cette obfervation, & aufli fur les ébauches des mufcles des grands animaux ; car dans leur origine ces mufcles pour la plupart font refferrés en eux-mêmes, blancs , mem-, braneirx &: d'une fubftance qui paroit n'être d'abord qu'une humeur gé- latineufe. Quant aux infeftes, c'efl ime chofe très-remarquable que lorf- qu'ils font liir le point de te transformer , leurs mufcles font prefque in- vifibles , Se qu'ils fe développent, pour ainfi dire, iubitement; on peur même en dire autant de tous leurs membres &: principalement de leurs jambes &C des mufcles de ces jambes ; car ces parties prennent un tel accroiffement en recevant dans leurs vaifleaux le fang & les humeurs qai s'y portent tout à coup , qu'on les croiroit diftendues par un fluide étranger ou fupertlu ; d'où il arrive qu'avec le temps ces parties grot- fiffent , pour ainii dire, au-del^i de leurs dimcnfions naturelles, &i lont comme des arcs tendus. Tous les phénomènes du mouvement mufculaire font plus faciles ;\ obferver dans les infettes que dans les autres animaux, parce que leurs mufcles confervent leur mouvement long-temps & fouvent pluficurs jours après qu'on leur a coupé la tète. Il arrive encore aux infé£lcs que lorfqu'ils quittent leurs dépouilles ils prennent un accroiffement Uibit &: confidérable ; ce qui arrive auffi , quoi- que dans une moindre proportion, aux animaux qui ont le fang plus chaud; cette promj)te dilatation augmente d'autant la tendance des mufcles à fe retirer par un mouvement contraire, c'efî-à-dire, à le contracter. (j) Voyez le Traité de la refpimcion de l'Auteur. Tom, r. Ffff 594 COLLECTION C'ed encore une obfervation aU'îeà faire, que les mufcles,lorfqu'ilsfemeu- SwAMMïRDAM. vent pour la première fois par la force du fang qui pénètre & dilate leur Histoire des fubltance, deviennent beaucoup plus rouges, & que les vaiffeaux fan- Insectes. guins qui s'y introdulfent Se qui étendent leurs fibres motrices, augmen- tent leur volume. Il fuit de tout cela que toute contraôion mufculaire fuppofc ncceffaire- ment une dilatation antérieure : or, je reconnois trois fortes de dilata- lions : la première a lieu dans les contrarions fpontanées & volontaires des mufcles ; elle eft produite par le fang qui s'introduit dans les mufcles & qui les dilate en partie : la féconde a lieu dans les contraâions pure- ment fpontanées ; elle eft à mon fens produite par le fluide que contien- nent les mufcles, & qui étendant & dilatant les fibres motrices, y attire une plus grande quantité de iang , & met en aftion leur irritabilité : la troifiemc iorte de dilatation, qui a lieu dans les contraftions purement vo- lontaires fcmble dépendre de la détermination des mufcles antagoniftes , lefquels agiffent fur ceux qui leur font réciproquement antagonllles , com- me le fluide intérieur agit fur les mulcles dans les contraftions purement fpontanées. Au refte , je lalffe à d'autres à déterminer quelle part le fluide fubtil qui coule fans cefl'e des nerfs aux mufcles, peut avoir à la contra£llon mufculaire; fi ce fluiv'e pénètre jufqu'aux fibres motrices, & s'il n'ou- vre pas quelques vaiffeaux fanguins lerrés par des nerfs dans Fintérieur ■^ du mufcle ; ou enfin fi fe mêlant au fang il y produit une prompte ébuUi- tion ou efforvefcence , & excite ainfi le premier mouvement qui doit fer- vlrà pouffer ce fluide au dehors ; en forte que cette dilatation efl: immé- diatement fuivie d'une contraclion des fibres motrices. . Je me contente de rapprocher les conféqucnces qui , fi je ne me trom- pe , rélultent nécefTalrement de tout ce qui vient d'être dit. I. Tous les mufcles qui n'ont point encore agi , font naturellement dans un état de contradiion. U. Cette contraclioa efl: vaincue en partie par l'affluence du fang Se des autres liqueut's qui coulent dans les vaiffeaux des mufcles : c'eft-là Ja première caufe de i'expanfion ou dilatation des mufcles , & qui balance leur force de contraftion fans la détruire ; de plus, l'air qui environne la furface extérieure des mufcles , eft d'autant plus condenfé que les muf- cles font plus dilités. III. Les mati.res contenues dans les vifceres , dans les conduits & dans les tubes du corps qui font munis de fibres motrices , font à l'égard des mouvements naturels & fpontanées ime caufe fecondaire très-efficace de l'entière dilatation des mufcles; laquelle dilatation a pour caufe principale dans les mouvements volontaires , la détermination contraire des antago- niftes; les fibres motrices de ces deux efpeces de mufcles font confidérablement dilatées par l'une ou l'autre de ces caufcs , &i font difpolées à recevoir dans leurs vaiffeaux une beaucoup plus grande quantité de fang , d'où réfulte une plus forte dilatation à laqi'.elle fuccede une contraftion proportionnée. IV. Cet effort de contraftion eft fécondé par l'effort de l'air ambient , qui fe trouvant comprimé par la dilatation des mufcles d'une part , Si de ACADÉMIQUE. 59^ l'nutfc par !c poids de rathtnofphere , agit l'iir les nnifclcs par fou refTort _ & favorife la tend.incc naturelle qu'ils ont à fe contraifter. Swammerdam. V. Les nerfs des fibres motrices dans Tétat naturel font continuelle- Histoire de» ment irrités & lollicitcnt continuellement ces fibres à la contraftion , foit '''S'^ctes. par l'etVet du fang que les artcrcs font pafler fans cède à l'origine de la moelle épiniere &dcsner!s, foit par l'aition des objets extérieurs , qui en altérant le mouvement du iang, fe tranfniet jufqu'ù l'origine de la nioi^llc épiniere Ik des nerfs. VI. C'cfl donc une propriété commune des mufcies , tant de- ceux qui fervent aux mouvements fpontanécs , que de ceu\ qui fervent aux mouve- ments volontaires , de revenir par leur propre reffort à l'état de contrac- ftion , qui efl leur état naturel & primitif. VII. Il fuit de-là que dans toutes les contrarions réciproques des muf- cies, leurs fibres diflendues fe rapprochant, fe preJlant muftiellcment, fe réduifant à un moindre volume & revenant à l'état où elles étoiertt avant la dilatation, il fort de la ca\:ité de ces mufcies une partie du fluide \ qui y étoit contenu ; je dis que ces fibres, ou plutôt les mufcies qui font compofés de ces fibres, fe réduifcnt à un moindre volume, & cela efl vrai , quoique l'on y apperçoive quelques renflements au temns de la contradKon ; ces renflements étant produits par le rapprochement même des fibres motrices , en forte qu'ils doivent être regardés comme une véri- table détumefcencc du mufcle, quoique les auteurs en aient jufqu'ici attribué la caufe à une efpcce de gonflement. Viîf. Je conclus enfin de ce qui précède, que toute action mufculaire' confille dans la cnntraftion, c'elî-iVdire , dans l'effort que fait le mufcle' pour revenir ,\ l'état où il fe trouvoit avant la dilatation ; en forte que lorfqii'il eit dilaté de nouveau, foit p.-r rintrodudlion d'un iluide , foit par la détermination contraire des mufcies antagonifles , ou par quelque caufe que ce foit , il revient par fon propre re:Tort à l'état de contrac- tion ; & cela ell vrai de tous les mufcies, tant de ceux qui fervent aux mouvements fpontanées , que de ceux qui fervent aux mouvements volon- taires ; car dans les mouvements volontaires le concours de la volontâ ert requis , mais ne luffit pas ; il faut toujours une caufe foit interne, luit externe, qui détermine en fens contraire l'etïort ou la contradfion des antagonifles ; & comme tous les mufcies font dans un perpétuel eifort de contradlion , il s'enfuit qu'il ne faut qu'un irè«-pet!t degré de force pour leur donner telle ou telle détermination , & produire tei ou tel mouvement foit volontaire , foit fpontanée. A l'égard des mouvements fponfanées , cela eft évident, foit dans la pu- pille de l'reil , dont le fphincler fe dilate ou fe reflerrefiiivant que la quantité des rayons de lumière que l'œil reçoit, cfl plus oir moins grande ; foit dans les intellins dont les fibres motrices fe dilatent ou fe contraftent félon le volume plus ou moins grand de matières contenues dans la cavité intefîinale ; ce q^iii ell 1.1 véritable caufe du mouvement périflaltique, de ce mouvement ondoyant A: vemiiculaire qu'on rem^rqu? dans les inteflins. A l'égard des mouvements que l'c":! appelle volontaires, il arrive fou-^ vent qu'ils font produits par une contraftion naturelle & fpontanée; cohv" F f f f » îfWAMMERDAM. ^96 COLLECTION bien de fois remuons-nous les bras Se les jambes foit pour marcher ,' , foit pour nous tenir de bout, foit pour geliiculer, fans aucun afte de la Histoire des volonté? combien de fois ne fommes-nous pas déterminés à ces mouve- l.NsrcTfs. nients par imitation, & en général par l'impreflion des objets extérieurs? fi nous nous promenons avec un autre qui liiiue une perfonne en partant, nous la faluons auffi fans nous en appercevoir dans le moment , fans nous en fouvenir enfuite, uniquement & immédiatement déterminés par l'aftion de celui avec lequel nous nous promenons , ou par la prélence de cette perfonne que nous (aluons : d'oii l'on peut, à mon fcns, conclure que de même que notre mémoire ell: locale & confille dans ime chaîne de fouvenirs qui naiffent les uns des autres , Si fe repréientent lucceffive^ ment dans leur ordre ; ainfi les contrarions de nos mufcles font naturel- les &i fpontanccs ; & qu'un premier mouvement ayant été excité en eux par une caufe quelconque , 11 eft fuivi naiurcllement d'un fécond , ce le- Cond d'un troificme, & ainfi à l'infini. Par cette raifon , lorlque nous fommes trop près du feu , nous nous retirons , & pour nous retirer nous exécutons divers mouvements aiif- quels notre volonté n'a fouvent aucune part ; il femble donc que les feuls rnouvements qu'on dût appeller volontaires font ceux qui font produits par un aûe exprès & immédiat de la volonté déterminée par les objets ; car li nous fommes expofes à une lumière trop vive, nous fermons les yeux, nous détournons la tête, & nous faifons divers autres mouvements, lui- vant que nous y fommes déterminés par les objets. Il efl: donc certain que les mukles même à l'aide defquels nous exé- cutons les mouvements volontaires, fe meuvent naturellement; qu'il ne faut qu'une caufe ou qu'un objet foit externe , loit interne , pour les dé- terminer , & que jamais nous n'exécutons de mouvement volontaire qu'enfultc del'aâiou de cette caufe déterminante, quelle qu'elle foit , fût-ce une penfée qui s'élevât en nous indépendamment des objets extérieurs , ou qui fût excitée par ces objets : un fonge , un phantôme nofturne ne fuifit-il pas pour agiter certaines perfonnes , les faire fe jeter hors de leur lit & courir en pouffant des cris ? ces mouvements divers ne font produits que par la détermination des mufcles qui fe balancent par des efforts con- traires , & comme nous l'avons dit , cette détermination ne fuppofc qu'un très-petit degré de force. La même chofe a lieu à l'égard des mouvements naturels ou fponta- nées, quoique nous ne puiffîons les déterminer que très-rarement & dans certaines circonffances; j'ai remarqué plus haut combien la volonté étoit jmpuiffante à déterminer le mouvement des mufcles qui n'ont point d'an- tagoniffes ; en effet , fi la nature ne nous eût point donné ces mufcles an- tagoniftes, nous ferions dans une immobilité forcée comme les plantes. La principale coniéqucnce qu'on doit tirer de tout ce que j'ai dit, c'efl: que le phénomène de la contradion mufculaire eff extrêmement com- pliqué ; qu'il faudroit connoître tous les refforts de la machine himiaine, &c même la nature des éléments dont nous fommes environnés, avant de pou- voir expliquer parfaitement l'aâicn d'un feul mufcle ; cette aâion étant compliquée de celle de rathmof])herc , des aliments , du fang , du cérveSu , de la moelle épiniere, des nerfs &: de cette matière très - fubtile qui fe ACADÉMIQUE. ^97 porte fi rapidement aux filjres motrices ; il faut bien connoître ton- ^ tes ces chofes avant de pouvoir découvrir pleinement la nature du Svammerdam mouvement mufculaire, découverte par conféquent qui ne peut fe faire Histoire ubs qu'avec beaucoup de temps , de génie 6i d'efforts ; pour moi j'avoue Insectes. que je ne crois pas y avoir beaucoup contribué par mes travaux , quoi- que mes travaux aient été confiderables ; je n'ai écrit que la vérité, & cela fe reconnoîtra mieux à mefure que les connoirt'anccs s'étendront &: fe pertedionneront ; mais avec tout cela je fais apprécier mon ouvrage &: je ne crois pas avoir plus fait que fi j'eufle voulu peindre le foleil dans tout fon éclat avec un charbon. COMPARAISO N DES D E VE LO F F E M E NT S de l'œillet avec les dévelcppemems ou transformations des nymphes des infectes. LA Figure VIL ( PI. XXXII. ) repréfente l'œillet des jardins dans fj graine , c'eft-à-dire , (bus une première enveloppe qu'il doit bientôt quitter. La Fig. \IU. ( PI. XXXIL ) repréfente la même graine dépouillée de fon enveloppe , cts deux figures iont groffies. Fig. I. ( PI. XXXill. ) le nouveau germe de l'œillet. Fig. IL (PI. XXXIII.) ce nouveau germe qui a commencé à fe déve- loppar tk à produire quelques teuilles. Fig. m. ( PI. XXXIIL ) ce même germe fous la forme de bouton, &i que je regarde alors comme dans l'état de nymphe. Fig. IV. (PI. XXXIIL) l'œillet même forti de fon bouton, &: laiffant voir la femence par laquelle il peut fe produire. Les détails oit nous allons entrer fur le développement comparé des plantes & des infeftes, demandent qu'on fe rappelle ce que nous avons dit en général iur ce fujet pag. 13. La graine de l'œillet revêtue de fon enveloppe eft rcpréfentée grolTie (PI. XXXIL Fig. VIL) cette graine a en fon milieu un tubercule blanc, par où elle a tiré fa nourriture tant qu'elle a été dans fon enveloppe, & de la même manière que les œufs d'un infefte tirent leur nourriture dans l'ovaire; e;i forte que l'on peut regarder ce tubercule qui le retrouve dans toutes les autres graines , comme un vertige du cordon umbilical qui a été retranché par une ligature, &c qui s'eft cicatrifé ; la graine de l'œillet eft chagrinée , & femée de petits points noirs. Cette graine quitte , ainfi que je l'ai dit plus haut , fa dépouille , comme font les inl'edes , &z fé développe fous la tbrme du cerme repréfente ( PI. XXXIIL Fig. I. ) Cette même graine eft repréfentée groftic, ( PI. XXXIL Fig. VIII. ) pour en donner une idée plus claire &: faire diftingucr plus aifément une petite pointe qui termine l'une de fes extrémités , & deux lobes diftincls qui compolent le corps de la graine : lofqu'on a jeté cette graine en terre fa pointe fe dirige en bas , & pouffe des racines ; ( PI. XXXIIL Fig. I. ) le 59-5 COLLECTION relie d'.i corps c!c h graine s'ouvrant c'c plus en plus , fe àéharraffo de fort SwAr.iMERDAA!. enveloppe & déploie les deux premières tcuill^s. Histoire des Ce germe tendre où l'on ne voit encore que deux feuilles avec la ra- NSECTEs. gine Si les fibrilles, peut être comparé à l'inledle récemment (orti de fa pre- mière tunique ou de fon oeuf. Lorfque ce germe a pris un peu plus d'accroiffement ( Fig. II. ) il poulTe tout autour de fa tige des feuilles qu'on peut très-bien coinnarer aux touffes de poils qui pouffent fur le corps des chenilles. Ce même germe croiffant de plus en plus, forme enfin un calice ou bouton (Pl.XXXlII. Fig. III.) tout-à-fait analogue aux nymphes & aux chrylalides ; car ce calice renferme toutes les parties de l'œillet repliées & refferrées en- tr'elles comme les membres de l'infeiRe le font fous la peau de la nymphe ; il y a feulement cette différence, que le calice qui renferme toutes les parties de i'œillet , ell une enveloppe uniforme & continue ; au lieu que la peau de nymphes & des chrylalides s'ajulle aux membres de l'infefle & les revêt chacun féparément lans former une croûte ou coque uni- forme , excepté dans les efpeces d'infefles qui conftituent le quatrième or- dre de ma méthode, lefquels ne quittent point leur dernière peau. Enfin, l'œillet oifvre fon calice & s'épanouit (PI. XXXIll. Fig. IV.) comme le papillon déploie fcs ailes & tous les membres en quittant fa dépouille de nymphe ou de chryfalide ; & de même encore que les in- fectes, l'œillet épanoui acquiert bien tôt là pleine maturité & produit une femence féconde. . Il cù. vrai que l'œillet n; fe reproduit point par la voie de l'accouple- ment , mais nous voyons auffî des infeftes qui fe reproduifcnt (ans s'ac- coupler , com.me l'éphémère , quoique la diilintiion des fexes ait lieu dans cette efpece ; parmi les animaux qui ont du làng , les poiffons fe per- pétuent auffi lans accouplement. (V Voyti la PL XXX. fontxp\ • (, jon explication. L'œillet arrivé au dernier terme de fon accroiffement eft capa- ble de perpétuer fon efpece. Voyelles PI. XXXIÎ. & XXXIII. avtc leur explication. Tom. y. II. ACADÉMIQUE. 599 TABLE DES CHANGEMENTS OU DÉVELOPPEMENTS SUCCESSIFS DES (EUES, DES FERS , DES NYMPHES ET DES INSECTES, comparée aux changements G- aux développements fucceffîfs qni fe remarquent dans les végétaux , G- même dans la grenouille. PREMIER ORDRE. Le pou dans l'état de lente eu renfermé dans SECOND ORDRE. TROISIEME ORDRE. PREMIER GEARE. TROISIEME ORDRE. SECO.\D GENRE. Le ver de la demoi- Le ver de la fourmi La chenille dans fon fellc dans fon premier dans fon premier état eft premier état eil renfer- mée dans l'oeuf. la première enveloppe, état eft renfermé dans renfermé dans l'oeuf, l'œuf. Le pou fort de cette enveloppe. Ce ver fort de fon œuf. Ce ver fort de fon œuf. Cette chenille '<->-H^Jii iit-j^i+a '*»*• iv:i-i-f-}-a ù':''.-+*;-+*<'»-H»';ii }^x insecte*. ÉPILOGUE. jtIE terminerai cet ouvrage par des remarques fur la manière * j * j dont tous les infeftcs paffcnt l'hiver : j'ajouterai cnfuite qucl- *• J * I oues réflexions lur la bonne méthode d'étudier les fciences fi . I *■ J I {| ques réflexions lur la bonne méthode d'étudier les fciences jj x#***«s il naturelles. ^ "^ Les infeftes peuvent pafTer l'hiver dans quatre états diffé- rents ; lorfqu'ils ont leur forme parfaite , ils tâchent de le cacher dès l'au- tomne dans une petite loge, oii ils relient fans aucun mouvement pen- dant la faifon fuivante : û on les tire de leur trou , ils n'ont pas la force de fe foutenir, à moins qu'on ne leî réchauffe de quelque manière que ce foit ; dans ce cas ils fe raniment , (e mettent en mouvement & volti- gent même jufqu'à ce que le froid les furprenne , ou jufqii'à ce qu'ils trouvent un nouveau trou où ils puiflcnt d retirer : au refie, cette i;«- mobilité n'efl pas commune à tout les infeftes ; les abeilles , par exem- ple, font exceptées; elles s'occupent pendant l'hiver à ouvrir & fermer leurs ;d/éolcs , & fur-tout à foigner leur couvain ; car on trouve de jeu- nes abeilles dans les ruches , dès le commencement du printemps , & c'ell un proverbe parmi les gens qui élèvent ces fortes d'inleftes, que les jeunes abeilles de les hirondelles paroiffent en même temps. Je remarque à cette occafion que les hirondelles fe nourriflent d'abeil- les & d'autres infeftes qu'elles failîflent en volant ; & que par cette raifon lorfque dans un temps de pluie, elles ne trouvent aucun infefle dans les airs , elles volent plus bas en rafant la terre pour y chercher leur proie ; je croirois même qu'elles ne changent de climats , que pour fe trouver toujours dans celui où une température modérée favorife la multiplica- tion des infeftes, & par conféquent leur offre une nourriture abondante & facile : cette explication me paroît plus naturelle que celle qui fup- pofe dans ces petits oifeaux le preffentimcnt du beau & du mauvais temps, & la connoifTance de l'ordre des faifons. En fécond lieu , il y a des infedes qui paffent la faifon des frlmats fous la forme de vers , non-feulement fur la terre ou fous terre , ou dans un trou d'arbre, ou dans un nid formé de feifilles entrelacées, ou dans l'intérieur des fruits & des excrefcences végétales , mais encore dans l'eau, & fouvent fous la glace. Je remarquerai à ce propos que la plupart de ces infefles font plus forts lorfqu'ils font dans l'état de vers, que lorfqujils ont r.cquis avec leur for- me parfaite, la faculté de fe reproduire. Le ver aquatique d'où naît l'é- phcmere , vit phifieurs jours , quoique percé d'un épingle ; & lorfqu'a- 6oi COLLECTION SwAMMERDAM. près fcs changcmcnts de forme il eft parvenu à l'état de mouche, la tlu- HisToiRE DES rée de fa vie naturelle n'eft que de quatre heures : au refte, ces vers Insectes. aquatiques fi vivaces meurent très-promptcmcnt s'ils ne le trouvent pas à portée de fe creufer des trous qui leur conviennent ; il en cil de même des vers des noifettes ; car fi l'on ne les met pr.s dans du fable humide , où ils puiffent ie creufer de petites loges , non-iéulement ils meurent promptement , mais ils fe defl'echent & fe durciffent tellement dans l'ef- pace d'une feule nuit , qvi'ils deviennent parfaitement friables ; la même chofe a encore lieu à l'égard des infedes qui fe trouvent dans les tuber- cules des feuilles de faule ; quoiqu'ils n'aient pour le garantir du froid , qu'une efpece de toile qu'ils lavent fe filer. En troineme lieu, il y a des infedes qui paffent l'hiver fous la forme de nvmphes , & qui le paffent, (bit à la furface, foit dans l'intérieur de la terre , & quelquefois même fous l'eau, (ans rien manger pendant toute cette falfon ; Se cela eft vrai non-feulement des nymphes , qui à caufe de la foibleffe de leurs membres , & de la quantité des humeurs furabondantes dont ils font gonflés, font hors d'état de prendre de la nourriture, mais encore de la plupart des infectes parfaits, qui, comme je l'ai dit plus haut, paffent auffi l'hiver fans manger, fans rendre d'excréments & fans le mou- voir en aucune manière : c'ell le froid qui les engourdit en épaififfant leurs humeurs & retardant le mouvement de ces mêmes humeurs; car pour peu qu'on tes réchauffe, on leur rend le fentiment &c le w.ouvement : or , il eft aifé de concevoir que comme ils ne perdent rien pendant l'hiver, ils n'ont rien à réparer. Quatrièmement, enfin il y a des inleftes qui paft'ent l'hiver dans l'œuf oîi ils font à-peu-près dans l'état de nymphe, comme je l'ai dé a remar- qué plulieurs fois. Ces obfervations fur la manière dont les infectes paffent l'hiver , peu- vent conduire à la découverte de la manière dont ces mêmes inieftes dé- pofent au printemps leurs œufs dans les germes &c les feuilles encore tendres des plantes ; je n'ai pu jufqu'ici les furprendre dans cette opéra- tion , mais je ne défefpere pas d'en venir à bout. Comme les defcriptions & même les figures ne peuvent donner une idée complette de la forme & de l'organifation des infeftes , j'ai pris le parti d'en rafl'embler le plus grand nombre qu'il m'a été poffible , & ju!^ qu'à plus de douze cents avec leurs nymphes, ou leurs chryfalides , on leurs nymphes- vermiformes , & je les conferve defféchés &C embaumés. Au refie, il s'en faut beaucoup que j'aie obférvé en particulier tous ces infeôes & leurs transformations ; je ne crois pas même qu'il foit poffible de connoître l'organifation & l'hiftoire de toutes les efpeces d'infedes ; à peine pourra-t-on parvenir après plufieurs fiecles d'obfervationsluivies, à en connoître tous les genres : cependant , quoique je n'aie pas tout obfervé , je ne crois pas qu'on pût me citer un feul in(e£le qui échappe î ma méthode, & qui ne puiffe être rapporté à l'un de mes quatre or- dres ; mais je n'attends que du temps la confirmation de mes découver- tes, & j'invite les philofbphes à n'y ajouter foi , qu'autant qu'elles fé- onî vérifiées par de nouvelles obfervations , & à ne fc point laffer d'ob- ferver ACADÉMIQUE. 60? fcrver ; car les premières caufcs ctanr inaccclfiblcs à la philofophie , fon •^^^^^'^•^ partage cû d'obiervcr exndlcmcnt les phénomènes qui lont produits par Swammerdam. CCS caiifts , &: qui deviennent eux-mêmes des caufes relativement aux Histoire des phénomènes lubléqucnts : après quoi il ne lui rcile plus qu'à tirer des^*"*^*^"*' conléquences & des vues de ces phénomènes bien connus , & qu'à en frt'ire d'heurcu'.'es applications. Il faiit fur-tout fe bien perfuader qu'on nff< peut étudier la nature que dans la nature même , & que fouvent fauteZ (!e l'avoir confultée , on tombe avec beaucoup d'érudition & même par ^ érudition , dans des erreurs, qu'une obfervation facile auroit prévenue ; ,' Goedaert en efl un exemple : ce naturalifle s'étant perfuadé avant toute obfervation, que les chenilles qui n'avoient pas afléz mangé avant de fe transformer , fe changeoient en des infeftes mutilés Si difformes , cette faufl'e prévention a non-feulement jeté des reflets équivoques fur toutes les expériences qu'il a faites depuis , mais l'a même empêché de bien voir les phénomènes qui fe préfentoient à lui. Je pourrois citer une infinité d'autres écrivains qui ont parlé des transformations des infefles, fans les avoir jamais examinées ; &i de-là le? mauvais raifonnements fans nombre qui ont obfcurci cette matière ; car dans les fciences naturelles? il n'y a de bons railbnnenients que ceux qui font appuyés fur des ob- fc'rvations bien fiiites, & qui conduilént à de nouvelles obfcrvations qui confirment &: qui éclairciffent les premières ; il faut d'abord inflruire les fens par un nombre h'.ftifant de taits bien vus ; la raifon doit cnfuite réduire ces faits particuliers à des réfultats plus ou moins généraux , & en former des idées qui feront vraies & complettes lorlqu'elles pour-^^ ront être réalifées par l'expérience ; car je n'appelle idées vraies & com- plettes , que celles que l'on peut réallfcr ainfi ; & dans ce fens , ce que nous pouvons cû. la mcfure de ce que nous (avons ; on en conch'.ra que notre fcience ei\ très-bornée, mais celte vérité humiliante eft préférable ■à toutes les illufions de la vanité. Pour mieux faire entendre le prii.cipc que je viens d'établir , faifons- en l'application à la médecine. Si les médecins avoient des idées vraies & complettes de la ftrufture organique du corps humain , des liqueurs qui circulent dans fes vaiffeaux, & du mouvement de toutes fes parties, il me fenib'e qu'ils pourroient corriger radicalement les vices qui altèrent ■la conftiiution , & même le recompofer s'il ctoit décompofé ; car leurs idées étant vraies & complettes dans toute la force du mot, ils pour- rirent toujours produire lur le corps humain, ou fur la matière dont il cil formé, les effets rcpréf^ntés par ces idées, &: réalifer ces idées par l'expérience; l'expérience que les hommes de tous les temps &c de tous les Pays s'accordent à regarder comm^^ la ])/crre de touche du raifonnenient ; expérience qui feule peut nous procurer des idées vraies , & les éproii. ver, former notre raifon, & la guider lors même qu'elle vient à lui man- quer, en lui donnant le fil de l'analogie fi nécefliiire pour atreindre par conteftureàce qui cil hors de la fpherc de l'obfervation ; l'expérience en- fin, qui elle-même a fes bornes, puifque la petiteffe ou l'eloignement d\in grand nombre d'objets , la foibkffe de nos fens , & une infinité d'obllades , fait en nous, foit hors de nous, empêchant que nous ne To.Ti. y. G "c 6o4 COLLECTION «™^*'— — ^ nous élevions jiifqii'à la découverte des caufes, & même jufqu'aux idées, SwAMMERDAM. complettes d'un grand nombre d'eifcts , rellerrent dans les mêmes li- HisToiRE DES mites, & notre pouvoir, & nos connoiflances. Insectïs. DE LA GROSSE SCOLOPENDRE de mer. (^a J LA grofle fcolopcndre de mer, que Rondelet a décrite d'après là pro- pre oblervation & d'après Elien, fe trouve dans la mer d'Allemagne; les vagues jettent quelquefois de ces animaux fur le rivage pendant l'été ; jlen ai un qui a été trouvé de cette manière , & je le conferve dans fon état de gonflement , l'ayant rempli d'étoupes après l'avoir ouvert par le dos , que je recoufis enfuite ; fa peau reflémble maintenant à une peay paflee ; j'avois demandé de ces fcolopendres l'été dernier, à des pêcheurs qui affuroient qu'ils en prenoient fouvent de vivantes dans leurs filets ; cependant je n'ai pu m'en procurer , & je fuis réduit à les décrire & à les repréfenter /d'après l'obfervation aflez fuperficielle que j'c;i ai faite au- trefois ; mais ce que j'en dirai ne laiffera pas de répandre quelque lu- mière fur ce qu'Elien &C Rondelet ont écrit au fujet du même animal , & principalement fur fon état de gonflement. Cet animal que je repréfente renverlé fur le dos (PI. XXXIU. Fig. V.) eft de forme ovale ; car fon corps eft plus large au milieu qu'aux extrê^ mités ; il va en s'étréciffant un peu du côté de la tête , & plus encore du côté de la queue qui fe termine en pointe : tout l'abdomen eft fjl- lonné par des nigofîtés , & couvert de poils fins & foyeux : chaque côté du corps cù. bordé de vingt-huit particules faillantes ou appendices, terminées chacune par une aigrette de poils roides a a a. Olivier Jacobasus qui dans le temps de fon féjour en Hollande me fit préfent d'une groffe fcolopendre de mer, regardoit ces appendices comme les pieds de l'ani- mal ; mais je ne vois pas qu'elles puiffent être les organes du mouve- ment progreflif, fi ce n'eft dans l'eau en faifant les fonftions de nagcoi" res. Outre ces vingt-huit appendices latérales , la groffe fcolopendre a quelques tubercules plus petits & plus pointus, mais conftruits de la mê- me manière. Ayant détaché du corps quelques-unes de ces appendices l> (PI. XXXIII. Fig. VI.) & les ayant difféquées , je comptai dans l'aigrette qui les ter- mine , feize poils dlflribués en trois paquets ; chacun de ces paquets avoit fon ligament propre c (PI. XXXIII. Fig. VIL ) indépendamment du liga- ment commun qui les réunifl'oit tous trois ; le premier paquet ti étoit compofé de deux brins plus longs que tous les autres , & médiocrement fermes : le fécond paquet e étoit de fix brins , & le troifieme / en avoit (a) Phyfdus : on l'appelle en Normandie , taupe di 7t(er. ACADÉMIQUE. 60^ iliiit, dont la ftruftiirc , la confilîance & les dimcnfions n'étoient pas les *»— — ■^— ftiêmes : toutes ces aigrettes ctoient d'im noir liiftrc; j'en ai vu de cou- Swammerdam. heur d'or dans d'autres Icolopendres de même cipccc , & les aigrettes de Histoire des celles qu'a obfervées Jacobœus , étoient de cette dernière couleur ; Ron- Insectm. delet en a vu de vertes. La (colopendre , hériffée de ces aigrettes , a quel- que reffemblance avec un porcépi ; les ayant obfervées au microlcope , quelques-uns de leurs poils m'ont paru applatis & pointus, d'autres qui étoient ronds , m'ont paru avoir un léger renflement près de leur extrè- Jnité qui fe terminoit en une pointe obtufe. Sous les appendices latérales que je viens de décrire , on voyoit de chaque côté du corps un grand nombre de tubercules k (Fi^. VIII.) d'où riaiffoient comme d'autant de centres d'autres touffes de poils fins , lanu- gineux & de couleur d'or ; ces touffes font reprcfentées d'un côté du Corps m (Fig. V.) & pour les faire mieux voir, on a retranché les ai- grettes des appendices latérales du même côté , d'autant plus que les poi^s de ces touffes & de ces aigrettes s'entremêloient les uns dans les autres, ee qui fe voyoit principalement dans la région fupérieure &C fur les flancs. La bouche / s'appercevoit vers l'extrémité antérieure qui fe terminoit par une appendice analogue aux barbes de certains poiffons. Le dos (Fig. IX.) étoit plus convexe que le ventre; il étoit tout couvert de tubercules plus petits que les appendices latérales , & ces tu- bercules étoient hériffés de poils de différente nature ; les uns étoient roi- des, & les autres lanugineux. Ayant ouvert la peau du dos, je reconnus qu'elle étoit fort ample & fans aucune adhérence avec les parties qu'elle recouvroit : de chaque côté du corps je vis un grand nombre de petits trous aaaaaafF'w.X.) qui s'ouvroient en dehors entre les appendices latérales , & qui donnoient à l'eau un paffage facile & en tout lens, lorlque l'animal dilatoit & con- traftoit alternativement la peau de fon dos pour humeder les ouies. Ces ouies l>l>bl> reffembloient affez aux écailles du ventre des ferpents; elles étoient d'une figure plane, d'une texture menibraneufe & pofées en recouvrement les unes fur les autres & de manière que les fupcrieurcs gliffoient librement fur celles qu'elles recouvroient , fans cependant pouvoir les découvrir toutes entières. Il eft ailé maintenant de comprendre comment cette fcolopendre pei't s'enfler Si fe défenfler alternativement : pour cela il f iffir qu'elle puiffe dilater la peau de fon dos lorfqu'elle fe trouve à iec fur le rivage • car alors la cavité occafionnce par cette dilatation fe remplira néceffaWment d'air, & l'animal devenu plus léger, furnagera lorliqu'il retournera à l'eau- mais s'il vient à contrafter cette même peau qui recouvre la partie fupé- rieure de fon corps, l'air en fera chalîé , & la peau qui étoit diftendue par l'air s'affaiflera. Si la fcolopendre eil plu: diaphane dans fon état de gonflement, c'efl que non -feulement l'air qui diftend alors la peau elî diaphane par lui - même , mais encore parce que les rayons de lumière trouvent un paffage plus facile à travers les porcs de cène peau dif- tendue. La bouche cfl d'une forme pyramidale, & d'une flruaiire très.compK- 6o6 COL L^'E-C T I O N ■ ■■iiimiMiiM^w quce ; fa ftiobilité cft la même que dans le limaçon : on voyoit trcs- SvAMMERDAM. dilHniacment le cœur & les vailleaux (anguins : au milieu du corps pa- HiSToiRE DES ro'flo't •■'" conduit, dont la partie antérieure fembloit faire les tonftions Insectes. d'eilomac , & la partie portérieure celles d'inteftins ; ce conduit étoit di- vifé en un grand nombre de ramifications qui communiquoienî enlenible par plufieurs anafiomoles c ; ( PI. XXXIII. Fig. XI. ) des excréments de couleur terreufe & divifés en plufieurs molécules en rempliiToient la cavité. Les parties , tant internes qu'externes de cet animal aquatique , prefen- tent beaucoup d'autres fmgularités, mais comme les individus que j'ai obl'ervés avoient été trouvés morts fur les côtes, & peut-être après avoir été long-temps le jouet des vagues , je ne fuis pas en état d'en dire da- vantage , ni de juger fi cet animal eu venimeux , comme Rondelet pré- tend qu'il l'ell à Tegard des chiens ; je n'ofe même déterminer précifé- raent à quelle efpeee il doit être rapporté, (â) fi ce n'el^ à celles des ourfins. Rondelet en fait une chenille marine , mais je ne vois pas fur quel fondement. DÉCOUVERTE DE LA GRAINE DE FOUGERE, {h) LA Fougère mâle de Dodonée eft une plante trop connue pour que j'entreprenne de la décrire; la Fig. XII. ( PL XXXIII. ) en repréfente une branche a a ; on voit fur le dos de Tes feuilles des tubercules b h , qu'on a pris jufqu'à prélent pour de petits amas de pouffiere fubtile, &î qui cependant font des parties d'une flruûure très-recherchée , & d'un ufage fort important. Chacun de ces tubercules efl: compofé de plufieurs petites feuilles quj renferment entre elles les filiques ou les véritables foUécules de la graine de fougère : comme je ne fais cette obfervation que fur une branche fe- che , je ne puis déterminer le nombre de petites feuilles dont chaque tu- bercule eft compofé : dans cet état ces petites feuilles paroiffent fans or- dre, & font recoquillées comme l'efpece d'agaric, connue fous le norr» d'oreille de judas : elles renferment la graine , ou plutôt fes ûliques , de (..) Remarquez que le nom de greffe fcolopendre de mer qui détermine l'efpece dç cet animal , ne lui a point éta donné par Swammerdam , mais par l'Editeur ou plutôt par M. Bernard de JiifTieu, que l'Editeur a conlulté fur ce point comme fur quelques autres de même genre, & dont il a toujours reçu des décifions fatisfaifantes à toits égards. (i) On a fondu dans cet article tout ce qui fe trouve fur la même matière pagg. 8î6. & 8î7. de l'oriojnal ; on n'en a retranché que les répétitions. Swammerdam s'at- tribue la première découverte de la graine de fougère ; Tournefort ne le cite point, mais il cite Cefalpin , qui dès l'an 1583. regardoit la pouffiere qui fe trouve fur le dos des feuilles de fougère comme leur véritable femence ; Cefalpin fe fondoit fur ce que des terres où on avoit jeté quelques plantes de fougère , avoient produit des plan^ tes de même efpeee. ' ' ;: i ACADÉMIQUE. 607 dû me à-peu-prcs que le calice de la fleur tki moly renferme cette fleur ■"— ■ avant de s'ouvrir; car alors chacune de ces fleurs ie préfente fous la tbr- Sv/ammsudam. me d'un globule attaché à l'extrémité d'un pédicule ; les filiqucs de la grai- Histoire dîs ne de fougère ont aulFi la même forme ; la Figure XIII. (PI. XXXIII.) Insectes. reprélentc ces filiqucs fur leur pédicule ccc ; quelquefois les pédicules ne forment qu'un fcul tro.^c, queiquet'ois ils fe divilcnt près de l'en droit où ils naiflcnt de la feuille de la fougère, en deux branches J, charr.écs chacune d'une fihquc. Ce pédicule entoure la fdique fous la forme d'un cordon herbacé, en partie cannelé, en partie à grains de chapelet eee, lequel divife la h- lique en deux fegments hémifphcriques //, dont la convexité déborde de part & d'autre, & qui peuvent être féparés par ua eflbrt médiocre à l'endroit de leur commifiure : ce cordon ou pédicule tire fon orij^ine de la feuille de la plante ; vers le tiers de la longueur il ell attaché au (£<'- ment inférieur de la fdique, ii. par fon extrémité au fegment fupérieur; lorfque la graine eft mure, le cordon ell d'une couleur de marron lavée à l'endroit où il efl cannelé, & d'une couleur femblable, mais plus fon- cée , dans la partie qui a des inégalités oblongues en forme de grains de chapelet : on compte douze de ces inégalités fur chaque cordon, & il s'en trouve quelquefois de plus petites "fur la filique même. La filiqi-.e g eft membraneufe & très-déliée : elle eft toujours de la même couleur que la graine qu'elle renferme ; la commiffure de fes deu:^ fegments la partage par le milieu en deux parties égales ; lorfque la grai- ne eft parvenue à ù pleine maturité, elle change de couleur ainfi que la fdique, & d'un blanc éclatant, elles paflent l'une & l'autre à une teinte ibmbre & noirâtre. Dans ce même temps, c'eft-à-dire, au temps de la maturité, le cordoi? raccourci ])ar la fécherefle (0// par qm/qu'autre cauji) fe redrelle par fon propre reflbrt & s'étend en ligne droite k/t;en fe redreffant il fépare l:i filique en deux godets hémifphériques iiii qui demeurent adhérents au cordon , l'un à (a bafe , l'autre à fon extrémité , &: la graine chaflée par cet effort fe répand fur la terre , ou bien eft portée pur les vents fur les lieux les plus élevés, où elle pouflTe bientôt pour peu qu'il s'y trouve de terre; l'intérieur de chaque godet eft divifé par des cloifons déliées en plufteurs loges , dans lefquelles la graine étoit auparavant & avec lefquel- les elle n'avoit plus aucune adhérence depiiis fa maturité. Ces obfervations peuvent fe faire fur la fin de l'été ; car comme il faut fe fervir du microfcopc , & regarder ces petits objets de très-près , l'haleine de l'obfervateur & la chaleur de fon corps mettent en jeu les cordons élaftiques , & je les ai fouvent mi agir & darder leur graine en pareille circonftance. (a) (j) M. Needliam a oblervc dans chaque petit atome de la poullisre tecond.inte des vCj^rnux une aâion analogue à celle des pompes fcminales du calemar ; il ne faut qu'hu- meiîier avec un peu d'eau cette pouùiere fraichenient amiiiée & bien mure, on roit les grains de cette poufTiere dardej chacun un jet de petit globules renfermés dans un fac membraneux , lequel a un mouvement onduleux pendant l'atlion qui ne dure pas plus de deux Secondes ; les poudieres des diverfes efpeces de plantes font fujettes 4 6o» COLLECTION ^■M— — ■ La filique ed comme un point à peine vifible à l'œil nud ; cependant' SwAMMERDAM. j '^i compté dans une ieiile quarante & une petites graines, indcpendam- HisToiRî DES ment de celles qui s'étoient perdues par l'aûion du cordon élaftique ; Insectes. il feroit difficile d'appercevoir dans des femences d'une telle petitcffe , toutes les parties de la plante flitiire , comme on les voit dans d'autres graines. ''' La Figure XIV. (PI. XXXIII. ) repréfente quelques graines de fougère A: feches , grofTies au raicrofcope : leur iiirface e(l irrégitliere , anguleufe , inégale, & comme rétlculaire : on n'y peut prefque rien voir en regar- dant le jour au travers , à caufe de leur couleur noirâtre ; c'eft ce que j'ai- reconnu , ayant tenté d'en obferver ainfi quelques-imes que j'avois col- lées à un cheveu, lequel paroiffoit un gros arbre comparé avec ces petites' graines. Je ne puis déterminer précifément le nombre des filiques contenues dans chaque tubercule , mais j'eftime qu'il ne s'y en trouve guère moins de foixante , & dans ce cas chaque tubercule contiendroit deux mille quatre cent-foixante femences : on peut voir ces femences dans la fili- que même, lorfqu'on réaffit à ouvrir une de ces fdiques dans fon milieu /; ( Fig. XIII.) mais on ne peut y réuffirque par hazard, & dans ce cas, on peut recueilhr ces petites graines en les faifant tomber de la filique , puifque, comme je l'ai déjà dit, elles ne font peint adhérentes au temps de la maturité. Au refte , j'ai trouvé des fenrences de même ftrufturè dans les différen- tes efpeces de fougères, & je ne doute pas qu'on n'en retrouve de fem- blables dans la lonchite , l'hemionite & autres plantes de ce genre. La découverte de la graine de fougère peut faire efpérer par analogie îa découverte de celle des champignons &: du corail. (ourroit en fe repliant couvrir toute la furface du pied avec les fuçoirs qui s'y trouvent , & cela non-feulement à l'origine & au milieu du pied, mais même à fon extrémité aiguë où les fuçoirs font plus petits que par tout ailleurs g g ; cette bordure de la- peau parcît fur-tout vers les extrémités des bras ; c'eft pourquoi je la re- préfente dans l'un des bras de façon qu'elle recouvre les fuçoirs , & re-- vient en siême temps de l'autre côté en h h. La cuticule qui occupe les interfaces des fuçoirs & qui revêt & leurs pédicules & la face intérieure des bords de la peau extérieure , eft un peu mufculeufc, & d'un tifTu bien plus fin que cette première peau ; au rede , les pédicules qui (outiennent les fuçoirs font de vrais mufcles afTez vifibles qui fervent à leur mouvement ; j'ai obfervé auffi fur le côté in- terne des bords de la peau e.vtérieure , les petits mul'cks moteurs qui s'y diflribuent , & c'efî pour quoi j'ai dit que cette peau étoit mufculeufe en' cet endroit. Mais pour faire mieux entendre ce que j'ai dit des mufcles de ces fu- çoirs , j'en repréi^;nte quelques - uns féparément &C de grandeur natu-- relie ; ( PI. XXXIV. Fig. II. ) on y voit n°. i. comment le mufcle s'in- fère par defTous dans la bafe du fuçoir qui efl un peu concave en cet endroit , enfuite ce mufcle s'épanouit , puis fe contraire &: fe dilatant de nouveau achevé de former le fuçoir ; car autant que j'ai pu m'en éclaircir par le fecours de l'anatomie, la flru£fure de ces fuçoirs eft toute iiuifcL.leiife, & le tendon de leurs mufcles s'infère dans un anneau de fubflance écailleufe, lequel efl placé entre les fibres motrices de chaque fuçoir. Si l'on regarde au contraire le fuçoir par le defilis & qu'on en exa- mine la furface interne & concave n*^. i. on reconnoît qu'elle eft en- core mufculeufe , & l'on voit aufTi l'anneau écailleux dont j'ai parlé : le bord fupérieur de cet anneau efl ordinairement noirâtre ; mais on peut le dépouiller de cette couleur, car elle lui ell étrangère & elle appar- •tieri-r à la tunique externe du fuçoir. Lorfqu'on incline cet anneau après l'avoir féparé du fuçoir n". 3. on iipperçoit fa ftruûure propre & la couleur noire de fbn bord fupérieur ; on voit aufTi qu'il efl percé en rond dans fon milieu & que fes bords fu- périeur & inférieur ont des cannelures tortueufes , ce qui les rend très- propres à recevoir & affermir les fibres mufcuteufes qui s'infèrent dans cet anneau, rafliijettiffent à leur tour & le Ibutiennent contre les acci- dents qui pcurrolent le déplacer. Enfin , ACADÉMIQUE. 6ii Enfin , pour faire voir bien clairement la bordure noire de cet anneau' & (a coiirbi.rc , je le rcprclente n°. 4. fitué de façon qu'on apperçoit Swammerdam, toute la circont'trence (upcriciire; 6c le n°. 5-r en fait voir un (egment, Histoire de» afin qvie le Icdeiir puifle prendre une idée diftinfte de la ftruifiure de ^'^^^'^tes. ces parties, ce qui cil ablolumcnt néceflaire pour en comprendre l'ufage que j'explique ainfi ; lorfque les fibres mulculeuies du luçoir fe con- tractent, le mui'cle qui lui (crt de pédicule failant office de pillon , monte dans la cavité de l'anneau écailleux , & diminue ainfi la capacité du fu- çoir, & quand ce pifton ou pédicule mufculeux agiflant à Ion tour, re- tire avec foi les fibres motrices hors du fiiçoir, il en augmente la cavité. Ainfi la faculté qu'a ce poiffon de s'attacher aux corps qu'il rencontre & de les (aifir pour les porter à la bouche , me paroit réfider en entier dans fes fuçoirs ; car lorfqti'il les applique à la furface de quelque corps, & qu'il en retire enfuite les pédicules mulculeux, de manière que l'eau ne puiffe pénétrer dans la cavité des luçoirs , ce fluide repouflé preffe ces mêmes fuçoirs contre le corps qu'ils touchent ; les bords mufculeux de la peau des pieds & des bras contribuent encore à cet effet ; car ils contiennent 6c environnent les iuçoirs pendant qu'ils font en aftion , &C empêchent qu'il n'entre de l'eau dans leur cavité. L'effet de ce méchanifme confifte donc en ce que la cavité des fuçoirs étant augmentée & vuide de tout fluide , l'eau environnante prefTe par fon poids la flirface externe de ces Iuçoirs , fur les corps aufquels ils font appliqués , d"où réfulte une véritable fufti(^n ; & cela explique très-bien ce que dit Rondelet, que quand la mer ell agitée, la lèche fe fert de fes bras comme de deux ancres pour fe fixer à quelque corps, ce qu'elle fait fans doute en y appliquant les Iuçoirs & en augmentant leur cavité. Le bec / ( Figure I. Planche XXXIV.) qui fe trouve placé entre les pieds eft femblable à celui d'un perroquet, Si compolé de deux mâchoires toutes deux mobiles, & qui s'emboîtent l'une dans l'autre par une efpece de charnière; la chair ou lèvre charnue k qui environne le bec, eu circu- laire & fe fronce quelquefois comme une bourfe fermée. Au deffous du bec & des jambes on voit la tête , dans laquelle les yeux // font fort apparents : ce qu'il y a de plus remarquable dans ces yeux, c'efl que la tunique cornée eft lâche & flottante à-peu-près comme une paupière interne : à travers la cornée on apperçoit diftindlement l'oper- cule mm de la pupille ; mais dans l'œil de la raie cet opercule fe voit mieux qu'en aucun autre , &: M''. Sténon l'a très-bien décrit : j'ai aulîi découvert l'opercule de la pupille dans l'œil du cheval, 011 il eft de cou- leur noire. De l'autre côté de l'œil la pupille eft im peu proéminente & non pas exaâement ronde ; lorfque l'opercule s'étend fur cette pupille , il intercepte entièrement la vilîon. J'ai remarqué depuis peu que dans Tœil du crocodile , comme dans celui du chat , l'ouverture de la pupille ex- pofcc au grand jour n'efl qu'une fente affez longue. Le cou de la feche eft fort court & coloré comme la peau de la tête,; c'eft un fond couleur de pourpre , parfemé de points noirs ; le fommet du dos n s'élève affez confidérablement au deflus du cou , de forte Tom.f^. Hhhh 6,1 COLLECTION (HHMMaMn«que la feche peut retirer fa tête fous cette avance, comme le limaçon fous ç ion limbe. swAMMERDAM. Jq^çs igs partics que je viens d'indiquer (ont molles , à l'exception Insectes! °^' du bec & des anneaux écailleux des fuçoirs ; mais le dos eft dur &c n'a aucun mouvement propre ; car l'os de la fcche, qui eft continu & fans aucune divifion ni vertèbre , règne tous le long du dos jufqu'à la queue , & les mufcles y font attachés : cet os ne couvre pas en entier le corps de la feche : une bordure mufculeufe règne le long des côtés & déborde au- delà de l'os Fig. I. cette bordure mufculeufe oooo paroît être d'un grand ufage à l'animal pour nager ; l'os même du dos eft encore afl'ez propre à cet ufaoe ; car il fumage quand on le jette dans l'eau , même à l'inftant qu'on l'a^^détaché du corps de l'animal & qu'il elt encore humide & frais. La feche qui m'a fervi de fujet pour cette defcription , avoit le dos parfemé de ftries blanchâtres qui fembloicnt être autant de veines ponc- tuées de noir ; entre ces ftries la peau fe trouvoit d'une couleur plus foncée, & les points noirs y étoient plus larges : au -^delà des ilries il y avoit des taches blanches , rondes & ovales , les extrémités des ftries étoient de même forme ; la bordure mufculeufe du corps un peu plus foncée , & tirant fur le pourpre , étoit parfemée de points noirs plus pe- tits , & de quelques taches blanches de figure ronde ; enfuite elle deve- noit plus blanchâtre , & fe terminoit enfin par un limbe couleur de pour- pre chargé : à la partie poftérieure où font placés la queue & l'anus dans les autres animaux , la bordure du corps a une échancrure ou bifur- cation p , qui la divile en quelque forte en deux parties. En maniant le bec , je le féparai de la tête , ce qui me donna la faci- lité de l'examiner à mon aife : fa fubftance eft écailleufe , la pièce fupé- rieure , dont l'animal fe fert principalement poiu- mordre , eft plus épaiffe & plus folide que l'inférieure (a) qui reçoit les mufcles du bec, & qui eft plus tendineufe & plus membraneufe : ce bec reffemble par ia forme à celui du milan avec lequel il a plufieurs autres rapports ; la pièce fu- périeure eft fort épaifle & d'un brun foncé qui s'aftoiblit & tire fur le rougeâtre à mefure que le bec devient plus membraneux ; les deux par- ties ou mâchoires dont il eft compofé , lefqu'elles s'emboîtent & fe meu- vent l'une dans l'autre , font différemment contormées : celle du deiTous produit deux expanlions a^ (PI. XXXIV. Fig. III.) entre lefquelles le bec fupérieur fe meut & s'approche de l'autre : plus en arrieie le bec mfcneur fe roule fur lui-même dans toute fa longueur b b , ce qui rend fon iom- met ou h pointe d'autant plus épaifi'e & plus forte : plus en arrière en- core fa face inférieure eft creufée d'un fillon c ; enfin , le bec paroît en- (a) M. Needham dit que dans le calemar le mouvement des deux pièces du bec fe fait de droite i gauche ; Ci la même chofe a lieu dans la feche , il n'y aura point de mâchoire fupérieure ni de mâchoire inférieure , mais feulement deux mâchoires latérales ; au refte , c'ell uneobfervation quinepeut fe faire que furie vivant Si non fur un bec fépare de-1 ani- mal, & tel que Swammerdam l'obfervoit ; cependant la figure qu'il donne de la lè- che repréfente le bec de manière à confirmer l'opinion de M. Needham. ACADÉMIQUE. (Si? _________ tiérement fibreux & coir.pofc de tendons membraneux durcis & prefquc ■^"^— ^gg o{Tifit-s. La mâchoire fupéricure d c(ï de même texture que l'antre Si n'en Swammerdam. difTere que par fo forme & fa courbure : la cavité ee que laiflent entre Histoire des elles fes deux moitiés en fe repliant, cft beaucoup plus ample &C plus Insectes. profonde que celle du bec inférieur, de forte que la langue qui s'y trouve logée s'y meut librement ; les mufclcs font à l'aile aufli dans ces cavités du bec, Si ils ont leurs attaches d-ns fes expanlions mcmbrancufes. La langue paroît n'être qu'une chair fpongiciife , mais je l'ai trouvée compofée de fept ofleleis cartilagineux , contigus & joints enfemble par une membrane commune; le fommet de cette langue, a (PI. XXXIV. Fig. IV. ) cû un peu recourbé ; fa partie inférieure s'inferc dans la chair fpongieufe & mulculeufe dont j'ai parlé , qui la renferme comme un étui auquel elle eft adhérente : cette partie charnue de la langue b eft fillon- née de rugofités qui femblcnt produites per de petits conduits falivaires ; j'ai même découvert en la diflcquant un conduit falivaire très-apparent c qui débouche dans cette chair. Ce conduit ferme un long tuyau i/qui defcend par le cou dans la poi- trine oii fe trouvent deux glandes très-remarquables ce qui lui donnent naiflance ; car elles produifent chacune un petit canal, & ces deux ca- naux fc réunifient en im feul, qui eû le conduit dont Je parle : ces glan- des me parurent être de la nature des conglobces , quoiqu'à l'extérieur elles femblaffent conglomérées : en les ouvrant j'y trouvai une cavité intérieure oii fe raffemble la falive qui fe filtre dans leur fubftance fpon- gieufe ; je n'ai pu découvrir dans le parenchyme de ces glandes , en y in- jeiant des liqueurs colorées , aucunes ramifications des deux canaux qu'el- les produifent : elles font placées dans la poitrine, fous l'oeiophage, une de chaque côté ; ce qui fe voit fort aifément quand on ouvre l'ab- domen d'une feche renverféc fur le dos ; lorfqu'on tire hors du bec la langue avec toutes fes parties, on amené fouvent en même temps quel- ques mufclcs qui y tiennent, j'y en reprclente deux ff. On voit bien mieux la flrufture de la langue lorfqu'on l'a féparée de l'étui charnu & mufculeux oii elle s'enracine ; mais pour la voir encore plus diflinftement , il faut enlever la membrane a (Fig. V.) qui couvrcr la racine de cette langue ou de cet affembl.ige d'olTelets cartilagineux , & féparer leurs extrémités b par le moyen d'un fcalpel très-fin : enfuite fi on examine la languie au microfcope, on voit fur chacun de les ofl'elets plus de foixant* papilles cartilagineufes (a) en forme de dents recour- bées a (PI. XXXIV. Fig. VI.) aflez femblables aux papiUes de la langue des bœufs : elles fervent à préparer les aliments pour la déglutition (/■) (a) M. Neediiim prétend qu'il n'y a que quarante-quatre dent>- dans chaque rang , au lieu qu'il en a compte cinquanie-ùx dans le calemar , dont la langue a neuf de ces rangs de dent?. (i) Une ofifervation (inguîiere , dit .M. Needham , mais plus facile à faire dans l«( calemar que dans la lèche , c'eft que toutes les dents font dirigées vers le centre d« l'ouverture du gofier. Hhhhi » (5i4 COLLECTION .— i— i^— ^ leur partie antérieure eft d'une couleur de fuccin diaphane , mais la par- SivAMMERDAM. tic poftérieure qui conftitue la racine de la langue cft d'un blanc tranfpa- KisTOiRE DES rent ; enfin, fi on retourne cette langue &: qu'on en examine la racine Insectes. au microfcope ; on voit que fa texture forme un rcfcau très-régulier a a ( PI. XXXIV. Fig. Vn. ) produit par la liaifon des offelets cartilagineux que j'ai décrits; j'ai voulu faire deflechcr cette langue, mais fa forme en fut fort altérée, & Ion luftre prefque entièrement terni. (<;) Lorfque la feche ell renverfée îur le dos , on voit l'abdomen qui ell beaucoup plus blanc que le dos , & les points y font auffi plus clairs-fe- més ; le deffous du corps eft ouvert de toutes parts , en forte qu'on peut pafferla main entière entre l'abdomen & le tégument ample & mufculeux, dont il eft entouré. Si l'on fend ce tégument a a ( PI. XXXV. Fig. L) par le milieu & dans toute fa longueur, en commençant par le haut de la poitrine & conti- nuant le long du ventre b h jufqu'à la queue c , on peut voir toutes les parties qu'il cachoit fans offenier aucun vifcere ; quelques - unes de ces parties fe montrent à nud , & d'autres fe laiffent feulement entrevoir à travers les membranes de la poitrine & de l'abdomen. La première partie qui s'offre aux yeux & qui occupe la région antérieure du thorax,efl: un fac que je nomme fac excrétoire commun, fa couleur eft blan- che, fa fubllance mufculeufe&C fa forme celle d'un entonnoir renverfé, fort ouvert & fort ample par le bas d, mais étroit par le haut c ; aux deux cô- tés de ce fac font attachés deux corps ovales & concaves //", de fub- ftance cartilagineufe & mufcuieufe ; ces corps reçoivent deux grandes pa- pilles ou éminences cartilagineufes gg qui tiennent au tégument du ven- tre : l'effet de l'admifTion de ces papilles dans les corps concaves , eft d'affiijettir ce tégument , d'empêcher que rien ne puiffe fortir des parties inférieures du corps par d'autre voie que par le fac excrétoire commun , & que les excréments, la femence , les œufs ou la liqueur noire qui paffent par ce même entonnoir , ne fouillent & n'ofFufquent les yeux de l'ani- (a) Selon M. Needham , dans le calemar comme dans la feche, une même membrane compofe la langue &legofier; cette membrane développée & étendue fur un pian, approche beaucoup de la figure d'un reftangle ; fa portion la plus large venant à fe renverfer , fait par fon inclinaifon fur la portion plus étroite, un angle d'environ quarante-cinq degrés , & fes deux côtés s'unifTentpar un fort ligament: au deffous de ce ligament, la portion la plus étroi- te de la membrane , en rapprochant fes côtés l'un de l'autre , torme un cylindre creux , ou plutôt un gofier , tandis que la portion fupérieurc renverfée fur ce gofier & garnie de neuf rani^s de dents , fait l'office de langue : dans cet état la forme totale de la mem- brane e(f à-peu-près celle d'un champignon, dont la tige eft repréfentée par la por- tion roulée en cylindre , & le chapiteau par la portion renverfée fur la portion cy- lindrique ; des neuf rangs de dents de la langue du calemar , celui du milieu & les deux qui font à droite & à gauche de celui-là , ibnt compofés de dents à trois poin- tes • les deux ran^s fuivants aufïi à droite Se à gauche , font compolés de crochets re- courbés en faucilles ; les dents des (Jeux rangs luivants font coniques . & lëmblables à des défenfes de fanglier , enfin , les deux rangs las plus é'oignés de celui du milieu font compolés de dents , qui étant émouffées , ont quelque rapport avec les molaires. ACADÉMIQUE. ($15 mal, ce qui arrivcroit ncccffairement fi ces matières s'infinuoicnt fnrro"^— — — le (ac excrétoire &C le tégument ample & nnifculeiix du cleflbus cki corps. Swammfrdam. Je ne puis dire 11 ces papilles adhèrent naturellement & conftammentHisToiRE na aux parois internes des corps ovales concaves ; je les y ai trouvées quel-lf'stcTEs. quefois adhérentes , & d'autrefois , non fans qu'il y eut dans ce dernier cas aucun vellige de déchirement ; la lurface interne des corps con- caves qui les reçoivent cft toujours liffe &c les papilles font polies &: lullrées , ce qui me fait préfunier que la fechc peut au belbin les taire fortir de leurs cavités & les y faire rentrer. Les deux mufcles oblongs , compares & blancs hk (^mémc Figure) qui aboutiffent aux corps concaves en pénétrant dans le bord inférieur du fac excrétoire, me paroiffent n'avoir d'autre ufage que de pouflér les pa- pilles hors de la cavité des corps ovales &c de les y ramener : on voit ces mufcles à nud dans la poitrine fans qu'il foit néceffaire de rien cou- per pour les découvrir ; il me paroît aufti qu'en pouffant les corps con- caves vers les papilles, ils dilatent le fac excrétoire, &c facilitent ainfi l'éjeftion des humeurs qui (ortent du corps par cet entonnoir. Tant que ces papilles font en place , il eft impoflible de paffer la main entière, comme je l'ai dit ci-deffus , dans le corps de la feche, il faut auparavant tirer les papilles hors de leur cavité. Lorfqu'on fend le fac excrétoire, on trouve qu'il eft d'une fubftancc mulculeufe affez compare : fa partie inférieure qui fe joint avec la poi- trine , forme au dedans un petit lobe femblable à une languette un peu On voit enfuite fans rien couper de plus les ouies ii qui font molles, fpongieules & placées de chaque côté du corps : un grand nombre de vaiffcaux fanguins d'une blancheur éclatante rampent fur ces ouies , qui font de couleur grlfe. J'ai compté dans la moitié feulement de Tune de ces ouies, plus de quarante ramifications des gros vaiffcaux fanguins, de forte que chacune des ouies en a plus de quatre-vingts bien lenfibles ; mais la multitude des ramifications fanguines qui pénètrent dans le centre des ouies k , où (e rendent auffi les mufcles qui les meuvent , eft prefque innom- brable. La ftrufture de ces ouies eft très-compliquée & très-difficile à décrire, & la figure que j'en donne n'en eft qu'une ébauche groffiere ; les lames dont chacune des ouies eft compofée , font membrancufes au deffous , vers leur bafe , où elles fe terminent en diminuant peu à peu d'épaiffeur; elles femblent jointes dans ce même endroit par un ligament affez fort //, mais je ne fais s'il n'eft pas auffi compolé de vaiffcaux fanguins; car je n'ai pu, faute de fujets , vérifier exaftemcnt ce fait : on découvre par- faitement ce ligament des ouies quand on fépare leurs lames , & l'on ap- perçoit en même temps comment elles s'aminciffent peu à peu n. Mais dans les poiffons qui ont le fang rouge on voit bien plus diftinc- tement la ftrufturc des ouies ; quc!ques-«ns ont dans ces parties des car- tilages , & d'autres y ont de véritables offclcts , dont la fuperCcic & les 6,(5 COLLECTION côtés font parfemés de vnilVeaux ûinguins ; j'ai fait il y a long-temps cette' fSwAMMîRDAM découvcrte dans l'erturgeon , ( a) le cabiUau , ( i» ) & plufieiirs autres Histoire des. poiffons , en injcftant de ia ciro dans- leurs vaifl'eaux fanguins : j'ai vu par Insectes. ce fecours,& j'ai vu avec étonnemcnt , la ftruâure & le méchanifme de ces parties que je décrirai quelque jour, pourvu que je retrouve l'oc- cafion de les obferver encore une fois , j'en conferve quelques-unes in- jeftées de cire de différentes couleurs. Dans la région du corps de la feche à laquelle je donne le nom de thorax., il fe trouve un corps protubérant n que les auteurs ont appelle mutis , &C fur lequel efl toujours pofé un conduit ouvert qui flotte dans le corps de l'animal librement & fans aucune adhérence, ce conduit efl rintellin reftum o ; l'on voit à fon extrémité une ouverture par laquelle fort la liqueur noire de la feche : le réfervoir de cette liqueur noire efl: un fac fitué au fond de l'abdomen ( c ) & qui paroît au travers p : vers la partie inférieure du reftum il y a deux autres petits tuyaux ouverts ■ & courts^ q qui verfent ta matière féminale, dont les vaiffeaux font cachés fous une membrane qui fait un renflement ;- dans l'abdomen au deffous de ces tuyaux ; plus bas efl l'eflomac s , & au deflTous de l'ef- tomac encore un autre corps t qui fait partie des organes de la géné- ration. De même que l'extrémité de l'inteftin reftumflotte dans le côté droit du corps: on voit flotter auflî dans le côté gauche de l'abdomen le vaif- feau déférent u par oii la matière féminale du tellicule pafi"e dans le fac excrétoire commun d'où elle fe répand cnfuite dans l'eau ; le tefliculc ell placé avec fon vaiffeau déférent dans le côté gauche au deffous des- ouiês où on l'entrevoit un peu. Avant de décrire dans un plus grand détail les parties dont je viens de faire l'énumération : j'indiquerai encore celles que prélente la tête quand la feche eft renverfée fur le dos. Le bec & la bouche ou lèvre mufculeufeae qui environne le bec font repréfentés dans la figure très- exadement tels qu'ils font dans l'animal, mais un peu plus petits ; pour m pas trop agrandir la figure, j'ai auffi retranché les jambes & les bras li /3 , &c n'en ai laiffé que les troncs qui fufiifent pour faire voir leur pofition naturelle. J'ai eu foin de reprélenter avec la plus grande exactitude fur les deux jambes antérieures , l'ordre dans lequel paroiffent les fiiçoirs quand leurs mufcles font contraftés ; on peut à volonté les mettre dans cet état de contraftion en jettant dans l'eau bouillante un morceau de la jambe qu'on a coupé avec les fuçoirs qui y tiennent, & (.j) Acipenfer. (t) Afcllus. (c) M. Neeclîiam place le réfervoir de l'encre beaucoup plus haut dans le cale- mar , & il femble avoir pris l'inteftin reftum pour ce réfervoir; ce qui pourroit avoir donné lieu à cette méprife , c'eft que le reftum donne iflue à la liqueur noire , ainfi si«'a«x excrémemts, ACADÉMIQUE. 617 le retirant un moment après, par ce moyen leurs mufclcs fe contractent fur le chamj) quoique l'animal loit mort. Swammeruam. Je reprcfciite ( Fig. II. PI. XXX\^ ) les mufclcs a & les fuçoirs fur Histoire du l'extrémité de l'un des bras dépouillée de fa peau extérieura^ afin qu'on Insectes. voie bien dillinftcmcnt Tarrangcment de ces fuçoirs & comment ils font attachés ii leurs mufclcs * ; on y voit aufîi que les fuçoirs &; les mufclcs du milieu de cette efpece de main font plus gros que ceux des cxtrc- mitcs c d. "■ On voit par la coupe de l'une des deux grofies jambes y y fituces im- médiatement au deffus des yeux quelle efl leur ftrufture interne ; elles font fibrcufes & mufculeufes à leur circonférence , le dedans eft plus fpongieux : j"ai marqué au centre un point noir ^ qui m'a paru être la coupe d'un valiïcau ianguin. Quand on veut obferver les vifceres de la feche , il faut d'abord en- lever le fac excrétoire commun & les mufcles moteurs des deux corps concaves qui tiennent à ce fac ; enfuite il faut ouvrir adroitement la partie que je nomme thorax & en féparer la peau membraneufe , alors en découvre une partie molle & fpongieiife femblable à un foie & que les auteurs ont nommée mutii ; je l'ai toujours trouvée divifée en deux parties très-diftinfles : fa région fupérieure eft fort épaiffe , & en s'y prenant adroitement on y diflingue ailément deux lobes a a ; (PI. XXXV. Fig. III. ) mais fi on déchire la tunique dont elle efl revêtue il arrive fouvent que fa fubflance s'écoule , car elle eft très-moUc Si très - fom- blable à du foie qu'on a broyé pour en exprimer le parench) me : ce corps efl très-large & très-fpongieux dans ion milieu , mais à (on ex- trémité inférieure il fe termine de chaque côté par une appendice un peu obtufe b b (^ Fig. III. ) qui s'étend jufques dans l'abdomen ; le commencement de ce corps porte en partie fur l'œfophage & fur les glandes falivaires b b ; (PI. XXXV. Fig. V. ) car ro2fophage pofé fur ces glandes paffe toujours fous le mutis pour arriver à l'eftomac. Sous l'oe- lophage on voit la grande artère qui monte de l'abdomen où le cœur de la feche ell fitué , Se jette dans le mutis deux gros rameaux c c , ( Fig. III. ) lelquels y defcendent comme s'ils venoient du thorax ; la plus grande partie de ce corps, des deux côtés de l'œfophage Se de la grande artère , eft appuyée fur l'os de la feche , Se n'en eil féparée que par une membrane fibreufe. Si l'on ouvre la membrane propre de ce corps Si qu'on la rcnverfe un peu (Fig. III.) d , on apperçoit le cours des vaiffeaux fanguins qui fe dillribucnt au dedans ; mais le parenchyme qui fe répand alors de toutes parts en dérobe la vue; il faut donc féparer ce parenchyme d'avec les vaiffeaux fanguins à l'aide d'une cfpatule, & les laver avec beaucoup d'eau; par ce moyen on les difcerne très-bien e, (Fig. IV. PI. XXXV.) & l'on reconnoît aufïï que le parenchyme du mutis efl une efpece de pouiîîere yy très-peu adhérente aux vaiffeaux fanguins; mais il faut un excellent microlcope pour difccrner les petits grains qui compoicnt cette pouffiere ; fa couleur eft entre le jaune Se le rouge tirant un peu lur le èiS COLLECTION roux; j'îgnofe quel eft l'uftge de cette iublhmce, elle e(ï toujours ren- SwvMMFROAM fermée dans une membrane particulière & divifée en deux corps bien Histoire des ' dlltinds , & elle ne rcflemble nullement à un foie ; je ne prétends pas Insectes. pour cela décider qu'elle n'en tienne pas lieu ; car je lais que dans les divers animaux les parties analogues fe trouvent conformées avec beaucoup de variété, comme on le voit par les organes de la génération de celui-ci que je décrirai bientôt. L'œfophage pafle, comme je l'ai dit , fous le mutis &: commence où fi- nit le goiier; j'entends par le gofier la partie mufculeufe de cette peau froncée qui s'étend depuis le bec & la bouche « ( PI. XXXV. Fig. V. ) jufqu'à la naiffance de l'œfophage ou conduit qui va de la bouche à l'el- tomac ; ce conduit paffe fous le cerveau , puis fc plongeant dans le tho- rax, il fe pofe mollement fur les deux glandes filivaires /' /> que j'ai déjà indiquées , & s'avançant direûement vers l'abdomen il débouche dans l'eftomac c , qui eft un fac globuleux un peu renfoncé dans fontiiilieu, &C fvir lequel fe diftribuent des vaiffeaux fanguins li qu'on voit bien clai- rement lorfqu'on injeâe dans les artères quelque liqueur colorée ; ce fac eu compofé de trois tuniques dont l'extérieure eft membraneufe & celle du milieu mufculeufe ; la troifieme où l'intérieure fe féparc aifément d,e la féconde , & on peut la tirer de l'eftomac avec les aliments qu'elle contient. La feche fe nourrit de fquilles bofl'ues , car j'ai reconnu très-diftinde- ment les yeux , les jambes , la queue , & quelques anneaux du corps de ces infeftes parmi les refies d'aliments que je lui ai trouvés dans Fcllomac; j'y ai vu anlîi des arrêtes de quelques petits poiffons. L'ertomac eft (uivi de l'inteftin reftum e , car ce poiffon n'a aucun autre boyau ; l'aliment paffe donc immédiatf ment de l'eftomac dans les veines pour être porté au cœur & fervir à la nutrition en fe diftribuant de-là dans toutes les parties du corps. Sous l'inteftin re£lum on voit une appendice de l'eftomac roulée en ij)irale /, & qui s'ouvre dans l'eftomac par un orifice paniculier ; en dif- fequant ce corps il m'a paru que c'étoit une efpece de pancréas ; je ne prétends pourtant pas l'affirmer ; mais mon opinion eft fondée fur ce que dans beaucoup de poilfons le pancréas eft à-peu-près de même ftrufture, fans cependant être contourné comme celui-ci-; cela fe volt par les fi- gures du pancréas de différentes efpeces de poiflbns que j'ai deflînées d'après nature & que j'ai inférées dans un petit traité que Commelinusa publié fous le titre de Collegium AmJle/xJamenfe ; d'ailleurs ce corps efl liffe & gliffant à l'intérieur, & il eft plein d'une matière femblable ati fuc pancréatique des autres poiffons. Le lac blanc g qui contient la liqueur noire de la feche eft fitué pour la plus grande partie dans le côté gauche de l'abdomen, & jette un pe- tit tuyau qui aboutit à l'extrémité fupérienre du reflum k , de manière que les excréments & la liqueur noire fortent par un feul & même on- fice ; ce fac eft en partie membraneux, & en partie membraneux & muf^ culeux j des vaiffeaux fanguins i rampent Hir fa furface, & j'ai trouve dans l ACADÉMIQUE. g/g cliins fa cavité une petite mafl'e glandulcufe qui produit peut - êne la li queur noire ; mais j'ai négligé de m'ailiirer de ce tait, m'étant lafié de Swam.-meroam. laver cette niaiTe que la Iiq\ie\ir noire inondoit fans ceffe. ^l'^Jc-iEi^ °" C'eft pourquoi lorfqii'on veut difTéquer une feche , il faut fur-tout prcn- '**''""• dre garde de ne point oifenfer cette partie; car fi la liqueur noire vient à ie répandre elle obfcurcit tout le refte & on ne peut plus rien diiccr- ncr i l'intenfité de fa couleur eft telle qu'il ne faut que ce qui eft con- tenu dans un feul fac pour teindre en noir pluficurs fcaux d'eau ; les obfervations que j'ai faites ne m'ont point indiqué l'ufage de cette liqueur, je ne fuis pas même alTuré que la lèche la répande pour fe dérober aux yeux des poiflons voraccs quand elle s'en voit pouriuivie : la quantité en étoit beaucoup plus grande dans les feches qu'on avoit trouvées mortes fur le rivage , que dans celles qui m'avoient été apportées vivantes ; cette liqueur eff infipide, & je ne comprends pas comment ce corps dcllitué de faveur étant cuit avec la feche peut lui donner du goût, comme l'af- furent ceux qui fe nourrirent de ce poiffon ; au relie on le mange aufli defféché fniiplement à l'air. Si l'on recueille cette liqueur dans un vafe de verre au fortir du fac qui la contient, elle fe coagule &: fe durcit dans l'efpace de quelques jours , puis fe gcrfe & fe divife en pluficurs fragments , qui broyés fur ime pierre, donnent une très-belle couleur noire; je fuis même convain- cu que les Indiens ne compofent leur encre qu'avec cette liqueur de la feche; les taches qu'elle tiiit lorfqu'elle eû encore fluide font ineffaçables t j'en ai fait l'épreuve fur une étoffe légère ( <î ) oii l'eau forte avoit fait une tache jaune. Entre les fmuofités du pancréas vers l'efloniac fe trouve un corps glan-" duleux k k k qui s'étend jufqu a Toefophage ; j'ignore auiîî ce que c'ell que ce corps , mais je crois qu'il appartient aux organes de la généra- tion dont je parlerai après que j'aurai décrit ie cœur, le cerveau, & les nerfs , enluite je dirai un mot de l'os de la (eche. Le cœur a ( Fig. I. PI. XXXVl. )n'ell pas fuué dans le thorax comme celui de la plupart des animaux , mais dans l'abdomen ; fa forme eft oblongue &C triangulaire, & fa couleur celle d'un mufde dont on auroit exprime prefque tout le fang; fa furface extérieure efl afTez lifTe, l'intérieure cfl médiocrement fournie de fibres , & l'on y voit de petites cavités & des colonnes fibrcufes proéminentes ; je n'y ai apperçu qu'un feul ven- tricule. L'oreillette du cœur de la feche efl double , ce qui femble une fuite aécefiaire de la pofition des ouies qui font placées aux deux côtés du corps ÔC fort loin l'une de l'autre ; on voit dans la figure I. ( PI. XXXVI. ) ces deux oreillettes tù coupées à la naiffance du vaifleau fanguin des ouies c c ; leur texture eft mcmbraneufe & leur figure telle que je la repréfente lorfqu'elles font foufîlées ; je n'en puis rien dire de plus ; car lorfque le ha/ard me les fit découvrir, je négligeai de les examiner au- tant qu'il l'auroit fallu , & je ne l'ai pu depuis faute de fiijets. (j) Nommée ^ryr.e en Hollandois, , Tom. V. . liîi' 6io COLLECTION Au refle , c'efl: une fingularité très-remarqtiable dans la feche que le T , ,„, 7 cœur n'ayant qu'un venthcule ait cependant deux oreillettes. Ouant au OWAMMhFvDAM. -f , ' '1111 • • 1) ■ 1 • ' Histoire des lang "^ ce poilton , il elt blanc, mais je ne lai pas non plus examine. Insectes. quoique j'eufle deflein d'en recueillir dans un tube de verre pour l'ob- fcrver au microlcope , & le comparer au fang , rouge des grands ani- maux. La grande artère d cfl: conflruite àfon origine comme dans les autres poif- fons , mais elle s'amincit peu à peu en s'éloignant du cœur, & jette deux grofl'es branches qui envoient dans le rnutis deux de leurs ramifications e e , tandis que les autres fe diftribuent aux parties nîufculcufes du refte du corps ; on voit très-bien à travers la peau quelques-unes de ces ra- mifications , ( Fig. L PI. XXXV. ) y fcrpenter feus les deux mufcles qui font mouvoir les deux corps ovales concaves du (ac excrétoire commun ; elles vont delà aux ouïes &l à diverfes autres parties du corps ; la grande artère redevient enftiite un tronc fimple qui s'avance jufqu'à la bafe du cerveau /', &C s'y divile en plufieurs rameaux dont les uns percent les enveloppes cartilagineufes du cerveau qui font office de crâne, & les au- tres fe diftribuent aux jambes & à tout le refte du corps ; mais je ne fois point s'il y a une première & une féconde artère comme dans les au- tres poiffons ; je n'ai pas fuivi non plus le cours des veines : enfin , j'ignore 11 les deux vaiffeaux g g qui fortent de la partie inférieure du cœur & que j'ai tirés d'après le naturel , font de véritables veines comme ils me l'ont paru ; on pourroit aifém:nt éclaircir tous ces points en dil- 4éqiiant une feche dans cette vue. Le cerveau de la feche a ( PL XXXVL Fig. II.) eft fort petit & divi- fé en deux lobes, l'un à droite, & l'autre à gauche; pour le découvrir il faut que la feche foit pofée fur fon ventre , & après qu'on lui a ou- vert la tète on fend les cartilages qui renferment le cerveau ; on doit fe fervir pour cela d'un fcalpel très-aiguifé afin de point ofFenfer les nerfs ; la partie poftérieure du cerveau eft prefque entièrement plongée dans de la graille que j'ai indiquée par des points b , pour éviter la confufion ; il eft difficile d'enlever toute cette graifl"e fans blefler le cerveau dont la texture eft très-déhcate. Les nerfs optiques c c font de même enveloppés èe graifle à leur naiiïance ; mais ayant percé les cartilages du cerveau ils (e dilatent & forment chacun un ganglion très-fenfible i/ , environnent la tête & le bec. La par- tie poftérieure du cerveau jette deux gros nert's ^3«. COLLECTION PLANCHE X J I> Fig. L Fig. II'. Fig. III. Fig. IV. Fig. V. Fi|. VI. Fig. VII. Fig. VIII. Fig. IX. Fig. X. Fig. XI. Fig. XII. Fig. XIII. Fii- XIV. Fig. XV. Fig. XVI, CEiif de la fourmi, groITiv Ver de la tburmi, grolfi. Nymphe de la fourmi. Même nymphe, groff.e. Fourmi ouvrière, grofîie. Fourmi du Cap de Bonne Efpérances Fourmi de Hollande. Scarabée monocéros m'de. Femelle du karabée monpcéros. Oîut' du fcarabée monocéros. Ver du fcarabée monocéros. Le ifiènie ver groffi. Particules grailfeiifes du monocéros, groflles, Eftomac du ver du monocéros , groffi. Partie du même eftomac , groffie. Moelle épiniere du ver du monocéros., Fi'gi' XMI. Nerf récurrent du ver du monocéros , groffi. rLAMCHEXIIL Fig. I. Moelle épiniere du ver-à-foie , groffie. Fig. II. Eftomac & inteftinsgroffis, du ver.dii;monocéros un peu avant qu'il le mette en nyniphe,, ' ;, Fig. III. Nymphe du monocéros. Fig. IV. Quelques parties de la tête du ver du mptioçéros, Fig. V, Nymphe du monocéros, vue par le doSy Fig. VI. Papillon au vol rapide. Fig. Vil. Nymphe de ce papillon, Fig. VIII. Chenille de ce papillon. Fig. IX. Stigmates du fcarabée monocéros, P L A N C HE X l K Fig. L Ver aflaffin. Fig. II. Dent de ce ver , groffie. Fig. III. Cerveau du monocéros , groffi. Fig. IV. Œil du monocéros, groffi. Fig. V. Véfieules aériennes du monocéros , groffies. Fig. VI. Parties de la génération du monocéros mâle. Fig. VII. Verge du mâle un peu groffie. Fig. VIII. Parties de la génération du monocéros femelle. Fig. IX. Scarabée monocéros exotique. Fig. X. Autre monocéros appelle éléphant volant. Fig, XI. Autre efpece de monocéros. Fig , XII, fig , XUI. F'g- I. Fig. Fig. II. III. Fis- Fig. ,IV. V. Fig. VI. Fig- VII. Fig. Fig. vm, IX. F,g. F.g. I. II, Fig. III. f4 IV, Fig- V. Fig. VI. Fig. VII. Fig. VIII. Fi IX. F'g- X. XI. Fig. XII. Fig. xnr. Fig. XIV. Fig. XV. XVI. F'g- XVII. Fig. I, Fig. Fig. II, III, Fig. IV. Fig. V, VI. ACADÉMIQUE. .gji Partie antérieure d'un autre monoccros. Autre cfpeee de monocéros, PLANCHE X y. Ver du coufin. \'cr du coufin , groffi. Nymphe du coufin. La même nymphe , groffie. Coufin mâle. Coufin mâle, groffi. Aiguillon du coufin , grolTî. Tête du coufin femelle , groffie. Femelle du coufin. PLANCHE X y L Coupe tranfverfale de quelques cellules d'abeilles. Trois cellules d'ouvrières, dont le bafes afiTemblées forment une cavité capable de recevoir la bafe d'une quatricms cellule k. Coupe longitudinale d'une cellule. Coupe longitudinale de quinze cellules. Cellules de mâles furmontées d'une cellule royale. Cinq cellules d'ouvrières adoffées à cinq autres cellules fem- blables. Cellule d'ouvrière coupée en trois fegments égaux. Dix-neuf cellules vues par derrière. Six œufs d'abeilles. CEuf d'abeille, groffi. Dix-neuf cellules contenant du couvain. Ver de l'abeille dans fes différentes groffeurs. Ver de l'abeille prêt à changer de peau. Ver de l'abeille , groffi. Quelques vifceres du ver de l'abeille, groflls. Refervoirs de la foie du ver de l'abeille , groffis. Coque du ver de l'abeille, PLANCHE X y I L Ver de l'abeille prêt à fe changer en nymphe, groffi : on l'a dépouillé de fa peau. Nymphe de l'abeille , groffie, j\beille ouvrière. Abeille ouvrière avec des lettres indicatives. Abeille femelle. Abeille môle. «31 COLLECTION Fig. VU. Trompe ou langue de l'abeille , groffie. . ■ ■ Fig. f^IIL Trompe de la guêpe, groffie. Fig. IX, Poumons de l'abeille , groflîs. Fig. X Poil de l'abeille, groffi. PLANCHE XVII h Fig. /. Tube inteftinal de l'abeille , groffi. Fig. //. Aiguillon de l'abeille, groffi. Fig. ///. Parties de l'aiguillon , groffies. Fig. IV. Ovaire de l'abeille. Fig. A'. Cœur de l'abeille , groffi. Fig. VI. Ovaire de la guêpe, groffi. Fig. VII. Ruche de boiu-dons- PLANCHE XIX. Fig. /. Tête d'abeilles , très-groffie. Fig. //. Intérieur des yeux & du cerveau de l'abeille, très-groffi, Fig. ///. Fibres corticales inférieures de l'oeil de l'abeille , très-groffies». Fig. IV. Cerveau de l'abeille , groffi . PLANCHE XX. Parties de la génération de l'abeille mâle , très-groffies. Ces même parties commençant à fe retourner & à fe dé- ployer, groffies. Progrès de ce retournement. Ce même retournement plus avancé. Ce même retournement encore plus avancé. Parties de la génération entièrement retournées & déployées. Verge de l'abeille mâle , groffie. Parties de la génération du grand fcarabée aquatique , groffies. Moelle épiniere de l'abeille mâle, groffie. Portion de cette moelle épiniere , plus groffie. PLANCHE XXL Loup de la ruche. Ver trouvé dans un nid d'abeilles fauvages. Abeille fàuvage, un peu groffie. Autre efpece d'abeille fauvage. Autre efpece d'abeille lauvage à greffes & longues antennes; Autre efpece d'abeille fauvage. Autre abeille fauvage. Frelon. Guêpe de moyenne groffeiur. Fig. /. Fig. //. Fig. ///. Fig. IV. Fig. V. Fig. VI. Fig. vu. Fig. VIII. Fig. IX. Â- X. Fig. I. Fig. IL Fig. ni. Fig. IV. Fig. V. Fig. VI. Fig. . VIL Fig, . VIII. Fig. , IX. rig. X. Fig. XL Fig. XII. Fig. XIII. Fig. XIV. Fig. xr. Fig. XA7. Fig. XVII. Fig. XA^//. Fig. X/X. Fig. XX. Fig. A'X/. Fig. XXII. Fis. XJcT///. académique; 635 Guêpe fingiilierc. Bourdon. Fauffe-gucpe ou mouche qui a trois filets à la queue. Nid de la plus petite clpcce de guêpe. Guêpier dépouille de fès enveloppes. (Eut de phalène ou papillon nodurne, groffi. Coque de cet œuf, groiTie ; la chenille l'a cafTée en deux pour en fortir. Chenille de ce même papillon ; elle a acquis tout fon ac- croiffement. Cette même chenille dans la coque qu'elle s'eil filée, Chryfalide de ccite chenille. Phalène mâle provenant de cette chenille. Coque de la chrylalidc contenant des œufs. Femelle du papillon précédent. Accouplement d'une phalène avec fa femelle non-ailée. PLANCHE X X I L Fîg. /. Fig. //. Fig. III. Fig. ir. Fig. V. Fig. VI. Fig. VIL Fig. VIII. Fig. IX. Fig. X. Fig. XL Fig. XII. Fig. XIII. Fig. XIV. Fig. /. Fig. //. Fig. ///. Fig. IV. FJg. /. Chenille épineufe de l'ortie. La même chenille, groflie. Particules réniformes de cette chenille. Eflomac de cette chenille & parties adjacentes , groflïs. Deux conduits dont Tufage eft inconnu , groilis. Cœur de cette même chenille , grollî. Moelle épiniere de cette chenille , grolîîe. Cette chenille épineufe fuipendue la tête en bas & prête à le mettre en nymphe. Parties du papillon cachées fous cette enveloppe ou fous cette forme de chenille. Tête de ce papillon , grofîîe. Chryfalide de cette chenille épineufe , groflie. Cette même chryfalide vue par le dos. Dépouille de cette chryfalide que le papillon a quittée. Le papillon de cette chenille. PLANCHE X X I I L Eftomac du papillon précédent , avec les partres adjacen- tes, groffi. Parties de la génération du mâle , groflîcs. Ovaire de la femelle , groffi. Trachées & graiffc de ce papillon , groflîcs, PLANCHE XXIV. Œuf de chenille , grofli. 634 F.g. IL Fig. ///. Fig. IF. Fig. r. Fig. FI. Fig. FIL Fig. Fin. Fig. IX. Fig. X Fig. XL Fig. ^//. Fig. X///. Fig. XIF. Fig. j:r. Fig. XFL Fig. XA7/. Fig. XF///. Fig. X/X. Fig. XX. Fig. XX/. Fig. XX//. Fig. XX///. Fig. XX/r. Fig. XXr. Fig. XX ^/. Fig. XX /-7/. Fig. XXFIIL COLLECTION Chenille renfern"'ant le p;ipillon. Chenille prête à fe transformer. Chryfalide on l'on voit les parties du papillon'. Le papillon. Papiilon-chryr.iiic'e ou dépouillé de la peau de chryfalide par l'eau b{)iiillante. Chrylalido prûtc .1 le transformer. Dépouille de ce'ui:- chryialide. Le même papillon au moment où il fort de la chryfalide. Le même papillon un peu après qu'il eft forti de la chry- falide. (Euf de la mouche ftercoraire , groflî. Coque de cet œuf percé par le ver, groflle^ Ver des latrines.- ' Même ver qui a pris tout fon croît. Nymphe vermiforme de ce ver. Cette nymphe tirée de fes enveloppes. Mouche flercoraire. Autre efpece de ver flercoraire à queue de rat. Sa nymphe. Sa mouche. Ver blanc qui s'efi nourri dans Fintérieur de la chenille ds.' la Figure II. Nymphe-verniiforme de ce ver. Sa mouche. Ver de la mouche afile. Même ver entièrement plongé dans l'eaia. Un Morceau de fa peau, trèsrgroffi. Un de fes pieds , groffi. Son bec, groffi. PLANCHE X X f:. Fig. /. Ver de l'afile, groffi. Fig. //. Ses conduits ialivaires , ^roffîs. Fig. ///. Trachées de ce ver, groffies. Fig. IF. Graiffe de ce ver, groffie. Fig. F. Cœur de ce ver, groffi. Fig. FI. Cerveau & moelle épiniere du même ver , groffis PLANCHE X X F L- Fig. /. Coque de la nymphe-vermiforme de l'afile. Fig. //. Cette coque ouverte. Fig. ///. Nymphe de l'afile tirée artificiellement de-fon ver. Fig. IF. Cette nymphe, groffie, Fig. F, Sa £rai(îe^ Fig. Vî. ACADÉMIQUE. Fig. yi. Conduit intcflinal de cette nymphe , groflï. Fig. FJI. Moelle épinicre de la même nymphe, groflle. Fig. f^lIJ, Mouche afilc. Fig. IX. Dépouille quittée par rafilc. Fig. X. Dépouille de l'intcflin. PLANCHE X X y l I. Fig. /. Trompe de l'afilc, groflie. Fig. //. Véficules pneumatiques de l'afile, groflîes. Fig. ///. Parties de la génération du mâle, groûies. Fig. IV. Ovaire de la femelle , groflï. Fig. y. Ver ou mite du fromage. Fig. yi. Le même ver , grofTi. Fig. yil. Ce ver courbé circulairement. Fig. yill. Ce ver prêt à fauter. Fig. IX. Parties internes de ce ver, groflles. Fig. X. Sa graifle, groflie. PLANCHE X X y I I L ^35 F.g. /. Fig. //. Fig. ///. Fig. ly. Fig. y. Fig. yi. Fig. yii. Fig. yiii. Fig. XL Fig. .Y. Fig. XI. Fig. XU. Fig. Xlll. Fig. xiy. Fig. xy. Fig. xyi. Fig. xyii. Fig. xyiii. Fig. XIX. Fig. XX. Fi^. XXI. Fi^. XX//. Fig. XX///. Fig. xx/r. Fig. XXV. Cerveau & moelle épiniere du ver du fromage , groiïis. Les mêmes objets vus de côté. Miifcles de ce ver, groflîs. Sa nymphe , grofTie. Mouche mâle provenant de ce ver, groflie. Parties de la génération de ce mâle , groflles. Parties externes de la matrice de la femelle , groflîes. L'un de les foixante & quatre ovidudlus, grofli. Galles des feuilles de faules. Œufs de ces galles , groflîs. Coque de l'iniééle de ces galles & l'infeû-e même. Cet infecle ou cette mouche, grofl^ic. Derrière de la femelle de cette mouche. Autre infeéle des galles du faule , groflâ. Ver apode trouvé dans les feuilles du faule. Même ver , groflï. .Sa nymphe. Même nymphe , groflïe. Scarabée venant de cette nymphe.- Même fcarabée , groflï , Vers rouges trouvés entre des feuilles naiflantes de iàulè. Mouche venant de ces vers , groiîïc. Galle en ro(e , du faule. Même galle dépouillée de fes feuilles & fon infefle. Chenille rouleulé , groflïe : c'eft la chenille q de la Fig. K, Tarn, y LUI «}6 COLLECTION PLANCHE XXIX. Fig. /. Fig. //. Fig. ///. Fig. IF. Fig. F. Fig. FI. Fig. FIL Fig. FUI. Fig. IX. Fig. X. Fig. XI. Fig. A'//. Fig. A7//. Fig. XIF. Fig. Xr. Fig. XFI. Fig. A';^//. Fie. AT///. Fig. A7A. Fig. AA". Fig. XXI. Fig. /• Fig. //■ Fig. ni- Fig. /r. Fig. F Fig. F/. Fig. F//. Fig. FUI. Fig. /A. Fig. X. Fig. A7. Fig. A//. Fig. XIII. Fig. A'/r. Fig. XF. Fig. A'A'/. Fig. Ar//. Feuille d'aulne minée par plufieurs infeftes. Chrylalide trouvée clans cette feuille , groffie. Papillon de cette chrylalide. Même papillon , grofli. Mouche dépofant les œufs entre les feuilles du chardon, Galles de l'ortie grieche. Ver de l'une des galles précédentes. Nymphe de ce ver, groffie. Mouche mâle venant de ce ver. Galle cotonneufe du chêne. Bafe de la partie cotonneufe de cette galle. Mouche de cette galle. Galles du chêne. Coupe d'une galle de chêne. Autre galle coupée. Coques en forme de fèves trouvées dans ces galles. Ver de ces coques prêt à fe mettre en nymphe , grofli. Nymphe de ce ver, groffie. Mouche venant de cette nymphe. Cette même mouche , groffie. Coupe de la çalle qui contient des phaféoles ou coques en forme de teve. PLANCHE XXX, Galle fpongieufe de l'églantier. Coupe tranfverfale de cette galle. Mouches venant de cette galle. Galle des feuilles du peuplier. Ver de cette galle. Matière lanugineufe que ce ver porte fur la partie pofté- rieure de ion corps. Nymphe de ce ver. Mouche venant de cette nymphe , groffie. Ver apode des feuilles du chou. Nymphe de ce ver, vue par le dos. Même nymphe , groffie. Même nymphe dépouillée de fes enveloppes , groffie. Mouche venant de cette nymphe. Teigne dans fes différents états. Ver à fourreau qui vit dans l'intérieur des feuilles , avec fa mouche. Autre ver à fourreau dans fes différents états. Teigne du mufc dans fes différents états. Fig. XVJII. Fig. XIX. Fig. XX. Fig. XX/. Fig. XXIL Fig. XXIU. Fig. XX/r. Fig. XXK Fig. XX F/. Fig. XXA7/. Fig. XXFIII. Fig. I. Fig. II. Fig. III. Fig. IV. Fig. V. Fig. VI. Fig. VII. Fig. VIII, Fig. IX. Fig. X. Fig. XL Fig. XII. Fig. XIII. Fig. XIV. Fig. XV. Fig. XVI. Fig. I. F.g. ir. Fig. m. Fig. IV. Fig. V. Fig. VI. Fig. VII. Fig. VIII. Fig. I. Fig. II. Fi^. III. Fili. IV. ACADÉMIQUE. è^f Fourreau d'une chenille compol'é de petits brins de bois. Autre fourreau compolé par un ver aquatique avec des grains de lable. Œuf de grenouille. Même œuf ayant pris de l'accroiffcment. Têtard. Têtard ayant pris de l'accroiffcment. Têtard dans l'état de nymphe. Grenouille mâle. Parties de la génération de la grenouille mâle. Ovaire de la femelle. Patte du md/l.jB:ira/u/. To. K et Ie:i'."'c{elkLff. WatiSepiiréePLiy. Fuj. W. J j'ii/. nu. jFh/. je. fkï Fi(j. JX. ■5 h Fu/.xni. ù^//.\'/..l.\),ï.lVirt.i:tr.}nii //'. ]'. ri h' y'^fr /'nhlSul: Si'pûréc. ]'/. V F.c,.n. / ■■' i; CoUect.Acad. l\ii i.Éti\m^ . To. V. et le 2"^ de /liuilJ^'aLJepcu-éel'I. U. Fi(7 ■ I Fiq . m. JÏU7 . ir. Fin. X. "iy J?V ^K7- Fiç . SJIl. Fiif- xir. l \^(lect.Acad. Part. Etraruj. To. Kecle^"' c/e lHurt. Mit. Separ^Pl. M. '»"■('?> ;?;|/B#? Ll^/L'rt:. h\i' t't -t' ♦•-<••*:■ *,—*—. L\-'/L'L'tT. U\uL l'ail. /Ji/'ci/ur . /,\\. lU à' -??'• . //,v/ A •,.-,/ /',irt.Flninn. W>^r cl A- -j'"''. ,û' /'//isr.Xnr.^. /y .17. Lolle^-tr.Acad.Part-.Etrana.lb.V.etrle 2'^ de rHist:Nat: Séparée .PlJJI. F^ yi. Fr^ .11. ^BdaP^SM -L H L ■>^ .■»%àt*»*rniUBifcJ«lilWli-*^/.• CllL^l .\\i/. Si-'/'.irr',- . l'I .ZIV K î S '5! ^ I >^ ^ 0 '. V/.'< ■/ . . Ir, 7< / . Part:Klrdiu ; . /< > . T. .-/ A - 2 '"'''< h' l'HLs t:Nat:Scparéc'. IL \ 11 -LûUrctAciid./brt.hlra/y.h^À . ,v h- 2'^ cù' ri/uU:.\at . ^L'p.ir.v . PL XVJI. i-^^itm ■y ■ .4*»M«»«i»i>».«T 1- • i.fHS»:«rt."*ti!"*f«» c ollect.lcad.Pû/i Etrûni>.Tc\l.rrà'2"'-iA' rN/st.Xû/.SJ/hjrii' . PI . /VlII iî:/w^( cc^•r<.b..vy' c\>HiVt.h\i,i. r'.iil. JUij^o .'if.r.rt le :j:"',A' filial . \cU. Sc/:ir,-[-. Pi. xxnr. Ko.llt. ^b-^f ^ »v y/ M 5^ 'y '■0 I i s Si - 1 r ' >c ^ N 1 '^^^ »>* ■^ *- > ^?^ 1 0 >i "«} ^>' <* I • 1 ^ I - I , CoUectrAcad ,J'art.I^:u\ino :ro A \ et \ i^ .uT^'de l'JIiisr. Mat: S ^parJc. Pi . xxv7/. ■riî Collect7.Acacl.Part:Straivj .'rî>.V. et le 2T-'cie IHisf.lS^ai^ S eparée . FI. .txitit. Vv... •'•' ,,ri. . > H cotU'ct.AcadPart.F.tra/ur'Jd.Ver (e 2":'\/c- . VHùsr Xar. Sc'fhiri'c l'I AX/X. lI\'/c'cl. UviJ nui. j:tiun<'.'Jc\ \.,i/\v . p/ . x\\ Collecl. .icad ■ J'art. fJtrantr . 7C>. r. lY /<' :i"f'dc' iHist-. iVat-SA\ireeMx(i:i ' <■ i' . '3S ■*» ■ ^ L \^/L -et-, i^\id .J'art. Kti\iiu ! Jb . 1 '■ rt: /c' y"".' th' /'Htsl.A'at. SepifriV./'/. WMf . L i'//,W .l.;iJ FurI Ktrano 'Jo F et le j.'^ dr IHist Xaf o\fUir,^- Jl..\XKJn 4 CûUect. ^ciui. I'loH. Etrah^j ■ To. K et /e 2.';"cie IJTiJt. Nat . Séparœ. FI -V.v.vn". • 5; s Collcct .Acad .Part: Etran.t rc.V.eth' ^"'.'di' iJIii r NaaSe'parc'r.PL ! ;.\ 1 7 ^^■' ^'^ 639 ■°™a TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIERES. A. A BDOMEX du pou ,pag. 39. de la pu- uXce aquatique arborelcente, 50. de l'eC- careot,fes mufcles, 83. de la limace do- meitique 100. des moules, uo. 111. du bernard-l'hermite iz6. des nymphes de demoirelles,i43. 144. du fcorpion aquati- que , 146. du ver de l'éphémère, 155. 161. de la fdurmi ouvrière , i86.de la fourmi mile , 1S7. de la femelle , ibiJ. de la nj-mphe du monocéros 106. du mono- céros mêm; 217. du ver du coufin 114. &fuiv. de !a nymphe 228. du coufm adul- te 234.de 1 abeille 250. i^i. 252. 280. de la chryfalide d'une phalène comparée avec la chryfilide de fa femelle, 381. 382. du papillon , 418. du ver de l'ari- le, 453. de la mouche des galles ligneu- fes en grofeilles , 49 3. d'une mouche ve- nant d'une galle du faule , 'joi. du pa- pillon d'une" chenille mineufe , 518. du fœtus humain, 552. de la grenouille , 556. 6" fuh: 568. du téiard, i;6j. vaif- leaux de l'abdomen du poulet dans l'œuf, ^-2. de la çrolTe fcolopendre de mer, 604. de la feche, 614. &• fuiv. Abiillc , fa nymphe, pag. 4- ■;• 6. aéluel- ment formée dans cette nymphe , p. 11. abeilles amphibies , abei'les lauvages , 137. ver de l'abeille, 159. différentes efpeccs d'abeilles, 175. it6. 188. fa ver- ge , 219. fes \-ailTeaux déférents, 220. la nymphe , 223. abeilles décrites, 236. &■ fuiv. comment on les nourrit l'hiver, 241. leurs cellules , 243. 6- fuir, celles des mâles & des femelles , 246. 247. 248. abeilles mâles , femelles & ouvrières comparées , 250. & fuiv, manière de fe faire fuivre par les abeilles, 283. leur ponte , 288. en quel temps font plus promptes à piquer, 30^. les m.âles des abeilles & des frelons n'ont point d'ai- gui'hin, /i/'./. mère abeille décrite, 306. ?'/ù;v. mâle décrit, 321. i , 129. 230. 233. de fa femelle 234, de l'abeille , il;©. 25 t. ébauches des anten- nes de l'abeille dans fon ver,2f>2. 17^. dans fa nymphe, 275. 278. antennes du mile do l'abeille, 521. 332. d'une thry- falide de piialene , 3?o. de cette phalè- ne même & de fa femelle , 381.de lathc- nille épincufe de l'ortie, 387. 392. 393. dans la chryfalide , 394. 396. 397. 398. èi/uiv. du papillon, 402. 418. dans la TIQUES. 641 papiUon-chryfalide , 413. dans la chenil- le & dans la chryfalide, 415.416. dansla nymphe de la mouche des latrines, 434. dans la mouche même , ititl. du ver à queue de rat, 435. du ver de la mou- che alile, 442. 443.452.433. 454.462. de la mouche même , 465. du ver du fromage, 472. de fa nymphe 485. de fa mouche 486. 487. de la mouche des galles ligneufes en grofeilles, 493. d'une mouche venant d'une galle du faule , 501. d'un fcarabée mineur de feuilles , 512. 5 13. d'une mouche du faule, 514. delà mouche d'une galle en rolêdu fau- le , 516. du papillon d'une chenille mi- neule, 518. d'une mouche du chardon, 521. des mouches djs galles c!e l'ortie, 522. 523. d'une mouche de galle de chêne , 528. des mouches des giUes du peuplier noir , 5 34. de la mouche du ver mangeur de pucerons , 536. d un papil- lon 3e la chenille perce-bois du chêne , & de quelques autres papillons, 5}-. & fuiv. d'une mouche de teigne des feueilles d'arbres, 545. du fcarabée da mule, 547. d'un autre fcarabée venant d'un ver perce - bois , du fcarabée tou- lon,547. , . , n Anthères ou fommet des etamines des fleurs, pàg. 241. Anus , du pou , pjg. 45. 49- de l'efcargot 58. 65. 69. de la limace domeftique 99. de la limace des prairies, 101. de l'a- lie-kruyk, 115. du bernard-i'hermite , 126. des nymphes des demoifelles 144. de l'éphémère, 157. du cojfits , 195. de fa nymphe , 206. de U femelle du mo- nocéros , 220. du ver du couiin , 227. de la nymphe de l'abeil'.e , 277 de l'a- beille, 298. 51}. du papillon, 404. du ver de l'afde , 453. dj fa nymphe, 458. 463. de la mouche du ver du fromage 489. des teignes du lis , de l'orge , de l'artichaut . 544. de la grenouille & foR ufage , 563. du têtard 5-0. 575. Aorte de l'efcargot , pj§. -o. Apiformis ( mutca ) pjf;. 435- Apodes (vers) pag. 185. 426.499. 505. 506. 508.516. 520. 53>539- 544.549- Appendices de l'eftomac du pou, /'Jg. 43. 4-'. de fes cviduâus, 49. appendice de la matrice de l'efcargot. 75. 7(>. os qu'el- le contient, •'7. 78rappendice de la ma- trice du limaçon de» jardins ou Uquais, os qu'elle contient , 97. appendices arti- culées du bernard-l'hcciUiie 124.125. 641 T A B appendices triangulaires de la queue des nymphes de demoifelles, 144. appendi- ces des œufs du fcorpion aquatique , ' 148. de la queue du ver de l'éphéme- re , i^S. 157. de l'éphémère même, 169. de la queue du ver aflafllrij 209. de celle du ver du coufm , 125. î?6. appendices de la véficule du venin de la mère abeille, 311. de l'aiguillon de la mère abeille, 315. du pénis de l'abeille mâle , 335. 336. 337. & fuiv. de la trompe del'afde, 465.de l'œfophage du ver du fromage , 476. des vaifTeaux déférents de fa mouche, 489. appendices des tefticules delà grenouille mâle, 553. 5154. de l'ovaire de la femelle, 555. 557. appendiceslatérales du thorax du têtard , 568. 569, 570. 572. autres appendices fi- fiices entre les précédentes , ^68. 570. appendices latérales de la grofle fcolo- pendre de mer, 604. 605.de la bouche du même animal, 605. 'yquaiiijues ( animaux ) leurs mufcles , pag. 582.585. ^queuje ( humeur ) de l'œil de 1 efcargot , pa^. 61. 62. de 1-agrenouille, 580. de la feche ,621. y'rachnoidc (tunique) dans l'œil de l 'ef- cargot, pag. 61. 62. tunique arachnoïde dj cerveau des animaux, 202. y.rjignée fort de l'œut parfaitement {ox- mée,pag. 20. 23. araignée du Brefil, 24. araignée nommée tarentule itiJ. Voyez tarentule. Araignée du Cap. de Bonne Efpérance décrite, itiJ. araignée d'Amé- rique décrite , ibiJ. araignée d'Hollande décrite, itiJ. & 27. 28. Voyez retiarii. Araignée puce , 29. des buiffbns , ihiJ. voyez fepiûria, Aii'i^née loup, 30. arai- gnée à longs pieds, liid. quand les arai- gnées font en état d'engendrer , itiJ. comment pafTent d'un arbre fur un autre, 30. 31. comment slongent leur fil , 31. araignée à longs pieds , 38. araignée va- gabonde & autres, 328. mangeufe d'a- raignées, 429. araignées dans des galles, 495. venin de l'araignée , 504. Arhre aux mouches , pâç. 492. Arc ou pièce à cinq bandes dans les orga- nes fexuels de l'abeille mâle, pag. 337. & fuiv. Ancres âe l'cfcargot , /•j»'. 58. 70. artères fpermatiquesdes tefticules delà grenouil- le mâle, 553. grande artère de la gre- nouille, 559. 577. 578. &L fuiv. du té- tard , 573. artères des nerfs, 586. gran- L E de artère de la feche, 617. 620. Articluiut ( galle en ) pag. 492. faufTe tei- gne des artichauts , 544- AJetlus , nymphe-ver des fauterelles , /)ag. 134. afellus minor , 580. afellus , 616. Afle (mouche) pag. 425. 439. Si. fuiv. parties qu'elle perd dans fa transforma- tion , 45 2. le maie comparé avec la fe- melle , 467. & fuiv. variété dans cette efpece , 467. manière de les préparer pour la diffeftion , ihià. A/perges, pag. 608. A/aJin ( ver ) pag. 183. décrit, 208. 209. 210. comment & de quoi fe nourrit, 209. Attalahus , pag. 134. Aulne , inieftes trouvés dans l'épaiûeur de fes feuilles, 517. Se fuiv. dans des four- reaux fur ces mêmes teuilles, 545. ^(/râV, /'<»_?. 28. manque au pou, 42. bouche du fcorpion , 54. de l'efcargot, 57. 63. 82. 83. bouche d'une coquille, 86. du petit limas turbiné, 95. " de la limace domeftique , 100. de celle des prairies, loz. du limas aquatique vi- vipare , 107. de fon fœtus, m. de l'a- lie-kruyk, 115- du limas à coquille con- cave d'un côté, 117. 118. du bernard- l'hermite ,124. 125. des nymphes de demoifelle , 143. du fcorpion aquatique ailé, 146. du ver de l'éphémère, 154. 156. 157. de celui de la fourmi, 184. du colTus , 200. de la nymphe du mo- nocéros , 211. du ver du coufm , 225. de l'abeille, 293. 294. du ver de l'afile, 442. 443. 447. 448. 452. 454. du ver du fromage , 472. 476. 49T. d'un fcara- bée mineur de feuilles, 5 i 2. du têtard , 568. 570. e,->i. de la grenouille 570. de la grolTe fcolopendre de mer , 605. 606. du limaçon , 606. de la feche, 616. Bouclier au ^ou , p-:g- 4-. du bernard-l'her- mite , 125. du ver de l'éphémère, 155. des écrevilTes , itiJ. de la nymphe du mo- nccéros , 206. îO"?. Bouillie, dont les abeilles nourriïïent leurs vers ,p.ig. 258. 259. BourJofinemeni des abeilles , ce qui le pro- duit, pjg. 251. bourdonnement de Ta- fceille femelle avant de fortir de fa ru- che à la tête d'un nouvel elTaim , 282. bourdonnement des autres abeilles au- tour des cellules dès femelles prêtes à iorÙT , ibiJ. bourdonnement expliqué, 332. 333. bourdonnement de l'afils & d'autres infeftes , 4')7. de la mouche du ver du fromage , 488. 'Bourdons ( fiiux ) pag. 175. 236. & fuiy, loin. A', Ê T I Q U E. 643 248. bourdons, 177. 458. 159. teflicu- les des faux bourdons , 298. oeufs & nids de bourdons, 318. éL fuiv. poux des bourdons, 320. différentes efpeces de bourdons, 357. 358. nid de bour- dons, 371. Bourfcs vuides qui relient dans l'ovaire de la grenouille & de la poule après la pon- te , 564. Boutons d'émail (gàWes en) pjg. 493. bou- ton de l'œillet, 597. 598. Br.is des araignées, pag. 25. 26. 28. de l'a- raignée puce , 29. de la puce aquatique, 50. 51. ^2. du fcorpion, 54. variétés dans cette partie des fcorpions, 5c. bras du petit fcorpion de Hollande , 55. 56. du bernard-l'hermite, 125. du fcorpion aquatique, 146. 149. de la feche, 609. & fuiv. Bup refle , pag. 181. Bmyracei, pag. 372. Byps . pag. 88. c. CAbillav ,pjg.6i6. Cacum du pou, pag. 44. du bernard- l'hermite , 127. du ver du monocéros & du ver de l'abeille , 204. du ver de l'a- beille, 264. cacum des gallinacées, /*/a^. 121. du bec de la feche , 6n. Châtaigne , pxg. 5 40. Chêne , galles de cet arbre, pag. 178. 492. 493. 504. 523. 524. &/«;v. 537. 544. Chenille, p.tg. 3. & /«if. contient le papillon, 4. II. quand fe change en chryfalide , 16. 17. marque carattériftique de leur {exe, 34. grolTe chenille des moluques, 133. chenille-loup, 320. art d'injeâer les chenilles, 373. de qui lei chenilles fe nourrirent, 373. dilférer;tes chenilles, 375. & fuiv. chenille d'une phalène , 379. différentes efpeces de chenilles , 384. 385. 386. chenille épineufe de l'or- tie décrite , 387. & fuiv. chenille du chou décrite , 410. comment on peut la dépouiller de fa peau pour découvrir le papillon , ibiJ. fa transformation eu chrylalide , 410. &c fuiv. comment cer- taines chenilles fe fix«nt à quelques corp« folides pour fe transformer, 410. 411. manière de faire durcir les membres du papillon renfermé fous la peau de la che- nille pour les obferver après avoir en- levé cette peau, 416. manière de bien obferver les chenilles, 427. chenille du chou, 438. fauiTes chenilles , 493. 495. chenilles rouleufes , 495. 5 38.£auire che- nille d'une galle dufaule, 498. Sj. fuiv. chenille de l'orme , du chêne & du pom- mier, 537. du troefne , de l'orme, de la racine d'orobante , des tiges de fcro- phulaires , de la laitue , du chicon , de i'enula campana , de l'abricot , des hari- cots , du baguenaudier , 1)38. des pois verds , de la pomme, de laprune , du bon chrétien, de l'orge & du bled, 539. du gland, de la châtaigne, de la noifette> de la datte, du froment, du feigle, des ccrifes, p. 540. de l'amende de lanoi- A L P H A B ftttt , <[4l. fauiTes chenilles des poires, ,38. Chtvjl, pjg. 611. 666. ■Chevdltnc (mouche) pag. îio. 415. 439. 46^. £licvres-vohiites , piig- 180. Chevaux , n'ont point de véficule du fiel, P^g- 73- £hicon,pag. 538. Chiens , leur accouplement , pjg. 341. re- tirement des nert's en certains Cis dans les chiens , 4-'9. vers trouvés dans les reins de ces animaux , 480. chiens de chafTe , 626. À^hoUJoques ( conduits ) dans l'elcargot , pae;. 73. Chorion du fœtus du limas aquatique vivi- pare , pjg. 1 10. du fœtus de la grenouil- le , 566. écfuiv. Choroïde de l'œil de la feche, pjg.610. •Chou, ver de fes feuilles, pjg. 535. Chryfalide , pjg. 3. 5. 7. 8. 9. 411. ell une vraie nymphe St contient l'inlacte tout formé, 9. caufes qui peuvent contribuer à la dureté de fon enveloppe, 9. 10. chryfalide , 13. chrylalide du papillon au vol rapide, 185. zoS. du ver-à-foie, ao6. chryfalides des papillons diurnes , 371. & fu'n: chryfalide d'une phalène mâle, 380. comparée avec la chryfalide de fa femelle, 381. chryfalide compa- rée à la nymphe , 382. 583. chryfali- de, origine de ce mot, 395. chrvlalides «iiTérerament fufpendues ,411. 41 2. im- mobilité des chryfalides d'où provient, 413. papillon-chryfaHde , 4T3. & /û;v. chryfalide trouvée dans une feuille de l'aulne , 5 17. 518. chryfa'ldes d'une che- nille du chêne & de l'orme , d'une che- nille du pommier, 537. de quelques au- tres chenilles, '538. 6c ,«ii'. d'une teigne des feuilles de l'aulne, 545. 546. chry- falides comparées auxboutoasdes tleurs , 598. Chryfopis , pag. \-7i. Ci^jle j^Lariifue de Rondelet , p.jf. 133. c'i- gales terreftres, leur chant, 135. 3^3. 467. petite cigale trouvée fur un faute , jcç. bec des cigales ,534- Citijires ( conduits ) dans l' i il de l'efcar- got, pjg. 62. ligament cliiaire de i œil de la feche, 621. Cire, Ion ufage dans la préparation des in- feiles , pjg. 203. cire dans une ruche d'a- beilles , 237. cire brute , 237. 238. 239. %40. 241. 297. 363. «ire-vierge, 148. fon É T I Q U E. «45 mélange avec le venin de l'abeille , 3 17. cire des bourdons, 318. 319. Ciron , pag. 3 2. Citrouille , manière d'avoir des cariileres tracés en relief fur fa peau, pag. 504. Chaque du pou , pjg. 45. de la mère abeil- le , 315. de la nymphe de l'afile, 458. d« l'afilje elle-même , 468. Clopjries , pjg, 33. de mer, itid. &C fuiv. J13. chenille-cloporte, 412. 558. Clou (galle en) pjg. 493. Cochenille , efyece as yer , pag. 173- 2-'4. fa transformation , 273. ver de Hollan- de qui reiTemble à la cochenille, 274. Cochlid opercularis , pag. 5 6. C«chon, pag. 507. C4. de l'abeille , 295. de la mère abeille, 306. de la chenille épineufe de l'orùe , 389. 391. de fa chryfalide, 396. 400. du ver de l'afile 449- 450. du ver-à-foie, 4^0. 45 5. du ver du fromage , 480. de la gre- nouille, ^56. 577. du têtard, ^69. 5-0. 573. 5S9. des léfards , des ferpents, des tortues , 577. mouvement du cœur de la gre.iouiile , 586. 587. 588. air trouvé dans le cœur de quelques perfonnes^59i. cœur de la grofif fcolopendre de mer , 606. de la feche, 617. 619. Colon du pou, pag. 45. de l'éphémère, IV> du ver du monocéros, 199. 204. de l'abeille , 297. 29S. ren:lements du conduit intellinal qui tiennent lien au colon dans le papillon , 404. colon de h nymphe de l'afile, 45 S. du ver du fromage, 477. du fcat-js humain, 57,-. Colonnes'de l'os de la fech^ , pag. 625. 626. Car.cha ver.cis , pag. 9 1 . Connue de venus ou porcelaÏRC , pag, 92. & 93- Cor.voLvulus , pag. 49,-. 498. 64<5 T A B Coqs , ^ag. 344. 490; Coqs-d inJe , p.2g. 89. Coque d'une chenille de phalène , 3R0. va- riétés dans les coques de chenilles, 384. 385. dans celles des divers inièdes,42i. & fuiv. coque de l'aiile , 460. & Jhlv. ■ coque d'une taufi'e chenille du Taule, ^oo. ^01. çoi. d'un ver des feuilles du faule, ^14. d'une chenille mineule des feuilles de l'aulr.e, ^i8. d'un ver des mcmes feuilles, çao. du ver mangeur de pu- cerons, 5 3Ç- ^3''. de quelques chenil- les Ç37. Sifuh. de la nymphe du ver du muk, <;47. CoquilUges , s'ils fortsnt de l'œuf avec la coquille, p.i^. 87. coquillage turbiné ref- fethblant au limas aquatique vivipare, 113. Coquille, des plus petites moules, des fqui-l- les boflues , des limas qui viennent de naître, & de la puce aquatique arborei- cente, ^2. de l'efcargot , ^7. inaniere de la détacher du corps, 38. coquille du bernard-l'hermite Se autres teftacées, 84. 91. 91. coquille de l'ercaigot , 8{. & fu.-v. des moules , 88. pellicules qui fe forment à la bouche de cette coquille, 88. tormation de cette coquille, ihid. & fuiv. formation des coquilles en général, 89. leur accroilTement & caufe de leurs inégalités, 89.90. comment fe réparent quand elles font caûces , leur rapport avec les os des autres animaux , 90. co- quilles où 1 on a trouvé des étoiles de mer, 92. coquille turbinée , i/>/i/. autres coquilles, ihiJ. &ifuiv. appellées uniques & autres, 94. ëi/uiv. coquille du lima- çon des jardins , 98. du hmas aquatique commun , 103, du limas aquatique vivi- parcj 106. 113. du fœtus de ce limât, 109. 110. 1 1 1. de l'alie-kruyk, 1 13. 1 14. Iif. du limas marbré à umbilic, 116. 1 17. dti limas à coquille concave d'un cô- té, 117. du limas concave des deux cô- tés, 119. coquilles de quelques moules de Hollande, ihiJ. & 121, manière de graver des figures fur toutes fortes de coquilles , 122. coquille du hernard-I'her- mite , 122. & fiuv. coquilles qui com- pofent les fourreaux des teignes, ^44. Ccrjil, opinion de Swammerdam fur fa formation, f.tg. 89. croûte qui revêt la partie dure du corail, 109. fi les co- raux ont de la graine, 608. CarccUt des infeftes , p.ig. ii. de l'araignée , 1.8. du pou, 39. de h demoilelle , 141. LE du fcorpion aquatiqne, 146. du ver de l'éphémère, 1,4. i,,;. içy. de la fourmi ouvrière , 186. de la fourmi mâle , ihid. & fuiv. de la femelle , 187. du monocé- ros dans l'état de nymphe , 204. 206. du fcarabée monocéros , 2:8. de plufieurs autres fcarabées de même genre, 22}. 222. du ver du coufin , 224.&yû;v. du coufm, 233. 234. de l'abeille, 2^-1. de (i nymphe, 277. 279. de l'abeille, 332. de la chenille , 391. du ver de l'aille , 448. de l'ahle même, 462. 466. 467. de la nymphe du ver du fromage , 48 c. de fa mouche, 487. 488. de la mouche des galles ligneufes en grofeilles , 493. d'une faulTe chenille du faule , 498. de fa mou- che, ,-oi. d'un fcarabée mineur de feuil- les, ^13. d'une mouche du faule, ÇI4. du papillon d'une chenille mineule, n8. des mouches des galles de l'ortie, ^22. (,•23. des vers des galles du peuplier noir, i;3i. de la mouche du ver mangeur de pucerons, 536. ^37. de quelques mou- ches, 537. d'une mouche de teigne des feuilles d'arbres , 54^. du fcarabée du mufc, Ç47. Cordon umbilical des œufs du limas aqua- tique vivipare, pag. no. du foetus hu- main , ç^a. Cornée de l'œil au fon , pjg. 48. des yeux des crabes , des écreviifes , du bernard- l'hermlte, des abeilles, du limas aqua- tique vivipare , II!, de l'œil du bernard- l'hermite , 129.130. de l'éphémère, 167. du monocéros, 215. de l'abeille , 322.. Si fuiv. 327. de la mouche ftercoralre , 330. de l'aille, 4;9. 468. de la feche, 611. Cornes de certains cloportes de mer , pag. 33. de l'efcargot, 57. ç8. (9. 60. 8?- cornes de cert , leur périofte , 87. &. fuiv. cornes du petit Innas turbiné , 9c. du limas ovoïde , 96. du limaçon des jardins. 98. de la limace domeftique , iiiid. du liinas aquatique commun , 103. du limas aquatique vivipare , 107. de fou fœtus , n I. de l'ahe-kruykjilç. du limas marbré à umbihc, 116. du limas à co- quille concave d'un côté, 117. de cehii à coquille concave des deux côtés , 119. du bernard-l'hermite , 124. des écrevil— fes , iiiii. des l'carabées , 179. cornes du monocéros mâle, 179. 180. 201;. 2a7. 2i8. des capricornes volants , 180. du ftaphilin , 1S2. de la fourmi dans l'état de nymphe, 18^. du monocéros dans fa nymphe A L P H A B nymphe, :ii. 21;,, matière que conte- iioii cette corne , ibid. etîet de la caftra- tion du cerf Tur fes cornes, 2/3. cornes de plufieurs fcarabées , 22t. 222. dans l'intérieur d'une clienille prête à fe tranf- former, }g2. jpj. dans la chryfalide , }Ç4. cornes ou trompes de ia matrice des grenouilles , ;;6. & j'uiv. Cornet ou volute, elpece de coquille, /J^j. Ç2. Corncii du nez des chiens de chalTe & des chevaux, pjg. 6^(>. Corps ou partie molle de l'efcargot , pat;, fy. fS. corps blanc d'où nailTent les vail- feaux falivairesdans l'efcargot, 7-f. corps du limas marbré à umbilic & du limas à coquille concave d'un côté , iij. des moules, 120. des fcorpions aquatiques, 14p. du ver de l'éphémère, /j^. isj. ijô. du coj/us , IÇ4- du monocéros raàle & femelle, 21J. de l'abeille, 2^2. d'une phalène &defa femelle,j5/. corps graif- l'eux dans la chenille , ypo. ^gi. 357. 400. corps du ver du taon , 4}ç/, du ver de la mouche aftle , ibid. & fitiv. de la mouche des galles ligneufcs en gro- feilles, 497. d'une mouche venant d'une galle du faule, ^oi. d'un ver mineur des teuitles de faule, //o.|'//. des mouches des galles en éponge de l'églantier, /2p. /Jo. corps trouvés fous la membrane qui enveloppe les reins dans une grenouille mâle , SS4. J!f- corps de lagroll'e fcolo- pendre de mer, tf 04. de la feche,doj). corps concaves adhérents au fac excrétoi- re de lafeche, 614. 6ip corps fpongieux des pompes féminales de la feche & du calemar , (i22.Si.fuiv. Ceriica'cs ( fibres ) de l'oeil de l'abeille mâ- le , pizi;. 326. J27. 32S. (ubftance corti- cale du cerveau de cet infefte, 327. 328. 330. €offon,pag. ;^g. Cojfui , ou ver du monocéros , pap i<>s- °^ fuiv. manière de le tuer pour le dilTéquer, ig6. cojfus des anciens , i^yj. fo;. Cou du pou , pag. y p. cou de la matrice de cet infefle , 4g. rou de l'infeile du fcor- pion aquatique , 146. du monocéros dans fa nymphe , 206. du coufm , 2_jj. du ver du fromage , 478. d'une mouche du fau- le , ^(4. de la feclie , Cii. CouL-urs , aveugle qui les diftinguoit par le feul tafl , pag. jsi- couleurs de la che- nille épineufe de l'ortie .j87.de fa chry- falide , Jp/. sgS.de ion papillon ^ 402. Tom. r. É T I Q U E. 647 40J. de la nymphe de l'afile , 4C>i d'une faulfe chenille du faule , 4gg. d«s ailes des papillons, fig. des objets vus au mi- crofcope , s^°- des poils de la greffe fco- lopendre de mer , 60 f. de la peau de la fcche , 612. Coupes des bras de la feche , pa^. 610. Coufin , ver d'où il provient ,pag. lâg. cou- fin , ;77. décrit , 22^. & fuiv. de quoi fe nourrit , 2yi. 2^2. remède à fa piquure , 2-J2. fa femelle , 2J4. différentes efpeces de coufms , 2^4. ajj. coufms morts , ce que c'ert, zjy. Couvain d'abeilles, p.r^. 247. 27J. Couveufcs ( mouches ) ce que c'eft parmi les abeilles, pag. 24;. 2/7. i86. 367. Crabes , pag. 84. 1 1 1. Crabrones, Voyez trclons. Crâne , humain , fa formation ,^jf. 8S- crâ- ne du ver de l'éphémère , 1^7. du ver du monocéros, igè. 20/. du ver -à -foie, ibid. du monocéros , 216. 11S. de plu- fieurs autres fcarabées de même genre , ^2l. 222. du ver de l'afile , 4^2. 46}. Crapaud , pag. f 76. S77. Crochets écailleux du ver de l'éphémère , pag. IJ4, 1^6. 167. crochets du papillon mile du ver-à-foie , & des mâles de plu- fieurs autres efpeces d'inlefles , 20^. du monocéros, 21 g. du coufin mâle 22g. crochets des pieds des araignées & des fauterelles, quittent une dépouille, 26;. crochets fur la tête du ver de l'abeille 2^2. crochets des pieds de fa nvmphe, 278. de la verge du frelon , y 41. des pieds de la chenille épineufe de l'ortie , SSS. de fon papillon 402. crochets de la verge du papillon , 401?. des pieds de la mouche des latrines , 434. des pieds du ver à queue de rat , 47/. des pieds de la mouche afile, 4S4. 462. 466. de la bouche du ver du fromage , 472. 474. 47S. 47<'- 4i>i- des pieds de fa mouche, 4S7. des pieds d'une faufle chenille da faule , 4gS. de fa mouche, joi. des pieds de ferpents , ^07. de la queue d'un fca- rabée mineur de feuilles, ^12. de fes pieds, jij. de ceux d'un papillon des feuilles d'aulne , jig. d'une mouche de teigne des feuilles d'arbres , /4/. Crucifère , efpece de punaife, pag. lyC. Cruflacées , pag. 84. m. Cryflallin , du limas aquatique con*iun , & de l'efcargot, ^jp. loj. humeur cryftalli- ne de l'ocilde la grenouille, /5o. sryflai- lin de la leche^ 620.621. Oooo 64^ T A B Cuifes de la fautereIled'Afrrique,i>ag. ijj. de l'abeille, 251. i}2. Curculia, pag. iSi. Cygnes, leur duvet , piig. 332. C'ynorhodon ou églantier, pag. 492. D. r\ARDS des araignées. Voyez aigull- I y Ions, Datte , pag. s 41. Déférent ( vaiffeau ) de l'efcargot , pag. 7$. yS. dans le texte 6- /.; première note : ce vaiffeau s'ouvre dans la matrice par l'une de fes brandies, 7f. vaiffeau ou canal déférent du limaçon des jardins ou la- quais , 97. du fcorpion aquatique, 147. 14S. du papillon du ver-à-foie, 20Z. du monocéros , 2it>. 220. du taureau, de l'abeille, 220. 300. 334. 33s- 337- & fiùv. du grand fcarabée aquatique , 344. du papillon , 406. 407. de l'afile mâle, 46g. de la mouche mâle du ver du fro- mage , 489- de la grenouille mâle, ^^4. };;. fes ufagesy/r. vaiffeau déférent daiis l'homme , Ion ul'age , ;SS- vaifl'eau dé- férent de la feche mâle, 616. 621. 622. Demoifelle , pag. 1^2. décrite, i38.&Lfuiv. de quoi & comment fe nourrit, 141. ma- nière de conferver fes belles couleurs , Ton accouplement, 142. 143. 14;. de- moifelles de différentes efpeces , 143 • Se fuiv. naiflfent dans l'eau , 177. demoifelle de Moufet, comment le nourrit, 20S. fes yeux 330. demoifelle venant du fourmi- iion, ^77. Dentelures àeli conque de venus, pag. 93. de l'aiguillon de l'abeille , 30i.S>LJuiv. DentsàiSAr3\pikss,pag. 2$. 26. 27. 25.de limas,_jj. manquent au pou, 42. dents ou petites pinces du fcorpion , S4. !S- de l'ef- cargot , 63. dents de l'homme & des ani- maux , S g. premières ébauches des dents, ibid. dent unique du limas ovoïde , 96. de la lima e domeftique , 100. du limas aquatique commun , 104. du limas a co- quille concave d'un côté, nS. du ber- nard-l'hermite , 124. 127. des fauterel- les , 134. des demoifelles , 141. du ver de l'éphémère , iS4- 'S^- 'S7- '^7- des fca- rabées mouches, 18a. i8i.au ftaphilin , ;S2, de la fourmi dans fa nymphe , 1S4. de la fourmi ouvrière , iSfi. de la four- mi mâle , ibid. de la femelle , 187. du ver du monocéros , 192. 19;. 196. dents ou tuyaux de l'eftomac du ver du mo- L E nocéros, 198. 199.de fa nymphe, 204,' 20 j. du ver alTalTm , 20p. 2/0. des abeil- les ouvrières, 149. des araignées &des fauterelles , quittent une dépouille, 2(J(. ébauches des dents de l'abeille dans fon ver, 252. dans fanymphe, 275. 278. 279, dents des abeilles ordinaires, xSg. des mâles, 321. du ver ou loup des ruches, ^47. du ver de la mouche afile , du ho- mard & de l'écrevifl'e, 447. dents du ver du fromage , 47^. & 47^. de la mouche des galles ligneufes en grofeilles , 493. d'une fauffe chenille d'une galle du fau- le , 49S. d"\in ver mineur des feuilles du faule, jio. ;■//. de ion fcarabée , //2. du ver de lanoifette , fiiS. d'un ver des feuil- les d'aulnes, ^19. d'un autre ver des mê- mes feuilles , j?.o. d'une mouche de galle de chêne, S28. de la teigne , ^41. du ver du mufc, f46. du têtard, f7i. de la fe- che , 613- 614. du calemar, ibid. Dépouilles de cloportes ,pag. 33. de la puce aquatique arborefcente , J2. de la faute- relle , 134. comment les nymphes des de- moifelles quittent la leur , 139. comment la nymphe de l'éphémère quitte la Tien- ne, 164. & fuiv. comment l'éphémère quitte fa leconde dépouille , 168. dé- pouille du cojfus & de tous les autres vers, 19;. 204. 206. de la nymphe du monocéros, de (es trachées, 21^. de la nymphe du coufin , 229. de celle de l'a- beille , 281. dépouille de chryfalide, 401. de la nymphe de la mouche des latrines, 434. de la nymphe de l'afile , 4f7. 461. Si. fuiv. de celle du ver du fromage, 486. 4')i. d'une fauffe chenille d'une galle du faule , i02. d'une chenille des feuilles de l'aulne, S'S- d'un ver des mêmes feuil- les, ^20. des vers des feuilles de char- don, j-j 2. des nymphes des galles du peu- plier noir , $34. de la nymphe du ver mangeur de pucerons , S36. du têtard comparée à celle des infeéles , ^y;. fon dépouillement, S76. Devorator , efpece de fauffe - guêpe , pag. '77- Diaphragme , expérience fur fes nerfs , pag. ;82. Diaria. Voyez Ephémère. Doigts des pieds du têtard , pag. S7f- Dos du pou , pag. 39. 47. de la puce aqua- tique arborefcente, /'. /2. du bernard- l'hermite, /2y. du ver de l'éphémère, /^tf. de la groffe fcolopendre de mer , 60}. de la lèche, 609. 6n. 612, A L P H A B jyragon-f!y ou demoifelles , pjc. 3 30. Dure- nu n An pou,;!.jj. 48. au monocc- ros, 216. Duvet des feuilles de faille, pjg. 494. du- vet ou coton farineux des galles du peu- plier noir, 531. & fuiv. 'CAv froide , fon effet fur un mufcle de J2d grenouille, p>i§. 583. eTet de l'eau fur les pompes icminales de la feche & du calemar , 6ii.8c/ùiv. Ecaille de la puce aquatique arborefcente , pjg. 51. ^1. delà tortue, 84. écailloj de plumes du coufin, 230. 233. 234. des ailes du papillon , 378. 5 19. de la peau d'une chenille de phalène , 380. des ailes du pa- pillondans lachryfalide , 398. du papil- lon hors de fa chryfalide , 418. £corce , ce que deviennent des traits tra- cés fur l'écorce tendre avec un poinçon, pjg. 504. Ecrevijfc , pjg. 84. 88. I*i. 44T. £glaniier , galles de cet arbrifTeau , pug. 178. 492. 529. ^30. £lep/ijni , vohnt , pag. 222. £mji! des dents , pug. 89. £mbryon de grenouille , 565. &cfuiv. £mcu ou caluel , pag. 217. Emu'.gentes ( artères & veines ) de la gre- nouille , pag. 554. Encre de la feche& du calemar ,pag- 616. 619. réfervoir de cet encre, 618. 619. Enula campjn.t , p^g. 538. Epjules de la nymphe de l'abeille, p^^. 277. 281. de l'abeille , 332. des vers ou pucerons des galles du peuplier noir , 533- Ephémère, pag. 137. 138. à demi transfor- mée, 137. décrite, 149. Si/û/v. leur fé- condation , 149. 1^0. 169. leur tranf- forniaiion & les fignes qui l'annoncent , 164. Si fuiv. leur dernier changement de peau, 166. ne mangent point depuis , 170. temps de leur apparition , 171. leurs différentes efpeces , 172. & 173. naiffbnt dans l'tau , 177. ver de l'éphé- mère, 601. 60 2. Epiderme du fœtus humain , pitg. 487. de la grenouille , 579. Epididymes de l'homme & des quadrupè- des Comparés au conduit caténiforme de l'efcargot, pag. 75. Epines de la chenil le épineufe de l'ortie pag. 388. È T I Q U E. 649 Epiniere ( moelle ) Voyer. moelle. Epiploon d'une araignée ,/>tfg. 28. épiploort dans l'homme , 449. Eponge , prile pour une ruche , pag. 1 37. Eponge , lorte de galle de l'églantier, pag. 529. 530 Eijuina (mufca) pag. 210. Equitation des grenouilles, pag. 562. & jutv. Erable , p.:g. 493. on ne connoit point l'in- fefte des petites galles rouges de fes feuilles , ihid. Ergots des pieds des cocHCns, pag,, 507. Erithace , pag. 237. Efca riparia, efca volatilis , pag. 153. EJcargoi décrit, />jj. . Fiel ( vcdciile du) animaux qui n'en ont point, pap 73. fe trouve dans la gre- nouille, 557. du têtard, 570. 573. Fipic d'inJe , p,>g. 273. filaments des moules, pjg. 88. des œufs de l'éphémère, 163. filaments nerveux des yeux de l'éphcmere , 168. fUeis qui forment la queue du ver de l'é- phémere , ^.îf. 156. 168. FÙisre du ver de l'abeille , pag. 265. 267. du ver ou loup des ruches, 347. de la chenille épineule de l'ortie , 387. - du houblon & des autres plantes fourniiîent aux abeilles la cire brute, /'jf. 241. FccmelU aquatica ou puce aquatique , pag. 183. Foie , de l'alie - kruyk , pag. 56. 113. 116. de l'efcargot, 73. 74. 81. du petit limas turbiné , 95. du limas ovoïde, 96. delà limace domeftique , 100. de celle des prairies, 102. du limas aquatique com- mun, 104. 105. du limas aquatique vi- vipare, 111. du limas à coq\iille conca- ve d'un côté, 118. des moules , 121. du bœuf, 480. de la grenouille, 556. 557. du tét.ird , 5T0. 573. de la grenouille, 577. moyen de découvrir les fondions du foie , 582. Fcnti pyramidal d'une cellule d'abeille./'.ro'. 243. ùjuiv. Forficulj aquatica Jonfion. Voyez perce- orciUe, Fougère mâle de Dodonce , pag. 606. & Juiv. Fouler. , efpece de fcarabée , pag. irt6. 547. Fourchette de quelques infeftes , pag. 544- Fourmi , pag. 1. fa nymphe , >;. 6. fourmi maie, femelle & ouvrière, 178. fourmi décrite, 183. Si. fuiv. fourmi ouvrière & fourmi mâle, 186. ùfuiv. fourmi fe- melle, 1%-. (\ les fourmis mangent l'hi- ver , 188. différentes efpeces de fourmis, 189. 190. nymphe de fourmi ,223. poux des fourmis, 320. vers des fourmis, 503. prcfervatif contre les fourmis , 543. Fourmi-lion , comment la demoifelle qui en vient perpétue fon e'pece, pag. 377- Fourmilière , artiticielle ypag. 187. 188. na- turelle, 188. Fourreaux des ailes des nymphes-vers ,pag. 131. 132. 6-fucv. 137. delà nymphe delà demoilelle,i39. 143. 144. i45.delanym- ■ phedel'éjhémere, 151. 155. 160. 164. Tom' r. TIQUE, ^ï» 167. fourreaux ccaiilenx des ailes du mo- nocéros , 194. 213. 214. 117. 218. du même dans fa nymphe, 2Cf). 207. 211. de divers fcarabées exotiques , 222. fourreau de l'aiguillon de la mouche des galles en grofeilles , 493. fourreaux des ailes d'un fcarabée mineur de feuilles , ^12. 513. fourreaux des ailes des vers des galles du peuplier noir, i;33. four- reaux de différentes teignes & de quel- que vers à fourreaux ^41. & fuiv. tour- reaux en croffe 544. fourreaux des tei- gnes de feuilles & des teignes aquatiques, 544. 54?. fourreaux écailleux des ailes du fcarabée du mufc , 547. fourreaux de deux efpeces de teignes , 548. autres- fourreaux , 549. Frelons , pag. 177. 204. 205. 220. 258. 259. 205. 295. 297. 299. 300. 302. 304. 320. 322. 341. 356. 357. 358. nid de fre- lon, 358. nymphes de frelons, i6iJ. Fromage (vers du ) pag. 425. & Juiv. 471. & fuiv. génération de ces vers dans le. fromage , effets qui en réfultent , 480. mouches qui proviennent de ces vers , 486. (^ fuiv. leur accouplement , 488. &■ fuiv. Fucus, pag. 123. 124. 217. fuci , faux- bourdons , 175. Furcx oafurcilla, ce que c'eft , />jf . 393. Fufeau des antennes de l'abeille, /)<»j. 251. ^Ai s E de la trompe ou .tiguillon du yJT pou, pag. 42. 43. les crochets &leur ufage , 46. gaine ou feurreau de l'aigpil- lon du coulln , 230. 6- fuiv. Gathe , pag. 5^2. Galère (petite) ver d'une efpece d'éphé- mère, pag. 161. Galles de l'églantier, du faule , du chêne» pag. 178. vers des galles, 429. 492.6' fuiv. galles de différentes plantes , ihiJ. manière de conferver les galles des feuil- les de faule, 502. galles en rofe du fau- le, 5 1 5. galles du chardon hémorroidal, 521. iiifetle de cette galle , ibid. de l'or- tie , 512. 523. du chêne, 524. & fuiv. galle Ipongieul'e ou éponge de l'églan- tier , 529. ';30. galles du peupLiernoir^ 5 30. & fuiv. Galiinacées (genre des ) pag. 342. Ganglions ou nœuds delà moelle épiuierc- \ oyez nauds & moelle épinierc , gangliooi des nerfs optiques de la feche , 62Ç>. Pppp <în T A B Gdtcaux de cire des abeilles , pjg. 24Z. & juiv. 312, 359. 360. 367. Gincration ( orilice des parties de la ) dans l'elcargot, pjg. 57. ces parties mêmes , 59. 73. 74. & fitiw jeu de ces parties dans l'accouplemant , 79. 80. leur état après l'accouplement , 80. 81. nerfs de ces parties, 83. leur orifice dans les uni- ques, 94. 95. dans le limas ovoïde, 96. parties de la génération du limaçon des jardins ou laquais , 97. 98. leur orifice y. leur orifice dans la limace doniefti- que , 98. 100. ces parties dans la limace des prairies , 102. dans le limas aquati- que commun,, 104. & fuiv. orifice de ces parties drdis l'alie-kruyk , 115. ces parties mêmes dans ce coquillage, 116. orifice de ces parties dans le limas à co- quille concave d'un côté, 117. parties de la génération de la demoilelle , 141. du fircjrpion aquatique, 147. 148. de l'é- pi.émcre , 163. différence de ces par- ties dans divers infeftes, 220. ces par- ties dans l'abeille mâle, 334. Se fuiv. jeu de ces parties, 337. & Jùiv. ces par- ties dans le grand iirarabée aquatique, 344. du papillon dans la chryfalide, 389. 397. 400. du papillon écîos, 406.407. de l'afde dans fa nymphe , 458. 459. de l'afile elle-iriéme , 46S. 469. de la mou- che i\i ver du fromage, 488. ôifuiv. de la mouche du ver mangeur de pucerons, 536. de la grenouille, 553. & fuiv. moyen de découvrir les fonétions de ces parties, 581. parties de la génération de la lèche mâle, 616. 621. Hcfuiv. Gcnet , pag. 492. Clairs de l'œut de la grenouille , pag. 550. 560. 561. 565. & fuiv. Ghr:J, pjg 540. Glandes du corps & des cornes de l'efcar- got, pag. 58. de l'on pied, 66. 67. des vaifi'eaux falivaires de la limace domef- tique 100. de fon fuie , ihid. du foie du limas aquatique vivipare , m. du limas à coquille concave d'un côîé , it8. des inteftins du fcorpion aquatique , 147. des véficules fémina'es du monocéros , 220. glandes dans le croupion des oifeaux aquatiques, 226. glandes dans les trom- pes delà matrice des grenouilles , J/r- '• & 2. Grc/tjJes , poulilere fécondante de leurs fleurs , pag. 608. Grcnouilli, (a nymphe, pag. II. fon déve- loppement comparé à celui des infcries , 22. trompe de la matrice, m. combien vit fans manger , 170. grenouille lingu- liere , 190. fon organe de l'ouie , 3-9. fes tefticules, 335. grenouilles décrites , <49. Si fuiv. leur accouplement, 561.6c fuiv. leur ponte, 563. Grille, d'un ver à fourreau prêt à fe transfor- mer,/)jg 549. Grillon , champêtre, pjg.l-,^. domoUique , itiJ. & 333. taupe , itiii. Si y^y Griottes ou agrouelles ou Jiropàula: , pag. Grofeillier, pag. 491. GrofeilUs ( galles en grains de) pag- 495. Guêpes de ditTérentes elpeces , pjg. 176. fauITes guêpes , 176. 177. ce que devien- nent les guêpes durant l'hiver, 258. com- ment vivent dans leurs ruches, 2S5. leur veficule du venin, 299. 304. conduits fecçptoiresde cette veficule, 500. fes yeux 33C3. guêpe finguliere trouvée dans un nid d'abeilles fauvages, 350. difiérentes efpe- ces de guêpes, 357- di-^lérentes efpeces de fauirès guêpes ,358. diviûon du corps des guêpes , 464. Gui-pier , ou nid de frelon j^J^- 358. 371. Gyrinus,pjg. 550. H. H'ARicOTs,pag. 538. Hcmerohios. Voyez iphcmere. Iicmorroid,il (chardon) pjg. 4')!. 5 21. Jiérijfon , pjg. 163. 334. Hermaphrodites , quels infeSes le font , p-:g- 56. . Hirondelle , comment fe nourrit , p.ig. 20S. 601. pourquoi change de climats, ibid. Homard , pag. 447. Houblon, grains qui fe trouvent dans fa fleur, pjg. 241. 608. Huile , fon etlet fur les pompes féminales du calemar , pag. 624. Humeurs aqueufe , cryllalline , vitrce dans È T I Q U E. 65Î l'œil de l'efcargot , p.tg. 61. 62. dans ce- lui de la taupe , 62. humeur vilqueufe ou muqueufe de l'efcargot. Voyez mu- cofiii , humeurs de la nymphe du mono- céros, 210. furabondance d'humeurs dans les nymphes , 210. 211. point d'humeurs dans les yeux désinfectes, 325. humeurs furabondantes dans les chryfalides , 402. 412. 413. leur évaporation , 402. 414. humeur vifqueufe dans les galles du peu- plier noir, 531. 532. 533. humeur vif- queufe de la peau de la grenouille, 580. Hy drocanthariis ou fcarabée aquatique , pag. 183. 219. 220. /Abot du limas aquatique commun, p.Jg-. 104. du ver du Iromage , 476. Jambes de la puce aquatique arborefcente, pag. 50. du fcorpion , 54. du petit fcor- pion de Hollande, 55. de la fourmi, 186. 187. du cojfus 195. du monocéros dans fa nymphe, 206. 211. leur peau extérieu- re , 211. comment la femelle du coufm fe lertde lès jambes de derrière pour arran- ger fes œufs en forme de bateau, 224. jambes du coufm dans la nymphe , 218. du coufm advilte , 233. de l'abeille, 251. 2!;2. dans fon ver, 275. dans fa nym- phe , 276. 277. jambes du ver ou loup des ruches, 347. d'une chryfalide de pha- lène , 380. de la chenille épineufe de l'or- tie., 387. 5S8. de la chryfalide de cette chenille , 393. 394- Si fuiv. 401. de Ion papillon, 402. jambes du papillon chry- falide , 413. jambes du papillon dans la chryfalide & dans la chenille , 414. 415. 416. jambes poftérieures de la che- nille , elle les perd en devenant chryfa- lide, 415. 416. jambes du papillon, 41S. de la nymphe de la mouche des latrines; 434. de la mouche même , 434. du ver i qi;eue de rat, 435. du ver de la mouche aille , 442. 443- 45 1- 4) 3 • 454- 455- 463. de la mouche afile , 462. 466. du ver du fromage, 475- & 4~'>- àe fa nymphe , 581;. de fa mouche , 4S7. des chenilles & des faulTes chenilles ; 495. d'une faui- fe chenille d'une galle du faule , 498. de fa mouche , 501. 503. des ferpents 50'). 507. d'un fcarabée mineur de feuilles, 5:2. 513. d'une mouche du laule , 514. de la mouche d'une galle en rofe du fau- le , 516. du papillon d'une chenille mi- neufe,5i8. 519. d'un ver des feuilles «54 T A B d'aulne, ^19. des moucl-.es des galles de l'ortie, çii. d'une mouche de galle de chêne 3 ( 28. des mouches dos galles fpon- gieufes de l'églantier , ^19. des vers des galles du peuplier noir , Ç31. du icarabée des feuilles du lis & de celui des feuilles du chardon, ^32, de la mouche du ver tnangeur de pucerons , 536. ^37. de pUi- fieurs chenilles, ^37. & fuiv. de quelques ichneumons , 537- de la teigne , Ç41. d'u- ne mouche de teigne dei feuilles d'ar- bres, 545. du ver du mufc , ç46.du fca- rabée venant te ce ver , ,-47. du têtard , S^o. 5^1. 57?. Ichneumons, pag, .36. 176. mouches ichneu- mons ou fauffes ouêpes , 3^8. 427.429. 456. 437. 438. 482. vers d'ichneamons, 41;^. 537. genre des ichneumon* , 50J. mouches ichneumons , 546. Jliaijues (artères) de la grenouille, pag. 57S. fes veines iliaques , 578. Ini ou Immc , ver de la tipiiie, /'..•y. 179. Impatiente ( herbe ) de Dodonce ou baUa- mine, p.is:. 592. 593. Infeflcs utilité de leur hifloire , p.ig. 2. in- feûes qui fortent de l'œuf tout formés , 19. 20. infeéles qui fortent de l'œuf fous la forme de ver ou de chenille, 20. 21. 22. développement des infefîes compa- ré à celui de la grenouille , 22. & à ce- lui des plantes, 23. précautions pourob- ferver les inléiies , 37. infeéfes rouges ou qui jettent une liqueur rouge , & qui en fe répandant dans les eau.t d'un pays donnent lieu à des erreurs populaires, 5 2. manière d'obferver les infecfes aquati- ques, 53.infeâesdu peuplier noir, au- tre du iaule, 135. infedes hexapode ana- logue à la punaife , 136. infeétes du fé- cond ordre de Swammerdam , 132. 138. & fuiv. infeâes du fcorpion aquatique , 146. infefles du troifieme ordre, 173. & fiiïv. leurs tranformations^ ibid. va- riétés & uniformité dans la taille des in- fefles de même e'pece , 185. diverûté des inftinfts des infeéles à l'égard de leur progéniture, 193 manière de préparer les infeftes pour les conferver, 203. ef- fet de la chaleur & du froid (ur les in- feifes, inf^aence de ces catifes fur la du- rée de leur vie , 260. tous les infefl^s font fujets à la mue , 161. yeux de la plupart , 322. 330. 331. comment vcient,33i. ce font les feuls mâles qui ont un chant , 333. difiérentes prépara- tions d'infeélcs , 373,infeCleb noûurnes,, L E 376, 377,infeSe3 comparés , 419, Se. fuiv. inf'elles du quatrième ordre , 424. Si fuiv. origine du nom d'infeites, 464,infeéfes qui \ivent dans d'autres infeftes , & mô- me dans les grands animaux, 481. & fuiv. infeftes des galles, 492. Se fuiv. in- feéles mineurs de feuilles, ^,17. infeftes qui refteiit immobiles pendant l'hiver , 592. 601. Intcflind terrx , pjo'. 34. intejJinum aqua d'Aldrovande , 446. 447. Voyez ver de' la mouche afUe. IntejUns d'une araignée, pag. 28. du pou, 44. 45. 49. de l'e.'cargot , 58. 73. lés in- tellins grêles , 74. inteflins de la limace domel^ique, 100. de celle des prairies , 102. du limas aquatique vivipare 108. de- l'alie-kruvkjilé. du limas marbré à umbi- lic,i I7.dubernard-rhermite,l27. 129. du- fcorpion aquatique, 147. de l'éphémère, 159. 160. 163. duver dumonocêros, 199.» du ver alTafTin, 2!0. de la nymphe du mo nocéros , m. 212.de la femelle du mo- nocéros , 220. 221. du ver du coulm, 226. 227. du ver de l'abeille , 267. 270. quit- tent une dépouille, 271. de la nymphe,. i8o.de l'abeille même, 297. 298. des frelons , 298. de la mère abeille , 307. 311. 3!';. du mile , 332. de la chenille ^ 390. de la chr vfalide, 399. du papillon^ 404. intefiin grêle du mérnè animal, 407. intellinsdu ver de l'afile,. 447. 448.453. 456. de fa nymphe , 457. 458. 459. 463. des araignées & des vers de terre, 4Î7- de la mouche afde, 468. de la mouche du ver du fromage , 490. inteftins grêles de la grenouille, 557. 568. du têtard;^ 569. 570. 574. 575. intertins du fœtus humain , 575. moyen de découvrir les. fonftions des inteftins, (82.1enr mouve- rrient pêrillaltique , ^95. inteftins de la grolTe icolopendre de mer , 606. Irii de l'œil de la feche , pag. 621. Jiiies ,pag. 35. K. jy' ÂAiWVRM. Voyez ver du frômagf^ j\.KakkérUh, pûg. 135. 13^.. T Asi-RiwTHE de l'oreille interne des JLi poiflons, pag. 6?. Lactées ( veines ) manquent à la grenouil- haim grajle A L P H A. B Laine eirajc , pap. i;^'^. Lait ùe vache , de quoi compofé , pjg;-40, Laiie du calcmar,;?^^. 623. 624. Laitue , />.2f. ^38. L,imts , des pieds de la puce aquatique ar- borefceiite & des pieds des poules, ci. lames des ouies de la (eclic ,615. lames de l'os de la feche, 625. 626. Liingue du l'erpent.dereCcargot.pjy. 63. 64. du limas aquatique commun & de l'ei- cargot, 104. de l'aiie-kruyk , & de la feche, iiç. 116. du limas marbré à nm- bilic, 116. efpece de langue du Ver de l'éphémère, 154. içy. du ver de l'abeil- le , 262. 263. du caméléon, fon mouve- ment, 271. 272. de l'abeille, 293.294. langue des ferpents & des lélards, 440. delà feche, 61 3. 614. des boeufs, 614. Laquais ou limaçon des jardins, pag. 57. décrit, 97. 98. fon accouplement, ibiJ. Larves des infefles , pûg. 372. Lente ou aufdu pou,;>Jg. 32. 37. 38. 49. 50. Lentille d'eau , pjg. 574. Lèvres de l'efcargot , pag. 57. 63. 83. du li- mas à coquille concave d'un côté , 1 17. des moules, 120. de la demoifelle, 141. du colïïis, 195. 196. 201). de l'abeille, 251. de fon ver, 262. 263. de fa nym- phe, 275. du ver ou loup des ruches, 347. de la chenille épineufe de l'ortie , 387. du taon 5i de l'afile , 465. du té- tard, ^71. de la feche, 611. Léfards , pag. 170. 44O. 577. Libella. Voyez tiemoifelle. Libella fluviati- lis, pag. 144. Licorne volante , pag. 218. Lierre terrertre , pag. 492. Lieven heeren haanikens , efpece de fcara- bée , pag. 274. Lig.imenis des nerfs optiques de l'efcargot , pag. 60. ligament tendineux de l'eftomac de la chenille, 389. ligament fufpenfeur du toie de la grenouille ,5^6. ligaments . des aigrettes de la grollé fcolopendre de mer , 604. LigniperJa , chenille, pag. 385. Ligniperdes , teignes aquatiques , ibid. Limace ài.ime(i\i\\ie , pag. 57. décrite 98. & j'uiv. des prairies, 57. & 87. décrite loi. & fuiv. Liniacrn des vignes, pag. 56. limaçon des jardins ou laquais, 57. 563. décrit 97. 98. limaçon aquatique , 87. œufs de li- maçons, 193. Limas , pag. 35. limas vivipare comparé au Tom, y. É T I Q U E. 655 fcorpion, 74. limas turbiné (petit) 94. 95. fes parties internes, 95. limas des écorces de faules ,9^. limas ovoïde , 96. limas aquatique commun décrit , 103. & /û;v. ce qu il mange , & comment il mange , 105. comment il nage & rampe, & comment il faut le dilTéquer', lort. li- mas aquatique vivipare crvftallin décrit , 106. &L fuiv. comme il nage & rampe , T07. fa rwurriture, 1 12. fon poids, 1 13. limas marbré àumbilic , 116. limas à co- quille concave d'un Coté décrit, 117. & juiv. limas à coquille concave des deux côtés, 119. comment plufieurs limas paf- fent l'hiver, 2^8. Limbe ai l'efcargot , p.îg-. ç7. 58. 65. ou- vertures qui s'y trouvent & leur ufage , 65. forme & cavité de ce limbe , 72. fes nerfs ,83. 84. comment contribue à l'ac- croiffement de la coquille , 89. 90. lim- be du limas aquatique commun, 103. 104. du limas aquatique vivipare, 107. 108. de l'alie-kruyk, 115. du limas à coquille concave d'un côté , IT7. 118. des moules, 120. de la feche, 612. Lis , vers trouvés fur (es feuilles , pag. 532. Loirs , comment paffent l'hiver , pag. 188. leurs excréments, 199. Lombaires ( artères ) de la grenouille , pag. 5-78. Lombes de la fourmi , pag. iSé. de la four- mi mâle, 187- de la temelle, ibi.i. Lofanges des cellules d'abeilles , pag. 243. 'Si. Jiiiv. 248. L.oup , efpece de chenille , pag. 3 20. loup des ruches , ver ou faulVe teigne de la cire , 346. Si fuiv. Lucanus ou csti-volant, pag. 180. Lunette ( os de la ) dans les oifeaux , pag, 301. M. MÂCHOIRES du verdel'éphémere./ur. 154. de la fourmi, t86, du ver cfii monocéros , 192. du ver alTaffin , 2OQ. de l'abeille dans fa nymphe , 276. de l'a- beille ordinaire, 289. du mâle, 329. d'u- ne faulTe chenille d'une galle du faule , 498. du têtard, 571. de la feche, 611. 612. 613. Alaçonne ( abeille ) ^j^. 176. 350. 353. leurs nids, 350. AlaJrépores , pag. 608. Maillets du coiUm ,pag. 233. 234. des mou- Q qqq 6^6 TA clies à deux ailes , 134. de la mouche afile , 462. 466. dans quelles elpeces de mouches fe trouvent, 467. maillets de U mouche du yer du t'romage , 48S. de la mouche du ver mangeur de pucerons , 537- M.mne. Voyez ver de l'éphemere , p.ig. '53- M^iiiiis, efpece de fauterelle ,;».2^. 133, A/.ir/fji: de Rondelet ,/>jy. 144. M.ifque des nymphes de demoiielle , pag. 141. AJatu're de couleur cendrée dans lès mou- les , pjg. 121. Matrice du pou , p.ig. 49. de. l'efcm-got , 75. 76. communique avec la verge par le moyen d'un conduit ,75. 78. état de la matrice après l'accouplement, 80. 81. muftle & nert' de cette partie , 83. du li- . mas ovoïde , 96. du limaçon des jardins ou laquais, 97. 98. Ion ligament, 97. de la limace domeflique , 100. iot.de cel- le des prairies, 101. du limas aquatique commun, lOç. du limas aquatique vivi- pare, 107. io8. 109. iio. du limas à coquille concave d'un côté , 118. cornes de la matrice du caméléon, 272. matrice des oiléaux , ce que c'eft , 307. matrice, de la mère abeille , ou canal excrétoire de fes œufs, 307. 309. 311. de la mou- che du ver du fromage , 480. 489. delà grenouille , 5 56. & Jhiv. MeMttftin , cavité qui luieft analogue dans la poitrine de la grenouille , pag. çç6. Mclœnocyanei , pag. 181. Membranes Ae l'efcargot, pag. 58. 59. mem- brane mufculeufe de fes nerfs optiques, 60. 61. de fon pied, 66. 67. membra- ne dont la nymphe de la fourmi eft re- vêtue, 184. membranes qui foutiennent les trachées & la graitTe dans la mère abeille ,■ 306. membrane fibreufe qui lie la graillé & embrailé l'ovaire de la mère abeille, 306. 307. membrane de cet ovai- re, 307. membranes des yeux de l'abeil- le mâle, 326. les trois membranes des des feuilles de faule, 494. 510. ^19. na- ture des membranes en général , 497- tiiyaux membraneux qui renferment des facs de graifle dans les grenouilles, ^53. membrane des tefticules de la grenouille mâle, 553. 554. des trompes de la ma- trice de la grenouille femelle, 5^-6. du fœtus de la grenouille , <66. &.fuiv. Mère Je fjmilk , el^)eçe de papillon , pag. ■^79' Méfaraïques ( veines ) de la grenouille , pag^ Méfentere , obfervation fur cette partie & fur fes nerfs dans les chiens & dans les veaux , pag. 479. méfentere du têtard , Mefeniiriques ( artères ) de la grenouille , pag. ^78. fes veines méfentériques , 578. Microfcope , erreurs à éviter dans l'ufage de cet inftrument , pag. 323. jW/e/ dans une ruche d'abeilles, pag. 236. 6" fuiv. miel vierge, 248. 2^8. 259. 297. 362. 'miel dégorgé, 367. Mineurs de feuilles, efpecesd'infefles,/J.tij. 517. S^fuiv. Mitre ou pinceau, efpece de coquille, ^.21,'. 93- Moelle épiniere du pou, pag. 39- 47. du fcarabée monocéros , 47. de l'efcargot, 56.82. de l'homme, des quadrupedesfic des vers -à -foie, 82. fes nœuds, iùiJ. fes mulcles, 82. 83. moelle épiniere de la limace domeftique , 100. du limas aquatique commun , 104. des moules , 120. 121. du bernard -l'hermite , 128.- , 1 29. de rhomme & des quadrupedes,i 29 de la demoifelle , 141. du fcorpion aqua- tique , 147. de l'éphemere, 157. 160. 162. 163. du ver du monocéros, dn ver- à-foie, 199. 200. 201. 202. de l'hom- me & des quadrupèdes , 202. du ver alTaffin, 209. 210. du ver de l'abeille, 266. 270. 279. de l'abeille même , 296. 297. delà mère abeille, 309. de l'abeille mâle, 327. 328. 329. 34^. 346. de la chenille, 391. 392. de la chryfalide , 396. 400. du ver de l'afde , 447. 4^0. 4^6. de fa nymphe , 459. 460. de l'a- fde , 469. du ver du fromage , 478. 479. de la grenouille, 581. ^83. ^85. Moifijfure obfervée au microfcope par MM. Hoock & Leewenhock , /i<îo-. 241.242. galles en moififfure, 493. Moly , pag, 606. Monocéros , efpece de fcarabée , pag. 47. 177. 179. fon ver, IÇ9. fa nymphe , 186. 223. ce fcarabée décrit, 191. & fuiv. fon accouplement, 191. 34'- ^* transformation , 204. 212. 213. Monftres , moyen d'en faire, pag. 383. Mordilla. Voyez demoifelle. Origine de ce nom, pag. 141. Morpion , pag. 3 2 Mouche , fa nymphe , pag. 4. 5. 6. mou- che ichneumon , 136. mouches aquati- ques , 137. mpiiche commune, 168. I A L P H A B inoudie iux yeux dores , 177- mouche noire (|ui gîte les fleurs , Ihid. mouche- papillon , mouche- fcorpion, mouclie- îoup , mouche carnaciere ,6'c.i73. mou- che-loup, io8. mouche chevaline, a 10. mouches a deux ailes, 234. ce q^e de- viennent les mouches pendant l'hiver , 2ç8. 259.279. comment netto vent leurs yeux, 324. mouche ftercoraire , 330. expériences fur les yeux des mouches , 331. accouplement (mgulier de certaines mouches, 342. 488. l'agacité des mou- ches dans le choix des matières où elles depolènt leurs œuts , 35 1. 352. promp- titude avec laquelle leurs vers dépouil- lent un cadavre de toutes fes chairs, 351. multiplication & accroiliément rapide de cesinleftes, 3Ses , fas,. 597. (S-lophage du pou , pag. fi. de l'efcargot, ^9. 82. du petit limas turbiné , 95. cie la limace des prairies , 102. du limas aqaati- Tam. y. É T I Q U E. 6^9 que commun , : 04. du limas aquatique vi- vipare m. de l'alie-kruyk, 115. 116. des moules , 1 20. du bernard-l'hermite , 129. de lademoifelle, 141. de l'éphémè- re, 158. du ver du monocéros, 198. 200. 20 1 . de fa nymphe , 204. change de peau dans cet infefle , 206. de la femelle du monocéros, 210. du ver de l'abeille, 267. quitte une dépouille quand ce ver fe change en nymphe, 271. ufophage de l'abeille , 297. 329.de la chenille, 389. de la chryfalide , 396. 399. du papillon , 404. du ver de la mouche afile , 446,450. 453. 456. 463. du ver du fromage , 4-6. 479. du têtard, 573. 574. de lafeche, 617. 618. GEftrus , pag. 439. (Eu/, pag. 9. 13. 14. fon analogie avec la nymphe, 21. efpece de grappe d'œufs dans une araignée, 28. œufs des vers, 34. œufs ou lente du pou, 37. 38. 49. œufs de la puce aquatique arborefcente 50. 52. de l'efcargot, 56. 81. de la tor- tue , 84. 85. 87. de limace, 87. du li- maçon aquatique , ibid. du limaçon des jardins ou laquais, 97. 193.de lalimace domeftique , 100. loi. de celle des prai- ries, 102. du limas aquatique commun 105. du limas aquatique vivipare, 110. III. 112. 113. des infeftes en généra) 131. 13 2. des fauterelles, i ■54. des éphé- mères, 137. de la demoifelle, 138. 140. 143. véritable notion de l'œuf, 14-'. œufs du fcorpion aquatique, 148. com- ment les œufs de poiffons peuvent être tranfportésfur les montagnes, 148. œufs des éphémères, 149. 150. 156. 160. 163. 164. 169. 171. 172. du fcarabée doré vulg.iire , i8i.de la fourmi , 183. 185. 187. du monocéros, 192. 193. des vers de terre , 193. manière de les faire éclorre , ibid. œufs (^prétendus ) de fem- me , ibid. œufs où font dépofés par les différents infeé^es, 193. œufs de la fe- melle du monocéros, 221. de celle du coufin, manière dont elle les pond & les arrange, 224. œufs des abellles,237. 238. 255. 256. d'un papillon de nuit , 249. ce qui fortitde ces œufs . 250. œufs de divers infectes, 255. de l'abeill», des vers-à-foie , comment éclofent , 257. œufs de la mère abeille , 30-'. & fuiv. œufs ( prétendus ) des femmes & des quadrupèdes , 307. 309. œuls des oifeaux 3C7. du monocéros, du bourdon, de la guêpe, 308. du pou , de la grenouille, 3oy. «ufs de bourdons, 318^ 519. jio. Rrrr Uo T A B «Eufs tVoù provient le ver on loup des ruches, 347. comment éclofent ceux des abeilles, 367. œufs du papillon venant de la chenille vagabonde , 373. de dit- férents papillons, 376. d'une phalène, 379. 381. 382. 383. 3S4. des papillons, 407. 408. 409. des infeiles des quatre ordres , 419. Sifuiv, de la mouche des latrines, 431. vers de dirlcrents infectes, 4p. 4;j2. de l'afde dans fa nymphe , 4;S. œufs de l'afile, 46 g. 4yo, de la mouche du ver du fromage, 4^0. 49/. des ini'eâes des galles de la mouche à fcie du rofier, des poilToijs , 4p^. 4^6. 4}y. 4t)'è. SOI- soz. foy. d'une efpece de phalène de Hoilande , 50^. œufs des vers trouvés dans des feuilles de faule, j/4. d'une phalène du pommier, 5;j5. de arcnouillo , ;4<). ;;o. ;sS- &if"'tv. leur paliage de l'ovaire dans la trompe, yjS. & fuiv. csufs des vers du poumon de la grenouille , 5^0. œuts prétendus de fem- me , s^io. expériences fur des œufs de grenouilles, /tf^. &.fuiv. œufs de la fe- che, 6 if. Oifc'inx , mufcles de leurs yeux ,^ag. Sf. O/yi'-îJ'-v aquatiques, comment rendent leurs plumes impénétrables à l'eau, pag. 226. tefticules desoifeaux, j 31. accouplement de quelques oifeaux , ^42. olives ( huiles d' ) pag. S4j- Ongles ougrilles des araignées ,pag. 2;. 26. îS. du pou, ^9. ongle odoriférent , /07. ongles du ver delà demoifelle, 13S. i;ç. du fcorpion aquatique , 146. du ver de réphémere, iS4- i^. ovaire du limas ovoïde , pi5- du li- maçon des jardins ou laquais , 97. de la li- mace domeftique, / o/.decelledes prairies, /02. du limas aquatique vivipare, ///. orifice de l'ovaire du bernard-l'hermite, 12$. ovaire d'une nymphe-ver de demoi- felle, t33. des poilTons ibid. des (aute- relles , trachées de cet ovaire & fes vaif- feaux, 1^4. ovaire de la demoifelle, 138. du fcorpion aquatique, 148. de l'éphé- mère, \$6. 1^7. 160. 163. de la temelle du monocéros , 220. 221. d'une abeille fur la fin d'août , 238. ovaire de la mè- re abeille , 306. Si fuiv. ovaire ( préten- du ) des femmes & des femelles des qua- drupèdes , 307. ovaire des -femelles de monocéros , de bourdons , de guêpes , des papillons de ver-a-foie, _70i9. des fe- Bjelles d'autres papillor.s, 49e?. de l'ifile tlans ù nymphe , 4sS. de l'afile elle- même , 4(7<7. de la moiiclie du ver du fromaneSc des femelles de harengs, 45j. 4po. cle la grenuuille , S$S- !S^- &(■ fuiv. ovaire prétendu de iemme , f6o. ovaire dei plantes , éofS, de la loche , dit. OviJuilus du pou./'.ig. 49- du (corpion aquatique, 140. de U femelle du muno- ccros , 2ji.de la inere abeille , j'07. & fuiv. des femelles de monocéros , de bour- dons , de guêpes , de papillons de vers- à-foie , 308, de la femelle d'un autre pa- pillon , 407. 408. de la mouche du ver du fromage , 4Ço. Ouic (fensdel') paroît manquer à l'efcar- got , pjg. 6^. ne manque point au ca- méléon , aux grenouilles ni aux poilTons, ihid. organe de l'ouie dans le caméléon , i/j. dans la raie , jjj/. dans l'abe'lle, les poilTons , le caméléon , la grenouille , ^îp. dans ces deux derniers , ^ôz. 0uics des poilTons , leur ufage , pas;. 34. du limas aquatique vivipare , 107. io8- des moules, 120. du bernard-Thermite, 126. 118. du ver de l'éphémère , ifj- if6. 1;-'. des écrevilTes, des lèches , i;; du ver de l'éphémère , 161. 167. du têtard , y/o. 57;. 1-72. /7j. de la grenouille , f7iî. ^77. des poilTons, jjS. de la grolTe fcolopen- dre de mer , 60$. de la lèche , 61$. 61g. «uiesdes poiiTons , ihid. Si fuiv, de l'ef- turgeon , du cabillau, 6'i'. 6itf. Ouvrières ( abeille; ) p.is;. 17J. zjfi. Si fuiv. leurs cellules , 242. &L /iiiv. 246. 2^4. leur inllinét, îSt- 284. ii.fuiv.2gS.32g. leur figure détaillée , 36g. P. 7J-J/.V des abeilles, /i.i». 2J7. 23S. 23g. JL 240. 241. 242. Palais de Tefcargot , pjg. 63. du petit li- mas turbiné, g;, de la limace des prairies, 102. de l'alie-kruyk, 1//. du ver du fro- mage , 475. Paieries qui terminent le corps de la femelle du coulm , pag. 22g. palette triangulaire de l'abeille, 2^.!?. Panaches d'un papillon & de fa chryfalide , pjf. 7 quelques-ims leur donnent le nom de barbes , & ce dernier nom ell employé dans la fuite pour défigner les mêmes par- ties. Panais (fleur de) nourriture ordinaire de la mouche afile , pag. 42 f. Par.cri.iS, du ^o\i , p.ig. 38. 44. 4^. ce que l'auteur regarde comme le pancréas du bernard - l'hermite , 127. 11g. A\x ver du monocéros, ip5. i^p.du têtard, ^74. J7/. ALPHABÉTIQUE. GÇx de la loche & de pluHcirspoinons , 6iS. Panorpes , efpece de faufle guêpe , pag. <77- Paons , plumes de leur queue , pag. 332. papilUs ou trompes des moules , pag. 110. pap'.lles des ailes du coufin, 234. papille de a langue ou de la lilic-e d.i ver de l'abeille, 2^2. 26/. papilles du pouce de la grenouille mâle , f6i. papilles autour de la bouche du tét.;rd, ^7;. papilles de la langue delà lèche , 613. 614. de celle des bœufs, (f(4. papilles du tégument de l'ab- domen de la lèche, 614. Papillon aftuellementformé dans la chenil- le & dans la chryla!ide , pag. 4. & 11. ea quoi diffère de la chryfalide, 7. comment il y re;^c & comment il en fort , 8. er- reur fur fa formation, 13. papillon fans ailes , 17. comment prend la nourriture, m. papillon diurne, 14;. papillon au vol rapide , 18;. 20S. accouplement du pa- pillon du ver-à-foie, igi. fes trachées, 2/7. papillon de nuit qui arrange fes œufs finguliérement , 24p. ce que deviennent la plupart des papillons pendant l'hiver, 2;S. 2jp. papillon du ver-à-foie , zSi- papillons diurnes , ^24. papillon da ver- a-loie, 33;. 341. papillons de certîi;is vers ou teignes qui le gliflent dans les ru- ches des abeilles & y vivent de cire, ^47. 3 48. 34g. durée de la vie des papillons dî ver-à-foie, jy/. papillons diurnes , 372. Si. fuiv. papillons nofturnes , 376. & fuiv. papillon à longue queue , 373- moyen d'en avoir de contrefaits', 383. papillons dont les femelles n'ont point d'ailes , 38^. papillon de la chenille per- ce-bois, iiij. papillon de !a chenille épi- neufe de l'ortie , 386. comment il quitte la dépouille de chrvfaildc ,40/. ce papil- lon décrit, 402. 6- fuiv. papillon du chou, comment contenu dans la chenille, 40p. Se fuiv . papillon chryfalide ,413. Se fuiv. comment le papillon quitte fa dépouille de chryfalide, 417.418. papillon de la che- nille mineufe des feuilles de l'a'-tlne.^/S. Sig. d'une chenille du chêne & de l'or- me , d'une chenille du pommier , J37. d'une teigne des feuilles d'aulne , /4j-. ^46. Parenchyme animal & végétal , pag. 4)4. parenchyme du mutis de la feche , 617. Pavot, grand nombre des pétales de fe» fleurs renfermées dan»>le bouton , pag. 143. Pêches, pag. f 3$. Paupière de l'efcargot, pag. (2. paupière 66j. TA écailleufe d'un fcarabée du Japon, 222. de l'abeille mâle, J2/. paupière interne de la feche , 611. Pt,iu de la tête du pou , pag. ^8. de fes antennes, ihid. & fuiv. de Ton ventre, ^9. texture de cette peau, 49. & ^0. peau dure du dos de la puce aquatique arborefcente , ;i. s~- peau des bras de cet infefte, j2. peau du corps de l'efcar- got , fç. de l'écreviffe , S8. peau de la limace des prairies, 101. du bernard- l'hermite , 12^. 1:6. de la nymphe de la demoifelle , i;;ç. peaux de l'éphémère //L fuiv. Phalanges des pieds du fcorpion , pag. ^4. ^u petit fcorpion de Hollande , sf. ;6. du ver de la demoifelle , 138. 13 y. du ver de l'éphémère , ij;. de la fourmi , 1S6. Phalènes , pag. 3y6. Sifuiv. phalène décrite 37r>. Sifuiv. grande phalène de Hollan- de , fO). phalènes des chenilles du pom- mier , ^37. Phaféoles contenues dans certaines galIes^ de chêne , s^!- & juiv. Phyfilus , pag. 604. &c fuiv. Pie-mere de l'homme & des quadrupèdes , pag. 202. Pieds de la fourmi & de fa nymphe , pag,. j. 1S4. de la mouche & de fa nymphe, 6. de l'abeille & de fa nymphe , ihid. d'un papillon & de fa chryfajide , y. va- riété dans le nombre des pieds dans les vers , //. fi les pieds des chenilles & des vers font déplacés dans la nym- phe. iS. ip. pieds des araignées, 2/. leur nombre dans les cloportes, man- quent à quelques-uns, 33. du pou, 3^. de la puce aquatique arborefcente, fo. y. $2. pied de l'elcargot , des chauves- fouris , des canards, ^8. de l'efcargot , 66. 6y. 84. 86. de la limace domeftique, pp, de la limace des prairies, /o/. du limas aquatique commun , 10$. du limas aqua- tique vivipare, 707. du limas à coquille concave d'un côté , tlj. du bernard- l'hermite , 12^. de la fauterelle d'Afri- que , 133. du ver de la demoifelle, 138. 13Ç). de la demoifelle , 140. 141. des nymphes de demoifelles , 143. 144. du fcorpion aquatique , 146. 749. de l'in- fefte qui le fuce , 147. de l'éphémère , /4p. de fon ver, //2. du ver de l'éphé- mère , l;4. Ijs- IS7- ^^7- "^^- "is ''^' phémeie, lyo. de la fourmi dans l'état de nymphe, iS;. de la fourmi adulte , 1S6. d'une fourmi de ternate , 190. d'une ^enoiiille A L P H A B grenouille étraneere , ibiJ. du ver du mo- nocéros , 192. au ver affaflin , 109. du monocéros dans h nymphe , an. pieds de divers fcarabées , 221. du coufin , 233. des abeilles ouvrières, 249. 2^1. 252. du papillon dans la chrylalide, leurs premiers mouvements , 400. du ver des latrines & de celui de la mouche afile , 432. 434. 440. 441. des vers de terre, ^06. des ferpents , ihiJ. & fuiv. des co- chons, 507. d'un fcarabée mineur de feuilles , 5 13. du têtard, 551.^75. delà groiïe fcolopendre de mer, 004. de la iechc mâle , 609. Pierre de limace , pag. 35. 99. pierre d'é- creviiTe , 99. pierre de Bentheim, 494. Pigeons , n'ont point de véficule du fiel , pag. 73. comment nourrifl'ent leurs pe- tits, 258. Pigmenium de l'uvée de l'abeille , de l'hom- me , de divers infeftes, pag. 324. 325. PilluLiire ( fcarabée ) /"j^. 181. Pinceau ou mitre, eipece de coquille, y>j^ç. 543. Polypes d'eau douce , comment fe mulu^ S sss 664 T A B tipliont , pjg. Ç98. polypes de mer , 608. Potyjiicrs , p-2g. 608. Pommier , pjg. 5 iO. 5 37. Pomme de chêne , de lierre terreflre , £■<:. p.:g. ^Qz. pommes , leurs pépins, 516. Porceliiine ou conque de venus , pag. 92. 93- Pompes fémin aie s de la feche&du calemsr, 6z?..&cfaiv. ce qu'elles deviennent dans !e viiide, 613. 624. Ponte des infefles. f^oye^ les noms de ch.i- q:ic :njc£ie. Porcinus (vermiculus) ^(«^.435. Poacfj de la grenouille mâle, /Jj^. 562. 563. Plu, p.ig. 3 2. aquatique, 33. marin, ibid. deicription du pou , 37, & fuiv. com- ment u;ce le fang , 4 5 . 46. poux des plan- tes ,156. du monocéros , 182. 211. poux des bourdons, des fourmis, & des au- tres inleiSes, 320. Poules , pag. 89. d'Afrique, 133. ovaires des poules, 564. Poumon de mer , pag. 113. Poumons des abeilles , & des autres ani- maux , p^zg. 175. 176. du caméléon,27i. des abeilles, 296. de l'enfant nouveau ne, 553. de la grenouille, 556. 557. 559. 576. du têtard , 572. 573. de la gre- nouille, 577. des léfards, des tortues, des lerpents, 577. de la grenouille, 578. des quadrupèdes , 578. moyen de décou- vrir les fondions des poumons, 582. Pourceaux volants , pag. 182. Pourpre (fac delà) dans l'efcargot, pag. ' 75. dans le limas ovoïde, 96. dans le li- maçon des jardins ou laquais , 97. dans la limace domertique , 100. dans celle des prairies, 102. dans le limas aquati- que commun, 105. dans l'alie-kruyk , 116. liqueur pourprée du limas à coquil- le concave d'un côté , 1 18. de celui à co- quille concave des deux côtés, 119. PouJJlere fécondante des étamines des fleurs, pag. 241. 607. 608. Poujfiere des ailes de papillofis- Voyez plu- mes & écailles. Prépuce du papillon du ver-à-foie , pag. 205. du monocéros, 219.de la femelle de la mouche du ver du fromage, 489. Propolis , fa nature , fon ufage, pag. 240. Prcfcarabée ou ver de mai , pag. 182. Pioftate du papillon du ver-à-foie , pag. 203. du grand fcarabée aquatique, 344. de la mouche mâle du ver du fromage , ' 489. de la grenouille mâle, 554. L E Prune, pag. 539. Puce , pag. 32. 231. Puce aquatitjue arhorefcente , pag. 32. cstln- feâe décrit, 50. tk fuiv. où fe trouve , 52. puce marine de iMoufet , 133. puce d'eau ou petit fcarabée aquatique , 183. Pucerons qui iiabitent des galles , 492. 531. 532. Si. fuiv. 535. génération des puce- rons, 598. Pulex arhorcfcens aquaticus. Voyez puce aquatique arhorejccnte. Pulmonaires ( vaiffeaux ) de la nymphe du monocéros, pag. 211, vé/icules pulmo- naires de l'abeille , 280. 296. de la mère abeille , 309. artères & veines pulmonai- res de la grenouille , 577.578. Punaife ,pag. 3 2. punaifes terreflres & aqua- tiques volantes , i 36. comment nagent les aquatiques, 137.de quoi fe nourrit, 231. punaife habitante d'une galle, 492. prcfervatif contre les punaifes, 543. Pupille , de l'œil humain , pag. 62. ne s'ap- perçoit pas dans l'oeil de l'efcargot , 62. dilatation & contraftion de la pupille de l'oeil, 395. pupille de l'œil de la feche , du crocodile , du chat, 611. de la feche , 620.621. Puyflebyter , pag. 330. Pylore du f o\.i , pag. 44. de l'efcargot , 73. du fcorpion aquatique, 147. du ver du monocéros, 199. 204. de l'abeille, 297. de l'afile , 468. du ver du fromage , 477. Pyramidales (fibres) de l'œil du bernard- l'hermite, pag. 130. 216. de celui du mo- nocéros , 215. 216. de l'écrevill'e , 216. de la nymphe de l'abeille , 279. de l'a- beillemâle, 325. 326 329. 330.derœil de la guêpe, 330. de celui de la demoi- felle , ibid. partie pyramidale dans les or- ganes fexuels del'dbeille mule, 338. &. fuiv. Q- x~^Uadiivpei)ES , leurs poumons, pn^. ^y 578. leurs mufcles & leurs nerfs , 582. (lueue des cloportes, pag. 33. & fuiv. du pou, 39. de la puce aquatique arboref- cente , 50. 51. 52. du fcorpion , 54. de l'efcargot & fes mufcles ,85. de la lima- ce domeftique , 99. de la limace des prai- ries , 101. du limas aquatique vivipare , 107. de (on fœtus, m. du bernard-l'her- mite, 126. de la fauterelle des Moluc- ques , 133. difs fauterelles , 134. d'un infeile analogue à la punaife ,136. mon- A L P H A B vemînt oblervé dans les fibres de la queue de la demoifelle, 141. ufage de cette queue, 140. queue de la nymphe àc la demoifelle, 144. 145.de l'cphàne- re,i49. 169. du ver de l'éphémère, 154. 156. 157. 167. 169. des infeftes du troi- sième ordre, 174. queue fingulierc d'un Scarabée, i8i. du ver alTalIin, 109, de la nymphe du coufm , de la fourmi , de l'abeille, du monocéros, 223. du ver du coufm , 124. & fuh: comment ce ver rend fa queue impénétrable à l'eau, ai6. queue du coufm , 234. queue longue d'u- ne efpece de papillon , influence de cette partie fur le vol des papillons , 378. queue d'une chryfalide , 393. 395. de la chenille & de la chrylalide , 415. 416. du ver à queue de rat , 435. du ver de la mouche afile , 440. 441. 444. 449. ufage de cette partie , 445. 460. queue de l'aille dans fa nymphe, 464. d'une mouche venant d'une galle du faule , 501. d'un fcarabée mineur de feuilles , 512. des mouches des galles de l'ortie, 522. 523. des mouches des galles Ipon- gieufes de l'églantier, 529. des vers des feuilles de chardons, 532. du têtard, 150. 551. 568. 569. 570. 575. 576. de a grolte fcolopendre de mer , 604. de la teche , 626. R. l Ty^cixEsie la lentille d'eau ,paf;.'i7't- J\Raies , pjg- 84. 327. 582. 583. 611. Rjijîns , pjg 538- Rjqueiti , arbre. Voyez TunJ. Rju dans le caméléon, pjg. z-'i- manière de préparer anatomiquement une rate de bœuf, 281. rate du têtard ,573. 5"4. de la grenouille, 574. moyen de découvrir les fondions de la rate , 581. Jiats ,Djg. 334. AjTf (galles de ) pjg- 505. Rti^um du pou ,pjg- 45. de refcargot,-'3. du limas aquatique vivipare , lo8. de l'a- lie-kruyk , 116. du bernard - l'hermiie , 126. de l'éphémère, 159. du co/T^^ ,196. 199. 204. change de peau dans la tranf^ formation de ce ver en nymphe , 206. ■reiflum du ver de l'abeille , 267. de l'a- beille, 298. 315. de la chenille, 390. de la chryfalide, 397. du p.ipillon, 404. 407. de la nymphe de l'afile , 458. 4')3. de l'afile elle-même , 468. du ver du fro- mage , 477. de la grenouille , 55-. du È T I Q U E. 665 têtard , 575. de la feche &du ctlemar, 616. 618. de la feche femelle, 62;. Récurrent (nerf) du colTus, pag. 200. loi. 34{. du rer-à foie , 201. de l'abeille , 34V. Rtins du chien , ce qu'on y a trouvé quel- quefois, pjg.^io. di la grenouille, ç<3. ç<4. çt7. moyen de découvrir les fonc- tions des reins de la grenouille, {82. Rénales. Voyei émulgsnics. Reniformcs ( parties ) dans la chenille & la chryfalide , p.'g- 389. 397. 400. Réfirvoir de la loie dans la chenille , pjg. 390. dans la chryfalide, 396. 399. Rejpirjtion de l'efcargot , p.ig. 66. orifice de la refpiration dans le limas ovoid* , 96. dans la limace domeftique , 99. dan» la limace des prairies , loi. dans le limis aquatique commun , 103. 104. refpiration du limas aquatique vivipare , 108. ori- fice de la refpiration dans le limas à co- quille concave d'un côté. 117. des gre- nouilles accouplées , (63. Raiarii (aranei ) pag. 24. 27. 28. Rétine deVei'ca.rootj pjg. 62. de la feche, 621. Rccinus Aldrovandi. Voyez tiqui. Roi des abeilles ,pag. 175. Rombout , pag. 350. Ror.ce , pag. 492. Rofc ( galles en ) pag. Ç15. RoJiir,pag. 493. Roffîgnal ,^ lYnnd des vers de fourmis, ;»j». "184. Roiileufes (chenilles) pas. 493. /ÎHcAf marine , ce que c'e't , /)j^. I37.ruchs d'abeilles, 236. fa chaleur, 2ç8. ruche dans de vieilles murailles, 318.. ruche de bourdons, 319. 320. ruches décrites, 3^9. & fuiv. précaution néceiTaire dans la conftruétion des ruches 368. ruches de bourdons & deguèpgs, 371. "•Ac qui contient la matière dont l'arai- t née fait fon fil , pag. 28. fac oii les araignées renferment leurs œufs , 29. 30. fac de la glu dans le pou , 49. lie de la matière calcaire dans l'efcargot , 72. 73. fac de la giu dans le même ani- mal, 75. 80. Sac du venin de la mère abeille , 17 v. facs de la graiffc du ver du monocêros , \<)-'. 198. ce qu'ils de- viennent dans fa nymphe, 212. fac qui fe trouve prèi du vagin de la femelle du 666 T A B iiionocér8. Stche mâle décrite , p^ig. 609. & fuiv. ttigU; pag. S40- Scmtnce , orifice externe de Tes conduits dans le bernard-I'hermite , pag. 115. de l'éphémère, 16;. 169. du monocéros , 419. 210. (emeiue de l'abeille mâle , ^^4. des taupes , des hériffors, des rats de la grande eCpece , de l'homme , ibiJ. de l'aBeille mâle , î^''. il la femence du mâle parvient à la matrice dans le chien , & dans d'autres cTpeces d'animaux , ^42. femence du papillon, 406. 407. de l'a- file mâle , 469. de la mouche mile du ver du fromage , 489. de la grenouille mâle, ÇÇ4. ç^^. (61. ^éj. de la feche mâle , 614. Séminales (véficules) du forpion aquati- que,/>j_^. 147. i4S.dercphemere, 15". i6o. du papillon du ver-à-i'oie , 203. du monocéros, 219. 220. de l'abeille, de plufieurs infciîles, du taureau, 220. de l'abeille mâle , des taupes , des hériflTons , des gros rats , de l'homme , 3 34. de l'a- beille, 335. 336. fi-yî/n'. du grand fca- rabée aquatique, 344. efpecesde véficu- les féminales du papillon , 406. 407. vé- ficules féminales de l'afile mâle , 469. de la mouche mâle du ver du fromage , 4B9.de la grenouille inâle,5 5 ç. de l'hom- me , ibiJ. pompes fémina'es de la feche & du calemar , 622. bi. fuiv. ■Stn/itive , p.ig. 1; 9 2. Scpi.trij ( aranea ) pjg. 29. Serpents , pa-. 170. leur mue, 196. 44O. leurs pieds , 506. 507. leurs poumons , Sic.irius (vermis) pjg. 183. 20S. èifuiv. Voyez ajfjjifin. Siliijues de l'herbe impatiente de Dodonée pag. <92. 593. de la gra;!>e de fougère , 606. & fuiv. Siiet, elpece de griotte, pjg. 34. So,iS noueufes des fquilles bolTues , pjs. \l. Ç2. Voye^ h.irtes ariicuUes. Soies articulées du ccjfus , 205. foies articulées du ver ou loup des ruches, 347. réle.-- voirs de la matière de la (oie dans la chenille, 390. dans la chryfalide , 396. 399. foies que filent les chenilles , ufage qu'elles en t'ont pour fcfoutenir au temps de leur transformation, 4!!. 412. fo:.^s articulées, entre lefquelles fe trouve la trompe du papillon dans la chenille Sc dans la chryfalide, 415. fui^s d un fca- Jom. y. É T I Q U E. eÇf rabée mineur des feuilles de faules , 'pi. Soldat. \'ovci Bernari-T hertnite. Sommets des étamines des (leurs, pag. 141. Sonicéptule (fcarabée) pag. i8a. Soude ( fel de) pag. 543. Spcrmjiique ( vaifleau ) de l'efcargot , par. 76. du bernard-I'hermite, 127. 128. de l'éphémère , 163. de l'homme, de la taupe, du hérilTon , 163. artères & veines fpermatiques de la grenouille mâle , 5^3. conduits fpermatiques du tnême animal , 554. SphinSer de l'anus de l'éphémère , pag. icg. fphiniler de la pupille de l'œil , 59c. Spirale du corps de l'efcargot, pag. 58.70. Si. fuiv. du limas aquatique vivipare, 107. du fœtus de ce limas , 109. de la moule, 121. du bernard-I'hermite , 126. Spondyla ruhra , Moufet , pag. 377. Squilles hoKwes , pag. çi. 52. Staflùlm , pag. 182. Stercoraire (mouche) p.tg. 330.425.431. & fuiv. Stigmates du pou , pag. 40. 41. 42. des de- inoililles , 14(. du fcorpion aquatique, IJ.7 ducq/,'âi,i94. 195. 196. 199. du ver- à-foie & du ver du frelon , 196. du ver- à-foie , 202. de la nymphe du mono- céros, 206. 207. du' ver allkffin , 209. d.i monocéros, 213. 214. ir^-. d'un fca- rabée exotique, 222. de la nymphe du cjufm , 227. 228. 229. du ver de l'a- beille, 263. 265. du caméléon, 2-1.de la nymphe de l'abeille, 281. de l'abeil- le, 332. des vers des ruches, 346. de la chenille épineufe de l'ortie , 388. de fa chryfalide, 395. des chryfalides en général ,401. du ver de la mouche afi- le. 4i2. 444. 44S. 4Ç2. 4,-4. .55.460. de (a nymphe, 463. d.i ver i6. manière de les taire entrer en coiitraûion , léU. Si fuiv. Sucre , l'aille n'en mange point , pa.'. 4-0. Sutures des os de la tortue , pag. 84. de la coque de la nymphe de l'afile, 4'52. T. rAn.ic (d'Efpagne) fon e.Tet fur !» mouche afile , p.ig. t^ffj. fur un pa- pillon des feuilles de i'aulne, 510. furie* teignes, punaifes & autres infectes, 543. T ttt «6S T A Tiihanus , p.tg. 439. TaSl de l'elcargùt, pag. .65. aveugle qui . diftinguoit les couleurs au taft , 331. T4imbour de l'organe de l'ouie dans la gre- nouille & le caméléon , faj. 561. Taon , ver d'où il provient , pag. 169. 110. la transfoi-maQon,4i5. de quoi le nour- rit & comment , ibiJ. taon comparé avec la mouche afde , 439. 465. 466. ■T-trentule , p.3g. 24. 31. Tiiriere mange du pain , p^g. 105. Taupe , Cl elle voit , pag. 62. les véficules féminales ,163. 334. taupe de mer , 604. &Ljuiv. Taureau , p,ig. 220. Taureau-volant ,p^g. 180. Teigne, de quoi elle -vit, pug. 153. deux eCpecês de teignes, 178. grande efpece de teigne , 179. autres teignes , 377. 378. 541. & fuiv. préfervatif contre les teignes, 543. teignes des feuilles, 544. 545- Teigne ( faufle ) de la cire , ou ver ou loup des ruches , pag, 346. Si fuiv. Tendons des mufcles des cornes de l'efcar- got, pag. .60. dureté des tendons de l'ef- cargoi , des poules & des coqs-d'indes , 89. tendons du limas aquatique vivipa- re , 108. de la moule, 121. centre ten- dineux dans le bernard-l'hermite , par lequel il eft adhérent à fa coquille, 126. 128. dépouille des tendons du ver de l'éphémère, 167. Tentliredines ou mouches à fcie, 495. 498. 501. 516. Térébenthine , foB u(age dans la préparation des infeftes , ;)j^. 203. elprit de térében- thine tue le ver delà mouche afile, 446. eft tr's-contraire aux teignes & autres infeûes , 543. Tércbinthe , ou arbre aux mouches , pag. 492. Teft.icées , pag. 84. TeJlicuLes de l'efcargot, pag. 75. 76. dans le texte &• les notes , leur état après l'ac- couplement,81. tefticules du limaçon des jardins, 97. du fcorpion aquatique, 148. de l'abeille mâle, 175. 298. du papil- lon du ver-à-foie, 203. de l'abeille, des taupes , des hériffons , des gros rats , de l'homme, 334. 335. du fcarabée aquati- que, des oifeaux , des grenouilles, 335. du papillon du ver-à-foie, 33^. du grand fcarabée aquatique , 344. du papillon dans la chenille , 389. dans la chrylali- de, 397. 400. dans le papillon inême. BLE 406. 407. tefticules de l'afité mile , 4(^9. de la mouche du ver du fromage , 489. de Ja grenouille mâle, 553. 5154. 561. comparés à ceux des infeétes , 554. j;^. 135. Tlwrjx àei infeûes. ( Voyez corcelet ) des moules , />.ij. 110. du bernard-l'hermi- te , 12^. 117. du têtard, 568. 569. de la ieche, 616. 617. Tilleul , p,ig. 492. TimidUs de la cigale, pûg. 135. Tipules aquatiques, pjg. 136. 13"'. tipule terreilre , 179. tioules en quoi diiierent des coufins ,235. Tique, pag. 32. Toile ou coque des vers des abeilles , pjg. 268. 273. des vers des frelons , ibtJ. manière de léparer la toile di.s vers des abeilles de la cire qui y eft adhérente , 272. toile des vers ou tauiTes teignes des ruches, 346. 347. toiles membra- neufes trouvées dans un nid d'abeilles fauvages, 350. toiles que filent le^ che- nilles prêtes à Te transformer , 41 1. 412. Tvrtues, pjg. 84. leur ponte, 8;. trompe deleurmr.trice, 1 1 1. leurs poumons,5-^7. Trachées du pou, pag. 40. 41. 49. compo- fées de deux fubftances , 41. 42. de l'o- vaire des fauterelles . 134. de la demoi- felle , 141. dans les derniers anneaux du vémre ont la forme & le jeu d'un pil- ton , 141. 142. dans tous les inleites quittent leur dépouille , 144. trachées du fcorpion aquatique, 146. 147- du ver de l'éphémère .152. 155. 161. 162. 163. leurs orifices dans ce ver , 1157. trachées de l'éphémère, if8. isy. 160. leur ori- fice, 160. dans la fauterelle , ibid. dé- pouille des trachées du ver de l'éphé- mère , 1 67. ébauches des trachées du ver du icarabéemonocêros, 192. ces mêmes trachées, igç. iq8. 199. 200. 201. quit- tent une dépouille, 195. 206. 207. tra- chées du ver alîallm , 209. de la nym- phe du monocéros , 211. quittent une dépouille, 213. 217. du monocéros, 113. 215. 216. 217. 218. 219. 220. 221. du ver^à-foie , du papillon , 217. du ver du coufin, 226. des ailes du coufin,233. de l'abeille, 251. du ver de l'abeille , quittent une dépouille, 261. 271. ces trachées , 263. 264. 265. 266. 267. 271. 276. trachées du caméléon, 271. 271. de la nymphe de l'abeille , i-d. 2S0. i8i. 382. de l'abeille,. 296. 297. ^ 300. de la mère abeille, }o^. €ans (on ovaire , 309. de l'œii di: l'abeille mile, 326. 328. 329. de l'œil de la ^cpe , 330. de la mouche ftcrcoraire , ibid. de l'aile de l'abeille , 333. du corcelet, 334. des telKcules, ùc. 3-3^. ttachces du ver des ruches, 346. de la dicnille , J89. 390. 391. de la chryAlide , 397. 400. 401. du papillon, j^oi, 407- du-var à queue de rat , 435. du ver de l'afde , 448. £i fuiv. 453, de la nymphe, 461. 463. 4')4. de la mouche , 4O!;. Sl fuiv. 468. du ver du t'romige , 472. &Lfuiv. 476. 477. 478. 479. de petits vers trou- vés dans ]e ver du fromage , 480. des aJes de la irvouche du ver du fromage , 406. 487. dépouilles des trachées de cette mouche , 491. trachées d'une faufie che- nille du faule , 495. de fa mouche, 501. d'un ver mineur des feuilles du Ikule , ^lo. du ver mangeur de pucerons, 536. Trifetu (^mufcj) pug. 176. Trocfne, pag. 538. Trompe de la mouche & de fa nympihe , pag. 6. d'uft papillon & de û chryfu i- tle , 7. trompe ou aiguillon du pou, 42. 45. 46. la gaine 42. & fuiv. fon a£lion 4;. du limas aquatique vivipare lit. trompes de la matrice des grenouilles & des tortues , m. trompes ou papilles des moules, 120.. de la fauterelie-puce , 135. du cerf-volant, 180. de la chrv- falide du papillon au \o\ rapide, 185. de ce papllon même, 208. du coufin , 230. de l'abeille, 240. 2çi. 2^8. ébau* che de cette trompe ou langue de l'a- beille dans fon ver, 262. 275. autre trompe tubuleufe du ver de l'abeille , 262. trompe de l'abeille dans fa nymphe 271. 276. 278. 279. trompe de l'abelile & pièces qui l'accompagnent ou qui en font partie , 290. & fuiv. ufage de ces patries, 290. & fuiv. jeu de la trompe dans la fuSion , 294. trompe des papil- lons , ilid. de la guêpe , 295. trompe des phalènes, 377. 3S0. du papillon dans la chenille prête à fe transformer, 392. 393. dans la chrj'falide , 39J. du papil- lon éclos , 402. 405. jeu de cette par- tie, 405. trompe dans le papillon-chrv- falide , 413. dans la chenille & dans la chryfalide , 415. 416. dii papillon, 418. dans la nymphe de ia mouche des la- trines , J34. de la mouche aille, 439. •j^ i. 454. 465. de la mouche du ver du fromage dans ù. nymphe, 48;. dans la É70 . ^^ ^ moucie même, 490. 491. d'un fcara- bée mineur de feuilles , 5 1 2. du papillon d'une chenille mineufe , 518. delà mou- che du ver mangeur de pucerons, 536. de quelques papillons , ^■^S.&ifuiv.trom- pes ou cornes de la matrice des grenouil- les, 55 6. Sifuiv. Truite , p^g. 171. Tubercules glanduleux du pied de l'efcar- got , pag. 66. 67. de la trompe de l'a- ■ iellle, 291. de la tête du ver du froma- ge , 472. des ouies du têtard, ^72. tu- .bercules de la groiTe fcolopendre de mer , 604. 605. des feuilles de fougère, 606. Tubes ou pompes féminales de la feche ôi. du calemar , p.'.g. 612. Se J'uiv^ ^ Tiina , arbre d'Amérique, p.ig. 273. Tuniques de l'eftomac du pou , pag. 44. tu- . «nique interne des cornes de l'efcargot , éo. les trois tuniques de l'eitomac du monocéros , 20^. tunique fibreiife de l'œil du monocéros , 215, tunique inte.'- ne de l'eftoir.r.c du ver de rnbeiilé, ;6.f. 167. tunique interne de l'eilomac du ver du frelon,. 2.64. Tuibo ou vcrticili'um , p^ig- Qi. Tuyaux de mer , pjg. 87. 94. 113. tin-au hexagone d'une cellule d'abeille , p.ig. 143- V, FAc 1 N èe la femelle du moiîocéros , pug. 221. de celle du papillon, 408. »yai(J'eaux des rnoules , /m». 12c. de la moelle épinieTe du ver-à-loie & de l'é- phémere , 163. dépouilles des vailleaux du ver de Péphcmere , 167. vailTeaux jau- nes & variqueux du ver du monocéros , 199. viiiTeaux d^ms le tiifu des ailes du monocéros & dans leurs fourreaux, 2:3. dans le tilTu des membranes & de la peau des'autres animaux , dans la fuliftance offeufe des fœtus, itid. deux vaiileaux aveugles qui femblent appartenir aux par- ties de la génération de la femelle du monocéros ,221- vaifieaux variqueux du monocéros temelle ,211- vailTeaux aveu- gles qui femblent des cacum dans le ver de l'abeille, i6.i. j_6y. 269. 170. vailleaux jaunes ou variqueux de ce même ver , 269. 270- dfi fs nymphe , iSo. de l'a- beille, 297. 500. de la mère abeille, 307. 311- vailleaux qui s'infèrent dans iellomac du papillon , 4O3. 404- vail- feaux iaiivaires du ver du fromage,^-/. BLE 478. vallTeaux de l'abdomen du po«l«c dans l'œuf, 571. Vahu!(s du cœur de l'efcargot , pag. 70. du colon de l'éphémère ,159. valvules conniventes des inteftins des guêpes & des abeilles, 298. efpece de valvule dans l'oreillette du cœur de la grenouille , f ariejueux ( vaiffeaux ) dans le fcorpion aquatique , 1 47. dans le monocéros,ï99. 20.;. dans le ver affaffin , 210. dans le ver de l'abeille , 169. 270 dans fa nym- phe, j8o. dans l'abeille , 297- 300. dans la mère abeille, 307. 311. dans le pa- pillon, 404. 407. dans lever de l'afile, 447. dans fa nyniphe, 457. 4^-8. dans fa mouche , 468. dans le ver du fromage» . _ 476. 477. P'e.iux dans l'état de fœtus, pag. 280. ^27' retiremcnt des nerfs en certains cas dans- les veaux , 479. tegétaux ^ leur développement , pûg. ti. \r. I eincs de l'efcargot, pag. 58. fa veine-ca- ve, 70. 71. veines Ipermatiques des tef- ticulesde la grenouille mâle, 553. veines laftées manquent dans la grenouille , 577. veine-porte de la grenouille, 577. fa veine-cave , ibid. fes différentes vei- nes, 5-77. &L fuiv. yenin de l'abeille , pag. 249- véficule du venin dans la n\'mphe , 280. dans l'a- beille, -.99. 6- juiv. dans la guêpe, J99. 30J. dans leirêlon, 30^. moyen d'empê- cher le venin dei'abeille de pénétrer dans Jespiquures qu'eila a faites, 305. manière d'ôter le venin à l'abeille, /i;î. véficule du venin dans la mère abeille & fes conduite, fecrétoires & excrétoires,3 il. effet du ve- nin desabeiiles pris par la bouche, 312. de celui des guêpes, iiid ce que devient dans l'efpriî de vin celui des abeilles , 313. 317. mélange de ce venin arec la ci- re brute, 517- venin de l'araignée , ^04. Ventre. \ oyez abdomen. De rarargnée,/'.jg-. 28. du pou , 39. de la puce aqnatique arborefcente , çl. du fcorpion, 54. du bernai d-rhermite , i -6. du ver de la de- moifelle, 138. du ver de l'éphémère, 154. i';5. 156. 1^7. ventre de la fourmi, 186. du monocéros dans ia nymphe , xo/-. du ver du coufm , 225- d'une fe- melle de papillon, 407. de la chenille & de ia chryfalide j 415- 416. de la nym- phe de l'afile, 4^9. de l'afile même, 461. 467. de la nymphe du ver du fromage, 48 5 A L P H A B 48 ç. fie fa mouche, 487. 488. 4'un fca- rabée mineur de feuilles , ^ 1 1. des mou- ches des galles de l'ortie, çij. çij. d'u- ne mouche de galle de chêne, Ci8.de la mouche du ver mangeur de pucerons ç37. de quelque chenilles & papillons, ^37. & fiiiv. d'une mouche de teigne des feuilles d'arbres , ^4,-. dn Ccaraliée du mufc , Ç47. de la grode fcolopendre de mer , 6oç. T'entricuU unique du cœur de l'efcargot , pa^;. 70. de celui du bernard-l'hermite, 128. & des autres poillons , ihid. du cœur de la feche , 619. 620. ■ Ver . pjg. 3. Si fuiv. vers apodes ou fans pieds. II. vers hexapodes ou à fix pieds II. 12. vers qui ont plus de fix pieds, ïi. vers de terre , 3^. autres efpeces de vers, iHJ. queh vers s'accouplent, /iii/. vers ou animalcules cryftallins trouvés dans la matrice du limas aquatique vivi- pare , 108. 109. vers aquatiques qui ron- gent les coquilles, 1 14. vers luifants trou- vés dans la vafe adhérente aux coquilles d'huitres, 11 4. petits vers trouvés dans le limas à coquille concave d'un côté, & leur mouvement, iiS. la form.e de ver eft la forme primitive des infeftes des trois derniers ordres, 131. 132. ver du troifieme ordre qui fe transforme dans le corps d'un infecte du fécond ordre , 136. vers des mouches aquatiques, 15-7. de l'éphém.ere , tiid. de la demoifelle , 138. Sijuiv. de quoi fe nourrilTent, 159. de l'éphémère, 150. Si fuiv. 601. 602. comment nage, où & comment fe loge,&: ce cpii lui arrive quand il eft tiré de fon trou, 151. 151. comment fe nourrit, 152. 153. combien de temps conferve fa for- me de ver, 153. ufage qu'on fait de ces vers & noms qu'on leur donne en confequence , itiJ. ces vers ont la ^ ie dure, 153. 154. manière de les confer- ver vivants, 154. & de les tranfporter au loin, itiJ. leurs couleurs, 156. ver du monocéros , ver-à-foie , ver de l'a- beilie , 159. ver-à-foie, x6i. 163. 20^!. vers de Icarabée & d'ichneumons qui fe trouvent dans les nids de l'abeille ma- çonne, 176. ver delà tipule , 179. ver luifant, 181. ver de mai, 182. ver du fcarabce tortue, 182. vers de plufieurs fcarabées, iiiJ. &/«/v. ver de la fourmi , 183. & fuiv. développement des vers en général, 185. versde fourmis, 187. 188. ver de terre , 193. ver du monocéros , i. yeux de la fourmi dans fa nymphe, 1S4. 1$;. de la fourmi ouvrière, 186. de la fourmi mâle , ihid. de la femelle , 157. du coffus , iiis- 20;. 206. quittent une pellicule dans la mue de ce ver & dans celle des ferpents, ip(!. yeux da ver aflartin , 20c. du monocéros , 213. 21 f. 216. des mouches ik. des abeilles , 2IS- des limas aquatiques, 216. de plu- fieurs fcarabées exotiques, 222. du ver du coufm , 224. de fa nymphe , 228. du coufm , 22p. 233. de' l'abeille , 2So. 2^3. 2S7- de fa nymphe, aj^. des araignées, des fauterelles 6i des ferpents , quittent È T I Q U E. 67} une dépouille , 261. yeux du ver de l's- beille, 262. variété de la coufcur des yeux dans les infeiles & dans les grands animaux , 2^2. yeux de la nymphe de l'abeille , 271, 277. 27^. 27p. du mâle de l'abeille, 321. Se fuiv. d'un limaçon qui voit, ^22. de la plupart des inleftes ibiJ. comment les mouches ncttoyent les leurs, j 2 4. jeux de l'abeille de Goe- daert , de plulieurs papillons diurnes , 324. des araignées &des fcorpions, ^2^. de la guépc , de la mouche ftercoraire , de la demoifelle, 330. des mouches en général, 331. du ver des ruches, 347. des miles , comparés à ceux des femelles dans plufieurs efpeces d'infeéies , 3jS. d'une chryfalide de phalène , 3S0. de la chenille épineufe de l'ortie, 3S7.3Ç2. de ia chryftiide , 3^f. 3çg. de (on pa- pillon, 403. du papillon dans la chry- lalide , 416. du papillon , 413. de la nym- phe de la mouche des latrines, 434. de la mouche même , ibid. du ver de la mouche afde , 442. 4^0. 4^4. 463. de cette mouche, 464. 46^. 467. de la mou- che du ver du fromage dans fa nymphe, 4SS. de cette mouche, 457. des chenil- les & des faufles chenilles , 4c;. d'une chenille d'une galle du faule , 4^)8. d'un fcarabée mineur de feuilles de faules,ji2. d'un papillon dans fa chryfalide yiS. d'un ver des feuilles d'aulne , ;i<). des mouches des galles du chardon, yi/. de celles de l'ortie, 522.de la mouche d'u- ne phaféole renfermée dans une galle de chêne j 52S. des mouches des galles du peuplier noir, 5^4. du ver mangeur de puceions , ;3;. ^36. de fa mouche, r?7. de la teigne , S4'- S43- du fcarabce du mufc , 547. du fœtus humain , ;;2. du têtard s6S. S70. pupille de l'œil , fon mouvement de dilatation & de contrac- tion , j^p/. delà fechi mâle, ôoy.ûii. fia de lu Table Atphabiùque. ■"■ ' Il iiniiiiT-T A .JIJON, de l'Imprimerie de la Veuve de PiERRE De Saint, feu] Imprimeur du Roi , de Monfeigneur l'Evtque & du Collège. -±i;;^-^-.rf£--- S*Wt>M«MW^HWiMlit«Mll>Wil«inniHa-.tMMâiteWI*aaai