COLLECTION ACADÉMIQUE, :•«**= ssa^hS^^ms =--.> TOME DIXIEME; PART. ÉTRANG. •ni COLLECTION AC AD ÉMI QUE, COMPOSÉE Des Mémoires , Acbes ou Journaux des plus célèbres Académits 5c Sociétés Littéraires de l'Europe ;" CONCERN'AlSrT \ \ \ Ci L'HISTOrRE rTATURELLE, LA PHYSIQUE ÉXPÉ'r1MENTaÎ?È , LA CHIMIE, LA BOTANIQUE, L'ANATOMIE, ET LA MÉDECINE^ &c. .. '-.j 1. Ita res accédant lumina rébus. Lucret •|--«-. -r ^.-p.^,^ ^, .-. . .. --^ ,. ^, ^. _ ^ '" f '>■ Tome DIXIEME de la Partie Étrangère , contenant les Mémoires de l'Académie des" Sciences de l'Infbitut de Bolof^nc o Traduits 8C tidigé. par M. PALJ-L,, Corr^fpondant^d^^l». SoqKtf. Royale de MontpeHier , Afibcié à l'Acà-dà'ïiie 'dès Sciencas &r Belfès- ternes it Marfeille. L; =5!SgJ5^s: A PA R isj Chez PANCKOUCKE, Libraire, rue des Poitevins, Hôtel de Thou, Quartier Saint -André- des- Arts. M. DCC. L XX III. '^rEC APPROBATION ET PRIFJLEGE DU ROI. BENEDICTO XIV. P 0 NT I F I C I MA X I M a , BONONIENSIS SCIENTIARUM I N ST IT UT I PATRI AMANTISSIAIO. (iiii , ■ TT""' '■ • ■•"1 A MONSIEUR V • ï » A ï. , Doftcuren Médecine de l'Univerficé de Montpellier, & Médecin Royal de la Majinc, au Ma r.tigu ES. Moj y CHER AMI, L'hommage que je vous fais des Mémoires de l'Académie de Bologne , n'ejl pas feulement un tribut payé a l'amitié , mais une dette encore acquittée par la reconnoiffance. C'efl un aveu que je publie avec plaifir , ù à votre infçu , pour ne pas allarmer votre modejlie. Je ne veux pas laiffer ignorer que vous ave\ eu beaucoup de part a la rédaction 0 a la traduclion des pièces que je préfente au Public ; fi les auteurs de ces im.mortels écrits j auxquels nous avons feryi d'organes , iaiffent tomber fur mui quelques rayons di leur glotre , it m'efi doux de penfer , que votre nom ù le mien , bravant la mortù le tems , iront enfemble a la poficrité , a la fuite de ces noms illuftres , ù que notre union, triomphera même du tombeau. Agrée\ , mon cher ami ^ ce foihle témoignage de l'inviolable & tendre attachement avec lequel je fuis pour la vie entière- ment a vous. PAUL. ^j^^'^T'^'S^^ PRÉFACE DU RÉDACTEUR. 'Académie de Bologne tient un iMng très- diftingué parmi les plus célèbres Académies de l'Europe; elle va de pair avec celles de Paris, de Londres , dé Pctersbourg , & de Berlin, (a). M. Euftache Manfredi , âgé Iculcment de 1 6 ans, ôc devenu depuis fi célèbre , en jctta les premiers fondcmcns vers l'année 1690 , en établillant chez lui des conférences académiques ; ( 3 ) MM. Sandri , Morgagni , &i Viâror Stan- cari furent les promoteurs de la nouvelle Académie (c). En 1705 , M. le comte Marfigli, cet iUuftrc Mécène des favans , & favant lui-même fi diftingué, la reçut dans fon palais. {/) Quelques années après, ayant établi l'inftitutjavec le concours du lénat de Bologne , il obtint que l'académie y feroit lo- ^éc , ôc qu'elle en feroit partie. Elle tint fes premières féan- ces en 1714 ( e ) , Se depuis elle les a continuées fans in- (a) La Lande 5 voyage d'Italie . tom. IL pag. }i. (i) Ibid. pag. ;i. ji. (f) Ibid. pag. 31. <) ; dont la touche eft aulli brillante que "•'^hil(Ji'ophique^7"&:- c'eft à ce morceau que nous bornerons tout Thiftorique Çc) de cette préface. » Mais en quoi Bologne l'emporte, dit M. Grofley , fur les ëtablillcmcns publics , formés dans les derniers fiecles , fans peut-être le céder à l'antiquité, c'cft par fon célèbre infti- tut. Les fcicnces & les arts , réunis dans un des plus beaux palais de cette .ville, ÔC liés , pour ainfi dire , par une bi- bliothèque bien remplie dans touçcs les facultés, nelaiflTenc rien defircr à l'intérêt dn citoyen , 8c à la curiofité de l'é- tran"-cr. L'aftronomie y a un obfcrvatoire fourni des meil- leurs inftrumens ; l'anatomie , un amphithéâtre décoré des ftatues des plus fameux médecins anciens & modernes , avec une faliç remplie. d'une' fuicecompleftc de pièces anatomi- qucs exécutées en, cire ; , la peinture & la fculpture , ; ,un ap-^ partemcnt complet pour leurs études 2ç leurs exercices , &C deux falles remplies des plus précieux rcftcs de ; l'antiquité, modelés fur les originaux ; l'architedure a pour fes élevés iWic^ialle ornée, 4^ deiFediaîiiôC^de, modelfi^ .des plus Ipclles '%')'^<'y'l '/?/.ov"a§es^'4^fw|ie^j -.' (A) M. Grofley , auteur de 1 ouvrage intitule : Nouveaux mémoires ou oijerva- tions fur l'Italie & fur les Italiens y par deux gentilshommes Suédois , 5. vol, /«-12. Paris, 1764- ■ ' "'.^ ,, "-!;'". •-, ,.; , (c) L'hittoire de l'itiftitut occupe plus de 100 piges m-4°. dans !^ fpémoires^e l'académie i & dès l'année 1713 , M. de Limiers en avoit déjà fait'pa'roîtjre yn^à Amlkidam qui coropofe un volume '«-8°. de 240 pages. ;^ ,ji .) PRÉFACE. y c6n{lru£lions anciennes & modernes, parmi Icfqucis on voit en petit tous les obelilques de Rome. Ajoutez A cet aflcm blagc d'études dans tous les genres , de riches cabinets d'an- tiques &: d hiftoirc naturelle ; imaginez tout cela animé par la VOIX & par les levons d'habiles profcflcurs pour chaouc art &c pour chaque Icicnce , & vous vous formerez une 'idée de la magmhcencc de cet établilîcment , qui doit la plus grande partie de fes nchelTes à l'amour de Benoît XIV pour la patrie, ou fa famille étoit rccommandablc dés le treizic me iieclc par les talens d'un Sarracino de Lambertini , qui PodeTtat "'^ ^^' ^" ^''^^'''''' ' PO"^ être l3ur C'cft ce grand Pape qui a meublé l'obfcrvatoirc d'inftru- mcns exécutés lur fes ordres , par les plus habiles artiftes d Angleterre. Il a fait fiire en cire , par Hercule Lelli , la collecbon des pièces anatomiques. L'abbé-comtc Fariltti Vénitien ui ayant demandé la permilîion de faire mouler les plus belles antiques de Rome , il ne la lui accorda qu'à condition qu'il feroit faire deux copies de chaque morceau s en reiervant le choix , au prix que M. Farfetti fîxeroit lui- même: ce qui ponauellement exécuté, à formé pour le Pape une collection au;î. complette que précicufe pour l'exécution Jl la fit auifi-tot pafTer à Bologne , ou elle remplit , au pied tle la lettre , trois grandes pièces de l'inrtitut, II eft à délirer quon p.enne le parti de k répandre dans les autres pièces quelle embellira , fans rien perdre de fon prix, l'enlemblc lui donnant trop l'air de magailn , & d'ailleurs une belle fta- tue n étant déplacée niiîle part, La munificence de Benoît XIV ne brille pas avec moins d éclat dans la bibliothèque de l'mftitut. A fon avénemenc au pontificat , il lui avoit abandonné fa bibliothèque parti- culière, avec ui^e grande quantité de notes & de recueils de *» rniiin. ^^Les grâces que les Souverains veulent bien recevoir du i-ape , lontl objet d'un commerce réglé entr'eux & Rome, commerce iouvent très-lucratif pourries Papes , £c dont Iç ,.| PRÉFACE. produit cil appliqué par les Papes ordinaires , au profit àe leur famille , ou de leurs favoris. Benoît XIV aulii déta- ché de toutes vues d'intérêt pour les Tiens , qu'il l'avoir été pour lui-même dans fa vie privée , ne laiflbit de ce coté au- cune prifc fur lui , aux miniftres étrangers , qui l'attaquè- rent enfin pour fon goût pour les livres. La France , plus en état de fournir à ce goiàt qu'aucune autre puiffance , n'é- pargnoit rien pour le fatisfaire. Toutes les éditions du Lou- vre , anciennes ôC modernes , la Poliglottc de le Jai , l'hif- toirc Byfantine , les coUedions des Conciles , les grands ou- vrages d'érudition facrée & profane , toutes les bonnes pro- dudtions de la Typographie trançoifc , arrivoient en foule à Rome , revêtues de relieures les plus élégantes 6c les plus re- cherchées. Le Pape les recevoir avec tranlporr , 6c , après quel- ques mois de jouilTIince , les faifoit paflcr à Bologne. Lesautres Puiirances fuivoient l'exemple de la France ; l'Angleterre elle- même entra dans cette contribution qui tournoit au profit de l'inftitut , à qui Benoît XIV a légué , en mourant , tout ce qui lui rcftoit de livres , de notes 6c de recueils. Avant rétabliffement de l'inftitut , Bologne avoit une bi- bliothèque confervée au palais public , ôc qui a été depuis verfée dans celle de l'inftitut , où l'on voit aujourd'hui un tréfor qui n'appartient vraiment qu'à elle. Ce tréfor cft une collection complettc en près de 200 volumes , très-grands in-folio , de tous les travaux du célèbre Aldrovandi fur rhiftoire naturelle. Elle cft formée de dcfleins coloriés de foffilles , de plantes 6c d'animaux , exécutés par les meil- leurs deflinateurs en ce genre, fous les yeux d'Aldrovandi , qui y a joint des defcriptions détaillées 6c des obfervations. Qui pourra évaluer un tréfor de cette nature , lorfquc le goût pour rhiftoire naturelle aura abforbé tous les autres goûts? » {a) Les mémoires que l'académie de Bologne a publiés ne démentent pas la magnifique idée que M. Grofley vient de nous donner des travaux de l'inftitut ; ils forment une col- ledion auffi variée qu'intéreflante , dont les auteurs font (a) Mémoires ci-devant cités , pag. 20 S' 210. PREFACE. vij prcfquc tous des hommes d'un mérite fupéricur (a), parmi ]cf- qucls règne une union [h] 6c un dérmtcrcirement{Lj dignes des plus grands éloges, &c qu'on ne rencontre pas toujours dans les compagnies favantes. Nous avons détaché de cette précieufc collcftion tout ce qui a rapport aux Icicnces naturelles Se expérimentales , tout ce qui entre dans le plan de la coUeclion académique, dont c'eft ici le dixième volume, pour la partie étrangère , vo- lume qui ne le cède à aucun des autres , s'il n'cft pas même le plus fort de tous ; on le délivrera féparémcnt aux per- fonnes qui voudroient avoir les mémoires de l'académie de Bologne , fans ie charger de ceux des autres académies , ou qui en feroient déjà en poflciîion. L'académie de Bologne donne fes mémoires en latin , Sc tout le monde convient qu'ils font d'une belle latinité, [c/] Nous avons tâché de ne pas les déparer par une traduction intîdcUe oulanguifTante. Le public, julle appréciateur de notre (a) Elle compte même parmi fes membres deux femmes d'un rare me'rite ; Mde. Anne Marzolini . & la célèbre Laura Bafl'i. M. Thomas auroit pu ajouter ces deux noms , S; celui de mademoifelle Ardingelli , à la lifte qu'il nous a donné des femmes illuftres de l'Italie , dans Ton Ejfai fur U génie , Us maurs , & U ca- raciere des femmes , en différens fiecles in 8°. Paris 1772. (i) L'hiftoire & les mémo'res de l'académie en fourniflentdes exemples fans nombre ; voye[ entr'autres , les articles fur la lumière des glands de mer , pag, J27-IJO. (/ fur la pierre de Bologne , pig. 1 70-1 80. &c. (c) Les revenus entiers de l'inftitut , dit M. de la Lande, tie vont qu'à 20C0 fcadi ou 10667 livres; mais le zèle des profeffeurs tient lieu de richeffes: fcyage d'Italie , tom, II, pag. jo. fd) 11 faut pourtant en excepter quelques uns , en très petit nombre ; tel eft celui de M. Albertini fr quelques difficultés de refpirer qui dépendent de la lésion organique du coeur & des parties préjorjij/es ; morceau de médecine pratique vrai- ment précieux , mais dont le ftyle eft un peu contraint & embarraflfé. Tel eft encore le traité fommaire de M. Michelotti fur les maladies des vaif- feaux fanguins , non moins eftimable , en fon genre, mais écrit d'une manière lâche &r diffufe , & que , par cette raifon , nous avons abrégé aflez confidé- rablement , fans interrompre , néanmoins , la fuite des principes , ni celle dei faits , dont cette pièce renferme une riche coUsftion. viij PREFACE. travail, en jugera. Nous nous fommcs permis d'y faire quel- ques rccranchcmens , de nous n'avons donné que par extrait ceux qui nous ont paru n'être pas tout-à-fait de la même im- porrance que les autres ( a ) , ou qui fc font trouvés d'une cxceffive longueur ( ^ ). Nous avons quelquefois rapproché des expériences Se dei (a) Tels, par exemple , que le mémoire fur la dure-mere ; celui de M. Man- fredi fur Us accroiffcmms d'élévation que refait le lit de la mer j & le mémoire dc M. Scheuchzeryîc la nojlalgie , oïl il y a beaucoup d'hypothétique. {h) De ce nombre eft le premier mémoire de M. Beccari fur les phofphores ; nous en avons donné un grand extrait , auquel le fécond mémoire de cet au- auteur fur la même matière , que nous avons traduit en entier , fervira de fup- plément &: de correflif ; il offre une plus riche moiflbn de nouveaux phofpho- res . & redlifie beaucoup d'erreurs qui s'étoient gliflees dans le premier mémoire de M. Beccari. Nul auteur n'a autant travaillé & avec autant de fuccès fur les phofphores que cet académicien ; il ell mort en 1766 , avec la réputation d'un excellens médecin , d'un très-grand phyficien , & du premier chimifte d'Italie. Nous avons encore beaucoup réduit le très long, mais très-excellent mémoire de feu M. Molineliiyùr l'anévrifme du bras , en confervant précieufement les faits qui fervent de fondement à la pratique de l'auteur , & toute la fubrtance de fa doiflrine , laquelle préfente bien des points de vue nouveaux & très-inté- reffans. Ce mémoire a été imprimé fcparément à Bologne in-4''. en 1745- M. Molinelli eft mort d'apoplexie en 1764 âgé de 66 ans ; quoique médecin,' !a chirurgie a fait fa plus grande illiiftration ; c'étoit le Heifter de l'Italie. Il a lailTé , entr'autres enfans, un fils très-aimable, qui fe prépare à marcher avec diftinftion,fur les traces de fon illuftre père. On trouvera l'éloge de M. Molinelli , par M. Louis , dans le cinquième tome des mémoires de l'académie royale de chirurgie , & le précis du même éloge dans les Mémoires pour fervir à l'hifioire de la chirurgie du dix-huiiieme fieclt ; in-S". 1772. fJ^. 157. A l'article de la pierre de Bologne , nous avons retranché une affez longue digreffion , dont l'objet eft de prouver , par une fuite d'expériences faites avec le prifme , que les rayons primitifs de foleil confervent invariablement la même couleur , chofe dont perfonne ne doute plus guère aujourd'hui , & fur laquelle cependant M. Beccari femble vouloir élever quelques doutes. Voyei VHiftoire , F^S- ioy. obiervarions PRÉFACE. ' ix obfcrvations féparëcs par des intervalles confidérables ; c'cft ainli que nous en avons ufé à l'article de la pénétration du mercure dans l'or { a) , èc k celui de la comprcffion Se de l'élafticicé de l'air (^). Nous avons fait aufîi quelques changcmens à la diftribu- tion des pièces qui compolcnc l'hiftoirc ôc les mémoires , afin d'y jettcr une plus grande variété. Outre la table ordinaire , où les pièces fe trouvent dans l'ordre numérique qu'elles occupent dans le volume, nous avons donné encore une féconde table , où chaque article eft placé fous ie titre de la fcience à laquelle il appar- tient ,• enforte que les différentes clafles de favans , le naturalifte , le phyficien, le chimiftc , le botaniftc, l'anato- jnifte , & le médecin , verront d'un coup d'ceil les arti- cles ou les mémoires qui les intéreflcnt plus particulière- ment, ou dont ils ont un befoin plus fpécial. Le volume cft utilement terminé par une table alphabétique Se géné- rale , dont les ouvrages fcientifiqucs ne peuvent guère fe paffer; table auflî pénible pour celui qui en eft chargé , qu'elle cft avantageufe 6c commode pour les led;eurs, qui recueil- lent le fruit de fes peines. En un mot , nous n'avons rien négligé pour rendre cet ouvrage digne des amateurs ôc des favans auxquels il cft deftiné. Convaincus , comme nous le fommcs , que la col- ledlion académique, collection que fon importance & fon utilité doivent rendre tous les jours plus chère à la nation, peut &. doit tenir lieu des mémoires originaux , dont l'ac- quifition totale eft prefque impolîiblc à tout particulier (c); c'eft d'après cette idée Se fur ce plan que nous avons tra- vaillé. Heureux fi nous avons rëuiîî ! (a) Voyer ï'HiJioirc, pag. lyj. (i) Voyez YHlfioire , pag. ify. (c) Il feroit même très-difficile de les trouver réunis dans les bibliothèques publiques des plus grandes & des plus riches provinces. h ^ PRÉFACE. L'accueil diftingué que le public a daigné faire à l'édition que nous avons donnée en 1768 des mémoires de l'académie j ovale de PruflTe , en deux volumes in-^". qui forment les tomes huitième ôc neuvième de la collcdion académique, font pour nous un puiflant encouragement , Sc le prix le plus flatteur de nos travaux {a). (a) Foyei le jugement qu'à porté de ces deux volumes, M. Roux, doaeur- régent de la faculté de médecine de Paris , cenfcur royal , & l'un de nos plus favms journaliftes , dans fa feuille d'oftobre 1769. Nous faififfons cette occafion d'avertir te public qu'il jouira bientôt- d'un nou- veau volume des mémoires de l'académie de Berlin ; ce volume commencera à l'année 1761 indufivcment , époque i laquelle nous avons été obligés de nous arrêter. TABLE POUR U HISTOIRE. ^Ur le froment ; par M. BeccAri , page i Sur différences e/peces de bouillons ; par MM. BsecARi & Monti , 6 Sur là fiftuk lacrymale ; par M. Molinelli , 17 Sur la vertu anti-gangreneufe du quinquina; par le même y 28 Sur deux maladies ; par M. Tacconi , 39 Obfervations de médecine , par M. Molinelli, 44 Obfervations de médecine ; par M. Veratti , 47 Sur de l'huile d'amandes douces rendue par la voie des urines ; par ik/. Bachetoni j 50 Sur quelques maladies épidémiques ; par MM. Beccari & Scarselli j 51 Sur la mort des animaux dans le vuide j par M. Veratti , 5^ Sur les plaies du tendon d'achille ; par M, Molinelli , ^6 Obfervations fur les inteflins if fur les reins ; par M. Bonazzoli j 6z Sur des véflcules rendues avec l'urine 5 par M. Menghini , 64 Sur la lymphe du mefentere & les glandes des intejiins ; par MM, Le- TROTi j Banni &: Pistorini j 66 Diverfes obfervations anatomiques 5 par M. PuTi , 68 Sur l'abftinence longue & totale des alimens , tant foUdes que liquides i par M. Beccari j 74 Sur divers fujets d'hifioire naturelle ; par MM. Monti , Machiavelli Se Garattoni , 87 Sur une efpece de fable du territoire de Bologne \ par M. Beccari , 90 Sur les belemnites ; par M, Ghedini j 9a Sur les couches de la terre j leur ufage j & les caufes de leur formation ; ^ar Af. ScHEUCHZER , 98 Sur une plante qui a pris naifjance & qui a cru dans un varjfeau de verre où l'on avoit enfermé de l'eau de pluie ; par M. Corati j 100 Sur un flux burine immodéré & fîngulier ; par M. Mundini j ioz Sur lejiege de la pleuréfle ; par MM. Morgagni & Nanni , 104 Sur la flruclure d' la difiribution des vaijfeaux laclés dans le corps humain ; par MM. Galeati & Leproti , loj Sur la vertu d'un champignon qui croit dans l'ifle de Malte , contre les pertes de fang ; par M. Stancari , 109 Sur l'opium ; par le même , IIO Expérience & obfervation anatomiques j par M. Molinilli , m b\\ xlj TABLE. Sur les véjlcuks de l'ovaire ; par M. Galeati , - m Cas de maladies Jinguliers & rares ; par MM. MoiiNELLi , Puti 8C Balbi j 114 Sur l'eau de chaux ; par M. Morgagni , 116 Sur les phénomones de la dijjolution des corps dans l'air & dans levuide-^ par M. B1.CCARI , 118 Sur la venu anti-néphrétique & iuhontriptique de l'acemella ; par M. Fan- TINI j lil Sur la flruUure , la divijîon j & l'ufage des glandes ; par M. Nanni,, Sur la lumière des glands de mer ; par plufieurs Académiciens , 117 Sur la chaleur & fur le froid dans le vuide ; par M. Galeati j 150 Sur la pénétration du mercure dans l'or-^par MM. Rondelli & Bonzi , Sur la compreffion & rélaflicité de l'air \ par M. Rondelli & madame Laura Bassi , 155 Sur une variation Jlnguliere du baromètre \ par MM. ^Balbi , Galeati &V1TUAR1, IS7 Sur la correclion du thermomètre ; par M. Tabarini , 160 Sur la goutte i par M. Taccosi J 166 Sur le be^oard ; par M. Gornia , 168 Sur la pierre de Bologne ; par plufieurs Académiciens, 170 Sur les inégalités du baromètre , en tant qu'elles dépendent de la force repulfive du tube ; par M. Balsi , 183 'Sur la vélocité du fon , dans les diverfes faifons de l'année , & les diffé- rentes difpofitions de l'atmofphere j par M. Blanconi , 189 Sur les grandes cigales ; par M. Puti & Laurenti , 191 Sur les yeux de la demoifelle ; par M. Stancari , 194 Sur un grand nombre de phofphores nouvellement découverts i par M. Beccari , 197 Sur le fon ; par MM. Zanoti & Stancari , 21 j Relation d'un voyage fur les montagnes du Bolonais j par un Anonime , 220 Relation d'un voyage depuis Bologne jufquaux montagnes de St. Pellerin ; /7a/- Af. Marsigli & Galeati , m Fin de la Table de l'Hiftoire. Xllj vgi. .-J?. .•^•. .->. •*■ ^ _^ --^ .i»;. j-M. .'h. .*. .-Jk^ .-A. .-A-. .0,. ..,%. ..;[., ..j-, *T^T" -^ * ♦ -v ♦ * * * ♦ ^^ ^¥~ ^f~ "v~ ~¥~ "5^ -;*- 'i^- TABLE POUR LES MÉMOIRES. ^ IZr rexljîence du fer dans les corps , par M. Galeati , 15; j Dijfenation fur le Jiege du fer dans le fan g ; par M, Menghini , 248 Sur l'intromijfion du fer dans lefang ; par le même , 265 Sur la nature des véfîcacoires ; par M. Verati , 276 Sur les eaux medicamenteufes métalliques ; par M. Menghini , 283 Sur la manière de colorer les os des animaux vivans ^ par l'ufage de la ra- cine de garence j par M. Bazani , 289 Sur quelques gommes ; par M. Monti , 299 Sur l'art de conferyer les fleurs ; par le même , 302 Sur la tunique charnue du ventricule & des inteflins ; par M. Galeati , 308 Sur la mort de quelques efpeces (foifeaux & des grenouilles j dans un air renfermé ; par M. Verati , , j , Sur les conduits hdiferes de la véjîcule dufiel ; par M. Galeati , 322 Sur le problême de Beliini concernant la cicatricule de l'auf- par M. Balbi, Sur les cendres rouges de certains bois ; par M. Laghi , 334 Sur l'anévrifme vrai de l'artère brachiale , à l'occajlon de la faignée ; par M, MOLINELLI j Î40 Sur un fatus de neuf mois , qui a pris fon accroijfement hors de la ma- trice , & qu'on a tiré mort j par incifion , du ventre de la mère , encore vivante \ par M. Galli , ,45 Sur la grenade ; par M. Puti , i ço Sur les glands de mer foffdes ; par M. Monti ^ 361 Sur Voifeau qui porte à Bologne le nom de Pendulino , & en Pologne celui de Reniiz ; par M. Cajetan Monti , 365 Sur un nouveau genre d'infecte ; par M. Galeati , 371 Sur des coquilles fojfilks remplies d'agathe ; par M. Jofeph Monti j 37Û Lettre de M. Janus Plami de Rimini , à M. Jofeph Monti de Bologne fur la Mole ou Poisson-Lune , ^83 Sur une huitre foffilk remarquable par fa groffeur & par fa forme ; par M. Jofeph Monti , igg Sur quelques plantes exotiques ; par le même , 393 Sur /'Aldrovaiidia _, genre de plante aquatique , nouvellement découvert j par M. Cajeun Monti , ^oi xiv TABLE Sur Us accroiJfansHS d'élévation que reçoit le lit de la mer'j par M, MaîI- FR.EOI , ^ _ 407 S^lr des calculs biliaires trouvés dans la véjicule du fiel , & dans l'épaijfeur . de fis membranes ; par M. Galeati , 416 Sur la confiruclion des thermomètres d'Amontons \par M, Galeati , 410 Lettre de M. Morgagni à M. Falfalva fur la plus grande partie des muf- cles delà luette & dupharinx, .. 417 Lettre de M. Morgagni à M. François-Marie Zanottifur les mémoires lus à l'académie par M. Valsalva , 43 1 Sur la dure-mere \ par plujicurs Académiciens, 435. Sur les ouvrages de M. le comte Louis-Ferdinand Marfigli j par M. Jo- fepli MoNTi , ^ 439 Remarques fur quelques difficultés des refpirer qui dépendent de la lé'^ioit organique du coeur & des parties précordiaUf j par M. Albertini , 447 Sur la tunique cribriforme des intejlins ; par M. Galeati , 469 Sur la pierre de Vienne \ par M. Scheuchzer. , 478 Analyfe des eaux de Porecla i par M. Laurenti , 48 i Sur le cryfial de montagne j par M. Jofepli Monti , 490 Sur le rtfouvemeift iatejlin des fluides \ par M. BeccAri , 495 Sur le quinquina ; par M. Athv.KTiiii j ^ 507 Lettre de (\J, Leproti à M. Bcccarifur un anévrifme d? l'artère branchiale 2 & fur quelques autres ûbferyations anatomiques ,., ,,V, . 518 Seconde lettre de M. Leproti à M. Beccari , fur lemêrnefujet , 514 Sur un grand nombre de phofphores nouvellement découverts j par M. Beccari , • S^S Effai de théorie méchanico-médicale , fur les maladies des vaijfeaux fan- aidns \ fuivi d'une ohfervaiion fut un vomiffement de fang énorme , gué-'' ri j en hiver-, par des boijfons à la glace ypar M. Michelotti , 546 Fin de la Table des Mémoires. xr SUPPLÉMENT A L' H I S T O I R E. 43 Ur un nouveau degré de perfeclion donné au thermomare ; par M. Expérience d optique -y, par j\f. .EuJtache.XAiiQrTi y. , .* , .558 ^ur /«j /0;x dé la /.mfpagation ■ de ' /a c^aieu'r \ par M.- BkxHrtLif j 589 Sur la noftalgie ; par Ai. Scheuchzer , 502 Sur quelques qualités des corps qui s'oppofent à la lumière des phojpho- res , par M. Beccari , 504 Sur l'apparition \d'u^eyie nouvelle dans l'Océan ypar Mi'Tibefe Qodron- CHIUS , 601 Sur r aiguillon £■ le venin du fcorpion ; par M. J-'iclor Sta^cari j ,6o<5 Sur un cerveau de bœuf pétrifie j par M. Donelli , ' ■ ^ • Lettre de AI. Tabarini fur une fontaine conjiderahlement augmentée après le déjrichement d'une forêt , ibid. Notice des principaux ouvrages de M. le comte de Marsigli , ' 606 Fin de la Table du Supplément. xvj SECONDE TABLE DES MATIERES, Ou chaque article de l'hiftoire & des mémoires fe trouve placé fous le titre de la fcience à laquelle il appartient. jg^jgu HISTOIRE NATURELLE. (3 Ur divers fujets ctklfloire naturelle , V^?fi ^7 Sur une efpece de fable du territoire de Bologne , go Sur les Belemnites , aS Sur les couches de la terre , leur ufage ^ & les caufes de leur formation , 98 Sur le be-[oard , 168 Sur la pierre de Bologne , 170 Sur les grandes cigales , ipi Sur les yeux de la demoife/lâ , 194 Relation d'un voyage fur les montagnes du Bolonais i zio Relation d'un voyage depuis Bologne jufqu aux montagnes de St. Pellerin, ziz Sur les glands de mer foffilles j 361 Sur l'oifeau qui porte à Bologne le nom de Pendulino j & en Pologne ce- lui de Remiz , 365 Sur un nouveau genre d'infecte , 371 Sur des coquilles fojjilles remplies d'agathe , 376 Sur la mole ou poifjbn-lune , 383 Sur une huitre foffille remarquable par fa grajfeur & par fi forme j 388 Sur les ouvrages de M. le comte Marfgli , 439 Sur la pierre de Vienne , 478 Sur le cryflal de montagne j 490 PHYSIQUE. TABLE, xvij l —r^ - I ij PHYSIQUE. j3 Z7r la mort des animaux dans le vuide j 52 Sur une plante qui a pris naijjance & qui a cru dans un vaijjeau de verre où l'on avoit enfermé de l'eau de pluie , 100 Sur les phénomènes de la dijjblucion des corps dans l'air & dans le vuide , 118 Sur la lumière des glands de mer, 127 Sur la chaleur & fur le froid dans le vuide ^ 150 Sur la pénétration du mercure dans l'or y 155 Sur la compreffion & l'élaflicité de l'air j 155 Sur une variation Jînguliere du baromètre , 157 Sur la correclion du thermomètre ^ j6o Sur la pierre de Bologne j 170 Sur les inégalités du baromètre j en tant qu'elles dépendent de la force repuljive du tube , ig^ Sur la vélocité du fon , dans les diverfes faifons de l'année ^ & les diffé- rentes difpojitions de l'atmofphere i igo Sur un grand nombre de phofphores nouvellement découverts , 197 525 Sur le fon , 215 Sur Cexijience du fer dans les corps j 233 Sur le Jiege du fer dans le fang y 141 Sur r intromiffwn du fer dans le fan g j 265 Sur la mort de quelques efpeces d'oifeaux à des grenouilles dans un air renfermé , 3 1 » Sur les accroiffemens d'élévation que reçoit le Ut de la mer j 407 Sur la conjlruclion des thermomètres d' Amontons j 420 Sur le mouvement intefiin des fluides , 495 Sur un nouveau degré de perfeclion donné au thermomètre j, 587 Expérience d'optique j rgg Sur les loix de la propagation de la chaleur, 589 r^ xvii) TABLE. ..CHIMIE. S Ur le froment , \ ù> ur différentes efpeces de bouillons , 6 Sur une efpece de fable du territoire de Bologne j 90 Sur l'eau de chaux j 116 Sur les phénomènes de la diffolutlon des corps dans l'air & dans le vuide y II» Sur la chaleur 6* fur le froid dans le vuide , 150 Sur la goutte , 166 Sur le hc^oard j 168 Sur la pierre de Bologne , 170 Sur l'exijlence du fer dans les corps j - 1 3 J Sur le Jiege du fer dans le fang , 141 Sur l'intromiffion du jer dans le fang ^ 165 Sur la nature des vejlcatoires _, 276 Sur les eaax médiccmenteufes métalliques i iKj Sur les cendres rouges de certains tois ^ 334 Analyfe des eaux de Porrecla , 48 1 Sur le cryjlal de montagne , 49O BOTANIQUE. SUr une plante qui a pris naiffance & qui a cru datis un vaijfeau de verre où l'on avoit enfermé de l'eau de p'uie y loo Sur un champignon qui croit dans l'ijle de Malte , 109 Sur quelques gommes , 199 Sur l'art de conferver les fleurs , 3°* Sur la grenade j 3 5° Sur quelques plantes exotiques ^ 395 Sur l'aldrovandia J genre de plante aquatique nouvellement découvert , 401 »^JAL^ A N A T O M I E. (jBfen'ations fur les intejlins & fur Us reins , 6t iiur la lymphe du mejeniere 6- les glandes des intejlins , 66 JJiverfes ohjervations anatomiques , ^g Sur la Jhuclure & la dijlribution des vaijjeaux lacUs dans le corps hu~ main , loj 'Expérience & ohfervation anatomiques , lu Sur les vejicules de l'ovaire , 1 1 1 Sur lajiruciure j la divijion & l'ufage des glandes , ijj Sur l'intromijjion du fer dans lefang, iûj Sur la manière de colorer les os des animaux vivons , par t'ufage de ta racine de la gcrence , i%n Sur la tunique charnue du ventricule & des intejlins ^ 308 Sur les conduits bdiferes de la véjîcule du Jîel , i2i Sur le problème de Bellini , concernant la cicatricuk de l'ceuf ^ 32.S Sur des calculs biliaires trouves dans la veficule du Jiel , ù- dans l'épaif- feur de fes membranes j 41g Sur la plus grande partie des mufcles de la luette & dupkarinx , 427 Sur la dure-mere , .-je Sur la tunique crihriforme des intejlins , 460 Sur un anévrijme de Cancre branchiale , & autres ohfervaiions anatomi- 9""^ 518 E^ ^^ ?@ MÉDECINE. ^Vr lajîjlule lacrymale , j. iiur la venu anti-gangreneufe du quinquina ^ ig Sur deux maladies , ^q Obfervations de médecine j aa Ohjervations de médecine , a-j Sur de l'huile d'amandes douces rendue par la voie des urines ^ 50 Sur quelques maladies epidémiques , 51 Sur les plaies du tendon d'achille , ^d Sur des vejicules rendues avec l'urine , 64 Sur l'abjùnence longue & totale des alimens j tant foïides que liquides j 74 Sur unjlux d'urine immodéré & Jingulier j 102 Sur le Jiege de la pkurejie , 104 XX TABLE. Sur ta vertu d'un champignon qui croit dans l'ijle de Malte j contre les pertes de fang j I09 Sur l'opium , iio Cas de maladies JînguUers & rares , 114 Sur l'eau de chaux j n6 Sur la vertu anti-néphretique & itthontriptique de l'acemella , izz Sur la goutte j 1 65 Sur le be-^oard , IÛ5 Sur l'intromijfion du fer dans le fang , 265 Sur la nature des véjîcatoires , 276 Sur les eaux médicamenteufes métalliques , i8j Sur l'anévrifme vrai de l'artère brachiale j à l'occafion de la faignée j 340 Sur un fœtus de neuf mois , qui a pris fon accroiffement hors de la ma- trice j & qu'on a tiré mort j par incijion , du ventre de la mère , encore vivante i 345 Sur quelques difficultés de refpirer qui dépendent de la le\ion organique du cœur & des parties précordiales j 447 Sur le cryflal de montagne j 490 Sur le quinquina , 5°7 Sur un anevrifme de l'artère bronchiale j 5^8 Sur les maladies des vaijj'eaux fanguins , 546 Sur un vomiffement de fang énorme , guéri , en hiver j par des boijjhns à la glace ^ ibid. Sur la noflalgie ou maladie du pays j 59^ HISTOIRE r^!!^i^ V 3«Sïr HISTOIRE DE L'JCJ DE Ml E DE BOLOGNE -sc^ *> 5 £/ i? Z £■ F R O M E î^ T. ^S^!^^>?324Hercher à connoître la nature des alimens , c'eft Satisfaire = jSl' %'''*3x l'obligation que l'oracle d'Apollon impofe à chacun, de fe Académie W< C 11 connoître fbi-m&me. En effet, fi l'on excepte la partie fpiri- ^^[^^^j jg^-.v .4;?5ruelle & immortelle de notre être , Se fi nous ne confidcrons ^^ ^S**SKque le corps, lommes nous compofés d'autres fubftances que Bologne. de celles qui nous (ervent de nourriture ? C'eft donc avec raifon que les . Grecs , les Romains , les Arabes & enfuite les François & les Italiens , j^jj-fou^j, qui ont marché Çi glorieufement fur leurs traces , fe font appliqués à expofer St à expliquer les propriétés des alimens. Us ont fait paroitre tant de facacité dans ces rechjrches , ils nous ont tranfmis des obfervations h excellentes , qu'il v a lieu de s'étonner qu'ils aient lailfé quelque chofe à defirer à cet égard. 11 eft donc beau de faire fur les alimens di nouvelles découvertes ; &: l'efpoir d'y léullir eft juftihé par l'étendue de chaque genre de ces fubftances , & par leur v.iriété prefque infinie. Plein de ces idées , M. Beccari n'a pas fait difficulté d'exercer fon induftrie fur l'aliment le plus commun 8c le plus ordinaire. 11 s'eft ap- perçu que la farine de from;-nt eft compofée de deux parties , qu'on peut féparer aif^ment , &: démontrer chacune à part. L'une eft une fubft.ince entièrement femblable à celles que fournillent les végétaux, & ne lui a offert rien de particulier ; l'autre eft telle qu'elle ne paroiiro|c pouvoir erre fournie que par le règne animal. Cette découverte caula beaucouD de furprife à M. Beccari , qui ne put concevoir comment elle avoit échappé jufqu'alors à la fagacité des phvficiens , car il n'avoir ja- mais rien lu qui eût le moindre trair à cela. Il fie parc de fes obfervations à Collecl. Açad. pan. étr. Tome X, A 2 COLLECTION. =l'académie en 1741 dans un mémoire aflTez long , dont voici le Académie p^^^.j5_ <- ^^^ Je vais d'abord expofer la manière de fcparer l'une de l'autre les deux ug fubftances donc j'ai parle. Cette opération n'eft pas bien difficile. On Bologne, prend de la farine du meilleur froment médiocrement moulue , pour que .le fon ne pâlie pas à travers le tamis; car il faut qu'elle en ioit bien u . „,oc purgée pour ôter tout foupçon de mêlante. On la mêle enfuite & on la pétrit avec de 1 eau tres-pure. La lotion achevé ce qui relie a raire ; l'eau (e charge de toutes les parties qu'elle peut dilfoudre &c laifle les autres. Ces dernières froilTées avec les mains & preiïees au fond du vaiiïeau, forment une malle molle & tenace au-delà de ce qu'on pourroit croire ; c'eft une très-bonne efpece de colle qu'on peut employer avec beaucoup de fuccès pour différens ouvrages; elle a cela de particulier qu'elle n'eft plus du tout mifcible avec l'eau. Les autres parties dont l'eau fe charge , lurnagenr quelque tems & la rendent laiteufe ; elles tombent en(uite peu-.i-peu Se forment un dépôt. Elles n'ont pas entr'elles une ahhérence bien forte , mais elles compofent une poudre fine , Se la moindre fe- couire les fait remonter. Il n'y a rien à quoi elles relfemblent davantage qu'à l'amidon , ou plutôt elles font un amidon véritable. Ce font là les parties que M. Beccari fe propofoit de foumettre à l'analyfe chimi- que. Pour les diftinguer , il nomma les unes glutineufes , Se les autres amidonnées. La différence de ces deux parties eft fi grande , qu'en les déc ompo- fant par la digeftion ou la diftillation , leurs principes ainfi analyfes paroiflTent venir , non d'une même fubftance , mais de deux fubftances très-différentes. La partie amidonnée , en effet , fuit la nature du mixte dont elle eft titée j 3c ne donne que des principes femblables à ceux de tous les végétaux ; la partie glutineufe , au contraire, femble défavouer fon origine , Se les principes qu'on en extrait, font les mêmes que ceux qui font propres aux animaux. Pour mieux comprendre ceci , il eft ne- celTaire d'expofer d'abord en général , les différences que l'on obferve dans les digeftions Se les diftillations entre les fubftances animales Se les fubftances végétales. Dans les digeftions , lefquelles fe font à une chaleur douce Se con- tinue , les fubl1:ances animales n'entrent jamais dans une vraie Se parfaite fermentation , mais elles fe corrompent & fe putréfient. Les fubftances végétales , au contraire , fermentent naturellement & ne fe putréfient point , à moins que l'art ne s'en mêle. Dans leur fermentation elles donnent des fignes manifeftes d'acidité qu'on n'obferve jamais dans la putréfadlion des animaux. La fermentation achevée , les végétaux four- nifient une liqueur vineufe ou acide ; les animaux, après la putréfac- tion , donnent une liqueur urineufe. On tire toujours de la première un efpiit ardent , Se une afTez grande quantité de fel acide ; l'autre ne ACADÉMIQUE. j enfin les végétaux , après la fermentation , dcpofent une quantité con- . ' fidcrable de tartre ôc de fel fixe j & l'on n'en trouve aucun veftige dans Académie les fubftances animales putréfiées. _ Scien'ces La dillillation des fubftances animales 5; végétales récentes j qui fe de fait ordinairement à un feu violent , découvre entr'elles les différences Bologne. fuivantes : on retire des animaux d'abord un phlegme tout-à-fait infi-. pide , enfuite un efprit jaunâtre de nature alcaline j après cela vient une Histoire. crande quantité de fel aufli alcalin , volatil , fec , mais mêlé avec une huile jaune ou d'une belle couleur d'or^ légère , fétide ; le fel féparé de cette huile devient blanc comme la neige. En pouffant le feu au dernier degré de violence , il monte une autre huile , épailfe , noire , lourde , très-puante ; & il refte au fond du vaifleau une terre fpongieufe , lé- gère, abfolument infipide , extrêmement noire, mais qui blanchit à un feu ouvert. On a beau laver cette terre , on n'en retire jamais aucun fel. Quant aux végétaux , ils fourniffent premièrement une liqueur aqueufe aigrelette j qui devient enfuite plus acide lorfqu'on augmente le feu & prend une couleur plus rouge. Il fort en mcme-tems une huile légère & jaune , &c enfin un efprit très-.-icide & pefant , & une huile lourde , épailfe , noire , femblable à de la poix. Telles font les différences que les chymiftes admettent communément entre les animaux & les végé- taux ; elles fe réduifent , à-peu-près , à ce que les premiers fourniflent des alcalis , 6c les autres des acides. Après ces remarques préliminaires , revenons aux deux parties qu'on tire de la farine , favoir , l'amidonnée Se la glutineufe. Quoiqu'elles foient fournies par la même fubftance , elles paroilfent cependant , foit dans la digeftion , foit dans la diftillation , appartenir à deux corps de différente nature; car , comme je l'ai dit , la partie amidonnée a tous les caradleres d'une fubftance végétale ; mais la partie glutineufe a tant de reffemblance avec les matières animales j que fi l'on ne favoit point qu'elle a été tirée du froment , on ne pourroit s'empêcher de la prendre pour une produélion du règne animal. Commençons par la digeftion. La partie glutineufe de la farine n'y donne aucun indice d'acidité ; dans peu de jours elle y devient puante , elle fe corrompt , elle y fubit une putréfadion horrible &: cadavéreufe. La matière putréfiée fe diffout Se le difperfe dans l'eau qui furnage j en dépofant au tond du vailfeau une petite quantité de matière noirâtre qui relfemble très-bien à de la chair pourrie. La partie amidonnée , au contraire , exhale une odeur acide j elle s'aigrit enfuite plus fenfible- ment , Se elle contraéle enfin une faveur & une odeur vineufe qu'elle communique .à l'eau qui furnage. Autant la première eft encline à la putréfaction , autant celle-ci confcrve opiniâtrement fon acidité. M. Bec- cari l'ayant cardée pendant plus de quarante jours , durant les grandes chaleius de l'été , tems où elle auroit dû fe pourrir plus aifément , §: 4ans un lieu alfez chaud , remarqua au bout de ce tems-là qu'elle ctoic Aij 4 COLLECTION ' = ixempte de toute corruptisn 5c qu'elle avoit confervc fa faveur & fon Académie ^jgijj légèrement acides. Sciences ^' examina enfuite l'eau dans laquelle chacune des deux parties PE avoient été en digeftion. Les effets furent analogues aux précédens. L'eau Bologne, chargée de la partie amidonnée , offrit les mêmes phénomènes que les lutres acides , les liqueurs acides n'y opérèrent aucun changement , mais Histoire. s"e fit effervefcence , quoique légèrement, avec les fels alcalis, tels que le fel de tartre , perdit fa tranfparence j ôc dépofa des molécules blanch.nres. Elle donna enfin au firop vioL'.t une couleur légèrement mais leniiblement rouge. L'eau chargée de la partie glutineufe , au contraire, manifefta des propriétés communes aux liqueurs alcalines. Elle fit effervefcence avec toutes fortes d'acides , fa couleur fut changée , & quelques jours après , elle dèpofa une poudre extrêmement fine. M. Beccari a cru devoir ren- dre compte de certaines particularités qu'il remarqua dans ce change- ment de couleur. L'eau forte , dit-il , donna à la liqueur une très-belle couleur d'amarante qui s'obfcurcit de plus en plus. L'efprit de vitriol la fit légèrement rougir ^ & le vinaigre diftillé changea à peine fa cou- leur. Si EttmuUer avoit eu connoilFance de ces phénomènes , il n'auroit peut-être pas eu befoin d'avoir recours , pour expliquer le change- ment de couleur dans le chyle , à l'expérience de Flud. Ce dernier avoit retiré du pain un fel blanc qui expofè au foleil dans une bou- teille bien bouchée , prit peu à peu une couleur d'hyacinthe ou de pour- pre , de la même manière que le chyle , qui eft aulli très-blanc , prend une couleur rouge en fe transformant en fang. Le changement de cou- leur dont nous venons de parler, auroit pu, lelon M. Beccari , fournir la même explication. Pour revenir , la liqueur dont nous parlions , verfée fur la folutioii du fublimè corrolif , la troubla , & elle produifit le même effet fur celle de Saturne , en quoi elle imita l'aètion des alcalis. Elle fit , outre cela , précipiter au fond une poudre très-blanche & très-fine, effet que les alcalis volatils feuls opèrent fur le fublimè. Ainfi ces deux liqueurs retracent la nature des deux parties dont elles fout chargées. Le même caraèlere fe manifefta encore dans la diftillation. L'une fournit une eau qui avoit toutes les qualités d'un acide , ^ l'autre une eau qui avoit tou- tes celles d'un alcali. Tels font les phénomènes qu'offre la digeftion des deux parties de la farine de fromenr. Ceux de la diftillation y répondirent parfaitement. Ces deux fubftances récentes & point affoiblies par la digeftion, ayant été diftillèes , la glutineufe fournit d'abord un peu de phlegme infipide , enfuite un efprit urineux , enfin une aufti grande quantité de deux fortes d'huile & de fel volatil qu'on en retire d'un poids égal de corne de cerf. Cette analyfe dénote fenfiblement une fubftance animale. La partie amidonnée ^u contraire fournit d'abord un peu de phlegme , enfuit^ ACADÉMIQUE. le quantité beaucoup plus confidcrable d'efpric acide, Se finalement- . - 10 all'-z erande quantité de deux fortes d'huile. Elle conferva tou- '^cadf.mi . ^ J..-.J;.'. _..: 1. C-.r- : DES une une allez grande q^' . _ . . ^^^ jours des marques d'acidité qui la faifoient reconnoitre pour une pro- Sciences ducTrion végétale. de C'eft aiulî que la digeftion &: la diftillatlon concourent à démontrer Bologke. dans une même farine, deux fubftances entièrement différentes. Cette - découverte engagea M. Beccari dans des recherches ultérieures. 11 ré- Histoire. péta fes expériences fur la farine de fève , fur celle d'orge ôc fur d'au- tres. Mais , à l'exception de celle d'épeautre , il n'y en eut aucune qui offrît le même phénomène. L'eau les détrempa toutes de façon qu'elb ne lailTa aucune matière gluante qu'on puilTe comparer à la partie glu- tineufe du froment ; &: M. Beccan fut lurpris de trouver une fi grande différence dans des genres fi femblables. 11 eft vrai que toutes les farines délayées dans l'eau &: cuites à une chaleur convenable , forment , com- me la partie amidonnée dont nous avons parlé , une forte de pâte un peu vifqueufe & femblable à celle dont on Ce fert communément pour coller du papier ; Mais cette pâte n'a piefque rien de commun avec la partie glutmeufe du froment. L'amidon de ce grain l'emporte aufll , par îa promptitude à fe coaguler &c fa folidité , fur toutes les autres farines, même fur celle d'orge ; ce dont M. Beccari fut fort étonné , car il re- gardoit cette dernière comme la plus vifqueufe de toutes. Mais cette opinion fut démentie par l'expérience. Les anciens femblenc avoir en- trevu cette vérité , puifqu'ils préféroient , dans les maladies aiguës , la nourriture tirée de l'orge , &: qu'ils regardoient le pain de froment comme le plus fort de tous. Quoi qu'il en foit , il faut convenir que M. Beccari a découvert des diftérences fingulieres entre plufieurs fortes de farines , & ce qui eft plus merveilleux , entre les parties qui compo- fent celle du froment. Nous en ferions moins étonnés fi nous connoiffions mieux la chaîne qui unit tous les êtres de ce vafte univers. Les phyficiens fe font toujours imaginés pouvoir fuppofer une certaine relTemblance Se une immutabilité dans les loix de la nature j mais elle les trompe fou- vent par la variété de fes phénomènes ; ?< je ne fais laquelle eft la plus admirable , ou de cette variété qu'elle afteéle , ou de l'uniformité qu'ils y cherchent. Ce que je viens de dire au fujet du froment & de fa farine , doit exciter les phyficiens à marcher fur les traces de M. Beccari pour déve- lopper de plus en plus la nature des .ilimeiis. Ces recherches font di- gnes d'eux. Elles feront également utiles aux malades Si à ceux qui fe portent bien. COLLECTION Académie <(<••*'■ •. .- »"' pas diminué le cas qu'on en fait j ni ne l'ont fait exclure de la pratique. Ajoutez encore que les vipères favorifent la tranfpiration , qu'elles fou- tiennent les forces , qu'elles donnent de l'embonpoint aux perfonnes amaigries. Si elles font du mal quelquefois , ce qui leur eft commun avec les meilleurs remèdes , c'eft en caufant une trop grande chaleur , la foif , l'ardeur de la peau , des anxiétés , l'infomnie : ces chofes font connues dû' tout médecin tant foit peu expérimenté. Les vipères ayant la vertu de guérir les maladies de la peau & d'ai- der à la tranfpiration , il faut , pour bien expliquer leur manière d'agir , dire un mot fur cette excrétion. Il eft conftant d'abord que les tuyaux excrétoires de l'humeur de la tranfpiration , font d'une petiteffe &: d'une finelTe extrêmes. Lewenoeck en compte jufqu'à cent vingt-cinq mille dans une étendue de la peau qu'un grain de fable pourroit couvrir ; Se nous devons ajouter foi à ce calcul ; Boerhaave l'a adopté. 11 faut donc que l'humeur de la tranfpiration foit auffi extrêmement ténue ÔC mobile , pour pouvoir pénétrer dans ces vaiffeaux infiniment petits , les dilater , les tenir ouverts Se conferver leur flexibilité. Il n'eft pas nécelTaire qu'elle ait une qualité ftimulante comme les autres humeurs excrémentitielles ; mais il faut qu'elle foit très-fine Se très-douce , & qu'elle n'ait aucune acreté qui puiffe irriter rextièmitc des nerfs qui fe diftribuent à la peau ; irritations qui ne pourroient qu'avoir de mauvais effets. Cette humeur venant à être pouflce avec plus de force vers la peau, forçant les parois des tuyaux excrétoires & les dilatant plus que de raifon ', en eft comprimée à fon tour & broyée avec trop de force ; elle, dépofe alors fa bénignité ; elle devient acre j piquante , irritante , femblable à l'urine ■ elle prend la forme de fueur , & tend à s'échap- per par des tuyaux plus larges. Or , cette liqueur li fubtile 6c fi douce , ne doit-elle pas être fournie par la partie ^clatineufe du fang , qui fans ceffe agitée par la pulfatioii- des artères & îa chaleur du corps , acquiert un extrême degré de fineffe ? Atténuée de plus en plus , elle devient par degrés affez fubtile pur pénétrer aifément &; fe faire jour à -travers les plus petits conduits de la pèaui . - ACADÉMIQUE. iç . „ D'après ces idées , M. Beccari fe peifiiade que la propriété 'qn ont *=:—-—' les vipères de guérir les maladies de la peau 5; d'aider à la tranfpita- '^cadsmiè tion , rclide entièrement dans la gelée que nous avons vu qu'on en reti- Scun^cf.s roit ; car elle augmente la partie gélatineufe du fang , elle l'atténue & pj la dirige vers la peau. Une fubltance qui produiroit un feul de ces Bologne. effets , feroit capable de favorifer la tranfpiration : à plus forte raifon les produifant tous à la fois : or c'eft ce que tait la gelée de vipère ; Histoire' puifque d'abord , mêlée avec le fang , elle ne peut qu'augmenter fa partie gélatineufe &: par là même tournir une matière plus abondante a- la tranfpiration ; aulli employa-t-on dans cette vue les autres gelées ; mais celle de vipère mérita la préférence par la propriété qu'elle a d'at- ténuer la férofité du fang , & par la finelle Se la douceur de fes molécu- les ; enforte que mêlée avec la férohté , & agitée par la chaleur , elle doit la fubnliier d'autant plus 8c la rendre plus propre à pénétrer dans les plus petits vaiireaux. Dans cet état , elle enfilera aifément les tuyaux excrétoires de la peau , en fortira en forme de vapeur, & s'il s'y trouve quelque vice , elle l'emportera. Le même principe fert encore à expliquer les autres propriétés de la vipère. Ne conçoit-on pas , en effet , que la vapeur de fa partie gélatineufe doit s'unir aifément à ce fluide fubtil qui , féparé dans la fubltance corticale du cerveau , eft: porté , par le moyen des nerfs , dans toutes les parties du corps ? Or , cela étant , on apperçoit clairement comment elle répare les forces & donne de la vigueur au corps. Cette opinion eft parfaitement conforme à celle de Boerliaave , écrivain qui mérite la plus grande confiance. D'après ce qu'il dit dans l'endroit cité ci-delFus , N''. 274. & fuir, fur le fluide nerveux , l'idée qu'on doit s'en former cft celle d'une lymphe très-douce & tiès-fubtile , fournie par une fuhftance gélatineufe , lorfc]ue cette fubftance efl parvenue au plus haut degré de pureté , d'élaboration &£ de mobilité. La gelée de vipère pourra de la même manière détarralfer aifément les cavués obrt:ruées des vaifTeaux capillaires , ôc .lu moven de l'humeur fubtile qu'elle y introduit , les ouvrir & les dilater fufHfam- nient , d'où s'enfuivra l'embonpoint & la fraicheur. Ainfi donc toutes les vertus de la vipère femblent être renfermées dans fa partie gé- latineufe. Pour en venir aux mauvais effets que la vipère peut produire , fi un fujet a les vaiffeaux trop ferrés ^ les fibres trop tendues, trop roides , trop tendres , trop difpofées à fe mettre en mouvement par la plus légère irritation ; fi fes humeurs font en trop grande quantité , trop mobiles , difpofées d-fe raréfier , à fe dilfoudre , à devenir acres ; alors la gelée de la vipère s'alcalifant aifément, fe dépouillera de fa douceur , contractera les vices des humeurs avec lefquelles elle fera mêlée , & fournira de nouweM\xJlimu/us , de nouveaux corpufcules irritans ; del.\ la chaleur , la foif , la fièvre & tous les défordres qu'on a à craindre dans l'ufage des bouilloiis de vipère. i6 C O L L E C T I O N = Le principe gélatineux que la vipère fournit , paroît à M. Beccari Académie j- pfQpre ^ lui feul , à rendre raifon de tous les effets produits par ce re-' o ^^, p, mede , qu'il croit pouvoir rejetcer toutes ces qualités alcalines , balfa- ng miques , étlierées , que quelques auteurs ont imaginées pour expliquer BotoGNE. fes vertus médicinales , qualités qui font, ou luppolées gratuitement, ou pleinement inintelligibles, fans même fournir aucune explication rai- HisioiRE. fonnable. Mais la gelée de la vipère ell: un principe nianitefte , & s'il an-it de la manière que le penfe M. Beccari , on ne peut imaginer de liaifon plus fimple entre une caufe &: fcs effets. C'eft pour cela , je crois, que M. Beccari a cru pouvoir donner à fon opinion le nom de fyftênie , efpérant que les plus grands ennemis des fyftêmes , & ceux même qui en déteftent jufqu'au nom , feront grâce à celui-ci , en fa- veur de l'a (implicite. En imaginant ce fyftême , il étoit trcs-éloigné de courir après l'hon- neur de l'invention &z de la nouveauté. Il a au contraire , parcouru &C feuilleté toute fa bibliothèque pour tacher de trouver quelque autorité grave qui pût étayer fon fentimenr. Ce n'eft certainement pas l.i cher- cher la gloire , mais la vérité , &: c'eft , félon moi , une gloire plus wrande encore. Il a trouvé dans deux auteurs quelques palliiges analogues a fes idées. Frid. Hoffman , dans fes obfervations fur Poterius , dit , cent. IV. chap. %l. je penfe que les vipères contiennent un fel volatil enve- loppé d'un mucilage fubtil. Se dans fes notes fur la pharmacopée fpagiri- que , au même livre 1. en parlant de la vipère , fu manière d'agir , dit- il , parou conjifter dans une réfolution douce du fan g , ou une fubtilifation ( fpirituafcentia ) produite par un fel volatil intimement uni à des particu- les rameufcs. On voit par-là qu'Hoffeman a reconnu dans la vipère , outre un principe mucilagineux compofé des parties rameufes , ce qui eft la même chofe que la gelée , un fel volatil ; mais ce fel examiné au fkmbeau d'une théorie folide , paroît à M. Beccari n'être autre chofe que ce principe fubtil que nous avons compté ci-delTus parmi les prin- cipes des gelées en général. A Hoffman on peut joindre Camerarius qui, dans fa féconde differtation inférée dans les aftes de Leipfick attribue la vertu qu'ont les vipères de rétablir les forces épuifées à ce principe vifqueux (>xi/ y r \ ■ i i i ' • i i i- trouvée ablolument mcapable de gucru' la maladie. Les difficultés fe rencontrant de toutes parts , &: n'étant pas poflible , par les méthodes connues , de rétablir le cours naturel des larmes , ni de leur ouvrir une voie artificielle qui fût ftable Se permanente , M. Petit, Tua des plus excellens chirurgiens, a propofé une nouvelle manière de traiter la fiftule lacrimale. 11 veut qu'on incife le facnafal, qu'on y introduife une fonde creufealfez épailTe , qu'on la poulfe jufques dans la cavité des nari- nes j & qu'à la faveur de cette fonde , on enfonce une bougie que l'on changera tous les jours , jufqu'à ce que la furface interne du canal nafal foit parfaitement cicatrifée. Par cette méthode , des deux objets que fe propofoit M. Anel , favoir , de défobftruer les conduits lacrimaux , &C d'opérer fans douleur , M. Petit a rempli le premier , mais il a manqué le fécond , qu'on n'eft guère en droit , a la vérité , d'exiger d'un chirur- gien. M. Petit alfure qu'elle lui a toujours très-bien réulli , &c les autres jamais , ce qui l'engage à lui donner la préférence. Comme ceux qui voudroient mettre en pratique cette nouvelle mé- thode de M. Petit , ne pourroient qu'être très-enibarralTcs à l'égard de certains points qu'il n'a pas fuffifamment développés dans fon mémoire j où il décrit cette opération un peu trop fommairement , M. Molinelli a cru devoir expliquer certains endroits difficiles , édaircir certains doutes , Se répandre autant qu'il feroit en lui, par fes remarques j un nouveau jour fur cette découverte chirurgicale. On ne doit donc pas lui favoir mauvais gré , fi après l'avoir perfectionnée j il prend la liberté de l'ap- précier. M. Molinelli expofe en peu de mots certaines attentions qui lui pa- roiiïent nécefiaires dans la pratique , Se que M. Petit a omifes de peur d'être trop long. 11 n'eft pas douteux d'abord que cette méthode n'exige une incifion un peu plus longue que les autres j car dans celles-ci il fuffit d'ouvrir le lac nafal , au lieu que dans celle de M. Petit il faut le découvrir tout-à-fait, puifque fans cela on auroit beaucoup de peine a ■introduire la fonde dans le canal nafal. 11 convient donc de commencer î'incifion un peu au-deffbus du tendon dumufcle orbiculairej & de couper même ce tendon fans héfiter j s'il y a quelque callolité au-delfous. On ne doit point être arrêté par la crainte de nuire au mouvement des paupiè- res. M. Molinelli a coupé ce tendon à une femme qui avoit une fiftule très-ancienne , Se n'en a vu naître aucun inconvénient. Au refte , l'incinon doit être faite à l'endroit mitoyen entre le bord de la paupière Si la marge ACADÉMIQUE. i? de l'orbite. Plus près de celle-ci, la douleur feroit atroce, plus près de ^=^ celui-là , on auroit à craindre l'éraillement. Voilà pour ce qui regarde académie rincilîoii. SciEN'CES L'iiicilion faite, il eft queftion d'introduire la fonde, 6c il n'y a rien ce dans cette manœuvre qui exii^e une grande habileté. Mais il y a certaines Bologne. précautions à prendre. On doit d'abord enfoncer la fonde direftement , &c lorfqu'elie ell parvenue à l'extrémité de la plaie , il faut l'élever & l'in- Histoire. cliner vers le côté externe , de façon que fon manche réponde à l'angle que le fourcil fait avec le nés. En faifant l'elfai de cette méthode fur les cadavres , M. Molinelli a remarqué que , faute de prendre cette précau- tion j il ne lui étoit pas pollîble d'introduire la fonde dans l'endroit où elle doit pénétrer , fans brifer les os voifins. Cependant comme le canal nafai n'eft pas toujours fitué obliquement , SC qu'il defcend quelquefois en droite ligne , comme M. Molinelli lui-même Se M. Morgagni l'ont plus d'une fois obfervé , ii en inclinant la fonde , de la manière qu'on vient de le dire , on ne parvient point à fon embouchure , on la cherchera en promenant très-doucement la fonde jufqu'à ce qu'on ait trouvé le de- gré d'inclinaifon convenable ; ce à quoi l'on réulîira aifément , fi on fe rappelle , pendant ce tems-là , que le canal nafal n'eft pas toujours éga- lement oblique. Lorfqu'on aura introduir la fonde dans le canal nafal , on la poulTera dans la cavité des narines , & on connoîtra qu'elle y eft parvenue par le fang écumeux, qui fortanc de la plaie , s'échappera par le «es ÔC tombera dans la gorge. On peut s'en alfurer encore mieux au moyen d'un ftilet qu'on portera dans la narine par l'ouverture inférieure. La fonde doit être cannellée jufqu'à fon extrémité qui fera tout-à-fait lilTe & arrondie ; ôc fes côtés , fur-tout fi elle eft d'argent , doivent être épais & folides. Enfin pour ne rien omettre , il faut avoir l'attention de faire un bouton à la partie de la bougie qui refte en dehors au-deflus du canal nafal j ou d'y attacher un fil , de peur qu'elle ne defcende trop profondément , ou afin d'avoir un moyen pour la retirer (i elle vient à tomber. M. Molinelli n'ignore pas que , pour n'avoir pas pris cette précaution , à l'égard d'une femme, la bougie iortit peu de jours après par les narines j fans cependant 3u'il s'en fuivit aucun inconvénient. Mais on conviendra que cet acci- ent eft dangereux & qu'il eft bon de le prévenir. Quoique M. Molinelli ait rendu par ces remarques , la méthode de M. Petit plus fure Se plus digne de confiance j il ne l'approuve cependant pas au point de l'adopter fans reftriftion. 11 n'infiftoit pas beaucoup d'a- bord fur ce que le larmoyement qui refte après les opérations ufitées au- paravant, n'eft point une maladie alfez grave pour engager un chirurgien a recourir à un moyen de guérifon auill difficile & aulli douloureux que celui que propofe M. Petit. 11 avouoit même ingénument qu'une incom- modité fi défagréable , fi vifible & d'ailleurs continuelle , méritoit beau- coup d'attention j & qu'il fuififoit enfin qu'elle attaquât les yeux , partie D 26 COLLECTIOJ^ = dont le bon état eft fi defirable. 11 rapportoic même l'autoL-ité de quelque* Académie ,,,-aticiens d'un orand poids , qui s'ccanc beaucoup occupés de la puérifon DES \ , ^ ^ ' , < r ■ ■ ' ° e -t Sciences '^" larmoyement , ont augmente la mauvaile opinion qu on en a ; &: il DE diioit qu'il s'eft trouvé des malades qui ont mieux aimé endurer toutes Bologne, fortes de fouftrances , que de demeurer iujets ians interruption à une in- _^__^_ commodité il dégoûtante , termetc qui en fait bien voir le déiagrcmenr. Histoire. ^- Molinelli réunilfant toutes ces raifons , les faifoir valoir autant que M. Petit lui-même l'eût pu délirer , mais de façon cependant à lui montrer qu'il n'eft pas difficile ; car il oblervoit enfuite , quoiqu'en palfant, qu ou a vu des malades parfaitement guéris de la iîftule lacrimale , par une mé- thode toute autre que celle de M. Petit. Et il cite à ce fujet M. de Sr. Yves , avec lequel il a eu , comme je l'ai dit , des liaifons à Paris. Ce célèbre oculifte, auquel il penfe qu'on ne peut refufer une croyance aveu- gle , lui avoir alfure plufieurs fois avoir guéri par fa métliode plufieurs fiftules , fans qu'ils reliât de larmoyemenr. A ce témoignage , M. Moli- nelli ajoutoit celuideSchobinger. Et pour ne pasfe borner aux obfervations d'aiurui , il en rapportoit qui lui font propres. 11 diloit avoir opéré cinq ans auparavant, fuivant la méchode de St. Yves , deux femmes &: un jeune garçon. L'une de ces deux femmes fut énfuire entièrement exempte de ïarmoyement ; dans l'autre Se dans le jeune garçon , il en refta un à la vériré , mais fi rare tk fi modéré , comme dans lespcrfonnes chaffieûfes, qu'il fembloit être une incommodité naturelle plutôt qu^ine fuite de l'o- pération. Voilà ce que difoit M. Molinelli , fans cependant appuyer beau- coup fur ces raifons. Mais il oppofoit les objeélions fuivantes. M. Petit ptefcrit d'introduire une fonde dans le fac nafalj &c c'eft là le poinr elfentiel de fon opération. Mais comment pourra-t-on en venir à bout , Il les parois de ce fac font tellement épailîîes Se calleufes , qu'elles ne lailfcnt entr'elles qu'un palTage fort étroit ou même point. Or Platner avertit que cela arrive quelquefois, & la connoilfance de la maladie le perfuade aifémenr. On trouve fou- vent , en effet , des fiftules calleufes dans toute leur étendue & rortueu- fesj il y afouvent plufieurs hftules ou du moins la fiftule a plufieurs fiiius; & elles font fouvent telles , que fi la partie du fac renfermée dans i'ôr- bite , ou les callofités des parties voifines ne font confumées par les nié- dicamens ou la fuppuration , la guérifon eft impoflible. Mais fi l'on coii- vienf que les parois du fac font quelquefois fi fort épaifties & calleufes , il faut avouer qu'on ne pourroit point y introduire un inftrument aiiili épais & obtus que la fonde de M. Petit , ou du moins qu'avec des déchi- remens & des douleiu's extrêmes. Si ces fortes de cas s'offiroient à M. Pe- tit , M. Molinelli ne doute pas qu'il ne fût forcé d'abandonner fa mé'- thode pour recourir à une autre. Les niêmes difficultés fe rencontrent e'n- core 11 la callofité occupe la partie poftérieure ou fupérieure du fie ; caf il ne ferviroit de rien de défobftruer fa partie inférieure , fi on laiiToit les autres dans leur état contre nature. Que fera-ce -fi la hûule fe trouve ACADÉMIQUE. 27 compliquée de carie aux os du nés , à l'os maxillaire , ou , ce qui arrive' fouvent dans les fiftules invétérées , à l'os unguis ? La méthode de St. ^cademiu Yves , de Woolhoiife ou toute antre ne fera-t-elle point alors préférable Science à celle de M. Petit ? 11 ne fera pas fur d'employer celle-ci, à ce cjuepenfe de M. Molinelli , même après avoir détruit la carie & confumé les callolîtés. Bologne. Car dans les opérations que l'on fait pour cela y il fe forme de nouvelles chairs , où les parties faines fe tuménent , où l'on ouvre une nouvelle Histoire. voie &: comme un nouveau canal depuis la peau jufqu'à l'os. Or la pré- fence de tous ces obftacles ne peut que reiferrer le fac nafal , & l'on ne ppurra par conléquent y introduire la fonde cannelée qu'avec beaucoup de douleurs & de danger. Mais , pour ne point trop infifter fur ces raifons , on veut que l'intro- duétion de la fonde foit polhble & fans danger. On ne fera pas pourtant entièrement à l'abri du larmoyement , que l'on fe propofe de prévenir , comme une chofe capitale. Dans une aulli grande déperdition de fubf- tance qui doit nécelfairement fe faire dans cous le cours du traitement , /ur-tout i\ on emploie le cautère aéluel , les autres parties du fac ne peu- vent que fe froncer & fe racourcir confidérablement. Mais il eft fort à craindre que les orifices des conduits latéraux jie fe reffentent de ce ra- courcilTement & ne fe contradèent aufll plus que de raifon. L'humeur la- crimale ne pourra donc y pénétrer j & le larmoyement s'enfuivra \ Se comme la méthode de M. Petit n'obvie pas à ces inconvéniens , on ne peur fe flatter non plus qu'elle prévienne le larmoyement avec certitude. M. Molinelli n'eft point aflez attaché à fes idées pour regarder ces dif- ficultés comme infolubles. Mais il eût été à délirer que M. Petit les eût applanies dans fon mémoire , avec la fagacité & les lumières qu'on lui connoit. On auroic également déliré que M. Petit rapportât des obferva- lions de fiftules guéries par fa méthode. 11 elt vrai que M. Garencreot , dans la defcription abrégée qu'il fait dans fon traité d'opérations , de cette méthode , dont il avoit appris tout le détail de M. Petit lui-même , dit l'avoir vue très-bien réullir lur une femme attaquée d'une fiftule lacrim.a- ie. Mais il ne dit pas quel croit le caraétere de cette filtule. Or , ceux qui veulent être perfuadés par des obfervations ( & qui eft-ce qui ne le veut pas dans ces fortes d'objets ? ) exigent qu'elles foient en grand nombre j ■ôc expofées avec beaucoup de détail. M. Molinelli fouhaite d'autant plus qu'on lui produife de telles obfer- vations , qu'il y a des cas , fuivant lui , où cette nouvelle méthode de M. Petit peut être très-utile , & même préférable à toutes les autres. Mais cçs cas ne peuvent être mieux déterminés que par l'expofition exadte d'un grand nombre de faits. M. Molinelli confeille à ceux qui voudront prati- quer cette opération , d'en faire d'abord l'elTai fur une tîftule (impie & ré- cente. Il penfe de plus qu'il fera plus commode & pour le chirurgien & pour le malade , de fubftituer aux tentes de plomb ou aux bougies que M. Petit prefcrit d'introduire par le canal nafal dans les narines , un cor- Dij i8 COLLECTION = donnée compofé de fils de foie, comme dans les ferons. On aura l'avan- Académie j_^<,g jg poiivoii: le remuer , & l'on n'aura pas beloin de le changer cha- r- °^^ oiie iour comme les tentes i?c les boucles. D'ailleurs celles-ci lont dures 8c Sciences i ^ ' ,. , j S. n o i ' pg pefantes , au heu que le cordonnet elt mollet 6^ Icger. Bologne. Telles font les obfervations de M. Molinelli fur la belle invention de ■_ M. Petit. Avant d'en faire part à l'académie , il les avoit communiquées Tj par lettres à M. Morand, célèbre chirurgien françois. 11 ne pouvoir donc ' le faire une peine de lire dans nos féances ce qu'il n'avoit pas fait diffi- culté d'écrire à un homme d'un fi grand mérite. SUR LA VERTU ANTI-GANGRENEUSE DU KINKINA. L E kinkina dont la vertu fébrifuge eft connue de tout le monde , a _ . cté encore annoncé comme un remède efficace dans la gangrené. C'eft ce qu'il feroit extrêmement important de vérifier. Des effais répétés &• des obfervations exades nous mettront en état de prononcer là-delTus. M. Molinelli s'ell beaucoup occupé de cet objet. Je vais expofer les ob- fervations dont il a fait part à l'académie ; mais il ell; à propos auparavant de dire un mot fur l'origine Se les progrès de cette découverte. En 17JI , M. Rushworth , chirurgien anglois , de Northampton , écri- vit une lettre à la fociété des ciiirurgiens de Londres , pour leur donner avis qu'il avoit reconnu dans le kinkina un fecours très-puilfant pour arrêter le progrès de la gangrené , pourvu qu'elle fût caufée par une fièvre intermittente , 8c la raifon qu'il en donnoit , étoit alTez plaufible. Le kinkina , en guériflanc la fièvre j emportoit la caufe j il devoit donc détruire l'eftet. M. Amyand j autre chirurgien anglois , reconnut par iin grand nom- bre d'expériences , la même vertu dans le kinkina ^ mais il rejetta la reftriétion de M. Rushworth , alfurant que ce remède réulTilToit également dans toutes les gangrenés de caufe interne , & qu'il iinportoit forr peu qu'elles fulfenr accompagnées de fièvre ou de telle fièvre. Mais en éten- dant l'ufage du kinkina à un plus grand nombre de cas , il ne l'admet- toit pas dans certaines gangrenés , favoir , celles qui n'étoient pas pro- duites par une caufe interne'. M. Douglas prétendit enfuite qu'il n'y avoit aucune exception à faire & que le kinkina réuffiiroit également dans toutes fortes de gangrenés , fou qu'elles vinffent de caufe interne ou non. C'eft en 1731 qu'il publia fon opinion. M. Shipton, chirurgien de Lon- dres , fit fur cette découverte un mémoire qu'on trouve dans les tranfac- tions philofophiques. Depuis lors , on a inféré dans ce même ouvr.-ige & dans les elfais d'Edimbourg , des obfervations qui confirment le fenti- nieiic de M. Douglas. L'adminiftration du remède confiftoit à ea domiei; ACADÉMIQUE. 29 demi-tiragmo ou deux fcrupules jufqu'à ce qu'on eut obtenu l'cfFet defîrc'^^ ' -- ou que le malade ne pût plus le fupporter. AcArs:.aH Jufqu'alors cette découverte étoit lenfennce dans l'Ancleterre Elle c '^^^ ,1- /- ■ 1 1 ■ c ■ ■ \ » iv" : Sciences palla enluite chez les autres nations is: prnicipalement en Allemat^ne , où il paroît qu'on s'eft Tervi du kinkina dans toutes les gangrenés , de quel- Bologne. que efpece qu'elles fuiïent , comme il confte par les obfervations d'Al- brecht , de Vater , d'Heifter & d'autres médecins fameux de ce pavs-li, u obfervations confignées dans le Journal de Nuremberg , dans les Aftes des curieux de la nature & dans d'autres ouvrages. Cette opinion trouva plus de difficulté à s'établir en France. Les effais qu'on y ht .à l'imitation de ceux des Anglois , ne répondirent point à l'i- dée qu'en donnoit M. Amyand , ainfi que M. Bremond nous l'apprend dans les notes qu'il a ajoutées à fa traduction du volume des tranlacftions philofophiques de l'année 1731. Les François crurent donc qu'il y avoi: quelque ambiguïté dans le rapport des Anglois , ou que les propolîtions en étoient trop générales &c que M. Amyand s'écoit avancé au-delà de ce que l'expérience découvre. Cette controverfe parvint en Italie , & quoiqu'il fut fort difficile de terminer le différend qui s'étoit élevé entre ces deux nations favantes , l'académie de Bologne crut devoir s'en occuper particulièrement. Ses membres ont fait quelques effais dans ce genre. Le nombre en eft encore aiïez petit, quoique le fujet en exigeât beaucoup plus. Je vais cependant eu rendre compte dans la vue d'exciter l'émulation. Elle nous procurera peut-être une plus longue fuite d'obfervations. Le premier des académiciens qui elfaya l'effet du kinkina dans la gan- grené , eft M. Jean-Antoine Stancari , médecin des plus excellens. Il le donna à un gentilhomme âgé de foixante-dix ans , qui avoit une gangrené de caufe interne au talon. Mais le malade ne voulut jamais confentir à en prendre une afTez grande quantité pour qu'on put efpérer de le çuérir. animés p.ir l'exemple de M. Stancari , d'autres médecins donnèrent le kinkina à trois vieillards affligés de gangrené de caufe interne dans les membres. Mais ces malades ne purent pas le fupporter non plus ; & l'on eut le même défagrément dans le cas d'une femme à laquelle il éroit fur- venu dans le cours d'une fièvre violente , une rougeur aux joues avec foif , fécherelfe & afpcnté de la langue , & enfuite une gangrené feche à quelques-uns des doigts du pied. Une autre femme plus que feptuage- naire jj mais robufte & vigoureufe au-delà de fon âge , fiit attaquée d'une fievce-:(Iars le mala^de dont je vais parler s'en eft très-bien rrouvc. C'étoit un Iromme âgé de foixante-feize ans , très-grele, d'Une couleur bafanée , tjcinirne. Il aVoit reçu une btelîare à la parxie interne de la janibe , fix traverï de doigr au-defforis du genou , S."!' un fravets de^^tgt de l'épine dli tjib'ia. Quefqoes jours après LA gangrené furviht à cette plaie. L'intro- dnmon "de \i fonde y dt^coCivrit , fur-tout vers la partie inférieure , des finus profonds qui conteiioiôJif beaucoup de fanie. 11 fallut donc faire des incifion^ pour l'évacuer. Il fortit par ce moyen une quantité extraordi- naire d'une matière très-brune. Ces incifions furent conduitesjufqu'à la partie gangrenée.' Wais tout cela ne fervit d|e rien. U furviiit un gr-md nombre d'autres taches gàngrérieufes. Le mal fit des progrès rapides & parvint jufqu'à l'articulation du pbed , du côté de la plaie , en formant de tous côtés de profonds finus. On avoit déjà employé tous les remèdes ufités en pareils cas , mais faiis fucccs. On en vint enfin au kinkina , 3i Académie DES 3Z COLLECTION la dofe de deux dragmes par jour , appréliendant qu'une dofe plus forte ne nuisît à un fujet aulll maigre Se aulli lec. Après le douzième jour , Sciences '°" eftomac révolté ne put le lupporter plus long-tems. Le remède fut DE donc fufpendu. On voyoit avec plaifir que la gangrené avoir commencé Bologne, à fe fixer , ôc que la fanie paroiiroit mieux conditionnée. Ainfi donc , ^ comme on vit quelques jours après que les bords de la plaie commen- Histoire. çoient à revenir à leur premier état , & que la gangrené, qui d'abord étoic bornée aux tégumens & à la gaine commune des mufcles , pénétroit , déjà plus avant dans certains endroits , on revint au kinkina. On en fie prendre trois dragmes chaque jour. Dès-lors la gangrené fe borna Se dif- pariit même entièrement. Les plaies furent en peu de temps cicatrlfées 5c parfaitement guéries ^ quoique la peau de la jambe affectée de gangrené Fût fort ridée , fort relacliée Se comme moulue , enforte qu'elle ne pro- mettoit rien de favorable , 6c que les chairs fulFent extrêmement flafques & exténuées. La durée de la maladie fut d'environ foixante-dix jours. Il n'y eut jamais de fièvre , &c ce fut un figne avantageux ; l'appétit fut prefque toujours bon &c le ventre ne ceffa pas d'être libre. L'ufage du kinkina n'a pas été moins heureux dans le cas fuivant. Un religieux , homme gras , d'un tempérament fanguin , âgé de plus de cin- quante ans, eut pendant l'été , fur la jambe droite un éréfipele d'une rou- geur très-vive dans toute fon étendue &C principalement entre le gras de jàmbe &: la malléole externe. La gangrené s'y mit peu de temps après, de elle s'étendit fi fort en peu de jours , qu'elle avoir fix travers de doigts en longueur Se quatre en largeur. Elle parut quelque tems s'être fixée Se l'on eut foin alors de l'emporter. Après qu'on eut enlevé l'efcarre , le fond parut inégal , fort dut & parfemé de taches brunes. On l'égalifa Se on le nettoya du mieux qu'on put , avec le biftoury. 11 parut alors autour de l'ul- cère une bande large d'un travers de pouce , noire & tendant à la gan- grené. On commença alors à faire prendre au malade le kinkina. 11 en ufa durant fept jours Sc la dofe étoit de trois dragmes en vingt-quatre heures. Pendant ce tems-là on extirpa la bande gangréneufe dont je viens de par- ler. La gangrené fut alors fixée, la fanie parut mieux conditionnée & l'ul- cère fe cicatrifa. L'éréfipele avoir paru avec la fièvre Se en avoir été ac- compagnée jufqu'à la fin. L'année d'auparavant , ce religieux avoir eu à la même jambe , un autre éréfipele qui avoir aufli dégénéré en gangrené. Mais celle-ci n'avoir pas pénétré bien avant Se s'étoit fort peu étendue , de forte qu'il en avoir été guéri en peu de tems. Telles font les obfervations de M. Molinelli. Quoiqu'elles folent encore en bien petit nombre , voyons cependant quelles font les conféquences qu'on peu en déduire, & en attendant d'en avoir d'autres , tachons de tirer de celles-ci tout le parti pollible pour l'avarirage des malades. D'abord , quant à la queftion propofée , favoir , jufqu'à quel point on peut compter fur Peffer du kinkina dans la gangrené , M, Molinelli ne fe déclare pour aucune opinion. 11 fe contente d'expofer les raifons pour ôC contre. Ces raifons ACADÉMIQUE. 33 talfons pourront peut-être terminer ce dirt'érend Se empcclier d'accorder à' ce remède trop ou trop peu de confiance ; car en toutes chofes il eft •'^cacémie un fage milieu dont il ne faut pas s'écarter. Je vais parcourir ces rai- c °^* fons eu peu de mots, en commençant par celles qui ne font pas favora- de blesaukinkina. ^ ' Bologne. Il ell d'abord très-dilîîcile de s'alTurer que, dans les deux derniers cas . que j'ai rapportés , où l'événement fut heureux , la guérifon des malades Histoire. doive être attribuée au kinkina plutôt qu'à d'autres caufes, ce remède fur- tout n'ayant point arrête les progrès de la gangrené dans les deux premiers cas &: n'ayant pas même calmé la hevre ,"la douleur ni les autres fympto- mes. Des deux malades qui recouvrèrent la fanté , l'un avoir une «an- grene de caufe externe, il n'y eut jamais de fièvre, & le mal ne s'étendit pas au-delà des tégumens. Dans l'autre , il eft probable que la gangrena n'étoit produite que par les caufes qui donnent communément lieu aux éréfipeles , ou plutôt d'une difpofition de la partie atfeûée occafionnée par l'éréfipele même. Or on peut foupçonner avec fondement que ces malades auroient pu guérir rout aulH bien fans le fecours du kinkina, &c que la nature , le temps Se les remèdes ordinaires ont peut-être plus fait j • I t r ' -r ■ i > n jjg a cette ecorce deux propriétés ipecihques qui n ont entr elles aucune ana- BoLOGNE. logie ? Et que peut-on trouver dans fi vertu fébrifuge qui en rende l'u- fage utile dans la gangrené, fur-tout lorfqu'elle n'elt point accompagnée Histoire. '^" ^evre ? Perfonne n'ignore d'ailleurs que le kinkina produit fouvent de mauvais effets dans les fièvres continues. L'autorité fe joint encore à ces lalfons. Nous favons que les fentimens des Anglois font partagés fur le degré de la vertu anti-gangreneufe du kinkina. Les uns ne la reconnoif- fent qu'avec la reftridion de M. Rufwortli , les autres rejettent cette ref- triétion , & leur opinion eft modifiée à fon tour par d'autres. Encore quel parti prendre dans ces diftérens fentimens ? Les François n'en admettenc aucun , ou plutôt ils doutent également de tous j Se ils fe fondent auili fur i'oblervation & l'expérience. Plufieurs perfonnes , en Angleterre mê- me , commencent à revenir de leur prévention pour le kinkina , comme nous l'apprenons par une lettre du 26. août 1737 , écrite de Londres à M. Molinelli par un chirurgien des plus célèbres. On y voit ce qui fuit : // y a quelques années que les médecins & les chirurgiens anglois emploient le kinkina dans la gangrené. Mais des effais répétés lui font perdre de jour en jour la confiance qu'il s'etoit acquife & cela n'eft pas furprenant. Rien n'eft plus difficile que de juger faine ment de l'effet des medicamens. Une perfijnne qui ejjaye un remède j eft trop portée à lui attribuer des effets qui ne font que l'ouvrage de la nature. C'eft pourquoi l'on a toujours vu tant de varia- lions dans l'exercice de la médecine. Quoique toutes ces raifons foient affurément d'un grand poids , M. Molinelli penfe cependant qu'elles ne doivent pas décourager les prati- ciens qui feroient dans le cas de faire ufage du kinkina dans la gangre- né , pourvu qu'ils agilfent avec circonfpeétion. En effet , il l'on oppofe les deux cas où cette écorce n'a été d'aucun fecours , ce qui eft commun aux plus excellens remèdes , n'eft-il pas jufte de faire valoir également les deux autres où elle a opéré une guérifon fi prompte , après avoir inu- tilement employé les remèdes ufités , & cela malgré le caraétere rebelle . de la maladie & de la maiivaife conftitution du malade. Les bons remè- des ne réulfilfent pas toujours ; mais on ne voit jamais qu'un mauvais re- mède réuifilTe. Pourquoi donc rejetcer abfolument un médicament qui a été quelquefois utile , & pourquoi n'y auroit-on pas recours s'il fe pré- fente quelque cas parfaitement femblable à ceux où on s'en eft fervi avec fuccès ? Si ce n'eft pas là être prudent , on ne fait plus quelle idée fe for- mer de la prudence. Mais iî l'on peut faire ufage du kinkina dans ces cas parfaitement femblables , pourquoi n'y pas recourir auflî dans ceux qui n'en différent que peu ? Pourquoi ne l'employeroit-on pas dans les gangrenés & les fphaceles accompagnés de fièvre , produits par un prin- cipe délétère , qui furviennent aux extrémités ôc qui attaquent principa» ACADÉMIQUE. 35 lementles vieillards , Icfquels en font ordinairement les vîftimes ? Quoi- = que dans ces fortes de cas il y ait moins à compter fur l'efficacité du kin- académie kina, cependant les autres remèdes n'offrant aucime retfource, il vaut Sciences encore mieux tenter celui-là que d'abandonner le malade à fon malheu- de reux fort. Ceux qui emploient le kinkina dans la gangrené s'appuyent Bologne. encore fur le raifonnement. Sydenham a penfé , & c'eft l'opinion la plus commune, que cette ccorce agit en accélérant le cours du fang & des ef- Histoirs prits. Or (i tel eft fon eftet , qu'y a-t-il de plus propre à détruire la gan- grené ? Mais il s'agir uniquement ici de l'obfervation , &: le raifonne- ment ne fert de rien. M. Molinelli en convient. Audi fait-il attention aux deux premiers cas où le kinkina a échoué : mais il n'en eft pas frappé au point de compter pour rien les deux autres où il a réullî, & les nom- breufes obfervations faites par d'autres , lefquelles dépofent en fa faveur. Peut-être y a-t-il une manière d'adminiftrer le kinkina d'où dépend tout le fuccès qu'il peut avoir. Or cette adminiftration bien entendue ne peut être l'ouvrage que d'une longue fuite d'obfervations ; & nous nous pri- vons du moyen de la découvrir fi , perdant toute efpérance , nous dé- tournons les médecins des eflais qu'ils pcurroient faire en ce genre. Après avoir ainfi expofé les raifons pour & contre, M. Molinelli ne dé- cide rien. 11 fe flatte feulement qu'on lui accordera que le kinkina peut être utile , finon dans toutes fortes de gangrenés j au moins dans celles où il n'y a point de lièvre &: qui font produites par une caufe externe ou par un principe qui , de fa nature , ne tend point à la gangrené. On en conviendra aifément fi on examine avec foin les obfervarions que j'ai rap- portées 8c celles qui ont été publiées auparavant. Peur-être même que les exceptions que font les François n'ont r.ipport qu'à ces circonftances , quoiqu'ils n'aient point encore expliqué juiqu'à quel point ils admettent ou ils rejettent l'opinion des Anglois. M. Molinelli fait donc efpérer qu'il y a certains 'cas où le kinkina peut n'être pas abfolument inutile. Ces cas , jufqu'à préfent font très-peu nombreux, mais il fe perfuade fortement qu'on en découvrira un plus grand nombre dans lefquels ce remède offrira la même efpérance. En attendant , comme il règne encore beaucoup d'obf- curité par rapport à ces derniers , il s'eftime heureux d'avoir découvert ceux que je viens d'indiquer. Je penfois avoir terminé ici cet article j lorfque j'ai reçu de M. Moli- nelli trois nouvelles obfervations , dont deux font de lui & l'autre de M. Bazani , préfident aftuel de l'académie. Je commencerai par celle de M. Bazani , laquelle efl , à ce que je crois j antérieure aux deux autres. Une fille âgée des près de quinze ans , grêle , pâle , timide , s'effrayant de la moindre chofe , fut atta- quée , à foccafion d'une frayeur , d'un fièvre légère & qui , dans le com- mencement paroilfoit n'annoncer rien de fâcheux. Mais une grande foif , un violent mal de tête , le délire fuivi d'une profonde léthargie , une foi- blelfe extrême , qui furvinrent enfuite , firent juger qu'elle étoit eu dan- Eij 36 COLLECTION - jer. On la faigna deux fois , favoir , au bras Se au pied. Le fang de la Académie pj.^>,-,ji£^.g fa^igij^g f^j fort épais , &: celui de la féconde plus féreux. On c °^^ appliqua eufuite des vélîcatoires aux cuifles. Ils firent cefier l'allbupiire- OCIENCES 1 1 ■■ ■•in y J- ' o tT -.T « T ^ ■ jjj ment , mais il relta une lurdite & un attaillement extrême. Le quatorzie- BoLOGNE. me redoublement parut annoncer la mort ; mais la malade fe tira d'af- faire par une fueur très-abondante. Elle alloit de mieux en mieux , la fie- Histoire ^'"^ avoit celfé , lorfqu'on s'apperçut que les plaies des véficatoires pâlif- foient peu à peu , & qu'il s'clevoit fur la peau des taches livides & noirâ- tres qui firent craindre la gangrené, & qui s'étendant bientôt fe fireiic principalement remarquer en quatre endroits , favoir , auprès du coxix , fur les dernières vertèbres des lombes , où la gangrené s'empara des chairs dans l'étendue de près de trois travers de doigt en tout fens , fur la tête du fémur droit , à la partie fupérieure de l'autre cuilfe Se enfin auprès de la crête de l'os des îles gauche j à l'endroit où l'aine commence. L'o- deur cadavereufe qu'exhaloit un fi grand nombre de plaies , étoit d'un très-mauvais augure , &c le médecin entreprit la cure avec plus de cou- rage que d'efpérance. Le fer Ce les autres remèdes ne furent d'abord d'au- cun fecours. On comprit même par l'infpedlion des parties gangrenées Se par le changement de couleur qui s'y faifoit de tems en tems , qu'el- les fournilfoient à la maife du fang une humeur putride qui renouvelloic quelquefois la fièvre. Le médecin eut recours au kinkina. 11 commença le li. mars à en donner une dragme chaque jour , craignant que l'eftomao d'une fille fi délicate ne pût en fupporter une dofe plus forte. Dès-lors , la maladie commença .à prendre une tournure favorable ; la fièvre celfa pour ne plus revenir. Vers la fin de mars M. Bazani racontoit que toutes les plaies étoient cicatrifées Se que la malade paroilfoit hors de tout dan- ger. Avant qu'elle fit ufage du kinkina , il étoit furvenu aux genoux d'autres gangrenés , qui avoient été annoncées par le gonflement Se la li- vidité de la peau Se qui gagnoient déjà du terrein. Mais l'on n'eut pas plutôt commencé d'adminiftrer le kinkina , que ces gangrenés fe fixè- rent pendant tout le tems que la malade ufa de ce remède , elle eue toujours bon appétit , elle dormit tous les jours plufieurs heures , Se fes excrétions fe faifoient très-bien. Il femble qu'on doit faire honneur au kinkina de la guérifon de cette gangrené , qui avoit réfifté aux autres remèdes. Le fujet de la féconde obfervation eft un homme de 50 ans , grand ,' replet , d'une conftitution lâche , né d'un père qui avoit été très-malade de la vérole. Il mangeoit Se buvoic avec excès. Après de grandes fatigues ,de corps Se d'efprit , il lui furvint entre le reélum Se la felfe gauche , un abcès énorme tendant à la gangrené , qui perçant peu à près l'inteftin , environ quatre travers de doigt au-delTus de l'anus, pénétra jufqui.1 la peau du milieu du périné. Cette maladie demandoit un traitement hardi. Le chirurgien commença par faire aux tégumens une incifion de plus de dix uavers de doigt , il fendit l'inteftin en long depuis l'anus jiifqu'à la partie ACADÉMIQUE. 37 percée par la gangrené , il en coupa de part de d'autre un atTez grande por-- = tion & lia les artères pour einpccher l'hémorragie. Bientôt à l'aide de la Ac a lu. mie fuppiuation & du fer , il détacha d'entre le reftuni &c les parties voifuies , ^ ^" deux lambeaux membraneux longs d'une palme , épais d'un travers dé '""^^H^^* doigt & larges de deux. Après cette extrattion , il parut des (îgnes qui Bologne. donnèrent quelque efpérance. Le vingt-unième jour de la maladie la 1_1 fièvre , qui étoit furvenue , calma conlidérablement , & la gangrené di- 14 minuant peu à peu , difparut tout-à-fait le quarantième. Ce qui faifoit "^°''^^*' poiu'tant craindre encore , c'eft que les chairs étoient artailfces , & les for- ces languifantes , que l'état du vifage nicme indiquoit l'abattement de i'efprit , & qu'il fortoit de la plaie une grande quantité de pus fétide. Les' médecins craignirent que le malade ne fuccombât à la longueur du mal après avoir rédfté à fa violence. L'ufage long-tems continué des bouillons- de vipère , rétablit un peu fes forces & la plaie commença à prendre une meilleure tournure. Mais après cinq mois, depuis le commencement de la maladie , la fièvre s'alluma derechef inopinément , la fuppuration ayanr tari prefqu'entiérement. Cette fièvre fut fuivie d'une éréfipele fur la ciulFe gauche , qui s'étendoit jufqu'à l'anus &: au périné , & qui étoit parfemé de taclies gangréneufes. Uu flux abondant d'urines & une grande fueur qui furvinrent le quatorzième jour apportèrent du foulagement. La fup- furvint enfuite une nouvelle fièvre qui fit craindre pour les jours du I.ide , mais qui tut encore emportée par les fueurs"6( les urines. La fup ration ne fut point fupprimée cette fois, mais la cuilfe gauche fut di puration ne tut point lu|3primee cette tois , mais la cuilfe gauche fut de w nouveau affligée d'un érchpele avec des taches gangréneufes. Quoiqu'a- ^ près la crife par les fueurs (ï; les urines , le malade fe trouvât mieux il' pacoilfoit cependînt difficile qu'il en rechappiit. L'ouverture extérieure'de la plaie étoit fort large, de l'intérieure qui fe trouvoit entre l'inteftin & les parties voifines , l'étoit encore davantage. Il en couloit une grande- quantité de pus dont les qualités varioient & d'une odeur très-fétide. On- n'étoit pas content de l'état du pouls ni de celui du fang qu'on avoir fouvent tiré pendant la fièvre. Pour n'avoir point à fe reprocher d'avoir négligé quelque moyen de guérifon , M. Molinelli crut enfin devoir en- venir au kinkina, ce qui fut approuvé par MM. Laurenti & Azzo^uidi, médecins. Le malade commença à en prendre deux dra^mes Se demie chaque jour , ce qu'il continua pendant près de deux moifj fon eftomac. s'en accommodant heureufement. Ce remède luilachoit doucement le ven-- ire une fois le jour, effet qu'il produit quelquefois. Il n'en eut pas pris, pendant quinze jours , qu'il fe fentit plus fort & plus gai. Il difoit qu'il' n'étoit plus le même. Comment peut-il fe faire , difoit-il fouvent , que cette écorce produife en moi un changement fi confidétable ? Son embon- point revenant de jour en jour , il reprit bientôt fes couleurs & fa bomiqs 38 COLLECTION - ' =mine avec fes forces. Le pouls redevint naturel ; & pour ce qui regarde Académie |ç5 plaies , l'extérieure fut cicntrifée en vingt jours ; l'intérieure coni- c ,^^,ljç niença à fournir moins de pus &c d'une odeur moins mauvaife. 11 n'en E£ couloir plus du tout avant le quarantième jour. 11 fortit feulement par l'a- BoLOGNE. nus quelques mucolités. Bientôt la fonde ne découvrit plus de fmus ; il ne parut plus de fièvre ni d'éréfipele ni de taches gangréneufes. Histoire. J^ ^^'^ * préfent rapporter la troifieme obfervation & parler d'un ma- lade qui après avoir inutilement fait ufage des autres remèdes , commen- ce à fe mieux trouver depuis qu'il prend du kinkina. Sa guérifon n'eft: point encore achevée , mais l'efpoir certain qu'il en a , le tient dans un état de fécurité. Un homme plus que feptuagenaire , maigre, fec , fut frappé rudement fur l'épine du tibia gauche , un peu au-deflous du milieu de la jambe. Il négligea ce coup pendant quelques jours , fe raffurant fur ce qu'il n'y femoit aucune douleur excepté lorfqu'U marchoit , & qu'alors même elle n'étoit pas bien forte. Mais la douleur ayant augmenté peu à peu , il ne put lafupporter plus long-tems 8c appella du fecours. Le médecin s'ap- perçut d'une tumeur très-confidérable , au milieu de laquelle il y avoit une efcarre gangreneufe. Il l'emporta aufli-tôt avec le fer , 6c alors tout le fang contenu dans la tumeur , en fortit mêlé de grumeaux. Deux jours après , il furvint une fièvre violente. On fit une incifion cruciale aux pa- rois du fac qui contenoit la tumeur j & l'on en coupa les bords. Le fond en étoit inégal, tuméfié & douloureux au tad. La fièvre fut fuivie de l'en- flure de la jamîîe &C du pied ; ôc de plus un éréfipele qui s'étoit formé au- près de la plaie , s'étendant peu à peu , fe répandit fur toute la cuifle , la hanche &c le pied. Celui-ci fe tuméfia en même tems d'une manière extraordinaire , &: il s'éleva au milieu de fon dos une veflie qui aniion- çoit la gangrené. On l'ouvrit j il en coula une férofité jaunâtre. Y ayant introduit la fonde , on découvrit un finus , qui fe glilTànt fous les tégu- mens , pénétroit d'un côté jufqu'à la première phalange du doigt du mi- lieu , &c de l'autre jufqu'à l'articulation du pied avec le tibia. On l'ouvrit auflî , &c ce fut prefque fans douleur. Cependant la fièvre augmentoit de plus en plus , fur-tout le foir , & le malade ne dormoit pas. Le peu d'a- bondance Se la qualité des urines faifoient craindre pour lui. 11 étoit en- core fort tourmenté par le gonfiement de l'épigaftre , four-tout lorfqu'il avoit pris de la nourriture , par un vomifiement fréquent , même des ali- mens , par la diftenfion du ventre & p.ar d'autres fymptômes d'hypochon- drie auxquels il étoit fujet depuis long-tems , mais que la maladie pré- fente avoit aigris. Le quatorzième jour de la fièvre n'amena aucun chan- gement ; les laignees réitérées & les autres remèdes parurent n avoir pro- duit aucun effet. La première plaie avoir un mauvais afpeél ; celui de la féconde qui occiipoit le dos du pied , étoit pire encore. Les bords & le fond en étoient jaunes j bruns , noirâtres en divers endroits , 3c il n'en fortuit qu'un pus noir , fanieiix , d'une odeur infupportable 6c cadavéreufe. ACADÉMIQUE. 39 Le pied ne fe dtfenfloit pas & l'éréfipele s'étant étendu fur toute la han-— -^ che , commencoit à fe répandre fur l'aine. Les cliofes étant dans cet état, "Cauemie & le quatorzième jour n'ayant , comme je l'ai dit , apporté aucun foula- Sciences ' gement , le médecin , défefpérant de l'efticacité des autres remèdes, eut n^ recours au kinkina. 11 en fit prendre au mal.ade deux dragmes & demie Bologne. f)ar jour , divifées en plufieurs dofes. Le quatrième jour j la fréquence & a vivacité du pouls furent un peu rallenties. Les urines parurent plus Histoire. claires j la plaie fournit une matière plus abondante & mieux condition- née j la tumeur & l'érélipele pâturent s'être fixés. Le médecin prolongea alors l'incifion des tégumens du dos du pied , pour procurer au pus une i(fue plus libre , car il ne pouvoir fortir que par la prefllon , ce qui étoit fort douloureux pour le malade. Il coupa en même tems quatre des ren- dons des mufcles fléchilTeurs des doigts dont la fuppuration s'étoit em- parée. Le malade continua à prendre du kinkina jufqu'à la concurrence de fîx onces. Le vingt-fixieme jour , il parut un nuage dans les urines. L'éréfipele avoir déjà entièrement difparu ; la jambe ôc le pied étoient prefque totalement défenflés. La fièvre ceiTa aulTi peu de jours après. Les fymptômes d'ypochondrie qui tourmentoient le malade , étoient même plus rares & plus légers. Dans le tems que M. Molinelli faifoit ce récit , favoir , le quarantième jour , les deux plaies prenoient une tournure tou- jours plus favorable , & toutes les apparences annonçoient une guérifon prochaine. Voilà donc rrois cas où le kinkina a produit les plus heureux effets. On ne voit point encore cependant ce qu'en pourroit en attendre dans une fièvre putride qui fe joiiidroit à une gangrené Se qui viendroit du mê- me principe qu'elle. Ce cas ne nous eft offert par aucune de ces obferva- tions. On ne peut décider non plus par quelle vertu le kinkina a été utile à ces trois malades ; fi c'eft par une propriété anti-gangréneufe fpécifique , ou en évacuant quelque matière , effet qu'on fait qu'il produit quelque- fois , ou enfin par fa qualité corroborante , qui en rend l'ufage avanta- geux dans b.en d'autres occafions. Mais s'il efl une fois bien prouvé aue le kinkina remédie à la gangrené , peu importe de favoir comment agit. îsî;^ S 17 R DEUX MALADIES, MCaietan Tacconi , célèbre médecin qui s'étoitjjrincipalement fair s un nom dans la chit urgie , avoir formé le delTein , dans le tems qu'il étoit premier chirurgien de notre hôpital de Notre-Dame de la Mort , d'écrire fur routes les maladies remarquables qu'il auroit oc- cafion d'obferver. Il en a publié en effet quelques-unes avec tant d'applau- dilfement , que quelques favans en ont defirc la réimprefliou. Je ne ni oc- 40 COLLECTION - ' =cLiperal point ici de celles qui ont déjà vu le jour. Je me contente d'en Académie ^^ppgffgL- Jeux dont il a été queftion dans l'académie. Sciences •'^ commencerai par l'hiftoire de la maladie que M. TaaftDni traita en DE ^737 ^'^^^ ^^"-^ d'habileté &: de fuccès. Une femme âgée de vingt-fept ans, Bologne, fluette , maigre , mère de plulieurs enfans , étoit tourmentée depuis long- , tems d'une douleur cruelle aux Iiypochondres qui revenoit de deux en Histoire '^^"'^ °^ ^^ ^^°^^ ^" '^'°'^ mois. Elle étoit accompagnée de friffons , d'an- xiété , de tremblemens , de vomiffemens. L'eftomac étoit gonflé. Le dé- goût étoit extrême. La douleur s'étendoit jufqu'au cartilage xyphoïde. La malade accoucha dans ces circonftances. Après fes couches elle fe plaignit d'une douleur fixe extrêmement vive , dans l'hypochondre droit à la région du foye. Peu après il parut au même endroit une tumeur dure Se rénitente avec fièvre Se friflons. La tumeur croUrant de plus en plus pendant l'ef- pace de deux mois , fut enfin reconnue pour un abcès Se conduite à fup- puration. M. Tacconi l'ayant enluite ouverte j il en coula quatre onces de fanie , & , ce qui eft plus furprenant , il en fortit en même tems fept calculs. M. Tacconi y introduifit la fonde 8c enfuite le petit doigt : il s'ap perçut qu'il y avoit un finus dont l'ouverture étoit d'environ quatre tra- vers de doigt. 11 en fortit en quatorze jours une quantité de fanie plus grande qu'on ne pourroit croire ; elle étoit toujours fuivie de quelques calculs ditférens pour la figure , la grolTeur Se le poids. Il en fortit un entr'autres qui reflembloit à une greffe noix mufcade. D'autres fortirent avec de la bile dont la faveur Se l'odeur la faifoient reconnoître pour cyf- tique j car elle étoit extrêmement amere & donnoit aux plumaceaux & aux compreffes , une couleur jaune tirant fur le verd. Cependant , à me- fure que la plaie fe détergeoit de cette manière , la douleur que la preflion faifoit augmenter aupar.avant , diminua peu à peu , ainfi que la fièvre ; Sc le ventre , qui étoit très-refferré , commença à devenir plus libre par l'u- fage des laxatifs. Un foir , la malade rendit avec les excrémens des lam- beaux de membranes , minces , larges , jaunâtres. Elle parut s'en trouver bien. Dès-lors la bile fortit en moindre quantité par la plaie , les déjec- tions furent plus aifées ; la malade fe tiouva mieux à tous égards. Il ne lui reftoit plus qu'une fiftule qui fut guérie en peu de jours , Sc elle recou- vra une parfaite faute. Non content d'avoir guéri cette maladie , M. Tacconi s'eft applique à l'éclaircir par fes réflexions. Eu méditant fur la nature de cette tumeur , il s'eft arrête aux idées fuivantes : il penfe d'abord que la tumeur s'étoit formée dans la profondeur de la fubftance du foye , entre fa partie con- vexe Se fa partie concave , .à côté de la véficule du fiel ; que croiflant par degrés , elle s'étoit étendue jufqu'au péritoine, 5c qu'elle avoit pouffé avec force cette membrane en dehors , principalement à l'endroit où il avoir fait l'ouverture. Cette opinion s'accorde à merveille avec ce que la main & l'inftrument lui avoientfait reconnoître , Se elle explique très-bien d'ail- Jeurs l'excrétion de la bile Sc des calculs par la plaie. M, le ACADÉMIQUE. 41 M.Tacconi conjedlure encore avec vraifcmblaiice que cette tumeur étoit ' renfermée dans un follicule membraneux , & que quoiqu'elle occupâtune ^cace.\:ie ■ • IJf ll'l'- -1 «DES partie principale du toye-, elle n altcroit que peu ou point les autres par- Sciences ties ; ce qui ttoit abfolument nécelTaire pour la conlervation de ce vifcere. de II l'expliquoit d'une manière très-conforme à la marche ordinaire de la Bologne. nature. 11 eft certain qu'on a quelquefois trouvé des tumeurs glanduleufes , qui, renfermées & circonfcrites dans une partie de quelque vifcere , n'en Histoire. troubloient nullement les fondions. L'exiftence du follicule femble en- core prouvée par les lambeaux membraneux que la malade rendit avec le« matières fécales. 11 eft vraifemblable , félon M. Tacconi, que panni ces lambeaux mem- braneux j il y avoir quelques pellicules détachées des tuniques de la vé- iîcule du fiel, qui s'étoient fait jour dans les inteftins lorfque le conduit cyftique eut été défobftrué. L'excrétion de la bile cyftique Se des calculs par l'ulcère prouve alfez que ces tuniques avoient été rongées par le pus de la tumeur. Tout cela fuppofé , pour bien comprendre toute la marche de cette maladie , il étoit néceflTaire de connoître la nature de la bile & des cal- culs qui étoient fortis par l'ulcère. M. Tacconi s'occupa de cet objet avec )lus de foin même que le cas ne paroiiroit l'exiger. 11 examina d'abord es calculs , & les ayant foumis à toutes fortes d'épreuves j il reconnut qu'ils étoient parfaitement femblables à ceux qui fe forment dans la véfi- cule du fiel. Et c'eft une nouvelle raifon de croire qu'ils venoient en effet de la véficule. M. Tacconi prenant enfuite l'elforr , abandonne fon fujet & dilTerte fur les calculs en général &: fur d'autres maladies. On doit per- mettre ces fortes de digrellîons à un homme aulfi ingénieux & aufli riche en obfervations. Je vais les expofer en peu de mots. Et d'abord , on fait que les calculs qui fe forment dans la véficule du fiel , occafionnent diverfes maladies. M. Tacconi établit avec raifon qu'on pourroit les prévenir , (i l'on pouvoir trouver un moyen pour empêcher la formation de ces calculs ou pour les diUoudre , lorfqu'ils font déjà foimés. Mais cette connoilfance même ne fetviroit de rien , s'il n'y avoir des figues qui indiqualfent leur génération future ou leur exiftence aélue!- le. M. Tacconi a recherché ces lignes avec le plus grand foin. 11 a aulli elTayé toutes fortes de moyens pour empêcher la concrétion des calculs ou pour les dilToudre ; ce qui eft fi difficile , qu'il eft beau de le renter même fans fuccès. Mais combien le feroit-il davantage de faire quelque décou- verte à cet égard ? Paflons à d'autres chofes. M. Tacconi penfe que l'iétere vienr fouvent de ce que les conduits bi- liféres font obftrués par des calculs qui en bouchent les orifices ou qui s'y font introduits. Or il eft nécelfaire qu'un médecin fâche diftmguer les cas où cette maladie eft produite par une telle caufe. M. Tacconi's'eft appli- qué à en détailler les figues. Mais il avoue qu'il n'en a trouvé que d'incer- tains 6i d'obfcurs , lorfque les calculs font fort éloignés delà jonction du f '4i COLLECTION = t.-oncliiit hépatique avec le conduit cyftique , &c qu'ils n'interceptent pas Académie entiéi-ement l'écoulement de la bile. Au contraiïe , s'ils fe trouvent plus c „,„ prés de l'angle que font entr'eux ces deux conduits &c qu'ils bouchent SCIENCES r \ r • I I 1 1 ' 1 !>• r\ » r ■ t ■ A „ jjE touc-a-rait le canal chok-doque , 1 ictère s enuut bientôt , Se on en recon- BoLOGNE. noît la caufe par les fymptômes fuivans , favoir , une douleur atroce au côté droit, unelailitude fans caufe manifefte,&:j ce qui eft un ligne prefque Histoire, pathognomonique , une douleur vive au fternum & au cartilage xyphoïde. Cette douleur eft caufée par la forte diftenfion du ligament fufpenfoire du foye , étroitement attaché au fternum , qu'opèrent les calculs eng.agés dans les conduits biliaires , lorfqu'ils font poufiTés en avant. 11 arrive aullî quel- quefois que ces calculs engagés dans le canal cholédoque , étant plus gros Se armés de pointes , caufent une irritation qui fait contracter les fibres du même ligament, lequel tire à fontour en dedans le cartilage xvphoï- de ; d'où fuivent des vomiiremens , d'autres dérangemens d'eftomac Se des douleurs qu'on prendroit aifément pour des cardialgies. Revenons à préfent à notre fujet. La malade a rendu par l'ulcère, outre les calculs, une humeur que M. Tacconi jugea aulli-tôt être de la bile& une bile cyftique. Mais il falloit expliquer comment il pouvoir s'en ramaf- fer une aufti grande quantité dans la vélicule. 11 ne fait p.as difficulté de recourir pour cela aux conduits hépati-cyftiques que quelques anatomiftes ont conjeélurc fe trouver dans l'homme , après les avoir obfervés dans les animaux , Se que d'autres difent avoir obfervés dans l'homme mê- me. 11 penfe donc que ces conduits charrient à la véficule une humeur def- tinée .à fournir la bile. Tout concourt à prouver d'ailleurs que l'humeur qui couloir de l'abcès étoit une véritable bile & une bile cyftique. Car pour ne point parler ici des principes chymiques que l'analyfe y a découverts & qui font les mê- mes que ceux de la bile cyftique , cette identité étoit encore démontrée par fa couleur, fon acreté , fa vifcofité , fon amertume Se fes autres qua- lités. Les calculs qui fortoient avec elle ne fournllfent-ils pas encore une nouvelle preuve ? Bien plus , tant que cette humeur coula par l'ulcère , la malade fut extrêmement conftipée &: fes excrémens blanchâtres j ce qui fait bien voir que la bile n'ayant point d'iftiie dans les inteftins , fe ra- nialfoit dans la tumeur voifine de la vélicule. Ajoutez à cela que , pen- dant tout ce tenis, la malade fut fatiguée de tremblemens Se de douleurs très-vives à l'eftomac , au fternum Se au cartilage xyphoïde. M. Tacconi comprit par-là, que pendant tout le tems où la bile avoit coulé par l'ouverture de l'abcès , le conduit cyftique avoir été bouché de façon que cette humeur n'avoir pu pénétrer dans les inteftins. Mais le pore biliaire ne pouvoir non plus fournir à la vélicule j de quoi en repa- rer la perte qui s'en faifoit journellement. C'eft donc par les conduits hé- pati-cyftiques feuls , (elon M. Tacconi , que la véficule a pu recevoir une fi grande quantité de bile. 11 eft des perfonnes qui en nient l'exiften- ce , fondés fur ce qu'ils ne les ont pas apperçus , ils ne veulent pas qu'on ACADÉMIQUE. 43 les imagine , reflerrant ainli l'efprit dans les bornes de la vue. Mais com- = bien de cliofes ne fiippofe-t-on pas en phyfiqiie , loifque la iic-ceflité y Académie contcaint , qui ne tombent pas fous les yeux. D'ailleurs ces conduits ont Cf.iFK.cEs été obfervés dans les animaux par divers anatomiftes j & Berger , Garen- p^ qeot, Winflow , n'auroient pu fe réfoudre à faire une deicnption parti- Bologne. culiere de ceux de l'homme , s'ds ne les y avoient aufli obfervés. _______« M. Tacconi trouve une nouvelle raifon de regarder comme cyftique la h.ctoire bile qui couloir par l'ulcère , en ce que lorfque la malade «ut rendu avec fes excrémens des pellicules membraneufes , cet écoulement cefla peu à peu , le ventre devint plus libre & tout alla de mieux en mieux. Telle efl: l'idée que M. Tacconi s'eft bite de toute cette maladie. Je palfe à la féconde obfervation. Un voyageur mendiant fut frappé par un taureau A l'aine droite. H s'y forma une tumeur à-peu-près de la •rroffeur d'un œuf d'oie. Cet homme cherchant quelqu'un qui voulût bien le traiter , tomba entre les mains d'un chirurgien plus hardi qu'éclairé , qui prit la tumeur pour un abcès & l'ouvrit. 11 en fortit une matière brunâtre d'une odeur très-puante avec des vers. La tumeur ne s'afFaiffa pas & nedevintpas plus molle. Elle conferva une forme arrondie &unpeu plus longue que large ; l'extrémité en étoit fendue tranfverfalement. Ce malheureux allant <à pied , félon l'ufage de fes femblables , le mal en fut ir- rité au point qu'il fentoit une douleut très-cruelle. Enfin après avoir fouf- fert touts^ fortes de tourmens , il vint à Bologne de fut porté à l'hôpital. On l'y reçut avec humanité. Mais une fièvre qui lui furvint , termina fes jours. L'ouverture du cadavre découvrit la nature de la maladie. C'eft M.Ta- barrani qui la fit , avec la permilîion de M. Tacconi , en préfence de nos plus favans anatomiftes. Ayant ouvert l'aine où étoit la tumeur , on recon- nut que celle-ci étoit formée par une portion de l'inteftin ileum qui y étoit tombée. Cette portion étoit extraordinairement entortillée & prefque en- tièrement féparée du refte de l'inteftin. Sous le ligament de hillope , on s'apperçut que l'ileum étoit déchiré à fa partie fupérieure , près de deux palmes loin du colon. A la partie inférieure , près de la tcte du fémur. L'autre portion de l'ileum avoit été poufTée en-dehors avec le péritoine & formoit une hernie. Au refte _, les inteftins étoient livides & prefque gangrenés. On trouva dans l'ileum , un ver long , parfaitement femblable à celui que le malade avoit dit être forti par la plaie , & une humeur bru- natte & létide comme celle qui en avoit aulTi coulé lors de l'ouverture de la tumeur. M. Tacconi , pour exercer les efprits propofa enfuite cette queftion , favoir, (î la tumeur n'étoit point par hafard l'ouvrage des vers cachés dans la portion d'inteftin qui formoit la hernie. Il s'àppnyoit , à ce fujet ^ de l'au- torité de Boerhaave & d'autres auteurs , pour prouver combien cette en- geance eft pernicieufe ; il rapporroit lui-même quelque faits tendans au mcme objet , & racontoit entr'autresj avoir vu l'inteftin ileum d'un hom- Fij 44 COLLECTION = me criblé par les vers longs dans toute fon étendue , il fembloit par-là Académie ^Q^jloij £^ii-e douter fi la maladie de cet homme n'avoir point également r ^^^ été caufé par les vers. Mais il pouvoir fe difpenfer d'élever ce doute , Sciences .^ ,., / . , i j ■ ' - r > '■ „ r jjP puilqu il iavoit que le malade avoit cte trappe par un taureau , &: que la Bologne, tumeur avoir été imprudemment ouverte par un chirurgien. Pour nous , nous ne faifons point difficulté de reprocher au chirurgien l'ouverture Histoire ^^ "-^"^ tumeur , dans refpérance que fa faute rendra fes confrères plus circonfpeéls. iS5^ OBSERVATIONS DE MÉDECINE. M. MolinelU a communiqué a l'académie les trois obfervations fuivantes en 1719. UNe femme étant morte après avoir été long-tems fatiguée d'un vo- miirement de tous les alimens , tant folides que liquides , M. Mo- Unelli fut mandé pour faire l'ouverture du cadavre. Voici ce qu'il remar- qua : ramaigrllfement étoit extrême , chofe ordinaire dans ces forres de cas. La peau étoit teinte en jaune comme dans l'iétere. L'épiploon étoit réduit à un ttcs-petit volume. La grailfe avoit été entièrement confumée.. L'œfophage étoit plus long qu'à l'ordinaire. L'eftomac qui le fuivoir , étoit fi prodigieufement dilaté qu'il defcendoit jufqu'au pubis & occupoit pref- que toute la région hypogaltrique. Aulfi fon orifice inférieur étoit-il fitué plus bas qu'il ne l'eft communément , ce qui venoit du relâchement &C de la loncrueur même du ventricule , mais fur-tout d'une tumeur énorme qu'on voyoit au commencement du duodénum , formée par les glandes qui s'y trouvent en grand nombre. Elles avoient extrêmement groflî &. acquis une dureté prefque fchirreufe & même olfeufe en certains endroits. Elles étoient fi fort rapprochées & tellement collées entr 'elles , qu'elles fermoient abfolument le palTage du ventticule dans les inteftins. La vé- ficule du fiel étoit extraordinairement diftendue & gorgée d'une bile tres- jaune. La furface des inteftins jéjunum & ileum étoit parfemée çà & là de points jaunes. On voyoit en outre , plufieurs vailfeaux teints de la mê- me couleur qui, des inteftins, fe rendoient au centre du méfentere. On. jugea au premier coup d'œil , que c'étoient des veines laftées & l'on s'en artura en les ouvrant. Elles étoient remplies de bile , puifque la liqueur qu'elles contenoient, étoit parfaitement femblable à celle qu'on avoit trou- vée, dans la vélicule du fie!. D'après ces faits , M. Molinelli propofe quelques conjeétures. On ne' iSufoit nier , fuivant lui , que la bile ne pui(re,,au moins dans certaines. ACADÉMIQUE. 45 difpofitions morbifiques , parvenir feule ou prefque feule jufqu'aufang à- ""= travers les vaille.iux ladtc's. On peut mcme regarder cette circulation &; Académie ce retour de la bile dans le lane comme très-propre à faire fupnorcer plus c ^^^ aifcmenc l abltinence aux animaux es: même aux hommes. C eft precifé- ment pendant l'abllinence que ce pafiage de la bile dans le fang doit Bologne. être le plus aifé. Mais en admettant que la bile peut ainfi pcnctrcr dans les veines ladées j il devient inutile de cheicher plus long-tems ij , par quelles voies elle elt conduite de la cavité des inteltins dans les vei- nes méféraïques \ & l'on doit regarder comme fupeiHus les travaux de Borelli «Se d'autres anatomiftes à cet égard. Il réfulte encore de cette ob- fervation j félon M. Molinelli , que l'iclere n'eft pas toujours caufé p^c l'obrtruétion des organes fecrétoires de la bile , mais qu'il peut encore ctre produit par une trop grande abondance de cette humeur qui fe rend dans le fang après avoir été féparée des autres fucs. I I. Un homme , après avoir été long-tems tourmenté de coliques & enfuite de la dilfenterie , relfentit une douleur plus forte qu'auparavant avec des envies plus fréquentes d'aller au ballîn jointes à une extrême conftipation. 11 fentit dans l'anus quelque chofe qu'il faifoit avancer par fes efforts , mais qui s'arrêtoit au palfage & iiuerceptoit les excrémens. 11 confulta un- chirurgien , qui , ayant examiné la partie aff'edlée , prononça que la ma- kdie étoit une chute du fondement , qu'il falloit d'abord' faire des fo- mentations , réduire enfuite l'intertin , &: prendre tni^n des mefures pour' empLcher qu'il ne retombât. Quelques jours après , tous ces moyens: n'ayant fervi de rien j (Je la douleur & le tenefme étant toujours les mê- mes , le chirurgien ne prit confeil que de fa hardiefle , & fans trop con- fulter les règles de l'art , il faiht le corps qui fortoit par l'anus , dans le. deffein de l'extraire à tout événement. L'extraârion ne s'en fit pas fans, peine , mais ce fut fans douleur. C'étoit un corps affez femblable aux chairs fongueufes qui fe forment quelquefois dans les ulcères. Il étoit long de plus d'une palme , creux , ouvert d'un côté iSc fermé de l'autre. On. trouva dans fa cavité , outre une petite quantité d'excrémens fecs & noi- r.itr_es , quelques calculs femblables aux grains de Iroment par le volume, la figure 8c la couleur. Ils étoient creux aulli & leurs côtés étoient très- fermes. Leur cavité contenoit une lie noire , féche , d'une odeur infup- portable , femblable aux matières fécales , qui , expofée au feu , ne s'en- flammoit pas' ni ne fe confumoit. Ces calculs jettes dans l'eau tombèrent au fond pour la plupart. Après l'extracliion de cette malfe charnue , le ma- lade ne hit pas parfaitement guéri , mais il fe trouva mieux. Le tenefme f'>t moins fatiguant , le ventre plus libre &: les douleurs modérées. Aiiiiî la* témérité lui fut plus falutaire que la ptudence.. 40 COLLECTION I I L Académie c ^^^ La troifieme obfervation n'eft pas l'ouvraee du Iiafard comme les deux Sciences , ,, ... , , ^-.r , , „- • " »< \a i- h- r jjg piccedentes , mais elle a ete l^aite a dellein. M. Molinelli lavou qu ou Bologne, trouve foiiveiic des abcès purulens & des amas de fanie dans le foye de ceux qui meurent après des plaies à la tête , &: que des auteurs d'un grand Histoire P*^'*^* avoient fait des recherches pour tâcher d'en découvrir la raifon. Pour lui , il crut devoir d'abord s'alfurer du fait , pour ne point fe mettre dans le cas d'expliquer ce qui n'étoit pas. U profita donc de toutes les occafions qu'il put avoir d'obferver des plaies de tête , &: dilTequa un grand nombre de lujets qui en étoient morts. Voici le réfultat de fes ob- fervations. D'abord , il eft faux que les abcès dont je viens de parler ^ fe forment plus fouvent à la partie convexe du foye qu'à fa partie concave , comme l'a avancé Baillou ; ils fe forment également dans toutes les deux. En fécond lieu , il arrive quelquefois que le toye eft dans fon état natu- rel j & que l'amas de fanie féfait dans quelqu'autre vifcere quoique ce foie toujours dans le bas ventre. Le cadavre d'un certain homme entr'autres , offrit à M. Molinelli plulieurs particularités remarquables. Le bas ventre étoit tendu 3c tuméfié. U avoit commencé à fe gunHer ainfi avant la mort du malade , au même inftant que la fanie avoit celfé de couler par la plaie de la tête. La furface des inteftms , fur-tout des grêles, étoit parfemée de petits ulcères, on y voyoit une grande quantité de fanie &: plufieurs tu- bercules difperfés çà Se là. Le foye étoit dans fon état naturel. M. Moli- nelli a encore eu occafioii d'ouvrir plufieurs fujets qui , quoique morts long-tems après avoir été blelfés à la tête , avoient cependant le foye &c les autres vifceres très-fains. Et au contraire il a quelquefois trouvé un dé- pôt fanieux dans le toye de ceux qui avoient eu une plaie ou un ulcère dans toute autre partie que la tête. M. Molinelli appuyé fes obfervations des témoignages de MM. St.ancari j Laurenti , Azzoguidi ik autres qui ont aflifté à ies dllfeétions. D'après ces obfervations M. Molinelli penfe qu'on ne doit plus deman- der comme auparavant , pourquoi il furvient des abcès au foye après des plaies de tête ; puifque ces abcès n'ont pas toujours lieu après ces fortes de plaies , Se qu'ils ont quelquefois lieu fans elles. 11 croit que cette quef- tioii doit être plus générale & s'étendre à d'autres parties. Si l'on cherche à préfent une folution commune & applicable à tous les cas , voici celle qu'il propofe. Il eft probable , dit-il j que les particules purulentes , four- nies à la malfe du fang par l'ulcère ou la plaie , étant rameufes , vifqueu- fes , tenaces & pefantes, s'arrêtent aifémentdans les parties où elles trou- vent des humeurs qui leur reiremblent par leur vifcofîté & y caufent du ravage. Cette explication qui convient plus ou moins aux autres parties j eft particulièrement adaptée au foye à caufe de la vifcofîté des humeurs qu'il contient &c de la lenteur de leur mouvement. Il ne faut donc pas s'é- toiiner qu'il foit plus fouvent affecté qu'aucun autre vifcere. A C A D li x\I I Q U E. 47 •('•^ "-■ -J'^'^'^^ffl*^- -■ ■ ^j, Académie DES OBSERVATIONS DE MÉDECINE. ^^'^';"' Tj- ■ r ■ ' 7' • 7 Bologne. TV/, f^eraui a fait pan a l'académie des trois ohfcrvations , fuivantes. Histoips. UNe femme âgée de 50 ans , qui paroilfolt jouir d'une très-bonne fantc , flic fubicement trappce d'apoplexie. Les remèdes ne produi- fant aucun effet , il furvint le troilieme jour une petite hevre. Le qua- trième la hevre & tous les autres fymptômes augmentèrent , & la malade- mourut le cinquième. Pendant tout le tems de la maladie , la refpira- tion fut petite &: rare , mais régulière & égale. L'efpérance que l'on con- çoit d'une pareille refpiration eft donc bien incertaine & douteufe; <5c il eft faux qu'on doive donner le nom d'apoplexie légère à celle où elle fe rencontre , à moins qu'on ne veuille appeller légère , une maladie qui fe termine par la mort. Le cadavre fut ouvert. On trouva les vailTeaux fanguins qui rampent fur le cerveau & le cervelet , extrêmement dilatés. La partie antérieure du ventricule gauche étoit tout-à-fait remplie d'un fang partie diifous , partie coagulé. Dans tout cela , il n y avoit rien que de très-ordinaire. Mais ce qui caufa beaucoup d'étonnement , ce fut de trouver parmi les grumeaux de fang un peloton de poils entrelacés de la grolFeur d'un pois chiche. Ces poils étoient fort minces. Aucun n'avoit ce bulbe qu'on regarde communément comme la radicule \ quelques-uns même fe term.inoienc en pointe du côté où le bulbe fe trouve ordinaire- ment. 0\\ ne pouvoit cependant douter d'aprc-s le témoignage des yeux &: du microfcope , que ce ne fulTent de véritables poils. Ces poils croient entortillés autour de certains corpufcules très-menus , blancs , de diffé- rentes formes , dont M. Veratti ne put reconnoître la nature , non plus que MM. Beccari , Galeati &c Balbi , auxquels il les fît examiner. Ce n'eft pas une chofe nouvelle ni rare , qu'on ait trouvé des poils dans les parties internes , fur-tout celles où il y a de la grailfe. Peu avant que j'é- crivilfe ceci , MM. Menghini &: Bongi rapportèrent à l'académie , qu'ils avoient trouvé dans l'ovaire gauche d'une femme , un peloton de poils enveloppés d'une grande quantité de matière febacée , & extrêmement entortillés. L'ovaire étoit plus gros &: plus dur qu'à l'ordinaire. Cette fem- me étoit morte d'apoplexie. Niais il eft nouveau ou du moins ttcs-rate qu'on ait trouvé des poils dans le cerveau , & il feroit bien difficile d'ex- pliquer comment ils ont pu fe former dans une partie entièrement dé- pourvue de grailfe, matière dont on croit qu'ils fe nourrillent , ou com- ment s'ctant formes ailleurs , ils ont pu y parvenir. M. Veratti ayant eu occafion de faire l'ouverture du cadavre d'une au- tte femme , a obfervé ce que je vais rapporter, .après que j'aurai dit ua ? COLLECTION : mot de la maladie qui avoir terminé fes jours. Une femme âgée de vingt- Académie jgyx ans fe maria. Peu de mois après , elle fentir dans la cuilfe droite une ^^' douleur d'abord modiirée , qui augmenta par degrés & perhfta fans relà- SciENcES ^1^^ pendant vingt jours , mais fans fièvre. Au bout de vingt jours j la Bologne, douleur calma ôc la malade fut en état de reprendre fes occupations do- meftiques. On auroit cru qu'elle jouiffoit d'une parfaite fanté. Mais cette convalefcence étoit pire que la maladie. Elle ne tarda pas à fe plain- ISTO! . ^^^ j,^^^ ^^^_^j j^ ^j,_^^ léger & bientôt plus fort. Le mal augmenta au point de caufer le dégoût , le vomilfement , & une grande foiblefle. Les uri- nes d'abord troubles , redevinrent naturelles pendant les progrès du mal. Les remèdes qu'on employa , n'apportèrent aucun foulagement. La fai- gnée , les laxatifs , les véficatoires > les narcotiques , les applications ex- térieures furent employés fans fuccès. L'état de la malade empiroit de jour , en jour. 11 étoit furvenu des frilfons très-incommodes, des tremblernens, des aliénations d'efprit & d'autres fymptômes fâcheux. A tous ces maux fe joignit une douleur atroce à la région iliaque droite avec une foif inextmguible ; & la malade mourut enfin vingt jours après que cette dou- leur fe fat fait fentir. En rapportant cette obfervation , M. Veratti fait honneur à Hippocrate de ce qu'il n'a point ignoré que la ceflation d'une douleur à la cuilîe j menace fouvent la tête de quelque affeûion grave , ce qu'il prouve par divers palfages pris dans le tioificme livre des épidé- miques & le premier des prorrhétiques ; & qu'au contraire lorfque la dou- leur fe tranfporte de la tète fur la cuiflTe ou en général fur les parties in- férieures , le malade eft en fureté. On en trouve cependant fort peu d'exemples dans les autres auteurs. L'ouverture du cadavre ne découvrit aucun dérangement dans le cer- veau. Seulement les ventricules latéraux étoient remplis d'une très-grande quantité de férofité légèrement falée. Dans le bas ventre , on trouva la partie du colon placée dans la région iliaque droite , où la malade avoir fenti , comme je l'ai dit , une douleur très-vive , vingt jours avant fa mort , confidérablement enflammée. Les autres inreftins , le méfentere , l'utérus , la vellie parurent d'abord parfemés de corpufcules ronds , dont les plus gros n'égaloient pas une lentille , & les autres reflembloient à des * demie en démontre la réalité. Si l'on rejette cette lorce de tliéorie, on aura beau- qJ^^^.^„ I . ^ OCIENCES coup de peine a en trouver une autre. _, D'après ce que j'ai dit , il devient donc inutile de faire une future au Bologne. tendon &: même d'érendte Je pied pour en rapprocher les extrémités. Or en faifant voir rnuuilité de cette extenfion , que de défagrémcns n'épar- Histoirh gns-t-on pas aux malades ? Car d'abord , tenir le pied étendu de manière que le talon s'approche du gras de jambe autant qu'il efl pollible , & cela pendant to.it le cours du traitement , c'eft déjà une lituation alfez défa- Ctcabie. Mais s'il lurvient à la partie une irritation & une tumeur, elle fera tout autrement t.îcheufe. L'extenlion du pied en eft quelquefois ab- folument empêchée , ce qui eft arrivé dans deux cas des quatre rapportés par M. Molinslli. Bien plus , on eft quelquefois obligé d'emporter une portion du tendon \ & alors fes extrémités font tellement éloignées l'une de l'autre, qu'on auroit beau étendre le pied & amener le talon vers le gras de jambe ; jamais elles nâ peuvent fe toucher. Or dans ce cas la jonc- tion en eft impollible. Aufli n'y en eut-il point dans les deux dont je viens de parler , où l'extenlion du pied fut d'autant plus inconnnode , qu'on la faifoit fans efpoir. Si cette extenfion du pied j lorfqu'elle a été un peu longue j entraîne un •inertie dans la partie , & fi , lorfqu'après la cicatrifation de la plaie , le nia- Jade a reçu la pcrnnllion de marcher , elle ne lui permet pas de s'appuyer du talon & de placer le pied comme il faut \ combien ce vice ne fera- r-il pas plus co'.ifidérable 8c plus difficile à corriger , lorfque le malade tiendra le pied étendu pendant tout le tems du traitement ? Pour obvier à cet inconvénient , M. Molinelli fit tenir le pied fléchi au quatrième ma- lade dont j'ai parlé ; mais il ne put fupporter cette fituation. On voit donc que la nature a donné do grands avantages au tendon d'achille , puilqu'elle l'a conftruit de manière , qu'en cas de rupture , {t% parties peuvent fe réu- nir fans qu'on foit obligé de les vapprocher artiftement ; de forre qu'il n'eft point néceilaire de tourmenter les nial.ides par la future , ni de les fatiguer par une forre & longue extenfion du pied. Les chirurgiens avant méconnu ces reflburces , & ayant compté fur leurs foins plus que fur la nature , fe font attiré de grandes difficultés. Pour réfumer en peu de mots tout ce que j'ai dit \ il confte à préfent par lesobfetvations de M. Molinelli qu'on ne doit plus fi fort appréhen- der les plaies du tendon d'achille , & qu'un chirurgien peut hardiment , quand le cas le requiert , découvrir ce tendon , le couper &: le féparer des parties voifines, pourvu qu'il évite de le piquer inconfidérément. La fable d'Achille ne fera plus un fujet de terreur pour ceux qui comprendront biea cette véritç,; \ COLLECTION Académie ^< ' ■ umi{«Ty»m ■■ ^t.^^ DES SciE^NCEs oBSERFATIONS SUR LES INTESTINS Bologne. — ET LES REINS. Histoire. ML.aurent Boiiazzoli , très-habile anatomifte , fit part à l'académie , en 1732. de quatre obfervations , dont deux regardent la pohcion du duodénum i3i: Li llrudure de Tappendice du coecum, &: les deux autres une conformation linguliere des reins &c de Tileum , obfervée fur quel- ques cadavres. Selon M. Bonazzoli , le duodénum fuit la route _que je vais décrire. Dès (on origine il eft attaché au méfocolon , il defcend en s'unilFant aa rein dcoit, &c plus étroitement encore au colon ; lorfqu'il a parcouru l'ef- pace de trois travers de doigt , il quitte le colon &c le rein & fe recourbe fur l'épine du dos , toujours attaché au méfocolon. Là j fuivant l'obferva- tion du favant Santonni , il paife encre la veine cave , qu'il couvre 6C la veine porte , dont il eft couvert. Il monte vers le côté gauche du bas ven- tre , fans celfer d'être adhérent au méfocolon , jufqu'à ce que parvenu au mélentere j il s'unit enfin à fon aile fupérieure. Car, quoique le méfen- tere ne foit attaché que ttès-légérement au duodénum en cet endroit , ce- pendant il envoie des racines à la partie moyenne du méfocolon que nous avons dit être adhérente au duodénum. Et il fe porte entièrement en haut. D'où il fuit que le duodénum eft entouré du méfocolon , qu'il le perce; pour ainh dire , &: qu'il fait une courbure vers fon milieu. On ne peut parvenir à reconnoître cette polition du duodénum , fi en l'examinant , on ne prend certaines précautions. Plufieurs obftacles s'op» pofent à cet examen. Ils viennent principalement de l'cpiploon , qui eft attaché à la pattie antérieure du fond du ventricule , à la partie antérieure de la rate dans l'hypochondre gauche. Se au foye , vers la capfule de gliA fon , dans l'hypochondre droit. Le colon , auquel l'omentum s'unit en fe réfléchiffant , cache aulîi un peu le duodénum. Cet inteftin , dans les cir- convolutions qu'il forme , s'unit de telle forte avec les différentes parties dont je viens de parler , qu'on ne peut d'abord appercevoir dans le cai davre , la partie poftérieure du méfocolon , fans quelque déchirement ; & cette difficulté eft encore augmentée par le péritoine qui eft aullî attaché aux mêmes vifceres & au colon. Aihfi donc pour que le duodénum fe montre dans fa poiîcion 'natiurelle , il faut fép.arer doiicernent l'épiploon du fond du ventricule & des autres vifceres auxquels il eft adhérent , èc même écarter un peu le colon. Ces connoilfances font précieufes pour ceux qui s'.attachent. à la précis iion anatomique. On voit par-là l'erreur de ceux qui avancent que tous les inteftins grêles font attachés au méfentere , &C qu'ils en font comme A C A D É M 1 Q U E. 63 foiueiiuî. L'oWervarioii 'de M. lîoiiizzo^li nous appteiii île plus , que lu' '^^ duodeniini s'imit .111 colon en dufcendf.nt , qn'it s'appuye fur le jgln '^"'' droit , qu'il parcourt la partie poftcrieiire du méfocolon , & qu'il monte Sciences eiifaite vers l'a patti; fupérieurij ; particularités qui n'avoienc eucore , au- pg tant que nou5 pouvons le favoir , été remarquées par aucun autre ana- Bologne. tomifto. Aucun d'eux ne s'écoit encore apparat non plus que le niéfentere envoie des racines à la partie du méfocolon .dont je viens de parler , Se Hjstoire, qu'il monte en fe portant en avant. M. lionazzoli ell; le premier qui ait fi bien développé les différens replis & circonvolutions du duodénum. Mais non content de cela , il applique encore fou obfervation à la pra- tique de la médecine. D'après cette pKjfition du duodénum , il croit que les médecins doivent bien prendre garde h les maladies qui paroiffent at- feéler le ventricule , le colon ou le rein , au lieu d'être produites par les èaufes auxquelles on les attribue ordinairement j ne dépendroient pas plu- tôt des glandes du méfentere ,• qui tuinétiées Ôt devenues Ichirreufesj compriment ^' rctréciirent le duodénum ; du duodénum lui-mcme qui comprime lej vaiffèaux du méfentere , ou enhn de ces mêmes vaifleaux qui ac illent à leur tour fur le duodénum. S'ils tout une féneufe attention à toutes ces chofes , peut-être parviendront-ils à guérir ces fortes de ma-' ladies avec plus de proniptitude & de lureté. Je palïe à l'obfervation fur l'appendice vermiculaire du cœcum. M. Bo- Hazzoli ayant fouvent examiné cet appendice avec beaucoup d'attention , y a prefque toujours ti'ouvé une valvule remarquable qui en ferme l'ori- fice , ainlî que nous l'apprenons de Morgagni , de la même manière que la paupière (upérieure couvre l'œil j & qui empêche qu'il n'entre quelque matière de la cavité du cœcuiH dans celle de l'appendice. Mais outre cette valvule , M. Bonazzoli en a trouvé quelquefois d'autres , car en parcou- rant tout le trajet de l'appendice , il a apperçu plus d'une fois ttois ou qua- tre pentes rides qui s'élevoienr dans fa cavité en fotme de valvules conni- veiites. Il en a porté quelques-unes à l'académie. En confidérant la ftruc- nite & la pofition de ces valvules. La grande valvule qui manque rare- ment & la direftion de l'appendice lui-mcme par rapport au cœcum , M. Bonazzoli eonvieiit fans peioe avec M. Morgagni , que l'ufage de l'ap- pendice vermiculaire dans les hommes eft de fournir quelque matière au cœcum , plutôt que d'en recevoir. Cette fonétion , quoique probable ^ peur cependant manqiter ,- fans que le bon état du ctrorrri ni du colon en fquffrc ; car M. Bonazzoli a trouvé dans quelques fujets , l'appendice raccourci & fous Ja foinie d'un ligament , ou même manquant abfolu- ment , fans cependant que ces fujets eulTent été affligés avant leur mort , d'aucune maladie inteftinale. Il coiiferve-donc à l'appendice l'ul'age que M. Morgagni lui avoit alligné , mais il n'en établit pas la néçeiVué ; Sç M. Morgagni , qui avoit fait les mêmes obfervations , ne l'établit pas non plus. Les obfetvations fiiivantes regardent la conformation contre nature de 64 COLLECTION - quelques parties. M. Bonazzoli dilTéquant le cadavre d'un homme morf Académie ^^'mjg fievi-e maligne , crou/a que les l'eins au lieu d'être Icparés comme à c^.-^T^cc l'ordinaire , étoient réunis & tormoient enfemble un feul corps ayant la OCIcNCi-3- ., r \ A ' 1" '11' 1 DE rorme d une raulx. A ce corps rcpondoient trois baliuiets &: deux urete- BoLOGNE. res ; &: il y avoir de plus un petit tuyau qu'on pourroit regarder comme un vrai uretère , attendu fon ufage. Il partoit, en effet, du baflinet ap- l^jjjQjj^j^ partenant à la partie lupérieure droite du rein monftrueux , s'avançoit. vers l'uretère gauche , s'y implantoit à la partie fupérieure , &: y portoic l'urine du baillnet. On ne put venir à bout de découvrir une communi- cation entre les deux baflinets ; car Tair on tout autre liquide ne purent jamais paffer de l'un dans l'autre , avec quelque précaution &c quelque force qu'on les poufsàt. La partie moyenne du rein portoit fur l'aorte & fut la veine cave , fans cependant comprimer les vailfeaux fpermati- ques. D'ailleurs la iltuclure intérieute des reins , étoit comme dans l'état naturel. La veflie. avoir une capacité au-delFus de l'ordinaire , ce qui étpit peut-être nécelfaire pour contenir une plus grande quantité d'urine. Mais ce qu'il y a de lurprenant , c'ell que , dans une . fi grande conhilion de vailieaux &C de parties , le cours des urines ;i'eiàt jamais été dérange dans cet homnre ; enlcrte qu'il femble que la nature , mcnie dans ce défordre, s'étoit ménagée des relloiirces. , , - L'inteftin ileuni ell le fujet de la. k^uattieme obfervayon. M. Bonazzoli dliféquant un cadavre & examiilant particulièrement les inteftins , trouva, contre fon attente , fiir l'ileum , fix travers de doigt avant fa fin , un ap- pendice long d'un pouce 2z de la même largeur que l'inteftin. De pareils appendices avoient déjà été obfervés ; ce qui en diminue le merveilleux. Mais ce que M. Bonazzoli ajoute eft très-lîngulier. Cet homme , dit-il , étoit maniaque , Sc il étoit mort fubitement , frappé d'une violente apo- plexie ; or ayant eu occafion de diflequer le cadavre de quatre autres ma- jiiaques , M. Bonazzoli a trouvé dans trois d'entr'eux un pareil appendice à l'ileum. Faut-il donc penfer: qu'il y a quelque rapport entre la folie & cet appendice ? Nous lailfons cette recherche à d'autres. S'ils y en décou- vrent quelqu'un, nou? en ferons furpris j & s'ils n'en trouvent point , jious le ferons encqre de voir que fur cinq cadavres de maniaques , un feul anatomifte ait trouvé cec;;ippendi(;e ,daus quatre. *5;^-^ S[/R DES VÉSICULES RENDUES A TEC L'URJNE. M' Vincent Menghini,, médecin j fit part à l'acadéinie , il y a quel- • ques années , d'une obfervation concernant de petites veilies reiir dues en grande quantité avec l'urine par un homme qui avoir une gonor- rhée j ACADÉMIQUE. 65 thce , à laquelle s'ctoient jointes des douleius néphrétiques. L'urine n'c- = toit point chargée de graviers; mais elle «toit fangl.antej & l'excrétion s'en ^'^''^<^^>-'-'''^ faifoit avec beaucoup de difficulté. On s'attendoit à voir bientôt paroître c ^^^ quelque pierre. Mais au lieu de calculs, k- malade rendit un grand nom- de bre de velicuies. C"étoient , en effet, des corpufcules ronds , mois , creux Bologne.' &c qui s'endoient lorfqu'on y fouffloit de l'air par le moyen d'un très petit tuyau. Ils ctoient blanch.ltres Se gros , les uns comme un pois chi- Histoire che , les autres comme un haricot. Les unes paroifloient remplies d'une humeur gclatineufe , les autres d'une lymphe jaunâtre. Quelques-unes avoient leur furface tachée comme de points rouges. La plupart réfiftoient au couteau. Ce fait n'eft pas feulement attefté par M. Menghini j dont le témoignage fcroit cependant bien fuffifant : mais par MM. Marc Lau- rent! , Gottard Bonzi &c Thomas Laghi. Dans le tems que ces vélîcules fois , les véiicules s'arrêtèrent de nouveau ; mais elles reparurent dès qu'on en eut fupendu l'ufage. On fut curieux alors de les foumettre à une épreuve dont on n'avoit pas eu l'idée auparavant. On plongea dans l'eau quelques-uns de ces corpufcules & on les y lailfa pendant huit jours. Après cette macération , on les gonfla en y fouftlant. Ils parurent alors tranf- parens ôc femblables à des toiles d'aragnées , & l'on ne put plus douter que ce ne fut véritablement des véiicules. M. Menghini & les autres ailillans s'en apurèrent par le moyen du microfcope ; Se ils remarquè- rent de plus qu'il y avoit fur leur furface des éminences arrondies , d'une couleur jaunâtre qui ne fe détruifoient point par le frottement & nechan- geoient pas de couleur. Cette obfervation démontre l'efficacité de la thérébentine , fi tant eft que la bonté de ce remède ait befoin d'être confirmée par des preuves nou- velles. C'eftaux médecins à en décider. Quant aux anatomiftes , la même obfervation paroît propre à étayer l'opinion de quelques-uns d'entr'eux , qui attribuent aux reins une ftruélure véficulaire. M. Menghini ne décide rien à cet égard , mais M. Molinelli craint bien que les véficules obfer- vées par M. Menghini ne fervent de rien pour prouver une telle ftruc- ture dans les reins. Voici fur quoi il fe fonde. On trouve quelquefois , & M. Molinelli allure en avoir été fouvent témoin , dans les tumeurs enkyftées externes , des véficules parfaitement femblables à celles dont parle M. Menghini ; Se il ne fe rappelle pas d'en avoir jamais vu ou d'a- voir lu que d'autres en aient trouvé ailleurs que dans de pareilles tumeurs ou kyftes. Ces véficules paroilfent donc indiquer l'exiftence d'une fem- blable tumeur ,Sc fuppofé qu'elle occupât les voies urinaires ou les reins, rien de plus aifé que de concevoir comment elles ont pu être entraînées avec les urines , & il n'eft pas nécelfaire pour cela de fuppofer la ftruélure des reins véficulaire. D'après cette idée , il ne fera pas moins ficile d'ex- 66 COLLECTION -- , ^pliquer comment ces vcficules fe forment fans de grandes douleurs, ccm- .•IcADEMiE j^^gjjj -j jjjiyg qiie le cours en eft interrompu & qu'elles reparoiffent par Sciences intervalles. M. Molinelli appuyé fa conjedlure fur une obfervation. Il CE avoir extirpé à un homme honnête & pieux de fes amis , une tumeur qui Bologne, occupoit la partie interne du pouce j & avoit trouvé cette tumeur remplie de corpufcules alfez femblables à des graines de melon. Le même homme Histoire. ^^ trouvant enfuite à Céféne & prenant les eaux de Nocera , rendît avec l'urine une très-grande quantité de véficules tout-à-fait femblables à celles de la tumeur du pouce , il fut le premier à s'en appercevoir &: en fit part enfuite à tous les médecins de Céféne. Il n'eft prefque pas douteux , ce femble , que les véiicules rendues avec l'urine par cet homme , ne vinf- fent de quelque tumeur interne, puifque ces fortes de véficules avoient paru dans une tumeur extérieure , & que cette perfonne étoit fort fujette aux tumeurs. Dans le tems qu'elle faifoit ce récit à M. Molinelli , il lui fortoit au bras une nouvelle tumeur parfaitement femblable à celle du pouce. M. Molinelli , d'après ce que je viens de dire , permet à ceux qui croient la ftruélrure des reins véficulaire , de demeurer dans leur opinion; car rien ne la contredit , il les avertit feulement , qu'ils ne doivent point fe fervir de l'obfervation de M. Menghini pour la prouver , 8c M. Men- ghini lui-même ne l'a pas prétendu. ♦(.t^* — ' ■ ■ •'■"■^ffi* SUR LA LYMPHE DU MÉSENTÈRE ET LES GLANDES DES INTESTINS. J'Ai trouvé dans les anciens regiftres de l'académie , deux obfervatlons intérefïantes pour ce tems-là. Elles avoient été communiquées par M. Antoine le Protti qui , dans fa première jeunefle , venoit de tems en tems aflifter aux féances de l'académie. Il n'y en a qu'une cependant qui lui appartienne ; l'autre eft de M. Banni , fon maître , dont la gloire lui étoic plus à cœur que la fienne propre. C'eft par celle-ci que je commencerai. La lymphe contenue dans les vailfeaux lymphatiques du méfentere, leur vient-elle des inteftins , ou bien eft-elle féparée dans le méfentere même par des glandes qui lui foient propres ? C'ell; une queftion que M. Banni fe propofa d'éclaircir. Il fit part de fon deilein à MM. le Protti & Nicolas Piftorini, Se les alîocia à fes travaux. Ayant ouvert en long le ventre d'un chien &c fait une incifion au commencement du duodénum pour y in- troduire une féringue , ils y injeéterent de l'eau tiède. En comprimant légèrement les inteftins , ils s'apperçurent que les vaifteaux , qui au- paravant étoient remplis d'une humeur limpide , fe gonfloient de plus en plus. Cependant quoique l'eau fût colorée avec du faffran ou de l'en- cre , &; que cette teinture pénétrât fore avant dans les membranes des in^ ACADÉMIQUE. 67 teftins Se leur communiquât très-bien fa couleur , elle ne produilît pas le- niime effet dans les vailleaux, lefquels confervereiu toujours la couleur qui Académie leur croit propre. Mais comme ils s'étoient gontlés par la prellîon des in- Sciences teftins & qu'ds avoient refté dans le même état pendant une demie heure, de on étoit fondé à croire que l'eau inje(l;l:ée y avoir pénétré. Cette conjec- Bologne. ture fut bientôt conhrmée par d'autres indices. On lia étroitement pi"--' iieurs vailleaux lymphatiques du mélentere , tout près des glandes , afin Histoire, d'arrêter le cours de la liqueur qui pourroit y pénétrer ; ces vailfeaux fe gonflèrent aufll-tôt extrêmement. Ajoutez à cela qu'en ayant coupé quel- ques-uns en travers , on vit fenfiblement l'eau fortir par la partie qui demeuroit attachée aux inteftins & couler à travers les membrane* lorf- qu'on prelloit cette partie avec les doigts. Ayant donc découvert une voie par laquelle la liqueur pénétroit des inteftins dans les vaiifeaux lym- phatiques , ces mellieuis en conclurent que toute ou prefque toute la lymphe contenue dans ces vailfeux , fuivoit la même route & que les glandes n'étoient d'aucun ufage à cet égard. Ce qui étoit encore prouvé par la conformation des vaifteaux même ; car dès leur naiffance , ils avoient une ampleur trop confidérable pour qu'on piàt croire qu'ils tiroient leur origine de glandes imperceptibles. De plus , dans les chiens , ces vaiffeaux quoique remplis , tantôt de chyle & tantôt de lymphe , félon l'intervalle qui s'eft écoulé entre le dernier repas Se la difleétion , confer- vent conftamment le même volume Se la même diredion j ce que MM. le Protti Se Piftorini ont fouvenr remarqué. Le premier ne diftîmule pourtant pas que Lowert a obfervé précifément le contraire. Mais tout de même que Lower raconte le fuccès de fon expérience , il doit-être permis à Al. le Protti de dire ce que MM. Banni j Piftorini & lui , ont vu de leurs propres yeux. Je palfe à la féconde obfervation. M. le Protti avoit toujours cru qu'il n'y a dans les inteftins d'autres glandes que celles qui ont été décrites par Peyer. Mais l'obfervation le détrompa. 11 avoit entre les mains l'in- teftin reétum d'une femme qui étoit morte d'un abcès au foye. En fai- fant l'ouverture du cadavre , il avoir d'abord vu dans le bas ventre plu- fieurs glandes très-remarquables. Mais en examinant de plus près le rec- tum même Se conlidérant fa furface &: fa conformation interne , après avoir elfuyé une muccolîté jaunâtre , il découvrit quelques corpufcules Eroéminens. Leur figure étoit ronde , un peu applatie. Ils étoient d'un lanc un peu cendré , différens pour la grolfeur j & la plupart plus pe- tits que des grains de millet. Ils commençoient à-peu-près à quatre li- gnes loin de l'anus , Se s'étendoient dans l'efpace de trois travers de doigt. Us n'affeétoient pas une pofition déterminée 5 mais ils étoient plus rapprochés en certains endroits , plus clairfemés dans d'autres _, le tout fans ordre. En examinant fur-tout ceux qui étoient les plus éloi- gnés de l'ajius , M. le Protti en trouva quelques-uns qui avoient un orifice trcs-feiiiible Se tou:-à-fait femblable à celui qu'il fe rappelloit l.j 6S COLLECTION = avoif autrefois obfefvé dans le ventricule des poules. Cet orifice ne pa- Académie j.Qjii'yjj pj5 dans un grand nombre d'autres, foit qu'il manquât réelle- SciLNCES ''^^"f ' ^°^^ l'^'i' f""^ fimplement obftruc. M. le Protri diftingua des vaif- pj féaux fanguins auprès de ces corpufcules j mais malgré fon attention à Bologne, obferver , il n'en pût jamais voir aucun qui s'y abouchât ou qui pafsâc — , par-delTus. M. le Protti fe lailFa perfuader par la forme même de ces cor- HiSTOiRE. pufcules , que c'étoient de véritables glandes ; il étoit encore porté à les regarder comme telles , par je ne fais quel penchant qu'ont les anatomif- tes à fuppofer des glandes par-tout & par l'unitormité de la nature. M. le Protti a enfuite trouvé de pareilles glandes dans d'autres redtum , ce qui donne d'autant moins lieu de foupçonner que dans le premier cas, leur exiftence n'étoit qu'un effet rare du hafard. L'expérience fit voir que le fiege de ces glandes étoit dans la tunique valculaire j car c'eft cette tu- nique qu'elles fuivoient, lorfqu'on féparoit les membranes des inteftins, les unes des autres. M. le Protti voulut encore eflayer l'effet que produi- roit fur elles la macération de l'inteflin. Quoique leur tilfu foit alFez fo-- lide Se qu'elles foient membraneufes ou du moins recouvertes d'une membrane , la macération les détriiiht prefqae toujours &c entièrement ; ce que M. le Protti attribue à la trop petite quantité de l'humeur vif- queufe qu'elles contiennent j car il y en a fi peu , qu'on peut à peine en exprimer deux gouttes de chaque glande. Quel ufage faudra-t-il at- tribuer à ces glandes ? 11 eft probable qu'elles fournilTènt aux inteftins une mucofité propre à en lubréfier les parois , ou à les garantir de l'irri- tation que les excrémens pourroient y caufer , ou enfin à affouplir les fibres charnues en pénétrant à travers les membranes , enforte que ces glandes exercent ici la même fonéfion que les autres glandes mucilagi- neufes dans les autres parties mufculeufes. Il fuit delà, que fi ces glandes viennent à être viciées , le reétum fera expofé à des ulcères , à des exco- riations , au tenefme ; &c qu'elles peuvent être le fiege des cancers , des condylomes ôc des autres maladies qui attaquent foiivent la furface in- terne de cet inteftin. .imt^o^^mt, DIVERSES OBSERFATIONS ANATOMIQUES. CEs obfervations que M. Jofeph Puti a lues autrefois à l'académie , ont été publiées avec d'autres dans un ouvrage dédié à M. Molinelli. Je vais cependant en rendre compte , parce qu'elles ne font pas autant connues qu'elles méritent de l'être , attendu le petit nombre des exem- plaires. La première regarde les poils. M. Puti les a trouvés creux depuis le bulbe jufqu'à la pointe. 11 a obfervé , outre cela , que leur furface eft cri- blée de petits trous dont le diamètre va en diminuant j depuis le bulbî; ACADÉMIQUE. C() jufqu'à la pointe. Ces trous font finies parallclement & s'ouvieiit dans des" mailles formées par des vailTeaux fanguiiis d'une extrême rinelfe, lefquels'^'"'^'^^'^'^ repréfentent un raifeau tranfparent. La fouplelVe & l'hunuditc des che- c ^^^ ' 1 • j> I ■/-■/- ,r > SCIENCES veux, leur vient d une humeur qui luinte laas celle a travers ces trous, pg & qui en coule d'autant plus abondamment que le bulbe du poil ou Bologne. its petites racines font plus fortement comprimés. C'eft ce qu'il eft aifé de voir dans les foies de cochon. Si elles font récentes & qu'on en prelle Histoire le bulbe avec les doigts , on voit avec le microfcope couler de toutes parts à travers ces trous j 8c fur-tout auptès du bulbe. M. Puti nie qu'il y ait jamais des nœuds dans les poils , i\ ce n'eft par l'effet de quelque maladie. Il n'en a jamais trouvé dans l'iromme de hériirés ni de lanu- gineux. Les obfervations fuivantes regardent le thymus. M. Puti a exaininé avec foin celui du veau & de ragne.\u. Il s'eft efforcé de découvrir s'il y. intérieurement une cavité fenfible , s'il communique avec les glandes maxillaires , par le moyen de quelques conduits qui portent dans la bou che quelque humeur laiteufe ou lymphatique \ ou s'il fépare de quel- qu'autre m.iniere , de la lymphe , du chyle ou du lait : ces tentatives ont été inutiles. Mais la bonne volonté de M. Puti , n'a pas été tout-à-fait infrudueufe. Si l'on tait ramollir par une longue macération le thymus du veau , &: qu'après en avoir fépâré les membranes , on en coupe un ou deux des plus grands lobes avec un couteau , on en verra fortir une hu- meur blanchâtre & femblable .à du lait. Ce fait avoit déjà été obfervé [)ar Barcholin , Munick , Heifter Se par Morgagny , qui peut nous tenir ieu de tous les autres. M. Puti ajoute ce qui fuit à leurs obfervations. Si, après avoir exprimé cette humeur , on introduit un chalumeau dans l'ou- verture de l'mcifion , & qu'on y fouffle , on voit aulfi-tôt l'air pénétrer d'une vélicule dans l'autre Se s'infinuer dans tous les lobes ,; ce qui démon- tre très-bien la fl:rucT:uiecellulairedu thymus. Si après avoir ainli eonflé le thymus , on le lie à l'endroit où l'on a fait l'incifion &: qu'on l'expofe dans cet état à l'air pour le faire fécher , on appercevra entre les cellules , des filamens rouge.îtres qu'on prendroit aifément pour des fibrilles charnues , qui , tendues çà & là , paroilfent être deltinées à affermir les cellules du thynnis , ou être l'agent qui les fait mouvoir. M. Puti ayant fait la même expérience fur d'autres vifceres , tels que le foye , les reins , le cerveau , fur la membrane adipeufe même , &: y ayant foufllé de l'air après les avoir fait macérer long-tems & en avoir exprimé tout ce qu'ils contenoient de parties molles , n'a pas vu qu'ils fe gonflalfent , ni qu'ils parulfent avoir une llrudute cellulaire. Enforte que cette ftruclute feroble être pro- pre au thymus. .. . ; /' - '_, Après avoir développé la ftnidure de cet organe, il. reftoit à en dé-, couvrit l'ufage. M. Puti conjeélure que le thymus fett à élaborer le chyla <]ui s'écarte du canal thorachique , & après l'avoir tenu en dépôt pendant qiielque-tems , à le verfer par intervalles dans les veines fouclavieres , au. 70 COLLECTION = qu'il s'y fait , -comme dans les mamelles, une fecrétioii de lait qui eft Académie pQft-é dans les veines abforbantes. D'après cette opinion , il y a lieu d'ad- _ ''^^ mirer la manière dont la nature a pourvu au bien être des fctus. L'office Sciences , ,1 jwi i r ' ■ a v mi JJ5 du poumon e(t: d élaborer un iang trop épais , iX a en accélérer le cours, Bologne, mais avant la nailTance , il n'exerce point cette foncftion. 11 talloit donc qiip le thymus y fuppléàt. Cet ufage s'accorde très-bien avec la fagelFe de Histoire '^ nature ; mais il ne s'accorde pas moins avec l'organifation même du ' thymus : en effet , chacun fait que le thymus eft tuméfié dans le fétus. Il eft garni de fibres qui femblent être charnues-, &c qui font répandues dans toute l'étendue des cellules ; il elt arrolé par une très-grande quantité de vailTeaux fanguins qui lui viennent des foudavieres , des médiaftines , des jugulaires , des mammaires & quelquefois même des rameaux voi- fins de l'aorte Se de la veine cave. Ajoutez à cela l'expérience par laquelle Cowper a découvert le premier , dit-on, que la cire injeélce dans le canal thorachiqiie pénètre dans le thymus. D'après ces raifons , M. Puti établit que le thymus fait l'office du poumon dans le fétus ; &: il n'héfifte même pas de lui donner le nom de poumon fuccenturié. Et il prétend que cet organe fépare j comme une efpece de mammelle , une humeur chyleufe ou laèlée qui , après y avoir été élaborée j eft verfée dans le canal thora- chique , ainh que l'enfeigne Charleton. On ne peut donc accorder au favant M. Bafli , que le thymus fert uni- quement à purifier & rendre plus fluide une lymphe qui , portée enfuite dans le canal thorachique , doit divifer & atténuer le chyle. L'humeur contenue dans les cellules du thymus , quoique fluide , ne relLemble ce- pendant pas à la férofité ni à la lymphe ; mais bien plutôt au lait ou au chyle ; Se quoiqu'elle fe coagule enfin lorfqu'on l'expofe au feu , elle ne forme point une gelée femblable au blanc d'œuf cuit j ce qui eft un ca- raftere diftinftif "de la lymphe.' 11 s'en fépare au contraire une efpece de matière caféeufe , dont la couleur , la faveur & l'odeur y font ailément ftconnoître la nature du lait j ce dont on s'eft alTuré par un grand nombre d'expériences. M. Puti auroit defiré trouver des glandes dans le thymus , pour ne pas fuppofer une fecrétion fans glandes. Mais les efforts qu'il a fait pour y en découvrir ont été inutiles. Il eft donc forcé de les fuppofer. Et voici comi ment il en conçoit le méchanifme: Le chyle ou le lait font élaborés dans le thymus pa^ Paétion des fibres charnues & des tuniques qui envelop- pent les lol^tiîèVl' & l.â fluidité en eft augmentée par une humeur limpide féparée dans Hes' follicules glanduleux qui s'ouvrent dans les cellules. Polu-quoi ; eii éff'et , ne fup^poferoit-on pas l'exiftence de ces follicules , quoiqu'ils fe dérobent aux yeux , fi l'on eft forcé de le faire ?• N'admirons nous pas la même organisation dans les véficales féminales ? Ne la retrou- vé-t-on pas dans la vefic'nle du fiel ? Ne fe fait-elle pas remarquer dans les cellules dé la rate, où M. Pmi conjeftnre encore qu'il y ades glandes, fondé fur ce qu'il a vu autrefois dans la rated'un veau, des vélicules fphéroïdales; ACADÉMIQUE. 71 Dans la troiileme obfervation , M. Puti rapporte les efforts qu'il a fai( ■ == pour dccouvrir l'ufage très-oblcur des reins fiiccenturiaiix ou capfulei 'Académie atrabilaires. 11 s'ctoit imaginé que ces capfales ne font autFe^ choie que ç °^.' des réfervoirs deftincs -à f.'parer & à élaborer une efpece de férofité uri- ce iieufe qui eft peut-être trois abondante dans les reins du fétus , Se qui , de Bologne. ces capfules eft portée dans les veines émulgeiues où fe mêlant avec le fang , elle en augmente la fluidité. En effet , la veffie du fétus ne peut Histoire, contenir que trois ou tout au plus quatre onces d'urine , quoique pendant tout le tems de la giolleffe , il dut s'y en raniaffer au moins trois livres. M. Puti p-.Mife donc qu'on peut attribuer au reins fuccenturiaux le même ulage qu'à 1 allaiitoïde ou à la pfeudo-allantoïde , lefquelles ne fe trouvent pas dans le fétus luimain; & qu'ils font peut-être le même office dans les fétus des ajiimaux dans lefquels la quantité d'urine eft (i grande , que la veille de l'allantoide enfemble ne fuffifent pas pour la contenir entiè- rement. ' M. Puti rapporte deux obfervations pour établir l'ufage qu'il a attribué au reins fuccenturiaux, l'une d'après Fanton , l'autre d'après lui-même. Fantoa dit avoir trouve dans le cadavre d'une fille qui avoir été affligée de calcul dans les reins , les capfules atrabilaires fous la forme d'un lac membr.a- neux. Quant à l'obfervation de M. Puti , il l'a faire avec M. le médecin Brufi , en difféquant le cadavre d'une jeune courtifane qui étoit morte d'uni liydropifie de poitrine. Les reins fuccenturiaux , d.ins cette petite fille, étoient d'un fi gr.ind volume, qu'il égaloit celui des reins propre- ment dits. Us étoient creux en dedans Se remplis d'une férofité jaune , falée & fi fort épaiffe qu'elle reffembloit à de l'urine , mais nullement à la férofité du fang. La férofité du péricarde fait le fujet de la quatrième obfervation. L'o- rigine en eft incertaine. M. Puti nous donne quelques éciairciffemens là- delFus. 11 dit avoir vu dans le péricarde d'un veau ^ des glandes difpofées en grappes affez proéminentes , qui , preffées , verferent dans le péricarde des gouttelettes d'humeur j Se coupées, offrirent une férofité limpide 8c falée, femblableà celle qui eft contenue dans le péricarde. Ces glandes n'étoient point firuées en dehors fur la furface du péricarde , mais elles étoient contenues entre fes tuniques & dan* i'interftice des mailles for- mées par les fibres mufculaires. Elles étoient de la groffeur d'un crain de millet , affez foiides , blanchâtres , parfemées d'un grand nombre de vaiffeaux fanguins. Et ce qui eft l'effentiel , elles n'avoient aucune difpo- fition maladive. La cinquième obfervation eft deftinée à faire mieux connoître la cap fule de Gliffon. Plufieurs anatomiftes la croient membraneufe. Mais M. Puti n'en convient pas. Il prétend qu'elle eft compofée de fibres char- nues ; Se ces fibres gardent entr'elles un tel ordre Se font tantôt entrecou- pées , tantôt jointes par un fi grand nombre de fibrilles , qu'elles lui ont paru très-propres à affermir les parties 6c accélérer le mouvement du Académie 7Z COLLECTION flmg , dans le bord du foye où U veine-porte forme une efpece de lac. On reconnoîtra cette ftrufture dans la capfule (I on la regarde à contre- SciENCES '^""^ ' ^P"^" l'avoir tait cuire , ou li on la diflcque avec précaution. La DE codtion fait crilper la capfule & fes fibres charnues rapprochées de- CoLOGNî. viennent alors plus fenhbles. On les voir tantôt parallèles , tantôt obli- ques , un peu pâles j unies enrr 'elles par des fibres tranfverfales plus Histoire, blanches. Quoique la capfule de GliiTon ferve à affermir la veine-porte Se les autres vailfeaux du foye , elle ne les accompagne pourtant pas jufqu'.l leurs dernières ramifications. En effet , en avançant dans la lubftance du foye , elle s'amincit de plus en plus &: difparoîc enfin tout-à-fait , avant que la veine-porte cefle de fe ramifier. L'ufage de la rate ell: l'objet de la fixieme obfervation. M. Putl arracha la rate à un chien pour voir fi cette opération auroit quelque fuite qui put indiquer l'ufage de ce vifcere. Mais tant que le chien vécut , il ne lui arriva rien. 11 ne pilTa pas plus fréquemment , fa faim ne fur pas plus vorace , ni fa foif plus grande. Les déjeûions allerenr comme à l'ordi- naire. 11 ne fut pas moms bon mâle 6c remplit plufieurs chiennes. 11 fe mettoit aifément en colère. 11 étoit fort lefte à la courfe. M. Puti ne voyant rien d'extraordinaire dans ce chien , le tua & le diiféqua avec un autre du même âge , de même taille Se de même efpece , pour mieux diftinguer les particularités qui pourroient fe trouver dans le premier. Dans le chien fans rate , le foye étoit beaucoup plus gros , d'un rouge plus foncé j beaucoup plus friable & cédant aifément à la prelfion. La veine-porte étoit plus dilatée ; la bile plus abondante , plus verte & plus amere. Le mélange de diftérentes liqueurs produifit le même effet fur la bile de l'un &: de l'autre chien. D'après ces obfervations , M. Puti penfe que l'ufage de la rate eft de retarder un peu le cours du fang & de fcpa- rer une humeur qui adoucit la bile. 11 attribue donc deux fondions à ce vifcere , loin de le regarder comme inutile. La feptieme obfervation roule fur. les humeurs de l'œil. Thomas Bar- tholin avoir avancé que , dans tous les oifeaux , les trois humeurs de l'œil fe réparenr toutes aifément , lorfqu'elles onr été enlevées par quel- que accident. M. Puti a obfervé le contraire dans ceux qu'il a fournis à cette épreuve. Il incifa la <^iiée & fit fortir les humeurs de l'œil dans un canard , deux pigeons ,^fi moineau , une poule , deux coqs , un coq d'inde. Dix-fepr jours après , tous ces oifeaux , à l'exception des pigeons ÔC du coq d'inde avoient recouvré la vue. 11 fembloit donc que toutes les humeurs de l'œil s'étoient renouvellées. Mais la diffeétion fit voir que le crillallin manquoit. Il eft donc faux que toutes les humeurs de l'œil fe renouvellent. Il eft à croire que ces oifeaux ne recouvrèrent pas la vue dans toute fa perfeétion. Les pigeons &c le coq d'inde ne la recouvrè- rent même pas du tour. Cette, expérience a donné occafion à M. Puti de faire les remarques fuivanres. Eu faifant l'extraélion du criftallin de ces oifeaux , il incifoit quelquefois ACADÉMIQUE. 7j quelquefois à deflTeln la tunique qui le recouvre. Il en jailliiïbit auffi-tôt = un peu d'eau , ce que nous avons dit avoir été obfervé par M. Morgagni Académie dans l'homme, les gros poilFonSjles veaux & les bœufs. De plus , M. Puti Sciences conlidérant avec beaucoup d'attention le criftallin dans les oifeaux dont jjg je viens de parler de dans d'autres , fe perfuada que cette humeur pouvoit Bologne. aifément être divifée en globules , ce qu'on n'a garde de nier , & que fa. denlîté n'eft point inégale mais uniforme , ce que plufieurs ont peine Histoire, à croire. La huitième obfervation rend douteufe une opinion commune Sz gé- néralement reçue , que quelques-uns appuyent de l'autorité de Pline. On penfe communément que le cerveau a plus de volume &c de malîe à pro- portion du refte du corps dans l'homme que dans les autres animaux. On a peut-être été conduit à cette opinion par la comparaifon de quelques efpeces Se par des raifons de convenance. Le cerveau eft l'organe dont l'a- me fe fert pour fes opérations ; Se fes ironclions font plus nombreufes dans l'homme que dans la brute , car elle compare les objets , elle fe reffou- vient , elle imagine , pour ne point parler de ces opérations d'un ordre plus relevé que l'ame , image de Dieu , exécute indépendamment du corps. On croit donc que la maire du cerveau doit être plus confidérable dans l'homme en raifon de cette furabondance d'aétions. Mais dans une chofe de fait Se qu'on peut vérifier par l'expérience , on ne doit point hafarder légèrement des conjeclures. M. Puti pefa le corps d'un jeune homme & le trouva de 1 14 livres 6 onces , il en tira le cerveau , Se après en avoir exactement féparé les méninges , il trouva qu'il pefoit 3 livres 8 { onces. Il fit la même expérience fur divers animaux. Dans un ferin de canarie , le corps péfa 3 dragmes Se le cerveau 13 grains ; dans un chat, le corps 8 livres , le cerveau 6 dragmes, Se iz grains ; dans un chien, le corps 2 livres g i onces ; le cerveau 6 dragmes , 20 grains ; dans un gorge rou- ge j le corps 17 icrupules 6 grains j le cerveau 1 1 grains ; dans un moi- neau , le corps 6 dragmes , 2 fcrupules , le cerveau 21 grains j dans un coq , le corps 2 livres 2 onces , le cerveau j once. On voit donc que , quoique la plupart de ces animaux ayent en eftet le cerveau moindre à proportion que l'homme , ceux qui avancent cette propofition d'une ma- nière générale , pourroient bien fe tromper par rapport au moineau. Je fais que la proportion du cerveau au refte du corps n'eft pas la même dans tous les hommes , peut-être qu'elle varie dans le même individu & qu'elle eft différente dans l'adoiefcence Se dans l'âge viril. Et l'on doit £iire la même attention par rapport aux autres animaux. Mais c'eft préci- fément à caufe de cela que cette propofition générale eft moins certaine , puifqu'il faut faire attention 3. tant de chofes. A ces obfervations de M. Puti, j'en ajouterai une que M. Veratti communiqua à l'académie en 1734. Une chatte avoir mis bas deux pe- tits. Elle mourut peu de tems après. Une chienne qui étoit habituée avec .çHe, s'approchoit de tems eu tems de ces petits chats. Ceux-ci prefféi» K 74 COLLECTION : ■■ par la faim , Ce faifireiu de fes mamelles & commencèrent à les fuccer ^ Académie [_^ j-l^jgj^^g s'y prêta de bonne grâce j &C quoiqu'il n'en fortit d'abord c °" , point de lait , à force de fuccer ils en attirèrent dans les mamelles Se fu- OCIENCES r . ,, ' . , , ,. ■ -KH XT ■ '■ >•! CE rent aind nourris pendant pkuieurs mois. M. Veratti n ignoroit pas qu il Bologne, y a plulîeurs exemples d'animaux qui ont allaité des petits d'une autre a_ efpece. Mais il fut furpris de voir que cette chienne qui avoit à peine HiSTOiRF. ^^^^ """'^ ^ 'î"' n'avoit point encore été couverte , eût pu donner du lait, ce fait n'eft pas nouveau non plus ; mais on n'y fait pas alTez d'at- tention , lorfqu'on attribue à l'accouchement ou au coït le lait qui paroîc juelquefois dans le fein des filles ; opinion qu'il efl; bon de détruire pac le nouvelles obfervations pour lui ôter tout crédit. l «(>■*" ' to>t^ffl.«t- SUR L'ABSTINENCE LONGUE ET TOTALE DES ALIMENS Tant foUdes que liquides^ DAns le tems que M. Profper Lambertini , avant d'être élevé au fou- verain pontificat , étoit archevêque à Bologne , il y travailloit à un ouvrao-e fur les canonifations des faims , dans lequel il expliquoit au long & favamment quels font les hommes auxquels on rend cet honneur , les cérémonies qu'on y obferve , les fources d'où on tire les preuves qui conf- tatent leur vertu & tout ce qui a rapport à cette matière. Une condition fur-tout eflTentielle eft de n'infctire aucun homme dans le martyrologe, fi fa fainteté n'a éclaté par quelque miracle. M. Lambertini en étant venu à cet article , crut devoir confulter les phyficiens. Car , quoique pour dé- cider ce qu'il faut regarder en chaque chofe comme miraculeux , la phi- lofophie foit moins néceifaire que le bon fens ôc un difcernement acquis par une lono;ue expérience , elle ne lailfe pourtant pas d'être de quelque ufage. En e'tfet , on appelle miracle , ce qui eft au-deflus des forces de la nature ; or les phyficiens faifant elfentiellement profeflion d'étudier 5c de connoître fa marche , fes loix & l'étendue de fes effets , leurs lumiè- res peuvent fervir à faire diftinguer plus aifcment fi un fait propofé efl renfermé dans les bornes de ces loix , ou s'il eft au-delTus d'elles & par conféquent miraculeux. 11 feroit cependant difficile que les phyficiens puf- fent donner là-delfus un entier éclairciiïement , fi l'évidence y étoit né- ceifaire. Mais le bon fens n'exige qu'une probabilité qui approche de la certitude. Ainfi donc lorfque les phyficiens auront expofé favamment & fidèlement les loix Je la nature , fi un fliit ne peut être expliqué par ces loix , s'il eft d'ailleurs fort merveilleux , cpi'il vienne d'un faint , & qu'il ait rapport au culte de Dieu , il fera jufte de le mettre au rang des mira- cles , & le bon fens formera fou jugement avec plus de certitude. Ce ju- 4;emeiu feroit plus aifé à former fi les phyficiens étoiem d'accord entr'eus. ACADÉMIQUE. 75 Maïs les uns fuîvent un fyftcme , les autres un autre. Les fyftcmes déjà établis font place à des fyrtcmes nouveaux ; les nations ôc les fiedes dif- "CA demie ferent entr'ciix. Or il eft très-difficile de décider quelle eft la nation qui Scienxes a adopté la meilleure philofopliie Se quel lîccle mérite à cet égard la pré- dh férence fur les autres. Il n'y a perfonne qui ne croie fon fentiment pié- Bologne. ftrable à celui d'autrui ; il ne le fuivroit pas fans cela. Et c'eft pourquoi chaque fiecle & chaque nation font naturellement portés à regarder leur Histoire» manière de philofopher comme la meilleure. Si donc on veut niefurcr l'é- tendue des loix de la nature par un fyftcme j ce qui eft abfolument né- celfaire , quoiqu'il n'en réfulte qu'un jugement douteux , un homme pru- dent & qui s'éclaire en toute chofes du flambeau de la raifon , doit au moijis faire ufaqe des fyftcmes qui ont eu le plus de crédit. M. Lamber- tini convaincu de ces vérités Se fâchant que les écoles de phy(îque reten- illoient de nouvelles opinions , délira qu'on en fit ufage dans l'exameu de quelques miracles. Il étoit alors occupé des longues abftinences qu'on dit avoir été fupportées par plulîeurs perfonnes , & il vouloir favoir Ci ces faits dévoient être regardés comme miraculeux ; & comme plufieurs an- ciens phyficiens tenoient pour la négative , il étoit curieux de fivoir auiïï fi leurs raifons s'accordoient avec la pliilofophie nouvelle. Il chargea donc l'académie de porter un jugement fur cette matière & d'en faire fon rap- port. L'académie commit pour cela deux de fes plus illuftres membres , MM. Bazaimi & Beccari ; mais le premier étant tombé malade , M. Beccari refta chargé lui feul de ce foin. Je vais rendre compte de fon mémoire en peut de mots , moins occupe du foin de fiire connoître la chofe elle-même , que de montrer le cas que le fouverain Pontife fait de nos travaux. Il y a deux principaux moyens de reconnoître jufqu'où s'étend en cha- que chofe le pouvoir de la nature , favoir , l'obfervation & le raifonne- ment. Car s'il confte par l'obfervation qu'un fait eft arrivé & qu'il étoit purement naturel , il n'eft pas douteux que la nature ne puilfe faire encore ce qu'elle a déjà fait , on s'alfure par le raifonnement , que la nature peut produire un certain effet , Ci on explique comment elle le peut. M. Beccari a fait iifage de l'un & l'autre moyen. Il montre d'abord par l'obfervation qu'on a vu plufieurs fois des hommes fupporter le jeiÀne beaucoup plus long-tems qu'on ne pourroit croire 5 &: que, ces abftinences croient purement naturelles , n'étant accompagnées d'aucune circonftance qui puilfe donner le moindre foupçon de miracle. Pour ne pas nous borner aux hommes feuls , on a fouvent obfervé des animaux de route efpece fupporter de pareilles abftinences. Redi a gardé deux aigles en vie , l'un pendant vingt-huit jours , l'autre pendant vingt-un , fans leur donner aucune nourriture. Le même auteur a vu deux petits chiens vivre , fans prendre aucun aliment , l'un vingt-cinq jours , l'autre près de trente-lîx. Que fi les chiens , qu'on regarde conimuncmeut comme des animaux Kij 76 COLLECTION :a-ès-chauds j peuvent foutcnir d'aulTi longues abftinences , à plus forte Académie i-aifon des animaux plus froids. L'on aura donc rort de le moquer de DE5 Mendoza , lorfqu'il raconte qu'une poule a vécu quatre-vingt-dix jours Sciences ^^^^^ boire ni manger. A ces obfervations M. Beccari en ajoute une qui Bologne, lui eft propre &: qu'il ne doit qu'au hafard. 11 avoit lailTe par inadver- tence , un chat dans un endroit ferme de toutes parts Se où les rats mtme Ti ne pouvoient pénétrer. Trente-un jours après on trouva encore l'animal t ISTOIRE. ^^^ ^.^ ^ ç^ foutenant fur fes pieds. De ces obfervations fur les animaux, on peut tirer des indu£tions par rapport aux hommes. Mais ceux-ci four- niflent tant d'exemples d'une longue abftmence , qu'il n'eft pas nécelTIrire de recourir à cette analogie. Pline foutient qu'il eft faux qu'im homme ne puifle vivre que fept joues fans boire ni manger ^ & il cite plulieurs per- lonnes qui ont ainfi vécu pendant onze jours entiers. Des faits récens nous portent à le croire. Une fille de Nuremberg , pouffée à bout par la haine de fes parens , fe retira au plus haut étage de la maifon &: y vécut peii^ dant dix-huit jours fans prendre aucune nourriture , fi ce n'eft que le fei^ zieme jour , elle lécha légèrement une tranche de pain trempée dans l'eau. C'eft Belvic n'avoir pris aucun aliment pendant huit ou neuf jours. Quoique cette facilité de fupporter l'abftinence foit prefque particu- lière aux maladies froides , elle accompagne auffi quelquefois celles qu'on appelle chaudes ôcies mixtes. Les fébricitans en ont fouvent offert des exemples hnguliers. Mais je ne fais s'il en eft quelqu'un de plus merveil- leux que celui de Marguerite Lauver , rapporté dans les actes de Leipficlc. Ce cas femble lui feuiremporter fur tous les autres par la multitude Scia. variété des fymptômes reunis. Cette malade , après une fupprelTion de nienftrues , fe plaignit d'abord de douleurs très-cruelles. Il lui fortit fuir l'habitude du corps, un grand nombre de veffies avec des douleurs fi aiccher cette évaporation. Mais combien la dilllpation Bologne. ne doit-elle pas être plus forte dans la chaleur de l'mcubation ? 11 faut donc que l'œuf reçoive beaucoup du dehors , puifque non feulement les h pertes qu'il fait font réparées , mais que fon poids eft encore augmente. Or peut-on penfer que cette matière qu'il reçoit du dehors foit autre choie que de l'air. M. de Réaumur affoiblit cette raifon par une hypothefe. Il prétend que les liqueurs de l'œuf circulent dans le tems de l'incubation , & que ce mouvement en empêche la difjperfion. C'eft à lui à voir fi fon opinion eft foutenable. Mais elle ne fuflit certainement pas pour expliquer pour- quoi le poids du poulet l'emporte fur «elui des liqueurs. M. Beccari dé- montre par une obfervaiion prefque décifive que l'œuf reçoit quelque n\a- tiere du dehors. Il gardoit en été deux œufs dans un appattemenc fec fans ttre trop chaud. En trente heures le poids de l'un diminua de vingt-quatre grains &c celui de l'autre de vingt-trois. Il en lailTa un dans Iç même en- droit & potta l'autre dans une cave très-fraîche mais peu humide. Le lendemain il reconnut que le poids de celui-ci avoir augmenté de douze grains .tandis que celui du premier n'avoit point augmenté du tout. Digbi & d'autres ont avancé que les vipères vivent de l'air. Us font contredits par Vedel , & M. Beccati conduit par l'expérience , eft du fen- tunent de ce dernier. Il garda une vipère en vie pendant plus d'un mois fans lui donner aucune nourriture j fon poids dnninua cfe jour en jour ôc elle mourut enfin. Mais dans ce cas même on peut encore foupçoniier que l'air a fourni quelque nourriture à cet animal. Car ayant tué une au- tre vipère & l'ayant gardée en même-tems & dans le même air que la première , il obfetva que , quoiqu'elles perdiffent l'une & l'autre chaque jour une partie de leur poids ,1a vipère vivante en perdoir cependant moins que la morte , peut-être parce qu'elle tiroir de l'air quelques corpufcu- les qui réparoient , finon en total , du moins en partie les pertes qu'elle faifoit ; quoiqu'il foit également poftible que le mouvement de circula- tion dans la vipère en vie s'opposât à la trop grande diflipation des hu- meurs ; car fi l'on accorde ce point à M. de Réaumur par rapport s,uii œufs , pourquoi ne pas l'accorder de même par rapport aux vipères ? Il peut donc y avoir deux caufes , pourquoi la vipère eu vie a moins perdu de fon poids que la morte , favoir , ou parce qu'elle a tiré quelque nour- riture de l'air , ou parce que fes humeurs ont fouffert une moindre évaporation. L'une Çc l'autre opinion eft appuyée fur de bonnes raifons. Si ronn'.idmet pas l'abforprion de l'air dans le corps humain &: fon mélange avec les humeurs , il fera très-difficile de rendre raifon des éva- cuations énormes qu'on a quelquefois obfervces Si qui excédent de beau- Lij S4 COLLECTION ■coup la quantité des alimens & de la boilfon. Dans le teiiTS que M. Bec-^ Académie ^_jjj travailloic à fon mémoire , il eut occafion de voir une fille qui, de- ç ^^^ puis plufieurs années , étoit tourmentée d'un vomilTement iiabituel. Les uj amis de la malade s'appercevoient depuis plufieurs mois & M. Beccari Bologne, fut témoin lui-même pendant un mois entier que ce qu'elle rendoit par .^ le vomiflTement furpaflbit la quantité des alimens , tant folides que liqiii- HisToiRE '^^^- J^ "^ rapporte , au refte cette obfervation que pour me borner à cel- ' les de M. Beccari , car d'ailleurs il y a des exemples d'évacuations beau- coup plus furprenantes ; mais je ne fais s'il y en a quelqu'un qui le foit davantage que celui que je rapporte dans cette liiftoire d'après Mundinus. D'oi^ peut donc venir une fi grande quantité de matière ? Sur-tout ces évacuations ne diminuant pas beaucoup les forces & ne faifant pas mai- grir le malade, ce qui prouve bien qu'elles ne fe font pas aux dépenS; des vifceres corrompus. La matière de ces évacuations énormes ne peut, donc venir que, de l'air qui , en pénétrant dans le corps , y porte des par- ticules de tout genre. Ces particules s'attachent à diftérentes parties félon qu'elles font différemment attirées. Mais (1 elles s'y attachent, pourquoi ne pas en conclure qu'elles les nourriffent ? Car comment les alimens nourrirtent-ils les animaux , fi ce n'eft en ce que leurs particules fe diftri- buent dans tous le corps Se fe collent contre les parties. Or fi cela eft ainfi, pourquoi n'admettroir-on pas que le fluide nerveux ou plutôt tou- tes les parties du corps peuvent être réparées par cette nourriture aérienne. . L'air pourra donc être de quelque fecours dans les longues abftinenees , & il fera imitilè de chercher d'autres relfouces. Tel eft le fentiment que, M. Beccari fait valoir plutôt qu'il ne l'embralfe.. Il penfe , en effet , qu'on ne doit pas attribuer à l'air une aufli grande vertu j car fi ceux qui ont fupporté de longs jeûnes , avoient trouvé dans l'air une nourriture fufîifante ; pourquoi étoient-ils engourdis , pefans , affoupis ? Pourquoi ne tranfpiroient-ils prefqup point ? Pourquoi étoient- ils affligés des incommodités dont j'ai parle ci-deilus ? 11 faudra encore chercher la raifôn de tous ces effets , au lieu qu'elle coule de fource fi l'on admet que ces perfonnes fe font foutenues de la manière que je l'ai ex- pliqué. M. Beccari, qui n'aime point à multiplier les principes fans Jié- Cefîîté, s'en tient à cette explication. Au refte, il convient que. s'il fe trouve quelqu'un "qui fupporté aifément de longues abftinenees , qui ne foit point pefant , engourdi ni affligé d'aucune aiure incommodité ,^ on peut penfer que la vigueur dont il jouit, vient de ce qu'il a tiré fa nourriture de l'air. C'eft ainfi que M. Beccari explique les jeûnes obferyés, jufqu'à ce jour & même ceux qu'on pourra obferver dans la fuite ; & il a, une explication phyfique toute prête pour tous les cas qui pourront .arri- ver ^^enforte qu'il n'en eft aucun que_ l'on doive iegarder comme miracu- leux î amoins qu'on ne foit porté à. le croire par.;ies.circonftances du eems 5c. dû. lieu 5 par là qualité d4jl§k^|fpfbnne ôi par les autres cir-. couftances, .•-... ACADÉMIQUE. Sg Jufqu'ici M. Beccari avoit exécuté ce qui ctoit du refTorc de l'acadé- mie. 11 avoit montre qu'il y a eu des abftinences très-longues purement '^^^•'"^ nacurcUes , Se explique comment elles avoient pu ctre funportées. Mais ç^.'^f.l,,, on demandoit encore n les explications qu en ont donne quelques anciens de auteurs j, quadroient avec la nouvelle pliilofonhie. L'académie ne s'oc- Doiogne. cupe point otdinairement de ces lottes de difcufllons , mais nous n'a viens tien à refufer à M. Lanibertini. On nous propofoit principalement Histoire.' trois écrivains ttès-ingénieux, favoitj Fottunius Licetus , Paul Zacchias, qui a vécu peu de tems aptes j & Gafpard-à-Reyes, qui les fuipafTa peut- ccre l'un is: l'autre par la fubtilité de ion efprit. Ces auteurs , imbus des principes de l'ancienne phyfique, ont aufli avancé que l'homme pouvoit fuppoitet naturellement l'abftinence pendant très-long-tems ; & ils en ap- portent différentes raifons. M. Beccari les examine dans la dernière par- tie de fon mémoire , &: les concilie avec les principes des modernes. Je vais expofer en peu de mots ce qu'il a dit à ce fujet j pour ne laifier en- arrière aucun point de cette belle diirertation. Je commencerai par Licetus. Il penfe que nous avons befoin de pren- dre des alimens pour réparer l'humide radical; car la chaleur naturelle le confume fans celfe ; mais que ii l'humide augmente & que la chaleur diminue un peu , il y aura luie efpece d'équilibre & rant qu'il durera , l'humide ne fera point confumé par la chaleur, & les alimens ne feront point abfolument nécelfaires. Or qui niera que l'humidité & la chaleur lie puilfent acquérir des forces égales , &: que cet équilibre ne puifle du- rer long-tems ? Telle eft l'opinion de Licetus. M. Beccari penfe qu'on ne doit point la rejetter , mais l'expliquer feulement. En effet , (î nous exa- minons bien quelle idée les anciens fe formoient de cet humide radical & de cette chaleur innée , nous verrons qu'ils différent bien peu du mouvement du fang Se de la denfité des humeurs. Or !î cela efl ainfi , cet équilibre de forces dont parle Licetus , revient à ce balancement d'aciion que M. Beccari établit entre le mouvement de circulation & la réfiftance des liqueurs. Il n'eftpas moins aifé de concilier Zacchias avec les modernes. Ilpen-fe que la vie dure tant que la chaleur innée ne manque pas d'aliment , & que l.t nature y a pourvu en préparant une humeur crue &: pituiteufe , qui , loffque les alimens viennent à manquer , puilfe les fuppléer pendant long-tems; ce qui ne pourroit fe faire , (î la chaleur ne devenoit moindre, fi les pores de la peau ne fe. refl'erroient ôc Ci les humeurs nourricières ■ n'acquéroient un certain cataétere acrien (S: ondueux. II femble en vérité que Zacchias a propofé la même explication que M. Beccari , &: que celui-ci n'a fait que la développer d'après les dogmes des modernes. En- eftet , M. Beccari admet qu'il y a dans le corps une matière onétueu- fc , favoir , la grailTe , qui peut fervir de nourriture ; que les pores de la peau fe ferment & que ces moyens font d'un grand fecours pour .•ùdet à endurer la faim. L'explication de Zacchias n'eft donc point coa-r- 86 COLLECTION = craire à celle que peut en donner la philofophie nouvelle ; elle femble au Académie ^gj^jjjjjg y avoir préparé la voie. Sciences L'opinion de Gafpard à Reyes eft aflez bizarre , Se fon auteur même x)E n'en a pas été pleinement fatisfait , de forte qu'après avoir propofé fou Bologne, fentiment , il fe montre facile pour ceux des autres , chofe rare parmi les .. favaus. Soupçonnant donc que les caufes qui ont fait fupporter l'abfti- HiSTOiRE. nsnce , étoient différentes dans les différens fujets , il croit que dans quelques-uns de ces cas , celle qu'il allègue a pu avoir lieu. Il imagine que la chaleur innée , dont le foyer eft dans le cœur , ne fe répand pas alors à une grande diftance de cet organe ; d'où il fuit que les parties éloignées &c moins nobles , n'étoient plus échauffées par la chaleur du cœur , mais feulement par celle qui leur étoit propre. Ainfi ces parties ayant moins de chaleur, fouffiroient une moindre déperdition de fubftance Si n'avoient befoin que de peu d'alimens , qui même pouvoient leur être fournis par les humeurs fuperflues renfermées dans le corps. Il ap- pelle ce degré de chaleur , une efpece d^état extatique , Se il ajoute d'au- tres exprelfions dont on ne fauroit être bleffé , fi l'on admet le fond de fon explication. M. Beccari qui s'embarralfe moins des mots que des chofes , a aullî trouvé du vrai dans cette explication de Gafpard & l'a conciliée avec la fienne. En effet , fi , comme M. Beccari le prétend , le mouvement du fang doit être fort retardé pour qu'on puilfe fupporter de longues abftmences , il faut qu'il foit très-lent dans les parties fort éloi- gnées du cœur , où il l'eft déjà beaucoup dans l'état natutel. L'aélion du fang fur les petits vailfeaux Se la réaétion de ceux-ci fur le fang fera moindre , Se le frottement étant diminué , la chaleur diminuera. Auflî la chaleur qu'engendre le mouvement du fang poulfé par le cœur , fe répandra moins aux extrémités j Se cette caufe contribuera puilfammenc à faire fupporter l'abftinence. Si Gafpard nous permet de concevoir cette moindre propagation de chaleur , lorfqu'il parle de fon état extati- que , nous foufcrirons à fon opinion, fans nous mettre en peine de la ma- nière dont il l'exprime. C'eft ainfi que M. Beccari eft parvenu à faire quadrer fon opinion avec celle de trois anciens auteurs fort favans , & à diminuer le mer- veilleux des longues abftinences. Son ouvrage étoit nécelfaire pour empêcher qu'on ne croie légèrement à tous les miracles qui fe ré- pandent parmi le peuple & auxquels les favans même ajoutent foi , car la réalité de plufieurs miracles en a fait quelquefois admettre de faux. ® ACADÉMIQUE. 87 DES SUR DIVERS SUJETS D'H IS TO I R E ^^''/^^^^ Bologne. NATURELLE. L'Année 172.5 , M. Jofepli Menti mit fous les yeux de l'académie un ' phofphore amcthyftin. Il avoit reçu du favant M. Coppeler , une f lierre d'une forme fmguliere &: qui pafToit pour inconnue, trouvée dans e tenitoire de Berne. En la comparant avec une autre pierre que M. le comte Marfigli avoir reçu de M. de Tournefort & qu'il avoit fait placer dans le cabinet de l'inftitut , il s'apperçut que le feu produifoit fur l'une &c fur l'autre un effet femblable , quoique celle-ci fût très-opaque Se par- femée de différentes couleurs , au lieu que la première n'avoit aucune couleur & étoit parfaitement tranfparente. M. Monti profita de cette occafion pour faire voir qu'on pouvoir faire avec Tune & l'autre pierre , ce genre de phofphore que quelques-uns appellent cmcthyftin ^: d'autres fmaragdins. Ce phofphore eft coiuni ; M. Lemery en a parlé,, 8c l'on peut voir dans les mélanges de Berlin , quelle en eft la nature & la manière de le préparer. Elle confîfte à mettre un peu de la poudre de ces fortes de pierres , quelle que foit leur figure & leur couleur j fur une lame de fer & à la faire chauffer fur les ch.irbons. Dès que la poudre s'eft échauffée. Elle devient un phofphore Se luit dans l'obfcuritc ; ce qui eft remarqua- ble; car il y a peu de phofphores qui deviennent lumineux feulement en s'échauffant. Mais il eft inutile de s'étendre plus au long fur ce fujet , après ce qu'en ont dit les académiciens de Berlin. L'année 1718 , M. Alexandre Machiavelli , homme né avec les plus heureufes difpofitions pour l'hiftoire naturelle , mais qui ne peut y don- ner que quelques momens de loilir , entièrement occupé de l'étude de la jurifprudence de l'antiquité , porta à l'académie deux monftres du rc-one végétal. L'un étoit un champignon très-joliment panaché de rouge & de jaune , orné de franges d'un beau verd &; de chapeaux qui pendoient tout autour de fon bord. L'autre étoit une grenade dont l'écorce étoit extrê- mement épailfe , d'un rouge éclatant , mais parfemée de tubercules très- noirs dont le milieu étoit percé d'un périt trou. M. Machiavelli conjedure 3u'il s'étoit introduit par ces trous une humeur malfaifante qui avoit énaturé le fruit ; caries grains rouges qui la compofent dans l'état na- turel , ne s'y trouvoient pas. On voyoit feulement a leur place une pou- dre dans quelques cellules , Se une humeur vifqueufes dans d'autres. Enforte que les cellules paroilToient être le vrai fiege du mal. Ce cas nous offre plutôt une maladie qu'une monftruofité ; à moins qu'on ne veudle ranger parmi les monftres toutes les difformités occafionnées par la maladie. 88 COLLECTION ' = A propos de monftres , je ne dois pas oublier de parler ici d'un agneau Académie^ ^jj jgjj^bgs que M. Jofeph Garattoni , jeune homme tiès-favant vie c °^^ ccTorsé dans une boucherie , & qu'il acheta du boucher , dans le delfein Sciences ,9 c;- ■ i i r ■• o j i • ^ p j' ■ n PE d en taue la delcripcion & de la communiquer a l académie. L,et agneau Bologne, avoir environ vingt-jours lorfqu'on l'égorgea & il tetoit encore. Outre les ,, deux jambes ordinaires de devant , lefquelles étoient comme dans l'état Histoire, naturel , il en fortoit deux autres de ia partie fupérieure de l'omoplate * gauche , qui s'ctendoient vers le col & qui le flcchiirant enfuite , fe re- plioient fur le fteruum. Elles croient garnies d'une peau & les pieds ter- minés par des ongles comme dans les animaux à pied fourchu. Ces jam- bes ne jouiiroient pas de la faculté de marcher. Elles fuivoient feulement la jambe ordinaire lorfque l'animal l'élevoit ou l'abbailToit. Enforte que les ongles des deux pieds monftrueux étoient fort tendres. Ces fortes de monftres ne font pas extrêmement rares & l'on n'en tient pas grand comp- te. Mais il eft plus rare de voir des phyficiens qui , non contens d'en conlîdérer la conformation extérieure , fe donnent la peine de fouilleif dans les parties intérieures, comme a fait M. Garattoni. 11 diiïcqua cet agneau. Mais il trouva toutes les parties internes dans l'état naturel. Ce ii'eft que dans la conformation de l'extrémité antérieure gauche , que la nature s'étolt jouée d'une manière extraordinaire. M. Garattoni a com- muniqué à l'académie la defcription de cette partie & des parties voifines. Je vais la rapporter mot à mot. Cette extrémité n'avoir qu'une feule omoplate , mais elle étoit garnie de deux cols , l'un naturel , l'autre monftrueux. Et dans la cavité glénoïde de celui-ci , il y avoit une légère éminence vers la partie fupérieure , ex- terne. Les portions rétrécies des deux cols étoient féparées l'une de l'autre par un trou ovale alfez large. La même omoplate avoit à fa partie externe deux épines, l'une plus grande, l'autre plus petite & moins faillante, qui nailfoient fous les deux cols j où elles formoient chacune une ficette alTez large , &: alloienr fe réunir en formant un angle aigu à la hafe de l'omoplate. Dans la partie interne , il y avoit un fillon entre le bord de l'omoplate Sc l'épine furnuméraire. Au bout des deux cols fe préfentoienc trois épiphyfes deftinées à former le bec coracoide , favoir , une au col ordinaire , &: deux au col monftrueux ■■, ce qui prouve bien que cette omoplate feule faifoit les fondions de deux. Je palfe à préfent à la jambe. La jambe naturelle étoit compofée de l'humérus , du radius , du cubitus , des os du métacarpe & des ongles comme à l'ordinaire. Mais les jambes monftrueufes avoient deux humérus , deux radius , un feul cubitus , les os du métacarpe & les ongles doubles. Il y avoit ceci de particulier j que les deux humérus étoient féparés l'un de l'autre depuis leur commencement jufqu'au milieu , en formant une efpece de petite fourche , & que fe rap- prochant fous un angle très-aigu , ils fe réunilToient au milieu pour ne for- mer plus qu'un feul os dont l'extrémité inférieure étoit unie avec les deux jaypns par une articulation immobile. Ces deux rayons ôC le feul cubitus qui ACADÉMIQUE. «9 tes ; lefquels , dans leur entier , fercient pointus des deux côtés Si renfles ENCES E GNE. au milieu , comme celui dont parle M. Scheuchzcr. Histoire. Ce qui lui avoit fait naître cette idée , c'eft la figure de tous les crif- taux S<. de quelques belemnites même qu'on trouve dans le Bolonois & qu'il mit fous les yeux de l'académie en hnillant fon difcours. En effet , tous les criftaux & les corps crillallifés , quels qu'ils foient , onr une figure particulière &c fymétrique. Ainfi le criftal de roche ne fe termine pas en pyramide d'un côté feulement , mais de tous les deux ; &: il en eft de même de toutes les ctiltallifations j leurs extrémités oppofées font toujours femblables. Or perfonne ne niera que le belemnite ne foit une efpece de criftallifation. Si donc on peut faire quelque fond fur l'analogie , qui , dans ces fortes de matières , eft toujours d'un très-grand poids , on ne fauroit penfer que fes extrémités foient diverlement figurées ; mais on doit croire qu'elles fout femblables , lorfque le belemnite eft dans fon entier. On trouve même d.uis le territoire de Bologne plufieurs concrétions arcnacées qui font terminées par une bafe large d'un côté & par une pointe de l'autre. Mais on en voit auffi dont les deux extrémités lont poin- tues & le milieu rende. On ne peut douter que ce ne foient pareillement des belemnites formés j il eft vrai , par une matière tartareufe & non pas criftalline ; mais la criftalifation &: la tartarifation , font deux opéra- lions femblables qui appartiennent l'une Sc l'autre à la précipitation, & toute la différence qu'il y a , c'eft que dans la première , la précipitation fe fait par une matière fine & homogène , & dans l'autre par une matière hétérogène & groffiere. M, Ghedini eft fortement perfuadé que ces con- crétions aténacées applaties d'un côté & pointues de l'autre , ne font que des moitiés de celles dont le milieu eft renflé &: les deux extrémités ter- minées en pointe. On peut inférer delà que fi tous les belemnites étoienc dans leur entier, on les trouveroit toujours lous cette dernière forme, & que h on les trouve le plus fouvent fous la première , cela ne vient que de ce qu'ils ont été brifés par quelque accident. Or ils doivent fe brifer aifément , étant formes d'une fubftance purement belemnitique , & non criftalline , ce qui tait qu'ils ont très-peu de conliftance lorfqu'ils font enfouis dans une terre humide. Cette tetre venant à s'écrouler , ils font découverts 6c , entraînés dans fa chute , ils doivent être aifément calfes. Cette conjecture de AI. Ghedini eft confirmée par le belemnite donc il eft parlé dans l'ouvrage de M. Scheuchzer , qui a une de fes extrémités pointue £c l'autre légèrement tronquée &c plus mince que le inilieu ; ce ijui porte à croire qu'il a été calfé , non dans fon milieu j mais vers une N 98 COLLECTION de fes pointes. Si cette opinion a paru viaiiemblable à M. Ghedinij quoi- AcÀDÉMiEq^'il n'eût jamais vu de belemnite qui fût parfaitement pointu des deux c ^^' p5 côtés , elle eût acquis à fes yeux un nouveau degré de probabilité , s'il jjj avoit eu connoilTance d'un belemnite ainft figuré dont parle Baier dans BoiOGNE. fon Oriclographia Norica , imprimée en 1708. Mais la vérité ne fe décou- vre qu'après de longues recherches & elle exige quelquefois les travaux Histoire. ^^ pliifieurs hommes Se une fuite d'obfervations , lefquelles même ne font fouvent que l'eftet d'un hafard heureux. Plufieurs naturaliftes ont depuis peu pouflTé leurs conjectures jufqu'à penfer que les belemnites ne font pas des pierres , mais des teftacés ma- rins qu'on ne connoît encore qu'imparfaitement ; & l'obfervation vient à l'appui de ce fentiment. On a trouvé que la plupart des belemnites étoient confondus dans le fein de la terre avec des coquilles marines j SiC on en a même vu quelques-uns qui étoient recouverts d'un teft membra- neux. S'il en efl: ainfi , nous devons croire , pour ne pas fuppofer gratui- tement un trop grand nombre de genres de ces teftacés , que tous les be- lemnites doivent avoir la même figure lorfqu'ils font dans leur entier. Or il n'eft pas douteux qu'il faille regarder comme tels ceux qui font pointus à leurs deux extrémités , plutôt que ceux qui font pointus d'un côté Se larges de l'autre j car les premiers ont pu former les féconds en fe bri- fant ^ mais les féconds ne peuvent jamais former les premiers. Il n'y a pas lieu de s'étonner que la conjecture de AL Ghedini fe foit trouvée vé- ritable , quoiqu'il ne ioupçonnât pas que les belemnites ifuflent des tefta- cés. 11 eft naturel qu'on atteigne aifément à la vérité , lorfqu'on s'attache foigneufement à la vraifemblance. SUR LES COUCHES DE LA TERRE; i Leur ufage ù les caufes de leur formation. M Jean Scheuchzer , frère puîné de Jean- Jacques , écrivit en 1705 • à l'académie une lettre datée du 14 juillet , dans laquelle il lui rendoitcompte des obfervations qu'il avoit faites j à l'occafion d'un voyage fur le mont Adule , concernant certaines difpofitions fuigulieres des cou- ches de la terre. Il y avoit joint des figures pour mieux rendre fenfible ce que fes defcriptions ne pouvoient fuffifamment expliquer. Il propo- foit enfuite fon fentiment fur la formation de ces couches & fur leur ufage ; il indiquoit la hauteur perpendiculaire des montagnes & des au- tres lieux , qu'il avoit eu foin de mefurer pendant fon voyage. Il dif- fertoit enfin eji peu de mots fur les eaux qui coulent du penchant de ces montagnes & fur les vents qui s'y forment. Je ne le fuivrai pas dans tous ces détails,. Je me contente d'expofer fommairement les principaux faits. ACADEMIQUE. 99 Les couches de la terte ont, dans les lieux dont j'ai parlé, des direc-'^'^ tions tout-à-fait (ingnlieres. Les unes font arcuées en forme de voûtes; Académie d'autres defcendcnt du fomniet de la montagne jufques dans le fein de Sce^ces la terre , tantôt en droite ligne , tantôt Se plus fouvent en formant dift'c- de rentes indexions & linuofités. On en voit qui fe portent prefque perpen- Bologne. dicuiairement de la cime de la montagne à fa oafe ; là elles fe brifent Se s'enfoncent précipitamment dans la terre , comme poulfces par une Histoire force extérieure. 11 y en a aullî qui s'avancent d'abord horifontalement , & qui fe recourbant tout d'un coup , parcourent eniuite un long efpace de terrein , dans un fens contraire Se toujours parallèlement à l'horifon. Mais les plus iingulieres font celles qui , defcendant du fommet au pied de la montagne , forment de vaftes fnmofités Se s'élèvent de nouveau , après avoir parcouru une grande étendue de terrein ; ou celles qui font divifées en plulîeurs parties dont les unes montent , les autres defcen- dent , qui en des directions différentes , forment enfemble des angles plus ou moins ouverts j fe rapprochent , fe coupent en divers fens , fe rom- pent naturellement , Se quelquefois fe rencontrant Se fe réuniffant diver- lement , forment comme une multitude de nœuds. Quoique ces couches obfervées par M. Scheuchzer aient des direétions particulières , merveilleufes Se propres à embarraiïer les phyficiens , il n'eft pas douteux cependant qu'on doive les regarder comme de la même nature que les autres couches qu'on obferve fur toute la furface du glo- be. La connoilTance de leur formation Se de leurs caufes oftte de grandes difficultés. Lorfque cette matière fut agitée dans l'académie , tout le monde s'accordoit à les regarder comme des eftets du déluge univerfel. On penfoit que les eaux le répandant fiu: toute la furface de la terre , avoient dit , par l'impétuofité de leur mouvement , brifer la croûte exté- rieure , la réduire en fragmens imperceptibles Se la diifoudre avec tous les corps qu'elle renfermoit j même les métaux (Je les fubftances plus diures encore , s'il Cii exiftoit. Que les eaux venant enfuite à s'arrêter , elles avoient dû dépofer fuccellivement tous ces corps fuivant l'ordre de leur gravité fpécifique , ce qui avoit donné lieu à la formation des cou- ches , dont les pierreufes font divifées par des interférions , Se les ter- reufes diftinguées par la diverfité des couleurs. Cette opinion propofée [lar Woodward, a trouvé dans cette académie beaucoup de partifans , parmi efquels MM. Scheuchzer fe font particulièrement diftingués. Le cadet penle de même dans fa lettre , que la croûte extérieure de la terre a dû iiéceiïairemenc fe liquéfier & fe dllfoudre pour pouvoir enfuite , en fe coagulant, former ces différentes couches. C'eft ainfi que nous voyons coaguler des corps auparavant liquides , tels que les os , les veines , les artères , toutes fortes de vailfeaux , les nmfcles mêmes , les troncs des arbres j les feuilles , les arhriffeaux , les pierres qu'on trouve dans le corps des animaux, les yeux d'écrevilTe, les perles. Leurs parties auparavant dilToutes Se détachées ont formé par leur réunion Se leur mélange une Njj roo COLLECTION , - faite d'enveloppes ou de couches dont l'enfemble conftitus ces différens- ACADEMIE ^^j.pj_ La même chofe a dû arriver à la terre. 11 eft probable que toutes Sciences ^"^^ couches croient d'abord horifonrales 5 mais elles ont dû enl'uite être DE brifées par le poids de l'énorme quantité d'eau qu'elles foutenoient , Se Bologne, dans le fracas horrible qui s'en ell enfuivi , des fragmens iiiimenfes de la terre ont dû fe mouvoir en diftérens fens , les uns s'élever dans les ïrîiSTOiRE. '"lifs , les autres s'enfoncer dans les cavernes fouterraines Se jufques dans le grand abyme. Delà ces diftérens degrés d'inclinaifon , ces inflexions qui fubfîftent encore aujourd'hui , & qui en certains lieux , comme dans- les couches dont parle M. Scheuchzer , font fi multipliées &c fi variées , que la nature en les formant , femble avoir eu en vue d'exercer la faga- cité des phyficiens. Quoiqu'il en foit , M. Scheuchzer explique d'une manière aflez plau- fible toutes les variétés fi nombreufes qu'on obferve dans la pofition ref- peftive des couches de la terre. L'ufage de celles qui font fort inclinées & prefque perpendiculaires à l'horifon , eft de procurer une iifue aux va- peurs des eaux fouterraines difperfées Se répandues dans les interftices des couches. Car c'eft là que les fontaines Se les rivières prennent leuc fource. M. Vallifnieri n'en convient pas cependant. C'eft-là la fameufe queftion de l'origine des fontaines , qui eft fi fort embarraftee aujourd'hui par les diverfes opinions qui ont été propofées. Je lailfe à un chacun la liberté de penfer à cet égard ce qui lui plaira. Je me contente de renvoyer le leiteur aux ouvrages des phyficiens qui ont écrit fur cette matière èC entr'autres de MM. Scheuchzer &c de Vallifnieri. jjr^^^ SUR UNE PLANTE QUI A PRIS NAISSANCE Ô qui a cru dans un vaijfeau de verre où l'on avoit enfermé de l'eau de pluie. AU mois de mai de l'année 171 1 , M. Corati ayant préparé un vaif- feau de verre cylindrique , haut de onze pouces , fur deux de large, le remplit , jufqu'à la hauteur de fix pouces , d'une eau de pluie , qu'il avoir recueillie avec les plus grandes attentions. Il le couvrit très-exaéle- ment , apparemment pour en défendre l'entrée aux petites femences qui pouvoient fortuitement voltiger dans l'air j il le mit enfuite à l'écart dans un endroit fur , où le foleil ni le vent ne pouvoient avoir d'accès. Il fe propofa de l'y garder très-long-tems , pour voir ce qui en arriveroit. Après quatre mois , on vit furnager à la futface de l'eau une efpece de toile très-déliée j dont le tilfu n'étoit point uniforme, & d'où s'élevoient quelques particules qui relfembloient à du nitre. Au mois de mai de l'année fuivante , & plus encore au commencement de juin , il fe manir ACADÉMIQUE. loi fefta dans cette toile , fur-tout à fes extrcmitcs qui touchoient au parois du vafc , quelque cUofe rie verdoyant j qui , augmentant infenfibiement "'••'^^6^18 de jour en jour , devint enlîn i\ pefant , qu'il gagna le tond du vailfeau. Sc^kces Deux ans après , en 1715 , ce corps verdoyant fe développant toujours be d'avantage, prit la torme d'une membrane, qui s'éleva de tous côtés le Bologne. long des parois du vafe à la hauteur de cinq pouces , tandis que l'eau de pluie ne s'élevoit plus guère qu'à quatre. La plante continua cnfuite à Hi^iOiREi croître jufqu'au tenis où M. Corati lit part de fou expérience à l'acadé- mie. Voici quel ctoit alors l'état des choies. L'eau avoir il fort diminué qu'elle ne montoit plus qu'à peine à deux pouces '■) la membrane la furmontoit d'environ autant ; mais non pa& également dans toute fa circonférence ; ce qui provenoit , fuivant la con- jeéture de M. Corati j de ce que la figure du cylindre formé par la mem- brane n'étoit pas exadtemen: régulière. Toutes les parties de cette mem- brane qui étoientles plus diftantes de l'eau s'étoient deflechées, &:,avoient laillc de petits filamens d'une couleur cendrée dont la concavité du vafe ctoit tapilîce. La portion de la membrane qui excédoit le niveau de l'eau > avoir jette de très-petites racines qui allèrent s'attacher aux parois du vafe j mais celle qui étoit encore dans l'eau ne jetta point de racines y elle n'en donna que lorfque l'eau , venant à décroître , elle celfa d'y être plongée. M. Corati attefte , que pendant tout le tems de fon expérience , l'eau conferva toujours fa même pefanteur fpécifique. Il importe aiïez peu de favoir quelle a pu en être la raifon , &c comment il s'en eft alfuré. On doit plutôt demander ce que c'éroit que cette plante qui avoit ainfi cru djins l'eau ? Car on ne pouvoir douter que ce ne fût une plante vérita- ble. Outre que la chofe étoit lort vrailemblable par elle-même , le mi- crofcope , avec lequel on l'examina enfuite , le fit voir clairement à l'œil. M. Corati crut d'abord quelle a^puicenoit au genre des moufles mari- nes , mais l'ayant coniîdérée après plus attentivement , il foupçonna que c'étoit une efpece d'hépatique , à laquelle on donne communément le nom de lichen. Gaiien a fait mention de ce genre de plante dans fon ,V1. livre de SimpUcium facuhatibus , où il parle d'un certain lichen qui a la plus grande reffemblance avec la moufle. Mais quoiqu'il en foit du genre précis de notre plante , les excellens microfcopes auxquels M. Co- rati l'a foumife , y ont fait découvrir une ftruéture très-variée. Elle eft compofée , en partie , par une membrane plate , tirant au brun , formée d'un tilfu de filets très-déliés , 5c en partie , d'une multitude de petites feuilles vertes & faillantes dont elle ell: comme hériflce. Ces feuilles dont le principe eft étroit , & qui s'élargilfent en finiffant , font difpo- fées alternativement les unes fur les autres , & forment plufieurs pe- jtits amas. Quant à l'origine de cette plante , M. Corati conjeûura qu'elle eft provenue d'une graine qui 5'ctoit trouvée dajis l'eau de pluie.. S». Académie DÉS 101 COLLECTION = 011 n'admettoit pas cette conjedure , il faiidroit fuppofer que cette graine étoit attachée aux parois du vafe de verre , avant qu'on y versât l'eau pluviale , ou à ce qui avoit fervi à couvrir l'eau Se le vafe , ou en- Sciences ^^ ^^^ premier vailTeau , d'où l'on avoit reçu immédiatement l'eau de Bologne, pluie , &c duquel elle avoit enfuite paffé dans le vafe qui a fervi à l'ex- périence , lorîqu'on y verfa de cette eau. Laquelle de ces fuppofitions TT qu'on veuille faire , il en réfultera toujours que les femences de certai- HiSTOiRE. ^^^ plantes ont la plus grande facilité à s'infmuev par-tout , enforte qu'on ne doit pas être furpris de rencontrer quelquefois ces plantes dans le3 réduits les plus écartés , &c où l'on n'avoit jamais foupçoniié aucune ef-, pece de graine. Une chofe encore digne d'attention dans cette expérience , c'eft la longueur du tems qui a été néceflaire à une fi petite plante, pour par- venir à fon dernier degré d'accroilfement , en fuppofant néanmoins qu'elle l'ait atteint , Se qu'elle n'eut pas cru davantage, dans un iî grand efpace de tems , fi elle n'avoit pas été privée de l'accès de l'air extérieur , & fi elle avoit été moins à l'étroit. Il eft remarquable auffi qu'elle n'a été nourrie Se accrue que par l'eau , à moins qu'on n'aime mieux croire , que de même que la femence dont elle eft provenue j étoit cachée dans l'eau ou dans le vafe , il s'eft trouvé pareillement dans l'un ou dans l'autre , de particules terreftres , qui ont fervi à la nutrition & à l'accroift fement de la plante. ^-^ . H"" """Il SUR UN FLUX D'URINE IMMODÉRÉ ET SINGULIER: AU mois de janvier 1711 , M. Mundini , favant & très-habile mé-^ decin , fit part à l'académie , de 1 obfervation fuivante , qui lui avoit été communiquée par M. Livizani , autre médecin du plus grand mérite. . ... Une religieufe , âgée de 22 ans j & d'une conftitutionpituiteufe, ayant fouffert une fupprefl'ion de fes ordinaires , cet accident fut fuivi d'une légère douleur à l'eftomac , de quelque altération dans l'air du vifage, de^laflitudes , Se par intervalles de difficultés de refpirer. Comme ces fymptômes font prefque toujours la fuite de la fuppreilion des règles , on efpéroit les voir difparoître en rappellant ces dernières. Pendant que M. Livizani fe difpofoit à faire préparer les remèdes qui dévoient rem- plir cette indication , il furvint inopinément un flux d'urine^ à peine croyable , & qui continua pendant 97 jours. Il alloit chaque jour à 4; livres. Se quelquefois même il excédoit cette quantité de 8 à 9 onces. Après les 97 jours , le flux d'urine fe modéra Se fe réduifit à iz livres da'ns les 24 heures. Il perfifta dans cet état pendant quatre mois. Pen- tlaut tout le tems de fa maladie , la religieufe n'ufa d'aucune boiflon*' ACADÉMIQUE. 103 Elle avoit même horreur de tous les liquides , comme fi elle eut été hy- = dropliobe. Elle prenoit une médiocre quantité d'alimens folidcs 5 ils al- ^'^"^'^^''"^ loient à paine à deux Inres , Se les excrcmens y répondoieut. Elle jouif- Sciencts foie d'un fommeil paillble , à cela près qu'il étoit fouvenc interrompu par de l'envie & le befoin d'uriner. Les forces quoitju'aftoiblies , n'étoienc nen Bologne. moins qu'épuifées. La malade fortoit promptement de fon lit , fe pro- menoit dans la chambre , vaquoit à fes petites occupations j & pouvoit Histoire. foutenir de légers travaiU 5 & ce qui étoit encore d'un augure plus favo- rable , elle ne maigrilToit point , Ec fes cliairs confervoient leur fermeté- fes urines étoient d'une couleur de citron j on y remarquoit feulement quelquefois un peu de délunion. Cependant après que le Hux d'urine eut cefle , la malade ne recouvra pas une fanté parfaite j il furvint dans la région du foye &: de la ratte , deux tumeurs qui paroilfoient indiquer lui vice dans ces vifceres. 11 fe joignit encore à cela un battement il fort dans la poitrine , qu'on pou- voit le fentir en approchant la main , ^ le regarder comme l'mdice d'un anevryfme déjà tout formé , ce c|ui ne permettoit plus d'efpérer une gué- rifon facile , comme on s'en étoit flatté jufqu'alors. Néanmoins j dans le tems que M. Mundini faifoit le récit de ces chofes à l'académie , la reli- gieufc fe portoit , dit-on , fi bien , qu'elle remplifloit foigneufement tous les devoits que fa règle lui impofoit , & fatisfaifoit exactement à tout ce qui lui étoit ordonné. Mais pour revenir au flux d'urine , je ne fâche pas qu'il y ait aucun exemple connu d'un flux auffi. abondant. Ceux dont Cardan , Digbi , & Borrichius nous ont donné l'hiftoire , ne peuvent: lui être comparés \ car outre qu'ils furent moins longs iSc moins co- pieux , les malades qui en étoient attaqués burent très-abondamment , au lieu que la religieufe refufoit toutes les boilfons. La hngularité du &it a porté M. Mundini à en rechercher exadlenieiit la caufe ; & celle qu'il alïgne à ce phénomène , fi elle n'efl: la véritable , efl: tout au moins, irès-vraifcmblable j voici comme h1 raifoiinoit. ' '. •• 11 n'eft prefique poiijt d«.votps fur la terre-, viyaBt pa non. vivant , qui ne tranfpire , & qui ne reçoive aufli continuellement du dehors des éma- nations. Ce que la raifon nous fuggere de tous les corps , eft démontré par des expériences dans plufieurs : prenons pour exemple l'antimoine. Si après avoir convenablement préparé ce minéral, on le fait enfuite détonner &: calciner , quoiqu'il s'en échappe pendant la calcination , fous forme de fumée ., une très-grande quantité de vapeurs , fon poids ne laifle pas cependant d'augmenter , ce qui ne peut le faire fans qu'il re- çoive du dehors beaucoup d'exhalaifons & de corpufcules qui viennent s'y unir. Autre exemple qui prouve encore la même chofe. L'antimoine après avoir perdu fa vertu émétique , la recouvre fi on l'expofe à l'air. Or , cela ne peut arriver fi des particules falines & fulphureufes qui fe trouvent dans l'atmofphere ne le pénètrent & s'y arrêtent. Il fe fait dans le corps humain «ne tranfpiratioii prefque incroyable. La preuve en a^ I04 COLLECTION i- "=^10 fournie par plufieurs auteurs,, & fur-rout par Saiiftorius , qui , ayant Académie fournis cette excrétion aux expériences & ati calcul , a démontré, qu'on c-' ^^^ perd plus par cette voie en un feul jour ; qu'on ne .perd en quinze par jeç Sciences î- „ '^ r^ f ,- r, -, ,- - ,r • V l • - ' r jjg lelles. Cela luppole , il raut ncceliairement, pour lubvenir a une tranf- foLOGNE.' piration aullî abondante , qu'il palfe dans le fang , par la refpiration , _Une très-grande quantité de ces exhalaifons innombrables qui s'échappent T^ de tous les corps \ car ficela n'éroit,;où trouveroit-on la matière de cette ' prodigieufe évacuation ? On voit donc bien aifément que fi , par telle caufe que ce foit , la tranfpiration cutanée vie»t à fe fupprimer, il pourra furvenir quelque flux très-abondant , la matière de cette tranfpiratioa fe portant alors fur quelqu'autre partie , & s'échappant par d'autres ex- crétoires ; & c'efl: ce qui a pu eft'edivement arriver à la religieufe. La fup- preffion des menftrues, qui, en caufant une furabondance de fang , avoit pu forcer le reffort des vaifleaux , en les diftendant outre mefure , & ren- dre , en conféquence , les humeurs vifqueules & moins propres à la tranf- piration , donnoit le plus grand poids à cette conjeéture. Nous n'ignorons pas que la quantité d'urine que la religieufe rendoit chaque jour , laquelle fe montoit à 45 livres & plus , excède de beaucoup les calculs de Sanc- torius, qui bornent la tranfpiration à quinze livres en 24 heures. Mais la quantité de la tranfpiration n'eft peut-être pas la même dans tous \ en fanté , comme en maladie \ elle peut varier aufli félon les tems j il eft dés années où cerraines excrétions foiit plus abondantes qu'en d'autres j & c'eft effeélivement ce qu'on a vu arriver l'année même où notre reli- gieufe éprouva fon flux d'urine \ ca^ on obferva que toutes les maladies croient accompagnées de flux d'urine exceififs ou de fijeurs immodérées , qui enlevèrent beaucoup de malades , ce qui prouve que l'air étoit rem- pli d'une grande quantité de particules aqueufes & falines , dont la pré- fence étoit encore indiquée , félon M. Mundini , par la nature des vents qui régnoient alors & des vapeius qui é'toienc répandues 4ans ratmofphere,:' gj^"'. v-BS5=; ;■';■:;;:;=:■■,_; *y)> E plus afteû^ fidoit cette SIEGE DE LA PLEURÉSIE- N 1725 , il s'éleva dans l'académie une difpute fur-lé fiege de la pleuréfie. 11 s'agilfoit de favoir , lequel , dans cette maladie , eft la -*-^-,'du poumon ou de.lapjevre. Le célèbre Morgagni , qui pré- année à la- édmpagnie, prétendit que c'étoit lépoumon , & pour appuyer fon fentiment , il dit connoître quelqiies médecins qui, après avoir ouvert le cadavre de gens morts d'une vraie pleuréfie, ayant poulfc , comme on a coutume de le faire , le poumon au milieu du thorax , pour mettre la plèvre à découvert j avoient trouvé quelquefois ce vifcere telle- ment altéré & corrompu à fa furface externe , qii'jl fe déchipoit au moin- dre effort qu'on f.iifoit pour l'écarter de la pleyre , & qu'il en refloit une portioa ACADÉMIQUE. 105 portion attachée à cette membrane ;" ce qui , ajoutoit M. Morgagni , eut— ^ pu f.iire illufion à quelques obfervateurs peu attentifs , à qui cette portion *" ^gj"'^ "du poumon demeurée adhérente à la plèvre , auroit perfuadé que celle-ci Science» avoir été grièvement affedlée par la maladie j tandis qu'en la dépouillant de exadement des lambeaux déchirés du poumon, elle auroit paru parfaite- Bologne. nient intaéte , ou feulement un peu rouge. Et c'eft effedivement par une _ erreur femblable , fuivant M. Morgagni , que quelques-uns difent avoir Histoire, trouvé la plèvre plus afteétée que le poumon dans les cadavres des pleu- rétiques. On explique aulli facilement par-là pourquoi on rapporte quel- •guefois dans la pleuréfie , la douleur à la plèvre , quoique le véritable /lege du mal foit au poumon. M. Pierre Nanni s'éleva contre ces alFer- tions \ il prétendit qu'il falloit les reftraindre. 11 raconta que durant une épidémie de pleuréues , il avoir ouvert avec beaucoup d'attention plu- fieurs de ceux que ces maladies avoient fait périr , & que bien qu'il eût ■prefque toujours trouvé la principale léfion dans le poumon , il l'avoir rencontrée aulli une ou deux fois dans la plèvre. Les poumons ne pré- fentoient rien que de naturel ; une portion feule de la plèvre étoit en- flammée. Les malades étoient morrs en deux jours , fans avoir craché de fang. M. Morgagni répondir qu'il doutoit que ce fût la feule inflamma- fnation de la plèvre qui avoit enlevé ces deux malades , & 1I ce n'étoit pjs plutôt la fièvre ; 6c qu'il étendoit ce doute à tous ceux à qui l'on n'avoir trouvé d'autre caufe apparente de mort que l'inflammation de la plèvre. jjQ"" ■ -^y SUR LA STRUCTURE ET LA DISTRIBUTION Des vaijfeaux laîlés dans le corps humain. DEpuis les découvertes d'Afelius& de Pecquet fur les routes du chyle, perfonne ne doute qu'il ne fe trouve des vailTeaux laétés chez tous les animaux terreftres , du moins les plus parfaits. Il n'en eft pas de mê- me y à beaucoup près , de l'origine , de la ftruclure & de la diftribution de ces mêmes vailfeaux. La plupart leur artribuent la même ftruârure qu'aux vailfeaux lymphatiques j & ne leur rehifent pas même des valvu- les \ d'autres nient i'exiftence des valvules dans les vailfeaux laélés ; & certains prétendent qu'elles ne fe rendent fenfibles que p.ar des ligatures. Suivant l'opinion la plus commune , appuyée fur le témoignage du plus grand nombre des anatomiftes , les vaiffeaux laftés prennent tous naif- fance des intertins grêles ; d'autres , en plus petit nombre , foupçon- nent qu'il en parr aufli quelques-uns des gros inreftins , ce qui eft con- firmé par une obfervaticn de Néedham far le chien , & par l'eftet des l.ivemens nourrilVans dans l'homme. On croit prefqne généralement que les vaiflTeaux laftés fe rendenr tous du méfenrere dans leréfervoir commun (du chyle ôc de la lymphe ; d'autres avouent bien que la plupart de ces io6 COLLECTION • vaiireaux vont effeftivement fe rendre dans ce rcfeivoir , mais ils foutîerf- AcADEMiEjjgjjj '-^ j-j,,^ porte aufll quelques-uns en d'autres parties. T ■ • 1 (- • _■ !, j: i:.' j'_. ■ Histoire, Sciences ^^ principale caule j je crois , de cette diverlité d'opinions, eft l'ex,- cE trème difficulté de trouver ces vaiffeaux dans l'homme j & la facilité Bologne, beaucoup plus grande de les obferver dans les brutes. Les anatomiftes . ayant prefque tous borné leurs obfervations à ces dernières , chacun aura cru pouvoir tranfporter à l'homme , par une forte d'analogie , ce qu'il aura découvert dans l'efpece d'animal foumis à fes recherches , en luppofant dans la ;ftrutture de, tous les animaux une prétendue uniformité, démentie pat Tihfinie variété que la nature a répandue dans tous fes ouvrages , &c plus particulièrement encore dans la compolition des corps organifés. Mais puifque la diverfué qu'on remarque dans les vailfeaux la6tés chez les différentes efpeces d'animaux , ne peimet pas qu'on puilfe rieo en déduire de pofitif par rapport à l'homme , on ne doit lailfer échapper aucune occafion de les obferver dans le deniief. Cette occafioii s'ell heu- reufemeiu préfentée en 1750 , à MM. Galeati & Leprotti. Un payfan s'étaut luxé la' première vertèbre du cou J ne furvéquit que huit heures à cet accident , pendant lefquelles il fut entièrement privé du fentiment &: du mouvement dans toutes les parties de fon corps , à l'exception de la tête. On lui avoit fait prendre quatre onces d'huile d'amandes douces -, Se un bouillon J où l'on avoit délayé un jaune d'œuf. . Après fa mort, l'ouverture dix cadavre, faite en ipréfenee de beaucoup.de médi^cins, mon- tra les inteftins fort diftendus , comme ils ont coutume de l'être dans ceux qui périlFent dans les convulfioiis. On voyoit dans la plus grande partie des inteftins grêles , à l'endroit où ils s'unilfent au mélentere une multitude de points &: de iîlamens blanchâtres-, qui fe prolojigeoient de part & d'autre environ d'un deaii doigt. 11. y en avpit beaucoup fur le duodénum & le jéjunum , & beaucoup moins fur l'ileum. On n'en voyoic dans ce dernier inteftin que dans l'efpace de cinq àlix travers de doigt", en co.mmençant au jéjunum. Ces points & ces lilaroens, , regardés , à jiifte titre , comme des vaiifeaux laèîés , quoique cachés entre la première & la féconde tunique des inteftins , ne laiflToient pas de fe montrer très- diftinûement à travers la membrane extérieure , & l'on voyolt évidem- inent que chacun d'eux , marchant féparément , fe portoit dans le tnér fentere , les uns direélement & en droite ligne , Se les autres après avpii; fait plufieurs détours. Parvenus dans le méfentere , ils fe réunilfeut en de plus grands canaux & fe joignent enfemble. Enfuite ils s'avancent pre- mièrement vers les petites glandes dont le méfentere eft comme parfemé çA & là , & après vers les groffes glandes qui en occupent le centre. Mais ils ne s'y diftribuent pas de la même manière. Car quelqu'uns dç ces vaiifeaux pénètrent jufques dans la fubftance des glandes, tandis que les awres rampent feulement à l'extérieur j ils fe joignent à ceux qui fortent de la glande , &: d'autres fans former de pareilles anaftomofes , continuent leur marche féparément & fe portent à d'autres glandes. Oa Académique. 107 ne remarqua pas ce qui a j dit-on , àé obftrvc par d'autres anatomiftes,^ — '■ — r^= qu2 cous les vaiireaux qui avoiein pcnctré par deux ou trois rameaux dans Académie une glande en lortillenc en un feul , devenu plus conlîdcrablc. On vit , c ^!f au contraire , fortir de beaucoup de glandes le même nombre de rameaux dÈ qui y étoit entré ; &c cela fut également obfervé fur les ^rolFes Se les Bologne. petites glandes du mcfentere. Il y avoit feulement cette différence en- rr'elles , que tandis qu'il fe porroit fimplement deux ou trois vaif- Histoire. féaux laûés aux petites glandes , il s'en diftribuoit beaucoup plus aux grolfes j ceux-ci étoient plus prellés Se formoient des efpeces de faifceaux. Lorfqu'on coupoit ces faifceaux & les glandes auxqu'elles ils alloient abou- tir j le chyle qui y étoit contenu fe montroit plus délayé que dans les fim- ples vailTeaux laélés , Se dans quelques-uns on y appercevoit , outre une îiibftance fpongieufe , une forte de cavité. La ftruéiure des vaifleaux ladés ne parut pas différer de celle aue Nuclc & Ruyfch attribuent aux vaifTeaux lymphatiques. En effet , ils avoient des tuniques extrêmement déliées & ii tranfparentes , qu'on pou- voit voir à l'œil , non feulement le chyle qui couloit dans l'intérieur du vaiffeau , mais encore les petites bulles aériennes qui en interrompoient quelquefois la colone 5c les petits efpaces qui n'étoient occupés que {3ar de l'air ; ils étoient comme entrecoupés par de petits nœuds , qu'on ïoupçonna être des valvules , Se qui en étoient effectivement , car lorf- qu'on preflfoit quelqu'un de ces petits canaux avec les doigts , la liqueur couloit conftamment vers le méfentere , fans retourner jamais du côté de l'inteftin , ce qui faifoit voir évidemment que c'étoient les nœuds ou les valvules qui s'y oppofoient. Cette obfervation fît pencher aifément M. Galéati 8C les autres fpeékateurs , vers l'opinion de ceux qui préten- dent que les vaifTeaux laéîés ne font autre chofe que les vaifleaux lym- phatiques du méfentere. Et en effet , tant que les vaifleaux ladés fc montrèrent à la vue , on ne put appercevoir un feul des vaiffeaux lym- phatiques , à moins qu'on ne regarde comme tels les vaifTeaux lâdés eux mêmes. On ne vit fortir aucun vaifleau lafté ni du ventricule ni des gros in- teftins. On remarqua cependant un rameau conlîdérable & enflé par le thyle , qui rampoit fur la face fupérieure du pancréas ; mais on ne put favoir avec certitude d'où il partoit Se où il alloit fe terminer. Il y a porûtant tout lieu de croire qu'il venoit du duodénum. Dans la poi- nine il ne fut pas pofTible de découvrir ^ malgré les perquifitions les plus exaébes , aucune trace du canal thorachique , Se la raifon en eft peut-être qu'il n'avoit pu encote s'y porter afTez de chvle pour le gonfler & le rendre fenlible à la vue. On appercevoit néanmoins entre les ap- pendices du diapragme , i*c fur la partie latérale gauche des vertèbres lombaires ,_ une grande portion d'un ample canal refTemblant à une ef- pece de véficule _, d'une figure tortueufe , ayant à-peu-prês la largeur du doigt auriculaire , &: environ deux travers de doigt de longueur. On ju- Ô .j io8 COLLECTION = gea que cette véficule étoit une partie du réfervoir du chyle , ôi ce n'é- AcADEMiE fQJ[ p-ij {"^,^5 j-^ifg,^ ^ (-JJ Q,, vit ramper autour d'elle diftcrens faifceaux c- ''"je t^c vaifle.iux lactés , Se lorfqu'ou l'eut ouverte , il en jaillit une grande pg quantité d'un chyle fort blanc , après quoi elle s^'aftaiifa fur elle même Bologne, comme une membrane fine & déliée. , Trois travers de doigt au-deffous de cette véficule , on apperçut beau- HiSTOiRE "^o"? de glandes lombaires , dont les unes étoient grofles comme des pois , ôc les autres avoient encore plus de volume : ces glandes fituées ou fur le centre des vertèbres , ou à quelque diftance de ces os , recevoient du mé- fentere un grand nombre de vailleaux laélés , 6C , ce qui eft plus fumrenant , quelques-uns de ces vailfeaux ladiferes , ou plutôt quelques faifceaux de ces mêmes vailfeaux laétés defcendoient au-dellous des glandes dont nous venons de parler vers l'os facrum , &c fe glilfant fous le tronc de l'aorte &: de l.x veine cave , ils fourmilloient fur-tout à l'endroit où les gros vaif- feaux fe changent en iliaques ; & fe contournant un peu à droite , ils paroilfoient aller s'implanter dans la fubftance même de l'os lacrum , tant leur adhérence à cet os étoit intime. C'eft ici que finit le récit de M. Galéati , un accident imprévu ne lui ayant pas permis de poulfer fes obfervations plus loin. Comme on étoic uniquement occupé à fuivre la marche des vailleaux laftés , fur lefquels tous les yeux étoient tournés , quelqu'un rompit imprudemment & par liafird le tronc de la veine cave avec le doigt. Le fang dont on fut inondé brouilla tellement les chofes , qu'il devint impoilible de fuivre davantage la diltribution des vailfeaux laétés , & de s'alT'urer de l'endroit où ils alloient fe terminer ; on foupçonna feulement , ce qu'on avoit déjà con- jefturé , que les vailfeaux en queftion alloient fe rendre à quelques glan- ( des , qui ne font pas en moins grand nombre dans ce lieu là que dans les lombes ; & cela pour y porter le chyle , afin qu'y recevant une nouvelle matière &c une plus grande élaboration j il pût remonter avec moins de peine , conjointement avec la lymphe , dans le réfervoir commun du chyle. Cette conjeélure fera certainement admife par les anatomiftes. MM. Galéati & Leprotti foupçonnent de plus , que tout le chyle ne va pas fe dégorger , comme on le croit communément , dans la veine fou- claviere gauche , mais qu'une partie de cette liqueur eft aulfi portée direc- tement du canal thorachique dans le tronc afcendant de la veine cave , comme on l'a annoncé depuis peu dans un ouvrage périodique intitulé ; Le grand Journal de l'Europe. Ne pourroit-on pas former encore une au- tre conjedure , & penfer , que puifque la totalité du chyle ne va pas fe rendre dans la veine fouclaviere gauche , mais qu'il en coule encore une portion dans la veine cave afcendante , félon que le préfument MM. Galéati & Leprotti , il pourroit bien fe faire aulfi que les vailfeaux laétés inférieurs , dont on a fait mention tout à l'heure , eu portaflent une par- tie dans les veinçs iliaques. ACADÉMIQUE. 109 '^iffl''"' - ■~>Mt,y ACADBMIE DES SUR LA FERTU D'UN CHAMP IGNON^"'^^^^' Qui croît dans l'IJle de Malte , contre les pertes defang. Bologne. LEs principaux remèdes que les médecins anciens &: modernes ont Histoire. mis en ufage contre les hémorrhagies internes , font l'opium, l'a- lun j Os: le vitriol , auxquels ont peut ajouter refpece de hingus dont il s'agit dans cet article. M. Paul Bocconi elt , autant que je. peux le favoir, le leul jufqu'à pcéfent qui eii .lit donné une bonne defcription. U le nom- me Tky phoïdem Coccineum Melitenfim. Ce fungus 's'élève à la hauteur' d'environ une palme j fon pédicule eft épais d'un pouce, & long de trois ou quatre. Sa tcte eft un peu plus grolfe , &: relfemble à celle du TyphA pabujins minons. Lorfqu'il a atteint fa maturité , il eft tout couvert d'un nombre innombrable de graines pareilles à celles du panicum , & d'un^* couleur écarlate. Si on vient à le prelfer avec les doigts , il en dégoûte' un fuc prefqa'aiifli ronge que le lang. Les habitans de l'Ide de Malte croient ce fungus de la plus grande emcacité dans les pertes fanguines , & dès que quelqu'un eft attaqué d'un flux de fang , il lui font avaler auftî- tot de la poudre du fungus délayée dans du vin ou d.in$ du bouillon. Ils difent tenir cette pratique de leurs ancêtres. II n'y a pas lon^-tems que les médecins de l'académie', lorfqu'elle tenoit encore fes fcances dans la m.irfon de M. le comte Marfili , com- mencèrent à fe-fervir de notre fungus. U le trouvèrent (I efficace, qu'il leur parut mériter la prétérence fur tous les remèdes les plus vantés contre les pertes de fang. Ce fucccs engagea M. Jean-Antoine Stancari à s'en occuper d'une manière particulière, à fin d'en rendre l'ufage toujours plus lùr , & de prévenir les abus que les ignorans ponrroient en faire. Et comme les remèdes qu^on oppofe aux hémorrhagies internes fe pren- nent la plup.irt par la bouche j & n'arrêtent ces hémorrhagies qu'en cau- fant une altération plus ou moins grande dans le fang , Af.' Srancari crut ^ avec raifon , que celui de ces remèdes , qui j en rempliftant l'effet qu'on fe propofe , altéreroit le moins la maft'e du fang , devoit être inconteftable- ment préféréA tous les autres. Or , le fiingus dont nous par!ons_eft précifé- ment dans le cas. La pratique ^ l'expérience fe réunifient en fa faveur ; car notre académicien ayant mêlé avec des portions égales du même fang, récemment tiré de la veine , de l'opium , de l'alun , du vitriol , & de la poudre du fungus , ce dernier n'apporta prefque pas la moindre altération au fang , au lieu que l'alun j l'opium 6c le vitriol en changè- rent très-notablement les qualités. no COLLECTION Académie <("*" ' ' ' ' .^j^,hi- „ . — . . ^^ DES ^^'Z""^ s U R L'O P I U M. Bologne- . . \ . , PErronne n'îgnbre que 1 opium procure le fommeil, mais comment le fait-il ? queftion très-difficile &: peut-être infoluble , agitée autre- fois dans l'académie , & fur laquelle M. Jean-Antoine Stancari a donné fes conjéftures , dont voici le prccr^. Les plus fayans auteurs conviennent que l'opium fournis à l'analyfe chimique folirnit. une aiiédiocre quantité d'eau j une très-grande quantité d'huile, (Se un peu de ièl volatil ; & qu'il refte enfin au fond de la cor- nue un certain (el fixe & le caput moriuum. De ces différentes parties l'huile eft la feule qui procure le fommeil. Des expériences inconteftables ne permettent jj^as à]ei\ douter j car fi on fait avaler à quelque animal que ce foit une certaine, quantité de cette huile ,, l'animal périt à coup fur dans l'afioupilleiTient , après avoir éprouvé différens fymptômes ; &c la mort eft plus-prompte encore fi on a mêlé à l'huile quelque peu du fel volatil tiiéde l'opium. Au contraire , ni l'eau ni le caput mortuum j feuls , ou mêlés avec le fel volatil, ne nuifent point aux animaux; en quelque dofe qu'on les leur donne, ils ne les jettent point dans l'alfoupilTement , & ne leur caufent pas même le moindre penchant au fommeil. U réfulte donc delà que la vertu foporifique de l'opium réfide dans fon huile , & que cette vertu eft un peu augmentée par le fel volatil ; aalTi voyons nous que prefqùe toutes les fubftances huileufes font douées , quoiqu'à diffé- rens degrés , de la même faculté. Il en eft pourtant quelques-unes qui en font entièrement privées ; cela vient fans doute de la différente textuce 6c de la difpofition variée des particules intégrantes de chacune de ces fubftances. Il eft remarquable que l'huile contenue dans l'opium fe laiife; difloudrepar tous les jpenfttues, aqiieuxj falins, &c fpicitueux , ce qui n'arrive pas aux autres huiles. Pour expliquer maintenant comment l'opium amené le fommeil , M, Stancari fuppofe que l'état de veille confifte dans une certaine tenfion des fibres cérébrales d'où tous les nerfs tirent leur origine , tenfiou entrete^ nue par une lymphe très-fine qui fe fépare dans Li iubl^ance corticale du cerveau. L'huile de l'opium venant à fe mêler à cette lymphe en rallentic l'e cours , eu la rendant vifqueufi ; les: fibres cérébrales moins tendues , tombent dans le relâchement,; elles ne, peuvent plus rélifter aux battemens des artères , fe laiifent affailJer , & l'animal s'endort. Bien des faits paroilfent venir à l'appui du fyftême de M. Stancari \ T°.Tons les phyficiens conviennent que l'adhéùon des fels aux huiles , les rend plus mifcibles dans l'eau ; Se nous avons vu que le fel volatil de l'opium aiguife la vertu foporifique de fon huile, z". Vedelius oblerve que cette action de l'opium exige dans le fujet une certaine quantité de A C À D fc M I Q U t. -jt,:! parties aqucufes-;' & l'on voir eiieftivement en pratique , que^tciix' eii====^ <\in la Inolitc domine s'endorment facilement wr l'effdcdfe 't* narfofl-'^^^^^^^^ que , tandis qu'une forte dofe d'opium a Bien cit la (lieine à procurer le ,<; ^'^^ ■' lonimeil aux maniaques , de à tous ceux dont le fang fe trtiuve trcs-fec. ^'^"'^'^^^ 3^ Enhnle mcme M. Stancari a vu dans fcs expériences fur le funaus ," Bologne dont.il eft quertion dans Tarticle précèdent, que l'opinm mLlé avec lé ~ "^ fang , en attaque principalement ia fcrolîté', & là difpofe^^.k ccrO- ,jii'- '\i gulation., ., •, . ■ :■.:•;: .^i , • Jl ,, •. T , '™S'l'Ofe*« ,.-. ..-i:ti.! .'! .;■! ''■•'" ' ' yr- i 1 I il ' ji ■ 1... i-r^i ' ' » .','.nl>j;j :J^(^id>■ùhti\:.:^iÀl^'XL.) M AM\A(E:0 M.-Lq-U^E S^. 'libiat. .i '■!:'■ 'j''^ ]■; '.Il ..".ir ;i- . 'C i5 le' rôté'ëp^féj ^ 'v^aif-'dahs cet état enviroaim Jemiffuart. d^Jieure; Cètté'expériente a étc Etiré paj: d'autres avec Je mêtne fuccès , ce l>l-Malpî"hi & Lanctli onrpivconjeifluTet- fai* peine qH'êifè étwit'ifa'^-hartie'dU "cerveau aftedée dans les hémipteaiques , lorfq ,.i,. ■ . : i •. .. * • f-- :n -^-'j;: >■ .. HZ COLLECTION ^ , = M. Molinelll rendit compte le même jour à l'académie de ce qu'il ^^cADEMiE^y^lj. oljfgfy^ ;\ l'ouverture d'un homme qu'une forte apoplexie avoir fait Sciences P'^'-'''' Dans ee cadavre toute la pie-mere étoit parfemée , fur-tout dans DE les prolongemens qu'elle envoie profondément dans les cu'convolutions du Bologne, cerveau , de petits corpufcules ovales & à-peu-près gros comme des grains .de railler. Ces corpufcules étoient pleins d'une matière jaunâtre Si vif- HiSTOiRE. qneufe , & plufieurs vailfeaux rrès-déliés les pénétroient. Les petites glan- des qui font dans les (mus de la dure-mere étoient , & par le volume &: par la matière qu'elles contenoient , exattement femblables aux mêmes corpufcules .Les glandes xiti méfentere ,■ du pancréas, du foye , des bronches , & celles qui font répandues dans toute l'habitude du corps , avoient fubi une pareille altération ; enforte que tout le fyftême glan- duleux étoit atFeété dans ce cadavre. Quel partilan de Malpighi pourroic fe défendre de croirç'j que ces cbrpulcules. parfemés^ contre l'ordinaire, fur toute l'étendue delà pie-m'ere étoient de véritables glandes ? Et n'eft- on p;^s effetUyçment bien' fondé à le préfumér , contre l'opinion de ceux qui ne veulent pas admettre des glandes dans cette membrane ? M. Molinelii euf pour témoni de fa diffeélion , outre plufieurs autres fpeétateurs , M. Jean Grégoue , médecin originaire de Bologne , qui exerçejii*^ten;y}t Jpii ar/ à Rome avec beaucoup de diftmdtion» , ".; -r V .r!i-i .-ro V '^ a:: \. ■ -:t<,v;': : ^:nvn'l / . . . J,iil -. • - r ■■n„tf>jinrf r. . r ■. ' î, wvii, . : r, ) . ) 0 ■: i ,\ . ^ ' '■ : ■ '. . ^.j[/J^';;I^E;^-^^JÈ,;^IÇULES:' DE L'O KAIRE. LE-s aiiatpiijilftes, font fort partagés entr'eux , pour fa voir fi les véficit- les qu'on dépcjiivre fans aucune peine , dans les ovaires des femmes font de véritables -œu-fs , ou (I ce ne font pas plutôt de limples capfules cjù les œufs fe troavent cachés & renfermés , jufqu'à ce qu'ils fortent, ar la fécondation. Les obfervations de l'ingénieux Littre j inférées dans es mémoires de J,'acadéiTiie royale des fciences de Paris , années 1701 , 170J & 1706, peuvent beaucoup fetvir à réfoudre cette queftion. M. Galéati y. eiii ajoute deux autres , donc nous allons donner le précis. ' XJne femme enceinte étant morte de la fièvre vers le^ fécond ràqis de ïa groiïeiïe, , M..Ga|éatJ , dès qu'elle eut expiré , tifa du: cadavre In ma- trice , les ovaires 6v, les trompes , curieux de fâvoir en quel.écu étoient toutes ces parties. Le placenta , quoiqu'encore irifor.me , 'tenoit affez for- tement au fond de la matrice i mais l'on ne vit rien qui eût apparence jîe fétus ,j on apperçut feulement un petit ^fac d/une fubllance charnue, qu'on auroït eu peine à diftinguer du placenta, & qui avoit auflî des adhérences à la matrice. Ce petit fac étoit o.uvert pu peut-^être. déciiité fuivant fa longueur. M. Galéaçi &: ceux qui étoient pr-éfens à fa dilfec- tion , préfumerent que la femme avoir une faulfe conception , ou que li elle avôit porté un fétus , celui-ci étoit forti de it% enveloppes , avanc la r. ACADÉMIE DE BOLOGNE. 113 la mort de fa mère. Cette dernière conjedlure ctoit d'autant plus vrai- ^^^^'"""^ femblable , que la femme avoir perdu avant de mourir une grande quan- Academit tité de fangpar les parties naturelles , iS: que l'orifice de l'utctus , qui c ^" ctoit encore couvert de fang , ainfi qije le vagin , ctoit û fort dilaté qu'il pg auroit pu aifément lailfer fortir , non feulement le fétus , en fuppo- Bologne. fant qu'il en eût exifté un , mais encore tout ce qui ctoit renfermé dans la matrice , fi les adhérences intimes que ces chofes avoient avec les oa- u,.^^,.,,. 1 >/ - r' \ 1 t ,- ^ iHSTOilvt. rois de cet organe ne s etoient oppolces a leur expuHion. Palfons maintenant aux ovaires & aux trompes ; les premiers avoient un peu plus de volume que dans l'état naturel. Les trompes j fur-tout la gauche , avoient leur orifice fupérieur fort ouvert , & ce qu'on ap- pelle le morceau frangé , extrêmement déployé. L'ovaire droit n'otfroit rien de remarquable , à l'exception d'une ou de deux petites fentes , que quelques-uns ont prétendu ttre d'anciennes cicatrices. L'ovaire gauche , un peu plus gros que le droir _, lailfoir appercevoir deux cicatrices plus marquées j dont l'une ftmbloit être plus récente que l'autre. Quoique chacune d'elles fût percée d'un trou , il étoit plus feniîble fur la plus ré- cente , & pouvoir facilement recevoir un ftilet ; le trou droit étoit moins diftind fur l'autre cicatrice , qui étoit prefque effacée, & il n'y avoir rien au-dslfous qu'on pût fuflilamment diftmguer de la fubftance même de l'ovaire. 11 n'en étoit point ainfi de la cicatrice nouvelle ; car il y avoir dans fon intérieur un corps gros comme une petite fève &c femblable à un petit mamellon , qui la foulevoit ; dans le centre de ce petit corps , il fe trouva une caviré à pouvoir y placer facilemenr un grain de millet. Des vailfeaux fanguins , que l'injection d'une liqueur noire avoir- rendu fort fenfibles à la vue , rampoient autour de ce même petit corps , 8c l'at- tachoient à l'ovaire , de façon cependant qu'on pouvoit aifément l'en fé- parer & le tirer en dehors. La fubfbance étoit fort différente de celle de l'ovaire ; elle étoit glanduleufe , formée d'un tilfu de fibres charnues , &: en tout femblable à celle des petits corps de même nature que le célèbre Littre avoir autrefois découverts dans les ovaires des femmes. Voici la féconde obferv.ition de M. Galéati. Une femme à la fleur de fon âge périt quatre jours après avoir accouché , en apparence alfez heureufement. M. Galéati l'ouvrit aulfi-tôt pour reconnoitre la difpofi- tion de la matrice , , . Sciences M. Jofepli Piui ht part également à l'académie de deux cas fort re- j,£ marquables j il avoir été témoin de l'un , Se l'autre lui avoit été coni- Bologne. muniqué par un médecin. Voici le premier. Un enfant né depuis^ deux jours , fut attaqué d'une fièvre précédée du froid &; fuivie deTâti„Qm£_ chaleur. Le médecin ne favoit à quoi attribuer cette fièvre. Ayant jette par hafard les yeux fur le fein de l'enfanr , il apperçut la mamelle droite tuméfiée. Par l'examen qu'il fit de cette tumeur , qu'il trouva dure & renitente , il ne douta pas qu'elle ne fut la caufe de la fièvre , &: , ce qui paroîtra fort étonnant , en touchant &: comprimant doucement le ma- melon , il en fit fortir quelques goûtes d'une liqueur Ci blanche qu'on ne pouvoir la méconnoître pour du lait. Le médecin furpris d'un pareil phé- nomène , prit des informations defquelles il réfulta que la mère & l'en- fant avoient été attaqués tous les deux à-peu-prcs dans le même tems de la fièvre de lait. Le lendemain ayant amené avec lui un ami pour le rendre témoin d'un fait aulli fingulier , on vit encore couler de la ma- melle de l'enfant un lait parfaitement femblable à celui de fa mère , à la confiftance près. Il eût été important d'obferver ce qui arriva les jours fuivans. Les occupations du médecin l'en empù'cherent fans doute. On fut des parens qu'après que la mamelle droite fe fut affaiflce j la gauche avoit commencé à fe tuméfier un peu , Se avoit aulTi fourni quelques goûtes de lait. On trouve bien quelques faits pareils dans les hiftoriens de la médecine , mais ces faits font en très-petit nombre , & confirment le phénomène , fans le rendre moins furprenant. M. Puti palTe enfuite au récit du fécond cas. Une demoifelle de con- dition , âgée de il ans , Se qui n'avoit jamais été réglée , ne laifLoit pas de fe bien porter j à l'exception de quelques maux d'eftomac. Ayant été mariée , on crut d'abord qu'elle n'auroit point d'enfans ; mais vers la fé- conde année de fon mariage elle commença par éprouver dans le mois de février , des lallîtudes univerfelles, des naufées , des vomiffemens , ôc de la chaleur dans la région de la matrice. Le lendemain il coula ino- pinément & pour la première fois du fang de l'utérus Se du vagin j & cet écoulemenr continua par intervalles l'elpace de quatre jours. Le mois fuivant la même évacuation revint , & dans le même tems le ventre aug- menta de volume autour de l'ombilic. La jeune dame crut alors être en- ceinte &: ne fe trompa pas •, car la même évacuation ayant continué à reparoître enfuite périodiquement tous les mois , elle accoucha enfin , non fans quelque difticulté , d'un enfant à terme &: bien portant. Après l'accouchement les règles continuèrent à fe montrer régulièrement ; mais elles foutfrirent depuis une autre fupprellion. Dans le tems ou M. Puti communiquoit cette obfervation à l'académie , il y avoic ûcji un an &: demi que la jeune dame avoit accouché. Pi; ii6 COLLECTION ACADÉMIQUE, ■ M. Paul Baptifte Balbi rapporta enfuite un fait plus lîngulier encore Académie q^e les précédens , qu'il dit tenir de M. Vmcent-Antoine Pigoti. La ^^' fille de ce dernier , étoit tourmentée depuis long-tems par les plus cruels Sciences ^ j^^ ^^^^^ bifarres fymptômes de la palîîon hyftérique. Ayant été ma- Bologne, rice , & fon état empirant encore , on lui fit bien des remèdes , ôc on lui donna, entr'autres , beaucoup de lavemens de diftérentes efpeces , Tj donc les uns n'étant point rendus pourroient être réputés nourrilFans, tan- HiSTOiRE. ^^^ j^^ autres procuroient des lelles crès-copieufes ; au terme ordi- naire, la femme accoucha d'une petite fille , qui , dès qu'elle fut née, re- jetta par le vomilfement & par l'anus , non pas du méconium , comme on devoir s'y attendre , mais de l'huile pure en très-gr inde quantité , & parfaitement femblable à celle que la femme avoir pris plus d'une fois par la bouche , & plus fouvent encore en lavement , pendant fa grof- fefle , & dans le travail de l'enfantement. Elle n'en différoit aucune- ment • c'étoit même couleur , même odeur , & même goût. Ce cas eft vraiement étonnant ; mais peut-on refufer d'en croire un exatl & favanc médecin , tel que M. Pigoti , le parent & le difciple du grand Malpighi, lorfqu'il attefte ce qu'il a vu & obfervé fur fa propre fille ? M. Sl/R L'EAU DE CHAUX. Jean-Baptifte Morgagni a fait part , depuis long-tems , à l'aca- ., demie de quelques expériences fur l'eau de chaux , qui méritenr l'attention des médecins. Il avoit lu dans un mémoire de M. Burlet , inféré parmi ceux de l'a- cadémie royale des fciences de Paris , année 1700 , que l'eau de chaux mêlée avec le lait en empêche la coagulation. 11 avoir lu , au contraire , dans la dernière édition des œuvres d'Ettmuler , publiée à Venife , à l'endroit où cet auteur parle de la pierre calcaire , que fi on verfe de cette eau fur le lait , il fe coagule bientôt après & le difpofe à fe gru- meler. M. Mor^acni pour terminer cette difficulté crut devoir en .ippel- 1er aux expériences , excité principalement à cela par les grands éloges que fait M. Burlet de l'eau de chaux mêlée par portion égale au lair , elle s'oppofe , fuivanr ce médecin , à fa coagulation dans les eftomacs ou il y autoit lieu de craindre qu'elle n'arrivât. En conféquence , M. Morg.agni , le 6. janvier de l'année 1706 , fit préparer de l'eau de chaux avec beaucoup de foin j il ordonna qu'on laidât la chaux dans l'eau commune pendant 24 heures , & qu'on gardât la proportion obfervée autrefois en quelques occafions par M. Burlet , & qui l'étoit aurti par prefque rous les Hollandois , proportion fuivanc laquelle le poids de l'eau , eft quatre ou cinq fois plus fort que celui de la chaux. 30 jours après, il prit trois verres égaux ; dans le premier il chaux & AcAnÉMiE ACADÉMIE DE BOLOGNE. 1,7 mit un peu de lait de vaciie récemment trait , & y ajouta une certaine quantité d'eau de chaux. Dans le fécond, il verfa de l'eau de du lait par portions égales j & dans le troilieme enfin , qui devoit lui Sciences fervir de terme de comparaifon , il ne mit que du lait pur. 11 tint ces de verres pendant trois heures Se fans les remuer à un air tempéré. Lnfuite Bologne. il les inclina chacun très-doucement pour voir s'il y auroit quelque chofc. de coagulé. On n'y remarqua pas la moindre différence , ou s'ils en pré- u,c-r^,>,c fentoient quelqu une , elle ctoit toute en faveur de M. Burlet , puilque le lait mêlé .\ l'eau de chaux , & celui fur-tout où l'on en avoit mis d.i- vantage , fe montroit plus liquide que le lait tout pur Se fans mélange. Le lendemain de cette expérience M. Morgagni voulut la répéter avec une .eau de chaux préparée félon une autre proportion , c'eft-à-dire , avec fept fois autant d'eau commune que de chaux j car c'eft ainfi ordinairement que M. Burlet compofoit la lienne. Lorfqu'elle fut prête il la mêla dans un verre par portions égales avec du laie ; & dans un fécond verre il mie fur une partie de lait deux pairies d'eau de chaux. Il continua enfuite l'ex- périence comme la première fois , & avec le même fuccès. Non content d'avoir fait ces épreuves à froid , M. Morgagni voulut les réitérer à un certain degré de chaleur. Il mêla donc par portions éga- les de l'eau de chaux Ik du lait , après les avoir fait tiédir. Une heure Se demi après , ayant incliné légèrement les verres, il vit que les mélanges ctoient aulli coulans qu'auparavant j bien plus en les examinant quatre heures &: même vingt-deux heures après , M. Laurent Bonazzoli, exaét ôc favant phylîcien , chez qui M. Morgagni avoit fait ces différentes ex- périences , ne put encore appercevoir aucune différence entr'eux. Des épreuves auQl variées auroient pu paroître fuffifantes aux phyfi- ciens les plus difficiles. M. Morgagni n'en fut entièrement fatisfait que lorfqu'il les eut répétées avec une eau de chaux préparée par décoétion , telle qu'elle eft décrite quelque part par Ettmuler. En conféquence, il fit bouillir de la chaux vive dans fept parties d'eau réduites à cinq. Et ayant lailfè écouler environ 24 heures , il mit dans un vafe de verre par- ties égales de cette eau de chaux Se de lait de vache fraîchement tiré , Se dans un fécond vafe une partie feulement de cette eau fur quatre de lait. Le réfultat n'offrit rien de différent de ce qu'on avoit déjà vu , car les deux verres ayant été tenus immobiles pendant quatre heures dans un air tempéré , ne laifferent appercevoir aucune coagulation , ni même la moindre altération huit heures après , non feulement à M. Bonazzoli , mais encore à deux autres académiciens , amis , comme lui de M. Mor- gagni , favoir , MM. Manfredi Se Beccari. M. Morgagni ne fe diilimuloit pas que la différence de la chaux , de l'eau &: du lait , la diverfité des proportions dans les mélanges , Se de l'air enfin , avoient pu préfenter à d'autres des réfultats différens des liens. Mais qui eft-ce qui confidérant la confiftance &: l'uniformité de ces ^ecmers , ne fe femita pas plus porté à embralTer l'opinion de M. Butlet ii8 COLLECTION ACADÉMIQUE, -que celle d'Ettmuler. M. Morgagni eft d'accord encore avec M. Burlet Bologne. Mais pour en bien juger ^ il ne faut pas fe contenter d'y tremper le bout du doigt Se de le porter après à la bouche. Il faut en goûter une Histoire certaine quantité dans une cuiller. Cette remarque de M. Morgagni eft ' de conféquence ; elle peut être appliquée plus ou moms à toutes les liqueurs dont-il s'agit de déterminer avec précillon le goût &; les faveurs. ggug'''"'. .. '- =i*g» Sl/R LES PHÉNOMÈNES DE LA DISSOLUTION Des corps dans l'air ù dans le vuide. LA difTolution des corps , doit ce femble préfenter dans le vuide J d'autres phénomènes que dans l'air ? Mais quelle eft cette diffé- rence ? C'eft une queftion très-curieufè , que M. Beccari a rendu plus curieufe encore par fes expériences. Il commença par la dilTolution des métaux. Il verfa des quantités égales d'eau forte dans des vaifteaux éo-aux 5 il plaça quelques-uns de ces vailfeaux fous le récipient de la ma- chine pneumatique , difpofant toutes chofes de manière , qu'après avoir fair l'extraélion de l'air , il pût y faire tomber des morceaux égaux da métal. Les autres vailleaux furent mis fous un récipient où l'air péné- rroit librement. Tout étant préparé de la forte , il jetta dans chaque vailTeau , &: en même-tems le morceau de métal qui lui étoit deftiné. L'eau-forte commença auffi-tôt à fe mouvoir , à entrer en effervefcence & à former une fuite continuelle de bulles. Ces mouvemens cepen- dant furent plus modérés dans le récipient qui contenoit de l'air; mais dans l'autre , ils furent très-vifs , les bulles s'y élevèrent davantage , fur-tout vers les bords des vaifteaux , le tout accompagné d'un lifflemenc très-fenfible , ce qui parut furprenanc , les fons étant, comme on fait, extrêmement affbiblis dans le vuide. II fembloit donc que la diftblution des métaux dût fe faire plus promp- tement dans le vuide que dans le plein , puifque la liqueur s'y échauf- foit davantage. M. Beccari & les alViftans le crurent d'abord , eftimanr l'aftion de la force diftolvante par le degré de l'eff'ervefcence. Mais il en arriva tout autrement. Les métaux furent diftous beaucoup plutôt dans le plein que dans le vuide. La fingularité du fait engagea M. Beccari à répéter l'expérience fur les fels. Mafs ayant jette difterens fels dans de l'eau commune , qui en eft le diiïblvant naturel , avec toutes les circonftances obfervçes auparavant par rapport aux métaux , il obferva tout le contraire j 6c les fels furens ACADÉMIE DE BOLOGNE. 119 iliiïbus dans le.vuide plutôt que dans le plein. M. Beccati eue donc deux' iujetsde fuiprifeau lieu d'un, favoir , de ce que les métaux fe diflol- ^^^"'^'^ voien: plutôt dans le plein que dans le vuide , quoique rofTervefceiice ^iences fût plus forte dans le vuide que dans le plein j & de ce que les fcls.ot- de froient des phénomènes ablolumenc contraires ; il en fut long-tems en Bologne. fouci , mouis tâché cependant de ne pouvoir trouver la caufe de ces effets — fniguliers , que de voir qu'Us fembloiem démentir cette uniformité fi tjxsioiRE. vantée de la nature. 11 eut donc déliré vivement de pouvoir ajouter en- core quelques expériences : mais il en fut empêché par d'autres oc- cupations. Ce ne fut que long-tems après, c'eft-à-dire , en 1715 , qu'il fut ra- mené à ce fujet par la lecture du célèbre ouvrage de Seiiguerdi , intitulé : Ccnnuhium rationis & expenenûa. Il y vit que Senguerdi avoit imaginé la même expérience que lui par rapport aux métaux , & qu'elle lui avoit réulli de la même manière. Quant à l'explication qu'il en donne , M. Beccari ne l'approiivoit qu'avec quelque rertrittion. Senguerdi prétend que le mouvement & l'eftervefcence des liqueurs font coniidérablement réprimés par le poids de l'air \ qu'en conféquence les parties vivement agitées de la liqueur , font répercutées par la rencontre de l'air ambiant & qu'elles heurtent avec plus de force contre les corps expofés à leur aélion ; & voilà pourquoi, félon lui , les métaux fe dllfoivent plus puomp- tement dans le plein que dans le vuide. Il compare l'aélion de la liqueur diffolvante à celle de la flamme , qui brûle en s'attachant au corps com- buftible, & qui s'y attache avec d'autant plus de force, qu'elle eft plus fortement répercutée par l'air extérieur. Cette explication que Senguerdi regarde comme une vérité démon- trée , plaifoit affez à M. Beccari ; elle s'applique , en effet , à merveille à la dilfolution des métaux ; mais elle eft démentie par celle des fels. Car, pour que cette explication fût véritable , il auroit également fallu que les fels fe fondiflent plus promptement dans l'air que dans le vuide , contre ce que M. Beccari .avoit reconnu par une expérience faite avec une extrême attention & très-fouvent répétée. M. Beccari s'applaudif- foit donc de s'être rencontré avec Senguerdi dans fes expériences , mais il étolt fiché de n'être pas entièrement d'accord avec un fi grand hom- me. Il s'embarralfoit toujours moins de découvrir la caufe des phéno- mènes obfervés , que de les faire quadrer avec l'uniformité de la na- ture ; car la différence que lui offroient les métaux & les fels , lui pa- roiffoit infoutenable. Après avoir eu à ce fujet plufieurs conférences avec M. Galéati , il fe détermina enfin à réitérer (on expérience , com- me s'il fe fût défié de lui-même. 11 eut occafion de fe convaincre par-là, combien l'on doit éviter en phyfique , de s'attacher opiniâtrement à une opinion , tant il y a de pré- cautions à obferver , tandis que fouvent rien n'indique quelles font ces précautions ni quant on doit les prendre. M. Beccari ayant répété fon 120 COLLECTION ACADÉMIQUE; : expérience j s'actendoit à voir, comme la première fois, les Tels fe cîiC- Académie ^Q^^j,.g p[^,5 prompcement dans le vuide que dans l'air j mais, contre fou r- ^^' attente, il obl'erva tout le contraire , (Je la dllFolution fut plus prompte Sciences , ,, '. , ■ -j t i f • 'i 'c i> - ■ ^ K, j3g dans 1 air que dans le vuide. lotîtes les tois qu il rent 1 expérience , elle Bologne, lui offrit le même réfultat. Cela arrivoit fort à propos pour établir une loi générale , puilque les fels fe confornioient à cet égard aux mé- HiSTOiRE '^'•'^' ^^is '' reftoit à fivoir pourquoi ils avoienc cefle d'être d'accord avec eux-mêmes. La raifon en ctoit fort difficile à déterminer. A force d'y réHéchir , M. Beccari imagina que cette différence pouvoir bien avoir été caufée par celle de la faifon &c par l'adlion du froid &C du chaud. Il fe rappella qu'il avoir fait fes premières expériences dans l'été, pendant les vacances de l'a- cadémie , au lieu que ces dernières avoient été faites pendant l'hyver ; Sc il penfa que cette différence deviendroit peut-être nulle , fi , dans cette dernière laifon , il fe fervoit d'eau tiède au lieu d'eau froide. L'événe- nement vérifia fa conjefture j car ayant fait & répété plufieurs fois l'ex- périence avec l'eau tlede , il vit toujours que les fels fe fondoient plus vite dans le vuide que dans l'air. Dans le vuide , le mouvement de l'eau fut extraordinairement violent , enforte que le récipient même en fût ex- trêmement échauffé. 11 réfultoit donc de tout cela que , fi l'on diffol- voit les fels dans l'eau froide j ils fe conformoient aux métaux & fe fondoient plus promptement dans l'air que dans le vuide j mais que le contraire arrivoit fi l'eau étoit tiède , foit par Taâiion du feu , foit par l'effet de la faifon. A ces expériences M. Beccari ajouta les fuivantes. Il fut curieux de foumettre le camphre à la même épreuve à laquelle il avoir fournis les métaux & les fels. Il fe fervit ^ pour le dilfoudre , de l'efprit de vin , qui paffe pour le meilleur difTolvant de cette fubtlance. 11 verfa donc des parties égales d'efprit de vin dans deux vaiffeaux diffcrens qu'il plaça fous deux récipiens ; après avoir extrait l'air de l'un d'entr'eux , il fit tomber dans chaque vaiffeau une égale quantité de cam- phre. Dans le vuide , la liqueur forma aulli-tôt une grande abondance de bulles qui fe fuivoient avec une extrême vîtelfe. Le camphre y fut trcs-promptement dilfous. Dans l'air j la liqueur ne bouillonna pas fen-, fiblement tk la diflolution du camphre fut beaucoup plus lente. M. Beccari fit encore un effai fur l'efprit de vitriol , & les yeux d'é- crévilfes qui s'y dilTolvent très-aifément. Il eut auparavant la précaution de délayer Sc d'alFoiblir la liqueur acide avec un peu d'eau , afin que la dilTolution ne fût pas plus prompte & plus vive qu'il ne le delitoit. Après avoir difpofe toutes chofes comme dans l'expérience précédente, il jetta les pierres dans la liqueur. L'effet fut à-peu-près le même que pour le camphre. La liqueur fit une eff^ervefcence extrêmement vive dans le vuide & fort modérée dans le plein. Lorfque l'effervefcence eut celfé dans les deux vailfeaux , on ôta les récipiens. On tjrouva la liqueur qui avoiç ACADÉMIE DE BOLOGNE. 12,1 avoit été dans le vuide plus adoucie que l'autre j douceur qui ne pou- ' voie venir que de ce que les yeux dccrcvifreis s'y ccoieuc dilFous plmôt ^P-*^^""^ & plus parfaitement. ,,- Sciences U rémlte donc de toutes ces expériences que l'eau-forte difTout les nié- de taux plus proniptement dans l'air que dans le vuide ; que l'efprit de vin Bologne. dilfout le canipnre 6c l'efprit de vitriol les yeux d'écrévilTes , plus promp- . tementdans le vuide que dans le plein ; qu'il en eft des fels comme des Histoirs. métaux lorfqu'on les fait fondre dans l'eau froide , &i comme des au- tres fubllances dont je viens de parler , lorfqu'on les dilfout dans l'eaa chaude. Ces loix peuvent fuffire à un phyficien qui fe contente d'établir les faits j mais elles ne fuffilent pas à celui qui veut remonter jufques aux caufes. N'aurons nous donc rien à propofer qui puilTe contenter auflî ces derniers ? Plufieurs perfonnes j je le fais , penfent que les philofophes ne doivent pas s'amufer à la recherche des caufes , &c que tout ce qu'on doit attendre d'eux, c'eft qu'ils expofent la marche ordinaire de la na- ture &c ce que chaque genre ofïre de phénomènes conflans Se perpé- tuels. C'eft-là y en effet , tout ce qu'on exige dans les autres arts , qui ne laiiïent pourtant pas de faire des grands progrès. M. Beccari n'eft peut-être pas fort éloigné de ce fentiment. Mais , quoiqu'on dife à cet égard , on ne fauroit empêcher que , par uiip cnriolué qui nous eft naturelle , nous ne defirions avec une extrême ardeur de copnoitre les caufes , ôc que nous tâchions au moins d'en imaginer de probables , lorfque nous ne pouvons en découvrir de certaines & d'évidentes j Se la preuve que ce defir eft inné dans nous , c'eft que ceux même qui font proteffion de ne point s'attacher à la ijecherchs des caufes , s'efforcent cependant de les découvrir , lorfqaij? y voient de la polîîbilité. 1^ C'eft ainfi que M. Beccari , tout en déclarant qu'il ne fonge point à remonter à la c'aufe des effets qu'il a obfervés , ne lailfe pourtant pas d'en propofer une en paffant , ce qu'il n'auroit alfurément pas fait , s'il n'avoit eu quelque delTein de la trouver. U iuppofe que les liqueurs diffolvantes contiennent des particules d'une lînelTe Se d'une mobilité extrêmes , lefq^jjelles fe diflîpefit aiféfneru ,à j moins qu'elles ne foient retenues par la pefanteur dé la liqueur même bu par là preffion de l'air ambiant. Ces particules aident puiflaipipdut à la. d,ilfolution , &: li elles viennent à s'évaporer j cette opératics'n ftra confidérablement retardée. Cette fineiïe & cette mobilité extrêmes des dilfolvans eft bien prouvée par la fumée qu'exhalent les liqueurs ardentes. Or , que peut-on ima- giner de plus propre que cette exhalaifoJi fubtile à pénctre3:,à travers le ^ilTu compade des métaux , Se à; ouvrir tun ^alfage aux parties plus grof- f^eres de la liqueur. Si donc on a recoturs à ceire, vapeur dont l'e-xiftence 4» prouvée par la fumée qui s'échappe d^ ces liqueurs , &: qui explique çommodérnent tous les phénomènes , & Ciop lui attribue Je principal CoUiil: Ai^ad. pàhy iir. Tome X, Q m COLLECTION ACADEMIQUE, = rôle dans la dilTolution , ne faut-il pas en conclurre que, lorrqu'elle eft AcADEAiiE iij^g fois diflîpée , la didoliition doit ncceirairement être beaucoup plus r °^^ ^^ leme ; & qu'elle fera au contraire plus prompte Se plus vive , fi la va- j3£ peur en queltion elt retenue. <^ecl s accorde tres-bien d ailleurs avec une Bologne, autre expérience de M. Beccari. 11 mit des quantités égales d'eau-forte - dans deux vailfeaux &c y jetta des morceaux égaux de cuivre. U cou- ij,c-r^,r.„ vrir !'un d'un gros papier feulement & l'autre d'une couche d'huile Histoire. ,,,.,»• "^ ,' , r i.n. > r d olives, qu on aoit plus propre qu aucune autre lubltance a conlerver les liqueurs , foit parce qu'elle les garantit du contaél: de l'air exté- rieur , foit parce qu'elle s'oppofe par fa ténacité à l'évaporation des particules les plus fubtiles. Dans ce dernier vailfeau , la dilfolution du cuivre fut plus prompte Se plus parfaite , ce qui fut fenliblement dé- montré par la couleur de la liqueur. Doit-on en être furpris ? L'huile d'olive a empêché dans un de ces vafes l'évaporation des parties aétives de l'eau-forte ; mais dans l'autre rien ne s'eft oppofé à leur diffipation. ' Cette caufe peur être appliquée à l'expérience des métaux rapportée ci-delfus. Ces métaux fe font dllfoUs plus promptemenc dans l'air que dans le vuide , parce que les parties fubtiles de la liqueur fe font éva- porées plus aifément dans ce dernier cas. On peut encore expliquer d'une manière à-peu-près femblable , la diflTolution des fels par l'eaii firoidè plus prompte dans le plein que dans le vuide. Que fi l'eau chau- de au contraire dilTbtit plus |)romprement les fels dans le vuide que dans le plein _, On comprend aifément que cela vient de ce que l'air renfer- mé dans lés molécules de ces fels j déploie davantage fon élafticité dans le vuide , enforte qu'aidé par la chaleur de l'eau , il agit avec plus de force , ouvre les pores des fels Se les rend plus difpofés à la dilTblution. Ce raifonnement peut '.encore s'appliquer à la folution du camphre ôc des yeux d'écrévifTe. Oh 'né peut difconvenir , en effet, que les corps qui, dans le vuide , entrent dans im Tnouvenvent violent fans le fecours de la chaleur , ne contiennent une grande quantité d'air. «(«Mi; , '■ ittu^^T^i.^^ ii ^i . vr-ni^t lukonitiftitàiiè de- 1' Actkellâ. ■-v\ Jfisff'wîo.-.uKnti' ./ !.,■■;' J'^o ::j--i ^xaot... EN 1721 , M. Antoine-Félix Fantini-, fit part a l'académie de la vertu de cette plante , qui , depuis peu , avoit été apportée , à grands frais , de l'ifîe de Ceylan à Bologne. M. Fantini avoir oui dire qu'elle étoic excellente pour brifer & diltoudre les calculs urinaires. On citoiren fa faveur un grand nombre de faits. Celui qiti la préf^nta 'pour la pre- mière fois à la compagnie des Indbs d'Angleterre , ,en itSpo , fe vantoit d'avoir délivré par fon moyen, plus de cent malades affligés, de la Académie DES ACADÉMIE DE. B0LC5GNE. iij pierre ou dedouleuis ncphiétiques , en leur faifaiu rendre par les urines, lans effort ôc fans douleur , une infinité de fables &; de petits calculs. Comme ces éloges qu'on donnoit à l'Acemella pacoiUbient indiquer Sciences cliez elle une vertu merveilleufe , foit pour empêcher qu'il ne s'engendre de de nouvelles pierres , foit même pour brifer ou dilloudre celles qui font Boiogne déjà formées, il vint en idée à M. Fanrini d'éprouver ce qu'elle feroit capable de faire contre les grandes pierres de la vellie , qui conduifent Histoire. prefque toujours les malades au tombeau , après leur avoir fait fouffrir des tourmens inexprimables. 11 avoit prccifémcnt dans ce tems-là un malade attaqué de la pierre ; il voulut commencer par s'alfurer de l'état de fon urine , en la faifant paffer fouvent & à plufieurs reprifes à travers un papier brouillard. La riltration achevée , il faifoit fécher convenablement le papier , &c l'exa- minant enfuite attentivement , avec Se fans microfcope , il vit à la fur- face fupérieure du papier , un tartre groflier , réuni tantôt en Iragmens j & tantôt en lames , qui formoienr des couches multipliées , au moyen d'une mucolité vifqueufe & prefque defféchée. La furface inférieure' du filtre , au contraire , n'offroit rien ou prefque rien qu'on pût diftinguer fuffifamment du papier. L'urine du malade examinée de cette manière, on commença à lui donner l'Acemella, & trois ou quatre jours après , M. Fantini ayant obfervé de nouveau au microfcope j avec la plus grande attention , le filtre à travers lequel on avoit encore feit paf- fer de l'urine; après l'avoir tait fécher , il apperçnr à fa furface fupé- rieure un tartre bien plus fin , grainelé , & formant des lames plus dé* liées qu'auparavanr , où il y avoit très-peu de particules vifqueufes. La fur- face inférieure du papier , au contraire , étoit couverte Se comme hérilfée d'une infinité de très-petits grains de tartre , blancs , difpofés dans un ordre très-fingulier. 11 arriva deux chofes au malade qui ne doivent pa^ être paffées fous filence. i'. Toutes les fois qu'il ufoit de la plante'; & ce fut à plndeurs reprifes , ies maux & fei douleurs àugitientcHént au. point qu'après quelques jours on étoit obligé d'en lufpendre l'ufagéi pour s'en tenir aux émolliens. 2*. Malgré l'excès auquel fes douleurs étoient portées lorfqu'il avoit pris l'Acemella , après les avoir fupportées , il fe trouvoit enfuite beaucoup mieux , & ne traînoit pas une vie miférable , ainfi qu'il elt ordinaire aux autres calculenx. Aufli ne mourut-il pas de fa pierre , quoique reftée dans la vellie , mais d'une fièvre maligne épi- démique qui faifoit alors de grands ravages à Bologrife; •■ ' .iOT-' .^ 11 paroît réfulrer de ce qu'on vient de dire que l'Acemella peut effec- tivement s'oppofer .1 la formation des calculs , & en empêcher l'accroif- fement. Comment expliquer fans cela le bien être continué qu'éprou- voit le malade , après avoir fait ufage de cette plante , fi on ne fuppofe que les nouvelles particules terreftres qui abordoient continuellement à la pierre avec l'urine , ne pouvoient s'y attacher , ni , par confcqucnr , ^n augmeruer le volume ? Cela eft confirmé encore par ce tartre grollieç 124 COLLECTION ACADÉMIQUE, = qui reftoit fur le filtre , avant l'ufage de la plante , & qui étant eiifuîte Académie a^^,J^^ &: fubtilifé paffbit à travers le papier brouillard. L'augmenta- c "^^ ^j. tion des douleurs qui fuivoient l'exhibition du remède, femble iudi- Sciences ^ , ■ i^ ■,- r ■ . / , ,■ • v jjj qtier que les particules viiqueuies qui auroient ete s appliquer , partie a Bologne, la pierre , & partie à la furface interne de la veflîe , étoient entraînées -in-rlphnrc par Ics utines , ce. qui en lailTant les afpérités de la pierre à Histoire """^ ' Revoit en rendre l'impreffion plus douloureufe fur les parois de 'Ifi.vçirifrj devenue elle-même plus fenfible parce dépouillement de fa mucoflté. .ro:'J;ai!i XJii autre'académicien a fait les mêmes obfefvations fur un autre cal- culeux qui avuit auifi une pierre dans lavellie, enforte que les bons eft'ets de l'Acemella paroilfent fe foutenit. Nous en ferons beaucoup plus fûrs encore , fi , comme' nous le defirons , on multiplie les expériences. En attendant , ou ne fauroit trouver mauvais que nous propolions cette plante aux calculeux , comme pouvant leur être de- quelque ittilité. Car s'il n'çft pas en fon pouvoir de diffoudre les pierres déjà formées , elle pourrait du moins en; prévenir la formation. Outre tout ce que nous avoirs dit, il y a une raifon encore qui peut le faire préfumer. Le goût amer & un peu aftringent de la décoftion de l'Acemella dans l'eau commune , indique dans cette plante une vertu corroborante , qui en fortifiant les glandes &: les tuyaux fecrétoires des reins , peut les met- irje en état d-erjie recevoir que les parties aqueufes de l'urine , &C de re- fiifer l'ejiuée aux. parties plus groffieres & plus vifqueufes , qui, fournif-^ ieiit Igs. matériaux de la pieae ; & en effet , la pratique nous fait voie que les' diurétiques aftringens & corroborans , tels que l'eau diftillée ôc la conferve des fruits de Icinorrhodon , la thérebentine y & autres , font plus propres à s'oppofer à la formation des calculs, que tous les rela- clians $i les émoUeos. Les diurétiques très-chauds &: apéritifs produi- feht un letfet tout contraire ; ils favorifent la produélion - des pierres , comme il eft prouvé par beaucoup d'obfervations , & , entt'autres , par celles de Mv Fantini , qui dit avoir vu trois ou; quatre' hydropiques j à qui l'on avoit fait faire ufage de ces efpeces de diurétiques , pour les guérir d« l'hydropifie , être attaqués enfuite de douleurs néphrétiques & de la pierre , dont ils avoient toujours été exempts auparavant \ voilà xre que j'avois à [dire de l'Acemella ; je m'abftiens de la décrire , parce qu'elle l'.\ été alfez exaélement dans les aéles de Leipfic , (année 1701. & lyoi. ) Cefilpia & Tournefort en ont aufllprlc dans leurs ouvrages. . 'è 'iMfull'îiJniînoa îrttgBC fl8( ACADÉMIE DE BOLOGNE. n^ DES SUR LA STRUCTURE , LA DI J^IS I O Ny^^Z'"'' Et l'ufage des glandes. Bologne. M Pierre Nanni a diflTerté autrefois favamment & fort au long dans Histoire. , l'acaHémie fur la ftrufture , la divifion , & l'ufage des glandes. 11 a donné fur ce curieux fujet un mémoire , dont voici le précis. li adopte prefque en tout lur la ftrucl:ure des glandes l'opinion de Malpighi. Les glandes font donc , félon lui , des follicules membraneux , où viennent fe rendre des vaiffeaux fanguins , des nerfs , & peut-être auflî des libres charnues ; ces fibres font fur-tout très-fenfibles dans les glandes conglobées \ elles pénètrent dans le corps même de la "lande , & la traverfant en tout fens j y forment des entrelacemens finVuliers ,' &desaires plus ou moins grandes & de différentes figures, au mifieu def- quelles on découvre ordinairement un lobule compofé d'une membrane blanche , tendre & déliée. La glande eft fimple , fi elle n'a qu'un feul follicule j 6i compofée , fi elle en a un plus grand nombre. Il y a une autre fameufe divihon des glandes en conglobées & con- glomérées. Quoiqu'adoptée par prefque tous les anatomiîtes , M. Nanni la regarde comme mal fondée , &: cela pour plufieurs raifons , dont nous expoferons les principales. La plupart croient que les crlandes con- glomérées différent des conglobées , en ce que celles-ci font un amas de très-petites véficules , au lieu que celles-là n'ont point de véficules , & ne font formées que par une infinité de petits vailTeaux , ramafles en peloton , & qui vont tous le réunir dans un feul j auquel on a donné le nom d'excrétoire. Cette divilion des glandes ne pourra fe foutenir , H on fait voir que les glandes conglomérées font pourvues de véficules , aulFi bien que les conglobées. Or , c'eft ce qui eft démontré par une obfer- vation de Brunnus inférée dans les aétes de Leipfic , 8c dans la biblio- thèque anatomique de Manget. Brunnus a vu des véficules très-diftinc- tes dans le foye , que tous les anatomiftes s'accordent à pincer parmi les glandes conglomérées. A cette obfervation , M. Nanni en ajoute deux autres , qui ne font pas moins concluantes. En didéquant le cadavre d'une femme , il trouva le foye prodigieux fement grollî ; ce foye monftrueux étoit partagé par différentes fciffu-^ res alfez longues & profondes. L'ayant tiré du corps , & écarté les dif- férens lobes dont il étoit compofé j on vit qu'ils éroient tous recouverts fur les côtés par lefquels ils fe touchoieiit , de véficules prominentes & irès-vifibles , dont les imes étoient rondes , & le plus grand nombre pyriformes. Chacune de ces dernières relTembloit .i la veficule du fiel , ce qui fit foupçonner à M. Nanni que le foye pourroit bien n'être dans toute fa totalité , qu'un amas de petitesvéficules biliaires. Elles n'étoieiit 11(5 COLLECTION ACADÉMIQUE, : pas toutes du même volume. Les plus gioflTes , en très-petit nombre ; Académie p^^QJgjij (.Qfi^nie des fèves ; jgs plus petites comme des œufs de poif- °^^ fons , &C les moyennes comme des grains de bled. Pour peu qu'on pi- '^'de'^ quât ces dernières avec la pointe du l'calpel , il en jailliiToit aulTi-tôt avec Bologne, force une humeur de la nature de la bile. 11 n'en étoit point ainfi des oi-olfes "landes. U en fortoit bien aufll , quand on les piquoit , une hu- ., meur , mais plus lentement y cette humeur étant plus cpailTe & plus ' vifqueufe. Le conduit hépatique étoit extrêmement vuide , affailFé , Se comme delféché , fi ce n'eft à l'endroit où il s'unit au canal cyftique. Le canal formé par la réunion des deux étoit , ainli que la véficule du iîel , dans fon état naturel , à cela près qu'il étoit plus comprimé qu'it ' ne doit l'être , par le gros volume du foye. En écartant les lobes o« voyoit ça & là des racines de petits vailfeaux , qu'on fembloit avoir ar- raché de leur place , Se qui fe retirant enfuite fur eux-mêmes , finif- foient par s'aftailfer. M. Nanni n'ofe décider fi c'étoient des vailfeaux excrétoires ou d'un autre genre. En faifant l'ouverture du corps d'un prêtre de fes amis , mort à la, fuite d'une dilfenterie invétérée , il trouva le pancréas beaucoup plus aros qu'il ne doit l'être naturellement , fur-tout dans la portion qui avoi- line le duodénum j Se d'une fubftance , fmon ofleufe , au moins carti- lagineufe , &c i'\ dur qu'on avoir de la peine à y pénétrer avec le fcal- pel ; il le coupa en plufieurs morceaux , &: les ayant enfuite écartés l'un de l'autre, il vit encore bien diftinétement plufieurs petites cellules ou cavi- tés, dont chacune renfermoit une matière coagulée, qui ne la remplilfoic pas en entier. U feroit fort à regretter que dans ces deux obfervations , on n'ait pas foumis au microfcope le foye Se le pancréas , fi les véficu- les & les cellules qu'on y rencontra n'avoient pas rendu , en quelque forte, inutile j par leur grolfeur , Tufage de cet inftrument. . Il efl: donc bien clair maintenant que la divilîon des glandes j en conglobces &: conglomérées , ne peut fubfifter , puifqu'on a trouvé des véficules Se des cellules dans deux vifceres qu'on a toujours compté par- mi les glandes conglomérées j qui ne font , dit-on , formées que par des vai'rfeaux réunis en peloton. Mais quand même il refteroit en- core quelque doute fur la force de cette preuve , les deux obferva- tions de M. Nanni ne lailferoient pas d'être infiniment recomman- dables par le grand jour qu'elles répandent fur la ftrufture de deux de nos principaux organes , le foye & le pancréas, & feroient encore plus précieufes à ce ritre , que par l'atteinte qu'elles donnent à une divifion arbitraire des glandes , qui pourroit bien n'être regardée que comme une queftion de mots. Venons préfentement à l'ufage des glandes ; perfonne ne doute au- jourd'hui qu'elles ne fervent à féparer du fang quelque humeur particu- lière ■■, mais quel eft le méchanifme de cette feparation ? C'eft fur quoi les anatomiftes font encore extrêmement partagés. Voici quelles font 4 ACADÉMIE DE BOLOGNE. 127 cet égard les idées de M. Nanni. 11 efl: conftant que chaque va 1 fTea u — ■" fanguin fe divife en d'aunes plus petits ; que ceux-ci fe divifent & fe Académie fubdivifeiu encore en d'autres toujours plus délies , jufqu'à ce qu'ils c ^'* _^ ayent atteint leur dernier degré de petitefFe ; la fomme de tous ces pe- '^'d'ie^^^ tits vaifTeaux , toujours décroilfans l'emporte de beaucoup fur le dia- Boiogne. mètre du tronc dont ils tirent leur première origine ; c'eft ce que Guil-— laume Cole a démontré des artères , & ce qui doit être naturellement H <; o r^ prélumé des veines. 11 s'enfuit delà , que quand le fang fera parvenu dans fes derniers capillaires , il foufFrira un retardement très-confidéra- ble; Se il efl croyable que ce fera aux endroits où il éprouve ce rallen- tiflemcnt , que les dernières ramifications des vaifTeaux fanguinsfe mul- tiplieront davantage & deviendront innombrables j cela aura lieu dans toutes les parties du corps , mais plus particulièrement encore dans les glandes & les follicules j deftinés aux fecrétions. Car tout le monde convient que le retardement du cours du fang y fert beaucoup. C'eft apparemment dans cette vue que la nature a àoimé aux glandes une fi- gure à-peu-près fphérique , pour en augmenter la furface , afin que les vailTeaux venant .à les pénétrer par plus d'endroits , euflent plus de faci- lité à s'y répandre en tous fens & à s'y ramifier autant qu'il le faut. Cela fuppofé , on comprend facilement comment le fang qui aborde à chaque follicule peut y palfer par tout les degrés de rallentilTement qui fontné- celTaires pour chaque efpece de fecrétion ; car il n'y a aucun de ces de- grés dont on ne conçoive la polfibilité. Ce ne font pas au refte , des particules d'une feule & même efpece , mais de plulîeurs genres qui tombent dans la cavité de chacun des follicules. Ces particules de diverfe nature , forment par le féjour &: par le mélange , une humeur qui s'échappe eiifuite par le conduit excrétoire. Eft-ce en fe relâchant & fe contradant alternativement , comme les artères , que chaque follicule chalfe par fon canal excrétoire l'humeur con- tenue dans fa cavité ? M. Nanni paroît porté à le croire , & cela eft au moins très-vraifemblable. C'eft tout ce qu'on peut exiger d'un anato- mifte dans des matières auflî obfcures. »'■*- ■ :■ !*JeS;^ :S[/R LA LUMIERE DES GLANDS DE MER. CE n'eft pas un feul académicien qui a fourni la matière de cet arti- cle ; prefque toute l'académie , à l'imitation du célèbre comte Marfigli , s'eft occupée de cet objet. M. Beccari , qui rient un rang Ci diftingué , dans cette compagnie de vrais favans , &: qui avoir beaucoup travaillé lui-même fur la lumière des gl.inds de mer , a configné ki ob- fervations & celles des autres académiciens fes confrères , dans un ex- cellent opufcule j écrit en italien , dont nous allons donner un extrait iï8 COLLECTION ACADÉMIQUE. = tort détaillé. Nous ne craignons pas d'ennuyer en prenant un guide tel AcADEMiEqi^g j^ Beccari. Dans rimpuiffance de faire mieux ou même aulîl bien Sciences 1"^ '""^ ' "'^"^ le fuivrons du moins dans l'ordre qu'il s'ell prefcrit. DE La première chofe à remarquer , Se qui a été particulièrement obfer- BoLOGNE. vée par MM. Monti Se Galéati , c'eft que les glands de mer jettent de la lumière lors même qu'ils font encore dans les pierres où ils fe cachent ; Histoire. ^ '■'• vérité cette lumière n'eft pas bien grande j elle reflemble fort à celle des noiîtiluques , j'entends ceux qui rampent à terre , & non ceux qui volent dans les champs. Elle s'échappe par les trous de la pierre , & de- vient plus vive lorfqu'en rompant la pierre , on lui ouvre un plus grand nombre d'ilfues. Quand on tire les glands de leurs loges pierreufes tous entiers , quoique renfermés encore dans leurs coquilles , ils brillent du plus grand éclat j car cette coquille eft tranfparente ■, le fac qui découle de celles-ci brille aulfi de la même façon. Mais fi on dépouille l'animal de fa coquille , Se fur-tout fi on le frotte quelque peu avec les mains , c'eft alors que la lumière qu'il jette eft la plus vive. Cette lumière eft ordinairement blanche Se bluâtre ; quoique tout le corps foit lumineux, rien ne l'eft autant que le tube conique Se mufculaire que l'animal fait fortir Se rentrer dans fa coquille à volonté. M. de Réaumur croit que l'ufage de ce tube , eft d'attirer & de répoulfer alternativement l'eau de la mer qui tombe continuellement dans les trous de la pierre. Quoiqu'il en foit de cette opinion de M. de Réaumur , il eft du moins certain que la vertu phofphorique du tube l'emporte fur celle de toutes les autres parties ; car non feulement il répand une lumière plus vive , mais il la conferve encore plus long-tems. Le corps de l'animal Se le fuc , dont j'ai parlé plus haut, font extrê- mement vifqueux ; Rondelet a fait mention de cette vifcofité , Se c'eft: dans elle , félon lui , que réfide toute la faculté phofphorique ; opinion plus facile à défendre , qu'à rejetter , Se qui a eu le fuftrage d'Àldro- vandi. Quoi qu'il en foit , cette humeur vifqueufe s'attache Se adhère fa- cilement aux autres corps , ce qui n'empêche pourtant pas qu'elle ne fe laiflTe dilfoudre par les liquides , auxquels il communique fa lumière , s'ils font de nature à la recevoir. Cette remarque n'a point échappé à l'exac- titude de Pline le naturalifte j car voici, en propres termes , comme il s'exprime , en parlant des glands de mer. Ils répandent de la lumière dani les ténèbres , & en jettent d'autant plus qu'ils ont une grande quantité de fuc. Ils font paraître la bouche en feu , lorfqu'on les mange ; ils brillent dans les mains , & s'il tombe quelque goutte de leur fuc fur le plancher ou fur les habits j ils reluifenl pareillement ; enforte qu'on rie peut pas douter que ce fuc n'ait la même propriété que nous admirons dans l animal mcriie. " \ ; .' ..,.: Si donc on met un gland de mer dans la bouche ," dès que fon lue gluant vient à être diflous par la falive , il brille davantage ; il tranfmet fa lumière à la bouche Se à la falive. Celle qu'on crache eft lumineufe. • pareillement 5 ACADÉMIE DE BOLOGNE. 129 pireillemenc , fi on en manie quelqu'uns , les mains reluifent par-tout ' —^- où le fuc a pu Ce répandre ; en fécUanc elles cclT^nt d'crre himineufes , ^caeumie & le deviennent encore en s'humeftant de nouveau du même fuc , fur- Sciences tout fî on les a échauffées auparavant en les frottant l'une contre l'autre. de M. de Réaumur en a fait aufli la remarque. Pline a donc eu raifon de Bologne. dire que les glands de mer font d'autant plus lumineux qu'ils ont plus de fuc , mais qu'ils ceflent de luire en fe delféchant. Et en effet , ils ne Histoire jettent jamais plus de lumière que quand ils font encore frais & pleins de fuc ; s'ils viennent à en perdre un peu , ils brillent moins , & lorfque la fechérelfe eft parvenue à un certain degré, ils ne luifent plus du tout. Je ne prétends pourtant pas inférer delà , que la vertu pliofphorique ré- iîde entièrement dans le fuc , mais feulement qu'elle en fuit , comme il eft évident par le fait , les gtadations & la quantité. Les glanas de mer retiennent encore leur lumière quelques Jours même après qu'ils font morts ; c'eftcequ'on a vu dans des glands que M. le comte Marfigli apporta à l'académie. 11 y avoitdéjà plulieurs jours qu'ils n'étoient plus dans l'eau de mer. D'autres encore qu'on envoya à M. Beccari j réitèrent long-tems à fec fur le rivage avant d'être portés à Bologne ; ils conferverent cependant encote , malgré le tranfport , une belle lumière pendant quelques jours , ceux fur-tout qu'on avoit eu l'attention de gar- der dans des endroits humides. Quelques glands de mer que M. Galéati jett.a dans de l'eau conmiune , ( où il avoit auili répandu du fuc exprime d'autres glands, ) continuèrent de luire pendant trois jours entiers ^ au bout defquels toute la lumière difparut , fi ce n'eft lorfqu'on agitoit un peu fortement l'eau , parce qu'alors les parties les plus épaiffes du fuc qui avoient gagné le fond de l'eau , revenoient à la furface. Tout ce que nous venons d'expofer fe préfente comme de lui-même à tous ceux qui manient feulement les glands de mer j ce qui nous refte à dire a exigé plus d'étude 6c de fagacité. Mais avant d'entrer dans ce dé- tail , nous établirons une diftinélion dont la fuite des expériences fera connoître l'importance. 11 faut donc bien foigneufement diftinguer en- tre la lumière aftuelle Se la faculté de pouvoir reluire ; car lorfque les glands de mer ont ceffé de le faire , on peut quelquefois leur rendre la lumière , en les traitant d'une certaine manier^ j ce qui n'arriveroit point il la lumière une fois éteinte , ils ne confervoient pas la faculté de la re- iroduire. La lumière & la qualité phofphorique , comme M, Beccari 'appelle , font donc deux chofes effentiellement dillinftes l'une de l'au- tre. En effet , il ell bien des chofes , comme on le verra par les expérien- ces , qui font celFer la lumière , & qui lailfent cependant fubfîfter la fa- culté pliofphorique , pourvu qu'elles agiffent toiblement , &; qui détrui- fent fans retour l'une & l'autre , lorfque leur aftion fe trouve trop forte. Telles font l'exficcation j la putréfaction , &, parmi les caufes txtrin- féques , la coétion , l'affufion de certaines liqueurs , & d'autres en- core dont nous parlerons en fon lieu. Après ces obfervations prélimi- CotUcl, Acad. pan, ùr. Tome X» R f I30 COLLECTION ACADÉMIQUE; Mi.iires , je vais rendre compte des expériences de nos .-icadémicIeMî ^ Académie gjj j,g„,,j^g,jçj^j par celles qui regardent rexficcation. S "^ v^ ES Cette dernière caufe n'affoiblit pas peu la lumière des glands de mer , "l^*^ d'abord elle la diminue j elle l'éteint enluite entièrement dans beaucoup Bologne, de parties de l'animal , ôc finalement dans tout le corps. Mais la faculté phofphotique fe conlerve ; car fi on humecte avec de l'eau chaude ôc il Histoire, 1'-^" ^''^"^ '^^ glands de mer qui ont celFéde luire , ils redeviennent lu- 'mineux , même après un tems fort confidérable. M. Galéati en avoir que le delféchement avoit réduit en defimples peaux très-fines; les ayant humeétcs & ramollis avec de l'eau , ils donnèrent un mois après une belle lumière , quoique moins forte que celle qu'ils jettent , lorfqu'ils font dans toute leur fraîcheur. Le deiréchement produit ces effets fur les friands de mer avant même que la pourriture s'en empare ; mais celle-ci eft très-prompte à fe déclarer , à moins qu'on n'ufe de beau- coup de précaution pour l'empêcher ; la mauvafe odeur qui- commence à fe faire fentir dans les glands j à mefure qu'ils fechenr , eft , ainfi que dans les poilTons , ôc les autres animaux , une indice indubitable de pourriture. . , , , Si on laiffe corrompre les glands , voici dans quel ordre la putre- fadion s'y manifefte. D'abord le corps du gland j qui étoit auparavant dur , tenace , Se plein d'un fuc très-blanc , perd fa fermeté & fe ramol- lit -'plufieurs parties fe teignent d'une couleur noire &: s'imbibent d'un fuc'femblable à celui de la feche. Le tube conique , dont j'ai parlé ci- delfus, fe corrompt plus tard ; cependant à mefute que l'animal corii- mence à fe putréfier , il prend aulli une couleur noire à fon extrémité , couleur dont la caufe doit être attribuée au même fuc qui remplit peu- à-peu entièrement le tube; tout cela ell; accompagné de_ la puanteur, qui elT: d'abord fort fupportable , mais qui devient enfuite fi forte & Ci in- foLitenable qu'elle l'emporte fur toute autre puanteur. Pendant que les glands fe putréfient , leur lumière commence d'a- bord par s'obfcutcir ', & elle s'éteint enfuite toiit-à-fait dans prefque tou- tes les parties de l'animal , enforte qu'on ne voit plus ça & là , que quelques points d'une lumière très-foible , féparés par de grands inter- valles. La lumière fe conferve plus long-tems dans le tube , mais non pas uniformément par-tout , 8( à la fin elle s'y éteint, comme ailleurs; de façon que les glands paroiflent perdre leur lumière à-pea-près dans le même ordre qu'ils fe putréfient. Du refte , ce n eft point à l'exficca- tion qu'il faut s'en prendre de ce qu'Us ceffent de luire en pourrillant, car bien loin qu'ils fe deffechent par la pourriture , ils deviennent alors communément plus humides ôc plus mois. ^ Et comme la puilfance phofphorique eft une qualité diftinéte de la lumière , on ne doit pas craindre qu'en les privant de celle-ci , on les dépouille également de celle-là ; la puilfance phofphorique refte , après que la lumière a difpacu , fuaoa dans toute fon énergie , du mouis ea ACADÉMIE DE BOLOGNE. iji jr quclque-tems ^ & l'on peut , comme les prouvent très-bien , la remettre en jeu pa partie , éc pour quclque-tems -y &c l'on peut , comme les expériences de ^=^^^=7= M. Beccari le prouvent très-bien , la remettre en jeu par le frottement Académie DLS CIENCEJ ou avec l'eau chaude, &C même avec l'eau froide , car M. Beccari ayant c mis & agité dans de l'eau non échauftée des glands de mer qui répan- de doient l'odeur la plus infefte , & porté enfuite cette eau dans un lieu Bologne. obfcut'; elle y jetta une lumière alfez vive , quoique les glands putréfies l'eulTent conlidérablement troublée , Se lui eullent communique une cou- Histoiue. leur cendrée. Cette eau rejettée , les glands , qui refterent , parurent plus blancs de plus propres , fur-tout les tubes mufculaires , l'eau s'étant chargée de toute cette liqueur noire qu'ils contenoient. De l'eau nouvelle & toujours froide verfée fur les glands, en fut moins troublée que la pre- mière , & devint lumineufe aulli. Les glands même , lavés à plufieurs re- prifes , montrèrent quelques taches brillantes , du moins quelques-uns d'cntr'eux , Se ceux qui ne donnoient pas la plus petite lumière , plongés & frottés dans de l'eau j non plus froide , comme auparavant , mais dans une eau chaude , dont la quantité n'excédoit pas deux onces , ne laifle- rent pas de luire un peu. Un autre gland opaque ^ putride & fentant fort mauvais , fut jette dans du lait récent , où il fe ramollit. M. Beccari le frotta plufieurs fois , à fin de lui faire jetter fa lumière , en cas qu'il en eût quelqu'une j il devint en effet , un peu lumineux j & rendit d'abord telle la liqueur où il étoit plongé ; la lumière devint enfuite beaucoup plus vive &: dans le lait 6c dans l'animal. M. Beccari plongea dans le même lait & fur le premier gland j un autre gland qu'il tenoit à la main , 6c dont la puan- teur ne pouvoir être portée plus loin , pour voir s'il n'ajouteroit pas en- core quelque chofe à la lumière du lait j & c'eft ce qui arriva efteélive- nient j d'où l'on voit que la lumière peut être rendue à des glands qui ont atteint le dernier degré de pourriture , & que ceux qui en ont été privés par la putrcfaélion ne perdent pas auflî-tôt la faculté de la répro- duire , comme le confirment encore d'autres expériences , faites dans le xnêine lair j Se dont nous parlerons plus bas. Quoique M. Beccari , ne voulant que s'alTurer des faits , eiit réfolu de c'interdire les conjeélures ^ il eut bien de la peine à fe défendre d'adop- ter l'opinion de Rondelet j qui , comme nous l'avons déjà obfervé , croit que toute lumière réfide dans l'humeur gluante de l'animal ; il parut être confirmé dans cette opinion par un gland de mer , qui , quoique bien lavé Se bien nettoyé ^ avec beaucoup d'autres , retenoit pourtant encore une partie de fa lumière ; car tout ce qui luifoir dans ce gland fe montroit fous la forme d'une humeur arrêtée dans un canal , Se ré- duite en petits grumeaux extrêmement brillans, difperfés dans fa cavité. Lorfqu'on renverfoit le gland &: qu'on le tournoit de différentes ma- nières , ces mêmes grumeaux fe lailfoient tomber de côté Se d'autre , Se fuyoient fous les doigts j quand on les prelfoit. Ajourons à cela qu'en frottant dans l'eau quelques-uns de ces tuyaux , on en exprimoit aulli les R.j i3i COLLECTION ACADÉMIQUE; " , =gi-umeaux lucides j qui , fe diirolvans très-vite dans cette eau, y répan- AcADEMiEj^lgj^j au loin une vive lumière , tandis que les peaux Se les membra- SciENCES "^^ defléchées étoient , on ne peut pas plus , opaques , quoiqu'elles fuf- DE lent fort blanches , ayant dépofé dans l'eau toute l'humeur coi rompue j Bologne, ce qui femble prouver que la lumière appartenoit aux grumeaux lucides , exclulivement à toutes les autres parties de l'animal. Histoire, ^i l'on n'apperçoit pas ces grumeaux lumineux dans les glands de mer récens 8c encore frais { car ceux-ci réluilent dans tout leur corps , ) lors même qu'on les frotte Se qu'on les ramollit dans l'eau , cela vient , peut- être , de ce que dans les glands de mer frais Se qui n'ont encore foufFert aucune altération , l'humeur lumineufe qui circule dans toutes les par- ties de l'animal , eft trop épaiife Se trop vifcjueufe pour pouvoir fe déga- ger & fortir par de petits vailfeaux fermes & très-étroits , qui lui oppo- f'ent trop de réfiftance , au lieu que dans les glands putréfiés j dont le tiiru eft plus lâche Se plus mou , la même humeur n'a pas de peine à fe réunir en grumeaux. Se à s'échapper par les orifices des vailfeaux. Cette raifon , jointe à l'obfervation , étoit bien capable de faire impref- fion fur l'efprit de qui que ce tùt j & de l'amener au fentiment de Rondelet ; elle n'a cependant pas fait cet effet fur celui de M. Bec- cari ; il a cru que c'en étoic alTez pour douter , mais non pour fixer fou jugement. Nous avons parlé jufqu'ici des caufes intrinféques qui affoibliflent ou qui éteignent la lumière des glands de mer ; il nous refte à parler de celles qui , agilfant à l'extérieur , l'entretiennent ou l'augmentent , ou qui j au contraire , la diminuent & la détruiient , Se vont même jufqu'à les pri- ver delà faculté ou puiffànce phofphorique. Et d'abord le mouvement, pourvu qu'il foit modéré , la friétion fur-tout , & l'eau chaude , n'aug- mentent pas feulement la lumière , ils la rellufcitent encore , lorfqu'elle a difparu. On voulut voir fi les autres liqueurs auroient le même effet que l'eau , &; c'eft particulièrement dans ces nouvelles expériences que MM. Monti & Galéati ont fait briller leur induftrie. Ces MM. ayant jette quelques glands dans le vin , Se d'autres dans le vinaigre , Se ayant même fait diffoudre quelques parties de ces animaux dans les mêmes liqueurs , toute leur lumière s'évanouit aufli-tôt. L'efprit de lel ammoniac Se l'huile de tartre, où l'on jetta auffi quelques glands , offrirent les mêmes phéno- mènes que l'eau commune. Dansl'huiled'oliveslesglands conferverentleur lumière l'efpace de quelques jours ^ l'efprit de vin, au contraire , ne lui eft pas , à beaucoup près , aufli favorable , car ayant jette des glands de mer dans cette liqueur & exprimé leur fuc , elle brilla moins que l'huile , Se la lumière difparut bientôt ; l'efprit de vin y nuit d'autant plus , qu'il eft plus pur. Un gland de mer que M. Beccari plongea dans un efprit de vin extrêmement rectifié , y brilla à peine une minure. 11 en fut de même d'un autre qu'on jetta dans de l'urine j à cela près qu'on lui rendoit la lumière en le frottant. Voilà quels font les effets des liqueurs fur les ACADÉMIE DE BOLOGNE. 135 gland? de merj voyons maintenant ceux qu'ils occafionneiit cux-nicmes ' -■ dan? les liqueurs où on les plonge, en commençant par l'eau, &c patTant '^*^*"^'^"'' enfiute au lait & aux autres. _ "^^ Nous avons vu plus haut que les glands de mer la rendent lumineufe , cj & que la lumière le manifelle plutoc & jette plus d'éclat quand l'eau eft Bolognk chaude. M. Galéati après avoir exprime de quelques glands de mer le : plus qu'il lui fut polTible de l'humeur lucide , les arrofa avec do l'eau u i fraîche, & les hotta enfuite de nouveau pour en exprimer ce qui pour- roit y reftiii encore de fuc ditToluble par l'eau , & filtra enfuite cette eau à travers un linge , ce qui la rendit plus fluide & plus lumineufe; il verfa encore fur les mêmes glands de la nouvelle eau fraîche , après les avoir frottés avec plus de force ; l'eau fut alors moins lumineufe que la pre- mière i elle le parut pourtant. Ces expériences tirent penfer à M. Bec- cari , qu'il eft un certain degré d'expanlion ou de dilatation dans l'éten- due duquel le corps & l'humeur lucide des glands ^ luifent d'autant plus que la dilatation eft plus grande , &; paffé lequel elle s'aftoiblit. M. Bec- cari fut curieux de rechercher les termes ou la latitude de cette dilata- tion favorable à la lumière phofphorique dans des glands de mer les plus corrompus & prêts à être diflbus par la pourriture. 11 en avoir alors de tels fous la main , qui ne jettoient aucune lumière; il les brovadans un mortier de verre pour voir fi un frottement aulli violent ne les ren- droit pas lumineux ; ils ne le devinrent pas du tout. Y ayant enfuite verfé de l'eau dellus , ils donnèrent alors de la lumière , & l'eau pa- reillement. Ils ne luifoiem donc pas d'abord , quoique humides , Sc brillèrent enfuite après qu'on eut augmenté l'humidité. Y auroit-il donc auffi , demande M. Beccari , certains degrés d'humidité au-delà def- ?[iiels la lumière augmente & en deçà defquels elle diminue? Si on vouloir uivre fctupuleufement ces fortes de loix ; il feroit difficile d'en trouver le terme. On doit applaudir néanmoins à ceux qui s'appliquent à les chercher ; elles compofent le fond des richeifes de la phyfique. Mais je reviens à la lumière que les glands de mer communiquent à l'eau ; elle eft telle qu'on auroit de la peine à fe le perfuader , fi les expériences n'en faifoient foi. Avec un feul gland de mer, M. Galéati éclaira plufieurs livres d'e.au au point qu'on pouvoir à cette lueur , reconnoitre les objets dans l'oblcurité , & lire les lettres majufcules. Après avoir conftaté que la lumière communiquée à l'eau eft très-con- fidérable , il vint en idée à M. Beccari d'éprouver pendant combien de tems il la conferveroit , & fi la chaleur influeroit fur fa durée , comme on favoit déjà qu'elle influoit dans fon intenlïté. Il rendit donc de l'eau chaude lumineufe , en y jettant un gland de mer j enfuite il diftribtia cette eau dans trois bouteilles égales, qu'il remplit jufqu'à la moitié; il garda l'une à un air libre où le thermomètre de M. de Réaumuv étoif .^ 1 5 degrés au-delfus du terme de la glace ; il plongea l'autre dans de la neige , & k uoifieme enfin dans l'eau chaude , où il. la lailla jufques à 134 COLLECTION ACADÉMIQUE, ' . = ce qu'elle vint à bouillir. Dans la première bouteille la lumière s'afFoI- AcADEMiEjj^j bientôt , Se languit enfuite de plus en plus. Après j8 minutes , elle Sciences j^"''''^ ^ peine quelque lueur , Se après 57 minutes elle difparut entiére- uE ment. Dans la bouteille plongée dans la neige, l'eau fe refroidit d'a- BoLOGNE. bord , &C fa lumière s'afFoiblit alors davantage que dans la première bouteille , mais elle s'y conferva plus longcems , car elle ne s'obfcurcit Histoire, tout-à-fait qu'après une heure Se 47. minutes. Dans la ttoifieme bou- teille , on n'apperçut plus la moindre apparence de lumière dès que l'eau vint à bouillir j &c comme elle s'éteignit totalement même à un degré de chaleur inférieur à rébuUition , M. Beccari voulut connoître avec précifion quel écoit ce degré. En conléquence , il alla trouver M. Ga- Jéati , qu'il favoit avoir un excellent thermomètre de la graduation de M. de Réauraur , & le pria de le féconder dans les' expériences qu'il avoir en vue. M. Galéati , occupé alors des glands de mer , comme M. Beccari , n'eut pas de peine à fe rendre à la prière de fon ami. Ils verferent donc dans une bouteille de Teau qu'ils avoient rendu lu* inineufe avec le fuc & les corps des glands de mer déjà putréfies & ren^ dus Iwjjiineu?! eux-mêmes par la chaleur & le frottement j ils plongè- rent le thermomètre dans la même bouteille j qu'il placèrent enfuite 4ans xm vailleau rempli d'eau chaude , &c mirent ce dernier fur le feu dans un petit fourneau. L'eau de la bouteille & celle du vafe , s'échauf- fèrent pcu-à-peu Se par degrés. Les deux phyliciens regardoient attentive- ment pendant ce tems-là la lumière de la bouteille , & fixoient aufll de tems en tems les yeux fur le thermomètre , alîn de reconnoître à quel degré de chaleur chaque degré de lumière répondoit. Dès que l'eaU commença à s'échauôer , cette eau 6c les glands commencèrent à jetter plus de lumière , & la conferverent jufqu'à ce que la chaleur fut montée au quarante-cinquième degré au-dellus du terme de la glace j dès qu'elle eut atteint ce degré , la lumière s'obfcurcit & s'éteignit à l'inf- lant , fans qu'il fût pofïlble de la rappeller ; les deux phyficiens y tra- vaillèrent long-tems en vain. Les glands étoient prefque cuits. De ces expérieiices , M. Beccari tire ces deux conféquences ; i*. qu'il eft un degré de chaleur déterminé qui renforce la lumière des glands , paffé lequel elle l'éteint j 8c z*. que l'extinâion de la lumière par la chaleur , arrive plutôt que par le froid \ comme fi la chaleur , que nous avons dit fi fouvent rendre la lumière plus vive j en écartoit les élémens & finif- foit enfin par Içs diflîper 6C les difperfer , enforte que l'augmentation de la lumiete & fon extinéition dépendiiFent du même principe. Comme le mouvement contribue beaucoup , ainh que la chaleur , » rendre les glands de mer lumineux , comnie nous l'avons déj.à re- marqué , M. Beccari crut devoir examiner laquelle de ces deux cau- (ss agit avec le plus d'énergie. 11 remplit , pour cet effet , une petite bouteille d'une çau , que des glands de mer , qui étoient fur le point de fe pijtiréfiej: J.J& qiilon avoi: eu .la. précaucioa & pour mettre dans un plus grand jour l'infiuence de l'air fur la lumière , il fit l'expériencç fuivante. Il prit deux vaifle.iuî^i 142 COLLECTION ACADÉMIQUE, .^liulilijLii ■ _, épais d'environ un travers de doigt , Se hauts d'un peu Académie pj^5 j{^2 (-jj;_ 11 pi,,ç_^ jja„s l'un, deux tubes de verre, à la profondeur ^^^ d'environ un doigt ; il verù dans l'autre , demi once de mercure , DE*^^^ après quoi , il remplit les deux vafes de lait , rendu lumineux , jufqu'à Bologne, leur embouchure , & le lit même furverfer. 11 les ferma aulîi-tôt avec de la cire fortement prefTée , en apportant la plus grande attention à ce ,j qu'il ne reftât pas le moindre efpace vuide entre la cire &c le lait , dans '^^ ' ' lequel l'air put fe glifTer. 11 coiffa enfuite les deux vafes d'une veille humide , qu'il lia très-étroitement. Vingt-fept heures après qu'il eut ainfi dlfpofé les chofes , il revint à ces vailfeaux. Le lait avoit , comme à l'ordinaire , perdu toute fa lu- mière. Il Tatrita donc fortement , en promenant rapidement les deux tubes & le mercure de côté &c d'autre , fans qu'il fe lit le moindre bruit , preuve alTurée qu'il n'y avoit point d'air dans les vafes j aufli n'y parut-il point de lumière , fi ce n'eft une foible lueur qui fe fit voir vers l'orifice du vailfeau dans lequel étoient les tubes , quelque peu d'air s'étant peut-être glilîé en cet endroit. Enfin M. Beccari déboucha ce vailTeau , & l'inclina légèrement pour en faire fortir un peu de lait -, il le ferma enfuite derechef avec le doigt 6c fe mit à le fecouer ; il en- tendit alors du bruit , ce qui indiqua la prèfence de l'air dans la bou- teille •■, aulli vit-on briller une lumière très-vive & très-belle , qui s'af- foiblit cependant beaucoup en moins de quatre minutes. De nouvelles fecoulfes la firent reparoître encore , mais foiblement ; &c enfuite il fut impofllble de la rappeller , avec quelque force qu'on agitât la liqueur. Voilà ce qui arriva au vafe où l'on avoit placé les tubes. Le fécond vafe , parfaitement bien bouché j fut gardé jufqu'au lendemain. Sur le foir de ce jour-là , M. Beccari fut le vifiter ; il y avoit alors 51 heures que le lait y étoit renfermé. Il répéta fur ce vafe la même expérience qu'il avoit fait fur l'autre le jour d'auparavant , & le fuccès en fut exac- tement le même ^ enforte qu'on ne peut plus douter que l'air ne fympa- tife beaucoup avec la lumière phofphorique du lait. 11 ne fera pas hors de propos de rapporter ici ce que M. Beccari eut occafion de remarquer pendant les deux jours dont j'ai parlé Se dans les fuivans. C'eft un détail , qui en faifant honneur à fon exaftitude , jettera encore une nouvelle lumière fur fon fujet. Comme il s'apperçut, en retournant chaque jour à ces vafes , que celle qu'il^ y faifoit naître n'étoit pas toujours la même , par le même degré d'agitation , mais qu'elle étoit tantôt plus forte Se tantôt plus foible ■■, il fut curieux de connoître la caufe d'une pareille variation. La chofe mûrement & fou- vent examinée , il demeura convaincu que la liqueur briUoit d'autant plus , par la fecouiïe & l'agitation , qu'elle avoit été auparavant plus obfcurcie , & pendant un plus long efpace de tems ; Se dans ce dernier cas même , la lumière ne pouvoir pas fe foutenir au-delà de quelques minutes. C'étoit bien pis encore , fi avant que la lumière s'éteignît , ACADÉMIE DE BOLOGNE. 14J on agitoit de nouveau la liqueur j la lumière produite par cetce nouvelle =^= agitation ctoic toujours extrêmement foible , & ne duroit cjuelquefois Académie pas au-delà de 6 à 7 fécondes. Les plus fortes fecoulTcs & les plus fou- Sciences vent tcpctces, en lailfant même quelques petits intervalles de tems des de unes aux aunes , n'ont jamais pu la faire fubfifter plus d'une minute. Bologne. Je ne dois pas omettre que a on ne rcpétoit l'expérience qu'après un .. cfpace de tems conlîdcrable , la lumière parollFoit auffi vive , que lorf- Histoire. qu'on l'avoit faite pour la première fois j & qu'elle décroilfoit enfuite graduellement , & en gardant toujours la même proportion , dans ks expériences fubléquentes j enforte que comme la lumière de la première expérience tépondoit aux premières fecoulTes , celle de la féconde ré- pondoit aalli aux fécondes fecoufTes , la troilieme aux troillemes fe- coulfes j &c ainfi de fuite. C'eft ce qui fut obfervé dans les deux vafes pendant cinq jours confécutifs. Ces cinq jours écoulés , M. Beccari ré- péta l'expérience fur le vafe o\x étoit contenu le mercure , conjointe- ment avec le lait. 11 brilla d'une lumière fort vive , dès qu'on eut com- mencé à le fecouer. Cette lumière eut cependant de la peine à fe fou- tenir pendant un petit nombre de minutes. Une féconde agitation pro- duifit encore un peu de lumière , mais qui s'éteignit bientôt entière- ment. De nouvelles fecoufles ne donnèrent point du tout de lumière. Après trois heures , on fecoua encore le vafe , il brilla moins qu'aupa- fait fuccéder à une première agitation , fans mentre entre l'une & l'au- tre aucun intervalle. Après s'être alTuré des faits , M. Beccari , quoique très-réfervé fur les hypoihefes , çlTaya de remonter aux caiifes , invité à cela par l'oc- «afion ; &: voici comme il raifonna : les molécules lumineufes qui fe trouvent cachées dans le lait , & dans les autres liqueurs fufceptibles delà lumière phofphorique , y font retenues Se embarralTées par des molécules d'une autre efpece , tant qu'on ne les voir pas briller ; poiur qu'elles brillent & donnent de la lumière , il faut qu'elles fe dégagent çt ces dernières molécules ; Se ce n'eft point encore alFez j quand cela eft fait , il faut que l'agitation & la chaleur les exaltent & les dévelop- pent encore davantage ; c'eft ce développement ul«;érieur . qui produit enfin la lumiçre. On ne doit pas croire , au refte , que les molécules lumineufes fe dégagent Se fe développent touies a la fois. Il s'ei^i déve- loppe d'abord , peu-à-peu , une quantité confidérable ; les autres ne forcent leur priibn qu'après : broyés , autant de firiiie de froment qu'il crut nécefTaire de le faire , &: forma du tout une malfe , qu'il dlvifa enfuite en petites paftilles , après l'avoir auparavant bien tournée & retournée. Dans l'efpace d'un peu plus de deux heures ces paftilles fe trouvèrent feches. LTn tems aulll court ne laKfoit pas craindre à M. Beccari qu'elles eulTent pu contraéler quel- que altération pendant qu'on les delféchoit. 11 fit choix de la farine parce qu'il favoit qu'elle n'étoit pas du tout contraire à la lumière des glands. Quoique tout fût à fouhait jufques là ^ M. Beccari appréhendoit, qu'à la longue , le fuc des glands , bien qu'incorporé avec la farine j ne vînt à s'altérer. Pour fe délivrer de cette crainte j il compofa avec la farine & le fuc des glands une autre malFe , où il fit entrer aulTi beaucoup de fel marin , qu'il favoit être très-propre à augmenter la lumière des glands , ëc à confecver tous les animaux , ceux de mer fur-tout. Il compofa avec cette nouvelle malfe d'autres paftilles , qui ne, furent pas bien long- tems à fe fécher , 'quoique le fel marin par lui-même retarde beaucoup / l'exficcation , Se il les conferva à l'étroit dans un endroit très-fec. Deux femaines s'étant écoulées , il fournit aux expériences les paftilles de la première & de la féconde efpece. 11 en jetta quelques-unes dans l'eau chaude & les frotta jufqu'à ce que toute la farine qui pouvoir être dif- foute s'en fût féparée. Plus il s'en décachoit , 8c plus l'eau devenoit lu- jiiineufe , & la lumière devint à la fin fi vive qu'on pouvoir aifément diftinguer la forme du vafe où l'Eau étoit contenue ; le refte de la pâte, qui ne put fe diffoudre , auroit pu être pris pour un gland de mer ca- ché fous l'eau , quoiqu'il brillât un peu moins. Voilà donc un phofphore qui avoit confervé pendant quinze jours Se plus la faculté phofphorique. Mais M. Beccari fe propofoit une plus longue durée. Il mit donc fes paftilles à part , pour s'en fervirderechef aprèsunlong inrervalle, ainfi que d'autres pallilles, qu'il croyoit être encore meilleures; & fubftitua aux unes & aux autres , les glands de mer même ; Se comme il avoit déjà éprouvé les bons effets du fel marin , il imbiba d'abord quelques glands d'une eau très-chargée de ce fel , & les mit enfuite fécher à une chaleur médiocre cela lui réullit affez bien ; car quelques-uns des glands préparés de cette manière fe montrèrent phofphonques pendant plufieurs jours ; & après le 10 , à compter de celui où ils avoientété delféchés , quoique recouverts encore d'une couche de fel criftallifc , ils communiquèrent à de l'eaa ACADEMIE DE BOLOGNE. 149 cVi.-iude , clans laquelle on les jetca , une lumière fort vive , dont l'éclat" s'accrut encore & fe répandit fur toute la malTe d'eau , dès qu'on les •"^'^c|^m§ le vuide, Se d'y ajouter les fiennes. ■••'i i-''' ^ • • '-,< ■ Perfonne n'ignore que la dilTolutioji tle la' limaille de fftr ou d'étain,' par l'eau forte , excite de la chaleur, M. Galéati , voulut faire cette dilTo- lution dans le plein &C d^us k vuide , pour voir- quelle feroit k diffé- rence du réfulut par rapport -V la chaleur qui en réfulte. Il jettadonc une demi dragme de limaille dans une dçnpi oncç d'eau fo^te \ la diL- folution achevée , il fur vint une chaleur fi forte quelle fit monter le thermomètre au quarantième degré j ce qui eft la moitié de la chaleur or- dinaire de l'eau bouillante. Cette .expérience fut fjiite ^^ns l'air. ,0n fi: la fuivante dans le vijide, M. Galéati jetta de la limaillçid^ns un petit vailfeau où il plaqa aufli le thermometrc;i il mit tout auprès uaaut;:^ vailTeau ,.où il.y avoit de l'eajlforte , 6c difpo;iVles,thofesde.»)a}iietej, ACADÉMIE DE BOLOGNE. 151 *u'en inclinant ce dernier vailfeau , il faifoit couler , à volonté , l'eau ==7= forte fur la limaille. 11 plaça enfuite les deux vairteaux fous le récipient, académie & après en avoir pompe l'air , il procéda à l'expérience. L'effervelcence ç^,^f,!,rc fut plus prompte ex plus violente qu elle ne 1 avoit ete dans 1 air , mais pç elle finir plutôt , fur-tout avec la limaille d'étain , qui fut pareillement Bologne. dilloute en moins de tems que la limaille de fer. Quoique tout fe fiit . plTc avec plus de violence dans le vuide , la chaleur y fut cependant Histoire plus modérée , car le thermomètre ne s'éleva pas au-delà de 35 à ;6 de- ■grés. M. Galéati avoit lu dans M. Mufchenbroek , que la même chofe etoit arrivée à ce dernier j cet accord entre leurs expériences , lui fit grand plaifir. La chaleur qui réfulte de l'etfervefcence excitée par l'eau forte &: l'huile de tartre par défaillance , fut aurtî moins confidérable dans le vuide que dans l'air ^ mais comme cette chaleur fut médiocre, ( ainfl qu'elle a coutume de l'être par le mélange de ces deux liqueurs) , dans le plein comme dans le vuide , la diftérence fut moindre de beaucoup que dans la première expérience. On fait que la chaux humeftée d'eau s'échauffe , lorfque fes particules ignées fe développent. M. Galéati fut d'autant plus curieux d'éprouver cette chaleur dans le vuide , qu'il ne favoit pas que perfonne eût encore tenté cette expérience. 11 prit donc un morceau de chaux , qu'il par- tagea en deux portions ; il fit à chacune un creux , dans lequel il lo^ea la boule d'un thermomètre ; enfuite il les humeda l'une & l'autre , au- tant qu'il étoit nécelfaire pour l'échauffer ; car on n'ignore pas qu'il faut que l'eau qu'on verfe fur la chaux , ne foit ni en trop grande , ni en trop petite quantité. Dans le premier cas , les particules ignées font étouffées à mefure qu'elles fe développent , de dans le dernier j elles ne Iieuvent pas fe développer. On mit l'un des morceaux de chaux fous e récipient , & l'autre fut laifTé en plein air. Dans le vuide , la chaux fut plutôt échauffée & dilToute , mais la chaleur fut moindre ; en effet , la chaleur s'éleva dans l'air prefque au 8o«. degré , qui indique la chaleur de l'eau bouillante , au heu que dans le vuide elle fut mo'indre de près de deux tiers. En racontant ces expériences , M. Galéati ajouta , par occafion , cer- taines chofes , qui , quoiqu'elles ne fe rapportent pas aufTi direélement à la matière j ne lailTent pas de mériter l'attention des phyficiens. Com- me il revenoit fouvent à la chaux en différentes faifons de l'année , il s'apperçu qu'elle étoit plus long-tems à s'échauffer pendant le froid de l'hy ver , que durant les chaleurs de l'été. Cela ne viendroit-il pas de ce que le tiflii de la chaux étant beaucoup plus refferré par le froia , l'eau a plus de peine à la pénéyer j pour développer les particules ignées ? AL Galéati content d'avoir obfervé le fait , lailTe aux autres le foin d'en chercher la caufe. 11 déploroit enfuite la perte d'un excellent thermo- mètre gradué fuivant la méthode de M. de Lile , Si qui ne fe terminoit Académie 152 COLLECTION ACADÉMIQUE, pas, comme les autres pat une petite fphere , mais par une extrémité à la fois convexe & concave par le bout , ce qui en rend , dit-on j l'ufage Sciences beaucoup plus commode. Comme il eut placé ce thermomètre fous Iç DE récipient & dans la chaux , dès que celle-ci vint à fe dilfoudre &; à s'é- BoLOGNE. chauffer , il fauta en éclats Se fe brifa. 11 elf bon que ceux qui voudroient »__ répéter ces expériences foient inftruits de cet accident , afin qu'ils ta-, Histoire, chent de s'en garantir. Mais revenons à notre fujet. De ce que les corps s'échauffent plutôt dans le vuide que dans l'air , il eft naturel d'en conclure qu'ils doivent aulîî s'y refroidir plutôt. Ce- pendant , quelque plaufible que fou cette conjeéture , M. Galéati a voulu la vérifier par des expériences ; il en a fait fur les folides &c fur les liquides. îl prit d'abord des plaques de fer de même forme & de même poids,' qu'il fit chauffer également j il plaça l'une , dans un récipient , d'où l'on pouvoir tirer l'air , & l'autre , dans un fécond récipient , ouvert de tou- tes parts à cet élément. Il pofa fur chacune des plaques un vailfeau de mê- me capacité & renfermant la même quantité d'eau fraîche , dans laquelle plongeoit le thermomètre. Il tira enfuite l'air de l'un des récipiens j le mercure du thermomètre s'y éleva plutôt que dans l'autre , mais il ne monta pas Ci haut j car il s'arrêta au quarantième degré. Tandis que dans l'autre thermomètre , il fut jufqu'au 45 ou 46. De même que dans le vuide l'afcenfion du mercure avoir été plus prompte , la defcente le fut auffi. On voit donc par-là que la plaque de fer , ou plutôt l'eau , à la- quelle elle avoit communiqué fa chaleur , fe refroidit plutôt dans le vuide que dans le plein. Il en arriva à-peu-près de même à deux portions d'eau bouillante , dont l'une fut placée dans le vuide , &c l'autre laiffée en plein air. M. Galéati s'étoit auflî occupé quelque peu des caufes qui produifent le froid dans les corps , ou qui en augmentent l'intenfité ^ & , a cette oc- cafion , il avoit répété beaucoup d'expériences de M. Mufchenbroek , en verfant de l'eau forte tantôt fur de î'efprit de vin , tantôt fur du vi- naigre , &: quelquefois fur de la neige , pour rendre le froid plus grand. En réitérant fouvent ces épreuves , & clans le plein &c dans le vuide , il a toujours obtenu un froid plus prompt dans ce dernier. M. Galéati n'ofe pourtant affurer que ce foit une loi abfolument générale ; mais il a vu avec fatisfadion qu'elle ne s'eft jamais démentie dans fes ex- périences. SUR ACADÉMIE DE BOLOGNE. rsj X'M-" ■■■"■ ■ ■"■"■Qi'-"' .- ... i^j. Académie DES SUR LA PÉNÉTRATION DU MERCU RE ^""''^^^^ DANS L'OR. ^°'-""'"'- M, Gemiiiiani Rondelli a donné fur ce fiijet à l'académie , im mé- moire , qui eft le premier qu'on y ait lu , depuis qu'elle occupe le palais de rniftitut. Nous allons , d'après l'auteur , en préfeiuer ici un précis très-court. M. Rondelli ayant pris deux fils d'or , dont le diamètre étoit à peine d'un fixieme de ligne , il les plongea dans le mercure de façon que l'un des deux y étoit dans une fituation perpendiculaice , tandis que l'autre , à la fortie du mercure , éroit recourbé & dans une direction horifon- tale. Le but de M. Rondelli étoit de voir 11 cette différence de poiîtion , ne cliangeroit rien à la pénétration du mercure dans les deux fils. Le premier , le fécond , & le troifieme jour il n'arriva rien de nouveau , Ci ce n'eft que les extrémités des fils qui plongeoient dans le mercure étoient un peu corrodées , fur-tout la partie la plus voiline du fond du vafe ; cette dernière circonftance fit conjeélurer à M. Rondelli que la gravité & la preflion du mercure pourroient bien contribuer pour quelque chofe à cette corrofion. Quoi qu'il en foit , comme le mercure n'avoit point du tout pénétré les fils , M. Rondelli craignit que cela ne vînt de ce qu'ils étoient trop fins, &; en conféquence , il en prit deux autres un peu plus épais , & qui avoient un peu plus d'un quart de ligne de diamètre ; il les plaça de la même manière que les premiers dans le mercure. Sur le champ le mercure fe répandit dans les deux fils , & commença à les revêtir l'un & l'autre d'une couche mince , mais non pas avec la même célérité ; car tandis qu'en neuf jours de tems , il pénétra de 21 pouces Se 4 lignes pied de Paris , dans le fil horifontal , il ne s'éleva qu'à fept pouces dans le fil fitué verticalement. Ce qui fait préfumer à M. Rondelli que la pé- nétration du mercure dans l'or , eft confidérablement retardée par la gra- vité ou la pcfmteur du premier , puifque les progrès en ont été plus" ra- pides dans le hl horifontal , où la gravité n'apportoit par elle-même au- cun obftacle au mouvement j que dans le fil perpendiculaire , où l'obf- tacle réfultant de la pefanteur étoit au(ll grand qu'il pouvoir l'être. L'ob- lervation continuée pendant un mois , on vit que l'infinuation du met- cure dans les fils devenoit de jour en jour plus lente & à la fin nulle. M. Rondejli conclut de fon expérience que ce n'eft pas du tout par une forte de fympathie , comme le prétendoient les anciens, & comme on l'enfeigne encore dans quelques écoles , que le mercure pénètre fi facilement dans l'or , mais par une loi méchanique, qu'il n'entreprend Colldl. Açad. pan. àr. Tome X. V. 154 COLLECTION ACADÉMIQUE^ = pas de déterminer , &c qui eft peut-ttre indéterminable. Quoi qu'il êtî Académie ÇqI^ ^ l'expérience de M. Rondelli ne fera rien moins qu'inutile , Ci elle o '^fJr-ts "°"^ apprend, i". Que la pénétration du mercure eft nulle dans les fils pj d'or extrêmement déliés ; z". Qu'elle varie dans les fils plus épais, fui- BoLOGNE. vant leur différente pofition j &: 3°. Enfin , qu'elle eft beaucoup retardée par la gravité du mercure. Histoire Mais la première de ces aflTertions , a été infirmée depuis par des ex- ' périences fubféquentes de M. Gotard Bonzi. Celui-ci prit quatre fils , deux de cuivre , dont l'un doré , un fil d'argent , également doré , & un quatrième fil d'or folide. L'épallfeur de chacun étoit tout au plus d'un fixieme de ligne. Ils furent tous placés verticalement dans le merr cure , mais de façon qu'il en reftoit une portion aiïez confidérable en dehors. Le mercure commença à s'élever aufll-tôt dans les deux fils do- rés ; il s'éleva plus lentement dans le fil d'or , & point du tout dans le fil de cuivre non doré. Trois jours après , l'afcenfion du mercure étoit plus grande dans le fil de cuivre dore , que dans le fil d'argent ; le fil d'oc étoit comme partagé par des interférions blanches , auxquelles on ne pouvoir toucher , quelque légèrement que ce fût , fans qu'il ne fe rompît. Cela fit naître un foupçoii à M. Bonzi ; il commença de craindre qu'on n'eût mêlé à l'or quelque matière étrangère , qui en s'oppofant à la pénétration ultérieure du mercure , faifoit manquer l'expérience dans le fil réputé d'or pur ; &: il ne fe trompa point. L'ouvrier lui avoua qu'il avoir mêlé à l'or , comme il eft d'ufage , un peu de cuivre Se d'argent ; mais qu'il repareroit fa faute en lui faifant , quand il le vou- dtoit , deux fils de l'or le plus pur , ce qu'il fit effeélivement. M. Bonzi- plaça encore ces deux fils dans le mercure , le plus délié & le plus court obliquement , & l'autre perpendiculairement. Il ne changea rien à la' pofition des autres fils. En peu d'heures le mercure couvrit tout le fil d'or incliné à l'horifon & le plus court d'une très-mince couche , ôc corroda l'extrémité qui y étoit plongée. Ce ne fut , au contraire , qu'au bout de 14 heures , qu'il s'éleva uniformément à la hauteur de cinq pou- ces dans le fil d'or plus long &c fitiié verticalement. Enfin , la portion de ce fil qui plongeoit dans le mercure , à force d'en être corrodée , fe calLi ; ce qui n'empêcha pas que le mercure ne continuât à s'élever dans la portion du fil qui en excédoit la furface , Se qui , au moyen d'un ap- pui , qui la tenoit fufpendue , gardoit toujours la perpendiculaire. En 12 heures de tems ,''il s'éleva à la hauteur de neuf lignes de Paris. Tel fut le réfultat de l'expérience par rapport aux deux fils dorés. Voici ce qui arriva aux autres fils , qui étoient déjà depuis quinze jours dans le mercure. Celui-ci s'étoit élevé de 4 pouces dans le fil de cuivre doré , & dans le fil d'argent feulement à deux pouces & 9 lignes. Rien de nouveau dans le fécond fil de cuivre non doré. M. Bonzi fut curieux enfaite d'éprouver ce qui arriveroit à l'or s'il étoit uni à de la cire. Il ACADÉMIE DE BOLOGNE. rjj plongea donc dans le mercure un fil à la fois cire & dore ; la partie de = =^-' ce fil touchée par le mercure fut entièrement dépouillée de fou or à la Académie DES la hauteur de près de deux lignes. Peut-être que cet or , foiblement fou- c tenu par la cire , fut entraîné par le poids du mercure. ociences Mais pour en revenir à nos fils d'or folides , il paroît que M. Roii- Bologke delli s'étoit un peu mépris fur leur compte; qu'eft-ce qui a pu donner _1 occafion à fon erreur ? C'eft ce qu'il n'eft pas facile de dire. Peut-être que comme M. Bonzi avoir fait ufage dans fa première expérience d'un fil d'or adultère , M. Rondelli s'éto'it fervi dans la fienne de fils d'or plus mauvais encore. Peut-être l'extrémité de ces fils qui plongeoit dans le metcure s'eft-elle détruite par la corrofion , & le mercure n'avoic-il pas pu s'appliquer enfuite à la portion des fils reftce.en dehors ; circonf- tance, qui, ayant échappé à M. Rondelli, lui aura fait aoire que les fils d'or trop déliés ne le lailTenr point pénéaer par le mercure. "'•^ Histoire. ï^s;^ S17R LA COMPRESSION ET L'ÉLASTICITÉ DE L'AIR. L'Elafticité de l'air eft-elle toujours proportionnelle à fa denfité ou aux poids qui le compriment ^ comme le difent la plupart des phyfi- ciens ? M. Rondelli n'ayant jamais pu fe perfuader que cette opinioH loit vraie , entreprit de la renverfer par l'expérience fuivante , dont il fit le narré dans l'une des féances publiques de l'académie. ^ Il prir un tube de verre recourbé , & le plaça de façon que fes deux branches regardoient le haut. L une d'elles étoit très-co'urte & très-exac- tement fermée i fon extrémité , afin que la moindre partie de l'air qui y ctoit contenu ne piit s'échapper. Cette même extrémité étoit aulTi beau- coup plus évafée que le refte de la branche , & avoir intéiieurement une forme cylindrique. Par l'autre branche du tube , qui étoit la plus longue & ouverte par le bout , M. Rondelli fit verfer peu-à-peu du mercure , afin que l'air renfermé dans la petite branche étant de plus en plus comprimé , fe réduifîr toujours à de plus petits efpaces. Pendant ce tems-là , il notoit & fes efpaces , & les diverfes élévations du mer- cure , auxquelles ils répondoienr ; & calculoit enfuite quelle étoit dans chacun de ces efpaces la force élaftique de l'air condenfé. Nous favons que cette force eft égale à celle qui eft requife pour foutenir le poids du mercure qui ptefTe par-delTus , 6: la pefanteur de toute l'atmofphere ; or . comme cette dernière force eft connue , elle nous indique indubitable- ment celle de l'air renfermé Se comprimé. Le réfultat de l'expérience tut tel que M. Rondelli pouvoit le defirer ; car quoiqu'au commence- ment la force élaftique de cet air fût en raifon de fa denlîté , ce qui fai- is6 COLLECTION ACADÉMIQUE; <*' — foit efpérer à pliifieurs qu'elle contiiuieioi: à ctie proportionnelle aux ef- AcA DEMIE pjj.çj^ lorfqu'on eut un peu augmenté la compreflîon , cette proportion Sciences '■^^^ d'avoir lieu Se ne fe foutitit plus. DE Depuis M. Rondelli , la célèbre Laura Balll a beaucoup médité fur le Bologne, même fujet , 8C a fait , avec toute l'exaébitude qu'on pourroit attendre du plus grand phyficien , des expériences confirmatives de la Tienne. Voici Histoire. ^^ précis de quelques-unes. Un jour d'automne , & par un tems de pluie , madame Baflî ayant voulu efTayer de réduire l'air renfermé dans un tube à un efpace moin- dre de la moitié , avec un poids double , elle ne put y parvenir ; il fallut ajouter à ce poids onze lignes de mercure, le baromètre étoit alors à zj degrés Se une ligne , & le thermomètre de M. de Réaumur à deux degrés au-deiïiis du tempéré. La faifon étant un peu plus avancée , madame Baflî revint à fon ex-_ périence ; ce jour-là le tems étoit un peu plus humide j le baromètre à 27 degrés &c 4 lignes , ôc le thermomètre environ à 6 degrés au-delTus du terme de la glace ; elle ne put réduire l'air à la moitié de fon volume , qu'en ajoutant encore un pouce au poids double du mercure. Cela ne viendroit-il point , de ce que l'humidité de l'air en avoir augmenté l'é- lafticité , & la même caufe n'auroit-elle pas eu lieu aufll dans la pre- mière expérience ? Outre que la chofe ed fort vraifemblable par elle- même , elle eft très-conforme encore aux expériences de M. Galéati. Peu de jours après , madame Bafll eut encore le même réfultat j elle ne put , en comprimant Pair , l'amener à la moitié de fon volume avec un poids double ^ il fallut y ajouter un pouce Se trois lignes de mercure. Le baromètre s'étoit élevé d'une ligne. Par un jour fec , où le baromètre étoit à i8 pouces Se i lignes , & le ther- momètre à quatre degrés au-delTus de la congélation, la compreflîon de l'air parut moins s'éloigner de la loi propofée par les phyficiens j elle s'en éloi- gnapourtant encore; car l'aime putoccuperune efpacemoindre de la moi- tié qu'en ajoutant un peu plus de neuf lignes au double poids du mercure. En faifant part de fes expériences à l'académie , madame Baflî ne paf-, foit pas fous filence d'autres expériences où le réfultat s'étoit rapproché de très-près de la proportion reçue ; mais comme cette proportion n'eft rien moins que confiante , elle ne pouvoir fouffrir que les phyficiens , fur la foi de quelques expériences , î'euffent donnée pour invariable , au mépris d'autres expériences plus nombreufes qui la combattent. Elle avoit , difoit-elle , remarqué cette inconfl:ance , non feulement lorf- qu'elle avoit réduit l'air à la moitié de fon volume , mais encore à tous les degrés de condenfation , au-defllis &: au-defliis de cette moitié. Il falloit dans tous ces cas , quelquefois un poids plus grand que la loi ne le demande , Se d'autre fois au contraire un poids plus petit qu'elle ne l'exige. En voici encore un exemple. Un jour que madame Baflî- avoit réduit l'air à la moitié de l'efpace qu'il occupoit auparavant , il s'en man- ACADÉMIE DE BOLOGNE. 15; quoit d'un pouce que le mercure ne fe fût élevé au degré qui auroit iii-^^= diquc une preflioii double , comme elle s'en convainquit par le baro- ^'^'^"^•'^"E mètre , qu'elle n'avoit jamais ceffe d'obferver pendant tout le cours de [es Sciences expériences. pg B01.OGNE. Sl/R UNE FARIATION SINGULIERE DU BAROMETRE. Histoire. IL arrive fouvent aux phyficiens , fur-tout à ceux qui cultivent , pour ainfi dire , la plulofophie avec la main , 6c qui foumettent tout .mx expériences , que les efforts qu'ils font pour expliquer quelque chofe de difficile , les conduit à quelqu'autre chofe dont l'explication eft plus dif- ficile encore. Mais le fruit de leurs recherches n'eft pas perdu pour cela- ils apprennent à connoître la nature fous fes différentes formes • &c d'ail- leurs , l'efprit fe complaît quelquefois à trouver des difficultés. Ceci foit dit à propos des difpuces qu'une variation linguliere du baromètre a fait naître autrefois dans l'académie de Bologne. Nous allons en préfen- ter fommairement le précis. 11 cfl: confiant chez les phyficiens que la hauteur du mercure n'eft pas la mvme dans tous les baromètres , quoique placés dans le même lieu &: oblervés dans le même tems. 11 s'élève plus haut dans les tubes qui ont le plus de diamètre , & il refte plus bas dans ceux qui en ont moins. Plufîeurs expliquent ce fait de la manière fuivante. ils croient que le verre , dont les tubes font compofés , repouffe naturellement le mercure d'où il arrive que le mercure ne s'élève jamais autant qu'il le feroit fans cela j & qu'il monte plus haut dans les tubes où cette répulfîon eft moin- dre. Or , ce font, difent-ils , les tubes les plus amples qui oppofenr Id nés e qui touchent la furface interne du tube. Ils appuvent cette explication d^ beaucoup d'expériences defquelles il rcfulte indubitablement que le verre eft eff^eélivemenr doué de cette force répulfive à l'égard du mercure Quoi qu'il en foit de ce raifonnement , il eft certain du moins qu'on auroit tort de le rejetter , par la raifon qu'il n'y a point de proportion conftante entre les ticvations du mercure Se la grandeur des tubes Car M. Balbi a remarqué que toutes les efpeces de 'verre ne repoulfent p également le mercure , &c que les tubes des baromètres font dans le m.- ; cette variation dépend, félon lui, des différens principes qui dans la compofition du verre ^ de leur diverfe combinaifon Se as mê- me cas ^ _-j,^ „.„,. .„., „^^ nnticns principes qui entrent dans la compofition du verre , de leur diverfe combinaifon Se des tourneaux mêmes où l'on fabrique les tubes. Ce n'eft donc point '% 15? COLLECTION ACADÉMIQUE, = uniquement le plus ou le moins de diamètre des tubes qui fiit varief Académie j>_^f^gj^(jQjj ^^ mercure dans le baromètre , mais encore la nature parti- SctENCES *^'-'lis'^^ '^^ verre dont ils font formés ; enforte que dans deux tubes d'i- j)E négale grandeur , le mercure peut s'élever également haut , à raifon de Bologne, la qualité dlflFérente du verre dont chacun d'eux a été compofé. La remarque de M. Balbi paroiiroit réfbudre à merveille la difficulté ; Histoire. "^^'^ '•^^^^ folution eft un peu dérangée par une expérience de M. de Plantadcj qu'on trouve dans les mémoires de l'académie royale des; fciences de Paris , pour l'année 17.3 J. M, de Plantade avoue que l'élé- vation du mercure varie d-ans les ditférens tubes , Se qu'elle eft plus grande dans ceux qui ont le plus de diamètre i mais il ajoute que cette inégalité n'a lieu qu'i des hauteurs qui font au-deffous de 600 pieds , &c que fi on porte lès baromètres fur le fommet de montagnes dont la hauteur excède ces 600 pieds , l'égalité fe rétablit auffi-tôt dans tous les tubes. Si M. de Plantade a procédé à fon expérience avec toute l'exaéti- tude que demandoit la fujet , & qu'on a lieu de préfumer dans ce favant académicien , quel fond pouvons nous faire déformais fur la répulfion ? Pourquoi cette force ne s'exerce-t-elle qii'au-delfous de 600 pieds , 5ç demeure-t-elle oiûv^'à de plus grandes hauteurs ? La queftion ayant été agitée un jour à l'académie , les fentimens fe trouvèrent partagés. M. Galéati dit , fans paroître fort attaché à cette opinion , que la plus grande élévation du mercure dans les tubes qui ont, le plus de diamètre dépendoit indubitablement de ce que la prellion de l'air y eit, plus forte que dans, les petits ; Se que comme la pefanteurde l'atmofphere efl: moindre dans les endroits fort- élevés , il pouvoir fe faire que ce JËût cette diminution du poids de l'air qui rétabliiToit l'éga- lité dans les tubes des baromètres qu'on tranfportoit fur le fommet des plus hautes montagnes. D'autres académiciens, pour expliquer le phénomène , eurent recours? à la rareté, à. la, légèreté de l'air de ces montagnes. Puifque ce font là , difoient-ils' , les» deux qualités qui diftinguent le plus éminemment cet air de l'air, ii^ferieur , pourquoi ne les admettroit-on pas pour caufes du phénomieae j exclufivement à toute autre caufe j quoiqu'on ignora la manière dont elles agiifent pour rétablir l'égalité dans les baro- mètres ? Comme plufieurs infiftolent fortement fur cette raifon , on crut devoir s'en rapportei à une expérieiKe qui apprendroit au jufte quelle part la rareté ôf la légèreté de l'air pouvoir avoir à l'effet en queftion. Il s'a- gifloit d'enfermer fous le récipient de la machine pneumatique plulieursr baromètres à tubes inégaux , pour voir , fi , à mefure qu'on viendroit à raréfier l'air j les colonnes de mercure , qui croient auparavant à des hauteurs différentes, fe mettroient toutes au niveau. Si cela arrivoit , on ne pouvoit guère plus douter qu'on ne dur l'attribuer à la rareté ëc a h, légèreté de l'air , finorî , il falloir chercher une autre caufe. L'acadé^ ACADÉMIE DE BOLOGNE. tso tnle , avant de fe fépater , chargea MM. Galéati & Vituari d'exécuter '■ l'expérieiKe. Ces MM. prirent donc trois tubes de verre d'inégale grandeur , dont Sciences l'un avoit une ligne de diamètre , l'autre deux , & le troifieme j que pg j'appellerai le moyen , une ligne & demie. Us les remplirent de mer- Eclocnï. cure trcs-ex.icltement purgé d'air , & deflcché à un feu de charbon , d^nc un vailFeau où il en refta une partie. En retoU|:nant les tubes , comme Histoir*.' ileftd'ufage, ils les plongèrent par leur exh'cmité inférieure dans le vafe dont on vient de parler j lè mercure defcendit aufîî-tôt , comme it a coutume de le faire dans les tubes , & s'éleva d'autant plus haut dans chacun d'eux , qu'ils avoient pins de diamètre ; ce dont il éroit bien fa- cile de s'alTiirer, puifque toutes les colonnes du mercure portoieut fur le mcnre plan horifontal , c'eft-à^'dtre fur la furface du mercure c^u'i étoit contenu d.ins le vafe. Pour plus de précifion , M.' Gàléati Voulut cepen- dant mefiirer la différence des hauteàrs 3 laquelle chaque colohrie S'é- levoit. Ayant donc pris une règle de bois qu'il divifa en 30 pouces de Paris , il l'adapta aux tubes , de manière que fcn extrcmite infé- rieure , par laquelle il commençoit à compter , touchât la furface du mercure du vafe. Ils trouvèrent de cette manière que l'élévation du mer-; cure dans le plus large des; tubes étoit d'une ligne &: plus âu-deflus de celle du tube moyen j & dans celui-ci , prefque de 2 lignes plus grande que dans le tube le plus étroit ; ils rranfporterent enniite tout cet ap-" pareil j les tubes , le vafe , & la règle , convenablemerit liés entr'eux , dans h récipient de la machine pneumatique , & procédèrent à l'ex- périence. C'eft ici où il parut bien , combien il eft facile , eh cherchant à leveif ane difficulté, d'en rencontrer une autre, qu'on n'.-ivoît point prévue. K peine avoit on commencé à faire agir la pompe pour raréfier 1 air, qu'on vit auflî-tôf le mercure s'abaifler dans tous les tubes , mais beaucoup plus vite dans Te plus grand , que dans lè rrioyen , & un peu plus vite dans ce dernier , que dans le plus étroit j il fe mit fur le champ à la même élévation dans les deux premiers , & bientôt auffi dans le ttoifie- me. Mais cette égalité fut de très-courtç durée j car dès qu'on eut ceffé dé pomper l'air du récipient ,&: qiieVeliir qui yreftoitfe fut repofé , les hauteurs du mercure venant tout' à coup à. changer , il s'arrêta enccrc d'autant plus haut que les tubes étoiènt plus grands. A tous les coups de pifton qu'on donna , on rernarqu.T conftamment la même chofe , &; l'on ne cefla de pomper que quand le mercure ne put plus fe foutenir qu'en- viron à 15 pouces, degré d'élévation qui indiquoit dans l'air du réci- pient la même rareté qu'a celui des pins h.intes montagnes qui foient en' Europe. Et , ce qu'il y eut de ttès-fingulier , c'eft qu'après tant de Co'ups de pifton , les différentes hauteurs du mercrtre dans les tubes , éfoient encore à-peu-près entr'elles dans le même rapport , qu'avant qu'on eût «ommencé à tirer l'air du récipient. i6o COLLECTION ACADÉMIQUE, = Pour revenir maintenant à l'expérience de M. de Plantade , quia Académie Jqi^j^^ lieu à celle dont on vient de voir le détail , s'il eft vrai que ce foiç Sciences ^ caufe de la rareté ëc de la légèreté de l'air , que le mercure des baro- DE mètres fe maintient à des hauteurs égales , lorfqu'on les porte fur des Bologne, montagnes fort élevées j pourquoi cette égalité ne fubfifte-t-elle pas aufli .; dans la machine pneumatique j quand on a réduit l'air du récipient au Histoire, •'nî^'^c degré de rareté ôc de légèreté ? L'expérience de MM. Galéati &C ' • Vitu;iri complique donc la quellion , au lieu de la réfoudre. En effet j celle de M. de Plantade ne lailfoit qu'une chofe. à expliquer j favoir , l'égalité des baromètres fur les hautes montagnes 5 au lieu que l'expé- rience de nos académiciens en préfente deux , dont Tune eft , pourquoi les colonnes de mercure reviennent à l'égalité dans le récipient de la machine pneumatique? Et l'autre, d'où vient que cette égalité eft fi-tôt détruite ,& ne fe foutient pas ^ -■,,■.■ ' . En réfléchiftant fur cette dernière expérience , il paroît que le mou- vement extérieur a pu influer pour quelque chofe dans le réfultat , puif- qu'en faifant, agir le pifton , & .en mettant en mouvement l'air du ré- cipient , les colonnes de mercure fe réduifoient d'abord au niveau , S>c reprenoient enfuite leur inégalité , lorfqu'on ceftoit de mouvoir &c l'air & le pifton. Seroit-il arrivé quelque chofe de pareil à M. de Plantade ? Et lorfqu'il tranfporta fes. baromètres fur de hautes montagnes , auroit- ' en auroic roit peut- ifparoîVr'e ? Dans une telle obfcurité , il n'y a point de conjeélure qu'on ne puiffe fe permettre. Cependant M. Galéati , en faifant à l'académie le récit de fon expérience , ; s'en, eft tenu modefte- ment au fait j il a cru devoir laiïfer à ceux, qui ra,voierit:. ordonnée , à efl trouver., s'iî eft. poflible , le dénouement. . ) ,.,•■. ,,' .•.-; SUR LA ÇORRECTmN,^,Ç,,JHEmOMJSTRE-, CElui qui parviendrolt a cprrîger tout-à-fait les thermomètres , ne ren^ droit pas un fervice,d^'peu, 4'ipiportance à la phyfique. Mais c'eft: là un ouvrage très-difficile. Les obftacles qu'on a à futmpnter de. toutes parts font en fi grand nombre , qu'on n'en a pas plutôr levé un, qu'il s'.çn préfente d'abord un autre. M. Pierre Tabarini , homme très-favant , fê^trouvant à Bologne , & étant venu à l'académie j on l'inyka à don- , nqr quelque chofe de fa'faço;i. Il lut un mémoire où.il Avpit .renfermé tout ce qui pouvoir avoir rapport à la CQxreélion des theriiiometres , Sc é'j !'.._ V p.- .j '...,:„ j. rJ.\ :. j ' „„'..„,-^ r,„- ^^ fr,;or r^ir ri Rr._ ACADÉMIE DE BOLOGNE. iCi fôit à Bologne, où il nvoic alTocic à fon travail M. Galcatl. Je ne le =^ fuivrai point dans tous les détails où il eft entré , & j'inlifterai unique- Académie ment fur deux imperfedions du tliermometre , dont l'une étoit très- <- ^" connue , quoique la correftion en fût ignorée encore , du moins à Bo- logne, & dont l'autre ne l'étoit point du tout, bien loin qu'on eûtfongc Bologne. à la corriger. ^^_____ Je vais d'abord parler de la première. Il eft certain en phyfique que la jr q.oj, incme chaleur qui fait monter la liqueur dans les thermomètres , dilate ' aullî le tube ; d'où il arrive que cette liqueur ne s'élève jamais .-lulli haut que la chaleur aétuelle l'exigeroit ; car le tube ne peut fe dilater qu'il n'acquière un peu plus d'ampleur. On eft donc induit en erreur lorfqu'on mcfuce la chaleur par le degré d'élévation de la liqueur , Se l'on ne fe trompe pas irtoins lorfqu'on mefure le froid par la déprellîon ou l'abaif- fement de la même liqueur j car le froid ne contraéte pas feulement celle-ci, mais encore le tube , ce qui ne permet pas à la liqueur de def- cendre aulli bas qu'elle le feroit , fi le froid n'agiiïbit que fur elle. On a cru 1 voit être corrigée. ■ vju ciic it: itiuiL , il ic noia n agiuoii que lur eue. iig-tems que cette imperfeftion du thermomètre ne pou- • - j,ée. Mais il s'eft trouvé dans l'académie impériale de Petef- bourg quelques favaiis qui ont prétendu qu'elle étoit imaginaire ; car ils nioient que le chaud Se le froid eulfent allez d'aéVion fur le verre & fut les tubes pour en changer les dimenfions ; ils elFayerent d'établir leur fentiment fur des expériences dont le réfultat ne leur fut point favora- ble. Cependant , comme leur autorité ne laiftbit pas de mériter de la confidération , M. Bulfinger imagina , pour les convaincre , de donner aux tubes des thermomètres une forme nouvelle , qui feroit connoître s'il eft effeélivement vrai que les vaifteaux de verre fe dilatent par la chaleur Se fe reflerent par le froid j car c'eft à cela que fe réduit toute la quertion. Avant d'expliquer ce que c'eft que cette nouvelle forme , il faut pren- dre la chofe d'un peu plus loin. Si un tube qui contient de la liqueur eft terminé par un globe , Se qu'une chaleur extérieure vienne à être ap- pliquée tout-à-coup à ce globe , la liqueur ne s'élève pas d'abord dans le tube , mais au contraire elle fe déprime un peu ; enfuite elle eft entraînée rapidement en haut , comme fi elle avoit reçu une fecoufte j & , au con- traire , fi c'eft un grand froid exiérieur qui'eft appliqué à la boule du ilietmometre , la liqueur ne defcend pas à l'inftant , mais elle s'élève d'a- bord un peu , après quoi elle rétrograde rapidement en bas. Les phyfi- ciens appellent fauts ces afcenfions Se ces defcentes courtes & brufques ?f '^ 'iqueur , qui font fuivies de deux mouvemens contraires. Voici 1 explication qu'ils en donnent. Avant, difent-ils , que la chaleur ait pé- nètre jufqu'à la liqueur , elle agit fur la boule & la dilate ; la capacité de la boule augmentée , il faut nécelfairement que la liqueur fe déprime julqu a ce que la chaleur ait agi fur elle ; Se alors , elle remonte.- Le troid , ^ 5.°',"""^^ ' refterre la boule , avant de fe communiquer à la liqueur , Celkcî. Acad. pan. ùr. Tome X. X i6i COLLECTION ACADÉMIQUE ; ce qui fait élever cette dernière , après quoi elle fe déprime , lorfqne le Académie fj-Q^jj _^ p(_;,i^ti-^ julqu a elle. Cette explication ell: fort commode , & c'efl ,, cette commodité même qui la fait paroitre vraifemblablc Sciences ,,. ,'. '< -rii • jpg Mais on peut beaucoup ajouter a cette vrailemblance par une expe e- BoLOGNE. rience. En effet, fi l'on fe procure un tube dont l'extrémité au lieu de fe terminer par une boule , foit configurée de façon que la capacité n'en î4,cT«,„,r foie pas augmentée par la chakur , ni diminuée par le ftoid ; & que dans ce tube on n apperçoive point dejauis dans la liqueur , il lera allez clair, que ces faitts , dans les tubes ordinaires , ne dépendent que de l'auomentation &: de la diminution alternatives de la capacité du globe, §ç jconléciuemment , que les vaiffeaux de verre font réellement dilatés f3,c U chaleur , & rétrécis par le froid. Or , c'eft M. Buifinger , très- ingénieux phyficien , qui a imaginé cette nouvelle forme à donner au thermomètre. 11 fit faire un tube qui finilfoit par un petit vailTeau dont les deux furfaces croient terminées par deux courbes parallèles entr'elles , enforte, qu'il étoit co^icave d'un côté &; convexe de l'autre j en forme d'écuelle. M. Buifinger avoir conçu que la capacité intérieure de ce petit vafe devoit être invariablement la même , foit que la chaleur en dilatât les deux furfaces , ou que le froid les contraftât. M. Tabarini (e trouvant alors à Rome , Se ayant entendu parler de cette nouveauté , voulut en faire l'expérience j qui lui réuflit par- faitenient bien; car ayant préparé qiielqu'uns de ces tubes terminés en écuelle , en fa^ifant chauffer & refroidir alternativement les deux fur- faces de l'éçutflle ou d'un petit vafe , il vit clairement qu'il n'arrivoit point de fitucs dans la liqueur , au lieu qu'il s'en faifoit toujours lorf- qu'il n'y avoir qu'une des furfiices qui recevoir le froid ou le chaud j car fi l'on échauffoit feulement la furface convexe , la dilatation de cette furface augmentant la capacité intérieure du vafe , la liqueur fe dépri- moit ; elle s'abaiiloit aufli lorfque le froid n'agiffoit que fur la furface concave 5 elle s'élevoit , au contraire , quand le froid étoit appliqué à la furface convexe , & le chaud à la furface concave. Toutes ces chofes fai- foient voir que les circonférences des vaiffeaux de verre devenoient plus grandes par la chaleur j &c diminuoient , au contraire , par le froid ; Se que J iifamnoins , la forme qu'on avoir donné au petit vafe en écuelle étoit telle , que fa capacité intérieure ne changeoit jamais , foit qu'il fur échauffé ou refroidi dans fes deux furfaces. La raifon , Se l'autorité de M^ Buifinger , prouvoient aff^z que cela devoit être ainfi ; cependant M. Ta- l)arini voulut encoce s'en affurer par fes propres expériences. Le fuccès de ces expériences , l'engagea à fabriquer beaucoup de ces nouveaux thermomètres j^ d'abord à Rome, & enfuite à Bologne ; & comme ils continuèrent de.répondre parfaitement à fes vues , il n'héfira pas d'eni écrire à M. Mufehenbroek , cpi lui répondit qu'il approuvoic fort cetteefpecede thermomètre , mais qu'elle ne lui étoit point nou- velle , ôz qu^il en avoit expofé lui-même les avantages dans un livce ACADÉMIE DE BOLOGNE, 163 ifcr'it en Hollandois , dont on avoit fait eufuire une traduftion fran-'* çoife. Le concert & l'approbation d'un fi grand pliyficien flatta beaucoup AcADF.^^^E M. Tabarini. Il recommanda les nouveaux thermomètres à M. D. Re- r **" villa , qui s'ctoit fait à Rome une grande réputation dans les m»tlicma- ^^ tiques & la phylîque. En quittant cette ville , M. Tabarini lui fit pré- BotocKn. fent d'un de ces thermomètres , en l'invitant à s'en fervir dans fes obfer-^_____ varions journalières , & à le comparer avec les thermomètres ordinai- ij res , ce que M. Revilla ayant fait avec beaucoup d'exaélitude , il écrivit enfuite fouvent à M. Tabarini que les nouveaux thermomètres lui avoienc paru d'un ufage beaucoup plus commode , qu'ils indiquoient plus vite que tous les autres chaque degré de chaleur, & , en conféquence , qu'il croit déterminé à ne fe fervir déformais que de ceux-là. Ces deux avantages font confidérables fans doute ; mais le plus grand eft l'invariabilité de la capacité intérieure du vafe en écuelle , d laquelle ni la chaleur ni le froid n'apportent aucun changement , ce qu'on ne peut pas dire de la boule ou du cylindre qui terminent les thermomètres ordinaires. On a donc une très-grande obligation à celui qui a imaginé de fubftituer le petit vafe à la boule ., puifqu'on a tout-à-fait corrigé par-là , ou du moins très-norablement diminué l'erreur qui réfulte de la dilatation ou de la conftridion du globe , antérieures à celles de la liqueur. Nous avons parlé jufqu'ici d'un défaut tiès-connu du thermomètre , que perfonne encore avant MM. Mufchenbroek & Tabarini n'avoit travaillé à corriger , & dont M. Bulhnget a indiqué le premier le moyen 5 venons maintenant à un autre défaut que M. Galéati a fait con- noître , je crois , avant tous les autres phyficiens , & auquel M. Taba- rini a taché de remédier. M. Galéati avoit fouvent remarqué que la li- queur du rherinometre bailfoit un peu , lorfqu'on l'enfermoit dans le ré- cipient de la machine du vuide , & qu'on ponipoit enfuite l'air. Beau- coup de phyficiens attribuoient cet effet à la chaleur qui eft moindre dans le vuide que dans le plein ; Se cette opinion n'étoit pas dénuée de vrai- femblance. Mais en réfltchirtant fur le tout , M. Galéati en a imatriné nne autre, qui , àfon avis , ainfî qu'à celui d'autres phyficiens a plus de probabilité; favoir , que l'air qui pefe extérieurement fur toute la cir- conférence du tube, le rétrécit un peu lui-même. Se que cette prefllon venant à celTer dans le vuide , le tube fe dilate , ce qui fait baiffer la liqueur ; quel eft en effet le corps qui ne fe dilate pas lorfqu'il n'eft plus foumis à la preflion de l'atmofphere ? Or , fi tous les corps fe tu- méfient & augmentent leurs dimenfions dans le vuide , pourquoi n'ar- liveroit-il pas quelque chofe de pareil aux tubes ? Mais il cela eft , le défaut dont nous venons de parler doit ctre commun à tous les thermo- mètres ; ils fa relfcreront tous un pîu tant qu'ils feront comprimes de toute part par l'air exrérieur , & obligeront la liqueur à s'élever un peu plus haut que le degré de chaleur ne le comporte. Si cette erreur eft i Xij Académie 164 COLLECTION ACADÉMIQUE, crnindre pour tous les thermomètres , elle eft inévitable fur-tout poui ceux dont la portion fupérieure eft entièrement purgée d'air. Sciences ^'^* G^^^ati ayant fait part de fes idées à M. Tabarini fon amij avec DE lequel il avoir déjà fabriqué à Bologne les thermomètres terminés par le Bologne, petit vafe en écuelle j ce dernier voulut répéter l'expérience du vuide fur ces thermomètres ; le rél\iltat ne fut point différent , &c l'erreur fut en- HiSTOiRE. '^°^^ P^^'^ feniible ; car la liqueur de ces nouveaux thermomètres , lorf- qu'on les eut portés dans le récipient de la machine pneumatique , &i qu'on eut poiTipé l'air , bailTa un peu plus que dans les autres , ce qui - . dépendoit peut-être , de ce que le petit vafe en écuelle ayant pu êtte compofé d'un verre plus mince ^ étoit plus comprimé par l'air exté- rieur , & fe dilatoit enfuite davantage , lorfque cette preOion venoit à ceffer. M. Tabarini crut qu'on pourroit aller au-devant de cette erreur , dont il voyoit que fes thermomerres n'étoient pas plus exempts que les au- tres , en plaçant les tubes dans le vuide , avant d'en drelfer l'échelle , afin devoir, parladépreflion de la liqueur , de combien elle s'élève, dans le plein , par la prelfion de l'air extérieur. Quelle que fût cette élévation, on devoit , en graduant enfuite le thermomètre , n'en point tenir de compte , enforte que l'échelle n'exprimeroit alors que les degrés d'af- cenfîon qui réfultent uniquement de la chaleur , & nullement celle qui provient de la pefanteur de l'atmofphere. Alais quoique cette méthode puilfe , à mon avis , être très-avanta- geufe , il faut pourtant convenir qu'elle ne levé pas encore toute la dif- ficulté ; car comme l'air eft tanxôt plus grave , & tantôt plus léger , il rétrécira quelquefois plus , & d'autrefois moins les tubes , &: fera , par conféquent , aufîi monter plus ou moins la liqueur du thermomètre. Puifque nous en fommes à la preffion de l'air extérieur , je ne m'é- loigne gueres de mon fujet , en difant un mot d'une difpute que M. Taoarini eut .1 foutenir contre quelques phyfîciens de Rome , & dont il nous fit lui-même le récit , lorfqu'il lut fon mémoire à l'académie. Ces phyfîciens défapprouvoient les thermomètres ouverts par le bout , par-là raifon que l'air qui entre par-là dans le tube , en pefant fur la liqueur j ne lui permet pas , félon eux , de s'élever aufTi haut que la chaleur la feroit monter. M. Tabarini faifoit auffi moins de cas de ces thermomètres que des autres ; mais il nioit qu'ils euffent le défaut qu'on leur impute ; & pour ne pas perdre fon tems à raifonner , il eut re- cours fur le champ à l'expérience. Il prit deux thermomètres vuides d'air Se parfaitement fermés par le bout , qu'il avoir conflruit fuivant la méthode de M. de Réaumur , & après les avoir mis fur le feu , afin de faire monter la liqueur au-de(fus du degré de l'ébuUition , il les plongea enfuite fucceffivement dans l'eau bouillante & dans la glace , & marqua toujours avec la plus grande exaditude les différens degrés auxquels l.\ liqueur s'arrètoit. Cela fait , il ouvrit les mêmes thermomètres , pom ACAI/EMIE ACADÉMIE DE BOîCGNE. 1C5 lalflTer une libre entrée à l'air , & les plonqia d'abord dans l'eau bouil- lante , Se enfuite dans la glace ; dans l'une Se dans l'autre , la liqueur revint aux mêmes degrés d'élévation que dans les tubes fermés (Se purgés Sciences d'air. Cette expérience convainquit M. Tabarini & fes adverfaires que de la hauteur du mercure , dans les tubes ouverts par le bout, n'étoit nulle- Bologke. ment diminuée par la prelllon de l'atmolphere j &: que s'il arrivoitquel quefois de voir monter un peu la liqueur j après avoir pompé l'air du ré- Histoire. cipient , cela ne venoit , félon M. Tabarini , que de ce que l'air renfermé dans la liqueur même , en fe dégageant , lorfqu'il n'étoit plus contenu par celui de l'atmofphere , & cherchant à s'échapper par l'extrcmité du tube , devoir néceffairement faire monter un peu la liqueur. Mais revenons aux imperfections du thermomètre j il eft très fort à defirer, qu'à l'exemple de M. Tabarini , les phyficiens s'efforcent à l'envi de les corriger, & de les faire difparoltre toutes , s'il eft pofllble ; car en inéditant à part moi fur ces inftrumens, il m'eft fouvent arrivé de crain- dre que ceux qui n'en corrigent qu'une ou deux erreurs , ne les rendent encore plus impartaits. En effet j il eft telles de ces erreurs , diamétrale- inent oppofées entr'elles , qui fe corrigent mutuellement , cnforte que fi l'on venoit à faire celTer l'une des deux , l'autre prévaudroit trop & don- neroit lieu à de plus grandes erreurs j comme on le voit par les deux que nous avons relevé plus haut. La chaleur , avons nous dit j en dila- tant le tube fait baiffer la liqueur plus qu'il ne faudroit , 8c le froid j en le refferrant , la fait monter plus qu'il ne convient ; or , chacune de ces erreurs , prife féparémeut , donneroit peut-ctre occafion à une plus grande méprife que la réunion des deux j &: peut-être fe compenfent- elles de manière , qu'il eft plus avantageux de les conferver l'une & l'au- tre , que d'en détruire une feule. Je voudrois donc que ceux qui culti- vent par goût la phyfique expérimentale, ne s'arrêtalTem pas toujours fur chaque imperfection particulière du thermomètre, mais qu'ils les em- braltalTent quelquefois toutes , pour voir enfuite quelle feroit la fomme totale d'erreur qui en réfulte ; ce n'eft qu'alors qu'on pourroit peut-être fe riatter d'avoir un jour des thermomètres exempts de toute imperfec- tion. Je n'ignore pas que le travail que je propofe eft d'une très-grande difficulté; mais ceux qui s'attachent à corriger ces imperfeélions une aune lie s'impofem pas, non plus , je crois , une tâche bien aifée. Quoi qu'il en foit de ces réflexions , on ne peut refufer des remercimens à M. Ta- barini , pour avoir heureufement reélihé deux des principales erreurs du thermomètre , &c pour en avoir apporté le premier une nouvelle efpete; eu Italie. •N^t^. ï66 COLLECTION ACADÉMIQUE, Académie -f,-^ — ' ■ - .i^^^^ggju»- , , . aa^.^ DES Sciences DE Bologne. SUR LA GOUTTE. Quoique la goutre foit une maladie desspliis communes , cependant fa caufe efl: encore une énigme Se un fujet de difpute pour les mé- decins. Havers croit pouvoir la faire conlilier dans un acide , tantôc limple j tantôt auftere , fondé fur des expériences qu'il a faites fur la fynovie des articulations du bœuf, & du cheval. Colbatcli, au contraire, fait dépendre la goutte d'un principe alcalin , & les raifons qu'il en donne font que la férofité du lang des goutteux , bien loin de rougir le /irop violât , lui donne au contr.aire une couleur verte 5 que les nodofités qui fe forment dans leurs articulations , contiennent une matière mani- feftement alcaline , &C qu'enfin par l'analyfe chymique , on retire de leur fang une plus grande quantité d'alcali , que du fang des perfonnes faines. M. Caictan Tacconi , fivant médecin , s'eft efforcé de terminer ce différend par les expériences. Il s'efc attaché à celles qu'on peut faire fur la fynovie des articulations , comme les plus propres à répandre du jour fur cette matière. Ceux qui Tont précédé avoient borné leurs ex- périences aux feuls animaux , & en avoient tiré des induétions par rap- port à l'homme. Quant à lui il a cru devoir faire les fiennes & fur l'hom- me , &c fur les anmiaux. Je vais en rendre compte en peu de mots. M. Tacconi ayant verfé quelques goûtes d'efprit de fang humain fui' de la fynovie de bœuf, pu de cheval, tantôt chaude , tantôt froide , s'ap- perçut qu'elles gagnoient d'abord le fond , &: que fe répandant enfuite peu-à-peu dansia liqueur, elles la coaguloient légèrement. L'efprit de fel ammoniac verfé fur de la fynovie récente la coagula plus fortement, mais l'huile de tartre par défaillance , opéra une coagulation fi parfaite , que la partie féreufe de la liqueur fe retira vers les bords du vailfeau , & que le milieu en fut occupé par une matière compade , Se gluante qui furnageoit. Cette matière acquit enfuite dans l'efpace de trois ou quatre jours une confiftance de gelée , & prit une foible couleur de chair. La folution du fel de tartre dans l'eau commune verfée fur la fynovie , ne parut pas d'abord s'unir , & faire corps avec elle ; mais ces deux liqueurs s'étant enfuite mêlées elles formèrent dans l'efpace de trois ou quatre heures, une efpece de coagulum blanchâtre qui augmenta beau- coup en vingt-quatre heures. La teinture de noix de gale par l'eau com- mune coagula pareillement la fyiiovie , lui donna à-peu-près une confif- tance de gelée , &: lui communiqua fa couleur, un peu affoiblie. Ce mélange offrit un phénomène qu'on n'avoit point obfervé dane les aii- tres coagulum ; on y vit une multitude de petites membranes , oit pelli- cules qui s'enveloppoient , & s'entrelaçoient les unes dans les autres. Le vinaigre diftillé ne forma d'abord qu'un coagulum peu ferme , mais qui ACADÉMIE DE BOLOGNE. i6-j devint très-fcnfîble trois ou quatre jours après , & prit la couleur du = vin nouveau de Bologne qui eft d'un jaune tirant fur le blanc. L'efpritde '''^aeemie vitriol rcduilît la fynovie en une forme finguliere j & comme en une ç "" autre fubftance qui prit peu-à-peu une couleur blanchâtre j & le troifie- de*^^^ me jour la conliftance d'une gelée cpallFe. Les autres acides opérèrent des Bologne. effets femblables. Je viens d'expofer les expériences faites fur la fynovie des animaux • Histoire Je patTc maintenant aux elfais qui regardent celle de Thomme. M. Tac- coni s'ctant procuré de la fynovie de ditfcrens fujets goutteux ^ & non goutteux j & y ayant mclé divers acides ou alcalis j obferva ce qui fuit: l'efprit de fel ammoniac troubla d'abord la liqueur en différens points , réferve de fa partie la plus féreufe qui s'étoit déjà fcparée du refle , prit la forme d'une gelée , (Je une foible couleur de chair. La reinture de noix de gale par l'eau commune coagula li fortement la fynovie que quinze , ou vingt jours après elle parut delTcchée au fond du v-oilTeau fous la for- me d'un cartilage brun & compaft. Le mélange des acides produifit les effets fuivans : l'efprit de nitre fit d'abord effetvefcejice avec la fynovie êC la coagula enfuite légèrement , de manière qu'elle prit la forme du blanc d'ccuf. L'efprit de vitriol opéra une coagularion plus forte ; je ne parle pas des autres acides , & des aunes alcalis ; leurs effets refpeéfifs turent à-peu-près femblables à ceux que je viens d'expofer. Il réfulte donc de ces expériences que la fynovie des articulations , tant de l'homme que des animaux , n'eft pas moins coagulée par le mélange des alcalis , que par celui des acides j iSc par-là on rend aifément raifbn des conrrariétés qui régnent dans les opinions des médecins , p.ar rapport .à la caufe de la goutte , & l'on voit que foit qu'on l'attribue à un alcali , foit qu'on la faiïe dépendre d'un acide , on peut fe flatter d'atteindre, fi non la vé- rité, du moins la vraifemblance. En effet, tout ce qui coagule la fynovie des articulations peut être une caufe de goutte. Or les acides , & les al- calis produifent également cet effet; il faut donc en concliu:e que la goutte peut être caufée par les uns &; par les autres. D'après ces idées , on doit être moins furpris des contradidions qu'of- frent les obfervations de ditférens auteurs ; quelques- ims ont trouvé par l'analyfe chymique y beaucoup d'acide dans les nodofités des goutteux , d'autres j au contraire , y ont découvert une grande quantité d'alcali \ la raifon en eft que ces nodofités font formées , tantôt par l'un , 6c tantôt par l'autre de ces deux principes. C'eft encore pour cette raifon que la pou- dre d'yeux d'écreviife a excité une effervefcence légère , mais feniîble dans la fynovie d'un goutteux , & point du tout dans celle d'un autre ; & que comme l'a obfervé M. Tacconi lui-même , le furop violât a été rougi par la fynovie de certains goutteux , fie verdi par celle de quelques i68 COLLECTION ACADÉMIQUE, = autres : or tout cela prouve bien que la fynovie n'a pas le même carac- AcADEMiEjg^.g j^,^5 j.Qyj les goutteux , mais que l'acide y domine dans les uns j c^,'!^,^,-e &^ l'alcali dans les autres. Les oblervations des praticiens s'accordent SCIENCES 1 ' • 1 J' > c • n. 1 I j UE avec cette théorie ; quelques-uns d entr eux , & c elt le plus f^rand nom- BoLOGNE. bre j croient devoir interdire le vin aux goutteux ; d'autres j au con- traire, avec François Baillou , alfurent que cette privation a été nuifible Histoire ^ plufieurs de ces malades , & que l'ufage du vin leur étoit falutaire ; ' or , il eft probable que dans ceux qui fe rrouvoient bien de l'ufage du vin , la maladie étoit caufée par un alcali furabondant , Se au contraire par un acide , dans ceux auxquels le vin étoit nuifible. De plus , nous lifons dans les écrits des plus fameux praticiens , que certains goutteux fe font très-bien trouvés de l'ufage des acides , & certains autres , an contraire , de celui des alcalis j or, deux genres de remède lî oppofés ne pourroient certainement avoir lieu dans une même maladie , h elle n'é- toit quelquefois produite par des caufes très-différentes. M. Tacconi expofe enfuite les figues auxquels on peut diftinguer fi la goutte vient d'un principe acide , ou alcalin ; car cette diftinftion eft extrêmement importante pour diriger le traitement. Selon lui , fi la ma- ladie eft telle qu'elle ne produife aucune nodofité , ou qu'elle le falTe par des progrès très-lens , il eft probable qu'elle reconiioît une caufe al- caline ; car on fait que les alcalis coagulent la fynovie alfez lentement. Le diagnoftic deviendra beaucoup plus certain fi la fièvre eft médiocre , fi les urines ne font pas d'un rouge foncé , & qu'il n'y ait dans les parties aucune douleur j ou gonflement confidérables. Si à quelques-uns , ou à la plupart de ces figues réunis fe joint encore une tumeut œdémateufe des parties affeftées , il n'y aura prefque plus lieu de douter de l'exif- tence de l'alcali ; nous avons vu j en effet , que par le mélange des al- calis la fynovie ne fe coagule pas entièrement , mais qu'elle lailfe échap- per fa partie féreufe , ce qui nous fait concevoir la formation de cette tumeur œdémateufe ; ajoutez à cela que la fynovie des goutteux dont les parties affeiftées étoient ainfi œdémateufes ■, a verdi le firop violât , Se n'a fait aucune effervefcence avec les yeux d'écrevifle , comme M. Tacconi s'en eft airuré par fes expériences. Les figues dont je viens de parler in- diquant que la goutte eft produite par un alcali j il eft naturel de con- clure que lorfqu'elle eft accompagnée de figues contraires elle doit fon exiftence à l'acide , 8c certainement c'eft-là le cas le plus ordinaire. ..f*». Mujyn^,.!,' .._ j_ -iiiai,- SUR LE B EZO ARD. Jacques Sandri publia en 1716 fur le bezoard un mémoire, ou J. ï JL • plutôt un traité qui fembloit ne laiffer rien à defirer pour la con- noilTance parfaite de ce remède j cependant M. Jofeph-Ancoine Gornia M, n en ACADÉMIE DE BOLOGNE. 169 n'en a pas été entièrement fatisfait. M. Sandri décrit la forme , tant in- - == terne , qu'externe du bezoard ; il nous dit quels font les lieux d'où on Académie 1" ^ - -, l'apporte , & les animaux où on le trouve j il prétend que la vertu de Çcien^ CES cetto pierre lui vient uniquement des plantes dont les animaux fc nour- ^p rilfent , i-S: la raifon qu'il en donne , c'eft que le bezoard n'a pas la me- Bologne. jne vertu dans tous les individus du même genre ; mais feulement dans , ceux qui habitent certains lieux , & qui fe nourriflent de plantes plus fu- ,1 culentes ; il ajoute enluite divetles remarques , tant lur la rormation du bezoardj que fur fes principes chymiques , Se fes propriétés ; & il finit par expofer les caraéleres qui peuvent fervir à diftinguer le bezoard vé- ritable & naturel , du faûice & du faux. M. Gornia foutient au con- traire , que la vertu du bezoard ne doit point être attribuée aux plantes dont fe nourrilTent les animaux : car de quelque manière que l'on mêle Se que l'on prépare les plantes, elles ne font patoître aucunes propriétés que l'on puilFc comparer à celles du bezoard ; d'ailleurs , il confte par mi grand nombre d'obfervations rapporrées par M. Sandri lui-même , qu'on a quelquefois trouvé dans d'autres animaux que ceux qu'il défi- gne , Se même dans des hommes des pierres qui ont paflc pour avoir les mêmes vertus que le bezoard. Faut-il donc croire que ces hommes s'é- toient nourri des plantes dont parle M. Sandri ? M. Gornia n'eft pas plus fatisfait des caractères qu'il donne pour diftinguer le vrai bezoard du faux j pas même de celui que l'on tire d'une expérience qui confifte à jetter le bezoard dans de l'efprit de nitre , Se à expofer le vaitFeau au feu y l'effetvefcence qui fe manifefte alors ne peut palfer que pour un li- gne équivoque , puifqu'elle a également lieu par rapport aux pierres , Se aux calculs que l'on trouve dans le corps des autres animaux. Quoi qu'il en foit , cette matière fut vivement agitée cette année là dans l'a- cadémie j les fentimens étoient fort partagés , Se prefque tous les points mis en queftion , fans en excepter ce que dit M. Sandri de l'analyie chi- mique du bezoard. 11 avoit mis dans un alambic bien luté , une demie once de bezoard occidental , car il n'avoir point fait encore d'expérience fur l'oriental ; un feu médiocre ne put le dilToudre , mais un feu de ré- verbère fit monter une liqueur verdâtre , qui ramalfée dans le récipient , fe trouva être du poids d'une demi dragme. 11 s'efforça enfuite par différen- tes infufions , & différens mélanges de reconnoître la nature de cette li- queur , & il crut pouvoir avec probabilité la regarder comme alcaline. Les preuves qu'il en donna ne purent réunir les fentimens partagés des académiciens ; Se tous les autres points , comme je l'ai dit, furent égale- ment révoqués en doute. CoIUci. Acad. part. ùr. Tome X, 170 COLLECTION ACADÉMIQUE; L — .îi'iihtr.r . Académie f ■• -.v,>^.», -■ , . - j. DES SciE^KCEs ^^^ ^^ PIERRE DE BOLOGNE. Bologne. LA pierre phofphorique , à laquelle on a donné le nom de pierre de Bologne , fe trouve fur le mont Paterno , voifin de cette ville \ elle ""' eft de pluiieurs figures & couleurs ; & la propriété qu'elle a de luire dans les ténèbres;, lorfqu'elle a été calcinée, & qu'on Ta enluite expo- fée à quelque lumière extérieure , l'a rendue extrêmement fameufe. En 1698 , M. le comte Aloyfius Ferdinand Marlîgli , publia à LeipfK: , fur la pierre de Bologne , une fort longue lettre , où il s'eft beaucoup étendu fur les diverfes propriétés , les principes conftitutifs , & l'origine de cette pierre. Quelques années après , ayant voulu confirmer par de nou- velles obfervations , ce qu'il avoit avancé dans fa lettre , il pria MM. Beccari j Laurent! & Galéati de retourner avec lui fur le mont Parer- no j & là , il donna une preuve éclatante de fon amour pour la vérité ; car comme on eût découvert certaines chofes qui ne s'accordoient pas avec ce qu'il avoit publié , & fur-tout que ce n'étoit point du mont Pa- terno que la pierre de Bologne tire fon origine, ainfi qu'il l'avoir pofitive- Hient adnré , il prit , à l'inftani! ,- la! réfolution de fe rétraéter fur ce der- hier painfc, tout cornme fur les autres , dans une féconde édition de fa lettre \ & il n'eft point douteux qu'il ne l'eût déjà fait depuis long-tems , s^l avoir en le loifir d'y travailler. Mais toujours diftrait par d'autres occupations , lotfqu'il eut appris que je me préparois à publier cette hiftoire , deftinée à faire connoître les travaux èc les découvertes des académiciens de Bologne , il defira que je fifle ce qu'il amoir beaucoup mieux fait lui-même^ il n>e,chargeà'de rendre fa rétraétation publique. Pour fatisfaire au defir de cet inf^ne bienfaiteur de l'académie, &: pour ne rien oublier , je renfermerai dans cet article , F*, les nouvelles obfer- lions qui furent faites au mont Paterno par M. de Marfigli & fes favans aflociés j 2'. L'analyfe chymique de quelques terres parmi lefquelles fe trouve la pierre de Bologne & celle de la pierre même ; &: 3°. Enfin le détail de plufieurs expérience* toutes relatives à là vertu plîofphprique de cette pierre. -)!'■"■'' f' o'^- f-irioDo-; si,> jgt^Lia ;'..'i->;rjr :lj v. < -iv ■■ ..-nt ,;.'. Ce feit le l'élullï,- SlefÂtiêé'ïfù ,'qûèM. l'e doifité de 'MarfigH^irè^ tourna au mont Parerno , avec les trois académiciens que j'ai nornrriés; & "voici ce qu'ils y remarquèrent. Près du ruilfeau appelle dei/a Rovere , on voit une colline qui fait face à une autre colline , du nombre de celles qu'on nomme dans le pays Calancas. En defcendant la première colline , ils apperçurent diverfes couches de terre , dont la première étoit épaifle d'environ neuf pouces. C'étoit de la terre commune & végétale, furmontée d'une autre terre plus groffiere , dont ou avoit fait un pré. La féconde couche étoit de la terra ACADÉMIE DE ROLOGNE. tyt jaunâtre; on en emporta quelques morceaux pour les foumettre aux- expcriences; ce n'étoit prefquequ'uu pur fable, parmi lequel on diftin- Académie guoit beaucoup ne ces particules brillantes , qu ou a coutume ae trouver Sc,e,jcEï dans le l'able jaune &: commun. Oi\ vôyoic là aufli une ç^randc quantité de de pierres de Bologne , dont partie entières , mais petites , 8c d'autres BgiogkB. qui paroilToient être des fragmens de plus grolfes pierres rompues ; la • fiirface des unes étoit prefque calcinée éc fe réduifoit facilement en pou- HlsTOiRe. dre , Se la couleur en ctoit blanchâtre. D'autres , au contraire , ctbient d'une couleur jaune, non feulement à la furfâce , mais encore dans toute leur fubftante ; Se au lieu que toutes les pierres de Bologne ont des rayons très-remarquables , qui s'étendent de la circonférence ati centre', ainfl que M. de Marfigli l'a exprelîément obfervc dans fa lettre , les pier- res dont je parle n'oftroient que des rayons comme féparés & défunis , Se la fubftance en étoit gâtée &c comme putréfiée. Parmi ces pierres , il y en avoir d'autres entremêlées, dont la couleur fembloit annoncer qu'et- les contenoient du fer. Cette couche de terre ne paroifToit pas s'ctendf^ bien loin en largeur ; & quant à l'épailfeur , elle avoié un pouce à la ûm- ple vue j & en la creufant on trouva qu'elle en avoir deux. La troifieniè couche étoit compofée d'un fable brun. Sur le fommet de la colline dont nous venons de parler , i! y a deux coteaux , entre lefquels fe précipite un petit torrent. Ce lieu s'appelle PoggivoU Rqffî. Ces deux coteaux font compofés d'une terre commune 8c noire , comme prefque tous ceux qui fe trouvent dans le même endroit, & forinenr au loin luie prairie. 11 prit envie à M. de Marfîglt & à fes afTociés de faire creufer profondement la terre , pour voir fi on n'y trouveroit pas la minière où s'engendrent les pierres de Bologne , & d'où, elles feroient enfuite tranfportées en d'autres lieux. 11 fe préfenta d'abord en creufant une couché de terre d'un pied & demi de hauteur , & fotls cette première couche , une terre argilleufe , tertace , Se onftueufe. Cette terre n'étoit point fimple, mais un mélange de plufieurs terres diffé- rentes. On rencontroit parmi les mottes de la même terre , beaucoup de petites concrétions qui reffembloient à des cryftallifations ; i cette vue nos académiciens crurent avoir enfin trouvé les rudimens , les germes de la pierre de Bologne. Plufieurs années auparavant , M. le comté de Marfigli avoir été trompé dans la même efpcrance j comme nous le'dî- rons encore plus bas. Au-delà d'un pied Se demi de profondeur , il né parut plus du tout de ces petites concrétions. S'étant tranfportés enfuite iur l'autre coteau , dans le voilînage du pré dont j'ai parlé ; ils trouvè- rent épars fur la furface extérieure de la terre , beaucoup de fragment pierreux du même genre, mais d'un volume plus confidérable. -La raifoh pour laquelle ils étoient à découvert , Se non cachés d.ms la terre mê- me , comme les petites concrétions , dont nous p.irliorts tout à l'héiire , eft j probablement , que la couche de terre qui fes coù^Toit autrefois , à force d'avoir été remuée Se retournée par la bêche 6c les labours , àvoit Yi; l-J^ COLLECTION ACADÉMIQUE; = ccé enfin emportée par les pluies ; & c'eft aulîî ce qu'imaginèrent nos aca» Académie ^^j^^j^jçjj^_ Mais quoi qu'il en iojt , il eft du moins certain , que les frae- DES ■ J -1 • ■ l'a' • II 1 ^ Sciences •'"'^"^ pierreux donc il s agit , ne ditteroient nullement par leur nature , çp des petites concrétions que nous avons dit s'être trouvées fur l'autre cô- BoLOGNE. teau ; tous les deux font tort abondans en fel. Par delà ces coteaux , le ____fol s'élève encore dans une étendue confidérable & forme une éminence , Histoire ^^ ^°^ reconnoît facilement des indices de fouftre. On voie dans cet en- droit j diverfes efpeces demarcaflites ^ & une grande quantité de gips , & de ces concrétions qu'on nomme communément Yeux de plâtre. On pouvoit efpérer qu'un examen attentif de tous les endroits circon- voiiîns., conduiroit enfin à celui où les pierres de Bologne prennent naif- fance , & d'où elles font enfuite portées en d'autres lieux ; ils étoient fortifiés dans cette efpérance par les habitans, qui difoient rencontrer prin- cipalement les pierres de Bologne fur le penchant des montagnes , où elles étoient entraînées par les eaux de la pluie , qui defcendent de ces montagnes en torrens ou en ruiffeaux ; mais avec quelque attention que M. de Marfigli & fes affbciés portaflent la vue fur l'endroit où ils étoient &c fur ceux du voilinage , il ne leur fut jamais poflîble de découvrir la route que les pierres avoient tenues pour s'y rendre ; &: ce fut alors , pour la première fois , que M. de Marfigli commença à foupçonner, que cette piètre n'avoir point proprement de minière , & qu'elle ne tiroir pas ion origine, de ces endroits , comme il l'avoic cru jufqu'à ce cems-là , mais qii'elle y- avoir été plutôt portée d'ailleurs , par quelque hafard, de- puis bien des fiççles , comme il eft arrivé à beaucoup de teftaceés , qu'on trouve aulîi épars dans les montagnes. Cette conjecture eft encore mer- veilleufement appuyée , par ce que nous avons déjà remarqué , que plu- fieurs de ces pierres étoient rompues & brifées en fragmens , & d'autres vitiées & comme putréfiées , ce qui n'eft point du tout ordinaire aux fof- (îles qui fe Trouvent dans leur minière. N'eft-on pas d'ailleurs encore ^prtç à le croire par ce qu'alfurent les habitans , que le nombre de ces pierres diminue toujours d'année en année ? A mefure qu'ils avançoient- dans leurs recherches , il ne fut plus poflîble à nos académiciens de re- garder les petites pétrifications , dont nous avons déjà fi fouvent parlé , comme les rudimens de la pierre de Bologne , ainfi que l'avoir fait au- trefois M. de MarfigU dans fa lettre, & qu'ils l'avoient d'abord foup- jçonné eux-mêmes \ car en les examinant avec plus de foin , ils y reconnu- jnucent plutôt les principes du gips que ceux de la pierre de Bologne. Leur calcination répondit parfaitement à celle du plâtre , & leurs petits frag- mens préfentoient une figure rhomboïdale , qui convient très-bien au plâtre 5 & nullement à la pierre de Bologne j fans compter que leur confiilance s 'eft trouvée à-peu-près la même que celle du gips. Ces rai- fons & d'aiures encore , convainquirent M. le comte de Marfigli ; il donna fur le champ cet exemple de docilité , dont j'ai déjà parlé , & quQ je mets bien au-delLus de la fcience j il forma dès ce moment le proje,^ ACADÉMIE DE BOLOGNE. 173 'de fe rétraierre de Bologne phofphorique; eft celle qui venant diredement du bleil à p.ï(Tc à tr.-ivers 13 feuili^s d'un papier tel que celui dont nous nous fommes toujours fervi , ou la fimple lumière du jour à laquelle on en oppofe 7. Je ne propofe point cela comme quelque chofe de fixe & de ftable , mais feulement comme une règle qui ne s'éloigne pas beau- coup de la vérité ; car fans compter que le papier dont'on fait ufaoe ne fauroit être toujours exaébement le même , &: que ceux qui doivent décider dans i'obfcurité du degré de h lumière phofphorique n'ont pas tous la vue également fixe , la lumière mê-me à laquelle on expofe les pierres n'eft pas conftamment la même ; elle varie fuivant la faifon de l'année , l'heure du jour , & la diftance des lieux. Les pierres auffi ne font pas toutes précifément de la même qualité ; il en eft qui reçoivent avidement la lumière , d'autres s'en chargent plus foiblement & répan- dent à peine quelque lueur dans les ténèbres ; il en eft encore qui y bril- lent plus long-tems , 8c d'autres moins ; tant & de fi grandes variétés ne permettent guère d'établir des loix générales. MM. Beccari Se Galéati ont cru cependant pouvoir propofer comme telles les relies fuivantes , parce qu'elles font fondées fur des obfervations qui ne fe font jamais démenties dans les expériences qu'on vient de rapporter. _i'. Toutes les pierres de Bologne, quoiqu'expofées à la même lu- mière , ne brillent pas également dans I'obfcurité , mais les unes plus & les autres moins ; enforte qu'elles ne paroilfent pas être toutes exac- tement de la même nature ; on doit regarder comme les meilleures celles , qui tout étant égal d'ailleurs ^ jettent le plus grand éclat dans les ténebtes. _ 2". 11 y a une certaine proportion entre la lumière que donnent les pierres dans I'obfcurité j & celle où on les a expofées auparavant ; car on a remarqué que la même pierre brille davantage lorfqu'on l'a placée dans une grande lumière, que quand elle été dans une plus petite. 3'. Les pierres de Bologne cefTent d'autant plutôt de briller dans i'obfcurité , que la lumière qu'elles y jettent étoit moindre. On peut donc craindre de fe tromper quand on dit qu'une pierre de Bologne , après avoir été expofée à la lumière ne s'en eft point du tout imprégnée , parce qu'on ne la point vu reluire dans les ténèbres 5 car il peut fe faire ^ue la lumière communiquée à. la pierre , foit h petite qu'elle In laiffe «happer j avant qu'on ait pu porter la pierre dans la chambre obfcure, i8i COLLECTION ACADEMIQUE; tant il importe aux phyficiens d'être toujours extrêmement circonfpeûs- Académie ijg^j^j leurs jugemens. Sciences 4°' ^^^ pierres de Bologne ne fe chargent pas d'abord de toute la DE lumière dont elles doivent briller enfuite dans l'obfcurité , mais peu-à- BoLOGNE. peu Se fucceflivement , fur-tout fi la lumière à laquelle on les expofe n'eft pas bien grande. Nous confeillons donc à ceux qui font ces expé- HiSTOiRE. l'S'ices à une lumière médiocre j d'y lailîer les pierres expofces un peu plus long-tems , afin qu'elles puilfent s'en imprégner jufqu'à faturation. 5'. La lumière que la pierre de Bologne répand dans l'obfcurité eft diftcremment colorée , fuivant que la lumière à laquelle on l'a expofée eft plus ou moins vive j en effet , une lumière foible tait paroître certe pierre à-peu-près blanche dans les ténèbres , au lieu qu'une plus forte la rend prefque aufli rouge qu'un charbon ardent , entremêlé de quel- ques points noirs. 6". La pierre de Bologne qu'on expofe pour la féconde fois à la lu- mière , s'en charge plus facilement &c en plus grande quantité que celle qui n'y a pas encore été expofée , enforte qu'elle en paroît , pour ainfi dire , d'autant plus avide , qu'elle en a déjà goûté. Licetus avoit déjà fait depuis long-tems la même obfervation , ce qui confirme encore la nôtre. A la fuite de toutes ces expériences , Se long-tems après , M. Galéati fut encore curieux d'éprouver s'il arriveroit les mêmes chofes à la pierre de Bologne dans le vuide qu'en plein air. Le 4 juin 1728 , il en prie une qui étoit de la première qualité , & l'expofa pendant fix minutes à la lumière du foleil , après quoi il la porta dans la chambre obfcure , ou étoient depuis long-tems d'autres obfervateurs , qui la virent d'abord re- luire comme un charbon ardent , s'obfcurcir un peu , après quelques fécondes , & jetter enfin à peine une toible lueur , après neuf minutes. S'étant ainfi alfuré de la force Si de l'excellence de cette pierre , il l'enferma dans un récipient de verre , femblable à celui de la machine pneumatique , &c l'ayant expofée pour la féconde fois à la lumière du foleil , elle brilla moins dans les ténèbres qu'elle ne l'avoit fait aupara- vant j mais fa lumière fe foutint encore pendant neuf minutes. L'expérience fut encore répétée de la même manière , à cela près , que le récipient de verre , où la pierre étoit enfermée , fut placé fur la ma- chine pneumatique , afin qu'on pût en pomper l'air j à mefure que la pierre feroit éclairée de la lumière du foleil. Lorfqu'on eut fait le vuide, & que la pierre eut été expofée pendant 6 minutes à cette lumière , on tranfporta le tout dans les ténèbres. Elle brilla moins que la première fois ; elle brilla cependant & d'une lumière blanchâtre. Cette lumière s'affoiblit dans le même ordre que dans les expériences précédentes , Sc après 9 minutes elle difparut totalement. Sur la fin de cette neuvième minute , comme on eût lailfé rentrer l'air fubitement , on vil la pierre s'obfcurcir :out-à-coup j il eft à croire que cela vint de ce que l'air eu ACADEMIE DE BOLOGNE. i8j rentrant avec beaucoup d'impétuofitc dans le récipient avolt difperfc fur = fes parois beaucoup de vapeurs r.queufes. Car il eft à remarquer que la Acatémie machine pneumatique dont on fe fervit , étoit du nombre de celles dont Scj^ces la plaque iupérieure , où le récipient vient s'enchalTer, contient de l'eau, de de laquelle les bords du récipient font entièrement recouverts , alin que Eolocne. l'air extérieur ne puilTe pas fe glilTer par la joimiu-e. On peut d'autant « moins douter de ce que nous difons ici , que la pierre reprit hn éclat , Histoire. lorfqu'on eut de nouveau pompé l'air du récipient. L'expérience fut réi- térée pendant deux fois & toujours à-peu-près avec le même fuccès. Mais en voilà enfin allez fur la pierre de Bologne. SUR LES INÉGALITÉS DU BAROMETRE , En tant qu'elles dépendent de la force répulfive du tube. C'Ell une chofe convenue parmi les phylîciens , que les hauteurs du mercure ne font pas les mêmes dans tous les baromètres , quoique gardés dans le même lieu, & obfervés dans le même tems.. Celte iné- galité , à laquelle beaucoup d'autres caufes peuvent donner occafion , dépend en partie de la différente grarxdeur des tubes j car on a remar- «juc que le mercure s'élève plus haut dans ceux qui ont le plus de dia- mètre , & qu'il refte plus bas dans ceux qui en ont moins , ainlî qu'on Ta déjà dit ailleurs [a). Mais le plus ou moins de grandeur du tube ne fauroit produire cet effet par elle-même , car perfonne n'ignore que la prelTîon que l'air exerce fur le mercure fe mefure par la hauteur &: par la bafe de la co- lonne , & que fon épailTeur n'y fait rien du tout. Il faut donc qu'il y ait dans les tubes une caufe cachée dont i'aiflion varie fuivant la diffé- rence des diamètres. C'eft cette caufe que M. Paul Baptifte Baibi a en- trepris d'éclaircir dans un mémoire qu'il lut, il y a déjà long-tems , dans une féance publique de l'académie , à laquelle fe trouva le légat du Souverain Pontife , & qui fut accueilli avec beaucop d'applaudilTement. Avant tout , M. Balbi a voulu s'affurer du fait dont il cherchoit à dévoiler la caufe ; en conféquence , il fit faire à-peu-près vers le même tems , par le même verrier , & d'une même maffe de verre , quatre tubes d'égale longueur , &: dont la différence ne confiftoit que dans celle des diamètres j lefquels étoient entr'eux dans la proportion des nombres fuivans 1,2,3, 4- ^^ p'^s petit étoit d'une demi ligne de Paris. 11 remplit un matin les quatre tubes du même mercure , qu'il avoir très- foigneufement purgé de toute matière étrangère , & les ayant enfuite retournés j comme il eft d'ufage , il les plongea tous dans un vafe rem- ( a ) Voyt\ çi-devant l'uticle qui traite d'une variation /inguiiert- du iarcmttru iS4 COLLECTION ACADÉMIQUE, A Sciences ^^ vaie. v^eia tait, quoique tout parut êgalj à lexcept DE des tubes , le mercure s'éleva inégalement dans ceux-ci , d'autant plus Bologne, haut qu'ils avoient plus de diamètre , & ce qu'il y a de plus étonnant, ' c'eft que la différence des hauteurs répondoit parfaitement à celle des dia- Histoire, mettes des tubes , enforte que toute l'inégalité dépendoit évidemment d'une caule qui fuivoit elle-même la raifon des diamètres. Or, cette caufe , M. Balbi crut l'avoir trouvée dans une certaine force répiiUive , dont la philofophie de Newton , à laquelle il étoit fore attaché , lui avoit rendu l'idée très-familiere. Il conçut donc que la partie fupérieure du tube , que le mercure ne touche point , pouvoit être douée d'une qualité en vertu de laquelle elle repouffbit le mercure j Se en fup- pofan: que cette qualité répuUive foit d'autant plus forte que le tube eft plus étroit , il faut néceiFairement , tout étant égal d'ailleurs j que le mercure refte d'autant plus bas que les tubes fe trouveront avoir moins de diamettre. Or , que le verre foit efFeftivement doué de cette force répulfive i l'égard du mercure , c'eft ce qui eft connu du vulgaire même , & con- firmé par les nombreufes expériences des phyficiens j mais puifque ceux- ci l'admettent tous dans les tubes capillaires , Se l'y croient d'autant plus grande que le tube eft plus étroit , pourquoi ne l'admettroit-on pas aiiflî dans les tubes non capillaires ? Si elle eft en raifon'des diamètres , on ne voit pas pourquoi elle deviendroit nulle , à mefiue que les dia- mètres augmentent. Si donc la force répulfive du tube déprime le mercure , on autoit tort afTurément de mefurer la pefanteur de l'air , par la hauteur à laquelle le mercure s'élève dans le baromètre , à moins qu'on n'ajoute à cette hau- teur , celle que la force répulfive du tube lui fait perdre. On peut con- noître la quantité de cette dernière dans chaque baromètre en procédant de laTTianiere fuivante. Ayez un baromètre en tout femblable aux au- tres , .1 cela près que le tube en fera très-large , afin que la force répul- five en foit extrêmement petite ; il eft inconteftable que le mercure s'é- lèvera dans ce baromètre à une hauteur à très-peu près proportionnelle 4 la gravité de l'air , puifque la force répulfive y eft prelque nulle. Pre- nez encore un autte baromètre dont le tube foit plus étroit j comme fa force répulfive fera plus grande , le mercure s'y élèvera moins haut. Ou connoîtra donc par la différence des hauteurs , quelle eft dans le der- nier baromètre la quantité de la force répulfive , & de combien elle di- minue la hauteur abfolue à laquelle le mercure fe feroit élevé s'il n'a- Voit obéi qu'à la predîon de l'air. La même règle vous fervira à re- connoître la fomme ou la quantité de la force répulfive , dans tous les tubes quelconques , ptiifqu'elle fera toujours en raifon inverfe des dia- mètres. 11 1 ACADÉMIE DE BOLOGNE. 185 11 teftera cependant encore d'autres difficultés , à quelques-unes def- ■ , - quelles il fera bien difficile de parer. Et d'abord , comme la force ré- '^'^ puldve réiide, félon M. Balbi , dans la portion fupérieure Se vuide du Sciences tubi , on peut croire que cette force ne dépend pas feulement de la de grandeur, mais encore de la longueur de cette partie du tube; or, lî Bologne. cela étoit , on pourroit être induit en erreur. Il l'on n'avoir égard qu'à la proportion des diamètres j à moins que la longueur ne fût encore la Histoire nicnie. De plus , on doit avoir égard encore à la différente qualité des verres , car ils ne repoulfent pas tous le mercure avec une égale force. M. Balbi en a fait l'expérience fur quatre tubes capillaires dans lefquels le mercure où on les plongea s'éleva inégalement , quoiqu'ils eulTenc exac- tement les mêmes dimenlîons , quant à la largeur &: à la longueur ; ces tubes ayant été faits avec quatre fortes de verres différens , dont l'un étoit de Bologne , l'autre de Venife , le troifieme de Florence , Se le Sruatrieme de Rome. 11 faut donc pour qu'on puilfe tirer des induiftions olides des différentes hauteurs du baromètre , comparées entr'elles , que la matière des tubes ait été tirée de la même pièce de verre , Se qu'ils foient tous fortis du même fourneau. Ce n'eft pas même affez de cette précaution ; il y a encore beaucoup d'autres caufes qui font varier la force répullîve dans le même tube. M. Balbi place le froid parmi les principales ; Se quoique la raifon Se l'exem- ple des tubes éledriques , dans lefquels la vertu attradive & répuliîve , font manifeftement diminuées par le froid, indiquent affez que cela doit être , il a voulu néanmoins s'en affurer par l'expérience que voici : il prie deux tubes parfaitement égaux entr'eux , à cela près qu'ils n'étoient pas de la même groffeur. Le plus petit n'avoir qu'une demi ligne de diamètre , Se le plus gros en avoir environ deux. Il ht avec ces deux tubes deux ba- romètres , auxquels le vafe qui contient le mercure étoit commun. Après s'être affiiré que la liqueur defcendoit plus bas dans le plus petit ^ où la force répuUlve étoit la plus forte , il voulut effayer quelle feroit l'ac^ tion du froid fur cette force. Il en appliqua donc un très-vif à la partiç vuide Se fupérieure des tubes , où l'on croit que réfide la force répulfive , en l'entourant de beaucoup de neige Se de fel marin. Ce froid parut di- minuer très-fenfiblement la force répulfive , car fans compter que la furface du mercure parut fe boutfoufler un peu dans le grand tube, oij la fotce répulfive étoit moindre , le mercure s'éleva manifeftement plus haut dans le petit, où cette force étoit auparavant plus grande. Il s'en- fuit donc delà que le froid ne contribue pas peu à détruire pu à affoiblif la force répulfive, quoiqu'en refferrant les tubes , il dût , au contraire , l'augmenter, puifqu'elle s'accroît en raifon inverfe des diamètres ; orj fi le firoid peut influer à ce point fur cette force , pourquoi la chaleur , &: d'autres qualités encore , pe^t-être , ne le poiitroient-elles pas ?•/,':, Il y a auffi beaucoup de caufes extérieures qui peuvent augmenter £ette cr.iinte ; en effet, la pouffiere j la roiiilJe, Uimnidité , &: quel- Cclkcl. Acad. parc, ûr, Torrè X, ' As ACADÉM iS6 COLLECTION ACADÉMIQUE, îquefois des particules &c terreftres Se faillies qui voltigent dans l'air, & '^ qui s'attachent au verre , peuvent diminuer rrcs-noiablement , ou mcme ^^' détruire tout-à-fait la force répulfive. Car M. Mufchenbroek après avoir Science ^^^^^ j^^^ ^ nettoyé , avec de l'excellent efprit de vin , plufieurs tubes Bologne, qui n'avoient plus de force actraiStive &c répullive , y rétalslit cette force en enlevant les ordures qui les en avoient privés. Si ces ordures détrui- iT foient toujours entièrement la force répultive des tubes , il feroit à defi- ' rer qu'on n'en employât jamais que de très-fales intérieurement , &: il ne feroit pas nécelfaire d'y faire palfer de l'efprit de vin pour les nettoyer. Mais comme la force répulfive peut ne faire que diminuer par cette caufe , &: cela inégalement &c d'une manière inapréciable j M. Balbi eft d'avis que , pour le plus fur , on nettoyé toujours bien les tubes. Ce ne font pas , du rcfte , feulement les ordures répandues dans l'air qui peuvent occafionner l'effet que nous venons de dire ; on a lieu de l'ap- préhender encore , jufqu'à un certain point , de la rouille métallique que le mercure a coutume de dépofer , fur-tout lorfqu'il n'eft pas bien pur , fur la furface intérieure des tubes. Quoique les irrégularités, que ces différentes caufes peuvent occafion- ner dans la marche du baromètre foient fort légères , au jugement de beaucoup de phyficiens j lorfqu'il ne s'y en joint pas d'autres , M. Balbi croit qu'on auroit tort de les négliger. Combien ne feroit pas petite, par exemple, l'erreur qui ne tomberoit que fur un huitième, de ligne de Paris ? Cependant M. Amowftons a cru devoir s'en occuper , en recher- chant les diljerentes variations que l'es diverfes faifons de l'année appor- tent à la dilaratbn & à la condenfation du mercure dans le baromètre. Avec quelle attention 3c quels foins , M. Mufchenbroek ne s'attache- t-il pas à le purger de la moindre particule d'air , dans la crainte qu'une feule bulle qui viepdroit .à guigner la partie fupérieiue du tube j &: à s'y dilater enfuite , par la.chaleiu: j nfapportât quelque dérangement au ba- rpmetre ? M. Balbi a montré , néanmoins , par une expérience , que celu n'eft point du tout à craindre. Après avoir renfermé un baromètre dans le récipient de la machine pneumatique , dont il avoir pompé les deux tiers de l'air , il entoura le récipient de beaucoup de linges très- chauds & d'eau bouillante , afin de reconnoître par la hauteur à laquelle le mercure s'éleveroit dans le baroméne, de combien l'air refté dans le ré- cipiei^t fe, dilatait par h chaleur qui y étoit appliquée. .Or ,_ cette dilar tation.fut iiulle , dli moins à en juger par le mercure , qui ne s'éleva p^às dû toxir.' Qu'appréhender après cela d'une bulle d'air demeurée dans la partie fupérieure 'du tube , où elle viendra à fe dilater par la chaleur de l'été ? Mais fi'M. Mufchenbroek n'eft point à blâmer d'avoir poufte les* pféciutiops jufqu'au fcrupule , on doit encore moins blâmer M. Balbi de s'octu^er à' corrigêt' des erreurs qui , quelques légères qu'elles fuient, n'eivfont pas moins réell'es. ' ' ; ,..■.'■. .,» il n'a pas deifein pour cela de décourager ceux qui .trayaillent a. ACADÉMIE DE BOLOGNE. 1S7 la conftnidion des baromenes , mais de tenir les phyfictens en garde ^""^ . — ~ contre l'excès de confiance qu'ils pourroient accorder aux baromètres ré- '^'^^^'^'^^^ piués les plus excollens. 11 s'eft efforce aiidi de s'ouvrir de nouvelles rou- Sciences tes qui pulfent conduire à la foliition de pluficiirs très-belles queftions de ■qui (ont encore à réfoudre. 11 en clioifit deux pour exemple , propofces Bologne. à l'acadcinie royale des fciences de Paris , l'une par M. Amonftons , ce- ■ lebre membre de cette académie , Se l'autre , par M. de Plantade, lecré- Histoire. taire de la fociété royale des fciences de Montpellier. Un parifien avott chez lui un baromètre alfez bon ; ce baromètre étant venu i fe déranger , il pria M. Homberg de le rétablir. Celui-ci com- mença par vuider le tube j & le lava bien enfuite avec de l'efprit de vin , ce qui enleva une tache qui s'y étoit faite , après quoi il y remit le mercure j Se crut en avoir coriigé l'irrégularité. Mais il fut bien trompé dans cette attente j le baromètre refta 18 lignes au-delTous de la hauteur à laquelle il auroit dû s'élever. Le parifien étonné , en demanda la caufe à M. Amonftons , qui ne fâchant fi c'étoit au tube ou au mercure qu'il falloit s'en prendre , renouvella ce dernier j le baromètre s'étant encote arrêté précifément au même endroit , fit voir clairement que c'étoit au tube que tout le défaut devoit être imputé j il ne fut plus poffible d'en' douter , lorfqu'avec le même mercure , vetfé dans un autre tube , M. Amonftons eut fait un nouveau baromètre très-exadt. Il crut le fait digne d'être rapporté à l'académie roy.ale des fciences ; mais tandis qu'on étoit occupé à en chercher la caufe , il arriva inopinément que le mercure , qui, vers le midi, avoir bailTé de 18 lignes , s'éleva 8 heures après 9. lignes plus haut. La chofe n'étoic pas facile à expliquer. M. Amonftons imagina d'a- bord que les potes de ce tube étoient peut-êtte plus ouverts que n'ont coutume de l'être ceux des tubes ordinaires, &, qu'en conféquence, il donnoient pafTage à l'air élaftiq\ie & groffier de l'atmofphere , lequel' s'étant infinué dans le tube , tenoit le mercure dans l'abaitrement ; Se que celui-ci ne s'étoit enfuite élevé inopinément que parce qu'à force de manier & d'agiter le tube , la craffe des mains &: celle du mercure s'é- toit attachée à. fes patois , ce qui , en bouchant leurs pores , avoir inter- dit le paiïage à l'air extérieur. Mais comme après avoir retiré fc renou- velle le mercure du tube , Ôc avoir bien lavé celui-ci avec de l'efprit de vin , ce qui auroit dû en rouvrir les pores , le mercure ne s'éleva pas moins haut & monta même un peu plus , il n'étoit pas poffible de s'ar- rêter à la conjeélure de M. Amonftons. Auffi n'a-t-elle pas été adoptée par M. Balbi. Il nie d'abord que l'aif claftique & groftîer de l'atmofpiicre puilTe fe faire jour à travers les' pores du verre ; en effet , fi cela étoit , pourquoi ne pa(Ieroit-il pas Quelquefois à travers les parois du récipient de la machine du vuide , ce ont on ne s'eft jamais apperçu ; en fécond lieu , fi ce même air extérieur avoir pu entrer librement dans le tube , le inercute n'auroit jam.iis pu A a ij i88 COLLECTION académique; ^ •" , -y demeurer fufpendu , mais il fe f.Toit abailTc jufqu'à ce qu'il eût été dô "^niveau avec celui du vafe, comme il arrive lorlqu'on lui ouvre à delfeia Sciences l's''"rée dans le tube , en taifant un trou à ce dernier. 3°. Enfin , ajou- DE toit M. Balbi , on ne gagneroit rien en difant que ce qui fit élever ino- BoLOGNE. pinément le mercure , c'elT: que la crafTe de celui-ci £c celle des mains — avoir bouché les pores du tube ; car cette obturation des pores , en s'op- HiSToiRE. pofant à i enttée d'un nouvel air , devoir empêcher également que celui qui avoit déjà pénétré dans le tube ne pût en fortir ; or, cet air , toujours renfermé dans le mcme efpace , auroit dû continuer d'oppofer une égale réfiftance à l'élévation du mercure dans le baromètre. M. Balbi fubftitue l'explication fuivante à celle de M. Amendons ; il veut que le tube dont nous parlons , air été doué d'une force finguliere. Nous avons déjà remarqué que cette force n'eft pas la même dans toutes les efpece de verres , mais qu'elle s'y trouve à diftérens degrés j or , fi ce. tube a eu plus de force répulfive que les autres , il n'eft pas extraordi- naire que le mercure s'y foit tenu beaucoup plus bas , fur-tout après que M. Homberg l'eut très-foigneufement lavé avec de l'efprit de vin. La raifon pour laquelle il n'avoir jamais tant baiffé auparavant , c'eft j pro- bablement , que le tube n'avoit jamais été bien nettoyé, même dès le commencement , lorfqu'on fit le baromètre ; &c voilà ce qui l'avoir privé de fa force répuUive. Il eft dit , en effet , que quand M. Homberg le lava pour la première fois , il le trouva très-fale , & qu'il y remarqua, même une tache. Quant à l'élévation fubite du mercure dans le rube , après qu'on eur bien lavé celui-ci j ne pouvoit-elle pas venir de la craffe du mercure qui s'étoit encore attachée, même après la lotion , aux parois du tube , où elle avoit fi long-tems adhéré ; la force répulfive , affoiblie par cette crafle Se par celle des mains , n'a pu s'oppofer à l'afcenfion du mercure , favorifée encore peut-être par la longeur &c par la largeur du. tube , aulTi bien que par les accidens du froid &c du chaud qui la favo- rifent aullî j car comme il n'eft fait aucune mention de ces différen- tes circonftances dans la relation qu'on nous a donnée des variations de ce baromètre , rien n'empêche de les fuppofer telles que nous venons de le faire. Pafforts maintenant à robfervation de M. de Plantade , dont j'ai déjà fait mention dans un autre endroit , [a] & que je vais rappeller en peu de mots. Ce phyficien avoit quelques baromètres dont les diamètres croient inégaux , & le mercure fe renoit , à l'ordinaire , plus bas dans les plus étroits. Ayant porté ces tubes fur le fommet d'une montagne foTt élevée , il s'apperçut , lorfqu'il y fut arrivé , que le mercure fe met- toit au niveau dans tous les baromètres j quelle eft donc la caufe qui a . pu donner lieu à cetre égalité ? En méditant cette queilion, M. Balbi a cru pouvoir l'expliquer en- core , fans abandonner la force répulfive j car comme certe force , fe- ( ACAI-ÉMIE DES SUR LES GRANDES CIGALES. ^^''^^" EC'LOGNF. T Es cigales ont ctc l'objet de l'attention , & des travaux des natura-. I /liftes . 8c quoiqu'on ait beaucoup écrit fur ce fujet , nous atten- Histoipb. dons encore de nouveaux cclairciiremens. Le célèbre Pontedera après avoir tracé une hiftoire abrégée de cet animal à la fin de fes tables bo- taniques j publiées en 1712 , promit d'en donner dans la fuite une def- cription complette. Mais le genre des cigales tenferme plufieurs efpeces ; car outre les {letiies cigales femblablcs à des mouches , qui , ordinairement dépofent eurs ceuts dans la bave du coucou , ce qui a mduit les anciens en erreur, en leur faifant croire que toutes les cigales étoient formées de cette ma- tière par l'aélion de la pourriture j il en exifte encore de plus grolTes qui ne chantent jamais ; & tout le monde connoit les grandes cigales qui , voltigeant en été fur les arbres &c les arbrifTeaux j palLent les jours entiers à chanter , ou plutôt à bruire. L'illuftre Vallifnieri , & en- fuite Pontédéra , comme je l'ai dit , en ont donné des defcriptions exac- tes , & M. Puti après eux j en a traité en lyiz dans l'académie où il lut , au mois de juin , un long difcours qui contenoit non feulement fes pro- pres obfervations , mais encore celles du favant M. Jérôme Laurenti. Je vais expofer ces obfervations en peu de mots 5 & quoique ce qu'ils difent de la génération , Si de l'anatomie de la cigale ne diffère pas beaucoup de ce que Pontédéra en avoir déjà dit , & quoique l'opinion de M. Laurenti fur les organes de la voix , & du chant dont la nature a doué les cigales, ait im grand rapport avec celles que M. Jean-Baptifte Félicé a propofé dans le trente-fixieine tome du journal de Venife , il eft bon cependant de connoître les moindres différences qu'il y a entre les fenrimens des pliilofophes , & de confirmer ce que d'autres ont déji avancé , par de nouvelles obfervations. M. Laurenti d'après fes obfervations propres , diftingue les cigales en mâles & en femelles ; les mâles chantent pendant le jour , les femelles font muenes ; c'eft donc dans les premiers feulement qu'il faut cher- cher les organes de la voix , voici quelle eft la conformation des mâles ; leur ventre eft entouré d'anneaux cartilagineux , larges & mobiles ; à chaque côré , à peu de diflance des ailes, paroît une ouverture par oii l'on pourroit pénétter librement dans le ventre , fi elle n'étoit fermée par deux pellicules J qui, renfermant entr'elles une elJTace vuide ^ forment conféquemrrienr une efpece de tambour. C'eft là fuivanr M. Laurenti , l'organe de la voix des cigales. FI appuyé fa conj'eéVure non feulement fur la conformation de ces parties , mais encore fur l'expérience fuivanre répétée plufieurs fois. Si l'on coupe la pellicule extérieure , l'animal; I9Z COLLECTION ACADÉMIQUE, ■-*=== chante encore , mais fa voix eft moins algue j fi l'on perce enfuîte la Académie jj^gj^^|j|.,^i^g intérieure , il cefTe abfolument de chanter, lors même qu'oVi Sciences '^''^"^ •^''<^'- ''^ tloigc les anneaux de fon ventre , moyen trcs-efficace pour EE réveiller le chant des cigales. . Bologne. Les femelles ont comme les mâles, le ventre entouré d'anneaux , mais inoins larges & immobiles j elles portent à l'extrcmité de leur corps-. Histoire. ^'^"•'^ l'anus , une éminence pointue j &c prefque olTeufe dont elle fe fer- vent pour percer l'ccorce , &C le bois des arbres. C'ell: dans ces trous ija'elles dépofent leurs œufs. Ceux-ci fortent du vagin j qui eft caché Jous réminence dont je viens de parler. De l'œuf caché fous l'écorce , on voit éclore au bout de trois ou quatre jours , un ver qui fe nourrit des feuilles de l'arbre , qui vit en plein air tant que la faifon eft tempérée , jnais qui , dès les premiers froids , va fe cacher fous terre , & s'y forme un petit logement j il y prend fon accroiffement , &: n'en fort qu'après avoir revêtu la forme de cigale. C'eft de la manière fuivante que M. Laurenti a obfervé la nailTance & l'accroiirement de ce ver. Comme il étoit à la campagne , & qu'il .examinoit à fon ordinaire les cigales avec beaucoup d'attention , il en vit une par hafard , qui , placée fur une branche d'arbre , preiïbit l'é- corce avec des eftorts redoublés. U penfii d'abord qu'elle y dépofoit ua œuf; pour s'en allurer , il prit aufli-tôt cette cigale , & en ayant ouvert le ventre , il examina très-foigneufement les œufs qu'il renfermoit , &C qui étoient difperfés dans une forte de matière muqueufe ; il ouvrit en- fuite avec une extrême précaution , la branche où il avoir cru voir que la cigale dépofoit fon œuf, craignant de l'endommager , fuppofé qu'il y ,exiftàt véritablement. 11 trouva , en effet , au même endroit où la cigale étoit placée , un corps qu'il ne put méconnoître pour un œuf, tant par fa .forme , que par fa relfemblance avec ceux qu'il avoir trouvés dans le •.ventre de la cigale. 11 conçut alors l'efpérance d'en voir bientôt éclore un ver ,coupa quatre jours après un ver qui commença aufll-tôt à broutter les herbes qu'il avoir mifes .1 î Ayant expofé le ver au microfcope , dit-il , (on dos fe préfenta d'a- jî bord à mes yeux ; il etoit blanc , luifant , & parfemé de points noirs , » qui avolent la forme des grains de millet. J'y comptai huit lignes dif- » tinéles , blanches & comme offeufes , dans l'intervalle defquelles, ainft j> qii'aux côtés de la longueur dudos , s'élevoientdifférens poils , pointus, I» tortueux 3 ;re de la cigale. Il conçut alors leiperance a en voir Dientot eciore ■er , en emportant cette branche &: la confervant avec foin. 11 la ja , la porta chez-lui, &c l'expofa à l'air libre & au foleil ; en effet tre jours après , il vit éclore de cet œuf, comme il i'avoit efpéré , ACADÉMIE DE BOLOGNE, 195 » tortueux Se noirs. La tcte du ver étoit entouice d'une enveloppe pref-~r~ ~~ » que olfeufe &c laifance , à laquelle on peut donnei le nom de cafque; DES » elle ferc à garantie le cerveau , comme le crâne dans l'homme. Aux Sciences »> côtés de ce cafque s'clevenc deux points brillans , noirs, tonds , qui, de » malgré mon attention à les obferver , ne m'ont paru avoir aucune Bologne. » forme diftinfte, mais que je crois pouvoir alTurer être les yeux de l'a j» nimal , puifque dans les cigales parvenues au dernier terme de leur HiSTOiRE- » développement , les yeux occupent la même place que ces points , & » nen dift'erent que par la couleur. A l'endroit où la tête fe terminoit , i> à l'extrémité du cafque , paroilFoient deux corps qui n'étoient pas en- » cote entièrement formés , blancs, comme cartilagineux, traverfés deplu- » fleurs petites lignes , &c d'une figure prefque demi circulaire ; ces deux »> corps s'étendoieut jufqu'au milieu du bas ventre ; ce font peut-être » les aîles ; je les foulevai avec des cifeaux ; je m'apperçus qu'elles » étoient concaves du côté du ventre , ôc jointes enfemble à la partie >> fupcrieure par le moyen de deux efpeces d'oflelcts, ou cartilages , qui, •> quoique attachés d'une manière immobile , peuvent cependant mou- » voir les aîles , &c les meuvent effeétivement. Enfin , d'autour de l'a- » nus fort jient une infinité de poils de différentes longueurs & épailfeurs, » formant une efpece de pinceau. Le ventre de l'animal m'offrit (ix » jambes , favoir , trois de chaque côté , terminées en pointe, & encore j> imparfaites. J'y retrouvai à-peu-près la même couleur , les niêmes » poils , les mêmes lignes. Se les mêmes points que fur le dos. Je, n'y » remarquai rien de particulier , fi ce n'eft deux corps fitués à la pre- 5> miere ligne du ventre , diriges vers la partie fupcrieure , l'un d'un » côté , l'autre de l'autre. Ces deux corps font épais , rouges à leur oti- » gine , blancs à leur extrémité , dans laquelle s'implante un aiguillon » noir très-pointu. Eu un mot , ils me pâturent être les cornes de l'a- !> nimal , &: je remarquai qu'elles fe mouvoient fans interruption vers » la partie inférieure. Deux autres cornes femblables , mais plus gran- » des , s'élevoient au fommet de la tête , au-deffus des yeux. Après » avoir ainfi examiné la conformation extérieure du ver , je fus curieux 31 d'en connoître la ftruéture interne, je fendis en long , avec des ci- » féaux , la tête & le ventre ; il coula une humeur , partie aqueufe , )) partie fanguinolente. C'eft donc fans raifon que quelques-uns ont jj prétendu que le fang des cigales n etoit point rouge. Un fpeftade » des plus agréables vint enfuite s'offrir à mes yeux. Je diftinguai une 3> vingtaine d'œufs blancs , ronds , de la grolfeur d'un grain de millet, qui JJ paroiiroient,au premier coup-d'œil, dilperfés dans une matière muqucu- " fe ; mais je découvris, aii moyen du microfcope , qu'ils étoient ar- ,3) tachés de part Se d'aiitre à un tîlet nerveux. Ils me parurent bleus >s alors & marqués, à leur fpdiça, d'un point noir. Ayant déchiré les )> membranes de trois de ces œufs , il enfortit une liqueur femblable au 3) blanc d'œufcrdinaijre , puifqu'elle fe coRgula au KhIj i^' que quatre des Co/!ecl. Acad. pan. 'éir. Tome X. B b -194 COLLECTION ACADÉMIQUE, , -.> œufs reftans, jetcés dans l'eau chaude , s'y durcireut. De la partie cADE.MiE,, fiipcrieure de la poitrine jufqu'à l'aïuis , s'étendoit en droite lipne Sciences " "" tuyau membraneux , que je jugeai être le canal inteftiiial. Enfin DE " j'obfervai au milieu de la poitrme , un point rouge donr je ne pus Bologne. » reconnoître Se dont je n'ofe déterminer la nature & l'ufage . Histoire. 'iS&i SUR LES YEUX DE LA DEMOISELLE. LEs obfervations fur les yeux d'un infede connu fous le nom de Demoi- felle , dont M. Stancari a fait parr autrefois à l'académie , font tout-à- fait femblables à celles que Lewenoek avoir fait avant lui fur ce même infedte. Je ne dois cependant me faire aucune pein; d'en rendre compte ici , quand ce ne feroit que pour confirmer les découvertes de ce der- nier j d'autant mieux que M. Stancari n'en avoir , .à ce qu'il dit , aucune connoilfance lorfqu'il compofa fon mémoire. La probité reconnue de cet académicien nous le perfuade aifément , Se fon ftyle fimple , modefte & fans fard ne permet pas d'en douter. La demoifelle a fa tête prefqu'entiérement cachée , lorfqu'on la re- carde de profil , entre deux globes parfemés de tubercules. Cette con- formation fe manifefte à l'aide du microfcope , dans les plus petits de ces infetles ; Se même à la vue fimple , dans les plus gros. M. Stancari dilTéqua un de ces globes avec un petit fcalpel : il en détacha une petite portion Se en enleva , par des lotions répétées , toute la mucofité qui y etoit .-idhérente. Cette portion lui parut alors extrêmement diaphane ^ quoiqu'un peu blanchâtre. 11 découvrit fur fa furface , avec le microf- cope j une infinité de petits cercles arrangés de telle forte les uns à l'égard des autres , que chacun d'eux étoit précifément au milieu de fix autres placés tout au tour ■■, Se cet arrangement étoit fi confiant dans toute l'é- tendue de la membrane , qu'on voyoit bien que la nature avoit eu quel- que deffein dans cette conformation. M. Stancari examinant enfuite la face interne de !a membrane , y découvrit d'abord un grand nombre de fibrilles très-courtes , qui , ten- dues fous les cercles dont je viens de parler , s'y inféroient perpendicu- lairement , Se bientôt après d'autres fibres tout auflî minces , mais tarit foit peu plus longues , qui partoient de l'occiput & fe terminoient à l'en- droit où le col s'unit à la tête. Là elles fe courboient , Se les fibres per- pendiculaires venoient s'y attacher. M. Stancari réflécliifiTant fur cette conformation ^ foupçonna que les cercles étoient de petites lentilles convexes de prt & d'autre , Se qu'el- les ne paroiffoient ainfi fous la forme de cerclés , que parce que leur convexité ne fe montroit pas d'abord. L'expérience fuivante vérifia fa conjedure. Il prit la portion du globe dont j'ai parlé j il l'expofa au mi- ACADÉMIE DE BOLOGNE. 195 crofcope dans un endroit bien éclairé , & la regardant à contrejour , il .: flaça une de fes mains par derrière & dans l'axe du microfcope. Dam Académie inrtanc , il apperçut l'image de la main dellince dans chaque cercle , c "" extrêmement en petit , il eft vrai , mais avec la dernière piécilion. Toutes de CCS images ctoient dans une lituation renverfée , comme par l'effet des Bologne. lentilles ordinaires ; elles paroilFoient fe mouvoir pour peu que la main. changeât de place , & , ce qui eft une plus forte preuve encore , elles Histoire ctoient placées à une certaine dillance des cercles 5 car en approchant le microfcope , ces images n'étoienr point encore alFez diftinûes , quoi- que celles des cercles le fulfent déjà , Se elles ne le devenoient qu'eu éloignant un peu l'inftrument. Ces cercles manifeftoient donc des pro- priétés entièrement femblables à celles des lentilles en général. Les images de la main prouvent , en effet , que la réfraélion des rayons y obfervoit les mêmes loix , & la dernière circonffance dont j'ai parlée prouve la même chofe par rapport à leur réflexion. M. Stancari remar- qui de plus que , lorfque la lumière de quelque corps brillant donnoit d'un côté , par exemple , à droite fur la membrane , chaque cercle la réHéchiflbit auiri-tôt aux yeux du fpeétateur , précifément par fon côté droit , ce qui certainement ne feroit point arrivé , fi ces cercles n'a- voient été de véritables lentilles , des lentilles parfaites. Il eft donc bien certain que ces cercles font des lentilles convexes. Mais en accordant ce point , n'eft-on pas forcé d'admettre aulli que , dans la demoifelle , le nombre des yeux égale celui de ces lentilles ? Sur-tout fi l'on confidere qu'elles font placées en-dehors , qu'elles font fituées de manière à recevoir aifément de toutes parts les rayons vifuels , & qu'el- les tranfmettent au-dedans l'image des objets. Qu'eft-ce en effet que l'œil , finon une partie du corps des animaux dans laquelle les objets ex- térieurs fe peignent par le moyen d'une lentille ? Si donc, dans la de- moifelle , chaque lentille forme une image , fi elle la donne claire Se diftinde , il elle la tranfmet au-dedans , il faudra convenir qu'elle a au- tant d'yeux qu'il y a de lentilles fur fa cornée ^ & que la nature a pro- digieufement multiplié l'organe de la vue dans cet infecte. Quelques perfonnes , en admettant l'exiftence de cette multitude de lentilles Se d'images .exigeront peut-être, pour accorder le même nom- bre d'yeux à la demoifelle , qu'on leur prouve encore que cet infede jouit de la faculté de voir ^ mais leur difficulté me paroît mal fondée. Si , en effet , C'étoit cette faculté de voir qui conftituât proprement l'œil 5i non pas la lentille & l'image , il faudroit pareillement douter ù les chiens , les chats , les chevaux , les lions ont des yeux. Pluheurs philofophes & des philofophes d'un grand nom refufent aux bêtes ^ non feulement la faculté de voir , mais encore toute efpece de fenfation quelconque j mais quoiqu'ils penfent que les bêtes ne voient point, ils ne le font jamais avifés de prétendre qu'elles n'aient pas des yeux. L effence de l'œil confifte donc dans l'image formée par l'union des Bb il 196 COLLECTION ACADÉMIQUE, = rayons de luiniere , union qui , dans riiomme, excite une fenfation , Sc Académie j.j,^5 \^ bj^g ^ ,jg produit , i\ l'on veut , que du mouvement. Or , on ne Sciences ^auroit douter que cette multitude d'images ne produife, dans la demoi- jjE felle , quelque mouvement ; on ne verroit point fans cela quel auroit pu Bologne, être le but de la nature dans cette multiplication d'organes. S'il eft vrai que toutes les lentilles de la cornée de la demoifelle foient Histoire.^"""'- d'yeux , pourquoi ne regarderoit- on pas de mî;me comme autant de nerfs optiques ces fibrilles qui s'attachent perpendiculai- rement à chaque lentille ? Si la pofition de ce nerf n'eft pas la même dans cet infette que dans l'homme , cette différence eft fans doute né- ceiïaire ; car fuppoié qu'il jouilfe réellement de la faculté de voir , il n'eft pas dit qu'il voie les objets de la même manière que nous les voyons ^ & qu'il ait les mêmes perceptions que nous, des couleurs , des diftances & des grandeurs. Peut-être même y a-t-il quelque différence à cet égard parmi les liommas , mais en voilà aftez fur ce fujet. J'ajouterai une con- jecture alfez probable de M. Stancari ; c'eft que la demoifelle n'eft pas le feiil infede que la nature ait gratifié d'un fi grand nombre d'yeux , &c qu'apparemment les guêpes , les papillons , lesfauterelles , les fourmis Se plufieurs efpeces de moucherons jouilTent du même avantage , puifqu'on obferve chez ces animaux les mêmes tubercules & les mêmes lentilles. Je ne crois pas qu'on doive s'arrêter beaucoup à l'opinion de ceux qui s'imaginent qu'un lî grand nombre d'yeux , dont chacun renferme tanc d'orc^'anes diftérens , puilîe être contenu dans un auflî petit efpace qu'eft la cornée de la demoifelle. Ceux qui font cette objeélion , n'ont point aftez médité cette vérité que l'illuftre M.alebranche , ce grand m.aitredans l'art de penfer , a prouvé d'une manière Ci viélorieufe , favoir , qu'il n'y a aucun corps que l'on puilfe appeller grand ou petit en lui-même , Sc qu'on ne les nomme ainfi que par comparaifon. En comparant les objets que nos yeux nous font connoître , nous appelions les uns plus grands , les autres plus petits , & nous donnons le nom de très-petits à ceux qui ©ccupent le dernier rang , parce que nous ne voyons plus aucun corps par rapport auquel on puilTe les nommer grands. Mais peut-être y a-t-il une infinité d'autres corps qui fe dérobent à nos yeux & , fi nous pou- vions les appsrcevoir , peut-être regarderions nous comme très-grands ceux que nous nommons très-petits. Ces dénominations ne dépendent donc pas des corps eux-mêmes , mais de l'œil & de fa conformation. En conféquence je croirois volontiers que ces petits animaux diftinguent aifément avec leurs yeux des corps que nous avons peine à voir, même avec le microfcope , Si que s'ils jouilfent de la faculté de pouvoir com- parer les grandeurs, ils doivent regarder comme très - grands , des corps très-petits par rapport à nous &C qui échappent prefque à nos yeux. D'autres auront peine à croire que la nature ait donné des milliers d'yeux à des animaux imparfaits , tandis que les animaux partaits n'ea ACADÉMIE DE BOLOGNE. 197 ont que deux. Mais cette épithete d'imparfait ne doit pas nous en inipo-' fer. Ceux qui l'ont donnée les premiers ^x infedtes fe font peut-être ^'"■'^'^^"''"^ trompés j &. quoique nous ayons retenu ce terme , nous nous gardons ç '"'^ bien d'y attacher la même idée. ciences BOLOGNî. -f - - --^— I S[/R UN GRAND NOMBRE DE PHOSPHORES Nouvellement découverts. LE 24 feptembre de l'année 1734 , le diamant prcfenta à M. Beccari une lumière pliofphorique , qui n'étoit pas j comme beaucoup d'au- tres , l'eftet du frottement ni de la chaleur j mais feulement de l'impul- fion d'une lumière extérieure , ainfi qu'on le remarque dans la pierre de Bologne. Feu M. du Fay , dont la mort prématurée a du exciter les re- grets de tous les phylîciens , étoit livré tout entier , dans ce mêmetems, à la recherche des phofphores , & y ayant répété en France , les expé- riences que Boyie avoir faites autrefois en Angleterre , il découvrit la même lumière dans le diamant , ce qui n'ôte rien au mérite de la dé- couverte de M. Beccari ; car outre qu'il ignoroit alors celle de M. du Fay , il avoit déjà fait auparavant , «S: il imagina encore dans la fuite , beaucoup d'expériences , dont il ne paroîr pas que perfonne avant lui eûteu l'idée j fans prétendre donc diminuer le moins du monde reftime due aux travaux de M. du Fay , je vais expofer fommairemen: ceux de notre académicien ; c'eft les louer que les faire connoître. Le hafard , père de tant d'autres découvertes , a offert à M. Beccari celle dont il eft queftion , fans qu'il fe mît en peine de la chercher. II vilîtoit à Bologne une dame en couche , malade d'une fièvre tierce » avec grand mal de tête j fon appartement , dont on avoit foigneufement fermé toutes les portes & les fenêtres , pour qu'elle ne fût pas incoiv.mo- tlée de la lumière', étoit extrêmement obfcur, à mefure que M. Beccari s'approchoitdu lit , en tâtonnant , la malade vit briller , à travers les té- nèbres , ainh que deux autres perfonnes qui étoient avec elle , un très- beau diamant, qu'il portoit au doigt ; en y regardant, il ne s'en apper- çut pas d'abord j mais après quelques inftans , il vit aufll briller i;ne lu- mière très-foible , à la vérité , mais comparable , cependant , à celle de la pierre de Bologne , finon par fa couleur , au moins par fon égalité & fa permanence. Voulant toujours s'alTurer du fait de plus en plus , il fortit ai.nî-tôc de la chambre j & après avoir tenu quelque peu fon diamant à la lu- mière du jour , qui étoit aiïez obfcure , il rentra fur le champ pour voir fi le diamant n'auroit pas reçu quelque accroilfement de lumière ; la came , fcs deux compagnes & M. Beccari lui-même , s'en Histoire. t98 COLLECTION ACADÉMIQUE, • -rem par leurs yeux ; tranfporK de joie à cette vue, il félicita la dame , AcADÉMiEj^ 1 j-jqjjg ^ ^ lui-même de\ia découverte de ce nouveau phofphore , S "^CES comparable à la pierre de Bologne par fon éclat , &c trcs-lupérieur à cette DE pierre j en ce qu'il n'avoit pas befoin , comme elle , pour briller , d'être Bologne, fournis à la calcinaiion. M. Beccari defiroit ardemment de retrouver la faculté phofphorique Histoire, dans tous les diamans & les autres pierres piécieufes ; la dame qui bru- ' loir de la même envie , fit apporter toutes fes pierreries , dont le nombre étoit aflTez wrand ; mais quelque attention qu'on donnât aux pierres , on n'en vit reluire aucune ; quelques diamans , au contraire , donnèrent de la lumière , mais il ne s'en trouva point qui égalât à cet égard celui de M. Beccari. Ce dernier avoir quatre lignes de Paris de bafe en longueur, fur trois Se un quart en largeur ; fa pointe s'élevoit de deux lignes & un quart-, & du relie j il étoit comparable par fa pureté ôc fa tranfparence à tous les diamans les plus eftimés. Notre auteur s'étant convaincu que les pierres précieufes ne jouiffoienc point de la faculté phofphorique , crut devoir borner fes recherches aux diamans ; &C quoiqu'il n'en eût trouvé que très-peu qui fulTent doués de cette propriété ; & qu'à l'exception du fien , ils n'euffent tous donné qu'une lumière fi foible qu'elle méritoit à peine quelque coniîdération , il ne laiffapas d'en foumettre enfuite un très-grand nombre & autant qu'il put s'en procurer à fes expériences , dont il communiqua deux mois après le réfultat à l'académie , dans une féance publique, où aflifta le cardiual-létrat , & tout ce que Bologne avoit de plus diftingué. Dès ce jour-là, M. Beccari prit la réfolution de multiplier encore fes expé- riences fur la lumière phofphorique du diamant , & il n'a ceiTé depuis, à l'exemple de M. du Fay , de chercher de nouveaux phofphores. Pour mettre quelque ordre dans ce que nous allons dire , nous fui- vrons au moins celui du tems , en parlant d'abord des expériences que M. Beccari a faites avant d'avoir lu le mémoire de M. du Fay, & enfuite de celles qu'il fit encore , après en avoir eu connoilTauce. Nous ne devons pas omettre , que pour en afTurer le fuccès , il a ufc de toutes les précautions qui ont été indiquées à l'article de la pierre de Bolocrne ; ces précautions , qu'on voudra bien fe rappeller , font d'une telle importance , que M. Beccari y infifte encore beaucoup & en expli- ■qué fort au long les motifs &c l'indifpenfable nécellîté. Pour fe convaincre Toujours davantage que les pierres précieufes , 8c celles qui ont avec elles le plus d'analogie , ne font point fufceptibies de devenir phofphoriques , il en expofa une grande quantité à une lumière tantôt plus forte , & tantôt moindre , & les y lailfa quelquefois peu , quelquefois beaucoup , & d'autrefois pendant très-long-tems , lansqu'aii- Gune d'elles ait jamais pu en prendre la plus petite porrion ; il en a mê- me expofé quelques-unes au foyer d'une grande lentille , & fi près de ce foyer qu'il s'en falloir peu qu'elles ne le touchalfent ^ cependant , ACADÉMIE DE BOLOGNE. 199 après y avoir refté pendant io minutes, & s'y être trè-s-cchauffées , elles' n'ont pu jetter la moindre lumière dans t'obfcuritc. Le diamant eft donc "'^^i'^*"' la feule des pierres précieufes qui fe laiiïe pénétrer par la lumière , en- Sciences core cette propriété n'eft-elle pas commune ^ comme nous l'avons déjà re- ce marqué , à tous les diamans ; M. Bcccari en a même trouvé qui ne deve- Bologne. noient pas phofphoriques même au foyer de la lentille dont nous ve lions de parler. ^ Histoirb. On ne peut pas difcerner à la fimple vue , les diamans fufceptibles de la vertu pliofphotique , de ceux ciui ne le font pas ^ ni la pureté, ni le brillant , ni aucune des autres qualités qui en reliauffent le prix , ne font des marques fur lefquelles on puilfe faire fond ; car ceux qui , a n'eu juger que par ces qualités extérieures , étoient réputés les meilleurs , fe font trouvés quelquefois , à l'épreuve , inférieurs à d'autres , en qui ces mêmes qualités ne fe rencontroient pas à un degré aufE éminent. On ne peur pas compter davantage fur la grorteur ; on en a vu beaucoup d'un volume confidérable , ne donner qu'une très-foible lumière , fur-tou: s'ils avoient une large bafe & peu de hauteur , tandis que de fimplesfragmens jettoient le plus vif éclat. La poudre de ces mêmes fragmens , dont les ouvriers fe fervent pour polir les diamans , n'en donne cependanr point du tout après avoir été expofée à la lumière du jour , ôc même à celle du foleil. M. du Fay a fait la même remarque fur le Lapis la^uli qui fe charge de la lumière, pendant que l'outremer, employé dans la peinture , Ôc' qui n'eft autre chofe que cette même pierre , réduite en poudre très-fine , ne s'en empreint point du tour. Il paroît que pour diftinguer à la feule infpeûion les diamans phof- phoriques des autres , on peut faire plus de fond fur la couleur que fur aucune des autres qualités extérieures dont nous venons de parler. En effet , M. Beccari en ayant examiné un affez grand nombre diverfemenc colorés , dont les uns étoient phofphoriques , & les autres non , on a trouvé que les jaunes l'étoient toujours. M. du Fay , qui a eu en fa dif- pofition beaucoup plus de diamans que notre académicien , a fait la mc- meobfervation , ce qui donne lieu de croire qu'elle s'étend à tous les dia- mans ainfî colorés ; on ne doit pourtant pas défefpérer de ceux qui ont d'autres couleurs ; car , outre que ceux qui tirent au verd n'ont jamais manqué de donner quelque peu de lumière , dans l'obfcurité ; beaucoup d'autres , qui n'étoient m jaunes, ni verdâtres, n'ont pas laiffé de fe mon- trer phofphoriques. Il n'y a point de forte de lumière qui ne foit propre à communiquer Ja faculté de luire aux diamans qui en font fufceptibles , celle du foleil, du jour , ferein ou nébuleux, celle de la lune , les rayons de la flamme j &c. pourvu que ces diamans foient de bonne qualité ; car il y en a beaucoup d'extrêmement foibles , &c la même lumière ne les éclaire pas tous. Il n'y a , par exemple , que les plus excellens qui fe chargent de la lumière de la lune, qu'on croit avoir tiès-peii d'énergie, encore ne s'en im- îoo COLLECTION ACADEMIQUE, ~ bibent-ils que très-légéremeiit , & il faut , communément , pour cela que ''des ' ''^ ""''■ ^°^^ tiès-claire , la lune dans fon plein , 6c vers le milieu de fa Sciences carrière j &c qu'en outre , on concentre une grande quantité de fes rayons DE au toyer d'une lentille. On en a même vu beaucoup qui n'avoienc pris Bologne, aucune lumière lorfqu'ils ne l'avoient reçue qu'à travers les vitres , &c ne devenir lumineux qu'après avoir été expoiés fur la fenêtre &c en plein air. Histoire. '^ Y * ''^i' FNCEs '^"'- ' ^ ^^^ autres point du tout ; & comme cette conjeiture lui parut DE avoir de la vraifemBlance , il voulut voir fi elle feroit confirmée par l'ex- BoLOGNE. périence fuivante; il remit à un jouaillerdix diamans , dont quatre étoient éminemment phofphoriques , &: les autres lix extrêmement peu. Il lui Histoire, ordonna de leur faire fubir à tous un feu de calcinarion , ce qui fut exé-^ 4| cuté y mais la vertu pliofpliorique refta dans chacun telle qu'elle étoit. T M. du Fay , trompé dans fon attente , voulut répéter lui-même l'expé- rience fur deux diamans du plus beau poli , & parfaitement égaux en- tr'eux j il ce n'eft par la faculté de luire , l'un d'eux la polTédaiit à un très-haut degré , de l'autre en étant prefque entièrement privé. Il les en- ferma dans le centre d'une petite fphere de blanc d'Efpagne , & les ex- pofa à une chaleur un peu inférieure à celle qui met l'étain en fufion. Ils perdirent leur poli , mais ils conferverent la vertu phofphorique dont ils jouilToient auparavanr. M. du Fay ne s'en tint pas là , il les foumit encore pendant deux heures entières à un feu de calcination fi violent, que le creufec & fon couvercle en furent vitrifiés , fans néanmoins que la qualité phofphorique fouffrît la moindre altération dans les diamans. Ceux-ci ayant réiifté à une fi terrible torture , que pouvoit-on attendre de tous les autres moyens ? Aulll M. du Fay renonça-t-il à fon entreprife. quoique M. Beccari n'efpérât rien non plus , il ne délefpéra pourtant pas abfolument de réullir. Il ofa même beaucoup plus que M. du Fay j car il ne fe propofoit rien moins que de rendre phofphoriques les diamans qui ne l'étoient pas, &: de dépouiller de cette qualité ceux qui s'en trouvoien: doués. Voici le fil qui le conduifit dans cette tentative. Il partoit d'abord d'un principe fort répandu ôc qui ne manque pas de probabilité ; c'eft qu'il y a dans le diamant un principe fulfureux caché, qui, par lui-même , ou par fa combinaifon avec les autres principes , lui communique la faculté phofphorique , enforte que plus les diamans con- tiennent de ce principe , Se plus ils font avides de lumière , tandis , au contraire, que ceux qui n'en contiennent que très-peu ou point du tour, ne fauroient s'en pénétrer. Il étoit fortifié dans cette conjeéture par l'au- torité de beaucoup de phyficiens qui n'héfitent pas à reconnoître le mê- , me principe dans les autres pierres précieufes. Boyle , entr'autres , qui tient un rang fi diftingué dans la phyfique , dit expretTément , en parlant de l'origine de ces pierres , qu'il eft probable , comme l'ont enfeigné bien des philofophes , que la plupart d'entr'elles , n'ont que des couleurs empruntées , qui leur font fournies ou par des facs minétaux & colorés , ou par des exhalaifons minérales dont elles fe font imprégnées , ce qu'il confirme par l'exemple de routes les pierres colorées , dont aucune , à l'exception de l'amérhifte de Bohême ne conferve fa couleur , lorfqu'on lui fair fubir pendant long-tems l'aétion du feu. Comme il a répété ces ■expériences lui-même fur beaucoup de ces pierres , cela difpofe à croire ACADÉMIE DE BOLOGNE. 107 que 1.1 mcme chofe auroit lieu pour toutes , comme le penfoic BoUcius^ I " ,^ Académie de coût. PJ5 L'autorité de M. de Foiitenelle donne encore un nouveau poids à ce Scienxes fentiment. En rendant compte dans l'hiftoire de l'académie royale des de fcienccs , année 1714 , des expcciences que M. du Fay avoit faites fur la Bologne. pierre phofplionque de Berne , il ne fait pas difficulté d'affurer que ton- ■ tes les pierres précieufes ne font qu'autant de cryftaux imprégnés d'un Histoire. foufre métallique , qui leur communique fa propre couleur. C'eft ce dont M. du Fay s'eft allure fut la pierre de Berne , & l'on pourroit auiîî opérer la même cliofe fur toutes n la chaleur pouvoir les dépouiller de leur foufre. Cette opinion , à laquelle M. du Fay a donné beaucoup de probabilité par un grand nombre d'expériences, a été mife dans le plus Deau jour par M. de Fontenelle. M. du Fay a converti en phofphores , par le moyen du feu une grande quantité de pierres précieufes fort ana- logues à la pierre de Berne. Or , puifque Boctius de Boot , Boyle , Se M. de Fontenelle , regardent prefque comme indubitable l'exiftence du foufre dans les pierres pré- cieufes , pourquoi ne feroit-il pas permis à M. Beccari de la Icupçonner au moins dans le diamant ? La propriété qu'il a d'attirer la lumière n'é- taye-t-cUe pas cette conjeélure , & ne reçoit-elle pas encore une nouvelle force de ce que tous les diamans jaunes , dont la couleur eft un indice jrefque alTuré de la préfence du foufre , jouiifent tous fans exception de a faculté phofphorique ? Et de ce qu'il s'en trouve même de blancs qui font pareillement doués de cette qualité , n'eft-il pas à préfumer qu'ils contiennent aufll quelque peu de foufre ? On peut, à mon avis , fortifier encore ces raifons de M. Beccari par cette conlidération , que les liqueurs fulfureufes réfradent plus la lumière que ne le comporte leur denfité, d'où il réfulte que le foufre attire naturellement la lumière , Se qu'on eft )ar conféquent fondé à conjefturer qu'il en exifte plus ou moins dans tous es diamans qui brillent dans l'obfcurité. L'exiftence du fouhe dans le diamant étoit néanmoins chez M. Bec- cari plutôt un funple foupçon , qu'une opinion arrêtée , lorfqu'il lui vint en idée d'elfayer s'il ne feroit pas poflible de priver de leur foufre les dia- mans qu'il croyoit en contenir , & d'en donner à ceux qui n'en avoient point , ce qui auroit rendu tous les diamans phofphoriques , on les au- roit dégradé de cette qualité , au gré du phyficien. La première de ces deux chofes paroilfoit être de la plus grande difficulté j mais la féconde beaucoup plus facile ; car bien des chimiftes avoient déjà dépouillé les pierres précieufes du foufre qui les colore , par la violence du feu , &: M. du Fay avoir eu auflî quelque efpoir d'en venir à bout par rapport aux diamans , que la nature , félon luij a tous rendus primitivement phof- phoriques , ceux qui ne le font point aétuellement ayant été privés de cette qualité par des feux fouterrains , auxquels ils ont été expofés. Il no croyoit pas qu'on pût rien conclure de ce qu'il n'avoir pas pu les en dé- l r. 2oS COLLECTION ACADÉMIQUE, •• =pouiller lui-même dans fes expériences , y ayant lieu de préfumer qu'on '^ DES ''^'^ y parvieiidroit , en fuppofant toujours que la qualité phofphorique dé- SciENcEs P^"'^^ du principe fuîfureux , en employant un feu de verrerie , ou DE quelqu'autte feu d'une égale violence. M. du Fay en a privé quelques Bologne, pierres , & fur-tout la pierre de Berne , en leur enlevant leur foufre. ■ — Car comme cette dernière a la double propriété de briller, & après avoir Histoire. ^^^ échauffée , & lorfqu'on l'expofe à la lumière , il la dépouilla de la première par un feu doux , & de la féconde par un feu plus violent. Le plus difficile étoit, comme nous l'avons déjà obfervé , de trouver quelque chofe d'affez délié Se d'aflez fubtil , pour pénétrer une fubftance d'un tilfu aufll dur & aufll ferré que le diamant , cependant comme il n'y a point de corps dans la nature abfolument impénétrable à toutes les vapeurs , & que les exhalaifons fulfureufes , fur-tout lorfqu'elles fonc animées pat l'aétion du feu , font d'une fubtilité qui les rend capables de fe faire jour à travers les fubftances les plus denfes 6c les plus compac- tes j pourquoi penferoit-on qu'il fût hors du pouvoir de l'art de les in- troduire & de les fixer dans le diamant? Aulïï M. Beccari ne défefpé- ra-t-il pas d'en venir à bout. Il étoic foutenu dans cette efpérance par Néri ôc par d'autres chimiftes qui ont écrit qu'il exifte un procédé pour colorer le criftal de montagne de façon à lui faire imiter toutes les pier- res précieufes , ce que notre académicien croit ne pouvoir être exécuté que par des vapeurs extraordinairement fubtiles & fulfureufes qui pé- nètrent le criftal ; or , pourquoi , difoit-il , les mêmes vapeurs ne pour- roient-elles pas fe faire jour auffi dans le diamant ? Le criftal eft à la vérité moins dur , mais il n'oppofe gueres moins de réfiftance aus corrofifs. 11 s'agiftbit donc d'en venir aux expériences pour favoir à quoi s'en tenir fur ces deux articles. M. Beccari en fit dans cette vue un aflez grand nombre , dont nous fupprimons le détail j parce que le réfultat n'en fut point du tout favorable. En foumettant le criftal &c le diamant à un feu de calcination dans des vaiffeaux de terre exaétement lûtes , où il avoir auftî renfermé des matières fulfureufes , telles que l'orpiment , l'anti- moine cru , l'arfenic blanc , la pierre de Bologne , Sec. Il ne put jamais parvenir j ni à convertir le criftal de montagne en pierres précieufes , ni a détruire , créer , augmenter, ou diminuer la qualité phofphorique dans le diamant. Celui-ci perdit feulement une partie de fon poli Se de fon brillant ; le criftal étoit fendu en plufieurs endroits , & ce n'étoit que dans les fentes que les exhalaifons fulfureufes s'étoient infinuées , enforte que fa fubftance n'en avoir point été pénétrée. M. Beccari n'efpérant plus rien du diamant , tourna fes vues ailleurs : il crut qu'en prenant certaines précautions , qu'on avoient trop négligées jufqu'alors , il pourroit parvenir à la découverte de beaucoup d'autres phofphores J 6c il ne fut point trompé dans fes efpérances ; jamais phy- Ikien ne fut auiîi heureux que lui à cet égard. De quelque côté qu'il fe tournas I ACADÉMIE DE BOLOGNE. 109 toiuilât il voyoit cclore à fon gré , ôc briller de nouveaux phofphores. 11 ^ lit part il y a quelques mois de tout fon travail à l'acadcmie , & peu de Acadumie tems après il publia fur la mcme matière une diflertarion très-élceante c ^"^ lENCES DE & aulli brillante que le fujet. Comme il n'en fut rire qu'un petitnom- bre d'exemplaires , que l'auteur fe contenta de diftribuer à fes amis , à Bologne. proprement parler , elle n'a jamais été publique. Elle a été inférée de- f)ais dans nos mémoires j & nous allons en donner très-fommairement h e précis. nisToiRE. M. Beccari avoit remarqué depuis long-tems que les deux conditions les plus elFentielles .i obferver pour reconnoitre les phofphores , c'étoit, i*". de les tranfporter avec toute la célérité pollible de la lumière dans les ténèbres j afin qu'ils n'eulfent pas le tems de perdre dans le trajet celle dont ils avoient pu fe charger ; z". Que la perfonne qui doit en juger , foit depuis long-tems dans l'obfcurité , afin qu'il ne lui relie plus dans l'organe aucune impreflion d'une lumière étrangère. C'eft apparem- ment pour n'avoir pas obfervé aflcz exadement ces tleux conditions que t.int de phofphores découverts par notre académicien , avoient été mé- connus par les autres phyficiens , & c'eft pour ne pas tomber dans le mê- me inconvénient , qu'il a foigneufement pourvu à l'une ôc à l'autre de ces conditions en cette manière. Il fe fit faire une petite cellule ou une perfonne pouvoir être reçue , fe tourner de tout côté, &: faire ce qu'elle vouloir. Après y avoir enfermé un hommcj il la boucha fi bien de toute part , qu'aucune lumière ne pouvoir y pénétrer , car bien qu'il y eût une ouverture dans laquelle on avoit fait entrer un tambour qui fe mouvoir perpendiculairement autour de l'axe , ce t.imbour s'adaptoit fi bien à l'ouverture , & l'on eut tant de de foin d'en bien calfeutrer les bords avec des linges qu'il étoit impof- fible que la lumière eût le moindre accès dans la cellule. Le tambour avoit une fenêtre , à la faveur de laquelle on faifoit palfer à l'inftant fous les yeux de l'obfervateur , en tournant le tambour avec une prodiCTieufe vitelTe , tout ce qui avoit été expofé auparavant à la lumière , afin qu'il portât fon jugement fur celle dontces corps avoient pu fe charger. C'eft ainfi que M. Beccari fe conftruifit une cellule pour y chercher la lumière dans les ténèbres, & ill'y trouva j Diogene avoit, dit-on , autrefois cherché le bonheur dans un tonneau ; ce qu'il y cherchoit étoit fans doute d'un bien plus grand prix , mais je ne crois pas qu'il l'y ait trouve. M. Beccari au fortir de fon fommeil , étant encore à peine éveillé, Bi ayant par conféquent alors les yeux très-difpofés à faifir la moindre lumière , s'enfermoit aufti-tôt dans fa cellule. Il avoit prié fon am M, Zanotti de lui fervir de fécond dans fes expériences. Celui-ci s'acquitta à merveille de fa fonélion. Il plaçoit fur la fenêtre du tambour , tantôt une chofe & tantôt une autre , &: après qu'elles avoient été expofées un rems futHfant à la lumière , M. Beccari les faifoit palTer dans un clin d'œil dans la cellule , en tournant le tambour de fon côté. M. Zanotti Colka. Acad. pan. écr. Tome X. " D d 210 COLLECTION ACADÉMIQUE, = avoir tiré de fou cabinet une infinité de cliofes rares pour ces curieufes Académie g^p^j.jgj^^gj ^ il eft prefque incroyable combien elles furent multipliées; Sciences '^^ 'î"^ ^* ^^^ccari voyoit briller une choie j tranfporté de joie , il en DH donnoir avis aufli-tôt à M. Zanotti , qui , fe défiant de fa mémoire , l'é- Bologne, crivoit à l'inllant fur fes tablettes. Que dirai-je de plus ? tant de phof- phores s'offrirent à M. Beccari dans les ténèbres de la cellule , qu'il crut HjsxoiaE. devoir les réduire en ordres & en claffes. Premièrement , il en a trouvé beaucoup qui brillent d'eux mêmes ,, & fans qu'on y ait employé aucun art j & pour cette raifon , il les ap- pelle naturels. Nous allons en nommer quelques-uns. 11 y en a de tous les trois règnes \ tofliles , animaux , & végétaux en tourniflTent ; mais ces. derniers allez peu. Beaucoup de terres , fur-tout fi elles ne font pas d'une couleur bien obfcure , ont la faculté de reluire. Il en eft de même du fa- ble jaune qu'on tire des Collines qui font aux environs de Bologne, pour- vu qu'on le dépouille de l'ochre qui le colore , ce qui le rend blanc & pholpliorique. La couleur inHue aullî pour quelque chofe dans les mar- bres , car ce font les plus blancs , lur-tout s'ils ont peu de dureté , qui fe chargent de la lumière. Le plâtre calciné jette le plus vif éclat, ce que M. du Fay avoir déjà remarqué , mais il brille aulli fans avoir été cal- ciné , ce qu'il n'a point obfervé. Toutes les pierres calcaires , & les blan- ~1 ches fur-tout font phofphoriques , ainfi que la pierre de Bologne , fans T même qu'elle ait été préparée , & le criftal d'Iflande. Les pierres précieu- fes ne le font pas du tout non plus que les métaux , & la plupart des fubftances métalliques , telles que le cinnabre , les marcaffites , & autres de ce genre. L'arfenic blanc & l'orpiment minéral folîile , font une ex- ception .1 cette règle. Les plantes terreftres , tant qu'elles font vertes & pleines de fuc ne retiennent pas la lumière ; mais quelques-unes de leurs parties deviennent phofphoriques en fe féchant. Ni les fruits , ni les fe- mences , ni les farines j ni même les gommes & les réfines ne le devien- nent. Le règne animal eft plus riche en phofphores. Car beaucoup d'os Se un très-grand nombre d'écaillés d'animaux marins fe pénètrent de la lumière , & les dents de l'homme plus que tout le refte. Les concrétions calculeufes & les pierres qui s'engendrent chez les animaux font , ainfi que les coquilles d'oeut , au nombre des phofphores. Les ailes desoifeaux, celles même qui font de la plus grande blancheur , ne prennent point de lumière ; enforre que cette couleur ne leur fert de rien. Je pafle fous filence beaucoup d'autres phofphores naturels fur lefquels on pourra, fi l'on- en eft curieux , confulter le mémoire de M. Beccari. Tofees les chofes dont nous venons de parler brillent d'autant plus dans l'obfcurité , qu'elles ont étéexpofées à une plus grande lumière j mais il n'eft pas nécelfaire qu'elles y reftent bien long-tems ; car dès qu'on les y a lailfées un petit nombre de fécondes , elles ont pris toute la lu- mière dont elles peuvent fe charger ; & elles la perdent aufti en très-peu de tems , la plupart dans l'efpace de fix ou au plus de huit minutes.. ACADÉMIE DE BOLOGNE. 211 M. Beccari s'eft fort attache depuis long-tems à chercher s'il n'y auroit= "" pas quelques marques diftinclives , auxquelles on pùtreconnoître les phof- Académie phores , fans en venir aux expériences j mais infrudtueufement. Il n'y a c ^^* guère que la couleur qui puilTe fournir quelque indice. On a remarque , *^'^jj*^*^^^ en elfet , que prefque dans tous les genres, les fubftances blanches font Bologne. phofphoriques. Si cette loi ii'eft pas abfolument générale , elle ne foutfre du moins que peu d'exceptions. Que ceux qui prétendent que les fujets Histoire blancs réHéchilfent toute la lumière , ôc que les noirs , au"contraire, l'ab- forbent entièrement , nous difent donc pourquoi le blanc en eft 11 avide , au point que tout ce qui eft de cette couleur , eft prefque toujours phof- phorique ? Car ne faut-il pas pour qu'un fujet puifle être qualitic du nom de phofphore , qu'il fe lailfe d'abord pénétrer par la lumière , Se qu'il la renvoie enfuite , puifque fans cela il ne brilleroit point ? Or , fî le blanc réfléchit tous les rayons , il n'en abforbe donc aucun. Mais , je le répète , je lailfe cette difficulté à réfoudre à ceux qui expliquent tout par des for- ces attraétives & répuUives , & je pafl'e aux phofphores artificiels. Ces derniers font d'autant plus étonnans , que l'art leur donne l'exif- tence , en fe propofant toute autre chofe. Ceux qui filent le lin Se le chanvre , ceux qui en forment enfuite de toiles , Se ceux qui de ces mê- mes toiles long-tems macérées Se battues en tirent le papier , préparent aux phyficiens , fans y penfer, d'excellens phofphores. Car le linge Se le papier ordinaires portés dans la cellule de M. Beccari , y ont jette un très-vif éclat. Mais pour la plupart des phofphores que l'art fournit , on fe fert du feu , Se cela en deux manières, i ". Ou on détruit la fo'rme & la nature du fujet , en lui faifant fubir une calcination complette , ou bien on en laille fubfifter la forme , où l'on n'y apporte du moins qu'une très-légère altération , en fe bornant à le deftecher , ou à l'expofer à l'ac- tion d'un feu très-modéré. M. Beccari n'a pas touché aux phofphores de la première clalTe ; il abandonne cette tâche à M. du Fay , qui a traviilé avec beaucoup de gloire Se de fuccès à la découverte de ces fortes de phofphores ; Se il s'attache à ceux qui n'exigeant pour leur prépara- tion qu'une très-légère action du feu , femblent par là même devoir exciter plus de furprife ; & il eft parvenu , par ce moyen , à convertir en phofphores bien des chofes qui ne l'étoient point , Se à rendre plus bril- lans les phofphores déjà connus. Je vais en parcourir quelques-uns , fans m'atTujettir à aucun autre or- dre , que de les nommer à mefure qu'ils fe préfenteront. Les os non cal- cinés s'imprègnent ^ comme nous l'.tvons déjà remarqué , d'un peu de lumière, &: ils en prennent davantage après la calcination. Les nerfs brûlés brdlent du plus grand éclat. Les viandes rôties, fur-tout les blanches , comme celle de poule, deviennent lumineufes. M. Beccari n'a pas étendu fes expériences à celles dont la couleur ne lui donnoit auciin efpoir. Les jaunes d'œuf deviennent phofphoriques aulli pourvu qu'on les ait tait durcir£clégérem;nctorrcher, & qu'on les ait réduits enfuite, par Dd ij iix COLLECTION ACADÉMIQUE, : l'expreflîon de leur huile , en une malfe feche &: compacîle. Les plumes» Académie jjiifi qug les ongles , ne donnent point de lumière, quoique calcinées. c "^* pc Mais toutes les fubftances gommeules convenablement & légèrement jjg torréfiées , deviennent p^•lofphoriques , ainfi que toutes les efpeces de Bologne, fruits à coquille , les légumes , les graines frumentacées , & les farines. On doit ranger encore dans la mcme clafTe le pain & les hofties qu'on Histoire P'^^P^'^s pour la melfe & la communion. Je ferois trop long (1 je voulois entreprendre l'énuméranon de tous les phofphores fortis de la cellule de M. Beccari. Aiiill je m'en tiens à ceux dont je viens de faire mention. En travaillant aux phofphores dont la préparation exige l'adiondu feu, il faut bien prendre garde au degré où elle eft portée. Car il ne faut calciner ni trop ni trop peu les fujets qu^on veut rendre phofphoriques ; ce n'eft qu'après des expériences multipliées que M. Beccari eft parvenu à reconnoître le degré de combuftion qui convient à chacun d'eux. Et du refte , ce n'eft pas d'abord après avoir été expofés au feu qu'ils jettent de la lumière ; il faut attendre qu'ils foient refroidis , comme on l'ob- ferve fur la pierre de Bologne , qui ne brille pas dès qu'elle a été prépa- rée , & qu'elle eft encore chaude. 11 y a encore entre les phofphores na- turels , & ceux qu'on prépare avec le feu , cette grande différence , que ceux-ci ne jettent de la lumière que pendant un tems , & que ceux-l.à ne perdent jamais la taculré de briller. Et à l'égard des phofphores na- turels dont l'aélion du feu rend la lumière plus vive , ils perdent en viel- liftant celle que le feu leur avoir communiquée , Se ne brillent plus en- fuite que de leur éclat naturel. Mais la faculté phofphorique , acquife j peut être excitée de nouveau , lorfqu'elle a péri , par une chaleur con- venable. On n'a point encore fuffifamment conftaté par les expériences jufques à quand & pendant combien de fois la chaleur renouvelle la lu- mière dans le même fujet. En méditant attentivement fur tout ce qui précède , M. Beccari en eft venu à croire , que quoique la lumière foit toujours & par-tout elfen- tiellement la même , elle peut néanmoins recevoir différentes formes &c des modifications qui varient à l'infini , enforte que la faculté phofpho- rique , qui eft une de ces modifications , eft ainfi que nous l'avons déjà remarqué , de bien d'efpeces différentes , lefquelles peuvent être rangées en clalfes. Pour Amplifier l'objet autant qu'il peut l'être , M. Beccari les réduit cependant à deux principales. Il veut qu'on divife les plKsfpho- res en huileux & en calcaires , divifion très-claire par elle-même , & qui eft appuyée d'ailleurs fur un très-grand nombre d'expériences. La faculté phofphorique dépend , félon lui , du principe huileux dans les phofpho- res qui fe préparent au feu. Se d'un principe calcaire dans les autres^ enforte que ce n'eft pas feulement par le nom , mais par leur nature mê- me qu'ils différent. M. Beccari , en terminant fa dilTertation , porte fes vues encore plus haut qu'il n'avoit fait ; il donne carrière à fon génie j Si. fe Uvre à queU ACADÉMIE DE BOLOGNE. nj ques conjccbires pour lefquelles il foUicite l'indulgence du ledeur. U' propofe plulleurs quertions , dont il a fourni lui-mcme depuis la lolu- Académie tien , du moins de la plupart j dans un fécond mémoire fur les phof- c ^^^ phores que nous donnerons en entier (a) , puifque j'ai trouvé , dit-il , "^e*^" tant de pliofphores en tout genre, pourquoi n'en exifteroit-il pas encore Bologne, beaucoup davantage? Pourquoi les pierres précieufes , les métaux, &: bien d'autres chofes encore ne feroient-elles pas dans ce rang ? Si elles u ne paroilfent avoir aucun éclat dans les ténèbres , ne feroit-cepas plutôt ' à la foiblelfe de notre vne qu'à leur obfcurité qu'il faut s'en prendre ? Il poulie enfin rindudion jufqu'à foupçonner que tous les corps indiftinâre- ment , & lui-même , font des pliofphores , ou peuvent aifément le de- venir , & qu'ils ont tous peut-être autour d'eux une atmofphere de lu- mière i toutes chofes qui ne doivent être avancées qu'avec une forte de timidité , mais qu'on auroit tort néanmoins de rejetter fans examen • car eft-il rien de ce que les phyficiens ofent affirmer aujourd'hui , qui n'ait d'abord été propofé avec quelque défiance ? S [/ R LE SON. F Eu M. Stancari ^ &c long-tems après , M. François Marie Zanotti onc diiferté fort au long fur le fon dans les féances de l'académie. Je vais d'abord rendre compte du mémoire de M. Zanotti , qui n'a point encore vu le jour , & qui d'ailleurs ayant ponr objet les fons en général, paroît être plus à la portée du conmiun des leéteurs. Quant à celui de M. Stancari , comme il ne roule que fur les différences des tons Se fur d'au- tres points de mufique plus difficiles & moins généralement connus , & qu'il a déjà été imprime avec les autres ouvrages de cet académicien , je me contenterai d'en donnet une légère idée. L'i"fenlité ou force du fon , félon M. Zanotti , eft proportionnée à l'élafticité de l'air & à fa denfité , de manière que , toutes chofes égales d'ailleurs , le fon eft d'autant plus fort ou plus foible , que le produit de l'élafticité de l'air multipliée par fa denfité , eft plus grand ou moindre. Je m'explique. Comme on ne peut appeller un fon plus fort ou plus foible que par comparaifon avec un autre fon , il eft d'abord néceflaire de fuppofer un fon connu & formé dans un air dont on connoifte la den- fité & le relTort , auquel on puilTe comparer les autres fons. Je donne à ce fon le nom de premier Se je fais de la manière fuivante la comparai- foti dont je viens de parler. Je commence par multiplier l'élafticiré de l'air dans lequel le/>r<;OTii.T fon a été formé par la denfité de ce même air & j'en note le produit. Suppofons , par exemple, que l'élafticité foit i , & la denfité pareillement i ( car dans ce premier fon , on peut fuppofeî (") Foy '^' fait aucune. Ces deux fels s'accordoient davantage dans leur manière de précipiter les diflolutions. Jettes dans la dilTolution de fublimé corrofif dans l'eau de pluie , ils le précipitèrent l'un & l'autre en une poudre blanche & de la même façon, mais notre fel donna un précipité plus abondant que le fel marin ^ il communiqua aufli au magiftere de Saturne une couleur rouge plus éclatante. Je reprends maintenant la relation du voyage. Après avoir vifité le gouffre de Saxoli , M. Galéati fe rendit fur le mont Zibio , fameux par les fources de pétrole. Elles font éloignées d'environ cinq cents pas du lieu où ell le gouffre. Elles, jailliffent des bords de la montagne , com- munément auprès des ruilTeaux qui roulent fur fon penchant j l'eau ea ACADÉMIE DE BOLOGNE. ix-j cft reçue dans des creux où elle féjoiirne , & l'huile de pétrole nage fnv==f=^ fa furface. Toutes les fources n'en font pas également chargées \ mais Académie dans celles même où elle abonde le plus , la quantité en ell encore très- c ,t«cES modique, comparée à celle de l'eau. Et fi les habitans du canton n'a.- pg voient foin ^ lorfqu'à certain? jours marqués , ils viennent recueillir le Bologke. pétrole , de puifer en mcme-rems toute l'eau , cette eau furmontant bien- ■ tôt les bords des puits & de; réfervoirs où elle eft renfermée , fe répan- u j • j « ■* v, iM 1 /- • j n • 1 ' Histoire. droit de tous cotes &: 1 huile leroit perdue. Parmi ces puits , il v en a un que les habitans difent avoir été creufé depuis quatre cents ans , & qu'ils nomment la vieille fource. On croit que c'eft la même dont parle Bacci , & qu'il alfure avoir été (x fort abondante en huile , qu'on en re- tiroit autrefois, chaque jour , jufqu'à quarante livres , quoique de fon tems , elle n'en fournît pas au-delà de huit. Aujourd'hui , on n'en retire plus qu'une livre par jour, du moins pend.Ant l'hyver & dans des tems humides &c pluvieux ; car pendant l'été , lorfque le ciel eft ferein & que le vent fouffle avec force , on en recueille un peu plus. Au refte , les obfervations que M. Galéati a faites fur cette fource & fur les autres , s'accordent fi bien avec celles de Ramazzini , d'Ariofti & autres , qu'on ne fauroit rien ajouter à celles-ci. Il fe borne donc à expofer les expériences qu'il a fait avec le thermo- mètre fur la chaleur de ces fources , attention qui avoit échappé aux ob- fervateurs qui l'ont précédé. U entra pour cela dans un puits voifin du ruifleau nommé Sianca. Ce puits eft une petite caverne taillée fur le penchant de la montagne , du côté du levant. Son ouverture eft de cinq pieds &: fa profondeur eft fi grande , qu'elle pénètre jufqu'à trois pieds au-delfous du fond du ruilfeau , l'eau s'y élevoit alors à la hauteur d'un pied , & il n'y furnageoit qu'une très-petite quantité d'huile. U plongea dans cette eau fon thermomètre , qui étoit alors 315 degrés , 5 lignes. Cinq minutes après , il remarqua que la liqueur étoit defcendue à i j detrés , 5 lignes , chaleur qui répond à celle qui eft exprimée par 10 pouces & environ 6 lignes au-delfous de la chaleur de l'eau bouillante j dans le thermomètre de M. Stancari , &: à celle qu'on éprouva à Bologne , le ii feptembre , 1719^ vers le midi , tandis que le vent d'oueft fouffloit & qu'il bruinoit légèrement. M. Galéati fe rendit enfuite à un autre puits éloigné de cent pas du premiej:, & creufé au nord de la montagne , auprès du ruilfeau nommé Siano. Comme il contenoit une plus grande quantité d'eau , celle de l'huile y étoit aullî plus confidérable. La liqueur du thermomètre def- cendit , dans le même efpace de tems , 6 lignes plus bas dans ce puits que dans le premier ; ce que M. Galéati attribue avec vraifemblance à fa profondeur qui étoit plus grande. U monta enfuite avec fon baromètre au fommet delà montagne j pour en mefurer la hauteur. Le mercure s'y fixa à iô pouces , 6 lignes. Sui- vant d'autres obfervations faites à Bologne à-peu-près à la mt-me heure , Ff ij 2i8 COLLECTION ACADÉMIQUE, -le baromètre ctoic à zy pouces, 6 lignes. En comparant ces deux hau- AcADEMiE tg^fs , on trouve par la méthode ci-deirus expofée , que le mont Zibio ç^,'^!,^to elt élevé de 045 pieds au-delTus de la mer , &; de 8zî au-deffus du 5CIENCES , , ^^^ '^ 1 n I j,g quartier le plus bas de rsologne. Bologne. En defcendant la montagne , M. Galéati s'attacha à la recherche des corps marins. Il découvrit un ^rand nombre de coquilles pétrifiées, ij,^^„,„r dont même des rochers entiers croient formés. Mais il nen trouva pas Histoire. ,,,,,, • r • - 1 j ^1 de plus belle qu une conque , qui , ayant lejourne long-tems dans la marne, avoir fi bien confervé tant à l'extérieur qu'à l'intérieur , l'éclat de fa fubftance margarititere , qu'on l'auroit crue récemment tirée de la mer. Il ramafla aulli des morceaux allez gros de corail, qui ^ parleurs linéamens très-bien exprimés & par leurs pores , ne pouvoient être mé- connus pour de vrais lithophytes. 11 en a porté depuis quelques-uns dans le cabinet de l'inftitut , pour enrichir la coUeélion des fofliles Se pour fervir de monumens indubitables du déluge ; car M. Galéati a adopté l'opinion de Wodward _, & il penle que les lithophytes en queftion lui font extrêmement Favorables. Quelques naturaliftes , en effet , ont pré- tendu que les poilfons îk; les autres corps marins enfevelis dans les cou- ches de la terre , pouvoient bien avoir été portés dans le fein des monta- gnes , avec les eaux de la mer , par des voies fouterraines. Mais com- ment admettre cette fuppolition par rapport aux coraux , qui , attachés aux rochers , ne flottent point au gré des eaux, il n'eft donc pas poffible qu'il ayent été tranfportés fur de hautes montagnes , fans que les eaux de la mer foulevée &c fortant de leur lit , fe foient répandues fur tonte la furface du globe , en brifant Se renverfant tout ce qui s'oppofoit à leur effort. Mais je lailTe à d'autres le foiii de décider cette queflion. Les fragmens de corail trouvés par M. Galéati furie mont Zibio , reffemblent parfaitement au corail articulé de Ferrante Impérati ; & Auguftin Scilla aflTure dans fon ouvrage intitulé: La vana fpecula-^ione dijlingannata dal fenfo , avoir trouvé des fragmens du même genre fur les collines de Melfane. Le Zibio eft la dernière des montagnes où M. Galéati ait trouvé des corps marins. En continuant fa route jufqu'au mont S. Pellerin , & montant toujours à mefure qu'il avançoit dans le pays , il ne put malgré des recherches foigneufes j découvrir le moindre veftige de produiSlions marines. Cette circonftance , à laquelle il ne s'attendoit pas le fit pancher fortement vers l'opinion que M. le comte Marlîgli rouloit depuis long- tems dans fon efprit , favoir , qu'il n'y a aucuns corps marins fur les montagnes fort élevées j mais feulement fur celles d'une hauteur médio- cre , &: qu'ils y font communément renfermés dans les couches honfon- tales. Cette opinion appuyée fur les obfervations de M. le comte Mar- lîgli & enfuite fur celles de M. Galéati , a cependant befoin d'être con- firmée par d'autres obfervations faites avec foin fur toute l'étendue du globe. Nous ne fautions donc trop inviter les perfonnes qui ont à ç«l« ACADÉMIE DE BOLOGNE. 229 les progrès de l'hiftoire naturelle & qui auront occAfion de vova'^er fur les" montagnes , à s'occuper de cer objer. Nous efpcrons qu'en mefnrant la ^''^'^^"'^ hauteur de chaque montagne & obfeivant julqu'à quelle élévation en Sciences trouve des corps marins , 011 parviendra enfin à déterminer le plan hori- de fontal au-delîus duquel les montagnes en font dépourvues. Ceux qui Bologne. établiront d'une manière inconteftable ce phénomène que MM. Mar(î gli & Galéati n'ont fait que foupçonner , pourront fe flatter d'avoir en- Histoire. richi l'hiftoire naturelle d'une belle découverte. M. Galéati étant p.uvenu au lieu nommé Folta , (Itué au pied du mont S. Pellerin , à l'endroit où le fieuve Secchia fe joint à la Rafenne , il trouva que la hauteur du baromètre étoit de 23 pouces ,1X7 lignes ; & comme il apprit enfuite que , dans le mème-tems , il étoit à Bolosne, à 27 pouces ; 6 r lignes , il en conclut que ce lieu eft: élevé d'envïron 585 pieds au-delTus de la mer, &: de 463 au-delFus de Bologne. Gra- vilTant enfuire fur la montagne , il s'arrêta à Frajfino , qui eft à-peu- près au milieu de fon penchant. Il y confulta de nouveau fon baromè- tre , & trouva que le mercure étoit à 24 pouces , 7 lignes j d'où il con- clut que ce lieu s'élève au-delTus de la mer d'environ 3021 pieds. Cette élévation eft le terme au-delà duquel cette montagne n'eft plus fufcep- tiblede culture: les grains n'y viennent pas, & l'on n'y rencontre plus que des hêtres , des arbres fauvages & des herbes très-menues. M. Ga- léati étant enfin parvenu à la cime de la montagne , qu'on appelle pro- prement mont S. Pellerin, il trouva le baromètre 323 pouces 3 liones : ce qui lui fie connoitre que cette montagne s'élève d'environ 4840 ^ieds au-defius de la mer & de 4718 au-delFus de Bologne. Du mont S. Pellerin , M. Galéari partit pour Fanano , pour fe rendre enfuite au mont Cimone , le plus élevé de tous ceux de cette contrée , & fameux par les plantes rares'qu'il produit. H fe propofoit de gravir jufqu'à la cime pour en mefurer la hauteur ; mais malheureufemenr fon baromètre , qui , jufqu'alors , avoir échappé à tous les dangers du voyage, fut brifé tout-à-coup , hors d'érat , par ce fâcheux accident ^ de mefurer la hauteur du mont Cimone & de tout autre lieu , il voulut au moins re- connoître quelle étoit la température de l'air fur cette montagne. 11 porta fon thermomètre fut le fommet , l'efprit de vin y defcendit a i 5 degrés , I ligne , chaleur qui répond à celle qui eft marquée , au thermomerre de M. Stancari , par 10 pouces au-dedous de la chaleur de l'eau bouil- lante. C'eft la chaleur qu'on éprouve à Bologne, au mois de juillet, avant le lever du foleil , & en feptembre , à midi. C'eft à midi du 6 juil- let que M. Galéati fit fon obfervation. Le ciel étoit ferein & prefque fans nuages. Ce jour fut un des plus chauds de cette annce. On voit donc que les plus fortes chaleurs qu'on éprouve au fommet du mont Cimone , n'excèdent pas celles du mois de feptembre à Bologne ^ une circonftance qui mérite encore attention , c'eft que depuis le lever du foleil jufqu'à jnidi j tems que M, Galçati mit à monter du pied de la montagne juf. ijô COLLECTION ACADEMIQUE, - qu'à la cime , la liqueur du thc-tmometie ne s'éleva pas de plus de 9 11- AcADEMiE gi^gj . [2,.,ji3 qu'aïUeuis elle mente commmunément de 32 , dans le mè- Sci'^NCEs ms efpace de rems. DE M. Galéati heiborifa enfuite fur toute l'étendue du mont Cimone , Bologne, comme il avoit fait iur les autres montagnes. 11 y fit une récolte abon- dante de plantes rares j telles que le muj'cus terreftris , caulibus Jingulari- HiSTOiRE. bus foids ereclis Raïi ; lemufcus cuprejfiformis fquammofus , Toutnefort^ le fedum alpinum tenium , column. V ocïmoïdes mufcofa , pouce j le rapunûnum anguJilfoUum column. l'afier montanus Cdruleo magno flore , Cafp. Bauhin , & plufieurs autres , parmi lefquelles je ne dois pas oublier le trïfolïum flhrinum ou menianthes des botaniftes modernes , plante réputée pour un excellent antifcorbutique. Il en trouva beaucoup auprès d'une fource qui jaillit un peu au-deiïous de la cime de la montagne , vers le couchant , & qui jette une grande quantité d'eau. M. Galéati avoit trouvé auparavant au côté oppofé de la montagne , une autre fource encore plus abondante , qui jaillilfoit avec plus de force & qui étoit même plus près du fommet. Ces deux fources lui femblent infirmer beaucoup l'hypothefe qui attribue l'origine des fontaines aux eaux de pluie & de neiges tondues , ramaffées dans d'immenfes réfer- voirs qu'on fuppofe creufés fous les montagnes des mains de la nature. Suivant cette hypothefe , toutes les fources devroient être au-deffbus de ces prétendus réfervoirs j aucune ne devroit jaillir au-deflus ; ce qu'on ne peut gueres fuppofer par rapport 1 celles qui fe trouvent dans des lieux élevés & plus hauts que toutes les montagnes circonvoifines. Ajoutez à cela que la quantité d'eau contenue dans les réfervoirs fouterrains , fup- pofe qu'ils exiftent , auroit dû être alors extrêmement diminuée , à caufe de l'extrême ciialeur & de la féchereffe de la faifon , cependant les fources dont j'ai parlé , & fur-tout la plus élevée , étoient d'une abondance fur- prenante , je fais que , pour réfoudre cette difficulté , on a recours à des tuyaux récourbés qui conduifent les eaux qui jailliffent fur les hautes montagnes , d'une montagne encore plus élevée , quelque éloignée qu'elle puifle être. Mais comme chacun a la liberté de propofer fon fentiment là- deflTus , M. Galéati doit jouir à fon tour de celle de propofer fes doutes. M. Galéati trouva , au milieu de la pente de la montagne, une troifieme fource , que les habitans nomment Beccaddlo ou Paragino. Elle étoit aufll très-abondante , ce qui e(l moins furprenant que dans les deux autres. L'eau de cette fource étoit plus froide que celle des deux premières ; Se M. Galéati y ayant plongé fon thermomètre , qui étoit alors à 15 degrés, ï ligne , la liqueur defcendit , dans l'efpace d'un demi quart d'heure, à 9 degrés , i ligne ; c'eft-à-dire , qu'elle bailfa de 48 lignes , chaque de- gré en contenant 8. C'eft le froid qu'on éprouve ordinairement à Bolo- gne pendant l'hyver , lorfque la terre eft couverte de neige. Cette fon- taine jaillit du côté du nord , à l'endroit où la Cimone forme , en s'éten- daiit , une plaine dont le revers eft dominé par la cime de la montagne j ACADÉMIE DE BOLOGNE. 231 plus roide & plus inacceflîble de ce côté que par-tout ailleurs. Cette plaine === efl: couverte d'une quantité prodigieufe de fauterelles. On y trouve dis Acalemie paturagc-s pour les chevaux. Le myrtille y eft très-commun. Sciences Du mont Cimone, M. Galéati fe rendit i Barigatia , lieu fameux par jj£ les damnées qui y fortent fréquemment & inopinément de la terre. Il elt Bolockf. vis-à-vis du Cimone , du côtédu couchant , à environ 1 1 millepas de dif-^^—. tance. Notre académicien vit fortir de la terre, à diverfes reprifes , des Histoire. flammes qui s'élevoient à. la hauteur d'un pied Se quelquefois de deux. Elles relfembloient par leur couleur .à la flamme ordinaire ; mais leur étendue étoit ù conlidétable qu'elles avoient fix pieds de longueur ; elles en ont même jufqu'à vingt & trente dans les éruptions plus violentes, félon ce que M. Galéati apprit des habitans de ce canton. Elles rcpan- doient une odeur de foufre j ce qui indique qu'une matière fulfureufe en efl l'aliment. Quoique cette odeur fût plus fenfible à une certaine dif- tance , que lorfqu'on s'approchoit de plus près , la chaleur des flammes ne fe faifoit fentit qu'à un très-petit elpace ; Se à trois pieds d'cloigne- ment , le thermomètre n'eu éprouvoit aucune action ; dans les flammes même la liqueur ne monta que de huit lignes. Si l'on frappe rudement la terre , ou h Von répand de l'eau fur l'endroit d'oîi les flammes fortent » elles s'éteignent fur le champ , pour reparoître quelque-tems après avec [)lus d'abondance & de force. On les voit indifléremment dans toutes es faifons j mais il ne fe fait point d'éruption lorfque la terre eft hu- medée par des pluies abondantes , ou qu'il règne quelque vent violent. Les habitans du pays ^ penfent que ces flammes communiquent , pat des voies fouterraines , avec d'autres flammes qu'on voit au côté oppofé de la montagne , à l'endroit nommé Fe: ; Se ils fe fondent fur ce que les unes augmentent quand les autres viennent à celfer. Quoi qu'il en foit , il eft probable que ces exhalaifons ne font point chaudes tant qu'elles font renfermées dans le fein de la terre , & qu'elles ne s'enflam- ment qu'au moment qu'elles éprouvent le contaét de l'air. C'eft ce qu& paroit prouver ime fontaine d'eau douce qui jaillit tout auprès. Quoi- qu'elle ait une odeur fulfureufe j elle n'eft pas moins froide que les au- tres 5 elle parut même l'être davantage au fond qu'à la furface , peut- être parce que celle-ci avoir été échauffée par le foleil. On ne doit pas être lurpris que la nature ait , dans la produélion de ces flammes j le fecret d'un procédé que MM. Homberg &: Lemery ont bien pu imaginer pour la compofition de leur pyrophore , lequel ne s'enflamme que pat le^ contaét de l'air. M. Galéati pourfuivit fa route vers le mont Bonello , autrement ap- pelle Fejiino , éloigné de Barigatia d'environ vingt mille pas, Se renom- mé pour fes fources de pétrole. Les puits où on la ramafloit , étoient au- trefois plus nombreux. Ils fe réduifent maintenant à trois. Tous les au- tres ne contiennent que de l'eau &: du limon. L'huile coule rarement fans eau , & plus celle-ci eft abondante , moins elle charrie d'huile. Pour ta- iji COLLECTION ACADÉMIQUE, = cueillir celle-ci , il eft nécelTaire , comme dans les puits du mont Zibio ," Académie^ pgyj. 1^ rnême raifon , d'épuifer eu même-tems toute l'eau. Au lefte, ç ^ le pétrole qui coule du mont Bonello , eft limpide & tianfparent , ce qui DE le rend de beaucoup prctcrable à celui du mont Zibio, qui eft d'un rouge Bologne, brun. Tous ces puits font creufés dans une plaine vafte mais inégale , qui produit des plantes , des arbuftes & même des arbres. Us ne tiennent Hrc-r^TOE pas même toute l'étendue de la plaine ; mais ils font renfermés dans une enceuite d environ cinq cents pieds. Un n en trouve point au-delà. L ou- verture de cbaque puits eft d'environ fix pieds de diamètre : leur pro- fondeur varie \ mais elle n'a jamais moins de cinquante pieds , ni au- delà de foixante-dix. M. Galéati étoit porté à croire que les fonds de tous ces puits &: de ceux du mont Zibio , étoient dans le même plan lio- rifontal ; Se fon opinion lui paroilloit d'autant plus probable, qu'elle lui ctoit fuggérée par la feule infpeftion & comparaifon de ces lieux. Mais dépourvu de baromètre j & hors d'état de mefurer l'élévation du terrein , il abandonna une conjeélure qui lui paroilToit dénuée de preuves , regret- tantplus que jamais la perte de fon inftrument. Au refte , tout ce qui concerne ces puits , l'huile qu'on en retire , & la manière de la recueillir , eft décrit avec la dernière éxaftitude dans la lettre de Ramazzini à l'abbé Vialli , qui a été depuis imprimée à la fuite du traité d'Ariofti fur l'huile du mont Zibio. Nous y renvoyons le lecteur. M. Galéati a cependant fait une obfervation que je ne fâche pas avoir été faite avant lui. Il plongea le thermomètre dans l'eau d'un de ces puits ; la liqueur defcendit de 1 5 degrés , 2. lignes à i i degrés , cha- leur qui répond à celle qu'on éprouve à Bologne , au mois d'odtobre au lever du foleil. F/K de l'HiJloire. MbMOmES ÎS4.i4.i.i4. 4.4.4. 4.V,w'4J-l4.-W.+4.a.+*++*4-4. 4.4. itj. 4. 4. 4.jn!rj3J::p** <-»♦** MÉMOIRES £)£ £ ACADÉMIE DE BOLOGNE. K'-t: *i*5î5^ =»!*.> SUR L'EXISTENCE DU FER DANS LES CORPS. Far M. Dominique Gufman GalÉATI. ^^^/it 'Existence du fer dans un grand nombre de corps _, ou du !=^ ■^'^i'^rnoins celle de la plupart des principes qui le compofent , eft Académie .îîwy.V.fflune vérité que peu de perfonnes ignorent aujourd'hui. Les ex- _ ^^^ *ji_I_^'" ■ ■ '^1 Li 1 r ?i j u j p j' Sciences ^Â^^^À'S pcnences innombr.rbles par lelquelles des membres de 1 acadé- mie des fciences de Paris ont dévoilé ce merveilleux fecret de la nature , Bologne. ne permettent plus d'en douter , & il ne refte, pour mettre cette décou- verte dans tout fon jour, qu'à la vérifier dans chaque produdtion de la.,. „ „,, natute \ mais on doute encore li ces particules rerrugineuies qu on trouve par l'analyfe des mixtes , y exiftoient aupar.ivant ^ ou fi c'eft l'aétion du feu qui les forme par une nouvelle combinailon des parties. MM. Géof- troi & Lemery , qui fe font exercés fur ce fujet pendant plufieurs an- nées , ont tâché d'éclaircir ce myftere. Le premier croit , d'après diver- fes expériences , pouvoir regarder ce fer comme le produit du feu ; mais l'autre prouve par l'expérience & le raifonnement qu'il fe trouve naturel- lement tout formé dans les corps. Cette queftion me parut mériter auffi votre attention ; & je réfolus de faire quelques expériences relatives à cet objet , me propofant , fi elles m'offroient quelque fait favorable à l'une ou à l'autre opinion , de vous en faire part , &: m'eftimant heureux fi par mes travaux & fur-tout par vos avis , je pouvois parvenir à répandre quelque jour fur des phénomè- nes que la nature dérobe encore à notre curioiité. Notre ingénieux col- Colkcl, Acad. pan. ur. Tome. X, G g 2J4 COLLECTION ACADÉMIQUE, ' . -lègue M. Jofcph Monti a bien voulu féconder mes efforts , en me four- AcAEEMiEj^,[j^i^j obligeamment les différentes fubftances , les inftrumens & tout Sciences l'*"iraii dont j'avois befoni pour mes expériences , Se en m'aidant mê- EE me de fes foins ôc de {es confeils. Si donc vous trouvez dans ma differ- BoLOGNE. ration , quelque choie qui ne foit pas indigne de vos éloges , il doit en [■.iiT-ijTpr l'honneur avec moi. MÉMOIRES ^^ ^^'^ d'abord expofer les raifonnemens & les expériences qu'ont fait les deux académiciens fiançois , tant pour développer la nature du fer & trouver les moyens de l'extraire des corps par l'analyfe , que pour établir chacun leur opinion. Je rapporterai enfuire parmi les obfervations que j'ai faites fur le même fujet , celles qui m'ont paru nouvelles ou propres à confirmer ou à ébranler quelque point important de la doéttine de ces deux auteurs. Us ont d'abord commencé par examiner les principes conftitutifs du fer, qui font, lelon M. Geoffroy j la terre , l'huile ou le foufre ,& les fels acides ou vitrioliques ; & félon M. Lemery , la terre & l'huile feule- »nent , à l'exclurion des fels acides , qui dit-il , ne fe trouvent dans le fer qu'accidentellement, & parce qu'ils ont été dépofés dans fes pores par l'air ou les corps ambians. L'un & l'autre prouve l'exiftence de l'huile ou du foufre dans le fer , par Textrême inflammabilité de la limaille jettée dans le feu. Se des vapeurs qu'exale la folution de ce métal dans certaines liq'ueurs acides , par fa duéWité , & par fes effets relatifs à la médecine. M. Geoffroy fonde fon opinion fur ce que les fels acides & vitrioli- ques concourent à la formation du fer , fur la faveur acide de fa rouilla , laquelle réfulte j félon lui , de la folution de ces fels par l'humidité de l'air , ou de quelqu'autre menftrue ; & particulièrement fur ce qu'il a trouve une grande quantité de particules ferrugineufes dans un m'tlange d'argille & d'huile de lin , & dans le caput monuum des huiles de vitriol, de tartre Se de thérébentine diftillées enfemble à un feu violent. Mais M. Lemery prouve le contraire par la nature même de la rouille , qu'il attribue à l'éroiion des parties huileufes du fer au moyen des fels contenus dans l'air , ou dans quelqu'autre menftrue , Se non pas aux fels acides naturellement exiftans dans le fer ; Se par l'aftion de ces mêmes Tels acides fur ce métal , puifque j bien loin d'entrer dans (x compofirion , ils le diffûlvent Se le décompofent , au contraire , lorfqu'ils agiffent libre- ment fur lui ; & quant aux particules ferrugineufes trouvées dans les ré- fîdus de l'argille & des huiles fufdites j cela ne prouve pas , félon lui , que les fels acides entrent dans la compofition du fer , mais que le fer exifte naturellement dans l'argile & ces huiles ; opinion qu'il appuyé fur plufieurs raifons dont je relèverai quelques-uns. L'un Se l'autre tiennent pour certain que le fer a des vertus & des pro- priétés différentes , félon que fes principes font différemment combinés ; Se , pour ne rien dire ici de fes effets en médecine , ils s'attachent à le ACADÉMIE DE BOLOGNE. 135 confidcrer en tant que difToliihle dans certains menftrues ou attirable- p.u- l'aimant. Us conviennent encore que les fels , ou plutôt les liqueurs Académie acides font les dilTolvans univerfels du fer , 6c qu'ils font tous avec lui Sciences une cft'etvefcente plus ou moins forte. Mais ils différent en ce que M. de Lemery , attribuant à la partie huileufe du fer , fa dilîolubilitc dans les Bologne. acides 8c fon cftervefcence avec eux , penfe que la diirolution & l'efter- vefcence n'ont plus lieu, lorfqu'on le dépouille en entier de fon huile ;Miw^,ni:e: au lieu que M. Oeottroy , comptant les lels acides parmi les principes du fer, prétend que lî ces fels celFent de produire fur lui des effets fenfi- bles , c'eft lorfqu'il en eft entièrement faouié. Ainlî expliquant les mêmes phénomènes d'une manière tout-à-fait différente, ils alfurent que.les petites Ivnilcs qui fe forment, lorfqu'on brûle du f<5t»fre dans du fer fondu , ucpiouvent pas la vertu dîtfolvante des acides. Se ne font point eftervefcence avec eux; & qu'il en eft de'^même des particules du fer calcinées par une longue combuftionj ou emiére- ment rongées par la rouille. ^ Quant à l'aétion de l'aimant fur le fer , elle a principalement lieu ,''' félon eux j lorfque les molécules terreufes & falines , s'il y en a , font , dans leur combinaifon , difpofées de la manière la plus convenable pour recevoir librement les écoulemens magnétiques ; de forte qu'elles éprou- ^ "«^ vent d'autant plus fortement cette aétion , qu'elles font plus dégagées d'avec les patticules huileufes Se acides furabondantes , Se moins char- gées de parties hétérogènes j Se d'autant moins au contraire , que ces lubftances étrangères y abondent davantage. Ainfi l'acier qui eft plus pur que le fer ^ & le fer lui-même qui a été dépouillé par un feu de fufion de la plus grande partie de fon huile , font plus promptement Se plus parfaitement attirés par l'aimant , que le fer natif; au lieu que le fer rouillé ou mêlé avec d'autres corps , n'eft attiré que foiblement Se len- tement ; & qu'il ne l'eft pas du tout même, lorfqu'il eft changé çn crocus ou quelqu'autre fubftance femblable. Fondé fur ces obfervations , M. Lemery penfe que le fer entièrement dépouillé de fon huile propre , non feulement éprouve plus fortement l'impreffion magnétique , mais encore peut fe charger des écoulemens qui lortent de la terre comme d'un grand aimant , au point de le devenir lui-même ; ce qu'il prouve par la grande analogie qui fe trouve entre les principes de l'aimant Se ceux du fer , par la facilité avec laquelle l'ai- mant pulvérifé eft attiré , comme la limaille de fer , par un autre ai- mant , &: fur-tout par l'obfervation finguliere d'une barre de fer placée verticalement depuis un grand nombre d'années au fommet d'une tour, expofée à l'aftion du foleil & aux injures de l'air j laquelle avoir été Ci fort altérée par la rouille Se enfuite par l'ardeur du foleil , que j fa par- tie huileufe s'étant entièrement dillipée , 8c fes pores s'étant exttêmement dilates , ou du moins ayant pris un autre arrangement , elle avoir été changée en un aimant parfait. 11 croit même que le fer peut fubir la ns- 236 COLLECTION ACADÉMIQUE, , = me ou une femblable altération dans le fein de la terte , ce que l'aimant Académie j^>g^ autre cliofe que du fer ainfi altcrc. Sciences Enfin ces deux auteurs ont obfervé que , comme par l'addition des DE corps étrangers le fer perd en partie &: quelquefois en entier la propriété Bologne, qu'il a d'être attiré par l'aimant , de même il la recouvre aifément , Ii .ou l'expofe à un feu do fufion , ou fi on le brûle par l'addition de l'huile Mémoires °" '^'•' ^'^^^'^^ '■> ce que M. Lemery a éprouvé fur la rouille , le crocus Se même le vitriol de mars. Ces propriétés du fer par lefquelles les obfervateurs françois ont tâché d'en reconnoître la nature & les principes , leur ont auflî paru propres à leur en dévoiler l'exiftence dans différens mixtes. Ainfi , M. Geoffroy , qui , le premier , a traité cette matière dans les féances de l'académie , après avoir trouvé du fer dans le mélange d'ar- gile &C d'huile , & appris par l'expérience à le découvrir Se , félon lui , a le former dans les corps où il ne fe montroit point auparavant, a exa- miné les cendres d'un nombre infini de plantes , Se a trouvé des particu- les ferrugineules dans toutes, mais plus dans les cendres des herbes , que dans celles des arbres Se des arbriffeaux. Cet auteur s'imagina que , dans les plantes ainfi que dans les argiles Se les autres mélanges , c'étoit toujours l'aftion du feu qui tormoit ces particules ferrugineufes , par l'union intime des fels acides , du foufre Se de la terre qui en réfultoit. M. Lemery lui fit voir qu'on retiroit auflî quelques molécules de fer de l'argile calcinée fans huile ; & qu'ainfî elles n'étoient point formées , comme il le penfoit , par l'addition de l'huile & fa combinaifon avec les autres principes ; mais que l'aélion du feu ne faifoit que dégager ce fer déjà tout formé d'avec la terre Se les autres parties hétérogènes , Se le développer davantage. Mais il perfifla dans fon opinion , n'étant pas poffible , fuivant lui , que les argiles con- tinlLent naturellement une fi grande quantité de fer , qu'on y en trouve après leur combuffion avec les huiles. Mais M. Lemery tache de prouver l'opinion contraire par d'autres raifons & d'autres expériences. Il penfe que la même chofe arrive dans les argiles Se les plantes , que dans le vitriol de mars , lequel eft formé par combinaifon de la limaille de fer avec l'efprit de vitriol. Car , quoi- que ce mixte foit , pour la plus grande partie , compofé de fer , ce fer cependant y eff tellement caché , que j même après une légère calcina- tion , il n'obéit nullement à i'impreffion magnétique ; mais une calci- nation plus forte le révivifie de manière qu'il fe porte vers l'aimant avec la même vîtefTe que le fer natif. Tout de même , quoique le fer que les argiles & les plantes cachent naturellementdans leur fein, n'éprouve point l'aétion magnétique, lorfqu'on fait fécher ou qu'on pulvérife ces fubftances, il paroît cependant lous fa forme naturelle&devientattirable parl'aimant, lorfque par l'aélion d'un feu violent ou par l'addition du foufre , on le dégage des matières hétérogènes dans lefquelles il eft embarraffé. Arini^MIE DE BOLOGNE. 237 De plus il diftill.1 fc-parcment à un teu violent les huiles de- tluliébeii-' tine , ae vitriol & de tartre , dont M. Geoffroy s'ctoit fervi pour conipo- Académie ferfon fer artificiel ; & après en avoir bien fait fccher les rcfidus , il de- c °^^ couvrit , au moyen du couteau aimanté , des molécules ferrui;ineufes dans 'nl'^^* toutes : Si la même chofe eut lieu dans les huiles de lin , clolivi; & d'à- Rologne. mande douce ; ce qui prouve fenlîblement , dit-il , que ce fer n'elt pas -^— — . formé par l'action du feu & par le mêlante des huiles avec les autres lUé prmcipes , mais qu il exilte naturellement dans ces huiles. 11 n'ell: donc pas furprenant , ajoute-il , que , par l'addition des huiles , on trouve dans les argiles &: les autres ùibllances , une plus grande quantité de fer , puifque les huiles leur fournillent celui dont elles font chargées ,.ou du moins qu'elles développent les molécules feniigineufes _^rachcei dàrts^cs corps , les dégagent des acides & des autres patries hé- térogènes , les réunilfent Se les revivifient , comme nous le voyons dans les crocus. Aulli les fondeurs , pour faciliter la fulîon du fer , qui eft na- turellement très-difHcile , font-ils en ufage d'y ajouter des huiles ouque!^- qu'autre fubftance fulfureule. v Le même auteur examma , à cette occafîon , des morceaux de fer ré- \ cemment tirés de la mine , & , après les avoir concalfés, il obferva que \ les fragmens qui éprouvoient le moins l'acfion magnétique , étoient bien ^ ^/->»_ fouvent ceux-là même où le fer abondoit le plus"; Se qu'au contraire , ^V ceux qui contenoient le moins de fer , étoient plus fortement attirés l \^ expérience qu'il propofa à M. Geoffroy , pour lui faire voir que les argi- les & les autres mixtes pouvoient réellement contenir une grande quaii- *<«^ tiré de fer , quoiqu'on n'y en découvre que peu ou même point avant l'ac- ~V tion du feu &: l'addition du foufre. ' Mais comment le fer , malgré fa pefantenr Se fa dureté , peut-il fe faire jour à tr.ivers les tuyaux imperceptibles des plantes & monter juf- qu'à leur fommet ? Cette difficulté que M. Géofroy objeéfoit à M. Le- mery pour lui prouver la nécefllté de la réfolution du fer en fes princi- pes , celui-ci l'explique , non feulement par l'exemple de la végét.ition admirable de l'arbre chymique qu'on fait avec la diifolution du fer dans l'efprit de nitre , mais par les principes mêmes de M. Geoffroy. Selon ce dernier , en effet , les plantes contiennent une grande quantité d'acide vitriolique; or M. Lemety fait voir que le fer', qui, de l'aveu de M. Geoffroy , eft la bafe du vitriol natif, peut s'unir à cet acide , former avec lui du véritable vitriol , & , fous cette forme , s'inlinuer dans les vailTeaux des plantes , monter dans leurs rameaux , & parvenir jufqu'aux plus petites fibres , Se même jufqu'aux filets les plus déliés des fleurs ], puifqu'on a trouvé du fer même dans le miel. On ne doit donc pas être lurpris qu'après la calcination des plantes , les particules acides qui en- veloppoient le fer s'étant diffipées par l'aéfion du feu & des foufres , on retrouve ce métal dans les cendres fous fa forme naturelle. Je pourrois ajouter ici les obfervacioiis que les deux académiciens ont I i38 COLLECTION A C AD F^ U T Q TT F! : = taices Tui >.e fer qu'on retire par l'analyfe des mixtes; comme que les Académie j^^jg^j^j acides n'ont aucune prife fur lui _, non plus que fur le fer fof- c ^^^ file qui a long-tems éprouvé l'adtion du feu &c des fels acides ; ôc qu'il jjg elt dépourvu de cette grande malléabilité que le ter minéral polfede. Ces Bologne, obfervations Se d'autres femblables font également favorables à l'une & à l'autre hypothefe ; elles s'accordent d'ailleurs avec les miennes : je ne Mémoires "°^^ '^°"'^ P^^ devoir m'y arrêter plus long-tems , & je palTe à la féconde partie de ma differtation , qui contient l'expofé de mes propres expé- riences , avec des remarques fur celles que je viens de rapporter. Et d'abord , les raifons qu'allègue M. Lemery , pour prouver que les fels acides ne font point partie des principes du fer , ne me paroiiïenc pas aflfez concluantes pour exclure abfcylument ces fels de la compofi- tion de-Ce métal; car, outre qu'ils n'ont pas avec lui «ne telle antipa- thie j,>qu'ils ne s'y unilfent enfin Se ne fe combinent avec fes autres prin- cipe^, après une longue effervefcence , comme le prouve l'exemple du wîriol de mars 8c de quelques autres préparations du fer ; l'huile , que /M. Lemery regarde lui-même comme un des principaux ingrédiens du fer , eft-elle autre chofe que le principe fulfureux uni à des fels acides j , lefquels fe trouvent ainfi cachés , ôc félon le langage des chymiftes , forte- t r"""^ ment concentrés dans l'huile. Je ne crois pas non plus que M. Lemery ait eu beaucoup d'égard aux obfervations chymiques , lorfqu'il place dans cette huile la caufe de la folution du fer dans les efprits acides Se de fon effervefcence avec eux. 11 y a plutôt lieu de foupçonner que ces effets font dus aux parties alcali- nes contenues dans le fer , lefquelles s'en féparent & fe dilfipent par l'ac- tion continuée d'un feu violent ou de quelqu'autre menftrue , ce qui fait que les acides ne fauroienc plus enfuite agir fur lui. En effet , rien de plus commun en chymie que l 'effervefcence des alcalis avec les acides ; mais il n'en eft pas de même des huiles. Ainfi les expériences rapportées par les deux académiciens & que j'ai vérifiées , par lefquelles il confie que les crocus Se les autres préparations du fer qui a fubi pendant long-tems l'aftion du feu &: des fels acides , ne fouffrent plus aucune altératio'n de la part de ces derniers j doivent plu. tôt être expliquées par la dilîipation des parties alcalines , que par celle des parties huileufes ; à moins qu'on n'adopte l'opinion de M. Geoffroy , qui prétend que le fer n'eft plus alors entamé par les fels acides j parla raifon qu'il en eft entièrement faoulé. Mais que cela arrive par l'une ou l'autre de ces deux caufes , il eft aifé de voir que cette préparation de fer qu'on obtient par la fufion de ce métal avec des canons de foufre , & à laquelle les chymiftes ontdonné le nom de fafran de mars apéritif, mérite moins qu'aucune autre d'être employée en médecine à titre d'apéritif, comme EttmuUer le remarque fenfément. A défaut de cette préparation , je pris de ces bulles qui fe féparent du fer rougi, lorfqu'aufortir delafournaife, on le bat avec un marteau; & les ACADÉMIE DE BOLOGNE, 139 ayant jettées dans l'eau forte , elles n'y furent pas difToutes 8C ne fircni'^^ . -" aucune effervefcence avec elle j tout de même que le fafran de mars j ce "^^^^"'^ qui prouve que le fer ert quelquefois , par la feule fufion , altéré au Scif.nces point de ne pouvoir plus être entamé par les acides. de J'ai cependant encore remarqué la même chofe j avant la fiifton, dans Bologne. des fubftances martiales qu'on regardoit comme du fer très-pur , & dont les parties étoient naturellement difpofées en forme de crilfaux noirs ; Mémoireï ce qui donne à penfer que le fer éprouve peut-Crtre quelquefois naturel- lement la même altération dont je viens de parler , par l'effet d'une trop grande denfité , ou par fon union avec quelqu'autre principe. Après avoir conhdéré les effets que le fer épronve de la pan de fes menftrues , j'examinai l'aétion de l'aimant fur lui. Je m'alfurai que lorf- qac ce méthlfift engagé &: conime caché dans une trop grande quantité des {As acides ou d'autres fubftances hétérogènes , il ne fe meut pasTenfî- blement à l'approche de l'aimant ; ce que j'ai éprouvé non feulement Sans plufieurs crocus, &c particulièrement dans celui qu'on fait par la folu- tion du fer dans l'eau forte 8c fa précipitation par l'huile de tartre , mais ^ encore dans la limaille d'acier humeétée avec de l'eau Se bien palfce fur \ le porphyre. Je ne crois cependant pas que la principale caufe qui rend alors le *• ^ . -^^^ fer inaccelîible à l'imprelTion magnétique , foit fon union avec des parties hétérogènes , ou l'interpofition de celles-ci entre les molécules ferrugi- ' neufes &: l'aimant. 11 eft bien plus ptobable que cela vient d'un change- ^ ment de direétion dans fes pores Se d'une difpofition nouvelle qui le rend incapable de recevoir les écoulement magnétiques. Car il. eft certain que l'adlion de l'aimant fut un fer bien difpofé n'eft point interceptée par les corps intermédiaires. D'ailleurs j'ai vu de petits cailloux ferrugineux, tranfparens j envoyés à M. Monti par M. Schwenfelt , qui les a décrits parmi les fofliles de la Siléfie, dont quelques-uns étoient fortement attirés par l'aimant , & d'autres point du tout , à moins qu'on ne les eût con- cafles , quoique les uns & les autres paruftent abfolument femblables , tant au-dedans qu'au dehors. De plus la limaille de fer bien porphyrifée cefte d'éprouver l'aétion magnétique ; mais on lui rend cette faculté , fi on en forme de petites boules. Quant à ce que difent les obfervateurs françois que les préparations de fer dont je viens de parler , fe révivifient par l'adlion du feu , lorf- qu'on y ajoute de l'huile ou du foufre , enforte qu'elles redeviennent attirables par l'aimant , cela eft exadement vrai. Mais elles ne recouvrent pas par là la faculté d'être dllfolubles dans les acides, ni de faire effervef- cence avec eux ; ce qui devroit pourtant arriver , du moins en partie j, félon moi , f\ , comme le penfe M. Leniery, ces effets étoient dus à la partie huileufe du fer. Je voulus encore éprouver fi la poudre d'aimant , qui , comme le fer, eft attiré par un autre aimant , fe difToudroi: aulli , comme lai , dans les Académie DES Sciences DE Pologne. Mémoires J Z40 COLLECTION ACADÉMIQUE, acides & feroit efFervefcence avec eux. Mais ils n'eurent fenfiblement aucune adlion fur elle ; ce qui paioît être une nouvelle preuve de l'o- pinion du même auteur fur la polllbilité du changement du fer en aimant. J'aurois à vous rapporter un grand nombre d'expériences que j'ai faites pour vérifier d'autres obfervations des académiciens françois. ^Mais pour ne pas abufer de votre patience , je vais vous en expofer fommaire- ment les réfultats. On trouve , par la calcination ^ dans les terres &: les argiles préparées à la manière que Glauber a imaginé le premier , &: que les académiciens françois ont fuivie , un grand nombre de particules ferrugineufes , com- me M. Beccari , notre illiiflre préfident , vous l'a fait voir autrefois dans une de -nos féances ; & ce nombre eft plus grand dans les unes & moin- dre «Hns les autres. L'ochre qu'il a examiné le premier j lui oftrit un plyw grande quantité de fer que les argiles. J'examinai la terre rouge & "ne autre terre employée dans la peinture fous le nom de Tenu d' Om- bra : & je trouvai que celle-ci contenoit encore plus de particules fer- rugineufes j de forte qu'on y en trouvoit davantage , quoique calcinée ùins huile, que dans les deux autres auxquelles on avoir ajouté de l'huile. J'y en trouvai même un aflez grand nombre avant la calcination j ce qui n'eft pourtant pas particulier à cette efpece de terre , d'autres m'en ayant auflî fourni quelques-unes , avant d'avoir fubi l'aftion du feu. L'examen des plantes fuivit celui des minéraux , & M. le comte Louis Ferdinand Marfigli , notre collègue & notre illuftre Mécène , ayant dé- liré que je filfe des recherches fur les plantes marines , elles furent l'ob- jet de mes expériences , aufli-bien que les plantes terreftres. Parmi celles-ci je choifis la petite centaurée , le chardon bénit & la bétoine. Je découvris dans leurs cendres, après en avoir féparé les fels , une grande quantité de particules ferrugineufes qui fe portoient vers le couteau aimanté , & plus confidérable même j qu'elle ne l'eft commu- nément dans les cendres des végétaux. La farine de froment calcinée m'en offrit encore plus que toutes les autres plantes. Bien plus j'en trouvai quelques molécules fines dans la fuie des fours , &c fur tout dans celle des cheminées. Mais les plantes marines m'en fournirent un plus grand nombre en- core. Le couteau aimanté m'en découvrit beaucoup dans les lithophy- tes de Tournefort & dans VAlcyonium filamentofum. Quant aux éponges , elles m'en ont offert une fi grande quantité ^ que j'en ai cru le fpeétacle digne de votre curiofité. Mais je n'en ai point trouvé du tout dans les plantes pierreufes , même dans le corail rouge , quoique les académiciens françois difent y en avoir découvert quelques-unes. Je paiïai enfuite à l'examen des animaux \ Se je parcourus les cendres de plufieurs efpeces. Je rrouvai quelques molécules de fer dans les chairs de coq calcinées , ainfi que dans les cendres des os de bœuf, &: mcme dans Académie DES CIENCES ACADÉMIE DE BOLOGNE. 141 dans celles de corne de cetf, où les académiciens François n'en ont vu aucune. Les cendres de vipère m'en offrirent aulTi quelques-unes. Les clo- portes 8c les vers de terre m'en fournirent une très-grande quantité , ce s^__.. qui ne me furprit point , la terre étant la nourriture ordinaire de ces ani- pg maux. Je ramalfai enfuite des particules ferrugineufes que javois retirées Bologne. de ces différens mixtes au moyen du couteau aimante , Se je les jettai dans des liqueurs acides. Elles n'en furent point entamées , ce qui s'ac- J^J|J^^Q,J^£J corde avec les obfervations des deux auteurs françois. Je voulus elTayer Ci elles n'éprouveroient pas non plus quelque altération de la part des li- queurs alcalines ; mais ces liqueurs n'agirent pas plus fur elles que les acides. Je crus donc pouvoir établir , comme une règle certaine , que tout fer qui n'eft pas attirable par l'aimant , n'eft pas non plus foluble dans les liqueurs acides ou alcalines ; mais que tout fer qui réfifte à l'aiftion de ces menftrues , n'élude pas pour cela celle de l'aimant. Ladif- pofition qui rend le fer attirable par l'aimant , étant apparemment plus inhérente à fa nature que celle qui le rend dilloluble dans les acides ou dans tout autre menftrue. Quoique , d'après ces expériences j l'hypothefede M. Lemery me pa- rût plus probable que celle de M. Geoffroy : l'opinion de ce dernier qui prétend qu'on ne trouve du fer dans les mixtes , que parce qu'ils en con- tiennent les principes élémentaires , ne me paroilToit pourtant pas entiè- rement dénuée de fondement : Se il pouvoit fe faire qu'elle fût vraie , du moins en partie. Quelques faits paroilfoient même lui être favorables. Aintî le corail rouge , le criftal de roche , le plâtre , la chaux commune, qui ne contiennent fenfiblement ni huile ni acides , ne fourniffent pas non plus la moindre particule de fer. J'imaginai donc de mêler ces fubf- cances avec de l'huile de lin , Se de les faire calciner de nouveau j pour voir fi , par cette addition , elles fourniroient quelques particules ferru- gineufes. Mais il en arriva tout autrement : Se je n'y en découvris pas davantage après cette féconde calcination , qu'après la première. Je mê- lai aulfi de la même huile avec des cendres de plantes , Se après les avoir expofées au feu , je n'y trouvai pas une plus grande quantité de fer qu'auparavant. J'examinai enfuite différentes fubft.mces martiales qui , dans leur état naturel , n'ctoient prefque poinr attirées par l'aimant , Se je vis qu'après une légère calcination j elles éprouvoient bien plus fortement fon aflion. La pierre hématite même & plufieurs marcalTites de fer qui , avant que d'être calcinées , n'offroient aucune particule fur laquelle l'aimant eût quelque prife , parurent entièrement ferrugineufes , après avoir fubi l'acftion du feu. Je reconnus donc que les molécules de fer qu'on retire par l'analyfc des mixtes y exiftoient en effet auparavant toutes formées j Se que l'hy- pothefe de M, Lemery étoit la feule véritable. Car fi j dans les fubftances ferrugineufes mêmes où ce métal fe ttoure ColUcl. Acad. pan. étr. Tome X. H h i4i COLLECTION ACADÉMIQUE, = iii afTez grande quantité , il arrive que fes molécules foient tellement Académie difpofces , ou tellement mêlées avec des parties hétérogènes , que l'ai- ç^°" ,, mant ne peut les y découvrir , doit-on être furpris que , dans les au- DE très mixtes , ou elles font d une hneUe extrême & unies a une inhnite Bologne, d'autres fubftances , elles ne fe manifeftent qu'après l'analyfe de ces .corps ? rp Wi, ,„,„,„ Mais l'hypothefe de M. Lernery tire un nouveau degré de vraifem- i:M01K£S , , ^ ^\ f .1 • r • ri i o i blance des obfervations que j ai taites lur les plantes & les autres corps qui naiflent & croilFent auprès des mines de fer. Je penfois que fi les particules ferrugineufes qu'on découvre dans les cendres des mixtes , étoient véritablement formées pat des atomes de fer auparavant exiftans & fimplement réunis parl'adion du feu en molécules plus confidérables , elles dévoient fe trouver en plus grande quantité dans les mixtes des lieux où le fer abonde davantage; & qu'au contraire fi elles n'étoientque lepro- duit du feu & de l'union des parties terreufes , fulfureufes & acides ^ les corps ne dévoient pas en être plus chargés dans un lieu, que dans un autre, ces principes étant vraifemblablement les mêmes quant à la qualité .S: à la quantité dans les mêmes efpeces de mixtes , en quelque endroit de la terre qu'ils fe trouvent. Je donnai donc à un médecin de mes amis , dont j'avois auparavant éprouvé plufieurs fois la prudence & la fidélité , auffi bien que la bienveillance , la commiffion de m'envoyer une alTez grande quantité de cendres de plantes &c d'animaux des environs des mines de fer du terroir deBrelTe , après les avoir fait calciner & préparer de la manière convenable pour les expériences que j'avois en vue. J'eus foin de lui mander qu'il eût l'attention de ne fe fervir , pour couper ou pour faire calciner ces fubftances , ni de coureau , ni d'aucun autre inftrument qui pût y introduire des particules ferrugineufes. Je reçus d'abord des cendres de plantes , & féparément des trois claf- fes de végétaux , favoir , des arbres , des arbrilTeaux & des herbes. Les arbres qu'on trouve dans ce pays-là, ne font pas de haute futaie ; mais feulement des noifetiers & d'autres petits arbres , dont l'élévation n'ex- cède pas beaucoup celle des arbrilfeaux. Il ne viennent qu'à la bafe & à la racine des montagnes d'où on tire le fer ; le fommet & le penchant font entièrement pierreux &C nuds , ou feulement parfemés de quelques herbes. Le couteau aimanté me découvrit dans toutes ces cendres , une quantité extraordinaire de particules ferrugineufes , quoiqu'il y en eût davantage dans les cendres des herbes feules ( car j'ai retiouve ici la même proportion , entre les cendres de ces dernières &: celles des plantes plus élevées , que les académiciens françois ont obfervce , & que j'avois déjà obfervé moi-même dans mes autres expériences fur les végétaux. ) Cette quantité fut cependant fi confidérable dans tou- tes , qu'on a peine à comprendre comment des êtres d'une ftruifture fi différente du fer , peuvent fe nourrir & prefque fe compofer d'une fubftance fi peu analogue à leur nature j & comment un métal £ dur l ACADÉMIE DE BOLOGNE. z4j Se fi pefant peut pénétrer dans les tuyaux imperceptibles des plantes. Pour mieux connoître encore la grande diftérence qui fe trouve à cet ''""'' égard encre les plantes de BreflTe & les nôtres ^ je pris , pour les compa- Sciences rer , une partie égale de cendres des unes & des autres j &c je découvris de avec admiration dans chacune des trois clartés de végétaux , que la quan- Bologne. tiré des parties ferrugineufes étoit au moins cent fois plus grande dans les plantes de Brefle , que dans celles de ce pays-ci. Mémoires Cette extrême différence me parut prouver que les plantes qui naif- fent aux environs des mines de fer , tirent de la terre qui y eft plus char- gée de ce métal , qu'ailleurs, avec les fubifances deftinées à leur nutri- tion , non pas feulement les principes dont le fer eft compofé , mais du fer déjà tout formé , & fimplement divifé en molécules alfez fines pour pouvoir fe faire jour à travers les plus petits vaifleaux & s'infinuer juf- ques dans les pores des fibres les plus déliées. Ainfi , quoique ces particules ferrugineufes échappent à nos fens par leur extrême fineffe & par leur union intime avec d'autres fubftances j & qu'elles ne devien- nent vifibles que lorfque l'aftion du feu les fépare d'avec ces matières , & les réduit en molécules plus confidérables , on peut cependant affiarer lu'elles y exiftent réellement , & qu'elles fe montrent à nous fous une orme étrangère , n'étant nullement vraifemblable que la fimple combof- tion ou analyfe d'une plante put y former fur le champ une fi grande quantité d'une matière fi peu reffemblante .i cette plante. Cette opinion tire une nouvelle force d'une expérience que je fis fur le fédiment d'une eau limpide qui coule auprès des mines de fer. Quinze livres de cette eau évaporées à une douce chaleur du foleil & du feu , dépoferent une petite quantité de terre , dont la moitié fe trouva être du fer ; quantité plus confidérable encore que celle que j'avois trouvée autrefois dans le fédiment de l'eau de Blandula , qui contient cependant-, fuivant l'opinion commune de s naturaliftes , des particules falines , aci- des Se vitrioliques , terreufes Se bitumineufes , en un mot , tous les ma- tériaux nécelTaires, félon Beccher & Geoffroy, pour former du véritable fer. Or cette eau ayant fourni des particules ferrugineufes par fon éva- poration à une douce chaleur, &, avant l'évaporation , étant très-lim- pide & ne paroiflant contenir aucune fubftance étrangère 5 peut-on fup- pofer que ces particules ayent été formées par une nouvelle combinaj- lon des principes ferrugineux ? D'ailleurs j fi le fer peut être divifé & at- ténué au point de pouvoir fe diftribuer & fe foutenir dans chaque molé- cule d'eau , fans que les yeux l'y apperçoivent , pourquoi ne pourra-t-il pas être porté par la même liqueur dans tout le tilfu des plantes , & cir- culer avec elles dans leurs vailfeaux ? Après avoir expofé mes obfervations fur les cendres des plantes, je vais rapporter celles qui concernent les ajiimaux. J'examinai les cendres de lièvre, de brebis , d'efcargot , de fangfue , de grenouille & de quel- ques petits oifeaux , qu'on trouve aux environs des mines de fer. Ces- Hh ij 244 COLLECTION ACADÉMIQUE, * "-cendres étoient le produit de la calcination de tout le corps de ces anl- AcADBMiE j^^^jj ou feulement de quelques-unes de leurs parties. Les ayant vifitées Sci'ences ^"^^^ ^°'" ^ ^^^ ayant comparées avec des cendres d'animaux indigènes , DE j'y découvris beaucoup plus de particules ferrugineufes que dans celles- BoLOGNE. ci. Les oifeaux , les grenouilles Se les fangfues m'en fournirent fur-tout .^— — — une quantité prodigieufe , & pour le moins autant que les herbes du mê- MÉMOiRES "'^ P-^y^* M^i* i^ n'^" trouvai qu'un fixieme dans les cendres de lièvre & d'efcargot , &c tant foit peu plus dans celles de brebis. Une aufli grande différence pouvoir venir de celle qui fe trouve enrre la ftrudure de ces animaux Se les alimens dont ils fe nourrilfent , com- me je l'avois oBfetvé par rapport à ceux de ce pays-ci ; &: de ce que les fangfues & les grenouilles vivent dans des eaux , qui , comme nous avons vu , contiennent beaucoup de fer , & qu'elles fe nourrilTent d'une matière terreufe. Mais outre cela , on n'avoir pas brûlé tout le corps des lièvres & des brebis , mais feulement quelques-unes de leurs parties , comme mon ami me le manda , au lieu que les oifeaux , les fangfues Se les grenouilles avoient été calcinées en entier. 11 n'eft donc pas furprenant qu'on ait trouvé plus de fer dans ceux-ci que dans les autres j puifque leurs cendres étoient chargées de toutes les particules ferrugineufes qui avoient paflTé avec les alimens dans l'eftomac & les inteftins, au lieu que les cendres des autres ne renfermoient que celles qui avoient pu parve- venir jufqu'aux membres calcinés avec le fang deftiné à leur nutrition. Mais les cendres des lièvres Se des brebis de Brelfe contenoient toujours beaucoup plus de molécules ferrugineufes , que celles des mêmes ani- maux de ce pays-ci. D'où il fuit que le fer , dans les lieux où il y a des mines de ce métal , pénètre en plus grande quantité non feule- ment dans les plantes avec les eaux & la fève , mais encore dans le corps des animaux &c la fubftance intime de leurs vifceres , avec le fang & les alimens. Les cendres des animaux qui habitent les lieux où il y a des mines de fer , étant plus chargées de particules ferrugineufes que celles des nô- tres , je penfai qu'il s'en rrouveroit peut-être aufll ciavantage dans les hommes qui vivent dans ces mines mêmes que dans ceux qui en font fort éloignés ; mais l'expérience démentir cette conjeélure. Je pris du fang de trois jeunes hommes robuftes qui travailloient aux mines de fer , lef- quels avoient été faignés pour une fièvre aiguë inflammatoire ^ & qui furent guéris peu de rems après. Je fis fécher Se calciner féparément ces trois portions j ayant enfuite examiné les cendres , je n'y pus découvrir & ramarter avec le couteau aimanté , qu'un petit nombre de parricules fer- rugmeufes , & qui n'excédoit certainement pas celui qu'on a trouvé plu- fieurs autres fois dans le fang des hommes qui habitent les pays les plus éloignés des mines. Je trouvai à-peu-près la même chofe dans l'urine des mêmes mineurs. Après en avoir tait lécher 8c calciner une aflez grande quantité de fédi- ACADEMIE DE BOLOGNE. 245 tnent, j'y dccouviis à la vctité un peu plus de fer que dans les cendres' du fang. Mais j'en avois trouvé à-peu-près autant, par les mêmes pro- "^'^ ,i/°i,,'j ■■^' ' '^ DES cèdes , dans 1 urnie de nos concitoyens. Sciences En méditant fur la caufe de ce phénomène , je penfai qu'il falloir de peut-être l'attribuer au tilfu des fibres & des vifceres , qui eft certaine- Bologne. ment plus ferré dans l'homme j que dans la plupart des animaux , fcqui • empêchoit les particules fetrugmeufes de s'inunuer aifément dans les mémoires voies laiilées & de fe faire jour à travers les petits vailfeaux. Et quoique les plantes Se certains animaux qui vivent aux environs des mines de fer , reçoivent une plus grande quantité de ce métal avec les eaux &c les fucs nourriciers , qui en font plus fortement imprégnées , que les plan- tes 8c les animaux de ce pays-ci ; il pouvoir le faire cependant que , dans les hommes , cette diverfité d'alimens ne fût pas fuffifante pour que leur fang 8c leurs fibres fe chargeaiïent d'une plus grande quantité de fer , aux environs des mines ; la roideur & la fermeté du tilfu de leurs parties oppofanc un obftacle à la dilTolution de ce métal , & à f a conver- iion en leur propre fubftance. La comparailon que je faifois des plantes avec les animaux de BrefTe, Se de certains animaux avec d'autres , paroilToit confirmer cette opinion. En eftet , les plantes , dont le tilTu paroîc être plus lâche & moins com- pofé que celui des animaux , fournitTent plus de fer qu'eux ; & les in- fères , dont les organes font aulfi d'un tifTu moins ferré S>c plus fimple que ceux des animaux qui patfent pour être plus parfaits j en contien- nent dix fois autant que ces derniers. Ce que j'ai obfervé non feulement dans ceux du terroir de Breiïe , mais encore dans les nôtres , comme je l'ai dit ci-delTus. Mais fi le corps de l'homme , en quelque lieu qu'il ha- bite , étoit toujours d'un tiffu alfez compade Se alTez ferré , pour que les fiarticules ferrugineufcs ne s'y diftribualfent qu'avec beaucoup de peine , es cendres du fang & de l'urine de ceux qui vivent dans les mines de fer , n2 devjient pas contenir une plus grande quantité de ces particu- les , que celles des autres hommes. Mais les écliirciiremens que je leçus d'un de ces mineurs dont j'avois examiné l'urine ôc le fang , m'apprirent une autre caufe de ce phéno- mène , qui me paroît plus vraiiemblable. En effer, les ouvriers qui tra- vaillent dans les mines , ne fe nourriffent d'aucune herbe ni d'aucun autre aliment qui vienne auprès de ces lieux , mais feulement de foupes faites avec la farine des légumes que nous appelions formemone , 011 d'autres mets qu'on leur apporte de loin ; car les montagnes & les autres lieux où il y a des min ;s, font pierreux , & par conféquent ftériles, incul- tes & incapables de produire des plantes bonnes i manger. Quant aux eaux, quoiqu'il y en ait beaucoup dans les mines , ces ouvriers les regardent com- me très-nuifibles & craignent d'en ufer j de forte qu'ils font leur boitfon oïdinaire du vin , & qu'ils emploient , pour faire cuire leurs alimens y d'autres eaux qu'on leur porte de fources fort éloignées. .4Û COLLECTiON^ ACADÉ^ÎTQUE, Si on ne trouve pis ploscie ter «bas le fuig & l'oriaedes bommârqu AcADîMiE^ygm,j^^^ les mines, que dans Je Gag & ianœ fi . , „ t i A «JCIENCE5 & bientôt après ils jetterent tout d un coup une Hamme leeete & bleua- de tre, femblable à celle des céments fulfureux dont on fe (ert pour con- Bologne. vertir le fer en acier. Nous craignîmes que cette flamme ne confuniât^— — — _ toute la matière j &: que notre ciiriofité ne fût point fatisfaite. C'eft Mémoires pourquoi M. Lc/H verfa auflî-tôt fur un porphyre , tout ce qui reftoit au fond du vallfeau , Se que nous trouvâmes être du poids de vingt-huit grains. J'étendis ce réfidu fur une lame d'yvoire , & je vis qu'elle étoit com- pofée de molécules plus grolfes , parmi lefquelles je remarquai un grain, qui l'emportoit fur les autres en volume , ôc dont la grorteur égaloit celle d'un petit pois-chiche. Je voulus voir fi toutes ces particules feroient attirées par le couteau aimanté j elles s'y attachèrent, en effet , avec la même vîtelfe que le fer très-pur. Nous calfames ce corpufcule plus gros que les autres , Se l'ayant examiné avec une lentille moyenne , nous découvrîmes qu'il étoit cave en-dedans , entrecoupé de lignes brillan- tes , Se d'une figure , d'une couleur &: d'une dureté femblables en tout à celles du fer tondu j de forte que nous trouvâmes par cette forte cal- cination , ce que M. Lemcry avoit trouvé dans les cendres des végétaux j félon ce qu'il dir dans les mémoires de l'académie des fciences de Paris, ann. 1706. On ne peut pas douter que le refte de la poudre que j'avois mis fur la lame d'yvoire , ne fût aufii de nature ferrugineufe , puifque toute fa malfe s'attacha fucceifivement au couteau aimanté. Ces expériences font comprendre , ce me femble , par quels degrés de calcination on parvient à dégager les particules ferrugineufes des ma- tières étrangères qui y font mêlées , Se de quelle manière vient à fe ma- nifefter le fer que les animaux Se les végétaux cachent dans leur fein. Car lorfqu'on n'expofe la malfe des globules qu'à un feu léger , le fer embarralfé dans des fubftances hétérogènes ne fe développe que foible- ment : l'aélion d'un feu plus violent en fait paroître une plus grande quantité ; &: li le feu a été pouffé h. un extrême degré de violence , non feulement ce métal fe montre en plus grande abondance , mais encore dans un état de i\xî\on Se prefque de liquéfaélion. Je crois donc devoir rejetter l'opinion qui attribue à l'aélion du feu , la formation du fer que l'on trouve dans les corps , pour adopter le fentiment des phyficiens qui penfent qu'elle ne fxit que l'y développer. Je voulus éprouver enfuite î\ cette poudre ferrugineufe feroit auffi fem- blable A la limaille de fer par fes autres qualités , qu'elle l'étoit pat la couleur. Mais j'y en trouvai d'abfolument différentes. La limaille de fer , en effet , fe porte vers l'aimant en grande abon- dance &i avec beaucoup de vîtelfe , il n'en eft pas ainfi de notre poudre^ 262 COLLECTION ACADÉMIQUE,' ■ Les efprits acides verfés fur la limaille , fonc avec elle une effervefcence Académie j|.^j_yj^,g accompagnée d'une odeur pénétrante &: défaeïéable ; ils lui DES • ^1 J -llol J •' XT Sciences coi'>iniuwi1uent une couleur de rouille, & la corrodent entièrement. No- ue tre poudre , au contraire , n'éprouve rien de femblable de la part de ces Bologne, efprits corrofifs , au moins fenfiblement. Ils en détachent feulement une fumée légère , à peine vifible & qjii ceiTe bientôt, ce qui indique qu'ils MÉMOIRES 'l'^'^citent en elle qu'un très-petit mouvement. Ainfi la relfemblance qu'il paroilFoit y avoir au premier coup-d'œil entre cette poudre & la limaille de fer , ne fe foutient pas à l'expérience. Mais cette différence ne fait rien contre moi ; puifque fi le fer des glo- bules fanguins ne reflemble pas au fer fondu , il eft en revanche abfolu- ment femblable au fer naturel , tel qu'on le retire de la mine. Pour en faire la comparaifon , je pris de la terre ferrugineufe d'Ilva , ifle de la mer de TofcaJie , l'une des ifles d'Italie j où l'on croit que le fer abonde le plus. Cette terre réduite en poudre très-fine , s'attacha au couteau aimanté avec un peu plus de lenteur que le fer des globules : Se fon mélange avec les acides préfenta les mêmes effets. Elle ne donna aucun figne d'effervefcence ni de mouvement inteftin j elle ne fut point entamée , & fa couleur n'éprouva aucun changement ; nous en vimes feulement fortir une fumée légère , pareille à celle qu'avoir fourni la cendre des globules , & ce fut là la feule marque fenfible de l'adion des acides fur elle. De plus cette terre, après avoir été légèrement expofée au feu , pré- fente foit avec l'aimant, foit avec les acides , des phénomènes fi parfai- tement femblables à ceux des cendres des globules fanguins , que la na- ture de ces deux fubftances paroît être entièrement la même. Il n'y a donc pas lieu de craindre que les particules que l'aimant attire dans ces cen- dres , ne foient pas véritablement ferrugineufes ; car outre que le fer eft le feul corps qui éprouve cette attraélion , de l'aveu unanime de tous les phyficiens, auxquels je m'en rapporte, les autres épreuves auxquelles on îbumet ces particules concourent encore , comme on vient de le voir , a y démontrer toutes les propriétés de ce métal. Telle eft , Meflieurs , la fuite de travaux & d'expériences qui m'ont occupé pendant plufieurs mois &C dont j'avois à vous rendre compte. Per- mettez-moi à prefent d'ajouter ici quelques remarques qui feront comme le réfumé de cette longue dilTertation. L'expérience prouve donc d'une manière inconteftable , que le fiege propre &c véritable du fer que la nature a placé dans le corps des animaux, n'ell: ni dans la chair , ni dans les os , ni dans la graifie , ni même dans toute la mafie du fang j mais dans les feuls globules fanguins ; c'eft ce que je crois avoir fuflifamment démontré, puifqu'il réfulte de mes ob- fervations , que les parties qui font dépourvues de ces globales , comme font la plupart des os , ne contiennent auffi point de fer ; que celles qui n'en font pas abfolument privées , telles que la chair Se la partie fibreufe ACADEiMIE DE BOLOGNE. 263 dufang, fournifTent quelques particules de ce métal ; &C qu'enfin les , animaux dont le fang eft le plus riche en globules , font aufll ceux où le '' ^^^ fer abonde le plus ; c'eft pourquoi on en trouve davantage dans les qua- Sciences drupedes &c l'nomiTïe , que dans les autres efpeces , Se moins dans les de poiirons & les animaux aquatiques. Bologne. Enfin le fang des oifeaux, qui a très-peu de globules, ne contient - aulVi qu'une très-petite quantité de fer. Et ce rapport a paru fi confiant mémoires dans toutes mes expériences , dont je me fuis contenté de vous expofer les [)rincipales, ainfi que dans les obfervations délicates que j'ai faites avec e microfcopa , que je ne penfe pas qu'on doive dorénavant chercher le fiege du fur ailleurs que dans les globules. On peut encore connoître , à-peu-près , d'après mes découvertes , en quelle proportion le fer fe trouve dans le fang de chaque efpece d'ani- maux. Car ayant trouvé le plus fouvent que deux onces de globules fe rcduifoient en une chaux du poids d'un fcrupule , qui s'attachoit toute entière au couteau aimanté , il eft aifé de déterminer par le calcul , la quantité de particules ferrugineufes contenues dans tout le corps de l'a- nimal. Aind , par exemple , M. Haies a évalué à quarante-quatre livres la quantité de fang contenu dans les vaifTeaux du cheval ; or , comme il y a lieu de croire , félon ce que j'ai dit ci-de(Ius , que dans le même animal , le poids des globules & des fibrilles de Muys eft d'environ vingt-cinq livres , il s'enfuit que chaque livre donnant fix fcrupules de chaux , toute la malfe doit en donner au moins fix onces. Quant à l'homme , la proportion des globules avec les autres parties du fang , étant la même que dans le cheval , & la plupart des phyfio- logiltes évaluant à vingt-cinq livres le poids de toute la mafte du fang , il doit s'y trouver environ treize livres de globules & de fibrilles , & par conféquent plus de foixante & dix fcrupules de chaux ferrugineufe. Je ne tiens pas compte encore dans ce calcul , comme vous voyez, de toutes les particules de ter qui fe perdent par la calcination & la lotion des globules , ou qui reftent mêlées dans d'autres parties. Je fuis porté à croire que le fer du fang approche beaucoup de la na- ture du fer fortîle & primitif, tel qu'on le retire de la mine, ou lorfqu'il n'a encore éprouvé que légèrement l'aèlion du feu. Et comme ce fer naturel , par l'aètion du feu de fufion , fe liquéfie enfin & devient propre .à recevoir toutes les formes qu'on veut lui don- ner ; de même , s'il étoit poffible de ramaffer un aflez grande quan- tité de globules fanguins , pour pouvoir leur faire éprouver une aftion du feu alfez longue &: alfez répétée , je ne doute pas qu'on ne pût reti- rer du fang humain , des clous , des épées & des ferremens de toute efpece. Quoi qu'il en foit , pourfoumettre à votre examen toutes les idées qui me font venues fur la matière que je traite , j'avouerai que cette analo- gie qui fe trouve encre le ter contenu dans le fang de l'homme ^' le fer z64 COLLECTION ACADÉMIQUE, -de piemleie fulîon , m'a fait peiifer qu'il feroit peut-être plus fût & plus Académie mjig d'employer ce fer foffile pour i'ufage médicinal , que toutes les pré- c^.^v,!--,. parations qu'on en a faites. Ce n'eft pas fur de fimples conie6tures que oClENCES î j . * .. T>*r'^ rrj DE je prétends appuyer cette opinion. J ai tait a cette occalion uir des ani- BoLOGNE. maux nourris avec des alimens imprégnés de ce fer j un grand nombre d'expériences dont je renvoie l'expofé à un autre tems , pour ne pas abu- MÉMOiREs ^^'^ P'^^ long-tems de votre patience. Je me contenterai pour le préfent , de dire un mot fur I'ufage que j'attribue au fer contenu dans le l'ang. M. Haies , que j'ai cité plufieurs fois , remarque que la chaleur du fanyti le mémoire fuivant. f- ---n ■ -1 MÉMOIRES SUR L'INTROMISSION DU FER DANS LE SANG. | Par M. Fincent Menghjni. JE m'étois propofé depuis plufieurs années de faire des recherches fur les effets & la manière d'agir des martiaux , médicamens dont les médecins anciens ÔC modernes ont toujours admiré l'efficacité contre un grand nombre de maladies. Pour cela, je crus devoir , avant toutes «hofes , m'alTurer Ci la fubftance métallique qui les compofe , pénètre réellement dans les voies de la circulation , après avoir éprouvé l'aélioii de l'eftomac &: des inteftins. Comme j'avois entrepris ce travail l'année dernière , mes expériences m'otfrirent des phénomènes qui me firent perdre de vue l'intromillion du fer dans le fang , pour m'appliquer à une recherche tout-à-fait différente , dont l'objet étoit de découvrir quel ^ eft le vrai fiege des particules ferrugineufes contenues dans le corps des ^ * animaux j Se vous vous rappeliez que mes efforts ne furent pas tout-à- fait infruélueux. Je reviens à préfent , Meilleurs , à la queflion que j'a- vois abandonnée , & je vais vous expofer aufli clairement qu'il me fera [, folllble le fuccès de mes travaux. Je parlerai donc en peu de mots de f. intromilTlon du fer dans le fang ^ laquelle eft encore un problème en ' è médecine , Se des effets principaux Se les plus conftans de ce métal, que j'ai été à portée d'obferver à l'occadon de ces recherches. Comme le fer , à raifon de l'état différent de fes molécules , me pa- roiffoit devoir s'infinuer avec plus ou moins de facilité dans les veines laélées , je jugeai qu'il étoit nécelTaire de l'employer , dans mes expé- riences , fous différentes formes. Je commençai donc par me procurer fix préparations de ce métal , favoir , de la limaille de fer brute 8c feule- ment paffée au tamis de foie , de cette limaille bien porphirifée , de cette même limaille cuite dans le moût jufqu'à confîftance de miel , com- pofition trcs-ulitée chez les Florentins , fous le nom d'écume du fer, de la mine dj fer crue pulvérifée , & enfin deux préparations très-connues des médecins , le fafran de mars apéritif, réduit en poudre fine , & la tein- ture de mars , fous la forme d'une liqueur qu'on prefcrit à la dole de quelques gouttes. J'ai donné de toutes ces préparations à divers genres d'.i- nimaux, favoir à des chiens , des cochons, des poulets & des hommes j ColleS. Acad. part. étr. Tome X. L 1 266 COLLECTION ACADÉMIQUE, la plupart ont utc de toutes les fix , &: cela pendant un tems égal , c'eft- Académie ^_jj|.g ^ quarante jours au moins. Quant à la dofe , elle varioit fuivanr la c ^''^ ,.„ grolLeur de l'animal , mais elle étoit toujours la même dans le même Sciences & ,, , ■ i j- j> j j r • j DE genre. Il etoit naturel , en ettct ^ a en donner une ciole momdre aux Bologne, poulets , un peu plus forte aux chiens , plus forte encore aux cochons , , &: celle qui elt réglée par la pratique , aux hommes. Pour mieux con- MÉ.MOiRES "o^'tre l'état du faiig dans ces divers genres d'animaux après l'ufage des martiaux ^ j'avois foin , avant qu'ils le commençalTent , d'examiner le fang de chacun ; & lorfque leur foiblelfe , comme dans les poulets , ou leur férocité , comme dans les cochons , ne me permettoic pas de les faire faigner de la forte , j'avois toujours la précaution de me procurée du fang d'autres individus du même genre , afin de pouvoir le com- parer aVec celui de l'animal femblable que je faifois nourrir avec des alimens imprégnés de fer. Pour donner à mes expériences plus d'exaftitude & d'authenticité j j'ai eu recours à deux hommes très-habiles , M. Fabius Vignaferri, médecin & anatomifte expérimenté , qui a dilféqué avec la plus grande dextérité ces ditférens animaux , foit vivans , foit après leur mort , Se M. Hercule Lelli , qui m'a aidé dans mes expériences , non feulement de fes confeils & de fes vues , mais encore de fes mains &c de fon travail , pour ne rien dire de M. Jacques Conti , dont l'amitié m'a rendu dans cette occa- fion , comme à l'ordinaire , des fervices eflentlels. En effet , comme je fentois que j'avois deux objets à me propofer dans mes recherches, donc l'un étoit l'examen chymique du fang, & l'autre la diffeélion anatomi- que des parties , le premier, pour reconnoître dans le fang des animaux le fer qui pouvoir y avoir pénétré , & l'autre , pour fuivre le trajet de ce même fer des veines ladées dans le fang ; il en naiffoit deux claffes d'ex- périences dont chacune me rendoit nécellaire la fagacité des deux hom- mes célèbres que je viens de citer. Je commencerai par le fang. Mais permettez-moi auparavant de rap- pellerici en peu de mots la diftinûion que j'ai établie l'année dernière des deux genres de particules ferrugineufes qij'il contient. J'ai appelh particules du premier genre , celles qui font féparées les unes des autres, & qui font attirées par l'aimant même à une diftance alfez conhdérable. J'ai appelle particules du fécond genre , celles qui forment enfemble plufieurs petits pelotons en s'attachant à l'aimant , & qui ne font attirées qu'à une très-petite diftance. (a) Cela pofé , je m'y fuis pris , pour l'exa- men du fang J de la manière fuivante qui eft .à-peu-près la même que celle que je vous expofai l'année dernière. Après avoir tiré feparement cinq onces de fang de divers animaux , qui n'avoient point été nourris avec des alimens chargés de fer , favoir , de l'homme , du chien & du cochon , je fis fécher au feu toutes ces portions , je les réduilîs au poids d'un fcrupule J & j'examinai attentivement combien elles contenoient de (a) Voyei le Mémoire précédent. e DES ENCES DE LOCNE. ACADÉMIE DE BOLOGNE. 267 particules ferrugineufes , tant du premier, cjue du fécond genre. Je fou- = mis enfuite au nicnie examen une égale quantité de l'ang d'animaux fem- Académie blablcs , nourris pendant cjuaraïue jours avec des alinicns imprégnés de c ' quelqu'une des fix préparations martiales que J'ai indiquées ci-deflus j éc apics l'avoir aulli réduit par l'exliccation au poids d'un fcrupule , je Eo m'appliquai à découvrir la quantité de ter qu'il renfermoit ; Ik mminp dans les oifeaux , où le fang abonde moins , je ne pus en tirer une aufll Miwo,i>ES grande quantité , j'obfervai toujours de le réduire en une chaux d'un poids proportionné. Chacune des hx préparations martiales dont j'ai parlé ayant été fuccellivement employée fur chaque genre des animaux indi- qués ci-delfus , j'ai peine à dire quelle foule d'expériences s'efl: offerte 4 moi , ^ quel travail il m'a fallu foutenir. Je ne m'arrête point aux pré- cautions qui furent obfervées dans le choix & la nourriture des animaux. Je dirai feulement qu'à l'égard des hommes , auxquels je ne pouvois faire prendre des martiaux qu'à i'occalion de quelque maladie , j'avois foin de choifir des fujets qui euffent une maladie a-peu-près femblable, & quant aux brutes j j'obfetvois , autant qu'il étoit pollible , qu'elles fuf- fent de même âge ^ de même force Se de même taille. On les pefoit avec foin avant de les mettre à l'ufage du fer , Se , pendant cet ufage, onob- fetvoit leur contenance , la vivacité de leurs yeux , leur gaité , leur dé- goût ou leur avidité pour le boire & pour le manger , l'état de leurs ex- crémens & généralement tous les fymptômes ou changemens dans les fonctions qui pouvoient indiquer l'état fain ou maladif de l'individu. Le pouls fixa principalement notre attention , Se , dans tous les animaux dont j'ai parlé , à l'exception des poulets Se des cochons , je tenois compte du nombre de fes pulfations dans une minute , tant avant qu'après la diète ferrugineufe. Pour commencer à préfent par ce qui concerne l'homme , je vous dirai que, des fix préparations martiales , trois feu- lement ont été prefcrites à des malades , lavoir , la limaille porphirifée à une femme chlorotique , & à un homme hypochondriaque ; l'écume du fer à une femme dont le méfentere étoit obltrué , Se le fafran de mars apéritif à un autre homme hypochondriaque. Voici le précis des obfer- vations que ces différens fujets m'ont fournies. Les urines de ces quatre malades ne charrièrent après , comme avant l'exhibition du fer , qu'un très-petit nombre de particules ferrugineufes. Celles de la femme qui avoir pris l'écume du fer , en contenoit feulement tant foit peu d.i- vantage. Le pouls au contraire fut un peu accéléré dans tous , fur-tout dans la femme chlorotique , 6C l'homme hypochondriaque qui ufoient de la limaille. Le nombre des pulfations fut augmenté , dans la femme , de cinquante-deux à foixante-quatre , & dans l'homme , de foixante-dix à près de quatre-vingt dans une minute. Et il eft bon d'avertir que cette femme recouvra , par l'effet de ce remède , fa couleur naturelle 6c fes règles. Dans les deux autres m.ilades le nombre des pulfations fut aufTi augmenté , mais moins que dans les précédens. L'analyfe du fang noui Ll ij 268 COLLECTION ACADÉMIQUE, = découvrit audî une différence fenfible. Le fang qu'on tira à la femme & ACADEMIE ^ l'homme qui avoient fait ufage de la limaille , montra , après la cal- c^.rv,^,-^ cination , un plus grand nombre de particules ferrueineufes du premier DE genre , que celui qu on leur avou tire auparavant. La chaux du lang de Bologne, l'homme qui avoir pris le fafran de mars apéritif, parut aufli plus char- gée de ter qu'avant l'ufage de ce remède, mais dans un moindre degré } Mémoires'^ l'augmentation fut encore moins fenfible dans le fang de la femme qui avoit ufé de l'écume du fer. Le fang tant de l'homme que des animaux ^ offre encore un phénomène digne d'être remarqué , c'eft que plus l'ufage IH du fer a été long & plus il y eft parvenu de particules de ce métal , plus ~ aufli fa couleur eft d'un rouge vif & approchant de celui de l'écarlate , Se plus la proportion du fer que l'on y découvre , eft grande par rapport aux autres parties. Je pafte des hommes aux animaux , & je m'étendrai un peu plus fur ce qui concerne ceux-ci ; car j'ai pu faire fur les chiens & varier de diverfes façons beaucoup d'expériences qui ne pouvoient être faites fur l'homme. J'ai mis environ dix-huit de ces animaux à l'ufage des alimens imprégnés de fer , avec les précautions & pendant le tems indiqués ci-delfus. J'ai toujours trouvé leur fang j après ce régime , plus chargé de particules ferrugineufes qu'auparavant , quoique à divers degrés. Parmi ce nombre , il y en eut fix qui me paroilTent mériter une atten- tion particulière. Deux d'entr'eux qui étoient chiens de chalTe, furent mis à l'ufage d'alimens fortement chargés de limaille fimplement tamifée; deux autres, qui n'étoient pas chafteurs, à celui de la mine crue j le cinquième , à celui du fafran de mars , & enfin le fixieme , à celui de la limaille porphirifée. Les premiers jours , quelques-uns ne parurent pas goûter cette nourriture , d'autres vomirent , quelques autres marquèrent par leurs aboyemens , par leur anxiété , & leurs gémiflemens , le trouble intérieur caufé par le fer , mais moins ceux qui ufoient de la mine. Vers le cinquième jour ils commencèrent à s'accoutumer à ces alimens , la faim Ce faifant fentir & les excrémens ayant pris une couleur noire. Ils en vinrent peu-à-peu jufqu'à les dévorer avec avidité ; il devinrent plus alertes plus agiles , plus vigoureux , Se commencèrent à fouftrir impatiemment leur prifon. Leur pouls devint même plus fréquent, &dans les deux chiens de chafle , qui ufoient de la limaille brute , dont les yeux étoient plus brillans j le regard plus farouche , Se qui étoient plus voraces & plus impatiens que les autres , le nombre de pulfations fut augmenté à-peu- près de feize dans une minute. L'augmentation ne fut pas aufli conhdé- rable dans les quatre autres. Après que tous les chiens que je faifois nour- rir eurent achevé leur diète martiale , on les pefa , & on trouva dans chacun d'eux une augmentation de poids de quelques livres , fur-tout dans ceux qui avoient ufé de la mine de fer. Il n'y eut d'excepté que ce- lui des fix derniers qui ufoit du fafran de mars ; fon poids fut au con- traire diminué d'une ou deux livres , par la raifon peut-être que , vers ACADÉMIE DE BOLOGNE. z6() le milieu de la dicte, il lui ctoit forti fur le dos des puftules fordides.' Je trouvai paieillemein le fang de tous ces dix-huit chiens plus chareé ^'^■*oémie de fer après qu'avant la diète. Mais l'augmentation fut moindre dans c ^^^ ceux qui avoient ufé de la limaille grolfiere & du fafran de mars ; plus d£ grande dans ceux auxquels on avoit donné la limaille porphirifée , &c Bologne. plus grande encore dans ceux qui avoient fait ufage de la mine crue. ___^^_ Je vais à prclent rendre compte fommairement des expériences que Mémoires j'ai faites fur les poulets. J'en fis nourrir fix avec de la limaille brute , lîx avec de la limaille porphirifée , fix autres avec de la mine , deux avec l'écume du fer , & deux avec la teinture. On méloit ces martiaux avec une pâte compofée de fleur de firoment & de bouillon. Les premiers jours ils n'en voulurent point goûter ; mais la faim les força à s'en ac- commoder peu-à-peu. Quelques jours après , leurs excrémens parurent très-noirs , ÔC nous nous apperçumes qu'ils faifilfoient avec plus d'avi- dité la pâte avec leur bec , qu'ils poulfoient des cris perçans , qu'Us fe mouvoient impatiemment dans leurs cages étroites , & , fur la fin de la diète, que leurs crêtes & leurs yeux étoient d'un rouge plus brillant, fur-tout dans ceux qui faifoient ufage de la limaille brute , dont trois fouffroient plus impatiemment leur prifon , & fe mettoient enfin en co- lère , en relevant audacieufement leur crête , lorfqu'on leur apportoit à manger. Parmi les trois autres , il y en eut un qui parut indifpofé dès le commencement de la diète j car fes déjedions furent fupprimées, & fongéfier enfla confidérablement , ce qui fut fuivi d'une grande foif, de la pâleur de la crête , de la lenteur dans les mouvemens de l'animal & du dégoût. La rhubarbe que je fis ajouter à la pâte qu'on lui donnoit , lui procura du foulagement. Je remarquai qu'elle .ivoit lâché le ventre &: fait défenfler le géher ; & voyant que l'oifeau s'en trouvoit mieux , je continuai de lui en donner jufqu'â la fin. J'eus foin enfuite de faire pefer ces poulets , & l'augmentation du poids fut de deux onces dans auelques-uns j de trois dans d'autres , & même de quatre dans un ou eux qui avoient ufé de la mine de fer. Le fang préfenta à-peu-près les mêmes phénomènes que celui des chiens. Il contenoit un plus "rand nombre de particules ferrugineufes attirables par l'aimant dans ceux qui avoient ufé de la limaille porphirifée ; un nombre encore plus confidérable dans ceux auxquels on avoit donné de la mine \ moins dans ceux qui avoient fait ufage du fafran de mars , ou de la limaille brute, encore moins dans ceux qu'on .avoir nourris avec l'écume du fer , ou la teinture j & à peine que'ques-unes dans celui qui avoit été malade Se qui avoit eu befoin de la iluibarbe. Les expériences que j'ai rapportées jufqu'à préfent , faites fur trois genres d'animaux , favoir, les hommes, les chiens &: les poulets , s'ac- cordant à indiquer que , des fix préparations martiales , la limaille por- phirifée & la mine de fer étoient celles qui fournilfoient au fang le plus de particules ferrugineufes j je voulus m'en aflurer encore mieux par 270 COLLECTION ACADÉMIQUE, =de nouvelles épieuves fur d'auties chiens & fur des cochons. Je répétai Académie j^jjjj^ la même expérience fur quatre autres chiens. Je fis donnera deux Sciences "^^ '■'' ^''"^''Is porphirifée , & aux deux autres de la mine de fer. Je nour- J5E ris outre cela deux cochons j l'un avec la mine , l'autre avec de la même Bologne, limaille. Dans tous la dofe du ter fut d'une once &: la diète de quarante jours. Les chiens & le cochon qui firent ufage de la mine , ne donne- Mémoires ^^^^ aucun figne de mal être j ils devinrent au contraire toujours plus affamés & plus gras. Quant à ceux qui ufoient de la limaille j quoi- qu'ils ne fulfent ni moins voraces , ni moins difpos , ni moins gras que les précédens , ils furent pourtant , au commencement &C vers la fin de la diète , fatigués de naufées ÔC même du vomiffement. Ils eurent aulTi cela de particulier , que leurs yeux devinrent extrêmement rouges. D'ail- leurs ni les uns ni les autres ne furent jamais conftipés. Ils alloient tous les jours à la felle , Se leurs déjeétions étoient très-noires. 11 me parut qu'il étoit elfentiel de comparer le fang de ces animaux , imprégné de limaille ou de mine de fer , avec du fang ordinaire d'autres individusdu même genre , pour voir jufqu'à quel point il s'étoit chargé de particules fertugineufes. Voici de quelle façon je m'y pris. Je fis tirer par la jugulaire , tant du chien que du cochon qui avoient ufé de la mine pendant le tems ordinaire , des portions égales de fang^ dont je féparai toute la férofité , & j'en mis à part une livre. Je réitérai la même manœuvre fur un autre chien 8c un autre cochon qui avoient fait ufage l'un Se l'autre de la limaille porphirifée ; & enfin fur un troi- fieme chien , & un ttoifieme cochon , qui n'avoient ufé d'aucune prépa- ration martiale. Je mis féparément ces fix livres de fang dans des vaif- feaux de terre Se les fis delfécher au même degré de chaleur Se pendant un tems égal. Le fang du chien Se celui du cochon auxquels on avoir donné de la mine , furent réduits , par l'exficcation , à-peu-près au même poids , favoir , de huit dragmes. Le fang de ceux auxquels on avoir donné de la limaille , quoique delTéché au même degré de chaleur , Se pendant le même efpace de tems , ne laiffa qu'un réddu de quatre drag- mes Se demie ; enfin la livre de fang du chien & du cochon qui n'a- voient fait aucun ufage du fer , fouffrit une plus grande diminution en- core Se hit réduite à trois dragmes. J'avois donc trois fortes de poudres , compofées chacune féparément du fang d'un chien &: d'un cochon. Je les expofai toutes à un feu très- violent jufqu'à incandefcence Se à les réduire en chaux ; car il m'impor- toit extrêmement de connoître avec précifion la quantité de fer que cha- cune d'elles contenoit. Je lavai d'abord toutes ces chaux avec beaucoup d'eau , pour les bien purger de tous les corps étrangers qui pouvoient y être mêlés , & les fis fécher de nouveau. Ce procédé leur fit perdre un poids proportionné à leur poids total refpedtir ; car le fang du chien &: du cochon de la pre- mière poudre fut réduit l'un Se l'autre à dix fcrupules Se demie j celui ACADÉMIE DE BOLOGNE. 171 de la féconde, à un peu plus de quatre, & enfin celui de la troilîemi;, = à un peu plus de deux & demie. .Acaue.mib L'analyle ayant écc- poullee jufqu'A ce point , je m'cmprelTai d'exami- Sciences ner , avec M. Lelii , quelle étoit la propoicion du foc contenu dans ch.i- de cun de ces trois genres de chaux. Celles du premier genre , c'cft-à-dire , Bologne. les chaux du fang du chien & du cochon qui avoient ufé de la mine de . fer , fournirent une plus grande quantité de ce métal. Celles du fécond mémoires genre , c'ell-à-dire , de ceux de ces animaux auxquels on avoir donné de la limaille porphirifée , n'en fournirent pas autant ; & nous en trouvâ- mes encore moins dans celles du troifieme genre , fournies par le chien & le cochon qui n'avoient ufé d'aucune préparation martiale. Cette ex- périence me confirma donc encore plus dans la penfée que la mine de fer étoit , de toutes les préparations martiales , celle qui fourniflbit au fang le plus de particules ferrugineufes. Mais pour parvenir encore mieux à mon but , & féparer entièrement des particules ferrugineufes toutes les molécules hétérogènes qui les enveloppoient , j'expofai de nouveau toutes ces chauxà un'feu de fullon des plus violens. Pendant qu'elles éprouvoient l'aclion de ce feu , je re- marquai que les deux premières , qui contenoient de la mine de fer , entroient dans une ébuUition plus violente que toutes les autres , & ré- pandoient une Hamme d'un bleu foncé , ce qui fait voir que la mine de fer a cela de particulier , qu'elle porte dans le fang une quantité confi- dérable de molécules fultureufes. La fufion ét.ant achevée , je verfai toutes ces chaux fur une table de marbre. Je trouvai que les deux pre- mières pefoient chacune quatre-vingt-lix grains , les deux fécondes j qua- rante-deux , Se les deux troifiemes, un peu plus de trente. Ce fut po.ur nous un fpectade bien agréable , de trouver dans les pre- mières des globules métalliques un peu'plus gros que des grains de mil- let. Aulfi-tôt que nous en approchâmes l'aimanr , ils fe portèrent vers lui avec beaucoup de vîtelfe , ainil que tout le refte de la chaux , à l'ex- ception d'un petit nombre de particules du fécond genre qui s'y trou- voient i tout le refte parut compofé de particules du premier genre. Nous trouvâmes quatre-vingt-fix grains de fer dans le fang du chien & du co- chon qui avoient ufé de la mine. Quant à ceux de ces animaux qui avoient faitufagede la limaille porphirifée, toute la matière qui étoit reftée 1 après la fufion , parut entièrement compofée de molécules ferrugineufes Ji partie du premier , partie du fécond genre ; mais il ne s'y étoit point If! formé de globules , & le poids n'en étoit , comme je l'ai déjà dit , que de quarante-deux grains, c'eft-à-dire , la moitié de celui des chaux' pré- cédentes. Enfin le fang du chien & du cochon qui n'avoient ufé d'au- cune préparation m.nrtiale , contenoit des particules ferrugineufes de l'un &c l'autre genre , mais le poids de ces chaux n'étoit qu'un peu plus du tiers des premières. Pour rendre notre analyfe plus parfaite , j'imaginai d'éprouver fi le ^-,^ COLLECTION ACADÉMIQUE,' =^=P^^ mélange des liqueurs acides manifefteroit fenfiblemenc dans les particu- AcADÉMiE |gj feriugineufes fournies par ces difterens fangs , un certain rapport c ?^.l^^ avec les préparations martiales dont ces animaux avoient ufé. Sciences , .r^ i^ » i t • / i i /- i r DE Je mis donc dans des verres des portions égales des lix chaux en quel- BoLOGNE. tion , & je verfai fur chacune un pareil nombre de gouttes d'eau forte. Chacune nous offrit des effets diff^rens. Mémoires Les deux premières chaux j qui étoient chargées de niinedefer, ré- pandirent , après l'eff"urion de l'acide , une odeur tant foit peu défagréa- ble , & firent avec lui une effervefcence médiocre. Cette odeur & cette effervefcence furent feulement un peu plus fenfibles que celles qui réful- tent du mélange de l'eau forte avec la mine de fer native. Les deux fécondes chaux , qui étoient imprégnées de limaille porphi- rifée , répandirent une odeur bien plus pénétrante & firent une effervef- cence plus longue , accompagnée de fifflement j phénomènes qui répon- dent à ceux que produit l'effufion des efprits acides fur la limaille. Pour les deux dernières chaux , qui ne contenoient aucun fer étranger, elles ne répandirent prefque aucune odeur & ne firent point de vérita- ble effervefcence. Il s'en exhala feulement une vapeur légère, une efpece de fumée , femblable à celle qui eft produite par le mélange des efprits acides avec la mine de fer native qui n'a point encore éprouvé l'aftion - du feu ; ce que je fuis bien aife de remarquer , puifque cela prouve en- core mieux que le fang qui eft contenu naturellement dans les globules fanouins , eft en effet très-femblable à la mine de fer. Après vous avoir expofé toute la fuite de mes expériences chymi- ques , je paffe à celles qui concernent l'anatomle. Je craindrois d'abufer de votre complaifance , en entrant dans le détail de toutes les différions que nous avons faites. Je me contenterai de rapporter fommairemenc tout ce que nous avons découvert , par la diffeftion anatomique , fur les chiens , les cochons & les poulets. Je ne dois pas oublier d'avertir que, le jour que j'avois à diffcquer quelqu'un de ces animaux, j'avois foin de lui faire donner des alimens imprégnés d'une grande quantité de fer , à différentes reprifes , afin de pouvoir découvrir les traces de ce métal dans les veines laûées , à quelque heure que je vouluffe en faire la diffedion. J'ai auffi toujours obfervé de faire fubir à tous ces animaux le même genre de mort ^ qui confiftoit à leur ouvrir les jugu- laires & les carotides. Par ce moyen je recueillois toute la quantité de fang qui m'étoit néceffaire pour mes expériences chymiques. J'obfervois enfin de ne pas remettre la diffeftion long-tems après la mort de l'a- nimal , mais d'y procéder , lorfqu'il étoit encore vivant ^ que le fang couloit encore. Après avoir attaché fur une table , félon l'ufage , l'animal dans le- quel nous voulions examiner les routes du chyle, on lui ouvroit le bas ventre , & tous les yeux des affiftans fe portoieat auffi-tôt fur le méfentere & les vifceres circonvoifins. L alpea ACADÉMIE DE BOLOGNE. 273 L'arpe(ît clés tuyaux chyliferes fut abfolumenc le mcme dans cluque^ , ■ ■fujet. Dans les chicn<: &; dans les codions , en etfet , la diftribution de Académie ces vailFeaux fut toujours très-feiilîble Se préfenta un très-beau fpe*«)> SUR LA NATURE DES VÉSIC ATOIRES^ Par M. Jofeph f^ERATTI. Uoiqu'on ait beaucoup écrit en médecine fur les médicamens vé- lîcans , foit pour en développer la nature , foit pour en détermi- ner l'ufage \ la plupart des médecins font cependant encore prévenus contt'eux au point de les croire abfolument inutiles , & de taxer même de cruauté , ceux qui ofent les employer dans le traitement des mala- dies. En effet Vanhelmont, qui depuis a été fuivi par le célèbre méde- cin Tozzi , alfure leur avoir vu produire de fi mauvais effets , qu'il at- tribue à Vefpru infernal Moloch , l'invention de ce ridicule remède qucn applique mal- à-propos fur l'habitude du corps , pour combattre des maux qui en attaquent l'intérieur. Cependant ni Vanhelmont , ni les autres médecins fameux, qui , avant lui , avoient prétendu par leurs raifon^ iiemens & leurs obfervations , prouver le danger ou du moins l'inu- tilité des véficatoires , n'ont pu venir à bout de les bannir entièrement de la pratique médicinale j même dans les fièvres. Leurs contradic- tions ont feulement fait naître une fameufe difpute , qui n'eft point encore terminée , Se qui partage aujourd'hui les fentimens des médecins, comme il arrive ordinairement dans les queftions difficiles. Pour moi , m'étant propofé de faire fur cette matière des recherches un peu appro- fondies , je crus ne devoir confulter que l'expérience &; l'cbfervation , perfuadé que , dans ces fortes de difcuffions , on ne fauroit fuivre de meilleurs guides. Je me mis donc à faire avec toute l'exaétitude dont je fuis capable , une fuite d'expériences qui me parurent propres à me faire con- noître la nature des médicamens vélicans , efpérant que mes tiavaux me découvriroienc leurs propriétés , & ne feroient pas entièrement inutiles aux médecins dans l'exercice de leur art. Comme ces recherches m'offioient plufieurs routes à fuivre , je crus , dans une fi grande variété , devoir ob- ferver un certain ordre. Je penfai donc qu'il falloir commencer par le mélange de ces médicamens avec différentes liqueurs: , ces fortes d'ex- fiériences me paroilfant les plus (impies &: les plus propres à développer 1 compofîtion des mixtes. J'employai à cet effet diftérentes liqueurs du corps humain j 6c ces liqueurs fi aélives qui opèrent dans les corps des changelnens fi remarquables , & qui font réputées fi propres .à en mani- fefter le caraélere particulier par la reffemblance ou la différence de ces corps avec elles. Mais l'extrême variété des phénomènes que m'offrirent- ces effais , & quelques autres raifons me firent bientôt comprendre qu'il, ne falloir pas beaucoup infiffer fur ce genre d'expéri;nces , &. je me. îoutnai vers celles qui concernent la réfolution des corps en leurs prin- ACADÉMIE DE BOLOGNE. 277- cipes ; car ce lom ces principes j comme on fait , qui , félon qu'ils do minent les uns fur les autres , communiquent aux mixtes toutes les ver- Académie tus & les propriétés qu'on y remarque. _ ^^^ I, r r ' j . i !■ ' ■ ., /• . ,, Sciences Pour commencer par le premier genre d expériences , j expoferaid a- ^g bord celles que je fis avec le fang, comme la première &: la principale Eolocne. des liqueurs du corps humain. Je pris du fang d'un homme qui n'avoir ni la hevre , ni aucune autre maladie grave; j'en reçus quatre onces, au »,<•. je, forrir de la veine , dans une palette , au fond de laquelle j'avois mis de la poudre de cantharides. C"e iang commença aullî-tot à donner des mar-' ques de coagulation , Se dans un peu plus de vingt minutes , il fut tout-- à-fait coagulé. Demie heure après j il le détacha de fa furface , quelques, gouttelettes de férolité , qui , toutes ramalTées , n'auroient pas, je crois pefé demie dragme. Le fang s'étoit fortement collé contre les parois du. vaifleau , & , pendant neuf jours que je le gardai , je n'y apperçus aucun changement de couleur , ni aucune dllfolution du coagulum. Le réfultat de cette expérience ell donc bien peu conforme à celui d'une expérience femblable faite par Baglivi. Cet auteur , dit en eftet , que du fang mêlé avec la poudre de cantharides fe coagula plutôt qu'une autre portion du même fang , à laquelle il n'avoit rien ajouté; en quoi nous femmes d'accord. Mais il ajoute que le premier prit enfuite une couleur plom- bée 6c noirâtre; qu'il fe torma lur fa furface j une petite pellicule tirant furie -■■■'■ --■-' ' ,,',,- f^ le noir ; qu il monta en memetems au haut de la liqueur , un très- grand nombre de vélicules , qui j en crevant , lailloient échapper une lérofité noirâtre ; & qu'enfin tout le fang fut dilfous en une fanie noire & livide , ce qui n'arriva pas à l'autre portion. Or , il s'en faut bien que ces effets fe foient montrés dans mon expérience. Je crus doue devoir la répéter plulîeurs fois 5c la v.xrier même de plulîeiirs façons , pour tâcher de découvrir s'il feroit par halard fnrvenu quelqu'acçident auquel je pulfe , attribuer une fi grande différence. Aiiifi pour m'aflurer fi cette différence • ne venoit pas de la difpolîtion du fujet qui m'avoit fourni le fang-, de la manière dont le fang avoit été mêlé avec la poudre , de la faifon ou de 3uelqu'autre circonftance femblable ; je pris du fang de plulieurs fujecs e divers tempéramens & attaques de maladi.s différentes ;j"e tîs mou; expérience dans deux faifons cppofées , favoir , en hyver &: ea été ,. &. j^eus l'attention de mêler la poudre de cantharides npn feulement avec Je Iang qui couloir le premier., mais encore avec la portion moyeiHie & celle qui venoit la dernière. Car on fait que ces trois portions différent, quelquefois beaucoup entr'elles , indépendamment de tout mélange ,.. ce qui auroit pu rendre l'expérience équivoque. J'ai répété cette .expérience" dix fois avec toutes ces précautions , observant toujours de inertie à p^ft» , dans le même lieu , une égale quantité de fang pur , pour pouvoir inieMiL. comparer les effets que chaque portion m'offriroit. Le réfijitaÇ a toujours , été le même ; c'eft-à-dire , que le fang mêle avec ]es cantharides fe eoa- - guloit toujours plutôt que l'autre 6c s'attachoit plus promptcinent aaxi II' .78 COLLECTION ACADEMIQUE; = paiois de la palette ; fans que fa couleur vermeille devînt enfuite noirâtre AcADÉMiE ^ livide , ou fa conlîftance plus Huide & plus molle. Que devient donc _ °^^ cette propriété d'atténuer & de dllFoudre qu'on attribue aux cantliarides ? j3£ Cette prétendue vertu fe trouve auffi , félon les auteurs , dans beaucoup Bologne, d'autres médicamens. La graine de moutarde, le fuc d'euphorbe & de titimale , l'ail , la racine d'arum , les bulbes d'oignon &: autres fubftan- A-IÉMOIRES '^^^ femblables ont beaucoup d'acreté , & , quoiqu'elles ne faifent pas élever des vellîes fur la peau , elles la font rougir Se l'excorient prefque , ce qui les rapproche beaucoup des vélîcatoires. Mais ont-elles la propriété de dilloudre le fang, comme cette grande acreté pourroit le faire penfer, ou au contraire , celle de l'épailîir Se de le coaguler , comme l'expérience vient de nous l'apprendre des cantliarides ? Mes obfervations démon- trent au(îi en elles cette dernière vertu. Car ayant mêlé de la même ma- nière du fantf avec la granie de moutarde concalfée &c le fuc d'euphorbe, il s'eft coagulé plutôt & s'eft attaché plus fortement aux parois de la pa- lette ^ & il ne s'en eft féparé que très-peu de férolîté ; ce que j'ai conf- tamment obfervé , quelque fang que j'aie employé , dans quelque laifon que j'aie fait l'expérience, de quelque maladie que le fujet fût attaqué, de quelque m.miere que j'eulTe fait le mélange , Se je n'ai jamais vu que le fang fe foie dilfous en une férofité noirâtre. Tels font les phénomènes que m'offrirent la graine de moutarde Se le fuc d'euphorbe. Je vais à ptéfent expofer en peu de mots les effets des autres rubétîans , tels que l'ail, la racine d'arum, le titimale ôc autres femblables. Je mettois au fond de la palette , deux dragmes, une dragme , Se quel- quefois feulement un fcrupule du fuc de quelqu'une de ces plantes _, & j'y recevois j lorfque l'occafion s'en préfentoit , quatre , cinq ou fix onces de fang. Après plufieurs expériences , voici ce que j'ai obfervé de plus conftant : les fuCs de titimale , d'ail Se d'arum n'ont fait coaguler le iang guère plutôt qu'à l'ordinaire ; la férofité fe féparoit feulement du coagu- lum plus tard & en beaucoup moindre quantité , Se la panie fibreufe étoit plus ferme , plus compafte Se plus greffe que dans une égale por- tion de fang mis à part &: confervé fans aucun mélange. Après le qua- trième jour , le fuc d'ail a donné des marques de diffolution , car il a commencé à changer peu-à-peu 4a couleur vermeille du fang en une cou- leur noirâtre , Se à répandre fon odeur forte & défagréable , Se dans l'^fpace de huit jours tout le coagulum de ce fang s'eft diffous en une li- queur noire. ■ Le fuc da titimale a commencé plus tard , favoir j après le huitième jour j à donner des marques de diffolution , 6c dans l'efpace de huit autres jours il a opéré dans le fang la même fonte putride , tans cepen- dant en altérer la coideur. Le fuc d'arum a auffi commencé après quel- ques jours à diffoudre le coagulum; mais cette foliuion n'a pas fut les mêmes progrès que les précédentes. Je penfe qu'il eft inutile de faire mention des altérations caufées dans le fang par les fucs d'oignon & de ACADÉMIE DE BOLOGNE. 17,, raifort ; parce que ces fucs contenant natutellement une grande quan-==î titc d'eau , on ne fauroit compter beaucoup fur les chanoemens qu'Us Académie ont opérés. des Je ne fais fi on peut conclure de ces expériences j que ces rubéfians '^*'*-'^ ont la propriété de dillûudre le fang ; car, quoique celui avec lequel Bologne. on les avoit mêles , ait enfin été dllfous, cette diiroUuion eft cependant arrivée après un fi long intervalle de tems , qu'il demeure douteux II ces \r fucs n'ont eux-mêmes éprouvé quelque altération; & j'ai vu conftam- °"*^* ment d'aïUeuts que le fang , d'abord après le mélange, a toujours formé un cojgulum plus ferme & plus confidérable. Après avoir fait ces expériences fur toute la malTe du fang , je voulus favoir ce que les mêmes mélanges opéreroient fur la férolîté 'feule. J'a- vois été prévenu en cela par Baglivi , qui ayant mêlé de la poudre de cantharides avec de la férofité du fang d'un fébricirant , obferva que cette poudre gagnoit peu de tems après" le fond du vailfeau , & que la férolîté ne s'ctoit teinte d'aucune couleur, mais qu'elle étoit feulement plus liquide, plus ténue & à peine coagulable. J'ai fouvent répété cette expérience , & j'ai toujours obfervé que la poudre tomboit en effet au fond du vailfeaui mais la férofité avoit toujours la même confirtance qu'au- paravant, & dès que je l'approchois du feu , elle commençoit à fe cailler vers les parois du vailFeau , & quelque tems après elle fe coaguloit tout- a-rait comme à l'ordinaire. La férofité mêlée avec l'euphorbe, la graine de moutarde, les fucs d ail d oignon & de raifort , s'ert coagulée de la même manière & avec la même promptitude auprès du feu , dans plufieurs expériences que j ai faites avec toute l'attention poOîble. Celle que j'avois mêlée avec le fuc d'ail ^ prît même quelques femaines après, la confirtance d'ime gelée , & le dedecba enfuite au point qu'elle relfembloit à un cartilage trcs-dur. Aind bien loin que ces expériences indiquent une vertu atté- nuante dans les médicamens véficans , elles y démonttent au contraire des propriétés oppofees. Après ces expériences fur le fang & fur fa férofité . j'en fis de fembla- bleslur la bile , le lait & l'urine avec les cantharides , l'euphorbe la graine de moutarde & les diftérens fucs dont j'ai parlé , pour voir fi 'ces fubftances produiroient quelque effet qui pCit faire connoître leur action fur nos humeurs. Mais les altérations qu'elles y cauferent, furent Ci lé- gères Se Cl incertaines , que ce n'eft pas la peine de s'y arrêter J'en vins donc au mélange de différentes liqueurs & en particulier des liqueurs lalines avec les mcdicamens vélicans. Mais ces elfais ne m'oiFrireut riea de bien remarquable. Je dirai feulement que l'efprit de nitre , le vinai- gre dilblle & les autres liqueurs acides verfées fur la poudre de cantha- . rides ,^ ne firent aucune etfervefcence avec elle ; la poudre monta feule- i:- ment a la futface de la liqueur. Les efprits volatils de corne de cerf & de lel amomac s'unirent & s'iiKorporerent dans Imitant avec la poudre ^ ïSo COLLECTION ACADÉMIQUE, Miiais pareillement fans donner la moindre marque d'effervefcence. La Académie g^gj^g de moutarde & l'euphorbe offrirent avec les liqueurs , les mêmes Sciences p'^énomenes que les canthandesj c'eft-à-dire , qu'ils fe lailferent pénétrer DF. par les liqueurs alcalines , Se qu'elles furnagetent fur les acides. Quant "Bologne, auxfucsci-dellus mentionnés, ils n'éprouvèrent aucun changement fenfible. __^_____ Après cette fuite d'expériences concernant le mélange des médicameiis ■MÉMOIRES ^'-"'"-'^"^ ^^^'- ditiérens corps, j'en vins à celles qui regardent leur ana- lyfe. Je tachai d'eu extraire les principes , en employant d'abord des .mSnftraês peu aétifs , & enfin l'agent le plus puilfant, c'eft-à-dire le feu. De tous les dilfolvans , l'eait paroît être le plus doux. J'en verfai une grande quantité lur une once de cantharides ; & je l'y lailfai toute une •nuit en digeftion fur les cendres chaudes. Elle prit une couleur comme de lellive &: contraéta une odeur très-défagréable. L'ayant tirée par incli- nation , j'en veriai de nouvelle fur le refte de la poudre , ce que je con- tinuai jufqu'à ce que l'eau ne fe teigrtit plus d'aucune couleur. J'eus par ce moyen treize livres d'infufion aqueufe , que je coulai à travers un -papier gris, & que je mis à évaporer fur un feu doux dans un vaifiTeau convenable. Pendant que l'évaporation ie faifoit , j'en prenois de tems en tems dans une cuiller, & j'y verlois quelques gouttes de liqueurs, tantôt acide , tantôt alcaline , dans la vue de développer les principes qu'elle renfetmoit. Mais ces liqueurs tomboient tout d'un coup au fond, fans caufer le moindre mouvement dans l'infufion. L'évaporation finie , il refta cinq dragmes & demie d'un extrait de couleur brune & d'uuo faveur amere & lalée. J'avois donc deux fubftances à examiner, favoir , la poudre dont l'ean ji'avoit pu fe charger , & l'extrait C]ue j'avois obtenu par fon évaporation. Je voulus éprouver quelle feroit la vertu de chacune de ces parties comme -vélîcatoire 5 car fi l'extrait avoir eu feul cette propriété , à l'exclufion de 4a poudre , x'eût été une preuve qu'elle réfidoit dans des parties folubles dans l'eau , telles que les fels \ fi au contraire l'extrait en eût été privé & que la poudre l'eût conlervée , je l'aurois attribuée à un principe ful- ■fureux indilfoluble dans l'eau. Si enfin l'une & l'autre fubftance y eût .également participé , j'aurois conclu que le principe fulfureux fe trou- voit intimement uni à un principe falin , au moyen duquel il xievenoit foluble dans l'eau. Je commençai par l'épreuve de la pou- dre.. J'en compofai un emplâtre que je fis appliquer fur la cuiffe d'une femme attaquée d'une fièvre maligne , conjointement avec trois au- tres emplâtres véficatoires taits à l'ordinaire avec la poudre des can- tliarides , l'euphorbe &c le levain , dont un fur l'autre cuilTe , & les deux •autres aux gras de jambe. Ces trois derniers , au bout de dix heures , firent élever l'épiderme en petites cloches qui fournirent beaucoup de férofitâ. .Le premier au conrraire , non feulement ne fit élever aucune yeflîej mais n'excita pas la moindre chaleur , rougeur ni douleur ; ce qui me fit conjeéturer que la vertu véficanre avoir paflfe dans l'extrait avec CADEMIE DES ENCES ACADÉMIE DE BOLOGNE. igr Avec les parties falines. Mais il falloir vérifier cette conjeAure par l'cx-^ périence. J'appliquai donc un fcrupule de cet extrait, enmaniered'emplâ-^ — tre véficatoire , lur le bras d'un homme qui fe portoit bien , & je l'y ç ' lailFai dix heures j au bout de ce tcms-là, je trouvai qu'il n'avoit excité '^' aucune rougeur , ardeur ni douleur. Je répétai plufieurs fois la même Bologne, expérience, & l'effet en fut toujours le même. Je renonçai donc à tou- 1 tes mes conjeélures , & je compris que les particules dans lefquelles ré- », - fide la vertu vélicante, font fi mobiles & fi volatiles , que la plus légère ^'^"°'^" chaleur futfit pour les dilliper. Or , dans ce cas , peut-on jamais fe flac- ter de foumettre a l'examen des fens , un principe qui nous échappe fi aifément. Les cantharides ne font pas la feule lubftance de ce genre , dont les particules adives foient fi volatiles. La même expérience m'ap- prit la même chofe de l'euphorbe. Les fucs exprimés d'arum , d'oignon &: de raifort , pour peu qu'ils foient gardés, perdent aufil toute\ur acreté , le fuc de rave , au bout de quelques heures ne picotoit plus la la langue , & n'avoit plus qu'une faveur douceâtre , défagréable , & une odeur vapide. Les fucs d'arum Se d'oignon ne perdirenr leur acreté qu'un peu plus tard , favoir , au bout de deux ou trois jours. L'euphorbe la tonferva plus opiniâtrement j &: comme il n'eftpas difToluble dans l'eau, il^ fallut employer l'efprit de vin redifié. Ayant goûté Se la partie qui n'avoit pu s'y dilfoudre , & l'extrait obtenu par l'évaporation , l'un Se l'autre excitoient toujours quelque ardeur fur la langue ; ce qui me fit penfer que les particules aétives de l'euphorbe font engagées dans un principe huileux qui abonde dans cettegomme, & dont ifn'eftpasaifé de les débarralTer. Il eft inutile d'obferver que ni ce réfidu , ni cet extrait n'ont pas fait élever des veilles fur la peau , dans un petit nombre d'ex- périences que j'ai faites. L'euphorbe, par lui-même, n'ayant pas conf- tamment & certainement cette propriété j on ne peut rien conclure de ces obfervations. Je remarquerai feulement que l'ardeur que l'extrait a'euphorbe excite fur la langue j n'approche pas de celle qu'y caufe l'eu- phorbe entier. Pour revenir .aux cantharides , il me rertoit à éprouver fur elles l'ac^ non des menftrues fulfureux. Je pris donc de l'efprit de vin , qui pafle pour le diffolvant le plus propre à extraire les principes fulfureux des mixtes. J'en verfai fur une once de poudre de cantharides , ce qui m'en parut néceflaire pouren tirer toute la teinture , ce qui monta à plufieurs livres. Je mis cette infufion à évaporer fur un feu doux , & j'en prenois de tems en tems de petites portions ^ fur- lefquelles je verfois quelques gouttes de liqueur tantôt acide Se tantôt alcalme ; ce qui ne me décou- vrit non plus ici rien de particulier. L'évaporation finie , j'eus un extrait pefmt une demie once , & la poudre qui étoit reftée de la folution fe trouva du même poids ^ apès que je l'eus bien fait fécher ; ce oui me ht voir qu'il ne s'croit rien perdu par l'aélion du feu. Je fis enfui'te des ^'^I!?",^""* avec chacune de ces deux parties féparcment. Je pris d'abord Lûiucl. Acad. pan. àr. Tome X. N ,i 28i COLLECTION ACADÉMIQUE, ■ ^ = Jemi dragme de la poudre , & j'en fis faire un emplâtre que j'appliquai ACADEMIE ^^jj. j^ cuilfe d'une femme ayant la fièvre , conjointement avec d'autres Sciences enip'âtres véficatoires ordinaires. Us firent tous élever des veilles à l'ex- DE ception de celui qui étoit fait avec ma poudre. J'appliquai enfuite de la Bologne, même manière l'extrait fur la cuifTe d'une autre femme qui avoir auflî la fièvre. Tous les emplâtres formèrent des veflies , 8c les plus s^rofles fu- MÉMOiREs'^^"^ celles que l'extrait avoit tait élever , ce qui me fit voir qu'il avoit emporté toutes les parties aétives des cantharides. Mais en voilà aflez fur ce fujet. 11 ne me refte plus qu'à parler de l'analyfe des cantharides &c des au- tres médicamens véficans , par le feu ? Je mis trois onces de cantharides dans une retorte que j'expofai d'abord à un feu doux 5 il monta alors une petite quantité de liqueur aqueufe, & bientôt après un peu d'huile verte, de confiftance d'huile d'olives & d'une odeur forte & défagréable. En poullant le feu , il vint , fuivant l'eftimation que j'en ai pu faire , envi- ron trois dragmes d'un fel volatil blanc , femblable , par fa forme , à ce- lui de corne de cerf, & enfin une huile très-épaiflTe , brune, empyreu- matique &c fœtide , dont le poids furpafloit de beaucoup celui de toutes les autres parties. Ce qui refta au fond de la retorte , étoit noir , infipide & pefoit une once. L'euphorbe m'offrit les effets luivans : j'en mis aulli trois onces à diftiller dans une retorte ; ce ne fut qu'une heure après qu'il commença à s'en détacher une fumée épaiffe qui fe promena quelque tems dans le col de la retorte en forme de brouillard , & qui s'épaiffiffant enfin , donna trois dragmes d'une liqueur aigrelette, jaunâtre, qui, malgré fon acidité , ne fit aucune effervefcence avec les alcalis & encore moins avec les acides. 11 fe répandit en mème-rems une odeur pénétrante , fem- blable à celle qu'exhalent les os brûlés , qui affeéta fortement les pou- mons & l'odorat , &c qui dura jufqu'à la fin. La diftillation étant prefque achevée , je pouffai le feu ; Se il monta une huile épaiffe , jaune, em- pyreumatique qui fortit lentement jufqu'à la fin de la diftillation. Le poids de cette huile fut d'une once Se demie , & celui du capuc mortuum , de deux onces. J'obferverai ce qui fuit fur la graine de moutarde. Trois onces four- nirent d'abord un peu plus d'une dragme d'une liqueur jaunâtre qui fit effervefcence avec le vinaigre diftillé & l'efprit de nitre. En augmentant le feu, il monta un peu d'huile , &: en le pouffant au dernier degré de violence, il fe détacha une grande quantité de nuages jaunâtres, qui en s'épailîiffant fournirent fept dragmes & demie d'une huile brune qui avoit une forte odeur d'empyreume. Au commencement de la diftillation , l'odeur propre de la moutarde s'étoit fait fentir \ mais enfuite ce ne fut plus jufqu'à la fin qu'une odeur empyreumatique forte & défagréable. Le réfidu pefa fix dragmes & un demi fcrupule , de forte qu'il y eut plus d'une once de matière perdue. Trois onces d'ail fournirent auffi par la diftillation une once & trois ACADÉMIE DE BOLOGNE. î8j dra^mes de liqueur jaunâtre d'une faveur piquante , & d'une odeur = - d'ail mî-lée d'empyreume , qui ne fit efFervelcence ni avec les alcalis ni Académie avec les acides. Ayant pouiFé le feu au dernier degré de violence , il c "^^^ parut quelques nuages blanchâtres qui s'uniffant , formèrent une huile'du '^'^^^'^^^ poids d'une dragme au plus. Le caput monuum en pefa quatre & demie , Bologne. de forte qu'il y eut encore près d'une once de matière perdue dans la diftillation. ... i rois onces de racine d arum tirée récemment de terre en automne , fournirent d'abord deux onces d'un phlegme rout-à-fait infipide. Le der- nier degré de feu en fit monter une fumce blanchâtre qui celfa un mo- ment après. Pendant tout le rems de la diftillarion , il fe répandit dans l'appirtement une forte odeur d'empyreume. Le caput monuum pefa de- mie once. Trois onces de raifort fauvage donnerenr, au commencement de la diftillation , une once & demie de phlegme empyreumatique. A un feu violent, il ne parut que quelques nuages blanchâtres que difparurent dans l'inftant. Le caput monuum pefa un peu plus de demie once. La liqueur de raifort, non plus que celle de la racine d'arum , n'éprouva aucun chan- gement de la part des acides ni des alcalis. ■>t^gy»ÉiM»w. SVK LES EAUX MÉDICAMENTEUSES Métalliques. Par M. Vincent Menghini. LA multitude & la trop grande variété des objets qui ont fait la ma- tière de mes études pendant ces dernières années , m'ont empêché d'approfondir chacun d'entr'eux autant que l'exigeoit leur importance & leur difficulté. C'ert pourquoi j'ai refolu de borner mes travaux à des expériences qui aient un rapport plus dired avec l'art que j'exerce ^ & de ne quitter déformais un fujet , qu'après l'avoir épuifé autant que j'en ferai capable. Je conçus donc le delfein de m'occuper de l'examen de cer- tainsmédicamens , & de m'attacher à en éclaircir les propriétés. Je choihs de préférence quelques minéraux , favoir , le mercure , l'anti- moine , le fer 8c l'acier ; Se je voulus favoir quelles vertus ils communi- queroient à l'eau commune , foit par une longue infuiion ou une extinc- tion répétée , foit par l'ébullition ou la diilillation. Ma curiofité étoit excitée par les doutes que bien des médecins ont fait naitre fur pluheurs points importans par rapport à ces vertus. En etfet , s'il v a quelque re- mède auquel on ait eu jufqu'à préfent un peu trop de confiance , les pré- jU parations dont je viens de patler , font peut-ctreplus dans ce cas qu'au- i Nnij 2S4 COLLECTION ACADÉMIQUE, , - cun mitre. Ces minéraux ayant par eux-mêmes un degré d'aûivité peu Académie ^,Qj^^,^,y„ ^ ;( femble d'abord qu'ils doivent , par leur mélange avec Teaa DES Sciences commune , lui communiquer une partie de leurs vertus. Mais ces effets DE font beaucoup plus bornés qu'on ne le penfe communément. C'eft ce que Bologne, je me propofe de faire voir par mes obfervations. Si je parviens en effet A démontrer l'inutilité de ces médicamens , dont la vertu palfe pourtant Mémoires po"^ f' conftante , &c qu'on préfère fouvent mal-à-propos à d'autres plus utiles j \e croirai avoir payé j du moins en partie , mon tribut à l'acadé- mie , puifqu'à de telles conditions , elle veut bien recevoir des vérités déjà connues , comme de nouvelles découvertes. Je commencerai par ce qui concerne le mercure. Baxœus & Baglivi recardent , comme vous favez , l'eau mercurielle comme un excellent vermifuge , 8c difent avoir guéri par ce remède , des enfans prefque ago- nifans. CiriCTli ne lui eft pas aulli favorable. 11 eft à craindre , dit-il, dans fes notes fur EttmuUer , que le mercure ne communique à l'eau quelque principe malfaifant ; car ce minéral eft fi volatif & fes molécules fi mo- biles &c Cl aifées à transformer ■, que l'aélion du feu peut , félon lui , y produire quelque combinaifon nouvelle j &: peut-être nuifible au corps humain. Cette opinion eft entièrement oppofée à celle de Vanhelmont , qui penfe que le mercure ne communique rien du tout à l'eau dans la- quelle on le fait bouillir. Adam Frédéric Pezole avance au contraire , dans les aftes des curieux de la nature , que l'eau fe charge d'une grande quantité de mercure par des diftillations répétées. 11 efl: arrivé delà que, parmi les médecins , les uns redoutent l'eau mercurielle & ne l'ordon- nent que rarement & avec réferve , tandis que d'autres comptant un peu trop fur fes vertus , l'employent ttès-familiéremenr. Dans une fi grande diverfité d'opinions , je crus devoir faire quelques expériences , pour tacher de découvrir ce qu'on pouvoir en effet fe pro- mettre de l'eau mercurielle. La digeftion , l'ébullition , l'infufion , l'agi- tation & la diftillation du mercure dans l'eau commune , furent les moyens que j'employai. Je fupprimerai bien des détails , pour ne pas vous retenir trop long-tems , & j'abrégerai même beaucoup ceux que j'ai a vous expofer. Je verfai deux livres d'eau de pluie fur neuf onces de mercure , tel qu'on l'apporte de la mine , que j'avois mis dans des vaiffeaux de ren- contre. Je mis le tout en digeftion au bain de fable pendant toute une nuit -, le lendemain , je poulfai le feu , jufqu'à faire bouillir l'eau & j'en- tretins cette ébullition pendant deux heures ; j'éteignis enfuite le feu , & après avoir laifTé refroidir les matras , je verfai l'eau par inclination , je reçus le mercure dans un autre vailfeau de verre ^ & l'ayant pefé , je trouvai que fon poids étoit le même qu'auparavant. Je répétai cette expérience avec du mercure purifié , autant qu'il fut poflible , au moyen du fel & du vinaigre & par de fréquentes lotions , & avec du mercure revivifié du cinnibie. L'événement fut abfolument ACADÉMIE DE BOLOGNE. z?? le mcme. Il me vint enfuite en penfée qu'en employant un plus grand" degré de chaleur j &c en excitant un plus grand mouvement entre les ^^■*''^'^'^ molécules mercurielles Se aqueufes , l'eau fe chatgeroïc peut-être de Sciencfs quelques parties de mercure. Je mis donc du mercure & de l'eau dans ce un vaitrcau de terre vernllfé & ouvert pour les faire bouillir eiifembleUctocNE. avec plus de liberté , & je les expolai fur des charbons ardcns. L'effet de cette expérience bannit tous mes foupçons , car le poids du mercure feMÉMOiEES trouva le même qu'auparavant. Quoiqu'il parût alTez par-là que l'eau ne s'iinprégnoit d'aucune particule mercurieile , je voulus m'en alfurer en- core mieux par l'examen de celle dont je m'étois fervi. Je plongeai des pièces d'or dans une livre d'eau qui avoir été en digeftion avec du mer- cure , Se dans une autre livre qui avoir bouilli avec lui. La couleur de ces pièces , même après un aff^z long tems ne fut point du tout altérée. Je fis enfuite évaporer jufqu'à iiccité ces deux livres d'eau , fur un feu doux , dans des vailfeaux de terre. L'une & l'autre portion dépofa fur les parois du vaiiTeau , je ne fai quel fédiment , dont le poids n'excedolt pas deux grains , Se qui venoir certainement de l'eau & non pas du mercure , puifque deux autres livres d'eau de pluie très-pure , évaporée aufii jufqu'à Iiccité , en dépoferent un femblable. Pour les expériences concernant l'infufion & l'agitation du mercure dans l'eau , je pris de l'eau diftillée de chiendenr , récente , pour voir lî elle s'imprégneroir plus aifément de quelques particules mercurielles. Mais après une infunon qui dura plufieurs mois, Se une agitation mille fois répétée , deux livres de cette eau ne donnèrent , après l'cvaporation , que quatre grains de matière faline , fédiment qui fut pareillement dépofé par deux livres de la même eau , où il n'y avoir point eu de mercure. Après tous ces eflais j je voulus éprouver fi j'obtiendrois par la diftiUa- lion ce que je n'avois pu obrenir par les opérations précédentes. Je mis donc dans une cucurbire de verre , quarre onces de mercure bien purifié par le fel & le vinaigre j avec deux livres & demie d'eau de pluie. Je la couvris d'un chapiteau , & j'y adaptai un récipient aufli de verre. Ayant [>lacé mon alambic dans un fourneau , fur les cendres , à une douce cha- eur , l'eau ne tarda pas de monter j la diftillation ne fut achevée que le huitième jour. Je pefai alors le mercure , Se je trouvai qu'il n'avoir rien perdu de fon poids. Je recommençai la dil^illation avec le même mer- cure & avec de la même eau nouvellement diftillée , Se j'employai le même tems , avec cette différence feulement , que , le dernier jour , je donnai un plus grand degré de chaleur. J'obfervai , contre mon attente , la même chofe que Pezole aiïure contre Vanhelmont être arrivé après plufieurs diftillations répétées ; carie poids du mercure fe trouva diminué d'une dragme Se quatre grains. Je penfois déjà avoir trouvé par ce procédé j une eau médicamenteufe piopre à ruer les vers , lorfque notre collègue Mr. Jacques Zanotti , ha- bile chymirte , qui a bien voulu iii'aider dans toutes ces expériences , 1Î6 COLLECTION ACADÉMIQUE, = s'apperçut d'un nuage fubtil de couleuf de plomb , qui couvroit toute la Académie ^^jj,^i|.jjjjg ^ jg chapiteau. Cette découverte me fit fufpendre mon juge- SciENCES "■'^'^ •>" i'^uiois eu lieu de me repentir de l'avoir porté avec trop de pré- DE cipitation ; car après avoir elïïiyé les vailTeaux diftillatoires avec les barbes Bologne, d'une plume à écrire , nous vîmes que ce nuage n'étoit autre cbofe que le mercure dont nous penfions que l'eau s'écoit chargée , & le poids s'en MÉMOIRES trouva le même, à l'exception d'un grain feulement , lequel étoit de- meuré attaché à la plume , divifé en molécules imperceptibles , comme^ le prouvoit alfez la couleur cendrée qu'il lui avoir communiquée. Pour porter dans cette expérience toute l'exaditude &: la précifion que l'on pou- voir y délirer , je crus devoir la répéter de nouveau. Je pris donc la même eau que je venois de diftiller pour la féconde fois & la remis à diftiUer avec le même mercure , toujours à un degré de chaleur très-doux, pour éviter la fublimation de ce minéral. La diftiUation achevée , le mer- cure n'avoit rien perdu de fon poids. Je conclus delà que l'auteur allemand que j'ai cité , s'étoit trompé , & que le mercure ne refte jamais fufpendu dans l'eau , de quelque manière qu'on les mêle ea- , femble. Je vais expofer à préfent mes expériences fur le fer &c l'acier. Jean Craton avance que les eaux ferrugineufes remuent & lâchent le ventre. Plater & Hildanus prétendent le contraire j & Mercatus eft du même avis , en parlant de la manière de préparer les médicamens indiqués dans la diarrhée Se les obftruélions. L'utilité même des eaux ferrugineufes en général , Se leur efficacité en médecine , a été révoquée en doute par un grand nombre d'auteurs , &c en dernier lieu par Cirigli. Cette difpute qui partage les fentimens de plufieurs hommes ilUiftres , pourra un jour être terminée par une longue fuite d'expériences. Pour commencer du moins ce oraud ouvrage , je pris un morceau d'acier pefant deux onces & demis j & après l'avoir bien fait rougir , je l'éceignis pendant douze fois dans trois livres d'eau de pluie. Ayant filtré cette eau Se l'ayant mife à évaporer , elle dépofa un fédiment dont la faveur étoit falée. J'en approchai l'aimant, pour voir s'il y avoir de l'acier , mais il n'attira rien. Pour en être plus certain , M. Zanotti imagina de dilfoudre ce fé- diment dans de nouvelle eau de pluie , pour voir fi les molécules ferru- gineufes n'étoient pas par hafard engagées dans les parties falines , & fi , devenues libres par la dllfolution de celles-ci , elles n'éprouveroient pas l'aftion magnétique interceptée p.ar ces fels. Ayant donc fait fondre ce fédiment , il filtra l'eau à travers un papier gris ; il fit fécher ce qui étoit refté fur le filtte , Se en approcha r.iimant à plufieurs reprifes , mais il n'y eut rien d'attiré. Des morceaux de fer rougi que j'éteignis de la même façon dans l'eau de pluie , m'offrirent les mêmes effets que celui d'acier. J'employai enfuite l'eau de puits au lieu d'eau de pluie. Je pris le même poids d'eau &C de fer qu'auparavant , j'éteignis celui-ci le même nombre ACADÉMIE DE BOLOGNE. i^y de fois , je filtrai & lis évaporer de la même manière. 11 ne parut pas non -; — — plus que cette eau fe fût imprégnée d'aucune particule rerrueineufe , "'^"' ' • . 11 «. Ji_-r.c .... /-'j; *: _i... rj' II _ . u i DES quoiqu'elle eût dépofé un fédimeiit un peu plus confidcrable que l'eau de Sciences {>luie ■■, ce qu'il faut fans doute attribuer aux différentes immondices dont de es eaux de puits fe ch.irgent félon la qualité des terreins. Bologne. Quoique d'après l'effet de ces immerlions du ter & de l'acier dans l'eaUj je ne dulf? pluselpérer de trouver des eaux imprégnées de parti- J^Jj^joires cules fetrugineufes j il me paroilToit que j'en découvrirois peut-être dans celles où ces métaux auroient bouilli , réduits en poudre fine , dans les eaux de forgerons 6c celles qui coulent des pierres à aiguifer. mais tou- tes ces eaux ne m'offrirent pas un feul atome de fer. L'eau de forgerons dépofa feulement un fédiment plus conlidérable que les autres, qnoiqu'elle ne pefàt pas davantage avant l'évaporation. Pour plus grande certitude , j'éteignis vingt fois un morceau d'acier rougi , au poids de trois onces &c vingt-quatre grains , dans fix livres d'eau de pluie diftillée. L'ayant enfuite pefé , je trouvai que fon poids avoir diinmué de trois dragmes Si foixante grains. Cette diminution ne pouvoit venir que des petites écailles qui s'étoient détachées de l'acier dans le tems de l'immerfion. Je ramaffaices écailles en filtrant l'eau , Se je trouvai qu'elles pefoient foixante grains de plus que ce qui s'étoit perdu du poids de l'acier. Cetre augmentation de poids n'ayant pu venir de l'eau de pluie qui avoir cré bien purifiée par la diftillation, il y a tout lieu de croire qu'elle avoir été fournie par les cendres & les exhalaifons des charbons. Ayant enfuite fait évaporer l'eau, elle ne dépofa qu'en- viron trois grains d'un fédiment falin dont la faveur & la couleur ne don- noient aucun indice de fer. Cependant l'opinion généralement répandue qui admet l'exiftence du fer dans ces eaux , faifoit que j'appréhendois de m'être trompé. Je foup- çonnai auffi-tôt qu'il pouvoit y avoir quelques particules métalliques dans les fédimens que ces eaux dépofoient , &: que , fi elles ne donnoient au- cun ligne fenfible de leur préfence , cela venoit peut-être de ce qu'elles avoienr perdu la faculté d'être attirées par l'aimant , ainh qu'il arrive quel- quefois , ou de ce que leur petit nombre , leur fineffe^ leur extrême civi- fion les déroboir à rimpreflion magnétique. Or j'avois deux moyens de les découvrir , favoir , dans le premier cas , par l'addition & la conibuf- tion de la graiffe , moyen dont M. Lemerv , d'après Beccher , s'eft fervi pour rendre au fer la propriété d'êrre attiré par l'aimant lorfqu'il l'a per- due ; & dans le fécond cas , l'adlion de certaines liqueurs actives verfées fur une alfez grande quanrité d'eau ferrugineufe , ^' principalement celle des forgerons. Mais ces deux moyens ne purent me découvrir du fer dans ces eaux. L'addition de la grailfe «'en révivifia pas la moindre molécule, £c la poudre ou la reinture des noix de galle ne noircit point du tout la couleur de ces eaux. La leilive de la pierre phofphorique de Bologne ( comme notre collègue M. MarcLaurenti , homme très-favant en chi- i88 COLLECTION ACADÉMIQUE, . '' -mie 6i en médecine , l'a obfervé le premier ) verfée fur une liqueur qui Académie jjg^j quelque métal en dilTolution , la trouble aulîi-tôt & fait précipiter S ^^cE'; '^''^ fédunent noir. Or , cette lellîve troubla extraordinairement nos eaux DE ferru^ineules j mais le précipité hit d'un blanc de lait , au lieu d'être Bologne, noir. A toutes ces raifons je puis encore ajouter que fi ces eaux conte- _^^_^^ noient véritablement autant de fer qu'on le penfe communément , le fel MÉ MOIRES 4^^'°" ^" retire par leur évaporation , devroit être de nature vitriolique , ce qui n'eft pas , puifque , autant que j'ai pu m'en aflurer jufqu'à préfent, il a toutes les propriétés d'un fel alcali. Mon efpérance ayant été trompée dans les expériences précédentes , j'en entrepris de femblables fur un mélange d'antimoine &c d'eau com- mune. Je verfai quatre livres d'eau de pluie fur trois onces d'antimoine, &, après avoir fait bouillir l'eau jufqu'à confomption du tiers , je la fil- trai , je la fis évaporer Se je trouvai au fond du vailfeau un fédiment pe- fant onze grains. Je fis diifoudre ce fédiment dans une autre eau plus pure , &C la filtrai à travers du papier. La partie groffiere qui refta fur le filtre , pefa trois grains. Elle étoit d'une couleur un peu obfcure. Je l'examinai avec le microfcope , & je n'y vis qu'un mélange fi confus, que je n'en pus porter aucun jugement certain. L'addition des efprits acides développa mieux fa nature. Cette matière fit avec eux une forte effervefcence j fans qu'il s'en détachât d'exhalaifons fulfureufes ; ce qui me fit penfer que ce n'étoit qu'une terre calcaire. L'eau qui avoir paffe a travers le filtre , dépofa par l'évaporation huit grains d'une efpece de fé- diment falin. Je répétai avec l'antimoine & la pierre ponce cette opération que j'a- vois d'abord faite fur l'antimoine feul. L'eau dépofa par l'évaporation un fédiment un peu plus confidérable. Mais d'ailleurs fa couleur fut la même; il fit In même effervefcence avec les efprits acides ; en un mot toutes les circonftances furent femblables. Mais en voilà aflez fur ce fujet. On me demandera peut-être fi je pré- rends donc bannir de la matière médicale, ces eaux médicamenteufesque l'ancienneté de leur ufage rend fi recommandables. Je pourrois éluder une queftion aufli délicate , en alléguant l'obfcurité qui règne encore fur la na- ture des fels qu'on retire de ces eaux ; ce qui demande de nouveaux éclaicitfemens dont je m'occuperai dans la fuite. Je me contenterai de re- marquer ici qu'on fe tromperoit bien lourdement , fi on penfoit que ces eaux agllTent fur le corps humain par des particules intégrantes Se fenfi- bles de ces minéraux. Voilà , Meflîeurs , ce que la brièveté du tems m'a permis de vous expo- fer touchant mes expériences. Outre les motifs qui m'ont engagé à les en- treprendre Se dont j'ai parlé au commencement de cette dilTertation j rien nefauroit m'exciter plus fortement à les continuer que l'approbation que j'cfpere pour m-es travaux de la part de l'augurte prince & des autres no- b'ics Se favaiis auditeurs qui ont daigné m'honorer de leur attention. SUR ACADÉMIE DE BOLOGNE. it<) r„-U — \-,>U^^^Ml— — , irr,^ AcADÉMIE DES SUR LA MANIERE DE COLORER LES OS ^"d'^e"' _. . • ' 1' r j I • j Bologne. Des animaux vivans , par i ulage de la racine de garcncc. Par M. Matthieu BazANI. Mémoires ON a découvert en Angleterre l'.irt de faire perdre aux os des ani- maux vivans , leur couleur naturelle , & de leur en donner une étrangère , par le moyen de la nourriture. Les expériences qu'on a fai- tes à ce fujet , particulièrement lur les poulets & les cochons ^ ont été préfentées à la Iccictc royale ; Se leur (mgulanté a beaucoup furpris cette lavante compagnie. C'ell: ce que mandoit , l'année dernière , de Lon- dres à M. Pierre Paul Molinelli , notre illuftre collègue , le célèbre Samuel Sharp j profelTeur de chirurgie en cette ville , en lui envoyant des échantillons d'os ainli colorés. M. Molinelli voulut bien me commu- niquer la lettre de M. Sharp , me montrer ces os , ôc m'expliquer les moyens dont on s'étoit fervi pour les colorer de la forte. Tandis que je confidérois avec admiration leur couleur, qui étoit d'un rouge foncé, il me témoigna qu'il bruloit d'envie de répéter ces merveilleufes expé- riences , & de faire lui-même un elTai de cet art •, car, difoit-il, dans la recherche de la vérité , il eft toujours mieux de voir par foi-mcme , que de s'en rapporter au témoignage d'autrui. Mais il ajouta que le tems Se fes infirmités ne lui permettoient pas d'entreprendre ce travail. 11 m'exhorta donc à me charger moi-même du foin de faire ces ef- fais , en luivant la méthode que M. Sharp lui marquoit avoir été fuivie pour colorer les os de poulet Se de cochon j qu'il lui avoir envoyés cv.^i:c Les premiers jours, il parurent peu fatisfAirs du goût de cette racine, SCIENCES , r _ ',,'.f. r . j -o ^ . , ' Di; ùc la repouuerent ciedaigneulementavec leur bec. Je penlai quils la trou- BoiOGNE, veroient moins dclagréable , en y mêlant un peu de fleur de froment , & je _ leur fis faire une eipece de bouillie avec cette racine j la farine &; l'eau. Mémoires ^^^^^ ^o"^ <^^"2 forme même, elle ne laiiïa pas que d'exciter leurs plaintes Se leur fureur. Toutes les fois que la poulaillere leur apportoit de cette bouillie, ils relevoient leur crête, jettoient des cris perçans , comme pour ia quereller j & la becquetoient audacieufement. Je donna! ordre de ne les nourrir qu'avec ce feul aliment , quelque rébutant qu'il leur parût 5 la faim les força bientôt à s'en accommoder , & ils s'y accoutu- mèrent peu-à-peu. Environ vingt fept jours après , j'ordonnai qu'on en tirât un de la cage , Se je le hs tuer. Sa crête étoit rouge , fa barbe rougeâtre , fes aîles noirâtres &: fes perites plumes d'un noir clair. Après qu'on l'eût plumé, il ne partit point maigre , mais bien nourri. L'habitude du corps ni les entrailles ne parurent teintes d'aucune couleur étrangère. La peau , les mufcles qu'elle couvroit, les tendons & les cartilages étoient blancs, comme ils le font ordinairement dans cet oifeau. L'écaillé de la partie inférieiire des jambes & celle des pieds étoit noirâtre ; les ongles & le bec , d'un brillant tirant fur le brun ^ & le yeux roux. Les vifceres de la tête , de la poitrine & du bas ventre , en un mot , toutes les parties qui n'étoient point ofleufes , avoient confervé leur couleur naturelle. Les os feuls l'avoient perdue , Se s'étoient teints en rouge ; ôc la ref- femblance de leur couleur avec celle de la racine de garence , démon- rroit bien fenfiblement qu'ils la tenoient d'elle. Comme le périofte me paroilToit auffi teint en rouge , je doutai d'abord fi la rougeur ne réfidoit pas dans cette partie , & fi ce n'étoit point elle qui faifoit paroître ainfi colorés les os qu'elle recouvroit ; mais après l'en avoir féparé avec La pointe d'un couteau , je m'apperçus qu'il étoit très-blanc du côté qui y étoit adiiérent, &je reconnus qu'il n'étoit pas rouge par lui-même , mais qu'il ne faifoit que tranfmettre la couleur rouge des os. Je ne voyois d'ailleurs aucune raifon pourquoi la racine de garence anroit teint «n rouge le périofte feul , à l'exclufion du périchondre j des ligamens j des tendons , de la plèvre ôC des autres membranes nerveufes. Cette rougeur étoit tellement bornée aux os feuls , qu'il n'en paroif- foit pas le moindre vertige fur les cartilages , & qu'elle affeétoit uni- quement le tififu offeux , ainfi qu'il paroilloit par la feéVion tranfverfale des parois des os. Les cartilages font blancs naturellement ; mais parmi ces os teints en ronge, ils paroiffoient d'un blanc de lait, 8C comme ils reflortoienc da- vantage par là , on en diftinguoit bien mieux le nombre , la fituacion , ia connexion & la forme. ACADÉMIE DE BOLOGNE, tgt Pour m'aiïurer de l'état des paicies intenies , je parcourus atteutive- niiiit cliacjue vifcere j & piincipalemenc ceux qui font deftincs à rece- voir les alimens Se la boUrou j i;ivoir , le ventricule & les inteftins j fans Çj.'^,, négliger même les rellies de la digeftion fï les excrcmens. ng Toutes ces parties me parurent ctre dans leur état naturel , Se je n'y Bologne remarquai pas la plus légère trace de couleur étrangère. Mais ce qui fixa Académie DES ENCES mon attention, ce hit'une efpece de balayeure ou de duvet blanchâtre que v /^ je trouvai dans le ventricule , formé par les reftes de la racine de garence qui y avoir été digérée , èC qui y avoit perdu fa couleur , &: confondu avec des cailloux de différentes figures &c de différentes groffeurs. Cela prou- voit fenfiblement que la racine s'étoit décolorée dans ce vifcere j la tu- nique veloutée du ventricule & les cailloux n'avoient cependant pris au- cune teinture de fa couleur , ce qui me parut remarquable. D'après ces obfervations , je crus pouvoir conclure que la teinture rouge de la racine de garence , lèche , eiï extraite dans le ventricule & féparée des autres parties ; & que delà elle pafle dans le faiig par des routes qui nous font inconnues , les anatomiftes n'ayant point encore découvert de vaifleaux chyliferes dans les oifeaux , pour aller colorer les os j & qu'elle ne s'attache qu'aux os feuls , parce que leur firufturea quelque chofe de particulier qui les rend propres à recevoir cette couleur , Se qui ne fe trouve pas dans les autres parties du corps, j'ai dit la teinture de la racine feche , car quand elle eft fraîche , fa couleur eft jaune Se l'on en tire un fuc qui eft jaune aulli , félon Robert Boyle, dans fes réflexions & expériences fur les couleurs. Les autres poulets ne furent point tués en même-tems , je les lailTai tous les trois dans la cage , & j'eus foin de leur faire donner chaque jour leur ration de la même nourriture. Vingt jours après j'en fis tuer un fé- cond , que je trouvai dans le même état que le premier , c'efl-à-dire j que je ne découvris aucune différence foit dans les plumes , la ctete , la barbe , le bec & les ongles , foit dans la peau , les mufcles , les ten- dons , les ligamens Se les cartilages , foit enfin dans chaque vifcere. Le ventricule renfermoit le mcme duvet, avec des cailloux de différentes grclTeurs Se figures , Se la tunique veloutée de ce vifcere , les humeurs récrémentitielles Se les excrémens contenus dans les inteftins étoient entiè- rement femblables. Les os feuls étoient teints en rouge ; mais ce rouge étoit plus clair Sz approchoit de la couleur de rofe. Je penfai que cette différence pouvoir venir de ce que la racine de garence ayant peut-être manqué , les pou- lets avoient été nourris avec du fon pendant les trois ou quatre derniers jours ; Se je voulus elfayer fi , en faifant palfer les deux qui reftoient à la nourritture ordinaire, leurs os conferveroient leur couleur empruntée. Je fis donc retrancher la bouillie , Se on leur donna de gros grains & du fon. Us s'en nourrirent pendant plus d'un mois , après quoi je les fis tuer. Je vis avec fatisfailion que les os avoient, comme je le prévoyois, Ooij 291 COLLECTION ACADÉMIQUE, . - dcpofé li couleur fafticCj pour reprendre leur couleur naturelle. Je ne Dts^" P'^"'"'^'^ P"^* pouvoir m'ètre trompé dans ces obfervations elles me paru- SciENcES "-^"^ marquées au coin de la vérité ; &: il eft hors de doute que les os DE * SUR LA TUNIQUE CHARNUE DU VENTRICULE 6c des inteftins. Par Mr. Dominique Gufman-GALEATI. Quoique parmi les parties du corps humain auî^quetles les anato- miftes ont donné le nom d'organiques , celles que la nature a defti- nées à recevoir & à digérer les alimens , paroilFent les plus fimples , puif- qu'elles ne font compofées que de quelques membranes entrelacées & pofées les unes fur les autres ^ & qu'elles ne forment qu'un fimple canal qui s'étend depuis la bouche jufqu'à l'anus ^ cependant l'art qui règne dans leur ftruéVure , n'eft pas tellement manifefte , que j pour le bien dé- velopper , il ne foit nécellaire de l'obferver avec beaucoup de foin & d'at- tention. On ne doit donc pas s'étonner fi les anatomiftes ne font pas tout-à-fait d'accord dans les defcriptions qu'ils en ont données , & s'ils différent quelquefois entr'eux , non feulement fur la direifbion , l'ordre &: la configuration des parties infenfibles qui les compofent, mais fur le nom- bre même & la difpofition des membranes. Je ne m'arrêterai point ici a confidérer fi la membrane cellulaire de Ruyfch , fituée entre la tunique externe & moyenne de tout ce canal , eft une membrane véritable &c àii- tinfte , ou plutôt un fimple entrelacement de toutes les fibrilles & de tous les petits vailTeaux qui uniffein ces deux là , & dont les iuterftices SC Académie ACADÉMIE DE BOLOGNE. 509 les vuides dilatés par l'air qu'on y poulfe de force, repréfente une efpece de tifTu cellulaire , lequel pourroit être l'ouvrage de l'art aulfi-bien que de la n.unve. Je ne parlerai pas non plus ici de cette magnifique prépara- ^ tion d'Albinus , par laquelle cet auteur prétend démontrer un tilîu cellu- p£ laire femblable & même plus fcnfible dans la tunique interne ou ner- Bologne veufe, préparation qui conlifte à léparer & renverfer la tunique externe, DES ENCES à lier quelque portion du canal inteftinal & à y fouffler de l'air. Cet air ^^émoires ainlî poulTé avec violence dans les petits efpaces qui exiftent entre les fi- bres , les vailFeaux , les glandes Se les autres parties extrêmement fines dont cette tunique remarquable eft compofée , peut très-bien , en y fé- journant , faire paroltre rare & fpongieule cette membrane qui , quoique naturellement denfe & compaéle, eft cependant formée d'un plus grand nombre de parties ditférentes que les autres membranes du même canal. Je ne dirai rien non plus enfin de la diviilon que quelques-uns font de cette tunique nerveufe en vafculaire , glanduleule & veloutée , fondés fur ce que , outre un épanouilTement remarquable des vailTeaux fanguins qui l'entourent , on y voit appuyées comme fur leur propre bafe , une infinité de glandes dont tout le trajet du canal eft abondamment pourvu , & de plus tous ces petits tubes qui , comme je l'ai dit ailleurs , s'ouvrent par- tout dans fa furface interne , 6c s'élèvent fenliblement dans la cavité des inteftins grêles fous la forme de petits poils flottans. Je paffe à la defcrip- tion de la tunique charnue de tout le canal alimentaire , après avoir re- marqué que la furface interne de la tunique nerveufe eft réellement dif- tinéle de celle-ci , puilque , par une légère macération dans l'eau , elle s'en fépare comme l'épiderme fe fépare de la peau , & que d'ailleurs la ftrudure & la denfite de ces deux membranes font très-fenfiblement différentes. Quoique la tunique charnue dût , à caufe de fon épaifleur & de la fim- plicité de fes parties , être mieux connue que les autres , & qu'il dût y avoir à cet égard moins de difcordance dans les obfervations des anato- miftes , il faut avouer cependant que , jufqu'à préfent , elle a été moins examinée &: moins bien décrite. La diffection publique d'un cadavre que j'ai faite depuis p»u , m'a fourni l'occafion de l'examiner avec plus de foin, & m'a mis en état , fi non de découvrir quelque chofe de nouveau , au moins d'éclaircir quelques points encore douteux. L'opinion la plus générale parmi les anatomiftes au fujet de la tunique charnue, de laquelle tout le canal alimentaire tient fa forme & fon mou- vement , c'eft qu'elle eft formée d'un double plan de fibres , dont les unes difpofées fuivant la longueur du canal , font nommées longitudina- les , Se les autres l'embrallant tranfverfalenient en manière d'anneaux capillaires , font connues fous le nom d'annullaires ou circulaires. Dans l'œfophage &: les inteftins j de l'avtu de tous les anatomiftes , les fibres longitudinales occupent la partie extérieure , puifqu'elles paroilfent im- piédiatement fous la membrane externe qui les recouvre j les circulaire» 510 COLLECTION ACADÉMIQUE, *•■ • ^l'onc internes , pLiilque d'un côcc elles adhèrent fortement aux longitudi-' Académie jj^^gj , qui les coupent à-peu-près en angle droit , Se que de l'autre elles Sciences ^'"^'^ étroitement unies à la tunique nerveufe , qui n'en eft féparée par au- DE cune partie intermédiaire. Mais dans le ventricule , la plupart des ana- BoLOGNE. tomiftes loutiennent avec WiUis que la difpolition eft dans un ordre pré- . : cifément contraire , &c que les circulaires font en dehors & les longitudi- MÉMOIRES nales en dedans. J'ai remarqué que Winllov^r eft le feul qui n'admette paj cette opinion , & qui alfure que la difpofition des libres mufculaires eft abfolument la même dans le ventricule que dans le refte du canal alimen- taire. Quoique le feiitiment de cet auteur me partit plus vraifemblable que l'autre , comme plus conforme à la (Implicite qu'affeéle la nature & a la difpofition du canal , qui étant par-tout uni & continu , femble de- voir être par-tout compofé d'un même nombre de parties 6c fituées dans le même ordre , je voulus cependant m'en alTurer par moi-même , & voir fi la diffedion m'oftriroit quelque chofe qui pût eclaircir ce point ; cac d'un autte cbzé , j'imaginois qu'il écoit difficile que Willis fe fût trompe dans la defcription de cette partie qu'il paraît AVQÏf examinée avec tant d'attention. Ce que j'ai pu découvrir par des obfervations exaftes & répétées ,' c'eft d'abord qu'il y a dans le ventricule un double plan de fibres longitu- dinales j l'un extérieur , pofé immédiatement fous la membrane externe de ce vifcere , l'autre intérieur & couvert par les fibres annulaires de la même tunique charnue , de façon que ces fibres annulaires font placées entre les deux plans de fibres longitudinales. Secondement , que les fibres lontritudinales tant externes qu'internes j quoiqu'elles fuivent par-tout la même difpofition ne s'épanouiffent cependant pas fur toute la furface du ventricule j car quelques-unes d'entr'elles qui naifient de l'endroit où l'œfophage fe termine à ce vifcere, fe réunillent en formant plufieurs pe- tits paquets & s'étendent fur la petite courbure , d'un orifice à l'autre. D'autres partant de l'orifice gauche , fe divifent peii-à-peu & fe répan- dent en manière de rayons fur tout le refte de ce côté du ventricule , les unes horifontalement , d'autres obliquement , d'autres enfin en fuivant la même direiftion que les fibres circulaires avec lefquelles quelques-unes paroiflent même fe confondre. Je n'ai pourtant pas obfervé qu'aucune parvînt jufqu'au fond de l'eftomac , de forte qu'un tiers de ce vifcere eft dépourvu de fibres longitudinales. Troifiémement _, que les fibres circu- laires encourent non feulement le fond du ventricule , mais encore tout le refte de fa furface depuis un orifice jufqu'à l'autre , & quoiqu'elles foient plus épaiffes & plus nombreufes auprès des deux orifices , elles le font encore davantage autour du pilore &C à fon voifinage , qu'au- tour du carJia ; car dès que le ventricule commence à fe courber & à fe relferrer pour former le pilore. ( Ce que que j'ai obfervé fe faire après les deux tiers de la longueur de ce vifcere ) les fibres circulaires deviennent plus épailfes 6c plus laraairées & paroiire.nt fosroej ACADÉMIE DE BOLOGNE. 311 plufieurs trouireaux annulaires. Là pofées les unes fur les autres, elles — — compofent le petit :inus du pilore , qui, s'élevanc avec la tunique ner- "^'*''^-'^" veufe du ventricule , pend dans la cavité du duodénum , femblable à la Sciences partie ctroitî d'un entonnoir. de On peut aifcment découvrir dans le ventricule d'un adulte l'ordre &: Bologne. la diltnburion des fibres charnues , tels que je viens de les décrire , fi en- enlevant la tunique externe ou membraneiiie & l'interne ou nerveufe , Mémoires or» examine avec attention l'une 5^ l'autre f;ice de la tunique niufculcnfe en l'étendant fur une cucurbite de verre , afin de conlerver en quelque façon la forme du ventricule & pour pouvoir mieux obferver la difpo- fition naturelle des fibres , contre la lumière du foleil ou d'une bougie. Mais tout cela fe voit très-bien aulTi dans le ventricule des fétus , ou- vert par fa partie fupérieure , 8c bien étendu & defféché fur une clo- che de verre. Car la finefTe & la tranfparence des membranes , plus grandes dans le fétus que dans l'adulte , fait qu'on diftingue encore mieux , dans le premier , la fltuclure &: la diftribution des fibres charnues. Pour ce qui eft des fibres charnues des inteftins , j'ai toujours obfervé à la vérité , dans tout le trajet des inteftins grêles , ce double plan de fibres , longitudinales & circulaires pofées , les premières fur celles-ct & fe croifant régulièrement , & cela non feulement dans l'homme, mais encore dans les autres animaux. Quant aux gros inteftins de l'hcmme , les fibres circulaires y font plus diftinCles & plus fenfibles que dans les grêles \ il fembleroit donc qu'il devroit en être à proportion de même pour les fibres longitudinales \ je n'ai cependant pu obferver celles ci que dans une partie des gros inteftins, & à l'exception du reétum où l'on voit ces fibres longitudinales s'étendre de tous côtés comme des trouiïe.uix mufculeux ou des mufcles droits depuis l'anus jufqu'au com- mencement du colon \ dans le refte du trajet de ces inteftins , favoir le colon & le cœcum , je n'ai pu voir d'autres fibres droites que ces liga- mens ou bandes mufculeufes qui parcourent toute la longueur du colon , laifTant enrr'el'.es un intervalle par-tout égal , & embraffent & fetrent cet inteftin comme des liens très-forts , étroitement unies , d'un côté , i la tunique externe ou membraneufe qui les recouvre , & plus étroite- ment encore, de l'autre côté , aux fibres charnues circulaires, au moyen defquelles elles font attachées à la tunique interne nerveufe , mais d'une manière fi lâche , qu'on peut les en fcparer fans beaucoup de peine. Ces bandes charnues iiaiirent des rroufleaux mufculeux du recftum dont j'ai parlé , lefquels s'étendent d'abord fur la furface de cet inteftin , en manière de toile, & lorfqu'ils font parvenus au colon, fe divifent & fe ramalTent en ces trois bandes dittinétes comme en autant de btan- ches. Ces bandes font plus courtes & plus tendues que les autres mem- branes du colon auxquelles elles font attachées ; ce qui fait qu'elles les tirent inégalement , les froncent & forment ces cellules îk ces replis 311 COLLECTION ACADÉMIQUE, ==j=qui lont iiécefTaires dins l'homme , pour empêcher que les matières AcADEMiEj.^(.jjg5 jjg fQjfgjjj jgj inteftins aullî promptement & aulli fouvenc que Sciences '^^"^ '^^ animaux. De forte que li on coupe en divers endroits ces bail. j3g des charnues , Se qu'on les dégage de leur union avec les membranes j Bologne, celles-ci s'étendent & s'applatident , & le trajet du canal paroît par- ronr également dilaté. Si les fibres longitudinales étoient également dif- MÉMOiRES ^''^'^'•"^25 fur toute la furface du colon , & l'embralfoient de toutes parts , ces fibres fe contratftant & fe raccourciffant , la cavité de l'inteftin pour- roit à la vérité fe relferrer &c fe froncer également , mais non former ces loges Se ces cellules dont je viens de parler. L'état des inteftins des bœufs femble prouver ce que j'avance. Dans ces animaux , les gros inteftins ont un diamètre par-tout égal & l'or» n'y voit point comme dans l'homme des loges & des cellules. Auflî non feulement le reélum , mais la portion du canal qui lui eft unie, & qui répond au colon de l'homme , font ils par-tout entourés & couverts d'une couche continue de fibres longitudinales ; Se quoique les fibres de cette portion d'inteftiji foient plus minces que les fibres longitudi- nales du reélum & que les fibres circulaires fur lefquelles elles font po- fées ; elles s'épanouifl'ent cependant fur toute fa furface comme dans les inteftins grêles. Les mêmes vues qu'à eu la nature en plaçant les fibres mufculaires lon- gitudinales , non dans toute l'étendue du colon _, mais feulement dans trois de fes côtés , l'ont peut-être auflî engagée à ne le placer que dans un certain efpace du ventricule ; quoique les effets qui , dans le ventricu- le , réfultent de cette difpofition particulière des fibres longitudinales j foient fort différens de ceux qu'elle produit dans le colon. On ne voit, erj effet, ces fibres qu'à la partie fupérieure de l'eftoinac entre fes deux ori- fices &: dans fa partie gauche &: moyenne , où ce vifcere a le plus de ca- pacité , il paroît donc que la nature ne les a mifes que dans les lieux où il y a une plus grande nécefllté d'empêcher une trop forte diftenfion. Et à l'exception de l'œfophage Se du redtum, où les fibres longitudinales font autant Se peut-être plus épailfes que les circulaires , dans toutes les autres parties du canal alimentaire , les fibres circulaires font plus épailTes Se plus ferrées que les longitudinales , parce que la nature a voulu que ce canal s'y rétrécît plutôt que de s'accourcir. Mais qui pourroit fe flatter de pouvoir remonter avec certitude jufqu'à laconnoilfince des caufes fina- les ? Il devroit nous fuffire de connoître tous les phénomènes , la ftruc- ' ture des parties & le méchanifme des organes , dont la nature fe fert , dans le corps humain j pour parvenir à fes fins. SUR ACADÉMIE DE BOLOGNE. jrj fji' ■ dJ^Ë'S^Ta^'jJ — ' ' I 1M.X AcADBMIE DES SUR LA MORT DE QUELQUES ESPECES ^'"^e"' D'oifeaux 6c des grenouilles , dans un air renfermé. °''°°^^' Par M. Jofeph P^ERATTI. LEs expériences que le favaut M. Jacques Piftorini , notre collè- gue j a autrefois communiquées à l'académie , fur la mort de cer- tains oifeaux renfermés fous des récipiens de verre , parurent di- gnes de fon attention , tk par leur nouveauté , & par les difficultés qu'elles ofFroient à ceux qui , polfédés de la manie des fyftémes , font toujours prêts à bâtir des hypothefes. Ces expériences ne tendoient à rien moins , en effet , qu'à renverfer toutes celles que les phyliciens avoient imaginées pour rendre raifon de ce phénomène. 11 avoit obfervé, difoit-il , Se il s'étoir affuré par des elfais répétés , que deux oifeaux ren- fermés enfemble fous le même récipient , y mouroient précifément dans le même tems qu'un feul oifeau de la même efpece 8c du même âge ; d'où il concluoit que la caufe de leur mort n'étoit ni une vapeur moftétique , m le défaut d'un principe vital contenu dans l'air , ni la diminution du reflort de ce fluide , comme divers auteurs l'avoient pen- fé ; conféquence évidente , en admettant la vérité des faits rapportés par cet obfervateur d'ailleurs très-exacT:. Car, dans chacune de ces trois opinions , quelle raifon peut-on donner pour expliquer comment les oifeaux ainfi renfermés ne meurent pas d'autant plutôt j qu'on en a mis un plus grand nombre enfemble ? Eu effet , fi on attribue leur mort à une efpece de vapeur moftétique , formée par les exhalaifons qui s'é- ch.ippent du corps de l'oifeau , & qui , refferrés dans la cavité du réci- pient , & ne pouvant fe répandre au-dehors , infeâent l'air qui y eft renfermé , & deviennent venimeufes au point de donner la mort à l'a- nimal ; comment concevoir qu'en renfermant enfemble un plus grand nombre d'oifeaux , & la quantité d'exhalaifons étant , par conféquenc , plus confidérable , cette vapeur ne foit cependant pas plus nuifible , Se mortelle en moins de tems ? N'eft-il pas certain que l'aélion des poi- fons & les effets qu'ils produifent , font toujours proportionnels à leur quantité ? Mais fi on fait dépendre la mort de ces oifeaux du défaut d'un principe vital qu'on fuppofe dans l'air , ce principe doit être d'autant plutôt épuifé , qu'il y a un plus grand nombre d'oifeaux fous le même récipient ; & la même raifon fubfifte encore , fi on accufe une diminu- tion du reffort de l'air. Il falloir donc de deux chofes l'une , ou s'appliquer à trouver une au- tre hypothefe, propre à expliquer ce nouveau i^' furpren.inr phénomène, Çollccl, Acad. parc. étr. Terne X, R r Mémoires 314 COLLECTION ACADEMIQUE, :ce qui paroilloic bien difficile , ou fe réloudre à en ignorer la caufe , Académie pa^jj q^^g jgj phyficiens embrairent rarement , &c qui leur paroît même c °"' ^ avoir quelque chofe de honteux. Je conçus donc dès-lors le deffein de '^'de'^" faire quelques expériences pour tacher de découvrir fur ce fujet quelque Bologne, chofe de vraifemblable. Mais je crus devoir auparavant répéter celles de mon ami , Se m'alfurer par moi-même de la réalité d'un fait aulïï extraor- Mémoires '''"^'re que celui qu'il avançoit ; non que je me défiaiïe de fon exaditii- de , mais dans l'efpérance que ces obfervations m'otfriroient quelque cu-conltance qui put me donner quelques éclaircilfemens. Je fus fécondé dans ce travail pour M. Jean-Marie Pigatti , de Vicence , homme diftin- gué par les lumières de fon efprit , qui s'applique avec autant de fucccs que d'ardeur à l'étude des fciences , & qui écoit pour lors à Bologne ; par M. Gottard Bonzi &c M. Thomas Laghi , nos collègues , l'un &c l'au- tre fort favans en médecine & en anatomie. Tandis que nous nous difpofions à faire nos expériences , ôi que nous fongions à la méthode que nous devions fuivre , nous jugeâmes qu'il étoit convenable d'avoir égard à trois points , dont on ne s'étoir guère occupé avant nous. Le premier , d'obferver quelle feroit la hauteur du mercure dans le baromètre , le jour de chaque expérience j afin de con- noître la denfité de l'air , qui n'eft pas toujours la même , mais qui varie comme la pefanteur de l'athmofphere eft indiquée par le baromètre ; car on fait que l'air eft d'aurant plus propre à entretenir la vie des animaux, qu'il eft plus denfe &c plus pefant. 11 ctoit donc néceffaire de déterminer le degré de denfité de l'air. Mais il falloir, outre cela , connoître le de- gré de chaleur &: la température de l'atmofphere dans les différens jours ik les ditférentes faifons où ces expériences feroient faites , ainfi que celui des animaux qui y ferviroient. Tour le monde fait combien les variations du chaud &c du froid influent fur le reflbrt de l'air. Enfin il étoit importcint de favoir quelle étoit la capacité des récipiens , dans les- quels les oifeaux dévoient être renfermés. J'ai obfervé toutes ces pré- cautions avec la plus grande ex.iâ:itude , dans toutes les expériences que j'ai pu faire en différentes faifons &c fur diverfes efpeces d'animaux. Et pour ce qui eft de la capacité des vaifteaux , voici comment je parve- nois à la connoître. Je prenoisun pouce cube de Paris , fait avec du laiton, &c je me fervois de cette mefure pour remplir d'eau le récipient; je favois par là combien de pouces cubes il contenoit. Mais ta connoiftance de la capacité du récipient, ne me donnoit pas encore affez exaftement celle de la quantité d'air qui y étoit renfermée. 11 étoit nécelfaire d'en dé- duire l'efpace que les animaux y occupoient. Il fallut donc trouver un moyen de mefurer cet efpace j c'eft ce que je ne pus faire qu'après cha- que expérience en particulier. Pour cela , je templiffois d'eau un vaif- feau que je pofois fur un plat ; je plongeois dans cette eau le cadavre de l'animal , &: je mefurois avec mon pouce cube , l'eau que cette immer- iion avoir fait verfer fur le plat. Je voyois par là l'efpace que l'animal ACADÉMIE DE BOLOGNE. 315 avoîî occupe dans le récipient , & il m'ccoit aifc de déterminer ce qui en=== étoit ?>.-llé X l'air. On peut voir , par ce que je viens de dire , jufqu'à quel Académie point j'ai pjuiré l'exadlitude , dans mes expériences. Je vais à prcfent ex- Sciences pofer ces expériences mêmes. de La première fut faite fur un pigeon , que je mis fous un récipient , Bologne. dont la capacité étoit de deux cents cinquante pouces. Ce récipient étoit placé far une plaque de métal , Se j'avois eu foin de boucher tout le mémoiri:S contour de fon embouchure, appliquée fur cette plaque , de manière à en défendre abfolument l'entrée à l'air extérieur. Demie heure après , l'animal commença à éprouver les avant-coureurs de la mort. La reJpira- tion parut d'abord laborieufe &C accélérée , Se elle le devint de plus en plus. Un peu avant la mort , il fe fit un changement confidérable dans cette difficulté de refpirer ; car la refpiration devint rare & profonde , & i'oifeau mourut un moment .après. 11 avoir vécu fous le récipient , trois heures j trois quarts. Le lendemain , je mis fous le même récipient, deux pigeons du même îge, &, autant que je pus en juger par la vue, de la même force &:dela même grolTeur. Demie heure après, la refpiration commençai fe faire difficile- ment , comme dans la première expérience , & cette difficulté augmen- tant par degrés , & la refpiration étant devenue rare Se profonde j ils ex- pirèrent peu de tems après , favoir , le premier au bout d'une heure , v trente-cinq minutes , & le fécond, fept minutes après. Ainfi en ajoutant ces deux tems , on trouve que les deux pigeons ont vécu fous le réci- pient , cent quatre-vingt-dix-fept minutes , tandis que le premier en avoit vécu deux cents vingt-cinq. D'où il fuit que celui-ci n'avoir pas vécu feulement autant que chacun des deux autres , mais un peu plus du dou- ble. Le rapport des tems ne fuivoit donc pas bien exaétement la raifort inverfe du nombre des animaux ; à moins qu'on ne veuille dire que cette irrégularité étoit compenfce par la quantité d'air , qui étoit plus confidé- rable dans la première expérience , que dans la féconde , à caufe de l'ef- pace occupé , dans celle-ci , par le fécond animal j & qui étoit de dix pouces de plus ; fur-tout fi on fuppofe que le pigeon de la première ex- périence , etoit d'une telle conditutiouj & d'une telle force j que placé fous le récipient avec un des deux autres , il feroit mort un peu plus tard , que ne fit le dernier dans la féconde expérience. D'ailleurs la denfité de l'air , la température & le degré de chaleur avoieiu été les mêmes dans l'un Se l'autre elTai. Les réfultats de ces expériences étant fi difFérens de ceux que rapporte M. Piftorini , il étoit naturel de ne pas s'en tenir à une feule épreuve. Je pourfuivis donc mes obfervations fur d'autres genres d'animaux, fa- voir , les hirondelles , les moineaux , les cailles , les grenoillcs & autres femblables ; Se je me propofai en nicme-tems un autre objet. 11 s'agiiîoit de voir fi on pourroit s'afTurer par quelque figne , d'une altération du. lefTort de l'aie contenu dans le récipient ; efpcrant que cette découverte Rrij 3i6 COLLECTION ACADÉMIQUE,' = oftriroit quelques cclaiciffement à ceux qui aiment mieux embr.iiïer une Académie |^^g|.g opinion ^ que de n'en fuivre aucuns. Je plaçai donc dans chaque Sciences récipient , un baromètre dont je fis palTer le tube par fa partie fupéneurej DE enfuite , lorfque le tems 5c la commodité me permettoient de faire quel- Bologne, que expérience, je jettois d'abord les yeux fur le baromètre , j'obfervois quelle y étoit la hauteur du mercure, & j'avois foin de noter exademenc MÉMOIRES tous les changemens qui y furvenoient pendant l'expérience. Voici ce que j'obfervai fur les hirondelles. Un de ces oifeaux enfermé fous le récipient , commença , au bout d'un quart d'heure , à refpirer difficilement. Le mercure étoit alors defcendu de trois lignes ; il continua à defcendre de deux lignes pendant le fécond quart d'heure , de deux autres pendant le troifieme j & de quatre après le quatrième & le cinquième. L'oifeau touchoit alors à fon dernier iou- pir , &c il expira environ cinq minutes après ; pendant ce tems le mer- cure defcendit encore d'une ligne Se demie. L'hirondelle vécut en tout , . une heure , vingt minutes ; & le mercure , qui étoit auparavant <à vingt- fept pouces , huit lignes , étoit defcendu d'un pouce &C une demi ligne. Après cette première expérience , je vins à la féconde de la mcme ef- pece , pour comparer le tems qu'avoit vécu cette hirondelle fous le réci- pient , avec celui qu'y vivroient deux de ces animaux renfermés enfem- ble ; & pour voir s'il y auroit quelque différence eu égard à la defcente du mercure, dans ces deux cas. Après avoir renfermé deux hirondelles, je remarquai que le mercure étoit defcendu de cinq lignes au premier quart d'heure , de trois feulement au fécond ôi. de deux au troifieme. Les hirondelles étoient déjà mortes alors ^. favoir , l'une , vers la fin du troifieme quart d'heure , & l'autre , cinq minutes auparavant. Ainfi , en comparant le tems que l'hirondelle de la première expérience , avoir vécu fous le récipient , avec celui qu'y avoient vécu deux de ces oifeaux dans la féconde , on trouve quatre-vingt minutes pour la vie de la première , & quarante , pour la vie de la première morte des deux autres , nombre foudouble du précédent. Et quoique l'autre hirondelle de la féconde ex- périence , ait vécu cinq minutes de plus , on voit que la durée de la vie de ces oifeaux fous le récipient , a fuivi allez exaftement la raifon réci- proque de leur nombre. Quant au baromètre , la defcenre du mercure n'a été que la moitié de celle qui auroit dû arriver d'après cette même règle ; mais on peut foupçonner que cela venoit du peu de tems que ces animaux avoient vécu fous le récipient j & il y a lieu de croire cjue , fi leur mort n'avoir pas été auffi prompte j l'air fe trouvant privé d'une plus grande quantité de principe vital , chargé d'un plus grand nombre d'exhalaifons , ou plus altéré de quelqu'autre manière que ce foit , il auroit produit ^dans le baromètre des changemens proportionnels à ces caufes. Après ces deux expériences , je crus devoir en taire une troifie- me , pour voir ce qui arriveroit en plaçant trois hirondelles fous le réci^ pient. Voici ce que j'obfervai. Au bout de demie heure , il en mourut ACADÉMIE DE BOLOGNE. 317 une, la féconde expira deux minutes apiès , Se la tioideme , trois mina-' tes après la féconde. Le mercure, depuis le commenccnient jiifciu'à la fin académie du premier quart d'heure , defcendit de huit lignes ; dans le fécond Sciences quart d'heure , il defœndit de trois lignes feulement , 8c d'une ligne de dans les cinq dernières minutes. La durée de la vie de ces trois animaux Bologne. parut fuivre la même loi qne dans l'expérience précédente. _^^__ 11 étoit d'un ph)llcien attentif, d'éprouver Ci la même cliofe auroit Mémoirei conftamment Jieu par rapport à d'autres efpeces d'animaux. Je penfai donc à pourluivre mes expériences, & j'en fis un grand nombre , prin- cipalement fur les moineaux Se Jes cailles. Je commençai en 1743 , par celles fur les moineaux. La fuite de ces expériences qui hit aflez longue , m'oftrit des effets bien différens de ceux que j'avois obfervé dans mes eflais lur les hirondelles ; car quoique j'eulTe fermé , avec tout le foin poflible , à l'air extérieur , l'entrée dans la cavité du récipient , il parut cependant le plus fouvent qu'il s'y étoit fait jour. Ce que je foupçonnai d'abord par l'état du baromètre , le mercure, qui s'étoit d'abord abbailTé, ayant commencé à remonter d'abord après la mort de l'animal , & étant bientôt parvenu à fon ancienne hauteur. L'intromillîon de l'air extérieur dans le récipient me fut encore confirmée par une autre circonftance ; c'ell: que l'abbaidement du mercure dans le baromètre fut beaucoup moindre qu'il ne l'avoit été dans mes expériences fur d'autres animaux. J'ai cru cette remarque utile pour prévenir le foupçon qu'on pourroit avoir & que j'ai d'abord eu moi-même que l'air qui a été confumé , fe ré- génère peu-à-peu; ce qui véritablement eft arrivé dans mes expériences fur les grenouilles , comme on le verra plus bas. Voici celles que je fis fur les moineaux. Je fuivis le même ordre que pour les hirondelles , c'eft-à-dire , que je fis d'abord mon expérience fur un feul , enfuite fur deux j enfin fur trois. Le premier, placé fous un récipient contenant quarante neuf pou- ces , commença, ainfi que les hirondelles , à refpirer difficilement. Pen- dant ce tems , le mercure defcendoit fucceflivement j mais fans ordre & (ans règle fixe , comme dans les expériences faites fur les hirondelles , car étant defcendu de trois lignes en dix minutes , il ne defcendit plus que d'une ligne en trente ; ce qui me donna à penfer que la caufe qui , pendaiu l'expérience , détruifoit le relTort de l'air , agiffoit d'une ma^ niere incertaine Se variable. Au bout de trente -huit autres minutes , le moineau mourut. Le mercure avoir alors déjà commencé à remonter , mais il ne parvint .1 fa première élévation , qu'après la mort de l'animal^ Le moineau vécut en tout foixante-dix-huit minutes , & le mercure étoit defcendu de cinq lignes. Je vins enfuite à la féconde expérience. Ayant enfermé deux moi- neaux fous le même récipient , le mercure defcendit de fix lignes en vingt-minutes; un de ces moineaux mourut au bout de trente minutes, Se l'autre fept minutes apiès. Ainfi la loi de la raifon inverfe des tems gf 3i8 COLLECTION ACADÉMIQUE, ^ 'Jes nombres eut également lieu pour ces animaux ; ce qui fe prouve ai- AcADE.MiEj-^j^gj^j par la comparaifon des tems , quoique , par cette fupputation , Sciences "" trouve une différence de quatre minutes , ce qui a pu venir de ce que DE les bords du récipient n croient pas fermés alfez exadlement peut inter- BoLOGNE. dire abfolument l'eiittée à l'air extérieur. Je mis enfuite trois moineaux enfemble ; il fe trouva aulfi une légère irrégulariré par rapport au tems , j^j^^Qij^jj produite par la même caufe. Le premier , en effet , mourut au bout de vint^t minutes , & les deux autres , feulement quatre minutes après. L'ab- bailfement du mercure dans le baromètre fut plus rapide & plus confidé- rable que dans les expériences précédentes ; car au bout d'un quart d'heu- re , il étoit defcendu de huit lignes j & il ceffa alors de defcendre. Il commença même à monter à mefure que la mort des deux derniers moi- neaux approchoit ; ce qui n'étoit pas arrivé dans les expériences faites fur les autres animaux , puifque , même après leur mort j le mercure conti- nuoit à defcendre. Pour ce qui ell des cailles , il fuffira de remarquer que j'ai toujours obfervé que la durée de leur vie fous le récipient fuivoit conftamment le même rapport avec leur nombre j car trois de ces animaux mouroienc plutôt que deux , & deux plutôt qu'un feul ; de forte que les tems étoient toujours , à-très-peu-près , en raifon inverfe des nombres. La defcente du mercure dans le baromètre parut aufli fuivre cette proportion , quoi- qu'avec moins de précilîon. J'obfervai toujours les mêmes dérangemens dans la refpirarion ; elle étoit d'abord petite &C fréquente 5 quelque-tems après , elle devenoit grande & précipitée , Se , un peu avant la mort , profonde & rare. Ces phénomènes me firent penfer que les organes de la refpiration dévoient être fpécialement affedtés , dans ces animaux , &C je m'attachai à reconnoître , s'il étoit poflibie , de quel genre de maladie ils mouroient. J'examinai leurs poumons , après les avoir détachés , ôc je trouvai qu'Us étoient d'un rouge foncé &: gorgés de fang : je n'y dé- couvris d'ailleurs aucune autre trace d'altération fenfible. Ils n'étoient ni durs ni compaftes , comme on l'obferve dans ceux qui ont été enflammés; jettes dans l'eau , ils furnageoient. Telles font les expériences que j'ai faites fur les oifeaux. Je vais à préfent expofer en peu de mots celles qui concernent les gre- nouilles. Elles m'ont offert plufieurs faits qui méritent l'attention des phyficiens. Les grenouilles meurent, comme les autres animaux, dans un air renfermé , quoiqu'il femble qu'une petite quantité de ce fluide peut leur fuffire, ainfi qu'aux autres animaux marécageux & amphibies , lefquels vivent également dans l'eau ôi dans l'air. Cette double pro- priété des grenouilles, la ftrufture particulière de leur cœur, Se fur- tout l'obfervation de Boyle, qui dit qu'elles vivent fort long-tems dans le vuide j me donnoient lieu d'attendre des effets finguliers &: extraordi- naires. Je rais donc fous un récipient contenant quarante-huit pouces , une grolfe grenouille agile Se robufte. Peu de tems après , favoir , au ACADÉMIE DE BOLOGNE. 319 bout de douze niiiuites , le mercure étoit dcfcendu d'une lir^ne ôc demie • ' ce ne fut qu'après environ quarre heures , qu'il delcendit encore d'au- ^^'^'^^mie tant , & il hit encore fîx heures à defcendre d'une autre demi iicne. Le ç^ ^'^ endemain a la pointe du jour , je reconnus qu il etoit dcfcendu encore de de deux lignes pendant la nuit ; depuis le matin jufqu'a l'heure à la- Bologne. quelle j'avoi^s commencé l'expérience j le jour précédent, l'abballFement — augmenta d'une demi ligne ; ainfi dans l'efpace de vingt-quatre heures , Mémoires le mercure étoit en tout defcendu de fix lignes. Le lendemain , la gre- nouille parut fe porter aulli-bien qu'au commencement , quoique le mer- cure fût encore defcendu de cinq lignes pendant la nuit. Mais au com- mencement du troifieme jour , elle commença à languir, ce que je re- connus fans peine à la fûiblelfe de fes mouvemens , & parce que le mer- cure commençoit à remonter. En effet, .1 peine feize heures furent-elles écoulées , que , le mercure étant remonté de trois lignes , la "renouille fe mouroit déjà & elle expira un moment après. Je continuai cependant mes obfervations jufqu'au lendemain , mais je ne remarquai rien qui ait rapport avec le fujet que je traite. ALiis je crois devoir faire ici une remarque qui ne fera peut-être pas inutile .\ ceux qui pourront dans la fuite s'occuper de pareilles expérien- ces, il furvjent quelquefois dans un même jour , plufieurs vicilîitudes de chaud & de froid , qui produifent une plus grande raréfaélion ou con denfation dans l'air renfermé dans le récipient. Il faut bien prendr garde de s'y tromper, & j'aurois été moi-mcme induit en erreur, fi j. n'avois été pourvu d'un excellent thermomètre. Je continuois d obferver^ pour voir fi , après la mort de la grenouille ^ il y auroit quelque nouveau produit , ou dégagé de fon cadavre ; à quoi j'étois porté par le témoi- gnante de Boyle, qui aflTure avoir oblervé que les matières animales four- nillent de l'air en fe pourrilTant ; ce qu'il a même remarqué particu- lièrement fur le frai de grenouille , qui , après avoir été gardé pen- dant quinze jours dans le vuide, fit élever le mercure d'un pouce. En pourfuivant donc , comme je l'ai dit , mes obfervations ; après la mort de la grenouille , je fus très-furpris de voir que le mercure étoit redefcendu de deux lignes. Je ne l'attribuai cependant p.is à la putré- fadtion de l'animal , mais à un refroidilLcment fubit de l'athmofphere , qni me fut indiqué par un thermomètre que j'.ivois conftruit fur le mo- dèle de ceux de M Amonftons , lefquels ne font mis en jeu que par l'aftion du chaud & du froid. Mais je crus devoir vérifier ma conjeélure car une autre expérience. Je tirai le récipient de l'appartement où il etoit , & le portai au grand air ; le mercure bailTa aulLi-tôt. Mon opinion rut encore confirmée par une femblable obfervation que je fis vers la fiij du mois d'odobre dernier. Il fe leva fubitement un vent du fud , qui augmenta tellement la chaleur de l'air , que le mercure s'éleva de cinq degrés au-delÏÏis du tempéré , dans le thermomètre de M. de Réau- mur. L'air contenu dans le récipient fe relfentit de cette chaleur , & con- tre je 310 COLLECTION ACADÉMIQUE, = le mercure monta dans l'inftant de plulieurs lignes , ce qui dérano-ea Académie i.^bfervation. ° c ,^!,(;e5 J'ai fait d'autres expériences fur les grenouilles, en choifiiïant un tems ui; calme Se moins chaud. J'en mis d'abord deux &: enfuite quatre fous le Bologne, même récipient. Je ne rapporterai pas ici tous les détails de mes obfer- ___^_ varions j cela feroit trop long & taftidieux. En voici le précis : les deux MÉ MOIRES D^'^"°"'"^^ '^^ '^ première expérience ôc les quatre de la féconde mou- rurent également dans l'efpace de huit jours. Dans le premier cas , l'une mourut le ciiiqaienie jour &: l'autre feulement au huitième. Et dans le fécond cas , il mourut pareillement une grenouille le cinquième jour , Se les trois autres ne moururent de même qu'au huitième. Je ne dois pas ou- blier de remarquer que , dans une autre expérience que je fis , une gre- nouille feule vécut jufqu'au feptieme jour , quoique , dans la première de mes expériences fur ces animaux , une grenouille ,' feule aufli fût morte à la fin du troifieme ; ce qui me fit penfer qu'il y avoir peut-être dans chacun de ces animaux , une difpolition particulière qui les met- toit en état de fupporter plus ou moins un air renfermé. Au refte ces ob- fervations s'accordent très-bien avec celle de M. Piftorini , fmon pour les oifeaux j au moins pour les grenouilles , ôc à cela près qu'une gre- nouille feule , dans ma première expérience fur ces animaux , etoit morte avant le quatrième jour , comme on l'a vu. Il n'y a donc rien de fixe à ftatuer , ni de règle générale à établir. Il femble cependant qu'on pourroir en pofer une , fi on ne jugeoit que d'après les expériences fai- tes fur les oifeaux -, mais celles qui concernent les gtenouiUes ont tout dérangé. Ce qu'il y a de remarquable par rapport à ces dernières , c'eft qu'en quelque nombre qu'elles fulTent renfermées enfemble , le reirort de l'air étoit toujours également altéré , comme l'indiquoit le baro- mètre. En effet , foit qu'on en eût mis quatre , foit qu'on en eût mis deux , fort qu'on n'en eût mis qu'une feule , le mercure a toujours bailTé d'onze lignes. Voici maintenant les confcquences que l'on peut tirer de toutes ces expériences &: de quelques autres qu'il eft inutile de rapporter. Il eft d'abord certain que le relfort de l'air eft confidérablement afloiblt par les animaux ainn renfermés. L'abbaiflement du mercure , qui a eu lieu dans toutes mes expériences fans exception , ne permet pas d'en dou- ter. Mais cet effet eft-il produit par les particules qui s'exhalent du corps de ces animaux , ou de ce que la quantité d'air fe trouve diminuée , parce qu'ils en ont abforbé une partie. 11 eft prouvé par les obfervations du célèbre Haies , que la vapeur du foufre enflammé , & fur-tout celle d'une chandelle allumée , nuifent beaucoup à cette admirable propriété de l'air. La plupart de mes expériences m'ont d'ailleurs otferr des figues qui indiquoient la confomption d'une certaine quantité d'air. J'obfervois fur-tout, que dès que j'avois tiré les peaux qui bouchoient le contour de l'ouverture du récipient , l'air y entroit tout d'un coup avec rapidité ACADÉMIE DE BOLOGNE. 321 & une efpece de fiftlement ; &c le mercure remoiuoit aulli-tôc à la liau- = teiir ordinaire. Mais, puifqii'oii fe voir forcé d'admettre cette confomptioii Académie non DES d'air , par ou s'eft-il donc dillipc ? La plupart des anatomiftes , peiireiit Sciences que l'air eft abforbc par l'iiifpiratioii ; Se tel eft le fentimeiit de l'auteur pg que je viens de citer. D'autres prccendent qu'il eft porté dans le canal Bologne. inteftinal. Se que , fe mîlant au ciiyle , il parvient avec lui jufqu'au fang pcut-ttre aulli pénetre-t-il dans le corps des animaux , à travers les pores j^^j,q,j^jj de la peau , tout comme il fe fait jour dans les œufs Se les plantes. Mais ces fortes de queftions font difficiles à réfoudre. Revenant donc aux conféquences qui réfultent de mes obfervations , j'établis que l'air renfermé dans le récipient , perd d'abord une plus grande ■ partie de fon reffort en moins de tems , & qu'il en perd fuccefllvement moins , en un tems plus conlidérable j tant que dure la vie des animaux ^ & qu'après la mon des grenouilles , il recouvre peu-à-peu fon élafticité. J'ai même obfervé qu'elle commençoit à fe rétablir un peu avant leur more , que ce rétabliffement annonçoit comme très-prochaine ; car le mercure remontoir alors &: recouvroic infenfiblement fa première éléva- tion. Quelquefois même il montoit encore plus haut. Mais cela n'arrivoit que fort long-tems après la mort de la grenouille. Enfin, par rapport à la durée de la vie des animaux fous le récipient , félon que le nombre en eft plus ou moins conddérable , on ne fauroit éta- blir aucune règle bien précife. 11 eft vrai que les oifeaux ont vécu d'autant moins de tems , qu'il y en avoir un plus grand nombre enfemble , de forte que les tems étoient à-peu-près en raifon inverfe des nombres; mais il n'en fut pas de même des grenouilles , dont la refpiration ne parut fouf- firir aucune léfion , au lieu que celle des oifeaux parut toujours fort labo- rieufe, & cela d'autant plus que le nombre en étoit plus grand. Aucun cependant n'eut de convullîons , comme il arrive Toujours à ceux qui meurent fous le récipient de la machine pneumatique ; ce qui prouve que la caufe qui tue les animaux dans un air renfermé , eft fort différente de celle qui les fait mourir dans le vuide. Mais dans le premier cas, cette caufe eft-elle la deftruétion du reftort de l'air , prouvée par mes expérien- ces , ou une exhalaifon venimeufe , qui , fortantdu corps de l'animal Se reçue avec l'air par la refpiration , porte dans fon fein un principe mal- faifant ? Ou bien penferons-nous avec Paracelfe &: Drebel , que l'air con- tient un principe vital , propre à réparer les pertes des efprits animaux , lefquels fe confumant fans ceffe &: n'étant plus refournis par l'air , donc on intercepte l'entrée dans le récipient, la mort de l'animal s'enfuit né- ceffairement ? C'eft ce que je lailTe à décider à d'autres. Nous n'avons pas encore un alTez grand fond d'expériences, ponr entreprendre de réfoudre cette queftion. Peut-être plus riches en obfervations , pourrons-nous , un jour , nous décider avec certitude pour l'une ou l'autre de ces hypothefes. ColUcl. Acad. part, itr. Tome X, S S 7,1Z COLLECTION ACADÉMIQUE, Académie ■(.=== -.jj^r^j}^^:^^ DÎS Sciences ^^j^ j^^g CONDUITS BILIFERES DE LA VÉSICULE ^°'-°"^^- Du fiel. MÉMomEs p^^^ ^j Dominique Gufman GalÉATI. )Uoique l'on convienne qu'il y a une communication entre le foie _ & la vélicule du fiel , puifqu'il fe fait continuellement un reflux af- fez confidciable de bile du canal cliolédoque dans le conduit cyilique j il n'ell pourtant point encore décidé fi , dans l'homme, ces parties commu- niquent par une autre voie. Quelques-uns prétendent avoir obfervé qu'il y a dans l'homme , comme dans le bœuf, de petits conduits qui partent du foie ou du pore biliaire & vont fe rendre à la véficule du fiel j s'infé- rant à fa face poftérieure qui eft adhérente au foie , vers fon fond fui- vant les uns , vers fon col fuivant les autres j & ils diftinguent ces con- duits en deux dalles : la première comprend ceux dont les ramifications nailfent du pote biliaire & dont les petits troncs fe terminent à la véfi- cule , où ils portent la bile hépatique. La féconde , au contraire , com- prend ceux donc les ramifications partent de la véficule & dont les troncs vont s'inférer dans les gros rameaux du pore biliaire , ou ils ramènent la bile cyftique. Ils appellent les premiers hépati-cyftiques , Si les féconds cyfti-hépatiques. Réfléchilfant fur cette concroverfe anatomique , je réfo- lus de faire à ce fujet quelques expériences pour tâcher de découvrir la vérité du fait. J'avois obfervé que ^ dans le bœuf, la communication entre le pore biliaire & la véficule du fiel , fe fait par des conduits aflez remarquables , dont les orifices s'ouvrent l'un fur l'autre à une égale dif- tance , dans la cavité de la vélicule , depuis fon col jufqu'au milieu de fon corps. Je voulus aufli examiner fi , dans l'homme , à cette même portion de la véficule , ou dans le refte de fa partie adhérente au foie , il paroîtroit quelque conduit qui indiquât une femblable commiuiication. Mais malgré le nombre & l'exaûitude des obfervations que j'ai faites , foie feul /foit avec d'autres perfonnes , particulièrement à l'occafion de ma dernière dilTedion , je n'ai jamais rien découverr qui pût indiquer le palfage de la bile , du foie dans la véficule du fiel par les voies dont je viens de parler. J'ai cependant trouvé plufieurs fois dans la fubftance ou fur la furface de la véficule quelques petites ramifications de conduits biliaires dont les petits troncs aboutilToient au conduit hépatique. Mais ces conduits ne paroilfoient pas communiquer avec la cavité de la véli- cule j ce qui me fit foupçonner qu'ils pouvoient fervir à quelque ufage particulier , aullî-bien que la véficule elle-même. Ce fujet n'a encore été traité fpécialement , autant que j'ai pu le favoir , par aucun anato- ACADÉMIE DE BOLOGNE. 315 mîfte. Je vais vous en entretenir , Mefîieurs , 3c vous expofer l'hiftoiie deS=s-!-s— s la découverte que j'ai f.iite de ces conduits cyftiques, ainfi que les obfer- Acadsmie valions & les raifons fur lefquelles je me fonde pour leur atttibuer lu- r ^^* r • 1 J SciENCtS lage que )e leur donne. ^^ Et d'abord j pour découvrir ces conduits je foufflai par un tube de Bologne. verre dans le pore biliaire , la veine-porte & le tronc de l'artère hépati- r L e, j '? S l'Es la partie du jaune qui touche a la membrane es: par degrés les couches Sciences concentriques toujours plus petites. Delà il arrive audi-tôt que le petit de fac ell: tombe dans le centre de l'œuf , la liqueur du jaune aborde fans Bologne. celfe autour de lui Se le repoulTe toujours vers le même centre , d'où il ne tend point d'ailleurs à s'écarter , jufqu'à ce que tout le jaune fe Mémoires foit durci. Le petit fac. eft cependant un peu diftendu , lors-même que la furface du jaune fe coagule autour de lui , & pour que vous ne me foupçonniez pas de l'avancer fans preuves , examinez attentivement , je vous prie , le centre d'un jaune d'ocut bien cuit &: fur-tout cette folfette dont j'ai parlé , où l'on trouve toujours quelque choie de liquide & que le feu n'a pas coagulé. Cela prouve allez bien que tout le jaune fe coagule avant que la liqueur agitée dans le fac celfe de fe mouvoir. Ainfi donc cette liqueur encore en mouvement , fe dilate de tous côtés en diftendant fa petite membrane ; elle balance, autant qu'elle peut , l'effort du jaune qui la prelfe en dehors i!?>: qui tend à la comprimer. Et comme dans ce combat , elle n'eft pas la plus forte , il faut nécelfairement que le fac crevé. De forte que la lymphe ténue qui y étoit renfermée, fe dillipe , & il refte au centre du jaune une folfette prefque vuide. Je ne m'éten- drai pas davantage là-deffus , comptant d'avoir aflez bien établi ce que je me propofois de prouver. Je crois , en effet , avoir expliqué d'une ma- nière alfez plauhble comment il arrive que le poulet avec tout le fac de fort amnios , ejl détaché ^ par l'aBion de l'eau bouillante , de la furface du. jaune y & va fe fixer à fon centre , où il lailTe un efpace arrondi & vuide en grande partie. Telle eft la folution du problême de Bellini , qui m'a paru vraifemblable. Vous connoiffez peut-être une route plus courte & plus aifée pour y parvenir. Si vous daignez me l'indiquer , je l'appren- drai avec reconnoiilance. En attendant , je ferai comme ces peintres exaifls , qui , après avoir achevé un tableau , reviennent fur certaines parties qui leur paroif- fent avoir befoin d'être retouchées. Je vais aufli retoucher quelques points de ma dilfertation , & je reviens fur quelques objets , pour mieux prouver ce que j'ai avancé. J'ajouterai des obfervations propres à confir- mer celles de Bellini ou à répandre un nouveau jour fur le problême lui- même. J'ai dit ci-deffus que le jaune de l'œuf étoit plus léger que le blanc. Cela fuit alfez de ce que , quand ces liqueurs font agitées d'un mouvement ds rotation , comme il arrive dans le tems de l'ébullition , le jaune fe place conftamment au centre. Mais on peut encore s'en convaincre par une expi- rience familière. Lorfqu'aprês avoir brifé la coque, onverfeles liqueurs de l'œuf fur un plat , on voit toujours le blanc gagner le delTous & le jaune furnager, ce qui n'arriveroit pas li celui-ci n'étoit le plus léeer. Ttij 331 COLLECTION ACADÉMIQUE, = J'ai dit encore , S: c'eft là le pi-incipal point de mon explication , que ACADEMIE quji^J Ig ja^mie eft mu circulaiiement , la cicatiicule eft arrachée de fa mem- SciiiNcEs ^'^^'^^ ^ chairée au centre. Cela arrive , en effet toutes les fois que le DE jaune prend une figure fphcnque , figure la plus propre à exciter le mou- BoLOGNE. vement de rotation dans une liqueur. Car ii le jaune prend une figure Hrr différente de la fphérique , la cicatricule n'elt point pouflce au ceii- Mémoires "-^ '^ demeure fixée à fa place , quoique le jaune le cuile parfaitement & fe durcilfe tout-à-fait. C'eft ce que j'ai appris par l'expérience fui- vante : j'ai pris un œuf ôc , après avoir brifé la coque , j'ai féparé le blanc &c n'ai gardé que le jaunCj mais dans fon entier ; je l'ai mis fur un plat ■■, lorfqu'il fe fut affailFc par fa pefanteur Se qu'il eut pris une figure à-peu-près hémifphérique , plane en-deffous j convexe en-deffus , la cica- tricule étûit adhérente à la partie convexe. Je l'ai tait cuire alors & dur- cil" en mettant par-defious des charbons ardents , &C par-defTus j une brique très-chaude. La cicatricule n'a point quitté fa place , foit que le mouvement de rotation fût nul dans cette figure , foit qu'il ne fût pas fuffifant pour la détacher ôC l'entraîner. Ce qui prouve bien que quand la cicatricule eft chalfée au centre , ce n'eft point parce que les couches du jaune fe durcilfant fuccefllvement de l'extérieur à l'intérieur , la pouf- fent peu-à-peu vers ce lieu ; opinion qui paroîtroit affez probable j fi elle n'étoit démentie pat l'obfervation. Peut-on penfer , en effet , que les parties du jaune plan-convexe dont je viens de parler , ne fe foient pas durcies dans ce même ordre. La cicatricule n'y a cependant pas changé de place. Je vais à préfent vous faire part de quelques expériences que j'ai fai- tes au mois de juin dernier , avec le fecours du favant M. Galéati & de M. Jean Buonaccorfi , jeune-homme plein d'efprit Se de talent pour les expériences phyfiques. Nous jettâmes d'abord un œuf dans l'eau bouil- lante , pour voir en combien de tems il feroit parfaitement cuit j il lui fallut pour cela neuf minutes. C'étoit le matin. Nous divisâmes ce tems en fix parties égales , chacune d'une minute &c demie. Nous jettâmes fix œufs de poule dans un chaudron d'eau bouil- lante, pour les retirer , l'un après l'autre j à chacun de ces fix interval- les & pouvoir ainfi fuivre tout l'ordre de l'élixation. Au bout d'une mi- nute &C demie , nous tirâmes un œuf , & ayant brifé la coque , nous nous apperçumes que le blanc s'étoit coagulé tout au tour à une profon- deur médiocre. La citatricule n'avoitpas quitté fa place ordinaire, favoir, la furfacedu jaune , à une égale diftance des deux angles de l'œuf. Après une autre minute Se demie , nous tirâmes un fécond œuf , & l'ayant ouvert , nous vimes que le blanc s'étoit durci plus profondément de tous côtés. La cicatricule étoit encore à fa place , comme iî la chaleur ne fe fût point encore fait fentir au jaune. A la fin du troifieme tems , c'eft-à-dire , quatre minutes Se demie de- puis le commencement , nous retirâmes le troifieme œuf. Le blanc étoiî ACADÉMIE DE BOLOGNE. 333 frefqu entièrement coagule. Nous le coupâmes circulairement fuivaiu = axe de l'aiif. La membrane fine qui enveloppe le jaune , nous parut "^ avoir acquis un peu plus de confillance. La cicatricule ctoit un peu moins Sciences fenlible , mais elle paroiiroit encore. p^ Le quatrième tems fini , Se les œufs reftans étant depuis fix minutes Bologne. dans l'eau bouillante , nous en primes un autre. Après avoir coupe le blanc comme la dernière fois, nous trouvâmes le jaune durci encore !Ui,,r,.T.i:c plus prorondement. La cicacricule etoit pourtant encore a Ja place j mais on ladiftinguoit à peine. Après le cinquième tems , c'eft-à-dire , au bout de fept minutes & de- mie , nous tirâmes le cinquième œuf. Le blanc étoit entièrement coagulé , & nous trouvâmes que le jaune l'étoit aufli dans le quart de fon épailFeur depuis la furface jufqu'au centre. La cicatricule étoit tombée dans le cen- tre , quoiqu'elle fût encore à peine vifible. Enfin au bout des neuf minutes , nous primes le dernier œuf ;&: , après avoir coupé le jaune qui étoit tout-à-fait durci j nous trouvâmes auprès du centre , à la diftance d'une ligne , une folTette d'environ deux lignes & demie de diamètre , dont le milieu étoit occupé par un corps globuleux &C blanchâtre ; c'étoit la cicatricule. Les fix œufs qui avoient fervi à cette expérience , n'étoient point cou- vés , ils n'auroient pu fans cela, conformément aux obfervations de Bel- lim , fe durcir du côté de l'angle obtus. Ce qui eft remarquable , c'eft que la cicatricule devenoit toujours moins fenfible pat l'aélion continuée de la chaleur. Faut-il l'attribuer à ce qu'elle devenoit plus rare & plus tranfparente , & qu'ainfi elle abforboit la plupart des rayons de lumière Se en réfléchiiïoit très-peu ? Il réfulte certainement de tout cela que la cicatricule n'eft point pref- fée peu-à-peu &: chalfee vers le centre par les couches du jaune qui fe durciffent fuccelllvement. Puifque dans le cinquième œuf , elle étoit déjà dans le centre , tandis que la liqueur du jaune confervoit encore fa flui- dité tout autour dans les trois quarts de fon demi diamètre. Si c'étoic donc là l'opinion de quelques perfonnes, notre expérience doit les en faire revenir ; leur hypothçfe eft ingénieufe , mais elle n'eft point conforme à la vérité ; &: dans ces fortes de matières l'obfervation l'emporte fur les fictions d'une imagination brillante. . Ces obfervations femblent prouver encore ce qu'a avancé Bellini , fondé fur des raifons qui me font inconnues , favoir que la cicatricule n'eft pas feulement attirée vers le centre du jaune , mais qu'elle y eft poulTée avec impétuofité. En effet dans le quatrième œuf, elle étoit en- core à fa place ; mais dans le cinquième j elle étoit déjà au centre ; c'eft-à-dire , qu'elle a été immobile tant qu'elle n'a pas éprouvé un de- Çré fuffifant de chaleur , mais qu'auflî-tôt que la chaleur a commencé à agir fur elle , elle a été tout d'un coup précipitée au centre. Mais eu voilà bien affez fur le problême de Bellmi. J'ai taché , daiw ? .1 " 54 COLLECTION ACADÉMIQUE, •la Iblutioii que j'en ai donnée , de remonter , autant qu'il m'a ctc poflî- AcADEMiE^jg^ jufques aux caufes des phénomènes. C'eft là le principal objet des S ENCES phyliciens. Un autre de lents offices , eft d'expofer les bits leulement , nE lur-tout lorfqu'ils ont quelque choie de merveilleux & d'extraordinaire, Bologne, fans entreprendre d'en développer les caufes. C'eit dans cette vue que je . -vous préfente cet œuf monltrueux. 11 eft expofé lut cette table aux yeux MÉMOIRES ^^e tout le monde , ce qui me difpenfe d'en faire une longue defcription. 11 futfit de le voir pour l'admirer. Cet œuf fut pondu j il y a quelques mois , par une poule , dans le village appelle Ste. Marie de Butri , & il m'a été envoyé par notre illuf- tre Se favant confrère , M. Caftelvetri. Sa forme eft tout-à-fait extraor- dinaire , comme vous voyez , puifque fa coque , au lieu d'être continue &: lilfe comme dans les autres œufs , eft contournée en fpirales , qui partent de l'angle obtus Se fe terminent à l'angle aigu de l'œuf Que pour- roit-on dire il , non content d'admirer ce phénomène , on vouloit encore en rechercher la caufe ? Pour moi , je ferois porté à croire que lors de la formation de l'œuf, ce n'eft point dans la même partie intérieure de l'u- térus , comme à l'ordinaire , que le jaune s'eft revêtu de fa coque , mais dans fa voûte fpirale , où il fe fera arrêté par hafard. Ainfi la coque , d'a- liord molle , aura été forcée j en fe durcilfant peu-à-peu , d'y prendre la forme d'une vis , pour s'accommoder à celle du lieu dans lequel elle étoit renfermée. Cela ne doit pas beaucoup nous furprendre. Ce fait a beau- coup de rapport avec ceux des fœtus qu'on a trouvés fi fouvent dans les trompes des femmes , Se qui s'y font même bien nourris Se y ont pris leur accroiirement. Mais j'oublie que je ne m'étois point propolé d'ex- pliquer ce phénomène. 11 me fuftit de vous en avoir fait part. Je vous lailTe le foin d'en rechercher la caufe. ¥55^^= SUR LES CENDRES ROUGES DE CERTAINS BOIS. Par M. Thomas Laghi. Es premières cendres rouges que j'aie vues Se le bois qui les four- ne rd nit par la combuftion , furent donnés , l'automne dernière , à François Vandelli notre ilhiftre confrère , par un ami qui étoit alors au maifôn de campagne près de Fergatto j où on avoit trouvé par hafa ce bois parmi d'autres que le Rheno charrie des hautes montag;nes dans les grandes inondations, & qu'il dépofe c'a & là fur fes bords en ren- trant: dans fon lit. Les pauvres gens de ce canton ont foin de les ramaf- fer , Se ils font pour eux une reÏÏburce contre les rigueurs de l'hyver. Ils les brûlent même avant qu'ils foient bien fe« , lorifque la nécefllté les y contrainr. Ayant oui parler de cette efpece linguliere de cendres , Se té- ACADÉMIE DE BOLOGNE. 355 niolî^iic la fiupvife que me caufoic un pliénomene auffi extraordinaire,' M. Vamielli me ht prcfent, avec fa politeire ordinaire, Se des cendres ^^^^^'"'^ & du bois , & me mit par là en état de faire fur l'une & l'autre matière Sci" ces les expériences que je pouvois avoir en vue. Avant de rien entrepren- de dre j je voulus voir d'abord fi l'on pouvoir rapporter ce bois .A l'aulne , Bologne. au lûtre , au fapin , au peuplier ou a quelqu'autre autre arbre des mon ragnes traverfées par le Rlieno. Mais ni moi , ce qui ne feroit point cx-i^jé^ioirej traordinaire ^ ni aucun autre botanifte , même parmi les plus habiles , ne pûmes rien découvrir à cet égard. Nous comprimes feulement que ce bois avoir Icjourné long-tems dans la rerre & fous les eaux j que l'eau , par fes frottemens continuels , lui avoir enlevé une grande partie de fa iubftance , & qu'il s'étoit chargé de principes étrangers , de forte que delféché enfuite par la chaleur du foleil , il croit devenu brun j écailleux , fpongieux, & avoit perdu fa forme primitive. Je fongeois fi cette propri^été de fournir des cendres rouges croit par- ticulière à ce bois , ou li elle étoit commune à d'autres qui eulTent j com- rté lui , éprouvé l'aâion des eaux , lorlque j'appris de M. Galéati qu'oa avoit obfervé la même chofe dans un bois trouvé dans des marais , & que , plufieurs années auparavant , on avoit auflî donné à l'illufae ma- dame Laure Balli , une petite quantité d'un bois ou plutôt d'une racine qui avoit la même propriété. Comme cette dame a fait des expériences fur cette racine , une lï grande autorité ne peut que donner plus de poids aux miennes. Pour en venir à mon fujet, j'entrepris d'examiner deux forres de bois, favoir, celui des montagnes , dont j'ai parlé , & celui des marais , dont M. Galéati me fit part obligeamment. Celui-ci paroilfoit différer de l'autre par la contexture de fes fibres ; il étoit cependant noirâtre comme lui , mais un peu plus pefant , ce qui répor.d parfaitement aux couleurs refpeâives des cendres de ces bois , fournies par la fimple combuftion 5 car celles du bois des montagnes étoient d'un rouge plus éclatant , Sc celles du bois des marais, d'un rouge plus foncé ; mais cette différence n'étoit point affez confidérable , pour ne pas attribuer à la même caufe la rougeur des unes & des autres. Pour la découvrir cette caufe , j'avois des recherches à faire. La feule infpedion ne fuffifoit pas pour cela. Je priai donc M. Jacques Zanoni , habile chymifte , comme vous favez j de vouloir bien m'aider de fon miniftere dans les expériences que je me propofois de taire avec toute l'exaftitude poflible. Et d'abord , comme je foupçonnois que ces bois , par leur long féjour dans l'eau, v avoienc perdu une grande partie de leurs principes conftitutifs , & en avoient ac- ' quis d'étrangers , je les fournis à la diftillation , pour tâcher de reconnoî- tre par l'analyfe tous ceux dont ils étoient compofés. Cinq dragmes du bois des montagnes, mifes dans une retorte^ four- nirent d'abord du phlegme. Il monta enfuite des vapeurs femblables à une fumée , qui obfcurcirent tout le vailfeau , &c enfin , ayant beaucoup 33(5 COLLECTION ACADÉMIQUE, . = augmenté le feu , il vint une huile lourde , épallFe Ce noirâtre. Les vaif- AcADEMiE^g^^^ refroidis &: le récipient ouvert , il s'en exhala une odeur fembla- SciENCES ^^^ ^ celle que répandent tous les bois diflillés. La liqueur qui étoit for- DE tie la première étoit un peu aigrelette. L'huile avoit gagné le fond Bologne, pour la plus grande partie , 8c il n'en furnageoit qu'une très-petite quantité. Le poids du phlegme étoit d'environ deux dragmes ; celui Mémoires "^2 l'huile étoit à peine d'une demi dragme : le rélidu contenu dans le fond de la retorte étoit une maife charbonneufe qui ne pefoit pas au-delà d'un fcrupule. Quant aux bois des marais, j'en employai la même quantité, la diftil- lation ne m'y offrit aucune différence , h ce n'eft qu'il fournit plus d'huile iSc une plus grande quantité de vapeurs qui formoient une fumée blan- châtre laquelle s'attachoit de .toutes parts aux parois du récipient fous la forme d'une liqueur laiteufe , imitant les ramifications du fel volatil ani- mal & fe réfolvoit enfuite en huile. 11 s'enfuit de cette diftillation , fuivant M. Zanoni lui-même , que ces bois contiennent moins de phlegme falin Se d'huile qu'on n'en retire d'une égale quantité d'autres bois dans leur ét.u naturel , quoique l'un contînt un peu plus de cette même huile que l'autre. On fait , en effet , que les bois fourniffent ordinairement par la diftillation une huile non feulement plus abondante , niais plus ténue & comme bleuâtre, qualités bien différentes de celles de l'huile dont je viens de parler. Voilà ce que nous découvrîmes fur les principes aétifs. 11 nous reftoit encore à examiner le caput mortuum , où nous penfions qu'étoit renfer- mée la caufe de la rougeur des cendres. Celui du bois des montagnes fut réduit par la calcination à un feu ouvert , en une chaux très-fine & d'un rouge charmant , couleur qui fe foutint & ne fouffrit pas la moin- dre altération , même au feu de réverbère. Nous foupçonnames alors que la couleur rouge étoit produite par une fubftance ferrugineufe renfermée dans la chaux fous la forme de crocus. Nous en approchâmes Taimant ; aucun mouvement ne s'y fit remarquer. Mais ayant brûlé cette chaux avec du fuif ou quelqu'autre matière grailTeufe , nous y découvrîmes des particules brillantes qui obéirent à l'aélion magnétique. Cette différence n'a rien qui doive furprendre. Chacun fait que le crocus n'eft attirable par l'aimant , qu'après avoir été révivifié en vrai fer. Non contens de ces eflais , nous fîmes une lefllve avec les cendres de ce bois , & la mimes à évaporer jufqu'à ficcité , dans la vue de recon- noître enfin la nature du réfidu de l'évaporation. Nous trouvâmes une terre qui avoit la même couleur & la même faveur que celle qu'on fé- pare dans la dilfolution & la criftallifation du vitriol ; & cette épreuve répétée pluiîeurs fois nous off"rit toujours le même réfultat. Mais ce qui ne iailfe plus aucun doute , c'eft que rinfufion de noix de galle , verfée fiir ce réfidu , forma de l'encre. Nous foumimes à la même expérience le caput mortuum du bois des marais j ACADÉMIE DE BOLOGNE. 337 marais ; mais quelque violente que fût l'adtion du feu , il ne devint pa.s s rouge Se gaida conllammenc fa couleur noirâtre. Je ne prévoyois pas ce Académie phénomène, &: j'en fus déconcerté. Je ne pouvois concevoir comment ce r °^^ bois qui fournit des cendres rouges par la iimple combuftion , n'en four- '^"^'''^^* nilfoit point cependant après la dilbllation, comme le premier. D'où peut Bologne. venir une différence ii conlidérable &c Ci difficile à expliquer ? On peut, 1 je crois , conjecturer avec fondement que , lorfqu'on bride fimplementw- ce bois , il perd d'abord toute fon hurle , par l'action du feu qui lui gj^'^^-"''°'f-" immédiatement appliqué ; mais que la diftillation ne l'en dépouille pas entièrement ; car on a vu qu'il contenoit une huile plus abondante & plus épailfe que le bois des montagnes. On peut mcme penfer qu'une partie de cette huile agitée, mife en mouvement & repercutée par l'ac- tion du teu , dans la dirtillation , s'unit étroitement au caput monuum , le pénètre intimement, & empêche enfuite la fubftance ferruc^ineufe de' la chaux de fe convertir en cwcus. En eftet , ayant approché l^imant de la chaux , nous vimes aulîî-tôt un grand nombre de particules fe mouvoir avec rapidité, ce qui n'arrive point aux cendres que ce même bois fournit par la limple combuftion , lefquelles ne contiennent que peu ou point de molécules attirables par l'aimant. Cette conjecture , que je vous lairte le foin d'apprécier , peut encore fervir à faire comprendre pourquoi le réiidu faim que nous retirâmes d'une leffive faite avec les cendres de ce bois de la même manière qu'avec celles du premier , avoir plutôt les caractères d'un fel commun que d'un fel vitriolique , puifqu'il ne for- ma pas de l'encre avec l'infulion de noix de st;^^!iij« = SUR L'ANÉVRYSME VRAI DE L'ARTERE Académie ^.-ju .... ■■^.i.fffl.^ . — , xtu.y DFS SciEN'CES DE '_ Brachiale , à l'occafion de la faignée. MÉMOIRES p^^ ^ p.^^^^ p^^i MOLINELLI. Cinq obfervations , dont chacune piéfente quelque chofe d'impor- tant, feivent de bafe à un excellent mémoire que M. Molinelli a préfente à l'académie fur l'anévryfme vrai de l'artère brachiale occarionné par la faignée. 11 ajoute à ces obfervations les conféquences qui en ré- fultent , & termine fa pièce par l'hiftoire très-détaillée d'une opération de l'anévryfme , faite autrefois à Rome par M. Guattani j célèbre chirurgien de cette ville , &c que ce dernier avoir déjà publiée avec des ' figures en 1745- L Observation. Après qu'on eut lié l'artère , fans comprendre le nerf dans la ligature , on s'apperçut , dès qu'on eut lâché le tourniquet , que le fang donnoit avec violence. On fut donc obligé de faire une fé- conde ligature plus profonde , qui embralfoit en mème-tems Tartere , la veine , 6c le nerf, & même une certaine portion des chairs. L'hé- morragie fut fufpendue & réprimée. Le 1 1 on coupa la première liga- ture , & le 15 la féconde. Le 17 la plaie fournit encore du fang , fans qu'on piit favoir à quoi s'en prendre. Un morceau de vitriol enveloppé dans du cotron arrêta l'hémorragie fur le champ, & enfin vers le qua- rantième jour le malade fur guéri , mais fon bras refta contradé de façon qu'il ne put plus l'étendre enfuite parfaitement. II. Observation. M. Molinelli , après avoir ouvert le fac anévryf- mal , & lié l'artère haut & bas, vit , en faifant lâcher le tourniquet , que le fang fortoit prefque avec autant de violence que s'il n'eût point faiî cette double ligature au tronc de l'artère ; quoique l'une Sc l'autre fuf- fent fi ferrées , qu'il n'étoit pas polîîble de faire glilLer un ftilet dans le vailïeau. Il fe détermina à faire encore une troifieme & quatrième liga- ture , entre les deux premières & les orifices de l'artere.^ 11 crut alors s'ê- tre rendu maître du fang , mais ayant fait lâcher de nouveau le tourni- quet j le fang darda encore avec la même impétuofité qu'auparavant ^ & précifément des mêmes endroits. Surpris d'un pareil phénomène , ( ■ M. Molinelli voulut en chercher la caufe , &c pour cet effet , ayant con- venablement entr'ouvert les orifices de l'artère , il apperçut l'embouchure de deux vaiffeaux artériels qui alloient s'ouvrir dans ces mêmes orifices, en-deçà des ligatures , &z. verfoient leur fang dans le fac anévryfmal. Le cas étoit fans doute fort embarraiïanr &: demandoit un prompt fecours. yL Molinelli , pour y remédier , emporta la plus grande partie du fac ^ ACADÉMIE DE BOLOGNE. 341 Se lia enfuite , au moyen de plufieucs ligatures , & la portion reftante- du lac , où les artères venoient fe dégorger, & ces artères ellesmcnies' Académie ce qui eut tout le fucccs qu'il pouvoir en efpérer. Le malade fut radi- c ^^f calemenc guéri en trois mois , & recouvra parfaitement l'ufage de fon dc*" ' bras, quoiqu'on eût compris le nerf dans les ligatures, pour abrctrer, Bologne.' ce qui n'empêcha pourtant pas que l'opération ne durât encore t'rois quarts d'heure. La main & l'avant-bras perdirent d'abord leur chaleur ■ \<- le pouls celîa de fe faire fentir , & lorfqu'on eut lié le nerf , le ma- lade s'écria qu'on lui avoit enlevé toutes les parties qui étoient au- delTous de la ligature j mais ces accidens n'eurent point d'autres fui- tes, & en moins de 30 heures , le fentiment revint, auflî- bien que le pouls & la chaleur. III. Observation. Cette obfervation préfente à-peu-près les mêmes phénomènes & les mêmes manœuvres que la précédente , avec cette circonftance finguliere de plus , que le malade afluroit après fa gué- rifon , fe fentir plus de force dans le bras opéré , qu'il n'en avoit eu auparavant , malgré la ligature du nerf. IV. Observation. Cette obfervation eft de l'illuftre Valfalva , ce- lebre chiruroien de Bologne , & l'un des hommes qui ont fait le plus d'honneur à la chirurgie. Elle a été communiquée à l'auteur par le célèbre Morg.igni. Dès qu'on eut fait la ligature , la partie perdit le fentiment & le mouvement, & dans l'efpace de quelques heures , elle devint froide ; le pouls s'éclipfa ; le 3 il commença à fe faire fentiF prefque imperceptiblement ^ mais le 5 il avoit 'recouvré fa force naturelle. Sur la fin de ce jour on trouva du fang dans le lit ^ & l'ap- pareil en étoit tout mouillé. Lorfqu'on l'eut ôtc avec circonfpeétion , l'hémorragie ne reparut plus , & on ne put s'alfurer de l'endroit d'où elle étoit venue. Depuis cette dernière hémorragie le pouls s'éclipfa encore entièrement , tout comme h on avoit lié l'artère de nouveau ; mais après quelques jours la chaleur revint infen(îblement , ainfi que le mouvement i la partie néanmoins refta foible pendant huit ou neuf mois, elle étoit très-fenfible aux imprelhons du froid; elle maigrit & les ongles devinrent d'une couleur noirâtre j mais ce teins écoufé , lo pouls revint , quoique foiblemenr. y. Observation. M. Molinelli defiroit depuis long-tems pouvoir dilféquer le bras de cjuelqu'un qui pendant fa vie eut été opéré de l'anévryfme ; le defir etoit d'autant plus vif chez lui , qu'il ne trouvoit dans les auteurs aucun exemple d'une pareille difTeûion , & qu'il lui étoit commun avec M. Heifter. Le Aijet de l'obfervation précédente b mit en état de fe fatisfaire. C'étoit un chirurgien qui ayant été opéré par Valfalva , à l'âge de 22 ans , mourut pthylîque & hydropique 30 ans après. Il avoit dit plufieurs fois à M. Molinelli que l'opération avoir été très-longue, &: que Valfalva avoit été obligé de faire plufieurs, ligatures pour fe rendre maître du fang. Par la comparaifon que M, 341 COLLECTION ACADÉMIQUE, = MoIinelli avoir pluiîeuis fois faite des deuxbras , il avoir les trouvés par- AcADBMiEj.-^jjgj^^g,^j femblables , fans en excepter le pouls , qui étoit refté languif- SciENCES ^''"' quelques mois après roptration. Du refte , ce chirurgien faignoic DE & opéroit du bras où il avoir eu l'anévrylme avec la même faciliré que Bologne, s'il n'y avoir jamais eu aucun mal. Par la dilfeâion on trouva qu'il — — — manquoir deux pouces de l'artère. Ce vuide éroit rempli par un corps MÉMOIRES compadte &c membraneux ou par une forte de refeau d'un tilfu fi ferré & fi irrégulier qu'il ne pouvoir erre pemr. Il étoir d'une couleur blan- che & unllfoir fortement la peau aux parties fubjacentes. 11 avoit deux fonces de long fur un de large. Dans rout le trajet qui répondoit à endroit où l'artère manquoir, le nerf avoit pris un volume très-con- lidérable , & changé fa forme cylindrique en une figure ronde ou fphérique , femblable à celle que prcfentent naturellement les ganglions nerveux. En iucifant longitudinalement cette efpece de ganglion , on vit qu'il étoit compofé de fibres droites , conrinues à celles du nerf , mais moins prellees ; elles laiiïbient entr'elles des intervalles remplis d'une fubftance qu'on ne pouvoir mieux comparer qu'à la fubftance fpongieufe de la verge , fi ce n'eft que la couleur en étoit plus obf- cure. {a). Des cinq obfervarions dont nous venons de donner un léger précis , il réfulre plufieurs conféquences prariques Se théoriques, i*. On y voie que l'efpece de bruit ou de frémlifement que fait le fang en rentrant dans l'arrere , lorfqu'on comprime la tumeur anévryfmale , n'eft pas un diftindif de l'anévryfme faux , comme l'ont prétendu MM. de la Paye Se Heifter; aulfi remarque-r-on que le célèbre M. Périt , chirurgien d'une expérience fi confommée , ne fait aucune mention de ce figne dans fon mémoire fur l'anévryfme , inféré parmi ceux de l'académie royale des fciences , année 1736. z°. 11 eft clair par les rrois premières obferva- rions , qu'on peut comprendre, dans la même ligature l'arrere & le nerf, fans qu'il en arrive des convulfions , des tremblemens , des fyncopes , ni aucun des autres accidens fâcheux que les auteurs redoutent proba- blement, lorfqu'ils prefcrivent avec tant de foin de féparer l'artère du nerf, puifque ces trois malades , d'âge &: de tempéramenr difFérens , ont tous promptement 8c radicalement guéri , quoiqu'ils ayent eu le nerf lié pendanr fort long-tems , que la ligature fut très-ferrée , &: qu'on n'en air pas même modéré l'imprellion en nouanr les fils fur une perite comprefle. M. de la Paye nous apprend , dans fes notes fur Dionis j que feu M. Thibault , l'un des plus grands chirurgiens de Paris , dans le dernier fiecle , en faifanr l'opération de l'anévryfme , embralToir rout (a) La même diffeftion a fait voir qu'un fcul rameau d'artère , quand le tronc eft lié, eft fuffiCint pour nourrit & vivifier la partie, f^as vel unum id fatis efe cpparet , dit le favant hiftorien de l'académie , atque hoc unum , in vice detrûSi partis fuppUnda , torqueri pncer confuetudinem , ii fleUi muais modis , qut quidtirt rado non docuerat. \i ACADÉMIE DE BOLOGNE. 343 à la fois dans la ligatiue l'artère , la veine ëc le nerf, &: même aufii". une certaine quantité des chairs j mais comme ni lui , ni perfonne , ' que je fâche j dit M. Molinelli , n'a donné Phiftoire des opérations Sciences de M. Thibault, on ne peut favoirquel en a été le fucccs ? D'ailleurs, de il ne paroît pas que M. Thibault eût fait de profélites , puifque dans Bologne^ le rems où M. de Garangeot publia la première cdititon de fes opé rations de cliirurgie , peu après la mort de ce célèbre chirurgien , l'u- Mémoires fage fubfiftoit encore en France de féparer l'artère du nerf , avant que de la lier. On ne doit pas craindre aujourd'hui d'imiter M. Thibault. Les expériences qu'ont fait Valfalva , Morgagni , M. Molinelli lui- même, & autres , fur les nerfs de la huitième paire ne doivent pas en détourner ; en liant ces nerfs dans des chiens , on a excité des fympto- mes terribles , & l'on a fait périr ces animaux ; mais que peut-on con- clure delà ? Les nerts de la huitième paire fe diftribuent au cœur ^ Se ce font prefque les feuls qui vivifient cet organe ; malgré cela , fi on n'en lie qu'un , l'atftion du cœur fe dérange , à la vérité , mais elle ne celfe pas , comme l'avoir déjà obfervé le célèbre Lancih , ôc que M. Molinelli s'en eft convaincu depuis lui-même fur quatre chiens difFérens d'âge & de conftitution ; car tous ces chiens guérirent avant le vingtième jour. Nous oppofera-t-on encore que fi on lie fortement les deux cordons des nerfs de la huitième paire , l'animal périt fur le champ , & même plutôt que fi on les avoir entièrement divifés , quoiqu'on coupe aufli-tôt la ligature , ce qui prouve que cette dernière , outre qu'elle intercepte l'influx des efprits , détruit encore l'organifation du nerf, mais fans compter que cette prompte mort de l'animal , à la fuite & par l'effet de la ligature des nerfs dont il s'agit , n'eft pas encore éta- blie fur des expériences fuffifamment répétées j les nerfs de la huitième [laire que Valialva a liés , font bien autrement confidérabies , & d'ail- eurs plus tendres &c plus délicats , que les nerfs brachiaux & les au- tres cordons nerveux qui fe diftribuent aux membres ; ces derniers font beaucoup plus durs ôc ont moins de délicatelfe ; aufll lifons-nous dans Bidloo ( exercitat. anat. chir. ) qu'ayant lié fortement le nerf crural à un chien , & coupé enfuite la ligature, une pu deux heures après, il avoir trouvé ce nerf en aufli bon état qu'auparavant , & que l'ani- mal ne s'en étoit aucunement relfenti. On voit , il eft vrai , par la féconde & la troifieme obfervarion que lorfqu'on lie le nerf avec l'artère , la douleur eft plus forte que fi on n'avoit lié que la dernière , &c que le fentiment &: le mouvement fe perdent; mais on y voit aufll que ces accidens difparoiflent bien-tôt , & que la cuie n'en eft point du tout retardée. Si l'on a vu quelquefois des fuites plus graves de la ligature , qu'on prenne garde d l'on n'au- roit pas piqué le nerf, & fi ce ne feroit pas plutôt à la piqueure qu'i la ligature que les accidens dévoient être imputés. Mais dira-t-on enfin, fi la ligature du nerf n'eft pas nuifible , quel avantange réfulte-C-iJL^ 344 COLLECTION ACADÉMIQUE, : Elle rend l'opération plus expéditive & plus fure ; plus prompte j en Académie j-g q^'on n'ell pas obligé de fcparer le nerf de l'artère j &i plus fure , c- ^^^ en ce qu'on ne rifciue pas de blelfer le nerf, & de couper quelciues- SclENCES J 11 ■ 1 ■ J • C ■ •■ \ ■ J j,£ unes des artères collatérales qui doivent rournir a la nourriture du Bologne, bras j après qu'on a lié le tronc artériel. Si iionobftant tout ce qu'on _^___^ vient de dire , on exige encore un plus grand nombre de faits pour Tui décider définitivement fur la queftion dont il s'açrit , M. Molinelli ne ^MEMOIRES , - , -^ . -, ^ ^ , . S y oppole pas , pourvu qu on reconnoille que perlonne , avant lui , n'avoit encore ouvertement enfeigné qu'on pût lier le nerf en méme- tems que l'artère , fans mettre la vie du malade & celle de la partie en danger. 3'-'. Prefque tous les auteurs de chirurgie veulent qu'après avoir dé- couvert la tumeur anévryfmale , on lie feulement la partie fupérieure de l'artère j ou , tout au plus , encore, l'inférieure , à quelque diftance du fac ; or , nous avons vu p.ir la féconde & troideine obfervation que ces deux ligatures ne mettent pas toujours à l'abri d'une hémorragie dan^ereufe , & qu'il faut quelquefois pour s'en garantir furement lier le fac même , après en avoir emporté la plus grande partie , & toutes les branches artérielles qui alloient s'ouvrir dans ce fac , ou dans les deux orifices de l'artère , après qu'on en a enlevé la portion dilatée qui formoit l'anévryfme. 4*^. On voit encore par tout ce qui précède , combien la méthode d'Anel , qui lioit l'artère , fans ouvrir le fac , dont il fe contentoic d'exprimer le fang , doit être fautive j car n'eft-il pas évident que les vaiOeaux collatéraux qui pourroient aller s'ouvrir dars ce fac , répro- duiroient l'anévryfme , en y vcrfant le fang ? La difpofition variée & le nombre de ces mêmes vailfeaux rendent encore la méthode de la comprefllon bornée à la tumeur fort infidelle , puifqu'il n'eft guère polfible que quelques-uns d'entr'eux au moins n'échappent à. la com- prelllon , quelque exade qu'elle puiffe être : M. Molinelli n'a pas voulu pafler fous filence l'efpece de compreflîon particulière que pratiquoit feu M. Petit , au rapport de M. de la Paye , fur tout le trajet de l'ar- tère brachiale , quelques jours avant l'opération , à fin de procurer la dilatation graduelle des artères collatérales qui doivent fournir enfuite à la nourriture du bras ? M. Molinelli craignit d'abord que cette dila- tation des artères collatérales , ne donnât lieu pendant l'opération à une hémorragie dont les fuites feroient plus dangereufes , que les avanta- ges qu'on s'en promet ne feroient grands. Mais trois confidérations l'eu- rent bien-tôt ralTuré. i°. L'autorité de MM. Petit Se de la Paye ; i'. l'af- furance où il étoit de pouvoir fe rendre maître du fang , aii moyen de fa nouvelle façon de procéder à la ligature du fac & des artères qui vont s'y aboucher ; & 3°. enfin la comparaifon qu'il avoir faite de ce qui s'étoit paflTé dans la féconde & troilieme obfervations ; car il re- marqua que celui des deux malades fur qui on avoit tait précéder une longue ACADÉMIE DE BOLOGNE. J4- longue comprellîon , quoique bornée à la tumeur , eut , après l'opcra- tion , le bias beaucoup moins tuméfié , Se moins de fièvre que l'autre Académie à qui on n'avoir point du tout comprimé l'artère. _ ^^^ '■ SCIENCES DE <"" ii-g^^ ■■;,> Bologne. OBSERVATION SUR UN FŒTUS DE NEUF MOIS , mémoires qui a pris Ton accroiflcmcnc hors de la matrice , &; qu'oa a ciré more j par inciilon , du vencrc de la merc , encore vivance. Par M. Jean-Antoine Galli. CEtte obfervation de M. Galii eft extrêmement intéreiïante dans tous fes détails ; nous allons en rapporter ici les principales cir- conft.inces , avec les conféquences que l'auteur en a déduit. Une femme d'environ trente-deux ans , après une première grofleiïe très-Iaborieufe , qui fe termina néanmoins heureufement , fe trouva enceinte pour la féconde fois. Outre les fymptômes ordinaires de la grolfeire , dont elle étoit prodigieufement incommodée , elle fouffroic dans l'hypogaftre des douleurs "fréquentes & prefque continuelles donc la violence augmentoit , fur-tout lorfqu'elle le couchoit fur le côté gau- che. Vers le cmquieme mois l'état de cette femme étant devenu infou- tenable, elle demanda dufecours. La fage-femme , qui fut la première appellée , après avoir touché l'orifice de la matrice , déclara que la malade étoit fur le point d'avorter , & mit en ufage beaucoup de moyens pour la délivrer , mais routes fes tentatives n'ayant abouti à rien ; l'accoucheufe & la malade même commencèrent à douter de la grortelTe , &c l'on demanda l'avis de M. Galli. Celui-ci trouva qu'il y avoit d'allèz fortes raifons de foupçonner au moins la grolfede ; ce- pendant l'orifice de la matrice , fur lequel il porta le doigt , ne lui en donnoit p.is le moindte indice, quoique la femme fût près de fon fixieme mois. Elle continiioit pourtant , difoic-elle à fentir le mouvement de fon fruit , dont elle s'étoit déjà apperçue auparavant \ mais ce ne fut que vers le feptieme mois que M. Galli _, en appliquant la main fur le ven- tre de la femme, fentit ces mouvemens de l'enfant d'une manière alTez dilHnéle pour n'avoir plus aucun doute fur la réalité de la groirelTe , bien que l'orifice de la matrice , qu'il toucha encore , en écartât abfolu- ment l'idée. 11 ne voyoit de moyen de concilier ces deux chofes qu'en fuppofant l'enfant hors de la matrice. Cependant la malade fouffroit toujours davantage , & reiïentit dans tout l'intctieur du ventre les plus violentes; douleurs , auxquelles fe joignirent encore dans les deux der- niers mois, des vomiflTemens prefque continuels j le dégoût, une grande 4oif , l'infomnie , la fièvre , & une maigreur générale de tout le corps i Çolkil, AccLd. part. étr. Tome X. X x ,(3 COLLECTION ACADÉMIQUE, = elle étoit , en ourre , extrêmement conftipée , n'urinoit que très-peu- J Académie ^^yQJj les yeux éteints, (Se la face jaunâtre. Dans cette trifte fituarion , <• "^' elle attendoit impatiemment le terme de fa eroireffe. Ce tems arrivé , Sciences ,, „ ,r . i^ji ji. i PE elle efluya pendant trois ou quatre jours les douleurs de 1 accouche- Bologne, ment , & des mouvemens extraordinaires & très-violens de la part de . fon enfant. Elle tomba tout-à-coup dans une grande fyncope ; lorsqu'elle j^jjjjQ j en fut revetHie, elle dit ne plus reffentir la moindre douleur ^ ni les mouvemens de l'enfant , m.ais feulement un poids inaccoutumé &: in- commode dans le bas de l'abdomen j lorfqu'elle étoit aflife , & au côté fur lequel elle fe couchoir. Dans le fort de fes douleurs , il avoir coulé , de tems en tems , par les parties naturelles , des mucofités fanguino- lentes , comme il arrive à Tapproclie des accouchemens ordinaires. Cette circonftance ayant déterminé M. Galli à toucher de nouveau l'orifice de la matrice , il ne le trouva plus conftamment fermé , ré- fiftant Se proéminent , comme le gland du membre viril en éreétion , ainfi qu'auparavanr , mais applaii , mou , Se même aflez dilaté pour qu'il pût introduire le bout du doigt médius dans la cavité de la ma- trice , qu'il trouva entièrement vuide , ce qui le confirma dans l'opi- nion d'une gtoireffe ventrale. Le feul parri qu'il y eût à prendre pour délivrer la malade étoit de lui faire une incifion au ventre pour en tirer l'enfant j mais celle-ci effrayée par la nouveauté du cas , Se par l'incertitude du fuccès , aima mieux confier fon falut à la nature , que tenter le fecours de l'art ; elle pafla plus d'un mois entre la crainte Se l'efpérance , portant tou- jours fon enfant mort dans le bas-ventre , non fans qu'il fui"vînt de nouveaux fymptômes , dont les principaux étoient le poids Se la chute d'une malTe lourde Se incommode fur le côté où la femme fe tournoit, l'haleine puante Se cadavereufe , des mouvemens de fièvre irréguliers j joints à un très-grand froid , Se à des horripilations prefque continuel- les 5 de foudaines & fréquentes défaillances , Se une ii grande diftenfion du ventre, qu'elle fembloit être fur le point de fuffoquer ^ en quel- que fituation qu'elle fe mît fe voyant alors réduite à l'extrémité, elle demanda enfin avec inftance l'opération. Quoique M. Galli défefpérât qu'elle pût y furvivre , il y confentit pour lui prolonger du moins la vie , lui trouvant d'ailleurs aflez de force &: de courage pour la foute- uir. 11 voulut bien s'en charger lui-même , mais à condition qu'on lut joindroit M. Molinelli , qu'il avoit eu autrefois pour maître , pour l'aider de fes lumières Se de fes confeils. Ces MM. convinrent entr'eux, que la femme étant fur le bord de fon lit , on lui feroit avec un biflouri «ne incifion de trois rravers de doigt dans le milieu de l'efpace compris entre l'épine antérieure Se fupérieure de l'os des iles & l'ombilic j Sc cela du côté gauche, où la fludtuation d'une liqueur, la confiance de la douleur j Se la difficulté de s'y coucher, indiquoient de a f.ure , de préféreace au côté droit. Dès qu'on eut pénétré dans le fac où l'en- ACADÉMIE DE BOLOGNE. 347 fint croît renfermé , il fortit un torrent de matière putride Se fa- ,''''' nieiife , mêlée d'un fanj^ noir , &: d'une odeur abominable , n'en- Acadkmie traînant rien autre du fœtus que fes cheveux. On lailfa couler en- Sciences viron dix livres de cette matière , ce qui déga<^ea beaucoup la ref- de piration ; la fluctuation Se la diftenfion qui reiioient encore à l'abdo- Bologne. nien , indiquoient qu'il y en avoit encore confidérablement dans le i ventre ; mais pour ne pas trop affoiblir la malade , Se pour aller au- \;ÉM0iî\nï devant de la fyncope , dont elle ctoit prochainement menacée , on crut devoir la faire coucher , Se renvoyer le refte de l'opération au lende- main. On introduillt dans la plaie une tente mollette de linge enduite de baume vulnéraire , Se l'on acheva enfuite de la remplir avec des bourdonnets j dont chacun ctoit armé d'un fil ; on mit par-delTus des comprefles trempées dans l'efprit de vin, Se l'on maintint le tout en place avec une large ferviette. On recommanda à la malade de fe tenir cou- chée , Se pour ranimer fes forces , on lui fit donner de bons bouillons Se quelques légers cordiaux. Tout parut aller d'abord alTez bien ; la malade , qui ^ depuis fi long- tems , étoit prefque entièrement privée du fommeil , commençai dor- mir pendant quelques heures ; elle garda les alimens , qu'elle avoic coutume de rejetter ; elle n'avoir prefque plus de difficulté à refpirer ; elle ne fouffroir guère de la plaie , Se refta pendant toute la nuit dans la fituation où on l'avoir mife. Le jour d'après , la plaie fut découverte de grand matin ; quand 011 l'eut dcbarra(Tée de la tente Se des bourdonnets , il s'écoula plus de deux livres d'une matière exactement femblable à celle du jour précé- denr. La fortie en étoit interrompue de rems en tems par le corps du fœtus qui fe préfentoit à l'orifice de la plaie , ce qui engagea M. Gallî à lui donner plus d'étendue. Il fit incliner enfuite la malade fur la plaie , d'où il fortit encore beaucoup de matière , avec plus de promptitude Se de flicilité qu'auparavant. En introduifant le doigt index dans le ven- tre , M. Galli parvint fans peine à toucher un bras de l'enfant , Se il fentit que le fac étoit intimement adhérent au péritoine. Il ne reftoit plus rien à faire que de procéder à l'extraétion du fœtus, mais la foiblerfe de la mère , qui étoit toujours fur le point de tomber «n fyncope , à chaque fois qu'on lui tiroit quelque peu de la matière qui féjournoit encore dans l'abdomen , obligea de la retarder. Après fept jours , pendant lefquels on travailla à la réconforter par une nourriture de bon fuc 8c par le fommeil , elle demanda elle-même l'opération. Quoique l'enfant eût déjà fcjournc pendant près de fept femaines dans le ventre depuis qu'il avoit perdu la vie , il ctoit cependant encore bien charnu 8c avoit confervé toute fon intégrité. Falloit-il donc le ti- rer tout entier ? Cela eût exigé une trop grande ouverture ; c'eft pour- quoi on fe détermina à le tirer piece-à-piece , ce qui n'empccli.i pas qu'où ne fut encgre obligé de dilater la plaie. 348 COLLECTION ACADÉMIQUE, = Cette dilatation , qui fut d'environ un pouce , fournit à peine quel- AcADEMiE q^^gj ooùtes de férolîtés purulentes \ il fe préfenta d'abord à l'orihce de c ^^^ „ la plaie le bras gauche de l'enfant. L'opérateur l'ayant tiré , à l'aide de DE fes doigts j jufqu'à l'épaule , le fépara de cette dernière , Se enfuite Bologne, avec les tennetes dont M. Cliefelden fe fervoit pour la taille , il fit fuc- ceirivement l'extraélion de l'autre bras , des jambes , des cuifTes , &C j^j^jjQji^g 5 généralement de toutes les parties du fcEtus , avec beaucoup de facilité, &c fans que la femme fe trouvât mal. ^ Pendant qu'il étoit occupé à ces extradions fuccefllves des parties de l'enfant , il s'apperçut qu'il n'y avoir que le fommet de la tête , l'ab- domen , & le cordon ombilical qui euÂent commencé à fe putréfier. Comme le cordon ne pouvoir pas fervir dans cet état à cirer î'arriere- faix , M. Galli paifa fa main toute entier^ dans le bas-ventre , &: la di- ritrea du côté de ViUum , où il trouva le placenta plus épais & plus compaéle qu'à l'ordinaire , intimement adhérent à toutes les parties auxquelles il étoit attaché , ce qui n'empccha pourtant pas qu'il ne par- vînt à l'en féparer peu-à-peu , & à le tirer en entier. Les vaiffeaux qui entroient dans fa compofition étoient d'un volume très - confidéiable , & route fa furface , contre l'ordinaire , d'un rouge tirant au noir. Après qu'on en eut fait l'extraftion , on ne vit point de membranes ; l'adhé- rence du fac aux parties circonvoifines s'étant trouvée fi intime qu'il ne fut jamais poilible d'en féparer la moindre portion. La plaie fut panfée comme la première fois , & très-promptement ^ l'opérateur ayant été plus d'une fois fur le point de tomber en fyncope, tant l'infeélion de la matière étoit infupportable. L'abondance en étoit telle qu'on fut obligé, avant &: après l'opération , de renouveller l'ap- pareil deux fois par jour. On remarqua que la même matière , qui j avant Se pendant l'extraélion du fœtus , étoit d'une puanteur infeute- nable , plus fanieufe & plus fanguinolente , avoit enfuite à peine au- cune odeur , & reflTembloit prefque toujours à une fimple férofité noi- râtre. Le lendemain les lèvres de la plaie avoient la même couleur que cette matière , mais elles étoient d'ailleurs fouples Se humides ; du refte , plus de douleurs , plus de diftenfion dans l'abdomen. Les forces fe foutenoient , le fommeil étoit paihble , la malade retenoit les ali- mens ; en un mot , tout fembloit aller à fouhait ; mais autant ces cho- fes donnoient de confiance , autant l'abondante colledlion des matières qui fe ramafloient chaque jour dans le fac j & l'émaciation générale du corps , qui en étoit la fuite , infpiroient de crainte 8c de frayeur.! Cette crainte n'étoit que trop bien fondée , car le onzième jour , a compter depuis la première opération , la fièvre s'empara de la maladej avec un grand froid ; il furvint aufli-tôt une grande difficulté de ref- pirer ; impuilTance d'avaler &: de foutenir les alimens ; une extrême foibleffe , de fréquentes fyncopes , Se enfin des conviilfions mortelles j auxquelles la femme fuccomba à l'entrée de la nuit. ACADÉMIE DE BOLOGNE. 349 . A l'ouverture du cadavre , qui fut faite en prcfence de M. Molinelli , — ■ ^ on trouva le fac , dans lequel l'enfant avoit ctc renfermé encore fi Académie prodigieufement diftendu , ciii'il occupoit prefque toute la capacité de ç '^^^ l'abdomen , & fi fortement adhérent à toutes les parties du voifinaf^e j *^'^^<^^s qu'il étoit à peine poflible d'en féparer la plus petite portion avec le Bologne, fcapel. Toute la furface intérieure en éroit noirâtte ^ & il avoit- par . tout l'épailTeur d'un inteftin grêle , fi ce n'efl: dans la partie de fon Mémoires étendue par laquelle il étoit attaché au placenta , ôc celle qui regardoit • l'os ileum gauche j où il étoit plus réfiftant Se plus épais. A l'égard des trompes & des ovaires , il en reftoir quelques veftiges aflez tenfibles du côté droit , niais on n'en voyoit pas la moindre trace du côté gau- ciie. Les parois épaifll-s &c repliées fur elles-mêmes du fac en occupoient la place. La matrice étoit exaélement dans le même état où elle fe trouve hors de la grolFelTe ; il eft feulement à remarquer qu'au-delTous de l'en-! droit où auroit dû fe trouver la trompe gauche, il partoit de fa fubftance une tumeur qui par fon volume , fa couleur & fon tilfu reflembloit à une forbe. 11 paroît que cette tumeur avoit fermé la trompe gauche en la comprimant ; elle s'ouvroit , à la vérité j dans la matrice mais en y palfant un ftilet , on ne pouvoit pas le faire avancer au-delà d'une ligne ou deux , & par un examen attentif , on s'aiïura qu'elle étoit obftruée dans la plus grande partie du trajet qu'elle fait à travers les parois de la matrice. Du refte , les autres vifceres du bas- ventre étoient arides & rapetilfés , comme ils ont coutume de l'être dans ceux qui meurent dans le dernier degré du marafme. M. Galli termine le récit de cette grolfelTe extraordinaire par plu- fieurs conféquences j dont les unes regardent la phyfiologie , & les au- tres la pratique. 1°. Ce fait lui p.iroît prouver fans réplique la vérité du fyftême des ovanftes. j 2**. comme le placenta étoit de la moitié plus gros qu'à l'ordinaire ^ & pourvu de très-grands vailTeaux ^ il eft à préfumer ^ fuivant M. Galli , que la natuie a voulu fuppléer par la quan- tité du fang qu'elle fournilîoir au fœtus , à la qualité plus élaborée de celui qui lui eft fourni par la matrice dans les groirelfes utérines ; 3". il ne veut pas qu'on regarde l'union intime que les enveloppes me'mbra- neufes du fœtus avoient conttaélées avec les parties circonvoifines comme une adhérence vicieufe , telles qu'on en voit Ci fouvent à la fuit© des maladies inflammatoires , & autres ; mais comme un artifice ad- mirable de la nature , par lequel elle avoit pourvu à la nourriture & a laccroillement de l'enfant, comme elle procure la nutrition & le développement des graines qui vont s'attacher fortuitement au tronc d un arbre ou courte un mur ; 4". une chofe très-digne de remarque elt que , bien que l'utérus ne fût d'aucun ufage dans cette groffeiïe , Se que fon orifice ait été conftamment fermé , tant qu'elle a duré ^ CQ même orifice ne laifTi pas de s'ouvrir dans le tems marqué pat la namre, ce qui retute l'opimon d'un très-grand auteur de chirurgie (^iM.HeiJler) 3SO COLLECTION ACADÉMIQUE, = quij en afiîgnant les fignes principaux auxquels on peut reconnoîtr* AcABEMiEqjjg l'enfant n'occupe pas la cavité de la matrice, dit qu'outre les fihrgffl<>iirt»r DES Sciences DE Bologne. MÉMOIRES EXPLICATION DES PLANCHES. Planche première , empruntée de Tournefort. A. La fleur ouverte avec le calice & les étamines. B. Pétale. C. Le calice avec fes fegmens , ouvert & vu par derrière. D. Le calice avec fes fegmens , ouvert & vu par devant avec les étamines. E. La grenade déjà formée. F. La grenade dans fa perfeétion. G. La couronne du fruit. H. Les grains dans leur fituation naturelle. L Grenade ouverte. KL. Les grains vus fous différens afpefts , delTéchés ou encore pleins de fuc. MM. Cellules formées par les membranes de Técorce, dans lefquelles, les grains font logés. Planche féconde , de fauteur. A. Grenade attachée au tronc de l'arbre , telle , pour la grofleur i qu'elle paroît au microfcope. B. Le fruit & le calice vu au microfcope. C. La partie fupérieure de la fleur , coupée & féparée du fruit. D. Le piftille. EEE. Le fruit , tel qu'il eft , lorfqu il a à peine trois jours. F. Grenade entière. G. Portion de la membrane externe de la grenade , compofée de fi- bres difpofées en rayons , & percées de toutes parts de grands & de petits trous. H. Fibres droites qui compofent la fubftance ligneufe de l'écorce & qui renferment les utricules. L Les utricules & les vaifleaux féparés des fibres. Planche troijlemc j de fauteur. A. La couronne féparée du fruit , avec les étamines. B. La face interne de la couronne , patfémée de trous. J^L/l./ltJl.lUHf . .f.'V J Boloifiur C . ,(/ofo/olo/oTo o'o_D-c.^o;c 'Oq '"""'■"■'^««'«WiMl iO^*^^, X. P/a/ic/i^ IJI.ncUf. 3,yfi. (ê '.^.:sM B^'luflIC p/,iiu/u- n'ihni- ,^>y. B B B B ^^^ E ? ACADEMIE DE BOLOGNE. 359 C. Membrane qui tanilTe la face interne de la couronne , , = détachée de celle-ci , avec fes vailTeaux & fes trous Académie ronds, parallèles j pour l'infertion des étamines. p ^^^ D. La même membrane portant les étamines couchées obli- de quemenr. • Bolognï. EEE. Rameau d'étamiiies , fur les côtés duquel nailTent d'au- II I très étamines , après qu'il eft forti de la membrane. Mé.moirïs FFF. Cavité du tuyau qui règne le long du filament des éta- mines. GGGGGGG. Subftance ligneufe de ce tuyau , formée par l'entrela- cement des fibres. H. Antere ou capfule avec fes trois côtes à la partie fupé- rieure. L Poils qui couvrent la partie inférieure de la capfule. L. Capfule ouverte par une de fes côtes , & renfermant la poufliere féminale. MNN. Capfule ouverte par fes trois côtes j avec la pouflfiere fé- minale qui y eft contenue. GOOO. PoulTiere féminale éparfe. OOO. Cette même poulliere , telle qu'elle eft dans la capfule avant fa maturité. P. Capfule coupée en travers. Q. Membrane cellulaire qui tapifie l'intérieur de la capfule, dont les mailles font les réfervoirs de la poufliere fé^ minale. R. Grain de poufliere féminale , vu au microfcope, S. Partie extérieure de la membrane qui forme la capfule. Planche quatrième , de l'auteur. A. Subftance de l'écorce formant des éminences dans l'inté» rieur de la grenade. AAAAAAA. Pédicules des grains , attachés à l'écorce. AB. Grains tenans à l'écorce. BB. Grains féparés de leur pédicule fuivant leurs diiFérentes formes. C. Grain dont on a coupé la membrane par le milieu, D. Face externe de la membrane qui renferme le fuc, E. Face interne de la même membrane. F. Le fuc , tel que je l'ai obfervé. G. Le fuc & la membrane ouverte , tels qu'ils font repréfen- tés dans une planche de Malpighi. H. Enveloppe externe du noyau. 11, Partie ligneufe du noyau j dont on a ratiflç l'envelopp», Académie DES Sciences ,DE Bologne, mémoires 360 COLLECTION ACADÉMIQUE; KK. Le noyau ouvert. L. La membrane interne du noyau , parfémée de pores. M. Le noyau féparé de la membrane extérieure. Planche cinquième , de l'auteur. A. Le piftille coupe avant fon entrée dans la grenade. B. Le piftille avec fon ftigmate couvert d'un duvet , tels qu'ils paroiftent au microfcope. ce. Le piftille ouvert j avec fon tuyau. D. Membrane externe du piftille , compofée de fibres longi- tudinales. E. Membrane pofée fous la précédente , compofée de fibres tianfverfales. F. Membrane interne du piftille j poreufe. GGGGGGG. Pellicules qui nailTent du piftille , 6c qui recouvrent les grains , mais repréfentées fans ceux-ci. HH. Les grains , tels qu'ils font placés dans la grenade. H. Grenade entière dépouillée de fon écorce. K. Subftance ligneufe de l'écorce , avec une portion de la pellicule qui y eft attachée. LLLLLL. Pellicule détachée de l'écorce , pour faire voir les bords frangés par lefquels elle s'y engrené. MM. Cette même pellicule femblable à un omentum par ks cellules. N. La même pellicule avec fes vaiiïeaux tant droits que fpiraux. O. Grain plus gros que nature , pour y mieux obferver les vaifleaux qui fe diftribuent dans fa fubftance &c dans le ' pédicule. P. Membrane interne de l'écorce avec fes vaifleaux. Il SUR BJo ')"•■ PLi/ir/h- /- /wu\f/to- ac J^oioc^ne i/a/ur laau^/lt' m /rinevc Je^f P/io/aJej' ■ Vhi-ilaJt' h\i\ci/A- lircc Je /ir nierr J'/io/itJe de ficvianiu P/io/ae/e Je ronjelet . ACADÉMIE DE BOLOGNE. 361 ACADEMIB — — i«J.tjg[Ty-"'i — • ' I mr.j. CES ScitNCES DE SUR LES GLANDS DE MER FOSSILLES. Bologne. Par Mr. Jofeph MoNTI. Mémoires IL n'y a aucune produ(flioii naturelle, parmi celles mêmes qui pa- rollFent les plus viles Se les plus méprifables , qui ne puiUe faire naître de nouvelles idées à ceux qui favent interroger la nature , ou leur donner occafion d'étendre [leurs connoiirances. Vous ne ferez donc pas furpris , Meflleurs , fi je viens aujourd'hui mettre fous vos yeux des pierres très-communes , connues de tout le monde & qu'on trouve par-tout dans nos ruilTeaux. Si vous voulez bien pefer attentivement ce que je vais Jirs , je me flatte que vous conviendrez en effet avec moi , que les productions dont on fait le moins de cas j fournilTenc quelquefois des découvertes importantes &C très-utiles pour les pro- grès de l'hiftoire naturelle. Etant allé , il a quelques années , paffer quelque tems en campa- gne , dans le delfein de m'y délarfer moins de corps que d'efprit , j'étois entièrement occupé à faire des recherches fur les foflilles , dans un pays oii l'on trouve par-tout des pétrifications de plufieurs genres de teftacés. Voulant , un jour , palTer d'un lieu dans un au- tre , je fus obligé de traverfer l'Olveua , torrent qui fe jette dans le Panaro. En confidérant attentivement des rochers qui étoient tom- bés dans ce torrent , du penchant des montagnes qui en bordent les rives , & que le roulement des eaux a rendus fi lilfes &: fi polis , que les angles en ont été prefque entièrement ufès j je m'apperçus que quelques-uns d'entr'eux étoient de toutes parts percés de différens trous. Je fus frappé de la fingularité de ce pliénomene ; car , quoi- que j'eulTe fouvent vu des pierres trouvées dans des fleuves & des torrens qui étoient perforées par accident , les trous dont je parle croient d'une telle figure j que je crus auffi-tôt pouvoir les compa- rer à ceux qu'on trouve fur les pierres qui fervent de retraite aux glands de mer & aux pholades. Pour m'en affurer mieux , je jugeai qu'il falloir examiner un certain nombre d'autres rochers troués de la même façon , afin d'acquérir de nouvelles connoilfances par la multiplicité des obfervations. Je parcourus donc tout le torrent , fur - tout vers la partie fupérieure , d'où tombent ces rochers, 8c j'eus la fatisfaûion de voir ma conjetlure vérifiée, en effet , je trouvai fur mes pas des quartiers de pierres femblables , qui croient tombés depuis peu , &: qui , par conféquent , n'avoient point encore éprouve l'aCtion du roulement des eaux. Us croient cependauc Collecl. Âcad. part. étr. Tome X, Z. z, 36i COLLECTION AGADÉMIQ\JE, ~: . = pareillement percés, ce qui me confirma dans la penfée que ces ^P^j^'^"^u:joiis dévoient réellement leur exiftejiee aux glands de mer &c aux ■ Sciences p'^ola^lês. Pour examiner de plus près ces pierres , j'en choifis quel- DE qiies-unes que fe portai avec moi à Bologne. Dès que j'y fus arrivé, Bologne, je m'emprelTai de les cafTer j Se j'y trouvai non feulement des lo^es — ■ ^de pliolades, mais , ce qui me fit grand plaifir , l'écaillé même^de ' Mémoires c^ coquillage renfermée dans la cavité de ces trous. 11 me fallut ce- pendant travailler affez long-tems & calfer uri grand nombre de ces pierres , avant de parvenir à -en retirer une coquille dans fon entier. Les groifes étoient (i minces , qu'elles tomboient en pièces dès qu'on y portoit la main. Se les petites n'étoient pas moins fragiles, à cau- le du peu de folidité de la matière dont elles font compofées. Mais ma peine ne fut pas entièrement perdue , &c j'eus enfin le bonheur de titer ïine coquille entière , du nombre des petites , qui étoit > parfaitement femblable aux grandes j pour la forme. J'en ai fait def- ïiner la figure , que je mets fous vos yeux , ainfi que celle de la pierre où elle étoit renfermée. Je me difpofai enfuite à comparer ma co- quille , avec celles dont les auteurs ont donné la defcription j pour voir fi elle auroit quelque chofe de particulier , comme j'avois cru le remarquer au prernier coup d'oeil. Je favois qu'il y a deux prin- cipaux genres de coquillages bivalves qui habitent lé creux des rochers , favoir , les glands de mer qui font très-communs dans la nier d'Ancone , Se les pholades , qu'on trouve dans la Dalmatie Se ailleurs, au fond de la mer. En comparant donc attentivement mon coquillage avec ceux dont je viens de parler , je reconnus non feulement qu'il en différoit , mais encore que c'étoit une efpece par- ticulière de pholades 3 puifqu'il ne lefTembloit parfaitement à aucu- ne des diftétentes efpeces des deux genres fufdits , dont on trouve la defcription dans les auteurs. C'eft ce dont il vous fera aifé de vous convaincre , en jettant un coup d'œil fur la figure des glands de mer de Bonanni & des pholades de Rondelet , que j'ai fait def- fîner avec la mienne pour en faciliter la comparaifon. Quant aux loges que les glands de mer & les pholades fe forment dans les rochel's il faut favoir qu'à la grandeur près , elles ne différent pas beau- coup entr 'elles. L'un & l'autre de ces animaux , lorfqu'ils fe retirent dans les rochers de la mer fonr fi petits , qu'ils laiifent à peine une trace fenfible fur la furface de la pierre. En croiffant ils raclent fans c^fle le rocher, par le mouvement propre de leur coquille , Se le creu- fent jufqu'à ce qu'ils fe fpient faits un logement airez fpacieux &: commode , lailfant toujours un trou ouvert pour recevoir l'eau de la mer ou la rejetter fuivant leurs béfoins. Vous comprendrez beaucoup mieux tout cela par l'infpeâion des pierres qui renferment de ces animaux marins. Je ne les expofe ici à vos yeux , qu'afin que vous les compariez à celles que j'ai trouvées fur nos montagnes j Se que ACADÉMIE DE BOLOGNE, 363 vous jugier vous-même que les trous qu'on voit dans ces dernières, = ne peuvent être compares qu'à ceux des pholades. Mes pholades dit- ^^^^^"^"'^ ferent cependant des pholades ordinaires par le lieu où on les trouve Sciences & par leur forme. En effet , on trouve celles-ci dans les pierres ma- dr fines entièrement enfoncées fous les eaux , & les premières , fur des Bologns. montagnes trcs-éloignées de la mer. D'ailleurs , les rochers qu'on tire de la metj contiennent des glands de mer ôc des pholades vivans , j^jg^Qj^[.j au lieu que dans ceux de nos montagnes , on ne trouve que l'écaillé vuide Se même, le plus fouvent , brifée & bouchée, quoiqu'on ne puifle pas douter qu'elle n'ait renfetmé autrefois un anim.-il vivant, quant aux différences de la forme , je n'y infifterai pas davantage. Il eft aifé d'en juger par la comparaifon de leurs figures que j'ai fait defliner enfemble. Pour qu'on ne confonde pas mes pholades avec les pholades marines , je leur ai donné l'épithete de follilles , pour don- ner d'autant mieux à entendre que c'eft parmi les folîilles , qu'il faut en effet les ranger , &: non parmi les productions marines , au- cun de vous n'ignore je penfe que les naruraliftes ont cherché cu- rieufement &c trouve dans ces derniers tems dans les couches des montagnes , les corps de plufieurs efpeces d'animaux marins ou quel- ques-unes de leurs parties, & un grand nombre d'autres produétions iiarucelles, ËC cela dans des lieux très-éloignés de ceux où fe trouvent leurs analogues , 8C confondus avec des matières minérales , ce qui les -a fait avec raifon ranger parmi les foflilles. Mes pholades méritent allurément d'y avoir une place, & même d'y figurer d'une manière diftinguée , quand ce ne leroit que par rapport à plufieurs conféquen- ces où leur découverte femble nous conduire. Et d'abord , les phola- des follilles démontrent , ainfi que les autres coquillages répandus dans les couches des montagnes , que notre globe a autre fois enTuyé une terrible révolution , p.ar laquelle les productions marines ont été por- tées jufques fur les montagnes , car l'opinion de ceux qui attribuent ce phénomène à la rétrocellion naurelle & fuccelîive des eaux de la mer , n'eft pas foutenable , puifque mes pholades follilles font d'une efpece diffétente de celles de nos mers d'Europe , & qu'elles étoient inconnues à tous ceux qui pofTédoient les coUedions les plus complet- tes de coquilles. En eflet , fi on trouvoit dans nos montagnes les pholades des mets d'Europe, ou que les coquilles qu'on y rencon- tre, fulfent précifément celles des mers voifines , qui pourroit fe dé- fendre d'admettre l'hvpothefe de la rétrocellion des eaux ? Quelque prévenu que je fois en faveur de l'opinion qui fait dépendre ces ef- fits du déluge univerfel je l'embralferois moi-même finis héfiter. Mais puifqu'il ert confiant au contraire que la plupart de nos teftacés fof- filles fe rapportent à des coquillages des Indes ou entièrement in- connus , comme je me propofe de vous le démontter un jour , fi j'en ai le tems , c'eft pour moi une nouvelle raifon de perhfter dans Z z ij 364 COLLECTION ACADÉMIQUE, ■ , ■ f'ion opinion , que je fais depuis long-tems ctie auflî la vôtre , Se que Académie igj hypochefes contraires qui ont cours aujourd'hui, ne fauroient Sciences <;t)ranler. Mes pholades peuvent encore, ce femble, donner de grands DP éelairciffemens fur la théorie de la terre. Elles nous apprennent fur- BoLOGNE. rout que la terre a été entièrement dilfoute , & que tous les corps ont fouffert une divilion de leur mafle en particules incohérentes, MÉMOIRES "^"'"'""^ '^°"' penfé Wodward &c d'autres naturaliftes ; dillolution ce- pendant qu'on ne doit pas entendre dans un fens rigoureux, comme n les pierres avoient été liquéfiées en molécules infeniibles , mais feu- lement en égatd aux immenfes couches des pierres dont la terre croit alors compofée. En effet , fi toutes les pierres qui exirtoient avant le déluge , euflent éprouvé une dilTolution totale , lors de cette fa- tale catalhophe , les rochers dans lefquels fe trouvent mes pholades , n'auroient pas fubfifté dans l'état où ils font, parfaitement femblables a ceux qu'on retire encore aujourd'hui de la mer. De plus la folidi- té de ces pierres prouve fenlîblement l'exiftence des pierres & des montagnes avant le déluge j contre l'opiniuii Je ceux qui piétendent que notre terre étoic , avant cette époque , dans un état tout différent de celui où nous la voyons aujourd'hui , Se qu'il n'y avoir alors ni montagnes , ni métaux , ni foflilles. Les pholades que j'ai découvertes , vont encore enrichir la daffe des pierres figurées , qui ont fait , de nos jours , l'objet des recherches de tant de favans de différens pays , puifqu'on n'a fait jufques à préfen: aucune mention de ces pho- lades ni des pierres qui les renferment , parmi ce grand nombre de folîilles figurés , teftacés , cruftacés ou végétaux qu'on a trouvés dans les couches des montagnes , Se dont divers naturaliftes ont formé des coUeétions pour fatisfaire la curiofité des amateurs. J'ai donc pen- fé que mon obfervation n'étoit pas tout-à-fait indigne de vous être communiquée , afin que vous en faffiez l'ufage que vous trouverez bon pour les progrès de l'hiitoire naturelle. Mais de peur que je ne paroilfe vouloir m'approprier les découvertes d'autrui , je dois avertir ici qu'ayant parcouru tous les auteurs qui ont écrit fur l'hiftoire na- turelle Se particulièrement fur les fofiilles , pour favoir fi mes phola- des avoient été connues à quelqu'un d'entr'eux , je trouvai dans l'ex- cellent ouvrage d'Edouard Luyd , intitulé Lythophylacii Bruannici ichnographia , n*. 878 , la figure d'une pholade qu'il nomme Amig- daloïde. Mais cette pholade étant parfaitement femblable à celle de Ron- delet , on nQn peut rien conclure contre mon obfervation. Notre cé- lèbre Aldrovande , dans foii cabinet métallique , page 730 , donne aulli , parmi les figures de divers cailloux , celle d'un caillou dadtilite creufé de finus de différentes grandeurs , femblables à ceux dans lef- quels habitent les Couteaux de mer vivans. Mais il fe borne à comparer les trous de ce caillou , trouvé dans le terriroire de Sien- ne , avec ceux «jui fervent de retraite à ces animaux , fans parler r ACADÉMIE DE BOLOGNE. 365 d'aucun coquillage qui y fût renferme. On ne fauroit donc dire que" mon obfeivacion fe rapporte à la fienne. Les pholades foiïilles que des j'ai dccouveices dans l'cpaifeur des rochers , doivent donc être rej^ar- Sciences dces comme une efpece particulière & auparavant inconnue aux na- de turaliftes ; & on doit les ranger parmi les autres coquilles étrangères Bolognf. qu'on avoit déjà trouvées dans nos 'montagnes , Se dont l'exillence ne contribue pas peu à démontrer la vérité d'un déluge univerfel & à en Mémoiiies manifefter les etïets. Je regrette de n'avoir pas pu donner une def- cription exafte de toutes les parties de ma coquille , flmte d'avoir pu m'en procurer un afTez grand nombre dans leur entier. J'aurois bien fouhaité pouvoir le taire ; mais on ne doit pas regarder de (1 près aux productions qu'on tire de la terre , à caufe de leur vetulté j Se celle qui tait le fuje: de cette foible dilfertation , étoit depuis quatre mille ans renfermée dans (on fein. J'avoue donc que je ne trouverai rien de bon dans mon ouvrage , que les correélions que je pourrai y faire , d'après les rédexions profondes qu'il vous fuggerera. >(•'"' ■ -^''^ffl^''^^ ■ ' !>^> SUR L'OISEAU QUI PORTE A BOLOGNE le nom de Penduiino , êc en Pologne celui de Remi^. Pnr Mr- Caictau MONTI. L'Oifeau que nous appelions Penduiino , parce qu'il fufpend fon nid à un arbre, furpalfe de beaucoup tous les autres oifeaux du ter- ritoire de Bologne , finon par la beauté de fon plumage , la variété de fes couleuts Se la mélodie de fon chant , au moins par l'induftrie qu'il fait briller dans la conftruétion de ce nid. J'avois vu fouvenc avec admiration de ces fortes de nids & je defirois depuis long-tems de connoître l'oifeau qui les fabriquoit , fur-tout occupé , comme je l'étois depuis quelques années , à recueillir & à conferver les oifeaux de notre territoire. Le hafard fe refufa cependant long-tems à mes defirs. Le Penduiino eft rare , Se fe cachant aifément entre les rofeaux & les faules des marais , il échappe ordinairement aux pièges des oifeleurs ; leurs gluaux Se leurs filets ne font d'aucun ufago dans les lieux où il vit , Se la plupart d'entr'eux ne s'amufent point à tirer à un fi petit oifeau. J'ai vu aulfi des perfonnes qui , je ne fais par quelle fuperltition , n'ofent toucher au Penduiino , qu'elles regar^ dent comme un oifeau facré , Se qui craindroient de s'attirer , par fa mort , des dangers ou des malheurs. Il m'étoit donc très-difHcile de me le procurer Se même d'avoir fur fon compte des informations exaftes. Les oifeleurs que je confultai , n'écoient pas d'accord m- ^ 366 COLLECTION ACADÉMIQUE, \,_ - "'eux Au- fa forme & fa grolfeur , & les auteurs ne m'otfroient pas •^Pgj' moins d'mcertitudes. Le nid du Pendultno a été décrit, il eft vrai Sciences P^r quelques naturaliftes , l'v- enrr'autres par Ulyffe Aldrovandi , Phi- DE lippe Bonanni &c Gabriel Rzaczinfch. Les deux premiers en ont mê- BoLOGNE. me fait graver la figure. Mais ils ne difent tous que trcs-peu de cho- — fes fur i'oifeau , le peu qu'ils en difent ne contient que des cho- Mémoires ^ss incertaines , & ils ne font pas entièrement d'accord entr'eux. Aldrovandi penfoit que I'oifeau qui conftruit ce nid , étoit la mé- fange à longue queue ou des montagnes ( Parus caudatus , five mon- ïicola j & il dit , qu'on l'appelloic Pendul'mo dans les endroits ma- récageux des environs de Bologne , car il n'ignoroit pas qu'il avoit un autre nom ailleurs. Bonanni & Rzaczinfch penfent au contraire avec plus de raifon , que c'eft un oifeau particulier , très-peu con- nu j mais cependant très-commun en Lithuanie , où il porte le nom de_ Remq. L'un Se l'autre ont décrit fi exaûement l'induftrie de cet oifeau à conftruire fon nid ; qu'il n'eft pas douteux que le Remiz , de Lithuanie ne foit le même oifeau que notre Penduimo. Mais ils fe font moins étendus fur fa forme j fon plumage & le refte de fa defcriprion. Dans cette obfcurité , je crus devoir aller moi-même à la découverte de cet oifeau , & me rendre dans les marais où il habite , & où j'étois encore attiré par le deflein d'y obferver quelques plantes & quelques infeétes. Un hafard heureux fit que j dans le tems que je me difpofois , l'année dernière à faire ce voyage , il vint à Bolocrne un homme très-verfé dans cette patrie Ap l'hiftoire jiacurelle , 6c qui m'eft extrêmement attaché , le père Bruno Tozzi de Florence , abbé de Valombreufe , membre de la fociété royale de Londres j non moins recommandable par la profondeur & l'étendue de fes connoif- fances que par la pureté de fes mœurs & par fa politeiïe. Ce favant avoit entrepris , peu d'années auparavant , à la follicitation d'une perfonne de diftinftion , de peindre tous les oifeaux fous leurs cou- leurs naturelles. Cette académie lui avoit procuré tous ceux de notre territoire. Se il avoit donné en échange plufieurs oifeaux étrangers qui ont été placés dans le cabinet de l'inftitut. II revenoit alors à Bologne à cette occafion pour comparer fes figures avec les originaux qu'on trouve ici defiféchés. Je lui parlai du Pendul'mo. 11 me dit que cet oifeau lui étoit inconnu , & qu'il en avoit feulement vu des nids dans les marais de Tofcane , fans favoir quel étoit I'oifeau qui les conftruifoir. Quand je lui fit part du deffein où j'écois de faire un voyage pour en tenter la découverte, il me témoigna qu'il feroit bien aife de m'ac- compagner. Nous étions alors au mois de mai , tems le plus propre pour ces fortes de recherches. Nous partimes aufli-tôt , vivement exhortés par M. le comte Louis Ferdinand Marfigli , qui vivoit encore alors , &: qui vient d'être enlevé à la patrie &: aux beaux arts , au grand re- gret de tous les gens de bien. Nous éprouvâmes même fa générofité ACADÉMIE DE BOLOGNE. 367 dans cette occalîon ainfi que dans plufieiirs autres. Comme il polfédoit" des terres dnns le voifiuage des marais où nous allions, il nous donna "'"'■■ pour fcs fermiers des lettres par lefquelles il leur ordonnoit de Sciencls nous fournir les fecours dont nous pourrions avoir befoin , & de ne de nous lailfer manquer de rien. Munis de fa recommandation , nous Bologne. nous rendîmes d'abord à Malalhcrgio &c delà nous partîmes pour les marais qui tirent leur nom d'une chapelle dédiée à l'arcbange S. Gabriel. j^J£^jQ,t^£s Nous mimes trois jours entiers à les parcourir. Mais il ne nous étoit guère polllble de remplir le principal objet de nos recherhes fans le fe- cours des oii'eleurs. Nous en fimes venir plulieurs du voifinage , faifant valoir l'autorité de M. Mariîgli , qui étoit très-grande dans ces cantons ^ dont les habitans étoient pour la plupart fes valfaux. Nous les inter- rogeâmes fur le Pendulirio , &c comme leurs réponfes ne s'accordoient pas , nous propofames une récompenfe pour celui qui nous apporte- roit un de ces oifeaux vivant , avec fes petits dans le nid. La plu- [>art héliterent ^ mais enfin il s'en trouva lui qui nous promit de nous e porter. Nous relûmes encore quatre jours dans ce pays là , après quoi nous retournâmes à la ville. Quelques jours après nous vimes venir en effet notre oifeleur , portant dans un fac un nid de PenduUno avec l'oifeau vivant & fes petits. 11 ne nous reftoit plus qu'une chofe à dedrer , c'étoit de connoître l'un & l'autre fexe , car celui qu'on ve- noit de nous porter , étoit apparemment la femelle. Or , parmi les oileaux , les femelles différent t]uelquefois beaucoup des mâles par le porc extérieur ; ceux-ci ayant ordinairement des couleurs plus vives & portant quelquefois des caraéleres particuliers & diftinétifs. Je ne pou- vois donc encore rien ftatuer de certain , n'ayant point encore vu le mile , & je defirois ardemment de me le procurer. Quelques mois après le P. Tozzi , de retour à Florence , fit chercher le Pendulino dans les marais Je la Tofcane \ on en trouva un mile \ il le peignit avec fes cou- leurs naturelles & eut la bonté de m'en envoyer la h ,■...■: -•> M i :•(.■• ' :in PErfonne n'ignore , Meffieurs , avec quelle patience tes natoraliftes-v fur-tout dans ces derniers tems , ont obfeivc: les infectes. Je penfef donc qu'il eft digne des membres de cette académie , s'ils ourle bonheub d'en découvrir quelque nouveau genre qui ait échappé à leuts recher- ches , d'en faire &;d'en publier la defcnption. Car s'il eft beau d'être inlhuit des découvertes des autres , combien l'eft-il davantage de décou- vrit foi-même des chofes aup.irav3Jit inconnues ? • .i ii ■:'. C'eft ce qui m'eft: arrivé , jecroisi-au mois d^- jiiia dernier!; ce donb je ne me vantetois pas ici fi je ne voyois que.- ma découverte elk duoaa; hafard plutôt qu'.i mil fagacité. Un. jour qu'allîs' dans mon jardin;, je m'amufois à con(idérer une vigne , j'apperçiis une multitude de fourmis qui alloient & venoient lur fon cep, & qui màrqnoient une forte d'em- . prelfément. Je fus curieux de fa voir, à quoi lendoient ces mouvemens divers. M'étant donc approché ide plus près pouf examiner avec atten- tion , je remarquai que toutes ces coiirfes écdient'dirigées vers certat-' nés tubétolicés qui., quoique adhérentes À l'écorce de U vi^ne , en dif-j féroient cependant par la ftriiCture & laicouleilr. L;s unes ne forinoieni A a a ij 371 COLLECTION ACADÉMIQUE, ■ qu'une légère éminence, &c les plus grolfes n'cgaloient pas le volumed'une d'es'^'^ ^^^^" ^°''Ve les fourmis y étoient parvenues , elles n'alloient pas plus ScrENCES avant, mais elles s'y arrêtoient , en fe répandant tout autour, tantôt pj reftant mimobiles fur la tubérolîté , comme dans l'attitude de l'incii- BoLOGNE. bation , tantôt demeurant fufpendues &c comme dans l'attente d'en voir fortir quelque chofe. IvÎEMOiRES Surpris de cette manœuvre , j'arrachai quelques-unes de ces tubéro- fîtes pour en examiner plus commodément toutes les parties , Se voir ce qui pouvoir y être contenu. J'apperçus d'abord que la partie fupé- rieure etoit une coque d'une coniîftance prefque cartilagineufe & fem- blable à du parchemin très-mince , d'une couleur rouge foncée & vei- née , &: dont la forme ne relfembloit pas mal à celle d'une écaille de tortue. Par delfous étoit caché un petit peloton d'une matière cotoneufe, compofée de fils très-fins &C femblables à ceux des toiles d'araignées. Ces fils enveloppoient de petits grains rouges titans fur le jaune , que je foupçonnai d'abord être des œufs , quoique fort différens par le vo- lume &c la couleur , des œufs de fourmi. Tout ce que je viens de dire fe rencontroit dans chaque tubérofité. Dans les plus petites, le contour de la coque étoit entièrement attaché à l'écorce de la vigne j dans les plus grolles , il ne l'étoit que d'un côté feulement. C'eft ce qu'on peut voir dans la Figure I , qui repréfente un rameau de vigne A A , auquel eft aTtachée une tubérolîté formée par une coque B, fous laquelle eft cachée la malfe cotoneufe C. Après avoir fait ces obfervations fur les coques arrachées , je me mis à examiner celles qui étoient encore adhérentes à la vigne , & tâchai de découvrir avec le microfcope , l'objet de l'emprelTement des four- mis. Comme j'avois les yeux Fortement attachés fur l'une d'entr'elles, j£ remarquai une goutte de liqueur qui en fortoit avec célérité. Les fourmis vinrent aufli-tôt la fuccer à l'envi , 6c leur avidité occafionna des combats parmi elles. Ce que j'ai conftamment obfervé (car j'ai répété plufieurs fois à delfein cette obfervation ) c'eft que les fourmis qui s'etoient approchées de la coque, fort grêles & maigres, traînoient au con- traire un ventre large &: renflé lorfqu'elles s'en retournoient après ce repas. Je crus alors être bien au fait de la caufe qui excitoit u fort l'avi- dité des fourmis , & qui les faifoit accourir avec tant de hâte & en fi grand nombre ; & comme nous autres phyficiens fommes toujours très-portés à imaginer des hypothefes pour expliquer les faits que nous obfervons , je me mis dans l'efprit que cette liqueur , quelle qu'en fût la nature, ne fortoit ainfi de delfous la coque, que parce que les fourmis , en s'y appuyant , la preffoient & en exprimoient ce breuvage pour étancher leur foif. Mais je reconnus bien-tôt que ma conjeélure étoit fauffs.icar en examinant avec beaucoup d'attention une coque des plusgrofles', dans le tems que les fourmis étoient oc- cupées ailleurs , j'en vis fortir une goutte de liqueur tiès-limpide , qui ACADÉMIE DE BOLOGNE. 573 fut bien-tôt fuivie d'un grand nombre d'auties j fans qu'on pût l'at- tribuer à aucune pieirion extérieure. Il fembloit plutôt que cela fe fai- ^'^^''^"'^ fbit par exfudation , comme dans les autres excrétions des corps or- c "^^ r, -, . , Il ■ 1 ■ I T 1 11/ jciences garnies. Mais dans celle-ci il y avoit un mecnaniime plus recherche de que dans la tranlpiration , foit que la nature cherchât à débarralFer Bologne. l'arbre d'une humeur viciée , foit qu'elle eût en vue l'avantage des _____ fourmis. En effet , aucune goutte n'étoit exprimée delà coque, qu'd j^j^jjq,„j n'en fût fotti auparavant un lîl blanchâtre c]ui fe réplioit trcs-fenfible- ment fur le dos de cette coque , de forte qu'on ne pouvoit douter de fon exiftence ni le méconnoître pour un tuyau excrétoire deftiné à ré- fandre la liqueur au-dehors. Dès que cette liqueur s'étoit delTéchée à air , ou qu'elle avoit été fuccée par les fourmis j ce tuyau rentroit dans la coque , & ne lailfoit fur fa furface aucun vertige qui pût exer- cer l'attention d'un obfetvateur. Après ces obfervations , je voulus m'aiïiirer fi les grains renfermés fous les coques , étoient véritablement des œufs , comme je le foup- çonnois ; & j'eus foin de les viliter chaque jour pour voir s'il en éclor- roit quelque chofe. Je ne fus pas trompé dans mon attente , autant 3ue je puis en juger ; car environ quarante jours depuis l'apparition es coques , j'apperçus de petits animaux rouges qui fe dégageoient tieu-à-peu du duvet cotoneux , en fortoient tout-à-fait, rampoient le ong de la vigne &c finiifoient par fe cacher dans l'ccorce , Une feule • coque fournit jufqu'à cinquante de ces petits animaux. Les examinant féparément , je remarquai qu'ils avoient fix jambes , deux petites an- tennes , & deux petites pointes iituées à la partie poftérieure , en ma- nière de queues. La forme de ces animaux eft reprefentée Figure II où j'ai fait graver une coque renverfée , pour montrer les infeiftes fe dé- barralfer peu-à-ptu du duvet blanc qui , un peu auparavant , envelop- poit leurs œufs ; le tout d'après nature , tel qu'il m'a paru à l'aide d'un excellent microfcope. En examinant avec attention la forme de cet infefte , très-bien ex- primée en F , j'y trouvai une relfeniblance qui me porta à la comparer avec l'iii<"''ifte du kermès , & ces punaifes qu'on voit fur certains lé- gumes acres. Quoique cette relfemblance ne fût pas parfaite ni le genre le même , je crus pouvoir fans héfiter , conclure par analogie , que tous ces corps compofés d'une coque & d'une maiïe cotoneufe blan- che , étoient de vrais zoophytes ; & comme ils différent , par leur na- ture & par !eur forme , de tous ceux qu'on trouve décrits dans les oit vrages des naturaliftes , je le regarde comme un zoopliyte nouveau, qui n'étant point encore fufEfammcnt connu , mérite d'être l'objet des recherches des favans Se des travaux de l'académie. C'ell: pour vous en- gager à le faire mieux connoître que je vous fais part de ma découverte, J'y travaillerai moi-même avec ardeur j fi mes occupations , déjà très- grandes , me le permettent, 374 COLLECTION ACADÉMIQUE, A^D^^ . ^'^ "'°'f, '*o"c q"''' "e fera poin: inutile de vous avertir ici en peu des' j^ "'°" 1"" phénomène qui a failli m'induire en erreur dans le coura Sciences ^^ '"es obfervations ; car il n'elt pas moins important d'être inftruic DE des dangers auxquels les phyhciens font expofcs dans leurs travaux Bologne, que de connoître des infedes. En examinant attentivement les coques \ dans l'attente de voir éclore quelque animal des œufs dont j'ai parlé' MÉMoiRïs 1^ '^''^'} fouvent arrive d'y voir , outre les fourmis , qui y abordoient en foule , de petites mouches d'une couleur verte &c dorée , qui volti- geoient alentour & repofoient fur les dos de ces coques. J'en vis même une y enfoncer un aiguillon qu'elle portoit à l'anus, & y dépofer fes œufs^ ce qui me la ht reconnoître pour un Ichneumon , genre de mouches qui pondent dans le corps d'autres animaux Se notamment des chenilles j du corps defquelles on voit fouvent fortir des animaux parafites. D'après cette obfervation , je n'eus rien de plus prefle que de conclure qu'il ne fortiroit pareillement de cette coque que des infeéles parafites , m'imaginant que les œuis de la mouche dévoient avoir vicié toute fa fubftance.\lais l'é- vénement ir,e fit voir que je ine trompois. Peu de jours après , je vis fortir , il eft vrai , de la coque , par des trous j de petites mouches dont la forme & la couleur me firent alfez connoître le genre de leurs auteurs ^ mais cela n'empêcha pas que je ne vifle enfuîte les mêmes infedes dont j'ai parlé , repréfentés en EEE , fe dégager peu-à-peu de lamalTede coton renfermée fous la coque. Pour m'en alfurer encore mieux , je détachai quelques autres coques j dans lefquelles je favois certainement qu'une mouche avoit dépofé fes œufs , & les ayant ou- vertes , j'y trouvai, à la partie fupérieure , quatre ou cinq chryfalides placées dans autant d'alvéoles , repréfentées par les lettres GH de la Figure III , & par-deiïbus je découvris les œuts des infedes encore em- barralTés dans la matière cotoneufe , très-beaux & très-bien confervés , féparés feulement des chryfalides par une pellicule très-fine. Je comoris alors que les œufs des mouciies n'altéroienr pas du tout la fubftance'des coques , mais que la nature avoit donné à celles-ci des Aies allez abon- daus &: pour la confervation de leur vie , & pour la nourriture tant de leurs propres œufs , que de ceux des mouches , & même du fuperriii pour fervir de breuvage aux fourmis. C'eft ainfî que , par des obferva- tions alfidiies , je penfe m'êrre garanti de l'erreur dans l'examen de ces phénomènes nouveaux pour moi. Voilà , Meflieurs , ce que j'avois à vous dire quant à préfent fur ce nouvel infede , fi tant eft cependant qu'il foit nouveau , comme je le penfe. Il feroit maintenant très-intérelfant d'en étudier le génie & les mœurs. Si vous voulez bien vous occuper de cet objet & me faire part de vos découvertes , je me faurai bon gré de vous avoir mis fur la voie , & je recevrai avec reconnoilfance' les nouvelles inlitudion? ique vous voudrez bien me donner. PLmJu- rriT.f'.?'7L. Fie/. HT. H ^f-\. ACADÉMIE DE BOLOGNE. 375 j,^f '"^4^*"' — *«.v Académie DES EXPLICATION DES FIGURES. ^^'IT^^ Bologne. Figure I. Mémoires Elle repréfente la Jlruclure naturelle de la coque ou \oophytc encore adhérent à la vigne. AA. L E cep de la vigne. B. La partie fiipérieure ou le dos de la coque , fur laquelle eft lo- gée une fourmi. C. La maiïe cotoaeufe renfermée fous la coque. Figure IL £lle repréfente une coque arraché* de la vigne & renverfée j avec les in- fecles j dont les uns font encore enveloppés dans la majfe de coton & les autres enfui déjà dégagés j le tout tel qu'il paraît au microfcope. DDD. La partie de la coque qui touche la matière cotoneufe. £EE. La maffe de coton entr'ouverte & éparpillée , pour laifTer voit les infedtes qu'elle renferme. F. Un de ces infedes , des plus parfaits , tel qu'il paroît au mi- crofcope. Figure III. G. Chryfalide d'une de ces petites mouches qui dépofent leurs œufs dans la coque , vue par-delTus , au microfcope. H. La même chryfalide , vue par-delTous , aufli au microfcope. t^ 576 COLLECTION ACADÉMIQUE, Académie V.'"' . '••"^••.^ , im.- DES ~ ScEKCEs gyj^ ^^^ COQUILLES FOSSILLES DE Bologne, Mémoires remplies d'Agathe. Par M. Jofepk MONTJ. L'Admiration , die très - bien Anltote , a conduit les hommes à la' philofopliie. Parmi les chofes les plus dignes de l'exciter , j'ai toujours été prin- cipalement frappé de l'exiftence des coquillages marins , des coraux & des autres dépouilles d'animaux qu'on a trouvés , de nos jours , dans les couches des montagnes très-élevées &c très-éloignées de la mer. Ce phénomène a mc-me exercé l'efprit des groffiers habitans de ces monta- fnes j & a donné lieu à une opinion qui eft en vogue parmi eux. Com- ien ne mérite-t-il pas , à plus forte raifon , de fixer l'attention des philofophes ? Aucun de vous n'ignore , Melîîeurs , que ce fujet a été fouvent traité dans nos aflemblées , & on trouvera peut-être fuperflu ce que je vais encore ajouter là-deflus. Je vous prie cependant de vou- loir bien , avec votre bonté ordinaire , prêter une attention favorable à ce que j'ai à vous dire touchant les produdions naturelles que je mets fous vos yeux. Vous jugerez fi ces nouvelles obfervatirinc j que je fou- mets à votre examen , peuvent fournir quelque conféquence propre à faire cefler , ou , au contraire , à entretenir l'admiration à laquelle l'i- gnorant vulgaire , Se quelquefois le fayant lui-même fe laille aller à ces fortes de fpeétacles. Il fuffit de jetter un coup d'œil fur la furface de la terre & fur la ftruc- ture des montagnes , pour reconnoître que tous les corps qui compo- fent le règne minéral , ont fouffert autrefois un étrange bouleverfe- ment , & que cedéfordre fubfifte encore. En examinant avec attention la forme irréguliere des montagnes , qui ont été par-tout minées par les eaux de pluie ôc par celles qui s'échappent du fein de la terre , nous voyons qu'elles font ordinairement compofées de couches hori- fontales j pofées les unes fur les autres ; cela prouve aflez que notre globe n'a pu acquérir la forme qu'il a aujourd'hui ^ que par un déran- gement &c un renverfement univerfel caufés par une inondation. C'efi: ce qu'il eft aifé d'obferver par l'infpeélion , non feulement des chaî- nes des plus hautes montagnes , mais encore de nos collines , où l'on voit un fi grand nombre de lits de fable , de pierres , de terre , entaf- fés diverfement & fans ordre les uns fur les autres. Mais cette raifon ne paroîtroit peut-être pas tout-à-fait concluante j fi on ne voyoit aufli un grand nombre de ces mêmes couches formées par des dépouilles d'animaux EXPLICATION DE LA NEUVIEME PLANCHE. _piG. I. Rouleau ou cylindiite revêtu de fon écaille naturelle. 1. La même coquille dépouillée de cette écaille dont l'extrémité a , eft agathifée. z. Petit buccin encore revêtu de fon teft. 2. Le même , agathifé dans prefque toute fon étendue , a. 3. Nérite lilîe & poli , revêtu de fon tcft. 3. Le même dont l'intérieur a , eft occupé pat une agatlie bleuâtre très-pure. 4. Turbinite lilfe entièrement recouvert de fa croûte. 4. Le même dépouillé de fon teft , pour lailTer voir l'agathe dont il eft rempli à la partie , a. 5. Turbinite pyriforme recouvert de fon teft. 5. Le même dépouillé de fon teft , dans lequel l'extrémité des vo- lutes , a , eft compofée d'une agathe ttanfparente , 6c à une pointe d'agathe , h , extrêmement fine. 6. Dentale très-légerement ftriée j dont on a enlevé le noyau. 6. Ce noyau , dont l'extrémité , a , ed d'un agathe très-pur. 7. Petite conque lifte , recouverte de fon teft^ 7. Son noyau j a , entièrement agathifé. 8. Buccin très-légèrement ftrié , à bouche ronde , vu d'un côté en- core revêtu de fon teft. 8. Le même vu du côté oppofé. 9. Dentale à ftries plus larges. 9. Noyau de cette dentale entièrement compofé d'une agathe lai- teufe , a. 10. Autre petit buccin revêtu de fon teft. 10. Le même dépouillé de fon teft, &: prefque entièrement aga- thifé , a. 11. Nérite , le même que celui du n". 3 dont la cavité contient une humeur dans laquelle fe meut une bulle d'air , a. Nota. L'explication de cette planche avait été omife dans le corps de L'ouvrage , ainfi que l'explication de la quinzième. -w—-'-. -- a noLu, Oi/llc' S- s m- 3. ^. •«IV fù/h /if IX.fM^. 3jô, 7 Ù. ACADÉMIE DE BOLOGNE. ^177 'd'animaux marins Se par d'autres produélions de la mer, confonduos avec la terre , les pierres Se le fable. On ne doit donc pas être fiirpris h les "^ademie ftupides habitans des montagnes , eux-mêmes , penfent que ce font-là Sciences des monumens du déluge univerfel. La première fois cjue je parcourus de nos montagnes , pour y faire des recherches de ce genre , j'avoue que Bologne. j'étois fort éloigné d'admettre l'opinion de ces hommes ignorans Se fau vagcs, inllruit fur-tout , comme je l'étois , de ce que tant de favans i^i£_\,Qm[:s ont écrit fur ce fujet. Mais ayant enfuite examiné chaque hypothefe , aucune ne me parut appuyée fur des raifons tellement folides , qu'elles ne lallfalTent plus rien à defirer. Je réfolus donc de me borner alors aux obfervations particulières , oc d'en faire un amas confidérable , avant d'embralTer une opinion qui pût me fervit de guide dans l'expli- cation des phénomènes que préfente le règne minéral. Je n'eus point à me repentir d'avoir pris ce parti. En parcourant les principales monta- gnes du terroir de Bologne , je trouvai des foflîUes trcs-remarquables qui me forcèrent à regarder l'exiftence des corps marins dans les couches , comme l'effet &c une preuve évidente du déluge univerfel. Je ne m'arrêterai point ici à expofer les raifons fur lefquelles je me fonde. Je les ai détaillées dans d'autres ouvrages qui ne font pas inconnus à plufieurs d'entre vous , Se j'y renvoie quant à cet objet. 11 fuffit d'en avoir dit un mot en paffant , pour fervir de préambule à la defcription particulière des coquilles énoncées par le titre de ma dilfertation , fujet qui ne m'a pas paru tout-à-fait indigne de vos réflexions. J'ai fouveiu icmni-qné avec plaifir que le territoire de Bologne j fi fertile d'ailleurs en toutes fortes de productions , eft auffi très-riche en celles qui font l'objet des recherches des naturaliftes. Quoique la plupart d'entr'elles aient été connues à nos ayeux Se fur-tout à l'immortel UlyfTe Aldrovande , qui a furpaffé tous fes contemporains par fes découvertes en ce genre , confignées dans fon bel ouvrage fur les métaux , il refte encore bien des chofes à découvrir à cet égard. C'efl: pourquoi , dans les courfes fréquentes que j'ai faites dans notre terroir, pour en recueil- lir les plantes indigènes , je me fuis toujours occupé en même-rems , de l'examen des foflîUes qu'il renferme. Si plufieurs de ceux que j'y ai trouvés , étoient déjà connus auparavant , ceux que je mets aujourd'hui fous vos yeux ne l'étoient certainement pas- encore. Ils différent de tous les fofllUes obfervés jufqu'ici , non par leur conformation , qui , je l'a- voue , eft alTez femblable à celle d'autres coquilles trouvées dans nos montagnes , ainfi que fur les montagnes du refte de l'Italie , pour ne pas dire de l'Europe entière , mais par la matière dont elles lont rem- plies. On trouve en effet leur cavité farcie en tout ou en partie de cette pierre précieufe qui eft connue fous le nom d'agathe. Je vais vous ra- conter en peu de mots en quel lieu & de quelle façon j'ai fait la pre- mière découverte de ce phénomène extraordinaire. Dans le tems que l'on conftruifoit , il y a plufieurs années , ces gtands CdUcl. Acad. part, c'tr. Tome X, B b b 37^ COLLECTION ACADÉMIQUE; -— — ^& fiiperbes portiques qui dévoient faciliter en tout tems l'accès de h Dts' '^^-''Pel'e de la Ste. Vierge , fituée fur le mont dc-//a Guardia ou de St. Sciences Li"^ ' ™'".™^ J^ vifitois fouvent les lieux où on en jettoic les fondemens j DE j'y trouvai des fragmens de coquilles , qui me firent connoître que cette Bologne, montagne renfermoit une arande quantité de produftions marines. Cette ^. découverte m'engagea à faire des recherches plus exailes , & je réfolus Mémoires fie ne rien négliger de tout ce qui s'offriroic à moi , qui pût étendre mes connoiffances fur les fotîilles. Je parcourus donc toutes les parties de cette montagne , tant les plus élevées que les plus balTes , qui avoienc été démolies , pour la conftrudlion des portiques , & que les pluies entraînoient après les avoir ramollies &c décachées. Non feulement je découvris une quantité infinie de fragmens de coquilles confondus avec la terre & une pierre molle dont cette montagne eft compofée , mais je ramallai , parmi ces fragmens , des coquillages turbines de plufieurs genres différens , des dentales &: d'autres corps marins entiers ou très-peu endommagés j qui paroiflbient tous remplis d'une certaine matière. Les ayant portés chez moi , j'employai , autant qu'il me fut poflible , le fecours des mains Si des yeux , pour reconnoître quelle étoit cette ma- tière contenue dans leur cavité , j'enlevai , pour cela , l'écaillé de quel- ques-unes de ces coquilles, & je découvris avec admiration qu'elles ren- fermoient une fubftance blanche Se tranfparente , que fa couleur , fa dureté & fes autres qualités , après un miir examen , me firent recon- noître pour une vérit.able agathe. Vous jugerez aifément , Meflieurs , de la joie dont je fus tranfporté , vous qui vont occupez à fonder des fecrets de la nature tout autrement importans. Ce fuccès me détermina à pourfuivre mes recherches avec alTiduité pendant plufieurs années , & j'ai ramalTé , pendant ce tems , un nombre d'obfervations fuffifant , finon pour expliquer ces phénomènes d'une manière pleinement fatisfaifante, au moins pour pouvoir dire quelque chofe de plaufible fur un fujet fi nou- veau. Je ne crus pas , au refte , devoir m'en rapporter à mes foins aflî- dus , au point de refufer d'admettre des alTociés dans des courfes fi pé- nibles , & dans l'examen de ces produétions dont je ne devois la dé- couverte qu'au hafard. Outre le Mont St. Luc, je voulus parcourir plu- fieurs autres montagnes de notre territoire , pour tâcher d'y découvrir des coquilles d'un autre genre , remplies de quelque matière pierreufe, & les comparer aux premières. Mais je ne pus trouver , nulle part , les variétés que m'avoit offert le mont deÛa Guardia j ni des coquilles far- cies d'une agathe bien pure. Au pied de la montagne que nous appel- ions Monte Biancano , fur une colline peu éloignée de Boncheria , dans ce canton du Bolonois fi célèbre fous le nom de Camp des Bretons Sc ailleurs , j'ai trouvé fur-tout un grand nombre de dentales & quelques autres teftacés remplis d'une pierre blanche & opaque , qui contenoic a peine quelques particules d'agathe. Dans ce dernier endroit cependant, favoir , auprès du Camp des Bretons , on avoir trouvé autrefois une ACADEMIE DE BOLOGNE. 379 Mentale farcie d'une agathe très-pure , à ce que m'afTiira un homme dif- = tinguc par fa nailfance Se fes lumières, qui , quoique de l'ordre des Se- Académie naceurs , fe plaît cependant , ainlî que plufieurs de fes collègues , à fe Sciences dcialfer de foins plus importans , en recueillant les productions natu- de relies de notre terroir , à l'exemple de Scipion &c de Lœlius _, qui , quoi- Bologne. que entièrement occupés, l'un , du commandement des armées j l'autre, de l'adminiftration de la juftice , l'amufoient pourtant quelquefois , dit i^^^^iQ^p^^^ Plutarque , à ramaJJ'er à Cdiete & à Laurentum j des coquillages & de petits cailloux. Pour reprendre à préfent l'hiftoire des découvertes que j'ai faites fur le Mont St. Luc ; on trouve , dans ces foffilles , plufieurs chofes remarquables, qu'on diftinguera peut-être alTezpar leur fimple inf- peélion j mais dont il eft cependant à propos de donner une explication détaillée. Et d'abord , quant au nombre de genres de ces coquilles j je dirai qu'il y a deux efpeces de dentales qui différent entr 'elles par la grandeur de leurs ftries , huit de ces coquillages que les conchyliologiftes appellent fabots univalves &: enfin une feule de coquillage bivalve. Ce font-là' tous ceux que j'ai pu me procurer jufqu'à préfent. Je n'ai pas été fort curieux d'en recueillir les noms; pour peu qu'on foit verfé dans l'hiftoire naturelle , on fait affez que la dénomination de la plupart des coquilles eft tirée de leur forme extérieure. Ainfi les coquillages turbi- nes font ainfi nommés à caufe de leur figure tournoyée j les buccins à caufe de leur reffemblance avec un cornet , les cylindracées , à raifon de leur forme cylindrique , les conques par rapport à leur cavité & ainfi des autres. Je me fuis donc contenté d'en faire taire des figures exactes , ■ qu'on trouvera dans une planche ci-jointe. Us font repréfentés d'abord recouverts de leur écaille &c tels qu'on les tire du fein de la terre j & enfuite dépouillés de cette écaille , pour en laifler voir la partie inté- rieure ou le noyau. Je ne ferai point un myftere de la manière dont je m'y fuis pris pour les dépouiller ainfi , puifque j'en ai déjà inftruit de- puis long-tems les perfonnes que j'ai admifes dans mes recherches & celles auxquelles j'ai déclaré ouvertement le lieu de mes découvertes. Lors donc , que j'avois trouvé quelque dentale ou came , coquillages qui n'ont point de volutes , il m'étoit aifé d'en tirer le noyau , en bri- lant les premiers à coup de marteau , & en féparant les valves des au- tres avec un poinçon. Mais lorfque le noyau adiiéroit fortement à l'é- caille de la coquille , ou que celle-ci étoit contournée en fpirale , il m.e falloir recourir aux efprits acides , fâchant que ces liqueurs , &: , parti- culièrement celle que les chymiftes appellent eau-forte , font de puif- fans dllfolv-ans des teftacés éc autres corps terreux femblables. J'y plon- geois donc , en tout ou en partie , toutes mes coquilles tant groffes que petites j îl fe faifoit fur le champ une vive effervefcence accompagnée de chaleur: lorfqu 'elle avoir celTé, route l'écaillé que la liqueur avoir touchée, étoit tellement confumée , qu'il n'en reftoit plus la moindre partie , & l'on voyoit le noyau à nud &: dépouillé de toute fon enveloppe. Tels B bb ij 38o COLLECTION ACADÉMIQUE, '• ^ . ^ ^ ont ceux que j'expofe ici à vos yeux , afin qu'en examinant chacune de AcAr.£.MiEjgm.j pjjtigs ^ vous reconnoifliez celles dont je vous ai parlé, & celles Sciences 1"' "°"^ reftent à remarquer. Mais quelles font ces parties que nous DE avons encore à examiner ? 11 y en a certainement pluiieurs , que vous Bologne, découvrirez avec un peu d'attention. Vous verrez fur-tout que la ma- tiere agathine dont ces coquilles, tant grolfes que moyennes & petites ont MÉMOIRES été autrefois remplies , en occupe tous les replis & toutes les ùnuofités , &■ que cette matière eft tantôt opaque, tantôt tranfparente, le plus fouvent d'un blanc de lait , & quelquefois d'une couleur tirant fur le bleu , alfez femblable à celle de l'agathe appellée faffirine par les jouailliers. D'au- trefois aufli on voit le blanc mêlé avec le bleu & la fubftance opaque avec la tranfparente , de forte que la nature femble s'être jouée dans la formation de ces pierres , comme dans celle des autres pierres précieu- fes du même genre. Ce mélange paroît cependant être l'eftet d'une ma- tière tetteufe qui eft ordinairement alfociée à l'agathe , & qui n'a pé- nétré dans la cavité des coquilles , qu'après qu'elles ont été remplies de celle-ci. De ce mélange , il eft arrivé que tous les noyaux de ces coquilles ne font pas d'agathe pure , mais qu'ils font quelquefois formes d'un côté pat la matière terreufe , & , de l'autre par l'agathe , refpedivement fi- tuées de différentes façons. Quelquefois aulfi on n'y voit point d'agathe pure ; mais elle eft par-tout entièrement confondue avec cette matière terreufe. Cependant on trouve ordinairement de l'agathe pure dans les finuofités Se derniers replis des coquilles , ces parties trop éloignées de l'ouverture , pour que cette fubftance gtolliere ait pu y pénétrer. C'eft ce que l'on comprendra aifément par l'infpeélion des figures ci-jointes & par l'explication qui les accompagne. Il y a pourtant une chofe qu'or» ne fauioit y voir , &: que je vais expliquer. Parmi les noyaux de den- tales , compofés d'agathe très-pure j j'en ai trouvé plufieurs qui étoient creufés & vuides intérieurement j ce qui prouve manifeftement , félon moi , que la matière de l'agathe étoit dans un état de fluidité , lorfqu'elle a pénétré dans la cavité de ces coquilles j fans cela elle n'auroit pu laifler ces fortes de vuides , ni parcourir les replis les plus étroits du teftacé , dans lefquels elle a formé , comme vous voyez , des concrétions poin- tues très-minces. Ce n'eft pas feulement dans les dentales qu'on trouva ces vuides , dont je viens de parler. On en voit fouvent aufli dans d'au- tres coquilles brifées , à la partie agathifée , où l'on découvre quelque- fois une fubftance grumelée & comme granulée. C'eft ce que vous com- prendrez mieux par l'examen de chacune de ces coquilles expofées à vos yeux , & particulièrement du noyau du nérite , n". II. Il mérite pat fon extrême fingularité , de fixer les regards de tous les philofophes. Un. heureux hafard me le fit trouver fur le même Mont St. Luc ^ dont j'ai déjà parlé plufieurs fois. On n'a jamais vu , & je ne penfe pas qu'on uoiive jamais fon femblable. Plufieurs naturaliftes ont remarqué qu'on ACADÉMIE DE BOLOGNE. 381 trouve dans nos moiiMgnes Se ailleurs, des criftaux qui renferment des" ." '~ gouttes d'eau dans leur épaifleur. Mais qui auroit jamais penfé qu'on pijt académie trouver un phénomène femblable dans les volutes étroites d'un noyau de c °^^ nérite agathifé ? C'efl; cependant ce que je inets aujourd'hui fous vos yeux , de pour vous faire mieux comprendre que l'açrathe contenue dans ces co- Bologne. quilles a formé des finus en devenant folide , Se qu'il eft quelquefois relié dans ces finus, de l'eau mclce même avec une bulle d'air mobile, j^^éj^jo^e, Car ce mouvement que vous pouvez aifément appercevoir , ne vient pas d'une goutte d'eau , coinme on l'a faulTement avnncé par rapport aux criftaux , mais d'une bulle d'air renfermée dans la liqueur , & qni fe dégage d'entre fes pores ; les perfonnes tant foit peu verfées dans la phylîque en conviendront fans peine avec moi. Quelquefois auili les noyaux d'agathe contiennent une petite quantité d'humeur vifqueufe & qui fe meut alTez lentement ; ce que j'ai obfervé , il y a quelques an- nées dans un exemplaire qui me fut donné par un honnête religieux , qui , quoique occupé de la contemplation des chofes divines , s'eft entière- ment livré à l'étude de la nature , s'élevant , de la connoiffance de fes produûions à celles de Ion divin auteur Se de la confidération des ob- jets t]ui tombent fous les fens à celle des biens invifibles , pour me fer- vir des paroles de St. Auguftin. Ce religieux a eu le moyen d'obtenir , en ditférens tems , par fes complaifances , des habitans des montagnes dont j'ai parlé , une fi grande quantité de ces coquilles j qu'il en a fait plufieurs ornemens très-jolis pour des ftatues de Saints , &: d'autres ou- vrages dont il a généreufement fait part à fes cénobites & à d'autres étran- f;ers , pour leur faire mieux connoître les raretés de notre terroir. Mais a goutte d'eau renfermée dans cet exemplaire , Se qui s'étendoit peu- à-peu vers un des bouts du noyau , perdit tout-à-fait fon mouvement, dans l'efpace de quelques mois , en s'évaporant peut-être à travers quel- que fente qu'il pouvoit y avoir ; au lieu que ce corps étranger de ma coquille le conferve encore , comme vous voyez, & cela depuis douze ans entiers que je l'ai trouvé. Outre ces coquilles agathifées , j'ai en- core à faire mention de quelques autres produétions. La principale eft ce cornet indien très-élégant , diftingué par une ouverture ronde , n'^'. 8. Les autres font des coralloïdes ou lithophytes d'une figure particulière , de qui n'ont pas encore été décrites , une partie très-curieufe d'un poilfon étranger & d'autres objets qui formeroient la matière d'une autre dilfer- tation , fi je voulois m'y arrêter autant qu'ils le méritent. C'eft ce que je ferai dans la fuite , pour ne pas vous retenir trop long-rems aujour- d'hui. Il me fufBra de vous dire en palTant , que toutes les produftions que j'ai trouvées fur le Monr St. Luc doivent être rapportées à des ori- ginaux des mers des Indes ; & c'eft pour vous faire mieux fentir que je regarde avec raifon mes coquilles agathifées comme originaires des mê- mes mei:>^ On me demandera peut-être pourquoi je rapporte ainfi ces coquilles fouilles à des analogues vivans dans les mers des Indes , pla- 38i COLLECTION ACADÉMIQUE, ' , =cot qu'à ceux de nos mers d'Europe. Pourquoi , dira-t-on , fuppofer y\cADEMiE^^j.g][gj ont été tranfportées fur nos montagnes, d'un pays fi éloitrné ? DES Sciences ^^ feroit-il pas plus îimple d'attribuer ce phénomène à une ancienne DE rétroceflion de la mer voifine ? Mais ces objedions font prévenues & BoLOGSE. invinciblement détruites par le car.iftere même des coquilles du Mont St. Luc , où j'ai même trouvé des fragmens d'un nautile indien , ce qui Mémoires forme une preuve bien fenfible de mon opinion. D'ailleurs , pour ne lailfer aucun doute à cet égard , j'ajouterai qu'il confte par d'autres ob- fer valions faites fur les foflîUes , qu'on trouve dans nos montagnes d'Eu- rope une grande quantité de dépouilles d'animaux indiens j Se ce qui efè bien remarquable , c'eft qu'on ne fauroit expliquer ces fortes de migra- tions par aucune hypothele , que par celle du déluge univerfel , donc les faintes écritures font foi. En méditant fur les effets de cette inon- dation , fur les altérations , les fecoulfes , les bouleverfemens que notre globe a j pour lors , éprouvés , chacun comprendra aifément , je penfe^ que ces productions en lonc des monumens authentiques , Se la fnrprife cetfera , lî l'on admet que les chofes fe font en effet paflees de cette manière. On concevra fans peine comment mes coquilles ont pu fe rem- plir d'agathe , fur-tout fi on adopte l'opinion de ceux qui penfent que tous les folTilles ont été divifés en molécules incohérentes ou dilfous dans le déluge. En effet , fi l'agathe n'avoir pas primitivement été dans un état de liquidité , comment auroit-elle pu fe faire jour dans les dernières finuofités de ces coquilles , Se y former ces contours élégans qui fem- blenc furpaffer l'art des plus habiles ouvriers ? De favoir maintenant C\ cette matière étoit dans cet état de fluidité dès-avant le déluge , ou li elle a été feulement dilfoute lors de l'inondation, ou enfin fi elle a per- févéré depuis lors dans ce même état , c'eft ce qu'il feroit téméraire de vouloir déterminer. Cette queftion préfente bien des difficultés ; la principale eft , qu'à l'exception du feu , qui , par fon aélivité , eft ca- pable de liquéfier les pierres précieufes , nous ne connoiffons jufqu'à préfent, aucune agent qui puiffe en détruire le tiffii fi ferré. Or le moyen d'imaginer que le feu ait pu déployer Ion aélion dans le tems du dé- luge '. fon incompatibilité fi connue avec l'eau ne permet pas de le pen- fer. Mais, de plus , le têt qui forme l'écaillé de nos coquilles folfilles, ne fauroit lui-même réfifter à l'atirion du feu ; il v eft bientôt détruit &: calciné. D'un autre côté , je fais que l'opinion de la plupart des phi- lofophes fur l'origine des pierres , eft qu'elles font formées par juxra- pofition , c'eft-à-dn-e , par l'application fucceflive de leurs parties , les unes fur les autres. Mais fi la formation de certaines pierres eft en effet extrêmement favorable à cette hypothefe , il en eft d'autres , félon moi , & particulièrement l'agathe de mes coquilles, qui ne fauroient recon- noître cette origine. Pour ce qui eft de quelques autres opinions qui attribuent la formation des pierres à une liqueur compofée de parti- cules criftallines qui fe ramalfent peu-à-peu Se fe durcifient tantôt fé- ACADEMIE DE BOLOGNE. 38 j parement , tantôt confondues avic d'aïKies fubftances terveufc-s Si très-' iiérércenes , ou à une efpece de fuc lapidifique dont la feciction fe fait ^^ademib dans le fein de la terre ; je n'ai j.imais penfc qu'elles pulTent rendre rai- Sciences fon de l'origine de toutes les pierres ; je crois feulement qu'elles peu- de vent donner une idée de la formation Se de l'accroifTement de quelques- Bologne. unes. Je ferois trop long , lî je voulois entrer dans ces fort2s de détails,-^— ^ qui vous font allez connus , & rapporter ici la fuite d'expériences que\i^yQ,{^E5 j'ai faites pour examiner , par l'analyfe chymique , la matière des pierres fines , &c pour parvenir à me faire une hypothefe raifonnable fur leur formation. Je me propofe de traiter ce fujet dans une autre occafion. Je me contente , pour le prcfent , d'avancer que l'agathe qu'on trouve dans les coquilles marines , doit être rangée parmi les pierres qui ont été formées par une matiere^auparavant en fulîon. !i5Î^-i= LETTRE DE M. JANUS PLAMI DE RIMINI à M. Jofcph MoNTi de Bologne. Sur la AI OLE ou P o i s S o N - Lu NE. J'Achetai dernièrement d'un pêcheur un poiiïbn rare de notre mer que quelques-uns appellent mole ou pollfon-lune. Il a beaucoup de rap- port avec celui que Salvien a décrit ious le nom de Mo/a , Se Rondelet fous celui à' Orthragortfcus ou Luna-Pifcis. Ces deux auteurs ont joint à leur defcription une figure gravée , l'un fur le bronze , l'autre fur le bois , qu'Àldrovandi & Jonfton ont empruntée & inférée dans leurs ouvrages. Mais le poilTon dont je parle , reiremble encore mieux à ce- lui dont Redi a donné la defcription dans fon ouvrage intitulé : Obfer- V allons fur les animaux vivons qu'on trouve dans d'autres animaux vivans , & qui , i ce qu'il dit , eft connu des pêcheurs de Livourne fous le nom de Tamburo , nom qui lui vient apparemment de fa figure ronde , femblable à celle d'un tambour 5 Se que les auteurs cités ci-deflus ont comparée à celle d'une meule de moulin ou de la lune. Celui que j'ai eu occafion d'acheter & dont je vais tâcher de vous décrire exactement la forme extérieure Se la Itruélure interne , dont j'ai fait l'anatomie , diffère cependant à certains égards de celui de Redi , quoiqu'il en ap- prociie davantage que: de ceux de Salvien & de Rondelet ; de forte que, s'il faut s'en rapporter à ces trois auteurs dans ce qu'ils difent, chacun du poilTon qu'ils ont décrit , on doit en conclure qu'il y a dans la mer quatre efpeces de moles. Je me bornerai à décrire celle qui a été trou- vée fur nos p.irages. Et d'abord , fon poids étoit feulement de quatorze livres , au lieu de cent que les auteurs dont j'ai parlé , attribuent à c» 384 COLLECTION ACADÉMIQUE; ■ ■ [loiiroii , ce qui les a engagés à le ranger parmi les cétacés. Toute fa Académie p(,^j^ ^^^^-^^ molalle en-dehors 6c couverte d'une nioulle argentée, ce qui Sciences ^ '^^ donner avec alTez de raifon par Rondelet , le nom de lune à ce DE poilFon. En enlevant cette moulFe , ce qui pouvoit aifément Ce faire avec Bologne, les doigts , la peau paroilToit toute couverte d'écaillés ; mais ce n'étoit qu'une pure apparence , la mole n'étant point un poiflon à écaille. La Mémoires '^Luface de cette peau étoit feulement divifée en une infinité de petits efpaces hexagones allongés , dont les lignes ne lui donnoient aucune afpérité. Je l'ai toujours trouvée au contraire fort lifTe ôc polie j même aux endroits oii j'avois enlevé la moude argentée. Ce poiffbn n'a donc pas la peau rude comme la centrine 6c l'ange j ainfî que les moles dé- crites par Salvien , Rondelet &: Redi. Auprès du col , c'eft-à-dire , à l'endroit de la peau où les ouies font renfermées , on obferve de chaque côté fur la furface cinq lignes formées de points noirs. Ce poifTon a une forme applatie , & il paroît comme tronqué à la queue , mais moins que Salvien & Rondelet ne le repréfentent. Car la longueur de la figure de Salvien eft de 95 lignes parifiennes &c fa largeur de 57 ; mais notre poilfon en avoit zi6 de longueur fur 108 de largeur depuis le ventre jufqu'à l'éminence du dos. Ainfi la proportion de la longueur à la largeur, félon Salvien, eft de 95 à 57; mais dans notre poilTbn la largeur n'étoit que la moitié de la longueur , encore y ai-je compris la courbure du dos , ce qui exige quelque diminution. La figure de ce poiifon n'offre donc aucune relfemblance qui ait pu autorifer à le com- parer à une meule de moulin j à la lune ou à un tambour. Il a quatre ailes ou nageoires , deux petites , placées au bas de l'ouverture des ouies , & deux grandes , fituées à l'extrémité du poifton , précifément à côté de la queue , dont elles font les fondions. Les premières ne font point ar- rondies , comme dans la defcription & la figure de Salvien 6c de Ron- delet , mais oblongues &c terminées en pointe : elles ne font pas non plus couvertes d'une peau rude , comme l'affure Redi. Les n.igeoires placées .à la queue font entr'elles exaélement fur la même ligne , Se non pas plus haut l'une que l'autre , ainfi que l'anTurent les mêmes au- teurs. Les nageoires antérieures ont aulîl la même direftion que les pof- terieures , ce qui eft contraire à ce qu'on obferve dans les autres poif- fons , où les nageoires latérales font ordinairement dans un fens con- traire à celles de la queue ; Se l'on a peine à comprendre comment la mole peut fendre les eaux Se s'ouvrir des routes liquides , pour me fer- vir de l'exprellion de Lucrèce. Outre ces deux nageoires plus longues que ce poiifon porte à fon extrémité, une de chaque côté , il a une queue propre , placée entre ces deux nageoires. Cette queue a quatorze lignes parifiennes de largeur 5 elle eft entièrement cartilagineufe Se tranfpa- rente comme du papier mince. De l'extrémité du poiflTon partent de petits nerfs qui vont fe diftribuer parallèlement dans la queue & fe ter- minent en un beau pinceau j long de trois lignes j le nerf en a onze , fans ACADÉMIE DE BOLOGNE. 385 fans compter le pinceau. La gueule eft étroire & arrondie , 8cfa largeur- eft à peinj de treize lignes. Je n'y ai point trouvé de dents , non plus ^'^a^^''"^ que ReJi d.ms fon Tamburo , quoiqu'on difent Salvien & Rondelet ; car Sciences le pieniier donne deux dents à fon poilfon , placées, l'une en haut &: de l'autre en bas ; Si. le fécond attribue feulement au fien de largos dents , Bologne. fans en déterminer le nombre. Les mâchoires tiennent lieu de dents à la mjle , comme à la tortue , Se elles ont une dureté femblable à celle Mémoire!; de l'émail des dents humaines , à cela près qu'elles font livides ôc noi- râtres , au lien que l'émail eft blanc. La langue eft petite, iSc eft atta- chée dès fon origine à deux grands os qu'on pourroit appeller hyoïdes. Ces os fe terminent dans les ouies , lefquelles font très-amples & rou- geâtres , quoique leur ouverture , au-delfus des nageoires j foit étroite & munie d'une valvule connivente. Au milieu des ouies eft le pharinx , qui eft épineux , &c dont les pointes font l'office des dents , comme dans un grand nombre d'autres poilTons. On ne voit à la tête aucun veftige de narines ni d'oreilles , ce qui eft commun à la plupart des poiflTons , qui font dépourvus de l'organe , de l'ouie &: de l'odorar. Mais les yeux du poilfon - lune font très-grands , fur-tout lorfqu'on a enlevé la peau ; aii;(î découverts ils font doubles du bulbe de l'œil du bœuf. Ils paroilfent ap- platis en-dehors , & leur fclérotique eft tout-à-fait cartilagineufe , ài'ex- ceprion de la partie qm forme la cornée tranfparente , laquelle eftmem- braneufe & pourroit (e féparer aifément en deux lames. Les bulbes des yeux arrachés de leurs orbites font allongés Se garnis de fept iinifcles , comme ceux des quadrupèdes , où l'on trouve un mufcle fufpenfoire ; ce mufcle , dans notre poilion , étoit d'une confiftance muqueufe. Le grand oblique n'avoir point de poulie ; les nerfs moteurs traverfoient les mufcles de l'œil ; le nerf optique étoit très-fenfible , il étoit attaché au bulbe d'une manière lâche. Se l'on avoir de la peine à le voir s'épanouir dans l'intérieur de l'œil pour former la rétine. La choroïde Se fa por- tion antérieure , connue fous le nom d'uvée étoient trcs-diftinéles. La cornée étoit fort aftailfée & je n'ai point trouvé d'humeur aqueufe en- tr'elle Se le criftallm ; mais on obferve la même chofe dans rous les poilions j attendu que, chez eux , la vifion fe fait après deux réfraélions & non après rrois j comme chez les animaux qui vivent dans l'air. Au refte j la dureté cartilagineufe de la fclérotique de ce poilfon , obfervée aulli par les Hollandois dans la haleine & par moi-même dans quelques gros poilfons Se enrr'autres dans le thon , prouve évidemment que cette membrane n'eft point dilatée ou contrac1:ée par les mufcles externes , à l'occafion du rapprochement ou de l'éloignement des objets , comme quelques-uns l'ont prétendu , mais enfuite de la modification du criftal- lin par l'.idion des procès ciliaires. En effet , je n'ai trouvé que deux muicles alfez larges au lieu des fibres radiées de l'iris , qui entourent le criftallin. Le cerveau avoir un très-petit volume Se pefoit à peine une dragme. On en voyoit cependant partir ttès-fenfiblement les nerfs opti- Ce!i«ti. Acad. parc. àr. Tome X. G c c 386 COLLEGTrON A C A D É M I/Q^U'E , ^^=^ques , qui eiunoient dans les orbites par un trou. commun à ronsles deux '^DEs"'"^'^' P'i'-'f dans une cloifon membraiieufe j car la bafe dn crâne, h l'en- SciENcEs '^'^"«où fe trouve rosifpliœnoïde dans l'homme, eft formée d'une mem- DE brane dans ce poiffbn. Amd les parois internes des orbites font mem- Bologne, braneufes &c tranfparentes. Les vertèbres qui compofent l'épine , font autant de capfules olivaires , qui renferment une humeur mucilagineu- J.JImoires-^^ ' comme dans tous les poidons que je connois , à l'exception de l'é- turgeon , donc la. moelle épiniere^elldure ôi reiremble à des vers ftron- gles. Les inteftins de notre poiflon formoient quelques légers replis &: circonvolutions; ils étoient couverts d'une membrane commune comme- d'un fac ; & cette membrane s'enfloit lorfqu'on fouffloit de l'air dans les inteftins , ce qui prouve qu'il devoit y avou" quelques petites ouver- tures qui lui donnoient palîage. 11 eft probable que la mole ne fe nourrit que de moulTe , d'algue & d'autres plantes marines , car je n'ai trouvé-^ neii autre chofe dans fes inteftins. Son foie a un très-gros volume , com- me dans prefque tous les poitTons. La, véficule du fiel , qui étoic aulîî très-ampje , communiquoit avec le duodénum par un canal alTez large , mais dont le col eft plus étroit & garni de plufieurs valvules conniven- ces , qui rendent à la bile le paftage moins aifé que dans l'homme. Il y a apparence que ce poiffon étoit une femelle ; car il avoit: à. fa. partie inférieure, deux ouvertures, dont l'une communiquoit avec le canal intef- tinal , & l'aiure aveciune efpece de velîie ovale , divifée en deux cel- lules ; & l'on voyoit dans ces cellules une forte de matière glanduleufe, qui rentermoit peut-être des œufs imparfaits. Le cœur étoit lefeul vifcere qui fût contenu dans la poitrine : fa figure n'ëtoit point conique , mais femblable à celle d'un marron ou d'une pyramide triangulaire. Sa pointe étoit perpendiculaire au fternum &: non pas au diaphragme. Il n'y avoir pro- tubérance globuleufe , de nature tendineufe 8c fpongieufe au-dedan$. A la nailfance de l'aorte , on diftinguoit trois valvules fygmoides ; il y en avoir un pareil nombre dans l'oreillette , &, elles étoieiit également fygmoides & non tricufpidales ou,mitrales ; mais la fituarion clés unes & des autres étoit torr diftcrente ; car celles de l'aorte étoient formées d'un fac ouvert par en haut &c ayant le fond tourné vers le cœur , comme dans l'homme ; &c celles de l'oreillette avoient leur fac fitué dans un fens contraire , c'eft-à-dire , que fon ouverture regardoit le cœur & fon i-ond la veine-cave , cp qui montre que la circulation , dans ce poilfon , fetfait de la mêmenianiere que dans l'homme j mais que le méchanif- me eft plus fimple , puifqu'il ne fort du cœur aucun vaiffeau qui porte le fang au poumon, vifcere qui ne fe trouve point dans les poilFons , quoi- que quelques perfonnes regardent les ouies comme une efpece de pou- mon. Cette partie , dans notre: inple , étoit très-ample, & rougeâtre. I ï ■' ■"> 'h S'il/ V••1^^ ^'^■^ Bi^llHJllC . I^/ii/U'/w X.tuuj. fi8j. ACADÉMIE DE BOLOGNE, 387 quoiqu'elle ne parût point au-dehors. Pour que ces ouies ne bleflfentpas le = cœur , elles ne fonr (ïptirées que par une membrane , &:lé'ca'ur tui-mcmc ^cammie eft environne d'un péricarde & couvert-en b,is par le diapiiiuvgmf , qui dans c ^^^ ■ -- -ce poifpn-, comme dans les oifeaiix , n'eft'qa'anetnembraire rrès-fnince. "^'de*^^! Je n'ai jamais vu ce poiffôn entier ni aucune de'fes parties luire dans Bologne. l'obfcurité , quoique Rondi.let parle de fa mole ou lune comme d'un phofphore très-bnllant , &: que , félon Salwen , <5uelques-uncs de fes Mémoires -arties foient fi éclatantes , qu'elles répandent de fort loin une clarté ieuâtre &c très-agréable à la vue. Je n'ai trouvé ni graiife ni huile entre ■fes -cbans , contre ce que dit Rondelet, qui a'flure que la mole eft très- l -chargée de graiffé. La chair de ce poiflon eft très-blanche & compofée de très-beaux mufcles , cjui s'étendent depuis la tête jufqù'à la queue, ^ar-delfus les arêtes , lefquelles font éparpillées comme un évantail. Cette -chair n'avoit aucune manvaife odeur & fe goût n'en étoit pas abfolumenc défagcénKlp , con,rric l'airiucm cjuelrjugs awteuts j qui prétendent qu'elle eft fi dégoûtante & fi malfaifante, que c'eft un viai poifon pour l'hom- me. Telles font les remarques que j'ai faites fur le poilTon-lune. Vous pouvez j Cl vous le trouvez bon , en faire part à l'académie. Adieu. j4 Rimini h S décembre 17 31. '^"** ITT--" -.— — ^,. EXPLICATION DES FIGURES. fiG. I. J_,A tnole ou le poifiTon-Iune. f iG. i. 'Le cccur âç; ce poiflbn. A. L'acMTte. B. Eminence autour de l'aorte. C. L'oreillette droite , ^>^..-" — wj. SUR QUELQUES PLANTES EXOTIQUES. Par M. Jofeph MoNTI. AYant femé plus de cent graines que MM. Sherard , Boerhaave , Commelin , Juflîeu , Tilli , Pontedera & d'autres avoient bien voulu m'envoyer au commencement du princ^nis de l'année dernière Colieci, Acad. pan. étr. Tome X. D d d 394 COLLECTION ACADÉMIQUE, = 172.4^ il e» e't venu un grand nombre de plantes rares, dont quel- AcADEMiEqjjg5_y[,g5 ^ à la Eiveur delà chaleur continue & de la fécherefTe qui Sciences- °""^ régné fur la lin de l'été dernier , ont produit des fleurs 8c des EP graines parfaites. Cet événement heureux &c rare , comme je m'en fuis Bologne, convaincu par une fuite d'expériences de tant d'années , m'a ent^aoé à faire une attention particulière aux plantes exotiques, pour voir s'il î>iÉ;yiOiR,Esy ^" auroit quelqu'une qui n'eût pas été connue des botaniftes ou dé- crite allez exaftemerir. En eflet , en examinant avec foin les diffé- sentes efpeces de Convolvulus qui fe trouvoient parmi ces plantes au nombre de plus de vingt , j'ai remarqué que quelques - uns s'accor- doient très-peu avec les defcriptions & les figures que les auteurs en ont données. J'ai donc cru devoir profiter de cet heureux fuccès , pour en donner des defcriptions & des figures plus exaéles , que je vais pjettre fous les yeux de l'académie. PLANCHE I. FIGURE I. Convolvulus Carolianus , foliis ad gojfyplum accedentihus , florlhus am&ni Cizrukis. An convolvulus tnjolïus Vlrglneus^Parkinf. Theat, i6ç, Ray. hiji. J-ZJ. .A ■ .Cette, jolie plante eft venue au mois de mai , dans des vafes , de gtaines partie anonymes , partie défignées feulement par des noms génétiques , qui avoient été portées à Londres de la Caroline , contrée de l'Amérique feptentrionale & que j'avois reçues de M. Sherard , le plus grand botanifte de notre tems. Ses premières feuilles , ou feuilles féminales ne différent pas beaucoup de celles des autres Convolvulus. Du milieu de ces feuilles fort un petit bouton qui s'épanouit en feuilles trilobées , porté fur une petite tige qui jette dans la terre des racines fibreufes & blanchâtres. La plante en croiffant , poulTe des feuil- les toujours plus larges & des vrilles velus avec lefquels elle s'ac- croche aux échalas & même aux plantes voifines jufqu'à la hauteur de près de cinq pies. Les feuilles font portées j chacune fur un pétiole d'un pouce & demi de longueur ; elles font aufli velues & attachées alternativement , à la diftance de près de cinq pouces à une tigete ar- rondie & rougeâtre. Elles font de différentes grandeurs & découpéei à-peu-près comme les feuilles du coton. A la naiffance des feuilles ,. au mois de juillet , on voit pouffer avec de plus petites feuilles dé- coupées en trois fegmens , les calices , de chacun defquels fort enfuite une fleur monopétale , campaniforme , marquée extérieurement de cinq li- gnes ou rayons d'un rouge pale , & colorée en dedans d'un bleu tres- ^gréable , à l'exceprion de la gorge qui eft blanchâtre. C'eft le matin qu'il faut vifîter ces fleurs ; car elles ne s'ouvrent que la nuit & fe fer- ment le jour : la chaleur brûlante du foleil les feroic faner aulli-tôt j V>. ■-?if-'4=.-îj./ ACADÉMIE DE BOLOGNE. 395 elles ferolent alors hors d'état de fe fermer, leur couleur bleue fç- ^ changeroit en rouge &c elles le dedéclieroient en peu de tems. La. Académie fleur tombée , on voit monter le piltille qui devient un fruit ou c °^,^ capfule féminale arrondie, rougeâtre , membraneufe , garnie d'une de pointe ou trompe. Ce fruit eft enveloppé d'un calice à cinq feuillet- Bologne, tes alFez long , velu , fous lequel font encore deux petites feuilles par — femées extérieurement de quelques points rouges. Le fruit parvenu à Mémoires fa maturité a trois capfules , quelquefois quatre , rarement luie feule ainfi que les autres plantes congénères. Les graines font noires , or- dinairement anguleufes Se plus grolfes que celles des autres Convolvulus plus connus. Si l'on fait à préfent attention au lieu natal de la plante que je viens de décrire , aux découpures de fes feuilles , à la couleur & au volume de fa fleur & de fa graine , aiïez femblables à celles du Con- Vûlvulus cacruleus hederaceo angulofo folio àe Gafpard Bauhin , il n'y a perfonne je penle, qui ne foupçonne avec moi, qu'elle eil la nic- .Jiie que le Convolvulus rirginianus trifoliatus de Parkinfon. Quoique ce foit effedivement là mon avis , cependant comme cet auteur a donné une defcription trop courte de cette plante &: que fa figure efl alfez mal gravée & fimplement fur une page de fon livre, j'ai cru qu'il étoit à propos d'en donner uns defcription plus exaéle &c une nou- velle figure. PLANCHE L FIGURE IL Convolvulus Carolinlanus afclepiadis foUis j floribus parvis , CitruUis , conglobatis. D'antres graines portées de la Caroline , qui m'avoient été envoyées fous le nom de Convolvulus , conglobatis fiorihus ,kméQs dans mon jar- din , ont encore produit une plante alfez jolie. Sa racine eft fibreufe , d'un briin pale , il en part plufieuts tiges rougeâtreSj ligneufes , rondes' très-légérement velues , qui s'élèvent à la hauteur de cinq pies & fe' divifent en plufieurs branches dont les unes rampent honfontalement & les autres montent & s'accrochent , comme les autres Convolvulus ^ quoique avec moins de facilité , aux échalas &: aux plantes voifines. Les feuilles , que j'ai cru pouvoir comparer à celles de l'Alclépias , font pointues, un peu velues en dehors, tout-à-fait lilfes, mais un peu ri- dées en dedans. Elles font attachées alternativement à la tif^e au moyen d'un pétiole velu , cannelé d'un côté &: long d'un pouce & demi. Les fleurs nailfent des ailTelles des feuilles , portées fur un pédicule long de trois pouces & rougeâtre. Ce font d'abord des boutons arrondis formés par l'alTemblage d'un grand nombre de feuillettes vertes très-velues qui coixflituent le calice de la fleur. De ces boutons nailfent au mois Ddd ij 396 COLLECTION ACADEMIQUE, , - d'août des fleurs monopétales , campaniformes , bleues, très-petites ' '^ 'des'^'^I"' s'épanouilTent la nuit feulement & fe ferment le matin dès le Sciences ^^^^"^ ^'^ foleil. A ces fleurs fuccedent des fruits ou capfules fémina- DE les , entourées d'un calice à cinq feuillettes & de plulîeurs autres Bologne, feuilles plus grandes & formant un capitule ou tète aflez large &c con- globe. Les graines parvenues à leur maturité, ce qui arrive dès la fin Mémoires <^e f'été ^ fe détachent aifément de leur capfule j elles font anguleufes , petites , blanches , au nombre de trois ou quatre &c renfermées chacune daJis fa loge. PLANCHE IL FIGURE L Convolvulus Carolinianus hederaceis fol'ds , flonbus alhls fuavè ruben- tibus. An Convolvulus Malabarïcus flonbus ex albo purpurafcentibus , Commdinï in nous ad hort. Malab. lio. Tira-talï hort. Malab. parte, undedma i op , tabula s 3- Convolvulus Madrafpatanus purpureus , vioU manï& fol'ds j flonbus plurimis fimul juntlis. Pluk. Pkytog. tab. 166. fig. /. Cette plante mérite à jufte titre le nom de Convolvulus Carolinict' nus , puifqu'elle eft venue au printems dernier dans un vafe de mon jardin , de graines qui étoient mêlées avec celles du premier Con- volvulus. Ses racines font fibreufes , blanchâtres. 11 en part plufieurs ti- ges tantôt rondes , tantôt tortueufes & comme anguleufes , peu ve- lues j qui fe divifant en un grand nombre de branches, s'élèvent à la hauteur de douze pies j s'accrochent à tout ce qu'elles rencontrent Se s'y unilTent étroitement. Les feuilles font placées vis-a-vis fur ces braa- ches à la diftance de cinq ponreç , fuuicnucb ^ai Je» périole:» rou- geâtres , longs de trois pouces &c cannelés à leur partie fupérieure. Leur Forme varie , étant tantôt arrondies j tantôt pointues , tantôt en for- me de cœur , tantôt comme découpées en trois fegmens & tantôt fous d'autres figures. Cependant elles font toutes par-tout lifles & polies , d'un verd tirant fur le noir , dentées à leur contour & pour l'ordi- naire entourées d'un bord rouge noirâtre. Des ailfelles des feuilles naif- fent des boutons rougeâtres d'où fonent au commencement de l'au- tomne , quatre ou cinq fleurs jointes enfemble , portées fur des pédicu- les épais , anguleux , tortueux , entourées d'un calice fous lequel font deux autres feuilles plus petites. Ces fleurs qui ne font guère plus grandes que celles de la figure , paroilfent avant de s'ouvrir , compofées de cinq pétales pointus : mais lorfqu'elles font épanouies , on voit qu'elles font unipétales , en cloche , anguleufes , mais un peu évafées , d'un rouge pale. Les anteres de leurs étamines font bleuâtres. Ce n'eft qu'au mois d'oûobre que les fleurs ont fait place à des capfules féminales ïouges j allez épailles , entièrement velues , dans chacune defquelles on ACADÉMIE DE BOLOGNE. 397 trouve ordinairement quatre graines triangulaires , brunes y lilTes , qui- ont mûri vers la fin de rautomne. Académie Je fuis encore incertain h cette plante doit être rapportée à celle SciTnce dont on trouve la defcription & la figure dans l'Honus Malaba- j,p ricus &c la pliytographie de Pluckenet. La defcription donnée dans Bologne. l'Honus Malabarkus ne me paroît pas du tout lui convenir; '& fi l'on compare la figure que j'en ai fait faire avec toute l'exadtitude Mémoires pollible à celle qu'on en trouve dans ces deux ouvrages , on verra qu'elle en diffère à bien des égards. En effet la forme des feuilles affez femblables à celle de la violette de mars , la grandeur des feuilles , leurs pounes jaunâtres Qc d'antres caradteres rapportés dans l'un &: l'autre ouvrage , ne peuvent s'appliquer à notre Convolvulus , & don- nent lieu de croire que ces deux plantes font des efpeces différentes. C'eft pourquoi j'ai cru devoir toujours donner cette courte defcrip- tion & y joindre la figure de la plante. PLANCHE IL FIGURE IL Convolvulus Zeglanicus , VUlofus j Pentaphyllus & Heptaphyllus mlnor, pes tigrinus diclus honi Acad. Lugd. Bat. iSj. PulH- Schoradi ^ Jive Convolvulus Heptaphyllus Indkus VUlofus honi Malabar, part. II. 12. tab. jp. Quoiqu'on trouve dans les auteurs une defcription & une figure affez bonnes de cette plante dont les graines m'ont été envoyées par le favant M. Boerhaave , cependant en comparant mes obfervations avec les leurs , j'ai remarqué par rapport aux fleurs , quelque différence , comme vous le verrez par la defcription que je vais en faire. De in racinp , blanchâtre & fitjreufe partent des tiges menues , flexibles , velues, divifées en branches qui s'élèvent à la hauteur de deux piés &c demi, en s'accrochant étroirement .â tout ce qu'elles rencontrent. Les feuilles font découpées profondément en cinq ou fept fegmens émouffés à leur extrémité , attachées alternativement aux bran- ches à la diffmce de cinq pouces par le moyen de longs pétioles. A leurs aiffelles naiffent des boutons arrondis formés de feuilles très-velues & fûutenus par un pédicule également velu. Les feuilles qui forment ces boutons ne font autre choie que les calices de pluiîeurs fleurs , en- tourés de quatre grandes feuilles & de deux plus petites , d'où il de- vtoit fortir aulîi cinq ou fept fleurs unipétales , en cloche , à col étroit & légèrement veku-s , fuivant ce qui eft rapporté dans l'Honus Lug- duno-Ddtavus & l'Honus Malabarkus. Mais c'eft ce que je n'ai point obfervé , & malgré mon alliduité à vifiter en tout tems ces boutons, je n'ai jamais pu les voir s'ouvrir & fe changer en fleurs. J'ai remar^ que feulement qu'ils devenoient plus gros & plus renflés \ ce qui ayant Î98 COLLECTION ACADÉMIQUE; nr ■ ' = excité ma cuiiofité , j'en ouvris tieux des plus gros. Se j'y trouvai Académie Jgijx capfules féminales portées chacune lue un calice à cinq feuil- ^^^ lettes peu différentes de celles des autres Convolvulus. Ayant ouverc Sciences q^glq^Je5.^,-,gs de ces capfules qui étoient déjà defféchées & qui me Pologne, paroiffoient avoir acquis toute leur maturité, j'y trouvai de petites lemences velues, anguleufes , d'un brun pale & très-parfaites. Je fus >(■ curieux alors d'ouvru- toutes les autres capfules qui n'étoient point en- core mûres j pour vou- ii j y trouverois au moins la Heur encore re- pliée ■ je l'y trouvai effeélivement. Les calices des fleurs naiflTent , com- me je l'ai déjà infmué , dans les boutons feuilles dont j'ai parlé. L'em- brion de la fleur y eft renfermé; ils noirTent peii-à-peu , & contien- nent le piftille étroitement enveloppé dans la fleur fermée. Mais fi on ouvre de force la fleur , qui n'a jamais excédé le volume exprimé en A dans la ficrure , on y découvre le piftille entouré d'étamines furmon- tées par les anteres. Mais c'eft ce qu'on ne peut obferver que lorfque l'ovaire B a acquis la moitié du volume qu'il doit avoir. Lorlqu'eii- fuite celui-ci continue à croître , la fleur ne croît plus avec lui ; elle fe defleche au contraire en diminuant peu-<à-peu de volume , & ne tombe cependant que lorfque l'ovaire D eft parvenu à fa ma- turité. Ne peiTfez pas , Meflîeurs , que je veuille conclure de mes obler- vations fur cette plante , que les auteurs dont j'ai parlé nous en ont impofé dans la defcription qu'ils -en ont donnée. A dieu ne plaife que je doute de leur bonne foi. Il peut très - bien fe faire qu'à Ceylaii & dans le Malabar j cette plante produife des fleurs qui lor- tent de leurs calices &: s'épanouifTent en plein air , ainfi que les autres Convolvulus. Les métamorphofes qu'on obferve fi fouvent dans les plan- tes me portent à le croire. Ce n'eft donc pas pour déprécier leurs obfer- vations que je vous fais part des miennes , mais feulement pour vous mettre à portée de juger fi l'on peut eu faire quelque ufa^e pour éclaircir certains points qui partagent encore les opinions des bo- taniftes. . . , , „ r Ceux qui , dans ces derniers tems , ont fait de longues &. profon- des recherches fur les fleurs des plantes , ne s'accordent point entr'eux fur l'ufage des pétales. Le célèbre & clairvoyant Malpighi , notre concitoyen , avoue avec fon ingénuité ordinaire , dans fon anatomie des plantes , qu'il doute fi Us f étales ou feuilles des fleurs font défîmes Amplement à défendre le tendre ovaire de l'ardeur du foleil 5" des injures de l'air , ou s'ils fervent encore à faire fuhir à la matière féminale une élaboration & une préparation ultérieure. Tournefort au contraire avance comme une chofe certaine , dans fon introdudion à la botanique , que i'ufaf: des pétales efi de fournir une nourriture au fruit encore tendre , Se il m-étend même le démontrer par des figures. Vaillant n'eft pas de cet avis dans fon difcours fur les fleurs ; il affure que la nature ne Avis -/''ijJ cf;. m I vt ■>9 i EXPLICATION DE LA QUINZIExME PLANCHE. p iG. a. La plante repréfentée avec fes fleurs 6c fus fruits. b. Les feuilles difpofces en rayons autour des nœuds de la tige. c. Feuille avec le follicule qui y eftfufpendu, vue au microfcope. d. Feuille féparée du follicule. e. Follicule féparé de la feuille. f. Follicule entrouvert. g. Les fleurs j repréfentées fous un volume un peu plus grand que celui qu'elles ont j vues au microfcope. h. Fruit qui s'ouvre pour donner paflage aux femences. ACADÉMIE DE BOLOGNE. 401 fur le jaune. Le piftille entoure des étamincs , part du fond de la fleur & devient enhn une baye molle & fucculente un peu pointue , qui ^'^■*-i^émie parvenant à fa maturité dans l'automne , prend une couleur touse c ^^^ ' I I /^i I r A /• « . o oCIENCES agréable. Chaque baye renferme tantôt une feule graine , tantôt deux de qui , à leur petitelle & leur figure coniforme près , retTembleat alTez Bologne, aux pépins des railins. Ces marques caradcriftiques répondent parfai - tementà celles de la vigne ordinaire j & je penfe que l'on conviendra Mémoires que je range avec raifon cette plante parmi les vignes. La vigne de Ca- roline fe multiplie aifcment , comme celle de Canada , non feulement par graines , mai: encore par boutures ou marcottes fichées en terre • ik Cl, comme cette dernière, elle n'efl: pas trop incommodée- par le froid , ce que je^ n'ai point encore éprouvé , j'elpere que cette jolie plante fera bientôt répandue dans les jardins des curieux d'Italie. Au refte , pour ne rien omettre de ce que j'ai pu trouver dans les auteurs de^ botanique , qui ait quelque rapport .ivec la plante que je viens de décrire , je dirai que , dans la planche 41 z du fupplement de t^luckenet , on voit la figure d'un rameau garni de Heurs & de tendrons, qui ne reptéfente pas mal_ la vigne de Caroline. Mais comme cette plante y eft fimplement dcfignée par le nom de Frucex ptcrofclini folio fcandcns clavicufis donatus , fans aucune defcription ni note cara(5térif- tique par laquelle on puille la rapporter à fon genre propre , j'ai cru ijue ma defcription, &: la figure que j'ai fait faire d'après nature , ne pourroit manquer de faire plailîr aux perfonnes qui s'amufen: à cultiver les plantes, rares. Je lailfe juger à d'autres fi cette plante elt la même que le Fruux petrofd:nl jolio Bamjitr. Catal. Virgin, ou V Aquïf^Li Hern. apud Rech. comme Pkickenet lui-même le penfe. J'aime mieux {laller bien des chofes fous filence que de rifquer de vous ennuyer par ^ a. .lougueut .d.',W\: difcou^s , 4éjà trop.écendu.. ■ -iiVi.i r,:-_'j 'n' ;\'>.r-t •!■ \, ; ••-, :■'; ■■-■■r' f- -■■■ ■;>y^^»A^,„. SUR LALDROVANDIA, Genre de plante aquatique , nouvellement découvert. Par M. Caietan 'MoNTl. . j.j:, . LEs^ expériences cliymiqnes que j'ai entreprifes depuis peu de tems, n'étant point eiicôr'e allez avancées pour que je puifTe eii porter au- jourd'hui le rcfulta,t à, l'académie , ypus oe trouverez pas mauvais , je' renie , que je me tourne vers'la^botaniquèj' pour mettre fous yosyeux la defcription & la figure d'une plante indigène des marais de notre territoire de Bologne _, & qui y a étéjrouvée pour Ja première fois avec fa i^eur &c LclUcl, Acad. pàn.'etr. Tome X^' Eee ' 40Z COLLECTION ACADÉMIQUE, ■Ion ftuit. Elle peut pafler pour nouvelle , quoiqu'il femble queLédnard Académie j)|j,j.ijg„gi- ^ botanifte Anglois , en ait fait mention vers la fin du dernier c ^^^ (iecle. Mais il en parle comme d'une plante des Indes de non pas d'I- SCIENCES „, .,, ,t r ■Il /- , ■,■ r l. ' r, • l j,g talie. U ailleurs les feuilles lont reprclentees avec li peu d exadtitude Bologne, dans la figure qu'il en a donnée , qu'on peut encore douter que cette plante , qu'il nomme Lenticula palujlns Indica , foit vcritablemeni la ^^t^,^,^,:c m'ciiie que celle dont je vais faire la defcription. De plus, ni Pluckener, ni aucun autre auteur n ont parle de la Heur tk. du huit. Ur comme ce font préciiément là les parties qui fourniflenc les carafteres génériques des plantes , il s'cnluit qu'on ne fait point encore à quel genre on doit la rapporter ni quel nom lui donner. C'eft moi qui le premier ai vu la Heur & le fruit de cette plante , Se qui , par un examen attentif de fes parties , me fuis alfuré qu'elle formoic un genre particulier , Se qu'il Falloit , par confcquent, la défigner par un nom nouveau. U eft clair en effet qu'il ne faut pas la rapporter au genre des Lenticula palujlns , plantes dépourvues de fleurs ou qui du moins n'en ont que de très-imparfaites. En effet , on a exclu avec raifon de ce genre la Quadrifolia & la Pa- tavina , on doit en exclure à plus jufte titre encore la plante dont je parle , puifqu'elle a des fleurs pétaloïdes &c très-parfaites. J'ai donc ufé du droit que j'avois de donner un nom à une plante que j'étois le pre- mier à faire connoître & dont j'établiffois le genre ; ce qui m'a d'ail- leurs paru néceflaire , puifqu'elle n'a pas la moindre refifemblance , foit pour la conformation de la fleur & du fruit , foit pour le port extérieur & l'enfemble , avec aucune autre plante connue. Les botaniftes ont tou- jours été dans l'ufage de donner aux plantes le nom des hommes qui fe font diftingués dans la botanique. Les noms de la pivoine , de l'eu- phorbe , de là gentiane , de l'eupatoire nous en offrent des exemples parmi les anciens ; celui de la cortufe Si un grand nombre d'autres , parmi les modernes. Pour moi , j'ai cru devoir confacrer cette nou- vdle plante à la mémoire d'Ulylfe Aldrovandi , fondateur du jardin pu- blic de Bologne ; honneur dont ce philofophe , qui étoit aurti botanifte , avoit été privé jufqu'.à préfenr. C'eft un monument que j'élève à un de nos plus favans concitoyens , à qui la botanique Se toutes les parties de l'hiftoire naturelle ont les plus gcaiid'es obligations.^ " ^ f - J'appelle donc cette petite plante, Aldrovandia , nom qui deviendra commun à d'autres efpeces , fi l'on en découvre qui lui relfemblent par les parties de la fruéfification , & dont le port extérieur ne foit pas fort différent. Je me fervirai , en attendant , de la feule efpece que je con- noilfe , Si qui naît dans nos marais , pour établir les caraéleres de ce genre. '•'■ ■ ' ' ' •/'■ '[ ' ' ' , ' Le premier, parmi nous & peut-être; dans toute l'Europe , qui a de- couvert cette plante , eft M. Jean-Charles Amadeî , médecin de Bolo- gne, que la plupart d'entre nous ont connu , homme recommandable par ia fimplicité de fes mœurs , par fon goût pour les fciences& par fes con- ACADÉMIE DE BOLOGNE. 401 nolflances profondes dans la botanique , qu'il avoic étudiée dès fa plus tendre jeunelTe fous le célèbre Jacques Zanoni , & qui fit fes délices Académie jufques dans un âge très-avancé. Parmi les autres genres de mérite qu'il 5ci,:^,(-es pollédoit , il en eft un tout-à-fait fin(;ulier & qui lui eft véritablement pg propre , c'eft que , par la grande habitude d'examiner les femences des Bologne. plantes Se de les regarder au microfcope , il s'étoit mis en état, lorfqu'on lui préfentoit la plus petite graine , de déterminer la plante à laquelle jviÉMOiRES cette graine appartenoit^ & il étoit très-rare qu'il s'y trompât ; cliofe bien extraordinaire , fi on fait attention à l'infinie variété des femences & à la petitelTefouvent extrême de leur volume. Je crois donc pouvoir alfurerque M. Amadei n'a jamais eu fon égal à cet égard. Dans le temps qu'il exer- çoit la médecine à Butri , bourg du Bolonois , il faifoit fouvent des cour- tss dans les marais voifins de Duglioli , pour y chercher les plantes aqua- tiques qui s'y trouvent en grande quantité , & fatisfaire la pallion qu'il avoir , comme je l'ai dit, pour la botanique. C'ert là qu'il trouva pour la première fois la plante dont il eft ici queftion. Elle étoit ordinairement cachée fous les eaux ; & elle attira fon atrention par la configuration &: la fituation finguliere de fes feuilles , abfolument différentes de toutes celles qu'il connoiffbit ou dont il avoir vu les figures. 11 n'auroit pas héfité dès-lors d'en publier la découverte comme nou- velle ; mais ce qui l'en empêcha , c'eft qu'il n'avoir pu voir les fleurs Se les fruits de cette plante , qui en porte très-rarement. 11 en envoya ce- pendant des exemplaires delféchés à M. Lelio Triumtetti , alors profef- feur public de botanique dans notre ville , à mon père Se à quelques botaniftes étrangers , leur demandanr leur avis fur cette plante incon- nue. Ils lui répondirent que c'étoit une plante nouvelle j à moins que ce ne fût celle dont il eft parlé fous le nom de Lentkula j dans la phy- thographie & VAlmageJîum botanicum. de Pluckenet , livres qu'on avoic alors reçus depuis peu à Bologne. M. Amadei ne cefla de faire des rc-i cherches pour découvrir les fleurs Se les fruits de cette plante j mais ce fut inutilement. 11 quitta enfin fon ancien domicile Se fe retira à Bo- logne , où il n'eut plus la commodité de faire , comme auparavanr , dans les marais de Duglioli , des courfes auili fréquentes qu'il eût été uéceflaire. Après la mort de ce botanifte , comme j'avois fouvent occafion de faire des voyages dans les marais de notre territoire , Se que j'en tai- fois apporter diverfes plantes pour les tranfplanter dans notre jardin public , le hafard m'oflrit un jour parmi elles , la planre en queftion avec fes fruits & même quelques Meurs encore à demi clofes. Pour faire épanouir celles-ci Se pouvoir les examiner dans cet état, je les gardai quelques jours dans un vafe rempli de terre limoneufe Se d'eau, expofé au Ibleil , ayant foin de les obferver plulieurs fois par jour , de peur que l'occafion ne m'échappât , fuppofc qu'elles eulfent été de ces fleurs qui tombent prefqu'aullî-tôt qu'elles fonr ouvertes. Moyennant E e e ij 404 COLLECTION ACADÉMIQUE, Académie""*^ pi-ccaïuiorl , J 'eus enfin le plaifir de pouvoir confidérer la fleur DES '^^'" .^°^"^' '=^ perfeftion de fa forme , déterminer le genre , & faire une Sciences defcnpcion complette de la plante , dont nous étions encore privés. DE Non content de cela , comme il y a bien des- chofes que le difcours ne Bologne, fauroit rendre que rrès-diflicilement , j'ai eu foin de la faire deffiner par ^ un habile artifte. C'eft la figure que vous avez fous les yeux. Mi.MOiRES L'J/drovanJia ainfi que pluheurs autres plantes aquatiques , efl: tou- jours fubmergée; mais elle eft quelquefois fi peu enfoncée fous les eaux, qu'elle paroîc furnager. Les filamens qui compofent' fes racines ne font point ordinairement implantés dans le fond , qaoiqu'.à dii-e'le vrai, on lie la trouve pas communément dans les grandes eaiix des étants , mais fur les bords vafeux & remplis d'herbes. Elle n'a le plus fouven't qu'une feule rige , longue de neuf pouces ; quelquefois aufli elle efl; double , & elle ne donne qu'un feul rameau , qui efl: d'une forme finguliere , tou- jours très-court &: qui n'égale jamais la longueur de la hampe d'où il- part. Les nœuds de la tige & du rameau , lorfqu'il exifte j font en grand nombre & très-près les uns des autres. Ils font entourés de fept , liuic ou neut feuilles verticillées , comme dans les garences , mais plus épaif- fes , comme fpongieufes en-dedans j plus étroites vers la partie qui s'at- tache aux nœuds , s'élargilfanc vers l'autre extrémité , qui efl comme tronquée Sc fe termine cependant en fix barbes vertes. Au milieu de ces barbes efl: obliquement fufpendu un follicule d'une fl:ru61:ure tout-à-fait linguliere, compofé d'une membrane orbiculaire , mais pliée en demi cercle, de manière qu'il efl: renflé d'un côté & entouré d'un bord ap- plati & connivent , en manière de crête , de l'autre. Je ne puis mieux le comparer qu'à ces petits gâteaux qu'on fait en carême avec un double cercle de pâte applati , qu'on remplit de quelque friandife. Si vous vous les repréfentez ainfi renflés , mais vuides , ils vous donneront une idée très jufte de ces follicules. Les follicules, comme je l'ai dit, font at- tachés obliquement aux feuilles, au milieu des barbes, tous fous le même angle Se ayant leur crête tournée du même côté , de forte que cha- que nœud arraché de la hampe avec les feuilles qui y font adhérentes , repréfente très-bien la roue d'un moulin à eau , favoir , les feuilles les rayons de la roue, &: les follicules les vafes qui reçoivent l'cnu qui tom- be de plus haut. C'eft au mois d'août que les fleurs paroi flent. Mais cette plante fleurit rarement , c'efl: pourquoi l'infatigable Amadei lui- même n'avoit jamais pu les voir. Chaque hampe n'en produit que deux ou trois tout au plus ; elles font attachées à de longs pédicules , entourés par les feuilles qui , comme je l'ai dit , font difpofées en rayons. Les nœuds dou partent ces pédicules font ordinairement fort éloignés, l'un étant au milieu de la hampe , l'autre dans le rameau latéral. De quelqu'en- droit qu'ils partent , ils furpalTent toujours de beaucoup en longueur les feuilles entre lefquelles ils naiflent , de forte que les fleurs qu'ils portent , ne peuvent jamais ctte cachées fous ces feuilles. Lç calice de ACADÉMIE DE BOLOGNE. 405 la fleur eft profondément découpe en cinq fcgmens , veid , épais , p;r- fiftant. La corolle a cinq pétales un peu longs , pointus , d'un verd ti- Académie rant fur le blanc , à-peu-près de même longueur que les feuillettes du Scjucgg calice, ou tant foit peu plus courts. Si on les fépare de force (car dans cette de plante , il eft rare que la fleur s'épanoullfe paibitenient d'elle-même J Bologne. ils forment un cercle d'environ deux lignes de diamètre. Au milieu -^p la corolle on trouve l'embryon, ou le piftille , pour me fervir du tenne j^fj^Qjj^fj de Tournefort , qui eft fphérique , alFez gros eu égard au volume delà fleur, & porte à fon fommet cinq ftiles courbes , courts & blancs. Tout autour font difpofces un pareil nombre d'étamines d'une égale hauteur , portant une antere jaune ; lorfqu'ils fe fanent avec les pétales , le calice fubfifte & le piftille croît , prenant une forme globuleufe & à-peu-près la grolfeur d'un grain de poivre, oîi l'on diftingue cependant des traces légères de cinq angles. En-dedans on n'y voit qu'une feule cavité , qui contient tout au plus dix femences noires , menues , longuettes & attachées à la paroi interne du fruit , ce qui eft rare. Comme il eft rare que cette plante fleuriflTe &: porte des fruits , ainfi que j'en ai averti , la nature a pourvu d'une autre manière à fa répro- duâion. A l'extrémité de la tige Se du rameau , il naît vers la fin de l'automne j comme dans d'autres plantes aquatiques , des germes com- pofés de feuilles roulées Se étroitement repliées. Ces germes , au com- mencement de l'hyver , lorfque le'refte de la plante a été pourri, ga- gnent le fond de l'eau & font confervés fous la glace jufqu'au retour du printems. Alors , dilatés peu-à-peu par la chaleur qui s'infinue dans les eaux , ils forment bientôt des plantes de la même efpece , qni éle- vées par la raréfaftion de l'air contenu dans les utricules de leurs feuil- les , montent jufqu'à la furface de l'eau. Cette propagation elc tout-à- fait femblable à celle qui le fait dans beaucoup de plantes par le moyen des oignons & dans les arbres par les bourgeons & les boutures. Comme j'ctois pourvu d'une alfez grande quantité de ces plantes enco- re vertes , je voulus en examiner le goût & l'odeur, La faveur m'en parut d'abord douce ôc bientôt amere ôc aiiftere. Quanta l'odeur je n'y trouvai que celle qui eft commune à la plupart des plantes des marais , & qui leur vient du lieu de leur origine. Ce qu'il y a de lîngulierdans cette plante , -c'eft que , quoiqu'elle foit tout-à-fait verte, foit quand elle eft fraîche , foit lorfqu'on l'a faite fécher , cependant C\ on la prelTe entre des feuilles de papier , pour la dellécher , félon la méthode des botaniftes , elle y imprime de chaque côté une trace rouge qui repréfente affez-bien la forme de la plante & de chacune de fes parties. Cette couleur ne fe borne pas même aux feuilles qui touchent immédiatement cette plante ; mais elle pénètre plulîeurs des feuilles inférieures ; & ce qu'il y a de plus furprenant, c'eft que cela arrive lors même que la plante eil feche de- puis plufieurs mois , quand on la met ainll dans du papier. Cette pro» priété qui U)i eft commune avec la Recela linrioria , efpece de moulft 4o6 COLLECTION ACADÉMIQUE, = orientale donc les reinturiers fe fervent pour donner aux laines une "^"^■^"^ elpece de couleur de pourpre , m'a fait penfer que notre plante aqua- SciENCES "1"^ pourroit peut-être aufli être utilement employée dans la teinture, DE c'eft ce que je me propofe de vérifier dans la lutte , n'ayant pas eu le Bologne, tems jufqu'à préfent de m'occuper de cet objet. On me demandera fans doute mon fentiment fur l'identité de notre Mémoires ^'''^'''^'''^"'^"^ *^^'^ ^* '^"^^'^"'^ de Pluckenet , foupçonnée autrefois par M. Lelio Triumfetti Se par mon père , du vivant de M. Amadei. S'il faut dire naturellement ce que je penfe , je crois en effet que ces deux plantes ne différent point entr'elles. C'eft ce que prouve le port exté- rieur qui eft le même dans l'une & dans l'autre & abfolument différent de celui de toutes les autres plantes connues ; le rameau latéral , qui eft unique dans toutes les deux , les feuilles ramaffées autour de la hampe , & les barbes des feuilles. On peut m'objeéter que Pluckenet appelle fa lenticule j indienne , & que j dans la figure qu'il en a donnée , il ne repréfente pas les feuilles étroites , & terminées par fix barbes avec un follicule, mais arrondies , & portant feulement deux barbes à leur bafe. Mais comme il eft conftant que cet auteur n'avoir vu vertes & récentes prefqu'aucune des plantes dont il a fait graver les figures , ôc qu'il n'a fait que recueillir avec beaucoup de foin & repréfenter celles qu'il recevoir defféchées de différens pays , il a pu arriver très-aifément qu'on lui ait envoyé celle-ci avec d'autres plantes aquatiques d'Italie , & qu'ayant perdu la note de fon origine , il l'ait confondue avec le nombre infini de plantes indiennes qu'il avoit. A moins qu'on aime mieux croire que cette plante croît dans les Indes aulli-bien qu'en Italie. Quant à l'erreur qu'on apperçoit dans les feuilles de fa figure , je penfe qu'elle a pu venir de ce qu'elle a été faite d'après un rameau defféché &C non d'après une plante fraîche. Je ne puis mieux appuyer mon fentiment que de l'autorité de l'illuf- tre Jean-Jacques Dillenius j que je crois pouvoir regarder comme un des plus grands botaniftes de ce fiede. Cet homme célèbre , qui a tra- vaillé .à achever le Nomenclateur ou Piiiax univerfel des plantes j ou- vrage commencé par Guillaume Sherard , avoit confulté pour cela l'im- menfe recueil laiffé par ce dernier à l'univerfué d'Oxford , favoir, les manufcrits de différens botaniftes & un nombre prefque infini de plan- tes defféchées par plufieurs botaniftes Anglois avant lui , du nombre defquels étoit Pluckenet lui même & par d'autres. Or mon père lui ayant envoyé un exemplaire de la plante en queftion & lui demandant fon fentiment , Dillenius lui affura pofitivement que c'étoit la lenticule de Pluckenet. Notre M. Amadei ne doit pas être privé de la gloire qui lui eft due. Il eft le premier qui ait découvert cette plante dans le lieu de fa naiffance ; le premier qui ait bien compris la manière & l'ordre de fa végétation ; le premier enfui qui en ait connu la véritable ftruc- ture conformément aux règles de la botanique. C'eft lui qui ayant re- ACADÉMIE DE BOLOGNE. 407 marqué foignc-ufement le lieu Se le tems où elle croît &: les autres cir- conftances qui la concernent , m'a mis fur la voie pour pouvoir en Académie_ donner aux botaniftes une pleine &: parfaite connollfance, après en avoir c °'^ découvert les Heuis & les fruits , parties qui lui avoient échappé. Ce de qui ell arrivé fort à propos pour rendre à la mémoire de notre grand Bologne. Aldrovandi un honneur qui lui étoit dû depuis long-tems. J'avois été plus d'une fois lurpris en eftet de ce que Plumier ayant employé les a 'i noms de la plupart des botaniftes célèbres pour délîgner les plantes d'Amérique , comme la Bauhina j la Matthiola j la Clufia & un crand nombre d'autres \ & que les noms qu'il pouvoit avoir oubliés , ayant été enfuite appliqués par Micheli , Houfton , Gronovius ôc Linné à de nouveaux genres qu'ils ont établis , perfonne n'eût encore fongé à notre Aldrovandi. Cela vient peut-être de ce que l'on n'a pu juger par ceux de fes ouvrages qui ont été publiés , qu'il fût un auflî grand bo- tanifte qu'il l'a ère. Pour nous qui jouilTons de fa bibliothèque , ajou- tée depuis peu à celle de notre inititut , &: qui voyons ce grand nom- bre de livres qu'il fe propofoit de publier fur la botanique , avec les planches qu'il comptoit y joindre , Se feize volumes de plantes delTé- chées où l'on trouve prefque toutes celles qui étoient connues de fon tems j nous favons qu'on doit ajouter à fa gloire , celle d'avoir été un des plus grands botaniftes de fon fiecle; & il efl: bien reconnu & célé- bré pour tel dans les ouvrages de Mathiole , de Gefner , des deux Bauhin , de Lobel , de l'Eclufe , de Marantha Se de plufieurs autres avec lefquels il étoit en relation , &: dont quelques-uns l'appellent leur ami , leur partifan & la plupart leur maître. Ainfi même en fuivant ftriétement le précepte de Linné de ne donner aux plantes que le nom des hommes qui fe font les plus illuftrés dans la botanique , exclulî- vement à ceux des autres favans , on ne peut refufer cet honneur à Aldrovandi , qui non feulement a cultivé avec fuccès toutes les fcien- ces , mais qui mérite encore un rang diftingué parmi les botaniftes. leî^ SUR LES ACCROISSEMENS D'ÉLÉVATION que reçoit le lit de la mer. Par Mr. Eufiache Mjnfredi. C'Eft une ancienne opinion que la mer s'élève continuellement ; opinion embraiïee par beaucoup de philofophes ^ & que la raifon autorife. En effet , comme les fleuves Se les torrens ne cellent jamais de porter dans la mer une grande quantité de terre &: de limon , outre beaucoup d'autres chofes plus pefantes j il faut nécelfauement 4o8 COLLECTION ACADÉMIQUE, ---qu'à mefure que toutes ces chofes viennent à gagner le fond, celui Académie jg j^ („g^. s'élève, & Ion lit pat eonféquent. 11 s'enfuit encore delà , ^^^ que les collines &c les montagnes , d'où toutes ces matières font en- DE^" traînées , doivent perdre peu-a-peu de leur hauteur. 11 eft cependant Bologne, quelques perfonnes que ces railbns ne fauroient peiïuader. Comme , elles ne fe rappellent pas d'avoir jamais vu les colhnes & les monta- }. ' ones s'abairter , elles en concluent que les fleuves & les torrens n'en '*'''°"^^' emportent rien, ou ii peu de chofe , que le Ut de la mer ne peut en recevoir une élévation fenfible &c qui tombe fous les fens. La prévention de ces gens-là eft combattue par deux fortes de preu- ves , les oblervations &: le calcul. Les obfervations nous ap|)rennent que certaines choies très-fixes Se fiables , qu'on croit avoir été autre-; fois plus élevées que le niveau de la mer , font maintenant plus baf- fes que ce niveau , ce qui ne peut s'expliquer que par le furhauflement des eaux. Le calcul vient à l'appui de l'obfetvation, en démontrant que la quantité de limon que les fleuves , les rivières & les torrens entraî- nent chaque année dans la mer eft allez confidérable pour qu'il puifle en réfulter un furcroit d'élévation fenfible à ceux qui compare- ront la hauteur aftuelle de fa furface j avec celle qu'elle avoir dans les tems antérieurs ; car nous n'avons pas de peine à croire qu'elle ne fau- roit être appercue pendant la courte dutée de la vie de chaque ob- fervateur , s'il îie porte pas fa vue fur le palfé ; les viciffitudes de la nature ne fe mefurent pas par la vie d'un feul homme. Commençons parles obfervations ; M. Manfredi en a raffemblé uu alTez grand nombre , dont voici les principales. Monfeigneur Farfetti , archevêque de Ravenne , ayant réfolu de faire reconftruue jufqu'aux fondemens , la cathédrale de cette ville , églife dont la fondation re- monte .1 la plus haute antiquité i [a] ordonna en conféquence qu on y fît une grande excavation. Lorfqu'on fut parvenu à quatre pieds & feut pouces de profondeur , on rencontra un pavé recouvert de dif- férentes efpeces de marbre , Se d'une finauliere beauté. Petlonne ne douta que ce n'eût été autrefois le pavé de l'éghfe ; & cependant par les melures les plus exaftes , on trouva qu'il n'exccdoit que de hx pouces la furface de la mer , quand elle eft calme & qu'il eft plus de huit pouces plus bas , lorfque les eaux s'élèvent , ce qui arrive régu- lièrement deux fois par jour à de certaines heures. Or qui croir.i qu on ait jette les fondemens d'une églife aufli magnifique, que 1 hiftoire nous apprend avoir été bâtie par l'ordre & aux dépens de 1 Empereur Théodofe le Grand, dans un endroit fi bas & li mal-propre , don les eaux de la mer auroient pu chaque jour entrer dans l'églife mcme,U elles n'avoiem été contenues par des digues & par eonféquent aulh celles des pluies Se des rivières lefquelles étant obligées d'y fcjourner , taute de pente & de canaux de debouchement , y auroient gâte toute choie. Ca)l\ V i, dit'on . plus de dix fiscles qu'elle eft bâtie. ■ ^ '' ' ' > "^ S avil.vt-on ACADÉMIE DE BOLOGNE. 409 S'avifa-t-ou jamais de bâtir ainli des mailons ou des cglifes ? IF faut ==7== donc que ce pavé ait été autrefois plus élevé que la mer , même dans ^■*^^'^'^ le tems des hautes marées , ^ puifqu'il eft maintenant plus bas , il ç_,,„^,, 5 enfuit ncceflairement que la mer nicme doit avoir acquis plusdclc- £,£ vation. Car M. Manfredi ne peut fe perfuader , comme bien des gens Bologne. le conjedurent , que ce foit le pavé qui s'eft aftallfé , l'examen le plus attentif, & fouvent réitéré j ne lui ayant jamais lailfé voir ni rupture, Mémoirls ni fentes , ni inclinaifon , ni rien en un mot , qui indiquât qu'il eût fouffert quelque fecoulfe. M. Zendrini , favant très-judicieux , a tait auflî à Venife bien des obfervations très- favorables à l'opinion de M. Manfredi, auquel il les a communiquées : il a vu plulîeurs cliofes dans cette ville , qui plus que probablement , croient autrefois plus élevées que la mer , 6 qui font maintenant plus bafles. Il y a , par exemple , dans l'églife de St. Marc une chapelle fouterraine , où les chrétiens s'alTembloient , dit-on , anciennement pour y allifter au.fervice divin ; or , le pavé de cette chapelle eft plus bas maintenant que la mer dans le tems de la marée , qui arrive chacjue jour , Se l'eau qui tranfude de toute parc à travers les murs , a forcé de l'abandonner. De plus on fait à n'en pouvoir douter que quand la mer devenoit grolTe , elle inondoit au loin la place de Saint Marc &; pénétroit jufques dans l'églife, ce qui a oblige de reconftruire la place Se de lui donner un pié de plus d'élévation. Or , il n'y a pas d'apparence que les anciens fondateurs de Venife aient voulu fouffrir chaque jour une inondation que leurs defcendans ont trouvé depuis infupportable 5 que refte - t - il donc à conclure, fi ce n'eft que, dans l'origine, la place étoit effeétive- ment plus haute que la mer , qui depuis a pris plus d'élévation. Vis-à-vis de la même place eft un portique très-ancien , fous lequel la noblelfe va fe promener à certaines heures du jour , & donc le fol étoit autrefois d'un pié plus bas qu'il ne l'elt préfentement , comme on peut en juger par les piédeftaux qui fupportent les colonnes , lef- quels font aujourd'hui entièrement fous terre. Ce portique j avant qu'on en eût relevé le fol , devoir donc être perpétuellement ouvert aux eaux & à l'humidité. Mais quelle apparence qu'on l'eût ainlî conftruit dans le commencement , Se que la noblelfe eût été tous les jours prendre le plaifir de la promenade dans un endroit où elle au- roit eu les jambes dans l'eau. On ne doit pas croire que le fol du por- tique ou la place même fe foient enfoncés plus avant en terre par le laps du tems ; nous ne voyons pas que cela ait coutume d'arriver aux édifices 3 ai ont le plus de malfe & de pefanteur ; comment donc fe perfua- er que des édifices plus légers , & qui ne font furchargés d'aucun poids , puilfent s'affailfer ainli. Concluons donc que cet atïailfemenc eft chimérique , & que c'eft uniquement la mer qui s'eft élevée. En outre j près de la fuperbe cour de St. Marc , Se fur le bord mê- Col/efl. Acad. part. étr. Tome X, F f f Académie DES 410 COLLECTION ACADÉMIQUE, me de la nier , s'élève un peu aii-deflus de l'eau un banc de marbre ', fur k'quel fouirent les bateliers pour fe rendre à pied dans la cour , Sciences lo^'^'^I^ie la grande affluence des barques ne leur permet pas d'aborder DE à terre. On ne doute pas que le banc n'ait été conftruit pour cet ufage Bologne, des b.iteliers qui vonr & qui viennent à leurs barques ; il devoir donc être —alors plus élevé que les eaux de la mer pendant les marées ; il eft cepen- Mémoires '^^"^ aujourd'hui un demi pié plus bas que ces eaux 5 & il en eft entiè- rement recouverr deux fois par chaque jour , fans que rien porte à croire qu'il ait éprouvé quelque affailFement , ce qui nous lailfe toujours la même concluhon à tirer. Ce banc peut nous fournir des induftions plus étendues encore » & nous donne plus que nous ne lui demandions. En effet j fi nous fup- pofons , comme on doit le faire , qu'il ait eu d'abord la hauteur qui le rendoit le plus commode aux bateliers pour fortir de leurs ba- teaux & y rentrer , il s'enfuit indifpenfablement delà qu'il devoir être au moins de niveau avec les côtés des barques , qui font très-élevés. Or , comme dans l'endroir même où ils ont le moins de hauteur , ils s'élèvent d'un demi pié hors de l'eau , dans le tems des marées , il faut aulTi que dans ce tems -là, le banc s'élevât pareillement d'un demi pié hors de la mer. Or il fe trouve maintenant fous l'eau pré- cifément de la même quantité ; d'où il fuit que la mer s'eft éle- vée d'un pié dans l'efpace des 200 ans qui fe font écoulés depuis qu'on a placé le banc où il fe trouve. Ce banc ne montre clone pas feulement que la mer gagne peu-à-peu de la hauteur , ce que nous avions principalement en vue de prouver , mais encore qu'elle eft , dans un tems donné , la mefure de cette élévation , en fuppofant les circonftances égales. Les obfervations qu'on vient de voir établifTent donc fuffifammenr , que beaucoup de chofes qui font maintenant plus baftes que la fur- face de la mer en excédoient autrefois le niveau , & comme aucune d'elles n'a pu changer de place , elles fonr autant d'indices que le lit de la mer a dû s'élever. Le petit nombre de ces obfervations ne leur ote rien de leur force , car une feule fuffit pour opérer une preuve Gomplette. Nous ne nierons cependant pas que l'importance de la quef- tion n'en ht defirer . une plus grande quantité. Nous n'aurions peut - être rien à regretter à cet égard , fi ceux qui habitent les cotes de la mer avoient bien voulu mefurer fouvent les hauteurs qui fe trouvent fur ces côtés , & comparer ces mefures avec celles qui leur auroient été tranfmifes par leurs ancêtres. Palions maintenant aux preuves qui nous font fournies par le cal- cul. Il y a des gens qui , quoique perfuadés par les faits que la mer s'é- lève effedivement peu-à-peu , n'oferoient cependant point affurer que ce foit l'effet du limon que les fleuves & les rivières portent conti- Biiellement dans fou fein. 11 faut donc leur faire voir que la quantité ACADÉMIE DE BOLOGNE. 411 de ce limon eft beaucoup plus grande qu'ils 11e le croient , &: pour cela M. Manfredi , calcule deux cliofes ; i". quelle eft la fomme des '^^*^^'*"^ eaux qui , chaque année , fe rendent à la mer; & z°. quelle eft la ç ^^^ proportion qui fe trouve entre ces eaux Se le limon qu'elles portent avec de*^" elles jufques dans la mer ; car ces deux chofes une fois connues, il fera Bologne. facile de favoir combien la mer reçoit chaque année de nouveau h- mon , & de combien fon lit doit s'élever dans ce même tems , à » 1 • mefure que le limon vient à dépofer. Peut-être que cette augmentation ^"^''^^ de hauteur fera très-peu de chofe chaque année ; mais à la longue & dans un nombre d'années , fans être fort conliiécable , elle deviendra fen- fible & tombera fous les fens , fi l'on obferve avec exaftitude 6c Ci l'on compare foigneufement fes obfervations avec celles des fiecles palTés. Pour ne point laiiïer de prife au doute, & ramener à notre opinion ceux qui regardent le limon que les eaux portent dans la mer comme un trop petit objet pour en déduire l'élévation fenfible de fon lit , il fera bon de ne pas prendre tous fes avantages ; car fi la fomme du limon que nous donnera le calcul , en le réduifant beaucoup au def- fous de fa quantité réelle j eft cependant fuffifante pour opérer l'eftet dont il s'agit , il le iera à plus forte raifon étant porté dans la mer en plus grande abondance que nous ne l'aurons fuppofé. M. Manfredi s'attachant donc à réduire tout aux plus petits termes, ne dérive l'eau des fleuves & des torrens que des pluies & de la nei- ge , quoique d'autres phyficiens les falfent venir auflî en partie d'ail- leurs. P.ir la même raifon , entre les différentes fupputations , que de très-habiles hommes ont faites , de la quantité d'eau qui retombe en pluie & en neige , dans les diverfes régions de la terre , il prend , non un terme moyen , comme il eût été autorifé à le faire , mais le moindre de tous , qui eft celui que donnent les mefures de M. Maraldi prifes à Paris. 11 réduit donc avec l'.icadémicien françois , toutes les eaux du Ciel qui tombent fous forme de pluies & de neige , à une malfe de liquide qui a dix - huit pouces de Paris en hau- teur , en la fuppofant uniformément répandue fur toute la furface de la terre. Les mefures de M. Beccari à Bologne , auxquelles il a au- trement procédé que M. Maraldi ne l'a fait à Paris ^ lui ont donné une quantité double d'eau & ont l'a trouvée encore plus grande en d'autres pays. Il eft vrai que nous ne pouvons pas faire fetvir à notre delTein la totalité des eaux qui tombent du ciel fur les terres , mais fimple- ment la portion de ces eaux qui eft portée jufques dans la mer par les fleuves & les rivières , puifque c'eft la feule qui puilfe y entraîner du limon. En effet , une partie des eaux du ciel eft abforbée par la terre, fur -tout lorfqu'elle eft fort defféchée par les ardeurs d'un été tres-chaud, & une autre partie eft difperfée par les vents , ou enlevée en vapeurs par le foleil. Or , comme l'adion de ces caufes varie dans F f f ij 4IZ COLLECTION ACADÉMIQUE, *- =les différens pays & dans les diverfes faifons , d'où réfuirent les diffé- AcADE.\UE^.^„j^,j qualités de l'air, M. Mantredi , continuant de mettre tout au Sciences P'^'^ ^"^^ ' réferve la moitié & même les deux tiers des eaux fubdiales CE pour les befbins de la terre 6c de l'atmofpliere , il n'en conduit Bologne, à la mer que le tiers reftant ; &: ce tiers , en le bornant aux mefures de M. Maraldi , fera feulement égal à 6 pouces de Paris , qui équiva- Memoires'^"' à 5 pouces de Bologne ; calcul très-modéré fans doute , Se qui pé- clieroit beaucoup plutôt par défaut que par excès. Voyons donc maintenant , li nous pouvons , quelle eft la proportiott entre l'eau de pluie & de neige ; aind réduite , au limon qu'elle traîne jufqu'.î la mer ; il eft évident d'abord , que toute la terre qui fe mêle à l'eau ne doit pas entrer ici en ligne de compte j mais uniquement la terre la plus déliée 6l la plus légère , qui peut y relier fufpendue , avec quelque lenteur que l'eau coule j car la plus grodîere & la plus pefance ne fauroit s'y foutenir long-tems , & gagne le fond avant que les eaux fuient parvenues jufques à'ia mer. Nous devons encore ne pas perdre de vue que la proportion que nous cherchons doit varier félon la variété même des lieux & des fleuves , car tous les terreins ne fourniflent pas la même quantité de terre aux fleuves Se aux rivières , Se celle que chaque fleuve entraîne n'eft pas la même dans tous les tems. Ceux qui parcourent des endroits pierreux , gipfeux , & autres qui ont beaucoup de dureté , n'en prennent rien du tout , & fort peu ceux qui coulent fur des terreins qu'une grande abondance de gramen a rendus fort compaiftes & fort ferrés , ou qui font couverts de builfons & de forêts. Les terres dont les eaux em- portent le plus font les terres cultivées , fur-tout fi elles ont beaucoup de pente. D'ailleurs , les fleuves eux - mêmes ne roulent pas toujours leurs eaux avec la même rapidité j tantôt ils coulent très-vîte , & alors ils emportent beaucoup de terre ; tantôt plus doucement , 6C ils entraî- nent moins de limon. Or , toutes ces chofes font foumifes à tant & à. de Cl grandes variétés , qu'on ne finiroit pas lî on vouloir examiner chacune d'elles dans le détail. Pour tabler fur quelque chofe de certain , en calculant la quantité de terre entraînée par les eaux qui fe rendent à la mer , il faut donc prendre un terme moyen , qui établilfe j entre les différens fleuves , une compenfation telle , que s'il refte quelque erreur , cette erreur puilTe être réputée nulle ou prefque nulle. Or , ce terme moyen , nous devons le chercher dans un fleuve qui tienne lui-même le milieu entre tous les autres fleuves ; tel eft celui qui roide fes eaux tantôt fur des cailloux , tantôt fur des campagnes labourées , Se fur des bruyères Si des forêts ; dont le cours eft quelque- fois très-rapide , & d'autres fois fort lent ; & dans lequel enfin ot> trouve réunies toutes les variétés auxquelles il eft indifpenfable d'avoir égard. ACADEMIE DE BOLOGNE. 415 M. Manfredi les a heureufenient reiicoiitrcos dans le Rlieno qui palIe à l'Occident des murailles de Bologne. Voici comme il s'y prit pout dé- Académie terminer la proportion encre le limon Se l'eau de ce fleuve. 11 attendit ç^,^" r, qu il hit médiocrement agite 3c un peu trouble. Dans cet ctat,ily puifa de de l'eau , non pas à la furface , où le limon ne pouvoic être qu'en très- Bologne. petite quantité j mais un peu plus b.is. 11 en remplit une bouteille , qu'il lailFa repofer pendant quelques jours , & jufques à ce que tout j^,ié_viojres le limon eût dépofé , ce qui lui tut indiqué par la pureté de l'eau qui le fur- nageoit. Ayant alors mefuré , avec la plus grande exaélitude , les efpaces que le limon Se l'eau occupoient féparément dans la bouteille , il trou- va que le rapport de l'un à l'autre étoit environ comme i à 174. Ces Biefures eurent l'approbation de M. François Marie Zanotri , & de plu- fieurs autres favans phyficiens , qui écoient prcfens , &: qui s'attendoienc à trouver le limon en une beaucoup plus grande proportion à l'eau , dans un fleuve qui palfe pour être très-limoneux. Cette porportion connue , & appliquée à tous les autres fleuves , voici comme on réfout la queftion : la quantité d'eau qui va fe ren- dre à la mer chaque année eft , avons nous dit , telle qu'elle couvriroic uniformément la furface entière de la terre jufqu'à la hauteur de cinq pouces de Bologne. Le limon que cette eau entraîne &: qui parvient avec elle jufques dans la mer efl: comme i à 174. Or , fi nous divifons ces cinq pouces d'eau en 174 parties j le limon en fournira une. Nous favons donc maintenant quelle eft la fomme totale du limon qui cha- que année eft porté dans la mer. Examinons préfentement de quelle quantité fon lit doit s'élever par l'accumulation fuccellive de ce limon : cette élévation doit être égale à celle du limon même , en le fuppofant uniformément répandu fur l'immenfe ftirface des mers. Mais les cartes géographiques nous font voir que cette furface eft prefque le double de celle de la terre. Le limon porté dans la mer , & fuppofé également répandu fur la prodigieufe étendue de fon lit , n'auroit donc pas une hauteur égale .î Tune des 174 parties dont nous avons parlé tout à l'heure , mais feulement la moitié , puifqu il perd en hauteur ce qu'il gagne en fuperhcie. Doublons donc nos 174 parties, ahn de les réduire chacune à la moi- tié , ce qui nous en donnera 348. Le limon uniformément répandu fur l'immenfe furtace des mers égalera donc en hauteur une des 348 parties dans lefquellesnous avons divifé les cinq pouces d'eau (mefure deBologne) que nous avons fuppolé fe rendre toutes les annéesàla mer, & cette'haii- teur fera précifément celle dont le lit de la mer augmentera tous les ans. Il fuit donc delà qu'en 348 années , le limon que les fleuves Se les torrens portent dans la mer, en élèvera le lit de cinq pouces de BolognCj^C l'on n'aura pas de peine enfuite à trouver en combien de tems il l'clever.T d'un pié , de deux , de trois j Sec. Nous lailTons ce foin à ceux qui aiiuenî à réduire tout en calcul. Il nous fuffira de leur en avoir ouvert la voie. 414 COLLECTION ACADÉMIQUE, • Mais pouv en revenir à notre objet capital , on ne fauroit nier qu'une ' élévation de cinq pouces de Bologne , c'eft-à-dire , de près d'un demi c "^^ plé de Paris , ne puilîe tomber facilement fous les fens , Se puifque l'ef- oCIENCES r -' /- ,T I -i r f rr • J3E pace de 348 ans lumt pour la procurer , 11 ne lera pas neceliaire pour en Bologne, reconnoître la poffibilité de remonter aux tems les plus reculés , ni de , —confulter des monumeiis de la plus haute antiquité. Si les pliylîciens Mémoires 1"' °"'- ^^'-" feulement dans les cinq ou fix derniers fiecles , tournant leurs vues de ce côté là , avoient donné .à cet objet la même attention qu'ils ont donné aux autres parties de la philofophie , ils nous auroient trajifmis des mefures exactes de l'élévation de la mer , telle qu'elle étoit de leur tems , &C Ces mefures prifes alors fur des monumens enr- core exiftans , comparées avec la hauteur aétuelle des eaux , nous au- roient procuré , dès maintenant , quelque chofe de pofitif , fur quoi nous pourrions compter. La négligence de nos ancêtres à cet égard nous a privés de cet avantage ; prenons garde que notre poftérité ne foit nn., jour en droit de nous faire le même reproche. Si nous nous attachons aujourd'hui à établir la hauteur aftuelle de !a mer fur des fondemens dont la certitude ne puilfe être révoquée en doute , nos neveux ne tarderont pas beaucoup à recueillir le fruit de notre travail , car le lit de la mer reçoit des accroilfemens beaucoup plus rapides que ne les donne la fupputation de M. Manfredi , puis- qu'il ne fait entrer dans fon calcul ni le fable grolfier , ni les pierres , ni les autres matières plus pefantes que le limon, toutes chofes donc raccumulacion éleveroit plus le lit de la mer que ne peut le faire le li- mon feul. D'ailleurs , M. Manfredi ne fait pas ufage dans fa fupputation de tout le limon , mais Amplement du plus fin Se du plus délié , dont il réduit encore la quantité à des termes extrêmement petits ; enforte qu'on ne doit pas être étonné fi fon évaluation s'éloigne encore beau- coup de ce qui nous eft indiqué par les anciens monumens , Se parti- culiécement par ce banc de marbre qui eft à Venife , lequel rnontre évidemment que la mer a dû s'élever d'un pié entier dans uue période qui n'excède gueres zoo ans. Cette élévation eft celle qui réfulte du concours de toutes les caufes énoncées jufqu'ici , & non de la feule accumulation du limon , à laquelle M. Manfredi a voulu fe borner pour fortifier fes preuves , & ne point laifler de fubterfuge à fes adverfaires. Notre académicien , après avoir ainfi calculé les différens degrés d'élévation que reçoit le lit de la mer , dans des tems donnés , croyoit avoir ouvert dans la phyfique une carrière toute nouvelle , dans laquelle perfonne n'étoit jamais entré , lorfqu'on lui apporta les ouvrages d'Hart- foeker , où il vit que ce favant Hollandois s'étoit occupé de la même queftion , & l'avoir traitée exaûement de la rcême manière. Ils ont eu cenendant des réfiiltats très-différens , ce- qui vient , très-probablement, de' ce que pour fixer la proportion du limon à l'eau', ils n'ont pas puifé dans le même fleuve. Dans l'eau du Rheno , cette proportion eft , fui- ACADÉMIE DE BOLOGNE. 4,^ vantM. Miufredi , comme i à 174 Se dans l'eau du Rhin , en Alle-*=— — = ni.t!Tne , félon M. Hartfaekcr , elle èft comme !' ^ OO ; ce apport .'Académie beaucoup plus grand , lin a donne une immenle quantité de limon , Cr & des accioiiremens beaucoup plus prompts , Se plus conlîdérables , de auili le lit de là mer s'cleve-t-il , félon lui j d'un pié en 500 ans , tan- Bologne. dis que fuivant M. Manfredi , il ne s'élève que de cinq pouces de Bo- Wne ou d'environ un demi nié en 348 ans. Cette différence dans les Mix.^.orc rclukats porte cgalemenc a mon avis contre les lentimens des deux phy- ficiens. Cependant , fi nous voulons confulter les monumens , ( 8c pourquoi he les conlulterions noiis pas , fur-tout dans une matière anilî obfcure? J L'opinion de M. Manh'edi nous paroîtra approcher plus de la véritc , car fans répéter ce que nous avofiïdit de l'ancienne églife de Ravenne» èc des antiquités de Venife , qui ne femblent pas comporter une aufli grande élévation que celle que M. Manhedi donne au lit de la mer» il ieft conftant que le banc de marbre , dont il a été fi fouvent quef- tiôn , he fauroit fe prêrer à cette fupputation. En effet , comme ce banc eft aujourd'hui enfoncé d'un demi pié dans l'eau , quand la mer eft. groffe , il faudroit qu'il eût été autrefois d'un pié & demi en-dehors , ce qu'on ne pourra pas fe perfuader , h on confidere qu'il eût été alors trop élevé pour que les mariniers euffeiit pu s'en fervir commodément pour entrer dans leurs bateaux & efl fortir , puifqu'il eût été d'un pié plus haut que les côtés des barques j encore fuppofons-nons que le limon feul a fait hauffer le lit de la mer. Que feroit-ce fi nous y ajoutions les fables , les graviers , les piérfbs , & tanr d'autres matietes plus maffives , qui y font portées continuellement , & dont M. Hartfoeker n'a point renu de compte dans fa fupputation ? Ces raifons & ^ d'autres encore que M. Manfredi fait favamment valoir dans fon mémoire , nous font appréhender qu'il ne fe foit oliffé quelque erreur dans les mefures de M. Hartfôelcer ] peut-ctre que quand il puifa de l'eau dans le Rhin , ce fleuve étoit plus enflé qu'il ne devoir l'être ; peut-être abondoit-il plus en limon qu'à l'ordinaire ; peut-être enfin le Rhin en Allemagne ne tient-il pas aufli exadement le milieu entre les autres fl-nives que le Rheno à Bologne. Les phyficiens en dé- cideront ; c'eft aflTez pour nous , d'avoir prefe'nté une légère expofitiori dés idées & des travaux de M. Manfredi : il leur a donné plus d'é- , qu ; ,avoic pu prévoir que ç'étoient là , pour ainfi dire , les dernières pa- loFés d'un homme qitld^evoit fi-tôtriouS êtife çnl&vc}' (a) ' ' ' ' (a) M. Manfredi, après là leflure de ce mémoire, qui fut le dernier qu'il lut al académie , tomba dans une cruelle & douloureufe maladie qui tei- mina fes ;out$. V 4i6 COLLECTION ACADÉMIQUE; Académie ^.»m<., . ■ M/t^nii _ , jj^^^ DES ScE^^cEs g^j^ j^^g CALCULS BILIAIRES TROUVÉS Bologne. j^ns la véficulc du fiel , £c dans l'épaiflcur de fc8 77 membranes. Mémoires Par M. Dominique Gufman GalÉATI. LE célèbre Moigagni obferve tiès-à-propos , dans la vingc-huitiemé remarque de fa troifieme critique , qu'il n'eft point rare de trouver des calculs dans la veficule du fiel , même chez des perfonnes où l'on n'en avoir jamais foupçonné pendant la vie j & il ajoute , avec non moins de vérité , qu'ils ne font pas tous de la même efpece. En effet , quoiqu'ils ayent tous cela de commun , qu'ils furnagent à l'eau , au lieu de gagner le fojid , comme les calculs de la veffie urinaire, ils différent néanmoins les uns des autres , par la couleur & par la ma- nière dont ils s'enflamment. La plupart tirent au jaune ou au verd } mais il y en a aulli de noirs. Les premiers , dès quon les approche de la flamme , prennent feu , 6c ne ceffent point de brûler qu'ils ne foient entiè- rement conlumés. Les noirs , au contraire , refufent de s'enflammer , & s'il leur arrive quelquefois de le faire , ils ne brûlent pas jufqu'à la fin. Il eft affez commun de rencontrer ces deux fortes de calculs dans la veficule du fiel ; mais il l'eft beaucoup moins de les trouver dans les parois même de la veficule. J'en ai cependant rencontré quatre en CQt endroit dans le cadavre d'une femme très-graife , qu'une hydro- pifie anazarquej & encore plus l'hydropifie du péricarde , avoient fait périr. Cette obfervation m'a paru digne d'être communiquée à l'acadé- mie , non-feulement par fa rareté , mais encore en ce qu'elle appuyé fortement , félon moi , l'opinion de Malpighi , qui prétend qu'il fe filtre une forte d'humeur bilieufe par les glandes de la veficule du fiel. Tandis que j'étois occupé à examiner attentivement chaque vifcere du bas ventre j je remarquai , entr'autres chofes , que la veficule du fiel étoit plus diftendue qu'elle n'a coutume de l'être. L'ayant ou- verte j il en fortit d'abord de la bile épailfe & vifqueufe , d'un jaune foncé & tirant au noir , Se enfuite , quatre pierres d'inégale grofleur , affez femblables par la figure, & plus noires que la bile dont on vient de parler. La plus greffe & la plus anguleufe de ces pierres , avoic rellement bouché l'orifice du conduit cyftique , qu'il étoit aifé de voir que c'étoit là ce qui avoir donné lieii à la diftenfion de la veficule , en faifant féjourner la bile. Je ne fâche pas néanmoins que la femme , pendant, ni avant la maladie dont elle mourût , ait éprouvé quelque accident qui dénotât l'exiftence des pierres biliaires. Je jugeai d'abord qi;e ALEMIE ACADÉMIE DE BOLOGNE. 417 que ces pierres , les noires , dévoient être rapportées à la claflTe de celles = qui ne s'enrtamment pas aifément , iSc qui ne brûlent pas jiifqu'au bout; '^^ Se je ne me trompai point 5 car les ayant approchées de la flamme d'une Sciences bougie , à peine s'allumerent-elles un peu en décrepitant comme le fel de marm , mais non pas aulli fort. La première couche des trois plus peti- Bologne. tes pierres étoit telle que je viens de le dire, mais cette première couche enlevée , j'en trouvai une autre fort différente par-delfous ; celle-ci étoit Mémoires plus jaune ; elle prie feu promptement , lorfqu'on l'approcha de la flamme , fans décrépiter autant que la première , en bouillonnant lé- gèrement ; mais elle s'éteignit bientôt ; & quand elle recommençoit i s'enflammer , elle ne brûloir pas jufqu'au bout , comme les pierres que M. Morgagni a placé dans la première clalTe. La plus grolfe de nos pierres , à l'exception d'une couche intermédiaire , formée de la ma- tière jaune & inflammable donc nous venons de parler , parut noire tant en-dedans qu'en-dehors , lorfqu'on eut ôté cette couche intermé- diaire^ Se tout fon intérieur fembloit n'être qu'un amas de petits «'rains qui avoient la même apparence que ceux du fable ordinaire qu'on au- roit calcinés avec de la grailfe. Voilà ce que j'obfervai dans la cavité de la véficule ; mais en ma- niant fes tuniques , je fentis çà & là , quelques corpufcules un peu ducs , qui m'indiquèrent quelque chofe d'extraordinaire entre fes mem- branes , quoique la furface , tant intérieure , qu'excécieure , de la véfi- cule , ne me lailfàt pas appercevoir ce que ce pouvoir être. J'incifai donc la tunique intécieure dans un endroit où je fentois l'un de ces corpufcules , Se en prelFant enfuice un peu légèrement avec le doigt , il en lortit brufquement un corpufcule gros &: à-peu-près figuré co^mme une lentille , relfemblanc alfez par fa fubftance & par fa couleur aux grams intécieurs de la plus grolfe des quatre pierres crouvées dans la cavice de la véficule ; autant il fe manifeftoit de petites élévations fur les tuniques de Ja véficule , autant on en cira de pecices piecres , Se cela fans la moindre difficulté , en incifanc feulement un peu la membrane qui les recouvroic; car cous ces petits calculs étoit enfermés dans un follicule parcicuher ^ formé par lamembrane même, qui en fe repliant fur elle-même compofoit autant de cellules lenticulaires, ou à-peu-près tel- les , qu'il y avoic de pierres. Toutes fe crouverenc dans cette portion de la védcule qui ne cienc point au foie , Se quelques-unes dans la partie oppofée à celle par laquelle elle s'y atcache. Approchées d'une bougie allumée , non feulemenr elles avoienc de la peine à s'enflammer comme nous l'avons die des grolfes pierres^ mais elles fembloienc repoulTer la Hamme , en décrépicanc plus louvent & plus fortement que ne le raiioient les autres. Voilà mon obfervation. Je vais indiquer préfenrement , en peu de mots , le rapport qu'elle me paroic avoir avec l'opinion de Malpiehi^ quoiquil feprefenteaffez de lui-même 5 Se d'abord, couc le monde Coika. Acad. parc. étr. Tome X, Cg" 4i8 COLLECTION ACADÉMIQUE, ■conviendra, je crois, que les petites cellules dans leiquelles les pierres Académie ^jQjgjjj renteimces, n'étoient que les glandes mêmes de la véiîcule du c °^^ fitl , qui étant d'un très-petit volume dans l'homme fain j avoicnt été '^'de'^'^' oroflles à ce point parla maladie. Car leur figure, fi régulière dans tou- BoLOGNE. tes , l'exafte circonfcription de chaque petit follicule membraneux , où l'on ne voyoit pas la plus légère afpérité, ni aucune adhéfion aux pier- Mémoires'^5 i tout cela, dis- je , paroît indiquer une parfaite conformité de ftrufti'.re avec les autres glandes , dont ces cellules ne diftéroient que par leur grolfeiir , qui s'éloignoit de l'état naturel. On ne peut pas dire que ce fuirent quelques-uns des tuyaux biliaires, qui, félon quelques ana- tomiftes , vont fe rendre dans la véficule du fiel j tuyaux qui , quoique extrêmement déliés 8c invifibles dans l'homme , auroient pris cette for- me en fe tuméfiant ; car outre que des tuyaux tuméfiés prendroient plutôt une figure oblongue , qui n'auroit rien de régulier , ceux dont il s'acic étoient fort éloignés de l'endroit par où l'on fuppofe qu'ils vont fe jetter dans la véficule , qui eft , dit-on , celui par lequel elle s'unit au foie. La nature de ces follicules une fois connue , il ne fera pas bien dif- ficile de découvrir l'origine des petits calculs qui y étoient logés. Car on conçoit d'abord qu'ils ont dû être formés par la concrétion &: l'en- dure iffement de l'humeur que ces petites glandes féparent ; & quoiqu'il n'y ait pas lieu de douter que cette humeur , en fe convertilfant en pierre , n'ait foufi^"ert un changement confidérable , on ne doit pas croire qu'elle ait fubi une dégénération totale. Or, comme elle retenoic encore quelque chofe du caraftere bilieux , puHque les petits calculs étoient entièrement femblables à la bile contenue dans la véficule , il s'enfuit delà , que cette humeur doit avoir effeûivement beaucoup d'a- nalogie avec la bile. Il réfulte donc de notre obfervation qu'il fe fépare une efpece de bile dans les petites glandes de la véficule ; mais elle ne nous inftri.it pas encore fuffifamment jufqu'à quel point elle fe rapproche ou s'éloi- gne de la bile hépatique ; &c l'on ne peut pas alTurer , non plus , avec certitude, que la proportion des principes fut telle dans cette humeur lorfqu'elle étoit faine , que nous l'avons obfervée dans les pierres qui en étoient compofées. Cependant ces petits calculs abondoient fi fort en parties terreftres &: falines , & fi peu en parties fulfureufes & re- fineufes, qu'il eft fort vr.iifemblable que c'eft par la grande quantité des élémens falins & terreux , joints .\ un certain mucilage , que la bi e cyftique diffère de l'hépatique , plus riche à fon tour en parties lul- fureufes Se réfineufes , d'autant mieux qu'on déduit fort bien de cette différence l'épaiffeur , l'amertume & l'adivité de la bile cyftique. Cette diftinftion entre la bile cyftique Se l'hépatique peut faire con- jeélurer encore que les calculs qu'on trouve fi fouvent dans la véficule font tantôt formés par l'une de ces biles , & tantôt par l'autre, èc quelquefois aufii par toutes les deux. En conféquence , le fuc des glan- ACADÉMIF DE BOLOGNE. 419 des cyftiques , comme plus falin & plus ceneiix , paroic plus propre j =^ fournir la matière des calculs noirs , & la bile hcpaciquej beaucoup plus Academib Jiuileufe 6C inflammable , celle des pierres jaunes ; ce qui doit faire prc- Scjjjces fumer que dans notre malade les deux biles avoient concouru à la for- de mation des pierres qu'on lui trouva dans la vcficule du fiel , puifque Bologne. la couche extérieure , dans toutes , & la fubftance intérieure , dans la plupart j s'éloignoienr Ci fort de la couleur jaune , qui eft naturelle à la MÉMOiRts oile hépatique. Comme la plupart de ces calculs , Se généralement tous les petits j étoient compofés d'une matière faline &: terreufe , on ne doit pas ctre furpris qu'aucun d'eux ait furnagé , mais que tous aient gagné le fond de l'eau. J'ai pourtant reconnu par d'autres obfervations que ce figne feul n'indique pas toujours la nature des principes qui compofent ces fortes de pierres. Car je vis peu de tems après quelques calculs de l'ef- pece des jaunes , qui s'enflamment aifément , Se ne celfent pas de tomber en gouttes en fe liquéfiant , gagner aulli le fond du vafe lorf- Jiu'on les jetta dans l'eau; d'autres, au contraire, du même genre , urn.-îger , lorfqu'ils étoient entiers , & gagner le fond quand on les partageoit en morceaux. La feule ditférence de la texture , Se la plus ou moins grande quantité d'air qu'ils renferment , paroît être une caufe fufïifante de ce que les calculs , de la même efpece , tantôt furnagent , & tantôt gagnent le fond. J'avois cru que je parviendrois plutôt à dé- couvrir quelque chofe de leur nature en les dilTolvant dans des liqueurs acides Se alcalines. En conféquence j je jettai dans des portions féparées de ces difFérens menftrues , mêlés avec de l'eau tiède j plufieurs mor- ceaux de calculs biliaires , foit des noirs dont j'ai parlé ci-delfus , foit des jaunes j que j'avois trouvés par hafard dans lavéficuledu fiel d'une autre femme , qui avoir auflî beaucoup d'embonpoint , & qui étoit morte également d'hydropifie. J'avois obfervc que ces derniers calculs fe fou- tenoient dans l'eau , fe liquéfioient à la flamme , Se s'y confumoient totalement. Voici quel fut le réfultat de mes expériences. Ni les calculs noirs, ni les jaunes , ne purent le dilfoudre parfaitement dans aucun des menftrues aqueux , huileux , acides ou alcalins. Cepen- dant l'efprit de fel ammoniac , & le fel de tartre , fondu dans l'eau de pluie tirèrent une teinture alTez jaune des uns & des autres. Mais plus des noirs que des jaunes ; l'eau de pluie finiple , l'efprit de vin , Se le vin lui-même , en tirèrent une teinture beaucoup plus foible , fur- tout l'eau de pluie , dont la teinture étoit la moins chargée. Les calculs jaunes ne communiquèrent prefque point de couleur à l'elprit de vitriol , Se point du routa l'efprit de fel; les noirs, au contraire , ne teignirent nullement l'eTprit de vitriol , &; donnèrent à l'efprit de fel à-peu-prcs la même couleur que l'eau de pluie fimple. L'immerfion des calculs noirs dans les liqueurs acides , y excita quelque effervefcence , plus longue, & moins violente , dans l'efprit de vitriol ; plus vive , mais plus courte, Ggg ij OJ 410 COLLECTION ACADÉMIQUE; ■ dans l'efprit de fel i & à peine fenfible dans l'elprit de vinaigre, au- Académie ^g[ ^gj calculs ne communiqueient prefque rien de leur couleur. Les c '"'^ calculs jaunes produifoient à peine aucune etfervefcence dans les mê- dT^' mes liqueurs. Enfin , lorfqu'on mêloic les mêmes efprits acides avec Bologne, les alcalis ou avec des menftrues aqueux , les particules des calculs jaunes qui s'y étoient dilfoutes Ik. dilperfées , fe pvécipitoient bientôt. xjj ' Je vais maintenant hafarder quelques conjeAures^ que mont fugaé- rées les expériences dont je viens de donner le précis. Des deux lubf- tances dont les calculs étoient compofés , je crois que c'étoit plutôt la laline que la réiîneule qui fe lailloit dilfoudre , puifqu'ils ont plutôc communiqué leur teinture jaune aux menllrues aqueux & falins, qu'aux menftrues huileux Se acides. Je crois encore que la partie faline , qui abondoit il fort dans les calculs noirs , & dont on ne découvroit pref- que point de vertiges dans les jaunes , étoit d'une nature alcaline &: fixe , plutôt que d'aucune autre , puifqu elle fermentoit avec les efprits acides , cS: qu elle précipitoit les parties de ces pierres qui avoient été diiroutès dans les mêmes acides. Je crois enfin que la fermentation Sc la comminution des pierres noires dans les acides étoient plutôt l'eftet d'une forte de trituration ou de fimple divilîon méchanique , que d'une véritable dilTolution , puifque ces liqueurs n'en ont prefque tué aucune teinture ; fi par ce qui fe palFe hors du corps , on pouvoir ju- ger de ce qui arrive dans le corps même , il femble qu'on pourroit conjedurer encore , que pour dirfbudre , ou diminuer dii moins , les concrétions biliaires , fur-tout les noires ; les menftrues fimples &c ho- mogènes feroient à préférer à ceux d'une nature oppofée , &; par con- féquent les alcalins &C les aqueux aux huileux & aux acides , puifque ceux-là dilfolvent les pierres biliaires , à la vérité , plus doucement j mais auftl plus efficacement , que ceux-ci , qui ne les dilTolvent pas du tout , ou le font avec trop d'impétuofité. Au furplus , tout méde- cin & tout phyficien inftruit fait combien il eft difficile , dans des matières aulVi obfcures , d'afteoir fes conjedlures fut des fondemens folides. ^.^ ' -même écorce poreufe dont il avoit vu fortir plufieurs fois les fleurs du AcADEMiEj.j^j.^j[ ^ comme il le rapporte dans fon hifloire delà mer. Vous me Sciences permettrez , Meflieurs , d'entrer dans quelque détail au fujet de ces DE fleurs. Bologne. 11 n'eft aucun de nous qui ne fâche , que M. de Matfigli a fouvent obfervé , que le corail , ainfi que les plantes terreftres , poufle des MÉMOIRES fleurs dont toute fa furface fe trouve embellie , &c qu'il nous en a mis bien des fois fous les yeux des figures très-nettes. Mais pour s'alfurer toujours de plus en plus de la vérité de ce qu'il avoit écrit touchant ces fleurs , il y a environ deux ans qu'il fe rendit encore à Marfeille pour aflifter de nouveau à la pêche du corail , qu'on y fait toutes les années , au mois de juin , avec une quarantaine de barques. 11 eut tout lieu d'en être fansfait ; car en employant la méthode dont il s'étoit déjà fetvi auparavant , c'eft-.î-dire , en plongeant dans un vafe rempli d'eau ma- rine des branches de corail , à l'inftant même qu'on les avoit tirées de la mer , il vit dans le moment fur toute la fuperficie du corail de petites Heurs en forme d'étoile , dont aucune n'échappoit à la vue , îorfqu'on les examinoit , en plaçant honfontalement le vafe entre les yeux (Se la lumière. Pour mettre l'occafion à profit , notre auteur vou- lut voir enfuite , s'il n'y auroit point de communication ou de cir- culatiou entre ces fleurs , ou fi l'on veut , entre l'humeur laiteufe donc . tout le nouveau cor.ail eft rempli. En conféquence , il plongea deux branches de corail récemment tirées de la mer , dans un vafe plein d'eau marine , de façon qu'étant fufpendues à un cordonnet de foie , les pointes de l'une regaidoient le haut , &c celles de l'autre le bas. Dès qu'il eut vu les deux branches entièrement recouvertes de fleurs blanches étoilées , il les retira de l'eau , &c leur fit à chacune , avec des fils de foie , deux ligatures peu diftantes l'une de l'autre , & fortement ferrées , afin d'intercepter la circulation du fuc laiteux , fuppofé qu'il eût quelque mouvement progreflif. Mais les branches remifes dans le vafe, parurent encore, foit entre les ligatures , foit dans tout le refte de leur furface , tout comme elles étoient auparavant , d'où l'auteur a cru pouvoir furement conclure qu'il ne fe faifoit point de circulation d'humeur dans le corail , mais qu'il tiroir de toute parr la nourriture qui lui eft propre des eaux de la mer , ainfi que les autres plantes ma- rines , par les glandes & les véficules dont leur furface eft recouverte, & non par des racines , dont elles font entièrement dépourvues , félon M. de Marfigli , qui le répète plufieurs fois dans fon hiftoire de la mer ; enforte que les plantes marines peuvent mériter à jufte titre le nom de racines par toutes leurs parties, &; leurs racines réciproquement être regardées comme autant de plantes. Voilà , Meftieurs , ce que notre illuftre Marfigli penfoit fur la végé- tation des plantes marines , &c fur les fleurs du corail ; mais fi j'ofe dire mon avis fur cette matière , j'avouerai qu'il ne m'a jamais femblâ a ACADÉMIE DE BOLOGNE. 445 fuffiramment prouvé que ces plantes ne tirent pas , tout comme les" autres , leur nourriture par une racine qui leur eft propre j car bien qu'il Académie DES faille convenir que l.i plupart d'entr'elles ne font point ordinairement pour- <- vues d'une racuie fibreufe , telle qu'en ont les plantes terreftres ,.il n'en ^^^e' eft pas moins vrai , que Ci on conlidere avec attention les coraux _, les li- BologotÏ thopliytes , les kerathophytes , les fucus , les moulTes marines , on ap- perçoit prefque toujours une bafe particulière , plus ou moins laree &\c I '"iT ri 1 1 I II! " . MEMOIRES plus ou moins epailie , lelon leur volume , par laquelle ils s implan- lent dans divers corps folides , qu'ils embralfenc étroitement , & par laquelle ils tirent leur nourriture j non de ces corps mêmes , comme par exemple , de la pierre , du vafe de terre , du morceau de métal ou de caillou , où on les a trouvés attachés , mais uniquement de l'eau de la met , qui s'y inllnue par les orifices des vaiffeaux qui vont s'ouvrir à cette baie , Se fe répand enfuite dans toutes les parties du végétal , tout comme l'eau douce dans les plantes aquatiques. En effet ,' fi les plantes marines fe nourniïbienr d'une autre façon , c'eft - à - dire , fimplement par des glandes & des véficules , répandues dans toute leur furtace extérieure j comme le penfe M. de Marfigli , je ne vois pas comment elles poulferoient tant de branches fi élégantes , qui j en p.nr- tant d'un plus gros tronc , fe ramifient enfuite d'une manière abfolu- ment conforme aux arbres & aux plantes terreftres. 11 ne réfulteroit , fi je ne me trompe , d'un pareil accroilfemenr qu'une malfe informe Se tout-à-faic irréguliere. Et quand même il feroit vrai que les plantes ma- rines fe nourrilfent par toute leur furface extérieure , il paroît qu'on devroit encore donner le nom de racine à cette partie qui' leur fert de bafe ou d'appui ; car la plupart des auteurs de botanique veulent qu'on regarde comme la racine d'une plante , la partie inférieure par laquelle elle embralfe étroitement , ou s'enfonce dans une matière plus folide , telle que la terre , la pierre , le fable , le bois , ou telle autre. Si quel- qu'un objedoit que ces fortes de corps folides ne font nullement pro- pres à fournir la nourriture aux plantes , je leur répondrois qu'on ren- contre aufli quelquefois des plantes terreftres qui ont pis naiffance fur des pierres , dont elles ne tirent certainement aucune nourriture , mais bien de l'humidité qui y aborde , dans laquelle fe trouvent grand nom- bre de parties hétérogènes j fur-tout falines , Se que de même que cer- taines plantes aquatiques, comme la lentille des marais , s'étendent & fe propagent au milieu des eaux , fans avoir de communication avec la terre par leurs racines , extrêmement déliées , toutes les plantes ma- rines tirent audî de la même manière leur nourriture & leur accroifte- nient des eaux de la mer , qui abondent fi fort en parties falines , ful- fureufes , & bitumineufes, par leur partie inférieure ou par ileyr bafe,- que la nature a rendu propre à cet effet. ' ' Je n'ai garde de révoquer en doute que M. de Marfigli ait effeélive- ment obfervé dans le. corail quelque chofe qui reûembioit alfez par la 44Û COLLECTION ACADÉMIQUE, = hgure aux fleurs des plantes cerreftres , puifque j'en ai fouvent fait la '^^^j'^'^remarque moi-même , & que j'en ai rendu d'autres témoins ; mais je Sciences "°^^ pouvoir douter , avec fondement , que ce fulFent-là de véritables DE fleurs , 6c cela pour deux raifons que voici ; i'-'. parce que M. de Mar- BoLOGNE. ligli a obfervé ces prétendues fleurs dans les diverfes failons de l'année, fivoir , pendant l'hiver & l'été, ijouc comme dans le printems ; & 2". Par AlÉMOiREsce qu'à i'inftant où l'on tiroit le corail de l'eau de la mer, les pré- tendues fleurs s'évanouifloient aufli-tôr , & reparoiflôient encore lorf- qu'on le plongeoir derechef dans l'eau , ce qui fait avouer à M. de Mar- figli qu'if n'a jamais pu en examiner la ftrufture dans l'air. Or , qui ne voit combien tout cela s'accorde peu avec la nature des autres fleurs ? En outre, comme les prétendues fleurs dont il s'agit ont la figure d'une étoile j ainfi que les pores dont toute la furface du corail paroît re- couverte , en la confidérant au microfcope , comme on peut le voir dans la vingt-cinquième planche, fig. 112, 113 de l'hiftoire de la mer, c'eft encore pour nous une raifon de douter (i la figure étoilée dépend d'au- tre choie que de la difpofition des lames du corail , ëc la couleur blan- che du fuc laiteux ^ dont tout le corail regorge lorfqu'il eft récemment tiré de la mer. En effet , puifque les pores d'où il tranfude ont une figure étoilée , où eft la merveille qu'il paroilfe lui-même fous cette fi- gure aux yeux de l'obfervateur ? Ces raifons , & bien d'autres encore, que je palFe maintenant fous filence pour abréger , m'ont toujours fait croire que les prétendues fleurs du corail ne fonr probablement que le fuc laiteux lui-même qui prend la figure des pores par où il paffe ; car Ci nous accordons aux écrits de notre auteur la foi qu'on ne pourroit leur refufer fans injuftice , toutes les plantes pierreufes au moment où on les tire de la mer , abondent en un fuc laiteux qu'on voit s'échapper prin- cipalement par leurs pores. Nous penfons que quand ce fuc ou cette liqueur a acquis fa perfeâion , elle s'attache , dès qu'elle eft fortie des pores par où elle tranfude , à tous les corps qui fe trouvent à fa portée, où, confervant fa nature , elle donne naiflance à de nouvelles plantes de la même efpece , fans l'intervention , du moins fenfibie j d'aucune fe- mence folide , femblable à celles des plantes terreftres ; car on en a vainement cherché jufqu'ici , dans les lithophytes ou les plantes pier- reufes , & dans le corail même. Cette opinion , déjà embraflee par Elufieurs phyficiens , eft fufïifamment confirmée par un grand nom- re de pièces de corail dépofces dans la falle d'hiftoire naturelle de l'inftitut. Avant de terminer ce que j'avois à dire touchant la végétation du corail , je ne peux me difpenfer d'avertir que M. de Marfigli eft tom- bé dans une méprife , lorfqu'il a écrit 8c fait graver dans fon hiftoire de la mer (PI. XXll. Fig. 105 & 106 ) que le corail eft difpofé dans la mer de façon que fa bafe regarde la furface des eaux , di les exttêmi- ACADÉMIE DE BOLOGNE. 447 tés de (es branches le centre de la terre. Ses dernières obfervations lui' ont fait connoitre toute la foibieire des preuves dont il sctoit fervi pour "^*°^"'^ établir cette alTertion. Car le jucus mollis , par exemple , qu'il dclîgne Sciences fous le nom de mauve marine , iSc qu'il a fait reprélenter dans fa cent de fixieme ligure , comme ayant fes feuilles dirigées vers la furface des Bologne, eaux , les éceni , ainfi qui les autres plantes aquatiques , plutôt horifon- talemeiu , que dans une direction verticale. Cette obfervation qu'il a^iji^iQ^jj eu depuis occafion de faire lui-même , Se l'infpeftion de pluficurs bran- ches de corail qu'il a trouvées dernièrement attachées de toutes les façons à des corps marins , Se quelquefois dans une pofition prefque entièrement oppofée j lui Ont fait conclure enfin, avec beaucoup de raiion j que le corail ne croî^ pas feulement par une de fes parties , mais dans tous les fens , quoiqu'il faille convenir que fes branches ne font pas dans une diredion abfolument verticale , mais qu'elles regardent plutôt en bas. Vous en ferez convaincus , je penfe , en jettant les yeux fur un morceau de rocher que M. de Marhgli a dépofé dans la falle d'hiftoire naturelle , pour fervir de témoignage contre lui-même , & corriger fon ancienne erreur. Tant fon amour pour la vérité l'emportoit fur fon amour propre. Voilà , Meflîeurs , ce que j'avois à vous dire fur les écrits & les fentimens de ce grand homme , avec les petites remarques que j'ai pris la liberté d'y ajouter. -^"'■ffli'"" ■ ■««). REMARQUES SUR QUELQUES DIFFICULTÉS de refpirer qui dépendent de la lézion organique du cœur ôc des parties précordiales. Par AI. Hippoly te - François Albertinj. J'Aurois beaucoup plutôt fatisfait , MM. au defir que vous m'avez fouvejit témoigné , de me voir écrire quelque chofe fur les vices de la refpiratioii , dep-iiidans de la lézion organique du cœur &: des par- ties précoi.liales , fi je n'en avois été détourné jufqu'ici par l'obfcurité & l'extrême difficulté de cette matière ; & ce n'eft encore que pour vous marquer mon dévouement que je me détermine à la traiter. Vous n'igno- rez pas , MM. que les vices dont il s'agit font fi cachés & l\ difficiles a découvrir, qu'il ne s'eft encore trouvé aucun auteur , qui après les avoir foigneufement recherchés & étudiés dans les cadavres , foit par fes ptopres diffections , foit en profitant de celles des autres , en ait fait enfuite le fujet d'un ouvrage f.v profefjo y qui manque encore à la médecine. Je dois avouer moi-même ingénument , que quoique j aye donné , pendant bien des années , la plus férieufe attention à cej 44? COLLECTION ACADÉMIQUE; ^= maladies, tant fur le fujet. vivant , que dans les cadavres de ceux qui Académie jy^jg^t eu le malheur d'en être attaqués , je n'en fuis pas encore venu Sciences ^^ point de pouvoir établir des lignes diagnoflics , à la faveur def- DE quels je puifTe reconnoître pendant la vie des malades , fi le vice Bologne, d'on^anifation réfide dans l'origine de la veine cave , dans les oreil- letces ou dans les ventricules du cœur , dans l'artère &c la veine pul- MÉMOiRES monaire j dans l'aorte , dans la totalité du cœur , ou enfin , dans le péricarde. A peine ai-je pu diftinguer l'hydropifie de ce dernier , l'é- paiiriirement motbifique de fes membranes , & fon adhérence au cœur. Ces diverfes maladies font , à la vérité , moins fréquentes que les di- latations anévrifmales du cœur , des oreillettes , des ventricules & des gros troncs des vailTeaux , veineux & artériels , qui en tirent leur origine ■■, dilatations quelquefois accompagnées d'un vrai polype ; 5C beaucoup plus fouvent de ce qu'on appelle de faux polypes. Pour ré- pondre donc , en quelque forte , à vos defirs Se à votre attente , je don- nerai fur ces dilatations anévrifmales quelques remarques , qui auront encore befoin MM. d'être étendues , rectifiées & perfedionnées par vous tant il y a de vérité dans ces paroles d'Hippocrate De difficitU- mis & obfcurijjlmis morbis , opinio magis quàm ors judicat , afi in his peruia multùm imperitia valeat. L'ib. de Flatib. Avant que j'entre en matière , je vous prie MM. de ne point attendre' de moi des fignes diftinftifs de chacune des dilatations dont il s'agit ici. J'ai déjà fait l'aveu de mon impuilfance à cet égard. La difficulté de cette matière , finon abfolument intade , du moins encore extraordi- nairement impliquée , l'a toujours emporté fur mon attention & mon exactitude à obferver j au lieu de ces lignes polîtifs , trouvez donc bon que je vous faflTe part d'un indice dont le médecin praticien pourra fe fervir avec quelque avantage pour diftinguer les différentes dilatations du cœur & des parties précordiales. Voici cet indice : fi on applique le plat de la main fur la poitrine , & qu'on y fente un mouvement in- accoutumé , ce mouvement fera accompagné d'une pulfation bien marquée , ou bien il n'y aura point de pulfation , ou prefque point. Or, je rapporte au genre de dilatations anévrifmales , celles où le mouve-. ment dont nous parlons eft accompagné d'une pulfation qui fubfifte de- puis long-tems , Se qui frappe brufquement la main appliquée^ au thorax ', Se au genre des dilatations variqueufes , celles où le même mouvement n'eil point accompagné d'une telle pulfation , ou feule- ment d'une pulfation prefque infènfible. Je crois qu'on peut rapporter ordinairement au premier genre , les dilatations fimples des oreillettes , & du ventricule gauche , du cœur entier & de l'aorte; & au fécond genre, les dilatations du commencement de la veine cave , de l'oreillette ' & du ventricule droit, de l'artère. Se de la veine pulmonaire. Quoiqu'un grand nombre de caufes , telles que les efpeces fi diver- filiées de la dilatation , le fiege différent du mal , fes complications avec d'autres Académie s CES E. ACADÉMIE DE BOLOGNE. 449 d'autres maladies , le caradere particulier du fang , & le mouvement irrcgulier que le cœur éprouve, lors même que ce n'eft point chez lui , Acade m.iis dans les parties circonvoifines que le vice d'organifarion réhde ; c °^^ quoique ces caufes , dis-je , & bien d'autres encore , jettent frcquem- de nient du trouble Se de la confufion fur la dillindion que j'ai établie , Bologn elle m'a été fouvent d'un grand fecours pour reconnoitre & difcerner les unes des autres j les dilatations anévrifmales & variqueufes ; Se iex(i,,^,„cc 11- t li* • I • ^^n' r^ * ' ' i\ltM01Kt> ne crams pas de dire que la puUation bien diftinftement appercue , fournit un indice prefque alfuré de la première clalfe des dilatations! Ces pulfations font quelquefois d'une telle force, que les côtés, les clavicides & le fternum , enfemble ou ftparément^ en font foulevés , forment une grande rumeur , S< vont même quelquefois jufqu'à fe brifer, au point qu'il m'eft arrivé de voir avec furprife la partie in- terne des vertèbres du dos réduire en poulTiere , ôc confumce pref- que jufqu'à la moelle épiniere. J'ai encore obfervé la même pulfation , mais beaucoup moindre dans des cas où le cœur, depuis fa bafe juf- ques Se par delà la moitié de fon corps avoir acquis une couleur & une confilbnce prefque tendineufe , Se dans d'autres, au contraire, où il étoit devenu plus Hafque qu'il ne doit l'être naturellement. J'ai remarqué la même chofe lorfque les parois des artères avoient pris une épailfeur extra- ordinaire , qu'elles renfermoient des concrétions polypeufes oblon^ues , ou qu'elles étoient entièrement recouvertes intérieurement d'une ru- nique cartilagineufe ou olTeufe. J'ai obfervé que cette altération de la tunique intérieure des artères arrive quand la maladie el1: bien confir- mée Se déjà invétérée. On s'en apperçoit alors par la pulfation qui , après avoir été pendant long-tems forte & vigoureufe s'affoiblit Se languit de plus en plus, à mefure que la tunique interne devient car- tilagineufe, & à plus forte raifon olfeufe. Ce ligne, joint à la langueur du pouls , indique une mort prochaine. En partant toujours de la diftinclion que j'ai établie ci-defTus , je re- marque qu'autant les vices du genre anévrifmal fe manifeftent facile- ment au médecin par la pulfation, autant il ell difficile de reconnoi- tre les vices du genre variqueux. Cette difficulté eit d'autant plus grande que ce mouvement , ( exempt de pulfation , ) eft moindre , & elle eft au comble lorfqu'il n'y en a point du tout , ou qu'il eft pref- que imperceptible. On doit placer encore dans le même rang les dilata- tions variqueufes qui s'étant formées dans le f^ic même du péricarde , font tellement gênées & relferrées par ce fac , trop épaiffi , ou adhérent au \^ur ' 1" "^"^^ "^ peuvent tranfmettre leurs mouvemens à la niain de 1 obfervateur ; Se comme ces deux affections morbilîques du. péricarde ne s annoncent par aucun mouvement manifefte , il feroit prefque tou- jours impoftible de reconnoitre fi c'eft l'épaillidement du péricarde , ou Ion adhdion au cœur , qui forment féparément Se exclurwement U maladie U eft vrai pourtant qu'elle eft quelquefois accompagnée d'ua CoUea. Acad. part. étr. Tome X. I ( | 450 COLLECTION ACADÉMIQUE, = mouvement déréglé du cœur; mais un médecin prudent doutera t»n- AcADÉJ.iiE jgi^j|.j (i c'eft au vice du péricarde même qu'il doit être imputé, ou fi c '^^^ ce ne feroit pas plutôt à celui de quelqu'une des parties renfermées jCIENCES - /•iii/' ' ^/ ■ r PE dans ce lac , laquelle ne le trouveroit pas gcnee au pomt que les mou- BoLOGNE. vemens ne pulfent fe rendre fenfibles au dehors. Ajoutons à cela , que ces parties , & le péricarde lui-même peuvent être affeftcs tout enfem- \fnw^T„,:c ble. J'ai vu quelquefois, dans cette occafion , que le mouvement quifefait IVIEMOIRES ^., K \ • ■ 1' l"ii> ■ 1 1 1 fentir alors à la poitrine j dependoit de 1 augmentation du volume du cœur ; d'où je conclus que fi les vices du péricarde dont je viens de parler fe manifeftent par quelques lignes , ces fignes leur font tellement communs avec ceux de plulieurs autres parties, & par conféquent fi équi- voques, que plus un médecin fera inftruit par la difledtion des cadavres , & plus il reftera en fufpens , lorfque il s'agira de prononcer fur cha- cun de ces vices en particulier. Je voyois dernièrement un homme de grande diftindion j chez qui je remarquai des fignes qui fembloient indiquer un vice organique du genre variqueux. Cependant l'ouverture de fon cadavre me fit voir que la maladie étoit dans le péricarde. C'étoit une tumeur fanguine , d'une forme extraordinaire, & irrégulièrement anfiraftueufe, qui avoir pris nailT^ince fur la tunique extérieure du péricarde. Elle avoir un doigt d'épailfeuc fur près de trois de large , & fe prolongeoit fur tout le ven- tricule droit du cœur. L'adhérence du péricarde à ce dernier , adhé- rence qui a été fouvent obfervée par notre collègue M. Bartholetii j jette encore de la confufion fur les fignes d'autres vices organiques , & fur ceux mêmes du véritable polype, comme on peut le voir par l'hiftoire d'une femme de Londres rapportée par Lower , & comme plufieurs autres exemples dout j'ai été témoin , m'en ont convaincu moi-même , exemples qui ne dift'éroient de celui de Lower qu'en ce que mes ma- lades avoient des vertiges, & quelquefois des efpeces d'attaques d'a- poplexie , ce qu'on a vu auffi arriver dans quelques .autres vices orga- niques du cœur &: des parties précordiales. Aulfi n'ai-je pu découvrir jufqu'à prèfent des fignes au moyen defquels on puifle diftinguer l'èpaif- filfement du péricarde & fon adhérence au cœur , de quelques autres vices d'organifation & fur-tout du vrai polype, .à moins qu'on ne veuille regar- der comme des fignes fuffifans , que dans les maladies^ du péricarde , dont on vient de parler, le pouls , attentivement examiné, paroît moins s'éloigner de l'état naturel que dans le vrai polype , que les malades relfentent un fentiment de douleur & de chaleur au fternum , qu'ils ont plus de pente à tomber en défaillance , & que lorfqu'on applique la main fur la région du cœur j on y fent moins de pulfation que dans le polype. A ces fignes on peut encore ajouter les fuivans : fi en applicjuant la main fur la poitrine , on porte les bouts des doigts fur ks côtés de la trachée-artere , en les poulfant aulfi avant qu'il eft polîîble fous les cla- vicules , tandis qu'on examine , en même tems , avec des yeux atcen- ACADÉMIE DE BOLOGNE. 451 tifs, le battement des artères carotides, & l'efpece de mouvement ^=^= ondulatoire des jugulaires ou il fe préfeiitera quelque figne qui indi- -^cacémie queii l'un des vices fufmentionnés , ou il n'y en aura aucun ; d^ns le r "^^ premier cas 1 exiltence du vice lera conhrmce , ce dans le fécond , on ^^ pourra y fupplcer par d'autres fignes, tels que ceux dont nous allons Boiognp. taire l'cnumération. Si les battemens du pouls s'cloignent de l'état natu- rel par la grandeur ou la petitefle , par la dureté ou pat la mollelfe , ^(éwoirfs par la tenlîon , la fréquence , l'inégalité , l'intermittence , ou de toute au- tre manière, (a) Se cela perfévéramment ; fi en outre la rcfpira- tion eft plus ou moins lézée , félon que le malade fe donne plus ou moins de mouvement , ou qu'il monte fur des endroits plus élevés ; s'il a philîeurs fois relfenti dans la région du cœur un fentiment de pefanteur ou de conftridtion , ou une légère douleur , particulièrement îî le cœur lui-même a été agité auparavant de mouvemens défordonnés & de palpitations ; fi le malade a plus de peine à relier & à dormir fur les côtés Se plus fouvent fur le gauche , fur-tout fi dans le premier fommeil il ell quelquefois obligé de changer bientôt de pofture ou de s'alfeoir j fi en prenant de la nourriture ou s'endormant , il commence volontiers par s'incliner fur la poitrine , & fi ce penchant fe fortifie en lui à mefure que la maladie avance & fait des progrès , enfin s'il fe plaint vivement de relTentir des anxiétés opiniâtres dans la région de l'eftomac , fi , dis-je , ces fignes , ou la plupart d'entr'eux , fe trouvent réunis ; s'ils continuent à fe montrer pendant long-tems & conftamment fans aucune autre maladie manifefte de la poitrine , ils pourront nous fournir, félon leurs ditférens degrés, des fignes, finon abfolumentpofitifs & fpécifiques , du moins des indices généraux & alFez furs , des vices dont nous parlons, même dès leur nailTance. Ces fignes acquièrent encore une nouvelle force , fi nous y en joi- gnons d'autres plus éloignés; tels i*. Que des douleurs aux parties fu- périeures du thorax , Sc aux bras ^ fur-tout fi elles s'étendent jufqu'au milieu de l'un ou de l'autre avant-bras , ou aux deux enfemble. La dou- leur fe fait quelquefois fentir plus vivement à l'omoplate droite , à la- quelle j'ai vu corr^fpondre intérieurement une grande tumeur anévrif- male qui s'étoit rendue adhérente à la plèvre , £c qui n'avoit pas même épargné les côtes , qu'on trouva rongées en cet endroit; z". Des peines d'elprit &: de longs chagrins , ou des partions contraires & fubiies qui auront violemment agité Se tourmenté les malades; 3°. Des coups à la poitrine , ou des chûtes violentes faites fur cette partie , des cour- fes forcées , de pefans fardeaux , des ris excellifs 8c immodérés , & enfin toutes les caufes qui agilTent violemment fur le thorax; 4''. Les mœurs Se les habitudes des malades , comme s'ils font voraces , ivrognes ; s'ils jouent avec pallion de la fiute ou de quelqu'autre mftrument à vent , qui fatigue beaucoup la refpiration ; s'ils ont été C") Le pouls eft fouvent différent dans les deux poignets. LU ij 4?2 COLLECTION ACADÉMIQUE,- . = attaqués de la maladie vénérienne, & fur-tout s'il ont efTuyé les fric- AcADE.MiE jiijijj mercurielles; s'ils font fujets aux afFeétions hypocondriaques, Sciences liiftériques , pneumatiques , catharalles ; à l'hémoptifie , aux dartres , &c. DE 5*. Eniin la difpofition naturelle ou acquife des parties folides du corps. Bologne. Tous ces indices pourront nous être de quelque utilité pour former ■ ^le diagnoftic , car j'ai vu les différentes caufes dont je viens de faire Mémoires l'énumération , tantôt féparément , ôc tantôt réunies en plus ou moins grand nombre , précéder , accompagner , ou fuivre les vices d'or- ganifation dont nous parlons , Se j'ai remarqué qu'elles ne jettoienc pas peu de lumière fur une matière d'ailleurs Ci oblcure j fans pouvoir néanmoins en dilliper toutes les ténèbres , ce qui vient de ce que l'aftion du cœur eft prefque toujours déréglée , dans les cas même où la lézion organique ne fe trouve que dans les parties précordiales ; &c ce qui ajoute encore à la confullon , c'eft que les vices dont il s'agit fe rencontrent rarement feuls dans les cadavres j ils font prefque toujours confondus & plufieurs enfemble dans le même fujet , ce qui ne permet pas d'établir d'une manière allez précife , quels font les lignes qui con- viennent fpécialement & exclufivement à chacun d'eux. Mais pour en revenir à l'examen de ces maladies par l'application de la main fur la poitrine du malade , je pourrois peut-être ajouter fans témérité , que fi celui qui fait cet examen eft un obfervateur attentif, qui s'en eft long-tems & férieufement occupé, il ne lui fera peut-être pas impoflîble de diftinguer jufqu'à un certain point fi le mouvement qu'il fent à cette partie eft conforme à la nature , ou non j de combien il s'en éloigne , & quelle en eft l'efpece ; ôc de plus., fi ce qui fe meut irrécruliérement eft le cœur même ; ou quelqu'une des parties circon- voifines , &C principalement enfin fi le corps qui a des pulfations a aug- menté fa malle , ou s'il a confervé fon volume naturel. Diftinguer les battemens du cœur de ceux d'un anévrifme qui fe trouve tout au- près de cet organe , eft aiïurément , du nombre des chofes les plus difficiles en ce genre. Cependant en m'y prenant de la manière dont je viens de le dire , 6c en apportant à cette recherche toute l'attention dont je fuis capable j je fuis parvenu à reconnoître que la maffe du cœur étoit augmentée , & à diftinguer fes battemens de ceux d'un ané- vrifme fitué fous la croiïe de l'aorte ; un double anévrifme de ce qu'on appelle chute du cœur , prolapfus cordis ; & enfin le plus fouvent les dilatations anévrifmales des dilatations variqueufes. Je n'ai garde ^gs ^ ^'"2 diftance conlîdérable du cœur , occafionner quelquefois des Bologne, douleurs très-vives. Je n'attribue pas ces douleurs à des lames olleufes dont elles étoient entièrement parfemées ; (car l'aorte dans le célèbre MÉMOIRES ^^^P^'^'^ ^" "°" P'^'^^'l"^ '^°"'^.'^ couverte, fans qu'il eût relFemi aucune douleur pendant fa vie.) Mais à l'une de ces trois caufes j i". à la dif- tradlion Se au tiiaillement plus violent des fibres , à raifon de la figure particulière de la tumeur , de l'excès d'impulfion du fane , ou de fort caraftere acrimonieux j i^. à ce que les pulfations de l'artère dilatée poulfoient brufquement & violemment contre quelques os un tendon , un tronc de neri , ou telle autre partie fort fenlîble ; 3'. enfin à l'adhé- rence de la tumeur anévrifmale à des os dans la poitrine ou ailleurs , adhérence formée quelquefois par une matière comme farcomateufe fort épaiire , qui tire peut-être fon origine de l'humeur vifqueufe qu'on voit tranfuder de l'anévrifme même , dès la nailfance du mal. Je ne décide pas fi cette humeur eft toujours la caufe de l'anévrifme , ou fi elle n'en eft pas plutôt ordinairement l'effet. Quant à l'humeur , qui en fe ramaflant en trop grande quantité dans le péricarde , produit l'hydropifie de ce fac , il n'eft pas douteux que fon accumulation ne foit communément la fuite des maladies du cœur ou des parties précordiales , puifqu'on voit très-fouvent cette hydropifie accompager ou fuivre ces maladies 5 II eft prefque impoflible alors de la diftinguer d'avec elles, ces fignes fe trouvant confondus en ce cas avec ceux des vices plus ou moins nombreux qui la compliquent. Mais l'obfervation & l'infpeftioii des malades m'ont fait connoître qu'on peut diftinguer , du moins jufqu'à un certain point , l'hydropifie fimple 6c non compliquée du péricarde , des autres maladies dont i! s'agit. Le pouls eft mou , fréquent Se petit , lorfque la fubftance du cœur eft extraordinairement fiafque , ou qu'elle commence à fe putréfier. Se que l'eau contenue dans le péricarde eft douce , purement aqueufe , ou ne pèche que par fa vifcofité. Lorfque cette eau eft faline & irri- tante , le pouls petit Se plus fréquent encore , eft tendu Se vibr.atile. Il eft petit , fréquent Se défaillant , lorfqu'il y a dans k péricarde tout autant d'eau qu'il peut en contenir. Alais il n'eft pas inégal Se inter- mittent , comme lors que l'hydropifie eft compliquée avec quelqu'un ou plulieurs des vices dont nous avons parlé ci-devant. Il n'y a point de toux , ou bien elle eft très-modérée , prefque feche j & n'entr.iîne que de la falive. U n'arrive prefque jamais que le malade ait de la peine à refter couché , & qu'il foit dans la néceftîté de s'alTeoir fouvent j fi ce n'eft quelquefois lorfqu'il fe remue dans fon lit pour prendre de la nour- riture , ou qu'il eft agité de quelque pallion ; Se quoiqu'au moindre mouvement local , celui du cœur fe dérange & devienne prefque trem-^ ACADÉMIE DE BOLOGNE. 455 blanr , avec difficulté de refpirer, & un fentiment d'opprenTioii au fter-== iium , mile de douleur Se d'aiixiétcs , tous ces l'ymptômes difparoiirent Académie cnticremenc , ou du moins en grande partie , dès que le malade cefTe c '^^^ de fe mouvoir Ôc fe trouve en repos , pourvu néanmoins que l'eau ""^^^ contenue dans le péricarde ne foit pas remplie de particules acrimonieu- Bologne. Ces qui irritent & corrodent le cœur, comme je l'ai vu dans le cada- vre d'une femme chez qui la furtace de cet organe étoit légèrement m-, rongée. Ceux en qui j'ai trouvé le péricarde légèrement épaiHi"en quel- ■''°'*^' que endroit , ou lâchement attache au cœur par une efpece de petit lien membraneux , éprouvoient les mêmes fymptômes , dès qu'ils fç remuoient un peu fortement. Voilà donc quelques lignes qui peuvent nous aider à reconnoître ■ l'hydropifie du péricarde , Se les autres maladies auxquelles il eft expofé. Je vais maintenant palTer à ceux qui regardent les dilatations vari- queufes , &: particulièrement celles du commencement de la veine cave ou de l'oreillette droite du cœur. Le pouls y elt ordinairement grand , & point intermittent ; Se nonobi^ant cela , les malades font ftijets i des anxiétés ou à des oppreffions de cœur , gui fe terminent quelque- fois par une fyncope cardiaque. Si je peux faire fond fur des obfer- vations miiltiplièes , les opprefllons & les défaillances font des fuites plus ordinaires des dilatations variqueufes , que des affections anèvrif- males , ce qui paroit s'.accorder avec ce que Lower a remarqué dans les dogues féroces , auxquels il comprimoit ou lioit , aux uns la veine cave j Se aux autres le tronc de l'aorte ; quoiqu'il faille pourtant avouer que bien des caufes peuvent apporter beaucoup de variations dans ce que nous difons. Outre celles dont j'ai déjà touché quelque chofe plus haut , on doit compter encore parmi ces caufes , l'adhérence intime du péricarde au cœur , Se , quoique plus rarement ^ plufieurs maladies du cœur même ou des parties prècordiales ; l'inégalité des forces acquifes ou naturelles de ces parties chez les différens Yujets ; l'ancienneté plus ou moins grande de la maladie ; fa lîmplicité , & fes diverfes ccm- jjhcations avec d'autres maladies , &c. J'ai connu , entt 'autres ^ un homme qui , dès qu'il fe promenoir un peu vite , tomboit tout-à-coup dans des étouffemens de cœur Se des défaillances qui ne lui laifToient prefque point de pouls. L'ouverture de fon cadavre fit voir des con- crétions offeufes dans le finus longitudinal de la dure-mere ^ Se l'oreil- lette droite du cœur, (qui eft fi fujette à fouffrir des dilatations ex- traordinaires ) un peu diftendue, & fes parois fi émincées, qu'elle ref- fembloir plutôt à une membrane qu'à un mufele. J'en ai vu d'autres, non fans beaucoup de furprife , qui ^ lorfque la maladie étoit bien conhrmée & avoit déjà fait beaucoup de progrès , ne pouvoient contre 1 ordinaire , ni fe lever de leur lit , ni s'y tenir aflis , ni avoir la tète droite, fans être attaqués d'étouffement , de difficulté de refpirer. S: de fyncope , ce qui les obligeoit d'être prefque toujours couchés à plat. 456 COLLECTION ACADÉMIQUE, Comme dans les maladies vanqueiifes Se anévrifmales , tant qu'elles Académie ^^^^^ fuiiples & point compliquées , le pouls ell: quelquefois inégal ^ Sciences "''^'^ très-rarement intermittent , on peut conjeélurer que lorfqu'il a ces DE deux qualités dans ces maladies , cela peut venir d'une concrétion po- Bologne, lypeufe , quoiqu'à ne rien diflimuler j le pouls ne foit pas toujours in- termittent dans le polype même, foit à raifon du lieu qu'il occupe j MÉMOIRES <^'^ fa maffe , de fa figure Se de fes attaches, foie parce qu'il fe trouve lillonné extérieurement , & creux intérieurement dans toute fa longueur , foit enfin par telle autre cauie que ce puilFe être. En outre , il eft des fujets , tels que les hypocondriaques Se les hyftériques , dont le pouls eft inégal & intermittent dans les afïedions variqueufes &c anévrifmales . lîmples &: fans polype. L'adhérence du péricarde au cœur , dont nous avons parlé plus haur , produit encore quelquefois cet effet. Si l'on s'apperçoit fi clairement de l'irrégularité du cours du fang en touchant les artères du carpe ^ qui font fi éloignées du CŒur , combien cette irrégularité ne doit-elle pas être plus grande dans le poumon , qui a avec le cœur un commerce fi prochain & Ci intime. Le fang coulera donc inégalement dans les vaiUeaux pulmonaires & y féjournera un peu , deux chofes qui paroilfent nous être indiquées par l'inégalité & l'intermittence du pouls. Mais le fang ne peut féjourner dans le poumon, fans que la malT'e & le poids de ce vifcere n'augmentent jufqu'à un cer- tain point , ce qui détruit l'équilibre qui doit fe trouver entre le pou- mon & le relFort de Tair qui fert à la tefpiration , & amené nécelTaire- ment la dyfpnée , laquelle fera forte & inquiétante dans les mouvemens violens Se laborieux , médiocre ou nulle dans le repos. Plus d'une fois elle interrompt le fommeil , fur-tout le premier , en contraignant le ma- lade de fe tourner fur un autre côié , ou de s'alTeoir. Ces chofes ont lieu tant que la maladie eft récente ou n'eft pas encore bien avancée. Par l'ouverture des cadavres j'ai remarqué que la dyfpnée revenoit plus fouvent Se avec plus de force , lorfque le vice organique réfidoic dans la veine pulmonaire , ou qu'il s'étend aux cavités circonvoifines de manière à apporter un plus grand obftacle au cours du fang dans le poumon. A mefure que ces maladies font du progrès , la qualité du fang Se fa diftribution dans le poumon , s'éloignant toujours plus de l'état na- turel , il n'eft pas rare c]ue les vailfeaux pulmonaires le déchirent enfin ou fe dilatent au point que le fang venant à les forcer forte par les crachats j Se que la lymphe & la férofité ne s'échappent auflî , foit des vallfeaux fanguins , foit des vaideaux lymphatiques, ou de ces deux genres de vailLeaux tout à la fois. Une partie de ces liqueurs extrava- fées , palTant dans les cellules du poumon par les tuyaux qui fervent à la tranfpiration pulmonaire, provoque la toux Se l'expeétoration , qui l'entraînent an dehors , t.mdis que l'autre partie des mêmes liqueurs, venant à s'épancher dans le thorax , p.ar de nouvelles routes que lui .a frayé ACADÉMIE DE BOLOGNE. 457 fraye la maladie, produit l'hydropifie de poitrine, ce qui fait qu'on = , ■'■ trouve (i fouvent réunis dans les cadavres ces deux efpeces de vices. La 'Académie liqueur répandue dans la poitrine, en comprimant le poumon , ne lailTe Scienc pas aux malades la liberté de refter couchés , & les oblige de fe tenir de alîis , parce qu'il prefTe moins fur cet organe , lorfque le tronc efl Bologne. dans une pofition droite ou verticale , que quand il eft htuc horifonta- OES ENCES lement. .... Mé.moires Lorfque ces chofes arrivent , le vice principal qui a primitivement fon fiege dans les organes de la circulation , doit être regardé comme la maladie primitive ou effentielle ; & la difficulté de refpirer , à laquelle elle donne lieu , feulement comme une maladie fecondaire ou acci- dentelle. Si l'hydropilie de poitrine s'y joint encore , cette liydropifie ne fera confidérée que comme un effet méchanique de l'une &c de l'autre maladie , puifqu'elle en tire fon origine , Se non de la futabondance de la férofité. Comme dans l'hydropifie de poitrine , l'augmentation de la difficul- té de refpirer & l'œdème des extrémités tant fupérieures qu'inférieures , ne furviennent quelquefois que lorfque la maladie a déjà duré quelque tems , & quelquefois fe montrent aulli-tôt qu'elle commence ; il ne fera pas inutile d'expofer ici les réflexions que des obfervations répé- tées & attentives m'ont fait faire à ce fujer. J'ai remarqué que quand l'œdème extérieur fe montre avec la difficulté de refpirer dès le com- mencement de la maladie , il y a auffi œdème aux parties internes &C principalement au poumon -, & qu'alors la refpiration eft beaucoup plus gênée par une petite quantité de férofité ramalfce dans les cellu- les pulmonaires , que par une quantité beaucoup plus confidérable épan- chée dans la cavité du thorax. La première , en effet , comprime &r furcharge toute la fubftance du poumon , mais il n'en eft pas ainfi de l'autre. Il y a pourtant cette diff^érence que le poumon fe débarralTe plus aifément de la férofité accumulée dans fa fubftance , que la cavité du thorax de celle qui y eft épanchée. J'ai eu occafion de voir plufieurs malades & même des enfans, qui par des erreurs de régime , une gale rentrée , une équitation trop forte & ttop long-tems continuée , la fuppreflion des règles , ou par quel- qu'autre caufe , avoient fi fort enflé dans l'efpace de peu de jours , que toutes les parties du corps, & fur-tout les extrémités paroiftoient œdé- mateufes ] & la difficulté de refpirer , éioit fi grande , qu'elle ne leur permettoit quelquefois pas de fe tenir couchés ^ mais les forçoit de fe lever &: de refter affis dans une fituation verticale. Cependant la plupart de ces malades , condamnes par les alliftans & même par les médecins , fe tiroient heureufemenr d'affaire au moyen des doux hydra- gogues , des diurétiques fimples , des légers martiaux , & , dans le cas de gale rentrée, au moyen des préparations de vipère «Se quelquefois de la faignée. Ces faits me perfuadenr que la difficulté de refpirer ne ve- Co.'kcl. Jcad. pan. icr. Tome X. M m m 45S . COLLECTION ACADÉMIQUE, - noit alors que d'un œdème du poumon femblable à celui des parties AtAM.MiE externes. Sciences -^^ contraire , j'ai vu des malades attaqués de fièvres périodiques , & DE ce font ordinairement des fièvres lymphatiques , don: la refpiration n'c- BoLOGNE. toit dérangée que par des foupirs qu'ils poulToient par intervalles , qui fo couchoient également fur les deux côtés , qui ne toulFoienc que peu MÎMOIRES "^' l'^rement , & auxquels il iurvenoit feulement , aux approches de la mort , une enflure à peine fenlible aux pieds &c au vifage. Cependant , en ouvrant leur cadavre j je trouvois tantôt une quantité médiocre de férofité dans les deux cavités du thorax ; tantôt une feule de ces cavi- tés entièrement inondée , comme fi un feul des lobes du poumon eût fuffi pour entretenir une refpiration prefque naturelle , ainfi qu'on l'a quelquefois obfervé dans les vomiques &: les plaies de ce vifcere. En comparant ces obfervations entr'elles & avec d'autres qu'un long exercice de la médecine &c l'ouverture des cadavres m'ont procurées , j'oferois prefque avancer d'une manière pofitive , qu'une férofité fta- gnante dans le thorax ne caufe pas une difficulté de refpirer bien con- lidérable , fi elle eft pure & limpide , à moins qu'elle ne remplifle- pref- qu'entiérement les deux cavités , ou que l'une des deux étant tout-à- hiit remplie , il s'en trouve encore une alfez grande quantité dans l'autre. Mais que fi cette férofité eft trouble & d'un jaune foncé , elle caufe , lors même que l'épanchement eft peu confidérable , une telle difficulté de refpirer , que le malade ne peut demeurer couché fans anxiété. La taifon en eft que cette férofité agit moins alors en prelfant extérieure- ment le poumon par fa malfe , qu'en l'irritant par fes pointes falines & en infuiuant dans fa fubftance des parties bourbeufes & malfaifantes. Dans ce cas , les malades font tourmentés d'une toux légère , mais fré- quente & feche. Parmi beaucoup d'autres ouvertures de cadavre, je me rappelle celle d'une femme qui avoir eu une toux femblable , iointe à une extrême difficulté de refpirer. Je trouvai une férofité trouble Se d'un jaune foncé , répandue dans la fubftance même du poumon , avec des concrétions tartareufes. Je crus devoir plutôt attribuer la maladie à cette férofité , qu'à l'épanchement d'une petite quantité de férofité fem- blable que je trouvai dans la cavité gauche du thorax. Il faut donc diftinguer l'œdème ou l'hydropifie du poumon d'avec l'hy- dropifie de poitrine. En effet , ces deux maladies font différentes , & les fymptômes de l'accumulation de la férofité dans le poumon ne font pas les mêmes que ceux de fon épanchement dans la cavité du thorax. M. Luc Tozzi & d'autres , inftruits , comme moi , par l'ouverture des cadavres , ont reconnu la diff"érence & le fiege de ces deux efpeces d'hy- dropifie. Quelques-uns prétendent même qu'Hippocrate en a eu con- noilfance , /ib. 2. de morb. & de hiurn. affecl. Sic. mais il eft bon de remarquer qu'on obferve rarement dans les cadavres l'hydropifie du poumon , foit parce qu'elle dégénère aifément en hydropifie de pouri- ACADÉMIE DE BOLOGNE. 459 ne, foit parce qu'elle fe guérit quelquefois, comme je l'ai fait voir , par les felles , les urines , les crachats Se même la fueur. Lorfqu'une Académie DES fois l'œdème du poumon ou tout autre engorgement de ce vifcere s'eft <- °^'' dilTipé par ces évacuations , fi , malgré cela , le pouls continue d'être ^'^^ CES DE inégal & déréglé , & que la difficulté de refpirer fubliOj , on fera fondé Bologne. à foupçonner un vice organique dans le cœur ou les parties précordia- les. C'eft ce qu'avoir bien fenti François Redi , médecin d'un jugement »«■ excellent, confulté pour une dame cle diftindion qui refpiroit diffici- ^■'''°"^^* lement Se ne pouvoir fe tenir couchée , avec des fignes d'affeftion ca- rarrhale , rallement , variations &c inégalité du pouts , il répondit que fi, après la guérifon de la fluxion catarrhale , le pouls reprenoit fon rythme naturel , on pouvoir efpérer le rétablilTement de la malade , Se que , dans ce cas , le dérangement du pouls ne feroir caufé que par l'engorgement du poumon j mais que li j la fluxion Se la difficulté de refpirer étant guéries , L'irrégularité du pouls continuoit , il étoit à craindre que la maladie n'eût fon fiege dans le cœur même ou dans les gros vaifleaux. Il n'ell: que trop certain par ce que j'ai déjà dir que les vices organi- ques du cœur Se des parties précordiales doivent être rangés parmi les maladies les plus graves & les plus redoutables , puifqu'on n'a pu en- core trouver des remèdes capables de les détruire , fur-tout lorfqu'ils font parvenus à un certain degré , & qu'un dérangement en a déjà en- traîné pliiiieurs autres. Quelquefois les malades en qui on a appercu des fignes non équivoques de ces vices , perdent peu-à-peu le pouls , Se fans qu'il y ait de mouvement extraordinaire à la région du cœur , & quoique la refpiration foit peu gênée & feulement entrecoupée par des foupirs , ils ne jouiirent pas d'un feul inftant de repos & font tourmen- tés par des opprelfions j des angoilfes & des agitations infupportables , <]uoique peu violentes , qu'ils fentent mieux qu'ils ne peuvent les ex- primer. Us meurent enfin , après avoir palIé des jours &: des femaines entières fans pouls , à caufe des obllacles qui s'oppofent à la circulation du fang , lequel s'arrête dans les parties atfedées Se en augmente plus ou moins le volume. Je n'ai pu examiner que dans un feul cadavre la caufe d'une maladie & d'une mort femblable ; Se cette obfervatioii unique ne fuffit pas pour me faire conclure que tous les autres mala- des en qui on obferve les mêmes dérangemens , meurent par la même caufe , c'eft-à-dire , par l'augmenrarion exceflive de la maffe du cœur 8C par la diltenfion de fes ventricules remplis d'un fang noirâtre. Cependant lorfque les accideiis dont je viens de parler , n'exiftent point , ou avant qu'ils furviennent , on peut efpérer , fînon de guérir ■adicalement ces fortes de maladies , au moins de les adoucir & d'é- loigner la mort. Si même on trouvoit quelque figne qui pût les faire reconnoitre dès leur nailfance , on pourroit peut-être en arrêter un peu les progrès , empêcher le vice d'augmenrer fi rapidement & de dégé- AI m m ij 46o COLLECTION ACADÉMIQUE, ;iiérer en d'.iuti-es vices plus graves & plus incurables. L'expérience i DES ' "^P^"'^ "^^ ^ '^^ ' *!" °" P^"^ "'^'■''■' beaucoup de fruic de l'art de diltinguec > Sciences ^'^ bonne heure ces maladies. DE 11 ert bon de remarquer qu'en général , dans ces maladies , le daii- BoLOGNE. ger eft plus grand & plus prelFant pour les jeunes gens & les perfonnes robuftes j & que les vieillards & les fujets foibles les foutiennent plus MÉMOIRES '^"n"fsi"s. Les femmes rélîilent aufii plus que les hommes ; de ces ma- lades , les uns meurent lubitement d'une lyncope ou par la rupture fou- daine de la dilatation , d'autres , au contraire , femblent mourir plii- fieurs fois par le retour funefte des angoifles les plus terribles. C'eftainfi qu'Hippocrate parle d'une femme qui mourut deux fois , dans ce fens là , que les femmes , dont au refte les atfedions fpafmodiques en im- pofent fouvent fous l'apparence des maladies dont nous parlons , & en rendent le diagnoftic très-incertaiu , que les femmes , dis-je , & fur- tout les religieufes , vivent plus long-tems que les hommes avec des vices organiques dans le cœur ik. les parties précordiales , c'eft un fait démontré par de fréquentes obfervations. Mais il ne fera pas inutile de le confirmer par celles que je vais rapporter. La première m'eft fournie par une dame de condition qui a eu cinq frères , morts à la fleur de leur âge de ces maladies , ainfi qu'on s'en alfura par l'ouver- ture du cadavre. Elle lutte elle-mcme depuis plus de trente ans contre une maladie femblable , & eft déjà parvenue à une extrême vieillelTe, après avoir elfuyé pendant ce tems , plulîeurs maladies aiguës dont elle s'elt tirée heureufement. Le fujet de la féconde obfervation j encore plus frappante , eft une jeune dame de condition, qui n'avoir jamais éprouvé d'affeétions fpalmodiques , lorfqu'après des agitations d'efprit graves & longues , elle fe plaignit de fymptômes qui indiquoient un vice organique dans le cœur. Dans l'efpace de fept ans , le mal fit de tels progrès , que cette dame étoit obligée de garder le lit , & qu'on avoir beaucoup de peine à fentir le pouls de l'artère des poignets , fur- tout du gauche. Les extrémités , fur-tout les inférieures , éioient froi- des & comme paralifées. On ne pouvoir les réchauffer , & elles étoient hors d'état de foutenir le poids du corps. Dès que la malade vouloit s'afteoir fur fon lit , ou feulement tenir fa tète un peu élevée fur des oreillers , il lui prenoit un vertige & elle tomboit en fyncope , fymp- tôme rare &c contraire à ce qu'on obferve communément dans ces maux , où les malades fe trouvent mieux aflis que couchés. Outre cela , fon fommeil étoit troublé d'une manière ttès-défagrcable. Dès qu'elle commençoit à s'endormir , elle étoit fatiguée par un ferrement de cœur & de poitrine Se une fiiftocation ordinaire dans ces maladies. Comme elle ne pouvoir tenir le cou élevé , Se qu'il lui étoit impolfi- ble d'avaler la moindre chofe , lorfqu'elle étoit couchée horifontale- ment j fymprôme fréquent dans les maladies dont nous parlons , lorf- «^a'elles font mvétérées , elle étoit obligée , pour pouvoir manger Se MOIRES e ACADÉMIE DE BOLOGNE. 461 foutenir fa vie , de fe coucher d'aboid fur le coté & enfulre fur I.i 1... ne. Elle palTa plus de trois mois dans cet état entre la vie ôc la morr. ^'•■*^^^*'^ Cependant fes maux calmerenr peu-à-peu j &: reprenant des forces , elle ç "^^ fut en état de faire toutes fes fondions avec allez d'aifance. 11 lui'étoit ^'^'^'**^^' feulement impollible de marcher , & il falloit qu'elle s'aidât d'un lie-^e Bologne. fulpendu fur des roues y Se quoiqu'il lui reftàt des incommodités eau- fées par le vice organique du cœur , telles que le trouble & l'interrup- . ■ • tion du fommeil , une difficulté de refpirer qui augnientoit lorfqu'ell ^ *^'' prenoit du mouvement, l'irrégularité du pouls & une palpitation de cœur continuelle & incommode , que je fentois moi-mcme avec la main , lymptômes qui augmentoient après les mouvemens du corps ou de i'efprit , Se qui y fubfiftent encore , cependant depuis deux ans qu'elle s'efl: mife à l'ufage du fuc des pommes douces , elle eft dans un état alfez palfable. Je n'ai point encore obfervé dans les hommes des maladies du coeur aulli longues , à l'exception d'un petit nombre , dans le cadavre def- quels je n'ai enfuite trouvé qu'un feul Se fimple anévrifme de l'aorte entièrement recouvert en-dedans d'une lame oireufe, ce dont je ne re- marque aucun indice dans les deux dames dont je viens de parler. Au refte , ce que j'ai obfervé dans deux familles de diftinftion , mé-^ rite une attention particulière. Comme les perfonnes de ce rang per- mettent volontiers & follicitent même l'ouverture du cadavre de' leurs proches , à laquelle les gens du peuple fe refufent , j'ai eu occafion de rem.arquer que ces funeftes maladies font quelquefois héréditaires , Se qu'elles paflent , par une fatale fuccefiîon , des aveux & des pères 'aux fils & aux petits-fils , enforte qu'on peut dire avec raifon des parties folides ce qu'Hippocrate avance au fujet des humeurs : Et quoniam ani- mal fccundùm parentes nafcïtur , tôt humorum fpccies & morboforum Of fanorum in feipfo habet. Je palfe à préfent aux fecours qu'on peut tirer de la médecine , fi- non pour guérir les tti.iladies du cœur, au moins pour en retarder 'les progrès & en adoucir les fymptômes. Les indications qui fe préfentent , font de diminuer l'effort des liqueurs contre les folides & d'augmenter la réaftion de ceux-ci. De corriger les vices des humeurs & de^'réparer la ftrudure dérangée des organes ; enfin de retrancher les corps nui- fibles qui peuvent s'être formés contre nature Se d'évacuer les humeurs furabondantes Se dépravées. Ces indications font évidentes ; mais il n'en eft: pas moins vrai que la route qu'on doit tenir pour les remplir ^ eft très-abfcure , incerraine & dangereufe. En effet les obfervations ■ pratiques des auteurs &: les préceptes qu'on peut en déduire , ne montrent point quels font les fecours Se la méthode qu'on doit em- ployer dans ces fortes de maladies. D'ailleurs il eft fort à craindre que te médecin ne nuife , fans le vouloir , au lieu de foulager. Dès qu'on apperçoit depuis plufieurs joius ou plufîeurs femaines j 'dans un nul*- 46i COLLECTION ACADEMIQUE, = de , des langueurs, des angoilTes , des oppreflions , fes parens , fes Académie ^,^jj , les médecins même prelFent &: foliicitent vivement celui qui en DES gj-j, çi^jj^g^ ^ jg mettre la main à l'œuvre , d'ordonner des remèdes & jjg de fupplécr par de nouveaux à l'infuffifance de ceux qu'on prefcrit or- BoLOGNE. dinairement j inutilement leur repréfente-t-on , avec Baillou , qu'il efi plus honteux di paraître avoir nui ^ que de n'avoir pu foulager ; Se fe Mr « orc plaint-on avec Hippocrate dans fa lettre à Crateras , que les malades £ MOIRES r li , ^ . c y-t • ne Je contentent pas de ce que L art peut Jaire pour eux , ù" qu ils exigent encore ce qui pajj'e fes bornes. En effet , c'ell fur-tout dans ces maladies qu'a lieu ce mot d'Hyp- pocrate : Equidem vehementer hune medicum laudem , qui parum peccet ; car on y commet aifément des fautes & de grandes fautes. On les commet aifément , parce qu'on fe fait rarement une idée claire 8c dif- tinéle de la lélion organique qu'on a à traiter , & des dérangemens qu'elle entraîne. On y commet de grandes fautes parce que cette lélion fa trouve dans les organes les plus nécelfaires à la vie, &: qui font agités d'un mouvement perpétuel , favoir , le cœur , les gros vaiffeaux &; les parties adjacentes , inffrumens principaux de la circulation, fans laquelle la vie ne fauroit fubfifter. D'ailleurs ce n'eft: que par une eftimation va- gue qu'on peut déterminer jufqu'à quel point il convient de réprimer ï'impulfion dès liqueurs contre les folides , & d'augmenter la réaétion des folides contre les liqueurs , pour que les parties reprennent leur ftructure naturelle , ou du moins s'en rapprochent autant <\\x\\ eft poflî- ble , & qu'on puifle par-là retarder les progrès de la maladie , & s'op- pofer à la fatale fucceillon des maux qu'elle entraîne. Je vais cependant tâcher d'expofer quelle eft la conduite prudente qu'il faut tenir dans le traitement des maladies du cœur , & d'indiquer ce que le raifonnement & l'expérience de concert , m'y ont fait dé- couvrir de falutaire ou de nuifible \ mais j'avertis que , loin de regar- der les règles que je vais tracer , comme applicables à tous les cas , j'ai lieu de foupçonner au contraire qu'elles doivent fouflFrir beaucoup d'exceptions. Convamcu par une longue expérience , je penfe avec Celfe que ksfuccès des médecins & de leurs remèdes font fouvent contraires j non feulement à ce que la conjecture leur diàe , mais encore à ce que l'expérience leur fuggere , & que ce qui a été falutaire aux uns , devient préjudiciable aux autres , malheur que la foiblejje humaine ne fauroit évi- ter , vu l'extrême différence des tempéramens ; ôc avec Baillou , que non feulement les corps différent entr'eux , mais encore les humeurs , les ej- prits & les maladies , & c'ejl ce qui rend notre art Ji difficile & vraiment immenfe. Les fecours les plus convenables pour modérer l'aétion des liquides & corriger l'altétation des humeurs , font principalement une très-gran- de fobriété , la faignée &c les doux altérans. Quant à la faignée , je l'ai prefcriie avec fruit dans les commeiicemens de la maladie. L'excellence ACADÉMIE DE BOLOGNE. 46} cîe ce fecours eft bien prouvée par une belle obfervation de Garcias à Lope. On avoir ouvert à un homme une artère au lieu d'une veine; AcADE^^r; cet auteur lailla couler quelques livres de fang jufqu'à ce que le ma- ScJ'hnxe lade tombât prefque en défaillance , afin que les vaiffeaux étant fufîi- de fammenc défemplis , le fang heurràc moins fortement contre les parois Bologne. de l'attere. 11 appliqua enfuite fur l'ouverture une pièce d'argent enve- loppée d'une comprelfe qu'il aftermit par une ligature bien' ferrée. H Mé.voires ii'ota l'appareil qu'au bout de huit joius , & il eut la fatisfaction de voir qu'il n'y avoit plus aucun danger d'anévrifme. Dans les grandes op- preflîons, fur-tout lorfqu'elles font accompagnés de crachats reints de peut y fuppléer par l'ufage du fuc de lierre terreftre , avec le cachou , re- mède que j'ai employé plus d'une fois avec fucccs. J'ai quelquefois con- feillé lafaignée à chaque retour du printems & de l'automne , principale- ment lorfque j'avois lieu de craindre les accidens dont je viens de par- ler , ou qu'il étoit nécelfaire de diminuer la quantité du fang & de ré- primer fon aélion trop forte contre les parois affoiblies des vailTeaux. Mais j'ai toujours regardé une cacochvmie vénérienne ou une leuco- [(hlegmatie tendant à l'anafarque , comme une forte contr'indication i a faignée , cependant l'enflure de quelque partie externe ne m'a pas empêché de la pratiquer , parce que je regardois ces enfilures comme le fimple effet du mouvement vicié des organes de la circulation , & qu'el- les difparoilToient en effet le plus fouvent après la faignée. A la faignée on peut faire fuccéder l'ufage des altérans , mais doux & modérés ; car ceux qui mettent trop le fang en mouvement, font ordi- nairement nuifibles dans ces fortes de cas. A plus forte raifon , doit-on éviter les purgatifs , fur-tout ceux qui font un peu forts. J'ai été dé- tourné de leur ufage par plusieurs raifons , mais principalement par le funefte fort de quelques malades qui , indociles au traitement que je leur prefcrivois , & prenant des purg.itifs par le confeil d'autres per- fonnes , ont péri pendant l'aélion même de la médecine. C'eft pour- quoi l'on doit fe contenter , lorfqu'il eft néceffaire de procurer des évacuations , d'employer de doux laxatifs ou de fimples lavemens. Lorfque la difficulté de refpirer augmente avec l'enfîure des parties ex- ternes , je me borne aux lavemens préparés avec l'urine d'enfant , le criftal minéral , le nitre antimonic , la thérébenrine diffoute dans ua jaune d'œuf , le miel rofat folutifou autres drogues femblables. Je fuis très-circonfpect dans l'ufage des diurétiques , fur-tout un peu adifs. J'ai vu des coliques néphrétiques & des calculs occafionnés par ces remèdes dans des hydropiques qui auparavant n'avoient jamais été lujets à ces maladies. J'ai vu les enflures des perfonnes atteintes de ma- ladies du cœur , augmenter fi fort après qu'on leur avoit prefcrit des. 464 COLLECTION ACADÉMIQUE, remèdes pouL- provoquer le flux des urines, qu'elles mouroient Aiffb- AcADEMiEq^j4çj_ J'^" .^^ y" ^""î" quelques autres ayant pris des diurétiques Sciences P^"^ ^'^ confeil d'autres médecins , périr fubitement ou du moins inopi- DE nément , quoiqu'elles fulTent foulagées au point qu'elles fembloient en- BoLOGNE. trer en convalefcence. Je me fuis encore alTuré que les médicamens compofés de parties volatiles, que le vulgaire appelle chauds , produi- MÉMOiRES^c"'^ '^s mauvais effets dans les maladies du cœur , parce que mettant trop les liqueurs en mouvement , ils les pouffent avec trop de force contre les parties artoiblies & incapables de leur réfifter fuffifammenr. Pour augmenter la réaftion des folides fur les liqueurs , on peut re- courir aux médicamens corroborans & vulnéraires , mais d'une adlivité moyenne , & dépourvus de parties irritantes & fpiritueufes ; de peur qu'augmentant excelfiven-ient 1 aétion du cœur, les parties léfées ne foient trop vivement heurtées par le fang dont le mouvement feroit accéléré & ne foient , par conféquent , aftoiblies tandis qu'on fe propofe de les fortifier. Ces corroborans doivent être tels qu'ils n'épaiflilTent ni ne dif- folvent pas trop le fang ; car on doit s'attacher à entretenir ce fluide dans une confiftance moyenne , qualité la plus avantageufe pour la fa- cilité de fa circulation. J'ai traité une religieufe & une femme , dont la première avoir un diabète caufé par la dilfolucion du fang , Se l'au- tre avoit le fang fi épais &c fi denfe , que fix onces verfées dans quatre livres d'eau , la coagulèrent au point que tirée du vaiffeau où elle étoic contenue , elle en conferva en partie la figure. Je trouvai enfuite dans le cadavre de l'une & de l'autre un anévrifme qui occupoit tout le tronc de l'aorte & fes gros rameaux. Aijifi dès que j'ai à traiter une maladie du cœur commençante , je prefcris le petit-lait de chèvre dans lequel on fait bouillir les fommi- tés Heuiies d'hypéricum , ou les bouillons de poulet auxquels on ajoute la mélilfe, la confoude , l'aigremoine , le lierre terreftre & autres plan- tes fembiables , iiw/,,T,rc lien. Outre les raits que je viens i de rapporter , &; pluiieurs autres , je puis citer l'exemple d'un chevalier qui prolongea ainfi fa vie depuis foixante-cinq ans jufqu'à foixante-quatorze , & dans le cadavre duquel nous trouvâmes enfuite l'oreillette droite du coeur & l'artère pulmo- naire extrêmement dilatées, le péricarde intimement adhérent au cœur & une hydropilîe de poitrine. Je puis citer encore celui d'une femme qui vécut depuis foixante-un an jufqu'à quatre-vingt-deux, quoiqu'elle eût un vrai polype avec anévrifme dans le tronc de l'aorte , recou- vert en-dedans d'une lame ofTeufe. Une autre femme de cette ville vie depuis onze ,ans avec des fignes d'anévrifme aux parties précordiales , amaigrilTement , toux fatigante, difficulté de refpirer dès qu'elle fe meut ou qu'elle fe couche , & enflure des extrémités inférieures. Ces obfervations qui juftifient la bonté de la méthode que je viens de propofer pour les maladies organiques du cœur, doivent exciter les mé- aeciiis à s'occuper férieufement i". D'établir un diagnoftic exaft de ces maladies , par lequel on puiffe les reconnoître , non feulement lorf- qu'cUes onr déjà fait des progrès confidérables , mais encore dès leur naillance. i? . De fixer un plan de traitement, & faire un choix des remèdes dont l'expérience aura démontré l'efficacité. S'il efl une partie de la médecine où l'on commette plus fouvent des fautes & des fautes plus lourdes , c'efl fans contredit le diagnoftic , comme je m'en fuis convaincu par un long exercice de cet art & par l'alfiduité de mes obfervations anatomiques. L'erreur , à cet égard , eft d'autant plus dif- ficile à éviter , que les maladies fe manifeftent d'abord le plus fouvent par des fignes équivoques &: communs à d'autres maux , qui cependant en différent effentiellement , iSc demandent une méthode de traite- ment & des remèdes abfolument différens. C'eft ce que nous éprou- vons prefque journellement par rapport à la fièvre quotidienne intermit- tente & la quotidienne rémittente , relativement à l'ufage du quin- quina \ &c la même chofj arrive diw; plufieurs autres maladies , ce qui a tait dire à Hippocrate : Optimis mcdicis fimïlhudbus ïmpor.unt & dif- ficultatis pariant. Il ne faut donc pas s'étonner que les maladies du cœur ayant une origine fourde & cachée , à moins qu'elles ne foient produites par une caufe externe & violente j & fe formant peu-à-peii & par degrés infenfibles , on n'en foupçonne pas d'abord l'exillence j &: que des médecins , d'ailleurs très-habiles , trompés par les douleurs dont les rnalades fe plaignent à la partie fupcrieiire des bras & de la poitrine , N n n ij 468 COLLECTION ACADEMIQUE, : douleurs dont ces vices organiques font prefque coujoms accompagnés . Académie j^ygi^j pr^f^rit mal-.i-propos des remèdes fondans & des décoftions fu- c "^^ doiihques, qui ont piccipité la mort des malades, comme je m'en fuis Dg, allure par l'ouverture des cadavres. Bologne. Si donc , par une attention fcrupuleufe à fuivre la marche des mala- dies du cœur, on parvient à établit des fignes qui puilîent les faire recon- ■K\i noître dès leur origine , cette connoiflance fera très-utile aux médecins . .MOiR ^ ^^^^ malades ; aux médecins , parce que fâchant diftinguer les difié- rentes efpeces de difficulté de refpirer , ils feront en état de reconnoîtte C on peut efpérer de les guérir , ou (i elles ne font pas fufceptibles de guérifon , & qu'étabîilTant un diagnoftic & un plan de traite- ment plus exaél, ils feront moins expofés à compromettre leur réputa- tion &c la dignité de l'art. On parle encore avec éloge de Vefale , qui , appelle des Pays-Bas en Allemagne , pour un fénateur qui avoir une petite tumeur auprès des vertèbres du dos , reconnut &c fit voir à plu- lîeurs médecins atTefTiblés que cette tumeur étoit un anévrifme de l'aorte , Se qu'elle étoit incurable , ce qui fut vérifié deux ans après par l!ouverture du cadavre. Cette connoilTance fera encore utile aux mala- des , parce que connoilTant l'efpece de léfion organique Se de difficulté, de refpirer dont ils font atteints , on ne rifquera plus de leur prefcrire des remèdes nuifibles ; & , lors même que la maladie fera incurable , on pourra au moins en adoucir les fymptômes Se prolonger la vie. Si mîme ils font encore jeunes , & que le mal n'ait pas fait de trop grands progrès , on fera en état de leur procurer un foulagement confidérable , pourvu qu'ils veuillent s'alTujettir au traitement que j'ai propofé , &: ob - ferver une fobriété femblable à celle que Louis Cornaro dit avoir ob- fervé lui-même. Quelques-uns de nos concitoyens n'ont pas fait diffi- culté de fe foumettre à l'un Se à. l'autre , S: j'efpere qu'il en fera de même ailleurs ; car je penfe qu'il arrivera dans les autres villes ce qui eft arrivé dans celle-ci. Autrefois dans les maladies où la refpiration étoit léfée , on n'accufoit jamais ou que très-rarement un vice organique du cœur. Mais depuis que l'ouverture des cadavres a fait voir que ces maladies font plus fréquentes qu'on ne l'avoit penfé, ces dénominations font devenues plus familières , Se on les craint davantage dans les vivans. Voilà ce que j'avois à dire fur les fignes des maladies du cœur Se fur les remèdes qui leur conviennent. Mes travaux ne font pas fuffifans pour completter le diagnoftic & la méthode curative qui leur convient. Mais ils peuvent au moins fournir quelques indices pour les reconnoitre & des moyens pour s'en garantir. Je fais , Se j'avoue ingénument que j au- rois dû entrer dans des explications plus claires , plus détaillées,^ plus intelligibles Se plus utiles. Mais la difficulté de la matière , caulee par le nombre & la correfpondance des parties que ces maladies afteétent , m'en a empêché. Ces parties , en effet , font unies entr 'elles par un mc- chanifme fi fin , leurs fonaions font tellement dépendantes les unes deji . ACADÉMIE DE BOLOGNE. 469 autres , & la Iclîou d'im organe inilue telhminc fur les autres orgniiss , . . "" ■que lorfqii'uu d'entr'eux vient à être afFedi , pir quelque caufe qu- ce ^^j' foit, les parties voifines s'en reirentent plus ou moins, &c le dérange- Sciences ment de chacune, au lieu de fe manifefter par des fymptômes dont le de fie>»e foit différent , fuivant l'efpece de léfion , s'annonce feulement par Bologne. l'irré^'ularité du mouvement. Cependant quelles que foient mes remat ques", j'en aurai retiré tout le fruit que je pouvois dcfirer , Ci j'ai répondu Mémoires- à vos defii"s , 8c fi elles peuvent exciter quelque obfervateur plus habile à traiter avec toute l'étendue 6c la profondeur néceflaires , l'hiftoire des maladies du cœur , dont je n'ai pu tracer qu'une efquilîe légère &c imparfaite. Le 20. novembre ij26. SUR LA TUNIQUE CRIBRIFORME DES INTESTINS^. Par M. Dominique Gufman GalÉATI. LEs découvertes des modernes & votre propre expérience , Meilleurs , prouvent affez l'utilité qu'on peut retirer de l'ufage du microfcopo , dans l'examen de la ftruélure intime des vifceres & des autres par- lies du corps des animaux. J'ai employé cet inftrument pour recon- noître celle du velouté des inteftins \ Se au lieu des découvertes que je me propofois , il m'en a offert d'autres auxquelles je ne m'attendois' pas \ c'eft ce qui arrive quelquefois dans les recherclies de cette nature. Après en avoir fait part à MM. Bazani j préfident de l'académie , AÎbertini , Beccari , Molinelli , Guadagni & autres dont je fais gloire d'être le difciple ou l'ami , je crois devoir aujourd'hui mettre fous vos yeux les parties dont j'ai développé la ftruéture , avec les figures qui les repréfentent. L'objet de cette ditrerration eft de rendre plus aifée l'intelligence de ces figures & de répandre un plus grand jour fur cette" matière. J'y propoferai aufli quelques conjectures & quelques induc- tions que je foumets à votre jugement. Les anatomiftes ne font point d'accord entr'eux fur là nature des' poils qui compofent le velouté des inteflins de l'homme. Les uns les" regardent comme de petits fîphons creux : d'autres , comme des mam- mellons fpongieux & criblés de petits trous \ félon d'autres enfin , ce font auill des mammellons , mais ces trous n'y exiftent point. Je tus curieux de démêler la vraie fttuélnre de cette partie ; je pris différen- tes portions d'inteflins : je les lavai dans l'eau tiède , 5c ayant paifé de- l'encre fur leur furface interne , pour rendre plus fenfibles les poils ou lîiammellons qui s'élèvent fur la tunique veloutée , j'examinai avec uns; 470 COLLECTION ACADÉMIQUE,' ' " , = excellente lencille une de ces portions, qui appartenoit au jéjunum, ^'^■'^"^'"^"^ Eli promenant attentivement mes yeux fur fa furface interne , & prin- SciENCES cipalement fur les poils donc je viens de parler , je remarquai qu'ils DE n'étoient pas tout-à-fait relevés ni tendus , mais un peu contractés Se Bologne, inclinés par la preflion de l'air & de l'encre. Cependant ils s'élevoient alfez fur la furface de l'mteftin , pour fe manifefter fenfiblement , &: Mémoires poi'f paroître environ dix fois plus grands qu'à la vue fimple. Je parvins même à en reconnoître la figure & les variétés. Les uns me parurent cylindriques & oblongs j les autres plus courts & terminés par une tête: femblable au chapeau d'un champignon. Mais je ne pus jamais venir à bout d'y découvrir des pores ou des ouvertures , foit à leur extrémité, foit à leurs côtés. Dans le temps que mes yeux ctoient lixés fur ces poils , j'apperçus rout-à-coup un grand nombre de petits trous , non fur les poils mêmes, mais fur la furface de la tunique d'où ils naiffbient. Ces trous étoient très - près les uns des autres. J'imaginai d'abord que c'étoient les bouches des tuyaux excrétoires des glandes de Peyer ^ lefquelles font difpofées en grappes. Je portai le microfcope fur une de ces grappes , que j'avois déjà apperçue à la vue fimple dans la por- tion d'intellin que j'avois entre les mains , pont m'aOTurer de la vérité de ma conjeélure pat la comparaifon des excrétoires de ces glandes avec les trous que j'avois obfervés. Mais les premiers me parurent bientôt dix fois plus grands & fix fois plus éloignés entr'eus. Je diftin- guai même trois ou quatre de ces petits trous dans les interftices des grands ; d'où je conclus qu'ils étoient d'une nature toute diffétente & que le fiege n'en étoit pas le même. Acréablement furpris de cette nouveauté , je celTai de m'occuper des pores Se de la ftruéture des poils j pour me livrer entièrement à l'exa- men de la nature Se de la difpofition des trous que j'avois découverts. En promenant mes regards fur toute l'étendue de la furface interne du jéjunum Se fur les valvules conniventes qui s'y élèvent , je remarquai avec un plaifir extrême que la tunique veloutée , qui forme cette fur- face interne j & même , en grande partie , les valvules conniventes , au rapport de Ruyfch , étoit percillée d'un bout à l'autre de ces pe- tits trous , quoiqu'ils ne fuiïent pas également fenfibles par-tout à caufe de l'inégalité des parois Se de la trop grande opacité des membranes. Après avoir bien examiné cette portion d'inteftin avec des lentilles de différens degrés , Se m'être afTuré qu'elle étoit ainfi percée de petits trous dans toute fon étendue , je crus devoir pourfuivre mes obierva- tions fur tout le refte du jéjunum Se même fur les autres inteftins. Je communiquai xna découverte Se le deffein où j'étois, à M. Jérôme Pagi de Céfene , doéteur en philofophie & en médecine , jeune hom- ► me très-verfé dans la médecine &: l'anatomie , qui m'avoit plus d'une fois prêté fon fecours dans des techerches rcl.itives à ces deux fcien- ACADÉMIE DE BOLOGNE. 471 ces. Il fat charme comme moi j de la beauté du fujet , êc voulut bien " m'aider encore de fon minillere. Tnous avions alors fous la main des "CAdimie intcltins de poule, dont nous avions entrepris d'examiner la ftrucl:ure ç^,?5.l„ & la dilpolition , principalement a cauie de la groileur & de la con- de formation finguliere des deux coecum. Après avoir frotte légèrement Bologne. ces intellins en dedans avec de l'encre, nous y foufflames ," & nous ■en liâmes les deux extrémités , pour que l'air ne put s'en échapper. {^(^j^q,i^j5 Nous les portâmes enkute au foleil (5c nous les expofanies au microf- cope. En les regardant à contrejour , les trous qui s'ouvroienc dans la tunique interne des intellins , s'oftrirent à nous d'une manière très- fenfiblc , à caufc de la finelfe Se de la tranfparence des membranes. Dans l'un & l'autre cœcum , où la tunique interne étoit lilfe & fans poils , ces trous étoienc encore plus fenlibles que par-tout ailleurs. Ces intertins relTembloient à des facs cribriformes. Dans le reAe du canal inteftinal, où s'élevoit un grand nombre de poils &c de mammellons , les trous étoient moins vikbles & plus petits. Nous reprimes enfuite nos obfervations fur les inteftins de l'homme. Celle que nous avions faite en dernier lieu fur la poule nous avoir con- vaincus que la tunique interne de tout le canal inteftinal eft percée de petits trous. Nous efpérames de trouver la même chofe dans les inteftins humains. Nous primes différentes portions de ces inteftins , tant grêles que gros. Nous leur limes fubir une préparation , qui con- fiftoit à les laver à plulîeuis reprifes , pour enlever exadement toute la mucofité adhérente à leurs parois internes , & à y vetfer de l'encre délayée avec du vinaigre , que nous laiilions un ou deux jours dans la cavité de l'inteftin , afin que la couleur , quoique moins foncée , pénétrât davantage. Nous examinâmes plulîeurs portions d'inteftins ainfi préparées après les avoir retournées , de façon que la furface in- terne étoit en dehors , afin de rendre plus fenfibles les trous qui s'y troiiveroient. Nous ne fumes pas trompés dans notre efpérance. Nous apperçumes dans chacune de ces portions d'inteftins , comme dans ceux de la poule , un très-grand nombre de trous bien diftinéts , qui fe montroient lur-tout fenliblement , lorfque nous les regardions à contrejour , ou que nous avions enlevé les deux tuniques externes j favoir , la commune &C la mufciileufe ; car le tube étoit alors plus tranfparent & plus diften- du. Ils étoient plus fenfibles encore , lorfque nous détachions la tunique nerveufe d'avec les autres j &: que l'ayant fendue parle milieu & l'a- yant étendue fur une lame de verre j nous la regardions à la clarté du foleil. Nous fimes des obfervations femblables fur d'autres animaux , en- tr'autres , fur le chien , le chat, la brebis &: le cochon. Les trous en queftion étoient tantôt plus , tantôt moins fenfibles , eu égard à la capa- cité plus ou moins grande & à la différente configuration de leiuj 471 COLLECTION ACADÉMIQUE, ^inteftins. Mais \.\ tunique interne fe montra toujours lous l'apparence Académie j^'^ju crible très-bien exprimé ou d'un réfeau très-fin. Il feroit fuper- Sciences ^^ ci'expofer ici en détail toutes ces expériences faites fur les inteftins de DE l'homme &c des animaux. Je me bornerai à vous faire parc des confé- BoLOGNE. quences que j'en ai tirées par rapport à la nature, la difpofition & l'u- .: fage des trous que j'y ai découverts. Mémoires J^ remarque d'abord que ces trous répandus dans la furface in- terne de tout le canal intelHnal , ne font autre chofe qu'une continua- tion des bouches par lefquelles Malpighi a découvert qu'une infinité de fiphons ou tuyaux s'ouvroient dans le ventricule ; & dont il décrit exadement l'alTemblage dans fa lettre à la fociété royale de Londres fur la Itruélure des glandes conglobées. En effet , quoique la tunique réticulaire du ventricule j formée par les bouches de ces petits fiphons, prenne dans les inteftins le nom de veloutée , à caule des poils qui s'élèvent fur fa furface; elle eft également percée dans ceux-ci d'une in- finité de petits trous , qui , pris coUeélivemenc , repréfentent une efpece de réfeau , dont les aires comprifes entre deux trous , font couvertes de poils , ou plutôt dont les inrerftices qui fépaient les poils j contiennent plufieurs trous ; car ceux-ci font plus nombieux que les poils , & on en compte cinq j même fix & même davantage dans ces interftices. Dans les gros intertins , ranc de l'homme que des animaux , il n'y a point de poils , aulfi leur tunique int^ne , qui répond à la tunique veloutée des inteftins grêles , relfemble- t- elle davantage à la membrane réticulaire du ventricule. Les trous y font même difpofés plus uniformément & plus •fenfibles ; de forte que d on détache une portion de cette tunique d'avec la tunique nerveufe j ce qu'on obtient aifément dans les gros inteftins, par la macération , qu'on l'étende fur un lame de verre , & qu'on la regarde à la vue fimple ou avec une lentille médiocre , elle repréfente très-bien un crible. Pour ce qui eft des fiphons ou tuyaux qui j félon Malpighi , s'ouvrent dans le ventricule par les bouches dont je viens de parler , appuyés d'un côté fur la tunique nerveufe , comme fur une baie , & affermis j de l'autre, par les mailles de la membrane réticulaire, j'.ivoue que nous n'avons jamais pu les appercevoir & les diftinguer clairement dans les inteftins grêles de l'homme ^ mais on les trouve dans les gros inteftins; & quoiqu'ils y aient moins de longueur que dans le ventricule j ce- pendant en incifanc la tunique cribriforme , on les diftingue aiiément, fur-tout avec le microfcope , fous la forme repréfentée par la Fig. j. & l'on obferve qu'une de leurs extrémités fe termine .aux ouvertures de cette tunique, & que l'autre s'implante dans la tunique nerveufe. Dans le chien , le ch.u, & d'autres animaux où la tunique nerveufe des inteftins a plus d'épaifteur que dans l'homme , & où la tunique veloutée s'en fépare plus aifément , les tuyaux pofés entre ces deux membranes fe manifeftent très - fenfiblemenc , même dans les inteftins grêles a ACADÉMIE DE BOLOGNE. 473 grêles. Ils y font mcine plus nombreux que les trous de la tunique cri- '"" briforme , Se ils égalent eux feuls le nombre de ces trous Se celui des Académie poils -y ce qui m; tait foupçonner que la plus grande partie , à la vérité , ç ENCES s'ouvre dans les trous en queftion , mais que le refte fe termine aux poils p^ qui n'en font qu'un prolongement. Bologne. Malpighi (voy. la lettre citée vers la fin) après avoir découvert cet . aflembt.ige de tuyaux ou fiphons placés entre les tuniques nerveufe 6i x'rwo.nf. réticulaire du ventricule , a cru qu'ils fe trouvent également dans les inteftins grêles, mais qu'ils y fontdiipofcs d'une autre manière j afin, dït-'ûy que ces tuyaux ajfujetùs , dans le vcniricule , par les mailles de la tunique réti- culaire ,puiJJ'ent j dans les intejlins ,fiotier librement en tous fens.W penfoit peut-être que les tuyaux renfermés entre la tunique nerveufe Se la tu- nique réticulaire du ventricule , répondoient aux poils qui s'élèvent fur la membrane interne des inteftins. Mais il confte par mes obferva- lions que le même alfemblage de tuyaux découverts par cet auteur dans le ventricule , fe retrouve dans les inteftins j avec cette différence feu- lement que , dans le ventricule , la membrane interne , qui alTujettit ces tuyaux j n'eft parfemée que des bouches qui les terminent, au lieu que , dans les inteftins grêles, elle contient, outre ces bouches, d'autres fi- rhons qui flottent librement, c'eft-à-dire , les poils. Et quoique ^ dans homme , on ne diftingue point alTez clairement , comme je l'ai dit , _ ces tuyaux placés entre les tuniques nerveufe &c veloutée \ il eft pro- bable que cela vient uniquement de ce que leur petitelTe fe dérobe à nos yeux. On les voit d'ailleurs diftinétement dans les gros inteftins de l'homme. Se même dans les inteftins grêles des autres animaux, où ils font très -nombreux Se d'une longueur confidérable ; ce qui ne per- met pas de douter qu'ils n'exiftent dans tout le trajet du canal inteftinal. Brunner femble avoir eu quelque connoiflance des trous &: des tuyaux dont je parle. Il en reconnoît au moins dans le duodénum Se le com- mencement du jéjunum , comme on peut voir dans fon excellente def- cription des glandes du duodénum , que Manget a inféré dans fon théâtre anatomique , voy. tom. i. pag. 2jj. Se l'explication des figures , Planch. 2. car quoiqu'il parle de ceux de l'homme , fous le nom de glandes , qu'il diftingue en grandes j moyennes & petites , il nomme ceux du cheval , glandes tubulées \ dans les planches , il repréfente , Fig. / fi- .2 les trous des inteftins de l'homme Se du cheval , ÔC même les tuyaux des inteftins du cheval , dans la Fig. 2 , lett. D &: E. Mais le nombre des trous que Brunner a obfervé dans le duodénum & dans le commencement du jéjunum , n'égale pas , à beaucoup près y celui de ces mêmes trous que j'ai découverts , tant dans ces inteftins , que dans les autres. D'ailleurs j quoique ces trous foient plus grands dans les gros inteftins que dans les inteftins grêles , Se que dans ceux-ci , il y en ait même de différens diamètres , ils n'y décroilfent pas dans la pro- portion adîgnée par Brunner. Enfin cet anatomifte ne reconnoît ces trou^ Collecl. Àcad. part. étr. Tome X. O o o 474 COLLECTION ACADÉMIQUE, f -que dans le duodénum Se le commencement du jéjunum , & non dans Académie jQ^jj le canal inteftinal \ ce qui me fait penfer qu'il ne les a pas apperçus Sciences ^"'^'' clairement Se aufli diftinftement que moi. DE Wepfer les a obfervés lenlîblement dans l'appendice du cœcum âa Bologne, lièvre , qu'il dit être parfemé dans toute fon étendue , de trous ôc de petits tuyaux. Peyer rapporte cette obfervation , dans fa diflertation j^j^j^jQjj^jj anatomico-médicale fur les glandes, qu'on trouve dans la bibliothèque anatomique de Manger, tom. 1 pag. il y. Mais quoique ces deux au- teurs ayent obfervé Se décrit plufieurs autres glandes & paquets glan- duleux , dans les inteftins de différens animaux ; Si que Peyer même en ait découvert, dans le bœuf, plufieurs qui étoient entièrement cri- blées de petits trous ; cependant ni l'un ni l'autre n'a connu , ni même foupçonné , ce femble , cette contexture univerfelle de tuyaux , ni cette tunique réticulaire ou cribriforme qui tapiffe la furface interne de tout le canal intellinal , Se qui eft formée par les bouches des tuyaux placés en- tr'elle Se la tunique nerveufe , ou du moins qui les contient Se les aflujettit. Ruyfchj dans fa onzième lettre anatomique , pag. lo PI. 12 , die encore que , non feulement le cœcum 8C fon appendice , mais encore tous les inteftins , font parfemés de pores dont les uns fe manifeftent aux yeux & les autres font imperceptibles. Mais il femble qu'il les a plutôt imaginés qu'apperçus ; il fe contente de les démontrer dans le redum d'un petit enfant , Se l'on trouve beaucoup d'obfcurité dans la defcription Se les figures qu'il en donne. J'avoue cependant , Meilleurs , que la connoiffance de la ftrudure ad- mirable de la tunique interne des inteftins Se des tuyaux qui s'y abou- chent , eft , jufqu'à préfent , le feul fruit de mes travaux , Se que je n'ai encore rien pu découvrir , qui en fafte connoître clairement le vé- ritable ufage. La première fois que j'apperçus dans les inteftins grêles les trous de la tunique cribriforme , j'imaginai que c'étoir-là les bou- ches par lefquelles les veines laftées s'ouvrent dans ces inteftins. Mais ayant enfuite remarqué que ces trous étoient en plus grand nombre en- core Si plus fenfibles dans les gros inteftins & même dans le redum j & que les tuyaux qui s'y terminent , ne s'étendoient pas au-delà de la tunique nerveufe , je changeai bientôt de fentiment , Se j'en embraflai un autre qui me paroît bien plus probable. Je penfai que l'ufage de ces trous n'étoit pas de pomper une humeur contenue dans les inteftins ^ , mais au contraire d'en verfer une dans leur cavité. La fecrc- tion de cette humeur fe fait apparemment dans les tuyaux mêmes j car je n'ai pu appercevoir aucunes glandes à leur bafe. Mais l'humeur la plus univerlellemenr répandue dans les inteftins , eft cette mucolue cjui fert à lubtéfier leur furface interne , & qui adhérant à leur parois „ les défend contre l'impreflîon des matières acres. Je foupçonne donc que c'eft précifément cette mucofité qui eft féparée dans les tuyaux. ACADÉMIE DE BOLOGNE. 475 L'infpeftlon des glandes répandues dans les gros inteftîns , fous le , - nom de glandes folitaires , favorife ce foupçou. On les regarde commu- Académie némeiit comme les oreanes fecrccoires de la mucofné ; mais , après les ç^,^" ^, avoir confidcrces attentivement , j ai reconnu que ce ne lont que des la- cg cunes où les tuyaux aboutilFent en plus grand nombre & s'ouvrent par Bologne. des bouches plus larges , ainlî que le reprcfente la fig. 3 let. iiii. 11 eft vrai qu'on trouve dans les inteftîns grêles d'autres glandes folitaires , mémoires qui ne font point creufées en fofiettes ou lacunes , mais qui s'élèvent au contraire , en forme de glandes conglobées ( voy. fig. i lec. CGC , Se fig. i let. EE , ^ &: qui ne communiquent ni .-ivec les fiphons ni avec les petits trous. Mais je crois qu'elles font d'une nature différente de celles qu'on rrouve en fi grand nombre dans les gros inteftîns iV fur- tout dans le reftum , &c qu'elles féparent une humeur peut-être différente de la mucofité. Cet ufage que j'aftigne aux tuyaux Se aux trous de la membrane cri- briforme , femble être confirmé par les obfervations 8c l'autorité de Malpighi Se de Wepfer. En effet j le premier obfeive que les tuyaux placés entre les tuniques du ventricule ^ & le fécond , que ceux du cœcum & du colon féparent une humeur blanche , muqueufe , qui for- toit par les trous , fur-tout lorfqu'on prelToit les membranes. Je pourrois encore citer comme preuves de mon opinion , les diar- rhées opiniâtres & les excrétions abondantes de mucofité par les felles. £n effet , l'abondance Se la durée de ces évacuations n'auront plus rien d'inconcevable j fi l'on confidere que la matière en eft fournie par la tunique interne de tout le canal inteftinal , & que la membrane cribri- forme , qui tranfmet fans ceffe aux inteftins une mucofité qui les met à l'abri des impreflions fàcheufes , fournit aulfi quelquefois la matière des maladies qui les affligent ; Se comme ces fources de la mucofité font plus nombreufes Se plus confidérables dans les gros inteftins & fur-touc dans le reiftum , on ne fera plus fiirpris que ces organes venant à être affeélés , & la mucofité contraétant de l'acrimonie, on foit expofé à des douleurs atroces Se à des tenefmes fatigans , accompagnés d'une ex- crétion abondante de cette mucofité. Voilà ce que j'avois à dire fur la tunique cribriforme des inteftins ,' & fur les tuyaux qui s'y terminent. Je devrois à préfent dire quelque chofe fur les poils de la tunique veloutée j qui ont donné lieu à ma découverte. Mais j'avoue que je n'y ai encore rien remarqué , qui puiffe me donner le moindre éclaircilfement fur leur ufage , leur cavité ou leur pores. Cependant , par cela feul qu'on ne les trouve que dans les inteftins grêles , je regarde comme très-probable l'opinion de ceux qui croient que ce font des prolongemens des veines laélées Se des efpeces de racines par lefquelles ces veines pompent le chyle. Mais je n'oferois lien déterminer de pofitit' fur leur nature & leur ufage ; car quoique d'autres anatomiftes & moi n'ayons obfervé des veines ladces que O o o ij 476 COLLECTION ACADÉMIQUE, — dans les inteftins grêles , quelques-uns alTurent cependant en avoir Académie jfoyvc dans les gros inteftins. S ENCES J'ajoutetai feulement au fujet des poils , que , des deux efpeces que j)g j'ai dit en avoir obfervés dans l'homme , favoir , de cilindriques Se Bologne, d'arrondis , j'en ai trouvé des uns & des autres , dans le duodénum &: ^le jéjunum ; mais plus des premiers que des féconds , mais il n'y a Mémoires 4^^ ^^ ceux-ci dans i'ileum ; ils y font plus clair femés 8c arranges plus régulièrement. EXPLICATION DES FIGURES. F I G U R E I. Elle repréfente une portion de l'intejlin jéjunum de l'homme j dépouillé de fis deux tuniques externes , favoir , la commune & la mufculeufe j & étendu fur une lame de verre , pour qu'on puijfe appercevoir lajlruc- ture de la membrane cribriforme , telle qu'elle paraît au microfcope j lorfqu'on la regarde à contre-jour. AA. X Ortion fupérieure de l'inteftin , dans laquelle on volt les poils &c les petits trous j devenus plus fendbles par le moyen de l'en- cre. Les trous y font repréfentés un peu plus grands que les poils , quoiqu'ils foient plus petits , pour qu'on puilTe les voir plus dif- tinélement. BB. Portion inférieure du même inteftin , dépouillé de fes poils , pour laifTer mieux appercevoir les trous. a. Grappe des glandes de Peyer. bb. &c. Valvules conniventes , où l'on diftingue aulîî des trous , quoi- que moins fenfiblement. ce. Glandes folitaires du même inteftin , formant des martes compares & arrondies , telles que je les ai obfervées dans ce fujet. F I G U R E 1 1. Elle repréfente une portion de I'ileum , préparée de la même manière que l'autre. ce. Partie fupérieure de l'inteftin , dépouillée de fes poils , pour ten- dre plus fenfible la ftruéture de la membrane cribriforme. DD. Partie inférieure , parfémce de poils Se de trous ; les poils font en moins grand nombre dans cet inteftin que dans le jéjunum , & ils fe terminent tous par une extrémité arrondie. JioL Vi/llL- fuf. I. Fuj. Fi^. m. à^ S « i"? S o o o o o oooocoooof no» OO nO°„°~° o o o o G ( - - ? o'o°o° 0°0°o''<^^P^P 9 ? O I ) Orao ?o. :,-o o?goo o Oo - _ ^ O ù O / PltuivJu XPJ.poij.^yb- \ ) ACADÉMIE DE BOLOGNE. 477 eee. Trois glandes folitaires , femblables à celles du jéjunum. 1 f. Grappe conlîdcrable de glandes de Peyer , à laquelle fe diftribucnt Académie deux rameaux conlîdcrables de vallFeaux fanguins , hh. c ''^^ ^ . ■■ I, , ''•■,,, OCIENCES g. Grappe plus petite , ou 1 on n apperçoit que trois petits globules. de Bologne. FIGURE III. _ . ., , , r ■ r L- , - ' MÉMOIRES Portion d un colon auquel on a jait Jubir la même préparation. EE. Toute la face interne de la tunique cribriforme , dans laquelle les trous font plus grands (S: plus fenfibles que dans les inteftins grêles , de forte qu'on peut les appercevoir , même fans mi- crofcope. 1 i. &ZC. Cinq glandes folitaires du même inteftin , qui , obfervées avec le microfcope , ont paru n'être que des lacunes ou folfettes environnées d'un plus grand nombre de trous & de tuyaux. 1 1. Incifion faite à la tunique cribriforme , au moyen de laquelle on apperçoit la continuité des trous avec les tuyaux & leur direc- tion vers la tunique nerveufe , telles que le microfcope les re- firéfente. Ces tuyaux font j comme je l'ai dit , plus fenfibles dans e chien & dans d'autres animaux , que dans l'homme ; & on les obferve non feulement dans les gros inteftins , mais encore dans les inteftins grêles , entre les tuniques cribriforme & ner- veufe. Quoique la tunique interne de tout le canal alimentaire , depuis l'eftomac jufqu'à l'anus , foit cribriforme dans toute fon étendue , com- nie je l'ai dit , je n'ai cependant fait graver que ces trois petites por- tions d'inteftins , parce qu'elles expriment toutes les différences qu'on obferve dans les trous , relativement à leur grandeur , leur nombre & leur difpofirion. Je n'ai pas fait graver non plus la tunique cribriforme du ventricule , ni celle de cœcum , parce que celle du premier a été alTez clairement décrite par Malpighi , &c que la ftrudure de celle du cœcum, tant dans le grand fac que dans l'appendice vermiculaire , ne diffère pas beaucoup de celle qui eft exprimée par la fîg. III. Je me fuis aulîl difpenfé d'ajouter ici les figures de la tunique cribri- forme des inteftins de la poule 6«: des autres'animaux fur lefquels j'ai fait des obfervations , parce que ma première découverte a été faite dans les inteftins de l'homme , & que je n'ai préqifement obferve &: indiqué , dans ceux des autres animaux _, que ce qui pouvoit fervir à rnieux développer la ftruélure des premiers. D'ailleurs , cette ftrudture n'étant nulle part plus fenfible que dans les inteftins cœcum de la poule & de quelques autres oifeaux , &: les tuyaux qui aboutilfent aux trous de la membrane cribriforme , fe lailTam mieux appercevoir dans tom 478 COLLECTION ACADÉMIQUE, ■\s canal inteftinat du chien, du cliat & autres quadrupèdes , que dans Académie jgj inteftins grêles de l'homme, on ne fauroit bien reconnoîae la ftruc- _ °^* tuce de ceux-ci qu'en examniant en même-tems ceux-là. Sciences ^ DE Bologne, ^am =. — rHHSi^''" • , Tj^, MEMOIRES SUR LA PIERRE DE VIENNE. Par M. Jean ScHEUCHZER. IL eft furprennant que cette pierre très-commune à Vienne en Autri- che , &: dont la plupart des maifons de cette ville font bâties , n'aie encore été examinée par aucun naturalifte. Je vais elTayer d'en donner une defcription fuccince , à laquelle je joindrai celle des lieux d'où on la tire. La pierre de Vienne eft blanche , médiocrement dure j parfémée d'une aflez grande quantité d'alcyons foraminulés , c'eft-à-dire , percés de petits trous qui fe dirigent régulièrement du centre à la circonférence. On doit peut-être les rapporter au cinquième alcyon de Diofcoride. On y trou- ve encore çà ôc là quelques autres alcyons , c'eft la troifieme efpece du même auteur , un très-grand nombre de fragmens d'oiirfms , de péton- cles ftriés , de peignes & d'autres teftaccs ; &c C\ l'on confidere attentive- ment la fubftance de cette pierre avec le microfcope , on verra qu'à l'exception de quelques grains de fable , elle eft prefqu'entiérement compofée de fragmens imperceptibles de coquilles. La vue de cette pierre me fit naître l'envie d'aller l'examiner dans la carrière même , 6C je m'y rendis à l'invitation de M. le comte de Marfigli. Cette carrière fe trouve à environ demi lieue d'Egenburg , ville éloi- gnée de Vienne de neuf lieues , dans une plaine dominée à l'eft , du côté de la ville , par deux monticules ou collines qui s'en élèvent in- fenfiblement , &c qui font éloignés de la carrière de plus d'un quart de lieue. La première couche de la carrière , & la plus élevée, a deux pieds d'épailfeur ; elle eft compofée de terreau ou de cette terre noire qui enveloppe toute la furface du globe , excepté dans les lieux d'où elle a été enlevée par les vents. Sous cette terre , on trouve une couche de dix pieds de hauteur , com- pofée d'une terre plus fabloneufe , d'une couleur un peu plus claire & tirant fur le jaune. Elle eft divifée en deux autres couches par une ligne obfcure. _ • ■ j "'Ces deux couches font fuivies d'une troifieme qui a trois pieds de hauteur , d'une nature particulière &; très-différente de celles-là. C'eft une terre parfémée de tâches jaunes , rouges & bleuâtres. Ces couleurs ACADÉMIE DE BOLOGNE. 479 ne font pas féparées ôc difpofces par couches, mais confondues en- = femble. Académie Vient enfuite un autre lit d'égale hauteur qui , au premier coup <■ °^^ d'oeil , femble différer très-peu de la terre commune & paroît être de '^'ce'^^' la même nature que la matière de la féconde couche. Mais en l'exa- Bologne. minant de plus près , on y découvre des lignes rouges &c bleuâtres très- fines , confondues avec la terre dont elle eft formée. Dans ce lit, onx^' trouve des malles compofées de fable , de coquilles &: particulière- ment de peclinites , d'une efpece d'oftéocoUe , & de grouppes d'un alcyon rare. Sous les lits dont je viens de parler , on trouve enfin la pierre de Vienne , qu'on emploie pour la conftrutlion des maifons. Elle eft di- vifée en un petit nombre de couches , &c ces couches font fi étroite- ment unies entr'elles , qu'on a beaucoup de peine à enappercevoir les di- vifions. On n'y voit pas non plus beaucoup de fentes perpendiculaires, elles parcourent une ou deux couches horifontales au moins, & les parties qu'elles divifent ne font pas moins étroitement unies que ces dernières. Chaque couche horifontale a cinq pieds d'épaitTeur. On en a mis à découvert deux dans certains endroits , trois dans d'autres & jufqu'à quatre. Les divifions des couches font tellement parallèles à l'horifon , qu'elles n'inclinent pas le moins du monde d'un côté ni de l'autre. Plus ces couches font voifines des couches de terre fupérieures , plus la ma- tière en eft poreufe & légère , plus elle contient d'alcyons & d'autres f>ierres figurées. Au contraire , plus elles s'enfoncent dans la terre, plus a matière en eft dure Se compade , moins elles contiennent de pierres figurées , au moins entières. Telles font les principales particularités de cette vafte carrière. Qu'il me foit permis d'ajouter à cette defcription , quelques réflexions que fon infpeétion m'a fait faire. Ce que j'ai obfervé me paroît extrêmement favorable au fyfteme de Wodward , dont un des principaux points eft que les différentes fubf- tances hétérogènes fufpendues dans les eaux du déluge , fe font dépofées félon l'ordre de leur gravité fpécifique , iv ont formé fur la terre autant de croûtes ou couches particulières. La matière de la pierre de Vienne , quieftcompofée d'un peu de fa- ble & de fragmens de coquilles étroitement unis , après avoir flotté au gré des eaux violemment agitées (k y avoir demeuré quelque tems fuf- pendue , s'eft enfin précipitée , lorfque leur mouvement eft devenu plus tranquille , les parties fabloneufes s'attachant aux coquilles brifées &: leur imprimant une gravité fpécifique fuflifante. Ces couches font dif- pofées parallèlement à l'horifon , parce qu'elles font tombées fur une P'^^iwe 5 & qu'il n'y avoir aucune éminence qui pût les faire incliner d'un côté ou d'autre. Cette obfervation eft générale , & Ton voit conf- tamment que , plus un terrein eft voifui d'une montagne , plus (es cou-f 48o COLLECTION ACADÉMIQUE; -elles font inclinées à l'horifon , Se que cette inclinaifon diminue à me- AcADEMiEj-|^|.g çj^^'jj j'gj^ éloigne j au point que dans la plaine , les couches font ScrENCES parfaitement hotifontales ; c'eft un fait conftaté par des obfervations DE faites dans la Suiife , la Stirie , la Carinthie , la Hollande , la Flan- BoLOGNE. dre , ôcc. La raifon & l'expérience nous apprennent aufll qu'un corps eft d'au- MÉMOiREs'^ant plus comprime , qu'il foutient une marte plus confidérable. Cela explique très-bien pourquoi la denfité Se la folidicc de la pierre de Vien- ne va en augmentant de haut en bas. C'eft même un fait fi fouvent obfervé par moi & par d'autres naturaliftes , dans les mines & les ca- vités des montagnes , que la matière des couches devient toujours plus compaéte Se plus pefante à mefure qu'on s'éloigne de la furface de la terre , qu'il feroit iuperflu d'infifter davantage fur ce point. C'eft une chofe curieufe de voir que des coquilles entières , de grands peignes , des grouppes d'alcyons & d'autres teftacés foient immédiate- ment pofés fur la pierre dont nous parlons , contenus dans la couche de tetre qui la recouvre. La raifon de ce phénomène eft fenfible fi l'on confidere que le teft des peignes nuds Se entiers , eft très-léger , Se que les alcyons , qui d'ailleurs étoient en trop grand nombre pour pouvoir être tous rangés dans la même couche , ont dii s'imprégner par leurs pores de l'eau mêlée avec les particules terreufes , Se acquérir par-là un degré de légèreté proportionné à la place qu'ils occupent. L'efpece d'oftéocoUe que j'ai obfervé dans la pierre de Vienne , mé- rite une attention particulière , fur-tout par rapport à fa figure. Elle eft compofée d'un grand nombre de corps globuleux j arrondis , difpofés entr'eux de différentes façons. Voici comme je me repréfente fa forma- tion. On fait que des morceaux d'acgille , roulés dans l'eau Se ballottés en tout fens , s'arrondilfent , s'unilfent enfemble au moyen de l'eau , & reftent collés les uns aux autres , lorfqu'ils viennent à fe defiecher. C'eft ainfi que des martes d'argille nageant dans les eaux agitées du déluge , avec le fable fin qui y eft mêlé dans l'oftéocolle , &e qui étoic néceltaire pour en cimenter les parties , ont dû acquérir par le mou- vement progreflif Se de rotation des eaux , une figure cylindrique , glo- buleufe , ovalaire , Sec. Se que précipitées enfuite , lorfque ce mouve- vement eft devenu plus paifible , elles ont dû s'unir , Se , quand les eaux fe font retirées , demeurer collées entr'elles Se avec des peignes , des grouppes d'alcyons Se autres corps. En comparant mes obfervations fur la carrière d'Egenburg, avec cel- les que j'ai faites autour des remparts de cette ville , je trouve que dans l'un & l'autre lieu , les coquilles font à une même profondeur , c'eft-à- dire , à feize. pieds de la furface de la terre. ANALYSE ACADÉMIE DE BOLOGNE, i^i .tuxP'^^ '. — *kk,. Académie Sciences ANALYSE DES EAUX DE PORECTA. ^ ^^ Bologne. Par M. Marc -Antoine Laurenti. MÉMOIRES L Académie n'eut pas plutôt tourne fes vues versées Tciénces qui font maintenant le plus en honn'eiir cHez las hommes , qu'elle forma le delTein d'édaircir l'hiftoire des eaux du Bblonois , & de la conduire , s'il croit poflîble , à fa perfedlion j jugeant cette entrepnfe util^ à bien îles chofes , & nécelTalre à'ia médecine pratique. Il né^TOariqua pas dcs- lors de fàvans qui fe môntferêhV trcs-dtfpofcs a fecoridiét fes intentions. Mais perfohne ne le ht avec' plus d'ardeur St plus de fuccès que Mr. Marc Antoine Laurenti , qui pyant 'cônimencéfon travail par les esuxidp Poredla', en rendit compte à l'académie dans }es années 171 5 & ijiz^ nous allons renfermer dans cet article tout qu!il dit à ce fujet. D'autres ^crvains ont donné des ouvrages fur les mêmes, eaux; mais on n'ignore pas qu'il y a toujours à reptendre "6u à ' ajouter 'd^ns le^s meilleurs au- teurs , si ciueles dêrnés miti:eres;ne fauroierit être maniées- par .trop 1 '■ •■■ : .,j ,• ,■..■•,; .:, .'■:•■ 1.,: 1. i'-,. 'V.j ; ".T . i.."'».-j -^ « de mains. ...','•, r •/'.- .'i -•, , - \r 'u- Porecfta eft un boiirg de la campagne' dé' Bologne , peu éloigne^ des firontieres de la Tofcane , & tourne à l'occident ; dominé d'un côté par les Apennins ,& baigné de l'autre par le Rheno. Ge bourg eft fa- meux par beaucoup de fources d'eaux minérales -d'iine efficacité tner- veilleufe , & connues toutes fous le nom îgéiiéiràjl 'd'eaux de Porefta.. La plupart des auteurs difent d'une fois l'idée d'entreprendre quelques expériences pour voir s'il eft effeélivement doué de cette faculté. Mais avant de procéder à cet examen , j'ai confulté tous les livres de pharmacologie Se de chimie que j'ai pu me procurer , pour voir fî j'y trouverois quelque méthode de préparer le criftal qui le rendît propre à remplir les effets qu'on lui attribue. Mes vœux auroient été latisfaits fi j'avois pu ajouter foi aux affertions de quelques chimiftes qui alfurent , peut-être trop légèrement , qu'ils connoiflent des procé- dés pour réduire le criftal en forme de gelée , de fel , d'eflence , d'é- lixir , de fîrop , de liqueur j de magiftere , &c. mais comme ces af- fertions m'ont toujours été fort fufpeftes , j'ai voulu , avant de me déclarer pour quelque opinion , entreprendre une fuite d'expé- riences qui m'appnllent ce que je devois penfer définitivement fur cette matière. Et comme j'avois remarqué , que prefque tous les auteurs de chimie penfent que par une fimple calcination , le criftal de montagne s'atténue au point de fe laifter diftbudre enfuite plus promptement dans les différens menftrues , je réfolus de me fervir de cette voie pour parvenir à mes vues. Je pris donc pludeurs morceaux de criftal , & après les avoir fait rougir fouvent au feu , je les étei^ EMOIRE^ ACADÉMIE DE BOLOGNE. 493 gnois , les uns , dans le vinaigre diftiUé , & les autres, dans l'eau ' commune , & j obfervai qu'ils devenoient tous plus petits, une portion ''^'^^^'^^''^ fe réduifaiu en une poudre légère , qui (c f^loit particuUérement re- <- "" marquer lur ceux qui avoient été éteints dans l'eau commune. Je ré- *^'^^"^ duiils en poudre fur le porpliyre tout ce qui avoit été ainfi calciné , Bologne & je jettai eiifuite cette poudre dans un creufet expofé au feu de re- verbere pour éprouver fi l'aélion continuée & plus violente du feu en ouvrant davantage les pores du criftal , en rendroit la difTolution plus aifée. Mais il en arriva tout autrement , puifque le ciiftal prit en- core la forme d'une mafle^ de verre. Je ne tardai pas à le remettre en poudre , Se je mêlai féparément à cette poudre , partagée en trois por- tions , un poids égal de foufre , de fel , de tartre , & de nitre , afin de voir II par le moyen des acides ou des alcalis, l'expérience auroit l'effet delîré ; mais après avoir tenu les mélanges pendant quelques heures dans trois creufets , à un feu alfez fort de réverbère , je retrouvai le criftal encore fondu autour du fond des creufets , avec cette différence confidérable j que celui qui avoit été réduit tn fluor avec le nitre^ avoit prefque pris une couleur d'améthyfte. Je remis derechef en pgudre les trois portions de criftal ainfi calcinées ; je les dépouillai par le moven de l'eau chaude des fels qui y étoient reftés , & je les jettai après'fe- parément dans trois bouteilles, auxquelles j'en ajourai une quatrième, où étoit une égale quantité de criftal qui n'avoit fubi que la calcina- non extinaolre dont j'ai parlé ci-delTus , & une cinquième encore dans laquelle etoit du tnftal en poudre , qui n'avoir jamais éprouvé l'ac- tion du feu. Je verfai dans chacune des cinq bouteilles é^ale portion d'une folution de fel de tartje , & je les laillai pendant pîuiieurs jours dans un bain de fable , a un feu de digeftion. Je tirai enfuite féparc- ment par inclination la liqueur contenue dans les cinq bouteilles & je la trouvai enriéremenc femblable à ce qu'elle étoit avant qu'elle'eût fejournc fur le criftal avec de l'eau tiède , je délivrai ce dernier , refté dans les bouteilles , de tout le fel de tartre qui avoit pu y de- meurer attaché & le ris enfuite fécher , après quoi j'y verfai encore deftus du vinaigre diftillé. J'avois deux vues dans cette dernière expé- rience ; la première , d'éprouver li le vinaigre ne tireioit pas quelque teinture du criftal , & la féconde , s'il ,ie perdroit pas lui-même fou aciditc , après avoir louftert quelque efflnvefcence , comme il lui ar- rive avec les alcalis & les abforbans terreux. Mais je ne pus apper- cevoir la moindre eff'ervefcence , & après unelongue digeftion, je trouvai que le vinaigre n'avoit éprouvé aucun changement dans fon goût ni daiis ia couleur. Après .avoir inutilement elîayé la folution du fel de tartre , & le vi- naigre difliUé , je voulus voit fi je réuffirois mieux en employant l'ef- prit de nitre , qui cft le plus puift'ant de tous le acides. Je féparai eH conlcquence ^ le vinaigre du criftal , que je lavai & fis fécher de non- 494 COLLECTION ACADÉMIQUE, Weaii, après quoi je verfai , comme ci-devant, dans chacune des Académie [jg^jgjUgj ^ y„g portion d'efprit de nitre , 8c tins ces bouteilles au °^^ feu de digeftion ordinaire pendant plufieurs joues , après lefquels l'ef- '^'de'^^ prit de nitre confervoit le même goût , & attaquoit les métaux avec la Bologne, même force , que celui qui n'avoit jamais infulé fur le criftal , & je ne . remarquai rien de particulier dans les bouteilles , il ce n'eft que Tefprit de MÉMOIRES "itf"^ 1"' furnageoit le criftal , ÔC qui n'avoit point éprouvé l'aftion du feu , ctoit teint de la plus belle couleur bleue. Mais en cherchant quelle pouvoir être la caufe de ce phénomène , il me vint d'abord en penfée que ce changement de couleur dans l'efprit de nitre , devoir être at- tribué uniquement à quelques particules métalliques que le criftal , par fa dureté j avoir détachées du mortier de bronze dans lequel on l'avoit pilé pour le mettre en poudre j conjeârure d'autant mieux fon- dée que dans toutes les autres expériences , où l'on s'étoit fervi d'un mortier , non de bronze , mais de porphyre , ce changement de cou- leur en bleu n'avoit jamais eu lieu. Car le criftal , pendant qu'on le pulvérife , détache toujours quelque chofe du mortier , quelle qu'en foit la matière , c'eft ce qu'il n'eft pas permis de révoquer en doute , ôc ce qu'on voit clairement par le crif- tal qu'on prépare dans les boutiques pour l'ufage de la médecine ; ce criftal , en effet , eft ordinairement d'un blanc tirant fur le rouge ; couleur regardée par quelques-uns comme un fur indice d'une bonne préparation , Se qui ne dépend néanmoins que de quelques parcelles détachées par un long frottement du mortier de porphyre ou de pierre dont on s'eft fervi ; ce que je crois devoir remarquer encore pour qu'on n'impute pas au criftal le changement de couleur en bleu qu'éprouva l'efprit de nitre dans une des expériences ci-deflTus. Enfin , j'ai fait fécher de nouveau le criftal fur lequel l'huile de tar- tre , le v'inaigre dlftillé , &C l'efprit de nitre avoient été en digeftion ; je l'ai tiré "des bouteilles où je l'avois enfermé, j'en ai mis chaque portion féparément dans un creufet , & les ayant expofées à un feu de réverbère , elles fe fondirent toutes comme une malfe de verre ; &C en les pefant enfuite je trouvai qu'aucune d'elles n'avoit rien perdu defon poids , malgré tant de calcinations Se d'immerfions réitérées. Mais puifque ni la fimple calcmation exànHolre , m la calcinanon rendue plus adive par le mélange des acides ou des alcalis ni l'im- merfion du criftal dans différens menftrues , n'ont pu en dilFoudre a moindre partie , ni adoucir les acides \ je ne vois pas comment le criftal employé à titre de remède pourroit opérer dans le corps humain , où il ne fe trouve d'ailleurs aucun des agens chimiques dont il a élude l'aftion dans nos expérienses. ., . Après toutes les épreuves dont je viens de rendre compte , j ai re- frardé comme prefque indubitable , ce dont je m'étois déjà bien doute , que le criftal ^ confidéré comme médicament , n'avoit pas plus de vertu ACADÉMIE DE BOLOGNE. 495 que la pierre à fufil , ouïe verre mctne réduit en poudre • & il n'y a^=^^= fias lieu d'en are furpris , puifqu'en Bohême on fabrique le verre avec 'Académie e criftal même , & chez nous avec les pierres à feu les plus pures , qui ç ^" ne différent jias beaucoup du criftal par leur dureté & par leur nature , '^'^e'^^^ Se puifqu'enfin le verre même n'eft que la matière criftalline des pier- Bologne. res, dépurée par la fufion , J; rendue moins compare par l'addition des alcalis. Pour acquérir fur cela une certitude entière, j'ai répété furie verre ^^^°^^" &: fur les pierres à feu , les mêmes expériences que j'avois déjà faites fur le criftal , & j'ai eu précifément les mêmes réfultats, comme je m'y attcndois , ce qui a achevé de me perfuaderque le criftal eft elTen- tiellement de même nature que le verre Se le caillou , au point que je n'ai pas héficé à prendre , en un feul jour , deux dragmes de verre pulvérifé , que j'ai mêlées dans mes alimens , fans que j'en aie relTenti la moindre incommodité. J'ai fait cette dernière expérience fur moi-même pour montrer le peu de fondement d'une opinion fort accréditée , fur-tout chez le peuple, qui regarde le verre Se le diamant pulvérifés , comnie des poifons ca- pables de corroder l'eftomac &: les inteftins j ce qui feroit effeârivemenc a craindre fi on ne réduifoit ces deux matières qu'en des fragmens groflîers avant de les avaler. Voilà , Meilleurs , ce que j'avois à dire fur le criftal de montagne Je conclus de tout ce qui précède , qu'il doit être enfin banni pour ja- mais de la pharmacie. J'indiquerai dans la fuite quelle eft l'efpece de criftal que je voudrois lui fubftituer , & dont les malades pourroient recueillir les huits qu'on attendoit inutilement du premier. Ce fera la matière d'un fécond mémoire , auquel je vais travailler. ""^ i^- j SUR LE MOUVEMENT INTESTIN DES FLUIDES. Par M. Jacques Barthelemi BeccARI. C^ 'Etoit autrefois une opinion affez généralement répandue parmi V>< les phyficiens , & qui a même encore des parrifans aujourd'hui, que les Hmdes font agités d'un mouvement perpétuel , en tout fens , de leurs parties infenlibles , mouvement qui , félon eux , eft la princi- pale caufe de leur fluidité. Il feroit difficile, en effet, d'imaginer une hypothele plus commode pour expliquer les différentes propriétés des iqueurs , comme , par exemple , celle de fe répandre de tous côtés , lorlque rien ne s'y oppofe, de changer aifément de figure, de s'inlinuer dans les pores des folides , de céder très-promptement à la plus léger© 49<5 COLLECTION ACADÉMIQUE; pulhon , & autres femblables. Ces phyficiens penfent même que ce ■lin A'^-*''^-'*^'^ mouvement inteftin fe manitefte par quelques effets, non feulement Sci^Nci^s ^ ^^ laifon , mais encore aux fens ; tels font la folution des fels , cer- CE " t.iines précipitations , la promptitude avec laquelle les liqueurs fe mêlent Bologne, les unes avec les autres , &c. Mais ce fentiment , quoique allez vraifem- blable , &: appuyé fur des obfervations qui ont paru concluantes à quel- Mémoirïs^^'S' petfonnes, n'a pas fait fortune auprès de tous les phyficiens, & quelques-uns des plus favans Se des plus ingénieux y ont oppofé de très-grandes difficultés. Jean Alphonfe Borelli , entr'autres , foutient , par de très-fortes &: de très-folides raifons , que les principales propriétés des fluides ne font point l'effet d'un mouvement inteftiii. Il va même plus avant , & il prétend que ce mouvement eft un être de raifon. Il a découvert , entr'autres choies , par un examen attentif, de la manière dont les fels fe diflolvent dans l'eau , combien fe font trompés ceux qui ont cru trouver dans un phénomène f\ commun , des preuves fenfibles du mouvement inteftin des liqueurs. Ses raifons n'ont cependant pas per- fuadé tout le monde. Plufieurs phyficiens tiennent encore pour ce mou- vement & fe prévalent toujours des expériences par lefquelles on a prétendu le démontrer. Car comme ces expériences n'ont pas encore été examinées avec toute l'attention nécelfaire , on ne fait pas au jufte quel- les font les conféquences qu'on peut en tirer. Il importe beaucoup ce- pendant de favoir à quoi s'en tenir là delfus. Si elles croient véritable- ment telles que le prétendent les feftateurs du mouvement intellin , il • faudroit leur donner gain de caufe , &; il ne feroit plus queftion que de concilier avec cette hypothefe les objeétions qu'on a faites con- tr'elle. Ces confidérations m'ont engagé à répéter ces expériences , & à les faire avec toute l'attention polfible , fans oublier même celle de la dif- folution des fels. Mais avant de rendre compte de mes obfervations, il fera à propos de rappeller ici trois circonftances qu'on remarque en général dans la dilFolution des fels. Premièrement, le corps falin fe divife , dès qu'il éprouve le coiwad de la liqueur , en molécules pref- qu'imperceptibles. Secondement , ces parties défunies &: divifées fe dif- tribuent dans la liqueur , &; s'y tiennent fufpendues , lors même qu'el- les font plus pefantes qu'elle. Enfin , lorfqu'une fois elles font difperfées dans la liqueur , elles s'uniffent à fes particules j à quelque hauteur qu'elles fe trouvent placées , elles ne les abandonnent plus Se ne gagnent pas le fond du vaifleau par leur gravité. Ces trois circonftances paroiffent aux feétateurs du inouvement inteftin, dépofer fortement en faveur de leur hypothefe. Je m'arrêterai feule- ment à la féconde , qui eft celle fur laquelle ils s'appuyent principa- lement. Si cette circonftance étoit telle qu'ils l'affurent , elle leur fe- roit en effet très-favorable. Si les molécules falines , qui, quoique im- perceptibles , ont plus de gravité que celles de l'eau , non feule- ment ACADÉMIE DE BOLOGNE. 497 ment s'clevoienc un peu cians cette liqueur , mais fe diftiibuoicnt^ dans tous ^cs points & paivenoienc même à fa furface & lui com- ■Académie muniquoient leur faveur , on feroic force , pour expliquer ce piic- <; '^^^ nomene , de recourir à un mouvement qui aguât la liqueur en tout r,J' fens. Mais ii, au contraire, cette difperhon des molécules falines n'c- Bologne. toit pas telle qu'on le prétend , on voi( combien l'hypothefe du mou- . vement inteftin feroit aftoiblie , 8c que la preuve fur laquelle on l'établit , \ 1 perdroit toute fa torce. Celle qu'on tire de la féparation des molécules du fel par l'intromillion de celles du liquide, leroit même conlidéra- blement infirmée. Peut-on imaginer , eu etfet , que l'agitation infen- fible d'une liqueur j foit la vraie caufe de la défunion de parties étroi- tement adhérentes entr'elles ; défunion , qui j comme on le fent par- faitement , exigeroit une très-grande force ? Eft-il croyable que ces mo- lécules défunies , réduites à une extrême fineile , & nageant dans la liqueur j puilfent , par une telle agitation , être élevées à une hauteur un peu confidérable ? Aulfi Borelli allure-t-il que les molécules des fels qui fe dllfolvent dans l'eau , ne fe difperfent pas comme on le prétend , dans tout le volume de la liqueur , à moins que celle-ci ne foit fecouée & agitée au dehors j ce qu'on a beaucoup de peine à empêcher, lorfqu'on fait l'ex- périence dans de larges vailfeaux. Et il alTure que , fi on garantit foi- gneufemenc l'eau de toute agitation extérieure , ce qu'on obtient aifc- ment en employant des vailleaux étroits , les particules falines ne fe répandent pas beaucoup dans la liqueur , & ne parviennent pas jufqu'à fa furface fupérieure, laquelle demeure abfolument infipide. J'ai ré- pété cette expérience de Borelli , & je me fuis alTuré qu'il n'avance rien que de très-véritable : voici comment je procédai. Je pris un tube de verre long de quatre pieds , Se .large d'un demi pouce , fermé à une de fes extrémités. J'y jettai, par l'extrémité ouverte, une certaine quantité de fel marin , car c'eft celui qu'on emploie ordinairement pour ces fortes d'expériences. J'y verfai enfuite , le plus doucement que je pus , autant d'eau qu'il en falloir pour dilToudre une quantité de fel beaucoup plus confidérable. Une partie du fel fe fondit en peu de tems, & l'on auroit cru que tout le refte alloit fe dilToudre de la même ma- nière. Mais la dilfolution fe rallentit peu-à-peu , & fut même tout-à- fait interrompue , enforte que , dans l'efpace de plufieurs mois , il ne s'en fondit pas une feule molécule de plus. Je fis alors un très-petit trou à l'extrémité fermée du tube Se lailTai couler l'eau. Celle qui occupoit les interltices des particules de fel non dilfoutes , fortit la première. Je la trouvai extrêmement falée. Celle qui vint enfuite , l'étoit auHl beau- coup , &: aut.ant que je pus en juger , la falure s'étoit répandue juf- quà la hauteur d'environ lîx pouces j mais tout le refte de l'eau con- tenue dans le tube , me parut abfolument inlîpide. Il fuit delà que les molécules de fel qui s'étoient dilfoutes les premières , ne s'éroienr pas CûHeci, Acad. part. ecr. Tome X. R 1 r 498 COLLECTION ACADÉMIQUE, —= beaucoup élevées, & n'avoienc pu monter jufqu'à la furface de l'eau , Académie ^.Q^^j^^g il auroit dû arriver fi la liqueur avoit été agitée d'un mouve- SciENCES '"'^"'^ inteltin. Et voilà pourquoi il y eut fi peu de Tel fondu, à pro- DP portion de la quantité d'eau. Car les parties inférieures de la liqueur en Bologne, étoient tellement laturées , qu'elles ne pouvoient en dilfoudre davan- rage ; Se d'ailleurs gardant toujours la même fituation , elles empè- Î^I^j^jojj^£5 clioienr les parties fupérieures de parvenir julqu'au fel & d'agir fur lui. Au refte , je ne dois pas oublier d'avertir que , dans cette expérience , &c plus encore dans d'autres de ce genre , quelques précautions que l'on prenne pour empêcher l'agitation de la liqueur, qu'il s'agit de prévenir , on ne fauroit prefque jamais éviter , que pendant la diffolu- tion même , il furvienne une autre caufe de mouvement qui trouble la liqueur , Se fait monter les particules difloutes à une certaine hau- teur. Cette caufe eft le développement d'une matière aérienne qui s'é- chappe en plus ou moins grande quantiré , fous la forme de bulles , des corps qui fe dilfolvent. C'eft un fpedlacle affez agréable qu'on peut fe procurer en jettant un fel quelconque dans une fiole de verre , de figure fphénque Se remplie d'eau , que l'on regarde à contrejour. On voit d'abord les petits grains de fel fe dilater confidérablement & en- fuite fe fondre. 11 en fort en même - tems des particules d'une extrê- me finelfe , qui, difloutes par l'eau, y nagent fous la forme d'une matière ondoyante , Se qui augmentant de plus en plus , à mefure que le fel le dilfout , gagnent le fond de la fphere , Se le montrent parfaite- ment diftinétes de l'eau qui fumage. Pendant que ces chofes arrivent , ou même auflî-tôt que le fel com- mence à fe fondre , on voit fortir de fes grains les plus petits un très- grand nombre de bulles d'air , qui fe portant rapidement en haut traî- nent avec elles des filamens de matière faline , dont les uns , terminés par une pointe très-mince , abandonnent la bulle vers le milieu de la liqueur , les autres l'accompagnent jufqu'à fa furface , d'autres enfin , étant parvenues à la partie fupérieure , font répouflées en bas & finif- fent par difparoître. Quelquefois il s'échappe des particules falines , des bulles fi grandes j qu'elles compofent avec elles un tout fpécifique- ment plus léger que l'eau. Se les enlèvent jufqu'au haut delà liqueur j là elles s'en dégagent tout-à-fait Se les laiflent retomber. Ainfi , des corpufcules falins , les uns fe dilfolvent peu-à-peu au fond de l'eau , dans toute fon étendue horifontale , Se forment dans ce lieu avec elle, une liqueur , falino-aqueufe j dont la furface fe manifefte fenfiblement, fur-tout lorfqu'on fecoue le vaifTeau ; car les ondulations qu'on y excite alors , la font crifper ; elle s'élève décote Se d'autre, pour retomber dans l'inftant Se fe remettre au niveau. Les autres corpufcules , foule- vés par les bulles d'air , à une certaine hauteur , fe mêlent avec l'eau j s'y unilfent , & la vifcofité de la liqueur les empêche enfuite de re- tomber au fond par l'eftet de leur propre pefanteur. ACADÉMIE DE BOLOGNE. 499 Mais Cl un nombre alFez médiocre de bulles d'air qui fe dégagent des particules falines pendant leur ditTolution ^ & montent dans la Ij. AcADÉMif DES queur j font capables de les y élever avec elles &; de les y difperfer , com- bien plus facilement cet effet ne fcra-t-il pas produit par cette quantité pro- '^'n'iÉ^^^ digieufe qui s'échappe des corps folides ôc compaéts , tels que les mé- Bologne. taux qu'on fait dilloudre dans les efprits acides, mouvement fi impé- tueux, qu'il excite un bouillonnement & une chaleur extrême dans m ' le menftrue. En effet ceux qui ont eu occafion de voir quelle eft la ^^-O"^" quantité 8c l'impétuonté des bulles d'air qui s'échappent d'un métal jette dans l'eau frotte, avec quelle vîterte elles montent à la furface de la liqueur, où elles s'ouvrent en faifant jaillir une multitude de petites gouttes qui forment une efpece de pluie j le tout accompagné d'une tumée épaifle Se d'une chaleur fi forte j que la main ne peut fouffrir le vailfeau , ceux-là , dis-je , comprendront aifément que cette aétion eft plus que fuflifanre pour difperfer dans la liqueur les molécules du métal , & que cette difperfion n'eft pas telle qu'on puille l'attribuer avec vraifemblance au mouvement intetlin qu'on fuppofe être com- mun à tous les fluides. Pour juger fi cette difperfion des particules mé- talliques eft l'effet d'un tel mouvement , il faudroit qu'on pût faire l'expérience de telle forte qu'on empêchât l'explofion de la matière aé- rienne Se l'effervefcence de la liqueur , ce qui eft impoftîble j ou du moins que l'agitation produite par ces deux caufes ne fe répandît pas dans toute l'étendue du menftrue , ce qui eft encore bien difficile. Si , dans ce cas , les particules métalliques , fans aucune impulfion exté- rieure , s'élevoient jufqu'à la p.artie de la liqueur , qui feroit dans un repos parfait & s'y difTolvoient , il faudroit nécelTairement avouer que cène difperfion feroit caufée par un mouvement inteftin de la liqueur. Mais fi le contraire arrivoit ^ l'exiftence de ce mouvement deviendroit fort douteufe. ^ J'efTayai donc s'il feroit pofllble j dans ces fortes d'expériences , d'em- pccher que l'agitation excirée auprès du métal dans le menftrue, fe fie fentir dans tout le refte de la liqueur , fans cependant interrompre la cominunication de fes parties. On peut s'y prendre de deux maniè- res différentes. Je les ai employées toutes les deux avec fuccès. La première eft la même dont j'avois déj.à ufé pour la dilTolution des fels': c'eft-à-dire que je plaçois dans un tube très-long un métal, c'étoit or- dinairement de l'argent ou du cuivre, & j'y verfois de l'eau forte jufques à une hauteur alfez confidérable. Par ce moyen , l'agitation & l'effervefcence , très-vive dans la partie de la liqueur qui eft auprès du métal , diminue de plus en plus dans fes parties fupérieures & s'é- vanouit vers la furface. L'effet de cette expérience fut tel , que la dif- lolution des parties métalliques dans les différentes couches d'eau forte , fuivit la portion de l'effervefcence dont elles étoient agitées ; ce que je reconnus fenfiblement par les nuances de la couleur dont la li- Rrr li 500 COLLECTION ACADÉMIQUE, i -queur fut teinte. Cette couleur étoit exticmemeiu foncée au fond du Académie j^|[jg ^ ^ s'aft'oibliffbit de plus en plus en montante, de forte que la fut- c ^^^ face avoit confeivé fa limpidité & qu'elle ne la perdit point tant que je Sciences , . ^ . , , r i DE lailfai les chofes dans cet état Bologne. Il faut remarquer au refte , que , même dans ce cas , l'élévation & la difperfion des particules métalliques ont été confidérablement favorifées MÉMOIRES par les bulles d'air qui, comme je l'ai dit, s'échappent du métal pen- dant qu'il fe diflout. Ces bulles montent les unes fur les autres , Sc demeurent d'abord entaflees au fond du tube , fous la forme de petits erains ronds. Mais elles crèvent enfuite , les unes après les autres , el- les fe joignent , occupent un grand efpace &c interrompent le contadb des partiel de la liqueur. Bientôt après les parties qui font parvenues à une certaine hauteur , defcendent en fe gliffant le long des parois du tube , vont fe rejomdre à celles qui font au fond & les forcent à mon- ter fous la forme de bulles très-grolfes. Or de ces mouvemens s'enfui- vent une confufion & un mélange plus intime des parties de la li- queur j Sc par conféquent une plus grande élévation des molécules métalliques dilfoutes. Je ne fais s'il feroit pofllble d'éviter cette incon- vénient en employant des tubes plus larges. Ceux dont je me fuis fervi, avoient à peine trois lignes de diamètre. Il y a une autre particularité concernant les bulles , qu'il eft bon de remarquer , Se qui n'a pas lieu dans les dilfolutions ordinaires ou du moins, à laquelle on ne prend pas garde , peut-être à caufe du peu de' profondeur des vailfeaux. Les bulles qui fortant du métal , font d'abord très-petites , mais fe renflant peu-à-peu, s'en détachent enfin & fe réunif- fent pour former des bulles plus groffes , ces bulles , dis-je , fe con- traftent par degrés en montant , &; fe rappetiffent au pomt que leur volume devient dix ou douze fois plus petit , & que plufieurs même difparoilfent entièrement. La vîtelTe de leur mouvement dimmue auffi à proportion de leur volume. Je ne m'arrêterai pas ici à chercher la caufe de ce phénomene.Je fuis porté à croire que la principale &c peut-être l'unique eft la chaleur plus forte auprès du métal. Si cette opinion eft vraie, il faudra convenir qu'un très-petit degré de chaleur luffit pour produire cet eftet. Je l'ai quelquefois obfervé même après que la liqueur & le vaiiïeau étoient entièrement refroidis. ^ i. • • j L'autre méthode que j'ai employé pour empêcher que l'agitation de la liqueur caufée par l'explofion des bulles , ne fe communique à tout fon volume , m'a beaucoup mieux réufll encore que la première. Je pris un tube de verre long d'environ deux pieds , fermé hermétiquement d'un côté. Je le remplis d'eau forte ; je fermai l'ouverture de l'autre côté avec de la cire , pour qu'en renverfant le tube , la liqueur ne put pas fe répandre. Je renverfai eniuite le tube & je plongeai l'ouverture ainfi bouchée dans un vailfeau qui contenoic pareillement de l'eau for- te ; j'ôtai la cire c\' je plaçai le tube de façon que la liqueur qu'il con- ACADÉMIE DE BOLOGNE. 501 tenoit, communiquât avec celle du vailTeau. Après cela je mis des la-^ = mes de cuivre dans l'eau forte entre le tube & le vailFeau , &: Ii;s fuf- ^*^-*^^'""^ pendis de façon qu'elles ne touclnirent pas le fond de celui-ci , de peur c "^^ I 1 11 ' • J • > 1 • rr 1 I. ^ JC1£NCES que les bulles qui dévoient s en ccnappet n entradent dans 1 ouverture pg du tube. Il en fortit une très-grande quantité j mais bientôt fe portant en Bologne. haut entre le tube 6c le vailTeau, & heurtanç contre la furface de la liqueur , en repos , elles ne purent pénétrer dans le tube, & n'en troublèrent j^jj^j^^j^f, point la liqueur. Le rcfult.it de cette expérience fut que les parties mé- talliques imprégnèrent bientôt l'eau-forte du vailTeau ; mais celle du rube demeura Hmpide &: lans couleur , même pendant pluheurs jours , & fut en état de dilToudre des fubftances métalliques , au lieu que l'autre n'avoit plus aucune action fur elles parce qu'elle en étoit faturée. Les expériences nombreufes que j'ai faites fur d'autres liqueurs , s'accordent metveilleufement avec celles que je viens d'expofer. Il fe- roit trop long de les rapporter toutes , mais je crois devoir m'arrêter à quelques-unes qui concernent l'efprit de vin , liqueur fi fubtile , fi péné- trante, Ti volatile , & compoféede parties d'une li grande mobilité, que li le mouvement inteltin peut être regardé comme la caufe de la dilTolution des corps , c'eft alTurcment dans ce menftrue. L'expérience fit cepen- dant voir le contraire. Un grand nombre de corps réfineux , qui fe dilToI- vent très-promptement dans l'efprit de vin , loriqu'on emploie des vaif: féaux larges & évafés , n'y ont foufFert qu'une ttès-légere difperfion de leurs parties , dans des vailTeaux étroits , au moyen defquels je met- tois la liqueur à l'abri de toute agitation extérieure. J'ai fait entr'au- tres , une expérience fur le camphre. On fait alTez avec quelle promp- titude & quelle facilité cette fubftance eft dilToute ou plutôt dévorée par l'efprit de vin , même fans le fecours d'aucune chaleur extérieure , mais fi l'on procède de la manière que je viens de le dire , il eft à peine croyable combien la dilTolution fera lente , & combien peu les parti- cules du camphre s'élèveront dans la liqueur. Quelques morceaux de camphre pefans en tout dix-huit grains , furent à peine eutiérement dillous, en quatre jours j d^us un tube de cinq lignes de diamètre , où j'avois verfé de l'efprit de vin à la hauteur de dix pouces & demi. Au bout de 4 autres jours, je goûtai la liqueur, & je trouvai que j depuis la furface jufqu'à la profondeur de huit pouces , elle n'avoit aucun eoùt de camphre. Jette fur le feu , ce même efprit de vin ne donna de même aucun indice de cette fubftance. A la profondeur de neuf pouces, la faveur du camphre commençoit à fe faire fentir. Mais cet efprit de vin jette dans l'eau n'y forma pas cette toile qu'y produit ordinairement un efprit de vin chargé de camphre. Cette toile ne fe fie voir que lorfque je jettai dans l'eau la liqueur qui étoit à dix pouces de protondeur , c'eft-à-dire j fix lignes au-delTus du fond du tube. Cet efprit de vin étoit fortement imprégné de camphre ; jette dans l'eau , 50Î COLLECTION ACADÉMIQUE, = il s'en dépouilloit fur le champ , 8c cette rélîne formoit un coaguliim Académie jj.^j^j1^,j(, f^. j^ furtace de l'eau. DES Q^^ phénomènes que m'avoient offerts la diflolution du camphre , eu- ciENCES ^^^^^ e„core lieu , & même d'une manière encore plus marquée j dans Bologne, cells du foie de Ibufre dans le même menftrue. Ce mixte, comme on fait j eft compofé de foufre vif combiné avec un fel alcali , & il doit Mi»fo,D,:cfon ^lom à fa couleur rouge obfcure , femblable à celle du foie. Quand on le jette dans de 1 elprit de vin , même rroid , il Un communique aullî-tôt , en agitant le vaiffeau , une couleur rouge três-vive. Si donc la dilfolution d'un corps &: la difperfion de fes molécules dans le menf- true , pouvoit être l'effet du mouvement inteftin , ce feroit fur-tout dans' le mixte 8c la liqueur dont je parle. Cependant ayant verfé de l'efprit de vin fur quelques morceaux de foie de foufre dans un tube médiocrement large , la partie de la liqueur qui occupoit les in- teritices de ces morceaux, en reçut dans l'inftant une teinture très- foncée , qui , peu après , s'éleva à la hauteur de fix lignes , & quelques jours après j un peu plus haut. Car le mixte étoit fi difpofc à fe dif- perfer dans l'efprit de vin , que le moindre mouvement du tube en faifoit détacher des filets tortueux & comme ondoyans , qui troubloient la tranfparence de la liqueur , &: lui donnoient une couleur jaune. Malcré cela j dans l'efpace de deux mois , les molécules dilfoutes ne s'élevèrent pas au-delà de lîx pouces ; encore leur élévation avoit elle pu être aidée par plufieurs circonftances , comme, par exemple, par des fecouffes extérieures qui fe font quelquefois fentir aux corps même qui femblent être dans le repos le plus parfait. Et parce que , peu de tems après que j'eus verfé l'efprit de vin dans le tube , il s'y forma des crirtaux d'une petitelfe extrême, femblables à des épingles , qui, com- me on l'obferve dans la plupart des concrétions femblables , fervent de foutien & de point d'appui aux molécules qui nagent dans la li- queur & les aident à s'élever davantage Se à augmenter la croûte qu'elles avoient commencé de former contre les parois du vaiffeau. Mais en voilà affez fur la diffolution des corps folides dans les li- queurs. Je vais à ptéfent examiner en peu de mots leurs précipitations , qu'on a coutume de regarder comme d'autres preuves du mouvement inteftin de liquides. On parle entr'autres d'une précipitation qui , a elle étoit telle qu'on le prétend , feroit en effet très-favorable à cette opinion. Je me bornerai à celle-là. Tout le monde fait que , h on fait diffoudte dans l'eau forte telle quantité d'argent qu'on voudra , qu'on ajoute à la dilTolution dix ou douze fois autant d'eau commime j Se qu'on plonge dms li liqueur une ou plnfieurs lame* de cuivre , les par- ticules d'argent diffoutes viennent aulTi-tôt s'attacher à ces lames j ^'^"j la forme de flocons crépus Se tremblotans, & ce dépôt augmente Se s'étend jufqu'à ce que toutes ces particules fe foient appliquées fur les lames , ce qui arrive dans l'efpace de quelques heures. La liqueur fe teint , en ACADÉMIE DE nOLOGNE. 503 même tems , d'une couleur bleue tirant fur le verd , qu'elle doit aux par-' ticules de cuivre qui ont pris hi place de celles d'argent. Les moiccu- ^^^^^"^ les de cuivre abandonnent de mûne la liqueur, li , après l'avoir fil- Sciences trée , on y plonge une lame de ter. Elles forment aulTi une croûte fur cette ee lame. Le fer lui-même , quelque difToluble qu'il foit dans l'eau forte , Bologne. fera précipite par la pierre calaminaire , &: celle-ci par un alcali fixe pulvérilc. Tous ces eft'ets arrivent, parce que l'acide nitreux quitte unMiMOjREs corps qu'elle tient en dilFolution , lorfqu'on lui en préfente un autre avec lequel elle a une plus grande affinité , pour fe joindre à ce der- nier , ôc pafTant fuccelïïvement de l'un à l'autre , elle s'unit enfin étroi- tement à l'alcali fixe &C forme avec lui un nitre régénéré. Si ce qu'on dit de ces fortes de précipitations étoit vrai , & qu'il fût bien certain que les particules métalliques qui nagent dans la liqueur , Se princi- palement celles d'argent , accourent de toutes parts au nouveau métal qu'on y plonge , en quelque endroit du vailfeau qu'il foit placé , à la furface j comme au fond , enforte que ces molécules fuflent obligées de monter pour l'atteindre , en un mot , que toutes les molécules dif- foutes fe rendent vers ce nouveau métal dans toutes fortes de direftions , il faudroit nécefTairement avouer qu'elles font poulTées peu-à-peu par un mouvement inteftin de la liqueur , à moins qu'on ne veuille fuppofer je ne fais quel inftinél , attraftion , ou autre faculté femblable. Cette con- féquence feroit inconteftable ; mais il faut, pour cela , que l'expérience foit réellement telle qu'on la fuppofe. Je crus donc devoir la répéter pour m'aflurer de ce qui en étoit; & je m'attachai particulièrement à confidérer la précipitation de l'ar- gent , qui eft la plus remarquable , & toutes les circonftances qui l'ac- compagnent. A peine a-t-on plongé le cuivre dans la dilfolution d'ar- gent , qu'on voit fortir de la lame un très-grand nombre de bulles qui en rendent la furface inégale. Elle fe couvre d'une pellicule qui augmen- tant Se s'épaillifant promptement j forme cette efpece de toifon ou ces flocons dont j'ai parlé , lefquels varient fuivant la quantité plus ou moins grande d'argent ou d'eau , & la différente forme des vaiffeaux. Tantôt c'eftune forte de duvet d'un blanc cendré, compofé de fila- mens rangés fans ordre ; tantôt un alTemblage de feuilles d'une extrê- me finelTe , d'une fpendeur éblouiflante & très-joliment déchiquetées. Quelquefois ces feuilles font tellement arrangées , les unes à l'égard des autres , qu'elles repréfentent une efpece de végétation dont l'élé- gance & la régularité ne le cèdent point à celles des végétations mé- talliques décrites par quelques auteurs. Cela arrive ordinairement lorf- qu'on a atfoibli la folution par une grande quantité d'eau j & qu'on s'eft fervi pour la précipitation , d'un vailfeau plus étroit & plus pro- fond. Dans le tems que ces chofes s'opèrent , on voit i une petite dif- tance du métal , fornr une quantité innombrable de bulles , dont l'af- cenfion rapide ne peut qu'agiter la liqueur , & même , fi on la regarde 504 COLLECTION ACADEMIQUE, = au 2;rrind jour, on en voit élever des fumées d'une matière ondoyante» Académie j-gi^^j^l^jjl^ à celle dont j'ai fait mention en pariant de la dilfolution des S e>k;es ^^^^ 5 & ) -î moins qu'on n'ait purgé avec foin la liqueur des corpuf- CE cules prelqu'imperceptibles qui y nagent , on les voit Hotter & courir Bologne, fans ordre de côté & d'autre. Quiconque aura pris garde à toutes ces circonftances , foupçonnera Mémoires aifcment qu'il arrive ici la même chofe que j'ai déjà dit avoir lieu dans les dilfolutions ordinaires des métaux. Car , tout comme dans celles-ci , Ja difperlïon des particules métalliques eft aidée par les bulles qui s'é- chappent du corps qui fe dlifout , &c par d'autres mouvemens qui fe font fentir au menltrue , on peut croire de même que , dans les pré- cipitations , les particules dilfoutes font poulfées vers le nouveau mé- tal par une agitation excitée dans la liqueur. Je m'attachai donc à faire l'expérience de manière que la liqueur ne fût agitée d'aucun autre mou- vement que de celui qu'on croit être l'effet de la fluidité. Je pris deux tubes de verre très-longs , fermés par un bout , je les remplis d'une diffolution d'argent délayée avec de l'eau commune. J'en plongeai un renverfé, par le côté ouvert , dans un vailfeau alfez ample qui contenoic une quantité de la même dilfolution affez grande pour couvrir entiè- rement l'ouverture du tube, 3c tenir fufpendue la liqueur qu'il con- tenoit. Je lis palfer l'extrémité ouverte de l'autre tube, tournée en haut, dans le col d'un autre vailfeau alfez grand , & l'y collai de manière que la liqueur remplît tout-à-fait le tube & une partie du vailfeau, en- forte qu'elle furmontât un peu l'ouverture du tube : j'eus foin de pla- cer des lames de cuivre dans l'efpace compris entre chaque tube & le vailfeau qui y étoit adapté. Par ce moyen l'effervefcence ne pouvoir fe communiquer à toute la liqueur. Mais rien n'empêchoit l'argent de fe porter de toutes parts vers le cuivre dans l'un & l'autre vailfeau , s'il étoit vrai que les particules dilfoutes fulfent également poulfées de bas en haut 8c de haut en bas vers le nouveau métal. A peine les la- mes furent-elles plongées dans la liqueur , qu'elles commencèrent à fe couvrir des flocons ordinaires , lefquels augmentèrent d'abord égale- ment dans les deux vailfeaux ; mais dans celui où le tube avoit fou ouverture tournée en haut , & où , par conféquent , la plus grande partie de la dilfolution étoit au-delfous du cuivre , les particules d'ar- gent celferent de fe dépofer quelques heures après , au lieu que dans l'autre le dépôt continua d'augmenter après ce tems-là , jufques-là que l'argent s'attachoit même aux parois internes du tube , fous la forme de Veuilles , lefquelles ne celferent d'augmenter pendant fept jours. Je palfe fous lîlence d'autres circonftances de cette précipitation, qui , quoi- que alfez importantes, font étrangères à la queftion que j'examine. Pour donner plus -de force à mon obfervation , j'eus foin de lailfer pendant vingt jours, routes chofçs dans le même état: je tirai enfuite du tube dont l'ouverture étoit tournée en bas , avec précaution &: à diverfes re- prifes , ACADÉMIE DE BOLOGNE. 505 prlfes , la liqueur qui y étoit conceiiue , & j'en mis les différentes por- = tions dans des vailFeaux diftéiens. Je laiftai dans la même firuation Acai-émie l'autre tube donc l'ouverture étoit tournée en haut , après avoir feule- c "^^^ ment tue du vailleau qui y croît adapte, la portion de liqueur qui fur- ^g montoit fon ouverture. Je plongeai enfuite de petites lames de cuivre Bologne. dans chacune des portions de la liqueur que j'avois tirée du premier rube , &: que j'avois reçue , comme je l'ai dit , dans autant de petits vjj vaifTeaux ; & je fafpendis une autre lame un peu longue dans la li- queur de l'autre tube , à la profondeur de fix pouces. Les premières n'éprouvèrent que peu ou point de diangement \, mais celle-ci fut bientôt couverte du duvet ordinaire , d'abord un peu obfcur , & peu à après tout-à-fait argenté , qui augmenta pendant trois jours de fuite. J'attendis le huitième jour , & voyant que le duvet n'augmentoit plus , je retirai la lame , &: ayant fépaté le dépôt qui s'y étoit formé , je la plongeai de nouveau dans la liqueur , mais plus profondément. Elle fe couvrit encore du même duvet , que je féparai de la même manière , après qu'il eut pris tout fon accroiirement. Je réitérai enfuite piulieurs fois la. même manœuvre , & toujours avec le même fuccès. 11 paroît donc que les molécules d'argent placées immédiatement au-deiïus du cuivre , ou du moins , à une pente diftance , font les feules qui fe précipitent ; & mon expérience démontre , ce femble , qu'il n'eft pas vrai que celles qui font au-delfous des lames , s'y dépofent auflî. Eu un mot , les particules d'argent que leur gravité fait tendre vers le cui- vre , vont s'y attacher , mais celles qui , en vertu de la même force ont une direélion différente , n'y font point poulFées non plus par un mouvement inteftin. Je ne dois pas oublier d'avertir qu'après la précipitation de l'argent, la liqueur jjerd un peu de fon poids ; cela vient de ce que ce métal eft plus pelant que le cuivre qui a pris fa place. Le cuivre l'eft aulli plus que le fer , le fer que la pierre calaminaire , & la pierre cala- minaire que l'alcali fixe , enforte que la précipitation de ces coi'ps fuit l'ordre de leur gravité fpécitîque. 11 feroit intérelTànt d'examiner fi cet ordre a conftamment lieu dans les précipitations &: les dilfolutions , & fi ces deux opérations ont un certain rapport avec la pefanteur. Je rendrai peut-être compte , dans une autre occafion , des recherches que d'autres & moi avons faites fur cet objet. Je paffe au mélange des liqueurs entr 'elles , mélange que quelques phyficiens regardent comme une forte preuve de leur mouvement in- teftin. Comment j en eff>;t , concevoir autrement ,difent-ils , que deux liqueurs fe mêlent fi promptement enfemble , &: que les.corpufcules de l'une s'uniiïent tellement avec celles de l'autre , qu'elles ne forment plus qu'une feule & même liqueur ? Nous en avons un exemple jour- nalier dans le mélange de l'eau avec le vin. Mais il eft vifîble que l'expé- rience ne fe fait pas alors avec les précautions nécefTaires pour empc- Colltcl. Acad. pan. étr. Tome X. S s s 5o6 COLLECTION ACADÉMIQUE, = cher toute agitation feiifible de la m a (Te de ces liqueurs. Si on les pre- AcADÉ.vtiE j^gjj ^ j-gj précautions , on n'avanceroit pas li hardiment , comme ces c ^^^ phyficiens le font , que le mélange fe fait auffl-càt , en un moment , dans "^'^E un clin d'œil ; &: le P. Lana , après avoir fait ces fortes d'expériences Bologne, avec plus d'attention , n'a garde d'avancer que les liqueurs fe mêlent fi promptement. Il dit , au contraire , que le vin verfé avec dextérité , & Mr^friTOPc d'une certainQ façon , fur la furface de l'eau , y furnage fans s'y mè- 1er , Se que ce n eft qu après quelques jours , que 1 eau du tond du verre , auparavant limpide , commence à fe teindre légèrement de la couleur du vin , couleur qui devient de jour en jour plus foncée , en- forte que , quelques femaines après , l'eau paroît aux yeux & au goût ^ parfaitement mêlée avec le vin. 11 affure de même , que l'efprit de vin coloré , verfé fur l'eau avec précaution , dans un vaiffeau aflez am- ple , y furnaoe d'abord , mais que , quelques jours après , il lui com- munique fa couleur , & fe mêle enfin tout-à-fait avec elle. L'efprit de vin a été plus long-tems, félon lui j à fe mêler avec l'huile de nitre ou de tartre par défaillance. On n'en fera pas furpris , fi l'on fe rappelle que ces liqueurs j auxquelles on a improprement donné le nom d'huile , battues , même long-tems & fortement avec l'efprit de vin , s'en fé- parent dès qu'on celte de les agiter, comme l'obferve le même auteur. On aura bien plus lieu de s'étonner d'un autre fait qu'il rapporte , c'efl: que ces mêmes liqueurs , verfées fur l'efprit de vin dans un vaiffeau immobile , s'y mêlent fi parfaitement dans l'efpace d'un ou deux ans , qu'elles femblent avoir perdu leur caraftere Sc leurs propriétés. Ce fait eft réellement furprenant , fur-tout fi on le compare avec l'expétienca qu'on a coutume de faire avec ces fioles remplies de quatre liqueurs diftcrentes , qui repréfentent les quatre élémens. Car l'huile de tartre , qui repréfente l'eau , &: l'efprit de vin qui repréfente l'air & qui eft au-delfus , quoique mêlés enfemble par l'agitation de la fiole , fe fé- parent bientôt , &: vont prendre une place différente , qu'elles confer- vent pendant des années entières. Il faut donc que le P. Lana air fait cette expérience d'une manière particulière. S'il avoir eu l'attention de l'indiquer , on pourroit porter là-delfus un jugement plus certain. Ainfi fans m'arrêter à cette expérience , je me bornerai à examiner les autres, & premièrement celle du mélange de l'eauavec le vin. Je remplis à demi un tube d'un de nos vins les plus généreux , qui font fort pefans. J'achevai enfuite de le remplir avec de l'eau ; celle-ci fe teignit un peu de la couleiu: du vin dans l'efpace de deux pouces; Quelques jours après , la rougeur étoit montée de quatre autres pouces , mais elle étoit de plus en plus claire. Elle s'arrêta là Se ne parut faire aucun progrès pendant quelques mois. C'étoit en hiver ; au pnntems , la rougeur fe communiqua au refte de l'eau , mais lentement j & l'eau ne fut entièrement teinte qu'au bout de dix-huit mois; la couleur étoit ciême toujours beaucoup plus foncée en bas qu'en haut. Le goût de la ACADÉMIE DE BOLOGNE. 507 liqueur rcpondoit à fa couleui'. En haut, fon goût reiïembloit à cciui== , de la piquette i en bas, c'ctoit celui du vin , mais d'un vin éventé. ''^'^'^^^"'^ Ainfi même dans un fi long efpace de tems , l'eau 5c le vin n'ont pu Sciences fe mêler parfaitement. de Pareillement j l'eau commune , verfée avec une extrême précaution Bologne. fur de l'eau-forte qui tenoit du cuivre en dilTolution , fe teignit en bleu dans i'efpace d'environ trois pouces. La couleur fe répandit enfuite Mémoires peu-à-peu jufqu'à la hauteur de quatorze pouces , de taçon cependant qu'elle étoit moins foncée à proportion de fon élévation ; deux pieds d'eau qui reftoient au-defTus ne furent point teints du tout , Se confer- verent toute leur limpidité pendant cinq mois entiers , c'eft-à-dire , depuis le commencement d'octobre jufqu'à la fin de février. Je termi- nai là mon expérience , me flattant d'avoir alfez bien prouvé mon opi- nion , puifque le mélange des liqueurs n'avoir pu fe faire dans un fi long efpace de tems. De f'efprit de vin teint avec du fafran j verfé fur de l'eau , refta plus d'un mois fans lui communiquer fa couleur au-delà de deux pou- ces y Se comme je me rappellai en même-tems plufieurs autres faits que m'avoient offerts les expériences ci-deffus expofées , par lefquels il eft prouvé que les liqueurs d'efpece différente ne fe mêlent point , à moins qu'il n'y ait entr'elles une grande différence de pefanteur , qu'elles ne foient agitées de quelque fecoulTe , ou qu'il ne furvienne quelqu'autre caufe extérieure , je crus qu'il étoit inutile d'infifter davantage fur ces fortes d'expériences. <(<*>'= — . — '""è^ SUR LE QUINQUINA. Par M. Hippoly te - François ALBERT INI. MOnfieur Albertini lut à l'académie, le 11 décembre I7i6,uu mémoire fur les évacuations critiques qui furviennent ordinaire- ment après l'adminiftration du quinquina. Parmi les obfervations qui lui appartiennent en propre ,. il ne fait pas difficulté d'en rapporter d'autres qui n'ont pas le mérite de la nouveauté , parce qu'elles lui ont paru propres à répandre du jour fur ce fujet intérelTant. Rien ne feroit plus utile , félon lui , que de vérifier ces crifes par des obfervations ultérieures , de les décrire avec exaiflitude j & de les obferver atten- tivement dans la pratique. La découverte de M. Albertini , comme tant d'autres , avoir d'abord été l'ouvrage du hafard ; mais une attention fcrupuleufe &: une expérience d'un grand nombre d'années l'ont enfuite pleinement confirmée. Les premières obfervations du mémoire de M. S s s ij 0% COLLECTION ACADÉMIQUE, .Ibïrtini tendent à modifier la méthode que les praticiens fuivent or^ „inairement dans l'ufage du quinquina. Celles qui fuivent , founuiTenr r °^^ des précautions dans l'application de la règle que fe font faite la plu- DE*^^^ part des praticiens , fuivant laquelle le quinquina eft le fpécifique le Bologne, plus alfuré , non feulement de toutes les lièvres vraiment intermitten- [,,5 ,-iiais encore des continues qui font de même nature. Si cette re- r.»vfoiREs "^-' "2 doit , en effet , être fuivie qu'avec quelque reftriftiou , on voit iti jiK.t D ^^^ ^^ 1^ .^ j^^ travail de M. Albertini. Les précautions reviennent à tout moment dans la pratique de la médecine ; à peine y a-t-il une re avoir au- cun dérancrement , afin de parvenir enfuite plus aifément & plus lure- ment au côte affeété. Nous y trouvâmes cependant un peu de Icrohte fin-uinolente épanchée j le lobe inférieur du poumon eroit adhèrent au diaphrac^me , & les deux autres étroitement attaches aux cotes par J ACADÉMIE DE BOLOGNE. 519 un efpece de ligament alFez fort , comme on robferve quelquefois. Noiis^^ . ouvrimes enfuite le côté gauche. U croit rcUemcnt rempli de fang j '^^^^""^ qu'ayant foulevc le fternum , nous en vimss .ludi-tot ruilFeler la par- sciences tie fereufe qui furnageoit au coagulum , comme dans le fang d'une de faignée , lorfqu'il eft repofc & retroidi. Lorfque ce fang fe fut entié- Bologne. rement écoule, nous reconnûmes que le poumon gauche ctoit prefque^ d'un tiers plus petit que le droit , &: qu'il ctoit attaché aux côtes par Mémoires des ligamens femblables à celui dont j'ai parlé , & au diaphragme par le moyen d'une tumeur fanguine , que nous crûmes j M. Blaaco & moi , pouvoir appeller parcnchymateuie, à caufe de fa reflemblance avec le parenchyme des vifceres. Ce parenchyme , dont la plus grande épaiffeur excédoit deux travers de doigt enveloppoit , par fa partie fupérieure , l'ccfo- phage , la trachée & les vailfeaux fanguins afcendans , jufqu'aux clavi- cules ; puis (c gUlfant , en bas , le long de l'aorte Se de l'œfophage , il recouvroit le centre nerveux du diaphragme , fur-tout à gauche , tant aa-delfus qu'au-delfous , 6c fuivant la direction de fes piliers , il entroit dans le bas - ventre , Se s'attachoit à la courbure fupérieure du ven- tricule , à quatre travers de doigt du cardia. Nous cherchâmes d'où avoir pu venir une fi grande quantité de fang : mais nous ne pûmes le favoir qu'après avoir ouvert le péricarde , dans lequel nous ne trou- vâmes , comme dans l'état naturel , qu'un peu de férofité , & après avoir découvert le commencement de l'aorte , que nous fendîmes en long au deflbus de fa croffe. Y ayant introduit le doigt , nous rencontrâmes une ouverture placée vis-à-vis la trachée artère , favoir dans l'endroit où les auteurs difent que l'artère bronchiale aboutit , & qui appartient à la cavité gauche du thorax. Nous jugeâmes que le fang dont j'ai parlé , avoir été fourni par cette ouverture ; car la furface interne de l'aorte nous parut intaéte dans toute l'étendue que nous avions mife à découvert par l'incilion ; Se la fuite le prouva encore mieux. Je cherchai enfuite a me faire une idée de la manière dont cet épanchement avoit pu fe faire. Je penfai que les parois de l'artère bronchiale ayan». été déchirées, ou conlldérablemenr affoiblies , le fang avoit commencé à fe faire jour à travers les interftices des fibres & des membranes qui uniirent la trachée, l'œfophage Se les autres parties voifines , qu'il avoit coulé, tant fupérieurc-menr qu'inféneurement le long de l'cefophage & de l'aorte , Se qu'il s'étoit coagulé partie en filamens , partie en gru- meaux. D'après ces fuppofitions , vous parviendrez peut - être à com- prendre le phénomène que j'effaye d'expliquer , mais que je ne con- çois point encore affez clairement. Je ne dois pas oublier de vous faire remarquer que le fang épanché dans les interftices des membranes n'a- voir pas formé une malfe charnue femblable à celle des polvpes, qui font formés de couches comme charnues pofées les unes fur les autres. Car la partie noire de ce fang , qui communiquoit fa couleur à tout le parenchyme , quoiqu'endurcie j fe dilTolvoit aifément dans l'eau chau- 510 COLLECTION ACADÉMIQUE, de, &c les fibies qui renfermoienc ces grumeaux, étoient entrelacées en '^"^tout feus &: fans ordre les unes avec les autres. Elles envelo DES ri loienz les Sciences ï'iniihcations des nerfs qui parcourent l'œfopliage. La totalité du pa- DE renchyme étoit recouverte d'une membrane mince 6c blanche , que Bologne, nous jugeâmes être la tunique commune Se externe des parties au tra- vers defquelles le fang avoir coulé. Le péricarde étoit adhérent au dia- Mémoires P^Tâgme , le poumon à l'aorte defcendante Si au diaphragme , par le moyen de ce parenchyme. Le centre nerveux du diaphragme avoir trois doicts d'épailfeur ; mais il étoit plus épais en certains endroits que dans d'autres, parce que le parenchyme éroit lui-mcme plus épais auprès du cardia, & s'amincilToit en s'en éloignant. Nous ne pûmes jamais détacher ce parenchyme d'avec le diaphragme , fans déchirer celui-ci , ce qui , nous fit penfer que les molécules fanguines avoient pénétré fort avant dans fes pores. Examinons à préfent l'état de l'artère bronchiale. Son orifice étoit fi fort dilaté , qui j'y introduiiîs fans peine mon pouce. Il formoit un an- neau fort épais & comme calleux , qui s'amincilFoit peu-à-peu vers la trachée , & paroiiroit même avoir été déchiré depuis peu. Dans la fublHnce même de l'anneau ^ il y avoir un autre orifice, mais imper- méable , & il femble que l'embouchure de cette artère avoir été dou- ble , comme il arrive quelquefois. Ce que je viens de dire fait connoî- tre le prix de l'attention fcrupuleufe avec laquelle les anatomiltes ob- fervent jufqu'aux moindres chofes. Si leurs travaux ne nous avoient pas rendu la connoilfance de cette artère qui s'étoit perdue ; nous ne ferions pas en état aujourd hui de donner une defcription aulll exaéle de i'anévrifme qui fait le fujet de cette lettre. Outre cela ^ toute la courbure de l'aorte étoit plus ample qu'à l'ordinaire , mais fes parois n'étoient pas plus minces. Sa furface interne étoit parfemce dans cet en- droit, dedans tout le trajet de fa partie defcendante , de taches blan- ches , comme on l'a obfervé dans d'autres cas femblables. Ces taches rendoient inégale & raboteufe la furface interne de l'-iorte. Leur éclat faifoit voir que le fiege en étoit dans la membrane interne , & en la dé- tachant , on les faifoit difparoître. Nous crûmes pouvoir les regarder comme l'effet d'un commencement d'érofion , fondés fur l'autorité de M. Morgagni qui , dans les dilatations de l'aorte , a trouvé que les points d'oiîification qu'on y trouve çà Se là , fourniffent des fignes évi- dens d'un principe corrofif. La maiïe du cœur étoit diminuée , les oreil- lettes , fur-tout la gauche , étoient petites &: contracT;ées. Nous ne trou- vâmes aucun dérangement dans les vifceres du bas-ventre. Seulement la rate étoit ridée , plus petite & plus blanche qu'à l'ordinaire. Voilà ce que j'.ivois à vous dire fur le genre & le fiege de la mala- die. 11 me refte à vous faire l'hilloire des fymptômes qui l'avoient ac- compagnée Se que j'ai eu occafion d'oblerver pendant trois jours avant la mort du malade. Ils en renferment tous les phénomènes elfentiels , & ACADÉMIE DE BOLOGNE. szi ils m'avoient dévoilé la nature du mal dès le premier de ces trois jours.' Cet homme étoit coureur du cardinal de Via , il avoit 43 ans , il Académie étoic extrcmement aeile , il paroilToit fort robufte ; fa taille croit c °^^ „ ' r\ r ■ iV ■\ ■ ' ' I bCIENCES moyeime & carrée. Dans la jcunelle , u avoit ctc manœuvre de maçon, pg & comme il étoit fort alerte & fe confioit beaucoup en fes forces, il por- Bologne. toit des fardeaux au-delfus de fon âge. Il lui étoit arrivé plufieurs fois , de tomber de fort haut. Dans un âge plus avancé j il fe plaça chez \t ■ des perfonnes de diftindion , & fut regardé comme un excellent cou- reur. 11 y a feize ans qu'il fe maria , & il a eu de fa femme trois ou quatre enfans. U fe plaignoit fouvent à elle d'une douleur dans la poi- trine i &: il m'avoit fouvent confulté , fe plaignant d'être fatigué par des vents & par une douleur aux lombes & au ventricule qui s'étendoit jufqu'au ftetnum , comme on l'obferve fréquemment dans les affections hypocondriaques. Je combattois ordinairement ces maux avec des lé- gers purgatifs , la thérébentine , ou la décoétion des plantes ameres, fé- lon 1 idée que je me formois de la maladie. Ces remèdes fembloient le foulager dans peu de jours, & il reprenoit fes travaux ordinaires , comme l'homme le mieux portant. Mais cette année , ayant été obligé de s'abfenter de la ville pendant vingt jours j & de faire chaque jour plufieurs lieues dans un pays montagneux & couvert de neice , fans pouvoir aller à cheval à caufe de la douleur de poitrine qui l'avoit re- pris , il revint chez lui extrcmement fatigué &: s'alita. Je fus mandé. Il me dit qu'il fentoit dans la poitrine une pulfation qu'il n'y avoit point encore fenticj & une douleur infupportable au flernum & aux omo- plates , fur-tout à la gauche , qui ne lui permettoit pas de refter dans le lit. Il étoit cependant un peu foulage lorfqu'il fe couchoit fur le ventre j la tête balfe , & qu'on lui appliquoit des linges chauds fur le dos & fur la poitrine. Il n'avoit pas fermé l'œil depuis huit jours. Sa bou- che étoit extrêmement amete , &: il étoit tourmenté par des vents j qui , en s'élevanf, étoient arrêtes par un obftade inconnu & forcés de retour- ner. Lorfqu'il pouvoir en rendre quelqu'un , il fe fentoit conlîdérable- ment foulage. Trois jours avant de revenir dans fa maifon , il avoir eu pendant la nuit un froid univerfel avec une fî grande opprellion , qu'il avoit cru mourir j mais il avoit été un peu foulage par le vomilfe- menr des alimens qu'il avoit pris & d'une matière amere. Voilà ce que j'appris par le récit du malade. Les queftions que je lui hs & un examen attentif me découvrirent encore ce qui fuit : la face étoit livide & gorgée de fang ; il y avoit un battement léger à la jugulaire gauche , & très-vif à la droite. U lui prenoit deux ou trois fois par jour , même dans le lir, un léger vertige avec fueur firoide à la tête. Les f lieds fe roidilfoient plufieurs fois dans le jour ; pendant fon voyage , orfqu'il commençoit à gravir fur les hauteurs , il étoit effoufllé ; mais enfuite la poitrine s'échauffant peu-à-peu , difoit-il , la refpiration rede- venoit naturelle , &: il fe trouvoit en état de continuer fa route. La pul- Collecl. Acad. pan. étr. Tome X. V v v 5i2 COLLECTION ACADÉMIQUE, I lation que j'ai dit qu'il feiitoit dans la poitrine , ne frappoit point ma Académie j,,^jn 2ppliqi,^efuf le fternum ou fiif le dos, dans quelque fituation que ^^^ le malade fût couché , fur le dos , fur le ventre ou fur le côté. Le bat- dT^' tement du cœur étoit foible , èc celui de l'artère radiale y répondoit Bologne, exadement. Mais le pouls étoit dur &C ferré par la contraftion des tuni- ques de l'artère. Je me rappelle cependant d'avoir trouvé autrefois fon »^- pouls vibrarrile, ce que j'attnbuois au genre de vie qu'il menoit , car j'ai toujours trouvé ce pouls dans les coureurs , quoiqu'ils fe portaffent bien d'ailleurs. U étoit quelquefois inégal , certaines piilfations étant plus foibles que d'autres, toujours lent, jamais intermittent. Le ma- lade ne s'étoit jamais plaint de douleurs aux épaules ni aux bras. Ce- pendant la violence de celle qui le tourmentoit aéluellement , me força de prefcrire une faignée , quoique j'en fulfe détourné par la nature de la maladie , que je venois enfin de reconnoître , & que je jugeois avoir fait de trop grands progrès, ainfique parla foiblelfe du pouls. Mais voyant que cette foiblelfe au'gmentoit à mefure que le fang couloir , je fis fer- mer la veine. Cette petite faignée parut avoir un peu calmé la dou- leur , & le malade dormit quelques heures. Le fang qu'on lui avoit tiré , avoit peu de confiftence. La veille de fa mort , en appliquant ma main fur le fternum , je fentis un mouvement femblable à une palpi- tation. Le mî-me jour, ayant voulu s'afTeoir fur fon lit pour prendre de la nourriture , une g ande rougeur fe répandit fur fon vifage & une cha- leur dans tout le bas-ventre , Se fa tcte fut couverte d'une fueur froide. Ces fymptômes difparurent bientôt , & le malade prit un bouillon. Le troifieme jour depuis fon arrivée , ayant pris deux ou trois cuillerées d'eau froide que fa femme &C fes amis lui préfenterent comme un re- msde divin , quoiqu'il eût averti que les boiffons froides lui étoit nui- fibles , il tomba en fyncope. U réprit cependant bientôt fes efprits : mais deux heures après , la fyncope revint &: il expira. ^ ^ Avant de finir ma lettre , permettez que je vous fafle part d'une ob- fervation que j'ai faite autrefois avec M. Blanco , fur le trou de la mem- brane du tympan découvert par Rivin , obfervation dont je vous ai en- tretenu autrefois , avec promefle de vous en rendre par écrit un cci-njpte plus détaillé , & d'une autre fur la valvule du colon que nous a offert le cadavre du coureur dont je viens de vous parler. U y a trois ans que nous diffequames un garçon â^é de dix ans qui s'étoit noyé. Nous fu- mes d'abord curieux de nous afUirer d'im fait avancé par plufieurs auteurs , qui prétendent que les noyés ne meurent point parce que le poumon fe remplit d'eau , mais parce qu'ils ne peuvent refpirer & qu'ils font fufto- qués. Le cas de ce jeune homme eft très-favorable à cette_ opinion. Sa bouche étoit remplie d'écume comme dans l'épilepfie , ainii que la tra- chée & les n.arines. Le bout de la langue étoit engagé entre les dents & en avoit été mordu. U n'étoit pas entré une feule goutte d'eau dans le poumon , ni même dans le ventricule , dans lequel nous ne trouvâmes ACADÉMIE DE BOLOGNE. 515 qu'une petite quantité de liqueur , que nous jugeâmes être le refte de' ^'^^ ce que le malade avoit bu avant fon accident. C'eft dans le mcme ca- Académie davre que nous avons fait notre obfervation fur le trou de la mem- Sciences brane du tympan. Ay.uit promené doucement une foie de cochon fur ue cette membrane, dans l'oreille gauche, lur-tout à l'endroit où elle e 11 Bologne. plus lâche & où Rivin , au rapport de Munnich , afTure avoir trouvé un trou , nous recoinrames une efpece de couvercle j pofé extérieu- \jémoires rement , que nous écartâmes , Se tout d'un coup .nous apperçumes un trou arrondi. Nous craignîmes d'abord qu'il n'eût été formé par la prellion de la foie, mais l'ayant examiné l'un Se l'autre avec toute l'at- tention pollible , nous remarquâmes que toute fa citconférence avoir une figure annulaire , qui fembloit formée par une membrane repliée fut elle-mcme. Nous inttoduihmes la foie dans le trou , nous l'inclinâ- mes & la poulfames en divers fens , mais il conlerva toujours la même forme & fes bords ne furent point endommagés. Appuyant enfuite la même foie fur d'autres parties de la membrane avec beaucoup plus de force qu'auparavant , nous ne pûmes la percer. Nous croyions donc fermement avoir apperçu le trou de Rivin. Mais je dois ajouter que ce garçon , à ce que nous apprîmes enfuite , avoit été fujet , dans fon enfance , à des écoulemens de férofité par les oreilles , fans ce- pendant que fon ouie eût jamais été affoiblie. Vous me demanderez peut-être ce que nous obfervames dans l'oreille droite. Mais nous eû- mes le malheur de déchirer la membrane du tympan, en difféquant le conduit auditif pour y parvenir. Ayant ouvert la tête , nous trou- vâmes les veines de la dure Se pie mère gorgées d'air encore plus que de fang. Je palfe à notre obfervation fur la valvule du colon. Nous avons re- connu manifeftement qu'elle eft formée par deux efpeces de membranes femilunaires , où , fi vous l'aimez mieux , par deux valvules conni- ventes , ou , ce qui eft peut-être plus conforme à la vérité , par deux prolongemens de l'ileum qui s'élèvent dans le colon. Les bords en étoient affez épais , &: l'exttèmité de leurs fibres , repliée , repréfentoit alTez bien le tarfe des paupières. Ces deux membranes étoient d'iné- gale longueui , car celle qui regardoit le colon , étoit plus élevée de tout fon bord que celle qui étoit vis-à-vis le cœcum. Elles étoient un peu entr'ouvertes ; mais on fermoir aifément cette fente en abbaiflant ôc fléchiirant le bord de la membrane fupérieure fur l'inférieure car alors les deux bords s'appliquoient exaétement l'un fur l'autre. C'eft par ce méchanifme que nous jugeâmes que l'air ou l'eau, injedés dans le colon fe termoient le palfage à eux-mêmes , comme nous l'éprou- vâmes. Ils ne purent palier à travers la valvule , quoique nous les y aidallions par la prellion de la main. Les membranes qui forment la valvule du colon , n'ont pas toujours leur bord aulli épais que dans le cadavre qui a donne lieu à cette obfervation. M. Blanco polfcde lix ou \' v v ij 5^4 COLLECTION ACADÉMIQUE, . - lept portions d'inteftin de fujets de difféiens âges , qu'il a fait defTé- "^"g'^'^thet j après les avoir gonflées. Les deux membranes qui forment Sciences ^^ valvule y font d'inégale longueur 5 mais lorfqu'elles étoient ré- DE centes , les bords n'en étoient pas aulfi épais , Se n'avoient pas une for- BoLOGNE. me annulaire auffi marquée que dans celle dont je viens de parler. La fente de la valvule n'eft pas non plus d'égale grandeur dans tous les Mémoires ^"j^f^- Dans ceux où les membranes s'unilïent avant d'arriver aux pa- rois de l'inteftin , la fente eft étroite , elle efl: plus large , au con- traire , dans ceux où ces membranes y arrivent féparément , comme dans une des portions d'inteftin de M. Blanco ; quoique l'ileum s'infère dans le colon, comme à l'ordinaire j c'eft-à-dire j en formant avec lui un angle aigu , on voit pourtant entre l'un &; l'autre un intervalle de trois ou quatre lignes , tandis que dans une autre de ces portions , delféchée de la même manière , cet intervalle eft à peine d'une demi ligne. Aulîi M. Blanco a-t-il obfervé que , dans les fujets où cette fente eft moins étroite , le paffage de l'air ou de l'eau du colon dans l'ileum eft 5 à la vérité , retardé , mais non abfolument empêché. D'où on peut conclure qu'il eft poffible , fans qu'il furvienne aucun déran- gement dans la valvule du colon , que les lavemens foient rendus par la bouche ; & que lorfque la valvule eft aflez lâche , elle peut s'ouvrir fuflSfamment dans les coliques atroces & les convuKions pour permettre aux clifteres de remonter jufqu'à la bouche , mêlés avec la fiente. Les obfervations que je vous ai communiquées , mon cher Becarri , ne m'appartiennent pas en propre •, M. Blanco en partage l'hon- neur avec moi. Mais l'amitié qui nous unit , & qui rend routes chofes communes entre nous , me permet de vous les offrir comme un foible gage démon fincere dévouement. j4 Rimini le 14 janvier. «(''■"' ^ijffi.M' - . — *»r,j. SECONDE LETTRE DE M. LEPROTTI A M. Beccari. Sur le même fujet. JE vous demande pardon , mon cher Beccari , de revenir encore fur un fujet que j'ai traité fort au long dans ma lettre précédente. Mais je me fuis rappelle quelques circonftances effentielles , relatives à l'ouverture du cadavre & à l'hiftoire de la maladie dont vous ferez , je crois, charmé d'être inftruit. Quant au premier chef, j'aurois dû re- marquer peut-être que l'artère bronchiale , dans ce fujet , quoique ve- nant de l'aorte , fe prolongeoir de près de deux travers de doigt au-def- fous des deux premières intercoftales. Ce n'eft point par l'artère œfo- phsgienne , que le fang s'étoit répandu autour de l'œfophage , comme ACADÉMIE DE BOLOGNL. 515 M. Blanco l'avoit d'abord foupçonnc, fonde fur ce que cette artère nait de la bronchjale , fuivant Munnich , quoique cette origine ne foit pas '^^^^''"^ conftante ^ car comme vous favez Heifter la compte parmi les artères Sciences qui nailfent de l'aorte defcendante , fcparément de la bronchiale ; & de Ruyfch , différant de l'un & de l'autre , la décrit comme naiffant du Bologne. tronc de l'artère intercoftale fupérieure , qui vient de la fouclaviere- gauche , tronc d'où il a vu aufli très-fouvent partir l'artère bronchiale. Mémoires Pour ce qui eft de l'hiftoire de la maladie , en repalTant dans mon efpritce que j'avois autrefois obfervé , je me fuis fouvenu que ce ma- lade étoit fujet à de fréquens retours de toux feclie , & que cette toux venoit fouvent fans caufe évidente. Cela m'a été confirmé par les per- fonnes de fa connoiffance j qui ont encore ajouté que fon haleine étoit extrêmement puante. 11 avoit pris l'habitude de fumer plufisurs pipes par jour. J'ignore fi c'étoit fimplement par goût , ou parce qu'il croyoic en avoir befoin. i^^ SUR UN GRAND NOMBRE DE PHOSPHORES , nouvellcmenc découverts. Par M. Jacques-Banhelemi BeccJRI. SECOND MÉMOIRE i'^)- SOMMAIRE DES MATIERES. 1. Méthode plus exacte d'obferver les phofphores iwagine'e depuis la pu- blication du premier mémoire. II. Par cette méthode on s'ejl aJJ'uré de ce qui n'avait été propofe auparavant que comme une Jîmple con- jecture , favoir que tous tes corps naturels qu'on a tenus expofés à la lumière extérieure , s'en pénètrent , & la confinent pendant quelque tems dans les ténèbres. III. Inconvéniens auxquels étoit fujette la pre- mière manière d'obferver , IV. Comment on y a pourvu par la nouvelle méthode. V. Autres remarques touchmt ces obfervations ^ & T. fur la lumière à laquelle on doit expofer Us corps. VI. Z. Sur la pofition qu'il faut donner à. ces corps. VII. _?. Et à tobfcrvateur caché dans les té- nèbres. VIII. 4. Ce quil convient de faire fi les matières à obferver font fous forme de poudre ou de liqueur. IX. y. On doit préférer les corps qui ont beaucoup de maffe à ceux d'un petit volume, X. 6. Com-. (a ) yoyeji^ ire, & qui fe préfenterent alors à moi comme d'elles-mcmes &: fans effort, II. Ayant donc maintenant en main une méthode plus exaéle d'ob- feryer , je fuis revenu depuis quelques mois .1 mes premières études, & je les ai fuivies jufqu'à prcfent fans interruption ; car j'ai toujours été perfuadé que les recherches phyfîques peuvent rarement être inter- romoues , fans qu'il en réfulte quelque incommodité conlîdérable pour le phyficien , & q„e l'objet qu'il fe ptopofe d'édaircir n'en fouffr© quelque dommage. Car outre qu'il eft plus facile de pouffer un çu- Si8 COLLECTION ACADÉMIQUE; ' vrage déjà commencé , que de le reprendre fur nouveaux frais, aorcs ArAnEMIEi»- 1 I ' • \ ■ 1 *A r ... y ^'■^^ " . " 1 avou" abandonne, a moms que la même perfonne qui la entrepris j Sciences "^ ^'^'-'''^ elle-même de le conduire à fa perfeétion , ou elle n'aura DE point de fuccelTeurs dans le même travail , ou elle n'en aura que Bologne, de tardifs. On me pardonnera donc d'être revenu à mes phofphores , ■ après les avoir quittés , malgré moi , pendant deux ans Se plus. Une Mémoires^ '°"S"^ ''"^'^'^"P"°" '^^"^ mon travail , fe trouve heureufement com- penfée par l'incroyable quantité de nouveaux phofpliores que je peux aâuellement joindre à ceux dont j'ai déjà donné la defcription dans mon premier mémoire. Car je peux alTurer , fans oftentation , que par mon induftrie , quelque petite qu'elle foit , j'ai tellement accru le domaine de la lumière , qu'il n'eft prefque point de cotps dans l'u- nivers , fi l'on en excepte un très-petit nombre , qui ne foient forcés de la recevoir dans leur fein , &: de la garder autant que fon agilité peut le permettre. J'ai déjà annoncé dans mon premier mémoire cette nouvelle & finguliere propriété des corps & de la lumière , mais en doutant & en héfitant , n'ayant à donner alors fur cela que des con- jeélures ; conjectures appuyées à la vérité par cette prodigieufe quan- tité de corps que j'avois vu recevoir la lumière , mais combattues en- core par un alfez grand nombre d'autres corps qui refufoient de l'ad- mettre. Il n'y a plus lieu maintenant au doute , puifque des obferva- tions multipliées & de la plus grande certitude , m'ont fait connoître que ces derniers corps même font enfin obligés de fe foumettre à la lumière & d'en fubir les loix. Je vais expofer par ordre , & dans le détail con- venable j ces nouvelles obfervations , afin que le leéteur foit plus dif- pofé à leur accorder fa confiance , & pour frayer auffi une voie fure & facile à ceux qui feroient bien aife de les répéter. III. Comme il eft uniquement queftion ici des phofphores qui ne bril- lent que d'une lumière étrangère , les règles de conduite prefcrites dans mon premier mémoire auront encore lieu pour celui-ci , puifque tout ce premier mémoire ne roule également que fur ce même genre de phof- phores. Or j comme plufieurs des corps qu'on expofe à la lumière , n'en prennent que très-peu, & la laifTent échapper très-vite j nous avons indiqué deux moyens pour parer à ces deux inconvéniens , qui peu- vent faire manquer totalement l'obfervation. Il faut , avons nous dit , que l'obfervateur , avant de fe mettre à obferver , ait refté alfez long- tems dans les ténèbres pour que toute l'impreflîon que fes yeux avoient reçue de la lumière extérieure , ait pu fe dilliper ; Se en fécond lieu , que le corps qu'on veut éprouver foit potté de la lumière à l'obfcu- rité avec toute la célérité polTible , & avant qu'il ait rien pu perdre de la lumière qu'il a reçu. Je n ajouterai rien à ce que j'ai déjà dit fur l'im- portance de la première condition , & à ce qu'en avoir déjà dit avant moi M. du Fay , qui la regarde comme fi elfentielle , qu'il femble avoir cru , que c'étoit le feul préliminaire à remplir dans les obferva- tions Académie ACADÉMIE DE BOLOGNE. 519 tioiis doiir il s'agit , pour en alfurer le fuccès. J'infifterai donc feule- ment ici , fur la féconde condition, c'eft-à-dire , fur le tranfport des corps de la lumière à l'obfcuriti;. Quelque prompt que je me fufle Sciences efforcé de le rendre dans mes premières obfervations , par un artifice de qui me fembloit alfez commode , je fuis parvenu enfuite , avec moins Boiogne. de peine , & par un moyen plus funple , dans mes dernières tentati ves , à rendre ce tranfport beaucoup plus prompt encore, ou du moins Mémoires plus aifé pour l'obfervateur. V^ous vous fouvenez fans doute , Meilleurs , que je m'ctois fait préparer pour mes premières expériences , une pe- tite cellule où j'obfervois mes phofphores dans la plus profonde ohC- curité j que j'avois fait adapter à la fenêtre de la cellule un tambour mobile fur fon axe , fur lequel on plaçoit les matières à obferver , & que lorfqu'elles étoient ralfalices de lumière , d'un feul tour du tam- bour je les faifois palfer jufqu'à moi. Tout cela paroifToit très-bien ima- giné pour accélérer autant qu'il le falloit le palfage des corps de la lu- mière à l'obfcurité. Néanmoins il arrivoit fort fouvent j que celui qui écoit chargé de mettre les corps fur le tambour ne s'acquittoit pas arfez tôt de fa tonélion j ou que l'obfervateur lui-même tomboit dans le même défaut ; or , lorfque l'un ou l'autre , ou tous les deux enfemble n'étoient pas affez expéditifs , quelque peu confidcrable qu'eût été le retatdement , les corps lailToient échapper quelqaefois , avant de par- venir dans la cellule , la lumière dont ils s'étoient pénétrés , enforte que ne brillant plus alors aux yeux de l'obfervateur j ils étoient tou- jours exclus par ce dernier de la claffe des phofphores. IV. Après avoir reconnu cette caufe d'erreur , il me fallut procéder différemment à mes expériences. Voici le nouveau moyen que j'nna- ginai. Je fufpendis au bord fupérieur de la fenêtre dont je viens de faire mention , deux rideaux d'une étoffe noire Se épaifTe , dont un la couvroit en-dedans & l'autre en-dehors. Ils étoient fi amples tous les deux qu'ils excédoient de fix doigts toute la circonférence de la fenê- tre ; &: quoiqu'ils pendilfent librement en bas , ils s'appliquoient fi exadement d'eux-mêmes aux bords de la fenêtre , qu'ils interdifoienc à la lumière extérieure tout accès dans la cellule ; & l'obfervateur en foulevant un peu le bas des rideaux , & étendant le bras en-dehors autant qu'il étoit ncceflaire , pouvoir porter au grand jour quelque corps que ce fût, en le tenant dans la main. Pendant qu'il faifoit cela j il convenoit qu'il eût les yeux fermés , de peur que la lumière ne vint inopinément à les frapper. La main retirée , &: les rideaux retombes , d'eux-mêmes , ce qui n'exige que deux inftans fort courts , comme la fenêtre exaétement voilée , ne laiffe plus rien à craindre de la lumière extérieure , l'obfervaceur portera aufli-tôt les yeux fur le corps qu'il tient dans la main , pour juger de fon éclat ou de fon obfcurité. V. C'eft ainfi que j'ai pourvu aux principaux inconvéniens qui fe font CûlUcl. A(ud. parc. étr. Tome X, Xxx 530 COLLECTION ACADÉMIQUE, ' -préfentés dans mes premières obfer varions ; mais l'expérience m'a fait Académie ^,Q,^,,gjjjg ^^-jj g[^ encore certaines précautions à prendre, dont la Sciences "^g'igence ou romiflion rend fouvent faux &: toujours difficiles , les ju- pe gemens qu'on a à porter fur les phofpliores dont il s'agit. On fauta Bologne, donc , en premier lieu , qu'il taut les expofer conftamment à la lumière la plus vive qu'il eft pofiible. Quelques-uns trouveront peut- Memoires "''^ ^'^^ ^^'^ inutile ; car qui ell-ce qui n'eft pas difpofé à croire que les phofphores doivent jetter d'autant plus de clarté dans les ténèbres , que celle .à laquelle on les aura expofés fera elle-même plus brillante ? Mais peut-être aulTi fe trouvera-t-il des gens qui feront d'un fentimenc contraire , particulièrement ceux qui auront remarqué que certains phofphores deviennent plus lumineux fous un ciel nébuleux que fous un ciel fetein , &C même qu'aux rayons du foleil , Se peut-être en ap- porteroient - ils des raifons affez probables. 11 étoit donc néceflaire d'avertir pofitivemenc que j'avois obfervé tout le contraire dans mes phofphores , dont la nature eft différente de la pierre de Bologne , dont ils entendent principalement parler. La différence qu'on remar- que à. cet égard entre cette pierre & nos phofphores peut être aifé- ment déduite de la diverdté de leur caraiflere. En effet , les derniers font naturellement phofphoriques , au lieu que la pierre de Bologne & les autres phofphores de fon efpece , ne le deviennent qu'artificiel- lement, & après avoir fubi l'aftion d'un feu très-vif. Auili n'ai-je ja- mais obfervé que la lumière du foleil ait nui le moins du monde aux phofphores naturels. 11 y en a même de fi difficiles dans cette clafle qu'ils paroifTent fe retTentir des moindres variations d'une fi grande lumière j & qui ne s'en laiflent pénétrer qu'autant qu'elle eft de la plus grande pureté & exempte de toute vapeur. Il y en a même quel- ques-uns à qui la lumière folaire la plus brillante ne fuffit pas , à moins que les rayons n'en foient réunis &: concentrés au foyer d'une lentille. ■ VI. Il ne faut pas confidérer feulement à quel degré ou à quelle forte de lumière les corps doivent être placés , mais encore de quelle manière ils doivent y être expofés ; car il en eft quelques-uns qui s'éclairent mieux lorfqu'ils y font expofés d'une certaine façon , que s'ils l'étoient de toute autre. Il eft difficile d'établir fur cela quelque règle certaine Se générale ; les diverfes dimenfîons des corps , les va- riétés de leurs furfaces , leurs différentes configurations , la différente nature de leurs parties conftitutives , Se peut-être plufieurs autres cho- £es encore , les rendent plus ou moins admiftibles à la lumière. Or , chacune de ces chofes , en particulier , ne peut être que difficilement connue, & toutes enfemble ne fauroient l'être. En général pourtant , on doit regarder comme la pofition la plus favorable celle où le corps expofé à la lumière reçoit une plus grande quantité de fes rayons. Or, il en tombe davànt.ige fur une îurface hérilTée Se raboteufe , que fur ACADÉMIE DE BOLOGNE, 531 une fmface lilfe .Se polie ; car l'optique nous appiend que cette der-' Jiiere en réfléchit le plus grand nombre , avant qu'il leur loit permis Académie de la toucher. En outre , lorlque le corps eft inégal Se r^iboteux dans c "^^ fa furface , il faut faire enforte , autant qu'il eft polfible , que les émi- ^^'^^'^^^ nences & les cavités de fa furfice reçoivent uniformément la lumière ; Bologne. car fouvent les parties faillantes ombragent tellement les caves , que— '. la plus grande portion du corps demeure dans l'obfcurité , quoique x 1 fous une lumière très-vive , ce qui le fera paroître quelquefois entié- ^-'''°'^^* ment obfcur , fur-tout s'il a peu de difpofition par lui-mcme à rece- voir la lumière ; car une lumière foible , particulièrement fi elle eft interrompue j no fait pas une impreflion alfez forte fur les yeux de l'obfervateur , &: donne plutôt l'idée de l'obfcurité que d'un objet éclairé ou lumineux. Il arrive fouvent aufli qu'on foumet aux expérien- ces , des corps dont les parties ont une nature &: des qualités différen- tes ; il eft clair alors qu'il fiut diriger du côté de la lumière celles qui ont le plus de difpohtion à s'en pénétrer. On y expofera pat confé- quent les blanches plutôt que les brunes j les feches plutôt que les •humides , Se les opaques , plutôt que les tranlparejites ; mais comme on ne peut pas toujours avant l'expérience s'aliurer de ces différentes qualités , il fera bon de tourner & retourner le corps en différens fens , jufqu'.i ce qu'on ait rencontré le plus avantageux. Cette re"le trouvera alTez fouvent fon application même pour les corps qui paroilfent en tout parfaitement conformes. C'eft ce que j'ai éprouvé fur un ^obelet de verre d'une figure conique, qui lorfqu'on l'expofoit à la lumière de fa- çon que fon axe étoit parallèle à l'horifon j paroifToit orné d'une traî- née brillante de lumière , également parallèle à l'horifon , tandis qu'il rejettoit la lumière lorfqu'on l'y préfentoit de toute autre façon. VII. Une autre règle qui paroit concerner encore la meilleure pofi- tion des corps , c'eft de les difpofer de manière que leurs parties les plus éclairées foient dirigées vers les yeux de l'obfervateur , & non les autres. Il femble qu'il foit difficile de manquer à cette règle. On y déroge néanmoins plus fouvent qu'on ne fcroit porté à le croire : car les mains , qui , dans les mouvemens ordinaires 8c journaliers , ont coutume d'être dirigées par la vue , font privées de ce fecours , dans une fi grande obfcurité. VIII. Il eft encore quelques changemens de fituation qui dérobent n l'obfervateur les parties des corps , bien qu'elles foient éclairées. Ce changement a lieu dans les matières qu'on réduit .1 de petites molé- cules , ou qu'on pulvérife ; car comme on ne peut pas faire paffer de telles matières de la lumière à l'obfcurité ^ fur-tout avec la célérité qui eft requife , fans y exciter quelque ébranlement , il eft impollible que plulieurs parties de cette maffe incohérente ne changent leur fituation refpediye & ne fe lailfent tomber les unes fur les autres, & que celles qui étoient éclairées ne perdent tout leur éclat , lorfqu'elles fe troiive- Xx X ij 53i COLLECTION ACADÉMIQUE, ■ïont recouveites par les parties obfcures qui auront gagne le ^efTus. La Académie ,^-j^.,fu, i-jifon rend encore r_obfervation des liquides fort difficile ; c'eft _ ^^^ pourquoi on doit , autant que faire fe peut , les empêcher de couler. OCIENCES ri. 1 /- j J L "Il J' ^ DE On y parvient en les enfermant dans des bouteilles d un verre tres-pur, Bologne, où elles ne peuvent recevoir ni lecoulFes. ni agitation , il ces bouteilles , en font aufll exaftement remplies qu'elles peuvent l'être. La lumière Mémoires I"' P^'^^ ^ travers le verre , luppolc très-net ^ & en mt-me-tems fort mince , excite fuffifamment les parties de la liqueur à briller ; & com- me ces parties ne fouftrent aucun dérangement , elles la confervent autant qu'il eft ncceiraire pour l'obfervation. Sur le mcme principe , on mettra les poudres dans des vailfeaux aufll évales qu'il eft pollible , après quoi on les comprimera alîez fortement pour que les grains en deviennent cohérens entr'eux j comme chacun de ces grains confervera alors la pofition fous laquelle il a reçu la lumière j il la fora pafler aux yeux de l'obforvateur dans toute la force & lans altération. IX. Remarquons enfin qu'il vaut mieux choilîr de gros corps que de petits pour nos obforvations. Cette précaution eft même abfolument indifpenfable lorfqu'il s'agit d'éprouver une lumière foible; car il eft clair que quelque languilfante qu'elle foit , elle pourra encore ébran- ler la vue , (î elle eft répandue for une grande lurface , & qu'il n'en fera pas de même fi la furface du corps eft très-petite. Si donc on peut choifir , parmi des corps d'un même genre , on donnera la préférence à ceux qui ont beaucoup de volume fur ceux qui en ont le moins. En obfervant moi-même de petits fragmens de certains corps , je ne pou- vois y appercevoir aucune lumière , au lieu que j'y en difcernois une alTez confidérable , lorfque j'employois de plus gros fragmens. X. Mais comme nous n'avons pas toujours le moyen de faire nos -expériences fur de gros corps , foit parce qu'il n'y en a point de tels itMOIRES encore avec ardeur. J avois exclu , comme je 1 ai dej.i dit , de la clalle de nos phofphores , une quantité prefque innombrable de corps j que cette manière plus indullrieufe d'obferver m'a enfuite forcé d'y rap- peller. On ne doit pas trouver inutile i'énumération détaillée que je vais faire de chacun de ces corps , fur le fondement que cette énu- mération n'ajoute rien à l'affertion générale qui fe trouve au commen- cement de ce mémoire j favoir , qu'il n'eft point de corps , à ttès-peu d'exceptions près ^ qui étant expofés à la lumière extérieure j n'en tranfportent une partie dans les ténèbres , li on vient à les y placer ; car bien que l'admillion de la lumière foit une propriété commune à prefque tous les corps , elle fe manifefte dans chacun d'eux par quelque caraclere particulier qui mérite d'être remarqué , Se la mention exprelfe qu'on en fait donne encore plus de force à l'alTertion générale, eu la rendant plus croyable. Xll. Dans cette nouvelle énumération des phofphores , je fuivrai te même ordre que je me fuis déjà prefcrit dans mon premier mémoi- re , & je les diviferai encore en trois clafles , en folTilles j végétaux , & animaux. Parmi les follilles , j'ai donné le premier rang aux terres j dont j'ai dit qu'il y en avoit une grande quantité de phofphoriques, & beaucoup qui ne l'étoient pas ; Se quoique j'aie affirmé qu'aucune de_ leurs qualités extérieures , & leur couleur fur-tout , ne fourniflbient point d'indice allure de la propriété phofplioiique ou non phofphori- que , j'ai ajouté néanmoins qu'entre les couleurs le blanc & celles qui^ en approchent le plus près , font les plus amies de la lumière , je dis" à préfent , d'après mes nouvelles obfervations , qu'il n'eft point de terre qui ne puille reluire dans l'obfcurité , fans en excepter même les noires Se les rouges. En effet , j'ai vu les terres noires dont nos pein- tres font ufage briller d'une lumière foible à la vérité , mais nulle- ment douteuie , fur-tout dans les bords Se dans les angles , où elle a coutume de fe manifefter aufli plus fenfiblement dans un grand nombre d'autres corps. La terre à foulon , dont j'ai déjà parlé dans mon premier mémoire , brille un peu davantage , mais d'une lumière qui ne répond aucunement à fon extrême blancheur , enforte qu'il ne faut pas être furpris fi je l'avois citée , avec quelques autres , pour exemple des terres blanches qui ne prennent pas la lumière. 11 s'en ell; peu fallu auffi que je n'aie exclu du genre des phofphores une certai- ne terre jaune qu'on nous apporte ici de la campagne de Rome pour 534' COLLECTION ACADÉMIQUE, = fervii- à la peinture , tant elle oppofe de réfiftance à la lumière j même Académie ^ ^^jj^ ^j^j {^\q\\ ^ mais je fuis parvenu enfin à dompter fon opniiâ- °^^ treté , en Texpofant aux rayons de cet aftre réunis au foyer d'une DE lentille. Bologne. XIII. A l'égard des fables , que j ai atlociés aux terres , je n'ai pref- —que rien de nouveau à en dire , car j'ai attribué à la plupart la qua- vji lue phofpliorique , pourvu que leur couleur ne s'y oppofe pas. Ce fable jaune dont les collines voilînes de Bologne font compofées , (a) s'ell encore montré un peu lumineux dans mes dernières obfervations , quoiqu'on ne l'eût point dépouillé de cette ochre que j'ai dit aftoiblir fon éclat. J'ai vu briller encore ces pailletés de talc couleur d'or dont le même fable eft auffi entremêlé , quoiqu'il eût obftinémenr refufé de le faire autrefois. XIV. Parmi les pierres les plus confidérables par leur mafle , on doit fans contredit placer au premier rang les marbres , qui ne le cèdent à aucune autre par leur grolleur , & qui l'emportent fur toutes par leur poli ôc par leur éclat. Ils leur font fupérieurs encore par la faculté phof- phorique. Cette dernière paroît fe trouver au plus haut degré dans les marbres les moins durs Se les plus blancs ; mais les plus durs &: qui ont des couleurs foncées n'en font pas entièrement dépourvus , comme je l'avois déj.i foupçonné autrefois. Il eft conftant du moins que les porphyres , les ophites , 6c les granités, que j'ai apporté pour lors en exemple , ont pris quelque lumière expofés au foleil , & une plus forte au foyer d'une lentille. Le Bafalte , efpece de marbre d'Ethiopie qui a la couleur &: la dureté du fer , ne fe refufe pas non plus abfolument à la lumière , puifqu'il s'en lailfe pénétrer lorfqu'on l'expofe au même foyer. On peut ajouter à ces ditférens marbres , un certain marbre verd d'Egypte , le verd antique , ôc l'oriental de la même couleur , ap- pelle par les Italiens délia Stella j qui n'avoient point brillé du tout autrefois , ou qui .avoient feulement brillé par les bords &c d'une lu- mière douteufe. . . . , -. XV. En parlant des'pierres d'un petit volume ^ que j'ai dlvifées aum en différentes clalfes , j'ai dit que les unes étoient moins dures que les marbres _, & que les autres l'étoient davantage. Eu égard à leur forme , je les ai fubdivifées encore en trois nouvelles dalles. Je n'ai rien à ajouter fur la première où j'ai renfermé toutes les pierres abfo- lument informes. La féconde embraffe les pierres qui étant informes à l'extérieur , ont intérieurement quelque chofe de régulier , comme l'amianthe, diverfes efpeces de talc, & la pierre d'aigle, qui eft de la nature du nard de monragne. J'ai placé routes ces pierres parmi les ma- tières non phofphoriques , mais à tort , comme mes dernières experien.- ces me l'on: fait connoître , puifqu'elles m'ont fait appercevoir une (j) Koyfj dans l'hiftoire l'article de ce Table. ACADÉMIE DE BOLOGNE. 535 lumière bien fenfible , non fealement dans ces dernières pierres , mais = ~* encore dans toutes celles de la même clalFe , particulièrement dans une Académie pierre d'aigle orientale très-dure , & même dans l'efpece de papier fait CrigNCES avec l'amianthe. La troifieme clalTe qui comprend les petites pierres molles ue Se régulières tant au-dehors qu'a&=dedans , nous a fourni une riche Bologne. moidon de nouveaux phofphores. Je n'ai parle que d'une manière dou- ______« teufe des variolites &: des cruciformes j mais je peux alfurer maintenant \ii „„,_,. /- , ir ' n /• 1 r I • MEMOIRES fans hefiter qii elles lont pholphoriques. XVL Je pallai enfuite aux pierres plus dures que les marbres ; j'en trouvai très-peu dans mes premiers elTais qui brillalTenc dans les té- nèbres , & beaucoup nibins aiïurément que ne fembloit le promettre l'éclat qu'elles montrent en plein jour. Mais dans mes expériences fub- féquentes , au contraire , je n'en ai point rencontré qui ne fût douée de la faculté de reluire dans l'obfcurité , 6c qui ne le fit effectivement , pourvu qu'on l'y excitât par des moyens convenables. Le plus puillant Se le plus fur de ces moyens , pour toutes les pierres , c'étoit de les expofer aux rayons du foleil réunis au foyer d'une lentille , Se pour un aflez grand nombre qui n'avoient que peu de volume , c'étoit de , les réduire en petits fragmens ou en poudre , qu'on étendoit enfuite , comme je l'ai dit, fur une rablette enduite de cire noire. Ayant di- vifé ce genre de pierres en trois claffes , en opaques , tranfparentes , & d'autres qui renoient le milieu entre celles-là , en parcourant en- faite chacune de ces claffes en particulier , entre les pierres opaques je n'admis parmi les phofphores que le Lapis la:(u!i j Se je crus devoir en exclure les autres , Se nommément la malachite Se tous les jafpes ; mais je leur ai rendu avec ufure par mes dernières expériences la pré- rogative dont les premières les avoient privées ; car après avoir expofé la malachite & la pierre néphrétique aux rayons du foleil concentrés au foyer d'une lentille , je les ai vu reluire d'une manière non dou- teufe dans l'obfcurité , de même que les jafpes , foit rouges j foit d'un verd obfcur , ou variés de diverfes couleurs , lorfqu'on les eut fournis à la même épreuve. Il y en eut même beaucoup qui n'eurent befoin pour briller que d'être expofés à la feule lumière du foleil , particu- lièrement ceux qui étoient entremêlés de veines blanches. XVII. Dans la claffe des pierres que j'ai dit tenir le milieu entre les opaques & les rranfparentes , j'ai examiné des centaines d'agathcs j & n'en ai trouvé qu'une feule qui réfilHt à la lumière du foleil , même réunie au foyer de la lentille. Cette pierre préfentoit un mélange de beaucoup de couleurs obfcures , enforte qu'il y a lieu de croire que c'eft à ces couleurs plutôt qu'au caraélere particulier de la pierre qu'il faut s'en prendre d'une fi grande opiniâtreté. J'ai examiné encore dans ce même genre des opales , des onys , des cornalines , dont je n'ai point du tout parlé dans mon premier mémoire , &; je les ai vues re- luire aufli , même après avoir été expofées à la fimple lumière du foleil. 536 COLLECTION ACADÉMIQUE,' XVIII. Enfin la dernière clafle qui embralfe les cryftaux & toiltês Ie$ Académie pjgj.jgj pj^j-jg^^fgj jj.j,jfp,jfgjjt-es^ fg montrèrent beaucoup plus dociles à ç; ^^^ p. mes efforts que jenem^yétoisattendu. Garces fortesde pierresavoientdéji J3E oppofc une réfiftance infurmontable a M. du Fay , qui s'y étoit pris de Bologne, bien des manières différentes pour la vaincre , & je ne les avois pas .trouvées moins réfraiftaires moi-même dans mes premières tentatives , Mémoires quoiqu'elles euffent été d'ailleurs affez heureufes ; mais ce qui s'étoic refufé à ces premières épreuves étoit réfervé aux dernières. En effet , à commencer par les criftaux , j'en ai trouvé beaucoup qui fe chargent comme d'eux-mt-mes de la fimple lumière du foleil , tandis que d'au- tres plus opiniâtres , ne cèdent qu'à la lumière réunie. Je fuis parve- nu cependant enfin , fans grand artifice , à rendre tous les criftaux phofphoriques , en ne les expofant qu'à la feule clarté du jour. Lorf- qu'on les frotte les uns contre les autres , il s'en détâche une poudre très-fine &c très-blanche ; or , fi l'on frotte de nouveau les criftaux avec cette poudre , fur-tout dans les endroits où ils font le plus inégaux: & raboteux , ils reluifent d'une manière alfez vive en ces endroits là , lors même qu'on ne les a expofés qu'à une lumière qui n'eft pas bien grande. La même épreuve eut un pareil fuccès fur le verre , enforte que ce noble produit de l'art fut élevé à la dignité de phofphore , à laquelle il n'avoir point encore atteint. A l'égard des pierres précieu- fes , à peu d'exceptions près j elles ont toutes brillé au foyer de la len- tille , & les émeraudes plus aifément que toutes les autres ^ y en ayant eu même beaucoup qui n'eurent befoin pour cela que d'être expofées à la fimple lumière du foleil ; après les émeraudes , vinrent les faphirs , fur-tout les plus blancs ; les chryfolites ne leur cédèrent guère. Les améthyftes 5c les topazes fuivirent ; enfuite les rubis _, particulière- ment les plus pâles , Se enfin les grenats Se les hyacinthes. Je ne pou- vois prefque pas venir à bout de rendre ces deux dernières pierres phofphoriques folitairement ; j'y trouvois moins de difficulté lorfqu'il y en avoir un certain nombre de ralfemblées ; mais cette difficulté étoit toujouts plus grande que pour tous les autres genres de pierres précieufes. 11 ne me fut jamais poifible de rendre folitairement phof- phoriques quelques grenats que leur couleur Se leur poli rendoient ex- traordinairement brillans , & qui étoient d'une grofl"eur peu ordinaire ; non plus qu'une autre pierre précieufe que fa dureté Se fa couleur fai- foient regarder comme un rubis , Se deux belles hyacinthes encore. Je m'en pris à la couleiu- , Se je crois que ce n'a pas été fans fondement ; car il eft démontré depuis long-tems par de nombreufes obfervations , que de toutes les couleurs le rouge eft le plus ennemi de la lu- mière. XIX. J'ai paffe de l'examen des pierres à celui des métaux , en fui- vànt la divifion des fofllUes donnée par Wodward. M. du Fay les avoit déjà fournis à beaucoup d'épreuves. Je n'ai jamais celfé moi-même de- puis ACADÉMIE DE BOLOGNE. 537 puis que je m'occupe de b matière des phofphores , de faire tous iiies = eftorts pour rendre les métaux plus dociles a mes vœux; mais je u'.ii Académie tJOint trouvé jufqu'ici de moyen ou d'artifice qui ait pu triompher de Science» leur antipathie pour la lumière, de même que pour l'éledcicitc j (aj ng & c'eft-là le très-petit nombre de corps , dans la totalité de ceux que Bolognï. l'univers renferme , que j'ai dit , au commencement de ce mémoire , devoir être exclus du nombre des phofphores; car s'il en eft quelques- j^'^.^oij^^g uns encore qui n'ont pu devenir phofphoriques j après avoir été expo- fés à une lumière extérieure , il étoit aifé de voir que ce n'éioit pas à leur nature particulière qu'il falloir s'en prendre , mais à quelqu'autre caufe entièrement étrangère à celle-là , au lieu qu'on n'a point encore trouvé de caule pour les métaux à laquelle on puilTe attribuer avec vraifcmblance une fi grande .opiniâtreté à fe laiffer pénétrer par la lumière. i..i"i ._; XX. J'ai mis au même rang , dans mon premier mémoire, & les métaux & toutes les autres fubftances qui tiennent de la nature mé- tallique ; Se en cela je n'ai point fait de tort au cinnabre j au zinc , &C aux marcailites , qui . efFedivement refufent obftincment la lumière ; mais je n'ai pas allez rendu de juftice à la pierre calaminaire , puifqu'elle jette un éclat aflez vif dans les ténèbres , ainfi que d'autres folfilles du même genre, comme me l'ont fait connoître mes dernières obfer- vations. J'ai vu quelques aimans briller d'une lumière très-foible , après avoir été expofés à celle du foleil. Une certaine mine de fer brilla -aulli , mais feulement par intervalles. La magnefie donna aulll de la lu- mière , de même que l'émeril , la pierre haematite , & la pierre d'Ar- ménie , fur-tout lorfqu'on les eut expofées au foyer de la lentille. Une autre pierre , que fa couleur & fon poids ijidiquoieht être fcrruc^ineufe, Jevint phofphorique à la fimple lumière du foleil , mais feulement .par fes bords , qui étoient inégaux ; ainfi , ni le mélange d'une matière métallique , ni leur couleur , qui eft ordinairement noire ou obfcure , n'empêchent pas les fubftances dont nous venons de parler , & beau- coup d'autres encore de même nature , de jetter quelque lueur dans les ténèbres , lueur foible , à la vérité,, comme je l'ai déjà dit, mais telle cependant qu'elle ne. pouvoit échapper à tout obfervateur un peu attentif. '■■)■:■ XXI. D'après Wodwardj j'ai aftigné le dernier rang dans la claiïe des phofphores , aux fucs terteftres", que j'ai diftingués , en fuivant toujours la divifion du même auteur, en falins & en gras. J'ai admis frefque tous les fels au nombre des phofphores. J'ai feulement donné i'exclufion à ce^x qui n'étoient pas purgés de tout mélange métalli- que , induit principalement à cela par le vitriol ; car de quelque ef- pece Se quelque tranfparent qu'il fut , je n'avois jamais pu le rendre (j) Le laiin ajoute : Et ipfum quoqut rortm avtr/eiur. Collecl.Acad.part.e'cr. Tome X. Yyj "^ \CA0EM1E 538 COLLECTION ACADÉMIQUE, = phofphori ■ ,r. f„;ui„ i,.„;^,a ■"^^ ces d'une lumière languifTante. J'ai entrevu aulTi une foible lumière , DE*^^* niais pl"5 étendue dans du vitriol concaffé , & formant par la preffion Bologne, une grande furface platte ; &c une lumière enfin plus forte dans cette efpece de cliaux à laquelle le vitriol a coutume de fe réduire pen- MiMo.nfçdant les grandes chaleurs de l'été. Les rayons folaites réunis par la * ' lentille ont rendu trcs-fenfible la lumière languifTante & prefque im- perceptible du vitriol concalTé , & tellement renforcé celle de la chaux de vitriol qu'elle paroilfoit augmenter du triple. , • , , XXIL Dans mon premier mémoire j'ai beaucoup plus maltraite les fucs gras que les falins. Car je n'ai pas mis un feul des premiers au hombre des phofphores ; mais je les ai rétablis dans leurs droits par mes dernières expériences. Par exemple , le fuccin & le foufre , tant natif qir'en fiafion , ont été reconnus bien décifivement pour phofphoriques. Il n'en a pas été de même du jayet ôc du charbon de terre , matières à la vérité trop noires pour ne pas répandre leur obfcurité fur les objets les plus lumineux , & pour fe charger elles-mêmes de la lumière. XXIII. Nous avons parlé jufqu'ici des phofphores foflilles ; i^aflons maintenant aux végétaux. Parmi tous les corps que j'ai examiné dans mes premières obfèrvations , les plantes me parurent avoir le moins de penchant à s'unir à la lumière. Ce n'eft pas pourtant qu'elles foient privées par elles-mêmes de la faculté phofphorique ; mais cette faculté ne peut pas s'y déployer dans toute fa force y elle y eft comme en- chaînée par quelque principe ennemi de la lumière. U n'étoit pas dif- ficile de conjeaurer quel étoit ce principe , en réfléchiflant fur les ex- périences que j'avois faites fur les bois &c fur les fibres végétales , dont toutes les plantes ne font que des tilTus Se des entrelacemens , amfi que lue la préparation des phofphores artificiels , qne je voyois être prefque tons fournis parle règne végétal. En effet , comme les bois & les hbres font de toutes les parties qui entrent dans la compofition de la plante , celles dont la nature eft la plus feche , & celles auffi qui montrent le plus de penchant à s'unir, à la lumière , il s'enfuit que toute la préparation de ces fortes de phofphores confifte uniquement a les del- fécher d'une maniera convenable , & par conféquent que la furabon- dance du principe aqueux eft ce qui s'oppofe dans les plantes fraîches & fucculentes à la faculté phofphorique. Cette conjecture , à laquelle je n'avois ofé entièrement me livrer , fe trouve confirmée aujourd hui par beaucoup d'obfervations récentes , Se dont le réfultat a ete uni- forme. En eftet , ces nouvelles expériences m'ont convaincu qu » "f;* point de plante qui ne ptiilTe devenir phofphorique ^ fi on vient a la dé- pouiller de toute fon humidité. C'eft affez pour la plupart de les del- fécher à l'air , d'autres demandent à être expofées au feu. Parmi ces dernières j'ai trouvé quelques plantes arundinacées j Se entt'autres le 1, mt, > .■"*» -y^^'-, ACADÉMIE DE BOLOGNE. ^j^ tîpliiis p.iluftris. L'adtion du feu renforce & rend plus fenfible dans- ^ toutes les plantes la faculté pholphorique , pourvu que cette aftion ne foit Acatémie que très - modérée , & n'y lailie pas la plus légère impreflion. Entre ç """^ toute les plantes , je n'ai vu que la feule betterave rouge qui ait rcfufé ^*^'^'^'*^" conrtamment de recevoir la lumière , même après y avoir été follicitcc Boiocne. pat l'aétion du feu. XXIV. La faculté phofjphorique n'eft pas tellement enchaînée par»,- l'humidité, qu'elle ne puide auffi fe déployer quelquefois dans les plan- *°"^" tes encore vertes Se pleines de fucs. 11 fuffit au plus grand nombre pour briller un peu, d'avoir été expofées à la lumière du foleil, pourvu qu'il foir très-clair , & que l'obfervateur ait mis en ufage toutes les pré- cautions mentionnées au commencement de ce mémoire. En m'v con- formant foigneufement , j'ai vu prefque toutes les racines reluire lorfque leur couleur n'y apportoit point d'obftacle. L'écorce fur-tout eft ce quirépand le plus de lumière ; car pour le cœur de la plante , il n'en jette point du tout , fi la pulpe en eft fort molle ; mais il dé- pouille fon oblcurité , lorfqu'on en exprime le fuc. Les ti^es & les écorces fuivent en partie le génie des bois , & en pnrtie celui des feuilles , fuivant qu'elles fe rapprochent plus des uns ou des autres par leur texture. La plupart des feuilles reçoivent quelque lumière du fo- leil , particulièrement les feuilles blanclies, hériflces de poils , & d'une nature feche. Dans la même feuille , c'eft la furface tournée vers la rerre qui devient phofphorique. Si elles réfiftent aux rayons libres du foleil , elles ne manquent guère de céder à ces mêmes rayons concentrés & réunis par la lentille. Ce dernier moyen excite aulli la vertu phofpho- rique dans les fleurs ; car il y en a beaucoup qui reçoivent plus difE- cilement la lumière que les feuilles mêmes , ces fleurs ne fulfent-telles pas d'ailleurs d'une couleur bien obfcure. Les fruits , mcmî mois & fucculens , ne lui oppofent pas autant de réfiftance , quoique ceux* qu'on a fait fécher s'en chargent avec beaucoup plus de facilité. ^XXV. Les noyaux fe faifilfent aifément de la lumière , & n'ont pas befoin pour cela d'être deflechés , &: encore moins torré- fiés. La torréfadion cependant rend la lumière beaucoup plus vive ; mais elle n'eft pas abfolument néceflaire. Les ncjyaux jettent une allez grand éclat , fans avoir éprouve l'adion du feu. Ceci contredit ce que j'avois avancé dans mon premier mémoire où j'ai dit que non feule- ment les fruits & les noyaux , nïais encore les farines , même l'ami- don le plus blanc , Sc prefque toutes les femences doivent être exclus «lu nombre des phofphores naturels , leur accordant fimplement une place p.-irmi les phofphores artificiels , à condition encore, comme je lai déjà remarqué ci-devant , qu'on leur feroit fubir une légère rorré- faûion. Cette erreur doit être aflurément pardonnée à un homme, qui ne connoiflToitpas encore cette méthode plus exaéVe d'obferver dont je me fuis fervi depuis , & à qui l'expérience n'avoir pas encore fair con- Yyy ij S40 COLLECTION ACADÉMIQ'UË, ^^^^^'^ iioître jufqu'A quel point l'humidité de l'air afFoiblit dans ces corps îa '"^'^ faculté phofphotique. Car ayant répété depuis mes expériences pen- ScjENCES '^■'"^ ''^^ chaleurs de l'été , fous un ciel & à un air fecs , tempé^- DE rature abfolument différente de celle où j'avois fait mes premières ob- BoLOGNE. fervations , j'ai eu des réfultats totalement différens. Toutes les efpeces ——____ de noyaux j les femences céréales Se legumineufes , les haricots fur- Mé.moires '■""^ , & les poix chiches répandent donc une lumière aflez vive & dont l'éclat ne le cède qu'à peu de phofphores , fans même -qu'on ait fournis ces différentes fubftaiices à aucune, préparation. • XXVI. J'ai vu beaucoup de fucs vcgctairx briller d'une lumière alfez forte , & tous en jetter quelque peu. Parmi les fels , j'ai donné la première place au fucre. La manne &c le miel leur font autant infé- rieurs par-là , qu'il l'emporte fur ces matières en fécherefTe , le miel ne manifefte quelque lumière que lorfqu'il eft un peu durci par le froid j ôc devenu comme grenelé. Les gommes , autre genre de fucs végétaux concrés , brillent du plus grand éclat. Je n'ai rien vu au- delfus de celui que m'offrirent quelques larmes de gomme arabique Si de gomme de prunier. La gomme adragant jette aufll une lumière donc l'éclat n'eft pas médiocre , pourvu que l'humidité ne l'ait pas ramollie j auquel cas on en eft quitte pour la deflecher. XXVII. Les refines , qui compofent la dernière clalfe des fucs gras J font beaucoup moins avides de la lumière que les deux autres-, fans pourtant la rejetter entièrement ; en effet , toutes les refines en larmes brillent plus ou moins dans les ténèbres, & cela d'autant plus qu'elles fonr flus pures j plus blanches , Se d'une nature plus feche. Le benjoin élude aélion de toutes les efpeces de lumière , & peu s'en faut même qu'elle ne réfifte à celle du foleil ; car elle ne reçoit que l'imprelîion des rayons réunis , Se encore aiïez foiblernent. La térébentine n'eft guère moins léfraéfaire à la lumière^ tant qu'elle eft liquide, elle ne brille point du tout , Se elle ne donne quelque peu d'éclat , qu'après avoir été durcie par le froid. XXVIII. On doit rapporter encore les huiles à la clafte des fucs gras. Je croirois que toutes les huiles qu'on tire des fruits , des noyaux , & des femences , foit par expreftîon , foit par diftillation , ne font pas dépourvues de la faculté phofphorique , Ci l'exemple de deux de ces huiles pouvoir feul me faire conclure pour toutes les autres. J'ai vu l'huilé d'olive ordinaire ,.&: l'huile d'anis obtenue par la diftillation, jetter l'une Se l'autre une lumière non équivoque dans l'obfcurité , après avoir été expofées aux rayons du foleil , pourvu qu'elles euftent été congelcçs auparavant par le froid de l'hiver , ce qui fait naturelle* ment conje<5l:urer , que fi téAites les autres huiles pouvoient fe conge- ler de rriême;j. elles feiQient: fuJitsépsibles au même;, degré de la. faculté phofphorique. 'o'ij ,-)r.::s fiiî'J tbof'vi.'n ;-;;-;)io: . ; .c ik ii-'n.i » XXIX. Nous voici fenfift' parvenus aiî" règne animal. J'ai. déjà déclaré ACADÉMIE DE BOLOGNE. 541 dan? mon premier mémoire , que ce règne n'ctoic pas moins riche en" pliofpliores , que les règnes mméral Se végétai j mais que la taculté ^'^'^^^•''"^ fiiofpliorique croit prefque bornée aux parties des animaux auxquelles Sciences abondance du principe terreux donne une cor.fiftance fcche & folide; de & que d.uis les autres parties de l'animal , fi le mélange du principe BoiocNB. huileux ne détruit pas totalement la lumière phofpliorique , il l'affoi blit du moins d'une manière très- confidérable , ce que mes nouvelles JvJemoires obfervations m'ont confirmé : ainlî nous ne donnerons pas abfolumenc Je nom d'obfcurs , mais feulement de moins phofphoriques aux corps iqne nous avions ci-devant abfolument exclus du nombre des phofpho- res ; Se en effet , il n'elt point de partie dans le genre animal où la lumière ne pullfe être reçue avec plus ou moins de facilité. Ainli parmi les parties qui femblent être comme furajoutées extérieu- nient au corps des animaux , nous compterons les ongles , les cornes , & les poils des quadrupèdes ; les ailes , le bec , & les griffes des oi- ieaux. Les écailles des poilTons ne brillent que foiblement ; mais celles des teftacés jettent un plus grand éclat. J'ai exclu autrefois du nombre des corps lucides la corne des pieds des quadrupèdes, les nageoires des poilFons , Se l'ongle odorant ; mais il ne fera pas néceifaue de faire cette exception , par notre nouvelle manière de procéder. Nous n'excepterons pas même l'ongle d'élan ; car s'il rélîlfe à la lumière folaire libre &: difperfée , il s'en laiffe pénétrer lorfqu'elle eft réunie par la lentille. XXX. Lorfqu'on a arraciié les plumes des oifeaux 5c les poils des quadrupèdes , leur peau devient phofpliorique. J'ai vu briller les cuirs de ces derniers, tant fraix Se récensj que préparés pour les ditfcrens iifages de la vie , & même lorfqu'ils font teints des couleurs les plus foncées. La peau des oifeaux brille fur-tout dans les endroits où il y a le moins de grailfe , où qui font les plus foulevés par les émjneuces olfiufes qui font en delfous ; car c'eft en ces endroits là que la tuni- que adipeufe eft la plus maigre. Tout ce qui eft membraneux ou ner- veux , ou plus généralement tout ce qui eft à~ la nature de ce gluten animal dont tous les êtres vivans font (1 abondamment pourvus , tout cela j dis-je , a la plus forte difpolîtion à s'unir à la lumière. Ainfl les décodions des os , des dents , des cornes , épaiflîs Se concentrés fous forme de gelée ; les bouillons de viande épailîis & réduits en ta- blette , pour la commodité des voyageurs; la partie fereufe Se lympha- tique du fang , devenue concrète par l'évaporation de fon humidité furabondante ; Se enfin cette croûte jaunâtre Se tenace qui fe forme prefque toujours fur le fang qu'on tire par la faignée dans les grandes inflammations, toutes ces chofesj dis-je, jettent une fort grande lu- mière , fans mênie qu'on les ai fait palfer par le feu , enforte que C9 dernier renforce , à la vérité , mais n'y fait pas naître du tout , la f^- culte phpfphorique , qui réfide naturellement dans ces diflércutes m^- Ç4Î COLLECTION ACADÉMIQUE, = tieres, ce dont je n'aurois pas manqué d'avertir Ci j'en avois été inf- AcADEMiEti-mj ^ lorfque je commençai à vouloir les convertir en phofphores arti- Sci'ences '''^'^'' P'^"^ '* torrcfadion. Dg XXXI. De toutes les parties de l'animal , les chairs femblent avoir Bologne, le moins de propenfion pour la lumière j delà vient que dans mon pre- mler mémoire je n'ai point ofé leur accorder une place parmi lej Mémoires P^^^P'^of^s , Ci ce n'eft pourtant aux chairs blanches & feulement en- core lorfqu'elles avoient été rôties. J'ai eu fi peu de confiance à tou- tes les autres , dont la couleur me paroilFoit répugner à la lumière , que je ne les ai point du tout foumifes à mes obfervations , & quand même je les euflTe examinées , je ne fai fi par la manière de procéder que je fuivois alors , il m'eût été poflible de rien ftatuer fur leur vertu phofthorique , tant elle eft languiffante & fugitive , lors même qu'elles ont été fortement frappées de la lumière du foleil. 11 en eft tout au- trement des os ; mais je ne peux rien en dire de plus que ce que j'en ai déjà écrit dans mon premier mémoire. Il eft donc bien démontré maintenant que toutes les parties folides des animaux ont la faculté d'attirer à elles une lumière étrangère ; & fi quelqu'une de celles dont nous avons fait l'énumération , fe montrent un peu plus difficiles « on rendra cette différence moindre en les defTéchant convenablement , comme nous l'avons déjà dit au fujet des végétaux. XXXII. Pour ce qui concerne les fucs des animaux, je jugerois, pareillement , qu'il n'y en a aucun qui ne fympathife avec la lumière , puifque j'ai vu enfin reluire jufqu'au lait & à la graifle , après avoir pro- noncé , dans mon premier mémoire , que celui - là refufoit abfolu- ment la lumière , auflî long-tems du moins qu'il confervoit fa fluidité » & que la féconde l'éloignoit même des corps où elle fe trouvoit déjà, ou l'y aftoiblifloit beaucoup. Lorfqu'on voudra rendre le lait phofpho- rique , {a) il faudra ufer des précautions que nous avons indiquées en parlant des liquides en général. Ce que nous avons avancé touchant les huiles végétales , peut & doit s'appliquer à toutes les graifles quel- conques des animaux , c'eft- à-dire , qu'on les laiflTera durcir au froid , car pour peu qu'elles fe refroidifient , la lumière dont elles brilloient , perd toute fa vigueur. XXXIII. Après les obfervations rapportées jufqu'ici , & beaucoup d'autres encore que je paffe fous filence , pour ne pas donner trop d'étendue à ce mémoire , voyant la faculté phofphorique Ci générale- ment répandue dans le règne animal ^ il me vint en idée que cette faculté, que j 'avois Ci fouvent admirée dans les différentes parties des animaux morts , pourroit bien s'y trouver aufli lorfqu'ils font encore en vie j car je ne voyois pas pourquoi la nature auroit refufé aux corps vivans , ce qu'elle a .accordé avec tant de profufion , à ceux qui font (a) Voyei dans X'Hijloire l'article de la lumière des glands de mer. ACADÉMIE DE BOLOGNE. 543 privés de la vie êc du fentiment. Mais cette idée n'avoit encore poui elle que fa grande viaifemblance , &. l'uniformité ordinaire de la na- ■"C'^^emie ture j elle n'étoit appuyée encore d'aucune cbfervation d'éclat fur la- '^ciENCEt quelle ont pût faire un fond fuffifant. Je ne pouvois mcme parvenir à dh la vérifier qu'en changeant ma premier façon d'obferver , de manière à Boiocne. devenir moi-même , &c en même tems , l'obfervateur & le fujet de l'obfervation. En conféquence , je fubftituai au tambour à la faveur du- ji,jjyQ,j^^j quel je faifois paffer dans ma cellule les fujets qui avoient été expofés à la lumière extérieure , le double rideau que j'ai décrit au commen- cement de ce mémoire j à l'aide de ce rideau il m'étoit aifé de por- ter à la clarté du jour tout ce que je tenois avec la main , & la main même nue , ainfi que le bras , aufli fouvent que' je le voulois , & de les ramener eniuite dans les ténèbres , fans qu'aucune lumière eût pu pénétrer dans la cellule où j'étois enfermé. On comprend bien qu'en répétant ces chofes , alternativement , je devois obferver librement la lumière , en cas qu'il s'en attachât quelqu'une à la main , de qu'il ctoit mcme impollible qu'elle pût m'échapper. XXXIV. Et en effet , dès que je commençai .à me fervir de ce nou- vel artifice , j'apperçus quelques légères traces de lumière fur mes doigts, principalement à leurs pointes i?i à leurs côtés. Charmé de la nouve^iu- té du cas , fans être cependant encore entièrement convaincu , je ne voulus pas m'en fier d'abord au témoignage de mes fens. Je me mis donc .1 répéter attentivem.ent mon obfervation , & à la varier de plu- fieurs manières , en expofant à la lumière extérieure , tantôt une partie de la main , & tantôt l'autre. Dès que je l'avois retirée dans la cellule, j'y fixois auffi-tôt la vue de toutes mes forces. Je notois exaétement les endroits qui m'avoicnt p;ru jetter le plus d'éclat , je fuivois non moins foigaieufemeiit la lumière des yeux pour voir fi elle accompagneroit conilamment k- différentes inflexions des doigts & les divers inouve- me.is de l.< maiii , en demeurant toujours attachée aux mêmes parties, & comparant avec la plus grande attention routes les particularités que m'a 'oient otTert mes différentes épreuves , je recueillis enfin le fruit de tant de peines , tout m'ayant convaincu que je ne m'étois nullement trompé dans ma première obfervation. XXXV. Mais -À peine mettois-je affuré que ma main étoit réellement phofphoriqu'.' , qu'il s'offrit tout-à-coup un doute à mon efprit. Je ne favois fi elle étoit phofphorique par elle-même , ou fî c'étoit .î raifon de quelque matière étrangère qui en fouilloit la propreté. Je favois que le frotcement de la poudre la plus fubtile avoit fouvent fuffi pour don^ ner un certain éclat à des corps non phofphoriques de leur nature , éclat qui s cvanouiffoit dès qu'on les avoit nettoyés de cette poufliere, 11 s'en fallut peu que je n'attribuaffe à une pareille caufe la lumière dont j'avois vu briller quelques fubftances métalliques ; car les attou- chemens répétés des corps laliffent aifément les mains ; mais la maio 544 COLLECTION ACADÉMIQUE; '■ , ne le fût-elle pas par dss matières étrangères , elle a en elle-ttiêmé Académie j^ quoi fe falir, même chez les perfonnes les plus foigneufes de la c^.rftrc propreté ; elle eft naturellement & perpétuellement ointe d'une ma- DE tiere febacée j qui fe répand fur toute la lurtace , & qui venant a le Bologne, delfécher quelque part , s'en détache fous fotme de fon. Or ^ j'avois déjà remarqué plus d'une fois que cette matière furfuracée fe faifit de MÉMOIRES la lumière du jour & la conferve. Cela me fit foupçonner que la ma- tière gralfe & onélueufe dont il s'agit pouvoit également brdler lorf- qu'elle étoit fous une forme febacée , & qu'elle lubrifioit la peau , fans être fenfible à la vue ; d'où je concluois que la peau de l'homrne , lorfqu'il lui arrive de fe montrer pliofphorique , ne brilloit peut-être pas d'une lumière qui lui fût propre , mais d'une lumière étrangère* Ce qui ajoutoit encore un nouveau poids à cette conjefture , c'eft que la lumière s'éteignoit totalement dès que je plongeois les doigts ou la main entière dans l'eau chaude. Mais cette même conjeélure étoit affoi- blie, au contraire , par l'extrême propreté dont la peau étoit ayant l'im- merfion de la main & par le vif éclat de la lumière , laquelle étoit quel- quefois fi vive & fi étendue , qu'il n'écoit guère pollible de l'attribuée à de prérendues ordures qui échapperoient à la vue par leur ténuité. XXXVl. Pendant que mon efprit étoit ainfi fufpendu pat le doute dont je viens de parler ^ le iz décembre de l'année dernière , ma main, qui au jugement de l'autre obfervateur , fe trouvoit par-tout de la plus grande propreté ^ vint à briller d'une lumière plus vive qu'elle ne l'a- voit encore fait. Après avoir été lavée une première & féconde fois , eflTuyée enfuite , Se expofée de nouveau à la lumière du foleil , elle ne perdit point ou que très-peu de fon éclat , ôc le retint même pendant qu'elle étoit encore mouillée. On l'expofoit fouvent , & feche & hu- mide , au foyer d'une lentille , tantôt par le dos , tant par le dedans ou par la paume qui avoir ordinairement refufé de recevoir la lumière ; quelquefois par cette éminence charnue qui eft au-delfous du pouce ; & d'autres fois enfin par les bouts des doigts ; or , toutes ces difterentes patties brillèrent d'un fort grand éclat , Se particulièrement le bout des doigts , celui du pouce fur-tout , ôc cet éclat augmentoit encore lorl- qu'en comprimant fortement ces parties on les rendoit plus dures. Un peut donc conclute de tout cela que les variations de la lumière que j'avois obfervées auparavant étoient l'effet des différens états ou la peau fe trouvoit, & non d'aucune matière étrangère. En effet, j'ai vu quel- quefois difparoître , la lumière , comme je l'ai déjà dit , pat la leuie immerfion de la main dans l'eau chaude , immerlion qm ne pouvoit cependant que ramollir la peau , mais non enlever les ordures , en fuppofant qu'il y en eût ; &c l'on a remarqué effediyement dans une infinité de chofes , que la molleffe eft préjudiciable a la lumière , la- quelle eft favorifée , au contraire , par la fécheieffe. XXXVII. Une circonftance de tems favorable ht enfin difparoître pour Mémoires ACADÉMIE DE BOLOGNE, 545 ■pour inmais rincertitiide que toute mon indulbie n'avoit pu encore en- ==*=== ticrement dillîper. Comme je répétois mes obfervations vers le mois Academk de janvier de cette année , je vis toute la furface de ma main & de c "''■' mon bras briller d'un éclat extraordinaire, & tel que je n'en avois poinc ^'^'"'^^^ encore vu d'aulU grand; car outre que tous les endroits qui s'ctoient Bologne. déjl montrés pholphoriques le paroiiroient alors beaucoup plus , ceux qui julqu a cette époque étoient demeurés obfcurs , jetterent aulli une lumière plus que médiocre. Je ne pus rien découvrir d'étranger à quoi ce phénomène put être imputé. La main èc le bras étoient de la plus grande propreté ; il ne falloir donc en chercher la caufe que dans la peau même. Or , en conlîdérant toutes chofes avec attention , il n'y parut rien d'extraordinaire , il ce n'eft le changement que la différence notable du tems avoit pu y occalîonner. 11 régna pendant ces jours là un froid extrêmement vif, & perfonne n'ignore qu'un pareil froid rend la peau raboteufe , ridée , pale & plus dure qu'à l'ordinaire ; & il n'eft pas moins certain que la lumière s'unit volontiers aux corps en qui fe trouvent de femblables difpolitions. C'eft ainfi que je parvins à lever tous mes doutes , & à faire monter la peau humaine au rang des phofphores. XXXVin. Nous avons parcouru maintenant les principaux reines de la nature , & recueilli le fruit de nos travaux , dont l'objet etoic de démontrer par des obfervations non douteufes , que la faculté de reluire dans les ténèbres s'étend prefque à tous les corps de ce vafte univers. Nous contentant d'admirer cette merveille de la nature nous avons laiffé à des génies plus élevés la gloire de remon- ter aux caufes cachées des phénomènes. Cependant pour la commo- dité & l'utihté des phyficiens , nous réduirons à quelques chefs prin- cipaux toutes les obfervations que nous avons décrites jufqu'à pré- fent , & en les comparant attentivement les unes aux autres , nous en déduirons ce qui en réfulte j nous oferons même , s'il y a' lieu hafarder quelques conjeéfures , & nous agiterons quelques queftions fur lefquelles l'efprit philofophique pourra trouver à s'exercer. Nous mêlerons à tout cela de nouvelles obfervations , qui donneront encore du poids aux anciennes , ou qui frayeront la voie à de nouvelles idées , & c'eft par l.i que nous terminerons la longue & pénible tâche que nous nous fommes impofée. ^ Colkcl. Acai. part. itr. Tome X. 2 z z 54<î COLLECTION ACADÉMIQUE, Académie ^.h». ,. , ja:i,^;mfc nus ■^ Sciences „ DH ESSAI DE THEORIE MECHANICO - MEDICALE Bologne. -, i j- j -rr r lur les maladies des vaiilcaux languins : MÉMOIRES Suivi d'une obfervation fur un vomilTement de fang énorme guéri , en hiver , par des boiflons à la glace. Par M. Pierre— Antoine MiCHELOTTl. SOus le nom de vaifleaiix fanguins , je comprends non feulement les artères Se les veines , mais encore le cœur de fes oreillettes j puif- c[ue le fang circule aullî à travers les cavités de ces organes. Pour que le cœur j fes oreillettes , les artères Se les veines puilFenc diftribuer le fang dans toutes les parties du corps , fuivant les loix établies par la nature , ces organes doivent non feulement avoir eii- tr'eux &: avec cette liqueur , une certaine proportion , appellée mal- à-propos équilibre par des médecins qui connollfoient à peine les pre- miers élémens de la méchanique , ou qui en faifoient une application vicieufe , mais leur cavité doit être libre ôc d'un diamètre déterminé j ils doivent être lilTes & polis , & avoir un tilfu afTez ferré Se un de- gré de confiftance capable de réfifter fuffifamment à l'effort du fang qui ne cefTe de diftendre leurs parois en-dehors , de les allonger per- pendiculairement , & qui tend même à les défunir & les déchirer; ils doivent enfin avoir une certaine fouplefle & flexibilité , afin qu'ils ce- dent alfément à l'impulfion du fang , & reprennent leur premier état lorfqu'elle celfe. Ainfi donc toute conftriftion confidérable des ventri- cules du cœur , de fes oreillettes j de l'artère & de la veine pulmo- naire J de l'aorte , de la veine-cave , de la veine-porte , caufees par une irritation ou compreflion ; toute obftrudion ou engorgement quel- conque de ces cavités doivent nécelTairement occafionner des dérange- mens fâcheux dans les vailTeaux fanguins. Les principales caufes qui , par des tiraillemens &: des irritations , peuvent produire ces fortes de conftriélions dans les vailfeaux fanguins j &c principalement dans le cœur & fes oreillettes , font les ulcères , les plaies , les poifons , les humeurs acres &C corrofives , les tumeurs dures , telles que Columbus en a obfervé dans le ventricule gauche du cœur , les corps raboteux , de quelque nature qu'ils foient , lorfqu'ils s'attachent aux parois inter- nes de ces vailfeaux , les douleurs aiguës de la poitrine , les pallions vives & triftes , les affeclions hyftériqne 8c hypochondriaque , les vents qui caufent des diflenfions violentes dans les parties précordiales avec difficulté de refpirer. Les anatomiftes ont obfervé plufieurs fois dans ACADÉMIE DE BOLOGNE. 547 le cœur , fes oreillettes & les autres vailfeiux fanguins , des plaies & = des ulcères qui avoienc caufc une fyncope mortelle lï: fait périr fubi- Acalemie tement le malade. V. là-delfus Th. Bartliolm, R. Columbus , B. Ca- ç "^^ brol, Fabrice de Hilden , J. Mcckren , R. Vifeman & autres. Job- ^'='^'^"^" fervai , il y a douze ans , avec Tillullre anatomiile M. Santorini & Bologne. quelques autres amis , dans le cadavre du noble M. Louis Fofcari , , une érolîon aflez confidérable de la membrane interne de l'aorte. Sa w, mort avoir été précédée d'une violente palpitation du cœur Si de l'aor- ■••""^^s te, avec inégalité & intermittence du pouls , fymptômes qui m'avoient fait foupçonner une lélîon grave Se incurable dans le coeur ou les par- ties précordiales. Houlier a trouvé des calculs dans le cœur , CKefel- den j auprès des valvules lemilunaires , &: Columbus , dans la veine- porte , &: les veines hémorrhoïdales , à moins qu'il n'y ait quelque erreur dans fon obfervation , comme Morgagni le conje<51-ure ( F. to- lumb. ep'ift. num. i. n. 4.9 & 66. ) L'ingénieux Bellini alTure en avoir trouvé dans la tunique interne des artères. Cet auteur déduifant , avec fagacité j d'après fes lumières dans la méchanique & l'anatomie , l'i- négalité du pouls , de toutes les caufes qui peuvent empêcher le cœur de fe contraéler & de fe dilater librement , ou de recevoir & renvoyer le fangj explique très-bien comment les caufes dont je viens de parler, font capables d'occafionner j pendant un tems plus ou moins long , une conftridtion violente dans le cœur 5c les autres organes de la circu- lation. La cavité des vaiiTeaux fanguins peut encore être rétrécie par des corps qui compriment extérieurement leurs parois , tels font les tu- meurs , le pus , la graifle , les pierres & les graviers contenus dans la bafe du cœur , fes ventricules ou fes oreillettes , la férolîté du péricar- de raréfiée outre mefure , ou devenue plus abondante ou plus épaifle &C par-là plus pefante , les abfcès même du péricarde , ou les tumeurs d'un autre genre fituées auprès du cœur , l'adhérence de toute la furface interne de ce fac à la furface externe du cœur, obfervée parFreind& Dou- glas ( V. the Hijlorg of the Phyftck & tranf. philof.) à ces caufes, Bellini ajoute le pus de l'empyeme, & l'eau répandue dans la poitrine des hydro- piques , qui empêchant, par leur preflion , la libre dilatation du cœur , rendent le pouls inégal. J. Fernel fait mention de cette comprellion exer- cée par le pus des empyiques , & il rapporte l'exemple d'un homme qui fut étouffé par la rupture d'une vomique du poumon , dont le pus fe ré- pandit fur le cœur &; l'opprima , enlotte que le malade ne furvécut pas au-delà d'un quart d'heure. J'ai vu , il y a quatre ans , dans une dame de diftindtion âgée de foixante-dix-huit ans , des effets bien mar- qués de la prellîon de l'eau qui forme l'hydroplfie de poitrine , fur le cœur & les parties précordiales. Cette dame fe plaignoit d'une fuf- focation inquiétante , avec toux forte , infomnie , diminution extrê- me des urines , enflure œdémateufe aux extrémités inférieures. L'in- Z z z ij 548 'COLLECTION ACADÉMIQUE,' "termittence du pouls continuelle qui accompagnoit ces fymptômes Académie (^j pg,]fg^. ^ MM. Vallifnieri Ôc Macoppe, célebies médecins de Padoue , Sciences *1"^ ^^ maladie étoit caufée par une léfion incurable des organes de la DE circulation. Mais l'illuftre Morgagni , proïv-ileur à Padoue , & MM. Al- BoLOGNE. bertini & Stancari , très-favans médecins de Bologne , penferent avec moi que ces organes étoient feulement comprimés, obftrués , irrités Mémoires^"-* relâchés par un amas do férofité, & qu'ils n'étoient point encore afteftés mortellement. En eftet , par le moyen des remcdes tendans à évacuer "la férofité par la voie des urines , à en empêcher un nouvel an^as , & à donner du ton au ventricule &c aux vailfeaux i.mguins , favoir , par Tufa^edes bouillons de poulet dans lefquels on faiioit bouillir lâchais de vipère & les racines de fenouil , d'ache & de perlil , de la teinture de mars de Wedel , avec la racine d'arum , de la poudre de cloporte , à la dofe de trois ou quatre fcrupules par jour , incorporée avec l'extrait de bardane , & d'un vin blanc doux & léger pour boilloii ordinaire j je parvins à rendre la fanté à cette illuftre malade. J'employai aclli , pen- dant le traitement , le julep de perles , pour calmer la toux , & la pou- dre appelles poudre d'or , remède qui nous eft venu d'Allemagne j lorf- qu'il étoit quellion de ranimer les efprits. Les corps qui obftruent les vailfeaux fanguins , Se qui par-là même interceptent la circulation & cûufent quelquefois une mort lubite , en empêchant le mouvement progrelfit du fang , font les pierres , les oSj les tumeurs conlidérables, qui des parois intérieures des vailfeaux, s'é'- levent dans leur cavité , les vomiques , les tubercules, les abfcès , la pléthore , les concrétions dures ou molles formées par des humeurs vif- queufes dans les corps cacochymes , les grumeaux de fang qui fe for- ment dans le cœur , les oreillettes , les artères Se les veines. Bellini parle d'une pierre tout-à-fait finguliere formée dans l'une des valvules; du ventricule gauche du cœur qui répondent à la veine pulmonaire.. Cette pierre genoic au-dedanS le mouvement du cœur & caufoit au ma- lade les douleurs les plus atroces. Bartholni nous apprend , cent. 2. obf. 4.S , qu'on trouva dans le cœur du Pape Urbain Vlll, un calcul trian- gulaire ou plutôt pyramidal. On peut voir dans l'abrégé des tranfaftions philofophiques Pi. XI , Fig. i^f , la repréfentation d'un os confidéra- ble trouvé par M. Chefelden dans la cloifon qui fépare les deux ven- tricules du cœur , dans le cadavre d'un homme mort d'une hydropi- fie compliquée de phthifie. Pour ce qui eft de la coagulation du fang & des humeurs grolfieres , Marc-Aurele Sévérin , rapporte dans fou traité fur les abfcès , l'obfervation d'une efpece de concrétion fort rare trouvée dans le ventricule gauche du cœur , ayant la figure d'un fer- pent , Se prife pour tel par Ed. Maii , médecin de Londres , &c celle d'une autre concrérion , repréfentant un tuyau jaunâtre , trouvée dans le cœur du P. Menenini , Jéfuite , mort d'anafarque. Qu'une cacochymie glutineufe ou adipeufe puilfe caufer des obftruc-. ACADÉMIE DE BOLOGNE. 549 lions & des cngorgemens dans les vailTciiix fanguins &: dans les gian- & mîl-me des concrétions polypeufes , c'eft une vâitc que la rai- AcADÉMih DES ENCES DE {on dicte & que l'oxpcrience conhrme. Car les vîtelfcs des liqueurs qui c ' coulent, étant , comme je l'ai démontré dans mon traité fur les lécrctions animales , en raifon compofée de la réciproque foudouble des denhtés , Bologhb. & de la réciproque foudouble des orifices j il s'enfuit que le fane de- venu quatre fois plus denfe , par exemple , qiie dans l'état naturel , mémoires ne palîera qu'avec une vîtelfe deux fois moindre par les extrémités des artères ; & comme ces extrémités font fort étroites , il y aura lieu de crain- dre , fur-tout s'il y a pléthore , que les molécules du fang pofées en travers &i faifant effort, les unes contre les autres, ne s'unilFent, & formant des malles d'un diamètre plus grand que celui des vaifleaiix à travers lefquels elles doivent circuler , elles né s'y arrêtent fc n'y deviennent la caufe des plus grands dcfordres. Que fi , à la denfité du fang , fe joint la pléthore , &c l'épaillllfement de cette liqueur , caufé par la vifcolité de fes parties , on voit aifément qu'il produira dans le cœur , fes oreillettes Se les artères coronaires des engorgemens qui en- traîneront l'inégalité du pouls & la fyncope ; dans le poumon , le ré- trécilfement des conduits aériens , la difEcuté de refpirer , l'afthme , la fuftocation & quelquefois la péripneumonie ; dans les finus de la dure-mere , dans le cerveau &: autour de l'origine des nerfs , des com- prenions , d'où s'enfuivront des douleurs de tète gravatives j le vertige , V la léthargie , & quelquefois même l'apoplexie. Tous ces maux peu^ vent ctre produits par une extrême furabondance de fang bien ou mal conditionné ; les polypes le font ordinairement par un fang trop vifqueux. Comme la vîtetTe du fang dans les dernières ramifications des vei' nés , ell à peu-près égale à celle qu'il a dans les extrémités artérielles, il s'enfuit que dans la cachexie' avec épaiffiffement des humeurs, le fang peut aiilli s'arrêter dans ces petites veines & y former des con- crétions polypeufes.- Nous pouvons encore conclure de ce que nous avons dit , que » fi les concrétions font flexibles , qu'elles aient une « maffe conîldér.ible , ÔC qu'elles ne foient pas poulfées avec beaucoup de » force par l'action du cœur & celle des artères , elles s'infinueront ai- »> fément dms la cavité de certains vailTeaux & iront former des po- » lypes comm.nc.iiis ailleurs que dans les ventricules du cœur & les i> linus du cerveau , " comme Morgagni le remarque très-bien contre l'auteur de VHilioria hepaûca. Ce fait eft démontré par l'obfervation fur une concrétion polypeufe qui remplilfoit toute l'étendue des artères &: des veines d'un chien fort gras , publiée par Tyfon dans les Ada mcdua HuMiinfia. Ce mê- me auteur parle aulîl des concrétions polypeufes formées dans les bron-r ches & la trachée artère ; Se je me rappelle avoir vu cracher , il y a iieur ans > à M. Sonzoni, que j'eus le bonheur de guérir d'uae hé-» 550 COLLECTION ACADÉMIQUE, 1" ' ■ mopcilîe grave 5<: dangereufe, une concrétion femblable à une meni' Académie brme cpàilfe , mc-lée avec une humeur fangiiinolente. <:r^vl^nv<: Je pounois rappeller ici, fi je ne craignois d'être trop long, bien des exemples de concrétions polypeufes , qui partant à travers les vail' Bologne, féaux fanguins , &: s'arrêtant tantôt dans une partie , tantôt dans une ——autre , caulent des maladies très- fàcheufes , & quelquefois même la A'ÉMOiREsf"°" ' exemples qu'on trouve dans les ouvrages des anatomiftes qui ont écrit fur ce fujet , ôc en particulier dans Malpighi , qui , dans fes œuvres pofthumes , dit que dans la mélancholie , la vérole & dans d'autres maladies, il fe forme quelquefois des polypes dans les vaiffeaux fan- guins , principalement dans les ventricules du cœur & les gros vaif- ï'eaux. Je me contenterai de rapporter ceux que je me rappelle avoir lu dans les anatomiftes les plus dignes de foi. On trouve dans les Adverfaria anatomïca de l'illuftre Morgagni l'exem- ple d'un polype oblong trouvé dans l'artère fouclaviere gauche d'une femme , dilatée par un anévrifme médiocre. R. Vifeman , chirurgien très-expérimenté , a vu dans une fille de feize ans , un farcome peu commun, qui du ventricule gauche du cœur, s'étendoit jufqu'à l'ar- tère axillaire. J. Freind aiTure avoir vu un gros polype , tant dans l'artere pulmonaire que dans le ventricule gauche du cœur d'un homme qui s'étoit d'abord plaint d'une foiblelTe extrême , &: qui avoir enfuite été tourmenté jufqu'à la mort par des douleurs très-vives dans la poi- trine qui fe répandoient en un inftant par rout le corps , & fur-tout dans les membres , avec fièvre , difficulté de refpirer , palpitation du cœur violente , accélération , inégalité confidérable &: longues inter- mittences du pouls. Lancifi , médecin de la plus grande réputation , a vu un anévrifme incrufté d'une fubftance polypeufe femblable à du lard , d.ans le cadavre d'un certain Etienne Afcieri. Fracalïati & Buon- fi'Tlioli ont trouvé dans le c.idavte d'une fille morte de cachexie avec fupprelfion de règles , un polype , qui , de la cavité de l'oreillette droite du cœur , fe prolongeoit par une efpece de queue dans la vei- ne cave. Tyfon , dont j'ai déjà parlé , rapporte dans les aftes de Leipficlc 1688 j une obfervation fut un polype qui occupoit toute la cavité du ventricule droit &: de l'oreillette droite du cœur , & qui , d'un cote , fe prolongeoit dans le tronc de la veine-cave defcendante jufqu'à la jugulaire, &; de l'autre, dans l'artère pulmonaire. Couper, célèbre anatomifte & chirurgien du dernier fiecle , dilféquant le cadavre d'un enfant âgé d'environ un an , qui pendant fa maladie , avoit eu le pouls très-foible ic très-accéléré , trouva un polype qui remplilîoit en- tièrement l'oreillette droite du cœur &: le ventricule du même côté , ôC fe prolongeoit dans la veine-cave tant afcendante que defcendante ; ayant ouvert la veine pulmonaue auprès de la bafe du cœur , il trou- va une concrétion qui en remplilToit le tronc , & les gros rameaux. C V. tranf. phihf. pag. 21 p.) Enfin je me rappelle avoir lu dans les ACADÉMIE DE BOLOGNE. 551 nicmoircs de l'académie des fciences , aniice 1703 j une obrerv'aiioii'^~~~"~" de M. Litcre fur un polype à trois branches , dont l'unes ctendoit dans académie le tronc inférieur de la veine-cave , auprès du diaphragme , une autre Sciences dans le milieu de l'oreillette droite , & la troifieme , dans la partie fu- pE pétieure du ventricule droit. La tige de ce polype fortoit de ce mcme Bologne. ventricule , enfîloit l'ariere pulmonaire 6c fe répaudoit au loin dans fes rameaux. Mémoire? J'ai expliqué jufqu'ici quelles font les maladies qu'on doit rapporter aux rétrécirtemens ou obftrudions confidérablcs des vaifleaux fanguins j je vais palfer à celles qui dépendent de raftoibliirement du tilTu Se de la diminution de la force claftique & mufculaire de leurs tuniques. Com- me le fang agit contre les parois des vailleaux qui le contiennent , avec une force compofée de fa nialTe & du quarré de fa vîtefle , de même les vailfeaux lui réfiftent en raifon de la folidité de leurs tuniques , de leur élafticité , & de l'aûion de leurs fibres mufculaires ; ils réagllfent contre lui , le compriment , ou plutôt le font mouvoir. Si donc la proportion naturelle qu'il doit y avoir entre l'aclion réciproque des canaux & celle des liqueurs , vient à être changée , enforte que , le mouvement du fang augmentant, la réfiftance Se la réadion des v.iif- feaux demeure la même , ou que j ce mouvement n'étant point aug- menté , les tuniques des vaiffeaux ne lui oppofent qu'une téiiftance in- fuffifante , à caufe d'une foiblelFe originelle ou acquife , il s'en enfui- vra des maladies dépendantes de la dilatation ou de la rupture des vailleaux fanguins. Suppofons donc un athlète vorace ou ivrogne , dont le fang ne pè- che que par la quantité j afTurément , quoique le mouvement de cette liqueur ne foit que peu ou point augmenté , elle doit , à raifon de fa feule furabondance , Se du plus grand nombre de fes molécules , agir avec plus de force fur les tuniques internes des vailfeaux , & fur- tout de l'aorte j Se cette action excellive fera très-propre à diftendre Se enfin à déchirer ces vailfeaux, qui, fans cette condition, auroient fiif- fifamment rélîfté , lelon les loix établies par la nature ; mais je remar- querai ici avec R. Vifeman , que la pléthore feule eft peut-ctre aifez rarement la caufe des anévrifmes , fur-tout de ceux qu'on appelle vrais , dans les gros troncs de l'aorte , parce que le fang trouvant moins de réfiftance dans les extrémités artérielles j par exemple , du cerveau , des narines , de la gorge , du poumon , du ventricule , de l'anus , de l'utérus Se autres parties , les diftcndra excedlvement , les ouvrira ou les déchirera & caufera l'apoplexie , le faignement du nés , l'hémo- ptifie ou d'autres hémorragies. C'eft ainfi que le duc d'Orléans , frère de Louis XIV , au fortir d'un grand fouper , mourut d'apoplexie dans la même nuit , par la rupture des vailTeaux fanguins du cerveau , ÔC 1 etfufion du lang dans les ventricules de ce vifcere , comme nous i'ajjr- prenons de Dionis , qui fie l'ouverture du cadavre. Les faignemens de 55i COLLECTION ACADEMIQUE, nés périodiques , auxquels Marinus Vifcus Si Volufius Saturn'mus étoieht Académie fyjgjj ^ ^^ rapport de Pline, reconiioUroient peut-être une caufe pareille; ç °" ainfi qu'un crachement de fang qui revient tous les ans à un illuftre '^'de'^ fénateur de cette ville , & peut-être auffi ce vomilîement énorme donc Bologne, on verra l'hiftoire à la fuite de cette difTertation. . 11 faut cependant convenir que l'excefllve quantité de fang , qui ne 2^^^j^jQ,j^j5 pèche point d'ailleurs par fa qualité, ni par raugmentation de fon mouvement , peut non feulement caufer des anévrifmes faux dans les artères , fans que leur réaftion naturelle foit affoiblie , • mais les aug- menter avec le tems & les changer en anévrifmes vrais , ce qui eft contraire à l'opinion de Lancifi. En effet, l'aélion ou la force vive du fan comme le lai: , la ptifane d'orge , l'eau ferrée , la décoétion de ^ Bologne, lentifque ou de coing ; & lorfque les douleurs fe font vivement fen- tir, comme je l'ai obfervé dans la plupart des grandes dilatations de Mémoires l'ao"e ou des artères fouclavieres , on fe trouvera très-bien de l'ufage de l'opium , qui calme fi puilîamment les mouvemens défordonnés des efprits animaux tk des nerfs. C'eft ainfi que j'ai prolongé la vie pen- dant deux ans à un certain Paul Zoppa , âgé d'environ quarante ans , qui avoir un anévrifme déjà invétéré dans l'aorte & les artères fou- clavieres , Se qui fouffroit des douleurs atroces dans la poitrine , les bras Se les mains , en lui faifant prendre tous les foirs , dans de l'eau de laitue , douze à quinze gouttes ou plus de laudanum liquide de Vanhelmont. Mais quoique le mouvement du fang contre les parois des vaifTeaux ne foit point augmenté , Se que le tilTu des tuniques ne foit point altéré , ni leur réfiftance diminuée , il eft encore pollible que les vailfeaux fan- guins foient violemment diftendus , dilatés , déchirés par des mouve- mens violens qui étendent leurs fibres fuivant leur longueur , ou les tiraillent obliquement dans la diredion des lignes normales , ou en travers & perpendiculairement. C'eft ce qui arrive dans les violens ef- forts qui accompagnent quelquefois le vomilfement , la toux Se l'ac- couchement , dans les éternumens qui ébranlent fortement tout le corps , lorfqu'on retient long-tems fon haleine , lorfque quelque par- tie eft par hafard tordue , comprimée ou frappée , lorfqu'on porte de lourds fardeaux pendant long-tems & à une hauteur confidérable , ou que les mufcles exercent toute autre aétion forcée. Si , dans ces diffé- rens cas , les forces diftendantes ou comprimantes l'emportent fur la réfiftance des tuniques des artères placées au milieu de la poitrine ou au dos , ou qui fe diftribuent au col , aux bras , au ventre , aux cuif- fes , de forte que leurs fibres foient déchirées , il fe formera de vrais anévrifmes , indépendamment d'un vice quelconque dans le fang , re- lativement à fa quantité , fon mouvement ou fa qualité. C'eft par le même méchanifme que doivent fe faire , dans certai- nes occafions , les diftenfions &c déchiremens des tuniques internes , moyennes Se externes des artères , foit des deux premières feulement , foit de toutes les trois à la fois , diftenfion Se déchirement qui pris enfemble conftituent eftentiellement le vrai anévrifme , comme le lou- tient J. Freind avec Paul d'Egine , après Vifeman , contre Fernel , Sennert , ôe Diemerbroeck. Ces accidens n'auront rien de furpre- nant pour ceux qui font inftruits des principes de la méchanique , & qui favent calculer l'aÛion des puilfances fur les corps auxquels elles font appliquées. p ACADÉMIE DE BOLOGNE. 555 .if ce que je viens de dire, on peut rendre raifon de la dilatation^ 'oreillette droite du coeur , qu'Oiaiis Borrichius trouva dans le ca- ^^ de l'oreillette droite du cœur , qu'Oiaiis Borrichius trouva dans le ca- -"CA demie davre de Chnliian Sud, qui , en jouant, avoir heurté rudement de la r ^^^ poitrme contre un corps dur , ix a une grande expanhon de la crolTe ^e de l'aorte , formée par la réaétion même de cette artère , que Lanlîci Bologne. trouva dans un homme, qui, fe portant bien d'ailleurs, avoir été frappé d'un coup déboule à la partie eauche du dos. C'eft par de telles ^.i. , C' . ' 1^ j> • /- ■ r •/- MEMOIRES obfervations que nous pouvons expliquer d une manière latistaifanre les canfes cachées des déchiremens qui arrivent aux vailleaux fanguins déjà altérés dans leur tilïïi , déchirement fuivi d'une mort prompte & ef- frayante , ainli que de la rupture des troufleaux charnus qui compo- fent les parois des ventricules du cœur , genre de mort qui a enlevé la férénillime ducheffe de Brunfwich , mère de l'impératrice Amélie , comme nous l'avons appris depuis peu par les nouvelles de Hollande; cet accident eft rare , mais Morgagni l'a obfervé à la pointe du cœur, dans le cadavre d'une vieille femme \ &c M. Santorini qui a été témoin de ce fait , a obfervé une rupture pareille dans le cadavre de M. Jé- rôme Delphino , noble Vénitien , & procurateur de la maifon de Saint Marc. Ambroife Paré parle d'une rupture de l'aorte auprès du cœur; & l'on peut voir dans Laurent! &c Bellini quatre exemples de déchire- ment de la veine-cave , & de la féparation de cette veine & de la vei- ne pulmonaire , d'avec les oreillettes du cœur. Les anévrifmes tant vrais que faux , caufés par de violens efforts , ne font pas moins prouvés par l'expérience. On lit dans les éphém. des cur. de la nat. dec. i. an. 4. & 5. une obfervation fur un anévrifme aux artères carotides , à chaque côté du col , occafionné par une toux violente. Littré, dans les mémoires de l'académie royale des fciences ann. 1707 rapporte celle d'un anévrifme d l'aorte defcendante , occa- lîonné par de violens eftorts pour vomir ; je me rappelle encore avoir lu dans les mêmes mémoires , qu'un homme étant à la chalfe , fe procura une diftenlion violente de l'aorte 6c de l'artère fouclaviere aroite , en tournant précipiramment le col à droite. Je me fouviens ■auffî d'avoir vu dans le cadavre de l'illullre orateur , M. Hyacinthe- Marc de Juntis , avec M. Santorini , & le célèbre chirurgien Gaétan Manfré , qui en fit l'ouverture à ma prière , une dilatation très-remar- quable dans les deux ventricules &: les deux oreillettes du ccrur , l'aor- te 6c les autres gros vallfeaux étant dans leur état naturel. J'avois vi- fitc le mahade avant fa mort ; il m'avoit raconté qu'ayant pris un jour «n gros livre dans un rayon élevé de fa bibliothèque , & l'ayant fou- tenu pendant quelque tems avec de grands efforts , il avoir relTenti ime violente palpitation de cœur avec intermittence du pouls. Ces fvmjptômes avoient été bientôt fuivis de difficulté de refpirer , enfnite de fuffocation j avec oedème aux extrémités inférieures & foif , caufés par un épancKement de férofiré dans le thorax , effet du déchirement A a a a ii 556 COLLECTION ACADÉMIQUE, -des vailTeaux lymphatiques. Théodore Kei"kringius parle, dans ion '^^^^^^^ SpicUegium anatomicum , d'une dilatation extraordinaire du cœur. Sciences ^ ^^.ns une femme qui ne palloit pas quarante ans ; Dionis dit DE ■ avoir vu l'oreillette droite du cœur dilatée au point qu'on au- BoLOGNE. roit pu y £iire entrer la tête d'un enfant nouveau-né. J. Douglas a trouvé dans le cadavre d'un jeune homme qui avoit eu une palpita- MÉMOIRES tii^'i '^^ cœur extraordinaire , & tout-à-tait femblable à celle dont parle Fernel dans le cinquième livre de fa pathologie , le ventricule gauche du cœur trois fois plus large que le droit , quoique , dans l'état na- turel , il foit le plus étroit des deux. Paré remarque que les femmes qui enfantent avec de grandes douleurs , font expofées à des anévrif- mes , principalement dans les vaiffeaux du col , parce que retenant leur haleine , elles retardent le retour du fang dans le ventricule droit du coeur , d'où s'enfuivent le gonflement & la diftenfion des veines juoulaires & des artères carotides. B. Ramazzini remarque , d'après Blegny & Diemerbroeck , dans fa diflercation fur les maladies des ar- tiftes , que les chantres &C les joueurs d'inftrumens à vent font fujets , à caufe de la violence qu'ils font à leur refpiration , non feulement à des crachemens de fang , mais encore à la rupture des gtos valfTeaux renfermés dans le thorax. Une remarque importante à faire, c'efl: que les grandes ddatations & les déchiremens des vaiffeaux fanguins , ont lieu plus fréqu':mmenr, lorfque ces vaiflèatix déjà rétrécis par des mouvemens fpal modiques , par quelque engorgement confidérable , par des incruftarions internes , ou par une comprellion extérieure , oppofent un obftacle au cours du fang accéléré. Car alors l'effort du fang arrêté par cet obftacle , porte davantage fur les parois des vaiffeaux , & tend à les dilater en forme de fac , &: même à divifer leurs tuniques & à en écarter les fibres , enforte que cette liqueur s'infinue dans leurs interftices. C'eft par ce méchanifme que je crois devoir expliquer avec Morgagni &: Lancifi la formation des concrétions polypeufes qu'on obferve dans les cavités des anévrifmes, fur-tout de ceux dont les parois internes font raboteufes , ridées ou écailleufes. Je n'oferois donc nier c]ue les polypes , en incruf- tant les vaiffeaux fanguins , &c s'oppofant au cours du fang , ne puiffeiit Être quelquefois des caufes d'anévrifmes ou de dilatations de veines. En effet , Homberg a vu des expanfions confidérables des veines , & une grande dilatation des ventricules du cœur , avec de gros poly- pes de confiftance charnue , qui bouchoient en partie le tronc des ar- tères , comme pourroient faire des corps folides renfermés dans de tuyaux , dans le cadavre d'une femme qui avoit effuyé des dou- leurs continuelles dans la poitrine , des fuffocations fréquentes & ter- ribles , accompagnées d'une violente palpitation de cœur. ( K. hijt. de l'acad. roy. des fcunc. an. tj04. pag. lô:. ) Il avoit obfervé dans cette femme des pulfations très-fenfibles dans les veines du col 6c des bras, ACADÉMIE DE BOLOGNE. 557 fembl.ibles à celles des artères , lorfque la palpitation fe f.iifoit vive-'^ ment feiuir , & il poafe qu'on doit les attribuer au reHux du fang dans Académie la veine-cave fupérieure Se les rameaux , reriux qui devoir faire une Sciences violence extrême aux valvules veineufes , dans le tems que le cœur fe ce contradtoit avec tant de force. Bologne. 11 ell elfentiel de remarquer que les tumeurs confidcrables ou autres . corps qui exercent fans interruption , ou à diverfes reprifes , une forte Mémoires comprellion fur l'aorte , fes troncs ou fes gros rameaux , font capables d'occaiîonner une dillenfion violente &c môme une rupture de ces vallFeaux. C'eft ce qui rélulte de ce que j'ai dit ci-delfus : ainfi Fr. NichoUs , fameux anatomille d'Oxford remarque ( F. iranf. phitof. vol. 3^. pag. .44.! . & l'uiv.) qu'une prelllon de l'aorte, conlhnte ou renouvelles par intervalles , pourvu qu'elle n'aille pas au point d'in- rercepter entièrement la circulation , peut la faire dilater en une ef- pece de fac cylindroide ; & que cette tumeur eft tout-à-fait fenibla- ble à celle qui fiirvient aux veines dillendues de la même manière ; mais il ajoute avec raifon que fi un tronc ou rameau conlidérable d'ar- lere eit tellemenr comprimé par une chute , un coup , la rencontre ti'un corps dur j ou une ligature , que le cours du fang y foit inter- rompu , alors comme la portion du vailfeau qui eft entre le cœur & le lieu de la compreilion , ne fauroit contenir toute la quantité de fang qui auroit coulé à diverfes reprifes à travers cette artère, l'ac- tion du cœur & l'effort du fang l'emportent liir la réfiffance de fes parois , (Je il peut arriver que toutes les membranes de l'artère fouf-.' firent une diftenfion violente & même une rupture , d'où s'enfuivroic ■une mort fubite ; ou bien , que les tuniques internes foient déchirées , l'externe demeurant intaéle , ou feulement un peu dilatée , & que le fang s'épanche entre cette dernière &c les autres. R. Wagner décrit {éphém. nat. cur. decad. III. an. V. & f^I.) un grand anévnfme formé tle cette manière , ou peu s'en faut , à la crolfe de l'aorte , trois travers de doigt au-dellus de l'orifice du ventricule gauche du cœur , dans un boulanger qui étant tombé d'un char , eut les cotes fracafTées par la roue qui pafTx fur fa poitrine. Ce que je viens de dire fur le méchanifme des dilatations & des ruptures du tronc de J'aorte &c des grolFes artères , doit s'entendre également des troncs &: des gros rameaux de la veine-cave & de la veine- porte. M. Morgagni m'a alTtiré dernièrement avoir obfervé plus larement ces dernières que les autres , dans les ouvertures de cadavres qu'il a faites. Il avoue cependant que cela peut venir de ce qu'il n'y a peut-être pas alfez pris garde , & de ce que les veines étant plus lâ- ches que les artères , elles s'atfailfent davantage dans le cadavre , iSi fe dérobent en quelque manière aux regards de l'anatomifte , enforte que celui-ci fonge rarement à examiner fi elles font affectées de quelque vice organique. 11 eft tcellement furprenant que les léfions des vejnej 55» COLLECTION AC\ DEMI QUE; :ne folent pas plus fréquentes que celles des artères, les tuniques ner- Académie yg^fe ^ mufculeufe de ces dernières , étant, comme on fait , bien plus S "en^ces '^"'^'^^'"^^ '^ P^"^ ferrées. j5£ Suppofé qu'il foit vrai que les dilatations & les déchiremens des Bologne, veines foient moins fréquens que ceux des artères , voici comment on peut l'expliquer, fuivant les lumières que nous fournilTent l'anatomie &: la MÉ,,^,„,-r méchanique: premièrement j la vîtefle du fane eft moins grande dans la EMOIRES ■■'oi- Jlor' r veme-cave & la veine-porte , que dans les artères, Se parconlequent Ion adbion contre leurs parois , moins conlidérable ; enlorte qu'on peut dire tjue l'etfort du fang contre les tuniques des artères l'emporte autant fur celui qu'il exerce contre celles des veines , que la rédftance des premières l'emporte fur la rciirtance des fécondes. Ainfi tout feroic égal de ce côté-là , les veines &c les artères feroient également expofées à être dilatées Si. déchirées j mais la force vive du fang contre les parois des veines diminue peut-être en plus grande proportion que leur réfiftance , Se dans ce cas les dilatations Se les ruptures des veines doivent être moins fréquentes que celles des artères. Or cette proportion s'accorde très-bien avec la marche ordinaire de la nature qui tend toujours , autant qu'il efl: pofllble , à conferver l'intégrité des parties , &: elle paroît d'ailleurs prouvée par le fait même , puifque les anatomiftes obfervent réellement que les dilatations Se les déchiremens des veines font plus rares que ceux des artères. En fécond lieu , les fibres qui compofent le tifTu des veines font beaucoup plus lâches que celles dont les tuniques des artères font for- mées ; elles peuvent s'étendre davantage fans perdre leur relTort Sc fans être rompues. Enfin le fang qui retourne au cœur par les troncs de la veine-porte & de la veine-cave , palfe fucceffivement de canaux plus étroits dans de plus larges , il trouve moins de réfiltance , il rencontre rarement devant lui des obftacles qui le forcent à déployer fon effort contre les parois de ces veines ; Sc quoique , à l'occafion fur-tout d'une forte comprelîîon , il fe forme quelquefois des dilatations dans les petites veines , parce que le fang qu'elles contiennent , arrête par l'obfta- cle j eft vivement poulfé par le fang artériel qui vient par derrière ; cet effet ne doit avoir lieu que très - rarement dans les gros troncs veineux. Au moyen de cette théorie on peut aifément rendre raifon des dou- leurs opiniâtres qui fuivent le trajet des veines , 6c de leurs diften- fions , occafionnées par les travaux exceffifs , les cris , les exercices vio- lens , les longues courfes , effets rapportés par Hippocrate dans le pre- mier livre de morhis 5 nous fommes mieux en état que ce médecin Sc tous ceux qui l'ont fuivi , d'expliquer la nature des varices , qui , comme Tobferve très-bien Bidloo , n'ont prefque rien de commun avec fes ancvrifmes , Se qui fe forment communément dans les veines étroit ACADÉMIE DE BOLOGNE. 559 tes 8c grcles de la peau , mais principalement aux jambes & aux cuif- = fes , auxquelles les écuyers ôc tous les artifans fédentaires font fujers , ■'^c^t"^''îiE fuivant la remarque de Ramazzini. Nous pouvons enfin nous former Science'^ une juftc idée de ces grandes dilatations tles veines hémorrhoïdales , de des veines coronaires , de celles qui du ventricule fe rendent à la rate , Bologne. Se de l'appendice mufculaire de l'oreillette gauche du cœur , queCow-. per a nomme le bulbe de la veine pulmonaire j dilatations obfervées par^^jy.omrs Vefale, Vedel , Columbus iSc Douglas. ' "" Mais je reviens aux andvrifmes j & je vais expofer les autres caufes de leur formation. Ceux qui penfent que le fang agité du mouvemçiit de circulation , peut quelquefois dans certaines maladies j entrer dari^ un état d'effervefcence , fe raréfier 5c fermenter j coniprendront aifé-' ment comment il peur fe former des dilatations de vailieaux fanguins , Se comment leuis tuniques peuvent fe divifer &; fe déchirer dans les hommes Se les femmes qui abondent en un fang difpofé à fermenter de la forte , s'ils lifent attentivement la préface que j'ai mife à la têtef de l'excellente differtation de Jean BernouUi fur la fermentation. En effet , en fuppofant que dans les hommes hypochondriaques &: les fem- mes hyftériques , fujets à de fréquens retours d'accès vaporeux , le fan» fermente dans les fmus Se les autres gros vailfeauA fanguins , que l'air fe dégage des molécules fanguines dans lefquelles il eft renfermé , Se qu'il diftende les fibres & les parois des vaifleaux avec une forcé pro- portionnée aux obftacles qu'il a à vaincre , on concevra fans peine comment il peut diftendre excedîvement &: déchirer enfin leurs tuni- ques. Que 11 l'on fuppofe le tiffu de ces membranes incapable de ré- fifter fuffifamment à caufe d'une foiblelfe originelle j ou par l'effet de quelque maladie , ces accidens feront encore plus à craindre. D'où il fuit que fi dans les hypochondriaques , les hyftériques & les fcorbutiques , il furvient dans les vaifleaux des dilatations Se des ruptu- res qui quelquefois donnent lieu .1 des hémorragies , on ne doit pas feu- lement attribuer cet efïet aux particules acres des liqueurs qui s'infînuent dans les fentes imperceptibles des membranes , Se les divifent à la ma- nière des coins , mais encore à la fermentation contre nature d'un fang trop échauffé ou extrêmement acide.. Il peut fe faire cependant que les dilatations Se les ruptures des vaif- feaux fanguins foient occafionnées par la feule augmentation du refTorc qui approcl ment fi l'on fe rappelle ce que j'ai dit dans ma differtation fur les fe- cretions animales , au fujet de la force avec iacpielle l'air fe dégage des particules d'eau qui fe gtlent , force fi confidérable , qu'elle a f.iit quel- quefois fendre & éclater des canons , parce qu'alors les molécules d'air s'uniflanc entr'elles , forment des bulles plus confidcrables , (?c que Académie DES 560 COLLECTION ACADÉMIQUE, -dcbairaflces des entraves de l'eau j elles agilleiu avec liberté contre tout ce qu'elles touchent, & cela d'autant plus fortement, qu'ayant à Sciences proportion moins de l'urhice qu'auparavant, elles doivent auilî éprou- DE vôr moins de rcULlance. De niC-nie, li le fang étant coagulé ou du moins Bologne, extrêmement condenlé par une forte gelée , l'air s'en dégage dans les ventricules du cœur j les oreillettes , les troncs de l'aorte , de lartere Mémoires P'il'"'^'^-*if<^ j '^'^ la veine pulmonaire , de la veine-cave, de la veine- porte , & lurmontant la réllftance que lui oppole fa vifcofité , il £s réunilfe en grandes malfes & le dilate avec une force extrême , for- mant des elpeces d'emphvfemes , il eft vifible qu'il doit dillendre ex- cellivement & déchirer même quelquefois les parois des vailfeaux , ♦ quelque ferme d'ailleurs qu'en foit le tillu. Ne voyons-nous pas les chênes les plus vieux &: les plus durs , lorfque leur fève vient à le con- geler , éclater as'ec un bruit épouvantable ? C'eft cette action de l'air dilaté intérieurement , le déchirement & la rupture des vailfeaux fanguins qu'il occafionne , que je foup- çopne avoir été la caufe de la plupart des morts fubites qui ont été obfervées dans cette ville &: ailleurs , ces années dernières , dans le tems des plus grands froids j -Se je crois que la plupart de ceux qui ont péri de la forte , étoient des fujets dont les vailfeaux étoient originai- rement foibles , &: partant incapables de réliiler à une force explolive un peu violente , ou altérés par quelque maladie précédente , quekjue effort violent , ou tel autre accident que l'on voudra imaginer , &: de- venus trop lâches , trop grêles , ou même trop durs. Cette derniera condition paroitra peut-être d'abord imaginaire , & l'on aura de la peine à croire que des vailleaux d'un tilfu trop ferré foient rompus & déchirés plus facilement. Mais on le concevra fans peine lî l'on confidere que les corps durs & qui ne plient point font brifés bien plus aifément, toutes choies d'ailleurs égales , que les corps mois qui cèdent d'abord à la force qui les comprime, tels que les verges flexibles , la laine, le coton & autres femblables. Dans le tems même que j'écris ceci , je viens d'être témoin d'un exemple frappant de cette vérité. Une dame dont le fyfteme mufculeux a beaucoup de volume & de malfe , en tombant aujourd'hui , a donné du bras contre une pièce de bois très-. dure, l'humérus a été catfé auprès de fon articuLition avec le cubitus: mais la peau 6c les chairs , qui , quoique naturellement fort dures Se fort tendues , l'ctoient beaucoup moins que l'os , n'ont fouftert m con- tufion , ni folution de continuité. Si je ne craignols de faire une trop longue digreffion , je pourrois appliquer cette théorie , non feulement aux fractures des os en général , mais aux contuhons & aux déchire- mens des vailfeaux fanguins , &: principalement du cœur , de fes oreil- lettes & de l'aorte , occahonnés par le choc des corps durs contre cer- . taines parties du corps , ou de ces parties contre eux , dans le tems de la diaftole de ces vaiUeaux. Ce ACADÉMIE DE BOLOGNE. çCi Ce que j'ai du fur la difteiifiou & la rupture des vallfeaux , caufccs~ par la force claftmue de l'air qui fe dt-eaue de la malfe du fane , où Acalemie il croit tortemcnt condenle , clt conhrmc par une expérience que Fr. Sciences NichoUs a fait dernièrement devant la fociétc royale de Londres. Ayant de foufflc de l'air dans l'artère pulmonaire, il a vu fa tunique interne fe Bologne. déchirer fur le champ, 8c l'externe fe dilater en tumeurs fcinblables aux^ anévrifmes. x'iyjnmn. Apres avoir expofe les caules mcchaniques qui par la preiïion ou la diften/ion qu'elles exercent contre les parois des vaifleaux fancuins , produifent des anévrifmes , des dilatations ancvrifmales ou des varices, je palfe à celles qui agilfent par des corpufcules anguleux , lefquels s'infinuant entre les fibres qui compofent les tuniques de ces vaifTcaux , les divifent comme autant de petites fcies , de tarières , ou plutôt de coins , les coupent , & par confcquent rongent , déchirent & mettent en pièces les vailfeaux eux-mêmes. Or , que de pareils corpufcules , ôc notamment des fels acides ou alcalis foient contenus dans le fang , ôC quelquefois même en trop grande quantité , c'eft ce dont on ne peut douter d'après les expériences de Boyle iîc de Guiglelmini. Ceux qui font un grand ufage d'alimens & de boilTons trop falés , doivent néceffairement avoir un fang fortement imprégné de ces cor- pufcules deftriiiileurs ; & leur quantité excédant de beaucoup la jufte proportion qu'il doit y avoir enrr'cux tk les autres principes conftitutifs du fang , Si en particulier , de la férofité , il s'enfuit qu'ils doivent dé- ployer leur adlion corrofive fur les parois internes des vaiifeaux , & y occafioiiner des érofions qui ouvrent un paflTage libre au fang , & enfuite des dilatations trèsconfidérables. Ces effets peuvent encore être pro- duits par des pierres raboteufes 8c de petits vers , qu'on a obfervé quel- quefois fe nicher dans les voies de la circulation. On explique aifément par-là cette affeclwn fpafmodiijue univerfelU des artères , dont parle Lanciiî , de mortih. fubii. obf. F. laquelle précède or- dinairement Us anivrifmes des parties precordiales , dans les fujets dont le fang abonde en ferojitcs corrofives , affeclion dont le Jîege doit être rapporte' au coeur ou aux gros vaiffeaux ; mais encore une fois , quoique je con- vienne avec cet auteur que les corpufcules acres Ik feptiques , jouent fouvent un grand rôle dans ces fortes de maladies ; & que les palpita- tions vagues que quelques perfonnes éprouvent au col ou dans les membres , & Us douleurs tantôt vives , tantôt fourdes qu'on reiïent quelquefois dans la poitrine. Se qui tantôt paffageres & tantôt fixes, atfeften: le (ternuni , le dos , les côtés , l'omoplate , les clavicules , les bras ou les main;, comme dans ce Paul Zoppa dont j'ai parlé ci-deiTus, douleurs qui en impofent fouvent fous l'apparence de rliumatifme, foient quelquefois l'effet d'une ichorofité feptique qui forme dans le cœur Se les gros vaifTeaux des anévrifmes commençans , je foutiens cependant contre lui que ces mêmes fymptômes qui annoncent communément lf$ CoUecl. Acad. part. étr. Tome X. B b b b 56z COLLECTION ACADÉMIQUE, ■' ' =anévnfmes de la crofTe de Paorte Si des artères foudavieres j vertebra- AcADEMiEjgg ^^^ carotides , font quelquefois produits par des caufes tout-à-fait Sciences «liff^rentes , favoir , par une force quelconque qui exerçant fur les fi- DE brss des tuniques des artères , une impuKion , nrellion , pulfation ou dif- BoLOGNE. tendon violentes , eft en état d'en altérer le tilfu. Au refte , j'ai obfervé il y a dix ans de ces fortes de douleurs qui fe j^^g^Qjj^gjfaifoient fentir tantôt dans une partie de la poitrine , tantôt dans une autre, tantôt aux bras & tantôt aux mains , dans le P. Pierre Paul Bortoletto , abbé de l'ordre des chanoines de St. Sauveur. Plufieurs an- nées avant d'éprouver ces douleurs cruelles qui paroifloient aftedter les articulations des os de la poitrine & des extrémités fupérieures , il s'é- toit plaint d'un fymptôme qui periifta jufqu'à fa mort , favoir , d'un embarras qu'il éprouvoit , en avalant , vers le milieu de la poitrine, accompagné d'une légère toux &c difficulté de refpirer , fur-tout lotf- qu'il étoit couché fur le dos. Ces fymptômes me firent d'abord foupçon- ner l'exiftence de quelque tumeur qui comprimoit les canaux de la dé- glutition ôc de la refpiration , prellion qui devoir fur-tout fe faire fen- tir lorfque l'éfophage étoit diftendu par les alimens ; & je me conten- tai de prefcrire une faignée , l'ufage d'une ea.\.i Jlièie'e , pour tâcher de fondre 6c de divifer les humeurs vifqueufes contenues dans le fang on ramalTées dans les glandes , & un régime de vie convenable. Un au- tre médecin , d'ailleurs habile , confulté quelques années après , lui ordonna des fudorifiques aftifs Se échauffans. Ils eurent un fuccès au- quel j'étois bien éloigné de m'attendre. Le malade m'aflura qu'il en avoit été confidérablement foulage. Alors le médecin fondé fur ces heu- reux effets j & ne foupçonnant pas même l'exiftence d'une léfîon organique dans la poitrine , promit au malade qu'une fueur excitée par une étuve feche lui procureroit un grand foulagement. Je ne confentis à ce remède qu'avec répugnance. A peine y avoit-il un quart d'heure que le malade étoit dans l'etuve , que le mouvement du fang augmenta prodigieufe- ment , & la fueur fut fi abondante qu'il parut prêt à tomber en dé- faillance j je fus obligé de le faire tirer de \à, de prefcrire une faignée au bras & l'ufage du lait d'âneffe écrémé , pour tâcher de calmer le rnou- vement & la chaleur du fang ; mais tous ces remèdes n'ayant fervi de rien j & les douleurs fe faifant toujours fentir avec violence , ce ref- pedable religieux mourut inopinément après avoir craché un peu de fang. Mon ami M. Santorini j premier médecin du magiftrat de la Santé , fit l'ouverture du cadavre. 11 trouva à la courbure de l'aorte une dilata- tion de la grofleur du poing ^ recouverte au-dedans de lames offeufes, & au commencement de la première artère vertébrale & de la foucla- viere droite , des anévrifmes de la grofleur d'un œuf de poule. Ces diftenfions excelîlves avoient indubitablement été la caufe des douleurs que le malade avoit fenti dans la poitrine &<■ dans les bras , d'où elles ACADÉMIE DE BOLOGNE. s6j s'étendoient jufqu'aux mains, & qui ctoient devenues iiifupporcables: quelques jours avant fa mort. Académie Je tas confulté il y a deux ans par une dame de condition . d'une c ^^^ A / u ■ I ■ Sciences conftitution robufte , agee d environ quarante-huit ans , pour deux tu- ^^ meurs qu'elle avoir depuis peu , une à chaque côte du col } ces tu- Bologne. meurs croient molles , d'un volume à-peu-près égal , de la couleur de , la peau ; elles cédoienr à la preffion du doigt , & fe rétablilfoient auffi- . , • tôt qu'elle celToit. Je n'y remarquai aucune pulfation. La malade ne fe ^*'''°"^^^ plaignoit d'aucune douleur au col ni à la poitrine j mais elle s'en plai- gnit enfuite , lorfque ces tumeurs eurent pris un plus grand accroiffe- ment j malgré les faignées réitcrces du bras & du pied , l'ufage de l'eau froide , 6c une comprellîon des tumeurs arciftement faite avec des la- mes de plomb , moyen que Vifeman recommande dans les anévrifmes fitués aux côtés de la trachée artère ( F", Chlrurg. treaûfes , pag. y 2. ) & ces douleurs fubfiftent encore adluellement. Je n'ai obfervé aucune intermiffion du pouls , parce que le cœur & les oreillettes n'étant point afFedées , l'ordre naturel de leur fyftole & de leur diallole n'efl point troublé \ Se je n'en ai point obfervé non plus dans le religieux dont je viens de parler , ni dans aucun autre cas femblabJe. Mais quelle eft la nature de ces tumeurs j femblables à celles que Vifeman a obfervé fe former au col, à côté de la trachée artère ? Sont- elles de fimples dilatations des veines jugulaires ou des arrêtes caroti- des j ou plutôt des élévations de la peau caufées par le fang qui s'efl: fait jour à travers les parois déchirées de ces vailfeaux , & ramalfé dans ce lieu ? C'eft ce qu'il n'efl: point aifé de déterminer. 11 eft vrai qu'orj n'y obfervé aucune pulfation ; mais on n'en trouve pas non plus dans tous les anévrifmes , même vrais , comme il confte par le témoignage de Vifeman , de Fr. Nicholls , de Pierre Dod & autres qui ont confir- mé le fentiment de Paul d'Egine & de Galien j en faifant voir par leurs obfervations anatomiques , que les vrais anévrifmes confident dans le déchirement des tuniques des artères , Se l'cpanchement du fang dans les interftices des mufcles , Se fur-tout par celui de l'illurtre Ruvfcli. Regarder ces tumeurs comme participant à la nature des anévrifmes déjà formés , ce feroit , félon moi , ne pas s'écarter beaucoup de la venté ; Se comme la dame dont je parle n'a jamais eu des palpitations, de cœur , du moins fortes ou fréquentes 3 des douleurs vives aux par- ties précordiales , difficultés de refpirer un peu confidérables , ni des défaillances , &: qu'il eft prouvé d'ailleurs par les obfervations du cé- lèbre anatomifte Valfalva ( F. tracl. de aure num. p. 7/. ) que ces for- tes de tumeurs du col qui cèdent à la preflion des doigts Se fe rcta- bliftent lorfque la comprellîon celfe , fans avoir de pulfation , font quel- quefois formées par une forte diftenfion des tuniques des veines ju- gulaires , qui va fouvent jufqu'à les déchirer , je ferois porté à croire que les tumeurs de cette dame font caufées par une pareille diftenfion Bbbb ij S64 COLLECTION ACADÉMIQUE, ■Je ces mêmes veines j plutôt que par celle des artères carotides; Se Académie j.gjj d'autant plus que la malade fe plaint à préfent de douleurs aux épau- ^^'^ les & aux bras , qui s'étendent même plus loin. Or il eft probable que ces SciEtK:ES j^^jI^^jj.^ f^i^j occafionnées par une diftenfion violente des tuniques de Bologne, ces vemes qui fc communiquent à celles des veines fouclavieres ; &C (-e qui rne confirme encore davantage dans cette opinion, c'eft que ce Mpmoirf.; f^'t ^"'^1 celle de M. Morgagni , dont on connoît la juftelTe du rai- foiiiiement , lorfqu'il vit cette malade , il y a deux ans. Je vais rappor- ter une autre obfervation concernant les mêmes douleurs dont je par- lois il n'y a qu'un moment. Je me flatte qu'elle fera de quelqu'utilité aux praticiens. , . r • r « • j Je vifitai il y a quatre ans une religieufe qui louftroit des douleurs aiguës , tantôt dans les reins j tantôt aux épaules , tantôt à l'épine du dos , qui s'étendoient jufqu'aux bras Se aux mains , & qui fe fixant quelquefois vers le milieu du fternum ,_devenoient infupportables. Ces douleurs étoient accompagnées d'oppretHon &C d'un dégoût abfolu , la malade étoit prefque réduite au dernier degré de maralme , Se fa mort parôilToit prochaine. Je fuis cependant parvenu à la foulager confidé-- rablement , par le moyen de trois ou quatre pentes faignées au bras ou au pied toutes les années , par la teinture de corail anodyne qu'elle prenoit chaque jour à la dofe de douze à dix-huit gouttes dans quatre onces d'eau de fleurs de pavot rouge , remède dont elle fe trouvoit très-bien , Se par l'ufage journalier du chocolat difTous dans du petit lait de vache ou de l'eau commune ; enforte qu'elle jouit aujourd'hui d'une fanté paffablement bonne. Je vais expliquer à préfent pourquoi les anévrifmes fe forment plus fréquemment à la courbure de l'aorte , ou à fon voifinage , qu'ailleurs. , , r Que les anévrifmes , tant vrais que faux , fe forment le plus iouvent a la courbure de l'aorte ou tout auprès , c'eft une vérité bien prouvée par les nombreufes obfervations du célèbre anatomifte Morgagni. Elle eft d'ailleurs confirmée , non feulement par les faits que j'ai déjà rappor- tés j mais encore par le témoignage de Ruyfch , de Pierre de Mar- chettis Se des autres anatomiftes qui ont obfervé avec le plus de foin la conftitution interne du corps humain tant en fanté que dans l'état de maladie ; fl la croffe de l'aorte , dit avec raifon le même Morgagni dans fes Adverfaria anatomka , eft plus fujette qu'aucune autre partie , à ces fortes de dilatations , malgré le grand nombre de fibres charnues dont elle eft munie , c'eft parce qu'elle ejjuye , à une petite difiance du ÇKur ^ tout l'effort du fang qui en jaillit avec rapidité, & quelle change fubitement & avec violence la direclion de fon mouvement , fur - tout fi l'aorte a naturellement un tiffu moins ferme qu'elle ne doit l'avoir ^ ou fi^ I ce tiffu a été altéré par quelque agent corrofif. En effet , le lang lance avec force de la face du cœur appellée vulg.^irement pofteneure , quoi- qu'elle foit pofée en travers fur le diaphragme ^ dans la cavité de ACADÉMIE DE BOLOGNE. 565 l'norte , pavcoiut depuis l.i bafe du ccrur jufqu'àla courbure de l'aorte j' une li<;ne droite qui va aboutit à cette courbure j & y eft retenu par 'Académie DES cette torce appellce Paraceniruiuc par Leibnitz , & Centripète par Newton c o II 1 11 a J / ir ' j ! ■ ' 1 oCitNCES & par Huyghens. 11 elt donc loUicite , dans cet endroit , par deux j,e forces dont les diredions font oppofées. Ainfi fuppofé que le faiK» Bologne. y foit lancé en plus grande quantité , avec plus de vîteffe & de pré-. cipitation lorfque le cœur vient à le contrafter avec une violence Mi.,„.„e. extraordinaire , on concevra lans peine comment les hftres , d ailleurs Il fortes & Il ferrées de la crolTe de l'aorte , feront tiraillées félon des di- reétions oppolées , & même enfin extraordinairement dilatées , rom- pues & décliirées , Il ces comprellions & diftenfions violentes fe re- nouvellent fouvent. Ajoutez à cela qu'on a quelquefois trouvé cette partie de l'aorte , d'une extrême dureté , & même olfeufe , par con- féquent moins élaftique , & , fuivant ce que nous avons dit ci-dellus plus fujctte à fe déchirer que les autres legmens de l'aorte. Or aiTu rer que les fibres de la crolfe de l'aorte trop minces , d'un tilfu trop lâche , ou trop peu élaftic^ue j fouvent ébranlées par une aftion violente &i forcée des mukles , aftoiblies par l'ufage mal - entendu du mercure dans la vérole , ou par tel autre principe corrollf qu'on voudra ima- giner , ne peuvent , à plus forte railon , elTuyer l'effort du fanq mu avec une vîtelfe extraordinaire, fans fe déchirer prefc[ue aufll-tôt , c'eft- là une propolition fi évidente , qu'elle n'a nul befoin d'être prouvée. Mais une autre raifon qui doit rendre plus héquentes les dilatations & les ruptures de la crolfe de l'aorte , 6c dont aucun auteur n'a parlé , autant que je puis le favoir , c'eft que les corps durs , fortement com- primés , ne fe brifent qu'après avoir été courtes. Or l'aorte commen- çant à former une corbure , dès la fortie du cœur , & étant tirée en bas à chaque infpiration , par le diaphragme , il eft vifible que les fibres de la crolfe doivent être plus aifcment diftendues & déchirées que celles des autres troncs & rameaux artériels. Ce que je dis ici de la courbure naturelle de l'aorte , doit s'appli- quer aux courbures des autres artères , foit qu'elles foient auffi natu- relles j comme celle des arreres vertébrales & carotides , foit qu'elle foit accidentelle , comme dans les perfonnes qui mènent une vie fé- dentaire. M. Ramazzini remarque judicieufement dans fon excellente diflerta- tion fur les maladies des artiftcs , que l'habitude qu'ont les gens de let- tre de tenir la tête & la poitrine panchée en lii'int , occafionne une comprellion au ventricule & au pancréas. Dans cettte fituation , fur- tout (1 on lit d'abor 1 après le repas , les vailfeaux fanguins qui partent des rameaux de la céliaque & de la veine fplénique , font aulli compri- mes. On voit donc par ce qui a déjà été dit que fi cette comprellion fe renouvelle fort fouvent , & qu'elle devienne continuelle , l'arterc cœ- liaque qui forme des angles obliques avec l'aorte defcendante , &: l'ar-: 566 COLLECTION ACADÉMIQUE, = tere fplénique , appellée par Veflingius Tortuofi & ambagtofa. Académie ^ y ^ç_ ti^mx. & philof. tranf. ) & que Cowper a toujours vue encor- ur ce qui eft du relâchement des veines , dont le tilfu eft naturel- lement mouis ferré que celui des artères , on concevra aifément qu'il pourra donner lieu aux mêmes lélîons , ou du moins à des léfions peu différentes de celles dont je viens de parler , iî l'on ell inlhuit de tous les nnux que peut occafionner le retour du fang des veines à l'oreil- lette droite , retardé ou interrompu. Lorfque le cours du fang dans les veines capillaires des extrémités tant fupérieures qu'inférieures , des parties externes de la tête & de toute l'étendue de la peau , eft retardé , à caufe du relâchement de leurs tuniques , il fe forme aifé- ment des varices à la tête , au bas-ventre , à la poitrine , aux jambes & aux cuilfes ^ des infiltrations œdémateufes Sc d'autres atfeétions cu- tanées ; mais de plus , lorfque les fibres charnues & tendineufes de h veine-cave ont prefqu'entiérement perdu leur reflJbrt, ce que je crois arri- ver quelquefois dans les perfonnes calTées de vieillelfe ou épuifées par une longue intempérance , le fang mu avec une extrême lenteur , aura de la peine a furmonter la réfiftance , quoique légère des val- vules tricufpidales , & ne pourrapénétrer dans le ventricule droit , que je fuppofe conferver encore tout (on relfort, qu'avec beaucoup de diffi- culté &c à des intervalles inégaux. Delà la petitelTe , l'inégalité & l'in- termittence du pouls , l'abattement des forces , l'enflure œdémaceuff 5(58 COLLECTION ACADÉMIQUE, = des pieds & des jambes, & une très-gtande difficulcé de refpu'er, mu- Académie f^g pjf ig retaidemiiit ou l'interruption du mouvement du lang , qui _ °^^ de la veine pulmonaire , retourne au ventricule gauche du cœur , le j3g tronc de cette veine étant dilaté auprès de l'oreillette gauche , Se les Bologne, tuniques afFailfées les unes fur les autres , comme Cowper l'a obfervé. Bien plus , les ramifications veineufes qui parcourent la pie-mere , les >.• rameaux qui s'enfoncent dans le cerveau , & les finus de la dure-mere AifiMOXI^ES T . t^ t o^l * Ll"j'l J participant au même relâchement Se a la même Haccidite , le cours du fang doit nécelTairemeiit y être retardé. Se y occafionner des compref- fions de toute efpece , des dilatations , des déchiremens , des ruptu- res qui feront fuivies de maladies mortelles ou du moins très -diffici- les à guérit ; dans les veines jugulaires relâchées j le fang qui y def- cend avec une augmentation de vîtefTe que lui imprime fa gravité , doit produire des dilatations & des tumeurs , qui , au défaut de pulfation près , relTemblent très-bien aux anévrifmes par la couleur , la ligure , & la faculté de céder à la compreffion Se de fe rétablir lorfqu'elle celTe. Valfalva parle , dans fon traité de l'oreille , d'une grojje tumeur ^lobu- leufe j qui n'avoic rien de commun avec la nature des varices , tormee de la forte par la dilatation de la veine occipitale , Se d'une dilatation très-confidérable de la jugulaire interne , qui fut enfin fuivie du déchi- rement de cette veine. C'eft peut-être à ces fortes de tumeurs veineufes plutôt qu'aux ané- vrifmes faux , qu'il faut , à ce que je penfe , rapporter cette grande Sc fuKTuliere dilatation de la plupart des vailfeaux qui conduifent le fang aux parties extern3S de la tête, donc parle Vidus Vidius. Gabr. Fal- lope s'étoit propofé d'extirper cette tumeur , mais il en fut détourné par l'énormitc de fon volume. Ceux qui font au fait des loix de la circulation dans les capillaires artériels Se veineux , comprendront aifément comment l'affoiblilTement de la force élaftique & mufculaire des veines qui rapportent le fang des tefticules dans les homniis , du vagin Se de l'utérus dans les fem- mes , de la veffie , de l'anus , des reins , de la rate , du foie , du pancréas, des inteftins & du ventricule dans les uns Se les autres , affoibliliement produit par le relâchement excelTif de leurs tuniques , peut donner lieu à des dilatations variqueufes de ces petites veines , & nommément au cirfocele ; dilatations d'où s'enfuivent des flux de fang de l'anus, de la veflie , de l'utérus, du vagin. Le gonflement des hémorroïdes , l'engorgement des veines qui fe dilkibuent à la rate , au méfentere , à l'épiploon , au pancréas. Se au ventricule , le vomif- femem de fang , font encore des fuites néceflfaires du relâchement des tuniques de la veine-porte & de fon finus , qui fait que cette veine ne peut pouffer avec toute la vîteffe requife , dans la fubftance du foie , le fang qui lui eft fourni par les différentes ramifications qui vont s'y rendre" de toutes les parties du bas-ventre. Ces ACADÉMIE DE BOLOGNE. 569 Ces maladies auront lieu encore plus facilement, li au rciàcheiiKut ' des membranes des veines , fe joint la Hacciditc de leuis valvules , 'académie lelquelles y favonfent puillamment le mouvement du fang , fur-tout Sciences dans celles qui font dans une lituation verticale. En effet j les valvu- de les , dont Cananus Se Jacq. Sylvius , comme nous l'apprend M. Mor- Boiocne. gagni , avoient fait mention avant Jér. Fabrice d'Aquapendente , mais que celui-ci a décrites avec plus d'exaditude , ne doivent pas être re- Mémoires .gardées comme des membranes (implement élaftiques ; ce font plutôt des membranes pourvues de libres charnues qui leur font propres , Se qui non feulement en affermiirent le tiffu , mais encore font des inf- trumens dont elles fe fervent pour exécuter leurs fonctions avec plus de facilité. M. Morgagni a même obfervé que Us grandes valvules , placées aux orifices des ventricules du cœur j onc leur contour tendineux , & leur furface inférieure garnie d'un grand nombre de fibres charnues , lef- quelles font pofees en travers dans les valvules de l'artère pulmonaire , if obliquement dans celles de l'aorte. Si donc les fibres tendineufes & charnues des valvules tombent dans un état de mollelfe & de flacci- dité qui leur falfe perdre leur relfort , & qui les mette hors d'état d'exercer leurs fondiions ou du moins qui aftoibUlfe leur adtion , on voit aifément que le mouvement du fang doit en être troublé. Car pour ne point parler ici de l'extrême difficulté que le fang trouve alors à remonter , contre fon propre poids , des extrémités inférieures & des vifceres du bas - ventre , dans le tronc de la vei- ne - cave inférieure , fur - tout fi l'on fuppofe encore les veines Haf- ques & relâchées , difficulté d'où s'enfuit un grand nombre de ma- ladies , comme je l'ai fait voir précédemment , les valvules tricufpi- dales ou mitrales , étant ainfi relâchées , ne pourront plus , dans le tems de la fyrtole du cœur , fe contrafter artez fortement pout empêcher le fang de refiuer dans la veine-cave & la veine pulmonaire. Ce fang fera donc en partie répoufle dans ces veines , au lieu qu'il ne doit Être lancé que dans l'artère pulmonaire &c l'aorte ; mêlé avec le fang déjà contenu dans leur cavité , Sc ne pouvant retourner dans les ven- tricules du cccur, qui font contraélés dans ce même inftant , il fera effort contre les parois de ces veines &: les dilatera extraordinairement par cette compreflion , qui doit même fe faire fentir aux oreillettes. Delà l'inégalité Sc l'intermittence du pouls , les dilatations du cœur , qualifiées d'anévrifmes par Lancifi , iSc même la mort fubite , fur-tout s'il y a pléthore ou cacochimie. Il y a , dit Lancifi , dans chaque rameau de la veine pulmonaire , des valvules qu'un obfervateur attentif y apperçoit aifément. Or ù ces valvules viennent à être relâchées , le fang contenu dans ces rameaux aura de la peine à retourner dans le ttonc de la veine pulmonaire ; comprimé par le poids Sc le reffort de l'air renfeimé dans le poumon, & par la contradioii des parois même de ces veines , il reHuera vers Collecl. Acad. part. étr. Tome X. Cccc 570 COLLECTION ACADÉMIQUE, = les ramifications de l'arcere pulmonaire, fans que ces valvules puiiïenc Académie ^^ oppofer , &: troublera la circulation dans le poumon ; d'où s'enfui- ç^,,:v,^rc vront la difficulté de refpirer , un excès de chaleur dans la poitrine & DE quelquetois même le crachement de lang. Bologne. Enfin li cette flaccidité fe rencontre dans les valvules des ramifica- tions des artères & des vemes coronaires , valvules que Lancifi a fur- Mi moires '^°"^ obiervé très-fenfiblement dans le cheval , elle entraînera divers dcrangemens très-fâcheux. Si ce font les valvules des ramifications vei- neufes qui foient ainfi relâchées , le fang retournera avec moms de vîtefle dans les gros rameaux & le tronc de la veine coronaire y les troulTeaux mufculeux du cœur feront retenus plus long-tems dans un état de contradlion , & la diaftole de ce vifcere fera retardée ; ce qui doit caufer l'intermittence du pouls , & quelquefois même la fyncope. Ces mêmes accidens pourront avoir lieu par une caufe oppofée , fi le même vice fe trouve dans les valvules des ramifications de l'artère co- ronaire. Car dans ce cas le fang comprimé par les parois de ces ra- mifications , refluera aifément vers le tronc , & ne parviendra point aux fibres mufculeufes en alTez grande quantité pour exciter la fyftole. On voit encore par-là que les anévrifmes du cœur ôc de l'aorte , les palpitations de cœur &c l'intermittence du pouls doivent à plus forte raifon avoir lieu , lorfque les valvules fémilunaires , dont l'office ell: d'empêcher le fang de refluer de l'aorte & de l'artère pulmonaire , lorf- qu'elies fe contraélent , aux ventricules du cœur qui fe dilatent en même-tems , font relâchées ou déchirées au point de ne pouvoir exer- cer leur fondtion ordinaire. En effet , le fang refluant alors de l'aorte dans le ventricule gauche , fe mêle avec celui que lui fournit dans .ce même tems l'oreillette , ôc en augmente le volume au-delà de ce que ce ventricule peut naturellement en contenir ; fes parois feront donc violemment diftendues par cette furabondance de fang ; 8c l'irritation exceflîve qu'elle caufera , forcera le cœur à fe contrafter plus fréquem- ment Se avec plus de force,, ce qui conflritue une vraie palpitation; mais j'ai fait voir ci-deflus que , dans les palpitations vives Se fré- quentes , la crolfe de l'aorte , qui foutient tout l'effisrt du fang lancé par le cœur , étoit expofée , plus qu'aucune autre partie , à être dif- tendue , dilatée Se même déchirée. Il n'eft donc pas furprenant que cet accident ait quelquefois lieu dans le cas dont je parle. Ce que je dis de la dilatation du ventricule gauche , occafionnée par le relâchement des valvules fémilunaires qui appartiennent à l'aorte j doit s'appliquer également à celle du ventricule droit , lorfque les valvules du même genre qui appartiennent à l'artère pulmonaire , font altérées de la même façon. Au refte , on concevra aifément , dans l'un & l'autre cas , l'irrégularité du pouls , fi l'on fait attention que la diaftole du cœur durant plus long-tems que dans l'état naturel , les artères font aulîi plus long-tems à recevoir le fang qui doit y être lancé. Je remarque- ACADÉMIE DE BOLOGNE. 571 rai i en paiïant , que les valvules du cœur , ne font point dans un état purement pallif , lorfqu'elles s'appliquent aux orifices du cœur, ou ^'^'^'^émie qu'elles s'en éloignent , pour en fermer ou permettre l'entrée au fang <- "" contenu dans l'aorte & l'artère pulmonaire, ou dans les oreillettes; mais ^^ qu'elles ont une force vraiment active qu'elles tiennent des fibres char- Bologne. nues dont elles font munies. Je vais maintenant parler en peu de mots des léfions auxquelles font»< expofés les vailTeaux fanguins dont les fibres tendineufes & charnues pèchent par être trop grêles & trop minces. 11 eft certain que les fibres , toutes chofes égales d'ailleurs , font d'autant plus fortes , plus en état de réfirter aux forces qui tendent à les divifer , & moins expofés à être déchirées , qu'elles ont plus d'épailFeur. Si donc on fuppofe que les fibres qui compofent le cœur , les oreillettes , les artères 6c les vei- nes , ou quelqu'un de ces organes en particulier , n'aient point toute l'épaifleur qui ell nécelfaire pour le libre exercice de leurs fondions , foit que ce vice vienne de nailfance , foit qu'il vienne d'un défaut de nu- trition , d'une érofion caufée par une férofitc acre ou par des vers , ou de telle autre caufe qu'on veuille imaginer , il eft vifible qu'elles feront plus fujettes aux dilatations , aux déchiremens & aux ruptures , &C que les membranes qui en font formées ne fe contraéleront pas avec alFez de force pour imprimer au fang le degré de mouvement nécef- faire. La théorie feule démontre cette propofition ; mais il ne/era point inutile d'en confirmer la vérité par des obfervations anatomiques. En diiréquanr le cadavre d'un certain Dove j Cowper rrouva {f^. philof, tranf. pag. jrp.) les tuniques de l'aorte extrêmement minces. Cette ar- tère étoit confidérablement dilatée , le coeur avoir un très-grand volu- me , Se étoit extraordinairement flafque ; les artères carotides étoient aulîi dilatées , &: leurs tuniques beaucoup amincies. Littre & Horribeig rapportent des exemples de grandes dilatations des ventricules du cœur , accompagnées d'une gracU'ué extraordinaire de leurs parois , Se le pre- mier dans l'obfervation qu'il AonnQ ,( Mém. de l'acad. roy. des fcicnc. 170 j. ) fur un grand anévrifme de l'aorte , remarque que les tuniques de cette artère étoient tout-à-fait exténuées. 11 feroit fuperfiu de m'arrêter aux maladies qui naiflent de l'incga- lité de la furface interne des vaiffeaux fanguins ; il eft villble que lorf- que cette furface eft inégale , raboteufe , parfémée d'éminences & d'anfraétuofités , le fang v trouve des obftacles & une réfiftance qui doivent diminuer fa viteiTe. 11 s'infinuera aifément & féjournera dan? ces petites cavités , il y formera des concrétions polvpeufes ; il agira même avec plus de force contre les parois des vailfeaux , lefquels font rétrécis par ces inégalités , il les dilatera & y caufera de vrais anévrifmes. Trop d'épaifleut & de dureté dans les fibres qui compofent les vail- feaux fanguins , peut aulfi donner lieu à des maladies terribles &: nioi- C c c c i i Ç7i COLLECTION ACADÉMIQUE, = telles. En effet, les organes qui pouffent le fang & les vaifTeaux qirî Académie [g reçoivent doivent être d'une foupleire 8c d'une flexibilité qui leur r °^' petmette de céder ailément à l'impullion des liqueurs , ÔC de fe té- SciENCES I 1 ,. , „ • j ' ,r 1 r ^1 PB tablir avec la même promptitude , pour pouller les liqueurs a leur BoLOGKE. tour ; &c c'eft de la régularité de cette adtion réciproque du fang con- tre. les vaifTeaux & des vailfeaux contre le fang que dépend la vie & xji la fanté. Si donc les fibres du cœur qui , quoique naturellement épaif- fes Sz dénies , ont une certaine flexibilité , viennent à la perdre & à s'endurcir par le manque de férofîté , par l'abus des liqueurs fpiritueu- fes & autres échautfans , par des exercices violens & long-ttnis con- tinués , par la vieilleffe , ou par quelque autre caufe que ce puilTe ctre , de manière que la caufe qui les mer en mouvement j n'agifTe que foiblem.'nt fur elles , le cœur ne pourra fe contraéler avec afTez de force pour challer le fang avec le degré de vîteffe convenable ; Se la circulation fe faifant avec une extrême lenteur dans les artères & dans les veines , le pouls fera prefque éclipfé , & les mufcles fans vi- gueur ■■, les vailleaux qui fe diftribuent aux vifceres feront obftrués , engorgés , & il furviendra une infinité d'autres dérangemens , fur-tout le "fang ne recevant plus de la part des artères le degré d'élaboration nécelfaire ; & fi la foibleffe de la contraftion du cœur , produite par la caufe dont je parle , va au point que le fang n'en foit lancé qu'a- vec une force incapable de furmonter la réfiftance des valvules lîtuées à l'embouchure de l'aorte , ou celle que lui oppofciït les parois de cette artère , la petitelfe du pouls fera nécelfairemeiu fuivie de fon intermittence. Mais s'il arrive que les fibres des oreillettes & des valvules tricuf- pidales , mitrales ou fémilunaires s'oflifient & acquièrent une dureté pierreufe , ces léfions extraordinaires de ces organes donneront lieu à des foibleifes , à des fyncopes , à des palpitations de cœur violen- tes , à Tintermittence du pouls , à la diflSculté de refpirer , fur-tout en montant , Se à d'autres incommodités , que doit entraîner le dé- rangement du mouvement du fang. C'eft ce que je vais établir encore mieux par les obfervations fuivantes. Columbus affaire , dans fon ouvrage fur les faits anatomiques rares , avoir trouvé la cloifon qui fépare les ventricules du cœur , d'une du- reté cartilagineufe. 11 ne dit pourtant pas n cette altération avoit donne lieu à quelque incommodité , cependant comme cette cloilon elt tor- mée par les fibres des ventricules qui fe croifent , & par les fibres fpi- lales des autres patois du cœur , entrelacées enfemble , & qu une cer- taine flexibilité lui eft aulîi nécefTaire pour concourir à chalTer dans les artères le fang qui a été porté au cœur par les veines , il me paroit très-probable que dans les fujets où elle étoit ainfi endurcie & abfolu- meiH immobile , le fang que la veine-cave & l'artère pulmonaire ver- foient dans le cœur , devoir y féjourner plus que de raifon j & occa-. ACADÉMIE DE BOLOGNE. 575 fionner par fa ftaonacion , des oppreiïiojis , & des irrégularitcs dans le ' "' ■ - pouls. Ruyfch a vu les valvules lignioïdes oflitices & tellement adhcren- '^'■•*'^*"''''^ tes , qu'il ne paioUroic plus aucune ouverture par laquelle le fang eût ç °^' pu foctir du cœur , dans le cadavre d'un marchand qui avoir été long- '^'d'ie'^" tems alUimatique , &c qui , peu de cems avant de itiourir , avoir elïïiyé Bologne. des fyncopes prefque continuelles & des intermittences dans le pouls {r. obf. anau dur. pag. Sç.) ]. Douglas rapporte , dans les tranfac-\ ;.,,„,„„ nons philolophiques , plufieurs exemj)ies de valvules mitrales &c fémi- lunaires qui avoient acquis une durere femblable à celle des cartilages des coru.'s , des os ou des pierres. On trouve de pareilles obfervatîons de Cowpjr dans le même ouvrage & dans fa magnirique édition de la myotomie réformée. Vieulfens en cite plufieurs dans fon traité du cœur ; il en réfulte que , dans ces fortes de cas , le pouls eft fujet à des intermittences irrégulieres &: plus ou moins longues. Le même Vieulfens alfure avoir trouvé dans le cadavre d'un apothicaire nommé Thomas d'JjJis , qui étoit mort des fuites d'une palpitation de cœur violenro , accompagnée d'une extrême diHicultc de refpirer j avec in- termillion du pouls & autres fymptômes graves , le bord du ventricule gauche Se les valvules mitrales privés de leur flexibilité naturelle , & l'ontice de ce ventricule tellement rétréci , que le fang ne pouvoir y Ealfer avec la facilité & dans la quantité ordinaires , enforte que l'em- ouchure de l'artère pulmonaire &: des deux veines-caves étoit confi- dérablement dilatée. J. Douglas a trouvé dans un jeune homme qui étoir mort d'une palpitation de cœur extrêmement forte avec fyncope» les valvules mitrales épaiflîes & olfifiées , & les valvules fémilunaires tellement crifpées &: contradées , qu'elles étoiem hors d'état de fer- mer l'otifice du ventricule gauche du cœur j dans le tems de la coii- tradrion de l'aorte. 11 déduit avec raifon de la crifpation & de la for- me contre-nature de ces valvules , & du reflux du fang pendant que l'aorte fe contracloit , la caufe d'une grande dilatation qu'il avoit auflî trouvé dans le cœur , ainû que des palpitations & des fréquentes fyncopes auxquelles le malade avoit été fujet pendant fa vie ^ & il ex- plique très-bien une femblable dilatation qu'il y avoit en outre à l'o- xeillerte gauche , par le reflux du fang dans cette oreilletre , pendant la contraétion du cœur , reflux auquel îes valvules murales ollilîées n'é- toient point en état de s'oppofer. Ceux qui font curieux de voir des exemples de petits os trouvés dans le cœur des cerfs , des bœufs & même des hommes , peuvent confuircr J. Riolan , qui dans fon commentaire fur les os, rapporte de pareils faits Q après Galien , & qui dit que Corneille Gemma a vu un petit os a la racine de l'aorte dans des cadavres humains. 11 ajoute que cet os du cœur de l'homme n'eft autre chofe , fuivant lui , que la racine de l'aorte endurcie excellivement , & qu'il l'a fouvent trouvée oflifiée dans les vieillards. Cette opinion paroît avoit été avant Riolan , celle d'Au' 574 COLLECTION ACADÉMIQUE, = Jrc Vefale , qui faifant naître la grande artère, ôc , comme II dit ^ Académie j^ veine artérielle delà fubftance cartiiagineufe ou ofTeufe du cœur , Sc/ences '^■'^g^'-'^^ ■> '^^ Semble , l'origine de ces vailfeaux comme cartiiagineufe. jj'g Au refte on peut voir dans les tranfadions philofophiques une obfer- Bologne, vation iur un os retiré par Chefelden , célèbre chirurgien Anglois , du milieu des ventricules du cœur dans une femme morte d'hydropifie &C MÉMOIRES 'iep^^tl^'''^- . ^ , „ I ur ■ J o- , . „ r Pour ce qui eu de 1 aorte; outre les oblervations de Riolan fur lof- fification de cette artère , foit à fa naiffance , foit auprès du cœur j nous lifons dans Fokher Coiter que Fallope l'a trouvée oflifiée dans tout fon trajet. Je demandois , il y a peu de jours à M. Morgagni , s'il avoir vu quelquefois dans cette artère des parties olfilîées in- terrompues çà &: là par de petits fegmens qui euffent confervé leur état naturel. 11 m'a répondu qu'il n'étoit point rare de trouver dans les tuniques internes de l'aorte des ollitications qui ne s'étendoient pas dans tout le contour d'un fegment , mais qui étoient interrompues par des parties molles. En parcourant le volume des tranfiiélions philofo- phiques de l'année 172.1 j j'y ai trouvé une obfervation très-intéref- iante de l'iliuRre phyfiologifte Jacques Keilj. Cet auteur rapporte qu'on trouva dans le cadavre d'un artifan nommé J. Bayles , qui palToit gé- néralement pour avoir cent trente ans lorfqu'il mourut , la partie de l'aorte ficuces dans le bas-ventre &c les artères iliaques prefque entiè- rement cattilagineufes. Cet homme avoit pendant fa vie un pouls ir- légulier & intermittent j & Keill trouva , après fa mort , la plus gran- de partie du fang ramalfée dans la cavité des artères , ce qui eft ex- traordinaire , comme il le remarque très-bien , puifque les anatomif- tes les trouvent communément vuides dans les cadavres. VieulTens rapporte , dans fon traité du cœur , que j'ai déjà cité., un cas très- rare obfervé par M. Deidier j célèbre médecin de Montpellier. Ce médecin ayant alllllé à l'ouverture du cadavre d'uJie dame de diltinc- tion morte dans un âge extrêmement avancé , qui fut faite par un excel- lent chirurgien. M. de Lapeyronis , devenu depuis fi célèbre , trouva le troue de l'aorte & les valvules fygmoïdes entièrement oflifiés. A la cour- bure de l'aorte , à l'endroit où elle commence fenfiblement à defcendre , il y avoit un étranglement confidérable ; ôc toute la portion de cette artère comprife encre le diaphragme &; les artères iliaques étoit extrêmement en- durcie , ainfi que le rameau fplénique de l'artère cœliaque & les artères fpermatiques externes. Cette dame qui étoit de l'illuftre famille de Bonzy , avoit eu , pendant fa vie , le pouls extrêmement inégal & irrégulier , une palpitation de cœur continuelle & violente , Se une extrême diffi- culté de refpirer , fur-tout lorfqu'elle fe couchoit fur le dos. M. Dei- dier attribue ce dernier fymptôme à ce que les anneaux des bronches étoient pareillement ofTifiés dans le poumon. Guillaume Cowper aiïiire , dans les tranfadions philofophiques , que A C A D F. M I E D E B O L O G N E. 575 te n'efl pas une chofo abfolunient rare ^ de voir les parois des artères & l fur-coiic des gros troncs qui parcourent la poitrine & le bas-ventre , Académie dans un état d'oiîitication. Mais il ne parle pas de ce que d'autres ana- ç,^^' tomirtes Se chirurgiens ont encore obfervé , favoir que les artères des ^g membres font auflî fujettes à s'endurcir & à s olllfier , Se que cette Bologne. ollilîcation eft quelquefois la caufe des gangrenés qui furviennent aux bras , aux mains , aux jambes & aux pieds. Scringer trouva , dans une \ii„f,,occ jeune dame qui ctoit morte d une grangrene au bras , le tronc de 1 ar- tère brachiale durci en une fubftance olfeufe , & fa cavité fi fort ré- trécie par l'épailllirement de fes parois , qu'il eut de la peine à y in- troduire une fonde. Le même eut encore occafion de faire voir à Cow- {>er , Dans une jambe fpliacelée qu'on avoir été contraint d'amputer j es troncs artériels devenus comme pierreux j leurs parois fi fort épailTis en-dedans , ôc par conféquent leur diamètre tellement diminué , qu'un ftviet introduit avec force avoir de la peine à v pénétrer. Pendant l'am- putation de cette jambe , on fut tort (urpris de ne voir couler qu'une quantité de fang très-modique. Environ (ix femaines après cette opéra- tion , la gangrené furvint au pied & à la hanche du côté oppofé , la chaleur naturelle s'éteignit de le malade mourut. Ces faits font rapportés par Cowper , obfervateur très-exact. Si donc J par un événement extraordinaire , (S: qu'on n'obfervera pro- bablement jamais , l'aorte perdoit fa flexibilité , non feulement à fa courbure &c dans fon tronc defcendant qui traverfe la poitrine & le bas-ventre , mais encore dans tous fes rameaux , rant gros que petits ôc jufqu'à fes dernières ramifications ; êc qu'elle fiu entièrement privée de la faculté de le dilater & de fe contracter ; il s'enfuivroit que quand même le fang feroit pouffé pendant la fyftole du cœur dans les artères ainfi endurcies, avec alfez de force pour en parcourir tout le fyftème, & retourner de même par le fyftème veineux j fans être arrêté par les obftacles qui s'oppofent à fon cours , produits par les diverfes cour- bures & inflexions des vailfeaux & par l'inégalité de leurs parois , que je fuppofe ici parfaitement lifles ôc polies , le mouvement de ce fang dans le tube artériel feroit nul pendant la diaftole du ctrur , & pat conféquent la circulation du fang j dans cette hypothefe imaginaire , au lieu d'être continuelle , feroit interrompue à chaque inftant. Mais il s'en faut bien que le fang pût furmonter ainfi tous les obftacles qu'il trouveroit fur les pas , ôc parvenir , fans recevoir de nouvelles impul- ■fions , jufqu'aux extrémités capillaires des vaifleaux ; la furface inter- .ne des parois des artères n'eft point alTez lilTe Ôc polie , le fang lui- même n'ell pas alfez fluide , ni la force du cœur alfez grande pour cela. 11 eft donc impoflible , dans ce cas , que le fang ne recevant plus au- cun mouvement de la part des tuniques des artères , Se trouvant les ca-r vités des vailfeaux rétvécies & raboteufes , foit poufle à une grande dif- tance du cœur, ^on mouvement doit d'abord dimiiiuer confidcrablemem 576 COLLECTION ACADÉMIQUE, =dans le tronc même de l'aorte , 8c s'éteindre tout-à-fait dans fes fa- AcADEMiEj^^g^y^ . [jj j^Q|.j fuivant de près cette ceffation. Sciences ^' ^'■'''' ^^ "-^ "l"^ 1^ viens de dire que fi tout le tronc de l'aorte de- DE puis le cœur jufqu'aux artères iliaques, ou du moins une portion con- Bologne, lîdérable de ce tronc, ou mt-me feulement quelques-uns de fes fegmens d'efpace en efpace , font olliiiés , alors le fang n'étant point fuffifam- Mémoires'^^"'- comprimé par les parois des artères , ne circulera plus avec la rnême vîtefle ; il oppofera une plus grande réfiftance au fang qui vient par derrière & au cœur ; le ventricule gauche ne pourra fe vuider de tout le fang qu'il contient , il en fera lurchargé ; l'ordre de fes con- trariions fera donc rroublé , & le fang ne parvenant point aux artères qui font dans l'état naturel , avec la vitefle & la régularité ordinaires , le pouls fera petit , inégal & intermittent ; & comme dans cet état de l'aorte , la vîtelTe du fang qui ne peut plus recevoir aucune accélé- ration de la parr de fes tuniques j diminue nécelTairement , cette li- queur doit fe mouvoir très-lentement dans tout le fyflcme artériel , Se voilà pourquoi l'on trouve après la mort , dans ces fortes de cas , les artères gorgées de fang. On explique encore très-bien par-là les inter- mittences &c les inégalités extrêmes du pouls , obfervées dans des vieil- lards par Keill & par Vieulfens. J'ai fuppofé jufqu'ici que les valvules du cœur étoient dans leur état naturel ; mais fi ces valvules font ofllfiées ^ il eft vifible qu'elles op- poferonc au fang qui doit être poulTé dans les artères , une réfiftance que le cœur ne pourra furmonter par la force avec laquelle il fe con- iraébe ordinairement. 11 faudra donc une contraftion plus forte , ôc pour l'opérer , il eft nécefiaire qu'il parvienne aux fibres de ce vifcere une plus grande quantité de la matière qui les met en jeu , ce qui ne peut fe faire que dans une intervalle de tems plus long j Se doit par conféquent occafionner des intermittences dans le pouls. 11 eft vifible que cette intermiiîlon du pouls fera plus confidérable encore , fi. l'oUlfication de l'aorte fe trouve jointe à celle des valvules du cœur. Si les artères coronaires , qui portent le fang aux fibres motrices da cœur , font endurcies , la contraftion du cœur ne pourra plus fe faire & la mort fubite s'enfuivra néceffairement , ou du moins , fi ce vice ne s'étend qu'à une partie de ces artères , cette contraélion fera fort languilTante & prefque incapable de forcer les valvules fémilunaires Sc de dilater l'aorte , ce qui doit caufer une foiblefte & une inégalité extrê- mes, l'intermittence Se même l'anéantiffement du pouls. Adam The- befius a obfervé à Leipfick , les gros rameaux de l'artère coron.iire qui parcourent la convexité du cœur jufqu'à fa pointe , en partie ollihcs. Lorfque le même vice fe rencontre dans les artères carotides «Se Ver- tébrales , le fang qui y eft poulfc par la feule force du cœur , &: qui tend , par fa gravité à prendre une direélion toute contraire , trouve de plus dans ces artères une réfiftance qui doit encore diminuer fa vî- tefte. ACADÉMIE DE BOLOGNE. 577 -îelTe. Le fane doit donc alors fe poiter plus foiblement aux parties .^,,,,„ > iiAi *■• oî -V- ACADEMIE tant inteines qu externes de la tête , les méninges Si le cerveau en re- ^^^ çoivent donc moins , dans un tems donné , que dans l'état naturel ; Scunces ce qui doit nccellairement occalionner un dérangement ttcs-confidéra- de tle dans les fondions des nerfs qui en tirent leur origine. Mais de Bologne. plus , le fang qui trouve de la difficulté à palTer dans ces artères , doit — ^ "^''dies des vailfeaux fangu.ns & des autres canaux , appliquée aux ^"^""^ autres parties organiques, renferme la théorie de toutes les ma a- dies dépendantes de la léfion des lolides fondée fur les principes les plus certains. Je palle à l'obfervation fur un vomiflement de fang , annoncée par le titre de cette diirertation. OBSERVATION Sur un vomijfement de fang énorme , guéri en hyver^par des boijjons h la glace. UN jeune gentilhomme j du nom de Maffettl , étant à la campa- aiie , fe f.uigua beaucoup à la chalFe &C en montant à cheval ; il revînt i la ville , & vomit environ cinq onces de fang le lo jan- vier 1718. . , , I \, n- j r Comme je compris qu'il y avoit pléthore & que 1 adlion du lang con- tre les parois des vailTeaux étoit beaucoup augmentée i & que je lavois d'ailleurs que ce jeune homme avoit uni tumeur fchirreufe a la rate , qui lui avoit occafionné un vomillement de fang quatre ans aupara- vant & de lécreres hémorragies par les narines & les gencives toutes les années , je lui fis aulll-tôt tirer , par le moyen des fangfues quon appliqua aux hémorroïdes , environ huit onces de fang , dans la vue d'en diminuer la quantité , & d'en détourner la trop grande détermi- nation vers la rate & le ventricule. Je lui fis auffi faire ufage d une eau compofée avec le fuc de plantain &, le corail , pour tacher de cal- mer l'aoïtation du fang. Le vomiirement étant revenu la nuit avec plus de force , & le fang lortant par la bouche en grande abondance , )e lui fis prendre aulîi-tôt douze gouttes de laudanum liquide de Vaiiliel- montdans quatre onces d'eau de laitue, pour modérer la vitelle du faner & procurer le fommeil; mais le malade ayant re.ette ce remeae, en vomiirintdu fang une troifieme & quatrième fois je lui prelcri- vis des pilules de philonium dans de l'eau de tormenrille. J ordonnai en m&me-tems que le malade tint dans fa bouche de l'eau hoide mê- lée avec du vinaigre, & je fis appliquer à la région, epigaftnqiie une ACADÉMIE DE BOLOGNE. çgj éponge trempée dans du vinaigre très-froid , dans la vue de re(Terrer= les vailleaux fanguins du ventricule rongés , déchirés , ou ouverts de Académie quelqu'autre manière qae ce fat ; & le fang étant revenu pour la cin- c ^^^ quieme Se lixieme fois , de forte que le "malade ctoit prefque mou- ^'r.'^^* ranr , je lui fis prendre , dans la mt-me vue une demi cuillerée d'une Bologne. confeAion compofée avec les femences de pavot & de jufquiame le fucre rofat , le bol d'Arménie & la pierre hématite , & eiifuite les pi- \ i Iules aftringentes d'Hciveaus , à la dofe de trois fcrupules de quatre en ^'"^'""^^^ quatre heures , dans la même eau de tormentille à laquelle on aioutoit une poudre compofée avec les perles , le corail rouge & les yeux d'c- crevifle. Ces fecours procurèrent la celfation du vomiirement pendant quelques heures. Je m'abftins de la faignée cette nuit, premièrement parce que le ma- lade avoir déjà rendu par le vomilTement plus de deux livres de fang dans l'efpace de deux heures , Se qu'étant couché dans un appartement froid , le corps affez peu couvert , je craignois à tout moment de le voir tomber en fyncope. En fécond lieu , parce que le mouvement du fang & des artères étoit extrêmement accéléré , & que par confcquent le peu de fang qui reftoit encore , circuloit avec beaucoup de vitelfe. Ainii je ne pouvois guère me flarter qu'une petite faignée , qui ne du- reroit qu'un inftant , fut capable de détourner du ventricule le fang qui s'y portoit avec tant de rapidité , loit qu'on la fit à peu de dif- tance de la partie afteétée , foit qu'on ouvrît une veine fort éloignée. D'ailleurs , j'appréhendois que la faignée , en diminuant encore la pouls me le faifoient con- jedlurer , ne fut encore augmentée , & que cette augmentation ne pro- duisît celle de la vîtelTe du fang , ce qui auroit pu ' renouveller le vo- milTement. A la pointe du jour ^ le malade ayant encore vomi du fang avec abondance , je lui fis prendre du fuc d'ortie avec l'opium. Mais ce re- mède n'ayant pas eu tout le fuccès que je defirois , le raifonnement me fuguera enfin l'idée de relFerrer les vailfeaux ouverts du ventricule en condenfant l'air renfermé dans fa cavité , & de répoulfer le fang qui y abordoit par l'ufage des boiirons à la glace. Comme l'eftomac du malade rejettoit tous les alimens qu'on lui faifoit prendre, tels que les œufs frais délayés dans du bouillon de poulet , la ptifane d'orge , la crème de ris , j'eus recours au chocolat , boilfon qui , fans le trop charger , étoit propre à rétablir les forces languilfantes. Je le hs faire avec du lait de vache & du fucre , & j'y niêlois de tems à autre une cmulfion faite avec les amandes douces & les femences de pavot blanc. Le malade prenoit de fix en fix heures environ fept onces de ces li- queurs , congelées par un mélange de glace Si de nitre , Se il buvoit 584 COLLECTION ACADEMIQUE, , -dans l'inteirvalle , pour éteindre la foif qui le prelTbic , de l'eau dé '^^^''"^nocera froide , en petite quantité , mais fouvenc. Cette méthode con- SciENCES fomie > à ce que je crois, aux règles de la faine pratique, me réuf- DE fit à merveille , & je ne celTiù d'en faire ufage jufqu'au commencement Bologne, de février. Je fis palier alors le malade à une nourriture plus folide. Je lui permis de prendre des loupes de ris ou de pain , cuits avec le bouil- Mémoires 1°" i^s poulet , ou des jaunes d'oeufs délayés dans le même bouillon; & bientôt même il fut en état de manger du chapon , du veau 5c des petits oifeaux. Pour redonner de la vigueur à fon eftomac languillant , je lui prefcrivis la teinture d'abfinthe , tirée fans efprit de vin , à la dofe de foixante gouttes dans une cuillerée d'eau de pinprenelle, peu de tems avant le dîner. J'oubliois de dire que , le troifieme ou quatrième jour de la ma- ladie, j'avois prefcrit des lavemens de lait de vache avec le beurre, le jaune d'œuf & le fucre rofat , dans la vue d'évacuer le fang noir & coagulé qui du ventricule étoit defcendu dans les inteftins. Celui qui fortic par ce moyen avoit la forme d'une poudre groillere femblable à de la fuie. Les médecins font ordinairement dans l'ufage d'ordonner à.QS dilfolvans , pour empêcher la coagulation du fang répandu dans la cavité du ventricule ; mais j'aimai mieux m'abftenir de ces fortes de remèdes , que de m'expofer , par leur ufage , à contrarier l'effet des boiifons à la glace qui commençoient déjà à fi ;bien réuilîr. C'eft par cette méthode que je fuis heureufement parvenu à guérir cette maladie fi grave &: qui fembloit devoir éluder l'aétion de tous les remèdes. Les célèbres médecins , MM. Zendrini & Santorini ont été témoins de ce fuccès. Mais je crus devoir porter mes vues plus loin , & pour prévenir une rechute j je confeillai au malade de fe faire tirer , de trois en trois ou de quatre en quatre mois , fept ou huit onces de fang , le plus fouvent par le bras , & quelquefois par les hé- morroïdes : voici fur quoi me parut fondée la nécellîté de ce confeil. La tumeur fchirreufe de la rate , dont j'ai parlé ci-delTus j met les vaiffeaux obftrués de ce vifcere hors d'état de recevoir la quantité de fang qu'ils devroient naturellement contenir. Il faut donc que les autres vailteaux , & principalement ceux des parties voiiînes de la rate , en contiennent une plus grande quantité qu'à l'ordinaire. Il eft donc a craindre que ceux-ci ne foient trop diftendus , dilatés & enfin ouverts par ce fang furabondant , fur-tout dans les courfes longues & fati- gantes , èc les autres exercices violens j ce dont on trouve un exemple dans les crachemens de fang , les faignemens de nés & les autres hé- morragies auxquelles font- fujettes les perfonnes obffruées. J. Riolan afTure avoir vu fouvent ceux dont la rate étoit affeélée , rendre par haut &: par bas une quantité prodigieufe de fang , & il cite a ce fu- jet des obfervations d'Hippocrace & de Valverda fur des vomiiremens de fang mortels , caufés par le gonflement Si l'obftruélion de la rate. Je crus donc ACADÉMIE DE BOLOGNE. $85 donc devoir prévenir un tel malheur par de fréquentes faignées ; &:=s== comme la vitetTe du fang peut auflî beaucoup augmenter Ion effort Académie contre 1( lade de contre les parois des vailTeaux , je recommandai , outre cela ^ au ma- j^-j^^j-^j faire de l'eau froide fa boilfon ordinaire , de s'abftenir du vin &: DE de renoncer à la chaire &: à tous les exercices violens. Ces confeils ont Bologne. eu jufqu'à préfent le plus heureux fucccs. . Dans le tems que j'allois publier cette obfervation , M. Maffetti ^'*^"^Mi,[oin£c d'avoir dans la nuit du 2 décembre de cette année 1730 , une nouvelle attaque de vomllfenient de fang. Je fus auffi-tôt appelle auprès de lui ; comme il n'avoir encore vomi qu'une ou deux livres de fang, & que je reconnus qu'il y avoir pléthore , je me déterminai à ptcfcrire une faignée d'environ dix onces , quoique le vomilfement continuât en- core , & que l'artère fe dérobât à mes doigts dans le tems que le ma- lade vomiiroit. Je lui fis prendre enfuite quinze à dix-huit gouttes de laudanum liquide dans quatre onces d'eau de petite pimprenelle j dans la vue de modérer la viteife du fang Se de procurer un doux fommeil; Se comme le malade le rejerta par le vomifement , je lui en donnai une autre dofe dans la même nuit. Ces remèdes procurèrent à peine la ceffation du vomilTement pen- dant deux heures. Il revint bientôt encore à deux reprifes ; je fis auQi-tôt tirer environ quatre onces de fang par les hémorroïdes , & j'eus recours , fans plus tarder , aux boifions à la glace , qui m'avoient fi bien rcuili autrefois , & que je viens d'employer encore avec le plus grand fuccès pour une fille qui vomiiroit le fang avec une extrême abondance , en- fuite d'un engorgement de l'utérus. Je fis donc prendre au malade du chocolat glacé , Sc quatre heures après d'autres liqueurs glacées connues ici Ions le nom de Sorhecn di fpumigUa e papina j à petires dofes , mais fouvenc réitérées. Par ce moyen , le vomilTement fut fufpendu jufqu'au jour fuivant , qu'il revint pat deux fois , mais les mêmes boif- fons l'arriterent de nouveau. Le troilieme jour , le malade ayant encore vomi du fang , quoique en moindre quantité , je lui fis prendre le foir des pilules narcotiques qui arrêtèrent d'abord le vomiflement & lui procurèrent pendant la nuit unfommeil alTez long. Pendant qu'il prenoit ces remèdes , j'avois foin de lui faire donner des lavemens de lait avec le beurre , le fucre Se des jaunes d'ccuf , pour év.acuer le fang coagulé dans les inteftins , & je prefcrivis , le troiheme jour , pour éteindre la foif,qui commençoit à devenir prefTante , l'eau de millefeuille à la glace , dans laquelle on avoir fait bouillir un coing coupé .i ttanches. J'employai pendant douze jours avec alfez de fucccs ce régime froid, Se pendant ce tems-là , le malade rendoit par le bas quantité de vents; mais enfuite, comme il avoit bu une trop grande quantité d'eau à la glace, pourctancher la foifqui le tourmentoit , il fe plaignit d'une douleur tenfive à la région du ventricule. Je fus contraint de lui en ColUcl. Acad. part. étr. Tome X. E e e e S?.6 COLLECTION ACADÉMIQUE, ' taire difcontinuei- l'ufage ; & je le fis pafler à une régime un peu moins '^"j'^'^auftere. Il commença à prendre deux fois par jour un bouillon de pou- SciENCES ^^^' '^^"^ lequel on délayoit un jaune d'œuf frais, avec un peu"de fucde DE limon , & , de grand matin ^ un taiïe de chocolat bien chaud , qu'il Bologne, faifoit précéder d'un verre d'eau froide , pour rafraîchir l'ellomac &c . calmer la foif qui continuoit d'être importune ; quant à la douleur de A'IÉMOiREsl'eil;omac, je tâchai d'y remédier par les pilules narcotiques dont j'ai déjà -parlé. Le malade fe plaignoit depuis quelques jours d'un léger mal de tête _, lorfque , le quatorzième , il parut fubitement une tumeur douloureufe derrière l'oreille gauche j vers le milieu de la mâchoire inférieure ; &; en même-tems , la fièvre , qui n'avoir jamais quitté le malade , mais fans être violente , commença à devenir plus forte, Cette augmentation s'annonçapar un léger frilfon, & fut bientôt accompagnée d'une efpecede délire. Je fis appliquer fur la tumeur des éponges trempées dans un mélange de lait de vache & d'eau , qu'on faifoit chauffer Se qu'on re- iiouvelloit fouvent. Ces fomentations procurèrent en peu de jours la réfolution de la parotide j & il ne lui refta plus qu'un peu de fièvre , qui redoubloit le foir ; la foif n'étoit plus fi prelfante. Le malade faifoit fa boilfon ordinaire de l'eau de Nocera froide. Il veilloit le jour &: repofoit la nuit. Ses forces revenoient par l'ufage des bouillons dont j'ai parlé tantôt j & il preiioit quelquefois des crèmes de ris. Sujet à faire des vents par le haut , même quand il fe portoit bien , il s'eft plaint d'un acide qui irritoit , dit-il , fon eftomac , & le provoquoic au vomififement d'une humeur pituiteufe Se quelquefois même des ali- mens. J'ai combattu avec affez de fuccès ce fymptôme par l'ufage de la teinture d'ablinthe , & d'une légère infufion de bois de faffafras dans ' l'eau de nocera. Quelquefois j'ai employé utilement le philonium de Perfe , & d'autrefois des glaces faites avec le lait & le fucre , à l'heure du coucher , pour calmer les éruélations fréquentes , produites prgba- blement par des fermentations chaudes qui bouleverfent l'eftomac. En- fin à ces heures-ci , le vomiiTement aqueux a celfé , le pouls eft pref- que revenu à fon état naturel , le ventre eft libre , l'appérit eft bon , les forces reviennent, 6c le malade a paflTé aux alimens folides, enforte qu'on peut le regarder comme convalefcent. A Fenife le J s janvier JJS^' Fia des Mémoires. ACADÉMIE DE BOLOGNE. 587 ^mi -'■'^'^?i»'**^ -' ""■■}■ Académie s. DES SUPPLEMENT A L' HISTOIRE. ^^%f^^ , E01.0GKE. Sur un nouveau degré de perfcclion donné au thermomètre, '^^^^^^. A MOnfieur Stancari , qui avoit entrepris tant de travaux pénibles pour leSL'msTOiRE .progrès de la pliylique , s'étoit, entt'aiitres chofes , beaucoup oc- cupé de la conftruûion du thermomètre , & en avoit fait faire plulieurs félon la méthode de M. Amontons. Un jour qu'on en parloit à l'aca- démie , M. Rondelli propofa d'elFayer fi l'on pourroit conftruire un thermomètre qui marquât les dirtérens degrés de chaleur , par la dila- tation & la condenfation de l'air renfermé dans la bouteille , &c qui eût en mcme-tems la partie fupérieure de fon tube fermée hermé- tiquement & purgée d'air j car cette partie eft ouverte , dans le ther- momètre de M. Amontons , & l'air y entre librement, ce qui n'eft pas fans inconvénient , puiique , pour eftimer le degré de chaleur , il faut toujours avoir égard à la pefanteur de l'athmofphere , ce dont on feroit difpenfé moyennant la nouvelle correftion. M. Stancari fe chargea volontiers de ce foin , &: fit aufiî-tôc conf- truire un thermomètre tel que M. Rondelli le defiroit. Ayant pris un tube recourbé, qui avoir une jambe plus courte , fermée & terminée par une fiole ronde , & l'aune plus longue &c ouverte , il fit entrer peu-à- peu du mercure dans celle-ci j Se en inclinant le tube à diverles re- . prifes & en diftérens fens , il fit enfo' te que le mercure remplît pref- que entièrement la longue jambe , fans defcendre jufqu'à la fiole. Alors il ramollit la partie fupérieure de cette jambe à une lampe d'cmail- leur , & la ferma hermétiquement j enfuite il renverfa le tube, afin que le peu d'air qu'il pouvoit y avoir encore dans cette partie j fe ren- dît dans la fiole , & fe mêlât avec celui qui y étoit contenu. Enfin il redrelHi le tube , &: le mercure étant defcendu dans la jambe longue autant que pouvoit le permettre l'air de la fiole , il eut un tiiermo- metre conftrult fuivant l'idée de M. Rondelli. Ce thermomètre , gra- dué méthodiquement j marqua enfuite les variations du froid i?C du chaud , d'une manière exaélement conforme à celui de M. Amontons. On a conftruit depuis à Bologne d'autres thermomètres fur ce modèle. Ce font ceux que j'ai appelle ailleurs thermomètres de M. Stancari. * E e e e ij 588 COLLECTION ACADÉMIQUE, " DES Sciences EXPERIENCE D' OPTIQUE. DE ^*- BOLOGNE. SuPPLEM. P'^'- ^f- Euflachc Zanotti. A l'histoire T) Anni les expériences qui prouvent que la réfrangibllité des rayons X^ de lumière varie fiiivant leur couleur , il en eft une fort aifée qu'on . peut taire avec le rélefcope , &: à laquelle perfonue n'avoit pourtant longé avant M. Zanotti. Voici comment il procéda. Il prit un carton allez grand , peint de deux couleurs , favoir , de rou^e & de bleu \ Il y attacha des brins de fil , d'un noir très-foncé , qui fe croifoient en divers fens , & l'ayant pofé fur un drap très-noir, il le fufpendit à une muraille confidérablement éloignée de l'obfervatoire. Il dirigea fur ce carton un télefcope d'onze pieds &: compofé feule- ment de deux verres j ayant éloigné l'oculaire de l'objedtif, jufqu'à ce que la partie bleue du carton fe fit voir bien diftinélement , il s'ap- perçut qu'à cette diftance , la partie rouge étoit tout-à-fait confufe j & au «ontraire , celle-ci fe fit voir diftinftement j lorfqu'ayant éloigné encore davantage les deux verres , la partie bleue fut à fon tout , vue confufément. M. Zanotti répéta plufieurs fois cette expérience & l'é- vénement fut toujours le même. Il avoir alTocié à fon travail M. Jo- feph Roverfi , jeune homme d'un mérite diftingué , qui , quoique en- gagé dans des études d'un genre tout différent , eft aullî profondément verfé dans la géométrie &c l'aftronomie , que s'il n'avoit jamais étudié que ces fciences. On voit donc qu'il doit y avoir une plus grande diftance entre les deux verres du télefcope , pour voir diftindement la partie rouge du carton , que pour la partie bleue. Ce qui prouve bien que les rayons rouges renvoyés pat la partie rouge du carton j fe réfraétent moins , en traverfant le verre objeâif que les rayons réfléchis par la partie bleue, puifqu'ils s'unilîent pour former une image diftinfte , à une plus grande diftance de l'objedif. C'eft ainfi que MM. Zanotti & Roverfi font par- venus à démonirer par une expérience familière , une vérité d'optique des plus délicates. Us l'ont démontrée , dis-je , car on ne peut alléguer ici aucune inclinaifon du carton , que quelques-uns ont cru , quoi- que fans raifon , avoir pu occafionner quelque erreur dans les autres ex- périences. MM. Zanotti &c Roverfi ne fe bornèrent point à cela. Ils crurent devoir détern>iner avec précifion la différence des diftances de l'objec- tif à l'oculaire dans les deux états dont j'ai parlé. Ils remarquèrent que cette différence étoit de deux pouces & demi j & il n'eft pas douteux qu'elle la'eiu été plus confidérable , à proportion , dans un télefcope plus ACADÉMIE DE BOLOGNE. 589 long. Ces différences ne font point conformes à "celles qui ont été in-" diquées par Newton. Mais Newton avoit opéré fur les couleurs natu- 'académie relies , qui font parfiitement homogènes , au lieu que MM. Zanotti c "''^ &c Roverlî avoient fait leur expérience fur des couleurs hétérogènes & ^'^nces artificielles. Us airiierent donc mieux attribuer cette différence^à celle Bologne. des couleurs , qui alUirément doit être alTez conlîdérable , que d'êtreT"; ' obligés de rejetter les mefiires de Newton , dont ils venoi'ent de con- ^^''^^*^' firmer l'opinion fur la réfrangibilité des rayons de lumière , par la même l'histoire expérience. Ils furent enfuite curieux de regarder le carton avec le télefcope de Newton , qu'ils avoient entre les mains ; car dans ce télefcope , la vi- fion fe faifaiit par réHexion & non pas par réfraftion , ils jugèrent que les deux parties du carton , dévoient être vues diftinétement dans le même-tems. C'eft ce qui fut confirmé par l'expérience ; ils reconnurent audi par-l.à que ce télefcope feroit préférable à tous les autres , (i l'on pouvoit lui donner toute la perfedion dont il eft fuccepcible • mais cela eft bien difficile. Les télefcopes communs feroient également bons ou même meilleurs , fi les objers ne refléchllfoient que des ravons d'une feule couleur , ou que l'objeclif ne tranfmît , parmi les diffé- rens rayons qu'il reçoit , que ceux du même genre, comme, par exemple , s'il étoit fait d'un vetre rouge ou verd. En effet , dans cette hypothefe , les rayons de lumière qui font réfléchis de tous les points de l'objet, iroient .après avoir tr.iverfé le verre objedif , fe réunir an même point , & l'image qu'ils psindroient, feroit parfaitement dif- tinéte. Auffi eft-ce peut-être cette raifon qui avoit quelquefois déter- miné Huighens à. préférer, pour la conftrudlion des télefcopes , les verres colorés. Quelques-uns objeéleront, peut-être, que leslentillescoloréesont l'inconvénient d'affoiblir la lumière réfléchie des objets ; mais ce feroit fouvent un avantage , puifque cet affûibliffement , bien loin d'être un défaut , devient néceffaire , lorfqu'on regarde le foleil , & même la lune, .Venus & d'autres corps lumineux. . ■'-S^ SUR LES LOIX DE LA PROPAGATION de la chaleur. Par AI. Brukelli. C'Eft une opinion aiïez commune parmi les phvficiens , que les qualités qui fe répandent hors des corps , s'affoiblilfent en raifon des quarrés de la diftance. M. Brunelli ayant fait de férieufes réflexions à ce fujet , craignit que cette proportion fi commode n'eût été un peu m- 590 COLLECTION ACADÉMIQUE, - trop généralifce. Keill , il eft vrai , l'appuyé fur des raifons qui fe AcADÉiMi£ bient prouver qu'elle a lieu à l'égard de toutes les qualités; mais s'il c °^^ veut fuivre Newton l'on maître , il faut nécelTiiiremenc qu'il admette jjg des qualités qui diminuent dans une proportion différente ; il ne fuflSc Bologne, pas d'avoir prouvé que la propagation de la lumière & l'attradion fui- c vent la raifon inverfe des quarrés de diftance , pour être en droit de ^ tirer une concluhon générale ; on auroit tort de juger par une ou deux l'histoire qualités, de toutes les autres. L'analogie peut bien n'être ici qu'une illuiîon , puifqu'il s'agit d'objets de différens genres. M. Brunelli .-ivouoit donc que la raifon inverfe des quarrés de diftan- ce a lieu par rapport à la lumière ; c'eft ce que démontrent les expé- riences de Moncanari , & par rapport à l'attr-iétion _, comme le prou- vent les mouvemens des corps céleftes , mais il foutenoit qu'on n'en pouvoit rien conclure par rapport .\ la chaleur , avant de s'en être alïïiré par l'expérience. Or cette expérience n'avoir point encore été faite avant lui. Il fe chargea donc de ce foin , Se voici comment il s'y prit. II favoit que , fi la proportion dont j'ai parlé , avoir lieu dans la pro- pagation de la chaleur , il falloir que la chaleur excitée par une flam- me , à une certaine diftance , fût égale à celle qu'exciteroient quatre flammes à une diftance double , & neuf à une diftance triple , en fuppoiant les flammes égales. Or c'eft ce qu'il fe propofa d'éprouver. A une tige de bois perpendiculaire, il attacha deux: traverfes hori- fontales , l'une fupérieure & immobile , l'autre inférieure &; qu'on pou- voir monter on defcendre à volonté. Il fixa fur la première un tube de verre contenant de l'efprit de vin , Se plaça fur la féconde une lam- !ie à neuf mèches parfaitement égales. La lampe étoit précifément dans a même ligne que le tube. Sous celui-ci , il y avoir un petit tuyau immobile , fait d'une lame mince , ayant la figure d'un cône tronqué &: percé au milieu , deftiné à recevoir la chaleur excitée par les mè- ches de la lampe j & à la tranfmettre ainfi ramafl'ée , pour ainfi dire , au tube à travers le trou. Après avoir conftruit cet inftrument j M. Brunelli fit plufieurs expé- riences qui lui réuftireuL parfaitement , & dont cependant il n'a rendu aucun compte j ne les ayant faites que pour s'amufer Se fans témoins. Une parle que de la dernière qu'il lit chez l'ingénieufe & illuftre ma- dame Elifabeth Ratta , en préfence de MM. François Marie Zanotti , Alaman Fiumi , très - habile phyficiea , & Daniel Infilvino , jeune homme de Erelfe j très-eftimable par fon efprit &: par fes mœurs , qui demeuroit alors à Bologne. Voici quel en fut le réfultat. M. Brunelli , ayant allumé une mèche de la lampe , Se ayant me- furé; Lidifta-nco qu'il y avoir entr'elle Se le tube, eiit foin d'obferver attentivement jufqu'à quelle, hauteur cette chaleur faifoit élever l'efprit de vin danS'Un tems donné. L'clévatiaM de là liqueur étoit msfurée par de: petits intervalles niavqués fur le tube , Se le tems , par les vibra- ACADÉMIE DE BOLOGNE. 591 tions i\m pendule ; par ce moyen , il s'affura que l'efpric de vin étoit monte de douze degrés dans l'intervalle de trente vibrations. Il fit enfuite l'expérience avec quatre meclies allumées 5 mais ce ne c^^ ' fut que trois heures après j pour donner à l'elprit de vin le teins de per- dre entièrement la chaleur qu'il avoir acquife pendant l'expérience pré- Bo_ cédcnte. Ayant mis alors la lampe .à une diftance double, il examina <;„„„, „. attentivement a quelle hauteur s elevoit 1 elprit de vin dans i intervalle, a de trente vibrations. Or il s'éleva précifément de douze degrés , enforte l'histoire que 1.1 chaleur excitée par quatre mèches à une diftance double ^ pa- rut être égale à celle qu'avoir excité une feule mèche à une diftance iîmple. Il ne s'agiiroic plus qu'A faire l'expérience avec neuf mèches & .î une diftance triple. Elle tut renvoyée à un autre jour. Les afliftans ne man- quèrent pas de le rendre chez madame Ratta qui les atteudoit avec impatience. M. Bruneili .alluma les neuf mèches de la lampe , il la plaça à une diftance triple j & mit le pendule en mouvement ; on re- - connut bientôt que Tefprit de vin étoit pareillement monté de douze degrés dans l'intervalle de trente vibrations. M. Bruneili crut donc alors pouvoir alTurer que la propagation de la chaleur , comme celle de la lumière , fe fait en raifon inverfe des quarrés de diftance , puifqu'une feule flamme a produit , à une certai- ne diftance , le même degré de chaleur que quatre flammes à une dif- tance double j & neuf à une diftance triple. 11 ne difconvient pas que l'expérience faite avec neut flammes a quelquefois manqué de réuftir j mais il fait obferver qu'elle avoit été troublée par quelque circonftance particulière j lors , par exemple ^ que l'efprit de vin recevoir de la cha- leur d'ailleurs que des mèches , ou que celui qui étoit chargé du foiiî du pendule , au lieu de le laifter tomber Amplement , lui donnoit une certaine impulfion avec la main & en dérangeoit par conféquent les vi- brations. L'expérience a toujours parfaitement réuflî , lorfqu'on a pris t outes les précautions néceflaires. Quoiqu'a dire vrai , il n' y auroit pas lieu d'être furpris , fi lorf- qu'on emploie un certain nombre de mèches j l'expérience n'oftroit pas bien exaftement la proportion requife. En effet , neuf flammes devant donner , à une diftance triple , le même degré de chaleur qu'une feule à une diftance fimple , on voit que la quantité de chaleur excitée par chacune d'elles en particulier , doit être bien petite : enforte que fi de ces neuf flammes , on en retranchoit une ou deux, la chaleur totale feroit encore à-peu-près la même , au moins fenfiblement , & fept ou huit flammes produiroient prefque le même effet que neuf. Plus ou multipliera les mèches , plus ce raifonnement acquerra de force. C'eft: pourquoi je confeille à ceux qui s'attachent à découvrir ces fortes de proportions par des expériences , de ne point trop multiplier les tÇC-» mes 5 mais de fe contenter d'un petit nombre. S9Z COLLECTION ACADÉMIQUE, = Je fais cependanc qu'il y a des proportions qu'on ne peur découvrir Académie v^ la faveur d'un grand nombre de termes, 6i qu'un nombre moin- SciENCES ^^^ "S '^^'^^ P°""^ appercevoir , parce que la différence de laquelle DE dépend la proportion , n'eft point encore alors aifez lenfible , & ne le de- BoLOGNE. vient que par raccroilfement qu'elle prend en employant un nombre SuPPLEM. plus confidérable ; mais c'ell; préclfément à caufe de cela qu'une pro- A " portion qui n'a été découverte que par l'expérience & l'obfervation , l'histoire ell: fort incertaine , & qu'un ne peut guère l'appliquer qu'aux cas peu différens des circonftances dans lefqueiles l'obfervation ou l'expérience ont été faites. _ . La proportion que fuit la propagation de la lumière , ne feroit peut- être pas exadtcment telle dans tous les cas , que M. Montanari l'a ob- fervée dans trois degrés de progrelîîon , & je doute que la même rai- fon inverfe des quarrés de diftance fe retrouvât conftamment dans l'at- traftion , puifque , quelque fixe Se immuable que la fuppofent les phy- ficiens attraétionnaires , ils font forcés d'y faire quelque changement , lorfqu'il s'agit d'expliquer les mouvemens des nœuds ou de apfides. On n'auroit donc rien à dire à M. Brunelli , fi la proportion qu'il a établie dans la propagation de la chaleur , ne fe foutenoit pas exaéle- ment dans d'autres termes de comparaifon. C'eft-là un défaut de pré- cifiondonc les proportions , même les plus reçues , ne font point exemp- tes , 6c l>i pbylique ne peut aller au-delà. Sî;^ï-î=========«*> _4ilU~^».i^ SUR LA NOSTALGIE , MALADIE PARTICULIERE aux Siiiffes. LA noftalgle eft une maladie .\ hquelle les SuilTes font fort fujets, lorfqu'ayant quitté leur patrie , ils brûlent du dehr d'y retourner^, fans pouvoir le fatisfaire. Voici les marques auxquelles on reconnoit cette maladie ; ceux qu'elle attaque font continuellement plonges dans une triftelfe incroyable ; leur fommeil ' eft court & interrompu ; ils iont tourmentés de fréquences infomnies ; ils perdent leurs forces ainli que l'appétit , & jufqu'au goîit de la boilTon. On leur voit garder un ftupide & morne filence , &c pouflTer de fréquens foupirs , tous indi- ces d'un efprit abattu & livré à la plus noire mélancolie ; il lurvienc enfuite de très-longues fièvres , tant intermittentes que continues , qui réduifent bientôt à un état déplorable les fujets les plus robuftes Se de l'efprit le plus vigoureux. L'adolefcence & la jeunelle font plus ex- pofées à cette maladie , que la vieillelTe Se l'âge avancé. Elle a des ficr„es qui l'annoncent & la préparent avant qu elle le dé- clare ; on a tout lieu de l'appréliender . lorfqu'on voit ceux qui en ' lont ACADÉMIE DE BOLOGNE. 59î ACADEMII DES ES font menaces fuir la fociétc , errer triftement dans la folirude , devenu colères Se difficiles j & ne fe plaire qij'à ce qui leur rappelle le fouve- ii;r de la patrie. Le mal eft déjà tout forme & n'eft plus douteux , Scunc ^ qu'ils commencenr à n'être plus occupes que de leur pays , &: à de- de mer ardemment d'y revenir. Ce feroit là efte guees les unes des autree par de nombreufes files de piètre de Bologne calcinée ; ce tableau étoit de la plus haute antiquité , car il avoit au moins 700 ans ; il avoit toujours été au grand air. M. Beccari le ht expofer à la lumière , &: tranfporter enfuite dans les ténèbres , où il Ffffij 59(5 COLLECTION ACADEMIQUE, ■ s'éroit enfermé depuis long - tems. Il vit briller , avec furprife , ACADEMIE jjjj^j tous les endvoics où il fe trouvoit encore quelques vefti.oes de SciENcFs P'^'''^^ '^^ Bologne. Il comprit delà que ces fortes de phofphores , pg quelque long-tems qu'ils aient été expofés au grand jour ne perdent Bologne, pas entièrement la faculté de reluire , quoiqu'elle s'aftoiblilfe au point "çypp de ne pouvoir être apperçue que par ceux qui font depuis long-tems ^ ' ' dans l'obfcurité , & qui apportent à ces expériences des yeux bien at- t'msTOiRE tentifs & bien exercés. Ce que je viens de dire de l'iiumidité me difpenfe de parler de la féclierelfe , dont les effets font &doivent être diamétraL ment oppofés. ' Palfons maintenant à la chaleur. M. Beccari n'héhte pas de dire qu'elle eft toujours nuifible au genre de phofphores dont nous parlons , quoiqu'il ait paru enfeigner le contraire dans fes autres mémoires. Il y eft dit que la chaleur eft bien quelquefois préjudiciable à ces phof- phores , mais que d'autres fois aulfi elle les favorife ; il ajoute qu'en certains cas elle ne leur nuit ni ne leur fert. 11 avoit entendu dire , ôc il s'en eft alfuré lui-même par fa propre expérience , que la pierre de Bologne , nouvellement calcinée , ne s'unit que peu ou point du tout à la lumière , tant qu'elle conferve fa chaleur , tandis que le papier , au contraire , devient éminemment phofphorique , lorfqu'il eft fort échaulfé. M. Beccari n'a pas changé d'opinion , quoiqu'il dife mainte- nant Se fans reftriétion , que la chaleur eft toujours nuiltble à la lu- mière. Ses expériences vont nous faire connoître en quel fens il faut en- tendre cela. Et d'abord , M. Beccari démontre que toutes les efpeces de corps fort déliés , foit qu'ils appartiennent au règne animal ou végétal , devien- nent d'excellens phofphores , lorfqu'on leur a communiqué beaucoup de chaleur. Cela fe montre , dit-il , avec la plus grande évidence dans lé papier , & les feuilles feches des arbres , particulièrement fi l'on fait l'expérience en hiver. Il femble donc que la chaleur donne une nou- velle force aux phofphores; Se la chofe eft vraie fi l'on^Aè l'examine pas à la plus grande rigueur , mais elle ceffe de l'être fi on la confidere à fond ; car les corps que j'ai dit \être d'excellens phofphores ne tien- nent pas proprement cette propriété de la chaleur ; elle n'eft que l'effet de la didîpation totale de leur humidité par le feu , diflipation fans la- quelle la chaleur ne leur ferviroit de rien , comme M. Beccari s'en eft convaincu par d'autres expériences qui méritent bien de n'être pas paf- fées fous filence. 11 prit une pièce de papier oblongue & quadran^ulaire , dont il chauffa violemment le milieu , fans pourtant le torréfier , avec une plaque de fer très-chaude; il roula enfuite le papier en cyUndre & l'in- troduifit dans un tube de verre très-fec , dont une extrémité feule ctoit ouverte , Se fit fur lé champ fermer l'autre de la manière la plus exads avec un tampon de cire j comme on étoit alors dans une faifon ACADÉMIE DE BOLOGNE. 597 ACADEMIE très-frolde , il n'eft pas douteux que toute la chaleur imprimée au = milieu de la feuille de papier n'ait dû bientôt difparoître. Pour en être plus alFiiré , M. Beccari tmt pendant toute l.i nuit le tube de verre à Sci^"ces un air d'un froid glacial , & i\'cn vint à l'expérience que le lendemain. de S'étant fait apporter le rube dans l'obfcurité j après qu'on l'eût expofé Bologne. à la lumière, il vit à l'inftant le milieu du papier qui avoit été échauffé Supplem. par la plaque de fer , briller d'une lumière très-vive , Se plus que tou- a tes les autres parties du même papier. Perfonne ne croira que cet ex- l'histoire CCS de lumière doive être attribué à la chaleur , qui certainement n'exif- toit plus alors. L'expérience répétée , de teins à autre j pendant fix mois , eût toujours le même fuccès , par la raifon , fans doute j que la portion du papier que la plaque de fer avoit touchée fe trouvant ttès-feche ne devoir jamais celfer de répandre une lumière plus vive que les autres , quoiqu'enfermées toujours dans le même tube de verre. Bien plus , une autre expérience a fait voir à M. Beccari que loin de renforcer la lumière la chaleur l'affoiblit. Ayant jette par hafard les yeux fur le tube dont on vient de parler , il lui vint en idée d'elfayer ce qui arriveroit , fi faifant fortir du rube le cylindre de papier qu'il y avoit introduit , jufqu'à la partie qui avoit été touchée par la pla- que de fer chaude , il embralToit cette partie pendant un peu de teins avec le doigt indice fléchi en demi cercle. 11 fe flattoit qu'une por- tion de la chaleur communiquée au papier par l'application du doigt pourroit fe conferver , les parois du tube dans lequel on le fit ren- trer , devant garantir le papier de toute humidité. Ayant procédé auHi- tôt à l'expérience , il apperçut une bande fort obfcure à l'endroit du cylindre que le doigt avoit embra/Té ; les autres brillèrent comme au- paravant. Or J n'eft-il pas clair par cette expérience que la chaleur du doigt avoit nui à la lumière ? La même épreuve répétée encore à plu- fieurs reprifes, la bande obfcure fubfifta toujours , jufqu'à ce que M. Beccari eût tout lieu de croire que la chaleur étoit entièrement dilfi- pée , ce qui fit difparoître aullî la bande en queftion. Je ne dois pas omettre une autre expérience qui prouve encore plus fenfiblemcnt la même chofe. M. Beccari prit un cylindre de marbre , dont il fit chauffer l'un des bouts autant qu'il pouvoit l'être , fans brû- ler toutefois une feuille de papier , lorfqu'on l'en approchoit. Il appli- qua enfuite ce papier fur le cylindre , de manière qu'une des extrémités en excédoit le bout & n'étoit en contait qu'avec l'air , tandis que la partie du milieu appuyoit fur le milieu du cylindre de marbre , qui croit en cet endroit extraordinairement chaud , 8c par le refte de Ion étendue fur ce qui reftoit du cylindre, qui étoit encore froid ; il fit expofer à la lumière , comme à l'ordinaire , le cylindre ainfi revêtu de la feuille de papier roulée, & on la lui apporta enfuite dans l'obfcu- ritc. Quarriva-t-il ? La partie du papier qui portoit fur le milieu du cylindre , où la chaleur étoit extrêmement forte , ne mauifelh poiiit ou 598 COLLECTION ACADÉMIQUE; = piefque point de lumière , pendant que la portion du cornet de pa- Académie pjgj qui débordoit l'un des bouts du cylindre , avoit tout l'éclat dont c °"^ „ le papier a coutume de briller dans ces fortes d'exbjriences ; la lumie- SciENCES r r. I j ■ ' j I ' ■ /■' j jjE re avoit encore un peu plus de vivacité dans la pattie oppolee du cor- BoLOGNE. net qui entouroit les endroits les plus froids du cylindre de marbre; "SuppLEM. Preuve non équivoque que la lumière fe perd par la chaleur. L'expé- A " rience répétée fur le cornet de papier retiré du cylindre fit voir fubite- l'HisTOiREment une illumination toute différente, car le milieu fe mit à briller au point que les deux extrémités paroilfoient obfcures , en comparai- fon , ce qui doit fans doute être attribué à ce que la chaleur après avoir fait évaporer toute l'humidité de la portion du papier à laquelle elle fe communiqua , s'étoit enfuite diflîpée elle - même ; il paroît donc par-là que la chaleur eft nuifîble par elle-même à la lumière , &C que fi elle lui ell quelquefois avancageufe j ce n'ell qu'accidentellement ^ éc en difllpaac l'humidité. C'eft pourquoi cette qualité Ci nuifîble de la chaleur ne fe manifefte pas aulll aifément fur les matières fort dures , telles que les marbres j dont le tilfu eft trop ferré &c trop compaéb pour pouvoir être facile- ment altéré par la chaleur , lors même qu'elle les pénètre fort avant , & qu'elle s'y trouve à un très-haut degré. En effet , en réitérant fou- vent fes expériences fur les marbres , après les avoir fournis à une forte chaleur , ils les a vu briller de la même façon que s'ils n'avoient pas été échauffés du tout ; mais comme il avoit éprouvé , par beaucoup d'au- tres expériences , que la lumière ne fe foutenoit pas auffi long - teins dans les marbres échauffés j il en conclut que la chaleur étoit contraire à la lumière même dans les corps plus durs ; & comme elle ne lui permettoit pas de refter unie au marbre auffi long-tems qu'elle l'auroit fait , il conjeétura qu'elle pourroit bien auffi rendre la lumière un peu moins forte. 11 crut pouvoir s'en affurer au moyen d'un corps parfai- tement homogène dans toutes fes parties , Se affez étendu pour pouvoir recevoir une chaleur alfez vive dans l'une de fes portions , tandis que l'autre refteroit encore froide. Si l'expérience faite , l'une des deux por- tions jettoit plus d'éclat que l'autre , il étoit clair que cette différence ne pouvoir pas être imputée à d'autre caufe qu'à la différence même de la chaleur. En conféquence , il réduifît un corps très-dur , en le broyant pendant long-tems , en une poudre extrêmement fine , qu'il mêla enfuite de la manière la plus intime , afin qu'elle fût par-tout d'une uniformité par- faite , après quoi il en remplit un tube de verre très-net , & ferme par un bout jufqu'à fon orifice ; & lorfqu'il eut très - fortement com-i primé la poudre , il ferma très-foigneufement cet orifice avec de la cire; ce tube etoit d'une longueur conddcrable , enforte qu'en chauffant une de fes extrémités , il n'y avoit pas à craindre que la chaleur pût fe communiquer à l'autre. Les chofes ainfi difpofées, l'expérience réuffit ACADEMIE DE BOLOGNE. 599 à fouhaic , car le tube ayant été expofé à la lumière , & porté enfuite" dans i'obfcunté , la partie de fon étendue qui avoit été chauffée brilla A'^a^^-"^ moins que l'autre & l'on éclat fut plutôt palFc , ce dont il ne fut pas ScIe"ces difficile de juger en fixant la vue en mcme-tems fur toute la longueur de du tube i & ce n'ell pas fur une feule efpece de matière que M. Bec- Bolognb. cari a éprouvé cela j mais généralement fur tous les corps les plus Supple?*. durs qu'il a voulu concalfer & réduire en poudre ; dans ce nombre , a il n'a pas omis le verre , dont les parties conftituantes font rénutées les l'histoirb plus dures qu'il y ait dans la nature , & dont le tilFu eft fi ferré. Ce qu'il a découvert fur un fi grand nombre de corps , il n'a pas hé- fité de l'appliquer par induélion , à tous les autres , en établilTant com- me une loi générale , que la chaleur nuit toujours aux phofplu>r;s dont il s'agit , lorlqu'elle leur eft communiquée avant qu'ils fe foicnt im- prégnés de la lumière. Mais qu'arriveroit-il fi l'on n'échauftoit les corps qu'après qu'ils ont reçu la lumière ? C'eft ce qu'il n'eft pas facile de deviner. M. Beccari , pour réfoudre cette queftion , a cru devoir re- courir à des expériences, qui ne pouvoient être faites que fur des ma- tières qui retiennent la lumière dont ils fe font imbibés , pendant un tems allez long pour donner celui de les échauffer. De ce nombre font le diamanc , le lijpis la^uli j la pierre de Bologne , Se une foule d'au- tres phofphores artificiels. Mais avec ces matières même il ne feroic pas aifé ae porter un jugement , fi on les échauffoit , tandis que la lu- mière eft encore dans toute fa force 5 & il feroit plus fur , félon M. Beccari , d'attendre qu'elle n'ait plus tant d'éclat ; car Ç\ à mefure qu'on échauffe le corps, fa lumière n'eft plus (i vive, la diminution qu'elle fouf- fre en deviendra alors p'us fenfible. Avant de parler de cette nouvelle tentative de M. Beccari , il ne fera pas inutile d'en rapporter une autre un peu plus ancienne. 11 avoit autrefois cherché dans le froid ce qu'il cherchoit aéluellement dans la chaleur , comme on peut le voir par les expériences mentionnées dans fon fécond mémoire lur les phofphores. Ces expériences lui avoient appris qne le diammt &: les autres phofphores du même genre , fi après avoir Vf;;'i la lumière étoient plongés dans l'eau froide , & y demeu- roient un tems alfez long , perdoient leur éclat , d'où il réfulte que le froid qui furvient à un phofphore déj.i lumineux eft ennemi de fa lumière j & delà il femble naturel de conclure que la chaleur doit lui t'tre favorable. Mais point du tout; le froid Se le chaud , quoique con- traires entr'eux , nuifent également à la lumière des phofphores , lorf- qu'ils ne viennent qu'en fécond \ & ils ne différent l'un de l'autre à cet égard que par la manière dont ils lui nuifent , comme M. Beccari l'a évidemnient prouvé par l'expérience fuivante. 11 remplit de pierre de Bologne calcinée & réduite en poudre très-fine , un tube de verre fermé hermétiquement par un bout ; il le plongea dans de l'eau chaude jufqu'au milieu , après quoi on l'expofa à la lutniere Académie 600 COLLECTION ACADÉMIQUE, &: on le porta enfuite dans l'obfcurité. La partie du tube qui avoît été plongée dans l'eau , &i qui en avoit reçu la chaleur j brilla beaucoup Sciences r"o''is *' répéta l'expérience feulement dans l'air; le tube brilla alors éga- A lemeiit dans toute fon étendue ; enfuite il plongea dans l'eau la partie L'tnsTOiREdu tube qu'il y avoit déjà plongée auparavant ; on vit tout-à-coup cette partie briller d'un très-grand éclat ; mais il s'afFoiblit bientôt au point de le céder à celui de l'autre partie du tube. Ayant plongé encore la même partie dans l'eau chaude une féconde & une troifieme fois , il vit conftamment la lumière s'accroître fubitement , mais devenir toujours moindre & de plus courte durée ; à la quatrième immerfion , elle dif- parur tout-à-fait ou fembla difparoître , tandis que l'autre partie du tube qui avoit toujours été hors de l'eau jettoit encore une aifez belle lumière. 11 femble donc réfulter delà que la chaleur lorfqu'elle fe joint à la lumière des phofphores la favorife bien d abord à la vérité, puif- qu'elle l'augmente & la fortifie fubitement , mais qu'elle lui nuit en- fuite , puifqu'il la diminue après tout-à-coup extrêmement & la fait bientôt difparoître , d'où il s'enfuit qu'il vaut mieux , à tout prendre , pour les phofphores , que la chaleur ne s'y joigne pas que fi elle y in- . • tervlent. Notre académicien attentif à toutes ces variétés , & confidérant les chofes à fond , en vint à foupçonner que tous ces effets , dépendoient d'une caufe unique & très - fimple , ce qui lui a fuggéré une hypothefe qu'il ne propofe qu'avec beaucoup de circonfpecflion , & qui peut fe réduire à ceci : une propriété effentielle de la chaleur eft de s'mlinuer dans toutes les parties des corps. Se de continuer de s'y répandre , er» les dilatant , dans toutes leurs dimenfions , jufqu'à ce qu'elle y foit uni- formément difperfée ; fi donc elle a déjà pénétré dans quelque corps , & qu'on expofe enfuite ce corps à la lumière, les efforts qu'elle fera pour fe répandre & pour dilater le corps , empêcheront que la lumière ne s'y infinue avec la même facilité ; enforte qu'un corps déjà échauffé en fera moins propre à recevoir la lumière. Si , au contraire, le corps s'eft im- prégné de la lumière , avant que la chaleur furvienne j celle-ci en fai- fant des efforts multipliés pour y pénétrer, en chaffera impétueufement la lumière qui s'y trouve , d'où il arrivera que cette lumière jettera d'abord un très-grand éclat , mais qu'elle s'éteindra d'abord. La force expanfive feule de la chaleur fatisfera donc à tout ; telle eft l'hypothefe fimple , commode & naturelle que s'étoit fait M. Beccari , & à la- quelle il fe complaifoit , fans pourtant ofer s'y livrer. Je fens qne fi j'en étois l'inventeur , j'aurois été plus hardi ; mais c'eft aux phyficiens À en juger. SUR ACADÉMIE DE BOLOGNE. 601 rffiir —, -tet-tfV"v ^^^ Académie Sciences SUR L'APPARITION D'UNE ISLE NOUVELLE „ " dans l'Océan. Sditlem. A Par M. Tibère CoDRONCHIUS. faisioiRs LE dernier jour de l'année 172.0 j il arriva dans les ifles Azotes un grand tremblement de terre , Se les jours fuivans dans le trajet de mer qui efl: entre l'i/le de St. Michel , & celle qui eft connue fous le nom de Terciaria , il fe forma tout-i-coup une ifle nouvelle, qui , d'abord, exccdoit à peine le niveau des eaitx , & cjui s'éleva enfuite peu-à-peu a une telle hauteur , qu'on pouvoit la voir à la diftance de huit ou dix lieues. Elle avoit environ une lieue de circonférence •■, on ne die rien de fa longueur ; mais elle avoit , dit-on , 41 pas & 24 pouces de large. La fubtiliré de cette mefure fait naître quelque foupçon ; car il eft à peine croyable qu'il ait d'abord aborde quelqu'un à l'ille nouvelle, pour en prendre fi exacl:ement les dimenlîons. S'il y a quelque erreur dans les mefures , on peut croire qu'elle n'eft pas confidérable. Mais quoiqu'il en foit , il eft certain du moins qu'elle ctoit comme hériffce d'immenfes rochers efcarpés , qui ne relTembloient à rien tant qu'à la pierre ponce , bien que la matière en fût peut-être différente. Du côté par ou elle efl: expofce au vent de nord-nord-oueft , qui tient le mi- lieu entre |le miftral & le vent du midi , elle formoit une concavité où la mer étoit reçue , & il s'élevoit delà toutes les nuits des globes de feu & des torrens de matières enHammces qui s'élançoient jufqu'au ciel. Le jour ramenoit le calme , & au lever du foleil , on ne voyoit plus que de la fumée. Les eaux éroient très-chaudes tout à l'entour , & la mer bouillonnoit fi fort au loin qu'il eût été dangereux à des vailfeaux d'approcher de l'ifle. Depuis que ceci eft écrit , on apprend qu'elle commence à s'affailTer , petit-à-petit , & qu'elle eft déjà prefque entière- ment cachée fous Jes eaux. Il eût été bien à defirer que quelque phyficien eût pu l'aborder fans danger j pour l'examiner de plus près ; nous en aurions fans doute une hiftoire plus exaéle &: plus détaillée , laquelle auroit nu nous conduire à quelque hypothefe propre à expliquer l'apparition foudaine & inattendue de ces efpeces d'ifles , dont on compte déjà un alfez grand nombre. Mais il faudroit , peut-être , pour établir un fyftème fatisfai- fant fur cette matière , comparer plufieurs de ces ifles enfemble , & ne j^as fe borner à l'examen d'une feule. Une chofe qui leur eft commune a prefque toutes, eft d'être précédées par des tremblemens de terre, avec CoUicl. Acad. part. étr. Tome X. ^ S 0 g 6oi COLLECTION ACADÉMIQUE, = énipcloii bruyante de flammes &: de pierres amoncelées ; Se ce qui Académie g(^ encore plus (îngulier , c'eft qu'il eft certains endroits ôc certaines mers ç ?^^ qui femblent avoir plus de difpodtion que les autres à donner naiffance DE à de nouveaux rochers & de nouvelles ifles. Bologne. En effet, le lo janvier de l'année 1707 , il s'éleva rput-à-coup avec jjyp "une violente éruption de flammes , une ifle nouvelle près de celle de A ' ' Santorin , qui fut ébranlée elle-même par la violence de la fecouiïe. t'HisToiRE Laval , dans la relation de fon Voyage à la Louilane , ouvrage dans lequel il explique lavamment bien des chofes qui concernent la naiffance de ces nouvelles illes , dit qu'il s'en forma une dans la même mer , & non loin de celle dont nous venons de parler , la première année de la cent quarante-cinquième olympiade , 196 ans avant J. C. Bien des sens prétendent qu'il en parut encore une troilîeme dans la mer Egée e" 1573- ' , Gairendi nous apprend qu'au commencement de juillet 1638 , envi- ron quatre vingt ans avant l'apparition de l'ifle qui eft le fujet decet article , il avoit paru fubitement , près de l'ifle de St. Michel , qui efl: une des Azores , une ifle nouvelle de la même efpece , donr la naiiran- ce avoir été précédée de l'éruption d'une grande quantité de pierres forties avec fracas du fein de la mer. Devons nous donc penfer que la même ifle peut fe replonger fouvenc dans la mer j Se reparoître après de nouveau dans les airs , ou bien qu'il efl des mers Se des lieux , qui , par la faculté qu'ils ont d'être ébranlés avec plus de facilité , peuvent donner naiflance à des rochers Se des volcans nouveaux ? Si l'on n'admet pas cette dernière conjedure , pour- quoi donc l'hiftoire nous apprend - telle que cela eft arrivé plus d'une fois dans certaines mers , & jamais dans d'autres ? Peut-être que les premières ont moins de profondeur , & qu'il fe trouve fous leur lit de grandes cavernes remplies de foufre &: de bitume , qui venant à s'em- brafer ébranlent les ifles circonvoifiues , vomllfent des torrens de flam- me , foulevent les ondes, Croulent d'immenfes rochers, qui étant portés en haut avec d'autres matières , forment des élévations fur^ la furface des eaux Se des ifles nouvelles ; ifles qui font d'abord plus éle- vées , Se qui fe dépriment enfuite , à mefure que les diverfes couches qui les compofent , s'affaiflent ^ par leur propre poids , Se fe rapprochent davantage les unes des autres. Quoi" qu'il en foit de cette explication , rien n'empêche que les ifles ■ dont nous parlons , ne fe foient montrées autrefois , Se dans les tems les plus reculés, en beaucoup plus grand nombre & plus fréquemment qu'on ne l'a cru jufqu'ici. En eff"et , puifqu'on en a vu paroître de telles près des Azores , pourquoi les Azores elles-mêmes ne pourroient-elles pas avoir la même origine , ainfi que les cyclades , les maldives , & beaucoup d'autres , dont la nailfance enfévelie peut être dans un long oubli a donné lieu de croire cruelles exiftoient déjà dès le tems du déluge ? D'à- ACADÉMIE DE BOLOGNE. 603 près cette conjedure , ou plutôt ce foupçon , on pourroit croire que==^ quelques parties du continent, les pénmfules fur-rout Se les ifthmes Académie ont pu fe former de la même façon , &; que le globe n'elt peut-être c ^^^ i\ //- »*i''j I *.o r oClENCES pas tel a orclent , qu il ctoit dans les tems anciens qui ont prcccdé la de vocation d'Abraham. Car dans le tems même du déluge la terre n'croit Boiogne. pas encore fuflLfamment affermie ; elle a dû fouvent chanceler fur fon SuppLtM. axe , avant de prendre le degré de confiftance & de fermeté qu'elle a ac- a ' quis depuis ; or, dans ces tems-là , il s'eft peut-être plus formé dei-'HisjoiBE nouvelles ides en un an , qu'il n'en paroît aétueliement en plufieurs fiedes. C'eft fur quoi nous invitons les phyficiens à rétiéchir. Nous n'a- vons pas prétendu rien décider , mais prcfenter feulement quelques raifons alfez fortes de douter ; car rien n'eft plus digne d'un vrai fa- vant qu'une grande difpolîtion au doute , puisqu'une telle difpofuion lailFe toujours l'efpcic ouvert à la vérité. «(«"^ ' —■ ■ ' , ."■■Jî^^a^ tt). SUR L' AIGUILLON ET L£ VENIN du Scorpion. Par M. F'icior StANCARI. L'Ingénieux Vallifnieri ayant découvert , que l'aiguillon du fcorpion n'ell poinr percé à fa pointe même, mais par côté, &: conjecluranc que le poifon mortel de cet animal , qui pourtant eft moins dangereux en Italie que fous d'autres climats, fortoit par ces trous latéraux , écrivit à ce fujet , en 1708 , à M. Viclor Stancari , quiétoit pour lors fecrétaire de l'académie , & lui envoya même le cadavre d'un fcorpion de Tunis, qu'on lui avoir envoyé de la côte d'Afrique , oii ces animaux font fort çros. M. Stancari mit ce fcorpion fous les yeux des académiciens. La découverte de M. Vallifnieri fur la pofition des trous de l'aiguillon, découverte qui avoit échappé aux recherches de Rhedi , fut vcrihée , mais il étoit queftion de vérifier encore fi conjecture fur l'ilfue de la liqueur vénimeufe. M. Fernand Antoine Ghedini fe chargea de ce foin. Il prit un fcorpion en vie , & ayant comprimé .-ivec des pinces le der- nier nœud de l'aiguillon , qu'on croit être le fiege du venin , il vit avec le microfcope une humeur qui fortoit en effet , non par la pointe de l'aiguillon , mais par les trous pofés au-delfous , comme M. Val- lifnieri l'avoir conjecturé. Or cette humeur peut-elle erre autre chofe que la liqueur vénimeufe ? M. Vallifnieri avoit compte trois de ces trous fur l'aiguillon du fcorpion de Tunis ; mais M. Ghedini ne put pas en bien diftinguer le nombre , parce que la liqueur , en fortanr , Gggg ij A l'histoire ■604 COLLECTION ACADÉMIQUE, " =Ies déroba d'abord à fes yeux. Ainfi cette queftion fur le lieu d'où fort Académie jg venin du fcorpion , qui avoir érc autrefois vivement agitée du tems Sciences "^^ Galien , & qu'aucun naturalilte n'avoir encore pu réfoudre , a écé en- J3E fin décidée par deux membres de cette académie. Bologne. suruncerVeau de bœuf pétrifié. Par M. DoNELLi, N 17 16 , M. Jean-Louis Donelli , favant médecin de Bologne, entretint l'académie du cerveau de bccut pétrifié dont Malpighi a enrichi le cabinet d'Aldrovandi. Je dis un cerveau de bœuf, non que je veuille rien décider fur la nature de cette concrétion cjui partage les opinions des favans , mais parce que c'eft une de ces maffes olfeufes ou pierreufes que les bouchers ont quelquefois trouvé en brifant le crâne des bœufs. Le lieu qu'elles occupoient les a fait prendre pour de vrais cerveaux pétrifiés pendant la vie même de l'animal , ôc delà vient le nom qu'on leur a donné. Cette opinion a été adoptée par M. Duverney le jeune , comme il confie par les mémoires de l'académie royale des fciences j année 1703 , & a été tirée par-là du rang des opinions po- pulaires. Cependant M. Vallifnieri en a fait voir la faulfeté dans, un ouvrage qu'il publia fur ce fujet à Padoue , en 17 10. Cet ouvrage me difpenfe de rendre compte de la differtation de M. Donelli. «fr»*" ■ '■^ii^i'i" I .■■■.. -jjjjt,^ LETTRE DE M. TABARINI Sur une fontaine ccnfidérablement augmentée après le défri- chement d'une forêt. JE vous avois promis de vous envoyer la defcription d'une fource , que M. Charles Dominique Orfacci , gentilhomme de Lucques , nous dit avoir été beaucoup augmentée, dans un de fes domaines, après qu'il eût fait arracher les arbres d'une forêt , pour les remplacer par des oli- viers. Je m'acquitte aujourd'hui de ma promeffe , après avoir pris^ des iinformations du cultivateur , homme de bon fens , qui m'a certifie le fait , & m'en être affuré par moi-même. Ce domaine eft fitué dans la plaine Mommïa. , à quatre milles de Camajore , du côté du midi , &C ■v;is-à-vis de VieregL j. du côté du couchant. M. Orfacci l'a acheté à ACADÉMIE DE BOLOGNE. r,-.^ grand prix de l'ilUirtre famillo Burdaghiori. 11 s'étend , partie dans la- = plaine, partie fur une colline d'une hauteur médiocre, qui eft coni- "'•^'^''•'^*'* plantée d'oliviers , & dont le fommet étoit couvert de la foret en quef- Sciences tien , confiftant en un grand nombre de cliénes d'une hauteur prodi- ^g gieufe. M. Orfacci les a fait arracher à grands trais , & a changé cette Boiognh. foïèt en un beau verger d'oliviers. ^ Sdi'plem. Il y avoir à l'extrémité de la forêt, une petite fource , dont les eaux a font devenues Ci abondantes , depuis ce défrichement , que le proprié- l'histoirî. taire eft dans l'intention d'y faire conftruire un moulin à huile , & l'on croit qu'il y aura alfez d'eau pour cela. Ce fait prouve , fi je ne me trompe , la vérité d'un palT^ige de Pline j où cet auteur dit qu'une fontaine .ivoit jailli fur le mont Hemus , après qu'on y eût abattu une forêt. (i2) Séneque rapporte ce trait d'après Pline , qui , fuivant lui j (h) l'avoir emprunté de Théophrafte ; mais fondé fur les principes imagi- naires de phylique qu'on fuivoit de fon rems , il refufe d'y ajouter foi. Un auteur moderne (<:) prend aufll la liberté de révoquer en doute ce phénomène , beaucoup moins excufable en cela que Séneque ; car il n'eft perfonne aujourd'hui c]ui ne fâche quelle immenfe quantité d'eau les plantes confument pour leur nutrition & leur accroiflement , 8c com- bien il s'en exiiale par la trnnfpiration. {d) Aullî les citoyens de Lucques ayant confulté M. J. B. Beccari ( e ) fur le déhichement de la forêt de Viareggi , qu'ils fe propofoient de taire , ce favant , appuyé fur cette feule ^ mais bien folide raifon , fut d'avis qu'ils prilTent bien garde à la qualité du fol , & s'il n'y avoir point à craindre que l'eau qui ne feroir plus confumée par les arbres , ne fe répandîr & ne fé- journ.it fur la furfacede la terre. (/) L'éruption de la fontaine dont parle Pline n'a donc plus rien qui doive nous furprendre , puifque nous fommes témoins d'un tait femblable , & que nous fommes en état de donner une explication fatistaifante de ce phénomène. Quelques-uns en apporreront peut-être une autre raifon , & l'attri- bueront à ce que le fol auparavant inculte , lailfoit échapper les eaux pluviales , au lieu que ramolli & fiUonné par la culture , il leiu- ou- vre aujourd'hui un libre palfage dans fon fein. Cette raifon. feroit fuffifante ii l'on n'a voit fait que remuer & tra- (aj Nafcantur fonces decijis pltrumque Jylvis , quos arborum alimenta confurr.elant . Sicuti in hemo , oi/i dente gallos Cajfandio , cum valli gratia fylva} cAcidiJftnt. hilt, nat. lib. ;i. cap. 4. {!>) Natur. quïih lib. 5. cap. 11. (t) Dialog. Sop. aie. ferit. & Vegl. 2. p. 9}. ( lifc^ légèrement une opinion.