/- / /. / y/2./) COLLECTION ACADEMIQUE. TOME SEIZIEME, Partie Francoife, f^ 9^5 COLLECTION ACADEMIQUE, COMPOSEE Des Memoircs, A6l:es ou Journaux des plus Celebres Academies & SociETES LiTTERAiRES de TEurope. CONCERNANT LA PHYSIQUE, l'HISTOIRE NATURELLE, lA BOTANIQUE, la CHYMIE, l'ANATOMIE, lA MEDECINE, la MECHANIQUE, &:c. lui res accedunt lumina rehas. TOME SEIZIEME, Partie Francoife: Contenant la fuite de tHifloire G? des M6moires de VAcadimie Royale des Sciences de Paris. A PARIS, Chez G. J. C U C H E T , Libraire , Rue & Hotel Serpente. A LIEGE, Chez C. PlOMTEUX, Imprimeur de MefTeigneurs les Etats. M. D C C. L X X X V I I. ^yec Approbation & Privilege da Ret. ^f), '^i Sl- T.^ O T ^^ ^1 TT 1 T -'"'^ '^^ yw.u.'? ■ •o»» 'v^' "■■ "!»f<«' Ml laWiM'^J' v!] TABLE D E S M E MO IRES CONTENUS DANS CE VOLUME. s. PHYSIQUE. UR le froid de JjjG. P^ge I Sur le froid de iJjG. • ,,.»^. i^o XI Sur des glohides obfervis fuT le difque du 5o/f;7....ViV..-.}..Vi"i.^S Obfervations fur rAiguille aimant^e li Sur la liqueur dont il convient de remplir les Lentilles vuides 15 Sur des figures trouvies dans fintirieur du Bois 14 Extrait des mimoires de r academic de Suede , au trimifire des trois derniers mois de I'annce' IJJf,. Par M. lf. Monnier 15 Suite des obfervations fur I'inclinaifon de V aiguille aimantie , &c. comparies avec les premieres qui aient ite virifiies jufqu'ici dans lamer du Slid. Par M. le Monnier.... 16 Mimoire fur I' amelioration des bites a laine. Par M. Daub^nton. 18 Kemarques & obfervations rajjeinblies dans un Voyage d'ltalie , fait en IJ7^. Par M. CasSini , le fils 24. Sur le froid de 1767 4' Sur un nouveau fyfleme d'TTdrmonie...... '...:... 41 Memoire fur les lairies de France, comparies aux laines itrange- res. Par ^. DAyp;-N'TO»J...(^....^.^.. ..,'.... ..^...<1.^... .^ 45 Memoire fur la population de Paris , & fur celle 3es provinces dc la France , avec des recherches qui etablijfent I'accroifJ'ement de la Population de Ta Capitale & du refe du Royaume ; depuis le commencement du fecle. Par M. Morand 5i Defcription du petit volcan ^teintj dont le fommet ejl couvert par le village & le chateau de Montferrier a une lieue de Montpellier. 66 Sur un infirument propre a mefurer la pefanteur de chaque couche de V atmofphere 6% •Sur la chaleur. 77 viij TABLE Jiapport fait a VAcadanie Royale des Sciences j fur Us Prifons , le If Mars 1780. Par M". dv Hamel, de Mqntigny , le Roy, Tenon, Tillet & Lavoisier 8a Me'moire fur Us Infirmeries des trois principaUs Prifons de la jurifdiclion du ChdteUt de Paris ; favoir , du For-l'^eque j du petit & du grand ChdteUt. Par M. Tfnon cjt Me'moire fur Us moyens de purifier I'air dans Us vaiJjTeaux. Par M. DE BoRY 137, Sur quelques moyens fimpUs de renouveUer I'air des endroits dans UJquels il ne circuU pas , ou dans U/quels il ne circuU que tres~ difficiUment , & fur Us appUcations qu'on peut en faire 1 1 j HISTOIRE NATURELLE. D, 'escription d'une Mouche'mafonne.....:7.;.... ............. 117 M^moire fur des fubjlances hetirogenes , trouvies dans Us Cryftaux de roche , Us Agates , Us OpaUs & Us Pubis. Par M. Fouge- ROUX r>E BoNDA ROY 1 1 S Troifieme mimoire fur Us gris de FontainebUau , ou analyfe de ces Pierres & principaUment des Gris cryflallifs. Par M. de Lassone liz Obfervation au fujet de deux animauXj dont U mdU accouche la femelle. Par M. Demours • 118 Ex trait d'un voyage fait dans Us Vofges 155 Sur la mine rouge de cuivre i}4. Sur I'eau du lac Afphaltide '/f;v '55 Sur la terre jaune du Berry *. 1^6 Obfervation d'Hiftoire NaturelU 157 Me'moire fur Us diff&entes efpeces de Chiens de mer. ParM. Brous- soNET, de I'Academie de Montpellier 158 5. BOTANIQUE. UR Us Gommiers du SMgal. .'. • • .. . . r. ; r^? Obfervation de Botanique '7® CHYMIE. D E S M E M O I R E S. ix C H Y M I E. s. fuR Us ejfais de for. . . . .:, 7,77.7, .>. V. ¥..". . . . ; .. .7^. t.l. .T.T.T"."* .* . . . 1 7 J Sur U Zinc. n^ Sur I' air conttmi dans I'acide nitreux '77 Notices d'une fuite d'expMences nouvelUs , qui font connoitre la nature & les proprie'f/s de plufieurs efpeces d'air ou Emanations aeriformes , eitraites par diyerj'es voies d'un grand nombre de fubpances.VaiM. \>i Lassone i79 Sur les Fluides ak'riformes 18;; Sur la combupon du Phofphore 191- •Sur le Pyrophore ipj Sur It Zinc. 19+ Obfervation fur I'acide phofphorique i5>5 Sur I'acide phojphorique concret. i9'4 Sur I'acide du fucre ibid. Analyfe de quelques Eaux rapporties d'ltalie par M. C^ssiNi , le fils. Par M, Lavoisier 15*7 Experiences fur la Cendre qu'emploient les Salpitriers de Paris, & fur fan ufage dans la fabrication du SalpHre. Par M. Lavoisier, loi Experiences fur la refpiration des animaux , & fur les changemens qui arrivent a I'Air en pajfant par leur poumon. Par M. La- voisier il* i/Utnoire fur la combufion des chandelles dans I' air atmofphe'rique , 6' dans I'Air iminemment rejpirable. Par M. Lavoisier iiS MEmoire fur une fubjlance a'eriforme qui imane du corps huniain , ^ fur la maniere de la recueillir. ParM. le Comte de Minv. 125 MEmoire fur la dijjblution du mercure dans I'acide yitriolique , & fur la rifolution de cet acide en acide fulfureux aeriforme , & en air iminemment rejpirable. Par M, Lavoisier 128 Second memo ire fur le Ga[ animal. Par M. le Comte de Milly... 251 M^moire fur la vitriolifation des Pyrites martiaUs. Par M. La- voisier 235 Olfervations fur le nitre a baje de terre abforbante , rctiri du Sal- petre de Houjage. Par M. Sage,. 255 Obfervations fur I'acide phofphorique obtenu par le deliqiiium du Pho/phore,& fur les j els neutres qui rifuUent de la combinaifon de cet acide avec les alkalis. Par M. Sage 13^ Obfervations fur I'acide concret rctiri du fucre. Par M. Sage 2}S Mcmoire Jiir la combuflion en g(fn/rjl. Par M. Lavoisier 24.0 Sur la Nature des Acides 24$ Sur la de'compojition des Sets vitrioliques,.,,, > 24S Tome XVI. Partie Fran^oije. ** ., TABLE Sur dif^rentes comhinaifons du Per. -•• ...;.. 7... •..:. 150 Sur I'art des ejfais d'or. *5 ' Rapport fait a l'Jcadimie,furl'orqu.'on peitt retirer des terres ou des cendres yigitaks *54 Me'moire fur le moyen de diffoudre la platine par L'acide nitreux. Par M. TiLLET ; ^515 Second m^moire fur le moyen de difoudre la platine par l'acide nitreux, ^furies Dkhets extraordinaires qu'eprouve ce metal par I'effetde cette diffolution. Par M. Tulet ^59 Ohfervation relative aufecond Mtmoire fur le moyen de dijjbudre la Platine par l'acide nitreux. Par M. Tillet ..•• i De V action de l'acide nitreux fur I' or. 3** Rapport fur l' operation du depart. Par M."- Macquer , Cadet, Lavoisier, Baime , Cornette & Berthollet 3*5 Mtmoire furl' aclion de l'acide yitriolique fur les huiles. Par M. Cor- nette " •••• 3*5 Me'moire fur I'aclion de l'acide marin fur Us huiles. Par M. Cor- nette • ?5<5 Mtmoire fur les alterations que les Huiles ejjentielles & les Huiles graffes eprouyent par I'aclion de l'acide nitreux. Par M. Cornette. 34 j Obfervationsfitr la combinaijbn de I' alkali fixe avec l'acide crayeux. Par M. Berthollet '• 55 + $ur des fiibftances qui deyiennent expanfibles a un degri de chaleur Ires foible 35'^ Sur la caufiicit^ des Sels metalliques 557 De la nature des Jiibfiances animales & de leurs rapports ayec les fiibfiances v/ge'tales • — ; • • • • 5 5 J> Second memoire fur differentes comhinaifons de l'acide phofphorique. Par M. Lavoisier 5"' Me'moire fur un proc^d^ particulier pour coavertir le Pkofphore en Acide phofphorique Jans combujiion. Par M. Lavoisier 3^5 M6noire Jur utie inflammation fpontanie du Phofphore , avec quel- ques Remarques Jiir la nature de fon acide. Par M". de Lassone Jk CoRNlTTf 5<^P D E S M E M O I R E S. xj 'Analyje d'unc nouvelle e/pece de mine de Bij'muth terreufe , folid: , grifdtre , recouverte d'une eflorefcence d'uti vert-jaundtre. Par M. Sage • 374 Maniere de rendre d'un hlanc-citrin & [ran/parent le Phofphore opaque , jaune ou rouge. Par M. Sage 575 Objirvation fur une nouvelle efpece de Pn'cipiU jaune martial. Par M. Sage 578 Ucuvelles objervations fur le foufre. Par M. Fougeroux i>e Bon- UAROY J79 Exp&iences Jiir les J'els jidatifs , nitreux , marin & aciteux , par lefquelles on cherche a prouver la difference qu'il y a entre ces Sels , qu'on a jujqu'd prejent confidercs comnie itant de meme nature. Par M. Cadet 584 D. ANATOMIE. JESCRIPTION d'un Enfant monfrueux nd a terme. Par M. BoRDiNAvr 377 Obfervations Anatomiques. P.ir M. VicQ d'Azir 599 Mimoire fur la fuuation refpeclive des gros VaiJJ'eaux du Cccur & des Poumons. Par M. Sabatur 401 Sur la nicejjite d'ouvrir les Femmes mortes dans I'hat de grojfejj'e. 408 Mdmoire Jur la defcription des Nerfs de la Jeconde & troifieme Paire cervicale. Par M. Vicq-d'Azir 409 Sur I'organe de I'oiiie dans les diffirens genres d'animaux 411 Mdmoire fur les mouvemens des Cotes , & jiir I'aclion des Mufcles intercoflaux. Par M. Sabatier 42 j Remarques fur le mouvement des C6tes dans la refpiration. Par M. Bordenave 417 ObJ'ervation Jiir une ouverture fijluleuje au bas-ventre , par laquelle le malade rendoit prefque toutes Jes urines. Par M. Sabatier... 455 Sur I'organe de la voix 457 Obfervations fur un etranglement d'intefin , produit par I'ipiploon devenu adhirent au dejfus d'une poche contre nature j j'ornide dans I'int&ieur du bas-ventre. Par M. Bordenave 440 Sur les Glandes bronchiques 445 Defcription anatomiques de trois ejpeces de Singes 444 Recherches fiir la firuclure & la pofition des teficules confideres dans la cavite abdominale des Fatus ; fur leur pajjage hors du ventre ; & fir I' obliteration de la tunique vaginak 445 Rcmarquts Jiir le canal thorachique de L' Homme. Par M, Sabatur. 44* XI) TABLE DES WEMOIRES. MEDECINE. JMLemOIRE fur quelques maladies du foie , qu'on attribue i d'autres organes ; &fur des maladies dont on fixe ordinairement lefuge dans le foie , quoiqu'il n'y Jbit pas. Par M. Portal.... +57 M^CHANIQUE. ^UR I'/quilihre des voutes • 4^9 Sar le choix d'un emplacement propre a {tablir des moulins a o rganfin er. +7 o Arts & Metiers +7^ Sur^'ipaijfeur des Piles des Fonts 475 Sur le mouvement d'un Pendule de longueur variable 47+ Sur une nouvelle BouJJole 475 Nouvelles expMences fur la rififance des fiuides. 47 (? Sur la rififtance des fiuides • 478 Arts & Metiers " 479 Machines approuvies par I'Acad^mie 4**' Fin de la Table des Memoires. ABRLGE '^^"■"^'''^%^'S^ A B R E G E DE L'HISTOIRE E T DES MfiMOIRES DE L' ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. PHYSIQUE. S U R L E F R O I D D E lyjG. A n M I les phenomenes que produit dans la nature la caufe , Jufqu'ici trop peu connue , qui nous fait eprouver les ten- p „ ,, rations dc chaud & de froid , il en eft un qui s'obferve dans tous les corps , & qui a I'avantage de pouvoir etre mefure & afiiijetti au calciil. Le volume de tous les corps augmcnte lorfqu'ils s'echauffent, & diminue quand ils re- froidillent : taut que I'adtion de la chaleur ou du froid ne les decompofe point, les folides augmentent de volume jufqu'au moment ou ils fe fon- dentj & les liquides jufqu'i ce qu'ils fe tran5forment en fluides expanh- bles. De niemc, les fluides cxpanfibles, foumis \ une preHion conftanie, diminuent de volume par le froid jufqu'i ce qu'ils fe ch.ingent en liqui- des , & les liquides jufqu'k ce qu'ils acguiereiit de U foliiite. Tome XV l. Fartie Franfoijc. A S 1 Q U I. Ann(fe fjjG, Ilift, i ABREGfiDESMEMOIRES — ^■— ^— ^ Cette loi pcut etre regardee comme generale , parce que fi I'eau , p« P H y s I Q u j/^f™p'c» ^^ "^''^ts au-lieu de fe eoBdenfer par le refroidiffement , lorf- ■ quelle approche du terme de b congelation , il eft naturel de penfer que yinnc'e lyyS. ce phenomene eft I'efFet de la caufe qui, en general, augmente le vokune des corps k I'inftant oil ils paffent ^ I'ctat de folidite. Cette propriete generale de la chaleur & du froid eft employee par tous Ics phyliciens , h en mefurer ou du moins ^ en reconnoitre raugmtntation ou la diminution. Mais dans quel fens at- on pu dire que la dilatation & la condenfition des corps font la mefure du chaud & du froid? & com- ment cette mefure doit-elle etre employee ; II iie fera peatetre pas inutile d'entrer dans quelqiies details fur cet objet. Si on fuppofe deux corps diiFerens , plonges dans un meme milieu, dont la temperature foit conftante , ils cefferont au bout d'un certain temps de fe dilater ou de fe condenfer, & ils rcfteront dans le meme etat taut que la temperature du milieu reftera la meme : li le milieu s'echaufte , Ics deux corps qui y font plonges fe dilaterout, mats ils ne fuivront pas la meme loi en fe dilatant •, non-feulement les deux corps fe dilateront ine- galement , mais le rapport entrc Icurs dilatations ne fera pas le meme dans les difFerens degres de dilatation. Cell done par I'experience feule quon pent ctablir une comparailon entre la dilatation des corps plonges dans le meme milieu & foumis k la meme caufe de chaleur : & il refulte de cette obfervation , qu'on ne peut choilir pour mefure de la temperature d'un milieu, qu'une fubftance homogene qui puifle fe coiiferver & etre par- tout la meme •, que Ton doit convenir d'employer conftarament la meme fubftance, ou li on en emploie plulieurs qui aient ce meme avantage , de ne les employer qu'aprw avoir examine comparativeraent la marche de leur dilatation : il en refulte encore, que cette fubftance deftinde i mefurer la temperature d'un milieu, indique quand ce milieu s'echaufFe & fe refroi- dit; mais quelle ne montre point immcdiatement le degre de la dilatation du milieu , & moins encore le rapport des caufes qui produifent ces difFc- rentes temperatures. Si Ton luppofe plulieurs fluides places dans un meme milieu, & qu'on veuille mefurer la temperature de ces fluides, en y placant un corps, on verra qu'ils ne produifent pas dans ce corps le meme degre de dilatation. Aind , non-feulement la meme caufe ne dilate pas femblablement les diffcrens fluides , mais elle ne leur communique pas la meme force pour dilater les corps qui y font plonges. 11 y a done une certainc loi entre les difterens degres de dilatation des differens fluides qui font plonges dans nn milieu, & une autre loi entre les degres de dilatation de ces nouveaux fluides , & ceux qu'ils produifent dans les corps qu'on y plonge : I'obfer- vation feule peut nous faire connoitre ces loix , & nous faire juger d elles font efientiellement differentes , ou fi elles ne peuvent fe rdduire toutes ^ ime feule loi generale. Mais il refulte du moins de ce qu'on fait ^ cet egard , que , fi on veut employer la dilatation d'un corps pour mefurer la caufe qui agit fur le mi- lieu ou ce corps eft plonge , il faut ne comparer que les eftets du meme DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES, j ni'ilieu fur I'inilniment qii'on define i mefurer la chaleur , pour tous Ics . ■ degres de dilatation-, ou connoitre, par rexpcrience , les rapports des fifitits p „ y s i o u e. que produiront diffcrens milieux fur un nieme inflrunient. La temperature d'un corps, c'eft-idire foii etat de dilatation , eft expri- yfnn^e tjjS. mie par le rapport de fa mafle k Ton volume : ainfi (comme dans tous les autres cas oil Ton compare cntr'elljs dcs quantites de natures diftercn- tes) il faut chercher ici une unite, c'eft-i-dire, clioihr un point de tem- perature, oii un certain poids d'unc maticre donnee occupera un certain volume, & comparer h cc volume, regarde comme I'unite, celui que la inemc mafle du meme corps occupera dans les differentes tempiraturef. Jufqu'ici nous n'avons parle que des priiicipes gencraux •, il nous reftc i dire comment les pliyliciens les ont employes. La dilatation d'lm Huide eft plus aif^e ^ obferver que celle d'un corps folide; il fuffit en etl'et de remplir de ce fluide une boule furmontee d'un tube d'un diametre beaucoup plus petit, les dilatations dcvicnnent alors trcs-fenlibles : h la verite , le vale qui conttent le fluide etant (lifceptibie lui-raeme de dilatation , le tube ne recevant pas dans beaucoup d'expe- riences la meme chaleur que la boule , le fluide expanfible coiitenu dans la partie vuide du tube oppofant une reliftance variable ^ la dilatation , il refte quelques incorredions dans cette maniere de mefurer la dilatation , ou la caufe de la dilatation •, mais on fent que Ton pent en corriger quel- ques-unes, & li on emploie un inftrument de verre, fubftance beaucoup moins dilatable que la plupart des fluides , li Ton a foin de chaffer I'air de I'interieur de I'inftrument , toutes ces caufes deviennent prefque infen- fibles. De tous les fluides, celui qui rcunit le plus d'avantages, eft le mercure: en eftct, le mercure parfijitement pur eft par- tout le meme, il ne prouve aucune decompofition par le laps du temps, en forte qu'on peut regarder tous les thermometres faits avcc du mercure, comme remplis d'un fluide cntierement le meme; le mercure d'aillenrs ne fe reduiCint en vapeurs qu'^ un feu trcs-fort , ne fe.gclant qu'i un trcs grand froid, eft de toutes les fubftances celle doot rechelle de dilatation eft la plus grande : audi les pliyliciens qui avoient employe des fluides de toutes efpeces, n'empioient prefque plus que des thermometres de mercure : ils ont conferve ccpen- dant les thermometres ^ efprit de vin , parce qu'il eft pOiTible de fe pro- curer, dans les diffcrens temps & dans les differcns pays, des efprits de vin fenliblement feniblables, & que I'^fprit de vin fe conferve tres-long- temps dans les thermometres ians fubir aucune alteration. Nous avons dit que , pour former une echelle de dilatation , il fal- loit choilir une unite : cette unite eft arbitraire en elle meme ■, mais la me- I'ure immediate du vohirae qu'occupe un poLds determine d'une certain^ onatiere , demanderoit une longue iuite d'attentions delicates & pinibles., & il itoit i delirer que le nombre des thermometres put fe multiplier, & qu'ainii ils devinllent d'une conftrudion prompte & facile : heureuiemciit les phyiiciens trouverent une methode plus liniple. Ils obferverent qu'il y avoit des moyens de fe procurer une temperature toujours la meme. Par A ij 4 ABREGE DES MEMOIRES ■^i^^— — ■ exemple, iin thermometre place dans de I'eau glacee indique toujours le . meme degre au moment ou la glace fe fond-, fi on place un thermometre P H V S I Q u £• jj^j i'p3„ bouillante, il monte i un certain point, & il ne s'eieve point Ann^e tJjS. au-deffus : ce point varie felon les differentes pefanteiirs de I'atmofphere ■, mais fi on emploia de lean pure , & cju'on repete les experiences dans line atmofphere egalem.ent pefante, ce point fe retrouvc conftamment le meme. On pent done prendre pour tiniti le rapport du volume de mercnre ^ fon poids , dans un de ces points ; dans celui de la glace fondante , par exemple : ajoutant enfuite des poids egaux de mercure toujours ^ la meme temperature , les volumes qu'ils occuperont dans le tube , feront egaux entr'eux ; & au volume total , comme chacun de ces poids au poids total. On marqueroit ^galement des volumes egaux au-deflbus du point de con- gelation , en otant des poids egaux de mercure : par ce moyen , le tube feroit divife en parties proportionnellcs au volume du mercure qui auroit ete choifi pour unite. C.tte methode, la plus fure pour fe procurer un thermometre exad, demande encore un long detail d'experiences , & il en falloit trouver una ■:-•'■ plus courte , ou renoncer ^ I'avantage d'avoir un tres-grand nombre d'ob- fervations dans une fcience ou la multiplicite des obfervations peut feule conduire ^ de grands refultats. Mais nous avous vu que Ton connoiiloit deux tcrmes fixes; Tun, celui de la glace fondante; I'autre , celui de I'eau bouillante : & Ton peut titer de-li une maniere bieti ijmple de conftruire les tliermometres. On marque les deux points fur un tube , & regardant comme I'unite le -' volume que la maffe de mercure occupe au terme de la glace : on divife en parties egales I'efpace conipris entre ce point & celui de I'eau bouil- lante fur le tube du thermometre. Si les tubes font bien calibres , & qu'on prenne un nombre conftant de parties , ces parties auront dans les difFerens inftrumens le meme rapport avec le volume qui a etc regar Je comme I'unite ; & fi Ton connoit le rap- port des volumes obferves pour ces deux points, on le connoitra dans tous ces inftrumens pour les points intermediaires. Tel eft le principe qui, depuis les travaux de M"- de Reaumur & Fahrenheit, fert i la conftruc- tion des thermometres , & qui leur a donn^ une exadlitude fuffifante pour la plupart des experiences : il faut avouer cependant que ce principe fai- fant dcpendre I'exaditude des inftrumens de I'cgalite du tube & de I'ob- f.rvation des deux points fixes, y lailTe une caufe d'erreur qui peut nuire \ di'S obfervations delicates. On peut employer la meme methode pour les thermometres ^ efprit dc vin : quoiqu'i I'air libre I'efprit de vin bouille ^ un terme inf^rieur ^ celui de I'eaa bouillante , il fupporte ce terme dans la boule d'un thermo- metre ; mais cette difference meme peut laiffer quelques incertitudes fur la icgul..rite dc I'inftrument. En effet, d'ou nait cette difference J De ce que Icinfticite de la partie de I'efprit de vin qui eft entree en expanfion , refifte I rebuUition plus que le poids de ratmofpheie j mais alors cette DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. 5 force s'oppofe zulTi i la dilatation , & on ne pent fiippofer fans prcuve quelle I'oit cgale ^ celle qui agiroit fur le mercure dans la meme circonf- tance. D'ailleurs, comme la loi de la dilatation eft differcnte dans les dif h Y S i Q u z. ferens fluides, qu'il faut par conleciuent rapporter toutes les obfervations /ffin^g xjlG, it une feule efpece de thermometres , & que c'eft aux thermometres de mercure qu'il paroit convenable de donner la preference , il feroit plus avantageux, au-lieu de graduer immediatement les thermometres ^ efprit de vin , de les graduer en les comparaiit \ ceux de mercure. Tels font les principes qui fervent en general ^ conftruire ies thermo- metres ; le nombre de degr^s qu'on fuppofe entre le point de la glace & celui de Teau bouLllante; la mdthode de prendre pour termc de la glace, ou celui de la ghee fbndante , ou celui de la glace qui fe forme (terme cependant plus incertain) : ces differences changent la graduation des ther- mometres , mais n'en changent point la marche , & pourvu que la conf- trudtion en foit connue , une regie de trois fuffit pour les comparer. C'eft avec des thermometres faits fur ces memes principes , qu'ont ete faites les oblervations fur le froid de 177^ > dont nous allons rendre compte. M. Me/Iier a fuivi, avec la plus grande exaAitude , le froid de 177^; huit thermometres , deux de mercure & fix d'efprit de vin , lui out fervi ^ connoitre les differences locales du froid dans les lieux fermes ou en plein air, dans les difterentes expofitions & i diff^rentcs hauteurs au-delliis & au-deffous du terrain. Le plus grand froid donne par un thermometre de mercure expofe en pkin air & au nord, eft arrive le 29 Janvier-, le thermometre marquoit alors 19 degres i : le meme thermometre, place depuis dans un bain d'eau glacee , s'eft retrouve au terme de la glace lorfque le bain commencoit \ le fondre •, I'intervalle entre le terme de la glace & celui de I'eau bouil- lante kxoix. divife en 85 degres. Pour ^viter que les accidens qui peuvent arriver i ce thermometre, & les doutes fur fa conftruftion , ne faffent per- dre un Jour le fruit d'une obfervation audi precife, M. MefTier a ctu de- voir marquer en lignes & en parties de ligne les diftanccs qu'il y a fur cc thermometre , entre le point de la glace & celui de I'eau bouillante , entre ces points & celui que marquoit le meme thermometre plonge d.ins de I'eau piacie dans les caves de I'obfervatoire , & qu'on y avoit laifice affirz long-temps pour quelle en cut pris la temperature; enfin , la meme dif- tince en lignes, du point de zero au degre de froid obferve le 29 Jan- vier. Une de ces diftanccs cut fuffi fans doute , en fuppolant I'inftrument parfait, & la determination de tous ces points d'une exaftitude abfokie; mais la determination des autres fert de verification, & donne le moyert de redifier les erreurs ou Ton pourroit tomber, fi Ton vouloit reconftruire Wn inftrument femblable. M. Meflier a compart \ fes obfervations celies qui ont ete faites dans diftrrt-ns endroits dc Paris; on pouvoit, en obfervant la marche des ther- mometres dans des bains de froid artihciel , s'alTurcr de la marche cor- rofpondantc des inftrumens : c'eft cc qu'ont execute des commillaires notn- 6 A B R E G E D E S M E M O I R E S mes pjr racad(Jmie. Alors, M. Mefficr a pii conclure dc ces experiences le degrc qu'auroient niaique des thermometres ablalument femblables ait 1 n Y s 1 Q u E. ^^^^ ^ ^ places dans les memes lieux & les memes inftans oil ont etc faites Annit tJjS. les obfervations qu'il s'agiffoit de comparer. La maniere dc determider, par la comparaifon de ces obfervations, le plus grand froid d'un hiver, n'eft pas fans difficulte , meme en ruppofant les thermometres abloliiment femblables, & obferves aiix memes heiires : des caufes locales peuvent meme, ^ des diftances tres-petites, cauler dc-s differences affez fenlibles : le froid n'arrive pas ^ fon plus haut point dans les differens endroits , ni ^ la meme heure ni dans le mcme jour , & ce plus haut point n'y eft pas le mcme. Doit-on prendre alors pour le terme du plus grand froid , le degie le plus bas que Ton ait pu obferver , oil plutot le terme moyen le plus bas que donneroient i une meme heure, dans un meme lien , les obfervations de tous les thermometres expofes en plein air, ^ I'ombre, vers le nord, loin des murs echauffes par le feu ? Si I'on prend le premier parti pour comparer le froid de deux hivers, il fau- dra employer des inftruhiens femblables, il faudra les placer dans le meme lieu, il faudra que ce lieu n'ait point ete garanti par de nouveaux abris, ou que les anciens abris n'aient pas ete detr^lits •, il faudra de plus , que le vent qui regnoit dans les deilx hivers ait eu la meme diredlion. II feroit aife de montrer que, pour le terme moyen de froid dont nous avons parle, & pour tout autre terme moyen qu'on voudroit choilir, une comparail'oii exade de deux hivers feroit expofee i des diflScultes au moins egales; ces conliderations ont determine M. Meffier ^ publier fes obfervations dans le plus grand detail , afin que les phylkiens qui voudroient dans la fuite com- parer un grand froid ^ celui de 1776 , euffent tous les moyens polTibles de faire cette comparaifon. Les travanx fur les fciences ne font affranchis des details , que" lorfqu'elles font dans I'enfance , ou qu'elles approchent de la perfedlion. Des obfervations du froid faites ^ Paris , M. Mefller paffe ^ celles qui ont ete faites dans toute I'Europe , & il en donne une table dstaillee ; il rciulte de cette table, que I'hiver de 1776 n'a point ete pour le nord un hivrr extraordinaire : en Suede meme , & I Copenhague , le froid a ete beaiicoup moindre qu'^ Paris : les caufes de ces grandes variations dans les hivers, variations independantes de la latitude des lieux ou ils regnent, font demeurees jufqu'ici prefque abfolument inconnues. Mais la perfection que les inftrumens miteorologiques ont acquife dans ces dcrnicrs temps;, & h multiplication du nombre des obfervateurs, nous font efperer que bientot la phylique va etre augmcntce d'line nouvelle fcicnce. Nous faurons un jour quels pays ont conftarament une meme conftitu- tion atinofpherique : nous faurons fixer les limites de ces pays; alTigner meme, & les caufes de ces limites, & cellts des difterences entre ces pays- & ceux qui les avoifinenf, marqucr d'ou dependent les petites ditferences que Ton obferve entre les parties d'un pays oii les memes phenomenes fe prefentent en g6ieral. Nous diftinguerons les phenomenes generaux qui appartiennent i wn hemifphere entier, ceux moins generaux qui ont luc- DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. 7 Gcflivement des borncs plus ou moins ctendues ; ccux qui dependent de — "^^"^^^^ la hauteur du terrain , dc la direiflion des vallccs , dc la polition des p ^^ ^ ^ ^ ^ ^^ ^_ mers, &c. On fe plaint que I'etude de la nature a fait pen de progrcs; & Ton oublie qu'il n'y a qu'un ficcic & demi qii'on a commence a I'obfcrver, Ann^e I'J'jG. ou'il n'y a pas un demi-fiecle que Ton fait conftruire de bons inflrumens; & qu'enfin les oblervateurs commencent ^ peine ^ fe multiplier & \ s'etendre ! Si, apres avoir fait ces reflexions , on examine ce qui a ete trouve depuis ce ficcle & demi,au-lieu de fe plaindre, on ne pourra plus qu'adniirer. M. Mellier donne la lifte des grands hivers dont I'hiftoire a fait men- tion : jufqu'en 1709, ils n'ont ete connus que par I'obfervation vague de quelques-uns de leurs effets. Celui de 1709 a etc obferve avec un ther- mometre \ mais I'art de rendre ces inftrumens comparables n'etoit pas connu : il aurolt fallu par confequent pouvoir retrouver un inftrument qui eut fervi immediatement aux obfervations de 1709, ou qui du inoinS eiit ete compare avec un thermometre qui eut fervi i ces obfervations , & c'eft encore une queftion de favoir s'il exlfte un feul inflrument bien authentique qui ait ces avantages. Le froid de 1709 eft determine dans ce memoire i 15 degres environ , d'aprcs des hypothefes trcs probables, & un milieu pris entre un trcs-grand nombre d'obfervations. Cette_ con- cluHon de M. Meffier n'eft pas d'accord avsc celle de tous les phyliciens. Plulieurs au contraire ont trouve le froid de 1709 , plus grand que ceiui de 1776-, ce que les effets de ces hivers femblent confirmerv mais M. Mel- fier , qui eft entre dans de grands details fur les effets des hivers rigou- reux, a montr6 que leur influence fur les rivieres, fur la navigation, fur les animaux , ne dependoit pas uniquement du degre de froid. M. Meffier a rappoite dans fon memoire , des oblervations tres-curieu- fes, faites fur des froids extraordinaires reffentis \ Senones. Cette ville eft fituee au fond d'une vallee entouree de montagnes elevees , & expofec i I'adion du vent de nord-eft. En novembre 1774, le froid y fut de plus de i^ degres-, en Janvier 1777, il fut aufll fort qu'en 1776, tandis qu'^ Paris, il n'etoit qae de 6 degres \. Mais en 1776 , la neige n'etoit pas plus abondante \ Senones qui Paris; & aux deux autres epoques, elle y etoit tres-confiderable. II n'y a peut-etre pas encore eu d'obfervations auffi propres k prouver quelle enorme difference de temperature , des caufes locales peuvent produire entre des lieux dont la difference, foit en latitude, foit en longitude, eft tres-petite. M. Meffier a fait auffi des obfervations fur la temperature des caves de I'obfervatoire, temperature que Ton regarde gcneralement commc conl- tante. Mais n'y a-t-il reellement aucunc difference entre leur temperature en hiver lors des grands froids , & en iik. lors des grandes chaleurs ! & li cette temperature eft la meme pendant toute une ann^e , le refte-t-elie pen- dant un long cfpace de temps ? L'autc-ur de ce memoire y a joint encore des experiences fur I'cffet de I'adion direite du foleil fur les thermome- tres , i differentes hauteurs & pour diilaentes temperatures obfervees ^ Tombrc. Toutes ces queftions n'ont pas encore etd refolues d'une roaniere abfolument fatisfailante, & leur folution eft trcs-importante. S ABREGEDESMEMOIRES mtmt^mmi^^mm £3 differeiite pofition de notre liimifphere \ I'egard du foleil , eft la r~ caufe de la difference des hivers aux etes; nijiis jufqu'ici, nous avons eu Physique. ^^^^ ^^ lumieres fur la maniere dont cette caufe agiffoit. Quel effet line Annie I'J'jS. c.iufe de chaleur double produit-e!!,- , par exemple , fur la dilatation d'un ' corps ? Si une caufe te dilate d'un millieme de fon volume , une caufe double le dilate-t-elle de deux milliemes ; Si on trouve cette proportion pour un degre de chaleur, la meme proportion a-t-elle lieu pour ies au- tres ? (i on triple , fi on quadruple la caufe , quelles font alors Ics loix des dilatations; Quatre corps echauffans egaux, places i une diftance double, dilatent-ils plus ou moins qu'un corps place i une diftance fimple ? Les rayons perpendiculaires du foleil dilatent plus un corps foumis \ leur aftion , que les rayons obliques •, niais cette difference eft-elle proportionnelle \ la difference du choc , k la quantite des rayons ? Ces queftions n'ont jamais etc examinees avec le foin qu'elles exigeroient ■, elles feroient cependant neceffaires , pour que le thermometre nous indiquat autre chofe que le plus ou le moins des differentes forces de dilatation que Ton compare entr'elles. En effet , il n'exifte ni froid ni chaud abfolu : prefque tous les corps de la nature les moins alterables , peuvent etre fucceflivement lous la forme de folides, de liquides ou de fluides expanfibles -, mais leur vo- lume, fous la forme folide , bien loin d'etre le plus petit polTible, eft encore fufceptible de diminution par le froid , I un degre dont nous ne connoiffons point les bornes : leur volume, fous la forme expanfible, de- pend du poids qui les preffe. Le point de congelation & celui d'expanfion, qu'on pourroit regarder pour les liquides comme les deux points extremes de dilatation & de con- denfaiion , varient pour chaque efpece de corps. Quand mcme nous con- iioitrions, pour quelques corps de la nature, le chaud ou le froid abfolu, cc qui (s"il eft pofTible d'attacher quelque idee precife I ces expreflions) f^gnifieroit que nous connoiffons la plus grande condenfation poflible & la plus grande dilatation poffible de ces corps : en divifant I'echelle qui fepare ces deux points en parties egales, nous ne faurions pas encore quels rapports ont entr'elles les forces qui, k ces points, produifent des degres de dilatation egaux aux proportionnels. II y a, dans I'examen de la caufe gindrale de Thiver, un point effentiel i obferver ; ^ chaque inftant, une moitie de la terre eft echauffee par le foleil, tandis que I'autre moitie , privee de fes rayons, perd de fa chaleur^ & chaque annde , chaque partie de la terre ^prouve la meme adfion du foleil. Suppofotis done un globe d'une certaine temperature qui tourne fur lui-m£me, de maniere que chacune de fes parties foit expofee, pen- dant un demi-tour , ^ I'aftion du foleil , &z en foit privee pendant un demi- tour-, felon la temperature qu'aura eprouvee ce globe h un inftant que nous le confid^rons comme le premier, il pourra ou acquerir plus de cha- leur, par la pariie expofee ^ I'adtion du corps echauffant, qu'il n'en perdra par I'autre , ou en perdre plus par celleci qu'il n'en ^agne par I'autre, julqu'^ cc qu'il parvienne au point oii il ne perde d'un cote qu'autant qu'il gagnera de i^auire ; il aura done alors acquis une temperature moyenne qui DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. 9 qui fera condante. Suppofons maintcnant que la rapidite de fun mouvc- ^— ^mt^m^^ nient foit telle, que dans une feule revolution la difference entrc la par- „ tie expofee h I'adion du corps echaufFant, & colic qui ne la revolt pas, " '^' ^ ' Q u r. ne pinetre pas d'une maiiiere fenfible au-deli d'une certaine profondeur: Ann^e 1716. la temperature du noyau fera conftante, & au-deifous de cette profondeur la temperature (era variable, niais cette variation ne confiflera qu'en une addition ou une fouftraition ^ cette temperature moyenne , & fera tou- jours moindre que la diiference entre la temperature d'un corps expofc en entier i I'adion du corps echauffant , & celle d'un corps qui n eprou- veroit aucun effet de cette adtion. La terre eft prefentee fucceffivement par les differens points de fa fur- face, au foleil qui lechauffe par fes rayons : ainli, le rapport entre la tem- perature de I'hiver & celle de I'ete , ne doit point etre proportionnel ^ I'effet dire(5t du foleil dans ces deux faifons. A mefure que Ton conlidere des parties de la terre plus eloignees de fa furface, cette difference dimi- nuera; il y aura un point oii elle deviendra infenfible. Si la terre a acquis fa temperature moyenne , le point oii la difference de I'ete \ I'hiver eft infenfible, aura conftamment la meme temperature, finon fa temperature variera meme ^ ce point : la chaleur augmcntera, fi la terre eft au-deffous de la temperature moyenne •, elle diminuera , fi la terre eft au-deffus •, & cela aura lieu jufqu'^ ce que la terre ait acquis cette temperature moyenne & conftante quelle confervera, tant que I'adion du foleil & la diftance 4 laquelle nous fommes de lui feront les memes. On pourroit croire que, dans un de ces deux cas , la chaleur iroit toiijours en augmentant, & tou- jours en diminuant dans I'autre ; mais quelle que foit la caufe de la cha- leur , il paroit que le refroidilfement des corps n'etant pas conftant dans des temps egaux , & devenant moins rapide ^ mefure que le corps fe refroi- dit , il y a neceffairem^nt un point oil I'efict d'une caufe adive conftante fe trouve ^-peu-pres en equilibre avec le refroidiflement , & doit y ref- ter. L'experience feule, & I'experience continuee pendant long- temps & multipliee dans differens licux , pourra nous eclairer fur cet objet : or, jufqii'i ce que cette queftion foit refolue , jufqu'^ ce que Ton ait faili fui- vant quelles loix les corps foumis k I'adion des corps lumineux font dila- tes, la theorie de la caufe generate du froid & du chaud, la loi des effets de cette caufe , refteront ignorees : nous ne ferons pas non plus en etat de calculer avec exadlitude I'effet des caufes locales ; toutes les theories fur ces caufes refteront jufques-Ii hypothetiqucs & vagues , & les phydciens fages Imiteront I'auteur du meraoire dont nous venons de rendre compte, qui , en multipliant les obfervations , ou les prefentant dans tous leurs de- tails , a cru devoir fe borner ^ preparer des materiaux qui devieudxont utiles dans le temps, quel qu'il foit, ou I'edifice fera elevii. Tome Xn. Partie Francoife. ro abreg£ des memoir es Physique.' Mnce 1-J77. $ u R L e F r o i d d e 1776. Illft. L etoit naturel que ceiix qui ont efliiye la rigueur dn froid de 177^5 fiiflent curieux de (avoir C\ ce froid etoit plus foible ou plus fort que celui de 1705 qu'un petit nombre de perfonnes fe fouvcnoit encore d'avoir eprouve, qui etoit ie froid le plus rigoureux conini dans nos climats de- puis I'invention des thermometres, & dont les effets funcftcs pour la ve- getation , reunis aux maux de la guerre , avoient laifle une memoire efFrayante. Plufieurs perfonnes propoferent cette queftion ^ racademie; elle crut devoir charger des commiifaires de I'examiner avec foin , & c'cfl: de leurs travaux fur cet objet qu'ils rendent compte dans ce memoire. II leur a ete impodible de fe procurer un thermometre qui eut Eprouve le froid de 1 709 , du moins n'en ont-ils trouve aucun qui leur parut au- thentique : c'eft done ^ un thermometre de M. de Reaumur, & fur le- quel cet obfervateur ceiebre avoit marque le froid de 1709 > qu'ils ont ete obliges de s'en rapporter-, & comme Tepoque h laquelle M. de Reau- mur avoit marque fur ce thermometre le froid de 1709, etoit pofterieure aux froids de 1740 & de 1741, qui lui avoient fervi pour fixer le point de 1709, on peut regnrder ce point comme marque auili exaftement qu'il pouvoit I'etre fur un thermometre qui n'avoit pas eprouve individueile- ment le froid de cet hiver. Cependant il paroit que ce thermometre avoit fubi quelcjue alteration, les commilfaires de I'academie en ont tenu compte; & il n'en peut refulter qu'un quart de degre environ d'erreur dans la determination du froid. lis ont compare avec ce thermometre ceux qui avoient eprouve le froid de 111 6, en l<^s placant dans un bain de glace, & en les expofant i la temperature des caves de I'obfervatoire ; ils en ont deduit le rapport de leurs graduations, & il refulte de cette comparaifon, que fur ks thermo- metres qui ont donne, en 1776, 14 degres dans quelques lieux de Paris, & I J degres \ dans d'autres, le froid que M. de Reaumur a marque pour celui de 1709 a fait defcendre la liqueur \ environ 15 degres \\ ce qui prouve que le froid de 1709 a hi d'un degrd i- ou de 2 degres au-deffus de celui de 1776. Ces obfervations ont ete faites avec beaucoup de foin : ce ne font point les thermometres ifoles qu'on a trempes dans un bain de glace, ou places dans les caves de I'obfervatoire •, c'eft un vafe d'efprit de vin dans le premier cas, & un bain d'eau dans le fecond, ou ces ther- mometres etoient plonges : par ce moyen , tous recevoient rigoureufement le meme degre de froid par le bain de glace , & la temperature qu'une maffe liquide, affez confiderable, avoit prife dans les caves au bout de plulieurs jours , ne pouvoit etre changee par I'approche des flambeaux que les obfervateurs etoient obliges d'avoir avec eiix. DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. n Qiielques phyllciens ont affignc d'aiitres differences entre Ics froids dcs ■ ' iinniiii deux anndesi mais comme ces differences tiennent k la maniere dont ''s p j, y 3 j q ^ ^ ont evaliie le froid de 1709, & que, comme nous I'avons dit , il n'en refte plus d'obfervations immediates, il eft impoffible que, r^duits ^ de Ann^e IJ7J. fimples conjedures, les phyllciens puiflent ctre rigoureufement d'accord entr'eux. E, Sur des globules obferv^s fur le difque du Soleil. 1 N obfervant le foleil dans un moment oii jl etoit couvert d'un nuagc jnft. trcs-rare, M. Mefller vit paffer fur cet aftre un nombre immenfe de petits globes rends, bien termines, & qui paroiiToieiit raonter fur le difque de cet aftre. M. Wallot, correfpondant de I'academie, en appliquant i ce phenomene les loix du niouvement relatif , fit voir que des corps pourroient avoir la diredion apparente de ceux qu'avoit obierves M. Meflier, & cependant avoir un mouvement reel ou horizontal, ou nieme incline de haut en bas. Una feule obfervition ne fuffifoit point pour determiner nl la groffeur rielle de ces globules , ni leurs diftances •, on fent en effet qu'on peut augmenter la diftance & la groffeur reelles a volonte, fans changer la grof- feur apparente : mais il n'eft pas poilible de les diminuer de meme , & il y avoit un minimum de diftance, & un de petiteffe, poffibles 'k trouver. C'eft ce qua fait d'une maniere ingenieufe M. Bofcowich , correfpondant de I'academie, dans une lettre adreffee k M. Meflier qui en donne I'ex- trait dans ce memoire. Les globules paroiffoient diftinftement termines avec la lunette de M. Meffier : ainfi, la lunette etant donnee, on pouvoit en conclure la plus petite diftance \ laquelle les objets obferves pouvoient paroltre termines. Quant ^ la groffeur des globules , il faut obferver que tous les rayons partis d'un point du foleil, qui tombent fur I'objeclif d'une lunette, fe reuniffent au foyer en un feul point : I'interpoluion d'un corps ne fufEt done pas pour empecher de voir un efpace du foleil ; il ne fuffit pas que ce corps intercepte une partie des rayons partis de cette portion du fo- leil, qui tombent fur I'objedlif-, il faut que la quantite des rayons que I'objet intercepte foit affcz conhderable, relativement ^ I'etendue de I'ob- jeftif, pour que la force de ces rayons reunis au foyer, foit diminuee d'une maniere tres-fenfible. C'eft d'apres ces donnees que M. Bofcowich conclut que Ton ne peut fuppofer aux globules obferves, moins de quatre ou cinq pouces de dia- metre, & moins de huit i neuf cents toifes de diftance de la terre, ce n'eft guere qu'en regardant ces globules comme de gros grelons , qu on peut expliquer leur figure ronde, leur nombre prodigieux, & I'efpece dc riSgularite de leur mouvement, B ii 12 AB RE Gt DES MEMOIRES Physique. Anne'e tJJJ- OBSERVATIONS Sur i Aiguille aimanUe. Ijiit. IVLr. IE GrNTii rend compte dans ce memolre de fes obfervations fur I'inclinaifon de raiguille aimantee, dans les mers de I'lnde & dans TOceaa atlantique. En fuppofant \ chaqiie point de raiguille , placee dans une direction fixe, une force parallele ^ une diredion donnee dans le plan de I'liori- zon, & une force perpendiculaire h ce plan, on trouve des phenonoenes tres-approchans de ceux que M. le Gentil a obferves. En effet , dans cette hypothefe , au point oii I'aiguille eft dans la meme diredlionque la force horizontale, rinclinaifon doit etre la moindre , paffer ^ 50 degres lorfque la dire Dont il conyient de remplir les Lentilks vuides. iNTRE les leiitUIes d'une meme eourbure, cellc dont le foyer efl la nUt. plus court, & par confequent celle dont le pouvoir rcfringent eft plus grand, rdunit plus de rayons dans uii meme elpace & a plus de force pour briilcr II eft done important , dans I'ufage des lentilles brulantes formees par nn fluide retenu entre deux plaques de verre, de choifir eiitre les difts- rentcs liqueurs tranfparentes, celles dont le pouvoit refringent eft le plus fort. Le moyen qu'ont employ^ MM. C.idet & BrilTon (moyen dont I'exac- titude etoit fuflifante pour I'objct propofc ) a ete de regarder avcc une niejiie ientille , reniplie fucceffivement de difterentes liqueurs , un meme objt't htue conftarament i une meme diftance de la Ientille, & de juger de la diftance du foyer par le point oii I'oblervateur devoit fe placer pour que I'image de cet objet lui pariit diftincle : c'eft par ce moyen qu'ils ont compare le pouvoir refringent d'un grand nombre de fubftances. Parmi celles qui peuvent fervir dans la pratique , I'huile de tirebenthine diftillce leur a paru joindre ^ beaucoup de tranfparence une refringence tres-forte, ctre celle en un mot qui reunilToit au plus haut degre les conditions n^ceflaircs. A la verite, I'huile de terebenthine unit \ une grande refradtion une difperfion tres-conlidcrable, & cette circonftance nuit i la force du foyer brulant : la meilleure liqueur feroit celle qui, i beaucoup de force refrac- tive, Joindroit peu de force difperlive i mais comme il faut quelle foit en meme temps tres-tranfparente , qu'ellc ne foit pas corrolive , que meme on puitTe s'en procurer une grand quantite fans trop de depenfe, une liqueur de cette efpece peut etre tres difficile ^ trouver. Les auteurs du memoirc qui ont obferve cette forte difperlion de la terebenthine, propofent d'en remplir des verres, & de fubftituer des leu- tilies ainfi formdes aiix obJecUfs de fiintglafs^ 14 ABREG6 DES ME MOIRES Physique. •ylnn favoir, I I'iflc Sainte-Helene & ^ celle de I'Afcenfioii. 1°. En mai 1775, \ Sainte-Helene, latitude fiid 15 d 55', la pointe du fud de I'aiguille inclinuit de lid 25' 15" 2 . Sur la fin de mai 1775, ' que felon la carte de Wilcke. ^ • Oa DE L'ACADEMIE ROYALt DES SCIENCES. ly On vient de publier h Londres le recueil de ces obfervations, & quaii- m^mamm^^^m titc d'autres obfervations aftronomiques faites ^ bord du vaiffeau la Rijo- p ,, y s , y u e. lution , ainfi que dans les ports oii le meme vailleau & YAventure out relache pendant le cours de leur voyage an pole auftral & autour du Ann^e fj-jj. monde. Nous etions deja etonn^s que le capitaine Cook, il y a bientot dix ans, ne nous eut communique aucuncs obfervations faites fur I'inclinaifon de I'aiguillc dans la met du fud , & particulicrcmenc a Ota'iti : fans doute qu'il fe mefioit de fon aiguille d'inciinaifon , quoiqu'elle ait donnd proche le cap Horn, dans la baie de Bon-fucces, 6Sd 15' d'inciinaifon vers le fud , par <^\^ io' de latitude auftraie •, ce qui s'accordoit affez avec les anciennes obfervations du P. Feuillee , & qui eft encore contirme pat les plus reccntes obfervations, faites dans le detroit de noel en ddcembre 1774. On y a trouve en effet par 55(1 iz' de latitude auflrale , & iSpd 57' de longitude, ^ compter du meridien de Londres, I'inclinaifon 6G <1 13/ 5c/', & la variation 14. degres \ I'oueft. II n'y avoit done pas fujet de fe mefier de fon aiguille ? Qnoi qu'il en foit , on vient de nous reveler enfin quelle eft I'inclinaifon i I'ifle de Ota'iti fur la pointe de Venus , & Ton a trouve par ij^ 19' ic" de latitude auftrale, & i69<5 50' de lon- jitude du meridien de Londres, que la pointe fud de I'aiguille etoit abaif- le de ipd 59' 30//, mais plus nord par pd 55' de latitude auftrale, on a 18 ^ iid i d'inciinaifon. Cela prouve que I'equateur magn^tique en ces lieux n'eft pas fort eloi- gne de la ligne equinoxiale , & qu'il la coupe fort pres du nord de ces ifles. Nous favons aftuellement la fituation de I'equateur magnetique tout autour de notre globe, puifqu'il paffe du fud au nord dans la mer paci- fique , etant 7 degres au-deffous de la ligne equinoxiale \ la cote du Pe- rou, & au contraire au nord de la ligne fous lifle Poulo-Condor , par 8e ne I'efperois pas. Lorfqu'au coiitraire j'ai meie un bdlier ^ groffe laine avec des brebis ^ laine fine , leurs agneaux ont eu la laine moins fine que celle de la mere , & moins groife que celle du pere. J'ai fait cette cpreuve dans d'autres vues que I'amelioration des laines : car un troupeau ne pout man- quer de degcnerer, fi Ton donue aux brebis des beliers de moindre qua- lity pour la fineffe de la Iaine , pour le poids de la toifon & pour la hauteur de la taille; cependant cet abus, fi pernicieux pour les troupeaux, eft tres-rcpandu. Au-lieu de choilir le meilleur des agneaux pour faire un , belier , on garde fouvent le plus chetif , parce qu'on n'efpere pas en pou- voir faire un beau mouton. En choififfant un belier de haute taille , j'ai relevc en pen de temps des brebis de taille mediocre : par exemple , une brebis de zo pouces i li- gnes de hauteur, mefuree au garot, ayant ete accouplde avec un belier de 28 pom:es, a produit un belier de 26 pouces 11 lignes , qui avoit preC- que atteint la hauteur du pere. Lorfque j'ai donne ^ des brebis un belier qui portoit plus de Iaine qu'elles , j'ai vu qu'un grand nombre de leurs agneaux etant devenus adultes, avoient des toifons qui pefoient le double & quelquefois le triple de celles de leurs meres ■■, mais toutes ces ameliorations font fujcttes \ manquer pat plufieurs circonftances , dont les principales dependent ds zt A b K E G t DES MEMOIRES — — — I'ctat de la fante dii bdlier , des brebis ou des agneaiix : c'eA une loi g6- nerale pour tomes les produdions des animaux. P H V s I Q u E. jg ^^ p^^jj rapporter ici le detail des preuves de toutes les lortes d'a- Annee f777. naeliorations que j'ai faites dans mes troupeaux par le choix des beliers ■, c'eft le lujet d'un livre & non pas d'uii memoire. Je ne me fuis propofe dans celui-ci , que d'indiquer les moyens de rendre les iaines plus fines , & de faire croitre en France les plus belles Iaines , meme dans ies pro- vinces feptentrionales. La laine iliperfine de ma bergere en efi: une preuve. Elle a un degrc de finefi'e fliperieure ^ celui des beliers de Rouffillon, dont el!e a tire fon origine. Je I'ai comparee h. la laine d'Efpagne que Ton fait venir de I'Efcurial , en groffes balks , pour la manufadure royale de Julienne & pour d'autres manufadures. Quoique cette laine foit fuperfine ou refin , on fait un triage de la plus fine pour la trame de drap ; la moins fine eft employee pour la chaine-^ ma laine fuperfine a un degre de fineffe au-dcffous de la plus fine laine venue de I'Efcurial , & au-delfiis de la moins fine : je diftingue ces deux degres de fineffe de la laine fuperfine d'Efpagne , pour donner une idee pins jufte de celle de ma bergerie. M. Defmarets de cette academie, inC- pedeur des manufadures de la generalite de Champagne, & M. Holker, infpedeur- general des manufadures de France, avoient juge, en prelence de M. Tnidaine , que la laine de ma bergerie etoit au moins tres-appro- chante du fuperfin'; les epreuves du microfcope & du triage de la laine de I'Efcurial ont confirme leur jugement. J'ai couftate ces faits avec le plus grand foin : Je ne puis trop le repe- ter, j'ai confulte tous les meilleurs connoiffeurs que j'ai pu trouver ■, j'ai obferve cent & cent fois ces Iaines de mes propres yeux, & ^ I'aide des loupes & du microfcope, fans prevention pour celles de ma bergerie; aU contraire , je les ai examinees avec d'autant plus de rigueur , que je n'avois pas efpere d'en faire d'auffi belles , n'ayant eu ni beliers , ni brebis dont la laine tut ^ ce degre de fineffe. Cette belle produdion n'a pas etd favo- rifee par le choix des fourrages : les metis males & femelles de ma ber- gerie n'ont prefque aucune autre nourriture au ratelier, que des pailles de toutes fortes; mes troupeaux vont au parcours fur un terrain mon- tueux , fee & maigre aux environs de la ville de Montbard en Bourgo- gne; iis paffent toute I'annee en plein air fans aucun couvert, meme dans les temps les plus rigoureux. Parmi toutes ces circonftances , je ne puis difcuter ici celles qui m'ont paru les plus favorables pour I'amelioration des Iaines; il me fuftit d'avoir conftat^ qu'elles fe font promptement ameliorees par le moyen des beliers de qualite fuperieure ^ celle des brebis. J'ajouterai feulement que la race des betes ^ laine du RoulTillon , conferv^e & perp^tuee fans melange pen- dant dix ans, s'eft audi amelioree dans ma bergerie par rapport ^ la fineffe de la laine. On s eftime cette amelioration a un quart en lus; mais, pour en faire I'eftimation , il a fallu garder pendant plulieurs annees des Iaines des beliers & des biebis importcs de RoufliUon , & morts ^ leur terme DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. 23 dans ma bergerie , & les coiiiparcr avcc cellcs de leiirs defcendans : Ij ■■■^— — laine perd dc fa qiialite avec le temps ; d'ailleurs j'iii pour priiicipe de ne „ jamais cvaluer au plus fort le produit de iiics experiences : aitili Je me " " ^ s i Q u reftreins k dire que la race des betes a laine de RouffiUon s'eft fenfible- Annie iT^'t. nient amelioree dans ma bergerie. ' Je dois conclure de tous ces refultars d'experiences , quavec un peu de foin & fans aiicune depenie, on pourroit amcliorer toutes les laines , en choinffant les meilleurs agneaux de chaque troupeau pour les perpcruer \, mais il faudroit beaucoup dc temps pour arriver, par ce moyen , a un certain point de perfedion. On pcut abreger le temps, en faifant une petite depenfe pour tirer des beliers de lieux peu doignes oil ils feroient de qualite fuperieure \ celles des brebis du troupeau que Ton voudroit ameliorcr. Ce moyen fuffiroit lorfqu'on n'auroit en vue que de convertir des laines jarreules en groffes laines ou en laines demi-fines. Si Ton augmente la depenfe , on pourra faire une amelioration meilleure & plus prompte , & parvenir \ avoir des laines fines & fuperfines , en failant venir de loin des beliers en etat de produire de ces laines avec des brebis de qualite inferieure. La laine fuperfine peut croitre en France dans les cantons fees & mai- gres, puifque J'ai ameliore des laines dans ma bergerie, au point de les rendre fuperfines au fecond degre, fans avoir eu des beliers \ laine fu- perfine au premier degrcj je ne puis guere douter qu'avec ces beliers, je n'ameliore des laines de France au premier degre de fuperfiii. En proportionnant la qualite des Wliers \ celle des troupeaux , des ter- rains & des paturages, & aux befoins des manufatlures , on auroit une fuffifante quantite de laines pour toutes fortes d'ouvrages j le terrain de la France eft auffi varic que I'iaduftrie de la nation. B. 24 ABREGE DES MEMOIRES Physique, Ann^e 1777, REMARQUES E T OBSERVATIONS Rajftrnhlies dans un Voyage d'ltalie , fait en IJJS- Par M. C A s s I N I le Fils. Hift. 3 'a I raflemble dans ce memoire , les reponfes aux differeiites queftions que plulieurs de mes confreres m'avoietit charge d eclaircir dans mon voyage d'ltalie , & fur lefquelles j'ai confulte , dans ce pays , les perfonnes les plus en etat de m'eclairer ; j'y ai joint quelques obfervations ou remarques que j'ai faites moi-meme chemin-faifant , & que j'ai jugees intereflantes pouc I'academie : c'eft ^ ces objets feuls que j'ai cru devoir me bonier. L'ltalie eft un pays fuffifamment connu d'ailleurs; aflez de voyageurs ont public des relations & des defcriptions volumineufes d'objets deji renommes , & dej^ decrits nombre de fois : je me garderai bien d'ajouter ^ leurs repe- titions. Ce n'eft pas cependant qu'il ne fut poQible, malgre tout ce qui a deji ete ccrit jufqu'ici fur l'ltalie , d'augmenter les connoiflances que nous pou- vons avoir de cette riclie contree ■, on pourroit meme avancer que ce qui refte k decrire feroit peut-etre , ^ plufieurs egards , la partie la plus intd- reflante ^ connoitre : mais cette partie ne peut ctre vue , ne peut etre de- crite que par une claffe de voyageurs qui malheureufement eft trop peu nombreufe, par des Savans, qui rarement font en etat ou dans le cas de voyager. Si les monumens de I'antiquite , les chef-d'osuvres de la peinture & de la fculpture, la richefle & la beaut^ des edifices, rendent l'ltalie la partie la plus curieufe de I'Europe : la conformation phyfique & particuliere de cette contree, la varidte de fes produdions, la richeffe & la quantite de fes marbres -, fes mindraux , les volcans ou ailumes ou eteints quelle ren- fcrme-, enfin I'hiftoire naturelle de ce pays, ne le rendent pas moins inte- reffant que les produdtions des beaux arts. Si I'antiquaire , le peintre, I'ar- chitefte & le fculpteur , y trouvent ^ chaque pas mille objets d'admiration & d'inftrudion , le naturalifte y rencontre egalement des fources fecondes de remarques , d'obfervations , de faits & de refultats , qui peuvent le conduire, ou \ la decouverte de quelques verites ixnportantes , ou k des idees juftes fur le veritable fyfteme de la nature. Mais , dira-t-on , comment la partie de I'hiftoire naturelle de l'ltalie^ n'eft- elle p.is auffi connue qu'on pourroit le defirer? comment n'a-t-elle pas DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. 25 pas etc approfondie, tant par les rechcrches des favans nationaux, que p.r ^'^^'^— ^— celles dfs ctrangers ^claircs qui ont parcouru cette contree ? A cela jep ,, ^ . , _ ,. , rdpondrai, qii'il y a toujours eu dans ce pays beaucoup moins d'habiles natiiraliftes que de grands pliyficiens, d'habiles geomctres & autres favans Ann^e fJJJ- prefqu'en tout genre que Ton y a vu fleurir ^ differentes epoquesi en ce moment mcme pen de perfonnes s'occupent de I'hiftoire naturelle. L'ou- vrage Ic plus complet, public fur cette matiere , efl: celui du celebre doc- teur Targioni , qui rcnferme une defcription fuivte & detaillee de tout ce qui a rapport \ I'hiftoire iiptnr>.>lle d'unc partie de la Tofcane. II eft ^ regrettcr que I'autre partie n'ait pas etii deciitc de la meme manicre, & n'ait point ainli coniplitii la connoiliance intereirinte de toutes les richelfes que renferine en ce genre le grand-duche de Tofcane. Quant aux favans etrangers qui ont parcouru I'ltalie, avec rintention d'y obfc-rv(.r les produftions , les operations de la nature , il ne leur a pas etc poffible de pouffcr leurs recherches aulll loin qu'on cut pu le delirer , quoique la plupart d'entr'eux, & principalenient plulieurs de nos confre- res , nous aient rapporte un grand nombre d'obfervations extremement interctJantes •, mais les obftaclcs que rencontre fans cede un voyageur, 'es circonftances dont il eft depend mt, la brievcte de fes fejours, ne lui per- . mettcnt point les granJs dct..ils ; heureiix s'il a le temps de (uivre & d'approfondir un Icul objct, tout le refte pafle rapidement devant fes yeux •, il I'appercoit, pour ainfi dire, fans le voir, & s'en retourne avec plus de regrets qii'il n'a eu de jouillances. C'eft au refte le fentiment ge-' neial qu'tprouve en quittant I'ltalie tout voyageur , foit antiquaire , (oit amateur des arts, ou naturalifte, qui trouve toujours trop court & infufii- lant le temps qu'il a palT't, plus i irriter fa curiofite qu'a la fitisfaire. II faut d'ailU-urs convenir que Ic naturalifte eft celui de tous les voya- gcurs , qui a le plus de fatigues i efluyer & le plus d'obftacles \ vaincre ■■, ce n'eft point en fuivant les grandes routes & les chemins traces qu'il peut fc flatter de faire des decouvertes : il doit au contraire s'en ecarter, & rechercher les lieux les plus detournes & Ics moins acceflibles. Or en Ita- lie, plus que par-tout aillcurs, la vilite de ccs lieux oftre de grandes difH- cultes. La campagne de Rome , la Sabine & le patrimoine de Saint-Pierre qui s'etendcnt entre I'Apennin & la Mediterranee, font des provinces ex- tremement intereffantes pour des naturaliftes-, mais les vaftes deferts qui en occupent I'interieur, les forits, les caux croupiffantes qui s'y trouvcnt, les infecies, & le mauvais air qui y regnent en ete , les fondrieres en hi- ver , rendent prefque inacceffibles la plupart des lieux, & prefcntent des obftacles faits pour rebuter les plus intrepides voyageurs. Cependant un naturalifte Venitien, dont le zele & I'intrepidite ne peuvent ctre furpalTes que par les connoiffanccs, s'occupe depuis quclques annees i parcourir ces contrees ; j'eus I'avantage de lier avec lui une intime connoiliance : c'eft ^ lui que je iuis redevable d'une defcription curieufe des anciennes mines d'alun de Latera, ainli que de plulieurs obfervations intereffantes, & de divers morceaux d'hiftoire naturelle que j'ai rappottes pour I'academie , & dont je vais parler dans ce mcmoire, en luivant i-peu-prcs dans le compte Tome XVI. PurtU Francoije, D Y S 1 Q U I. 16 ABREGEDESMEMOIRES I que Je rendrai de mes remarques, I'ordre que prefcrit naturellcment la route que j'ai fuivie. Je partis de Paris le io mars. Dans le fejour que Je fis ^ Lyon, Je fits Annie I'jjy- curieux d'aller vifiter les travaux dont on s'occupe depuis plufieurs aiin^es, pour rejetter plus loin le confluent du Rhone & de la Saone , qui fe joi- gnent au-deffous de la ville. Ce vafte projet a de grandes difhcultes •, la rapidite du Rhone & fes crues frequentes ont dej4 detruit nombre de fois les travaux avances pour detourner fon cours & combler fon lit. Les avantages de cette entreprife font de procurer \ Lyon un tres-grand embeiliffement; de plus, un local confiderable , propre ^ batir & \ aug- nienter I'etendue de cette ville. Tout le monde ne convient pas egalement de I'utilite de cet objet d'augmentation -, inais ce que Ton ne pouvoit nier devoir ctre veritablement avantageux dans I'execution complette du projet, c'eft la conftruftion d'un ballin , ou efpece de gare pour la retraite & fij- rete des bateaux, &, ce qui n'eft pas moins utile encore, un canal parti- cuiier, ou Ton tranfportera tous les moulins qui fe trouvent a£tuellement prcs du confluent, & qui font ll mal places, que, lorfque les eaux du Rhone iont fortes , les bateaux qui defcendent de la Saone pour entrer dans le fleuve , courent toujours rifque d'etre Jettes contre ces moulins : ecueil vraiment dangereux , & qui ont ete funeftes dans plus d'une occafion. Je m'embarquai fur le Rhone pour me rendre ^ Avignon-, un peu au- deffous de Viviers , le Rhone fe fait jour entre des rochers tallies a pic , & qui forment des deux cotes comme des efpeces de niurailles. C'eft pres de-1^ que Ton me montra, dans ces memes rochers, un trou qui fert d'entree ci une galerie fouterraine , oii le patron du bateau m'affura etre en- tre plulieurs fois : il me dit que cette galerie avoit pres d'une lieue de longueur; qui quclque diftance de I'entree, il fe trouvoit une falle de plus de cent pieds de largeur. De la defcription quoique confufe de ce patron , je jugeai que cette galerie pouvoit etre fort curieufe ; je regrettai de ne pouvoir la vifiter , & je n'en parle que pour I'indiquer i ceux qui faifant la menie route , auroient le loilir de s'arreter dans cet endroit. En arrivant i Toulon , je trouvai la nouvelle caiife pour la conftrudion d'une forme, abfolument achevee , & dejil meme enfonc^e de i^ pieds dans I'eau {a). L'academie a ete inftruite anciennementde robjet& des prin- cipes de cet ouvrage, fur lequel le miniftre I'a conlultee, & quelle a ho- nore de fon fuffrage; c'eft ce qui me fait penferqu'elle apprendra avecplaifir i'etat ou j'ai trouve une entreprife dont le fucces eft fi intereffant. On fait que jufqu'i prefent il n'a pas ete poflible de conftruire de forme ^ Tou- lon •, la qualite du fol eft telle, qu'i peine a-t-on creufe \ la profondeur de (ix pieds. Ton trouve des fources. Cette difficulte avoit long- temps arrete, lorfque M. Groignard , ingenieur-conftrudteur du port de Breft , dcji connu avantageufement de cette compagnie par les prix qu'il a rem- portes , propofa d'etablir & de conftruire cette forme dans I'eau meme des ( a ) J'e'tnis ^ Toulon le 4 avril , & la c^ffe n'a ^t^ enti^rement coulee % fond que le I d'aout fuiviuit. DE L'ACADEMIE ROYALf DES SCIENCES. 17 baflins, & ccl.i par uii nioyen tres-iimple. II s'agilToit de conftruire uae j cailFe de la grandeur de la forme demaiideei cette caiffe line fois conf- p „ „ s 1 o u triiite, de I'enfoncer dans I'eau , de I'alTeuir folidement fur le fonds, & • dans I'intention d'en eprouver les eff«ts jul'qu'i la defailiance : <5tant bien fiir cju'on me » retireroit ^ temps, s'il etoit n^ceffairc. On peut refter dans la mofttte quelques minutes j> en retenant ("on haleine, ce que je Us d'abord j mais, determine h elTayer les effets qu'elle rt pouvoit produire fur mes poumont, je I'inlpirai fortement, fans en etre fort incom- »> mod^. MelTieurs Ceftari & Rondi, meSdecins de Bolfeno it de Latera, voulurent rifquer « la meme experience; le premier fauta dans le trou, St dans le meme inftant tl rebondit n tout effraye , fe plaignant d'avoir ^t^ prefque fuffuque ; I'autre n'acheva pas de delcen- »> dre , avant mis la tete dans la mofette cbemin-faifant. Le chirurgien de Latera , qui » ^toit aulfi avec nous, y fouffrit plus que les deux autres , quoiqu'il ne fut point reft< » plus qu'eux dans I'air mofctique. Pour mui, je reftai fix ',: lept minutes di/bout, ayatit » la mofette tout autcur de mon corps & au-delfus de ma tC-ce : j'aurois pu y demcurer »> avec peine, i la vdrit^ , mais fupportable , quelques minutes de plus ; mais les yeux » commencerent S me cuire , & je craignis de m'y faire du nvil. Au fortir de la , » j'eprouvai la plus grande peine i refpirer I'air commun, & reftai plus d'un quart-d'heure j> tres-incommode par cette difficult^ de relpiration, & par une fueur abondante, que je j> n'avois pas ^prouv^ dans la grande chaleur de In mofette : je me fouviens cependant y d'avoir bien plus fouffert au fommet du V^fuve fur le bord du Crater inftjrieur, aprtjs n {'eruption de 1771 , que je ne louffris dans la mofette de Latera; I'efprit fuifureux vo- j> latil du foufre brul^, qui s'elevoit de ce Crater, etoit bien plus capable de fuffoquer j « que to'jtes les mofettes que jeconnois ; en effet, I'cmanadon de Telprit de foufre vola- » til, c'eft fi-dire, d'une combinaifon de I'acide vitridique univerfel , & d'une fuitle »i portion de phlogiftique qui en imoulfe I'adtivite , eft, i, ce que je crois, ce qui confti- » tue la vapeur des mofettes; ainfi la dift'erente dofe du principe inflammable qui entrS >• dans les vapeurs du foufre briile & dans celles des mofettes, fait que je fuis plutoc fuf- » foqu^ par les premieres que par les fecondes. Je ne fais pas cependant ce qui m'arriveroit M dans une vapeur mephytjque qui s'eleveroit en plein air & dans un endroit fee, pit's » dangereufe peut-etre alors que celle qui eft renferm^e dans des fouterrains, ou t'bumi- « dite qui y regne affoiblit plus uu moins la violence de ces exhalailbns. >• La mofette de Latera m'a paru, par fon gout vineux qui alfeae le palais & monte au »> nez , tris-femblable ii celle de Pompt'ia , pres du Temple d'llis; je m'expofai a.^lTi ii »> celle-ci k plulieurs reprifes, & refiftai parfaitement 6 (ei exhalaifons. Les curieux qui ne »i voudroient pas entrer tout-iifait dans I'air mofetique, ou fe courber jufqu'i terre pour »• infpirer leurs exhalaifons^ qui communement ne s'elevent pas beaucoup, peuvent a'tirei » cette vapeur acide par le moyen d'un chalumeau , comme on fail dec liqueurs, en fe >> tenant dcbout. M Tout I'argent que j'avois dans ma poche devint noir, Ctot que je fiis enf^ dans la •> mofette; deux roubles qui fe trouverent entre des fequins, refttrent tachet^s de jaunc " & impregne's d'or : la monnoie d'or ne fouffrit aucun changement ; celle de cuivie fe »> reveiit d'un verris plomb^, par-tout ou les pieces ne fe touchoient pa^ immddiatcment : « la teinturc de tournefol d^pofee dans I'air mofetique , rnugit tout-i-coup ; I'eau de n chuux y hlanchit d'abord, & enfuite la chaux fe precipita au fond du verre ; I'eau com- »> mune y devint acide : le feu mis i une trace de poudre-b-canon, qui commen^oit hors " de la mofette & continuoit en-dedans, s'eteignii en arrivant i la \apeur; I'aimant ne " perdit point de fa force atiracSive, ni la cite d'Efpagne fon ^leftricit^; les infedes aqua- s' tiques qui moururem dans I'air mofetique , ne moiururent pas dans i'eau d^pcfiie au n milieu de cei air. 40 ABREG^DES MEMOIRES Physique. >i Je n'avois point de thennometre , h premiere fois que je vJfitai les mines de Latera; i mon I'econd voyage j'en portai deux, I'un fuc cade, le meilleur houreufement riS- fifta : je rentrai dans la muf-tle des mines de la Puzzola; elle etoit bailTc^e de plus d'un pied & denii ; il Ibuffloit un petic vent d'ouelt ; !a vapeur n'^toit pas fort tranquiile : en me tenant dcbout & immobile, je la fentois tantot n'arriver qu'i mon menion , & tantot momer julqu'ii ma faouche & mon nez, pour retcmber dans le m^me inftant; elle n'etoit pas ii beaucoup pres li forte que la premiere fois que je I'avois vilitee. Un certain Onoriui , mon condudeur , demtura couchi fur le fond de la grotte , & s'y etendit tout de fon long , en retenant fon haleine ; les yeuj. lui cuifiMent cependan: beaucoup, & fon vifage annon^oit qu'il fouffroit : I'argent de ma bourfe ne noircit pas du tout cette fois. Je'm'attendois it voir monter mon thcrmometre, il arriva tout le contraire : le mercure tomba tout-a-coup du 24me. au i8me. degrt' de I't^chelle de M. de Reaumur. M. BaldaHari, habile naturalifte, & profelTeur 'a I'univerfit^ de Sienne, s'etoit fervi de ce meme thermumetre i la mofette de Saint-Philippe dans le Siennois, & le mercure y avoit monte du time, au 2ome. degre : il eft vrai que ce profelTeur lit fes obfervations en ottobre & au pied d'une montagne tresfroide , & que je les fis i la fin d'aout , vers midi, & dans un pays naturellement treschaud. MM. de I'aca- demie de Naples remarquerent , qu'apres I'eruption du Vefuve en 1737 , le thermo- metre bailToit dans les plus violentes mofettes , mais aulfi ^toient-elles froides au tou^ cher : au refte , j'ai repetcS dans deux grottes differentes mon experience du ihermo- metre , & dans toutes les deux le mercure a baiffd ^galement. » Quoiqu'on reffente de la chaleiir dans les mofettes de Latera, le fol dont cette vapeiir s'exhale eft cependant froid & hiimide , ce qui rappelie , dit M. I'abbe Fortis, les experiences de M. Geoffroy fur les v.ipeurs chaudes exhalees par la fermentation tres-froide de I'huile de vitriol avec le fel ammoniac-, les petites pierres du fond des grottes mofetiques font coii- vertes de petites gouttes d'eau femblables ^ celles de la rofee , & , ce qui paroit finguiier d'abord, cette eau eft infipide; I'acide vitriolique porte k s'unir avec le principe inflammable, abandonne la fubftance aqueufc, & fe reduit en etat de ficcite : en effet, il fe forme du foufre dans les couches mofetiques qui n'eft autre chofe que la combinaifon de I'acide vitriolique & du phlogiftique-, c'eft par la meme raifon que les eaux vitrioliques per- dent racidite lorrqu'elles font long- temps expofees ^ lair libre. SUR DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. ^j S U R L E F R O I J3 D E lj6j. P H I S Y Q U t. Annie ijjS. \^it obfervations de M. Adanfon fur le froid de 17^7, aiiroient dii Hid. kite infcrees dans les memoircs de rjcadeniie pour la meme annee ; raiitcur les fait paroitre aujourd'hui , parce qii'il a cm qu'il pourroit etre utile pour completer la fuite des obfervations d'hivers rigoureux , obfervations qui, depuis 1776, out attire I'attention des pliyliciens. II a obfervi en meme temps avec des thcrmometres , foit places contre des murs au nord ou au midi , foit ifoles en plein air, mais expofes de tons cotes, ou mis ^ I'abri du folcil : par ce moyen , il a pu determiner la dif- ference que I'expolition , les abris doivent mettre dans le degre abfolu dil froid, & dans fes variations diurnes. L'auteur a obferve auffi les eftets du froid fur les animaux, & principalement fur les plantes •, c'eft ^ celles du genre des bles qu'il s'eft: arrcte le plus : il en avoit, en experience d'uii grand nonibre d'efpeces & de varietes, femes ^ differentes epoques. 11 ri- iulte de ces experiences , que les bles femes au mois d'oftobre ont moins fouffert de ce froid arrive vers la mi- Janvier, que ceux qui avoient etc femes plus tot ou plus tard : or comme cette epoque eft la plus commune pour les grands froids, on voit que c'efl dans celle du mois d'oilobre qu'il faut de preference femcr les bles d'hiver. Tome XVI. Panie FranpijC, 41 ABREGE OES MEMOIRES P H Y S 1 Q U E. Annk I'j'jS. Sur un nouveau fyjleme d'Harmonie. M. LR. VANDEUMONDialui I'academie daiis fes aflemblees publiques du 14 novembre 1778 & dii 15 novembie 1780, deux memoires fur un fyfteme d'harnionie, applicable ^ letat aftuel de la mufique. L'objet principal de I'auteur eft de reduire ^ un petit nombre de loix fondamentales , les regies que les compofiteurs de mufique fuivent dans leurs ouvrages , & meme ce qu'ils regardent comme des exceptions k ces regies, Ce n'eft point dans Ja thiorie qu'il cherche ces loix , mais dans I'ob- fervation de ce que les plus celebres muficiens out fait, & de ce que I'ex- perience a prouve etrc agrcfable ^ Toreille, quelle que foit la eaule de ce plaifir. Ce font des efpeces de loix empyriques , comme celles que cherchent les geometres & les phyficiens , pour des phenomenes dont ils n'ont pu trou- ver ou calculer la caufe d'aprcs les loix gcnaales de la nature ; & I'auteur eft perfuade qu'il n'y a point de vraie theorie de I'harmonie , qui foit ap- plicable k letat aftuel de la mufique. Nous aliens expofer en peu de mots les principes de ce nouveau fyfteme. II doit y avoir une raifon fimple du plaifir que procure par elle-meme, ^ des oreilles exercees, la fuccedion des accords : la voici , felon I'auteur. Les gammes des differens modes deviennent tres-familieres \ I'oreille , & un accord n'etant qu'un enfemble de fons fimultanes , pris entre les fept qui forment chacune de ces gammes, le plaKir attache particulierement \ la pratique des accords, depend de la facilite plus ou moins grande que pro- cure leur fuccellion , pour reconnoitre les gammes dont ils font partie. II y a dans chaque accord, comme dans chaque gamme, une note prin- cipal •, pour chaque gamme , c'eft la note du ton ; & pour chaque accord , - c'eft quelquefois la note du ton & quelquefois Ja quinte : Tune de ces deux notes eft toujours cenfee faire partie de tout accord complet, coni- pofe d'un certain nombre de fons de cette gamme, Dans les accords cette note principale fe nomme baje d'harmonie. Pour bien faiiir la fignification de ce mot, il faut favoir qu'on ne peut terminer un fens, ou parvenir au repos en harmonie, que fur un accord parfait, c'eft-k-dire, lur un accord dont les Clemens font la note principale, fa tierce majeure ou mineure & fa quinte Jufte : toute autre note entendue en meme temps, & qui ne feroit point un odave de I'une de ces trois, feroit done dijfonante , c'eft-i-dire, qu'il faudroit nece/Tairement ceffer de la chanter pour parvenir ^ ce repos. La bafe d'harmonie eft cette note principale par rapport \ laquelle toutes celles d'un accord font ou confonnantes ou dil- fonantes : entre une note & in quarte, par exemple, il n'y a pas dilFo- DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. 45 nance, puifque deux pnrties peiivent fairc la qiiartc cntr'elles dans un ac- —— ^— — cord parfait; & cepcndant !a quarte de la bafc d'harmonie eft une note dil- „ fonante, piiifiju'il taut neceffairement celTer de la chanter pour arriver au " ^ s i q u e, repos : entrc une note & fa leconde,au contraire, il y a dilFonance, puif- Anne'i ittS. que dans un accord parfait dc'ux parties iie peuvcnt pas chanter h la feconde Tune de I'autre ; niais pour favoir laquelle des deux notes eft la note dif- fonante, celle qu'il faut cefler de chanter, il faut connoltre Ja bale d'har- monie de I'accord. Cette bafe d'harmonie eft toujours , comme nous I'avons dit, ou la note du ton dans lequel on eft au moment oil I'accord s'ex^cute, ou la qtiintc de ce ton -, & ce Cera cclle des deux qui , fe conformant d'ailFcurs aux loix de I'harmonie, fuppofera I'accord le plus limple, le moins diffonant. II y a quatre efpeces de notes diffonantes fur la bafe d'harmonie , les Jeptiemes J les neuviemes , les queries & Us fixtts. Toutes les fois que Ic muficien a employe I'une de ces notes diffonantes , il faUt raifonner dans I'applicadon des loix de I'harmonie, comme s'il avoit employ^ en effet tou- tes celles qui la precedent dans I'ordre ou nous venons de les nommer : il faut aufli reftituer la bafe d'harmonie, Il elle a dte fupprimde; c'eft-^ dire, enfin , que ces loix fuppofent les accords aufli complets qu'ils peuvent I'etre. L'auteur admet, dans chacun des douze tons, un mode majeur, & cinq efpeces de mode mineur : le mode & la maniere dont doivcnt eire aflec- tcs ou non, de diefes ou de bemols,les fept noms des degrds de Techelle ou de la gamme d'un certain ton. Les cinq efpeces de mode mineur font, 1°. le mode mineur tel qu'on le fuppofe i la clef, ou k mode mineur en dejcendant : la tierce, la lixte & la (eptieme du ton y font mineures; 2°. le mode mineur proprement dit, dans lequel la feptieme du ton eft majeure, c'eft celui qui eft cenfe regner toutes les fois que Ton n'emploie pas les cordes particulieres aux autres efpeces; }°. celui oil la lixte du ton eft aufli majeure, on I'appelle mode mineur en montant. Dans les deux autres efpeces , la quarte du ton eft luperflue, la leptieme etant toujours majeure; ce qui fournit 4°. le mode mineur avcc J'enjible de quinte , dont la pratique de I'accord appelle dc fixte fuperflue , demontre la neceflite ; & 5 °. le mode mineur en montant , avec J'enfible de quinte , dans lequel la hxte du ton eft majeure. C'eft en introduifant dans ces lix differens modes, fur la note du ton & fur la quinte les differentes notes diffonantes dont nous venons deparler, que Ton forme tous les accords complets, praticables dans I'harmonie. Cela pofe, l.i loi generale qui doit etre obfervee de proche en proche entre deux accords confecutifs , durant tout le cours d'un morceau de mu- fique, eft trcs-limple ^ enoncer. // faut, ou que la bafe d'harmonie foil commune , ou que toutes les notes du premier des deux accords fuppofe complet, appartiennent d la. gamme ou le Jecond fe trouve plac^. Si Ton ajoute ^ cela, qu'il n'eft jamais permis d'alt^rer ^ la fois deux notes entre lelqueiles il y auroit diffonance ; & fi Ton fe rappelle que loutc . Fij 44 ABREG£ DES MEMOIRES .— i,— mm; note qui a ete fuppofee diffonante dans le premier accord , ne peut pas devenir conlbnante dans le fecond , on aura lout ce qu'il eft effentiel dc Physique, [^y^■^^ f|jj. \^ fuccefllon des accords. Anne's iJjS. H refte i parler de Tarrangement des parties, c'eft-^-dire, connoiffant quelle eft la note du premier accord qu'execnte chacun des concertans , k determiner quelles font les notes da fecond qu'il convient h chacun d'exe- cuter : I'auteur enonce comme il fuit la loi gendrale fur I'arrangement des parties. II ne faut confiderer pour cet arrangement que la bafe d'harmonie dii fecond des deux accords confecutifs : il faut la fuppofer commune aux deux, parce qu'elle left en effet ou quelle peut toujours I'ctre. Alors touts note du premier accord qui Je trouvera diffonante fur cette bafe d'harmo- nie , doit ou tenir , ou paffer chromatiquenient fur une note de meme nom , ou aller diatoniquement fur une note conjbnante , en obfervant , lorfqu'il y a deux routes , que le repos abfoLd exige qu'on de/cende. II faut ajouter qu'il eft toujours permis de parcourir les ditFerentes no- tes d'un meme accord , celles qui fe fuivroient par ce moyen , fuffent- clles diflonantes I'une & I'autre fur la bafe d'harmonie commune •, & qu'il n'eft permis d'employer la marche meme des bafes d'harmonie , quand elles different en effet, que lorfque celle du fecond accord ne peut pas etre meconnue pour telle. On voit que ces loix font en petit nombre & tres-fimples : elles n'exi- gcnt, pour etre entendues, que des connoiffances en mufique trcs elemen- taires. L'auteur fe propofe de les developper dans un ouvrage particulier, & il a joint k Ces deux meraoires , qui ont ete imprimes dans le journal des favans, (cahier fecond de decembre 1778 , cahiers de Janvier & de fe- vrier 178 1 , ) des exemples notes, propres h faire fentir I'ctendue des ap- plications de ce fyfteme k la pratique de Tharmonie. DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. 4^ Physique. ' M ^ M O I R E AnrUe tjjQ. S U R t E S LAINES DE FRANCE, COMPAREES AUX LAINES ilTRANGERES. Par M. Daubenton. fES avantages du commerce font d'autant plus grands, que Ton con- M^m. noit micux les chofes qui en font I'objet : I'appat du gain eft un puiflant aiguillon pour exciter I'induftrie des commercans •, niais fouvent I'induftrie la plus fubtile ne donne que des connoiUances fautives, ii elle n'eft ap- puyee iur les principes des Iciences. II y a dans les produ(5bions de la nature un degre de perfeiflion qui eft au-deffus de la portee de nos fens, & que nous ne pouvons apperce- voir fans le fecours des inftrumens qui rendent nos yeux plus percans : ces moycns font abfolument neceffaires pour diftinguer avec precilion les differences qui fe trouvent entre les laines par rapport ^ leur nneffe. Le commercant qui a les meilleurs yeux & qui eft le plus excrce dans le choix des laines, ne peut difcerner h les filamens dune laine fuperfine ibnt plus delies que cenx d'une autre , lorfqu'il n'y a qu'une legere ditie- rence cntr'elles : cependant cette petite difference influe beaucoup fur le prix de cette march&ndife & fur la qualitc des etoffes que Ton en fait. Tant que Ton n'aura pas un moyen fiir pour diftinguer les diflerens degres de la finefie des laines, on fera expofe i de grandes meprifes fur celles que I'on vend, que Ton achete & que Ton emploie : on fera venir it grands frais des laines etrangeres qui feront fouvent inferieures ^ celles » de fon propre pays : le prix en fera toujours nrbitraire ; le manufafturier achetera au hafard des laines dont il ne connoitra la valeur qu'aprcs les avoir employees-, la qualite de fes etoffes ne fera pas proportionnee aux prix de la laine. Ces grands inconveniens dans le commerce , ne font pas les feuls qui refultent du dcfaut de connoiffance fur le degre de finefie des laines : il y en a un autre qui n'eft pas de moindre confequence. Faute de connoitre les differences qui font entre les laines fuperfines, on ne peut fe conduire qu'i I'aveugle pour I'amelioration ou pour le mainticn de cette produc- tion dans les troupeaux •, on ne fait li la laine des bcliers que Ion donne aux brcbis, les fera degenerer ou les perfei^tionnera. 46 ABKEGE DES MEMOIRES ^— ia—i^M» Cette incertitude m'auroit empeche dc donner aux experiences que ]'ai faites fur la prodinftion des laines aiitant de precilion que je le dellrois : Physique, j-^j ^^^ oblige de mefnrer le diametre des filamens de la laine pour re- ylnne'e t77Q. connoitre & comparer leurs difFerens degres de fineffe ; J'ai pris cette di- mendon exadement par le moyen d'un micrometre, que j'ai fait tracer exprcs pour cet ufage fur une lame de cryftal de roche, par la machine ii divifer de M. Megnie. Ayant obferv6 » avec cet inftrument applique au m«crof:ope, tous les cchantillons que j'ai pu avoir des laines, non-feuIem;nt de France, raais audi des pays dangers, j'ai vu qu'il n'y a point de laine, meme des plus groffes, qui n'ait des filamens tres-fins, dont le diametre n'eft que la 560^. partie de la ligne du pied-de-roi. J'ai en meme temps reconnu que les laines les plus fines ont des fila- mens dont le diametre va jufqu'i la 1406. partie d'une ligne. J'ai fixe h ce point le premier terme de la laine fupetfine, parce que je n'ai pu trouver aucune laine dont tous les filamens fuflent plus fins ou qui n'en eut point d'aulTi gros. Toutes les laines ayant des filamens tres-fins , on ne peut diftinguer les difFerens degres de la fineffe & de la grofleur de la laine que par les fila- mens les plus gros : on les trouve facilement, car ils font toujours h I'ex- tremite des flocons de la toifon, que Ton appelle meckes. II n'y a qu'un loe. de ligne entre les cot^s paralleles des carr6s du mi- crometre dont je me fers pour mefurer le diametre des filamens des lai- nes ; il eft place au foyer de I'oculaire du microfcope •, la lentille groflit quatorze fois-, par confiquent le diametre d'un filament de laine qui eft au foyer de cette lentille , & qui paroit occuper par fa largeur un carre en- tier du micrometre ,• n'eft que de la 140^. partie d'une ligne. Toute laine dont les plus gros filamens ne rempliffent par leur largeur qu'un carre du micrometre, eft done une laine fuperfine au premier de- gre, c'eft-i-dire, une des plus fines de toutes les laines que j'ai pu avoir. Cette connoiffance etant acquife , j'ai fait les memes obfervations fur les laines les plus groflieres, & j'ai vu que la largeur de leurs filamens les plus gros occupoit jufqu'^ dx Carres du micrometre, qui valent la 256. partie d'une ligne. Je dois faire remarquer ici qu'il ne s'agit que des filamens de vraie laine, & non pas de ceux du Jarre, qui ne font que des poils durs meles avec la laine : les plus gros de ces filamens rempliffent jufqu'i onze car- res du micrometre, & leur diametre eft par conf^quent la ii^. partie d'une ligne. II y a des jarres moins gros, & meme d'aufli fins que des filamens de laine fuperfine; mais pour peu que Ton foit exerce ^ I'examen des lai- nes , on reconnoit aifement le jarre. II ne fiiflifoit pas de connoitre les termes extremes des laines les plus fines & les plus groffes, il falloit encore fixer des termes intermidiaires pour diftinguer differentes fortes de bines par rapport ^ differens degres de leur fineffe & de leur groffeur pour I'emploi que i'on en fait dans les nunufacSures. r, DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. 47 On dedgnc ces diffcrentes forte s par les denominations de lames Juper- 11. . . fines, fines, mi- fines . moyennes , mi-groff'es & grojjes , mais on n'a au- p „ ^. j , <, u e. cune regie fure pour les diflingucr : ces denominations varicnt trcs-ioii- venf, la mcme laine, ail mcme dcgre de finctie, elt regardce comme fine /Inn^e 777^. dans un pays, & comme fiiperfine dans iin autre : ci-tte incertitude occa- fionne beaucoup de meprife dans le couiruerce , par ignorance ou par lu- percherie. J'ai tache de fixer toutes ces denominations , en indiquant les dcgrcs de fineffe de la laine auxquels on peut les rapportcr : cette diviiion des l.ii- nes eiT difFercntes fortes eft arbitraire •, elle n'a etc iniagince que j)0Ur la commodite des manufadluriers. La nature ne produit pas ces diltercnt^-s fortes de laines feparcment les lines des autres-, au contraire on en trouve plufieurs melees enfemble dans la meme toifon Sc dans la raeme meche : il faut en faire le triage pour avoir les laines fuperfines, les laines fines, & d'autres fortes qui font ncceflaires pour ditferens emplois dans les manii- fe(5ures. La divifion des laines en difFerentes fortes etant arbitraire, Je me fuLs ropof6 d'en faire une qui filt d'accord , autant qu'il feroit polTible, avec ^ es notions refues parmi les commer9ans, & qui put leur fervir de guide dans leurs conventions. J'ai fait voir qu'une laine eft fuperfine au premier degre, lorfque le dia- nutre de fes plus gros fiiamens n'eft que d'une 1406. partie de la ligne : ce premier terme eft certain par les preuves que j'en ai donnees; mais . quel eft le dernier terme de la laine fuperfine ? i quel degre de fineffe la laine doit-elle perdre le nom de fuperfin & prendre le noin de fin } Pour r(5foudre cette queftion , J'ai obferve vingt-neuf echantillons de laines qui venoient de magafins & de manufadures ou elles ctoient re- gardces comme fuperfines. Ayant reconnu , par des oblervations foigneu- lement rcpetees , que les gros fiiamens de ces laines occupoient rarement plus de deux carres du micrometre , j'ai fixe le dernier terme des laines fuperfines a celles dont les plus gros fiiamens rempliffent par leur largeur deux carres du micrometre , & dont le diamctre eft de la 70=. partie d'une ligne. Apres les laines fuperfines, J'en diftingue quatre autres fortes, fous les denominations de lames fines, de laines moyennes , de grojfes laines Sc de laines fupergrojjes , ce qui fait en tout cinq fortes de laines depuis la plus fine julqii'i la plus groli?. Cette divifion eft plus commode & plus exade que celles qui ont etc jmagin^es jufqu'^ prefenf, elle partage en cinq parties egales la diflerence qui fe trouve reellement entre les laines les plus fines & les plus groffes. Quoique les denominations de mi-fin & de mi-gros foient en ufage, je les ai fupprimces, parce que J'ai reconnu, apres plulieurs effais, que cette multiplicite de noms rendoit leur fignification equivoque. Les cinq fortes de laine que Je diftingue s'accordent avec la progrelTion de la na- ture dans la produdion des laines , pal rapport \ leur fineffie & ^ leia +8 ABREGfi DES MEMOIRES Igroffeiir : celles que j'appelle moyennes le font leellement, puifqii'elles p correfpondent au terme moyen entre les deux extremes des laines fuper- ^^ y • £j^gj ^ jgj fupergrolles : les laines fines & les groffes font placees ^ egales Ann^e IJT9- didances entre les laines moyennes & les laines fupergroffes & fuperfines. Voil^ done uiie nomenclature fimple, exafte & applicable aux laines As tous les pays , fans qu'elle puiffe varier, fuivant les interets dcs proprie- taires , des commercans & des manufadiiriers. Les laines de chaque forte ont differens degres de fineffe ou de grof- feur, puifque les diametres des tilamens qui indiquent leurs denomina- tions, varient de la i+ce. partio d'une ligne. Quoiquc cette difference pa- roiffe peu condderable, elle eft iniportante pour la valeur & le prix des laines : il faut neccffairement diftinguer dans ciiaque forte des laines de deux qualites diff(5rentes •, celles de la premiere font les plus fines, & celles de la feconde font les plus groffes. Cette diftindion eft plus neceffaire pour les laines fuperfines & pour les laines fines que pour les autres, parce qu'elles font d'un plus haiit prix, & que Ton en fait des ouvrages ou les differens degres de fineffe font ^ plus intereffans. En admettant un phis grand nonibre de fortes de laines, J'aurois pu ' fupprimer ia diftindlion de deux qualites dans chaque forte , mais je fc- rois tombe dans un grand inconvenient : j'aurois rendu la connoiffance des laines fort equivoque, beaucoup plus difficile, & peut-etre impoffible pour les bergcrs & les autres gens de la campagne , & pour la plupart des inarchands. On ne pent fe paffer du microfcope pour determiner avec precifion tous les degres de fineffe de la laine par les diftcrentes grandeurs du dia- metre de fes filamens, pour limiter les differentes fortes de laines, pour les faire connoitre dans leur ctat adluel & montrer ^ la pofterite les chan- gemens qu'elles auront eprouves dans les temps ^ venir : mais je fuis fort cloigne de propofer ^ tous les marchands, \ tous les proprietaires de trou- pcaux & aux bergers , d'avoir des microfcopes pour reconnoitre les diffe- rentes fortes de laines-, il n'y a que les commercans & les grands manii- fadurieis qui doivent fe fervir de cet inftrumentj il leur fera ties-utile, & meme abfolument neceffaire , toutes les fois qu'ils feront obliges de connoitre exadement le degre de la fineffe des laines dans des cas im- poitans \ leur commerce ou \ leurs fabriques. Pour I'ufage ordinaire, il fuffiroit d'avoir des echantillons des cinq fortes de laines , qui auroicnt ete verifies au microfcope , & auxquels on compa- reroit les laines dont on voudroit connoitre le degre de fineffe ou de grof- feur; une feule perfonne pourroit en peu de temps choihr & eprouver an microfcope, un tres-grand nonibre de ces echantillons pour les diftribuer par-tout oii il feroit neceffaire. De petits flocons de ces laines etant epars & appliques fur un ve- lours, on fur un drap noir, on voit leurs rapports avec les laines dont on veut cQiinoitre la fineffe qu la grolfcur. On DE UACADEMIE ROYALE DES SCIENCES, 49 On poiirroit aufli avoir pour objets de coniparaifon des fils d'argent li^MM— — trait, du menie diametrL" que les filamcns des cinq fortes de laines ■, le „ metal auroit bientot perdu Ton cclat, & prendroit une couleiir approchante " y s 1 o u f de celle de la laine. Je crois qu'il fe fait du fil d'argcnt aulli fin que les Annie I'jq. filamcns de la laine ftiperfine au premier degri ; car M. Tillet, adiuelie- ment diredleur de I'academie , m'a donnc un echantijlon de fil d'or qui n'a en diametre que la yce. partie d'une ligne, & qui eft par conf^quent d'uiie grofleur egale ^ celle de la laine fupcrfine de la derniere qualite. On pourroit fans doute faire du fil d'argent plus dtlic , & avoir des echan- tillons qui correfpondroient aux diff'erentes fortes de laine : ces echantil- lons ne feroient pas fujets aux accidens qui detruifcnt la laine , mais je iie les ai pas eifayes ■■, je ne fais s'ils rempliroient mes vues. II y auroit encore un autre nioyen pour reconnoitre les diff^rentes for- tes de laine, qui feroit plus iTmple pour les gens de la campagne : on pour- roit leur indiquer , fur difterentes parties du corps d'un animal qui fe trouveroit dans tons les pays, le poil qui auroit ^ peu-prcs le meme dia- metre que les filamens de chaque forte de laine : le duvet de la fouine eft audi fin que la laine fuperfine au premier degre ; le gros poil eft «»peu-pres de meme grolfeur que la laine fupergroffe. J'ai trouve audi des rapports entre le poil d'autres parties du corps de cet animal & les autres fortes de laines; mais ces obfervations ne font pas atTez confirmees : Je m'en tiens pour le prefent aux echantillons reels des rinq fortes de laines. Ces echantillons etant appliques ^ deux pouces de diftance les uns des autres, fur une etofJe noire expofee au grand jour, on place la laine que Ton veut comparer entre les deux echantillons qui paroiffent au premier coup-d'ccil y avoir le plus de rapport. Suppofons qu'elle foit entre le fin & le fuperfin : en examinant attentivement ces trois objets , on reconnoit li la laine mife ^ 1 epreuve reffemble plus 4 I'echantillon du fin qu'4 celui du fuperfin-, dans ce c.s, elle eft fine de premiere qualite •, au contraire li elle a plus de rapport avec I'echantillon du fuperfin qu'avec celui du fin , elle eft fuperfine de feconde qualite. Par ce moyen , on faura de quelle forte font les laines, & de quelle qualiti dans chaque forte -, on en reconnoitra mieux la valeur & le prix : on pourra choilir les beliers les plus convenables pour amcliorer les lai- nes d'un troupeau par leurs alliances avec les brebis, ou au moins pour les empecher de degenerer , comme il n'arrive que trop fouvent par le defaut d'intelligcnce pour le choix des beliers. Ces objets n'etoient pas les feuls que j'avois en vue , lorfque j'ai re- . cherche les moyens de conftater cinq fortes de laines, & de les faire con- iioitre : je me fuis aufTi propofe de comparer exactement les laines de France, fur-tout les plus fines avec celles des pays etrangers , & de recon- noitre k quel point de perfedlion j'etois parvenu par mes experiences pour I'amelioration des laines. J'ai fait la coraparaifon des laines dans toute Pitendue qui m'a ^te pof- fible -, j'en ai mis a I'epreuve rigoureufe du microl'cope un tres-grand nom- Tome XVI. Partie Fran^oije. G ,o ABREGfi DES MEMOIRES . bre de differentes fortes , parmi lefqiielles i\ y en a de pays fi eloign es ■ ~ ~ que je n'aurois jamais pu me les procurer fans la protedion dii gouverne- r 11 Y s 1 Q u E. j^^gi^j j^^,; 3 touiours favorlfe mes rccherches. Ayant obfcrve ces laines Jnnce 1779. -ivec la plus grande attention , j'ai reconnu que les plus fines venoient d'Efpag'ne. J'ai obferve un grand nombre d'ichantlllons des laines fuperfines qu^ nous vienncnt de I'etranger, je ne les ai pas trouvees au premier degre do finefie. J'ai audi vu des laines de RoufTillon au premier degre de la fecondc qualite de fuperfin , & des laines de Berri & d'Auxois au dernier degre. Quoique la grandeur du diametre des fiiamens des laines fuperfines au premier & au dernier degre ne differe que de la cent quarantleme partie dune ligne , cette difference eft trcs-fenfible dans les ctoftes fabriquces avec ces deux fortes de laines-, cependant le comraercant ni le manufadlu- rier ne peuvent abfolument pas I'appercevoir dans fcs dillerens degres fur les laines : aufli arrive-t-il quelquefois que le fabricant fait les nieilleures ctoftes avec les laines fuperfines qui lui ont coute le moins , parce que toutes les laines qui ont un certain degre de fineffe, font vendues & ache- tees k I'aveugle. J'etois dans la meme incertitude au milieu des laines de ma bergerie , avant d'avoir trouve le moyen de determiner avec precifion leurs dlfte- rens degres de fineffe •, mes yeux, meme avec I'aide d'une loupe, me fer- voient mal ; lorfque je confultois les meilleurs connoiffeurs que je pouvois trouver, je les voyois fort indecis, & fouvent ils fe contredifoient d'un moment ^ I'autre. Enfin j'ai mis h I'epreuve invariable du microfcope les -laines qui ont cte ameliorees par mes experiences , & j'ai vu avec beaacoup de fatisfac- tion qu'elles etoient parvenues au premier degre de fuperfin. Par exemple, la Line d'un belier de trois ans eft a ce haut degre de fineffe, quoiqu'il foit venu d'un belier & d'une brebis, tous les deux metis de races de Rouffillon & d'Auxois , dont la laine n'etoit que de la fe- conde qualitc de fuperfin ■■, ce belier & cette brebis avoient hi. produits eux-memes par des beliers de Rouffillon k laine fuperfine de la feconde qualite, & par des brebis d'Auxois k laine moyenne. Par la premiere generation , la laine fuperfine du belier a change la laine moyenne de la brebis en laine fuperfine de la feconde qualite dans I'agneau qu'ils ont produit. Cette amelioration eft fi vraifemblable , & je I'ai vu tant de fois , que je n'y trouve rien d'extraordinaire -, mais je fuis toujours furpris que dans la feconde generation, I'agneau ait eu une laine fuperfine au premier degre, quoique le pere & la mere n'euffent qu'une laine fuperfine de feconde qualite. J'ai dej^ vu plufieurs fois cet evcne- ment dans la fuite de mes experiences-, je ne puis I'attribuer k I'influence du belier ou de la brebis fur leur agneau , puifqu'il les furpaffe dans la fineffe de la laine : il faut neceffairement quelle ait ete perfeiSionnee par une caufe ^trangere. DE UACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. 51 Ce n'efl pas Is choix des aliniens, car tons Ics nietis de nia bergerie ne «■— — ^— font nourris la plupart dii temps que de paillc : j'ai toujours eu pour prin- cipe, qu'il ne faiit jamais favorifer les experiences de ce genre, mais les " " '"^ ^ ' "2 u e. faire en toutc rigiieur. Annii 1773. Mes troiipeaux vont aux parcours fur de petites montagnes & fur des coteaux fees & maigres i il eft certain que ces paturages font trc-s-bons pour la production des laines fines ; mais quoiqu'il y ait des paturages de cette nature dans tous les pays montueux , les laines n'y ont pas et6 am^liorees conime dans ma bergerie. Je prefume que le plein air auquel mes tronpeaux font expofes nuit & jour en rout temps, a beaucoup influe fur ram^iiorafiori de leurs kines; mais je n'en ai point de prcuves convaincantcs : je tache d'en acquerir par des experiences que je fais expres dans cette vue. II eft toujours trcs-difficile & fouven: impoffible de diftinguer les dif- ferentes c.-.ufes qui influent fur les produftions de la nature : nous pouvons les recherchcr (ans impatience lorfqu'elles produifent de bons eftets. II eft certain que I'on peut avoir en France des laines fuperfines de premiere qualite, & meme au plus haut degre : I'epreuve que j'en ai faite me pa- roit affez conftante; afTez evidente & affez repetie pour que les moyens qui I'ont produite puiflent etre utiles au public. Douze ans d'experiences m'ont determine \ les expofer dans une inftrudion pour les bergers : je la foumettrai au jugement de I'academie, & je la publierai li elle eft jugt^p digne de fon approbation. Physique. Annee t'j'jQ, 51 AHREGEDESMEMOIRES M E M O I R E S V R LA POPULATION DE PARIS, E T S U R CELLE DES PROVINCES DE LA FRANCE, Avec des recherches qui itahliJJ'ent I'accroiffement de la Population de la Ciipltale & du rejle du Royaume.- VEPUIS LE CO MMENCEMENT DU SIECLE. Par M, M 0 R A N D. Mim. \_J Atis le volume de nos memoires pour I'annee 1771 {a), J'ai donne line recapitulation (annee par annee) des baptemes, mariages, mortuaires & enfans-trouves de la ville & des fauxbourgs de Paris , depuis le com- mencement du fiecle jufques & compris 1770. Ce fommaire, precede de quelques remarques appropriees au fujet, & qui tendent ^ I'eclaircir, ayant ete agreable k I'acadcmie , je me fuis engage ^ fuivre ce travail , ^ doniier de temps en temps le refume general des annees fubfequentes, en Taccom- pagnant de reflexions dans le cas ou, au bout d'un certain temps, il reful- teroit de ce recenfement quelque coiinoiffance importante. Parmi les obfervations que le premier tableau m'a donne occafion de prefenter fur cet objet, une des principales , en ce qu'elle intereffe le fentiment naturel de Thomme pour fa propre confervation , eft la duree de la vie, plus grande dans nos pays qu'on ne I'avoit eftime commu- nement , malgre ce qu'on pouvoit en prefumer de la temperature ex- ceffivement variable de notre climat. Des 1760, M. de Parcieux {b) avoit bien avance qu'il n'ejl pas fi rare qu'on le croit ordinairemeiit , de trou- verici, comme ailleurs , des gens tris-vieux (f)j & toujours plus de fem- (a) Voyez le tome precedent de cette colledion acad^mique Partie Franjoife, fous I'annde 1771 , au titre Taik def monalites. (i) Addicion k I'eflai fur les probabilites de la dur^e de la vie humaine , in-^to. Pa- ris, 1760. (c) On fait que la foci^t^ royale de Londres a aufii reconnu, apres des recherches dont on tic peut guere fufpeftcr I'exadtitude , qu'il ne mouroit, par annee commune, qu'une perfonne fur quarante-deux. DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. 53 mes que d'hommes [a], Ce que nons avons remarqiic dans notre tableau etnixA fur k- grand nonibre de vieillards, femblc ajouter qiielque chofe p & qut'lqiie Evidence i robfcrvation de M. de Parcieux , flattcufe fans doute pour tous les hommes en particulier, dont elle autorife un plus Annie 177^. grand nombre, quoique toujours infiniment petit, i cfperer ces anndes de graces & de faveur, qui conftituent ce qu'on appelle le dernier age de la vie {b). En continuant nies recherches, principalement en les rapprochant de celles qui ont ete f.iites par d'autres que moi, je n'ai pas etc peu frappe d'une indudion qui interelFe grandement le corps de la lociete -, & (1 cette inducftion fe connrme , ou li elle relulte inconteftablement de fupputaiions exadtes (comme il lemble qu'il y a lieu de le penfer], elle n'cft pas moins jmportante que la premiere : racademie jugera ii elle merite d occuper une place dans la redaction du travail quelle m'a confie, & dont je lui donne aujourd'hui la continuation. Depuis Diodore de Sicile, tous les hiftoriens de I'antiqinte, Strabon & un grand nombre de favans, ont pretendu que Tefpece humaine a fouf- fert de tres-grandes redudions; un des genies du iiecle de Louis XV (car il eft permis ^ un obfervateur de crayonner lur fes tablettes jufqu'aux reves des grands hommes), Montefquieu , portoit les chofes plus loin; ne te- nant point compte des recrutemens de population, ni de leur podibilite, il penloit que la terre fe depeuploit tous les jours, au point qu'en fup- pofant cette diminution d'habitans fur la furface du globe foutenue pen- dant dix fiecles , la terre finiroit par n'ctre plus qu'un defert : ces opinions font connues de toutes les perfonnes inftruites, ik rappellees dans plufieurs ouvrages ( <;). (a) Dans I'cfpace de vingtdcux ann^es, depuis 1745 jufques & compris 1766, !e nombre des mortuaires des femmes n'eft que de 191753 au-iicu de 2I3487, qui eft celui des hommes. M. de Buffi..n en conclut, qu'Ji Paris, les femmes vivent plus que les hom- mes, dans la raifon 'de 213487 a 191753 ■. c'eft-i-dirc , un neuvieme de plus, 4 tres peu- pres, ou que fui dix anneesdevie courame , les femmes ont un an de plus que les hommes. (<) A ce que j'ai rapporte dajis men premier memoire fur la longue vie , j'ajoute- rai ici un nouvel e.xemple frappant dans une meme famille , k Metz en Lorraine ; il a ele public dans les gazectes d'agricukure & du commerce, annii 1779 , «°. 7. ftil. 564.. De fept fieres & fosurs , dont cinq garcjons & deux fiiles , Le ler. de ces enfans, garjon, avoit 74 ans. ame fille , .... 75, 3me garjon , . . . 78 , ^me. £IIe, .... 79, 5me. ....... gar?on, ... 81 , 6me. ....... garjon , ... 83, Tme garson, . . ■ 9' » Faifant entr'eux fept 561 ans. Dans I'intervalle de ces deux annto 1777 & 1779 , la fille 3g^e de 75 ans, & le gargon de 83 ans, font morts; les autret jouiffoient alors d'une bunne fani^. (c) Lettres Perfanes. L'ami des hommes. 5+ ABREG^DESMEMOIRES Dans ces dernicis temps, quelques eciivains femblent ajouter foi ^ ces prclages finguiiers , & les out etayes de quelque vraifemblance : ils foii- 'tiennent, par exemple, pour la France, que depiiis le projet de la dime Anm'e ijjg- royale, attribiie ^ M. de Vauban, & dont il a parii une Edition in-iz & une in-^to, frnprimee en 1707, la population dii royaiime eft diminuee de plus de trois millions d'habitans. Dans une brochure, publiee en 1760 {a)i on a avance comme demontre, que les pays les plus riches de I'Europe fe dcpeuplent vifiblement. L'auteur de I'article curieux fur la population ^ qu'on trouve dans \ Ency dope die , publie en 1765 {b), apres avoir re- marque que, depuis le fiecle dernier, la monarchie eft augmentee de plu- lieurs grandes provinces, prdtend que fes fujets font moins nombreux d'un cinquieme, qu'ils ne I'etoient avant la reunion de ces provinces \ la cou-, ronne. Un etat raifonn^ de la population de Londres&de celle de Paris, infere dans un de nos journaux periodiques en 1771 (f), a conduit Tau- teur de cette recherche (rf) \ opiner, comme ceux qui viennent d'etre cites, que la population de toute I'Europe diminue, & quelle ne foutient nullement la comparaifon avec celle qui exiftoit il y a feulement un fiecle: £» la fuite d'un tableau compofe pour Londres & pour Paris , d'une fuite d'annees egales pour Tune & pour I'autre de ces deux capitales, tant en naift iances qu'en morts, vient un refultat qui n'eft \ I'avantage ni de la popu- lation de Londres, ni de la population de Paris (ej. Cette derniere feule nous interefle efl'entiellement •, c'eft ^ elle feule que je m'arrete , d'autant plus que pour ce qui eft de Paris, les fupputations dc Pacadcmicien de Mecz, & les confequences qu^il en a tirccs , font reftees confignees dans ce journal, fans avoir ete contredites jufqu'il prefent : elles acquiercnt des- lors une certaine force , •& font fuppofees avouees. Anterieurement M. I'abbe Expilly s'etoit dej^ eleve contre cette affertion. M. de Parcieux , dont les fupputations n'etoient cependant relatives principalement qui deux clafles' d'homnies , roturiers & religieux , avoit foupconne i'accroiffement de la population de la capitale de la France. Les perfonnes qui fe font occu- pees de ce genre de fpeculation , & celles chargees de certaines parties d'adminiftration , font autorifees i penfer qu il n'y a rien de moins vrai que ce deperilTement de population dans Paris. Seroit-il indifferent de defabufer ou de ne point defabufer I'univerlalite des citoyens fur un fait (a) Traicd fur divers fujets intereffans de politique & de morale , du commerce 8: du Iuxe,/a^e 216. (i3 M. Damilaville. (c^ Gazette d'agricufture, da commerce & de finance, 11 avriI,joj£e 229; 14 avril, /a^e 236 ; i8 avri! , /a^s 245. {d') M. Auffrai , des acadt?mies de Metz & de Marfeille. (c) D'apres un e'tat depuis 1759 inclufivement, jufqu'en 1772 exclufivement , comparS avec un ^tat de naiflances & de morts , en 1682 , il comptK; miile habitans de perdus par an depuis 1682 , & pretend que depuis treize ans , la population de Paris perdoit chaque anne'e dix-huit cent foixante-deux perfonnes ; enfin , il trouvoic alors douze cents nailTances de moins , & deux mille deux cent quatre-vingt-cinq morts de plus j & ia population , eftimee lelon lui i fept cents miile habitans , diminuee d'un huitieme. DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. ,5 dc cette nature ? II eft fans contredit uii fiijet d'encouragement li la po- m^— — 1 pulation fe foutient, encore plus li elle augmente : quel iujet de dccou- ragcment, au contraire, li cette population s'aftbiblit fenliblenient fans fg^ " '''■ ^ i Q u f. rclcver, particulierement aprcs quelque calamitc ou quelque epoque, pro- Arn^c J-'^q pre i faire foupconner des emigrations ou un dcfaut de reproduction, ' " '^ capable de faire renaitre I'idee d'line depopulation foutenue ! Et cc dernier fentiment ne laifTe pas que d'avoir des partifans. Commencons done p.ir jetter les yeux autour de nous-, examinons d'abord (\ cette maniere de voir les variations & les alteratious de norre population de Paris , fe ve- rifie dans quelque point : portant enluite nos regards dans les provinces , examinons s'il eft bien certain que notre generation , en s'epuifant dans fa reproduiflion , annonce ces approches, entrevucs de (i loin, de la pre- JTiicre vieillelfe du monde entier, & particulierement celle du royaume de France. En s'attachant uniquemcnt i confiderer fous des afpeds generaux-, les /ignes auxquels on pourrolt reconnoitre cette deftru(5lion , rien ne paroJt les appuyer : quant ^ la capitale, par exemple, fes limites reculees i deux repriles diffsrentes depuis un (iecle, atin d'y ajouter d'abord au quartier Saint-Sulpice & au quartier de Richelieu , deux villes nouvelles ; deux autres, de nos jours, a celui de la Ville-l'Evcque & h la Chauffse d'An- tin , font reputees par quelques perlonnes un ligne d'accroilTement de population [a). A I'egard des provinces, on pourroit en tirer la nicme indudion de lepuifement des forets & de la rarete des bois de chaulfage, ^ li verite refultats du luxe des particuliers & de I'inattention du gouver- nemcnt h replanter les bois, mais neanmoins fuites egalement cvidentes d'une grande population {h). Ces prefomptions generales font plus que plaufibles, plus fortes du moins que les conjectures de la depopulation du royaume ; elles font incontefta- blement beaucoup moins fautives que les combinaifons fur lefquelles plu- fieurs ecrivains fe font appuyes; elles ne doivent cependant etre ici d'au- cune conlideration ; aufli les negligerons-nous entierement : un point de cette confequence demande ^ etre porte jufqu'i 1 evidence, autant que la chofe en eft fufceptible. La difcuflion par laquelle je vais effayer de mettre tout le monde indiftinclement en erat de juger , n'entrainera pas de longs details; c'eft entierement une affaire de calcul. Pour lever tout foupcon de (a) Ce n'eft pas que nous pr^tendions que I'on puifle conclure compl^tement Je cette Jiouvelle (itendue de fuperficie, couverte d'habitations : fans doute la recherche de Icaemens commodes & fpacieux , entre I'eule pour beaucoup dans ces accroiflemens d'^tendue de local ; mais peut-on diiconvenir que ces logemens n'emportent un plus grand ^tat de mailbn, en augmentation de domeftiques , dont la plupart en fe mariant, ont n^cclTairement augment^ la population I II eft en meme temps difficile de croire , que depuis un fiecle le nombre des artifans, des petits marchands & autres, ne foit pas double ; raccroiffemens des corps & communautes , de fiecle en fiecle , eft une chofe hors de doute. (4) M. de Huifon , dans fon fuppk'ment au tomt iTde I'hiftoiredu cabinet du roi, fjit iudicieufement la remarque fuivantc, qui fe rapporte abfolument 4 nocre iiiii ; plus , dit ce 6vant,//«s la hummts fi muli'j'hcmu , plm Us foriti dimimsront. 5<; ABREGE DES MEMOIRES — ^— ^— i» preoccupation de nia part, je m'abftiendrai d"y faire rien entrer de mon travail particulier-, il me lliffira de remplir les fondions d'hiftorien, c'ell- Physique. <^_ jjj.^ ^^yg jg fjj'g,, tiendrai ^ raffembler les premieres autoritcs que J'ai Annk rj'^O. priles au hafard , \ mefure c|u'elles fe font prefentees jufcju'i I'aiuiee der- niere , & fans en avoir choili aiicune par preference. Des difFerentes manieres de juger I'accroilTement on le decroiffement de population d'une viUe (a), celle qui procede par Taugmentation & la diminution du nombre des naiffances dans une periode de temps fixe, nous femble la plus aifee aujourd'hui , la plus fiire , la meilleure (h); & fa) M. de Parcieux, dans fon addition, a fait connojtre une fa9on tr^s-fimple , dont s'y prenoit un cure de Normandie , pour former une lifte de mortalit^s : le diftionnaire hifiorique , geographique & politique des Gaules & de la France , par M. I'abb^ Expiliy , f tome Vjimprimeen 1768 , au mot poyniation') , leprojet d'une dime royaie, iH-4fo. 1707, paj^c 187, ont donn^ differens modeles de deiiombrcmens que Ton peut confulter. Aux duts de naiffances & de morts, pour les provinces, il feroit bon d'ajouter un d^nombre- ment, ou du moins le nombre des paroifles, dont font compofes les cantons qui donnenc matiere Si ces etats. (i) Peut-etre aulTi I'examen fuivi & compare, en differens temps, de la confomma- tion d'une grande ville , telle que Paris, quoique bien fujette a variations, auroit quel- que utilite ; nous infererons ici un etat de ce genre , pour , dans la fuite , lervir de terme de comparaifon avec d'autres. Etat de confomtnation de toute ejpece de vivns , dans Paris, 1664. 1800000 fetiers de b!^. 900 fetiers de fet. 770CO boeufs. 1 10000 veaux. 420000 moutons. 14400 cochons. 33977 morues. 32590 barils de harengs. 3250 barils de faumon fal^. 1340 barils de maquereaux fales. , f charbon de bois. 41315 vo.es de "i charbon de terre. , 4 h 500000 voies de bois. 3212000 fetiers d'avoine. 10000200 bottes de foin & de paille. 5004519 livres de fuif. 160000 rames de papier pour rimprelTton. 1 papier pour ^criture. o J •) cartes it jouer. *ooooo rames de o{ . :,' , r.- I cartes de g^ographie. ^ eftampes. J'ai cru pouvoir adopter cet ^tat , public par M. I'abbe Expiliy , fans neanmoins garantir en aucune maniere fon exaftitude : d'anciens ecrits fugitifs renfermoient une note fur le mcme objet; quelque peu d'authenticit^ que puiffe avoir une pareille note, prife dans ces foiirces, je placerai ici celle que je trouve dans un Almanach ; il y eft dit, qu'ii fe con- fumme 'j. Paris , anniSe commune , 900 muids de fel. 12800 muids de ble. precifement DE UACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. 57 precifement le tableau des naiflances & dos raortuaires de Paris , depuis ■■ "* le commencement du fiecle , prefcnte dcs aduellemcnt pour cette capit.iL-, des refultats de nature h intereffer Ics citoyens de tous les ordres. Oii^ verra » i « u £. tout-i-riieurt- qu'ils font tout-i fait oppoies, foit aux annonces, foil aux ^nn^g tjyg. fupputations liniftrcs dont nous avons paric au commencement de ce mc- moire. En donnant une notice chronologique de quclquesuns de ces re- fultats, nous avons pour but de fubftituer h ce fyfteme de depopulation, un tableau plus vrai & plus agreable pour les generations qui lliccsderont ^ la notre : ce tableau, auqucl j'ai ciiKpouvoir m'arreter aprcs avoir comptd les voix, niontre que la jiopuluion du royaume, qui par des circonflances tclles que celles que Ton fait arriver de temps en temps dans les grands ctats, pourroit avoir ete knguiiiante , peut-etre meme altiree jufqu'au com- mencement de ce fiecle, i-pcu-prcs (a); ce tableau montre, dis-je,que la population du royaume s'accroit aujourd'hui fenfiblement , ou tout au moins qu'elle ne diminue ccrtainemcnt pas dans Ic moment aifluel , comme le pr^tcndent quelques perfonnes. Par exemple , le denombrement de Paris, commence fous Colbert (b), porte la population de cette capitale k fept cent vingt mille perfonnes (c) : ce meme nombre ne fe retiouve peut- 77000 bcEufs. 120000 veaux. 340000 moutons. 32400 cothons. 37978 morues. 32560 barils de harengs. 3250 barils de faumon (aJS, 1340 barils de maquereaux tilis, ... C charbon de bois. 41315 muidsde ^^,,^^^„ jgj^„g_ 5C0000 voies de bois. 33212 muids d'avoine. looooooo bottes de foin. 200000 bottes de paille. • (a") Comme elle I'eft quelquefois palTag^rement , feron Fa rigueur des hivers, felon les mauvailes ann^es ou des conftitutions ^pid?miques , felon I'affluence de la province & des pays Strangers , felon enfin des evenemensparticuliers: c'elt ainfi que par le tableau de 1710, OD trouve une difference au moins d'un cinquieme de nailTances, fur les naiflances d;s an- neet pr^cedentes ; non-feulement , la population avoit perdu un cinquieme fur la reproduc- tion, raais encore prefque le double par la mortality, & un quart de moins de mariages, dont le nombre, ainli que celui des naiflances, pr^fente toujours, dans Paris, moins de variations d'une annee !i I'autre , que le nombre des morts. Depuis le commencement de nos dernieres expeditions maritimes, qui expatrient nombre de fujets, dont la plus grande partie ne reviendra point , on doit s'attendie k voir une difference marquee dans notre population. (4) En 1682, & rendu public peu d'ann^es apres la mort de ce miniftre, en 1694. (c) Avant ce denombrement vrai, & generalement adopte aujourd'hui, le nombre des habitans de Paris femble avoir ete evalue a un million, on ignore fur quel fondement; il eft porte ii ce taux par le pere Bonflingaulr, fuperieur & chanoine regulier , dans un ou- vrage intitule le Guidt wiiferfd des P ays- has , iii-11 , tmificmt edition, l(t-^1 , page 358. L'abbe de Saint-Pierre, & depuis lui plufieurs ccrivains, le font monter i buit cents mille, CSc ils ajoutent qu'il meurt, annee commune, dix-huit i dix-neuf mille perfonnes, lur Tingt environ qui naiffent. Le Maire, auteur de I'ouvrage intitule Paris, ancien if noui-cau, tome I, page 6, eiai prejliii de la ville de Paris, en J685 , a auffi adopte ce nombre de morts dans Paris. Tome XVI. Panic Franco ije, H ^8 ABREGE DES MEMOIRFS lit— "i^" etre pas anjourd'hui •, mais la diminution des morts & raiigmentation des naiffances , etablies par notre tableau depuis environ une quarantaine d'an- P H Y s I Q u i-jj^pj (^^^ font difparoitre I'idee de continuite de depopulation. ytnn^e 1773- L'ivaluation de M. I'abbe Expilly, portee k fix cents mille habitans dc Paris, vers I'annee 1760, (b) fe trouve peu differente des fupputations de M. de Buffon , qui fixe ce nombre ^ fix cent cinquante-huit miile •, & attendu que la niortalite moycnne eft adtuellement reconnue de vingt mille par an, (c) cet academicicn porte le nombre des perfonnes vivantes dans la capitale, i fept cents iniile :*( S"' "'^ I'ctoicnt point dans les etats prccedens, trouve que dans les autres paroiffes dont Ann^e IJJS- la ville de Paris ^toit alors compofee , la population s'efl: accrue d'environ un dix-feptieme dans le courant dun fiecle, & que le nombre des morts eft diminuc d'environ un vingt-deuxieme. L'auteur de nouvelles recher- ches & conllderations fur la population de la France, eftime le nombre des perfonnes vivantes ^ Paris , evalu^ par les naiffances , ik fix cent foixante-dix mille, i-peu-pres. (a) Quel que puilTe etre cet accroiflement de population dans Paris , le 1)reinier mouvement qu'infpire naturellement ce genre de profperiti de a capitale du royaumc, eft d'abord fufpendu par une opinion aflez gc- neralement rc9ue i & on peut dire que cette opinion eft raifonnable, A Ton trouve la preuve que cct accroifferaent de population de la capitale en particulier, exifte en quelque chofe aux depens de nos provinces, oi la multiplicite des bras & le nombre des cultivateurs font d'une confe- quence bien autre que celui des habitans de Paris. En eftet, ^ o r e 1 que nos campagnes fe reflentiffent , dans la plus petite proportion , de I'emi- gration annuellement rdpetee qui vient r?peupler cette foule d'einployes divers, de domeftiques, d'ouvriers de Tun & de I'autre fexe, de petits i-narchands forains, {b) que nous mettons en adlicn dans la capitale, il eft hors de doute que cette feule colonic de citadins , loin d'etre pour nous, comme elle I'eft pour I'etranger qui ii'y eft pas intereffe , un lujet d'admiration , ne feroit tsien veritablement pour la fuite des temps qu\in fujct d'alarmes. Quelques cours fouveraines ont dprouve ce^ fentiment ; peut-ctrc y ont-elles etc fondees momentanement : dans leur jurifdidlion , eiles fe font occupees des moyens d'obvier aux fuites inevitables d'un pareil malheur. Le parlcment de Dijon dans des remontrances du 9 Jan- vier 1767", le parlemsnt de Bordeaux, dans le difpolitif d'un arret du 2j fdvrier 1765, fe font plaints de la depopulation qui ie faifoit fentir dans Icur reflbrt : ce dernier parlement a ordonnc en confequence de trois en trois ans , un recenfement dans toutes les villes de fon reflbrt , de tous les habitans de leurs jurifditVions , foit hommes , foit femmes , maifons religieufes, penllonnaires , domeftiques de ces maifons , hopitaux & etabliffemens de charite, manufadtures, maifons de forces, domeftiques qui y font employes ■■, en un mot , I'opinion repandue de depopulation , a donne lieu i des ouvrages utiles fur les caufes de ce mal trop genera- lement regards comme avere, & (dans le cas oil il feroit conftate) fur (0} Chapine VI, page 69.' (4) Le nombre feul de fujets en fervice a Paris, tret-difiicile % reconijoltre en tout temps , nc peut que s'ctre muhipli^ confid^rablement , il fe montcit il y a environ vingtans, ( d'apres les roles de la cipitation) i ttente-fept ou trente-huit mille, & fe trouvoit, en 1754, (d'apres M. Table Expilly , tome V.) de quarante-truis mille fix ccns quatre-vingtdix-neuf : M. MailTance porte ce meme nombre en 1754, i tteme-iept ou uemc-huit mille, dupitn HI, juejlion ril , fg' ^M- H ij (Jo ABREGlfi DES MEMOIRES ^— ^M^— ^ les moyens d'en arreter le progrcs. Les obfervations faites de tons cotes & foigneufement ^ ce qu'il paroit , raffiirent fur le point de fait, en t" H Y s I Q u E. f^,ppQf3nt nieme que la population de la capitale foit de deux ou trois Annie 1779. "'"'"c fujets de moins que le taux auquel on Ta portd : ces obferva- tions {a) prouvent que la population des provinces eft augmciitee dans une progreffion marquee; ce qui d'abord tranquillife fur le grand nombre de lujets qui quittent les campagnes pour venir \ Paris. Si Ton fe rap- pelle maintenant cette d^vaftation fpontanee des habitans de la terre, liipputee par quelques ecrivains ^ fon dernier periode dans dix liecles, & qui doit faire regncr de proche en proche fur toute la furface du globe le plus profond lilence , il eft clair que la France n'en prefente point I'annonce : I'aurore du fiecle d'Augufte n'en fera point , dans I'hiftoire k venir, la premiere ^poque j au contraire,' tandis que pour la ville de Londres & pour une partie de I'Angleterre , la population a eprouve, d'aprcs les calculs de quelques obfervateurs , un dechet fenfible {h) depuis Tin temps affez foutenu , pendant ce meme temps , la difference des naif- lances aux morts, qui va toujours en croiffant i Paris & dans les pro- vinces , lailTe appercevoir que la population & de la capitale , & de tout le royaume, eft confiderablenient augmentee. Quoique mon travail embralTe uniquement le tableau de la populatioti de Paris, il y a un rapport trop diredl, une dependance trop reelle entre cette population de la capitale & la population du refte du royaume, pour que je puilTe me difpenler, en paffant, de les rapprocher I'une de I'autre •, cette recherche de comparaifon intereffe d'ailleurs evidemment I'humanite entiere, & la felicite publique', on ne doit pas etre furpris que depuis quelques annees , plufieurs citoyens eftimables s'occup"nt de cette fpecii- lation : je ne ferai encore ufage que de leurs recherches & de leurs tra- vaux-, il ne fera aucunement necelfaire que J'y ajoute du mien. Un ouvrage , dans lequel I'indudtion de population augmentee dans les provinces fe trouve developpee , (t) merite d'aiitant plus d'entrer en (a) En 1770, feu M. I'abW Terray , contrdleur-g^n^ral des finances, pour avoir une connoiflance fi-peu-pres exaCte & certaine du nombre des habitans du royaume, demanda , de la part du feu roi , i meffieurs les intendans , les ^tats des nainances , mariages & morts de toutes les g^n^ralit^s ; ils ont et^ publics foigneufement dans la gazette du commerce, ou ils forment un enfemble des plus intereifans pour. des recher- ches, qui, de meme que ces difF^rens ^tats, ne peuvent que fe perfeCtionner avec le ■ temps : il n'eft point indifferent de faire remarquer , que le nombre des morts des enfans peut etre foupjonne fupe'rieur ^ celui porte dans ces etats ; il eft permis de pr^fumer les cur^s de campagnes inexafts Ji en tenir regiftre , I'extraic mortuaire des enfans nYtant d'aucune conf^quence dans les a(Ses de la fociet^ civile, & etant rare- ment demands. • " (i) D'aprds le dofieur Price, entr'autres , dans fon eflai fur I'^tat de l.ondres & fa population , & dans fen trait^ des paiemens r^verfibles , • contredit , i la v^rit^ , par plufieurs Ecrivains. yoyei I'etat prifent ie la population d'Angleierre & du pays de Qallcs. (c) Rccherchei fur la population des gctieralites d'ylmergne, de Lyon if de Rouen, & de gutlques provinces £? i-illes du royaume , wee des reflexions Jlir la faleur du He, tanr en France qu'en yliigleime , depuis 1^74, par M. Maiffance , receveur des tailles de .i'^leftion de Saint- Etienne ; Pans, in-Y' . 1766. Cet ouvrage fe trouve cit^ avec les eloges qu'il me'rite dans le fuppUnaew au tuai« IV. de ['Encyclopedic, impiim^ en J 7765 au met Pofutaiiotr. DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. 6i confidiiration , que I'auteur , i portee de connokre trois riches provinces ^^ de France, ne s'eft attache dans Ton travail qu'aux faits elTenticIs qui af- „ Airent le nombre des habitans dans chacune de ces provinces , & qu'il a " ^ s i y u E. foigncufement compenft tout ce qui pouvoit jetter de I'incertitude fur ^/j/c I775. I'iiiexaditude de fes calculs , pour chaque generalite fur laquelle il a fait fes operations-, generalites d'Auvergne , de Lyon & de Rouen. Du nom- bre des nailfances, mariages & morts en dix ans de temps dans toutes les villes, bourgs & paroitles de ces geneialites, M. MailTance a conipofc unc annde commune ; il s'eft procure en mime temps des denombremens complets d'habitans, tete par tete , d'un grand nOmbre de villes, de bourgs & de paroifTes de ces memes generalites •, (a) en foixante-deux ans, il a trouvi la population augmentee de plus dun onzieme dans le total de cent vingt-huit paroiffes; (i), de fes fupputations , il conclut que jamais la population n'a etc li grande dans le royaume, & que les ecrivains po- litiques (f) qui ont affure , depuis quelques annees , une depopulation, n'en ont apporte aucune preuve. Cette conlequence de M. Maiffance, appuyec fur des recherches dans trois generalites feulement , pourra, il faut I'avouer , ne pas etre regardee decilive pour tout le refte du royaume, mais elle fe trouve confirmee par les relevcs de morts & de naiffances dans beaucoup d'autres provinces : je me contenterai d'en placer ici quelques-uns. Le denombrement , fait en ly;?, des habitans d'Avignon , & rap- porte par M. I'abbe Expilly, (d) montre une augmentation confiderable , en le comparant avec celui qui avoit eti fait en 1755. D'apres un femblable examen dans le Berry, cette feule province, oil il n'y a ni induftrie ni commerce , & qui eft dans I'interieur du royaume , s'eft trouvee, de lyi.-;) i 1762, augmentee en population dun dixieme ou environ. Des recherches , faites il y a environ dix ans , fur la population du . (a) CeKe maniere de compter tete par tete, femble plus fure pour ce qui s'appelle denombrement , !> I'effet de connoitre limplement la population , que par feux ou par families, dunt I'enumeration eft loujours lujette i beaucoup de diOicultes, d'infidelites , de longueurs, de depent'es, & meme d'inconv^niens ; d'ailleurs, te nombre des naif- fances dans line ville , pris fur I'annee commune , donne une bafe certaine pour con- nottre le nombre de fes habitans , & peut tenir lieu de ddnombrement. (4) 11 remarque, d'apres M. Malouin , que les mois de juillet, mai , juin & aoiit , font les dates les plus ftequentes des grufieffes , & que ceux qui le font moins commu- n^ment , lent d'abord novembre , enfuite mais, avril & oage 286. fc) Voyez note o, page 459 de ce m^moire. Id') II n'eft pas indifferent d'obferver , que cela eft e'galement reconnu par les favans d'Angleterre , qui ont tourn^ leurs Ip^culations fur la France, Hjpii fur k fojutlatiia ii L'Jii^ktirn, i^i. par U dv&eitr WiiUs, DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. «; moins. (a) Les difterens tableaux de notre population, aufll curieux ^uin- — «— — — t^reflans, dont j'ai parlc, & fur lefqiiels j'at fixe men attention, me paroil- p fcnt donner une grande vraifemblance ^ cette fiipputatlon de M. I'abbc " '^ i r> v l. Expilly, ^ reftimation de M. Bufion , qui trouve en France vingt-un mil- /Jnnie iTjct. lions lix cent foixante-douze mille foixante-dix-fept perfonnes, & peut- ixtc encore aux relultats des rapports des intendans des gcncralites, d'apres lefquels la population du royaume monte h vingt-quatre millions de per- fonnes-, ce nombre, en meine temps, s'accorde avec les refiiltats trouves par M. Moheau, dont I'avis eft que Ton doit compter dans toute la France vingt-trois millions cinq cents mille ou vingt-quatre millions d'habitans en France : {b) le dodeur Price, eftime audi que la population de la France ne peut pas etre au-dellous de vingt-cinq iiiillions, & il obferve que les naiffances excedent, tous les ans, les morts d'un feptieme : tous ces re- lultats , prelque femblablcs , donnent une certitude raifonnee qu'il exifte annuellement dans les provinces du royaume, nn accroilFement quelconque de population (qui pout etre i-peu-prcs d'un neuvieme en Toixante-qua- torze ans) felon I'eftime de M. Moheau. (<:} Ainii, \ juger pour I'inftant, foit par differentes eftimations, foit par plufieurs provinces prifes feparement, il eft tout au moins plus que prouve, & c'cft effentiellement mon objet , que la depopulation du royaume n'eft Foint une chofe de fait , qu'elle n'a etc eftimee par les perfonnes qui ont annoncee, que d'apres quelque province en particulier, ou la chofe a pu ou du etre ainfi. En un mot, il paroit d'un autre cote, que depuis environ quarante ou cinquante ans, le nombre des perfonnes vivantes, ^ Paris , eft augmente. Vondroit-on dans ce moment ne regarder I'induftion d'une population augmented dans le royaume, \ un point qui ne s'ctoit pas encore vu , ou qui n'avoit pas etc remarque, que comme une affertion hardie ou forcce, comme un appercu denui de toufe I'evidsnce qu'il feroit naturel d'y de- firer , pour donner lieu \ des recherches certaines , pour fervir utilement de bafe \ des fpeculations politiques? Voudra-t-on douter de I'exaCtitude des operations employees i reconnoitre cet accroiffement de population ? Soitv on conviendra meme, comme I'obferve judicieufement M. de BufFon, qu'en travaillant, & en raifonnant fur cette matiere, on eft fujct a fe tromper , & meme ^ tirer de faulfes indudions des rapports que pre- fentent les tableaux de mortalite {d) : mais on ne peut fe refufer ^ une au (fl) Diftionnaire hiftorkiue , g^ographique & politique des Gaules & de la France, mot Fell , page 133 , tome III, imprime en 1-64. (i) Depuis la iedure de ce mcmoire , du 14 avril 1779, !es papiers publics ont fait mention du taWeau pr^fent^ au roi , par M. I'abW Expilly , le 4 du mois d'aoilt dans lequel I'^tat des habitans de la France, eft, h fon eftime, de plus de vinotquatre millions dans les trente deux gdniralites , & le nombre des habitans de Pa.is , i lis cents mille. yinnales politiqaes , tome ri , ^"'. XLII^; Mmarc de France, feptemin I77g ff' 235. Cf) Chapin-e XIII, page 273. (rf) II eft didicile deiablir une regie de proporuon entre Je nombre des vivars & colui dc; morts ; la regie de trentc-cinq viv.irs tontre un raort , eft ttop foible pour les ha- ul 64r ABREG6DESMEM0IRES ^confequence bien (imple, favoir, que de tout renfemble, doiit nous ne p IF "ionions ici que reiquKFe general, ( menie en prenant le teriiie moyen de 'la plus forte & de la plus foible fupputation {a) i\ refulte une fomme /Inn^e 17 jg. confiderable de probabilites (h), qui rend plus que problematique I'opi- nion de depopulation dans le royaume; en un mot, il eft permis d'a- dopter par preference des obfervations nombreufes, & multipliees de tons cotes, qui, par des refultats prefque d'accord, etablifl'ent unlformement un accroiffenient de population , dont le dire de plulieurs ccrivains eloignoit toutes les idees. Une decouverte audi intereflante pour la fociete, je veux dire cette generation iiuiltipliee , reconnue par plulieurs perfonnes ^ la fois, fe rap- bitans de la campagne , & ne peut i?tre gdne'ralement adoptee pour connoitre la popula- tion reelle & exiliante de 'Paris : un ecrivain , qui ne s'eft point nomm(? , a donn^, dans la gazette d'agriculture , aniiic ^IIT ■> "■ 80, comme un moyen fiir , une regie de proportion entre le nombre des nailTances & celui des habitans exiCtans ; il rapporte plu- lieurs exemplcs, par lefquels if fe propofe de prouvcr que cette proportion eft de i h 26, fur la totalite du royaume & d'une grande province , contre le fentiment de plufieurj ■ auteurs qui eftiment cette proportion h 28. Le r^dafteur de cette feuille p^riodique, obferve a ce fujet, que !a recherche faite par M. de BufFon , pourroit fervir de preuve; que cette proportion de i h 28 eft effeiSive- ment celle qui approche le plvis de la v^rit^ ; en cfFet , pourfuit le redadteur , dans les paroilTes denombrdes par M. de Buffon, & citees prec^demmenc s'eft trouve neuf mille trois cent quarante-trois habitans de tout fcxe & de tout 5ge : I'anne'e commune des naif- fances dans les memes paroifl'es monte k 336; ce nombre, multiplie par 28, donne 9408 , ce qui approche bcaucoup des neuf mille trois cent quarante-trois habitans exiftans reelle- ment dans lefdites paroilTes. II femble ndanmoins qu'il y auroit lieu de croire que la regie de vingt-huit habitans contre une naidance , eft en general trop forte , du moiv.s k en juger par les recberches faites par I'academie de Dijon, en 1770, fur la population de Bourgogne ; cette compagnie s'e'tant procure le relev^ des nailTances , .des morts & des mariages, & le dencmbrement exadt des habitans de cinquante paroilTes, prifes in- diff^remment dans neuf bailliages de la province , elle a trouv^ que I'ann^e commune des nailTances de ces cinquante paroilTes, multipli^e par 25, un quart, donnoit, h 7 pres, le nombre des habitans compris dans les denonibrcmens. (a} Une population nombreufe qui paroit d'abord devoir etre regard^e comme la pre- miere de toutes les richelTes d'un ^tat , feroit-elle efFrayante, feroit-elle une charge, car les deux contraires font mis en queftion ! I'augmentation des habitans d'un royaume , eft-elle I'annonce de la profperite d'un ^tat , comme la diminution femble etre une preuve de la pauvrete d'une nation? cct difcuffions font ^trangercs au phyficien, je fes abandonne aux perfonnes capables de les rapporter fruAueufcment i des fyftemes d'admi- niftration. Afin d'aider a juger, par la fuite des temps, des diffi^rences dignes de re- marque, dans la population des provinces, j'ai jug^ utile de configner dans mon rou- veau travail, un dencmbrement des habitans des provinces du royaume, en 1726, on le trouvera h la fuite de la recapitulation des baptemes, mariages & mortuaires de Paris, depuis 1771 jufques en 1780 inclufivement : ce dencmbrement, rapproche de I'etat que je ferai fuivre (dans le mcme volume pour I'annSe 1781) de la population des provinces du royaume , pendant les annees 1776 & 1777, & dont on a fait une ann^e commune, donnera , dans tousles temps, un point de comparaifon interefl'ante. (0} Cette population , telle qu'elle eft dtablie par les intendans, a engage un ecrivain dans une fupputation curieufe, dont le refultat peut mcriter d'etre mis ici, en cppofition , avec le fentiment de M. de Montefquieu. En fuppofant pour I'inftant, que la popula- tion ainfi augmentee, put s'accroitre dans une meme proportion, fans etre troublee par une guerre lorgue , penible, en pays eloigne de nos foyers, par quelqu'epidemie univer- felle. See. L'aut«ur trouve que cette population fe ttouvercii doublee en moins de deux fiecles & demi. porte DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES, S<; porte dans fon principe & dans fa continuite, h qiiclques caufes gcncrales, ^— ^— ^'^— ^ dignes d'exciter la curiofitd. II ne peut etre qii'utile d'en reconnoitre p « y s i Q u r. Tenchainement pour les entretenir & les ^tendre s'il fe pent •, cette re- cherche eft d'autant plus intcreffante, qu'en remontant aux fources, def- Ann^e tjld- quelles peut derirer fenliblement raccroiflcment de population dans un royaume, on trouve pour la France des motifs plus que fuffifans, pour conclure, avec fondement, que Taffertion de population augmentee , & celle de diminution de mortalite depuis pres de cinquante ans , non-feule- ment i Paris, niais meme dans les prpvinces, ne font point de pures chi- meres. On ne doit pas fc didimuler ici pluhcurs chefs d'une feulc & meme objeiSion , qui infirment la veritc de cette population augracntee , de cette diminution de raortalite, de cette Ionga;vitc, foit dans les pro- vinces, foil dans la capitale : comment, diront quelques perfonnes, com- ment, fur- tout pour Paris, accordcr ces trois faits comme inconteftables, avec la depravation exceffive des moeurs, avec le luxe, la dcbauche, qui regnent dans les capitalcsr Pour les provinces eft-il plus facile de conci- lier les faits avec la mifere qui y eft repandue generalement : car fans ofer convenir de ces maux , parce qu'ils font trop facheux, il n'eft cepen- dant pas poflible de nicr ici les apparences pour les premiers reproches , & de paffer fur le bruit public pour le dernier. Comment enfin, fe per- fuader de cette population vivace dans Paris, ^ laquelle on objedle encore portee d'afligncr que les caufes de fante , qui ont pu con- courir a tout ce qui en forme les apanages, & que mon etat mc met ^ meme d'apprccicr. L'auteur de la lettre qui m'a cte adreflee dans le mercure de France, en 1777 , M. Moheau, dans I'ouvrage qu'il vic-nt de publier, & d'autres auteurs, en ont deji appercu plulieurs; je crois pouvoir y en ajouter quelques-unes, qui ne fe lont point encore prelentees ^ I'idce des (Ji) Qui fatisfait en grande panic aux queftions importantes, politiques, morales * phy- fiques, d^peniiames de cette recherche particulicre , & qui peuvent lervir de bai'e ik Biie opinion vr.iifemblable fur les caufes gijn<5iaiei de la populalion, • Tome XVJ, Fartie Fran^oije, * I 6$ ABREGE DES MEMOIRES;T — Mill I I perfonncs qui ont fourni leurs vues fur ce fujet •, cet article pent former i part la mjtiere d'un niemoke, i'attendrai, pour le communiquer dans nos P H Y s I Q u ^-((ignces particulieres, que la publication de celin-ci ait mis I'objet ^ meme yinn^e 1770. d'etre encore plus eclairci , infirme ou conftate de nouveau par quelques obfcrvations uhcricures, dont je n'ai pas de connoilTance quant k prdfent. DESCR.IPTION Du petit yokan ^teint , dont le fommet ejl convert par le village & le chateau de Montferrier a une lieue de Montpellier. V^E n'cft que dans ce ticclc que Ics natnraliftes ont reconnu que plu- fieurs provinces de France avoicnt en autrefois des volcans. M"- de Ma- lesherbes & Guettard parcourant I'Auvcrgne en 175 1 appercurent plu- Ceurs produits volcaniques , tant dans les pierres employees pour les bati- mens , que dans les materiaux prepares pour engraver les chemins. Les butterones des environs de Clermont, le Puy-Dome & d'autres monta- gnes leur ofi'rirent des indices certains de volcans eteints. M. Guettard fit part de cette decouverte ^ I'academie en 1752. ((2 ) M. Montet a decou- vert plufieurs volcans eteints dans le Languedoc. Le petit volcan de Mont- ferrier eft du nombre de ceux que M. Montet a indiques. M. de Joubert fon confrere (ils font Tun & I'autre de Tacademie de Montpellier) I'a exa^ mine plus particulierement , & nous allons donner un precis de fes ob- fervations. L eruption de ce volcan, dont on ne determine point lepoque, paroi't avoir etc de peu de durse; tout y eft refferre & en petit volume. EUe s'eft contenue dans le terrain mcme du monticule, & tout indique quelle ne s'eft pas reiterec. L'elevation fur laquelle le village & le chateau de Montferrier font batis , difcordante avcc les coteaux voifins, n^a proba- blement pas une origine commune avec eux, & pourroit bien etre I'effet d'une bourfoufflure elevee par le feu fouterrain du volcan avant Ion ex- piohon. Sa fommite eft toute volcanique. Sa face au midi eft compofce de couches de pierre cakaire, & d'une couche de poudingue qui ferment enfemble les deux tiers de l'elevation, le tiers fuperieur eft volcanique; au contrairctout eft volcanique dans la face qui regarde le nord, depuis la fommite jufqu'au bas. L'explolion du volcan a done ete dirigee trcs- obliquement du midi vers le nord : elle a fouleve la maffe des pierres conftitutives du terrain pour les incliner vers le midi, an contraire des couches de pierre calcaire du bord de la vallee qui ont leur inclinaifon du midi au nord. II en a refulte une grande ouverture, dans laquelle s'eft (a) P'ovei U tome Xl Je cette Calleahn /tcnj. pun. Ft. Cette d(?couverte a M confir- rote depui's par.M. D.;lmsrets, qui a fi bien d^crit les laves compares ou balaltes qu* ii\oil uouvfces en Auvergne. Tome XF de cette CMe8. jicud. [an. Fr. DE L' ACADEMIC ROYALE DES SCIENCES. ^67 faite la bourfouffliire qui a deve le monticule au-delFus du terrain origi- ^i— a^pi^— naire. Dans la partie de I'oueft les matieres vomies out reconvert I'ancien „ fol, & fe font etendues vers le monticule de poudingue. Le cote de I'eft " ^ s i Q u e. prefente une face plus etendue en protondeur, parce qu'il regarde le mi- Annie 2779. lieu de la valMe, les deux tiers fupcrieurs font volcaniques. C'eft du ccte de loueft que fe trouvent les vailTeaux les plus confidera- blcs de lave compacfle-, M. de Joubert en a appercu deux d'cnviron cinq ^ fix toiles de large. La lave compare qui a coule du cote du nord y occupc moins d'etendue; cette lave il laquclle on donne proprement le nom de ha- falte , eft le produit de I'eruption dans fa plus grande force; elle a fillonnc les premieres matieres vomies, dont le volume eft enveloppe : ces pre- mieres matieres font graveleufcs & le plus fouvent incohcrentes, fi ce n'efl dans la partie de roueft ou elles ont pris une conllftance tres-folide. Auffi c'eft le- canton le plus eleve. Cette elpece de lave y offre le coup-d'a-il d'lme breche ou d'un poudingue \ petites maffes. Un fediment volcani- que d'un brun clair y reunit des grains gros au plus comme des noifettes, d'une lave noire rarement poreufe, d'une lave tres-compacte brune, d'utie efpece de brigue rougeatre & pc'U dure , de chryfalitc & de khart ; tous ces corps iont melanges & lies par ce fediment. Dans la partie du midi de I'eft , les matieres vomies fe trouvent unies par du fpath, mais ce ipath eft tres-pofterieur au volcan. Le gravier volcanique de la partie Icpten- trionale du monticule eft refti dans fon premier itat . d'iiTCoherence , fc d^tachant & s'ameubliffant aifement. Depuis la porte du village qui regarde entre le nord & I'eft, jufqu'au portaii de la paroille, s'eleve une malTe de lave compaifte noiratre , re- tendue verticalement en vrais prifmes bafaltiques ", les maifons & I'eglife ont leurs tondations fur .cette lave. Prcs la porte de I'eglife, & dans I'interieur du village, les bafaltes s'elevent de cinq \ fix pieds au-defTus du fol; les bornes qui font au dehors de la porte, ont ete dctachees de cette maffe : ces prifmes varLent dans le nombre de leurs faces. De pareils prifmes d'un volume mediocre & meme tres-petit, fe trouvent epars dans les terres labourees des environs de ce fommet du volcan. Du refte, M. de Joubert n'a pu decouvrir a jour la place du cratere. 11 eft i prelumer que I'on a pronte du fommet tronque du monticule pour y batir des mailons; I'in- clinaifon des couches primitives foulevees du nord au midi, I'abondance & la qualite de la lave graveleufe fur la face du nord , les courants de lave compare de I'oueft & du nord, la diredtion & la reunion de ces courans vers le lieu oii e(^ le village , concourent i prouver que les mai- ions cachent la bouche de ce volcan. Elle n'a pas dii laiffer de cavite apres I'eruption , des que I'eboulement obfcrve aux limitcs de la terre de Mont- ferrier a comble le vuide forme par I'inflammation. Les matieres fondues & foulevees dans le cratere n'ont pu redcfcendre dans le foyer rempli par reboulemeiit : I'explolion a done dii etre iiiterceptee , & les laves fe font trouvccs arrctees dans la bouche. Du moins c'eft ainfi que M. de Joubert prcfume que i'eruption a pris fin. La mcr a fejourne non-feulcment a Moutferrier , mais fix lieues plus <58 ABREGfi DES MEMOIRES — — ^— "^^ haiit vers le nord; I'hiftoire & les pierres du pays I'atteftent. Le volcan- p s'eft-il forme avant ou apres la retraite de la mer ? cette derniere hypo- 'tiiefe eft la plus vraifemblable. Quant ^ (a formation, iiotre habile natura- Annie tlj.g. lifte I'attribue i una argik ocreufe tenant du fer qui en fe decompofant a du cauftr une inflammation, Cette decompolition ayant produit la repa- ration de I'acide vitriollque , cet acide en abandonnant I'argile & en fe portant fur la terre ocreufe rcpandue generalemcnt dans le canton , a pil former une combinaifon pyriteufe dont I'inflammation aura caufe I'erup- tion du volcan. Tout cela eft confirme par I'etat prefent de la couche raar- neufe de deux pieds d'epaiffeur que M. de Joubert a reconnu traverfer ]a maffe de lave ^ environ vingt pieds de profondeur. Sur Un injlrument propre a mifurer la pefanteur de chaque couche de I'atmojphere. Ann^e ijSo, c I s T aiix experiences de Pafcal & de Toricelli fur la pefanteur de I'air que nous devons les principes fur lefquels eft fondee la conftrudtion da barometre, c'eft-i-dire, de cet ingenieux inftrument qui fert ^ mefurer la pefanteur de la colonrve d'air depuis la terre jufqu'k fon cxtrcmite fupe- rteure, & cela par le moyen d'une colonne de mercure qu'on met en equilibre avec elle, & qui par fon plus oh fon moins de longueur mac- cjue les variations du poids dc la colonne d'air qui pefe fur elle. Mais le barometre n'exprime que la pefanteur totale de la colonne de I'atmofphc- re : il n'indique point U pefanteur de chaque couche particuliere : laquelle depend de la denlite & de la dilatation de la portion d'air qui la compofc On fait que plus fair eft charge ou preffi , plus fa denfite & fa force ex- panfive augmentent •, ces augmentations font-elles proportionnelles en- tr'elles, & proportionnelles aux preffions, ou fuivcnt-elles un loi plus com- pliqude ? c'eft ce que nous ignorons encore. On concolt aifdment que I'air etant un fluide dilatable & compreflible^ plufieurs caufes peuvent le rendre plus ou moins denfe, plus ou moins pe- fant dans uiie des couches de I'atmofphere , fans que le refte en foit af- fe(fte. 11 peut arriver que deux ou plufieurs colonnes d'air aienl une pe- fanteur abfolue conftamment ^gale, & indiquee telle par le barometre, & qu'en meme temps, leurs couches aient , ^ des hauteurs difFerentes , des denfites tres-differentes & trcs- variables, & qu'il feroit trcs-utile de coi>- noitre. C'eft done rendre un fervice effentiel aux phyficiens que de leur procurer un moyen de mefurer ^ volonte la pefanteur de telle couche de- i'atmofphere qu'on voudra choifir, avec les variations qu'elle pourra eprou- ver. Pour y parvenir, il eft neceffaire de connoitre le poids reel d'une quantite d'air donnee , ^ une temperature & pour une hauteur du baro- metre au 111 donnee, & enfuite le rapport du poids d'un pareil volume d'air pris dans des circonftanccs diiFirentes avec ce premier poids regardc comme i'uuite. I. DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. 69 M. de Foiichy a imagine un inftrument propre a donner ce rapport ^^— ^— ^— ^ fans ppfer lair de nouveaii k chaque oblervation , & meme fans aucun n I It- • • I J r • •• r H Y i 1 Q u K. calciil. En voici la delcnption. ytnn/e lySo, II eft corapofe d'uiie regie ^5, formant une efpece defl^au de balance-, ^ I'line dcs extremites eft (ufpeiidue une boule de verre C Toufflce, trcs- ^'iim. mince & abfolument clofe., fans que fair exterieur y puiffe penctrer ■, ^ pj^ I'aiitre extrcmite & h cgale diftance dii milieu de la regie, eft pareille- "' ment fiifpcndu un poids de plomb E , parfaitement en equilibre avec la boiile lorfque I'air eft dans fa moyenne pefantcur , & le tout eft fupportc par un pied FG , qu'on peut caler au moyen des vis IK, pour le mettrc dans la fituation convenaWe. II n'y a pas de doute que dcs que I'air changera de pefanteur, la boule ne devienne aulH plus pefante ou plus legere que le contre-poids, puif- que la variation du poids de I'air, infenlible fur le volume du petit poids de plomb, ne I'eft pas de meme ^ I'egard de la boule qui a un volume bien plus conliderabie •, mais il falloit s'alTurer avant tout, (i ces variations qu'elle eprouve de ce chef, etoient affez fenlibles pour etre diftin(ftement apper^ucs, & fi I'inftrument pourroit les indiquer avec une priicifion luiE- fante. Pour cela, fuppofant la boule de 15 pouces de diametre, ponr qu'elle puiffe contenir environ un pied cubique d'air : & lui donnant une ep.iif- leur i-peu-pres egale ^ celle d'une fiole i medecine , j'ai trouve qu'elle peferoit aux environs de 4. onces ou 52 gros, ou 2304 grains; le pied cube d'air qu'elle deplace, pefe dans fon etat mayen , environ 10 gros ou 720 grains-, la boule, dans I'ctat moyen de la denlite de I'air, pefera done 2 J -4 grains, moins 710 grains, ou 1584 grains ou 22 gros. Dans ce poids de la boule il n'y a que le poids de I'air deplace qui varie , celui du verre eft fenliblement conftant -. I'experience a fait voir que la denlite de fair dans ce climat, augmentoit dans le froid extreme d'environ uii cinquieme, & diminuoit par le chaud extreme d'environ un feptieme de fon poids moyen : mettons, pour plus de facilite , ces varia- tions \ un (ixieme en plus & \ un (ixieme en moins; c'eft-i-dire, h 12c grains, ou i gros & demi & 12 grains, le poids moyen de la boule aug- nicnteroit done en ete de 120 grains, elle peferoit alors 1704 grains; elle diminueroit au contraire en hiver de 120 grains; & ne peferoit plus que 14(54 grains, Ces 120 grains font la 15^. partie & un peu plus du poids moyen de la boule ; il faudioit done, pour confcrver I'cquilibre, que la boule s'ap- prochat d'un treizieme du point d'appui fuppofe au milieu de la regie ; & qu'au contraire, en hiver, ce flit le contre-poids qui s'en approchat de la meme quantite. On obtiendroit le mcrae equilibre, en faifant qite le point d'appui put s'approcher ou s'eloigner de la boule & du contre-poids, mais dans ce cas ce ne feroit plus d'un treizieme, mais d'un vingt-hxienie d? I'infer- \alJe entre les deus fufpeiJions, qu'U dcvroit s'ecarter de chaque cote , 70 ABREGEDESMEMOIRES " Hii milieu de U regie, parce que le mouvement dii point d'appui fait le p double efFet d'alongcr le levier du contre-poids , de la nieme 'quantite 1 H Y s I Q . j^^^^ ^1 J3£.^.Q^,fgit (-e]^,j ^^ \^ boule , & au contraire. On obtiendra done Ann^e tjSo. la confervation de I'equilibre dans les cas extremes du cliaud & du froid de ce climat, en failant varier le point d'appui de chaque cote du milieu de la regie , d'un vingt-fixieme de I'intervalle corapris entre les deux fuf- penlions. Ce calcul n'efl: pas abfokiraent exaifl: , on a toulours jufqu'ici fait abf- traction de la pefanteur de la regie, elle en a cependant une : tant quelle 3 le point d'appui dans fon milieu , les deux parties de part & d'nutre de ce point, font egales & ie font mutueilement equilibre, elle pent alors ctre conllderee comme fans pefanteur; mais des que par le changement de denlite de I'air, la regie s'inclinera, & que le point d'appui fera de- plicc , fes deux parties ne feront plus egales , il y en aura une plus lon- gue, & par confequent plus pefante que I'autre; & cet exces de pefanteur diminueroit i'inclinaifon de la regie , fi on ne faifoit entrer dans le calcul le poids de cette portion dont I'une de ces parties excede I'autre. D'aprcs ces clemens on peut aifement obtenir I'efpece de formule ge- nerale qui donncra la quantite dont il faut que ce point d'appui loit tranf- porte k droite & h gauche du milieu de la regie , pour conferver I'equi-^ libre entre la boule & le contre-poids dans la plus grande variation de la denlite de I'air •, on la trouvcra en faifant cette analogie : et Comme j> le poids de la boule plus la moitie du poids de la regie, mains h ir.oi- J5 tie de la variation dans le poids de i'air deplace par la boule, eft k >3 cette meme moitie de la variation dans le poids de I'air-, ainfi la moitie >) de I'intervalle entre ces deux flifpenhons , eft h la quantite dont il faut >j que le point d'appui s'ecarte du milieu de la regie dans les plus grandcs »3 variations de la denlite de I'air dans ce climat. »> Les variations dans le poids & la denfitc de I'air, ne font que rarement portees i ces extremites; il eft done neceffaire que I'inftrument puille fe preter k des changemens beaucoup moindres , & qui fouvent pourront augmenter ou diminuer i peine le poids de la boule d'une portion de grain ■, cette quantite etant extremement petite ; il etoit h c/aindre qu'une balance ordinaire, chargee du poids de la boule & de celui du contre- ■ poids , n'eiit pas fes mouvemens affez libres pour y obeir •, j'etois d'nilleurs trcs-embarr.id'e de trouver un moyen de faire avancer ou reculer le.point d'appui pour les tenir toujours en equilibre, ce qui me paroilloit au moins fort diflicile. Pour fortir de ce double cmbarras, j'ai pris une route toute diffSrente-, la regie AB n'eft foutenue ni fur des pivots ni fur des couteaux , elle eft armee de chaque cote , d'une piece de cuivre taillee fuivant une courbe a J bj c , qui peut rouler librement, & appliqiier fucceffivement tous feS points fur les plans horizontaux FH,fh; les propriMs font de tranfpor- ter le point d'appui le long d'une partie de la regie, de le rapprocher de celui des deux poids qui devient le plus pefant, de maniere qu'ils reftent toujours en equilibre i de rendre les inclinaifons de la regie, proportion- i.\n- DE L'ACADEMIE ROYAL EDES SCIENCES. nelles aux variations dans le poids & la dcniite de I'air; & enfin d'an ^^^ tir le frottemcnt dans les mouvemens de cette cipece de balance : Voici p la maniere de conftriiire cette courbe. " v s i Q u B. Soit MNj h partie du milieu de la regie, aux deux extrcmitjs de la- Ann^e nSo^ quelle font attachees , ^ egales diftances de ce milieu , d'un cote la boule de verre, & de I'autre le contre-poids de plomb. On tirera une ligne Z '°' ^' CY, pcrpendiculaire i celle qui partage en deux la regie, fuivant la lon- gueur, & on prendra fur cette ligne du milieu de la regie, une portion CI egab i celle dont le point d'appui doit fe rapprocher de la boule ou du centre- poids , & que nous venons d'enfeigrier ^ determiner. Cette preparation faite , fi Ton dclire que la plus grande inclinailon que piiilfe prendre la rcglej loit }o degres, du point C , comnie centre, on dccrira Tare A o,' fur lequel on prendra I'arc de trcnte degres c,}c, qu'on dl- vifcra en aiitant de parties qu'on voudra obienir de points ds ia courbe ; je fuppole que ce nombre loit de 6, on divifera Tare 0,30 en (ix par- ties egales, par lelquelles on menera (ix rayons Ci, Ci, C'j, C4 , C5 & C6, prolonges indefiniment ; ayant pareillcmcnt divife en lix I'efpace CI de la regie , on menera par ces divilions , des lignes paralieles aux rayons paff.int par les divilions de Tare de cercle •, favoir, li^ par.illcle ^ Ci •, D if , parallcle ^ Ci, & ainll des autres •, alors on pro!ongera les. lignes li, Dd, infqu'i leur rencontre en ^, & ayant pris i voloute fur li un point Tj du poiat S', comme centre, on menera par ce point Tare TK; ayant pareillement prolongs les lignes D d ^ Ee, jutqiA Icur jonc- tion en «, de ce point «, comme centre, & du rayon ? K , on dccrira Fare KL. On en fera de meme pour toutcs les lignes Ff, Gg, Sec. 8c Tafiemblage de tons ces ar'-s , donnera , fans aucun jarret, la courbe cherchee. Je dis lans aucun jarret j car le centre du fecond arc etant toujours place dans un rayon du premier, les deux arcs fcront egalement perpen- diculaircs [i ce rayon, & la courbe qui refulte de leur jonclion, n'aura au- cune inflexion , mais fera toujours perpendiciile k toutes les lignes li , Dd, en quclque nombre qu'on vcuille les fuppofcr. II fuit de cette conftriidion, que le point T, que nous avons pri5 pour premier point de la courbe, etant pris arbitraircment, tout autre point S , pris au-defliis ou au-dcffous du point T , fatisfera egalement \ la quef- tioni & que toutes les courbes .S' V, S V, qu'on pourra tracer par cette mcthode, feront toutes paralieles, & produiront le meme erfet. II fuit encore, que pourvu que I'elpace C/, foit determine de la ma- niere que nous avons indiquec , le volume plus ou moins grand de la boule. Ion plus ou moins de peluntcur, & le plus ou moins de longueur de la regie, n'cmpecheront pas tous les inftruircns conftruits fur le meme principe, d'etre comparables. II luft encore, que les mouvemens de cette efpcce de balance, font ab- Iblument exempts de frottement, la courbe qui doit etre frcs-polie, ue trainant aucun de fes points , mnis les aj^pliquant fuccedivement fur les plans qui la portent, qui doiv^nt ctre aufli trcs-poHs, ^ qu'il eft d'autant. ^lus aife de rendrc tels, qu'on pcut les compofer de glaces de miroir.. 71 ABREGfiDESMEMOIRES — — i— — Mais line attention eflentielle eft de rendre la courbe la plus exemfvtc p de plates-fices que faire fe pourra , heureufement le poli quelle exige , f H Y s I Q u . f^yj^jj y^ moyen facile d'en reconnoitre Jufqu'aux moindres defauts, n'e- Annic t^8o. tant queftion que de lui prefenter une regie ou un fil tendu , & de voir fi elle les repraente fans les defigurer autrement que par fa coiirbure. Je n'ai donn6 k rinclinaifon de la regie que 5 o degres de part & d'au- tre, cette inclinaifon eft fuflilante pour marquer avec diftindion les va- riations de I'air dans ce climat, depuis le plus grand froid Jufqu'au plus grand chaud ■, mais fi Ton vouloit employer I'inftrument a meluver les dif- fcrentes denfitcs des gaz mofettes, &c. qui pourroient s'dcarter de la tem- perature de notre air, il faudroit donner dans la conftrudion de la cour- be, plus de 50 degres k Tare 0,50, & le porter k 40 ou 50 degres, ce qui donneroit plus detendue k la courbe, & permettroit h la regie de plus grands balancemens lorfque la boule fe trouveroit plongee dans des fluides d'une denlite fort difterente de celle de notre air. Pour peu qu'on vcuille reflechir fur la conftrudion de la courbe que nous avons propofee , on verra. facilement que la longueur de la ligiie CI J ne lui eft nuUement indifFerente , que plus on agrandira cette ligne, plus la courbe deviendra plate, & que plus on la diminuera, plus elle dcviendra femblable an cercle ; en forte que fi elle devenoit infiniment petite, la courbe deviendroit un arc de cercle decrit du centre C, & la plus petite force poffible feroit paffer la regie de la fituation horizontale h la verticale, fans s'arreter en chemin. J'ai cru devoir inferer ici ces reflexions fur la nature & la conftruftion de cette courbe , parce que fon iitilite pourroit ne fe pas borner ^ I'ap- plication que nous en faifons k I'inftnunent en queftion, peut-etre pour- roit-elle s'appliquer aux balances deftinees sk pefer de tres-petites quantites, qui deviendroient alors des efpeces de romaines fans frottenient, qui mar- queroient la difference de poids par rinclinaifon de leur fleaui peut-etre I'appliqueroit-on aux groffes Romaines , qui deviendroient par ce moyen plus fures & plus exades ■, peut-etre feroit-elle dans le cas d'etre quel- quefois appliquee ^ la puiffance regulatrice des horloges & de quelques antres machines : mais laiffons-1^ ces peut-etre j fur lefquels il fera toujours aife de rcvenir, & que je ne compte ici que pour des appercus , 8c re- tournons k notre fujet pour nous y renfermer & le finir entierement. Je dois, avant tout, privenir ici une objedion qui fe prefente natu- rellement : la piece qui porte la courbe, peut, dans queiques-uns des ufi- gcs que nous venons d'indiquer , devenir affez petite , & on pourroit craindre que malgre toute I'habilete & toute I'attention de I'artifte, il ns sygliffit quelques difauts, ou qu'au moins ce ne fut une operation tres- dillicile. II eft cependant aifi de voir par la conftrudion de cette courbe, que les centres ^, «, f, (fig. z.) ctant une fois determines, on -peut la tracer aufli petite qu'on voudra ; mais voici un moyen bien plus court & bien plus fimple de parer ^ cet inconvenient, Tous ccHx qui font un peu a'u fait de I'ufage du tour k guillocher, fa- vent que cet inftrumcnt peut fervif k traufmettre , fi Ton yeut , k la piece qu'oa DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. tj qu'on trav.-.ille, la figure de la rofette, en plus grand ou en plus petit'— ■■ felon qu'on le Juge h propos; li done en a trace & coupe fur une piece ..:ours, & nou line Ic- con, que j'ai eflaye de leur doiincr. S U R LA C H A L E U R. J-Je mot de chaleur , deftine d'abord \ exprimer une de nos fenfations, i^j,-j^ eut bientot line fignification plus etendue. On appella chaleur , \itxxi dcs difFerens corps de la nature, en tant qu'ils produilent en nous cettc fenfa- tiori ; mais les corps , fuivant qu'ils excitent en nous une chaleur plus ou rioins forte, produilent conftamment d'autres ctifets qui appartiennent b une lusiTie caufe, qui deptndent d'un meme etat de ces corps. Un corps plus ehaud que celui qui lui eft uni, en rechautfant, le dilate; un corps plus froid refroidit & condenle celui avec lequel il communique; cet eftct s'ar- rete, & il.s'etablit entre ces diffcrens corps un ^tat dequilibre. Cette pro- prictc des corps, de condenfer ou de dilater les autres corps, d'etre dilates ou condenfes par la chaleur, eft fufceptible de mefure. On a done mefure la chak'ur dcs corps par I'augmentation ou la dimi- nution de leur volume, par la dilatation ou la condenfation des iubftan- ces loumilcs \ leur action; ainfi , par exempic, fachant que la glace qui fe fond rappelle ^ peu prcs conftamment un corps qui y eft plonge ^ un meme degre de condenlation, on a appelle ce terme zero, & enluite on a par- tage en parties egales les augmentations & les dip.iiiiutions que le meme corps pouvoit reccvoir par une plus grande chaleur & un plus grand froid, Les inftrumens gradues fur ce principe s'appellent thfrmometrcs , & ne niefurent redlement que le degre de condenlation ou de dilatation qu'un corps dans un certain ctat de chaletir, dans une temperature doniice , pro- duit lur une fubftance dcterminee. Mais de nouvcaux phenomencs ont fait fentir le befoin d'une mefure noiivelle. Un corps fe refroidit & perd de la force p.'j: laquelle il dilateroit une fubftance qui y feroit plongec; loriqu'il palfe de Tctat folide \ i'etat de li- quide, de i'stat de liquide ^ celui de fluide expanlible : dans les change- mens contraires, cette force augmcrrte. Si Ton mele enfemble deux corps femblables , & deux corps de nature difterente , ils prennent une tempe- rature commune & elle n'eft pas la meme dans les deux cas , quoique dans les deux melanges ces corps aient ete pris \ des degres egaux de chaleur. Ainli , deux malfcs egales d'eau , I'une ^ Jix degres. i'autre a vingt, ne donnent pas, nieiees enUmble, le meme degre de chakur que deux malTcs egaks d-'eau & de merciire, audi I'une a dix degres, I'autre i vingt. -8 ABP-EGE DES MEMGIRES — ^ Comme la clialeiir fe communique & qu'clle tend ^ fe raettrc en line ~~ forte d'equilibre eiitre Ics corps environnans, il refulte de ces obfervations. Physique, ^.-j ^^^^^ ]^,j jg ^(.(j^. (q^^-q qui produit la chaleur dans un corps que dans ylnn/e I'lSo. "" autre, pour qu'il fe trouve I une meme temperature i qu'il fart ou qu'il ' pcrde plus de fa chaleur, ou qu'il en acquiere davantage pour paffer d'un degre de temperature k un autre degre inferieur ou fupcrieur au premier. Pour pouvoir comparer difterens corps fous ce point de vue , on a eu befoin d'une methode de mefurer les etfcts que produifoit leur perte de ■chnleur.lorfqu'ils paffoient d'une temperature \ une autre. Si les degres qu'indique le tliermometre, & qui font proportionnels a Li dilatation du niercure , 6toient proportionnels ^ la caufe necelfaire pour produire cette dilatation, il feroit facile de calculer le rapport des quanti- tes de chaleur des ditferens corps, & cette methode a dtii employee par plulieurs phyficiens. Leurs experiences ont prouve en meme temps, que I'hypothefc fur laquelle ils s'appuyoient pouvoit etre admife, du moins pour les degres du thermometre, entre le terme de la glace & cclui de I'eaU bouillante, ou pour des degres peu eloignes : mais cette methode n'efl: pas fufceptible, dans la pratique, d'une grande exaditude; elle eft defedueuie toutes les fois que les corps, dont on examine, le melange agillent I'un fur I'autre. M. Villce, favant Suedois , imagina de prendre pour melure la quantite de glace au tern>e zero, que pouvoit faire fondre un corps, en paffant d'une temperature donnee k ceile de zero -, mais la difticulte de faire en forte que toute la chaleur du corps , foumi5 ^ I'experience , flit employee ^ fondre la glace , lui fit abandonner cette idee. MM. Lavoiller & de la Place, qui avoient eu de leur cote la meme idee, quelque tcnifs aprcs , ont trouve un moyen de faire ces experiences avec ptecilion. On place un corps dans un vafe dont la temperature eft zero, & qui eft entoure de olace, ^ la meme temperature; la chaleur du corps fait fondre la glace, & Sn recueille avec foin I'eau qui en decoule : cet appareil eft place dans un autre vafe, rempli de glace aufll , au terme de zero , qui empeche la cha- leur de I'atmofphere de changer la temperature de I'interieur. Quand tout •eft refroidi au terme de zero, on pefe -I'eau qui s'eft ecoulee, & elle eft, i tres-peu de chofe pres, proportionnelle ^ la perte de chaleur qua faite le corps qu'on a effaye. , , . - j ^ Si les pertes de chaleur font proportionnelles au nombre de degres dont change la temperature, une leule experience fur chaque corps donnera le rapport de la quantite de chaleur qu'il perd en patfant d'une temperature a celle qui eft inferieure d'un degre ou d'un nombre conftant de degres. Si au contraire cette proportion n'a pas lieu, aiors en repetant I'expi- rience fur deux corps eprouves fucceffivcment ^ plufieurs degres de tem- perature, les memes pour chaque corps, on aura le rapport des quantites de chaleur qu'ils perdent pour pafler d'un degre ^ un autre pour k-s dif- fercntes temperatures , & par confcquent les loix de ces rapports. Ce meme appareil mefure avec exaditude la chaleur qui eft produite dans les diflerens precedes chymiques, & le froid meme produit dans ces DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. 7^ eombinaifons, pourvii que I'on s'.ifliirc aiip.irjvant de la quantite ds glace — ^— »— -» qu'aiiroieiit fondue les mimes fubftances piifes (epareinent p&ur etre rediii- _ tes au terrae de zero. La clialcur produite par la combiillion , par la dcto- •' t' s i y u h.- natioii de I'air vital & de I'air inflammable, ou par celle du nitre, la cha- Annie 1780, leur animale, la chalcur produite ou abfofbee par le paffage d'un corps de I'etat de vapcur i letat de liquide, de ietat de liquide i cclui de lolidc v tous ces efrcts peuvent etre egalement mefures par la mcme methode. Les aiiteurs du mtmoire ont fait une application heureufe de ces diver- fcs experiences. lis ont d'abord mcfure immediatement la quantite de cha- leur que produifoitla converfion de Fair vital en air gazeux ■, iis ont cnluite determine la quantite d'air vital qui a etc change en air gazeux, par la ref- piration d'un cochon-d'inde dans un temps donne. Puis en pla^ant un co- chon-d'inde, de grolTeur ^ peu-pres egale, dans I'appareil de glace, ils ont obferve ce qn'il avoit fondu de cette glace, ou produit de clialcur dans un temps donne, fans avoir prefque rien perdu de fa chalcur animale, & ils ont trouve que cette ch.tleur , employee ^ fondre la glace, etoit ^ tres- peu prcs egale i celle que I'animal avoit pu gagner par la converfion d'air vital en air gazeux, que fa refpiration avoit operee dans le nieme temps. Nous ne fuivrons pas plus loin ces recherches ; les auteurs ne les donnent que comme le premier elfai d'une methode propre ^ eclaircir une des par- ties les plus importantes de la phylique. C'eft une nouvelle mefure ajou- tee ^ celle du thermonietre ■, I'un indique feulement letat de condenfation du mercure ou de I'eiprit-de-vin , qui repond au degre de chaleur des corps, c'eft-i-dire, au point ou la chaleur des corps eft en equilibre; il indique done les changemens de temperature que ces corps ont eprouves, mais le nouveau moyen fert \ mefurer Teffet meme que ce changeraent de temperature a produit, & ce moyen coniifte ^ iloler , en quelque forte, ]e corps foumis ^ I'experience , \ concentrer toute I'adtion qu'il exerce dans un feul ertet fulceptible d'etre mefure , & i fouftraire ^ I'influence de toute autre caufe, le corps fur lequel fe porte Tadlion de la chaleur. C'eft done veritablement une nouvelle methode qu'ils ont ajoutee ^ celles que nous conuoiffions , & elle peut etre fcconde en v^rites neuves & utiles. ABREG£ D£S MEMOIRES Physique. Annie tj8o. RAPPORT Fait a VAcadetnie Roy ale des Sciences , fur Us Prifons , le ij Mars ijBo. Par Mi's- Du Hamel, de Montigny, le Roy, Tenon, Tillet & Lavoisier. , Meiiw IVXr. Necker., dir^deur general des finances, ayant deraande I'avis de Tacademie, fur iin projet d'titabliffement de nouvelles prifons, dans I'emplacement occupe aituellement par le couvent des cordeliers , elle i. nonime M". du Hamel, de Montigny, Tillet, le Roy, Tenon & Lavoi- fier , pour prendre comnninication , tant des memoires rediges fur cet objet par M. Colombier, medecin de la faculte de Paris, & membre de la fociete royale de raedecine, que des plans drelles par M. Moreau, ar- chitedte du roi & de la ville. L'examen de ces plans & memoires, peut fournir la matiere d'un grand nombre de reflexions , dont plufieurs fcroient etrangeres aux fciences qui font I'objet des travaux de I'academie •, mais il n'en eft pas de meme de tout ce qui concerne la circulation & le renouvellement de I'air , des moyens de s'oppofer \ la putrefadtion, ou d'en prcvenir les effets, enfin de tout ce qui a rapport \ la falubrite des lieux, & ^ la confervation de ceux qui doivent les habiter : ces objets font du reifort de I'academie , & ce fera en confequence, relativement \ eux , que nous allons conlldercr & difcuter le projet que M. le direiSteur general a jugc ^ propos de foumet- tre \ l'examen de la compagnie. Nous nous fommes trouves obliges de referver pour un fupplement, un grand nombre de notes & d'obfervations, qui nous ont para trop cffentielles pour etre omifes; mais qui auroient lurcharge de details trop minutieux le compte que nous allons rendre. II feroit fuperflu de nous etendre ici fur I'ctat des prifons aduclles, ctt objet a ete fuflifamment developpe \ I'academie, dans le memoire qui a cte lu par M. Colombier, dans la feance du z6 Janvier dernier ; & cette ^poque eft trop recente, pour que nous nous croyions obliges de repdter les memes details •, nous nous contenterons de rappeller ici en pcu de mots , qu'il exifle a Paris trois prifons principales , dcpendantes de la jutif- didion du Chatelet, le grand & le petit Chatelet, qui etoient dans I'ori- gine des fortereffes ou tours dcftinees \ la defenfe de la villc , & le For- I'eveque qui etoit le fiege de la jurifdidlion de I'eveque de Paris. Pour transformer ces edifices en prifons, il a fallu y faire de nouvelles conftrudions, de nouvelles diftributions, & le local deji trop peu etendu, s'eft trouve encore refferie par les batimens qu'on y a entalfes •, batimens qui DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. 8i qui ont rempli d'autant moins leur objet, qu'on a 6ti geni dans leurs dif- ^—^— — — tributions, par les anciennes conftrudions, qu'on a voulu menager. p Ces priions, deji trop petites dans le temps metne oii elles ont et6 conf- h t S i Q u e. ttuites, relativement k la grandeur de la ville, le font devenues bien da- AniUe fjSo. Vantage par les accroiffemens rapLdes quelle a re^us; de forte qu'on a peine k concevoir aujourd'hui comment on a pu fe rifoudre ^ raflembler dans un efpace auflTi refferre, un audi grand nombre dc prifonnicrs. Les trois prifons que nous venons de nommer , n'ont enfemble que cinq cent vingt-deux toifes & demie de fuperficic, elles contiennent cora- rounement en total , fix , huit cents , & quelquefois jufqu'i mille perfon- nes : fi Ton defcend dans le detail de leurs diftributions, elles oftrcnt le tableau qui fuit : des cours & des preaux extrcmemcnt petits, des batimens trcs-devtSs qui s'oppofent i la circulation de I'air , des pieces fort petites & trcs-baffes, ou Ton reunit un nombre trop confiderable de prifonniers; pieces tellement diftribuees que I'air & la lumiere n'y ont qu'un acccs dif- ficile , & qu'elles puifent les unes dans les autres , un air infecte & deji vicici des ouvertures extreniement etroites & mal placees, des grabats, oii les prifonniers font plutot entafles que couches ; de la paille fouvent pour- rie , qui leur fert de lit •, des latrines & des conduites d'urine qui traver- fent la plupart des reduitsj des egouts dont la vapeur infede fe repand dans les habitations; des cachets oii I'eau filtre ^ travers les voiites, oii les vctemens des prifonniers pourrilTent fur leur corps, ou ils font tous leurs befoins-, le fol & le carreau inondes prefque par-tout d'une eau crou- i)ie, parce que fouvent elle ne peut secouler-, de toutes parts la fange, a vermine & la corruption. Tel eft le fpedtacle horrible qu'ofFrent les trois prifons qu'il eft queftion de detruire & de reformer i fpeciacle dont il nous auroit ete difficile de nous former une idee, fi nous n'eii euflions pas ete temoins {a). Le local aduel ne permet pas de corriger le plus grand nombre dc ces defauts ; il faudroit tout abattre , tout reconftruire , & la plus grande partie des inconvcniens aduels fublifteroient encore par le defaut d'em- placement. Un tableau fi affligeant pour rhumanit<5, etoit bien propre \ fixer I'at- tention d'une adminiftration bienfaifante , continuellement occupce de tout ce qui peut contribuer au bonheur de la nation. II n'eft done pas eton- nant quelle ait invite, & quelle ait encourage meme 'k propofer des pro- jets de reforme, & que ceux qui lui ont eti prefentcs, aient iih favora.- blement accueillis. Dans ceiui dont il eft ici queftion, on propofe de tranfportcr la Jurif- didion du Chatelet de Paris fur le terrain oii eft adtuellement le couvent des Cordeliers. Ce tribunal & fes dependances doivent occuper environ nioitie de I'emplacement •, le furplus eft deftine i former une prifoii qui remplacera le grand, le petit Chatelet & le For-l'Eveque. On conferve le (a) Cct prifons ne fort pas touttj trois au meme degr^ de mal-propretf & dInfeiSion; nous devons meme aux concierges qui font J> la tcte, la jufitce de dire que IVtat o\l cllas font , ticnt beaucoup plus iu local & au manque d'tau , tju'au manque de loins. Tome XVL Fartie Fran^oije, L I S2 A B R E G E D E S M E M 0 I RES — ^^~" clottre 9c les batimens qui renvironnent ^-peu-pres dans I'etat ou ih font Physique ^"i°"'''^'hui i on les partage par le milieu , pour former d'un cote une ' prifon civile, de I'autre une prifon criminelle. Tout le tour du cloitre, ou ■Annit lySo. du moins la pins grande partie , fera conferve pour foumir une promenade couverte aux prifonniers , & le milieu formera deux preaux ou promenades decouvertes. On conftruit au rez-de-chauffee des cachots, des cuifines, un liigement de concierge, &c. En fin , on diftribue le premier & le fecond etage en thanibres pour les differens ordres de prifonniers. Independam- ment de ces deux prifons. Tune civile, I'autre criminelle, on deftine une autre partie du terrain ^ former une prifon particuliere pour les femmes i line autre pour les debiteurs, enfin des infirmeries. Le d(ftail des diftributions dont M. Colombier a rendu compte ^ I'aci- demie, & dont elle a pu prendre une idee d'aprcs les plans qui ont ete mis fous fes yeux, annonce que ceux qui s'en font occupes, ont profon- denient m^dit^ fur leur objetj raais quoiqu'en general elles nous paroiflent bien adaptees au local, & propres a remplir les vues de I'adminiftration ^ nous penfons qu'on y a omis un affez grand nombre de precautions im- portantes, relatives it la fahibrite-, precautions dont I'objet a et6 trop peu connu jufquici , qu'on a neglige de prendre dans prefque toutes les conf- tru(5i;ions publiques, & fur lefquelles nous croyons indilpenfables d'ctablit quelques principes generaux^ Toutes les fois qu'un grand nombre d'hommes font raffembles dans un petit efpace, la filubrite depend de quatre chofes principals •, i''. de la proprete-, 2". de la grande abondance d'eau pour laver & pour rafraichir; 5". de la libre circulation de I'air-, 4°. du regime en general qu'on leur fait fuivre. De ces quatre articles, les deux premiers, la proprete & la grande abondance de I'eau , ont une telle liaifon entr'eux , qu'il convient de les traiter conjointement. Le local des Cordeliers laifle, 'k I'egard de I'abondance de I'ean, quel- que chofe \ defirer; les fources d'Arcueil, qui en fourniffent 'k cette partie de Paris, ne font pas fort abondantes, & par les diftributions neceffaires, qu'on en fait , il n'en refte qu'une tres-petite quantity dont on puiffe dif- pofer pour les ufages de la nouvelle prifon. La pompe Notre-Dame & la .Samaritaine , ne prefentent pas plus de reffources , parce que les eaux qu'elles clevent font peu abondantes, & qu'elles font neceffaires ailleurs. Cet inconvenient, le feul peut-ctre que ce local prefente, n'eft pas abfo- lument fans remede. En attendant qu'on amene i Paris les eaux de la ri- viere d'Yvette & de Bievre , ou qu'on y fupplee par des ponipes ^ feu •, on peut raffembler pour I'ufage des prifons , les eaux pluviales qui tom- beront fur les batimens, & elever I'eau des puits par des machines ^ bras d'hommes , il eft probable meme qu'en reuniffant ces deux moyens , on obtiendra une quantite d'eau fuftifante pour les befoins & pour la propret^«. Ce dernier moyen d'avoir de I'eau, c'eft-^-dire, en I'elevant par des ma- ■ chines, aura meme un avantage 5 c'eft de procurer aux prifonniers une oc- cafion de travail, &: de fouxnir une occupation tres-neceffaire dans Ics prifons. DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. 8j Le plan prcfent^ ^ Tacademie, nous paroit, foiis ce point de vue, cxiger; One corrcdion importante. Aii-lieii de faire paffer diagonalcment I'aqucduc „ . " i travers le terrain des prifons, nous penfons qu'il feroit preferable d'eta- " Y S i Q u s. blir tout autour, ou a« nioiiis de trois cotes, uii canal fouterrain , qu'on Ann^e ijSo. entretiendroit toujours plein d'eau , & dans lequel viendroient aboutir les tuyaux de decharge des latrines {a) : on donneroit tons les deux ou trois jours , plus ou moins , un ecouiement rapide k I'eau de ce canal , en le- vant une vanne , & on le'rempiiroit de nouveau, pour e/iter encore plus efticacement toute odeur. On etabliroit dans la longueur de ce canal des tuyaux qui monteroient de pied jufqu'k une certaine hauteur au-deffus des batimensi ces tuyaux porteroient k leur extreinite fupericure de grandes gueules de loup, dont I'ouverture feroit continuellement dirigee \ I'oppo- iJte du vent. De cette maniere, il s'dtabliroit un courant d'air de bas en haut , qui traverferoit continuellement le canal , & qui empecheroit qu'au- cune partie de Ton odeur infede ne fe repandit dans la prifon. Ces dilpofitions, qui font les plus propres \ ecarter la putridite, fuppo- fent qu'il y aura affez de peute depuis ie terrain des Cordeliers jufqu'i la riviere , pour pouvoir doniier i I'eau , par un egout fouterrain , un Ecou- iement tres-rapide ; mais c'eft ce qu'on ne peut determiner que d'apris I'examen approtondi du local & de fes environs. On propofe dans le pro- jet, de faire rendre ce canal de decharge dans I'egout de la rue des Cor- deliers •, mais n'y auroit-il pas lieu de craindre, en prenant ce parti, que la pente ne fiit pas affez conllderable , & que le canal ne fiit trop petit? nous penfons qu'il feroit plus fur de conftruire un aqueduc expres, qui fe rendit le plus dire£tement poflible, de la prifon k la riviere, & d'y faire toraber au contraire toutes les eaux des egouts voifiiis & des quartiers luperieurs , afin d'obtenir , fur-tout dans les temps d'orage , un courant rapide & abondant : il faudroit, en ce cas, que le nouvel aqueduc fut affer exhauffe dans toute fa longueur, pour qu'un homme put le parcourir fans peine , d'un bout k I'autre , qu'il fiit dans le bas difpofc en forme de ca- niveau ou de gargouilie , qu'il fiit coupe de diftances en difiances par de fortes grilles , dont I'objet feroit d'arreter les prilonniers qui pourroient tenter de s'echapper par cette voie , qu'il y fut pratique des regards, des Events meme s'il etoit poffible; enfin, la riviere devroit etre affez creufce dans I'endroit ou il viendroit aboutir , pour que , meme dans les feche- reffes , les excr^mens qui en fortiroient ne fuffent point \ isc ■, & pour qu'aux premieres crues d'eau ils fuffent emportes , & le bas de I'egout lave. Malgrc CCS difpolitions , les plus importantes de toutes pour la falubrite des prilons, il n'en fera pas moins neceffaire d'eloigner, comme on le pro- pofe, lutant que faire fe pourra , les latrines des logemens des prifonniers, de n'en conferver dans I'intirieur des batimens, que pour la nuit, que pour (a) L'odeur que r^pandent les latrines, vient fouvent de la portion des maiieres qui s'attachent aux poieries & tujiauK , qui y ftjournent & qui les engorgent. Nous avons lur ce fujet & fur plufieurs 3'Jtres , des reflexions hnportantes i communiquer h. I'acad^niie ; qous les r^fervoos pour le fuppl^menc que nous avons annonc^. L ij ?4 ABREGl^DESMEMOIRES ____^ I les prifonniers qui ne peuvent pas fortir & traverfer les preaux & Ics ga- ^ leries couvertes : enfin , que pour ceux qui font retenus au fecret & dans P» ^^ "2^ '^- les cachets. Aan^e lySo. Independamment de ce canal fouterrain, qui environnera tout le terrain deftine aux prifons, il fera neceffaire de manager dans I'interienr une grande quantity de conduits & de robinets pour la diftribution des eaux. Les cours, les preaux, les galeries couvertes, les efcaliers, les cuidnes, les refedoires, doivent etre foigneufement laves plufieurs fois par femaine en hiver , & plus fouvent encore pendant I'ete. L'avantage de cette precaution eft de- montre par la theorie & par I'experience. On obferve en efFet, que depuis que le nomme Verdun , concierge du petit Chatelet , fait laver le preait deux fois par Jour, il y a moins de malades dans cette prifon. Ces foins> au furplus, ne feroient pas difpendieux ; on pourroit en charger les pri- fonniers meme , ou des hommes attaches au fervice des prifons , & qu'ott prendroit foit i Bicetre, foit dans d'autres maifons de force. De la neceflite de laver frequemment les prifons, refulte celle de paver fes preaux & toutes les parties decouvertes , en gros gres de bordures, bien joints k chaux & k ciment, ou meme avec tin maftic plus dur encore. A regard des parties couvertes, elles doivent etre revetues de grandes dalles de plerre tres-dure, affemblees h recouvrement , parfaitement maf- tiquees , & auxquelles on donneroit une pente confiderable dans le fens oil les eaux doivent s'ecouler. On ne fauroir trop prendre de precautions pour qu'il ne foit employe i cet ufage , aucune pierre poreufe ou pierre Goquilliere , & pour que les joints foient parfaitement maftiques. II y a eontinuellement dans les prifons des gens attaques de la galle, du fcorbut, & de maladies veneriennes : fur cent criminels , ou en compte commune- ment environ foixante d'aflliges de cette dernicre maladie. Les crachats, les urines, les excremens repandus fur le carreau, le p^netrent lorfqu'il eft poreux , s'inhnuent dans les joints , & donnent infenfiblement lieu h urv fbnds de putridi-t6, qui fe ddveloppe avec le temps, & qui produit des cfFets funeftes. Mais autant I'eau eft neceflaife pour entreteiiir la proprete dans la plus grande partie des prifons, autant I'humidite eft i craindre dans les cham- bres & dans les endroits deftines ^ I'habitation des hommes , fur-tout I» nuit , & pendant le temps du repos. L'huraidite , independamment des in- conveniens qu'on lui connoit, a celui-ci de remarquable , & qui a ete obferve par I'lm de nous, ceft quelle augmente I'energie du fcorbut, dont elle developpe plus particulierement les fymptomes fur les jambes quelle tumcfie : ce n'eft done qu'avec difcretion qu'on doit laver les chambres deftinies ^ fervir de dortoirs-, elics ne doivent letre que de loin en loin, de bonne heure le matin, par un temps fee, & de maniere que toute I'hii- midite puifle etre enticrement diffipee avant qu'on y laifle rentrer les pri- fonniers. Ceft principalement par une circulation d'air abondante, & bien en- tendue , qu'on peut efpirer d'entretenir la falubrite dans cette partie des prifons. Pour concevoir les prdcauuons quil eft k propos de prendre k DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. s, ce fujct diiis les conftrudtions , il eft necenaire de coniidercr que I'air cft^—— — — iiti fltiide claftiqiie, fufceptible de fe dilater par la chaleur, & de fe con- p denfer par le froid ; que d'es qH'il eft dilate , il devient plus leger que '* ' s y q u e, I'air environnant •, qu'alors, il tend ^ s'clcver, & qui mefure qu'il s'eleve, /inn/e 1780. il eft rcmplace par de I'air plus froid & plus lourd. II faut favoir de plus, que par la refpiration des hommes & dcs aniraaux, i'air fe transforme en deux fluides elaftiqucs, qui, chacun en particulier, ne font plus propres ^ la refpiration •, que I'un de ces Huides eft plus leger que I'air commun , & I'autre plus pefant •, mais que la portion la plus iegcre eft jncomparable- ment plus conlidcrable en volume que la plus lourde : enfin , il ne faut pas perdre de vue, que chacun de ces airs, & celui de I'atmofpherc lui- mcme, peuvcnt, dans quclques circonftances , devenir plus lourds que I'air environnant , fuivant la nature des emanations dont ils font charges. Sans entrcr dans de plus grands details, il fuftit d'obferver pour la prati- que , que les precautions relatives i la circulation de I'air dans les lieux babitcs, doivent avoir deux objets-, le premier, & c'eft le plus eflentiel , de fe debarraffer, par des ouvertures luperieures, de la portion mcphi- tique de I'air, qui eft plus legere que celui de I'atmofphere •, le fecond, de procurer par des ouvertures inferieures , un ^coulement 4 I'autre por- tion mephitique de cet air, qui eft plus lourde, mais qui eft, ainli qu'on I'a dit, en quantite beaiicoup moindre que la premiere. Ces deux ouvertures fuppofces , il ne fera pas difficile de fe former one idee de la circulation qui s'etablira dans I'air des chambrcs ou des cachots, oii les hommes feront renferjnes. D'abord, le corps de chaque in- dividu, formant dans ces reduits des efpeccs de pocies qui ech.iufferont I'air, & qui le rendront plus leger, il s'etablira, par cette feule caiife, un eourant d'air de bas en haut-, lair s'echappera par I'ouverture fupericure, & fera rcmplace par une nouvelle portion qui s'introduira par I'oaverturi inferieure. Mais indepcndamment de cet eftet general , & pour ainli diro mechanique de la chaleur, la refpiration des individus en produira unc autre; I'ajr de Tatmofphere fe decompofant , coramc nous I'avons dit, en palfant par leur poumon , & fe transtbrmant en deux efpeces d'air , la plus legere, entrainee par le eourant general, lortira par I'ouverture fupe- rieure , tandis que la plus pefante gagnera le fond , & s'ediappera en glif- fant le long des parois de I'ouverture inferieure : on pourroit raeme adaDtc-r sux ouvertures circulaircs pratiquees dans les planchers , des tuyaux de grcs ou de fonte , qn'on incrufteroit dans les murs , & qu'on feroit de- boucher dans les cheminees etablies dans les ctages fuperiears ; le feu de ces endroits acceldreroit I'afcenlion de I'air, c'eft le meilleur des ventila- leurs : nous fcrions aflcz portcs a croire qu'il n'cft pas neccffaire, pour efa- tlir cc eourant d'air, que les ouvertures, tant inferieures que fuperieures, Ibicnt trcs- gran des; mais les faits nous manqucnt pour prononcer d'unc manicrc prccife fur cet objct , & nous fommcs obliges d'eji appclicr i I'expdriencc. Indepcndamment de cc que ce renouvelleiVient continuel de I'air eft ne- ccilaire 4 la falubiit^ dcs licux & i la conicrvatioQ dc ceux q^ui les babL- 8(5 ABREGEDESMEMOIRES — M^— — » tent , il procurer! nn rafraichiffcmciit tres- utile pendant les chaleurs de letc", mais cet avantage meme deviendra un inconvenient pendant I'hiver, P II Y s I Q u E. g^ ^g courant continuel d'air rendra les habitations trcs-froides : le moyen yinn{e trSo. '^ P^us coriVenable pour rcmedier "k cet inconvenient, confifteroit ^ fairs regner, comme on I'a fait en quelques prifons d'AUemagne , le long de» chambres & des cachots, des tuyaux de chaleur, dont les extrimites paf- feroicnt i travers les pocles , dans les chauffbirs , derriere la plaque , on fous ritre des cheminees", on profiteroit ^ cet efFet de tous les feiix allu- mes pour le fervice de la prifon, & pour celui d<:s agens qui y feroieiat attaches. Par ce moyen , au-lieu d'un air froid qui viendroit remplacer I'air infe 1780 Un lieu pour vuider les paillalTes , en bniler la pailie, & pour les rem- " ' plir quand la toile en eft blanchie ; car on ne doit point laifler fcjourner dans aucun endroit de ces hopitaux & de ces prifons, de pailie chargce de niaticres putrides & de verniine. Un lieu pour conferver la viande & le bouillon. Un autre pour rtnferraer le bois & le charbon. Voili les principales pieces que nous croyons indifpenfables de joindre dans chaque prifon aux infirmeries. Quant ^ ces infirmeries, nous jugeons qu'il doit y en avoir fept pour le fervice ordinaire des nouvelles prifons, lavoir, quatre au criniiiiel , & trois au civil. Des quatre infirmeries du criminel, deux feront refervees aux hommes, les deux autres aux femmes. L'une des deux falles des hommes, fervira nux malades que les magiftrats font obliges de tenir au fecret , I'autre aux criminels malades qui ne font point au fecret. II en fera de nieme des deux falles deftinees aux femmes, on mettra dans l'une les malades au fecret, & dans I'autre celles de ces femmes malades qui ne font point • au fecret. • L'etendue de ces quatre infirmeries fera differente , & reglee d'apres un releve fait pour vingt ans , fur les regiftres de la Jarifdidtion du Chatclet , du nombre des criminels du fexe mafculin, du fexe feminin , & du nombre des perfonnes des deux fexes detenues au fecret. L'une des trois infirmeries de la prifon civile , eft deftinee aux defer- tcurs & aux foldats dont les rigimens ne font point ^ Paris , foldats qui , dans le regime aduel , ont pour prifon le For-l'evcque. L'autre aux hommes qui ne font point dans les troupes. La troifieme eft pour les femmes. Nous avons plutot eu egard , dans cette diftribution des infirmeries , au genre de delits des prifonniers, qu'i la nature de leurs maux : fans doute il n'y en a que trop parmi eux qui foient afFedes des vices fcor- butiques & vin^riens, trop de puimoniques, de femmes cancereufes , & meme des femmes enceintes & prctes d'accoucher, qu'il eut etc a fou- haiter que Ton eut fepares des autres malades ; s'il eut fallu les clafler tous, & les mettre dans des falles particulieres , on fe feroit jeti dans une trop grande depenfe qu'il eft jufte d'eyiter, nous ne les perdrons point de vue pour cela, ils donnent lieu ^ pluheurs des precautions que nous avons indiqu^es , ou que nous indiquerons par la fuite-, mils il etoit equitable de feparer tous ces malades, & de ne point confondre les fccMrats au fecret, avec d'autres prifonniers qui pourroient n'ctre que prcvemis de crime-, les criminels avec les prifonniers civils, la foldatclque avec les au- tres citoyens : ce que Ton ne peut cependant pas fe difpenfer d'.ijouter, ce feroit, dans chacune de ces prifons, une chambre pour les femmes en couches. r,& ABREG16 DES MEMOIRES Nous avons dit que fept infirmeries luftiroient pour le fervice courant p des nouvelles prifons-, niais n'y a-t-il pas des temps malheureux, dans ^ ■ une grande nation, oii les prilons font tout- ^- coup lurchargees de mondc Atin^e fjSo. & trop etroites, tout-i-coup lurchargees de malades ? L'txeniple de ce qui eft arrive il y a quelques antiees k la Conciergerie, lors de I'incendie de la galerie des crimincls, oii Ton fut oblige de ver- fer, ^ I'iiDprovifte , les femmcs de cette prifon dans celie de >Saint E!oi,& beaucoup d'hommes dans celle de Tabbaye Saint-Germain, prouve le be- foin de quelques infirmeries & falles de referve , oii Ton pourroit trans- ferer, dans I'occallon, ou des malades, ou (implement des prilonniers. Un etabliffement , comme celui que i'on projette, fait pour luftire dans toutes les circonftances, & attefter ^ nos delcendans la fagelFe de Tadmi- niftration prefente, demandc done que Ton le precautionne k cet ^gard, en conftruifant ces hopitaux dans les nouvelles prifons. Venons aux batimens de ces petits hopitaux aux infirmeries qu'ils ren- fermeront ; ca decrire une, c'eft les dccrire toutes : mais comme les prin- cipes d'aprcs lefquels nous les formerons, font ignores, & qu'en confe- cuence ils ne font appliques k aucunes infirmeries , nous ne difons pas (unplement de prifons, mais d'hopitaux bourgeois, de filles ou dortoirs, nous n'en exceptons pas meme celles qui font nouvellement conftruites, & qui, comme toutes celles que nous connoillons, ont de grands defauts, nous nous expliquerons fur ces principes , & les appliquerons k une in-, firmerie : XTials qu'il nous foit permis aupatavant, ami de nous faire niieux entendre, de decrire ici fuccindement un hopital de force, tel que nous le concevons, non pour en determiner la conftruiftion , I'^ten- due, ce qu'il faut abandonner, avec raifon, k I'habile architeifte charge de repandre fur ces objets les regies de fon art; & les relTources de fon ginie, mais pour nous rendre compte k nous-jnemes, des rapports d'une infirmerie, avec les differentes pieces qui lui font acceffoires, & avec le fervice des infirmiers, car ces pieces acceffoires, ce fervice des infirmiers, font partie de la conftrndtion des infirmeries, ils en font tellement partie, qu'en retranchant certaines pieces acceffoires, certains points du fervice, il faut neceffaiiefnent changer ceitaius objets dans les infirmeries : ceci s'expliquera. Suppofons done un batiment de la forme d'un carre-long , ifole, com- pofe de deux etages, fans compter le rez-de chauffee , qui lui-meme feroit cleve de deux h. trois pieds au-deffus du niveau du fol , & fans compter les greniers , avec un avant-cprps au milieu, & en-dcvant pour le prin- cipal efcalier, la chapelle, le refervoir d'eau de I'hopital, un avant-corps au milieu , fur la face de derriere , pour les grieches. Qe batiment , expofe au midi & au nord , dans un climat comme Ic notre, ouvert fur les deux faces, auroit au rez-de-chauffee une infirmerie k droite , une autre k gauche ■, ce feroient celles que I'on referveroit pour les occalions oii on feroit furcharge de prifonniers ou de malades. Au premier feroient les hommes , les femnies au fecond ■■, i chaque etage on placeroit d'un cote les gens au fecret> de I'autre ceux qui n'y lont pas; au DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. 97 all centre de cluqiie etage feroieiit pbcecs les pieces accelTviires & com- — — — —m miiiies an fervice des deux fallcs, conimc la cuiline , la ch.imbrc d'in- firmiers. _ P a v s 1 q u La chnmbre dn changeage, la petite ch.imbre commune pour raumonier, Annie 1180, les mcdecins, ihiriirgicns , ofhciers de jiifticc , rapotliicairtrie, & le ma- gafin au linger & Ton troiiveroit dans les greni-rs, des magafins pour les juatelas, les paillaffes, les hardts, les iinges & les autrcs eftets infcdes. Quant au lieu de depot pour les mort5, au four de la pouillerie, au lieu pour vuider les pailiafies, on les piacera dans quelques recoins inu- tiles d'une cour, feulemcnt on aura I'attcntion de pr.itiquer dans le depot pour les morts, un egout, par lequel les eaux quon y emploiera , s'en iront \ I'aqueduc qui pallera fous les grieches. Cela pofc, il ne nous refte pl«9 qu'i nous expiiquer fur les principcs felon lelqutis on doit former line intirmerie , & qu'i en fiire I'application \ une infirmerie de prifon. 'Lzi iiifirmeries de prifon demandent une attention continuelle & par- ficuliere , non-leulement pour que les prilonniers malades foient claffes, lie puilfenr point fe communiquer , on en a parle , ne s'en ^chappent point, mais encore pour qu'ils ne puiflent point y porter atteints ^ iiur vie, non plus qu'^ cclle de toutes les perfonnes qui lont dans le cas d'en approcher. II faut done les furveiller nuit & jour , & que la furveillance en foit aifee-, il faut encore qu'ils n'y trouvent aucuns uftenfiles que i'on puilTe employer a fe faire des armes. Des guichets ouverts de la cuiline , & de la chambre des infirmiers, fur les infirmeries, les fera furveiller fans ceffe , d'autant plus fiirement qu'il n'y aura dans ces infirmeries, ni rccoin oil Ton puilfe s'attrouper, ni rideaux aux lits , non plus qu'aux fenetres •, de forte que I'ceil , place au guichet, fe portera egalement par-tout. Les uftenliles qu'il n'y faut point admettre , font des chenets, des pel- les , des pincettes , des couteaux , des fourchettes , des pots & tets de grcs (a),- tous les ferremens, tant des portes que des croifees & des lits, y feront pofes avec un tel foin qu'ils ne puiffent en etre detaches-, on pour- roit citer des mcurtres des gardes de bicctre, faits avec de ces ferremens qui dtoient tombes au pouvoir des prifonniers des cabanons, ou faits avec des fers aiguifes , qu'ils avoient tires des bandages qu'on leur avoit don- nes pour contenir leurs defcentes-, c'eft une raifon pour fupprimer le fer des bandages que I'on donne \ ces fortes de gens. Comme il n'y aura point de rideaux aux lits & aux croifees, il n'y aura pas non plus de tringles de fer , on ne laiffera point de cordes aux croi- fees pour en ouvrir les volets; & dans les infirmeries, aucuns bois legers, comme traverfcs, barrcs de lits, & autres objcts femblables : on concoit qu'on peut le reiacher fur plulieurs de ces precautions dans les infirmeries de la prifon civile, ou les prifonniers n'ont point le meme intcret de fc lauver, de fe defaire, & par cette raifon font moins \ redouter. (11) II eft arriv^ plufieurs fois que dcj criminels fe font coupes la gorge avec des tcts <3e pots de gres, )) galeiix (& tons les crimincls, on pen s'en faut, font galcux; pour les rfnr- — treux (& beaucoup de crimincls out des dartres); pour les perlonnes atta- p quces du mal vcncrien , parce qu'elles font fujettes \ des humeurs ^ la peau (& les (ix dixiemes environ des crimincls, font arfcdtes de cette maladie]; Annie tj8o, pour les pulmoniques , afin de ne point augmcnter leur toux , la fuppura- tion du pounion , exciter ou rcnoiiveller le crachemcnt dc fang; ces atten- tions font encore indifpenlables pour ceux qui ont le dcvoiement, des rhumatilnies , la goutte, iiu epaifliffement dc lymphc , & une abondnnte fuppuration i quelques parties exterieurcs ; & pour d'autres maiades. En un mot, I'introduftion de I'air ftoid dans les infirmeries, pour y cntrete- jiir la falubrite de I'air qu'elles renfermcnt , eft lubordonnce h la neceffitc d'y conferver la chaleur neceflaire aux vieillards, aux nioribonds, & aux rifques qii'il y auroit dans une infinite de cas, d'y occalionner des tipcr- cuflions dangereufes. Cependant il faut i'entretenir cette purete d'air li de- iiree & fi importante h conferver : on I'entretiendra effentieliement en prcvenant fa corruption , & c'eft ^ quoi il faut s'appliquer. Les caufes de I'infedtion d'une infirmerie, y font apportees du dehors, ou bien elles ont leurs fources dans les infirmeries memes , quand celles- ci font habitces , il convient done d'empecher les premieres d'y entrer, & de fe delivrer le plus avantageufement qu'il fe pourra des lecondes. Les premieres reiident quelquefois dans les hardes des maiades venant de lieux pen aires & humides, & conliftent dans ime virulence d'une adti- vitc incroyable; pour en juger, il fuffit de rappeller I'exemple de ces juges d'Anglctcrre , qui perirent pour avoir laiife approcher d'eux , avec leurs vetemens infectes, des prifoiiniers dont ils inftruifoient le proccs. De rap- peller qu'en I7.f4, des tapilTiers voulurent reparer h Gand une tente qui avoit fervi I'annee precedente aux troupes angloifes en Allemagne , & qu'oii en apporta par eau , dans une belandre avec des maiades : de vingt- trois ouvriers qui travailloient ^ cette tente , il en mourut dix-fept de fievre nialigiie (a). C'eft fur de tels exemples qu'eft fondc I'etablilfemer.t que nous propofons d'une chambre de changeage, ^ la porte d'une infir- merie de prifon. Les fecondes caufes , celles qui ont leurs fources dans les infirmeries ou il y a des maiades, fe rapportent aux lix claifes fuivantes : 1°. Aux emanations du corps, que les maiades en etat de fe lever, doivent retrancher des infirmeries, en allant, foit Ic jour, foit la nuit, le vuider dans des latrines feparees des infirmeries. i°. A toutes les emanations du corps, que Ton eft force , & qu'il eft poUIble d'y recevoir dans des vafcs que Ton couvre cxaAemcnt , que Ton vuidc & que Ton nettoie plulicurs fois par iour , hors des infirmeries. Cet article regarde les chaifes pcrcees, les tinettes, les balTIns de garde-robes, les urinaux, les baflins aux crachats pour les pituiteux , les pulmoniques, ceux qui falivent, les baflins pour les faignees, le pus, les charpies, com- (a) M, Pringle , obfervaiions fur les maladies des armies ; Paris , 1755, tome I, page 41. N ij Physique. loo ABREGE DES MEMOIRES preffes & bandes retirees pleines de pus des plaies & des ulceres , toutes liibftances dont il faiit s'emparer le plus que Ton peut , afin qu'elks ne ■ foient point repandues dans les lits, non plus que lur le plancher. Annii lj8o. 5°* ^^^^ emanations du corps, qui, ayant echappe i tous its expediens dont on vient de parler, feroient revues dans des ferviettes, des alezes, des draps roules, & dans toutes ou quelques-unes des pieces qui compo- lent un lit, ou qui enveloppent le malade, toutes pieces, qui, etant p^- netrees "de ces infections , doivcnt etre retirees tres-promptement des falles ", mais avec cette attention , de ne rien repandre de ce qu'ellcs con- tiennent fur le plancher : car le plancher d'une infirmerie doit etre fur- veille avec le plus grand loin , & tenu le plus propre qu'il fe peut •, les excremens en tous genres dont il fe chargeroit , fe corromproient fans doute avec le temps : il faut done les enleverv un des meilleurs expWiens que Ton ait pour cela, eft le lavage du plancher, mais il ne faut point en abufer ; nous nous expliquerons lur cet objet. 4°. Aux corps morts eux-memes, que I'on doit retirer d'une infirme- rie audi- tot qu'il eft poffible, pour qu'ils ne continuent pas d'y repandre l'ii)fe(3:ion , & avec affez d'attention pour qu'on ne les y laille pas s'y vui- der des impuretes qu'ils renferment : un brancard double en cuivre ou en plonib lamine , feroit employe utileraent , dans beaucoup de cas , ail tranfport des morts , qui fe vuident les uns par la bouche , & les autres par I'anus, ou bien ^ la fuite d'une pondion faite i la poitrine & au bas- ventre, pour prevenir que les corruptions qui s'ecoulent de leur corps ne fe repandiffent dans les falles. On a pourvu ^ ces quatre premieres claffes, ou caufe d'infedlion, par les pieces acceffoires "k une infirmerie. 5°. Aux fubftances pretes i fe corrompre ou corrompues , que Ton n'aura pu empecher de,fe repandre fur le plancher, mais qui feront infini- ment reduites, tant pour la quantite que pour leur adivite, au moyen de toutes les attentions precedentes : fubftances qu'il s'agit prefcntement d'en cnlever, avant que par leur fejour, elles puillent acquerir de la virulence, ou I'augmenter li elles en avoient dej^ , avant qu'elles puiifent repandre dans fair des lalles & fur les malades , des corpufcules mal-faifans. 6°. Enfin, aux corpufcules mal-faifans repandus dans fair des infirme- ries, & qui s'elevent des excretions en tous genres, tombees inevitable- ment lur le plancher, dans les linges & les lits, ou qui exhalent de tous les vafes oii on les auroit ralfemblees ou enfin de la matiere de la tranf- piration , de la fucur, ainii que de celle qui eft entrainee durant chaque expiration , de toutes les perfonl^es qui habitent dans une infirmerie ; voi!^ ce-qui pafle dans fair d'une falle , & les matieres dont il faut les purgcr. Nous les diftinguerons, ces corpufcules mal-faifans de fair des falles, en deux efpeces-, il y en a qui par leur pefanteur, s'approchent du plancher; c'eft cet air acide connu dcpuis quelques annees, fous le nom i^ air fixe ou m^phitique , & il y en a qui avec I'air quelquefois le plus chaud des falles, s'elevent dans les voutes-, nous difons exprcs dans les voutcs , car une infirmerie bien faite doit etre voutee, les folives, les poutres font au plancher fupcricur, des comp.utimens, d'ou On ne degage point I'air aulli DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCE.'?, i.-i facilemetit qu'on le retire d'line voilte dilpofee comiiie il convient quelle ^—— — ^— le foit pour cet effet. • p , I] ne nous refte done plus h parler des infirmerics, que fous Icurs rap- " ^' s i Q u t. ports avcc les methodes d'en iiettoyer le plancher & d'cn cpurer I'air, deux ytnn^e zySci objets qui vent etre traitis, apres que Ton fe fera occupe de la conftruc- tion des falles. On donnera ^ chaque falle vingt-deux pieds de large, fur une longueur proportionnee au nombre des lits que Ton y admettra, elles feront dal- Ices en pierres durcs h recouvremcnt ; on laiiFc-ra ^ la pierre des murs de face & de cote, dans les infirmeries, depuis les dalles Jufqu'i lix pouces au-deflus des memes dalles, un chanteau de pierre de llx pouces de fail- lie, mais taillc en bifeau, qui fervira ^ reverfer I'eau qui pourroit s'appro- cher des murs lors du lavage, & en eloigner les lits : les dalles feront lege- rement inclinces depuis les murs de face Julqu'au milieu des falles , oii regnera d'un bout ^ I'aufre une legere rigole, dont ia pente fera dirigee vers les grieches. On etablira deux robinets pour de I'eau froide dans cha- que grande falle, un h chaque bout, & un pour de I'eau chaude venant de la cuiline : fous les deux robinets voilins de la cuiilne, fera une pierre creufe ; dans les petites falles ^ les deux derniers robinets & la pierre creufe fuffiront. Toutes ces falles feront voutees , mais de forte que le centre des voiites foit moins eleve que leurs cores; des croifees s'y eleveront jufqu'au haut, elles auront le tiers de la hauteur des falles, & s'ouvriront k quatre ven- teaux , les fuperiei^l auront huit pouces feulement fur loute la largeur de k croifee. Lis aftleureront les cotes de la voiite-, les inferieurs s'ouvriront du refte de I'etendue de ces croifees, ainh ils feront beaucoup plus grands que ceux d'en haut. On fe procurera un tuyau de cheminee dans les petites falles, deux dans les grandes , un i chaque bou.t, deftines dans I'hopital criminel, a recevoir des tuyaux de poeles, & prets a etre ouverts dans les cas particuliers oii il feroit iieceflaire que I'un ou que tous les deux le fuflent , car certaine- ment les cheminees font preferables , dans une infirmerie , aux poeles : venons au lavage du plancher. Quand il fera chaud on lavera ^ fond quelquefois, quand il fera moins chaud, on lavera par- tout, mais h i'cponge i dans certains cas on lavera feulement le lieu qui en aura befoin , I'eau eft diftribuee pour faciliter toutes ces operations. II ne fuffifoit point de procurer les moyens de laver les infirmeries, il f?lloit encore en faciliter le dcffrchement ; car non- feulement le froid , mais I'hun.idite a dans certait-.s cas les inconvcnicns ; comment les prevenons-nous ? nous tenons les in'iniieries, meme infe- rieures , & que nous refervons pour les temps extraordiiiaircs ou les prt- fons feront furchargees de monde , k trois pieds au-deffus du fol , & nous placons celles qui font deftinees au fervice courant, au premier & au fecond ctage, oii on fera plus fechement; nous y inclinons les dalles ^ vers une ligne qui pafferoit d'un bout k I'autre pir le centre des falles, pour y vcrfer I'eau-, par ce raoyen nous ecartons I'huuijdit; dts princi- ici ABREGE DES MEMOIRES paiix murs qu'il eft effentiel de tenir fees , nous I'ecartons d'autant plus „ iilrement, que nous n'avons laiffe entre ceux ci & les dalles aucun joint, P H Y S I Q U E. „ • . ^ . -11' J 1 • » T & qu.ui contraire nous y avons taille dans la pierre meme un relervoir Annie fjSo, qui en ecaite I'eau, & qui en tient les lits eloignes de fix pouces, afin que i'air ait en tout temps un cours Ifbre dans ct intervalle : touts I'hii- midits des falles fe ralFcmblcra done neceffairement dans la rigole qui regne fur leur longueur , \ quatre pieds & demi de diftance dt s pieds dcs lits, & nous fuppofons chaque lit de tix pieds de long iur trois de large; les eaux s'ecouleront d'elles-mcmes, ou \ I'aide de Icgers foins, dans les grieches, qii'ellcs nettoieront en y paffant ■, le Ibleil , I'air iec qui frappe- ront librement au centre des falles, oil fera la plus grande humidite, fe- ront le refte-, les poeles places convenablement, opercront durant I'hiver, ce que le foleil iie feroit point en etat de faire pendant cette faifon ; ail /lirplus , on diminuera alors le befoin du lavage, en redoublant de foins, & quand les cracliats gagneront, en repandant du fable fin entre les lits, (able que Ton enleve quand il eft charge d'humidite, & qui dilpenle, les jours froids, d'un lavage qui refroidit trop. , Nous avons donne neuf pieds de large \ I'efpece de galerie regnante entre les deux rangs de lits, on pourroit ne lui en donner que fix oti fept , le fervice & le deflechement ne s*en feroienl pas moins , mais un autre motif que les befoins du fervice & le foin de deffecher, nous y a determine. On ne doit point fe fervir des infirmerles de referve fans une grande neceflite, parce que leur etablifferaent cntrainera une^epenfe qui peu de temps apres fera inutile ; or , dans les cas ou il furvrendroit un quart , merae un tiers de malades plus qu'^ I'ordinaire, une nouvelie rangee de lits , qui alors feroient des lits de camp , & que Ton placeroit dans cette galerie , fatisferoient au befoin du moment. Nous nous fommes etendus expres fur le lavage des infirmeries, parce que nous le jugeons d'une neceflite indifpcnfable , la falubrite de I'air de ces lieux remplis de corruption, en depend encore, il eft d'autant plus indifpenfable dans une infirmerie de prifon, que I'ceil irapofant du public n'y anime point comme dans les hopitaux ordinaires ou il penetre, I'ac- tivite & le zele des gens de fervice , charges d'approprier les malades & les falles-, & que ces gens de fervice font encore, dans les prilons, d'un ordre inferieur, pour les loins, ^ ceux des autres hopitaux. Expliquons-nous maintenant fur ce qui regarde la chaleur, I'air impur des falles , & fur les methodes que nous croyons les plus propres pour s'en delivrer. La chaleur d'une infirmerie depend de celle de Tatmofphere , de celle des malades qu'elle renferme , des fubftances putrides qui y font quel- quefois en fermentation , & de la chaleur du feu venant des cheminees & des poeles : il y auroit fur ces quatre caufes , des recherches \ faire pour s'afliirer de leur influence fur le dcgre de chaleur de I'air des infir- meries; nous ne fommes point encore affez inftruits de toutes ces cliofes pour nous cxpliquer convcn.nblemcnt ^ leur lujet , nous ne pourrions DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES, irj hire naitre cue des doiites & des delirs i cet egard : niais f.iifaiit abftrac- — "«— g"" — tion de la chaleur provenant du feu , parce que Ton Git micux la gou- veriier que ceiles des trois autres caufes dont on vicnt de p.irler •, & nous ^ " ^ s i Q u e. arretant un moment ^ cellc que ces autres caufes repandent dans une infir- Anm'e ij8o. nierie, pour la fuivre dans la difperlion, nous trouvons qu'en general la chaleur y eft plus foible i un pouce au-deffus du carreau, que d.ns les tranches d'air qui font i trois & h quatre pieds du fo! , & qui repondent k la hauteur de la bouche des maladcs ctant couches ; & que dans Ics tranches d'air voifines du plancher, ou les plus elevees, ou elle eft ordi- nairement la plus forte , nous obfervons , dans certains cas , depuis trois quarts de degri jufqu'i deux degres un tiers plus de chaleur, pres du plan- cher fuperieur que pres de I'inferieur : & depuis un demi degre jufqu'i un degrd & demi de plus i la hauteur de la bouche, que dans les tranches d'air les plus baffes-, c'eft du moins ce qui fe remarque dans quelqucs iiifir- nieries dont Ic plancher ou les voiltcs ne font point ouverts , car pour ceiles oil I'air extericur a un libre acccs par les voutes , il arrive bien , dans certains cas, que la chaleur y eft plus foible vers le carreau qu'i la hauteur des malades , k cette derniere hauteur que vers le plancher fupe- rieur-, iiiais il y arrive audi que cette chaleur vers Is plancher fuperieur, y eft plus forte quelquefois de trois degres que vers le carreau, & que dans les infirmeries ^ plancher ouvert , la chaleur eft quelqutfois plus foible dans les couches d'air fuperieures que vers le carreau. Nous trou- vons dans nos obfervations fur I'hopital Saint-Louis k Paris , un cas oi\ la chaleur etoit de dix degres vers le carreau , & de neuf dans la lanterne qui domine la voute de la falle Saint-Auguftin •, ce qui montre qu'il eft plus facile de fe rendre maitre de la chaleur & du froid, de les gouverner h fon gre dans les falles h plancher ferme, que dans ceiles a plancher ouvert. Quant k I'air impur , on pent le rapporter ^ I'air mephitique & )t I'air putridc-, le premier, fortant fur-tout du poumon avec de I'humidite, eft, dans cet etat , plus pefant que I'air ordinaire •, le fecond, de fa nature, plus legcr que I'air ordinaire du bas de I'atmofphere , & de plus cchauffe dans les infirmeries, y eft porte effentiellement dans les parties les plus i\evies. On auroit pu diftinguer encore un air mephitique, fee & leger, de I'air mephitique humide & pefant •, mais comme le premier s'eleve dans le haut des falles avec I'air putridc, & que les moyens de Ten degager ou d'en afFoiblir les cft'ets , rentrent jufqu'i un certain point dans ceux avec Icfquels on s'y delivrera de I'air putride, nous avons cru pouvoir, quoique diftinfts de leur nature , les comprendre dans un meme article. A quel point doit-on redouter , dans les infirmeries , I'.iir mephitique du poumon? (nous ne parlons pas de celui qui provicndroit de la braife & du charbon , on ne doit jamais y en briiler , ^ moins que ce ne foit dans des chcminees ou dans des pcclcs:) depuis trente-cinq ans & plus,' que nous obfervons ce qui fe paffe dans les hopitaux , nous n'avons ja- mais VM que la flamme d'une bougie ou d'une chandelle s'y eteignit, foit 104 ABREGfi DES M E M O I R E S: ■■ ' »i..mjjiLi I !!■■ ■ autour des lits, foit eii I'approchant da fol; & nous ne fachions pas que qui que ce foi: I'y ait vu s'y eteindre. Les prifonniers de Bicetre, attaches P II V s I Q u E. pj,. ig j.f,j, jj_,„s des cachots profonds, & couches fur le fol dans de la ^n'li'c tj8o. paJlle hachde & corrompue, c'eft-^-dire, dans les couches d'air les plus baffes , CCS prifonniers n'y font point fuffoques , les flambeaux portes i la hauteur de cctte paille , ne s'y eteignent point ; & les commilfaires de I'acadeniie pour les prifons, ont vu, lors de Icurs vilites au For I'eveque, le 2 1 mars 1780, que la flarame d'une chandelle n'eprouvoit aucune al- teration fenfible au milieu de lix hommes detenus dans un cachot etroit & mal acre. Ces obfervations porteroient \ "croire , ou qu'il n'y a pas dans les infirmcries & les cachets autant d'air mephitique pefant qu'on pour- roit le penfer, ou que du moins, s'il y en a beaucoup , il y eft dans un etat h. ne point y faire tout le nial qu'il a coutume de produire quand il eft libre. Quant i ce qui regarde fair mephitique leger & fee des infirmeries, nous avons foumis expres , en avril lyyy, deux pigeons, pendant cinq jours &. cinq nuits i fon adion , dans une des ialles des fcorbutiqucs de I'hopital de Saint-Louis-, ils y furent expofes, un pied. au-delTous de la lanterne qui en couronne la voute, on les en a retires vivans , & fans qu'ils paruffent avoir fouffert. Quoi qu'il en foit, nous croyons devoir donner des attentions ^ ces deux airs mephitiques \ le plus pefant fe raf- femblera vers la partie la plus baffe de la falle , vers la rigole, ainli eloi- gne de la bouche des malades, i! les incommodera moins, I'humidite que Ton pourra y entretenir, I'y enchainera, pour ainfi dire, ou du moins I'af- foiblira encore-, enfin, on fera ^ meme de le neutralifer, en repandant i propos fur le plancher, de la cendre de bois neuf, oil de la chaux en mietles. Pour ce qui eft de Fair mephitique fee & leger, & de I'air putride , raffembles dans la voute, on. les en degagera [a) par les feuls panneaux fuperieurs que Ton ouvrira le matin , quand il fera froid ; on aura de plus I'attention de ne point ouvrir alors ceux du haut bout des falles , oii fe- ront places les moribonds & les malades qui auroient plus befoin de cha- leur , fe refervant d'ouvrir les quatre panneaux de chaque croifee , vers le, milieu du jour , lorfque le foleil aura epure & echauffe ratmofphere , & tcHtes les fois, dans quelque faifon que ce foit, que la temperature le permettra : par ce moyen, tantot on retirera peu d'air des inhrmeries , on en retirera feulement les couches fuperieures & incommodes , & tantot on en retirera davantage d'un bout que de I'autre , on n'y en admettra de pur, mais de refroidiffant , qiA proportion de ce que Ton en aura degage d'infed & de trop chaud : enfin , on le renouvellera en entier dans leg • cas oil cela fera neceffaire , ^vitant d'en admettre de trop froid ou de trop chaud , lorfqu'ils incommoderoient -, car les croifees ne font pas feu- lement ^ dans les falles de malades & les dortoirs, des moyens pour y , .(a) Kom. Je dois avertir que i'on a un m^moire de M. du Hamel , inftr*- dans ceux de I'acadcmie , pour I'ann^e 1748 , fur differens moyens de renouveller i'air des infirnic:ies & ;indra!ement de tous les endroiis 011 le mauvais air peut incommoder la rclpiration , page lie, H eft pleia d'excelkmcs vucs , & I'on fera bien de ie confulter. modcrer DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. 105 mediirer le jour, y en admettre mi fiifHiant aiix bcfoins de la vie, e!!cs ; font de plus un inftriinicnt pour en vtiider lair, y en adraettro de noii- „ veau, dans line proportion , & avec le degre de chaicur , de froid, de *^ " ^' fecherefle & d'huniidite convenablcs-, je dis cxpj-es de froid, pafi.'? qu'il Annii fSo, y a des cas , comme dans les pertes de fang, Ics hcmorragics ipontanets, celles qui furviennent aprcs les operations de chirurgie , oil il convient d'en diipoler ^ fon gre, afin de les icmpdrer par Ton moyen. EXPLICATION D E LA BLANCHE, Repr^fentant I'ilivation & la coupe en perfpcHive , des grieches ou la~ trines conjlruitcs dans la maij'on de force de I'hopital de la Salpltriere a Paris. FlCUllEPREMIERE. AAA Cone bati en pierres de tailie pour trols etages ; foil fommet tronque & ouvcrt, s'eleve comme le tuynii d'line chcminee , de cinq ^ fix pieds au-detlus du cotn- ble du batiment : on a fiit expres une coupe dans Ic cone pour en niontrer I'intcrieur. B B B Sieges d'aifances circulaires , garnis de lunettes : il y en a un pour chaque etage. CCC Tiiyaux qui de chaque lunette, plongent obliquement dans I'intcrieur du cone. DDD Cabinets d'aifmces. II conviendroit que les planchcrs pn fuffent voutes & dalles, que les dalles fulfent inclinees vers le bas des fieges d'aiiances, & que fous ces (ieges, on menageSt des trous qui rendiffent dans le tuyau des liinc-ttcs , pour I'crcouleiTient des eaux nscedaires aux lavages frcquens de ces planchcrs des grieches, & pour recoulement des eaux des falles. EEE , EEE Portes qui communiquent de I'intcrieur des falles dan? les cabinets d'aifances. Dans un hopital bourgeois , il feroit bon de placer un corridor entre ces cabinets S; les falies des raalades. FFF Salles. GCGG Mur de fepsrafion des cabinets d'aifances. H Courant d'eau neceffaire pour cmporter les excremens. Dans des prifons , entre les piles qui. plongent dans I'eau, feront placees de fortes grilles, ainu que dans les luncttc-s des grieches. Tome XVI. Partie Franfoi/e. O • Physique. lot ABREGE DES ME MOIRES Figure seconds. Mnt'e tjSo. pi^^ giomitral du cone' des grieches , & des murs qui I'entourent. L(s planchers des bdlimens adjaans font fupprimis : ce c6ne a au re\' dc~ chaujfk douie pieds de diamelre , & quatre d fa partie fupirieure. II Cabinets d'aifances. KK Sieges d'aifances & lunettes du rez de-chauffee. L L Sieges d'aifances & lunettes da premier ^tage. MM Sieges d'aifances & lunettes du fecond itage. N Extremite fupeiieure du cone. OO Murs de feparation des cabinets d'aifince, au mofen def- quels il y a ^ chaquc etage un cabinet d'aifances pour la falle d'un cot^, un autre cabinet d'aifances pour la fallc de I'autre , lefquels n'ont entre eux aucune com- munication. FP , PP Murs de feparation des falles d'avec les cabinets d'aifances. QQ Fortes des falles aux cabinets d'aifances. R R Mur de cloture. On ne reprefente que celui d'un c6t6 , on s'at:end bien qu'il y en a autant du cote oppofe. SS Salles. DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. 107 M E M O I R E Sur Us moyens de purifier I'air dans Us vaijfeaux. Par M. D E B o k y. Physique, AnrJe 17 So. o u T le inonde fait que le defaiit de circulation dans I'air, fait perdrc M(fm. ^ cet clement la fliiidite & la fraichciir qui lui font neceffaires pour con- fervcr Ion relfort, & contribuer a I'entretien de la vie : ainii, on a tou- jours attribue ^ fair auffi croupiffant, la plupart des maladies auxquelles font kijettes les perfonnes de le refpirer long-temps. Celt principalement dans les vailleaux, qu'il caufe des accidens plus friiquens & plus funeftes i la cale, ordinairement plcines de vivres & de marchandifes ,■ ne laiffe ^ fa circulation que des paffages (i etroits, que bientot il ne peut plus fe renouveller. Dans cet etat de ftagnation , il ne tarde pas \ fe charger des exhalaifons qui fortent continuellement des effets rcnfermds dans la cale ■, ces exhalaifons , Ibuvent mal-faines par elies-me- nies, acquierent un nouveau degre de corruption, k mefure qu'elles s'ac- tumulent , & qu'elles fe melent avec la tranipiration fcnUble & infenfible des hommes qui, par neccffitc, couch>.'nt dans les entrc-ponts, & nierae dans le fond dc cale. Les marins convaincus par una trifte experience, des dangers auxquels ils font perpetuellement expofes , ont cherche les moyens de detruire les principes de tant de maux. Pour y reullir, il s'agit d'entretenir I'air des vaiffeaux dans cet etat dc liberie & de circulation , neceffaires ^ la fante. La proprete otfre plufieurs methodcs generales, auxquelles on a recours plus ou moins fouvent, ieloa les circonftances : elles conllftent i faire apporter les hardes & les hamacs fur les gaillards, oii ils font expofes \ un air nouveau; ^ nettoyer exac- tement les entre-ponts, puis ^ les parfumer avec Ic meme foin, par des odeurs fortes comma celle du genie vre briile ou du vinaigre , dans lequel on plonge des boulets chauds. On ne neglige pas d'ouvrir les fabords de la premiere batterie , lorf- que la mer eft alfez belle pour qu'on ne craigne point de voir entrer de I'cau dans le vaiffeau,p3r ces ouvcrtures : ces moyens, quoique fort bons, feroient encore infufhlans, quand on pourroit les pratiquer beaucoup plus fouvent qu'il n'eft poffible de le faire. Le fond de cale, toujours plein de munitions, qu'on ne fauroit de- placer , fournit lans ceffe des exhalaifons infeftecs : la fentine , lieu oii il fejourne ordinairement une eau croupilfante , & d'autant plus pourric, que le vaiffeau fait moins d'eau, repand des vapeurs li nuilibles, qu'elles font quelquefois I'effet des poifons les plus adtifs, & qu'on a vu des ma- telots etre ^touffes en mettant le pied daus cet endroit pour y nettoyer O ij jo8 ABREGfiDESMEMOlRES ■— — — !!■ Mini— bs porapes. Ces niemes accldens font arrives h des gens qui dibonderent p _ _ des pieces d'c-jii, dans lefquelleSji Tcau douce qu'elles avoicnt d'abord ^ '^ "conteiiue, on avoit fubflitiie de Tcau de mer; accident arrive dans le ^nm'e irSn. Cumberland , ^ fon retonr des Indes, en 1750, fous les ordres de M. de Meledern-Nufederai , & dans lequel M. de !a Motte-Picquet etoit en fe- cond. Pour prevenir ces malheurs , on avoit decide de faire ^ chaqiie vail- leaii des petits fibords , dont I'oiiverture comnnmiqiieroit diredlemcnt da dehors ^ I'inferieur mcme du vaiffean •, cet expedient, trop d.mgercux, dans un combat llir-toiit, a etc remplace par de petits fabords pratiques dans les grands. On emploie audi des voiles appellees voiles a henter, ce font des cf- peces d'entonnoirs de toile, dont rextremitc fuperieure fe guinde au haiit du mat par le moyen d'une vergue , & dont I'cxtremite inferieiire aboutit ou dans i'cntre-pont ou dans le fond de cale. Pour donner ^ cette toile la forine d'un entonnoir, on y met inte- ricurcment, & de diftance en diftance, des cercles qui la tendent & en font un tuyau continu; le vent s'y enfourne, I'enfle en (ortant par le bout infiirieur, il rdpand dans I'endroit ou il abontit, un air frais & nouveau. Mais outre que I'ufage de ces voiles n'ert: pas perpetuel, car elles ne peuvent pas fcrvir quand il n'y a point de vent, d'autres inconveniens y lout attaches; dies donnent quelquefois un air li impetufux & li froid qu'il eft impoffible de refter non-feulenient ^ I'embouchure de la voile, mais menie dans le lieu oii elle aboutit-, inconvenient conliderable, s'i! y a des maladcs qu'il faille preferver d'une irruption fubite de I'air , & cette nieme raifon empeche de les employer la nuit : on ne les conduit pas not! plus Jufqu'i la fentine , (i elles y alloicnt, elles en feroient fortir I'air infedt par une voie tout-i fait dangcreufe, puilqu'il faudroit qu'il paffiit par I'entre pont, & qu'il flit refpire par I'equipage. II y a un grand nombre d'annees que M. Hales, favant du premier or- dre, voyant I'infuffifance des methodes employees pour le renouvellement de i'air dans les vaifieaux, invents une machine fort ingenieufe , appellee Ventilateur ; c'eft un foufflet quadruple, qui mis en jeu par une verge de fer, chaife perpctuellement I'air contenu dans un endroit quelconque, & le reniplace par un air nouveau , moyennant une communication qu'on \\xi pratique avec I'air extericur : maigre les avantages que prefente une ma- chine auffi utile, & maigre les elfais qu'on en a repctss avec faeces, il laut convenir qu'cn n'en fait pas un ufage frequent fur les vailfeaux , meme en Angleterre. Le capitaine Cook, dont le nom fera \ jamais celebre dans les fades du monde, qui Joignoit la plus grande hardielFe dans la navigation , i la pru- dence la plus confommee •, qui a dii ^ une multitude de foins & de moyens reunis , la confervation de fon equipage , dont il n'eft mort de maladic qu'un feul homme pendant le cours d'uni navigation de trois ans & dix- huit jours dans tous les cliraats •, le capitaine Cook , dont on ne fauroit trop regretter la fin malheurcufe , paroit avoir regards I'ufage du feu , comme le moycn principal pour' reuouvelier & puiitier I'air de fa fregatej DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. tcj U avoir eu peiit-etre recoiirs h cette m^thode, d'jprts celle qu'il .r/oit vii ' pratiqiicr dans les mines : « fouvcnt, dit il , on dclcendoit iin pot dc fer p jj rempli de feu , an fond dcs puits, cc cjui krvoit beaiicoup i purii'icr »> Ic'S parties ball'es du bStiment. j> Annii i-'So. Nous ne croyons pas qu'on infifte fur ce que d'.* pareils rechaud?, mul- tiplies dans diftcrens endroits, pourroient caiilcr des inccndies; les ma- riiis connoiffent parfaitement les moyens de prevcnir ces accidnis, ils en- ferment le feu, de forte qifil ne peut pas fortir du vafe qui Ic contient, & ils ne le perdent jamais de vue. Croit-on qu'ils almeroient mieux voir les equipages moiffonnes Jour- nellenient par la mort , & ctre eux-memes , ainfi que leurs amis & leurs cnfans , expofcs k une Epidemic dont rien m peut arrcter les ravages ? Les marins qui maitrifent, pour ainfi dire, les clenitns, qui, places fur un magalin ^ poudre, vomiflent le feu & la Hamme pendant uii combat, qui peuvent I leur gre detourner la foudre meme de deffus leurs vaif- leaux, qui affrontent tous les perils; k-s marins, dis je, pourroient-ils igno- rer I'art d'empecher quelques rechauds de feu d'eaibrafer leurs habitations; non lans doute : mais il ie prefente une objeftion plus fpecieufe, le baii- luent du capitaine Cook ^toit fort petit, fon equipage peu nombreux, & il poiirroit n'etrc pas aufli aile de confcrver avec quelques rechauds de feu , la proprete & la fante parmi neuf cents ou mille houimes embarques fur de gros vaiffeaux de guerre. Nous repondrons ^ cette obJennoiil"ances afl'cz etendues ? Pourroit-on taxer d'infubordination dcs gens qui au moindre fignal de Icurs commandans, executent des chofes trcs- liafardeufes dans le fait , & cependant fort fimples k leurs yeux ; Ce font ces memes hommes, qui militaires , fans etrc eiiregimentes , le difputCHt pour la bravoure aux troupes les imieux difciplinees, & qui fe plient en- lliite h toutes les fonttions qu'exige le fervice des differens vaiffeaux de nuerre ou de commerce fur lefquels ils font embarques : en un mot , Sc ceci ne peut ctre applique qua eux , ce font eux qui enrichiffent I'etat & qui le defendent centre fes ennemis; la dociiitc, j'ai penfe dire la mo- bilite, de leur caradere, les fait pafler fubitement de I'ctat le plus violent au calme le plus profond. Je les vois , fous les ordres du brave & fenfible du Couedic , fe battre avec un acharnement fans excmple contre !a fiigate angloi e le Quebec , & des que ce mailieureux batinient eft embrafe au point de ne poavoir en iteindre ie feu, & quoique leur courage foit exalte au plus h.uit degre, je les vois , dis- je , partager tout d'un coup les fentimens d'humanite dont leur chef eft penetre, fentimens que des bleffures mortelles ne peu- vent alterer -, leurs plus terribles ennemis font devenus leurs freres : riea n'egale la fureur dont ils etoient agites, fi ce n'eft la pr&ipitation avec la- quelle ils fe jettent \ la mer; ils ne font occupes qui enlever aux flots & au feu , des vidimes qu'un inftant aupaiavant ils vouloient exterminer. Pourquoi faut- il que dans un moment audi critique que ceiui-ci , 1 etat foit force de regretter la perte toute rdceiite d'un grand nombre dc ces braves gens? Sar DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. nj Physique. Sur quelques moyens Jimples de rtnouveUer I'air des tndroits dans Annie ij8o, lefquels il ne circule pas , ou dans lefqucls il ne circule jue tres-^ difficilement , & fur les applications qu'on peut en faire. T . ,. - X L y avoit deji pludeurs anndes que M. le Roy avolt imaging les moyens de renouveller I'air, dont il ne fit part k i'academie qu'en 176 y, aufll pour rapprocher leur publication de lepoque de leur invention , elle dc- cida que le niemoire de cet academicien feroit iraprimc dans le volume de 1780. On lait avec quelle utilite on emploie la manche ^ rent fur les vaif- feaux pour y renouveller I'air •, & cependant on n'avoit point encore penfi ^ rempioyer dans I'architecture civile. Rien de plus limple ncanmoinsque cet ingcnieux moyen dc le faire circuler, moyen dil aux Danois. J I con- fifte en un grand tuyau de toile en forme de chauffe qu'on attache par fa partie fupirieure au haut d'un mat, & dont la partie inferieure defcend dans la cale ; il fe dirige conftamment au vent, au moyen d'une petite vcrgue ^ laquelle il tient : par cette difpohtion , I'ouverture de ce tuyau fe prcfentant toujours au vent, I'air qui s'y enfourne en fort par en ba» & avec taut de viteffe, dcs que le vent eft un peu fort, qu'il y a dil danger lorfqu'on a chaud, ^ fe tenir vis-h-vis fon embouchure. C'eft ce moyen ou plutot un equivalent que M. le Roy propofe pour renouveller I'air dans les lieux etoutlcs & dans tous les endroits ou fa circulation eft difficile , foit par la hauteur des batimens , foit par le peu d'ctendue des cours par ou il peut arriver. Si ce n'eft pas tout-i fait la manche^ vent, c'eft une autre efpece de tuyau qui lui reflemble, & qui avec une legere addition en remplit parfaitement I'objet. Soit une prifon dont les murs fort eleves & la cour fort etroite empe- chent fair de s'y renouveller. M. le Roy fait monter de cette cour juf- qu'au deffus de I'cdifice , nn tuyau de pied lurmonte i fon extremitc fupiricure par Une autre efpece de tuyau en coude mobile comme une glrouette, de'maniere que le centre du mouvement de ce tuyau coudi ioit cntre fon ouverture dvafee, & fa queue qui fert veritablement de girouette. Par cette difpolition, I'ouverture de ce tuyau fe prefcntant tou- jours au vent, il y entrera conftamment un air nouveau qui fortira par en- bas & formera un courant d'air qu'il fera facile de diftribuer dans tous les endroits oii I'on voudra le faire regner. La conftrudion de cette efpece de ventiiateur eft aifee ^ comprendre ', il n'eft pas plus dirficile d'en faire plulieurs applications avantageufes dans un grand nombre d'occalions, non- feulement pour renouveller I'air dans les prifons , mais encore dans les conduits fouterains, tels que le grand tgout de Paris-, dans les mines en lurmontant les tuyaux d'airage d'un tuyau-coude, comme on vient de le decrire. Dans les latrines on pratique fouvent , au moins ^ Paris , une Tome XVI. Partie Fran^oije, P 114 ABREG^ DES MEMOIRES,*c. mmmmmmmmmmmm^ auvertiire qui p.ir un tiiyaii va doiiner au-deil'iis du toit-, mais ce rnoyc* ne fuffit pas pour dtablir dans la foffe une veritable circulation de Tair. 1 H Y s 1 Q u . ^^ tiiyau unique ne peut procurer que I'cfpece de mouvement ou plutot Annie tjSo. de balancement de I'air , refultant de fes difierentes pclantcurs dans difle- rens temps. Pour qu'il y circule, il faut le faire entrer d'un cote & fortir par I'autre. Feu M. du Hamel avoit propofe d'etablir deux tuyaux au-delTus d'une foffe, I'un d'un cotd, I'autre de I'autre •, mais il n'avoit pas penfe ^ donner une affez grande force determinante pour etablir un courant d'aii- continuel : il falloit donner une force afpirante i I'un des tuyaux , qui doit recevoir I'air pour qu'il foit rendu par I'autre. Le ventilateur de M. le Roy a toute I'afpiration neceffaire pour produire cet effet. Au moyen du tuyau-coude etabli au-deffus du tuyau par ou il eft cenfe que I'air doit monter , I'air eft continuellement emporte de devant I'embou- chure, de maniere qu'il fe fait, dans cet endroit, une efpece de vuide, d'oii refulte une afpiration continuelle qui produit en confequence un mouvement conftant de bas en haut dans I'air de I'autre tuyau qui le rend. Si Ton employoit ce moyen pour rcnouveller I'air dans les foffes des latrines, le danger qui accompagne li fouvent ieur ouverture cefferoif, il y auroit une bien plus grande evaporation des eaux qui y croupiffenti & les tuyaux qui donnent dans ces foffes ne repandroient plus dans les maifons cette odeur infede qu'on a tant de peine h detruire, ou plutot qa'oii ne detruit Jamais. HISTOIRE NATURELLE, Pi) 117 M HISTOIRE NATURELLE. DESCRIPTION d' u s E Mouche-Ma^onke. R, Barboteact, confeiller au confeil fiiperieur de la Cuadelou- k pe, & correfpondant de racademie, lui a envoyc I'hiftoire d'mie mouche- j^ i s t o i r e nia9onne , dont il a fuivi avec foin les precedes. 'i^AT u R e l i e On connoit plulieurs efpeces de mouches cjui ont cette indudrie : M. dii Hamel en a obferve ime ^ Denainvilliers, & M. de Re.iiimur en a donne Annh ijiG, I'hiftoire dans fes memoires fur les infedles. M. de Reaumur a encore dc- crit un Ichneumon- ma^on de la Dominique. H"t- La mouche de M. Barboteaii a de grands rapports avec cet Ichneumon, & doit etre placee dans la meme claffe -, mais elle differe beaucoup de celle de Denainvilliers-, celle-ci a une trompe, detrempe le fable qui forme fon nid , lui donne du corps avec une fubftance qu'elle tire de fon efto- mac, & met dans le nid du miel deftine ^ nourrir le ver qui doit fortir de fon OEuf; la mouche de la Guadeloupe, au contraire, n'a pas de trom- pe , deftine des araignees ^ la nourriture de fou ver, & a befoin d'eaa pour batir fon logement. La forme de leur corps eft audi fort difTerente ; cellc de feur nid left egalement. Be la mouche de Denainvilliers n'attache jamais fes nids aux arbres : au refte , cette derniere difference peut tenir au peu de batimens de pierres qu'il y a dans le pays qu'habite celle de la Guadeloupe. Elle a fix pattes, les demt dernieres font terminees par deux efpeces de fpatules dentelees; c'eft fur ces fpatules qu'elle charge le mortier qu'elle a prepare-, elle les releve enfuite le long de fon ventre, les unit cnfembic, les Ibutient avec les quatrc pattes de devant, & vole avec fa charge, qui ne peut plus I'incommoder. La tete eft garnie de deux crochets denteles-, lorfqu'elle veut batir, elle prend avec ces crochets le mortier depofe fur fes pattes , & I'arrange fous la forme d'un tube cylindrique : elle y depofe enfuite un ccuf qu'elle couvrc d'araignees, & ferme le.haut du cylindre •, cet a-uf produit un ver qui, au bout de quelque temps , file, fe forme une coque, & refte dans I'etat ds nymphe : devenu mouche , il brife la prifon ou fa mere I'avoit renferme. Comme dans i'efpece de Denainvilliers , les femclles feules travaillent ik eet Guvrage. Lorfque la mouche de la Guadeloupe a bati aufani de nids qu'elle doit pondrc d'aufs , ou pondu autant d'otufs que la fiifon lui a permis de hi- ii8 ABRECE DES ME MOIRES ! tir de nids, die meiirt : ceft un fort commun ^ beaiicoiip d'infeAes, qui paffeiit ainfi rapidement du moment de leiir plus grande force k celui de hi I s T o I R E 1^.,, "'ort, & qui pcriflent d'cpuifement, comme s'ils dedaignoient de me- Natu relle. ieur mart, & qui pcriflent dcpuiiement, comme s'ils dedaign nager une exiftence deveinie infipide pour eux & inutile i Ieur efpece , on Ann^e fjjG. qn'ils eullent prevu que la temperance ne prolongeroit pas une vie dcpeii- dante des failons. Mais quelle caufe fait prendre tant de peine k ces mcniches, pour abri- ter & nourrir ce ver , que Jamais elles ne doivent voir ? Se trompcroient- elles, & apres avoir appris que cet oeuf doit produire un vcr qui fe tranf- formera un Jour en mouche , ignorent-elles le fort qui les attend ? on I'idee dun etre vivant qui Ieur devra I'cxiftence, fon abri. La premiere nourriture eft-elle un fentiment aflez doux pour Ieur faire fupporter tou- tes ces peines. Ces infcciles , qui n'ont aucune communication avec la generation qui la precede, & qui, en li peu de temps, acquierent tant d'induftrie & de prevoyance, font egalement propres & ^ confondre les metaphyllciens-ij'f- tcmatiqucs , & ^ piquer la curiofue des metaphyliciens-obfervateurs. M £ M O I R E S U R DES SUBSTANCES HETEROGENES, Trouy^es dans les CryJIaux de roche , les Agates , les Opales £' les Ruhis, Par M. FouGEROux de Bondaroy. M^m, J_iES naturalises ont fait connoitre des fubdances etrangeres enfermdcs dans des geodes & des (ilex : fi Ton explique diflicilement comment ceS corps, d'une nature differente des geodes & des lilex , fe trouvent encla- ves dans ces efpeces de pierres , combien ne doit-on pas eprouver de dif- ficultes lorfqu'on vcut appliquer ces memes raifons aux pierres tranfparen- tes d'une grande durete, & qui ofFrent une cryftallifation auffi reguliere que le rubis , le cryftal de roche, &c. A la verite, fuivant MM. Vallerius & Linnee, toutes ces pierres font dans la clafle des vitrifiables, ainfi que (ilex; I'agate, I'opale, le rubis, le cryftal de roche ne different du filex que par levir nettete, Ieur puret^, les coulcurs vives &: tranchees, fur-tout quand ces pierres font polies", Ieur durete & la cryftallifation de quelques-unes de ces pierres, font done, fuivant .ces naturaliftes , les feules vraies diftinttions qui les differcncient des filex. On voit aifement I travers les pierres tranfparentes les .''ubftances etran- gcres qui s*y rcncontrent : auffi bcaucoup d'autcurs en ont-ils parlc, & S T O I R E AT U R E L L E. DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. 119 peut-ftre quclqucs-uns fe font-ils trop prcflcs de nommer les fubflances i— que I'ccil ou la conformity de figure fembloit leur annoncer devoir are ,, telle ou telle ttiatiere, fans avoir cherche k confirmer leurs aflertions par w des preuvcs plus decidees. Daniel Tilas, hijioire des pierres , affirme avoir vii du foin & de la Annfe .i-jjS. moufle dans une agate : plufieurs ont dit y avoir trouve des lichens , du creiTon, de capillaires, &c. Scheuchzer annonce un cryftal ou il a vu des . poils. R.^y, Topog. obf. pag. 205 , Aldrovande & plulieurs autres, citent des fubftances itrangeres dans I'agate & le cryftal de roche. Kundmann , ( rariora natures & artis ) nous parle dune mouche i qui la nature avoit accord^ pour tombeau un rubis. Henckel dit qu'il a trouve dans le cryftal de roche des plantes & des coquilles de mer. Lind, ( Lithophil. Brit. n°. 15,) parle d'un cryftal de roche oii il y avoit des pointes d'ourlins, cryflallus echinophora. Le cabinet de Madame la prefidente de Bandeville ortre plulieurs agates qui contiennent des corps marins. D'ailleurs ayant vii dans des pieires d'aiglcs, ou dans des geodes, de noyaux d'ourlins, des coquilles de mer & des madrepores, on ne doit pas ctre furpris de ren- contrer ces memes accidens dans I'agate. Plulieurs naturaliftes s'accordent fur ce qu'ils ont nomme bulle d'eau ce . que Ton voit rouler dans I'agate ou le cryftal de roche, & il y a h Paris plulieurs de ces pierres tranlparentes avec cette (ingularite. Je me luis trouve a portee d'obferver ce fait dans des opales , & comme il m'a paru des plus propres ^ connoitre la nature de ces pierres, ou au moins ^ jetter des lumieres fur leur formation, je n*ai pas neglige rexamcij des opales que j'avois, qui ofliroient cette particularite. L'opale etoit tres-eftimee des anciens. L'hiftoire rapporte que le (en.i- teur Nonius avoit tine opale eftimee vingt mille fefterces , & qu'Antoine la lui ayant demandee. Nonius priifera I'exil i la lui livrer. Depuis que I'art eft parvenu i les imiterfi parfaitemcnt que Ton s'y trompe, Its facticos ayant rendu les opales communes, le merite des naturclles eft prelque torn- be, & elles ne font plus recherchees que de ceux qui fe donnent a I'etude des pierres. Je m'acquitte foiblement ici de la reconnoiffance que Je dois \ dom Guido Vio , religieux Camaldule a Murano , qui , employant les momens que lui laiffent les devoirs de fon etat, h I'etude dc l'hiftoire naturelle, a bien voulu me communiquer plulieurs de ces opales , me faire part du lieu oil on les a trouvces, & de differentes circonftances qu'il m'etoit utile de favoir. Ces opales ont ete tirees d'une montagne dans le territoire de Vicence, appellee monte Berico. Lorfqu'on trouve ces pierres brutes , il faut les polir pour pouvoir s'affurer li cl'.es offient quelques lingularites : ces opa- les font fouvent enclavees dans une pierre, que dom Guido regarde comme pouvant etre leur matrice. . ' Je dois ajouter encore que dom Guido m'a mis en etat de juger avcc certitude qu'il y a eu aux environs de Vicence des feux foutcrrains : les pierres que j'ai prifes fur plulieurs de ces montignes, & bcaucoup d'au- IZ5 ABREGE DES MEMOIRES ; ties que J'.ii revues de ce religieux , y deiioten: la pr^fcnce des volcaiis qui y ont exifte. TVT^ ^ ^ ° ^ ^ ^ On trouve ail mont Bericot la pierre obtidicnne de Pline, qui,fiuvant IvATURELLE. j^^ obfervatioiis de feu M. le comte de Caylus, eft uiie vitritication pro- Annie tJjS. duite par les volcans, &c. Je rapporte ces obfervations fans vouloir pre- tendre que les opales doivent leur origine ^ des volcans : beaucoup de ces opales n'offrent point de buUe mobile ; & ce n'eft que dans la quantite, lorfqu'on les a polies, que la buUe fe voit dans quelques-unes. Ces efpeces d'agates perdent, avec le temps, la buUe qui fixe maintc- nant notre attention •, on pourroit croire que celles-lk avoient quelques femes, ou qu'il s'y eft forme quelques crevafles , qui donnant iffue i I'eau, erapechoient la bulle d'air de s'y mouvoir comme elle le faifoit auparavant. J'ai expofc ces opales, ou Ton n'appercevoit plus le mouvement de la bulle , i une douce chaleur ■■, je les ai laiffees dans de I'eau que j'ai fait long- temps bouillir-, j'ai fait chauffer une de ces opales, & I'ai jettee dans I'eau, fans ctre parvenu ^ faire reparoitre la bulle. Nonius preferoit la perte de la liberte k celle de fon opale; j'etois moins avare de mes opaki, que je croyois perdre d'une maniere utile, fi en les detruifant je pouvois acque- rir de nouvelles connoiffances : j'ai caffe une de ces opales qui avoit eii une bulle, &: qui I'avoit perdue, & j'ai obferve quelle etoit creufe, & qu'il y avoit dans I'interieur une jolie cryftallifation , mais point d'eau, & aucun conduit ni fente par lefquels cette eau auroit pu s'echapper. J'ai rompu une feconde opale oii je voyois aiferaent le mouvement d'une bulle , & je me fuis affure quelle etoit prefque remplie d'une eau claire , limpide, & qui m'a paru inlipide. Voici done comment je crois pouvoir expliquer cet effet apparent dans certaines de ces pierres. II eft bon de fe rappeller que, dans les geodes, I'exterieur femb'e fe durcir avant la partie interne, & qne la liqueur cryftalline, dans I'interieur des geodes, fouvent paroit y avoir forme les beaux cryftaux qui s'y ren- •contrent. Dans les cailloux glaifcux du Dauphine, c'eft dans les fentes & crevafles interieures, que Ton Uouve ces cryftaux tendres auxquels on a donne le nom de diamans. Je conjedure que , dans les agates la furface extericure s'etant durcie la premiere, I'eau petrifiante s'eft depofee interieurement; celte eau a prefque rempli la capacite de ces opales, il eft refte une bulle d'air qui a produit le meme effet que dans les tubes qui fervent de niveau-, une preuve que cette bulle eft de I'air qui.nage dans de I'eau, c'eft qu'en tournant la pier- re, la bulle, plus Icgere que I'eau, monte & gagne la partie la plus elevee de la pierre-, fi vous la retournez, la bulle, du bas oii vous I'avez portee, remonte encore \ la partie fuperieure de I'agate : la bulle cliange un pen de forme dans les differens mouveraens qu'on lui fait eprouver-, enfin,ces pierres produifent le meme effirt que les niveaux d'eau i bulle d'air , & Je crois que ceux qui ont parle de ce fait dans les cryftaux, ne I'ont pas ex- pliqui de cette maniere, fuite d'avoir ete ^ portee d'examiner des pierres oil il fe rencontroif, 41 fiUoit encore regarder les niorceaux d'hiftoire na- turelle que nous poffedons, comme u'etant que de fimples curiofites, s'ils ne DE L'ACADEMIE llOYALE DES SCIENCES, iti conduifent pas h aiigmentcr nos coniioiffances , & compter gigiicr, ^— —'———' pcrdant & les brifant, notre inftriiftion en pliyliqiie failoit un P^' H i <; t o i r t e plus; cnfin, ie crois que ccci meritoit plus d'attentioii que Ton nc lui fj .^,. „ ^ , , ^ n avoit iulqu ici accords. ) ai vu le mcme tait dans des morccaux d am- ne nous con [\ en les d en avoit Jufq bre; cnfin, je I'ai obferve dans une partie de glace oii il s'ctoit rencontre AnrJe iJjG, une bulle que Ton pouvoit faire mouvolr : il eft aife de faire I'application dc ce qui vicnt d'etre dit ^ la meme bulle trouvce dans de I'eau que le froid avoit gelee. Cette eau fe depofe avec le temps & forme des cryftallifations dans I'in- terieur des agates, dcs-lors le phcnomene dilparoit, & je n'ai plus trouvc d'eau dans les pierres qui n'avoient plus de bulle •, j'aurois voulu avoir une affez grende quantite de cctte eau ou de ce liic cryftailin pour la foumet- tre 5 ditlcrciites epreuves; (a) mais rarement les fouliaits du naturaliftc font-ils enticrement fiitisfaits, il lui refte toujours quelque chofe a dehrer, & par confequent de nouvelles connoiffances \ acqu^rir. Je crois devoir ajouter ici, qu'au-lieu de bulks d'air ou d'eau, je coniiois des agates qui, dans leur interieur, renferment des grains de fable qui fe meuvent dans ces pierres. Quant aux plantes & aux infe(ftes, que des naturaliftes ont dit fe trouver dans les agates, & fur-tout dans le cryftal de roche, n'ayant point etc ^ por- tee de les y examiner & de les y reconnoitre , je n'en parlerai pas , je di- rai feulement, que Ton a confondu fouvent, & nial-a-propos, des fils tal- queux ou d'amiante , enfin des difiolutions metalliques , avec des poils > des moufles , des lichens , &c. (a) On a prefent^ i I'academie des efpeces de cailloux qui contenoient beaucoup d'eau, je ne me fuis pas trouvd a portee de m'en procuier , & d'ailleurs ceue eau n'ecoit peut- cire pas le vrai luc cryftailin. Tome XVI. Partie Fran^oife. izz ABREG£ DES MEMOIRES h i s t o i r e Natu relle, Annde ijij. TROISIEME m£ MOIRE S U R LES ORES DE FONTAINEBLEAU, O V Analyfe de ces Pierres & principalement dcs Gres crfJIalUfes. Par. M. D E L A s s o N E. jj^g,_ ±%. pais avoir examine les grcs , relitivcment anx phenomenes les plus remarqiiables de leur hiftoire natiirelle , je penfai que leur analyfe chyiui- cjue feroit un nouveau moyen qu'il ne falloit pas negliger , pour faire mieux connoitre encore les principes conflituans, on la corapoluion de ces fubftances conllderees dans leurs varietes, & pour en determiner plus exadement les vrais carafteres, Les gres cryftallifes devant etre Tobjet principal de ces analyfes , je commen^ai par ccux-ci; je mis en poudre des cryftaux de gres, choilis p.irmi les plus purs & les plus reguliers-, une once de cette poudre, aupa- rjvant bicn deilechee , fut expofee dans un vaiffeau de verre ^ i'adtioii de quatre onces d'acide nitreux foible; il fe fit une vive effervefcence , & qui fe foutint tout le temps que le diffolvant parut agir. L'adlion du menftrue, apres les premiers inftans, fut favori'se par un degre de chaleur mediocre-, par 1^ routes les parties conftituantes du grcs furent bien lepa- rees & defunies. • Aprcs vingtquatre heures de digeftion, je filtrai la liqueur chargee de tout ce qu'elle avoit diflous -, elle paffa bien claire & fans couleur; fur le filtre, il refta une matiere fableufe-, j'y verfai, ^ diverfes reprifes, de I'eau chaude pour la bien laver : le tout ayant ete lentement feche fur un bain de lable, je trouvai cinq gros d'un fable fin & brillante ; en I'examinant avec une forte loupe , je n'y remarquai qu'un amas de petits grains vi- Ireux, anguleux , de figure irreguliere, & parfaitement fcmblables ^ ceux qui conflituent le fable ordinaire, que j'avois eu foin, pour faire cette comparaifon , de prendre dans la meme carriere oii fe forment les cryf- taux de gres. Sur I'acide nitreux , filtre & chargi de la matiere diffoute , je verfai peu-i-peu Taliuli fixe bien pur en liqueur; je precipitai une terre abfor- bante blanche, qui, fechee, pefoit ^ tres-peu-pres trois gros, & me parut lout-^-fait femblable ^ la craie pure, dont j'ai fait remarqucr ailleurs qu'il regne une couche fous les bancs des grcs de Fontaiucbleau ) I'experience DE L'ACADEMIE ROYALt: DES SCIENCES, iij tcpitce fur deux onces d'un pareil grcs cryftillifi, eut le nicnie rcrultatrr I s T o I R t Natuuellf. avec de femblables proportions dans les principes delunls. ^j En dccrivant toutes Ics variitss des grcs crylhllil'ss , j'ai fait remarquer j one parnii los cryftaux, il en exiftoit de trcs-pnrs & de bien rrguliers-, one d'autres , confervant la menie forme rhomboidale , paroilloieuc pour- Anne: ii tant plus grofliers, plus raboteux, moins bien terminds; c^u'il y avoit une autre efpece de ces memes grcs , afFecbant la forme entierement globu- leufe ; d'autres figures en vrais (lalagmites : ces fublhnces oftrant au pre- mier coup d'osi! des dift'erences bien fenlibles dans leurs formes exterieu- res, il etoit i prefunier que leur analyfe pourroit peut-etre faire reconnoi- tre quclques varietes dans les proportions refpedives de leurs principes conflltuans. Je choiiis parmi mes cryftaux de gres, un rhombe aflez gros , mals dont les furfaces etoient fort raboteufes & grolTieres, & dont les angles etoient mat termines ; I'ayant calfe pour le reduire enfuite en petits fragmens, je vis que la matiere interieure avoit abfolument le meme coup-d'oeil miroitc que les autrcs cryftaux les plus purs, & que le raboteux & la groffieretc apparente des furfaces ne dependoit que d'une couche fuperficielle de grains fableux moins bien lies. Je fis dilloudre une once des fragmens dc ce grcs avec I'efprit dc nitre affuibli -, apres avoir fepare le fable pur, & precipite la fubftance fpathique par le inoyen de I'aHcali hxe, je trouvai que la proportion du lable, coniparee ^ celle de I'experience precedente, excedoit d'environ un demi gros, & que la quantite de la matiere fpathi- que etoit h-peu-prcs la meme que dans les purs cryftaux. La petite por- tion excedente de fable ne paroit ici dependre que des grains lablcux ad- herens h la furface , & formant une enveloppe ou couche inegale , qui mafque la regularite du rhombe. J'exaniinai enfuite par les mcmes proccd^s les ftalagmites fableufes ; je trouvai , par plufieurs experiences repetees , que fur une once il y avoit lix parties de fable pur, & feulement deux de matiere fpathique; les ftalag- mites font done compofces de plus de fable & de moins de terre ablor- bante, que les cryftaux de grcs les plus purs & les plus reguliers. Enfin les grcs figures en boules , ou li Ton veut , cryftallifes foils une forme globuleufe, avec quelques inegalites fur leur lurface, ayant ete ana- lyfcs par la meme voie, me p.inirent compofes des deux lubftances la- bleufe & fpathique, liees & combinees dans des proportions exactement pareilles ^ celles qui exiftent dans les rhombes de gres les plus purs i c'eft^-dire.^de cinq parties de fable, fur trois de matiere fpathique (j). En conliderant ici que ces deux matieres caicaire & vitrelcible , affez (a) Dans le caialoguc & !a defcription du cabinet d'hifiuire natureHe de '^\. Vmnrt de Bi:uft^ public par M. iJome de /"/;?(, & oii il eft fait mention pour la premiere fois des gres cryftallues . on trouve une note particuliere que j'ai di^ji citee, & ou il eft dit, d'une manicrc generique, que ce gres contient un peu plus d'un tiers de lubftance ipa- thique & deux tiers de fable. I\les obfervations viennent de determiner avec plus de pr^- cificin les propofitions dc ce melange , & leurs differences dans ces fortes de grcs diff^- remmenc crylUUil^s. Qij 114 ABREGfi DES ME MOIRES ■ ■yMi»iM.iMiiii I groflTieres avant leiir union, fc font, pour ainfi dire, neutralifees I'une par ,, I'autre en fe combinant, puifqu'il en refiilte iin troifieine corps devenu It I S T O I 11 E J- L J' • I ir 1 ^ J- • 0*^/1 iiT' ^ iin pen diaphane, dun grain plus hn que le grcs ordinaire, & cryitallilc regulierement prcfque h la nianiere d'un fel ncutre. On devroit prefumer, Anne'e I'JJJ- qu'au nioyen de cctte penetration leciproque , leurs molecules refpeftives auroient ete beaucoup plus attenuees -, ccpendant I'analyfe ayant disjoint & icmis en evidence chacune de ces deux fubftaiices , on ne retrouve pas la tcrre ablorbante ou cretacee plus hue, ni plus divilee, ni les grains lableux nioins groffiers, moins anguleiix, ni plus pttits qu'avant leur com- binailon. C'efl ici une Inigularitc digne d'etre remarquee : c'efl: iin phcno- niene non moins furprenant que la formation de ces crytlaux ifoles , opd- ree an milieu d'un fable pulverulent conime dans un fluide; on dolt pre- iumer que dans le regne mineral bien d'autrcs fubftances, ou pierreufes, cu metalliques , regulierement cryftallifees, font formees de meme, & ont une femblable origine. Comme toutes les efpcces de grcs cryftallifes, dont je viens de parler, font une aflez vive cflervefcence avcc I'acide nitreux , )e cms qu'il con- venoit de determiner la nature du gas aerien qui s'cchappoit pendant cette operation. L'appareil que j'employai , fut une cornue de verre, dont le bee plon- geant dans une grande cuvette pleine d'eau , s'inlinuoit fous un grand reci- pient de verre egalement rempli d'eau. J'effiyai d'abord une once des cryltaux de gres les plus purs-, tant que dura I'eifervefccnce , foutenue & favorifee par un degre de thaleur medio- cre, j'obtins une emanation de gas aerien, qui, deplacant iucceflivemeiit I'eau du recipient, occupa un efpace de cent trente pouces cubes; les premieres portions ne me parurent difterer en rien des dernieres ; elles avoient toutes les principaux caradleres de I'air fixe. Apres avoir filtre I'acide nitreux , charge de tout ce qu'il avoit diflou;., & I'avoir rapproche par I'evaporation en confiftance d'huile de craie, je le mis dans une cornue de verre , qui fut expolee dans un fourneau au feu de reverbere •, confervant d'ailkurs le refte de l'appareil decrit ci- deffus. Les premieres portions de gas aerien qui s'echapperent , furent un air un peu plus pur que I'air de I'atmofpherei les dernieres portions furent un air tres-bien dephlogiftique. Les memes relultats eurent lieu, en general, avec toutes les autres ef- peces de gres cryftallifes. Je cms devoir examiner encore quelle efpece de gas aerien donneroient tous ces grcs cryftallifes , en les expofant feuls & fans aucun melange k un tres-grand feu, & avec le meme appareil. Le gas extrait fut peu confidcrable; mais ayant dcplace I'eau du reci- pient oil il palTa , il parut permanent , prelqu'entierement femblable ^ I'air de i'atmofphere, & fans le moindre vtftige d'air fixe, quoiqu'il y en ait beaucoup dans la portion de terre abforbante ou de craie qui entre dans la compolition de ces cryftaux. Or, tandis que la craie traitce iewle ^ grand feu & fans intermede four- DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. nj nit de I'air fixe (a), qiioiqu'en petite cjiiantite, pourquoi la mcme ac- ■—— ^Mt tioii du feu n'a-t-elle plus aololumeiit ce pouvoir iur la craie, quaiid elle ~ elt combiuce avcc la fubftance puremeiit i'ableufe? La double afEuite de ^^' s t o i re I'air fixe, puilqu'il lemble ici fervir de lien ou de iiioyen unilLiu entrc '^^turhllk. les deux fubftances , eii feroit-elle la caulc? 11 ne fera podible de bien ^,r,^/j 1777. rcpondre h cette queftion importante , que lorlqu'ou connoitra mieux les rapports de I'air fixe, & les divers degres de ces rapports avec la plupart des fubftances de la nature, Je voulus nialFurer enfuite fi les grc-s ordinaires dc Fontalnebleau con- tiennent quelqu'autre matiere que la fubftance purenient lablcufe. J'ai deji dit que ces blocs de grcs varient par la coulcur ; il y en a de blancs, c'eft le plus grand nombre -, quelques-uns ont une teinte Jaune 011 rougeatrei quelques-uns font prefque noirs, c'eft le plus petit nombre", ils (ont de tous les moins compares •, ce n'eft, pour ainli dire, qu'un fa- ble qui commence ^ (e condenfer & ^ fe lier : il y en a parmi ccux-ci certains, ou Ton obfcrve qu'i mefure qu'ils prennent un peu plus de du- rete, leur couleur noire s'eclaircit pcu-i-peu, & palfe k la teinte rougeitre & Jaune. Les uns & les autres furent feparement epronves par le memc acide ni- treux artoibli ; il n'y eut aucune eftervefcence fcnllble : il parut fculement pendant la digeftion quelques bulles qui s'eleverent de temps en temps; la couleur de I'acide nitreux digere fur les gres blancs , ne parut pas chan- gee •, il fut colore en j.uine fonce par le gres jaune & rougeatre ; il prit line couleur plus chargee encore & plus fombre, en digcrant fur le gres noiratre. L'alkali fixe en lic^ueur, verfe fur toutes ces portions d'acide, les ren- dit louches , & occalionna un prccipite, qui, examine & feche, fut trouvi d'environ vingt-quatre grains, un peu plus, un peu moins, fur la quan- tite d'une once de ces diflerens grcs : ce n'ctoit qu'une vraie terre abfor- bante, (ans couleur, lorfou'clle ell extraite des grcs blancs & les plus purs; d'un blanc fale, quand elle a etc fournie par les grcs jaunatres', & brune, quand elle vient des gres noiratres. Pour avoir un objet de comparaifon , J'eprouvai de la meme maniere les diftcrens gres de la foret de Marly, je les trouvai tous aiteres par la iiieme fubftance fpathique, & dans des proportions i peu-pres femblables; de (orte qu'on pourroit affirmer qu'il n'exifte aucune efpece de grcs dans les forets de Fontainebleau , ni de Marly , ni peut-etre ailleurs , qui ne contienne une tres-petite portion de fpath. Peut-etre encore doit-on penfer que la conjjenfatioii des gres, c'eft-k- dire , que la liaifon & I'agregation ferme & compadte des grains pure- ment fableux, pour conipofer les malfes pierreufes des grcs, depend en plus grande partie de ce melange de la matiere fpathique ; car il eft de fait, que les mafles de grcs cryilallifes, oii la iiutiere fpathique entre en (a) Voyez I'ouvrnge de M. Prieflley , fur hi ilifKrentes efpeccs d'aii , tome II. 12.6 AI3REGE DES MEMOIRES ■Mui.im— m I bien plus grande proportion , ont une diirete dc beaucoup fuperietire k jy celle des gies ordinaires les plus compadtes & les mieiix lies. Les ouvrieis ,, qui exploitent It's blocs de gres h Foutainebleau, pour les tailler en oa- ves, (e gardcnt bien dattaqucr & de travaiUer les blocs plus ipathiques cii Annc'e till- ^^ ferment les cryftaux, \ caufe de leur exceffive durcte, doiit Je mc fuis pareillement affure par moi-nieme-, ils les negligent & les rejettenr. Dans quelques-unes des notes, ajoutees en forme da commentaire k I'excellent traite de Henckel, fur I'origine des pierres ; Zimmerman, au- teur de ces notes, avance que les molecules fableules dans lesgrcs, peu- vent etre liees & agglutinecs, tantot par une Aibftance calcaire, taiitot par une fubftance ferrugineule ; & dans ce dernier cas,oii, felon lui, le prin- cipal gluten eft le fer (a), la connexion & I'union des molecules fableules ]ui paroilTant bien ferme & folide; il en conclut que les gres ferrugineux font ordinairement les plus durs & les plus compares. Le fentiment de Zimmerman, fur la propriete de la fubftancc calcaire de lier les molecules lableufes & de les condenfer en gres, eft bien ap- puye par les obfervations que j'ai rapportees en detaillant I'analyfe des gres •, niais je crois que ces memes oblervations modifient, on plutut inhrmenc la derniere affertion de Zimmerman, fur la propriete qu'il attribue \ la fubftance ferrugineufe de beaucoup mieux ngglutincr les grains fableux, & de cooperer ainli \ la formation des gres les plus durs. En effet, etant demontre d'abord par mes'remarques deji expofees, que les gres les plus Ipathiques, tels font les gres cryftallifes, font bien plus durs que tous les autres; je fais obferver encore, que les gres color^s, oil je vais dans un moment demontrer I'exiftence du fer, egalent 4 peine en durete les gres blancs ordinaires, qui n'ont ricn de ferrugineux, mais qui contiennent la matiere fpathique en meme proportion que les gres colores. Le feui alped: de ces gres colores , me les ayant fait regarder comme un peu ferrugineux, ou empreints de quclques portions de fer, je cherchai ^ m'en aflurer d'abord par la voie humide. Je pris une partie de I'acide iiitreux , que J'avois fait affez long- temps digerer fur ces differens gres-, apres avoir etendu cet acide avec I'eau diftillee , j'y verlai la teinture de noix de galle : ce melange ne produllit aucun changement. Sur une autre portion du meme acide digere, je verfai la liqueur alkaline faturee du bleu de Pruffe; auffi-tot il parut une couleur bleue, qui itianifefta la prefence du fer : ces experiences repetees furent toujours luivies des memes eftets. Pour conftater que cette couleur bleue, qui venoit de fe developper, dependoit reellement du fer extrait des gres colores, & non de celui qu'au- roit pu deji contenir I'awde nitreux , avant que de I'avoir fait digerer avec les gres , j'etendis cet acide pur avec I'eau diftillee , & j'y verfai I'al- kali Pruffien : il n'y eut pas la moindre apparence de teinte bleue. On voit fans peine pourquoi I'alkili Prullien rend ici le fer fenlible & apparent, & pourquoi la teinture de noix de galle, fur-tout celle qui eft (o) Zimmerman s'appuie ici de quelcjues exp(?riences qu'il a faites, & qu'il rapport* pour demontrer dan? le fer un pouvoir r^d d'agglutiner les grains de fable. DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. 117 prepares avec I'efprit de vin, & dont je me fers ordinairement , ne pro- — ^i— imm duit pas le nicme eftet; c'eft que la teintiire de noix de galle ctant inca- J pr.bL' d'ablbrber I'acide nitreiix , celui-ci rcftant libre conferve la propricte V,' s t o i r e t]u'il a diiis cet ^tat de detruire Tcncre formie, ou de I'empccher de fe ^'^turelle. former : au-lieii que I'alkali PriilTicn, pouvant par fon latus alkaliu abfor- ytnn^e i-^-j. h:t & mafquer cet acide, des-lors le bleu de PrulTe, qui n'eft qu'une '' ' ' e(pece d'eiicre inoins foncee , dont le fer eft egalcment la bafe , devient apparent. Les exp(5riences fuivantes, tentces par la voie feche, ont dcmontre d'une iTianiere encore plus direcfte I'exiftcnce du fer dans ces gres colores-, mais fur-tout dans les jaunes & rougeitres. lis fureiU calcines I'un aprcs I'autre dans un crciifct & fans aucun melange , au feu de forge •, la poudre du grcs noiratre fut decoloree , & devint grife ^ fa furface , tandis que les portions interieures avoient conferve la teinte noire , mais en continuant h calcination, ft la inatiere eft agitee & remuec profondemcnt, de nia- nicre que chaque molecule occupe fuccelliveraent la furface, alors la pou- dre prend pcu ^-peu la meme teinte grife dans toutes fes parties. Les gres jaunes & rougcatrcs expofiis au meme degre de feu , bieii loin de perdre leur couleur , en prirent une plus intenfe. I a poudre de ces fubftances ayant enfuite cte melee avec un peu de fuif , le vaifleau rccouvert fut reniis au feu de forge, & tenu rouge un temps fuffifanf, apres cette operation, les gics originairement jaunes & rou- gcatres parurent noirs& brillantes', &' par le moytn d'un barreau aimante, j'en tirai un grand nombre de parcelles de vrai fer : les grcs noirs n'en fournircnt que quelques molecules , apres qu'ils eurent ete foumis aux: niemes eprtuves-, quoique leur couleur primitive eut du faire prefumer d'abord qu'ils feroient les plus ferrugineux •, mais , en conliderant les en- droits oil ce lable noiratre commence ^ fe condenfer & i fe lier , on re- connoit que cette teinte noire fi aifement deftrudible par le feu , ne lui eft imprimce & communiquee que par une forte de pourriture des petites racines de bruyere dont il eft couvert & penetre. Et comme j'ai dcja fait obferver que ce fable noir, dont les grains com- rnencent i fe licr , acquierent enfuite plus de dureti, prenncnt davantage le caraftere de vrais gres, & qu'alors la teinte noiratre ayant paffe peu i- peu ^ une couleur jaune & quelquefois rougeatre , ils font devenus plus ferrugineux; on peut tnconclure, que la nature nous prefente ici un fait, ou, felon les remarques & les principes de la belle theorie de Henckcl, developpee dans fon traite intitule. Flora Jaturnifans , on decouvrc tres- fenfiblement Tinflueiice d'un regne fur un autre , leur commerce & leur cooperation reciproques , fources d'un grand nombre de phcnomenes qui intcreffcnt egalement la chymie & I'hiftoiie natiirelle, & qui peut-£tre ne font pas aflez attentivement obferves. Ji8 ABREGfi DtS ME MOIRES ii i s t o i r e Naturelle. observation Aufujet de deux animaux j dont le male accouche la femelle. Par M. D E M o V R s. Mem. J_-^ E S iiatiu-aliQes font intariffables fur les eloges qu'ils prodiguent ^ I'in- diiftrie des animaux •, ils pretendent que c'eft d'eux que les hommes ont appris les arts !cs plus utiles, & il en eft qui outrent la matiere jufqu'i dire que nous leur avons obligation des fcienccs meme les plus abllrai- tes {a). La medecine , au rapport de Pline & de pkifieurs autres natura- liftes, doit ^ Thippopotame I'uiage de la faignee; celui des lavemcns ^ cette efpece de cigogne , qui, ^ raifon de fon utilite, fat autrefois adoree des Egyptiens fous le notn d'Ibis : I'ours & le chien , felon ces memes natu- raliftes, lui ont indique I'utilite du vomiffement , que ces animaux fe pro- curent felon leurs befoins-, le premier , difent-ils , en avalant des four- mis j Si le Jecond en mangeant des feuilles de chiendent. Heureufemeiit pour la medecine , le fait dont il s'agit dans ce memoire n'a pas ete connu de ces naturaliftes •, ils n'auroient pas manque de dire audi quelle doit I'art des accouchemens ^ I'animal qui fait le fujet de cette obfer- vation. Dans les grands jours d'ete, Je rencontrai fur le foir, proche de quel- qucs marches qui etoient autrefois auprcs du grand baflin du jardin dii loi , oil j'occupois alors la place de demonftrateur & garde du cabinet d'hiftoire naturelle, deux crapauds de tcrre de la petite efpece {b) , qui etoient accouples-, ]'apper9US que le male remuoit beaucoup les pattes de dcrriere-, la curiolite me fi: approcher pour voir quelle etoit la caufe des inouvemens qu'il fe donnoit. Deux faits egalcment nouvcaux pour moi , & que je ne lache pas avoir ete encore obferves, me furprirent en meme temps; le premier etoit la difficulte avec laquelle fa femelle faifoit fa ponte, & cette difficulte etoit fi grande, quelle avoit befoin d'un fecours etran- ger, ce qui n'eft point ordinaire \ aucun des animaux que nous connoif- fons-, le I'econd eft que le male travailloit avec beaucoup d'adion ^ lui tirer les a;ufs avec les paltes de derrierc, & qu'il faifoit les fondions d'un veritable accoucheur. Je ne faurois diffimuler la joie que me caufa la vue d'un fait aulli nou- veau •, men attention redoubia , & je m'aflis doucement par terre pour les obferver de plus pres , & pour examiner fur-tout li le male arrofoit de fa (a) Giovaiii Bonifacio, V Ani literati &" meciuticht, come ftaiio jlatt dio^U animali inatio- nali , ag/j Huomini dimojlrate. (^i") lliiitta minor, Gcfiitri. liqueur DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES, rij liqueur feminale les oeufs k mefure qu'il Ics tiroit du r<^ceptacle de la i i i femelle. H i s t o i ii B Pour bien entendre la.m^chanique de cet accouchement, il faut favoir en premier lieu que les pattes de ces animaux, tant celles de dcvaiit que celles de derriere, font divifees en plulieurs doigts, & que ceft par Icur Ann^e z'jS. moyen , que le crapaud male tire les oeufs du fondement -de la femelle , de la manicre qu'il fera dit ci-aprcs. En fecond lieu , que ces animaux s'accouplent commc les grenouilles , c'eft-i-dire, que le male montc fur le dos de la femelle, I'embraffe avec les pattes de devant-, la feule difference qu'il y a cntre I'accouplement des crapauds dont il s'agit , & celui des grenouilles , eft que dans celles-ci le male a les pattes affez longues pour enibraffer entierement la femelle, & pour entrelacer les doigts les uns dans les autres", elles font plus courtes dans le crapaud, & ne peuvent fe joindre de meme : de forte qu'elles n'at- teignent qu'aux deux cotes de la poitrine , oii il les applique fi fortement , qu'il y furvient fouvent une echymofe, avant que ces animaux fe ftparent. II faut remarquer troifiemement, que les osufs de cette elpece de cra- paud font formds chacun d'une coque membraneufe trcs-forte, dins la- quelle eft contenu lembryoii, & que les oeufs qui ont environ deux lignes de longueur, & qui font oblongs, font attaches les uns aux autres par un filet court & tres-fort. Pour doiiner une idee affez juftc de ces oeuf? , on peut les comparer ^ un chapelet , dont les grains feroient diftans les uns des autres d'environ la moitie de leur longueur : ces aufe fortent par le fondement, parce que le receptacle dans lequel ils font contenus jufqu'au temps de I'exclulion, s'ouvre i la partie inferieure du reclum. II y a lieu de croire que la femelle fait beaucoup d'efforts pour faire fortir le premier ccuf •, mais des qu'il I'eft , c'eft au male \ faire le refte : c'eft alors qu'il commence i faire les fondions d'accoucheur, & il s'en ac- quitte avec une adreffe qu'on ne foupconneroit pas dans un animal natu- rellement auill peu agile. II avoit deja tire un fecond oeuf, lorfque je le vis dans cette grande agitation qui fixa fur lui mes regards, & il faifoit des efforts redoubles pour tirer le fuivanf, le premier dtoit engage entre les deux doigts du milieu de la patte droite , par le filet qui I'attachoit ail fecond , & c'eft en alongeant la patte qu'il les faifoit fortir par le fonde- ment de la femelle, qui pendant ce temps-li reftoit immobile. II tachoit aufli de fe faiiir du cordon avec la patte gauche , & il s'y prit \ plulieurs reprifes avant que d'en vcnir \ bout. Ma prefence fans doute lui caufoit quelques diftradlions •, car tantot il s'arretoit tout court, & alors il jettoit fur moi des regards fixes qui denotoient fon inquietude ou fa crainte; tan- tot il reprenoit fon travail avec plus de precipitation qu'auparavant , & un moment aprcs il operoit d'une maniere li nonchalante qu'il paroiffoit in- ddcis s'il devoit continuer ou non : la femelle elle-meme marquoit audi fon embarras par des mouvemens qui interrompoient quelquefois le male dans fon operation •, mais elle ne parut Jamais vouloir rentrer fous la pierre d'ou elle etoit fortie. Tomt XVI, Funic Fran^oi/i. R 150 ABREG^DESMEMOIRES ■ I Enfin , foit que le lilence que j'afFedtai , & rimmobilite oii ]e me tins „ euffent diminue leur craiiite , loit que le cas fiit preffant , la femelle fe Vj' ^ ^ tint traiiquille , & le male fe remit en devoir de continuer fon operation : ATURELLE. .j ^^^ ^^^^ ^^^ long-temps lans s'emparer du cordon des aufs avec les doigts AnnU 17 75. ^ tion ci-denus me h: connoitre dans la liiite que c etoit le male : c elt lui qui eft charge du foin de I'iiicubation. La nature a partage le travail avec .Annee tj8o. ""e i^orte d'igalite entre ces deux animaux ■, la femelle eft non feulement chargee du fardeau de fes ccufs avant la ponte, mais elle porte encore le male fur foil dos peut-etre pendant 40 jours , conime on I'a oblerve ^ I'egard des grenouilles '& des crapauds aquatiques : le male i fon tour ac- couche la femelle avec quelque difticulte , s'empare des oeufs , qu'il porte fur fon derriere jufqu'au temps de I'exclufion des tetards, c'eft i-dire, plus ou moins de temps , felon que la laifon eft phis ou moiiis favorable , & alors il va les depofer dans un endroit convenable. II fe precipite dans la premiere eau qu'il rencontre, & fouvent il eft la vi<5time de 1 amour pa- ternel ■, car s'il fe jette dans un baflin ou dans tout autre endroit d'oii il ne puille facilement fortir , il y peril au bout de quelques jours, ainfi que je I'ai obferve plulieurs fois. Cette efpece de crapaud, que Oligerus Jaco- hceus regarde comme le Rana phryno'ides de Gefner , & que quelques auteurs appellent Rube'ta minor , pour le diftinguer du crapaud ordinaire, qu'ils nomment Rubeta major, ne peut vivre dans I'eau quand une fois il en eft forti. II palTe les premiers temps de fa vie dans cet element, & le refte fur terre ; & ce fait , au rapport de Gefner , a ete connu des plus anciens naturaliftes , qui affurent la meme chofe du crapaud ordinaire. Celui dont il s'agit ici , fort de fa coque fous la forme d'un tetard fans .nppendices : dans cet etat , il a des ouies & vit dans I'eau i la maniere des poiffons ; il y refte jufqu'^ ce que ces ou'i'es commencent ^ s'efJacer , ce qui arrive lorfque les deux pattes de devant ont dechire la membrane qui les renfermoit", & des qu'il peut marcher ou fauter, il cherche un autre element , & fort de I'eau avant meme que (a queue foit ciuiexemenj effacee. DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. '5J M. E X T R A I T X>' U N VOYAGE FAIT DANS LES VOSCES. H 1 $ T O I R B Nat u r e l l e. -tssiEURS GuETTARD & Lavoisier ont parcoiini en naturaliftes & uic en pliyUciens, pkificurs de nos provinces, ou ils ont recueilli iine longiie luite d'obfervations intereflkntes pour I'hiftoire naturcUe & pour les arts. Ces deux memoires en font partie. Dans le premier , iis decrivent un banc de terre argilleufe blanche, qui peut feuJe , lans addition j fans meme avoir etc lavee , donner en la cui- lant au feu , de beau bifcuit de porcclaine ; ce qui prouve que cette terre n'eft pas une argille pure , mais de I'argille melee avec une terre fufible : au-delfous eft un banc d'une terre de meme nature ^-peu-prcs, d'une teinte verte ; la terre de ce banc eft propre ^ faire de la poterie folide , mais giofliere. Ces bancs fe trouvent aupres de Plombieres , dans un pays oil le bois eft commun , en forte qu'on pourroit y etablir , avec avantage , une manufaifture de porcelaine : cette vaitfelle , quoique fragile , peut par fon inalterabilite au feu & dans les differens menftrues, devenir un joiu: d'une ttcs-grande utilite, foit pour les arts, foit pour I'ufage de la vie-, iwais. il faudroit pour cela quelle ceffat d'etre un objet de luxe , & que les manufadtures de ce genre, encouragees par la liberie, fe multipliaflent* dans les provinces eloignees de la capitals. Les manufadures de luxe ne font en effet un objet important & digne des encouragcmens du gouver- nement & des regards des philofophes , que lorfqu'elles fervent en exer- cant des ouvriers habiles, en excitant I'emulation parmi les hommes qui itudient les arts, ^ etendre, k diverilfier, ^ perfedionner les manufadures d'un ufage commun. Le fecond memoire renferme la defcription de deux mines de charbon- dc-terre, fitueesTur les confins de I'Alfice & la Franche-Comts : I'an*- lyle de ces deux charbons-de-terre ne donne point d'alkali volatil, comnie on en retire communement de ces fubftances. M. Rouelle , I'aine , avoit oblerve le meme phenomene dans le charbon-de-terre de Balleroy en Normandie. Ces differences entre les principes des charbons-de- terre, en indiquent une effentielle dans leur origine, dans la nature des corps qui ' ont lervi i leur formation , ou dans I'efpece de cliangemens que ces corps ont fubis. Mais quelle eft cette difference ? A I'une de ces mines, I celle de Rondiamps, on avoit etabli en 1757, lorfque les favans voyageurs i'cxaminerent , une manufacture de noir-de- fuinee i le toit de cette meme mine eft un fcbite alumineux, qu'oij co:b- i;4 ABREGE DES MEMOIRES *"' " " - n-'.encoit aiilTi alors a exploiter pour en retirer de I'alun. Depuls que I'liif- H I s T o I R E ^°"^ naturelle & la chymie ont fait des progres, on commence h favoir N'VTURELLE. "^"^ I'alun n'eft pas une fiibftance rare en France, & qu'il efl: egalement poflible , ou d'en retirer de beaucoup de terres , ou d'en former artifi- ytnn^e fJjS. ciellemeiit. SUR LA MINE ROUGE JDECVIVRE. Ilift. V-/ N connoit trois efpeccs de mines rouges de cuivre -, elles paroiflent ne differer que par leur forme, & le plus ou le moins de regularite dans leur cryftallifation. M. Sage a obferve une teinture approchante de celle de cette mine, fur du cuivre recouvert par une rouille verte que Ton appelle patine. Enfin , dans les cavites de plufieurs morceaux de (btues dc bronze , trou- ves apres un long fejour dans I'eau ou dans la tcrre , on a trouve de k mine rouge de cuivre bien cryftaliifee. De ces faits, M. Sage conclut que la mine rouge de cuivre n'eft qu'une cliaux de cuivre, n'eft que le metal meme prive de fon phlogiflique : aufDi cette mine reduite donne foixante-dix livres de metal par quintal, & fe diffout en entier dans Taikali volatil, ^ qui elle fait prendre une couleur ^ bleue -, & ces refultats chymiques confirment ce que I'obfervation avoit indique. DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES, ij, S U R L' E A U D V LAC ASPHALTIDE. H I s T o I R £ Nat VB.EL L t. Annii 1/7 6'. /t. A u du lac Afphaltide n'etoit connue que par fon amertume , qu'on y^^ attribiioit mal-i-propos an bitume , & par fa pefanteur. On vuit iiager fur fa furface le bitume de Judee, qui fe prccipite au fond de I'eau. C'eft ici la premiere fois qu'on a pu analyler cette eau , grace au zele de M. le chevalier Toles, qui en a fait parvenir deux bouteilles ^ M. Guet- tard : elle eft faturee au point, qu'il y avoit au fond de ces bouteilles, du fel cryftallife. Examinee avec rareometre , fa pefanteur eft ^ ccUe de I'eau diftillee comme 5^4; pefanteur prodigieufe , dont aucune eau falce nc donne d'exemple. Un quintal de cette eau contient prcs de 45 livres de fel, dont 6 t da fel niarin ordinaire, 16 { de fel marin ^ bafe calcaire, & 22 de fel marin \ bale de terre magnelienne. C'eft uniquement ^ ces fels que cette eaii & celle de la mer doivent leur amertume. Le bitume qui nage fur I'eau du lac Afphaltide, & qui fort de fes bords ou du fond, ne lui communique aucune qualite. 13^ ABREGfi DES MEMOIRES II 1 5 T O I R E Naturelle. SUR la TERRE JAU N'E Annee z//^. X> V S E R R y. Hift. JLi A terre bolaire Jaime du Berry fe trouye prindpalement dans la pa- roiffe de Saint-George •, les couches de cette terre , leur difpofition , la nature de celles qui les recouvrent, out ete decrites par M. fe Monnier. M. Sage I'a foumife ^ I'analyfe chymique , & il a trouve quelle contenoit par quintal dix livres d'eaU acidule , quarante de chaux de fer , & cin- quante de terre argilleufe non coloree. C'eft de cette terre jaune que Ton tire le rouge connu dans le com- merce, fous le nom de rouge de P ruffe ou A'Angleterre ^ & que Ton em- ploie principalement ^ mettre en couleur les carreaux des appartemens , ^ polir les verres , k peindre des papiers. Les Hollandois achetent cette terre en Berry trente-huit ^ quarante fous le quintal, & apres qu'ils lui ont fait prendre la couleur rouge, ils la mettent dans le commerce ou elle vaut, fuivant I'intenfite du rouge quelle donne , de vingt-cinq ^ quarante-huit livres. On connoiffoit depuis long-temps le profit que les Hollandois font fur cette terre, mais on ignoroit la preparation qu'ils lui faifoient fubir •, M. Sage n'a pas eu de peine \ la deviner , & I'experience lui a confirme qu'il fuffifoit de la calciner. II entre dans fon memoire , dans le detail des moyens de faire cette operation d'une maniere fure & affez fimple pour etre employee dans un travail en grand par des ouvriers ordinaires. 11 faut efperer que d'apres la publication de ce memoire, on itablira quelques manufaiftures de ce genre , qui diminueront le prix de cette terre , & qui eviteront la depenfe abfolument en pure perte de fon tranf- port en HoUande & de fon retour en France. L'ignorance du commun des hommes a ete depuis long- temps, pour ceux qui ne la partageoient qu'en partie , une mine plus fifconda que celles du Perou & de Golconde •, elle eft encore , elle fera long-temps bieti riche •, mais ceux dont les vues & les fentimens embraflent toute I'efpece humaine , voient avec confolation que plufieurs branches de cette mine , qui, peut-etre , n'itoient pas les moins abondantes, commencent ^ s'e- puifer. OBSERVATION DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. 157 H I S T O I R B OBSERVATION D'HISTOIRE NATURELLE. Naturelle. OAnrJi ijjg. N a obfcrve d.ins plufieurs parties de la France, coinme b Saint-Maur Hift. en Toiiraine , h Fleiiri- la* riviere , & h Court.ignon en Champagne, ^ ChoUir.ont dans le Vexin Francois , ^ Stors prcs I'ifle Adam , de vaftes amas de coquilles-, ceiix de Touraine font les plus ancienncment conniis, on les nomme /fl/u/7/f rf^ , & les coquilles etant devenues' tres-friables , font employees comme la marne, & ^peu-pres dans les memes vues. II ne faut pas confondre ces amas de coquilles avec les raoules , les em- preintes de coquillages qu'on rencontre dans les pierres calcaires, & dont elles paroiflent quelquefois compofees prefque en entier. Dans les pierres calcaires les coquilles ont etc detruites, & il ne refte d'autres veftiges de leur exiftence, qu'uneterre qui s'eft moulee dans leur interieur, & qui en a conferve I'empreinte : ici au contraire, la coquille meme eft plus ou moins confervee, ce qui femble indiquer que ces depots font moins anciens , ou qu'ils n'ont pas eprouve la meme adlion de la part des eaux. II eft important de multiplier les obfervations de ce genre •, ce n'eft que par une connoiffance exacle & detaillee du globe , qu'on peut parvcnir ^ fe former une idee des revolutions qu'il a eprouvees, des caufes des changemens qu'on y oblerve , & des loix fuivant lefquelles ces caufes ont agi. M. Morand a decouvert, il y a qiielques annees , un de ces bancs au- deffous de Louvres en Parifis, k droite du grand chemin de Paris h Com- piegne , prcs d'une commanderie de Saint-Lazare , nommee Gu/pel : ce banc forme une butte qui a etc coupee pour applanir le grand chemin : les coquilles y font trcs-abondantcs, & des memes families que celles qui forment la montagne de Courtagnon. II n'eft peut-etre pas inutile de remarquer que ces deux endroits font egalement places dans le baflin de la Seine, Tome XVI. 'Panic Fran^oiji. i}S ABREGfi DES MEMOIRES H I S T O I R E Natur*eli.e. M E M O I R E A/inife 2jSo. S U R L E S D I F F E R ENTES ESPECES ■ ' D E C H I E N S D E M E R. Par M. Broussonet, de I'Academie de Montpellier. " Mdm. J_^ES aiiteurs ne font point d'accord fur I'efpece de poifTon a Lqiielle les nnciens avoient doiine le noin de Squalus. Artedi a compris lous cette denomination une famille de poiiroiis cartilagineux qui fe relleni- blent affez, & qii'on appelle commiinemcnt Chiens de mer; leiir corps eft alonge, les yeux & les ivents {a) font places fur les cotes ^ &; ces ca- rafteres fiifEfent pour les difiinguer d'avec les Raies , qui ont d'ailleurs avec eux beaucoup d'analogie. Dans les efpeces de ce genre, le nombre des events fe porte jufqul fept , & n'eft jamais au-deffous de quatre-, ce caraiftere empeche qu'on ne les confonde avec les poUroiis cartilagineux qui n'en ont quun, tels que les EJlurgions , & ceux que Linne a compris fous le nom de Chimcera. La prefence des nageoires de I'abdoraen fert encore ^ les feparer d'avec les Lamproies. Aucun Chien de mer, de ceux que nous avons vus, n'a les dents de la nuchoire fuperieure entierement femblables ^ celles de I'iiifsrieiire j cette difterence eft fur-tout remarquable dans celui que nous appelicrons le Grijet , dont les dents fnpcrieures font fans dentelures, coniques v & Jes infcrieures trcs-larges & dentelees. M". Gcoffro)-, [b] Heriffant {c) Sc Stenon , [d) nous ont donne des details curieux fur le mechanifme de ces "parties, & fur la maniere dont elles font reniplacees les unes par 'les autres. Comme elles ne font jamais abfolument femblables , dans les ef- peces meme les plus voilmes , elles fourni/Tent des carafteres fpecifiqucs tres-furs. Un poilfon de cette faniiile a les dents fi peu Siftiirentes de celks de queiques Raies, qu'il feroit impoffible de determiner auqucl des deux genres on doit le rapporter, fi les machoires ne fourniU'oient d'ail- leurs d'autres caraderes propres ^ les diftinguer. Dans tous les Chiens de (a) Ce nom nous a M communique pax M. Daubenton , qui s'en eft fervi pour difigner les ovivertures des ouVes des poiflons cartilagineux; on a nomme quelquetois ces partTes Bouwninercs : les auleurs latins les ont appellees Spiraculai Hi eutlent mieux dit. Exfyiracula. (i) M^moires de I'academie , mwie 1741 , pigi 34. • (c) Iditn. Ann^e 111,1) ^pagt 235. • ■ • id') Elm. Myol. («/. Cmhar. Di£la. Amjld. 8°. 1669. DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. ,yj mer que nous avons cu occafion d'examiner, la machoire fupcricurc 6toit — ■— i— — plus longue que riiiferieure •, dans les Raies j au contraire , celle-ci fiir-ij pafloit I'autre en longueur ; les cartilages de la machoire inferieurc des ■»; Chiens de mer ito'ient aulTi bcaucoup plus larges que ceux de la fuperieure ; 1 1 l l t. ce que nous n'avons pas remarque dans les Raies , ou le? uns & Ici autres Annde zj8o. etoient i-peu-prcs egalcment larpes. On obferve dans le plus grand noinbre dcs efpece* de ce genre , une ouverture |*rticuiiere derriere chaque a-il, & qui Icur fcrt peut-etre a recevoir I'eau pour la faire paffer dans la gueule. Nous appellerons cette partie le Trou des tempcs. Les nageoires pc(flor4es font conformees i peu-pres de la meme ma- niere dans le plus grand nombre des efpecjs : elles font prefque touiours plus grandes que les abdomidalcs , & le plus louvent egalement diftantes de celles ci & du bout du muleaii. Dans quclques-unes cependant elles font plus rapprochees de cette derniere partie , & dans ce cas , la nageoire de derriere I'anus manque ordinairement. Celles de Tabdomen font rap- prochees entr'elles, ihuses autour de I'anus, & unies avec les parties de la generation dans les males; un feul a ces nageoires jointes eniemble. La premiere nageoire du dos fe trouve tantot devant, tantot derriere r^-plomb des abdomidales •, & cette difference , qui depend de la forme du corps & de la place qu'occupent les autres nageoires , fournit une divilion trcs feniible dans ce genre. Dans les efpeces dont le corps eft ef- file & alonge, dont le bout du mufeau eft pointu, & oii Ton ne trouve point de nageoires derriere I'anus , & dont les abdomidales & les pe(5to- rales font plus larges , la premiere du dos eft htuee au-deli de I'^-plomb de celles de I'abdomen. Dans ces dernieres, les peclorales font plus baf- fes , elles s'ouvrent horizontalement , & ont beaucoup de reifemblance avec les abdomidales. Quelques* efpeces de Chiens de mer font trcs-voraces , d'autres vivent prclque entierement de piantes marines ou de Mollajfes ^ Mollufca; ceiles- ci vont en troupes, le befoin ne rompt point leur lociete. Celles au con- traire qui ne fe nourrilfent que d'animaux , & qui n'epargnent pas nicme ceux de leur efpece, vivent ilolees & reftent peu de temps dans les me- mes endroits. Ces poilfons font a la fois un plus grand nombre de petits que les Raies , (a) parce que Icut forme, quand ils lont jeunes, ne les empeche point , comme celles ci , de dcvenir la proie de gros animaux , & que la nature , toujours occupee ^ conierver les efpeces, a accorde plus de moyens de fe multiplier aux individus qui ont des organes foibles, qu'^ ceux dont les parties plus robuftes & une forme plus avantageufe les mettent i racme d'ciuder la loi du plus fort. On s'occupe trcs-peu de la peclic de ces poiflbns-, on n'cn rencontre qu'un petit nombre dans les marches, leur chair eft dure & de raauvais gouf, leur peau fechee, eft employee ^ diiterei;s ufages •, celles qu'on voit dans le commerce, fous le noui ds peaiix de Chiens de mer ^ & de Cha- (^ rvAT U Rl L LE. que'qiierois lecher; mats labondancc & le Don marcne peiivent leuls de- lermiDt-r des pcclieurs allames ^ s'en noiirrir. Annie ijSo, Le chevalier George Eiit a doiinc iiiie trcs-bonne defcription anatomi- qiie de cette cfpece ^ la fiiite de VOnomaJUcon de Chark'ton. Squalus ( GaUus ) naribus ori vicinis , foraminibus ad oculos. Linn. SyJL Nat. torn. 1 1 pag. 399, 7. Arted. fyn. pag. 97, 9. Caleus canis. Rond. HiJI. pij'c. I, p. 5 7 7, figure mauvaife. Siilvian. Hi ft. pij'c. pages 150 'J?' Figure mediocre. Willugh. Ichtli. pag. 51. tab. B, ')■ fig. i. Defcription bonne; figure copiee dc Salviani. Tope. Penn. Brit. Zoo/, torn. Ill , pag. 98. n° . 45. Le Milandre , du Ham. Hifi. des Peches , part. 3 , Jecl. 9. page zpo, pL 10 J fig. I, le male. fig. 1 ^ la femelle , Figures alFez bonnes •, le trou des tempes omis; les events mal reprefentes. Le mulcau etoit alonge & aplati , les dents placees fans ordre , ctoient comprimtfes, prefque triangulaires, dentelees fur leur bord vertical ; leur pointc aiguij etoit tournee vers les angles de la gueule ; l.i langue etoit grande & arrondie ; les narines proche de I'ouverture de la gueule, ctoient en partie fermees par un lobule court; les yeux Ctoient prefque audi prcs du bnut du muleau que du premier event ; le trou des tempes etoit tres petit & alonge; les events etoient tres-rapproches, leurs mem- branes le recouvroient les unes les autres en facon de tuilcs. Les nageoires peftoraies etoient grandes, & legerement echancrees it leur extremite; la premiere dorfale etoit prefque egalement eloignee de I^ biie des peftorales & de celie des abdominales; celles-ci entouroient I'anus , qui fe trouvoit litue un peu avanr le milieu du corps: & etoient la moitie plus pctites que ceiles de la poitrine; la nageoire de derriere J'anus etoit plus pres de la bafe de la nageoire de la queue que de I'anus, fa partie poflerieure ie terminoit en pointe ; la feconde dorfale plus petite que la premiere, & de la grandeur de celle de derriere I'anus, etoit lituee un peu au-dcvant de I'd plomb dc celle ci; la queue etoit grande, fa nageoire etoit divifee en deux lobes inegaux ; la ligne laterale etoit prelque eftacce; la peau etoit legerement chagrinee, le corps long de trois pieds ^toit de couleur grife; nous I'avons vu dans le port de Cette au mois de tnai. Tij H I S T O I R E N A T X.1 R E L L H. 1+8 ABREGfi DES MEMOIRES s. l'Emissoze. Cette efpece differe de toutes celles que nous connoiffons par la forme Annt'e iiSo. de fes dents qui font entitrement femblables \ celles de quelques Raies; elles font petites, obtufes, en lozanges , fe touchant les unes ies autres, & fornient une efpece de parqueterie; elle reffeuibie d'ailleurs en tout point au MiLandre. Elle eft connue en Languedoc, fous le nom d'EmiJJble j Sc. on a employe la menie denomination en Francois. Gronovius a confondu, mal - ^ - propos ce Cfiien de mer avec Ic Glauque (a) qui en diftere cependant beaucoup. Le piiiffon que Rondelet a defigne fous I'epithete de Galeus Aferias , ne paroit etre qu'une variete de celui-ci ; nous n'ofons pourtant I'aliurer •, la maniere obfcure dont cet ecrivain en a parlc, ne permet pas de pro- iioncer fur I'efpece ^ laquelle on doit le rapporter : on prcnd cette efpece dans rOcean & la Mediterranee. Stenon & Bartholin ont donne I'anatomie du fffitus. Squalus { Mujlelus ) dentihus obtujis. Linn. SyJI. Natur, torn I, pag. 400, i^. Arted Jyn. pag. 95. 2. ^ Galeus Imvis. Rondelet, Hi ft. pifc. I, pag. 375, Figure mauvaife. Mujlelus liEvis. Salvian. Hijl. pifc. pag. 155 157, Figure me- diocre. Willugk. Ichth. pag. 60, tab. B. J\-,fig. 2.. Defcription bonne; Figure copiee de Salviani. Smooth-Shark. Penn. Brit. Zool. torn. Ill , pag. loi, tab. 16, n°. 48. L'EniiJfole. Du Ham. HiJl. des Biches , part. i,Jk3. 9 , pag. joo, fans Figure. Le mufeau etoit de forme conique, perce de tous cotes de petits trous; on les retrouve dans la plupart des Chiens de mer , il en fuinte une hu- meur particuliere, fournie par une glande aflez conhderable. Ces parties ii'avoient point echappc i Willughby, qui croyoit que cette humeur fer- voit ^ lubrefier le corps & particulierement la tete de ces animairx , que leurs mouvemens rapides expofoient ^ un frottement qui occafionnoit une grande fecherefle. M. Lamorier a decrit cet organe & lui a attribue le iTieme ufige. Les narines un peu plus pres de I'ouverture de la gueule que du bout du mufeau , ctoient en partie recouvertes par un lobule. La premiere nageoire du dos, iituce entre celles de la poitrine & celles de I'abdomen , etoit prefqiie triangulaire ; les nageoires abdominales placees au-del^ du milieu du corps etoient deux fois plus petites que celles de la poitrine-, la feconde dorfale etoit plus pres de la queue que de la pre- miere du dos, & deux fois plus grande que celle de derriere Tanusj celle ci prefque egalement diftante de celles de I'abdomen & du bout de la queue, etoit prefque quarree; celle de la queue etoit plus large vers Ion extremite-, la ligne latirale etoit prefque effacee, elle fe trouvoit d'a- (n) Cmi.ZQo^h, n°. 14a, DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. 149 bord plus prcs du dos que de I'abdomen, & fe rapproclioit cnfuitc dii ^^'■■^■^'^— milieu ; la peaii ^toit leueremeiit ch.igrinee : fa loneucur ctoit dj dciix i, pieds; nous lavons dccnte au cabinet du roi, •», 6. L E Barbillon. Ann^c lySo. Une appendice vermiforme \ chaque narine, forme le caradlerc dif- tindlif de cette efpece, & nous en a fourni le noni; on la trouvc dans les mers d'Amerique , nous en avons vu plufic-urs individus qui avoient etc pechcs aux environs de Li Jamaiqu?. M. \<: chevalier Banks I'a encore vue dans la mer du Sud , fur la cote de la nouvelle Hollands : nous ne la croyons decrite dans aucun auteur. Le Barbillon eft de couleur roufle; les individus dont la longueur n'cx- cede pas un pied, ont fur tout le corps de petites taches noires rondes, qu'on ne retrouve point dans les gros ■, les plus longs que nous ayons eu occadon d'examiner, avoient un peu plus de cinq picds; les ecailles font larges, applaties & tres-luilantes; comme elles font audi tres-rapprochecs, nous fommes perfuades qu'on pourroit faire avec leurs peaux les plus beaux ouvrages en Galluchat; elles prendroient ^ la verite diliicilement les couleurs. La tete etoitapplatie, lemnfeau 'court & obtHs; Ics levres etoient ^paiflcs fur les cotes-, les dents en grand nombre, etoient alongees , aiguirs & di- latees ^ leur bafe 5 au-devant de chaque narine on voyoit une appendice vermiforme •, les yeux & les trous des tempes etoient tres-petits •, on trou- voit cinq events de chaque cotci, dont les deux derniers plus rapproches, fembloient n'en faire qu'un feul ■, ce caraftere ctoit fur- tout apparent dans les adultes", les nageoires pedorales etoient grandes; I'anus etoit egale- • inent diilant du bout du niuleau & du bout de la queue j les nageoires qui I'entouroient etoient arrondies & plus petites que celles de la poitri- ne •, la premiere dn dos etoit ^ I'i-plomb des abdominales •, la feconde ctoit fituee avant H-plomb de la nageoire de derriere I'anus-, celle-ci pe- tite , etoit trcs-rapprochee de la queue -, la queue formoit le quart de la longueur de tout le poiifon, elle etoit d'abord divifee en deux lobes, & legerement echancree vers rextreniite. Nous avons fait la defcription de cette efpece, dans la collection de M. le chevalier Banks, fur plulieurs in- dividus conlerves dans la liqueur, & nous I'avons revue a^i cabinet du roi, fur un grand nombre d'individus delTeches. h i s t o i r e Naturelle. 1,0 ABREGfi DES MEMOIRES 7. t E B A R B U. Son corps efl: garni de taches de difterente grandeur, noires, placees ^nn.e lyao, ^^^^ ordre, rondes & anguleures, entoiirees d'un ceicle blanchatre, & ref- Icmblant en quelque lortc h dcs ytnix-, mais ce qui diftingue fiir tout cette cfpece, eft le grand nombre d'appendices qu'elie a fur la partle inferieure du mufeau. Ancun auteur n'en a parl^ •, elle a ete prife dans la nier du fud , fur la cote de la noiivelle Hollande , dans une baie que le capitaine Cook a nommee Sting-Rays j Bay , k caufe de la grandc quantite de Raies qu'il y a trouvee. La tete etoit large , applatie & courte •, I'ouverture de la' gueule etoit fituee prefque au bout du mufeau ■, les dents diipolees en pluhenrs rangs , etoient en forme de lance •, on voyoit i la partie inferieure du mufeau plufieurs appendices dc difFerentes forme & longueur ■, il y en avoit une d'un demi-pouce de long, placee au-devant de chaque narine, elle etoit divifee lateralement en pluiieurs autres plus petites; il y en avoit cinq au- tres de chaque cote; au-deffus de I'angle que formoit I'ouverture de la gueule, elles etoient vermiformes, & avoient un demi-pouce de long; on en obfervoit encore deux de chaque cote au deli de Tangle de I'ou- verture de la gueule, i'anterieure ^toit la plus longue & bifide •, on eii trouvoit en outre deux autres au-deli de cellesci-, la pofterieure formoit plufieurs divilions-, enfin entre ces dernieres & les nageoires pedorales , on en obfervoit deux affez grandes divilees fur un de leur cote en lobules obtus-, les troiis des tenipes etoient grands; les narines etoient placees ini- * xnediatement au-devant de I'ouverture de la gueule; il y avoit cinq events de chaque cote; I'anus etoit place au-deli du milieu du corps; la pre- miere nageoire dorfale etoit i I'h-plonib de Tanus; la feconde etoit lltu^e entre la premiere ^ j'i plomb de la nageoire de derriere I'anus; les pec- torales etoient plus grandes que les abdominales; la nageoire de la queue etoit leg^rement divifee ; fa peau etoit recouverte de tres-petites ecailles dures , liffes & luifantes ; fon corps avoit trois pieds & demi de long. Nous avons extrait cette defcription dcs manulcrits du dodteur So- lan der. DEL'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. 151 S. L E T I C R E. H i S T O 1 P. E II habite les mers des Indcs; on en troiive un grand nombre ^ !a Chi- ■^■*tur5. tt k. ne, dans la riviere de Canton. La delcription que Gronovius en a donnee Anr.it 1780 eft detaillee & exatte-, il I'avoit faite hir le niC'me individu dont Scba a donne la figure. Le profeireur Forfter en a public une nouvelle gravure, parmi les planchss qii'il a fait paroitre en latin Sc en ailemand , fous le titre de Zoolos^la Indica. Les delfins de cct ouvrage avoieiu cte executes d'aprcs nature , finis rinrpc(5l:ion du gouverneur Lotens. Nous avons cm devoir I'appellcr Tigre , i. caufe de fa couleur, & du nom de dgrinus que M. Forfter lui avoir deji donne. Cette efpece eft trcs-remarquable par la longueur de fa queue , & la reunion des deux dcrniers events de chaque cote, de maniere qu'ils pa- roi/Tvnt n'en avoir que quatre -, elle a des appendices vermiformes aux iiarines ; fon corps eft marque de bandes tranfverfales circulaires •, I'anus . eft plac; avant le milieu du corps •, la premiere nageoire du dos eft lituec ^ I'ii-plomb de celles de Tabdomen -, la feconde eft egalement diftante de la premiere & de celle de la queue. Squalus capite ohtufo , cirris duohus ad maxillam fuperiorem , dorjb vario inermi. Gron. Muf. torn. 1 , pag. 62, /z". i;5. Squalus , varius ; nanhus ori proximis ; foraminibus pone oculos ; fpiracuUs utrinque quaternis ; caudd longijjimd. Seb. Thef. torn. Ill, jiag. 105, tab. i<\.,fig. I. Squalus {tigrinus) ForJIer. Zool. Indie, pag. i\, fig. i. >j. L E G A L o N N M. ONtrouve cette efpece dans les mers d'Afrique; on la peche aflez com- munciuent dans la Bale falji du cap de Bonne-efperance ; elle diftere de toutes les autres par lept bandes noiratres qui s'etendent parallelement de- puis le bout du nuifeau jufqu'^ I'extremite de la queue. 11 avoit la tete un pcu plus large que le corps, & applatie -, I'ouverture de la gueule etoit en demi-cercle; les dents etoient comprimees, alongees, aiguiis, rangees en pluilcurs feries obliques i la machoire inlerieure, & en plulJeurs feries tranlVerfales i la machoire fuperieure-, il avoit le palais & la langue charges de petits tubercules mous epars, ce qui rendoit ces par- ties un peu rudes ■, les narines etoient plus pres de I'ouverture de la gueule que du bout du mufeau •, un lobe alfez large & chagrine les fermoit en partie-, on voyoit un autre lobule mou i cote de celuici-, les yeitx etoient midiocres & oblongs -, I'iris verdatre •, les trous des tempes etoient trois fois plus petits que les yeux •, on voyoit cinq events de chaque cote, dont le dernier fe trouvoit liir la bafe des nageoires peclorales. Les nageoires pedorales etoient grandes & horizontales j celles de I'ab- domen avoient une forme i-peu-prcs triangulaires, elles etoient obliques ^ leur extremite , mais en feus coiitraire avec les peftoraies j la nageoire r^i ABREGfi DES MEMO IRES ^^__ de derriere I'anus etoit moins rapprocliee de cette partie que de la bafc ^ de la nageoire de la queue •, fa forme etoir Hii peu alongee , arrondie an- j-l I s T o 1 R t^rieufenient •, fa partie pofterieure fe terniinoit en pointe ; la premiere r^ATURELLE. jjg^f^ig ^tQit aii-deli du milieu du dos & de celles de labdomen-, la fe- Annit tySo. conde fe trouvoit placee ^ I'^-pIomb de la partie poft^rieure de celle de derriere Tanus •, celle de la queue en deffous , etoit arrondie ^ fon extre- mitei la peau etoit chagrinee, couverte de petites ecailles prefque carrees. Noiis avons fait cette defcription dans le Mufceurn Britannicum j fur ua individu male, long de deux pieds & demi. 10. x' ; ^^u r i.ll i I'j. L E R E q U I N. Il eft pen de voy.igcurs qui ne parlent du Requin , m.iis leurs figures font toutes incorredes, & leurs delcriptions incomplettes : il devient qucl- quefois trcs-gros, foil corps eft trcs-applati •, fes dents font iriangulaires, & dcntclees fur leurs bords, ces dcntelurcs ne s'apper^oivcnt point dans les jeunes-, la longueur de quelques GloJJbpetns , que tout le monde fait ctte des dents folliles de Requin , eft quelquefois de deux pouces •■, on pourroit, au moyen d'une regie de proportion , determiner , \ peu dc chofe prcs, la longueur de I'individu auquel elles ont appartenu -, cette re- gie feroit meme tres-fiire , s'il etoit poffible de diftinguer celles qui font fituees fur les bords, d'avee cellcs qui fe trouvent au fond de la giieule,. lefquclks font plus petites, & donneroient un refnltat tres-different. ' Ce poilfon eft ties-vorace , on peut confulter la-dcffus les differentes relations des voyageursi il nage quelqu.fois avec la premiere nageoire dor- lale hors de I'eau , & on le prendroit alors pour un cetacee : on le prend ordinairement avec le harpon •, fi chair, quoique dure, peut cependant ctre mangee lorfqu'elle eft un peu paffee on quelle a ete fechee •, on fait de I'huile du foie , fa peau fert \ faire des facs , & \ recouvrir des ouvra- ges grodiers. Squalus {Carcharlas) dorfo piano , dentibus ferratis. Linn. Syfl. Nat. torn. I J pag. 400, iz. Arted. Syn. pag. 5)8 , 14. Lamia, Rond. Hijl. pijl: I , pag. 390, Figure tnauvaife. JVillugh. Ichtli. pag. ^7 , tab. B , 7. Figure copiee de Gefner , tres- niauvaife. Squalus ( Carcharias ). Gunn. Acl. NiJr. torn. II , pag. 370, tab. i o , i i . La tete etoit applatie, & le mufeau etoit arrondi; la gueule etoit gran- de, elle etoit armee d'un grand nombre de dents difpofees en files, trian- "ulaires , & dcntelees fur leurs bords ; les yeux etoient places !ur les cotes , lis etoient prefque ronds & petits-, i'iris etoit grilatre , la pupille noire; la membrane clignotante etoit cartilagineufe & blanche •, les nageoires pedo- rales etoient tres-grandes , & depailoient la region de la bale de la pre- miere dorfale •, celle ci etoit placee avant le milieu du corps , elle ^toit arrondie fuperieurement •, la fecoiide du dos etoit petite, & prefque ega- lement eloiguce de la baie des nageoires de I'abdomen & de la nageoire de la queue; les nageoires' abdominales etoient plus petites que les pec- toralcs, & un peu plus prcs de la feconde dorlale que de la premiere : la nageoire de derriere I'anus etoit muee un peu au-del^ de la region de la feconde du dos; la queue etoit divifee en deux lobes : on obfervoit dans les jeunes individus une tachc iioiratre i Tangle des nageoires. i63 ABREGfi DES MEMOIRES to. LA S C I E. H I S T O IRE NaTURELLI. ^ . - ^ ,.n.n r r ■ cl rr .^ - CiTTE efpece ell tres-diuindte par Ion muleau , qui eft olleux, trcs- Annie ij8o. alonge, applati, & arme de cliaquc cote d'lin grand nombre de dents; ces parties font retenues dans des alveoles particulieres , & ne paroiffent point dans les fetus & les nouveaux-nes {a). C'eft la forine de fon niu- feau qui lui a v.ikt le nom de Scie. Quelques auteurs ont cru devoir ran- ger ce poiffon parmi les cetacees-,.& ils ne I'ont connu qu'imparfairement. Pline, fuivant eux, en avoit parle fous les noms de Prijiis Si de Sena marina; Bellon a relevi rette erreur, en prouvant que le nom de Prijlis ne pouvoit convenir qui un c^tacee, & celui de Serra marina k I'efpece . dont nous parlons. Rondelet qui ne connoiffoit que trcs-imparfaitement ce poiffon , a critique i ce fujet Bellon , en afFeftant de ne pas Tenteli- dre , & il en a donne une pretendue figure, qui n'eft autre chofe que celle d'un fouffleur , n'ayant de la fcie que le mufeau. Les figures monftrueufes qu'Aldrovande a donnees de ce poiffon, prouvent jufqu'i quel point les auteurs ont pu porter I'ignorance & la credulite. La Scie vit dans les mers du Nord & dans celles de I'Amerique meri- dionale •, fa groffeur eft quelquefois monftrueufe. La premiere nageoire du dos etoit placee h. I'i-plomb des nageoires de * J'abdomen , qui fe trouvoient au-deli du milieu du corps. La feconde dorfale etoit egalement eloignee de I'extremite de la queue & de la pre- miere nageoire du dos. On ne voyoit point de nageoire derriere I'anus. Squalus ( Priflis ) pinna anali nulla , rojlro enfiformi ojj'eo , piano vtrinque dentato. Linn. Sjfl. Nat. torn. I, p. 401, 15. Arted. fyn. P- 'Ji J I • Serramarina. Bell. Hijl. aquatil. p. 66. Le mufeau feulement. PriJIis. Rond. Hifl. pifc. I. p. 487, Le corps d'un Souffleur, le mufeaii mal fait de la Scie. Priflis feu Serra pifcis. Cluf. exot. p. 1 5(5. Willugh. Jchth. p. 61'. tab. B. 6 , fig. 5. Copie de Clulius-, figure incorrede. Sage fish. Mult. Linn. Syft. torn. IIL p. 173. Tab. n j fig. 2. Squalus roflro cufpida'to , ojfeo , piano , utrinque dentato. Gron. Zoopk. n°. 148. • (a) Klein a donn^ la figure d'un fcetus qui n'a point encore ie mufeau garni de dentt. ^ijf. Ill, [ag. 12 , «. II , tab. Ill, fig. I, 2. il. LE DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. i6( II. L E B O U C L E. H I S T O I R B Son corps eft couvert de piquans places fans ordre, & de differcnte Naturelle. gnndeur, Icur bafe eft large & rondc , ils ri-iremblent ^ ceux dcs raies ^nnie nSo. jbouclees •, nous les avions pris d'abord pour des reftes de pctits poiifle- pieds qui s'.ittachtnt afUz fouvcnt fur le corps dcs r.ros poifi-^.ir ; i-.i.iis uii examen plus particulier que nous en avons fait awe M. Dauhcntoa nous a detrompis. lis ne fjifoient point offer velcetice avec I'cau forte ,& on nc pouvoit les detacher fans dechirer la peau ; ce caraftcre particulier a cctte efpece, fuffit pour la diflinguer des autres •, elle n'eft d^crite dans aucuii auteur. M. de JulHeu a bien voulu nous en communiquer un deflin fait par M's. de racademie, envoyes par ordre du roi, vers la fin du dernier (iecle , pour faire des obfervations anatomiques fur les bords de I'Occan •, il eft dcflgnc fous le nom dc Brucus. Nous avons vu au cabinet du roi I'individu d'apres lequel cette figure avoit ete faile, c'ctoit une fcmelie. Le mufeau ctoit (aillan: & de forme cpnique-, les narines er, ien p!a- cies un peu en avant des ycux; I'ouverture de la gueule etoit mediocre, > armee de plulieurs rangs de dents prefque qiiarrees , comprimees, & dont les bords prefentoient des zigzags irreguliers ; les yeux etoient grands, & places en devant des trous des tempes-, il y avoit cinq events diftincls ds chjqiip rnte I.e<: nageoircs pecftorales etoient larges, les abdominales itoient tres-eloignicsdu bout du muleau ,& prefque dememe grandeur que cellcs de la poitrine; les nageoires du dos etoient trcs-rapprocljees dc la queue i Il premiere eioit iituee prefque i I'i-plomb des abdominales •, la feconde, un peu plus petite que la premiere, etoit egalemeiit iloignee de la pre- miere & de la bafe de la nageoire de la queue; la nageoife de derriere I'anus manquoit; il y avoit au-deffous de la queue une nageoire angulcufej la peau etoit liffe & recouverte meme fur la partie fuperieure des nageoi- res, de piquans armes d'une ou deux pointes courtes, legercment recour- bees-, ils etoient de grandeur inegale, & prefque femblables aux piqunns des raies bouclees ; il etoit long d'cuviron quatrc pieds. Nous I'avons de- ciit au cabinet du roi. 11. L' A I C U 1 I L A T. L'Aiguillat eft ainfi nomme dans les provinces meridionales du royaii- me, i caufe de deux aiguillons qu'il a fur le dos-, on lui a confervc cette dsnomination en fran^ois. Le d^fuit de nageoires de derriere I'anus fert \ le diftinguer de la p!u- part des autres chiens de mer; & la forme de fon corps qui eft prefque cylindrique, empcche qu'on ne le confonde avec le humantin; il a beau- coup d'analogie avec le figre , niais le dcllbus du corps de celui-ci eft noi- ratre, tandis que celui de I'autte eft gris. On le trouve abondamment dans I'Ocean & la MediterrantJe : on le prend en Greenland, en hiver, au moyen dc trous qu'on pratique dans h Tome XVI. Partie Francoijc. X iSi A B R E G ^ D E S M E M O I R E S mmmm^^^t^mm gUce. (a) Oil Ic voit dajis la mer da Sud Sc dans routes celles d'Aiiiefl- ir que. On en fait en Ecoffe une peche tres-conliderable ; qiiand il eft fee niSTOIRE^, , m. J ' c ■. r .. n j ,, _ on le vend aux Montagnards-, on en rait louvcnt iin allcz grand com- Ai UR zz . ,,,gj,j.p_ Lg f^,jg jjj5 individiis les plus gros fert k faire de I'huile ■, la peaii Annee tjSo. eft employee par les tourneurs pour polir les ouvrages en iyoire & en bois. On en voit affez fouvent i Paris dans les marches -, au rapport de Bellon on en apportoit de fon temps una grande quantite en autonine, il eft aclueliement moins commun , & nous Tavons obferve dans toutes les faifons ; il varie quelquefois en ayant des taches blanchatres placees irre- guiicrement fur les cot^s du dos. La premiere nageoire du dos etoit prefque egalement eloignee des na- geoircs pedorales & desabdominales : lafeconde ctoit plus presde la queue que la premiere dorfale. Squalus ( Acanthias ) pinnd anali nulla ; dorfalibus fpinojis corpore ttretiufculo. Linn. Syfl. Nat. torn. I, p. 597 , 1. Arted. Jyn. 54, 3. Muflelus fpinax. Bell. Hijl. aquatil.p. 69, figure mediocre. Gakus Acanthias. Rond. Hiji. pifc. I ,p. 573 , figure mediocre. Salvian. HiJl. pifc. p. 155, 1 56, figure affez bonne. Willugh. Ichth. p. 5(5, tab. B , IV, fig. 1 , defcription bonne : figure copiee de Salviani. Klein, Miff. Ill, p. S , /2°. i , tab. i ,fig. ^,6, figure affez bonne. Gron. Muf. Ichth. I , p. 6i , n°. i 54. Picied Dogfish. Penn.'Brit. Zool. torn. Ill, p. 88 , tab. 'j,fig. 1: Haac. Strom. 'Sondm. n. 280. L'Aiguillat. du Ham. Hifi. des P^ches , part. II, feci. IX, p. i^^,$. 4; PL 10, fg. 5, 6, figures faites fur un individu trop feche. i3- X E S A G R E. Il a le ventre noiratre & plus rude que le dos : les narincs placees pref^ que au bout du muft ui : ces caraderes fervent h fe diftinguer de I'Aiguil- lat , auquel il eft du rcfte entierement femblable. Gronovius a confondu ces deux efpcces. On trouve le Sagre dans I'Ocean , jufques vers la Norvege -, & dans la Mediterrande fur-toiit fur les cotes de lltalie. II paroit que les anciens ne I'ont point connu. Squalus ( Spinax) pinnd anali nulld , dorfalibus /pinofis , naribus terminalibus. Linn. Syfi. Nat. torn. I, p. 398, 3. Arted. Jyn. 95. Galeus Acanthias ,f Spinax fuf us. Willugh. Ichth. p. 57. Mufielus f. Spinax. Edward, av. tom. ia,fol. i. — 3. Squalus (Niger) Gunn. Acl. Nidr. tom. II, p. ii3> tab. 7, S. (a) Fair. Fiia. Groeiil. pag. I273. DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. kJj ^^. Z' li C ^ I L L E V X. H 1 S T O I R . _.„.,. 1 r, ■ J II ■! Natuuiile. Il n eft decrit djns auciin niiteur , & nous ignorons d.ins quelle mer il a ete pris. Les ecailles dont fon corps eft couvert font plus graiidcs que Ann^e 1780. cellc's d'aucun autre chien de mer; ce caracftere qui Ic diftingue cffentiel- lement nous a engages i le nommei \' ^cailUux ;\\ a du refte beaucoup de rclTciublance avec le humantin. Le corps etoitgros& arrondi fur les cot^Sj Ic mufeau alonge Sc applatl-, I'ouverture de la gueule etoit de grandeur iiiidiocre & arquiie •, ics dents etoient prefque carrees & anguleules fur les bords ; cellos de la mkhoire infcrieure etoient plus grandes •■, les narines etoient grandes & prefque ega- lement eloignees du bout du nuifeau & de I'ouverture de la gucule ■, un lobe membraneux les recouvroit en partie i les yeux etoient oblongs, pla- ces au-deffus de I'ouverture de la giieulc & au-devant dcs trous des tem- pes ; on voyoit cinq events de chaqae cote. Les nageoires pedVorales etoient mediocres, & fe rctreciflolent vers leiir bafe •, elics etoient cgalement eloignees de I'ouverture de la i;i.iL-u!e & de la premiere nageoire du dos; les nageoires dorfales etoient d: forme alon- gee, elles occupoient la plus grande partie du dos, & chacune etoit armee d'un OS pointu place vers le milieu-, la premiere etoit la plus grande, (i fartie poftcricure etoit longue & ctroite •, la feconde etoit lituee au-deli de a-plomb des abdominales ; cclles-ci etoient tres-rapprochees de la bafe de la nageoire de la queue, & Icur forme approchoit d'un demi-ovalci il y avoit au-deffous de la queue une nageoire qui formoit d'abord un lobe arrondi, & qui fe dilatoit enfuite vers I'extremitd •, le corps etoit couvert d'ecailles, elles etoient ovales, marquees dans leur milieu d'une ligne lon- ^^itudinale faillante-, nous n'en avons jamais vu d'aufli grandes fur aucun Chien de mer; fa longueur etoit de trois pieds. Nous I'avons decrit au ca- binet du roi. 1-^. L E H V Ai ^ N T 1 N. Sa forme triangulaire le diftingue affez de tous les autres pol/Tons de ccttc famille. Bellon a cru que c'etoit le Vulpecula des anriens; Rondclct pretend que c'eft une erreur , & il la releve avec beaucoup d'aigreur, fous pretexte, dit il , que fa form: eft un obftacle i ce que l;s petits puilTent entrer ^ volonte dans I'eftomac des gros, comme les anciens le rapportent de leur Vulpecula. Rondelet veut encore donner une idee peu favorable des figures que Bellon a publices de ce poiffon , & il ofe engager le lec- teur i les comparer avec la fienne qui eft cependant beaucoup plus im- parf.iitc. Nous ne (avons pas que ce poilTou ait etc pris ailleurs que dans la Me- diterranee; il vit Jans la vafe , & c'eft peut-ctre aulTi ce qui lui a fait don- ner; & particulierement en Provence, le noni de Pore : la chair eft tris- dure, il eft prefque impoffible d'en manger; fa peau eft chargee de tubcr- cules trcs-durs, on fait de I'huile de fon foie. X ij i6^ • ABREGtDESMEMOlRES i^— — — iM L'ouverture de la gueulc eft tres-petlte , les nagcoires dorfales font gran- dcs, & la feconde eft fitiiee h I'i-plomb des abdominales. Hi s t o 1 r e Squalus ( Centrina ) pinnd anali nulla , dorfalibu.'; Jpinojis , corpore Natuuelle. jiitriangulari. Linn. Jyft. Nat. torn. /, />. 398 , ^ , Arted. Syn. 95 , 5. Annt'e tj8o, Vulpecula.BeUon, HiJI. aquaril. p. 9^ , 6^. Centrina. Rond. HiJI. pifc. I, p. ? 84. Salv. Hif. pifc. p. 156, 157. IVillugh, Ichth. p, iji , tab. B, i,B, 2. figures bonnes , copiees de Salviani. 16. LA L I C H E. Cette efpece vient du cap-Breton, nous ne la croyons decrite dans M- cun aiiteur-, eile reflemble affez h I'Aiguillat , mais elle en diftere par fcs nageoires dorfales qui font privees d'aiguillons, & les abdominales qui font tres-rapproch^es de la queue : la feconde nageoire du dos eft plus grande que la premiere, ce qui fert k la diftinguer de toutes les autres efpeces. Le corps etoit arrondi, la tete groffe , & le mufeau court & obtusi U gucule etoit armee de plufieurs rangs de dents oblongues , aigu'e's, compri- inees; les phis grandes etoient dentelees fur les bords-, les narines etoient grandes & placees fur les cotes du bout du mufeau i les yeux dtoient grands, & plus prcs des narines que du premier event; les trbus des tempes etoient grands & eloignes des yeux, on voyoit de chaque cote cinq petits events, les deux derniers etoient plus rapproches •, les nageoires de la poitrine etoient prcfqueovales, & ^ peu-prcs egalement eloignees de Touverture de la gueule & de la premiere nageoire dorfale; celle-ci etoit lituee avant le milieu du corps , & fe trouvoit un peu plus rapprochee des nageoires pedorales que des abdominales ■, la feconde du dos etoit plus grande que la premiere, elle etoit placee un peu apres I'i-plomb de la nageoire de derriere I'anus", les nageoires abdominales etoient grandes & trcs-rapprochees de la queue: la nageoire de derriere I'anus manquoit, cclle qui (e trouvoit i la queue etoit alongee & lanceoleej la peau etoit chagrinee & recouverte de petites cciilles anguleufes. II etoit long de trois pieds. Nous I'avons decrit au ca-: binet du roL 27. l' A N G E. Il tient une e(pece de milieu entre les Chiens de mer^ & les Raies , auxquelles il relTemble beaucoup par fon corps qui eft applati, la grandeur de les nageoires pedorales , & la forme de la queue ■■, les events font tres- grands & trcs-rapprochcs", on appercoit Un petit tubercule au bout de la langue-, ces caraderes, ^ les coniiderer ftridement , pourroient peut-etre fuffire h. taire de ce poiffon un genre particulier. Gronovius a ete de ce fcntiraent , dans fes notes fur le neuvieme livre de Plin?-, mais nous croyons xx'Az d'ailieurs trop d'analogic avec les Chiens de mer , pour devoir le eparcr de ce genre-, &: qu'il vaut mieux le regarder comme luie efpece qui joint la fiuiiile des Ckiens di nur i cclle des Raies. DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES, i.'y La forme dc fes nageoires pedorales qui font trcs-larges, & qui refTem- ^==:;^=^ blent ^ des ailes itendues, lui a valu le nom d'ytnge , & dans quelques ir provinces celui de Moine; il nage en troupe, & fe tient le plus fouvent xr cache dans la vafe ; il fe nourrit de petits poilTons , & devient quelquefois trcs-gros-, fa chair, moins mauvaife que celle des autres Chiens de mer , Ann^e tj8o. n un gout qui approche de celui des Raies ; fa peau dtoit employee dcjk du temps de Pline, {a) d.iiu Ics arts. On le peche dans I'Ocean & la Me- diterran^e, il eft trop connu , & fa forme trop cara&eriftique pour que nous croyions ndceffaire d'en donner une defcription detaillee. Squalus {Squatina) pinnd anali nulla , caudce duubus, ore terminali , naribus cirrofis. Linn. fyJL Nat. torn. I , p. 558, 4. Arted.Jyn. P5 , 6. Squatina. Bellon , HiJL aquatil. p. 78. Rondelet , Hifl. pif. I, p. 367. Salviani , Hijl. pijc. p. 151, 152, figure afler bonne. Villugh. Ichth. p. 79 , tab. D. 5 , figure copiee de Salviani. Squalus , capite plagioplateo lato , ore in apice capitis , naribus cir-. rofis. Gran. Zoopfi. p. 151. Angel Shark. Penn. British. Zool. torn. Ill , p. %6 , tab. 11. n". }«. L'Ange. du Ham, HiJl. des Piches ^p. x.feH. ♦),/'. zpi , pi. 14, figu- res bonnes. Parmi les efpeces que nous veiions dc decrire, il s'en trouve une qui a fix events, & une autre fept-, dans quelques-unes le quatrieme & le cm- quieme event font fi rapproches qu'ils paroiffent n'en faire qu'uu : cepen- dant Linne & quelques naturaliftes ont fait du nombre de cinq events, un caradlere eflentiel de ce genre, parce qu'ils n'ont point connu les efpeces dont nous venons de parler. Parmi celles dont nous avons fait mention, deux n'ont qu'une feule nageoire dorfale , Cette ftrufture eft trcs-remar- quable dans les poilTons de cette famille, & il eft fingulier que les auteurs n'aient point connu ceux-ci, quoiqu'ils fe troiivent dans la Mediterranee. Linnc rapporte les Chiens de mer ^ une claffe qu'il nomme Amphibia, & ^ un ordre de cette nicme clalfe qu'il appelle Nantes j les pounions & les ouies fonnent, luivant ce naturalifte, le caraftere diftiniflif de cet or- dre, mais cette divilion ne fauroit avoir lieu, d'apres I'infpection anatomi- que, qui nous apprend que tous les genres de cette famille font totale- ment prives de poumon. Linne a etc induit en erreur par le docteur Garden , qui ayant diJeque des Orbis e'pineux ( Diodon ) avoit obferve des organes affez conliderables , veffemblans ^ des poumons, & qui paroif- foient propres, par leur ftrudture, i recevoir de I'air; d'apres cette fuppo- fition il fut force , par I'analogie , de reettre dans une meme claffe les Chiens de mer J les Baies & les autres cartilagineus : le linus veineux dans ceux- ci eft trcs-conliderable , & reffemble en quelque forte ^ des poumons ; cette ftrudure, comme I'a trcs bicn obferve M. Vicq d'Azir (^)j auroit pa :n impofer aux naturaliftes. (a^ Qu(i il^n.^ & ehira pofimtur. Lib. IX. cap. 12. (i) M^mairw d« favnns itrnngerSj tnii, 1773, /«.« l^- i66 ABREGfi DES MEMOIRES,&c. — — — — Les organes que le dodeiir Garden a pris pour des poumons, recoivent h la verite de I'air, mais Icur ui.jge fe borne h rendre le volume du corps H I s T o 1 R i j^ ^^^ animaux, plus ou moins conliderable, fiiivant qu'iis veuleiit s'ele- h ATURELLE. ^,^^ ^^j s'abailler; les poiflbns de cette fanijlle qui n'ont point ccttc f.iculte, Ann^e 1780. ^ont auffi prives de ces parties : d'aprcs I'examen que nous avons cu occa- fion d'en faire fur plufieurs, i-ls nous ont paru moins celluleux que des poa- nions, & reffemblant en quelque facon h des veffies rangees en grappes. Nous ne croyons point hors de propos de remarquer que Linne a placi dans cette faniille quelques genres, tels que ceux qu'il nomme Lopldus , Cydopterus 8i Centrijcus , qui doivent en ctre exclus , I'ouverture de leurs cuies etant en partie fermee par une membrane rayonnee. Qu'il nous foit permis d'ajouter encore une obfervation avant de termi- ner ce memoire. La denominaiion de poiffon a ete prife dans prefque au- tant d'acceptions differentes quil y a eu d'Ichthyologiftes •, il nous paro'it neceffaire de fixer le caradere eiientiel de cette clali'e , en n'y admettant que les animaiix qui ont le ccrur conipde. d'un Teul ventricule & dune leule oreillettc, le fang rouge, & dont la refpiration s'execute au moyeii des ouies. BOTANIQUE. BOTANIQUE. 16^ BOTANIQUE. SUR LES GOMMIERS DU S E N E G A I.. '•^ 'E memoire cfl la fuite de celui que M. Adanfon a public dans les ;e; fltiiinoires de lacademie pour lannee 177; , fur les gommiers du Senegal, rj 11 conlidere ici deux elpeces de gommiers ou d acacias; le premier, ftomnie JJirek par les habitans du pays, eft un arbre de moyenne gran- Ann(e ijiS. deur, qui ne s'eleve gueres qu'i vingt pieds; il fournit, fans qu'il foit neceflaire d'y faire des incifions , une gomme blanche qui n'a qu'une fa- ^^''^^ veur douce , melee d'un peu d'acidite lorfqu'elle eft fraiche & qu'on la goute avec attention. La gomme rouge ou blanche eft , avec le lait de leurs troupcaux , la principale nourriture des Maures, ou plutot de.s Arabes, qui menent une vie crrante dans le vafte pays qui s'etend entre le Niger & Ics montagnes oil fe termine Ic royaume de Maroc. Comme les gommiers fe trouvent partages entre trois grandes forcts, ces peuples font auffi divifes en trois hordes, dont chacuiie a fon chef. lis font avec I'Europe un commerce conlidei'able de toutes les cfpeces de gommes. M. Adanfon evaluc ce commerce i trois millions de livres fefant : il eft plus lucratif & plus ftir que la traite des Negres , (1 pourtant on peut fe permettre de comparer deux efpeces de commerce, dont Tun, fonde fur les befoins mutuels de deux peuples, a pour but de procurer ^ I'Europe une denree utile ; tandis que I'autre , fonde fur la perfidie ou la violence, eft un veritable crime aux yeux de quiconque n'a pas renoncc aux plus limples notions de la morale. La feconde efpece d'acacia dont parle M. Adanfon , eft beaucoup plus petite-, les Maures lui donnent le nom de ded : qiioique du meme genre que I'uerelc, le ded ne produit pas de gomme. Cct arbre ne peut ctre d'aucune utilite, mais les Maures en ont fait un arbre facre : ils pretendent que ccux qui fe refugient dans ce builTon , y font invulnerables aux fle- ches de leurs cnnemis •, mais ils ne font pas i r.ibri des piquures des epines dont cet arbre eft hcriffe , & cet afyle incommode , qui ne s'etend pas au-deli du buiffon facre , n'offre aux fuperftitieux & aux laches qu'une bien foible reffource. M. Adanfon annonce dans fon mcmoirc des recherches fur le bdellium, efpece de reline mal-i-propos confondue avec I'encens , & dont il a eu occalion de decouvrir I'origine, h-peu-pres inconnue jufqu'ici. Tous ces mdmoires font le relultat du voyage que M. Adanfon a fait au Senegal en 1750, & Ton regrette en les lifant d'en avoir etc prive li long-temps. Tome XVI. Partie Fran^oife. Y i-o A B R E G i D E S M E M O I R E S, &c. B O T A iJ I Q U E. ylnnce 1-78 OBSERVATION d e BOTANIQUE. Hilt. J[YJ_j^_ le marquis de Courtivron a communique ivl'academie I'ob- fcrvation fuivante , fur les eftets de la beila-dona. J5 Le ij fcptembre 17771 an foir, plufleurs enfans de coupcurs de » bois, barraques en un lieu nomme CombehiardUre , fur le teiritoire de 5j Compaffeui-Crcqui-Monlfort, bailliage de Dijon, fe trouverent atta- J5 ques de vertiges; ils avolent les yeux hagards, & ne pouvoient diftiii- »3 guer les objets : le delire ctoit continue!', ils etoient efttayes de fpec- jj tres qu'ils croyoient voir, & ils jettoient par intervalle des cris per- »j cans; leur corps etoit dans une agitation continuelle, & ils ne pouvoient 53 fe tenir debout-, Icur pouls etoit convullif, petit & intermittent-, leur 3j bouche etoit feche, la refpiration laborieufe ; le ventre etoit tendu & » douloureux. Je lis avertirle plus promptement qu'il fut poffible, M. Per- 53 renet , chirurgien de I'hopital d'Ifiiirtille , diftant de deux lieues du vil- 5) lage de Compaffeur-Crequi Montfort ; il ne put arriver que le lende- 'j main matin : .ayant appris que ces enfans avoient mange dans le bois J3 des fruits qu'ils ne connoiffoient pas, & dont les parens reprefenterent J) quelques-uns, il les reconnut pour des bales de bella-dona ; mais avant )) qu'on eut pu adminiftrer des fecours aux quatre malades, & avant I'ar- 33 rivee du chirurgien , il y en avoit un mort : on donna aux trois autres 33 de lemetique, qui leur fit rejetter les fruits qu'ils avoient manges •, des J3 lavemens & une medecine douce leur fit evacuer par le bas beaucoup J3 de matieres noiratres : on leur donna une boiffon abondante de lait d a- J3 mande. Vers trois heures aprcs-midi, que le mieux s'annonga, les ma- 33 lades s'endormirent-, ^ leur reveil leur peau fut couverte d'une moitenr 53 confiderable , ils etoient comme ftupides & etonnes : Is fur-lendemaiii 53 ils parurent gueris & reprirent peu-^-peu leurs habitudes ordlnaires. 33 Ayant queftionne ces enfans depuis leur guerifon , ils m'ont afliire 33 qu'ils n'avoient mange chacun que peu de ces baies de hella-dona , & >; ils m'ont dit que cekii qui etoit mort , n'en avoit pas mange plus 53 qu'eux : fans doute plus dclicat que les autres (car I'age des quatre en- )3 fans n'etoit pas fort different) il fuccomba plus tot fous I'effet du poifon 33 qui, fans les fecours adraiiuftres , les auroit emportes comme lui. a C H Y M I E. y ij >-s«r;^.'! ^HfiT- • •»». •V 1 D «7J C H Y M I E. S 1/ R L E S E S S ^ I S D E L' O R. f E s ancicns connoiffoient I'art de purifier les metaux par la fufion avec ^^^^nnnM le plomb •, mais aprcs leur avoir fait fubir cette purification , il paroit qu'ils s'occiipoient pen de feparer I'argent qui fe trouvoit uiii en petite quantite ^-^ " y i< i f. avec Tor; qu'ils ignoroient meme que c'eft ^ ce melange feul qu'ils dc- Annie it- G voient attribuer les pctites ditierences qu'ils obfervoient entre ce qu'ils re- gardoieiit comme des or de diflerente elpece. Chez les modcrnes,au con- Hiiii tr.iire , bien loin de regarder Tor allie d'argent coninic de Tor pur , mais plus ou moins colore, la petite portion d'argent qui reCe unie ^ I'or, a ete 'long-temps comptee pour rien •, mais , depuis que les methodes d'ef- fayer fe font perfecflionnces , que le commerce de Tor & de I'argent s'eft ctendu, que partage entre un plus grand nombre d'homraes il eft devena moins lucratif, on a voulu ne rien negliger. Cependant, les methodes d'effayer etoient encore imparfaites, il n'y a pas long-temps, & c'eft aux travaux de M. Tillet que Ton doit la perfec- tion qu'clles ont acquife : apres avoir donne d'abord une methode cer- taine de feparer les metaux parfaits des metaux iniparfaits, dans plulieurs memoires inferes dans le recueil de I'academie , {anne'es ij6o , ijGz, 276'j & ij6<)j) il lui reftoit, pour completer fon ouvrage, ^ en donner une de ftparer les metaux parfaits I'un de I'autre. Independamment de I'intcret que prsfente ce phenomene phylique de la fcparation parfiite, & fans aucune perte, de deux fubftances intimement combinees, il refulte de la perfedlion de ces travaux une grande utilite politique. Plus le com- merce des matieres d'or & d'argent s'etendra, plus il lera public & i la portee de tous les hommes ; plus auffi les operations fifcales fur les mon- noies deviendront impoffibles , plus les fpeculations de commerce fur les monnoies deviendront difficiles : or , Fun de ces commerces eft utile , puifqu'il tend ^ fatisfaire un befoin plus ou moins reel ; & I'autre eft nui- fible , parce qu'il fe borne ^ prohter de I'ignorance ou des prejugcs des hommes. Apres avoir place dans une coupelle un morceau de metal compofe d'argent & de metaux imparfaits , on y joint une certaine quantite de plomb; lorfque le melange eft en fufion , on attend le moment ou la fur- face du bouton nietallique ne produit plus de vapeurs; oti a un boutou d'argent fin, qui eft fuppofe contenir tout I'argent renferme dans le metal qu'on a voulu purifier , & par confequent on connolt la quantite d'argent que contient une malfe quelconque d'un metal femblable i celui qu'on a cuayej mais le plomb tntraine une partie de I'argeflt avec lequel on I'a C H Y M I E. »74 ABRECE DES MEMOIRES .uiiij& cettc partie depend de la proportion du plomb employe, de h quantity d'argent que le plomb contenoit lui-meme, de la grandeur & de la maticre de !a coupelle : voilh pourquoi on prelcrit la grandeur & jinnee iJjS. '*• conftruftion de la coupelle, qu'on iixe la quantite de plomb ; qu'on n'emploie qu'une efpece de plomb, qu'on peut fuppofer, fans erreur, ne pal contenir d'argent. Avec ces precautions, un eflai bien fait eft regards julqu'ici comma lurlilant dans I'ufage ordinaire; cependant il arrive quil refte une petite portion de litliarge unie k I'argent, & que le plomb a en- iraiiie dans la coupelle une petite partie d'argent : ces deux quantites peu- veiit ne pas fe compenfer. Si done on veut une exadlitude plus grande, il faut tenir I'argent plus long-temps en bain dans la coupelle , y ajouter du plomb ^ plulieurs reprifes : alors le bouton d'argent eft audi pur qu'il pcut I'etre; mais la quantity que la litharge a entrainee, ne peut plus etre iKgligee : il faut done la revivifier , la purifier enfin , & tenir compte du petit bouton d'argent que donne cette nouvelle operation •, il faut meine en retrancher celui qui fe trouvoit dans le plomb qu'on a employe , puif- qu'il eft trcs-difficile de fe procurer du plomb parfaitement pur. Telle eft la methode pour les effais d'argent, propofee par M. Tillet. II reftoit quclques nuages fur la methode d'eflayer Tor : dans cette me- thode , aprcs avok fepare de leur alliage les deux metaux parfaits , on les fepare I'un de I'autre par I'operation du depart. Cette operation confifte 4 niSler i un morceau d'or & d'argent, une quantite d'argent pur, telle qu'apres le melange , le rapport de I'argent \ Tor foit ^peu-pres i i i : on reduit cette maffe en lame , on lui donne la forme d'un cornet ; ce cornet fe place dans I'eau-forte, & lorfqu'elle cefle d'agir, on fait recuirc jle cornet , qui eft fuppofe alors d'or abfolument pur. Des effais fails avec foin , par la meme methode, ayec des eaux-fortes de la meme force, donnoient des refultats differens-, & il falloit demeler la caufe de ces va- riations & les corriger. M. Tillet imagina de meler enfemble des quantites determinees d'or & d'argent, de la purete defquelles il etoit alUire; d'y unir un peu de-cui- vre, de traiter ces alliages dont la proportion lui etoit connue , de cher- cher ^ feparer I'or & I'argent du cuivre, puis I'or de I'argent, & d'obferver dans quelles operations les refultats de I'experience diftereroient de la quantite reelle; il a foumis un grand nombre de fois, aux memes opera- tions repetces, un morceau ainfi allie, tenant compte \ chaque fois de la partie de metal partait entraine par des coupelles, & prefque toujours il a obtenu une quantite de metaux parfaits plus grande qu'elle ne devoit etre : enfin , il a vu que dans cette operation la purification n'etoit point parfaite ; que ce defaut ne venoit pas d'une portion de cuivre retenue p.ir I'or, puifqu'on retrouvoit cet excedent lorfqu'on ne traitoit qu'un me- lange d'or & d'argent •, qu'il falloit I'attribuer i une portion dc litharge que I or retenoit , qu'on parvenoit S» Ten faire feparer par une (imple fii- fion ; que le moyen de faire un eftai plus jufte etoit done d'employer fuc- cellivement la quantite de plomb , afin d'entretenir le bouton dans une fuiion plus longue •," qu'alors , la quantite de fin abforbee par la coupelle GE L'ACADEMIE ROYALE DES sciences. ,75 dcvoit cntrer en conlidention-, qu'eiifuite il falloit faiie fondre enfemble ^iiMMaBBamv ces deux produits; que cette nouvclle fufion augmenteroit h jufteire de TopeMtion. C u y m i 1.. II pent y avoir une autre caufe d'erreur : le cornet d'or peut retenir Anncc it^6 line particule d'argt-nt, & cette erreur feroit d'autant plus t'kheufe li tile ' ' * ctoit conliderable, qu'il ne s'agit pas fculement ici d'avoir Tor abfolunient pur, niais de Tavoir pur & tout entier-, & les mcthodts de ieparation plus rigoureules que les chymiftes connoillent, expoleroient a perdre un pen d'or. Heureufement que , lorfque roperation eft bien faitc , cette parti- cule d'argent qu'on reconnoit en faifant difloudre le cornet d'or dans I'cau regale, eft trop petite pour etre cumptee ; on peut done la negliger, & regarder comme exad I'ell'ai par I'operation du depart, fait d'aprcs let principes que M. Tillet a expoles. L'utilite de ces travaux n'en eft pas le feul merite-, ils intereffent les phy- ficiens, en leur otfrant le phcnomene llngulier de fubftances qui, aprcs avoir fubi I'adion du feu , celle des agens chyraiques , s'etre melees avec d'autres fubftances , s'etre combinees avec des acidcs , peuvent s'obtenir • pures & fans aucune perte. II montre que la tranfmutation que I'augraen- tation de la quantite de metaux parfaits avoit fait foupconner , n'cft pas rcelle s qu'elle eft due tantot i I'argenr qui refte dans le' plomb , & dont M. Tillet a montre qu'on pouvoit I'epuiler, tantot i la litharge qui s'unit opiniatrement a I'or, mais dont M. Tillet donne dans la methode le moyen de la feparer. L'auteur a joint ^ ce memoire la defcription des fourneaux qu'il a em- ployes dans Ion travail , des moyens dojit il s'eft fervi pour augmenter ou pour regler I'adivite du feu; trav.ul utile aux chymiftes parce que la con- iioilfance & la perfedion des inftrumens eft, dans toutes les fdences, unc partie foudamentale , qui n'cft ni la moins iiiiportante , ni la moiiis ditiicile. C H Y M I E. Annie tyjG. 176 ABREG6 DES MEMOIRES S u R L E Zinc. Hift. j.VXr. »r Lassoni^ examine dans ce m^moire fur le zinc, la combinat-* fon de ce demi metal avec I'acide concret du tartre. Si , aprcs avoir dif- fous du tartre dans de I'eaii bouillante, on y projette, par petites parties, de la limaillc de zinc, elle s'y diffout avec effervefcence-, fcpt k huit par- ties d'acide pcuvent en diflbiidre parfaitement line de zinc , la liqueur eft alors parfaitement claire : en la foumettant ^ I'evaporation , elle prend une couleur citrine de plus en plus foncee , acquiert une faveur defagreable & metallique, & produit de petits cryftaux, les uns diftinfts, les autres ad- herens aux parois du verre, & ranges fous la forme de barbes de plumes. Dans les cryftaux, la combinaifon eft parfaite, & telle que les alkalis d'au- cune efpece iie peuvent feparer le zinc d'avec le tartre. Si, au-lieu d'employer ce precede, on tente d'unir enfemble le tartre & le zinc, par une longue digeftion , avec tres-peu d'eau, on obtient une maffe gommeufe, un peu tranfparente, fortement gluante, qui (fi on cher- che ^ la diffoudre dans I'eau) produit une liqueur laiteufe. Si on prend des fleurs de zinc, au-lieu du zinc en nature, il n'y a ni effervefcence, ni magma gluant •, mais on obtient egalement pat la diffolution une liqueur laiteufe : en filtrant I'une & I'autre de ces dilToIutions , on a d'abord une liqueur claire, qui eft la combinaifon du tartre avec le zinc ou avec les fleurs de zinc •, mais dans le fecond cas , la quantite de tartre combine eft trcs-petite : fi on examine ce qui refte, on trouve que c'eft dans les deux cas une combinaifon trcs-imparfaite de fleurs de zinc & de tartre : li on cherche \ diffoudre ce refte dans du vinaigre , on obtient , lorfqu'on a em- ploye des fleurs de zinc, un tartre peu acide colore, dont la couleur eft plus forte lorfqu'on a employe la limaille de zinc. La liqueur laiteule , dont nous venons de parler,peut former un collyre, utile dans les memes cas que les preparations de tutie , & menie plus efKcace ■, M. de Lalionne en a fait plulieurs effais heureux. S»r DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. i- L C II Y M I I Sur Voir contenu d.vis I'diiih' nitrtur, /ir.r.S: i--6. ti% fabdances acriformcs fur lefquelles nou? n'.ivion^ que des obferva- Hifi. tioiis ifolces , font devcnues, depuis quelqucs annccs, robjct d-'s rccher- chcs des chyTiiiftes •, ^ ellcs ont jette uii grand defordrc dans Ics theories les micnx et^blies & les plus fermernent adoptees. En eftet, on a reconnu que ces fubflances, qui au degre de chaleur de I'atmofpiiere font dans I'etat de fluidt-s expaniibles , entroient dans ia conipofition de la plnpart des corps folides & fluidcs; c'etoit done un nouvel ordre de fubflances, auxquvllt? il falloit avoir cgard dans Tamlyfe de ccs corps. Ainli Ton a obfervf , dans les calcinations des metaux & leur redudioii, que I'explication dcflaal n'etoit pas ful^ifante-, que les lubftances mctalli- ques s'uniiroient par la calcination avec une elpece d'air, qiri s'en dcga- geoit enfuite dans leur redu(flion. Mais cette combinaifon des metaux avec tin air, s'opcre de dt ux ma- nicres : ou en expolant ces metaux i I'aftion du feu, oa en Irs foumet- Unt ^ I'adion d'un acide ; dans cette derniere operation , I'acide difparoit fouveiit en grande partie ; Ton avoit cru qu'il s'echappoit dans I'air en va- peurs : mais depuis que Ton a obferve les fluides expanfibles , on a cru devoir examiner dans cette occallon avec plus de foin d cet acide n'eprou- voit pas une forte de decompolition , d'autant plus que fi Ton voyoit alors le metal fe charger d'air, on voyoit aufli, pendant ioperation , de I'air s'^chapper de la diflblution. La decompolition des acides tnineraux , etoit un objet bien digne dc la curiohte des chymiftes •, M. Lavoilier en a fait I'objet de les recherches. Ce mcmoire <:ontient I'analyfe de I'acide nitreux. Si on fait diffoudre du mercure dans I'acide nitrenx , il s'en degage d'abord une grande quantite d'air i fi on fepare cet air lorfque la fubftance qui refte & qui eft folide commence ^ jaunir , & qu'on continue a expofer le melange au feu, il fe degage encore de i'air, & le mercure rcprend fa forme metaliique. On a done tout le mercure qu'on a employe , aufli piir qu'aprcs I'operation , & deux fluides aeriformes trcs-differens par leurs pro- prietcs ; I'un tres-propre h. la combulHon & i la refpiration , I'atitre qui n'y pent fervir : il y faut joindre I'eau qui s'cfl feparee de I'acid? nitreux , & qui le mele avec celle de I'appareil , mais fans 1 alterer. L'acide nitreux paroit done compofe d'eau, & de ces deux fluides aeriformes. En etFet, li on ks mele enfemble, ils fe penetrent reciproquement , & il refultc de leur combinaifon de veritable acide nitreux. Celui des deux airs qui efl propre h la refpiration & i la corabuflioni eft cet air i qui Ton a donne le nom d'air de'pJilogifliqui ; c'eft celui qui fe combine avec les metaux pour les changer en cryflaux. De quelque ma- niere qu'on fe le foit procure, & lors meme qu'on n'a employe dans f* formation aucune matierc qui contienne de i'acide nitreux, il eft propre ^ . Toaic 2fFZ. Fartie Fran^oije. Z ,7$ ABREGfi DES MEMOIRES > reformer cet acide ; mais Tautre air n'a encore etc produit que par la de- C H Y M I E. ' compolitioii dc I'acide nitreux, & ks chymifles lui ant donne le itoiti d'air nitreiix. AnrJe i^lS. H rertoit par confequent une queftion effciUiellc \ reloudre. Lair ni- treux differe-t-il effentiellemcnt de I'acide nitrcux; N'eft-il pas deTacide iiitreux rcduit \ la forme de vapeur, & qui, par fon melange avec I'air de- nhlogiftique , reprend la forme d'un liquide? Mais I'air nitreuxne fe mele point avec I'eau, n'attaque aucune des fubftanccs que I'acide nitreux atta- que-, il paroit done qu'on ne pcut le regarder que comme un des prin- cipes conftitutifs de I'acide nitreux. Les experiences rapportees dans ce memoire , avoient ete faites par M. Prieftley -, mais i'analyfe de ces experiences & les refultats appartiennent \ M, Lavoilier. i. .. II n'a employe dans ces experiences que du mercwrcde 1 acide nitreux & de I'eau : il en refulte de I'eau qui ne paroit pas altcree •, du mercure femblable \ celui qui a et^ employe, & qui n'a perdu que trcs-peu de fon poids, encore cette perte fe retrouve-t-elle dans de petits cryftaux mercu- riels qui fe fubliment \ la voute de la cornue •, deux fluides aeriformes qui combines entr'eux reproduifent I'acide enti'eux j enfin une petite quantite d'un troifieme fluide aiiriforme. _ M. Lavoilier termine fon memoire en rendant hommage k M. Prielt- Jey de la plus grande partie de ce qui! contient d'intereffant , mais en iTicme temps il releve une erreur dans laquelle cet habile Anglois eft tombe. Ce phyficien juftement celebre, dit-il, ayant reconnu qu'en combinant de I'acide nitreux avec une terre quelconque, il en retiroit conftamment de I'acide nitreux, a cru pouvoir en conclure que I'air de I'atmofphere eft un compofe d'acide nitreux & de terre. Cette idee hardie fe trouve fuffi- famment renverfee par les experiences contenues dans ce memoire •, il eft evident que ce n'eft point I'air qui eft compofe d'acide nitreux , comme le pretend M. Prieftley, mais au contraire, I'acide nitreux qui eft com- pofe d'air. • DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. »r9 NOTICES D' V N E SUITE D'EXPERIENCESNOUVELLES, Qui font connoitre la nature & les propriitis de plufieurs efpeces d'air on Emanations aeriformes , extraites par diverfes voies d'un grand nombre de fuhjlances. Par M. D E L A s s o N r. X-J N foumettant I I'analyfe diverfes fiibftances dans les trois regiies de Mim. la nature, pour en dcveloppcr les principes conflitiians, la chymic eft tiifin parvenue I rendre feniibles &: palpabL-s ccux de ccs principes qui avoient toujours ^te regardes comme incoercibles, parce qu'ils s'echippcnt en va- peurs imperceptibles, & tout aufli iiibtilos que Fair mcme de ratmofphere: on a fait plus, on a determine en quoi different entr'elles ces emanations aeriformes , & plufieius de leurs proprietes diftindives : on a pouffe I'in- duftrie des moyens & des precedes jufqul faire fubir encore a ccs efpeces d'infiniment-petlts de la nature , aprcs Icur extradion & leur feparation des corps, une autre forte d'analyfe qui femble les ramener prefque i I'ctac des elcmens les plus limples & les plus purs. C'eft ainfi que les rapports & les caradteres particuliers de fair fixe , de fair inflammable , de fair dephlogiftiquc , de fair nitreux , commencent ji etre beaucoup mieus apper^us. Mais plus il eft intereffant pour les progres de la phyfique de ddcou- vrir & de fixer la thcorie de tons ces phenoinenes , qui paroi^fcnt fenir de fi prts aux myfteres les plus caches de la nature , & aux principes de fes operations , moins on doit fe hater de tirer des indudions , & de ha- (arder des fyftemes fur tous ces objets; car les verites fondamentales que Ton recherche ici, ne peuvent reffortir que d'une multitude de faits varies, rapproches & compares : il faut done encore fe borner h les multiplier. Ceux dont Je vais indiquer les rcfultats feront connoitre plulicurs nou- veaux moyens pour obtenir i ". diverfes emanations aL'riennes inflammables ; 2°. fair fixe-, 3". fefpece d'air que Ton nomme de'phlogijliqu^ , parce qu'il efl: plus pur i divers degrcs que fair de I'atmofphere. Par I'expofition toute (imple des phenomenes, on comprendra qu'il n'eft pas temps , ii beaucoup prcs , de prctendre les expliquer. C H Y M 1 f. Annie ijjS. i8o ABREG^DES ME MOIRES C H Y M I E. Premiere Experience. Jnnde ijj6. L o r s Q u e Tallcili voktil en liqueur , degag^ par I'-Jknli fixe , diffout completcment le zinc en lim.iille , operation que j'ai dqh fait conncitre, il fe degage un gas aerien tres iiiflaiTini.ible, qui fiilmine fortenicnt, (irant mele avec line portion d'air comnum. II f.uit obfuver que pour obtenir cct air bien inflammable , il eft effcntiel que la diirolution Ibit faite k froidj ou du moiiis k un degre de chaleur tres- foible. Deuxieme Expirience. L'espece de fel de zinc ammoniacal foyeux , que I'on prepare en faifant evaporer doucement la diffolution precedente, etant mis dans une cornue de verre & pouffe ^ grand feu, fournit, par le moyen d'un appareil con- vcnable, un gas aerien, qui n'eft plus que de I'air fixe. Apparemment la portion la plus mobile & la ptlis fubtile de Talkali volatil , ayant etc difli- pee par I'efFet de Tevaporation , I'air fixe qui paroit etre une des princi- pales parties conftituantes de Tallcali volatil, attaque le zinc, le diffout, y adhere & y imprime le caradtere falin : c'eft du raoins ce que le rcfultat de cette experience autorife ^ prifunier. Troijieme ExpMence, L'a l k a I, I volatil , en liqueur , degagi par Talkali fixe , a pareillement line adlion bien marquee fur le fer en limaille, beaucoup moindre pour- tant que fur le zinc-, j'en ai obtenu une emanation aexienne, aulli inflam- mable qu'avec le zinc. Je fer-ai connoitre dans un nouveau memoire fur le zinc , la propriete diffolvante que I'alkali fixe cauftiqiie exerce fur ce mineral en limaille. Quatrieine Experience: h\ Atit mis dans line fiole de verre mince bien chaufFee auparavant, deux onces d'alkali mineral cauftiqtie, ou ledive des favonniers, prcparee avec foin dans mon laboratoire, & deux gros de limaille de zinc, ce vaif- feau fut exaftement bouche avec un bouchorr de liege , traverfe par un * tiiyaii de verre propre i execut-er I'experience projetee : Je laiffai digercr i froid environ trois heures ; il parut pendant ce temps quelques biillcs . ix.'ix la- liqueur , niais il ne fe degagea point d'air. Ayant mis enluite quel- ques charbons ailumes autour de la fiole, l-effervefcence devint fenfiWe , & il (e degagea un gas aerien qui paffa dans le recipient rempli d'eau : en continuant le f.u, Je I'augmentai graduellement julqu'i ce que la liqueur de la fiole fiit bouillante , & qu'il ne paffdt plus de gas aifrien j le rncl.ingc DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. ,81 en fonrnit environ vingt pouces cobiqiies. Cette efpece d'air eft tout aufli ■ inflammable que celui qiii eft extrait par I'alkali volatil, ^ dctene anlTi V foitemcnt apres avoir itc mele avcc I'air commun, C 11 y m i i. Cinquieme Experience. L'alkali fixe catiftiqiie, ou le/IIve des favonniers, n'agit que foible- ment fur le fer en limaille i cependant il en diffout une petite quantitc avec efFervefcence : I'adion conibince de ce melange foiunit un gas acrien bien iufianiinable , Sc qui dctone. Sixieme Experience. Lis deux faits pricedens me furprirent d'autant plus que Je m'attendois' moins i ces rcfultats extraordinaires , & en confcquence je crus devoir exa- miner ce que produiroit avec ces memes fubftances metalliques, I'alkali fixe ordinaire bien pur en liqueur tres-concentree, l'ef))ece d'air dcgage de ces melanges en Ics foumettant ^ rcbullition par Tapplication du fen , ne differc de Tair commun que par un pen plus de puretc : je m'en fuis eonvaincu par lepreuve avec I'air nitreux -y cet alkali fixe n'ayant abfolu- ment aucune acftion par la voie bumide fur le fer ni fur le zinc, lui.fsij- fournit le gas aerien : je m"en affurai par une uouveUe eprcuve. Septieme Experience. Deux parties de creme de tarfre, & une partie de limaille de rinc; melees & humedees avec I'eau diftillee , fournirent i un degre de chalei-r mediocre pour mieiix favorifer leur aiftion reciproque, an gas acrien, in- flaramablc & detonant. Huitieme Experience. Deux parties de creme de tartre & une de limaille de fer, humeAces avec I'eau diftillee, fournirent, eu appliquant un dfgre de chaleur medio- cre , une efpece d'air , qui n'eft point inflammable , qui n'eteint point la lumiere-, en un mot, dcmontre prefque entierement feniblable k Fair com- mun par I'ipreuve avec I'air nitreux. Je refis cette experience, en ajoutant plus d'eau diftillee, & foumettant le melange i une ebullition continuee; alors j'obtins un gas aerien, auquel je troHvai toutes les proprietes de I'air fixe. Le r^fultat de I'expcrience repeicfe une troiiieme fois , aprcs avoir fait digerer plus lo.ig-temps le melange, fut abfolument le meme ; quoique,. vers la fin de I'operation , la creme de tartre ait etc en partie brulee. Annie 17 jG. i82 ABREGfi D£S MEMOIRES C H T Af I E. Neuvieme Expirurice. Annie iJjS. Parties egales de tartre rouge & de limaill^ de fer, melees & traitees par le nieme precede , fournirent d'ibord iin gas aerien , auquel je recon- nus les proprietes de I'air fixe; mais ayant re^u feparemeiit, & dans iin au- tre vaiffeau, les dernieres portions d'air qui fe degageoient, je les trouvai inflammables & detonant fortement aprcs leur melange avec I'air commun-, cette experience repetee eut le meme fucccs. II eft altez (ingulier que cette inflammabilite n'ait ici lieu , que parce que le tartre crud eft employe dans le precede au-lieu du tartre depute ou creme de tartre : ces deux matieres au fond difterant tres-peu I'une de I'autre. Dixieme Expirienee. ■ Le vinaigre radical diflbut le zinc avec effervefcence •, I'efpece d'air qui ;■ fe degage eft trcs inflammable , & detone fortement apres Ion melange avec , I'air commun. t! Je m'etois di]^ affure, qilfc I'emaiiation jerienne fburnie par le vinaigre - radical feul & fans melange ,n'eft point inflammable, elle eft permanente, -1 quoique I'eau peu-ipeu Tabforbe; elle eft ^-peu-prcs dans I'etat d'air fixe; elle etcint la lumiere d'une bougie, ^ la verite moins rapidement. II en refulte toujours, que I'inflammabilite depend ici eflentielleaient d'un priu- cipe communique par lezinc que la diflblution dccompoic. O/liieme. 'Experience. '■ J '; ' '■. ■ - '■ -: Le vinaigre radical diffout le fer 'beauc-obp moins bien; la chaleiir eft iieceffaire pour operer cette diffolution , Fair degage d'abord eft tres-peii inflammable; les dernieres portions degagees & retcnues feparcment s'en- flamment rapidement & detonent. Douiieme Experience. x't^CT En diftillant les cryftaux de verdet ^ un feu de reverbere dans une cor- nue de verre , dont le bee -plonge dans un vafe plein d'eau , & s'inlinue fous une cloche ou recipient cy'indrique egalement rempli d'eau, J'ai ex- trait par cet appareil deux efpeces d'air permanent; le premier eteint la flamme d'une bougie que Ton y plonge : mais cette flamme, au moment ou elle va s'eteindre, s'alonge beaucoup & paroit colortfe en jaune, vert & bleu; la feconde efpecc d'air re^ue feparcment eft entierement inflara- . mable, mais iie detone point; la fkmme eft d'un beau bleu. DE L'ACAD.EMIE ROYALE DES SCIENCES. ,8j Treiiieme Experience. C u Y M I E. Je cms d'abord qii'en procedant de menie avcc le fel de Satiirne, J'al- Ann^e 1776. lois avoir des refultats pareilsj niais j'appris encore ici par le fait, coni- bien pen Ton' doit compter eii phyllque lur les indu(flions tirees des lim- ples analogies : j'obtins done du fcl de Saturne, traitc comme dans !'ex- perieiice precedente, deux fortes d emanations acriformes bien diftiii(5l:esi Tune opaque, blanchatre, en forme de nuage; I'autre tranfparente : ces deux eipcces d'air tamifes plufieurs fois ^ travers I'eau, agites, laves, enfuite conlerves , ont toujours ctcint une bougie allumcc, (S: n'ont point parii avoir le moindre degrc d'iuflainmabilite. Ces deux dernieres experiences doivent etre rapprochees des faits con- fignes dans un mcmoire que j'ai lu \ I'academie en 1775 , fur I'analyfe du verdet & du fel de Saturne \ elles feront coniioitre plus particulierement la nature des emanations acriennes, dont j'ai deja parle dans le mcmoire indiqu^. Quator^ieme Exp&iencc. Cis gaz acriens inflammables , ( j'entends ceux qui font produits par I'aclion reciproque du zinc , du fer , de I'alkali volatjl , de raliali hxe cauftique, du tartre crud, du vinaigrc radical, & qui detonent fortcmcnt par leur melange avec I'air commun , ) perdent cette proprictc de detoner, & ne font plus qu'inflammables , quoique melcs avec I'air commun, quand on ajoute a ce melange I'air nitreux : la propriete de detoner n't-ft au con- traire qu'alioiblie lorlqu'on ajoute I'air nitreux ^ un melange dqi fait d'air commun & d'air inflammable ordinaire, fourni par la dLlIolution aftuelle du zinc & du fer dans I'acide vitriolique. Les experiences fuivantes , que j'ai faites tant fur les chaux abfolues que fiir les precipites metalliques, vont prefenter des refultats d'autant plus intcrellans , que Ton remarquera enfuite plulieurs differences ellentielles dans les emanations aefiennes extraites des memes fubftances uniquement foumifes ^ I'adion immediate des feuls acides mineraux. Quiniieme Expirience. Du melange d'une demi-once de chaux de zinc & d'un gros de pondre de charbon mis dans un canon de piflolet, j'ai extrait au feu de forge quatre-vingt-feize pouces cubiques d'un gaz aerien , qui s'enflanime rapi- dement fans detoner', la flamme en eft bleue : cetfe efpece d'air d'abord permanent fe mcle enfuite pcu^-peu avcc I'eau, il ne rend pas I'air nitreux rutilant. C H Y M I E. iS4. ABREGfe DES MEMOIRES Sei{ieme ExpirUncei- Annee iJjS, Devx gros de bleu de Prufie foumls dans iin canon de pidolet, \ Tac- tion d'uu feu de forge , ont fourni plus de trente-ciuatre ponces ciibiqucs d'air qui s'enfkmme lans detoncr, en produifant une trcs-bcUc fl.imnie bleue. Ces deux demieres experiences offrent nn air inflammable d'un carac- tere tout particulier •, car il ne fait pas la plus petite cxplofion , pas le moindre bruit en s'enflammant, aprcs fon melange avec I'air coivmun on avcc I'air dephlogiftique : d'ou il refulte qu'il paroit exifter jufqu'k prcfent deux efpeces de gaz aeriens inflammaiiles bien diftinds ; I'un qui s'cnflamme rapidement avcc explofion & grand bruit quand il eft mele avcc I'air corn- man ou de I'atmofphere , & qui delate & fulmine encore plus fortemcnt qu.ind il eft mele avec I'air dephlogiftique, ou I'air le plus pur-, le fecond, qui, quoique mele avec les deux airs pr^cedens, s'enflamme toujours pai- fiblement & fans bruit. Or , en confiderant attentivement la nature & les propri(^tes de ces deux efpeces d'air inflammable , (i differentes par leurs effets, & en rapprcchant les plienomenes qii'iis prefentent, de ceux que nous offrent fi frequemment dans I'atmofphere certains meteores ignes-, on eft, ce me feinble , tres-bien fonde ^ prefumer, que de femblables gaz aeriens, qui font extraits & di- veloppes en il graiide abondance dans le vafte laboratoire de la nature , par les analyfcs & les fynthefes operees fans cefle fur les fubftances des trois ■ regnes, & qui felon les temps, les faifons, les lieux & d'autres circenf- tances, fe repnndent plus ou moins dans I'atmofphere, feront mis defor- mais par les phyliciens, au rang des caufes les plus immediates de ces grands phenomenes ignes de ia nature, en concours avec le fluide eledrique tres- analogue i ces niemes gaz aeriens-, & qu'ainG la vraie thcorie de ces eftets divers fera bien mieux developpee, Dix-feptUme Experience. Une once de minium, mis dans un canon de piftolet aU feu de forge, s'eft tres-bien reduif, j'en ai extrait plus de vingt-fix pouces cubiques d'un gaz aerien ligerement inflammable , & qui eteint la lumiere d'une bougie. X'experience rep^tee avec ie arafficot a eu le meiiic fucces. Dix-huitieme DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. 185 Dix-huitieme Exp&ience. H Y M 1 E, J'ai traiti par ce nieme appareil du canon de piftolet expofi au feu Ann^e 1178. de forge, la chaux de cuivre, que Ton obtieiit 1°. des cryftaux de verdet apres la diftillation complette du vinaigre radical; 1°. en precipitant par I'alkali fixe le vitriol bleu & la diffolution du cuivre dans I'acjde nitreux : CCS precipites ctant enfuite bien lav^s & deffcches, j'ai extrait de toutes cea jnatieres un mcme gaz acrien , qui n'a que les proprietes de I'air fixe. Dix-neuvieme Experience. Le beurre d'antiraoine prdcipite pareillement par I'alkali fixe,Iav4 ea= fuite & feche, ne fournit aulli qu'un air fixe. Vingtieme Experience. . Le fer diffous par I'acide nitreux, prccipite par Talkali fixe, bien lave; feche & foumis dans un canon de piftolet h. ra<£i:ion d'un f-u de forge, donne un gaz aerien bien different. Une bougie allumee y bruie pailible- ment, fans que la flamme en foit agrandie & rendue plus iclatante ; mais comme il abforbe plus d'air nitreux que I'air commun , on pent en con- clure qu'il eft legdrement dephlogiftique , ou un peu plus pur que I'air dc ratmolphere. Vingt-unieme Experience. Tax obtenu nn gaz a'erien tout pareil au precedent, en traitant par Ic i-neine procede le zinc & le cobalt precipites par i'alkali fixe dc leuis diffo- lutions dans I'acide nitreux. Vingt-deuxieme Experience. Be I'argent bien pur diffous dans I'acide nitreux , precipite par I'alkali fixe, lavi, feche & pouffe menie I grand feu, j'ai extrait un gaz aUrien bien dephUgiftiqnc 5 car il agrandit la lumiere d'une bougie que Ton y plonge, il la rend phis vive & plus eclatante. Vingt-troifieme Experience. Pareil refultat avec le mercure prepari, difpofe & traite de meme, ^ Voil^ d'abord deux nouve.uix moyens pour obtenir fans peine I'efpece d'air que I'on appclle dephlogiftique. Les experiences fuivantes , extfcutees fur les memes fubftances & fur pluheurs autres, mais en n'eiTiployant que radion immediate & le concours feul desacides, vont expofer un grand nombre d'autres precedes pour extraire plus aif^nent encore ce meme air dephlogiftique \ differens degres; & I'on verra, que ces faits compares au» Tome XVI. Fartie Fran^oije. A a iM ABREG]^ DES ME MOIRES — *—'——' precedens peuvent donner lieu ii pliilleiirs indiKSioiis intereflantes : Je ne G H Y M 1 i. "'^ pernjcttrai que d'en indiqner quelques-unes k la tin de ce memoire. Lc meilleur air dephlogiftique & tres abondant , que M. Prieftley ait Annh rj'jS. jamais obtenu , eft celui que lui a donni un magm.i relultant de la diffolii- tion des fletirs de zinc par I'acide nitreux fans precipitation ni autre difpo- fition ulterieure. Frappe dc cette experience que je repetai, & que je trouvai conforme "k tout ce qu'en dit M. Prieftley, je crus devoir examiner fi , eontre I'attcnte & I'opinion de ce c^Iebre phyhcien , le zinc quoique me- tallile, & pourvti de tout fon phlogiftique , fourniroit aufli le meme air dephlogiftjqu^, Vingt-quatrieme Experience. Dans cette vue, Je fis diflbudre, par I'acide iritretKC, le zinc m^tallife •, Je retins le gaz aerien qui le degage pendant la vive efFervefcence ; je fus lurpris, en reconnoiffant que ce n'etoit point dft I'air nitreux, mais plutot de I'air fixe; il eteint la lumiere rapidement , & il ne devient point ruti- lant par fon melange avec I'air commun : je remarquai, qu'apres Tavoir lavi & fecouc beaucoup dans I'eau, qui en avoit ablorbc une bonne quan- tite, il avoit perdu en partie la propriete d'air fixe, car il n'eteignoit plus qHC tres-foiblement la lumiere d'une bougie; cette diffolution de zinc, ^vaporce dans une cornue de verrs , acquiert en fe concentrant beaucoup une couleur noire foncee, la corniie fe remplit de vapeurs trcs-rouges : lorfque le magma refultant de la combinaifon des deux raatieres eft deyeni! plus epais & prcfque folide, alors, en expolant la cornue k une chaleur plus forte, il lc degage une quantite fort conliderable d'un gaz aerien, qui, aprcs avoir traverfe I'eau , remplit le recipient ou il eft re^u , de nuages blancs tres- opaques •, mais Topacite ne tarde pas k dilparoitrc, & la tranf- farence fe retablit : cette efpece d'air taniife une feconde fois k travers eau & fans etre foumis k d'autre lavage, eft tres-dcphlogiftique, & tout aufli pur que celui qui , par le meme precede , eft extrait des fleurs de zinc; car, en agrandiffant Beaucoup la lumiere d'une bougie, il lui donne «n grand eclat, & il fe fait en meme temps une decrepitation tres-fenlsble ; deux lignes certains de la plus grande purete de cette ef[>ece d'air. Les dernieres portions de gaz aerien , chaffees par un feu plus intenfe, & re- cites feparement, n'avoient plus le caraftere d'air dephlogiftique; il eteignit la lumiere d'une bougie; mais, apres avoir ete bien fecoue & bien lave dans I'ean, il devint prefque aiiffi pur que I'air commun. DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. 187 Vingt-cinquieme Exp&ience. « Y M I £. Dans le temps que le fer eft diflous avec beaiicoup d'cffervefccnce par Ann^e iiiS. I'acide nitreux , il s'cleve un gaz acrien , qui eft un veritable air nitreux v en diftillant cette diflblution, on obtient uii refidu qui donne aofTi par I'ap- pareil de la cornue una bonne quantiti d'air tres-pur ou bicn dipnlogifti- que, Aimoniii rel par les epreuves ncceflaires, Les dcrnieres portions font uu air moins dephlogiftiquc. Vingt-fixieme Experience, La di^olution d'argent pur dans I'acide nitreux, bien rapprochie, & traitce couime ci-devant au feu dc reverbere, me fournit une bonne quan- tity d'air frcs-bien dephlogiftique •, j'en obtins bien plus par ce precede t qu'en operant Tur le precipite d'argent par I'alkali fixe. Vingt-feptieme Experience. Dans le temps que le cuivre pur eft diflous par I'acide nitreJx , il fournit d'abord un air nitreux, & de la diflblution cvaporee, j'ai retir;^ un air bien dephlogiftique. Vingt-huitieme Experience. J'ai eu un pareil rcfultat avec le bifmuth traits de memc. Vingt-neuvieme Experience. L'et/iin eft calcin^ fur le champ par I'acide nitreux-, il k d^gagei par cette premiere reaftion , beaucoup d'air qui n'eft point nitreux : je I'ai trouve plus pur que I'air commun -, une bougie allumee y brule trcs-bien •, mele avec I'air inflammable , il le rend plus fulminant que ne fait I'air de I'atmofphere. Les portions fubfequentes du gaz acrien , extrait par un feu piqs fort, font un air beaucoup mieux dephlogiftique, Trentieme Experience. J'ai retird du nitre faturnin, expofe dans une cornue de verre,i un feu de reverbere gradue, beaucoup d'air bien dephlogiftique. M. Pricftley ayant deja obfcrv^ que le nitre mercuriel & le nitre ^ bafe de craie ou dc terre abforbante , produifent un air parfaitement dephlo- giftique , je me borne a rappeller ici ces deux obrervati«ns , pour les joindrc aux prcccdentes. A a ABREGfi DES ME MOIRES P YMF Trente unieme Experience. Ann^e tyjS. Mais, pour completer la fuite de ces faits, j'ai cru qu'il falloit examiner fi de la combinaifon, toiite imparfaite & fuperficielle quelle foit, de Tacide iiitreux avec une bale de terre vitrefcible, j'obtiendrois audi un air bien dephlogiftique i dans cette vue, je precipitai par I'acide nitreux, la Kqurur des cailloux', apres avoir edulcord ce precipite , je le fis fecher, enfuite je le r^duihs en pate, en ajoutant le mcme acidc, & le lechai de nouveau k petit feu : cette matiere me donna, par I'appareil de la cornue, un air tres- tien dephlogiftique , mais en moindre quantite que les fubftances prece- dentes. J'ignore (i M. Prieftley a fuivi le meme precede-, mais il affure avoir extrait Un ail bien dephlogiftique , en traitant I'acide nitreux avec la terre ritrifiable. II eft ^ remarquer, qu'aucun des nitres, traites par les precedes que j'ai cxpofts , n'a jamais detone , quoique les cornues de verre qui les conte- noient, aient toujours kxk expofees \ I'adtion immediate & au contad des charbons embrafcs , quoique le feu ait toujours ete pouffe jufqu'k ramollir & ^ mettre en fufion ces vaifleaux, dont quelques-uns en fondant fe font ouverts , & qu'ainfi il y ait eu une libre communication des vapeurs dii charbon avec I'interieur du vaiffeau. II paroit done refulter de tous ces derniers faits reunis & compares, que, pourvu que I'acide nitreux puiffe fe combiner ou profondement, ou fu- perficieilement, i°. avec les metaux parfaits ou imparfaits, & avec les demi- mdtatix revetus de leur forme metallique, ou dans I'etat de chaux •, 2°. avec ^ les terres calcaires ou vitrefcibles , on extrait toujours de ces nouveaux mixtes un air plus ou nioins dephlogiftique , qui n'eft, felon toutes les ap- parences, que I'acide nitreux lui-meme effentiellement alters dans fa com- poiition primitive & intrinfeque •, en un mot, abfolument different de ce qu'il ^toit avant cette modification, ou plutot ce changement qu'il a fouffert. Mais , quoique jufqu'i prefent le feul acide nitreux femble contribuer k la formation de I'air dephlogiftique, doit-on conclure que nul des autres acjdes ne fauroit donner cette meme efpece d'air ? J'ai deji des faits inte- reffans & bien podtifs, qui prouvent au contraire que d'auttes acides peu- vent aufli , par de femblables alterations intimes , produire un gaz aerien du meme caradlere •, & li par des epreuves rcpctees & varices cette verite importante fe trouvoit bien etablie , on commenceroit \ beaucoup mieux appercevoir les vrais principes qui conftituent & qui modifient les difJe- rens acides, ces agens du premier ordrc dans prefque toutes les operatiotis de la nature, & dans un trcs-grand nombre de celles que les phyliciens executent dans leurs laboratoires. DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. 189 C H Y M 1 E. Sur Us Fluides aeriformes. . L Annie lyjj. ES chymiftes connoifTent depuis long- temps cfs fluides tranfparens. Hid. expanfibles & incapables d'etre redifits en liquides par le refroidilfement on la comprelTion , & qui fc feparent des corps par I'eftet de diftereiites operations chymiques. Boile avoit obferve que, dans d'autres operations, difterentes llibftanccs abforboient uiie partie de I'air de I'atmofphere , & Hales avoit mefure les produits acriformifs que laiflent echapper les corps: on les regardoit en general comme de I'air, & les differences qu'on ob- fervoit entre ces fluides expanfibles , etoient attribuees ^ queiques parties extraites des corps que I'air avoit retenues en fe feparant d'eux , & qui lui Etoient plus adherentes. C'eft ainii qu'un grand nonibre de corps ren- ferment un fluide aqueux, qui eft le meme dans tous; mais qui contrade, par fa combinaifon avec les difKrens corps, une odeur, une faveur qii'ii conferva aprcs en avoir etc feparc. Depuis quelque temps, une foule d'experiences ont inontre que ces fubftances expanlibles font eflentiellemcnt differentcs , ou du moins ne peuvent etre rcduites aux memes piincipes par les moyens connus ; qu3 notre atmofphere , loin d'etre form6e d'un fluide fimple, en contient plu- fieurs que Ton peut feparer ; & que les operations chymiques, la relpira- tion des animaux, la vegetation, changent la proportion de ces fluides dans une maffe d'air donnie. II faut done maintenant tenir compte, dans toutes les experiences de la chymie , dc toutes ces fubftances negligees jufqu'ici ; examiner dans chaque phenomene ce qui eft du ^ I'influence de CCS fubftances; les annlyfer elles-memes, afin de les reduire au moindre nombre & au plus haut degre de fimplicit^ poflible : &, pour remplir cet objet, il faut repeter toutes les anaiyfes chymiques connues, examiner toutes les theories adoptees. Tel eft le grand travail que M. I.avoilier s'eft impofe, & dont les memoires fuivans font une partie. II faut diftinguer foigneufement dans ces memoires les faits des fyftemes, ou plutdt les ve- rites prouvees ou reconnues, des opinions adoptees par I'auteur, & pro- pofees par lui aux phylkiens & aux chymiftes, moins comme des opinions qu'ils doivent recevoir, que comme des confequences que I'enfemble des faits prefente, qn'il faut examiner & verifier, & fur leiquels I'auteur lui- meme fe propofe encore de nouvelles recherches. Une des theories chymiques les plus generales & recues ivsc le moins de contr.ididion , eft celle du phlogiftique que Staal a doiinee; mais dans prefque tous les phinomenes oii Staal a vu une coinbinaifon du phlogif- tique, i! y a la feparation d'un fluide alfriforme : prcfqne par tout ou, fe- lon Staal, un corps perd du phlogiftique, il fe combine avec lui un fluide acritorme-, ainfi dans les phenomenes oii Staal a obferve des combinaifons ou des feparations de phlogiftique, il faut admettre au/Ii des feparatinns & des combinailbns d'air prifcs cii fens contrairc. La thcorie de St.ul n'et&it jj* ABREGl!; DES MEMOIRES ; done point complette : mais faut-il I'abandonner , ou feulement la com- P plcter & la corriger? & comment faut-il la corriger? Ces queftions pat- tagent les chymiftes : I'experience & le temps fauront feuls les decider. Anne'e i777- Heiireiifement c'eft moins par des raifonnemens que par des experiences, que les pfcyficieiis fe combattent maintenant •, & ces fortes de difcuffioiw, quand meme elles refteroient indecifes, auroient prodiiit du moins des faits nouveaux, & ne feroient pas iiiutiles pour les fciences. Ainfi, quand meme on rejetteroit la dodtrine cliymique que M. Lavoifier fubftitue i^ celle de Staal , ces meraoires n'en feroient pas moins un recueil de faits intereffans qui ferviroient aux progres de la chymie. Les chymiftes ne font pas d'accord entt'eux fur les noms qu'ils don- nent aux difFc^rentes efpeccs de fluides aeriformes. Obliges de rendre compte des tn^moires ou fouvcnt une meme fubftance recoit des noms difFerens, nous avons cru devoir adopter nne nomenclature particuliere : nous avons cherche k la rendre limple, & la moins eloignee qu'il eft polTibie du Ian- gage vulgairei i defigner chaque fubftance par quelque propriete caradle- riftique qui ne tint h. aucun fyfteme : en forte que le noni que nous Uii donnons puiffe etre adopte par tons les favans, quelque dilierentes que foient leurs opinions fur la nature de ces fluides. Nous conferverons d'abord h ces fubftanccs le nom iair , parce qu't» tant expanfibles, tranfparentes, irredutlibles en liqueur par le refroidilTe- ment & la condenfation , poffedant en un mot toutes les proprietes mecha- niques du fluide de I'atmofphere , le nom ^air nous a paru deligner de la maniere la plus fimple les proprietes communes i ces fluides. Les phyhciens anglois ont appelle air fixi I'air combine dans les corps; & ils ont enfuite conferve ce nom \ fair dcgage des corps : enfin , commc le premier des airs degages des corps fur lefquels les chymiftes fe font cxerci^s, eft cette efpece d'air que les acides feparent des pierres calcaires , & qui fe degage des corps qui fubilfeiit la fermentation fpiritueufe, cet air a conferve feul en Angleterre le nom d'air fixed, air fixi , que nous avons traduit par air fixe. On fent combien ce nom eft impropre : M. La- voifier a propofe d'y fubftituer le nom 6'acide crayeux ai'riforme , parcc ue cet air eft reellement acide, & qu'on en obtient en verfant un acide tir de la craie on en la calcinant ; mais comme on obtient le meme air Bon-feulement des autres fubftances calcaires , mais encore par la fermen- tation fpiritueufe, nous cxoyons devoir adopter par preference le nom iiair gdT^eux , du nom de ga\ que Van-Helmpnt avoit doniie ^ ce genre de fubftance. M. Prieftley a donne ^ I'air qui fe produit par la reduction du mcrcure precipice /;fr /f fans addition, le nom A' air di'phloglfiiqui : ce nom eft une confsquence du fyfteme de ce phyficiea celebre, & d'ailleurs cet ait eft celui oii les corps brulent plus facilement, & dont la prcfence paroit meme niceifaire ^ la combuftion. Mais cet air eft aulll celui ou les ani- niaux pcuvent vivre le plus long temps, & meme ians leqtiel ils ne peu- vent vivre : on lui a donne en confequence le nom iXair pur, comme li la falubritt d'un air pour les animaux qui le refpirent , etoit une preuve I DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENlCsS. 15, de fa piiretc •, on I'a anfli appelle air refpirabU , air iminemment refpi- rable , nom aiiqiiel nous avoiis ctu devoir fubftifiier celiii d air vital, furce que I'eTperience a prouve que cet air eft neceffaire "k la vie, & que es autres fluides expanliblcs pcavent etre egalcment refpires, puilque le mechanirme de la reipiration peut s'executer avec eux , quoique ccpendant ils lie puilFent lervir ^ eiitretenir la vie. Lorlqu'on fait dilToudre des mitaux dans I'acide nitreux, i! s'en difgage un air auquel les chymiftes s'accordent h donner le nom A'air nitreux ; & comme on n'a pu jufqu'ici obtenir cet air qti'en eniployant de i'acide Jiitreux ^ fa produdlion, nous lui avons conferve le nom d'air nitreux. Les deux autres acides mincraux fournillent chacun une efpece d'air moins connu que I'air nitreux : ces deux efpeces d'air font acides , mif- cibles ^ I'eau-, quand ils font meles , ils redeviennent , I'un de I'acide ma- rin , I'autre de I'acide lulfureux •, ainii les noms d'air aciJe marin Sc d'air Jblfureux paroiffent Icur convenir le plus. Le fpath , nomme improprement fpath fluor, prodiiit un air acide que M. Piieftley a obferve, & fur lequel il a fait des experiences trcs-ciirieu- fes : comme nous avons nomme air gaieux I'air qu'ou retire du fpath calcaire, &qui eft en tout femblable ^ celui que donnent les autres pierres de cette claffe, nous croyons que ce noureJ air fera diC\gni. d'une maniere alfez precife par le nom d!air Jpathique , fous lequel il eft d'ailleurs d^ji connu des chymiftes. Nous appellcrons air alkalin, celui que M. Prieftley a retiri de I'alkali volatil , dii moins , jufqu'i cc que des experiences nouvelles nous aient appris i en micux connoitre la nature. La diffolution de fer dans I'acide vitriolique , produit un air inflamma- bk ; il s'en degage autfi de la vafe des marais : ces airs ont la propriete commune de s'entlammer & de detonner lorfqu'ils font melcs avec \'air vital; ils different cependant ^ quelques egards, foit qu'ils aient une na- ture differente, foit qu'ils fe trouvent mcles avec d'aufres efpeces d'airs, dans dilTerentes proportions : nous leur donnerons done le nom d'airs inflammables , en obfervant qu'il eft mfceffaire d'avertir de la maniere dont ils ont etc produits. Lorfque Ton a fait calcincr des mctaux , bruler du phofphore dans une mafle d'air; en un mot, lorfqu'on a fait eprouver ^ fair atmofphcrique les operations qui en diminuent la quantite, en feparant de fair atmof- phcrique la portion d'air vital qu'il contient; & qu'enfuite, par le lavage, on en a encore fepare \'air gaieux qui a pu fe former ou fe degager pen- dant ces operations, il refte un air qui forme les trois quarts oh les quatre cinquicmes de fair de I'atmofphere. Cet air eft mephytique, ne peut fer- vir ^ entretenir la combuftion -, il n'a aucune propriete acide, ne precipite point feau de cliaux , n'eft point inflammable •, M. Prieftley I'a nomme air phlogifliqu^: cette denomination , qui tient i un fyfteme , ne nous a point paru devoir etre confervee-, raais comme le mot air , fans aucune addition, deligne fair de fatmofphere, nous avons donne ^ cet air, qui eft fair de fatmofphere prive d'une de fcs parties, le nom d'air r^duic. !;ii ABREGEDESMEMOIRES — «»"^— — "^ Telle eft li nomenclature que nous avons adoptee, non par la preten- „ tion d'avoir une langue difFerente des autres phydciens , mais dans la vue M I E. jg rendre la ledure de ces extraits plus intelligible pour ceux qui ne font Annie ?777. P'^^ familiarifes encore avec les noms differens que les chymiftes out cru devoir donner aux memes fubftances acriforraes. Sur la combuflion da Phofphore. Ilift. V^N regardoit, depuis les decouvertes de M. Margraff Air le piiofphorei cette fubftance comme une combinaifon d'un acide animal particulier avec le phlogiftique , de meme que le foufre etoit la combinaifon de I'acide vitriolique avec le phlogiftique : h cette theorie eft exade, dn moins eft-il certain quelle n'eft pas complette. En efFet, M. I.avoifier a eflaye de briiler du phofphore dans des vaiffeaux fermes : il ne s'en briile qu'une petite quantite , proportionnelle ^ la maffe d'air contenue dans le vaiffeau; ceite maffe diminue d'un cinquieme. Si on ramafle alars I'acide produit par la combuftion du phofphore, on trouve qu'il furpaffe le poids du phofphore employe dans I'experience, & cet exces de poids fe trouve egal ^ la quan- tite d'air qui a ete abforbee; I'air qui refte n'eft plus ni refpirable , ni propre ^ la combuftion : mais fi on lui ajoute une quantite d'air vital , tire de la reduftion du precipite />ery« en mercure, il reprend tomes fes propriitss d'air atniofpherique. Des phenomenes femblables ont lieu dans la combuftion du foufre. Les loufres ne font-ils done en general qu'un acide prive de cet air , & I'acide un foufre ^ qui on I'a rendu ? ou le phlogiftique du foufre & du phofphore, pendant que leur acide fe combinoit avec une partie de i'air atraof[>herique , s'eft-il combine avec le refte de cet air? M. Lavoifier penche pour la premiere opinion; mais un grand nombre de chymiftes paroiflent tenir k la feconde , qui , s'eloignant moins des idees recues, a du avoir plus de parti fans. M. Lavoifier paffe de ces recherches ^ I'examen des combinaifons de I'acide phofphorique avec les fubftances alkalines & les nietaux. L'acide phofphorique verfe dans I'eau de chaux, la trouble, & en fepare iin precipite qui reffemble ^ celui que produit I'air gazeux. Mais ces deux precipites , malgre I'identitc que quelques chymiftes ont fuppofee entre i'acide phofphorique & i'air gazeux, n'ont de commun que la premiere apparence •, I'un eft de la craie infolubie dans i'eau , I'aurre eft un fel phofphorique foluble •, I'un fait effervefcencc avec les acides , I'autre n'en fait aucune : enfin , le precipite que produit I'acide phof- phorique, prefente k la loupe une forme cryftalline. Nous ne fuivrons pas M. Lavoifier dans le refte des details ou il entre, fur la forme des mixtes falins que feurniflent les combinaifons de I'acide phofphorique. Sur DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES, i^j. o C H V H S u R L E PrROPHORE. Annie i- N fait que le pyrophore eft ime efpece de foie de foufrc, foit \ bafe UlCt. d'alkali fixe , foit \ bafe de terre d'alun , qui a la propiicte de i'enflaminer (pontaiicnient \ I'air libre : fi on prend de I'alun & du fucre calcines eii- femble , au point de ne plus donner ni fumces , ni vapeurs , & qu'on les pouffe au feu dans une cornue pour obtenir du pyrophore, il s'en dcgage d'abord de lair gazeux pur , puis de fair gazeux mac d'air inflammable , enfin de I'air inflammable prefque pur. On Icpare ces deux airs en les agi- tant dans I'eau qui abforbe fair gazeux , ou en plai^ant dans ces airs un alkali cauftique avec Icqucl I'air gazeux le combine •■, lorfqu'il ne fe degagc plus rien du melange , ce qui relle dans la cornue eft le pyrophore ■■, li on en place lur un plateau de balance, il s'enflanime, & augraente de poids en brulant. D'aprcs cette experience , M. Lavoider a fait bruler du pyrophore dans des vaiiTeaux fermes, en les rempliffant d'abord d'air commun : dans fes experiences , le pyrophore a briile jufqu'i ce qu'il ait abforbe un peu plus du quart de fair commun -, aucune autre fubftance n'en fepare par la com- buftion une quantite audi conliderable-, le relidu de I'air contient fendble- ment de I'air gazeux. En brulant enfuite du pyrophore dans I'air vital, M. La- voilier a obferve qu'il s'en detruifoit environ les lix feptiemes ; fi on fepare du refte par la lotion dans I'eau I'air gazeux que ce relidu contient, on a un nouvel air tres-pur oii Ton peut faire brulcr le pyrophore, & en rcpc- tant fon operation , on parvient a convertir en air gazeux , ou \ combiner A\tc le pyrophore la totalite de fair vital , a une cent quarante-quatrieme partie pres. Le pyrophore a augmente de poids en brulant, & tout indique que cette augmentation eft due \ I'jir qui s'eft combine avec cette fubftance pendant la conibuftion. En effet, le pyrophore eft un foie de foufre avant fa com- buftion-, il en a la couleur, I'odeur, le gout i aprcs la combuftion , il de- vient blanc, a la faveur ftyptique de I'alun-, enfin, il eft le veritable alun avec execs de terre, tel que M. Baume Fa decrit dans fes ouvrages. Le pyrophore contenoit du foufre; fon rehdu contient de I'acide vitriolique: . & , fuivant les autres recherchcs de M. Lavoifier , dans I'operation oil Von forme le foufre avec I'acide vitriolique, il y a degagement d'air vital, & dans I'operation oii Ton tire I'acide vitriolique du loufre, il y a abforptioii de la meme fubftance. On pourroit demander cependant pourquoi, puif- que I'acide vitriolique a pour principe conftituant fair vital, qui s'en fepare dans la formation du foufre, on obtient, au-lieu d'air vital dans la forma- tion du pyrophore, de I'air gazeux & de I'air inflammable- C'eft,repond . M. Lavoiiier , que I'air vital , combine avec la fubftance charbonneufe , produit de fair gazeux : c'eft ainU que les chaux mctalliques reduites fans Tome XVL Panic Fran^oife. Bb ' a i5)+ ABREG^ DES MEMOTRES addition, produilent de I'air vital, & rdduites avec addition, donnent de ., I'air gazeiix. L'air inflammable eft du an charbon, & il eft d'aiitant plus abondant, que la quantite des fubftances charbonneufes employees i faire Ann^e iTJl' '^ pyrophore eft plus conliderablc. S u R L E Zinc. ^''' ij'oBjET de ce cinouieme mcmoire de M. de Laflbne fur le zinc, eft d'examiner I'adion qu'exercent fur le zinc Talicali volatil cauftique , les al- kalis fixes mineraux, foit cauftiques, foit non-cauftiques, enfin le vinaigre radical. Les alkalis fixes cauftiques diffolvent une partie du zinc , & reduifent en chanx la partie qu'ils ne ditrolvent pas ; il taut qu'ils foient concentres pour produire cet eftet. Si done I'alkali volatil cauftique n'agit point lur le zinc d'une maniere feniible, c'eft peut-etre parce que cet alkali ne peut ctre amene au point de concentration neceffaire. Le vinaigre radical dil- fbut completement le zinc, forme avec ce demi-metal un Icl talqueux & argente , qui fe fublime prefque en enticr , fans rien perdre de ia purete & de fa blancheur. Nous ne fuivrons pas M. de Laflbne dans le detail de routes ces expe- riences , dont il rapporte les plus petites circonftances , parce que fouvent c'eft ^ I'obfervation de ces circonftances minutieufes en apparence, que I'on doit i'explication des phenomenes les plus importans. Nous nous bornerons a indiquer ici quelques obfervations curieufes qu'il a eu occa- sion de faire. Le zinc produit fur le verre une alttotion fenfible, foit quon fafle di- gcrer dans des vaiffeaux de verre de ralkali volatil fur du zinc , foit qu'on ioumette le zinc I I'adion du feu dans une cornue de verre; quelques combinaifons de fer , I'acide fpathique produifent un effet femblable. Si Ton precipite le zinc dilTbus dans I'alkali cauftique par un acide, la combinaifon produit une efFervefcence, & il fe degage un fluide aeriformei cependant I'alkali cauftique n'eft que I'alkali fixe privc de l'air gazeiix qui lui eft combine dans fon etat naturel : ce nouveau fluide aeriforme eft done produit par le zinc. II s'en deg.i'ge egalement pendant la diflolution du zinc dans Talkali non- cauftique ; fuivant les experiences de M. Prieftley , le ■7inc fails addition laiffe audi dchapper une pareille fubftance, & il faut obferver que pendant ces operations le zinc perd fa forme metallique. II fe fepare des difi'erentcs diffolutions du zinc, des flocons noirs, plus ou moins abondans; ces flocons font les memes, quel que foit le diffol- vant employ^ : M. de Laflbne a cherche ^ en determiner la nature. II trouve qu'ils font difl'oliibles dans les acides, & que les alkalis les preci- ■ pitent foHS la forme d'une terre blanche ■, il montre que ces memes flo- cons'ne contiennent ni fubftance inflammable, ni rien de metallique, & I t. DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. ly^ il Ics rcgarde comnie une terre abfDrbante qui doit fa coiileur noire k une ^a^— ■ petite portion de phlogiftiqiie qu'elle a rctL-niie. M. de Laflone tcrmiiie Ion niemoire par quclqucs obfervations fur Ics ^* cffets niWicinaux dii zinc. On fait ufage dii zinc dans les maladies des ^nne'e trjl, yeux-, & M. de Ladone avoit dejk piopefe de fubftituer aux chaiix de zinc qui entrent dans ces medicamens , le fel aceteux on tartarcux de zinc. Ces lels qui font d'ailleurs plus folubles que le fel aceteux de plomb> pourroient etre fubflitues avec avantage 'k cette preparation. On a attribue aux flcurs de zinc une qualiie fedative; les experiences de M. de Laffone ne lui out donne aucune preuve de cette propriete : il eft egalement eloigne de croire que cette chaux ait des proprietes nuilibles. Quant au zinc fous la forme faline, il n'y a rien de conftant fur les efiets de fon ufage intcricur : M. Groffe, chymifte de cette academic, preten- doit que , meme en trcs-petites dofes , le fel aceteux de zinc lui avoit caufe, ainli qu'h fon neveu, des coliqucs violentes & des fortes naufees. Ce fait ilolc , raais appuye d'une autorite auffi forte , montre du moins qu'il ne faut ni faire un ulage interne du zinc ians precaution , ni autorifer fans de longues epreuves I'ufage des vaiffeaux de zinc pour preparer les alimens. OBSERVATION S V R L' A C I D E PHOSPHORIQUE. c iJ I on emploie le precede de M. Scheele , pour tirer des os I'acide phof- Hift phorique, on n'obtient point cet acide pur-, mais on trouve h. la place une maffe vitreufe, quelquefois acide, d'autres fois privee de toute appa- lence faline , & indilfoluble dans I'eau : en diftillant' cette fubftance avec du charbon , on obtient du phofphore, & la partie d'acide phofphorique qui le forme, fe trouve i-peu-pres le quart de la maffe vitreufe. M. Sage n'a point pouffe plus loin ces obfervations: ain(i, il n'a pu determiner pre- cifcment quelle eft la fubftance qui, en s'uniffant avec I'acide phofphori- que, lui a donne I'apparence vitreufe; ni examiner fi cette matiere vitreufe eft ou un veritable verre , ou une combinaifon faline , quoique fans dif-r folubilite & fans faveur. Bb ij io6 ABREG6 DES ME MOIRES C H Y M I E. Annie tJJJ- Sur l'Acide pho sphori que concret. Ilift. V^M pent retirer I'acide phofpliorique dii phofphore par la combuftlon de cette fubftance-, mais on la retire aiiffi, cii laiffaiit tomber le phofphore en deliquiurn : operation qui n'eft pent etre , dans la realite, qii'une coni- biiftion lente & infenfible. L'acide phofphorique obtenii par M. Sage, en eniployant cette feconde methode , diftere de l'acide phofphorique que donne la premiere , principalement en ce que plufieuis des fels neutres qu'il produit ne font pas deliquefcens. Ilift. S u R if A c I D E D u Sucre. V-^N retire du fucre, combine avec l'acide nitreux, un acide particulier, fous forme concrete, qui a ete nomme acide du fucre. CVft I M. Bergman que Ton doit cette dicouverte, ainfi que celle d'un acide auffi concret, que par le mcme procede on retire de la gomme arabique. M. Sage rend compte ici des deux precedes que ce celebre chymifte a propofes, & ob- ferve que cet acide du fucre decompofe le nitre lorfqu'on les diftille en- femble : il ne paroit pas qu'on ait encore fuffifamment conftate quelle part h fucre & i'acide nitreux ont dans la formation de cet acide. DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES, kj-j K 'i^ k I. X ^ •?. De qudques Eaux rapporties d'ltalie par M. C^ssiNi le fils. Par. M. Lavoisier. C II Y M I E. M, -R. Cassini, le fils, a donne, dans un memoire lu ^ I'academie Mem. I'annce derniere , la defcription des mines d'alun abandoiinees , des envi- rons de Latera en Italic : il a rapporte \ I'appiii de cette defcription , dif- ferentes eaux vitrioliqiies & aliimineiiles qui coulent, foit dans ces mines, foit dans les environs, & il me les a remifes pour en faire I'analyfe. J'ai cherche ^ repondre , par tout le foin & I'exadlitude dont je fuis capable, k la confiance de M. CalTini-, raais, avant de rendre compte du detail de mes experiences, il eft neceflaire que j'e rappelle en peu de mots \ I'aca- demie la politioii des lieux d'oii chaque eau a ete tiree. >> Le village de Latera , dit M. Caflini , eft litue dans le territoire de j> Valentano, vers I'extremite occidentale du patrimoiiie de Saint-Pierre, j> ^ trois milles environ du lac de Boliene, & \ vingt cinq lieues de Ro- »> me •, fes environs offrent de toutes parts des fouterrains creufes dans la >> montagne, & dans lefquels il paroit qu'on a tire autrefois du foufre & »> de I'alun : une partie de ces fouterrains font ecroules , d'aittres font >j rempjis de vapeurs mephitiques, qui feroient funeftes \ ceux qui entre- fj prendroient d'y penetrer. >j On trouve au fond d'un fouterrain , qui fait partie de la mine fur- ij nommce del Mulino , une eau vitriolique tres-chargee , qui decoule du »> haut des voutes •, les habitans de Latera la nomment eau-forte , Si les »j apothicaires s'en iervent au-lieu d'efprit de vitriol. » Cette eaii, dont M. Caflini m'a remis une bouteille fous le N". 7, con- tient un acide vitriolique en execs , combine avec une portion de terre d'alun & de fer ; & voici le detail des refultats qu'elle m'a donnes par I'analyfe. Si on fait evaporer cette eau feule & fans addition , on n'en retire au- cune cryftallifation reguliere, mais feiilement une mafle faline informe du poids de i onces 6 gros environ par chaque livre d'eau : je dis environ, parce que cette quantite eft fufceptible de varier fuivant le degre de def- lication ; cette fnbftance faline attire I'humidite de i'air, fans etre fufcep- tible cependant de fe refoudre en liqueur par fa feule adion ; eilc a Ic gout ftiptique de I'alun , & un retour fenfiblement ferrugineiix. Voyant que cette eau evaporec feule ne donnoit pas de veritable alun, j'ai eu recours ^ un moyen indique par M. Margraff , dans fi premiers dilfettation fur I'alun, & par M. Gellerf; c'eft-i-dire, ^ I'addition d'un peu d'alkali fixe. J'ai pris en confequence i o onces de cette eau , dans C H y M I E, Anni'e ijyj- jps A B R EG fi D E S M E M O I R E S laqiielle j'ai ajoiite peu-h-peu de I'alkali fixe en liqueur ■■, i chaque goutte d'alkali , il fe faifoit un precipite giifatre , mais qui , rinftant d'apies , fe redilTolvoit dans la liqueur avec eftervefcence , prccifement comme I'a obferve M. Margraff, N°. ix dc la differtation que je viens de citer. J'ai continue ainfi d'ajouter de Talkali Jufqu'i ce que le precipite cjui L- for- iiioit, commenc3t k refufer de fe diffoudre, & jc n'ai point etc au-de!i. Pendant que je'verfois ainli de Talkali, il fe formoit au fond de la capfule un fel trcs-blanc , que je prefumois alors etre du tartre vitriole , formi par I'union de I'acide vitriolique avec I'alkali : on verra bientot cependant que ce fel etoit fort different •, la quantite d'alkali en liqueur employee dans cette operation , s'eft trouvee de 9 gros 14 grains •, ce qui revient i 4 gros 1 1 grains d'alkali concret. Le fel blanc qui s" etoit forme pendant la combinaifon , peloit 4 gros 50 grains-, I'ayant rediflbus dans de I'eau diftill^e , j'en ai obtenu, par evaporation , de beaux cryftaux d'aluii bien reguliers. L'eau furnageante , evaporde de la meme maniere , a donne encore 7 gros 41 grains d'alun , un peu moins pur ^ la virite, mais qui cepen- dant etoit en cryftaux affez reguliers , & feulement un peu jaunatres oil ocreux h la furface -, enfin il eft refte 1°. una efpece^ d'eau-mere , qui, evaporee h ficcite, a donne x gros 50 grains d'un melange d'alun & de vitriol de Mars-, i". r gros 14 grains d'un melange de terre calcaire, de terre alumineufe & de terre martiale , infoUible dans l'eau, & foluble avec eftervefcence dans I'acide vitriolique. II feroit poffible que cette terre pro- vint de la decompolition d'une portion de I'alun & du vitriol , par ks ditrolutions & cryftallifations auxquelles ces fels avoient ete foumis : peut- etre auffi cette portion de fer & de terre venoit-elle de ce que j'avois employe un peu trop d'alkali pour enlever I'exccs d'acide vitriolique con- tenu dans l'eau. ' . 1 • II fuit de ces differentes experiences , que 1 eau vitriolique de la mine d'alun del Mulino , pres Latera, contient par chaque livre i onces 6 gros d'une fubftance faline, alumineufe & vitriolique avec exces d'acide : Que cet exces d'acide efl: tel, que, pour le faturer, il faut employer 6 gros 46 grains d'allcali fixe : ^ , . , , Que fi on evapore cette meme eau apres que fon execs d'acide a ete neutralife par I'allcali fixe, on en retire onces. gros. grains. Alun • ••••■• i J 4^ Subftance vitriolico - martiale & alumi- neufe, qui cryftallife irr^gulierement. . . „ 4 ii Terre martiale & alumineufe infoluble dans l'eau » * +5 ■ Total 5 » 59 DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. i; Mais ce qui efl trcs-remarqiiable, c'eu c]u'on ne rctroiive plus par .uicuiic '. _ operation ultcrieurc le moindrc vcfti^e de I'.ilkali fixe employe. i- On trouve encore prcs dc l.i mine del jVlultno , dcs c.uix qui coiiticn- ncnt les memes fubftances falines, mais en moindrc qu.mtite; celle dont AnrJe 1777. M. Cadini ni'a rapporte une bouteille fousle N°. iz, a etc tiree dun bailin de 2^ pieds, environ, de circonference : cette eau , quoique froide, y eft dans un ctat de bouillonnemcnt continuel, fans cependant lortlr du baflin qui la renfermc. Les habitans de Lateia s'en fervent pour gueiir ks maladies de la peau qui fnrviennent i leurs animaux ; les vegetaux ou autrcs matieres qui tombent dans le ballin, le couvrent en peu de temps d'un depot aluniineux, qui a peu dc conliftance & qui s'cn detache aifement. An moment oii j'ai ouvert i Paris la bouteille de cette eau qui m'avoit iti remife par M. CalTini le fils , il s'en eft degage une odjur trcs-fbrtc de foie de loufre : cette odeur n'ctoit pas I'eftct de la putrefadion opsree pendant le tranfport, & il paroit, d'aprcs le memoire de M. Callii)i,que ces eaux ont la meme odeur di-s la fource meme. Cette eau etoit un peu laiteule , elle avoit un goiit ftiptique , accrbc, alumineux,& un exces d'acide trcs-marque. \Jne livre de cette eau mife k evaporer , m'a donne 1 gros 1 8 grains & demi d'un rdlidu noiratre , compail, fans figure r^guliere, qui attiroit rinimidite de I'air. Ayartt pouile au feu une petite portion de ce relidu , il y a blanchi en Tepandant une forte odeur d'acide fulfureux volatil. J'ai verfe de i'eau diftillee fur ce mcme relidu noir-, la partie faline s'cft ^ diffbute avec bcaucoup de facilite ; quant ^ la partie noire , elle eft de- meuree errante en flocons dans la liqueur, & je n'ai pu la ftfparer que par •filtration : cette portion infoluble dans I'eau m'a paru etre de nature bitu- mineufe. Aprcs avoir ainii dcbarralle la matiere lafine de la partie bitu- Tnineule qui y etoit unie , j'ai mis de nouveau ^ evaporer, dans I'efperance d'en obtenir des cryftaux ; mais quelques precautions que j'aie prifes , je n'ai pu obtenir qu'un relidu falin qui s'humeftoit aifement i I'air, & qui avoit un gout acide & ftiptique trcs-dcfagreable. Enfin ayant dilfous de nouveau ce relidu falin dans de I'eau diftillee, &' y ayant ajoute une petite portion d'alicali lixe vegetal , comme je I'avois fait pour I'eau vitriolique de la mine del AUtlino j il s'eft fait un precipite blanc, grisatre, qui !.'cft rediffous avec effervefcence ; ayant enfuite mis i evaporer, j'ai obtenu 1 gros -& demi trcs-jufte d'alun en beaux cryftaux trcs-fecs, mais qui confervcient -cependant encore Hn gotit martial. Ayant de nouveau dilFous cet alun dans de I'eau diftillee, & ayant fait la precipitation complette de la terre par un alkali , j'ai obtenu d'un cote , par voie de filtration , la bafc de i'alun coloree par U!i peu de fer, & de I'autre par evaporation du tartre . - vitriole. L'eau des environs de Latera,que M. Cadini m'a remife ibus le N^. 12, eft done une eau alumineufe avec Q\ch d'acide vitriolique, comme celle ^.d'MulinOj ^ j'exccption quelle efl moins chargee de matieres falines : 100 ABREGfi DES MEMOIRES ■MW'u'LMii.iii "■■ r'pl> de meme une efpece d'eau-mere d'aliin, qui n'a befoin pour donnet f^ . de veritable alun cryftallife , que de I'addition d'une petite portion d'al- kail nxe. Ann^e 177 7- Auprcs d'une prairie , appellee il Cereoni , & au fond d'une grotte percee horizontalement & perpendiculairement, fe trouve une autre fource ou plutot un baflin rempli d'une eau qui bout i froid avec plus de vio- lence que la precedente, & qui louleve une ecume blanche, jufqu'^ en- viron un demt-pied de fon niveau : cette eau a la mcme odeur defagreable que les precedentes , mais elle eft moins ftiptique •, elle a dans fa lource meme b-peu-pres le degrd de temperature des caves de I'obfervatoire. L'analyfe de cette eau , dont M. Caffini m'a remis une bouteilb fous le N°. I 5 , m'a donne la meme fubftance faline alumineufe avec exces d'acide , que les precedentes , mais en moins grande quantite, & je n'ai ob- tenu par evaporation d'une livre, qu'un relidu pefant 65 grains : ce refidu etoit noir, bitumineux, (^ins figure reguliere, & il attiroit Thumidite de I'air •, ayant verfe quelques gouttes d'alkali fixe en liqueur fur une autre portion de cette meme eau , j'ai eu un precipite grisatre-fonce qui s'eft rcdiffous , & en evaporant cette combinaifon , J'ai obtenu de veritable alun bien cryftallife. II parottroit d'apres cela, qu'il ne fuffit pas, pour former de I'alun, de combiner enfemble I'acide vitriolique avec la terre argilleufe, mais qu'il faut encore, comme I'a fait obferver M. Margraff, une addition d'alluli fixe ; de forte qu'on eft bien fonde ^ conclure que la bafe de I'alun n'eft pas • line terre fimple , comme Pont avance jufqu'i ce Jour tous les chymiftes , mais une combinaifon d'une terre avec un tiers ou moitie de fon poids d'alkali fixe. II paroit que I'union de cette terre avec I'alkali fixe eft fi in- time, qu'elle ne peut etre detruite par aucun desacides; c'eft-^-dire, en langage chymique , que la terre de I'alun a plus d'aflinite avec I'alkali fixe qu'aucun des acides connus : cette propriete de I'alun de s'unir aux alka- lis, meme en grande abondance & jufqu'au point de fatu ratio n •, a deji itt remarquee par M. Macquer, dans un excellent memoire qu'il a lu I'an- nee derniere ^ I'academie. La neceflitd de I'addition d'une portion d'alkali pour former de I'alun , fe trouve encore confirmee par une obfervation tres-intcreffante de M. Mo- net, fur la terre d'oii Ton tire I'alun de la Tolfa : I'examen chymique qu'il a fait des echantillons de cette terre, rapportes d'ltalie par M. Guettard, lui ont fait connoitre qu'elle contient une portion d'alkali fixe vegetal tout forme. C'eft fans doute k cet alkali qu'eft due la propriete qu'a cette terre de fournir de I'alun fans addition, & il eft probable que fans cette circonftance, on n'en tireroit que des fubftances falines, irregulieres & avec exces d'acide , comme je les ai obtenues des eaux vitrioliques de Latera. Si les fourccs dont Je viens de donner l'analyfe , etoient dans un pays ou I'alun flit moins commun, il feroit facile d'y etablir une fabrique e grand de ce fel : on a vu que la quantite d'alkali neceffaire pour transformer en DE L'ACADEMIE ROYALE DES sciences, lot en alim la fubflance faline de ces caiu , etoit du tiers environ de I'aliin — — — ■ qu'on obtenoit -, quoique raliin foil en general k tres-bas prix , il eft „ cependant dcs pays ou la potafle & ralkali lont ^ ll bon marthc, ^[ti'on '' ' '' pourroit arriver h en fabricjuer k uii prix qui ioutiendroit la concurrence Annie I?//, dans le commerce. II eft aife d'appercevoir que ces rdfultats ouvrent une carrier? d'cxpi- riences toutes nouveiles : il eft vr.iilemblable , en cffet, quo Talk Ji vege- tal n'eft pas le feul qu'on peut combiner avec la terre aigillcule pour tor- mer la h.\(^^UE1QUES circonftances , dont )e ne puis rendre compte dans ce moment, m'ont rendu dcpolitaire d'lin lecret dont I'application peut ctre de qucli^u'importance en chymie, & avoir quelque rapport avec les faits rapportes dans cc memoire •, en confequence, je crois devoir depofer cntre les mains de M. le fecretaire , le detail de ce qui s'eft paile ^ cet tgard, afin qu'on puiffe y recourir au befoin, qu'on foit h portee de diC- tinguer dans tons les temps ce qui m'appartient d'avec ce qui ne m'ap- iiarticnt pas , & qu'on ne puiffe pas me roup9omier d'avoir voulu m'attri- biier la decouverte d'un autre. Les falpetriers de Paris & ceux d'une partie du royaume , font dans I'uiage de mettre au fond des tonneaux ou cuveaux, dans lefquels ils lel^ (Ivent les terres & platras, un quart ou un tiers de cendres : ils remplif- fent enfuite le rede de chaque tonneau ou cuveau avec les matieres dont . ils fe propofent d'extraire le falpetre, & ils verfent enfuite de I'eau par- deffus pour en faire la leflive. Dans toutes les fabriques du Languedoc , au contraire, on leflive les terres ou gravois filpetres fans addition d'aucune efpece -, on concentre par Evaporation la leflive qu'on en retire, & on la fait paffer enfuite i travere une couche affez epaiffe de cendres de tamarifc. Cette preference exclullve , que donncnt anx cendres de tamarifc les falpetriers du Languedoc, a d'autant plus lieu de furprendre, que, d'apres ifs experiences de M. Montet, membre diftingue de I'acadcmie royale de Montpellier, confirmees depuis par celles de M. du Coudrai , capitaine au corps-royal d'artillerie , & correfpondant de cette academic, les cen- dres de tamarifc ne contiennent point du tout d'alkali fixe , mais du vrai fcl de Glauber, en affez grande abondance, & qu'on en peut retirer par lixiviation. Cette lingularite , dont M. Vend paroit avoir etc frappe le premier , (Encyclop^die , article Nitre) I'a porte \ croire que les cendres ne fer- voient pas, corame prefque tous les chymiftes I'avoient cru jufqu'alors, ^ dcconipofer, en raifon de leur partie alkaline, le nitre \ bafe terrcufe contenu dans la leflive des falpetriers, i en precipiter la terre, & ^ don- ner h I'acide nitreux une bafe d'alkali fixe. M. du Coudrai nieme, dans un memoire fur la meilleure methode d'extraire & de rafHner le falpetre, lu ^ I'acadjfmie & imprimd foils fon privilege en 1774. a era pouvoir DEL'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES, icj conclure que Ics ccndres ne fcrvoieiit qui dcgrailier la ciiite, & a (.\vo-^^m — rifcr 1.1 cryftaliifation du lalpetre a bafe d'alkaii Hxe vegetal, dcfi tout forint; „ dans la kkvc. ^ ^ . C a v m i Quelque confeqiiente que puifle paroitre cette conclufion , quelque Annie 17 77 contbrme qu'elle lerable aiix principes recus en chymie, les experiences contenues dans ce memoire feront voir qu'elle n'en eft pas plus vraie : elle liippofe la verite d'un principe abfolument faux; or, en attaquant le prin- cipe , ce fera derruire en meme temps la confequence. Je n'avois d'abord pour objet, en entreprenant ce travail, que de re- piter, pour ma propre inftrudion fur la cendre des falpetriers de Paris, ce qu'avoicnt fait Mrs. Moiitet , Venel & du Coudrai fur celle de tama- rifc , & je ne fuppofois pas qu'il put rclulter de ces experiences rien qui meritat d'occuper I'attention de I'academie : mais infenllbiement m'etant trouve conduit \ des rifultats tres-inattendus, & mon travail s'etant trouvi lie avec des fails intereffans relatifs i la theorie des doubles affinites, j'ai ete oblige de le divifer en deux manoires. Je me bornerai \ donner dans celui-ci I'analyfe de la cendre des falpetriers de Paris , )x examiner les diflerens fels qu'elle contient , quel peut ctre leur ufage dans la fabri- cation du falpetre; enfin, quelle eft I'adion de cbacun d'eux fur le nitre \ bafe terreuie. Je donnerai dans uu fecond memoire qui fuivra de pres celui-ci, quelques dtJtails fur Taction reciproque de I'eau-mere de nitxff, & de la plupart des fels vitrioliques & phofphoriques. En general , les cendres dont fe fervent les falpetriers de Paris , font i-peu-pres le rebut de celles qu'on emploie dans les autres arts. Des femmes , des enfans de la claffe la plus indigente d« peuple , & qu'on connoit fous le nom de ehiffbnniers & de chiffonnieres , de cendriers & de cendrieres , la ramalfent au coin des bornes, & la portent aux lalpe- triers, qui la leur paient deux fous lix deniers le boilfeau. (Cette mefure rafe eft environ de cinq cent quarante-deux pouces de folidite.) Ces cen- dres proviennent commun^ment de bois flotte , fouvent elles ont fervi aux blanchiffeufes , qui les ont deji lefllvees-, comme d'ailleurs elles font ramaffees dans les rues, elles y ont eprouve les intemperies de I'air, & ont iti lavees par I'eau du ciel & par les egouts des toits. Une preuve de la mauvaife qualite de ces cendres , eft le peu de cas qu'on en fair , & le bas prix auquel on les vend : on vient de voir qu'elles ne valcnt que deux lous (\x deniers le boiffeau , tandis que les cendres de bonne qua- lite, celles qui ont ete bien recuites, & qui contiennent tout leur alkali, font achetees par les blanchiffeufes Jufquk dix & douze fous la memc mefure. Toutes les faifons ne font pas egalement propres pour la recolte de la cendre', les falpetriers font obliges d'en faire provilion pendant I'hiver, & d'amaifer fous des hangards la quantite dont ils prelument avoir befoin pour le travail de toute I'annee. C'eft h un tas de cette efpece , dont la hauteur ctoit de dix ou douze pieds, fur une etendue affez coniiderable en tout fens, & qui avoit ete forme pendant I'hiver precedent, que j'ai pris la quantite de cendres dont j'avois befoin pour les experiences dont C c ij t. 134 ABREGfi DES MEMOIRES — — — ^— — )e vals rendre compte. J'ai obferve de f.iire tomber des portions de toiiWs ^ les couches indiftindemeiu , & pour qu'il y ei'lt plus d'uniformite J.ins routes Ics patties, & que la portion de cendns que je nie propolois d em- j4nn^e IJJJ- ploy r fiit en quelque facon un re(ultat moyen entre un grand nombre d'elpcces, j'ai fait meler long-temps i k pelle la quantite qui avoit ete abattue. J'ai mis vingt-cinq iivres de cefte cendre , c'eft-^-dire , un peu pins d'un boiffcau & dtmi dans un petit baril dcfoncd par un bout , anquel j'avois pratique par k bas un trou de quatre ^ cinq lign.s que j'avois garni de quelques brins de paille. J'y ai fait fucct fliVi-raent p.ilfer ditfe- rentes portions dVau bouillaiite, & j'ai continue d'cn ajouter de nouvclle Jufqu'i la concurrence de quarante pintes. La lelTive que j'ai obtcnue par ce precede etoit fenfiblcment infipide, elle etoit claire & limpide , mais rouHatre. Je i'ai mile en evapor..tion dans douze capfules de verre, au bain de (able, & i un degre de chalcut nn peu inferieur \ celui de I'eau bouillante •, j'avois foin de remplir les capfules \ mcfure que la liqueur s'evaporoit. Coiume la quantite d'eaii etoit conliderabie, cette operation a dure (x-x. fois vingt-quatre heures. Vers la fin de I'evaporation j'ai eu foin de reunir dans une nieme cap- fule la liqueur qui fe trouvoit dans plulleurs, & en operant avec precau- tion , je luis parvenu ^ ralfembler tout mon produit dans deux capfules feulement , I'une dejquellts contenoit des (els affez purs & alfez blancs , & I'autre des matieres extradlives fort epailTes , des efpeces d'eaux meres que j'ai eu peine ^ obterjir fous forme concrete. Ces deux relidus pefoient enfemble douze onces fept gros dix-huit grains , ce qui revient affez exac- tement ^ une demi-once par livre de cendres. J'ai enfuite precede avec I'attention la plus fcrupnleufe ^ I'examen de ces deux relidus, en les lavant chacun fuccellivement & feparement avec de I'eau tiede & avec de I'eau bouillante , & en divifant en differentes fraftions les fels que j'obtenois par evaporation de chacun de ces lavages. Comme il eft intereffant, dans les experiences, de doniier le detail des precedes qu'on a fuivis, & que cette irraniere eft la feule qui puilfe in(^ pirer de la confiance au ledleur , je vais tranfcrire ici le detail de chaque operation , tel qu'il fe trouve infcrit fur mon journal d'experience ; Je puis repondre de I'exaditude & de k fidelity la plus fcrupuleufe dans chacun des refultats. DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. 105 Y ^t I I. Prow ITS obtcnus par Evaporation du lavage du premier r^fidu. r Premier Lavage tiede, Annie ii^j. Ire. Fradtion. I „' j Sel de Glauber „ "■ , ^o_ lie- Fr.idion. n° . 5. Scl de Glauber "• , ,i_ Ille. Fr.iclion. /i°. 4. Sel marin „ _ ^ " j, g^j IVe. Fradion, n°. 5. Sel mariii impregne de matieres ex- tradives & comine gralTcs " 2. " 1. r. 66. Second Lavage chaud. ' ' ~* Ire. Fracftion. n°. 6. Tartre vitriole ••«■ 7. ^g^ lie- Fradion. n". 7. Tartre vitriole _ „ ." , 2.' ,4! Ille- Fradion. n". 8. Tartre vitriole ZZ'Z'"""'. " 6. 17. IVe- Fradion, n". 5?. Sel marin mcle dc qiielqiie pen dc tartre vitriole , & d'lm pen de nu- tiere graffe & extradive "- o "' "■ Ire. Fradton. n'.ii. Tartre vitriole tres- pur ..........I.......... i. " ^6. II«- Fraftion. «'. 2z. Sel marin imbibe de matiere extradive. *■•■ 1. 12. I. 1. 48. Troifieme Lavage, Irp- Fradlion. n'.z;. Tartre vitriole, & fel en aiguilles " i. 18. Ile^Fradien. rt°. 24. Tartre vitrioIe.......„ „ ..-. "" •"'" 52. „:_ .. "I. 7c. Portions infoLublcs. Fraftion unique. 72°. 25. Selenite „ „.....'.....„........... "" i. 52. Matiere relino-extradive , foluble dans I'eau & dans I'e/prit de vin "■ 4. 60. Matiere extradive, foluble feulement dans I'eau " 2. "■ '' 6. 6c. DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES, xzj Recafztvlation, trtc. gros. gr. V Premier Lavage i. 2. 66. \ 1 Deuxienie Lavage... j. 6. 51- I t Troilieme Lavage... " 5. }o. | one. Premier Relidtl. / Qu.itrieme Lavage... "■ 3. 24. I Cinquieme Lavage. " 5. 38. I Sixieme L.irage '''■ i. "■ l^ Portions infoiubles.. i. 2. 6c. I Premier Lavage 2. " 42. k Second Rdfidn. / Deu.ieme Lavage... , 2. 48. \ ^ 1 roilieme Lavage.... " 1. 70. / ' I Portions infolubies.. " i. 5-- I Parties rcfineufes & extraftives "■ T O T A L „ TIT groi. I. Si- ll Y M I £, Annie 1777. ^. 4S. 60. iS. ReC APJTV lAT I O VI par efpece de Sels des produits ohtenus de 25 Uvres de cendre de Salpitriers. Nota. Tons les articles de cette Recapitulation ne cadrent pas cxaifle- ment avec les details prec^dens , ^ caiife des evaluations cju'on a cte oblige de fairs relativement aux melanges de differens fels , & a la quantitc de matiere extradive qu'ils pouvoient contenir. one. groi. gr. Silinite „,. 1 . 4. 20. Sel en aiguilles de nature inconnue „ „ " 5. 45. Tartre vitriolc 5. 7. 56. Sel marin„ „ „ .„ 2. 6. 30. Sel de Glauber- ., " 7. ". Matiere rellno-extradive , foluble dans I'efprit de vin & dans I'eau „ " 6. 31. Matiere extractive foluble feulemcnt dans lean " 2. 12. 7. 18. C H Y M I E. 108' ABREGfi DES MEMOIRES Recafi TU L^Tio N des mimes produits rapportis au Quintal, Ann^e t'JJJ, Vw. one. gios. gr, Selcnlte ....'....'.....„............ ................r...;...... " 6. 1. 8. Sel en aiguilles de nature inconnue *■•■ 2. 6. ^6. T^rtre vitriold i. 7. 6. " Sfl niaiin " 11, i, ^8, Sel de Glauber *■*■ 5. 4. "" Matiere relino-extradlive....,..,. *■*■ 5. i, ^1, Matiere extraftive "■ i. "■ "■ TOTAL des feis par quintal de cendre 3. 5. 5. RACAP ITU tATiON des memes produits , rapportcs au boiffeau des Salpetriers de Paris, en fuppojant t°. que cette mefure ejl de 5^z pouces de Jblidite ; 1°. que la cendre qu'il contient , mefurie prefque rafe , pefe i6 livres iz onces ; j°. que le quintal de cendre tfquivaut a fix boijfeaux. one. gros. gr, Sclenite "....„.,.,.....'„. '. 1. " j 5. .Sel en aiguilles de nature inconnue , " 5. t^. Tartre vitriole 5, 7. 48. Sel marin i. 6. 68. Sel de Glauber " 4. 48. Matiere relino-extradlive "■ 4. ii. Maticxe extradlive „ " i. 24. 8. 4. 60. Cette analyfe de la cefidre me famenoit ^ Tobfervation faite par Mef- Ccurs Venel & du Coudray •, favoir , que les falpetriers emploient des cendres qui ne contiennent que des fels neutres, & point du tout d'alkaii fixe ^ nu : il n'etoit plus queftion d'apres ccla que de diriger mes expe- riences de maniere i determiner, 1°. fi de pareilles cendres fervoient rcellement de quclque chofe dans la fabrication du falpetre; 2°. en fup- pofaiit raffirmative , quel pouvoit etre Icur ufage : ces deux objets in'ont determine h adopter le plan d'experiences qui fuit. J'ai pris deux petits barils defonces par un bout & perces d'un trou par le bas -, j'ai mis dans chacun douze livres de cendres de falpetriers, parfaitement Icliivees , & dans Icfquelles je ne pouvois pas foupconncr qu'il rcftat d'autre fel neutre que de la felenite : j'ai fait pallet fur I'un une quantite mediocre d'eau-mere de nitre, telle que je I'avois prife chez un falpetricr, & fculement etendue de beaucoup d'eau : j'ai fait en meme temps pa(fer fur I'autre une eau-mere que j'avois compofee moi-meme , en failant dilloudre de Li craie de Champagne dans de I'acide nitreux tres- pur, II Y M I E. DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES, too piir. Quoicjue j'aie repaflc chacune dc ces eaux-meres cliaudes iin grand nombre de fois fur Ics filtres ci-deffus, je nc me fuis pas appercu cjuc ces titrations repetces y eulTcnt apporti aucun chaiigcmcnt Icnlible; I'eau- mcre srtificielle , cl'Hc que j'avois faite nioi-nK-mc, ii'a pas doiine par Annie fJTJ-. evaporarion un fciil atome de falpitrc ^ bafe d'allcali fixe. Quant \ I'eau- lucre des falpetriers, ayant conipari par des experiences trcs-exades celle qui avoit patfe iiir des cendres lellivees, avec celle qui avoit ete evaporee dircdement , il ne m'a pas etc poflible de d^couvrir la plus legere diffe- rence dans les rclultats. Certain, d'apres ces experiences, que les cendres bien Icflivees n'a- voient aucune action fur I'eau-mere de nitre, & que cette derniere en rellortoit comme elle y ctoit entree , Je commencai \ foupconner que let cendres, lorfqu'elles ne contenoient point d'alkali fixe, ne fervoient ab- folument \ rien dans la fabrication du falpstre, & que c'etoit par un ufage ancien, line efpcce de routine, qu'on employoit en Languedoc celles de tamarifc •, mais cette confequence, comme on va le voir, etoit preci- pitce, & Je fus bientot detrompe par I'experience qui fuit : Je pris vingt-cinq livres de la raeme cendre des falpe;riers, non lefll- vee, dont j'ai donne ci-delTus Tanalyfe ; Je la mis d.iiis un petit baril de- fence, tel que Je I'ai dccrit plus haut, & J'y fis palFer de la mcme eau- niere artificielie etendue d'eaii que J'avois compofee moi-meme , & dans laquelle j'ctois par confequent iiir qu'il n'exifloit que de I'acide nitreux & de la tcrre calcaire. Ce fut avec bien de la furprife, qu'ayant fait cva- porcr cette eau-merc apres qu'elle eut ainli patfe phiiieurs fois fur la cen- dre, J'en obtins prcs de fept onces de trcs beau faipetre, que je reconnus par une fuite d'experiences etre ^ bafe d'alkali vegetal , & dont en effet je retirai par la detonation avec la poudre de charbon environ cinq onces de veritable alkali fixe, femblable h cclui qu'on retire du tartre. Deux confequences lliivcnt naturellement de cette experience & de la preccdente-, la premiere, que les cendres, nieme celles qui ne contien- nent aucune portion d'alkali fixe \ nu , peuvent fervir \ convertir en vrai faipetre une portion ad'ez conllderable de nitre \ bafe terreufe ; la fe- conde, que cette propriete de la cendre ne confide pas dans fa partle ter- reufe , mais dans la portion faline ou fokible dans I'eau ; c'eft en conie- quence vers cette derniere portion de la cendre que J'ai dirige les expe- riences dont il me refte \ rendre compte. J'ai lefllvc de nouveau \ I'cau bouillante une portion de la meme cendre des falpetriers que ci-delTus', & aprcs ra'etre afi'ure que cette leflive ne con- tenoit pas plus d'alkali i^ nu que dans les premieres experiences, Je J'ai verfee fur de I'eau-mere de nitre •, aulli-tot la liqueur s'cft troublce, & au bout de quelques inftans il s'eft ralfemble au fond du vafe tin pr^cipiti blanc, qui, lave & fechs, s'eft trouve etre une veritable felcnite; ayant fait evaporer I'eau furnageante , Je n'en ai obtenu que du fel marin & du fai- petre, njais pas un atoine ni de fel de Glauber, ni de tartre vitriole. II etoit evident, d'apres cela , que le nitre que J'avois obtenu dans cette cxperii-nce, avoit cte forme aux dcpens du Icl dc Glauber & du tartre Tome XVL. Partie Fran^oije, Dd lie ABRECE DES ME MOIRES ' ■M^— vitriole contenus dans la cendre , on plutot d.ins fa leffive , & il ne ni*^- C H y jii I I *°'^ P''' poffible de douter qu'il ne fe fut opere line double decompo- ^ition en vertu d'une double aftinite ; que d'une part , Tacide vitriblique Ann^e iJ^J- 4'" eutre dans la compolkion de ces fels ne fe fut combine avec la terre calcaire de I'eau-mere pour former de la felenite, & que de I'autre I'acide nitreux ne le fut cmpare de la bafe alkaline du fel de Glauber & du tartre vitriole pour former de veritable falpetre. Je ne me luis pas contente de cette feule experience pour prouver I'adion reciproqiie de I'cau-mere de nitre, du fel de Glauber & du tartre vitriole-, J^'ai cm devoir la confirmer par des experiences plus direftes, J'ai mis en confequence de I'eau-mere de nitre tres-pure etendue d'ea,u dans ditferens verres, & j'ai verfe deffus une folution , non-feulement de tartre vitriole & de fel de Glauber, mais encore de tous les fels neutres vitrioliques connus , & je me fuis affurc qu'avec tous il y avoit decom- polition de Teau-mere; que d'une part, il fe formoit de la felenite qui fe precipitoit au fond du verre, faute de trouver une fuffilante quantite d'eau pour etre tenue en dilfolution , & que de I'autre il fe formoit dirterens lels nitreux, fuivant la nature de la bafe des fels, k I'aide defquels on avoit opere la decompolition. La fuite de ces experiences fur la decompofition de I'eau-mere de nitre par les difterens fels vitrioliques , quelle qu'en foit la bafe , etant deftinse pour le fecond memoire que j'ai annonce, je ne m'etendrai pas davan- tage dans celui-ci , & je me bornerai ^ quelques reflexions relatives i foil objet, c'eft-^-dire, \ la fabrication du falpetre. 11 eft evident, d'apres tout ce qui vient d'etre dit, que les cendres qu'on cmploie dans la fabrication du falpetre ne fervent pas (culement en railon de la partie alkaline qu'elles contiennent 'k nu ■, qu'elles agiffent encore en raifon de la partie alkaline qu'elles contiennent dans un etat de neutra- lite , & combine avec I'acide vitriolique. Aind , peu importe qu'on em- ploie pour decompofer I'eau-mere, & pour la convertir en vrai falpetre, im alkali fixe \ nu , ou un fel vitriolique ^ bafe d'alkali •, I'efFet eft le meme , & I'acide nitreux, dans les deux cas , va chercher de preference I'alkali contenu dans le fel, & en dcloge I'acide vitriolique. La decouverte qu'a faite M. Baume de la decompofition dil tartre vi- triole par I'acide nitreux ^ nu, etoit dejil un premier acheminement ^ cette verite, & elle prouve qu'il eft une infinite d'operations cbymiques qui demandent i etre revues & examinees foils un point de vue nou- veau , qu'il y a encore des decouvertes ^ faire fur les objcts les plus fami- liers en chymie, & qui paffent le plus habituellement par nos mains. Ce qu'on peut conclure de ce memoire , d'applicable k la pratique de I'art des falpetriers, c'eft i''. Que la cendre ne lert point a degraiffer le falpetre, comme on I'a cru long-temps, & comme on etoit encore en droit de le croire , d'apres I'obfervation faite par M. Venel & par M. du Coudray. 2". Qu'il n'eft pas neceffiire que I'alkali, dans les cendres, foit i nu , pour operer la decompolition de I'eau-mere; que pourvu que la cendre contienne des fels vitrioliques ^ bafe d'alkali fixe, I'eftet eft le meme. DE L'ACADEMIE ROY ALE DES SCIENCES, ur Tout ceci pent encore nous conduire ^ d'aiitres reflexions importantes —■" fur le travail des ialptftriers, & c'eft par ou je terminerai ce mimoire. c „ y m i i Les cendres que j'ai examinees ne contiennent en tout que quatrc onces & demie environ par boifleau de fels vitrioliques k bafe dilkali fixe. Annde 1777 Or, ces fels eux-miaics contenant environ les fspt huitiemes de leur f)oids d'aikali fixe , il s'enfuit qu'un boilTeau de cendres ne contient rcel- ement que quatre onces d'aikali fixe : ce boifleau coute aux falpctriers deux fous fix dcniers-, d'oii il fiiit que les falpctriers achctent reellement Talkaii qu'ils emploient dix fous la livre, tandis que la potaffe, qui eft un alkali prefque pur, ne vau: tout au plus que huit k neuf fous dans le commerce. II eft done prouve que fous ce point de vue il feroit beau- coup plus avantageux pour les falpctriers d'eniployer la potaffe que la cendre. Mais une autre conlideration non moins importante balance cet intcret; le boiffeau de cendres, corame on I'a vu plus haut, contient pres dc deux onces de fel marin : or le lei marin contenu dans la cendre palie dans la leffive, & deli dans la cuite, enfin, en derniere analyfe , il eft livre k Tarfenil mcle dans le filpetre brut,- cu bien , fi la cuite en contient trop , & qu'il en ait, ete fepare , il eft repris par la ferme gsnerale fur le pied de fcpt fous la livre, ou vendu en fraude au public au moins au prix de dix faus. Deux onces de fel marin reprefentent done pour le falpetrier au moins un fou , de forte que le boilTeau de cendres ne lui coute reelle- iiient qu'un fou C\x deniers. -< Le calcul precedemment fait n'cft done pas exaci pour le falpetrier; quatre onces d'aikali fixe que contient le boitfeau de cendres ne liii coii- tcnt reellement qu'un fou lix deniers, ce qui ramene pour lui i fix fous la livre le prix de I'alkali contenu dans les cendres : il trouve done pins d'avantage h fe fervir mcme de mauvaife cendre , que de potafie ■, h plus forte raifon , lorfqu'il peut mettrc la main fur quelque partie de bonne cendre. Le paiement de fept fous par livre qui fe fait aux falpetriers pour le fel marin qu'ils livrcnt i I'arfenal, paiement qui a pour objet d'encouragcr leurs travaux, eft done fulceptible de beaucoup d'inconveniens, relative- ment i la fabrication du falpetrc , puifqu'il s'oppofe ^ ce que les falpe- triers emploient de la potaffe dans leurs travaux. II feroit i fouhaiter qu'on put convertir cctte depenfe en une augmentation de prix du filpetre \ mals , d'un autre cote , I'interet du roi , relativement i la vente excluiive du fel, femble mettre un obftacle invincible k cet arrangement. Une reflexion fingulierc que prcfente cette difcuffion , c'eft que la quef- tion de favoir s'll eft plus avantageux pour les falpetriers de fe fervir de potaffe que de cendres pour la fabrication du falpetrc, tient ^ I'exiftencc du privilege exclulif de la vente du fel', tant il eft vrai que, dans les arts, les queftions phyfiques fe compliquent prefque toujours avec des quef- tions politiques, & qu'il faut etre lent i prononcer, jufqu'4 ce qu'on ait envifagc fon objet fous tous les points de vue qu'il faut prefentcr ! D d ij iii ABREGiDESMEMOIRES C H Y M I E. Anne'e 1777. EXPERIENCES S U R LA RESPIR-ATION DES ANIMAUX, Etfur Us changemens qui arrivent a I'Air en pajfant par leur poumon4 Par M. Lavoisier. M^m. JL^E tons les phenomenes de I'economie animale, il ii'en eft pas de plus frappant ni de plus digne de I'attention des phyliciens & des phyliologif- tes, que ceux qui accompagnent la refpiration. Si d'lin cote nous con- ^ noiffons peu I'objet de cette fondtion linguliere , nous fivons d'un autre quelle eft li eflentielle ^ la vie, quelle ne pent etre quelque temps fuf- pendue, fans expofer I'animal au danger d'une mort prochaine. L'air , coniine tout le monde fait, eft I'agent, ou (plus exaclement) le fujet de la refpiration; mais en meme temps toutes fortes d'air, ou plus generalement toutes fortes de fluides elaftiques, ne font pas propres ^ I'entretenir , & il eft un grand nombre d'airs que les animaux ne peu- vent refpirer fans perir aufli promptement, au moins, que s'ils ne refpi- roient point du tout. Les experiences de quelques phyliciens, & fur-tout celles de Mrs. Hales & Cigna , avoient commence a repandre quelque lumiere fur cet impor- tant objet : depuis , M. Prieftley , dans un ecrit qu'il a public I'annee der- niere h Londres , a recule beaucoup plus loin les bornes de nos connoif- fances, & il a cherche ^ prouver , par des experiences tres-ingenieufes, tres-delicates & d'un genre tres- neuf, que la refpiration des animaux avoit la propricte de phlogiftiquer fair, comme la calcination des m^taux & plulieurs autres precedes chymiques, & qu'il ne ceifoit d'etre relpirablc qu'au moment ou il ctoit furcharge, & en quelque facon fature de phlo- giftique. Quelque vralfemblable qu'ait pu paroitre, au premier coiip-d'oeil , la theorie de ce celebre phyficien , quelque nombreufes & quelque bien fai- tes que foient les experiences fur lefquelles il a cherche i I'appuyer, J'a- voue que je I'ai trouvee en contradi<5tion avec un li grand nombre de plienomenes, que je me fuis cru en droit de la revoquer en doute : j'ai iravaiUe en confequence fur un autre plan, & je me fuis trouve invinci- blement conduit, par la fuite de mes experiences, i des confequences toutes oppofees aux liennes. Je ne m'arreterai pas dans ce moment h dit- cuter en particulier chacune des experiences de M. Prieftley, ni k faire • voir comment elles prouveut ^outcs en faveur de I'opinion que je v;iis DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. uj developper dans ce memoire -, je me contcnteraj de rapporter cclles qui i^^— ^— ^— me font propres, & de rendre compte de leiir r^fiiltat. ' J'ai renferm^ dans iin appareil convenablc, & dont il feroit difficile ds '^ ^ "^ ' ^' donner line idee fans le fecours de figures, 50 pouces cubiques d'air Ann/e 7777. ci^mmun : j'ai introduit dans cct appareil 4 onces de mercurc trcs-pur, ///• & j'ai precede h la calcination de ce dernier, en I'entretenant pendant doiize jours h un degre de chaleur prefcju'egal k celui qui eft ncceffaire pour le (-aire bouillir. II ne s'efl: rien paffe de remarquable pendant tout le premier jour : l* mercure, quoique non bouillant, etoit dans un etat d'evaporation conti- nuelle •, il tapilioit TintL-rieur des vaifleaux de gouttL-lettes , d'abord tres- fines, qui ailoient enfuite peu-i-peu en augmentant, & qui, lorfqu'elles avoient acquis un certain volume, retomboient d'elles-memes au fond du vafe : le fecond jour, j'ai commence h voir nager fur la furface du mer- cure, de petites parcelles rouges, qui, en peu de jours, ont augmentc en nombre & en volume; enfin, au bout de douze jours, ayant celle le feu & lailfe rcfroidirles vaifleaux, j'ai obferv^ que I'airqu'ils contenoient etoit diminue de 8 ^ 9 pouces cubiques, c'eft ii-dire, environ d'un lixieme dc • fon volume ; en mcme temps il s'ctoit forme une portion affcz confid^a- ble & que j'ai evaluee environ ^ 45 grains, de mercure precipite /ffr/tf^ aiitremcnt dit, de ckaux de mercure. Cet air, ainii diminue, ne prifcipitoit nullement I'eau de chaux ; mais il cteignoit les lumieres, il failbit perir en peu de temps les animaux qu'on y plongeoit, il ne donnoit prefque plus de vapeurs rouges avec I'air ni- treux , il n'^toit plus fenhblement diminue par lui ; en un mot , il etoit ' dans un etat abfolument mephitique. On iait par les experiences de M. Prieftley & par les miennes , que le mercure precipitc perfe , n'eft autre chofe qu'une combinaifon de mercure avec un douzieme environ de fon poids, d'un air beaucoup meilleur & beaucoup plus refpirable , s'il eft permis de fe fervir de cette expredion , que I'air commun : il paroilJoit done prouve , que dans I'experience pri- cedente, le mercure, en fe calcinant, avoit abforbe la partie la meilleure, la plus refpirable de I'air, pour ne laiffer que la partie mephitique ou non refpirable; I'exptfrience fuivante m'a confirm^ de plus en plus cette verite. J'ai foigneufement rafTemble les 45 grains de chaux de mercure qui s*^- toient formes pendant la calcination precsdente ; je les ai mis dans une • trcs-pttitc cornue de verre, dont le col, doublement recourbe, s'enga- gcoit fous tine cloche remplie d'eau , & j'ai procede ^ la redu(ftion (ans addition. J'ai retrouvd, par cette operation, i-peu pres la nieme quantitff d'air qui avoit cte abforbee par la calcination, c'eft-i-dire, 8 ^ y pouces ' cubiques environ, & en recombinant ces 8 ^ j> pouces avec I'air qui avoit ' ete vicie par la calcination du mercure, j'ai rctabli ce derjiier afl'.-z exac- ternen: dans I'etat oii il etoit avant la calcination, c'eft-a-dire, dans rdtar d'air commun : cet air, ainii retabli, n'eteignoit plus les lumieres, il ne- f lifoit plus perir les animaux qui- le refpiroicnt ; enfin , il etoit prcfmie autant diminue par I'air nitreux que i'air de i'atmofphere. C H V XI 1 E. ii4 A B R E G £ D E S M E M O I R E S I Voilk I'efpece de preuve la plus complette ^ laqiielle on puifle arriver en chymie, la dcconipofition de I'air & la recompolition •, & il en rcfulto evidemment, i^. que les cinq fixiemes de I'air que nous refpirons, font, Annee IJJJ- ainli que je I'ai deja annonce dans un precedeji: mcmoire , dans I'etat de mofettc, c'eft-a-dire, incapables d'entretenir la refpiration des animaux , I'iiiflammation & la combuftion des corps : i". que le furplus, c'eft-i dire, iin cinquieme feulement dii volume de I'air de ratmofphere eft rcfpira- ble j°. que, dans la calcination dii mercure , cette fublbnce metallique abforbe la partie lalubre de I'air, pour ne lailTer que la mofette : 4°. qu'en rapprochant ces deux parties de I'/.ir ainfi feparees, la partie refpirable & la partie mephitique , on refait de I'air ferablable \ celui de I'atmofphere. Ces verites preliminaires fur la calcination des metaux, vont nous con- duire \ des conlequences fimples fur la refpiration des animaux , & comnie I'air qui a fervi quelque temps \ I'entretien de cette fonttion vitale , a beaucoup de rapport avec celui dans lequel les metaux ont etc calcines , les connoiflances relatives \ Tun vont naturellement s'appliquer \ I'autre. J'ai mis un moineau- franc fous line cloche de verre remplie d'air com- .mun, & plongee dans une jatte pleine de raercure", la partie vuide de la cloche etoit de 3 i pouces cubiques : I'animal n'a paru nuUement affefte pendant les premiers inftans-, il etoit feulement un peu affoiipi : au bout d'un quart-d'heure il a commence i s'agiter; fa refpiration eft deveiuie pe- nible & precipitee , & \ compter de cet inftant , les accidens ont ete en augmentanti enfin , au bout de 55 minutes il eft mort avec des efpeces de mouvemens convulfifs. Malgre la chaleur de I'animal , qui neceflaire- nient avoit dilate pendant les premiers inftans I'air contenu fous la cloche, il y a eu une diminution fenfible de volume : cette diminution etoit d'un quarantieme environ \ la fin dii premier quart-d'heure; mais loin d'ang- menter enfuite, elle s'eft trouvee un peu moindre au bout d'une demi- heure , & lorfqu'apres la raort de I'animal , fair, contenu fous la cloche a eu repris la temperature du lieu ou fe faiioit I'expdrience , la diaiinmion ne s'eft plus trouvee que d'un foixantieme tout au plus. Cet air , qui avoit ete ainfi refpire par un animal , etoit devenii fort different de I'air de I'atmofphere i il precipitoit I'eau de chaux, il etcignoit les lumieres , il n'etoit plus diminue par I'air nitreux-, un nouvel oifeaii que J'y ai introduit n'y a vecu que quelqucs inftans; enfin, il etoit entie- « rement mephitique, & i cet egard il paroifloit affez femblable \ celui qui etoit refte apres la calcination du mercure. Cependant, un examen plus approfondi m'a fait appercevoir deux dif- ferences trcs-remarquables entre ces deux airs , je veux dire , entre celui qui avoit fervi \ la calcination du mercure, & celui qui avoit fervi ^ la refpiration du moineau-franc : premierement , la diminution de volume ayoit ete beaucoup moindre dans ce dernier que dans le, premier; fecon- dement, I'air de la refpiration precipitoit I'eau de chaux, tandis que I'air de la calcination n'y occalionnoit aucune alteration. Cette. difference d'une part entre ces deux airs, & de I'autre la grande analogie qu'ils prefentoient ^ bcaucoqp d'egards , m'a fait prefumer qu'il I DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES, i,^ k compliquoit dans h rcfpiratioii deux caufes, dont probablcmcnt jc ne — — — — connoUrois encore qii'iine (cule, & poiir cclaircir nies foiipcoiis a cet cgard , p j'ai fait I'expsrience fuivante. J'.ii fait paiFer fous line cloche de verre rcmplie de niercure & plongee Ann^e ^777' dnns du itiercurc, ii polices d'air vicie p.ir la refpiration, & j'y ai iiitro- duit line petite coiiche d'alk.ili hxe caiiftique : j'aurois pu me fervir d'eau de cliaiix pour le nieine ufiigei mais le volume qu'il auroit ete nsceflaire d*en employer, auroi: etc trop conliderable , & auroit nui au fiicccs dc I'expcrience. L'eftet de I'alkali cauftique a ete d'occaUonner dans le volume de cet air une diminution de prcs d'un lixieme i en mcme temps I'alkali a perdu en partie fa caufticite, il a acquis la propriete de faire erfervefcence avec les acidcs, & il s'eft cryftailife fous la cloche meme en rhomboides tres- reguliers, proprietes que Ton fait ne pouvoir lui etre communiquees qu'au- tant qu'on le combine avec I'efpece d'air on de gaz , coniuie fous le nom 6' air fixe , & que je nommerai dorinavant aclde crayeux c'eriforme (a); d'oii il rcfulte que fair vicie par la refpiration contient pres d'un (Ixicme d'un acide acriforme , parfaitement ferablable i celui qu'on retire de li- craie. Loin que I'air, qui avoit ete ainfi depouille de fa partie fixable par I'al- 'kali cauftique, eut ete retabli par-li dans I'etat d'air commun , il s'ctoit -au contr.iire rapproche davantJge de I'air qui avoit fervi ^ la calcination xJu mercure, cu plutot il n'etoit plus qu'une feule & meme chofe ; comme lui, il faifoit perir les animaux, il eteignoit les lumieresi enfin , de toutes les experiences de comparaifon que j'ai faites avec ces deux airs , aucune ne m'a pu laiffer appercevoir entr'eux la moindre difference. Mais fair qui a fervi h la calcination du mercure, n'cft autre chofe, ■comme on I'a vu plus haut , que le rclidu mtiphitique de I'air de I'at- mofphere, dont la partie ^minemment refpirable s'eft corobinee avec le mercure pendant la calcination •,• done, I'air qui a lervi k la refpiration , lopfqu'il a ^te depouille de la portion d'acide crayeux airriforme qu'il con- tient , n'eft egalement qu'un rciidu d'air commun prive de fa partie ref- -pirable : & en etiet, ayant combine avec cet air environ un quart de fon Volume d'air eminemment refpirable , tire de la chaux du mercure, je I'ai fa) H y a iiJA long-temps que hs phyficiens & les chymiltes fement la m-ccditt' de changer la denomination tres-impropre d'.j;r ffxe , airfxe, airfixahlt , je \\i\ ai UibfiitiicS, • dans fe premier volume de mes cpufcules phyfiques & chymiques, le nom de fluije elafli- qut , mais ce nom g^ndrique qui s'appiique a une clafle de corps triis-nomfareDX , ne pou- Toit I'ervir qu'en en attendant un autre : aujourd'hui, je crois devoir imiter la conjuice des anciens chymiftes ; ib ddfignoient chaque iubfiance par un nom generique qui en exprimoit la nature , & i!s le fp^citicien'l ^jar one I'cconde denomination qui de'fignoit ie corps d'oii ils avoient coutume de la tirer : c'eft ainli qu'ils ont donne le nom i'acide fiirioliqui , & I'acide qiiM.'s retiroient du vitriol, le nom i'aciJe marin, k celui qu'ils tiroient du lei marin, &.c. Par une luite de ces mL'mcs principcs , je nommerai aade ii la crjie, acide cmyvtx , la fubfiance qu'on a d^fignee jufqu'ici fous le nom d'jir fixe ou air fixiy par la raifcn que c'eft de la craie & des terref calcaires que nous tirons le plus communi- Inent cec acide ; 8c j'appellerai aeitk (.rayenx acriforme celui qui ic prdentera fous forme d'air. 11(5 ABREG6 DES MEMOIRES ■ti retabli dans fon premier et.it , & je I'ai rendu aulli propre que I'air com- f, nnin, foit ^ la refpiration, foit ^ I'entretien des lumieres, de la Hieme itia- u H Y M I . j^jj,|.g qjig jg I'jvois fait avec I'air qui avoit etc vicie par la calcination des Annie tfij. metaux. II refulte de ces experiences, que, pour ramener \ letat d'air comraun & refpirable , I'air qui a ete vicie par la refpiration , il f lut operer deux effets : i". Enlever \ cet air, par la chaux, ou par un alkali cauftique, la portion d'acide crayeux aeriforme qu'il contient. 2". Lui rendre une quan- tite d'air erainemment relpirable, ou dephlogiftique , egale ^ celle qu'il a perdue. La refpiration, par une fuite neceffaire , opere I'inverfe de ces deux eftets, & je me trouve i cet egard conduit i deux confequences ^galement probables, & entre lefquelles I'experience ne m'a pas mis en- core en etat de prononcer. En eftet, d'apres ce qu'on vient de voir, on peut conciure qu'il arrive de deux chofes I'une, par I'cffet de la refpiration : ou la portion d'air erai- nemment refpirable, contenue dans I'air de I'atmofphere, eft convertie en acide crayeux aeriforme en paflant par le poumon ; ou bien il fe fait un cchange dans ce vifcere. D'une part , I'air eminemment refpirable eft ab- lorbe; & de I'autre , le poumon reftitue i la place une portion d'acide crayeux aeriforme prefqu'egale en volume. La premiere de ces deux -opinions a pour elle une experience que j'ai dejk communiquee \ I'academie. J'ai fait voir, dans un memoire lu \ la feance publique de Paques 1775, 1^^^ ^^^^ eminemment reipirable pou- voit etre convert! en totalite en acide crayeux aeriforme par une addition de poudre de charbon, & je prouverai dans d'autres memoires qu'il eft plulieurs autres moyens d'operer cette meme converlion. II eft done pof- lible que la refpiration ait cette meme propriete, & que I'air eminemment refpirable, qui eft entre dans le poumon, en relforte en acide crayeux aeriforme-, mais d'un autre cote, de fortes analogies femblent militer en faveur de la feconde opinion , & porter \ croire qu'uiie portion d'air emi- nemment refpirable , refte dans le poumon , & quelle s'y combine avec Ic fang. On fait que c'eft une propriete de I'air eminemment refpirable de communiquer la couleur rouge aux corps, & fur-tout aux fubftances me- talliques auxquellcs il eft combine-, le mercure, le plomb & le fer en four- niffent des exemples; ces metaux forment avec I'air eminemment reipira- ble , des chaux d'un beau rouge , la premiere , connue fous le nom de mercure pr^cipite per Je , ou de mercure precipite rouge ; la feconde, fous le nom de minium; enlin la troifieme, fous le nom de cokothar. Les memes effets, les memes phenomenes fe retrouvent, comme on vient de le voir, & dans la calcination des metaux, & dans la refpiration des ani- maux-, toutes les circonftanccs font les memes, jufqu'i la couleur des re- fidus. Ne pourroit-on .pas en induire que la couleur rouge du fang eft due ^ la combinaifon de fair eminemment refpirable, ou plus cxadement, comme jc le fcrai voir dans un prochain memoire, h la combinaifon de la bafe de I'air eminemment refpirable avec une liqueur animale, de la meme maniere que la couleur rouge du mercure precipite rouge & du minium Y M I E. F, DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. ii^ minium eft due i la combinaifon da la bale de ce meme air avec une ■ fiibftance nititallique ? Qujiqiie M. Cigna, M. Prieftley & les auteurs mo- -, dernes qui fe font occupes de cet objct , n'aienr point tire cette confc- " quence, j'ofe dire qu'il n'eft prefque aucuiie de leurs experiences qui ne Annie 1777. paroifle tendre a letablir : en eftet, ils ont prouvc, & fur- tout M. Prieft- ley, que le fang n'eft rouge & vermeil qu'autant qu'il eft continuellement en contad avec I'air de ratmofphere ou avec I'air eminemment refpirablej qu'il devient noir dans I'acide crayeux at;ritorme, dans I'air nitreux, dans Fair inflammable, dans tou"; les airs qui ne font point rcfpirables , dans le ruide de la machine pneumatique •, qu'il reprend au contraire fa couleur rouge, lorfqu'on le met de nouveau en coiUadt avec I'air, & fur-tout avec I'air eminemment refpirable •, que cette reftitution ds couleur eft conftam- meiit accompagnee d'une diminution dans le voluiiie de I'air : or, ne r^- fulte-t-il pas de tous ces faits, que I'air eminemment relpir.-.ble a la pro- priete de fe combiner avec le fang , & que c'eft cette combinaifon qui conftitue fa couleur rouge? Au furplus, quelle que foit cclle de ces deux opinions qu'on embralle , foit que la portion refpirable de I'air fe combine avec le fang, foit quelle fe change en acide crayeux at'riforme en paffant lar le poumon , foit enfin , comme je ferois affez porte ^ le croire , que un & I'autre de ces etfets aient lieu pendant I'ade de la refpiration, on pourra touJours,en ne s'attachant qu'aux faits, regarder comme prouve, 1°. Que la refpiration n'a d'aclion que fur la portion d'air pur, d'air eminemment refpirable, contenue dans fair de I'atmofphere •, que le fur- plus, c'eft^-dire, la partie mephitique , eft un milieu purement pallif qui entre dans le poumon, & en reflort ^-peu-pres comme il y etoit entre-, c'eft-.Vdire, (ans changement & fans alteration. i°. Que la calcination des metaux dans une portion donnee d'air de I'atmofphere, n'a lieu, comme je I'ai dejk annonce plulleurs fois, que juf- qu'i ce que la portion de veritable air, d'air eminemment rclpirable qu'il contient, ait ete epuilee & combinee avec le metal. 5". Que de meme, ('. Ton enferrae des animaux dans une quantite don- nee d'air, ils y perilfent lorfqu'ils ont ^bforbi ou convert! en acide crayeux acriforme la majeure partie de la portion refpirable de I'air, & lorfque ce dernier eft rcduit ^ I'etat de mofette. 4°. Que I'efpece de mofette qui refte apres la calcination des metaux, ne difFere. en rien, d'aprcs toutes les experiences que j'ai faites , de cellc qui refte aprcs la refpiration des animaux, pourvu toutefois que cette der- niere ait ete depouillee par la chaux , ou par les alkalis cauftiques , de fa partie Hxable, c'eft-^-dire, de I'acide crayeux aeriforme qu'elle contenoit; que ces deux mofettes peuvent etre fubftituees I'une ^ I'autre dans toutes les experiences, & qu'elles peuvent etre ramenecs toutes deux i I'etat de I'air de I'atmofphere par une quantite d'air eminemment refpirable , egale k celle qu'ils ont perdue. Une nouvelle preuve de cette derniere vcritc, c'eft que, fi I'ou augmente ou que Ton diminue dans une quantite donnee d'air de I'atmofphere, la quantity de veritable air, d'air eminemment ref- pirable quelle contient, on augmente ou on diminUe dans la meme pro- Tomi XVI. Partie Fran^oije. Ec 2iS ABREGfi DES MEMOIRES '"»»" portion la qti.intiti de metal qu'on pent y calciner, & jiifqu'i im certain ,, point le temps que Its animaux pcuvent y viv H \ M I E. j^^^ bornes que jc me fuis prefcrites dans ce memoire, ne ni'ont pas Annie tiij. permis d'y faire entrer beaucoiip d'autres experiences, qui vicnnent a I'ap- pui de la theorie que j'y expofe : de ce nombre font une partie de celles dont nous nous iommes occupes dans le laboratoire de Montigny , Mrs- Trudaine, de Montigny & moi, pendant les vacances de I'academie •, CIS experiences, fuivant ce que nous avons lieu d'elperer, jetteront en- core un nouveau Jour, non-lculemcnt fur la relpiration des animaux, mais encore fur la conibuftion •, operations qui out encore entr'tUes un rap- port beaueoup plus grand qu'on ne le croiroit au premier coupd'ocil. MEMOIRE S V R LA COMBUSTION DES CHANDELLES DANS Z'AIR ATM OSPH E RI qu Ef Et dans I'Air imincmment refpirabU. Par M. Lavoisier. yUm. J'ai fuffiiammcnt etabli dans de precedens memoires, que I'air de I'at- mofphere n'eft point une fubflance llmple , un element , comme le croyoient Ics anciens , & comme on I'a luppoie julqu'i nos jours -, que I'air que nous refpirons, n'eft corapofc que dun quart d'air eminemment rerpirable,& que le furplus eft une mofette vrairemblablement tres-com- pofee elle-meme, qui ne peut fervir leule ^ I'entretien de la vie des ani- maux, \ la combuftion & i I'inflarnmation. Jc me trouve oblige en con- fequence , pour me rcndre intelligible dans ce memoire, de diftinguer quatre efpeces d'airs ou de fluides aeriformes. Premierement, I'air atmofpherique-, c'eft celui dans Icquel nous vivons, que nous refpirons, &c. Secondement , I'air pur, fair eminemment refpirable ; c'cft" celui qui n'entre que pour un quart environ dans la compoliiion de I'air de I'atmof- phere, & que M. Pricftley a tres-improprcment nomine air dtphlogillique. Troifiemement , la mofette atmofpherique , qui entre pour ks trois quarts dans la compolition de I'air de I'atmofphere, & dont la nature nous eft encore entierement inconnue. Quatriememcnt, I'air fixe, auqucl Je donnerai dorenavant , h rimitation de M. Bucquet, le nom d'acide de la craie , d'atide crayeux, 2i que je DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. 119 diftingiicrai foils le nom d'atide crayeux acriforme , on d'acide craveux — — — — m en liqueur, fiiivant qu'il fe prefentera dans I'un ou I'autre de ces deux etats. Prclque tous ceux qui fe font occupt-s d'experiences fur la combuflion ^ " '^' *' ' ^• des chandelles ou bougies, fe font perfuades qu'il fe faifoit une dimiim- ^r.n^e I'TT. tion conUdcrable du volume de Fair pendant la conibuftion. On a fait, ' pour le prouver, une experience trcs-limple, mais qui n'efi: rien nioins que concluante : on a place une bougie fur la piatine d'une pompe pneii- inatique, & on a mis par-dcffus un recipient; on a obferve que la bougie s'cSteignoit au bout d'un tres-court intcrvalle de temps , & que , lorlque les vailfeaux etoient refroidis, le recipient tenoit \ la piatine. Or, cet effet ne pouvoit avoir lieu , qu'autant que le volume d'air qui reftoit fous le recipient, apres la combuftion , etoit moindre que celui qui le rempliP- foit avant I'introduvftion de la bougie; mais on n'a pas fait attention qu'on ne pcut placer un recipient fur une bougie , fans que I'air du recipient ne foit echauffe dans I'inftant meme oii on le place fur la bougie, & avant qu'on I'ait applique fur la piatine. C'eft done de I'air cliaud qu'on enferme fous la cloche : or, de I'air chaud diminue de volume en fc refroidilfant ; il n'efl done pas ^tonnant que le recipient tienne \ la piatine , quand la lumiere eft cteinte & que les vaiflcaux font refroidis. 11 faut obferver d'ailleurs qu'il eft peu de machines pneumatiques, dans lefquclles il ne puilie palfer quelques portions d'air entre les cuirs & les bords du recipient, dans un moment fur-tout oii le recipient, loin de tcnir i la piatine, en eft au contraire repouffe , en raifon de I'cftort occa- (ionne par la dilatation. 11 s'echappe done prefque toujours de I'air pen- dant la combuftion de la chandelle -, dcs-lors il ne refte plus fous le re- cipient alfez d'air pour faire equilibre avec la prelTion de I'atmofphere, & il en refulte une nouvtUe caufe d'adhehon du recipient \ la piatine. Les experiences, faites fous des cloches plongees dans de I'eau, ne font pas plus concluantes. 1°. L'.iir fe dilate pendant le temps meme qu'on y introduit les lumieres; il continue de fe dilater pendant le temps de la combuftion, & il s'echappe en confequence une quantite notable d'air par- defl'ous les bords de la cloche : il eft done impoffible de connoitre exac- tcmeiit la quantite d'air fur laquelle on a opcre, & de favoir par confe- quent s'il y a reellement eu diminution de volume, & de combien. i°. La combuftion des chandelles a la propriete de changer en acide crayeux acriforme, une portion de I'air atmofpherique , 011 plus esadtement, une portion de I'air pur contenu dans I'air de I'atmofphere. Or, I'acide crayeux acriforme a la propriete de fe combiner avec I'eau •, en fuppofant done qu'il y ait dans cette experience une diminution de volume occalionnee par la combuftion, il eft impoffible de la diftinguer de celle qui a lieu en raifon de la combinaifon de I'acide crayeux aeriforme avec I'eau. Ces reflexions m'ont oblige de prendre une autre route, & j'ai reconnu la necefiGte de n'operer que fur du mercure; en confequence j'ai com- mence par plonger dans un baflln rempli de mercure , une cloche de cryftal , en I'inclinant fous un angle donne •, puis I'ayant redrcflee , j'ai fait une marque k I'endroit oii repoudoit la furface du mercure : j'ai rc- Ee ij C H Y M I E. 119 , A B R E/G fiDES MEMOIR ES" ' peti plufienrs fois de fuite la meme experience , & je me fiiis afiiire que le mcrcure repondoit h chaqiie fois a-peu-pres ^ la marque que j'avois faite la premiere fois fur la cloche. Annh 1777. Apres m'etre ainfi aflure , qu'avec dii foin & de rattention on pouvoit enfermer fous uiie cloche une quantite d'air k-peu-pres conftante , j'ai precede de la meme maniere^ en tenant la cloche de la main gauche in- clinde, & en partie plongee dans le mercure , & en introduifant deflbus fort promptement de la main droite une petite bougie alkiniee. Intro- duire la bougie, achever de plonger la cloche & la redreffer, doit ctre I'affaire d'un clin-d'osil , & il faut de neceflite recommencer cette expe- rience , jufqu'i ce qu'on foit arrive au degr^ de prefteffe necedaire pour que toutes ces operations foient faites en uii inftant prelque indivilible. Quelques inftans apres que la bougie a etc enfermee fous la cloche, la kmiiere quelle repandoit s'eft affoiblie , & peu de temps apres elle s'eft eteinte. On concoit que le mercure ell: defcendu d'abord fort au-deffous de la marque, par I'eflet de la chaleur & de la dilatation de i'air contcnu fous la cloche ; mais lorfque la iumiere a he eteinte , & que les vailk aux ont ete parfaitement refroidis, il eft revenu affez exaftement \ la marciue qui avoit etc faite avant I'introdudion de la bougie -, je dis aflez exadle- ment, parce qu'il eft impoflible de repondre dc trcs-petites differences dans cette experience , attendu que pour peu qu'on incline plus ou moins la cloche , pour peu que quelques circonftances varicnt en la re- dreffant, ou autrement, il peut eu relulter de petites erreurs dans la hau- teur du mercure. Ce n'etoit pas afiez que de m'etre affurc que la combuftion d'mie bou- gie n'occafionnoit pas de diminution fenfible dans le volume de I'air •, il falloit encore determiner I'etat de I'air apres la combuftion & les change- mens qui lui etoient furvenus. J'ai introduit en confequence lous la nieme cloche & dans le meme air , dans lequel la bougie venoit de s'e- teindre, une petite couche d'allcali fixe cauftique en liqueur-, aufli-tot Ic volume de I'air a commence i diminuer , & il s'eft reduit de 16 pouces cubiques, i 15 pouces -'-j c"eft-i-dire, que la diminution a ^te prefqus d'un neuvieme du volume originaire de I'air; en meme temps, la portion d'alkali cauftique que j'avois introduit fous la cloche, eft devenue kifcep- tible de faire eiFervefcence avec les acides-, qui m'a prouve que la dimi- nution de volume avoit etc occafionnee par la combinaifon de I'lcide crayeux aeriforme avec I'alkali. J'ai acquis k cet dgard un complement de preuvc tres-fatisfailant , en introduifant, fous la meme cloche, un peu d'acide vitriolique •, cet acide s'eft combine avec I'alkali en faifant line ef- fervefcence affez vive y en meme temps I'aeide crayeux aeriforme qui avoit ete abforbe, s'eft degage de nouveau, & le mercure eft redelcendu affez exaftement jufqu'^ la marque que j'avois faite fur la cloche. Quoique cette experience fut parfaitement conckiante h quelques egards, die ne I'etoit pas encore fuffifamment ^ mes yeux, relativement ^ la dimi- nution du volume de I'air par la combuftion , & il reftoit encore fous ce dernier point de vue quelque chole ^ dellrer : en effet, il ne s'agiffoit que DE L'ACADEMIE ROYALE DEvS SCIENCES, iii d'avoir inclini an peu plus on \m peu moins la cloche , dans I'cxpifricnce m^^— i^— ci-dcfTus rapport^e, pour occalionner des differences, & il ctoit rigoureii- fement poflible que la diminution de volume dc I'air ciit cte compenfee ^ " y m i e. par quelqu'erreur dans I'experience •, j'ai done refolu de prendre toutes les ^n/ife t-rjr pr(icautions pofTibles pour obrcnir un reliilcat plus certain , plus indcpendant ' ' de toutc erreur, & voici I'experience qui m'a paru devoir etre la plus decilWe. J'ai affujetti an milieu d'unc caplule de verre une petite bougie ; j'ai E\i h h pariie fuperieure de la mechc, un petit morceau dc phofpliore de Kunckel J du poidj d'un fixicme de grain environ -, apris quoi j'ai place fa capfule fur un bain de mercure, & je I'ai recouverte avec uiie cloche de cryftal-, enfin avec un fiphon de verre qui communiquoit de i'interieur de la cloche ^ I'ext^rieiir , j'ai ^levc en fucant, le inercure jufqu'i une cer- -taine hauteur, que j'ai marquie trcs-exaftcraent avec une bande dc papier collie. Lorfque tout a cih ainfi difpofe, j'ai fait rougir une petite trin^le de fer que j'avois recourbee pour cet objef, puis je I'ai paffee par deffous la cloche i travers le mercure , pour allcr toucher ie haut de la bougie &: cnflammer le petit morceau de phofphore. On conceit que le morceau de fer rouge a cte confiderablement refroidi en paflant i travers le mercure; cependant il a conferve encore aflez de chaleur pour allumer Ic phofphore, & ce dernier a allumi h bougie, comme Je me I'etois propofc. II y a eu dilatation de I'air pendant la combuftion de la bougie; msis lorfqu'elle a_et6 eteinte, le mercure eft remontc infcniiblement, ^ mefure que les vailleaux fe font refroidis, & il s'eft fixe un peu au-deffus de la marque que j'avois faite avant la conibuftion de la bougie : de ce que le mercure avoit excddi la hauteur de la bande de papier, il en rifultoit qu'il s'etoit opere une petite diminution de volume dans I'air, & I'ayant mefiirc avec une fcrupuleufe attention , elle s'eft trouvce trcs-exadement de trois quarts de pouce cubique ; mais un grain de phofphore abforbe en brulant environ trois pouces cubiques d'air, ainii que je I'ai etabli par plufieurs experiences ( Voyez Opujcuks phyfiques & chymiques . tome I, chapi- tre IX); done un iJxienie de grain a du abforber un dcmi-pouce, ce qui T^dui: ^ iin quart de poOce la diminution reelle de I'air occafionnie par la combuftion de la bougie ; la cloche avoit ji pouces cubiques : en fup- cofant done que la diminution d'un quart de pouce ne dut pas ctre attri- bute \ quelque legere erreur dans les mefures, la diminution occafionnee dans I'air commun par la combuftion d'une bougie, nc- feroit que de rg^, ce qui peut etreregarde comme abfolument nul, fur-tout fi Ton faitat- tention qu'un tres-leger changement dans la temperature du lieu oii fe fai- foit I'experience a pu produire cette difference. Comme la cloche que j'avois employee pour cette experience etoit tres- longue& trcs-ctroite , j'ai penfe qu'il etoit poflible que la bougie n'eOt pas briile audi long-temps qu'elle I'auroit fait, (i ce wid eut etc plus bas, & la circulation de I'air dans fon interieur plus facile. J'ai done recommence la meme experience dans u;ic cloche de cryft.il plus large , moins haute , & done la partie vuide n'avoit que %o pouces de capacite. lii ABREG6 DES MEMO IRES ■m»Mf«L,uMMiu £es circonftances de I'experience.ont etc exadlement les memes que C H Y M I E '■'"^^ '^^ '"^ precedente-, le phofphore a etc alliime avec un fer chaud de la meme maniere, il a communique la flamme k la bougie, & quand les vaif- y}nn/e Z"//. feaux ont etc entierement refroidis, il s'eft trouve une diminution de vo- lume d'un.demi-pguce cubique , ce qui repond exadement i I'abforption qu'auroit occalionnee le fixieme de grain de phofphore , s'il eut ete briilc feu! fous la meme cloche : la combuftion de la bougie n'avoit done pa$ occalionne de diminution fenfible dans le volume de I'air. D'apres ces experiences multipliees, on peut regarder comme conflant, I*, que la combuftion des chandelles ou bougies ne diminue pas fenlible- ment le volume de I'air dans lequel on les brule; 2.°. que cette combuf- tion a la propriete de cpnvertir en acide . crayeux acriforme environ un dixieme du volume de I'air-, 3°. que fi I'air dans lequel une chandelle oil une bougie a brule fe trouve en contadt, foit avec de I'eau , foit avec de I'eau de chaux ou de I'alkali cauftique , alors il s'opere une diminution d'un dixieme dans le volume de I'air , en raifon de I'acide crayeux aeriforme qui eft abforbe. L'air dans lequel on a ainfi fait bruler des chandelles ou bougies, lorf- qu'il a ete depotiille par I'eau , ou par un autre moyen quelconque , de la portion d'acide crayeux aeriforme qu'il contient, eft, fuivant M. Prieftley & plufieurs autres phyficiens, de l'air en partie phlogiftique. lis fe perfua- dent qu'il fe degage des chandelles qui briilent , des metaux q«i fe calci- nent, &c. une emanation phlogiftique qui fe combine avec l'air & qui le lature. Je penfe au contraire, & j'en ai deji donne quelques preuves, que ce rcfidu de la combuftion n'eft pas la mofette qui entre pour les trois quarts dans la conipofition de l'air de I'atmofphere, plus ou moins depouilli de fa partie pure & refpirable : & en effet, ll on lui rend ce dixieme d'air refpirable qu'il a perdu, on' le reftitue dans fon ttat primitif; or, fi cet air etoit phlogiftique, comme le prete,nd M. Prieftley , s'il etoit inquine par un principe quelconque qui le rendit mal-fain , il ne fuffiroit pas, pour le retablir dans I'etat d'air commun, de lui rendre ce qui lui manque, il faudroit encore lui oter ce qu'il a de trop. Au refte, comme je fuis an moment de combattre par une fuite d'experiences, la liodtrine de Staalh fur le phlogiftique , les objedipns que je ferai contre cette dodtrine, tomberont egalemcnt fur la phlogiftication de l'air , pretendue par M. Prieftley. L'air de I'atmofphere contient, fuivant moi, environ un quart de fon volume d'air pur & reipirable ; la combuftion des lumieres n'en convertit en air fixe, en acide crayeux aeriforme, qu'un dixieme-, done, en fup- pofant que ce volume de l'air flit 100 avant la combuftion, il doit refter apres la combuftion foixante-quinze parties de mofette atmolpheriqiie, & quinze parties d'air refpirable; aufii les animaux peuvent-ils vivre encore dans l'air dans lequel les chandelles ont briile, on peut encore y bruler une certaine portion de pholphore-, & meme, apres cette derniere epreu- ve, il refte encore au moins cinq parties d'air cminemment refpirable.. Cette derniere portion d'air eft tellement unie ^ la mofette atmofpheri- C H y M 1 i. DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES, li, ^ue, que je iie connois d'autre moyen dc Ten leparcr que la combuftion : du pyrophore, ainii que ]e le fcrai voir dans un prochain niemoire. 11 ne me refte plus, pour completer cc que j'ai a dire fur ce lujet, qui rendre compte dcs plienonieiijs que pcefente la combuftion des chandeiles Ann^e 17-7, dans I'air eminemmsnt relpirable ■, ccs experiences me fourniront encore de nouvellcs armes contrc la ruppolltioii gratuite de la phlogiftication de I'air. J'ai introduit uiie bougie ailumce fous tine cloche de cryftal rcmplie d'air pur, tire du mercure precipite rouge; cette cloche etoit plong^e dans Un baflin de merciire; la combuftion s'eft faite avec une vive lumiere avec une flamme trcs-elargie , & avec tous Its phenomcnes decrits par M. Prieftley-, la ch.ileur pendant la combuftion a etc li grande , qu'une portion d'air a paffe par-d.llbus les bords de la cloche, & s'eft echanpeci ixiais cette quantite n'a pas cte fort conliderable : lorfque la lumiere a ixi ctcinte, j'ai laiffe refroidir les vaiireaiix, & j'ai introduit une couche d'al- kali fixe cauftique fur la lurface du mercure •, auffi-to: fair fixe ou acide crayeux aeriforme a etc abforbc, & j'ai rcconnu par cette epreuve que les deux tiers dc fair pur avoient cte convertis, par la combuftion, en acide crayeux aeriforme-, mais , ce qui ni'a paru plus intcretfant, c'eft que le tiers reftant, aprcs I'abforption de I'acide crayeux aeriforme par I'allcali caufti- que, etoit encore de lair prefque pur : ayant feit palTer cet air fous une cloche plus petite, j'y ai fait bruler de nouve.iu une bougie-, elle y a donnc line flamme elargie, la moitie de fair environ a cte convert! en acide crayeiix aeriforme, & a etc abibrbee par I'allcali cauftique, & ce qui ref- toit etoit encore i peu-prcs du meme degre de bonte que fair commun. II fuit deli, que, lorfqu'on introduit une bougie dans une cloche qui contient cent parties d'air pur, ou air eminemment refpirable, foix,inte-lix parties font convcrties en air fixe ou acide crayeux-, que des trente-quatre parties reftantes, vingt-une un quart font encore dans I'etat d'air pur, & iulceptibks d'etre converties en acide crayeux aeriforme; enfin qu'il ne refte dcs cent parties que douze trois quarts, c'eft-i dire, environ un hui- tieme d'un air qui eteint les lumieres fans precipiter I'eau de chaux , & qui paroit etre une portion de raofette atmofpherique que contcnuit lair pur on dephiogiftique ; fans doute cette portion eft d'autant moindre que I'air etoit plus pur. II eftr aife de fentir combien ces dernicres experiences font everfives de I'opinion de.M. Prieftley, fur la phlogifiication de I'air par la combuftion i en effct, li, comme le pretend ce cdebre phyficien , la combuftion avoit la propricte dc phlogiftiquer fair, il devroit le former d'autant plus d'air phlogiftique, que la quantite de matiere briilce auroit etc plus conliJera- ble ; or \ volume egal d'air , la combuftion eft prefque quadruple dans " I'air pur que dans fair atmofpherique ; il devroit done fe former quatre fois plus d'air phlogiftique, tandis qu'au contraire on en obtient neuf fois moins; la difproportion de ce qu'on a avec ce qu'on devroit avoir, fui- vant I'opinion de M. Prieftley, eft done dans le rapport de i \ ^6. Enfin le rclidu que laiffe la combuftion dw phofphore, & fur-tout dti 214- ABREGfi DES MEMOIRES ■ I ■— ^* pyrnphfirp. dans I'air pur ou air eminemment refpirable, eft moindre en- P core que celui qui refte apres la combuftion des lumieres-, & on pourroit prefque dire qu'il eft nul, tandis que, dans I'opinion de M. Prieftley , il jLine'e 1277' 'Jsv''°'' ^^''^ P'"^ conliderable. II eft done faux que ce foit k iemanatioti du phlogiftique qu'on doive attribuer la formation de I'air mephitique que laiffe apres la combuftion I'air de I'atmofphere ; done cette partie mephi- tique de I'air exiftoit avant la combuftion , commc je I'ai avance. Pour recapituler les principaux faits qui paroiffent prouves par ies expe- riences precedentes , il me paroit bien etabli : I °. Que la mofettc atmofpherique qui entre pour les trois quarts dans la compofition de I'air de ratmofphere , ne coutribue pour rien aux phe- nomenes de la combuftion : 1°. Que la combuftion n'a d'adion que fur la portion d'air pur, de celle que M. Prieftley a nommde air de'phlogijlique , laquelle entre pour un quart dans la compofition de I'air de I'atmofphere : 5°. Que deux cinquiemes feulenient de cet air pur font convertis en acide crayeux acriforme par la combuftion des chandelles , & que les trois autres cinquiemes reftent unis i la mofette atmofpherique , fans que la com- buftion ait la force de les en feparer : 4°. Que le phofphore a une force combuftible beaucoup plus confide- rablc que les chandelles & les bougies, puifqu'il peut epuifer les quatrc cinquiemes de Fair pur contenu dans I'air de I'atmofphere : 5°, Que le pyrophore porte encore fon adbion plus loin, & qu'il paroir convertir prefque totalement en air fixe, la quantite d^air pur que con- tient I'air de I'atmofphere. Je pourrois porter beaucoup plus loin toutes ces confequences, & faire voir que I'acide crayeux aeriforme qui fe forme pendant la combuftion des chandelles & des bougies, n'eft autre chofe que I'air inflammable qui fe degage de la chandelle ou bougie ; plus I'air eminemment refpirable dans lequel fe fait la combuftion, mains une portion conliderable de la matiere du feu qui entroit dans la compofition des deux airs primitifs ; mais les p>reuves que je pourrois apporter de ces affertions, fuppofent des connoif- fances que mes leifteurs ne peuvent avoir encore , & je fuis oblige de fuf- pendre le developpement de cette iheorie , julqu'^ ce que j'aie prouvd d'une part I'exiftence de la matiere du feu dans tous les fluides aerifor- mes , & que j'aie fait voir d'une autre comment on peut former de I'acide crayeux aeriforme en combinant I'air inflammable ayec la bafe de I'air eminemment relpirable. M^MOIRE DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. 115 . C II Y .\! I C. M £ M O I R E '^""^'^ ^7n- S V R UNE SUBSTANCE AERIFOR.ME q^ U X £ M .i N E D U CORPS H U M A I N , E T Sur la maniere de la recueillir. Par M. le Comte d e M i l i, y. I f. L y a long-temps que Ton a obferve la tranfpiration dans les etres fen- Mem. /ibles : on croit que c'eft le phiiofophe grec Heraclite, qui le premier a aili de la tranfpiration, & il etendoit cette operation de la nature fur tous es corps en general, ii Tout refpire , difoit-il , dans la nature & dans ») Ihomme; c'eft la tranfpiration meme qui fe condenfe, & devient une »3 humeur vifible, telle que I'urine, la fueur, Szc. >» On voit , par I'expofe de I'opinion d'HeracIite , qu'Ariftote nous a tranf- niife , qu'il croyoit que les emanations animales fe refolvoient en eau ; & il n'avoit pas d'idee d'un autre fluide qui fort des corps fous la forme aerienne dont je vais parler, parce que les anciens n'avoient pas le fecours de la phyfique experimentale & de la chymie, comme les modernes. Hippocrate vint aprcs Heraclite , qui en adopta la perfpiratibn •, niais Santorinus ell le premier qui ait fait des experiences plus decitivcs fur cette matiere, & qui ait determine la quantite & la proportion de la fubftance qui s'exhale du corps de Thomme par la tranfpiration infen'ible. Nous n'avons nialheureufement de lui qu'un refume de fes experiences, & nous ignorons abfolument les details des obfervations qui I'ont conduit h ces rcfnltats; niais nous favons qu'il a cvalue la tranfpiration infenlible k cinq huitiemes des alimens, & les trois huitiemes reftans pour les dc- jedlions cxcremcntiellcs. Mais, fans vouloir examiner les erreurs dont le calcul de Santorinus eft acculc, je dirai en general que les modernes, tcis que Homme, Rye, Kcit, Garter, Linings, Chalmes, &c. qui ont repete ces experiences, ne fe font point trouves d'accord avec lui. II eft certain que les emanations du corps doivent etre en rapport avec la quantite des alimens, I'ctat de I'atmofphere, la chaleur naturelle de I'individu fur lequel on fait I'expe-: Tome XVI. Partie Franco ije. F f ii6 ABRECfiDESMEMOIRES ■MKOT^BMiHivi rience, & enfin avec le climat-, car il eft evident que les corps doivent ~7" jiioins perfpirer riiivcr que I'ete, & dans le Nord que dans le Midi. C H Y M I E. J'avertis que les obfervations que je vais mettre lous les yeux de I'aca- j) ■ iTTj demie, ne regardent point la perfpiration pulmonaire-, je ne parlcrai que " ^^ '' de la cutanee, qu'il £ut bien diflinguer de la fubftance aqueufe qui s'ex- hale par les pores, & qu'on nomme /uf;/;- •, ceile-ci eft ll diftincte de I'autre que, lorfqu'elle a lieu, la perfpiration ai^rienne , s'il m'eft pcrmis de la nommer ainfi , celle dans I'inftant. Le but de ce memoire eft de rendre compte, i''. De ce qui m'a con- duit \ Tcbfcrver. a". De la maniere dont j'ai recueilli cette fubftance lln- guliere qu'on peut ramaffer par ma mcthode en affez grande quantite, pour la foumettre \ des experiences capables d'en faire connoitre la na- ture. 3°. De prefenter aux favans une matiere encore informe, dont ils pourront titer peut-etre un parti avantageux pour reculer ^ cfttains egards les bornes de nos connoiifances fur le fyfteme animal. Le phylicien verra de fcs propres yeux le role lingulier que I'air j'oue dans I'economie animale, & que nos corps ne font qu'une gr.inde eoli- pyls, d'ou il lort fans celfe une fubftance aerlforme confiderable •, & le cliymifte pourra foumettre cette fubftance inconnue \ des experiences pour en connoitre la nature. L'ennui, dit un moderne celebre, peut contribuer i nos connoiffances: c'eft lui qui m'a fait obferver dans le bain^ lorfque J'y etois tranquille, une quantite prodigieufe de petites bulles argentines, femblables ^ de la femence de perlej elks gromllent en peu de temps, & entin, pour pen qu'on s'agite , dies fe detachent de leur bafe , & s'clevent k la furface de I'eau , oil elles decrepitent , s'il m'eft: permis de parler ainfi , & difpa- roiffent. Ce fpedacle m'intereffa d'abord, & je formai, des ce moment, le projet de recueillir & de raffembler cette fubftance aeriforme. Une carafe de verre, qui m'avoit fervi i mettre de la limonade, & que j'avois entre Jes mains , fut le premier inftrument dont je me fervis -, je la remplis d'eau, & I'ayant renverfee , je tins I'ouverture de cette carafe au-deffus des parties oti il y avoit des bulles ralfemblees •, je patfai I'autre main fur ces bulles qui s'eleverent aufli-tot, & fe raffemblerent fur la furface de I'eau contenue dans la carafe renverfee. Content de ce premier effai , qui me demontroit la pofTibilite de faire luieux , je remis au Icndemain \ continuer mes tentatives. Je revins muni d'une bouteille plus grande , & (ur tout d'un enton- noir de huit pouces de diametre, inftrument indiipenfable pour I'opera- tion en queflion ; je me mis dans le bain , dont la temperature etoit de 27 degresi, & celle de I'atmofphere i 17 degres du thermometre de Reaumur : aprcs 4 minutes de tranquillite, j'appercus les bulles fe for- mer -, alors de la main gauche je tenois ma bouteille remplie d'eau , au bout de laquelle I'entonnoir etoit adapte & lute avec du lut gras , & de la main droite je frottai legerement la furface de la peau pour en faire I Y .\t I E. DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. iiy ilcver les bullesqui nionterent avec vivacitc, comme des globules d'huile, ; & fe nffemblerent d'abord dans rentonnoir renverfe , Si paircrcnt de-U /- dans la botitciile ou ellcs deplacercnt I'eau ^ mefiire qu'eiles montercnt, " c'cft-^-dire, qu'eiles fiiivcnt la meme marche que les dilKrens airs dans Jnn^e tjyr. les experiences de M. Prieftley. Cette maniere eft li aifec, qii'on en peut amaffer en deux heures affez pour en remplir une bouteille de deini-pinte. Tont le monde peut repe- ter cette experience avec la plus grande facilite & fans autres frais que ceux du bain ; il ne faut que du temps & de la patience pour en venir ^ bout. II s'agit aduellement de foiimettre cet air animal (je demande permif- fion de le nommer ainfi) k des experiences convenables. i". Pour deter- miner fa pefanteur fpecihque, comparativement avec I'eau diftillee & avec I'air atmofpherique. i*. S'il y a quelque chole de commun avec les diff^- rens gaz obferv^s par les phyliciens modernes. Moyennant ces experien- ces, on trouvers peut-etre la raifon pourquoi les hommes, raffembles en grande quantite dans un lieu trop peu fpacieux, infedent I'air au point de le rendre inrefpirable. II y a apparence que c'eft celui qui fort fans cJfle des corps fenfibles, que la nature rejette , qui communique i I'air atmofpherique les mauvaifes qualites qui le rendent mephitique : c'eft k I'experieuce k devoiler cc$ niyfteres. Ff ij 228 ABREGE DES MEMOIRES C H Y M I E. Annie tyjj> M E M O I R E S V R LA DISSOLUTION DUMERCURE v^NS jJacide yi trio liq^ue, i E T Sur la rifolution de cet acide en acide fulfureux a'criforme ^ & en alt iminemment rejpirable. Par M. Lavoisier. Mdm. J 'a I fait voir dans differens memoires que j'ai communiques ^ I'acade- mie, 1°. Que I'acide nitreux refultoit de la combinaifon d'une cenaine proportion d'air eminemraent refpirable combine avec rairnitreux. i°.Qiie ie foufre & le phofphore ne pouvoient de meme acquerir la qualite d'a- cide, qu'autant qu'on les combinoit avec une portion tres-confiderable de ce menie air eminemment refpirable. 3°. Enfin j'ai annonce qu'on pouvoit , par des experiences cbymiques, retrouver dans I'acide vitrioli- quc I'air eminemment refpirable qui y etoit entre lors de la combuftion du foufre. C'eft de ce dernier objet dont je vais m'occuper dans ce memoire; & je vais effayer de completer par dccompolition ce que je n'ai encore prouve que par voie de competition. J'ai mis dans une petite cornue de verre quatre onces de mercure & fix onces d'acide vitriolique , & j'ai echauffe lentcment ii feu nu dans un fourneau de reverbere. Le bee de la cornue, qui etoit fort long, plon- geoit dans un bain de mercure, & I'air ^ mefure qu'il fe degageoit, paf- loit dans des Jarres longues & etroites pleines de mercure, & piongees dans le meme bain de mercure. La diffolution s'eft faite avec une cffer- vefcence affez vive, pendant laquelle il s'eft degage une quantite trcs coil- fiderable d'air fulfureux volatil, autrement dit d'acide fulfureux aeriforme. Cet air, tant qu'il eft renfermiJ par du mercure , & qu'il n'eft point en contaift avec I'eau , conferve une elafticite durable, & il n'eft fulceptible de dilatation & de condenfation , qu'en raifon des poids plus ou moins grands qui le compriment , ou en raifon du degrc de chaleur qu'il eprouve. Cet air , comme I'a obferve M. Prieftley, eft fufceptible d'etre abr Y M I E. DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES, xif, forbc par I'eau-, la combinaifon fe fait lentenient, cependant avec une cha- • kur fenlible. Lean qui a etc ainli iinpregnce d'acide AilfureiiT acritorme, eftclairc, limpidc, & elle forme ce iju'oii nomme acide J'ulfureux volatil ^ " en liqueur. . , II cil i obferver que la qiiantite d'acide fuifureux acriforme que I'eau ''" ' ^777- peut abforber, varie condJcrabiemciit fiiivant le degti de tenip-irature ; plus I'eau eft froide , plus I'abrorption eft conliderabie, tandis qu'au con- uaire, lorfque Icau a acquis un degre de chaieur qui approclie de ceile dc I'eau bouillante , elle n'eft plus fufceptible dc s'impregner d'un feul atome d'acide fuifureux acriforme. II lie m'a pas encore etc podible de determiner avec prdcilion quelle eft la portion d'acide fuifureux acriforme iiecellaire pour faturer une quan- tity donnee d'eau aux dilferens degrcs de temperature -, ce qui eft de certain, c'eft qu'elle en p?ut abforber une quantite beaucoup plus grande que d'air fixe, mais beaucoup moindre que d'acide marin acriforme. _ Si on veut recueillir la totalite de cet acide fuifureux acriforme, il ne s'agit que d'adapter ^ la cornue, dans laquelle fe fait I'exp^rience , un bal- • Ion ^ deux pointes i la maniere de M. Wouife, corrigee par M. Buc- quet; alors on obtient dans le ballon I'acide fuifureux le plus concentre poflible , & ce qui n'a pu s'y condenfer, fe trouve combine avee I'eau dcs Douteilles qui y ont ete adaptees. Les premieres portions d'acide fuifureux acriforme qu'on obtient, font tres-pures; mais , i mefure qu'on avance, elles fe trouvent melees d'air commun , ou meme de quelques portions d'air cminemment refpirable. On peut obtenir feparement ces deux portions d'air, en mettant I'air fui- fureux en conta(fl: avec un alkali ; il eft abforbe en quelques inftans, & il ne refte plus que la portion d'air commun ou d'air cminemment refpira- ble, avec lequel il etoit melang^. 5i , aprcs avoir pouffe I'operation Jufqul reduire la combinaifon mer- curiclle prefcjue ^ liccitd , on pouiTe le feu un peu plus fort, il continue de pafler encore un peu d'acide fuifureux acriforme-, mais la quantite d'air cminemment refpirable qui pafTe en meme temps, augmente de plus en plus. Enfin, lorfque le relidu eft entierement fee, il faut changer d'nppa- reil, parce que le feu neceffaire pour achever cette operation feroit cou- lej- la cornue , li elle n'ctoit contenue par du fable. On prend en confequence un creufet de Paris , auquel on fait une echan- crure pour le palTage du col de la cornue -, on y place cette derniere dans du lable , & on en revetit la partie fuperieure avec de la tcrre ^ fJHir Icgerement humedee , afin que le verre ne re9oive d'aucun cote I'imprellion de I'air froid -, qu'il foit egalemcnt echauffe dans toutes les parties, & que la cornue foit moins expofce ^ fe dcformcr. J'ai mis dans un appareil, difpofe comme je viens de le dire, deux on- ces du vitriol mercuriel poulfe a liccite , & prive de la plus grande par- tie de Ion eau de cryftallilation que j'avois obtcnu dans I'operation pre- cedente, & j'ai donne iin feu allez vif^ I'opsrauon a dure plus d'une i5o A B R E G :^ D E S M E M O I R E S ; heure & demie, & il a paiie pendant tout fon coiirs •, i°. Un pen d'air „ ^ fulfureux al-riforme , qui s'eft abforbe dans la cuve d'eau dans laquelle plongeoit Ic bee de la cornuei i°. Quatre-vingt-onzc pouces d'air emi- Annie lyy- nemuTcnt lefpirable tres-pur. La proportion la plus grande d'air nitreux que puiffe abforber cet air pour en etre fature , eft de lept parties centre quatre , & les onze parties qui refultent de ce melange, fe reduifent ^ une partie & un huitieme; d'oii Ton voit que I'air dephlogiftique du vitriol mercuricl approche beau- coup du plus grand degre de purete auquel cet air ait ete pone jufqu'i prelent. A niefure que I'acide fulfureux aeriforme & I'air eminetnment refpira- ble fe degagent , le mercure qui etoit combine avec eux dans le vitriol mercuriel, le revivifie,& devenu iibre, il paffe en mercure coulant dans la dilUllation •, mais la totalite du mercure ne fe revivifie pas, & il fe fu- blime dans le col de la cornue deux elpeces de chaux de mercure, Tune blanche, qui a I'apparence ialine, & I'autre grife. J'examinerai ailleurs ces • efpeces de chaux que M. Baume a annonce comme non-revivifiables par clies-memcs & lans addition \ enfin , il ne refte rien du tout dans la cornue. En refumant les produits de cette derniere operation , & en les rappro- chant de ceux que j'ai obtenus de la diftillation de pareille quantite de vitriol mercuriel dans un appareil diftillatoire ordinaire, je trouve que deux onces de cette combiuailon metallique fournillent Onces. Gros. Grains. I ''. Eau ou flegme j, i ^^ 2°. Mercure coulant jj 6 u 5°. Cfaaux blanche fublim^e dans le col de la cornue jj J iS. 4". Chaux grife de mercure „ j, 40 Total i 2 70 La quantity dc vitriol mercuriel etoit de 2 ,j ,, Perte J, 5 2 Cette perte eft fans doute reprefentative du poids , tant des quatre- vingt-onze pouces cubiques d'air eminemment refpirable que j'ai obtenus, que de I'acide fulfureux aeriforme qui a ete abforbe par I'eau. II eft ^ obferver que fair eminemment refpirable qu'on obtient dans cette operation , precipite I'eau de chaux fenfiblement ; ce qui annonce que cet air eft melange d'un peu d'acide crayeux aeriforme. II eft clair que, puifqu'on n'emploie dans cette operation que de I'acide vitriolique & du mercure, & que ce dernier reffort fous forme metallique comme il y etoit entre , I'air eminemment refpirable ue peut etre qu'un DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. 151 produit appartenant h I'acide vitriolique -, done, commc je I'ai avance , — ^»^»^ on retrouve par analyfe dans I'acide vitriolique, I'air diphlogiftique ou air „ iminemment refpirable qu'il a abforbe pendant la combuftion du foufre. " ^ ''' ' Une autre confequence a laqiielle il eft iinpoffible de fe refufer d'aprirs Ann^c 1777. les experiences qu'on vient de rapporter, c'eft que I'acide fulfiireux volatil eft un acide vitriolique en partie depouillti d'air eminemaient refpirable. Toutes ces memes confequenees fe reprcfenreront plus d'une fois dans la fuite d'cxpiriences que j'ai 'k expofer a I'academie. SECOND M E M O I R E S V R L E G A Z ANIMAL. Par M. le Comte d e M j l i. y. J'm eu I'honneur de faire part ^ I'acadeniie, \ la derniere feance , de ?,Tdm. mes oblervations fur une fubftance acriforme qui emane du corps hii- niain, & de la maniere dent je m'y fuis pris pour la recueillir. Je n'avois pas encore eu ni le temps, ni aflez de cette fubftance pour Favoir examinee, & je ne pouvois pas par confequent determiner fa na- ture. Tout ce que je favois alors, c'eft quelle lortoit par les pores de route la iUrface de la peau. On me fit plulieurs objedjons centre la rei- Ijte de ces emanations -, I'on me dit entr'autres , que la fubftance que j'avois recueillie pouvoit etre de I'air comniun , qui , applique fnr la fur- face de la peau , ie detachoit enfuite par la chaleur du bain qui le rare- fioit. Mais, pour detruire cette objeftion , il ne falloit que determiner la nature du g:.z animal que j'avois ramaffc; c'eft ce que M. Lavoilier & inoi avons fait par les experiences fuivantes : 1°. Nous primes de I'air animal dont nous remplimes un vafe de verre cylindrique •, nous y enfoncaraes une bougie allumee , qui fur le champ fut eteinte : I'air animal differe done de I'air commun. i°. Nous melames du gaz animal avec de I'eau de chaux, & un inftant apres , I'eau de chaux devint laiteufe & fiit precipitee. 3°. Nous mimes quatre parties de gaz nitreux dans un cylindre de verre gradue , & nous y ajoutames deux parties de gaz animal; ce me- lange n'occafionna prefque pas de vapeurs rouges, & le peu qu'il y en eut, etoit du \ un peu d'air commun qui s'etoit mele au gaz animal lorfque je I'avois tranfvafe. Le dcfaut de matiere nous empecha de pouffer plus loin nos expe- riences; mais celies ci eroient bien lu.*fifantes pour prouver, i°- Que le gaz animal n'eft pas de I'air commun. 1°. Qu'il eft de la nature de ce qu'on appelle air fixe ; il (iteint la bougie comme lui ; il ne fait point mtilerlegaz iiitreux, & enfiii ilprccipite I'eau de chaux comme I'air hxe. E. i5i ABRECE DES MEMOIRES ^^ L'air pultnonaire paio'it etre aiifll de la meme nature que le gaz animal- „ J'ai fouftle fous une cloche de verre remplie d'eau , jufqu'i ce que . j'^jj. jg i^^^j poumoiis eut pris la place de I'eau ; j'ai enfuite plongc une Ann^e 1777- bougie dans cet air, & elle s'eft -cteinte. Je I'ai mele avec de I'eau de chaux, & il y a eu un preciplte. Je n'ai pas pouffe plus loin mes experiences fur cette matiere , qui , I par fon analogic avec reconomie animale, devient tres-lntereffante; c'eft pourquoi je ferois fort aife qu'on repetat plus en grand les experiences que je viens d'indiquer. Je ne faurois done trop engager les phyficiens & Jes chyniiftes de s'en occuper. II paroit, par ce que je viens de dire, que la nature du gaz animal & de fair pulmonaire eft en fin determinie •, on fcnt combien de pheno- nienes, dont la caufe etoit inconnue, s'expliqueront naturelleraent par cette decouverte. i°" Ces deux emanations animales etant de '.Tieme nature que fair fixe, oil les animaux p^riffent, il eft tout (imple que nombre de pe'rfonnes itant raffemblees dans un lieu ferme oil fair commun ne fe renouvelle pas avec facilite, plufieurs d'entr'elles s'y trouvent mal; & toutes y periroient, fi on donnoit le temps ^ leurs propres emanations de fe raffeinbler. Ce n'eft done pas au peu d'elafticite de fair refpire , comme on Ic croyoit , mais aux qualites mephitiques du gaz animal , qu'eft due f infaiu- brite des falles de fpecVacle, des eglifes , &c. en un mot, de tous les lieux oii plufieurs perfonnes font raffemblees, & ou fair n'eft pas re- nouvelle. La caufe du mal etant connue, il fera aife aux phyficiens de trouver Ic remede, dont le plus prompt & le plus efficace eft le renouvellement de fair. C'eft pourquoi les edifices publics, deftines ^ recevoir k la fois un grand nombre d'hommes , ne fauroient etre trop acres. Ceux qui, par etat, font charges de veiller ^ la police de fpedacles , & fur-tout k la conftiudion des falles de comedie, des hopitaux , des eglifes, &c. de- vroient employer tous leurs talcns pour menager des courans d'air , qui puiffent favorifer la fortie des vapeurs animales mephitiques, & I'entree de fair plus pur de I'atmofphere , cette precaution eft d'autant plus ni- ceffaire, que la fante & menie la vie de plufieurs citoyens en depend. La purete de fair & celle de I'eau font inconteftablement les chofes les plus effentielles ^ la vie des hommes, & cependant ce font celles aux- ouelles on fait le moins d'attention ■, il femble que la partie de la phyfi- que, qui en traite, devroit tenir le premier rang dans le grand nombre de connoillances qui conftituent- les bons architedes, & qui de tout temps , fur-tout chez les Grecs & les Romains, leur ont valu de la conli- .deration & les plus grands eloges. MfiMOIRE DE TACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. i 55 C H Y M I E. M E M O I R E ^n^e tjyj. S U R .' tA VITRIOLISATION DES PYRITES MARTIALES. Par M. L A V o I s I E R. JL/Es pyrites, dont Je parlerai dans ce memoire, font les pyrites vitrlo- Mem. liques niartiales, de I'efpece la plus commune, qui fe trouvcnt fouvent dans les craies, dans prefque toutes les glaifes, &c. La nature de ces py- rites eft aujourd'hui bien connue •, mais je n'ai befoin de les confiderer, rektivement ^ mon objet, que comme compofees de fer & de foufre. Si on diftille des pyrites , dans une cornue de gres , ^ un de^rc de cha- leur capable de les faire rougir, on en tire une quantite co. iliJcrable de foufre , qui fe fublime dans le col de la cornue. Si, au contraire, ces memes pyrites demeurent expofees dans un air humide & chaud , elles fe gerfent ^ leur furface, fe fc-ndent, fe divifent & fe couvrent d'efflorefcences vitrioliques •, enfin, fi apres avoir ete expo- fees un temps fuffifant k I'air, y avoir ete divifees & reduites en poudre, on les leflive, on en retire une grande quantite de vitriol martial, tandis que par diftillation on n'en tire plus un atome de foufre. Le concours de I'air eft indifpenfablement neceffaire h la vitriolifatiori des pyrites, & on les conlerve dans leur etat primitif de quelque maniere qu'on les defende de fon contaft; une fimple couche d'huile fuffit pour les preferver, & il eft demontre, par exemple , qu'on les conferve fans alteration fous I'eau. Puifque les pyrites, avant I'efflorefcence, font compofees de foufre & de fer , & qu'apres I'efflorefcence elles font compofees d'acide vitriolique & de fer; il eft evident que le foufre s'eft convert! en acide vitriolique, par reffet de la vitriolifation. y- Mais, comme je I'ai annonce dans un memoire fur la combuftion du foufre & du phofphore, & corame je crois I'avoir prouv^, I'acide vitrio- lique n'eft autre chofe que la combinaifon du foufre avec I'air eminem- ment refpirable, jufqu'^ parfaite fituration-, autrement dit, le foufre eft de I'acide vitriolique moins de I'air eminemment refpirable , & I'acide vitriolique , au contraire , eft du foufre plus de I'air eminemment refpira- ble (j). Done, le foufre des pyrites ne peut s'invertir en acide vitrioli- que , fans abforber de I'air eminemment refpirable. La necefliti du concours de I'air pour la vitriolifation des pyrites, etoit (j) Je ferai voir dans la fuite , que la bafe de I'air feule emre dans ces combinaifons & que la matiere du feu qui I3 tenoit en diffoiuuon , devient libre lors de la combuliion. Tome XVI. Panic Franco ife. Gg 23+ ABREGfi DES MEMOIRES mini II deji line prefomption forte en favour de cette opinion •, mais il etolt pof- ^ llble de la coufirmer par des experiences, & il ne faut i.imai.s » en. cby~ mie, conclure par rauonnement ce quon peut vcnher par des raits : j ai Annii t777' ^onc opere comme il fuit. J'ai tenii dans un endroit moderement chaiid , des pyrites martiales, Jufciu'au moment oil elles ont commence ^ donner des figiies d'efflorcf- ccnce; alors, je les ai cnferniees foiis une cloche de verre remplie d'air commun & cjui etoit plongfe dans de I'eau : les progres de la vitriolifa- lion ont continue , d'abord prelque auffi rapidement que fi la pyrite eiit ete expofee ^ I'air-, enfuite, ils fe font ralentis peu-i-peu, & au bout de dix-huit ^ vingt jours, la vitriolifation a ete entieremcnt fufpendue : pen- daiii tout ce temps , I'eau n'a pas ceffe de remonter fous la cloche , en proportion de la rapiditi de la vitriolifation-, c'eft-^ dire , que feau a re- monte rapidement les premiers jours, plus lentement enfuite, apres quoi elle eft devenue ftationnaire au bout de dix-huit \ vingt jours. L'air dans lequel la pyrite avoit ete ainfi rcnfermee, eteignoit les lumie- res, mais il ne precipitoit pas I'eau de chaux, & n'etoit pas fufceptible de fe combiner avec les alkalis : il etoit precifcment dans I'etat de ce que j'ai nomme dans de precedens memoires , Mophetu atniofphe'rique , c'eft- ^-dire, que c'etoit de l'air de I'atmofphere , auqucl il manqiioit environ un cinquieme d'air eminemment refpirable-, d'oii il fuit, que la pyrite en fe vitriolifint, avoit abforbe la portion d'air eminemment refpirable qui etoit contenue fous la cloche : done le palLge du foufre des pyrites ^ I'etat d'acide vitriolique , fuit la loi commune •, il ne peut s'operer qu'aii- tant qu'une portion d'air em.inemment refpirable s'unit au foufre, & le convertit en acide vitriolique. Les progres de la vitriolifation des pyrites font infiniment plus rapides quand on opere dans de l'air eminemment refpirable pur ; mais comme je ii'ai pas fuivi cette derniere experience avec aifez d'atrention , je ne puis en donner les derails a I'academie. Pour relumer en peu de mots, les pyrites font un combine de foufre & de fer; Tacte de la vitriolifation n'eft autre chofe qu'une addition d'air eminemment refpirable, ou plus exa(5):ement , de la bale de l'air eminem- ment refpirable ^ cette combinaifon, addition qui convertit le foufre en acide vitriolique : or, cet acide fc trouvanc en contaift avec le fer dans un grand etat de divilion , ne peut manquer de I'attaquer & de le dilfoudre \ mefure qu'il eft forme, & il en refulte du vitriol de mars. DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. 155 OBSERVATIONS S U R LE NITRE A BASE DE TERB.E ABSORBANTE, Retiri du Salp^tre de HouJJage. Far M. S A c E. .vANT de rendre compte de la nature de cette comblnaifon faline, Mem. je vais m'occuper ^ faire connoitre ce que j'entends p;ir terre abforbante i je defigne foils ce nom la terre qui refte apres la calcination des fubftances cfleufes [a): cette terre, aprcs avoir iic lavee dans de I'eau diftillec, y laific le natron qu'elle contenoit. Je me fuis aflure qu'il y avoir du na- tron {b) dans la leffive des os calcines, en y verfant , jufqu 1 fitur.ition , de I'acide vitriolique, ce qui, par levaporation de cette diffjluticn, m'a produit du fel de Glauber. La terre abforbante depouillee de natron par des leffives & des calci- nations repetces, n'eprouve aucune alteration au feu le plus violent, & ne fe vitrifie pas, nieme par I'intermede du verre de plomb, ce qui la rertd propre i fiire des coupelles. Lorfqu'on verfe de I'eau fur la terre abforbante nouvellement calcinee , die I'abforbe avec bniit , fans qu'on y remarque de chaleur fenfible. La combinaifon de cette nieme terre avec I'acide nitreux , & les pro- priety du fel qui en refulte , font connoitre la ditierence qui fe trouvc entre cette terre abforbante & la terre calcaire. L'acide nitreux combine avec la terre abforbante , produit un fel qui n'efl pas deliquefcent ; ce nitre terreux ne fufe point fur les charbons ardens {c) : I'acide nitreux fe degage feulement de la terre abforbante lous forme de vapeurs rougeatres. Ayant fait evaporcr line dilTolution de nitre i bafe de terre abforbante dans une baffine d'argL-nt , I'acide nitreux s'eft degage de la terre abfor- bante , a porte fon adtion fur I'argent , & toute la furface intern? de la baffine s'cft trouvee depolie & de coulcur grife. J'ai reconnu que le nitre artificiel ^ bafe de terre abforbante !e decom- pofoit lorlqu'on le diUolvoit dans I'eau, & que fon acide fe dcgageoit en partie par rintcrniede de I'argent, tandis que la meme efpece de nitre ter- rcux que J'avois retiree de la leffive du falpetre de houiTage, n'eprouvoit (u) J'ai employ^ des os de bceufs & de moutons. (i) Cette ledive verdit la teintiire bleue des violtttcs, & d^compofe I'eau de chaux. (c) Le nine it bafe de terre calcaire eft deliquefcent, & fufe fur les charbons ardens. C n Y M 1 E. Annie tjjj- ii6 AB RE G t DES MEMOIRES ^^■^■— ^— ^ point de decompofition fenfible par le meme moyen , & qu'elle n'alteroit ^ „ point les vaifleaux d'argent dans lefquels on la failoit evaporer. ChYMIE. 'ttI" ju/7- J."- -'1 • vLTj ur Le lalpetre de houiiage , dont j ai retire le nitre a bale de terre ablor- Anne'e I'J'JJ- bante , etoit fous forme de filets blancs , foyenx , raffembles en faifceaux (a) 5 ce meme falpetre ne m'a prefque pas fourni de fel marin. Deux livres de ce falpetre de hoiiffage m'ont pioduit environ une once de nitre \ bafe de terre abforbante; celui-ci cryftallife en lames blanches > opaques, & fe trouve fur la fuiface des cryftaiu prifmatiques de nitre ^ . bafe d'alkali fixe. \ («)■'« I'avois retire , en houDant dans le printemps une muraille qui avoit e't^ enduite ' de plStre I'automne. OBSERVATIONS S U R \ L'ACIDE PHOSPHORIQUE [Obtenu par le diliquium du Phofphore , E T Sur Usfels neutres qui rifultent de la comhinaifon de cet acide avec les alkalis. Par M. S A G I. Mim. M. OUR obtenir par deliquium I'acide du phofphore , Je pofe des cylin- dres de phofphore fur les parois d'un entonnoir , dont I'extremite eft re^ue dans un flacon : je couvre I'orifice de I'entonnoir avec un chapi- teau •, j'ai foin de placer dans le milieu de I'entonnoir un petit tube de barometre pour fervir de paffage ^ I'air du flacon qui eft deplace par I'acide phofphorique ; j'ai reconnu , que quand je ne prenois pas cette precau- tion , Je phofphore fe fondoit & s'enflammoit avec exploilon dans I'appa- reil, lorfque le thcrmometre de M. de Reaumur etoit ^ 15 degres, tandis que dans la meme temperature, des cylindres de phofphore, mis dans une capfule , ne fe fondoient ui ne s'enflammoient pas. Une once de phofphore fournit, par le deliquium, trois onces d'acide phofphoriqiie. L'acide phofphorique obtenu par !e deliquium du phofphore , eft fans odeur & fans couleur : cet acide eft gras au toucher •, fi on I'expofe au feu , il ne s'evapore que dans la quantite relative au phlogiftique qu'il con- tient; dans ce cas, il exhale des v.ipeurs blanches tr«-acres j il fe fait quel- DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. 157 qiies petites explosions lumineiifes , & I'on trouve au fond du creufet unc "^■■i'nsM^iMB m.iffe blanche, demi-tranfparente & deliquefccnte. Lorfqii'on expofe du phofphore aii feu, il repand une odeur d'ail, fe ^ " ^' ^ ■■ ^* fond, Icintille, preiid feu avec bruit, & produit une flaranie verte ; il Annt^e I'^ji s'en dtigage une quantite confidcrable de vapeurs blanches trcs-acres, dont ' I'odeur eft i peu-prcs femblable \ celle de I'acide marin : ces vapeurs font trcs-difficiles ^ coercer , & font un acide phofphorique volatil fumant, tres-fubtil, qui eft ^ I'acide phofphorique , ce que I'acide fulfureux eft \ I'acide vitriolique. Aprcs la deflagration du phofphore, on trouve dans le vaiflean oii on I'a fait , une malfe d'lin rouge de grenade , dont la pefanteur fe trouve ctre la moiti^ de celle du phofphore qu'on a briile : cette maffe rouge contient de I'acide phofphorique trcs-concentre , & du phofphore qui n'eft point decompofe ; fi on la lailfe expofee \ I'air , elle s'y refout en partie en liqueur acide & tr^s-pefante , qui conferve I'odeur du phofphore. L'acide obtenu par le deliquium du phofphore, ^tant combind avec I'al- kali fixe du tartre , forme un fel qui n'eft pas deliquefcent : j'ai dcligne ce fel fous le noni de tartre phofphorique. Le fel neutre, formi par I'acide phoiphorique par deliquium & I'alkali fixe de ia foude, cryftallife, & n'attire pas I'humiditc de fair. Le fel ammoniac phofphorique , forme par I'aUcali volatil & I'acide phof- phorique par deliquium J eft deliquefcent. La terre abforbante, produite par les os calcines, ayant ete faturee d'a- cide phofphorique par deliquium, forme un fel neutre qui n'eft pas de- liquefcent. Ces experiences font connoltre que I'acide obtenu par le deliquium du phofphore , differe par fes proprietes de celui qui a ete produit par la de- flagration , puifque M. Lavoilier n'a obtenu de la conibinaifon de ce der- nier acide avec les alkalis, que des fels neutres deliquefcens. 138 ABREG^ DES MEMOIRES C H Y M I E, Ann/e tj^j. OBSERVATIONS S U R L'ACIDE CONCRET RETIRE DU SUCRE. Par M. S A G E, Uim JLiA differtation que M. Jean-Asfeld Arvidfon a piit)U(5e, foils la pieli- dence de M. Bergman, qui en eft I'auteur, en 1776, fur I'acide concret retire d« fucre , eft le premier ouvrage ou Ton trouve decrit le precede par lequel on y parvient ■■, mais M. Bergman a reconnu depuis qu'on ob- tenoit plus facilement I'acide du fiicr*, par un moyen qu'il a indique. Je vais rendre compte de Tun & de I'autre procedc que j'ai repete, & Ton verra que celui de M. Bergman eft beaucoup plus prompt, qu'il fournit une plus grande quantite d'acide concret du fucre , que ce dernier eft plus pur, &. qu'il cryftallife beaucoup plus facilement. Premier P r o c e r> e. j'jt: i'A im a; . '-^ .10.. Ai'ufes avoir introduit une once de fucre-candi pulverifii dans ime cor- nue tubulee, j'ai verfe dedans trois onces d'efprit de nitre (a); j'ai plac^ la cornue dans un bain de fable, que j'ai chaufie par degres jufqu'i I'e- bullition de I'acide , Ics ballons fe font remplis de vapeurs rouges -, lorf- qu'il n'en parut plus dans la cornue , Je verfai ce quelle contenoit daiis une capfule de verre , cette diffolution ne produifit par le refroidillement qu'une niatiere jaunatre, fyrupeufe & acide. Apres avoir mele avec ce refidu trois onces d'efprit de nitre, Je le dif- tillai, il paffa de I'acide nitreux rutllant-, lorfque je n'appercus plus de va- peurs rougeatres dans la cornue , Je verfai dans une capfule cette diffolu- tion ; quand elle fut refroidie, Je trouvai au fond quelques cryftaux jau- natres, & une grande quantite d'eau-mere epaiffe &: vilqueufe. Aprcs avoir mele cette eau-mere avec deux onces d'eiprit de nitre, elle reprit de la fluidite ; ce melange ayant etc expole k un feu gradus fur un bain de fable, une partie de I'acide nitreux fe diffipa en vapeurs rougea- tres i lorfqu'il ne s'en degagea plus de la capfule, Je la retirai du bain de fable : la diffolution quelle contenoit produilit, par le refroidillement, des cryftaux colores ', d'acide du fucre-, leur eau-mere n'etoit plus vifqueufe. Ces experiences demontrent qu'il faut huit parties d'acide nitreux pour (n) L'acide nitreux que j'ai enipToy^ , pefoit une once deux gros dix-huit grains, dans un flacon qui contenoit une once d'eau diftillee. DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. 139 dccompofer toute la matiere graffe d'une partie de fucre (a), & mcttre '■■■■■■ _. I'acide de ce fel en ctat de crydillifcr. Cette vcrite a ete certainement re- '7> ' conniie de M. Bergman, puifqu'il dit dans (cs oiivrages, que pour obtenir ^ " ^ •'" ' ^• J'acidc concret du fiicre , il faut diftiller ce fel avcc huit parties d'acide Ann^e 27-77. nitrcux; lorfqn'on n'appcrcoit plus de vaprurs rouges dans la cornue, on ' verfe dans une capfule de verre la diffolution quelle contient, & quand elle eft: refroidie , on trouve fur les parois de la capfule , I'acide du fucre cryftaliife en prifmcs tetracdres, tronqties k leur exrrcmitc. Pour obtenir I'acide concret du fucre trcs-pur, il faut dilToudre fes cryf- taux dans deux parties d'eau (b), faire evaporer lentcment cette diffoki- tion; par le refroidiffement, elle produit de trcs-beaux prifmes hexaedres, terniincs par des fommets diedres : ces cryftaux font, blancs, tranfparens) & ne s'aitercnt point i I'air. Une livre de fucre m'a produit, par leprocede de M. Bergman, dix on- ces d'acide concret. La favcur de cet acide eft tres-piquante, mais il n'eft point corrodf comnie les acidcs mineraux •, j'ai diftille dans une cornue de verre lutee, une deml once d'acide concret du fucre; il a paffe une partie d'acide fluide, il s'eft degags dcs vapeurs blanches qui formoient un nuage dins la partie inferieure du recipient ; j'ai trouve dans le col de la cornue quclques portions d'acide concrjt, & fur les parois un enduit noiratre. Si I'on met dans un creufet chauffe jufqu'^ I'incandefcence , de I'acide concret du fucre, il s'y fond, bout, fe bourfoufle, & s'exhale en partie en vapeurs acides , dont I'odeur eft ^-peu-prcs femblable h celle que pro- duit le fucre en bruianf, il refte fur les parois du creufet, une matiere bruiijtre qui produit par la calcination une cendre blanchatre, dont une partie eft loluble avec eftervefcence dans les acides. Une once d'acide • concret du fucre, produit huit grains de cette cendre blanchatre : feroit- ce eette efpjce de terre abforbante qui donneroit I I'acide du fucre la propriete de cryftallifer ? M. Bergman indique dans fa diflertation, qu'on peut retirer de la gomme arabique, par le moyen de I'efprit de nitre, un acide concret femblable k celui du fucre. Ce meme chymifte, en parlant des proprietes de I'acide concret du fu- cre, dit qu'il decompofe le vitriol de I'une; que ce meme acide du fucre degage I'acide nitreux des bafes metalliques ou terreufes, avec lefqiielles il (e trouve combine : j'ajouterai ^ ces obfervations, que Ton peut dscom- pofer le nitre , en le diftillant avec quatre parties d'acide concret du fucre. CO Une once dc fucre-canji produit, par h diftillation , cinq gros 5: demi d'acide rou-eatre & limpide ; treme-iix grains dliuile noire & pcfante ; & un gros & demi de chnrbon Ir fpongieux , qu'il rempliffoic h capacite d'une cornue qui comenoit une pime d'caii. "^ (i) Loifqu'on met de I'cau fur I'acide concret du fucre, il fe produit un bruit ;i-peu- pres lemblable Ji la decrepitation ; le degr^ de froid qui I'cxcite fait defcendre fe thcrmo- metre dc quatre degr.^s : le m^me effet a lieu lorfqu'on verfe delTus de I'huile de vitriol, qui diflout une panic de cet acide concret du fucre. HO ABREG6 DES MEMOIRES C H Y M I E. Annie _ ijjj- M ^ M O I R E S V R : >->^ ' LACOMBUSTIONENGliNERAt. Par M. Lavoisier. Me'm. J!a.uTANT Tefprit de fyfteme eft dangereux dans les fciences" pliyfiquesi aiitant il eft i craindre qu'en entaffant fans ordre line trop grande miilti- plicite d'experiences , on n'obfcurciffe la fcience au-Iieti de I'^claircir j qu'on n'en retide I'acces difficile ^ ceux qui fe prefentelont pour en fran- chir I'entrfie ; enfin qu'on n'obtienne , pour prix de longs & penibles tra- vaux, que defordre & confufion. Les faits, les obfervations , les expe- riences, font les materiaux d'un grand edifice; niais il faut eviter, en les raflemblant , de former encombrement dans la fcience", il faut au con- traire s'attacher ^ les ciaffer, ^ diftinguer ce qui appartient ^ chaque or- dre , ^ chaque partie de ledifice , enfin leS difpofer d'avance \ faire partie du tout auquel lis appartiennent. Les fyftemes en phylique , confideres fous ce point-de-vue, ne font plus que des iiiftruiiiens propres ^ foulager la foibleffe de nos orgaues : ce , font, ^ proprement parler , des methodes d'approximation qui nous met- tent fur la voie de la folution du probleme-, ce font des hypothefes qui," fucceflivement niodifiees, corrigees & changees £» mefure qu'eiles font de- menties par I'experience , doivent nous conduire immanquablement un jour, k force d'exclufions & deliniinations, i la connoiffance des vraies loix de la nature. Enhardi par ces reflexions , je harfarde de propofer aujourd'hui ^ I'a- cademie une theorie iiouvelle de la combuftion •, ou plutot , pour parler avec la rdferve dont je me fuis impofe la loi, une hypothefe, ^ I'aide de laquelle on explique, d'une nianiere trcs-fatisfaifante , tons les phenomenes de la combuftion de la calcination, & meme en partie ceux qui accora- pagnent la refpiration des animiux. J'ai deji jette les premiers fondemens de cette hypothefe, pages 2.75 & z8o du I" tome de mes opufcules phyjiques & chymiques ; mais j'avoue que, peu confiant dans mes propres lumieres, je n'ofai pas alors mettre en avant une opinion qui pouvoit paroitre finguliere, &qui etoit diredement contrairejl la theorie de Sthaal, & ^ celle de plufieurs hommes celebres qui I'ont fuivi. Quoiqu'une partie des raifons qui m'ont arrete, fubliftent peut-etre encore aujourd'hui , cependant les faits qui fe font multiplies depuis cette epo- que, & qui me paroiffent favorables k mes idees, m'ont affermi dans mon opinion : fans etre peut-etre plus fort, je fuis devenu plus confiant, & je. crois avoir allcz de prcuves, ou au moins de probabilites, pour que ceux meme I DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. 241 nicme qui ne feroient pas de mon avis , nc piiiffent me blamer d'a- voir cent. C H Y M 1 r. On obferve en gcfncnl, dans la combiiftion des corps, quatre pheno incncs conftans, qui paroiffent etre des loix dont la nature ne s'ecarte ja- ytnn^e 1777 niais i quoiquc ccs phciiomenes fe trouvent implicitement sconces dans d'autrcs mimoires , jc ne puis cependant me difpcnfer de Ics rappeller ici en peu de mots. Premier Phenomene, Dans toute combuftion , il y a degagement de matiere du feu ou 4e la lumiere. Deuxieme Phenomene. Les corps ne peuvent bruler que dans un trcs-petit nombre d'efpeces d'airs •, ou plutot meme , il ne peut y avoir de combuftion que dans une fcule efpece d'air, dans cclle que M. Pricftlcy a wommi air de'plogijlique , & que Je nommerai ici air pur. Non-leulcment les corps auxquels nuus donnons le nom de comhuflibles , ne brulent ni dans le vuide , ni dans au- cunc autre efpece d'air ; mais ils s'y etcigncnt au contraire aulTi prompte- nicnt, que (i on les plongeoit dans I'eau , ou dans un autre fluide quel- conque. Troisieme Phenomene. Dans toute combuftion , il y a deftrudion ou decompofition de I'air pur, dans lequel fe fait la combuftion; & le corps briile augmente dc poids, exadlement dans la proportion de la quantite d'air d^tniit ou ds- compofe. Q^VATRiEME Phenomene. Dans toute combuftion , le corps brule fe change en un acide, par I'ad- dition de la fubftance qui a augmente fon poids : ainft , par exemple , fi on brule du foufre fous une cloche, le produit de la combuftion eft de I'acide vitriolique; fi Ton brule du phofphore, le produit de la combuf- tion eft de I'acide phofphorique ; li on brule une fubftance charbonneufe, le produit de la combuftion eft de I'air fixe, autrement dit, de I'acide crayeux, &c. {a) La calcination des tnetaux eft foumife exaftement \ ces memes loix , & c'cft avec trcs-grande raifon que M. Macquer I'a conllderee comme une combuftion lente : ain(i i". dans toute calcination metallique, il y a de- gagement de matiere du feu ■, 1°. il ne peut y avoir de veritable calcina- tion que dans I'air pur; 3°. il y a combinaifon de I'air avec le corps cal- cine , mais avec cctte difference, qu'au lieu de former un acidc? avec lui, (j) J'obferverai ici en paflant, que le nombre des acides eft infinimem plus confi- d(!rable iju'on ne le penfe. Tone XVI. Panic Franfoi/e. H h 24i ABREGlg DES MEMOIRES — —— '^— * Jl en refulte line combinaifon particuliere , connue fous le nom de chaux C H Y M I B. "^^Y^i^^'k ■ .--y V A c- • ,. , • ■ -a Le nelt point ici le lieu de faire voir 1 analogic qui exilte entre la ylnn^e 1777. refpiration des animaiix , la combuftion & la calcination •, j'y leviendrai dans la luite de ce memoire. Ces difterens phenomenes de la calcination des mctaux & de la com- buftion , s'expliquent d'une maniere trcs-hcureiife daiis I'hypothefe dc Sthaa!-, mais il faiit fuppofer avec lui , qii'il exifte de la matiere dti feu, du phlogiftique fixe dans les metaiix , dans le foufre & dans tons les corps cju'il regarde comme combuftibles : or , fi Ton demande aiix partifans de la dodrine de >Sthaal , de prouver I'exiftence de la matiere du feu dans Jes corps cambuftibles, iis tombent neceffairement dans un cercle vicieux, & font obliges de repondre que les corps combuftibles contiennent de la matiere du fcu parce qu'ils brillent, & qu'ils brulent parce qu'ils contien- nent de la matiere du feu-, or il eft aife de voir, qu'en derniere analyfe, c'eft expliquer la combuflion par la combuftion. L'exiftence de la matiere du fen, du phlogidique dans les mi^taux,' dans le foufre, &c. n'eft done reellement qu'une hypothefe, une fuppofi- tion, qui, une fois admife, explique il eft vrai quelques-uns des pheno- menes de la calcination & de la combuftion ; mais (1 je fais voir que ces memes phenomenes peuvent s'expliquer d'une maniere toute audi natu- lelle dans I'hypothefe oppofee, c'eft-i-dire, fans fuppofer qu'il exifte de matiere du fcu , ni de phlogiftique dans les matieres appellees combujli- hies t le fyfteme de Sthaal fe trouvera ebranle jufques dans fes fondemens. On ne manquera pas , fans doute , de me demander d'abord ce que j'entends par matiere du feu? Je repondrai, avec Franklin, Boerhaave, & une partie des philofophes de I'antiquitc, que la matiere du feu ou de la lumiere, eft un fluids trrs-fubtil , tres-rare, tres-elaftique, qui environne de toutes parts la pianette que nous habitons, qui penetre avec plus ou moins de facilite les corps qui la compofent, & qui tend, lorfqu'il eft libre , i fe meitre en equiiibre dans tous. J'ajouterai , en empruntaiit le langage chymique , que ce fluide eft le diflblvant d'un grand nombre de corps; qu'il fe combine avec eux de la mcme maniere que I'eau fe combine avec les fcls , que les acides fe com- binent avec les metaux ; & que les corps ainfi combines & dilfous par le fluide igne, perdent en partie les proprietes qu'ils avoient avant la com- binaifon , & en acquierent de nouvelles qui les rapprochent de celles de la matiere dn feu. C'cft ainfi, comme Je I'ai fait voir dans un memoire depofe an fecrets- riat de cette academic , que tout fluide aeriforme , toute efpece d'air, eft un refultat de la combinaifon d'un corps quelconque folide ou fluide, avec la matiere du feu ou de la lumiere-, & c'eft ^ cette conbinaifon' que les fluides aeriformes doivent Icur clafticit^ , leur l(5gerete fp^cifique, leur rarete, & toutes les autres proprietes qui les rapprochent du fluide )gn6, L'air pur, d'aprcs cela, celui que M. Prieftley nomme air dephlogifli- ^u£, eft une combinaifon ignee dans laquelle la matiere du feu ou de !a DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. 145 lutniere entre coinme diffolvant, & dans laquelle une autre fubftance entre ™^ — comme bale : or ll, dans ime diffolution quelconque, on prcfcnce k la ^ bafe une Uibftance avec laquelle elle ait plus-d'affinitc, elle s'y unit i I'inf- tant, & le dilTolvant qu'clle a quitte dcvient libre. Ann^e fJJJ- La meme chofe arrive ^ I'air pendant la combuflion -, le corps qui briile lui ravit fa bafe; dcs-lors la matiere du feu qui lui ftrvoit de diifolvant, devient libre; elle reprend tous fes droits, & s'echappe avec les caraderes qu'on luiconnoit, c'efl-k-dire avec flaiiime , clialeur & lumiere. Pour cclaircir ce que cette theorie peut prefenter d'obfcur , failons-en I'application k quclques exemples : lorfqu'on calcine un metal dans de i'air pur, la bafe de I'air, qui a moins d'al^nite avec fon propre diifolvant qu'avec le metal, s'unit k ce dernier dcs qu'il eft fondu , & le convertit en chaux metallique : eette combinaifon de la bafe de I'air avec le metal eft deniontree, 1°. par Taugmentation de poids qu'eprouve ce dernier pendant la calcination; i". par la deftruttion prefque totale de I'air con- tenu ious la cloche : niais li la bafe de lair etoit tenue en dilfolution par la matiere du feu , ^ inefure que cette bale fe combine au metal, la ifia- tiere du feu doit devenir libre, & produire, en fe degageant, dc la flamme & de la lumiere. Op concoit que plus la calcination du metal lera prompte , c'eft-k-dire que plus il y aura de fixation de la bafe de I'air dans un temps donne , plus aulli il y aura de matiere du feu qui devien- dra libre k la fois, & plus par conlequent la combuflion fera fenlibie & marquee. Ces phenomenes qui font extremement lents & difEciles \ failir dans la calcination des metaux , font prefque inRantants dans la combuftion du foufre & du phofphore : j'ai fait voir, par des experiences centre lelquelles il me paroit difficile de faire aucune objection railonnable,"que dans ces deux combuftions, I'air ou plutot la bafe de I'air, etoit abforbee; qu'elle fe combinoii avec le foufre & avec le phofphore, pour firmer I'acide vitriolique ou I'acide phofphorique : mais la bale de I'air ne peut palTer dans une nouvelle combinaifon fans Lilier fon dilTolvant libre, & ce dif- folvant , qui eft la matiere du feu meme, doit fe dcgager avec lumiere & avec flamme. Le charbon & routes les matieres charbonneufes, ont la meme adlion fur la bale de I'air ; elles fe I'approprient & forment avec ellcs , par la combuftion , un acide J'ui generis , connu fous le nom &air fixe ou ^acide crayeux ; le dilTolvant dc la bale de I'air, la matiere du feu, eft encore degage dans cette operation , mais en moindre quantite que dans la combuftion du foufre & du phofphore, parce qu'unc portion le com- bine avec I'acide mephytique , pour le conftituer dans I'ctat de vapeur & d'elafticite dans lequel nous I'obtenons. J'oblerverai ici en palTant, que la combuftion du charbon faite dans une cloche renverlee dans du mercure, n'occallonne pas une diminution tres-conliderable dans le volume de I'air dans leqiitl on le fait bruler, lors mime qu'on emploie de Tair pur dans I'expsrience , par la raiton que i'acide mephytique qui fe forme , demeure dans I'litat aeriforme , ^ la dif- Hh ij 244 ABREG6 DES MEMOIRES ^■— i— i— i— firence de I'acide vitriolique & de I'acide phofphoriqiie , qui fe conden- ^ fent fous forme concrete h mefure qii'ils font formes. Je pourrois appliquer fucceffivement la meme theorie ^ toiites les com- Annie t7j7. buftions; mais , coumie J'aurai de freqiientes occalions de revenir fur cet objet, je m'en tiens dans ce moment 'k ces exemples gcneraux. Ainfi pour relumer, I'air efl: compofe , fuivant moi , de la matierc du fi'u conime dillolvant , conibinee avec une fubftance qui lui fert de bale & en quel- que facon qui la ncutralife ■, toutes les fois qu'on prcfente i cette bale une fubltance avec laqucUe elle a plus d'affiniti, elle quitte Ton dillolvant-, des-lors la matiere du feu reprend fes droits, fes proprietes, & reparoit ^ nos yeux avec chaleur, flamme & lumiere. L'air pur, I'air dephlogiftique de M. Prieftley, efl done dans cette opi- nion le veritable corps combuftible , & peut-etre le feul de la nature : & on voit qu'il n'eft plus befoin, pour expliquer les phenomenes de la com- buftion , de fuppofer qu'il exifte une quantite iinmenfe de feu fixee dans tous les corps que nous nommons combujhbles ; qu'il eft trcs- probable au contraire qu'il en exifte peu dans les metaux , dans le foufre , dans le phofphore & dans la plupart des corps trcs-folides , tres-pefans & trcs- compadts •, & peut-etre meme qu'il n'exifte dans ces fubftances que de la matiere de feu libre , en vertu de la propriete qua cette. matiere de fe mcttre en cquilibre avec tous les corps environnans. Une autre reflexion frappante, qui vient encore i I'appui des prece- dentes , c'eft que prefque tous les corps peuvent exifter dans trois etats difterens, ou fous forme folide , ou fous torme liquide, c'eft-^-dire fon- dus, ou dans I'etat d'air & de vapeurs; ces trois etats ne dependent que de la quantite plus ou moins grande de matiere du feu dont ces corps font penetres' & avec laquelle ils font combines. La fluidite , la vaporifa- tion, I'elafticite, font done les proprietes caradteriftiques de la prefence du feu & d'une grande abondance de feui la folidite, la compacite au con- traire font les preuves de fon abfence : autant done il eft prouvi que les fubftances aeriformes & l'air lui-meme contiennent une grande quantite de feu combine, autant il eft probable que les corps folides en contien- nent peu. Je fortirois des bornes que je me fuis prefcrites & que les circonftances exigent , fi j'entreprenois de faire voir combien cette theorie jerte de Jour fur tous les grands phenomenes de la nature; je ne puis cependant nie difpenfer de faire encore remarquer avec quelle facilite elle explique pourquoi l'air eft un fluide elalfique & rare. En effet, le feu etant le plus iubtil, le plus elaftique & le plus rare de tous les fluides , il doit com- muniquer une partie de fes proprietes aux fubftances auxquelles il s'unit ; & de meme que les diflolutions des fels par I'eau confervent toujours une partie des proprietes aqueufes , de meme audi les difiblutions par le feu doivcnt conferver une partie des proprietes ignees. On concoit encore pourquoi il ne peut y avoir de combuftion , ni dans le vuide , ni meme dans aucune corabinaifon aeriforme, oii Li matiere du feu a une tres- grande atlinite avec la bafe avec laquelle elle eft combines^ .M I E. DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. 14,- On n'efl point oblige non plus dans ces principes , d'admcttre dc la ^^^^ inaticrc dii feu fixee & combinde en une immenfL' quantitc jufques dans r^ le diamant nieme, & dans un grand nombre de fubllinces qui n'cnt nu- " ^ cune qualite analogue i cciie de la matiere du feu, & qui en prcfcntent Ann^e tj-- ineme d'incompatibks; enfin on n'eft point oblige de loutenir, comme ' ' le fait Sthaal, que des corps qui augmcntcnt de poids, perdent une partie de leurs lubftanccs. J'ai annonce plus haut, que la theorie expofee dans ce msmoirc, poii- voit s'appliquer i rexplication d'une partie des phcnomenes de la rcfpi- ration , & c'cft par ou je terminerai cet elFai. J'ai fait voir, dans le meiiioire que j'ai lu ^ la fearice publique de pa- ques dernier, que I'air pur, aprcs etre entre dans le poumon , en rellor- toit en partie dans I'ctat d'air fixe ou d'acide crayeux. L'air pur, en paf- fant par le poumon, eprouve done une deconipolition analogue a celle qui a lieu dans la combuflion du charbon : or , dans la conibuflion du charbon , il y a degigcment de matieres du feu : done il doit y avoir ega- lement degagement de matiere du feu dans le poumon , dins I'intervalle de rinfpiration i I'expiration ; &'c'eft cette matiere du feu fans doure qui, fe diftribuant avec le fang dans toute I'economie animale , y entre- * tient une chaleur conlbnte de 32 dcgresy, environ, au thermometre de M. de Reaumur. Cette idee paroitra peut-etre hafardee , an premier coup-d'ccil •, mais avant de la rejetter ou de la condaniner , je prie de conliderer qu'elle eft appuyee fur deux faits conftans & inconteftablei : favoir, fur la decompodtion de l'air dans le poumon, & fur le degage- ment de matiere du feu qui accompagne toute dccompolltion d'airpur, c'eft-i-dire tout paflage de l'air pur ^ I'etat d'air fixe. Mais, ce qui con- firme encore que la chaleur des animaux tient a la dccompotition de l'air dans le poumon, c'eft qu'il n'y a d'animaux chauds dans la nature, que ceux qui rcfpirent habituellement , & que cette chaleur eft d'autaut pliss grande que la refpiration eft plus frequente, c'eft-^-dire qu'il y a une re- lation conftante entre la chaleur de I'animal & la quantite d'air entree, ou an moins convertie en air fixe dans fes poumons. Au refte , je le repcte , en attaquant ici la doctrine de Sthaal , je n'ai pns pour objet d'y (ubftituer une theorie rigoureufement demontree , maU ieulement une hypothefe qui me femble plus probable, plus conforme aux loix de la nature , qui me paroit renfermer des explications moins forcees & moins de contradiAions. Les circonftances ne m'ont permis de donner ici que I'enfemble dU {\i- teme, & un appercu des confequences; mais je me propofc de reprcndre fuccefTivement chaque partie, d'en donner le dcveloppement dans ditte- rens memoires, & j'ole affurer d'avance que rhypothefe que je propofe, explique d'une maniere trcs-henieufe & tics-Cmple les prii.cipaux phcno- menes de la phylique & de la chymie. 1+6 ABREG£ DES MHMOIRES Sur la Nature des Acides. C H Y M I E, Annie ijjS. Hift. JL,/ E s chymiftes entendent par elemens , non les corps fimples par leiir nature, puifque nous ne pourrons jamais aflurer d'aucun corps, qu'il loit dans cet etat de limplicite abfolue", mais feulement les corps que nous ne pouvons decompofer, & qui par ronfcquent font pour nous de viiritables elemens. Comme plufieurs de ces fubftances , indecompolables pour nous, nous montrent des indices d'une premiere formation faite par la nature, ou d'une decompofition executee par des moyens que nous ne pouvons iii connoitre ni imiter, on les exclut avec raifon du nombre des clemensj rnais on les regarde comme des principes au-deli delquels on ne clierche point ^ pouffer I'analyfe des corps qui en font compofes. Cependant I'analyfe de ces fubftances elle-meme eft un des objets Ics plus piquans de la chymie", elle olire des problemes difticiles i refoudre, & dont robfervation de la nature a prouve que la folution etoit pofli- * ble; audi ^ chaque epoque ou la chymie s'enrichit de noiiveaux moyens d'analyfe, plulieurs fubftances regardees comme des principes, font ex- clues de cette clatfe & rentrent dans I'ordre des compofes. Les acides, du moins plulieurs d'entr'eux, (ont regardes , non comme des elemens , parce que Ton iait il y a long- temps qu'ils fe forment ou fe dctruifejit ; mais comme des principes tres-limples au-delh defquels I'ana- lyfe ne remonte point. La theorie des airs nous a donne, depuis quelques annees , I'efperance de faire un pas de plus : en effet, puifqu'on a trouve les moyens de raf- fembler , de diftinguer, de foumettre aux experiences les fluides aerifor- mes qui s'echappent des corps, il en rcfulte que celles de ces fubftances qui fe degagent dans la decompolition d'un acide, peuvent etre connues, & loumifes i I'examen des chymiftes. L'acide nitreux a ete celui fur lequel on ait fait les premiers effais ; en diffolvant dans cet acide certains metaux , il fe d^gage de Pair , & cet air qu'on a nomme air nitreux, mele avec fair vital, c'eft ^-dire, precife- ment avec celui qui fe combine avec les metaux pendant leur calcination, reproduit l'acide nitreux. II paroit done que l'acide nitreux eft conipofe de ces deux airs, & que le metal le decompofe en fe combinant avec I'air vital qui forme une des parties. Comme I'acidite eft une propriete commune i toutes les efpeces d'aci- des, qui produit dans tous des phenomenes analogues, il eft naturcl, dii momiCnt oi\ on ne les regarde plus ni comme des corps fimples, ni comme un meme acide effentiel difteremment modifie , de fuppofer ^ tous un principe comnnin , principe auquel ils doivcnt leur qualite d'acide, & qu'on pent appeller le principe acidificmt ou oxigine. C'tft dans I'une des fubft.'nces qui forment i'.icide nitreux, ou qui du mollis entrent dans fa conipohtion , que M. Lavoilier cherche ce nouveau DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. 2+7 principe, & il pcnfe que c'efl I'air viul , ou plutot un des principcs qui ^— ^^^^^^m formeiit I'air vital. Ce principe, combing avec les matieres charbonneules, T! prodiiit I'air gazeux ou I'acide acVitn ; avcc le foufre, il produit I'acide *^ " ^ ''« ' £• vitriolique; avec le pholphore, i'acide phofphoricjue-, avec le lucre, I'a- yiarUe j-,-,g cide du lucre. ' ^ Lcs niinioires donncs par M. Lavoilicr dans les volumes ^reccdens, contiennent une partie des preuves de ces diffcrentes opinions, e.xceptc de c He qui regarde I'acide du lucre : I'cxamen des circonftances qui accom- pigncnt la formation de cet acide, & Ta decompofition , font Tobjet par- ticulier de ce memoire. Si on verfe de I'acide nitreux fur du fucre, & qu'on diftille k feu nu, il paffe de I'air nitreux, de I'air inflammable, de I'air gazeux , enfin une portion d'acide nitreux qui n'a pas fouffert de dicompolition. Et I'acide du fucre refte dans la cornue : ainli I'air vital qui s'eft fepare de I'air ni- treux, s'eft combine avec le fucre, & a formd I'acide faccarin ; mais I'air p.izeux & I'air inflammable qui ont paffe, font dus i la decompolition de i'acide du lucre : anfll cet acide, pouffe h la diftillation, fe reduit-il en air gazeux & en air inflammable, en laiUant un relidu eharbonneux. Comme I'air gazeux eft, fuivant I'opinion de M. Lavoilkr , une combinaifon du principe acidifiant avec la mariere charbonneufe, il refulte de cette der- nicrc analyle, que le fucre n'eft qu'un compofe de la matiere charbon- neufe toute form;e, & d'un air inflammable. M. Lavoilier termine ce memoire par I'annonce d'une fuite d'analyfes v^getales faites par la meme methode que celle du fucre, & d'apres les mcmes principcs. II lie doime pas, au refte, cette theorie comme rigoureufement prou- vie, mais comme un fyfteme dont les parties lui paroiffent alTez bien liees entr'elles, & qui eft appuyc fur un aUez grand nombre d'experien- ces , confirnie par un aff. z grand nombre d'obfervations pour meriter I'at- tention & rexamen des chymiftes. 2+8 ABREG6 DES MEMOIRES M. Sur la dicompofition des Sels vitrioliques. _ R. Baume a prouve il y a dejk mi grand nombre d'annees, que I'acide nitreiix decompofe le tartre vitriole & le fel de Glauber, tandis que I'acide vitriolique decompofe aufli le nitre prifmatique & le nitre qiu- drangulaire : efpece de paradoxe qui femble detruire , ou du moins qui oblige de modifier la dodtrine des affinites. M. Baume effaya de decompofer les memes fels par I'acide marin •, raais ce fut fans fucces , ou du moins avec un fucces equivoque. M. Margraft, de fon cote, etoit parvenu i decompofer par I'acide mariii les deux nitres ^ bafe d'alkali fixe, & meme le tartre vitriole & le fel de Glauber ; ce qui faifoit , du paradoxe obferve par M. Baume , une forte de regie generale. M. Cornette s'cft propofe d'etendre les experiences des deux chymifles qui font precede, d'eclaircir ce qui paroiffoit encore incertain, & de con- ciiier ce qui fembloit contradid:oire dans leurs refultats, & il a embraffe dans fon travail les fels ^ bale terreufe ou k bafe metallique. Son premier memoire n'a pour objet que la decompolition par I'acide marin des fels vitrioliques & nitreux i bafe d'alkali fixe vegetal ou mine- ral, & ^ bafe d'alkali volatil. II a toujours employe de I'acide marin fumant & tres-pur-, il met dans I'etat de liccite les fels qu'il veut decompofer. Avec cette precaution , cha- cun de ces fels a etc decompofe , mais avec des circonftances dilferentes : la decompolition eft plus facile pour les fels ammoniacaux; ceux h bafe d'alkali mineral viennent enfuite , & enfin les fels k bafe d'alkali vegetal retiftent le plus k la decompolition. Lorfqu'on verfe I'acide marin fumant fur les fels nitreux , I'acide nitreux qui fe fepare , fe mele avec I'acide marin & forme d; I'eau regale : cette obfervation pent etre utile dans le cas oii un chymifte qui voudroit faire de I'eau regale, n'auroit dans fon laboratoire que des fels nitreux & de I'acide marin. Le fel ammoniac , produit par la decompolition du nitre ammoniacal , prend une couleur alfez foncee, que des diffolutions & des cryftailifations repetees ne peuvent lui oter, mais que M. Cornette lui a fait pcrdre en le fublimant fur de la terre d'alun , qu'il faut avoir la pre- caution de laver avec foin. Apres avoir determine I'effet des acides nitreux & marins fur les fels vitrioliques ^ bafe alkaline, M. Cornette examine, dans un fecond memoi- re, I'effet des memes acides fur les fels vitrioliques k bafe terreufe : ici les pheiiomenes font differens. Aucun des fels vitrioliques h bafe terreufe n'eft decompofe par le au- tres acides mineraux ; mais les fels nitreux ou marins ^ bafe terreufe de- compofent les fels vitrioliques h bafe d'alkali : le fel marin ^ bafe terreufe calcaiie dicompoie le vitriol ^ bale de magnelie. Tels iont les principaux phenomenes DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. ^45 fihinoiiKnes obierves par M. Cornctte : ces phenomenes ne detruircnt pi<^ ^t^^^^^m^m 1 thdorie pcnerale des aftinitcs, mais ils detruifent les loix particulic-res n damnite quon sctoit trop prede d adopter; lis en indiqiient daiitres qii il faut y (iibftitiier. Si des chymiftcs d'une gran de reputation ont donne trop jinn^e tijS. de gencrahte aux loix qu'ils ont obfervces, il ne faut pas en conclure que les faits chymiques ne (ont point affujettis ^ des loix fixes & generales : on s'expofe egalement i fe trompcr , en generalifant trop ou en ne generali- fant pas atfez. Ce dernier inconvenient eft fans doute nioindre en iui-me- me, puifque I'ignorance & le doute valent micux que des erreurs; mais la parefle qui fait refter dans I'ignorance & dans le doute, eft peut-ctre aufli nuifible au progrcs des fcienccs , que la hardielTe qui s'cgare , mais qui ne s'cgare que quelquefois. Gardons-nous cependant de croire que ces erreurs viennent d'avoir trop combind fes idees, trop raifonne fur les faits : elles viennent le plus fouvent d'avoir mal obfervd, de n'avoir vu les faits ni en afiez grand nom- bre, ni avec aflez de details. C'eft la precipitation & I'ignorance, & non I'imagin.ition ou le genie qui nous font commcttre des erreurs : car le ge- nie conlifte , non i generaliier des f.uts particuliers , mais 'k failir dans la fuitc des faits obfervds I'enfemble quelle prcfente. Le travail de M. Cornette fur les fels ^ bafe terreufe , le conduifent ^ rechercher I'origine de la felenite qui fe trouve dans les eaux, & celle des carrieres de gyple. Comme le melange du fel marin ^ bafe terreufe & du fel de Glauber, produit de la felenite, que ces fels font diffblubles dans, I'eau , & que la lelenite I'eft tres-peu , il parol: probable i M. Cornette que c'eft au melange d'eaux chargees de ces deux fels, qu'eft due la prefence de la felenite dans I'eau , & meme la formation des carrieres de gypfe. II obferve en effet que des eaux qui contiennent du fel de Glauber & du fel marin ^ bafe terreufe, peuvent refter limpides quelque temps & fans que la felenite s'y forme : elle fe precipite enfiiite par I'evaporation , 5c en plus grande quantite qu'une maffe egale d'eau n'eiit pu tenir en diffolution de felenite toute formee. II eft done poflible que des eaux minerales qui donnent de la felenite par I'analyfe, ne renferment reellement, du moins lorfqu'elles n'ont pas ete garddes long- temps, que du fel marin h bafe ter- reufe & du fel de Glauber : remarque qui eft importante pour I'ufage dc ces eaux dans la medecine. Tome XVI. Panic Franfoi/i. I» 250 AB RU G t DES MEMOIRES C H Y M 1 £. Annie. i-jjS. Ilift. Ri Sur diffinntes comhinaifons du Fer. EN n'eft plus facile dans les fciences fondees fur I'experience, qwe de multiplier les faits particuliers; mais ces faits ne font dignes d'attention, que lorfqu'ils fervent i conduire i des verites generales, ou que, prefen- tanrau contraire des fingularit^s nouvelles & imprevues, ils deviennent uii objet de recherches. Les faits obferves par M. de Laflbne, & dont il rend compte dans ce memoire, font de cette derniere claffe. Si on mele la limaille de fer & de la creme de tartre ; qu'on imbibe ce melange d'eau & qu'on lui faffe fubir une longue digeftion , il fe fait une combinaifon dont le refultat eft diflbluble dans I'eau froide; fi on mele la decodlion de noix-de-galle ^ cette diffolution , il fe forme de Ten ere ; mais I'alkali phlogiftique n'en precipite point le bleu-de-pruffe : cependant il fuffit de faire bouillir la liqueur pour lui donner cette propriece. Quelle eft la caufe de ce phenomene ? On n'ajoute rien \ la liqueur-, elle eft claire avant comme aprcs 1 ebullition •, elle contient, avant comme apres, du fer & de la creme de tartre ; quel changement a-t-elle done fubi ? Si le fer etoit diffous avant 1 ebullition, pourquoi n'eft-il pas precipite par I'al- kali? S'il n'etoit pas diffous, comment la liqueur ou il eft fufpendu, refte- t-elle tranfparente ? Nous ne fuivrons pas M. de Laffone dans la favante explication qu'il donne de ce phenomene. M. de Laffone conclut de cette obfervatlon, que les boules de ferpro- duites par la digeftion , ne font point du tout identiques avec celles qui fe forment ^ I'aide de I'ebullition , & il confeille de preferer la premiere preparation dans I'ufage de la medecine. II remarque enfuite, que puifque la noix-de-galle precipite en noir Ic fer diffous par la creme de tartre, on peut fe procurer une teinture noire fans employer le vitriol : procede qui peut etre d'un grand avantage, puif- que les teintures noires formees avec le vitriol martial, attaquent, jufqu'^ un certain point, les fubftances auxquelles on les applique. Le fecond fait qua obferve M. de Laffone n'eft pas moins remarqua- ble. On flit que le fer fe diffout dans I'alkali •, mais ii Ton emploie I'alkali fixe, la diffolution n'a lieu que lorfque ce fel eft dans I'etat de caufticite; fi au contraire on emploie I'alkali volatil , il n'agit que lorfque combine avec fair gazeux, il a perdu la caufticite : & ce qui eft encore une fingula- rite, la diffolution du fer par I'alkali volatil ne fe fait qu'avec un degage- ment d'air conliderable , & par confequent c'eft avec Talkali cauftique , avec ralkali qui n'auroit point agi fur le fer, quoique prefente dans fon plus grand etat de purete & d'adivite , que cependant le fer fe trouve reel- iement combine apres la diffolution, » DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. ^51 C H T JH I E. Sur Van des ejjais d'or. ■^""''e t77^' ^'art des effais eft un dc cciix ou les homraes ont porte le plus loin Hift. I'exaditiide , & ou la pratique peut le nioins meconnoitre ce qu clle doit \ la theorie. Mais c'eft fur- tout dans ces derniers temps que cet art a fait le plus de progres, & on en a robligation au zele de^I. Tillet, pour un travail qu'il a regardc comme un devoir, & auquel il a facrifie un temps qu'il eut pu employer ^ des travaux plus brillans , audi utiles peut are, inais fur lefquels le devoir n'eut pas determine fon choix. L'art des effais le reduit ^ deux operations; I'une eft la feparation des mctaux imparfaits, Onis i I'or & ^ I'argenf, I'autre, la feparation de Tor de I'argent. La premiere fe fait par la coupellation : M. Tillet a perfedionn^ cette methode dans plulieurs memoires inferos parmi ceux de I'academic , aa point de ne plus rien iaiffer ^ defirer. En effet , dans toute operation de ce genre , il y a deux objets 4 confidcrer •, I'un eft I'exaditude phyhque qui ne s'arrete qu'i des quantites imperceptibles pour nos fens ou pour nos inftrumens, & qui n'a de bornes que celie de leur perfeiftibilite •, I'au- tre eft l'exa(ftirude de l'art- pratique , qui a pour limiie le point ou une exactitude plus grande devient plus couteufe quelle n'eft utile. Or M. Tillet a donne les moyens de s'affurer , malgri la petite portion d'argent , tou- jours ou prefque toujours contenue dans le plomb , malgre la partie de £n entrainie dans les coupelles , de la quantite de fin que contenoit une matiere foumife ^ I'effai , avec une exaditude dont I'erreur echapperoit aux inftrumens connus, & qui pourroit etre pouffee plus loin, (i ces inf- trumens fe perfedionnoient encore ; & il a prouve en meme temps com- ment, par ces moyens aufli furs, que (imples , on peut parvenir ^ une exaditude aufli grande que I'interct public ou celui des particuliers pea- yent I'exiger, aulTi grande qu'on peut I'attendre de ceux ^ qui ces ope- rations font confiees. La feconde operation eft celle du depart, & elle confifte i feparer I'or de I'argent , en mettant dans plulieurs eaux- fortes, bien purgces d'eau regale, & prifes fucceflivement i diflcrens degres de concentration , le me- tal qu'on veut effayer, & auquel on a foin d'ajouter de I'argent, julqu'a ce que la quantity de ce metal y foit i-peuprcs double de celle de Tor. Cette operation avoit deja ete I'obiet des recherches de M. Tillet , & il avoit trouvi par fes experiences, qu'il arrive quelquefois qu'en y proce- dant , meme avec toutes les precautions qu'il a prefcrites , il peut rcfter encore, lorlqu'on la croit finie, une petite partie d'argent unie h I'or, ce qui rend le litre determine par I'effai, fuperieur au titre reel : il avoit ob- • lerve audi que les manipulations de cette operation font trcs-delicates, & peuvent expofer ^ des accidens qui rendent I'operation ou incertaine ott li ij C H Y M I E. ABREGfi DES ME MOIRES f.uitive. En effet, pour quelle reuiTilTe bicn, on eft oblige de reduire en lame mince le morceau de metal qu'on veut effayer , afin qu'il prefente plus de lutface i Tacide, & qu'il en (bit penetre plus aifement : on roulc Annie tJjS^ enfuite la lame en cornet, pour quelle conlerve fa forme, & quelle ne fe brife point par I'adtion de I'eau-forte, par Ics mouvemens qu'on donne au vafe , par celle des nouvelles eaux fortes qu'on y ajoute •, ce cornet metallique eft fragile apres I'operation •, il faut cependant le faire pailcr danS un creufet, oil par le recuit il prend alfez de conliftance pour etre pele. Quelque precaution que Ton prenne durant ces operations , le cornet peut fe brifcr, le matras'^eut fauter, & alors il faut recommencer I'operation-, il peut meme (ce qui eft plus facheux) fe detacher du cornet quelques parties qui echappent k I'operateur, & alors I'effai donneroit un titre au- deffous du vrai. Voici maintenant la m^thode que M. Tillet a imaginee pour obvier ^ ces deux inconvensens , & qu'il expofe dans ce memoire ■■, il place dans un cylindre d'un metal inalterable dans I'eau-forte , le cornet qu'il veut effayer ; les deux bafes de fon cylindre font fermees par deiix viroles per- cees d'un trou, & le cylindre lui meme, forme par une lame qui fait ref- fort , & qui n'eft pas foudee , a une fente longitudinale par laquelle I'eau- forte peut penetrer. Lorfque le depart eft temiine, on fait recuire le cor- ret dans fon etui , & I'operation s'acheve fans rifque : fi le matras caffe ,' on remet I'etui dans de nouvelle eau-forte , & on reprend I'operation ail point oil elle etoit avant I'accident. On a foin de placer dans le meme matras un autre cornet forme d'un alliage d'or & d'argent, dont on con- noit le titre •, on le foumet aux memes operations que le cornet d'eilai : lorfque Ton croit I'operation finie , on retire du matras I'etui qui contient ce cornet d'experience , ^ I'aide d'un fil d'or qui y eft attache •, on le fait recuire, on pefe ce cornet, & s'il a exadlement le poids qu'il doit avoir, on eft fiir de la bonte de I'eflai : finon , Ton remet le cornet d'eflai fur le feu avec de nouvelle eau-forte, & on acheve I'operation. II ne pouvoit y avoir centre cette methode que deux difEcultes. 1°. Le cornet d'eflai d'epreuve pourroit s'attacher i I'etui pendant Ic recuit, & cet inconvenient feroit perdre une partie des avantages de la nouvelle methode, puifqu'il faudroit alors titer le cornet de I'etui avant de recuire, & que dans cette manipulation on pourroit ou le brifer, ou en laifier egarer quelque petite partie ; mais cet accident qui auroit lieu fi on fe fervoit de cornets d'or pur ou allie d'argent ou de cuivre, cefle d'etre i craindre fi on fe fert d'or gris , c'eft-i-dire d'or allie de fer dans ccrtaines proportions : ^ la verite, apres quelques operations, le fc^r eft un pen attaque, la furface de I'etui reprend la couleur d'or, & I'adherence pourroit avoir lieu; mais, en fe fervant d'etuis de platine pure, on evitera cet inconvenient, qui obligeroit ^ changer d'etui, & qui pourroit ptut- Ctre faire craindre qu'il ne fe collat au cornet quelques parties de chaux de fer. La platine eft inalterable dans I'eau-forte , & M. le comte de Sikingen nous a inftruits des nioyens de la forger & de la laminer. M. le C 11 V M I £. DE L'ACADEMTE ROYALE DES SCIENCES, 155 comte dc- Milli, qui cW au(Ti parvenu an meme but, a domic a M, Tillct dcs eiuis de platinc qui (S de longueur qu'avoit la lame entiere produite par le lingot; qu'elle put par confequent fiire partie de deux des cornets que je tirai de cette lame , y refifter i I'acide nitreux , & s'y manifefter enfin apres leur de- part, avec tous les indices que j'ai expoles. Si ce fait , qui m'a paru meriter quelque attention , eft regarde comme conftant, je crois qu'il fera naitre des conjettures bien fondees fur la caufe de I'excedant de poids qu'on remarque ordinairement dans les cor- nets d'or qui refultent d'un feul melange d'or, d'argeiit & d'un peu de pla- tine , apres que ces metaux ont ete fepares. La platine refifte, etant feule , au feu le plus violent de nos fourneaux; elle ne fe fond qu'avec peine , etant jointe i d'autres metaux affez fufi- bles, tels que I'or, I'argent & le cuivre ; j'aurai meme lieu de faire obferver , dans d'autres experiences que je rapporterai , qu'on regarde quelquefois la platine comme fondue parfaitement avec quelqu'un de ces metaux fufibles, tandis qu'elle n'y eft que dans un ctat pateux & bien c^oigne de celui d'une exacle combinaifon. Dcs-lors ne porroit-on pas foupconner, avec beaucoup de vraifemblance, que dans les melanges d'or, d'argent & de platine, quelques-unes des parties de ce dernier metal re- fulent quelquefois de s'incorporer dans la matierc en fulion , & y reftent DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. 1^7 dans r^at limple de ramoliidement , parce que Ics parties de la matiere ^^— ^mpimm ■■ en bain qui les cnvironnent, n'ont pas affez de chalcur pour faire paffer h ^ I'etat de fluidite ces pctites portions de platine & achever la combinaifoii j »-'"■>'■ '^i ' *• Des faits palpables viendront bicntot h I'appui de ce que j'avance ici , & Annie 1779.- prouveront, je crois , qu'on n'eft pas toujours fur d'avoir fondu complc- tement Ja platine , au milieu iiKme des metaux qu'on voit en pleine fulion. D'aillcurs il eft bon d'obferver que de petites portions de platine fon- due , ^ la faveur de I'or & de I'argent , peuvent fe trouver non pas p6- n^trdes par I'un & I'autre de ces mdtaux, mais enveloppees fimplemcnt & hors d'attaque par confequent de tout ce qui feroit capable de les enta- mer , puifqu'clles ne peuvent I'ctre qu'autant qu'elles lont pei»etrees de Tor & de I'argent r^unis , qu'autant que les trois metaux ferment un tout parfaitement combine. Ces remarques, dont il eiit 6t6 dilKcile que Je me fuffe occupe avant que d'avoir conliderc avec attention, dans le courant de mes experiences, quelques effcts peu ordinaires & que j'etois bien eloigne de prevoir, ces remarques , dis-je, ne paroiflent-elles pas conduire i une explication affez plaufible de la caufe dc I'excedant de poids qu'offrent communement les cornets d'or , apres le depart des trois metaux reunis dont J'ai parle plus haut ? II eft certain d'abord , qu'en faifant attaquer par I'acide nitreu-x un me- lange d'or, d'argent & de platine, on obtient la diflblution de I'argent & celle de la plus grande partie de la platine-, que moins on emploie de ce dernier metal dans I'operation du depart, moins il en refte proportionnc- riient dans les cornets d'or-, & qu'en ne faifant entrer la platine que pour un vingt-quatrieme du poids de I'or dans un alliage de cette efpece , on peut parvenir \ depouiller totalement les cornets d'or du peu de platine qu'ils contenoient. Ce metal, fi rebelle, quand il eft feul, aux plus vives attaques de I'acide nitreux , cede done facilement a ce meme acide quand il fe trouve combine avec I'or & I'argent ? Cette diflblution n'a done lieu, n'eft conftante & plus parfaite peut-etre que celle de la platine feule par I'eau regale , qu'^ la f.iveur d'une exadVe combinaifon des rrois me- taux ? S'il eft evident que dans ces circonftances I'acide nitreux a la plus grande adlion fur la platine, comment feroit il pofTible qu'une petite por- tion de ce metal ech.ippat ^ la puiffance de cet acide , pendant que ce m^tal auroit ^te diffous prefqu'en entier, & I'auroit ete promptement fi on ne fuppofoit pas que cette petite portion de platine n'a et^ garantie de I'aftion de I'acide que parce qu'elle fe trouvoit en etat de platine pure, & comme ifolee entre les trois metaux melanges? Le fait que j'ai cite plus haut, ce filet de platine dudlile, que I'or recouvroit , qui avoit ixi lamine fous cette enveloppe, & que je n'appercus qu'h la faveur de la rupture da cornet, cette portion de platine ainii confervee, apres la fonte complette en apparcnce des trois metaux auxquels elle appartenoit, ne femble-t-elle pas venir 'k I'appui de I'opinion que j'expofe ? Si on ne regarde pas encore te fait, quelque frappant qu'il loitj comme audi con- Ll jj C U Y M I E. j.<8 A B R E G ]g D E S M E M O I R E S ; cliiant pour cctte opinion qu'il le paroit aii premier coup-d'asil , on voit all moins qu'il meritoit que je m"y rendilFc attentif , & qu'il conduit h. line explication affez naturelle de I'excedant de poids fur les cornets d'or yinne'e tljg. dont jc cherche ici la raifoi'i. Quelle que foi: la caule de cet exc^dant de poids , on pent I'enlever par unc feconde operation , qui fera faite avec d'autant plus de fucccs , que cet excedant fera plus foible relativement ^ la quantite d'or fin qui fcra entree dans les cornets-, & c'eft alors que ceflera toute illulion (ur une auomentation de la matiere meme de Tor, comme produite par celui qa'on a (oupconni dans la platine : aprcs une telle experience, le prejug6 tomba neccUa'iremcnt, I'or qu'ou avoit employe rede fcul, & I'excedant de poids s'evanouit. J'ai dqh ahnonca qu'on parvenoit plus aifement ^ depouiller Tor de la pl.-.tine dans I'operation du depart, en evitant de le conferver en cornet, & en le faifant precipiter en une cliaux affez fine au fond du matras. On fait que par un depart trop prompt & un acide nitreux trop aftif , on a hientot brifc les cornets d'eli'ais & divife I'or en une infinite de parties ; mais dans cettc operation-ci , c'cfl: d'un melange des trois metaux oil I'ar- gcnt cntre en plus grande quantite que le depart des effais d'or ne I'exige, c'eft de la diflblution Icnte & progiefTive des deux metaux attaquables par I'acide nitreux, qu'il fait attendre une chaux d'or bieh attenuee, fur- tout fi la combinaifon des matieres a ete parfjite, & qu'on peut efperer ^ue cet or reduit en poudre ne contiendra plus rien d'etrangcr. On ne fauroit fe diffimuler cependant que ce precede demande beaucoup d'at- tention & une certaine dexterite pour qu'il n'en refulte pas un inconve- nient ■, I'or ainfi prccipite en une chaux trcs-divifte qu'il faut bien laver pour la depouiller de I'acide nitreux dont elle rede iiiibibee, & qui tient encore en diffolution quelques parties des deux autres metaux , cet or eft difficile I raflembler parfaitement -, on court le rifque par une fuite des lotions & de la precipitation de cette chaux d'or dans un creufet , afin quelle y cprouve un recuit, de perdre quelques-unes de fes parti,?s ks plus attenuees , & de ne pas obtenir par confequent dans cette circonf- tance le poids total de I'or qu'on aura employe : mais avec des precau- tions on peut dviter cette perte ; & comme on fera rarement dans le cas d'avoir recours i ce procede moins fimple pour depouiller I'oi de la pla- tine, on y portera plus volontiers une certaine attention, celle qu'on donne h des experiences delicates & oil il s'agit d'etablir des produits qui entre- Tout en comparaifon. Je n'ai coniidere jufqii'icl la platine que relativement ^ fa diffolution dans I'acide nitreux, k la faveur de I'or & de I'argent qu'on lui affocie, & par rapport encore ^ la ditiiculte qu'on eprouve pour la bannir tptale- tnent de celui de ces metaux qui r de la groireur oil h-peu-pres d'une noifettc , ne pefoit pas toiit-k-fait 5 grains : encore eft-il bon d'obferver qu'elle recdoit quelqiies parties Annc'i iTTo, d'argent qui en aiigmentoient un peu le poids. Je fis plufieurs experiences dans la viie d'examiner fi cette poudre ne pourroit pas reprendre une certaine confiftance & revenir \ I'ctat metalli- «jue dent elle me paroiffoit fi eioignee : j'en fis palTer \ la coupclle avec dii plomb feulement ; J'en meiai d'aiitre avec line qiiantite dcterminee d'ar- gent fin, & une dofe de plomb convenable, qui fubit egalement I'epreuve de la coupelle; Je Joignis encore du minium \ une portion de cette pou- dre , & Je la traitai par le flux noir. Le riiultat de ces experiences fut toii- jours que prefque la totalite de cette poudre difparoiffoit dans les pro- duits : i peine I'argent mis il deffein dans la coupelle confervoit-il quel- que trace de platine j on s'en appercevoit encore moins dans les petits grains d'argent dus aux particules de ce meral que la poudre contenoit, 6 que la litharge, en s'imbibant dans les coupelles, avoit laiflees fur leur baflm : rien n'avoit pu donner \ ce precipitc de platine la confiftance d'une matiere quelconque , loin de I'avoir ritabli dans fon etat mctallique; js n'appercus meme aucune efpcce de fcories fiir le baffin des coupelles oil ce precipite, foit feul avec du plomb, foit Joint \ de I'argent, avoit pafle par I'epreuve de la litharge. Dans Une de mes experiences , oil J'avois Joint \ ■i\ grains d'or fin 69 grains d'argent fin egalement, &; 5 grains ou ^-peu-pres de precipitc de platine , je ne remarquai point de fcories aux bords du bafnn de la coupelle, comme on y en voit dans quelques circonftances , aprcs que la litharge s'y eft imbibee-, le bouton compofe d'or, d'argent & de quelques particules de platine, etoit net , bien arrondi, & avoit I'eclat ordinaire: je le pelai avant que d'en faire le depart •, je fiis furpris d'en trouver le poids plus foible de 4 ^ 5 grains qu'il n'auroit du ctre fuivant la quantite des trois raatieres que j'avois employees , & je craignis , dans le premier moment , d'avoir oublie de mettre dans la coupelle le precipite de pla- tine en poudre , quoiqu'il fut fpecialement I'obJet de mon experience 5 mais Je ne pus pas douter, par un examen plus particulier du bouton, par la fuite du depart que J'en fis & le rifultat de cette operation , que le precipite de la platine n'eiit cte Joint dans la coupelle aux deux autre e s metaux : les deux cornets d'or que j'obtins de cette experience, etoicnt ^ la verite trcs- beaux , mais Je crus y appercevoir quelques indices legers de platine , & ils me fuffirent pour que les confequences que j'avois \ lirer rue parulfent bicn fon dees. Si on rapproche en cffet cette dcrnicre experience de celles qui la precedent , on reconnoitra fur le champ que le precipite de platine n'a pas plus de confiftance dans une epreuve que dans une autre , m.-ilgrc les differences qu'cn y a remarquees; & que fi quelque portion de ce preci- pite y a repris fes proprii^tes metalliques, elle eft peu confiderable & laitfe toujours fubfiftcr une preforoption allez forte fur la dccompofition de ce mital fingulicr. On DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. 173 On m'objcdVera peut-etre que cette poudre noiratre que mes expe- i^^i^i— ■ riences m'ont donnce , nVft pas due ^ la platine pure & depouillee de tout ce qui lui eft etranger •, que la matiere noire & ferrugineufe avec ^ h y m i H. laquelle on la trouve toujours unic, peut etre I'origine de ceile que j'ai /innie 2770 recuciliie par voie de dillolution , & qu'il eft difficile de concevoir qu'un metal audi lolide fe detruife, pour ainii dire, par rcffct d'un dilfolvant , & encore dans des circonftances particulieres , tandis que I'adlion de ce meme dilfolvant n'a jamais de pareilies fuites dans les autres metaux qui s'y trouvent expofes, quelque force qu'on fuppofe dans cct acide pour les dilFoudre , quelle que loit la violence avec laquelle ces mitaux en font attaques. Je repondrai en rappellant ici ce que j'ai dit, que la platine dont j'ai fait la matiere de mes experiences, etoit trcs-dudtile, quelle devcnoit brillante i-peu-prcs comme I'argent au fortir du laminoir, & qu'elle etoit auffi pure que je pouvois Tefpcrer : j'ajouterai que je ne me fervis que d'or & d'argent fins pour toutes mes operations, & que je fus trcs-atteiii tif, en les fuivanf , ^ ne lailTer aucune incertitude fur ce qui rcfultcroit de la dillolution de la platine par I'acide nitreux. S'il eft neceilaire d'ccarter I'or & I'argent fins pour remonter au prin- cipe de ce relidu lingulier, il n'eft pas pollible de le chercher ailleurs que dans la platine ; & (i la puretc de celle dont je me fuis fcrvi n'eft pas parfaitement prouvee , on verra au moins , par une experience dont je rendrai compte, que les portions de ce metal qui fe font annoncees encore avec les caraderes metalliques , aprcs une premiere diflblution , les ont perdus ^ la feconde, & fe lont converties en cette poufliere noiratre que j'ai tentc en vain de ramener \ (on premier etat de folidite. On remarque fans doute , dans le couipte que je viens de rendre de mes premieres experiences, que le moyen doiit je me fuis (crvi pour reti- rer de I'acide nitreux I'argent & la platine qu'il tenoit en dilfolution , n'etoit pas le meilleur que je pulfe employer : on a vu que, par une fuite de la confulion qui fe failoit des deux metaux precipites I'un fur I'autre par la meme caufe , j'ctois oblige de mettre de nouveau I'argent en diffolution pour que la platine s'en leparat & reftat feule au fond du matras. II eft vrai que ce procede n'etoit pas affcz fimple ni meme propre \ me procu- rer des produits bien diftincls -, mais il me fut utile pour me faire connoi- tre cette poudre noire, ce relidu fairt coniiftance que la platine fournit; je pus, en I'employanr, diftinguer alfez bien la partie du metal capable de reprendre les caradteres metalliques d'avec la portion de ce meme metal que j'effayai en vain , par ditJlirens moyens , de retablir dans fon pre- mier etat. Le procede en etfet dont je fis ufage en continuant mes re- cherches , fut plus favorable ^ la verite pour fiparer I'argent de la platine d'une maniere exacic, mais il etoit de nature ^ me derober la prefence de ce refidu noiratre, & h ne me lailTer aprcs le depot total de I'argent, pour produit prefque unique de la platine , que la partie de ce metal qui en avoit rcpris les proprietes. Je dus done au moyen le moins avantageux de faire prccipiter I'argent & la platine du dilfolvant qui les contenoit , \x eonnoiflance^e ce refidu (higulirr : quoiqu'en apparence il foit pen digne Tome XVI. Fame F/uiuoiji. Jil:ii C .H Y M 1 E. 274 ABREGE DES MEMOIRES ; -i'attention , je tiois cepcndant qu'il pourra doiint-r lieu d de nouvelles rci-herches fur la nature dc la platinei que les chymiftcs , qui le (out deji occupes de ce metal avec taut de lucces, pourront le conUderer de nou- Annu 1.779' v^avl rclativcment ^ mon travail qui n'eft qu'sbauche , & que bieutot ils verront micux que moi , par les cpreuvcs que la platine lubira eiitre leurs mains , coitibien elle eft eloig'ice , nialgie tout ce qui la diftingue , de Tor & de I'argent, fur tout quand on conlidere letat hxe de ces deux inctaux & les principes inalterables qui les conftituent. Lorfque je commen(jai mes experiences, pour feparer de la maniere !a plus exadte I'argent & la platine que I'acide nitreux tenoit en diffolution , je me bornai ^ une petite quantite des trois metaux , afin de ne tenter des experiences un peu plus en grand qu'avec la certitude d'y reufllr : je n'em- ployai d'abord que i j ou 24. grains d'or fin , 2 ou 4 grains de platine dudlile & une quantite d'argent fin trois fois plus forte, ou \ peu pics, que celle de I'or qui faifoit partie du melange : les trois metaux paiioient \ lacoupcUe, non pour y etreepures, comme on fent bien, puifqa'aucun d'eux ne contenoit d'alliage, mais afin qu'ils s'y fondiffent completement \ la faveur de la litharge , & y entraffent dans une combinaifon parfaite : le bouton que j'en retirois etoit lamine, reduit en cornet & dillous dans I'acide nitreux : \ mefure que Je retirois du matras I'acide plus ou moins affoibli, que j'y avois mis i deux ou trois reprifes, je le verfois dans un flacon oii devoit fe faire le premier precipite-, je Lavois le corjiet d'or, je hii doniiois le recuit ordinaire, & je ne m'occupois plus enlujte que de la diffolution d'argeiit & de platii>e qi,ie le flacon contenoit. Je commcncois par y verfer une quantite d'eau diftillee, egale \ celle de la diffolution, & je faifois parfaitement le melange de la totalite de la liqueur, en agitant fortement le flacon; j'y verfois enfiiite i plulleurs re? priles de I'elprit de fel ; je laiffois repofer la liqueur pendant quelques heur res, afin que fa partie luperieure s'eclaircit , & que je puffe juger, en y failant tomber des goiittes d'efprit de fel , ^\ elle contenoit ou non quel-» ques parties d'argent : lorlque je m'ctois rendu certain que la totalite, ou ^-peu- pres, de ce metal s'etoit precipitee au fond du flacon, je lailiois re- poler la liqueur pendant plulieurs jours-, je ne la decantois meme qu'au- Jant qu'elle etoit de la plus grande tranfparence & que I'elpiit de lei Jie la troubloit plus. L'affaiffement bicii marque de I'argent & Ion adhcfion au fond du flacon me donnoit la facilite de verfer dans un vafe de verre ou dans une terrine de gres la liqueur tres-claire, & jufqu'^ la derniere gouttc, elle ne contenoit plus que la platine : I'argent en eiiet refte dans le flacon en etoit entierement depouille , comme je I'ai toujours reconnu , en ren- dant ^ ce metal fi premiere duttilite. La liqueur que la terrine contenoit, & qui etoit devenue une eau regale foible , attiroit enfuite toute mon at- tention, elle en fut long-temps I'objet principal dans le cours de mes ex- periences, parce que je n'employai pas d'abord le feul moyen d'en retirer totalement la platine, & que je fus trompe fur ce qu'il y avcit de red en reddu de ce metal dans les premiers precipites que j'obtins. J'etendois done dans une aflez grande quantite d'eau diftillee cette liqueur , tenant la pla- DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES, i-,- tine cii diffolution , & aprcs I'avoir melee parfaitemcnt en me fervaiit ■^■^■■— ' "i i" d'line fpatule de bois, ]'y verfois de ralicali fixe avec menagemcnt', aprcs p reffervelcence qui en itoit la fiiite prompte, j'y verfois de nouvel alkali; j'attendois qu'il eut produit (on eftt-t, & je continiiois ain(i d'y en verfer Annie i~''$- julqii'i ce que la liqueur devint calme & que I'acide flit fature : niors je commencois i m'appercevoir que la liqueur perdoit un peu de fa tranfpa- rence, qu'il nageoit une infinite de particules blanchatres, legeres, un peu tranlparentes elles-memes, & qui, en fe reunifl'ant, tomboient fort lente- ment au fond du vafe", lorfque le dipot etoit forme & que la liqueur avoit repris fa tranfparence, j'en decantois la plus grande partie, Sc je filtrois le refte ^ travers du papier fin , a(lcz fcrre & plie en quatre : le depot tcM fat le filtre reffembloit beaucoup, tant pour la couleur que pour I'elpece de confiftance qu'il avoit, h de la colle de farine qui a perdu une partie de fon humidit^J. J'cnlevois de delFus le filtre la fcuille fur li^uelle etoit le depot-, je le laiffois fecher I I'air-, Je i'enveloppois enfuite dans cette meme feuille de papier, & j'en formois un peloton que je briilois dans un creufet bien couvcrt , en le faifant rougir au milieu des charbons. Etant certain que par cette precaution je ne perdois rien du depot, je melois la poudre joinre aux cendres du papier h laquelle il s'etoit reduit, foit avec du minium J foit avec de la chaux de cuivre, & je la traitois par le flux noir : je pallois h la coupelle le culot de plomb qui me venoit d'une part, & je failois dilloudre dans I'acide nitreux le culot de cuivre reduit en la- mes minces que je retirois d'un autre cote; je n'employois i'acide, dans cette circonftance , qu" ^ froid & aprcs I'avoir affoibli. Dcs les premieres experiences que je fis pour retirer la platine de I'acide nitreux , par le precede plus exadt dont je viens d'expofer les details , je vis avec furprife que non-feulement le plomb iur la coupelle &"le cuivre dans le matras ne m'avoit pas laille la petite quantite de platine ^ laquelle je devois m'attendre , dans I'ordre ordinaire des reductions de metaux, mais qu'il s'y en trouvoit h peine quelques particules , dont peut-etre jc ne me lerois pas appercu fi je n'euffe pas compte fur un produit plus ou moins fort en platine dans ces operations. Je repetai plufieurs fois ccs ex- periences tantot en me bornant k la quantite precife d'or, d'argent & de platine que j'avois d'abord employee , tantot en augmentant un peu la quan- tite de ces trois metaux , & en donnant une attention nouvelle aux details de I'operation : j'ai toujours rcconnu que ce qui reftoit en platine , foit fur la coupelle , foit dans le matras , n'avoit aucune proportion avec la quan- rite de ce metal qui etoit entree dans le melange, & j'ai fenti que ce fait, aflez furprenant en liii-mcrae, meritoit encore d'etre approfondi. Dans la forte perfualion ou j'etois que la platine diffoute dans I'acide ni- treux pouvoit eii etre precipitee par le moyen de I'alkali fixe, mais que peut-ctre cette precipitation n'avoit lieu que diScilement, je crUs qu'en melant de la dillolution de cuivre par le meme acide avec cellc qui con- tenoit de la platine, Ic difpot de ce dernier metal deviendroit plus facile ^ la faveur du cuivre qui s'y trouvcroit meli, & qui certaincment feroit tres-prompt ^ fe precipiter. M m ij 270 ABREG^DESMEMOIRES ■ I I Je verfai done de I'alkali fixe fur un melange de ces deux fortes de p diffokition : lorfque la liqueur bien faturee eut repris fa tranlparence, j'en decantai la plus grande partie, & je hltrai le refte qui contenoit tout le Ann^e IIJQ. depot : lorfque la filtration fut finie, je fis fecher ce depot bleuatre", je I'enveloppai avec le papier meme fur lequel il etoit reftc-, je le reduilis en cendres, comme on a vu que je I'ai fait pour uiie autre experience, & je procedai a la reduftion de ce depot par le moyen du flux noir. J'avois fait dilfoudre un gros de cuivre dans I'acide nitreux qui me fervit pour cette experience , & qui fut mele avec la diifolution de pLitine : Je retrouvai ce meme gros de cuivre, ou i-peu-pres, dans le culot que je retirai de cette operation-, je I'applatis fous le marteau; je le laminai, & je le fis dilfoudre ^ froid dans de I'acide nitreux affoibli", raais ce fut inutilement pour y re- irouver audi la quantite de platine que j'avois employee : cette experience ue fit que confirmer celles dont j'ai rendu compte; elle me convainquit, par une comparaifon frappante, que le cuivre, bien inferieur \ la platine, quant i la pefanteur fpecifique & i\ la roideur des parties, n'eprouvoit pas cependant une alteration conliderable dans fa diflolution par I'acide ni- treux, tandis que la platine, avec des caraderes qui annoncent la plus grande folidite dans les principes qui la conflituent, ne fort jamais d'une pareille epreuve, I'acide nitreux filt-il affoibli, qii'avec des pertes qui eton- nent & qui doivent la faire regarder ^ cet egard , comme au-deifous meme du cuivre, loin qu'on puilfe la placer \ cote des metaux precieux. On juge fans doute que d'apres tout ce qui s'etoit paffe fous mes yeux, & un grand nombre d'experiences qui ne s'etoient point dementies (ur Ic fait dont il s'agit ici, je fus conduit comme necetfairement \ conclure, on que la platine le decompofoit, fe detruifoit en tres-grande partie lorlque jc la rendois diffoluble par I'acide nitreux , ou qu'une fois diffo.ute dans cet acide, elle y reftoit fi bien combinee, que les moyens dont je me fuis fcrvi pour la faire precipiter n'etoient pas capables de produire cet efiet, ne pouvoient pas au moins le produire tout entier. J'ai done fini par tourner mes vues de cz dernier cote ; J'ai voulu etre certain que j'aurois retire de la diifolution de platine, la moindre des par- ties de ce meatal qu'elle auroit eontenue •, J'ai -delirc que li enfuite de cette diifolution , la platine ne paroilfoit pas en total ou Jl-peu-pres , comme I'or, f argent, le cuivre, & avec I'eclat & la folidite qui earafterilent lc$ metaux , on ne put attribuer qu'^ la nature meme de la platine les dechets extraordinaires qu'on y obferveroit. Je n'ai pas eu befoin , pour parvenir \ ce but , de m'eearter beaucoup de la route que J'avois d'abord fuivie •, au-licu en effet de chereher la platine dans le depot feul qui, \ la faveur de I'alkali fixe, s'etoit precipite de la diifolution , Je la cherchai, tant dans ce depot meme que dans la li- queur qui I'avoit fourni. ^ Pcrfuade que cette experience-ci feroit plus decifive que celles dont J'ai rendu compte, pour qu'il ne fubfiftat aucun doute, s'il etoit polTible, fur le fait dont il eft ici queftion, je la fis un peu plus en grand que n'etoient Ics precedeates j \ une once dor fin , je joignis i gros de platine dudile DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. 277 & 2 onccs 6 gros d'argent fin , Je foiidis ccs trois mctaiix dans un crcu- ^^rr^rrr^^rrz fet; je ks y mclai AuiTi parfaitcment qu'il me fiit poflible pendant que la p iTiatiere etoit en bain , & je la coiilai enfuite dans une lingoticre dont au- ^" * ^* ciine grenaille de ce meiaiige ne s'ecarta ; le lingot que j'obtins de cette Ann^e 1779. fonte ctoit trcs-net & aufli doiix que peuvent letre Tor & I'argent qui contiennent de la platine; i! fiit forgd, reduit en une lame mince & divife en trente-deux parties , Icfquelles furent roulecs en cornets du poids cha- cun dun gros en environ : je fis dilFoudre dans I'acide nirreux feize dc ces cornets qui compofoient ipeu prcs i onces, & je conduifis cette ope- ration avec les meines loins que j'avois donnes k d'autres dont j'ai parli precedemmcnt. Lorfque les cornets d'or eurcnt dtc recuits & pefes, je re- niarquai que leur poids etoit de 4 gros li grains, c'cft-^-dire plus fort de ces : z grains qu'il n'aiiroit f.illu pour que ces cornets euffent repre- fcnte exattcment la quantite d'or que j'avois employee : on a vu en eftet qu'il ctoit entre une once d'or dans le lingot dont les feize. cornets, avant le depart, fonnoient la moitie, & que par confcquent il ne devoit me ref- ter que 4 gros de ce metal apres la dillolution de la platine & de I'ar- gent. Je ne fas point furpris de cette furcharge de 11 grains i le poids de la platine , dans cette experience , ^toit d'un gros fur quatre d'or fin : je favois que quand on I'emploie dans une pareiUe proportion pour le me- lange des trois metaux , & qu'on veut conferver en enrier les cornets , il eft trcs-ditHcile de la dilloudre en totalite; roais cet inconvenient n'influoit en rien, comme on va en jugcr, fur les confequences qu'il y avoit ^ tirer • de I'operation-, au-lieu de luppoler un gros de platine dans la diirolution, je ne comptal que fur 60 grains, & j'etablis mes relultats fur le pied d'un lixieme de moins h I'cgard dc ce metal. Aprcs avoir etendu cette diffoiution dans une certaine quantite d'eau , j'en lis precipitcr I'argent par I'elprit de (el , & je verfai enluite de I'alkali fixe julqu'i laturation lur la liqueur tranfparente que j'avois decantee du flacon oii I'argent etoit refte en depot : au lieu d'attendre que cette li- queur s'eclaircit en me donnant un precipite , je I'agitai beaucoup au con- traire & je la verfai brulquement dans une terrine que je placai fur un bain de lable, afin quelle s'y evaporar lentement i la faveur dune chaleur moderee •, j'avois foin, i mefure quelle diminuoit & lailfoit fur les bords le fel qui s'y delTechoit bientot & y adheroit fortement, de le detacher de la fuperficie de la terrine & de le faire rentrer dans la liqueur-, je par- vins aiiiii peu-i-peu i ralfcmblcr en une niaffe laline tout ce que la liqueur contenoit , & lorfqu'elle fut bien feche , j'en conftatai le poids -, il etoit dc 5 onccs 4 gros. J'avois d'abord penfi^ que pour rctirer la platine de ce depot falin, qui ^toit une efpece de nitre riigenere , il ire fuftiroit, en faifant ufage da flux ncir, de le compofcr d'unc partie de falpetre egale ^ la quantite du depot {alin que j'emploicrois , & de deux parties de tartre qui dctonneroient feules avec le lalpetrc, je croynis qu'en nielant enluite le depot lalin, joint ^ une ceriaine quantite de minium avec le flux noir, j'obtiendrois par une reduction prompte , un culot de plomb plus ou moiiis charge de la platine V 27S ABREGfiDESMEMOIRES' — ^— ■■^^"^ {]iie le difpot lalin aiiroit foiirnie : mais Je ne rtfuflls point dans cette ex- _ perience -, je nc recueillis des icories que qiielqucs crenailies dc plonib ■, ie C II V M 1 E. f c r. r i c ■ tr J I ^ •■ r ■ I ■ - la hs nieme line leconde tois avec audi peu de lucces : j en (entis bientot ylnne'e 17 79. '* railon •, il n eroit pas entre affez de tartre dans la cumpolirion du flux noir, & il convenoit d'aiileurs que le depot faliiv flit joint au faipetre pour la detonation. On a vu plus haut que la maffe faline retiree de la liqueur pefoit 5 on* ces 4 gros. je n'employai d'akord que la cinquieme partie de ce depot falin , qui peloit par confequent i once 57 grains; je la melai avec une quantite egale de faipetre raffine, & je 'es fis ditonner enfuite avec un peu plus dc 4 onces de tartre i lorfque ce flux noir eut ete reduit en poudre , j'y me.- lai 6 gros de cuivre provcnant du depot que laifient apres elles aux afti- nages , les eaux-fortes de reprife : cette efpece de chaux de cuivre me pariit preferable k toute autre pour cette operation-, ce n'efl: qu'une pou- dre impalpable & par-1^ trcs-propre i failir dans fa reduction toutes les particules eparfes des autres matieres metalliques avec lefquelles ce cuivre en poudre fe trouve confondu. La fonte de ce melange reufljt comme je le defirois; les fcories etoient nettes, & je trouvai au fond du creufet en forme de cone renverfe dont je me fervis , un culot de cuivre da poids de 4 gros 48 grains. Je ne fus point etonn^ du dechct de i gros 24 grains fur la chaux de cuivre que j'avois employee : on peut voir en cflet , dans un memoire que j'ai lu ^ I'academie , fur la fonte de la chaux de cuivre des affinages , qu aprcs Elulieurs experiences pour la revivifier le plus utilement qu'il leroit pofli- le , la moindre perte que j'eprouvai fur cette chaux , en la retabliffant dans fon et.it metallique, fut de 2z pour icc ou environ; & on voit que dans I'experience dont il s'agit ici, les dechets ont ete dans un rapport egal ou ^ peu-prcs fur cette meme chaux. On peut fe r.Tppeller que les feize comets d'or d^pendans de I'expe- rience dont il eft ici queftion, avoient un excedant en poids de 1 2 grains, qui ne pouvoit etre attribue qa'h une portion de platine dont ces cornets • n'avoient pas ete dipouilles ; des-lors il devient conftant que le depot fa- lin refultant de la diffolution ne contenoit, comme je I'ai dit, que 60 grains de ce metal •, que le cinquieme de ce depot , qui avoit ete la matiere de mon experience , n'en contenoit que i 2 , & que cette cinquieme partie de la platine devoit fe trouver dans le culot de cuivre , pefant 4 gros 48 grains , qui m'etoit refte de cette operation. Je reduilis ce culot de cuivre en lames fort minces & propres i etre promptement attaquees par I'acide nitreux : je n'en employai d'abord qu'une douzieme partie ou 28 grains-, je les fis diiroudre ^ froid dans I'acide ni- treux que j'avois aftoibli; laldiffolution fut lente, mais complette-, & lorf- que je m'appercus que I'acide n'agiffoit plus fur le metal, je mis le matras lur le feu, & j'y tins la liqueur en ebullition pendant quelque temps : il s'en pr^cipita une poudre noiratre que je lavai avec de I'eau diftillee, que je raffemblai avec foin & que je fis recuire enfuite dans un petit creufet: Ann^e 1775 P'ge 193- Page 202. DK L'ACADEMIE ROYAIE DES SCIENCES. 179 elle y prit um- ctmleiir grife; <'x,imin6e an microfcopc, die avoit le coup- d'ctil (J b pl.itine en poudrc ■& tons les caradleres metalliquc-s; je la pdai i uiir bjlancf delicate , fori poids lie fe troiiva i:]Ul' de -;— de grain : je ^ ^' ' *" r^petai troi^ fois cette t-xpciit net- , en ne f.iilaiu dilFoudre egalement que Annie t77q 28 grains i>u uii doiizicnie du culot de ciiivre ; le poids de la poudre ' de la platiiie que je r^cueillois rouloit toujours fur 20 i ^^ de grain : on a VII cepeiidant que chacune de ces portions dcterminces du culot de cuivrc auroit du contenir i grain entier de platine , ou au nioins ^ pen- prcs I grain, en luppolant que ce metai n'eiit fourtert aucune alteration , notable dans i'ofxration du depart : on reniarque au contraire qu'il s'cft trouve une perte dcs deux tiers kir chacun des petits produits en poudre de platine , & que cette perte s'cft foutenue conftamnient dans les quatre dilierentes dillolutions. Je jugeai encore mieux du degre de confiance que pouvoient meriter ces premiers refultats par celui qui les fuivif, je fis diil'oudre dans d'- I'acide nitreux afioibli & h froid egalement jufqu'au moment oil I'acide n'agiiroit plus, iji grains du nieme culot de cuivre ; je cherchai, comme on voit , dans le produit d'une leule operation celui que les quatre autres ramies ni'avoient donne; il (m effedivement d'un grain -^4 de platine, quantite k laqueile fe rapportoient les produits reunis des experiences precedentes, & qui n'etoit elle-meme que le tiers, k trcs-peu pres, des 4 grains de pla- tine que les i 11 grains de cuivre auroient dil contenir. II parott certain, d'aprcs les details dans lefquels je viens d'entrer, que (i la quantite de flux noir que j'ai ete contraint d'employer etoit dix fois plus conliderable qu'il ne falloit pour rcvivifier le pcu de platine que le cinquieme du depot falin contenoit, & la chaux de cuivre q^iie j'y avois jointe, cette menie chaiix de cuivre etoit audi plus que fufhfante pour failir toutes les parti- cules de la platine capables de reprendre I'etat metallique & pour fe com- biner parfaitement avec ellcs. Sur 1 1 grains de platine , il n'y en a eu que ^. qui out pu rentrer dans 1 etat de metal •, le cuivre sen eft empare , & ces 4 grains de platine fe font trouves repandus avec une egalite parfaite, comme je viens de le faire obferver, dans les 556 grains de cuivre, aux- quels setoit reduite la chaux de ce meme metal que j'avois employee. Si au-lieu de vcrfer de I'alkali fixe fur I'acide nitreux tenant la platine en dilfolution, & de faire evaporer enfuite la totalite de la liqueur pour obtenir le nitre regenere & charge de !a platine, on fait evaporer I'acide nitreux dans I'etat ou il eft lorfque I'argent en a ete precipitc par le moyeti de I'efprit de fcl, on aura un leger depot qui contiendra la platine, comme 1^ nitre regenere I'auroit contenu : Ci k ce dcfpot peu conliderable, on joint le double & mcme le quadruple de fon poids en chaux de cuivre, afin qu'elle puiife recueillir toutes les parcelles de platine, & on traite ce me- lange par le flux noir, on obtiendra un petit culot de ruivre trcs-dudile qui contiendra la platine, mais qui aprcs avoir ete dilfous k froid par I'acide nitreux , ne lailTera au fond du matras que la moitie ou environ de h quantiti de cette meme platine qu'on aura employee : ce reftant de la quantite du metal mis en experience, ne fera pas meme enticrement lie ABREG6 DES MEMOIRES 55 dans ret.it metallique, puifqu'en le mettant djiis iin matras avec de I'acidc ^ marin , aprcs I'avoir recuit, & en faifant bouiliir la liqueur, on remarquera C H Y M I I. ^^g ^^j^^ platine reduite en poudre grifatre perdra un peu de la couleur Ann/e 1770. cendree, reprcndra cellc qui eft propre I la platine brute, mais eprouvera line nouvelle diminution fur fon poids : ce nouveau dechet n'eft pas conf- taniment egal, toute proportion gardee-, il depend du plus on du moins de particules ferrugineufes qui fe trouvent melees avec Ics parties de pla- tine dont I'etat metallique eft encore conferve : cette Icconde perte eft quelquefois d'un tiers, d'un quart ou d'un cinquieme du poids qu'avoit le * precipite de platine avant qu'oii I'expofat ^ I'adion de I'acide marin. On voit par-li que la platine diffoute d'abord par I'eau regale , oil clle a eprouve beaucoup de dechet , portee enfuite 4 letat de dudilite, & de- pouillee par confequent d'une grande quantite de matiere ferrugineufe , fe trouve reduite, aprcs une premiere diirolution dans I'acide nitreux, ^ la rnoitie ou environ du poids qu'elle avoit avant qu'elle flit foumife h Tac- tion de ce dernier acide, & fera fans ceffe des pertes proportionnellcs lorfqu'on la traitera de nouveau par I'acide nitreux & fuivant le procedi que J'ai decrit. II eft bon d'obferver ici que la raethode dont )e viens de parler, cells de faire evaporer la liqueur dans laquelle la platine eft reftee en diffolu- tion , aprcs que I'argent en a ete precipiti par le moyen de I'efprit de fel, & de ne point employer auparavant de TaUcali fixe, il convient, dis-je, de faire attention que ce precede, outre qu'il eft plus (imple que celui que j'avois d'abord iiiivi , eft le plus favorable pour ne rien perdre de la platine contenue dans la liqueur, & que j'ai remarque moins de dechet lur le metal, en employant ce precede plus limple, que je n'en avois re- connu dans les premieres experiences dont j'ai expole les details. On m'objedera peut-etre & avec raifon , que par le precede dont j'ai fait ulage, j'ai recueilii , il eft vrai , du depot falin toute la platine qu'il contenoit , mais qu'il a pu s'en diffoudre une partie pendant la diffolutiori du cuivre avec lequel la platine etoit melee, comme elle eprouve jufqu'i un certain point I'adtion de I'acide nitreux , lors meme qu'elle n'eft com- binee qu'avec de I'argenti & on ajoutera, par une conCequence jufte de cette fuppofition, que j'ji annonce le poids de la poudre de platine, apres la diffolution du cuivre , comme plus foible qu'il n'eft reellement. Cette objedtion eft bien fondee-, c'eft meme parce que j'ai fenti qu'elle fe prefenteroit naturellement i I'efprit lorfqu'on fuivroit le fil de mes re- cherches, que j'ai fait plufieurs experiences relatives ^ ce point particu- lier : je crois qu'elles pourront faire juger avec une forte de precilion , de ce qui refte reellement en platine apres la diffolution de ce in^tal dans I'acide nitreux. On a vu dans I'experience prccedente, que le culot de cuivre retir^ du cinquieme du depot falin devoit contenir ^ en platine : je ne m'ecartai point de cette proportion pour les experiences dont je vais parler; mais au-lieu de compofer de ces deux metaux un petit lingot duquel je pufle tirer des portions ^ mefure que j'en aurois befoin , je ne meiai que i grains de M I C. DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. tii dc platine ductile h •j6 grains de ciiivrc ; & afiii que Jc fuffc certain cjiic ^^-^ ces 2 grains de platine crtoicnt bien rcellcment dans le cuivre que jaiiruis p k faire dill'oudrc dans I'acidc nitreux , j'cmployai, pour les fondre enfem- ble , le feu de lanipe dcs emailleurs, tantot en rtuniflant les deux nietaux Ann^e 1770. dans une coupclle d'cffai fur laqucUc dardoit la flamnie, tantot en les met- tant fur un charbon plat & dans un petit baflin qu'on y avoit creule. Jc n'aurois jamais pu compter fur une diftribution eg-iC de la platine dans un lingot de cuivre, li j'euflc employe ce moyen d'unir les deux mctaux ; & d'un autre cote j'aurois fouvcnt couru le rifquc de laiflcr adherentes dans un creufet quelques-unes de leurs parties (i je me fiifle borne ^ n'y fondre que 58 grains pour le total dcs deux mtJtaux : j'obtins plus fiirement la precilion que je delirois , ^ la faveur de la flamme dardee vivenient fur les deux metaux •, j'eus bcfoin qii'elle y flit pouffee alFcz long-temps & avec violence, tant le cuivre rouge, & fur-tout la platine, entrent dilfici- Icment en fulion par ce moyen. Cliacun des boutons metalliques que j'avois ainli melanges, coiitenoit done la petite portion de platine que je lui avois aflbciee, & Je ne pouvois attribuer qu'k ladtion de I'acide nitreux la moin- dre perte que j'y remarquerois. Aprcs avoir applati ccs moutons fous le marteau, & les avoir reduits en lames minces, je les divifai chacun en huit ou dix parties, & Je les lis diffoudre ^ fro^d dans de I'acide nitreux afioibli par une egale quantite d'cau diflillee ■, cet acide ainli aftbibli, n'avoit que 2.1 degres de force ou a-peu-prcs : J'avois cru d'abord qii'il auroit peut ctre fuffi de faire dilTou- dre i froid ces lames minces & compofees prefque entierement de cui- vre, pour avoir en precipite bien net, les t grains de platine qui s'y trouvoient Joints-, Je voyois la diflblution s'operer d'une maniere egale Si. toujours foutenue', Je remarquois, i I'aide de la loupe, les particules noi- ratres de platine qui fe degageoient de celles du cuivre, & voltigeoient dans la liqueur h mefure que ce dernier metal le fondoit peu-i-peu dans I'acide, en fe combinant avec lui, & je regardois I'operation comme ter- minee lorfque la liqueur dcvemie tranquille avoit laifle tomber au fond du matras en poudre noir, en petites lames exceflivement minces, toute la platine qu'elle contenoit; mais aprcs avoir lave avec beaucoup de pre- cautions ce precipite & I'avoir fait recuire , j'ai obferve quelquefois qu'il pefoit un peu plus de 2 grains, & qu'il receloit encore par confcquent quelques particules de cuivre : des-lors je me determinai a fiire bouillir 1 acide pendant quelques minutes aprcs la difTolution \ froid & I'etat tran- quille de la liqueur. I-oin d'avoir un excedant de poids lorfque j'avois ainli donne par la chaleur plus d'adlion ^ I'acide nitreux , j'obfcrvois quel- que diminution fur le poids de la platine, & Je voyois qu'elle rouloit fur un quart de grain ou environ, c'eft-^-dire, fur le huitieme de la platine que chacun des boutons contenoit. Je repctai plulieurs fois cette expi- rience, foit en faifant ditloudre lebouton tout enticr , foit en le divi- fant en deux ou nieme en quatre patties, pour faire autant d'operations & obtenir des refultats que Je puii'e rapprocher de celui que le bouton en- tier m'avoit fourni : il m'a toujours paru que la perte fur les 1 grains de Tome XVI. Fartie Franfoije. Nn z82 ABREGfi DES MEMOIRES ■iw^— ^— ^^— platine rouloit, comme Je I'ai dit, fur un huitieme ou environ de ce m^- „ ^ tal, lorfqiie je n'avois rien perdu des particules fans nombre, infinimcnt " ■ legeres & trcs lentes ^ fe pricipiter en total , qui conipofoient la quantity Annie fJ^S- j"'^s de platine que j'avois ^ recueillir. Cette operation en effet , quand meme on la feroit en grand, demande beaucoup de foin; & peut etre, en la bornant i de petits objets dont une balance delicate ne manqueroit jamais de determiner le poids , feroit-il poffible d'y mieux reuflir qii'en employant une quantite un peu conliderable de platine, dont les particules fubdivifees h I'infini dans une grande quantite de liqueur, feroient trcs- difficiles \ raffembler. Ne pouvant pas douter que la platine melee avec du cuivre ne fut atta- quee julqu'h un certain point par I'acide nitreux, quoiqu'affoibli & em- ploye i froid , je tachai de faire reftituer ^ cet acide le quart de grain en platine dont il s'etoit charge : je fuivis ^ cet cgard la methode que j'avois deji employee & dont on a vu les details : je vcrfai de Talkali fixe fur cet acide jufqu'i faturation •, je fis tivaporer la liqueur , & ayant traite enfuite par le flux noir le depot quelle me laifla, j'en tirai un petit bou- ton de cuivre qui fut lamine & dlffous dans I'acide nitreux : il refta au fond du matras un leger depot de poiidre noiratre que je lavai attenti- vement avec de I'eau diltillee & que je fis precipiter enfuite dans un petit creufet neuf dont le fond etoit tres net : au-lieu d'y trouver , aprcs le recuit qu'y recut cette poudre noire, des parcelles de platine dans I'etat metallique, eparfes , mais aifees ^ raflembler au moindre coup que Ton donne au creufet, je n'y vis qii'une tache noiratre fuperficielle, fans au- cune apparence de metal , & fi adherente au fond du creufet , qu'il me fut impoffible d'en detacher quelques parties pour mieux les examiner. A la vue de cette pellicule noire & comme incriiftde dans I'endroit da creufet ou le precipite de platine s'dtoit reuni , il ne me fut pas difficile" de reconnoitre la poudre noire dont j'ai ii]k parl6 , qui s'attachoit forte- ment aux capfules de verre, & dont je ne pus parvenir ^ former un petit amas pulverulent qu'en la detachant peu- ^- peu des parois de la capfule & a mefure qu'clle perdoit fon humiditi : on fe rappelle que cette poudre noire n'avoit prefque rien conferve de fa nature metallique, & annoncoit une decompolition en partie de la platine , comme le fait dont il s'agit ici tend beaucoup ^ la confirmer. Je ne pus done pas conftater par le poids, fi le quart de grain en platine que I'acide nitreux avoit enleve , fe trouvoit reellement dans le precipite que j'obtins; mais il me parut affez confidcrable pour repondre ^ ce quart de grain, s'il eut repris les proprietes metalliqucs, & conftquemment la pefanteur fpecifique de la platine dont ce precipite etoit une portion. Dans le nombre des boutons compofes de 56 grains de cuivre & de 2 grains de platine , que je fis fondre au feu de lanipe , il s'en trouva deux qui m'inftruilirent d'un fait audi fingulier en lui-raeme, qu'il s'ac- corde peu avec un autre du meme ordre dont je fuis temoin to us les jours. Apres avoir reduit un de ces boutons en une lame trts-mince , & DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. tSj I'avoir coupce avec des cifoires en hiiit on dix parties, je h fis dil^ou>^^f «— ^^— ■ dans de I'acide nitreux arf'oibli-, lorfqtie la liqueur fut tranquille 6c que r ,. , lopcration me parut tcrniiiiee , je conliderai, a I'aide 62 la loupe, Ic tond extcrieur du matras, dans la vue fcule d'cxaminer la quantite de platine Ann^c tyjg- en poudre qui pouvoit s'y etre precipitce ; je fus fort furpris d'y apperce- voir de petites plaques blanches dont la forme me parut la mcine que celle des morceaux du bouton lamini que j'avois mis dans le matras & dont j'attendois I'enticre diffolution, a la petite portion pres de platine qu'ils contenoient : ma premiere idee fut de foupconner que I'acide ni- treux n'avoit pas produit tout Ion efFet, & fur le champ je placai le ma- tras lur le feu oii I'acide refta en ebullition pendant qnelque temps : cette derniere operation ne fervit qu'i donner plus de blanchcur, plus de net- tete aux petites plaques que j'avois d'abord oblervees •, je n'hclitai done plus i decanter I'acide, k laver le precipite & ^ le faire tomber enfuite dans un petit creufet oii il put recevoir un recuit-, mais avant que d'en venir 4 ce dernier terme de I'operation, j'examinai attentivement les pe- tites plaques que le creufet contenoit : je ne dout.ii point qu'elles ne fuf- fent prelque entierement de platine, & je ne me trompois pas-, mais leur [)etitcffe, relativement i la dimenlion de celles que j'avois mifes en diffo- ution , leur forme reguliere & abfolument pareille ^ celle de ces memes plaques mifcs dans I'aciJe nitreux , la lurface affez conftderable qu'elles occupoient , quoiqu'ellcs ne dulFent pefer que 1 grains , tout me parut furprenant dans ce fiit & piqua ma curiollte. Mon etonnement augmenta lorfque je vis que ces plaques avoient cojifervc toutes leurs dimenlions aprcs le recuit , ou au moins n'avoient pas pris une rstraite fenlible •, elles pefoient cnfemble 1 grains & reprelentoient par confequent le poiJs total de la platine qui ctoit entree dans le bouton duquel ces plaques fortoient. Inftruit de ce que j'avois k obferver dans une leconde experience , par le fait aUez hngulier que je venois d'avoir fous les yeux , je m'appliquai moins k chercher quelle pouvoit en etre la caule, qu'4 le conftater de maniere qu'il ne me reflat aucun doute (ur la certitude que j'y attache- rois. Lorlque j'fus applati fous le marteau & reduit en une lame mince un bouton pareil a celui dont je viens de "parler, je coupai fur cette lame deux petites plaques parfaitement egales, & qui avoient chacune 7 lignes | de longueur (ur } lignes | de largeur-, une de ces plaques fut mife dans I'acide nitreux afFoibli, & je refervai I'autre pour lui etre comparee apres la diffolution du cuivre qu'elle contenoit : I'etlet que j'ai annonce plus haut eut lieu egalement dans cette experience ci ; il fe trouva au fond du matras une petite plaque blanche qui avoit conferve fa premiere forme, mais dont les dimeniions etoient beaucoup plus petites au limple coup- d'ceil , que celles de la plaque que j'avois refervee : je decnntai I'acide nitreux, & aprcs avoir lave la plaque, qui etoit d'une legerete extreme, je la fis gliffer doucement dans un petit creulet", lorfque I'eau en fut to- talement ecoulee & qu? la plaque fut reftce k fee, j'cn pris les dimenlions avec un compas-, elle n'avoit phis que 5 lignes \ de longueur fur 1 lignes^ de largeur ; elle avoit perdu par conlcquent 4 lignes j d'un coe & 1 lignc^ Nn ij 284 AB REG t DES MEMOIRES — ■^^— — —^^ de I'aiitre. Le recuit que je donnat ^ cette petite fcuille de platine ne f^ . produilit aucun changeaient dans fes dimenfions, on au moins il ne fut p.is alkz marque pour que le compas m'en avcrtit. Annie 1J7Q. On kra etonne fans doute que la retraite confidtirable , & une retraite en tout fens que cette fcuille de platine a eprouvee, n'ait eu lieu que dans I'acide nitreux & pendant fa nioindre aftion fur le cuivre qui la conte- iioit ; on verra encore avec furprife que le recuit n'a contribus en riea an rctreciff;.ment d'une feuille de metal (i legere , tandis qu'il ell certain qu'nn cornet d'or, aprcs le depart, conferve toutes les dimcnilons qu'il avoit avant que d'y etre foumis , & qu'au contraire apres le recuit il perd iin tiers, ou k peu-prcs, fur ces memes dimenlions. On prefumera peut-etre que la grande diminution que j'ai obfervee fur I'etendue qu'avoit d'abord cette feuille de platine, n'etoit pas due ^ uii refferreraent des parties fur elles-memes, niais ^ un retranchement qui a pu fe faire. avec une forte d'egalite aux bords de cette feuille , tandis que le milieu eft rede inta6l & tel qu'il fobliftoit dans la petite plaque avant que I'acide nitreux I'attaquat : mais on ecartera bientot cette idee quand j'aurai fait obferver que non-feulement les bords de cette fcuille de pla- tine etoit-nt parfaitement termines & avoient conferve leur vive-arete, mais qu'on remarque encore quelquefois, avec le fecours de la loupe, fur les bords de quelques-unes de ces feuilles, une legere bavure , une cfpece de morfil que la cifoire occafionne , parce quelle ne coupe pas toujours d'une maniere bien nette les plaques d'ou fortent ces pctites feuilles de platine {a). Les bords de celle dont il s'agit ici n'ont done fouflert aii- cune alteration ; & comme il eft conftant que cette feuille fi delicate de platine a eprouve une diminution confider.ible fur fon etendue, meme an milieu d'un fluidc trcs adif qui tendoit fans celfe par fa nature h ecarter les unes des autres les parties de cette feuille , on fe trouve force de re- connoitre qn'il y a eu dans cette circonftance une retraite bien reelle, un rapprochement de ces memes parties dont la caufe paroit d'autant plus diflicile Ji decouvrir , que cc fait particulier ne s'accorde point avec cenx (a) On doit faire attention encore que Jans le cas ou I'on perfifteroit h croire qu'il n'y a pas de retraite reelle dans la feuille de la platine, mais que les bords font en- tam^s de toutes parts, & que le milieu feul fubfrfte dans fon enticr, il faudroit fupofer que la portion detach^ deb bords s'annonceroit d'une maniere fenfible , quelque foible qu'elle fut, & fe pr^cipiteroit au fond du matras : or on ne remarque dans ces circonf- tances aucune particule de platine qui foit mUMe avec Its feuilles; tellcs-ci font feules au fund du matras, & s'y offrent dans la plus grande nettet^ au milieu de la liqueur qui a route fa tranfparence. II eft vrai que ces feuilles de platine fe divifent quelquefois en deux parties dont Ics bcrds font bien termines & fans apparence de lupture, par la raifon fans doute qu'elles proviennent de deux petits morceaux de platine qui n'etoient qu'adhcrens I'un Ji I'autre dans le bouton de cuivre, qui n'^toient point entres en fufion avec ce dernier metal, & qui s'etoient ^tendus I'un ii cotd de I'autre fous les rouleaux du laminoir; mais en rap- prochant ks deux parties de cette feuille de platine, on voit clairement qu'elles en for- ment la totality, & reprefentcnt, !i la grande retraite pres qu'elles ont liprouvde, la petite plaque de cuivre charg^e d'un peu de platine, h laquelle ces deux portions da la. feuille appaitenoienu DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES, 2S5 dii mane ordre qui font coiinus , & qii'il ne laille ricn entrcvoir qui — i^— ^1— condiiife h l'cxplic|iier. II fcra plus ai(e, je crois, de remonter h la caufe d'un antre fait qu'on " ^ '"^' ' '^" a pu rcmarquer dans rexpericnce dont j'expofe ici les details. On a dU Ann^e ij-q, etrc furpri'; que 1 grains dc platine foiidus avec 51J grains de cuivre aicnt pii fubliftcr en fcuilie aprcs la dilioiution du fecond de ccs nietaiix; on a dt'i natureilciTient s'attendre h iin precipite de platine en poiidre, p:.rce qii'en la fiippofant cgaiement diftribiue dans toiite letendue du me- lange, chaque grain de platine repondoit ^ iS grains de cuivre; & que dans cette (uppolition d'une combinaifon parfaite, il ne feroit pas podible que i grains de metal formalient un corps continu , comme la petite feuille de platine dont il s'agit ici, quelqite leger & crible de toutes parts qu'on pi'it I'imagincr. Ainli on ne pcut donncr une explication plaulible de ce flit qu'eii luppofant, avec beaucoup de vrailemblance, que le me- lange de la platine & du cuivre n'ctoit pas complet dans cette circonf- t.ince , quoiqu'il cut etc fait au feu de lampe , & que la matiere en fulioii roulat comme une pcrle, dans le baOin de la coupelle, pour peu qu'on I'agitat. Les deux grains de platine n'auront etc mis, felon toute appa- rence , que dans un etat pnteux au milieu du cuivre en fulion ; peu de ce dernier mital les aura puictrcs; & ces z grains de platine aplatis fous le marteau dans le bouton de cuivre qui les contcnoit, lamines enfuite avec lui , auront pris toute I'extenlion dont ils etoient fufceptibles , & auront form^, au milieu de la lame de cuivre, une lame diftinAe de platine qui, par fa nature , devoit rellfter i I'acide nitrcux. J'ai remarquc en cffet , dans, Une occafion ou je failois fondre du cuivre & de la platine au feu de lampe, & oii je regardois ccs deux metaux comme bien meles, qu'un des boutons que j'avois fibtenus, laiffoit appercevoir une petite portion de platine, dont I'eclat argentin me frappa fur le champ, & qui ctoit reftee intadte au-deifous du cuivre en fulion. Quoique je ne doutalle point que les pnfcipitcs de platine, ayant toutes les proprietes metalliques apris la ditiokition de ce metal par I'acide ni- treux, ne puffeiit ctre decompofes en trcs-grande partie par I'efflt d'une fcconde dilTolution , comme I'avoit ete la platine dudile que j'avois fait diffoudre en premier lieu par le meme acide, cependant je voulus avoir line experience politive fur cette alteration nouvelle de la platine, & je !>rclumai quelle feroit au moins auffi conliderable que celle dont on a eii a preuve dans les experiences peu differentes entr'elies, que j'ai rapportees ^ ce fujet. Je melai done 6 grains de precipite de platine reduite en poudre , qui provenoient de mes experiences, & qui avoient au coup-d'ceil tons les caraftcres metalliques, avec 2+ grains d'or fin & 69 grains d'argent Ai- poiiille egalement de tout alliage : je fis pafler \ la coupelle ces trois me- taux dans une quantite de plomb convenable; je laminai le bouton qui en provint, & apres en avoir forme deux cornets, j'en fis le depart avec ks mcnagemens que demandoit la quantite d'argent fin que j'avois em- ployee pour que les cornets d'or fe conlervaiient doiis leiir entier. /c 2S< ABREG6 DES ME MOIRES ^—1 ^— i^M retirai enfuite , ^ la faveur de I'efprit de fel , tout I'argent que la diflblii- "~ ' tion conteiioit, & n'attendant alors de I'eau regale qui en ctoit refultee, C H y M I E. ^g j^ platiiie feule dont la quantity jufte m'interedoit , j'y verfai dc Ann^t tjjg. I'a'k^'i '^'^s, connne on a vu prccedemment que je I'avois fait pour des experiences pareilles, & je procedai ^ levaporation totale de la liqueur-, je melai 5 gros de chaux de cuivre des affinages avec le depot falin que la liqueur me laiffa-, je fis enfuite entrer ce depot pour un lixieme dans le flux noir que je compofai ■, je revivifiai ce cuivre; j'en obtins un culot trcs-net du poids de 5 gros \ ix grains, & tenant la petite portion de platine qu'il avoit recueillie : il en contenoit fort peu en effet ; k peine ni'en donna-t-il un grain reduit en une poudre grife , metallique il eft vrai , mais fur laquelle on auroit remarque un dechet fenfibie , fi on I'eut raflemblee en un globule de platine nette & ayant toute fa dudtilite. Les deux cornets d'or dependans de cette experience , & dont j'ai parle plus haut, avoient retenu un demi-grain de platine, ou k peu-pres, fur les 6 grains que j'avois employes-, on vient de voir que le culot de cuivre m'en reftitua un grain •, je perdis done dans cette experience les trois quarts ou environ de la platine qui y ^toit entree. On remarquera peut-ctre que la platine en poudre dont il falloit que Je filTe ufage, dans la vue de fuivre fa decompolition , n'etoit pas allez nette , affez rdduite i fon etat vraiment metallique , pour que je pulle en deduire une perte reelle avec autant de precilion que je I'ai fait-, mais on voudra bien obferver que j'ai ctabli le poids de cette platine en poudre fur le pied de celui quelle avoit, comme refultat des premieres expe- riences; qu'on ne fauroit exiger une diminution k I'egard du poids reel de cette platine en poudre que j'ai employee en fecond lieu, quelle ne re- tombe fur celui du produit en precipite ds platine que j'ai d'abord an- nonce, & qu'il eft affez indifferent pour la perte reelle que fouffre ce me- tal , ou quelle foit egale dans des operations reiterees, ou quelle foit plus confiderable i mefnre que la platine fubit des epreuves , & paffe de I'etat metallique ^ celui oii elle eft mife par I'attion violente d'un diffolvant. Quelque opinion que Ton ait ^ I'egard de I'efl-'et, foit conftamment egal de I'acide nitreux fur la platine, foit plus marque ^ niefure qu'on I'a fait prccipiter de cet acide pour la fouraettre de nouveau k toute fon aftion , il paroit conftant, d'apres mes experiences, que la platine dudlle a tfprouve d'abord un dechet de prcs des deux tiers de la quantite que j'en avois employee : il paroit certain egalement que la platine en poudre retiree de I'acide nitreux & dilToute de nouveau par ce meme acide, a foufFert une perte au moins audi conliderable que celle dont je parle ; & par une fuite neceffaire de ces dechets fuccedifs fur une quantite determinee de platine , on voit qu'il ne refte ^ la fin de la feconde operation , qu'une petite partie du metal employe. Si Ton prefume que j'ai porte un peu trop haut cette perte , par la rai- fon que je n'ai pas fait reflituer k I'acide nitreux , malgre les precautions que j'ai prifes, toute la platine qu'il contenoit, ou parce que la chaux de cuivre ne s'eft pas chargee de la totalitc du metal que le depot ialin rece- DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. 187 loit, on pent bonier le dechet ^ la inoitie, 011 aux dcnix cinqiiieracs de ce metal', mais je prie qu'on fe rappelle dans ce moment , cju'il y a une ferte de moitic oil environ fur la platine brute, aprcs fa diliolution par eau regale, & loriqu'elle a ete conduite i cct etat de du(Stilite parfaite, que d'habiles chymilles ont eu le talent de lui procurer •, qu'on fafle at- tention que par nies experiences cette perte, & une plus forte quelquc- fois , a lieu lur ce metal , aprcs mcme qu'il eft devenu du(5lile , & qu'ou I'a depouille d'une matiere qui en alteroit la purete-, qu'on obferve en- core que ce metal attaque fans ceffe par I'acide nitreux, eprouve fans celTc dc nouveaux dechets , & toujours aulTi conliderablcs qu'ii les avoit fout- ferts avant que d'avoir eie mis dans I'etat dc purete dont il eft lufcepti- ble ; qu'on remarqiie enhn qu'en faifant ainii dilloudre la platine , meme celle qui eft dudile , par l!acide nitreux , en retablilfant enfuite dans I'etat metallique ce qu'il en refte comme precipite , ce metal paroit le detruire continuellement , & ne laiffe bientot, pour pea que ces operations loient reiteries , que de foibles vcftiges de la confiftance qu'il avoit. Lorlqu'on traite les metaux & fur-tout ceux qui font parfaits , on eft li peu accoutume i des ddchets conliderables , tels qu'on les remarque fur la platine, qu'il feroit difficile de regarder les principcs qui la conftituent, comme auffi fixes que ceux des autres metaux : en meme temps qu'on eft frappe de fa grandc pefanteur fpecifique, on eft etonne des alterations no- tables quelle eprouve par les eft'ets de I'acide nitreux , tandis que d'autres metaux beaucoup moins pelans quelle, cedent facilement, il eft vrai, k Fadlion des acides , mais reviennent bientot avec peu de perte & plus f)urs qu'ils n'etoient ^ I'etat de folidite , de liaifon intime des parties qui es caratlerifoit. On a vu , dans le courant de cc memoire , que mes experiences m'ont conduit neceffairement ^ faire un grand iiombre de redudiions, pour re- vivifier la chaux de cuivre que j'employois , & recueillir par ce moyen les moindres parcelles de platine que I'acide nitreux mele d'un peu d'ef- piit de fel avoit laiffees au fond des capfules, aprcs I'evaporation totale de la liqueur, que le cuivre avoit failies en reprenant (on etat metallique, & avoit entrainees avec lui au fond des creufets , oil le culot compofe de cuivre & d'un peu de platine s'etoit formi. On foupcoiinera pent etre que h J'ai eprouve , dans ces reductions, des dechets confiderables fur la platine , c'eft uniquement parce que je n'ai pas retire des differens depots, que les liqueurs evaporecs m'ont fournis, toute la platine qu'ils contenoient ; que les fcories que j'abandonnois, apres I'operation , pouvoient encore receler des parcelles de platine •, que les particules exceflivement attenuees de ce metal pouvoient avoir echappe au cuivre qui fe revivifioit, & s'etre trouvees enfuite trop legeres p.nir fe precipiter d'elles-memes au fond du crcufet ^ travers da flux noir, quelque fluide qu'on le fuppofat. Quoique j'aie toujours eu I'attention d'employer vingt ou trente fols plus de chaux de cuivre dans mes reduclions , que je n'attendois de pla- tine qui s'y feroit reunie , quoique cettc chaux fut reduite elle-meme en 1S8 ABRECi DES ME MOIRES iMi. 1111,11 ■■■1^— parties de la plus graiide ttinuite , capables par confeqiient de failrr par- _ tout celles de la platiiie qu'elles leiicontreroient, & que j'euffe tout lieu '• de croire qii'il n'etoit rien refte dans les fcories qui ciit pu reiitrer dans Annce I77tciniede par lequel on a obteim lo pre^— — mier de ces acides, du dcg*i dc concentration auquel on I'a pone, de li „ pureti dont il eft , & de la qiialite, peut-ctre, de la manganere iiir laquelle ^ on I'a diftilli, je me propolc de continuer les experiences que j'ai com- Anne'e IJ'JS' mcnc^es ^ ce iiijet, de chercher le point precis on I'acide niarin jouit de la plus grande eiiergic, pour concourir, avec I'acide vitriolique , ^ la dif- folutioii des deux metauXj & de mettre fous les yeux de i'acadcmie les details de cette operation , (i je peux parvenir k la rendre aufll limple en elle-tntime , que conftante dans toute I'etendue de I'effet que j'en ai vu r^ulter pUilieUrs fois. OBSERVATION -. S U R UN ACIDE GLACIAL, Ohtenu par la diflillation d'un melange d'acide nitrcux futiant & de charbon emhrafi & reduit en poudre. M, Par M. CORNETTE. .RS. Lavoisier. & Bitcquet ont prefcnte i I'acadcmie, il yaMdm. quelques jours, un flacoii d'hiiile de vitriol glacial , retire ^ un trcs grand feu , de la decompolition du nitre par le colcotar. Comme les experiences que je prefente aujonrd'hui, quoique faites d'une maniere ditlerente, pa- roilTent le rapprocher beaucoup de celle de ces acadcmiciens, je crois de- voir mettre cette note en tete de cette obfervation , declarant ne vouloir point leur enlever I'honneur de leur decouverte , mais prcnant occalion : de-la, de faire part i I'academie d'un travail fait depuis long-temps fur cet objet, que je ne coniptois pas lui communiquer fitot. Observation. J'ai parle dans le memoire que j'ai lu Tannic derniere'i'racad^mtei: fur le Icl ammoniacal nitreux, de ia diflillation de I'jcide nifreux fur le charbon-, j'.ii demontre que cette fubftance Tie foulfroir pas d'altcration marquee de la part de cet acide , puilqu'aprcs cette operation elle avoir conferve fa couleur noire, & fon inflammabilitc : comme je ne m'etois fervi pour faire cette experience que du charbon ordinaire , je refolus quelque temps aprcs de la repeter de nouveau , mais avec du charbon biea iec, c'eft idire, avec du charbon embrafe reduit en poudre fur le champ, & de I'acide nitreux tumant, prepare felon la mcthode de Glauber, per- fuade que je. rctircrois da cette fecondc experience, faitc de cttte ma- Tonie XVL Fartie Fran^oije. Pp i^S ■ A BR E G 6 D E S M E M O I RE S — ^— — ^iere , qiielqiies refultats diiKrcns de la premiere : le fucccs furpafla raesr efpirancea, car je ne m'attendois pas k obtenir d'un pareil melange, un. C H Y M I E. pJQJ^,j^ fembbble a celiii que je vais decrjre. ; jtmie 1775. Jc ™i5 '^^"^ ""^ cornue deverre 1111 gtos de charbon aiiifi prepare, fuj. lequel je verfai line once d'acide nitreux fumant : ce melange s'echauffa. beaucoup, & fit monter le. thermometre de i^ degres au-deffus de la glace, la temperature itant ce jour-l^ i lo', je pla9ai cette Corntie fur u;i bain de fable, au col de laquelle j'ajuftai une alooge ou cylindre de verre, dpnt I'extrcmitc entroit dani un. recipient qui pouvoit contepir environ dix pintes d'eau -, je laiffai ce melange en digcftion du foir au matin, pour: que le charbon fut mieux penetre par I'acide-, pendant ce court efpace dc temps, ce dernier s'etoit nn peir colore, & avoit diffout une petite por- tion de charbon ■, je procedai enfuite i la diftillation pat une chaleur fort douce, il fe d^gagea prefque aufli tor beaucoup de vapeuPS'tutiLintes, qui obfcurcirent les vaiffeaux ■, je conduifis le feu avec beaucoup de menage- ment, afin de mieux examiner cequi fe pafl'eroit pendant cette diftilla- tion ■, lorfque I'acide fut paffe entierement, ce que je reconnus facilement far I'liclairciflement de I'jlonge , j'apper^us qii'il selevoit du fond de la cornue, une poudre blanche tres fine & tres-lubtile , qui, en s'altachant a . fes parois , formoit la cryftallifation la plus belle & la plus agreable qu'on pliiffe voir; une partie ^toit dlfpofee en longues aiguilles, & I'autre re- prefentoit dcs rinccaux , charraans par leur arrangement : je me hatai de deluter les vaiffeaux, parce que je commencois h m'appercevoir, ^ la ve- rite un peu trop tard , que cette matiere le liquchoit facilement par la chaleur plus forte que.j'avois donnee, & quelle fe confondoit avec la liqueur contenue dans fe recipient; je recueiilis dc cette fubftance, \ I'aide • d'un tube de verre , le plus qu'il me fut pollible , que je renfermai dans un flacon tres-fec, car autrement elle fe feroit convertie en liqueur; je paffai de I'eaii diftillee fur I'autre portion qui etoit reftee dans I'alonge , & que je n'avois pu detacher, il fe fit auffi-tot un bouiUonnement aflez con- fiderable avec degagement de vapeurs d'acide nitreux , & cette diffolu- tion , faite dans de juftes proportions , rendit fur le champ I'eau d'une belle couleur bleue,. comme celle qui refulte d'un melange d'acide ni- treux & d'eau, ainli que I'ont demontre pluiieurs habiles chymiftes; je fis evaporer dans une capfule de verre, la portion qui avoit ete diifoute , elle laiffa dcgager, dans les premiers momens, une forte odeur d'acide nitreux, itiais il me parut que cet acide y adheroit fort peu , puilqu'^ peine la li- qu ur fut-elleibien echauftee , qu'il ne s'en degagea plus aucune. Je conti- nuai I'evaporation jufqu'i la confomption prelque totale de I'humidite , il me refta au plus cinq ou fix gouttes de liqueur tres acide, fins odeur, ue je reconnus pour de I'acide vitriolique, par la combinaifon que j'eii Is avec les cryftaux de foude : cet acide glacial, contenu dans le flacon, fe liquefic tres facilement i une douce chaleur, & offre un fpesStacle affez agreable; le flacon, qui eft cLiir & tranfparent , fe remplit auffi-tot de va- peurs rouges, & les vapeurs dilparoiffeiit prefqu'entierement lorfque cette fubibnce a repris fa folidi'uL ILy a plus da.deuxians (jue ^L du fel (uhureux de Stalh. II refiilte de ces experiences, 1°. que I'acide glacial que Ton obtient de cette openation , n'efl autre chofe que de I'acide vitriolique qui aU teroit priliminairement I'acide nitreux; i°. que I'acide nitreux lui-menie contiibue elfentiellement ^ la formation de cet acide glacial, puifque les deus lubftances , employees feparcmeut , ne pcuvent point en fournir ; ;". enfin , que c'eft du gaz qui fe dcgage du charbon, & nieme de celui contenu dans I'acide nitreux , d'od me paroit dependre la forme concrete que :prend cet acide. .' : 7""-^^""^ ~ ! O B.S-JE jR:^, a't ion "^ S V R lEVITRlOL DE MERCURE. Par M. Co.i^NETTE. L. 'I V.C'MV ES chj'miftes entendent par vitriol de msrcure, la cotiibinaifon d'e Mem. I'acide vitriolique avec cette fubftance mstalliquei mais pour que cette combinaifon puifle fe faire , elle exige I'adiion de I'acide vitriolique con- centre & bouillant fur le mercure-, pour le preparer , on met dans une comue de verre vingt-quatre onces d'acides vitriolique concentre, fur une livre de mercure coulanf, j'ai obfcrve que cette quantite d'acide etoit trop forte, puilque je fuis parvenu a faire cette operation avec vingt on- ces feuWment ; on fait chauffer par degres ce melange , il s'eleve d'abord quelques vapeurs blanches , qui ont une forte odeur d'acide fulfureux vo- latil , il fe paffe enfuite dans la comue un bouillonnement ou effervef- cence affez vive , qui coniiiiue ^ fe faire jufqu'a I'enticre diffohirion du mercure : il fe degage, pendant tout le temps de cette operation, beau- coup d'acide lulfureux volatil, fous forme de gaz, dont une grande par- tie fe dilfout dans I'eau , & de laquelle j'ai retire des cryftaux de fel ful- fiireux de Stalh , en la faturant d'alkali fixe •, enfin , il refte au fond de la comue une malfe blanche laline, que Ton appelle vitriol de mercure. 'Quelques chymiftes ont avancd que ce fel , expoie dans une cornue, 'k une chaleur trcs-forte, fc decompoloit, que la plus grande partie du mer- cure fe reduifoit en mercure coulant , & qu'une trcs-petite partie feule- mcnt fe fublimoit. Quelque deference que j'aic pour Ics auteurs de cette C H Y M I E. joi ABREGfiDESMEMOIRES aflertion , je crois ne devoir pas etre entieretnent de leur avis , I'experience m'a dcmontre que les chofes fe paffoient ditFeremment, car j'ai obferve que ce fel, expofe i un feu violent, fe fublimoit prefque en entier , & Annce 1779. li|tlon 4e ciiivre \ I'air, on aura beaucoup de peine \ In faire cryftallifer , par k raifon qu'ayant befoin d'e- tre trcs-rappjochee pQur fournir des crylbux, eile en attire I'humidite, & dcs-lors la liqueur etant trop etendae, |a cryftallifation ne peut plus &voit Heu, k moins! qu'on opere dans un teijips ou I'air foit fee & froid. Le vitriol & le nitre cuivreux fe diffolvent tres-promptement & h froid dans I'acide uiarin ; fi fur deux gros de chacun de ces fels on ajoute fix gros d'acide, cette quantitc fera fuffifmte pour que la diffolution foit com- plette v il fe pafle dans Tinftant affez de froid pour fcire defcendre le ther^ mometre de phifieurs degres ; pour le vitriol de cuivre il n'a ete que de cinq , tandis que le nitre cuivreux I'a fait defcendre de huit degres , la temperature ctant ce jour-li k lo au-deffus de la glace. Si Ton fait bouil- lir ces diffolutions, I'acide marin prend fur le champ une couleur verte, & i'on obtient du refroidiffement des liqueurs des eryftaux d'un vert clair, & figures en aiguilles abfolument femblables k ceux qui rcfiiltent de la combin?.ifon du cuivre par I'acide marin; ce fel fe conferve trcs-bien dans les vaiffeaux fermes , j'en ai meme tenu pendant atfez long-temps expofe ^ Fair fans qu'il fe foit humedte fenliblement, & que les eryftaux eulTeat perdu leur confiftance : ces deux experiences prouvent done qua I'acide marin a plus de difpolition k le combiner avec le cuivre que n'en ont les autres acides , quoique quelques chymiftes aient avance le con- traire , & il a encore ^ cet egard la fuperiorite fur I'acide nitreux , qui , de quelque maniere que je I'aie trait? avec h vUriql de cuiyre > n'a jaoiais pu. ifi.dticonipoler.. QuATRIEME ExPERIENCB. Sur le Vitriol de Mars & le Nitre martial. La meme experience repetee fur le vitriol de mars , a eu le meme fuc- ces, I'acide marin s'eft empare dii fer, & en a chaffs I'acide vitrioliqne 5 cettC' diffolution evaporee m'a donne de beaux eryftaux cubiques , fem- blables h ceux que je me fuis procure de la combinaifon immediate du fer avec I'acide marin. Le plus grand nombre des chymiftes avancent que ce fel n'eft point fufceptible de cryftallifation , mais c'eft encore une erreur ^«e Texp^rience peut detruire, & je puis affurer qu'il cryftallife tres-bien & avec affez de facilite. Ge fel eft d'une couleur verte , mais il fe ternit bientot ^ la furface , & fe convertit en liqueur s'il eft quelque temps ex- pofe k I'air. La diffojution du fer par I'acide marin, u'a pas I'inconv^nient DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES, ^cy dc particulicr;! de la diirolution du fer par Ics autrcs acides, elle a cela 6 qii'elle fe conl'erve en bon etat & fans doniier aucun depot. ^ Lc nitre martial a prefente plus d'obftaclc pour fa decompofition, jc fuis H y M i B. ccpendant portc i crqirc; qu'ellc auroit ^galcment lieu commc le vitriol ^tinie tJlQ. de mars, s'il etoit poflible de I'avoir fous forme concrete & cryftaliine. Je fonde men opinion fur cc qu'cn diftillant la di/Tolution de fer, rappro- chee avec I'acide marin , il s'cft degage beaucoup d'air nitreux, & Heft toujours paffc dans le recipient de I'eau resale, & fur ce qu'ayant fait nne fois deffecherla matierc, fans cepehdant la dccompofcr , j'ai obtenu de fon melange, avec I'.ncide marin, un magma rerapli dc petits cryftaux cu- , biques que -j'ai reconnu pour du fcl marin martial. L'acide nitreux parcit egalement avoir plus de. prife fur le fer que I'a- cide vitHoliquc , car le iilrirtl de mats eft dciompofe par cet acid? •, il agit fur lui avec eftervefcence , & la liqueur prtnd tur le champ une cou- leur. rouge, Cfctle diifolution evaporse oe donne plus de cryftaux , mais une matiere diiliqiielcente analogue ^ U di/Jolution du' fer piar l'acide ni- treux , car j'ai fait beaucoup de tentaviVes p6ur pbtehir du nitre martial cryllaliiii; ,. inais je n'ai jamais pu ,y parvenir.. : ; .■jir.ci .3 3ti ^^'■. sl anal ^ oOfCitt-'X ^ V i-l'irf.s .\Ejk;ei±\mm\ls^Jixxvr-tU\ ~- ■^■^- 3t3Yr, sbi'j£ r.orn lii-Jio'i^i'L- foilo'c i;-) 'j.-i=b-,-^ i"\ ,iL'jI:r1o il ob iiuoogl -;ko ^b jiori noi,^i^ ■■Thtm'h'K\nitH'di''i:%?'-':i :'^^^^ "'^'j •,j VA.l X0fiIIV,3 :• ;b fin;'. : ;• .: v / ■.•:.';-} :■.■. ■ T- ,• ,( •■•'irlO V.i'A -';,"■ ' : - ■ ■ ' ■ "* ' Trois gros d'acide marin diflblvcnt i frdid un gros de vitriol de kinc^ la diffolution eft d'un jaune clair, foumila k I'evaporation elle ne dbnne {)lus de cryftaux, mais elle fe Convertit en un taagma comme celui qui rifulte de la combinaifon de l'acide marin avec ce demi-met«l, car ce feil ne cryftallife point. 11 eft vifiblcj d'aprcs cette experience, que fi le vi-i- triol de zinc n'avoit fouftert aucuiie alteration par l'acide marin, ce fel auroit conlervi la propriete de cryftallifer ■, hiais cette difficult^ qlje j'ai eprouvee , & I'examen du refidu de I'evaporation , m'autorife i penfer qu6 le vitriol de zinc a cti dccompofe par cet acide. Je fuis d'autant plus fonde ^ le croire , que le nitre de line traite de m^me avec l'acide ma- rin, a donne deS reliiltats. fin tout femblables i eeiix de I'expiSrience pr6^ ccdente. Le nitre de zinc eft dejiqUefcent , il cryftallife en longues ai- guilles, & on peut le eonfctVer pendant quelque temps li on k renferm« dans une bouteille bien bouchee. Je ferai oblerver que l'acide marin refnporie encore , k cet egard , fur I'acide nitreux, car ce dernier n'a point dccompofe le vitriol de ainc, 3c ne tut a point ote )a propriete de cryftallifer. Toutes ces exp^ricaces fe trouvtnt oppolees au fentimeht de IfL. Pott qui a aVBUce.dins fa differtation fur le zinc, que L diffolution de ce de- mi-iuctal n'^ ;ailcUj«c.Jui;dik'(itii)ii p»ivr le» jtid^s viuioliqUes ^ marini- . .»l(Jf.!i;kil»i3 hi fUJ .Lj.-.ii 0- :. .-. ; "'i-'ot Qq ••) 30* ABREG6 DES MEMOIRES C H Y M I E. S I X 1 I M E E X P i R 1 E N C S. I Sur U Vitriol & U Nitre cobaltique. L'acjde vitriolique afFoibli , n'agit pas fur le regiile de cobalt , il faiit u'il fait concentre & bouillanf, & tneme il eft neceffaire que cette dif- blution foit faite dans une cornue. On retire de la combinaifon de cet acide, avec le cobalt, deux efpeces de cryftaux, (ainii que Pa remarque M. Baume) dont les uns font blancs, petits & cubiques, & d'antres plus gros & de couleur fauve. Si Ton verfe fur le vitriol cobaltique de I'acide marin, cet acide fe co- lore aufH-tot en vert , Sc I'intenfit^ de cette couleur augmente par la cha- leur. Ce fel fe diffout tres-bien dans cet acide, on retire de I'evaporation de h liqueur de petits cryftaux verdatres difpofts en aiguilles, & qui atti- rent puiffamment I'humiditi de I'air. Ces cryftaux font les memes que ceux qui font formes par la combinaifon iminediate de I'acide marin & du regule de cobalt. L'acide nitreux difTout ie rcguIe de cobalt avec effervefcence & fans le fecours de la chaleur, j'ai mcme 6te obligi d'affoiblir mon acide avec I'eau diftillee pour qu'elle. fut moins forte. La diflblution ^toit de cou- leur cramoifilale, elfe m'a donne par I'evaporation des cryftaux roux & formant des prifmes carres longs, mais aucuns n'etoient difpofes en ai- guilles. Ce fel fe diflbut tres-bien dans I'acide marin, & lui communique fur le champ une couleur verte. Je ferai remarquer que dans toutes les diflblutions de cobalt , faites par I'un ou I'autre acide , I'acide marin prend tctujours cette couleur-, on peut la faire difparoitre& reparoitre ^ volonte: fi Ton fait chauffer le melange, la couleur difparoit, & fi Ton ajoute un peu d'acide marin elle reparoit fur le champ. Comme le regule de cobalt eft foluble egalement dans I'eau regale que dans I'acide nitreux , on fent bien qu'on a plus de peine ^ obtenir des cryftaux de fel marin cobalti- que. Cependant ayant fait bouillir le nitre cobaltique avec I'acide marin, & ayant fait rapprocher la liqueur , }'ai vu avec plaifir qu'une portion du nitre cobaltique avoit ete decompofee, car j'ai reconnu les mcmes cryf- taux que ceux qui me fervoient d'objet de comparaifon, c'eft-^-dire, que ceux que j'avois obrenus de la dilfolution du regule de cobalt par I'acide marin. J'ai fait auffi une nombreufe fuite d'experiences fur I'itain & le bifmuth. La diflSculte que Ton cprouve ^ diflbudre I'etain par les acides vitrioli- ques & nitreux , & I'impoflibilitd de former des fels d'etain avec ces deux acides, ne mont pas permis d'effayer I'acide marin. Je penfe cependant qu'iis auroient ete decompofes comme les autres par cet acide, fi Ton con- fidere que I'acide marin eft le feul vrai diffolvant de I'ctain , & celui qui fburnit, avec ce metal, un fel cryftallifable. DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. J09 Le bifnuith ne fe dilFout point d^ns I'acide vitriolique , qiic-lqiic con- ^— ^— ^^ centre qu'il foit , il le calcine li on Texpofe k une chaieur vioiente, & la nulfc qui rcfte dans la cornue n'cft point ou prefquc point foluble dans ^ " '''^ ^' ' £• I'eau. On parvient ccpendant ^ en faire une combinaifon plus intime lorf- ^n^/g jy~g qu'on I'emploie tres diviCe, & tel qu'il a et^ precipite de (a diflblution dans I'acide nitreux par ralkali fixe , je pris une certaine ciuantite de bif- muth ainli precipite & non lave , que je verfai fur de I'elprit de vitriol bouillant, il fe fit une efFcrvefcence , niais qui ne fut occafionnee que par une portion d'alluli qui etoit relive avec la poudre. La chaitx de bifmuth fut par ce moyen totalpment diffoute, & la liqueur en refroidiffant lailTa depofer des cryftaux que )e nonimerai vitriol de bifmuth. J'ai fait bouillir de I'acide marin fur du vitriol, & du nitre de bifmuth, maisquelque tentative que j'aie pu faire, je n'ai pu parvenir ^ le decom- pofer i le nitre de bifmuth s'eft bien diffout k froid dans I'acide marin , il a forme une diflblution claire qui a eu dc Ja peine enfuite \ cryftallifer. Mais ayant rapproche un peu la liqueur, une grande partie de I'acide marin • s'eft diflipe, & j'ai retire des cryltaux de nitre de bifmuth, comme ceijx que i'avois eu auparavant. Cette experience paroit confirmer I'opinion de M. Monet, lorfqu'il avance, dans fon trait^ fur la diflolution des metaux que le bifmuth eft indifferent aux acides, qu'il ne marque pas plus de pre- diledion pour I'un que pour I'autre , & que s'il y avoit un acide qu'il dut preferer , ce feroit I'acide du nitre , comme ctant celui qui le diffout le mieux. II refulte de ces experiences, que I'acide marin conferve fur les fels \ bafe metallique , la meme proprietc que fur ceux ^ bafe d'alkali fixe & volatil, & qui tous ^gards, il doit avoir la preeminence fur les autres acides, puifqii'il agit avec plus d'^nergie qu'eux fur tous les fels. m. C H Y M 1 El 5,6 A B R E'G E D E S M E M O I R E S- a Ann^c lyj^. q 9 S .E ^l. \. A. X I..Q.,N,^^ .niin'aj 3t!|j jiiq 'S\ ,'3xi^ iij.jiir/' istj xu-i Qus I' on retire par la Uxmatlon des cendres du T^maris^pru^ foupe ^i^S;' Mem. V^'^TOiT autrefois un axiome en chymie, que toutes les pkntes inci- herees fourniflbient de I'alkali fixe par leurs lixiviations dans I'eau. Ce fen- timcHt a ete long-temps adopte par les modernes, lorfquenfin M.Montct, de la fociete royale des fdences de Montpellier, decouvrit que cette loi netoit pas generale, S^ que plulieurs plantcs faifoient exception ^ ccttc regie. Ce fut le tamaris qui lui fit faire cette remarque •, il prouva par de$ experiences bien faites, que cette plante britiee, au-lieu dd donner, par I'incineration , de I'alkali fixe , comme on avoit toujours cru jufqu'alors , ne fournifl'oit an contraire que du fel de Glauber, ainli qu'on peiit s'eu affurer par la leaare du memoire de ce chymifte , inferd parmi ceu>e de I'academie, pour I'annee 1757- Favorife par la circonftance, je crus devoir profiler de mon fejour i Montpellier, pour repeter les experiences de M. Montef, ce n'etoit point que je -doutaffe de leur realite , puifque d'autres chymiftes que moi les avoient faites-, mais foit qu'ils n'aient pu preparer eux memes leurs cen- dres, foit qu'ils n'aient pu varier leurs experiences fur differens tamaris, il paroit qu'ils fe font bornes k fuivre en tout point I'obfervation de M. Montet, en avancant, comme lui, que les cendres de cette plante lef- fivee, ne font point 'alk.ilines , & qu'elles ne donnent que du fel de Glau- ber, fans s'etendre davantage fur la nature des differens fels que Ton en retire. _ , Mon principal but, en entreprenant ce travail, n'a done pas tant ete de m'affurer fi cette plante incineree fourniroit par la lixiviation de I'alkali , que d'examiner fi le fel de Glauber ctoit le feul & unique fel contenu dans ces cendres, & de determiner fi cette plante prife k des diftances eloig- nees de la mer , donneroit toujours le meme fel, ou (i elle n'offriroit pas des variettJs dependantes du fol oii elle auroit ete cultivce. Sur la fin du mois d'aout 1778 , je fis couper en differens endroits une DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES, jii aflVz bonne quantitc de tamatis, une partie avoit etc prile dins les envi- —^'^— '■■"'■ roiis d'Aigucmortes & de Maguelonne, pays (Itue fur les bords de la mer: r Tautrc partie avoit ete cueillie k quelque diftancc d'lin village appelle Gra- beli, eloigned trois lieues an moins de la mer. Je fis bruler avec foin, & Ann i'avois dcji avance dans im memoirc qui a concouru ^^mmmammmmt^ au prk que I'academie a piopofe fur Ic falpctrc, & que j'ai public depuis, ' ~ que c ctoit relativement aux doubles dccompofltions qui fe paflent pen- C h v m i e; dant la lixiviation & lebullitioii dcs eaux falpctries , que I'on ne trouvoit >*„„/, r. Jamais dans les eaux-nicres ce fel, ni tartre vitriole, ni fel de Glauber; k ^'75-. circonftance exigeoit que jc ne ni'etendiffe pas davantage fur cet objet, mais ce que J'en ai dit etoit bieii fuffifant, ce me feinble , pour prouver que je connoiffois dcji I'adion des doubles affinites , & la decompolition que Ic nitre h. bafe terreufc & le fel maiin a bafe terreufe, exerce fur le wrtre vitriole & le fel de Glauber. J'avois annonce en 1774, "n niemoire plus aendu fur ccttc mati.re que j'ai relu, il y a quelquc temps, h I'aca- demie, & dans Icq^uel j'ai demontre que non-feulement le fel marin a bafe terreufe decompole le tartre vitriole , mais qu'il a aufll la faculte de de- compofer le nitre lui-meme, circonftance qui explique pourquoi on retire toujours du fel niarin jufqu'au dernier moment de rcvaporation de Li li- queur qui tient le falpetre en diirolution. M E M O I R E Sur la combinaifon des Huiles avec les Terres , I' Alkali yolatil & Us Subflances me'talliques. Par M. B E a. T H o L L E T, JL^n favon a dans fes proprietes un tel rapport avec les fels iieutrcs, que I'huile doit former I la maniere des acides un grand nonibre de com- binaifons negligees jufqu'i prefent, Cette idee m'a conduit aux experiences que je vais prifenter. ^^^ Lon nignoroit pas que Ihiule avoit de 1 adion fur la terre calcaire; mais M. Coftel {a) a le premier donne un moyen de faire une combi- naifon_ exafte de ces deux fubftances , en verfant une folution de favon dans I'eau de chaux. La chaux s'unit I I'lniile du favon , & forme une combinaifon qui ell: infoluble, de forte qu'on la reticnt fur un filtre, & lalkali cauftique eft mis en liberte ; on peut le retirer par I'tvaporation ; jl retient un peu d'huile qu'on peut lui enlevcr, felon M. Thouvenel, par le moyen de I'efprit de vin. Ce chymifte remarque d.ins fon analyfe des eaux de contrexeville , que I'alkali cjuftique ne peut pas deconipofer le favon calcaire, de forte que Ton peut dire en toute rigucur, que I'huile a plus d'affinite avec la terre calcaire qu'avec I'alkali fixe : mais felon le meme chymifte li Ton met de I'alkali fixe eftervcfcent fur le favon calcaire, alors celui-ci le decompofe , I'alkali s'unit a I'huile, & la terre calcaire devient libre, & acquiert la proprietc de faire effervefcence : les connoif- (a) AnaFyfe des eaux de Pougucs. Tome XVI. Partie Frangoifi. Rr Ann^e ijSo. C H Y M 1 E. 514 ABREC^ DBS MEMOIRES : fances que Ton a acquifes depnis la ditTertation de M. Thouvenel , ^clair- ciffent ce qui fe paffe dans cette circonflance ; il fe fait une double de- compolition & une double recompolltion : I'acide crayeux s'unit h la terre Ann^e ijSo, calcaire de la conibinaifon oleo-calcaire , & I'huile de cette combinaifoii s'unit ^ I'alkali prive d'acide crayeux. M. Thouvenel fait une reflexion trop importante pour ne pas la rap- peller ; les medecins prefcrivent fouvent en meme temps I'ufage dii favon & de la chaux, ou de I'eau de chaux, fans faire attention k I'alteration & h. la decompofition qui refultent du melange de ces deux fubftances. Alors ceft Talkall cauftique degag^ du favon qui devient la partie adlive, mais les efFets de ces melanges doivent prefenter des varietes, felon les pro- portions & les autres circonftances qui les accompagnent. J'ai auffi (fprouv^ les efiets de I'alkali volatil fur le favon calcaire : Talkali volatil cauftiqne n'a pas eu fur cette combinaifon plus d'adtion que I'alkali fixe cauftique; mais Talkali volatil efFervefcent I'a decompofee de meme que I'alkali fixe effervefcent : I'alkali volatil a pris I'apparence d'une huile, & la terre efl dcmeuree au fond , avec la propriete de faire efFervefcence. Apres avoir decante cette fubftance favonneufe, j'ai fait evaporer le fuperflu de I'alkali volatil ^ une douce chaleur, & il eft refttJ un favon qui a une faveur plus piquante que le favon ordinaire •, il a un peu moins de conliftance , il fe decompofe fi on le laiffe long temps ^ I'air, il fe diffout bien dans I'efprit de vin, mais en trcs-petite quantite dans I'eau : cette derniere propriete m'a fait croire que je n'avois pas befoin d'un procede fi complique & fi long pour faire ce favon , & que pour cet objet je pouvois employer d'une autre maniere I'adion des doubles aftinites. J'ai done mele nne fohition de favon ordinaire avec une folulion de fel ammoniac, & J'ai vu \ I'inftant fe former des caillots, qui etoient le favon ammoniacal que j'ai retenu fur un fiitre, de forte que I'alkali fixe du favon s'unit \ I'acide du fel marin, pendant que I'alkali volatil fe combine avec I'huile. Quelque perfuade que je fois que Ton doit etre tres-circonf- pe(5l \ propofer des medicamens nouveaux , & que Ton doit plutot s'oc- cuper \ elaguer la matiere medicale qu'i I'accroitre , je fuis tente de pro- pofer I'ufage medicinal de ce favon , qui doit avoir des vertus plus aiflives que le favon ordinaire , & qui a fur le favon de Starkei I'avantage d'etre d'une compofition trcs- facile & trcs-prompte, d'etre toujours uniforme, & de fe bien conferver dans les vaiffeaux fermes : je fais qu'on a em- ployii en m^decine, un melange d'alkali volatil & d'huile, dont on pre- tend former I'union par I'agitation ou par la trituration •, & qu'on trouve dans la pharmacopee de Londres un melange de cette efpece fous le nom de liniment volatil , mais Ton ne peut avoir par ce moyen qu'une com- binaifon qui eft tres-imparfaite , & qui differe entierement du favon dont je parle, comme on peut s'en convaincre par la feuie infpcdlion. Lorfqu'on deilaie du favon ordinaire dans les eaux feleniteuies, il fe fait audi deux decompofitions & deux recorapofitions , comme M. Coftei i'a prouve i I'alkali du iavon s'unit ^ I'acide de la felenite, & la terre de la DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. 51, fi^leiute fe combine avcc I'luiile du lavon , & forme ainli la combinairoii — — ■ olco-calcaire , qui ctant infoluble demeure en flocons> & ne peut fervir ^ aiix iifages du favon ordinaire; ce qui fait donner aux eaux feleiiiteufes le "^ " ' ^■ nom d'eaux crues ; raais ce n'eft pas feulement la felcnite qui eft propre Ann^e ij8q. \ former la combinaifon oleo-calcaire, toute autre diffolution de terre caicaire eft egalement propre i cela •, Ton peut fe fervir pour sen pro- curer, d'une diflblution de terre caicaire dans I'acide marin &c dans I'acide nitreux \ lors done que le favon fe dccompofe dans les eaux crues , cet cffet ne depend pas feulement de la felcnite & de la terre caicaire qui eft tenue en diffolution par I'acide crayeux, mais encore de tous les fels ik bafe caicaire qui peuvent fe trouver dans les eaux , & nieme de ceux ^ bafe de magnciie , comme on va le voir. Le melange d'une folution de favon & d'une folution de fel d'Epfom, m'a donne une combinaifon qui a la plus grande blancheur, elie eft ondtueufe, fe dcffeche dL4icileraent, & confervc fa blancheur apres U deflication; elle eft infoluble dans I'cau bouiliante-, cependant elle a unc faveur bien marquee de favon, elle fe ditTout en afiez grande quantitd dans I'luiile (a) 8c dans I'efpric de vin ; lorfqu'on mile de I'eau k cettc derniere diffolution , elle devient laitcufe. Cette combinaifon entre en li- quefadion i une chaleur mediocre •, & elle forme une raaffe tranfparente un peu jaune & tres-caffante, mais la combinaifon oleo-calcaire n'entre que trcs-imparfaitement en fufion , & feulement k une chaleur beaucoup plus forte. J'ai combine I'huile avec I'arglle, en melant une folution d'alun & une folution de favon , il a refultc de ce melange une combinaifon liante , douce au toucher , & qui conferve fa foupleffe & fa tenacite en fe deffe- chant, elle m'a paru infoluble dans I'eau, dans I'efprit de vin & dans I'huile, elle entre tres-facilement en fiifion, & forme apres cela une niaffe d'une belle tranfparence un peu jaune. La diffolution de terre pefante dans I'acide marin , m'a donne avec Ic favon une combinaifon qui prefente ipcu-prcs la mcme apparence & les memes proprietes que la combinaifon caicaire. Le moyen tres-hmple, dont je me fuis fervi pour former les combinai- fons oleo-terreufes , m'a egalement reufli pour combiner I'huile avec les fubftances metalliques. Lorfqu'on fait le melange des folutions de favon & de fublime corrollf, la liqueur devient fembbble h du lait, bientot on voitfe former de petits caillots , il eft prefque impollible de filtrer cette liqueiu , mais la plus grande partie de la combinaifon mercurielle qui s'eft formce, fe dcpofe tres-lenteraenf, on peut accelerer ce depot par le moyen de I'efprit de vin; on fait la mcme combinaifon beaucoup plus facilement , en fe fer- Vant de la diffolution de mercure dans I'acide nitreux. La combinaifon oleo-mercurielle eft vifqueufc , elle fe deffeche dillici- lement, elle fe diffout affez bien dans I'huile & en trcspetite quaiititii dans {t} Lotfque je nomme fimplemsut I'huile , je veuj parler de i'huile par expreflioo, Rr ij i5 ABREG^ DES MEMOIRES " ^•**r' ' ^ refprit de vin •, e!le perd fa couleiir bijnche ^ I'air & en preiid line sr- y- , doifee qui fe fonce de plus en plus, fur-tout li on I'expofe an foleil, oil fi on lui fait eprouver toute autre chalcur-, eile fe ramollit & entre faci- Anne'e tySo. lement en fulion; il faut la diftinguer de I'onguent mercurial dont on fe fert en medecine , car dans celui-ci le mercure eft dans I'litat mdtallique, an-lieu que dans la combinaifon que Je viens de decrire , le mercure eft 'dans I'etat de chaux , & il forme avec I'huile nne veritable combinaifoii dont I'application feroit peut-etre utile en XTiedecine. La combinaifon d'huile & de zinc que j'ai faite par le moyen du vi- triol blanc, eft d'un blanc tirant un peu fur le jaune, elle fe feche promp- tement & devient friable. Celle du cobalt que j'ai faite par le moyen de la diffolution du regule de cobalt dans I'eau forte, eft d'nne couleur plombde & fombre, & fe deffeche difficilement, quoique fes parties ne foient point liees entr'elles : il s'eft form^ fur la fin de la precipitation quelques caillots verts beaucoup plus confiftans & plus tenaces, je crois que c'cft une combinaifon d'huile & de nickel, car Ton fait que ce demi-metal eft prefque toujours con- tenu dans le regule de cobalt, & qu'il forme avec les acides des diflblu- tions vertes, pendant que celles de cobalt font rouges. Je n'ai pa confir- mer ma conjedure , parce que je n'ai pu me procurer du nickel , mais fi elle fe v^rifie, Ton aura par-Ik un moyen facile de f^parer ces deux fubf- tances metailiques, J'ai fait la combinaifon de I'huile & de I'etain par. le moyen de la dif- folution de ce metal dans I'eau regale , elle eft blanche , elle n'entre pas • en fufion , lorfqu'on I'expofe h la chaleur , cop-ime il arrive k routes les autres combinaifons oleo- metailiques, nwis elle i'e decompofe fans que fes parties changcnt de forme : ce que j'attribue k la grande quantite de me- tal que cette combinaifon contient, comme on le verra. La combinaifon oleo-martjale eft d'un brun rouge.atre, elle eft tenace ; mais elle entre tres-aiferaent en fufion-, lorfqu'on I'etcnd fur le bois elle le penetre & s'y deffeche-, elle fe diffout facilement dans I'huile, & fur- tout dans I'huile de terebenthine, & elle lui donne une belle couleur, de forte quelle pourroit etre utile pour les vernis. ,.V !^ ', " '/ - ."i La combinaifon oleo- cuivreufe que j'ai faite par le'niByen dti ' vitriol bleu , eft refineufe au toucher pendant qu'elle eft humide -, elle devient feche & caffante; elle eft verte ; mife en digeftion avec I'efprit de yin_, tile prend une couleur plus foncee , elle s'y iiqu.dfie, mais elle ne fe dil- fout pas k froid ; I'ether rend la couleur plus foncee & phis belle, il la liquefie k I'inftant & en dtflbut une affez bonne quantity , elle fe diffbut abondamment dans les huiles en leur donnant une belle couleur verte. La combinaifon d'huile & de plomb faite par I'e moy^n de la diifolu- lion du fel de Saturne, eft blanche, tenace & 'fort emplaftique , lorl- qu'elle eft echauft'ee-, I'nnion de I'huife & du plomb. n eft pas fi intime , dans le diapalme , car fi I'dii fond la combinaifon' que jfe viens de dicrirei elle forme une mafl'e tranfparente qu'une chaleur peu confiderable a ren- due un pen jaune , au-Iieu que le diapalme eft opaque , d'ailleurs I'hirile DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. 517 qui entrc dans la compofition dii dernier a acquis de lacrete par la cha- ■ leur 5 laquclle elle a ite founiife-, il eft done probable qii'il feroit avjnta- ^ gc'ux de lui fubftitucr dans quelques cas, la corabinaifon que j'ai formee. " ^ '^' ' ^' Geoffroy a dej^ remarque, que la comblnaifon dc I'lniile qu'il a taite i ^nn/e j-78o. h nianicre des emplatres , formoit une elpece de favon. La combinaifon d'Iniile & d'argent eft blanche lorfqu'on vient de la former, mais elle prend dans quelques inftans i I'air une teinte rouge qui pafle promptement au noir , ce qui depend indubitablement de radlion que la chaux d'argent exerce fur routes Ics fubftances qui contiennent du phlogiftique avec Icquel clle tend fortemcnt a fe combiner; le change- ment de couleur qu'eprouve la combinaifon oleo-mercurielle me paroit dependre du meme principe. Lorfqu'on a f^it fondre la combinaifon d'ar- gent, fa furface fe couvre d'une couieur d'iris trss-brillante, & fous cettc fuperficie, elle eft noire. La combinaifon de I'huile & de I'or vient furnagcr en partie fous h forme d'une creme qui eft d'abord blanche, & qui prend bientot une couieur pourpre-fale , elle fe defTeche dilficilement & elle adhere ^ la peau , de fa^on qu'il eft diificile d'en cffjcer rimpreflion. J'ai combine Ic principe mctallique de la manganefe, en melant, avec la folnrion de favon , une diflblution de manganefe, dans I'acide marin : cette combinaifon eft d'abord blanche •, elle prend h I'air une couieur de fleurs de pecher rougeatre qui devient de plus en plus foncee : elle fe delTeche promptement, elle eft alors dure & calfante , & elle prend par la liquefaction une couieur brune-noiratre. Pour eprouver (i I'huile effentielle avoit audi la propriete de faire des combinaifons avec les fubftances metailiques, j'ai mele une folutioii de fa- von dc Starkei fait nouvellement avec une fohuion de vitriol de cuivre-, 11 eft arrive la niemc chofe qu'avec le favon ordinaire, feulement la com- binaifon s'cft trouvce d'un vert un peu plus clair & elle a ete plus fria- ble. Le fivon noir que Ton dit fait avec I'huile de baleine m'a donne, avec la folution de vitriol de cuivre, une combinaifon qui, comparee a celle qu'on obtient par le moyen du favon ordinaire, eft d'un vert un peu plus fonce , conferve un peu plus de molleffe , & a une odeur tres- del.^greablc. J'ai vonlu farre du favon avec I'alkali cauftique & de I'huile animalc reftifiee, pour en former enfuite d'autres combinaifons-, mais cette huilc n'a point contradc d'union avec I'alkali. On a vu que la terre calcaire (& il en eft de meme de la terre pe- fante) avoit plus d'aflinite avec I'huile que I'alkali fixe, celui-ci en a plus que la magneiie ; mais la combinaifon de la magnelie n'cft pas ddcompofee par I'alkali volatil cauftique, de forte quelle fuit I'alkali fixe, vient apres elle I'alkali volatil qui decompofe toutes les combinaifons metailiques, les uncs plus facilement, les autres avec plus de difficulte ; il diffout en en- tier la combinaifon d'argent , la combinaifon mcrcurielle eft celle qui m'a paru rellfter le plus ^ fa dccompolition; pour I'argille , fa combinaifon eft dccompolee par ralk.ili volatil cauftique, & meme plus facilement que lej C H Y M I E. 518 ABREGfi DES MEMOIRES I combinaifons niitalliques , de forte que je crois pouvoir la placer aprcJ les fubftances nietalliqiies. Les huiles par expreflion n'ont pas paru diffoudre les combinaifons cal- jllan^C tjSo. caires &i argilleufcfs , rhuile de tercbenthine n'a diilout qii'uiie petite por- tion dc la combinaifon calcaire , un pen plus de celle d'argille avec la- qiielle elle a iotmi une gelee, I'efprit de vin diffout quelques combinaifons oleo-metalliques ^ froid : il a befoin de la chaleur pour en diffoudre quel- ques autres •, mais quoique par ce moyen il les attaque toutes , il en dif- fout cependant beaucoup moins que les huiles, & fur-tout I'huile de te- rcbenthine. J'ai calcini Hue partie des combinaifons que Je viens de decrire, pour determiner la quaiitite de terre ou de chaux metallique qu'elles contien- nent : j'ai employ^ une demi-once de chacune ; celle de magnelie a lailTd 32 grains. Ce refidu ne faifoit prefque point d'efFervefcence , celle de terre calcaire a laiffe 5 6 grains qui faifoient efFervefcencc -, celle d'argile , i8 grains •, celle de fer , 48 grains •, celle de cuivre ,55; celle de zinc , 4.1 •, celle de manganefe , 40 •, celle d'argewt a donne environ 3 o grains d'argent revivifie •, celle d etain a donne 1 gros 7 grains d elain revivifie ■■, celle de plonib a forme, par la calcination, un pirophore. Lorfqii'on veut faire ces combinaifons, il faut employer des diffolutions qui foient dans I'etat de faturation : fi elles ont un exces d'acide , une partie du favon eft decompofee par cet execs-, une partie de I'huile vient furnager, mais une partie de cette huile refte confondue avec la combinaifon qui vient de ie former , & altere fes proprietes. Dans quelqu'acide qu'une tene ou un metal foient diffous , c'efl: toujours la meme combinaifon qu'ils forment par le moyen du favon : cependant cette combinaifon a quelquefois des apparences difFerentesj ainli celle du mercure eft beaucoup plus tenace & plus gluante lorfqu'on s'eft fervi du fublime corrofif , que lorfqu'on a em- ploye la diffolution par I'acide nitreux. Lorfqu'on fait evaporer la liqueur qu'on a filtr^e, apres avoir forme la eombinaifon huileufe , on retire le fel qui doit refulter de I'alkali du fa- von & de I'acide de la diffolution dont on a fait ufage. M. Coftel I'avoit iprouve fur la filenite, & moi j'en ai fait I'experience fur le fel d'epfom & le vitriol. J'ai d'abord conduit I'evaporation jufqu'k forte dellication , apres cela j'ai diffous le refidu dans de I'eau filtree , & j'ai fait evaporer & cryftaliifer. DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. ,19 OBSERVATIONS S U R L'ACIDE PIIOSPIIORIQUE DE L'URINt. Par M. B E a T H o L I £ T. C H Y M IE, /l/in^e tj8 Cadit , Lavoisier , Bavme , Cojlnette & Bertholet. M. tusiEURS chymifles modernes, d'une reputation bien meritee, & en j^^.,, particiilier M"- Brandt, Schccffer & Bergman , ayant avance que I'acide nitreux , quoique tres-pur, pouvoit dilloudre une certaine quantite d'or, & cet eftet paroiffant influer fur la furete de I'importante operation du depart, radmiiiiftration , qui en a etc inftruite , a envoye i I'academie plii- lleurs queftions relatives ^ cette operation , fur lefquelles elle lui a de- niande fa reponfe. En conftquence, I'academie a charge la claffe de chymie de s'occuper de cet objet , & de faire routes les experiences convcnables pour la met- ire en etat de repondre d'une manicre precife aux queftions qui lui ont etc faites. Pour remplir les vues de I'academie, nous nous fommes reunis & nous avons fait en commun une grande fuite d'experiences avec tout le loin dont nous fommes capables. Nous rendrions compte dcs-^-prefent, ou du moins d'ici "k fort peu dc temps, du detail de tout ce tr.ivail, fi nous n'avions confidere que la par- tie la plus ctendue & la plus difficile de nos experiences n'interelToit point dire(Slement I'operation du depart , & qu'il feroit plus limple & plus clair de ne faire mention dans un premier rapport, que de celles de nos re- cherches qui nous ont mis en etat de prononcer avec furete fur la prati- que de cette operation. Nous nous renfermons done uniquement aujoiir- d'hui dans ce dernier objet. Le depart conlifte ^ feparer avec toute I'exactitude dont la phyhque eft fufceptible, I'or & I'argent allies enfemble, & eft fonde fur la proprietc qu'a I'acide nitreux de diffoudre parfaitement I'argent & de ne point dif- tjudre I'or. Nous fuppofons que Ton connoit toutes les manipulations uhtces pour le depart \ I'eau- forte, c'eft le feul dont nous devions nous occuper; nous ferons feulement obferver ici que le depart fe fait , foit en grand , pour feparer des mafles conliderablcs d'or & d'argent allies enfemble , foit en petit & par efTai pour determiner fur une petite quantite prife d'un lingot •lUie , la proportion des deux raetaux contenus dans ce lingot , & par confequent Ic titre de I'or, & c'eft uniquement de cc depart d'ellai dont Ss ij ;h a B R E G fi D E S M E M O I r . s f"^— ^^^- nous parlerons, parce qu'il eft le feul qui puiffe intereffetie public, I'ad- C H Y Ji I E miniftration & le commerce cnr general. II s'agiiroit done de determiner fi la decouverte publietpar les chymif- Ann^e tySo. tes que nous avons cites , pouvoit influer fur la-pratiqu ufitee dans Ic depart d'effai , & repandre de I'incertitude fur le refultat ^e cette opera- tion effentielle. Pour y parvenir , nous avons fait un grand nombre dcfois loperation du depart en nous fervant d'acide nitreux tres-pur, h I'a&n duquel nous foumettions un alliage d'or & d'argent , que nous avions .it nous-memes dans les proportions convenables , & h. I'cgard duquel nus connoiiTions par confequent la quantite d'or pur qui y etoit contenuc Aprcs chacune de ces operations faites tres-regulierement fuivant la praque ordinaire, nous avons toujours retrouve tres-jufte la quantite d'or eroloyee. II en a ete de meme dans les operations de depart, dar Jefquelles nous nous fommes fervi d'acide nitreux plus concentre que por les operations ordinaires -, cet acide donnoit Jufqu'^ 46 degres au pefe-liqeur de M. Bau- m^ i nous I'avons fait bouillir pur fur Tor , dans la repre , plus long- temps qu'il n'eft d'ufage-, & jamais, dans aucune de ces Derations, nous n'avons eu la moindre diminution fur le poids de I'oriui nous 6toit connu. Enfin, dans line autre fuite d'experiences , nous avons'iit bouillir de I'or tout feul & tres-pur , r^duit en lames fort minces ,dans de I'acide nitreux i 46 degres , pendant un temps beaucoup plus lot^ qu'il n'eft ne- ceffaire ni d'ufage pour le depart , en nous fervant pour c a de matras ou de cucurbites, comme ^ I'ordiiiaire, & nous n'avons pas oferve la moin- dre diminution fenllble fur I'or dans aucune de ces expefnces. Nous ne pretendons pas conclure de ces faits, que dans .icun cas I'acidc nitreux , mcme le plus pur , ne puiffe faire eprouver ^ I'r quelque tres- foible dechet •, au contraire , lorfque nous rendrons conife du detail de nos experiences , nous en r.ipporterons pludcurs dont il riilte que I'acide nitreux le plus pur fe charge de quelques particules d'or •, nais nous pou- vons affurer dcs-^-prefent , que les circonftances necellai;s i la produc- tion de eel effet, font abfolument etrangeres au depart cffai; que dans ce dernier, lorfqu'on le pratique fuivant les regies & I'uge re9U, il ne pent jamais y avoir le moindre dechet fur I'or •, qu'enfin ette operation doit etre regardie comme portee h fa perfcdion •, qu'il n' a rien J> crain- dre en la faifant comme on I'a toujours faite jufqu'k prefer, & qu'au con- traire il pourroit y avoir de trcs-grands inconveniens fi onvouloit y fairc la moindre innovation. 1 DE L'.CADEMIE ROYALE DES SCIENCES. 315 C H Y M 1 K M ]E M O I R E Ann^eijSo, S V R L' AC "I ON DE L'ACIDE VITRIOLIQUE S V R Z E S H U I L E S. Par M. CORNETTE. J— i 'h X a m I de I'adion de I'acide vitriolique fur les huiles , & de fa Mem. maniere d'ag- fur ces fubftances , eft d'autant plus important qu il ouvre i la chymie ue nouvelle carriere de faits intereffans, dontla connoiffance exade ne pet quetendre & augmenter les progrcs de cette fcience. Peu de ch'iiiftes fe font encore occupes du fujet que je me (his pro- pofe de traitf dans ce memoire, & ceux mcme qui en ont parl^ en ont rendu compt d'une maniere un peu trop generale^ ils ont neglige, ce me femble , de sire connoitre les combinaifons de ces fubftances avec I'a- cide vitrioliae , & les alterations qu' elles eprouvent par ieur melange avec cet acid. L'academi: de Dijon ayant fenti de quelle utiiite pourroit devenir pour la cliynx- & la medecine, I'examen des huiles par les acides, & quel jour ces expuences bien faites pourroient repandre fur la nature de ces fubftances, eiafait depuis plulieurs annees le fujet de fon prix •, elle de- mande que \n determine I'aclion des acides fur les hulks , le me'cha- nifme & la ature des differens compofes favonneux qui en rdfultent. C'eft dans cc vues que j'ai entrepris ce travail : je ne diflimulerai point que le memcre que j'ai I'honneur de lire aujourd'hui \ Tacadeniie, a ete envoye \ I'aidemie de Dijon , mais aufll que n'ayant jamais concouru , & ignorant 1 terme qu'elle avoit fixe pour la reception de ces memoi- res, mon tr,?ail arrive trop tard n'a pu etre admis au concours. J'ofe nie flatter cepenant, d'apres une lettre qui m'a ete remife de M. Maret, fecretaire peretuel de cette academie , que mon memoire auroit ete mis au nombre e ceux qui auroient ete couronnes s'il eut ete envoye plus tot. Je prie academie de vouloir bien me pardonner cette digreffion , mais j'ai cru u'elle me devenoit d'aulant plus neceffaire, que depuis quel- que temps u chymifte etranger a publie des experiences fur ce fujet, ce qui fe trouvra avoir beaucoup de rapport avec cellcs que j'ai faites. J'ai fuivi dans c memoire I'ordre ctabli par M. Baume, fur la divifion des huiles en hues eifentieiles, huiles ficcatives & huiles graffes. Mais avant d'entrer en latiere , je crois qu'il eft important de donner une idee fuc- cinde de laiature de ces huiles, & de niieux fairc connoitre la difference C H Y M I E. 5 1(5 A n R E G E D E S M E M O I R E S ! qui fe trouve entr'elles rcl.itlvcnicnt ^ Iciirs proprietes caraiSleriftlques , ce que li plupart des chymiftcs qui Cc font occupes de cet objet n'ont pas fuffibniment developpe. On cntend par Iniile effentielle toutes celles qui ylnne'e uSq. font odorautes, & qui font affez volatilcs pour s'elever au degre de cha- leur de I'eau bouillante : ces huiles fe diffolvent entierenient dans I'efprit de vin; carafteres qu: n'ont point les huiles graffcs dont je vais parler. Pendant long-temps les chymiftes n'ont etabli aucune diftindtion entre celles- ci, quoique cependant de temps immemorial cette diflindHon fiit conuue des aitiftes. M. Baume efl le premier qui les ait confiderees chymi- quement •, & d'aprcs les proprietes qu'ii leur a reconnues il a era devoir divifer les huiles grafles en deux claffcs , favoir, en huile ficcative & en huile graffe proprement dite. II cntend par huiles Ikcatives celles qui fc dcflechent h I'air , qui y prennent un caradtcre refiniforme , & qui font fufceptiblcs de s'epaiffir au degre de chaleur de I'eau bouillante i telles font celles de lin, de noix, de navette, &c. j'aurai occafipn de faire voir par i'adion que les acides niineraiix produifent fur les huiles de cette el- pece, qu'elles fe rapprochent autant de la nature des huiles effentielles, qu'elles s'eloignent de celle des huiles grafles; & qu'elles different en ceU beaucoup des huiles d'olive , de been , d'amande douce & d'ffiillet , &c. qui ne font pas fufceptibles de s'epaiffir ^ I'air ni au degre de chaleur de I'eau bouillante, & qui ne foiiffVent pas ^ beaucoup prcs des alterations aufli marquees de la part des acides que les huiles hccatives , ce qui con- fiimera de plus en plus I'utilite de la divifion que M. Baume a eublie. Comme les huiles fe refl"emblent toutes par quelques caraderes qui leur eft comnum , j'ai cru ne devoir foumettre i I'examen qu'un certain nom- bre de ces mixtes tire des differentes clafles de ces corps compofes. J'ai employe parmi les huiles effentielles celles de terebenthinc , de lavande, de romarin, d'ecorce d'orange, de bergamotte & d'anis. Parmi les huiles liccatives celles de lin & de noix; & parmi les huiles graffes celles d'olive, de been, d'amande douce & d'oeillet; & enfin j'ai termine ce memoire par i'examen du beurre de cacao , du blanc de baleine , de la cire , de rhuile d'oeuf, de la graiffe de pore & du (uifde mouton; fubftances qtii ni'ont deraontre de plus en plus par les phenomenes qu'elles ont prefentes en les combinant avec I'acide vitriolique , I'analogie qu'elles ont avec les huiles graffes. Toutes ces huiles ont ete examinees avec partie egale d'huile de vitriol blanche & tres-concentree , pefant quinze gros quarante-huit grains, dans une boutcille qui contenoit Jufte une once d'eau diftillee, parce que j'avois non-fculement en vue dans mes recherches d'examiner les compofes favonneux qui refulteroient de ces melanges , mais meme auffi le degre de chaleur qui fc pafferoit par I'union d"e ces huiles avec cet acide. Je ne rapporterai point toutes les experiences que j'ai faites pour tacher de combiner I'acide vitriolique affoibli avec les huiles; toutes mes tentatives ont ete infrudueufes , & je me fuis affure que pour que cet acide puiffe produire quelque effet fur ces fubftances, il falloit I'em- ployer dans un grand etat de concentrajion. II differe en cela beaucoup des acides nitreux & marin , qui paroiffent ^ cet egard avoir fur lui un :i V M I E. DEL'ACADEMIE ROYALE CiKS SCIErJCES. 317 dc'grc de fuperiorit;; , piiircjue ct-s deux acidcs toujotus bcaiicoiip plus foibles agiffcnt Air les huilcs , & les altercnt dans Iciirs principes. J'ai „ tenii en digcftion pendant plus dc quinzc jours de I'liuilc eirentielle de lavande, & de I'luiile d'olive avec de I'efprit de vitriol qui etoit com- Annii ;7,9o. po'e d'une partie d'acide vitriolique concentre fur trois parties d'eaii dif- tillee : ces huiles n'ont loufiert aucune alttfration, & je les ai trouvees ab- folumcnt dans le meme etat que Je les avois employees , car elles n c- toicnt point colorces & n'avoient pas acquis plus de conhftance. L'acide fulfuieux voiatil, comme plus charge de phlogiftique , me parut devoir agir d'une maniere plus efficace fur les huiles , que I'efprit de vitriol •, je repetai pour cet effet la meme experience, & je me fervis d'un acide fulfureux que j'avois obtenu de I'operation du tutbith mineral; I'experience ne rcuflit point, & Je fus bientot convaincu que cet acide, dans cet etat , n'avoit aucune adlion marquee fur les huiles , & que fi par de longues digcftions il alteroit ces fubftances, cela ne devoit etre attribue qii'i I'evaporation de I'eau furabondante , qui en ralentiffant (on adion , I'cmpechoit d'agir fur I'eau & fur le phlogiftique, principes de I'huile, ainfi que I'a Judicieufement remarque M. Macquer, dans ion premier vo- lume , page ^j6. Mais les effets de cet acide font bien differens , lorf- qu'on I'emploie tres- concentre , pour lors il produit, avec de certaines huiles , un dcgre de chaleur & un bouillonnement conliderables ; Je dis de certaines huiles, parce qu'il n'agit pas de meme avec routes, ce qui fe trouve entierement oppofe aux fentimens de la plupart des chymiftes , qui ont prefque tous avance que l'acide vitriolique concentre s'unilfoit aux huiles avec chaleur & effervefcence, & que les refultats de ces melanges s'epaifllflbient •, mais j'ai lieu de croira qu'ils n'ont fait leurs experiences que fur un trcs-pctit nombre d'huiles, autrement, s'ils euffent etendu plus loin Icurs recherches, ils auroient vu qu'il y en a de certaines qui ne froduifent que tres-peu de chaleur fans ebullition, par leur melange avec acide vitriolique , & d'autres qui ne s'epaifTiffent que tres-difticilement : Hoffman, dans fon excellente differtation iur cette matiere, a fait fentir cette virite, il a prouve que plufieurs huiles prenoient une coriliftance tenace & ferme avec l'acide vitriolique, fans occalionner dc chaleur, tandis que d'autres au contraire reftoient toujours liquides, & ncanmoins en produifoient beaucoup ; mais Hoffhian , de fon cote, a voulu donner un peu trop d'extenlion i fes experiences, & trop les generalifer ,■ & on verra qu'il eft tombe lui-meme dans I'erreur, par le detail de celles dont Je vais rendre compte. Un autre etfet particulier que l'acide vitriolique produit fur les huiles, & dont aucun chymifte, que Je fache n'a encore parle, c'eft de fe combiner avec ces fubftances Jufqu'i parfaite faturation, de former avec elles dc vrais favons, fufceptibles de fe diffoudre entierement dans I'elprit de vin, & de rendre I'eau blanche & laiteufe comme une dilfolution de favon ordinaire , fans laiffer paroitre ^ la furface aucune trace de matiere huileufe {a}. (a) Environ fix fcmainn apres <]ue mon memoire fut envi^yiJ a racadi^mic de Dijon. jiS ABREGfi DES MEMOIRES r- Aclion de I'acide vitrioUoue fur les huiles efTentielles. C H Y M I E. ^ ■' •" Annie ijSo, Le li Janvier 1777, le thermometre dii lieu 011 je faifois mes expe- riences, etant i i i degres au-deflus de la glace, j'avois place fur une table fix bocaux de verre, de 4 polices de hauteur fur i pouce \ de diametrc, dans chacun defquels j'avois mis une demi-once des huiles efTentielles dc tsrebenlhine, de lavandc, de bergamotte, de romarin , d'ecorce d'orange & d'anis, que j'avois delignes fous les nJ^K i ,^, 5 j 4^ 5, 6. Je verfai fur le rf . i une demi-once d'acide vitriolique concentre; cet acide, en tombant fur I'huile, fe colora fur le champ, & fe precipita au fond dii vafe; la plus grande partie de I'huile nageoit \ la furface, & n'avoit con-r trade aucune couleur j la chaleur qui fe pafla pour lors fut trcs-legere , car a peine fit-elle monter le thermometre de 5 degres. Ayant agite le melange, auffi-tot il fe fit une ebullition (I confiderable , que je crus que le vafe alloit caffer, & la chaleur fut li grande, qu'elle fit monter le ther- mometre i no degres au-deffiis de la glace •, il fe degagea beaucoup de vapcurs blanches, qui avoient une trcs forte odeur d'acide fulfureux, mais on y reconnoiifoit toujours celle de la terebenthine : cette matiere etoit tres-noire, & devint, par le refroidiffement , epaiffe & tenace ^-peu- pres comme la terebenthine cuite. L'acide vitriolique verfe fur le n° . z, ou etoit I'huile de lavande, oc- cafionna fur le champ un bouillonnement tres-vif, mais de peu de duree; en diroit, par le bruit qui fe paffe, lorfque cet acide tombs fur cette huile, que cell un morceau de fer rouge qu'on plonge dans I'eau : ce melange aufil-tot noircit , laiffe degager beaucoup de vapeurs d'acide ful- fureux, mais il demeure liquide, & ne s'epaiffit point par le refroidiffe- ment comme I'huile de terebenthine. La chaleur qui s'eft paffce a fait monter le thermometre h 95 degres au-deffus de la glace. Hoffman, dans fa neuvieme obfervation fur I'acftion de l'acide vitriolique fur les huiles cffentielles, a remarque que fi on mele de I'huile de vitriol avec de Thuile de lavande, ce melange ne s'epaiffit point : cette obfervation a lieu juf- qu'^ un certain point, car fi on le conferve pendant qiielques jours, une partie s'epaiffit, & I'autre refte conftamment liquide. M. Achard , de Berlin, fit imprimer dtns le journal des trois regnes de la nature, du 10 juin 1777, un travail fuivi Uir cette tnaiiere, dans lequel il clonne' des moyens, auffi ingiinieux que limples, pour faire des favons acidcs. Je re pretends point difputer ici I'anteriorite i cet habile chymifte, mais je crois ^cre en droit dedemandtr I'identite de temps, car il eft vifiBle que, de part & d'autre, nos expi^riences n'onc pu ctre I'aff.cire d'un jour : au refte, il n'y a rien de furprenant que deux chymiftcs, dont I'un ii Uerlin, i I'autre i Paris, tous dcu:4 occup^s du meme objet , fefulVent rencontres dans leurs experiences. II emit fimple & naturel, qu'ayant tous deux en vue de faire des favons ■ acides, nous examinairmns nos melanges d'huile & d'acide vitriolique. Mis. Laflbne & Macquer, auxquels j'ai communique ce memoire, avant de I'envoyer, me rendront juf- tice , puifqu'ils favent que nul chymifte n'avoit encore fiit mention de la maniere de preparer les favont avec les huiles & I'acide vitrinlique. On verra d'ailleurs, que M. Achard t'eft borne prin.ipalement ;i donner des precedes pour faire ccs favons acides, & qu'il n'cft encre dans aucun detail fur les phenomenes qu'offre cette combinaifcn. Le DE UACADEMIE ROYALE DES SCIENCES, jij Le n". ^ oil ctoit I'huile do bcrganiotte , donna une ebullition trcs- i violcnte avec I'acidc vitriolique, & qui dura long-temps, la chaleur qui _ refulta de ce melange fiit affez conMdcrable pour faire monter le thermo- ^ '^ ^ ^ ' £• metre de loo degres au-deirns de la glace, & conferva, corame le pre- Annie 1780, cedent, fa liquidite, & ne s'epaiilit que tres-difficilement. Le n". 4 oil etoit I'huile de romarin , me parut difierer beaucoup des pr^ccdentes par fon melange avec I'acide vitriolique, il n'y eut qu'une tres- Icgere Ebullition ; il fe degagea beaucoup moins de vapeurs & la chalcur fut moindre, puifqu'elle ne fut que de 70 degres : cette huile refta li- quide & ne s'epaiilit que trcs-difficilement. Le n°. 5 oil etoit I'huile d'ccorce d'orange, parut dans le moment ne rien faire avec I'acide vitriolique-, cet acide en tombaiit fur I'huile gagna auffi-tot le fond du vafe, & prit, en la traverfant, une couleur noire; I'huile qui occupoit la furfece ie troubia-, & devint d'une couleur jaune- foncce : li Ton agite ce melange, il fe pioduit une vive ebullition, 8c la chaleur qui fe- paffe eft li forte qu'elle fait monter le thermoraetre de 115 degres au-deffus de la glace ; cette huile prend, par le refroidif- fement, une confiftance tres-epaiffe. L'huile d'anis s'cp.iidit fur le champ par fon melange avec I'acide vitrio- liqne, & occalionne une effervefcence trcs-conliderable, la matiere fe bour- foufle affez pour exiger un vailTeau beaucoup plus grand que la quantitc qu'on en emploie. La chaleur prodiiite a fait monter le thermometre de 85 degres. Comme toutes mes experiences avoient ete faites !! •: '. S U R L E S H U I L E S. ' . . Par M. CORNETTE. Mem. -tl- u c u N s chymiftes , que Je fache , n'ont encore examind I'adion de I'acide marin fur les fubftances huileufes-, prefque tous penfent que la dif- ficulte qu'il a de fe combiner avcc le principe inflammable , eft la vraie caufe du peu d'acStion qu'il a fur les huiles, puifque, felon eux, i! n'attaque en aucune maniere ces fubftances tant qu'il eft en liqueur. M. Baume pa- roit etre le feul qui ait forme quelques doutes fur ce fujet-, mais il eft vraifemblable que ce chymifte n'a point cherch^ \ les fixer par des expe- riences. II rapporte dans le fecond volume de fa chymie, page 295' <1"^ lorfqu-on prefente i I'acide marin certaines fubftances metaltiques , il peut fe concentrer confiderabicmenf , & que dans cet etat il produit fur les matieres inflammables des eftets pen differens de I'acide nitreux : je ne ferois point furpris , continue-t-il , qu'on parvint avec cet acide ^ enflam- mer les matieres huileufes, comme on le fait avec I'acide nitreux pur. On voit que pour produire cet effect, M. Baume demande de I'acide ma- rin dans le plus grand etat de concentration, puifque dans le meme co- roliaire il din que I'acide marin dans fon etat ordinaire , paroit n'avoir que peu ou point d'adion fur les fubftances huileufes. Les experiences que j'ai faites m'ont mis 'k portee de decouvrir dans I'acide marin des proprietes un peu contraires aux fentimcns de la plupart des autres chymif- tes : car fi on emploie I'acide marin fumant , il agit fur le champ fur les huiles , les colore & les noircit , & s'il ne les epaiHit point comme I'acide vitriolique , cela ne provient que de I'extreme foibleffe oii il fe trouve toujours, eu egard aux autres acides , puifque I'acide marin le plus fort ne contient pas autant de matiere faline acide , que I'acide nitreux le plus foible. Quoi qu'il en foit , fi d'aprcs I'eff'et qu'il produit fur les huiles, il etoit pofTible de calculer celui qu'il produiroit fi i'on pouvoit I'amener an point de concentration de I'acide vitriolique , on verroit que fon adtion fur ces fubftances feroit peut- etre plus confiderable que celle de ce der- nier , & que par fa maniere d'agir il pourroit I'emporter fur I'acide vitrio- f a) Depuis la ledure de ce memoire , M. Achard, dans le journal de phyfique, a public des experiences qui om beaucoup de rapport ^ celie doiit ii eft fait mention id. iique ; DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. 537 lique : je fuis portc h croirc , par les effets qii'il prodiiit fur les matieres ^11—^1— combiiRiblcs , qu'il eft pent cere de tons les acides mineraux , cclui qui „ a le plus d"affinit(i avec le phlogifiique ^ & I] dans bicn des cas Ton action '^ " ^ m i i fe trouve ralentie, c'eft quetant lui meme toujours f.iture de cctte fiibl- Annie tiSo. tance , il ne pent point agir comme s'il en ctoit dipouille -, mais (i on I'emploie dans cet ctat, on verra qu'il ne le cede en rien i I'acide vitrio- lic]ue par les eflets qu'il produit : 1". il phlogiftique toutes les fubftances vegetaies-, i°. il noircit conime lui la paille & la convertit dans une forte d'etat charbonneux-, 5". lorfqu'il eft tres- concentre , il fe combine aux huiles avcc chaleur & ctfervcfcence , & produit par-li des eftets qui le rapprochent beaucoup de cet acide; mnis il a de plus , ainli que je I'ai dcmontre plulicurs tois, la faculte de decompofer tous les fels vitrioli- ques & nitreux i bafe d'aikali fixe & volatil, meme audi, comme je le ferai voir d<.ns peu, la plupatt de ceux i bafe mcialiique-, decompoliiions qui ne peuvent fe faire que par le latus du phlogiftique. En conliderant les eftets qu'il produit fur ces fubftances , il il-ra peut-etre poffible d'eta- blir un parallcle entre lui & I'acide vitriolique : c'eft ce que les expe- riences fuivantes mettront, ce me femble, ^ portee de decider. Acide marin & Huile de tiribenthine (a). L'acide marin fumant melc avec I'huile de tsr^benthine agit affez vi- vement fur cette huile & la colore fur le champ -, dans le premier inftant du melange I'huile devient jaune, mais quelque temps apres & par I'agi- tation feuiement, elle acquiert une couleur plus foncee & meme prefquc noire •, il s'excite une chaleur capable de faire monter le thermometre k II degres , la temperature etant ce jour-li ^ fix au-defllis de la glace. Ayant donne une chaleur aflcz forte & capable de faire bouillir ce me- lange, la couleur de I'huile fe fonca davantage , & I'acide au contrairc par cette ebullition perdit de fa couleur. Cette huile , aprcs fon entier refroidiffement etoit trcs- noire, d'une condftance un peu plus epailfe & d'une odeur peu difFerente de celle qu'elle avoit auparavant. Je verfai par inclination I'acide qui etoit refte dans le matras, il etoit un peu jaune & avoit confcrvc I'odeur de I'huile de tcrebenthine dont il tenoit quelqucs gouttes en dillolution : cet acide dans cet etat ne devint point laiteux par fon melange avec I'eau ; mais I'ayant fature avec Talkali fixe, il fe fe- para quclques globules d'huile qui le raffemblerent k la furface , & qui etoient de meme que la premiere, un peu plus epailTcs. Cet acide n'avoit perdu aucune de les proprietes-, car ayant fait evaporer la liqueur, j'en obtins des cryftaux de fel febrifuge de Sylvius. (a) On croira peut-etre, d'apres cet ^nonciJ, que je me fuis fervi d'un acide maria meld & ihiri avec de I'acide vitriolique ; mais je priviens que j'ai eu la plus fcrupu- leufe attention d'avoir cet acide tr^s-pur, & que pour cet effet , je n'ai emplo.d, dans toutes mes experiences, que de I'acide marin, diftiJIe une feconde tois fur de nouveau fej marin , & qui ^toit a I'cau diliillee , comme neuf & demi eft it huit. Tome XVI, Fartie Franco ije, V 7 ^ H Y M I E. Annce zj8o. J 38 ABREGfi DES MEMOIRES ^cide marin & Huile de layande. L'huile de lavande, foumife ^ la meme e-xperience, s'eft coloree comme I'huile de terebeiithine ; il y cut un pea moiiis de chaleiir dans I'inftant de ce melange que dans I'experience precedente, mais I'acide , par cetre (Imple digeftion , avoit acquis une couleur rouge plus foncee : ayant lou- mis ce melange i I'ebullition , l'huile fe noircit davantage , & prit une conliftance plus epaifFe ", moindre cependant que celle de ter^benthine ; I'acide etoit plus colore que dans i'experience precedente, il avoit con- ferve Todeur de lavande , & tenoit un peu d'huile en dilTolution. Je rcpetai cette experience , dans la vue d'examiner li I'acide marin , par fon union avec cette huile , n'avoit pas louftert quelque alteration 5 & u je ne pourrois pas obtenir par la diftillation d'un pareil melange , un acide plus fubtil & plus volatil , & qui filt en un mot ^ I'acide marin , ce que I'acide liiltureux eft ^ I'acide vitriolique : je mis dans une cornue de verre un melange de deux onces d'acide marin fumant, & autant d'huile de lavande-, Je pl.ic.ii fur un bain de lable cette cornue, i laquelle j'adap- tai un vafte recipient; je laiflai ces vaiffeaux ainli difpofes pendant vingt- quafre heiires , afin de lailFer le temps i ces deux lubflanccs de le pene- trer & de reagir I'une fur I'autre ; il ne fe paffa rien dans la cornue, l'huile fe colora , mais I'acide occupa toujours le fond de ce vaitfeau : apres ce temps je procedai i la diftillation , il paffa d'abord un peu d'acide legere- ment colore , qui fut bicntot fuivi d'une petite quantite d'huile jaune- orange; lorfque la moitie ou environ de la liqueur fut paffee, j'arretai la diftillation pour examiner les produits. L'huile contenue dans le recipient, avoit prefque enrierement perdu I'odeur de lavande, & en avoit contradle une qui fe rapprochoit beaucoup de celle du fuccin ; mais I'acide qui etoit paffe avec elle , differoit, quant ^ Todeur, de I'acide marin-, on I'eut pris facilement pour de I'efprit volatil de fuccin , car il avoit une fi grande fimilitude avec ce dernier , qu'un chymifte peu exercc , auroit eu beau- coup de peine 'k le diftingucr. Cette experience repetee & variee, pour- roit peut etre repandre quelque jour fur la nature de I'acide du fuccin : ne pourroit il pas fe faire que cet acide , comme beaucoup de fa vans chyraiftes font pretendu, & notamment M. Bourdelin , ne fut autre chofe que de I'acide marin, ain(i mafque par une fubftance huileule? j'ai d'autant plus lieu de le conjedurer, qu'ayant eu occalion de faire il y a quelque temps I'analyfe d'une alfez grande quantite de fuccin , j'ai obtenu , en pu- rifiant le fel volatil, une affez bonne quantite de fel marin bien pur, qui avoit paffi avec les produits de ce fel , & qui s'etoit eleve i la faveur de la matiere huikufe : au rcfte, M. de Laffone & moi, nous nous propofons d'etendre plus loin ce travail, & d'examiner de nouv.eau I'efpece d'analo- je qui fe trouve entre I'acide du fuccin & I'acide marin. Quoi qu'il en bit, cet acide n'avoit perdu aucune de fes proprietes, car Tayint combine f; y M I E. DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. 559 avcc de I'alkali marin , j'cn ai rcgenerc dii fel mariii , I'huile rcftee dans U ^TT^ corniie etoit noire & epaiirc , elle avoit confervc rodeur de lavande; mais r- ayant dccaiitc I'acide, je liii troiivai, comme au precedent, I'odeur de I'ef- prit volatil de iiiccin , il etoit plus colore, & ttnoit aulU line plus grandc Ann^e tySo. quantitc d'huile en dilTolution, Huile de lin & Acide marin. L'huile de lin ayec I'acide marin fumant , s'eft noircie trcs-promp- temenf, I'acide a paru fe colorer un peu plus, mais il avoit confervc toute fa force, & n'avoit point rcduit cette huile dans I'etat favonneux , car elle n'etoit point mifcible ^ I'eau i I'efprit dc vin reClifie, verfe fur cette huile, s'eft cmpare au/Ii-tot, par la fimple agitation feulement, de la partie colo- rante, & ce melange eft devcnu blanc & Liiteux •, mais au bout de quel- que temps I'efprit de vin s'eft edairci , & l'huile s'eft precipitee au fond du matras , ayant perdu toute fa couleur •, J'ai inele de nouveau de I'acide marin fumant fur cette huile, & Je fuis parvenu, en repetant plulleurs fois ce procede , i la rendre entierement loluble dans i'elprit de vin ; il eft probable que fi la diflblution de cette huile s'eft faite dans I'efprit de vin, c'eft qu'i ciiaque cohobation une portion de cette huile avoit change dc nature, & etoit reduite dans une lorte d'etat relineux. Huile d'olive & Acide marin. L'acide marin fumant agit plus foiblement fur l'huile d'olive que fuc celle des experiences precedentes ; il ne fe paffe point de chaleur k I'inf- tant du melange, mais fi on la tient long-temps en digeftion lur du lable chaud, la couleur de l'huile devient plus intenle, elle fe noircit, fe dil- fout en partie dans I'efprit de vin redifie ; mais au bout de quelque temps une portion de l'huile diffoute fe precipite & ne peut fe redill'oudre de nouveau : comme I'acide marin agit apeu-prcs fur les huiles , de meme que I'acide vitriolique, puifqu'il les noircit, j'ai eflaye li je pourrois enflam- mer cette derniere ainli alteree par I'acide marin , en y ajoutant de I'acide nitreux fumant : au moment du melange il ne s'eft paffe aucun mouve- ment, mais quelque temps aprcs il s'eft excite une ebullition affez conli- derable, la matiere s'eft rarefiee beaucoup, tout cela s'eft fait fans inflam- mation , & la couleur de l'huile a ete entierement detruite. Un pareil me- lange d'huile & d'acide marin, foumis ^ la diftillation , ne m'a rien fourni de particulier , I'acide que j'ai obtenu d'abord , m'a paru plus volatil & d'une odeur un peu difterente , mais c'etoit toujours de I'acide marin qui n'avoit perdu aucune de fes proprietes , puifqu'il m'a fourni de nouveau fel marin par d combinaifon avcc les cryftaux de foude. On ne peut con- tefter, d'aprcs ces experiences, que I'acide marin n'ait une adion marquee fur les huiles , puifqu'il les colore toutes ; mais li par fon melange avec ces V v ij C II Y M I F. ,-0 A B R t G E D li S M E M O I R E S ^ Tubftances il ne fe paffe pas autant de chalcur, & il Wen refulte pas autant d'epaiffiffement , cela depend, ainii que je I'ai deji avance, de I'cxtreme ' foibleile oii il fe trouve toujours , compare aux autres acides : o;i virrra Ann^e 1780, bientot que li on emploie cet acide dans le plus grand etat de concen- tration, & tel qu'il eft dans la liqueur fumante de Libarius, il ne le ce- dera en rien k I'acide vitriolique, par les effets qu'il produit fur les fubf- tances huileufes. Aclion de la liqueur fumante de Libarius , fur les Huiles. ejfentielles & fiir les Huiles grajjes. J'ai mis dans line fiole un peu d'huile de terebenthine , fur laquelle Je verfai environ le double de liqueur fumante de Libarius •, dans I'inftant cette liqueur parut n'avoir que trcs peu d'adlion fur cette huile, mats ayaht agite ce melange , aulTi tot la matiere s'cchaufta , il fe fit une eftervefcence & une ebullition conliderables, de forte que je fus oblige , pour eviter les eclabouffures , de jeter promptement la fiole que je tenois , bien refolu de repeter cette experience , & d'apporter plus de precaution dans fon execution. Je mis dans une capfule large, mais d'une forme un peu conique, deux gros d'liuile de terebenthine , je verfai fur cette huile quatre gros de liqueur fumante de Libarius •, & pour le faire avec plus de furete , j'avois ajufte ^ I'extremite d'une petite baguette de fer d'environ trois pieds de long, un petit verre ^ patte, dans lequel j'avois mis I'acide, I'huile com- menca auffi-tot i s'cpaiffir, mais un inftant apres il fe fit un bouillonne- ment & une efFervefcence conliderables, il s'eleva de la capfule une bouf- fee de vapeurs li epaiffes que je ceffai de la voir : j'efperois toujours que cette huile s'enflammeroit , mais je n'ai pu y parvenir , quoique j'euflc verfe plulieurs fois du meme acide fur cette huile •, je ne doute pas cepen- dant que li Ton employoit des quantites plus grandes d'huile & d'acide , on ne puiffe parvenir \ I'enflamraer. Un phenomene qui m'a paru affez fingulier & digne de remarque , c'eft que les vapeurs epaifles , en fe Ak.- gageant, avoient effleure le (able blanc neuf fur lequel etoit pofee la cap- fule , & lui avoient communique , dans plulieurs endroits , une couleur d'un beau rouge pourpre-, la matiere qui etoit reftee au fond de la cap- fule etoit noire & caflante , elle n'avoit point de Rant, car elle fe feparoit facilement entre les doigts", elle fe liqucfioit cependant k une chalcur dou- ce , & l.iilloit degager beaucoup de vapeurs acides quelle avoit retenues •, elle nc le dilfolvoit que bien foiblement dans I'eau, & ne formoit point de favons, comme le font des melanges d'acide vitriolique & d'huile. La meme experience repetee avec I'huile de lavande , eut le meme lucces, rebuiiition & la chaleur curcnt egaitment lieu , I'huile acquit autant de conliftance, mais il n'y eut pouit d'iiiilammation. DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. 54.1 L'huile de lin melee avcc ja liqueur fumante de Libjrius, n'eut pas un — ■— — »— efll-t aulli marque que Ics liuiles ciicnticlli.-s, I'ebullition & la chaleur fu- rent moiiidres qu'aux experiences preccdentes-, l'huile cependint s'epaiflit ^ " '^ ■''' ' '^• & prit une couleur d'un bruji-fonce, mais queique temps apres je la trou- ^innt'e 1780. vai convcrtie en une malie lolide & trcs-volumineule, toutes fes parties n'avoieot que trcs-peu d'adlierence entr'ellcs , car ell.-s le l.iiffoient briler trcs- f icikment. Cette fubftance demnndoit une chaleur plus forte pour fa liquetadtion ; ellc etoit foluble entierement dans I'clprit de vin •, expofee dans I'eau, elle s'eft couverte d'une poudre blanche d'abord i la furface, mais i mefure que I'eau la penetroit, Tinterieur de fes morceaux fe dctrui- foit , de forte qu'en moins de huit jours ils furent tous convertis en petits grumcaux d'un bl.inc-fale qui occupoit toujours le fond de la liqueur: cette eau etoit un peulaiteule & tenoit , k I'acide de I'acide un peu d'huile en dilfolution. Je ferai obferver que toutes les fubflances huileufes qui ont ete fotimi- fes ^ I'aclion de la liqueur futnante de Libarius , prenncnt , ^ I'exception des huiles graffes , une conliftance dure & folide, & que toutes ces matie- res expolees dans I'eau affez long temps, s'y delaient & s'y rdduilent en flocons blancs qui occupent toujours le fonA du vafe •, que cette fubftance en cct etat conferve la propriete de le diUoudre dans I'elprit de vin ; qu'elle * eft fulceptible de fe liquefier, mais qu'elle demande pour cela une chaleur plus forte qu'auparavant. L'huile d'olive eft colorde fur le champ par la liqueur fumante de Li- barius; il ne fe paffe dajis Ion melange qu'une foible chaleur , mais fans aucun mouvement apparent ■, neanmoins cette huile s'epaillit & prend fa conliftance d'un baume liquide, tel que celui du Canada, fa couleur eft d'un brun foncc-, ce qii'il y a de remarquabl?, c'eft que ce melange au-lieu de repandre beaucoiip de vapeurs, comme cela eft arrive aux experiences jrecedentes, n'en a lailfe degager aucune ; elles font audi tot abforbcespar 'huile & ne reparoilfent que fort peu, meme lorfqu'on I'expofe fur le feu pour la faire liquefier : cette huile en cet etat ie dilfout dans I'efprit de vin, & dig^ree dans I'eau, fe convertit comme les autres efpeces en une poudre blanche , qui reprend egalement la propriete de fe liquefier ^ la chaleur. L'eau dans laquelle on la delaie refte un peu Liiteufe, ce qui prouve que cet acide a dilfout une portion de cette huile. Comme I'effet de la liqueur fumante de Libarius, fur les fubftances hui- leufes m'a paru fe rapprochcr beaucoup de celui de I'acide vitriolique, dans les derniercs experiences dont je viens de rendre compte, j'ai voulii inalTurer encore fi en verfant de I'acide nitreux fiimant fur ces huiles graf- fes ainii peniwees d'acides & colorees, je pourrois parvenir ^ les enfiam- rner; cette experience fut fans fucces , I'acide nitreux n'occalionna qu'un leger bouillonnement , mais il s'empara de la matiere colorante de 1 huile & lui communiqua une couleur verte. J ai flit fur ce fujet une nombreule f lite d'experiences , que je crois ne devoir point rapporter ici, puifque les refultats ont ete k p^u-ptcs les F, 34i A B R E G E D E S M E M O I R E S I — ^ memes que ceux que je viens de decrire , & qu'elles m'entraineroicnt mal- P grc moi dans des repetitions totalemcnt inutilts. Je crois avoir fiiflifamment demontre dans le coiirs de ce memoire, Ann^e ijSo. que I'acide marin a una adtion bien marquee fur les huiles, & que c'eft i tort qu'on le regarde comme de tous Ics acides celui qui a le moins d'afK- nite avec le phlogiftique •, Je penfe au contraire par les eftets qu'il produit fur ces fubftances, qu'il peut I'emporter dans bien des cas , nieme fur I'a- cide nitreux, qui eft, comme Ton fait, celui de tous le plus avide du prin- cipe inflammable. Si d'une part I'acide marin n'enflamme pas les huiles cffentielles comme I'acide nitreux , d'un autre cote aiifli il produit fur bien des corps des eftets plus marques que ce dernier, & peut-etre meme pour- roit-il les enflammer fi on I'employoit h des quantites plus fortes. D'ail- leurs, h. beaucoup d'egards, I'acide marin joue un role plus puiffant, & offre des phenomenes que ne prdfentent point les autres acides. M. Prieftley, dans fon premier volume d'experiences & d'obfervations fur I'air , a examine lur quelques huiles les eftets du gaz marin -, il a re- connu que cette efpece d'air avoit une adiion tres-marque fur les huiles d'olive & de terebenthine -, mais il eft: vifible , d'aprcs ce que Je viens de rapporter, que cette adtion eft due h I'acide marin tres-concentre , puifque la liqueur fumaute de Libarius , appliquec ^ ces memes huiles produit les memes eftets. DE L'ACADcMIE ROYALE DES SCIENCES. J45 M ]^ M O I R E Sur les alterations que hs Hitiles ejfintielles £• les Huiles grajfes e'prouyent par I'aclion de I'acide nitreux. Par M. CORNETTE. A^LUSiEURS chymiftes ont dejh examine laiflion de I'acide nitreux fur Mim. les huiles, mais aucuns, que je fiche, n'ont conlidcre ce travail fous le mcme point de vue que moi : fi Ton coiifulte les ouvrages de Glauber, de Borrichius, d'Hoftiiian, & particulierement les volumes de I'academie des fciences , on verra que le but principal de ces cliymiftes a etc plutot de chercher les moyens d'enflammer les huiles par I'acide nitreux , que d'examiner les alterations qu'elles ^prouvent avant leur inflammation , par Icur melange avec cet acide : j'at penfe qu'une fuite d'experiences faites & dirigces felon ces vues, pourroient dcveiiir utiles, & ajouter aux connoif- /ances que Ton a acquifes lur la nature des huiles ellentielles , & fur celle des huiles graffes proprement ditcs. Comme la qualite de I'acide nitreux peut influer beaucoup fur les re- fultats des experiences, de la nature de cellesdont je vais rendre compte, J'ai cru qu'il convenoit que je determinaffe fa pefanteur & fon degre de purete. L'acide dont je me fuis fervi pour toutes mes experiences, etoit exempt de tout melange d'acide vitriolique & d'acide marin ■, il avoit ete precipite avec de I'nrgcnt , &enfuite rediftille, il pefoit dix gros trente-lix grains , dans une bouteille qui coutcnoit precifement une once d'eau dif- tillee : j'aurois pu , h la verite, me fervir d'un acide plus fort, mais j'ai eiift qu'en Temployant dans cet ^tat, je parviendrois plus furement i faire es experiences que j'avois projettees-, on fent bien que s'il eiit ete plus concentre, fon a(ftion airroit ete plus vive , & que par confequent je n'au- rois pas ete ^ portee d'obferver avec autant de tacilite les divers phenome- ncs qui fe feroient paffes par fon melange avec ces huiles. C II V M I E. Ann^e zySo. F le Exp/rience. J'ai mis dans une capfule de verre de trois pouces & demi de hauteur fur deux & demi de largeur, une demi once d'huile de ter^benthine nou- vellement recliHee, lur laquelle je verlai une once d'acide nitreux i ce melange s'eft fait lans chaleur, I'huile aulli-tot a gagne la (urface, & I'acide ne prit aucune coulcur ; j'expofai cette capfule h une chaleur douce, I'acide nitreux fe troubla d'abord & jaunif, I'huile pour lors ne s'etoit point en- core colorec", mais ayant cnfuite agite ce melange, I'acide nitreux devint 344 ABRECE DES MEMOIRES ■■■ ■i»iiiiiiMiiii»Min« pins clair, & parut commiiniqucr h I'hiiile ce qii'il avoit perdu : je replacal „ _ ^ de noiivenu la capfule fur le fable qui etoit dej^ un peu chaud, I'acide con- tiiuia ^ fe troubler, niais quelque temps apres I'huile de tercbenthiiie prit AniKe 17^0. line couleur brune trcs-foncde •, ayant ote une feconde lois ie vaideau dii feu pour I'agiter, il fe fit audi tot un bouillonneroent confidcrable, la nia- ticre le rareha , forim beaucoup d ecume , & lortit en jailliffant de tous co- tes hors dii vaiffeau', cela fe fit fans inflammation, quoique cependant il fe fik degage de c melange beaucoup de vapeurs rutiiantes : dans ce court efpace de temps I'huile de terebi nthine s'etoit epaiflie , elle avoit acquis une conliftance femblable \ la tcrebenthme ordinaire, I'acide qui etoit refte dans la capfule s'etoit eclairci , & n'avoit plus qu'une couleur ambree. Je ne voulus point m'en tenir ^ cette premiere experience , je refolus de la repeter, mais avec une autre liuile effentielle, a^n de m'affurer (i I'acide nitreux' agiroit egalement fur uiie autre efpece d'huile de cette claffc, comme fur celle de terebenthitie : je me fervis , pour cet effet , d'une huile de lavande trcs- pure que j'avois prepar^e. Je fis dans les manes pro- portions un femblable melange avec cette huile & I'acide nitreux. Par k liniple agitation feulement, I'huile fe colora & I'acide fe troubla comme k I'experience precedente ■■, mais ayant expofe la capfule i une douce cha- leur, la couleur de I'huile prit plus d'intenlite ; il commen^a dcs-lors i s'e- lever ^ la furface quelques bulles d'air qui devinrent de plus en plus fen- fibles par I'augmentation de la chaleur : fi I'on veut conferver cette huile dans cet etat , c'eft I'inftant qu'il faut failir , car autrement fi on la laiffe chauffer plus long-temps elle fe rarefie, & bouillonne cependant avec moins d'impetuolite que i'huile de terebenthine. II fe degage avec peine des va- peurs blanches qui ont une odeur delagreable & tres-nauleabonde, toute I'huile ne s'evapore point comme h i'experience precedente , la portion qui refte eft epaiffe & tenace 4-peu pres comme la terebenthine cuite , elle fe ramollit comme elle dans I'eau bouillante , & prend par le refroi- diffement la conliftance dune reline. L'huile de lavande en cet etat avoit confer ve, en grande partie, fon odeur : cette experience ne fe trouve pas d'accord avec celle d' Hoffman , qui rapporte page ii^i vol. !"■ de fes obfervations, que I'huile de lavande traitee avec "I'acide nitreux, perd to- talement fon odeur. Quoi qu'il en foit , I'acide nitreux refte dans le matras avoit pris une couleur jaune, femblable \ une diiiolution d'or-, mais cette couleur n'eft point conftante, car ayant eu occafion de rcpeter fouvent cette experience, j'ai obfeive plulieurs fois qu'il prenoit une couleur lege- rement verdarre. J'ai fait le m^me travail fur plufieurs autres efpeces d'huiles eflentielles, telles que ctlles de romarin, de genievre , de marjolaine, de thym , de rue & de iabine; comme les reluhats ont cte'4 tres-peu de chofe pres les me- mes, j'en fupprimerai les details, dent le recit poiirroit devenir faftidieux par des repetitions inutiles. II me reftoit encore une autre experience \ faire, c'etoit d'examiner ce qui arrive i I'acide nitreux lorfque quelques inftans aprcs Ion melange avec les C H Y M I E. DE L'ACADEMIK ROYALE DES SCIENCES, $4^ les huiles efftntielles il commence a lo troubler te ce qui le padoit. Lorfque je m'appercus que la diftillation fut un peu ralentie , j'augmentai le feu , & je I'entretins en cet etat jufqu'i ce que tout I'acide fik diftille. Je vis dans le ballon une petite quantite d'huile claire & limpide qui na- geoit fur I'acide , & qui ne put s'y meler en aucune maniere •, la plus grande partie de cette huile s'etoit attachee au col de la cornue, fous la forme d'une matiere epaiffe & butircufe , d'une couleur jaune , & d'une odeur abfolument femblable ^ celle du beure de cire , odeur que pren- neiit pour I'ordinaijre Ifs huiles graffes djftillees ; il etoit refte dans I.i cornue deux gros de matiere charbonneufe , legere & brillante, niais qui, etant expofee au feu, fcintilloit, & s'eqflammoit encore legerement en r6- pandant beaucoup de fumee, ce qui annoncoit qu'il etoit encore me!e d'une portion d'huile qui n'avoit pas ete totalement decompofee-, la ma- ■ tiere butireufe etoit foluble pntierement dans Tefprit de vin , mais I'huile qui etoit paffee la premiere, & qui nageoit fur I'acide, avoit encore con- ferve les proprietes de I'huile d'olive , car elle ne put s'y diffoudre; elle fe figeoit encore par le froid , & I'acide nitrcux fumant , verfe fur cette huile, n'occafionna point d'inflammation : I'acide que j'avois retire de cette operation , ^toit trcs-affoibli , il ne laiffoit plus degager que quelques va- peurs blanches , & il avoit beaucoup perdu de fa pefanteur fpecifique. Septieme Experience. TouTES ces experiences ne m'ayant point reufli, j'etois au moment d'a- bandonner ce travail, lorfq\i'il me viht dani I'idee -de traker les huiles graffes avec I'acide nitreux , comme on a coutunie de le faire avec I'acide vitriolique. Je lis digerer de bon acide nitreux fur de I'huile d'olive; aprcs deux heures de digeflion , je decantai cet acide, J'y verfai pour Jors ■;de tres- bon acide iiitreux fumant, que j'avois fait tout r^ccmment. Les .- chofcs fe pafferent comme aux experiences precedentes , mais toujours ■. fans inflammation -, I'huile avoit acquis une contiftance tre^epaiffe, & avoit ; pris une couleur rougeatre. DE L'ACADEMIE ROYALg PES. 5CIENCPS, ,51 Huiticme Experience. 11 Y M I E. L'huile des philofophes, ou I'huile d'olive, diftill^e fur de la craie def- Annie i ~Su. fcchce , fur du fel de tartre , ou fur de la brique pulverifee , ne s'en- flimiTie point avec I'acide iiitreux fumant", cet acide occafionne une effer- vcfcence tres-vive , une chaleur tres-forte , mais rien de plus , quoique ccpendant cette huile tut trts-tenue , & foluble enticremeut dans Tefprit de vin. La plupart des chymiftes ont avance qu'il ^toit poffible de rapprocher Ics luiiles grafles k I'etat des huiles eirenticlles , en les diftillant plufieurs fois lur de la chaux; ils dilent que ces huiles , ainfi cohobees k plulieurs reprifes, acquicrent Ja propriete de fe dilfoudre dans I'efprit de vin, & que par confcquent elles font dans Ictat des huiles elTentielles : mais de cc que l'huile d'olive a acquis, par des dillillations reiterees, la tenuite & la Icgeretc des huiles effeiitielles , doit-on en conclure qu'elle a entiere- mcnt les proprictes de ces dernieresr c'eft ce que Texperience ne con- fitme point, puifque cette huile, ainfi diftillee, n'e/1: point inflammable par I'acide nitreux fumaiit, leul; carattere particulier que polTedent tou- tes les huiles eiientielles. Neuvieme ExpiiUnce, • - RirLECHissANT fur le peu de fucces de mes experiences, je penfai que ii l'huile d'olive , dans tous les erats ou je I'avois employee, ne s'ctoit point enrtammce par I'acide nitreux fumant , je ne devois Tattribuer qu'au peu d'altcration que cet acide procure ^ cette huile; mais conlidcrant les di- vers phenoraenes qui ie palfent entre I'adion de I'acide nitreux fur les huiles eiientielles &: fur les huiles graifes, & convaincu d'ailleurs, d'apres plulieurs experiences, que fi les huiles effentielles & les huiles grades Lic- catives s'enflammoient par I'acide nitreux feul, c'ctoit parce que cet acide agiflant fur le champ fur Ie phlogiftique, principe de ces huiles, les noir- ciflbit & les difpofoit ^ former promptement du charbon. Je crus, d'apres ces vues, nc devoir plus employer deformais que de l'huile d'olive en partie dccompofee & ^-peu-pres reduite dans le meme etat. J'expofai fur un feu tres- violent de I'huile d'olive : on connoit les alterations qu'elle eprouve par I'adion d'une forte chaleur. Lorfqu'elle fut tres-noire, je la retirai du feu, & j'y verfai, pendant qu'elle etoir encore bouillame, de I'acide nitreux famaof, I'effervefcence fut plus vive qu'i I'ordinaire, il fe degagea beaucoup plus de vapeurs rutillantes, nuis il n'y eut point d'inflammation, quoique cependant , j'eufTe ajoute fur cette huile, ^ pki- fiturs reprifes, de I'acide nitreux fumant, aioli que le prefcrit M.Rouelie, dans foil memoire deji cite. J ji foumis auffi i l'a(flion de I'acide nitreux ordinaire, plulieurs autres efpeces d'huiles de ce genre, telles font celles de been , d'ctillet, d'aman- des douces. Les refullau out ete abfoUiment fembiabies ^ ceux que j'ai 3 51 ABREGfiDESMEMOIRES "^ *— "— ^™^» decrits fur I'huile d'olive -, la graiffe de pore , le fiiif de moiiton , & le p , beiirre de cacao, ne m'ont parii fubir aiicun changemcnt; la feiile difte- ■ rence que j'aie apper^iie , c'eft qu'il s'eft dcgage dii melange ou etoit jinnee tiSo. I'axonge, beaiicoup de bullcs d'air, au-lieu que le fuif n'en a point four- ni : ce dernier avoit beaucoup moins de foliditi qu'auparavaiit, il etoit flexible , & fe ramolliiroit , preflS dans les doigts , comnie de la cire -, I'axonge au contraire paroiffoit avoir gagtii en dureti ce que le fuif avoit perdu i elle avoit une conliftance plus ferme , & elle etoit , ainfi que le luif, tres-foluble dans I'efprit de vin; mais cette dillolution laill'a depo^ fer, au bout de quelque temps, une petite quantity de ces graiffes qui n'avoient plus la propriete de fe rediilbudre , ^ moins qu'on ne les fit touillir de nouveau avec I'acide nitreux. Je crois etre fondi ^ avancer , d'apres I'expofe que je viens de faire , qu'il entre dans la compofitlon des huiles grafles , quelques fubftances abfolument differentes des huiles effentielles. vSi le phlogiftique de ces hui- les, ainfi que la plupart des chymiftes I'ont avance, n'etoit enveloppe que par un mucilage capable de mafquer fon aftion , il eft evident que cette iiibftance aurbit ete detruite par toutes les experiences auxquelles je I'ai foumife : mais pour que cette raifon fubfifte, il faut que ce mucilige en- tre dans la compofition meme de I'huile , & qu'il y foit fi adherent , que tant qu'il refte une molecule d'huile, elle fe trouve toujours enveloppee avec une portion de mucilage. L'acide vitriolique concentre, pnroit, 4 la verite, rompre cette agregation, puifque , par fon union avec l'acide ni- treux fumant, on parvient i enflammer les huiles graffes', mais il faut re- marquer, que, par ce moyen , la totalite de I'huile nes'enflamme point, que la flamme qui en refulte eft petite & legere, & que le charbon qui refte eft encore fort ondueux. Je penfe done que ce qui oecallonne cette diffsrence, depend de I'etat ou fe trouve le phlogiftique, & de fa ma- iiiere d'etre dans ces huiles, Je foupconne qu'il cntre en moindre quantite dans leur compolition que dans celle des huiles elfentielles , & c'eft vrai- femblablement ce qui fait que l'acide nitreux , trc"s-afto.ibli , digerc uu inftant fur ces dernieres , les colore & les noircit ; au-lieu que ce meme acide , beaucoup plus fort , digere pendant des annees entieres fur les huiles graffes, ne fait que les epaiflir, & ne leur communique point de couleur. J'ai fait fur l'acide nitreux & les huiles beaucoup d'autres experiences que je crois ue devoir point rapporter ici ; je ferai feulement obferver que par ce moyen on parvient ^ reconnoitre la quantite d'huile gralle qui fe trouve dans I'huile epaiffe de mufcade : on fait que cette matiere butireufe eft compof^e de deux efpeces d'huile, d'une huile eifentielle, de laquelle depend toute I'odeur de mufcade, & d'une huile Epaiffe, ino- dore , abfolument analogue au beurre de cacao. Comme cette huile eft fujette i etre alteree dans le commerce , le moyen que je propofe pour- roit fervir dans le cas oii Ton foupconneroit quelle put etre fallifiee-, l'a- cide nitreux, dans cette operation, detruit entierement I'huile eflentielle' ou la partie odorante , & I'huile grafle epaifle refte ^ nu , parce qu'il n'a ,■ comme DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. ,5, comme je viens de le dire, aiicune adlion fur elle. On parvient aufli, en ^— ^^■^^■^ traitant la cire jaune avec I'acide nitreux affoibli, h la blanchir tres-promp- r « tement ■■, una demi-heiire d ebullition lufKt pour lui enlever en grande fartie fa couleur ic produire autaiit d'eftet que (i elle eut ete expofte k Annie fj8o. air pendant long-teinps. Celle que je me fuis procurce par ce moyen n'a- voit perdu aucune de fes proprietes. D'apres cette experience , on feroit fortci ^ croire que la cire, dans fon expofition h I'air, eft pcnetrec par air nitreux , & que c'eft principalement de I'adion de cet air fur la ma- tiere colorante de la cire d'oii depend fon blanchiment. J'avoue que cc fentiment eft denue de preuves •, mais je me propofe de faire fur ce fujet beaucoup d'experiences que je donnerai dans le temps k I'academie. On peut encore, par rintennede de I'acide nitreux, fe procurer en peu de temps & avec facilite une teinture de fuccin tres-chargee. On fait que ce bitume ne fe diflout point ou prefque point dans I'efprit de vin, ^ raoins qu'on ne I'ait ouvert par le feu , en le faifant torrcfier , ce qui le dena- ture & I'alterc en grande partie, ou qu'on I'ait mele avec I'alkali fixe, fe- lon la mcthode d'Hoffman. Pour pr6parer cctte teinture par le precede que j'indique, on prcnd une once de fuccin grollierement pulverife que I'on fait bouillir pendant cinq 'k fix minutes avec une pareille quantity d'acide nitreux aftoibli; on decante I'acide, 8c on laiffe egoutter pendant quelque temps fur du papier gris le fuccin qui en eft penetre, on le met enfuite en digeftion dans un matras avec quatre onces d'efprit de vin rec- tifie,& on fe procure de cette nianiere une teinture d'une couleur rou- geatre, d'une odeur agreable, leg^rement etheree, & tellement chargee de luccin, quelle rend fur le champ I'eau blanche & laiteufe. Je ne doute point que la teinture de fuccin prcparee felon cette methode ne foit plus fedative, & ue convienne mieux dans les afted:ions hyfteriques, ou autres maladies auxquelles cette teinture eft employee. Cette maniere de preparer les teintures d'nn grand nombre de fubftan- ces, peu folubles dans I'efprit de vin, par I'intermede de I'acide nitreux, pourroit avoir plus d'efficacite dans le uaitement des maladies , & foumk plus de leflburces ^ I'art de gudrir. ,To/72tf XVI. Partie Fran^oife; 354 A B R E G IS DES M E M O 1 R E S C H Y M I E. OBSERVATIONS S U R LA COMBINAISON DK L' ALKALI FIXE ^ l^ E C L' j1 C I D E C R ^ r E U X. Par M. B E R T H O L L E T, M^m, Lz y 3 long-temps qu'on a obferve que I'alkalt fixe v.'getal avoit dans ccr-' tiines circonftances la propiiete de cryftalliler : Bohn a dccrit fur la fin du iiecle dernier , un precede potir obtemr cette cryflallifation , & c'eft le meme que celui que M. Montet a doiine dans les memoires de I'acade- mie, de 1754. (a) La decouverte de I'acide crayeux & de fes propri^tes , a conduit^ la connoiffance du prmcrpe d'ori depend cette cryftallinition •, nwis les moyens qii'on a tronv^s pour faturer I'allcalt fixe de cet acide, demandent ou le voiltnage des fubftances en fermentation , otr une manipnlation longue & embarraffante : M. Cartheufer en a donni dans les memoires d'Erfordt , un, qui m'a paru fimple & curienx; il prefcrit de diffoudre dans IVau line partie d'alkali fixe , & de meler h cette i'olution filtrie quatre parties d'ef- prit volatil de fel ammoniac prepare par le fel de tartre ; il fait evaporer ce melange fnr un bain de fable mediocrement chaud; lorfque la liqueur eft; evaporee jufqu'au point de cryflrallifttion , il fe forme de petits cryftraux- i la furface-, on porte alors le vaiffeau dans un endroit frais cii la cryftalli- faion fe fait : on appercoit au fond du rafe des molecules blanchatres' qui fe difTolvent darfs Feau, raais qui h rendent Icg^rement laiteufe. Je nc[ rapporterai point I'explication que M. Cartheufer donne des phenoffieiTeSi qu'on a oblerves •, elle n'etoit point preparee par les decouvertes qu'on a faites depuis : Talluli fixe ayant plus d'afhnite avec I'acide crayeux que I'al- kali volatil , il s'en fature aux depens de ccIui - ci : j'ai remarquc que le melange d'allcali fixe & d'alkali volatil fe troubloit meme lans eprouver de chaleur, & qu'il laiffoit precipiter un pen de terre : c'eft: cette terre qui etoit confondue dans I'experience de M. Cartheufer, avec les cryftaux qui touchoient le fond du vafe ; elle s'etoit combinee avec I'alkali dans la calcination par laquelle on le prepare , & elle en eft precipitee par I'acide crayeux : pour avoir les cryftaux purs, je filtre la liqueur avant quelle foit en ^tit de cryftallifer. On peut eviter la perte de I'alkali volatil , en diftillant la liqueur au- lieu de la faire evaporer ; on trouvera dans le recipient ralkali volatil qui (j) Collet.- Acad. Part. Fr. Teme XIII. r- C II Y M I i. DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. 555 n'aura eprouve d'autre alteration que ccUe d'etre privc d'une partie de fon ; acide crayeux, II ne fufHt pas de faire egoutter les cryftaiix qxi'oii a obtenus pour les avoir bien purs & bien prives des parties alkalines non faturees , qui pou- Annie ijSo. voient ctre reftees dans I'eau de cryftallifation •, il faut, felon le confeil de M. Bergman, mettre ces cryftaux en poudre, & les tenir ;! I'air libre pen- .dant quclque temps cnveloppes dans du papier ^ filtrcr. L'auteur de I'art d'innter les eaux minerales , pretend que les alkalis fixes, difrous dans une eau faturce d'acide crayeux, n'oiit point d'acbion fur les fcls h bafe terreufe, & il fonde cette aflertion fur ce, qu'ayant dif- fout un denii-gros d'alkali fixe , vegetal ou mineral dans une livre d'eau qu'il avoit aeree ; cette eau n'a point forme de precipite avec la diffolution de terre calcaire dans I'acide marin : j'ai repete cette experience, & elle ID 'a reufli , comme I'annonce M. Duchanoi ; mais il ne faut pas en con- ciure avec iui, qu'il ne s'operc point de decompolition : li Ton mele de I'efprit de vin rcclific avec I'eaU dans laquelle on a mis I'allcali fixe & 1* diffblution de terre calcaire, elle fe trouble aufli-tot, & il fe forme uii fctit depot de terre calcaire. II y a done une decompofition du fel i baic terreufe par I'alkali , mais elle n'eft pas fuivie de precipitation , parce que la terre qui s'eft: fcparee eft tenue en drffolution par I'acide crayeux , oil pour parler un langage plus cxadl, il s'eft fait un cchange eutrc les acides & leurs bafes. La feule confequence qu'on puiffe tirer, c'eft que I'wu aeree peut dif- foudre une quantite plus grande de terre calcaire qu'on ne I'a cru , lorf- que la dilfolution eft favorifee par une grande divillon , telle qu'elle fe trouve dans le moment de la feparation dun autre dilTolvant , operee par iin alkali-, car, d'aprcs les experiences de M. Bergman, I'eau aeree ne dif- fout que la quinze centieme partie de fon poids de terre calcaire pure, il ne jdevroit par confequcnt s'en diffoudre qu environ fix grains dans une livre d'eau aeree-, mais un demi-gros d'alkali fixe, vegetal ou mineral, fe combine avec environ huit grains d'acide marin qui tiennent en dilfolution au moins dix grains de terre calcaire ( Bergman , de Analyfi aquarum. ) Seize onces d'eau aeree dillolvent done dans la circonftance dont il eft queftion, au moins dix grains de terre calcaire, c'eft-^-dire la neuf cen- tieme partie de leur poids, au-lieu de la quinze centieme. Pour Talkali volatil efFervefcent , il forme un precipite, fi on le foumet 7CE.S. 357 pirer-, & de mieux connoitre par confeqiient & la nature dii fluide qui: nous environne , & la caufe des phenomcnes qui s'y produilent : ce qui r^ n'etoit il y a quclques aiin^es qu'iine conjedture ingciiieufe , inais impof- k y m i e, fible a verifier, pcut devenir aujourdhiii un fait important pour le pro- ^nn/e f~8o. grcs dfs fciences, & peut-ctre nous conduire k des connoilljnces d'uiie utilite commune. Sur la cauJiiciU des Sels m^calUques, %_j A caufliciti des fels metalliques a ete expliquee de plufieurs manieres Hifi- diftcrentes , doiit chacune avoit des partifans eclaires , & c'eft prefque uiie roiton de croire que la veritable explication n'etoit pas encore tro«vee» Celle que propofe ici M. Bertholet, conlifte ^ fuppofer que cette cauf- ticite eft due i la force avec laquelle les chaux metalliques tendent is'unir avec le phlogiftique. Aw defaut de preuves immediates, M. Bertholet a recours ^ des ana- logies, dont il eft impoflible de fe diffimuler la force. Le fublime corrofif, uni au niercure coulant, devient mercure doux ; il perd fa caufticite. Ce fait ne peut s'expliquer qu'en fuppofant que c'eft ^ la plus grande quantite d'acide qu'il faut attribuer la caufticite du fu- blime corrofif, on que la chaux mercurielle, unie I I'acide, eft plus pri- vee de phlogiftique dans cette combinaifon que dans le mercure doux. Or , li on diftiiie de I'acide nitreux fur le mercure doux , il fe degage beaucoup de vapeurs rouges , & Ton obtient du fublime corrofif & du precipite rouge, qui, tous deux, font trcs-cauftiqucs : voilh done, fui- vant le premier fyfteme, deux combinaifons dont la caufticite doit tenir k deux caufes differentes, & qui", faivant M. Bertholet, la doivent i la iHcme caufe. C'eft deji une forte prefomption en faveur du lien. Cette prefomption devient bien plus puilfante, fi on conlidere ce qui arrive au nitre d'argent; cette fubftance eft peu cauftique, li on la diftiiie, il fe degage des vapeurs rouges, & le relidu, connu fous le nom depierre infernak , eft d'une extreme caufticite : il contient cependant moins d'a- cide-, mais d'lin autre cote, le metal a perdu une plus grande quantite dc phlogiftique, qui, combine avec i'acide nitreux, a ete enleve fous la forme de vapours rouges. On ne peut nier enfin que i'acide nitreux , lorfqu'il fe degage fous cette forme, ne prive les corps de leur phlogiftique : en eftet, ces va- [leurs accompagnent toujours les diffolutions metalliques par cet acide, & es mitaux, precipites des dilToIutions nitreufes par un alkali ou par une terre, fe preltntent en general fous la forme de chaux. Une autre preuve de la gninde tendance des chaux metalliques h fe combiner avec le phlo- giftique, c'eft que le nitre mercuriel fe decompofc par I'efprit de vin, & que le precipite eft du mercure coulant •, c'eft que dans le melange de I'efprit de vin avec le nitre lunaire, I'argent fe precipite en pcudre ncire. C H Y M I E. Annie zy8o. 55S ABREGE DES MEMOIRES . L'opinion de M. Bertholet paroit done etre une confequencc ncceflairc de la dodrinc de Sthaal, & Ton iic peut guere nier cette opinion, qu'eii niant, que reduire une fubftance metalliqiie en cbaux, ce foit la priver de fon phlogiflique. Nous ii'entrerons pas ici dans le detail de toutes les recherches que M. Bertholet a faites fur Ics precipitcs & fur les fels mercuriels , par-tout en voit le meme accord entre le degre de caufticite de ces preparations, ■& la quantite plus ou nioius grande de phlogiftique dont le mercure eft prive. Nous nous bornerons i citer une obfervation curieufe fur I'etat de I'a- clde marin dans le fublime, cet scide n'y eft pas dans fon etat ordinaire, comme dans les fels h. bale d'alkali ou de terre ■■, mais dans cet etat parti- culier, oil privi de fon phlogiftique, foit par I'acide nitreux, foit par la diftillation fur la manganefe , il acquiert une adivite qu'il n'avoit pas. Cette remarque nous fait connoitre pourquoi I'acide nitreux etoit une des fubf- tances employees dans toutes les inethodes de preparer cette conibinaifon de I'acide marin ayec le mercure. M. Bertholet eft un des plus zeles detenfeurs du phlogiftique de Sthaal, admis Jufqu'^ ces derniers temps par tous les chymiftes, & dont I'exiftence eft combattue par une ecole nombreufe , k la tete de laquelle on peut placer M. Lavoiiier. Peut-etre touchons nous au moment ou Ton fera d'ac- cord fur cette quelHon, dont I'influence s'etend fur toute la chymie. On convlent de prefque tous les faits, on les explique prefque tous egalement bien, les explications mcme femblent ne differer dans bien des cas que par I'expreflion-, & fi Ton vient h. reconnoitre que le vdritable phlogifti- que de Sthaal eft la lumiere qui, douee d'une expanfibilite prodigieufe lorfqu'elle eft libre, peut cependant etre retenue dans les corps, y demeu- rer, & fe combiner avec leurs elemens, les deux opinions le reduiront i une opinion commune. • DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. 559 DE LA NATURE S E S SUBSTANCES ^NIMALES E T DE LEU lis RAPPORTS A V E C L E S SUBSTANCES yEGETALES, C II Y ,\i 1 i. Annie ijSo* M, .R. Bhrtholet, voyaiit que les moyens employes jiifqu'i prefent dins I'analyle chymiqiie, ne nous donnoient que des idces trcs-iraparfaites dc la nature des fubftances anlm;iles, & des differences qui les diftuigiient des fubftances vegetalcs, a cherche ii en acquerir des notions plus exacles, en obfervant les rapports que les fubftances de I'un & I'autre regne ont avec les agens doiit la chymie nioderne a appris h. faire ufage. II ne rend eompte dans le m(fmoire dont nous faifons I'extrait, que des experiences qu'il a tentees avec I'acide nitreux, i riiuitatioii de celles que I'illuflre M. Bergman a faites fur Ic fucre & quelqucs autres fubftances vegetales. De la loie 5 de la Laiiie, des cheveux, de la peau, des tendons, des fibres mulculeulcs, du blanc d'ccuf, le coaguLum du fang, &c routes ces fubl- tances , diftillees avec I'acide nitreux , ont donne une certaine quantiic dlniile animaie , differente de ceile qui forme la grailfe (a), & une por- tion plus ou moins grande d'un feul qui , foit dans fa forme , foit dans fes conibinaifons , foit dans la diftillation pneumato-chyiuique , prefcnte tous les caracleres du fel qu'on connoit ^ prefent fous le nom d'acide da Jiicre ou acide Jliccarin. La laine eft de routes les fubftances anfmares que M. Bertholet a ^prouvees, celle qui a donne la plus grande quantite d'a- cide laccarln , & les fibres mufculeufes en ont donne le raoins. Quoiqu'on ne puilTe douter que les fubftances vegetales ne contiennent dc I'huile dans leur mixtion, elle eft abfolument detruite par I'acide ni- treux , & Ton n'cn trouve plus aucun indice ni dans la matiere qut rcfte dans la cornue , ni dans I'acide qui pafle dans le recipient : Ics fubftances animales , an contraire, donnent toujours cette matiere graffe dont on a quelqucfois bien de la peine 'k debarraffcr I'acide faccarin. D'ailleurs, le peu d'huile que contiennent les plantes a un caradlere ablolument diff(f- rent de I'huile v^ritablenient animaie : celle-ci decompolee par la diftilla- tion donne une liqueur alkaline, au-lieu que I'hiule vegetale donne une liqueur acide. (j) On fait que I'huile qui eft dans le tifTu graifleux n'a pas encore pris le cara(Ser« it f'liuile v^ritablemem animaie, puifqu'elle donne une liqueur acide comme les buiUs ■vd^ctalcs lorfiiu'on les decompofe par la diftillation. C H y M I E. }^o ABREGIE DES MEMOIRES ', La partie ancilacee & Li partie glutineufe de la farine traitees avec I'acide nitretix, ont donne Tune- & I'autre beaucoup d'acide faccarin, & point d'huile. Anntfe tySc, I' parolt done rifulter des experiences de M. Bertholet , que ce prin- cipe huileux conftitue line des principales differences qui fe trouvent entre les fubflances veg^tales & les fnbftances animales, au-lieu que i'acide fac- carin etl le meme dans I'une & I'autre efpece de fubftances puifqu'il donne le uieme refultat. La bafe de I'acide faccarin eft done commune aux fubf- tances vegetales & aux fubftances animales •, dans ces dernieres , fa quantite paroit repondre ^ la folidite des parties, felon M. Beftholet, quoique le co/7gulum du fang & le blanc d'ceuf en aient, donnent beaucoup plus que les fibres mufculeufes. Dans les fubftances vegetales, la quantite de la bafe de I'acide faccarin paroit repondre ^ leur propriete nutritive plutot qu'4 leur foiiditi , fomme le prouve I'experience du coton traite par la meme methode : il ne donne qu'une tres-petite quantite d'acide faccarin ■, & ce- pendant il devroit en donner une tres-grande, fi cet acide entroit comme partie effentielle dans la compofition des fubftances vegetales. Du refte , I'acide nrtreux , dans cctte experience, ne paroit pas s'etre charge d'au- cune fubftance etrangere. Or, la petite quantity d acide faccarin, traitie de nouveau avec I'acide nitreux, difparoit totalement, reduit en gar par Taftion de la chaleur & par celle de I'acide nitreux. Ce phenomene, dit M. Bertholet, peut furprendre au premier coup d' ceil, mais il eft con- forme ^ un grand nombre d'autrcs phenomenes connus*, Ton ne doit pas ctre plus etonnd de voir une fubftance vegetale, reduite en principes eiaf' tiques par I'adtion de I'acide nitreux, qu'on ne I'eft de voir des plantes croitre dans Fair, ou dans le fable pur, & dans le verre. Le r^fidu charbonneux qu'ofirent les fubftances animales , diftill^es avec I'acide nitreux , a audi des carafteres particuiiers qui ferment une autre difference entre ces fubftances & les plantes : mais M. Bertholet referre cet objet pour un autre m^moire, SECOND DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. i6i C H V M I E. SECOND MEMOIRE yfnn^, .^go. 5 Cr R DIFFERENTES COMBJNAISONS DE L'ACIDE PHO. SPHORIQUE. Par M.-L-v,^"*o*i''$-'L:*'a. A OUT le nionde Jait que Ic foufre, en brulant, fe convertit ea acide uteni. vitrioiique •, cctte combulHon eft accompjgnee d'une ablbrption conbde- rable de Jair dans laqucHe die fei laif, I'acide. le trouve augiuente de poids dans la proportion de la quantite d'air ablbrbe , de. forte qu'on ne peut douter que lair n'entre materiellemcnt. dans k cooibinailon de I'acide vitrioiique. , J;,ni,ri ;-.-i ii >\ (lio i. :.iol Jai fait voir dans de precedens memoirbs, que les memes circbnftan- ces fe retrouvoient dans la combuftion du pholphore; que cette fubftan- ce , en brulant, fe convertilloit en acide phofpborique , quelle abforboic line grande quantite d'air, & quelle augmentoit de poids en proportion, de forte qu'il eft egalenient prouvc que la portion de I'air la plus pure, lair drphlogiftiqiie, ou air vital, entre dins la coinpolition de I'acide phof- phorique, comme il entre probableraent dans celle de tous les acides. Le grand nombre d'experiences que j'avois faites fur la couibuftion du pholphore, m'ayant mis ^ portee de ralfcmbler une aliez grande quan- tite d'acide phofphorique, j'ai donne dans un trcs grand detail, en 1777, le rclultat de la corabinailon de cet acide avec les alkalis falins & terreux, 6 avec la bnfe du fcl d'eploui : il me refte , pour completer le travail que j'ai entrepris, \ fuivre la combinaifon de ce meme acide avec ditlerentes autres fubftances, & notarament avec I'elprit de vin , avec Its mctaux & les demi-metaux. L acide pholphorique eft, conime Ton fait, le plus fixe des acides con- nus , & il peut foiiftVir un tres- grand degrc de chaleur fans fe volatilifer. Si on prend de I'acide pholphorique flegmatique, & qu'on le concentre dans une cornue , il prtnd d'abord , par le progres de I'evaporation , une conliftance i peu pres feniblable ^ celle qu'on remarque dans I'acide vitrio- iique concentre : li on poulfe plus loin I'evaporation, il prend une con- fiftance lirupeufe , ii s'cpaiiJit enfuite de plus en plus , & hnit enfin par former un verre tranfparent & iolide. Je diftinguerai en conlequcncc dans les operations dont j'ai \ entretenir I'acaderaie , I'acide phofphorique concret, I'acide. phofphorique i conlif- tance lirupeule, I'acide phofphorique ^ conliftance Iniileufe , enfin, I'acide pholphorique flegmatique : ces denominatior.s fans dcute ne font pas tres- Tome XVI. Partie Franfoijf. 7 z C H Y M 1 r. l6i K ^ KU Gt DES MEMOIRES rigoureufes, mais elles rempliront au moins mon objet pour ce moment, & je d^termliierai dans la tuite la proportion d'acide propre i ces diffe- rens etats de I'acide pholphorique. AAn^e tjSO' ^'■''' P"^'' quatre gros d'acide que J'avois obtenu du phofphore, par com- buftion , &■ que j'avois reduit , par evaporation , ^ conliftance lirupeufe : cet acide etoit h 8 dcgres du thermometre de Reaumur-, je I'ai nielc avec partie egale d' .ni , egalcment ^ la temperature de 8 degres : ayant bien remue le melange , & y ayant plong^ le thermometre, il a monte aflcz rapidement, &• s'cft fixe entre 14 & 15 degres. J'ai repete la meme experience avec de I'acide phofphorique ^ confif- tance de terebenthine epaiflle , en employant deux parties d'eau centre une d'acide ; ce melange s'eft echauffi beaucoup davantage , & le thermometre eft monte rapidement de 8 degris i 52 ou jj-, ce melange n'a pareille- ment etc fait qu'i la proportion de quatre gros d'acide centre une once d'eaa, fans doute la chaleur auroit ctd plus forte , li les qnantitds eutfent cte plus conljderablds. ■: Lcs. circorjftancet du melange do I'aeide phofphorrque avec I'elpTit de vin , font i peu pres les memes que celles de fon melange avec I'eail , il y a dgalement chalear , & le thermometre s'cleve i peu- pres aux memes degres. J'ai rdpete cette experience un grand nombre de fois, en faifant varier les proportions de I'acide & de I'efprit de vin , en employant I'aci- de, tantol tres-flegmatique, tantot trcs- concentre, & en procedant enfuite ^ k diftillation ^ difFerens degres de chaieur. Lorfque I'acide etoit flegma- tique, I'efprit de vin qui paffoit dans la diftillation , etoit h-peu-ptes danS' fon eta t ordinaire -, mais lorfque j'employois de I'acide plus concentre, I'efprit de vin que j'obtenois , avoit une odeur plus fuave : quelquefois fur la fin de I'operation je fentois une legere odeur ether^e qui le repan- doit dans le laboratoire , mais jamais je n'ai pu parvenir k coercer une. feule goutte d'ether : j'ai auffi effaye de recohober un grand nombre de fois, de I'efprit de vin fur le meme acide concentr6, i la maniere de M. Cadet, mais jc n'ai point eu plus de iucces, & j'ai remarque feulement dans prefque routes ces experiences la m£me odeur legerement etherie. Piut-etre, en faifant ce melange dans de tres-grandes proportions, obtien- droit-on une petite quantite de veritable ether pholphorique, mais la quan- lite d'acide que j'avois ^ ma difpolition , ne m'a pas permis d'operer fur une quantite de plus d'une once. Qnoique j'eulie dej^ parle dans mon m^moire de 1777. de la combi- naifon de I'acide pholphorique avec le fer, j'ai cru devoir repeter la meme experience plus en grand & avec de nouvellcs precautions : j'ai etendu de I'acide phofphorique ^ confiftance lirupeule, dans cinq ^ (ix parties deau, je I'ai introduit dans une petite cornue ^ col long & etroit , j'y ai ajoute de petits clous de fer bien decapes , & j'ai fait leg?rement chaufier : aufli- tot la diffolution du fer a commence ^ fe faire avec efFervefcence ; en meme temps il s'eft degage une grande quantite d'air inflammable que j'ai rejtt daiis des cloches de verre plongees dans de I'eauj cet air, dans tou- DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES, j^; tes les cpreuves aiixquelles je I'ai foumis , m'a prefentc exadlement les mc- !"■" » mes caradercs que I'air inflammable vitriolique , comme lui il pe prici- C h y m i e pitc lean de chaux , ni avain, ni aprcs la combuflion. Cettc diffoliition du fer daiis I'acide pholphoriqiie, fournit an combing Ann/e ijEo. pen foluble dans I'eaii ; aufTi, i mcltire que I'acide fe faiurc, fe fjic-il iin pricipite blanc un pen grilatrc , qui n'cft autre chofc qu'une efpece de fej ipaihique, fufccptible dc fe difibudte dans I'acide pholphoriqiie quand on cn ajoute un execs , & qui eft egaleraent attaquable par toiis les acides. ; Si aprcs avoir faturc de fer une poruon d'acide phofphorique , & avoir decante la liqueur furnageante au pxccipite fpathique> on fait ^vaporer, on n'obticnt point de cryftaux , mais il le dcpofe par refroidilfeiuent , o\\ msme fimplcmcnt par le progres de I'evaporation > une poudre blaiiche- grifatre ou fer fpathique , tout femblable ^ celui qui s'etoit precipice fpoii- tanement pendant Li dilfolution. L'or m'a parti ctre abfolument indiffoluble par I'acide phofphoriqiie : f)Our avoir ce metal dans un tres-grand etat de divifion, j'ai pris des fcuil- es de batteurs d'or , je les ai trituries long-temps dans un mortier da verre avcc du lucre en poudre-, lorlque les feuilles d'or out etc divifees & reduites en molecules impalpables> j'ai lave avec de I'eau, j'ai emportc le lucre par diflblution , & il m'eft reftc un or trcs-divile dans fon etat tnetallique, & qui, en raUon de I'extreme divilion de ies parties, etoit dc couleur pourpre. J'en ai mis une petite quantite dans d<; I'acide phofpho- rique etendu d'eau , & j'ai fait boiiillir dans un matras, au bain de lable, pendant une demi-journee •, I'acide s'eft concentre peu-i-peu; mais il m'a paru n'avoir aucune aiSion fur l'or, & ce mital eft forti de'cette expe- rience en merae poids qu'il y etoit entre •, d'un autre cote , I'acide traitc lar les alkalis, ne m'a donne aucun prccipite fenljble , d'ou j'ai condu que or etoit fenfiblement inattaquable par I'acide pholphorique ieul. Je ne m'attendois pas i trouver un relultat tout femblable avec le cui- Tre, & c'eft cependant ce qui m'eft arrive : ce metal eft abfolument in- diffoluble dans I'acide phofphorique , & j'en ai eu la preuve par les expe- riences qui fuivent. J'ai pris de I'acide phofphorique k conhftance llrupeufe, que j'ai etendu de cinq i lix parties d'eau; je I'ai mis dans une cornue fur dcs feuilles de cuivre rouge trcs-minces, qui avoient hh prealablement bien decapees, & j'ai diftille Icntement : I'acide s'eft concentre pcu-h-peu, & enhn il eft devenu ^ conllftance de (irop leger ; mais en paflant ainli par tous les de- griis de concentration poffible , depuis le plus foible jufqu'au plus fort , il n'a pas diffout la moindie parcelle de cuivre : j'ai remarque leulement, que li apres avoir ete ainli concentre, on I'etendoit avec de I'eau, il laiffoit dipofer un grand nombre de petites paillettes de cuivre tres-legeres , qui fe rafferabloient au fond du verre, & qui en confervoicnt encore tout leur brillant mctailique. On obferve h peu-pres le meme phenomene lorf- qu'on fait bouillir de I'acide nitreux concentre fur de l'or, ainfi que M. TiUet en a rendu compte ^ I'acadcmie : I'acide qui a etc ainfi tenu en 7.7. '\'\ I 5 '4 A B R E G E D E S M £ M O I R E S ^"^^^•^"••^^ digeftion ftir le cuivre, foiimis ^ toutes les epreiives poflibles, ne prcfente ^ rieii de cuivreiix ni de nietallicjue. J'expliquerai dans un mimoire, auqiiel je travaille, fur les dcgres d'af- Ann^e lySo. finitis de I'air vital ou dephlogiftiqui avec difterentes liibftances , la caufe de cette indiiroliibilite ; je prouverai qu'elle tient h ce que I'air vital ou le principe oxygine a plus d'affinite avsc le phofphore qu avec les metaux. L'acide phofphorique a un peu plus d'adlion fur la chaux de cuivre •, mais il ne contra<5te avec elle qu'une union legere & peu durable , & il peut en etre precipite par tous les metaux, uicme par I'or non pas en raifon de I'affinite de l'acide avec I'or, mais en raifon de I'aftinite du cuivre avec ce metal. "-'! ■-jit, & de I'autte, de I'acide phofphorique. C H Y M I r. Ann{e t;/So, 5^^ A B R E G li D E S M E M O I R E S !5 Le fiicces a completement repondii i mon attente, & aprcs avoir fait diverfes experience's en petit , pour m'affuier de la marche que j'avois k C H Y M 1 E. ^^^^.^ j^^^^ j^^ experiences plus en grand, J'ai precede ainli qll'il fuit : Anm'e tjSo. J'ai pris une cornue tubulee, de contenance de fix i iept pintes; j'y ai introduit deux livres d'un acide nitreux, dont le poids eft i celui de I'eau diftillee, dans le rapport de 129,895 ^ 1 00000. C'eft le meme dont j'ai coutume de me fervir dans toutes mes experiences de recherche , & dont j'ai determine la nature dans de precedens memoires : j'ai mis la cornue fur un bain de fable •, j'y ai adaple un ballon, & j'ai echaiiffe lentement jufqu'i ce que la liqueur eiit acquis environ 45 degres d'un thermometre i mer- cure; alors, j'ai ouvert la tubulure, & j'ai jete dans la cornue un morceau de phofphore du poids de dix ^ douze grains i au(Ii-t6t il eft tombe aU fond de la liqueur, il s'eft fondu comme de la cire, & il a commence ^ fc diffoadre avec une effervefcence affez vive : le premier rnorceau diffous, j'en ai jette un fecond, puis un trojiiemc, & j'ai continue ainfi en^ allant tres-lentement jufqu'k ce que je fuffe parvenu i combiner ainfi avec I'acide, tout ce qu'il a voulu diffoudre de phofphore ; la quantit6 en a cte de deux onces lix i fept gros. La diffolution, dans le commencement, fe faifoit avec une extreme ficilitc, & j'etois oblige de menager beaucoup le feu, dans la crainte que I'eftervefcence ne fut trop vive ; mais fur la fin , I'adion de I'acide fur Ic phofphore fe ralentiffoit de plus en plus; je ue pouvois foutenir I'effervel- cence & Ja diffolution , qu'en hauflant le degre du feu, & j'ai ite oblig^ de le porter fucceffivement , & par degres , jufqu'au-deli de I'eau bouil- lante. Tant qu'il n'y a eu qu'un gros ou un gros & demi de phofphore de diffous, la liqueur n'a fubi d'autre changement que de prendre une teinte jaune comme de I'eau regale-, enfuite elle eft devenue verte, en meme temps il s'en elevoit des vapeurs rouges tres-cpaiffes & tres-turbides, qui n'etoient que de fair nitreux & de I'acide nitreux tres-fumant \ ces vapeurs qui formoient un nuage epais, paroiffoient tomber & couler du bee de la cornue, comme auroit fait un liquide ; elles ont continue ^ paffer pen- dant tout le temps de la diffolution du phofphore : on concoit que je n'ai pas'du manquer de recueillir foigneufement les produits qui paffoient dans la diftillation, & voici ce que j'ai obtenij pendant dix-lept ^ dix-huit heu- res qua dure i'opdration. J'ai recueilli d'abord deux gros vingt-quatre grains d'un acide nitreux non fiiraant , prcfque blanc & txes-foible ; les vapeurs qui s'elevoient de la liqueur de la cornue, pendant tout le temps qua paffe cet acide, n'e- quante grams. . r 1 Cette feconde portion a etc fuivie d'un a^ide nitreux dun vert-foncd, jiunatre , encore plus fumant que le precedent, il pefoit lix onces deux grps. II Y y. 1 s. DE L'ACADEUIE ROYALE DES SCIENCES. 3^7 L'acide nitrcux qits fa' obtenu cniiiite, ctuit lui ptn moins vfrt & iDoiiis fijii-wnf , il pcfoit cinq oncvs cinq gfos & dcmi-, fur I.1 fin dii paf- fagc de cc-t jcide, I'lntcnliti; des vapeurs n>'.ig?s a conlidir.iblcmcnt diini- mic, & Jc- n'ai plus obtemi que i'acidc nitrcux bbnc ^ princ fiimjiitj cctte Ann^e nSo. dcrnicre portion peloit cjuatre oncfs diux gros tix grains. La liqueur de \i cwniue ctoit alors enticreinent Ijtiirce de phofphore, & Ie5 portions que j'y at ajoutces, r« ft»fi)jciit ablblumfnt de fe dilloudre, quoiqn J jVulFc h.uiirj beaucoup le dcgre da ftu , & que i'eulie efiiye de Ic continuer long tc-itips. Ay.int dclapareille les vaifleaux, j'ai trouvc dans la coriine treize onces quatre gros d'unc liqueur un pcu jaunatre, qui avolt une confiftance hui- Icule, ^-pcu pres comme l'acide vitriolique concentre ou huile 'i. J_i E s obfervatioris & les experiences fur le phofphore dont il s'agit dans M^in. ce memoire, ne font que quelques details extraits d'une aflez longue fuite de recherches, que M. de Laflone & moi avons entreprilcs, & dej'i bien avancees, fur cette matiere interelfante. La longueur des operations, fou- vent leur diiiiailte, la necefTite de les repeter & de les varier , ne nous permettant point encore de prcfenter tout ce qui doit conftituer ce tra- vail, nous nous fommes bomes i n'expofer ici que quelques faits particu- liers relatifs, 1°. i la combuftion rapide du phoi'phore, par la feule addi- tion de I'eau froidei 2°. ^ la chaleur qui refulte du melange de I'acide phofphorique avec I'eau; 3°. enfin, k Taction des acidcs mincraux lur les fels phofphoriques. On a cru d'abord que I'urine feule des animaux pouvoit donner du phofphore; le travail long, penible 8c difpendieux, qu'exigeoit cette pre- paration , n'a pas permis de multiplier les experiences fur ce produit de i'art, & a retarde beaucoup les connoilfauces qu'on auroit pu acquerir fur la nature de cet acide. Aujourd'hui , plus inftruit depuis que M. Scheele a enrichi la chymie de G dicouverte, par un proceds aufli ingenieux que fimple, & rendu plus economique par M. Nicolas, on pourra delormais fe procurer plus facilement dii phofphore, en faire un examen plus fuivi; & fans doute plus de connoiffanccs acquifes fur la nature de cet acide, ajouteront aux progrcs de la chymie & des arts. C'eft principalement fur les os des animaux, que le favant Suidois (j), (a) Cependant, il paroit que M. Sch(?ele n'eft point le premier qui ait parl^ de U preparation du phofphore avec les os. Homberg , dans ie tome X des volumes de I'aca- demie, rapporte avoir cmendu dire - Aaa ij 571 ABREGfi DES MEMOIRES "'— ' pide du phofphore par le feiil contad de I'eau froide, pent elre deduite C H y M I E. '°"' iiaturellement du degre de chaleur qui s'cfl: pafli par le melange de fon acide avec I'eau : il eft evident qu'ici la furface des cylindres de phof- Annie ij8o. phore en decompofition , etant penetree d'acide, I'addition de i't-au aura procure affez de chaleur pour determiner I'inflammation. Nous aliens pour- tant fliire connoitre que dans ccrtaines circonftances particulicres une cha- Jeur meme beaucoup plus forte n'enflamme point le phofphore. Si Ton mele une once d'huile de vitriol concentre, avec autant d'eaii difliliee, la chaleur qui en r6(ulte eft de 70 dcgres, la temperature etant k li. au-deffus de la glace-, le phofphore plonge dans le melange fe li- quefie , gagne le fond du vafe, mais il ne s'enflamme point; la liqueur meme, foumife i I'ebuUition, n'a pas uh eflet plus marque, le phofphore feulement eft en partie detruit, & la vapeur qui s'cleve eft h peine lumi- neufe. L'inflammation du phofphore ne fe fait pas mieux, ii Ton repete cette experience de la maniere fuivante : nous avons plonge un cylindre de pholphore dans I'huile de vitriol, nous I'avons enfuite trempe dans de I'eau froide, il n'y a point eu d'infiammation , quoique nous ne puiffious dourer qu'il fe foit paffe aflez de chaleur pour la procurer. Si au-licu d'acide vitriolique on emploie I'acide nitreux fumant, dans les memes proportions avec I'eau , la chaleur qui fe pafle , quoique de 5 6 degres, n'eft pas meme fuffifante pour ramollir le phofphore : cette li- queur agit bien fur lui avec une vive eftervefcence, il fe dcgage beaucoup de vapeurs rouges, mais il n'y a point d'infiammation; & ce qu'il y a de plus remarquable, c'eft que le phofphore eft volatilife prefqu'entierement par I'acide nitreux, fans qu'il fe faffe d'explofion, & fans qu'il paroifle aucune vapeur lumineufe {a). Avant de terminer ce memoire , nous ajoutons encore quelques re- flexions fur I'acide phofphorique : parmi les propri^t^s de cet acide, il en eft une qui le differencie entierement des autres acides , c'eft celle de fa pefanteur fpecifique ; il a la fixite la plus grande , & refifte au feu le plus violent, au point meme de fe vitrifier ; au-lieu que les acides mine- raux, & particulierement I'acide vitriolique, fe concentrent jufqu'i un cer- tain point , & paffe ce terme ils deviennent enfuite plus legers ; cette ex- perience qui paroit contraire aux fentimens des chymiftes, fera confignee dans Hn memoire particulier que nous nous propofons de donner ^ I'aca- d6iiie. Mais quoique i'acide phofphorique ait plus de fixite, & acquierre plus de pefanteur par fa concentration, que I'acide vitriolique, nous ne croyons pas qu'on doive en inferer qu'il foit ni le plus fort ni le plus adif, (d) Un chymifte moderne a avanr^ depuis peu , que I'acide phofphorique n'exiftoit point dans les 05 des animaux , & que cet acide etoit produit par I'acide vitriolique dont on fe lert pour le d^gager , ou plutOt qu'il ^toit du au feu ou !i la putr^faflion ; il appuie fon affertion fur ce que les os trait^s avec I'acide nitreux , ne donnent pas de phofphore ; niais I'experience que nous^ venons de rapporter, paroit prouver que ce chymifte, en trai- tant ainfi les os avec I'acide nitreux, a volatility en grande partie I'acide phofphorique; & c'lift fans doute la rail'on pour laqudle I'auteur de I'experience n'a tibtenu prcfque point oe phofphore par ce precede. DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. 575 & qu'il doive occiiper le premier rang d.ms I'ordre de puiflance de tous "^^^i— ^— ■ Ics acides : on pent objedlcr que I'acide pliofphoriqiie decompofe le nitre „ & le tartre vitriole, nous repondrons que la dccompolition complettc de " ces fels ii'a jamais lieu que par la voie feche , & que c'efl: i railon de la Ann^e 1780. fixitc de cet acide quelle fe produit, puifque par la voie humide ces me- rries fels , le tartre vitriole , le nitre & le fcl marin ne font dccompof^s que trcs- imparf.iitcment , encore faut-il employer I'acide phofphoriqus concentrd : nous pourrons oppofer audi i cette objeftion des experiences qui nous paroiflent bien propres h la detruire , c'efl la decompolition que tous les acides minsraux, & notamment I'acide mariii, operent fur les lels pholphoriques , foil terreux , foit falins. M. Lavoifier a prouve dans un memoire, que tous les fels phofplioriques terreux ^roient diconipolcs par fes acides mineraux ; & nous nous forames convaincus par nos propres experiences , que non- feulement tous les fels neutres refultans de I'unioii de cet acide avec I'aikali fixe ou volatil , mais meme encore un grand nombre des dilfolutions metalliques phofplioriques fouffroient la meme alteration, d'une maniere plus marquee, par I'acide marin, & qu'^ cet cgard, cet acide I'emportoit encore iur tous les autres, ainfi qu'il a dejk 6t6 dit dans plulieurs memoires {a). (!) iiJl nr Tome XVI. Partie Fran^oife. B b b J78 ABREGfi DES MEMOIRES C H Y M I E, Annu lySo. OBSERVATION Sur une nouveUe efpece de Fr^cipiti jaune martial. Tai M. Sage. Mem. 1^1 I'on verfe dc I'acide du fiicre (a) dans une diffolution de vitriol martial , fa coiileur verte devient jaune ; peu de temps apres , la diffolu- tion fe trouble, & au bout de vingt-quatre heures, il fe fait un precipitd jaune-jonquiile. Cent grains de limaille d'acier que j'avois diffous dans dc i'acide vitriolique, ne m'ayant produit que foixante-douze grains de ce pr^cipite jaune, quoique j'euffe verfe dans la diffolution de ce vitriol martial, un exces d'acide du fucre; j'ai fait evaporer cette leflive, & j'en ai retiri des cryftaux de vitriol martial : apres avoir diffous ce fel dans de I'eau diftill^e, j'ai verfe dedans de I'acide du fucre, il s'eft fait un precipite jaune, femblable au precedent. On peut confiderer ce precipite jaune, comme un fel infoluble, formi par I'acide du fucre , combine avec la lerre mardale •, ce precipite ne s'al- tere point ^ I'air , & peut ctre employe dans la peinture ^ I'huile & en detrempe. I.a couleur de ce jaune martial eft plus agr^able & plus per- manente que celle du Jfil de grain , qui eft fiigace : on fait que la cou- leur jaune de cette preparation, eft due au fuc retire du fruit d'une ef- pece de rhamnus , connue fous le nom de grains d' Avignon. Pour pre- parer le ftil de grain, les HoUandois retirent la teinture jaune, des graines d' Avignon , en les faifaht bouillir dans I'eau avec un peu d'alun ; ils paf- fent enfuite cette ddcocSlion fur de la craie qui retient les parties coloran- tes, celle- ci fech^e portc le nom de fil de grain. C«) Une partie d'acide coBcret du fucre iwni diffoute d»ni troit pwues d'ew, forme I'acide que j'ai emplojj. DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES, jyp NOUf^EltES OBSERVATIONS S V R LE SOUFRE, Par M. FouGERoux de Bondaroy, A-/ IS chymiftes regardent le fovfre, comme etant uii compofc d'Ac'ide m^m vitriolique & du phlogiftiqiie i fuivant Sthaal, de quinze feiziemes d'acide vitriolique & un feizieme de jihlogiftique. Nous avons employe jufqu'ici le mot de phlogijiique , fans pouvoir le definir : les travaux des chymiftes modernes iemblent nous promettre de nouvelles luraieres fur ce principe, ou fur ce mixte qui joue un li grand role dans la compofition des rae- taux & des minerainc , puifque cette fubftance , telle qu'elle foit , minera- Ijfe les metaux & les demi-mctaux. Nous forraons du foufre dans les la- boratoires, avec du tartre vitriole & du charbon. Le foufre fe trouve natiirellement repandu fur la furface du globe, il eft trcs-commun aux en- virons des volcans , mais il eft aufli dans les metaux , dans les pyrites & autres raineraux , meme dans des pierres & des cailloux , fans que le feu paroiUe avoir contribue k fa formation. Si nous le trouvons aux crevaffes & aux ouvertures des volcans, ou mele, comme dans les Jblfatares , par- mi les terres ou les pierres de ces volcans eteints, c'eft que la chaleur, dans Tune ou I'autre de ces circonftances , a engage ce foufre ^ fe fubli- mer ( propridte qu'il tient fans doute de fa grande volatilite ). Celui qui fe trouve en mines, eft en maffe, comme en Irlande, &c, V6ye\Coll r'" -^""^ ^' "'"^ ^' P"'^^^ ^' P"°'^ hors de doute qu ce loufredoit fon or.gme aux matieres ftercorales depofees dans ce l.eu & II ferou mtereflant de favoir depuis quel temps ces matieres ont ete depofees & recouvertes, pour juger du t/avail de la nature & Te f« pro- grcs : cette connoiiTance exigerort beaucoup de recherches dans les anti- quues de cette capitale -, & les variations ^ue fes iimites ont fuccelTve- nient eprouvees, rendroient ces recherches plus dilBcUes (i). Cependant, 'cs^exJo^^T'C/d^^rpl^le'::;^ '''^ "»"^"" fo„tpBorphcriqu«. lorfqu'on qurmL?fcu;Phli?ppe"A'u" rt^ 2^" " '" '"■ 5'^" ^""^"' ''' P"''' ""■« fut Ecoliers de nui Iv^^.l. ° ' I communame de Sainti^Catherinedu-Val-des- SaSaLrlne " ' ^'^ '^^ '"" ""'' '"' ^^"^ 1"^ '» ^'"^ ''-' =^ foui une vottte en piertu. 58+ ABREGfe DES MEMOIRES C H Y M I E. EXPERIENCES S V R t E S S E L s s li: D A T I r s, N I T R E U X, MARIN ET ACETEUX, Par lefquelles on chercke a prouver la diffinnce qu'ily a entre ces Sets, qu'on a jufqu'd prifint confideris comme itant de mSine nature. Par M. Cadet. JVIr- Baron eft le premier qui. alt conclu de ces experiences, que le fel ledatif eft tout forme dans le borax, & que les acides mineraux & vcgetaux ne fervent uniquement qui le degager de la bafe alkaline du fel ruarin : c'eft aujourd'hui le fentiinent le plus generalement adopts ; mais avant ce celebre chymifte, Becker, Geoffrey, Bourdelin , & plufieurs au- tres s'etoient forme une autre theorie fur la nature finguliere de ce fel mi- neral. On croyoit que le borax etoit compofe de deux fubftances, d'une terre vitrifi.ible & de la bafe du fel marin ■, lorfqu'on decompofoit le borax par un acide quelconque, pour en retirer le fel/edatif, on jugeoit alors qu'une partie de I'acide s'engageoit dans la terre vitrifiable du borax , d oii refultoit le fel fcdatif , & que I'autre portion d'acide s'uniffoit ^ la bale al- Icaline du fel marin , pour former un fel neutre qui varioit fuivant la na- ture de I'acide dont on s'etoit fervi : la reffemblance que M. Baron reconnut entre tous les fels fedatifs , le perfuada plus que jamais qu'ils exiftoient en- tierement dans le borax , puifqu'en les combinant feparement ayec la bafe du fel marin , il en refultoit du borax , qui lui paroiffoit ne difterer en rien du borax ordinaire. Des experiences aufll feduifantes devoient neceffaire- nient changer la theorie qu'on avoit adoptee avant M. Baron, M. Bourde- lin dit h ce fujet, dans un de fes memoires , « que M. Baron, en exduant jj la terre vitrifiable qu'on admettoit avant lui dans le borax, nous a ote >j les foibles reffources que nous avions pour nous rendre raifon a nous- >, memes de la compofition du fel fcdatif, & que nous fommes reduits j> aujourd'hui i avouer que nous ignorons la compolition de ce fel , & „ que nous ne pouvons former i ce fujet que des foupcons & des^con- JJ jediues. JJ „ . buivant DE UACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. 3S5 Suivant iin chymiflc modcrne, nos incertitudes fur la nature & I3 com- — — ^^— pofition dii borax, pourroient etre ailement levees; il pretend que le (el „ iSdatif eft I'acide phofphorique combing avec I'alkili marin , & que lorf- ^ " ''^ ^' ' que ce id eft mcle avec partie egale du mcmc alkali, il en rcfultc du bo- Annie t7So. rax : je fuis bieii du fentiment de ce chymifte, fur I'exiftence de la bafe du fel marin dans le fel fedatif, je crois lavoir parfaitement demontrce dans les mimoires de I' acadimie pour V annie ij66 ; mais je ne pcnfe pas de msme fur I'exiftence de I'acide phofphorique dans le borax-, j'ai plus lisu de prefunier que c'eft I'acide marin qui eft I'acide primitif de ce fel mine- ral , & j'ai deji prouve la prefence de cet acide dans le fel fedatif, puif- qu'en Ic combinant avec le mercure precipitd per fe , Sc ^ h faveur d'un execs d'acide, j'ai obtenu par la diftiUation un veritable fublime corrollf. C E. rae, produit du vert ; on n'ignore point que du melange de ces deux cou- leurs il en rcfultc conftamment une coulcur verte ; mais fans avoir egard ^ cette flamme bleue de I'efprit de vin, on fait que toutes les matieres inflammables, telles que les linges & les filtres de papier, qui ont fervi ^ cette operation , donnent aufli une flamme verte qui ne diftere en rien de telle que donneroit un papier faupoudre de verdef, ainfi je pedifte k croire que I'effet de cette fl.imme verte n'eft du qu'au cuivre , & que fans ce me- tal on ne parviendra jamais ^ faire du borax •, jc fuis fonde ^ en tirer cette confequence, tant par le regule de cuivre que j'ai obtenu de la terre du borax , que d'aprcs les moyens que j'ai employes pour parvenir h cacher le cuivre dans difterentes fubftances falines, de la meme maniere queje le foup^onnois etre cache dans le borax; ces experiences m'ont conduit k faire une efpece de fondant qui a la propriete de fouder Tor, rargent-& le cuivre, mais dont le prix excederoit de beaucoup cekii du borax des Indes. Nous devons i M. Lavoifier , une fuite d'experiences intereffantes fur 1 acide du phofphore, inferees dans le volume de I'academie pour I'an- nee 1777; '' a reconnu que cet acide animal n'altcroit en aucune maniere la flamme de I'elprit de vin, & ne lui commiiniquoit point la couleur verte : j'ai voulu m'affurer par moi-meme de ce fait, & voir li je parvien- drois k taire du fel fedatif & du borax , en combinant I'acide phofphori- que avec la bafe du fel marin , d'aprcs les proccdes indiqu(5s par I'auteur dont j'ai parle precedemment. J'ai pris i cet eftet parties egales d'acide phofphorique & d'efprit de vin , jai mis le feu h ce melange, la flamme en ctoit rouge & bleue; fur la fin de I'ignition j'ai toujours remarque une couleur blanche melee de jaune, ce qui eft bien oppofe i la diflolution du fel fedatif par I'efprit de vin , qui oflre fur le champ une belle flamme verte , & qui fubfifte Unt que la liqueur briile. Le point le plus eflentiel etoit de s'affurer fi ruiiion de I'alkali marin Toffie XVI. Farlie Fran^oift. Ccc jt<5 A B R E G E D K S M E M O I R E S — — ii^i^— avec I'acide phofphorique foiirniroit dii fel fedatif; j'ai fait diiloudre en P confequence de I'alkali marin dans de I'acide phofpliorique-, j'ai cru devoir conferver i fa liqueur un exces d'acide •, je I'ai fait evaporer julqu'i ce que /inn^e tjSo. j'aie appercu une pellicule; j'ai obtenu des cryftaux en petites aiguilles-, ils etoient d'mie acidite aflez agreable •, au bout d'un certain temps ils fe font liquefies, & la liqueur dans laquelle ils nageoient, s'eft toute convertie en une belle gelee tranlparente-, j'en ai mis dans de I'efprit de vin redlifie; elle n'a pu s'y diiloudre, quoique je I'aie agitee : cette efpece de gelee s'eft precipitee au fond du verre , lous la forme d'une huile pefante, je n'y ai appercu aucune marque de cryftallifation •, la flamme de cct efprit de vin n'a point donne de couleur verte : on voit par cette experience que la corobinaifon de I'acide phofphorique avec Palkali marin, ne prefente aucun des caraderes du fel fedatif. Ne voulant omettre aucunes des experiences indiquecs par I'auteur, pour parvenir h faire du borax, j'ai combine cette gelee acide avecautant d'alkali marin delfeche-, il s'eft fait aiilli-tot une vive effervelcence •, cette gelee a perdu la tranfparence , & a forme un mucilage blanc , auffi epais que celui qu'on obtiendroit de la gomme adragant : ce mucilage etant re- pole, a repris, peu de temps apres, fa premiere tranfparence-, je I'ai trouve • le lendemain tout converti en cryftaux, dont plufieurs, vus au microi'co- pe , paroifloient odtaedres : ils ont une trcs-legere faveur de fel marin ; on y diftingue audi un peu de ramcrtume du tartre vitriole; ils ne lont point avides de I'huniidite de I'air ; ils bouillonnent fur les charbons ar- dens, & s'y vitrifient plus promptement que le borax, k railon de cette grande fulibilite : j'ai etc curieux de voir s'ils feroient propres k fouder les metaux-, j'en ai donne ^ M. Maillard, cdebre jouaillier-, il a opere devant moi avec ce fel , fur deux plaques d'argent fin, & de la foudure au fix, au quatre & au tiers-, les foudures au fix & au quatre fe font bien fon- dues -, celle qui etoit au tiers a grefillee , parcc qii'il ne lui falloit pas une li forte chaleur qu'aux deux autres : cet inconvenient ne feroit pas arrive avec le borax-, ce nouveau fondant paroiffant plus dur au feu, par fes efiets, que le borax ordinaire , on ne pourroit s'en lervir que pour de gros ou- vrages , oil Ton feroit oblige d'employer de gros paillons de foudure -, raais fi on en ufoit pour des ouvrages legers, oii Ton ne mettroit que dc petits paillons , I'artifte feroit dans le cas de fondre les parties foibles de fa pie- ce, ^ caufe de la forte chaleur qu'exige ce fondant. Quoique ce fel n'ait rien de la faveur du borax , il en a pourtant quelque caraftere , par fi fufibilite -, mais il y a une fi grande difference entre ces deux fels , que i'ole alfurer qu'on ne parviendra jamais ^ faire du borax par ce precede, en ce qu'il ne donne point de fel ledatif. D'ailleurs, ce fondant ne peut etre confidere que comme un objet de pure curiohte -, il ne feroit jamais k h portee dts artiftes, k raifon du prix du phoTphore : car, tout calciil fait, il reviendroit au moins k vingt-quatre livres I'once, tandis que le meme poids de borax ne coute que quatre fous. Apres avoir examine les deux opinions precedentes fur la nature du C II Y M 1 E. DE L'ACADEMIE ROYAL£ DES SCIENCES. 387 borax & dii fcl fedatif , ]i vais rcndre coniptc de mes experiences qui prouvent que les fels fedatifs ne font point tout formtis dans le borax. Quoique je me propoie de traiter dans cc nicmoire des fels fedatifs ni- treux & niarins, je ii'ai pas cru necefliiire d'indiquer les moyens dont on /inn^e 1780, fe fert pour tirer du borax les diflerens fels fedatifs par les trois acides niineraux', car I'acide nitreux & I'acide mariii agili'ent fur le borax i peii- prcs de mcmc que I'acide vitriolique. On en obtient egalement une audi grande quantite de fel fedatif, l\ on a eu I'attention d'y employer un excts d'acide •, j'ai reniarque feulement que celui qui eft fait par I'acide marin, fe cryftailife en plus b..-Iles lames que les autres-, il n'en eft pas de meme de I'aiflion de I'acide du vin.iigre lur le borax-, elle eft beaucoup nioindre: il le deconipofe plus difticilement •, aufll en retire-t-on beaucoup moins. de fel fedatif-, c'eft ce que je vais prouver par I'experience (uivante. J'ai fait dilioudre deux livres de borax de la Chine dans une (iifHfante quantite d'eau -, j'ai ajoutc ^ cctte dillolution fept pintes de bon vinaigrc diftille ; j'ai cru alors avoir porte la liqueur au deli du point de iatura- tion -, car elle rougiffoit fortement le papier bleu, & elle avoit une aci- dite tres-marquee -, ce qui m'a determine a proccder i I'evaporation. J'ai retire de la premiere cryftallilation 11 oiices i gros de fcl fedatif-, ce fel. etoit tout en petites aiguilles; la deuxieme cryftallilation a fourni } onces 2 gros de borax , qui n'etoit point decompole : la troitieme cryftallilation a donne 7 onces de cryftaux , f -mblables i ceux qu'on fe procure avec I'alkali marin , lorfqu'il eft neutralife par I'acide du vinaigre : en pourfui- vant I'evaporation , j'ai retire encore 5 onces des memes cryftaux , tres- adlierens au vaiffeau , & dont I'adherence etoit due i plulieurs cryftaux de borax qui y etoient confondus. Je me fuis determine i dilfoudre ces der- iiiers cryftaux avec la portion du borax qui n'avoit point ete decompofee : j'ai mele i cette nouvelle diflblution , I'eau-mere que J'avois feparee de ces cryftaux, i laquelle j'ai remarque un gout de borax aflez fenlible; j'ai verfe fur le tout une pinte de vinaigre diftille avec 1 onces de vinaigre radical, dans I'intention de chercher i decompofer cette derniere portion de borax : cette addition de vinaigre diftille & d'acide radical , qui fe faifoient vivcment fentir dans le melange , n'y a produit aucun change- _ ment, & y a ete mis en pure perte -, car en procedant i I'evaporation, j'en ai retire des cryftaux de borax, i-peu-prcs dans les memes proportions: il y a tout lieu de prefumer que le peu d'adion de I'acide radical du vinai- gre fur cette derniere portion de borax , eft du au principe huileux & inflammable de cet acide , & i la partie graffe que I'eau-mere contenoit : d'apres les inconveniens qu'on eprouve dans cette operation , on doit ni- celFairement prcferer les acides mineraux ^ I'acide vegetal, pour tirer du borax le fel fedatif. Ccc i] jSS abreg£ des memoires EXPERIENCES C H Y M 1 B. Annt'e ijSo. Sur U Sel J'idatif aciieux. Premiere ExpiRiENcE. J'ai pefe niie once de ce fel avec antant de nitre purifie ; j'en ai fait un melar)ge que j'ai mis \ diftiller dans line cormie de verre •, la premiere liqueur qui a palic avoit une odeur de vinaigre tres-caradlerifee ; lorfque le lei fedatif a commence ^ fe fublimer , j'ai appercu des vapeurs jauncs qui s'elevoient, & qui font devenues trcs-rutijjntcs •, elles avoient une odeur tres marquee d'acide nitreux, qui empechoit d'y reconnoitre I'odeur aceteufe qui s'eft montree d'abord : la liqueur etoit du poids de 4 gros •, elle etoit fort acide. II eft neceffaire , \ cette occalioii , d'obferver que la decompofition du nitre ne s'opere qu'^ I'inftant de la fublimation & de la vitrification du fel fidatif : tous les fels fedatifs agiffent de la meme ma- nicre fur le nitre & fur le fel marin. M. le Veillard , dans un tres boii mdmoire , lu ^ I'academie, a prouve que le verre en poudre , meme le fable , degagent I'acide nitreux de fa bafe •, d'ou je prefume fortement que ]a decompolition du nitre par les fels fedatifs , n'eft produite que par la meme caufe, & i la faveur de la vitrification du fel fedatif. Deuxieme Experience. Pour conftater cette caufe,J'ai mis dans une cornue de verre un pareil melange de nitre & de fel fedatif ac^teux-, je I'ai tenu pendant plus de fix hcures dans un bain-marie, continuellement bouillant ; j'ai retire une pe- tite quantite d'un flegme fenliblement acide , d'une odeur femblable \ celle du flegme qu'on tire de la diftillation du fel fedatif; le nitre n'y a fubi aucune alteration, & n'a donne aucune vapeur nitreufe. La matiere reftante dans la cornue de I'experience precedente , s'eft ^ trouvee du poids de i once 5 gros i fcrupule : on y diftinguoit parfaite- ment la fraicheur du nitre, & une legere faveur du borax', elle retenoit fortement une portion de nitre non decompofe. Ce compofe falin , mis fur un charbon ardent, n'y a point bourfoufle & ne s'y eft point vitrifie ; malgre la portion de nitre qu'il receloit , il n'a point fufe fur le charbon. J'ai verfe de I'huile de vitriol fur ce compofe-, il n'y a point eu de chaleur dans le melange-, il s'en eft eleve aufH-tot des vapeurs nitreufes, qui ont beaucoup augmente lorfque je I'ai echaiiffe. Dans un autre memoirc je prouverai que les borax regen^rds, different cffentieliement entr'eux , & fuivant I'efpece de fel fedatif dont on s'eft fervi. Je ferai voir auffi que tous les fels fedatifs, fans le concours de la bafe du fel marin , peuvent fouder les metaux , mais non pas avec la meme facilite que le borax, & qu'ils font tous capables de retenir, avec force. DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. 589 les matieres lus plus volatilcs , fans qu'on puilfe Ics (aire reparohre par les ^— ^— ^.^-r. meincs moyens dont on s'cft fervi pour les dcgager. C H Y M IE Troisieme Exi'j^rienci. Annie i-rZo. J'ai fait diftiller une once de fel fedatif ac(fteux avec une demi-oncc dVfprit de vitriol -, j'.ii obtenu 6 gros d'uiie liqueur acide, qui avoir une odeur dc viuaigre trcs-fendble-, elle a exhale fur une pelle rouge une odeur empyrcumatiquc exadtement fembiable a cclle du vinaigre diftillc ■, cffet que ne produit point I'efprit de vitriol employe de la meme maniere. Cttte cxperifnce prouve certainement que I'acide du vinaigre ctoit un des principes conftituans de ce Icl fedatif. QuATRIEMlExriRIENCE. En reflechKTant fur la prefence de I'acide du vinaigre dans le fel fedatif aceteux, je mc fuis r.ippelle que lorfque cet acide eft engage dans une bafe alkaline, tel qu'il eft dans la terre foliee du tartre, (a coinbinaifon avec I'arlcnic m'avoit fourni une liqueur fumante arfenicale, qui enflamme les matieres combuftibles au contadl de I'air. Cette experience (inguliere a etc repet(5e par M. de Morveau , & ce cclebre phyllcien a cru devoir doiiner \ cette liqueur le nom de phofphore liquide arfenical. J'ai done cherche ^ combiner I'arfenic avec le fel fedatif aceteux , pour juger fi d'un pareil melange , je n'obtiendrois pas quelques phenoinenes de la meme nature. J'ai fait diftiller, \ cet effet, une once de fel fedatif aceteux, avec 4 gros d'arfenic \ il a palTe, dans la diftillation, pres de 4 gros d'une liqueur acide, ui avoit une odeur legerement empyreumatique, dans laquelle fe faifoit enablement reconnoitre celle du vinaigre; cette liqueur, quoiqu'acide , a un gout fade qui excite un ptyalifme continuel , du ^ une portion de fel fedatif arfenical qui y etoit tenu en diffolution; cette liqueur, expofee ^ I'air libre , y avoit perdu entierement fon odeur aceteufe •, mais en y verfant quelques gouttes d'huile de vitriol, elle en a repris fur le champ I'odeur , & dans I'inftant de ce melange, fait ^ froid , la liqueur a ete aufTi-tot toute convertie en belles lames de fel fedatif. On voit par-li toute I'influence qua I'acide vitriolique , pour decider audi promptement la cryftallilation de ce lei. Je n'ai apper^u aucun des phenomenes qui fe palfcnt dans la diftillation de I'arfenic avec la terre foliee du tartre ■, cela vient fans doute de la prompte fulibilite du lei fedatif & de la voracite ^ retenir intimement avec lui toutes les lubftances les plus volatiles qu'on ]ui prefente •, la preuve en eft li marquee dans cette experience , que le refidu de la diftillation qui a abforbc prefque tout I'arfenic, ea donne 4 peine des Lidices lorfqu'on I'expofe fur un charbon ardent. I C II V M I r. ABRLGE DES MEMOIRES CiNQUiEME Experience. Anacc tJ'Sv. j.^^ £jjf „„ melange d'une once de fel fedatif sccteux avec 4 gros dc minium , dans I'intcntjon d'examincr fi , par la fufion , je n'obtiendrois pas une redudion de cette chaux metallique , h raifon du phlogiftiqne du vi- naigre uui exiftc dans ce fel. Jai cte trompe dans mon attente ; \\ fonte achevee, j'ai obteiui iin verre de couleiir de cliryfolite, i la fupcrficie dii- quel j'ai appcr9U qiiclqiies prtits points de couleur bleue d'azur •, je n'ai pas eii le moindre vcftige de rediidlion ■, ce fel , au contraire , paroit con- tribuer k favorifer la parfaite vitrification du minium ; fouvent aieme . dans fa fufion , une partie de "cette chaux fe reduit fans addition. EXPlSRIENCES Sur le Sel fedatif nitrtux. La diffolution de ce fel dans I'eau diftillee , \ raifon de I'acide nltreux qu'il contient, ne produit aucun changeraent fur Ifs diliolutions d'argent & de niercure faites par cet acide, tandis que la diffolution du fel fedatif niarin occafionne dans Tune & dans I'autre un precipite trcs abondant. Pour m'affurer de la prefence de I'acide nitreux dans ce fel fedatif, ce qui etoit inon objet principal, j"ai fait un melange d'une once de fel fedatif nitreux ivec 4 gros de fel fedatif vitriolique : j'y ai ajoute 1 gros d'huiie de vi- triol ; j'ai vu , \ Tinftant de la diftillation , des vapeurs jaunes s'elever de I'interieur de la cornue , qui en fe condenfant dans le recipient, repan- doient une forte odeur d'acide nitreux; ce qui confirme I'exiflence de cet acide dans ce fel fedatif. EXPERIENCES Sur le Sel fedatif marin. Pour favoir de meme fi ce fel participoit de I'acide marln , J'ai pris une once d'acide nitreux fumant , prepare a la manierc de Glauber •, j'ai fait bouillir une feuille d'or dans cet acide pendant 7^8 minutes-, j'ai ctendu une portion de cette liqueur dans de I'eau diftillee; j'y ai mis une feuille d'etain ; elle n'a point colore la liqueur ; on eft affure par cette cpreuve, que cet acide n'avoit eu aucune action fur I'or; j'ai ajoute h I'ex- perience un demi-gros de fel fedatif marin ; la liqueur, en bouillant , a paiTe auffi-tot i une belle couleur jaune ; mais comme j'appcrcevois que I'or n'etoit pas entierement diffous , j'y ai ajoute un autre demi-gros de fel fddatif marin j aprcs 2. ou 5 minutes d'sbullition , la diffolution a etc Y H DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. yjt cntierement achevee ; j'en ai verfe quclques gouttcs d.ms iin verre d'eaii ^^^ diftillcc, & la ftfiiille d'crain y a maiiifcftc lur le clump line bt-lle couleur p pourpre tres foiicee-, voili done une preuve ttcs-fenlible que I'acide nurin eft nil dcs principes conflituans de ce fel fedatif, & qii'il pent fervir, de ylnn^e tjSo. nicine que le fel marin & le fel ammoniac , ^ regaliler I'acidc nitreux ; cette diifolution de I'or a donne, par I'evaporation , des cryftaux de fel fedatif qui contenoicnt de Tor; mais ayant cie laves ^ plulieurs eaux, & dKfous de nouveau , ils ont celfc d'indiquer la prelcnce de Tor. Ce (el fedatif aurifique non lave, a ctd mis en fa'ion dans une cornue -, j'en ai obtenu un verre d'un brun foible & opaque ■, mais en regardant la lumiere ^ travers , la tranfparence etoit d'un beau violet ; on remarquoit ^ fa fuperficie quelques petites portions d'or qui ctoient reduites. Ce verre falin dillous i froid dans de I'eau diftillee , lui communique une belle teinte de pourpre, on peut partir de cetre experience pour juger de I'iii- timc union de I'or avec la terre vitrifiablc du lei fedatif. J'ai precede fur la platine , de meme que lur i'or', une portion en a 4te dilfuute ; mais I'ertet de cette ditfolution n'eft pas aulli fenfible qu'a- vec I'or. Je dois avertir que les cryftaux de fel fedatif marin , dont Je me fuis fcrvi , Ctoient cryftalliles en belles lames •, ils etoient folubles entterement * dans I'elprit de vin ; ils avoient cte laves \ plulieurs eaux, & enfuite egout- tes & fechds cntre des feuilles de papiers gris; j'^tois par confcquent trcs- fiir de la purete de ce fel. Mais voulant porter plus loin mes experiences , j'at pris i onces du meme fel ledatif marin que j'ai diftillst-s dans une cornue de verre •, il a paffc dans la diftillation pres de 6 gros d'un flegme leg^rement acide, qui n'a- voit point cette odeur fafranee qui caraderife I'efprit de fel ; mais elle avoif celle qu'on remarque conflamtnent dans le flt-gme de la diftillation du fel fedatif vitriolique, qui reflemble i I'odeur de la bougie echautlce dans les doigts. Ce flegme , avec la diifolution d'argent , a forme fur le champ une lune cornee tres-abondante •, ce qui conflate de nouveau la prclence de I'acide marin dans ce fel fedatif. J'ai fait dilfoudre ce fel fedatif vitrifie •■, il avoit une legere faveiir de fel marin ; j'ai fepare les premieres cryftaliifations ", j'en ai pele z gros , que j'ai ajoutes ^ une once d'acide nitreux funiant, dans lequcl j'avois fait bouil- lir une feuillc d'or -, ce nouveau fel a paru ne pas diifoudre I'or ; nean- moins la liqueur avoit eu quelqu'adtion -, car la feuille d'etain y a mani- feftc une couleur pourpre lenlible; mais il s'en falloit bien qu'tllc eiit la meme intenlite que dans I'experience ou I'or avoit hi entierement dilfous. Quoique la fulion femble changer la nature de ce fel, & le priver d'une portion de lacid;; marin qui le conftituoit , j'ai encore recunnu la pre- tence de cet acide dans ce dernier lei; j'en ai fait diiioudre dans une dii- folution de cobolt par I'acide nitreux ; j'ai obtenu de cette operation une encre fympathique , qui prefente au feu, fur le papier, des traces d'un vert-celadon -, on fait que la caufe de cette couleur n'appartienr qu'au fel 5;i ABREGfi DES MEMOIRES ' marin ou k I'acide de ce fel ; aufll les autres fels fedatifs ne produirent-ils -- , point cette couleur. J'ai voulii aufll examiner I'adion de I'acide marin fur le verre de la terre ytnn^e ij8o. du borax, & defirant, en meme temps, connoitre fi la bafe allcaline de ce fel , ajoutee k cette experience , ne contribueroit pas k la prcfence du fel fcdatif-, j'ai pefe une demi-once de verre de borax qui avoit ete bien por- phyrife; j'y ai verfe 4 onces d'efprit de fel fumant-, le melange s'eft: fen- liblement cchaufte & a ^te converti tout en gelee en quelques minutes de temps. II paroit que I'acide marin a une adtion prompte fur ce verre ; cette gelee laiffe une impreflion ftyptique & naufeabonde •, j'en ai fait dif- foudre une portion dans une fuffifante quantite d'eau diftillee ; I'alkali vo- latil n'y a produit aucune nuance de couleur bleue qui puifle y faire re- connoitre le cuiyre que j'y foupconnois ; la fiamme de I'efprit de vin dans lequel on a dillous de cette gelee, donne h peine la couleur verte. Dans plulleurs experiences, j'ai reconnu que les vapeurs blanches qiri s'exhalent de i'efprit de fel fumant, s'oppolent dans bien des cas ^ la prefence du cuivre ; ce n'eft qu'^ ce principe volatil qu'on peut en attribuer la caufe : ce que ne font pas les acides vitrioliques & nitrcux , car leur adlion fur le verre de borax eft toute difterente ■, la couleur verte y paroit tres-bien h la flamme de I'efprit de vin. Etant perfuade que le gout flyptique & naufeabond de cette gelee ve- noit du cuivre, j'en ai fait diifoudre dans de I'eau diftillee; j'y ai trempe une lame d'acier poli, qui, en peu de temps, a ete toute recouverte de cuivre-, ce qui eft une nouvelle preuve de la prefence de ce metal dans le borax. II me reftoit )l examiner ce que produiroit Talkali marin fur cette ge- lee; je I'ai liquetie iur un bain de fable; apres lui avoir fait eprouver trois ou quatre bouillons , je I'ai verfe aufli-tot dans une diffolution , prete ^ bouillir, d'une once de fel de foude deffeche & de 8 onces d'eau. Le mouvement d'eftervefcence etant palfe , la liqueur ayant bouilli quelques inftans, je I'ai filtree, &, de vert fonce quelle etoit alors, elle a pris une couleur jaune ; cette liqueur foumife i I'evaporation a donne des cryftaux qui, par leur configuration, reffembloient parfaitement ^ ceux du fel fe- datif; ils etoient confondus avec beaucoup de cryftaux de fel marin; pour les en feparer, j'y ai verfe une fuffifante quantite d'efprit de vin qui les a difl"ous ; cette diffolution ayant ete evapor^e , a laiffe dans la capfule un gros & demi de cryftaux brillans, feuilletes, qui reffembloient i une fc- lenite talqueufe par leur inlipiditi, & en ce qu'ils n'avoient point la fa- veur ordinaire qu'on remarque dans tous les fels fedatifs. Le peu de fuc- ces de cette operation ne m'a point decourage ; peut-etre ne I'aurois-Jc pas tentee, fi j'avois d'abord reflechi que dans la vitrification de la terre du borax , une partie des principes qui lui font effentiels pouvoit en avoir etc enlevee, & que le cuivre quelle recele en etoit en partie dctruit. D'a- pres ces reflexions, je me fuis determine k proceder dans les memes prin- cipes fur la terre du borax. J'en ai pefe une once & demie que j'ai melee avec DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. 59J avec 1 onces & demie de fcl de loude cryftallilc; apres avoir defftichi ce ^— ^— ■— melange, je I'ai iouniis i un feii de forge-, lorfque j'ai appercu que la c ,^ y ^, , j matiere commen^oit i vouloir fc fritter vers ]es parois de I'interieur du crcufet , je I'ai retiree du feu pour la mettrc i bouiilir diiis une fuflilaiite ylnn^e tySo. quantite d'eau; j'ai verfe fur le tout 4 onces d'efprit de fcl fumant ; j'ai continue ^ faire bouiilir ; j'ai hltre enfuite la liqueur -, j'ai eu par le refroi- diffement beaucoup de cryftaux de lei fedatif trcs-reguliers & exempts dc fel niarin ; la liqueur a continue de donner de pareils cryftaux ; fur la fin de I'evaporation , je n'ai retire que 2. gros de fcl raarin des i onces & demie de fel de foude employees k cette operation. J'avois deji fait connoitre dans un autre memoire cette converlioii de la bafe du fel inarin en fel fedatif, it I'aide feulement d'unc portion de terre vitritiable du borax, qui avoit etc attaquee par I'acide vitriolique. Je crois done pouvoir conclure de ces experiences , que tous les fels fedatifs ne font formes gu'^ I'aide des dirfcrens acides done on fc fert , & h la faveur de la bafe alkaline du fel marin , & de la terre vitrifiable & metallique du borax •, & que par confcqucnt il doit y avoir , ainll que je viens de I'etablir, une difference effentielle entre tous les fels fedatifs, fur-rout lorfqu'ils n'ont point paffc i I'ctat de vitrification ; car dans cc cas les trois acides mineraux paroilfent changer de nature, & ne prefenter qu'un meme fel. Dans le cinquieme volume des memoires prefentes h I'academie, j'ai prouve que I'on retrouvoit la prcfence de I'alkali fixe dans le verre ^ vitre de France, & dans toute cfpece de verre faftice oii Ton avoit rompu I'agregation des parties en le porphyrifant trcs-fubtile- ment, & que lorfqu'on attaquoit ces verres feparement par les trois acides mineraux, on en obtenoit des cryftaux foyeux de meme configuration, qui n'avoient nulle faveur & dans lefquels il etoit impoffible de recon- noitre la nature de ces differens acides. D'apres de femblables experiences, on ne doit plus etre furpris que les acides mineraux, meiTie I'acide ve- getal, lorfqu'ils font intimement unis si la terre vitrifiable du borax, Euiflent donner des fels fedatifs qui aient entr'eux une forte de relfem- lance; c'eft ce que j'efpere prouver d'une maniere decilive dans le me- moire que j'ai annonce. Un autre fait que je n'ai pas cru devoir paffer fous lilence, & qui n'eft as moins important pour prouver I'exiftence de la bafe du fel marin dans e fel fedatif, eft une experience de M. de Machy , dont j'ai ete temoin. Ce chymifte, qui a donne dans cette academic plulieurs preuves de fes talens, & ^ qui nous devons la defcription de I'art du diftillateur des eaux- fortes, nous apprcnd dans cet ouvrage, qu'il a converti une livre de borax brut tout en fel fedatif, fans avoir eu un atome de fel de Glauber. Qu'eft done devenue la bafe du fel marin du borax dans cette operation ? il n'y a pas de doute quelle ne foit un des principes elfentiels du fel fe- datif. M. de Machy a du ce fucccs k la grande quantiti d'exces d'acide qu'il a employee. C'eft une experience curieufe , qui vient h I'appui de mes obfervations, & j'ai ete flatte de rendre ce temoignage i I'auteur. Tome XVI. Fartie Frunfoiji, D d d t c 594 ABREGi: DES MEMOIRES,&f. — — » Enfin , j'ofe conclure de ce travail, que le borax eft compof^ de la bafe alkaline du fel mariii & de la terra vitrifiable dii ciiivre, & que ce ^ *^ ' ^' metal eft mafque dans le borax par une autre fubftance metallique , fur la- Ann^e lj8o. quelle je ne me permets pas encore de prononcer •, j'ajoute de plus, que ces deux fubftances metalliques y font on y ont ete primitlvement minera- lifees par I'acide marin , dont J'ai demontri Texiftence dans le fel ledatif. J'efpere que ces experiences conduiront h obtenir, par I'art, uii borax abfolument fetnblable k celui des Indes , & qu'elles ferviront h conftater de nouveau & de la maniere la plus decifive, que le fel fedatif, tel que nous Tobtenons , n'exifte abfolument pas tout forme dans le borax ; que la formation des fels fedatifs ne s'opere qu'i la faveur des acides dont on s'eft fervi , par leur union avec les difterentes fubltances que je viens de defigner, & que je confiderc comme les vraies parties conftituantes da borax. ANATOMIE. Ddd ij >- .1 A - -^tx^aattw^* < yf7-s3ifjnemmus*t9i9syf9*t» 397 ANATOMIE. DESCRIPTION X>' U N ENFANT MONSTRUEU-X N E A TERMS. Par M. BoRDEKAVE. \^/uoiQUE la produdlion des monftres femble ne prefenter fouyent — i^— — — i que des eftets bizarres dont les caufes font inconnues , ccpendant robfervation attentive des faits donne quelquefois lieu de fuivre la nature ^ ^ a t o m i e, dans fa marche, & de la furprendre, pour ainli dire, dans fes produftions. Annee 1716. C'eft fous ce point de vue que Ton doit recueillir les exemples des monf- tres-, autrement, la connoiffance que Ton pourroit en avoir deviendroit Mem. fterile, & elle ne meriteroit plus qu'une admiration inutile pour le progrcs des fcjences. La conformation de celui que j'ai I'honneur de prefenter i I'academie, & les circonftances qui ont accompagne fa naiffance , m'ont Earu dignes d'attention & propres \ permettre quelques conjectures fur I maniere dont il s'eft forme. Une femme du village de Brunoy, agee de trente-trois ans, etant dans les douleurs de I'enfantement depuis trois jours, accoucha naturellement , le 25 juin 1775 ' ^^ foetus {a) monftrueux dont il eft ici queftion. L'ac- couchement, quoique long, a etc peu laborieux , puifqu'il etoit termine par les leules forces de la nature , quand le chirurgien eft arrive pour fe- courir la femme. Le cordon ombilical etant peu fort, il a etc rompu pres de I'anncau pendant raccouchement, & I'enfant, ainli qu'pn pent le pre- lumer, a ceffe de vivre en perdant par- 14 Ion fang, faute de fecours. Le chirurgien croyant alors ne devoir s'occuper que du foin de dclivrer la femme , fut fort furpris de trouver un fecond enfant qu'il recut vivant ', il etoit male, bien conforme, & a vecu trois jours. L'examen du fcetus monftrueux prcfente une groffe tete \ deux faces, rcgulicrement conformecs & placees dans une fituation diametralement («> Ce fcetus a ixs prfl'ente k i"acad^mif , Ic 38 juiii J775. ,?8 ABRECfi DES MEMOIRES m\ I II ii»— ^1 opporee; chaqiie face a deux yeiix pofes convenablement, un nez, iwe . bouche ; les deux oretlles feulement font un peu anterieures •, le petit dia- ^ ' "metre de la tete eft d'une face ^ I'autre, & le grand diametre de I'un i Ann^e ZT]6. I'autre c6t6, qui font recouverts de cheveux, ainli que le fommet de la tete : en conlid^rant I'un des cotes de la tete, on voit les deux faces de profil {fig. z)-, chacun des cotes de la tete, recouvert de cuir chevclu, contient inferieurement un occipital, au bas duquel on remarque une co- lonne vertebrale qui repond chacune \ un des deux corps dont le fujet eft compofe; ainfi le cou, conlidere du cote de I'une & I'autre des faces, eft beaucoup plus large qu'il ne devroit etre , \ raifon de la colonne ver- tebrale (itude fur chacun de fes cotes. Le tronc eft compofe de deux corps reunis dans leur partie fuperieure du cote du thorax , ce qui rend la poitrine fort large & fort epaifle; I'un , bien conforme, a quatre extrif mites, I'autre corps, fort irregulier, eft form? far une raafle informe adh^rente, & ne faifant qu'un avec le thorax de autre corps-, on y remarque deux extremites fuperieures bien conformees, pofees convenablement, & vis-Ji-vis les deux autres : quant au tronc, il paroit principalement forme par la reunion des deux cuiffes en une feule riaffe-, les deux jambes font de meme reunies, & cependant diftindtes, ainfi que les deux pieds , auxquels on remarque \ chacun cinq doigts bien conformes. La figure z"- en reprefentant le dos du corps bien conforme, laifle voir en meme temps les deux faces de profil , & les quatre extremites fuperieures. La figure a j en prefentant de face le profil droit de la figure t , fait voir les deux corps de cote. \-i. figure 2 fait voir de face le cote oppofe k la premiere, & pr^fente les quatre extremites fuperieures, enrre deux defquelles on voit anterieu- rement le tronc irregulier forme par les extremites inferieures reunies. Li figure 4 prifente la face k celle de h figure z, Sc fait voir les deux corps d'un autre cote. L'infpedion de ce fujet demontre manifeftement la reunion de deux corps; I'un eft regulierement conforme; & I'autre, tres irregulier , ne pa- roit etre que le debri d'un corps qui n'a pu fe developper completement. Une conformation femblable ne peut etre attribuee h I'imagination , ni dontier lieu de penfer qu'elle foit le produit d'un oeuf originairement monf- trueux v il paroit bien plus naturel de croire qu'elle eft I'eftet de la pref- fion & de divers accidens qu'ont eprouves deux germes dans le teuips de la conception. On peut prifumer avec fondement, que la mere de ce fujet a eu trois germes fdcondes k la fois; les exemples de pareilie fecondation ne font pas rares : I'un s'eft developpe regulierement, & a donne naiflance au foetus male , qui eft venu vivant & bien conforme : les deux autres ont eprou- v6, dans les premiers temps de leur d^veloppemeot, une preffion , ou telle autre combinaifon d'accidens , qui a derangd leur organil'ation ; les DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. 399 germes primitivement diftin(fts fe font rapprochcs , ont contrafti une ''^^™^— — — nnion contre nature, & de cetfe union a relultc line produdion bizarre,^ k \ t qui ne permet pas de meconnoitre la confu(ion des deux corps, dont cha- cun s'elt developpif plus 011 nioins, felon que fes parties ont plus ou moins Annie fJjS. conferve leur mtigt'ni. En conlidcrant ainli Ics produdions monftrueufes, on reconnoitra qu'elles font prelque toujours I'cftct de la nature diratigie dans les premiers temps de la conception; on ne la croira pas fufceptible decarts, & on fera con- vaincu qu'elle eft uniforme mcme dans fes dcfordres apparens. OBSERVATIONS AN^TOMjqUES. Par M. V I c Q - d' A z I R. I. Sur un corps de forme ovale & rempli de polls , trouvi dans la matrice d'une fills dgie de cinquante-fix ans. u. NE demoifelle, qui avoit toujours joui d'une bonne fante Jufqu'i cin- Mem. quante ans, epoque i laquelle fes regies celferent de paroitre, eprouva un ccoulement blanc & lymphatique , accompagne de douleurs tres-vives dans la region hypngaftrique. On employa les bains & les remedes emolliens , niais inutileracnt , les douleurs augraenterent , lecoulement devint puru- lent & bientot fanieux. On apprit, par le toucher, que I'orifice de la ma- trice etoit dur, fquirreux & adherent du cote droit", des douleurs lanci- n .ntes firent foup^onner la difpofition cancereufe : on confeilla I'ufage de la cigue, qui parut foulager d'abord ; le mal fit enfin de nouvcaux pro- gres ; le maralme lurvint, & la malade mourut agee de cinquante-fix ans. M. Chevreuil, mcdecin d'Angers, a fuivi cette maladie dans prefque tous fts t.mps, il men a tranfmis tous les details. L'ouverture dn cadjvre a offert ce qui fuh : le bas-ventre etoit trcs- tendu & bourfoufle-, lorlque les teguniens furent ouverts, il fortit une ma- tiere jaunatre, formee des debris de I'epiploon qui etoit detruit-, les ih- teftins, tres-diflendus, etoient livides : plulieurs de leurs replis adheroient ^ la matrices quelques-uns gangrenes dans leurs adherences, etoient ou- verts dans le vagin , par lequcl la malade avoit rendu les excremens plij- fieurs jours avant fa mort-, la matrice tres-diftendue, s'elevoit de trois tra- vers de doigt au-dcflus du pubis-, elle oppofa quelque rcliftance lorfqu'ou 40° ABREGE DES MEMOIRES —— — " en fit la diffe(51:ion , parce qu'une couche fquirreufe & tres-dure en reCou= A M A \< I F ^''°'' ''' partie interne : on y trouva du pus en grande quantity ; mais ce ' qui merita le plus d'attention , ce fut nn corps etranger qui en etoit re-, ytnnc'e tJjS. convert. Ce corps ovale , deiline ici de grandeur naturelle , etoit adherent par une des furfaces , plus i gauche qu'^ droite •, ^ la paroi inferieure de la matrice, & dans le lieu du contad: on obferva plulieurs boutons cance- reux : on n'a point trouve dans fon epaiffeur de fubftance offeufe , ni de dent , ni aucune autre concretion femblable ^ celles dont on parle dans les Tranfaclions philofophiques , n°. ^j; dans les Memoires de I'acadi- mie royale des J'cienees , annie 2743 > & dans les Mimoires de lafocictc d'Edimbourgy tome III. Le corps dont il eft ici queftion, m'a paru compofe d'une efpece dc pate, que Ton peut comparer ^ du fromage mou, entre-melee de beau- coup de poils femblables h. des cheveux replies en toutes fortes de fens. J'ai ete curieux d'en developper quelques-uns , & j'en ai trouve qui avoient plus d'un pied & demi de longueur : vus avec une loupe, il$ ni'ont paru abfolument femblables ^ des cheveux •, expofes ^ I'adtion du feu , ils fe font recourbes de la merae maniere , & ils ont exhale la raeme odeur. Si Ton confulte les auteurs qui ont obferve des faits ^-peu-prcs fem- blables , on voit qu ils en different tous k quelques egards. Le dodeur Targioni a trouve dans I'uterus une fubftance atheromateufe avec des dents & des poils-, Stalpart Vandervicl a vu un petit os au centre d'une pa- reille concretion; & M. de Haller,/?. 56"^ tome VIII de iaPhyfiologie , «pportc qu'une tumeur pleine de poils fut obfervee pres du foie. I L SuT un fujet dans lequel la grande anaflomofe qui riunit les deux arteres mifentiriques , manquoit abfolument. La communication arterielle qui joint les deux mefent^riques Tunc avec I'autre, eft un des objets les nioins variables que prefente I'angiologie. II n'exifte aucune obfervation dans laquelle cette arcade, dont Euftache a fait mention , & qui a ete conftamment decrite depuis par tous les ana- tomiftes , ait manque dc fe trouver , foit que Ton ait eu la precaution d'injeder les vaiffeaux , foit que Ton n'ait point eu recours ^ ce moyen. Cette branche d'anaftomofe eft longue-, elle fuit le mefocolon, &s'etend depuis I'artere colique moyenne, qui appartient \ la mefenterique fupe- rieure , jufqu'i I'artere colique gauche , qui eft un vaifleau de la mefente- rique inferieure. J'ai trouve dans un fujet une difpolition toute differente, que j'ai eu I'honneur de mettre alors fous les yeux de I'academie : le ra- meau afcendant de la mefenterique inferieure, au-lieu de fe continuer & dc DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. 4c de s'^tendre jufqu'au ramcaii colique nioyen de la mt;(ent(;ri(]ue fupcrieure, : fe recourboit en formant une anle trcs-conliderable vers le tronc artericl ji^ ^ ^ ^ qui lui avoit donne naiffance ; le rameau voifin , appartenant k la inclen- tiriqiie fupcrieure, fe replioit de meiue vers le lieu de fon originei d'ou Ann^e ijyS. il reUiltoit une double arcade dont les petites arterioles collaterales com- muniquoient les unes aoec les autres , comme dans tout le refte du me- fentere, au-lieu d'une feule branche d'anaftomole, telle qu'on I'obferve toujours entre les deux arteres mefenteriques. Le fujet qui m'a oftert cette (ingularite a ete bien injedic, & il m'a fervi pour la dcmonftratioa des arteres dans le cours d'anatomie que j'ai fait en 1775. Cette conformation doit etre rangee parmi celles qui fe prefentent le plus rarement dans la diffedion. M ]£ M O I R E Sur la fituation refpecllve des gros Vaiffiaux du Cceur & des Poumons. Par M. S A B A T I H R." ^ORSQu'oN fait attention h. la quantite prodigieufe de vaifleaux dc Mem. toute efpece qui entrent dans la coiupoiltion de la machine animale, Sc h leurs entrelacemeiis multiplies, on a lieu d'etre furpris que les liqueurs qu'ils contiennent les parcourent avec tant de facilite. La prellion qn'ils exercent les uns fur les autres , fembleroit devoir augmenter les obftacles que la petitefle du plus grand nombre, & leurs diverfes inflexions, ap- portent h marche de ces liqueurs. Sans doute les anaflomofes qui les unif- fent , font un des moyens dont la nature fe fert pour diminuer, & peut- etre pour detruire entierement les eftets de la preflion dont il s'agit ■, puifqu'elles font li frequentes entre les vailfeaux d'un petit diametre, & dans les lieux oii les engorgemens pourroient avoir les luitcs ks plus fa- cheufes. Les gros vaiffeaux, & fur- tout ceux qui avoilinent le ccEur & les poumons, n'cn ofFrent point-, mais leur fituation refped:ive paroit y fup- pleer ; elle eft telle en elfet, que, malgre leur proximit: & leurs adhclioiis, ils ne portent pas les uns fur les autres, & qu'ils prelentent une voie libre aux torrens de fang qui les rraverfcnt. Le but du nicmoire que je foumets ^ I'academie , eft d'expofer cette fituation , que les auteurs n'ont pas decrite avec alfez d'exaClitude ; je par- Jerai fucceillvement de celle des veines-caves, de r.artcre pulmonaire, des veines du mcme nom , & de celle de I'aorte , le dernier des gros Vaiffeaux du coiur, dans I'ordre de la circulation-, aprcs quoi je terai quelques remarques fur la poHtion de la irachee artere, & fur celle des Tome XVI. Partie Francoije. Eee 4ci ABREG6 DES MEMOIRES — »»— — bronches . t]iii , quoiqu'elles ne renferment aiicun liqutde, Jdoivent CS-^ . pendant etre miles an nombre des vaiffeaiix des poumons. Les veines-caves ramenent aii ccEur le laiig que laorte avoit dilrribiie Ann^e J'J'jS, ^ prefqiie toutes les parties du corps-, elles font au nombre de deux, I'une fupcrieure on defcendante , I'autre infirieure ou afcendante , & s'ou- vrenc dans I'Dreillette dcoite I'une au-dellus de I'autre. On a cru long- temps qu'elles ne faiioient qu'un ti"onc continu, dont la partie la plus large ctoit attachee aux bords de I'oreillette , ^ peu ores comme li I'on avoit cmporte les trois quarts de la circonference dun tuyaii droit, & qu'on ■ I'eut applique ^ I'ouverture d'uiie veffie. Vefale eft un de ceux qui ont Ic plus accredite cette erreur, & Ton peut s'en etonner avec d'autant plus e ces quatre veines, deux font fupe- rieures, & dtux font infericures, une de chaque cote-, les fuperieures, be.iucoup plus groff.s, defcendenr dc devant en arriere, & de dehors en ded.ins; elles font lituees au devant des arteres pulmonaires dont elles croifcnt la dire(5Hon. Les infericures montent obliquement de derriere en clevant, & de dehors en dedans aulTi; ces dernieres font fituees derriere e A T O At I t. DE L'ACADEMIE ROYAL£ DE.S SCIENCES. 405 J'extremitt; de I'arcade que forment les arteres pulmonaires, & croifent ^■- pjreilKnic-iit leur direction : d'oi'i il rdfultc que ces arteres font en quel- que forte entre les unes & les autres, & que le fang qui coule dans les '^ "* - -- - - veines pulmonaires forme quaire cGurans, dont deux defcendent de _^ / c devant en arriere, & deux montent de derriere en devant, fans jamais ^ ' ' " le miire. L'jorte b l.iqucile ce fang eft tranfmis par Ic ventricule gauche , s'eleve de la partic lup^rieure, anterieurc & droite dc ce ventricule : clle montc d'abord de gauche i droite , & de derriere en devant , ^ contre-fens de I'ariere pulmonaire ; aprcs quoi elle fe porte de droite ^ gauche, & de devant en arriere. Lorfqu'elle eft parveniie au niveau de la troilieme ver- tebre du dos , clle continue a delccndre dans la mcaie direclion jufqu'i la partie gauche du corps de la cinquieme -, la courbure quelle decrit danj ce long trjjet, eft ce qu'on appelle la crojfi de I'aorte. La convexite dc cette courbure fe prefente d'abord en devant & ^ droite, puis en haut, & fa concivite en arriere & h gauche , puis en bas. Cette derniere re9oit Tartere pulmonaire droite, la trachce artere au-dela de laquelle fe trouve I'afophage, & la bronche gauche, lefqueiles y doivent etre \ I'abri de toute e(pece de compreflion. Ptrlonne n'ignore en effet qu'un tuyau flexi- ble & tonueux que Ton reniplit fubitement & avec force, tend 4 s'alon- ger, & que s'il eft courbe de maniere ^ ne pouvoir fe redreffcr en en- tier, il decrit iin arc plus grand qu'a I'ordinaire-, il ne peut done com- primer les corps qu'il embralfe. Or , telle eft la difpolition de I'.iorte re- lativenunt aiix parties qui font logics dans la concavite que preiente fa crolfc; &■ en ccla, on ne peut trop admirer la fagclfe de la niture, qui devant rafl'cmblcr dans un efpjce peu ctcndu , & placer les uns pres des autres drs vaiifeaux auffi conliderables , & dont les foniitions font li im- portantcs pour la conlervation de la vie , les a ranges de la maniere la- plus favor-ible h I'excrcice de ces fondions. ; Le lieu ou la croife de I'aorte finit, & ou cette artere vient s'appliqiier . ^la cinqiii.'nie vertebre du dos, pour defcendre le long des autres ver- tebres de cette clalfe, m'a oflert une pariicul.iritc qui nifrite d'etre rao- portee. J'ai vu que la colonne de I'epiiie ctoit, pour ainfi dire, enfoncce en cet endroit, & quelle y formoit une forte de courbure, dont la con- cavite etoit 4 g.iuche, & dont la convexite regardoit la cavite droite de la poitrine. Cette courbure eft plus ou inoins fenfible , & plus ou moins etendue-, je I'ai trouvee tres-marquee en quelques fui.ts dune Je relb de lacharpente oir-ufe etoit parfaitcnient conftitue, & qui etoient d'une taille fort au-deiius de la msJiocre, pendant qu'cn d'auties il n'y .ivoit qu'une forte d'applitilfement que j'aurois eu peine a recoivioirre , (i je n'culfe eta prevenu : elle commence des la troifit me vertebre du dos , & ne finit que vers la huitierac ou la neuvieme : fouvent audi elle intcreiie un moins gaand nombre de ces os. On ne peut doutcr qu'clle ne foit J effet de Tac- tion de Taorte fur les veitebrcs .quelle dej^tte ou qu'tile jpplatit , foit que . cette artere exerce Une vcritabls preffion fitf eJl^Sj ou, ■ce.qw cft.bicojj ^c6 ABREG^ DES MEMOIRES <^i^— plus vraifemblable , qu'elle les empeche de croitre du cote qui Kii re- pond : mais I.i courburc dont il s'agit n'a pas toujours lieu ; je dois mcme A N A T o M I E. jjj.g jg j'gj rencontre beaucoup de fujets en qui )e n'en voyois pas Ii An/i(fe 7776'. moindre apparence , & dont les vertebres n'avoient fouftert ni deplace- ' ment, ni changcmcnt de forme dans leur corps. Peut-ctre , cela n'arrive- t-il qu'il ceux qui ont dte foibles & delicats pendant les premieres annees de leur vie. Du refte , fi, comme je I'ai trcs-fouvent oblervtS , la plupart des rachitiques en qui I'epine a perdu fa reditude , ont cette colonne contournee k fa partie fupcrieure, de maniere que ia convexite fe trouve ^ droite , & que la gibbolite qui en refulte foit de ce cote , I'obfervation que je viens de rapporter en fournira une explication bien naturelle , pulf- que la maladie qui altera la foiidite de leurs os, doit piutot dilpofer la colonne vertebrale h fe courber dans le fens ou elle a dejk commence k le faire , que dans tout autre. La trachee artere , dont il me rede h parler parvenue h la partie infe- ricure du ecu , s'engage dans le tiffu cellulaire de la partie pollerieure du mediaftin & defcend le long de la partie fuperieure & moyenne de la poi- trine, jufques vis-i-vis la (ixieme vertebre du dos : fa diredion eft fenl]- blement oblique de gauche h droite dans toute fa longueur , & fur-tout I fa derniere extremite , difpofition qui la rapproche du lieu ou I'aorte fait le plus de faillie en devant , & qui la met h I'abri de la comprL-ffiou que cette artere pourroit exercer fur elle. Cependant il m'eft plufieurs fois .irrive de la trouver legerement applatie, un peu au-defllis de fa bifurca- tion. Les branches qu'elle produit ne commencent k s'ccarter I'une de I'au- tre , qu'au niveau du bord inferieur de la croffe de I'aorte •, elles vont chacune gagner le poumon de fon cote : celle qui eft h gauche , plus longue & plus etroite , s'y porte avec une obliquite mediocre & telle que Ton pourroit dire que fa fituation approche de la traverfale ■■, elle paffe ^ travers la partie gauche de I'arcade que forme la crofle de I'aorte. Pour Tordinaire , on la trouve legerement courbee de devant en arriere k fa premiere origine, fans doute pour faire place k ToEfophage qui la croifc pofterieurement : celle qui eft i droite, plus courte & plus large, defcend avec beaucoup nioins d'obliquite •, fa diredion , fembhble ^ celle du tronc qui leur donne naiffance , feroit croire qu'elle eft la continuation de ce tronc , pendant que celle qui va au poumon gauche n'en eft qu'une branche; elle fe porte en meme-temps plus en arriere que I'autre, & ' laifle par ce moyen un paffage libre ^ I'artere pulmonaii-e qui fe trouve entr'elle & la crofle de I'aorte. La premiere pcnetre la fubftance du pou- mon gauche, plus haut que la feconde ne s'inlinue au- dedans du poumon droit, de forte que la racine de tous les vaiffeaux pulmonaires gauches eft plus clevee que celle des memes vaiffeaux du cote droit •, lorlqu'elles font arrivees au-dedans de ces vifceres, elles s'engagent toutes deux dans I'arcade que j'ai dit etre formee par chacune des arteres pulmonaires , lef- queiles ne peuvent pas plus les comprimer , & gener I'entree & la fortie de I'air dans les poumons , que celle qui eft faite par I'aorte ne peut com- DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. 407 primer h bronche gauche & I'artcre pulmonaire droitc qui en font pa- ■—■——■» reillemerrt enibraflces ; apres quoi elles fe partagent en une infinite de . ramifications , qui fe repandcnt dans toutes les parties de la fubllance des '^ ' '■• poumons. ^ . , , . „ ^^n/e 1116. II feroit aufli curicux qu utile dc connoitre quelle eft leur marche au- dedans dc ces vifceres, & fur-tout, quel cii eft le rapport avec celle de i'artere & des veines pulaionaires. Quelques-uns , frappes par une fauH'e analogic , ont cru qu'ciles les accompagnoicnt par-tout , comme I'artere hipatique & le pore biiiaire acconipagnent la veine-porte dans I'interieur du foie •, Willis a meme affigne la difpolition que ces vaiffeaux oblervent entr'eux. Selon lui, les ramifications qui appartiennent aux bronches font au milieu, celles des veines font au-delfus, & celles des arteres au-deflbus, Le cclebre Morgagny , pri6 autrefois par Michelotti , de s'afliirer s'il y avoit quelque chofe de conftant \ ce fujet, a trouve de la variete, non- feulement entre le poumon droit & le poumon gauche, mais encore en- tre la partie fuperieure , moyenne & inferieure du poumon du racme cote. Mes obfervations m'ont confirme la meme chofe : elles m'ont appris de plus, qu'il n'eft peut-etre aucune partie dans !a machine animale, dont la ftrufture interienre foit moins connue & plus difficile \ developper que ccUe des poumons. 4o8 ABREG£ DES ME MOIRES A N A T O M I E. Sur la niceffiti d'ouyrir les Femmes mortes dans Vital de groffifFe, Annii 1 777. -^ 6 m m T Ilift. XL eft prouve que foitvent un enfant fiirvit h. fa mere, morte pendant la groffefle, & qu'ainfi on peut quelquefois le faiiver, en failant fur le cada- vre de la mere I'operation cefarienne •, mais le cas oii cet enfant furvit , & ceiix fur-tout oii fa vie n'eft pas feulement prolongee de quelques heii- Tes , font precifement ceux-lk meme oil la caufe de la mort de la mere a cte prompte , & par confequent , fi elle n'eft pas la fuite d'un accident , ceiix oil les fignes de la mort font incertains : or, bien qu'^ la verite I'ope- ration celarienne faite avec foin , ne foit pas fiirement mortelle, on ne peut nier qu'elle ne foit trcs-dangereufc , & que I'efperance de fiuiver la mere, fi on avoit le malheur de commettre une imprudence, ne foit pref- qtie ilkifoire •, il eft done fage de ne pas enterrer une femme morte dans I'etat de groffefle , fans avoir tente reparation cefarienne •, mais il ne faiit tenter cette operation , que lorfque la mort de la fcmme eft bien confta- tee. C'eft ici qu'il fatit craindre que des idees d'interct ou de vanite, les prejuges & les paflions, ne conduifent h des operations precipitees, & que dans le cas on il faut prononcer entre deux etres , tous deux dans un tHat ou la vie leur eft indifferente , on ne refufe ^ celui dont les droits fur la fociete font deja exiftans, la preference que la juftice & i'liumanitc exigent qu'on lui donne. II arrive fouvent aufE que les enfans naifleut avec tous les fymptomes de la mort, & que cependant cette mort ne foit qu'apparente : plufieurs heures de foins & de tentatives inutiles ne fuftifcnt pas meme pour etre affure de la mort; & quelquefois les enfans n'ont commence qu'apres cet efpace de temps h donner des fignes de vie. II ne faut done abandonner ces enfans qu'apres un long temps, ne pas fe rebuter, & Ton ne doit meme s'arreter qu'apres que la mort a ete marquee par des fignes non-equivo- ques. M. Bordenave entre ici dans le detail des fecours qu'il faut adminif- trer, & dont Tinfufllation de I'air dans le poumon paroit etre le plus fur. II faut obferver entre les deux cas qui font traites dans ce mcmoire, deux differences remarquablcs : dans le premier , on peut craindre une erreur funefte, irreparable, qui meme pourroit faire perir deux individus, dans I'efperance d'en fauver un -, dans le fecond , il n'y a que des avanta- ges h efperer : heureufement , d'un autre cote , que le premier cas fe pre- iente rarement , le nombre des enfans reellement fauves par I'operation faite a leur mere, eft tres-petif, car on He doit compter qu'avec precau- tion au nombre des enfans reellement vivans, ceux en qui on a cru remar- quer quelques fignes de vie , qui out cefle aufli-tot que les inquietudes dc leurs parens fur leur etat futur ont ete diflipees. Le fecond au con- traire, eft affez frequent, Si la vie de I'enfant, ainfi confervee, eft ordi- uairement durable. MfiMOIRE DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. 405 A N A T O M I H. M E M O I R E -^nrUe ijyj. Sur la defcription des Nerfs de la feconde & troifieme Paire eery kale (a). Par M. V I c Q - D* A z I R. JL/epui's que Euftachi, Willis, Vieuffens &iWinflow ont public en dif- Uim. ferens temps , chacun un fyfteme complet de Nivrologie , il femble que les anatomiftes fe difpofent k un nouveau travail , & qu'ils defirent une def- cription plus detaillie des nerfs du corps humaiii , dans laquelle leurs prin- cipaux ulages foient expliques par leurs conimunicitions nombreufes. Nous avons deji queiques pieces pour fervir ^ cet ouvrage-, la ftrudlure des ra- mifications ncrveufcs qui fe diftribuent dans les orgnnes des fens , a ete dc- veloppee par plufieurs phyfciens. Walther, Senac & M. de Haller ont bien decrit le nerf intercoftal , & en particulier les plexus du caur ■, les derniers nerfs cervica.ux qui fervent principalement h former les grands plexus du bras & les nerfs du baflin, ont ete foigneufement decrits par M. Camper. Mekel s'eft occupe avec le plus grand fucces de la cinquieme & de la feptieme paire du cerveau ; la ftrufture de la moelle epiniere a eti expof^e fort au long par Hubert-, & celle de la premiere paire cervicale, autrement appellee la diiieme paire du cerveau, I'a ^te par le dodeur Afche, & depuis par M. Sabatier. C'eft dans les memes vues , & pour executer une partie de ce plan , fur lequel plufieurs anatomiftes ont dej^ travailie, que je me fuis propofii de dccrire les deux paires de nerfs qui fe trouvent au-deflbus de la precc- dente. Les difficultcs que j'ai toujours eprouvees dans leur difledion , le grand nombre de leurs rameaux, le peu d'exaditude, & fur- tout de me- thode des defcriptions qui en ont etc faites, & dont les unes m'ont paru trop courtes, & les autres infidelles, font les principals raifons qui m'ont determine ^ entreprendre cet ouvrage. Les deux difiertations que Mclcel a ecrites fur les nerfs , lui ayant me- rite I'approbation de tous les favans, J'ai cru devoir me les propofcr pour modele •, elles font toutes les deux divifecs en trois parties i dans la pre- miere, il expofe le fentiment des meilleurs auteurs, relativement au fujet qu'il traitc , & il offre le tableau chronologique des decouvertes qui y ont quelque rapport •, la feconde eft confacree a la defcription des branches ner- vcufesj dans la troilkme leurs ufages font expliques, par la f:rie des phe- ((/) 0" "Jo't ^trc pr^venu que le nerf coiinu par queiques auteurs, fous le nom Je Vlxiemc fdlre du ctn-ewi , eft regarde fuivant notre maniere dc compter, qui eft aufli celle de M. de Haller & de plufieurs modcrnes , comme (Scant la premiere paire cervicale. Tome XVI. Partie Franfoife. Fff + :o ABREGE DES MEMO IRES ^igpM— ■»— »fnomene5 qui peuvent avoir quelque lialfon avec eux : j'ai fuivi en tout . le meiue plan dans ce memoire. Anatomie. "^ Ann^e tJlf- Premiere P a r t i e. On ne tro.uv« dans les livres d'Hippocrate, rien qui nierite d'etredrap- porte fur les deux paires de nerfs qui font I'objet de ce memoire. Quoique Galien furpaffe a cet cgard plulleurs de ceux qui out ecrit depuis lui , il lie les decrit pas avec la meme exaditude qu'il a mife dans plufieurs autres endroits de fes ouvrages-, apres avoir expliquela maniere dont les trous font formes entre les vertebres-, il fe contente de dire que la feconde paire fpinale fort entre le premier & le fecond fpondile , & fe diftribue aux muf- cles qui fervent i leurs mouvemens & ^ ceux de la tcte fur I'atlas. La def- cription qu'il fait de la troifieme paire, eft plus dctaillee; fuivant lui, plu- fieurs de fes branches fe ramifient dans les mufcles des joues & dans les extenfcurs de la tete; quelques-uns fe portent le long du cou, & le joi- gnent avec ceux de la feconde & quatrieme paire-, enfin il en eft d'autres qui fe perdent dans les mufcles du cou & de la tete, & dans la partiepof- lerieure de la region auriculaire. Les defcriptions qui en ont ete faites par les Arabes , font bien infe- rieures \ celles de Galien -, plufieurs ont meme abfolument oublie ces nerfs dans leurs ouvrages. Luitilement encore , on couful'teroit les anatomiftes des Xiiie. & xiys. fiecles-, 'A peine en trouve-t-on les nom.s dans Mundi- nus , dans Achillinus & dans Alexander- Benediclus. Charles Etienne eft le premier qui, depuis Galien, ait parle de ces nerfs avec une certaine precifion-, cet anatomifte traite , dans un chapitre particulier, des paires cervicales ; il rapporte la defcription de Galien qu'il commente , & il de- crit deux rameaux fournis par la feconde paire fpinale, & qui fe diftri- buent, I'un aux mufcles qui font au-deffus de la premiere vertebre, I'autre 4 «eux de la raachoire, & i ceux qui font fitues aux environs de I'os pier- reu'x. La troifieiiie paire a auffi felon lui deux rameaux-, I'un eft anterieur & fe porte vers le bas de la region cervicale , I'autre fe divife dans les nnifclcs pofterieurs; il remarque que la premiere & la feconde paires naif- fent plus en arriere que les fuivantes, & dans fes planches les rameaux qui inontent \ la tcte font affez bien exprimes. Nicolas Maifa, qui vivoit dans le meme temps que Charles Etienne, n'a pas decrit les nerfs du cou auffi bien que ce dernier-, & tous deux ont cte furpaffss par Vefalc , dont le livre parut quclques annees apres : cet auteur decrit les nerfs du cou fort au long; ce qu'il dit fur la niatiere dont la feconde paire fort entre la premiere & la feconde vertebre, eft de la plus grande exactitude-, \ fa fortie, elle fe divife en deux rameaux-, le pre- mier fe porte vers les mufcles anterieurs du cou -, le fecond qui eft le plus gros, fe joint avec un rameau de la troifieme paire, & tous deux fe diftri- buent ^ la peau qui eft derriere les oreilles, jufqu'au vertex & dans Jes troifieme & qu itrieme mufcles de la tete. La troilieme paire des fa naif- fance fe fepare en deux branches ; I'une fe diftribue pofterieureraent dans DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. 41^ les mufcles du dos & de la tcte , & fur les cotes de la region cervicale -, — im^— — I'autre (e fubdivife cii quatre nerfs , dont le premier fe porte vers le fe- . CQiid mulcle du cou ; le (ecoiid fe joint i la quatrieme paire , le troilicme ■" h la (econde, le quatrieme fe termine dans le relcveiir de romoplate, & Annie tilt. dans les mufcles qui s'infcrent aiix apopliyles tranfverfcs; entin leur naif- lance & leur divilioii lout alTcz reconnoillables dans les planches que cei auteur a publiccs. ■ Depuis cette cpoque jufqu'i Willis, I'liiftoire des nerfs & des vifceres a ete tres-negligce -, il fcmble que I'on ait oublic les travaux de Charles- Etienne & de V^fale : Ambroife Pare paroit cependant avoir conlultc ce dernier , au moins la planche qu'il donne de ces nerfs reffemble beaucoup i cclle de cet anatomifte ; mais la defcription qu'il en fait eft nioins exac- te ■, il dit feuiement, que cliacune de ces paires a deux rameaux , & que ceux de la feconde, unis avec un rameau de la troilieme , voiit au cuir chevelu & aux xiiufcles poft^rieurs du cou : nous obferverons que fa nia- niere de compter les paires cervicales eft particuliere-, il n'en aJmet que lept, quoiqu'il compte la dixieme pour la premiere, parce que la pre- miere paire dorfale ou du metaphrene fort, felon lui, entre la feptienis vertcbre du cou & la premiere du dos. . Colombus ,: dojit I'ouvrage a ^te publie quelques annces avant celui d'Ambroife Pare , decrit des rameaux qui , de la feconde paire fpiiiale , vont ^ I'oreille, ^ la peau du cou & au cinquieme mulcle du larynx ^ cote de la dent ou (econde vertcbre-, il ajoute que. la troilieme paire fe divile en quatre branches principales & en plulieurs autres plus petites : la defcription, qui eft fort fuccincle, femble ctre un abrege de ctlle de Ve- fale; mais on ne pent lui refufer la gloire d'avoir connu les principales branches de la troilieme paire cervicale •, c'eft au moins ce que I'on pent conjeifturer , & d'apres fa defcription, & d'apres ce qu'il dit en finillant, avec une forte d'enthoulialme : Adeb pulcherrima ejl hujus tertii nervorum conjugii dijhibutio. . 'A: -^t: Depuis Colombus Jufqu'i Dulaurent , il s'eft pafle plus de la moitie d'un liecle fans que I'on ait avance I'hiftoire des nerfs du cou; on n'ea oblerve que les troncs dans les planches d'Euftache -, & li Ton cnnfulte Fallope, Vidus-Vidius , Volcherus Coiter, Picchnlmini & Galpard Bau- hin, on trouve que prelque tous, ou n'ont fait que les nommer, ou que, comme Dulaurent, ils fe (bnt contentes de dire que plulieurs rameaux de la feconde paire, vont h I'occiput & h la face, ce qui n'eft pas tout-k- fait conforme ^ la ftrudbure an.itomique de ces parties , & que ceux de la troifieme paire fe diftribuent dans les extenfeurs & dans les flechiffeurs du cou. Les anatomiftes qui ont icrit dans le coramencement du dix-feptieme fiecle, n'ont pas ete plus exafts : Riolan & Courtin parlent d'une maniere tres-vague de quelques nerfs qui vont i la tete & au cou : Spigel, Thomas Bartholin , Wellingius & Wnnhorne mtritent le meme reproche. Dieraer- brocck diiant' la, dire(5l:ion du mafto'idien •, les autres enfin fe contonrnent fur fon bord pofterieur , & fe dirigent vers la region auriculaire. Nous fui- yrons ces branches les unes aprcs les autres •, mais auparavan: d'aller plui loin , nous croyons devoir faire mention de queiques entrelacemens ou plexus; nerveijx , qui le trouvemt derriere le fterno-mafto'idien. Le pre- mier eft forme par la rencontre du nerf acceffoire, avec deux ou trois branches de la troilieme paire cervicale ; les difterens points ou ces filets fe reunifient, font legirement applatis-, deux ou trois marchcnt paralleled nient avec I'acceffoire auquel ils s'uniflent, & ils font croifes dans leur dire<2;ion par une autre branche dont la rencontre avec les precedentes forme un ou plulieurs triangles : c'eft de cot eiitrelacement que naiffent Jes rameaux poftericurs & infcrieurs de la troilieme paire cervicale. II re- fulte de ces recherches , que ce nerf efl: ceiui avec lequel 1 'acceffoire con- traifle I'union la plus intime & la plus multiplice , & fi i'on fe rappelle que I'otigine de I'acceffoire dans Tinterieur du conduit vertebral , rcpond ^-peu-pres \ celle de la paire de nerfs dont il eft queftion , on s'appercevri ailemc;it qu'il etablit de chaque cote un cercle de communication lym-; pathique, dont le niechanifme & les rapports cachent affureraent quelque myftere, ' Le deuxieme entrelacement eft tres-voifin du preinjer ; il fe rencontre dans le lieu oii le tronc des nerfs auriculaires fe recourbe pour fe porter vers I'oreille : c'eft dans ce contour que plufieurs filets nerveux fe cotn-r pliquent enfemble, & c'eft de leur melange que fort une grande partie des rameaux nioyens & anterieurs de la troifieme paire cervicale , dont nous allons maintenant achever de decrire les ramifications. Les rameaux pofterieurs font 1". une branche nerveufe que Ton peut •ippeller du nom de petit nerf occipital , pour le diftinguer du fous-occi- pital ou occipital profond, du grand occipital & de I'occipital moyen , dont nous avons parle plus haut. II eft place fous le fplenius, plulieurs de fes filets communiquent avec L* premier entrelacement, & ils fe joignent avec I'accelfoire : queiques- uns d'entr'eux (e diftribuent dans le fterno- inafto'idien ; d'autres vont z\\ fplcnius & i la pointe fuperieure du tra- peze, oil ils rencontrent le petit occipital du cote oppofe-, ces filets com- muniquent d'ailkurs- avec le rameau de la fcconde paire, que nous avons appellc du nom de cervica pojlineur. 2-. Le nerf de la troifieme paire cervicale, donne en arrierc cmq ou ivs. rameaux, dont les plus poftc. Tome XVI. Fartie Frangoijc. Ggg ^16 A B R E G ]£ D E S M £ M O 1 R E S i '? ,— — — — rieurs fe joignent avec I'acceflbire pres. dii fecond entrelacement : Ceiflc-ci marchent obliquement , en fuiVant la direftion dCs fibres du trapeze , M- ^'qnel ils fe diftribuent en partie, & ils fe melent encore avec les divilioti* Antiie tJjJ. <^^ I'acceffoire & avec les branches de la quatrienie paire. Qiielques aUtreS rameaux , egalement confondiis avec ceux de cette meme paire de nerfs-, s'ettndent vers lextrdmite fcapulaire de la claviciile ouplufieurs entou- rfent les afteres & les veines en fotnie d'anfe-, les autres donncnt des filets aux fcaleiies, & ils fe ramifient fous la peau qui recouvre la' clavicule eti croifant la direction de cet os; ils communiquent avec les paires dorfife fupirieureS & avec les ramedux thorachiques. des-paires cervicales inf«- licures 5 ils setendent memejnfqu'i I'extremiti fternale de la cUviclile, & en paflant derriere cet os , qiielqucs filets vont Jufqu'au mufcle fous- davier : fai toujours donnc les TJoms ds fcapuiairts St de davimlair^ "k ces ditFerens nerfs. ■ -.Les rameaux moyens de k troifieme paire cervicale, naiflent d'uiU'grbfc rierf, qui, aprcs avoir forme en partie le deuxiemeei»trelatement, remoBte vers I'oreille en croifant le mufcle ftemo-^maftoidien ; il fe divife en deux branches prtncipales-, la plus aaterieure doniifcdes filets ^ la parotide & \ la peau. qui la recouvre-, il en donne aufli ^ I'extremit^ arrondie qui ter-^ mine en devant le cartilage de I'oreille. La branche polWrieure foarnit un rameau a la partie ant(5rieure de la conque qui eft percee pour lui donner paflage •, die en donne un ferond ^ la partie convexe & poft^rieiire de ce meme cartilage , & un troiiieme ^ la peavi qui fe trouve dans la region niafto'idienne. Je connois ces rameaux fous les noms de parotidiens lup£~ tieuTs ■, d'auriadaires anterieurs & pojUrieurs , & de n^rfs mnjhtdiens ;■ lis communiquent avec les petits nerfs occipitaux & avec les nerfs tem- poraux de la ieptieme paire : j'ai fuivi trcs-diftindtement , & plufieurs fois, dans I'epaiffeur de la parotide , des rameaux de la troiljeme pair* cervi- cale, qui, quoiqu'affez confiderables , fe confondoient avec des branches du petit fympathique. Les rameaux anterieurs de la troifieme paire cervicale, partehttoUS'd''uo ♦rone moyen , moins confiddrable , ^ la verite , que celui des rwrfs awri- ciilaires -, cc tronc eft divife pour I'ordinaire en deux branches , qui, avant de fe feparer , fonnent fur le bord anterieur du fterno-maftoidien un en- trelacement aflez ctendu : un filet en forme d'arcade, -en fe portant d'un trotc ik I'autre, compofe pluiieurs mailles ou refeaux^ la premiere branche -qui en rdfnhe fe dirige vers la parotide, ou elle donne cinq ou fix nerft tres- minces, dent vni s'eleve affez pour fe porter jufqiiau lobule de I'o- reille, ou il fe joiint avec des filets auriailaires anterieurs^ iln alitre , egalement c^li^, fe diftribue dans la peau qui eft fitue devant roreille; les ^litres rameaux qtii naiffent de cette branche , & que je coniwis fous le nom de aerfs parotidiens infirieurs , remontent , €n formant xin angle aigu fupdrieurement dans lepaifleur de la parotide, Jtifques aupr-es du tronc du petit fympathique; quelques-uns meme fe diftribuent ^ la card- tide, de forte qu'il fe fait dans cette j-egion, €ntre les «»erfs auriculaines ■anterieurs, les parotidiens fuperieurs, les nei-fs de la feptieme pMre,'leis N A T O M I E. DE L'ACADEMIE KOYALE: DE& JvCtENCES. 41b ramcuTx de l.» cinc]ui«me, & cenx qne nous venons de dccrire, urte com-'i plication dont il nous feiuble t^ne Ton r>'avoit pas donne une defcription , alFez erxi£ke. La ckuxieme branche qui fort de I'entrflacehrtnt irerveux antecicur, fe divife en deux raimeaux fubalternes i le plus elev'c donfiti un Annie ijjf- nerf qui remonte vers la fepfteme paire, & qui communique fi intimi- ment avec elle, qu'il paroit concourir egalement pour donner naillaiice aux filets qui, vers ie trou mcntonnier, je joigiietit avec le nerf maTiIIaire de la cinquieme paire du cerveau 5 il fe place enfuite le long & au-deflbui de la machoire inferieure, oii il'fournit des nerft an peaUcier, au digaf- trique, ^ quelques-uns des mufcles releveurs de I'os hyoide & aur glandeS maxillaires : celui-ci communique avec les di\'ilions intcrieures de la fep- tieme paire, av^c fe nerf acceiroife du maxill'aii*c de' la cinquieme paire, & avec la neuvieme paire du cerveau •, il peut etre appellc du nom de nerf foas-maxillnife de la troifieme paire cervicale. Le rameau inferieur de la deuxieme branclie fur la region anterieure du cou , donne dei nerft tres-minces qui fe rencontrent en formant des mailles trcs-etendues , & qui font fituees en grande partie dans lepailfeur du mufcle peaucier, oii bien entre ce mufcle & la peau •, quelques-uns- de ces perils nerfs entou- rent la juguiaire , & Ton ^n trouve une affez grande quantits jufqu'i 14 hauteur du larynx : au-delTous de la failiie fait? par le cartilage th)Toide, ils deviennent de plus en plus minces & ti5nus ; on les detruit d'autaiit plus aiftment dans la difledion , qu'il eft tres-difficile de les diftinguer fans une attention extreme , d'avec le tifiii cellulaire. J'ai vu plulTeurs foii ces petits filets nerveux , colics fur les lames du tilTu muqueux : ie rod fuis convaincu qu'ils font fenfiblement applatis, il eft mtme poffible de les fuivre jnfqu'^ la clavicule & auftemnm, ou ils communiquent avec les nerfs clavicuiaires & avec les jugulaires profonds 5 ceux-ci peuvent rece- voir les noms de fous-cutanis du cvu ou de jugulaires cutancs. Tel eft' le diveloppement des principales branches &'dcs rameaux: des deuxiemd & troifieme paires des nerfs cervicaux-, quoique cette defcription foit longae & compliquee, nous fommes perfuades que par le fecours des di- vifions ctablies & de notre nomenclature, il fera non-feulement facile den apprendre la diftribution , mais encore de les preparer' foi-memej pour le faire avec fucccs , on doit commencer par la dillciftion deS troncs' auriculaires qui conduifent adx divilions placees le long du bord pofti- rieur du fterno-maftoidien : les branches nioyennes qui croifent cei mnfcle , & dont on decoovrira en msme-teinps I'origine, meneront aux' nerfs jugulaires curan^s, aux rameaux' fous-maxillaires & aux nerfs paroti- diens infcrieurs. Revenant enfuite au bord poftdrieur du fterno-mafto'i- dien, on diffequera les difSirens pleruf nerveux & fes communications avec I'acceffoire : le petit occipital fe trouvera enfuite tfb-facileirient : en foulevant le fterno-mafto'idien en arriere , & apres avoir diirsqne les tetes du mufcle angulaire, cmi trouvera fans peine le nerf occipital moyen : on 1)ourra enfuite s'occuper de la preparation des nerfs fcapulaires & davicu- lires : en foulevant le bord anterieur du fterno mafto'idien , les commu- nications des deuxieme Cc troilieme paires cervicales avec rhyppoglolTe ^ Cgg ij 410 ABREGEDES ME MOIRES — ■^'**^'^— les nerfs thyroidiens & jugiiLiires profonds, fe prefenteront ^ robfervateur. A , - L'arcade fuperieure de la troifieme paire meiiera neceffairement i la fe- ' conde , dont il fera facile de fuivre les divifions anterieures & pofterieures ; Anjiie I'J'J'J. on troiivera alors le grand nerf occipital; enfiii, en detruilant Tinlertion inferieure du fterno-mafto'idien , & en le relevant etifuite, li Ton a fait cette dilTedtion avec tout le foin poflible, & li I'acccffoire & les divifions principales de la quatrieme paire cervicale lent preparees.en meme tenips^ on appercevra fur le cote du cou une quantite de nerfs fi confiderable, & dont les entrelacemens font li varies, que Ton ne peut les voir fans ctonnenient. Troisibmb P a R T I e. Pour terminer I'hiftoire des nerfs de la deuxieme & de li troifieme paire cervicale , il ne nous refte plus qua expofer ce que I'experience a appris fur leurs principaux rapports avec les autres nerfs du corps humain : conime ils font places fur les cotes du cou , oii ils communiquent avec I'intercoftal & avec prefque toutes les paires de la bafe du crane,, il n'eft pas etonnant qu'ils foient afFeiftes dans un grand noinbre de circonftances. La pratique medicinale offre en effet affez frequemment des phenoiaenes dans lefquels il eft facile de reconnoitre leur influence. Huxam conipte parmi les fyinptomes des fievres qu'il decrit, un fenti- ment de douleur, de pefanteur ou d'engourdiffement ^ la nuque, quia fou liege dans les rameaux occipitaux de la ieconde & de la troifieme paire cervicale ■, alors tout le fyfteme nerveux en fouffre : mais les deux paires fufdites font principalement afFed:ees dans la premiere periode de ces fievres. Vers le temps de la crife , ce font les nerfs parotidiens qui eprouvent le plus de gene lorfqu'il fe fait un depot dans les glandes qui portent le meme nom : alors tout le cou eft douloureux , & cette fenfibi- lite s'etend jufqu'^ I'omoplate & aux clavicules-, les rameaux fcapulaires & claviculaires de la troifieme paire cervicale expliquent aflJsabieiJ' cette, fympathie. /, ;-:>! di u c;..A\it HofEnann a vu , c& Ton voit trcs- fou vent , les catharres da poumoH. porter leurs effets jufques fur le cou & le rendre douloureux, s'etendre meme jufqu'Sl I'oreille, exciter des tintemens dans cet organe, & fe pro-, pager jufqu'aux narines qui fe gonflent quelquefois : n'eft il pas probable; que , dans ce cas , les nerfs auriculaircfs & tons les rameaux de la froi- ■ lieme paire cervicale jouiffent d'une fenfibilite exceflive, qu'ils partagent avec ceux du poumon, & qu'ils tranfmettent i Ceux du bras? Le dofteur Hilari & les medecins de I'hopital de la Charite de Paris , ont foHvent obferve que les malades attaques de la colique des peintres , reffentent une douleur affez forte au-deffus de I'epaule & dans les muf- cles voifins. On en peut trouver la raifon dans la communication des nerfs cervicaux avec I'intercoftal & la moelle ^piniere, qui, comme le remar- que le dodteur Monro , paroit etre principalement affedee dans cette ma- kdie. Pifon , appuyi de I'autorite de prefque tous les praticiens , a iait •, e ti ^ ' DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. 411 one I'h^patitis eft accomp.igne d'une doiileiir entre la premiere vertebre 1— — ^—— dii con, & le haiit de I'epaiile •, ce cju'il eft poflible d'expliquer par les . comnninications du nerf plirenique avec les paires cervicales, oil par celle ^ N A t o m 1 e. de I'intercoftal, qui, ^taiit affede dans le plexus h^paliqiie , peut reagir ytnn^e I77"7. fur les nerfs les plus voilins de (on premier ganglion. ' ' ■" Van-Swieten a vu plufieurs fois la toux ctre un fymptome de la den- tition , fans que la poitrine eprouvat d'ailleurs aucune douleur locale , ni aucun fentiment de gene & de pefanteur; on peut rendre une raifon trcs- fatisfaifante de ce phenomene, en fe rappellant les communications de la deuxieme & de la troifieme paire cervicale, avec la portion dure du nerf auditif, & avec quelques rameaux de la cinquieme paire du cerveau : ce font les memes communications qui, comme Monro I'a tres bien remar- que , expliquent pourquoi le ris fardonique fe manifefte, lorfque le dia- phragme eft atJede, & pourquoi Ton fait quelquefois ceffer leternuement en fe pin^ant la bafe du nez. On obferve fouvent dans les femmes hyfteriques un fymptome qui n'a point echappe i Willis. Plu(^eurs , apres I'acces , ont le con comme brife •, j'en ai connu une qui, dans le moment du fpafme , dprouvoit une douleur femblable i celle que cauferoit la rupture de plulieurs fibres le long da tou.]Tousces fymptomes font evidemment nerveux, & doivent etre rap- portis aux branches tres-nombreufes de la troifieme paire cervicale , qui sYtendent dcpuis I'omoplate & la clavicule, jufqu'k I'occiput , & jufqu'au- defUis de I'oreille : c'eft aufTi pour la meme raifon que les doulcurs que Ton reflent dans cette derniere partie, ainli que celles que les dents font iprouver , s'etendent quelquefois fur toute la partie laterale du cou , qui devient alors beaucoup plus fenfible qu'^ I'ordinaire. On lit dans la biblio- theque-^ratique de Mauget , qu'un pois introduit dans I'ouverture exte- lieure de la conque, a caufe des douleurs au cou, & meme au bras du meme cote, qui ont etc fuivies de convullions. Des phenomenes ^-peu- pres femblables ont eu lieu , iu rapport de Hilden , une boule de verre ayant etc introduite dans I'oreille externe', dans I'efquinancie , tout le cou eft douloureux, & les bras participent meme quelquefois h cette fenhbi- Hte. L'inflammation de I'oreille eft fouvent accompgnee de la toux, & j'ai obferve plufieurs fois que la feule irritation de la face interne de la conque excite le vomiffement dans les enfans attaques de la coqueluche. On a vu un coup applique fur I'epaule , faire perdre I'ufage de la parole-, & Monro rapporte qu'une irritation un peu forte vers la prtie fuperieure du dos & au-deffus de I'omoplate , on un veficatoire appliqui dajis cette region , font ceffer le hoquet fur le champ. On ne peut meconnoitre dans tous ces cas les commumcafions des nerfs de i'oreille, avec la huitieme paire du cerveau , & celle de la deuxieme & troitieme paire cervicale , avec le grand nerf hyppogloffe , avec le nerf intercoftal; avec les nerfs dii larinx & avec les diaphragmatiques. Je pourrois citer un grand nombre de faits , qui tons prouveroient la grande etendue des rapports qui uniffent les deuxieme & troitieme paires cervicales avec les autres nerfs du corps humain. 11 femble qu'clles I'oieni 411 ABRHGE DES MEMOIRES I, ,11 1,1 _ ■ _■ deftinees sk entretenir un commerce intime eiitre Ic coii & les autres pari ties; on pourroit fur- tout regarder la troiri?rne paire du cou comme un A N A T o M I ^- jyfjipliatique cervical. II etoit done important de decrire ces deux paires Annie . 7^8. de nerfs avec foin , & d'en connoiti-e toys les rame^ux & toutes les com- tnunications. Hift. Sur Vorgane de I'oiue dans lei diffirens genres d'animaux. V^E n'eft qu'en coraparant dans difSrens animaas les orgajies des fens J ou en general les organes deftines i des fondions femblables, que Ton peut apprendre ^ dlTlinguer dans un organe les parties vainement ti^cef- Ijires, de celles qui ne fervent qui, le petfedionuer ou i I'etendrei c'eft audi le feul moyen de bien reconnoitre i quelle fonftion particuliere cha- cune de fgs parties eft deftinee. En comparant I'organe de I'ouie dans les quadrupedes , les oifeaux, les reptiles & les poiffons , M, Vicq-d'Azir a obferve que fes parties effgn- tielles etoient au moins un offelet, des conduits demi-circulaires, & une pulpe nerveufe : ces parties, en efFet, fe retrouvent dans Torgane de IWie de tous les aniniaux, & ce font les feules qui s'y trouvent conftamment. La conque exterieure qu'on obferve dans rhonime & dans les quadrupe- des, manque dans toutes les autres efpeces-, i la verite, le trou auditif eft entoure, dans la plupart des oifeaux, de plumes rangees circulaire- ment, & avec une difpofition reguliere , qui ne permet pas de les croire, jnutiles au fens de route. Le conduit auditif, cpmmun aux quadrupedes, & aux oifeaux, manque dans plufieurs reptiles & dans les poiffons. Le U-> iTia9on, qu'on n'a obferve que dans I'homme & les quadrupedes, manqu^ dans les oifeaux , mais un conduit droit y fupplee ; au-lieu de trois offe- lets ils n'en ont qu'un , comme dans la plupart des autres genres, excepts dans certains poiffons : mais, par une fingularite remarquable, fi I'organe des quadrupedes eft plus coniplique que celui des oifeaux dans fa ftruo-. ture, & par le nombre des pieces qui le compofent, les parties effentieilesi de loine femblent avoir dans les oifeaux, une perfedion plus grapde •, en forte, qu'^ moins de fuppofer au liraa9on & i la fpirale qui leur manquent, qiielqu'ufage qui nous eft inconnu, on ne peut dire k qui des oJfeatix oil de nous la nature a accprde un organe de louie plus parfait. A sen tenir raeme aux connoifTances aduelles, il fjaroit qu'il y a lieu de croire que. les oifeaux ont I'avantage : en efFet, il n'y a point de differences efientiel- les entre I'puje de I'homme & celui des quadrupedes, & aucun des qua- drupedes n'a, comme les oifeaux , la faculty de chanter, d'apprendre des airs; ainfi I'homme paroit devoir les avantages de fen ouie plutot i fon intel-, ligence qui fon organifation. DE L'ACADEMTE ROYALE DES .SCIENCES, ^i^ M £ M' 6 I R E Annie i;/y9. Sur Ics mouvemens des Cdtes , & fir I'aclion. des Mufcles inter coflaux. i.,ijiq Pm M. ,,S.iA,.:^,A,•^■i^,ii,*.) s ' 1 t'on pent efpirer de parvenir ^ ia connoiffance du m^chanifme fui- lyj^^, vant leoiiel les fon^ions de la machine aniniale s'executent , ce doit ctre jpar k-s recherches les plus exaiSles fur la ftrudliire des parties qui entrent dans fa compoiition , & par rexamen dc la nianiere dont ces parties agif- fent pendant la vie. Le premier de ces moyens a long- temps i\.h. le leul d(M« la phipart des anatomiftes aient fait ufage; auITi n'ont-iis pas autant avance la fcience qu'on auroit pu I'attendre de la multiplicite de leurs tra- vaux , peivdant que les dccouvertes les plus importantes qu'on y ait faites, font dues \ ceux qui les ont employes tous deux. On ne peut done trop Inultiplier les experiences fur Ics aniinaux vivans. Soit qu'elles dctruifent , confirment ou re (Sificnt les indudtions que I'organilation feulc em prefeii- tees, elles ne peuvent quctre infiniment utiles, & conduire ^ la veritc, but unique aiiquel doivent tendre les recherches des phyhciens. Les reniarques qui font le fujet de ce mdmoire, font le fruit de cette forte d'experiences. II y avoit long-temps que j'avois obferve que les dix cotes fup<5rieures s'articuloient d'une maniere un peu differente avec les apophyfes tranfverfes des vertebres correfpondantes. Les facettes cartila- gineufes , creuliJes fur ces apophyfes, m'avoient paru lituees diverfement : les fuperieures regardoient de bas en haut ■, les moyeunes, de derriere en d^-vant, & les infcrieures de haut en bas. Je ne voyois pas quel pouvoit itre I'nfage de cette difpolition , dont perfonne peut-etre ne s'itoit apper- <^, excepte Vefale qui ne I'a pas decrite avec Ion exadlitude ordiiuire. l'6tois trop prcvenu que les cotes devoient ctre entraiiiees routes dans Ic meme fens, pour imaginerque les chofes puHent fe pafler autremenf, niais j'aicte dctrompc par I'examen que j'ai eu occa(ion de faire de ditierentes per- 4bnnes blelfees ^ la poitrine, & que la gene de la relpiration obligeoit \ "mouvoir les cotes arec plus de force qua I'ordinaire. J'ai vu manifellement 4ur celies qui etoient depourvaes d'eniponpoint, que les cotes fuperieures niontent, que les moyennes fe portent en dehors, & que les infcrieures defcendent & rentrent legerement en dedans pendant I'iiifpiration , au-liea que dans 1' expiration , l?s premieres defcendent, les leirondes rentrent eu dedans , & les dernieres remontent & fe portent un peu en dehors ; & ie ii'ai pas eu peine ^ coricevoir que la maniere dont les facettes articuiaires des apophyfes tranfverfes des vertebres du dos lont diipolces, lepoiid \ ces divers mouvemens, & quelle fert k les favorifer. ,! Comme les occilions de cette elpccc ne font pas fort fr^iientes v jffl voulu maffurer depuis I; les cotes ie incuvent.toujours de la aicmc f.t^orij A N A T O M I £. r.-Ar. 414. ABREG6 DES MEMOIRES:. 1 en confequence, je les ai niifes i decouvert fur des chiens vivans. Mes pre- miers effais n'ont pas etc audi heureiix que je Taiirots cru : tnalgre la toi- ture h laquelle ces animaux etoient expofes, la douceur & I'egalite de leur Annie ijyS- refpirauon ne me permettoient pas de difcerner les mouvemens des cotes avec autant de precilion que je Tavois fait fur des hommes malades, & k travers les mnfcles & les tegumens dont elles font couvertes. On fait en cffet que, dans la refpiration ordinaire & non laborieufe, ces os ne chan- gent prefque pas de (ituation , & que les difFerentes dimenfions que prend la poitrine,font principalement dues au diaphragme qui s'abaiffe & monte alternativement. Je delefperois done de tirer auciin frtiit de mes experien- ces, lorfque je m'avifai de faire une large ouverture h travers les mufcles intercoftaux , tantot d'un cote feulement, & tantot des deux k la fois, pour rendre la refpiration de ces animaux plus penible , & pour en accelerer les mouvemens. Je n'ai pas ete trompe dans mon attentc; les cotes fe foni mues avec plus de force & de rapidite, & j'ai vu qu'elles etoient entrai- nees dans des mouvemens difterens , felon qu'elles repondoient ^ la partie fuperieure.moyenne & inferieute de la poitrine, & tous femblables i ceux que j'avois obferves precedemment. Loin done que toutes les cotes foient elevees dans rinfpiration, comme on I'a cru jufqu'ici, les fuperieures feules montent, & les inferieures def- ccndent ■, celles qui font au milieu n'obeiffent ni i Tun ni I I'autre de ces mouvemens, mais elles eprouvent une forte de rotation de dedans en de- hors, qui, quoiqiie communed toutes, eft plus fenhble chez elles que rhez les autres , & qui les portant en dehors , augmente letendue de la poitrine de la partie droite i la partie gauche , & de devant en arriere , pendant que la longueur de cette cavite devient plus grande par lecarte- ment qui fe fait entr'elles : de meme dans I'expiratio.n , toutes les cotes ne s'abaiffent pas, les fuperieures feules defcendent , les inferieures montent, & il n'en eft aucune qui ne tourne fur elle-merae de dehors en dedans, & qui ne fe rapproche de celles qui lavoifinent. Mais ces mouvemens ne font pas egalement marques dans toutes les regions de la poitrine ■■, \ peine font-ils fenhbles ^ fes parties anterieure & pofterieure , au-lieu qu'ils font fort grands ^ fes parties laterales. On pent effeaivement concevoir les co- tes comme des leviers courbes ^ leur partie moyenne , & qui ont leur point d'appui ^ I'une de leurs extrcmites; elles en auroient meme deux, I'un en arriere aux vertebres, & I'autre en dtvant au fternum , fi ce der- inier os n'etoit mobile, & s'il n'etoit porte de bas en haut, & de haut en bas, par les cotes fuperieures, auxquelles il.eft plus intimement uni qu'aiix iiiferieures. De toutes les circonftances que je viens d'expofer, celles qui me frap- perent le plus, lors de mes premieres experiences, furent I'ecartement des cotes pendant I'infpiration & leur rapprochement pendant I'infpiration , parce que I'une & I'autre ne peuvent s'accorder avec I'opinion gcnerale- ment adoptee fur I'ufage des mufcles intercoftaux, que tous les anatomiftes & les phyficiens regardent comme le principal agent du premier de ces deux mouvemens, & prefque comme les feuls mufcles infpirateurs. Com- ment M I DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. 415 tnent en effet ces raiifcles, fitues entre Itrs cores, & ii'ayant d'aiitrcs atta- "^^ ches qu'k leiir pirtie offcufe & h leiir cartilage, poiirroitnt-ils, malgrc la . difpolition didcrente de leurs fibres qui sciitre croilent, les ccarter Ics uncs ' des autres? La plus Icgere attention fuffit pour voir que ccia eft abfolu- Annie 1778. ment impoflible , & il n'eft fans doute p;;rloiine qui leur eut attribue cette fonftion , Il Ton eut micux connu la maniere dent les cotes fe meuvent : aulli remacque-t-on fur les animaux vivans, que les mufcles doiit il s'agit s'alongent dans I'infpiration , non-feiiieinent autant qu'il le faut pour pcr- meitre aux cotes de s'cloigner , mais encore affez pour pouvoir, en quel-, que forte , s'enfoncer de dehors en dedans , ou ils font pouiTes par {4 prtffion de I'air exterieur qui tend ^ fe precipiter dans la cavitc de la poi- trine, au-lieii que dans I'expiration ils le raccourciffent & font en mernc temps chaffes de dedans en dehors. J'ai pluUeurs fois cherche ^ voir fi leurs fibres fe fron^oient alors, comme celles des grands mufcles dont on ex- cite la contraction fur des animaux vivans 5 mais je n'ai pu m'en alTurer d'une maniere aflez pohtive pour rien prononcer a ce fujet. Les mulcles intercoftaux doivent done ctre bannis du nombre des muf-^ cles infpirateurs, pour etre ranges parmi ceux qui operent le retrecilTe- ment de la poitrine , & qu'on appelle mufcles expirateurs ^ puifque leur contraction , ou , ce qui revient au merae , If ur raccourcilTement tend ^ rapprocher les cotes & ^ diminuer les intcrvalles qui les fcparent. Au refte, qiielque extraordinaire que puiffe paroitre I'opinion que j'expofe ici, je pourrois lui trouver des defenfeurs parmi les anatomiftes les plus celebres, li elle n'etoit ctayee fur I'experience, dont le temoignage I'emporte (ur toute elpece d'autorite. En etfet, fans parler de Galien , de Berenger de Carpi, de Francois Bayle, & de plulieurs autres, meme parmi les moder- nes , qui ont penfe que les mufcles intercoftaux externes fervent \ la di- latation de la poitrine ,,& les internes ^ fa contraction; Vefale, Fallope & Borelli, tres-verfe dans les mathematiques qu'il a par-tout appliquies il I'a- natomie, & plus en dtat que qui que ce foit de juger de Taction des par- ties mufculeufes, d'aprcs leurs attaches & la direclion de leurs fibres, penfent que ces mufcles ont un feul & meme ufage, qui eft de retrecir cette cavit^. S'ils contribuent en quelque forte ^ fa dilatation , ce ne peut etre, dit Fallope, que par accident, & parce que chacun d'eux etant at- tache au bord inferieur d'un cote & au bord fuperieur de celle qui Ja fuit , il n'eft pas poflible que la premiere s'eleve lans entrainer en mcme temps la feconde. Les mufcles qui augmentent la capacite de la poitrine , font fans doute difFerens, felon que la refpiration eft lente , douce & naturelle, ou que les mouvemens en font grands, rapides & precipites. Dans le premier cas, le diaphragme eft celui dont TacTaon eft la plus marquee; mais quoique les cotes changent tres-peu de (ituation , elles font cependant fenliblement ^cartees les unes des autres. Celles qui font fupericin-es me paroiffent ele- vees par les fcalenes , & fur- tout par les denteles poftericurs fuperieurs , dont les dentelures s'ecartent d'autant plus des vertebres oil les cotes ont Tome XVI. Partie Frangoije. Hhh 42(5 ABREGfi DES MEMOIRES' mmmmmimammmamm le^f point d'appui , qu'clles devienncnt inferieures, ce qui r^pond fort bicn ^ Ictendue dii mouvement des cotes qui eft moindre i la premiere J\ ti AT o y.1 I ^- ^ ^ I3 feconde, qui celles qui les fuivent julqu'i la feptieme-, de meme ytnn/e ttnS. les cotes infdrieures me fembient abaiirees, tant par les quarres des lom- bes, que par les dentel^s pofterieurs inferieurs. Ces derniers occupent en effet iin plus grand efpace au bord infirieur de la derniere cote, & s'y attacheiU plus loin des vertebres qu'aux rrois cotes qui fuivent en mon- tanf, audi 1' experience m'a-t-elie fait voir que le mouvement de haut en bjs que j'ai obferve fur les cotes infdrieures, eft plus marque \ la derniere, & qu'il devient moins grand dans celles qui fuivent jufqu'^ la cinquleme. C'eft pent etre pour donner aux deux dernieres cotes plus de ficilite \ fe laiffer entrainer en differens fens, qu'elles n'ont en arriere qu'une articu- lation avec les vertebres qui Icur repondent , pendant que toutes les autres en ont deux, & qu'en devant ces cotes manquent de connexion avec le fternnm. Dans le fecond cas, c'eft- i-dire, dans celui oil la refpiration fe fair avec plus de force , les mnfcles dont il vient d ctre parle , font aides par beau- coup d'autres dont il eft inutile de faire renuraeralion , etant connus de tous les anatomiftes, II refulte de ce que Ton vient de dire, que les mufcles qtii fervent au TCtreciffement de la poitrine , font plus nombreux & plus forts que ceux qui la diiatent : en eftet, les intercoftaux , tant internes qu externes , les fterno coftaux , les fous-coftaux, & fur tout les mufcles du bas- ventre, dont I'adion tend i ramener les cotes de haut en bas, I'emportent fur les fcalenes, les denteles fuperieurs, les fous-claviers, & aurres qui relevent celles qui font fuperieures •, mais en cela la poitrine ne prefente rien que ce que Ton voit dans les autres parties de la machine aniraale, oii les muf- cles flechtfleurs font en plus grand nombre & plus robuftes que ceux qui font deftines i I'extenllon : d'ailleurs, comme I'a fort bien remarque V^- fale, il faut plus de force pour la voix, la toux, Teternument, I'expuKion des matieres fecales, celle du foetus, en un mot, pour toutes les fondions qui dependent de I'expiration , que pour I'infpiration. DE rACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. 417 RE MARQUES sun LE MOUVEMENT DES COTES D^NS LA RESPIRATION. ^j^.,^, Par M. B O R D E N A V E. M-i 'action des organes qui fervent ^ la refpiration , a merits Jiifqu'i prsfent ^i„ I'attention des anatomiftes. Depuis Galien jufqii'a nous, cette fondion im- ♦portante a etc I'objet d'une infinite de recherches. On a taclie d'ctablir par I'inlpedion anatoinique , par I'obfervation & les experiences , Tufage des parties qui y lont dl-ftineesi niais, malgre ces travaux , nous croyons pouvoir avancer qu'il y a encore beaucoup de chofes incertaines & beau- coup d'eclaircilTement h defirer. On lait que la relpiration eft compofee de deux mouvemens : I'un d'inf- plration , dans lequel les dimenlions de la poitrine font augment^cs •, I'au- tre d'expiration, dans lequel elles font diminuees. Le premier de ces mou' vemens a ete attribue k I'elcvation des cotes & k leur rapprochement en meme temps, & le fecond a ete regarde comme I'effet de leur abaiflement & de leur ecartement. Mais toutes les cotes s'elevent-elles & fe rappro- chent-elles egalement dans I'infpiration > S'abaiffent- elles & s'^cartent-elles de meme dans I'cxpiration ? C'eft ce que je me propofe de difcuter par- ticulidrement dans ce memoire. La relpiration douce & naturelle pouvant fe faire d'une maniere pref- tflc infenlible de la part des cotes , nous conlidererons fpecialeraent fac- tion des cotes dans la relpiration forte ou forcee. 1. Galien, en traitant de I'ujage des parties (a), aprcs avoir expofe le me- -chanifme admirable dc la nature dans i'aftion de la poitrine, a avance : >} que pendant i'iiifpiration , quelques-unes de fes parties font portees en J5 haut & les autres en bas ; & qu'au contraire dans I'expiratlon, celles » qui ont ete pottees en haut s'abaiffent , & celles retournent au lieu ou elles etoient auparavanr.^ju Jii. • . •■ •■ ' ■'.. ., , / . , ■, ■., . I,;r:. . ■_;]■ (a^piufa ptnivTii, fib.'-Vir', tspyxt.Min^ratajaiiiln'imi/biitmahcBr aJmlrania naturte in T/ioMeis aflione anificia; tiam if in iii/firaiimiius panitint ejus ojias quidem pi'pim J':m, alias ijt» JcorJ7,in ; (f rurjiis i» erpimtioiiibui i/q^ .friiis ieotfim fextbantut , conirA fiir- Jkin tcndcrci jiix nrii mu pirfum ftrtianiiir , tunc in fit/a friftinam fcJem rciati. Hhh i; A N A T O M 1 I. Annie tj'jS. 4i8 ABREGfi DES MEMOIRES — — — — ii^ On n'obferve pas cette diverlite d'.i6tion dans les cotes, k moins qifon . ne regarde comme une efpece d'abiillemcnt, le defaut d'a6tion des der- A N A T o M I £. i^i^jgj faiilFes cotes qui ne fuivent pas lelevation dcs autres : toutes les Ann^e itvS. cotes ont une aftion qui tend h. la naeme fin, c'efl-i-dire, i I'augmenta- tion oil a la diminution de la capacite de la poitrine; mais elles operent cette augmentation on cette diminution, en agilFant d'une fa^on diffcrente relativement ^ leur difpolition. Si toute la poitrine parpit s'^lever en meme temps dans les infpirations fortes , fubites & etendues , ce mouvement depend beaucoup plus de la partie moyenne anterieure des cotes, que de la pofterieure, qui eft rete- nue, par des ligamens courts & forts, & par une double articulation avec Ic corps des vertebres & leurs apophyfes tranfverfes : cette conjondtion , naturellttment difpofee en une dircdtion oblique, eft fi ferme, que, felon les experiences de M. dc Haller, elle peut h peine permettre un mouve- ment egal i la fixieme partie d'une ligne (a); cependant elle n'empec^e pas les cotes d'etre clevees & dejettees en dehors en meme temps. II n'en eft pas de meme de la partie anterieure des cotes -, quoique ter- minee par un cartilage qui s'infere au fternum par une arthrodie (i ferree# qu'on peut prefque douter qu'il en rdfulte une articulation mobile , elle eft beaucoup plus fufceptible de mouvement; ces cartilages qui font an:- gle plus ou moins obtus avec la portion offeufe des cotes, aind qu'avec le fternum , cprouvent quelque changement dans leur difpolition pendant ^ rinfpiration , par I'adtion limultanee de la poitrine, & en confequence I'in- fertion folide des cartilages n'empeche pas que le mouvement ne s'o- pere particulierement ^ la partie moyenne anterieure des cotes. La premiere cote etant plus courte que les autres, & n'ayant qu'une por- tion cartilagineufe tres peu etendue , inferee au fternum immediatement au deffous de I'extremite anterieure de la clavicule.qui y eft contigue, eft ■ h peine fufceptible d'aucun mouvement fenGble , & elle peut etre regar- dee comme fixe , relativement aux autres cotes dont le mouvement eft dirige vers celle-ci. Le mouvement de ces cotes n'eft pas le meme dans toutes-, la fecondc & la troifieme s'eievent peu & s'approcherrt moins vers la premiere pro- portionnellement •, la quatrieme & les kiivantes s'eievent davantage en dehors, & proportion gardee , s'approchcnt plus vers la premiere par leur ■ partie moyenne. Difpofees obliquement pendant I'expiration , elles quit- tent cette obiiquite pour prendre une direction qui approche plus alors de celle d'un cercle , & les angles remarquables ^ leur articulation avec les vertebres 8c le fternum deviennent feulement un peu plus grands. Ce mouvement paroit dependre des arcs pofterieurs des. cotes, dont I'inclinai- fon eft nianifefte , mais qui dans rinfpiration font un peu tirees vers le haut & jfttees en dehors. Les fauffes-cotes dont ks cartilages ne s'infe- rent pas immediatement aii fternum, ne s'eievent pas autant que les VJCaiciJ "les deux dernieres flottantes fe dejettent (implement en dehors. ,:'>-' («^ OjiufiuU aiiat. pag. 86 & 87. DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. 4zy Cette divcrlltc dans 11; mouvemciit des cotes paroit dcpendre de ct ! que Its (upericnires ont fur le corps di's vt-rtcbres de petites facettes arti- . cul.iires fur leiquelles dies font [)liis appuyci-s par la facette iiiferifure , ''' '' '" ' ' par confcqiient plus libre vers le h.uit par la facette fiiperieure. Lcs cotes jinnie 1778. infcrieures, par line difpofition diifcrente, ayaiit Iturs faccttes fupciicures plus appuyees fur le corps des vertebres , rcliftent davantage au mouve- inent vers le haut & s'abaiffent plus aifement (a). De la il fuit que lej vrnies cotes selevent-, que les fauffes, & fur tout les inferieutes , s'elcvcnt peu, & s'ecartent fculement en dehors i on peut meme dire, avcc railon, que les dernieres ne s'clevent point , & meme ne peuvent s'clever , etant retenues par le mufclc quarr^ des iombes qui s'oppofe h ce mouvement; ce qui confirme en quelque forte le fentiment de Galien fur le dcfaut dcl^vation queprouvent les cotes infcrieures , pendant que les fuperieures s'elevent. Le mouvement des cotes eft en general plus remarquabie vers leur par- tie moyenne & un peu anterieure , c'eft le lieu oii elles s'elevent davan- tage •, ce qui doit etre ainfi , leur ecartement etant plus confiderablc en cet endroit. On auroit tort de les regarder comme des levicrs , dont le -centre du mouvement eft ^ leur articulation avec les vertebres , & qui d^crivent des arcs dautant plus grands par leurs extremites , qii'elles en font plus eloignces; Icur diftance n'etant pas parallele dans toute leur eten- due , elles ne peuvent conferver un rapport egal entt'elles pendant leur Elevation. D'ailieiirs , elles ne font point libres vers leur extremite ante- rieure-, les cartilages qui les attachent au fternum, permettent h peine en ce lieu aucun mouvement : elles ne peuvent done etre mues qu'en fai- fant eprouver au cartilage line legere toriJon , qui permet au bord fupe- rieur de la cote de le contourner un peu en dedans , pendant que le bord infericur fe dejette en dehors ; en confequence , elles diminuent I'anglc qu'elles fornient avec le cartilage. Ainfi, le mouvement des cotes, peu coniidcrable dans I'extremite ver- tebrale , encore moins fenfible du cote du fternum , fe trouve etre plus remarquabie dans le milieu de ces os, particuliereraent dans la partie an- terieure voiline des cartilages {b) : c'eft la partie moyenne anterieure des cotes qui parcourt le plus grand efpace ; c'eft elle qui vcritablement s'eleve , pendant que les extremites pofterieures , perdant feulement de leur obliquite , deviennent plus paralleles entr'elles , en ie portant en dehors en meme temps , & etant aind un peu tirces vers le haut , elles font dans un etat violent. L'infpiration forte eft done un etat qn'accom- pagne I'elevation fimultanee des cotes, & dans lequel elles font meme un peu ecarties les unes des autres pofterieurement •, mais le mouvement qui te pafle particulierement vers la partie antdrieure voiUnc des cartilages, (a) V^fale, & ■window, m^moires de ('academic des fciences, annit 1738. pag, 88. (i) Fabmiut tb Aquaptiidtnti , it refpint, (f yiii injlrumtntis , lib. II , cap. VI. A N A T O M 1 B. 45c ABRECfi DES MEMOIRES ; diminue avec lage-, & alors, les cartilages etant diircis & merae ofllfies, la relpiration devient plus leiite & plus difficile. > On pourroit conclure deli, qu'en general dans riiifpiration, la pjitrine ^iini'e T"7S, sugmente ainfi dans toutcs fps dimeniions, c'eft 4 dire, & de capacite & de longueur. Nous conviendrons que la capacitd de la poitriiie augmente dans cet etat , fes diamctres de devant en arriere, & d'un cote i I'autre, dtant plus etendus; mais eUe ne peut augmenter en longueur, la premiere cote etant i-peu-pres fixe, & les demi>.'res fautTes-cotes etant plutot fiit- ceptibles d'lilsvation que d'abaiffement. C'eft ce que I'infpedlion paroit demontrer fur les animaux vivans : fi la longueur de la poitrine augmente interieurenient , cela ne peut etrc que par raplaniffeinent du diaphragnie pendant fa contraction -, & on rrc petit pas admettre avec Borelli, que ce mufcle. contrafts entraine vers le bas la portion offeufe & cartiiagineufe des cotes , ainli que le fteniunii iuxquels il eft attache , pour augmenter la longueur de Is poitrine (a). Autrement , les cotes eprouveroient deux actions contraires pendant I'inf- piration , oil, (i les cotes etoient abaiffees, le dinphragme agiroit comme expirateur. En eievant les cotes pour imiter rinfpiration, on peut le con- vaincre, fur un cadavre, que la poitrine a plus de longueur pendant I'exr pirati6n,;les eotes^tant redcfcendues & ayant repris leur obliquite nar nirtllei-' --' -J '"^b •' '' Fabrics d'Aquapendente a avance que, dans les oifeaux, les intervalles des Cotes font augmentes par leur mouvement vers le haut , & que par leur mouvement en bas , leurs intervalles fe rcff^rrent : Clari conjpicies^ a-t-il dit, ad motum cojiarum jursiim intercoftalia fpatia dilatari, con^ trd verb cojiis deorsiim motis angiiftari [h). Tous les anatomiftes paroif- fent avoir admis ce meme mouvement dans riiomme', niais la difpolition de toutes les cotes n'etant pas egalement folide , & leur diredion , ainfi que leur longueur, etant auffi difterentes, elles ne doivent pas fe mou- voir egalement, ni garder dans leurs riiouvemens le meme rapport en- tr'elles. La premiere cote ^tant ^-peu-pres fixe, le mouvement de toutes lef autres doit fe rapporter vers cclle-ci , en proportion de leur mobilite : b feconde cote , moins mobile que les fuivantes , terminie par un cartilage ailez court, qui s'infere au fternum dans une dire(flion droite, s'approche Un peu de la premiere pendant I'infpi ration, & diminue I'efpace inter-r ■coftal qui les feparoit pendant I'expiration : la troilierat cote, plus mo- bile que la feconde , en s'approch'ant un peu de celle-ci, s'eleve plus en dehors : les chofes fe pafTent de meme de la quatrieme cote vers la troi- fieme, de la cinquieme vers la quatrieme, & ainfi des autres ; en forte que, depuis la quatrieme Jiifqu'aux deruieres , L'intervalle des cotes de- vient plus grand pendant I'infpiration entre leur partie gofterieure, quoi- f a) Dt moiu animaHum , part. IJ. prop. 50. (i) Dt Refpirat. & ejus inftramtiitis , lib. 11. cap. 19. DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. 45: qu'il diminue rccllemeiit entre la partie aiitcrieure k fa jomflion au carti- kgf. Les lixtt-me, fcptieme & huitieme cotes etant i-peii-pres igak-nient . longiu's, s'el*veiit, s'cc.irtjnt egaleracnt, & conferveiit line dircdlion pref- '^ •* t o m i e. que parallcle-, cnfin les trois dernieres faiiffes-cotes ^tant un peu moins Annde t-rySi ftilce(>tibles d'clcvation , s'approchcin moins vers le haut proportionnelle- Hient, fur tout la derniere qui eft retenue par le mufcle quarrc des lom- besi elies fe jetteiit feulcraeiit un peu en dehors. Ain(i nous croyons pouvoir avancer que I'ecartement des cotes n'a pas egaiemcnt lieu dans toutes •, que les trois on quatre premieres fe rappro- chent veritablement dans I'infpiration , & que I'ecartement poftcrieur n'cft remarquable que dans les fuivantes. Cette obfervation ne paroit pas avoir ^te feite, & nous ne connoiflbns que M. Haller qui ait femblc I'indiquer: In univerj'um fuperiara intervalla vidi diminui (a). Pour etablir cette diverlite d'aCtion des cotes, qui cependant tend ^ la mcnie fin , nous avons cru devoir tenter quelques experiences fur les ani-r maux vivans; mais le mouvement continuel de la poitrine dans un ani- mal qui (bufire , peut touvent en impofer, ne permet pas d'obtenir des rcfultats adez certains, & robfervation de la nature ^chappe, pour ainS dire : il n'en eft pas de mcme apres la mort, & des-lors j'ai cru qti'en cet etat je pourrois obtenir des notions plus politives. La vie ctant ter- minee par une expiration , I'inlpedion de I'etat des cotes fur des cadavres Bous a paru plus propre ^ eclaircir notre objet, & k determiner d'une nianiere fixe ce qui doit arrivcr dans I'infpiration , I'une etant un etat con-^ traire de I'autre : or, en examinant des cadavres, nous avons remarque que les vraies cotes etoient ecartdes en devant & qu'elles etoient rappro- chees en arricre; que les efpaces entre la premiere & la feconde, la fe- condc & la troilleme cotes, meme entre la troilieme & la quatrieme, itoient en general beaucoup plus conliderables dans toute leur etcndue ; cnfin que les mufcles interco'ftaux places dans les premiers efpaces, etoient comme diftendus , pendant que ceux qui occupcnt I'intervalle des autres cotes Etoient fenlibleraent raccourcis : les deux dernieres faulfes-coies nous ont paru ecartees, & les mufcles qui en occupent les efpaces comrae tendus. Cette confideratioH qu'il faut faire far des cadavres bien confbrrais i Riorts naturellement , particulierement lur ceux des hommes , nous a paru propre ^ taite connoitre le nvechajiilme de I'infpiration , & a demontrer que dans cet etat les premieres, cotes s'approchent d.ins prefque toute leur etendue ; que les fuiv.intes fe rapptochent par leur portion antcrieure par- ticulierement •, qu'en s'eievant p.ir leur partie moyenne, elles reftenr piu- tot un peu ecartees entr'elles poftcrieurement, & que les dernieres faullt-s- cotes (e rapprochtnt ■, qu'en confequence on ne peut pas dire, comme on I'a avance trup gcneralement , que toutes les cotes s'elevent cgalement & fe rupprochent dans toute leur etendue pendant I'infpiraticiJi, ••■ '"' * -l, ,1 (a j Dant unenote,^*)"/; tltmtnt. torn. HI. p. 25. A N A T O M I E 4}i ABREG^ DESMEMOIRES La poitrine , confideree dans I'etat d'expiration fur deux cadavres femi— nins, a fait voir de meme les cotes ecartees en-devanty meme dans la par- tie carti!a[;ineufe des dernieres vraies cotes , & plus rapprochees dans la Ann^e iTjS. partie pofterieure. L'ecartement etoit plus grand & k-peu-pres egal dans, toute I'etendue , entre la premiere & la deuxieme, la feconde & la troi- fieme cotes 5 il etoit nioindre pofterieurement entre la troifieme & la quar tricme cotes & les fuivantes. Les mufcles intercoftaux etoient tendus en- tre les cotes fuperieures •, entre les autres cotes , depuis la quatrieme en defcendant, ces mufcles etoient reffeirres pofterieurement, & diftendus an- terieurement. Les dernieres faufles- cotes rentroient en-dedans, ce qui eft evidemment I'effet des corps \ baleine, ou des corfets. Malgre cette diverfite d'adlion dans les cotes, il n'en refulte pas moins line uniformite dans le mouvement de la poitrine. Sans entrer dans le detail de la difpofition particuliere de chaque cote , fur-tout des fuperieu- res , dont la premiere eft prefque horizontale , la feconde eft contournee obliquement, la troifieme & les fuivantes font prefque pofees de champ: on con^oit , qu'afin que la furface de la poitrine refte lifle & egale en augmentant fa capacite, il faut que les cotes fuperieures s'elevent & fe rap- prochent , pendant que les autres , en fe dejettant en-dehors , s'ecartenr. Le rapprochement des premieres eft une fuite neceffaire du defaut de mo-i bilitc de la premiere cote & de la contradion des mufcles qui occupent les deux efpaces fuperieurs , & qui, itant trouves tendus fur le cadavre, ne peuvent fe contrader fans diminuer I'intervalle qu'ils occupent. De m^me , les cotes fuivantes vraies, etant plus ecartees en-devant qu'en arriere, ont les mufcles intercoftaux tendus en devant, pendant qu'ils font fenfiblement relaches en arriere -, mais ces mufcles ne peuvent agir & fe contrader en-devant fans rapprocher I'efpace anterieur des cotes, qui fera au contraire ecarti pofterieurement par le changement qui arrive dans 1» continuity de la cote & dans la diredion des fibres des mufcles intercof- taux, qui eft fort oblique en cet endroit. D'ailleurs, I'efpece de toriiou qu'eprouvent les cartilages dans I'infpiration, contribue encore k fayorifer l'ecartement des cotes pofterieurement , aide en ces endroits de I'adion des mufcles intercoftaux. La difpofition des mufcles intercoftaux femble demontrer intuitivement ce que nous venons d'avancer. On voit que le plan interne, qui fe porte obliquement de devant en arriere , & qui remplit anterieurement I'inter- valle des cotes, doit operer prefque feul le rapprochement de la portion cartilagineufe. Le plan externe, en fe portant obliquement de derriere en- devant, prefente en quelques endroits des fibres fi obliques, qu'elles appro- chent prefque de la diredion tranfverfale i & comme en fe contradant, ces fibres diminuent de leur obliquite pour approcher dune diredion plus droite , des-lors elles doivent favorifer l'ecartement des cotes vers la partie pofterieure. Enfin , I'intervalle des dernieres fauli'es-cotes ctant rem- pli par un plan de fibres prefque droit , que forment fouvent fculs les intercoftaux externes, elles doivent ctre un peu- rapprochees. Ces oblerva- tions. DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. 435 tions , que nous failbns en pafiant feulemeiit fur I'ufige des niufcles inter- coftaux , confirment de plus en plus ce que de favans anatomiftes out . avance fur Ullage de ces mulcles pour 1 inlpiration. Le moHvement des cotes eft plus remarquable h. la partie antirieure Sc Ann^e ^7^8. latcrale de la poitrine , que dans Ic refte de leur ctcndue , & il fe palfe plus particuliirement vers Tangle qu'clles ferment avcc Ic cartilage. En eftet, les vraies cotes dtant inclinees de derriere en-devant , excepte les deux fuperieures, leur inclinaifon ceffe dans I'endroit oil clles s'unili'ent avec le cartilage qui rcmonte vers le fternum-, tiles forment ainli un an- gle qui devient moins aigu pendant Tinfpiration , & en conlcqucnce de cetie difpolition , non-feulement I'elafticiti; n.turelle de ces parties, mais encore Tangle qui avoit ete diminue tendant i k retablir , coatribuent ^ produire en cet endroit un mouvement fenlible. Dc-la il fuit , que ce mouvement fe paffe particulierement i la partie moycnne anterieure des cotes, ou Telcvation de leur arc peut aller i quelqucs lignes, & que s'il y a du mouvement vers les cxtremites poftcrieures , ce ne peut etre qu'un iiiouvemL-nt peu fenlible & fur un mcme point. Les cotes etant terminees au fternum , elles lui communiquent une par- tie de leur mouvement, qui, en confequence, eft plus fenlible vers la par- tie inferieure de cet os, lieu ou les cotes ont plus de mobilite. Pendant une infpiration forte, le fternum eft; feulement un peu eleve par fa partie. fuperieure , qui fuit en cela le mouvement peu fenlible de la premiere cote , fans etre jette en-dehors •, mais les vraies cotes , depuis la troilieme Jufqu'aux dcrnieres, qui font fort mobiles, en augmentant la capacite de la poitrine, pendant leur elevation , lui font faire une faillie qui ell: d'au- tant plus fenlible , que le mouvement fe paffe plus pres du cartilage xipho'i- de : ce mouvement eft fort remarquable dans les enfans. Le mouvement des cotes & du fternum paroit plus fenlible cbez les femmes, & non-feulement on peut dire qu'elles ont la poitrine plus mo- bile , mais encore on peut ajouter que la mobilite y eft en general plus remarquable vers la partie fuperieure. Cette difpolition , plus ordinaire ^ ce fexe, peut-elle etre regardee comme une precaution de la nature, qui, dans le temps de la groffeffe, oii le diaphragme eft fort eleve par le vo- lume de la matrice , a voulu fuppleer \ Ion action par le mouvement des cotes? Ou n'eft-elle pas plutot Teffet du mauvais ufage des corps ^ baleine, dont les femmes font ufage pour fe former la taille ; Cette dernicre con- jecture paroit plus fondee. Nous connoiffons peu la conformation de la poitrine des femmes dans Tetat de nature. Accoutumees des Tenfance ^ des corps qui , evaftfs par le haut & refferres par le bas , forment une figure inverfe de celle de la poi- trine, il faut, pendant qu'elles refpirent, que les cotes inferieures n'agilfent pas, ou au moins fort peu; Tadion doit done etre plus conlidcrable du cote des parties fuperieures qui font moins gcnees : les cotes , qui eprou- vent moins de reliltance en cet endroit, fe jettent plus en-dehors, & telle paroit etre la raifon naturelle pour laquelle la poitrine des femmes eft plus Tome XVI. Fartie Franco ije. lii 43+ ABREGfi DES MEMOIRES TSS^aHESSSi brge i h p^rti^ fuperieurc , & plus mobile cn cet ciidroit que cells de*- An ATOMIC. ^°'"'""- JVous avons remaiquc h louvenure dcs cndavres des femmes, que Ion ylnn^e t^yS. dit etre bien flutes k raifon de la finefle de la taille, & qui paient fouvent cet avantage faifbice aux depens de leur vie : nous avons remarque, dis- je, que la poitrine n'avoit pas plus de largeur en bas qu'en haul; que les vraies cotes inferieures etoient plus incliiiees en bas , & beaucoup nioins mobiles qu'elles ne doivent I'etre ; enfin quelquefois meme nous les avons trouvees beaucoup moins en forme d'arc & prefque applaties. D'ailleurs cette difpofition n'eft pas egalement remarquable chez les femmes qui nc portent pas de corps. Nous croyons avoir fuffifamment demontre que toutes les cotes ne s'e- Icvent pas egalement dans I'infpiration -, qu'elles ne s'ecartent pas toutes , V meme que quelques-unes fe rapprochent, & qu'elles s'elevent plus fpecia- lement par leur partie antirieure ou Icur mouvemen: eft plus fenfible ; qu'elles confervent ^-peu prcs la meme diftance entr'elles pofterieurement, ce qui ne paroit pas avoir 6tc affcz obfervc jufqu'i prefent. Les remarques que nous venons d'expofer, font appuyces fur I'infpec- lion rciteree des cadavres ; & nous ferons flattes (i elles peuvent contribuer ^ la perfedion de nos connoiiTances fur radlion des organes qui fervent h line des plus importantes foniftions de riconomie animale. DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. 45, A N A T O M I r. OBSERVATION Ann^e 1778. S U R VNl OUVERTURE F I S T U L E U S E ^ U BAS-yENTRE, PAR LAQVELtl Le Malade rendoit prefque toutes fes urines. Par M. S A B A T I E R. u. N honime d'environ quarante ans , apris avoir eu pendant quclque mcm. temps des diflicultes d'uriner , accompagnees de douleurs all'ez vives , tilt attaqiie, il y a deux ans, d'line fupprellion totale d'urine , pour laqiielle on liii adniinilba tons les remedes connus. II ne tarda pas i fe former ^ la partie moyenne, anterieure & inferieure du ventre, una tiimeur qui tut prife pour un abccs, & dont fouverture fpontanee lailla fortir une gr.inde quantite de pus & d'urine meles enfemble. Des ce moment il le fentit lou- lage ■, une partie des urines reprit ion cours par les voies ordiniires , & I'autre continua de s'echapper par la crevaffe de I'abces qui le retrecit peii- i-peu, & degenera en une ouverturc fiftuleufe, dont !es bords fe fron- cerent comme ceux d'une bourfe. Cette fiftule devint bientot la feule voie que les urines prilTenti mais comme elle tendoit ^ fe retrecir, & que fou- vent mcme elle fe fermoit en entier, le malade eft refte fujet ^ de nou- velles difficultes d'uriner , & ^ des fuppreflions totales d'urine , qui n'c- toient pas ^ la verite de longue dutee , mais qui lui occafionnoient des douleurs plus ou moins fortes. L'ccoulement continuel des urines , qui avoit lieu dans Ifs temps les moins ficheux, lui caufoit des incommoditcs prefque aulU difiiciles a fupporter. J'ai pkilieurs fois efl^ye de lui pafier une fonde djns la vedie , par le canal de I'uretre, perfuade que, i\ je par- venois i rjppcller le cours ordinaire des urines, je les empccherois de fe porter vers I'ouverture til^ileufe du ventre. Les tentatives que j'ai faites i cet egard ont ete infrudueufes : la fonde ne pdnaroit qu'i tres-peu de diftaiice-, & les bougies, au moyen defquelles j'elpirois favorifcr Ion in- trodudion, n'alloient guere plus avant. Dans les derniers temps, il etoit rare que Ic malade rendit quelques gouttcs d'urine par la verge. A la fin, ii a uiccombe aux douleurs, aux iiilomnies & ^ la fievre lente que foii I i i ij 45« ABREGE DES MEMOIRES I iig^M^— iiiBrmiti^ Iiii caufoit. L'ouverture de Ton cadavre m'a fait voir quelle de- . pendoit de la prelence d'line pierre , qui , s'etant engagde dans le col dc ^ " 'la veffie, etoit enfiii venue occuper la partie membraneufe de I'uretre, en- Ann^e t778. tre la pointe de la proftate & le bulbe de I'uvetre. La yeflie contenoit dlverfes autres petites pierres qui ii'ofFrent rien de particulier. Sans doute que la fuppreflioii d'uriiie, h laqucUe la premiere a donne lieu, aura et6 fiiivie d'une crevaffe h la partie kiperieure de la vedie , & enfuite de I'ab- ccs urineux dont il.a ete parle au commencement de cette.^obfcrvation, L'ouverture qui en eft reiiilt^e , fe voit k la partie la plus elevee de ce vifcere prcs I'ouraque •, elle communique avec la fiftule des tegumcns, par un canal de deux travers de doigt de longueur. II y a quelques exemples d'ouvertures fifluleufes au voifinage du nom- bril, par lefquelles Ics urines fortoient. Cabrole a parle d'une jeune de- inoifelle qui rendoit toutes les (iennes par cette voie, parce que I'orifice de I'uretre ctoit ferme par une membrane contre nature. Chefelden dit tenir de gens dignes de foi, qu'un jeune enfant, dont les parties genitales extcrieures manquoicnt, etoit dans ce cas. Littre a vu deux perfonnes qui avoient une fcmbl.ible infirmite : I'une d'elles etoit un garcon de douze ans, dont le col de la veilie etoit bouche, & chez qui I'ouraque s'etoit maintenu en forme de canal : la feconde etoit un homme de trente ans, qu'il penfe avoir eu quelqu'obftacle naturel au col de la veflie, mais dont il I, 'a pas examine les parties apres la mort •, ces deux malades avoient toujoiirs urine de cctte maniere. Littre ajoute avoir diffeque le cadavre d'un jeune homme de dix-huit ans, chez qui le col de la veffie etoit oc- cupe par une pierre, & qui avoit I'ouraque ouvert dans une longueur de cinq travers de doigt : d'ou il conclut, que la nature cherchoit i procu- ier aux urines une iliue qu'elles ne trouvoient plus par les voies ordinai- res; mais en nieme temps il juge que cela ne pent arriver que chez les jeiines gens , dont I'ouraque n'eft pas encore trop fortement deffcche. Fa- brice de Hilden fait mention d'un homme parvenu i I'age adultc, de qui le nombril s'etoit ulcere h la fuitc d'une ifchurie, & qui rendoit des urines par cet endroit, d'une maniere continue, & non goutte k goutte. On trouve enfin dans I'hiftoire de I'academie de chirurgie, tome III j I'ob- iervation d'un homme de trente- deux ans, dont le nombril s'cft ouvert lout-^-coup en pareille circonftance, & qui a continue pendant quelque Xemps k urincr i la fois par la fiftule qui s'y etoit etablie, & par la verge; mais cet erat n'a pas etc de longue duree, parce que le malade ayant cefle les efforts qu'il favoit procurer I'expullion de fes urines par le nombril, elles ont repris leur route ordinaire. Ces deux faits , & celui que j'ai I'honneur de mettre fous les yeux de i'academie, font les feuls qui me i'oient connus, ou les urines fe font fait jour par une ouverture au ventre en des perfonnes parvenus h Tage adulte. lis ne prouvent point que I'ou- raque fe foit dilate pour leur donner ilfue ; mais la poffibilite de cctte di- latation eft fuffifamment etablie par les obfervations de Littre. Si j'euffe pu porter la fonde jufxju'au lieu que la pierre occupoit, ou que j'euffe ea DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. 437 d'.iiitrcs indices affures de fa prdfencc, il eft vraifemblable qu'en rendant ^^^«i^^^^ aiix urines la facilitc de sccouler par les voies ordinaires, an moyen de fon extradion , je les aurois detoiirnees de la route cju'eiles s'etoient pra- A n a t o m 1 1. tiquce, oil que du moins j'aurois conllderablement diminuc la quantitc de Ann/e 177* eelies cjui s'y portoient. Peut-ctre aiifli qu'en incifant le trajet fiftuieiix * qui leiir donnoit iffiie, & en diminuant ainii de fa longueur, j'aurois rendu leur excretion plus facile, & calme les douleurs dont cette excretion etoit accompagnee ; mais j'en ai etc retenu par la circonfpedion que la raretc du fait a dii naturellement m'infpirer. Ne pouvant efperer de giicrir ce nialade, ce m'eut ^te une confolation bien grande de pouvoir rendrc foD exillence moins pcnible , & d'en prolongcr la diiree. M. SUR L'ORGANE JD E LA V O 1 X. R. Vicq-d'Azir a infere dans le volume precedent un memoire fur ' I'ouie, ou d'apres un exanicn compare des parties qui conftituent cet or- gane dans les differentes claffes d'animaux pourvues de ce fens, il a dif- tingue celles qui font elfentielles , des parties qui n'ont qu'trne utilite fe- condjire , & dont quelques unes meme , feniblent plutot nuire a la per- fedirion de I'ouie. En eftet il paroit avoir le plus de fineffe & de jufteffe dans les efpeces d'oifeaux qui apprennent li facilement ^ moduler des airs, & dans ces efpeces I'organc eft tres-limple. Le memoire que M. Vicq-d'Azir donne ici fur I'organe de la voix, a precifement le meme objet , & I'auteur fuit la meme marche. II decrit cet organe dans rhomme, dans un grand nombre de finges, dans les quadra- pedes des ditlerens genres, dans les oifeaux, dans quelques reptiles, & A lui prefente nne foule de varietes. On voit dans pkiHeurs efpeces de (inges, des poches membranenfes qui communiquent avec le larynx, & qui fe rempliflant & fe vuidant d'air alteriutivement , fervent ^ former les cris de ces animaux. Le linge hur- leur, i qui la force de la voix a fait donn?r ce noni, a une poche oireufc; I'apparcil lingulier de cet organe eft ici decrit pour la prciuiere fois. Les quadriipedes digites approchent beaucoup plus de Ihomme que la piii- part des iTngcs ; car cet animal, qui au premier coup-dojil paroit li pres de nous, s'en eloigne ^ mefure qu'un examen plus app,ofondi .ipprcnd h le mieux connoitre. On diftingue dans le larynx du chat deux membranes qui formcnt des vibrations lorlque Ton fouffle dans la trachee art.-re , & produifent alors un lonflcment femblable ^ celui que les chats font eu- Ann^e tjjg. Hift. 4 dont I'ouverture etoit pliffee dans fon contour. Deux fcEtus de huit mois ou i peu-pres ont oftert, le premier, les deux tefticules fortis du ventre, la communication abdominalc ctant inter- rompue i gauche & lubiiftant encore ^ droite : le iecond, uii des tefti- cules prct a fortir f: I'autre ii peine dcgage de I'anneau : le guhernaculuni avoit confervc prefque toutc Ion etendue dans le cote qui rcpondoit au tefticuie dont la marche etoit le plus retardee. C'eut hi fans doute une grande faiisfac'tion pour notre fivant anato- milte d'obferver I'ltn ou I'autre tefticuie au moment de fon patfage p^r 4+8 ABREGfi DES MEMOIRES ~ ramieau inguinal ; mais lorfque cet organe s cchappe entre les deux rubanS A ., ■ ^ ^ », . c qui compofe I'anneau, paflant d'uii efpace etroit dans un efpace plus lare^. favoir, la cavitc delhnee a le recevoir, il glilie atiez rapideraent pour que Ann^e zj8o. le moment de ce d^placement foit difficile ^ fai(ir. Depuis la fin du liuitieme mois de conception jufqu'^ cells du neuvie- itie , qui eft la derniere epoque etablie par M. Vicq-d'Azyr , Ics tefticules achevent de defcendre, fi ce phcnomene ne s'eft pas operc plus tot, & rouvertiire de la tunique vaginale fe ferme prefque entierement. II y a encore bien dcs variations dans la marche que la nature fuit en achevant le developpement de ces organes ; mais il eft tres-rare que leur entiere fortie de Xabdomen n'ait pas lieu avant la fin du iieuvieme mois. Dans tous les foetus i terme, M. Vicq-d'Azyr a obferve les tefticules fortis du ventre. II a audi trouve dans tous le mufcle cremajler trcs-eloigne de la place oii etoient les reftes du gubernaculum, d'oii il eft en droit de condurc que ce mufcle eft un corps diftind du gubernaculum. REMARQUES sua LE CANAL THORACHIQUE D E U H O M M E. Par M. S A r. A T I E R. Mim. \_J E s premieres obfervations que Ton ait faites fur le canal thorachi- que , I'ont etc fur des animaux. Euftache , I'un de ceux ^ qui elles lont dues a fort bien connu la fituation , la marche & la terminaifon de ce ca- nal', mais il n'a pu decouvrir I'ufage auquel il eft deftine, parce qu'il igno- roit qu'il fe format dans les inteftins, une liqueur propre 'k fe convertir en fang, & que cette liqueur abforbee par des vaiffeaux d'un genre parti- culier, fut portce par eux dans le torrent de la circulation. Pecquet qui eft venu enfuite, & dont les travaux font pofterieurs ^ ceux d'Azellius, s'eft apper^u que le canal thorachique devoit etre la route que fuivoit la liqueur dont il s'agit , & il en fut bientot convaincu lorfqu'ayant prede les vaiifeaux lades repandus fur les inteftins des animaux foumis A les expe- riences, il la vit fe porter en plus grande quantite qu'i I'ordinaire dans k veine fouclaviere gauche, & de-Ik dans la veine-cave. Cependant, comme Azellius & ceux qui I'avoicnt fuivi, avoient cru que le chyle ^toit con- duit au foie, il crut devoir multiplier fes recherches fur beauconp d'ani- maux de difTerente efpece , avant d'annoncer aux favans I'importante de- couverte qu'il venoit de faire. Plus heureux que Harvee, qui vingt ans auparavant, avoit fait connoitre que le fangcircule dans le corps, & que chilTe DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. 449 diaffi i chaque inftant du coeiir dans les artcres , il y retourne par les ■— — ' veines, Pecquet n'eprouva prefque point de contradidions-, au contraire^ n a t o m 1 e les anatomiftes s'emprcflcrent de verifier cc qu'il venoit d'avancer, & les obfervations fe multiplierent de toutes parts. On ne fe contents plus, Ann£( tjSo. conime on I'avoit fait dans les premiers elTais , de chercher le canal tho- rachiqne fur les quadrupcdes ; on ctudia fa difpolition fur rhommc , & quoiqu'il fut plus diftcile h rencontrer , parce qu'on ne I'y trouve, pour le plus fouvent , que dans I'etat de vacuite ; on parvint h le bien connoi- tre. Le lien ou il commence & celui auquel il fe termine, la maniere dont il eft forme, la diredion iiu'il fuit, les inflexions qu'il foufFre, fa divi- fion en plulleurs branches, les valvules qu'il renferme, les vaiffeaux lym- phatiques qui viennent s'y rendre , enfin la fa^on dont il finit furent de- termines avcc aflez de precilion. Depuis long-temps on a peu ajoute aux connoiffances acquifes fur cet objet, & h Ton excepte les recherches dc M. Portal fur le canal thorachique, inferees dans les mcmoires de I'acade- mie, pour 1770, il n'a rien ete public qui merite I'attention des anato- ftjiftes. Je defire que les rem.irques qui fuivent, leur paroitTent utiles. Le canal thorachique prend ion origine tantot plus bas, & tantot plus haut ; j'ai quelquefois commenc6 h I'appercevoir vis-^-vis la reunion de la feconde & de la troilieme vertebre des lorabes , & quelquefois adH vis-i-vis la douzieme de celle du dos-, mais pour I'ordinaire fa partie la plus baffe repond ^ la premiere vertebre lombaire , fur le milieu de la- quelle il eft couche, k la droite de I'aorte, Sc derriere le pilier voiiin du diaphragme. Sa groffeur en cet endroit varie confiderablement. II y a des fujets en qui il eft fort dilate, de forte que Ton pourroit dire qu'il com- mence par une poche , ou par un refervoir tel qu'il fe rencontre dans les quadrupedes , & tel que Pecquet I'a decrit d'aprcs eux. Dans d'autres fes dimenfions font moindres , & le calibre qu'il prefente ne s'eloigne pas beaucoup de celui qu'il doit conferver dans le refte de fon dtendue. Lorf meme qu'il paroit le plus gros , il emprunte fouvent fon volume de glan- dpc tymph:itirinp<: /t de vaiffeaux de la meme efpece , replies les uns fur les autres, & raffembHs par un tillu cellulaUt & grcii(Tpnx; fa fnrf.ice, loin d'etre unie , fe trouve inegale ou boffelee comrae celle du colon , oil mieux encore comme celle des velicules feminales. Aprcs qu'il a parcouru un ou deux pouces de chemin , il fe rdtrecit fenliblem.ent , & perd fes boffelures & fes inegalites; mais il devient fiexueux, & continue de I'etre dans tout le refte de fon etendue. La maniere dont il eft forme eft un des points les moins connus. On a toujours pcnfe que les- vaiffeaux lymphatiques & lades qui viennent s'y rendre , fe raflembloient en de gros troncs dont les uns s'ouvroient a fa partie infcrieure, & les autres un peu plus haur, le nonibre & la politioii .ir la rate qui eft alors refoulce vers le rein -, mais , comme le volume de a rate eft moindre que celui du foie, & qu'elle fe trouve plus profondc- meiit enfoncee lous les cotes , la reliftance qu'on fent au-delious de I'hy- pocondre gauche, n'eft jamais audi grande qu'elle left du cote droit; ce lont des faits qu'il faut lavoir pour ne pas attribuer \ la rate des altera- tions qui auroient leur liege dans le poumon gauche. Tous les jours on croit fentir , par le tad , des obftrudions dans les hypocondres de ceux qui ont quelque engorgement des poumons ; ce qui fait qu'on neglige de traiter la maladie dont ils font atteints, pour iraiter celle qui n'exifte pas. Les ouvrages de Baillou, Bonet, Morgagni, Lieu- , taud, font pleins de pareilles meprifes; mais aucun de ces auteurs n'en a fait connoitre la caufe par des obfervations luivies & bien conftatees. Autre genre de meprife qu'on commet frequemment, c'eft de croire le foie malade toutes les fois qu'il y a jaunilfe : il eft vrai que cette ma- ladie furvient dans beaucoup d'aftedions du foie; mais comme il y en a qui ne font point fuivies de jauniffe, ainfi que I'ont prouve M"- Morga- gni , Lieutaud & divers autres Medecins , la jauniffe furvient \ des fujets qui ont le foie tres-fain , & chez lefquels la fecrction de la bile fe fait dc la maniere la plus reguliere. Nous nous fommes allures, par diverfes obfervations, que la bile pene- tre quelquefois des inteftins grcles dans les vailfeaux lades, d'ou elle par- vient dans le fang & dans les diverles parties du corps humain , auxquelles elle donne vraifemblablement une couleur jaune plus ou moins foncce : j'ai fait i'ouverture de diverfes perfonnes qui avoient peri a la fiute de quelques maladies du canal inteftinal, telles que le volvulus, les hernies avec etranglement ; les conftipations qui proviennent des engorgemens des inteftins par des matieres fecales, par des obftrudions qui compriment on retreciffent le canal inteftinal ; la bile trouve alors iin obftacle qui s'oppofe i fon libre cours , s'inlinue dans les vaiffeaux lades, d'oii elle parvient dans le fang. Dans divers fujets qui avoient peri de la forte , & qui avoient eu la jauniffe, j'ai trouve les vailfeaux lades picins d'une liqueur jaune, amere au goiit , qui s'enflammoit en petillant , lorfqu'on la jettoit fur les char- bons allumes : je n'ai jamais eu une affez grande quantite de cette liqueur pour la loumettre a d'autres cpreuves ; mais les proprietes que je lui ai obfervccs, la caraderilent affez pour nous la fairc regarder comme de la bile. M \\\ i\\ ij M E U E Annie 4<$o ABREGE DES MEMOIR ES "" Les enfans qui viennent de naitre ^prouvent une Jaiiniffe remarqiiable ^ elle depend , (liivant M. Morgagni , des changemens que la circulation *du fang eprouve dans le foie apres la naiffance , & divers medecins ont fjyj, adopti cette opinion : cc Le fang, difent-ils, qui parvenoit au foie dans » les fcEtus par deux grofles veines; la veine-porte, & la veine ombili- j> cale, n'y parvient plus apres la naiffance que par la veine-porte, le tronc >5 de la veine ombilicale etant oblitere ; cependant, comme les rameaux >} de cette veiiie communiquent avec ceux de la veine- cave, le fang que ■>■) ceux ci contiennent, coule dans les rameaux de la veine ombilicale : de J5 forte que les veines qui etoient dans le fcEtus des rameaux de la veine j> ombilicale, font dans I'enfant des rameaux de la veine-porte. » On a conclu qu'un pareil cbangement de la circulation du fang dans le foie, caufoit la jaunifle des nouveaux-nes •, mais oune que cette confc- quence n'eft point prouvee , c'eft qu'on peut dtinioutrer que la bile des nouveaux-nes s'inlinue dans les vailfeaux ladles & dans le canal thorjchi- que; d'oii elle fe mele avec le fang, caufe fuffifante pour donncr lieu \ la jaunilFe. J'ai ouvert les corps de trois enfans qui etoient morts peu de femps apres la naiffance , & qui avoient encore la jauniffe , & j'ai trouve leurs vailfeaux ladtes & leur canal thorachique pleins d'une liqueur fem- blable , par fa couleur , par fon gout & par fon inflammabilite , avec la bile qui etoit dans la veficule du fiel •, cette bile cyftique etoit en trcs-pe- tite quantite, au-lieu quelle remplit la veficule du fiel au point d'en dif- tendre les parois dans les fostus, ou dans les enfans qui viennent de nai- tre , & qui n'ont pas encore eu la jauniffe : c'eft cette bile contenue en grande quantite dans la velicule du fiel , qui coule abondamment dans I'inteftin duodenum au moment de la naiffance-, elle parvient dans le fang par les voies laiftees, & donne lieu \ la jauniffe; la bile trouve alors d'au- tant plus de facilite \ s'infinuer dans les vaiffeaux ladies , que les inteftins font rtmplis d'une plus grande quantite de meconium ,8cee qui le prouve, c'eft que la jauniffe ne furvient pas quelquefois, ou qu'elle eft tres-legere dans les enfans qui rendcnt facilement le meconium peu de temps apres Jeur naiffance, foit naturellement, foit i I'aide de quelqilfe l^ger purgatif. L'expullion de la bile cyftique dans I'inteftin duodenum j apres la naif- fance, eft fans doute I'effet des contraftions ftmultanees du diaphragme & des mufcles abdominaux , qui font alors tres-apparentes ; c'eft cette meme caufe qui determine I'ecoulement des urines des nouveaux-nes. II paroit, d'apres ce qui a ete dit, qu'il y a des jauniffes qui ne depen- dent nuUemcnt des alterations du foie, mais qui proviennent de ce que la bile reflue dans le fang par la voie des vaiffeaux ladtes-, ce qui eft con- traire k I'opinion recue , & ce qui doit bien des fois nous determiner ^ priferer , dans le traitement de la jaunifle , I'ufage des purgatifs ^ celui des aperitifs. J'ai fait des experiences fur des animaux vivans, qui peuvent trouver place dans ce niemoire, par le rapport qu'elles ont avec la matiere qui en fait le principal objet; dans quelques uns, j'ai lie les inteftins greles h une eertaine diftance de I'infertioa du canal cholcdoque, & j'ai vu, cirxj ou DE L-ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. 4*1 fix heurcs apres, le b!anc de Icurs yeux change en un jaiine plus 011 nioins ^ — fonci : ces animaiix p^iriffoient de la gangrene du canal intcftinal ; mais ^ fi on les ouvroit , dcs qii'on voyoit ijue Icurs ycux etoicnt bicn jauncs ^ "^ ^ '' ^ '^ ' n 1 on trouvoit Icurs vaifleaux h&is, les rcfervoirs & le conduit du chyle Ann^e pleins d'une veritable bile. J'ai lie le canal choledoque de qiielques autres chiens, & la jaiinilfe n'a pas manque de fe manifefter bicntot. La meme arie(ftion a eu lieu dans les anim.iux auxquels j'avois lie le canal hepati- que-, mais elle n'eft nullcment furvenue dans plulicurs chez lefquc-ls j'avois fratique la ligature fur le canal cyftique', ce qui confirme de plus en plus opinion de M. Morgagni, qui pretendoit que les plus grandes alterations de la velkule du fiel ne donneroient pas lieu h la jaunille , & que , li elle furvenoit alors , c'etoit parce que le foie etoit egalement malade. Cette experience fournit aufli un furcroit de prcuves h I'opinion de Fallope, renouvellee par M. Lieutaud, que la bile ne parvicnt pas direc- temcnt du foie ^ la velicule du fiel , mais qu'elle y reflue par le canal cyrtique. Si Ton attribue au foie des maladies dont il n'eft point affefte , il en eft qui ont leur (iege dans le foie , & qu'on attribue frequemment h d'autres organes. On fait que ce vifccre eft contigu au diaphragme, au rein droit, au colon & i I'eftomac, qu'il recouvre en partie ; ce font ces vifceres qu'on croit fouvent alteres, quoiqu'ils foient fains, & lorfque ]e foie eft le feul qui foit aftedtc : mais comme I'hiftoire de ces erreurs fe trouve difcutee en divers endroits dcs ouvrages de M". Morgagni & Lieutaud , & qu'il ne s'agiroit que d^ les rapprocher pour en former un tableau interellant , nous ne traiterons ici que de quelques objets qui ont cchappe k leurs recherches, ou qui meritent d'etre approfondis. Le foie eft fujet ^ divers engorgemens, qui donnent lieu a des vomif- femens dont on meconnoit ordinairement la caufe : je vais le confirmer par les deux obfervations fuivantes. Una femme , ouvriere en linge , demeurant rae de la Tixeranderie , d'une conftitution feche & tres-irritable , reffentit une douleur dans la region epigaftrique, qu'on ne put calmer par aucun remede-, cette dculeur devint tres-vive & fut bientot accompagnee de vomiUemens •, ils devin- rent fi frequens & (1 opiniatres, que la malade rendoit les alimeiis imme- diatement apres les avoir pris. Des medecins celebres qui furent appelles, crurent le fiege de la maladie dans I'eftomac •, ils prefcrivirent les ftoma- chiques amers, & n'oublierent aucun des anti-emetiques conniu;; mais tous ces remedes n'empecherent pas les progres de la maladie. La hevre lente furvint, & cette femme perit dans I'atropliie. J'afUftai h I'ouverture du corps, & je vis que I'eftomac, qu'on croyolt conliderablement altere , etoit dans le meillcur etat ; fes orihces n'etoicnt nullement retrecis •, il n'y avoit aucun gonflement dans leurs bords , & le corps de I'eftomac etoit parfaitement fain ■, le pancreas & tous Ks autres viiceres du bas-ventre, ^ I'exception du foie, etoient fans aucune altera- tion : le volume de ce vifcere etoit conliderablement augmentc , fur tout le petit lobe & le lobe horizontal du foie, ces deux parties avoient pr'ts 4($i A B R E G fi D E S M E M O I R E S _ 1 1. - un tel accroiffcment , qu'elles comprimoient Teftomac, & qu'elles en rctre- ciflbient conlidirableinent le pilote. La fubftance dii petit lobe & dii lobe M E D E c 1 N E. j^Qyg^ ^J^ £Qjg ^toit li moUafle , quelle reffembloit ^ dii miel un pen Annie ITTJ- concrct, telle enfin que celle des loupes, qu'on nomme meliceris. C'eft i cette alteration du toie qu'il fallut rapporter la caufe des vomiffemensi I'eftomac irrite & comprimc par le foie, ne pouvoit contenir les alimens", i peine parvenoient-ils dans la cavitc de ce vifcere , que fes parois fe contradoient pour s'en debarraffer par le vomiflement : ce qui a donnd lieu enfin \ la fievre lente, i I'atrophie & ^ la mort. Les auteurs peuvent avoir rapporte des obfervations fort atialogues "k celie que je viens d'expfbfer •, mais je doute que perfonne en ait fait une application plus heureufe que Je le fis quelques annees aprcs : madarne la marquife d'Epagny , qui demeuroit pour lors \ I'abbaye des religieul'es de Port- Royal, fe plaint de maux d'eftomac •, les remedes qu'on lui donnc font inutiles-, elle touffe, maigrit & eprouve de la gene dans la refpiration; le flux periodique n'eft point altere •, les vomiffemens furviennent , & aug- mentent au point que la malade ne peut rien prendre fans le vomir tout de fuite •, fes jambes s'enflerent , la fievre lente furvint , & la malade ^toit reduite au dernier degre de marafme. Depuis deux mois que les vomiffemens continuoient , M". Vernage, Bordeu, Mahony, & les autres medecins qui avoient vu la malade, n'avoient ceffe de prefcrire les ftomachiques les plus adifs & les anti-emetiques les mieux eprouves-, mais avec li peu de fucces, que les vomiffemens augmen- terent au-licu de diniinuer. Plufieurs de ces medecins avoient abandonnd la malade, la croyant fans reffource , lorfque je fus appelle pour la voir: I'etat oil je la trouvai me parut d'abord defefpere ■, cependant, ayant voulu m'affurer par le tad du fiege de la maladie, je fus bien furpris de trouver le foie extraordinairement gonfle, & fur- tout la portion de ce vilcere qui occupe la region cpigaftrique •, cette alteration reconnue , je ne doutai pas quelle ne flit la caufe des vomiffemens frequens qui extenuoient la mala- de : je changeai alors le fyfteme du traitement \ j'ordonnai le kermcs en petite dofe , comme on eft dans I'ufage de le donner dans certains temps de quelques fluxions de poitrine, & ce remede, qui tres-fouvent produit ^ trcs- petite dofe des naufees & meme des vomiffemens , fit un effet fi contraire, que les vomiffemens dont madame la marquife d'Epagny ctoit affedee depuis plus de deux mois , furent dillipes en peu de jours. Je continual lufage des aperitifs ; la terre foliee de tartre fut prife dans une infufion de menthe, ^ la dole d'un ou de deux gros par jour-, les felles devinrent tres-bilieufes , & la malade fut rappellee d'une mort prefque affuree ^ la fante la plus parfaite. La guerifon de madame la marquife d'Epagny eft d'autant plus memo- rable, quelle a donne lieu ^ celle de plulieurs perfonnes, que des vomif- femens produits par la meme caufe, auroient immanquablement conduites au tombeau : je les ai traitees de meme & avec un fucces egal. Je ne rapporte pas ces obfervations pour plus grande brievetc ; Je ferai feulement obferver que , dans I'un de ces cas , je fis prendre I'cm^tique DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. 4(^5 djiis de Teaii de menthe & dans du fuc de limon , en petite dofe , commc on Ic fait dans le traitement de quelques fievres , & que je parvins par ^ , CCS moyens ^ arreter dos vomiffemens que Ics remedcs vulgairement con- E d e c i n E. nus fous le nom d'onti e'm/tiques , n'avoient pu ralentir. Annde ij~7. Les mcdccins favent que I'emetiquc adniinillrc fous cette forme, eft un des plus puidans attcnuans & un aperitif des plus efficaces qu'on connoiire: tl a agi dans ce cas ci en d^gorgeant le foie ; & comnie les vomiiremens itoient I'effet de la comprclfion qu'il exercoit fur reftomac par Ion execs de volume , ils ont diminue ^ proportion que le foie s'eft debarrallc des matieres dont il ctoit engorge. Dne autre alteration du foie , dont M. Morgagni a fait mention , pref- ?|ue inconnue des autres raedecins, mais que nous avons eu occalion d'ob- erver , ce font les hemorrhagies de ce vilcere par le canal cholcdoque, J'avois dcja trouvd dans llx ou fept fujets diflcques dans mon amphithea- tre , les conduits biliaires & les intellins greles pleins de fang, lorlque je fus chargi de donner mes foins i une perlonne (cetoit un donieftique de madame la marquife dc Cambis) qui etoit atteint dune inflammation du foie des plus vives, &• qui avoit cte trcs-ncgligee des ion origine; malgre les diverles I'aignees qui furent pratiquees , le m.ilade rendit par la bou- che beaucoup de fang noir & concret; il en rendit audi par le fondement, & Ton fentit le volume du foie decroitre ^ proportion que cette evacua- tion continuoif, la refpiration devint plus facile, & la douleur vive que le malade avoit eprouvee au col vers I'origine du nerf diaphragm.itique, s'aftoibiit & dilparuf, cependant le fang que le malade rendoit, parut mele de ftries purnlcntcs -, la hevre lente s'alluina , & le domeftique pcrit dans pen. L'on fe convainquit par I'ouverture de fon corps, que la maladie avoit eu fon liege dans le foie , & que toutes les autres parties du corps etoicnt faines-, le foie etoit fi volumineux , qu'il occupoit le double plus d'el- pace que de coutume', fa couleur etoit d'un noir tres-fonce, & la fubf- tance etoit putrefiee •, il y avoit plulieurs abces dans I'interieur de ce vif- cere qui communiquoient enlemble-, les canaux hepalhique & cyftique, la vdlicule du ficl, le canal choledoque & les inteftins greles ctoient pleins de fang & de pus. Les hemorrhagies du foie ne font pas toujours aufH facheufes que I'a etc celle dont nous venons de parler-, au contraire, elles font quelquefois li utiles , qu'elles prefervent ce vifcere d'inflanimafion , ou qii'elles la didi- pent , (i elle a lieu, par la bouche Si par la voie des feJles : c'eft dc-li que provenoient les matieres que le malade avoit rendues. Un jeune etudiant en droit, qui s'etoit livre i divers execs, eft atteint d'une fievre des plus aigues, & fe plaint d'une vive douleur dans I'hypo- conJre droit qui etoit conliderablement tumefie ; on ne pouvoit lui tou- cher la region epigaftrique, qu'il ne poulfat les hauls cris; des naufees fur- viennent, & bientot le malade rend par haut & par bas une li grande quantite de fang, qu'on I'evalua i deux livres : cette hemorrhagic nroduilit un clfet falut.-.ire, I'hypocondre s'afFailfa-, les douleurs celTerent , la fievre fe diflipa , & le malade recouvra la plus parfaite fantc. M E B E C 1 N E. 4(54 ABREG^ DES MEMOIRES < Les hemorrhagies du foie par le can.il choledoque , font bien plus diffi- ciles ^ connoitre que dans les cas precedensi lorfqu'elles font trcs-petites ' Sc qu'elles furviennent i divers temps, alors le fang fe mele quelquefois jinn/e 1777. avecla bile on avec le fuc gaftrique, & fort par la bouche plus ou moins altere. Les medecins fe trompent fur la fource qui le fournit, fuppofent, traitent meme des maladies du poumon qui n'exiftent pas : j'ai Texemple de deux meprifes de cette forte , dont je me fuis affure de la maniere la plus convaincante , par roiiverture du corps •, j'en fupprime les details pout abr^ger ce memoire. Je dirai audi , avant de terminer ce memoire , que j'ai vu des gonfle- mens enormes de la rate , heureufement termines par une grande hdmor- rhagie. M. Aublet , cclebre botanifte, portoit depuis long-temps une tu- meur du cote gauche du bas-ventre qui paroilToit s'enfoncer fous les fauf- fes cotes-, il avoit les jambes enflees, & la refpiration tres-genee ; je fus confulte, Sc a'pres un miir cxamen de la tumeur, je crus quelle avoit fon fiege dans la rate •, mais celle-ci etoit fort dure : je n'aurois ofe foupcon- ner quelle fut uniquement produite par du fang , comme I'evenement le prouva. M. Aublet rendit , au moment qu'il etoit le moins incommode de fa tumeur, une G grande quantite de fang, par haut & par bas, qu'on Icvalua ^ plus de fix pintes. , La tumeur de I'hypocondre fut entierement diffipee par cette hemorrha- cie , & fans doute que le fang qui la formoit fe vuida dans I'eftomac par le moyen des vaiffeaux courts & par les veines correfpondantes : quoi qu'il en foit, M. Aublet recouvra la plus parfaite fante par cette hemorrha- gic-, cependant je lui confeillai de fe faire faigner toutes les fois qu'il fen- tiroit quelque gonflement dans I'hypocondre gauche, ce qu'il a fait de- puis & avec un tel fucces , qu'il a vu fa tumeur s'aftaiffer h proportion qu'il fe faifoit tirer du fang-, s'il neglige ce fecours, ou qu'il faffe quel- que exercice plus grand que de coutume , la rate fe gonfle & fe remplit de fing, jufqu'i ce que ce fluide faffe irruption dans I'eftomac (a). Les anciens ont regarde les vaiffeaux courts comme les vrais canaux (a) Ce dernier accident vient de lui arriver ; des chagrins qui lui font furvenus ont produit en lui une telle revolution , qu'il a ^prouv^ un grand gonflement dans I'hypocon- dre gauche avec une difficult^ confid^rable de refpirer ; il eft devenu jaune , a fenfifale- ment maigri, & il iui eft furvenu une evacuation de fang prodigieufe par le fondement : la faign^e qui lui a ^te faite , & I'ufage des rafraichiffemens & des aftringens qui lui ont ^t^ prefcrits, avoient arrete rWmorrhiigie, lorfque, par un efFet de fa vivacity ordinaire, il a fait divers mouvemens qui ont iii fuivis d'une nouvelle h(5morrhagie par le fonde- ment & par la bouche, dont il eft p^ri. J'ai fait faire I'ouverture du corps, & je me fuis convaincu que la tumeur que M. Aublet avoit portee au C(5te gauche, etoit form^e par la rate , laquelle etoit auffi grofle que la tete d'un enfant , fes cellules ^toient fort agran- dies & pleines de fang; les vailleaux qui, de la rate, communiquent avec I'eftomac & toutes les veines cyftiques droites, gauches & moyennes , ^toient tres-dilatees & beantes dans la cavitd de i'eftomac ; elles laiffoient fuinter encore le fang qu'elles contenoient, de forte qu'il n'eft pas douteux que ce ne foit par ces voies que la rate ait vuid^ fon fang dans I'eftomac. J'ai ouvert divers fujets qui avoient la rate gorgee de fang , I'eftomac & les intefiins en contenoient aufli beaucoup ; les vaiffeaux courts ttoicnt aulTi gros que le petit doigt , & ils itoient ouverts dans la cavit^ de I'eftomac. cxcreteurs DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. 4^5 exfrdtciirs de la rate-, ils croyoient que c'etoit par Icur moycii que ce^**—^' ' ■■--■■ Vifccre fe dcbarraflbit, dans reftomac, de Ihumcur qui le i'uriiagcoit. Les modernes out nic cette opinion , d'aprcs les connoilTances qu'ils ont '^ ' ^' ^• acquifes fur la circulation du lang dans I'ctat nature!-, mais coinme ccs Anne'e 2777. loix lont (Tnguliercment interverties par maladie, nous croyons qu'il arrive quflquefois , comme ccla eft furvenu dans les cas que nous vcnons de rapporter, que les congeftions de fang dans la rate fe vuident dans refto- inac par les vaKfeaux courts & par les veines correfpondantes ; ce qu'il etoit d'autant plus utile de prouver, que les niidecins penfent generals- nient le contraire. Tciles font les obfervations que Je m'ctois propoft de communiquer aujourd'hui i I'acad^mie : quelques-uncs d'elles font nouvellcs, & d'autre* tendent i conftater des points de dodrine fi peu connus, qu'ils font I'e- cueil ordinaire des medccins; les fautes que j'ai vu commettre par les plus habiles , fans qu'ils les cufl'ent meme foup^onnees , Icurs dccilions hafardees & dementies par rev6iement , les reniedes qu'ils prefcrivent avcc une aveugle confiancc, Icurs opinions faufles & accreditees fur les maladies da foie, prouvent nialheureul'emcnt trop combien ils font peu avances dan:, la connoilfancc du (lege de ces maladies : audi ai-Je cru qu'un travail fur cette matiere , fonde fur des obfervations bien conftatees , feroit de la plus granda utilite, & qu'il miiriteroit par la I'accueil dc racaddmie, Tome XVJ. Purtie Frenfoi/e. Nnn MECHANIQUE. N n 1) ij V') MECHANIQUE. SUR L'EQUILIBRE D E S V O U T E S. V^E m^tnoire de M. I'abbe BoiTiit, eft la fuite dc deux autres qu'il a— w^m^—— jiifercs dins le vokiine de 1774. {a) ^ , L'auteur avoir donne pour les voutes en berceau, I'equation de requi- ^'-"■*'^"^^*• ]ibre eiitre Ics forces perpendiculaires qui agiirent fur une voilte , & la Annie 1776. courbiire de cette voute ; \\ donne ici la folution du meme probleme, pour les voutes en dome. L'equation differentielle de cc probleme, s'iii- ^''''• tegre pour le cas ou la pefanteur efl conrtante •■, 8c l'equation dc la courbe qui par fa revolution produit le dome , eft ici fort differente de ia chjiiiette. Plufieurs praticiens avoient cependant fuppofe que, puifque la chainette ^tott la courbe de I'equilibre pour les voutes en berceau, elle I'etoir audi dans les mcmes cas pour les voutes en dome ; & cette faulTe fuppofition pouvoit avoir des confequences fachcules. Le calcul a fouvcnt prouve ^uc des analogies qui paroiffoient les plus fortes ne conduifoient qu'i des erreurs : c't ft une raifon de conferver quelques doutes fur les refultats des fciences , ou de fimples analogies font prefque toujours regardees comme des preuves. L'auteur a obferve que I'objet des conftruiflions , des raifons de conve- nance ou d'agrcment, nc permettent prefque jjmais de conformer rigou- rcufement les voutes k la condition de I'equilibre : d'ailleurs on le tcnte- roit en vain; des circonftances phydques toujours inevitables altireroicnt la precifion niathematique. M. I'abbe Bofliit a cru done devoir condderer la queftion de la foliditc des voutes, fous un point dc vue nioins nbftraiti on a obferve que, lorfque les voutes fe ronipent par Icur propre poids, eiles fe partagent en trois parties, que la fupcricure fait alors une cfpece de coin qui tend k renverier les pieds-droits. . M. I'abbe boliut a confiderd la force qu'il faut donner k un pied-droit, pour rellfter k cette adion , & dans le cas des voutes en berceau, & danj cclui des voiites en dome', mais il arrive suiTi quelquefois que, non-fea- («) Vojes le tome pr^c(!dent d« cent coUe. La troifieme divifion de la premiere partie de l'art de fabriquer les ctoffes de foie, par M. Paulet. Cette divifion eft une fuite de la fi-ptieme fedion de cet art immenfe dans fes details; elle contient l'art dc la fabri- que des fatins unis, & de celle des etoffes qui fe fa^onnent avec la marche, des Cirlakas, des Caneles, Prufliennes, des Amboifiennes, des Mufulraa- nes , iioSe nouvelle dont riuvention appartient k I'autcur. ^So ABREGi DES MEMOIRES,&c. MicHANlQUE. Jinnee .778. MACHINES APPROUViES PAR L'ACADEMIE. Uift, JL/ES machines approiivees par Tacademie , & deftioees ^ etrc inferecs dans le recueil des machines , font au nombre de tiois : Une nouvellc pcndulc, par M. Robin. Une Terrure de combinaifon, par M. I'abbe Boiflier. Un pantographe , par M. Sikcs. Fin du Tome feiiieme. Co//fct. .Ira.r n,rt F,wtc Tom Xn. PI. l. JicitiJeHJrRtku'icJji i-tc Cufft'Pll, DASYMETRE oil ^MesinccltMisitc Jiwtruincnt provrc a nicJiavir la !^cJanlcur Jc i/hujiic C I'tn/u- (/(■ / c Itinojji/ierc. ^ -. Fiqi ^ J .'/ Fu]. 3 . CW/ec ■ -y«y- ra^t fr. nm. m/. pi. xxi. .It.m Jj lAtJl da Sc..injf$o Pj^f-^^.n. If. t\-lM dd . yjti.Sc fi^ ■^IL ri'^Ll> Pll. Mem Je /'ylcaJ „i J2 jyyfi' Torn 1 J'.r,/ ZJb .Hen Jc Ll cut- H ■ J,-J J'c An. lyyC- Pa^.O^S ■ Fl- XXUL. y^Sttr Jd ■ ZuiPLp ■!■ reprajente le V cs de L'£n/ant bien a'^/orme . La Fi^, z ■ eJt le pro/U Ji. de Li Fiq- 1 im en fixce • ^*'- \^/, *<{