L Serials | Q 67 COMPTE RENDU DES SÉANCES DE LA SOCIETÉ DE PHYSIQUE BL D'HINTOIRE NATURELLE DE GENÈVE ns XXXII. — 1915 LL eee Re 2e GENÈVE BUREAU DES ARCHIVES, RUE DE LA PÉLISSERIE, 18 PARIS LONDRES NEW-YORK H., LE SOUDIER DULAU & Cie G. E. STECHERT & Cie 714-716, Boul. St-Germain 37. Soho Square 151-155, W 25th Street Dépôt pour lALLEMAGNE, GEORG & C'°, À BALE 1916 COMPTE RENDU DES SÉANCES DE LA SOCIÈTÉ DE PHYSIQUE ET D'HISTOIRE NATURELLE DE GENÈVE GENÈVE — SOCIÉTÉ GÉNÉRALE D'IMPRIMERIE Rue de la Pélisserie, 18 COMPTE RENDU DES SÉANCES DE LA SOCIETÉ DE PHYSIQUE ET D'HINTOIRE. NATURELLE DE GENÈVE XXXII. — 1915 LPS SSL GENEVE BUREAU DES ARCHIVES, RUE DE LA PÉLISSERIE, 18 PARIS LONDRES NEW-YORK H. LE SOUDIER DULAU & Cie G. E. STECHERT & C: 714-716, Boul. St-Germain 37, Soho Square 151-155, W 25th Street Dépôt pour l'ALLEMAGNE, GEORG & C'°, à BaLe 1916 Extrait des Archives des sciences physiques et naturelles Tomes XXXIX, XL et XLI COMPTE RENDU DES SÉANCES DE LA SOCIÈTÉ DE PHYSIQUE ET D'HISTOIRE NATURELLE DE GENÈVE Année 1915 Présidence de M. Ed. CLAPARÈDE Séance générale annuelle du 21 janvier 1915. Aug. de Candolle. Rapport sur l’activité de la Société pendant l’année 1914. M. Aug. de CanDoLce, président sortant de charge, donne lec- ture de son rapport sur l’activité de la Société pendant l'année 4914. Ce rapport contient les biographies de MM. A. Lieben et A. Lang, membres honoraires, W. Barbey et G. Cellérier, mem- bres ordinaires, décédés pendant l’année. Il rapelle en outre la mémoire de M. Ed. Des Gouttes, associé libre. Séance du 4 février. Raoul Pictet. Expériences sur les nouveaux procédés destinés à obtenir de l’azote chimiquement pur de l’air atmosphérique, ainsi que du gaz à l’eau par un procédé continu utilisant l’oxygène et la vapeur d’eau se trans- formant à l’aide du charbon incandescent. — Ed. Claparède. Etat hyp- noïde chez quelques animaux. M. Raoul Pricrer. — Expériences sur les nouveaux procédés destinés à obtenir de l'azote chimiquement pur de l'air atmos- phérique, ainsi que du gaz à l’eau par un procédé continu DER tit 6 SÉANCE DU 4 FÉVRIER utilisant l'oxygène et la vapeur d'eau se transformant à l’aide du charbon incandescent. Je remets avec ces lignes un volume relatant toute la partie théorique de ces nouveaux procédés. Je ne rappellerai ici que les ex- périences de démonstrations qui ont été faites dans les mois d’oc- tobre, novembre et décembre 1914 à Walsall dans notre usine de la Société O. H. N. Gases Limited : L'air purifié est envoyé dans un filtre de grande dimension où 1l est refroidi à —25° environ par un serpentin à 15 branches rempli de SO? liquide. Une pompe aspire constamment les vapeurs : et maintient une surface de 35 mètres carrés à —35° environ. L'air atmosphérique refroidi passe au travers d’une étoffe pour y déposer les fins cristaux de neige formés. Après ce filtre, l’air s'engage dans un grand tube métallique de 600 mm. de diamètre et de 6 m. 50 de longueur dont la surface extérieure est maintenue à —60° par SO? bouillant sous une pres- sion absolue de 10 à 45 millimètres de mercure. Dans ce tube, l'air perd les dernières traces de vapeur d’eau et sort froid et sec. C’est à cette place que l’air atmosphérique pénètre dans un échangeur enveloppant la colonne de séparation et continue sa route ainsi en contre-courant avec les gaz qui sortent de la colonne. L'air entre entre le 7° et 8° plateau de la colonne. Il est forcé de monter au travers de 12 plateaux à calottes, constamment inondés de liquide tombant sur le plateau supérieur. Ce liquide est formé par la liquéfaction totale des vapeurs qui sortent du sommet de la colonne et sont aspirées et comprimées par deux compresseurs agissant comme quatre compresseurs à simple effet. Chacun de ces demi-compresseurs comprime les gaz qu'il aspire à une pression différente. Le premier comprime les gaz à 3.7 atm.; le second à 2.4 atm.; le troisième à 1.6 atm. ; le quatrième à 0.7 atm. Ces 4 compresseurs envoient 250 mètres cubes ensemble dans les 4 serpentins séparés, courant du bas en haut de la colonne. En prenant les diagrammes de ces quatre compressions, on trouve les résultats suivants : 1° compresseur 75 mètres cubes à 3.7 atm. — 6.2 chevaux. 2° » 75: le SA OAI 2 LA » sh » 50 » 5) L AG NEA, 1 » 4° » 50 » CHEN th INE-FS C7 » 250 mètres cubes 14.1 chevaux. Outre cette dépense de 14.1 chevaux, nous avons eu 1.7 cheval pour le ventilateur. L’azote liquide nécessaire pour maintenir le régime de tempéra- ture se monte à 25 litres d'azote liquide par heure. SÉANCE DU 4 FÉVRIER 7 Nous obtenons avec le moteur à air froid actionné par 500 mètres cubes d'azote pur comprimés à 60 atm., une quantité de 445 litres d’azote liquide par heure. En plus, nons avons une puissance de 9 à 10 chevaux que nous constatons par le fonctionnement d’une pompe centrifuge alimen- tant une puissante fontaine. Nous envoyons dans la colonne 400 mètres cubes d’air dont 150 mètres cubes à 3.7 atm. et à 2.4 atm. et 250 mètres cubes par le ventilateur. | Nous récoltons 335 mètres cubes d'azote chimiquement pur, provenant des 400 mètres cubes d’air, plus les 25 litres d’azote li- quide ajoutée par heure. Nous mettons dans le gazomètre 84 mètres cubes d'oxygène à 99 0/6 de pureté environ. Ainsi nous obtenons avec une dépense de 14.1 chevaux sur les compresseurs. 122 » sur la ventilation. 25.0 » pour l’obtention de 25 litres d'azote. 40.8 chevaux consommés. _ Nous en retranchons 9.5 chevaux obtenus par le moteur à azote froid. Il reste 40,8 — 9.5 — 31.3 chevaux à fournir. Avec cette puissance nous obtenons : 84 mètres cubes d'oxygène 99 0/5 et 335 mètres cubes d'azote chimiquement pur. Ainsi À cheval nous donne simultanément : 19 2.7 mètres cubes d'oxygène. 90 10.7 mètres cubes d’azote. Outre ces gaz que l’on emmagasine dans des gazomètres, nous avons utilisé l’oxygène pour obtenir par un système continu du gaz à l'eau selon le procédé décrit dans notre publication. Nous avons vu qu’un mélange d’air et d'oxygène nous permet de fonctionner couramment à raison de 14 mètres cubes de gaz à l’eau par mètre cube d'oxygène sorti du gazomètre, Chaque kilogramme de coke employé dans cette fabrication nous a donné en gaz 3200 mètres cubes dont la chaleur de com- bustion est de 2250 calories. Dont chaque kilogramme de coke transformé en gaz produit par sa combustion 7250 calories utilisables. La force motrice obtenue par ce gaz est très économique et peut rivaliser avec la plupart des puissances hydrauliques ordinaires. Une seconde installation est en voie de construction à l’usine de 8 SÉANCE DU 4 FÉVRIER Walsall et entrera en fonction d'ici deux à trois mois, dotée de tous les perfectionnements dictés par les expériences précé- dentes. M. Ed. CLaparÈDe. — Etat hypnoïde chez quelqes animaux. Il y a quatre ans (‘), je vous avais parlé de l’état hypnoïde que j'avais obtenu chez un singe Cynocéphale. Je voudrais vous faire part aujourd’hui de quelques expériences du même genre, faites chez des porcs et chez des chèvres. Me trouvant mobilisé au mois d’août dernier, et cantonné à la montagne dans un chalet de bergers, j'ai essayé d’endormir les cochons et les chèvres qui se trouvaient là. Ayant avisé un cochon, je lui administrai des frictions (avec un morceau de bois ou un bâton, car ces animaux étaient très sales et je préférais si possible ue pas les toucher avec la main), frictions dirigées toujours dans le même sens, sur le flanc, en partant du cou et en descendant Jusque vers la cuisse. A mon grand étonnement, je vis le cochon (qui était debout au début de l'expérience) se mettre peu à peu à chanceler sur ces jambes de derrière, et son corps s’incliner du côté opposé à la friction. Au bout d'une demi-minute il tombait par terre, sur le flanc; je lui fermais les paupières; il garda les yeux clos et ne s’éveilla qu’au bout de 3 ou 4 minutes, paraissant désorienté et comme sortant d’un profond sommeil. L'expérience répétée sur d'autres invidus (il y avait cinq cochons dans cette étable) réussit toujours, et à peu près de la même façon. Souvent, le cochon, une fois éveillé, se redressait sur ses pattes, mais ne bougeait pas, comme s’il dormait encore debout. Le temps mis à plonger les cochons dans cet état, que j'appelle « hypnoïde » pour ne pas préjuger sa nature exacte, a varié de 20 à 60 sec. Parfois l'expérience n’a pas réussi; c'était le cas lorsque je cher- chais à endormir les cochons pendant qu’ils étaient devant la porte de la cuisine à attendre leur repas, et que leur attention semblait uniquement fixée sur cette délicieuse perspective. Une fois, tandis que je commençais mes frictions sur l’un des cochons, un autre, qui se trouvait dans le voisinage immédiat de cette opération, et qui fréquemment déjà avait été plongé dans l'état hypnoïde, tomba endormi spontanément, ce qui peut s’ex- pliquer par une association acquise entre cet état hypnoïde et la vue de ma personne (ce que Pawloff appelerait un « réflexe condi- tionnel »). — Ajoutons que, au dire du berger, ces animaux étaient âgés d’un à deux ans. Sur les chèvres (7 individus, jeunes et adultes), l'expérience a 1) Etat hypnoïde chez un singe. Séance du 6 juillet 1911; Archives, août 1911, p. 151. SÉANCE DU 4 FÉVRIER 9 constamment réussi. J'ai employé un procédé légèrement différent du précédent : je couchais la chèvre sur le côté et lui faisais des passes (caresses très légères) sur le flanc avec ma main droite, en lui tenant les paupières fermées avec la main gauche. Pendant les premières dix secondes, la chèvre se débat, cherche à se relever; il faut alors lui maintenir les jambes, ce que je faisais soit en deman- dant le secours d’un aide, soit en plaçant l’un de mes genoux sur son arrière-train. Au bout de 10 à 15 secondes, on sent que la ré- sistance cesse, et si on enlève doucement ses mains au bout de 20 secondes, on constate que la chèvre reste parfaitement immobile, et cela pendant plusieurs minutes. Les circonstances dans les- quelles j’expérimentais (au milieu du va-et-vient des soldats) m'ont empêché de déterminer pendant combien de temps aurait duré le sommeil si aucun bruit quelconque n’était survenu. Une fois, l’une des chèvres est resté endormie 45 minutes. La phase du réveil est tout à fait analogue à celle décrite pour le cochon : la chèvre parait ne plus savoir où elle se trouve, reste longtemps à demi-couchée, et une fois debout, semble encore somnolente ou désorientée. Pendant l’état hypnoïde, des excitations tactiles (chocs avec des bâtons, piqûres d’épingle), n'ont le plus souvent pas provoqué le réveil. Ce sont plutôt les bruits extérieurs qui semblent avoir pro- voqué celui-ci. La catalepsie, qui était si remarquable dans le cas du singe, n'a pas pu être observée. Soit les cochons, soit les chèvres, 1l est vrai, gardaient en l’air la patte que je soulevais de terre, lorsque ces animaux étaient étendus sur le flanc. Mais je ne puis dire s’il s’agit là de catalepsie réelle, ou d’un simple équilibre articulaire. Je n'ai fait sur une vache qu’un seul essai, en la couchant aussi sur le flanc, et en la traitant comme les chèvres, mais sans succès. Ces observations sont encore bien frustes. Mais, comme les ou- vrages traitant l'hypnose chez les animaux ne mentionnent pas qu'un état hypnoïde ait été obtenu chez des cochons et des chèvres, J'ai pensé intéressant de communiquer ces faits, en attendant de pouvoir étudier la nature du phénomène. J’ajouterai que le cas de la chèvre ressemble beaucoup à celui du lapin. Dès longtemps j'ai obtenu un état hypnoïde chez le lapin, simplement en le main- tenant étendu sur le flanc pendant une vingtaine de secondes, temps qui suffit à vaincre ses réactions de défense. Le somrmneil ainsi produit dure de quelques secondes à 4 ou 5 minutes. 1) Ochorowitcz, article Hypnotisme du Diction. Richet (1909, p. 767) dit, il est vrai, qu’on a réussi à provoquer l’hypnose chez une série de mammifères (cochon, mouton, chameau, éléphant, lion, etc.); mais il ne fournit aucune indication bibliographique. 8 SÉANCE DU 4 FÉVRIER Walsall et entrera en fonction d'ici deux à trois mois, dotée de tous les perfectionnements dictés par les expériences précé- dentes. M. Ed. CLaparÈèpe. — Etat hypnoïde chez quelqes animaux. Il y a quatre ans (‘), je vous avais parlé de l’état hypnoïde que J'avais obtenu chez un singe Cynocéphale. Je voudrais vous faire part aujourd’hui de quelques expériences du même genre, faites chez des porcs et chez des chèvres. Me trouvant mobilisé au mois d'août dernier, et cantonné à la montagne dans un chalet de bergers, j'ai essayé d’endormir les cochons et les chèvres qui se trouvaient là. Ayant avisé un cochon, Je lui administrai des frictions (avec un morceau de bois ou un bâton, car ces animaux étaient très sales et je préférais si possible ue pas les toucher avec la main), frictions dirigées toujours dans le même sens, sur le flanc, en partant du cou et en descendant Jusque vers la cuisse. À mon grand étonnement, je vis le cochon (qui était debout au début de l'expérience) se mettre peu à peu à chanceler sur ces jambes de derrière, et son corps s’incliner du côté opposé à la friction. Au bout d’une demi-minute il tombait par terre, sur le flanc; je lui fermais les paupières; il garda les yeux clos et ne s’éveilla qu’au bout de 3 ou 4 minutes, paraissant désorienté et comme sortant d’un profond sommeil. L'expérience répétée sur d'autres invidus (il y avait cinq cochons dans cette étable) réussit toujours, et à peu près de la même façon. Souvent, le cochon, une fois éveillé, se redressait sur ses pattes, mais ne bougeait pas, comme s’il dormait encore debout. Le temps mis à plonger les cochons dans cet état, que j'appelle « hypnoïde » pour ne pas préjuger sa nature exacte, a varié de 20 à 60 sec. Parfois l'expérience n’a pas réussi; c'était le cas lorsque je cher- chais à endormir les cochons pendant qu'ils étaient devant la porte de la cuisine à attendre leur repas, et que leur attention semblait uniquement fixée sur cette délicieuse perspective. Une fois, tandis que je commençais mes frictions sur l’un des cochons, un autre, qui se trouvait dans le voisinage immédiat de cette opération, et qui fréquemment déjà avait été plongé dans ‘état hypnoïde, tomba endormi spontanément, ce qui peut s’ex- pliquer par une association acquise entre cet état hypnoïde et la vue de ma personne (ce que Pawloff appelerait un « réflexe condi- tionnel »). — Ajoutons que, au dire du berger, ces animaux étaient âgés d’un à deux ans. Sur les chèvres (7 individus, jeunes et adultes), l'expérience a 1) Etat hypnoïde chez un singe. Séance du 6 juillet 1911; Archives, août 1911, p. 151. SÉANCE DU 4 FÉVRIER 9 constamment réussi. J'ai employé un procédé légèrement différent du précédent : je couchais la chèvre sur le côté et lui faisais des passes (caresses très légères) sur le flanc avec ma main droite, en lui tenant les paupières fermées avec la main gauche. Pendant les premières dix secondes, la chèvre se débat, cherche à se relever; il faut alors lui maintenir les jambes, ce que je faisais soit en deman- dant le secours d’un aide, soit en plaçant l’un de mes genoux sur son arrière-train. Au bout de 10 à 45 secondes, on sent que la ré- sistance cesse, et si on enlève doucement ses mains au bout de 20 secondes, on constate que la chèvre reste parfaitement immobile, et cela pendant plusieurs minutes. Les circonstances dans les- quelles j’expérimentais (au milieu du va-et-vient des soldats) m'ont empêché de déterminer pendant combien de temps aurait duré le sommeil si aucun bruit quelconque n’était survenu. Une fois, l’une des chèvres est resté endormie 145 minutes. La phase du réveil est tout à fait analogue à celle décrite pour le cochon : la chèvre parait ne plus savoir où elle se trouve, reste longtemps à demi-couchée, et une fois debout, semble encore somnolente ou désorientée. Pendant l’état hypnoïde, des excitations tactiles (chocs avec des bâtons, piqûres d’épingle), n’ont le plus souvent pas provoqué le réveil. Ce sont plutôt les bruits extérieurs qui semblent avoir pro- voqué celui-ci. La catalepsie, qui était si remarquable dans le cas du singe, n'a pas pu être observée. Soit les cochons, soit les chèvres, il est vrai, gardaient en l'air la patte que je soulevais de terre, lorsque ces animaux étaient étendus sur le flanc. Mais je ne puis dire s’il s’agit là de catalepsie réelle, ou d’un simple équilibre articulaire. Je n'ai fait sur une vache qu’un seul essai, en la couchant aussi sur le flanc, et en la traitant comme les chèvres, mais sans succès. Ces observations sont encore bien frustes. Mais, comme les ou- vrages traitant l'hypnose chez les animaux ne mentionnent pas qu'un état hypnoïde ait été obtenu chez des cochons et des chèvres, J'ai pensé intéressant de communiquer ces faits, en attendant de pouvoir étudier la nature du phénomène. J’ajouterai que le cas de la chèvre ressemble beaucoup à celui du lapin. Dès longtemps jai obtenu un état hypnoïde chez le lapin, simplement en le main- tenant étendu sur le flanc pendant une vingtaine de secondes, temps qui suffit à vaincre ses réactions de défense. Le sommeil ainsi produit dure de quelques secondes à 4 ou 5 minutes. 1) Ochorowitcz, article Hypnotisme du Diction. Richet (1909, p. 767) dit, il est vrai, qu’on à réussi à provoquer l’hypnose chez une série de mammifères (cochon, mouton, chameau, éléphant, lion, etc.); mais il ne fournit aucune indication bibliographique. 10 SÉANCE DU 18 FÉVRIER Séance du 18 février. Amé Pictet. Un cas de catalyse par l’acide nitreux. Arnold Pictet. Sur l’équilibre naturel entre les diverses espèces animales. M. le prof. Amé Picrer signale un cas de catalyse par l'acide nitreux. Lorsqu'on introduit un fil de cuivre dans de l’acide acétique, absolu ou dilué, le métal n’est pas attaqué. Mais si l’on ajoute ensuite un cristal de nitrite de soude, l'attaque a lieu immédiate- ment : 1l se dégage de l'hydrogène et le liquide devient bleu par suite de la formation d’acétate (et non de nitrite) de cuivre. Ilen est de même si l’on remplace l’acide acétique par les acides sulfurique ou chlorhydrique étendus, ainsi que par les acides oxalique ou citrique. Parmi les autres métaux, le zinc et le fer se comportent de même vis-à-vis de l’acide acétique et du nitrite de soude, L’étain, le mer- cure et le plomb semblent réagir aussi, mais beaucoup moins vivement. Ces recherches seront poursuivies et complétées, M. Arnold Picrer. — Sur l'équilibre naturel entre les di- verses espèces animales. Les animaux sont continuellement en lutte, soit entre eux pour la recherche de la nourriture, ou contre les multiples facteurs du climat. Il en est résulté, entre les diverses espèces animales, un équilibre naturel, établi d'une part par la fécondité spécifique CDS qui elle-même est en rapport avec les difficultés plus ou moins grandes qu'offre la vie des individus, et d’autre part par la des- truction (D) et la survie (S). En sorte que nous avons l'équation : S—F— D. Le facteur D se compose de plusieurs éléments dont le rôle va- rie suivant les espèces et dont les principaux sont les ennemis, les maladies, le climat et parfois l’homme. Il résulte d'expériences que nous avons pratiquées chez les Insec- tes, et il y a tout lieu de croire qu'il en est de même pour les autres animaux, que S, calculé pour une génération ou bien pour un ensemble de générations, est constant pour une espèce donnée et que par conséquent D est constant également pour la même période. Lorsqu'un des éléments de D augmente d'intensité, ce n’est pas au détriment de S, mais au détriment d’un autre élément de ce facteur D. Ainsi, supposons que l’homme, pendant une année, SÉANCE DU 18 FÉVRIER 11 viendrait à détruire en masse les individus d’une certaine espèce, dans une localité ; cette destruction entraînerait-elle une diminu- tion de la survie ? non pas, mais une diminution du nombre des individus restant à la disposition des ennemis, ces derniers devant chercher ailleurs leur complément de subsistance. S'il s’agit d’une espèce d’Insectes, les Oiseaux, par exemple, dont l’appétit est assez élastique, mangeraient dans ce cas un peu moins que d'habitude, ce qui permettrait à l'équilibre de se rétablir. Pour démontrer la constance de S, nous devons envisager les deux cas qui peuvent se présenter, à savoir que l'espèce consi- dérée augmente ou reste stationnaire en nombre d'individus d’une année à l’autre. Etudions ces deux cas d’après les recherches que nous avons pratiquées chez les Insectes. 1. Le nombre des individus d’une espèce donnée n'augmente pas, d'une année à l'autre, dans une localité donnée. Nous considérons une ponte de 500 œufs, chiffre que l’on peut admettre comme constituant une moyenne. Ces 500 œufs éclosent et donnent naissance à autant de petites larves qui vont se trouver aux prises avec les divers éléments du facteur D et dont un petit nombre seulement arrivera à l’état d’insecte parfait. Puisqu'il n’y a pas d'augmentation du nombre des individus, cette ponte donnera forcément comme résultat, à la génération suivante, ce qui est nécessaire à la production de 500 œufs, c'est à dire à un mâle et une femelle; en conséquence D — 498 (le 99.66 °/, de 500)et S — 2 (le 0.40 °/, de 500). Autrement dit l'équilibre se trouve établi par : une destruction (ennemis, climat, maladies, etc.) évaluée à 99.60 et une protection (mimétisme, homochromie, etc.) » » 0.40 et contre-balancé par une ponte » » 100.— L'équilibre est, de cette façon, rigoureusement établi, et nous voyons en outre que tous les faits que l’on a observés concernant la protection que les Insectes retirent de leur homochromie, de leur mimétisme, des attitudes avantageuses qu’ils prennent à l’état de repos et de leur aptitude à se dissimuler ou à se sauver, faits dont on ne peut nier l’exactitude, ne jouent qu'un rôle minime dans la survivance des individus ; mais si minime soit-il, ce rôle est indis- pensable puisqu'il concourt à la survivance du strict nécessaire au maintien de l'espèce. Preuves expérimentales : A. C’est un fait d'observation cou- rante que lorsqu'on récolte en plein air une certaine quantité de larves adultes pour les élever ensuite en captivité, c’est à peine si l’on obtient deux ou trois imagos, tout le reste des larves ayant été parasité pendant leur vie à l’état libre ou mourant de maladies épi- 12 SÉANCE DU 18 FÉVRIER démiques contractées avant leur capture. (Observé maintes fois avec Vanessa urticæ et 10, etc.) 2. Nous récoltons toutes les chenilles de Pieris brassicæ qui se trouvent sur un buisson de Navets isolé contre unmur;ilyena1#48, dont 137 donnent asile à des Microgaster glomeratus, dont 9 meu- rent de maladies et dont 2 seulement survivent pour devenir Papillon. Si l’on tient compte que ces chenilles, au moment de leur capture, n’ont effectué que le tiers de leur existence, nous voyons que dans ce cas, la survivance est égale, à peu de chose près, au 0.40 °/, du nombre des larves récoltées. 3. Dans une boîte d'élevage nous plaçons 130 chenilles de Preris brassicæ au sortir de l’œuf, c'est à dire qu’elles peuvent être con- sidérées comme indemnes de tout élément de destruction, Quelque temps après nous introduisons dans la boîte quelques couples de Microgaster glomeratus; les chenilles qui échappent au parasite et donnent naissance à leur Papillon sont également au nombre de 2, ce qui représente une proportion voisine de 0.40°/,,en tenant compte de l'élimination des autres facteurs de destruction qui n’ont pas pu agir du fait de la captivité. &. Lors de quelques-unes de nos expériences d’hybridation avec des Ocneria dispar, il s’est trouvé que 7 lots de chenilles, com- prenant un ensemble de plus de 1100 individus, ont été en partie détruits par une épidémie de flacherie ; 5 chenilles seulement sur- vécurent, ce qui représente encore une survie de 0.40 °/,. 5. Nous humectons deux boîtes d'élevage avec du sang de che- nilles d’'Ocnerta dispar contaminées et nous introduisons dans ces deux éleveuses 1000 chenilles de Vanessa urticæ; la survivance de ces dernières est encore de 0.40 ?/,, c’est à dire de 4 Papillons. Ces expériences, et nous pourrions en signaler plusieurs encore, confirment ce qui vient d’être dit comme régissant l'équilibre des espèces dont le nombre des individus est constant d’une année à l’autre. IT. Le nombre des individus est variable d'une année à l'autre. Une diminution de l'intensité du facteur D entraînera une aug- mentation corrélative du nombre des individus qui survivent. Mais cette augmentation n’est que passagère, avec rétablissement de l'équilibre au bout d'un nombre restreint de générations. En effet, si D n'existait pas, on sait avec quelle prodigieuse pro- gression numérique (à raison de 500 œufs par femelle et par gé- nération) le nombre d'individus augmenterait (*). Mais on peut ima- 1) Une augmentation de cette importance s’est présentée lors de l’intro- duction par mégarde des Ocneria dispar et Porthesia chrysorrhoea aux Etats-Unis où n’existent pas les Ichneumons qui mettent un frein à la SÉANCE DU 18 FÉVRIER 13 giner que D soit légèrement inférieur à ce qu’il faut pour mainte- nir l'équilibre et qu’il laisse survivre, par exemple, sur 4100 individus que nous supposons se trouver dans une localité, et pour chaque ponte, une seule femelle de plus qu'habituellement; mais alors, c’est d'emblée une augmentation de 50.000 individus au bout d’une année et le double ou le triple si l’espèce considérée est bi- ou trivoltine ; et combien d'individus l’année suivante ! Nous voyons en conséquence qu’il suffit d’une survie dépassant le 0.40 °/, habituel seulement d’une untilé pour rompre l’équilibre à l’avantage de l'espèce donnée dans une proportion telle, que celle-ci est matériellement impossible à maintenir. Nous connaissons cependant des exemples d'augmentation ra- pide du nombre d'individus d’une espèce. Signalons l'invasion considérable de Vanessa cardui qui eut lieu en juin 4906(*). A la suite de ce vol immense qui dura 8 jours, il n’y eut pas un seul buisson d’Orties ou de Chardons dans la région avoisinant Genève et située entre le Salève et le Jura qui n’hébergea plusieurs -che- nilles de cette espèce; on en trouvait également dans les jardins potagers sur les Artichauts. On pouvait donc s’attendre à voir voler en automne des Papillons de Vanessa cardui en quantité inusitée. Or, tel ne fut pas le cas; en une génération, l’équilibre fut rétabli par le fait d’une augmentation corrélative du facteur D. Nous pourrions signaler encore plusieurs invasions d’Insectes, dont les plus intenses ont été constatées en Suisse (Gastropacha pini) en 1889, 1892 et 4894 ; (Pyrale du Mélèse) en 1864, 1878 et 1900; en Bavière (Psilura monacha) en 1889 et 1892, etc., etqui toutes ont été régularisées l’année suivante, soit sous l'influence d’un été humide, soit par suite d’une recrudescence de certains parasites ou insectivores. Nous concluons en conséquence que pour les espèces dont le nombre des individus est variable d’une année à l’autre, D est constant pour une période comprenant un nombre restreint de générations. Lorsque D arrive à équivaloir F, l'espèce disparaît de la localité ; mais les individus de cette espèce peuvent y revenir des localités avoisinantes. Pour qu’une espèce soit anéantie définitivement, il faut que D soit égal à F dans toutes les contrées où elle se trouve; c'est ce quis’est présenté maintes fois pendant les époques géolo- giques et c’est ce qui arrive encore de nos jours de temps à autre. trop grande extension de ces Bombyx en Europe. Pour rétablir l’équi- libre, le gouvernement de l’agriculture s’occupe d'introduire aux Etats- Unis les parasites de ces espèces. 1) Voir Bull. Soc. lépidopt., Genève, vol. I., page 181. 14 SÉANCE DU 4 MARS Séance du 4 mars A. Bach. Les ferments oxydants et réducteurs de la levure. A. Bac. — Les ferments oxydants et réducteurs de la levure. M. A. Bach expose les résultats des expériences qu'il a instituées en vue d’élucider la question de savoir, si /a levure de bière contient de la peroxæydase, comme l’affirment dans un récent travail MM. Harden et Zilva. On sait depuis Schünbein que la levure ne donne, avec les réactifs usuels, aucune des réactions de la peroxydase. Or ces auteurs ont trouvé que toutes les levures fraîches colorent un mélange de p-phénylènediamine et de peroxyde d'hydrogène en violet intense, réactions qu'ils attribuent à l’action de la peroxy- dase. Les levures sèches donnent la même réaction si on les lave préalablement à grande eau pour éliminer les substances inhibi- trices qui se forment pendant la dessication. M. Bach a répété les expériences de Harden et Zilva et constaté ce qui suit : A. La réaction trouvée par ces auteurs n'est pas due à la peroxydase, car des expériences de contrôle faites avec de la levure chauffée ont donné des résultats variables et qui sont incompatibles avec l'hypothèse de l'intervention d’un ferment. D'autre part, dans aucun cas on n’a pu obtenir, avec les levures examinées, une réaction de la peroxydase en employant comme réactifs le gaïacol, le pyrogallol ou l’hydroquinone. 2. La formation de la matière colorante violette dans l'oxydation de la p-phénylènediamine par le peroxyde d'hydrogène n’a lieu qu’en présence d'un acide. La quantité de matière colorante croît avec la concentration de l’acide jusqu’à un maximum qui correspond au rapport p-phénylènediamine : acide = 1 mol. : 0,5 mol. Au-dessus de cette limite, la matière colorante violette ne se forme plus. 3. La réaction observée par Harden et Zilva est attribuable non pas à la peroxydase soi-disant contenue dans la levure, mais exclusivement à l’acidité de celle-ci. Dans un mélange acidulé de p-phénylènediamine et de peroxyde d'hydrogène, la formation du colorant violet est accélérée tout autant par de la soie finement divisée que par de la levure. &. Des extraits de levure sèche (hefanol, zymine) débarassés au moyen de l’ultra-filtre de toute substance retardant l'action de la peroxydase, n’ont donné aucune des réactions de ce ferment. Si SÉANCE DU 18 MARS 15 la peroxydase existait chez la levure, elle devrait se retrouver dans les extraits, étant très facilement soluble dans l’eau. 5. Des cultures pures de levures basses et de levures hautes n’ont donné aucune des réactions de la peroxydase ni à l’état frais, ni après dessication et lavage à grande eau. Séance du 18 mars Amé Pictet. Les constituants de la houille et leurs relations avec ceux du pétrole. — Emile Yung. De la croissance des ongles. M. Amé Pircrer rend compte des recherches qu'il poursuit avec MM. M. Bouvier et O. Kaiser sur les constituants de la houille et leurs relations avec ceux du pétrole. Le produit de la distillation de la houille sous pression très réduite (goudron du vide) et le produit d'extraction de la houille par le benzène bouillant, sont à très peu de chose près identiques. Tous deux sont formés d'un mélange d'hydrocarbures liquides et solides appartenant à la série hydro-aromatique; les uns sont saturés, les autres ne le sont pas; on les sépare, d’abord par un traitement à l'acide sulfureux liquide, qui ne dissout que les non saturés (procédé Edeleanu), puis par une série de distillations fractionnées. MM. Pictet et Bouvier ont retiré ainsi du goudron du vide les hydrocarbures saturés suivants : Co His.... Pt d’ébull. : 136° (hexahydromésitylène) Coop: à » 160° 20 à IRL > 173° (hexahydrodurène) Eh oui » 190° Cisklas os. » 212; Calle, 3. : » 216° CR ioe » 298° CH. Ptde us, 62° Ces corps sont tous identiques, à une exception près, aux car- bures de mêmes formules, retirés par Mabery du pétrole de Canada. Le carbure solide C,,H,, se trouve, ainsi que les auteurs l’ont constaté, dans le pétrole de Galicie; 1l est également identique au mélène, obtenu en 1849 par Brodie en distillant la cire d’a- beilles. 16 SÉANCE DU 18 MARS De l'extrait benzénique de la houille, MM. Pictet et Kaiser ont retiré les hydrocarbures non saturés suivants: | CH... Pt d’ébull. : 106-108° (dihydrotoluène) CH. » 136° (dihydro-m-xylène) EE: PAR > 166° (dihydro-mésitylène) 6e - Pr » 168° (dihydro-pseudocumène) CPS 0 » 201° Css. - » 252-3° (dihydro-fluorène) HA : FAR » 245° (hexa-hydro-fluorène) CH. » 287 CieHis. .. » 276° L'identité des carbures saturés de la houille et de ceux de divers pétroles est intéressante en ce sens qu’elle fournit un argu- ment en faveur de l’origine commune des deux produits naturels. M. Emile YunG. — De la croissance des ongles. L'auteur expose les résultats de mensurations relatives à la vitesse de croissance des ongles. Le but primitif de ces recherches était de déterminer si les changements de régime, notamment le jeûne partiel ou l'alimentation réduite, influent sur l’activité du corps muqueux de Malpighi dans sa production de substance cornée ; telle que celle des cheveux et des ongles. Ce but a dû être aban- donné à cause de l’état de santé des personnes qui s'étaient prêtées aux expériences, en sorte que la question posée n’a pas reçu de réponse. Mais, chemin faisant, M. Yung a accumulé, pendant une période de 40 mois, des chiffres relatifs à la poussée normale des ongles chez cinq sujets d’âges différents. Le nombre des ob- servations faites sur ces sujets diffère de l’un à l’autre, pour des motifs divers ; néanmoins, il a été possible d'utiliser, à une excep- tion près, les moyennes de 20 observations faites dans les mêmes temps et dans des conditions identiques, sur l’ensemble des sujets. Les conclusions ci-dessous sont donc basées sur ces moyennes qui, dérivant elles-mêmes d'observations prolongées et précises, leur donnent d’autant plus d’intérêt que des documents de ce genre ont été jusqu'ici recueillis en petit nombre. Les sujets étudiés furent : A, un garçon, âgé de 4 ans et 3 mois, au début des recherches. B, un garçon, » 7 ans et 2 mois, » » C, une femme, » 33 ans et 6 mois, » ) D, un homme, » 56 ans, » » F, une femme, » 78 ans et 6 mois, » » Les mesures ont été, chez tous, opérées de la même manière; une entaille pratiquée au moyen d’une scie fine, puis noircie au SÉANCE DU 18 MARS 17 noir de fumée, servait de repère mobile, le repère fixe était fourni par le bord supérieur de la gouttière ungéale. La croissance était mesurée de 14 en 14 jours ei de 7 en 7 jours) et appréciée en dixièmes de millimètres. Les mesures prises en période de maladie ont été éliminées ; il en était de même de celles prises sur le plus jeune des enfants (A) pendant les périodes où celui-ci se livrait à la mauvaise habitude de se ronger les ongles. Enfin, les observa- tions furent limitées aux ongles de trois doigts : le pouce, le mé- dius et le petit doigt. Voici les principales conclusions tirées d’un ensemble d'observations considérées toutes comme valables : 1° La moyenne générale de toutes les mesures prises sur les cinq sujets donne, relativement à la rapidité de croissance, le chiffre de 1"m,457 par 14 jours, ou 2" ,914 pour 28 jours ; autre- ment dit: 404 microns par jour ou 3,190 par mois de 30 jours. 2° Si l’on compare la croissance de l’ongle de chacun des trois doigts observés à droite et à gauche, on trouve que l’ongle du pouce s'accroît un peu plus rapidement que celui du médius, et ce dernier un peu plus rapidement que celui du petit doigt. La différence entre la croissance de l’ongle du médius et celle de l’on- gle du petit doigt est supérieure à celle existant entre la vitesse de croissance de l’ongle du pouce et celle de l’ongle du médius. Ces résultats étant les mêmes pour les doigts correspondants des deux mains et se retrouvant chez tous les sujets observés, ils semblent indiquer la règle que la vitesse de croissance des ongles va en diminuant du doigt interne vers le doigt externe. 3° La comparaison des moyennes concernant la main droite, avec celles tirées de la main gauche, montre que les ongles de la première poussent un peu plus vite que ceux de la seconde. La différence est manifeste chez les sujets C et D, moins marquée chez B, et si faible chez À et Æ, qu'à n’envisager que ces deux derniers sujets, on l’attribuerait aux erreurs possibles de mensu- ration. 4o Quant à l'influence de l’âge des sujets, la rapidité de crois- sance a atteint son maximum chez C, sujet dans la force de l’âge, et son minimum chez Æ, le sujet le plus âgé. Chez les deux en- fants À et B la croissance a été plus lente que chez D, mais la différence dans la marche de la poussée des ongles chez À et B est à peu près la même que celle existant entre B et D. En somme, il paraît qu'au dessous de 6 ans, la croissance des ongles est rela- tivement lente; qu'entre 7 et 9 ans, elle s'accélère; qu'entre 30 et 40 ans, elle atteint son maximum ; puis, qu'elle se ralentit après la cinquantaine pour revenir à son minimum autour de 80 ans. Ainsi, la dame C (dans sa 35€ année) allongeait mensuellement les ongles des doigts indiqués ci-dessus, de 3"m,470 en moyenne (au lieu de 3"®,120, moyenne générale); tandis que la dame Æ 2 18 SÉANCE DU 12 AVRIL | (à l’âge de 80 ans) restait, à cet égard, avec une moyenne de 2mm,384, bien au dessous de la moyenne générale. 5° Il ne nous est pas possible de nous prononcer sur l'influence qu'excercerait la saison sur la croissance des ongles, attendu qu’en sériant les chiffres recueillis sur nos cinq sujets pendant les mois de janvier, février et mars; puis, pendant les mois de juil- let, août et septembre, les moyennes indiquent une poussée plus rapide pendant les mois d'été pour les sujets ( et D, tandis que c'est le contraire pour les trois autres sujets. Comparant aux données ci-dessus, celles fournies par deux sujets féminins, deux institutrices (de 37 et 41 ans) qui, indépen- damment l’une de l’autre, ont mesuré sur elles-mêmes la crois- sance de leurs ongles, pendant plusieurs mois, par les procédés que leur avait indiqués M. Yung; il s’est trouvé que la moyenne chez toutes les deux est demeurée sensiblement inférieure à celle des sujets Cet D qui viennent d'être mentionnés. Le fait que les deux personnes en question observent, pour des motifs qui ne touchent pas à leur état de santé, un régime végétarien sévère, pourrait suggérer le soupçon d’une relation causale entre ce fait et la faible poussée de leurs ongles. Mais il s’agit peut-être là d’une simple coïncidence, due à toute autre raison. Les facteurs intervenant dans la croissance des ongles sont vraisemblablement fort nombreux et nous ne savons rien sur le rôle qu’exerce sur ce phénomène le sexe, la proféssion, les soins esthétiques ou hygié- niques donnés aux ongles, le tempérament du sujet, etc., sans parler de son état de santé ou de maladie. Séance du 15 avril Ch.-Eug. Guye. Les équations de conditions des courants dérivés sem- blables et leurs applications. — Fridtjof Le Coultre. Notes sur les comètes 1913 «, 1913 f et 1914 b. Ch.-Eug. Guye. — Les équations de conditions des cou- rants dérivés semblables et leurs applications. Le problème que s’est posé M. Guye est le suivant : Soit un système de x conducteurs disposés en dérivation; quelles relations doivent exister entre les résistances (R,), les coefficients de self-induction (L) et les coefficients d’induction mutuelle (M) de ces conducteurs, pour que tous ces courants soient semblables, c’est-à-dire que leurs intensités soient les images réduites ou am- plifiées les unes des autres, en d’autres mots que l'on ait à chaque instant ILE GR "CS Mr K, 3% Ni ..., Kn étant des constantes ? SÉANCE DU 15 AVRIL 19 La résolution de ce problème peut présenter quelque intérêt ; elle permet en effet d'effectuer des mesures sur un courant dérivé de faible intensité, alors que les mesures directes sur le courant principal de grande intensité seraient difficiles à exécuter et qu'il serait malaisé d’intercaler dans le circuit de ce courant des appa- reils de mesure. Considérons le cas de courants dérivés semblables qui soient à chaque instant inversement proportionnels aux résistances des dérivations, comme cela aurait lieu si ces conducteurs n'étaient le siège d'aucun phénomène d’induction. Les équations de condition cherchées peuvent alors être facile- ment obtenues en introduisant dans les équations générales de Kirchhoff, relatives aux courants dérivés, les valeurs gilee Bar, Lousbais des Ps te , CES D a » TPE : Vi, die Midi di Rad din _ Ri di al Lord cols Rd: ir de Bi: dt Fe Ps En égalant les coefficients de z, et de DE après cette substitu- ton, on obtient des relations de la forme R, , ES PoeMs GE FF fe Min = L R; R, + Mi. + ... Men — . Ces relations constituent les équations de condition des courants dérivés semblables. Elles sont générales, avec cette restriction que les diverses valeurs des coefficients d’induction ne peuvent être quelconques et doivent satisfaire à la condition bien connue ie Mes pour tous les conducteurs considérés deux à deux. En outre, elles ne sont applicables que si les résistances et les coefficients d’induction peuvent être considérés comme constants et pratiquement indépendants de la vitesse de variation des cou- rants ; en d’autres mots si l’on peut négliger les phénomènes d’iné- gale répartition du courant dans la section des conducteurs (*). ?) A ce propos, les formules données par A. Potier pour les valeurs de R et de L en fonction de la fréquence, dans le cas des conducteurs de section circulaire, permettent de se rendre compte, dans ce cas par- ticulièrement défavorable, de l’ordre de grandeur des perturbations apportées et même d’en tenir compte dans une certaine mesure (Maxwell, Traité d’Electricité, t. 11, p. 376). 20 SÉANCE DU 15 AVRIL En se bornant au cas, pratiquement le plus intéressant, de deux conducteurs dérivés, l'équation de condition devient L, — M L, — M R = R; (1) Appliquée à des conducteurs dérivés parallèles dont le rayon de courbure est grand par rapport à la dimension transver- sale de leur section et de leur distance réciproque, l'équa- tion (1) devient (11) dans laquelle Ai2, A, et A, désignent les moyennes distances géo- métriques des éléments des sections des conducteurs (*). M. Guye insiste tout particulièrement sur le cas où le conduc- teur principal est constitué par un ruban mince et le conducteur dérivé par un fil parallèle à section circulaire. L'étude de l’ex- pression (Il) montre alors que l’on peut obtenir des courants dérivés semblables pour des valeurs données de R, et de R,, en plaçant les deux conducteurs à une distance convenable l’un de l’autre. L'expression (Il) doit naturellement être modifiée si le conducteur dérivé renferme en outre un appareil présentant une résistance et une self-induction additionnelles. M. Guye se propose d'exposer cette question plus complètement dans un mémoire ultérieur. Votes sur les comètes 1913 a, 1913 Fridtjof LE CouLrre. el 1914 D. Comète Schaumasse 1913 a. Du 25 mai au 415 juin 1943, j'ai observé 11 fois cette comète; d'abord à la station temporaire de 1) La moyenne distance géométrique A:.2 est définie par l’expression S,S> log A1. = ff 108 r.dS, dS, ; S, et 5, étant les sections des conducteurs dérivés en présence, » la dis- tance de deux éléments dS, et dS. La moyenne distance géométrique A, est pareillement définie par l’expression S2, log À, — LI log r. dS',.dS"; . De même, l’expression S?, log A; — /f log r dS'; dS”, définit la moyenne distance géométrique A. SÉANCE DU 15 AVRIL 21 Bernex avec le télescope Schær de 1 m. d'ouverture, puis à l'Observatoire de Genève avec une lunette de 40 cm. du même constructeur. Pour éviter une transcription littérale des observations, je donne ci-dessous un tableau des facteurs utiles à connaître et je résume les particularités qui me semblent intéressantes. Heure moyenne | | Date Dev itions | Eclat du noyau Observations | ‘3 | | | 25 Mai 930 | 7.2 Noyau fortement marqué, 27 » Ha0 . 7.0 mais sans condensation 28 1 0 ON RE stellaire. 29 » | 8.30 6.5 Noyau mieux défini. 4 Juin 102007 6.2 Noyau flou et soumis à 6 » 10.40 * | ? des variations brusques 9": FPMUT Te 7.5 d’étendue. É0: 5 10.20 8.0 _ Noyau de nouveau plus 21 "> 10:10 *-| 8.5 précis et tend à prendre 13 » 9.45 L. un aspect stellaire. HD.» | 2.15 9.7 ._ Noyau de nouveau flou. Comme on le voit, le noyau s’est montré très variable d’une nuit à l’autre, D'abord bien marqué mais sans condensation stel- laire, 1l a eu jusqu'au 29 mai la tendance marquée à devenir de plus en plus précis. Mais le 30, vers 3 h. du matin, une brusque fluctuation est survenue; ses dimensions ont augmenté, il est devenu tout à fait flou et cet état a persisté jusqu’au 15 juin avec un retour dans la nuit du 10 au 14 à son aspect primordial. La chevelure suit le noyau dans ses variations. Etendue lorsque celui-ci est précis, elle se ramasse et se condense lorsqu'il grossit et devient nébuleux. Le 25 mai, une aigrette était visible dans cette chevelure (fig. 1) et le 28, il y avait un renforcement d'éclat au sud-est de la con- densation centrale, mais ses deux objets sont restés à la limite absolue de visibilité. | Dans la nuit du 28, à 12h. 35 m., la comète occultait une petite étoile de 8° grandeur, On la voyait au travers de la che- velure et son éclat n’en était même pas affecté. L’œil avait la tendance à relier ce point lumineux au noyau, ce qui donnait l'illusion d’une aigrette. Mais parfois on voyait nettement l'étoile comme un noyau secondaire plus précis que le principal, Comète Zlatinsky 1914b. De cette comète, je n’ai pu obtenir que trois observations, les 21, 22 et 23 mai 1914. Cet astre offrait 22 SÉANCE DU 15 AVRIL Fig. 1. — Comète Schaumasse le 25 mai 1913. Dessin pris au télescope Schær de L m. F TEA LE Fig. 2. — Comète Delavan le 23 septembre 1914. Dessin pris à l'œil nu à Collonges (Valais). SÉANCE DU 15 AVRIL 93 la forme d’une nébulosité globulaire avec une forte condensation centrale mal définie de 6" grandeur. Comète Delavan 1913 F (observations faites en Valais pendant la mobilisation de guerre 1914-15), Comme pour la comète 1913 a, je résume en un tableau les données obtenues du 17 sep- tembre au 15 octobre 1944. A eu te Observations 17 Sept 3.00 5.0 Bb”, 207 Noyau stellaire. Da 5 8.30 ne 3°,00” Noyau nébuleux. Ro 0 | on er ie dt 1 Oct. 9.00 | brumeux — EN Mia es: 5h 5 De 9.00 4.9 0°,30’ | + bé 3.20 2,7 199 Noyau nébuleux et très de» 7.50 3.2 4°,00’ condensé. 22. 8.00 3.0 1,00 Noyau circulaire. j : 8.15 brumeux | 8°,00’ Noyau flou. 15 » 8.00 brumeux — Queue moins longue. A l'œil nu, la comète offrait un beau spectacle céleste et sans être très lumineuse, elle l'était assez pour attirer le regard et l'attention des personnes étrangères à l’astronomie. Le noyau était remarquable par son aspect absolument stellaire. Vers la fin des observations il est devenu moins précis tout en restant très condensé. Le 12 octobre, on le voyait sous la forme d’un disque nettement limité dont le diamètre égalait les trois quarts de celui de Jupiter. La chevelure visible de temps à autre n’a jamais pris beaucoup d'extension et la queue semblait souvent partir directement du noyau. La variations de longueur de la queue ont été fréquentes et assez inattendues. La structure devait être complexe mais impos- sible à définir à cause de son faible éclat. Il faut seulement retenir comme détails évidents une corne supérieure (fig. 2) bien marquée et un rudiment de corne inférieur très mal défini. 24 SÉANCE DU 6 MAI Séance du 6 mai Arnold Pictet. Influence de la pression barométrique sur le développement des Lépidoptères. D' Arnold Prcrer. — /n/fluence de la pression barométrique sur le développement des Lépidoptères. La nymphose des Lépidoptères, qui débute avec la dernière mue larvaire, se poursuit jusqu’au moment où la déhiscence des four- reaux, provoquant l'ouverture de la chrysalide, livre passage au Papillon tout développé. L'époque de l’éclosion est du reste indiquée quelque temps à l'avance par l'apparition, sur les téguments de la chrysalide, de certains caractères précurseurs dont les principaux consistent dans une dilatation des anneaux abdominaux et dans le fait que, chez les Rhopalocères notamment, les dessins et les couleurs des ailes, apparaissant sous les ptérothèques, s'y voient par transpa- rence. D'autre part, la durée de la nymphose varie dans une large mesure suivant les individus d’une même espèce, C’est ainsi qu’en considérant un lot de chrysalides sœurs, formées le même jour et maintenues durant toute leur vie dans les mêmes conditions de milieu, on constate non seulement cette variabilité dans la durée de leur développement, mais encore que le temps qui s'écoule de- puis le moment où les caraçtères précurseurs de l’éclosion appa- raissent Jusqu'au moment où celle-ci a lieu, est plus ou moins long suivant les individus considérés; pour quelques-uns, par exemple, la déhiscence des fourreaux se fera déjà le lendemain, tandis que pour d’autres, elle n’aura lieu que deux, trois et même quatre jours après l'apparition de ces caractères. La durée de la chrysalide peut en conséquence se prolonger passablement depuis le moment où le Papillon est tout formé, prêt à émerger de sa chrysalide, jusqu'à celui où il en sort effectivement. Quelle est la cause de ces retards plus ou moins longs qui se produisent dans l’éclosion de l’insecte adulte ? Il résulte de 1758 observations effectuées depuis 1907 et d’une trentaine d'expériences pratiquées à partir de 1913 sur des Lépi- doptères pris dans tous les groupes de cet ordre, que la diminu- tion de la pression atmosphérique joue un grand rôle pour provo- quer l’éclosion des Papillons et que la grande majorité de ceux-er n'émergent de leur chrysalide que lorsque le baromètre vient à baisser. æ SÉANCE DU 6 MAI 25 Pour nous convaincre du rôle exercé par la pression de l’atmo- sphère, nous avons dressé, en la notant trois fois par jour, la courbe barométrique depuis 4907; sur les feuilles où cette courbe avait été dressée, nous avons reporté, au moyen d’un signe con- ventionnel se rapportant aux différentes espèces, les 1758 éclo- sions observées, à la date et à l’époque de la journée précises où ces éclosions avaient eu lieu. Le résultat de cette opération nous amène à constater que le 91,32 °/ des individus observés ont éclos pendant la baisse barométrique, l’éclosion du surplus, excessive- ment restreint comme on le voit, s'étant effectuée par la hausse ou par une pression uniforme. Le détail de ces observations se décompose comme suit : Hausse Baisse | ou pression Rapport | uniforme É Phopalocères :: ”". .... 168 indiv. | 14indiv. 92.25 °/o ÉMRRRIONES ee M un, 14 » | 1 100.00 °/o Bomihyciciens) HOSIIL A EU 91 » | 6 » 98.82 °/o Ocneria dispar. . . . . . | 280 » 402 91.80 °/0 Lasiocampa quercus . . . 381 » 34 » 91.81 °/o Das, pudibunda . . . . . ON 6 » 91.08 °/0 Dendrolimus pini . . . . | 126 » 15 » 90.00 °/0 Bvetuelies LS, PTE 280" 1» 29 » 90.62 °/0 Géomètres. x edlio 6 » 88.00 °/0 Ayant constaté le rôle de la baisse barométrique, cherchons à l'expliquer et adressons-nous, pour cela, à l’expérimentation. On admettait autrefois que la déhiscence des fourreaux était provoquée par l’animal lui-même qui, en aspirant violemment de l'air dans ses trachées, augmentait le volume de son corps de ma- nière à faire sauter les lignes de suture; mais la constatation que uous avons faite d’une attente que subit le Papillon dans sa chry- salide avant d’éclore, bien que formé depuis quelques jours, infirme cette hypothèse. Au contraire, nos expériences démontrent que : {. Si l’on place des chrysalides, dès le moment où les caractères précurseurs de l’éclosion sont marqués, dans un cristallisoir her- métiquement clos où la pression soit uniforme, on retarde nota- blement le moment de l’éclosion ; il arrive même que le Papillon ne pouvant éclore, et par conséquent ne pouvant se nourrir, meurt de faim dans sa chrysalide. 2. Lorsqu'une chrysalide est sur le point d’éclore alors que le baromètre monte, l’éclosion se trouve retardée jusqu’au jour où la pression baisse de nouveau. Cette baisse peut se présenter le lendemain comme elle peut aussi avoir lieu plusieurs jours après, 26 SÉANCE DU 6 MAI 4 à 5 Jours, ainsi que nous l’avons observé pour des Pieris bras- sicae et rapae et des Papilio machaon. 3. Dans un cristallisoir hermétiquement clos et en communica- tion par une tubulure avec une pompe à vide, nous plaçons une chrysalide prête à livrer son Papillon; nous abaissons alors subi- tement la pression de 5 à 10 mm. au sein du cristallisoir et nous constatons que dès l'instant où cet abaissement a lieu, la déhis- cence des fourreaux se produit, amenant comme un éclatement de la partie antérieure de la chrysalide, d’où sort le Papillon avec rapidité (expériences vérifiées devant témoin et avec plusieurs espè- ces). Si la chrysalide n’est pas tout à fait mûre, il faut attendre un certain temps depuis le moment où la pression est diminuée jusqu’à celui où le Papillon émerge. Il résulte en conséquence de ces expériences que le Papillon, bien que tout formé dans la chrysalide, n’a pas par lui-même le moyen d’en sortir; pour cela, une action mécanique est nécessaire et cette action réside dans une diminution de la pression baromé- trique survenant au moment propice; ces insectes doivent donc attendre qu'une baisse, qui ne tarde jamais beaucoup du reste, se présente pour provoquer leur libération. Ce mécanisme est facile à comprendre : au cours du développe- ment, il s'établit un équilibre entre l'atmosphère intérieure de la nymphe et l'atmosphère ambiante. Le baromètre venant à monter au moment de l’éclosion, il se forme une pression du dehors au dedans capable de retenir les fourreaux contre le corps de la chry- salide, tandis que, le baromètre baissant, c'est au contraire une pression du dedans au dehors qui se forme, laquelle fait sauter les lignes de déhiscence des fourreaux. C’est le même principe qui, chez l’homme, produit un afflux du sang aux orifices de son Corps, lorsqu'il monte à une altitude trop élevée, Le 8 °/, environ des chrysalides observées a éclos par la hausse ou par la pression uniforme; pour expliquer ces cas exceptionnels, du reste fort restreints, 1l A tenir compte des éclosions qui ont eu lieu pendant la nuit et repérées seulement le matin, alors qu’une baisse barométrique nocturne a pu passer inaperçue. Il faut tenir compte encore de ce que d’autres facteurs, tel que le pas- sage d’un milieu sec à un milieu humide, peuvent intervenir en temps propice et Jouer le même rôle que la pression barométrique. SÉANCE DU 3 JUIN 27 Séance du 3 juin Arnold Pictet. Le développement des Lépidoptères : le rôle de la tempéra- ture en relation avec la pression barométrique. — L. Duparc. La tecto- nique de l'Oural. D" Arnold Prcrer. — Le développement des Lépidoptères: le rôle de la température en relation avec la pression baromé- trique. Nous avons démontré (1) que les Papillons, une fois développés dans leur enveloppe nymphale, n’ont pas par eux-mêmes la faculté d’en sortir ; 1l faut, pour provoquer la déhiscence des fourreau x de la chrysalide et permettre au Papillon d'en émerger, une force extérieure qui, dans le cas présent, réside dans une diminution de la pression barométrique ; celle-ci agit en provoquant, du dedans au dehors de la chrysalide, une poussée qui écarte les fourreaux et disjoint leur ligne de suture. D'autre part, si l’on maintient dans un cristallisoir clos, où la pression soit constante, une chrysalide prête à éclore, on empêche ainsi la déhiscence et le Papillon meurt sans pouvoir venir au monde; tandis qu’au contraire, en effectuant au sein du cristalli- soir une diminution, même légère, de la pression atmosphérique au moyen d’une pompe à vide, on provoque rapidement l'éclate- ment de la chrysalide et l PERS de son hôte. Cela nous montre que l’on peut envisager la pression baromé- trique à l’état libre comme ayant une action accélératrice ou retar- datrice du développement nymphal des Lépidoptères, suivant que c'est une diminution ou une augmentation de cette pression qui se présente au moment où la chrysalide est à même d’éclore. Intervention de la température. — D'autres facteurs de l’am- biance sont susceptibles de ralentir ou d'accélérer le développement des chrysalides et, en particulier, l’abaissement et l'élévation de la température jouent, dans certains cas, un rôle important dans ce domaine ; l’on peut se demander si cette action est capable d’an- nuler les ET PE de la pression barométrique ou bien si elle agit en concordance avec eux. Pour élucider ce problème, nous avons entrepris 8 séries de nouvelles expériences, avec 390 individus appartenant à 5 espèces; elles ont consisté à diviser les chrysalides provenant d’une même ponte, c’est-à-dire ayant la même somme d’influences héréditaires, ?) Arnold Pictet, Le rôle de la pression barométrique dans le dévelop- pement des Lépidoptères. Arch. Sc. phys. et nat., 1915, t. XI, p. 74. 28 SÉANCE DU 3 JUIN en un certain nombre de lots soumis chacun à l’action d’une tem- pérature allant de 6° à 37°. Chaque lot s’est trouvé en conséquence dans des conditions de chaleur différentes qui ont amené une accé- lération ou un ralentissement du développement, avec époques d'éclosion spéciales à chaque lot. Au moment où elles se produi- sent, les éclosions sont comparées avec la courbe barométrique et l’on constate alors que c’est, dans la totalité des cas, par la baisse qu'elles ont lieu. Ainsi, une modification produite dans l’époque habituelle de l’éclosion et qui amène celle-ci plus tôt ou plus tard que normalement, est quand même dans la dépendance de la pres- sion atmosphérique agissant au moment où la chrysalide est prête à éclore. Voici, à titre d'exemple, le détail de deux de ces séries : Vanessa urticæ (1913) Lot 1, nymphose dans 37°; chrysal. 9-11 juillet; éclosions 18-19 juillet de} » » 20-21° ; » 2 1 Ur ) 20-25 » » 3, 3jours dans 6-10°; » 5 Rd à » 26-29 » AGO 0 OT Mo rl e SET OTIES AL eunte Wa D 0 +? » 6-10°; v.. 12-1810: Ù 3 août Vanessa io (1914) Lot 1, nymphose dans 36°; chrysal. 26-27 août; éclosions 31 août US » » 30): » » et: » 1-5 sept. VE : » » HT à » » PC » 6-43 » à, » AOL, » » M D 10-11 » Dans le Lot 1 de la Are série, les éclosions ont eu lieu les 48-19 juillet par une baisse barométrique de 4 mull.; ie 17 juillet les chrysalides étaient prêtes à éclore, mais le baromètre ayant monté de 3 mill., la durée de la nymphose a été prolongée jusqu'au mo- ment où la pression a diminué de nouveau; cela est du reste con- forme aux résultats publiés dans la précédente séance. Nous cons- tatons la même chose pour les autres lots. Pour ce qui est de la série 2, nous remarquons que trois jours avant le 31 août la pression est uniforme à 733 mill.; puis vien- nent, les 31 août, 1, 2 et 3 septembre, des baisses de 2 et 1 mill. coïncidant avec les éclosions des Lots 4 et 2; les chrysalides de ces lots étaient cependant prêtes à éclore dès le 30 août; en outre, nous constatons des périodes de hausse barométrique alternant avec des périodes de baisse, ces dernières étant précisément celles où ont eu lieu les éclosions des autres lots. Ces données sont encore conformes à ce que nous avons vu précédemment; les 8 séries entreprises donnent des résultats analogues. Avec des chrysalides hivernantes, nous avons encore entrepris des expériences de même genre. Pour provoquer une accélération du développement des chrysalides hivernantes, il faut que l’action SÉANCE DU 3 JUIN 29 de l'élévation de la température se fasse surtout durant le troi- sième tiers de la nymphose; une action thermique uniforme pen- dant tout l’hiver n’amène guère les éclosions plus tôt que dans les conditions normales, tandis que des alternances diurnes et noc- turnes de chaleur et de froid sont susceptibles d’activer la méta- morphose. Or, dans ces derniers cas, les avances obtenues ne subsistent qu’en tant qu’une baisse barométrique se présente au moment de l’éclosion ; à supposer qu’une hausse d’une durée de trois jours ait lieu à ce moment-là, l’avance acquise se trouvera diminuée d'autant. Une élévation de la température au moment de l’éclosion peut en elle-même, par le fait de la dilatation des tissus et des liquides sanguins qu’elle produit, jouer le même rôle que la diminution de pression barométrique et vraisemblablement remplacer celle-ci dans quelques cas spéciaux. A ce point de vue, deux séries d'expériences avec des chrysalides hivernantes, où les individus ont été soumis à l’action de l'élévation et de l’abaissement de la température (alternances diurnes et noc- turnes allant de 5° à 40°, ou température uniforme) aux deux tiers de leur nymphose, alors que la fin du développement nympbhal s'effectuait dans le milieu normal, sont particulièrement inté- ressantes, car elles montrent que malgré l'intervention, au cours du développement, de forces extérieures susceptibles de provoquer la déhiscence des fourreaux, c’est quand même la diminution de pression qui intervient au moment de l’éclosion. Dans notre première communication relative à l'influence de la pression barométrique, nous avons constaté que le 91.32 °/, des 1758 observations effectuées ont éclos par la baisse barométrique. Dans les expériences que nous communiquons aujourd’hui c’est le 100 °/, des éclosions qui se sont produites par la diminution de pression. Il y a donc lieu de retenir que cette influence est encore plus nécessaire dans le milieu expérimental, où les chrysalides, affaiblies, ont perdu un peu de leurs moyens, que dans le milieu naturel, où elles ne sont pas gênées dans leur développement. On sait que les Lépidoptères diurnes ne volent que lorsque le soleil uit; 1l semblerait en conséquence que leur éclosion, ne s’ef- fectuant que par la baisse barométrique, les placerait dans un milieu défavorable, à supposer qu’une diminution de pression soit toujours en corrélation avec un changement de temps et l’'amon- cellement de nuages ; non seulement cela n’est pas toujours le cas, mais 1l y a lieu de retenir que les Rhopalocères, s’ils ne volent pas lorsque le soleil est caché, peuvent parfaitement vivre et se repro- duire même par la pluie. Ainsi, le fait qu’ils puissent venir au monde alors que le temps se gâte ne porte pas préjudice au main- tien des espèces. 30 SÉANCE DU l‘* JUILLET Séance du 1* juillet Prof. A. Monnier et E. Guyot. Sur quelques dosages volumétriques au moyen du sesquichlorure de titane. — Prof. C.-E. Guye et Ch. Lavanchy. Vérification expérimentale de la formule de Lorentz-Einstein par les rayons cathodiques de grande vitesse. Prof. A. Moxnier et E. Guyor. — Sur quelques dosages volu- métriques au moyen du sesquichlorure de titane. Le sesquichlorure de titane est encore peu employé en chimie analytique, où il peut cependant rendre de grands services, grâce à son action réductrice énergique. Nous avons déjà montré qu'il constitue un précieux réactif pour l'analyse qualitative (*); nous l’avons ensuite appliqué à l’analyse volumétrique, pour le dosage du fer, du cuivre, du chrome et du vanadium. Knecht a proposé, il y a quelques années, son emploi pour le dosage des sels ferri- ques. En effet, si l’on ajoute une liqueur titrée de chlorure de titane à une solution d’un sel ferrique, il est réduit immédiatement et le liquide se décolore. L'inconvénient de ce procédé réside dans la difficulté de connaître le point exact où la réaction est terminée, sans ajouter un excès de la solution titrée. Nous sommes arrivés à perfectionner cette méthode par l'emploi d'indicateurs très sensi- bles qui permettent de percevoir avec la plus grande netteté la fin de la réaction. Nous utilisons, dans ce but, certaines matié- res colorantes solubles dans l’eau, telles que le bleu de méthylène, les safranines, les indulines, le carmen d’indigo, etc. Pour le dosage du fer, nous employons comme indicateur une solution de bleu de méthylène; 50 ou 100 cm° de la liqueur dans laquelle on veut doser le fer, sont acidulés fortement par l'acide chlorhydrique et additionnés de 2 ou 3 gouttes de l'indicateur; on chauffe au bain-marie et on laisse couler la solution titrée de titane jusqu'à ce qu'une goutte amène la décoloration complète du liquide. Pour éviter l’action oxydante de l'air, on opère dans un courant d'acide carbonique. En prenant les précautions nécessaires, cette méthode donne des résultats aussi exacts que la méthode classique au chlorure stan- neux et elle est d’une manipulation plus simple, car elle n’exige pas de titrages en retour. On prépare une solution de sesquichlorure de titane à 0,8 ?/, environ, que l’on place dans un appareil de Fresénius, permettant *) Annales Ch. Anal. Paris, 1915, XX, p. 1. SÉANCE DU 1° JUILLET 31 la conservation de la solution à l'abri de l'air ; (c'est l'appareil qui sert à conserver la solution de chlorure stanneux). On détermine le titre de la liqueur avec une solution de chlorure ferrique de titre connu. On opère ensuite les dosages à effectuer dans les mêmes conditions, en employant autant que possible les mêmes quantités de liquide pour chaque essai et le même nombre de gouttes d'in- dicateur. Dès qu'il n’y a plus de sel de fer au maximum dans la solution, la matière colorante est réduite ; le chlorure ferreux est sans action sur le bleu de méthylène. Dosage du chrome. — Les chromates, en solutions acides sont immédiatement réduits par le chlorure de titane, à l’état de sels chromiques, On peut donc doser le chrome dans les solutions de chromates, en opérant exactement comme pour le dosage du fer et en employant le même indicateur ; le virage est très net. On déter- mine le titre de la solution de titane avec une dissolution de bichro- mate de potasse d’un titre connu. Cette méthode permet de doser avec une grande exactitude de très petites quantités de chrome. Dosage du cuivre. — Les sels cuivriques sont réduits à chaud, dans les solutions chlorhydriques ou sulfuriques à l’état de sels cuivreux. Pour le dosage de ce corps, on ne peut pas employer le bleu de méthylène comme indicateur, car 1l est décoloré avant la réduction du cuivre. Cette particularité permet de doser le fer en présence du cuivre. Pour titrer le cuivre, nous avons choisi, comme indicateur, des matières colorantes, telles, que les safrani- nines et les indulines, qui ne sont décolorées qu’après la réduction du cuivre. En opérant par compar aison avec des solutions titrées de sels ferriques et cuivriques, nous sommes arrivés à doser exac- tement le fer et le cuivre contenus dans une solution, sans qu’il soit nécessaire de les séparer préalablement, Prof. C.-E. Guxe et Ch. Lavancay. — Vérification expéri- mentale de la formule de Lorentz-Einstein par les rayons cathodiques de grande vitesse. Il y a quelques années, M. Guye a indiqué une méthode parti- culièrement appropriée à l'étude de la variation d'inertie des élec- trons en fonction de la vitesse. Cette méthode, dite des trajec- toires identiques, à fait l'objet d’une première étude expérimen- tale en collaboration avec M. Ratnowsky. Les résultats de cette étude avaient conduit aux conclusions suivantes: la formule d'Abraham ne paraissait pas admissible, mais les écarts avec la formule de Lorentz, quoique rentrant dans la limite des erreurs, atteignaient À à 2 °/. D'autre part, les critiques sérieuses dont le travail de M. Hupka, \ 32 SÉANCE DU 1° JUILLET en apparence beaucoup plus précis, a été l’objet’), pnt engagé M. Guye à reprendre une nouvelle série de mesures par la méthode des trajectoires identiques, mais en y introduisant des perfection- nements importants de façon à en augmenter beaucoup la préci- sion. En particulier l'enregistrement photographique a remplacé l'observation directe, ce qui permet d'opérer rapidement et a le très grand avantage d'éliminer en grande partie les erreurs qui peuvent résulter des variations de dureté du tube. Pour l'exécution de ce second travail, M. Guye s’est adjoint comme collaborateur M. Ch. Lavanchy, et ce sont les conclusions très précises auxquel- les cette étude à conduit que les auteurs présentent aujourd'hui à la Société de Physique et d'Histoire Naturelle. Comparaison des résultats préliminaires (*) avec la formule de Lorentz-Eïinstein BP observé | = théorique À Mo Lo 0.2279 js 1.027 — 0.2581 1.041 1.035 + 0.006 0.2808 1.042 1.042 + 0.000 0.3029 1.046 | 1.049 — 0.003 0.3098 | 1.048 1.052 — 0.004 0.3159 | 1.054 1.054 + 0.000 0.3251 1.059 | 1.058 + 0.001 0.3302 1.063 | 1.060 + 0.003 0.3356 1.060 | 1.062 — 0.002 0.3433 1.066 1.065 + 0.001 0.3462 1.065 1.066 210 1001 0.3551 | 1070 | 1.069 + 0.001 0.3630 1.067 1.073 1Ÿ de10.006 0.3813 | 1.079 1.082 209008 0.3894 1.085 1.086 — 0.001 0.4164 1.104 | 1.100 + 0.004 0:4503:"%) VÜAST 1.133 + 0.004 04899 +11] “HIA9 rad 4e — 0.003 Les résultats obtenus jusqu'ici sont résumés dans le tableau ci-dessus, qui vérifie d’une façon tout à fait remarquable la for- mule de Lorentz Einstein sur la variation d'inertie en fonction de la vitesse. 1) W. Heil. Discussion der Versuche über die trige Masse bewegter Elektronen. Ann. der Physik, 1910, t. XXXI, p. 519. 2) Le tableau complet des résultats sera publié ultérieurement, avec le détail des expériences et des calculs. SÉANCE DU 7 OCTOBRE 33 Séance du 7 octobre J. Carl. Considérations générales sur la Faune des Phasmides de la Nouvelle Calédonie et des Iles Loyalty. J. Car. — Considérations générales sur la Faune des Phas- mides de la Nouvelle Calédonie et des Iles Loyalty. Cette faune se compose de 31 espèces réparties sur 15 genres, dont 8 appartiennent à l'élément endémique, tandis que les autres ont une aire de distribution plus ou moins vaste. L'auteur a cons- taté les faits suivants : 1° La présence d’une proportion élevée de genres strictement endémiques. 20 Grand développement de deux genres constituant l'élément endémique régional (Canachus et Asprenas), qui donnent à cette faune un cachet spécial. 3° Représentation relativement faible des grands genres large- ment répandus dans la Polynésie et la Mélanésie et probabilité d'importation passive dans certains cas. 4° Grand endemisme spécifique: Des 31 espèces que compte la faune des Phasmides, 22, c’est-à-dire plus des deux tiers sont en- démiques dans la grande île ou dans les Loyalty. La faune des Phasmides néocalédonienne se présente donc comme une faune hautement endémique, ancienne et spécialisée, résultat d’une longue évolution à l’abri de toute influence étran- gère sur des îles séparées très tôt de toute autre terre, Les nombreuses absences, les affinités très faibles avec les fau- nes des terres les plus rapprochées ainsi que le résultat de la com- paraison avec la faune des Iles Fidji, confirment ce caractère d’an- cienneté et d'isolement. Séance du 4 novembre Ch.-Eug. Guye. Unités électroniques (Uo). — Albert Brun. Les limites d’exactitude des analyses de silicates compliqués. — J. Briquet. Sur quelques points de la morphologie florale des Artemisia. Prof. Ch.-Eug. Guye. — Unités électroniques (U,). M. le prof. C.-E. Guye expose l'intérêt que peut présenter pour l'étude toujours plus actuelle des phénomènes intra atomiques l'emploi d'un système d'unités en corrélation avec ces phénomè- 3 34 SÉANCE DU 4 NOVEMBRE nes. La tendance générale d'expliquer les phénomènes physiques, même purement mécaniques, par des considérations électro-ma- gnétiques justifierait, semble-t-il, à elle seule, le choix d’un sys- tème d'unités dont les unités fondamentales seraient empruntées au domaine de l’électromagnétisme. En second lieu, en ayant soin de rattacher les unes aux autres les unités fondamentales par des relations bien définies, ces unités peuvent présenter entre elles une corrélation logique que ne possèdent pas les unités choisies arbi- trairement. Cette corrélation entre les diverses unités est alors susceptible d'amener dans l'énoncé des lois et dans l’expression des grandeurs mesurées des simplifications de nature à mieux en faire comprendre le sens intime. Il va sans dire que l'adoption d'un nouveau système d'unités ne peut être fait qu'après mûr examen, mais il n’est peut-être pas inutile d’en aborder dès main- tenant l'étude. Unités fondamentales. — Le système dont M. Guye déve- loppe les propriétés, est celui dont les trois unités fondamen- tales seraient : la charge de l’électron e,; l'inertie de l'électron aux faibles vitesses m,; la vitesse de la lumière dans le vide v, (); ces trois grandeurs étant reliées par la formule théorique 60? + HR I M 3 av” , " ( ) dans laquelle a est le rayon de la sphère sur laquelle est répartie la charge e,. Ces trois grandeurs sont susceptibles de déterminations relati- vement précises ; la valeur de e, peut être mesurée par la méthode des gouttes électrisées (Millikan), la valeur de m, se déduit de la connaissance de e, et du rapport 2 — #3) O0! Mo pour les rayons cathodiques lents; enfin la vitesse de la lumière a fait l’objet de déterminations nombreuses et précises. Exprimées en unités CGS les valeurs des trois unités fondamentales sont très approximativement Co == 4.78 x 107 ‘CR E. S. Mo =. 0.900 De 107 gr: M E= 8.X, 10°/cm. 1) Dans un article intitulé Inertie de l'Energie et paru en 1913 dans le Journal de Physique, M. Langevin a montré tout l'intérêt qu'il y aurait à adopter la vitesse de la lumière comme unité de vitesse; l’inertie et l’énergie d’un corps ayant alors la même expression numérique. SÉANCE DU 4 NOVEMBRE 35 Unités dérivées. — Longueur a,. L'inertie d’une charge élec- trique dépend, comme on sait, de la loi de sa répartition ; or, la répartition sur une surface sphérique est la seule qui présente une symétrie complète ; cette considération semble donc justifier le choix de la formule fondamentale (1); l'unité de longueur s’en déduit immédiatement AE = 2. PL NX 105 ‘sem, Di O Temps t, — L'unité de temps dérive des unités de longueur et de vitesse to — 9.403 X 107 ** sec. Force f,. — L'unité de force peut être indifféremment définie par le produit de l’inertie unité par l'accélération unité ou comme laforce qui s’exercerait dans le vide entre deux charges unités pla - cées à l’unité de distance ; sa valeur est : fo = 2.872 X 10° dynes . Cette unité paraît, à première vue, beaucoup trop grande et l’on peut se demander s’il ne conviendrait pas d'adopter, dans ce cas, un sous multiple de l'unité principale ; c’est possible. Mais si l’on réfléchit à la prodigieuse quantité d'énergie potentielle que l’on suppose accumulée dans les atomes, on est conduit à admettre que les forces intra atomiques doivent être considérables pour que les moindres déplacements de leurs points d'applications libèrent ou absorbent d'énormes quantités d'énergie (*). Energie w,. — L'unité d'énergie se déduit des unités de force et de longueur; elle correspond à l'énergie potentielle totale de ‘électron (?); sa valeur en CGS et : = 6,1: 10 leres,. 1) I] suffit de rappeler à ce propos le dégagement d’énergie qui résulte de la décomposition du radium et le fait que les forces intra atomiques sont susceptibles de projeter des électrons B avec une vitesse presque égale à celle de la lumière et cela dans un temps très court, correspon- dant vraisemblablement à la durée d'émission du rayon ». ?) Voir Langevin, loc. cit. L’énergie potentielle totale de l’électron 2 €? | Wo = > — 3 a est la somme de l’énergie potentielle du champ électrostatique et de l'énergie potentielle due à la pression hypothétique de l’éther (pression de Poincaré). 36 SÉANCE DU 7 NOVEMBRE Se réservant de revenir plus longuement sur cette question, M. Guye se borne à mentionner ces quelques grandeurs principales, dont le tableau ci-après résume les équivalences en CGS et leur relation avec les grandeurs fondamentales. Unités électroniques (U°) Unités fondamentales Charge e°=24:78 X 107! U.E.S:: Inertie m; — 0.900 X 107? gr. Vitesse v, = 3 vd à | au Fe | sec. Unités dérivées Longuadar 2, 2.821 XA107 6m. = 6 0 0 Le €” Temps be 19:408 x AO TMuSees train E { + 295 4 Force To = 2.812:X 10° /dnes os niut [ue : Energie "w, = 8:10 X 107 "verge : : Lu mar M. Albert Brun donne quelques indications sur les limites d’exactitude des analyses de silicates compliqués tels que les laves des volcans. Il montre que les analyses qui paraissent les meilleures, effec- tuées, par exemple, par certains laboratoires américains, ne sont. en réalité qu'approximatives. Il n’existe actuellement aucune analyse quantitative qui donne avec une approximation de À millième le poids des substances qui composent la roche. M. Brun cite comme exemple des laves qui contiennent 2 mil- lièmes de carbone, ‘/, millième d’azote, et dont ces laboratoires ne mentionnent aucune trace, ou même annoncent que ces corps manquent, malgré leur présence incontestable. Les méthode employées ont été évidemment mauvaises. Il n'existe aucune méthode actuelle qui soit assez précise pour sépa- rer le fer métallique des basaltes, du fer sulfuré (proto) et du Protoxyde. Lorsqu'il y a une petite quantité de fer métallique disséminé, l'analyse chimique ne peut pas le séparer quantitativement du Protoxyde de fer. Il s'ensuit que dans beaucoup de roches basalti- ques, la connaissance du degré d’oxydation du fer, élément si im- portant, ne comporte qu'une faible précision. Les méthodes des analyses des silicates compliqués sont actuel- lement en défaut. M. Brun a pu s'assurer que le dosage du car- SÉANCE DU 4 NOVEMBRE 37 bone dans une lave présente des difficultés très grandes et que selon la méthode employée, les chiffres diffèrent énormément. L'oxydation de la lave par la vapeur d’eau à haute température, oxydation répétée un certain nombre de fois, paraît le meilleur moyen pour éliminer de la lave la totalité du carbone, sous forme de CO et de CO,, que l’on peut mesurer. Ceci est en contradiction flagrante avec l'opinion de MM. Day et Shepherd, de l’Institut Carnegie à Washington, qui ont prétendu que les laves (en parti- culier celle du Kilauea) ne sont pas attaquées par la vapeur d’eau. Leur assertion est complètement fausse : la vapeur d’eau a une action très énergique, aussi bien sur le verre que sur les cristaux déjà formés. Un travail plus étendu, relatif à cette dernière ques- tion, paraîtra prochainement dans les Archives. J. Briquer — Sur quelques points de la morphologie flo- rale des Artemisia. Les bases de la classification des Armoises ont été données par Besser (*), puis confirmées par Lessing (?) et A.-P. de Candolle(®), avec quelques variantes, sans que ces botanistes aient ajouté grand'chose de nouveau à nos connaissances sur l’organisation florale de ces Composées. La plupart des auteurs ont suivi les précédents. Cependant, en 1850, Godron(“) a poussé plus avant l'analyse. Besser avait groupé en une section S'eriphidium (Seri- phida Less) les espèces, qui possèdent des calathides homoga- mes (à fleurs toutes hermaphrodites) et à réceptacle nu. Or, Go- dron a ajouté à ces caractères celui d’avoir une corolle insérée très obliquement sur l'ovaire et des stigmates élargis au sommet en un disque cilié. Il oppose à la section Seriphidium un groupe Euartemisia, englobant toutes les autres espèces d'Artemisia de la flore française, dans lesquelles la corolle est insérée au sommet de l’ovaire (sous-entendu non obliquement) et à branches stigma- tiques filiformes, non épaissies, ni ciliées au sommet. Malheureu- sement Godron se borne à ce caractère purement négatif, sans dire comment sont en réalité organisées les branches stylaires chez les Euartemisia. D'où on retire l'impression que l’auteur, enchanté d’avoir constaté des faits nouveaux chez les espèces de la section 1) Besser in Bull. Soc. nat. de Moscou, 1829, t. I et Tentamen de Abrotanis. Nouv. mém. Soc. nat. de Moscou, 1834, t. III. ?) Lessing, Synopsis generum Compositarum, 1832, p. 264. *) A.-P. de Candolle. Prodromus systematis regni vegetabilis, 1837, t. VI. VI, p. 93 et suiv. #) Godron in Grenier et Godron. Flore de France, 1850, t. II, p. 126 et 135. 38 . SÉANCE DU 4 NOVEMBRE Seriphidium, en a conclu que ces faits n’existaient pas dans le reste du genre Artemisia, personne n’en ayant parlé. Cette prévision a été entièrement vérifiée par l'analyse que nous avons faite d’un certain nombre d’espèces de la section Euarte- misia. Ce nombre est fort restreint par rapport à la masse des espèces connues, mais il suffit pour montrer, d’abord que les caractères indiqués comme propres à la section Seriphidium par Godron se trouvent ailleurs dans le genre Artemisia, en second lieu qu'il existe encore, même parmi les espèces les plus connues, un immense travail à accomplir dans le champ de l’analyse mor- phologique des Composées. Prenons comme type des Armoises françaises de la section Sert- phidium V'Artemisia maritima L. subsp. gallica Briq. et Cav. (— A. gallica Willd). A l’anthèse, l'ovaire est obovoïde, haut de env. À mm., à plateau apical arrondi sur les bords. La corolle est insérée, non pas obliquement, comme l'indique Godron, mais au milieu ou presque au milieu du plateau et orientée selon le pro- longement de l’axe de l’ovaire. Son tube, qui porte extérieurement de volumineuses glandes sessiles, est cylindrique et graduellement élargi dans sa partie inférieure, puis, au-dessous du milieu, dilaté en gorge allongée renfermant le manchon anthérien. Les 5 lobes corollins égaux sont ogivaux et tapissés de papilles hémisphéri- ques sur leur page interne dans la région apicale. Les antères sont longues d'env. 4,1 mm. ; elles possèdent un appendice apical lancéolé, bien plus étroit que le corps de l’anthère qui est linéaire ; les appendices basilaires, fort courts, sont très étroits et acumi- nés; les anthéropodes, élargis dans leur région médiane, sont longs d'env. 0,2 mm. Le style est pourvu au-dessus de sa base d'un épiregme (!) presque hémisphérique, tronqué du côté infe- rieur, à partir duquel le corps stylaire augmente progressivement de calibre sur une longueur d’env. 2 mm.; puis il se divise en deux branches comprimées-rubanées dès leur base, pourvues de deux bandes stigmatiques latérales ; au sommet, ces bandes s’élar- gissent légèrement de façon à former un étroit plateau cihié de poils balayeurs claviformes. A la maturité, l'ovaire s'accroît excen- 7) Nous désignons sous le nom d’épiregme le renflement plus ou moins scléreux à la maturité, qui caractérise le style des Composées au-dessus de son rétrécissement basilaire. Nous reviendrons ailleurs dans un mé- moire spécial, sur la structure et les fonctions de cet organe. M. G. Beauverd (in Bull. Soc. bot. renève, janv. 1909, ser. 2, t. I, p. 367) lui a donné le nom stylopode, mais ce nom est déjà en usage dans la mor- phologie des Ombellifères et des Araliacées, dans un sens différent. Le stylopode des Ombellifères est formé par la confluence du disque avec la base élargie des styles; il est morphologiquement équivalent au nec- taire augmenté de tout la région basilaire du style chez les Composées. SÉANCE DU 4 NOVEMBRE 39 triquement au sommet, de façon que le tube de la corolle est lége- rement rejeté du côté postérieur. Dans l'A. coerulescens Willd, cette disposition est encore plus exagérée et l'insertion du tube corollin est très excentrique. Il n’en reste pas moins que cette disposition n’est pas primitive. A l’anthèse, l'insertion est à peu près apicale. D'ailleurs l’organisation est à peu près la même que dans l’espèce précédente, mais la corolle est plus grande, la partie inférieure du tube un peu dilatée, à anthères et à style plus longs. En revan- che, dans l’A. herba-alba Asso, la corolle qui n’atteint pas 2 mm. de longueur, est insérée excentriquement, presque latéralement, sur un ovaire déjà dissymétrique à l’anthèse et cette disposition est encore exagérée à la maturité. D'autres différences séparent d’ailleurs cette espèce des précédentes; la corolle est organisée comme dans l’A. maritima, mais les étamines ont des anthères trapues, plus courtes, n’atteignant pas À mm. (appendices com- pris), à corps beaucoup plus large ; le corps du style est très épais au-dessous des branches. — En résumé, pour les 3 espèces de la section Seriphidium examinées, l’organisation du style est con- forme à ce qu'a annoncé Godron, mais l’excentricité d'insertion de la corolle est inégalement visible à l’anthèse suivant les espèces, et ne devient caractéristique pour toutes que quand l'ovaire s’est transformé en fruit. Qu'en est-il dans les £u-artemisia ? Notons d’abord que dans les espèces de ce dernier groupe 1l existe des fleurs extérieures 9, et des fleurs intérieures 8. Le style est organisé assez diflérem- ment dans les unes et dans les autres, ce dont Godron n’a tenu aucun compte et ce qui ressort des quelques notes suivantes. — Dans l’A. lanata Willd. (A. pedemontana Balb.) la corolle pos- sède un tube inséré sans excentricité au sommet de l'ovaire, les fleurs Q zygomorphes ont un style à branches longues d'environ 0,8 mm., un peu renflées au sommet arrondi-déprimé, couvert de papilles saillantes, mais sans longs poils balayeurs, Au contraire, dans la fleur 8 actinomorphe, les branches stylaires sont élar- gles au sommet en plateau rétus et cilié de longs poils balayeurs, — Dans l’A. nitida Bert., les fleurs sont insérées à l’anthèse d’une façon très obliquement excentrique sur l'ovaire. Celles Q@ , zygo- morphes, ont un style à branches comprimées, fortement dilatées, soudées à la base sur une longueur de près de 0,5 mm., puis rétrécies, enfin élargies-rétuses au sommet et garnies de papilles saillantes et serrées. Dans la fleur 8 actinomorphe, les branches du style sont élargies-comprimées dès la base, à sommet élargi- tronqué et cilié de longs poils balayeurs à extrémité arrondie, À la maturité, les akènes obovoïdes sont naturellement dissymé- triques et gibbeux du côté antérieur au sommet. Prenons enfin l'A. petrosa Jan (A. eriantha Ten., A. Villarsit Gr. Godr.) 40 __ SÉANCE DU 18 NOVEMBRE Ici aussi, la corolle est insérée d’une façon excentrique sur l’ovaire, surtout dans les fleurs Q, où l'insertion est nettement oblique, Ces dernières, zygomorphes, ont un style à branches un peu cylin- driques, moins comprimées, atténuées au sommet couvert de pa- pilles saillantes. Au contraire, les fleurs 8 actinomorphes ont un style à branches élargies au sommet en un plateau cilié d’abon- dants poils balayeurs à extrémité arrondie. L'insertion oblique de la corolle entraîne une dissymétrie des akènes allongés- obovoïdes. — Une organisation analogue se remarque dans l'A. Genipi Web. (A. spicata Wulf.). Les faits qui précèdent montrent, comme nous le disions en commençant, que les caractères que Godron croyait exclusivement propres à la section Seriphidium du genre Artemisia, se retrou- vent chez diverses espèces d'£uartemisia, et que la morphologie florale de détail des Armoises est encore presque entièrement à faire. Séance du 18 novembre C. Cailler. La probabilité des causes. Cette séance a été consacrée à un échange de vues sur le pro- blème des différences des moyennes et de la probabilité des causes. M. E. CLaPpaRÈDE introduit la question et donne les énoncés d’une série de problèmes qui peuvent servir d'exemples à un seul et même problème fondamental en psychologié expérimentale : il s’agit essentiellement de reconnaître si les différences données par diverses statistiques sont significatives ou si, au contraire, elles se sont produites fortuitement sous la seule influence du hasard. M. C. Carcrer explique l'attitude qu’observent les mathémati- ciens à l'endroit des problèmes relatifs à /a probabilité des cau- ses, analogues à ceux que vient de poser M. Claparède sur la différence des moyennes, Un facteur auquel la théorie attribue une grande importance est volontiers passé sous silence par les statisticiens dans les applications qu’il font du calcul des proba- bilités. Ce facteur est celui que les mathématiciens appellent la probabilité a priori ; il correspond aux conditions particulières à chaque statistique, et il mesure la fréquence des causes auxquelles peut être attribué un certain effet, quand ces causes se dévelop- pent dans le temps en produisant non seulement le dit effet, mais encore tous ceux dont elles sont capables. Par une série d'exem- ples appropriés, M. Cailler montre l’importance de l'élément SÉANCE DU 2 DÉCEMBRE 41 a priori pour l'évaluation correcte des probabilités «a postertorr. L'intervention nécessaire de ce facteur, le plus souvent inconnu au début d’une statistique, ne permet pas de donner une valeur numérique exacte pour la probabilité intrinsèque correspondant à l'événement observé. Un processus d’extinction de l'élément a priori fait d’ailleurs que l’incertitude diminue lentement, à mesure que l’expérience se prolonge. Si elle a duré suffisamment longtemps, peu importe le point de départ posé arbitrairement au début; 1l devient inopérant en regard des faits nouveaux accu- mulés par l’observation. Toutes ces circonstances devront être pesées pour apprécier sainement la signification des différences relevées entre les moyen- nes de deux matériels d'expériences plus ou moins similaires. Ce sera au bon sens, plus souvent qu’au calcul, à prononcer en der- nier ressort. Séance du 2 décembre R. Chodat. Sur l’isogamie, l’hétérogamie, la conjugaison et la superfétation chez une algue verte. — C.-E. Guye et M. Einhorn. Sur le frottement intérieur des fils de quartz aux basses températures. — Eug. Bujard. Remarques sur le modelage de la tête de l'embryon humain. R. Caopar. — Sur l’isogamie, l'hélérogamie, la conjugaison et la superfétation chez une alque verte. L'auteur a découvert et cultivé en culture pure en l’absence de tout organisme étranger un Chlamydomonas déjà nommé ancien- nement par lui Chlamydomonas intermedia, Chod. Cette Chlamydomonadée cultivée sur les milieux habituels, ne montre aucune sexualité, mais transportée sur des milieux enri- chis en peptone et sous l'influence prépondérante de l'obscurité, produit un nombre infini de gamètes de toutes grandeurs; 1so- macrogamètes qui au lieu de se fusionner par le bec s'unissent latéralement, iso-microgamètes qui font de même, -hétéro-gamè- tes: macro-gamète femelle, méso-gamète mâle et microgamète incolores (1). En outre on constate excessivement souvent une curieuse super- fétation, union de 3 gamètes, zygozoospore fécondée par un ma- crogamète ou un microgamète ou pendant la fusion des deux maco- isogamètes, chacun étant à son tour fécondé par des microgamètes. Ces fécondations répétées aboutissent à des zygozoospores résul- tant de la fusion de 3, 4, 5, 6 cellules. Au cours de ces fusions observées sous le microscope on voit la zygozoospore complexe 1) Ce mode d’union est nouveau parmi les Chlamydomonas. 42 SÉANCE DU 2? DÉCEMBRE errer munie de ses 6, 8, 12 cils si les fusions ont été latérales ou contenant autant de stigma que de cellules copulatrices. Les gamétes de diverses grandeurs proviennent d'états palmel- loïdes dont les cellules inégalement accrues à l’intérieur d’un tétrasporange varient du simple ou double au sextuple. Les plus petites étant dépourvues de chlorophylle fonctionnent comme spermatozoïdes. Dans les états palmelloïdes on constate aussi des fusions à l’état immobile entre des cellules contigues de même grandeur ou de grosseur différente, au moyen d’anastomoses copulatrices permet- tant la conjugaison, Les zygotes s’arrondissent ou conservent longtemps une forme en biscuit ou une apparence lobée, Les pyrénoïdes se confondent. | Dans les zygotes complexes comme dans les normales le contenu se divise pour former un état palmelloïde ou un pseudo-paren- chyme de cellules polyédriques par compression. Pour étudier les conditions de la sexualité on a cultivé (en col- laboration avec Mile Globus) les Chlamydomonas intermedia sur des milieux solides et sur des milieux liquides. Gélose-Detmer glycose 20/5 » saccharose 2 0/, » maltose 20) » lactose 20/6 Le développement est maximum sur le glycose à l’obscurité le développement est retardé; quant à la sexualité, elle fait généra- lement défaut à la lumière (sucrose) ; elle se marque dans l’obscu- rité. L'addition de peptone détermine une sexualité excessive. L’ac- tion favorable du peptone croit de 0,1-0,5-0,6 puis semble décrof- tre avec les concentrations plus élevées. Cependant les colonies sont à 0,8-1 0/o de peptone plus grandes qu’à 0,1-0,2 °/0. Si la sexualité est rare à 0,1 et en lumière, elle est déjà plus abondante à l’obscurité pour la même concentration ; mais elle s’accentue avec les concentrations constantes. À 0,3 0/0 et ceci se continue jusqu’à 0,7-0,8 °/, ; les phénomènes de sexualité s’accentuent sur- tout dans l’obscurité. Avec la gélatine l'addition de sucres diminue la sexualité, le peptone corrige cette accélération végétative. Sur gélatine sans peptone et sans sucre 1l y a déjà beaucoup de gamètes. Gélatine et glycose donnent dans l’obscurité le même résultat. Les cultures dans les milieux liquides ne donnent pas de gamè- tes ou en donnent rarement. Cependant pour observer les principaux faits de sexualité, il convient de transporter les algues des cultures sur gélose ou géla- tine dans des éprouvettes contenant la solution Detmer au ‘/,,. Au SÉANCE DU 2? DÉCEMBRE 43 bout de 3-12 heures se marquent tous les phénomènes de féconda- tion indiqués. Cette plante se prête donc admirablement pour montrer à heure fixe et de propos délibéré, au laboratoire, tous les phénomènes de la sexualité depuis la conjugaison isogame jusqu’à l’hétérogamie parfaite y compris le curieux et nouveau phénomène de la super- fétation. M. le prof. C. E. Guxe expose les résultats d’un travail entrepris en collaboration avec M. Enuorx sur le frottement intérieur des fils de quartz aux basses températures. Des expériences antérieures effectuées par M. Guye et Mlle Va- sileff (:) sur des fils de verre aux températures moyennes et élevées avaient montré que le phénomène du frottement intérieur présente dans des corps à structure isotrope comme les verres une régula- rité et une simplicité plus grande que dans les métaux dont la structure peut être considérée comme pseudo isotrope. Il était intéressant de reprendre des expériences à basse tempé- rature et d'étudier à ce point de vue les fils de quartz dont la com- position chimique est simple et dont la chaleur atomique moyenne est extrêmement petite même à la température ordinaire (?). La méthode employée est celle utilisée par MM. C. E. Guye et P. Voïkoff. Tous les fils étudiés ont préalablement été examinés au microscope polarisant afin de vérifier leur isotropie. Cette isotro- pie persiste même après refroidissement dans l'air liquide bien qu'un premier refroidissement produise une modification qui se traduit par une augmentation du décrément qui peut atteindre 25 à 30 °/, ; les refroidissements ultérieurs n'ayant plus aucun effet. Les propriétés générales du frottement intérieur constatées sur les fils de verre aux températures moyennes et élevées se sont retrouvées pour les fils de quartz étudiés à la température ordi- naire. En particulier les expériences ont montré qu’à cette tempé- rature le décrément logarithmique À est dans la limite des expé- riences indépendant de la durée de la période d’oscillation 7, conformément à la théorie de Boltzmann sur la réactivité; le décrément s’est montré également indépendant de l’amplitude. Aux températures basses, au contraire, on se rapprocherait davan- tage, sans la satisfaire cependant, de la condition Àt — constante, comme le veut la théorie du frottement intérieur de M. W. Voigt qui s’appliquerait ainsi d'autant mieux que la température est plus basse. Ce dernier résultat confirme les observations faites 1) Arch. des Sc. Phys., mars et avril 1914. 2) Id., t. 39, p. 87, 1915. 44 SÉANCE DU 2? DÉCEMBRE antérieurement par M. C. E. Guye et V. Freederiks sur les mé- taux (©). Il importe de remarquer qu'à la température de l'air liquide le décrément est si petit que l’on est en droit de se demander si l'amortissement ne serait pas dû au frottement résiduel de l’air ou à quelque transmission d'énergie au support; en effet, pour une amplitude de 0.025 l'énergie perdue dans une oscillation n’est guère que de 0.0006 ergs. Toutefois l'analyse des résultats et l'examen des courbes ne paraît pas favorable à cette hypothèse. Il semble plutôt qu'aux basses températures apparaît un phé- nomène irréversible d’une autre nature, un frottement propor- tionnel à la vitesse. Ce frottement pourrait peut-être avoir pour cause le fait que les équilibres qui correspondent à chaque valeur de la déformation sont très lentement atteints aux basses tempéra- tures. La série des déformations par lesquelles passe le fil ne pourrait plus alors être considérée comme une suite d’états d’équi- bbres, et le phénomène, malgré la très faible agitation molécu- laire, ne serait pas réversible. Quelques expériences ont été aussi effectuées sur des fils de verre ; elles ont conduit à des conclusions générales analogues. Eug. Busarp. — Remarques sur le modelage de la tête de l'embryon humain (Note préliminaire). La tête de l'embryon humain, au cours de son modelage, réalise successivement une série de rapports organiques, qui font varier les relations métamériques de ses divers systèmes. Chez les embryons très jeunes, seule la segmentation somitique est dessinée ; les fentes branchiales apparaissent en avant du sinus veineux du cœur, dans une région n'ayant aucune trace de méta- mérisation. Un peu plus tard, lorsque le modelage des vésicules cérébrales commence, les neuromères se délimitent, en même temps que débute l’enroulement spiral de la tête. Dès lors, fentes branchiales et neuromères entrent en rapport; mais leurs relations varient d’un embryon à l’autre, comme le résume le tableau ci-après. Ce tableau met en évidence les trois faits suivants : 1° Que les rapports entre les ganglions craniens et les neuro- mères sont constants chez les divers embryons humains : le gan- glion du trijumeau (V) correspond au II° neuromère, le ganglion acoustico-facial (VII-VIID) au IVe neur., la vésicule auditive au Ve neur., le ganglion glossopharyngien (IX) au II° neur. et le ganglion pneumogastrique (X) aux VIIS et VIII neuromères ; 1) Arch. des Sc. phys. et nat., janv., févr., mars, 1910. SÉANCE DU ? DÉCEMBRE 45 2° Que chaque arc branchial équivaut, chez l'embryon humain, à deux neuromères ; branchiomérie et neuromérie ne sont donc pas des segmentations équivalentes ; 3° Que la région cérébrale et les neuromères paraissent glisser peu à peu en avant de la 4'e fente branchiale, de telle sorte que celle-ci, qui répondait tout d’abord au sillon séparant les I-ITes neuromères, finit par se trouver vis-à-vis du sillon séparant les IIIe-IVe neuromères ; la 4e fente branchiale est alors en regard du 4er intervalle somitique de la région occipitale. à RE RE D Segments Embryon N. T. 6|Embryon N.T. 7|Embryon N.T.11|Embryon N.T.13 céphaliques Long. 2"",6 Long. 2"",5. Long. 3°" Long. 4°",9 Neurom. | 1 0] 3 I FR T CUT SAS S PONT ARNT ER CREER LT 4 IL gangl. V° p. gangl. V* p. 1"° fente br. ENS EPA à d II NP par) LE ce: |. l'\fente Of, 6 IV e.VII-VII p.[8- VII-VIIT: p.|g. VIT VIII: p. ss | roro. @tifente: br: 1'° fente br. 7 Y vésic. audit. | vésic. audit. | vésic. audit. | vésic. audit. 3° fente br. cn a cs HP ane DR: 8 | VI gangl.IX*p. | gangl. IX°p. | gangl. IX'p. 22 3° fente br. | © fente br. | —— 9 | VII gangl. X° p. | gangl. X°p. nan dh fente brain)» vrroeuus mmouen Hidfifente br 10 | vin racine X° p. 3° fente br. Somites | a : 4° fente br. 4° fente br. rég.occip.« b — c Ces variations topographiques sont le résultat d'une série de glissements tectoniques, par lesquelles la tête se modèle. Nous avons vu ailleurs que la forme extérieure de l'embryon tend à réaliser une série de courbures géométriques, transforma- bles graphiquement l’une dans l’autre, qui sont la traduction gra- 46 SÉANCE DU 2? DÉCEMBRE phique du mécanisme du développement; ce sont les courbes embryotectoniques, qui caractérisent chacune une période de développement. (1) Aux premiers stades du développement (embryons Krômer et Eternod Du. Ga.), phase parabolique, la tête est encore à peine ébauchée. Ses ébauches organiques, sous la poussée des tissus pro- liférants au niveau du canal neurentérique, décrivent une série de trajectoires paraboliques ; peu à peu les premiers somites glissent au-dessus du sinus veineux et s’effacent, tandis que d’autres se dessinent plus en arrière. Le repèrage graphique démontre que le 4 somite apparent de l'embryon Du. Ga, est en réalité le 3°. Chez ce même embryon deux fentes branchiales sont apparues en avant du sinus veineux et des protovertèbres. Aux stades suivants (embryons Pfannenstiel III et Meyer- Thompson), phase spirale du développement, la tête se fléchit peu à peu et décrit la spire céphalique primitive autour du point buccal. Fentes branchiales et somites sont entraînés dans ce mouvement, Chez l'embryon Pfannenstiel III, quatre fentes branchiales sont réparties le long d’un arc branchiomérique de 57 env., qui restera dès lors à peu près constant. Le glissement en avant des somites et leur effacement graduel se continuent; à leur place apparaît une nouvelle segmentation : les neuromères. Les somites I à VIIT (soit 3 à 10) de l'embryon Du. Ga. forment la base d’un triangle dont l’angle au sommet mesure 76° ; les neu- romères de l'embryon Pfann. II sont répartis sur un arc neuro- mérique de 76° env., dont le centre est commun avec celui de l’arc branchiomérique. L'étude graphique du modelage céphalique démontre la coïncidence presque parfaite des segments neuromé- riques et somitiques; ce sont là des segmentations équivalentes ; mais au cours du développement les somites céphaliques s’effacent au moment où apparaissent les neuromères. Chez l'embryon Pfann. IT les premiers rapports entre fentes branchiales et neuro- mères sont établis ; la 4° fente est en regard du sillon séparant les I-IIe5 neuromères (3-4° segm. céphaliques). Ainsi le modelage de la tête et la formation de la spire cépha- lique primitive se font par le glissement en avant de la région dorsale, système nerveux et somites, qui surmonte peu à peu le pharynx et s’enroule autour du stomeum; c’est là un véritable glissement tectonique. Aux stades suivants (embryon Broman, etc.), l’enroulement 7) Eug. Bujard, Remarques sur le mécanisme du modelage des em- bryons humains. Courbes embryotectoniques. Anatom. u-Entwickl. Monographien (herausg. W. Roux), 3° Heft. Leipzig, 1914. 11-96 p. avec quarante-trois figures. SÉANCE DU 16 DÉCEMBRE 47 céphalique se resserre ; la spire primitive se transforme par la révolution de ses centres autour du stomeum et élargit ses arcs. Les glissements tectoniques précédents continuent et entraînent toujours plus en avant neuromères et fentes branchiales ; la pro- gression cérébrale est plus grande que celle du pharynx et les neu- romères s'avancent un à un au-delà de la 42 fente branchiale ; celle-ci se trouve enfin au niveau du sillon délimitant les IV-Ve neuromères (6-7° segm. céphaliques). Ce n’est pas encore là leur rapport définitif. Chez l'embryon Ingalls (long. 4,9 mm.) la spire céphalique s’est élargie à nouveau; la croissance du prosencéphale a allongé l'arc frontal et provoqué un léger recul du rhombencéphale et des neuromères. Les rapports du cerveau et du pharynx sont dès lors définitifs ; les ganglions craniens s’allongent jusqu’à l’épiderme et provoquent le développement de leurs placodes ectodermiens, qui les fixeront à la région branchiale. Les arcs neuromériques et branchiomériques sont légèrement plus courts que dans les em- bryons précédents, ce qui indique un tassement de toute la région. A ce stade la 1° fente branchiale est en regard du sillon entre les ITI-IVeS neuromères (5-6 segm. céphal.) et la 4° fente répond à l'intervalle entre les deux premiers somites occipitaux. En résumé, le modelage de la tête se fait chez l'embryon humain par une série de glissements embryotectoniques, qui amènent graduellement le rhombencéphale et ses neuromères au- dessus du pharynx et des fentes branchiales. Ces glissements sont accompagnés de l'effacement graduel des somites céphaliques. Cependant les segmentations somitiques et neuromériques sont équivalentes, ce qui permet de retrouver graphiquement 10 seg- ments céphaliques en avant de la région occipitale (plus en avant encore reste une région sans traces de segmentation). Les rapports entre les neuromères et les fentes branchiales varient progressive- ment ; mais à chaque stade, un arc branchial correspond angulai- rement à deux neuromères. Séance du 16 décembre Henri Lagotala. Première note au sujet du fémur humain. — L. Duparc. Carte géologique du district de Nicolaï-Pawda. — R. Chodat. et M. de Coulon. La luminescence de deux bactéries. — J. Briquet. Carpologie comparée des Santolines et des Achillées. — Id. Organisation florale et carpologie de l’Achillea fragrantissima (Forsk) Boiss. Henri LaGorara. — Première note au sujet du fémur humain. Cette étude, pour laquelle M. le Professeur E. Pittard a bien voulu nous donner les matériaux, est basée sur cent fémurs droits 48 SÉANCE DU 16 DÉCEMBRE représentant cent individus masculins des XIV* et XVe siècles. Ces restes proviennent de l’église de la Madeleine à Genève. Pour effectuer ces mesures nous avons fait construire un nouvel ostéomètre permettant la recherche facile des mesures de lon- gueurs, d'angles et de flèches. La longueur absolue moyenne de ces cent fémurs est de 451,4, le graphique de la variation de cette dimension est fort régulier. La moyenne de la /ongueur trochantérienne est de 435%m,8. La longueur en position offre une moyenne de 447mm,7. Nous avons comparé ces résultats avec ceux que Bu- müller a trouvés pour les fémurs du moyen-âge de Lindau. En effet, cette série de Bumüller donne une longueur absolue moyenne de 450"m,09, fort proche de la nôtre (451®®); par contre la lon- gueur en position est bien plus faible 441%m,1, Cette différence de 6mm,6 en faveur des fémurs genevois, provient probablement de l'angle que la diaphyse fémorale fait avec le plateau tibial. Nous avons effectué la reconstitution de la taille en utilisant les travaux de L. Manouvrier. Les Genevois des XIVe et XVe siè- cles possédaient une stature de 1®649. Voici quelques valeurs comparatives pour la taille : Valais (actuel) Pittard..... 4,63 Vaud » De louise DA Neuchâtel » Di Fab E 1,66 Genève » Lagotala ... 1,67 Ossements de cimetières anciens : St-Marcel, Paris (IVe-VITe siècle) Rahon 41",65 St-Germain-des-Prés (X°® siècle) » 41,67 Essayer de comparer la taille actuelle des Genevois à la taille des Genevois du XV-* siècle serait difficile, étant données les nom- breuses causes ayant pu amener cette différence (immigration et naturalisation, causes sociales, etc.). L'étude des diamètres antéro-postérieurs (D. A. P.) et transverse (D. T.) a été faite à 3 niveaux divers: au niveau de la région poplitée (tiers inférieur du fémur) au niveau de la région pilastri- que (tiers moyen) et enfin dans la région sous-trochantérienne (tiers supérieur). Ces diamètres offrent des variations assez fortes allant du 30 °/, p. le D. A. P. de la région poplite au 48 ?/, pour le D. A. P. de la région pilastrique. MDP, y —) est de 407,19 ; la variation de ce rapport est de 45,61 °/, allant des valeurs 80,7 à 129,6; le 16°/, des fémurs ont un indice inférieur à 400 ; 40 °/, un indice égalant 400 et 74 °/, un indice supérieur à 100. L'indice pilastrique moyen SÉANCE DU 16 DÉCEMBRE 49 L'indice pilastrique le plus faible a été trouvé par Manouvrier sur un nègre (71) le plus fort chez un Parisien (131,9). Comparée aux séries européennes de Manouvrier et de Bumüller la série présentée 1c1, varie le moins pour les valeurs de l'indice pilastrique. Tableau comparatif : Fémurs de Bndaw (Bamäller)..,...:......,..,.2. 100,72 » Bavarois (Lehmann Nitsche) ............. 105,3 » Tiroliens (sans indication de sexes, Frizzi),. 105,— PM EranGas (Manñouvriér) (USE LS 5 210 MN 104,8 » Parisiens (cité par Bumüller, sans indication ec SRE MR RRQ ES 109,2 » Genevois (Lagotala)........ ALT OR RARE 0: NOR 19 Les fémurs genevois sont donc extrêmement développés sous le rapport du D. A. P. dans le tiers moyen de la diaphyse générale (région pilastrique). Ceci est une preuve d’une très grande robus- ticité, dénotant, d’après Manouvrier, un fort développement du muscle crural,. L'indice de platymérie (ee) moyen est de 88,69. Répartition : Platymérie antéro-postérieure (moins de 80)..... 16°, » » (de 80 à 100)..... 109} » transversale (de 100 à plus) ...… VF Comparaisons : 10 fémurs de Français modernes (Manouvrier)... 88,2 21 » d'Indiens précolombiens » AA: 54 2 18 » dé HéBres CON. 1. » 17.#85j3 Fèmurs de Lindau (Bumäüller)...... PART, BUT 79,2 » Munich DOI DB. va Se UC AITÉEMUNE 86,— 100 fémurs Genevois » LOU RE SULONT-HI0E 88,69 Il nous a paru intéressant de grouper nos cent fémurs en fonc- tion de la croissance de la longueur absolue et d'étudier les varia- tions des autres dimensions en fonction des variations de la lon- gueur absolue, Lorsque la longueur absolue s’accroît : 1° La longueur trochantérienne s'accroît relativement moins vite; ce qui montre que les fémurs longs le sont par un fort déve- loppement de l’espace compris entre le grand trochanter et la tête fémorale. Les fémurs seraient donc longs par un grand allonge- ment du col et par un moindre écrasement de celui-ci. 2° La longueur en position s'accroît relativement moins vite. Il 4 50 SÉANCE DU 16 DÉCEMBRE y aurait là aussi à envisager (ce que nous ferons dans une pro- chaine note) l'influence de l'angle de la diaphyse et de celui du col. | 3° Les D. A. P. et T. de la région poplitée s’accroissent inéga- lement, le D. T. augmentant plus vite que le D. A. P. 4° Le D, À. P. dans la région pilastrique s'accroît relativement plus vite que le D. T. 5° Le D. A. P. de la région sous trochantérienue s'accroît plus vite que la D. T. mais avec très peu de différence. La Platymérie.— Nous avons étudié spécialement les aplatisse- ments transversaux ou antéro-postérieurs que peut subir le fémur dans son tiers supérieur et décrits par Manouvrier. Nous avons formé une série spéciale des fémurs platymériques antéro-postérieure- ment et des fémurs présentant la platymérie transversale. Nous avons comparé ces deux séries à la série générale en ayant soin de ramener toutes les dimensions à un fémur idéal dont la lon- gueur serait de 100%, De cette façon nous avons pu observer les variations que subissent les fémurs platymétriques et devant se rattacher au caractère de patymérie jusqu'à nouvel avis. Lorsque la longueur absolue vaut 100 le DiE. Dr) D.A P.1"D6EL LD :A PS DE du tiers sup dutiersmoyen dutiers infér. Fémurs à platym. transv. 7.09 6.5 6.9, 4880. 7160 9e » » antéro post. 5.63 7.5 6.26 - 6.1 1x9: CONRE » de la série totale 6.07 6.84 | 6.41 5.7 1:55. : 580 Nous constatons que par comparaison avec la série totale dans la platymérie transversale les D. A. P. des 3 régions sont mieux développés et qu'il en est de même pour les 2 D. T. de la partie inférieure de la diaphyse fémorale, En ce qui concerne le fémur à platymérie antéro-postérieur les D. A. P. sont moins bien développés (pour le D. A. P. du tiers inférieur valeur égale) ainsi que le D. T, du tiers inférieur. Il n’y a que les diamètres transversaux des 2 tiers supérieurs qui marquent une augmentation. Nous concluons provisoirement que pour la platymérie trans- versale ce caractère est lié à une très grande robusticité et que le fort développement des D, A, P. est général; le fémur à platymérie transversale est aussi très développé transversalement dans le tiers inférieur. F La platymérie antéro-postérieure est localisée dans les tiers supérieur et inférieur. De ces 3 types de fémurs, celui présentant la platymérie trans- versale serait le plus robuste. SÉANCE DU 16 DÉCEMBRE 51 M. le Pof. L, Duprarc présente et explique la carte géologique du district de Nicolaï-Pawda. M. R. Cuopar présente au nom de M, ne CouLon et au sien, le résultat d'expériences faites au sujet de /a luminescence de deux bactéries. Il s'agissait tout d’abord d'étudier les conditions de vie de ces bactéries pour les soumettre ensuite à une investigation rationnelle quant aux causes de la luminescence, La première est un micro- coque isolé d’un poisson de mer acheté à Genève ; la seconde est le Pseudomonas luminescens Molisch, Les deux produisent de la lumière dans le bouillon de Molisch (viande de poisson). On s’est efforcé de remplacer ce milieu complexe et incertain d'expérience à expérience par des milieux de composition connue, soit pour ce qui est de la nutrition hydrocarbonnée, soit de la nutrition azotée, Le microcoque a réussi dans un bouillon exclusivement minéral additionné de 1 °/, de peptone ou à la place de ce dernier, de gly- cocolle, d’asparagine ou d’urée, Pour cette espèce les sels ammo- niacaux, l’hydroxylamine, les nitrates et les nitrites alcalins n’a- vaient aucune valeur nutritive comme source d'azote et ne produi- saient aucune luminescence. Ce microcoque devait être cultivé en présence de carbonate de calcium à cause de son action acidifiante, Les sucres suivants ont été assimilés avec luminescence : gl/ycose, fructose, mannose ; le galactose est plus difficilement assimilé et la luminescence y est grandement retardée ; le glycose l'emporte sur les autres hexoses, Parmi les pentoses, le xylose a presque la valeur du glycose, l’arabinose est moins avantageux, Les disac- charides maltose et lactose provoquent la luminescence, tandis qu’elle ne se fait pas avec saccharose. Pour le Pseudomonas luminescens on a pu obtenir, chose excessivement rare dans le monde des Bactéries des cultures lumi- neuses en substituant au bouillon de viande (poisson), soit le pep- tone, le glycolle, l’alanine, l’asparagine, l’urée, le tartrate d’am- monium, le nitrate d’ammonium, le nitrate de potassium. Cette bactérie se comporte donc comme un champignon saprophyte qui peut élaborer ses réserves azotées au moyen de sels ammonia- caux. On a cherché en partant de solutions salines (Molisch) additionnées de sucres (2 °/) la proportion de ces diverses sub- stances, p. ex. glycocolle 0,4 — 0,2 — 0,3 — 0,8 — 1,0 — 1,5 — 2 °/,. Au bout de 4 jours les ensemencements sur les milieux à 0,6 — 0 8 °/, sont les plus lumineux, les tubes contenant 1,2 et 2 °/, restent obscurs. La concentration optimum de cet acide aminé correspond à celle trouvée expérimentalement ou calculée en N, par le peptone 52 SÉANCE DU 16 DÉCEMBRE (4 °/,), Si au lieu de glycocolle on prend l’homologue supérieur l'alanine & il y a retard, c’est-à-dire qu'il faut attendre quinze jours; mais il se trouve que c’est celui des tubes qui contient une quantité sensiblement équimoléculaires par rapport au glyco- colle (0,84 °/, d’alanine) qui devient lumineux, On a aussi déter- miné le rapport exact entre la source azotée et la nourriture hydro- carbonée, soit en partant de l’asparagine sur agar, soit en milieux liquides ; la dose utile de glycose est de 2 °/, si on part de milieux contenant 0,61 gr. d’asparagine. On a fait varier le glycose de 1%/,-3,5 °/,. Et vice versa la dose de 0,5 d’asparagine a été trouvée optimum en milieu agarisé si ce dernier est additionné de 2 ?/, de glycose, Le Pseudomonas luminescens semble préférer les alcools po- lyatomiques aux sucres, car sur des milieux contenant des quan- ttés égales (2°/,,) ce sont les dulcites, érythrite et mannite qui sont les premiers lumineux (3 jours) viennent ensuite saccharose et galactose, puis seulement maltose, Au bout de 6 jours xylose et fructose commencent à luire, l’arabinose tarde beaucoup (15 jours). Le résultat est négatif pour le raffinose et le polygalite, douteux pour le lactose, On a examiné ensuite l’action d’anesthésiques sur la luminosité en partant de la méthode suivante : on sait qu'un milieu liquide contenant des bactéries phosphorescentes finit par s’éteindre. Il suffit de l’agiter avec de l’air pour lui redonner de la luminosité, A un bouillon qui s'éteint spontanément en X’ on additionne des doses croissantes de cyanure de potassium 0,4 — 0,2 — 0,3 0,4 — 0,5 — 0,6 cc. (d’une solution 1 °/,). On voit alors qu'aux très faibles concentrations il y a prolongation de la luminosité sans diminution d'intensité, l’optimum étant entre 0,4 et 0,2 cc. Les temps de luminosité sont p. ex. 75° — 510" — 420" — 180 — 140" 120" — 50° — 45— 44° — 28’. Les expériences répétées ont fourni des courbes analogues, On voit dès lors que le cyanure a un effet excitant sur la durée de la luminosité, soit qu'il agisse comme co-ferment à la façon du HCN dans la catalyse d’oxydation de l'acide formique par H,0, (Loewenhart) soit qu’il exerce son action par un autre mécanisme à étudier. On a trouvé la même loi pour le microcoque cité plus haut. Les alcools méthyliques et éthyliques prolongent aussi la lumi- nosité mais leur courbe d’action est différente avec sommet aigu croissant et décroissant rapidement. La dose la plus active est pour l’alcool éthylique 9 °/,, pour l’alcool méthylique 14 °/,. Cor- respondant aux concentrations qui dans la théorie de Overton- Czapek diminuent le mieux la sémiperméabilité tout en abaissant la tension superficielle de l’eau de 1— 0,6 — 0,7 (0,68 Czapek) On a mesuré aussi pour le microcoque lumineux l’action de la SÉANCE DU 16 DÉCEMBRE 53 1 température de 0° à 30°. L’optimum pour cette espèce est vers 14”, le minimum autour de 0°, le maximum au-dessus de 25°. La courbe est parfaitement régulière. Ainsi la durée de la luminosité, soit pour le facteur température, soit par le facteur HCN, passe par un optimum rapidement atteint (dans ce dernier cas courbe asymétrique) lentement atteint par la chaleur. La prolongation de la luminosité en fonction de la concentration des alcools est en rapport avec leur action de surface. Ces recherches sont conti- nuées. J, BriQuer. — C'arpologie comparée des Santolines et des Achillées. Dans ses /cones, Reichenbach fil. (*), a réuni le genre Santo- lina L. au genre Achillea L., en donnant comme motif de cette réunion que le caractère tiré de l’évagination basilaire du tube corollin, avec calyptration partielle ou totale du sommetdel’akène— caractère distinctif souvent invoqué des Santolines et des Achillées — est trompeur (characteres… vani). Il est certain qu’une sépa- ration des deux genres est tout à fait impossible d’après la mor- phologie de la corolle, mais il n’en est pas de même si on prend le fruit en considération, Nous avons en effet examiné toutes les espèces connues du genre Santolina (?) et constaté que toutes possèdent des akènes tétragones (®), à section transversale médiane carrée ou au moins rectangulaire, apiculés-pédiculés à la base. Au contraire, dans les nombreux Achillea que nous avons étudiés à ce point de vue, l’akène est tronqué-sessile à la base, bicaréné, pourvu de deux côtes marginales parfois subaliformes ; il est com- primé d'avant en arrière, à faces antéro-postérieures convexes et lisses. Les différences deviennent très saillantes si on examine la structure interne du péricarpe. Dans le Santolina Chamaecyparissus L., que nous prenons 1) Reichenbach fil., Icones florae germanicae et helveticae t. XVI, p. 63 (1854). ?) Il s’agit ici des Santolines vraies, section Chamaecyparissus DC. [Prodr. VI, 35 (1837)}, à l’exclusion de la section Babounya DC., sur laquelle nous reviendrons. 3) Bentham et Hooker [Genera plantarum II, 1, p. 420 (1873)] et ©. Hoffmann [in Engler et Prantl. Nat. Pflanzen familien IV, Abt. V, p. 271 (1890)] ont attribué au genre Santolina des akènes tri-tétragones, parfois pentagones. Ces indications proviennent d’un examen superficiel. Dans le cas des akènes trigones, on à négligé l’arête postérieure qui passe facilement inaperçue parce que l’akène est légèrement courbé. Dans le cas des akènes pentagones, on a compté à part les saïllies qui, dans la jeunesse, correspondent aux faisceaux libéro-ligneux antérieurs. 54 SÉANCE DU 16 DÉCEMBRE comme type, la section transversale médiane de l’akène est qua- drangulaire à la maturité, chaque angle étant pourvu d’une côte saillante plus ou moins arrondie, l’antérieure plus large et plus émoussée. L’épicarpe est formé d'éléments parallélipipédiques, allongés selon l’axe de l’akène, subisodiamétriques en section transversale, à paroi extérieure plus épaisse que les radiales et l’interne, à cuticule plus ou moins plissée. Ça et là, l’épicarpe est coupé de stomates, situés dans le plan des cellules annexes et à cellules de bordure plus petites que ces dernières, — L'endocarpe est aussi formé par des éléments parallipipédiques, mais beaucoup plus larges que hauts en section transversale, comprimés suivant le rayon, à parois d'épaisseur médiocre et uniforme, entièrement subérisées. Sur les faces latérales, l’épicarpe est séparé de l’eñdo- carpe par une ou deux assises de petites scléréides mésocarpiques très lâches. Le corps des arêtes est occupé par un cordon de sclé- réides et de brachystéréides. Ce cordon s'étend sur les flancs de chaque arête et vient se raccorder avec le sclérenchyme mésocar- pique externe des vallécules. Dans le demi-étui ainsi formé se trouve, correspondant à chaque arête, un petit cordon libéro- ligneux. Les deux faisceaux antérieurs sont rapprochés sous la côte antérieure qui est plus fortement lacuneuse dans la région interne et à sclérenchyme moins développé que ce n’est le cas dans les trois autres. Il y a donc cinq faisceaux dans le péricarpe, dont trois correspondent aux arêtes postérieure et latérale et deux rapprochées correspondent à la côte antérieure. Il n’y a pas de canaux sécréteurs. — La structure qui vient d’être décrite est celle des akènes de toutes les Santolines : les seules diffé- rences appréciables qui existent entre elles résident dans la saillie plus ou moins forte que font les arêtes, et encore ne pouvons- nous pas indiquer ces faibles différences comme constantes pour une espèce donnée, Prenons maintenant les akènes de l'Achillea Ageratum L., espèce que Reichenbach fil. rapproche le plus des Santolines (section Ageratium de cet auteur), et nous aurons une image bien différente. Le corps de l’akène est comprimé, elliptique en section transversale ; le grand axe de l’ellipse est perpendiculaire au plan de symétrie du diagramme floral et, si la coupe passe par l'em- bryon, cet axe passe entre les deux cotylédons. La compression est toujours un peu plus marquée du côté postérieur de l’akène que du côté antérieur. Les sommets de l’ellipse sont surmontés, chacun d’un appendice triangulaire, plus ou moins allongé, cor- respondant à la section transversale des deux côtes carinales. La structure du péricarpe ne peut être élucidée qu’en remontant à l’âge où l'ovaire porte encore une fleur non flétrie. L’épicarpe est alors formé d'éléments analogues à ceux décrits pour les Santo- SÉANCE DU 16 DÉCEMBRE 55 lines, un peu plus hauts que larges en section transversale, à cuti- cule plus plissée; les stomates sont rares. L'’endocarpe ne diffère pas essentiellement de celui des Santolines, mais ses éléments ont des parois internes (en contact avec le cœælum de l’akène) plus épaisses. Le mésocarpe est formé d'éléments parenchymateux très lâches, particulièrement dans les côtes carinales, dont la base est occupée de bonne heure par une grosse lacune intercellulaire. Les faisceaux, flanqués chacun d’un canal sécréteur résinifère, sont au nombre de cinq (*), plongés dans le chlorenchyme mésocarpique et distribués comme suit: un au milieu de la face postérieure; un à la base de chaque saillie carinale, mais plus rapproché de la face postérieure que de la face antérieure; deux à la face anté- rieure, séparés entre eux par une distance à peu près égale à celle qui les separe des faisceaux carinaux. Si l’on fait des coupes en série, on constate que, tant à la base qu’au sommet de l’akène, les saillies carinales deviennent de plus en plus étroites, de sorte que les épidermes des deux faces arrivent à être en contact l’un avec l’autre, sans mésocarpe intercalé, et que les éléments épicarpiques du bord extrême de la saillie carinale sont plus petits que les autres. Dans la région basilaire, le parenchyme mésocarpique est aussi plus abondant. C’est par là que commence, à la germination, la déchirure de l’akène indéhiscent, lequel se divise en deux moi- tiés comprenant chacune une valve et deux demi-saillies carénales. A la maturité, les face antéro-postérieures se bombent sous la pression intense de l'embryon grossissant ; le mésocarpe s'écrase ; la résine des canaux sécréteurs se répand dans les éléments méso- carpiques écrasés, lesquels ne forment plus qu’une bande brune amorphe dans laquelle faisceaux et canaux sont absolument méconnaissables, La structure qui vient d’être décrite se retrouve dans toutes les Achillées que nous avons étudiées, prises dans diverses sections du. genre, avec une constance très grande et aussi avec une mono- tonie désespérante pour l’anatomiste. Les seules différences dignes de mention que nous ayons constatées se rapportent au contenu des côtes carinales, Certaines espèces (Achillea Millefolium L., A. Ptarmica L.) possèdent en effet dans les côtes carinales un cordon scléreux central à petits éléments, plus ou moins developpé. J. BRIQUET. — Organisation florale et carpologqie de l’Achil- lea fragrantissima (Forsk. ) Boiss. Une note précédente a mis en évidence les caractères carpologi- ques distinctifs des Achillées et des Santolines vraies, à l'exclusion ‘) Ces cinq faisceaux correspondent aux cinq nervures interlobales de la corolle; il en est de même pour les faisceaux mésocarpiques des Santolines. 56 SÉANCE DU 16 DÉCEMBRE du Santolina fragrantissima Forsk. (*), sur lequel A.-P. de Candolle a fondé un section Babounya (?). Ce petit arbrisseau du désert d'Egypte, d’où 1l remonte jusqu’à l’Antiliban et à la Méso- potamie, a été sommairement décrit et figuré, après Forskahl (dont la diagnose est rudimentaire), par Delile (*). Cet auteur nous apprend que les calathides (« fleurs ») sont verticales, ternées au sommet des pédoncules en corymbe, glanduleuses, blanches et cotonneuses avant l’anthèse, à involucre (« calices ») devenant oblong à l’anthèse, formé de bractées lancéolées, imbriquées, un peu convexes ; les fleurons sont. hermaphrodites : le réceptacle est garni d’écailles semblables aux bractées inférieures de l’involucre ; les corolles sont cylindriques, ne dépassant l’involucre que par leur limbe; le stigmate est bifide dépassant peu les anthères ; les akènes («graines ») sont striés, glabres, ovés, tronqués au som- met. Les figures données par Delile montrent un akène oblong et nullement ové, mais ne permettant pas de se rendre compte de ce qu'il entend par le terme « strié ». En revanche, on voit l’akène coiffé dans sa partie supérieure par le tube corollin évaginé- calyptrant à la base. Ce détail est d’autant plus important que A.-P. de Candolle (*) a affirmé le contraire de ce qu'a figuré Delile et s’est précisément servi du tube non évaginé à la base, combiné avec la forme ovée des calathides, pour caractériser sa section Babounya! Edm. Boissier (°) déclare n'avoir pas vu les akènes ; il accepte sans observation la caractéristique de la corolle donnée par A.-P. de Candolle. Les auteurs qui ont suivi les pré- cédents n’ont donné aucun détail original ni sur la fleur, ni sur le fruit du S. fragrantissima. En présence des contradictions existantes, il importait de refaire une étude de la fleur et du fruit de cette espèce, en opérant avec plus de détails et de précision que Delile ne pouvait le faire il y a plus d’un siècle. C’est à cette étude que nous consacrons la note suivante. Les calathides semi-ovoïdes de l’Achillea fragrantissima attei- gnent à l’anthèse env. 6 X 6% en section longitudinale; leur involucre est formé de bractées elliptiques inégales, imbriquées, faiblement et brièvement tomenteuses extérieurement, à nervure dorsale un peu cartilagineuse, pourvues de glandes sessiles sous les poils, obtuses et scarieuses au sommet. Le réceptacle, petit et anguleux, est hémisphérique et porte des écailles elliptiques-oblon- gues, concaves, scarieuses-hyalines, denticulées-lacérulées sous le 1) Forskahl, Flora aegyptiaco-arabica, p. 147 (1775). 2?) A.-P. de Candolle, Prodromus systematis regni vegetabilis, t. VI, p. 36 (1837). ) A.-R. Delile, Flore d'Egypte, p. 119, tab. 42, t. III (1813). #) « Cor. tubus gracilis super ovarium non productus »: D. C., 1. c. 5) E. Boissier, Flora orientalis, t. III, p. 272 et 273 (1875). (U) SÉANCE DU 16 DÉCEMBRE 57 sommet qui est obtus ; la nervure médiane est accompagnée d’un grand canal sécréteur résinifère fusiforme, qui occupe toute la moitié inférieure de l’écaille. Celle-ci, comme l’a dit Delile, atteint à peu près en longueur la base des lobes corollins de la fleur située à son aisselle. Les fleurs sont toutes hermaphrodites, actinomorphes, tubu- leuses et jaunâtres. La corolle possède un tube long de 2", rétréci vers les ?/, supérieurs, puis élargi en gorge courte, mais plus ample que le tube. Dans les ?/, inférieurs le tube est dilaté presque dès la base et un peu comprimé bilatéralement d'avant en arrière. Les nervures interlobaires ne participent pas à cette dilatation, qui est d’ailleurs modérée; elles restent groupées 3 à la face posté- rieure, ? à la face antérieure, La base du tube est nettement, quoiqu’assez faiblement, évaginée-calyptrante, coiffant le bord supérieur de l’ovaire d’une façon un peu plus accentuée du côté postérieur que du côté antérieur. Une autre particularité consiste dans la présence de grosses glandes épidermiques sessiles dispo- sées à peu près exclusivement en une série longitudinale qui jalonne chacun des flancs dilatés du tube corollin. Ce n’est guère que dans la région des lobes que les glandes adoptent une distri- bution plus disséminée. Les 5 lobes corollins ogivaux sont hauts de 0,8-1"", reployés en dehors à la fin; leur face interne ne pos- sède pas de champ de papilles différencié. Les étamines ont des anthères longues d'env. 1,3%" (appendices compris), à appendice apical glotté-ogival, passant sans rétrécissement au corps de l’an- thère, ce dernier à loges arrondies-incrassées à la base, maïs sans appendicules basilaires différenciés ; les anthéropodes, longs d’env. 0,4mm, sont un peu élargis au-dessous du milieu. Le style, long à la fin d'env. 3%", possède, au-dessus du rétrécissement basilaire, un épiregme en forme de large cône, nettement tronqué à la base; le corps même du style a un calibre à peu près constant de la base au sommet. Les branches stylaires, longues d'env. 0,7*®, sont comprimées, pourvues chacune de 2 bandes stigmatiques latérales ; elles sont tronquées-convexiuscules au sommet un peu élargi et abondamment ciliées de poils balayeurs claviformes plus longs du côté extérieur que du côté intérieur. L’akène est oblong, un peu rétréci dans sa partie inférieure, long d'env. 2%, atteignant sa plus grande largeur (env. 0,6") au-dessus du milieu, tronqué au sommet et à la base, dépourvu de toute espèce de pappus, à champ apicilaire portant un nectaire légèrement creusé en godet, au centre duquel s’élève le style. Le corps de l’akène est très fortement comprimé d’avant en arrière, bicaréné, à faces antérieures et postérieures lisses, faiblement convexes, et à ce point hyalines que l’on peut, par transparence, voir tous les détails de l’ovule d’abord, de l’embryon ensuite. L’épicarpe et l’endocarpe sont construits comme dans les akènes 58 SÉANCE DU 16 DÉCEMBRE des Achillées décrites par nous antérieurement, mais les parois externes des éléments épicarpiques sont peu épaissies et il n’y a pas de stomates. Le mésocarpe est en général réduit à une seule assise d'éléments parenchymateux dépourvus de chloroplastes. Les côtes carinales sont très peu développées, à tissu parenchymateux délicat. Il n’y a que deux faisceaux libéro-ligneux régulièrement développés: ce sont les faisceaux carinaux et ils ne sont pas accom- pagnés de canaux sécréteurs résinifères. Les trois autres faisceaux sont rudimentaires : ils peuvent ne comporter que 1 ou 2 trachées avec un très petit îlot libérien, et cela souvent seulement dans la moitié inférieure de l’akène, ou se réduire à un seul tube criblé, voire même n'être représentés que par un cordon de cellules pro- senchymateuses, auquel cas 1ls sont très difficiles à déceler. Revenant maintenant à la question des affinités du Santolina fragrantissima Fork., il est assez piquant de constater que cette espèce se rapproche des S'antolina par le principal caractère qui, au dire de A.-P. de Candolle, devrait l’en séparer : le tube corollin est en effet évaginé-calyptrant à la base presqu’autant que dans la S'antolina rosmarinifolia L. Mais nous avons vu que ce carac- tère se retrouve chez diverses Achillées et n’a pas l'importance qu'on lui attribuait jadis. En revanche, l’akène comprimé, bica- riné, à faces lisses, fait incontestablement de notre espèce un Achillea, Cependant, la réduction des faisceau lhibéro-ligneux autres que les carinaux, l’absence de canaux sécréteurs et le péri- carpe hyalin sur les faces, sont autant de caractères saillants, qui Joints à ceux du port obligent à accorder à notre espèce une f lace à part dans le genre Achillea. L'Achillea fragrantissima ‘ons- titue mieux que le type d’une série Babounyae comme l’a pr posé Boissier (1), c’est certainement le type d’une section partic'ilière (Achillea sect. BabounyaeO. Hoffm.(?) à mettre en parallèle avec les sections Millefolium, Arthrolepis, Plarmica, etc., déjà reconnues. 1) Boissier, op. cit., p. 254. ?) O. Hoffmann in Engler et Prantl. Die natürlichen Pflanzenfamilien, IV, Abt. V, p. 273 (1890). — L'auteur s’est basé pour établir cette sec- tion uniquement sur le port et les calathides semi-ovées homogames (on connaît cependant de vraies Achillées à calathides flosculeuses ou sub- flosculeuses). Dans le cas particulier, ce procédé intuitif a bien réussi, encore que dépourvu de base analytique. LISTE DES MEMBRES DE LA SOCIÈTÉ DE PHYSIQUE ET D'HISTOIRE NATURELLE au 15 avril 1916 1. MEMBRES ORDINAIRES Casimir de Candolle, botan. Lucien de la Rive, phys. Jean-Louis Prevost, méd. Edouard Sarasin, phys. Ernest Favre, géol. Emile Ador, chim. Adolphe D'Espine, méd. Eugène Demole, chim. Théodore Turrettini, ingén. Auguste-H. Wartmann, méd. Raoul Gautier, astr. Maurice Bedot, zool. Amé Pictet, chim. Robert Chodat, botan. Alexandre Le Royer, phys. Louis Dupare, géol.-minér. F.-Louis Perrot, phys. Eugène Penard, zool. Chs Eugène Guye, phys. Paul van Berchem, phys. Théodore Flournoy, psychol. Albert Brun, minér. Emile Chaix, géogr. Charles Sarasin, paléont. Philippe-A. Guye, chim. Charles Cailler, mathém. Maurice Gautier, chim. John Briquet, botan. Frédéric Reverdin, chim. Théodore Lullin, phys. Arnold Pictet, zoolog. Justin Pidoux, astr. Auguste Bonna, chim. E. Frey-Gessner, entomol. Augustin de Candolle, botan. F.-Jules Micheli, phys. B.-P.-G. Hochreutiner, botan. Alexis Bach, chim. Thomas Tommasina, phys. Frédéric Battelli, physiol. Henri d’Auriol, chim. Émile Yang, zoolog. Edouard Claparède, psychol. Eugène Pittard, anthropol. Louis Bard, méd. Edouard Long, méd. Johan Carl, entomol. Adrien Jaquerod, phys. Hector Cristiani, méd. Charles Du Bois, méd. 60 LISTE DES MEMBRES Mie Lina Stern, physiol. Auguste Eternod, méd. Etienne Joukowsky, géol. Roger de Lessert, zoolog. Emile Briner, chim. * Edmond Weber, zoolog. Humbert Cantoni, chim. Arthur Schidlof, phys. André Chaix, géol. Jacques Reverdin, méd. Jules Favre, géol. François Favre, géol. Eugène Bujard, méd. Alfred. Monnier, chim. Henri Lagotala, anthrop. 2. MEMBRES ÉMÉRITES Raoul Pictet, phys., Berlin. André Delebecque, ing., Paris. J.-M. Crafts, chim., Boston. David Sulzer, ophtal., Paris. Franz Dussaud, phys., Paris. Emile Burnat, botan., Vevey. C. Schepiloff, Mlle méd., Moscou. René de Saussure, Berne. Etienne Ritter, géol., Col. Springs. Edouard Bugnion, entomol., Laus. L. W. Collet, géol., Berne. George Baume, chim., Paris. 3. MEMBRES HONORAIRES Ern. Chantre, Lyon. P. Blaserna, Rome. J.-N. Lockyer, Londres. Alb. Heim, Zurich. Théoph. Studer, Berne. Eiïlh. Wiedemann, Erlangen. L. Radikofer, Munich. A. von Baeyer, Munich. Em. Fischer, Berlin. Em. Noelting, Genève. M. Hanriot, Paris. Léon Maquenne, Paris. A. Hantzsch, Leipzig. Ch.-Ed. Guillaume, Sèvres. K. Birkeland, Christiania. Sir W. Ramsay, Londres. Aug. Righi, Bologne. H.-A. Lorentz, Leyde. H., Nagaoka, Tokio. J. Coaz, Berne. R. Blondlot, Nancy. C. Græbe, Francfort. O. Lehmann, Carlsruhe. W. Ostwald, Grossbothen. F. Sarasin, Bâle. P. Weiss, Zurich. H. Blanc, Lausanne. Alf. Werner, Zurich. Alb. Haller, Paris. G. Capellini, Bologne. E. Paterno di Sessa, Rome. G. Ciamician, Bologne. G. Lemoine, Paris. J. R. Mourelo, Madrid. A. Engler, Berlin. F. Zschokke, Bâle. James Odier. Ch. Mallet. Wil. Favre. Alexis Lombard. Louis Pictet. Ed. Martin. Edm. Paccard. D. Paccard. Edm. Flournoy. Georges Frütiger. Ed. Beraneck. Emile Veillon, LISTE DES MEMBRES 61 k. ASSOCIÉS LIBRES Guill. Piciet. G. Darier. H. Fatio. E. Turrettini. J. Albaret. Aug. Rilliet. E. Cardoso. Henri Flournoy. Arm. de Luc. H. Parodi. Pierre Pictet. Aug. Barbey. è L sat ù TABLE Séance générale annuelle du 21 janvier 1915. Aug. de Candole. Rapport sur l’activité de la Société pendant l’an- LE LE LE ne A LÉ RS A SP AP - Séance du 4 février. Raoul Pictet. Expériences sur les nouveaux procédés destinés à obtenir de l’azote chimiquement pur de l’air atmosphérique, ainsi que du gaz à l’eau par un procédé continu utilisant l'oxygène et la vapeur d’eau se transformant à l’aide du charbon incandescent. — Ed. Cla- parède. Etat hypnoïde chez quezques animaux......,...,.... Rs Séance du 18 février Amé Pictet. Un cas de catalyse par l’acide nitreux. — Arnold Pictet. Sur l'équilibre naturel entre les diverses espèces animales..,....... Séance du 4 mars A. Bach. Les ferments oxydants et réducteurs de la levure.,...,.,.... Séance du 18 mars _ Amé Pictet. Les constituants de la houille et leurs relations avec ceux du pétrole, — Emile Yung. De la croissance des ongles........... Séance du 15 avril Ch.-Eug. Guye. Les équations de conditions des courants dérivés semblables et leurs applications. — FKridtjof Le Coultre. Notes pures comtes lo; E0 IS RM eUMOTA D UE a ELA dues Séance du 6 mai. Arnold Pictet. Influence de la pression barométrique sur le dévelop- pement des) Lépidoptères..\ #22... 1.....,....., es eee : 10 14 1 Qt 18 64 TABLE Séance du 3 juin Arnold Pictet. Le développement des Lépidoptères : le rôle de la tem- pérature en relation avec la pression barométrique. — L. Duparc. la-tectoniqué devOUPAL ARRETE Te rte re ee Tr CETTE Séance du 1” juillet Prof. A. Monnier et E. Guyot. Sur quelques dosages volumétriques au moyen du sesquichlorure de titane. — Prof. C.-E. Guye et Ch. Lavanchy. Vérification expérimentale de la formule de Lorentz- Einstein par les rayons cathodiques de grande vitesse Séance du 7 octobre J. Carl. Considérations générales sur la faune des Phasmides de la Nouvelle Calédonie et des Iles Loyalty ne Séance du 4 novembre Ch.-Eug. Guye. Unités électroniques (Uo). — Albert Brun. Les limites d’exactitude des analyses de silicates compliqués. — J. Briquet. Sur quelques points de la morphologie florale des Artemisia........... Séance du 18 novembre C. Cailler. La probabilité des causes Séance du 2 décembre R. Chodat. Sur l’isogamie, l’hétérogamie, la conjugaison et la superfé- tation chez une algue verte. — C.-E. Guye et M. Einhorn. Sur le frottement intérieur des fils de quartz aux basses températures. — Eug. Bujard. Remarques sur le modelage de la tête de l’embryon MAIN 2 Le een ce Me a NE NE EE LL EU CEE Séance du 16 décembre Henri Lagotala. Première note au sujet du fémur humain. — L. Duparc. Carte géologique du district de Nicolaï-Pawda. — R. Chodat et M. de Coulon. La luminescence de deux bactéries. — J. Briquet. Carpologie comparée des Santolines et des Achillées. — Le même. Organisation florale et carpologie de l’Achillea fragrantissima (Forsk) BOIRS L'eau muet ET ed ss 20,5 9 » 05. 0e .s = o1ofiplele eo. cs Cia s's'slelpte ee ap 4 21 30 33 33 40 41 te) nc tt CALIF ACAD OF SCIENCES LIBRARY