. Serials Q 67 .C65 DUPPLÉMENT AUX ARCHIVES DES SCIENCES PHYSIQUES ET NATURELLES 1918 COMPTE RENDU DES SÉANCES DE LA SOCIÈTÉ DE P D SUOCIETE DE PHYSIQUE | ET D'HISTOIRE NATURELLE DE GENÈVE Vol. 35, n° 1. — Janvier-mars 1918. ; RÉDACTION : IMPRIMERIE ALBERT KUNDIG 5, Rue du Vieux-College, 4 GENEVE SUPPLÉMENT AUX ARCHIVES DES SCIENCES PHYSIQUES ET NATURELLES 1913 COMPTE RENDU DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ DE PHYSIQUE ET D'HISTOIRE NATURELLE DE GENÈVE Vol. 35, N° 1. 1918 Janvier-Mars COMITÉ POUR L'ANNÉE 1918. M. Frédéric Barrezr, Président. M. Johann Carz. Vice-Président. Bureau M. Augustin DE CANDOLLE, Trésorier. . F. Louis Perror, Secrétaire-correspondant. . Etienne Jouxowsky. Secrétaire des séances. M. John BRIiQUET. M. Albert BRux. M. Arnold Picrer. M. Emile BRINER. Membres adjoints — RS mare nt bn D + Son = = M. le professeur Emile YuxG, Président pour l’année 1918, décédé le 25 février, a été remplacé par M. BATTELL. MEMBRES ORDINAIRES RÉSIDANT A GENÈVE. Ador, Emile, rue Sénebier, 20 (1873) Battelli, Frédéric, rue Evnard, 6 (1902) Bedot, Maurice, Muséum, Bastions (188%) Boissier, Raoul, rue de ia Tertasse, 4 (1917) Bonna, Auguste, rue Petitot, 15 (1898) Briner, Emile, rue Cavour. 3 (1910) LISTE DES MEMBRES Briquet, John, chemin des Clos, 33 Brun, Albert, rue des Moulins, 1 Bujard, Eugène, rue Bergalonne, 6 Cailler, Charles, av. de la Gare des Eaux-Vives, 35 Candolle, Casimir de, rue Massot, 11 Candolle, Augustin de, chemin du Square, 3 Carl, Johann, Muséum, Bastions Chaix, Emile, chemin des Cottages, 128 bis Chaix, André, place Jargonnant, 3 Chodat, Robert, Pinchat sur Carouge Claparède, Edouard, chemin de Champel, 11 Cristiani, Hector, Corraterie, 15 Demole, Eugène, chemin de Miremont, 8 Du Bois, Charles, rue Saint-Léger, 4 Duparc, Louis, Ecole de Chimie Espine, Adolphe d’, rue Beauregard, 6 Esternod, Auguste d’, Noirettes 15, Acacias Favre, Ernest, rue des Granges, 8 Favre, François, rue des Granges, 12 Favre, Jules, Muséum, Bastions Flournoy, Théodore, chemin de Florissant, 9 Gautier, Maurice, rue de l'Hôtel de Ville, 14 Gautier, Raoul, Observatoire Guye, Charles-Eugène, chemin de Florissant, 4 Guye, Philippe-Auguste, chemin Bizot, 3 Hochreutiner, Georges, rue de la Cloche, 8 Joukowsky, Etienne, Muséum, Bastions Lagotala, Henri, Arsenal, Plainpalais Le Royer, Alexandre, rue Tæpffer, 19 Lessert, Roger de, Buchillon, Vaud Long, Edouard, rue Constantin, 6 Lullin, Théodore, rue Beauregard, 6 Micheli, F. Jules, Jussv Fenard, Eugène, rue Tæpffer, 3 Perrot, F. Louis, Chambésv Pictet, Amé, rue Bellot, 13 Pictet, Arnold, Château Banquet, rue de Lausanne Pidoux, Justin, Observatoire (1893) (1890) (1914) (1893) (1861) (1900) (1905) (1890) (1912) (1888) (190%) (1907) (1874) (1907) (1889) (1874) (1908) (1869) (1913) (1943) (1890) (1893) (1883) (1889) (1892) (1902) (1909) (1916) (1889) (1910) (1905) (1897) (1902) (1889) (1889) (1887) (1897) (1898) LISTE DES MEMBRES 3 Pittard, Eugène, chemin des Cottages, 36 Prévost, J. Louis, rue Eynard, 6 Reich, Siegmund, Ecole de Chimie Reverdin. Frédéric, rue Michel-Chauvet, 8 Reverdin, Jacques, Pregny Rive, Lucien de la, Choulex Sarasin, Charles. rue de la Cité, 22 Schidlof, Arthur, avenue du Mail, 26 Stern, Lina, Ecole de Médecine Tommasina, Thomas, Mon Ermitage, Champel Van Berchem, Paul, Grand Mézel, 4 Weber, Edmond, Muséum, Bastions (1904) (1868) (1917) (1897) (1913) (1863) (1892) (1911) (1908) (1902) (1890) (1910) MEMBRES ÉMÉRITES Bach, Alexis, Moscou (1902) Baume, Georges, Paris (1910) Bugnion, E., Aix-en-Provence (1908) Burnat, Emile, Vevey (1902) Cantoni, Humbert, Paris (1910) Crafts, J. M., Boston (1893) Collet, Léon W., Berne (1909) Delebecque, André, Paris (1890) Dussaud, Bernard, Paris (1898) Jacquerod, A., Neuchâtel (1905) Pictet, Raoul, Paris (1869) Ritter, Etienne, Colorado (1908) Saussure, René de, Berne (1903) Schepilof, Cath., Moscou (1902) MEMBRES HONORAIRES Blanc H., Lausanne (1910) Blaserna, Pierre, Rome (1871) Blondlot, René, Nancy (1903) Capellini, Giovanni, Bologne (1911) Chantre, Ernest, Lyon (1870) Ciamician, Giacomo, Bologne (191 2) Coaz, Johannes, Berne (1902) Engler, Adolf, Berlin (191%) Fischer, Emil, Berlin (1892) Graebe, Charles, Francfort (1907) Guillaume,Ch.-Ed.,Sèvres(1894) Haller, Albin, Paris (1910) Hanriot, Maurice, Paris (1892) Hantzsch, A.-Rud., Leipzig (1892) Sulzer, David, Paris (1897) Heim, Albert, Zurich (1884) Lehmann, Otto, Karlsruhe (1910) Lemoine, Georges, Paris (1913) Lockyer J. Norman, Londres (1875) Lorentz, Hend.-A., Leyde (1900) Maquenne, Léon, Paris (1892) Mourelo, José-Rod., Madrid (1943) Nagaoka, H., Tokio (1900) Noelting, Emile, Milan (1892) Ostwald, W., Grossbothen (1910) Paterno di Sessa, E., Rome (191?) Radikofer, Lud., Munich (1889) (1898) (1940) Righi, Auguste, Bologne Sarasin, Fritz, Bâle Î Studer, Théophile, Berne (1887) de Vries, H., Amsterdam (1917) Weiss, Pierre, Zurich Barbey, Auguste Béraneck, Edmond Cardoso, Ettore Darier, Georges Fatio, Henry Flournov, Edmond Flournoy, Henri Feütiger, Georges Hahn, Ernest Luc, Armand de Martin, Edouard (1910) ASSOCIÉS (1915) (1897) (1910) (1903) (1905) (1893) (1910) (1894) (1916) (1913) (1891) SÉANCE DU 17 JANVIER Werner, Alfred, Zurich (1910) Wiedemann, E., Erlangen (1887) Zschokke. Fritz, Bâle LIBRES Odier, James Paccard, David Paccard, Edmond Parodi, Henri Perrot, Gaston Pictet, Guillaume Pictet, Louis Pictet. Pierre Rilliet, Auguste Turrettini, Edmond Turrettini, William Séance du 17 janvier 1918. Présidence de M. Emile YuxG. (1915) (1864) (1899) (1899) (1914) (1916) (1899) (1890) (1915) (4910) (1905) (1916) M. Arnold Prcrer, président sortant de charge, donne lec- ture de son rapport sur l’activité de la Société. Ce rapport contient des notices nécrologiques sur MM. Frey-Gessner, Edouard Sarasin, Alfred Monnier, membres ordinaires, MM. K. Birkeland, Ad. von Baeyer, membres honoraires. Ces nécrolo- gies seront publiées in extenso dans le volume 39 des Mémoires de la Société de Physique et d'Histoire naturelle. SÉANCE DU 21 FÉVRIER 5 La séance du 7 février 1918 a été contremandée en signe de deuil, à l’occasion du décès de M. le professeur Yung, président de la Société. Séance du 21 février 1918. Présidence de M. Frédéric BarTELLI. N. Beronov. — Systématisation branchiale des nerfs craniens. L'étude d’embryons de mammifères, conduite au point de vue des relations pouvant exister entre les segments branchiaux ct la distribution nerveuse périphérique, aboutit au schéma géné- ral suivant: Les nerfs craniens s'ordonnent par rapport aux fentes branchiales. Chacun d'eux étend ainsi son territoire d’in- nervation sur deux arcs adjacents (rameaux pré- et post-tr'éma- tiques). Les quatre premières paires nerveuses ainsi que l’oculo- moteur commun appartiennent à une région où la métamérie primitive, si tant est qu'elle ait Jamais existé, est trop effacée pour permettre une systématisation dans ce sens. Le trijumeau appartiendrait, par sa branche ophtalmique, à la fente cristallinienne admise par quelques auteurs. Par ses deux branches maxillaires il devient le nerf de la fente buccale. Le facial, nerf de la première fente branchiale présente une exception apparente: en innervant les muscles de la face, il paraît empiéter sur le domaine du trijumeau. Il n’en est rien, l'origine des muscles faciaux à partir de l'arc hyoïdien rend compte du fait et ramène le facial dans la loi générale ‘. Le glosso-pharyngien est préposé à l’innervation de la deuxième fente branchiale. Le nerf de Jacobson appartient au système sympathique ; dès lors il n’y a pas lieu de chercher à le faire rentrer dans un cadre branchial, le sympathique a une appa- rition phylogénétique et ontogénique tardive qui doit le faire mettre à part, comme le fait déjà sa physiologie. * Furamura, Ueber die Entwickelung der Facialismuskulatur des Men- schen, Anatomische Hefte, Bd. 30, 1906. 6 SÉANCE DU 21 FÉVRIER Le pneumogastrique, abstraction faite de ses rameaux viscé- raux (qui font partie de l’appareil sympathique ou si l’on veut parasympathique) et des fibres qui lui viennent du spinal (récurrent), se réduit à peu près au laryngé supérieur, nerf de la troisième fente branchiale. Les quatrième et cinquième fentes ne semblent pas présenter de nerfs en propre. Les processus de plissement qui ont amené la formation du larynx, ont entraîné l’effacement du cinquième arc, phénomène à rapprocher de l’involution du cinquième arc vasculaire. Si les fentes quatre et cinq étaient munies de nerfs comme les autres fentes, il faudrait les chercher entre l'aorte et le tronc artériel à gauche, sous la sous-clavière à droite. Or, on sait que seul le récurrent possède un tel trajet en anse. Le fait qu’il contourne chez l'embryon le sixième arc vascu- laire, le fait qu’il tire ses fibres des noyaux centraux du spinal, nous feront considérer ce dernier nerf comme appartenant à une sixième fente toute virtuelle, située entre le dernier arc (aryténoïdes)’ et les segments cervicaux. Le trajet du récurrent, branche prétrématique de la onzième paire fusionnée avec le vague, est conditionné par la descente dans le thorax du sixième arc vasculaire. L’hypoglosse occupe une place à part parmi les nerfs craniens, il échappe à l’ordination branchiale par son rang dans la série des paires craniennes autant que par son territoire de distri- bution. 11 semble destiné à innerver la région copulaire de plu- sieurs arcs superposés ; pour cela il draine les centres bulbaires correspondant à plusieurs étages branchiaux; en effet, son noyau d'origine prolonge la base des cornes antérieures de la moelle jusqu’au niveau des noyaux oculo-moteurs. Appliquée à l'anatomie humaine adulte, la répartition des nerfs par fentes branchiales devient la suivante : ! E. Karrius, Anatomische Hefte, Bd. 9, 1897. (-jndos ‘591) U2TPLO1ÂUJ-OU19S ‘UI 28s012 suou30s =- ‘uarproly-01€g3 ‘uw ‘on$ur] IQ 0p-06-08-01 -OdÂF puuip JIX ]2 SDIE S2[ SN0] U[ 0p ‘U ‘U9IpIOÂU-OIU98 ‘Wu 4 XNVIIAI9D | U9IPIO)SEu NSNUE XN EAU (;) SJUYUS9S E | -Opla2-ou497S ‘2Zzadv13 ‘ur (a[8rqourviq 29) quuidg IX JUYLININ (,) ST Er ee. _ S98U AI] ‘W 2 ds XUELHIULI sr. S.- : , ; E > ur |20199X9 980 AIR] | SU 09-aGrep | XUKAU np 39 xuLa S9SU AIR] ‘Ut ‘UOIPIO14 43-0011 ‘Ut 3x9 $ ['U() ç . " . uyd np sosuonbny( XUAIRU np ‘JUL AN9J211JSUO9 ‘WU mp -UVIQ 21% 2€ onSuUr] VI 2p ‘so a118q ER pe. dé 216: LE) xuÂivuyd :anod soqouriq) | suagu£a | UP U2ÂOU 1N9)911)SU09 ‘WU CEE Par PES à ur fydus 9[RIUVIG 0% [uorsufieyd-08$0]1) XI JL IVUSUIT À . c. -0sS0]3 ‘oss019-01438 ‘onb IE) -113se$1p ‘uaorsu{reud-01{3s ‘uw -UVIQ 218 9% su D : P LAS : : Anod SJHDUBIq(;) ; | 998} 6] 9P ‘ip ‘adoid je1oey1,) ‘[UL9R-091A199 n@oWrI ‘U9IpIO Let …— -0143s ‘onbiagseS1p ‘191139, 9p ‘wi 9[RITOUVI oT PC (098009) ITTA-ITA te GnBuure ep ju aried (4) anSur] ej ap ‘w uvduA} np ‘y(,) CAT AV TT ) ur quop sopeorr [nvaeu np ‘ur ‘sanoyeonseu -w JUL ITU ‘U (;) 4 2[v29nq NVoWNIAT, À “Jodns ‘jpxeuw! ‘dns ‘juop sypuote | —- ‘dns ‘fixeu ‘u |, 222222222222 squotua0s 2A1ISUIG 29110 onbrvwou-1sod(;) 30 pad soquo y] SJA0 N NOITLAOHIMLSIGA ('-24d soqourig 8 SÉANCE DU 21 FÉVRIER Ces relations ontogénétiques, que la phylogénèse confirme du reste entièrement !, attirent l'attention sur la possibilité de relations d’un ordre physiologique ou même pathogénique. Que l’on songe par exemple au rôle de lappareil thymo- parathyroïdien (fentes [T-IV) dans la régulation de l’excitabi- lité nerveuse, aux troubles qu’entraîne l'insuffisance de ces dérivés branchiaux (tétanie), troubles qui semblent présenter une électivité particulière pour l'appareil nerveux de l'étage branchial correspondant (laryngospasme). Les relations exis- tant ailleurs entre certains organes de provenance nerveuse et certains dérivés glandulaires (hypophyse, surrénales) ne font que souligner l'importance des rapports ontogéniques analogues se réalisant au niveau de l'appareil branchial. Et enfin le tableau anatomo-clinique des status thymico- lymphatiques, par l’origine des organes atteints (amygdales, thymus: fentes IL II, IV), par les nerfs dont il altère la fonc- tion (mort subite par le vague ?), par l’aplasie fréquente de l’aorte (quatrième arc vasculaire), n’indiquerait-il pas la possibilité d'un trouble dans le développement de parties déterminées de l'appareil branchial ? J. SARASIN. —- Distillation de la cellulose et de l’amidon dans le vide. Lorsque l’on chauffe graduellement la cellulose pure (coton), dans un appareil distillatoire dans lequel on a fait un vide de 12"®-15%% il passe d'abord de l’eau, puis entre 250° et 350° une huile épaisse de couleur jaune, qui se prend bientôt en une masse pâteuse et semi-cristallisée. Il ne reste dans la cornue qu’une faible quantité de charbon (10 °/,). La masse pâteuse forme les 45 °/, de la cellulose employée ;. il suffit, pour la purifier, de la faire cristalliser dans l’acétone ou dans l’eau chaude. On obtient ainsi un corps parfaitement blanc, en cristaux tabulaires anhydres et fusibles à 179°,5. L’analvse de ce com- l R. WiepersHe1M, Vergleichende Anatomie der Wirbeltiere, Iena, 1902, p. 250. SÉANCE DU 21 FÉVRIER y posé, ainsi que la détermination de son poids moléculaire, lui assignent la formule C,H,,0.. Il est très soluble dans l’eau, lalcool, l’acétone et l'acide acétique et presque insoluble dans les autres dissolvants orga- niques. Il possède une saveur à la fois amère et sucrée. Il est fortement lévogyre («y — — 64°,59). Il forme facilement avec les chlorures de benzoyle et d’acétyle un dérivé tribenzoylé et un dérivé triacétylé. Par hydrolyse avec l'acide sulfurique dilué, il se transforme lentement en «-glucose. Il ne fermente pas avec la levure de bière. Ces propriétés correspondent en tout point à celles de la lévoglucosane que Tanret a décrite en 1894 comme produit de dédoublement de certains glucosides rares et que Vongerichten a étudiée dans la suite. L'amidon se comporte exactement comme la cellulose dans la distillation sous pression réduite et fournit avec le même ren- dement un produit identique au précédent. L'intérêt industriel de ce nouveau procédé d'obtention de la lévoglucosane réside dans la possibilité de fabriquer, par son intermédiaire, du glucose et de l’alcool à partir de matières cellulosiques. Les recherches entreprises pour déterminer la constitution de la lévoglucosane ont rendu probable pour ce corps la formule développée suivante : HOHC-CHOH | | HC CH No DC :CHOH No” La lévoglucosane renfermerait ainsi trois groupes hydroxyle et deux noyaux cycliques, dont l’un serait celui des composés du furane. Cette formule rend compte de la stabilité tres grande de la molécule. | Le groupement atomique de la lévoglucosane doit être pré- formé dans les molécules de cellulose et d’amidon et non pas dû à 10 SÉANCE DU 7 MARS l’action de la chaleur; le glucose en effet ne donne que des traces de lévoglucosane par distillation dans le vide: enoutre, la décomposition par la chaleur de la lévoglucosane donne naissance aux mêmes produits que la cellulose et l’amidon. Comme la lévoglucosane, ces deux polysaccharides ont trois groupes hydroxyle et donnent du glucose par hydrolyse. Il semble probable que la cellulose et l’amidon sont formés de ia soudure d’un certain nombre de groupes (C;H,,0.), repré- sentés par la formule suivante : HOHC CHOH bete HC CH No#il et réunis les uns aux autres par des liaisons oxygénées. Ces groupes peuvent être en nombre quelconque, s'associer de diverses manières et former ainsi suffisamment de for- mules pour représenter les diverses celluloses et les divers amidons. Il ressort aussi de ces recherches que les molécules de cellu- lose et d'amidon doivent différer fort peu dans leur structure, puisqu'elles donnent naissance identiquement au même produit dans la distillation sous pression réduite. Séance du 7 mars 1918. Ed. CLapaRÈDE. — Sur une méthode de mesure de la connais- sance d’une langue étrangère. Si l’on mesure le temps nécessaire pour traduire un certain nombre de mots de la langue maternelle dans une langue étrangère, par exemple de français en allemand, on constate que plus la langue étrangère est familière, plus le temps de traduction est court. On peut donc se demander si la détermi- SÉANCE DU 7 MARS 11 nation de ce temps ne pourrait pas constituer un moyen de me- surer le degré de familiarité de la langue étrangère. A une époque comme la nôtre, où la question des tests d’aptitudes professionnelles est à l’ordre du jour, un test permettant d’ap- précier dans quelle mesure une langue étrangère est possédée d’une façon plus ou moins courante serait le bienvenu. Les expériences faites jusqu'ici ne permettent pas encore des conclusions définitives sur la valeur du procédé. Il s'agirait avant tout de déterminer la relation entre ces deux varia- bles que sont, d’une part, la connaissance courante d’une langue étrangère, et d'autre part la rapidité de traduction des mots. Au lieu de faire traduire un mot de la langue maternelle, il vaudrait mieux faire dénommer dans la langue étrangère des images d'objets, et mesurer le temps de dénomination. Une langue est en effet d'autant. plus familière que les signes qui la composent sont associés aux choses qu'ils représentent, et non à d’autres signes verbaux. Un procédé analogue consisterait à faire associer un mot à un autre dans la langue étrangère, et à mesurer le temps d'association. Il s'agirait, en tout cas, de compléter ces tests de vitesse par un test de qualité composé d’une série de textes de plus en plus difficiles, formant une échelle. Cette seconde épreuve consiste- rait à noter Jusqu'à quel degré de l’échelle la traduction peut être faite sans aucune faute. M": Srerx et E. Rôürazin. — Effets de l'application locale du curare sur les différentes parties du cervelet. Le rôle paysiologique du cervelet a fait l’objet d’études nom- breuses de la part de plusieurs expérimentateurs dans le cou- rant du XIX: siècle. Différentes théories ont été émises, soit sur les fonctions générales du cervelet, soit sur les localisations plus ou moins étroites des fonctions motrices dans les différentes parties du cervelet. Ces différentes théories, tout en se contre- disant sur certains points, s'accordent toutes à attribuer au cervelet un rôle dans les phénomènes d'ordre moteur, mais n'envisagent pas une intervention possible du cervelet dans les 12 SÉANCE DU 7 MARS manifestations d'ordre psychique ou émotif, ni dans les fonc- tions dépendant du système nerveux sympathique et parasym- pathique. Ce n’est qu'en 1902 que Pagano, appliquant à l'étude du cervelet la méthode d’excitation par le curare, décrit pour la première fois, outre des phénomènes moteurs, des mani- festations psychiques ou émotives très marquées chez le chien, après injection d’une petite quantité de curare (0,1 à 0,8 cm° d’une solution à 1°/,) dans le cervelet. L’excitation psychique se termine le plus souvent par une crise épilep- tique avec perte de connaissance suivie de la mort de l'animal. Outre des manifestations psychiques, l’auteur observe des phénomènes viscéraux assez marqués. Pagano conclut de ces observations confirmées par des recherches ultérieures, que le cervelet possède des fonctions psychiques. La méthode d’excitation par le curare est appliquée dans la suite par plusieurs auteurs à l’étude des fonctions du cervelet (Ciovini, Amantea, Galante). Ces auteurs confirment d’une facon générale les résultats de Pagano en ce qui concerne les phéno- mènes moteurs, mais ne constatent point d'effet psychique ni viscéral à la suite d’injections de curare dans les différents points du cerveiet. Les résultats divergents obtenus par ces auteurs ayant em- ployé la même méthode d'investigation ne peuvent s'expliquer que par un défaut de la technique employée. En effet, nous avons pu nous convaincre à maintes reprises qu'il est impossible d’injecter dans n'importe quel point du cer- velet une quantité appréciable de liquide sans qu'il y ait reflux et diffusion dans les différentes directions. Il s'ensuit que dans les expériences des auteurs ayant employé la méthode d’injec- tion, il ne peut pas être question d’une application bien déli- mitée de la substance employée. C’est au hasard de la diffusion du liquide injecté que doivent être attribués les résultats diver- gents de ces expérimentateurs. Nous avons cru pouvoir éliminer l'erreur due à ce procédé expérimental en nous servant de la méthode de M. Battelli, qui consiste essentiellement à appliquer la substance excitante à l’aide de fléchettes enduites d’une pâte de cette substance. Pour SÉANCE DU 7 MARS 13 les détails de ce procédé, nous renvoyons à la communication de M. Battelli'. A l’aide de ce procédé, nous avons pu explorer le cervelet dans toute son étendue et dans toute sa profondeur. Nos expé- riences ont été faites sur un grand nombre d'animaux différents chiens, chats, lapins, cobayes. L'opération a été faite en deux temps. Le cervelet est mis à nu sur une assez grande étendue par trépanation. La plaie est refermée et l'animal est laissé au repos jusqu'à rétablissement complet de l'opération. La fléchette enduite de curare est alors introduite à l’endroit et à la pro- fondeur voulus, la plaie est refermée et l'animal est ordinaire- ment remis en liberté et observé. L'expérience est complétée par l’autopsie de l'animal. On détermine exactement lemplacc- ment de la fléchette soit sur le cerveau frais soit sur le cerveau durei dans l'alcool ou le formol. Les observations faites au cours de ces expériences ont con- firmé d’une manière générale les données des auteurs cités plus haut quant aux effets moteurs en général, sans toutefois per-- mettre une délimitation plus étroite des localisations motrices dans les différents points du cervelet. Par contre, nous n’avons jamais noté de manifestations ana- logues à celles que Pagano qualifie de psychiques ou émotives, tant que la flèche était restée dans la masse cérébelleuse et que la quantité de curare n'était pas trop grande. Mais lorsque la pointe de la flèche, ayant traversé la masse cérébelleuse, était arrivée dans le troisième ou le quatrième ventricule, l'animal présentait généralement au bout d’un temps plus ou moins long 10" à 45"), outre des phénomènes moteurs habituels, un état d'agitation générale analogue à celui décrit par Pagano et qui se terminait par une crise épileptique plus ou moins intense. De même les effets viscéraux et d’autres manifestations pou- vant être attribuées à un état d’excitation du système nerveux sympathique et parasympathique (hérissement des poils, bave, dilatation pupillaire, protrusion de l’œil, larmes, etc.), ne s'ob- servaient que dans les cas où le curare avait pu pénétrer dans ! Voir, p. 14. 14 SÉANCE DU 7 MARS les ventricules cérébraux. Dans ces cas nous avons souvent constaté une élévation considérable de température, surtout chez le chien. Les résultats et les conclusions de nos expériences peuvent se résumer comme suit : 1. Le cervelet ne possède pas de centre spécial en rapport avec les manifestations psychiques ou émotives. 2. Les phénomènes viscéraux, de même que d’autres phéno- mènes pouvant être mis en rapport avec l'excitation du système nerveux sympathique et parasympathique ne peuvent pas être provoqués par l'excitation du cervelet. 3. L’excitation du cervelet peut produire des manifestations motrices plus ou moins étendues mais ne provoque pas de crise convulsive épileptiforme. 4. L'état d’agitation psychique particulier noté par Pagano, de même que les phénomènes viscéraux et les différentes mani- festations en rapport avec un état d’excitation du système ner- veux sympathique et parasympathique ne s’observent que lorsque le curare entraîné par le liquide céphalo-rachidien arrive en contact avec Les différents centres nerveux situés dans le voisinage des ventricules cérébraux. 5. Les manifestations sont d'autant plus intenses et se pro- duisent d'autant plus vite que la quantité de curare pénétrée dans le liquide céphalo-rachidien est plus grande et que la dif- fusion est plus rapide. Fr. Barrezui. — Méthode pour préciser le point d'apphcation de substances chimiques dans la profondeur des centres nerveux. Dans un grand nombre d'expériences, plusieurs substances chimiques ont été mises directement en contact avec les cen- tres nerveux. Les buts de ces recherches sont très variables, mais dans plusieurs cas il s’agit d'étudier les propriétés physio- logiques d’un centre nerveux, en cherchant à exciter ou à inhiber sa fonction. Une des conditions essentielles dans ces expériences est naturellement celle de connaître exactement le SÉANCE DU 7 MARS 15 point où on a appliqué la substance chimique employée. Il va de soi qu'il n'existe aucune difficulté s'il s'agit d'appliquer la subs- tance à la surface externe des centres nerveux. Mais il n’en est plus de même lorsqu'on veut porter la subs- tance dans la profondeur de la masse nerveuse. Jusqu'ici les différents auteurs ont eu recours au procédé le plus simple. consistant à injecter la substance chimique dissoute dans un liquide approprié. Pour faciliter, à l’autopsie, la recherche du point où la subs- tance a été injectée, quelques auteurs ont ajouté au liquide une substance colorante. Ce procédé présente plusieurs inconvénients, dont le prin- cipal est représenté par le reflux et la diffusion très rapide de la substance injectée. Le reflux est surtout considérable pour certaines parties des centres nerveux, tels que le cer- velet. On obtient des résultats beaucoup plus précis par la méthode suivante. La substance chimique est portée en contact avec les centres nerveux au moyen d’une petite flèche. On fait un mé- lange assez épais, composé de gomme arabique en solution et de la substance chimique qu'on veut employer, le curare, par exemple; on applique ce mélange à la surface de la petite flèche constituée par une épine bien fine ou par le bout d’une petite aiguille rouillée, et on laisse sécher. Les flèches peuvent être de différente longueur; de même, la couche du mélange sera plus ou moins épaisse et pourra recouvrir une étendue plus ou moins grande de la surface de la flèche, de 1 à 5 millimètres par exemple. L'extrémité de la flèche qui n’est pas enduite de curare, est introduite dans une petite canule métallique, pourvue d’un mandrin qui permet de pousser la flèche hors de la canule. | Lorsqu'on veut faire l’expérience, on commence par pratiquer la trépanation du crâne et par mettre à nu la surface du cer-- veau. La canule portant la flèche est alors plongée dans la masse cérébrale à l'endroit approprié et à la profondeur nécessaire. On pousse le mandrin et on retire la canule. La flèche reste ainsi dans le cerveau. 16 SÉANCE DU 7 MARS Après la mort de l’animal. le cerveau sorti du crâne est plongé dans un liquide durcissant. Les coupes du cerveau durci permettent d'établir d'une manière précise l'endroit où la flèche avait été appliquée. Cette méthode a aussi le grand avantage de retarder la diffu- sion de la substance qu’on a introduite dans le cerveau. Le mélange se dissout peu à peu; les parties cérébrales qui entou- rent immédiatement la flèche, se trouvent en contact avec une solution très concentrée de la substance chimique, qui peut ainsi exercer le maximum de son action sur les centres nerveux où la flèche est plongée. LE ts: om A bé SOMMAIRE DU No 1 Pages Listes membres. 4 pes VAT LUEUR votre Me NT RS ? LUI Séance du 17 janvier 1918. Arnold Prcrer. Rapport présidentiel pour 1917... .... ..,.... 4 Séance du 21 février 1518. N. Bercxov. Systématisation branchiale des nerfs craniens. . . . . . . .. 5 J. Sarasix. Distillation de la cellulose et de l’amidon dans le vide. .. . 8 Séance du 7 mars 1918. Ed. CLapArèDe. Sur une méthode de mesure de la connaissance d’une ns apdbiranesne sis CN ee NP EVE 6e ape Te COR EEE 10 Mie Srerx et E. Rôrauin Effets de l’application locale du curare sur les diterentes parties du. cervélets 5e per ne st ire 2 2 SC ROA Fr. Barrezrr. Méthode pour préciser le point d'application de NN chimiques dans la profondeur des centres nerveux. , . ....... 14 IMPRIMERIE ALBERT KUNDIG — (GENÈVE-SUISSE) SUPPLÉMENT AUX ARCHIVES DES SCIENCES PHYSIQUES ET NATURELLES 1918 ? COMPTE RENDU DES SÉANCES SOCIÉTÉ DE PHYSIQUE D'HISTOIRE NATURELLE DE GENÈVE Volume 35 — 1918. RÉDACTION : IMPRIMERIE ALBERT KUNDIG 4, Rue du Vieux-Collége, 4 GENEVE Serials Q 167 2,609 ourvLËMENT AUX ARCHIVES DES SCIENCES PHYSIQUES ET NATURELLES 1918 COMPTE RENDU DES SÉANCES SOCIÉTÉ DE PHYSIQUE D'HISTOIRE NATURELLE DE GENÈVE Vol. 35, n° 2. — Avril-juillet 1918. RÉDACTION : IMPRIMERIE ALBERT KUNDIG 4, Rue du Vieux-Collége, GENEVE SUPPLÉMENT AUX ARCHIVES DES SCIENCES PHYSIQUES ET NATURELLES 1913 DE LA SOCIÉTÉ DE PHYSIQUE ET D'HISTOIRE NATURELLE DE GENEVE Ne. 95, N°2. 1918 Avril-Juillet Séance du 18 avril 1918. Arnold Picrer. — Sur l'origine du dimorphisme sexuel de coloration chez les Lépidoptères. Dans une précédente note’, nous avons démontré expérimen- talement et au moyen de données fournies par l'observation, de quelle façon l'équilibre naturel entre les diverses espèces animales se trouve rigoureusement établi et nous arrivions à la conclusion que, chez les Insectes, la destruction par les ennemis, le climat, les maladies, ete., peut s’évaluer au 99,60 ?/, des indi- vidus de chaque ponte (500 œufs pris comme moyenne), tandis que la défense et la protection (mimétisme. homochromie, etc.). ne sauvent que le 0.40 ?/, des individus de cette ponte; cette énorme destruction se trouve donc surtout compensée par la grande quantité d'œufs que pondent les femelles d’Insectes. Ces recherches avaient en outre montré que tous les faits que l'on a observés, concernant la protection que les Insectes reti- ! Prorer, Arnold. Sur l’Equilibre naturel entre les diverses espèces an i- males. Arch. Sc. phys. et nat. 1915, vol. 39, p. 456-460, C. R. Soc. phys., Genève, Vol, 35, 1918. 18 SÉANCE DU 1S AVRIL rent de leur homochromie, de leur mimétisme, des attitudes avantageuses qu'ils prennent à l’état de repos et de leur aptitude à se dissimuler ou à se sauver, faits dont on ne peut nier l’exac- titude, ne jouent qu’un rôle minime dans la survivance des individus ; mais, si minime soit-il, ce rôle est 22dispensable, puis- qu'il permet la survivance du sérict nécessaire au maintien de l’espèce. La question de savoir si l’homochromie des Insectes entre réellement en ligne de compte dans la conservation des espèces et dans quelle proportion, nous à amené à l’étudier à nouveau chez un certain nombre de Lépidoptères, tant homochromes que non homochromes, et voici les résultats de nos recherches. Espèces dont le mâle seul est homochrome. Les Lépidoptères offrent de nombreux exemples d’homochro- mie, dont quelques-uns sont des plus frappants aux yeux humains, et, c’est avec plusieurs espèces homochromes que nous avons pratiqué, depuis une vingtaine d'années, une longue série de recherches biologiques, corroborées par quelques experiences. Ces recherches ont eu pour objectif l'étude de l’origine du dimorphisme sexuel! de certains Papillons dont le mâle est doué d’une coloration appropriée au milieu dans lequel il à coutume de se tenir pendant ses heures de repos, tandis que la femelle, bien que vivant dans le même milieu, jouit d’une colo- ration bien différente, ne s’harmonisant pas avec son ambiance. La différence de coloration entre le mâle et la femelle des espèces étudiées est frappante ; en outre, les deux sexes diffèrent par leur taille, la femelle, du fait de son abondante production d'œufs, étant d’un volume bien supérieur à celui du mâle. Or, pour acquérir cette augmentation de volume et de taille, la femelle doit nécessairement absorber une plus grande dose d'éléments nutritifs, ce qui se traduit par une prolongation de la durée de son ontogénie; mais, le point de départ de sa vie, l’éclosion de l’œuf, ayant été le même pour elle que pour le ’ Les caractères qui différencient le mâle de la femelle sont très variés chez les Lépidoptères ; nous ne retiendrons ici que le dimorphisme sexuel de coloration. SÉANCE DU 18 AVRIL 19 mâle, il en résulte que ce dernier éclot, comme Papillon, pres- que toujours avant la femelle. L’éclosion anticipée des mâles est nettement démontrée par les données suivantes". I. LYMANTRIA DISPAR. Moyennes des dates d'éclosion de 1900 à 1903. o © Avance moyenne du © 17 juillet 23 Juillet 6 Jours 16 » 24 » D» 12 » 15 ) 3 » 18 » 24 ) b » 15 » 22 ) TS 15 » 23 » 5 » de » c 4 | ) 9 » Dans une autre série de recherches, nous démontrons encore l’anticipation de l’éclosion du mâle, de la façon suivante : Premier C éelos Première © éclose Avance 4 juillet 1902 12 juillet 8 jours £2 » 2% » 22: y» 3 » 1 » 10 » 2, MACROTHYLACIA RUBI. Moyennes des dates d’éclosion. & ? UE © 5 mai 1908 9 mai # jours 19 , » » 24 ,, » ) » ljuin » 10 juin 10 fa 3. MALACOSOMA NEUSTRIA. (] ? rente de © 4 juillet 1901 1% juillet 10 jours 26 juin 1904 30 juin 4 3 juillet 1914 12 juillet ME | ! Ces données sont calculées pour les individus d’une même ponte. 20 SÉANCE DU 13 AVRIL 4. LASIOCAMPA QUERCUS. O (®@) Avance du Œ 20 juillet 1900 30 juillet 10 jours o août 1901 15 août LOS La 1902 244» à (1 RSR” 25 juillet 19035 CR) 9 » 19 septembre 1901 27 septembre 8: 16 octobre 1901 26 octobre 10x Premier © éclos Premiere © éclose Avance du © 3lmai 1900 11 juin 12 jours 12 juin 1901 PAR 13 » 16 juillet 1901 21 juillet FE" 13 juin 1902 21 juin FU 16 » 1903 LOL) 6 PAS 5. SATURNIA PAVONIA (dates réelles). ei (®@) Avance du GC 18 février 1897 3 mars 13 jours A » 1899 27 février 15719 20 » 1910 25 » SE: 2 avril 1910 10 avril “NE Un certain nombre d'expériences ont été pratiquées ; elles fournissent également la preuve de léclosion anticipée des mâles sur celle des femelles, chez les espèces dont le mâle seul est homochrome. Sans entrer dans les détails de ces expériences nous en indiquerons seulement les résultats sommaires. Elles ont consisté à provoquer, pour les deux sexes, un raccourcisse- ment ou une prolongation de la durée de l’ontogénie qui, malgré cela, s’est toujours trouvée plus longue pour la femelle. Ainsi, lorsque le mâle éclot, aucune femelle ne se montre encore ; 1l doit donc attendre avant d'effectuer l’acte de l’accou- plement, le plus important au point de vue du maintien de l’es- pèce, plusieurs jours pendant lesquels les chances de destruction sont nombreuses. Dès lors s'impose pour lui la nécessité de la lutte et son homochromie, pouvant lui être utile, s'explique de cette façon par sélection naturelle. SÉANCE DU 18 AVRIL 21 Au contraire, lorsque les femelles éclosent, immédiatement elles sont fécondées par les mâles qui n’attendent que ce moment et la ponte s'effectue de suite. Dans certains cas, dont plusieurs ont été observés avec Lymantria dispar et Malacosoma neustria, la ponte a été terminée le lendemain de l’éclosion de la femelle, sinon déjà le même jour. Dans ces conditions, les chances de destruction de la femelle sont excessivement réduites par le fait, de la brièveté de son existence comme Insecte parfait avant la ponte, et, après celle-ci, animal peut être détruit sans que cela porte le moindre préjudice à sa descendance. C'est pourquoi la nécessité de la lutte ne s'imposant pas pour la femelle, ses moyens de défense n’ont pas de raison d'être’. Espèces monomorphes et non homochromes. Nous choisissons, pour cette étude, toute une série d'espèces au nombre de vingt-deux, parmi celles dont les couleurs sont les plus voyantes et dont le mâle jouit de la même coloration et de la même taille que la femelle. Dans ce cas, nos recherches montrent que la durée de lontogénie est exactement la même pour les deux sexes, et que mâles et femelles éclosent en même temps. Avec certaines espèces, comme celles appartenant au genre Vanessa, il nous est arrivé que tous les Papillons d’une même ponte soient éclos le même jour, tandis que pour d’autres, nous constations que chaque jour il éclosait à la fois des mâles et des femelles. Dans ces conditions, il est facile d'’entrevoir l’inutilité de moyens de défense pour ces espèces à l’état d’Insectes parfaits. En effet, les éclosions ayant lieu en même temps, l'accouplement et la ponte se font si rapidement, que les chances de destruction sont réduites à leur minimum, vu la brièveté du temps qui s'écoule depuis la sortie de la chrysalide jusqu’au moment où la ponte est terminée. C’est pourquoi ces espèces peuvent être parées de couleurs voyantes, ou de caractères ne contribuant pas à leur dissimulation, sans que leur survivance en souffre avant l'acte important de l’accouplement et de la ponte. ! Voir aussi: Picrer Arnold. Observations se rapportant à la sélection naturelle chez les Lépidoptères. Arch. Sc. phys. et nat. 1905, vol. 19, p: 410-415. 22 SÉANCE DU 18 AVRIL Espèces dont les deux sexes sont homochromes. Nos recherches avec quelques espèces appartenant à cette catégorie confirment ce que nous venons de voir. Ici, la durée entre l’apparition des représentants de chacun des sexes est parfois assez grande, surtout lorsqu'il s’agit d'espèces qui passent l'hiver à l’état de chenille, comme c’est le cas de Dendrolimus pini, Gastropacha quercifolia, Lasiocampa trifoli et d’autres ; l’'hibernation à l’état de larve provoquant parfois certains retards dans l’ontogénie, il arrive que c’est tantôt le mâle qui éclot le premier, tantôt la femelle. Aussi la défense $’impose-t- elle pour: chacun et c’est pourquoi l’un et l’autre des deux sexes possèdent des moyens de dissimulation, dont l’homochromie est le plus apparent. Les moyens de défense dont nos recherches permettent d’ex- pliquer, en une certaine mesure, l’origine et la conservation, sont de ceux que le regard humain peut apprécier d’une façon indubitable et que personne ne peut nier. Cependant, l'immense majorité des ennemis des Insectes, d’autres Insectes en grande quantité, possèdent des organes sensoriels infiniment plus puis- sants que la vue pour apprécier la présence de la proie qu'ils convoitent, et il est probable que les espèces homochromes, si elles retirent de leur homochromie une protection contre les attaques des Mammifères, des Oiseaux, des Reptiles et des Amphibiens, n’en retirent guère, de ce fait, dans leur lutte contre les autres Arthropodes. Mais la survivance des individus, que nous avons évaluée au 0.40 ‘/, d’une ponte de 500 œufs, est d'autant plus importante qu’elle est réduite; c’est pourquoi tous les moyens sont utiles pour concourir à la maintenir et c’est leur ensemble qui atteint ce but. | D'autre part, nos recherches tendent à expliquer la conserva- tion des couleurs qui nous paraissent être désavantageuses pour les Insectes qui en sont doués, par le fait que la durée où ce désavantage peut leur être préjudiciable (celle qui s'écoule entre la sortie de la chrysalide et la ponte) est très limitée. SÉANCE DU 2 MAI 23 Séance du, 2 mai 4948. E. Briner. — Sur la vitesse d'oxydation de l’oxyde d'azote en relation avec le problème industriel de la récupération des oxydes d'azote. (Recherches en collaboration avec E. Fripôürr). Les travaux modernes ont démontré que l'oxydation du gaz oxvde d'azote est un phénomène de nature très complexe et qu’il n'est pas si simple qu’on le croyait de transformer rapidement et intégralement cet oxyde en peroxyde. Cette réaction inté- resse au plus haut point l’industrie, particulièrement impor- tante pour la Suisse, de la fixation de l’azote atmosphérique par l'arc électrique jaillissant dans Pair. Or, ce mode de fixation, qui est susceptible de nous procurer, d’une façon complètement in- dépendante de l'étranger, les nitrates pour l'agriculture, l'acide nitrique pour l'industrie chimique, aboutit à la formation de l'oxyde d'azote. Le gaz NO, ainsi obtenu, est par lui-même assez inerte et pour le récupérer il faut, au préalable, le transformer en composés plus oxygénés qui sont absorbables par divers réac- tifs en donnant les corps nitrés dont nous avons besoin. Les gaz d'arc renferment NO sous une forme très diluée (1 à 2 °/,) dans une grande masse d'air; c’est donc le mécanisme de la peroxyda- tion de NO dans ces conditions un peu spéciales qu'il convient de connaître. Les données visant ce point étant encore peu nom- breuses, les auteurs, sur le conseil de M. le Prof. Ph.-A. Guye, ont cherché à les compléter dans une certaine mesure par quelques séries de recherches systématiques effectuées dans des conditions voisines de celles réalisées dans l’industrie. De toutes les réactions qui peuvent se produire dans le sys- tème NO-air — elles sont au nombre de 5 à 6 — celles qui ré- gleront la progression de l'oxydation seront les réactions les plus lentes et c’est la marche et la vitesse de ces réactions qu'il conviendra d'établir par des mesures. La méthode utilisée à cet effet est basée sur la réfrigération du mélange après son passage dans des chambres d’oxydation dont on peut faire varier le nombre. Par cette réfrigération on obtient à l’état condensé — comme Île ferait une industrie pratiquant la récupération des 24 SÉANCE DU 2 MAI oxydes d'azote par le froid — les oxydes supérieurs formés, dont l’anaiyse permet de déterminer, après des temps donnés, le de- gré d'avancement de la peroxydation. A titre d'exemple, les au- teurs indiquent les résultats obtenus dans une de leurs séries pour une concentration initiale 6 — 1,1 ‘/, de NO, et la tempé- rature de 21°,5 Temps en secondes 10/26 :6751 &6S 635 125 90: Proportion de NO peroxydée (récupérable) en ?/, 5077 00594 GET POP IS NOTE L’élévation de la concentration initiale accélère la réaction ; en revanche, contrairement à ce qui se passe pour toutes les ré- actions chimiques, l’abaissement de température est favorable au phénomène (confirmation de l'observation faite sur ce point par BoDpENsTEIN et MEINECKE) ‘. En appliquant aux résultats numériques les règles de la ciné- tique chimique, on à trouvé que l’ordre de la réaction (nombre de molécules qui réagissent entre elles) subit des fluctuations au cours de l'oxydation, mais que l’ordre moyen, caractérisant l’ensemble du phénomène, pouvait être pris, en première approxi- mation, égal à 2. Pour concilier ce chiffre avec celui obtenu par BopEexsTEIN et MrixEeCkeE (ordre — 3), il convient de remarquer que dans les conditions des expériences, NO se trouvait en pré- sence d’un grand excès d'oxygène, comme d’ailleurs dans les gaz d'arc. L’oxygène agit alors par masse constante et le terme qui le représente disparaît de l'équation de vitesse. Si À est la concentration initiale de NO, x la fraction peroxydée au temps é, cette équation se réduit alors sous sa forme différentielle à : dx dt celle-ci permettra de calculer les fractions peroxydées après des temps donnés ou vice-versa. Comme l'ont démontré quelques ap- plications — avec la valeur K —0.051 tirée de ces essais on calcule notamment pour À — 2 ‘/, que les peroxydations à 50 et 90 ?/, exigent respectivement 10 et 88” au lieu de 12 et 100”, chiffres obtenus par Scaôünaerr dans l’industrie — cette relation, qui à le mérite d’une grande simplicité, fournit, à défaut de résultats € \2 Cl , , \ X 1 44 GP7ILE — K(A — x)° et sous sa forme intégrée à Re K; ! Zeits. f. Électrochemie, t. 16, p. 876 (1910). SÉANCE DU 2 MAI 25 précis, tout au moins des indications d'ordre de grandeur qui peuvent être utiles pour le calcul des capacités des chambres d’oxydation destinées à l'obtention d’une peroxydation donnée. Quant à l'influence de la température, elle ne peut être carac- térisée d’une façon générale par un coefhicient déterminé, car elle variera suivant la plus ou moins grande facilité des échanges thermiques entre le système et le milieu ambiant. Dans les conditions de ces essais, dans lesquels on a fait varier la température de 0 à 50°, un abaissement de température de 10° a amené en moyenne une amélioration de la récupération de 10 à 20 ‘/,. Les auteurs proposent d’attribuer cette action favo- rable de l’abaissement de température, qui constitue une excep- tion en chimie, au fait que cet abaissement favorise la forma- tion des molécules N,0,, ou des molécules N,0, , au détriment des molécules NO, et NO, les molécules N,0, paraissant, selon une remarque de Ph. Guve, jouer le rôle principal dans la récu- pération (il en est probablement de même des molécules N,0,). Le problème étudié mérite, en raison de sa complexité, qu'on lui consacre encore beaucoup de recherches systématiques en s’aidant des lois et procédés de la chimie physique. Car, en dehors de son intérêt théorique, il revêt une grande importance pra- tique, en ce sens que la moindre amélioration dans la récupé- ration des oxydes d'azote se traduit par des gains de milliers de tonnes des précieux produits azotés. J. Briquer. — Sur la morphologie et la biologie du genre Micropsis DC. Le Micropsis nana DC. est une minuscule Composée mono- type du groupe des Filaginées, endémique au Chili et aux îles Juan Fernandez!, dont les caractères morphologiques sont loin d'être élucidés. L'auteur du genre, A.-P. ne CaxpozLe?, a bien constaté la présence d’un « pappus squamellosus » au sommet ! L'espèce ne figure pas dans la monographie de Johow (Estudios sobre la flora de las Islas de Juan Fernandez, Santiago 1896), mais elle est men- tionnée dans les îles de Mas-a-tierra et de Mas-a-fuera par Reiche (Flora de Chile, IV, p. 37, ann. 1905), ce que confirment des échantillons récoltés en 1855-56, par Germain et conservés dans l’herbier Delessert. * DE CanDOLLE, A.-P. Prodromus, V, p. 459 (1836). 26 SÉANCE DU 2 MAI des akènes, caractère très exceptionnel chez les Filaginées, mais le reste de sa description passe sous silence la plupart des par- ticularités intéressantes de cette plante. Les détails fournis par Hooker et Arnorr' sont meilleurs :ces botanistes ont sommaire- ment indiqué les différences d'organisation des bractées axillan- tes et des ovaires chez les fleurs © et % (ces dernières avaient été qualifiées de G'par pe CANDOLLE), mais les caracteres attribués à l’involucre sont obscurs. Remy? a suivi Hooker et ARNOTT sans apporter de faits nouveaux ; il en est de même pour les auteurs subséquents, en particulier Reicue ”, lequel croit mettre d'accord ses prédécesseurs en disant que les fleurs centrales de Ja cala- thide sont $ où œ. Il y a donc lieu d'étudier à nouveau l’orga- nisation des calathides dans le genre WMicropsis : on verra que cette étude présente aussi de l'intérêt par les conséquences bio- logiques qu’elle comporte. Involucre. — Les calathides du Micropsis sont groupées au nombre de 2 à 4 à l'extrémité des courts rameaux, dépassées par les feuilles terminales. Leur involucre se compose de deux sortes ; : ; 3 s ae de bractées disposées selon le type =. — Les bractées extérieures peuvent être considérées comme de simples feuilles réduites : elles sont oblongues-obovées, élargies sous le sommet qui est brusquement rétréci en apicule. Il y a à la base de ces bractées trois nervures : la médiane se ramifñe vers le milieu du limbe suivant le mode penné: les deux latérales viennent se grefter aux branches secondaires inférieures de la médiane; il y a de nombreuses anastomoses dans la région distale de la bractée. Le mésophylle consiste dans la région proximale en un parenchyme incolore ; il est formé d’un chlorenchyme faiblement bifacial dans la région distale. L’épiderme porte d'innombrables poils à cel- lule basilaire très courte, à cellule terminale flagelliforme dé- mesurément allongée, entortillée, très prématurément aérifère, à membrane fine et hyaline. Les bractées internes, générale- ment au nombre de trois, sont complètement hyalines, ovées- 1 Hooker and ArnorT. Contributions towards a Flora of South America and the islands of the Pacific (Hookers’ Journal of Botany II, p. 44, ann. 1841). * Remy in Gay. Flora Chilena, IV, p. 107 (1849). », REICH, L.°c: SÉANCE DU 2 MAI 2 _ [l oblongues, obtuses au sommet, consistant en deux lames épider- miques à cellules prosenchymateuses, à cloisons minces, aérife- res ; 11 n'y à à la base qu'un faisceau médian grêle qui s'éteint dans letiers inférieur du limbe, sans ramification. Ce n’est que sur le parcours de ce faisceau, et dans son voisinage immédiat, que les deux épidermes sont séparés par quelques éléments mé- sophylliens hyalins. Bractées paléales externes" et fleurs ®.— Les bractées paléales externes, à l’aisselle de chacune desquelles est située une fleur Q. sont au nombre de 7-13, disposées en apparence sur deux rangées concentriques, mais en réalité réparties selon un cycle de fraction compliquée ( probablement 3) Le limbe est ové-oblong, diffé- rencié en deux parties très différentes: le champ médian et l'aile. — Le champ médian est de forme oblongue-lancéolée, con- cave du côté axoscope, rétréci en pointe au sommet, à trois ner- vures dont la médiane est seule faiblement ramifiée au sommet: les deux latérales rejoignent la médiane dans le petit secteur anastomotique apical. Sauf dans les nervures, le mésophylle est nul à l'état adulte et les deux épidermes sont étroitement ap- pliqués l’un contre l’autre. Les éléments épidermiques sont pro- senchymateux, allongés selon l’axe de la bractée, recloisonnés transversalement et à membranes fortement épaissies pourvues de ponctuations orientées perpendiculairement au grand axe de la cellule. Toutefois des coupes transversales montrent que les parois externes restent minces, dépourvues de ponctuations, et que la sclérification s'effectue « en fer à cheval » à l’intérieur de chaque cellule. Malgré l'énorme selérification, les cloisons laté- rales et internes ne sont paslignifiées, mais restent formées d’une cellulose extrêmement dense. L’épiderme extérieur est formé d'éléments plus volumineux que l'intérieur et porte des poils de la forme décrite ci-dessus. — L’aile est constituée par deux la- mes épidermiques construites comme dans les bractées involu- crales internes et ne comporte ni poils, ni faisceaux; elle appa- raît à mi-longueur du champ médian sous la forme d’une étroite ! Nous suivons pour la terminologie des bractées les indications d’une note antérieure : Briquer, J. Le critère différentiel des bractées involucrales et paléales dans la calathide des Composées (Arch. 1917, vol. 43, p. 452- 436). 28 SÉANCE DU 2 MAI bande marginale, et s'étale en languette obtuse bien au delà de l'apex du champ médian. — La fleur © comporte un ovaire ovoïde allongé qui, à l’état d’akène, ne dépasse guère 1 mm de longueur. L’akène est couvert de poils de Nobbe appliqués-ascen- dants, bifides au sommet, très allongés, de plus en plus longs à mesure que l’on remonte vers le plateau apical. La cellule basale supérieure possède une volumineuse paroi extérieure. Le pappus, dissimulé entre les poils de Nobbe supérieurs, est formé par une couronne d'éléments inégaux, parfaitement concrescents, courts, hyalins. La corolle constitue un étroit siphon, long d'environ 2 mm, à mésophylle nul à l’état adulte, à épidermes hyalins, lisses, dépourvu de faisceaux, terminé par 4 lobules courts et irréguliers. Le style présente à sa base un regme grêle et allongé, un épiregme élargi en plateau, et setermine par deux branches un peu comprimées du côté interne, à éléments externes à peine papilleux. Practées paléales internes et fleurs $.— Les fleurs $ ‘ occu- pent le milieu du plateau réceptaculaire faiblement convexe, au nombre de 2-4. Toute leur partie inférieure, à peu près jusqu’à la mi-longueur du tube corollin, est enveloppée par la bractée paléale. Celle-ci comprend deux parties très distinctes: le four- reau et la languette. — Le fourreau est tubuleux, long d’envi- ron 1,8 mm, contracté au sommet de facon à serrer le tube co- rollin. Les dissections comme les coupes s'accordent à faire in- terpréter cet organe comme homologue du champ médian des bractées paléales externes : même structure anatomique des deux épidermes appliqués l’un contre l’autre, mêmes trois faisceaux longitudinaux reliés à extrémité du fourreau par un épais cor- don de liaison transversal. Les coupes montrent que le fourreau n’est pas fermé, mais que les bords sont seulement rapprochés, au point que l’un d’eux recouvre l’autre sur toute sa longueur, et qu’ils sont étroitement appliqués. — La languette correspond à l’aile des bractées paléales externes dont elle présente la struc- ture : elle couronne le fourreau d’une façon quelque peu irrégu- lière, parfois divisée en deux lobules, elle est complètement fen- ? Nous n’avons jamais vu de fleurs c'. Les indications contraires de A.-P. pe CanDpoLe et de Rercxe sont dues à des erreurs d’observation pro- venant sans doute de la petitesse des fleurs. SÉANCE DU © MAI 29 due sur la ligne de pseudo-suture du fourreau. — Dans la fleur $, la corolle est tubuleuse et de calibre sensiblement constant dans sa région inférieure. Après sa sortie du fourreau paléal, qu'elle dépasse d'environ 0,6 mm, elle s’évase un peu et porte quatre ou cinq lobes ogivaux, à cellules apicales internes un peu papilleuses. Le tube comporte des cordons lbéro-ligneux grêles aboutissant aux sinus, mais les lobes sont dépourvus de faisceaux. Les quatre ou cinq étamines ont des filets courts, des anthères allongées à appendice apical ogival, à appendices basilaires effilés, aussi longs que les anthéropodes. Le style est organisé comme dans la fleur %, mais à branches hérissées extérieurement de très nombreux poils balayeurs claviformes inclinés en avant. L’akène est construit comme dans la fleur ©, mais les poils de Nobbe ont une singulière distribution : 1ls forment une courte couronne à la base de l’akène et une couronne plus longue autour du plateau ; ils manquent sur les côtés ; ils forment une rangée longitudinale complète du côté postérieur (caxoscope), et une ran- gée incomplète, localisée dans le haut de l’akène, du côté anté- rieur (phylloscope). Leur structure est d’ailleurs celle qui a été décrite plus haut: il en est de même pour le pappus. Le caractère le plus saillant de l’organisation qui vient d’être étudiée consiste dans la pseudocarpie des bractées paléales centra- les, celles qui accompagnent les fleurs %. Dans tous les autres genres de Filaginées, sauf dans le genre Diaperia sur lequel nous reviendrons ultérieurement, lorsqu'il y a pseudocarpie des bractées palléales, c’est toujours dans les pièces périphériques, accompagnant les fleurs ©, que se produit cette usurpation des fonctions du péricarpe. La forme particulière des bractées pseu- docarpiques (fourreau) est sans doute en relation avec la situation dressée au milieu du réceptacle, tandis qu'ailleurs (Æilago sp. Psilocarphus, Micropus) les bractées pseudocarpiques inclinées ont la forme d’une nacelle. Un autre fait, très intéressant au point de vue biologique, consiste dans la présence des poils de Nobbe bizarrement distribués sur les akènes des fleurs %. La si- gnification biologique de ce fait est selon nous la suivante. A la maturité, la corolle se flétrit et se détache del’akène par la base du tube; de même, le style s’isole de l’akène par la rupture de son regme basilaire. L’akène tombe donc avec le fourreau paléal 30 SÉANCE DU 2 MAI qui le renferme. Or, dans tous les cas de pseudocarpie des brac- tées paléales que nous avons étudiés jusqu'à présent, l’akène inclus était glabre: le péricarpe (ou l’épiderme péricarpique) jouait un rôle passif et l'enveloppe pseudocarpique sautait au cours de la première phase de la germination. Ici, au contraire, la germination est préparée. Sous l’action de l'humidité, les poils de Nobbe s’étalent'. La rangée incomplète antérieure (phyllos- cope) vient s'appuyer contre le fourreau paléal; la rangée pos- térieure, plus développée, vient exercer une pression encore plus forte sur le fourreau précisément le long de la ligne de jonction marginale, et force ie fourreau à s'ouvrir, facilitant ainsi les phénomènes ultérieurs de la germination. — On peut encore se demander, en se plaçant au point de vue biologique, pour quel « motif » les fleurs centrales $ de la calathide ont le privilège d’avoir des akènes protégés par la cuirasse d’une bractée paléale pseudocarpique ? Il est bien difficile de répondre à cette question. Peut-être faut-il chercher dans le petit nombre (2-4) de ces fleurs (les seules de la calathide qui Soient pollinifères), la cause d’une protection spéciale donnée à leur corolle et à leur akène, bien que la réduction du nombre des fleurs pollinifères se pré- sente dans bien d’autres cas sans qu’une organisation de ce genre soit réalisée. Quant au pappus, son extrême petitesse et le fait qu'il est caché dans une forêt de poils de Nobbe le rendent inapte à fonctionner comme organe de dissémination : son rôle biologique est nul. En revanche, et précisément pour ce motif, nous pensons que A.-P. DE CaNbOLLE et ses successeurs ont eu raison de donner au pappus du genre Micropsis une haute im- portance systématique. En effet, la présence d’un pappus très réduit est une précieuse indication phylogénétique ; elle établit un point de contact entre les Filaginées à akène dépourvu de pappus et les Gnaphalinées à akène pourvu de pappus (ce dernier parfois aussi en forme de collerette membraneuse, par exemple dans le genre Aminobrium). 1 Voy. sur le mécanisme d’étalement des poils de Nobbe, et le rôle dyna- mique de la cellule basale supérieure : Scnenx, Zur Kenntnis des Baues der Früchte der Compositen und Labiaten (Bot. Zeitung, XXXV, p, 409- 412, ann. 1877). SÉANCE DU ? MAI 31 B.-P.-G. HocareuriNer. — L'allongement des nœuds du Cratoxylon floribundum Vul. (Guttiferae). On sait que l'allongement des tiges se fait exclusivement par les entre nœuds. Néanmoins lorsque des bourgeons axillaires naissent au-dessus de lendroit où ils devraient se trouver nor- malement, on admet qu'il y a eu concrescence entre le bourgeon et l’axe et que ce dernier, en s’allongeant, a entraîné le bourgeon avec lui. Pour étudier ces questions d’allongement, la méthode classique consiste à tracer sur l’organe en observation des lignes successives qui, ensuite de l’allongement, paraissent s’être eloi- gnées les unes des autres. On localise ainsi facilement les zones de croissance. Or, chez la plante précitée, il existe, tracée par la nature elle- même, une ligne qu'on pourrait croire due à la cicatrice de sti- pules interpétiolaires caduques, mais qui n’est en réalité que la trace laissée par les deux limbes. Ceux-ci à l’état très jeune sont en effet décurrents et continus d’une feuille à l’autre, de sorte que, dans le bourgeon végétatif, ils présentent laspect d'une paire de feuilles perfoliées, comme chez le chèévrefeuille. C'est dire que cette trace est rigoureusement transversale par rapport à l’axe. Chez la même plante, lorsque la tige s’allonge, on voit se dé- velopper à l’aisselle de chaque feuille deux bourgeons axillaires ‘superposés qui donnent naissance à deux inflorescences. Mais lorsqu'elles sont épanouies, celles-ci ne sont plus rigoureusement axillaires, elles sont étagées au-dessus de l’aisselle, la seconde s’'éloignant parfois jusqu’à 7 mm de la feuille. Au même niveau la tige est fortement aplatie. Or. dans ce cas, on observe en même temps que la trace in- terpétiolaire s'est fortement déplacée. Au niveau de laisselle, elle aboutit toujours de chaque côté au pétiole de chaque feuille, mais elle s'incurve ensuite immédiatement vers le haut, pour former une courbe ressemblant vaguement à une parabole et jalonnant la croissance qui a eu lieu dans le nœud. Cette croissance, ainsi que la démarcation en question l’indi- que, n’est pas seulement intercalaire à l’intérieur du nœud, elle est encore différente à diverses profondeurs de la tige, étant maximale au centre. 32 SÉANCE DU 2 MAI Ce qui rend l'observation très démonstrative, c'est que si, par la pensée, on ramène en arrière la ligne jalonnant la croissance, en supposant qu'elle attire après elle les formations axillaires, on peut voir qu'alors les inflorescences deviendraient rigoureu- sement axillaires, la convexité de la ligne correspondant sen- siblement au déplacement de ces inflorescences axillaires vers le haut. Arnold Picrer. — Intervention de l'élévation de la tempéra- ture pour provoquer l’éclosion des Papillons. Le Papillon, lorsque le moment de l’éclosion est venu, reste absolument étranger à l’action qui provoque la déhiscence des fourreaux thoraciques de la chrysalide ; son rôle actif, consistant à étendre ses pattes pour atteindre un support etse tirer au de- hors de la dépouille nymphale, ne commence qu'après l’ouver- verture de celle-ci. Cette passivité du Papillon est démontrée par une série de recherches que nous avons poursuivies depuis plusieurs années, et exige l'intervention de mécanismes d'ordre physique pour provoquer l'ouverture de la chrysalide que l’In- secte ne peut ouvrir lui-même. Deux de ces mécanismes ont été déjà mis en évidence par des recherches précédentes *. Le premier réside dans une diminu- tion de la pression atmosphérique survenant au moment de la maturation nymphale, tandis que le second à pour origine une action concordante de l’élévation de la température et de la pres- sion atmosphérique. Nous devons envisager maintenant un troisième mécanisme pouvant concourir au même résultat que les précédents et qui est celui produit par une élévation de la température ambiante au moment de la maturation nymphale. On sait que la plupart des Papillons volent pendant les mois de printemps et d'été, qui sont seuls propices à fournir aux Lé- pidoptères les éléments thermiques nécessaires à leur évolution. D'autre part, ainsi que le montrent les données suivantes, 1 Prcrer, Arnold. Les mécanismes qui provoquent l’éclosion des Papillons, Bull. Institut nat. Genevois, 1918. * Prorer, Arnold. Influence de la pression atmosphérique sur le dévelop- pement des Lépidoptères. Arch. 1917, vol. 44, p. 414-454. ” V9 de … SÉANCE DU ? MAI relevées parmi ceux de nos élevages ayant comporté plus de cent individus d’une même ponte, il est manifeste que la majo- rité des Papillons éclosent pendant la partie la plus chaude de la journée, Nous avons noté, pour plusieurs espèces, l'époque de la journée où se faisaient les éclosions, en la divisant en trois périodes, la première allant de 8 h. du matin — c'est-à-dire de- puis le moment où la température commence à s'élever — jus- qu'à midi, la seconde de midi jusqu'à 6 h. du soir, c’est-à-dire pendant la plus grande chaleur; la troisième période comprend la soirée et la nuit, où la température est la plus basse. Voici les chiffres obtenus : Proportion des éclosions suivant l'époque de la journée : matin apres midi soirée et nuit Lymantria dispar (1909) 42,439), 59,24 °/, 2,33 °/, Noctuelles (1910) 40,05 °/, 50,— °}, 9,99.0/, Pieris brassicae (1910) 42,519 57,51 °/, — Psilura monacha (1911) 28,41 °/, 45,46 °/, 26,13 °/, Vanessa levana (1910) 34.09 °/, 65,91 °/, — Dendrolimus pini (1912) 50,98 ?/, 39 21 °/, 9,81 °/, Lasiocampa quercus (1912) 40,63, 55,73 °/, 3,64 °/, » (1909) 53.21 46,797, — Vanessa urticae (191%) 32,95 °/, 94.99 0/, 12,50 ?}, Vanessa 10 (1914) h%,40 7, 51,89 °/, 3,449}, Aïnsi la majorité de ces Papillons sont éclos pendant la pé- riode la plus chaude de la journée, ce qui montre bien le rôle de l'élévation de la température. | Pour ce qui est des chiffres fournis par les élevages de Den- drolimus pini et de Lasiocampa quercusen 1909, et qui sem- blent contradictoires, il y a lieu de remarquer qu'ils sont le ré- sultat d’un élevage en hiver, pratiqué en chambre; c’est pour- quoi la majorité des éclosions ont eu lieu le matin, après le début du chauffage. Nous devons remarquer encore les chiffres fournis par Psilura monacha en 1911; ceux-ci accusent une augmentation du nom- bre des éclosions nocturnes proportionnellement à celui des autres espèces ; mais on se souviendra que l’année 1911 a été particulièrement chaude, avec des hausses de température fré- quentes pendant la nuit. Quelques expériences confirment l'influence de l'élévation de C. R. Soc. phys,, Genève, Vol. 35, 1918. 3 34 SÉANCE DU 16 MAI la température comme agent pouvant provoquer l’éclosion du Papillon. Elles ont consisté à placer des chrysalides de plusieurs espèces dans une étuve à 35° dès le jour de leur formation. Non seulement la durée de la nymphose a été considérablement raccourcie, mais les éclosions se sont produites à n'importe quel moment de la journée. La conclusion à retenir de ces expériences est que la chrysalide, lorsqu'elle se développe en milieu chaud trouve les éléments thermiques nécessaires à son éclosion dès qu'elle est à maturation : tandis que dans le milieu normal, la chrysalide à maturation est obligée d'attendre une élévation de température ou une diminution de la pression atmosphérique pour s'ouvrir. Une autre série d'expériences a été pratiquée avec des chry- salides à maturation de Pieris brassicae et de Vanessa urticæ que nous plaçons brusquement dans une étuve à 38°; au bout de deux ou trois heures, on constate parfaitement que la partie antérieure du thorax, là où se trouvent les fourreaux, se gonfle comme si elle allait éclater ; puis l’éclosion survient peu après. Le mécanisme résultant d’une augmentation de chaleur s’ex- plique par le fait d’une dilatation des tissus et des liquides du corps du Papillon dans sa chrysalide, ce qui produit au sein de celle-ci une poussée intérieure, agissant du dedans au dehors, et qui est capable de provoquer la déhiscence des fourreaux. Séance du 16 mai 1918. Amé Picrer. —- Essais de synthèse dans le domaine des sucres. Une note sera publiée ultérieurement. A. SonrpLor. — Sur la vitesse de propagation d'un signal optique dans un milieu absorbant. La vitesse de propagation du front d’une onde électromagné- . tique est, comme l’on sait, indépendante de la nature du milieu où chemine l’onde et égale à la vitesse de la lumière dans le vide €. Quant à la queue de l’onde, sa vitesse sera nulle, si le milieu est absorbant, parce que, dans un pareil milieu, tout SÉANCE DU 16 MAI 39 ébranlement une fois excité persiste indéfiniment, quoique avec une intensité qui décroît très rapidement avec le temps. Ni l’une ni l’autre de ces vitesses ne peut être assimilée à celle d’un signal optique, produit en laissant passer ou en arrêtant une onde lumineuse, qui se propage dans le milieu en question. S'il s'agit d'un milieu dont le pouvoir absorbant est nul ou négligeable, on peut considérer la vitesse du groupe d'ondes U — A e (1) n —T ur dT comme représentant à la limite une vitesse avec laquelle on peut transmettre un signal optique, donné au moyen d’une onde monochromatique de période T, # étant l'indice de réfraction du milieu pour la lumière de période T. Il importe de prouver que U est effectivement une vitesse de signal possible. Dans ce but, envisageons le groupe d'ondes résultant de la superposition de deux vibrations monochromatiques simples de même amplitude, dont les périodes sont respectivement T et T + AT et les longueurs d'ondes, dans le milieu considéré, à et x + A1. On démontre facilement que la période + de la varia- tion de l'amplitude des groupes d'ondes est: (2) Le rapport _ étant généralement de l’ordre de grandeur de l’unité, la période : comprendra un nombre énorme de périodes FT si 42 est petit en comparaison de 2. Imaginons alors que, pour donner le signal, on utilise un obturateur synchrone qui s'ouvre ou qui se ferme automati- quement à l'instant où l’amplitude du groupe est nulle. Le jeu de cet obturateur n’entraîne pas de perturbation dans l’état du groupe d'ondes et, d'autre part, : peut être supposé tellement grand vis-à-vis de T que l’état stationnaire est atteint en tout endroit et à toute époque où l'amplitude du groupe présente une valeur différente de zéro. Puisque U est une vitesse de signal possible, cette quantiténe peut devenir ni plus grande que 6, ni négative. Or, d’après la 36 SÉANCE DU 16 MAI formule (1) U serait = € si nr présente une valeur minimum dn Mr cr: nait : : Pr dn inférieure à l’unité (% = et U serait négatif si T x est GENE positif et > ». Il peut en effet arriver que TT soit nul ou > 0 et que # soit pour la première fois et indépendamment, en Hollande, en An- gleterre, en Allemagne et, à Genève, par M. Léon CarRissoN, à 11 heures du soir. Eclat. — De 2" grandeur le 7 juin, la Nova était de 1" gran- deur le 8, intermédiaire entre Altaïr et Deneb, puis égale à Wega ! ScHARDT, H. Etude géologique sur l’extrémité méridionale de la chaîne du Jura.(Chaînes du Reculet et du Vuache). Bull. Soc. Vaudoise des Sc.nat., XXVII, 103, 1891-92, Lausanne. n SÉANCE DU 4 JUILLET »7 ou même un peu plus brillante qu'elle le 9 au soir, d’après dif- férentes constatations confirmées par celles qui ont été faites à l'observatoire, Après deux jours de temps couvert, la Nova avait un peu baissé d'éclat le 12 juin, mais était encore plus brillante qu'Altaïr. Depuis elle a constamment diminué d'éclat, plus ou moins régulièrement : à la fin de juin elle était de 3"° à 4° grandeur, mais semble commencer à présenter des fluctuations. Sa couleur, qui était franchement blanche au début, a tourné au jaune puis au rouge-rose. La courbe d'éclat et de coloration. tracée par M. le D'° Dumarraeray, à Nyon, répond bien aux constatations faites par nous. Le maximum d'éclat a-t-il eu lieu le 9, le 10 ou le 11 ? D'après une observation faite par M. ArcuHEexHoLp ! à Treptow/Berlin, le 19 juin à 10 h.'/, du soir, la Nova aurait été, ce soir là, intermé- diaire entre Wega et Altair, ce qui reporterait l’époque du maxi- mum entre le 9 et le 10 juin. Spectre. — Ce n’est que le 12 juin que M. SCHAER a pu com- mencer à photographier le spectre de la Nova, à l'observatoire, au moyen de son prisme objectif de 60° et de 160 mm de côté et de son objectif de 150 mm, forme Petzval, à foyer de 80 cm. monté sur l’équatorial Plantamour. Le spectre est analogue à celui de la Nova Persei de 1901, avec bandes brillantes et bandes et raies noires mélangées. Ces derniers jours, le spectre est par- ticulièrement intense dans le rouge et le bleu, ce qui explique la teinte actuelle carmin de l'étoile. Au reste, tout dans cette Nova, coloration et courbe ascendante et descendante d'éclat, rappelle la Nova Persei de 1901. I1 semble cependant que le maximum de la Nova Aquilae à été un peu plus élevé. Comme la Nova Persei, la Nova Aquilae n’est pas à propre- ment parler une étoile #ouvelle, mais une étoile temporaire, dont l'éclat a brusquement augmenté : d’après M. Max Wocr, à Hei- delberg, elle figurait déjà sur des clichés de cette région du ciel comme faible étoile entre les 10% et 11° grandeurs. Une note plus complète paraîtra ultérieurement dans les Ayr- chives des sciences physiques et naturelles. M'° Lina Srerx et Raymond Gaurier. — Passage simultané 1 Das Weltall, 18me année, p. 155. 58 SÉANCE DU 4 JUILLET des substances dans le liquide céphalo-rachidien et dans les cen- tres nerveux. | Le liquide céphalo-rachidien a fait l’objet de nombreuses recherches au point de vue de sa constitution et de son origine. Quant à sa fonction physiologique, on lui à attribué surtout un rôle mécanique dans la régulation de la pression intracrânienne. L'intervention éventuelle du liquide céphalo-rachidien dans le chimisme des centres nerveux n’a pas été envisagée jusqu'ici. Or, des observations faites au cours de recherches sur lexci- tation des centres nerveux par application directe de substances chimiques sur les différentes parties du système nerveux cen- tral, il ressort que l’effet obtenu dans ces conditions est souvent fort différent de celui qu’on observe après injection de ces subs- tances dans la circulation générale. Par exemple FeK,(CN),, qui peut être injecté en très grande quantité dans la circulation générale sans provoquer le moindre trouble nerveux, tandis que l'introduction de doses minimes dans la masse nerveuse produit des phénomènes d’excitation intense pouvant amener la mort. Cesobservations paraissent indiquer que les substances intro- duites dans la circulation générale rencontrent, au niveau des éléments nerveux, une barrière qui empêcherait l’entrée en con- tact de ces substances avec les éléments nerveux. L'examen microchimique confirme l’idée d’une pareille bar- rière, car après injection intravasculaire de substances faciles à mettre en évidence, on n’en trouve pas trace dans la masse ner- veuse, tandis que les autres tissus et organes en contiennent en quantité plus ou moins grande. D'autre part, au cours de recherches sur l'effet de l’applica- tion directe du curare sur les différentes parties du système nerveux central, recherches dont une partie a été communiquée ici, nous avons constaté que l’introduction du poison dans les ventricules, c'est-à-dire dans le liquide céphalo-rachidien, produit les mêmes phénomènes que l'introduction dans la masse ner- veuse elle-même. L'effet est même beaucoup plus rapide et plus intense, Ce qui nous a amené à la conclusion que les substances introduites dans le liquide céphalo-rachidien arrivent facile- ment en contact avec les éléments nerveux. L'examen microchimique fait par GozLpmanx a du reste mon- SÉANCE DU 4 JUILLET 59 tré qu'après l'injection de certaines matières colorantes dans le liquide céphalo-rachidien la majeure partie des cellules ner- veuses étaient nettement colorées. Jusqu'ici nous n'avons envisagé que les substances qui, intro- duites dans le sang, n'ont pas d’action sur le système nerveux, mais qui produisent des effets intenses lorsqu'elles sont intro- duites dans le liquide céphalo-rachidien. A côté de ces substances nous en connaissons un grand nom- bre d’autres qui, après introduction dans la circulation générale, produisent des eftets plus ou moins rapides sur le système ner- veux. Par exemple les narcotiques (morphine, chloroforme, éther. alcool, etc.) et les convulsivants (strychnine, picrotoxine, etc.). La question se pose de savoir si ces substances arrivent en con- tact avec les éléments nerveux, et si oui, par quelle voie elles v arrivent. | En ce qui concerne la première partie de la question nous possédons surtout des observations cliniques qui montrent la présence de quelques-unes de ces substances dans la masse ner- veuse des malades soumis à un traitement plus ou moins pro- longé avec ces substances. Quant à la voie de pénétration de ces substances du sang dans la masse nerveuse, nous ne la connais- sons pas. Nous avons entrepris l'étude expérimentale de cette question en nous servant de la méthode suivante: Les animaux (chiens, chats, lapins et cobayes) sont soumis à la double néphrectomie, dans le but d'empêcher l'élimination des substances introduites dans la circulation et de favoriser ainsi l’accumulation dans les tissus et les liquides. La substance à étudier est injectée sous la peau ou directement dans le sang, soit dans une veine, soit dans une artère. L'animal est tué par saignée après un laps de temps variant d’une ‘/, h. à 24 h. et les différents organes sont soumis à l'examen chimique ou biologique. La technique varie naturellement suivant la subs- tance étudiée. Les résultats obtenus sont les suivants : 1. Les différentes substances qui restent sans effet sur le sys- tèeme nerveux central lorsqu'elles sont introduites dans la circu- lation générale, mais qui agissent sur les centres nerveux après introduction dans le liquide céphalo-rachidien ou dans la masse 60 SÉANCE DU 4 JUILLET cérébrale, ne se retrouvent ni dans le liquide céphalo-rachidien. ni dans la masse nerveuse après introduction dans la circulation générale. Tel est le cas notamment du ferrocyanure de potassium, du curare qui, injectés à dose massive, soit dans une veine, soit dans le bout périphérique de la carotide, ne peuvent être déce- lés dans le liquide céphalo-rachidien ou dans la substance ner- veuse. 2. Les substances qui, injectées dans la circulation générale agissent sur le système nerveux central ont pu être mises en évidence aussi bien dans le liquide céphalo-rachidien que dans la masse nerveuse. Tel est le cas notamment de la morphine, de la strychnine, du bromure de sodium, de l’acide salicylique. En résumé, toutes les substances étrangères qui agissent sur les centres nerveux et dont la présence a pu être démontrée dans la masse nerveuse se trouvent aussi dans le liquide céphalo- rachidien. D'autre part, toutes les substances introduites dans le liquide céphalo-rachidien se retrouvent dans la masse ner-- veuse, d’où nous pourrions déduire que, pour arriver aux cel- lules nerveuses, les substances étrangères doivent se trouver dans le liquide céphalo-rachidien. Cette constatation s’applique-t-elle aussi aux substances nutri- tives normales, c’est-à-dire le liquide céphalo-rachidien joue-t-il le rôle intermédiaire entre le sang et les éléments nerveux ? Les données chimiques et anatomiques ne s'opposent pas à cette affirmation, mais pour le moment les données positives man- quent encore. B.-P.-G. HocareuTiNer. — Une ascidie terminale chez un plant de chou-fleur. L'auteur donne une brève description d’une jeune plante de chou-fleur dont la tige principale est transformée en une asci- die. Des productions de ce genre ayant toujours été considérées comme étant de nature foliaire, on pourrait tirer de ce cas un argument en faveur de la théorie de la feuille de Casimir per CANDOLLE. | Une note détaillée paraîtra dans l'Annuaire du Jardin et du Conservatoire botaniques de Genève. SOMMAIRE DU N° 2 Séance du 18 avrit 1918. Pages Arnold Prcrer. Sur l’origine du dimorphisme sexuel de coloration chez és "RéDidopiB res RE TT ET ARE TES RS COR Séance du 2 mai 1918. E. Briner. Sur la vitesse d’oxydation de loxyde d’azote en relation avec le problème industriel de la récupération des oxydes d’azote . . . . J. Briquer. Sur la morphologie et la biologie du genre Micropsis DC. . B.-P.-G. Hocareuriner. L’allongement des nœuds du Cratoxylon flori- bundum, Vilt (Guttiferae)is "Es onR ASIN Arnold Picrer. Intervention de l'élévation de la température pour provo-. quer:l’éclosion des Papillons 2 0e Se CRE ESS RTS Séance du 16 mai 1918 Amé Picrer. Essais de synthèse dans le domaine des sucres . . . . . . .. A. ScipLor. Sur la vitesse de propagation d’un signal optique dans un milieu absorbant. . . . .. FAO ORNE CHAR AR PRES EPP RES ARRET ER N Alex. Müizer. Note sur la limite du spectre continu des rayons X et la GE A CEP AOTE GE DS EAN CASE Sn OP Sn Ed. Czararèpe. Les deux formes fondamentales de l’acte d'intelligence. . Séance du 6 juin 1918. N. Bercnov. Vitesse de propagation des ondes du pouls veineux chez RE LL Nr ARS AE OL ES CS A 4 PE ES PS ee Mr P F. Barrezur. Méthode pour rétablir le rythme normal dans les cœurs en trémulations Mbrillairens nr AIT NN ES RSR MODES Raoul Gaurrer. Quelques anomalies one tes de lhiver et du prin- LeMDS AB EAST RE ANRT NSP LE TES TÉLÉS CESR Séance du 4 juillet 1918. J. Briquer. Les bractées paléales et l’organisation florale du genre Psilo- CACDAUS MEET 2 ee SE RS ONU RE ER TO RE ER SR Henri LaGoraza. Sur la géologie des environ de St- -Cergue (Vaud) . Raoul Gaurier. La Nova Aquilae, observations faites à Genève et ART Preirères AnOICations "St UE NRA PT EE RE ON CAE Lina Srerx et Raymond Gautier. Passage simultané des substances dans le liquide céphalo-rachidien et dans les centres nerveux . . . . . .. B.-P.-G. HocareuriNer. Une ascidie terminale chez un plant de chou-fleur E TS 60 Serials Q 67 SUPPLÉMENT AUX ARCHIVES DES SCIENCES PHYSIQUES ET NATURELLES .C65 14? COMPTE RENDU DES SÉANCES SOCIÈTE DE PHYSIQUE D'HISTOIRE NATURELLE DE GENÈVE Vol. 35, n° 3. — Août-décembre 1918. RÉDACTION : IMPRIMERIE ALBERT KUNDIG 4, Rue du Vieux-Collège, 4 GENEVE eb = 1 1519 SUPPLÉMENT AUX ARCHIVES DES SCIENCES PHYSIQUES ET NATURELLES 1918 COMPTE RENDU DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ DE PHYSIQUE ET D'HISTOIRE NATURELLE DE GENEVE Vol. 35, N° 3. 1918 Août-Décembre Séance du 3 octobre 1918. A. ScuipLor. — Encore une fois les sous-électrons. Dans un travail récent! M. le prof. EarexHarT affirme de nou- veau l'existence des sous-électrons. Il a réussi à déterminer les dimensions des particules ultramicroscopiques d’après la cou- leur de la lumière diffractée?, et les résultats de cette évaluation ont été confirmés par la mesure de la pression du rayonnement”, Ces observations, ainsi que les photographies des particules, rendent en effet probable que les particules en question avaient une forme sphérique et une surface métallique. Cela ne prouve naturellement pas que toutes les particules observées par M. Eux- RENHAFT et par ses collaborateurs avaient cette forme et ces pro- priétes. Du reste, tout en admettant que, dans certaines conditions, la méthode optique puisse nous renseigner approximativement sur les dimensions d’une particule, il ne faut pas oublier que cette me- ! EnrexHarr, F. Ann. der Phys. (4) 1918, t. 56, p. 1-80. * Laski, G. Wien. Ber. II a., 1917, t. 126, fasc. 5, p. 1-48. * ExrexHarr, F. Ann. der Phys. (4) 1918, t. 56, p. 81-132. C. R. Soc. phys. Genève, Vol. 35, 1918 n FEB —1 1919 62 ® SÉANCE DU 3 OCTOBRE sure est affectée, au cas le plus favorable, d’une incertitude de 20 à 30 °/,. On ne peut en tirer aucune conclusion certaine sur la constitution, spécialement sur la densité moyenne, des sphé- rules. Cependant, si l’on constate que le rayon calculé d’après le mouvement brownien présente une valeur notablement plus grande que celle résultant de l'évaluation optique, on admettra que la densité moyenne de la particule est inférieure à celle du métal pur. D’après M. Exrenxarr la théorie d'Ernsrein, sur laquelle se base le calcul du rayon d’après l'intensité de l’agita- tion brownienne, ne serait pas correcte, mais cette supposition ne repose sur aucune preuve. Elle est, de plus, en contradiction avec les résultats des recherches sur le mouvement brownien des particules sphériques dans les gaz. Il est, par contre, certain que la «loi de chute » appliquée par M. EHRENHAFT pour calculer les rayons et aussi les charges des particules doit fournir des résultats erronnés si l’on y introduit une densité inexacte. En ce qui concerne les particules d'argent de M"° G. Laskr?, notamment les plus petites (vertes, bleues, pourpres), les résul- tats tirés de la méthode optique semblent être approximative- ment exacts. Mais si l’on veut se rendre compte des erreurs aux- quelles peuvent donner lieu l’évaluation optique et la « loi de chute », malgré la concordance en apparence parfaite des résul- tats, on n’a qu’à examiner les chiffres que M"°J. PARANKIEWICZ* a obtenus avec des gouttes de mercure observées dans l’argon. Ces gouttes, dont les rayons calculés d'après la couleur et d’après la vi- tesse de chute seraient de l’ordre de 2.10-6 cm, n’ont pour ainsi dire pas de mouvement brownien. Le carré moyen de leur déplacement brownien est inférieur à 10-7, tandis que M"° Lasri‘ a trouvé pour des particules d'argent de couleur pourpre et d’un rayon de 4.10-6 cm, observées dans l’azote, le carré moyen du dépla- cement brownien : 12 — 2,410. 1 Conf. Scxipzor, A. et TArGONsxk1, A. Phys. Zeitschr. 1916, t. 17, p. 376-388. 2 Laski, G., APT. % PaRANKIEWICZ, J. Phys. Zeitschr., 1917, t. 18, p. 567-574. * Laskz, Gyl'é. SÉANCE DU 3 OCTOBRE 63 Les rayons des gouttes de mercure évalués par M'° ParANKre- wicz sont inadmissibles. Il y a contradiction, non seulement avec la théorie d’'KinsTEIN, mais avec nos connaissances les mieux établies sur les propriétés thermodynamiques des petites parti- cules. Il y a, de plus, désaccord entre deux collaborateurs de M. Enrexuarr,qui ont utilisé les mêmes méthodes et les mêmes appareils ‘. La densité de ces « gouttes » était donc en réalité de beau- coup inférieure à celle du mercure pur. Une transformation du même genre a lieu, semble-t-il, pour toutes les particules métal- liques, qu’elle soit due à l'adsorption d’une masse gazeuse rela- tivement grande? ou à une autre cause. Si l’on suppose alors la densité inchangée, et si l’on utilise pour le calcul la loi de chute et d’ascension préconisée par M. ExreNxarT, on trouve des char:- ges électriques beaucoup plus petites qu'elles ne le sont en réalité”. A. ScuIDLor. — Sur la méthode des « Gabeln ». La méthode suivante, dont l'emploi a été préconisé par M. Eurexuarr peut faire paraître la divisibilité de la charge électrique d’une particule beaucoup trop grande: Soit » la masse et E la charge électrique d’une particule (sphérique ou non), g l'accélération de la pesanteur, V la tension électrique permettant de maintenir la particule en équilibre à l’intérieur d’un condensateur dont les armatures ont la distance d (« Halte- potential » — « Schwebespannung »), la condition d'équilibre, exprimant l'égalité du poids et de la force électrique, est comme l’on sait : vs CYR un Ce m (1) Si la charge de la particule change et devient E’ E”... il existe ? Les particules d'argent de Mile Last auraient un rayon deux fois plus grand et néanmoins un mouvement brownien aw moins 200 fois plus intense que les « gouttes de mercure » de Mlle PARANKIEWICZ. ? Conf. Somicor, A. Arch., 1917,t. 43, p. 217-244, ibid. 1918, t. 45, p. 157-177. * En ce qui concerne les vraies valeurs des charges portées par les « gouttes » de Mlle ParanxiEwicz, voir BÂr, R. Phys. Zeitschr., 1918, t. 19, p. 373. * EHRENHAFT, F. Ann. der Plys. (4) 1918, t. 56, p. 1-80. 64 SÉANCE DU 3 OCTOBRE d’autres potentiels V' V”.. satisfaisant à la condition d’équi- libre. On peut supposer que les charges E, E', E”... sont des multiples d’une certaine charge e. Les nombres entiers #, #, n'…. doivent alors satisfaire aux égalités : Nr NON NOR = (2) Or, il est généralement impossible de déterminer exactement les potentiels d'équilibre V, V’, V”.., mais on peut toujours, sem- ble-t-il, trouver deux limites V; et V; telles que: nu de ed PE (3) Selon M. ExrenxarT' on peut éliminer. l'erreur expérimentale inhérente à toute observation physique en remplaçant les égalités par des inégalités. Examinons la portée de ce principe (méthode des « Gabeln »). A la place des égalités (2) qui renferment les potentiels inconnus V, V', V'.….. nous avons les inégalités qui ne font intervenir que les potentiels observés, et il s’agit maintenant de trouver les plus petits nombres entiers n ,n', n".… satisfaisant à ces inégalités. Ce procédé, absolument correct d’un point de vue arithméti- que, doit conduire à des résultats erronés si l’on tend à resserrer de plus en plus l'intervalle compris entre les deux potentiels Viet V.. En effet, la seule chose qu’on sache avec certitude, c’est que V;<< V;, mais on n’a aucune preuve objective que le poten- tiel V est vraiment toujours compris entre ces deux limites. Par suite de l'incertitude inhérente à toute mesure, il peut arriver, sans qu'il soit possible de s’en apercevoir, qu'on ait en réalité: Mec NN (4) ou bien encore : | LPC FRS (5) La chance qu’à la place de l’inégalité (3) ce soient les inégalités 1 EHRENHAFT, FE. /. c., p. 36. SÉANCE DU 3 OCTOBRE 65 (4) ou (5) qui entrent effectivement en ligne de compte est, toutes les autres conditions étant égales, d'autant plus grande que les deux limites V; et V, sont plus rapprochées. Si les observations des deux tensions limites sont affectées de grandes erreurs, ce qui arrive, par exemple, lorsque la vitesse de chute d’une particule est très petite et son mouvement brow- nien intense, la méthode des « Gabeln » devient illusoire, car où bien il faut se borner à observer des potentiels V,et V, tellement écartés que le Système d’inégalités perd tout intérêt parce qu'il ne permet aucune conclusion précise, ou bien si l'on rapproche les deux limites au delà de l'intervalle d'incertitude, on n’a plus aucune garantie que l'inégalité fondamentale (3) soit vraiment satisfaite. Dans ce second cas la méthode fournira facilement des « sous- électrons », mais 1l est évident que ces sous-électrons, tout en se présentant avec une nécessité absolue, ne sont qu’une simple conséquence arithmétique du mode de calcul adopté et n’ont aucune réalité physique. E. Briner. — À propos de la formation de l’ammoniaque aux températures élevées. L'auteur à eu, à plusieurs reprises, l’occasion d'étudier le mécanisme des réactions chimiques aux températures élevées en milieu gazeux et tout particulièrement celui de la forma- tion de l’ammoniaque par les décharges électriques. Il croit devoir revenir sur cette dernière question, à propos de recher- ches que lui a consacrées récemment E.-B. Maxrep' et qui lui paraissent apporter un nouvel élément de discussion. Se fondant sur les relations proposées par Hager* pour le cal- cul de l'équilibre de l’ammoniaque à différentes températures, Maxrep prévoit que, avec l'élévation de la température, les concentrations d'équilibre de ce corps, qui décroissent assez régulièrement, comme on sait, jusqu’à 1000° environ, finiront cependant par atteindre un minimum, à partir duquel elles Maxren, E.-B. J. chem. Soc.,t. 113, p. 386 et 168 (1918). Hagen, Z. EL. ch., p. 597 (1914); Thermodynamics of Technical Gas Reactions, p. 204. 1 2 66 SÉANCE DU 3 OCTOBRE augmenteront de plus en plus rapidement. Pour l’extrapolation, il utilise les 2 formules : a) log K = Ÿ — 3,625 log T + 0,000307 T + 0,29. 10-66 T?+ 4 R 2098 , b) log K = —— — 2,5088 T — 0,0001006 T + 0,186. 10-65 T? + 2,1 1 dans lesquelles T K .104 K .104 (a) (b) 1000 9 y) 2000 0,78 0,26 3000 3,03 0,28 4000 152,0 st D’après ces caleuls, il semble qu'à partir d’une certaine tempé- rature, l'équilibre se modifie en faveur de l’ammoniaque. De fait, l’auteur a obtenu des concentrations de NH, dépassant 1°/,, en soumettant des mélanges azote-hydrogène à l’action de tem- pératures élevées réalisées soit par le chalumeau oxhydrique, soit par les décharges électriques ; alors que, selon les travaux de Hagen, déjà à 1000° la concentration d'équilibre de NH, à la pression atmosphérique est extrêmement faible (0,0044 °/,). Jus- qu'à quel point est-il légitime de déduire de ces formules la conséquence, placée par E.-B. Maxrep à l’origine de ses recher- ches et qui aboutit au renversement de l’équilibre de l’ammo- niaque aux températures supérieures à 2000° environ ? Il faut tout d’abord remarquer que les accroissements présu- més de concentration sont dus, dans l’application de ces for- mules, à l'influence des termes additifs en T et particulièrement à ceux en T°. Or, dans les relations qui représentent l’équilibre chimique en fonction de la température, le seul terme qui ait une signification physique vraiment importante, est le premier. C’est lui qui figure dans l'équation de van’r Horr dlogK fé JO de LR LE SÉANCE DU 3 OCTOBRE 67 ou sous sa forme intégrée log K = — + const où Q est la tonalité thermique. Cette équation est la traduction du principe de l'équilibre mobile et se trouve à la base de toutes les formules de ce genre. Les autres termes, et plus spécialement celui en T°, ont un caractère plutôt correctif; de ce fait, il n’est guère possible de leur accorder une très grande créance, pour peu qu'on s’écarte par trop des régions où ils ont été soumis à l'épreuve de l’expérience. On peut s’en convaincre, dans le cas particulier, par les résultats que fournissent les deux relations proposées. Jusqu'à T — 1000 (température jusqu’à laquelle les deux for- mules ont été comparées avec l'opération), ces résultats sont très voisins, mais au-dessus et au fur et à mesure que la température s'élève, ils divergent de plus en plus : à T — 2000, leur rapport est de 3/1, à T — 3000, de 10/1 et à T — 4000, 150/1. En procédant sur ces formules à des extrapolations étendues, sans examiner parallèlement les modifications que peut subir le mécanisme lui-même du phénomène, on arrive à en déduire des conséquences qui sont difficilement admissibles. C’est ainsi que, en poussant encore un peu le raisonnement précédent, on devrait conclure à une transformation pratiquement complète d’un mélange N, + 3H, en ammoniaque, à des températures suf- fisamment élevées ; avec la formule (a), ce point serait atteint déjà vers 6000”, c’est-à-dire à des températures qui n’ont rien d’excessif. En raison de l’influence exceptionnelle exercée par le terme additif en T*, l’ammoniaque deviendrait donc un composé particulièrement stable aux températures très élevées : ce pour-- rait être un constituant des astres les plus chauds renfermant les éléments azote et hydrogène. Partant d’une base aussi fra- gile que l'exactitude d’un terme numérique, contrôlée dans des limites restreintes, il ne paraît guère permis de s’aventurer dans une voie qui conduit à des conséquences aussi impor- tantes. A propos du renversement d'équilibre qu'éprouverait l’ammo- niaque, en vertu duquel ce corps se comporterait à l'instar d’un composé endothermique, à partir de températures suffisamment 68 SÉANCE DU 3 OCTOBRE élevées, l’auteur rappelle les considérations qu’il a développées" sur les difficultés que l’on rencontre dans l’application aux corps endothermiques des formules établies pour des températures modérées. Toutes ces difficultés disparaissent si l’on fait inter- venir la dissociation des molécules en atomes, à partir desquels tous les composés deviennent fortement exothermiques, grâce à la très grande affinité des atomes les uns pour les autres. C’est en se basant sur cette action des atomes que l’on peut interpréter aussi le mécanisme de la genèse de l’ammoniaque à partir de ses éléments sous l'effet de températures élevées*?. Ce composé prendrait naissance dans les régions relativement _froides, où il est plus stable, par réaction entre les atomes par- venus dans ces régions par diffusion. À côté de la formation à partir des atomes N et H, qui développe le plus d’affinité — la chaleur de formation de NH, à partir des atomes est de l’ordre de 300 Cal., au lieu de 12 Cal. à partir des molécules — il y a lieu de tenir compte aussi de la formation à partir des atomes N et des molécules H, ou des atomes H et des molécules N, ; celle-ci, quoique moins aisée, doit néanmoins s’opérer beaucoup plus facilement que la formation à partir des molécules seule- ment. Quant à la production de ces atomes, elle s’effectue par dissociation des molécules à températures élevées, dont il existe toujours, dans les milieux gazeux, une certaine proportion, qui croît avec l'intensité de la source de chaleur utilisée. Pour l’hy- drogène, en particulier, les températures. qui correspondent à la présence, déjà à l’état d'équilibre, de proportions apprécia- bles d’atomes H, sont moins élevées qu’on ne le supposait il y a quelques années : selon des mesures récentes, à 3000°, près de 19 °/, des molécules d'hydrogène seraient dissociées en atomes. L’ammoniaque se formerait ainsi par l’action de températures très élevées grâce à un phénomène d'ordre cinétique, plutôt que par une réaction équilibrée dans les zones mêmes où règnent ces températures élevées. Contre cette dernière interprétation parlent d’ailleurs plusieurs faits expérimentaux observés par l’auteur et ses collaborateurs : concentrations én NH, atteignant * BRINER, E. J. Chim. phys., t. 12, p. 109 (1914) et t. 13, p. 465 (1915). ? BRINER, E. J. Chim. phys., t. 42, p. 526 (1914); ibid. t. 43, p. 18 (1915); Arch. Sc. phys. et nat., t. 43, p. 423 (1917). SÉANCE DU 7 NOVEMBRE 69 près de 5 °/, obtenues dans un mélange azote-hydrogène à la pression de 1 atm. soumis à l’arc électrique (BRINER et KauN), amélioration de la production de l'ammoniaque en opérant, dans certaines conditions, sous des pressions inférieures à 1 atm. et en présence d’exces d'azote (Briner et MerrLer, BRINER et BAERFUSS). A un autre point de vue, on doit remarquer le grand intérêt théorique des expériences de Maxrep se rapportant à la forma- tion de l’ammoniaque par la flamme oxhydrique, soit à l’aide d'une source purement thermique de températures élevées. Rapprochée de la synthèse de ce corps opérée par l'arc élec- trique, rapprochée aussi de la production de l'oxyde d’azote et de l'ozone, tant par la chaleur seule que par les décharges élec- triques, cette formation vient, une fois de plus, à l’appui de la théorie d’après laquelle, dans les phénomènes chimiques dus aux décharges électriques, les actions purement thermiques entrent pour une bonne part. Séance du 7 novembre 1918. M. ReinHarD. — Interprétation tectonique du gisement de pétrole de Santa-Clara Valley, Californie. L'auteur arrive par la considération des nappes de recouvre- ment à une interprétation très simple de la géologie de la région pétrolifére étudiée par M. Eldridge. Il explique en particulier la présence du pétrole dans un massif cristallin, seul cas de cette nature connu jusqu'à présent. Une note détaillée paraîtra prochainement dans les Archives. A. SOHIDLOF. — Remarque sur la photophorèse négative. M. le prof. Eurexnarr a découvert, comme l’on sait, qu’on peut étudier directement l’action exercée par la lumière sur des particules ultramicroscopiques', action qui d'après ARRHÉNIUS joue un rôle important dans la physique cosmique?. ! EnRENHAFT, F,. Wien. Akad. Ber. 1910, 119, (Ila), p. 836. ? ARRHENIUS, Svante. Phys. Zeitschr. 1900, 2, p. 81, 97. 70 SÉANCE DU 7 NOVEMBRE Dernièrement M. EHRENHAFT a entrepris une étude systéma- tique de cette action en mesurant la vitesse du mouvement communiqué aux particules par un faisceau de lumière concen- trée, effet appelé « photophorèse » !. Contrairement à ce qu’on a supposé jusqu'à présent, l’action produite par la lumière n’est pas toujours une répulsion, mais on observe dans certains cas aussi des attractions. Des particules à surface très réfléchissante, telles que les particules d'argent, sont repoussées et subissent une photophorèse « positive » ; des particules de soufre et de sélénium, par contre, sont attirées par la lumière ; elles subis- sent une photophorèse « régative ». Enfin on trouve aussi des particules «neutres ». Les effets en question seraient attribuables à une action directe de la lumière, et non pas à un effet indirect dû à l'intervention du gaz à l’intérieur duquel les particules sont suspendues. La photophorèse négative présente un caractère imprévu; il est cependant peu probable que cette découverte soit destinée à renverser les bases actuelles de la physique. Or, en examinant la question au point de vue thermodyna- mique, on reconnaît qu'il faudrait abandonner le principe de Carnot-Clausius si l'attraction exercée par le rayonnement avait lieu sans que les particules attirées subissent certaines transfor- mations. On pourrait en effet, dans ce cas, construire un moteur thermique fonctionnant périodiquement et empruntant de la chaleur à un seul réservoir. Le moteur en question serait com- posé, par exemple, d’un cylindre à parois réfléchissantes dont le fond est formé par un corps porté à une température assez élevée pour provoquer l'émission d’un rayonnement actif au point de vue photophorétique. Le piston du cylindre présente- rait au rayonnement alternativement une surface réfléchissante et une surface recouverte d’un enduit photophorétique négatif?. Il fournirait alors constamment, à l’aller et au retour, un tra- vail extérieur positif en empruntant de la chaleur uniquement à la source rayonnante. Pour éviter la contradiction avec le principe de Carnot, il est indispensable de supposer que l’enduit ! ÊHRENHAFT, F. Ann. der Phys. 1918, 56, p. 81-132. ? Un pareil enduit peut être formé par un nombre suffisamment grand des particules négatives de M. EHRENHAFT. Lund SRANCE DU 7 NOVEMBRE 71 photophorétique subit une transformation, aussi longtemps que dure l'attraction exercée par le rayonnement. Le changement en question ne peut pas consister simplement en une absorption etune transformation de l'énergie rayonnante en chaleur, qui cesseraient lorsque les températures se seraient égalisées. Il résulte en effet des deux principes de la thermodyna- mique qu’une surface absorbante subit de la part du rayonne- ment une force de même sens qu’une surface réfléchissante, donc une répulsion. Pour qu’il y ait attraction la transformation doit être d’une nature bien plus compliquée. L'existence de cette transformation résulte en outre des obser- vations mêmes de M. EnRENHAFT, qui a trouvé, à côté des parti- cules négatives de sélénium, d’autres qui subissent l'effet positif. Ces dernières sont précisément celles pour lesquelles la trans- formation en question est assez avancée pour que l'effet positif, dû à la réflexion où à l’absorption du rayonnement dépasse l'effet né- gatif. La température des particules « positives » est naturelle- ment identique à celle des particules « négatives ». : On explique ainsi du même coup l'existence des particules dites « neutres ». Les considérations précédentes s'appliquent quelle que soit la grandeur des particules, donc aussi dans le cas où l'effet serait, optiquement, attribuable à la diffraction. Il ne semble du reste pas, d’après les dimensions indiquées par M. ExrexHarr, que la diffraction joue un rôle prépondérant dans tous les cas de pho- tophorèse négative. Au mouvement uniforme d’une particule à l'intérieur d’un gaz correspond un travail extérieur positif, et, par conséquent, le second principe de la thermodynamique doit être applicable à la photophorèse, quel que soit le caractère opti- que du phénomène. En poursuivant les expériences, on réussira probablement à mettre en évidence la transformation photophorétique d’uné façon directe par une variation progressive des durées de chute et d’ascension, par exemple. On pourra alors préciser le genre de transformation qui s'opère pendant qu’une particule est attirée par la lumière. Peu importe, du reste, la nature de la transformation, on peut affirmer maintenant déjà que des parti- cules ultramicroscopiques peuvent subir, au cours des observa- 72 SÉANCE DU 21 NOVEMBRE tions, des modifications complexes de nature inconnue. Les expé- riences mêmes de M. Ehrenhaft en fournissent la preuve. Toutes les conclusions basées sur la supposition que les parti- cules ont dans tous les cas les propriétés de la matière à partir de laquelle elles ont été obtenues ne méritent, par conséquent, aucune confiance. | Séance du 21 novembre 1918. R. SaBor. — La méthode de Fédoroff et son application à la détermination des F'eldspaths. M. Sagor communique les résultats essentiels de son Etude sur les Feldspaths, étude présentée en décembre 1915 à la faculté des sciences de l'Université de Genève, pour l'obtention du prix Davy, et couronnée en juin 1916. L'auteur fait tout d’abord ressortir les avantages considé- rables que présente la méthode de Fépororr pour la détermina- tion des feldspaths et tout particulièrement des plagioclases. Cette méthode, introduite à Genève par le professeur Durarc‘ a permis de tirer des conclusions intéressantes quant aux pro- priétés des feldspaths et à la nature de leurs groupements. Ce champ de travail, extraordinairement fertile, a également été exploré par d’autres auteurs qui ne citent pas le mémoire en question, quoiqu'ils en aient eu Connaïissance?. Utilisant les données et les procédés graphiques des prof. Nrxrrin et KorouLsky, l’auteur a remarqué que, malgré la plus grande précision dans le travail, les points représentatifs des feldspaths ne tombent pas exactement sur les courbes publiées soit par Mrcuez-Lévy, soit par Nixrrin. Ces écarts s'expliquent par la présence, dans la série des plagioclases, d’un terme KAÏISI,0, triclinique, intervenant fréquemment en quantité notable. Les données publiées pour les feldspaths, par exemple 1 Niki, N.-N. La Méthode universelle de Fédoroff, traduction Der- WIes. Edition Atar, Genève 1914. Duparc, L. et SaBor, R. Les Méthodes de Fédoroff. Archives, t. 34, 191% 2? Voir notes 1 et 2, p. 76 et 1 p. 76. — SÉANCE DU 21 NOVEMBRE 13 quant à l'extinction pour une face déterminée, ne devraient pas ainsi se répartir sur une courbe, mais dans un fuseau plus ou moins large, suivant la proportion du terme potassique pouvant intervenir. Cette hypothèse, posée déjà en 1915 et à ce moment contrôlée par un grand nombre de faits est, d’après les dernières recherches, de plus en plus probable. Elle semble en tous cas bien plus scientifique que la conception des mâcles sur les faces vicinales, exposée plus récemment par d’autres auteurs. La variation du plan de mâcle, contrôlée par l’auteur, à l’aide des méthodes de Fédoroff, pour la mâcle du Péricline, a égale- ment été observée pour la mâcle de Carlsbad, avec des écarts de g* = (010) pouvant atteindre 10° dans la zone h'g' —(100)(010). Des variations analogues ont été trouvées pour les mâcles de l'Esterel-Ala. Sasor a trouvé également de fines lamelles de mâcle par hémitropie parallèle sur m — (110) et £ — (110): Quant aux hémitropies normales, l'auteur n'a jamais observé de déviation nette du plan de mâcle, cette déviation, dans les zones principales, semblant être l'apanaÿye des hémitropies parallèles. Comme d'autre part, même pour les faces d’indices simples, h1 — (100) par exemple, face rarement développée, les mâcles n'ont été rencontrées qu'’exceptionnellement (dont une fois par l’auteur, mais peu nettement), il est plus rationnel de laisser de côté la notion de faces vicinales et d'admettre plutôt une incertitude dans les types primordiaux ayant servi de base pour la construction des courbes, incertitude due à la présence d’une certaine quantité de potasse. Dans son mémoire, l’auteur a expliqué les interpénétrations, notamment pour la mâcle de Curlsbad, par un contact suivant plusieurs plans, cristallographiquement d’indices simples, mais dont le faible développement et la répétition donnent naissance à une ligne brisée irrégulière ou même à une ligne sinueuse, Ceci est surtout caractéristique pour les hémitropies parallèles (Carlsbad, Péricline, Ala-Esterel) et exceptionnel pour les hémi- tropies normales. Examinant les courbes données par Mionez-Lévy, FRDOROFF et Nikrrix, l'auteur remarque que ces courbes présentent fré- quemment des anomalies (inflexions, coudes brusques) au voisi- nage de 20 à 30 °/, An, comme si aux environs de ces pourcen- 74 SÉANCE DU 21 NOVEMBRE tages, la tendance plus fortement monoclinique du plagioclase favorisait l'introduction du terme potassique. Ces anomalies sont encore plus marquées pour les courbes publiées par l’auteur pour les sections orientées mâclées selon la loi de Carlsbad, de même pour les variations de 2V, où la forme en fuseau s'affirme très nettement. Cette variation est extrêmement sensible et, dans une roche où l’analyse décelait une assez forte proportion de K,0, l’auteur a déterminé une albite dont l’angle 2V n'était que de + 8°. Les fuseaux supposés présenteraient donc proba- blement des renflements dans la région de l’albite, où inter- viendraient des termes intermédiaires entre l’albite et l’anor- those. L'auteur a observé entre 15 °/, et 85 °/, An une succession ininterrompue des termes feldspathiques, ce qui exclut la ques- tion de la prédominance de certains types, prédominance qui ne pourrait donc se rencontrer qu’en dehors de cet intervalle. Au cours de ses déterminations, l’auteur a été à même de combiner heureusement les méthodes de Fepororr et de MicneL.- Lévy, en rectifiant, grâce à la platine-théodolite, l'orientation des sections observées, qui sont ensuite déterminées suivant les procédés de Mrcaez-Lévy. Quant à la relation qui existe entre la nature des mâcles d’une part, et d'autre part la composition chimique du magma et les conditions de sa consolidation, SaBor croit avoir résolu le pro- blème dans les limites où le permettait le matériel étudié, quoi- que la question ait été à nouveau posée depuis. Les règles sui- vantes ont en effet été données dans le mémoire de 1915-1916 : 1) pour les roches profondes du magma granito-dioritique, les mâcles prédominantes sont celles de l’Albite, de Carlsbad, celle du Péricline est rare, Baveno fréquente. 2) pour les roches profondes du magma gabbro-péridotique, la mâcle du Péricline prédomine sur celles de l’Albite et de Curls- bad (parfois même inexistantes) et ceci d'autant plus que le pourcentage de (MgFe)O est plus élevé, Baveno est fré- quente. 8) pour les roches, principalement d’épanchement et fiionien- nes, des magmas alcalins et acides, les mâcles de Manebach, Esterel-Ala, Baveno sont très fréquentes, puis viennent celles SÉANCE DU 21 NOVEMBRE 75 du Péricline et, beaucoup moins caractéristiques, celles de l'Albite et de Carlsbad. 4) les magmas de transition présentent les plus curieux groupements de mâcles. H. Sec et G. Favre, dans un travail récent! ont essayé d’ex- pliquer les écarts mentionnés ci-dessus par la notion des faces vicinales. Cet essai serait intéressant en lui-même, au point de vue graphique et des constructions stéréographiques qu'il en- traîne, mais les auteurs, au lieu d'effectuer les constructions à partir des pôles des cercles de zones (au besoin après rectifica- tion dans les positions des axes de l’ellipsoïde) ont, à l’aide du compas à trois pointes, tracé leurs cercles de zone point par point. Ceci fait que les courbes obtenues s'écartent de cercles exacts beaucoup plus que les écarts que les auteurs veulent inter- préter par ces courbes. Dans le même mémoire se trouve une courbe donnant la variation du plan de mâcle du Péricline, analogue à celle publiée par SaBor en 1915-1916. D'autre part il est fait dans ce mémoire un emploi abusif de la notion de mâcle complexe. La notion de complexe, telle que l’a posée Nikrrix, ne correspond qu’à la superposition en quel- que sorte, d’une hémitropie normale et d’une hémitropie paral- lèle correspondante, mâcles possédant elles seules ce qu'on pour- rait appeler une individualité bien établie. Le complexe n’est que la superposition fortuite de ces mâcles et n’est donc pas à vrai dire une mâcle. La supposition de mâcles variées suivant des faces de toutes espèces, vicinales ou d'indices simples, sup- position qui généralement ne s'appuie pas sur des cas constatés, conduirait, la considération des complexes aidant, à un fouillis inextricable, procédant bien plutôt du domaine purement gra- phique que du domaine minéralogique et pétrographique. Dans de tout récents mémoires? H. Sice et M'° Carrasco ! SiGG, H. et FAvRE, G. Quelquez courbes nouvelles pour la détermina- tion des feldspaths par la méthode de Fédoroff. Bulletin de la Société Vaudoise des Sciences naturelles, vol. 54, 1917. * SiaG, H. et Mlle Carrasco. La mâcle de Manebach chez les feldspaths. Sur les données optiques relatives à la maäcle d’ Ala. Bulletin de la Société Vaudoise des Sciences naturelles, vol. 52, 1918. 76 SÉANCE DU D DÉCEMBBE étudient les mâcles de Manebach et d’Ala et adoptent, suivant l'exemple de Mrcnez-Lévy, un plan de projection perpendicu- laire à l’arrête pg' — (001) (010), grâce auquel ils veulent étu- dier les mâcles de Manebach et d’Ala. Cela serait certainement très intéressant s’il était possible de reconnaître aisément ces mâcles à première vue, ce qui n'est pas le cas, aussi dans leur dernier mémoire, les auteurs trouvent-ils plus sage de revenir aux méthodes de FEDOROFF. G. Favre‘ a publié de son côté un travail où il n’a fait, à part l'énoncé de quelques opinions toutes personnelles, que codifier l’enseignement donné au laboratoire de minéralogie de l'Univer-- sité de Genève, sous la direction du professeur Duparc. Séance du 5 décembre 1918. J. Briquer. — Sur la morphologie et la biologie de la fleur et du fruit du Diaperia prolifera Benth. Le genre Diaperia, tel qu'il a été défini par NurTrazr?, ne comprend qu'une espèce, le D. prolifera Nutt., localisée dans la partie sud-est des Etats-Unis. Ultérieurement, BENTHAM et Hooker * ont fait rentrer dans ce groupe le Filaginopsis multi- caulis (DC.) Torr. et Gray, le Calymnandra candida Torr. et Gray et le Psilocarphus caulescens Benth. (Evax caulescens Gray). Les auteurs du Genera Plantarum attribuent au genre Diaperia des fleurs centrales peu nombreuses, exveloppées dans les bractées paléales axillantes*. C’est ce fait assez curieux qui a attiré notre attention. En effet, il ne peut s’agir ici de bractées pseudocarpiques, puisque les fleurs qu’elles renferment sont stériles. Il était dès lors intéressant de comparer la structure et l Favre, G. Technique de la Méthode universelle de M. de Fédoroff. Application de la platine universelle à la détermination des plagioclases. Edition Atar, Genève, 1917. ? Nurrazz. Descriptions of new Species and Genera of Plants in the natu- ral Order of the Compositae. etc. (Trans. amer. phil. soc., new ser., VII, p. 337, ann. 1841}. % Benraam et Hooker, Genera Plantarum IL, p. 193 (1873). 4 BenrTHaAM et Hooker, op. cit., p. 182. Eu SÉANCE DU D DÉCEMBRE 77 les fonctions de ces bractées enveloppantes avec celles des brac- tées pseudocarpiques étudiées dans nos notes précédentes, et de les mettre en rapport avec l’organisation de la fleur et du fruit. On verra que cette étude nous amène à compléter et à rectifier les indications de nos prédécesseurs sur plusieurs points. C’est d'ailleurs par suite d’une généralisation abusive que Bexruam et Hooker, dans leur caractéristique différentielle du genre Dia- peria, ont parlé sans restriction de bractées paléales centrales enveloppantes. Les descriptions publiées ne signalent des brac- tées ainsi disposées que chez le seul Diaperia prolifera, à Vex- clusion des autres espèces rapportées dans la suite à ce genre, ce qui est confirmé par nos observations. Nous nous occupons donc dans la présente note uniquement de cette espèce. Le Diaperia prolifera Nutt. a le port d’un Filago, mais les capitules entourés de feuilles bractéales soyeuses sont plus lon- oues que les calathides et disposées en étoile. Les calathides, en nombre variable selon la grandeur des capitules, sont ovoïdes- oblongues, à réceptacle étroit et un peu convexe. Les bractées involucrales sont en nombre restreint (généralement 3), plus courtes que les calathides, obovées et un peu concaves, surtout à la base. Elles sont entièrement hyalines, sauf dans la région médiane parcourue par un faisceau libéro-ligneux longitudinal unique. Le faisceau est intercalé entre 2 ou 3 assises de paren- chyme mésophyllien. à éléments allongés et incolores. Vers la moitié de la hauteur ou dans le tiers supérieur de la bractée, les éléments de ce parenchyme tendent à devenir plus courts, plus gros, et renferment des chloroplastes. Il en résulte la for- mation d'un champ médian vert, en forme de flamme longue- ment étirée-filiforme à la base. L’épiderme extérieur porte dans ce champ flammuliforme quelques stomates et d’abondants poils, à cellules basales courtes et serrées, tandis que la cellule termi- nale, démesurément allongée, enroulée et entortillée, subaiguë au sommet, est aérifère à l’état adulte, à parois lisses et minces. En dehors du champ médian, les cellules épidermiques sont prosenchymateuses, disposées en files parallèles. A mesure que l’on se rapproche des marges, le mésophylle devient plus mince : il finit par disparaître complètement, tandis que les files de cel- lules épidermiques s’incurvent en éventail vers l'intérieur pour C. R. Soc. phys. Genève, Vol. 35, 1918. 6 78 SÉANCE DU D DÉCEMBRE former une marge finement et irrégulièrement fimbriée, réduite à une assise épidermique. L'organisation qui vient d’être esquissée est commune aux bractées paléales extérieures, à l’aisselle desquelles naissent les fleurs © ; la seule différence est que ces bractées ont un champ vert flammuliforme plus accentué et qu’ellesaugmentent graduel- lement de dimension à mesure qu’on se rapproche du centre de la calathide. Les fleurs © ont un ovaireobovoïde, comprimé par les côtés ; l'embryon a son plan de symétrie perpendiculaire au plan de symétrie de la fleur, à cotylédons orientés d'avant en arrière. Le péricarpe est extrêmement mince, à épicarpe recouvert d’in- nombrables poils de Nobbe myxogènes, prenant une forme ovoïde sous l’action de l’eau, appartenant d’ailleurs exactement au type raccourci de HANAUSECK, très rapprochés les uns des au- tres. À la maturité, l’akène se sépare du réceptacle, en conser- vant à la base un vagin formé de plusieurs étages de cellules à parois sclérifiées. La corolle constitue un tube filiforme extré- mement grêle, renflé en poire à la base dans la région de l’épi- regme, de calibre d’ailleurs constant. La paroi du tube est formée par deux épidermes lisses avec une mince assise mésophyllienne intercalée, sans trace de faisceaux libéro-ligneux. Le tube atteint l'extrémité de la bractée axillante; il est divisé très brièvement en 3 ou 4 lobules irréguliers portant quelques trichomes mas- sifs, renflés au sommet et inclinés en avant. Le style possède à sa base un court regme filiforme et un épiregme en forme de toupie ; il est divisé au sommet en deux branches exsertes, lon- gues de 0,3 mm, couvertes extérieurement de papilles coniques, serrées les unes contre les autres et inclinées en avant. Les bractées paléales des 1-5 fleurs % du centre de la cala- thide sont un peu plus longues que celles des fleurs © et offrent aussi une forme générale obovée, mais elles sont enroulées en cornet sur toute leur longueur sauf à la base, de façon que les deux marges latérales se recouvrent l’une l’autre. L’organisa- tion de’ces bractées est d’ailleurs la même que celle des fleurs Q@ périphériques, seulement ici le champ médian vert est plus étendu, plus diffus, nullement flammuliforme et moins nette- ment circonserit ; les poils de l’épiderme extérieur sont aussi insérés sur une surface beaucoup plus grande. C’est donc avec SÉANCE DU à DÉCEMBRE 79 raison que ces bractées ont été qualifiées comme étant de con- sistance plus herbacée !., — La fleur % («) est entièrement plongée dans le cornet bractéal qui la dépasse. L'ovaire est ici réduit à un stipe haut de 0,5 mm, subeylindrique, renfermant un rudiment d’ovule ou vide, à épicarpe lisse ou pourvu de poils de Nogse myxogènes disséminés et peu nombreux. La corolle comporte un tube renflé à la base dans la région de l'épiregme, puis cylindrique dans sa moitié inférieure, enfin un peu élargi dans sa moitié supérieure. Les deux épidermes sont lisses, à éléments allongés et à parois minces, à mésophylle formé de 2-3 assises entre lesquelles circulent 4 faisceaux libéro ligneux qui aboutissent aux sinus interlobaires. Les 4 lobes sont ogivaux. à cellules épidermiques raccourcies-polygonales, à parois plus épaisses ; les éléments du sommet des lobes font saillie sous forme de papilles ; il n’y a pas de faisceaux marginaux dans les lobes. Ici aussi on rencontre quelques poils massifs semblables à ceux qui caractérisent la corolle des fleurs ©.— Les 4 étamines sont situées dans la région élargie du tube corollin. Les anthères linéaires sont pourvues d'un appendice apical-ogival et d’appen- dices basilaires linéaires, à cellules distales faiblement et irré- gulièrement dissociées en trichomes ; les anthéropodes sont à peu près aussi longs que les appendices basilaires et ne présentent aucun caractère particulier. Les grains de pollen ont la struc- ture habituelle chez les Inulées-Filaginées, avec la couche exté- rieure de l’exine couverte, entre les plis, de petits aiguillons massifs, peu aigus et très serrés. — Le style est construit comme dans la fleur ©, sauf en ce qui concerne la région dis- tale. Ici les deux branches distinctes manquent; elles sont con- crescentes en un massif unique et couvert de toute part de poils balayeurs renflés en massue et plus ou moins recourbés en dehors, d’ailleurs de plus en plus longs à mesure que l’on se rapproche du sommet du style. Les données qui précèdent apportent une pierre à l'édifice de l’histoire des bractées pseudocarpiques en ce sens que les cor- 1 Gray. Synoptical Flora of North America, Gamopetalæ, I, p. 229 (1886). — Antérieurement, le même auteur avait qualifié ces bractées de « chartaceous » (Torrey et Gray, Flora of North America, Gamopetalæ, p. 264, ann. 1841-43), ce qui ne correspond pas à la réalité. 7 80 SÉANCE DU D DÉCEMBRE nets paléaux renfermant les fleurs ÿ (c') éclairent l’origine probable des bractées pseudocarpiques proprement dites. Avant de remplir les fonctions d’un péricarpe, les bractées closes au- tour du fruit ont dû commencer par remplir, sans grandes mo- difications structurales et par leur simple enroulement autour de la fleur, des fonctions de protection à l'égard de cette der- nière. C’est ce stade initial de simple enroulement en cornet qui est réalisé chez le Diaperia prolifera. On conçoit sans peine que la différenciation des bractées paléales du centre de Ja fleur en soit resté là, puisque la transformation de l'ovaire en stipe sté- rile et l’absence de fruits sont la règle dans les fleurs centrales pour cette espèce. Les fonctions de «périanthe », que remplissent ici les bractées, sont rendues encore plus évidentes par le fait que les poils laineux du champ médian dorsal des différentes bractées sont enchevêtrés de facon à faire de la calathide un massif unique dans lequel les Apides doivent assez laborieu- sement chercher lorifice des très petites corolles qui y sont en- fouies. Parmi les faits nouveaux signalés plus haut, mention- nons l'orientation du plan de symétrie des ovaires, la présence de nombreux poils de Nosse myxogènes sur l’épicarpe des akènes?, l’absence de faisceaux Hbéro-ligneux dans la corolle © et leur localisation dans le tube corollin des fleurs $ (c‘ à l'exclusion des lobes”, etc. Les différences que présente le Diaperia prolifera par rapport au Diaperia multicaulis (DC.) Benth. et Hook., sont d’un ordre évidemment spécifique (ovaire des fleurs Ÿ non stipitiforme, 1 NurTALL (1 c.) s'était exprimé avec pruderce en disant simplement « Achenia compressa ». Mais déjà Torrxy et Gray (1. c.) ont dit « Achenia obcompressed », c’est-à-dire : akènes comprimés d’avant en arrière, erreur qui à été reproduite par tous les auteurs qui depuis lors ont mentionné le sens de la compression. ? NurrTaALL (1. c.) a dit à tort: « Achenia… glabra ». Cette erreur a été reproduite par TorREy et Gray (1. c.). Plus tard, Gray a dit des akènes (1. c., ann. 1886): « Akenes.. smooth or very minutely papillose », ce qui est tout aussi inexact. On sait que le mucilage répandu par les poils myxo- gènes des akènes sert à fixer le fruit aux particules du sol. L'absence ou la présence de ces poils, indépendamment de son intérêt systématique, n’est donc pas indifférente au point de vue biologique. * Nous avons à plusieurs reprises signalé antérieurement cette particu- larité comme caractéristique pour le groupe des Filaginées. _ SÉANCE DU D DÉCEMBRE 81 bractées paléales centrales non enroulées en cornet, etc.), aussi sommes-nous d'accord avec nos prédécesseurs pour conserver ces deux espèces dans un même gronpe naturel. En revanche, il n'est pas sûr que l’on doive réunir les Diaperia aux Evax comme l’a proposé A. Gray !, suivi par O. Horrmanx?. Les ÆZvax, pris dans un sens large (y compris le groupe américain Æesper- evax), ont en effet un réceptacle conique ou columnaire et non pas simplement et faiblement convexe, tandis que les Ævax K Euevax de l'Ancien Monde sont dépourvus de bractées paléales au sommet du réceptacle. Il faudrait, pour juger de la valeur systématique de ces différences, faire une étude morphologique détaillée de tout le groupe des Filaginées, dont la connaissance laisse encore beaucoup à désirer. C.-E. Guye.— T'ables pour le calcul des masses longitudinales, transversales et cinétiques dans la relativité. A l'occasion d'un mémoire en cours de publication* sur la véri- fication expérimentale de la formule de LorenTZz-KINSTEIN, M. C.-E. Guye a calculé diverses tables donnant en particulier les valeurs des masses longitudinales, transversales et cinétiques pour les valeurs de 5 comprises entre 0 et 1 (6 étant la vitesse rapportée à celle de la lumière prise comme unité). Pour le calcul relatif aux très faibles vitesses, il y a avantage à utiliser les formules développées en série ; par contre, dès que la valeur de 5 atteint 0,2 il est préférable d’avoir recours aux formules complètes qui permettent d'effectuer les calculs à l’aide des tables de logarithmes ordinaires à sept décimales. Les tableaux présentés par M. Guye donnent les valeurs des diverses masses pour des valeurs croissantes de 5 (0.05 ; 0.10; 0.15; etc.). Les courbes construites montrent nettement qu'au fur et à mesure que la vitesse s'accroît, la masse longitudinale croît le plus rapidement ; puis vient la masse cinétique et enfin la masse transversale, M. Guye pense que ces tableaux, bien qu'ils 1 Gray. Synoptical Flora of North America. Gamopetalae, I, p. 229 (1886). 2 Horrmaxx, O., in ExGLer et PRAN9L, Die natürlichen Pflanzenfamilien IV, Abt. V, p. 181 (1890). # Mémoires de la Société de Physique et d'Histoire nat. de Genève, vol. 39. 82 SÉANCE DU D DÉCEMBRE ne résument que des résultats connus, n’en seront pas moins utiles aux physiciens qui peuvent avoir à se rendre compte de l'importance de ces diverses variations dans l'étude du prin- cipe de relativité. B.-P.-G. HocareuTiNER. — La fonction « lodiculaire » des corpuscules hypogynes chez les Guttifères. En étudiant la famille des Guttifères, et plus particulière- ment les tribus qui étaient rangées par Bex'rHam et Hooker dans la famille restreinte des Hypéricacées, notre attention a été atti- rée de nouveau sur ces mystérieux organes, dont la signification est considérée comme douteuse par la plupart des auteurs, et qui se trouvent situés à la base de l'ovaire, alternant avec les faisceaux d’étamines caractéristiques pour ces plantes. La nature morphologique de ces organes, comme leur fonc- tion possible, a été discutée dans tous les manuels. On les a dési- gnés tantôt comme glandes hypogynes (BenTHam et HookER), tantôt comme staminodes (Ercuzer, R. KeLLer), tantôt comme des productions axiles (Diskuseffigurationen, ENGLER), cette der- nière interprétation avec un point de doute. Quant à leur fonc- tion, les auteurs ont tous répété les uns après les autres, que c'étaient des glandes et plus particulièrement des nectaires. Sans vouloir nier toute possibilité d’une sécrétion par ces organes — Car il est bien difficile d'arriver à une conclusion sur la base de la seule anatomie de matériaux secs — la fonction nectarienne semble pourtant assez invraisemblable. En effet, chez les Æypericum, qui sont pourvus de corps hypogynes, il existe régulièrement, à la base des pétales, de petites écailles que les auteurs ont toujours regardées comme des nectaires : il y aurait dans ce cas un double emploi bien singulier. En pré- sence de ces difficultés, les botanistes semblent plutôt enclins à voir dans les corps hypogynes des Guttifères un organe rudi- mentaire sans fonction définie. Mais chacun sait combien on a abusé de cette explication. Chez les animaux comme chez les végétaux, chaque fois que l’on ne comprend pas à quoi sert un organe, on dit qu'il est de- venu rudimentaire parce qu'il a perdu sa fonction. Cependant, SÉANCE DU D DÉCEMBRE 83 on découvre bien souvent plus tard que l’on a conclu trop hâti- vement, et que l'organe en question remplit une fonction, incon- nue jusqu'alors, dans l’économie vitale de son propriétaire. Les exemples abondent pour illustrer cette affirmation, et nous croyons qu'un phénomène de ce genre s’est produit dans le cas qui nous occupe. La présence régulière de corpuscules hypogy- nes nous paraît d'ailleurs militer a priori, au moins chez les Psorospermum et chez les Hypericum, en faveur de l'attribution d’une fonction définie de ces organes, ce qui n'exclut nullement qu'ils aient la valeur morphologique de staminodes ou d’étami- nes atrophiées. pol: « Deux mots d’abord sur la position et sur l'apparence exté- rieure des corpuscules hypogynes. Ayant eu l’occasion de décrire une série d'espèces nouvelles de Psorospermum de l'Afrique centrale (voy. Ann. du Uonserv. et Jard. bot. de Genève, ann. 1919), nous avons eu l’idée d'utiliser pour nos diagnoses la forme de ces corpuscules qui, au nombre de 5, alternent régulièrement avec les faisceaux staminaux et sont opposés d’une manière constante aux côtes de l'ovaire quinquéloculaire. Nous avons donc analysé un assez grand nombre de ces corpuscules, dans des fleurs à divers stades successifs de développement, chez beaucoup d'espèces et nous avons été frappé des variations sur- prenantes observées chez les fleurs d’un même échantillon. Dans les fleurs en bouton, surtout dans les bourgeons floraux très jeunes, les corpuscules sont minces, ayant la forme de petites lames aplaties d’une part entre les côtes proéminentes de l'ovaire et d'autre part la base élargie des pétales, ou bien même les sépales embrassent étroitement le corpuscule, Plus tard, dès que la fleur est épanouie, les corpuscules deviennent très épais, dans certains cas même, comme dans le Psorospermam lanatum Hochr. (une espèce nouvelle rapportée par Chevalier de lAfri- que centrale), l'accroissement en épaisseur est tel, que le corpus- cule paraît très aplati dans le sens radial. Dans d’autres cas, comme chez l’Hypericum Elodes Fenz| de l'Europe centrale, le corpuscule épaissit un peu sa base, puis il s'incline et vient s’ap- puyer contre les sépales en passant pour cela souvent entre les bases rétrécies des pétales. La proéminence des corpuscules est encore exagérée par le fait qu'ils sont toujours opposés aux côtes 84 SÉANCE DU D DÉCEMBRE saillantes de l'ovaire, de sorte que, dans des fleurs âgées, elle ne peut passer inaperçue. Le résultat immédiat du changement de forme des corpuscules, coïncidant avec un déplacement de leur masse, est l’écartement des pétales ou même des sépales les uns des autres : l’épanouisse- ment de la fleur est ainsi provoqué d’une manière complète. Les corpuscules fonctionnent donc à la façon des lodicules des Gra- minées, qui séparent les glumelles afin de laisser passer les étamines trop débiles pour écarter spontanément ces enveloppes scarieuses, dures et étroitement imbriquées. Comparables aux lodicules par la fonction, les corpuscules le sont aussi en quel- que sorte par la position, car ils sont situés d'une manière ana- logue, c’est-à-dire en dehors du verticille staminal et alternant avec celui-ci. À part les Graminées, nous ne connaissons pas de famille végétale présentant un mécanisme semblable pour faci- liter l'épanouissement des fleurs. Chez les Psorospermum, on comprend assez bien la présence d’un mécanisme spécial déclenchant léclosion de la fleur, car les pétales sont très velus intérieurement, Or, les faisceaux sta- minaux, noyés dans cette laine, auraient quelque peine à s’en dégager pour s’allonger, comme ils le font plus tard, si les pétales dressés n'étaient pas écartés un peu les uns des autres par les corpuscules « lodiculaires ». Il est vrai que ceux-ci alternent avec les pétales, mais ces derniers sont ici étroite- ment imbriqués jusqu’à la base qui est subcordée, de sorte que la corolle, surtout dans sa jeunesse, forme un tout extensible. Chez les Hypericum des sections Triadenia, Elodes et Elodea, qui sont pourvus de trois corpuseules hypogynes, de trois fais- ceaux staminaux et d’un ovaire à trois côtes, le fonctionnement des corpuscules est le même. Toutefois, les organes qu'il s’agit d’écarter ne sont plus seulement ici les pétales (glabres à la face interne et s’allongeant pendant l’anthèse), mais bien les sépales très épais, durs, imbriqués et étroitement serrés autour des jeunes organes floraux plus intérieurs. Du reste, les corpuscules étant situés tout au fond de la fleur, il suffit d’une simple pres- sion de leur part pour provoquer l'épanouissement : ils agissent en effet comme un levier dont le point d'application est situé tout près du point de fixation. SÉANCE DU 19 DÉCEMBRE 85 Chose remarquable, les Æypericum des sections voisines qui sont dépourvues de corpuscules hypogynes n’ont pas non plus le calice scarieux des précédentes, ou bien elles présentent des pétales réfléchis, avec un mécanisme d’épanouissement analogue à celui des Malvacées : les pétales sont concrescents à la base avec les faisceaux staminaux rubanés et ceux-ci, s’'infléchissant à leur base, font basculer les pétales en arrière. Nous n'avons pas étudié en détail les genres voisins qui pré- sentent aussi des corpuscules hypogynes. Il est possible que, chez certains d’entre eux, les corpuscules aient une fonction nectarienne, Chez les Vismia, par exemple, nous n'avons pas observé de nectaires à la base des pétales, et les corpuscules ne présentent pas au même degré cet énorme accroissement dans le sens radial qui entraîne la fonction «lodiculaire ». En revan- che, dans le genre Cratoxylon, l'une des espèces, le C. polyan- tlum, a ses corpuscules hypogynes d’une forme extraordinaire et d’une apparence volumineuse : il est possible qu’ils cumulent les deux fonctions « lodiculaire » et nectarienne; les autres espèces de ce genre au contraire n'offrent aucune particularité notable. Enfin chez les Æliaea — au moins dans l’espèce nou- velle que nous avons décrite sous le nom d’Æliaea majorifolia — les corpuscules ont la forme de petits cônes évidés, et il sem- ble qu'ils renflent leur base au moment de l’anthèse : ils con- tribueraient donc à l'épanouissement des fleurs. Observons cependant que le manque de matériaux suffisants dans ces genres rares rend jusqu'à nouvel ordre les affirmations pré- calres. Séance du 19 décembre 1918. Amé Prerer et Marc CramEer. — La distillation de l’albumine dans le vide. Lorsqu'on soumet l’albumine de l’œuf à la distillation sèche sous une pression de 15 mm, on obtient une petite quantité (20 pour cent environ) d’un goudron assez fluide. La composition de ce goudron ne diffère pas beaucoup de celle de l’huile animale que fournit cette même distillation à la pression atmosphérique. Il s’y trouve cependant quelques substances nouvelles, entre 86 SÉANCE DU 19 DÉCEMBRE autres une base liquide de la formule C,H,N, et un composé C,H,,;NO, neutre, bien cristallisé et fusible à 120°. Les auteurs n’ont pas réussi jusqu'ici à établir la constitution de la base; ils ont pu, en revanche, fixer celle du corps neutre, qui est de beaucoup le produit le plus abondant de la distillation. Ce corps est l’amide 1socaproïque (CICECH CHE CRE CO NE Si l’on considère que le ritrile isocaproïque (CH CH CH CH ON est également l’un des constituants principaux de l'huile ani- male, on doit admettre qu'il dérive de l’amide par perte d’une molécule d’eau. L'amide apparait donc comme le produit pri- maire de la décomposition de l’ovalbumine par la chaleur, et l'emploi du vide, en permettant de l’isoler, rend ici le même service que dans la distillation de la houille ou de la cellulose. Si, d'autre part, on rapproche la formule de lamide isoca- proïque de celle de la leucine PAU (CH,),CH—CH,—CH< COOH qui forme, elle aussi, le produit constant et principal de la dé- composition des matières protéiques par hydrolyse, on arrive à cette seconde conclusion, que c’est le même groupement atomique qui, dans la molécule des albumines, fournit les deux composés, amide isocaproïque et leucine, et que ce groupement ne peut avoir dès lors que la structure suivante : CO—NH (CHY,CH—CH, CH ŸCHR NH—CO Cette conclusion est en parfait accord avec les idées de E, Frscuer sur la constitution des albumines. AÏf. BéranT. — L'action du sulfate de cuivre sur le plankton. Les éléments du plankton qui interviennent plus spécialement dans l’eau que nous prélevons comme eau d’alimentation et qui SÉANCE DU 19 DÉCEMBRE 87 constituent pour ainsi dire la caractéristique de cette eau, sont les Algues vertes et les Diatomées ; ces Algues et Diatomées forment ce qu’on pourrait appeler les poussières de l’eau. On sait que le plankton du lac, dans son ensemble, se com- pose aussi d’une série d'espèces animales, allant jusqu'aux petits Crustacés: Diaptomus, Cyclops, et à ceux de plus grande taille, Daphnia, Leptodora, etc. On trouve ces espèces en plein lac, mais elles ne parviennent dans les conduites qu’en cas de grande abondance et en relativement petite quantité; la plupart des in- dividus sont détruits par le passage dans les pompes et par les changements de pression auxquels l’eau est soumise et n’arri- vent qu’à l’état de coques vides qui sont facilement sédimentées. Depuis 1913, le Service des eaux a fait sur l’eau d’alimenta- tion provenant du lac, des relevés journaliers de la quantité de plankton qui y est contenue. Ces observations ont montré que sur l’ensemble des années, le plankton ne semble pas augmenter — autant toutefois que l’on en peut juger par la série encore courte que nous possédons jusqu’à maintenant — mais qu’il se produit chaque année, de mai à juillet, une poussée dont l’im- portance est extrêmement variable d’une année à l’autre: alors qu'en 1914 ct 1917 elle n’a pas dépassé 380 et 500 mm° par 100 litres d’eau, elle a atteint en 1915 le chiffre extraordinaire de 5273 mm° par 100 litres et en 1918, 3100 mm”*. Pendant le reste de l’année la proportion se maintient d’une manière assez constante aux environs de 100 mm. Parmi les Diatomées, les espèces caractéristiques sont: Fragil- laria crotonensis, Cyclotella, Synedra et d’autres moins fréquen- tes: chez les Algues vertes, on trouve: Spirogyra, Sphaero- cystis, etc. D'après les théories aujourd’hui admises sur l'épuration des eaux, les Algues vertes jouent un rôle actif pour la destruction des Bactéries : elles ont donc un effet utile tant qu'elles sont dans leurs conditions naturelles, c'est-à-dire dans le lac. Mais, lorsqu'elles parviennent en grandes quantités dans nos conduites d'alimentation, pendant la poussée du printemps, elles ne sont pas sans occasionner certains inconvénients et à ce moment-là il serait désirable de pouvoir s’en débarrasser. En Amérique, où les alimentations des villes au moyen de lacs ou de barrages- 88 SÉANCE DU 19 DÉCEMBRE réservoirs sont très répandues, les Algues donnent souvent lieu à de sérieux désagréments. On utilise fréquemment, depuis quel- ques années, un procédé qui consiste à les tuer avec du sulfate de cuivre et à les laisser se sédimenter ensuite. D’après Whip- du sulfate Bassin N°] == Inpection ple, la proportion de sulfate suffisante pour tuer toutes les espè- ces, même les plus résistantes, est de 1/1000000 et la durée d’ac- tion de 3 heures. Cette proportion de 1/1000000 est d’ailleurs absolument inoffensive pour l’homme et les animaux. Nous avons voulu nous rendre compte si ce procédé était appli- cable à l’eau de notre lac et si le sulfate de cuivre était capable SÉANCE DU 19 DÉCEMBRE 89 capable de nous fournir un moyen pratique d'éliminer le plank- ton pendant ses périodes de poussées. Pour faire ces expériences, on a fait circuler l’eau dans un tuyau de 10 centimètres de diamètre et de 157 mètres de long, sous un débit réglé par le robinet A (fig. 1). calculé de telle fa- con que le passage de cette eau d'un bout à l’autre du tuyau se fasse en 3 heures. Il a fallu pour cela un débit de 5,67 lit/min. Avant l'entrée dans le tuyau C, l’eau passe dans un premier bassin où l’on peut prélever des échantillons: de même à la sortie du tuyau elle passe dans un second bassin identique au premier, puis s'échappe par un trop-plein 2. Cela étant établi, on injecte le sulfate dans l’eau à son entrée dans le tuyau en B: le débit étant de 5,67 lit/min., la quantité de sulfate injectée doit donc être de 5,67 mgr. par minute. Pour bien se rendre compte de ce qui est dû à la simple sédi- mentation naturelle et au sulfate, on a injecté ce dernier par intermittences et l’on a observé les différences entre les périodes d'injection et les périodes de suppression. Les résultats de ces expériences sont indiqués par les courbes de la fig. 2, p. 90. La courbe n° 1 représente la quantité de plankton mesurée journellement au laboratoire ; La courbe n° 2 est celle des mesures de plankton dans le premier bassin, avant l'entrée dans le tuyau ; La courbe n°3 représente les mesures de plankton dans le second bassin, après le passage dans le tuyau, mais sans addition de sulfate; Enfin la courbe n° 4 est celle des mesures de plankton après le passage dans le tuyau, sous l'action du sulfate. Par le simple examen de ces courbes, on se rend compte de l'effet du sulfate : ainsi, avec le dispositif adopté, on arrive à di- minuer la proportion de plankton dans l’eau presque de moitié, soit environ de 60 à 30 mm* pour 100 litres. Il reste encore, cependant, après le sulfatage, un dernier résidu : il est intéressant de voir si, par une sédimentation plus prolongée, on peut arriver à l'éliminer. Pour cela nous avons fait l'expérience suivante : Le dispositif ci-dessus étant en marche avec injection de sul- fate, on commence par faire une mesure pour vérifier l'action LAS FE rm 10 + D 30 10 20 31 10 0 31 ne S: Ris ane miaMe A EU À LE Im ri LL NET JO D LEP si ABLE AU PU Li) QUO UN 17 IEEE Es M (à Fa 1 Ê ct ( É é EG ic el 0 20 30 10 20 31 10 20 30 10 20 81 10 NS | , À pour | Avri/ May Juin Jur//ef Aoû 700 litres de Es Pour 100 frfres , . Q Plankton contenu dans l'eau, au laboratoire. e-----e Flankion contenu dns l'eau du bassin N£2 D id. dans l'eau du bassin N9]. BON id. dans l'eau du bassin N°2 apres injection du sulôte. Fig 2: SÉANCE DU 19 DÉCEMBRE 91 du sulfate et comme point de départ des mesures suivantes, Puis on interrompt l’arrivée de l’eau dans le premier bassin ainsi que celle du sulfate. L'eau contenue dans le grand tuyau devient donc immobile et les organismes continuent à se sédi- menter pendant le temps que l’on désire, Une fois ce temps écoulé, on remet linstallation en marche et l’on refait une mesure de plankton sur la première eau qui sort du tuyau. Nous avons fait ainsi des expériences en laissant agir cette sédimentation supplémentaire pendant 1 h., 2 h.et 3 h. Les résultats de ces expériences se résument comme suit : Avec 1 heure de sédimentation supplémentaire, soit 4 heures en tout (en comptant les 3 heures de la première sédimentation), le résidu de plankton a diminué de 17 ?/,; Avec 2 heures, soit 5 heures-en tout, il a diminué de 29 ?/,; Avec 3 heures, soit 6 heures en tout, il a diminué de 42 !/,; On arrive donc à réduire à peu près de moitié le volume des organismes ayant échappé à la première sédimentation ; il reste toutefois un ultime résidu qui semble devoir persister, quel que soit le temps de sédimentation. Quoi qu'il en soit, on peut dire que l'élimination du plankton.est pratiquement réalisée, puisque l’on n’en a plus trouvé que 7 mm° dans 100 litres d’eau alors que dans l’eau brute il y en avait au même moment environ 150 mm*. Nous n'avons pas poussé les expériences plus loin que 3 heures de sédimentation supplémentaire, soit 6 heures en tout, car cela semble être la limite de ce qui serait réalisable dans la pra- tique. Prévoir davantage conduirait à faires des bassins d’une capacité telle, que leur coût d'établissement ne serait pas justi- fié par la très petite amélioration obtenue. Lina Srerx et Raymond Gaurier. — Le passage dans le li- quide céphalo-rachidien de substances introduites dans la circu- talion et leur action sur le système nerveux central chez les dif- férentes espèces animales. Dans une note précédente! nous avons cherché à montrer ! Srerx, L. et Gaurier. Passage simultané des substances dans le liquide céphalo-rachidien et dans les centres nerveux. R. C. R. d. la Soc. de Phys. et d’hist. natur. de Genève, vol. 35, n° 2 (p. 58-60). 92 , SÉANCE DU 19 DÉCEMBRE qu’une substance introduite dans la circulation n’agissait sur le systeme nerveux central que lorsqu'elle avait pu pénétrer dans le liquide céphalo-rachidien. Nous en avons conclu qu'entre les éléments nerveux et le liquide céphalo-rachidien devaient exister des relations étroites. Nous ne voulons pas nous prononcer sur la question de savoir si le système contenant le liquide céphalo-rachidien (c’est-à-dire les ventricules cérébraux et les espaces sous-arachnoïdiens) re- présente une partie intégrante de la circulation lymphatique de l’axe cérébro-spinal, ou bien s’il constitue un système spécial, mais communiquant avec les voies lvmphatiques propres du système nerveux central. Nous voulons également laisser de côté la question encore très obscure de la structure anatomo-histologique des voies lymphatiques qui sont en contact immédiat avec les éléments nerveux. Dans notre exposé, nous attribuerons done au terme liquide céphalo-rachidien une signification purement fonctionnelle et non morphologique. Nous avons étendu nos recherches à un plus grand nombre de substances que nous avons étudiées sur un grand nombre d'animaux. Les résultats ont confirmé pleinement notre manière de voir, exposée dans une note précédente. Nous avons en outre constaté que les différentes espèces ani- males présentent des différences en ce qui concerne les condi- tions de pénétration dans le liquide céphalo-rachidien; en d’au- tres termes, la barrière qui S’oppose au passage dans le liquide céphalo-rachidien de substances circulant dans le sang présente des différences notables suivant les espèces animales. Ainsi, l'acide picrique injecté à doses massives dans le sang, se retrouve dans le liquide céphalo-rachidien et la masse ner- veuse chez le chien, le chat et le cobaye. Par contre, on n’en re- trouve pas trace dans le liquide céphalo-rachidien ni dans la masse nerveuse du lapin. Il est à remarquer en outre que chez lestrois premières espè- ces animales l'injection intravasculaire d'acide picrique provoque des phénomènes d’excitation intense du système nerveux cen- SÉANCE DU 19 DÉCEMBRE 93 tral (convulsions tonico-cloniques, nystagmus, etc.) tandis que dans les mêmes conditions expérimentales le lapin ne présente aucun phénomène anormal. D'autre part, l'introduction directe d'acide picrique dans la masse nerveuse où dans le liquide céphalo-rachidien provoque chez le lapin comme chez les autres animaux des phénomènes d’excitation intenses. Nous croyons pouvoir conclure, de ce fait, que l'inactivité de l'acide picrique introduit dans la circulation du lapin est due exclusivement au défaut de pénétration de cette substance dans la masse nerveuse par l'intermédiaire du liquide céphalo-rachi- dien. Parmi les substances dont nous avons étudié l’action sur le système nerveux central, après injection dans le sang, et dont nous avions cité quelques-unes dans notre communication pré- cédente, plusieurs, telles que la morphine, la strychnine, l’atro- pine, le bromure, l'acide salicylique, l’acide picrique, le sulfo- cyanure et la santonine, ont produit des effets nerveux très mar- qués et ont été retrouvés aussi bien dans le liquide céphalo- rachidien que dans la masse nerveuse. Un certain nombre d’autres substances, telles que l’iodure, la fluorescine, le ferro-cyanure, le curare, sont restés sans effet sur le système nerveux central et n'ont pas été retrouvées dans la masse nerveuse, ni dans le liquide céphalo-rachidien. Une troisième catégorie de substances, parmi lesquelles nous citerons l’urotropine, passe abondamment dans le liquide cé- phalo-rachidien et la masse nerveuse, sans produire le moin- dre effet sur le système nerveux central, De ce fait, nous devons conclure que la présence d’une substance étrangère dans le liquide céphalo-rachidien et dans la masse nerveuse n'implique pas nécessairement un effet sur le système nerveux central. Outre la différence de perméabilité constatée chez les diffé- rentes espèces animales, nous avons pu observer des différences considérables de la sensibilité des centres nerveux à l’action de certains corps. Ainsi l'application directe de ferrocyanure sur la masse nerveuse, de même que l'injection de cette substance dans le liquide céphalo-rachidien, produit des troubles nerveux consi- C. R. Soc. phys. Genéve, Vol. 35, 1918. 7 94 SÉANCE DU 19 DÉCEMBRE dérables et souvent la mort chez le lapin et le cobaye, mais reste sans aucun effet chez le chat et le chien. Les conclusions que nous pouvons tirer de ces résultats, sont les suivantes: 1° Les conditions nécessaires à l’action d’une substance sur le système nerveux central sont : a) la pénétration de cette substance dans le liquide entourant immédiatement les éléments nerveux et b) la sensibilité des éléments nerveux à l’action de la substance. | 2° Les différences de réaction présentées par les différents animaux à l'injection intravasculaire de certaines substances, peuvent s'expliquer par une différence de perméabilité du sys- tème circulatoire cérébrospinal et par une différence de sensibi- lité de leurs éléments nerveux à l’action de ces substances. J. Briquer. — Les fruits du Diaperia multicaulis (DC!) Benth. et Hook. | Dans une note antérieure, nous avons avancé que les diffé- rences qui séparent le Diaperia prolifera Nutt. du D. multi- caulis (DC.) Benth. et Hook. sont d'ordre spécifique. Sur les points essentiels (organisation de la fleur et du fruit), ces deux types sont conformés d’une façon assez semblable pour devoir être considérés comme appartenant à un même groupe naturel. L'examen de nouveaux matériaux nous permet de compléter notre assertion en ce qui concerne le fruit. Chez le Diaperia multicaulis, les akènes sont aussi obovoïdes, ou obovoïdes- oblongs, atteignant environ 1 mm de hauteur à la maturité. Ils sont également caractérisés par une compression latérale (grand diamètre 0,3 mm, petit diamètre environ 0,2 mm), à cotylédons orientés d'avant en arrière. L’épicarpe est complètement cou- vert de poils de Nobbe myxogènes du type raccourei de Haxausex. Mais ces poils myxogènes se comportent différem- ment dans les deux espèces. Chez le D. prolifera, les poils sont ovoïdes parce que les deux cellules myxogènes jumelles, d’ail- leurs bien distinctes, restent appliquées l’une contre l’autre par leur face ventrale ; ces dernières se décapuchonnent au sommet sous l’action de l’eau, pour laisser s'échapper la gelée, sans se séparer l’une de l’autre. Au contraire, dans le D. multicaulis, SÉANCE DU 19 DÉCEMBRE 95 les poils myxogènes sont au début hémisphériques, à base large et enfoncée dans l’épicarpe, à lamelle séparant les deux cellules jumelles difficile à distinguer sans l'emploi de réactifs. A la maturité, les deux cellules jumelles ont une lamelle mi- toyenne optiquement plus différenciée ; elles se décollent au sommet et ce décollement descend parfois jusqu’au tiers de la hauteur totale du poil. Le poil prend alors sous l’action de l’eau l'apparence de deux cônes accolés, à sommets jumeaux égaux, obtus ou subaigus, séparés par un sinus plus ou moins aigu. Cette apparence persiste jusqu’au moment où les cônes se déca- puchonnent pour laisser sortir le mucilage; le poil apparaît alors tronqué comme dans le Diaperia prolifera. En résumé, tant dans le D. prolifera que dans le D. multi- caulis, les akènes sont couverts de poils de Nobbe myxogènes * d’un type très raccourci (et non pas glabres ou papilleux comme on le croyait jusqu'ici), mais avec de petites différences qui mé- ritaient d'être signalées. TABLE DES MATIÈRES Lisre DES MEMBRES . TABLE ALPHABÉTIQUE DES AUTEURS BarTTELLI, F. — Méthode pour préciser le point d'application des substances chimiques dans la profondeur des centres nerveux PR PR RS Er en — Méthode pour rétablir le np normal dans les cœurs en trémulations fibrillaires PE ; BérTanT, Alf. — L'action du sulfate de cuivre sur le SRE Bercxov, N. — Systématisation branchiale des nerfs craniens. — Vitesse de propagation des ondes du pouls veineux chez l’homme FAIRE ? FA NN Re TES BRriNeR, E. — Sur la vitesse d’oxydation ñe Te re en rela- tion avec le problème industriel de la récupération des oxydes d’azote Triste de — À propos de la formation de none aux tempéra- tures élevées . LA M ST Ua BRIQUET, J. — Sur la OR ue, et la biologie du genre Mon DC . — Les bractées paléales et l’organisation florale du genre Psilocarphus Nutt . x : : er. — Sur la morphologie et la biologie de la Re et +. fruit du Diaperia prolifera Benth. ; — Les fruits du Diaperia multicaulis (DC) Benth et : Hook CLAPARÈDE, Ed. — Sur une méthode de mesure de la connaissance d’une langue étrangère ‘ à He — Les deux formes fondamentales de ide d'intelligence Pages MABLE DES MATIÈRES Gaurier, Raoul. — Quelques anomalies climatologiques de l'hiver et du printemps 1918. PURES." UHR — La Nova Aquilæ, observations faites à Genève et ailleurs. Premières indications . 10 MR SL PRE Guye, C.-E. — Table pour le calcul des masses longitudinales, trans- versales et cinétiques dans la relativité . RE HocareuTINER, B.-P.-G. — L’allongement des nœuds du Cratoxylon floribundum Vill. (Guttiferæ) LS — Une ascidie terminale chez un plant de Chou-fleur. — La fonction « lodiculaire » des corpuscules hypogynes chez les Guttifères CRE Fu LaGoraLa, H. — Sur la géologie des environs 4 st- Cire (Vaud) | Mvzzer, Alex. — Note sur la limite du spectre continu des rayons X et la loi des quanta. : "HORS Picrer, Amé, — Essais de synthèse dans le de ‘dé sucres . Prorer, Amé et CRAMER, Marc. — La distilllation de lalbumine dans le vide . Picrer, Arnold. — Rapport TT pour 1917 ax — Sur l’origine du dimorphisme sexuel de coloration chez les Lépidoptères . ; . — Intervention de l’élévation de température pour provoquer Péclosion des Papillons RU une Ua, ReINHaRD, M. — Interprétation tectonique du gisement de pétrole de Santa-Clara Valley, Californie . RUE RS RNTAES SABoT, R. — La méthode de Fédoroff et son application à la déter- mination des Feldspaths . NP er SARASIN, J. — Distillation de la cellulose et de l’amidon dans le vide SCHIDLOF, À. — Sur la vitesse de propagation d’un signal optique dans un milieu absorbant — Encore une fois les sous-électrons. — Sur la méthode des « Gabeln » . — Remarque sur la photophorèse négative. ns SreRn, L. et Gautier, Raymond. — Passage simultané des subs- tances dans le liquide céphalo-rachidien et dans les centres nerveux , : — Le passage dans le liquide FAT aies ra PERS introduites dans la circulation et leur action sur le système nerveux central chez les différentes espèces animales STERN, L. et Rôüruin, E. — Effets de l’application locale du curare sur les différentes parties du cervelet. 97 Pages, 46 56 81 31 60 82 54 37 34 17 32 91 11 14 À ds pu el fa E : à # 3 . + + + + e At " 0 za h * { e à ss . 2 . L— ch — r NL E MS — "el ra | ALT ACT eve ve DEAOONT, EN EE Eu ta Rs: PONT re PA x ve pas ri MAS AM nt Fe pe | pr TA Ces ne # (ra oh " Lu est j ne NE -t A 5 Lo os SOMMAIRE DU N°3 Séance du 3 octobre 1918. A. Scminror. Encore une fois les sous-électrons . . . . . . ... — Sur là méthode des « Gabelna. "24004 es E. Briner. A propos de la formation de l’ammoniaque aux températu BIEMEES us De Len, 2 ÉRRTS EERCRSESEES Clara Valley, FPS AMG Pre A. Scaincor. Remarques sur la photophorèse Per : ile \ Séance du 21 novembre 1918 R. Sagor. La méthode de Fédoroff et ses applications à à la aéernina 10 des Feldspaths D ph TUE GE EURE ARS Diaperia otifers Benth . en Bet aus De CT NET ER Ch.-E. Guye. Tables pour le ia des masses longitudinales, trans sales et cinétiques dans la relativité . . . . ............ B.-P.-G. Hocareurinsr. La fonction « lodiculaire » des corpuseules b, gynes chez les Guttifères . SE Le PEUT MR A OST ERRRE Séance du 19 décembre 1918.