ET MÉMOIRES DE LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE PENDANT L'ANNÉE d850. |uj L I 8 R A R y 1 ^ *^\ ^ PAllIS. — IMPRIMÉ PAR E. THUNOT ET C», J«, me Racine, pré» de l'Odéon COMPTES mwn dm séances ET MÉMOIRES D£ LA r r SOCIETE DE BIOLOGIE. TOME 11. — miî 4850. AU BUREAU DE LA GAZETTE MÉDICALE, 14, rue Racine, près de l'Odéon. ITT Chez J.-B. BAILLÏÈRE, Rue Haalefeuille , 19. 1851 6 V^ RÈGLEMENT DE LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE. ORGANISATION. Article. 1*'. — La Société de Biologie est instituée pour l'élude de la science des êtres organisés, à l'état normal et à l'état pathologique. Art. 2. — La Société est composée de membres titulaires, de membres honoraires, d'associés et de correspondants. Art. 3. — Le nombre des membres titulaires est fixé à quarante. Art. ù. — Le nombre des membres honoraires est fixé à quinze. Art. 5. — Le nombre des associés est fixé à vingt. Art. 6. — Le nombre des membres correspondants est fixé à quatre- vingts. Art. 7. — La Société est administrée par un président perpétuel, deux vice-présidents, quatre secrétaires et un trésorier-archiviste. Art. 8. — Le président est élu à la majorité absolue des suffrages. Il dirige les discussions et fait exécuter le règlement. Art. 9. — Les vice-présidents, les secrétaires et le trésorier-archiviste sont élus à la majorité absolue des suffrages. Le temps de leur exercice est d'un an. Ils peuvent être réélus. Art. 10. — Les secrétaires rédigent les procès- verbaux des séances. Ils sont chargés de la rédaction et de la publicali ju des travaux de la Société, et de la «orrcspondance. VI Art. 11. — Les mémoires lus à la Société et les notes résumant les communications verbales sont remis aux secrétaires, séance tenante. Art. 12. — Le trésorier-archiviste est chargé de recouvrer les sommes dues à la Société, d'acquitter les dépenses et de veiller à la conservation des ouvrages, des manuscrits, des pièces d'analomic, etc.^ adressés à la Société ou acquis par elle. Art. 13. — Tous les ans, une commission de trois membres examine les comptes et le catalogue tenus par le trésorier-archiviste. Art. Ih. — Le Irésorier-arciiiviste est i esponsable des objets qu'il aura prêtés sans un reçu d'un membre de la Société. Art. 15. — Lorsqu'une place de membre titulaire sera vacante, il sera procédé à l'élection un mois après la déclaration de la vacance. Art. 16. — Une commission fera un rapport sur les travaux des candi- dats. Ce rapport sera discuté en comité secret. Art. 17. — L'élection se fera à la séance suivante, à la majorité absolue des suffrages. Art. 18. — La nomination des membres honoraires, associés et cor- respondants, sera soumise aux mêmes règles que celle des membres titu- laires. Art. 19. — Les correspondants peuvent prendre part aux discussions qui s'engagent dans la Société, mais ils n'ont pas voix délibérative. Art. 20. — Les séances de la Société ont lieu tous les samedis, à trois heures. Art. 21. —Les membres titulaires acquittent une cotisation personioelle, lixée par la Société. Art. 22. — Toute proposition tendant à modifier l'organisation de la Société devra être signée par cinq membres titulaires. Elle sera disculée dans la première séance du semestre suivant. vu ADMINISTRATION. Art. 23. — Les revenus de la Société proviennent : !• De la contribution annuelle des membres titulaires ; 2" Des frais de diplôme ; 3* Des amendes. Art. 24. — La contribution annuelle est fixée à 12 francs , elle sera payable par trimestre, sur avertissement du trésorier. Art. 25. — Tout membre qui refusera d'acquitter la contributioa an- nuelle sera considéré comme démissionnaire. Il sera procédé à son rem- placement. Art. 26. — Les frais de diplôme sont de 10 francs pour les membres titulaires. Les membres honoraires, associés et correspondants, en sont exempts. Le titulaire élu sera tenu de retirer son diplôme dans l'espace d'un mois. Art. 27. — Les membres titulaires signeront la feuille de présence. Les absences, hors le cas de congé, sont passibles de 1 franc d'amende par séance. Art. 28. — Les amendes seront payables tous les trois mois, sur avertisse- ment du trésorier. Art. 29. — Les membres titulaires dont l'absence, hors le cas de congé, se prolongerait au delà de trois mois, seront considérés comme démission- naires. Art. 30. — Toute proposition tendant à modifier l'administration de la Société devra être signée de cinq membres titulaires, et sera discutée dans la première séance du semestre suivant. LISTE DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE. (1850-51.) BUREAU DE LA SOCIÉTÉ. Président perpétuel : M. P. Rayer, membre de l'Académie des sciences, membre de l'Académie nationale de médecine, médecin de l'hôpital de la Charité, etc. Vlce-présldente : MM. Claude Bernard, suppléant de M. Magendie au Collège de France, membre de la Société pbilomatique, etc. Charles Robin, professeur agrégé à la Faculté de médecine de Paris, membre de la Société philomatique, etc. Secrétaires : MM. Brotvn-Sêqdard, secrétaire annuel de la Société pbilomatique, etc. FoLLiN, proscctcur de la Faculté de médecine, interne des hôpitaux, etc. MM. Lebert, membre titulaire de la Société de chirurgie, etc. Second, sous-bibliothécaire de la Faculté de médecine, etc. Trésorler-Arclilvlste : M. Davaine, D. m. p. ^(lIBR ARYj^c MEMBRES HONORAIRES. Andral, membre de l'Institut, professeur à la Faculté de médecine, etc. BouiLLAUD, professeur à la Faculté de médecine, etc. Dumas, membre de l'Institut, professeur à la Faculté de médecine, etc. DoMÉRir., membre de l'Institut, proresseur à la Faculté de médecine, etc. MiLNE-ËDWARDS , membre d^ rinstitot, professeur à 1.1 Faculté des sciences, etc. Flourens, membre de l'Institut, secrétaire perpétuel de l'Académie des sciences, professeur de physiologie comparée au Muséum d'bistoire na- turel lie. Gaddichadd, membre de l'Institut. Geoffrot-Saint-Hilaihe (Isidore), membre de l'Institut, professeur à la Faculté des sciences. Lallehand, membre de l'Institut, professeur honoraire à la Faculté de mé- decine de Montpellier. LiTTRÉ, membre de l'Institut. Magendie, membre de l'Institut, professeur au Collège de France, etc. Richard, membre de l'Institut, profeaserr à U Faculté de médecine, etc. Serres, membre de l'Institut, professeur au Muséum d'histoire natu- relle. Valenciennes, membre de l'IfiBUtat, professeur au Muséum d'histoire na- relle. Velpeau, membre de l'Institut, professeur à la Faculté de médecine. MEMBRES TITULAIRES. M.M. Bell, sous-bibliethécaire de la Faculté de médecine, etc. Béragd, aide d'anatomie de la Factitté de médecine, etc. Bernard (Charles}, D. M. P. Blot, D. M. P. BoucHCT, médecin du bureau central des hôpitaux. Boulet (M.-H.), professeur à l'École Tétérinaire d'Alfort, ete. Cazeaox, membre de l'Académie nationale de médecine, profcsMur agrégé à la Faculté de médecine de Parls^ etc. CiiARCOT, interne des hôpitaux, etc. Chadssat (J.-B.), d. m. p. Depaul, professeur agréi;é à la Faculté de médecine de Paris, président de la Société médicale d'émulation, etc. Oesmarest, secrétaire de la Société entomologique de France, etc. Germain (de Saint-Pierre), membre de la Société philomatique. XI MM. GiRALDÈs, professeur agrégé à la Faculté de nitkleciiie, membre de la Société philomatique. GouBAux, pioresseur à l'École vétérinaire d'Alforl, etc. GrBLER, méilecia du bureau central des hôpitaux, chef de clinique de la Faculté de médecine. BiRCHFELD (Ludovic), D. M. P. HouEL, D. M. P., conservateur du Musée Dupuytren. Laboulbène, interne des hôpitaux. Laurent (J.-L.-M.), ancien médecin en chef de la marine, membre de la Société philomatique, etc. Leblanc, vétérinaire. Lebret, d. Mi p. Leconte, préparateur de M. Ma^^endie au Collège de France, etc. Livois, D. M. P. Montagne, membre de la Société philomatique, de l'Académie des curieux de la nature, etc. Morel-Lavallée, chirurgien de l'hôpital des Enfants-Trouvés, membre titulaire de la Société de chirurgie. Quatrefages (A. de), membre de la Société philomatique, etc. Racle, D. M. P. RoDGET, interne des hôpitaux. Tbolozan, médecin adjoint à l'hôpital du Val-de-Grâce, etc. Trîqi'et, interne des hôpitaux. Verdeic, chimiste. Vernboil, prosecleur de la Faculté de médecine, etc. ASSOCIÉS. MM. Agassiz, professeur à l'Univereilé d'Harvard, correspondant de l'Académie des sciences, à Boston (États-Unis). Baer (De), membre de l'Académie des sciences de Saint-Pétersbourg. Eensett (Hughes), professeur de physiologie à l'Université d'Edimbourg. Brigut^ professeur de médecine et médecin à l'hôpital de Guy, à Londres. DuFoun (Léon), correspondant de l'Académie des sciences, à Saint-Sever (Laudes). DcjARDiN, professeur de zoologie et de botanique à la Faculté des sciences de Rennes (Ile-et-Vilaine). UnvERNOY, professeur au Muséum d'histoire naturelle et au Collège de France. GcRLT (Ernest-Frédéric), professeur à l'École royale vétérinaire de Berlin. LiEBiG (Justiis), professeur de chimie à Gicssen. MoHL (Hugo), professeur A l'Université de Tùbingue. MuELLER (J.), professeur d'aoatomie et dé physiologie à l'Université de Berlin. XII MM. OwEN (Richard), professeur d'anatomie et de physiologie comparatives au collège des Chirurgiens, à Londres. Panizza (Bartholomco), professeur d'anatomie de 1 homme à l'Université de Pavie. Mayor, chirurgien à Genève. PoucHET, correspondant de l'Académie des sciences, professeur de zoologie au Muséum d'histoire naturelle de Rouen. Rathke, professeur de physiologie et de pathologie à Halle. Retzius, professeur de chimie et d'histoire naturelle à Stockholm. SÉDiLLOT, correspondant de l'Académie des sciences, professeur à la Faculté (Je médecine de Strasbourg. Valentin, professeur d'anatomie et de physiologie à Berne- Wagner (Rodolphe), professeur à l'Université de Gœttingiie. CORRESPONDANTS NATIONAUX. MM. CoQOEREL, chirurgien delà marine, à Toulon. Deslongchamps (Eudes), correspondant de l'Académie des sciences, et pro- fesseur à la Faculté des sciences de Caen. DuFouR (Gustave), docteur en médecine, à Paris. Ddplay, médecin de l'hospice des Incurables, à Paris. GossEiJN, chef des travaux anatomiques de la Faculté de médecine, h Paris. GuÉRiN (Jules), membre de l'Académie nationale de médecine de Paris. HuETTE, docteur en médecine, à Montargis. .JoBERT (de Laraballe), chirurgien de l'Hôtel-Dieu, membre de l'Académie nationale de médecine de Paris. Leroy de Méricocrt, chirurgien de la marine. CORRESPONDANTS ÉTRANGERS. Allemagne : MM. Brucke (Ernest) à Vienne. Dui{Ois-Reymo>» à Berlin. Henle à Heidelberg. Herimg à Stuttgardt. Hyrtl à Vienne. KoELtiKER d Wurzbourg. Meckel (.Mbert) à Halle. Reinhardt à Berlin. RoKiTANSKY à Vienne. Siebold (C.-Th. DE) à Bresluu. XIII MM. Stannius à Roslock. ViRCHow à Wurzbourg, Weber (Edouard) à Gœltingue. Webek (Ernest-Henri) ... à Leipzig. Angleterre : MM. Bence Jones à Londres. Berkeley (M.-J.) à King's Cliffe. BowMAN (W.) à Londres. Carpenter (W.-B.) à Londres. Grant (R.-E.) à Londres. Maclise à Londres. NuNNELEY à Leeds. Paget (James) à Londres. QuEKETT à Londres. Sharpey à Londres. Simon (John) à Londres. ToDD (R.-B.) à Londres. ToYNBEE à Londres. WiLLiAMSON à Londres. Ecosse : MM. Allen Thomson à Glasgow. GooDSiR (John) à Edimbourg. Redfern à Aberdeen. Simpson à Edimbourg. Irlande : MM. MoNTGOMERY à Dubiin. Jacob (Arthur) à Dubiin. Italie : MM. CoRTi (Alphonse) à Turin. Vella (Louis) à Turin. Belgique : MM. Gluge à Bruxelles. ScHWANN à Liège. Thiernesse à Bruxelles. Hollande : MM. DONDERS à Utrecht. Harting 'à Utrecht. ScHRcœDER VAN DEK KoLK . . à Utrccht. Van der Hoeven à Leyd*j. Vrolik à Amsterdam. XIV Suisse : MM. DoBï ". . à Genève. LuDWiG à Zurich. MiESCHER à Bâie. Oanemarc^ : M. HAimovER à Copenhague. Saède : M. Santesson à Stockholm. États-Unis : MM. BiGELOw à Boston. Draper à New-York. Leidt à Philadelphie. COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE PENDANT L'ANNÉE 1850; COMPTi: RENDU DESSÉANCES DE r __ -JL LA SOCIETE DE BIOLOGIE PENDANT LE MOIS DE JA^IVIKR ÎB50 ; PAR MU. les docteurs LEBEBT et SROWK-SÉOCjUU) , setïrétalres. Présidence de M. RAYER. I. — ANATOMIE WOKMALE. !• CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES SUTl I.'aNATOMIE COMPAUÉE; par M. SECOND. L'auteur a donné, relativement à Tanatomie comparée, un second complé- ment de son exposé sur la méthode anatomiquc, (complément annoncé dans son dernier mémoire sur l'auatomie anormale. Ce nouveau travail, comme les deus précédents, fera partie des mémoires de la Société. 2" DE LA COBRÉLATION EXISTANT ENTRE LE WÉVELOFPEJIENT DE T-'U'Él'OÎ. ET CELDI DE LA UAMIXUV, par M. CU. ROBIN. La Diamclle, comme ou le sait, appartient aux glandes en grappe. Pendant 2 la laclalion, son lissu est dense, résistant, diflicile à déchirer; il se montre à la coupe formé d'une trame de lissu cellulaire abondant, irès-serré, mais pourtant d'aspect homogène et blanchâtre. Cette trame est parsemée de grains Jaunâtres ou rosés, à peu près sphériques, ayant de 1 à 3 millimètres de dia- mètre ; ce sont autant à'acini. Portés sous le microscope, on reconnaît que chacun d'eux est formé par la réunion d'un certain nombre de tubes terminés en cul-de-sac ou doigt de gant, largesde 4 à 6 centièmes de millimètre se jetant dans un tubeexcrétenrcommuri, enveloppé par une quantité plus ou moins grande de tissu cellniaire. Leurs parois sont transparentes et dépourvues d'épithélium tant que la sécrétion est active ; pendant celte période, on remarque des glo- bules de lait jusque vers le fond aveugle de ces doigts de gant. D^s les tu- meurs hyperirophiqucs de la mamelle, le lissu est plus homogène, il y a en gé- nérai moins de tissu cellulaire qu'à l'état normal, mais les culs-de-sac ont le même aspect général ; ils sont seulement plus larges et tapissés par une épaisse couche l'.c petites cellules ovoïdes. Hors de l'état de lactation et de grossesse, lorsque l'utérus est revenu sur lui-même, que ses libres musculaires sont atrophiées, le tissu de la mamelle devient dense, homogène, blanchâtre, plus résistant, et crie sous le scalpel. On ne voit plus les grains jaunâtres ou rougeâtres que forment les acini. Aussi, lorsqu'on porte ce tissu sous le microscope, on n'y trouve aucune des traces des cu!s-de-sac caractéristiques du tissu mammaire. Leur atrophie est complète, et quels que soient les moyens qu'on emploie, on ne peut les voir, même en se débarrassant du tissu cellulaire par l'acide acétique. Il en est de même, comme on le sait, pour les libres musculaires lisses de l'utérus, qui, dans l'é- tat de vacuité de cet organe, sont devenues très-étroites et se confondent avec la matière homogène naissante des parois utérines, au point qu'à cette époque, on ne saurait y démontrer l'existence de ces éléments. Mais à partir du deuxième ou troisième mois de la grossesse, les libres musculaires utérines deviennent visibles, elles prennent les caractères de celles de l'intestin et de la vessie, et même à partir du septième mois^, elles sont plus larges qu'elles et plus granu- leuses (0""",oiO). Toutes les fois qu'une tumeur ou un kyste des organes gé- nérateurs détermine le développement de l'utérus, le même fait se produit comme à l'état normal. En même temps qu'ont lieu dans l'utérus ces phéno- mènes, on en voit d'analogues se passer dans la mamelle. Vers te troisième ou quatrième mois de la grossesse, les culs-de-sac mammaires deviennent visi- bles au microscope, et quelque temps après les acini qu'ils forment peuvent être aperçus sur la coupe de la glande. Les tubes sécréteurs sont d'abord ta- pissés de leur épitbélium spécial; niais lorsque la sécrétion devient active, cet épitbélium disparaît. Les mêmes phénomènes se passent lorsqu'une tumeur détermine l'évolution de l'utérus. Lorsqu'un kyste, ou un abcès ou une tumeur mammaire détermiucul une congestion de la glande, on voit se développer les acini et leurs culs-de-sac dans toute la portion congestionnée, et au delà ils 3 restent tout à fait atrophiés. Ainsi, dans deux cas de kystes muUiples occupant une portion seulement de b mamelle, dans l'épaisseur de l à 2 centimètres au- tour d'eux, les acini et leurs culs-de-sac tapissés d'cpiihéliura étaient visibles, et au delà ils étaient tout à fait atrophiés. Ainsi, quand l'utérus revient sur lui- môme, ses libres s'atrophient, et en même temps les acini mammaires dispa- raissent, et réciproquement qu:uid l'utérus se développe; il y a une corrélation constante et intime entre ces deux phénomènes. Sauf les cas pathologiques li- mités à la mamelle, cette glande ne se développe et ne possède des acini rarai- liés qu'autant que l'ulériis s'est développé et que ses libres contractiles ont pris les caractères des libres musculaires orpfaniques. Toutes les fois qu'on trouve les mamelles présentant des acini jaunâtres ou rougeâtres visibles à l'œil nu» dans toute leur étendue, on peut en conclure que l'utérus est développé nor- malement ou paihologiquemenl, et vice versa. J'ai été conduit à trouver ainsi, d'après l'état de la mamelie, un polype de la muqueuse utérine qui n'avait pas été recherché à l'autopsie ; le sujet servait aux dissections de l'École pratique. {Cette noie a été omise dans le compte rendu de 23 juillet 1849.) II. — PHYSIOLOGIE, RÉGÉNÉRATION DES TISSUS DE LA MOEI.LK ÉPfVJFBE; par M. BROWN-SÉQUARD, L'auteur rapporte avoir coupé !a moelle épinière sur un pigeon adulte. Trois mois après, l'animal fut tué, et l'on trouva les deux bouts de moelle réunis. M. Follin voulut bien prêter son concours à M. Brown-Séquard et examiner le tissu cicatriciel au microscope. On y trouva des cellules de substance grise el des fibres nerveuses en quantité moindre qu'à l'état normal. Celte régénération anatomique n'avait pas été suflasante pour permettre un retour considérable de la sensibilité et des mouvements volontaires. Il y avait dans les pattes, la queue et l'anus, des mouvements réflexes très-énergiques, mais il n'y avait que des traces de mouvements volontaires. Néanmoins, ce fait est très-intéressant, en ce qu'il est le premier dans lequel on ait trouvé une régénération de cellules et de libres nerveuses, après une section transversale complète de la moelle épinière. Ce fait acquiert encore plus de valeur quand on le rapproche des cas de retour de la sensibilité et des mouvements volontaires après la section com- plète de la moelle épinière, cas décrits par M. Browu-Séquard, dans le compte rendu des séances de la Société, au mois de février 1849. (Gaz. Méd., n" il, 1849.) ill. — EXPLORATION PATHOLOGIQUE, 1» CAS d'aNESTHÉSIE SANS PARALYSIE DU MOUVEMENT; par M. LeBRET. M. Lebrel mentionne un fiiil de spina bifida, accompagné d'anesihésie, dans l'extrémité des membres inférieurs, sans paralysie du mouvement. 1,'enfant 8«yet de cette observation est un jeune garçon de f; ans, couché à l'hôpital des 4 Enfants : il porte au niveau des deux premières vertèbres lombaires une tumeur fluctuante, représentant assez bien une moitié de grosse pomme, sans tension ni ebangeuoeot de coulear à la peau, sans battements ni variations de volume : oa apprécie l'écartement des lames vertébrales entre lesquelles cette tumeur fait laque9 à noyaux nmlliples. (19 jan- vier î8t>0.) 8" GANOUONS SfiONCHîQUES TUBERCULEUX CHEZ L?î VEAO SAJSS TUBERCULES DANS^ Lr.i po(!MON's; par M. Rayer. M. Ch. 'Robin montre, an nom de M Rayer, plusieurs. gaiij»liens bronchiques tuberculeux plus gros qu'un teuf de poule. Ces gani^lions, trouvés cbez un veau, comprimaient les voies aériennes. Les poumons, examinés avec soin, ne eontenaienl pas de tubercules On saifc que cbez l'homme, il n'est pas rare de reiwontrerdans l'enfance les poumons sains et les ganglions bronchiques tu- berculeux. A cet égard l'observation qui précède est iatéressacte, puisque c'est sur un jeune aHïmal qu'elle a été faite. 9» SLR l'époque a laquelle ON' i>o; t EXTîRPER LES SÉQUESTRES; par M. UaYOB (de Genève). L'anlear s'exprime ainsi : Dans le commencement du siècle passé, on confondait très-Soutrent la carie îvec b nécrose ; aujourd'hui encore on trouve au nmsée Dupuylren certaiBCS BWiadies sypfaiiiliques des os classées aTee les nécroses. Je crois que c'est tme 9 •«Teur. Voiei ce que j'entends par nécrose; c'est la mort complète il'tjne pw- tion d'os vivant, occasionDée par une inflammation aiguë' ou proycoant de In iptivatioD de l'os des vaisseaux nourriciers par cause inaurpatiqqv. J'avais besoin de dire ces quelques mois avant de vous exposer tpes idée» sur la nécrose et le tr^iilement que je lui ai appliqué depuis plus de vingt ans» afin qu'oq ne me fit pa^ d'Qlyections liréçs de faits pratiques qui ne se rappor- tent i>»6 à cette maladie. Toutes les fois qu'une inflammation a été assez intense pour détruire les rapports intimes du périoste avec le tissu osseux et faire cesser la circulatiqn tlu sang dans les vaisseaux sanguins d'un os, celui ci est frappe de mort; dans ce cas, la périoste se sépare de la partie osseuse et il sécrète par la paroi in- terne une lymphe abondante, puis du pus qui s'accumule entiour la peau, plus long encore pour les tendons, et davantage pour les os. Nous savons tous combien il faut 4e temps, dans les cas de fracture, pour développer l'inflammation nécessaire au ramollissement des os pour la formation du cal ; pourquoi n'a-t-on pas fait l'application de ces connaissances au traiteqient des nécroses? Je crois qtie c'est parce qu'à tort on a fait de la mobilité du séquestre «ne condition néces- saire à son extraction, parce que cette mobilité a été regardée comme la preuve unique de la séparation de l'os vivant; on ne s'est pas assez rappelé que l'os uécro.<-e se séparait de ce dernier par une surface dentelée, et que par consé- queiU il devait être comme encltutonné à ses deux extrémités; ainsi, quoique réellement séparés, il .levait être immobile ; c'est donc bien à tort, gu}r;>nt moi, qu'on attenil sa mobilité pour en faire l'extraction, extraction que j'aHirmey d'après ma pratique qui date de trente ai^s, être loujourç |M)ssiWe dans les trente à quarante jours qui suivent le moment de la plus forte inflammation. Voyez ce qui se pa.-se dans la nécrose d'un os p at ou dans ceHe d'un os long qu'une amputation a divisé. Tout ce que je dis sei-apporle à l'âge virH. Dans l'enfance tout se passe plus rapidement. Chez un enfant de 13 mois, la nécrose d'une portion de l'omoplate du corps d'une côte était complètement séparée des parties vivantes de ces os dés le dix-septième jour de la maladie, tandis que dans la vieillesse un fem|>s p'iis long est nécessaire. Cependant chez une dame 10 de 72 ans, à laquelle j'avais enlevé sur le pariétal une tumeur et le périoste au- quel elle était adhérente ; une lame de cet os de 2 pouces de diamètre s'ex- folia et fut enlevée dés le vingt-neuvième jour de l'opération. Tous les médecins savent qu'il faut aussi tenir compte de la vitalité plus ou moins grande du malade ; ainsi chez une femme pauvre, depuis longtemps mal nourrie et épuisée gucore par une longue suppuration, par conséquent très-faible, je n'obtins la séparation d'une nécrose du tibia que soixante-six jours après l'ouverture de Fabcés ; mais j'ose affirmer que ce dernier cas fait une exception rare à la thèse que je soutiens ; la séparation de l'os nécrosé est ordinairement opérée dans la :iixséine semaine qui suit le début de la maladie; il est vrai quele séquestre est encore immobile, mais j'en ai expliqué la cause. Dès le moment où je fus convaincu que le séquestre se séparait plus tôt qu'on se l'avait cru, et que la question de sa mobilité prétendue nécessaire fut résolue pour moi, je me posai cette autre question : Est-il nécessaire d'attendre que le nouvel os soit fornîé pour enlever celui qui est mort? Bientôt j'eus répondu par la négative, persuadé que l'extraction de la nécrose devait être bien plus facile lorsqu'il n'y aurait que des parties molles à inciser que lorsqu'il faudrait, à grand'peine, faire de larges ouvertures dans le nouvel os au moyen du trépan et de la gacge. Enfin, pour les membres à un seul os, n'avais-je pas à ma dis- position, pour combattre la contraction des muscles, tous les appareils imagi- nés dans le même but par les chirurgiens pour les cas de fractures obliques et eomminulives ? Bientôt l'occasion se présenta de mettre en pratique mes idées sur ce sujet. Une jeune filie de 9 ans me fut amenée de la campagne après deux mois et demi de maladie suite d'«/n coup de froid, au dire de ses parents, c'est-à-dire sai»s cause i^onnue ; il y avait eu d'abord une inflammation vio!enle de la cuisse, à laquelle av^it succédé un abcès, puis une fistule située au-dessus du genou et à rintérieur de ce membre. L'opération consista en une incision de 2 pouces d'é- tendue pour agrandir la fistule, une extension et une contre-extension pour dé- gager l'extrémité inférieure du séquestre, qui fat saisi avec une pince de laoyesme force. Le genou, grâce à la souplesse du périoste, fut porté en de- hors, c'est~à^xen)ples de réunion entre des incisives dans la première ei dan» la seconde dentition. Cette réunion se t'ait tantôt dans la racine, tantôt dans la couronne, ou bien dans toute la longueur de la dent. Tous ces cas paraissent différents de celui que M. Davaine présente, en ce que, dans ce dernier, iA réunion a>'sil lieu avec une incision surnuméraire. Ou trouve aussi dans les aoteîirs des exeinptes de réunion des dents molaires; mais la plupart ont présenté une réunion de.s racines seulement. Fox a tiguré uue réunion de la seconde et de la troisième molaire par leur:» racine* inférieures, Laveran a vu une molaire de la mâchoire supérieure dont les racines étaient réunies, et ne formaient qu'un tout avec la racine d'une autre molaire, sa voi- sine. Otto parle de deuxdeuts molaires dont les racines offraient un exemple de fusion. Le muséede Berlin possède un exemple de fusion de deux molaires. La réunion existe dans toute ta longueur de la dent, à la couronne et aux racines, Linderer Ta figurée dans son Manuîl dk MÉOEaNE oenxaibe. Le même auteur a donné aussi la ligure d'une bicuspide soudée par la racine avec une dent sur- numéraire. Celle-ci, beaucoup plus petite, avait sa couronne très-écartée de l'autre. Son canal dentaire se réunissait avec celui de la deni normaJe. M. Ou- det rapporte, dans le Dictionnaire de mèixecine (art- Dent), qu'il a eu en sa possession plusieurs incisives et canines qui étaient jointes, eoyen du microscope. La troisième portion du liquide est introduite dans une éprouveite, puis mêlée à trois foisson volume d'alcool absolu. Au bout de douze heures, il apparaît, aux parois du vase, des cristaux; ces cristaux sont du phosphate de soude neutre, à réaction alcaline ; leur analyse et la forme des cristaux le démontrent. On laisse le mélange séjourner pendant vingt-quatre heures encore. Il se forme de nouveaux cristaux sur les parois du vase ; ces cristaux sont du phosphate acide de soude, comme la forme des cristaux et l'a- nalyse le prouvent. Le phosphate de chaux et de magnésie se formera en ajou- tant de l'ammoniaque. Voilà quels sont les résultats que nous avons obtenus dans nos recherches sur l'urine de l'homme. Nous allons continuer l'étude des principes des autres tissus. Vous voyez que, pour faire de i'anatomie, nous nous sommes servis de la chimie et du microscope comme moyen, nous n'avons pas fait de la chimie et de la mi- crospie, nous nous en sommes servis comme moyen tout comme de la pola- risation. Dans le cours de nos recherches, nous pourrons nous servir tout aussi bien de la physique, en opérant dans le vide, en nous servant de la pression, par exemple, et cependant nous ferons toujours de Vanatomie. II. — PHYSIOLOGIE. !• DE L' ARRÊT PASSIF DES BAITEBENTS DO CŒCR PAE L'EXCITATION GALVANIQUE DE LA MOELLE ALLONGÉE ET PAR LA DESTROCTION SUBITE DU CENTRE CÉRÉBRO-RACBI- DiEN; par M. Brown-Séquabd. On sait que, dans ces dernières années, plusieurs physiologistps allemands, parmi lesquels Budge, Ed. et E.-H. Weber, et plus récemment Moritz Schiff, ont constaté que, lorsqu'on galvanise la moelle allongée, au niveau de l'origine des nerfs vagues, le cœur cesse presque subitement de battre. Cet état de repos du 27 cœur ne consiste pas en une contraction pei-sistante, mais bien >— chose singu- lière! — dans l'absence même de toute contraction. Ce fait est si facile à repro- daire, alors qu'on se place dans les conditions signalées par les expérimentateurs allemands, qu'il serait sans utilité de publier aujourd'hui qu'on a reconnu son existence, si des doutes émis récemmont par M. Longet (Traité de physiologie. Paris, 1850, t. II, B. 2* partie, p. 2tl— <2) n'avaient rendu une nouvelle affirma- tion nécessaire. M. I^onset déclare n'avoir pas réussi dHiis les tentatives assez nombreuses qu'il a faites à cet égard. Il lui est difficile d'ndmetlre que la suspension de toute activité survienne brusquement dans un organe au moment où l'on commence à stimuler le système nerveux qui l'anime, attendu, dit il, qu'un pareil phéno- mène est en opposition complète avec ce que les vivisections démontrent chaque jour aux expérimentateurs. Avant de passer outre, nous ferons remarquer, à propos de ce raisonnement, qu'il s'agit ici d'un fait que des physiologistes émineols disent avoir vu et avoir monlié à un grand nombre de personnes. M. Longet ajoute : « Quand j'ai fiit usage d'un courant électrique interrompu, le cœur a présenté des alternatives de contraction et de relâchement ; et quand j'ai employé un courant continu, il y a bien eu suspension momentanée des bat- tements cardiaques, mais j'ai pu reconnaître, de visu, qu'il y avait alors con- traction soutenue de l'organe et non dilatation passive; encore dois-je ajouter qu'il ne m'a jamais été possible d'obtenir un semblable effet en faisant agir le courant seuleinent sur l'appareil nerveux cardiaque, et qu'il m'a fallu placer l'extrémité de l'un des réophores sur le < œur lui-même. » Ceci montre que M. Longet ne connaissait pas les procédés employés par les physiologistes allemands, car autrement il aurait su quelle espèce de courant il fallait employer, et quels sont les meilleurs lieux d'application des réophores. Il importe beaucoup de savoir où appliquer les conducteurs, car, suivant que l'ap- plication est faite dans tel endroit ou ilans tel autre, on obtient des efî'els tout différents les uns des autres. Ainsi, quand les réopiiores sont appliqués l'un sur le cœur et l'autre sur le nerf vague ou sur la moelle allongée, on voit le cœur cesser de battre, mnis par suite d'une contraction persistante. Si l'appareil gal- vaniijue employé est puissant, et si, au lieu d'agir sur un mammifère, on opère sur des batraciens, on voit le cœur se vider complètement du sang de ses ca- vités et de .ses vaisseaux, et blanchir d'une façon très-remarquable. Au contraire., lorsqu'on apiliijue les deux extr(;iuités des réophores sur la moelle allongée, au niv(au de l'ongin»; des deux nerfs vagues, ou bien sur ces nerfs eux-mêmes près de leur origine, on voit, quelquefois tout aussitôt, d'autres fois au bout de quelques minutes, ic cœur cesser de battre s.ms contraction. Si le courant continue à agir, après l'arrêt passif des battements du cœur, celui-ci noircit et se gonfle de plus en plus, lo sang y affluant toujours et n'en sortant plus. Cet état d'inactivité du cœur persiste de quelques secondes à quelques ml- 28 nutes, après que te courant a cessé d'agir. Dans certaines circonstances, J'immo- bilité du cœur n'est tout à Fait complète qu'à partir du monient où l'on arrête le cogrant. M. Bro"wn-Séquard, à l'aide d'un appareil él€clro-maj>nétique énergique, a ré- pété ces expériences devant la Société, qui a vu le cœur e'arrêler dans un cas, par cessation de toute contraction, et dans un autre, au contraire, {jar suite d'une contraction persévérante. M. Longet dit qu'en employant un courant interrompu, il n'a vu que des al- ternatives de contraction et de relâchement. Nous devons croire que M. Longet n fait usage d'un appareil galvanique peu puissant, car c'est précisément à l'aide fie courants interrompus qu'il est facile d'arrêter les battements du cœur, soil par l'elTet d'une contraction persistante, soit par cessation de toute contraction. On peut produire la suspension passive des battements du cœur d'une autre manière que par l'action du galvanisme sur la moelle allongée ou sur les nerfs vagues. M. Brown-Séquard a reconnu que c'est une suspension passive, c'est-à- dire une cessation de toute oontrai'tion, qui a lieu lorsqu'on enfonce subitement un stylet dans une grande partie de la longueur du canal vertébral, par une ou- verture faite au crànc d'une grenouille. Cet airét passif des raouvemeuis du cœur dure moins que celui produit par le galvanisme. Legallois et les commis- saires de l'Institut, chargés de faire un rapport sur ses expériences (OEuvres de Legallois, avec des notes de Pariset. Paris, 1830, 1. 1, p. 2.^8) avaient vu qu'en détruisant, comme nous venons de le dire, le cerveau, la moelle allongée et une partie de la moelle épinière, on suspend les battements du cœur pendant quel- ques secondes, mais ils n'ont pas cherché si cette susp<'n8ion tient à une con- traction soutenue, ou à l'absence de toute contraction. A l'occasion de cette communication, M. Cl. Dernard rapporte que dans les curieuses expérienr-es que M. Magendis a faites sur l'influence comparative des r;;cines antérieures et des racines postérieures des nerfs rachidiens, sur les mou- vements du cœur, c'est aussi par suspension complète des contractions, et non par persistance d'une conlraction qu'avait lieu l'arrêt momentané des battements. (Séances du 22 décembre t8i9 et du y février î850.) 2" DE LA CONSERVATrOX DE LA VIE, SANS TROUBLE APPARENT DES FONCTIONS ORGANI- QCES, MALGRÉ LA nESTRPCTION D'UNE PORTÎON CONSIDERABLE DE LA UOELLE ÉPI- NIÈRE CHEZ DES ANIMAUX A SANG CHAUD; par le même. Personne n'ignore que chez les animaux à sang chaud la rnort a lieu, au bout d'un temps très-court, après la destruction d'une partie même fort peu étendue de la moelle épinière. De tous les physiologistes qui ont fait ces expériences, Wilson Philip et M. Flourens sont ceux qui jusqu'ici ont vu les plus longues survies. C'est sur des lapins qu'opérait Wilson Philip; il cite 3 cas d'asses longue survie : l'une a été de vingt-quatre heures, une autre de vingt-sept heures et une troisième de trente-cinq heures. Malheureusement, à part ce der- 29 nier cas, les portion» de moelle détruites n'ont pas été désignées suffisamment. Sur ranimai qui survécut trente-cinq heures, on n'avait détruit qu'une partie très-minime de la moelle épinière, celle située sous la première vertèbre lom- baire. M. Flourens a expérimenté sur di^s lapins, des cobayes, des chats, des chiens et des oiseaux. C'est sur un pigeon et sur une poule qu'il a vu la plus longue survie; ces deux animaux, sur lesquels toute la moelle depuis la der- nière vertèbre costale jusqu'à sa terminaison avait été détruite, ont survécu près de deux jours. M. Brown-Séquard, dans une communication faite à la Société il y a plus d'un an {le 2 décembre i8^S), a annoncé que la destruction des parties de la moelle qui ne servent pas esseîUie.llfment à la respiration, était promptement mortelle, bien plus en raison de l'hémorrhagie, qui en résulte, que de toute aulre rause. 11 en donnait pour preuves : l*» que chez les animaux qui ont le sang peu plastique, comme sont les lapins, la mort a lieu après la destruction de la moelle lombaire, beaucoup plus vite que chez les oiseaux et les cobayes; ainsi il avaii vu un coSiaye survivre quatre jours et demi à cette destruction ; '2° qu'en produisant par une blessure de l'artère fémorale chez un lapin la perte d'une quantité de sang, à peu près la même que celle perdue par un autre lapin de même taille, lorsqu'on détruit la moelle lombaire, il voyait l'animal mourir en général aussi vite après la seule hémorrhagie qu'après la destruction de la moelle ; 3" qu'eu rendant, par transfusion, à dis lapins sur lesquels la moelle lom- baire venait d'être détruite, une quantité de sang à peu près égale à celle que ces animaux avait perdue, il en avait vu plusieurs survivre de huit à dix jours à la perte de la portion de moelle indiquée. En outre, M. Brown Séquard avait vu que la destruction d'une très-petite partie de la moelle comme celle qui se trouve sous la dernière vertèbre dorsale et sous la première vertèbre lombaire, 'ne portait aucune atteinte à la vie des pigeons. Depuis trois ans, il en a montré plusieurs dans cet état, soit dans ses cours publics, soit à la Société, quand il a eu à faire voir des mouvements ré- flexes énergiques. Tous ces faits l'ont conduit à tenter de nouvelles expériences. Il en a fait un grand nombre, et elles lui ont fourni ce résultat capital, savoir que chez les pi- geons la vie peut subsister sans paraître troublée, malgré la destruction d'une portion de moelle épinière égalant la moitié de la longeur de ce centre ner- veux. M. Brown-Séquard se proposant de publier un mémoire développé à ce sujet, nous nous contenterons de rapporter ici quelques-unes de ses expériences et de signaler quelques-unes des conclusions qu'on en peut tirer. Il a montré plu- sieurs pigeons dans les quatre séances du mois ; sur l'un, la moelle était extir- pée onvirou depuis la quatrième vertèbre costale jusqu'aux dernières vertèbr*^ sacrées. Cet animal était opéré depuis dix-sept jours quand la Société l'a va pour la première fois, le 2 février dernier : il vil encore. Ses pattes n'ont pas la 30 moindre irace d'action r^exe, mais il n'en est pas de même de la queue ; elle se meut énergiquement par action réflexe, ce qui est tout simple puisque la moelle caudale existe. Sur plusieurs autres pigeons très-jeunes, la moelle épi- nière a été détruite depuis à peu prés ia troisième vertèbre costale jusqu'à son extrémité caudale; il n'y a plus aucune trace d'action réflexe ni daus les pattes ni dans la queue. La longueur de celte partie de moelle est au moins la moitié de celle de l'organe entier. Ces animaux sont parfaitement vivants. Ils gran- dissent et gagnent en poids aussi vile que des pigeons intacts du même âge. La circulation, la respiration, la digestion si probablement les sécrétions qui servent à la digestion, la chaleur animale, la nutrition et enfin la production des plumes, paraissent exister comme à l'état normal. Les matières fécales et l'u- rine semblent physiquement ne diflërer en rien de celles rendues par des pi- geons intacts. Chez les pigeons adultes la survie a lieu tout comme chez les jeunes pigeons. Ces faits témoignent énergiquement contre les opinions émises par Legallois, par Wilson Philip, par Krimer. par Chossat, relativement à l'influence de la moelle épinière sur ie cœur, sur l'estomac et les poumons, sur la sécrétion urinaire et sur la chaleur animale. Dans la séance du 27 février, M. Brovvn-Séquard a montré un rochon d'Inde adulte paraissant Ircs-vivant, sur lequel la moelle épinière était détruite depuis trois Jours, à partir de la dixième vertèbre costale jusqu'à la queue de cheval. Cet animal a survécu sept jours à l'opération ; il est mort de myélite. 5" RAPPORT SCR UN MÉMOIRE DE M. IIIFFBI.SUEIM, INTITULÉ : QUELOCES OBSERVA- TIONS RELATIVES AU PHÉNOMi;NB I)E LA CIRCULATION; par MM. Cl. BERNARD et BuowN-SÉQLARD, rapporteur. « Messieurs, vous nous avez chargé?, M. CI. Bernard et moi, de vous faire un rapport sur nn mémoire que M. Hiirelsheim a lu à la Société. Ce travail est intitulé : Ouelqdes observations relatives au phénomène de LA ciRCCLATiON. L'auleur commence par rappeler que, contrairement à la ma- nière dont on s'esprîme généraiement, il n'existe pas deux circulations. Pour que la cit culalion , ou mieux le cerclfi soit complet, il faut que le sang, parti d'un point, y revienne; or c'est ce qui n'a lieu ni pour la petite ni pour la grande ciicutaiion, Mais s'il n'y a qu'un seul cercle, qu'une seule circulation, il n'en est pas moins vrai que l'on penf compter lout autant de circuits qu'il y a de vaisseaux capillaires entre l'artère et les veines pulmonaires, d'une part, et entre les ra- mifications de l'aorte et les racines des veines caves, d'autre part. Ces circuits .«.i multipliés se confondent tous dans deux portions de leur étendue, de telle sorte que la masse entière du sang doit nécessairement passer succe.ssivement par chacune de ces deux portions. Nous n'avons pas besoin de dire que ces deux parties du cercle circulatoire sont le cœur droit et le cœur gauche. Cela 31 posé, qa«I est le t*mps que met la masse entière du sang à passer à travers un de ces cœurs, ou, en d'autres termes, quelle est la durée d'une circulation complète ? Tel est le problème que M. Hifleisbeim s'est proposé de résoudre. A ce su- jet, il fait remarquer d'abord la dillérence qui existe entre la durée et la vitesse de la circulation. On peut trouver la durée du parcours du cercle vasculaire tout entier par la masse entière du sang, sans pour cela connaître Vespace par- couru par le sang. Il n'en est pas de même pour la vitesse de la circulation : pour la trouver, il est essentiel de connaître l'espace parcouru par le sang dans un temps donné. €es dilTérences élablies, M. HiL'elsheim discute la pssibililé de trouver la véritable vitesse de la circulation, et il arrive à cette conclusion, qui nous paraît très-juste, c'est qu'aujourd'hui il ne nous est guère possible de connaître que la vitesse du sang dans un vaisseau particulier, et non la vitesse de la circulation tout entière (1). Les expériences de Heriog, citées presque partout comme des expériences sur la vitesse de la circulation, ne sont pourtant que des recherches sur la du- rée de la circulation. On sait que ces expériences ont consisté dans la recher- che du temps que met une substance, introduite dans une jugulaire de cheval, à se rendre soit à l'autre jugulaire, soit à un autre vaisseau. Oa voit que par là on peut trouver la durée du transport de cette substance d'un point à un autre, mais nullement quel espace elle a parcouru dans un temps donné. M. Hif- felsbeim examine quelle confiance méritent ces recherches ; il ne les croit pro- pres qu'à donner une solution approximative du problème , mais il n'en re- pousse pas moins comme peu fondées les critiques adressées par M. Matteucci au procédé de Hering. M. HiU'elsheim a préféré employer un autre procédé, contre lequel s'élèvent moins de chances d'erreur. Étant connus les trois élé- ments que nous allons rapporter, rien n'est plus facile que de calculer la du^ rée d'une circulation de la quantité totale du sany chez un individu donné. Mais s'il n'y a à cet égard aucune difficulté, il n'en est malheureusement pas de même pour l'estimation des trois éléments en question. C'est ce que va nous montrer l'examen de ces éléments, qui soni : l° la quantité totale de sang possédée par un homme; 2" la quantité de sang qui est chassée du ventri- (1) C'est là ce que Huttenbeim a récemment essayé de faire sous la direction de Volkmann. Le procédé employé par ces physiologistes n'est malheureuse- ment pas à l'abri de toute cause d'erreur. Quoi qu'il en soit, voici quelques- uns des résultats obtenus. La vitesse du sang a été trouvée : De 273 miliimèlres par seconde dans l.i carotide gauche d'un chien. De 5/i6 id. id. id. id. d'un cheval. De 631 id. id. id. id. id. De 3i8 id. id. id. id. d'une chèvre. 32 cute gauche à chaque systole ; 3* le nombre des systoles dans un temps dODné. « 1» Relalivemenl à la quanlilé totale de sang que possède un homme adulte, nous n'avons que des approximations, dont la meilleure assurément est celle donnée par Valentin, qui estime que la quantité de sang chez l'homme adulte est de 12 à U kilogrammes. 2» Relativement à la quantité de sang chassée du ventricule gauche à chaque systole, on ne la connaît que par la mesure de la capacité de cette cavité musculaire, et en supposant qu'elle se vide presque complètement à chaque contraction. M. Hiffelsbeim s'est servi à cet égard des chiffres fournis par M. Cruvellhier, sur la capacité du ventricule gauche. Nous cfoyons qu'il aurait pu trouver «ne moyenne plus vraie dans des recherches publiées récemment en Allemagne et en Angleterre. Il n'a pas fait preuve à cet égard de l'érudition qu'il montre dans les autres parties de son mémoire. 3° Re- lativement au nombre des systoles vontriculaires dans un temps donné, M. Hif- feLsheim a eu lort, pensons-nous, de se servir des chiffres obtenus par M. Ra- meaux, qui n'a expérimenté que sur des militaires. Nous regrettons qu'il n'ait pas fait usage des belles recherches du docteur Guy sur le pouls. » En se servant des données qui précèdent, M. HiSelsbeima obtenu les résul- tats suivants : l" avec les chiffres les plus forts, il trouve que la durée totale d'une circulation de toute la masse du sang est de trois minutes et trente-cinq secondes. 2* Avec leschiflres les plus faibles, il trouve que ceite durée est d'une miuute et quarante-six secondes. Entre ce niaximuoi et ce minimum, la moyenne est de deux minutes et quarante secondes. Il suit de là que, chez un homme aduile, ta massa entière du sang met deux minutes et quarante secondes à opérer une cÎTCulation complète. » En calculant sur les mêmes bases, un auteur allemand, dont l'ouvrage était inconnu à M. Hiflelsheim, avait déjà trouvé une approximation de la durée d'une circulation complète. (VoyfzGûniher, Lehubuch dkk physiologie, 1847, t. II.) Le chiffre qu'il donne est inférieur à celui de M. HiQelsheim, ce qui tient sur- tout à ce que le nombre des systoles pris par ce dernier est plus grand que ce- lui employé par M. Gùniher. La durée de la circulation totale est, suivant M. Gûnther, d'environ une uiinute et vingt-deux secondes, » Ainsi qu'on peut le voir par ce court exposé, le travail de M. Hiffelsheim est trés-iniéressanl; il démontre chez l'auteur un excellent jugement, uni à des connaissances qui paraissent étendues. îl donne à un important problème dt- physiologie une solution qui s'approche beaucoup de la vérité. En conséquence vos commissaires vous proposent de voter des remerciments à M. Hiffelsheim pour son beau mémoire. lis regrettent que ce travail soit trop étendu pour vous demander de le faire publier. » Les conclusions de ce rapport, mises aux voix, sont adoptées. 33 &*> DE LA TBANSUlSSIO^l CROlStE DES IMPRESSIONS SENSITIVES PAR LA 110eU>K ÉPINIÈRE ; par M. Brown-Séquard. Dans une coniniunicalion faite à la Société il y a quelques semaines (voyez Compte rendu des séances de la Soc. debiol., n» 12, décembre 1849, p. 192), M. Brown-Séquard a démontré que la transmissioii des impressions sensitives, pour le train postérieur, se fait d'une manière croisée, c'est-à-dire que c'est la moitié droite de la moelle qui transmet au centre percepteur les impressions sensitives faites sur le côté gauche du train postérieur, et vice versa. Aujour- d'hui H. Brown-Séquard vient montrer qu'il en est de même pour le train an- térieur que pour le postérieur. Il iait voir un vitroureux cobaye sur lequel la moitié latérale droite a été coupée transversalement à la hauteur de la troisième vertèbre cervicale. L'animal peut encore se tenir debout sur ses quatre mem- bres ; il peut même marcher. Mais ytoat peu qu'il se presse ou qu'on l'escite, il tombe sur le côté droit. Il y a paralysie incomplète du mouvement volontaire de ce côté. La sensibilité est intacte, sinon exagérée, à droite; à gauche, le» deux membres et les parties qui les séparent .sont à peine sensibles, surtout le membre postérieur. L'autopsie éiant faite, il fut constaté que toute la moitié latérale dro/^a de la- moelle était coupée, à l'exception d'une très-minime partie du cordon an- térieur. M. Brown-Séquard a toujours obtenu, quant à la sensibiiité , des résultat» analogues à ceux qui précédent, dans les cas très nombreux où il a fait cette expérience. Quand, au lieu découper seulement nne moitié latérale de ta moelle, il empiétait sur l'autre moitié, de manière à en couper une très-faible partie, la sensibilité n'en subsistait pas moins du côté du corps où la moitié de la moelle était coupée, et il n'y en avait plus trace de l'autre côté, dans les parties- recevant des nerfs nés de la moelle eu arriére de l'endroit où existait la section. Quelques membres ayant demandé si la persistance de ta sensibilité dans le côté du corps où une moitié latérale de la moe:le a été coupée transversalement, ne pourrait pas être expliquée par des anasionioses existant entre les nerfs qui uaissent au-dessus et ceux qui naissent au-dessous dti point coupé. M. Brown- Séquard répond que non-seulement l'anatomie n'est aucunement favorable à cette hypothèse, mais qu'il y a des raisons capitales qui la rendent absolument inadmissible. Ainsi : 1" S'il était vrai que la persistance de la sensibilité fût due aux anastomoses supposées, il est évident que la sensibilité ne devrait pas être ou perdue ou grandement diminuée du côté où la moelle n'a pas été coupée, puisque de ce côté aussi les mêmes anastomoses existent. 2" Si au point même où une moitié latérale de la moelle a été coupée, oo coupe l'autre moitié laté- rale, tout aussitôt la sensibilité, qui était conservée dans les parties qui reçoi- vent leurs nerfs de la moitié latérale de moelle située du côté et en arrière dé 1» 3Û première section, se trouve complètement perdue. Or rien n'a été changé dans les prétendues anastomoses de ce côté ; donc elles ne servent pas à la transmis- sion des impressions sensilives. Nous pourrions joindre d'autres preuves à celles-là, si elles d« nous semblaient plus que suffisantes. (23 février 1850.) I!I. — EXPLORATION PATHOLOGIQDE. l» HÉMATÉMÊSE MORTELLE SYMPTOMATrQUE D'ODVERTCRES ARTÉRIELLES DANS L'ES- TOMAC; ANÉVRYSME DE l' AORTE ABDOMINALE PRÈS DE SA TERMINAISON; par M. BOULLAY. Obs. — M. G..., âgé de 76 ans, d'nn embonpoint assez prononcé et d'une santé bonne en apparence, éprouve depuis environ trente-cinq ans des vomissements glaireux, quelquefois bilieux, avec une douleur dans la région rénale droite. Cette douleur et ces vomissements présentent des intermittences de quelques jours, quelquefois de plusieurs semaines. Il a souvent rendu des graviers. Son appétit était assez bon ; ses digestions n'étaient point pénibles. Le 1" février, à une heure du matin, le malade rendit par trois vomissements successifs, dans l'espace d'une demi-heure, environ 3 litres de sangj il y eut aussi deâ évacuations alvines sanguinolentes. Dans les journées du 2 et du 3, le malade était dans l'état de tout individu qui ». eu une hémorrhagie abondante. Le 4 , à quatre heures du matin, nouvelle hcmatémèse de plus d'un demi- litre. Mort à neuf heures et demie. A l'autopsie, faite le 5, on trouve tous les organes et surtout l'estomac exsan- gues. La cavité stomacale contient une assez grande quantité de liquide coloré fortement en rouge. A la surface interne de l'estomac, au niveau de sa petite cour- bure, à 6 centimètres environ à gauche du pylore, se trouve une dépression de la largeur d'une pièce de 2 francs, dont la couleur est pâle comme celle do reste de l'estomac. La circonférence est parfaitement limitée par un bourrelet ayant la consistance des fibro-carlilages. Au milieu on aperçoit, séparés par une petite lame blaachâlre, deux orifices béants qui permettent facilement l'introduction d'un gros stylet. Ces orifices conduisent, l'un dans l'artère pylorique, l'autre dans l'artère coronaire stomachique. Ces artères sont notablement dilatées; leurs pa- rois, comme celles de toutes les artères de la cavité abdominale, sont dures, friables. La muqueuse stomacale est ramollie et plissée. Reins normaux) seu- lement les artères sont altérées là comme partout ailleurs. Les veines ne contiennent point de sang. A 10 centimètres environ au-dessus de la terminaison de l'aorte abdominale, on trouve sur le côté gauche une tumeur qui se termine à environ 5 centin>èlres d« la bifurcation. Cette tumeur, du volume d'un petit œuf de poule, présente à l'ex- 35 térleur une coloration rouge brunâtre; eiledonns au toucher la sensation d'une masse molle, résistante. A la surface interne de l'aorte, depuis l'origine du tron« cœliaque jusqu'à la tomeur, on troure d*s plaques blanchâtres, dures, crétacées. La tumeur contient une matière concrète, grisâtre, formée par un dépôt flbriiieux ; elle est tapissée par une pseudo-membrane qui remonte, sous forme de ruban, jusqu'au niveau des artères rénales et mésentérique supérieure. Cette pseudo- membrane est fixée seulement par ses deux extrémités. 2» SDR UN CALCOL SALIViIRE OBSTRUANT LE CONDUIT DE WARTHON ; par M. JOBERT (de l.amballe.) M. Bouchut présente, au nom de M. Jobert (de Lamballe), un calcul salivaire pyriforme, long d'un centimètre et retiré du canal de Warthon. il était résulté de l'oblitéralion de l'ouverture de ce conduit excréteur par ce calcul une accu- mulation considérable d'un liquide presque incolore, filant et doué d-3 la propriété de transformer l'amidon en glucose. 3' KYSTE OSSECX OC DENTAIRE TROUVÉ DANS LA MACHOIRE INFÉRIEURE O'ON CHEVAL ; par M. Leblanc. M. Leblanc présente à la Société une tumeur du mnxillaire inférieur trouvée chez un cheval. Cette tumeur, située entre les incisives et les molaires, était for- mée par un écarlernent des deux lames de substance compacte qui entrent dans la composition de l'os, écartemenl que remplissaient des bourgeons charnus sem- blables aux bourgeons de l'ostéosarcome. A leur centre se trouvait une produc- tion osseuse maintenue verticale, mais nullement adhérente h l'os. En dessous, et par conséquent au fond de la cavité produite par l'écaiiement des deux lames, on apercevait un crochet parfaitement conformé, appliqué contre la lame interne du maxillaire. La production osseuse, placée au centre des bourgeons, était grosse comme on petit œuf, un peu oblongue, présentant à sa face supérieure une surface plane garnie de granulations osseuses, arrondie inférieurement et divisée en deux demi- sphères inégales. La surface intérieure était très-dure, tout à fait semblable à de la substance compacte. En faisant une coupe transversale de celte tumeur, on voit d'abord deux substances distinctes, l'une blanche et osseuse, l'îMitre plus jaune et res* semblant à do l'ivoire. Au centre et entourées par deux lames de substaoïce ébur- née, se trouvent deux cavités, l'une courbée, l'autre déprimée, qui ressemblent aux deux culs-de-sac inverses, qui se trouvent dans les incisives. Je pense donc que cette tumeur n'est qu'un coin caduc qui, n'ayant p«is fait son évolution, k été repousse en arrière par le coin de remplacement, a é. ^rté les lames osseuses, ir- rité le tissu spongieux, fuit développer les bourgeon-:, et enfin amené toutes les lésions qu'on a rencontrées. 36 A* CAS DE DÉFORMATION DE LA TÊTE DE L'HCMI^RDS PAR COMPRGSSiO'< ; par M. MoREL-liAVALLÉE. M. MoREL préseiite une pièce qui est un exemple curieux de déformation des os par pression. Une tumeur axiliaire volumineuse datant d'environ un an avait forcé le bras à se tenir dans un certain degré d'élévation pendant laquelle la tète humérale arc-boutait sur la voûte acromio-claviculaire. Le rebord de cette voûte s'est imprimé à une profondeur de plusieurs millimètres sur !a tète humérale. Le cartilage est un peu décollé, un peu chiffonné, par suite d'un commencement de résorption du tissu osseux sous-jacent, lequel est très-raréûé et injecté dans les environs de la dépression. M. Morel publiera dans son entier celte observation, importante sous d'autres rapports. 6* SDR DEUX CAS DE COÏNCIDEMCE DD DÉVELOPPEMENT ANORMAL DE LA MAMELLE CHEZ l'homme, AVEC VNE TUMEDR CANCÉREllSE DE l'ÉPIDIDYME ; par M. GaLLIET. L'auteur s'exprime ainsi : t Le développement de la glande mammaire chez l'homme n'est pas chose absolument raie ; la plupart des anatomistes en parlent; Burdach, dans sa phy- siologie, en cite plusieurs cas, ainsi que Huscke. dans sa splanclmologie. Hum- boldt cite même le cas d'un homme qui nourrit de son lait son (ils pendant l'es- pace de cinq mois entiers. (Voy. Hist. des Anomalies de l'organisation, de GeolIVoy-Saint-Hilaire.) Mais aucun des auteurs que j'ai pu consulter ne paraît avoir rcnci ntré la coincidciice du développement anormal des mamelles cheï l'homme avec une tumeur cancéreuse de l'épididyme, fait que j'ai eu l'occasion d'observer récemment chez deux malades. n On sait que, chez la femme, les organes génitaux et les mamelles sont liés par une étroite sympathif, qui se manifeste aussi bien dans l'état pathologique que dans l'état physio'oiîlqnK. FJeriiièiement M. Robin, dans une communication à celte Société, a rappelé ce fait remarquable, et il a prouvé, par l'emploi du rai* croscope, que dans les altérations chroniques de l'utérus ou même de l'ovaire, la ma- melle se congestionnait légèrement, que les grains glanduleux (acmt;, invisibles hors l'état de grossesse et l'allaitement, devenaient visibles, et qu'il se faisait à la surface interne de ces parties une sécrétion d'un fluide blanc jaunâtre, visqueux, formé par l'épithélium mammaire, par les globules de lait et des granulations de colostrum. Il a établi en outre que ce liquide suivait les mêmes phases que la maladie utérine, c'est-à-dire auiimentait ou disparaissait avec elle. » Existerait-il aussi, entre le testicule el la glande mammaire chez l'homme, une sympathie obscure, que la pathologie mettrait en jeu, et que le peu de vo- lume de cet organe aurait jusqu'ici empêché d'observer ? Je ne puis l'affirmer, ne possédant, à l'appui de cette opinion, que les deux faits dont je vais présen- 37 ter un résumé succinct ; cependant la parfaite similitude de ces deux observa- tions tendrait à la faire admettre. Aussi m'a-t-il semblé utile d'attirer sur ce point l'attention des observateurs. xDans le premier cas, il s'agit d'un jeune homme de 28 ans, parfaitement con- formé, du reste, qui, en juillet dernier, subit l'opération de la castration pour une tumeur épididymaire du volume du poing; la nature cancéreuse de cette tumeur fut constatée par l'examen microscopique. Au commencement de janvier 1850, ce malade eniraà l'hôpital des Cliniques portant un cbampiii;non fongueux énorme qui s'était développé sur la cicatrice de l'opération qu'il avait subie. Ce rhfimpignon, ulcéré dans presque loute sa surface, donnait lieu à un écoulement sanieux abondant, à des hémorrhagies fréquentes qui bientôt amenèrent la mort du malade. » A l'autopsie, on trouva une chaîne volumineuse de ganglions s'étendant depuis le pli de l'aine et les fosses iliaques internes jusqu'au diaphragme. Le foie présentait aussi une douzaine de tumeurs de volume variable. La présence de la cellule cancéreuse fut constatée dans louti?s ces productions anormales. Les autres organes étaient sains. B Chez ce sujet, la région maniraaire faisait une saillie notable, autant que chez une jeune fille sur le point d'être réglée ; la peau qui la recouvre est plus fine que celle des narlies voisines ; au centre se voit uu mamelon bien conformé, entouré d'une aréole brune, de 3 centim. de diamètre, présentant quelques poils k la circonférence. Le palper donne la même sensation qu'une glande mammaire de femme, et en pressant fortement même on fait suinter par le ma- melon une gouttelette d'un liquide blanc jaunâtre assez épais. Après l'avoir dé- tachée et isolée du tissu cellulaire environnant dont elle se distingue par sa densité plus grande et sa coloration toute diCTérente, je lui trouve 18 centim. de circonférence, i c. et demi de profondeur à la circonférence de i'aréa'e, enfin 6 c. plus quelques millimètres dans le sens vertical et horizontal. La substance qui la forme otTre la même densité que chez la femme grosse. La couleur est d'un blanc rosé à la circonférence, d'un blanc opaque, un peu laiteux aucentre et vers le mamelon A la surface d'une coupe antéro-postérieure faite au ni- veau du mameioD, et surtout vers la circonférence, on voit de petites saillies de la grosseur d'une tête d'épingle, présentant une couleur rosée qui paraît due i l'injection sanguine. Si l'on comprime assez fortement le tissu, on voit suinter de quelques-unes de ses petites saillies ouvertes un liquide blanc jaunâtre, opaque, épais, un peu visqueux; si, avec la pointe d'un scapel, on perce celles des petites saillies qui ne sont pas ouvertes, ou peut en faire suinter le même liquide. H A l'exaoDen microscopique, il fut facile de reconnaître dans ce liquide les caractères du coiostrum avec ses corps granuleux, les uns très-gros, les autres d'un petit volume ; les globules laiteux de volume aussi très-varié; enfin l'épi- ibélium propre aux culs-de-sac de la glande mammaire; en un mot les éléments 38 anatomiquâs que M, Robin a trouvés dans les mamelles des femmee porrant une affeclioD ancienne de l'utérus. » Obs. II. — Le second malade est on jeune homme de 20 ans, garçon de café à Reviers (Calvados) ; il est grand et bien conformé, abondamment pourvu de chevewx et de poils d'un cbâtain un peu roux. Son père est mort d'un cancer de la face. Quant à lui, depuis cinq mois environ il portait une tumeur de l'épi- didyme du côté droit, d'un volume considérable (la circonférence en eflet était de 35 c. dans le sens longitudioaUet de 25 1/2 dans le sens transversal) ; elle avait même déjà déterminé un conjmencement de cachexie, lorsque le 9 février le malade entra à ia clinique; la tumeur fut opérée le 15 ; le 17 le malade suc- comba. » La tumeur siégeait dans l'épididyme, comme dans le fait précédent; elle était aussi de nature cancéreuse, ce qui futjdémontré par le microscope. J'ajou- terai que d'autres productions cancéreuses existaient dans les organes inté- rieurs. EnlJn, comme chez l'autre malade, la mamelle présente un développe- ment anormal; elle est moins bien caractérisée, il est vrai, et surtout moins volumineus-' que chez le malade précédent (elle n'a que û cent., 3 miilim. dans sop diamètre vertical let î cent. 1 /2 dans sou diamètre antéro-postérieur), mais il suffit de la voir pour êlre convaincu qu'elle présentera structure glanduleuse, et lecomiaîij e les acini développés. Comme, du reste; Je l'ai déposée sous les jeux de là Société, je me dispenserai de la décrire. • J'ajouterai cependant que par la pression on peut, comme dans l'autre cas, faire suinter par le mamelon un peu de liquide bianc jaunâtre, opaque, un peu visqueux, pr.-seniant à l'examen microscopique les corps granuleux du colos- trum, les globules du lait et l'épithélium mammaire bien reconnaissable. Sur celte pièce, on peut encore distinguer deux conduits galactophores qui se diri- ge«t de répait,!«eur de la glande vers le mamelon. Il me reste à ajouter que ce malade igoorail cette particularité de son organisation ; il n'avait jamais souflert dans la région mammaire, eln'avait pas présenté celle insiiioDS sui- vanies : Système OSSEUX. Colonne vertébrale, — Les courbures de ia colonne ver- tébrale occupent : la première, la région cervicale ; ia deuxième, la région cervico-dorsale ; la troisième, la région dorso-lombaire. La courbure cervicale comprend les deux tiers inférieurs du col et a sa concavité dirigée en arrière ; la longueur de sa corde est de îO centimètres, celle de sa flèche de 1 centimètre et demi. Le mouvement de flexion du co! en avant est tout à fait impossible, et ia tête ne pouvait être portée vers le sol que par la flexion des deux ou trois premières vertèbres cervicales les unes sur les autres, et par la rotation du bassin sur les fémurs. Le mouvement de redressement ou de flexion en arriére est au contraire tellement étendu, que le col peut se ployer en deux, et ce mou- (1) Suivant Carus, la péroné serait, au contraire, l'analogue du cubitus; mais cette opinion ue me paraît pas juste et compte peu de partisans. / 42 Temeut n'est iisaité que par la rencontre de b face postérieure de la moitié su- périeure avec la face postérieure de la moitié inférieure du col. Quand on aban- donne les parties dans cette position qui semble leur être naturelle, la tête vient se placer sur le côté gauche de la région dorsale dans la concavité de la cour- bure cervico-dorsale. Celle disposition donne lieu de penser que, pendant le séjour del'aniaiai dans l'œuf, la tête et le coi se trouvaient renversés en arrière, au lieu d'être placés sous l'aile, comme cela a lieu d'habitude. La deuxième courbure s'étend depuis la dernière vertèbre cervicale jusqu'à la cinquième dorsale; elle est latérale et sa concavité regarde à gauche; la corde qoi réunit ses deux extrémités est de 3 centimètres environ. Cette cour- bure est beaucoup plus prononcée du côté des corps vertébraux que du côté des apophyses épineuses; sa profondeur est indiquée dans le premier sens par une flèche de 2 centimètres , et dans le second par une flèche d'un demi -centimètre seulement. Les articulations costo-veriébrales gauches sont sur un plan antérieur à celui des articulations semblables du côté droit, en sorte que les côtes gauches ne prcseateni, dans leur trajet, pour venir se joindre au sternum, qu'une courbure très-légère, tandis, au contraire, que les côtes droites sont fortement ployées au niveau de leur angle. Enfin, les côtes droites sont fortement éloignées les unes des autres, laiidis que celles du côté gauche sont rapprochées au point de se toucher mutuellement. Cette dis- position des côtes tient à un déplacement des vertèbres, par suite duquel le côté gauche de leur corps est fortement dirigé en avant, taudis que le côté droit re- garde en arrière. Les corps des vertèbres qui forment cette courbure sont di- minués de hauteur et comme écrasés à gauche, tandis qu'ils conservent à droite leur hauteur normale. Enfin, ils sont tous soudés entre eux ; la cinquième ver- tèbre seule est mobile sur la sixième. La troisième courbure commence à cette dernière vertèbre, et s'étend jus- qu'à l'exlrémifé du rachis; elle n'est pas égale partout; sa plus grande incur- vation ou son foyer est à la partie supérieure. Dans ce point, les sixième, sep- tième et huitième vertèbres dorsales sont déviées de leur position normale, à tel point que leur partie latérale gauche est devenue supérieure, taudis que leur face supérieure regarde directement à droite. La concavité de cette cour- bure regarde tout entière dans cette dernière direction. Sa corde a 10 centi- mètres de long, sa flèche 2 centimètres. Les vertèbres supérieures de cette cour- bure présentent seules un afiFaissement notable; les vertèbres inférieures, le sawum, n'offrent qu'une très-légère incurvation laiérale. Cependant tous ces os ont subi, comme ceux de !a deuxième courbure, un mouvement de rotation qui a porté leur côté droit en avant et leur côté gauche en arriére. Les apo- physes épineuses correspondantes ne sont pas sensiblement déviées. Bassin. — Les os du bassin ont subi des courbures analogues à celles des côtes, mais en sens inverse. L'os iliaque droit est fortement aplati et n'cflre V. 43 qu'une courbure trés-Iégère au niveau de la fosse iliaque. Celui du côté gauche est plojé à angle droit, à peu de distance de son arliculatiou avec le sacrum. L'arête déterminée par cette courbure formait sur le dos de l'animal une proé- minence très-considérable du côté gauche du corps. Eniin, l'os iliaque droit est sensiblement plus élevé que celui du côté opposé, de sorle que les cavités coty- loides ne sont pas complètement de niveau, et que le genou droit s'élève à 2 centimètres environ plus haut que le gauche. Têle. — La mandibule inférieure est un peu dcjVtée à droite, la crête est portée à gauche. La région pariétale droite est légèrement déprimée. Membres. — Les membres antérieurs ne présentent rien d'anormaL Membres postérieurs. — Pendant la vie, l'animal boitait de la jambe droite^ qui paraissait plus courte que la gauche. Cependant les os des deux membres sont égaux, seulement ie fémur droit présente une exagération de sa courbure interne. Système mcscdlaibe. — Les deux muscles sus-épineux qui s'étendent depuis les premières vertèbres du col jusqu'à la première vertèbre dorsale, et qui sont placés dans la concavité de la première courbure venébraie, forment la cords même de cette courbure; ce sont eux qui, par leur tension, l'empêchent de fc redresser,' et qui s'opposent par conséquent aux mouvecRents du col et an l."s tête en avanL Ces muscles ont leur volume normal ; ils sont rouges et terminés supérieurement et in férieu renient par des tendons larges , épais , resplen- dissants. Les faisceaux inierlransversaires qui s'étendent de la première h la cinquième vertèbre dorsale, dans la concavité de la deuxième courbure, se présentent sous la forme d'un cordon cylindrique, tendu, de couleur blanche et entièrement fibreux. Les faisceaux correspondants du côté droit sont de moitié plus volumineux, et à l'état entièrement musculaire. Les muscles latéraux de la région coccygienne droite sont plus courts que ceux du côté opposé, d'un plus petit volume et décolorés. Leur brièveté est en rapport avec la déviation de la queue du côté droit. Nous avons dit que la cuisse droite était dans un état de flexion permanente. Cette flexion, combinée avec l'inclinaison latérale du bassin, maintenait le genoo droit à la hauteur de la deuxième côte, tandis que le genou gauche, dans le plus grand état possible de flexion, ne remontait que jusqu'à la quatrième côte. La cause de cette position de la cuisse droite se trouvait dans l'état de ses muscles fléchisseurs. Eu effet, tous ceux des muscles pelvi-fémoraux qui concourent à ce mouvement sont dans le plus grand état de raccourcissement possible. La par- lie antérieure du muscle pelvi-trochanléricn (grand fessier) et !c muscle tenseur de l'aponévrose crurale, mesurés de leur origine supérieure à la colonne verté- brale jusqu'au grand trochanter, ont 2 cent, et demi de longueur; ceux un côté gauche, 3 cent, et demi. Les muscles adducteurs sont tendus comme des cordes. Le inuscl« iliaque a amené le petit troclianter aussi près que possible de l'échan- crure du bassin par où il passe. Tous ces muscles s'opposent à l'extension de la cuisse ; les mouvements ne. sont possibles qu'après leur section. Le muscle ilia- que droit présentait à sa surface péritonéale un aspect blanc nacré, à reflets irisés, dû à une couche fibreuse d'une assez forte épaisseur. Le muscle du côté opposé ne présentait rien de semblable. Système nerveux. — L'hémisphère droit du cerveau est d'un quart environ plus petit que celui du côté opposé et légèrement aplati. La pulpe cérébrale est saine, ainsi que les membranes. Le cervelet présente une déformation notable, mais dont on ne peut prendre une idée qu'à l'aide d'une figure. Les viscères intérieurs du corps ne présentent aucun vice de conformation. Les nombreuses particularités de ce fait ne montrent eu définitif que IroLs ordres de lésions : l* des lésions des os ; 2' des lésions des muscles ; 3* des lé- sions du système nerveux. Les premières consistent en courbures anormales qui affectent la colonne vertébrale, le bassin, le fémur 5 ies secondes en raccourcisse* ment des muscles correspondants aux. parties courbées; enfin la lésion du sys- tème nerveux consiste en une atrophie de tout un hémisphère du cerveau. Ces diverses altérations paraissent lices entre elles par ler» rapports les plus intimes. En elFet les courbures osseuses ont toutes lieu dans le sens où il existe des muscles, et il n'y en a pas une dans un sens où il n'existe point de faisceaux musculaires. 11 est donc rationnel de penser que l'action des muscles est la cause des courbures. La lésion du système nerveux vient appuyer cette opinion. On trouve dans cette lésion l'indice d'une maladie antérieure, laquelle a dû mettre en jeu la contraction musculaire et amener des convulsion» permanentes dont l'action a été très-prononcée sur la substance encore cartilagineuse du squelette. Cette opinion est en outre confirmée par cette remarque; qu'il n'y a pas possibi* lité, dans le cas actuel, d'expliquer ces déformations par une action extérieure, une position vicieuse, puisque le développement s'e->*t(ait au sein d'un œuf, dans un liquide où tous les mouveroealsde l'animal étaientlibres et faciies.Enfin i'éîat ded muscles eux-mêmes montre encore que ces musclesn'ont pas été seulement pass'fc dans les lésions du squelette, mais qu'ils ont joué un rôle esseaticllement actif. Eu ua mot la théorie de la rétraction musculaire, comme cause de diiîor- ïnités du système osseux, nous semble trouver dans ce fait, une confirmation in» té,resr.Bfite. COMPTi: RENDU DES SÉANCES DK LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE PENDANT LE MOIS DE MARS 1850 ; PIR MM. les Doctears BBOWN-SÉQUARD et FOLLIN, ■ecr«l«lr«a. Présidence de M. RAYER. I. — PHYSIOLOGIE. !• DE l'influence DBS NERFS VAGUES SUR LES BATTEMENTS DU CCEUR; par M. Brown-Séquard. Il y a deux manières de démontrer qu'un, centre nerveux ou un nerf a de l'in- fluence sur tel ou tel organe : dans l'une, on essaye de faire voir qu'en excitant ce centre ou ce nerf, on augmente l'action de cet organe; dans l'antre, on fait TOir qu'après la séparation du nerf d'avec l'organe, celui-ci cesse bientôt d'agir, m agit moins éncrgiquèment Cette seconde manière est bien préférable à la première, patce qu*un nerf peut très-bien agir sur un organe pour l'exciter Bans 46 que les acUoas habituetleâ de cet organe dépendent essentieftement de ce nerf. Au contraire, on peut parfaitement juger, en général, par l'autre procédé, qnel est le rôle du nerf dans les action» de l'organe : il suffit de trouver ce qui manque dans ces actions. C'est ce procédé que M. Brown-Séquard a raiâ en usage pour découvrir si la moelle allongée et les nerfs vagues sont essentiels ou au moins Tililes aux battements du cœur. On sait qu'il a vu le cœur battre avec sa régu- larité et sa vigueur ordinaires pendant plusieurs mois après l'extirpation de la moelle allongée. Ce fait est sans réplique quant à la moelle allongée; mais on pouvait supposer, relativement aux nerfs vagues, que, tout séparés de la moelle allongée qu'ils étaient dans celte expérience, ils pouvaient encore transmettre aa cœur des excitations venues de leurs ganglions. En effet , le ganglion du nerf vague est très-gros chez les batraciens, animaux qui sont ceux qui survivent le plus longtemps à la perte de la moelle allongée. On pouvait donc dire que la sui- vie est due à cette action supposée du ganglion du nerf vague sur le cœur. Pour juger de la valeur de cette hypothèse, M. Brown-Séquard a extirpé le ganglion du nerf vague, des deux côtés, sur un grand nombre de grenouilles intactes ou ayant déjà subi l'extirpation de leur moelle allongée. Malgré une forte hémorrhagie, ces animaux ont survécu jusqu'à vingt ou trente jours, et leur survie aurait sans doute étb plus considérable si l'on avait pu les tenir dans les conditions physi- ques qui favorisent le plus la vie des batraciens. Pendant toute leur survie, leur cœur a battu avec autant de force et de régularité qu'à l'ordinaire. Ces expérien- ces ont été faites à la fin de l'automne, en hiver et au commencement du prin- temps. Dans des recherches publiées l'an dernier, M. Moritz Schiff, qui croit que les battements du cœur dépendent de la moelle allongée et des nerfs vagues, an- nonce que la section de ces nerfs, chez les batraciens, amène très-promptement la mort. Cette différence dans les résultats de M. Schiff et ceux de M. Brown- Séquard paraissent à ce dernier dépendre des conditions physiques dans lesquelles ont été placés les batraciens. Les meilleures conditions sont : une basse tem- pérature, de l'humidité, et surtout un abri qui les protège contre les courant» d'air. Dans la séance du 2 févr-ier 1850, M. Brown-Sequard a mis sous, les yeux de la Société deux grenouilles sur lesquelles les deax ganglions de la paire vague avaient été extirpés depuis quatorze jours. Ces deux grenouilles étaient très-vives, et les battements de leur cœur étaient réguliers et énergiques, a° DE LA PERSISTANCE DE LA FACULTÉ BÈFL£XE MALGRÉ DES ALTÉKATlOIfS CONSIDÉRABLES DE LA MOELLE^ ÉPIMÈRE; par M. BROWN-SÉQDARD. On trouve dans les recueils de médecine un assez grand nombre de faits qui prouvent que, chez l'homme, des altérations variées et très-considérables, quant à leor intensité et à l'étendue des parties où elles siègent, peuvent exis- ter sans cependant détruire complètement ni même sans porter aucune atteinte Û7 ^nm fonctions de la moelle épiniérc. Dans cca cas isinguticrs, c'est surlout la sensibilité qui est le plus souvent et le plus coHjpléte»ieut conservée. Il était intéressant de chercher à produire arijUcieJlement chez les animaux (les altérations diverses de la moelle épinicre, et d'étudier les effets immédiats cl les conséquences de ces altérations. Ce mode dexploraiion a même plus de valeur, à certains égards, que les faits pathologiques dont nous avons parlé. En ■effet, ici on a l'immense avanlas^re de pouvoir faire l'autopsie au moment même où l'on vient de constater avec soin les symptômes, de telle sorte qu'il ne peut se produire dans la moelle aucun de ces changements cadavériques ou autres, qui, chez l'homme, ont si grandement le temps de se faire entre l'instant du dernier examen des symptômes et le moment de l'ouverture du cadavre. M. Brown-Séquard a montré à la Société plusieurs animaux chez lesquels il y avait persistance ou de l'action réflexe, ou de la sensibilité et des mouve- ments volontaires, malgré certaines lésions étendues de la moelle épinière. Nous ne parlerons dans cette noie que des faits relatifs à la conseirvation de l'action réflexe. Deux pigeons ont été dans ce cas : leur moelle épinière avait été coupée au niveau de la dernière vertèbre costale, puis une tige métallique avait été introduite dans le racbis et poussée depuis la dernière vertèbre cos- tale jusqu'à la seconde ou troisième vertèbre caudale. Sur l'un de ces animaux, il y a eu, très-peu de temps après l'opération, des mouvements réflexes faibles, mais très-manifestes, dans tout le train postéritur, quel que fût le point excité. Pendant plusieurs jours et jusqu'au moment où l'animal fut tué. cette action réflexe s'est montrée chaque fois qu'on l'a cherchée. A l'autopsie, faite sous les yeux de la Société,on trouva toute la face postérieure du bout de moelle, appartenant •au train postérieur, couverte de san? coagulé; la moelle était aplatie d'avant en arriére, ramollie dans toute son epiiisseur, et elle présentait dans divers en- droits une couleur lie de vin, due sans doute à des Inflltrations sanguines. Cette substance grise semi-liquide, qui se irouve dans le ventricule rhomhoïdal, était détruite (!) ; les cordons postérieurs de la moelle étaient presque partout séparés l'un de l'autre, et la substance grise centrale mise à nu. Sur l'autre pigeon, il n'y avait de mouvements réflexes que dans le membre postérieur gauche et dans la queue ; les excitations de la peau du membre pos- térieur droit ne {iroduisatf-nt ab?oliuuent aucun eiret. Dans l'autre membre, les mouvements, quoique faibW.'î, étaient irès-manifestes. L'autopsie étant faiie de- vant la Société, on trouva que, depuis la dernière vertèbre costale jusqu'à la seconde vertèbre caudale, toufe la moitié droite de la moelle avait élé complè- tement détruite; l'autre moitié, qui subsistait, était rouge, ramollie ; elle cou- (1) Sur un grand nombre d'oiseaux de diverses espèces, M. Brown-Séquard a constaté qu'après la destriiction de celte substance grise fluide, les mouve- ments volontaires ou réflexes sont affaiblis. Il a aussi vu que la reproduction tJe colle subslîim^e s'opère quelqn»^fni< avec une promptitude remarquable. ^8 servait ses rapports avec les racines et avec la moelle caudale, qui était en grande partie intacte. Ces faits démontrent que des altérations considérables de la moelle épiniére, bien que survenues rapidement, peuvent laisser subsister l'action réflexe. Eu outre le second fait montre qu'une moitié latérale delà moelle épinière suffit» chez le pigeon, pour donner lieu à des mouvements réflexes ^!ans le membre correspondant, ce qui n'avait été vu jusqu'ici que chez des vertébrés à sang froid. (Séance du 9 mars.) 3* PREUVE A L'APPCI DE LA NOUVELLE DOCTRINE SUR LA FORUATION DE LA MEMBRANE CADUQUE ; par M. Cazeaux. M. Cazeaux présente un œuf de 7 à 8 semaines, expulsé entier avec la mem- brane caduque, par laquelle il est recouvert dans toute son étendue. • Cette pièce, dit-il, me paraît de nature à convaincre ceux ijui ne seraietjX pa* sufOsarament édiflés sur les véritables rapports de l'œuf avec la membrane ca- duque, et sur la nature de celle-ci. » La masse qu'elle constitue a tellement la forme de la cavité utérine qu'elle semble, en vérité, moulée sur cette cavité. Elle offre à cousidéier un bord su- périeur, deux bords latéraux, et inférieurpment un s^Qnjmtit conique. » Celte masse est environnée de tous côtés par une membrane qui présente sur ses deux faces des caractères différents, mais dont la structure intime est pourtant identique. » Quand on rapproche cette pièce, expulsée par l'avortement, des œufs que possède M. Coste, et qu'il a eu le bonheur de pouvoir observer en place dans l'utérus, on voit entre eux la plus grande ressemblance. » Sur une de ses faces, on aperçoit une membrane dont la surface est irrégu- lière, comme grenue, et surmontée de petits fl'aments. Cette membrane étant incisée avec précaution, on voit qu'elle offre à peine deux tiers de millimètre d'é- paisseur, et on arrive aussitôt dans une cavité, dans laquelle on voit flotter les villosités chorialcs. i»;Sur la face opposée existe aussi une autre membrane beaucoup plus épaisse que la première, puisqu'elle a plus d'^ 3 millimètres d'épaisseur; elle est opaque, d'un gris rougeâtre ou jaunâtie, <;omme infiltrée de sang. Sa surface extérieure est beaucoup plus irrégulière , et hérissée de nombreux filaments Irès-ljns et très-déliés. On y aperçoit un grand nombre de petites ouvertures. Incisée avec soin, cette membrane est renversée, et laisse apercevoir une cavité dont h ç parois sont lisses et recouvertes d'épilhélium. On. peut y voir à la loupe de petites émi- nences mamelonnées assez semblables aux circonvolutions cérébrales. » Le plancher de cette cavité est manifestement Ibrmé par une membrane qui, libre par sa face interne, est évidemment en rapport par sa face externe avec les villosités du chorion. Cette facç externe constitue un* des parois de !;> cavité dans laquelle l'œiif se trouve enfermé. 69 • Cette pièce est ia prernlère, je erui:», qui, chtissée à la suite de l'ax'oi tentent, a permis de voir l'œuf emboîté ninsi dans une poche complèie. X Elle répond puissamment, à mon avis, ù une des objerîlon*' les plus fortes formulées tontre ia nouvelle théorie de la formation de la metrtbf^ne ca- duque. » Les œufs les plus complets reçus jusqu'à présent, à la suite de l'avoilement des premiers mois, offraient bien unepof.he complète, formée par le double feuil- let de !a caduque; mais ils n'étaient recouverts qu'en partie par cette double membtane, et une portion de leurs villosité<5 était libre et flottante. Or, dira-l-on, si la membrane caduque est, comme on le prétend, la muqueuse même de l'u- térus, elle devrait, si elle sort à l'état de poche interne, envelopper l'œuf de tous côtés, eu si elle ne le recouvre qu'en partie, offrir a» moins des traces de dé- chirure. » Cette objection, qui, même en présencodes pièces de M. Cosle, conservait une partie de sa valeur, au moins comme difficulté inexplicable, me semble annihilée par la pièce que j'ai l'honneur de présenter. Celle-ci prouve, en effet, qu'en de- hors comme en dedans de l'utérus, l'œuf peut être environné par la caduque, comme l'œuf de l'oiseau par sa coquille. » L'histologie de ces divers feuillets membraneux peut seuie prouver leur iden- tité. Ce travail a déjà été fait avec succès par M. Robin. (Séance du 23 mars.) 4* DE tA CONSERVATION DE LA VIE, SANS TROUBLE APPARENT DES FONCTIONS ORGANI- QDES, MALGRE LA DESTRUCTION D'ONE PORTION CONSIDÉRABLE DE LA HOELLE ÉPI- MÈRE, CHEZ DES ANIMAUX A SANG CHAUD; paf M. BrOWN-SÉQUARD. Dans le n» 2 de nos Comptes rendus, pour 1850, M. Browo-Séquard a annoncé que les pigeons pouvaient survivre très-longtemps à la desiniclion de toute la portion de moelle épinière qui s étend depuis les dernières vertèbres costales jus- qu'au bout de la queue. Deux des animaux dont il a parle dans cette note sur- vivent encore ; un autre, moit par accident, a survécu du 4 février au 28 mars à la destruction de plus de la moitié de la longueur totale de sa moelle épinière. La destruction s'élendait de la hauteur de l'articulation de la troisième avec la qua- trième vertèbre costale jusqu'à Ik queue fl). Cet animal, très-jeune au moment de l'opération, avait les mêmes dimensions et le même âge qu'un autre pigeon qui fut laissé intact pour servir de terme de comparaison. Le développement en longueur et l'accroissement en poids eurent lieu également chez l'un et chez l'au- tre de ces deux animaux. De ce qui a eu lieu dans ce cas et chez beaucoup d'autres pigeons dépouillés de toute leur moelle épinière, à partir des quatrième, cinquième ou sixième vertèbres (I) La Sociélé a pu constater l'exactitude de ce fait : l'animal lui a été montré et peuplant sa vie et après sa mort. 50 costales jusqu'à la que^e, M. Brown-Séquard croit pouvoir tirer les conclo- etons suivantes : !• Cliez les pigeons, la vie peut subsister sans trouble apparent, malgré l'ab- sence d'une partie considérable de la moelle épinière; 2' La moelle épinière tie paraît pas avoir le r61e qu'on lai a supposé sur la digestion, sur lu circulation et sur les sécrétions biliaire et urinalre; 3" Malgré la destruction d'une grande partie de la moelle, la chaleur animale peut conserver son degié normal ; 4" La sécrétion des plumes peut avoir lieu comme à l'ordinaire, dans des par- ties paralysées^ 5* La nutrition et l'accroissement peuvent se faire d'une manière régulière, malgré l'absence d'une grande partie de la moelle épinière. II. — ANATOMIE PATHOLOGIQUE. 1* CAS d'hypertrophie FIBROSO-GLANDtlLAIRE DES GLANDES DE UÉRY ; par M. GuBLER. M. Gubler a examiné avec soin les glandes de Méry sur une pièce qui avait été présentée à la Soeiét'i par M. Duplay. Il a trouve la glande du côté gauche par- faitement saine , aplatie transversalement et de la grosseur d'un pois. Au con- traire, la glande droite est arrondie, grosse comme une noisette, fortement lobu- iée, dure, élastique, jaunâtre pâle, assez semblable, en un mot, pour l'aspect ex- térieur à la prostate hypertrophiée du même sujet. Mais tandis que l'intérieur de la prostate est rempli d'un suc épais, blanc, semblable au suc du cancer cncépha- loide, on ne parvient à exprimer des coupes de la glande de Méry, augmentée de volume, qu'un liquide transparent, légèrement ambré, très-consistant, extrême- ment visqueux, ne différant pas du mucus normal. Ainsi, même dans ce cas pa- thologique, la ditférence entre le liquide prostatique et le mucus des glandes bulbo- urétrales reste parfaitement tranchée. La glande de Méry ayant été incisée vers le point d'émergence du canal excré- teur, M. Gubler a pu constater l'existence de cinq ou six pertuis appartenant à autant de conduits secondaires réunis en faisceau, et qui avaient été transversa lemenl coupes. Ces conduits, beaucoup moins déliés que dans l'état ordinaire, pouvaient admettre chacun une soie de sanglier; ils étaient remplis d'un mucus transparent, d'une teinte plus brune que celui du corps de la glande. Le canal excréteur commun était lui-même notablement plus gros que celui du côté opposé. Près de son origine existait un lobule olTrant tous les caractères qui appartien- nent à la glande saine. M. Gubler a suivi les deux canaux excréteurs, dans une partie de leur trajet, à travers le tissu érectiledu bulbe, sans pouvoir réussir à découvrir les lobules accessoires, qu'il n'a jusqu'ici rencontrés que deux fois. Leur embouchure daas l'urètre avait lieu à plus de 3 centimètres de distance des glan- 51 des elles-mêmes. Par l'examen microscopique, MM. Gubler et Robin ont constaté, dans la glande altérée, un développement considérable du tissu celluloso-flbreux et des acini glandulaires. En outre, les culs-de-sac glanduleux étaient plus ir- réguliers, plus épais, plus granuleux que dans les glandes saines. On ne décou- vrait pas d'épi thélium dans leur cavité, ce qui est fréquent. Deux dessins, mis sous les yeux de la Société, font ressortir ces différences. Le mucus des glandes de Méry ne renfermait que des cellules d'épithélium pa- viœenteux, en partie dissoutes. Le liquide puriforme de la prostate contenait à la fois de nombreuses cellules d'épithélium, allongées, variables dans leur confi- guration, et beaucoup de ces corpuscules pâles, ressemblant à des grains de fé- cule, et qui paraissent être les rudiments des ralculs prostatiques. Il existait une grande quantité de calculs non-seulement dans les conduits volumineux de la pro- state, au voisinage de l'urètre, mais même dans l'épaisseur de la glande, et jus- qu'à sa surface extérieure. M. Gubler se résume en disant que c'est là le premier cas d'hypertrophie ûbroso- glandulaire d'une glande de Méry. Le vieillard chez lequel existait cette affec- tion avait en outre une semblable hypertrophie de la prostate. C'est un nouveau chapitre à ajouter à la thèse dans laquelle M. Gubler a décrit les maladies des glandes de Méry. (2 février 1850.) 2* SUR DES DEBRIS O'UiNE GBOSSESSE EXTRA- UTÉRINE ; par M. JOBERT (de Lamballe.) Ces débris, qui sont préfentés à la Société, furent trouvés dans une tumeur, du volume d'un œuf de poule, placée dans le vagin, chez une femme de 41 ans, en parturition de son neuvième enfant, et chez laquelle cette tumeur devint un ob- stacle à l'accouchement. L'application du forceps termina l'accouchement, et l'enfant survécut yAngt- quatre heures; il succomba le lendemain, d'une hémorrhagie cutanée, causée par une plaie de la peau du crâne faite par la cuiller du forceps. Une fois la délivrance opérée, on s'occupa de débarrasser la femme de la tumeur vaginale qui avait tant gêné l'accouchement. Celte tumeur, située à la partie inférieure et postérieure du vagin, au-dessus du rectum, était arrondie, rénitente et du volume d'un gros œuf de poule. Après l'accouchement, elle pendit à la vulve et parut pédiculée. On jeta un fil sur ce pédicule, et la tumeur fut ensuite coupée au-dessous du Ql. La malade eut quelques accidents de péritonite, dont elle guérit parfai- tement. L'examen anatomique de la tumeur apprit sa nature. Elle conservait son as- pect piriforme. Large de 5 centimèires à la base et longue de 8 centimètres, elle était formée d'une poche remplie de matière adipocireuse, ressemblant à du gras de cadavre. Dans cette substance se trouvait une grande quantité de cheveux. A la base de la tumeur, on trouva dans la paroi, incrusté et adhérent, un fragment 52 dur osseux ; c'était une portion de mâchoire ;ivec trois dents, nne molaire mon- strueuse, une incisive et une canino, avant les proportions que donne l'âge adulte, A côté se voyait une petite lame osseuse ayant appartenu à un dns os formant la boîte du crâne, .Mais ce qu'il y avait de curieux dans ce itysle, ce fut l'espèce -de membrane cellulo-graisseuse surmontant le sommet, laquelle membrane, lavée et déployée, n'était autre que l'épiploon. Les parois du kyste étaient constituées de trois membranes, uiie séreuse exté- rieure, une musculaire médiane et une muqueuse interne. M. Jobert termine en concluant que la tuoneur qu'il vient de présenter est la conséquence d'une grossesse extra-utérine abdominale ; que le kyste contenant l'embryon se sera enflammé, aura contracté des adhérences avec la partie corres- pondante à la paroi postérieure du vagin, entralnaut avec lui une portion de l'é- piploon de la mère, ainsi que l« ligament large, facilement recunnaissnble dans celte espèce de voile membraneux; que plus tard enfin ce kyste ainsi adhérent aura pu, par suite d'une érosion résultat de l'Inflammation^ se faire jour dans le vagin, eten dernier lieu être poussé au dehors par la tête de l'en&mt dans le der- nier accouchement de cette dame. III. — PATHOLOGIE. I» REMARCH^ES SrR ON CAS D'OBSTRUCTION DES CANAUX DÉFÉRENTS, ACCOIK'ACNÉK DE DOULEURS TE5TICUI>A1RES ; par M. DUPLAY. « J'ai l'honneur, dit l'auteur, de communiquer à la Société un cas de lésion de l'appareil génito-urinaire, qui m'a offert une circonstance remarquable. 11 s'agit d'un vieillard qui, éprouvant de la difficulté à uriner, s'introduisait habi- tuellement une sonde, et chez lequel est survenue une cystite chronique suivie d'un abcès à la paroi postérieure de la vessie, et plus tard, d'une perforation de cet organe anoenant une péritonite mortelle. Mais ce n'est pas sur ces circon- stances que j'appellerai l'attention de la Société. Ce sera surtout sur des dou- leurs festiculaires qui coincidaient. ainsi que l'autopsie l'a démontré, avec une ©bstructio» complète des canaux déférents à 2 centimètres environ de la partie supérieure tie l'épididyme. Voici le fait, que je ferai suivre de quelques remar- ques sar le rétrécissement ou l'obstruction des canaux déférents. » Le nommé Viltard, âgé de "6 ans, d'une haute stature, bien conservé, et pa- raissant avoir à peine 60 ans, entre à l'infirmerie le 26 août 18/|8. Cet homme a eu une blennôrrhagie à l'âge de 20 ans, et la maladie a persisté pendant six onois, malgré le traitement qu'il a suivi. Depuis plusieurs années, il éprouvait de la difficulté pour uriner, et il s'introduisait lui-même des bougies dans le canal de l'urètre. L'aggravation de ces accidents le fit entrer à HnOrmerie. Je reconnus trois obstacles dans le canal de l'urètie; l'un, au niveau de la fosse naviculaire, l'autre à la partie moyenne de la portion spongieuse, et enfin le troisième au ni- veau de la région prostatique. Les deux premiers obstacles disparurent sous l'jn- 53 fluence de l'introduction de liougifls Successivement plus fortes. Quant au troi' eième, les bougies eurent toujours de la peine à le fnmchir. I-e malade rendait (1rs urines chargées de mucus, et it était tourmenté, surtout la nuit, par des envies e-Tcessivement fréquentes d'urlncr. Il se plaignait surtout aussi d'un sentiment de pesanteur dans les deux testicules, et d'une rétraction très-douloureuse de ces organes vcirs l'otivertuTe du canal irtguinal, lorst^ue le besoin d'uriner se faisait sentir. Il croyait même, dans son ignorance complète de l'anatomie, que c'était è «ette sorte d'ascension des testicules qu'était due sa difficulté pour uriner; aussi revenait-il sans cesse sur cette circortstànce. Le malade resta dans cet état jas(|u'au 3 février 1849, SB plaignant de temps en temps de douleurs à la région hypogastriqoe qui cédèrent toujours ilux bains et aux applications émoUienles. Mais alors, il survînt tout à coup des douleurs très-vives dans l'abdomen, des vomissements très-fréqaentB ; et malgré tous les moyens rais en usage, le malade succomba le 4, avec tous les symptômes d'tfne péritonite sur-aigué. *'"« A i'autopsie du cadavre, je conslalai tous les caractères de la péritonite, ïougeur, fausses metnbranes, liquide purulent en abondance dans la cavité péri- tonéale, et surtout dans l'excavation pelvienne. Les deux reins présentaient des lésions qui caractérisent ta néphrite chronique. La vessie offrait une hypertro- phie considérable de ses parois, et une teinte ardoisée de toute sa surface inté- riieure sur laquelle on observait des colonnes saillantes qui s'entrecroisaient en tous sens. Des laconeé profondes existaient entre plusieurs de ces colonnes. Trois d'entre elles admettaient une sonde qui pénétrait à la profondeur d'un centimètre et demi. DeOx de ces lacunes se terminaient en cul-de-sac; mais une troisième, Sitnée près du sommet de la vessie allait s'ouvrir au milfeu d'une masse de tissu cellulaire fortement induré qui entduràit le sommet et là face postérieure de la vessie. Dans le centre de cette maése de tissu cellulaire, il existait une collection purulente mitlttloculalre, qui (-.ommuniquait avec la cavité péritonéaie par un« ouverture à bords franges et ramollis. n Les vésicules séminales étaient plongées au milieu d'un tissu adipeux trcs> abondant, très-dur, comme lardacé ; elles étaient petites ; leurs parois étaient très-épaîssies ; les cavités qu'elles présentent à la coupe étaient excessivement rétrécies par suite de l'hypertrophie des cloisons qui les séparenl, et. elles con- tenaieut une très- petite quantité de sperme jaunâtre. Leurs cols, ainsi que les vaisseaux éjaculateurs étaient libres, et admettaient facilement une soie de san- glier qui venait res'sofrlir facilement par leurs orifices de chaque côté du véru- mbntannm. » J'arrive an point qui m'a paru offrir quelque intérêt. Les canaux déférents, prèà des vésicules séminales, présentent un épaississemeut assez marqué de tenrs parois, mais ils sont entièrement libres. Dans le reste de leur trajet, ils D'offrent rien de remarquable, si ce n'est à l'endroit où, multipliant lem's Oexuosités, ils vont sortir de l'épididyme. Dans ce point, ils ont un aspect tout particulier. Ils sont blancs et remplis d'une matière à demi liquide qui les a di- 5Zj jatés comme s'ils avaient été injectés par du mercure ; on peut les suivre dans leurs contours les plus déliés et jusque près de leur origine. Par la pression, on peut faire avancer ou reculer dans l'intérieur des canaux, ce liquide blan- châtre ; mais il est impossible de lui faire franchir un certain point du canal qui se trouve à environ 2 centimètres de l'endroit où il se sépare de l'épididyme. Pensant qu'il existait là un rétrécissement et peut-être même une oblitération da canal, qui s'opposait au passage du liquide, j'ai voulu m'en assurer en in- troduisant non-seulement une soie de cochon, mais encore une aiguille très-tÎDe anrotestante de Genève, Mais, malgré un- goût prononcé pour la litté- rature et la philosopLie, le rare talent d'observation dont M. Prévost étaîf doué vlflt bientôt se révéler, et le détermina à se vouer à étudier les scleûres naturelles. Si c'est dans cette branche que M. Prévost a fourbi par la suite une si brillante carrière, ses premières occupations déficiences plus abs- traites n'étaient cependant pas perdues pour lui, et elles lui ont laissé pendant toute s>a vie un goût très-prononcé pour les letires, qtii non-seulement char- maient jusqu'à sa tin ses rares loisirs, mais ornaient eb même temp^ cette riche Intelligence etrendyientsaconversatioh des'plusvaHéesètdeS plus attrayantes. C'est en 1814 que IVL Prévost vint à Paris pour y commencer ses études mé- dicales. Il embrassa cette nouvelle vocation aVec d'autant p'us de tèle qu'il lui ea avait sacritié une autre pour laquelle il ne manquait ni de goût ni de talent. Hais l'ardeur avec laquelle il se livra au travail et surtout aux dissection^ âD3- tomiques a failli lui être funeste. Il Tut pris à cette époque d'une fièvre ty(iho!de si grave et si intense que, pendant longtemps, on craignit pour sa vie. Après avoir passé sa convalescence dans son pays, il vmt reprendre ses études. Il était alors d'usage, à Genève, que ceux qui embrassaient' la carrière médicale allaient partager le temps de leurs études entre la France et l'Angleterre, et c'étaient surtout les Universités d'Edimbourg et de Dublin qui étaient en haut renom à l'étranger. En 1816, M. Prévost se rendît en Ecosse ou deux ans plus tard il prit à Edimbourg le grade de docteur, après avoir Souteùu Une thèse sur l'emploi des bains et des afllisions. L'année suivante II se rendit à Dubliu pour y continuer ses études médico-chirurgicales. Attaché alors à va hospice de fiévreux, 11 put observer une de ces épidémies meurtrières de dyssenterie qui de nos jours encore sont souvent si funestes en Irlande. Victime de nouveau de son zèle et de son dévouement, il fut lui-même atteint de cette maladie dont il ne se remit que grâce à sa jeunesse et à la force de sa constitution. Nous dirons 61 ici en passant que M. Prévost était d'une grande force physique, qu'il avait en- core plus développée par des exercices d'adresse, celui des armes entre autres, dans lequel. il excellait.. Doua d'un grand courage personnel, il ne se servait jamais de ses avantages physiquos que dinis ces raonien'vS difficiles où les de- VQifS du citoyen font pour un moment ou bliei' les labeurs du savant. , F." 1S20, M. Prévost vint ^'établir à Genève pour y exsjoer sa profession. Quoique de bonne iieurp ga grande, a pUtudtî pour l'exercice de.notre art se fût révélée.à ç.eux.qui les premiers lui avaient accordé Içur co^Oance, il eut cepen- dant l'heureux instinct de ne pas se contenter exclusjveiuful de .rapplication empirique de ?es connaissances, acquises. NanM d'études l'oftes et profondes, doué d'une grande perspicacité, pous§é,P9r une i;»aginaiioa, vivç. et ardente à chercher, par l'observation et l'expérlroenialion, la solution df; ces nombreux problèmes dont la physiologie abonde, et,qtii,,il y .a trente ans, étaient bien plus, nombreux encore qu'aujourd'hui, .M. Prévost consacra ses travaux surtout. à la physiologie expérimentale. C'est avec cet eçprit pénétrant qui distingue l'homme de génie de la fourmi sciéntilique, simplement active Qt laborieuse, que le physiologiste genevois avait compris qu'il ne pouvait dérober à la jqaiurp ses sçcrets, qu'en combinant avec l'expérimentation les diverses, autres méthodes rjgoureuseÀ dont on n'avait fait avant ce temps qu'une application fort iucom- Pilète en médecine. Berzéiius venait de fonder, il pst vrai, !a chimie organique, mais en dehors presque de toute connexion, avecles véritables phénomènes de la.jie, avec la biologie proprement, dite, Amici venait de , pertectioaner à son tpuj;l)Ç. microscope; mais l'emploi si biiillant, que l'on a fait dçfHiis de cet inslru- iDeiit;se Cornait alors tellement entre les ma«is de la plupart des observateurs à des , recherches de simple curiosité,, qye les grands msûtre^ de la zoologie et d^ la botanique, Cuvier ft.Djecandolle. s'en servaient à, peine. Malgré l'appa- rente stéj:iU té de ces deux méthodes, M. Prévost, un des premiers, comprit que c^çn'estqu'çn demandant des secours à 1? physique età|a .chimie que la phy- siologie devient une science vraiment philosophique, qu'en un mot on ne com- prend le fait complexe de la vie que par l'analysede ses divers éléments con- stituants. Lorsqu'on a étudié la marche et les progrès des. connaissances humaines,. on est frappé de cette espèce d'oscillation qui fait alterner le raouvemeal progres- sif, avec le repos, et .souvent même avec Ja rétrogradation. Aussi voyons-noas îo» «ours les vrais progrès formulés par un petit nombre d'hommes qui ne pa- raissent qu'à une certaine dislance les uns des autres, et enco.^e observons-nous que c'est grâce au concours de circonstances heureuses que ce progrès peut se réaliser dans toute sou, étendue. Nous sommes, viyement frappés de ce fait dans la vie de M. Prévost. Nous savoos tous que l'exi-lence d'un seul homme ae suffi- rait pas si on voulait. embrasser à la fois toutes les sciences qui concourent aux études biologiques,; aussi M- Prévost chercha-t-il de booue heure un coUabora- leux capable à la fois , de poursuivre ua but scientifique irés-élevé et de mettre 62 une haute sagacité dans ia mise en exécution et dans la manière de contrôler les coQceptiOQS de l'inteUigence. I! y avait alors à Genève un jeune savant venu du midi de la France, attiré par la réputation lointaine de science, de l'antique cité du lac Léman. Cet bomme qui s'ignorait encore lui-même, mais qui portait déjà en lui ce besoin vague du génie d'appliquer dignement ses forces, entra en relations intimes avec M. Prévost en vertu de cette attraction sympathique qui lie entre eux les hommes qui poursuivent le même but, surtout si ce but est du domaine de l'avancement de la science. Tout le monde aura deviné que je veux parler de M. Dumas, et les beaux et brillants travaux dont il a depuis lors doté la chimie comme science générale et philosophique et avec toutes ses applications pra- tiques à la médecine et à l'industrie, fout remonter avec délice à cette époque où furent posées les premières pierres angulaires de ce vaste et magnihque édifice ; aussi les noms de Prévost et Dumas, cités depuis vingt-cinq ans dans tous les travaux importants de chimie et de physiologie, passeront-ils à la postérité parmi les î-lu': beaux noms des fondateurs de la philosophie expérimentale d'observation. Nous aurons occasion ailleurs de revenir avec détail sur les travaux de M. Prévost et de son illustre collaborateur; nous dirons seulement ici que c'est de cette union si heureuse entre ces deux savants qui, dès leurs premiers travaux, se placèrent au premier rang parmi les contemporains que sortirent ces belles et profondes recherches sur la composition physique et chimique du sang, et sur ia valeur biologique de tous ses éléments. Basés sur la triple méthode de l'expérimentation sur les|animaux, de l'analyse chimique et de Pexamen microscopique, ces travaux se distinguent en même temps par une généralisation à la fois vraie et d'une haute portée et par l'appli- cation de méthodes nouvelles et ingénieuses là où la science était à peine ébauchée sur ces questions. L'étude du sang conduisait tout naturellement à celle du centre circulatoire, et ici nos deux savants comprirent que pour bien saisir les particularités d'un organe à l'état complet, il fallait étudier jusque dans ses moindres détails sou mode de développement. C'est ainsi que parut le premier travail de ces deux auteurs, sur la formation du cœur dans le poulet, mémoire qui ne fut que le commencement de ces recherches que M. Prévost continua jusque dans les derniers temps de sa vie. Haller et avant lui Malpigbi nous avaient légués les premiers éléments de ces études. Beaucoup de savants de nos jours se sont occupés de ce sujet, mais toujours est-il que le travail de MM. Prévost et Dumas constitue un progrès réel dans nos notions sur la pre- mière apparition du cœur. A l'époque où nos deux savants se livrèrent avec tant d'ardeur et tant de succès à l'étude de la physiologie, il y avait une autre branche de cette science qui était bien plus négligée encore, c'était celle qui s'occupe des phénomènes intimes et initiaux de la génération des êtres vivants. Leuwenhoek avait entrevu les animalcules spermatiques. Spallanzani avait fait les premières expériences 63 sur la fécoDdaiion artificielle chez les grenouilles ; des nolioDs éparses et des expériences isolées existaient, il est vrai, sur un grand nombre de points qui ont rapport à ce sujet, mais ce qui prouve à quel point les bypotbèses prédomi- naienldans cette partie, c'est que l'œuf des mammifèresétait à peu près inconnu, et le liquide prolitique, dans sa constitution physique et chimique avait à peine fait le sujet d'un petit nombre de travaux sérieux. Il n'y a pas de branche de la physiologie qui de nos jours ait réalisé plus de progrès que «elle qui s'occupe de tous les phénomènes, depuis les principes fécondants et la fécondation elle- même du germe jusqu'à son entière évolution, mais nous n'allons assurément pas trop loin en affirmant que ces premiers travaux de Prévost et Dumas con* stituent largement la base de tous les travaux postérieurs sur ce point capital de la physiologie. On dirait réellement qu'aucune des grandes fonctions de la vie ne devait échap- per aux labeurs intaiigables de ces deux grands observateurs ; c'est ainsi qu'ils enrichirent les doctrines sur la digestion de plusieurs faits importants, qu'ils dé- couvrirent l'urée dans le sang chez les animaux auxquels ils avaient extirpé les reins. La composition du iaii fit également le sujet de leurs recherches. M. Pré- vost décrivit un des premiers, et d'une manière fort remarquable, la composi- tion ioliuie delà fibre musculaire et des nerfs, ot si sa théorie de l'innervation des muscles n'est plus, à la vérité, soutenable aujourd'hui, elle n'en a pas .moins le mérite d'avoir ouvert la voie à la combinaison de l'action galvanique avec l'inspection microscopique des phénomènes mêmes de la contraction mus- culaire, étude qui devait fournir de si brillants résultats plus tard entre les mains de E.-H. Weber. Lorsqu'on compare le nombre des travaux auxquels s'attachent les deux noms de Prévost et de Dumas, on est à la fois étonné et pénétré d'admiration en ap- prenant que cette collaboration a à peine duré trois ans, admiration qui aug- mente encore lorsqu'on a vu tous les travaux commencés et inachevés de cette époque qui sont restés enfouis dans les riches cartons de l'un et de l'autre de ces deux observateurs. C'est en effet déjà en 1823 que M. Dumas vint à Paris, où, dès ses premiers pas, il sut se fonder cette position si éminente dans la science à laquelle nous aimons tous à rendre un hommage si sincèfe. Si après le départ de M. Dumas, de Genève, M. Prévost a pu moins se livrer aux travaux de cabinet, à cause de sa clientèle de médecin uevenue très-con- sidérable, il n'a pas moins continué à cultiver sans interruption, jusqu'au mo- ment de sa mort, les études les plus variées de la physiologie. En fait d'anato- mie comparée, il nous a dotés de plusieurs travaux importants sur les organes de la génération des gastéropodes ; et pour ceux du genre helixe, il a surtout eu le mérite de rectifier les erreurs commises par Cuvier dans la détermination de ces organes, car Cuvier avait pris pour l'ovaire une partie qui, évidemment, renferme des spermatozoïdes. Les beaux travaux de M. A. Meckelontdu reste concilié plus tard les deux opinions par la découverte de la glande hermaphrodite et re^nbotiemeot pour ainsi dire d'un ovaire dans lugiândespernaatogéne. Pour étudier ia va t^^nr de tous ces organes chez les gastéropodes, M. Prévost a fort judi- cieusement comparé les espèces hermaphrodites avec les bi-sexuelles. Pour ces derniers, ses travaux étaient d'autant plus délica^ que ses dissectioas out été faites sur une petite espèce, le cyclostoma clcgans^ car ce n'est que beaucoup plus tard que M. Boissier (de Genève) a transplanté dans les fossés de cette ville une gjraode et belle espèce de paludine provenant du lac Majeur, et bien autrement apte à ce genre d'études. En faisant des recherches sur la génération de la moule des peintres {unio batavus) , il a découvert les animalcules spermatiques de ces animaux inconnus jusqu'alors. Dans ses études sur la gé- néritiion du sechol, nous trouvons presfjue les premières recherches sur le dé- veloppement des poissons. Un des premiers aussi, il a démontré que, dans la régénération des nerfs, la libre nerveuse se reproduisait intégralement. Nos re- cherches en commua sur la régénération chez les salamandres n'ont pas été achevées. Dans une série d'expériences physiologiques sur l'intlammation, il a posé les bases de la thérapeutique physiolQgiqu,e en étudiant avec soin l'action de plusieurs agents physiques et médiçameuteu* sur les troubles de la circu- lation et leur rétablissement à l'état normal. M. Prévost ne s'est pas moins préoccupé de la chimie physiologique, et les recherches de ce genre qu'il a faites après M. Dumas, et successivement avec M, Le Royer, et plus tard avec M. Morin (de Genève), ont surtout porté sur la nulritioa chez le fœtus ou chez l'adulte. Coujointement avec M. Le Royer, il a fait un mémoire sur le contenu du canal digestif chez le fœtus des vertébrés, et un autre mémoire sur l'acide libre contenu dans l'estomac des herbivores. C'est avec M. Morin qu'il a publié successivement des recherches physiologi- ques et chimiques sur la nutrition du fœtus, sur l'analyse du liquide des coty- lédons de la vache et de ses fonctions, et sur les changements qui s'opèrent dans l'œuf de l'oiseau pendant le développement embryonal. Depuis dix ans, nous avons fait en commun, M. Prévost et moi, une série de travaux de physiologie et d'aoatomie générale, dont une partie a été publiée dans les Annales des scje\ces naturelles, tandis que d'autres recherches ont été successivement communiquées à la Société de biologie à Paris, dans laquelle nous regrettons doublement la perte de M. Prévost comme savant très-éminent et comme un de nos membres adjoints les plus actifs. Le plus grand nombre de nos recherches de cette série a porté sur le développement des organes de la circulation et du sang dans les diverses classes des animaux vertébrés. Notre principal but y a été en combinant étroitement l'organogénie et l'histogénie, de saisir tous les principaux changements qui s'opèrent dans ces organes avant d'airivfir à leur évolution complète, méthode qui nous a paru la meilleure pour comprendre ensuite la valeur de tous ces éléments. Nos recherches sur la fibre muscuâlre dans toutes les classes d'animaux ont été publiées séparément, et nous nous y sommes proposé le même but, celui d'arriver à la connaissance de 65 ta structure du muscle chez ie mammilére adulte, en le suivant à la fois à tra- vers toute la série des animaux et à travers toutes les phases de développe- ment chez les embryons. C'est à cette occasioo que M. Prévost a le premier étudié avec feaucouo de détails le beau phénomène de la contraction muscu- laire spontanée dans le carabus aurutust. phénomène physiologique des plus intéressants, et quej'ai pu étudier depuis sur un grand nombre d'espèces d'a- nimaux. JVous avons laissé inachevées des recherches sur la production artifi- cielle des monstruosités chez les animaux, ainsi que des travaux sur divers su- jets d'einbryologie. Un dernier travail enfin fait en commun m'a été envoyé par M. Prévost, un mois à peine avant sa mort, et je dois dire ici que tout ce que ce travail renferme de nouveau et d'important par rapport à la formation du cœur appartient en entier à M. Prévost. Je citerai enlin plusieurs petits travaux publiés par M. Prévost dans les mémoires de la Société de physique de Genève, sur les transformations des organes de la respiration chez le têtard des batra- ciens ; sur l'altération des globules du sang chez les grenouilles par un jeiine prolongé; sur les moditicalions des animalcules spermatiques des batraciens selon les saisons -, sur l'aimantation d'aiguilles de fer doux en contact avec les nerfs en action, etc. L'énumération de tous ces travaux, si nombreux et si variés, l'influence in- contestable qu'ils ont exercée sur les progrès de la physiologie par l'observa- tion, placent certainement M. Prévost parmi les premiers physiologistes de notre' époque. Cependant ce n'était là qu'uu côté de l'existence de l'illustre savant de Genève. M. Prévost était pour le moins aussi distingué comme médecin pra- ticien que comme savant. A la tète de la pratique genevoise depuis vingt-cinq ans, au milieu d'une Faculté qui Jusqu'à ce jour a conservé une juste célébrité par ses lumières, par sou union et par les beaux travaux dont elle a su doter la science, M. Prévost était de toutes les consultations importantes, e^ maintes et maintes fois j'ai entendu dire à mes savants confrères de Genève que, dans les cas les plus désespérés, où toutes les ressources paraissaient épuisées, on trou- vait souvent encore des conseils salutaires chez M. Prévost. J'ai pu, pour ma part, pleinenient confirmer la vérité de ce fait pendant les onze ans que j'ai pra- tiqué la médecine dans le canton de Vaud, et pendant lesquels j'ai traité un grand nombre de malades en commun avec M. Prévost. Malheureusement il n'a rien publié sur la médecine pratique. J'ai cherché à faire connaître quelques- unes de ses méthodes dans mon ouvrage sur les maladies scrofuleuses et tuber- culeuses et dans notre correspondance très-régulière pendant dix ans, inter- rompue seulement de temps en temps par les séjours que je fis auprès de mon ami à Genève, je possède beaucoup de données thérapeutiques qui, j'espère, feront un jour partie de la publication que je me propose de faire des œuvres com- plètes de M. Prévost. Sa pratique médicale s'est caractérisée par deux points d'une haute importance : l'un, sa manière toute physiologique d'envisager les maladies; l'autre, une connaissance des plivs approfondies de la thérapeutique. 66 IH. Prévost s'inquiétait peu du nom des maladies; il rechercbail avant tout les troubles fonctionnels des organes pour remonter ensuite à la source des altéra- tions qui en étaient la cause. Pour lui le lit du malade était ce qu'il doit être, une application conliuuelie de la physiologie, enrichie toutefois par les données que l'observation clinique seule peut fournir. Sa thérapeutique était d'autant plus variée qu'il connaissait à fond les principaux auteurs français, anglais et alle- mands sur cette matière, et qu'il avait Tbabitude de prendre connaissance de toutes les productions nouvelles de ce genre à mesure qu'elles paraissaient. 11 était impossible d'être meilleur confrère que M. Prévost, Plein de déférence pour ses collègues , il ne mettait jamais d'amour-propre à adopter l'opinion même des plus jeunes, et si son avis était diflférent pour le diagnostic ou pour le traitement à suivre , il l'émettait avec tant de simplicité et taut d'urbanité que même les confrères les plus susceptibles ne pouvaient en être cho- qués. Il était touchant de voir M. Prévost dans les diverses sociétés de méde- cine de sa ville natale, sociétés dans lesquelles, du reste, l'esprit de la plus parfaite harmonie rivalise avec la recherche tout impartiale de la vérité. Nous ne saurious en réalité pas prndiguer assez d'éloges à ces confrères, parmi les- quels nous avons toujours rencontré une si inaltérable bienveillance, et dont les travaux nous ont été si éminemment utiles dans le but que nous poursuivions. Eh bien ! dans ces réunions. M, Prévost était entouré de tant d'égards et de tant d'affection, il sut les charnser par des cominanications si variées et quel- quefois si originales, qu'au milieu de ses nombreuses occupations, il sut pen- dant nombre d'années toujours trouver le temps pour y assister avec une grande régularité. Nous serions incomplet entin, dans cette courte esquisse biographique , si nous n*insistions pas îout particulièrement encore sur la charité toujours ac- tive que M. Prévost vouait aux classes pauvres de la société, et auxquelles il prodiguait à la fois les secours éclairés de son art et les secours matériels les plus judicieusement appliqués. Nous avwns passé en revue les principales qualités du savant profond , du praiiciea distingué, du confrère bienveillant, de l'homme pleie! de charité et de dévouement pour les pauvres, et nous trouvons ainsi réunis chez M. Prévost une intelligence ues iTiieux douées, un cœur excellent, une activité non inter- rompue jusqu'à la lin de ses jours, ei nos regrets de sa perte serait'ni bien plus ^•rofonds encore si sa mémoire ne se perpétuait pas parmi nous , comme le vrai modèle à suivre dans la carrière des sciences et dans l'emploi de la vie. COBSPTi: RENDU DES SÉANCES DE r r LA SOCIETE DE BIOLOGIE PENDA?!! LE MOIS D'AVRIL 1850 : PAR mu- les doctenrs LEBERT et BROWTV-SÉQVAIUD » McrCMIres. Présidence de M. RATER. I. — ANATOMIE. StR LES DÉNOMINATIONS DES DIVEKSES PARTIES DE l'iNTESTIN PAR LES ACTEURS GRECS ET latins; par M. Second. M. Segond, à la suite d'une exposition générale sur les principes delà nomen- clature ea biologie, a coramuniqué ses recherches particulières sur la dénomina- tion des différentes parties de l'intestin. Comme le travail de M. Segond offre de '.'intérêt pour la lecture des auteurs anciens, nous allons reproduire ici la dernière p&rtie de sa communication. 68 « La manière aclueUe de décrire l'intestin n'est pas très-favorable pour don- ner une notion générale de cet organe. Les courtes généralités par lesquelles com- mencent la plupart des auteurs sont trop vagues pour offrir un véritable intérêt. La description, séparant bientôt chaque partie de l'organe, laisse à l'esprit une grande surabondance de détails sur la bouche, le pharynx, l'œsophage, l'estomac, mais ne comprend aucun exanwn systématique de l'organe. Au lieu d'établir des divisions de l'organe , il faut baser les divisions d'après les différents points de vue, et donner successivement la forme, la direction, la situation, la composition de tout l'organe. Rien n'est plus aisé que de tirer des détails du milieu d'un en- semble; mais il est, au contraire, très-difDcile de faire sortir les idées d'ensemble d'une grande accumulation de détails, lorsque surtout cette opération est entiè- rement abandonnée aux jeunes intelligences qui s'appliquent pour la première fois à l'étude de l'anatomie.Une réforme aussi désirable, relative à un organe es- sentiel, ne peut manquer d'avoir immédiatement une grande portée dans l'en- Beignement de l'anatomie. J'ai dû faire celte observation générale de méthode pour justifier la dénomination que je veux appliquer à cet organe. ■ Les expressions canal alimentaire, tube dig'esfi"/', employées au point de vue physiologique, donnent de cet organe une idée trop spéciale. Ce canal n'est pas seulement alimentaire, seulement digestif : c'est aussi bien un organe de dé- composition qu'un organe de composition, et la grande complexité des fonctions qui s'y accomplissent doit faire renoncer à désigner l'ensemble de l'organe d'a- près tel ou tel rôle exécuté dans un point particulier de son étendue. Les ex- pressions canai intestinal et tube intestinal seraient plus convenables; mais elles ont l'inconvénient d'être complexes, en ce sens qu'on a voulu tout à la fois exprimer la forme et la situation. Or bien des raisons doivent faire rejeter la comparaison avec un canal ou un tube, et ce qui doit surtout prévaloir, c'est la nécessité de donner à l'organe un nom simple, comme les mots cœur, poumon, cerveau. Sans chercher à introduire un mot nouveau, il n'y a qu'à étendre à l'ensemble de l'organe le mot simplement employé jusqu'ici pour désigner la portion comprise entre le pylore et l'anus ; habitude déjà prise dans les traités d'anatomie comparée. Le mot intestin, ainsi appliqué, contribuera à mieux ca- ractériser la notion générale de l'organe; ce qui doit en outre déterminer à ce choix, c'est la considération de situation que nous avons indiquée comme devant être la plus générale dans la nomenclature des organes. Le mot intestin, ainsi que la plupart des dénominations des différentes parties de cet organe, nous vient des anatomistes grecs. Le mot IvTspov, dans Hippocrate et Aristote, désigne les intestins, c'est-à-dire ce qu'il y a au dedans de l'animal, xà èvTÔç. Ce mot rem- plit donc, par son origine et sa signification, le véritable but, et nous dispense de recourir à un néologisme. L'estomac, comme le dit Aristote, est comparable à un intestin plus large que les autres. Quant à l'œsophage, beaucoup d'animaux n'en nt pas ; il ne faudrait donc pas, en considération de la disposition des parties su- peri«'arcs de l'organe, repousser une dénomination simple qui, au point de vue de 69 la véritable notion de l'organe, offre un incontestable intérêt. Je désignerai donc par intestin l'organe fondamental du mouvement de composition et de décompo- sition. » Le mot principal dont nous ayons actuellement à rechercher l'origine est le mot estomac. Il est évident que, dans le principe, le mot ax°î Ifi nom commun. Enfin l'usage vulgaire n'a pas seulement étendu ce dernier mot à l'œsophage, mais à la partie de l'intestin qui fait suite à l'œsophage, au yauTÎip. Bérenger de Carpi, décrivant le ventrictilus, dit très-bien qu'il est eommunément appelé stomachus. n Enfin, que l'on réfléchisse un instant aux expressions vulgairement employées aujourd'hui dans le langage ordinaire pour désigner les différentes parties de Pappareil digestif, elles se réduisent essentiellement à quatre : la bouche, le go^ sier, Vestomac. {'intestin. Les anatoniistes modernes n'ont fait autre chose qu'ap- pliquer particulièrement au renflement intestinal qui fait suite à l'œsophage le mot vulgaire estomac. Les mots xoiXCa et yaTr^ip, dans Hippocrate, désignent aussi bien le ventre que l'estomac. Aristote se sert particulièrement du mot xoiXCa pour désigner cette dernière partie. Le yaTr?,?, dans Ruffus comme dans Hippocrate et Homère, désigne le ventre; mais dans Galien, il s'applique très-nettement à l'es- tomac. Il en est de même dans Théophile. 11 eùl sans doute mieux valu faire comme La Fontaine, et dire messcr gaster, que dire Vestomac; mais c'est par- ticulièrement dans la nomenclature pathologique que ce mot s'est conservé. Le cardia et \ç pylore ont été également nommés par les antomislcs grecs; cepen- dant Théophile dit encore ctdiia xoiX(ac au lieu de xap6(a. « Le çdpuv;, dans Hippocrate, désigne la gorge. Aristote (De part, an.) décrit très-nettement sous ce nom le larynx, qui est très-bien appelé îvàpuYî par Ga- lien. Celui-ci décrit sous le nom de tpâpyYî l'arrièrc-bouche ; il en est de même dans Théophile. » Quant aux dénominations de la bouche et de ses difl'érentes parties, nous les trouvons encore dans les auteurs que je viens de citer. C'est »xû'(jia qui a prévalQ 70 dans la nomenciature pathologique ; c'est, au contraire, le mot bucca, fait de 6û!^o> (enfler), qui est resté en anatomle. La langue, dans Hippocrate, Aristote, RufTus, Gâlien, Théophile, est désignée, suivant les dialectes, par T^ibasa, Y^tôrra, y^awsTi. ' Bien que, pour plusieurs dénominations de muscles et de nerfs, nous nous ser- Yions de Y^wacra, c'est le mot latin qui est resté pour l'anatomie. Lé palais, du latlù pa/ofwm, est appelé ÛTiEpwov par Hippocrate et Aristote; ce dernier se sert également du mot oùpavtç. La luette (du latin uva, d'où l'on a fait d'abord uvetté, ensuite, en préposant l'article, Vuvette, qui s'est changé en luette), est appelée Yapvapetbv par Hippocrate et RufTus. Aristote , la comparant à une grappe de raisin, la désigne par dTatpy'Xocpdpov, et par oxatpyX:?) quand elle est enflammée. Zxa>ov, désigne le cœcum, tvcp'Xès*. Hé- rophile désigne le premiet prolongement àe l'estomac par le mot SwSsxatiàxTyXoç. Galien nomme la seconde portion, le jéjunum, vyiu'^ii;; la troisième, Xeitrôv êv- Tspov ; la quatrième, zw-p'Xbv; la cinquième, xwXov, et la sixième, ou rectum, aitïufiudjiivov. L'usage a introduit le mot iléon (de iXaoç, maladie étudiée par Hippocrate), à la place de intestin grêle, qui désigne, selon les auteurs, la partie de l'intestin comprise entre l'estomac et le cœcum, ou seulement entre le duodé- num et le cœcum. La bouche, le pharynx, l'œsophage, l'estomac, le duodénum, le jéjunum, l'iléon, le cœcum, le colon et le rectum, telles sont les dénomina- tions qu'il faut adopter pour désigner les principales divisions de l'intestin. Plu- sieurs sont évidemment fort impropres ; mais l'usage et le sentiment historique doivent ici l'emporter sur les règles générales que j'ai moi-même posées. Quant à la limite précise de ces diltérentes parties, je la donnerai en exposant, à tous les points de vue, l'anatomie de l'intestin. » II. — PHYSIOLOGIE, i» EXPUCATION DE L'HÉIQPLÉGIE CROISÉE DU SENTIMENT; par M. BROWN-SÉQDAao. On sait que M. Brown-Séquard a trouvé que les impressions sensilives venues d'une moitié latérale du corps sont, en grande partie, transmises au centre de perception par la moitié latérale de moelle épiniére du côté opposé. On sait que quelques instants après cette section, on trouve la sensibilité intacte ou même 71 exagérée dans le côté du corps corrcspondanl au côté de lu secUou, lundis qiie le côlé opposé a perdu une grande partie de sa sensibîlilé (voyez les Comptes* RENDUS UE LA Soc. DE BiOL., H» 12, décembre 1849, et n* 2, février 1850). M. Brown-Séquard a vu en outre qu'on peul faire jusqu'à six et niênae liuil sections transversales complètes d'une hiêrne nioité latérale, sans diminuer la sensibilité du côté correspondant, tandis qu'au contraire il afrive très-souveot alors que ce qui reste dé sensibilité dans le côté opposé, après la première sec- tion, disparaît presque complètement après les autres. On peul, déplus, sur le même animal, après ces six ou huit sections, faites à une distance de 8 à 10 millimètres l'une de l'autre aux régions lombaire et costale, faire aussi dans deux oa (rois endroits la section des deux cordons postérieurs, sans que la sensibilité se perde dans la moitié du train postérieur où elle a persisté. Le fait de la transmission croisée des impressioiis sensilives par la moelle épinière donne une solution exllêmeuient sinipie au problème de l'hémiplégie croisée du sentiment. Cette solution montre l'inutilité dès efforts qu'on a faits pour expliquer cette espèce d'hémiplégie croisée par les entre-croisements qui existent à la partie inférieure de l'encéphale, à partir de la moelle allongée jus- qu'aux pédoncules cérébraux et aux tubercules quadrijumeaux. Jusqu'aujour- d'hui les auteurs qui ne croient pas que les fibres sensilives et les fibres mo- Irices soient disposées en faisceaux isolés dans la moelle épinière, se contentaient des enire-croisemfenls que l'on rencontre dans la moelle allongée, la pioiubé- Irance, etc., pour expliquer l'hémiplégie croisée, et ils n'imliquaient aucune partie de ces enire-croisements, comme servant d'une manière plus spéciale à la Uransmission croisée des impressions. Au contraire, les auteurs qui admettent que dans les centres nerveux les faisceaux de fibres sensïlives sont "séparés des faisceaux de fibres motrices, ont essayé de fixer le lieu où se ferait l'entre-croi- seuiebl propre aux Cbrés sensilives. Tels sont surtout Ch. Béll et Itf. Longel. Le premier, dans un mémoire important à plusieurs égards (1), et dans lequel il donné les raisons qui lui ont fait changer d'opinion et àtlribuer aux cordons la- téraux ce qu'il avait d'ybord aliHbué aux corduiis postérieurs, soulient que c^est, à l'endroit où se fait rentre-croisement des fibres des cordons latéraux que les fibres sensilives venues des racines postérieures rachidiennes s'énlre-croi- sent. Il dit que cet entre-Croisement a lieu à la face postérieure de la moelle allongée, dans une grande partie de l'étendue du quatrième ventricule. D'après M. Longel les cordons postérieurs de la moelle qu*il affirme être seuls chargés de la transmission des impressions sensilives iraient faire leur décus- salion (au niveau du bord anléro-supérieur de la protubérance). On sait que (1) Transact. PBiLosopH., !l835. Ce mémoire a été reproduit darik rouVrâgé de Ben : tHE NEavous system Of îHe huban bodï, p. 23i-û0. LûBdoïi , lëJiû- 3« édition. 72 c'est dans cet endroit où s'entre-croisent les processus cerebelli ad testes^ que M. Longet considère comme composés de libres venues des cordons postérieurs de la moelle à travers le cervelet (i). M. Brown-Séquard s'est demandé si ces divers enlre-croisemenls pouvaient rendre compte de la paralysie croisée du sentiment ; il va plus loin et il se pose cette question : Est-il besoin aujourd'hui de se servir de l'un quelconque des entre-croisements admis dans la moelle allongée, dans la protubérance ou en avant, pour s'expliquer la paralysie croisée du sentiment? Il lui semble qu'on ne peut répondre que négativement à celte question. En efl'et, il est évident que si, comme le prouvent les résultats de la section d'une moitié latérale delà moelle, les libres venues des racines sensitives de gauche vont en grande par- lie à droite, et celles de droite à gauche, presque aussitôt après leur entrée dans la moelle, on n'a plus besoin de recourir aux entre-croisements qui ont lieu dans la moelle allongée, dans la protubérance et en avant pour s'expliquer la paralysie croisée. Il y a plus : si certaines parties de ces entre-croisements étaient formées par des fibres qui fussent la continuation des fibres des racines postérieures rachidiennes, il faudrait admettre que ces flbres après être entrées par les racines postérieures droites, par exemple, se sont portées dans la moi- tié gauche de la moelle épinière ; qu'ensuite elles en sont sorties, se portant de nouveau dans la moitié droite, d'où enfin elles se sont reportées à gauche, à la hauteur de la moelle allongée, de la protubérance ou un peu au-dessus. Efleclivement, supposons qu'au lieu de trois entre-croisements il n'y en ait que deux : celui que les expériences de M. Brovvn-Séquard montrent exister dans la moelle épinière elle-même et l'entre-croisemenlde la moelle allongée, de la protubérance, etc. Avec l'existence de ces deux entre-croisements, il devient impossible de comprendre la paralysie croisée du sentiment, puisque le second entrecroisement annihile l'eflet du premier. Il faut absolument qu'il y ait ou trois entre-croisements ou un seul, et puisqu'il y en a un incontestable dans la moelle épinière elle-même, il faut, si l'on veut en admettre un second existant dans l'encéphale, qu'on suppose qu'il en existe un troisième. Où se ferait ce troisième entre-croisement? Serait-ce dans la moelle épinière? L'expérience sui- vante, dont les détails se trouvent dans l'avant-dernier numéro de nos Comptes RENDDs, démontre qu'il n'y a pas deux enlre-croisemeuts dans ce centre nerveux: si l'on coupe transversalement une moitié latérale de la moelle épinière, au voisinage de la moelle allongée, on trouve, presque aussitôt après la section, que le membre postérieur ainsi que le membre antérieur, du même côté que la section, sont au moins aussi sensibles qu'à l'état normal. Or ils seraient in- (1) Si les libres de cet entre-croisement viennent, comme le croit M. Longet, des cordons postérieurs de la moelle, elles doivent ne servir qu'à peine oa nullement à la transmission des impressions sensitives, puisque les libres des -rdons postérieurs n'ont qu'à peine ou n'ont même pas cet usag*'. 73 sensibles s'il y araiL, dans la moelle épinière, tin double enirc-croisemeat des libres venues des racines sensiiives, car la section aurait atteint précisément les fibres venues du côté du corps correspondant au côté de moelle coupé. De plus, on ne devrait pas trouver la sensibilité diminuée dans le côté du corps opposé au côté de moelle coupé. C'est cependant ce qui a lieu (1). S'il n'y a pas deux entre-croisements pour les mêmes libres dans la moelle épinière, en serait-il autrement dans la moelle allongée, la protubérance et au devant? nous ne croyons pas qu'on puisse faire une telle' supposition. Nous nous bornerons à dire que cette bypotbèse n'a pour elle aucun fait, ni aucune probabilité, et qu'eUe est même inutile puisque l'existence d'un entre*croisementdansla nacelle épinière suffît seul pour expliquer complètement la paralysie croisée du sen- timent. De ces faits et de ces raisonnements, M. Brown-Séquard tire ]es conclusions suivantes : 1° Bien n'est plus facile que d'expliquer aujourd'hui la paralysie croisée du sentiment ; elle dépend d'uu entre-croisement des libres sensibles de tout le corps dans toute la longueur de la moelle épinière. 2* Les divers entre-croisements signalés dans la moelle allongée, la protubé- rance et au devant de ce renflement nerveux ne peuvent plus servir à expliquer la paralysie croisée du sentiment. Il reste donc à cbercher i quoi ils servent. (Séance du 2 mars 1S50}. 2* MEMBRANES MOQUEUSES OTÉRINES EXPtJLSÉES PENDANT LA MENSTBXJATÏON ; par M. Lebert. Madame M..., âgée de 26 ans, d'une bonne constitution, sujette aux douleurs de rhumatisme et de névralgie, a été bien réglée depuis l'âge de 15 ans, abon- damment et régulièrement, mais ayant des coliques vives chaque fois pendant les premiers jours. Mariée depuis cinq ans, elle a eu un enfant il y a trois ans et demi. Dernièrement elle a eu dans ses époques un retard de douze jours, au bout desquels elles parurent accompagnées de douleurs plus vives que de cou- tume. Pendant la nuit, entre le premier et le second jour, elle sentit un accès de colique comme pour expulser un corps de l'intérieur de la matrice. Se croyant enceinte, elle avait la même sensation que si elle faisait une fausse couche. (i; Que l'hypothèse suivant laquelle tontes les fibres des racines postérieures iraient jusqu'au cerveau soit vraie, ou que la vérité soit au contraire dans l'hy- pothèse suivant laquelle quelques libres seulement iraient an cerveau pour y représenler toutes les fibres nerveuses au corps, les raisonnements de M. Brown- Séqnard gardent dans un cas comme dans l'autre toute leur valeur. C'est ce qu'il fera voir dans son mémoire. 7Û La partie expulsée ne m'a élé montrée que trente-six heures après, et déjà un peu altérée, ayant surtout, d'après le dire de la malade, diminué de plus de moitié de volume. La forme de ce corps était irrégulièrement triangulaire ; il avait 4 centim. de long sur 2 1/2 à l de large, se rétrécissant tout à fait vers l'extrémité inférieure, et sur l centim. d'épaisseur. Oa voyait évidemment infé- rieurement uu orifice, ainsi qu'un autre supérieurement à droite; je n'ai pas pu en distinguer à gauche. L'orifice inférieur correspondait à celui de la cavité utérine du côté de la portion vaginale, tandis que l'orifice supérieur paraissait correspondre à l'ouverture d'une des trompes. Ce corps renfermait une cavité dont les parois avaient de 2 à /ï millim. d'épaisseur et étaient lisses et rosées à la surface externe, tomenteuses et d'un rouge lie de vin à la surface interne. L'examen microscopique mit tout à fait hors de doute que nous avions affaire à une membrane muqueuse utérine expulsée. Nous avons pu constater, à ne pas eu douter, de nombreuses glandes utriculaires,les unes intactes, les autres pai fragments seulement. Ces glandules constituées pour la plupart de tubes recourbés avaient 1 millim. à l millim. 1/2 de longueur sur i huitième à l dixième de largeur, et étaient revêtues dans tout leur intérieur d'un épithélium pavi- menteux, à cellules arrondies de 1 quatre-vingtième à l cinquantième de millim. de diamètre, renfermant un noyau ovoïde de 1/200 à 1/140 et muni d'un ou deux très-petits nucléoles ponctiformes. Beaucoup de noyaux étaient libres en dehors des cellules. Comme M. Follin avait présenté dernièrement des cas analogues à la Société de biologie, je l'ai prié d'examiner cette membrane avec moi, et il a pu confir- mer tous les détails que nous venons d'indiquer. Nous sommes à nous demander si ce fait, déjà signalé par Simpson, et que M. Follin a accompagné le premier d'un examen bistologique, ne serait pas beaucoup plus fréquent qu'il nous parait dans l'état actuel de la scieuce, et il reste à rechercher s'il n'y a pas, à chaque période menstruelle, une exfoliation insensible et presque moléculaire d'une portion de la muqueuse utérine. On rencontre de plus quelquefois dans la matrice des polypes triangulaires moulés exactement sur sa cavité, qui pourraient bien avoir une exfoliation menstruelle pour origine. L'expulsion de la muqueuse utérine pendant la menstruation est enfin un fait du plus haut intérêt en face de l'opinion de E.-H. Weber, Coste et Robin, aujourd'hui généralement adoptée surl'identité de structure entre la mu- queuse utérine et la membrane caduque, et il reste à rechercher si la membrane que nous avons sous les yeux n'est pas une espèce de caduque menstruelle, et l'analogue pour ainsi dire de la caduque de gestation. (Séance du 6 avril.) 75 m. — ANATOMIE PArnOLOCIQl'E. 1° OSSIFICATION TRÈS-ÉTENDUE DU PÉRICARDE VISCÉRAL AU NIVEAU DE L'OREILLETTE DROITE; RUPTURE DE CETTE MÊME OREILLETTE; pai' M. VeRNECIL. Cette pièce pathologique a été trouvée sur le cadavre d'une femme de 70 à 75 ans, destiné aux dissections. Le cœur a contracté avec le péricarde des ad- hérences celiuleuses complètes en avant, mais qui semblent remonter à une époque reculée. En détachant les brides fibreuses, on constate que la partie postérieure du péricarde est remplie par une masse de caillols noirs du volume au moins du poing d'un adulte. L'autopsie faite alors avec plus de soin permet de reconnaître que la masse des caillots se continue avec un coagulura sembla- ble qui distend l'oreillette droite, celle-ci en effet présente une rupture très- étendue au-dessous de l'auricule, en dehors de la veine cave inférieure. Cette solution de continuité est presque transversale et présente au moins 4 centimè- tres d'étendue. La face supérieure et externe de l'auricule présente une large plaque crétacée, offrant une épaisseur de 4 à 6 millimètres, au moins 2 centimètres en largeur et 5 en longueur ; elle s'étend depuis le sommet de l'auricule droite jusqu'au niveau de la veine cave supérieure par sa face externe ; elle a contracté des ad- hérences irès-fortes avec le feuillet pariétal. Sa face interne est doublée par les colonnes charnues de l'&reiilette qui ont conservé leur aspect, leur coloration, leur consistance normales. L'ossilicali(m ne siège donc pas dans la substance musculaire elle-même. La rupture est située au-dessous de l'ossilicalion. Sa direction lui est à peu près parallèle. Toutes les autres cavités sont gorgées de sang coagulé. Le cœur est notable- ment hypertrophié; son tissu est flasque et se déchire avec la plus grande fa- cilité. Les orilices auriculo-venlriculaire et pulmonaire du cœur droit ne présen- tent pas d'altérations. Les orifices du cœur gauche sont le siège d'ossifications légères. La plèvre gauche présente la trace d'une inflammation intense avec productions plastiques abondantes, mais de date récente. Cette malade a été affectée anciennement d'une péricardite violente. Sous l'influence d'une pleurésie aiguë, l'inflammation se sera réveillée dans le cœur par continuité, et l'oreillette se sera rompue en raison de l'eitréme mollesse du tissu charnu Je pense que la mort a été immédiate ou à peu près ; j'ai peine à admettre que la rupture ait précédé la pleurésie et les traces de l'inflammation ambiante, à moins que l'épanchement sanguin n'ait été progressif ou du moins très-lent au début, comme cela se fait quelquefois dans les cas de rupture d'a- névrisme. 76 IV. — PATHOLOGIE. 1" CAS D'HÉMORRHAGIE UTÉRO-PLACENTAIRE ; par M. BLOT. M. Blot présente un œuf abortif de deux mois, daus lequel on trouve un exemple remarquable d'hémorrhagie utéro-placentaire. Cet œuf offre l'aspect d'une masse ovoïde, du volume d'un gros œuf de poule, de couleur rouge livide; on dirait au premier coup d'œil un gros caillot sanguin décoloré; mais en l'examinant de plus près, on trouve que cette masse est enveloppée de toutes parts d'une membrane organisée d'un gris jaunâtre, lisse et ofirant un grand nombre de petits pertuis elliptiques dont la surface extérieure est comme criblée. En un mol, on retrouve là tous les caractères de la caduque à une époque encore peu avancée de la grossesse.C'est en eflet la ca- duque fœtale. Celte membrane est fermée de toutes parts, excepté en un seul point où existe une déchirure de 2 à 3 centimètres. Si l'on vient à la fendre en plusieurs directions, à partir de la déchirure, de manière à pouvoir en renver- ser les lambeaux en dehors, on trouve au-dessous d'elle uue autre membrane qui offre tous les caractères du cborion, et en particulier de nombreuses villo- sités. C'est entre ces deux membranes (caduque fœtale et cborion) que s'est faite l'hémorrbagie. En effet, les quatre cinquièmes de la surface externe du cborion, y compris les points occupés par le placenta encore rudimentaire, sont recouverts par du sang. Cette couche sanguine est retenue là par les ramifi- cations vasculaires du placenta et les villosités du cborion, qui y sont empri- sonnées; son épaisseur n'est pas la même dans toute son étendue; elle a de 7 à 8 millimètres au niveau du placenta ; en dehors de lui, elle est moins épaisse. Sa consistance diffère également dans ces deux points; au niveau du premier, elle forme un véritable caillot solide ; daus le second, elle est constituée par un liquide noirâtre, épais et grumeleux, qu'entraîne facilement l'eau dans laquelle on est obligé de plonger la pièce pour la disséquer. Le foyer hémorrhagique ne communique nullement avec l'extérieur de l'œuf, pas même au niveau du placenta, comme on l'observe assez souvent au moyen de déchirures étroites de la caduque improprement appelée secondaire; aussi la dénomination d'hémor- rhagie caduco-choriale ferait-elle peut-être mieux comprendre, que celle d'uté- ro-placentaire, le point précis de l'œuf qu'occupe le sang épanché. Il n'existe pas non plus de communication entre le foyer hémorrhagique et l'intérieur de l'amnios. Cette dernière membrane n'offre rien autre chose de particulier qu'une déchirure correspondant à celle de la caduque fœtale. A travers l'ouverture qui en résulte, on peut voir très-clairement au fond de la cavité de l'œuf l'insertion du cordon ombilical dont l'extrémité embryonnaire, libre et flottante dans la cavité amniotique, présente les traces évidentes d'une déchirure récente. Ce cordon a U centimètres de longueur, 2 millimètres de diamètre. Il n'existe pas 77 le moindre vestige d'eaibryoD ; il avait été expulsé trois jours avant l'œuf. La malade, pour nous servir de ses expressions, l'a, dit-elle, rendu avec ses quct- tre membres. Ainsi donc, dans ce cas, comme dans un assez grand nombre de cas analogues, l'avortement a eu lieu, pour ainsi dire, en deux temps. Ce ren- seignement devait être noté, car il aurait pu se faire que l'embryon eût disparu par absorption. Le chorion, au lieu d'être séparé de l'amnios par un intervalle d'une certaine étendue, comme cela existe normalement au deuxième mois de la grossesse, ui est intimement uni, et il est presque impossible de les séparer l'un de l'au- tre. Cette disposition tient- elle au refoulement qu'a subi le cborion de la part du sang épanché? Cela est probable. L'examen le plus attentif ne peut faire retrouver le plus petit vestige de vé- sicule ombilicale. 2» TUBERCnUSATION D'UN DES TESTICDLES, CHEZ UN FAISAN DORÉ; par M. Rater. L'affection tuberculeuse n'est pas rare chez les oiseaux élevés en domesticité ou en captivité. On l'a spécialement observée chez les pigeons, les tourterelles, les faisans et les dindons. Chez ces oiseaux, on trouve le plus ordinairement la matière tuberculeuse déposée en grains ou en petites masses dans les pou- mons, dans le foie, dans la rate et dans les os, et sous forme de lamelles d'un gris jaunâtre dans les sacs aériens. Presque toujours ou trouve, chez le même individu, de petits dépôts de ma- tière tuberculeuse dans plusieurs organes. M. Rayer met sous les yeux de la Société les deux testicules d'un faisan doré.  l'extrémité extérieure d'un de ces testicules existe une masse tuberculeuse du volume d'un pois ordinaire. Par une exception très-rare, les autres organes n'offraient point de traces d'une semblable altération. 3» HÉMORRHAGIE DANS L'AMNIOS DE PLUSIEURS EMBRYONS CHEZ UNE LAPINE MORTE DE PLEURÉSIE; par M. BrOWN-SÉQUARD. H. Brown-Séquard montre à la Société une belle lapine morte de pleurésie. Depuis plusieurs jours cet animal toussait, avait la respiration très-gênée, ne pouvait plus courir et refusait toute nourriture. On trouve une fausse mem- brane purulente, tapissant presque toute la cavité de la plèvre gauche. Celte lapine était pleine d'environ vingt jours; presque tous les petits bai- gnaient dans du sang ou de l'eau sanguinolente. Une hémorrbagie avait eu lieu dans l'amnios. On ne peut attribuer cette hémorrbagie à aucune violence extérieure •* l'animal vivait seul, dans un grand cabinet, sur du foin. Y a-i-il quelques rapport» de causalité entre cette hémorrbagie et rinOammation pleu- .•alc? C'est ce que l'on ne saurait dire. 7« 4<> SDR UNE ruMEDR DU SCROTUM ; paT M. JoBEJRT (de Lambàtle), Celle tumeur, que M, Rozé présente à ia Société de la pari^ M. Jobert, s'est développée dans te scrolura gauche d'en bommc, âgé de 68 ans, tbrlement constitué et jouissant habituellement d'une santé parfaite. Il y a vingt ans qu'elle a été aperçue à la partie inférieure du scrotum. Peu à peu elle a aug- menté de volume, en gagnant la partie supérieure et chassant au-dessus d'elle le teslicnte et l'épididyme, qui sont l'un et l'autre restés lout à fait indépea- danls, et ont conservé leur état de santé. Jamais cette tumeur n'a déterminé aucun accident, si ce n'est dans ces derniers temps, où, par son volume égal à pea près à la tête d'un adulte et surtout par son énorme poids, elle occasion- nait des tiraillements tels, que la marche était devenue tout à Faft fmpossiWfc. Ce fut alors que M. Jobert se décida à l'enlever ; mais auparavant il se demanda s'il conserverait le testicule, dont il avait parfaitement reconnu l'a présence à la partie supérieure de la tumeur. Cette question, selon iui, ne pouvait offrir le plus léger doute, attendu que : î" l'âge du malade le rendait à peu près inutile ; 2" il était probablement enclavé dans l'intérieur de la tumeur elle-même et ne pouvait en être retiré que par une dissection longue et minutieuse, et par con- séquent très-douloureuse ; 3° enfin, en respectant l'organe lui-même, il était difficile de respecter aussi bien ses enveloppes, la tunique vaginale en particu- lier; dès lors on devait craindre l'inflammation de celte dernière, et cette in- flammation probable a paru à M. Jobert mériter une sérieuse considération, surtout en réfléchissant qu'elle s'ajouterait à l'inOammation traumalique qui allait être le résultat d'une plaie aussi étendue. Après tous ces préliminaires, M. Jobert enleva la tumeur par son procédé opératoire qu'il désigne sous le nom de procédé en coquille, parce qu'en effet, après l'opération, il ne reste plus que deux valves qui s'appliquent l'une sur l'autre, à !a manière des coquilles d'huître, et qui permettent le facile écoule- ment des liquides en évitant qu'ils ne soient retenus dans l'intérieur d'une poche. L'examen anatomique de la tumeur prouva qu'elle était formée de deux par- lies bien distinctes, une partie supérieure graisseuse, Ijpomateuse; une se- conde plus dure, comme fibreuse, que M. Jobert présume être du tissu fibro- plastlque. Celle dernière était elle-niéme formée de plusieurs éléments. On re- connaissait en effet facilement un élément fibreux. Ces fibres, très-serrèeS daiis certains endroits, donnent au tissu l'aspect nacré, La majeure partie de la tu- meur était composée d'une substance gélatiniforme, assez dense, ne se laissa»! écraser qu'avec difficulté. C'est au milieu de celle matière gélatiniforme que l'on remarquait des petits points blancs, comme tubel-culeux. Enfin, dans d'au- tres i)oiois, on observait des épanchements sanguins assez semblables à ceux qu'on remarque dans les tumeurs encéphaloïdes. 79 Le testicule et l'épididyme étaient en eflFet placés à la partie supérieure de la tumeur, et avaient conservé leur état normal. Quant à la peau, elle est saine et n'a contracté aucune adhérence avec la tumeur. V. — UELMINTUOLOGIE. DE L'EXISTENCE CONSTANTE DES CYSTICERQDES CHEZ LES LAPINS, RT DE L' ACCROIS- SEMENT SDIULTANÉ DE CES PARASITES ET DES ANIMAUX QUI LES PORTENT ; par M. Brown-Séquard. M. Browu-Séquaid met sous les yeux de la Société une irès-grc-;?? lapine dont la carilé abdominale contient une gi'ande quantité de cysticerques. I! rap- pelle à ce sujet que l'an dernier il a con-imuniqué à la Société une note sur la constance de l'existence des cysikerques dans l'abdomen des lapins. (GofBpies rendus des séances de la Société de biologie, 1849, p- 46.) Il disait alors avoir trouvé 50 fois des cysticerques sur 50 lapins ouverts par lui en quelques mois. Depuis cette époque, il a cherché ces helminthes sur environ 80 lapins, et à part une seule fois, il en a toujours trouvé (l). Il fait remarquer en outre que ces parasites, dont on peut en générai constater déjà l'existence sur des lapins nés seulement depuis quelques jours, se développent avec l'animal qui les^Kn-te, et arrivent à des dimensions considérables chez les lapins adultes. C'est ce qu'on voit chez la lapine présentée à la Société. VI. — CHIMIE. 1» ANALYSE ANaTOMIQCE ET CHIMIQUE DD SANG ; par MM. F. VeRDKIL et Charijes Dollfos. (Première partie.) Les auteurs s'expriment ainsi : « Le sang, quoique ayant été l'objet de nombreuses recherches, n'avait pas encore été sutSsamment étudié au point de vue anatomique. Les principes im- médiats du sang normal, qui étaient parfaitement connus, se réduisent à l'al- bumine, la Uhrine, la matière colorante, l'eau et les sels fixes non décoraposa- bles par la calcination. On citait bien les substances exlractives, des graisses non déterminées, un acide que l'on supposait être l'acide lactique, quoiqu'on ne l'eût jamais obtenu séparé des autres substances. » L'état d'enfance dans lequel se trouvait l'analomie du sang a dû nécessairement réagir sur les recherches pathologiciues qui ont été faites sur ce liquide. En ef- fet, toutes ces recherches n'ont eu pour résultat que de constater la diminution ou l'augmentation de la quantité d'eau, d'albumine, de Cbrine, de matières (1) Plus récemment, M. Brown-Séquard a encore rencontré deux cas d'ab- sence de cysticerques chez deux jeunes lapins provenant du même père et "de la même mère qu'une dixaine d'autres qui, tous, avaient des cysticerques. 80 colorantes et de graisses. Le sang, à l'état normal, contient d'autres substances. Les principes immédiats peuvent n'exister qu'en très-petite quantité, mais leurs proportions peuvent augmenter considérablement sous certaines influences phy- siologiques ou pathologiques, et par cela même prendre une certaine impor- tance, Dans ce cas, il sera utile d'avoir des procédés' exacts qui feront recon- naître à coup sûr la présence ou l'absence de tel ou tel principe immédiat. » Jusqu'à présent on désignait sous le nom de substances extracHves du sang tout ce qui n'était pas de l'albumine coagulable, de la fibrine ou de la ma- tière colorante, et l'on désignait sous le nom de graisses ce qui était soluble dans l'étber. » Nous avons entrepris de faire l'analyse anatomique du sang, et d'étudier les principes immédiats de ce fluide, en quelle quantité qu'ils se rencontrent, pensant qu'ils peuvent tous acquérir une certaine importance suivant l'état physiologique ou pathologique, dans lequel se trouveront les animaux ou les hommes dont on étudiera le sang. n Wous avons dû commencer nos recherches avec du sang de bœuf, ayant be- soin, pour découvrir une première fois ia nature des corps que nous recherchons, d'Une grande quantité do liquide, et jusqu'à ce que nous ajons trouvé un procédé convenable, il nous a fallu des quantités énormes de sang. Une fois les différentes substances reconnues au moyen d'un bon procédé, il était possible de les retrou- ver dans une très-petite quantité de ce fluide. » Nous avons dû ne pas perdre de vue que c'était une analyse anatomique que nous avions entreprise, et qu'il fallait par conséquent éviter toute intluence qui auraitpu altérer le sang que nous étudions et le faire sortir de l'état normal. Aussi, pour être sûrs que nous n'obtiendrions pas des produits de décomposition, avons- nous évité d'introduire dans le liquide des substances qui auraient pu l'altérer. Nous avons de même toujours évaporé au btin-raarie pour éloigner l'eau, et cela afin que le liquide n'atteigne jamais le point d'ébullition. Dans de certaines cir- constances, nous avons dû mémo évaporer dans le vide. » La première opération ronsiste à éliminer la fibrine, ce qui se fait en agitant le sang encore chaud, à sa sortie du corps de l'animal. Le sang privé de sa fibrine est mélangé avec son volume d'eau, puis chauffé au bain-rnarie jusqu'à ce que l'albumine et la matière colorante soient coagulées. On filtre la masse sur un linge. La partie coagulée reste sur le linge , tandis que le liquide passe au travers. » Le liquide est encore un peu coloré par la matière colorante en dissolution, qui ne s'est pas entièrement coagulée. La liqueur que l'on a recueillie est évapo- rée au bain-marie, dans une capsule en porcelaine ; la masse coagulée est lavée, puis pressée fortement pour en extraire complètement les substances solubles dans l'eau. Les eaux de lavage et celles provenant du pressage de la masse coa- gulée sont ajoutées au liquide qui se trouve déjà dans la capsule. Ce liquide est Uès-légèrement alcalin, un peu coloré par la matière colorante du sang; onl'é- 81 vapoie jusqu'à consistance sirupeuse, puis on y ajoute à froid de l'alcool ordi- naire. Il se forme sur-le-champ un précipité abondant; on ajoute de l'alcool jusqu'à ce qu'il ne se forme plus de précipité, puis on laisse le mélange tranquille pendant vingt-quatre heures, afin que la séparation se fasse complètement. Au bout de ce temps, la partie liquide est séparée du précipité. Ce dernier est lavé avec de l'alcool ; il est composé d'une substance albumineuse qui se redissout dans l'eau. C'est de l'albumine ordinaire, qui n'a pas été coagulée par la chaleur, et qui est précipitée par l'alcool. Cette propriété de se redissoudre dans l'eau après avoir été précipitée n'indique pas une albumine particulière. L'albumine du blanc d'oeuf et du sérum se précipite par l'alcool sans se coaguler, et peut se redissou- dre de nouveau dans l'eau. Si la solution d'albumine est très-concentrée et que l'on emploie de l'alcool absolu, il y aura coagulation, et cette albumine ne pourra plu? se redissoudre dans l'eau. » Ce précipité contient aussi des cristaux de chlorure de sodium et de phosphate de 8oude« » Lorsqu'on redissout ce précipité dans l'eau et qu'on y ajoute de l'acétate de plomb, il se forme un volumineux précipité. » La liqueur filtrée est encore précipitée par le sous-acétate de plomb. Ce pré- cipité est un sel de plomb formé par un acide organique non azoté, et qui a de l'analogie avec les acides organiques provenant de l'oxydation du sucre. Nous n'avons pas pu en obtenir jusqu'à présent une quantité suffisante pour en faire l'analyse. Il forme avec l'oxyde de cuivre un sel cristallin, qui à 140° se décom- pose en laissant du cuivre métallique. Il brûle en répandant une odeur prononcée de caramel. Nous nous occupons maintenant à en obtenir une quantité sufiisante pour en faire l'analyse. » La solution alcoolique (c'est-à-dire la partie du sang soluble dans l'eau et qui n'a pas été précipitée par l'alcool) est distillée. Lorsque tout l'alcool a dis- paru, on ajoute à froid à la liqueur concentrée de l'acide sulfurique très-dilué; il se forme immédiatement une substance insoluble qui vient nager à la surface du liquide. » La liqueur répand alors une odeur très-fétide et piquante, analogue à celle que répandent les acides gras volatils qui se trouvent dans le beurre. Si l'on examine au nnicroscope la graisse qui surnage, on la trouve composée de globules graisseux, polarisant faiblement la lumière. 11 se rencontre aussi quelques masses opaques rouge foncé, ayant la forme des cristaux, que Virchon a désignées sous le nom d'hématine ; seulement ils sont moins transparents. La majeure partie de cette graisse est de l'acide oléique, qui était combiné dans le sang avec de la soude. On sépare par flitration la masse graisseuse du liquide. Comme l'excès d'a- cide sulfurlque pourrait altérer les substances que nous nous proposons de re- chercher, nous neutralisons cet acide par du carbonate de chaux ; puis nous éva- porons au bain-marie jusqu'à siccité, et enlevons les dernières traces d'eau en plaçant le résidu dans le vide sur l'acide sulfurique. Lorsque la masse est parfai- 82 tement sèche, on l'extrait par de l'alcool absolu Troid. Ce véhicule dissout alors presque uniquement de l'urée, qui cristallise de la solution. » Nous avons présenté à la Société de l'urée cristallisée directement de la solu- tion alcoolique. Si l'on n'a pas soin de sécher parfaitement le résidu et d'employer deTakool absolu froid, on obtient en solution un mélange qui ne peut pas cris- talliser, et qui ne donne aucune réaction nette de Itirôesous le n^croscope, avec l'acide nitrique et l'acide oxalique. » L'analyse élémentaire nous a démontré que cette substance était bien de l'urée. » Lorsqu'on a extrait de cette manière Tarée, on traite de nouveau le résidu avec de l'alcool chaud, mélangé d'un peu d'éther. Il se dissout beaucoup d'bip- porate de chaux, qui cristallise, lorsqu'on évapore ta solution, en aiguilles grou- pées autour d'un centre. Cet hyppurate de chaux est décomposé par un acide ; il se forme un sel de chaux et l'acide hippurique cristallisé. On purifie cet acide par plusieurs cristallisations. » Nous avons eu l'honneur de présenter à la Société de l'acide hippurique provenant du sang. L'analyse élémentaire des cristaux que nous avions obte- nus nous a démontré que c'était bien de l'acide hippurique que nous avions dé- couvert dans le sang. » Il se dissout toujours dans l'alcool chaud des sels à acides volatils, qu'on peut constater par leur odeur particulière lorsqu'on les décompose par un acide. » Dans un prochain mémoire, nous présenterons l'analyse anatomique de ces acides volatils, et nous continuerons l'examen des difiérentes substances dont le sang normal est composé. » (Séance du 6 avril.) 2» SÎIR IJN PROCÉDÇ P' ANALYSE DES UFcINES DIABÉTIQUES •, par M* HiFFELSHElM. M. Manmené (de Reims) a annoncé, il y a quelque temps, que l'on pouvait facilement décider la présence du sucre en solution à l'aide do chlorure stan- Dtque. A cet effet, il prend une bandelette de laine qu'il trempe dans une solution concentrée de chlorure stannique; après l'avoir fait sécher au bain-marie, il suffit de l'imprégner de quelques gouttes d'urine diabétique, par exemple, et de l'exposer à une température de 130 à 150 degrés sur un charbon rougi pour obtenir une tache noire sur le tissu. M. Hiffelsheim, en confirmant l'assertion de M. Manmené, fait observer que celtetache devient noire sans avoir passé préalablement par une autre coloration, ce qui ne permet pas à l'expérimentateur d'attribuer la coloration à l'action unique du feu. Par sa découverte, M. Maumené a enrichi la science d'un nouveau procédé aisément praticable par tout le monde. compte: rendu DE LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE PENDANT LE MOIS DE MAI 1850 ; PAR M. le Docteur BROWN-SÉQIJARU , seerétatro. Présidence de M. RAYER. I. — PHVSrOLOGIE. BIISTBffCE D'CN MODVKHENT BHYTHMIQUE DANS LE iABOT DES OISEACX f par M. BBOWN-SÉQCAtto. Quand ofl ouvre te jabot d'un oiseau, et surtout celdî d'un pfgeon, â l'épaque de la digestion , on voit fréquemment des mouvements rhyt6ûiic(ues, parfaite- ment réguliers, dans te jabot et t'œsopRage. Si l'on asphyxie l'animal, ces mou- vements deviennent extrêmement énergiques. Le nombre habîloel des mouve- ments, dans un temps donné, est de dix à vingt par minute. (25 mai.} 8/1 II. — ANATOMIE PATHOLOGIQDE. KÏSTES ÉPITHÉLUDX CHEZ LE BOEDF ; par M. FOLLIfC. M. FoUin met sous les yeux de ta Société une énorme tumeur qui provient du poitrail d'un bœuf. Cette masse est formée par la réunion d'un certain nombre de mamelons ; mais à l'extérieur on croirait voir un paquet de circonvolutions liées les unes aux autres et convergeant toutes vers un pédicule commun plus étroit. Les plus saillantes de ces masses ont 13 centimètres de largeur, et les plus petites 3 seulement. La peau qui recouvre cette tumeur est grisâtre, écailleuse et sèche. Sur certains points on y voit des dépôts de lamelles d'épiderme dessé- ché. Quelques poils rares s'y montrent aussi : de là un contraste avec la peau velue du reste du corps de l'animal, et dont on retrouve les caractères autour du pédicule de la tumeur. Quand on fait une coupe sur une de ces masses, on distiajue au centre deux tissus blanchâtres servant d'enveloppe à une quantité considérable de points d'une couleur variable, formés par des dépôts de produits divers. Dans la plupart des masses, ce sont des dépôts d'une matière jaune, de con- sistance mollasse comme celle du beurre. Le volume de ces dépôts est très-variable : les uns sont gros comme une tête d'épingle ; les autres ont plusieurs centimètres de diamètre. Ces produits jaunâtres ne ne se délayent pas dans l'eau ; ils s'isolent facile- ment de l'endroit où ils se trouvent, et on les voit alors entourés par une enve- loppe blanchâtre, lisse en dedans, adhérente en dehors, mais qu'il est facile d'arracher à l'aide de pinces. Cette poche est formée par du tissu fibreux. Sur d'autres points on rencontre une matière grisâtre, sans odeur, et analogue au miel pour son aspect extérieur. Enfin, dans le mamelon le plus volumineux, l'aspect intérieur n'est plus le même. Au centre, on trouve uue masse presque sèche, grise, composée de cou- ches concentriques dont les plus externes sont les plus sèches. Une poche cel- luio-iilireuse limite cette masse, qui est entourée de plusieurs petits kystes jau- I) à très. La disposition anaîomique de ces tumeurs ne permet pas d'y voir autre chose que des kystes sébacés considérablement développés. L'examen microscopique de leur contenu vient conflrmer cette idée. Dans les substances d'aspects di- vers, jaunes ou grises, que nous avons examinées, nous avons toujours trouvé de grandes cellules épithéliales pâles, avec ou sans noyau, irréguliéres , de 0""",08 en moyrnne pour leur plus grand diamètre. Dans la matière complète- ment jaune, nous avons de plus trouvé des globules jaunâtres, arrondis, granu- leux à leur centre, t.a qui resjjeiiiblaienl assez à des noyaux épars de cellules épithéliales. 85 M. Gelié a souveot trouvé daos le bœuf des kysies à peu près semblables k ceux-ci ; il les a vus dans l'épaisseur des joues, aux lèvres et dans diverses ré- gions du corps. Jamais, selon lui, ces kysies ne gaérissent spontanément , ei pour eu débarrasser l'animal, l'extirpation est le meilleur moyeu. III. — PATHOLOGIE. 1° OSTÉOSARCOME DU BASSIN; par M. BOUCHUT. Une femme âgée de 42 ans, malade depuis quatre mois, est morte à l'Hôtel- Dieu après avoir présenté les symptômes suivants : Une douleur aiguë, constante, tixée au genou gauche, a signalé l'invasion de la maladie. Celte douleur, que n'augmentait pas la pression, resta ainsi localisée quelque teuips ; bientôt elle se Jit sentir à la jambe, dans la direction du péroné , et elle s'étendit jusque sur le dos du pied, près des orteils. Elle remontait aussi quelquefois à la cuisse et jusqu'à la fesse» sur le trajet du nerf scialique ; mais à ce moment elle devint intermitteale, irréguliére, paraissant tantôt le jour, tan- tôt la nuit, et accompagnée d'élancements plus ou moins considérables. Le membre inférieur droit ne présentait rien de semblable. La malade était couchée sur le dos, le bassin conlourné à droite, la cuisse demi-flécbie sur le venlre, le genou porté aussi du côté droit et la jambe en état permanent de flexion. Elle finit par ne pouvoir plus quitter ce décubîlus, que l'on a donné avec raison comme caractéristique des alfections de la hanche, et lorsqu'on essayait d'allonger le membre , on déterminait les plus vives dou- leurs. La hanche n'était pas déformée, la pression sur le trochauter nullement dou- loureuse. La pression au pli de l'aine et les mouvements causaient seuls de !a douleur. La malade dépérissait chaque jour, quoiqu'on eût réussi bien des fois à calmer ses douleurs à l'aide d'applications eudermiques de sulfate de morphine-, elle tomba entln dans le marasme, et elle mourut. Les viscères tboraciques , examinés avec soin, ne présentaient aucune alté- ration. Le foie, les reins et la rate étaient sains. L'intestin était distendu par des gaz et rempli de matières liquides jaunâtres. Injection assez vive de la muqueuse du jéjunum et de l'iléon, mais pas d'ulcé- ratidn en aucun point de son étendue. Les ganglions mésentériques paraissent très-nombreux, rouges, un peu lu- méiiés, mais sans autre altération. L'arliculalion coxo-fémorale gauche est saine à l'extérieur. Lî« capsule fibreuse est intacte, et après sa division, il s'écoule une grande quaulité de synovie sanguinolente. Du côtéo|>posé, la synovie est claire, limpide --< niante. Le ligament cotyloïdien est inlaci. m A gauche, la tête du fémur, de volume normal, est molle et se laisse facile* ment pénétrer par le scalpel. Le cartilage est rugueux, sale et aminci. Le tissu spongieux est raréiié. très^mou et intiltré de jbouillie rougeâire. Jeté sur le sol, il sonne comm« du carton mouilla; jeté dansi'eau, il surnage le liquide. Du côté opposé, la même partie de l'os, examinée comparativement, est dure, résistante, impossible à pénétrer par le scalpel, coule au fond de l'eau, ré- sonne enlin comme de l'os, et rebondit quand on la jette sur de la pierre. A gauche, la cavité est plus profonde que du côté droit. En y mettant le doigt, on la défouce et on pénètre daos le bdgsin, dans une masse énorme formée par Tos iliaque, converti en une substance molle, spongieuse, formée d'aréoles fra- giles, remplies d'une bouillie rougeâire lienle-vin foncé. Le doigt y pénétre comme dans uu morceau de poumon splénisé. L'os coxsl est malade depuis le milieu de la crête du détroit supérieur jusque près du pubis. La branche transversale, la branche desceadanie et la brancbe iscbiatique de cet os sont affectées. Il en résulte une tumeur qui, dass son plus gr»i>d diamètre, a 20 centimètres de diamètre et qui en a 12 de large. La coupe, facile à opérer avec le couteau ou la scie, est grenue, remplie d'as- pérités formées par des cloisons osseuses. Ces cloisons eirconscri vent des aréoles très-larges ; elles sont très-fragiles et disparaissent sous la moindre prcssioD. En quelques points, elles paraissent même avoir disparu. Les aréoles sont remplies d'uoe bouillie rougeêtre, semblable à la boue sp^ nique. En deux ou trois points, dans la largeur d'un centimètre, cette bouiUi« est plus pùle et semble renfermer une maUére blanchâtre, diffuse, dont nous allons bientôt donner les caractères. A droite, bien que l'articulation coxo-fémorale soit saine, l'os coxal est éga»» lement attecté; seulement l'altéraUon e$t moins avancée que dans le côté gauche. Derrière la branche horizontale du pubis, se trouve une tumeur du volume d'un œuf, formée par la dégénérescence de celte partie de l'os et delà brancbe descendante du pubis. Cette tumeur ferme à peu près le trou obturateur; elle est constituée par une trame osseuse développée dans le périoste, et son ioté- rieur est rempli d'une matière tout à fait semblable à celle que nous venons de décrire dans l'os iliaque gauche. Les nerfs sciatiques étaient saius. 2» Sl'R VS CAS DE T13MEUR ENCÉPHALOiDE INTRA-CRANIENNE; par M. GIIBI.EB. « Une femme de 65 ans entra dans le service de M. Rayer, le 11 novembre I8fi7, pour une paralysie qu'elle rapportait à une chute. On constata une hémi- plégie incomplète du côte gauche, accompagnée de roideurs,de contractions involontaires et de douleurs dans les membres paraiysés; les membres droits étaient eux-mêmes affaiblis. 87 » A la longue» les mains se rétractèrent par la flexion exagérée des doigts ; les douleurs et les contractions des membres, stationnaires pendant plusieurs moist prirent à la tin une nouvelle intensité ; l'appétit et le sommeil se perdirent ( la maigreur et la faiblesse devinrent excessives. Une pneumonie uUime détermina la mort, qui eut lieu le 29 août 184S. B Autopsie. — Les articulations interpbalangiennes et métacarpo-phalan- gieunes des deux mains étaient altérées. Dans chaque jointure, la surface car- tilagineuse de l'os supérieur était partagée, par une rainure transversale, en deux moitiés. Tune antérieure, offrant un cartilage sain, en rapport avec l'os inférieur, l'autre postérieure, recouverte d'un cartilage aminci au point délais- ser voir par transparence des végétations de la substance osseuse sous-jacente. Dans les rainures, l'os était à nu. » La synoviale était injectée. » Les poumons étaient, dans leurs lobes inférieurs surtout, congestionnés et même hépatisés. a Le cœur et les organes abdominaux ne présentaient aucune lésion impor- tante. • Sur le lobe moyen de l'hémisphère droit du cerveau existait une masse noirâtre, arrondie, du volume d'un petit oeuf de poule, qui, le cerveau étant enlevé, restait adhérente à la dure-mère et entraînait avec elle une couche de substance corticale. Ainsi se trouvait ouverte une cavité creusée aux dépens des circonvolutions cérébrales, et qui était remplie d'un tissu cellulaire extrême- ment lia. Des vaisseaux volumineux, partant de la pie-mère, se répandaient sur la tu- meur. La dure-mère était, dans le voisinage de celle-ci, couverte d'une couche vasculaire, mais d'ailleurs nullement altérée dans sa texture. La tumeur était constituée par une substance molle, demi-transparenle, d'une nuance lilas, sem- blable, en un mot , à la substance corticale du cerveau d'un fœtus à terme , et par un épanchement de sang poisseux très-foncé en couleur. » L'examen microscopique, fait en commun avec M. Leb^rt, a fourni les ré- sultats suivants : » Une lame mince du tissu de la tumeur, examinée avec un grossissement de 50 diamètres, montra de très-nombreux vaisseaux sanguins, soit des troncs, soit des rameaux plus petits, et des réseaux de capillaires à parois nettement délimi- tées et remplies de globules sanguins. Le tissu qui entourait ces vaisseaux ne montrait ni libres ni éléments graisseux ; il était eniièremenl composé de cellules cancéreuses, qui ont été examinées avec un grossissement de 800 diamètres et ont paru entourées d'une substance intercellulaire. Les cellules sont rondes ou irrégulières, de o'"'",Ol2 à 0'"'",015, renfermant un noyau ovoïde de 0"'"',0075 à QTnm^Ol, muni de deux nucléoles de 0""",0025. » L'épancbemenl sanguin montra des transformations bien diverses d'héma- line, des taches jaunes, de petits globules d'un jaune doré de ©""'.OOS et de grands globules ronds ou ovoïdes de 0"'*,025, formés par l'agglomération de 88 ces petits globules d'un jaune doré ; enGn des cristaux losangiques d'un rouge hyacinthe, qui, traités par l'acide nitrique, ont passé parle série des colora- tions que ce réactif fait subir à la matière colorante de la bile. Plusieurs mots auparavant, M. Gubler avait observé le même phénomène en examinant la ma- tière jaune chamois qu'on trouve à la place des anciens foyers apoplectiques du cerveau ; mais déjà un observateur très-distingué, M. Virchow, avait, en Alle- n)agne, fait un travail fort remarquable sur ces altérations de l'héniatine, peu connues en France. » M. Gubler pense que celte tumeur cancéreuse s'est développée dans la pie- mère, et que plus lard elle a contracté des adhérences avec la dure-mère. Selon lui, dans des cas analogues à celui. ci, les masses cancéreuses se développent du côté du cerveau, et non point du côté des parois crâniennes, tandis que,dans les fongus de la dure-mère, la dégénérescence respecte l'encéphale, mais s'em- pare des os et des téguments. La dure-mère serait donc une barrière infran- chissable au développement du tissu cancéreux. » 3» SDR UN CAS DE MÔI.E VÉSICULAIRE ; par M. DePAUL. Une dame âgée de 21 ans, demeurant rue Louis-le-Grand, n» 2/i, était accou- chée naturellement et à terme pour la première fois à la lin du mois de janvier 1849. L'enfant naquit vivant. Les suites de couches ne présentèrent rien de particulier. Les régies, qui avaient été supprimées pendant la grossesse, repa- rurent pour la première fois dans les premiers jours d'avril; mais depuis elles furent de nouveau suspendues : ce qui, joint à quelques troubles des fonctions digeslives et à quelques autres phénomènes, lit croire à l'existence d'une nou- Telle grossesse. Au 20 avril déjà, il y avait des nausées et des vomissements. Les seins com- mençaient à se durcir et à devenir un peu douloureux. Cependant la santé gé- nérale n'était pas mauvaise, et cette dame pouvait se livrer à ses occupations habituelles. Cet état normal pour une grossesse commençante , et qu'aucune circonstance extraordinaire n'était venue troubler, persista pendant deux mois environ ; mais alors, sans cause appréciable, aucune violence extérieure n'ayant agi, et sans qu'on pût invoquer l'influence de quelque émotion morale, l'utérus prit en qnelques jour» un accroissement insolite, et qui ne s'accordait nullement avec la marche ordinaire d'une grossesse régulière. En même temps apparut par le vagin un écoulement séro-sanguinolent assez considérable pour que madame X. fût obligée de se garnir, mais qui contenait une très-minime quantité de sang, et qui continua sans interruption jusqu'au moment où l'utérus se débarrassa du corps particulier qu'il renfermait. Au reste, aucune douleur ne se fit sentir ni dans l'utérus ni dans quelque autre point delà cavité abdominale. Dans les premiers jours du mois d'août, étonnée de la persistance de l'écouie- 89 ment dont nous avons parle, maiiame X. se décida à consulter un médecin , et voici ce qu'il fut aloi s facile de constater. Le développement de l'utérus parut énorme pour une grossesse qui était arrivée tout au plus à ia tin du quatrièflif* mois. Sou fond dépassait de deux travers de doigt la cicatrice ombilicale. La forme de cet organe oirrait aussi quelque chose d'anormal. Au lieu d'être régu- lièrement arrondie, elle offrait des bosselures, surtout sur les régions latérales, bosselures permanentes et n'ayant aucune analogie avec celles qui sont dues à de» déplacements du fœtus. Le toucher vaginal fit constater que le col était en- core long, mais souple et mou. La lèvre antérieure, considérablement développée, parut le siège d'une lésion préexistante à la grossesse. La malade assurait perce- voir la sensation des mouvements actifs d'un enfant. L'auscultation n'ayant pas été pratiquée par la personne qui fut chargée de cet examen, je ne puis rien dire du résultat qu'aurait fourni ce mode d'investigation; j'ajouterai seulement qu'il est très-probable qu'on aurait perçu uu bruit de souille en tout semblable à celui de la grossesse ordinaire. C'est au moins ce que j'ai pu constater dans quelques autres faits qui se sont présentés à mon observation. Quelques jours après (dans la nuit du 6 au 7 de ce mois), sans c^use piovoca- trice extérieure, la malade étant couchée, apparurent des douleurs dans le ventre ayant tous les caractères de celles qui accompagnent les contractions utérines. L'écoulement séro-sanguinoient, qui n'avait pas discontinué, devint plus abon- dant à partir de ce moment. Le mardi 7, à dix heures du matin, une masse du volume des deux poings fut expulsée. A part quelques petits caillots qui s'étaient déposés dans les anfracluo- sités qu'elle présentait, elle était exclusivement formée par des séries de vésicules appendues sur une tige commune et formant des grappes nombreuses. Ce» vési- cules présentaient, comme on peut le voir sur la portion de môle que je mets sous les yeux de la Société, des différences quant à leur forme et à leur volume. Les unes étaient arrondies ou aplaties, les autres ovalaires. Les plus petites avaient le volume d'un grain de cbènevis, les plus volumineuses celui d'une grosse amande. Les pédicules communs et les fllets particuliers qui les supportaient étalent blancs et très- résistants. Les premiers pariaient tous d'une membrane dont il a été impossible de retrouver la cavité. Les parois de ces diverses vési- cules étaient minces et transparentes, mais jouissaient d'une résistance assez grande. Le liquide qu'elles renfermaient était incolore et légèrement visqueux. La persistance des contractions utérines pouvait facilement faire soupçonuer que tonte la môle n'avait pas été expulsée, et en effet, à trois heures, le mcoïc jour, une nouvelle masse, à peu près du même volume que la première, fut ren- due; elle offrait d'ailleurs les mêmes caractères. Quelques heures de calm- sui- virent son expulsion ; mais des douleurs reparurent dans la nuit, et le lendemain, à neuf heures, l'utérus se débarrassa d'une dernière portion un peu moins volu- mineuse que les deux précédentes. A partir de ce moment , la matrice, qui ne renfermait plus rjeii, cessa de se 9» contracter. Un écoulement lochial séreux plutôt que sanguin s'établit, et fut sur- tout remarquable par son abondance pendant les trois premiers jours. Le qua- trième il avait presque entièrement disparu, et le fond de l'utérus était au niveau du détroit abdominal. Les phénomènes qui constituent ce qu'on appelle la fièvre de lait apparurent comme à la suite d'un accouchement ordinaire, avec cette différence seulement qu'ils se déclarèrent à une époque plus rapprochée de la déplétion utérine (c'est- à-dire vingt-quatre heures après), et qu'ils eurent une durée beaucoup moins grande. Aujourd'hui, cinq jours après l'expulsion de cette môle, la santé de madame X. est aussi bonne que possible, et il est permis de penser que sa santé sera prompte- ment rétablie. Le cas qui précède est un nouvel exemple d'une des maladies dont l'œuf peut être atteint, et dont la cause première est inconnue sans doute, mais dont le point de départ et les évolutions sont aujourd'hui beaucoup plus convenablement ap- préciés qu'on ne l'a fait pendant longtemps. Déjà Albinus et Ruysch avaient par- faitement apprécié la nature de ces masses vésiculaires en plaçant leur siège dans les petits renflements qui terminent les villosités choriales. Les travaux de MM. Velpeau et Cruveilhier,ceux de M"'* Boivin, ont depuis pleinement confirmé cette manière de voir. i» CAS DE COMPRESSION DE LA PORTION THORACIQUE DE l' OESOPHAGE PAR CNE MASSE TDBERCULEl/SE DÉVELOPPÉE DANS LES GANGLIONS DO MÉDIASTIN POSTÉRIEUR, AVANT CASSÉ LA MORT, CHEZ UN SAJOU ORDINAIRE ; par M. Da VAINE. « On a déjà observé que certains engorgements des glandes lymphatiques qui ayoisinent l'œsophoge peuvent, par la compression qu'ils exercent sur ce con • duit, en simuler le rétrécissement organique, entraîner la régurgitation des aU- ments, et, dans un temps plus ou moins éloigné, la mort du malade. » L'engorgement de ces glandes se rencontrant plus fréquemment chez les en- fants scrofuleux et tuberculeux , l'on est porté à penser que la compression de l'œsophage par ces tumeurs doit avoir été observée plus souvent dans l'enfanee qu'aux autres âges de la vie; cependant MM. Rilliet et Barthcz (Traité dks ma- ladies DES ENFANTS, t. III), qui ont décrit avec soin les accidents que détermine la compression exercée par ces tumeurs, soit sur les bronches, soit sur les nerfs pueumo-gastriques, déclarent qu'ils n'ont pas rencontré de cas de compresiion de l'œsophage, et M. Barrier (Traité des maladies de l'enfance, 1. 1, p. 663), qui s'est aussi occupé de celte question, dit que la compression de l'œsophage par des ganglions tuberculeux parait très-rare, circonstance qu'il cherche à expliquer par la disposition anatomique des parties. » Ces considérations m'ont engagé à rapporter avec quelques détails un cas de compression de l'œsophage par des ganglions tuberculeux que j'ai rencontré chez un sajou ordinaire ou sapajou (simia capucina). n » 1.0 cadavre de cet animal aélc remis, il y a riueliiuesjours, à M. Robin, qui, ne pouvant en faire immédiatement la dissection, a en l'obligeance de l'envoyer à M. Rayer. II parait que, dans les derniers temps de sa vie, l'animal toussait et rejetait ses aliments, ce (;ui a fait supposer qu'il était atteint d'une maladie de Testomac et des poumons. » A l'ouverture de la poitrine, le cœur a paru fortement repoussé en avant par une tumeur qui occupait tout le nuidiastin posie'rienr, depuis la première côte jusqu'au diaphrai;me. Celte tumeur était formée par l'agglomération de petites mas>cs tuberculeuses dont ta plupart avaient le volume d'une noisette. Quelques- unes étaient encore à l'état cru, et les autres à divers degrés de ramollisse- ment. » La tumeur élailiiivisée en d-ux portions par ia bifurcation de la trachée-ar- lère l-a portion supérieiise, placée entre la trachée en arrière et le cœur en avant, écartait et comprimait plus ou moins ces organes et les principaux vaisseaux, tels que l'aorte , la veine cave supérieure et surtout la veine azygos. Les nerfs pneumo-gastriques étaient aussi déjetés à droite et à gauche. Le pneumo-gastri- que droit, engage dans un tis^su cellulaire dense et serré qui enveloppait la ta- uieur, s'amincissait de plus en plus dans son trajet et finissait par se perdre dans la masse tuberculeuse. Les bronches également faisaient corps avec cette tumeur , la droite surtout était très-déformée et d'un calibre beaucoup plus petit que la gauche. Au-dessous de la bifurcation de la trachée, la seconde portion de la tu- meur était appliquée au devant et sur les côtés de la colonne vertébrale, envelop- pant plus ou moins l'œsophage, qui n'était libre qu'en arrière. Immédiatement au-dessus du diaphragme, les trois quarts au moins de la circonférence de ce condu t étaient embrassés par la tumeur, dont les portions latérales rappror^hées le comprimaient transversalement et eCfaçaient presque ccmipléiemcwl sa cavité. Il était manifeste que les liquides mêmes devaient avoir de la difficulté à franchir ce passage. As-dessus de ce point, l'œsophage était manifestement élargi ; il co»- tenait des matières alimentaires semblables à du caséum assez consistant.. La membrane interne de l'œsophage paraissait plus rouge dans cette portion dilatéa , partout ailleurs elle n'offrait aucune lésion appréciable. Les poumons étaien*. engorgés dans plusieurs points assez circonscrits. Le lobe inférieur du poumon droit offrait un tubercule cru du volume d'un pois à peu près. L'estomac et les intestins ne contenaient que des liquides. Ces organes ne présentaient ancune altération notable. Les ganglions raésentériques, au niveau du tronc cœliaque. formaient une masse tuberculeuse de la grosseur d'un marron. » J'ai déjà dit, au commencement de cette note , que les cas de semblable tu- meur tuberculeuse comprinr.iu.t l'œsophage dans sa portion thorscique, devaient être très-rares. » Mauchart, dans une thèse soutenue sous sa présidence, intitulée : De strgma resopuAGi et insérée dans les Dispctationes CHiBCRcrCiC de Haller (t. Il, p. 39&), a rassemblé plusieurs observations de compression de l'œsophage par des l«- '^. 92 meurs formées par les ganglions bronchiques ou préTerlébraiix dégénérés; mais les caractères de ces tumeurs, qu')l désigne sous le nom de strumeuses, ne sont pas exposés avec assez de précision pour qu'on puisse décider si elles étaient due» à une dégénérescence tuberculeuse ou cancéreuse. Ce qu'il résulte seulement des observations de Mauchart et de telles qu'il a empruntées à divers observateurs antérieurs, .tels que Tulpe, Verhcj en, Heister, etc., c'est que les principaux symp- tômes de cette allVction sont la réguruilaiion des aliments, accompagnée d'une dyspnée pins ou moins considérable. » Les observations rapportées par Mancbart sont, parmi les faits plus ou moin* analogues que j'ai trouvés dans les recueils smentiftques, celles qui ont le plus de rapport avec le cas que je viens d'exposer. On pourrait encore en rapprocher une observation qui se trouve consignée dans les ISulletins de i.a Société anatomi- que (ISi'î, p. lOâ) : c'est un cas d'ulcération cancéreuse de l'œsophage, qui aété présenté à cette Société par MM. Ch. Bernard et l"\illin. Il y avait eu même temps une tumeur de nature tuberculeuse qui, située entre la trachée-artère et l'œso- phage, faisait une saillie d'un centimètre environ dans chacun de ces deux con- duits. » IV. — TÉRATOLOGIE. ViCE DE COM'Or.MATlON DES MAINS; par M. GUBLEK. M- Gubler fait hommage à la Société, au nom de M. Rayer, du moule en plâtre de la main gauche d'un jeune homme de 20 ans, qui présente une conformation vicieuse caractérisée par la brièveté excessive des deux dernières phalanges de tous les doigts, et particulièrement des phalanges onguéales, par la présence d'une sorte de membrane interdigitale très-prononcée entre l'indicateur et le médius, où elle atteint le niveau de l'aiiiculation de la première phalange avec la deuxième, et enfin par la faus>c ankylose des articui.itions interphalangiennes. La phalange onguéale du pouce est renflée au point de donner à ce doigt la forme d'une massue. La main droite présentait des vices de conformation sem- blables. V. — HELMINTHOLOGIE. NOTE POUR SERVIR A L'HISTOIRE DES HÉMATOZOAIRES; par M. FOLUi\. L'existence de vers dans le sang est un des faits les plus curieux de l'histoire de ce liquide, et l'observateur qui le premier fit cette découverte dut un instant se croire sur la voie d'un des résultats les plus importants de la physiologie. Quoiqu'on n'ait pas retiré de ces observations tout ce que présageait la théorie, elles n'en sont pas moins dignes d'intérêt. Aujourd'hui les hématozoaires ont été constatés dans le sang des quatre classes de vertébrés et chez soixante-dix-sept mollusques. Oans l'espèce humaine, Treutler a décrit un ver qu'il désigne sous le nom de hexntkyriditis venorum, et qu'il crut provenir de la viùne tibiale antérieure, 93 ouverte spontanément chez un jeune homme pendant qu'il se baignait. Rien ne donne à cette observation un caractère de (crtitude qui puisse nous la faire ad- mettre ; mais si, chez l'homme, les hématozoaires n'ont point été constatés, car je n'attache guère d'importance à une vague assertion de M. Gros ( de Moscou ), qui dit en avoir vu dans le sang d'individus syphiHtiques, il n'en est pas de même pour les mammifères : les observateurs les plus recommandabics les y ont trouvés. ïreuller assure avoir vu des vers du genre des fascioles dans les veines pul- monaires du calocéphaie barbu (phoca barbota) et dans la veine porte d'autres animaux; il en a constaté aussi dans la veine cave des cerfs. Klein, Camper, Albers, Rosenthal et Creplln,M.Kuhn et M. Raspail, ont tour à tour fait connr.ître des espèces particulières de strongles dans les sinus veineux de la base du crâne et dans les veines pulmonaires du marsouin. M. Rayer, dans ses Abchives de médecine comparée (premier fascicule), a dé- crit avec un grand soin ces anévrismes vermineux qu'on rencontre si souvent chez le cheval, et qui contiennent en grand nombre le strongylus armatus minor. MM. Gruby et Delafond ont fait connaître une Claire de 3 à 4 millièmes de milliuiètre qui se trouve dans le sang des chiens. Le sang d'un mulot a présenté à M. Gros des vermicules très -nombreux, et tellement amincis qu'ils étaient à peine reconnaissables à 400 diamètres. Des mêmes vers ont aussi été vus sur des taupes par le mémo observateur. Ainsi, dans les mammifères, on semble avoir assez souvent trouvé différentes espèces d'hématozoaires. Chez ies reptiles, on a très-souvent constaté l'existence d'hématozoaires : ainsi, dès 1826, Schenetz, puis plus tard Valentin, Vogt et Gluge,etc., etc., en ont décrit et figuré chez la grenouille. Valentin (Muller's Archiv., I8i2) a signalé, mais rarement, un hématozoaire dans le sang du salmo farîo; il avait 0""°,012. Ces vermicules ont aussi été trou- ves dans le sang de beaucoup d'autres poissons, du goujon, de la motelle, de la perche, du sterlet, de la lotte, de la tanche. L'animalcule qui vit dans le sang de la motelle est de 0""",046 de long sur 0,001 de large ; il y existe en grand nombre. Doué de mouvement, il change souvent de formes. Dans tous les cas, il est plus petit qu'une vésicule du sang, qui en logerait plusieurs. Chez la tanche, ces hé- matozoaires sont très-ténus, allongés, sous forme de filaments légèrement renflés en leur miUeu. Les hématozoaires paraissent ne pas être rares dans le sang des oiseaux. J'ai pu, grâce à l'obligeance de M. Rayer, observer des filaires dans le sang de quel- ques freux (corvM* frugilegus) tués dans la forêt de Fontainebleau et arrivés à Paris dans un parfait état de conservation. Déjà des filaires analogues avaient été vus sur des oiseaux de diverses espèces : 9ft ainsi M. Gros paraît en avoir vu dans le sang d'engoulevents. Celui d'one grue en différait de (r°,01 à 0«"»,0J5. Mais e'est chez l'espèce corvine qu'on paraît trouver surtout ces hématozoaires. Existe-t-il dans la nourriture de ces êtres quelque chose qui favorise le dévelop- pemeiil de ces hématozoaires? Cela n'est rien moins que prouvé. Deux observateurs ont vu ces hématozoaires dans le sang des individus de l'es* pèce corvine : ce sont M. Gros (de Moscou) et M. Ecker. M. Gros leur donne an volume qui me fait penser qu'il ne les a pas bien vus. Quant à M. Ecker, il ne les a observés que dans le saug du cœur. J'ai examiné avec grand soin le sang du cœur, des veines du cou et des cuisses chez neuf individus du corvus frugilegus. Chez trois j'ai constaté la présence de ces âlaires. Dans un cas ils étaient très-nombreux, et se dessinaient nettement par leur fond obscur. Quand ils sont en petit nombre, on ne peut les aper« cevoir que difflcilement, mêlés qu'ils sont à la masse des globules sanguins. Ces hématozoaires m'ont paru sous l'aspect de filaments allongés, légèrement efSlés à leurs deux extrémités, plus volumineux à leur centre. En moyenne ils ontO""",090 de longueur sur 0°"",0040 de largeur; M. Ecker leur donne en lon- gueur 0"""106, et en épaisseur ©""lOai à 0'"'",00g. Ces vers ont une de leurs extrémités moins effilée, plus arrondie que l'autre; mais il est impossible de distintjuer l'antérieure de la postérieure; car on ne re- connaît chez ces fîlaires aucun organe distinct, et rien qui réponde à la télé ou à la queue. Par transparence il est facile de voir que leur corps ne contient aucun organe interne, si ce n'est des granules, m:iis rien qui ressemble à une disposition quel- conque d'appareils intérieurs. J'ai rencontré ces Qlairesdans du sang pris dans différentes artères ou veines du freu. M. Ecker n'a pu les trouver dans du sang tiré de la peau de la cuisse et des vaisseaux trachéaux. Ces vers ne lui semblent pas devoir circuler avec le sang, et il en donne pour preuve que lorsqu'on oavre les vaisseaux en saignant l'animal, on ne trouve pas de ces prétendus fliaires dans le sang qui s'écoule, tandis qu'on en trouve, au contraire, beaucoup dans le sang du cœur. J'en ai constaté la présence non-seulement dans le sang du cœur, mais dans celui pris dans différentes régions du corps. J'ai peine à comprendre comment ces Qlaires s'y trouveraient sans y circuler, et d'ailleurs on observe celte circula- tion des niaires dans le sang des grenouilles. Dans certains cas, le sang du freu prend un aspect comme huileux : c'est alors que j'ai le plus souvent trouvé lies filaires. Quant à leur destination ultérieure, on ne peut penser que ce soient de jeunes embryons de slrongles que l'on voit sur l'estomac, sur le foie, sur le poumon ; car les embryons de slrongles sont déjà dans l'œuf de deux à trois fols plus gros que l'hématozoaire en question. VL — BOTANIQUE. StR UNE MALADIE DE L\ TIGNE CACSI^.E PAR LE PARASITISIIE d'uNE HDCÉDINÉE DO GENRE oïDioM ; par M. C. Montagne. H. Tacker, Jardinier chee M. J. Slater, à Margste , en Angleterre , obserra le premier en 1845, et pendant deux années consécutives, qne la vigne cultivée soit dans les serres, soit à l'air libre, était comme saupoudrée de farine sur les feuilles, l€8 jetraes pousses et même sur les grappes du fruit. Les parties recouvertes de cette sorte d'efHorescence blanche se gonflaient, se crevassaient ; le raisin con- tractait on goût désagréable, et finissait bientôt par se gâter e( se corrompre tout à fait. Soumis à l'observation microscopique, cet enduit farineui fut reconnu pour être constitué par l'une de ces mucédinées parasites si préjudiciables à plusieurs végétaux, par une espèce nouvelle du genre oidium. C'est dans le n* 48 du Gardener's Chroniclb pour l'année 1847 qu'on peut lire la description et voir la figure qu'a données de ce champignon mon ami le révé- rend M. J. Berkeley, qui le nomme oidium Tuokeri., du nom de son premier observateur. Un état pathologique semblable de la vigne vient de se montrer dans les serres de Versailles et y occasionne de grands dommages. M. Baudry, bibliothécaire de l'Institut national agronomique, m'a fait l'amitié de m'apporter, vers la fin de la semaine dernière (26 avril 1850), un bocal contenant tout à la fois des feuilles et des grappes contamiaéi-s et malades : c'est celui que j'ai l'honneur de mettre sous les yeux de la Société. Nous avons examiné ensemble au microscope la produc- tion fongique, cause présumée du mal, dont il désirait savoir le nom. 11 me fut bien facile de reconnaître la mucédinée et de la rapporter à son véritable genre. Ma collection, où se trouve un exemplaire authentique de Voidium Tuckeri^ envoyé par M. Berkeley, me fut d'ailleurs d'un grand secours pour me convain- cre que je ne me trompais pas en considérant la maladie de la vigne de Versailles comme produite par un parasite absolument identique à celui qui détermina l'af- fection piithologique de celle de Margate. Veut-on savoir maintenant ce que c'est que la mucédinée en question? Je le dirai en peu de mots. Les ravages qu'elle occasionne et les perles immenses qui en résultent pour ce genre d'industrie valent bien ;a peine qu'on s'en occupe. Comme la plupart de ces plantes, elle est constituée par deux sortes de filaments , les uns stériles, les autres fertiles. Les premiers , qui en forment le système végétatif, rampent sous l'épiderme entre les méats intercellulaires, ainsi que je l'ai constaté dans le botrytis (pero- nospora) infestans et Voidium erysiphoides, quand la plante se développe sur la feuille; ils rampent à la surface del'épicarpe lorsqu'elle envahit le fruit. Les seconds, ou les filaments fertiles sont dressés, longs tout au plus d'un cinquième à un sixième de millimètre, cloisonnés de distance eu distance et un peu renflés 96 en massue au sommet. Sur les feuilles on les voit sortir par l'ouverture àe^ slo mates; mais sur les fruits, Tépicarpe étant privé de ces organes, ils s'élèvent di- rectement du filament qui rampe à la surface de celui-ci, et constituent ce qu'on appelle le mycélium. C'est le dernier article des filaments fertiles qui se trans- forme's.a spore ; et comme cette métamorphose peut se iépéter un grand nombre de fois, le filament croissant incessamment, on conçoit l'énorme quantité qui s'en produit et la prompte dissémination qui s'en doit faire pour propager la ma- ladie aux ceps voisins du premier infecté. Ces spores sont elliptiques, et ont à la maturité une longueur de 0'"'",035 sur un diamètre de près de 2 centièmes de millimètre. Comme elles ne tombeut pas toujours au fur et à mesure de leur pro- duction, il en résulte qu'on en trouve quelquefois trois ou quatre qui se suivent et forment le chapelet. L'épispore est lisse et l'endospore rempli d'un nucléus granuleux. Toute la plante est blanche et transparente. M. ïucker a employé sans succès une foule de moyens divers pour s'opposer aux progrès du mal avant d'arriver à en trouver un efficace. Celui qui lui a le mitiux réussi consiste en aspersions et en lotions faites avec un mélange de soufre et d'eau de chaux. C'est à l'aide de ce procédé seulement qu'il est parvenu à se rendre maître de la maladie et à en arrêter les ravages, (t 1 Mai.) COMPTE RENDIT iU SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE PENDANT LE MOIS DB JUIN 1850; VAR M. le Doctear BROWN-SÉQ»&IU> , eecr«talrt. Présidence de M, RATER. I. — CORRESPONDANCE. SDR l'N CAS DE t^ÈPRE ET SUR I,ES UAI,API^S VV» Yï^RS A &0H ^ff 3TfllE j lettre adressée à M. Rayer, par M. {?ÇQUpT. Je profile du retour en France de M. Jager-Smidt, gérant du consulat généra} de Beyrout, pour vous envoyer le dessin d'un lépreux qui, je pense, pourra vous intéresser. Le malade est un jeune prince de la montagne du liiban, de la famille Chaab, à laquelle appartenait le grand émir Béehir, le dernier prince souverain de Ja montagne. I) a commencé à être atteint de la lèpre à l'âge de J6 ans j il en 98 a 21 aujourd'hui. La maladie s'est annoncée par des taches et des pustules sur toute la peau, qui furent prises pour des pustules vénériennes et traitées par l'emploi du mercure à haute dose. Sous l'influence de ce traitement, la maladie marcha rapidement; au bout d'un an, la peau perdit sa sensibilité, les cheveux tombèrent, les forces musculaires s'affaiblirent. La seconde année, la face fut tuméfice et le gonflement éiait dune rougeur très-prononcée. Bientôt ce gonfle- ment s'étendit aux mains, et depuis lors ia maladie a suivi une marche progres- sive. Aujourd'hui le mal paraît être parvenu à son plus haut degré d'intensité, la voix est presque éteinte, et la féliditc que répandent la respiration et la tota- lité du corps est telle, que le dessinateur que j'avais amené avec moi n'a pu colorier le dessin ; il était saisi de vertige et il a dû quitter la chambre où se trouvait ie malade. Aii.si que vous le verrez par le dessin, le nez est détruit, la bouche est cou- verte d'ulcères des-^échés. Le dessin vous donne la forme exacte des mains et des doigts. Les ongles sont transformes en croûtes pustuleuses noirâtres. EnOn l'a.ïpect de ce malheureux est hideux, et cependant, jusqu'à l'âge où il a été at- teint par cette afl'reuse maladie, c'était un beau jeune homme. Aucune personne de sa famille n'a eu la lèpre, et depuis six ans son frère aîné habite et couche impunément dans ia même chambre que lui. il existe chez les Arabes, sur les causes de la lèpre, un préjugé dont je veux vous faire part : ils assurent que tout enfant conçu à l'époque ties menstrues de la mère doit être atteint fatalement de Ja lèpre. Ce préjugé n'aurait-il pas son origine dans cette opinion ancienne et conservée encore aiîjourJ'hui en Syrie, que toute femme est impure aux époques meastruelles, et que tout rapport avec clic est alors un péché? Et suivant la pé- ïiaiité établie par Moïse, l'enfant ne seiait-il pas chàiié pour ie père? II y a beau- coup de judaismo, dans le christianisme .syrien, et il ne serait pas étonnant que '.'opinion sur l'origine de !a lèpre fût encore un souvenir des antiques pré- c'.'iiies. Vous m'aurez souvent accusé de n'avoir pas voulu répondre aux questions que vous m'aviez posées dsus la lettre que vous avez eu ia bonté de me remettre lors de mon départ de Paris. Je ne veux pas que vous me croyiez coupable de négli- gence. Je. vous dirai donc que, depuis deux ans, j'ai recueilli plusieurs notes sur réduciition cl les maladiss des vers à soie en Syrie, et que je vous adresserai aprè^ la récolle des cocons de cette année, un petit mémoire qui répondra, je l'espère, à toutes vos questions. Cependant je puis vous dire dès aujourd'hui que la museardine n'existe pas en Syrie. J'ai fait et fait faire à plusieurs éleveurs, soit Arabes, soit Européens, une description exacte de la maladie; personne ici ne la connaît. Elle ne pourrait passer inaperçue, puisqu'elle sévit presque toujours épidémiquement, soil en France, soit en Italie. Voici les mal.'idies de» vers que l'on observe en Syrie; vous verrez, par les noms arabes cet os dont les tables avaient été repoussccs sur le point correspondant à la Siiil- lle de la dure-mère. A l'extérieur, un peu au-dessus de labosse occipitale droite, on .scatiiit avec ■f la main une saillie bien marquée, et qui eût été visible même si les cheveux avaient été rasés sur cette partie. Cette saillie n'existait point à gauche. En ouvrant les enveloppes du cerveau, on vit s'écouler un liquide séro-san- guinolent assez abondant à la base du cerveau et dans les ventricules surtout. Le cerveau détaché et enlevé avec soin présenta les altérations suivantes : Le côté droit du cervelet, fortement déprimé, était presque complètement détruit. Une caviié, dans laquelle se serait caché aisément le jaune d'un œuf de poule, était entourée des restes de la substance médullaire de cette partie du cervelet dont le ramollissement et la destruclion s'étaient communiqués au lobe correspondant du cerveau dans lequel l'altération avait pénétré d'arrière en avant à la profondeur de 4 centim. L'altération de la substance cérébrale était d'autant plus marquée qu'elle s'observait plus en arrière; on voyait même sur la partie du cervelet qui environnait sa dépression, plusieurs petits points où la suppuration était manifeste. La dure-mère présentait sur la partie qui correspondait à celte dépression du cervelet one tumeur attachée à celte membrane par un pédicule de 12 à 14 millim. de diamètre. Celte tumeur, de forme ronde, avait l'aspect, la forme et la couleur d'une galle de chêne qui se forme sur les feuilles de cet arbre, et dont la couleur rose, blanc jaune, donne une idée assez vraie de cette tumeur. Son volume avait un diamètre de 24 à 30 millim.; elle était légèrement aplatie d'avant en arriére. Celle (umeur, divisée avec le bistouri, se trouvait de nature flbreuse, un peu moins résistante que les tuifteurs fibreuses ordinaires. Le reste du cerveau et du cervelet n'olTrait aucune alléraiion ; le tissu même en était assez ferme sur les points éloignés de la tumeur. Une injection des capillaires se faisait remarquer sur tous les points, et par- ticulièrement sur les plus rapiirochés de la bosse occipitale droite. La facilité avec laquelle les tumeurs de la dure-mère repoussent les tables des os du crâne et les font saillir à l'extérieur devrait porter les médecins à faire raser la tôle d'un malade dans les cas analogues à celui qui précède quand cette maladie peut être soup(;onnée. Il est facile alors de reconnaître, par l'examen externe de la tète, les altérations subies par cette boîle osseuse, quand il y en a d'appréciables ; et qui sait si ua pai*eil examen ne conduirait pas un prati- cien habile à tenter, dans ce cas, des moyens extrêmes, justifiés d'ailleurs par la gravilé de la maladie, et la terminaison fatale à peu près inévitable qui menace toujours celui qui en est airecté ? 2» REMARQUE A PROPOS DE L'OBSERVATION PRÉCÉDENTE ; par M. BROWN SÉQUARD. L'observation de M. Mazier est le second fait, présenté à la Société, d'une tu- meur du cervelet délerminanl la paralysie du côté où elle siégall. M. Tailhé a lu, l'an dernier, une observation qui est publiée dans nos Mémoires, p. 147-152, ei dan» laquelle il Ji'agit d'un ancien milllaire, hémiplégique du côté droite mort 105 à la Charilé, dans le service de M. Rayer. On trouva à l'aulopsie un tubercule dans le lobe droit du cervelet. A cesujet, nous devons signaler une erreur qui s'est glissée sous la piume de M. Leheit, à propos de ce malade, dans notre compte rendu de novembre 1849, p. 178. Ceiie erreur consiste en ce que le lobe gauche au cervelet est di'signé comme ayant été ie siège du tubercule dans le cas dont l'histoire a été rajtportee par M. Tailhé. M. Rayer, qui a examiné chaque jour !e malade en question pendant plusieurs semaines ; M. Brown-Séquard, qui a, de son côté, recueilli l'observation, ainsi que plusieurs autres personnes, n'hésitent pas à aflirmer que M. Tailhé ne s'est pas trompé, et qu'il y a bien eu dans ce cas paralysie et tubercule du côté droit, c'est-à-dire du même côté. 3' d'une AFF£CTIO>î f.ONVtI.SIVE OL'I SURVIENT CDE/, LES AMMAÎJV AYANT EU UNE MOITIÉ LATÉRALE DE LA MOELLE ÉPINIÈRE COUPÉE; par M. BP.0\V.\-SÉ- QUAUD. Celte afTection consiste en des mouvements convulsifs très-énergiques des muscles faciaux, des membres antérieurs et du membre postérieur du côté op- posé à celui où a été fait l'hémlsection de la moelle. On provoque ces convul- sions à volonté, en pinçant une des parties sensibles de l'animal et spécialement sa face. La crise dure de cinq à quinze minutes. Quand elle a cessé, on n'en peut provoquer une nouvelle que lorsque l'animal s'est reposé plusieurs heures. Les crise.s sont d'autant plus violentes et plus longues que l'animal est resté plus longtemps sans en avoir. C'est sur des cochons d'Inde que cette afieclion a été rencontrée. Elle ne commence guère à exister que huit ou dix jours après l'opération faite à la iBoelle. C'est surtout quatre ou cinq semaines après l'opération que les crises sont violentes et provoquée aisément. Trois ou quatre mois après l'opération, il faut exciter très-vivement l'animal pour produire une crise. Sur il animaux ayant eu une moitié latérale de la moelle coupée aux lombes ou à la région dor- sale, 8 ont été atteints de cette aSection ; les 3 autres sont morts avant l'époque où cette affection se déclare hîtbituollemont. Ils ne peuvent donc pas être con- sidérés comme des exceptions à une règle qui établirait que toutes les fois que la moelle épinière, à partir de la huitième vertèbre dorsale jusqu'à la qua- trième vertèbre lombaire, a une de ses moitiés latérales coupée transversale- ment chez un cochon d'Inde, il survient chez cet animal, au bout d'une, deux ou trois semaines, une affection qui se manifeste par des convulsions, après l'excitation d'un point sensible. Les mouvements convulsifs qui se montrent alors ressembleut davantage à ceux de l'épilepsie qu'à ceux de toute autre affection convulsive. De tout ce qui précède, il suit qu'après une certaine lésion de la moelle épi» 106 tiière, chez certains animaux, il survient une aflectioa convulsive ayant quelque pareulé avec l'épilepsie. La'Sociéié a été plusieurs fois lénioin des convulsions mentionnées ci-dessus. (8 Juin.) V. — TÉRATOLOGIE. i" OBSERVATION d'un FOETUS ANENCÉPHALE ; par M. OuER (d'Orléans). Le docteur Olier, d'Ovléans (I-oirel), a adresse à M. Rayer la description et le squelette d'un fœtus anencéphale. Ce cas offre cela de remarquable que, bien qu'il existât un spina bifida dans toute la longueur du rachis, la moelle épinière n'était point détruite; elle formait un cordon aplati, bifurqué à son extrémité su- périeare. Les nerfs rachidiens ne se continuaient point avec elle. Cette observa- tion confient en outre quelques détails curieux sur les dilTicultés que présente Je diagnostic de la position du fœtus pendant le travail. Voici le fait : Le 9 mai i850, la femme ***, jardinière à Orléans, éprouve, à quatre heures du soir, dans les reins et le bas-ventre, des douleurs assez vives, qui augmentent avec rapidité d'intensité, et à six heures du soir elle accouche d'un fœtus mort, du sexe féminin ; à six heures et demi, le délivre est expulsé naturellement. Celte femme est à sa sixième grossesse. A la première, elle eut deux jumeaux à terme, le premier mort-né ; le deuxième vécut quatorze jours. Deuxième gros- sesse, fausse couche à troiS mois. A la troisième, l'enfant remue à quatre mois et demi et jusqu'au cinquième mois. A celte époque, la mère éprouve des contra- riétés ; dos lors l'enfant cesse de remuer jusqu'au neuvième mois, où elle accou- che d'un enfant mort et mal conformé. Quatrième grossesse normale; l'enfant, du sexe masculin, vit : il est âgé de 13 ans. Cinquième grossesse, fille, qui vit, aujourd'hui âgée de 7 ans. A toutes ces grossesses, cette femme a reconnu immé- diatement qu'elle était enceinte, à des dégoûts pour certains aliments, pour le vin, puis à la cessation de ses règles. Sixième grossesse. — Le 3 juin 1849, elle a eu ses règles pour la dernière fois; elle les attend en vain le mois suivant. Son âge (43 ans) fait qu'elle croit être arrivée à son temps critique. Elle n'éprouve aucun malaise, aucun dégoût, rien qui lui fasse présumer qu'elle peut cire grosse. Sa santé, du reste, est très-bonne, cependant elle voit son ventre augmenter lentement, sans songer un seul instant qu'elle peut être grosse. Elle croit engraisser comme certaines femmes parvenues à son âge. Plus tard elle fut fort surprise de sentir remuer. Les mouvements sont fort sensibles, même pour une main étrangère. Le 2 avril 1860, elle éprouve de vives contrariétés, et elle ressent des douleurs dans les reins et dans le ventre, principalement à droite. Ces douleurs, au bout de quelques jours, cessent d'occuper le tronc; elles se propagent dans la cuisse et la jambe gauche, et deviennent bientôt tellement violentes qu'elles arrachent des cris à la malade. Le repos au lit est nécessaire. Tout le membre devient en- 107 fié; la peau est lisse, tendue, douloureuse, pouvant à peine supporter le poids det couvertures. 12 sangsues et des cataptaBoies appliqués sur les points les plus douloureux, un repos absolu pendant quelques jours, des boissons délayantes et un léger purgatif enrayent cos accidents et permettent, au bout de dix à douze Jours, ^ cette femme de reprendra ses occupations; elle conserve pourtant quel- que douleur dans tout le membre, qui lui semble pesant pendant tout le reste de sa grossesse. Le 8 mai, à cinq heures, elle éprouve des douleurs assez vives dans le bas- ventre, comme pour accoucher; elle sent remuer pour la dernière fois et me fait appeler. La femme élanl couchée, le toucher permet de constater un amincis- sement complet du col ; il est extrêmement dilaté. Son diamètre est d'environ 6 centimètres à H centimètres et demi. La peau des eaux est lisse, fortement ten- due, large, non ^aillante, malgré la dilatation extrême du col ; elle est profondé- ment située, et ii faut introduire le doigt tout entier pour y arriver. Dans l'in- tervalle des contractions, les membranes continuent à être assez tendues, et bien qu'on les déprime fortement, il est impossible de rien reconnaître au-dessous d'elles. Sous l'effet d'une contraction énergique, elles se rompent, et une quantité considérable d'eau est projetée en avant et jusqu'au pied du lit. La femme est littéralement inondée; on peut estimer à 8 ou 9 litres la quantité totale des eaux amniotiques. Au toucher, le doigt rencontre, au niveau du détroit supérieur, «n corps rugueux, dur, hérissé d'aspérités; son volume égale celui d'un demi-ci- tron. On croit toucher le sacrum dénudé. Le doigt était alors sur la partie pos- térieure de la tête. Dans la croyance d'une présentation du siège, je cherchai en avant le coccyx et l'anus ou les parties génitales, mais en vain. Revenant en arnère et sur les côtés, je trouvai l'oreille gauche du fœtus, puis la bonche, facilement recon- naissnble aux arcades dentaires, à la langue et aux lèvres. Pendant que je passais successivement en revue toutes les positions qui pou- vaient me rendre raison du toucher, la matrice, en se contractant doucement, faisait descendre le fœtus peu à peu dans le vagin, et finit par l'expulser complè- tement. Une fois dehors, le fœtus resta sans mouvement, malgré les soins qui lui furent donnés. Le cordon fut lié et coupé. La peau était lisse, rosée, comme dans l'état normal Les membres étaient bien conformés. Le poids total du fœtus pouvait être de 3 livres à 3 livres et demie. Le col manquait complètement, et la tête, très- petiie, semblait logée dans une excavation creusée dans la partie supérieure du tronc. La poitrine était bien conformée; seulement la mâchoire inférieure, dé- mesurément large, recouvrait le sternum, sur lequel elle était appuyée, et la peau du menton se continuait avec celle de la poitrine. Un très-large sillon circulaire indiquait 'tj limite de séparation enlie la face et le tronc. Le nez était court, re- troussé; les yeux étaient fermés, dirigés en haut. Les globes oculaires n'avaient pas plus de 0",007 de diamètre; ils étaient pourvus d'une rétine. La cornée était lOS terae. Depuis le bord supérieur âes arcades orbitairest la peaa manquait en ar^ rière sur toute cette surface rugueuse qui forme toute la partie postérieure de la tête; elle était remplacée par une membrane fibreuse qui envoyait des prolon- gements dans tous les interstices osseu;. Elle manquait encore dans toute la hauteur de la paroi postérieure du canal rachidien jusqu'à la troisième vertèbre lombaire. Sur ces parties dénudées s'étendait une membrane fme, collée anr les parties profondes, et qu'on ne pouvait isoler sans la déchirer. Le canal rachidien, ainsi ouvert depuis la base du crâne jusqu'à la région ré- nale, laissait voir la moeHe sous cette membrane (lue et transparente, qui se con- tinuait avec la peau au niveau de l'extrémité libre des apophyses transverses. Cette moelle avait la forme d'un ruban aplati d'environ une ligne et demie d'é- paisseur ; elle commençait à la base du crâne par une extrémité comme bifurquée et coupée carrément. A cette extrémité , elle reposait sur un coussinet moitié graisseux, moitié fibreux, qui remplissait l'excavation profonde que l'on voit en arrière, à la place du col. En saisissant l'extrémité libre de ce ruban médullaire avec une pince, on le détache avec une facilité extrême du canal, n'ayant à rompre que (juelques filaments ceiluleux et fibreux placés rrHÉLIALE DU CUÏE CHEVELU, AYANT DÉTRUIT EN PARTIE LES os DE LA VOUTE CRANIENNE, ET PRÉSENTANT UNE STRUCTURE TOUTE spéciale; par M. Rouget, interne des hôpitaux. La femme Rosalie Robin, épuisée par de longues souffrances, à l'époque de son entrée à l'hôpital ( hôpital Saint-Ântoine, service de M. Chassaignac, salle Sainte-Marthe, n" t), paraît avoir joui autrefois d'une bonne constitution. Elle est d'une famille saine ; elle a eu elle-même plusieurs enfants qui vivent et sont 'bien portants. A l'âge de 25 ans, cette femme s'aperçut qu'elle portait sur le sommet de la tête deux petites tumeurs, de la grosseur d'une noisette, indolentes même au toucher, mobiles, molles, dégarnies de cheveux, présentant en un mot tous les caractères des loupes, si fréquentes dans cette région. A 40 ans, ces tumeurs avaient à peine acquis le volume d'une noix, lorsque la femme Robin fut frappée à la tète par une branche de framboisier, dont une épine pénétra dans une des loupes. Cette ponction accidentelle donna issue à une matière d'un blanc crémeux, peu liquide, semblable à du fromage blanc, au dire de la malade. Les suites de ce léger accident étant négligées, la petite plaie ne se referma pas. La tumeur ne causait toujours aucune douleur, et la femme Robin n'y apportait d'autre soin que de la presser tous les jours et d'en faire sor- tir quelques parcelles de cette matière alhéromateuse dont nous avons parlé. La santé générale est du reste excellente. La femme Robin a un enfant, le nourrit elle-même. Quelques années après, les règles se suppriment sans causer d'autres accidents que linéiques douleurs lom* baires, et pendant dix ans encore la femme Robin continue à jouir d'une santé excellente. Les deux tumeurs, toujours indolentes, augmentaient lentement de volume : en trente ans, elles avaient à peine atteint ce'.ui d'un œuf de poule. A 60 ans, les choses étant déjà dans cet état, Rosalie Robin fait une chute de voiture et tombe sur le sommet de la tête, précisément sur le point où étaient situées les deux tumeurs. Une hémorrhagie assez abondante a lieu. Quinze Jours après, de vives douleurs, des clr.nceœents insupportables^ se montrent dans le» 122 tumean», qui s'accroissent rapidement et égalent bientôt le volume du poing. En même temps la petite plaie, qui depuis vingt ans était restée stationnaire et avait à peine un demi-centimètre de diamètre, s'élargit rapidement. L'ulcération qui en résulte donne lieu presque tous les jours à un écoulement de sang très-abon- dant. La suppuration est aussi Irès-abondante et très-fétide. La femme Robin se décide alors à consulter un médecin, qui lui conseille de ne rien tenter pour lu guérisim de sa maladie. Cinq ans se passent, pendact lesquels la constitution de la femme Robin s'af- faiblit lentement sous l'influence, tant des hémorrhagies répétées que des élance- ments, des douleurs violentes, dont les tumeurs sont le siège. A 65 ans, une nouvelle exacerba! ion.a. îiéu dans la maladie. La tumeur re- commence à croître et atteint bientôt un volume énorme. L'ulcération, de son côté, fait des progrès, mais plus en surface qu'eu profondeur. Enûn, il y a deux ans, deux tumeurs nouvelles apparaissent vers l'occiput. Dès le début, elles sont le siège de douleurs violentes; elles s'accroissent rapidement, acquièrent le vo- lume du poing, et rejoignent bientôt la première tumeur, qui n'occupait que le sommet de la tète. Au commencement de juillet 1850, lorsque la malade, alors âgée de 68 ans, entre à l'hôpital , elle est dans un étit d'épuisement profond. La face est d'un jaune de cire, boufQe, légèrement œdématiée, ainsi que les pieds et les mains. La femme Robin mangea peine; elle ne dort plus, tant les douleurs sont vio- lentes. Ses forces sont épuisées, la respiration même se fait difficilement. La région crânienne est surmontée d'une tumeur énorme qui s'évase vers le haut, et présente assez bien le volurne et la forme d'une toque ou d'un turban- La face supérieure de cette tumeur est largement ulcérée, inégale, bosselée, présentant çà et là des excavations, des anfractuosités. La surface de l'ulcération est d'un gris rougeâtre et saigne très-facilement. Quant à la tumeur elle-même, elle est formée de plusieurs bosselures volumineuses, dont quelques-unes sont le siège d'une véritable fluctuation. Pendant le séjour de la malade à l'hôpital , deux hémorrhagies assez abon- dantes ont lieu par la surface ulcérée. La suppuration est excessivement abon- dante et très-fétide. L'ulcération gagne de plus en plus en profondeur, et ses progrès sont encore accélérés par une cautérisation avec le crayon de potasse caustique, pratiquée par M. Chassaignac. Les os eux-mêmes, détruits par les pro- grès de l'ulcération , laissent bientôt apercevoir la dure-mère à nu, et il est facile de constater les battements du cerveau. Cependant les forces de la malade déclinent de jour en jour ; la respiration est de plus en plus gênée. Bientôt elle tombe dans un assoupissement continuel, et enfln succombe dans un état véritablement comateux. L'autopsie a lieu le 26 juillet, trente-six heures après la mort. Tous les viscères sont parfaitement s^ins, sauf le cerveau, qui, dans le point 123 correspondant au fond de l'ulcération, présente une teinte d'un grU Terdàtre qui s'étend à toute l'épaisseur de la substance grise. Les ovaires sont couverts de petits kystes séreux. Un petit corps fibreux, de la grosseur d'un giain de maï^, existe dans la paroi postérieure de l'utérus. Examen de la tlimeur. — Les cinq sixièmes de la tiimnur ont disparu ; aux. limites de la région qu'elle occupait, Il existe seulement une espèce de couronne, constituée par ses débris. La voûte crânienne est presque enlièrernent à nu. Les 0!=, recouverts seulement d'une couche rainée de tissus malades, sont dénudés dans beaucoup de points. Leur surface est érodée, couverte de petites fossettes parcourues elles-mêmes par d'innombrables sillons vermiculaires. Au milieu, une large solution de continuité laisse apercevoir la dure-mère, recouverte en t*> pcMnt de plaques d'un blanc grisâtre, épaisses à peu prés d'un millimètre. A la région frontale existe encore une des bosselures de la masse primitive, présen- tant tié.-*-iteltemenl la fluctuation que nous avons signalée : c'est un kyste du ■volume d'un œuf, entièrement rempli d'une substance gélaliniforme, aréolaire, seniblal.'îe à de la matière colloïde. Quant 3(ix portions de la tuuieur qui restent encore, ce n'est pas sans étoone- ment qu'au lieu de matière cancéreuse que l'on s'attendait à y rencontrer, on ies trouve constituées par une substance d'aspect singulier : presque entièrement composée de petits grains blanchâtres, pour la plupart de la posseur d'un grain de chènevis, beaucoup ont à peine le volume d'une tête d'épingle; quelques- uns égalent presiine une petite noisette. Ce sont de petits kystes logés dans une espèce de ganiiue, amorphe, d'un blanc mat, sèche à la coupe et d'apparence psu vasculaire, à laquelle ils adhèrent si peu qu'on peut les extraire très-facilement avec la poinie du scalpel. On trouve de ces kystes dans toutes les portions de la tumeur et à tous les degrés de développement. Dans certains points, ila parais- sent constituer toute la masse ; dans d'autres, ils sont épars au milie^ d'une sub- siance finement grenue. Quelques-uns de ces petits kystes sont logés comme dans une alvéole, dans de petites fossettes creusées à la surface des os. La peau qui recouvre ces débris de tumeur paraît saine en grande partie; elle est garnie de cheveux et n'adhère pas aux tissus malades, qui, au contraire, font en quelque sorte corps avec les couches subjacentes. Le» kystes renferment tous, dans leur intérieur, une matière demi-liquide, d'apparence caséiforme, qui ne se dissout pas dans l'eau, mais s'y divine à l'infini. L'examen microscopique nous montre cette matière constituée entièrement par des cellules épidermiques polygonales, en partie déformées et détruites; mais en grattant les parois des kystes, on obtient de petites masses caséiformes plus consistantes, qui, traitées par l'acide acétique, se résolvent en cellules épidermi- ques entières et à noyau très-évident. Nulle part je n'ai trouvé de cristaux de cholestérine. Les parois mêmes des petits kystes paraissent constituées , dans toute leur épaisseur, par des cellules épidermiques. Ces mêmes cellules parais- sent être aussi l'élément constituant de la gangue où sont logés les kystes. J'ai dit qne, dao* certains points de )» tumeur où les kystes étaient moins nom- breux, on voyait une substance flnement grenue. Examinée à de faibles grossis- sements, cette substance paraît entièrement composée d'ufricules glandulaires pédicuiées et réunies en grappe. Il ne m'a pas été possible d'isoler, dans cette masse, le conduit excréteur commun. A de plus forts grossissements, ces utri- oules montrent, à travers une paroi enkystée, un contenu grenu de cellules pro- bablement épidermiques. Enfin cfts mêmes cellules constituent les plaques grisâ- tres qui recouvrent la face externe de la portion de la dure-nièrc dénudée. BAPPOHT SUR l'observation PRÉCÉDENTE; par M. LeBERT. Dans la précédente séance, M. Robin nous a déjà rendu compte, d'une manière générale, de divers travaux présentés à la Société par M. Rouget ; cependant l'ob- servation actuelle est un cas si rare, si unique dans la science, qu'un rapport epcciil, rapprécialion de la nature de cette affection, ne sera pas, nous l'espé- rons, sans intérêt pour la Société. Nous voyons une femme arrivée à l'âge de 68 ans, qui offre tous les signes d'une cachexie fort avancée, présentant au cuir chevelu une va?te tumeur, lar- gement ulcérée au centre, au point que les battements du cerveau sont distinc- tement aperçus au fond de l'ulcère. Au premier abord, en faisant abstraction des antécédents et des résultats de l'examen anatomique, rien ne paraît plus lé- gitime que de porter le diagnostic du cancer encéphaloïde ulcéré. 11 n'en est rien cependant, et nous rencontrons ici un de ers cas fort Instructifs qui démontrent la différence qui existe entre l'étude sérieuse de tous les caractères cliniques et autres d'un p.'-oduit morbide, et celte pathologie des impressions qui, loin d'ap- profondir, base ses doctrines sur un examen souvent superficiel, sur des analo- gies plutôt apparenie.s que réelles, et qui a jeté tout ce qui a rapport an cancer dans une confusion inextricable. Depuis quelques années seulement, ces opinions commencent à faire place à des doctrines plus vraies, basées sur l'application des méthodes exactes dans l'observation clinique et le» études microscopiques comme complément indispensable de l'étude anatomique. Dans ce rapport, nous nous proposons de démontrer que, pour le cas actuel, la marche de la maladie montre déjà qu'il ne s'atjit pas d'une affection carcino- tnatense -, l'autopsie cadavérique fournit ensuite les preuves incontestables de ce fait, et nous serons conduits à compléter la détermination de sa véritable nature. Avant d'entrer dans ces détails, rendons justice avant tout à la sagacité avec laquelle M. Rouget a su apprécier, sinon tous les détails, au moins les traits principaux de cette altération remarquable; et si, sur plusieurs points, nous cherchons à rectifier ses opinions, nous ne sommes pas moins convaincus qu'il a fallu être doué d'un bon jugement et mettre beaucoup de discernement à reconnaître, d'une manière juste et vraie, plusieure caractères essentiels de ee produit morbide. 125 JetoDB d'abord un coup d'œil sur la marche de la maladie. Pendant trenle-cinq ans, cette femme porte des tumeurs enkystées au cair chevelu, avec l'innocuité qui caractérise cette affection ; et pourtant, à l'âge de 40 ans, une épine de framboisier avait pénétré dans l'une des tumeurs, et une fistule s'était établie dès cette époque, qui donnait itsue à de la matière sébacée. A cette première violence extérieure vient s'ajouter, à l'âge de 60 ans, une autre beaucoup plus grave. Elle fait une chute d'une voiture, elle tombe sur le som- met de la tète et s'y fait une plaie assez considérable pour avoir une forte hé- morrhagic ; les tumeurs sont meurtries et fortement contuses ; aussi s'accroissent- elles rapidement, deviennent-elles douloureuses, et la petite fistule de l'une d'elles, qui depuis vingt ans avait existé .E FEMMES sYPHiUTiQCEs ; par le même. Deux placentas provenant ^'enfaiits yenus a» monde, l'un et l'autre d'une mère syphilitique atteinte de symptômes secondaires, m'ont été communi- qués par l'obligeance de M. CuHerier. J'y ai trouvé une altération asser remar- quable, savoir.des granulations jaiines, d'apparence tubereuieuse, en quantité con- sidérable entre les feuillets de l'amnios. Ces granulations., qui étalent ou isolées ou groupées ensemble, du volume d'une tête d'épingle ou tout au plus d'un grain de chènevis, avaient à l'œil nu la plus grande ressemblance avec Ips tubercules miliaires. Le microscope montre de plus, dans leur intérieur, des corpuscules semblables à ceux du tubercule. Dans l'un de ces placentas, il y avait en outre à la surface des points plus volumineux de la grosseur d'une noisette et au delà d'une substance blanchâtre d'apparence fibrineuse, situés dans le voisinage de l'insertion du cordon ombilical. Ils se montraient, en effet, composés de fibrine à l'examen microscopique et résultaient probablement d'anciens épanchements sanguins. Nous signalons le fait sans en tirer pour le moment de conclusions. 128 7* PRODUCTION CORNÉE AU FRONT ; EXAHEN MICROSCOPIQUE ; par le même. Une femme déjà âgée é(ait entrée au service de M. Grisolle, à l'hôpital Saint- Antoine. Elle dit avoir eu depuis un grand nombre d'années beaucoup de ces cornes, qui étaient toujours à la même place, et qui, au bout d'un certain temps, étaient tombées pour se reproduire ensuite. La dernière a amené un accident £.s?ez grave. Un chirurgien a voulu la lier à sa base, il s'en est suivi une inflamma- tion très-vive et un érysipèle du cuir chevelu qui a fait succomber la malade. La corne, qui m'a été communiquée par l'obligeance de M, Grisolle, est tournée en spirale; elle a a centimètres de hauteur, ce qui ferait de !0 à II, si elle était déroulée, et elle offre une épaisseur de i5 millimètres; elle paraît sur toute sa longueur striée et comme composée de couches longitudinales ; en pratiquant des coupes dans divers sens et en soumettant ces coupes à l'examen microscopique, on peut se convaincre aisément que toute la corne est de formation épidermique ; elle est composée de feuillets épidermiques comme coinifiés, qui, sur une coupe longitudinale, ont une apparence presque fibreuse, tandis que sur une transver- sale, on les voit former des couches concentriijues dans lesquelles on reconnaît également des feuillets épidermiques, sans noyau, se présentant par place de pro- fil et dans d'autres de face. Au centre de ces touches concentriques on voit dis- tinctement un certain nombre de coupes de vaisseaux sanguins remplis encore d'un plasma rougeàtre qui teint en rouge l'eau dans laquelle on délaye ce^ tran» ches. 11 y a de plus sur cette coupe des lacunes complètement vides. En disséquant la base cutanée de cette tumeur, nous n'avons point pu décou- vrir comme origine un follicule sébacé ; mais 11 est vrai que l'inflammation qui a entraîné la mort de la malade peu^ avoir bien notablement modifié cette base. TV. — TÉRATOLOGIE. FADX BERMAPHROWSMK (ANDROGYNE MASCULIN GURLT.) OBSERVÉ SDR CM CHEVREAU: par MM. Rayer et Bernard. Un chevreau, âgé de 6 mois environ, fut adressé à M. Rayer par M. le doc- teur Lenepveu, médecin à la Cbataigueraie (Vendée). Cet animai, bien portant, ne présentait aucun autre vicw de conformation en dehors de son hermaphro- disme apparent. !• Organes géniiaux externes. — Il existe au périnée, à 4 ou 5 centim. au- dessous de l'anus, un prolongement légèrement rosé, simulant une sorte de pé- nis imperforé ou de ciitoris recouvert eu partie par un fragment de peau qui joue Je rôle d'uu prépuce. Immédiatement au-dessus de cette verge avortée, entre elle et l'orifice de l'anus, on remarque une fente longitudinale, tapissée par une membrane muqueuse et par oii s'échappe rurine pendant la miction de i'^nimal. 139 On voit au dehors deux testicules contenus dans un scrotum qui occupa &« position normale, et qui se trouve par conséquent situé bien au devant de l'ou- verture urinaire ci-dessus indiquée (à environ 6 centim. plus bas et en avant). On remarque encore immédiatement en avant des testicules deux mamelons assez allongés et recouverts de poils. 2* Organes génitaux internes. — D'abord il a été constaté que les organes urinaires n'oflraient aucune anomaiie, La vessie était disposée comme à l'ordi- naire, eî le canal de l'urètre se continuait depuis le col vésical jusqu'à l'ouver- ture urinaire extérieure. Seulement il recevait dans sa portion membraneuse la comaïunicalioD de deux conduits séminifères et d'une sorte de matrice, La matrice de cet androgyne se trouve placée sur la ligne médiane, entre la vessie et le recteur. Elle a généralement la conGguration d'une matrice nor- male se terminant en haut par deux cornes et se continuant t'VH DÉPÔT D'URATE ALCALRi (TOPHUs) DANS LES AKTIUL'LATIONS DU TARSE ; par M. R0O6ET. Cette pièce provient d'une femme de 40 ans en viron^ destinée aux dissections. Toutes les articulations paraissaient parfaitement saines. Le pied lui-même ne présentait aucune déformation : mais en ouvrant les articulations du tarse du pied droit, on les trouva remplies par une matière blanche, demi-liquide, ayant tout à fait l'aspect cl la consistance de la crème ou de la substance blanche de la moelle épinière. Les ligaments et les cartilages articulaires ne présentaient au- cune altération. Le siège de ce dépôt morbide porta M. Rouget à penser qu'il de- vait être rapporté aux dépôis tophacés de la goutte^ bien que les tophus fussent des concrétions solides. 137 En soumettant une petite portion de cette Ëubstance à l'action de l'acide acéti- que oa de l'acide nitrique faible, M. Rouget vit sous le microscope la niatière crayeuse se dissoudre et immédiatement apparaître d'innomhrubles cristaux de formes variées, mais appartenant toutes aux formes cristallines attribuées à l'acide urique. Cette première expérience démontra que le dépôt était constitur par l'acide urique uni à une base, la soude peut-être. L'aoidc acétique ou nitrique, en s'em- paiantde la base, avait déterminé In cristallisation de l'acide urique mis en liberté. En examinant à de forts grossissements la ni.itière tophacée contenue dans la cavité articuluire, et en soumellani de très-Iegers fragments de celte matière à l'action de l'acide acétique, M, Rouj;et a cru remarquer que l'urate alcalin était contenu à l'intérieur de cellules analogues à celles qui revêtent l'intérieur de la synoviale. Ainsi ce sel serait contenu, sous forme de dépôts granuleux, à l'inté- rieur des cellules épithéliales di; la f^jnoviaie. Ce qui le prouve, ajoute M. Rou- get, c'est que, dans un cas, je pus voir très-nettement, dans un groupe de quatre ou cinq squammes, traitées par l'acide acétique, les granules intérieures dispa- raître, les parois coUuiaires elies-niénies se dissoudre, et en même temps, dan» le même point, se former et s'accroître, à mesure que les cellules disparaissaient, un groupe de cristaux d'acide urique. D'aillcuis, ce déiôt minéral à l'intérieur de cellules n'est pas saus exemple, tant s'en faut, dans les êtres organisés. Ciicz les végétaux, on sait que le» cris- taux qui constituent i(S raphides se développent à l'intérieur de cellules, et l'oa- Bification des cartilages du fœtus a lieu en grande partie par le dépôt de phosphate terreux à l'intérieur des cellules du cartilage. Cette observation me parait éclairer le mode de formation des tophus. Ces to- phus ne sont en réalité qu'une altération de la sécrétion de la synoviale. Le» cellules de l'épithéliura pavimenteux s'imprèanent d'un dépôt d'urale alcalin; elles se d<'tachent, tombent dans l'intérieur de la cavité articulaire, et au lieu de ae dissoudre, d'être résorbées comme cela a îieu dans l'état normal, elles s'ag- glomèrent, forment des amas qui se condensent de plus en plus par la résorp- tion des par'ies liquides et organiques, et constituent les concrétions topbacées. Lorsqu'on eFt à même, con)me je l'ai été, d'examiner ces dépôts tophacés, pour ainsi dire à l'état naissant, on y rencontre les cellules épithéliales libres, isolées et con?ervani encore leur forme caractéristj'que ; mais plus lard ces cellules s'en- tassent, se confondent, se soudent en quelque sorte pour constituer les concré- tions topbacées, dans lesquelles on ne distingue plus autre chose que le dépôt terieux. LeuweDhoexîk est d'ailleurs, que je sache, le seul micrographe qui ait examiné la consijtiition intime de ces concrétions tophacép». Dans la figure qu'il en a donnée, on retrouve les fines aiguilles criêtailints et les granules innombrables dont j'ai parlé, el de plus on y TOit quelques plnqtses obscures, irrégulières, qui t38 poarraient bien être des ccliulea épitliéliales. Il a obtenu aussi, à l'aide d»; fii chaleur, des cristaux d'acide urique, dont l'acide acétique détermine si prompte» mer.t la formation. 4* DU FLCIDE NOURRtCIER DES VERS A SOIE; par M. GoËRIN-DlÉNEVlLLE. M. Guérin-Méneviile fait connaître à la Société le résultat de ses études sur le fluide nourriciei des insectes, et spécialement des vers à soie, en santé et en ma- ladie. Il résulte des observations de M. Guérin-Méneville que le fluide nourri- cier, ou le sang des vers à soie en bonne santé, est rempli d'une quantité innom- brable de glol>u!c8 sphéroïdes, de grosseurs inégales, contenant d'abord une sorte de nucleus central et uniforme, qui se divise plus tard en granules rénifor- mes, lesquels se portent p!us lard en céléréeque de coutume. Le jour suivant (troisième jour), la respiration devint de plus en plus accélérée ; l'animal avait de la fièvre, il ne se levait que lorsqu'on le frappait. Les yeux n'étaient point injectés ; il ne s'écoulait point de liquide par les naseaux, et les huit piqûres n'olTi-alent aucun phénomène d'inflammation. Le lendemidn matin, la respiration continuait d'être haute et très-accéléréé, l'ani- mal était très-abattu et refusa complètement de se mouvoir. Vers midi, son corps parut agité d« mouvements convolsife. La peau, sur des parties où l'on 1&2 avait coupé la laine, avait une teinte violette; l'animal mourut à midi. Quel* ques instants après la mort, la teinte violelte avait disparu. A deux heures et demie, le corps était encore cliaud ; on procéda à l'autopsie du cadavre. Les huit piqûres étaient cicatrisées. Les ganglions voisins étaient rougeàtres, sans être augmentés sensiblement de volume. Les caillots offraient une teinte violacée ou vineuse, visible même à l'extérieur, teinte qui tenait à une très-vive injection de la membrane muqueuse. La panse contenait une assez grande quantité d'aliments; le foie et le pancréas étaient Bains ; la rate n'était pas sensiblement augmentée de volume, mais son tissu, considérablement ramolli, se réduisait facilement en bouillie, comme celui de la rate dont le sang avait été inoculé. Le tissu de la raie, examiné à i'œil nu et à la loupe, ne présentait pas d'extra- Tasation sanguine analogue à celle qu'on a désignée sous le nom à'apoplexie de la rate ; le sang qu'elle contenait avait une coloratien violacée analogue à celle du sang de la late d'un animal atteint de la maladie dite sang de rate, colora- tion distincte de celle que présente le sang d'une rate saine. Il y avait quatre cysticerques {cysticercus ienuicollis] dans les replis de l'é- piploon. Le larynx était sain ; la trachée offrait, entre les anneaux cartilagineux, une teinte violacée qu'on rencontrait également dans plusieurs ramifications bronchi- ques. Plusieurs ramiûcations des bronches étaient comme obstruées par une es- pèce d'helminthes {strongylus filaria) qu'il n'est pas rare de rencontrer dans le mouton. Il y en avait aussi dans la trachée. La surface des poumons étuit parsemée d'une grande quantité de pétéchies et d'ecchymoses; les pétéchies étaient très-nombreuses. La piupai t de ces inûltrations sanguines s'étendaient dans le tissu du poumon, à 2 ou 3 lignes de profondeur j quelques-unes semblaient n'occuper que la sur- face de cet organe. Les plèvres étaient saines et ne contenaient pas de sérosité dans leur cavité. Il n'y en avait pas non plus dans la cavité du péricarde. Le cœur, et surtout ses cavités droites, étaient fortement distendus par des caillots de sang noirâtre, mous et se réduisant facilement en bouillie. L'aorte et les principaux vaisseaux avaient leur couleur normale. Le sang, examiné au microscope, se c mportait comme celui du mouton at- teint de sang de rate, qui avait servi à l'inoculation. Les globules, au lieu de rester bien distincts, comme l^s globules du sang sain, s'agglutinaient générale- ment en masses irrégulières ; il y avait en outre dans le sang de petits corps filiformes, ayant environ le double en longueur d'un globule sanguin. Ces petits corps n'offraient point de mouvements spontanés. Un cœnure développé dans l'hémisphère gauche du cerveau faisait saillie dans le ventricule latéral correspondant. En résumé, ce mouton inoculé avec du sang de rate est mort en moins d« 143 quatre jours ; il a présenté dans les poumons de3 pétéchies et des ecchymoses, et dans la rate un ramollissement semblable à celui qu'on observe chez les mou- rons qui meurent naturellement du sancf de raie. A cette occasion, M. Hayer rappelle que M. Barthélémy (en 1823), ayant in- oculé par piqûre à une brebis saine le sang provenant de la rate d'une brebis morte du sang de rate ; au bout de soixante heures environ, la bêle inoculée fut trouvée morte. Mlle avait la rate plus volumineuse et plus profondément altérée que celle qui avait fourni la matière de l'inoculation. Cinq heures apiès la mort de cet animal, M. Barlhclemy inocule à une autre brebis, également saine et provenant du même troupeau, le sang de la rate dont on venait de reconn-iître l'état maladif. Les eRets furent encore plus prompts; le sujet mourut trente-six heures après Tinoculation ; la rate avait également éprouvé des altérations très- profondes. Pendant les grandes chaleurs des mois de juin et de juillet dernier, le sang de rate faisant de grands ravages dans la Beauce, spécialement dans les fermes si- tuées au sud de Chartres, M. Rayer s'est rendu sur les lieux, avec M. Davaine, dans le but de provoquer de nouvelles observations sur les effets de l'inoculation du sang de rate. Deux médecins distingués, MM.Voyet et Manoury, et un vétérinaire aussi ha- bile qu'instruit, M. Boutet, se sont mis à l'œuvre; en attendant qu'ils fassent connaître, avec détails, les résultats de leurs expériences, M. Rayer communique les faits suivants, extraits des lettres qu'ils ont bien voulu lui adresser : !• Un mouton inoculé par M, Davaine, avec du sang provenant de la rate non putréfiée d'un mouton (mort la veille, du sang de rate), est mort quarante-huit heures environ après l'inoculation, et a présenté les lésions caractéristiques du sang de rate. 2" Un mouton affecté de tournis et faisant partie d'un troupeau non atteint de i'épizootie, inoculé avec le sang de la rate d'im mouton mort de sang de rate, a succombé trente-six heures environ après l'inoculation. Les piqûres n'ont pré- aenté ni enflure ni gangrène. La rate était difllaente ; il y avait de nombreuses pétéchies dans le tissu cellulaire du médiastin; les reins étaient hypérémiés ; plaques de Peyer gonflées. 3» Un mouton appartenant à M. Boutet, inoculé avec du sang provenant de la rate du mouton précédent, est mort quarante-huit heures après l'inoculation, et a présenté toutes tes lésions du sang de rate. 4* Quatre autres moutons, plus ou moins anémiques, inoculés également avec du sang de rate, sont morts environ qu&rante-huit heures après l'inocu- lation. • 5° Un cheval inoculé avec du sang de rate est mort quatre-vingts heures après l'inoculation. 6* Enfin, un mouton inoculé avec le sang provenant de ce cheval est mort au bout de cinquante-trois heures. V^v — y^ iàh De semblables résullats ne peuvc»t laisser de doutes sur les propriétés scp- tiques, irèS'éncrgiqiips. du sang des animaux atteints de sang de ratei ".•OBLITÉRATION DE LA VÉSICULE BILIAIRE P\R DIS CALCDL; ANALYSE DU UQOIDE MCQUEUX DONT EIXE ÉTAIT REMPLIE; par M. GOBLER. M. le docteur Gubler communique à la Société l'observation suivante : « Une femme de 53 ans, blanchisseuse, entre le 22 février 1850 à l'hôpital de la Charité, dans le service de M. le professeorBouillaud, pour une maladie chrouique organique éa cœur. Je ne l'ai vue qu*^ dans les derniers jours dé sa >ie, et ne puis donner aucun renseignement sur ses antécédents, si ce n'est qu'elle avait eu des rhumatismes articulaires aigus. » Il existait chez elle une voussure irès-pronoûcée et unemalité énorme delà région précordiale; la main appliquée sur celle région percevait un frémisse- ment vibratoire très-fort, en même temps qu'elle était violemment soulevée par une large masse; la pointe du cœur battait dans le sixième espace intercostal lool à fait en dehors. A l'auseultâiion, on constatait l'existence d'un souffle râpeux ayant son maximum d'intensité vers la pointe, au niveau de l'oriliee auriculo-venliiculaire gauche, et couvrant les deux bruits. A la base, le pre- mier brait était rudeet prolongé; le second claquement bien frappée! parehe- minéi En outre, il existait vers la base du ventricule droit un bruit de souffle rude, superliciel, difl'us, perceptible dans une étendue limitée en dehors de la- quelle il disparaissait bienlôl. Volume du pouls très-petît par rapport à l'im- pulsion du cœur ; pouls non redoublé ; râles secs et humides dans îa poitrine, orthopnée. » M. Bouillaud porta le diagnostic suivant : hypertrophie du cœur (volume double au moins) portant surtout sur le ventricule gauche ; insufSsance avec épaississement et induration de la valvule bicuspide; hypertrophie des valvules sigmotdes de l'aorte; large plaque laiteuse sur le péricarde. » Malgré le traitement mis en usage, les phénomènes asphyxiques ne Orient qu'augmenter, et la malade snceemba le il mars, c'est-à-dire un mois appé» son entrée. » L'autopsie confirma pleinement le diagnostic. On trouva on véritable cœor de bœuf ; les deux lames de la valvule mitrate épaissies et chargées de matière calcaire éiaien? soudées par leur bord libre, tant sous le rapport de la faible densité que sous celui de la nature desélé- * ments, sont ceux de certains kystes. n Quant aux caractères particuliers offerts par la matière albuminoïde con- n tenue dans ce liquide, les personnes qui s'occupent de chimie animale ont » pu avoir occasion de remarquer que le principe atbumineux, si répandu dans » l'économie, présente des variations dans quelques-unes de ses propriétés, a soit qu'il diffère en réalité dans sa nature intime, soir, que ces modifications » ne dépendent que de la présence de matières salines diverses, de l'état de » réaction acide alcaline ou neutre du liquide, soit que ces diverses causes » agissent en même temps. » » En résumé, M. Quévenne est arrivé aux résultats suivants pour la compo- sition du liquide de la vésicule biliaire calculée pour lOO grammes : Matières /Matière albuminoïde ou protéique pré-i J précipita- 1 cipitée par l'alccol 1 ' > o 650 blés par j Phosphate de chaux et de magnésie) «, 095 ( ' l'alcool \ unis à la matière protéique ...,..) ' ' Matières organiques extraciives non >--/»! \ * «sah- précipitables par l'alcool ) o,5ii!i l ^ i,5oa / Chlorure de sodium en forte proportion i ! 0 ft-n Sels ' — de potassium, des traces, .f «30^1 solubles. j Carbonate sodique (résull;U de la cal- l ' i l cinalion) en faible proportion. . . . ) 1 Eau 98,500 Total 100,000 » Il n'y avait ni phosphates alcalins solubles ni sulfates. » 4» HÉMORRHAG'.E CÉRÉBItALE PAR SUITE DR LA BUPTCKE D'CKë BRANCHE DE I/aBTÈBB MÉNINGÉE MOYENNE; par M. DUPLAY. M. le docteur Duplay communique à la Société F observation suivante: Le nommé Voisin (Louis), âgé de 78 ans, d'une stature laoyenne, mais fort et 147 bien constitué, préseiiiait depuis quelque temps un peu de dérangemeul de IMnleUigence. Il était devenu triste, parlait peu avec ses camarades, et l'on re- marquait de l'incohérence et de ta bizarrerie dans ses idées. Le il juillet, I» malade sort pour aller se promener, mais il ne rentre pas le soir, et pendant quatre jours il disparaît de la maison. Le 15 juillet, il est ramené par des agents de police qui l'ont arrêté à Bercy en état de vagabondage. Comme il présente des contusions à la face, on le fait entrer à i'intirnierie. Le 16, je vois le malade pour la première fois. Il porte une ecchymose très- considérable sur chaque œil et sur la base du nez; il en porte également au;i deux genoux et sur les deux coudes. Ce sont, dit-il, les agents de police qui l'ont ain>i frappé lorsqu'ils l'ont arrêté Mais l'individu qui l'a ramené aflirmts que Voisin présentait res ecchymoses au moment de son arrestation. L'intelli- gence du malade est évidemment dérangée ; ses réponses se contredisent i chaque instant, et il lui est impossible de se rappeler ce qu'il a fait depuis son départ de la maison. La iocoenolilité et la sensibilité sont intactes dans les membres supérieurs et inférieurs de chaque côté. Pas de céphalalgie. Le pouls est normal L'examen attentif de tout l'extérieur du corps et des divers appa- reils organiques ne me fait découvrir aucune fracture ni aucune lésion des organes intérieurs. Je {Tescris néanmoins une saignée du bras de deux palettes et demie, des bains de pieds sinapisés et des boissons délayantes. 17. L'état du malide est le même que la veille. Point de céphalalgie; aucun trouble de la motilité ou de la sensibilité. Même état de l'intelligence La veille, ©n a seulement observé un mouvement fébrile, caractérisé par une chaleur plus grande de la peuu, un peu d'injection de la face. Pendant la nuit le malade a été agité; il pariait seul, et plusieurs fois le veilleur a été obligé de le faire re- mettre dans son lit, qu'il quittait machinalement et sans savoir pourquoi. Le matin à la visite cet état avait disparu. (Une bouteille d'eau de Sedlitz; pédi- luves sinapisés.) 18. L'état du malade est resté trés-bon la veille jusqu'à midi. Mais alors il est survenu un frisson violent, qui au bout de deux heures a été remplacé par une fièvre violente. La nuit a été encore agitée ; le malade s'est levé plusieurs fois; mais à la visite le calme est rétabli. Le pouls a repris une fréquence normale, et la peau a sa chaleur naturelle. Du reste, même état de l'inteiligence, u.ême état de la locoraolilité et de la sensibilité. Nouvel examen de la poitrine et des divers appareils organiques qui donnent tous des signes aussi négatifs que les jours précédents. (Limonade ; pédiluves sinapisés; 60 cenligr. de sulfate de quinine; bouillons.) 19. Le frisson est revenu la veille à midi, mais il a clé moins long que le 17. La chaleur qui l'a suivi a été moins intense ; l'accès fébrile a surtout été carac- térisé par de l'agildlion ; le malade s'est levé un grand nombre de fois; il tour- nait autour de son lit, puis il se recoucliait. I.e matin il était assez caUne; son m intelligence était darts le même état que la veillé, et aucun awident nouveau n» s'était rnanifeslé. (Continuatifin du sulTate de quinine à la même dose; lavè- mfent [iurgatif; bains de pieds sinapisés; bouillons.) 20. I:.e malade n'a pas éprouvé dé frisson la veille; seulement, vers midi, on a remarqué chfz lui plus d'agitation. I! parlait seul, fc plusieurs fois il s'est levé comme les jours précédents. A la visite, il est à peu' près dans le même état que le jour précédent, seulement il y a un peu plus de prostration, un peu de paresse dans ses réponses. (Continuation du sulfate de quinint-, pcdiluves; boissons délayantes ; bouillons.) 21. La' veille à midi, rttéme agitation que le jour piécédent, mais sans fris- son. .Apparition d'un engorgement volumineux à la iccion paiotidienne, survenu pendant la nniv et formant une saillie volumineuse comme un très-iiros œuf dé poiiie. Le tiissu ceiluiairequi occupe la région mastoïdienne, et celui de la partie supérieure du cou, participent à i'en^orgement. I.a peau en d'un rouge terne, et la tumeur donne la sensation d'une dureté considérable. Un peu au-dessus du poignet gauche, phiyctène de la largeur d*un centimètre et demi, soulevant i'épi- derme, et «ntourée d'un cercle d'un rouge violacé. Assoupissemenl. Réponses lentes et inconsplètes. Aucun trouble de la locomolilitè ni de la sensibilité. Riea' de nouveau du côté de ia poitrine. La langue e^t sèche, le pouls est petit et faci- lement dépressiWe. (ISsangsue.s au niveau de l'engorgement; cataidasmes si- napisés; limonade vineuse; continuation du sulfate de quinine.) 22i L'engorgement de la région parolidienne a encore augraemé depuis la veille; celui du tissu ceilulahe s'étend presque jusqu'à la base du cou. La peau de toute cette région est d'un rouge livide. Prostration extrême; somnolence con^ tinuelifr; quand on l'appelle, le malade ouvre les yeux pour les refermer .aussi- tôt. La sensibilité et la locomolilitè n'ont subi aucun- trouble. Langue très-sèche. Lctimbredc la voix est changé, et a prie un caractère de raucité qu'il n'avait p«B la veille. Respiration fréquente, sans lésion appréciable par !a percussion ou l'auscultation ; pouls petit, misérable. Rien de notable du côté de l'appareil uri* naire. Émission involontaire des matières fécales et de l'urine. Quant au mouve- ment fébrile qa<'itidlen, il n'a été caractérisé la veille que par un peu d'agitation et par des tentatives de la part du malade pour descendre de son lit. (Frictions mercurielles sur l'engorgement parotidien ; limonade vineuse; cataplasmes.) Le malade meurt à quatre heures dfi soir. Il avait présenté à midi l'agitation observée les jours précédents, et il avait même conservé encot-e assez de force pour essayer, -à plusieurs reprises, de se lever. Vers deux heures, la prostration augmenta, le malade tomba dfma un coma profoiid, la rcEpiralion s'embarrassa, et il séîeicnit insensiblement. L'autopsie, faite vingt-quatre heures après la mort, me donna les résultât» suivants : A l'examen de ia tumeur de la région parotidienne, le tissu cellulaire qui re- eûovTe la glande parotide est infillré d'une sérosité légèrement jaunâtre, airiijî 169 que 1« tissa cellulaire sous-culané, de la région latérale droite du con, jusqu'au niveau de la clavicule. Le tissu de la glande, incisé dans toute son épaisseur, donne issue à «ne multitude de gouttelettes de pus qui viennent sourdie à la surface de la coupe. Chaque gouttelette de pus est fournie par un lobule de la glande. Le tissu cellulaire interiobulaire est aussi inûltré d'un liquide séro-pu- rulent. Avant d'inciser la glande, une pression assez forte avait donné issue par le canal de Sténon à une certaine quantité de pus qui était venue se répandre sur la face interne de la joue et sur le côté correspondant de la langue. La pblyc- tène qui s'était montrée sur l'avant-bras est affaissée; l'épidémie est seul d^ truit. Le tissu cellulaire sous-culané est simplement infîUié de sérosité, mai« ne présente pas de désorganisation profonde. La peau du crâne ne laisse apercevoir dans aucun point de traces d'eccby- mose, celles qu'on a observées sur les deux yeux ne dépasserst pas l'arcade sour- cliière. La surface extérieure des os du crâne, dépouillée de son périoste, et exa- minée avec le plus grand soin, ne présente aucune trace de fêlure. Leur surface intérieure n'adhère point à la dure-mère ; aussi, lorsqu'on enlève la boîte os- seuse, n'éprouve-t-on aucune difflcuilé.. Au moment de cette séparation, l'on aperçoit sur la surface extérieure de la dure-mère qui revél IhémfSphère iiauche du cerveau, une couche de sang dont une partie est liquide, et l'autre prise en caillots peu consistants qui s'étendent sur plusieurs poinss en une membrane mince. La portion de la dure-mère qui correspond à la partie moyenne, et un peu inférieure de l'hémisphère gauche, présente une perforation arrondie, à bords minces, et occupée par un caillot sanguin mince, friable, qui se sépare de l'ouverture lorsqu'on soulève la dure-mère, et qui ne parait avoir aucune con- nexion intime avec elle. Une des branches principales de l'artère méningée moyenne rampe à quelques millimètres en dehors àe la perforation, et la dé- passe sans avoir été compromise par l'allération de la dure-mère. Mais un de ses rameaux qui s'en sépare tombe, api es un trajet d'un ou deux millimètres, dans la perforation, et se trouve comme coupé en travers. L'orifice du vaisseau est bouché par un petit caillot Obrineux, dont l'extrémité libre flotte sur le bord correspondant de la perforation. Du reste, ni le tronc principal, ni le rameau, ainsi arrêté brusquement dans ton trajet, ne présentent d'ciîéralion de structure ou de dilatation. En même temps que mon attention éiail frappée par celle solution de conti- nuité de la dure-mère, elle était attirée vers le point correspondant de 'a surface interne des os du crâne. Là, en elfet, on apercevait une cavité creusée dansl'é- paiseeur du pariétal, un peu au-dessus de la suture écailleuse, renfermant du sang en partie liquide, en partie à moitié coagulé. La table interne de j'os avait complètement disparu, ainsi que le tissu diploîque, et le fond de la cavité était formé par la table externe, excessivement amincie, réduite à l'épaisseur d'une feuille de papier, et prcseniant même une petite perforation. Le pourtour de cette cavité, assez régulièrement arrondi, était comme tranchant. Quant à la àestruc- 150 floo du tissu diploïque, elle s'étendait un peu au delà du pourtour de la bulutlon de continuité, doru elle semblait avoir en quelque sorte miné les bords. Il m'a été lmpossil)le, malgré les recherches les pus minutieuses, de retrouver aucua fragment osseux, soil dans les caillots, soit à la suiface du cerveau. La dure-mère enlevée, j'ai rencontré sur riiémisplière gauche du cerveau, une couche mince de sang liquide qui recouvrait l'arachnobie «-érébrale. La fusse oc- cipitale du même côlé contenait environ trois cuillerées de sang à moitié coagu- lé, qui était accumulé au-dessus de la t^nte du cervelet. Toute la partie postérieure de l'hémisphère gauche présentait une teinte d'un rouge violacé, qui avait pénétré non-seulement l'arachiioide, mais encore toute l'épaisseur de la couche corticale. Celle rouaeur, uniftirmc, non pointillée, m'a paru un simple phénomène d'imbililion. L'arachnoïde était intacte dans toute l'étendue de l'hémisphère. Vers le pi.int correspondant à la peiforation de la dure- mère, elle ne présentait aucune altération, aucune dépression. Partout elle se détachait de la substance cérébrale a vrc la plus grande facilité. La substance grise du cerveau conservait partout sa consistance et sa couleur naturelles, à Texception du point où elle avait été en contact avec le sang épanché au-dessus de la lente du cervelet. L'hémisphère dio.t ne présentait rien de remarquable. Toutes les autres por- tions de l'encéphale, examinées avec le plus grand soin, étaient dans un état par- fait d'intégrité. Les orgaiies thoraciqueset abdominaux ne présenlxiient aucune altération. La rate seule était profondément altérée. Son tissu était réduit en une sorte de bouil'^' lie d'un rou^e terne qui s'écrasait par la pression la plus légère. Eii analysant toutes les particularités de ce fait singulier, il en wt une qui échappe et qui laisse une lacune dans l'enchainemeni des accidents qui ont dû se succéder. D'une paît, l'on peut constater la lésion que présente lavuûtedu crâne ; de l'autre, celle de la dure-mère et de l'artère méningée moyenne qui a donné lieu à l'épanchement de sang dans l'intérieur du c:àne. Mais, quant à la cause qui a porté simultnnémenl son action et sur le pariétal et sur la dure- mère, elle ne trouve plus son explication dans l'examen des lésions constatées après la mort. Cependant, en tenant compte de certaines particularités, et en comparant té fait à des faits qui ont avec lui le plus d'analogie, il est possible, je crois, sinon de combler complètement celte lacune, du moins de toucher de bien près à la vérité. Il est impossible, dans le ciis qui nous occupe, d'admeltie une fracture de lia table interne de l'os. La forme de la solution de continuité, la régularité de ses' contours, doivent faire rejeter une pareille supposition. En effet, dans tons les exemples de déchirures de l'arlère méningée moyenne par suite de fracture du crâne, on trouve dans la boite osseuse des désordres tels, qu'il serait impossible de les laisser échapper, même au milieu des recherches les moins attentives. On peut s'en convaincre en lisant les observations de oe genre publiées par les au- 151 :eon, et en parcourant celle» du même genre que M. ChasBatgnnc a réunies dans une thèse de concours (Des plaies de tête. Paris, 1 juin 1842). Dans totrtea ces observations, on retrouve des fêlures plus ou nooins étendue** des os du ciftne, ou des fragments osseux, soit libres, soit enfoncés dans la substance cérébrale. Chez le malade qui fait le sujet de cette observation, rien d'analogue n'a été ob- servé, malgré les recherches les plus attentives. L'existence d'une tumeur qui aurait simultaDcment porté son action et sur ta dure-mère, el sur les os du crâne dont elle aurait détruit l'épaisseur par une vé- ritable usure, et en procédant de dedans en deliors, est seule capable d'expliquer les désordres que nous avons décrits. Mais ici se présentent encore de nouvelles di(ncultc$. L'artère méningée moyenne, dont une branche était brusquement in- terrompue sur le pourtour de la solution de continuité de la duce-mère, a-t-elle été le siège d'une dilatation anévrismale? Nous allons voir que si certaine* cir- constances paraissent favorables à cette opinion, d'autres au contraire semblent de nature à la faire abandonner. La destruction partielle da pariétal, qui n'est réduit qu'à l'épaisseur de la table externe et qui présente même une petite per- foration, a la phis grande analogie avec l'usure des os produits par k-s tumeurs anévrismale?. Mais d'uh autre côté, l'examen attentif des organes na pu faire découvrir ni les débris d'un sac anévrismal, ni une dilatation plus considérable de la portion du rameau artériel qui %'clendait depuis sa séparalion du tronc de l'artère méningée moyenne jusqu'à l'endroit de sa déchirure. Cette circonstance me paraît importante à noter, cardans les cas d'anévrismes iie l'artère méningée moyenne que possède la science, l'examen des parties lésées a toujours fait re- trouver les débris du sac anévrismal, ou du moins une dilatation plus oi^ moins considérable de l'artère dans les portions voisines de la tumeur. On peut lire à ce sujet plu.sieurs observations de ce eenre consignées par M. Chai^saignac, dans une seconde thèse pour le concours de la chaire de clinique chirurgicnle (Des to- HECRs i)E LA VOUTE hv CRANE. Parls, 1848). Ainsl, dans la première de ces obser- vations, empruntée au Journal des pkogrès ft. X, p. 237), la tumeur qui avait perforé les os du crâne, fut prise pour un kyste et ouverte par un chirurgien. Le sac anévrismal communiquait par un canal très-étroit avec î'arlèie méningée moyenne, qui avait acquis dans le crâne le volume du petit doigt. Dans la seconde, qui a été publiée par le docteur Gairdner, la tumeur se rompit pendant un effort, et le malade mourut. A l'autopsie, on trouva un sac anévrismal situé sur le trajet de Vartère méningée moyenne formé par la séparation des feuillets de la duie-mère, et contenant environ 4 onces de sang co:igulé. Enfin, M. Chas- saignac rappelle encore un cas cité par M. Bégin, et dans lequel un anevrisme qui occupait l'artère méningée moyenne fit oérir le malade après avoir perforé la fosse temporale. Rien d'analogue à ce que nous signalons dans les observations précédentes n'a été retrouvé chez le malade dont il est ici question. Pour admettre, dans ce cas, l'existence d'un aDévrisone de l'artère ménijigé^ moyenne, il faudrait snp- 152 po$er que le sac anévrismal, très-petit, formant sar le trajet de l'artère une sail- lie brusque et sans dilatation de la portion du vaisseau voisin du sac, aurait été conipiétenient détruit au moment de sa rupture et entraîné par Teflort hé- morrhagique. Resie donc la supposition d'une tumeur de toute autre nature, par exemple d'un fongus de la dure-mére qui, après avoir usé la table interne de l'os, au- rait déterminé en même temps ralléralion observée sur la dure-mère, et par suite la lésion du rameau de l'arière méningée moyenne. L'absence de toute di- latation et de toute altération dans le tronc artériel et son rameau, jusqu'à l'en- droit de sa déchirure, nous paraît tout à fait favorable à celte dernière opinion. Mais, dans ce cas, il faut encore admettre qu'au moment de la déchirure de l'artère déterminée sans doute par la cbule du malade ou les violences exer- cées sur lui, la tumeur a été complètement détachée de la dure mère, et entraînée avec a portion altérée de cette membrane, par le flot hémorrha- gique. V. — TÉRATOLOGIE. 1» MONSTRUOSITÉS DIVERSES CHEZ UN FOETUS : par M. GiRALDÈS. H. Giraldès préseiite à la Société un foetus mosistrueux que la pulréfaction a profondément altéré. Il n'existe point de fente palpébrale, et la peau recouvre complètement le point normalement occupé par les yeux. Mais, sous celte peau on trouve deux tumeurs saillantes; d'un côté, c'était l'œil projeté un peu au- defaors de l'orbite; de l'autre, c'était une masse graisseuse. Les exlrémiiès terminales des membres supérieurs sont réunies par une sorte de palmure. Le bout des doigts est seul sali ant et distinct; toutefois il n'existe pas de soudure des phalanges, ei les doigts pourraient éire séparés jusqu'à leur racine. La même disposition se rencontre aussi aux membres inférieurs; les parties génitales externes ne paraissent point déformées ; on voit, à la partie supérieure de la région génitale un petit tubercule , c'est le clitoris recouvert par les deux ailerons d'un p(?tit capuchon. I! existe une ouverture pour le con- duit urinaire, et une autre pour le rectum. Quant au vagin, il ne s'ouvre point à l'extérieur, mais se termiiie en cul-de-sac. La vessie, vers son bas-fond, donne naissance à un diverliculum qui se trouve situé entre cet organe et le conduit vaginal. L'utérus est plus projeté d'un côié que de l'autre, La sympbjse pubienne est fibreuse et le siège d'un écariemeut de plus d'un centimètre. VI. — HELMÎNTHOLOGIE. SOa BK VER VÉSICULAtRE TROUVÉ DANS DES PETITS KYSTES A LA SURFACE DO POCMO!» DU LiMAX RCFCs ; par Al. Cbauss&t. En disséquant des limaces flimax ru fui] prises dans le bois de Meodon, pré» i53 Paris, M. Chaussât aperçut, à ia surface du pouiuoD de plusieurs d'entre elles de petites élevures blanchâtres, à peine grosses comme la tète d'une très-petite épingle. Le nombre de ces petites élevures varie ; quelquefois il n'y en a que deux ou trois ; d'autres fois toute la surface de la cavité pulmonaire en est parsemée. Ces petites élevures peuvent s'énucléer, mais assez difficilement. Étant parvenu à en isoler une, et l'ayant mise sous le microscope, à un faible grossissement, M. Chaussât a vu distinctement un animai se mouvant dans un kyste, et dont voici les caractères : Cet helminthe est constitué par une vésicule ronde, assez transparente, n'ayant guère qu'un demi-millimètre de diamètre lorsque l'animal a rentré son cou. Celte vésicule présente, dans ses parois, les petits grains qui se rencontrent chez les cystiques ; ces petits grains ont à peine un centième de millimètre. Le fOu, dont on aperçoit assez bien les circonvolutions par transparence, paraît avoir environ l millimètre de longueur ; mais il est extrêmement difficile de le faire sortir sans opérer la déchirure de la vésicule. La partie antérieure de ce cou présente, dans une longueur de un quart de millimètre environ, des plis transversaux qui n'ont guère que de là3 centièmes de millimètre de largeur. La partie du cou qui ofire ces plis est large de 5 à 7 centièmes de railUmétres, et se termine en avant par une tête obtuse, sans ventouses mais pourvue d'une couronne de vingt crochets de même grandeur, légèrement courbés et disposés sur une seule rangée. Ces crochets ont 4 centièmes de millimètre de longueur, et présentent, dans leur milieu, sur le bord concave, un talou assez court in- cliné du côté de la pointe du crochel. Cet helminthe n'a été signalé par aucun belminthologiste, et c'est peut-être le premier exemple d'un ver vésiculaire chez les animaux invertébrés. NOMINATION. La Société procède à l'élection d'un membre titulaire. M. Germain ayant réuni l'unanimité des suffrages, est nommé membre titulaire de la Société de biologie. COMPTE RENDU DES SÉANCES SE F r LA SOCIETE DE BIOLOGIE PENDANT LE MOIS DE SEPTEMBRE 1850 ; PAR M. FOLLIN, •ecr«Uir«. Présidence de M. RATER. I. — Optique appliqdée a la biologie. NODVEAU MICROSCOPE DESTHSÉ SPÉCIALEMENT AUX RECHERCHES CHIMICO- HiGROSGOPiQUES ; par M. Laurence Shitb. Ce microscope est composé d'un pied lourd soutenant une platiné touraanto et ayant une hauteur de iO à \\ centimètres. Au-dessous de la platine est placé un prisme à quatre faces , disposé de ma- nière qu'un rayon de lumière entrant par la face supérieure sorte psr uaa 156 autre face , après avoir subi deux réflexions défiectant la lumière de 144* j d« teile sorte qu'en regardant de haut en las à un angle de 3G* à la perpendicu- laire , nous pouvons voir ce rayon de lumière. Sur la face du prisme par laquelle arrive la lumière est placé le tube por- tant l'objectif; tandis que sur la face du prisme par laquelle sort la lumière est placé un tube portant l'oculaire. Le montage des pièces qui composent ce microscope peut s'effectuer d'une manière très-simple. En dehors de l'instrument il y a un petit appareil destiné à chauffer à des températures diverses l'objet que l'on examine. Les avantages qu'ofl're cet instrument sont : !• Que la partie optique est à l'abri de l'action des réactifs qui peuvent être employés , et cela sans nuire à la faculté de voir et d'opérer; 2* On peut voir presque en même temps le corps soumis à l'examen , et son image dans le microscope; S" On n'a pas à craindre que les vapeurs, s'cchappant d'un corps déjà chaud ou chauffé sous le microscope, n'obscurcissent le verre et ne gênent la vision ; 4' On peut soumettre les corps en examen à l'action électrique ou galva- nique. Je n'insisterai pas sur les autres avantages qu'on pourra apprécier en se ser- vant de cet instrument. Quoique l'instrument ne soit pas destiné à l'examen avec de fort grossisse- ments, on obtient cependant des effets très-remarqtiables avec le n* 7 de Nachet, sans se servir d'un éclairage artificiel, mais en prenant la lumière directe du ciel. On peut ainsi voir les points sur les navicules bipocampus avec les n" 6 et 7 de Nachet. Je n'insisterai pas sur les petits détails propres à l'instrument que je présente à la Société, parce qu'ils pourront être plus ou moins modifiés. En outre, j'ai l'honneur de présenter deux améliorations que j'ai appliquées ii ce microscope , et qui peuvent servir aux autres formes de cet instrument. La première consiste en un nouveau micromètre oculaire, et l'autre est une 'siéthode de mesurer les angles des cristaux. C'est aux habiles opticieni BIM. Nagher père et ûls que nous devons la confection de ces instruments. II. — BOTANIn8 d'en 160 fuire, en disant qu'ils ressemblaient à premiirr» tm#, par leur forme exté- rieure, à des ascarides lombricoides extréoxeœent réduits , ou bien encore à dee cayures Termiculaires considérablement grossis. IV. — Anatomie. SUH LESTAISSEADX DES ÉPIPLOONS LOMBAIRES SE LA UARHOTTi:: par MM. Valee«ciennes et Cl. Bernard. Indépendamment desépiploons ordinaires, il existe chez les marmottes, ainsi que chez plusieurs rongeurs, des masses graisseuses spéciales auxquelles on donne lu nom ù'épiploons lombaires et qui ont été déjà signalés depuis long- temps. Chez les marmottes chacun des épiploons lombairéii prend naissance au- dessous du rein, se continue avec la capsule graisseuse de cet organe et se pro* longe en bas jusqu'à l'origine des replis périlonéaux des organes génitaux. En- suite ces deux épiploons lombaires s'avancent vers la ligne médiane sous forme de pannicule graisseux et s'entrecroisent même à leur point de jonction, il eo résulte que la masse Inteslinale de la marmotte se trouve recouverte successi- Tement par le grand ëpipîoon gastro-colique et par les deux couches des épi- ploons lombaires. On peut voir celle disposition desépiploons lombaires sur la pièce que nous présentons. Mais ce que nous voulons faire remarquer, parce que cela peut avoir <'ie l'importance- au point de vue physiologique, c'est que les épiploont lom- baires diffèrent des épiploons ordinaires en ce qu'au lien de recevoir leurs vaisseaux du système abdominal (artère mésentérique et veine-portej, ils les re- çoivent du système vasculaire général (artères et veines lombaires). A cause de cette dernière circonstance la graisse qui constitue les épiploons lombaires esi dans les mêmes conditions que la graisse située dans le tis-u cellulaire sou»- cutané. V. — Physiologie. 1* DE L'ABSORrriON ÉLECTIVE DE LA VEINE-PORTE ET DES VAISSEAUX CHYLIFIXES ; par M. Cu Bernard. Ce travail, qui a pour objet de déterminer un rôle spécial des ganglions mé- sentériques, sera publié dans les mémoires de la Société de biologie. 2* RECHERCHES SUR LA PHOSPHORESCENCE DU PORT DE BOULOGNE (rÉSUHÉ) ; par M. A. de Qoatrefaces. A Boulogne comme an Havre la phosphorescence du port est due presque ex- clusivement aux noctiluqucs. L'uniformité de teinte que semblent prétenter certaines vagufs lumineuses 101 n'est qu'âne illusion produiie par le nombre immense et ta petitesse des points brillants. En observant les noctiluques elles-mêmes sous le microscope, jusqu'à des grossissements de plus de 200 diamètres, on reconnaît que la lumière émise par chacun de ces animalcules est duc à une multitude d'étincelles isolées et Irès- petitus. Le plus ordinairement cette lumière ne brille que sur une faible portion du corps. Tous les agents physiques ou chimiques qui excitent la conti action des nocti- luqoes amènent CQ même temps un redoublement d'intensité dans la phospho- rescence. Certains d'entre eux rendent les animaux momentanément lumineuv dans toute l'étendue du corps. Ce fait général résulte d'expériences faites «n em- ployant l'électricité, le vide plus ou moins parfait, ia compreÈsion..., et en sou- mettant les noctiluques à l'action de divers acides, bases, gaz, etc. Lus gaz irritants, solubies dans l'^au, exercent une action des plus marquées. Les gaz propres à, entretenir la combustion et ceux qui éteignent le;^ corps en- flammés agissent exactement de !a même manière. De ces dilTérents faits constatés par plusieurs lémoios, je crois pouvoir tirer les conclusions suivantes : i» Les noctiluques n'ont point d'organe spécial 4estiné à prniU:ir,> la Uunièref coiiuiie cela se. voit chez les lampyres. 2» La phosphoiescencc chez les noctiluques n'est pas, comme iheî les !am» pyres, un phénomène de combustion. 3° Ghez les noctiluques, la phosphorescence se rattache intimement à U con- struction spontanée ou provoquée de la trame du corps entier. — Les nudibranehcsphlébentéréset les nuëibranehes ordinairftii, examinés à réîat de larve, présentent une structure anatomique presque idenii({iif-. Chez les uns comme chez les autres, le foie est creusé d'une cavité qui communique largement avec celle de l'estomac. Rien de plus aisé que de suivre les grains de carminvavalés par l'animai dans leurs mouvements de va-et-vient d'une de ces cavités dans l'autre. Ce fait montre que le phlébentérisme tel qu'on l'observe che^ Us adultes n'eât autre chose que lu persistance et le développement chcn certains nudibrnncbes d'une disposition unatomique embryonnaire comciuae très- probablement au groupe tout entier. (Séance du 14 septembre.) ,3» OBSERVATION D'UNE MUQPEfSE UTÉRINE RENDUE APRÈS UN MOIS ET DE»! DS RÉTF.NTIO.N RES RÈGLES ; par MM. DUTARD et LaBOULBÈNE. Obs. — Leroux (Marie), ou\rière, âgée de 24 ans, née à Paris, entrée le 13sej»- tembre r850, à l'in^rmerie générale de la Salpétrière, service de M. Darih. Cette fille, d'une constitution ordinaire, est habituellement d'une bonne aante. Elle n'a jamais eu de maladies graves, à l'exception de la variole, dont elle porti des cicatrices légères. Elle a été réglée à 1 1 ans et demi ; les menstrues ont tou- 162 jours été abondantes et régulières. Elle a eu un enfant à 16 ans, et à cette époque, ses couches furent sans accidents ; mais depuis, elle a fait deux fausses couches, l'une il y a cinq ans, l'autre il y a trois ans. Après la première, elle a pu voir le fœtus, qui était âge de 3 mois ; à la deuxième, elle n'a pas vu le fœtus, mai» le médecin qui la soignait lui a affirmé qu'elle avait fait une fausse couche. Elle ignore si elle est enceinte, mais elle avoue que cela est possible, elle n'a pas eu ses règles le 28 août, elle se plaint de coliques et souffre beaucoup de- puis trois jours. 1 4 septembre. Étal actuel : teinte pâle de la peau ; muqueuses décolorées ; peau chaude ; céphalalgie médiocre ; quelques étourdissements quand ellese lève ; pouls fréquent, régulier, souple ; bruit de soufQe continu très-fort à l'auscultation du cou. Ce bruit d« souffle ne cesse pas quand on comprime la jugulaire externe. Rien d'anormal à l'auscultation du cœur et des poumons. Langue humide, vilieuse, blanche; appétit diminué; selles naturelles ; leven- tre est douloureux à la pression dans sa partie inférieure ; pas de tuméfaction anormale; coliques vives depuis trois jours. Pertes en blanc peu abondantes, pas de douleurs en urinant ; le toucher vagi- nal fait constater que le col utérin est allongé transversalement, un peu frangé; le volume de l'utérus ne paraît pas considérable ; néanmoins le siège des dou- leurs abdominales parait devoir être rapportée l'utérus (Catapl.laud.; groseille; bouillons tl potages.) 16. Même éiat ; coliques un peu moins vives que les jours précédents ; douleur fixe à l'hypogastre ; écoulement blanc jaunâtre assez abondant; examiné à l'aide du spéculum, le col présente sur sa lèvre postérieure des ulcérations légères en- vironnées d'un cercle roui^eâtre. Cet examen n'occasionne aucune douleur. 17. Dans la nuit, les coliques sont si vives, les douleurs si intolérables, que la malade réveille ses voisines. Ces douleurs sont plus fortes par moments. L'écou- lement est beaucoup plus abondant; il est sanguinolent. La malade a tacho deux chemises dans la journée, et le soir, les douleurs ab- dominales sont moins vives. Abdomen tendu, un peu tuméflé, douloureux à la pression; envies de vomir et vomissements de matières filantes, muqueuses. Langue blanche, humide. Peau cliaude, moite ; pouls fréquent ; céphalalgie. 18. Même état. Le toucher vaginal n'indique rien d'anormal. Le col n'est pas l'na'ouvert ; écoulement séro-sanguinolent très-abondant. {Ut suprà; lavement laiid.) Dfijis la soirée, la malade, en voulant se lever pour aller à la garde-robe, a senti b'éi'happer par lu vulve un corps qu'elle a pris pour un caillot de sang, A partir de ce moment, les coliques ont cessé; le ventre n'a plus été tendu et il ehi devenu moins douloureux. L'écoulement est toujours séro-sanguinolent, sens odeui marquée. Les seins sont assez fermes, non douloureux. 163 19 septembre. Peau avec sa chaleur normale ; pouls souple, à 70 ; langue na- turelle; pas d'appétit ; soif médiocre. 20. L'écoulement diminue sensiblement; il est presque entièrement blanc, séreux ; odeur nulle; plus de fièvre ; plus de céphalalgie; langue naturelle ; ap- pétit ; selles naturelles. 21. C'est à peine si le linge de la malade est taché en blanc jaunâtre. Plus de douleurs imlle part ; appétit; toujours un bruit de souffle au cou. (Une portion; 4 pilules de Vallet.) Elle sort le 26 septembre, guérie. Le corps rendu par la malade est la muqueuse de l'utérus. Il offre la forme triangulaire de la cavité utérine, moins la portion du col. Elle présente une ou- verture inférieure irrégulière, dilacérée sur ses bords, et deux autres petites ouvertures correspondent à l'entrée des trompes. Sa couleur est d'un rouge vif. Examinée sous l'eau, elle aune épaisseur de plusieurs millimètres; elle est villeuse à sa face externe, lisse, douce au toucher à sa face interne. Celle-ci est criblée de petits orifices en partie visibles à l'œil nu. Elle ressemble pas mal, pour la consistance et l'aspect, à un petit sac d'agaric ou d'amadou qui serait poli dans son intérieur et villeux à son extérieur. Sur un dos points de son intérieur, vers le tiers supérieur et latéral ; au-dessou; d'une ouverture tubaire, on voit un petit corps pédicule. L'examen microscopique, fait avec grand soin par M. Ch. Robin, ne laisse au- cun doute sur la nature de ce produit; les follicules caractéristiques y abondent. C'est bien une membrane organisée, la muqueuse utérine elle-même. VI. — ANATOMIE PATHOLOGIQUE. 1" SUR CM CAS SE FAUSSE ARTICULATION, A LA SUITE B'ONE FRACTURE DE L'EXTRËHITÉ INFÉRIEURE DU CORPS DE l'UUMÉRUS ; par M. DÉSIR. J'ai l'honneur de mettre sous les yeux des membres de la Société un exemple de fausse articulation de l'extrémité inférieure du corps de l'humérus que nous avons observée, M. Rayer et moi, chez un maiade mort dans son service à la suite d'une maladie chronique tout à fait étrangère à la fracture. Mais avant d'exposer les particularités qu'a présentées ce cas, je crois devoir rappeler brièvement ce qu'on a déjà observé relativement à la disposition dea fragments dans les cas de non-consolidation des fractures des os longs. On sait que, dans ces derniers temps, M. Norris a admis quatre variétés de pseudarlhroscs (1). « Première vauiété. — Les fragments sont entourés d'une tumeur cartilagi- » neuse dans laquelle robsiûcalion ne s'est point encore faite, il y a plutôt retard (1) Malgaigne, Traité des fractures, iu-S", 1847, t. I, p. 158. 164 h q-u'absence de cansôUdation,** le repos et la compression sofilsent géuéralement » pour la déterminer. * DeoXièk'e VABîÉrt!. — Les fragments sont tout & fait âcsunis, extrêmement » moliHes eoos Tes tégument», et lenrs bouts semblent même avoir subi «ne » sorte d'titroplîiiv l,e membre est incapable de remplir ses fonctions. » TnoisiKME \AaiitTF,.^ L'union s'est faite par i'intermédhilre d'nu tissu fibreux » plus ou moins long, R»fl épats, tantôt tenant les Iragraeiits tièe- rapprochés, • tantôt leur permettant Jcs mouvements de Ûcsioii trèS'étenâiis. Les bouts des » frflgnients oui été plus ou moins arrondis [.ar l'absorption ; d'autres fois ils res- » tenl aiguiséB en pûirtte, mais le canal naédullaire est toujours oblitéré à leur I» surface. » QUATRIÈME VABitTÉ. — il peut s'etablir une véritable diarlhvose, constituée » par une capsule horeuse, dense et forte, lisse à l'intérieur et renfermant ub » liquide analogue à la synovie. Les bouts des fragments sont arrondis et polis, >» dans quelqijes'cas absorbes, dans d'autres recouverts du «artiîages et d'uu »» mcmbmne synoviale. » De ces lîuatTP. varrétes, les deox pleraiè/es ns eoastituent réellement pas des pseudsithroses, qui, suivant moi, ne forment qut deux séries bien distinctee. La première ccmprend Ifô t-as dans lesquels *€S fragment» sont isnis pat-nne espèce de iigameot, îillant de l'un ù l'autre, sans capsule articuiatjs et sans car- tilage ds nouvelle formation. La deuxième comprend les cas dans îetquels les frêgmeïîis sotitnnis 'MX une vêiiîaliie eapstîîe articulaire, et les surlaces des (Vagmenis enduites ou non «le cartilages. Les observations de h&yiiT se rapportent à la première de cos deux séries. H s'exprime ainsi (IJ : H Daus les cas de noa-consolidalion des fractures des os longs, les extrémités » des fragments s'arrondissent, secouvrent d'une substance fibreuse, semblablo » à uu périoste éj/aissi, et 11 te forme ce qu on appelle une articuialion coutre » nature. Ban» cet ttat, la forme des fragments «t la manière dont ils se cor- B respondeiil varient; mais je n'ai jamais rien trouvé dans leur disposition qui » pûl être comparé à ujie articulatioa : ni ligament orbiculaire, ni euifaces lisses » et cart{iagi^^euses. J'ai toujours trouvé, au contraire, dans les articulations f contre «aiuie du fémur et de l'hum(irus que j'ai eu occasion de disséquer, i> une Eubstanc* ûbjouse et comme ligamenteuse qui s'étendait d'un fragment à » l'autre; et il est très-probable qu'il en est de même, à quelques modifications »- près, de tous les autres cas que je n'ai point vus. » Mais Boyer s'exprime, daus nu autre passage, d'une roaaière moins abso- lue (2) : (1) Boyer, Traité des malad. chircrg., 1831, t. III, p. 102. (2) Ibid,, p. 95. i Dans les articulations contre-nature, les fragments quelquefois arrondis, et a d'autres foi« pointus, «ont unis entre eux par une substance celluleuse et li- » gannenteuse, mais leur surface n'est point couverte d'une substance lisse et i> comme cartllngineuse. et il n'existe pas toujours non plus de liizament orbi- V culairc. Il s'est convaincu de cette vérité par la dissection de pJuMeurs frac- n tures non consolidées dont il axait conservé les fragments dans son ca- u binet. » Lancenbeck, cité par Sam. Cooper (i), ditauïsi qu'il conserve une mâchoire inférieure et un oléciâne ilont les fractures ne sont pas consolidées et dont lei) fragments sont unis par une substance senibiable à un ligament. Mais d'autres observateurs ont vu à la suite de fractures non consolidées des articulatiois de nouvelle formation plus ou moins analogues à des articulation» normales. Ainsi Sam. Cooper (2) dit qu'il existe dans la collection de Hunier une fausse articulation des os de l'avant-bra» dans laquelle la ressemblance avec une articulation naturelle est frappante. Longtemps avant, Fabrice de Hilden avait rapporté un cas à peu près sem» blable (dans l'observation 91 de la centurie 3*). Sylvestre avait fait part à liavle d'un cas analogue , maie moins bien carac- térise (.3). M. Liii^out a montré à ta Société, anatomiqiie, en ]$4â, rhumérus d'un homme de quarante-cinq ans environ qui s'éiait fractoré le bras gauche dans la partie inférieure. « La fracture était obliquf. de baul en bas et d'arrière en avant; cette » fracture fut soumise à un traitrment, peu approprie. La consolidation ne se 0 fit pas? le maL'ide se remit à ses travaux. Mais bientôt des accidents inflam- » matoires survinrent, des plaies, des ulcérations se formèrent, La mobilité » anormale du membre persista, et une amputation fut nécessaire. Autq)8ie de » la pièce. Point de consolidation, les deux fragments sont recouverts de sub- > stan.^e cartilagineuse, une capsule fibreuse réunit li?8 deux fragments, it » semble qu'une synoviale se soit formée sur cette nouvelle articulation. L'ar- » ticulation normale a conservé sa mobilité. » Kunholtz, Ev. Home et plusieurs autres observateus-s ont vu cette variété de fausse articulation , et Breschet, sur neuf fausses articulations obtenues dans ses expériences sur les chiens , en a trouvé six avec une cavité articulaire. M. Malgaigne dit qu'il en a obtenu deux sur un vieux chien auquel iî avait rompu le radius et le cubitus ; les capsules étaient fort épaisses , les bouts de» 08 étaient rac4)!iverts d'une couche chagrinée, blanche, moite, trèa-analogue aux cartilages passés à l'état fibreux. (1) DiCT. DE cuiROBG., traduct. frai:iç., t (, p. 480. (2) DiCT. DE CHIRîJP.G. PRAT., t. i. p. 480. (3) Nouvelles cf. hx r^.pvblique des lettrix, juillet 1785, p. 7IS. ie6 Le cas que je mets sous les yeux de la Sociélc est un nouvel exemple défausse articulation munie d'une capsule fibreuse , et dans laquelle le fragment supé- rieur est garni d'une couche comme cartilagineuse ; mais ce fait se distingue de ceux<|ue je viens de rappeler par une circonstance partioUHère. Dans ce cas, la faussA articulation n'est pas constituée par les deui^ extrénaités des fragments de Vos fracturé ; le fragment supéiieur se trouve uni par une capsule fibreuse avec la partie supérieure du condyle externe de l'humérus qui offre dans ce point une dépression correspondante à l'extrémité du fragment supérieur de l'humérus. Le fragment inférieur très-court est atrophié, il est situé en dedans de la fausse articulation avec laquelle il est uni par une production fibro-celluleuse. L'aspect de la piè^e résulte des circonstances suivantes : La capsule a été ou- verte en avant suivant sa longueur; eu haut et en bas elle a été détachée en partie de la circonférence du bout du fragment supérieur et de la surface urU^ culaire creusée sur le condyle. Par le fait de la dessiccation de la capsule, l'ex-p trémité du fragment supérieur qui, sur la pièce fraîche, pouvait toucher la partie inférieure de l'humérus, s'en trouve éloignée de plus de 4 centimètres. Cette extrémité du fragment supérieur offre à noter l'oblitération du canal médullaire par de la substance compacte , et elle est terminée en une pointe obtuse, arron- die, qui était recouverte de cartilage. La portion du condyle avec laquelle le fragment supérieur était en contact était aussi revêtue d'une «ouche ûbro-carti- lagineuse. La portion du corps de l'os restée sur l'extrémité inférieure après la fracture est aussi atrophiée : elle n'a pas la cinquième partie de l'épaisseur du corps de l'humérus. Il est probable que la fracture avait eu lieu en biseau, et que l'action muscu- laire avait déterminé le déplacement du fragment inférieur en haut et en dedans, d'oà résultait le contact de la pointe du fragment supérieur sur le condyle ex- terne , ce qui a empêché la réunion et produit la fausse articulation , avec cette particulai ité 8,ur laquelle j'ai cru devoir appeler l'attention de la Société. 2* DILATATION DE L'uRETÈRE ET DU REIN GAUCHES ; par M. LaBODLBÈNE. M. Laboulbèue met sous les yeux des membres de la Société, un rein et ijin uretère droits recueillis sur un malade qui a succombé à u,n cancer utérin. Le col de l'utérus était entièrement détruit, et les ganglions lymphatiques pel- viens étaient en grande partie cancéreux. L'un d'eux comprimait l'uretère gau> che, et ne laissait à l'urine qu'un passage extrêmement étroit, admettant à peine une soie de sanglier. L'uretère adhérant aux ganglions et faisant corps avec lui, est dilaté jusque auprès du rein. Fendu et étalé, il offre une circonférence moyenne de 0'n,045; mais au-dessus du point rétréci elle s'élève à ©".Ofi. Le bassinet se continue avec l'uretère, tans démarcation de volume; enfln, le rein est au moins du double plus volumineux que celui du côté opposé, qui est à peine hypertrophié, et du reste tout à fait normal. Le rein malade, fendu sur sa partie convexe, présente une dilatation conVidé- 167 rable dos calices, avec atrophie de la Êubstance corU(;ale. Les mamplons sont larges, à peine saillants, les pyramides de Malpiglii semblent afluisBées et ont plu» de largeur que de hanl»'ur. Le fait de la grand* largeur des pyramides s'explique Irés-bien par la dilatation des calkef. L'urine, uccumuliie dans le rejft, a tei'ouié l'intervalle de la pyramide de Malpighi ; alors la suLstaiice corticale, «'éloignant de sa place normnle pour se porter plus en dehors, les luLes uriiiifères rectiliguefe se sont écartés les uns des autres, surtout auprès des mamelons. La substance corticale prcseï te la coloration chair de veau; les tubes recti- lignes sont plus rouges. La muqueuse des calices et de l'uretère est uniformément d'un gris pâle. Le malade n'avait jamais accusé de gènedansTémissioB des urines, ni de dou- leurs lombaires du côté droit. VU. — PATHOLOGIE. I* IDIOTIE, ALTERATION DE LA GLANDE PINÉALE ; par M. SCHNEPF. Le 23 juillet >S50, est entré dans la salle Saint-Pierre, n» 29 (Hôtel-Dieu), service de M. Hoporé, une fille âgée de 29 ans, me à Paris et y demeurant tou- jours, enceinte de septmois environ. Sa tailleest moyenne, sou teintpâle, chloro- tique, Basante générale bonne; sa démarche, ses mouvements, d'abord gênés, prirent bientôt plus de naturel, et nous permellent de l'observer plus «ùre- ment. Un visage régulièrement ovoïde et de» If dits assez fins perdent tout leur char- me par un rire ou souriie presque cominuel qui lui donne un air niais, hébété, et suspecte tout d'abord son ir^telligence ; l'œil est noir, brillant, la vuciest très- bonne, l'ouïe est dure, et dans certains momenis ia jeune femme n'entend pres- que pas. Des parents nous assurent qu'il en a toujours éU ainsi depuis qu'elle est au monde. Les personnes étrangères qui lui adressent des ilemandes, n'ob- tiennent d'autre réponse qu'un sourire niais; celles qui lui sont famiiièies lui ar- rachent des phrases par des n»oiK)S.v!l«bes ; la religieuse, de même que les filles de service, sont tutoyées indiiit+nctemenl ; l'idiote ne semble connaître que deux personnes : tu et moi. Le son de sa voix est normal; l'artiiulalion brève, sacca- dée et incomplète des syllabes, exige une certaine élude piour saisir le sens des mots. Ses réponses traduisent assez nelleiuenl les impressions qu'elle reçoit; ses actions sont guidées souvent par un calcul et accomplies avec assez d'adresse et d'agililé; la mémoire y a peu départ; c'est avec grand'peine qu'où lui rappelle. un fait arrêté la veille, à moins, toutefois, qu'il s'agisse d'une friandise, d'un n»et8 qu'elle aime et qu'on lui a promis. Klle n'est pas moins poltronne, craintive, de la douleur, qu'elle n'est gourmande. Ses facultés atfeclives ne paraissent éveil- lées que momentanément ; ainsi elle est bien sensible à la visite de sa mère et d'autres parents, et elle est péniblement alFectée de ce qu'unt- jeuiif. amie, «ne 168 consine, ne vient pas la voir ; mais la distraction de l'hôpital l'arrache facile- ment à celte tristesse ; elle ne sait ni lire ni écrire, et j'ignore si l'on a fait des tentatives pour l'instruire; les soins de sa personne l'occupent; elle estasses propre, et elle est d'une certaine utilité dans le service. Nous apprenons que» dans son enfance, cette fille était moins propre, plus obtuse, timide, joueuse et rieuse. Si les menstrues, apparues dans sa dix-neuvième année, ont peu stimulé: élevé ses facultés, elles ont éveille des passions vives dont la vigilance uiaternelh n'a pas toujours triomphé. Personne dans sa famille n'est atteint de trouble dans l'intelligence. Le 18 septembre, celte malheureuse devient mère d'un enfant à terme-, ses couches se font ?: •'turellement, cependant elle accusait des douleurs utroces, et une faible hémorrhagie suit la délivrance : elle s'arrête d'elle-même. Tout allait bien ; 11 n'y avait point eu de flèvre de lait lorsque, le quatrième jour, elle est prise d'un frisson, de douleurs abdominales, d'une accélération très-grande du pouls et d'autres sjmplômes de la fièvre puerpérale. Une applicatiou de sang- sues est suivie d'un amendement de douleurs abdominales, mais la fièvre per- siste ; le calomel, donné à doses fractionnées ( 10 centigrammes en 20 prises), produit une révulsion sur le tube digestif; les selles deviennent liquides, verdâ- tres et très-fréquentes le deuxième jour, sansque la muqueuse buccale soit attaquée I.e troisième jour le pouls est descendu de l&O à 125 pulsations : le calomel est, supprimé ; le faciès se grippe, la respiration s'accélère en même temps que la circulation ; le ventre est souple, indolent ; la diarrhée se tarit, et trois jours plus tard la malade est morte (le 29 septembre.) Autopsie. — 36 heures après le décès. Adomen, péritoine ?ains, la cavité pé- ritonéale normale ne renferme ni sérosité ni fausse membrane ; la face libre du péritoine viscéral est un peu plus sèche , gluante ; le tube digestif n'offre rien de particulier, si ce n'est que, dans !a dernière portion de î'iléon , les glanduleâ solitaires sont saillantes, sons forme d'assez fortes têtes d'épingles , d'une colo- ration blanche, laissant suinter une mucosité trouble quand on les perce, effet que nous croyons devoir attribuer au mercure. L'utérus revenu à peu près à son volume normale ne s'éièv.; pas au-dessus du bassin; son parenchyme est d'un rose pâle, normal, un détritus fétide est implanté sur la face interne de la paroi postérieure ; les ovaires, les veines et les lymphatiques qui rampent dans les li- gaments larges , n'oCfrent rien de particulier. Le foie est pâle, mais ne présente rien à signaler, la même chose a lieu pour les veines- La cavité thoracique ne nous offre rien d'anormal. Les articulations des mem- bres n'ont pas été ouvertes. Cavité CRANIENNE. — Méninges normales. Les circonvolutions du cerveau sont bien prononcées, les lobes cérébraux remplissent bien la cavité encépalique. In substance cérébrale a une consistance normale. En arrivant au ventricule moyen, je fus frappé par l'absence de la glandt i> 169 Déale. t'M eiT«t , derrière ce ventricule oa trouve sur le bord «aillant de la cooi- missure postérieure du cerveau limitant le ventricule en ce point, deux concré- tions dures, pierreuses, résistantes, rugueuses au toucher ; c'est de ce point que partent en avant les habense , et ils sont un peu distants l'un de l'autre par un espace que la glande pinéale occupe ordinairement; deux tractus blancs s'éten- dent en arrière de ces points vers les nates , circonscrivant ainsi une fossette qui me paraît beaucoup plus profonde et plus marquée qu'à l'état ordinaire. Les concrétions dont je viens de parler sont évidemment formées en partie de carbonate calcaire auquel elles doivent leur dureté, car depuis huit jours que cette pièce est conservée dans de i'eau aiguisée avec l'acide azotique , les concrétions ont perdu leur dureté et leur surface rugueuse, et si ce n'était leur forme glo- bulaire et leur teinte jaunâtre , on les méconaltrait peut-être. Elles ne renfer- maient donc pas de phosphate, car l'acide nitrique n'aurait pas chassé l'acide pbosphorique aussi aisément et aussi complètement. Le cervelet ne présente rien de particulier. Tels sont les renseignements que je puis joindre à la pièce anatomique que j'ai l'honneur de soumettre à l'appréciation des membres de la Société. 2» d'une affection convdlsive consécdtivz a la section transversale DE LA MOELLE ÉPINIÈKE ; par U. BEOWN-SÉQCAED. M. Brown-Séquard a constaté que l'afiTection convuisive, dont il a annoncé l'existence chez les animaux ayant eu une moitié latérale de la moelle coupée transversalement (i), survient aussi chez les cochons d'Inde auxquels on a coupé transversalement toute la moelle épinîère à la région dorsale ou lombaire. Sur sept animaux mis'en expérience, cinq ont été atteints de cette afTection con- vuisive, de neuf à vingt jours après la section transversale complète de la moelle épinière. La maladie a été en augmentant depuis plusieurs mois que l'opération est faite. Les accès ont lieu sous t'influence d'une émotion ou d'une douleur. Les convulsions sont surtout violentes dans les muscles de la face et du cou ; elles n'existent pas dans le train postérieur qui est paralysé. Les accès durent huit ou dix minutes. Ils sont d'autant plus violents que l'animal est resté plus longtemps sans en avoir. (Séance du 24 août.) (1) Voyez les Comptes rendas de la Société ^de bioloi^ie, n* 6, juio 1850, p. lOS. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE PENDANT Lï MOIS I>*OCTOBKS 1850 ; rAK M. FOLUIV, seerAtalrc. Présidence de M. RAYER. ■ PHYSIOLOGIE. !• d'une action 5PÉCIA1.E QUI ACCOMPAGNE LA CONTRACTION MUSCDLAIRE, ET DK l'existence de cette action dans CERTAINS CAS rATHOLOGIQUES ET DANS CK QUE M. MAGENrviE A APPELÉ SENSIBILITÉ RÉCDKRENTE ; par M. BROWN-SÉQDARD^ M. Matteucci a découvert il y a quelques années que la contraction d'un mus- cle, sur lequel repose un nerf allant à un autre muscle, occasionne une con- traction dans ce dernier. 1! appelle induite la contraction de ce dernier muscle. 172 M. Du Bois-Reymond, qui a donné une bonne explicalion de ce pbénomèo*, appelle cette contraction secondaire ou dérivée. M. Brnwn-Séquard a reconnu, et il a communiqué ces faits à la Société en août IHliS : lo Que la contraction, induite ou secondaire, est extrêmement faible quand le muscle inducteur se contracte sans rencontrer de résistance, comme cela a lien après la section de son tendon ; 2" Qu'il n'est pas nécessaire qu'un muscle se contracte pour produire una contraction induite ou secondaire dans un autre muscle ; il suffit pour cela que le muscle inducteur tende à se contracter, ce qui a lieu quand on l'excite après aTOir fixé ses extrémités. Ce muscle fait alors effort pour se contracter, mais l'attraction moléculaire qui tend à le raccourcir reste sans eOet k cet égard ; 3a Que plus un muscle se contracte ou tend à se contracter avec énergie, plus la contraction induite qu'il occasioune est forte ; V Que lorsqu'un muscle possède une irritabilité très-grande, qu'il soit en contraction ou en repos, il suilit de le tirailler dans le sens de sa longueur, pour qu'il agisse sur un nerf musculaire en contact avec lui, et produise con- séquemment dans le muscle, animé par ce nerf, une contraction induite-, 5' Que les nerfs de sensibilité, ainsi que l'a vu M. Matteucci, lorsqu'ils sont placés sur un muscle, en reçoivent une excitation au moment de sa contraction, comme les nerfs moteurs ; 6* Que les nerfs de sensibilité, qui se ramifient dans l'intérieur d'un muscle en contraction, reçoivent une excitation tout comme les nerfs sensibles ou mo- teurs placés extérieurement sur ce muscle ; 7° Que l'intensité de l'excitation des nerfs sensibles, à l'intérienr on à l'ex-. térieur d'un muscle en contraction, est soumise aux mêmes lois que l'intensité de l'excitation des nerfs moteurs. M. Brown Séquard croit que l'on peut, à l'aide de ces £ails et de quelques autres, donner une explication très-simple d'un assez grand nombre de phéno- mènes physiologiques et pathologiques, considérés jusqu'ici comme bizarres et Inexplicables. Parmi ces phénomènes, il signale surtout ceux qui suivent: 1* On sait que les tissures à l'anus occasionnent des douleurs très-vives, qui s'accroissent beaucoup toutes les fois qu'on allonge les libres du sphincter, en dilatant l'anus, tandis qu'au contraire la douleur cesse ou se localise au niveau de la fissure et dans son voisinage immédiiit, après que l'on a coupé le muscle, comme le faisait Boyer, et permis, en conséquence, à ses fibres de se contractée &ans aucun obstacle. Or, en rapprochant ces faits des résultats d'expériences rapportés ci-dessus, on trouve leur explication très-aisément : avant l'opéra- tion, les nerfs sensibles, répandus dans l'intérieur et à la surface du sphincter, reçoivent des excitations par suite des contractions alternatives des diverses fibres de ce muscle. Comme ces contractions sont très-énergiques, l'exci .ation produite sur les nerfs est très-douloureuse. Si l'on tiraille les fibres musculaires 173 ^"n agraBdissant la circonférence du sphincter, les libres nerveuses reçolrent, comme dans l'expérience mentionnée plus i)aut, une rxcitalion plus vive. Si, par la seciion, on permet au contraire aux fibres musculaires de se raccourcir sans que rien leur fnsse résistance, l'excilatioB des nerfs n'a plus lieu» tout comm-î dans l'expérience. 2° Dans certains cas de conlractnre douloureuse, les choses se passent aussi comme dans les expériences rapportées précédemment : ainsi l'on augmente la douleur en tirant sur le muscle coulracturé , tandis qu'on la diminue en rac- courcissant le muscle par l'extension de ses antagonistes, et on la fait disp;i- raltre en coupant son tendon et en lui permettant ainsi de se raccourcir sans ob- stacle. 3* Les douleurs utérines, à l'époque de l'accouchement, s'expliquent très-ai- sément par l'excitation que produit la contraction musculaire sur les nerfs de l'utérus. Il en est de même des douleurs qu'occasionnent les crampes et toutes les contractions très-violentes, dans lesquelles il y a des alternatives de repos et d'action pour les divers faisceaux ou libres musculaires. Il en est de oiènie dans les névralgies, et surtout celles de la face, où toute contraction musculaire est accompagnée de douleur. W On connait toutes les particularités du fait si important que M. Magendie a découvert, et qu'il a nommé sensibilité récurrente. Ce fait, si singulier en apparence^ s'explique très-simplement par les expériences qui montrent qu'en «e contractant, les 4nuscles excitent les nerfs sensibles, ramiGés dans leur inté- rieur ou au contact de leur surface. C'est donc parce que les racines antérieures sont motrices cfoe l'on cause de la douleur en les excitant; en d'autres termes, c'est parce qu'elles font contracter irès-vivement les muscles, dans lesquels elles envoient des libres, et que cette contraction produit de la douleur. Ce n'est donc pas parce qu'elles sont sensibles, mais, encore une fois, parce qu'elles font contracter des muscles, que l'on occasionne de la douleur en les excitant, pourvu que les racines postérieures correspondantes soient intactes. Ce que M. Magendie appelle sensibilité récurrente n'a donc plus rien qui puisse étonner. Ce qui serait étrange, ce serait que l'excitation d'une r:<- tine antérieure ou motrice, en produisant une contraction musculaire énergi- que, ne produisît pas, ipso facto, de la douleur. Toutefois il est probable qu'il se joint à cette cause de douleur deux ou trois autres causes de moindre importance : l'une d'elles consisterait dans l'existence de libres nerveuses se repliant en anse et se rendant de la racine postérieure h l'antérieure; une autre consisterait dans la pression plus ou moins vive que les libres musculaires, en se raccourcissant et en gagnant en largeur, doivent exercer sur les libres nerveuses sensibles qui se trouvent dans l'Intérieur du muscle. lU 3» KOTE SUH LA PRÉSENCE DD SDCRE DA5S L'cRINE DD FOETDS ET DANS LES LIQUIDE» AMNIOTIQUE ET ALLANTOÏDÏEN ; par M. CLAUDE BeRNABD. M. Cl. Bernard fait à la Société la communication suivante : « Dans d'autres communications, j'ai démoutté que la production du sucre (glucose) est une fonction normale du foie chez les hommes et les animaux. J'ai fait voir en outre que cette production de malière sucrée commençait avant la naissance et existait déjà chez le fœtus. J'ai tout récemment été conduit à trouver un autre fait bien singulier : c'est que l'urine du fœtus, pendant la vie jQtrà-utérine, contient normalement du glucose et se montre avec tous les earac- '^res des urines des diabétiques. En eOet, ces urines fermen>nt au contact de la levure de bière en donnant de l'alcool et de l'acide carbonique. Elles brunis- sent par l'ébuilition avec les alcalis caustiques, et réduisent te tartrate de cuivre ■dissous dans la potasse. » J'ai constaté, dans les abattoirs de Paris, la présence constante du sucre de raisin dans l'urine chez plus de cent cinquante fœtus de vaches et de brebis. Les fœtus de vache que j'ai examinés étaient en général âgés de quatre à sept mois, et les fœtus de brebis de six semaines à deux mois et demi de vie intrà- utérine. Je n'ai pas encore pu examiner des fœtus à terme, aiin de savoir si le sucre des urines disparaît au moment même de la naissance ou quelque temps auparavant. » J'ai constaté ensuite la présence du sucre ( glucose ) dans le liquide allan- toïdien et amniotique des fœtus de vache, de brebis ou de truie. Seulement le principe sucré n'y existe pas toujours en quantité égale, et plusieurs fois, sur des fœtus de vache de six mois et demi ou sept mois, je n'ai point trouvé de sucre dans les liquides del'amnios et de rallautoïde, bien qu'il y en eût cepen> dant dans l'urine des mêmes fœtus. » Je me borne à rapporter aujourd'hui ces prenners faits, qui ue sont que le début d'une série d'observations intéressantes que je me propose de poursuivre sur d'autres animaux ainsi que dans l'espèce humaine. » (5 octobre 1830.) II. — ANATOMIE PATHOLOGIQDE ET PATHOLOGIE, î' BÏPERTROPUIE DES PLAQUES DE PETER ; par M. FOLUN, M. Follin met sous les yeux de la Société l'intestin grêle d'un vieillard qui a succombé à une affection chronique des voies urinaires. On y constate la pré- sence de plaques saillantes de 1 à 2 centimètres, en général elliptiques, dont le plus grand diamètre de l'ellipse est dirigé suivant l'axe de l'intestin. Ces éle- vures correspondent par leur siège et leur aspect extérieur aux plaques de Peyer. Peu nombreuses dans la partie supérieure de l'intestin grêle, on les voit se réunir en groupe au niveau de la valvule iléo-cœcale. Une de ces saillies est ilevenue assez forte pour constituer dans l'intérieur du tube intestinal un véri- table polype de la grosseur du pouce. 175 2* DU SILLON DANS M GALE KT QUELQUES OBSERVATIONS SUR LE PORftIGO SCDXOLATA ; par M. Piogey. M. Piogey commanique à la Société des observations qu'il a faites sur le sillon t]u'on trouve dans la gale. Ce sillon, manifestation essentielle de la maladie, n'au- rait pas, selon lui, été décrit avec soin par les pathologistes qui se sont occupés tle cette affection. Dans le travail qu'il soumet à la Société M. Piogey insiste en décrivant ce sillon sur les parties du corps ou l'on en constate la présence, sur les différences qu'il présente quant au siège , sur le siège anatomique de ce sillon, sur le diagnostic de ce sillon dans l'espèce humaine, fait important pour comparer les accidents qu'il entraîne avec ceux de la syphilis (plaques muqueu- ses). M. Piogey insiste aussi sur la situation de l'acarus par rapport au sillon et par rapport à la vésicule, enfin sur la destruction de l'acarus. M. Piogey montre, à l'appui de ses idées, trois malades atteints de gale. Chez eux le pénis est le siège d'une éruption papuleuse résultat du sillon. Deux aca- rus sont extraits d'une papule située sur le gland^ et une autre d'une papule qui siège sur la face dorsale du pénis. Le même observateur montre aussi un malade atteint depuis dix ans d'un porrigo scutulata. Le porrigo a envahi !>> cuir chevelu, i'épaule, le bras, le tronc et enfin le membre abdominal gauche. On rencontre des favi à toutes les périodes d'évoluUou , et il est impossible d'y reconnaître la présence d'une pustule. Le favus le pins petit, celui qui est à peine visible à l'œil, est constitué par de la matière faveuse, et non par du pus; il peut être énucléé, et un examen au microscope montre qu'il est de la même nature que les plaques faveuses les plus larges. 3* EXAMEN D'DN OEIL OPÉRÉ DE LA CATAHACTE PAP. EXTRACTION, QUINZE ANS AVANT LA MORT DU MALADE; par M. FOLLIN. Un homme succomba dans le service de M. Rayer, le 12 septembre 1850, à une pbthisie tuberculeuse ; il portait à l'œil gauche une cataracte et à l'œil droit il avait été opéré, il y a quinze ans, par M. Roux, d'une aflection analogue. Le procédé mis en usage avait été l'extraction, et l'on voyait encore sur la cor- née de l'œil opéré une ligne cicatricielle, blanchâtre, demi-circulaire, à con- vexité inférieure , d'un centimètre environ d'étendue. Celle cicaiiice linéaire siégeait à une ligne de l'union de la sclérotique avec la cornée. Les résultats de Topéralion avaient été satisfaisants, et de l'œil opéré le ma- lade pouvait facilement distinguer Ips objets et même lire. A l'œil gauche, la vision avait presque complètement disparu. Ces détails, que j'avais recueillis de la bouche même du malade, m'engafrè- reot à examiner avec soin l'état anatomique de ses deux yeux. J'avais surtout 176 le désir de constater la disposition de Poei! que M. Koux avait opéré par l'éx- traclion. Voici dans quel état je trouvai les parties. La sclérotique, la choroïde, la rétine et le corps vifré sont à l'étal normal. La cornée présente seulement à son bord inférieur la ligne cicatricielle que j'ai déjà mentionnée. La couleur de l'iris est grisâtre ; sa face anlérioure semble parcourue par un très-grand nombre de stries grises posées sur un fond noir. Mais ce qu'il y a de plus remarquable dans la disposition de l'iris , c'est l'adhérence du segment inférieur de son bord pupillaire à la cicatrice de la cornée. Par suite de cette adhérence, la régularité de la pupille est détruite. La place du cristallin est occupée par une lentille qui m'a paru formée par !a capsule antérieure et la capsule postérieure du cristallin rapprochées l'une de l'autre. Cette lenUlle> d'un volume moindie qu'à l'état normal, est d'uî« blanc opaque à sa circonférence, et au centre elle est transparente dans une assez petite étendue ; c'est par ce trou dépourvu d'opacité que la vision pou- vait se faire distinctement. Je poussai plus loin l'examen, et en disséquant avec soin l'appareil cristalli- siien, je constatai facilement la présence : l»de deux feniliels primitifs de la cap- suie, assez transparents lorsqu'on avait détaché les fragments d'une matière blanchâtre qui la doublait à l'intérieur; 2" entre ces deux feuillets, dans la portion de la lentille qui avoisinait sa circonférence, j'ai dit qu'il existait une matière blanche et grumeleuse ; celte matière, examinée au microscope, conte- nait une masse amorphe, quelques globules arrondis, des plaques formées par une réunion de libres parallèles du crislallink Dans l'autre cristallin, le micro- scope montrait au milieu des fibres qu'on voit à l'état normal dans cet organe, des cristaux très-manifestes et assez nombreux de cholestérine. L'existence de produits cristallisés dans l'intérieur des cristallins cataractes^ est lin fait qui n'a poiiit éié signalé par les anatomo-pathologistes. Un membre de cette société que le mort nous a malheureusement enlevé M. le docteur Désir avait déjà constaté avec M. Rayer l'existence de cristaux dans l'intérieur d'une catatacte ; mais il n'avait point déterminé la nature de ces produits cristallisés. Dans le cas que j'ai pu observer, il est certain que j'avais sous les yeux des plaques de cholestérine. Cette pièce est intéressante au point de vue de ce qu'on a nommé la repro- duction du cristallin. On ne peut pas avancer ici qu'il y ait eu reproduction de cette lentille. En effet, ce que nous avons trouvé entre les deux feuillets de la capsule, c'est un dépôt qu'on laisse constamment quand on extrait le cristallin. Tout le monde sait que les couches du cristallin sont d'inégale densité ; les plus extérieures sont les plus molles, les plus internes ont, au contraire, une cer- taine dureté. Dans î'exlraclion du cristallin, en laissant la capsule en place, èes couches (Titérieures, molles, ne se détachent qu'en partie de la capsule; la 177 portion qui reste adhère à la face interne des feuillets capsulaires et à la suite de la rétraction qu'ils éprouvent, il se forme un noyau d'une niasse blanchâlre que, dans beaucoup de cas, on a pris pour une reproduction du cristallin. Cette pièce est encore intéressante quand on considère l'adhérence du bord pupiilaire de l'iris à la plaie de la cornée-, celle tendance de l'iris à venir se placer enlre les lèvres d'une plaie de la cornée fait que, dans le plus grand nombre des plaies pénétrantes de cet organe, l'adhérence se fait avec l'iris; mais quoiqu'il en soit, cette adhérence, dans ce cas, ne nuisait en rien aux facultés visuelles. III. — TÉRATOLOGIE. EXAMEN D'DN foetus MONSTRUEUX ANENCÉPHALE (PSEUDENCÉPHALE) MANQUANT DE NEZ ET d'yeux ; par M. GOSSELIN. M. Gosselin communique à la Société les détails qui suivent sur un fœtus monstrueux qu'il a disséqué, et dont il montre les pièces : • Le 2 décembre 1848, madame Daguin, sage-tèmme à Vaugirard, a fait ap- porter à l'Ecole de médecine un fœtus qu'elle avait reçu la veille; la mère de ce fœtus a eu déjà quatre enfanls; aucun des accouchements n'avait été labo- rieux ; les enfants sont tous vivants et bien conformés. » Cette femme a été désolée de devenir enceinte une cinquième fois ; elle était dans une grande misère; son mari, mal portant depuis longtemps, devint p'us malade pendant les premiers mois de la grossesse, et mourut quinze jours avant l'accouchement. «Jusqu'au quatrième mois, rien de particulier ne se manifesta; à cette époque, les mouvements du fetus commencèrent à se faire sentir ; la malade les a trou- vés bizarres et dillërents de ceux qu'elle éprouvait pendant les autres gros- sesses ; elle les comparait habituellement aux oscillations d'un pendule. » L'accouchement est arrivé à terme et n'a pas duré longtemps, il n'a offert aucun incident particulier ; l'enfant a vécu trois heures, pendant lesquelles il a poussé des cris très-faibles, puii il est mort. « Le corps du fœtus est remarquable par son développement bien complet et semblable à celui d'un fœtus ordinaire bien conformé. »Sa tèle présente une disposition particulière de la face : la bouche existe, bien conformée et sans bec-de-liévre, mais au-dessus il n'y a point de nez, point de fentes palpébrales, point d'yeux ; les oreilles, placées en leur lieu ordi- naire , sont très-bien développées et peut-être plus volumineuses que norma- lement. » A la partie inférieure de cette tête informe se trouve une masse grosse comme la moitié d'un œuf ordinaire, irrégulière, bosselée, d'une rougeur intense, et présentant l^s apparences d'un caillot sanguin. Cette tumeur est molle, elle est comme étranglée et entourée de tous côtés parla peau, qui manque au contraire ÙL son niveau. Eu arriére et sur les côtés, ia peau vient même se terminer sur 178 les envelo|)pes de la tumeur, eu lut adhérant trës-solidement. A la partie anté- rieure, au contraire, elle se termine, non pas sur le pédicule de la tumeur, liiais un peu plus bas, en laissant à nu une surface rougeâtre» 1) Pour disséquer les parties, j'ai fait une incision médiane en avant et en ar- rière de la tumeur. L'incision antérieure est venue tomber sur !a lèvre supé- rieure très-bien développée, et sans bec-de-iiévre, comme je l'ai déjà dit ; j'ai ensuite rabattu la peau de chaque côté. J'ai cherché s'il y avait quelque rudi* ment du giobe oculaire, je n'en ai trouvé aucun, tout comme nous n'avions aperçu à l'extérieur as3cune dépression ou fossette indiquant la place des pau- pières. u Noos avons vu seulement derrière la peau, au niveau de la place occupée par la cavité orbiiaire largement ouverte par en li^ut, une couche épaisse de matière noire, que i'on peut regarder comme du pigment; à part cela, point de sclérotique, ni autres membranes ; point de nerf optique. » J'ai cherché également s'il y avait à la partie antérieure quelque trace des narines et des cavités olfactives ; je n'en ai trouvé aucune. La substance osseuse se continue de haut en bas sans în moindre interruption. » La tumeur qui déborde l'ouverture crânienne a été ensuite examinée; elle a une enveloppe fibreuse qui se continue en bas sous forme de canal dans le trou occipital et dans celui des vertèbres ; c'est donc la dure-mère; en l'inci» sant, j'ai trouvé qu'elle ne formait pas une cavité unique, mais que la poche fibreuse était sul^divisée à l'intérieur en cinq ou six poches secondaires, ne com- muniquant pas entre elles, et dans chacune desquelles se trouvait un liquide onctueux et un peu jaunâtre, semblable à de la synovie. Une de ces cavités était traversée d'un côté à l'autre par un lilet nerveux ; deux autres renfer- maient une substance rongeâtre, molle, ressemblant à un détritus sanguin mêlé de quelques portions de matière grise, qu'on pouvait prendre pour de la ma- tière nerveuse C'était surtout à la partie postérieure que l'on voyait de cette substance, comparable à la pulpe cérélirale. B De la partie inférieure de celte substance prenait son origine le bulbe ra- cbidien, et en même temps que lui quelques nerfs, la cinquième et la septième paire en particulier. » Les nerfs émanés du bulbe étaient dans leur état naturel. » Après avoir examiné ce fœtuô à l'extérieur, j'ai étudié sa conformation in* térieure. Les cavités tboracique et abdominale étaient ouvertes. J'ai trouvé que les viscères de ces cavités n'offraient aucun vice de conformation. Le canal in- testinal se termine par un rectum et un anus bien conformés ; le foie, la rate, le pancréas, les reins et ks capsules surrénales n'offrent rien de particulier-, les poumons, le cœur et le thymus présentent aussi les caractères de ces mêmes parties dans les cm de coaiormalion régulière. » Il n'y a pas de spina-biûda. » L examen des prtrties molles extérieures et intérieures ayant été fait, j'ai 179 laissé macérer la tête dans l'eau, et quand elle a pu être bien nettoyée, j'en ai fait l'étude et la description. La boite crânienne par sa face inférieure ne pré- sente point d'irrégularités sous le rapport du nombre des objets qui s'y trou- vent; il n'y a de remarquable que son élargissement transversal à la partie pos- térieure, dans les points qui correspondent aux apophyses masloïdes ; ces apophyses forment même des os distincts, qui représentent une des pièces non encore soudées du tempora!, c'est-à-dire l'os mastoïdien permanent des animaux. » Si l'on examine par en haut, on trouve que la paroi supérieure ou voûte du crâne est excessivement déprimée et très-rapprocbée de la base, de manière à intercepter une cavité excessivement petite. Celte paroi supérieure présente sur la ligne médiane et vers sa partie moyenne une ouverture, c'est celle par laquelle sortaient la dure-mère et le faux encéphale dont nous avons parlé. Cette ouverture est circonscrite en arrière par des os de la voûte, les pariétaux, et en avant par des os de la hase, le corps et les petites ailes du sphénoïde. Ea effet, au devant de ce trou on rencontre une altération profonde de la face. L'os frontal semble d'abord manquer; mais en y regardant de plus près, on constate qu'il existe, mais très-rudimenlaire et divisé en deux portions dont chacune est déjetée de chaque côté de la ligue médiane et jusque sur les parties latérales. On aura une^idée exacte de la',dispositiondes parties si l'on suppose que ces deux moitiés du frontal ont été écartées, qu'il y a en même temps absence de Peibmoïde, du vomer, des unguis, des cornets et des os nasaux. De cette façon, le squelette de la téie a pour limite en haut et en avant la portion des maxillaires et des palatins qui forme habituellement la paroi inférieure des foses nasales; ces fosses nasales n'existent pas; les deux orbites, largement ouverts par en baut, communiquent l'un avec l'autre sur la ligne médiane, par suite de l'ab- sence ou plutôt du déjettemeiit des deux moitiés du frontal. Je dis qu'il n'y a pas d'os nasaux; on en aperçoit cependant à la partie antérieure un rudiment extrêmement petit, qui vient se terminer en formant un angle droit avec la por- tion horizontale du maxillaire supérieur; sur cette portion horizontale, en avant et sur la ligne médiane, se trouve une dépression circulaire qui est comme un rudiment des fosses nasales. » Aujourd'hui que l'atienlion des observateurs est appelée sur les monstruo- sités de ce genre par les beaux travaux de Geoffroy Saint-Hilaire père et fils, et par ceux plus récents de Otlo (Sexantordm monstrorcm dissectiones, 1841), le premier soin des anaiomistes qui ont en leur possession un fait nouveau doit être de rechercher si ce fait est consigné déjà dans la science, et quel nom lai est assigné dans les diverses nomenclatures. > Si nous nous en tenions seulement aux dénominations proposées avant les travaux de Geoffroy Saint-Hilaire, à celles, par exemple, qu'ont employées Bé- elard, Cbaussier, Brescbet, nous dirions simplement que ce fœtus est on anen- cépbale; car on ne voit pas bien nettement de cerveau, ou plutôt on n'en trouve 180 que des rudimeuts fort incomplets; mais les travaux de Geoffroy Saint-HiUirtf ont bien fait voir que parmi tous ces monstres regardés comme anencéphales, il y avait des distinctions à établir entre ceux qui n'ont pas le moindre vestige d'encéphale et ceux qui en ont des vestiges plus ou moins prononcés ; ces ves- tiges eux-mêmes peuvent être situés à l'extérieur du crâne assez bien développé d'ailleurs, ou surmonter un crâne qui manque d'un certain nombre de ses pièces naturelles. En un mot, les anencépbales des anciens anatomistes peuvent former trois classes : les exencéphales, les pseudencéphales et les anencépbales proprement dits. » Le sujet dont je viens de donner la description appartiendrait aux pseuden- eéphales ; en effet la tumeur mollasse qui forme la partie la plus élevée du centre nerveux encéphato rachidien est constituée, comme dans les observa- tions de M. Isid. Geoffroy Saint-Hilaire, par une substance rougeâtre, sangui- nolente, offrant des traces de matière nerveuse^ et souvent contenant des poches séreuses ou hydatiformes. M. Geoffroy Saint-Hilaire établit parmi les pseu- dencépbaliens deux variétés, suivant que le trou occipital est distinct, ou qu'il est largement ouvert en arrière, et contenu avec un caual rachidien ouvert de la même façon. Notre individu, possédant un trou occipital distinct, appar- tiendrait donc à la deuxième variété (nosencéphale). » Mais nous avons entre les descriptions de M. Geoffroy Saint-Hilaire et la nôtre celte différence que l'auteur du Traité de tératologie donne comme un caractère habituel des pseudencéphaliens, la présence d'un nez épaté et d'yeux très-saillants, tandis que sur noire fœtus les organes de l'olfaction manquent entièrement. Il y a par conséquent eu chez lui arrêt de développement de deux organes sensoriaux en même temps que de l'organe encéphalique. M. Isid". Geoffroy Saint-Hilaire ne mentionne pas cette variété, et je n'ai trouvé dans son livre aucune place que je pusse assigner à ce foetus. » J'ai trouvé, au contraire, dans la classification d'Otto, une variété à laquelle pourrait se rapporter davantage le monstre que j'ai disséqué. Cet auteur établit un premier ordre des monstres par défaut (tnonstra defio'entia). Dans cet ordre, il fait six genres ; un de ces genres, le cinquième, s'appelle momlra anth' mala, et a les caractères suivants : les yeux manquent ou sont très-petits; le cerveau est hydropique ; les nerfs antérieurs sont nuls ou manquent; il s'ajoute quelquefois une déformation du nez et quelque chose qui se rapproche du cyclope. M Ces caractères ressemblent à ceux de notre fœtus ; mais Otto paraît avoir observé plutôt la déformation que l'absence du nez conjointement avec les dés- ordres de l'encéphale. Sous ce rapport, le fœtus que j'ai examiné et déposé au musée Dupuytren serait encore une variété à ajouter dans la classification da l'auteur allemand. « COMPTi: RENDU DES SÉANCES DS LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE PERDANT LX UOIS DZ NOVEMBRE 1850 ; PAK M. SEGO!n>, seerCtalr» Présidence de M. RATER. I. — Anatomie. SDR LA NATURE ET LES FONCTIONS RE l' ORGANE i'ALATÎN CES rVPRlNS; par M. Davaike. « 1! existe au palais des cyprins un organe particulier, dont l'irritabilité singu- lière a depuis longtemps attiré l'attention des physiologLsles* Cet organo, situé souE la voûte palatine, au devant de l'apophyse basilalre, est vulgairement connu sous le nom de langue d& carpe. On a émis des opinions très-différentes sur la nature et eur ses fonctions : Ratkka le considérait comme une couche glan- 182 dulaire, ayant des fonctions plus ou moins analogues à celles des glandes sa- li «/aires des mammifères. Suivant Cuvier et M. P^alenciennes^ sa substance est composée de granulations très-ûnes. Il reçoit un nombre considérable de filets nen'eux dont les subdivisions dans l'organe montrent sa nature essentiellement nerveuse ; ce qui porte ces savants à penser que l'organe palatin des cyprins peut suppléer à la langue dans la perception des saveurs. E.-H. Webtr y re- connut des fibres musculaires striées ; J. Muller a également constaté l'exis- tence de ces fibres striées, et en outre des fibres cellulaires ; plus tard E. de fFeber y découvrit de plus des fibres musculaires de la vie organique, qui me paraissent avoir été considérées par Muller comme des fibres cellulaires. » L'existence de ces fibres musculaires des deux vies explique parfaitement l'élévation subite et longtemps persistante que produit sur la partie touchée une piqûre, un frottement ou la simple pression. Il ne paraît pas que la connaissance de la nature musculaire de cet organe ait apporté de nouvelles lumières sur ces fonctions; car &. Stannius, dans son Manuel d'anatohie cgmpakée (p. 76), le considère encore comme l'organe du goût, » Ayant soumis ce corps à l'inspection microscopique, j'ai constaté, comme JVeber et Muller, que son parenchyme est principalement formé de fibres musculaires. Ces fibres sont plus nombreuses et plus serrées vers la surface de l'organe. Une grande quantité de graisse fluide s'y rencontre aussi, interposée aux fibres musculaires et comme à l'état d'infiltration. Je n'y ai trouvé aucun des éléments des glandes. La membrane muqueuse ne présente point de pa pllies; et son organisation ne m'a paru différer en rien de celle de la muqueuse qui revêt les autres parties de la bouche. • La nature essentiellement musculaire du parenchyme de cet organe étant donc bien déterminée, j'ai cherché, par l'examen anatomique, à reconnaître la direction et l'arrangement de ses fibres dans le but d'en tirer des inductions re- lativement à ses fonctions. Cet examen a été fait sur la tanche qui m'a paru avoir les fibres de ce corps plus apparentes que les autres cyprins. • L'organe palatin de ce poisson, comme celui de la carpe, forme une couche épaisse en arrière et succesivement de plus en plus mince en avant où, vers le voisinage des lèvres, il se termine en une membrane très-mince, sous-jacente à la muqueuse. Dans cet espace, ses fibres oOrent plusieurs points d'attache : 1» en arrière, un faisceau considérable naît de l'apophyse basilaire et se porte directement en avant; 2" de chaque côté, un faisceau distinct nait de chacun des nrcs branchiaux et se porte plus ou moins transversalement et en avant. Le point d'attache à chaque branchie correspond au milieu de la longueur de la pièce branchlo-articuîaire. Les faisceaux nés de ces diverses attaches se portent, pour le plus grand nombre, en avant en s'amincissant graduellement. Deux faisceaux distincts suivent la direction des branches hyoïdes, auxquelles ils paraissent s'in- sérer. Les fibres de ce corps offrent donc en arrière une attache sur une partie immobile, l'apophyse basilaire ; de chaque côté.quatre attaches sur des organes i83 mobilefl, les arcs branchiaux ; enfin, en avant, elles peuvent agir médiatement •ur diverses parlies de la bouche. De celte disposition, on doit déduire que la contraction de cet organe peut diminuer la capacité de la cavité buccale et faci- liter la déglutition, soit en agissant sur ies parties antérieures de la bouche, soit en rétrécissant l'arrière-bouche par le rapfjrochenaentdee arcs branchiaux. n Pour constater les mouvements de l'organe palatin, je l'ai mis à découvert 8ur plusieurs cyprins bien vivants ; on y parvient facilement, en incisant le plan- cher de la bouche de chaque côté de l'os hjoïde et en renversant cet os en arrière avec l'appareil branchial. Dans ces conditions, on aperçoit des contractions réité- rées et spontanées de cet oigane, contractions qui se manifestent surtout lors- que les pharyngiens inférieurs exercent des mouvements do mastication. Les contractions de l'organe palatin commencent en avant et se propagent en arrière en une ondulation très-marquée, qui peut être comparée exactement au mou- vement péristaitique des intestins ; sa direction est constante d'avant en arrière. Ce mode de contractions par ondulation m'a paru être lié exclusivement àla fonction de la déglutition, ou peut-être à la volonté de l'animal, car ni les pi- qûres ni les irritations mécaniques ne peuvent ie déterminer; le point piqué ou irrité seul se soulève. Je n'ai jamais vu cette élévation partielle être acconîpagnée ou suivie d'une contraction générale ou successive de l'organe, phénomène que l'on voit se produire spontanément toutes les fois que l'animal opère un mou- vement de déglutition ou de mastication. » Il est donc manifeste que le corps situé au palais des cyprins est un organe de mouvements.Ces mouvements sont évidemment liés à l'acte de ia déglutition ; il me parait superflu d'insister sur ce point. » L'organe du palais des cyprins serait-il en outre destiné à percevoir les sa- veurs? Celte opinion, basée autant sur le besoin de lui trouver use fonction que sur son irritabilité et sur le grand nombre de nerfs qu'il reçoit, me paraît peu probable ; car, d'une part, son irritabilité est un phéDomène parement muscu- laire ; d'une autre part ce corps ne me paraît pas recevoir plus de nerfs, eu égard à son volume, que les muscles qui meuvent les os pharyngiens inférieurs. Enfin l'organisation de la membrane muqueuse qui le revêt n'ayant rien de spécial, celte membrane Jouit probablement des mêmes propriétés que celle des autres parties de la bouche. B D'après ces considérations, je pense que l'organe qui existe au palais des cyprins a pour fonctions de faciliter l'acte de la déglutition chez ces animaux. En effet, si l'on examine par quel mécanisme s'opère la déglutition t bez les pois- sons, on constate que cette fonction ne s'accomplit pas chez eux au moyen d'une langue musculeuse et mobile, cet organe, lorsqu'il existe, étant généra- lement osseux ou cartilagineux ei privé de mouvements propres, incapables par conséquent de porter en arriére le bol alimentaire. Cbez les poissons, en général (les cypriens exceptés), le pharynx très-large n'apporte aucun ob- stacle à la pénétration des aliments dans l'œsophage; diverses parties de la 184 bouche et de l'arrière-bouche sont armées de dents ou de pointes rési<:laDteij plus ou moins inclinées en arrière, de manière à ne pas permettre à une proie de suivre une autre direction que celle du pharynx; en sorte que cette proie» souvent volumineuse et vivante, parvient sans obstacle dans l'œsophage par ta forme même des parties. Chez les cypriens, au contraire, les mâchoires sont dépourvues de dents (à part chez un petit nombre d'espèces) ; les autres parties de la bouche et de l'arrière-bouche ne présentent non plus ni dents ni aspérités dont la direction force, en quelque sorte, l'aliment à suivre une route déter- minée ; en outre rarrière-bouche est fermée par un pharynx très-rétréci. Les dents dont ce dernier organe est pourvu, disposées pour la mastication seu- lement, ne peuvent nullement servir à la déglutition. » II fallait donc un organe supplémentaire pour conduire dans ce pharynx étroit, entre ces dents triturantes, la proie, en général peu volumineuse (mol- lusques, insectes, végétaux), dont se nourrissent les cyprins. » II. —Physiologie. NOTE SUR LES FONCTIONS DO LARYNX StJPÉSIEDB CHEZ LES OISE&ITX } par M. Second. « Les travaux d'anatomie et de physiologie, relatifs à l'appareil vocal des oi- seaux, malgré lenr grande perfection, sont aujourd'hui insufiisants pour faire l'histoire de ta voix chez ces animaux. » Les JDtcressantes recherches de Herissaut,Vicq-d*A2yr, Savart, Cuvier, Mul- 1er, etc., ont malheureusement conduit à une opinion trop absolue, d'après la- quelle te larynx supérieur se trouverait entièrement mis de côté, par suite de rbypothèse exclusive qu'on a instituée à l'égard du larynx inférieur. » A toutes les expériences tentées jusqu'à ce jour, j'en opposerai une bien simjtle. » Quand on ouvre largement le bec d'un coq ou d'une poule, on apprécie très-neUemeni à chaque cri de l'animal un frémissement très-marqué dans les rei- tre langage chez les oiseaux parleurs , bien que la langue doive aussi y con- courir. n En attendant qu'un nouveau travail place l'ensemble de la théorie de b voix 185 tur son Trai terrain, cette remarque pourra dés à présent corriger la manière absolue de raisonner relativement à la phonation chez les oiseaux. » III, — Anomalies. 1* DESCr.IPTION d'un CHIEN MONSTRUEUX; par M. GotiBAOX. « Sur un chien de petite taille, de l'âge de 4 mois, qui présentait r inq pattes, dont trois postérieures, il y avait denx anus et deux pénis. Cet animal est mort le samedi 23 novembre 184 4, et voici ce que j'ai remarqué à son autopsie. Intestin. — L'intestin grê!o est bifurque ; une de ses bifurcations vient se ter- miner en cul-de-sac à l'ombilic, et l'autre se continue jusqu'au cœcum. Du cœ- cum part le colon qui, après une longueur d'un centimètre et demi, se divise en deux rectums. Chacun de ces rectums aboutit à un anus. Le rectum du côté gauche présente une disposition particulière, il communique avec une poche du volume d'une petite noix {vessie du côté gauche) qui est si- tuée sur son côté externe et occupe un peu la région du fiisnc gauche. Chacun de ces rectums est appendu à la région sous-lombaire, au moyen d'une lame péritonéaie qui, après avoir embrassé le rectum se réunit à celle du côté opposé en formant un mésentère qui unit longitudinalement ces deux portions d'intestin. Foie. — Le foie est peut-être un peu volumineux pour la taille de l'animal, mais il ne présente rien de pariicuiier. Reins. — Le rein droit est trèr>-volumineux ; ie gauche ressemble à un ganglion lymphatique, il a à peu près le vingtième du volume de celui du côté opposé, et une couleur jaunâtre. PÉi«i!s. — Ceiui «lu côié droit est bien conformé. Celui du côté gauche pré- sente aussi un os pénicn, mais le canal de l'urètre, à un cent'mètre de son ex- trémité libre, est imperforé. La cavité du canal de l'urètre et !a vessie da même côté, comme le rectum, contiennent d. s matières excrémentielles ; ces trois or- ganes communiquent directement l'un avec l'antre. Testicul|:s. — Ils sont au nombre de deux et sont situés dans la cavité abdo- minale au niveau du flanc gauche. Vaisseaux. — L'aorte postérieure, en arrivant au niveau de la dernière vertè- bre lombaire, se divise d'abord en deux branches, l'une envoie des divisions dan» le membre postérieur gauche; et l'autre, la droite, d'un volume plus considéra- ble se subdivise en deux parties. La première se porte dans le membre postérieur droit et dans la cavité pelvienne du même côté, mais les divisions les plus vo- lumineuses que fournit la seconde côtoient les parois internes de la cavité pel- vienne du côté gauche pour gagner le membre surnuméraire qui se trouve placé dans le plan médian. Neufs. — Pour le membre postérieur gauche, ils proviennent des paires lom- baires ; les uns gagnent le membre après un court trajet ; les autre», au contraire, 186 rôtoient la face interne de la paroi externe de la cavité pelvienne gauche, sortent de cette cavité et gagnent la face postérieure du fémur. Les nerfs du membre postérieur droit ont une disposition normale. Ceux du membre supplémentaire proviennent des nerfs sacrés gauches ; ils côtoient la paroi interne de la cavité pelvienne droite. Os. — Entre deux coxauxbien conformés en existe un troisième de forme très- irrêgulièrp, situé plus à gauche qu'à droite, et formé d'un iléum auquel s'ajou- tent en arrière deux put)is et deux ischions , de sorte qu'il existe deux cavités pelviennes distinctes dont la gauche et la petite est de forme très-irrégulièrc. C'est au point de jonction de ces deux parties postérieures du canal 8urnuméra:re qu'est articulé le cinquième membre. La forme du membre postérieur surnuméraire est très-lrrégulière; les muscles sont singuliers, mais ils répondent assez cependant à ceux que l'on trouve ordi- nairement. Les os qui entrent dans sa composition sont un fémur, un tibia, un péroné (il n'y a i>as de rotule) et un pied complet, mais tous ces os sont très-irrégu- liers. La colonne vertébrale ne présente d'irrégularité que dans la forme du corps des trois dernières vertèbres lombaires; la forme du corps de ces vertèbres est altérée^ celui-ci est plus long à gauche qu'à droite: ce qui rend cette portion du ruchls comme légèrement courbée, suivant sa longueur; et les difiërentes portioDS qui composent la sixième ne sont pas réunies inférieurement. » 2" ANOMALIES DE IlIHENSIONS DE L'AOP.TE ; par M, VeRNECIL. M. Verneuil présente l'aorte d'un sujet adulte femme. Cette artère, aussi bien que îos principales branches qui en naissent (tronc brachio-céphalique, carotide et soiis-clavière gauches, intestinales, artères viscérales, iliaques primitives), sont réduites à des dimensions très-minimes; elles semblent appartenir à un su- jet >1e i'i à 14 ans environ. Leur diamètre égale à peine la moitié de celui qu'il atteint chez une femme adulte de même taille. L'exiguïté de calibre porte au reste sur tout le système artériel, qui a été injecté au suif et disséqué ultérieu- rerocîîl. Cependant les fémorales, les humérales, se rapprochent plus du calibre normal que les gros troncs précitée, quoique restant beaucoup au-dessous de leur volume ordinaire. Ces artères, au reste, ne présentent l'apparence d'aucune al- tératit^u. Le cœur est petit, mais n'a pas été examiné avec tout le soin dé- 8'rable. Lo sujet est une femme de 4 pieds 10 pouces environ, parfaitement constituée, morte de suites de couches. Le système musculaire est bien développé ; les mus- cles sont rouges, et il y a un degré d'embonpoint notable, sans être excessif. Les «'nviltis pleurales, largement constituées, renferment des poumons très-amples et comnJétement sains. '*'t!u'. incomplet que soit cet examen; cette disposition parait congéniale, et •-Î -H > -:' 'V ■r- •■■ »;.. •»-> /. --' I »- - ,-<• -• ■ '■''■' "'i 1-- ; ■'■■■ A -.-i ' - '■/->, •'■ "t. ' '^; 'i. €87 l'on ne peut en rendre compte par aucune lésion. Il a été impossible d'avoir det renseignements sur l'état physiologique da sujet. IV.-— EXPLORATION PATHOLOGIQUE. 1" TCUEUR OBSERVÉE DANS LA FOSSE SDS-SPnÉNOÏDALE ; par M. HiRCHFELD. Sur un sujet destiné aux dissections, j'ai trouvé dans la fosse sus-sphénoî- dale (selle turcique) une tumeur de la grosseur d'une petite noix, d'une con' sistance molle, d'un aspect blanchâtre, sur le côté droit de laquelle on aperce- vait la lige piluitaire. Cette tumeur s'était développée entre les deux feuillets de la dure-mère qui enveloppent la glande; elle avait refoulé de bas en haut le chiasma des nerfs optiques, le tuber cinereum^ les tubercules roamillaires, et par conséquent les lobes cérébraux, et transformé l'excavation hexagonale de la base du cerveau en une excavation hémisphérique. La compression avait sur- tout porté sur les bandelettes et le chiasma dos nerfs optiques. Ce dernier était mince, aplati, large à peu prés d'un travers de doigt, épais d'une ligne à une ligne et demie. De chaque côté. Tarière carotide interne et le sinus caverneux étaient com- primées; la carotide avait un aspect cartilagineux, et présentait une flexuosité plus grande qu'à l'état normal. Les nerfs de la paroi externe du sinus, '^ est-à- dire le moteur oculaire commun , le pathétique et l'opltlhalmique de Willis étaient aplatis, atrophiés en partie, d'une consistance molle et d'une couleur jaunâtre. Le moteur oculaire externe présentait les mêmes caractères. Ces lé- sions étaient surtout sensibles au côté droit, où la tumeur proémiiait da- vantage. A l'extérieur, cette tumeur avait l'aspect d'une tumeur encéphaloïde ; telle a été l'opinion de M. Cruveilhier, de M. Follin et de quelques autres pathoîogisles auxquels j'ai montré la pièce. Il était douteux si ia luni«ur s'était développée dans l'intérieur même de la glande piluitaire oa dans le voisinage; mais une coupe verticale antéro-poslérieure de la ba^e du crfuie, e f par conséquent de celle tumeur, nous a montré, non pas une hypertrophie du corps piluitaire, car on n'a pu reconnaître ni la présence des deux lobes ni leur coloration normale, qui est d'un rouge jaunâtre pour l'antérieur, d'un gris foncé pour le posté- rieur, mais une transformation complète de ce corps. Cette tumeur avait en effet l'aspect d'une masse homogène, d'un blanc jaunâtre, dans laquelle on n'a reconnu aucune irace de la glande. M. le docteur FoHin, qui a examiné au mi- croscope une petite trunche de la tumeur, n'a pas trouvé de cellules cancé- reuses, et après un plus long examen, nous avons reconnu une tumeur fibro- ptastique. Il eiit été très-intéressant de savoir quels tioub'es celte ît^sion avait occasion nés pendan<: la vie, s'il y avait eu cécité, alFaiblisseratnl de 3a mémoire, dispo- sition au sommeil, comme on l'a déjà observé dans les îr)?!3dies de ce genre • 185 mais il nous a été impossible d'avoir des renseignements antécédents sur îe su- jet. L'exaïoen du cadavre nous a montré que l'œil n'avait éprouvé aucune al- tération appréciable, malgré les lésions du cLiasma et di?s bandelettes des nerfs optiques, et maigre même une légère atrophie des nerfs optiques. Sur toute la moitié droite du feuillet pariétal de l'arachnoïde crânienne, nous avons trou>é une fausse membrane épaisse, bien organisée. Un peu de sérosité s'était ré- pandu entre les deux feuillets de î'aracbnoïde. Le bras gauche svait éprouvé une altération notable; les muscles étiiieni atrophiés, décolorés. Ils avaient subi un commencement de tranformaiion graisseuse. Les doigts étaient fléchis et contractés sur la main ; il était impossible, même après l'ablation delà peau, de les remettre dans l'extension. Le nerf médian seul présentaii une espèce d'atrophie et un changemenl de coloration ; sou névriième était épaissi. D'après l'examen de ce bras, je pus conclure qu'il avait été paralysé, et que celte paralysie provenait probablement de la méninsjite située du côté opposé, et non pas de la tumeur qui, étant ëui" la ligne médiane, aurait dû occasionner la même lésion des deux côtés. On peut se demander si la méningite a précédé et occasionne la tumeur, ou bien si ceile-ci, par sa compression sur l'arachnoïde de !a base de l'encéphale et sa compression latérale sur les sinus caverneux et les artères carotides, aurait développé la méningite. Cette dernière opinion pourrait être soulenable, à cause du plus grand volume de la tumeur do côté droit 2° NOTE SUR 1,'HTPERTROPniK DE LA MEMBRANE INTERKE DU GÉSIER OBSERVÉS scR DEUX GALLiNACÉs; par SÎM. Laboulbène et Roczet. Vers le milieu du mois d'octobre dernier, deux jeunes poalets (phasianua gallus, L.), élevés dans une grande volière, cessèrent de manger, et trois jour» après, l'un d'eux, qui était un mâle, mourut tout à coup. A l'autopsie, nous avons trouvé le jabot considérablement dilaté par le grain qu'il contenait et avant environ 12 centimètres de diamètre. Le ventricule succenlurié était aussi très-élargi , et renfermait des aliments tellement entassés et foulé» qu'il était très-diffu-ile de les diviser. Eu ouvrant le gésier, nous fûmes surpris de trouver la membrane interne de consistance cornée dans toute sa partie supérieure, et ayant totalement boufhé rorifice du cardia. Ce fait nous parait expliquer i'entassement des aliments dans le ventricule succenlurié, l'engorgement du jabot, et par conséquent la mort de l'animal. L'intérieur du gésier était entièrement dépourvu de ces petits cailloux que l'on rencontre toujours dans le gosier de tous les gallinacés. Le reste du tube intes- tinal était dans son état naturel. Le deuxièrce oiseau, qui était une femelle, fut, comme le mâle, très-malade pendant trois jours; mais à cette époque il se remit à manger et paraissait guéri, i89 torsqae, deox jours après, l'inappétence réparât et il euccomba. A l'autopsia , l'œsophage, le jabot et ie ventricule auccenturlé ne présentaient rien d'anormal ; seulement le jabot était, comme dans le m&Ie, considérablement dilaté par la grande quantité de grains qu'il contenait. l« gésier était rempli d'uîiments non digérés; toujours absence de caillouy.. une portion do la membrane interne, fortement cornée, adhérait encore dans la partie supérieure ; mais cette membrane, dans toute sa partie inférieure, qui in- dubitablement obstruait l'orifice du pylore, s'était détachée et se trouvait enga- gée dans l'intestin grêle. Là elle s'était bientôt arrêtée en formant un bourrelet qui avait barré le passage aux aliments et déterminé la mort, A partir de ce bourrelet, le tube intestinal ne renfermait que des gaz. 11 est évident pour nous que la mort de ces oiseaux a été occasionnée par cette excroissance cornée de la membrane interne du gésier, qui, en bouchant les oriû'* ces du pylore et du cardia, a suspendu les fonctions digestives. Dans le màle, les elTorts faits par l'animal pour se débarrasser des aliments contenus dans l'œsophage et le ventricule snecenturié, n'ont pu rompre la mem- brane cornée qui obstruait l'oriflce cardiaque. Dansla femelle, bienaucontraire.c'étaitroriflcepylorique qui se trouvait obstrué par cette membrane. Les contractions du gésier, répétées sur une plus grande quan- tité d'aliments, ont déterminé sa chute et livré passage à une quantité notable de matières alimentaires. C'est à cette époque que l'animal s'est rerais à manger ; mais l'amélioration de son état a disparu lorsque la portion de la membrane» en- gagée dans l'intestin grêle, s'y est arrêtée déQnitivement. Ces poulets étaient renfermés dans une grande volière, à Belleville, chez M. Rouzet ; ils étaient abondamment pourvus de grains, mais ils ne pouvaient trouver dans leur cage du gravier ou des petites pierres. Or, comme il est cer- tain que lenr mort a été occasionnée par l'accroissement excessif de la mem- brane interne du gésier et par sa transformation cornée, nous nons demandons si les petits cailloux introduits par les oiseaux dans leur gésier, à chaque repas, ne seraient pas destinés non-seulement à broyer les aliments, mais bien plus a maintenir la membrane interne du gésier dans de justes proportions en l'usant successivement à mesure que son épithélium s'accroît. S'il en est ainsi, ces observations nous paraissent devoir présenter quelque in- térêt sous le rapport de la physiologie des gallinacés , et fournir les données de l'alimentation indispensable pour ces mêmes animaux élevés dans les vo- lières. 3° OBSERVATION DE PMEVVO-TUOItAX ; par M. Cir. BCRNAnD. M. Ch. Bernard présente, au nom de M. Follin et an »ien . le poumon d'un homme qui a succombé dans ie service de M. Rayer h un pneumo-tborax,douse heures seulement après le début de la maladie. Le malade, âgé de 4i ans, était phtbisiqua depuis plusieurs années. I^ ^'v-rforation siège au sommet du lobe in- 190 férieur du poumon gauche ; elle a à peine 2 millimètres de largeur. Elle s'ouvre directement dans une petite caverne située très-superficiellement. Le poumon gauche offre des altérations bien moins étendues et bien moins profondes que le poumon droit. De quelques recherches faites par K. Bernard, il résulte pour lui l'opinion que !a gravité du pneumo-thorax, très-grande en effet, avait été ce- pendant exagérée. Il existe dans la thèse de M, Marais (1847) plusieurs cas de guérison de pneu- mo-thorax et de cicatrisation des perforations pulmonaires , dont M. Saussier avait nié la fermeture. Il paraîtrait que telle serait également l'opinion de célè- bre professeur de Vienne, de M. Skoda. Le pneumo-thorax consécutif à la phthisie se déclare plus aisément dans le poumon où la tuberculisation offre îe moins d'étendue. V. — Eaux minérales. NOTE sua LES CONFERVES QD! CROISSENT DANS LES BASSINS DE L'ÉTABLISSEMENT THERMAL DE NÉRIS, par M. E. LEBRET. o Pendant îe séjour que j'ai fait à Néris l'été dernier, mon attention a dû se fixer sur l'un des éléments de la thérapeutique suivie dans cet établissement thermal : je veux parler du limon (c'est ainsi qu'on le qualitie sur les lieux), et plus scicnliGquement des conferves qui croissent en abondance dans les eaux chaudes, sous certaines conditions, et qu'on utilise à titre de topiques. Une pierre placée à dessein dans le petit bassin où se déverse immédiatement la principale source, s'est recouverte au bout de quatre jours d'un enduit gluant { quelques jours ensuite, on remarquait sur toutes ces surfaces libres une oouche de véritables vésicules, comparables à beaucoup d'égards à du frai de grenouille, et lesquelles ne tardèrent pas à se prolonger en appendices qui s'éle/aient vers les parties supérieures du bassin. Cette expérience m'a permis do.oserveria manière dont les amas de conferves en question tapissent 1m ré- servoirs. Or il est an fait bien constaté, c'est que la conferde ne croit à Néris qu'à l'aide d'une température élevée ; on en trouve sur les parois du puits de la Croix, où le thennomèlre marque -f 52*,2 c.,dans le corps de pompe qui sert à puiser l'eau, dans le déversoir voisin (à + 48° c), dans les réservoirs, où l'eau offre encore 47 et 45» de température; mais aux bassins de réfrigération, à 37, 33 et 32» c, il n'y a aucune trace de cette matière remarquable. Contraire- ment à ce qui est observé pour les sulfuraires, aux sources des Pyrénées par exemple, la conferve de Néris se développerait donc sous l'influence d'une température élevée ; je dois toutefois mentionner ici que dans un autre puits, dit puits de César, dont l'enceinte est entourée d'un bâtiment qui sert d'étuvc, la vue ne distingue aucun enduit analogue sur les parois ée la maçonnerie. n Soit en couche, soit en amas isolés, les conferves ont une coloration vert foncé, plutôt grisâtre pour les parties centrales, ou dans celles qui n« sont pas 191 exposées à l'action directe de la lumière. A mesure que les masses se bour- souflent comme il est dit précédemment, on les voit s'allonger en tuyaux, d'un demi-mètre de hauteur environ, terminées supérieurement par une ampoule flottante; cette ampoule est distendue par un gaz; elle ne peut acquérir qu'un certain volume, à peu près celui d'un gros œuf de poule, passé lequel elle se distend, se crève, et le mouvement que produit cette rupture se communiquant au groupe entier, la petite masse se détache comme d'un seul bond et vient flotter à la surface de l'eau. C'est un aspect assez singulier que celui d'une véritable végétation se multipliant ainsi au fond des réservoirs thermaux ; lors- qu'on l'abandonne à elle-même, elle foisonne beaucoup, quelle que soit l'in- fluence atmosphérique, et si les besoins de l'établissement ne forçaient à en employer une très-grande partie, ces conferves s'élèveraient à l'envi dans les eaux dont nous parlons. Chaque fois qu'on les détache ou que leur mouvement ascensionnel les arrache du sol, on remarque un dégagement considérable de gaz, lequel était emprisonné dans les mailles entrelacées à la manière d'une éponge, et qu'on a reconnu pour être de l'azote; et si le limon est laissé flot- tant de la sorte à la surface des bassins, il ne tarde pas à subir une décompO' sition au contact de l'air, identique à celle de toute matière organique privée de sa vie propre. J'ai moi-même expérimenté sur ce dernier fait : les couferves abandonnées dans de l'eau puisée aux réservoirs et tenues dans des vases ou- verts, se putréfiaient au bout d'un temps variable, quatre à cinq jours en géné- ral; leur coloration devenait grisâtre; elles dégageaient une odeur d'hydro- gène sulfuré de plus en plus prononcée, et ce n'était bieiilôl plus qu'un détri- tus où lemicroscope démontrait la présence d'un nombre inGni d'irjfusoires.Avec le même instrument, j'ai vérifié avec soin [quelle pouvait être la nature du limon; il est hors de doute que c'est là une de ces productions particulières, siir le classement desquelles on hésite encore : on y retrouve très-nettement du moins tous les caractères attribués aux ulves, aux tremelles, aux ana~ baines et aux nostocs, et ces diverses formes ont pu être dessinées facilement, indépendamment des vorticelles et des bacillaires du genre infusoire, qui se meuvent aussi bien à une température élevée que dans î'eau refroidie. Le limort. grâce à sa consistance gélatineuse, peut conserver longtemps la température qu'il a contractée dans le bassin où il croît, et c'est cette propriété qui permet de l'utiliser comme moyeu de fomentation émollienie. » COMPTE RENDU BES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE TINbANT LE MOIS DE DÉCEMBRE 1850 ;. PAR M. SECOND, secrétaire. Présidence de M. RATER» I. — Anatomie. COLORATION DE LA MEMBRANE MCQUEDSE DEL'OTÉRTJS PAR UN PIGMENT; par M. GODBAtiX. M. Goubaux montre à ia Société un utéi'us de brebis dont la inembraDe mu- queuse est foTiemcnl colorée en noir. L'examen qu'il a lait au microscope lui a démontré que cette coloration est due à la présence d'un pigment qui, I',«rsqu'il est isolé du tissu au niijiieu duquel il est plongé, est formé d'une niasse ccnsidé- 19Zi rable de molécules, animées de mouvements d'altraction et de répulsion extrê- mement rapides. M. Goubaux a remarqué celte coloration sur huit utérus de brebis, sur un utérus de chèvre et sur deux utérus de vache. Cette coloration est plus ou moins forte et a une étendue variable. M. Goubaux montre un dessin qu'il a fait d'après l'examen d'une portion de la muqueuse utérine de brebis, sous le microscope. If. — Physiologie. 1' APPARITION DE LA RIGIDITÉ CADAVÉRIQUE AVANT LA CESSATION DES BATTEMENTS DU ccœuR ; par M. Bbown-Séquard. En avril 1848, M. Brown-Séquard, se trouvant à l'hôpital du Gros-Caillou, près d'un soldat rendant le dernier soupir après une longue maladie, eut l'occasion d'observer les faits suivants : la respiration ayant cessé depuis un peu moins de trois minutes, la rigidité apparut aux mâchoires et aux mem- bres; l'auscultation du cœur montra qu'il avait encore alors vingt batte- ments par ininule, et il ne cessa de battre que trois minutes et demie après l'apparition de la rigidité. Un quart d'heure après, la roideur avait déjà dimi- nué d'iniensité,elil n'y en avait plus de traces après une demi-heure. Des signes de putréfaction se montrèrent dans les membres dès la première heure après la mort. Ce soldat avait eu une tièvre typhoïde, à la suite de laquelle un phlegmon (lilfus avait envalii le bras droit tout entier; quelques jours déjà avant la mort, la maigreur et l'état d'adynamie de cet homme étaient arrivés à un degré ex- cessif. Depuis l'époque où il a fait cette observation, M. Brown-Séquard a vu trois faits semblables sur des lapins morts d'une aflection toute spéciale, caractéri- sée par l'existence de la diarrhée, de l'amaigrissement, de convulsions très- fréquentes et d'.ibcès multiples à la face et surtout aux lèvres, aucou et sous la lanîfue. Chez les animaux morts de cette maladie, on trouve du pus presque aussi dense que du fromage dans un grand nombre de veines de la face et du cou. Chez trois lapins, atteints de cette aflection, la rigidité est survenue de deux à quatre minutes après la dernière respiration. Le thorax ouvert aussitôt, on a vu les quatre cavités du cœur battant encore pendant une minute et de- mie dans un cas, deux minutes dans un second et trois minutes dans le troi- sième, après l'apparition de la rigidité. Dans le cas où la durée des battementi< persista deux nùnntes, les oreillettes et le ventricule droit battirent encore vmgl-cinq minutes, et les oreillettes seules trente-cinq minutes, après la venue Je la rigidité. Chez ces trois animaux, la putréfaction s'est montrée de bonne heure et a marché avec une grande rapidité. Ces quatre faits obstrvés chez des lapins et chez l'homme démontrent donc 195 que le cœur, dans certaines condilions, peut battre encort^ après l'apparition de la rigidité cadavérique. L'état d'épuisement dans if>quel se trouvaient ces individus (homme et lapins) explique comment la rigidilo ost survenue si vite. Ces faits sont de nouvelles contirmaiions des lois que M. Rrown-Séqnard a si- gnalées relativement à la rigidité et à la putréfaction. (Voyez la Gaz. Mé»., 1849 et 1850, ou les Comptes rendus de i.a Soc. de biol.; Paris, I8^i9; in-8', p. 39, 138,154 et 173.) 7' DE l'action de la SECTION DES PNEUUOGASTBIOtlES SUR L'EMPOISONNEMENT PAR VA NOIX VOMIQUE ; par M. BOOLEY. M. Bouley a annoncé un fait relatif à l'empoisonnement par ta noix vomique. Ayant plusieursfois constaté que cette substance pouvait, à la suite de la section des pneumogastriques, rester dans l'estomac pendant plus de vingt-quatre heures sans y exercer d'action notable, il a pensé que peut-être cela lenaii uniquement à ce que la paralysie de la couche musculaire de l'estomac, suiîe de la section des nerfs, ne permettait pas à la substance de gagner l'intestin grêle. Ayant dès lors remplacé la section des pneumogastriques par une liga- ture au pylore, il est en elTet arrivé aux mêmes résultats. 3° ACTION DU CURARE ET DE LA NICOTINE SUR LE SYSTÈME NERVEUX ET SUR LE S\STÎ.ME muscelaibe; par M. Cl. Bernard. Le curare éteint rapidement et complètement les propriétés sensiiive et mu- tvice du système nerveux. Quand on empoisonne une grenouille avec le curare, on trouve aussitôt après la mort, qui est très-rapide (quatre à cinq minutes). que les mouvements réflexes sont entièrement abolis. Si alors on met à nu les nerfs qui vont aux membres inférieurs, on constate que leur excitation à l'aide du galvanisme ou du pincement ne détermine aucune convulsion dans les muscles. Si on agit sur les muscles eux-mêmes, on voit que leurs libres ont cependant conservé parfaitement leur contractilité, de sorte que le curare ne paraît avoir porté son action paralysante que sur le système nerveux, en lais- sant intacte la contractilité musculaire. La nicotine déposée sur la langue des grenouilles produit rapidement la mort avec des convulsions violentes. Si aussitôt après la mort on applique le galva- nisme aux muscles, on constate que ces organes ont cessé d'être contractiles sous cette influence si énergique. La nicotine agit donc spécialement sur le système musculaire. h" DR LA CONSERVATION PARTIELLE DES MOUVEMENTS VOLONTAIRES, APRÈS LA SECTION TRANSVERSALE d'une MOITIÉ LATÉRALE DE LA MOELLE ÉPINIÈRE; par M. BROWN- SÉQUARD. Si après avoir mis à nu la moelle épinière sur un cobaye, au niveau de la 196 quatrième vertèbre cervicale, on en coupe en travers toute une moitié laté- rale, c'est-à-dire le cordon postérieur, le cordon antéro-latéral et la substance grise d'un côté, on trouve que l'animal ne perd pas complètement la faculté de mouvoir à volonté les men)bres du côté de la section. Quelquefois il peut encore se tenir sur ses quatre membres, mais il tombe dès qu'il veut marcher. C'est snrtout le membre postérieur qui, dans ces circonstances, se meut manifeste- ment sous l'inQuence de la volonté. Si l'on fait la section au niveau de la dixième vertèbre costale au lieu de la faire au cou, on trouve que le membre postérieur du côté de la section est en- core mis en mouvement par la volonté, mais avec un peu moins de force qu'a- prés la section au cou. La marche est alors possible, bien que le membre posté- rieur paralysé n'y prenne qu'une faible part. Chez les pigeons, après l'hémisection de la moelle derrière le renflement brar ehial, il y a diminuiioo dans les mouvements volontaires d'une des pattes, mais l'animal peut encore parfaitement se tenir debout et même marcher. Dans les membres paralysés par suite de la section d'une jnoilié latérale de la moelle, il y a des mouvements réflexes en outre des mouvements volontaires. M. BrowuSéquard fait remarquer que l'existence des uns n'exclut pas celle des autres. Les diverses expériences que nous venons de rapporter ont été faites plu^ sieurs fois depuis dix huit mois devant la Société. IlL — Anomalies. i' ANASTOMOSK DE L'ABTÈRE VERTÉBRALE AVEC LA CERVICALE PROFONDE ; par M. A. Leroux, La variété anaiomique que j'ai l'honneur de présenter à la Société n'a encore été signalée par aucun de nos savants et habiles anatomisies; ni MM. Blandin, Cruveilbier, Sappey dans leur Anatomie descriptive, ni MM. Velpeau, Péire- quin, Malgaigne dans leur Anatomie topographiqe, ni M. Dubruei! dans son Traité dks anomalies artérielles, ne disent un mot qui puisse laisser soup- çonner qu'ils en aient eu connaissance. Tout porte donc à croire qu'elle est excessivement rare. Cptte anomalie trouvée sur un jeune garçon do 5 à 6 ans, bien conformé d'ailleurs, existe à droite et à gauche, avec de légères diflérences cependant. L'anomalie porte sur l'origine, le trajet, la terminaison de l'artère, el princi- palement sur l'anaplomose de la vertébrale avec la cervicale profonde. A son origine profondément située en arrière des scalènes et des cordons nerveux du plexus brachial, elle nait eu haut et en arrière de la sousciavière, en dehors de la vertébrale, par un tronc commun avec la scapuiaire postérieure ei l'intercostale supérieure. MM. Blandin, Cruveiihier, Dubreuil regardent i97 l'origine avec l'intercostale comme fréquente, mais ne parlent point de l'ori- gine avec la scapulaire postérieure. Née de cette manière, la cervicale profonde du côté gauche se dirige oblique- ment de bas en baut, de dedans en dehors et d'avant en arrière, entre la hui- tième branche cervicale et la première dorsale, s'engage dans la coulisse que lui forment l'apophyse transverse de la septième vertèbre cervicale et la pre- mière côte, s'y trouve maintenue par le muscle intertransversaire correspon- dant qui ferme en avant cette espèce de canal ; elle vient ensuite serpenter dans la couche profonde des muscles de la région latérale et postérieure du cou. L'artère cervicale profonde remonte ainsi à gauche jusqu'au-dessus de l'apo- physe épineuse de l'axis ; là elle change de direction, devient transversale, se porte en avant et en dedans, croise le grand droit postérieur, vient se placer dans l'espace celluleux compris entre ce muscle et le grand oblique. Enlin, après avoir conservé dans tout ce trajet un calibre égal à celui de la radiale et décrit des ilexuosilés d'autant plus nombreuses et plus prononcées qu'elle se rapproche d'articulations plus mobiles, la cervicale profonde s'anastomose avec la vertébrale au niveau de sa grande courbure horizontale et au moment où cette artère va contourner la niasse latérale de l'atlas. Les diflérences avec la cervicale profonde du côté droit consistent d'abord dans la position, la gauche étant sur un plan postérieur à la vertébrale, à son ori- gine, et occupant dans le reste de son étendue plutôt la région postérieure que la région latérale du cou ; la cervicale droite, au contraire, naît sur le même plan que la vertébrale et occupe plutôt la région latérale que postérieure. De plus, l'artère du côté gauche offre un volume plus considérable, un trajet plus étendu que l'artère du côté droit qui. moins grosse à son origine, semble épui- sée par les nombreux rameaux qu'elle fournit aux muscles environnants et qui, au lieu de remonter au-dessus de l'apophyse épineuse de l'axis, vient se placer sous le bord inférieur du grand oblique et se jeter dans la vertébrale, au-des- sous de l'apophyse transverse de l'atlas ; ses flexuosilés sont également moins nombreuses et moins prononcées qu'à gaui-be Les rapports sont médiats en avant et en bas avec le scalène antérieur qui est séparé de l'artère par quelques branches nerveuses; ils sont immédiats avec les ramitications du plexus brachial et surtout avec la huitième branche cervicale qui la croise obliquement en haut et en dedans ; l'artère répond au transversaire é()ineux qui la sépare du rachis, aux droits et obliques posté- rieurs; en dehors et en arriére, elle est recouverte par le petit et le grand complexus. Les branches collatérales sont antérieures ou internes et postérieures ou ex- ternes; elles se séparent de l'artère à angle droit, et vont les premières au petit complexus, à l'angulaire, aux interlransversaires ; les deuxièn>es, augraoH complexus, grand droit, grand oblique et transversaire épineux ; à gauche on 198 remarque un rameau ascendant pour tes insertions occipitales des muscles splénius, complcxus, etc. Je veux surtout Gxer l'attention de la Société sur l'anastomose si remarquable de la cervicale profonde et de la verlébraie. A gauche, l'artère cervicale, s'anas- .toroose à plein canal et à angle droit avec la vertébrale au moment où elle va entrer dans le crâne, l'arlére jusqu'à ce niveau n'a pas changé sensiblement de volume, et de plus la vertébrale présente son calibre normal, de même que les artères carotides. A droite, l'anastomose est également transversale, mais l'artère ne semble pas se terminer dans la vertébrale aussi manifestement qu'à gauche. Dans la moitié de son trajet, elle paraît divisée en deux branches, une externe musculaire, l'autre interne anaslomolique. Rien de pareil à gauche; l'artère cervicale fournit bien aux muscles grand et petit compiexus transversaire et oblique, mais conserve toujours son même calil)re jusqu'à son abouchement avec la vertébrale. Telle est la terminaison de celte artère et de l'anastomose dont je n'ai trouvé trace dans aucun auteur. 2' CAS DE POLYDACTYLIE CHEZ LA POULE ; par M. GERMAIN. Je présente à la Sociélé la patte droite d'une poule qui présente un doigt surnuméraire. Ce doigt est accolé au doigt postérieur; l'une des deux pattes seulement présentait cette anomalie, l'autre était normale. Au point de vue du système musculaire, l'anomalie est plus complète qu'au point de vue du système osseux ; chacun des deux doigts postérieurs est égale- ment pourvu de tendons extenseurs et fléchisseurs distincts. Au point de vue osseux, l'anomalie est moins complète; en effet, les pha- langes onguéales sont seules isolées et distinctes ; la phalange précédente de chacun des deux doigts surnuméraires est soudée longiludinalement dans sa moitié inférieure ; de telle sorte que ces deux os constituent un os bifurqué, dont chaque bifurcaiion donne insertion à son sommet à une phalange on- guéale. Ce doigt surnuméraire occupait Ipimint où se trouverait le cinquième doigt chez un mammifère. IV. ~ Exploration pathologiqde. 1' CORPS ÉTBANGEBS DANS LES CANADX EXCBÉTEimS DES GLANDES; par M. GOGBAUX. Il n'est pas rare d'observer chez les vieux chevaux, ou chez ceux qui sont nourris avec de vieille luzerne, des accidents qui sont la conséquence de l'in- trodoclion des corps étrangers, et particulièrement des graines du brome sté- rile (bromiis slerilis), dans le canal excréteur de ta glande maxillaire (canal de 199 Wharton) ; mais M. Goubaux n'a jamais entendu dire qu'on ail signalé la présence de corps étrangers dans l'intérieur du canal excréteur du pancréas. Cette semaine, i! a eu l'occasion de trouver, dans le canal excréteur de celte glande, un morceau de paille d'une longueur de o à 7 centimètres, engagé compiéiemcot et à une distance de 3 centimètres de l'ouverture de ce canal dans l'inteslin. Ce tuyau de paille était assez résistant, ramolli seulement un peu à l'une de ses extrémités. Peut-être le séjour prolongé dans l'intérieur du canal pancréatique aurait-il occasionné des accidents analogues à ceux qui sont la conséquence de l'introduction des corps étrangers dans l'intérieur de la glande maxillaire. 2» RDPTDRE DE LA BATE ET DO FOIE ; par le même. M. Goubaux a vu la rupture du foie être la conséquence d'un coup violent porté sur la région du ventre d'un chien. La mort a été le résultat presque immédiat de cette déchirure. La rupture de la rate peut avoir lieu dans les mêmes circonstances. M. Gou- baux a eu entre les mains récemment une rate de cheval qui présentait une déchirure à sa face interne, dans une étendue de 10 centimètres environ. Cette rupture était le résultat d'une ruade lancée sur l'hypocondre gauche par un cheval voisin. Peu de temps après, des coliques te firent remarquer, et au bout d'une heure l'anima! mourut. A l'autopsie, il y avait environ dix-huit litres de sang dans la cavité al>domi- naie. Ce dernier fait a été communiqué à M. Goubaux par M. Louis, médecin vété- rinaire à Villejuif. M. Goubaux pense que ces ruptures du foie et de la rate peuvent être aussi la conséquence d'une gêne dans la circulation veineuse abdominale. 3° KYSTES BYDATIQDES 00 FOIE; par M. LeBRET. M. Lebret met sous les yeux de la Société un foie présentant des kystes hy- daliques multiples. Cette pièce provient d'une femme, âgée de 49 ans, laquelle a succombé à une pneumonie double dans un service de l'Hôlel-Dieu. Sur le vivant, la tumeur se circonscrivait dans l'hypocondre gauche, sans donner en aucun point le frémissement caractéristique à la percussion du doigt. On re- marque que le tissu du foie a subi déjà un premier degré de cirrhose. Û° OBSERVATION DE LUXATION SPONTANÉE INCOMPLÈTE DE LA &OTCLE EN DEHORS ; par M. VERNEtnL. « J'ai trouvé cette pièce à l'amphithéâtre; je ne possède par conséquent au- cun renseignement sur les antécédents. Voici maintenant ce que la dissection m'a démontré : » Une femme de 5j à 60 ans environ présentait, au genou droit, la déforma- 200 UoQ suivante : la rotule est située au-dessus des condyles fémoraux ; elle est placée presque de chaoïp, de telle façon que son bord interne, situé immédia- tement sous la peau, regarde en avant et répond à une ligne verticale qui pas- serait au milieu de la trochlée fémorale ; le bord externe, situé sur le même plan que la face externe du condyle externe, regarde en arrière; la face anté- rieure ou sous-cutanée de la rotule regarde presque directement en dehors. Cet os jouit d'une faible mobilité. Le genou est dans l'extension presque com- plète, à peine peut-on te fléebir de quelques degrés; toutefois, les axes de la jambe et de la cuisse sont dans leur rapport normal ; il n'y a point de déviation sensible de la jambe en dehors. » La peau enlevée, on constate l'intégrité de la capsule libreuse et des par- lies molles péri-ariiculaires; mais la dillormilé devient plus apparente, le liga- ment rotulien est légèrement tordu sur son axe, le bord externe de la rotule est àscentim. seulement de l'insertion du ligament latéral interne du genou, le bord interne est distant de 7 centimètres de l'ioserlion du ligament latéral interne; or, dans l'état normal, les deux bords de la rotule sont également éloignés (de 5 centimètres environ) des deux points où les ligaments précités s'insèrent aux condyles fémoraux. » En ouvrant l'articulation, on constate que la synoviale est généralement épaissie et comme villeuse, surtout au niveau du grand cul 'de-sac condylien. Mais l'intérieur de l'articulation est du reste parfaitement sain ; on n'y voit ni fausses membranes, ni épanchements, ni corps étrangers, ni prolongements fibreux. » Les surfaces cartilagineuses du tibia, du fémar, sont parfaitement saines; sauf une très-légère apparence chagrinée, toute la lésion se borne aux délails suivants : • La face postérieure de la rotule présente une grande facette concave creu- sée surtout aux dépens de la facette interne qui, dans l'élat normal, répond au condyle externe; la facette interne n'existe pour ainsi dire plus, elle ne touche plus le condyle externe du fémur, par suite du dénlacement que la rotule a éprouvé ; la grande facette nouvelle est lisse, éburnée, sans vestige de carti- lage diarlhrodial ; elle semble creusée par l'usure, car la rotule a perdu de son épaisseur, presque toute sa circonférence est devenue tranchante, grâce à un mince anneau de substance osseuse de nouvelle formation qui s'est déposé tout autour. • La partie externe de la trochlée fémorale présente à la partie supérieure du condyle externe, une facette convexe rigoureusement en rapport de forme et d'étendue avec la facette rotuiienne. Elle est éburnée et, à son pourtour, le car- tilage arthrodial semble comme taille à l'emporte-pièce. Le fond de la trochîée et son côté interne ne présentent rien de semblable. » Au-dessns de celte facette se trouve une dépression assez étendue, mais peu 201 prcionde, qui représenie la dépression sus-condylienne normale, mais qui se trouve ici fortement rejelée eu dehors. >»De quelle nature est cette lésion? est-ce, comme l'a pensé un anatomo-patho- logiste irés-éclairé qui a vu la pièce, une variété de Varthrile chronique sèche? Je ne le pense pas. Est-ce le vestige d'une ancienne lésion traumalique? Mal- gré l'absence de renseignements, je me prononce encore contre cette opinion. M On trouverait peut-être mieux l'explication du fait dans la particularité sui- vante : le sujet portait une déviation fort considérable de la colonne vertébrale ; le bassin s'était consécutivement dévié, et le centre des deux cavités cotjioïdes n'était plus sur le même plan horizontal. La cavité cotyloïde droite est plus basse de 5 centimètres environ que la gauche. Le membre correspondant avait été obligé de se porter dans l'abduction, pour pallier son excédant de longueur. Peut-être alors le changement survenu dans la direction du droit antérieur avait sulli pour dévier ainsi la rotule. » Au reste, je donne celte explication sans y attacher grande importance; il faut être sobre d'hypothèse quand on n'interroge que le cadavre. » La lésion que je viens de décrire ne mérite peut-être pas le nom de luxa- lion ; c'est pourtant, à mon avis, celui qui convient le mieux pour désigner d'une manière générale la perte de rapport survenue entre les surfaces habi- tuellement conliguës. n Nous avons affaire ici, je pense, à un de ces déplacements de compensation qui se produisent lentement, d'une manière sûre, mais en quelque sorte phy- siologique, à la suite d'une déviation plus considérable d'une autre portion du squelette. » 5" OBSERVATION DE PLEURÉSIE; par M GCBLER. M. Gubler montre à la Société les viscères ihoraciques et abdominaux d'un homme qui a succombé, dans le service de clinique de la Charité, aux consé- quences d'une ancienne pleurésie contractée il y a quatre ans aux îles Mar- quises. Cet homme portait dans le côté gauche de la poitrine un épanchemenl énorme qui avait refoulé le cœur vers l'aisselle droite, remontait jusqu'au-dessus de la clavicule et repoussait en bas le muscle diaphragme, de manière à lui faire con- stituer une bosselure considérable, fluctuante, qui avait abaissé la rate, déplacé l'estomac à droite en tiraillant Tépiploon gastro-splénique, et récliné le lobe gauche du foie. Le rein gauche avait suivi le mouvement descensionnel de la rate. La thoracenlèse fut pratiquée par M. Trousseau, en l'absence de M. Bouil- laud, et donna issue à prés de 3 litres et demi de pus un peu séreux, mais d'ail- leurs de bonne nature. Il s'ensuivit un soulagement considérable, mais l'épancbement s'étant re- produit, la dyspnée et les autres accidents reparurent ; entin, il se manifesta de '202 la douleur de côté et de la lièvre, et la inorl arriva au bout de quelque:: jours. Au moment de l'ouverture, il s'échappa de la bosselure diaphragmatique un flot de pus fétide qui remplit bientôt plus d'un sear ordinaire. Lorsqu'on eut vidé la poche, on détacha avec soiu la plèvre de la paroi cos- tale, et on enleva tout le paquet des viscères thoraciques et abdominaux à l'ex- ception des intestins de la vessie et de ses annexes. C'est cet ensemble que M. Gubler soumet à la Société. 11 fait remarquer l'épaisseur considérable de la plèvre doublée de membranes de nouvelle l'ormation qui ont plusieurs millimè- tres d'épaisseur et sont formées par des faisceaux de libres parallèles entremê- lées de quelques aiguilles ossiformes. Le poumon n'existe qu'à l'état de vestiges en haut, contre ta colonne vertébrale, et semble réduit à ses bronches, séparées par un tissu que l'insufiBaiion énergique ne parvient pas à développer. En pra- tiquant cette insufflation, on s'aperçoit que l'air s'échappe du côté de la cavité purulente, par une ouverture à bords lisses et arrondis, qui parait s'être faite spontanément par un travail d'ulcéralion. Le poumon droit esta peu près sain ; cependant il renferme, vers ses scissures interlobulaircs, des amas d'une matière semblable au mastic et entourée de tissu noirâtre condensé; il offre en outre des traces d'emphysème. Le cœur, en même temps qu'il est transporté à droite, est redressé, en sorte que sa pointe regarde directement eu bas. De plus, il a subi une torsion autour de l'axe, passant par la cloison interventriculaire, si bien que la face antérieure est presque tout entière formée par le ventricule droit, et que l'aorte, cachée derrière l'organe, semble naître directement de l'oreillette droite allongée dans le sens vertical. Le péricarde n'a pas suivi le déplacement du cœur; son côté droit s'est laissé distendre pour continuer à fournir une enveloppe 5 cet organe ; mais derrière le Sfernnm, et à gauche de cet os, on retrouve l'ancienne cavité péricardiaque remplie d'un liquide séreux, ambré, limpide. Le foie, un peu ratatiné et libreux, offre, sur son bord antérieur, qui est ar- rondi, un commencement d'altération granuleuse. Au voisinage du ligament suspens^'ur, on observe, à droite et à gauche, des plaques opaques et des ad- hérences consécutives h une péritonite partielle diagnostiquée pendnnt la vie, d'après le frottement ascenA« M. P. CAZEAUX, Professent agrégé., membre de ia Sociélé de biologie. pans les condilions ordinaires, le nouVeau-né esl à peine au dehors dois parties génitales qu'il respire librement, et pousse des cris plus ou moins violents ; mais il arrive souvent qu'au moment de la naissance i'enfaot donne à peine quelques signes de vie, et se présente dans un élal de roorl apparente, qui serait bientôt suivi de la mort réelle si les soins convenables n'étaient prompîement administrés. Cet état de mort apparente se montre sous deux aspects bien différents* décrits par la plupart des accoucheurs sous les noms d'apoplexie et d'as- phyxie des nouveau-nés. Depuis longtemps déjà quelques accoucheurs an- glais et allemands ont rejeté ces dénominations, comme caractérisant mal les étals pathologiques aur^quels on les appliquait. M. P. Dubois, dans un u article plus récent, après avoir fail remarquer que le caraclère analoraiqne le plus constant de l'apoplexie chez Padulle manque dans ce qu'on a appelé l'apoplexie du fœtus , et que des différences énormes existent entre les symptômes de l'asphyxie chez l'adulte et ceux de l'état asphyxique du nouveau-né, conclut aussi qu'on a eu tort de donner le même nom à des états si dissemblables: avec M. Kaegèle, il désigne, sous le nom de mort apparente, l'état de l'enfant nouveau-né sur lequel on ne voit aucun signe de vie, et sur lequel on ne reconnaît aucun de ceux de nnort. Les deux termes de cette définition sont évidemment contradictoires, puisque la mort se reconnaît à l'absence complète des signes de la vie. Pour nous ta mort apparente est un état dans lequel, malgré l'abolition des actes de la vie animale, il reste au moins quelques-unes des fonctions de la vie organique et nécessairement les battements du cœur. En examinant avec soin les symptômes de la mort apparente des nou- veau-nés, tantôt on voit qu'elle est caractérisée par la rougeur vive de la face et de la partie supérieure du corps, la saillie et l'injection du globe ocu- laire, le gonflement du visage dont la peau offre çà et là des taches bleuâ- tres ; tantôt on est frappé par la décoloration de la peau et la flaccidité des chairs. Dans le premier cas, la tête est gonflée, extrêmement chaude, les lèvres gonflées et d'un bleu foncé ; les yeux sortent de la tête ; la langue est collée au palais; souvent la tête est allongée, dure, le visage un peu gonflé ; les battements du cœur, quelquefois encore assez forts et distincts, sont d'autres fois très-obscurs et très-faibles ; le cordon ombilical est parfois gorgé de sang. Dans le second, l'enfant est d'une pâleur mortelle; les membres sont pendants et flasques ; sa peau est décolorée, et souvent souillée par du mé- conium ; les lèvres sont pâles ; la mâchoire inférieure est pendante ; le cor- don ombilical palpite faiblement ou point du tout ; les battements du cœur sont très-affaiblis. Souvent un enfant, dans cet état, remue encore au mo- ment de la naissance et crie ; mais il retombe aussitôt après dans l'état de mort apparente. Ces différences dans les caractères physiques des enfants nés dans un étal de mort apparente peuvent tenir sans doute à des causes diverses ; mais souvent aussi ils appartiennent seulement à des périodes différentes du même état pathologique, et on a eu tort de vouloir en faire absolument les signes différentiels de lésions très-différentes. Aussi, quoique convainca que, dans quelques cas, ils doivent modifier profondément le traitement, et que, sous ce rapport, il est important d'en tenir compte, Je ne crois plus* 5 pouvoir en faire ia base de distinctions nosologiqiies, vraiment impossible» à justifier. L'expression de mort apparente ne pr('jugeant rien sur la nature et la cause de cet état, mérite par cela même d'être conservée. Pour être compris dans ce que nous allons dire de la mort apparente des nouveau-nés, nous croyons devoir exposer très-brièvement le mécanisme suivant lequel s'établit la respiration aussitôt après la naissance. Tous les physiologistes s'accordent à admettre que ia moelle allongée ou bulbe rachidien est le foyer central et le régulateur des mouvements respi- ratoires de l'adulte : c'est également d'elle que part l'excitation motrice de la première inspiration. Marshall-Hall a essayé de montrer par des expériences que la première inspiration résultait d'une action réflexe (î), produite par l'excitation que les nerfs de la surface du corps, et en particulier le trifacial, recevaient du contact de l'air extérieur, et que la respiration, une fois établie, continuait sous l'influence de l'action réflexe due à rirritation du nerf pneumogastri- que, par le contact de l'air introduit dans le poumon. Les mouvements respiratoires, suivant le même physiologiste, peuvent aussi s'opérer sous l'influence d'autres causes : telles sont, par exemple, les modifications imprimées à la moelle allongée par une {grande perte de sang, et les excitations que produit en elle le sang veineux. Tous les mou- vements respiratoires de l'asphyxie incomplète rentrent dans celte dernière, catégorie. Dans les cas normaux où le fœtus, n'ayant nullement soufi"ert pendant le travail, a conservé intacte sa sensibilité cutanée, l'irritation produite par le (() Une impression faite à nosoriianes peut, en parcourant des voies différentei dan» la masse cérébro-spinale, donner lieu à des mouvements de nature dis- tincte. Ainsi, tantôt transmise à l'enc^phiile directement par les nerfs sensitifs crâniens, ou indirectement par les nerfs de la moelle épinière, elle va s'élaborer dans la réi,'ion encéphalique ofi réside le sensorium commune, s'y transforme en sensation, et par conséquent arrive à la connaissance de l'animal qui peut réagir par des mouvements volontaires. Tantôt éuaiement transmise par les nerfs sen- sitifs, soit à l'encéphale, soit à la moelle épinière, cette impression occasionne, sans se transformer nécessairement en sensation, une excitation immédiatement réfléchie sur les nerfs moteurs : d'où des niouvemenis dits réflexes^ à la produc tion desquels la volonté n*a aucune part. La puissance qui donne ainsi lieu à des mouvements sans la participation de la volonté a été considérée comme une faculté spé(!ia!e de l'axe cérébro -rachidien, ot désignée sou» le nom de pOMi'oi'r, faculté on propriété réflexe. 6 contact de l*âir extérieur trtir les nerfs cutanés se transmet à {a moelle al- longée, cl celle-ci, à son tour, agissant sur ies nerfs inspirateurs, produit les mouvements respiratoires. Mais que, au mcmienl de sa naissance, le fœtus ait été depuis un certain temps privé des éléments respiratoires qu'il puise dans le placenta, ou qno ceiui-ci étant décollé immédiatement après Texpulsion de Penfent, on ob- stacle quelconque s'oppose à rinlroducUon de l'air dans les bronches, il y 3, dans les deun cas, commencement d'asphyxie; le sang non oxygéné ir- rite par son contact la moelle allongée, et cette irritation, transmise anx nerfs inspirateurs, peut encore solliciter les mouvemenls respiratoires des mnscles de la face, de la poitrine , de Pabdonicn , et produire enfin une première inspiration (i). Le moteur central sera bientôt remplacé par l'ac- tion réflexe des ramifications des nerfs pneumogastriques irritées par l'air introduit dans les poumons, et la respiration conlinuera sous l'influence seule de l'action réflexe. Lorsque, par suite de la compression du cordon ou du décollement du placenta, le fœtus est menacé d'asphyxie dans les derniers temps de la gros- sesse ou pendant le travail, les mouvements convulsifs et les efforts respi- ratoires précèdent sa mort ; aussi les mères disent alors qu'après avoir beau- conp remué, isîir enfant a cessé tout à coup de se msuvoir, et Bédard a vn un fœtus renfermé encore dans sa poche intacte faire des mouvements in- Spiratoires, et inspirer de l'eau au lieu d'air. C'est ainsi erscore que, dans certaines positions de ia face, le fœtnsa pu respirer, quoique renfermé en- core dans le sein de la mère, et le vagissement utérin, qui suppose toujours uae kispiration antérieure, ne peut s'expliquer que de la même manière. Dans tous ces cas, en effet, le sang non oxygéné a irrité la moelle allongée, el celie-cij, à son tour, transmet cette irritation aux nerfs inspirateurs. L'ac- tion r^l^axe ne peut en aocune façon être invoquée. (î) Ï«3r8hajl-tîal! enlève le cerveau à un jeune chat ; il coopp les nerfs pneu» OTOgsàiriqueà et ouvre la trachée-artère. Il voit la respirelicn se raieutir. mais eciUînner avec rôguiarité. S'il bouche l'ouverture fnitc à la trachée , la scène change aiissilM : l'animal ouvre sa bouche largement , fait de violents efforts ratlon et offre quelques mouvements convulsifë. S'il rouvre la trachée, la respiration devient aussi régulière qu'auparavant; s'il la ferme, les phénomènes d'asphyxie se reproduisent. Dans les deux cas, c'est évidemment dans l'organe centrai , on ta moelle, qu'est l'excitation de la respiration , puisque la destrnc* tion dueerveau, la section des pneumogastriques, rend impossible l'action réflexe. 7 Gsrdons-nous toatefois de confondre ces deux excitateurs de Tinspira- UoD : le premier est l'excitant naturel ; Tautre est toujours pathologique, et seulement destiné à suppléer le stimulus normal. Or toute action patholo- gique n'est qu'un effort pour accomplir un acte physiologique devenu diffi- cile ou impossible ; et s'il peut, dans quelques cas, rappeler un enfant à la vie, il peut, dans beaucoup d'autres, êiré insullisanl. Souvent, en eiïel, l'enfaof, qui, né dans uu élat de demi-asphyxie à la suite d'un travail pénible, fait quelques brusques et violents mouvements d'inspiration, succomberait assez vite si l'action réflexe n'était mise enjeu, et si celle-ci ne remplaçait bientôt complètement l'excitant pathologique qui tout à l'heure agissait seul sur la moelle allongée.... Mais comme, dans cet état, la sensibilité éraoussée de la peau n'est plus suffisamment excitée par l'air extérieur, des moyens particuliers doivent êlre employés, tant qu'il en est temps encore, pour réveiller l'action excito-motrice des nerfs cutanés. et lorsque l'asphyxie n'est pas trop avancée, ils sont suivis de succès. Mais lorsque l'enfant est très-faible et petit, ou que les causes d'asphyxie ont trop longtemps fait sentir leur influence, les contractions des muscles in- spirateurs sont faibles et éloignées ; elles cessent bientôt complètement ; le cœur cesse de battre, l'enfant est mort. Si, lorsque ie cœur bal encore, ou parvient à réveiller l'action réflexe des muscles inspirateurs, on produit uri brusque mouvement inspiratoire à chaque excitation, après lequel les phé- nomènes de l'asphyxie continuent comme auparavant; et l'enfant succombe, quoi que l'on fasse. S'il est vrai que l'impression produite sur la peau du corps et du viaage par le froid extérieur, soit la première et l'unique cause de l'action réfle:te de la moelle allongée sur les nerfs inspirateurs, et détermine ainsi la pre- mière inspiration, on comprend que toutes les circonstances propres à di- minuer notablement ou à détruire la sensibilité cutanée retardentou rendeut impossible le premier effort inspiratoire, et placent le fœtus dans un état de mort apparente. Les causes de celles-ci sont donc toutes celles qui paraly- sent plus ou moins les centres nerveux, dont l'influence, complètement in- utile à l'entretien de la vie fœtale, devient indispensable à la prolongation de la vie extra-ulérine. Or ces causes sont, assez nombreuses, et à l'exception de quelques-unes, elles exercent toutes leur inilaence^cbeuse pendant les derniers temps du travail. Elles peuvent se diviser : i*" en lésions de la respiration ; 2" lésions de la circulation ; 3° lésions des centres nerveux. Les premières peuvent produire l'asphyxie à des degrés plus ou moins prononcés -, les secondes peuvent produire une hémorrhagie fatale à l'enfant; les troisièmes enfin affectent directement les centres nerveux , et les rendent impropres aux foDCtioDS qu'ils doivent remplir aussitôt après leur naissance. 1« LÉSIONS DE LA RESPiBATioN. Ellcs résultent toutes d'obstacles à la respiration ; ainsi pendant le travail on a signalé : la compression du cor- don ombilical entre les parois du bassin et la tête ou le tronc de l'enfant; l*entortillement serré du cordon autour du cou ou d'une autre partie, en- lortillement qui peut tout à la fois gêner la circulation veineuse du cerveau et celie du sang dans les vaisseaux ombilicaux ; le décollement prématuré du placenta, qu'il soit ou non inséré sur le col, décollement qui, entraînant toujours la déchirure des vaisseaux utéro-placentaires, rend l'hématose fœ- tale lout aussi impossible que la compression ; la rétraction très -prononcée de l'utérus, lorsque dans l'accouchement par le siège, la tête seule est dans l'excavation, et l'enfant ne peut pas respirer, car cette rétraction, portée au delà de certaines limites, rend à peu près imperméables au sang les vaisseaux utérins. Dans tous ks cas, l'asphyxie est évidemment le ré- suilni de la suspension de la respiration placentaire : c'est le contact du sang noir qui, chez le fœtus comme chez l'adulle, asphyxie, paralyse l'ac- tion du cerveau. Enfin, après la naissance, ©n comprend facilement que l'accumulatioD des mucosités dans le nez, la bouche et les voies aériennes, pouvant s'op- poser à l'introduction de l'air dans les bronches, peut encore produire l'asphyxie ; mais ici le mécanisme en est absolument le même que chez l'a- dulte, puisqu'elle résulte d'un obstacle mécanique à l'introductiOD de l'air extérieur dans les vésicules pulmon-aires. Les symptômes apoplectiques de cet état sont faciles à reconnaître : la surface du corps parait gonflée, elle est d'un violet ou plutôt d'un bleu noiràlre ; cette coloration est plus marquée aux parties supérieures du corps, et surtout à la face. Les muscles sont sans mouvements; les mem- bres conservent leur flexibilité, le corps sa chaleur; les pulsations du cordon, du pouls, celles même du cœur, sont quelquefois obscures et peu sensibles. A Fonverture des cadavres, on trouve les vaisseaux de l'encéphale gorgés de sang ; quelquefois aussi ce fluide est épanché à la surface des mem- branes, ou dans l'intérieur même de la substance du cerveau. Le plus sou- venu suivant M. Cruveilhier, l'épancheraent est limité à la surface du cer- vek't ; quelquefois il recouvre les lob^s postérieurs du cerveau. Rarement ii occupe la cavité des ventricules. Dans tous les cas observés par M, Cru- veilhier, il y avait dans rarachnoîde verlébraie assez de sang pour distenore la dure-mère. G^est alors encore que Ton rencontre ces congestions du foie si communes chez les enfants naissants ; ces congestions, dit Billard, varient considérablement sous le rapport de la quantité de sang accumulé dans le tissu de l'organe ; il s'y trouve quelquefois en assez grande abondance pour donner lieu à une sorte d'exsudation sanguine à la surface du foie, dont la face conveie est dans ce cas teinte et humectée par une couche de sang répandu ou étalé en nappe. J'ai vu même, chez plusieurs enfants, un épan- chement de sang dans l'abdomen résulter de cette turgescence. Les pou- mons sont aussi gorgés de sang. L'étal extérieur du fœtus asphyxié n'est pas toujours celui que nous ve- nons de décrire, et, comme le fait remarquer M. Jacquemier, rien n'est plus commun que de voir le fœtus naître sans coloration anormale de la peau et même avec une pâleur et une flaccidité des membres très-remar- quables, bien que la cause de la mort apparente ait été ia compression du cordon. Cette différence tient-elle, comme le pense M. Jacquemier, à ce que, dans ce dernier cas, la suspension de la respiration placentaire a été rapide et brusque, tandis que, dans le premier, elle a été lente et gra- duelle ? Cela est probable, puisque les mêmeâ différences s'observent dans l'asphyxie des adultes, et que les malheureux qui, suivant l'observation de M. Devergie, meurent sous un éboulement de terrain, présentent cette décoloration des téguments. La promptitude de la mort réelle peut ici ex- pliquer cette parlicularité. Mais il ne faut pas oublier que celte pâleur ex- térieure est aussi la conséquence d'une asphyxie lente mais par trop pro- longée, et qu'elle succède souvent à la coloration violacée des tissus ; que nous voyons tous les jours celle succession s'opérer sous nos yeux, quand l'asphyxie a duré trop longtemps ; et qu'un enfant né avec une coloration très-prononcée devient assez rapidement pâle et flasque, si à l'aide des moyens employés on ne parvient pas à le faire respirer. II est évident que, dans ce dernier cas, la décoloration des tissus est l'expression symptoma- tique d'un degré plus avancé ; les batlements du cœur, qui auparavant étaient encore assez forts et assez nombreux, perdent de leur fréquence et de leur intensité, reviennent seulement à de longs intervalles, et ta mort réelle ne larde pas à succéder à la mort apparente. Eh bien ! ces phéno- mènes dont nous sommes quelquefois témoins se passent de la même ma- nière quand le fœlus, privé de respiration placentaire, est encore renfermé dans le sein de la mère. Si, au moment de la naissance, l'asphyxie dure de- puis peu de temps, l'enfant présentera la turgescence de la face, la couleur '^ O ^ <^ O- N rvX iu*/Ç-.. 10 violacée de la peau, \i fermeté des chairs, des pulsations du cœur encore assez nombreuses et régulières ; qu'un plus long temps se soit écoulé de- pois rinleîTuplion de la circulation foeto maternelle, Tenfant sera pâle, décoloré, les batlements du cœur et du cordon faibles et intermittents; qu'enfin l'asphyxie se soit prolongée au delà des limites compatibles avec la vie du cœur, et le fœtus sera réellement mort au moment de son expulsion. res deus états, en apparence si différents, tiennent donc à la même cause, et sont simplement deux degrés de l'asphyxie. Si, éliologiquement, ils ne doivent pas être distingués, il est important d'en tenir compte au point de vue du pronostic, car l'un est beaucoup plus grave que l'autre; au point de vue du trailement, car les mêmes moyens ne leur sont pas ap- plicables. 2* LÉSIONS DE LA ciRCDLATiON iCETALE. Les déchirurcs du cordon ou do placenta peuvent seules produire une hémorrhagie capable de porter atteinte à la vie fœtale. Elles sont fort heureusement assez rares. Quand la perte est abondante, l'enfant succombe avant la terminaison du travail; mais si une circonstance quelconquft vient s'opposer à la continuation de ['hémorrhagie, l'enfant peut encore naître vivant, mais dans un état de mort apparente analogue à celui de la syncope. Le défaut d'influence ner- veuse lient manifestement Ici i ce que le cerveau et le bulbe ne reçoivent plus la quantité de sang nécessaire pour qu'ils puissent réagir à leur tour sur les nerfs inspirateurs. Ce cas est des plus graves. L'enfant est décoloré, tous les muscles dans le relâchement le plus complet ; quelquefois pourtant il fkit quelques courtes inspirations, pousse quelques cris très-faibles; n>ajs pour peu que l'héraorrhagie ait été abondante, il s'éteint au bout d'un temps assez court. 3" LÉSIONS DES CENTRÉS NERVEUX. Le syslèflr.e nerveux céphalo-rachidien ne préside à aucune des fonctions dont l'intégrité est nécessaire à l'entre- tien de la vie fœtale, et la respiration, la circulation et la nutrition sont tout à fait sous la dépendance des nerfs de la vie organique. Ce sont le» ganglions et leurs nerfs qui, comme des organes sécrétoires, retirent du «ang régénéré ce principe de sensibilité et de raotilité organiques, nécessaire aux mouvements involontaires ou automatiques, nécessaire aussi au maii»- tiefl de rirritabilité et de la vitalité des organes. La vie du fœtus est pure- ment végétative ou organique, quoique déjà il possède des organes de la vie animale. Ainsi s'expliquent lavieelle développement des acéphales, car là où rorgane manque, manquent aussi les fonctions : et pourtant ces monstres 11 sont doués d'irritabilité, ils exercent des mouvemcnls, et leur vie ac main- tient intaclQ jusqu'au terme de la grossesse. Puisque le cerveau el la moelle sont compléleroenl étrangers à l'accom- plissement des fonctions du Cœtus, on prévoit sans peine que les lésions dont ils peuvent être le siège pendant la grossesse ou le travail» ne doivent en rien troubler l'harmonie de ces fonctions, et n'exercer aucune influence snr la vie inlra-ulérine. Aussi n'est-ce qu'après la naissance que l'alléralion ou la paralysie cérébro-spinale s'opposent à l'établissement de la vie animale, alors même que la vie organique se manifeste encore par l'intégrité de la circulation, el môme lie la respiration placentaire. La première respiration est, comme nous l'avcDs dit plus haut, le résultat des incitations du bulbe rachidien, incLîalions produites elles-mêmes par l'impression de la tempé- rature de l'air ambiant sur les léguments du nouveau-né; mais, pour que celte impression ne soit pas stérile, il faut que la sensation soit perçue par l'organe central, el celui-ci est incapable de les percevoir dans les lésions graves de l'axe cérébro-spinal. Il y a donc cette différence importante à éta- blir entre les diverses circonstances qui peuvent plonger le fœtus dans cet état de mort apparente, que l'asphyxie et l'hémorrhagie penvent tuer l'en- fant dan^ le sein de la mère, tandis que les lésions des centres nerveux le font toujours naître dsns un étal de mort apparente. C'est ainsi qu'il faut comprecire l'influence que peut avoir : 1' la com- pression violente que subit le cerveau dans certains cas de rétrécissement du bassin; 2° celle qui, dans quelques cas difficiles, peut résulter de l'ap- plication du forceps ou du levier ; 3" celle qni résulte d'une congestion vasculaire, due à la gène apportée au retour du sang veineux dans certains accouchements par la face, dans les cas où plusieurs circulaires du cordon sont fortement serrées autour du cou, et dans les cas où celui-ci est forte- ment serré par le col utérin spasmodiquemenl rétracté ; W enfin, la com- pression produite parfois par des épanchements sanguins, .soit à la surface» soit dans l'intérieur même de la substance cérébrale. C'est encore de la même manière qu'il faut comprendre l'aclion des lé.- sions de la moelle allongée, lésions qui, on le sait, sont produites avec la plus grande facilité par l'exagération du mouvement de rotation imprimé à la tête, par les tractions exercées sur l'extrémité céphalique, ou sur l'extré- inilé pelvienne, alors que la tête est arrêtée plus ou moins haut dans le bassin, par les épanchements enfin qui peuvent se faire à la base du crAne et à la partie supérieure du canal rachidien. Les lésions du cerveau ne s'opposant pas d'une manière absolue à l'éta- 12 blissemenl de la respiration, o'ont pas la gravité de celles de la moelle allongée. La df;structioD de la partie très-considérable de Tencéphale Q*a pas toujours empêché Tenfaot de respirer, de crier après sa naissance, et même de vivre plusieurs Jours. Ua fait semblable s'observe chez les anen- céphales. Cela fait assez pressentir que, dans les accouchements difficiles, la compression momentanée subie par la tête peut momentanément aussi suspendre î'aclion cérébrale, mais que cette suspension ne mettant pas un obstacle absolu à la respiration, l'espèce de commotion, d'ébranlement subi par le cerveau, peut s'eifacer assez promptement pour que la vie se continue*. Il n'en est pas de môme des altérations de la moelle allongée, moteur unique des mouvements respiratoires ; elle ne peut être affectée profondé- ment sans rendre impossible ia vie extra-utérine. Ainsi s'explique, dans la présentation de l'extrémité pelvienne, la mort si fréquente des enfants quand on a pratiqué des tractions sur le tronc pour opérer le dégagement de la léle. Traitement. Puisque, quelle qu'en soit la cause, la mort apparente peut offrir les symptômes si différents dont nous avons parlé plus haut, il est évident que rinspeclion de l'enfant ne peut rien nous apprendre sur la cause de l'étal dans lequel il se trouve. Bien que pour nous la décoloration de la peau et la flaccidité des membres soient des signes d'un pronostic très-grave, il nous est impossible de préciser le degré des désordres céré- braux et de prévoir, par conséquent, quel sera le résultat des moyens pro- pres à ranimer l'enfant. Dans le doute, il faut les soigner tous, comme s'ils donnaient quelque espoir de guérison. Une demi-heure, une heure, et même plus, écoulées depuis l'accouchement, ne sont pas un motif suffisant pour désespérer, et l'on peut citer un grand nombre de faits qui prouvent que des enfants ont pu résister une heure à l'asphyxie, et être encore rap- pelés à la vie. Le silence prolongé du cœur, l'absence complète de toute pulsation à la région précordiaîe constatée plusieurs fois et à plusieurs re- prises, est le seul signe que l'on puisse considérer comme détruisant toute espérance. Le cœur est Vultimum moriens, et je ne crois pas qu'on soit jamais parvenu à réveiller ses pulsations complètement éteintes. Mais la mollesse et la flaccidité des tissus, le refroidissement du tronc et de la face (1), n'autorisent nullement à abandonner l'enfant, pour peu que le (1) Les expériences sur les animaux à sang chaud prouvent qu'ils résistent d'autant plus longtemps à l'asphyxie, qu'ils sont placés dans une température plus basse. 13 couur offre encore quelques ballemeols même Irès-faibles, très-éloignés al Irès-iriéguliers. Lorsque les nouveau-nés s'offrent à nous avec rinjection générale des capillaires de la fact et du tronc, lorsqu'ils ofi'rent enlin les caractères àa cet état appelé autrefois apoplexie, il est évident que l'indication première est de faire cesser l'engorgement du cerveau et des poumons. C'est ce que Ton obtient en coupant promptement le cordon ombilical, et eja laissant écouler quelques cuillerées de sang : le plus souvent la respiration s'éta- blit aussitôt après, s'il n'y a pas d'obsticies à l'introduction de l'air dans les poumons, tels que des mucosités qui obstrueraient î'arrière-bouche, mu- cosités qu'il faut enlever, soit avecl'extrémité du petit doigt, soit avecla barbe d'une plume; on voit alors la teinte bleue et violacée disparaître peu à peu, et faire place à une teinte rosée, d'abord sur les lèvres, puis sur les joues et le reste du corps. La circulation est quelquefois tellement affaiblie et comme engourdie que les artères ombilicales ne versent pas de sang ; alors on peut provo- quer son effusion en plongeant l'enfant dans un bain, et en exprimant à plusieurs reprises le cordon de son insertion vers le lieu de sa section. Quand à l'aide de ces moyens on ne parvient pas à obtenir du sang, il faut, suivant quelques personnes, appliquer une sangsue derrière chaque oreille. Mais cette application ferait perdre un. temps précieux, bien mieux utilisé en recourant aux moyens suivants : Celte petite saignée étant pratiquée, il faut appliquer tous ses soins à ré- veiller, par des excitations multipliées et variées, la sensibilité de la peau et l'action réflexe des nerfs cutanés. Suivant Marshall-Hall, le meilleur moyen consiste à asperger vigoureu- sement la face et le corps de l'enfant avec de l'eau froide ; aussitôt après on le trempera dans un bain chaud, puis on l'enveloppera de flanelles chaudes. L'efficacité de ce mode de traitement, qui peut être répété plusieurs fois de suite, dépend surtout de la rapidité avec laquelle il sera employé. L'impres- sion du froid et du chaud doit être brusque et prompte. On emploie ensuite, pour stimuler la peau, les frictions sèches avec la main, une brosse, une flanelle sèche, des frictions avec des liqueurs irritantes, comme vinaigre, eau-de-vie. M. Moreau insiste beaucoup et avec raison sur de légères per- cussions faites avec la face palmaire des doigts sur les épaules et les fesses ; il est aussi souvent Irès-ulile de porter une irritation sur les surfaces mu- queuses. On met dans la bouche un peu d'eau-de-vie, du vinaigre; on in- suffle dans l'anus de la fumée de carto ou de papier brûlé ; on inlrodui» daos le nez, dans le fond de la gorge, les barbes d'ime plume trempée dans du vinaigre, dont on peut se servir encore pour désobstruer en même temps Vîrrière- bouche des mucosités qui peuvent s'opposer à Taccès de l'air. Lorsqu'on peut soupçonner que des mucusités sont accumulées dans les voies aériennes, on doit, suivant le conseil de Dewees, placer l'enfant sur le ventre, en ayant soin d'élever les pieds plus haut que la lêie, et en im- primant à tout le tronc quelques légères secousses ; on parvient ainsi à dés- obstruer la trachée et à rendre plus facile l'arrivée de l'air. C'est, dit Tau- leur américain, un moyen d'une grande utilité et à l'aide duquel je suis parvenu à sauver un grand nombre d'enfants (p. 192). Après quelques in- stants, l'enfant sera de nouveau plongé dans un bain chaud, frotté avec des flanelles chaudes, puis soumis immédiatement à des aspersions froides. Ces moyens seront continués longtemps après l'établissement régulier de la respiration pour prévenir l'asphyxie secondaire. On exposera encore utilement le corps de l'enfant à un courant d'air froid, en lui imprimant brusquement des mouvements semblables à ceux de la balançoire ; et même, après l'avoir ranimé et habillé, on pourra ex- poser sa figure à l'air frais, ou mieux l'éventer pendant quelques instants. On a conseillé d*exercer une forte succion sur les mamelles, dans le but de dilater mécaniquement le thorax. Cette succion, dit Desonneaux, sans effet pour le but qu'on se propose, me semble propre à stimuler les muscles qui meuvent les côtes. Mais un moyen plus puissant et que vante beaucoup le même auteur est une sorte de douche portée directement sur les parois du thorax , douche qui se fait en prenant dans sa bouche une gorgée d'eau- de-vie, et en la soufflant avec force contre la paroi antérieure de la poitrine. Il est, dit-il, rarement nécessaire de réitérer plusieurs fois ce moyen ; on voit bientôt son emploi produire immédiatement une contraction convul- sive des muscles inspirateurs ; le sang et l'air pénètrent le poumon ; la res-- piration s'établit irrégulièrement} d'abord elle est faible et comme con- vulsive, mais bientôt elle devient plus forte et plus régulière. Si ces excitations sur les nerfs spinaux et facial étaient insuffisantes, on agirait sur les ramifications du peumo-gastrique par l'insufllalion. L'insufflation compte aujourd'hui un assez grand nombre de succès pour qu'on doive y recourir toutes les fois que les moyens dont nous venons de parler n'ont pas réussi. Dans un très-bon mémoire sur ce sujet, M. Depaul a victorieusement réfuté les objections formulées contre elle, et confirmé par ses expériences les résultats obtenus déjà par MM. Duméril et Magendie. Comme eux il a vu qu'on se faisait une fausse idée de la résistance des vési- 15 Cule8 puImoDairee, et que, pour produire leur déchirure, il faut souiller avec une force bieu spérieure à celle qui est nécessaire pour obtenir uoe simple dilâtatioD. Il a prouvé par des faits que rinsufilatiou réussissait i rappeler à la vie des enfants que l'iûsuccès des moyens généralement pro- posés semblait vouer à une mort certaine; que même dans les' cas où elle était impuissante, parce que les lésions causes de la mort apparente étaient au-dessus des ressources de Tart, elle pouvait, lorsque l'action du cœur n'était pas encore éteinte, rendre ses pulsations plus fortes et plus fré.* quenles, et même parfois déterminer uue inspiration spontanée, raaie in- complète. M. Depaul, qui a rendu un véritable service en appelant l'attention sur un moyen généralement abandonné comme dangereux par les uns, comme inutile par les autres» a proposé quelques règles de conduite que je crois devoir reproduire, au moins eo abrégé. Il se sert de la canule de Chaussier ; il en a seulement fait disparaître les ouvertures latérales et les a remplacées par une ouverture terminale. L'enfant, dont on entretient la température par des linges chauds, doit être placé de manière à ce que la poitrine soit plus élevée que le bassin, et la tèle un peu inclinée en arrière, pour rendre plus saillante la partie an- térieure du cou. Après avoir débarrassé la langue et le pharynx de toute mucosité, on porte l'index gauche, en suivant la ligne médiane de la langue, jusqu'à l'épiglotle. La main droite, tenant le tube comme une plume à écrire, dirige le long du doigt sa petite extrémité jusqu'à rentrée du larynx, l'incline vers la commissure gauche des lèvres et, par quelques légers mouvements, cherche à soulever répiglolle; il suffît alors de redresser Tin- strument et de le porter en même temps vers la ligne médiane, pour que son extrémité traverse la glotte. C'est là le seul temps un peu difficile de ^opération, car assez souvent le tube s'engage dans l'œsophage. Aussi,, avant d'insufller, doil-on s'assurer de sa position, eu promenant le doigt sur le larynx et la trachée, et en imprimant à Tinslrument des mouvements de laléi-alilé pour voir s'ils sont suivis par le larynx. D'ailleurs, dès la pre- mière insufflation, on s'aperç^oit de suite de Terreur, car lorsque l'instru- ment est porté dans l'œsophage un soulèvement considérable de Tépigastre précède celui de la base de la poitrine ; s'il est dirigé, au contraire, dans le larynx, la dilatation de la poitrine est uniforme, et l'abaissement du dia- phragme seul produit la saillie épigastrique. Pour empêcher le reflux de l'air qu'on va pousser et le forcer à pénétrer flans les voies aériennes, on lui ferme toute issue par l'œsophage, la bouche i6 et les uarines. Une pression modérée, exercée avec rinslrumenl, sert à appliquer la paroi antérieure de l'œsophage contre la postérieure. Avec le pouce et l'indicateur, on pince fortement les lèvres des deux côtés de la canule, et Ton bouche les narines en pressant le nez avec les deux doigts médius. Les insulflations doivent être assez rapprochées les unes des auti-es; M. Depaul croit qu'il faut en faire dix à douze par minute. Après chacune d'elles, l'élasticité des vésicules sufSl pour expulser par la canule la plus grande partie de l'air; toutefois il peut être utile de rendre l'expiration plus complète par des pressions convenablement exercées avec ia main largement appliquée sur le devant de la poitrine. Le temps pendant lequel on doit insister sur les insufflations est très*- variable. Ainsi les faits prouvent que tantôt un quart d'heuie a été suffisant, tantôt il a fallu les prolonger trois quarts d'heure, une heure et même une heure et demie. Lorsque sous leur influence le cœur s'est ranimé et bat 130 fois par mi- nute, je crois, dit M. Depaul, qu'il est du devoir du médecin de continuer jusqu'à l'apparition d'inspirations spontanées qui se renouvellent au moins de cinq à six fois par minute; s'arrêter après une première serait, dans beaucoup de cas, compromettre la vie de l'enfant; mais lorsque, après avoir réveillé les battements du cœur et même obtenu quelques efforts des mus- c'es inspirateurs, on voit tout cela s'affaiblir et disparaître, on peut, après dix à douze minutes, cesser Tinsufflalion. Je n'ai jamais vu, dans ces cas, qu'on soit parvenu à ranimer les enfants. De temps en temps il est nécessaire de retirer la canule pour la débar- rasser des mucosités qui l'obstruent. Quand la trachée renferme des mu- cosités abondantes, facilement indiquées par un gargouillement manifeste, on peut, à l'aide de quelques aspirations, en engager dans la canule des quantités considérables et rendre ainsi plus efficaces les insufilations ulté- rieures. S'il survient quelques inspirations spontanées, il faut momentanément suspendre l'insufllation. EnGn si tous ces moyens avaient échoué, et qu'on eût une pile à sa dis- position, on pourrait faire passer quelques courants électriques à travers les muscles inspirateurs; mais c'est un auxiliaire sur lequel il ne faut pas trop compter. L'électricité est en effet beaucoup moins active sur le fœtus que sur Padulte. L'expérience a prouvé, par exemple, que des fœtus de serpent bien 17 développés étaient peu sensibles «i l'action du {galvanisme avant d'avoir respiré, tandis que peu après ils jouissaient d'une sensibilité très-délicate. Les mêmes moyens doivent être employés dans les cas de mort apparente où les enranls sont pâles et décolorés; seulement on comprend que, loin de faire saigner le cordon ombilical, il faut s'empresser de le lier, même avant de le couper. Quelques personnes ont conseillé, dans les cas d'asphyxie, de ne couper le cordon ombilical qu'après l'établissement régulier de la respiration pul- monaire, espérant que la persistance de la circulation fœto-placentaire rem- placerait la respiration extra-utérine non encore établie. Sans admettre, avec le docteur King, que cette pratique, permettant aux contractions du cœur de chasser tout le sang dans le placenta, expose le fœtus à mourir exsan- gue, je pense que, dans le plus grand nombre des cas, cette précaution est au moins inutile , et même nuisible en faisant perdre un temps précieux. Presque toujours, en eflet, le placenta est décollé en partie et même en to- talité peu de temps après la sortie de l'enfant, et alors même que ses adhé- rences fussent intactes, la rétraction de l'utérus, qui succède à l'expulsion de l'enfant, a tellement modifié la circulation des parois utérines et celle des vaisseaux utéro-placentaires, que l'enfant ne pourrait certainement y trouver que des ressources insuflisantes. Cependant, si par le toucher on ne trouve pas le placenta sur le col, et que par suite on puisse croire qu'il a conservé ses rapports normaux avec la matrice , on peut , lorsque le fœtus est pâle et décoloré, ne pas se presser de couper le cordon, surtout s'il présente encore des pulsations. Mais dès qu'il cesse de battre, ou dès qu'on s'aperçoit que le placenta est décollé, il faut s'empresser d'en opérer la section. Certains enfants, après avoir crié et respiré assez librement, retombent encore après quelques heures, quelquefois même après quelques jours, dans un état de mort apparente qui se termine rajiidement par la mort réelle, si de prompts sccoui s ne sont pas administrés. Celte mort apparente secondaire peut tenir, comme celle que nous veuoos de décrire, à une vé- ritable asphyxie, ou à un défaut d influence nerveuse auquel les excitations employées immédiatement après la naissance n'ont remédié que momenta;- nément. L'asphyxie est produite soit par un coips étranger placé aux ou- vertures de la bouche et des narines, soit par Taccumulation de mucosités dans l'anière-gorge. Enlever les corps étrangers , désobstruer l'arrière- bouche à l'aide d'une barbe de plume , ou les bronches en sollicitant les vomissements par la titillation de la luette, tels sont les premiers moyens 2 18 à employer. On pourra, si la face est violacée, appliquer avec succès une sangsue derrière chaque oreille, ou suivant le conseil de Kennedy, sur les lontanelles. Lorsqu'on peut attribuer les accidents au défaut d'action céré- brale , c'est aux excitants déjà conseillés plus haut qu'il faut de nouveau avoir recours. RECHERCHES SUR LES PROPRIÉTÉS PHYSIOLOGIQUES ET THÉRAPEUTIQUES DU BROMURE DE POTASSIUM, Par m. Ch. HUETTE, Interne en médecine et en rtilrur;;ie de» hôpitaux de Paris membre fondateur de la Société de biologie, membre de la Société aoalomlque et de la Société de médecine pratique de Pari». Il y a quelques anoées, le prix élevé de l'iode reridait les diverses prépara- tions de ce médicament inaccessibles aux malades pauvres, et Tadministration des hôpitaux elle-même fut sur le point d'en restreindre l'usage. Les pra- ticiens, cherchant alors un succédané à l'iodure de potassium, proposèrent le bromure du même métal. L'analogie chimique le recommandait à leur attention, et permettait d'espérer quelque conformité de propriétés théra- peutiques. Moitié sur la foi de celte induction, moitié par nécessité, le bro- mure vint ainsi prendre place à côlé de l'iodure, dans la médication alté- rante. Quelques succès observés dans le service de M. Ricord (qui, du reste, sut les annoncer avec une réserve dont l'avenir prouva toute la sa- gesse) ; diverses guérisons rapportées par M. Fourché (de Montpellier) ; les récits des médecins d'Allemagne sur les elTels merveilleux de certaines eaux très-riches en bromures alcalins, semblèrent justifier cette inno- vation. 20 Je Q^di pas été à raème, pendaDt moa iulernat i Tbôpifal du Midi, de vérifier les as?€rlioDS d« M. Fourché relaliveoienl à refficacilé de ce corps cjonlre la scrofule ; chez les sujets atteints d'accideols stru(neux« od reo» c«>nlrail des afTectîons qui exigeaient remploi simultané d'autres médicap* meotB : il est Impossible de détermiaer la part do bromure dans le résultat de ces traitemcots mixtes. Si mes recherches n'oot pas éclairé ce poiot de la question, elles m'ont permis de constater maintes fois Tinsuffisance de ce médicamcot contre ta syphilis, et je puis affirmer qu'un examen minutieux i^l sévère de Taction du bromure sur les accidents syphilitiques le déshérite complètement des avantages et de refQcâcité spéciale dont quelques prati* riens l'ont doté. Mes c-onvictions  cet égard ne reposent pas seulement sur \ps faits que j'ai personnellement observés Je dois à Tobligeance de M. le docteur Puche une série de faits circonstanciés, et recueillis par lui-même avec un scrupule capable de dissiper les doutes qu'on pourrait avoir sur ce sujet. Ayant étudié avec te plus graod soin Taction très-remarquable de ce mé- dicament sur les différents appareils de réconomic, je consacrerai la pre- mière partie de mon travail aux phénomènes physiologiques que j'ai ob- servés. En exposaiit le parallèle des effets produits sur l'organisme par l'iodure et le bromure de potassium, il me sera facile de démontrer com- bien étaient peu fondées les inductions thérapeutiques basées sur l'analogie chimique de ctts d«;ux corps. Si l'observation clinique enlève â la médication altérante une conquête récente sur laquelle reposait plus d'un espoir, la matière médicale Q%iura cependant rien perdu : l'évidence des faits place le bromure de potassium parmi les ageots les plus énergiques et les plus spéciaux de ia médication stupéfiante. § ï. -- ACTION PaYSIOLOGÎQUE DO BROMURE DE POTASSIUM. Phénomènes géî(éraux (i), — Noua allons décrire, dans leor ordre de succession autant que possible, une série de phénomènes tantôt isolfe, tantôt réunis, mais dont l'ensemble caractérise nettement la place que doit occuper le bromure de potassium dans ta matièi*e médicale. (1) Le bromure de potatôium fut admiaisiré aux doecs quotidienoës de 2^ A et 6 grammes. Les malades te prenaient en ditisoluUa» dans une potion gom- tneuse ou dans un pot de tisane. L«s doses étaient ensuite progressivement perlées à, lo, i5, 20 grammes, à partir du buaième ou du disiième jour du uaitfmcnl. 2X La c^hatatgîe est l'un Aef> prea^j'^rs effets produits : parfois on la con- state dès W. deuxième jour du liaitcmout, quand ka msiades ne prennent encore que b grammes par jour ; aiais elle s«i déclare ordinairemetit du quatrième au septième jour, et iorsqu'oa est arrivé aux do-ses de 10 à 15 grammes. Elle n'a rien de commun avec la céphalalgie iodique. Cette der- nière, on le sait, siège dans les sinus frontaux ; elle est caractérisée par des élancements douloureux, et s'accompagne d'injection de la conjonctive, de larnioieoieot et de coryza. Pendant la durée de cet état, une lumière trop vive blesse la vue, le moindre bruit impressionne désagréablement l'o- reille, eofiD, la susceptibilité de tous les sens est accrue; souvent une clia.- leur brûlante de la peau, et une véritable Gèvre s'ajoutent à ces accidents. La céplialalgîe produite par le bromure ne présente rim de semblable; pas d'élancements, ni de larmoiement, ni dea>ryza; la tête est lourde, les ma^ lades éprouvent on sentiment de pression continue qu'ils rapportent au front «taux tempes; s'ils se lèvent, ils oet des élourdibsenients; l'oeil est morne, le regard sans animation, la physionomie hébétée ; des réponses lentes annoncent l'aflaiblissemcnt de rintelligeiice, rincerlilude de la vo- lonté. C'est là le premier degré île cet état de stupeur dans lequel tombent rapidement les individus qui prolongent remploi du bromure à doses éle- vées. Quelquefois I! y a des vertiges, cl renscroble de cet état général rap- pelle assez bien ie premier degré di^s lièvres typhoïdes ; au lieu de Gèvre, on constate alors un abaissement considérable du pouls ; nous avons quel- quefois trouvé seulement de 40 à liB pulsations. Dès qu'on cesse l'emploi du médicament, tous ces effets se dissipent ra- pidement. Les purgatifs accélèrent le retour à l'état normal; aussi, dès que les malades accusent une céphalalgie un peu intense, leur prescrit-on une bouteille d'eau de Sedlitz; à la faveur de cet évacuant et de quelques jours de repos, on peut ensuite recommencer le trailemeol, et le plus souvent le conduire à bonne fin, sans nouvelle interruption. Après la céphalalgie vient V assoupissement; une sojnnolence continuelle s'empare des malades; leur sommeil, ordinairement calme, esi quelquefois agité par des rêvasseries. C'est, en moyenne, du dixième au quinzième jour qu'on observe ces différents troubles, quand les malades ont absorbé, depuis le commencement du liaiiement, 100 a 160 grammes de bromure. Cependant l'assoupissement et les vertiges sont aussi survenus du trentième au cinquante- troisième jour, et sous rinfluence d'une dose totale variant entre 135 et 420 grammes; ces dliféirences paraissent dépendre de l'idio- syncrasie des sujets. T-pg malades se plaignent quelquefois d'une sensa- 22 lion de froid qui envahit plus spécialemeol les jambes, ies cuisses elles bras. A un degré plus avancé de cet élat d'ivresse, les jdéos se troublent, la propension au sommeil est plus impérieuse. Quelques excilatioifij extérieures arrachent-elles les malades à celle stupeur, des paroies incohérentes ac- compagnées d'un sourire hébêlé s'échappent de leurs lèvres enlr'ouverles ; leur physionomie exprime celte satisfaction slupide qui caractérise le visage des idiots, puis leur tête retombe lourdement sur Poreiller, et le sommeil met bientôt fin à la fatigue de ce réveil momentané. D'autres fois, mais rarement, il y a une sorte d'agitation et une loquacité qui revêlent plutôt une inquiétude vague qu'une surexcitation nerveuse réelle. En apportant quelque attention dans l'étude de ce délire, on peut facilement se convain- cre qu'il ne piésente aucun des éléments qui caractérisent l'agitation ma- niaque et souvent furieuse causée par les solanéos vireuses. Un seul malade nous présenta des hallucinalions de la vue, de l'ouïe et du toucher : il se plaignait d'entendre des voix la nuit, et le matin nous montrait entre ses doigts, qui ne tenaient rien, une prétendue épingle avec laquelle on le pi- quait; cet état persista pendant huit jours. Des purgatifs furent adminis- trés, et le retour à la santé ne se lit pas longtemps attendre. Ces accidents divers précèdent et souvent accompagnent une perlurba- Jion caractérisée par des lésions du mouvement et de la sensibilité générale. La force musculaire est rapidement prostrée, les membres abdo- minaux fléchissent sous le poids du corps; la démarche est vacillante, et les individus n« se dirigent qu'en prenant souvent un point d'appui sur les objets environnants. Cette faiblesse est ordinairement en rapport avec la durée du Iraileiflent et proportionnée aux quantités de bromure ingérées. Nous l'avons constatée une fois vers le sixième jour ; mais dans la grande majorité des cas, elle ne se manifeste que beaucoup plus tard, et sous l'in- fluence longtemps prolongée des plus hautes doses. Pendant que la puissance musculaire diminue peu à peu, la sensibilité générale s'émousse. Chez quelques malades, elle fut assez abolie pour faire croire que le bromure de potassium serait un agent aneslhésique de plus. lin fait hors de doute est qu'il modifie quelquefois la sensibilité, de manière à 1 endre lolérables des irrilations qui causeraient de vives douleurs aux su- jets non soumis h son irifiuence. Nous avons vu certains malades qu'on pou- vait pincor. piijucr avec une aiguille sans délerminer la moindre souffrance. ,^t, Rames, noire collègue, a relaté dans sa thèse les observations circon- «Unciées de oos cas curieux. Mais hâtons-nous de dire que celte espèce 23 d'aneslhésie est Irès-rare ; au contraire, nous avons vu le plus souvent que la sensibilité à la douleur n'était pas amortie, bien que l'action générale du bromure ftU portée à son maximum d'intensité. Or, si Ton songe que pour avoir chance d'obtenir un effet si rare , il faut porter le médicament à des doses (20 ou 30 grammes) qui provoquent constamment les accidents que nous venons d'énumérer, la prudence empêchera toujours les praticiens de rechercher une sensibilité douteuse, au prix de perturbations inévitables, et qui ne sont point sans danger. Cependant, si le bromure doit être pro- scrit et ne peut remplacer le chloroforme dans la pratique des opérations chirurgicales, nous aurons occasion de signaler plus loin les cas spéciaux dans lesquels il peut rendre quelques services à la médecine opératoire. Au milieu des effets si variés qui révèlent un trouble profond dans les phénomènes de la vie de relation, la plupart des fonctions ae la vie organi- que jouissent d'une immunité complète el semblent échapper à l'action stu- péliantedu bromure. Tous les accidents généraux que nous venons de décrire ne s'enchaînent et ne se succèdent pas toujours ainsi, nous le répétons, lieur intensité plus ou moins prononcée semble subordonnée aux idiosyucrasies individuelles. Certaines constitution-; sont entièrement réfractaires aux effets du bromure ; 12 fois sur 70 le médicament ne produisit aucun effet physiologique appré- ciable. Mais dans les cas où nous avons constaté cette absence de résultats, le traitement n'avait été suivi que pendant onze jours, aux doses quoti- diennes de 5 à 10 grammes. Étudions les effets spéciaux du bromure de potassium sur quelques ap- pareils de l'économie animale. ACTION SUR LES VOIES DIOESTIVKS. Une saveur amère et salée, analogue à celle de l'iodure de potassium, unrt sensation d'âcreté dans le pharynx et de clialeui' à restomac, quelquefois de fraîcheur, tels sont les effets qui se manifestent au moment de l'inges- tion du bromure dans les voies digeslives. Dès les premiers jours, l'appétit est rapidement éveillé, et l'exigence de la faim se soutient pendant toute la durée du traitement. La constipation est presque constante et fréquem- ment assez opiniâtre pour nécessiter l'administration de purgatifs légers; les digestions sont eu général faciles el exemptes de coliques. Nous n'avons observé de phénomène d'irritation que dans le cas où la dose du médica- ment avait été brusquement élevée ; alors les accidents ne se fout pas lojig- lemps attendre : c'est ainsi que des amygdalites, desérylhèmes de la gorge, /■ •A i*-^^' 24 des gengivites se développèrent du premier au cinquième jour, quand le bromure ingéré fut porté rapidement de 10 à 25 grammes. Sur tiQ relevé de soixante-dix obserbations, nous n'avons constaté que cinq fois de la gastralgie, des coliques et de la diarrhée. En dehors de ces cinq cas nous n'avons jamais obtenu d'autres accidents du côté des voies digestives, sinon la constipation. S'il était nécessaire de justifier celte assertion, nous rapporterions ce qui se passa, dans le courant de janvier 1850, à l'hôpital du Midi. Les ma- lades de plusieurs salles furent tout à coup et simultanément pris de coli- ques accompagnées d'évacuations alvines ; ce dérangement dura trois jours. Xes indi\idus qui se trouvaient alors traités par le bromure échappèrent seuls à ce-3 accidents. ACTION SDR LE PHARYNX CT LE VOU.S DO PALAIS. X'un des efîets les plus singuliers et les plus prompts du bromure est celui qu'il produit, même à faible dose, sur le voile du palais et le pharynx. Souvent, dès le second jour , une insensibilité qui persistera pendant toute la durée du traitement se manifeste dans cette région ; elle est si profonde et si complète, qu'elle permelde porter le doigtjusqu'à la base de la langue, de loucher les amygdales, la paroi postérienre du pharynx , de titiller la luette sans provoquer de nausées, ni de vomisf^eroents, ni de mouvements de déglutition. Celle aneslbésie toute locale ne mérile-l-e!le pas d'attirer l'atleution dea chirurgiens ? Son siège et sa persistance semblent la rendre préférable à celle qu'on obtient par le chloroforme, lorsqu'il s'agit d'opé- rations délicates et de longue durée, comme la staphyloraphie, l'ablation des amygdales, l'enlèvement de polypes du pharynx et des fosses nasales, toutes opérations qui exigent le concours docile et intelligent des patients. Celle question réclame de nouvelles recherches; car, d'une part, nous ignorons si la division des parties insensibles au toucher ne causerait pas de douleur, et, d'autre part, il reste à constater si la glotte ne serait pas elle- même frappée de stupeur, et par conséquent hors d'état d'indiquer le pas- sage du sang dans la trachée. Ces phénomènes sont d'un grand intérêt physiologique; des expériences multipliées , minutieuses et dirigées avec une méthode que ne comporte guère l'observation clinique des malades, pourraient seules nous révéler la cause de celte action. Nous nous proposons de faire ultérieurement, dans ce but, quelques recherches avec la collaboration de notre ami M. le doc- teur CI. Bernard. \^\ * -, '* ■* ■ .;"--i5:3A>vv !»• \ ■<:•. 25 ACTION SUR LES ORGANES GINÎTAUX. On sait que tous les individus soumis à l'iodure de potassium pour des alTeclioDS autres que les dégénérescences du testicule, sont sujets à des érections toujours faciles et souvent importunes. Au contraire, cliez ceux qui prennent du bromure, même à faible dose, les organes génitaux parti- cipent bientôt de la torpeur générale de Téconomie, et les érections qu'on observe fréquemment le matin, à Tétat normal, ne se manifestent plus. Un malade, aujourd'hui couché salie 8, n" ô , malheureusement doué d'une imagination inquiète, était tourmenté par des pollutions nocturnes qu1l regardait comme la cause de ses infirmités. On lui administra le bromure à la dose de un gramme par jour, et le troisième jour du traitement il de- vançait nos questions en annonçant avec joie que depuis son entrée à Tbô- pital ses crises avaient cessé. Nous devons dire que tous ne se félicitèrent point au même titre de cet assoupissement de Torgane vénérien. Quelques- uns sortis de nos salles, et encore sous TinQuence du médicament, eurent le chagrin d'avoir à lui reprocher, au milieu de circonstances impérieuses , une paresse intempestive des organes génitaux et des mécomptes, sans exemple dans leur passé. Celte action stupéfiante ne persiste pas; elle di- minue graduellement, et après quelques jours de repos, la puissance géni- tale a repris son énergie première. N'y aurait-il pas là quelque indication thérapeutique? Nous pensons que le bromure de potassium serait employé avec succès dans ces urétriles dites cordées, contre lesquelles les opiacés et le camphre sont trop fré- quemment inefficaces. Ne pourrait-on pas l'utiliser pour modérer des érec- tions opiniâtres et une susceptibilité nerveuse , contre lesquelles écboue* raient les narcotiques et les antispasmodiques? De plus, il est probable qu'il triompheraitdesperles séminales qui, suivantM. le docteur Lallemand, dépendent des contractions spasmodiques des vésicules; il aggraverait, au contraire, les pertes, qui survenant pendant les efforts de la défécation, peuvent être imputées au relâchement des tissus, à l'atonie des organes. ACTION SU& L'OBGANE OE U VUE. Les troubles produits sur l'organe de la vue sont de deux ordres : tes uns lafTectent dans ses fonctions spéciales, les autres dans sa vitalité même ; mais ceux-ci ne sont qu'une conséquence de l'action stupéfiante du médi- cament sur l'économie. Les premiers consistent dans un af&iblissement de la vue plus ou moins 26 prononcé ; les malades ne peuvent plus soutenir une lecture prolongée, les caractères trop fins les fatiguent. Bientôt ils ne distinguent nettement qu'à une courte distance. Un de nos malades vit double pendant quatre jours. Ces phénomènes d'ambliopie, rares et passagers, ne se manifestent que sur les individus qui sont soumis au bromure depuis un certain temps. Les vertiges, la céphalalgie sont leur cortège habituel. Nous ne reviendrons pas ici sur les hallucinations plus haut signalées ; elles se rattachent à la per- turbation générale des facultés intellectuelles. Les accidents du second ordre consistent dans une insensibilité plus ou moins marquée de la conjonctive scléroticale. Ce phénomène n'est pas constant. On l'observe surtout vers le quatrième jour du traitement, lors- que les malades prennent le bromure à la dose de 10 à 15 grammes dans les vingt-quatre heures. Cette insensibilité locale est parfois si complète, qu'une barbe de plume ou le doigt passé sur la conjonctive scléroticale ne déterminent aucune sensation pénible et ne provoquent pas le moindre clignotement delà pau- pière supérieure. Le plus digne de remarque, c'est que l'iris conserve ses mouvements et que la cornée transparente jeste très-impressionnable, bien qu'enchâssée dans un globe oculaire frappé d'insensibilité. Quand les corps étrangers qu'on promène ainsi sur la conjonctive viennent à loucher le pourtour de la cornée, les malades accusent de la douleur et rejettent vi- vement la tête en arrière. Il est probable que le svstème du grand sympa- lique échappe à l'action stupéfiante du bromure et que l'iris et la cornée reçoivent leur sensibilité des filets émanés du ganglion ophthalmique (nerfs iriens ganglionnaires). ACTION SCR l'organe DE L'ODÏB. Nous avons souvent observé une dureté notable de l'ouïe ; c'est ordi- nairement pendant la période d'assoupissement qu'elle se manifeste. Chez quelques malades qui prirent le bromure à la dose de 25 à 30 grammes, l'ouïe devint tellement obscure qu'on ne pouvait se faire entendre d'eux qu'en criant fort et près de leur oreille. Cette espèce de surdité est loin d'être constante; elle disparaît rapidement dès que les malades ne sont plus soumis au traitement. Nous n'avons pu constater si les sens de l'odorat et du goût étaient émoussés ou pervertis chez les malades que nous avons observés. En résumé, la prostration des forces, l'engourdissement des mouvements, la sensibilité générale plus ou moins abolie, les sensations spéciales éraous- 27 sées, rinlelligence affaiblie, le sens génital amorti, tels sont les effets qui nous ont engagé à classer le bromure de potassium parmi les agents les plus énergiques et les plus spéciaux de la médication slupéfianle. g II. — INEFFICACITÉ DC BROMURE DE POTASSIUM DANS LES AFFECTIONS SYPHILITIQUES. ACTION SDR LES ÉPIDIDYMITES ET LES URÉTRITES. Sur 27 cas d'épididymites traités par le bromure de potassium, nous avons constaté dix fois une exaspération des douleurs, quatre fois le passage de Tépididymile indolente à l'état aigu ; enfin trois malades sortirent avec des indurations de l'épididyme après un traitement dont la durée varie entre un mois et six semaines ; la guérison des autres fut plus ou moins rapide. Ajoutons que tous ces malades, indépendamment du bromure qu'ils prenaient, furent soumis au traitement habituel de ces sortes d'af- fections : sangsues, cataplasmes émollients, compression, emplâtre de Vigo, etc., etc., suivant la nature et la gravité des cas. Celte statistique, qui nous montre tantôt l'épididymite chronique rappelée à l'état aigu, tantôt l'état aigu suivi d'engorgement chronique et qui n'offre que de rares exemples de guérison, n'est pas faite pour encourager à traiter cette affection par le bromure de potassium. Cependant, entre des mains habiles, ce médicament peut encore rendre dos services. M. le docteur Puche l'emploie quelquefois pour tirer de leur indolence des épididymites anciennes, dont il favorise ensuite la résolution par un traitement efficace. Ce médicament ne paraît pas avoir une grande influence sur le cours des urélrites. Pendant les traitements nous avons souvent observé des écoule- ments plus abondants et purulents ; l'emploi du bromure serait peut-être motivé par certaines urétrites dites cordées, à cause des effets stupéûanta qu'il exerce sur les organes génitaux. ACTION SUR LES AFFECTIONS SECONDAIRES. Rien n'est plus contestable que l'efficacité du bromure de potassium dans les affections syphilitiques secondaires, Nous ne pouvons partager l'opinion d'Engehiiann, de Prieger, de Bode, qui attribuent au bromure de potassium et de sodium, contenu dans quelques eaux minérales d'Allemagne, les effets merveilleux qu'en éprouvent les malades affectés de syphilis constitution- nelle, avec accidents du côté de la peau. Nous pensons donc que c'est aux autres agents chimiques contenus dans ces eaux, et principalement aux iodures, que les malades sont redevables des guérisons rapides observées 28 par les pratidens ailemaods. Nos convictioDS â cet égard reposent sur des Taits dans lesquels PactioD isolée de ce niéâicanienl était maDii'estetnenl né- gative. II suffit, pour s^en convaincre, de jeter un coup d*œil sur les e^stralts d'observations que j'ai relatés & la fin de ce t)'%vail. Sur dix-neuf cas de syphilis, dont les symptômes révélaient TaiTection coDstitulionuelIe, ou vit douze fois le développement des manifestations se- condaires ou tertiaires. Ce forent soit des roséoles, des papules muqueuses, des engorgements ganglionnaires, des douleurs rhuœatoîdès. solldesexos- toses, des douleurs osléocopes, etc. Dans aucun cas le bromure n'exerça nm action résolutive sur les ganglions sympatliiques et symptomatiques d^affections vénénennes, tant récentes que secondaires ; très-souvent nous avons constaté sur nos malades Tengorgeroent des ganglions cervicaux Après un mois ou six semaine û^ traîtement, ACTION SUfi lES AFFKCTiONâ TSaTUUaCS, Les principaux symptômes observés sur les vénériens qui furent soumis à ce traitement consistaient en exostoses^ douleurs ostéocopes nocturnes, caries» tumeurs gommenses du cou, ulcérations de la gorge&dilTérents de- grés, etc. Or, chez aucun malade, on ne put constater la moindre amé« lioration, bien que le bromure ait été continué de trois semaines à deu^t mois. Chez quelques-uns les douleurs ostéocopesfurent exaspérées; chez d'autres elles ne furent apaisées que par Taction stupéfiante générale pro- duite par le médicament pris à haute dose. Ces insuccès devaient engager à renoncer au bromure ; on revint donc à Tiodure, qui, administré dans les mêmes cas, fît disparaître avec une merveilleuse rapidité tous les accidentii que nous venons d'énomérer, et produisit constamment ramélioratiou la pius manifeste dans la santé générale de nos malades. I/un d'eux, dont l'ob- servation a couiribué à former mon opinion sur ce sujet, était entré salle 8, D' 38, pour y être traité d'un testicule vénérien, datant de huit mois, d'oxostoses du temporal gauche, de douleurs ostéocopes nocturnes dans les tibias; après deux mois d'un traitement sans succès par le bromure, il fut soumis à Piodure le il juin et sortit guéri le 13 juillet. A l'appui de nos assertions, nous préciserons les faits suivants. Obs. I. — Papules muqueuses de l'anus, du scrotum, datant de trois mots ; roséole papuleuse du tronc datant de trois mois ; ganglioo cervical supérieur droit datant de quinze jours* Traitement du 16 février au SJi mars. 29 L» roséole passe le 2.'i mars à TéUtt de psoriasb, et le malade sort non guéri. Oss. II. — Chancres iadurés datant de quatre mois; roséole papaleuse datant d'un mois et demi ; gaugltons inguinaux engorgés ; ganglion cervical supé- rieur tré.vvoiumineux. Traitement du 2 mars au 31 avril Alopécie; douleurs articulaires le ift uvril ; roséole plus vive le 20. Ofi&IIIr — Cbancre pbagédénique à circonférence indurée; pas de ganglions cervtcaox; gonûement inguinal gauche. Traitement du 3 février au 21 noars. Le il février, apparition des ganglions cervicaux ; le 14 mars, douleurs arti- cakires trés-vtves. Obs, Vf, — Sypbilides pustulo-crustacées ; ulcérations tertiaires du pha- rynx. Traitement du 22 novembre au âi décembre. Pendant îe traitement, douleurs articulaires, exostoses de ta partie inférieure du cubitus. Ofis. V, —' Chancres indurés de l'impasse du prépuce ; ganglions cervicaux engorgés. Au cinquième Jour du traitement, apparition de papules muqueuses à la marge de l'anus. Obs. VI. — Papuies muqueuses végétantes du scrotum et du pi! génito^cru- ral dataot de deux mois; papules muqueuses végétantes de l'anus datant de quinze Jonrs; roséole papoleuse du tronc; pléiades inguinales; ganglion cer> vical supérieur gauche engorgé ; papules muqueuses végétantes des deux pi- liers do voile du palais. Au dix-oeuviéme jour du traitement, douleurs dans les membres inférieurs. Le malade sort, après un mois de traitement, sans amélioration dans son état. O&s. VII. — Chancres superliciels de l'impasse du prépuce ; roséole du tronc ; pléiades inguinales ; ganglions cervicaux; plaques muqueuses sur les piliers du vfHie du palais. Traitement du 27 février au 26 mat Pendant ce temps, apparition de psoriasis sur les membres, douleurs dans les meu)bres inférieurs. Le malade sort le 26 mai et rentre le V" juillet avec de nouvelles papules, une roséole conQueute, des engorgements des ganglions et cervicaux, symptômes qui doivent être rattachés 4 la première <>tIectioo. Trailemenl mercuriei. Guérison en six semaines. Obs. Vin. — Chancres indurés de l'impasse du prépuce datant de deux mois ; f ftngiions inguinaux engorgés j pas de ganglioas cervicaux. 30 Trailé par le bromure <1u 4 mars au 23 avril; le 11 mars, apparition d'une roséole. Obs. IX. — Chancre du prépuce ; ecthyma sur les membres abdominaux ; ganglion mastoïdien droit ; douleurs dans les jambes. Traité par le bromure du 7 janvier au 16 février. Herpès de la face interne et inférieure des cuisses; herpès de la même nature au bras. Le 16 février, roideur ei douleurs des articulations des membres infé- rieurs. Le malade sort non guéri. Obs. X. — Papules muqueuses trés-volumineuses de la marge de l'anus, du scrotum et du voile du palais; ganglions inguinaux cl cervicaux irès-turaé- fiés. Traité par le bromure du IB mars au 3 mai. Apparition d'une roséole après le traitement. Sort non guéri le 14 mai. Obs, XI. — Chancres superficiels indurés de l'impasse du prépuce: pléiade inguinale; pas de ganglions cervicaux; céphalalgie. Traité par le bromure du 3 février au 14 mars. Pityriasis capilis ; céphalalgies plus vives. Il serait superflu de multiplier davantage les observations de ce genre ; ce qui précède ne démontre que trop rinefficacité du bromure de potas- sium dans les affections tertiaires de la syphilis. Les assertions que nous avançons reposent sur une statistique assez riche pour dissiper les doutes que pourrait faire naître l'absence de documents complets sur les propriétés du bromure de potassium ; la valeur négative des résultats que nous avons rapportés n'est donc pas à dédaigner. Si la thérapeutique enregistrait avec un empressement égal ses échecs et ses succès, elle épargnerait peut-être à la pratique de l'art une persévérance déplorable dans bien des erreurs dont le point de départ fut riDducUon. HISTOIRE ET SYSTÉMATISATION GÉNÉRALE DE LA PHYSIOLOGIE. Mémoire préi;enlc- à la Société de Biologie, le 8 juin 1850, PAR M. LE Docteur L.-A. SECOND, Secrétaire de la Société, bibliothécaire à l'ÉcoIe-de-Médecine. Quand on observe la marche de l'esprit humain dans la conceptioD hié- rarchique des idées scientiflques, on le voit, à mesure qu'il arrive aux no- lions les plus complexes, lutter de plus en plus entre ses tendances réelles et l'esprit théologico-métaphysique ; mais, par suite de l'accomplissement de son évolution normale, les êtres surnaturels et les entités cèdent peu à peu le terrain et sont finalement culbutés par l'avènement fatal des idées jtositives. Tel est, quant à cette dernière phase, l'aspect caractéristique de la biologie se dégageant à peine des dernières entraves de la métaphysique. Dans cette dernière science, comme dans les autres parties de la philoso- 32 phie nalnrelle, certains points ont pu de bonne heure recevoir un premier degré de positivilé. Dans mon précédent travail sur Thistoire et la méthode de l'anatomie (1), on a pu voir comment, au point de vue statique, la sim- ple observation directe avait, dès le grand Aristole, suscité une première co- ordinatioa des animaux basée sur des caractères de conformation extérieure et intérieure. Mais pour étudier les êtres vivants au point de vue dynamique, Pesprit humain avait besoin d'une préparation préliminaire plus étendue ; et ce n'est qu'après l'établissement de la physique et de la chimie que, pro- fitant des procédés logiques émanés de ces dernières sciences, la physiologie elle-même pouvait se constituer. f^a simple contemplation directe, dans les phénomènes biologiques, ne pouvait conduire qu'à des notions élémentaires de dynamique animale. Quand on fait de nos jours remonter l'histoire de la physiologie aux temps qui ont précédé ou suivi de près la fondation de l'école d'Alexandrie, c''est qu'on veut comprendre, dans cette révision du passé, les théories méta- physiques de l'antiquité sur la vie ou sur certaines expériences résultées le plus souvent du hasard. Il manquait à la raison humaine, pour explorer les phénomènes complexes de la vie, deux procédés d'observation : l'expéri- mentation et la comparaison. C'est dans l'étude des phénomènes physiques que devait se développer au plus haut degré le procédé expérimental; aussi peut-on dire que, dès les belles expériences de Gahlée, date aussi bien l'éta- blissement de la physique que le commencement de la physiologie posi- tive. C'est dune à partir de celte mémorable époque qu'il faut rechercher les principaux éléments d'une systématisation ultérieure de la biologie. L'examen historique que je dois faire va porter sur les éléments fonda- mentaux de la systématisation et sur la systématisation elle-même. On doit concevoir que la recherche minutieuse de la série des découvertes effectuées sur chaque question parlicuHère de physiologie, loin d'être utile à l'objet de mon travail, ne ferait que le surcharger de documents secondaires. Tout, dans une science, n'a pas le même degré d'importance et de généralité ; c'est en confondant des points de vue très-distincts que beaucoup d'histo- riens de la science ont malheureusement accolé dans les mêmes apprécia- lions des travaux d'un ordre bien différent et des observateurs d'un inégal mérite. La faveur obtenue par ces narrateurs n'a que trop dépendu de ce régime moderne dans lequel les découvertes machinales ont souvent plus (1) Mkmoirei» oe lA Société de biologie, J" année, 1849, p. 13. 33 de succès que les coordinations les plus essenlielles. Mais il suffit aujour- d'hui de signaler de pareilles anomalies à la génération scientifique nais- sante pour qu'elle en soit préservée. Cette exposition générale ne peut dispenser, dans tous les cas, de la re- cherche délicate des progrès successifs effectués pour chaque question particulière de physiologie ; il est au contraire facile de prouver la grande efficacité de cet ordre de notions historiques dans renseignement de cetto science. La grande complexité des phénomènes s'oppose bien souvent aux succès de l'éducation scientifique; et à beaucoup d'égards, on comprend combien l'histoire précise de l'évolution positive d'une théorie peut offrir d'intérêt pour sa vulgarisation. En considérant la profonde inégalité intel- lectuelle et morale des individus, il faut prévoir qu'un professeur, malgré son mérite, sera compris à des degrés Irès-variés dans une théorie exposée avec son entier développement. Un auditoire, en un mot, ne peut être com- posé d'individus appartenant tous à leur siècle, dès lors on conçoit tout l'avantage qu'on peut retirer dans l'enseignement de l'exposition historique d'une question, prise aux diversesépoques de son évolution posiliveel offrant;! chaque progrès un développement nouveau. Du reste, quel que soit le de- gré d'intensité de rotre esprit, on peut assurer que, pour la conception d'une idée, rien n'est plus propre à dresser notre intelligence que l'aspect des degrés successifs de maturité acquis par la raison humaine dans tout problème d'une certaine complexité ; et de même que l'humanité a conçu l'espace avant de concevoir les corps, marche rationnelle qu'il est néces- saire de suivre dans toute éducation scientifique, de même, dans If s no- tions particulières, la raison humaine a passé par divers degrés de simpli- cité qu'il est indispensable de parcourir pour que toute intelligence puisse, à un degré quelconque, se les approprier. L'esprit philosophique qui domine toute opération historique doit être essentiellement pris en considération. Il est certain que le peu de cas que beaucoup d'esprits paraissent faire de la méthode historique dans les sciences vient précisément d'un mauvais emploi de l'histoire elle-même. Quel exemple plus caractéristique à citer, à cet égard, que cette Histoire DES SCIENCES, publiéc il y a peu d'années par le dernier penseur de la bio- logie, etdans laquelle le choix des typesesl dirigé d'après une déplorable ré- trogradation théologique; par quelle étrange aberration, dans notre siècle, l'histoire du réel, du précis, du positif, peut-elle être conduite parla philo- sophie du chimérique du vague et du fictif I Cette observation est aussi ca- pitale pour l'histoire générale de la biologie que pour l'examen particulier 3 34 des notions secondaires, et le rôle important que j'essayais plus haut d'assi- gner à l'histoire dans l'enseignement des sciences, deviendrait très-préju- diciable, si les diverses phases d'une question se trouvaient ainsi caractéri- sées par de mauvais types. Le succès d'un tel procédé dépend surtout de la vraie conception théorique du passé, et ce n'est que d après l'histoire de l'humanité considérée dans ses divers modes d'existence, qu'il faut régler l'histoire particulière des sciences, condition qui ne pouvait être remplie avant que Hume. Adam,Srailh, Dunoyer, eussent exposé la loi d'activité humaine, et Auguste Comte les lois de l'évolution inteliectuelle de l'huma- nité. C'est en se subordonnant à cette direction générale que l'histoire des sciences peut, soit pour la construction, soit pour l'enseignement, jouer un rôle très étendu. Pour éviter la confusion que je reprochais plus haut h beaucoup d'histo- riens, il faut, dans l'exposition que j'entreprends, établir une distinction nette des parties de la physiologie, pour ne pas mettre en parallèle des do- cuments hétérogènes. En soumettant la physiologie aux mêmes principes qui m'ont dirigé pour la systématisation de l'anatomie, il faut y considérer trois parties : la première, correspondant à l'anatomie générale et embras- sant l'étude physiologique des éléments, des tissus et des systèmes; la se- conde, parallèle à Tétude des organes, comprenant les phénomènes des fonctions; la troisième, enfin, instituant au point de vue dynamique les démonstrations nouvelles que j'ai caractérisées déjà dans la statique par l'élude des relations analomiques des appareils qui, en physiologie, com- prendra l'examen des résultats plus ou moins généraux de la vie. En un rnol, les trois degrés de l'analyse physiologique sont : les propriétés géné- rales, les fonctions et les résultats. Je. commencerai donc par examiner très-rapidement ce que le passé nous a fourni pour la constitution de ces divers degrés; j'étudierai ensuite les documents plus généraux relatifs à la systématisation physiologique. L'utilité de celte distinction étant dès à pré- sent sentie, je vais d'abord parcourir le développement successif des trois parties de la physiologie, d'après l'ordre analytique de la méthode objective, tne réservant de signaler, à la fin de ce travail, l'importante réforme qui doit consister aujourd'hui à introduire dans la biologie, d'une manière sys- tématique, l'emploi de ta méthode subjective surtout résultée de la connais- sance du dernier terme de la série des sciences, ce qui permet aujourd'hui l'usage combiné des deux méthodes, la première fournie par la cosmologie, la seconde par la sociologie. Les difficultés qu"a naturellement présentées l'analyse anatomique ont, par 35 suite, retardé la vraie conceptiou de la physiologie générale ; l'analyse des propriétés devait se subordonner à l'étude préalable des éléments des tissus et des systèmes. Bien que dès le grand Aristote on commence à indiquer le vrai préliminaire de l'anatomie, par la division des parties en similaires et dissimilaires, bien que du temps de Haller on comprenne la généralité de rétude de la libre et de certains tissus, on a vu cependant que la véritable systématisation de l'anatomie générale a été eiïectuée par Bicbat. C'est aussi à partir de ce grand biologiste que se manifestent les germes de la physiologie générale, bien que, avant Bichat, on eût également étudié certaines propriétés de tissu. Mais l'idée féconde des propriétés de tissu^ qui n'est dans Bichat qu'un amendement à l'animisme de Stahl ou au vita- lisme de Barthez, doit devenir le fondement de la physiologie générale et provoquer finalement la substitution des idées de propriété à toutes les idées de force. On peut assurer que Bichat lui-même, sans une mort préma- turée, aurait complété cette absorption définitive de l'ontologie et de la métaphysique. Mais depuis l'apparition du Traité d'anatomie générale, aucune tenlalive sérieuse de ce genre n'a été faite; le terraiù de la phy- siologie générale n'a reçu que des améliorations partielles, sans se consti- tuer dans son ensemble, et la situation provisoire de Bichat est acceptée comme déflnitive. Aujourd'hui que, par le perfectionnement des procédés d'observation directe, l'anatomie générale peut enfin s'organiser, le plan de la physiologie se trouvera naturellement tracé. Pour le moment, la plus grande indécision se remarque dans ceux môme qui travaillent directement à cette partie de la physiologie. Un cas très-caractéristique est celui de Tiedemann qui, sousle titre de Physiologie générale, publie un traité sur le procédé comparatif dans l'étude des fonctions. Il est très-vrai que la cozaparaison est de hature à fournir un certain degré de généralité à la notion de digestion, de r expiration, de génération, etc. Mais il faut dire à Tiedemann, avec Bichat : « Quand vous voulez connaître les propriétés et la vie d'un organe, il faut absolument le décomposer; » et alors seulement on fait de la physiologie générale, tandis que Tiedemann ne fait que des généralités sur les fonctions. Un cas plus curieux et entièrement réciproque est celui de Blainville, qui, pensant étudier les phénomènes des fondions, construit la véritable physiologie des systèmes. Cette dernière confusion, très-intéressante à vérifier, sera examinée plus loin à l'occasion du plan de cet éminent biologiste. En résumé, quelles que soient les tendances actuelles pour changer un tel état de choses, il faut reconnaître que nous manquons d'une analyse 36 précise des propriétés générales des corps vivants. Les propriétés phy- siologiques des éléments sont encore vaguement indiquées par les der- niers micrographes; celies des tissus sont au point où los a laissées Bichat, car la critique négative dirigée cuntre lui n'a rien remplacé jus- qu'à présent; enfin la physiologie des systèmes a été parfaitement ébau- chée par Blainville, sans que néanmoins ce dernier ait etTectué sciem- ment un tel progrès, circonstance qui a nécessairement nui à reilicacité de cette construction partielle. Tel est Télat actuel de la physiologie gé- nérale ; telles sont les données qui doivent servir à sa constitution, du moment où des esprits posilil's, convenablement préparés, voudront l'entre- prendre. La seconde partie de la physiologie, correspondant à l'anatomie des or- ganes, a suivi leur destinée, et de même que l'anatomie des organes a été plus largement cultivée jusqu'ici que celle des tissus, à cause des obser- vations plus faciles et plus précises dont elle est l'objet, de même la phy- siologie des fonctions a reçu le plus grand développement, bien que la mé- thode qui dirige encore celte étude soit ou indéterminée ou routinière. Ce développement parallèle de l'anatomie et de la physiologie se précise en- core davantage quand on voil qu'à ces deux points de vue ce sont d'abord les faits les mieux tranchés qui ont le plus exciîé l'attention des observa- teurs. Depuis !a révolution anatomique de Vésale, les oiganes de la vie ani- male ont été particulièrement étudiés , et l'art des classifications et la chi- rurgie n'ont que trop maintenu la prépondérance de cotte étude, de ma- nière à masquer la vraie dépendance envers les organes de la vie végétative. C'est aussi dans les problèmes physiologiques correspondants qu'on s'est d'abord exercé ; mais les obstacles n'ont pas tardé à entraver ce mouve- ment prématuré de la physiologie. Aujourd'hui que la subordination de l'animalité à la végétalité est mieux sentie, on peut déjà noter dans les re- cherches relatives à la vie organique un degré de positivité bien mieux ca- ractérisé que dans tous les travaux résultés de l'exploration directe des phé- nomènes de la vie de relation. La culture précoce des parties les plus com- plexes a eu le grand avantage de distinguer la vie animale de la vie organique, comme se rattachant à des propriétés d'un ordre plus élevé, de la même manière que la culture isolée des phénomènes intellectuels et moraux a contribué à mieux établir les derniers prolongements de la physiologie des fooctions. Mais aujourd'hui que ces différentes parties sont convenable- ment préparées pour leur culture définitive, il faut se hâter de reconnaître la véritable subordination des fonctions pour ne pas poursuivre prématuré- 37 menl des recherches dont le succès dépend entièremenl de PétaWissement préalable de notions plus générales. La marche que je viens d'indiquer, plaçant les expérimentateurs dans la véritable voie, a déjà permis d'atteindre, pour les phénomènes préUminaires du mouvement de composition, un degré de posilivité remarquable, et tous les travaux importants effectués sur les fonctions de Tinlestin, depuis Réaumur et l'abbé Spallanzani jusqu'à notre collègne M. Cl. Bernard, composent un ensemble de précieux renseignements très-propre à démontrer les lois fondamentales de la vie organique. Quant aux phénomènes généraux de la circulation, leur théorie positive a suivi de près les belles expériences de Galilée au seizième siècle. Ilarvey ne fit pas seulement cette grande décou- verte : il commença en outre à porter dans Tétude de la génération des vues plus précises. Cependant, malgré son exemple et celui de Haller, les forces plastiques et les vaines recherches sur les générations spontanées embarrassent encore cette grande question, et nuisent au développement des travaux plus positifs entrepris sur l'ovologie et l'embryologie. Si de la vie végétative on passe à la vie animale, bien que les phénomè- nes de celle-ci soient mieux tranchés, bien qu'on ait employé à leur ex- ploration des procédés plus nombreux, cependant on y trouve encore un degré inférieur de précision. Les sens n'ont été appréciés qu'au point de vue hiérarchique, et leur degré réciproque de généralité est senti depuis le grand Boerhaave. Quant aux explications données à propos de la fonction de chacun d'eux, on doit, à part quelques idées nettes sur le siège de la sensation, écarter un grand nombre de faits que l'insuffîsante préparation (les observateurs a maladroitement accumulés, et dans lesquels on ne sau- rait trouver, entre les phénomènes mécaniques et physiologiques, la com- binaison nécessaire qui doit caractériser cet ensemble de recherches. Restent pour celte section les phénomènes d'innervation qui, par le vague actuel sur les propriétés générales des tissus composants, offrent encore une grande obscurité, si ce n'est Tintéressante distinction établie par Charles Bell, et débarrassée aujourd'hui du caractère absolu qu'avaient voulu lui donner des observateurs superficiels. J'arrive en dernier lieu, pour la physiologie des fonctions, à l'analyse des phénomènes intellectuels et moraux , dont l'incorporation nouvelle aux études physiologiques doit être considérée comme une des plus importantes conquêles de notre siècle, celle qui a définitivement dépossédé les derniers et tristes représentants de la psychologie. Ce que le grand Descartes n'avait pu atteindre, ce que Cabanis même, 38 avec son émancipation , n'avait pu concevoir , malgré de méofiorables efforts, Gall eut la hardiesse de l'accomplir, et de lui date la première théo- rie physiologique sur les plus hautes fonctions de la vie. Quelle que soit l'iraperfectioû de cette théorie , tout fait excuser et admirer Gall : la diffi- culté du sujet, son élévation et Ténergie qu'il fallait dans une aussi auda- cieuse entreprise. Depuis Gall seulement, l'étude des fonctions peut être complète et s'étendre jusqu'à ses dernières attributions fondamentales. Quant à la méthode qn'ii convient d'y suivre, elle sera mieux précisée à propos de l'examen du pian de la systématisation générale. En abordant la couslitutiou de la troisième partie de la physiologie, consacrée à l'étude des résultats, je dois déQnir ce qu'il faut entendre par anatomie et physiologie des appareils. Ainsi que je l'ai établi, la partie préliminaire, en anatomie, étudie la décomposition d'un organe, afm d'en comprendre l'ensemble ; puis la notion des différents organes conduit à celle de l'appareil. Enfin l'étude des appareils mène à la notion de l'orga- nisme. Ces divers degrés correspondent exactement à l'analyse physiolo- gique, dans laquelle l'étude des propriétés doit expliquer l'action parlicu- lière des organes; puis l'action des organes doit conduire à la fonction ; eoGn l'étude des fonctions vient aboutir à la notion de la vie. J'ai pu établir que l'anatoraie des appareils n'existe pas, ou qu'elle s'est machinalement manifestée pai- quelques travaux de biotaxie dans lesquels la relation anato- niique des appareils élaol instinctivement sentie, on a conclu avec bonheur de certaines parties secondaires d'un organisme à tout un système d'orga- nes, sans appuyer cela sur autre chose qu'une certaine routine. Les pré- tendus tours de lorce exécutés ainsi en paléontologie n'ont été que de purs artifices pialiques, sans aucun fondement scientifique. Kn dehors de ses vues incohérentes, ilfaul citer l'éminent Biainville, qui, soit dans la fonda* lion philosophique de la série animale, soit dans le cours de paléontologie professé, il y a peu d'années, à la Sorbonne, a manifesté un profond seuli- Kient de la relation anatomique des appareils, bien qu'il n'ait laissé à cet égard aucune trace de systématisation. L'anatomie des appareils comme elle existe dans nos traité» n'est que la siraple anatomie des organes dans laquelle, depuis Bicbal, on n'a introduit aucun perfectionnement. La fondation nouvelle de l'analomie des appareils doit servir parallèlement de guide pour mesurer le vrai terrain de la phy- siologie des résultats. Lorsque dans les ouvrages actuels on a décomposé une fonction en ses diiïérenles actions composantes et qu'on reprend en- suite la fonction de l'ensemble, on fait la physiologie d'un appareil; mais 39 les fooctioDs ime fois établies isolément, il Tau l en étudier Tensemble en examinant successivement les relations vitales entre deux ou trois appareils de manière à saisir des résultats de plus en plus généraux, et finalement ia vie elle-même dont ia théorie, préalablement à toute recherche, aura élé établie subjectivement; car l'emploi isolé de la méthode objective entretien- drait le vague de la physiologie actuelle dont la plupart des recherches sonl instituées sans que Tobservateur sache jamais au juste ce qu'il veut obser- ver, et sans qu'il puisse déterminer le véritable but des recherches. Cette manière d'étudier les appareils n'est pas plus avancée en physiologie qu'en anatomie,et de même que la constitution actuelle ne permet pas de donner la démonstration d'une théorie sur l'organisme, de même l'isolement de cliaque phénomène de fonction ne permet pas de concevoir ia solution possijsledu problème de ïa vie. Cependant les rares tendances que ^ai si- gnalées à cet égard pour l'anatomie se sont également présentées en phy- siologie, et tandis que certains résultais généraux étaient étudiés à ia ma- nière d'une fonction et comme dépendants d'un appareil spécial, on com- mence aujourd'hui, soit pour les phénomènes de nutrition, soit pour les phénomènes de calorification, à sentir ia nécessité d'embrasser plusieurs fonctions pour arriver à la conception de ces résultats. Mais il y a loin de ces tendances élémentaires à une organisation compièle ; aussi puis -je assurer qu'en physiologie comme en anatomie, l'étude systématique des appareils est à faire. On conçoit que pour une telle fondation la méthode objective devait rester impuissante et qu elle devait tendre au contraire à prolonger l'étude isolée des fonctions ; aussi le besoin de l'anatomie et de la physiologie des appareils ne s'est il présenté à mon esprit que sous l'intluence préalable d'une théorie subjective sur l'organisme animal. Les différentes parties du domaine de la physiologie étant ainsi déter- niinées, il devient dès à présent possible d'y porter de grands perfectionne- ments. Celte première partie de l'exposition va maintenant me permettre de donner une juste appréciation des divers plans effectués jusqu'à ce jour sur l'ensemble de la physiologie. 1,'institution d'un plan de physiologie ne peut résulter que d'une théorie s\ibjcclive de la vie ; ce n'est que par la conception d'un ensemble qu'on peut arriver au classement des parties ; le tout est de faire, dans le momf ni, l'hypothèse la plus compatible avec l'ensemble des renseignements obte- nus ; logique naturelle dont l'humanité, dans tous les ordres de conception et à toutes les phases de son évolution mentale, nous donne le salutaire exemple. Une telle observation se trouve néanmoins fréquemment en défaut de nos jours, où la décomposition scientifique, suite du régime des spécialités, a produit tant de travaux précisément remarquables par un défaut complet de direction théorique. Pour les recherches particu- lières, cet état présente l'inconvénient de l'accumulation des observations inutiles, ce qui serait déjà très-grave, sans l'inconvénient beaucoup plus grave qui en résulte pour la méthode. En général, on se contente aujour- d'hui, dans nos traités, d'une théorie sur la fonction, ce qui sert à établir le plan des actes concourant à une fonction. Mais l'impuissance mentale à l'égard d'une théorie sur la vie fait que la majorité des auteurs ne com- prend pas, pour le classement des fonctions, les avantages de tel plan plu- tôt que de tel autre, ce qui constitue une véritable déclaration d'incompé- tence pour la conception des phénomènes généraux de la vie. Aucun de ces auteurs ne consentirait en effet à commencer l'histoire delà digestion par les phénomènes qui se passent dans le duodénum; mais les actes sont à la fonction ce que les fonctions sont à la vie; comment peuvent-ils alors se refuser à la nécessité logique de commencer par telle ou telle fonction. Si on admet qu'en entretenant tel ordre dans l'étude des actes on peut recu- ler de plus en plus la notion d'une fonction, il faut également admettre qu'en rejetant le classement des fonctions on doit paralyser le mouvement de la physiologie, en écartant indéfiniment la conception des résultats géné- raux de la vie.Quelleque soit, à cet égard, l'obstination des esprits spéciaux, on peut assurer que la génération nouvelle, à l'aide d'une meilleure édu- cation scientifique, punira par l'oubli les actes d'indifférence si marqués aujourd'hui pour les travaux de systématisation et qui tendent à prendre, dans beaucoup de cas, le caractère de la malveillance, abrités qu'ils sont par de hautes médiocrités. En abordant maintenant l'examen historique du plan de la physiologie, il faut signaler, comme un des types préliminaires qui se sont dessinés sous l'influence des opérations philosophiques de Descailes, l'illustre Boerhaave, qui, assistant aux belles découvertes de la physique et de la chimie de son siècle, chercha à concevoir, d'après elles, la santé et la maladie, et malgré les imperfections résultées du défaut de données sufTjsantes et de ré- flexions assez approfondies, conçut un plan très-judicieux de l'étude de l'homme. Considérant qu'il faut commencer par les choses les plus simples, les plus aisées à connaître et les plus certaines, en continuant par celles qui leur ressemblent le plus, et ainsi de suite, en allant avec ordre aux choses com- posées, obscures, difïiciles, Boerhaave établit qu'il faut d'abord étudier /il l'étal normal, puis la sanlé, puis la maladie, enfin les remèdes, et il déter- mine ainsi la marche logique par laquelle on va du général au particulier, du simple au composé , de Tindépendant au dépendant. Son précieux traité (1) commence par établir la science de l'état normal et anormal avant l'art de rhygiène et de la thérapeutique. Dans la partie théorique, les points de vue statique et dynamique sont liés, ce qui résulte du défaut de consis- tance qu'avaient ces deux parties de la biologie et de la difficulté où on était de saisir leur véritable caractère. Il est vrai que ce plan manifestait au moins le sentiment de la stricte dépeutlance du point de vue dynamique au point de vue statique, comme dans tous les ordres de phénomènes. Quant au classement de cette partie théorique, il se ressent du peu de cohérence qu'avaient les notions de physiologie à la On du dix-septième siècle et au commencement du dix-huitième; néanmoins, à part le défaut complet d'é- tudes sur les ]iropriétés générales et sur les résultats, Boerhaave sent très- bien la généralité des fonctions végétatives, en commençant par les fonctions de l'intestin. Viennent ensuite successivement la circulation, le cerveau, les glandes, la vessie, la locomotion, la nutrition, la peau et les organes des sens. Cette dernière partie est suivie de l'étude des sens internes, joie, tris- tesse, indifférence, faim, soif. Boerhaave place en outre dans celte catégo- rie les problèmes sur la métnoire, l'imagination, les passions, l'attention, la veille et le sommeil ; puis vient la respiration, la voix et la parole. Enfin il termine par la génération, comprenant l'étude de la se.mence. des men- strues et de la conception , qui elle-même se décompose en analyse des modifications principales de l'ovaire après !a fécondation et en phénomènes de l'œuf. Un tel plan pourrait à la rigueur supporter avantageusement le parallèle avec bien des traités modernes sur la physiologie des fonctions ; quant i l'esprit qui en dirigea les développements, il est, comme on sait, tout em- preint des conquêtes que la raison humaine avait accomplies sur le terrain de la physique et de la chimie; mais comme ces sciences, et la chimie en particulier, n'offraient pas assez de consistance pour concevoir une théorie positive, même bornée à la vie végétative, la doctrine de Boerhaave, par ses grandes lacunes, prêta le flanc aux attaques, et bientôt la métaphysique, par une réaction naturelle, se réinstalla brillamment sous l'animis-me de Stahl, et l'école physico-chimique fut réduite au rôle de critique. Mais par (1) Institdtioes MEDiCyK, I.cydc, !*0S. â2 le progrès inévitable de Pesprit positif, la coDception provisoire de Siabl commença à se transformer dans le principe vital de Barthez et Varchée de Van Helmunl; enfin le principal élément de sa dissolution définitive se manifesta dans Bichat par la transformation des entités en simples proprié' tés de tisHu, germe fécond de la physiologie générale. Bichat, servi par une riche collection de matériaux, à laquelle avait sur- tout coopéré le savant et judicieux Haller, et servi par les nouveaux prin- cipes de physiologie qui résultaient de la fondation de l'analomie générale, pouvait déjà concevoir le système de la physiologie ; car même pour l'étude des résultats, il était plus que qui que ce soit capable d'en concevoir Té- tiide, après le j.roioud sentiment de l'unité de la vie , qu'il avait si bien manifesté dans ses P.echerches sdr la vie et la mort. Néanmoins Bichat n'a laissé qu'un plan de la physiologie des fonctions. Ce plan, indiqué par Bichat au g Vfll des considérations préliminaires du TRArrÉ d'anatomlr GÉNÉRALE, cst Tcslé sans exécution dans la si courte existence de ce grand biologiste; mais il a servi de base à un grand nombre de traités. Les graves imperfections qu'il renierme tiennent en grande partie à l'état de la science à la fin du dix-huilième siècle. Il en est cependant qui sont en désaccord avec sa première division en vie animale et vie organique. On voit en effet, dans ce plan, les fonctions relatives à l'espèce séparées de la vie or- ganique, tandis que la vie animale et la vie organique sont étudiées dans une même section. Si la carrière de ce grand biologiste avait pu s'éienfire jusqu'à l'opération fondamentale de Gall , il n'aurait pas rangé parmi les fonctions de l'individu les fonctions intellectuelles et morales, qui ne doi- vent pas être brutalement considérées au même titre que les organes de la végétalité. Pour éviter cette fâcheuse confusion, il fallait que le cercle des fonctions lût complété par Gall ; il fallait en outre que le véritable point de vue de toute recherche fût réglé par l'avènement de la science finale. Dès à présent, en efTet, toutes les conceptions, pour être dirigées vers leur véri- table but , doivent cesser de présenter le caractère de séparation qui ne permet pas d'en saisir les liens. Nous étudions l'homme individuel pour arriver à comprendre l'être collectif; il faut donc, en traitant les fonctions, distinguer celles de l'individu, celles de la prolongation temporaire de l'in- dividu, celles enfin par lesquelles il s'incorpore plus ou moins intimement à l'être collectif : de cette manière on arrive à saisir, dans la physiologie des résultats, tous les degrés et tous les modes de la vie. Ou ne peut, à cet égard , adresser un reproche direct à Biv.hal ; mais tous ceux qui ont usé de son plan, dans une époque plus rapprochée de la nôIre, doivent évidem- Û3 ment supporter le blâme pour ne pas avoir suppléé à ses imperfections soui l'influence des fon.ialioos modernes. J'arrive acluellemenl au dernier type systématique , à l'éminent Blain- ville , dont le plan devait nécessairement consacrer de grands perfeclion- nemeuls, mieux préparé qu'il était à une plus large conception. C'est d'a- près le plan du cours de physiologie fait à la Faculté des sciences, pendant les années 1829, 1830, 1831 et 1832, que je vais déterminer les vrais pro- grès opérés par la biologie sous les derniers efforts du puissant esprit de coordination qui caractérise toutes les fondations de Blainville, Ce plan constitue la plus large systématisation qu'on ait opérée en physiologie, bien qu'il soit Dalurellemenl incomplet à l'égard de divers points fonda- mentaux. A la suite des prolégomènes, dont la véritable portée est très-bien dé- terminée. Blainville divise la piiysiologie en trois parties. La troisièïue cona- prenaul fcimplemenl l'hisloiie de l'esprit humain dans ia physiologie, nous pouvons ce considérer que les deux premières. On trouve dans la partie préliminaire ce que beaucoup d'autres fon< entrer dans les prolégoniènes. Véluiie de la composition. physique, chimique, analonv'que et inicro- icojtiqufi de? anirunux, ce qui e-t l'objet propre de l'anaîoniie générale. Blainville place encore dans celle première partie l'élude de Vaciion des modificateurs externes sur Vorganisation en masie mort ou vivant. L'analyse de l'organisme, dans laquelle Blainville a introduit l'importante considération des éléments et des produits^ doit précéder l'analoroie des organes et des appareiis, et si Blainville a compris cette étude dans un plan de physiologie, il aurait aussi bien pu, avant les phénomènes des fonctions, placer l'analoinie dts organes , et confondre ainsi , comme Boerbsave et Hailer, le £ioint de vue statique et dynamique, dont il a si bien senti la distinction en tête de son premier volume sur l'OnGAWiSATïON des ani- maux. Quant à l'action des modificateurs externes, j'ai suffisammenî dé- veloppé, dans mes deux premiers mémoires sur la systématisation de l'a- nato(nîe (1), la réforme capitale qui consiste k étudier celte action après l'anatomie etia physiologie, athique le sujet étant aussi coiinu que Tobjet, on puisse logiquement en apprécier les influences réciproques. Celte pre- mière partie doit donc disparaître du plan de Blainville, qui se réduit alors à la seconde ou partie essentielle. —____--^^i^_ I , , 1^- Il II ■ ■ I II I I ■ I I -- -m-l- I I (t) Voy. MÉMOIREg »E LA S0€. »E BIOLOCnS, t. I, p. 13. Avant d'aller plus loin, il faut observer que Blainville, par suite de son anticipation sur Tétude des modificateurs, a fondu les deux physiologies, celle de l'organisme, considéré isolément, et celle de l'organisme, en rap- port avec les modificateurs. Mais cette confusion étant expliquée, nous pou- vons maintenant étudier cette seconde partie, divisée en phénomènes des propriétés, des fonctions, des résultats et phénomènes définitifs. Pour la première fois, nous voyons la physiologie générale nettement systéma- tisée ; seulement l'incomplète préparation de l'auteur ne lui a pas permis de la développer, bien qu'il en ait senti la vraie situation logique. Mais par une singulière transformation, je vais montrer que la physiologie des sys- tèmes se trouve contenue dans la division suivante, consacrée aux phéno- mènes des fonctions, dont la première classe comprend Vabsorption, la sanguification et V exhalation. Pour peu qu'on y réfléchisse, on ne tarde pas à concevoir que l'absorption, étudiée comme le fait Blainville, dans la peau, Vintestin, le poumon, n'est que l'examen topographique de la pro- priété d'absorption qui doit dépendre essentiellement de certaines condi- tions de texture. On peut en dire autant de l'exhalation, que Blainville étudie de la même manière. Quant à la sanguification, il est impossible de ne pas la concevoir comme un résultat ; en sorte qu'il y aurait là à la fois confusion entre les fonctions et les propriétés, et même entre les fonctions et les résultats. La même observation est applicable au premier ordre des fonctions animales, où la contracliUlé et l'irritabilité sont étudiées dans tous les points de l'organisme où elles concourent à un acte déterminé. Une telle manière de procéder tend, comme on peut le voir, à absorber l'étude des fonctions dans la physiologie des systèmes, ce qui nuirait finalement au but de la physiologie. J'avais raison plus haut de faire honneur à Blain- ville de l'institution de la physiologie des systèmes ; mais il faut par contre reconnaître que, dans son plan, les véritables phénomènes des fonctions sont dissous par la considération prépondérante de l'étude des propriétés ou môme des résultats. Quant aux phénomènes de sensibilité extérieure, exléro-interne, intérieure, le plan de Blainville offre diverses systématisa- tions partielles d'un grand intérêt, sans que, à beaucoup d'égards, il ait profilé de l'imporlan le fondation de Gall et de celle d'Auguste Comte son véritable appréciateur. D^n^\ç% phénomènes résultats, Blainville n'a étudié que la composi- tion, la décomposition et la calorification ; il n'a donc pas senti autant qu'il devait le faire la véritable physiologie des appareils. Tels sont les principaux types de coordination auxquels on peut ratla- 45 cher tous les plans adoptés jusqu'à ce jour. Les avantages et les imperfec- tions que présente celui de Blainville nous amènent à concevoir aiijourd hui une combinaison plus intime de la physiologie et de l'anatomie, eu établis- sant parallèlement aux éludes statiques une série correspondante de dé- monstrations dynamiques. Les observations mêlées à cet examen doivent me dispenser de répéter ici, en terminant, quelle doit être la constitution définitive de la physiologie; il faut seulement rappeler que la marche analytique dont j'ai tracé les degrés ne doit pas être simplement considé- rée comme un cadre de recherches, mais bien comme le plan d'une série de démonstrations devant se subordonner à la méthode subjective. Je dois surtout rappeler que les physiologistes actuels, sous peine de ne remplir aucun office social, doivent s'attacher à se représenter l'étude des êtres vivants comme le préliminaire de la sociologie, de même que la physique et la chimie ont été te préliminaire immédiat de la biologie. La physiolo- gie animale, considérée ainsi entre l'étude des végétaux, qui lui sert de base, et l'étude de la société, qui est son but, réalisera enfin sa haute des- tination. RECHERCHES SUR LES PROPRIÉTÉS PHYSIOLOGIQUES DE LITHËR lODnYBRIQVË INDUCTIONS THÉRAPEUTIQUES. Par m. Gh. HUETTE, Interne en médecine «t en chirurgie des hôpitaox de Paris, membre fondateur do la Société de hiologia, membre do la Société analomiqua «l de la Société de médecine pratlqoe de Pari». Parmi les composés iodiques, Télher iodhydrique (1), en raison de sa (1) L'éther iodhydrique a été docouvrrf par M. Gay-Lussa^, qui l'a obtenu en faisant un mélange de deux parties d'un volume d'alcool et d'une d'acide iodhy- drique coloré. Cet éther n'a point de réaction acide. Son odeur est éthérée ; sa saveur est pi- quante, légèrement douceâtre et moins acre que celle de l'éther sulfuriqne. Sa densité est de 1,9201: à 22<>,3; il bout à 6i°,8. Il n'est pas inflammable. Versé goutte à goutte sur des charbons ardent?, il répand des vapeurs pourprées. Il n'est pas immédiatement décomposé par la potasse et les acides nitrique et 48 forme de liquide volatil et de sa richesse en iode, méritait une attention toute spéciale ; cepeudanl , depuis vingt-cinq ans que ce corps est décou- vert, il est resté sans application en médecine. La crainle des dangers que pouvait entraîner son inhalation a peut-être empêché les praticiens de le soumettre aux expériences nécessaires pour en constater les propriétés thé- rapeutiques. C'est dans le liut de combler une lacune à la fois préjudiciable aux inté- rêts de l'humanité et aux progrès de la science que nous avons entrepris quelques recherches dont le résultat confirma nos prévisions sur la possi- bilité d'introduire l'iode par les voies pulmonaires. Plus lard nous eûmes l'occasion d'assister un de nos amis que la crainte de la phthisie détermina à se soumettre pendant trois mois aux inhalations de l'éther iodhydrique. Nous ne pensons pas que ses craintes fussent bien fondées; mais nous men- tionnons ici l'expérience dont il prit la responsabilité, uniquement parce qu'elle prouve que nous nous étions trompé sur le point si essentiel de l'innocuité. Il en résulte que l'éther iodhydrique est accessible à une voie d'absorption plus vaste et plus sûre que la muqueuse gastro-intestinale ; il est le seul composé iodique qui possède ce privilège. En effet, l'iode lui- même est volatil; mais les expériences tentées jusqu'à ce jour n'ont servi qu'à démontrer les dangers des vapeurs corrosives de ce métalloïde. sulfureux; mais l'acide sulfurique l'attaque plus vivement et meta nu une partie de son iode. Sous l'influence de l'air, il brunit un peu, ce qui lient à une partie d'iode mise à nu ; mais il est rapidement décoloré par les alcalis et le mercure qui s'emparent de l'iode libre- Dans les inhalations que nous conseillons, il sera nécessaire de l'avoir aussi pur que possible, aOu d'éviter le contact des vapeurs de l'iode mé- talloïde avec le poumon. Une goutte de mercure, versée dans le ll^icon que contient l'éther, suffît pour tenir ce dernier dans un état de pureté convenable. La densité considérable de l'éther iodhydrique permet de le conserver sous l'eau, dans laquelle il est inso- luble. Pour le préparer, il faut mêler quatre parties d'iode avec dix parties d'alcool à 38° , puis ajouter peu à peu une partie de phosphore et soumettre le tout à la distillation. Quand la majeure partie de l'alcool a distillé, on verse encore environ trois parties d'alcool dans la cornue, et on distille jusqu'à siccité. On mêle le produit de la distillation avec de l'eau pour séparer l'éther de l'alcool, et on rec- tifie l'éther en le distillant sur du chlorure de calcium. A9 Quant à l'acide iodhydrique qui existe à l'état gazeux, il est suffocant et tout à fait inapplicable. Reste à démontrer que cet élher jouit des mêmes propriétés que les au- tres préparations d'iode, el qu'il est également un puissant modificateur de l'économie. Il n'y a aucune raison à priori qui autorise à supposer que ce corps fasse exception dans la classe des composés iodiques. Sa forme de liquide difTiisible nous le présente dans les conditions les plus favorables au maximum d'action de Tiode qu'il contient : Corpora non agunt nisi so~ lula; de plus, il est probable qu'il est promptement transformé en iodures alcalins, dont l'effet subséquent est assuré. Avant de décrire l'action de l'éther iodhydrique sur l'économie, nous indiquerons le procédé d'inhalation que nous avons suivi dans nos expé- riences, afin de réaliser les conditions d'innocuité, tout en favorisant l'ab- sorption rapide de ce médicament . On peut se servir d'un petit flacon bouchant à l'émeri, haut de 3 à 4 cen- timètres, dans lequel on porte avec une pipette graduée 1 gramme ou 2 d'élher ; on recouvre ensuite cet éther d'une couche d'eau épaisse de 2 à 3 millimètres, qui forme un obturateur mobile, destiné à modérer l'évapo- ralion ; puis on porte le flacon à l'une des narines, afin d'enlever par in- spiration l'air superposé au liquide. Les vapeurs éthérées arrivent au jvou- mon convenablement mélangées à l'air venant du dehors. Pour accélérer l'évaporalion, il suffit d'amincir l'obturateur liquide en inclinant un peu le flacon ; toute l'eau se rassemble alors en une grosse goutte qui laisse à nu la majeure partie de ia couche d'éther. On peut également utiliser la cha- leur de la main dans le même but. O'iinze ou vingt inhalations, pratiquées comme il vient d'être dit, imprègnent l'économie de l'iode. L'absorption est si rapide qu'un quart d'heure après la cessation des inhalalious, les réactifs indiquent le passage de l'iode dans les urines. Bien que cette sub- stance soit promptement éliminée, nous en avons plusieurs fois constaté la présence de cinquante à soixante heures après les inhalations. J'indiquerai plus loin, en traitant des applications thérapeutiques de l'éther iodhydrique, les conditions qu'il sera convenable de remplir quand les inhalations seront prescrites dans un but cnratif. Décrivons les effets qu'il produit. Après quelques inspirations, une impression de calme et de bien-être annonce que l'éther iodhydrique agit d'abord conformément aux propriétés sédatives des autres éthers employés en médecine. Les mouvements respi- ratoires s'exécutent aussi avec une facilité et une ampleur immédiates qui 4 50 lourneul au profit de Thématose ; mais à PaCUon anlispasmodique de la Va- peur éthérée qui favorise l'adminislralion du remède, succède bienlôt l'ac- Uca ultérieure de l'iode absorbé. Le surcroît de vigueur cesse d'être borné aux iiiuscles thoraciques pour s'étendre à l'ensemble du système muscu- laire. L'appélit se développe, les sécrétions sont activées, le sens génital devient plus exigeant , le pouls acquiert de la plénitude, et la vivacité des sensations, l'activité de l'intelligence, annoncent que l'impulsion donnée aux autres organes s'étend jusqu'au cerveau. Tels sont les effets que quatre séances d'inhalations quotidiennes, et de dix minutes chacune, avaient produites sur nous au bout de quelques jours. Quant aux accidents, nous n'avons jamais éprouvé qu'un peu de coryza, et plus souvent, lorsque la vapeur n'arrivait pas trop concentrée, un sentiment fugace de pression aux tempes. L'ensemble de ces phénomènes démontre que l'étber iodbydrique parti- cipe au plus haut degré des propriétés communes aux autres préparations d'iode. Si nous considérons maintenant qu'il offre un mode d'administra- îioh tout spécial, qu'en ralentissant l'évaporation, on peut à son gré mo- dérer les effets qu'il produit, nous ne pouvons refuser à ce composé, dan» bien des cas, une certaine supériorité sur les autres iodiques. L'inhalation de l'iode permet donc d'en fractionner les doses à PinQni, et d'î le faire absorber par des voies plus étendues, plus simultanément ac- cessibles dans toutes leurs profondeurs, et mieux appropriées pour l'ab- go'ption des moindres atomes médicamenteux, que ne le sont les organes digestifs. Comme chaque prise ne reste en contact avec le poumon que la âméè d'une inspiration, on pourra prolonger les traitements tout en mé- nageant la susceptibilité des organes. De plus, il est à remarquer que les substances ainsi absorbées ne sont expulsées qu'après avoir parcouru le cercle entier de la circulation, et agi soit chimiquement, soit dynamique- ineht, sur toute l'économie. Les avantages généraux des voies respiraloiies sur les voies digestives, au point de vue de l'absorption, étant manifestes, passons à la recherche des cas pathologiques spéciaux dans lesquels l'inhalation de Féther iodhy- drique trouverait une indication motivée à la fois par les propriétés chimi- ques et physiques de ce corps. On sait que, dans certains empoisonnements, les iodures métalliques sont prescrits comme antidotes, parce qu'ils décomposent au sein de nos tissus, et qu'ils en éliminent les produits accidentels de l'intoxication; l'élher iod- bydrique serait surtout avantageux dans les cas où la substance toxique 51 aurait irrité l'estomac ou altéré les organes de l'absorpUoD gastro-intesti- nale; il serait également utile dans les empoisonuemenls par la morphine, la strychnine, et les autres alcalis végétaux, quand les vomissements s'op- posent à l'introduction de Piode par les voies digeslives. Tout récemment, dans uu excellent travail sur l'action des iodiques (1) (travail où l'oubli de l'élher iodhydrique offre pourtant une lacune regret- table), M. Dorvault propose les iodures à haule dose contre le choléra asia- tique, afin d'en combattre le phénomène le plus grave, qui est peut-être la coagulation du sang; si la nature rie cette maladie et le mode d'action des iodures étaient ce que M. Dorvault suppose, les inhalations seraient alors le seul moyen applicable. On suit en effet que, dans le choléra, l'estomac et les intestins ne fonctionnent pins; les voies pulmonaires sont donc les seules par lesquelles on pourrait faire absorber Piode rapidement. La glucosurie, si souvent liée à la luberculisalion du poumon, a été, dans quelques ca?, traitée avec succès par les iodiques : ici l'emploi de l'élher iodhydrique serait à la fois justifié par l'affection générale et par Palléralion locale. J'ai constaté l'efficacité de cet élber dans quelques atTeclioos chro- niques du poumon. L'induction nous conduit directement à employer les inhalations d'élher iodhydrique dans les cas nombreux où l'hérédité, autint que la conslilu- •ion acquise, fait redouter ces tuberculisalions latentes dont les ravages se manifestent souvent avec une rapidité qui enlève tout espoir de guérison. L'action générale du médicament sur la diathèse, l'action locale et réso- lutive qui dissipe les premières manifestations du mal, enfin l'efficacité évi- dente contre les scrofules, qui oiîrent tant d'analogie avec l'affection tu- berculeuse, élablissenl ici une présomption tout à fait favorable à l'appui de laquelle nous allons invoquer plus d'une autorité. On sait que Laênnec, Scudamore, Berlon, Murray, etc. , préconisant les inhalations d'iode contre la phlhisie, firent quelques essais, afin de porter directement celte substance dans les voies pulmonaires. Ils n'avaient point alors l'idée d'une nouvelle méUiode de traitement général; ces médecins n'étaient inspirés que par le désir de mettre le résolutif par excellence, l'iode, en contact avec le parenchyme pulmonaire, pour y produire les ef- fets salutaires que l'application topique de ce médicaraenl produit partout ailleurs. L'induction, sans doute, était saine; mais un choix vicieux des 1) Voy. Gaz. Méu., iSrj Ll ISiO. 52 substances employées amena des résullat-s négatifs el quelquefois désas- treux. Laënnec garnissait de varecs les appartements des phlhisiques, pensant que des émanations iodées agiraient directement sur le poumon. L'expé- rience a démontré l'inefficacité de ce moyen. Scudaraore conseillait des inhalations dont voici la formule : Iode 0,2.^ lodure de potaHSiiitn 0, là Eau distillée 150 Alcool. i Teinture de ciguë lô On voit que ce médecin, redoutant pour le poumon l'action irritante de l'iode, cherchait à la tempérer par la teinture de ciguë. Baudelocque répéta depuis ces expériences à l'hôpital des Enfants, mais sans succès. Engelmann prétend que les enfants scrofulcux et présentant toutes les prédispositions héréditaires à la phthisie obliennent une amélioration ra- pide de leur état en respirant l'air des salines de Kreusnach : il explique ces cures merveilleuses par le contact longtemps prolongé du poumon avec l'air chargé des principes efficaces qui se trouvent dans les sources de Kreusnach (chlorures, bromures et iodures alcalins.) Murray conseillait de tenir, dans la chambre des phthisiques, des sou- coupes contenant de l'iode humecté d'eau. L'évaporalion lente de l'jode aurait produit de bons résultats, tels que la cessation de la toux, plus de facilité dans l'expectoration, plus de calme dans le sommeil, etc. H est regrettable que Murray n'ait rapporté aucune observation détaillée à l'appui de ses assertions. L'expérience a depuis long- temps appris que rio"3e non combiné produit sur les organes respiratoires des effets entièrement opposés à ceux décnis par cet auteur. Nous ne rappellerons point ici les Irailements variés ni les opinions des médecins qui proposèrent contre la phthisie l'administration des indiques par les voies digestives. Ce qui précède suffit pour ne laisser aucun doute sur la confiance généralement accordée à l'iode, et sur la préoccupation qui inspira les tentatives que nous venons de rapporter. Or nous croyons avoir suffisamment prouvé que les vapeurs d'éther iodhydrique, appliquées directement aux bronches et aux cellules pulmonaires, n'entraînent point les dangers qui firent échouer les essais tentés jusqu'à ce jour. Un étal avancé de la tuherculisation, des cavernes nombreuses, l'intensité 53 de la Oèvre. la prédisposition inflammatoire, nous semblent contre-indi- quer l'emploi de Péther iodhydrique, à cause de son action ultérieure, qui est stimulante. Peut-être, dans ces cas graves, pourrait-on, à l'aide de pré- cautions convenables et par inhalation sagçmenl ménagée, atténuer les dangers résultant de l'acliou excitante du médicament, sans diminuer les chances de salut offertes par son action altérante. On comprendra sans peine que, même dans les cas les plus favorables, l'in- halation doit être laite de manière à ne point fatiguer le poumon de prime abord, afin de pouvoir, en multipliant les séances, donner au traitement une durée proportionnée aux effets qu'on veut obtenir. Lorsque l'inhala- tion de cet éther sera prescrite dans le but de faire agir localement l'iode sur le parenchyme pulmonaire, on ne devra point perdre de vue que le contact du remède avec la membrane pulmonaire n'est que momentané, et que la vapeur absorbée ne peut imprégner d'une manière permanente un tissu spongieux, sans doute, mais qui est le siège de mouvements con- tinuels et d'une absorption incessante. Celte condition essentielle n'est réalisable qu'avec un air chargé de quan- tités faibles et déterminées de vapeur, et à l'aide de procédés d'adminis- tration qui soient commodes pour les malades. Le traitement interne le plus court a toujours une durée de quelques semaines. Or pour que l'économie générale n'ait pas à en soulfiir et que les membranes délicates chargées de l'absorption souvent ré[)élée de l'éther puissent le supporter, il faut déter- miner la dose du médicament qu'on prendra dans les vingt-quatre heureSv On le fractionnera ensuite en multipliant les séances de l'inhalation. Nous pensons qu'il sera convenable de régler l'évaporation de manière à connaître le temps qu'elle exige, parce.que le temps donnera d'une manière approximative le nombre d'inspirations que le malade a dû faire pour épui- ser la quantité donnée d'éther. Ce nombre, placé sous le poids représen- tant la dose quotidienne, produit une fraction qui exprime la valeur moyenne de chaque prise de vapeur éthérée. Supj)Osons, par exemple, que la dose soit d'un gramme et que le malade la prenne en quatre séances égales de cinq minutes, on pourra évaluer le nombre des inspirations à 500, et la quantité d'éther que chacune d'elles fait pénétrer par le poumon à 1/500, c'est-à-dire à 0 gr. 002. Dans cette expérience, 2 milligr. d'éther se trouvent donc disséminés sur la plus grande surface absorbante du corps humain. Il sera toujours bon de s'as- treindre aux précautions que nous avons prises nous-même (voir plus haut), lesquelles nous ont permis de poursuivre nos expéi iences avec sécu- rite. Qu'OD ne croie pas cependant que ces précautions soient d*une grande di£Eicuité pratique, ni d'une nécessité tellement impérieuse que la moindre négligence soit un danger ; maison pressentira sans doute que ces conseils nous sont inspirés par la crainte devoir des manœuvres peu méthodiques ou téméraires corapromellre les résultats que nous osons espérer. L'avenir apprendra si la possibilité, désormais constatée, d'appliquer di- reclement et localement l'iode aux organes respiratoires, apporte enGn des chances de salut aux phlhisiques, dontles progrès récents delà science nous révèlent l'irrévocable arrêt, sans nous donner le pouvoir de le casser. Ne sutnt il pas d'une possibilité de ce genre pour éveiller Tatlention des prati- ciens et encourager de nouveaux efforts 7 ftEFLEXIONS liDK LA FIÈVRE INTERMITTENTE SIMPLE CHEZ LES ENFANTS NOUVEàU-NÉS ET A LA MAMELLE; Par le Docteur GUIET, ADcleo iDlcro» de* b6pit«ax de Paris, membre de ia Société anatomti|u« et de la Socliié médical* de U Sartbe. Il semble que tout ait été dit sur la fièvre inlermiltonte. G*e$l une de ce» maladies que le praticien aime à rencontrer sur sa route ; car, quand il s'est bien assuré de sa nature, il a tout près une panacée infaillible à lui opposer. Il promet d'avance à son malade la curalion de sa fièvre, et le fébricitant est tout étonné de voir se réaliser si juste les promes es de la médecine. Plût à Dieu qu'il en fût ainsi dans toutes les maladies l la médecine serait- plus honorée qu'elle ne l'est. Dans certaines localités, ou bien à maintes époques, par suite de coosti- lutions atmosphériques encore mal déterminées, le principe intermittent semble apposer son cachet caractéristique sur tous les états morbides. Alor» 56 la thérapeutique est bien simple, bien empirique : le quiuquiua sort de toutes les officines. Cependant, malgré ces occasions si fréquentes d'obser- ver la fièvre intermittente, la seule dont l'étude approfondie puisse nous donner une théorie satisfaisante des fièvres, peu de travaux sérieux et véri- tablement pratiques se produisent sur celle maladie. On se croit obligé, par exemple, d'éclairer la science sur la fièvre ty- phoïde, celle enlilé morbide, sur laquelle on disputera longtemps sans pou- voir s'entendre, parce que personne ne la comprend de la même manière, et qu'on s'obstine à faire rentrer dans un même type des étals pathologi- ques essentiellement différents, qui devraient être séparés en théorie. C'est ce qu'on ne veut pas faire encore ; car après avoir tant ridiculisé la nosolo- gie de Pinel, il serait dérisoire de reconnaître, quoiqu'un peu tard, que si, dans les fièvres, ce grand maître avait exagéré les divisions, il était cepen- dant dans le vrai en en admettant de diflérenles espèces. I/esprit de l'homme ne procède jamais autrement. Au lieu de tenir un compte sage de l'expérience du passé, il la secoue trop souvent comme un linceul. Il s'adresse, en enthousiaste, à une idée nouvelle, qu'il croit la seule vraie, la seule capable de le diriger dans ces inexplicables phénomè- nes dont l'organisation humaine nous offre de Irop fréquents exemples. L'allrail du génie et la puissance du slyle entraînent presque malgré elle toute une génération ardente. Bientôt une réaction indispensable s'établit, et Ton s'aperçoit que ce ne sont pas les révolutions qui avancent le plus la science, mais que c'est par une action lente et réfléchie que l'on obéit à celte loi du progrès, qui est la plus belle prérogative de l'humanité. J'en appelle aux praticiens, et surtout aux praticiens de province. Ceux- là savent mieux que personne combien ils rencontrent tous les jours d'étals fébriles qu'on peut appeler essentiels (j'en demande bien pardon à l'école anatoraique), en ce sens du moins qu'ils ne se rattachent à aucune lésion locale appréciable, et combien ils sont inhabiles, malgré la meilleure vo- lonté du monde, à les faire rentrer sous le joug de la dothinenlérie. Disons- ie franchement r il n'est pas un jeune médecin qui, appelé sur le terrain de la pratique commune, ne soil obligé de modifier les idées qu'il a puisées dans la pratique des hôpitaux de Paris. Là, en effet, on ne voit que la fièvre typhoïde ; on a la ressource de la fièvre légère, grave, muqueuse, bilieuse ou inHammatoire, ataxique ou dynamique, etc. Avec tout cet attirail, on serait bien maladroit si Ton ne faisait pas rentrer toutes les pyrexfes dans la fièvre enléro-mésentérique, qui est la gangue commune de toutes les autres. Rien de si beau que i'unilé pour l'esprit systématique t.. . 57 Mais si peu qu'on veuille ouvrir les yeux à la lumière, on ne larde pas à reconnalire qu'il est parfois nécessaire de se débarrasser du lourd bagage scientifique dont on a fait ample provision dans ses éludes. Tout d'abord on accuse son incapacité naturelle, son défuul d'aptitude; puis plus lard on voit que la nature sait varier à l'infini ses types pathologiques en fièvre comme partout ailleurs. La question des fièvres est, à mon avis, tout en- tière à refaire au point de vue pratique, et il serait temps enfin que de véri- tables observateurs songeassent à secouer le joug de cette fièvre typhoïde, qui prétend à elle seule envahir tout le domaine pyrélologique. J'ai dû faire ces réflexions , car moi, dans ma pratique, je rencontre tous les jours des états fébriles que je ne sais comment caractériser, parce que, dans mes études, on m'a borné la vue avec la fièvre typhoïde. Je me trouve continuellement dan^ l'humiliante obligation, pour un moderne, de recourir aux anciens nosologistes pour avoir une idée satisfaisante de certaines fièvres , qui sont muqueuses, bilieuses, nerveuses, ataxiques, cérébrales, biosiques même, elc, etc., sans avoir le moindre génie ty- l)hoïde. Je ne comprends pas comment on ne proteste pas tous les jours contre un pareil monopole, aussi nuisible à la santé qu'à rhumanité. Ceci dit , je reviens à la fièvre intermittente , et je m'étonne de l'espèce d'indifférence qui s'est emparée des médecins à propos de cette fièvre. Que si par hasard quelques travaux éclosent sur cette maladie, c'est presque toujours sur la thérapeutique, c'est-à-dire sur la parlie la mieux connue, qu'ils roulent. Désolés des récidives si fréquentes que présente celte affection et de son opiniâtre ténacilédans quelques circonstances, la plupart des médecins ont essayé de trouver au quinquina un succédané qui pût lutter avec avantage contre ces récidives. C'est ainsi que la salicice, l'acide arsénieux, le Uni- ment térébenthine, etc.. ont élé tour à tour préconisés. Je ne blâme en au- cune façon ces tendances, d'autant mieux que le quinquina, dans ces der- niers temps, est arrivé à un prix exorbitant; mais pour moi, qui crois à l'efficacilé complète du quinquina, quand il est bien administré el que la fièvre ne vient point compliquer un état organique latent, je pense que, pour juger eu dernier ressort la question des récidives, question si impor- tante, il faut, avant tout, étudier avec le plus grand soin les conditions élio- logiques dans lesquelles naît celle fièvre, soit qu'elle soit sporadique, soit, au contraire, qu'elle règne épidémiquement. Celte étude est sans contredit la seule qui puisse mener à la solution du problème. Le quinquina guérit à coup sûr; mais si les causes qui ont pro- 58 duitla fièvieane première fois continuent d'agir sur un organisnne déjà frappé, et ,iar conséquent prédisposé, la récidive est inévitable, fatale. — Qui en acctisera-t-oo ? Le quinquina, comme on le fait trop souvent. Accu- eez-en pluiôt l'iusuffisance des connaissances médicales, et travaillez à comblei uue lacune qui nous fera toujours échouer dans le traitement de ces récidivt-. N'avais-je pas raison de dire, en têle de ce travail, que l'histoire de la fièvre intermittente laissait encore beaucoup à désirer ? Malheureusement une des parties les plus importantes de la pathologie est encore à créer, c'est le mot : je veux parler de réli«)logie. Il faudrait une main puissante et énergique pour porter la lumière dans ce chaos. Honneur donc à la Gazette Médicale, qui la première a jeté le cri de ré- forme, en inscrivant sur sa bannière ces mots significatifs ; « Médecine étiologique. » Celle voie féconde fera germer bien des vérités ; car sous ce drapeau doivent se ranger toutes les intelligences qui n'ont en vue que les progrès et l'honneur de la médecine. Ce mémoire a des vues moins ambitieuses : il est basé sur des faits pra- tiques, simples et observés sans prétention. Plus on se renferme dans l'observation patiente et attentive de la maladie, et plus on a de chances de résoudre le problème le plus difficile à nos yeux, celui de la guérir. Sous le point de vue de la symplomatologie des maladies de l'enfance, îl existe une diiïérence immense dans la manière dont elles se manifestent, soit qu'on observe l'eofanl au moment de sa naissance, soit, au contraire, qu'on l'étudié à un âge plus avancé. « L'enfant nouveau-né, dit M. Guersant, est si différent de celui qui a at- » teint 10 à 12 ans qu'il n'y a plus rien de comparable entre eux. Il n'est » plus du tout semblable à lui-même : ce sont deux êtres entièrement dis- » tincts sous le rapport de l'organisation physique et du développement des » facultés intellectuelles. Quand on rapproche ces deux extrêmes de l'en- » fance, ou est admirablement surpris des changements extraordinaires qui » s'opèrent si rapidement dans l'intervalle. » Consultons Huîeland ; il nous dit : « On peut appeler le temps qui s'écoule ») pendant la première année la suite d'une création dont la moitié s'opère » dans l'intérieur et l'autre moitié en dehors du sein de la mère. » Enfin, dans ces derniers temps, un de nos amis, le docteur Bouchut, qui a fait un bon traité des maladies des nouveau nés, exprime la même idée en ces lern.es: « L'eu.fanl qui ouvre les yeux à la lumière est un être in- » complet, dont l'organisme encore inactil demande à se développer. » Comme on le voit, ces différents auteurs ont tous été frappés de ce fait 59 physiologique re^narquable ; c'est que i'orgauisme de Teofaot, pendant la première année de son existence, diffère essenliellemeol de celui d'un enfant plus avancé, et à plus forte raison de celui de l'adulte. Celte différence doit nécessairement entraîner des modifications dans la manière dont cet orga- nisme réagit contre les différentes causes de perturbations, et par consé- quent dans les manifestations symptomatologiques qui en résultent. Nous verrons plus tard, à propos de la fièvre intermittente, si l'expé- rience vient confirmer les données fournies par le raisonnement. En effet, les causes des maladies sont et doivent être les mêmes pour tous les âges. Si ces maladies diffèrent dans leur symptomatologie, cela lient évidemment à la réaction que l'organisme oppose à ces différentes causes. Ceci explique pourquoi les mêmes causes agissent différemment sur des individus en apparence placés dans les mêmes conditions : c'est que chaque individu réagit à sa manière, et qu'il existe de plus, dans chaque machine, une inconnue que, dans notre ignorance, nous avons pompeuse- ment décorée du nom de prédisposition, et qui fait varier à l'infini le mode de manifestation des maladies. Cependant les éléments qui doivent constituer plus lard l'homme fait se trouvent chez l'enfant né à lélat rudimentaire, et c'est une étude bien cu- rieuse que de suivre avec attention ces transformations organiques que le Douveau-né suL)it pour ariiver à son développement complet. C'est une étude bien sympathique au médecin surtout pour qui tous ces phénomènes organiques doivent avoir un intérêt réel, car c'est l'étude de l'enfant qui le mène à la connaissance de l'homme fait; c'est aussi à celte période de la vie qu'il a le plus de chances de combattre ces prédispositions si obscures qu'une observation attentive du sujet peut seule lui faire deviner. Des considérations qui précèdent, il résulte à priori que la cause, quelle qu'elle soit, qui produit la fièvre intermittente, cette maladie si singulière, qui seule possède un spécifique, ne doit pas trouver dans l'organisme de l'enfant le même échosymptomatologique que dans l'organisme de l'adulte, «t ce en vertu de cet aphorisme hippocratique : « QvKB faciunt in sano actiones sanas, eadern in œgro morboscu. » Chez l'adulte, la fièvre intermittente simple se caractérise par trois stade* distincts : 1" Le stade de frisson ; celui-ci est caractéristique; S» Le stade de chaleur ; Z' Enfin, le stade de sueur. 60 La fièvre cesse à la suite de ces stades, et celle période constitue l'apyrexle. Celle apyrexie établit le type de la fièvre. Ainsi une fièvre est quotidienne quand elle reste tous les jours chez Tadulie, c'est la variélé la plus rare, et presque toujours sur deux jours il en est ou où la fièvre faiblit. La fièvre tierce est la plus fréquente de toutes; puis la fièvre quarte. Ces trois sortes de fièvres présentent des variétés infinies, sur lesquelles il est inutile d'insister : je dirai seulement que dans certaines épidémies ces types se confondent avec la fièvre continue d'une manière toute particu- lière; ainsi en 1867 nous avions des hameaux entiers en proie ù la fièvre continue. Voici, entre autres, un fait remarquable et dont j'ai tenu compte dans mes notes. Sur cinq individus pris les uns après les autres de la fièvre, les deux pre- miers présentèrent les caractères de la fièvre typhoïde grave. L'un succom- ba après quinze jours de maladie, l'autre resta malade six semaines; la convalescence s'établit lenlement; il guérit en conservant une faiblesse radicale. Le troisième eut une fièvre muqueuse légère. Les deux autres enfin furent pris de fièvre tierce facilement curable par le quinquina. Yaurail-il, dans certains cas, analogie entre le principe qui produit la fièvre continue et celui d'où émane la fièvre intermittente? Je n'ai rappelé ces notions vulgaires de la fièvre inlermitienle simple chez l'adulte que pour l'opposer à ce qu'on sait de la même aflection chez l'enfanl nouveau-né. Ce qu'on sait, du reste, de celle maladie au premier âge se réduit à bien peu de chose, el, à l'exceplion du chapitre que lui a consacré M. Bouchot dans son ouvrage, les auteurs qui ont traité des maladies de l'enfance se sont pour ainsi dire copiés les uns les autres, enregistrant ainsi les obser- vations de leurs devanciers, sans se donner la peine de les soumettre au creuset de l'observation clinique. C'est à peine si l'on a songé à la fièvre intermittente pernicieuse, qui, peut-être, enlève beaucoup d'enfants sans qu'on s'en doute. Je dis peut-être, car une seule fois, dans ma pratique, j'ai vu un jeune enfant de deux mois enlevé en douze heures au milieu de la plus florissante santé. Le veille il avait eu un léger mouvement fébrile. La nuit fut bonne. Le lendemain 1 enfant s'éveilla gai et bien portant; il prit le sein avec avidité. A midi la fièvre s'empara de lui. Douze heures après, il avait cessé d'exister. La fièvre seule (1) l'avait emporté. La quinine admi- (1) Je me sers du moi flévre exprès : les boas praticiens me comprendront. Le grasid écueil des médecins de province (aux yeux des organiciens de Paris),. 61 nistrée le malia eût sans doute empêché une teraiiDaison si fuaeste. Chez l'eDfant nouvcau-né et à la maïuelle, ce qui comporte une pé- riode de quinze mois environ, la fièvre inlermitleule varie dans sa syropto- raalologie, par rapport aux stades e! par rapport au type. Ainsi point de stade de froid. C'est à peine si quelques frissons vagues et erratiques traversent le corps de reniant; c'est une sorte de concentra- tion. Peut-être est-il moins apte à ressentir cette impression. La physiolo- gie pourrait-elle nous donner la raison de celte différence ? La période de chaleur est absolue ; elle est même la seule appréciable. Le stade de sueur, comme relui du froid, est. avorté chez le tout jeune «nfanl; c'est à peine si la peau se revêt d'une très-légère moiteur. Le type quotidien est le seul qu'on observe à cet âge, tandis que chez l'adulte des rémittences quotidiennes indiquent presque toujours une lé- sion organique cachée. De plus, la régularité des accès si remarquable cliez l'adulte manque tou- jours chez l'enfant. Pour nous résumer, la fièvre intermittente simple se caractérise ainsi chez les jeunes enfants : Invasion subite; Type quotidien; Irrégularité des accès ; Absence presque complète des stades de froid et de sueur; Stade de chaleur exagéré ; Apyrexie bien manifeste. Presque toujours voici ce qui se passe. L'enfant qui était fort gai devient tout à coup triste et maussade ; il s'impressionne facilement et la moindre cause attire des larmes; il refuse le sein ou le biberon. Une certaine pâ- leur se répand sur son visage; ses mains et ses pieds froidissent. Il survient de fréquents bâillements. Quelquefois au début ce sont des vomissements de matières glaireuses ou bilieuses. Chez d'autres, c'est un mal de tète violent, et la main du pauvre enfant se porte fréquemment à celle partie. Parfois c'est un poumon qui se congestionne, et une toux sèche et fati- c'esl de ne pouvoir faire d'aulopsie ; presque toujours les lésions locales leur échappent. Est-ce un mal ? et D'arrivenî-iîs pas par ceUe ignorance même à une idée plus philosophique de la maladie? 'Si 62 gaate, parfois accompagnée de vcmissemeals, marque le début de l'accès. Dans un cas que nous avons observé, une forte diarrbée survint; bientôt la peau devient brûlante et sèche. Celle chaleur et celle tension se répan- dent aux muqueuses. La femme du peuple vous décrit cet état en vous di- sant : Mon enfant brûle. Venïanie&l HhMM, somnolent parfois, agitent pris de convulsions. Cet état dure plus ou moins longtemps: puis enfin Ct'lte tension disparaît, la peau s'assouplit, une légère moiteur y apparaît. Tout rentre dans Tordre; l'enfant se calme, il sourit, reprend le sein jus- qu'à ce qu'un nouvel accès vienne reproduire de semblables phénomènes. Voilà en peu de mots la description d'un accès de fièvre intermitlenle simple chez un jeune enfant- Celle description est pour ainsi dire copiée sur la nature, car elle est l'expression même de faits que j'ai observés. Il est une pbrase que j'ai soulignée à dessein, car elle n'a frappé en ce sens qu'elle montre que l'observation hippocralique est l'étude de la nature même. Dans ces grands accès de fièvre qui semblent menacer la frêle machine de Tenfant, quel est le symptôme le plus saillant, celui qui saule pour ainsi dire aux yeux de la mère, ce médecin intelligent qui observe avec son cœur ? C'est la chaleur animale augmentée; aussi vous dit-elle; Mon enfant brille. Ce phénomène résume pour elle toute la maladie, et nous voyons avec plaisir qu'il a été signalé par M. Bouchut. Celle observation puisée dans la nature elle-même avait frappé le père de la médecine : • Hippocrates quidem febrern appcUat ignem, et febricitaiites igné corrfptos » RiOLAN. Ainsi, pour Hippocrate, notre maître à tous, quoi qu'on dise et quoi qu'on fasse, la fièvre, c'est le feu, c'est-à-dire une lésion de celle faculté première que possède l'organisme de fournir une somme de chaleur inhé- rente à la vie, car là où il n'y a plus de chaleur, il y a mort; par consé- quent, pour le père de la médecine, la fièvre était une lésion de la calorifi- caiion, ou mieux, une lésion vitale. Eh bien! je ne crains pas de le dire, n'en déplaise aux organiciens de nos jours, il faudra en revenir à ces idées primitives, si l'on veut avoir vne idée satisfaisante de la fièvre, car, ne l'ou- blions pas : « Madicus est interpres n(tlur lance beaucoup plus ferme que celle du tissu cellulaire œdémateux L'avant-bras était lui-même tuméfié mais propor- tionnellement beaucoup moins que la main. Nous allons indiquer successivement les particularités que nous ont pré- sentées à la dissection la peau, le tissu cellulaire, les artères et les veines, les muscles, les tendons et leurs bourses synoviales, les nerfs, les os et leur périoste. !• La teinte propre à la peau du nègre était bien conservée; seulement, sur les faces palmaires des doigts, et spécialement sur la face palmaire du petit doigt, Pépiderme froncé odrait des dépressions très-ii régulières, cir- constance qui était due probablement en partie à l'action du sublimé et de l'alcool dans lesquels la pièce avait été conservée. L'épiderme était détaché de la peau et largement soulevé s^ur plusieurs points. Mais ce qui était très- remarquable, c'était l'apparence de la face externe de cet épiderme à la paume de la main. Des élevures épidermiques, en forme de papilles et dis- posées en séries très-rapprochées, formaient une espèce de gazon ou plutôt rappelait très-exactement l'aspect de velours d'Ulrecht. Ces papilles épider- miques, comme nous le dirons plus loin, coiffaient lés papilles hypertro- phiées de la surface externe du derme. La longueur de ces papilles épider- 69 miques élail variable, d'un niiltimeire ù lu paume i!e la main, d'un denii- miiliraèlre vers le petit doigt, elles uvaienl jusqu'à Zt ou 5 millimètres le long du repli de la peau à la base de l'ongle du pouce. L'épaisseur de i'é- piderme, généralement augmentée, était irès-considérable sur plusieurs points. A la coupe, il offrait, de dehors en dedans, une espèce de peigne formé par les élevuies épidermiques; au-df>ssous, une couche d'un blanc grisâtre et une autre couche plus rapprochée des pupilles du derme qui, généralement, était imprégnée de pigment. QuahI au derme lui-même, on remarquait, à l'œil nu, à sa surface, un gazon fin et ténu, formé par des papilles hypertrophiées et une teinte de pigment répandue assez générale- ment et assez adhérente pour qu'on ne pûl pas l'enlever par le grattage du scalpel. En incisant la peau et les tissus sous-jacenis jusqu'aux phalanges des doigts, par exemple, ou bien à la paume de la main jusqu'au ligament palmaire, il était impossible de reconnaître les limites piofondes du derme. Il se continuait avec le tissu cellulaire devenu fibreux et induré ; sur quel ques autres parties, on pouvait jusqu'à un certain point reconnaître les li- mites du derme et constater qu'il éiail considérablement augmenté d'épais- seur. Cette confusion de derme avec le tissu cellulaire sous-culané devenu fibreux élail si complète que, sur quelques points, le derme paraissait avoir jusqu'à 16 millimètres d'épaisseur. La distinction entre la face inférieure du derme et le tissu cellulaire fibreux sous-cutané était d'autant plus im- possible que le tissu graisseux qui existe normalement, en quantité plus ou moins grande dans les aréoles du der-ne et au-dessous, avait entièrement disparu sur un grand nombre de points. Les ongles étaient légèrement dé- formés et sans altération notable. 2° Le tissu cellulaire sous-cutané et celui qui forme des gaines aux vais- seaux et aux tendons offrait des altérations non moins remarquables; plus épais et surtout beaucoup plus résistant qiie dans l'étal naturel, il criait sous le scalpel comme le tissu dit squirrheux, bien qu'il fût imprégné d'un liquide séreux. Ce tissu cellulaire induré englobait en une seule masse ces diverses parties, et l'on ne parvenait à les isoler que par une longue et mi- nutieuse dissection. Le tissu adipeux avait presque partout disparu ; sur quelques points seulement, on rencontrait quelques grains graisseux d'un jaune orangé. 3' En pratiquant plusieurs coupes dans différentes directions, on décou- vrait çà et là des veines dilatées et des e.'^pèces de sinus veineux acci- dentels. Les artères radiale et cubitale avaient acquis un développement consi- 70 dérabie. L^artère radiale, par exemple, près du premier espace ioterosseux, avait UD volume supérieur à celui qu'elle préseute ordinairement à Pavant- bras. Toutes les branches que fournissent ces artères étaient, aussi,, remarquablement développées. Le tissu cellulaire et le derme étaient péné- trés par des artérioles volumineuses. A l'occasioû de ces artères, nous croyons devoir appeler Tattenlion sur un fait qui est peut-être de nature à jeter un nouveau jour sur Torganisa- lion de la tunique moyenne ou élastique. Les anatomisles considèrent gé- néralement celte tunique comme formée essentiellement d'anneaux circu- laires, contigus les uns aux autres et unis par des fibres longitudinaies ou obliques ; or nous avons constaté que cette membrane se déroulait avec une grande facilité comme un fil roulé en spirale. Cette disposition, que noua avons représentée dans une des figures annexées à ce travail, pouvait être constatée avec îe même facilité dans l'artère radiale et dans la cubitale. Nous avons déjà dit que certaines veines étaient Irès-développées; nous ajouterons que c'étaient surtout celles qui accompagnent les artères et leur» ramifications. Les veines sous-cutanées, au contraire, élaieat peu pronon- cées ; les parois de quelques-unes étaient évidemment épaissies. /i" Les muscles de la face dorsale de l'avant-bras, ceux des émincnces théiiar et bypothéoar et ceux des espaces interosseux offraient des loges dont les plus grandes auraient pu contenir une noisette, et les plus petites un grain de blé. De ces loges, les unes étaient de petites cavernes vides, les autres étaient remplies par une matière concrète d'un blanc jaunâtre, ayant l'apparence de pus concret ou de tubercules, et qui, à Tinspeclion microscopique, n'offrait point les caractères dislinctîfs de l'un ou de l'autre de ces produits morbides. Les parois de quelques-unes de ces cavités ^tai«ut lisses comme celles d'un kyste. Quant aux fibres musculaires elles- mêmes, elles étaient jaunâtres, et dans les parties qui présentaient ces ca- vités, elles étaient compléleraent méconnaissables. Il n'y avait pas de ces loges ou petites cavernes dans les muscles de la face palmaire de l'avant- bras. b" Les tendons des extenseurs sur le dos de la main, confondus avec le tissu cellulaire induré, n'ont pu en être séparés qu'avec beaucoup de peine et encore pas sur tous les points ; les tendons des muscles fléchisseurs dea dclgls étaient intacts dans leur gaine synoviale. Les gaines et les bourses synoviales ne paraissaient point altérées. 6» Le nerf radial et le nerf cubital, ainsi que leurs principales division», paraissaient sains. 71 7» Presque tous les os el leur périosle odraienl des traces non équivoques de périostite el d'ostéite. Le radius, sur la partie inférieure de son corps, présentait des bosselures avec raréfaction de son tissu ; son extrémité car- pienne était très-gonflée, poreuse el couverte d'aspérités longues el nom- breuses.* Le cubitus offrait à un moindre degré des alléralioos analogueg. Les 06 du carpe et du métacarpe, les phalanges du pouce et du petit doigt étaient gonflés, poreux, surmontés d'inégalités el d'aspérités à leur surface, par suite d'ossilications accidentelles du périosle. A la base ûe la premièie phalange du pouce, une de ces aspérités, longue d'un cenlimèJre à peu près, se prolongeail en arrière dans le tissu cellulaire fibreux. En résumé, la dissection de cette main éiéphantiaque a démontré : i* L'byperlrophie du derme avec développement morbide des vaisseaux, des papilles el des couches épidermiques; 2° L'induration fibreuse du tissu cellulaire tuméfié el infiUré d'un li- quide séreux ; 3* Un développement morbide des vaisseaux arfériels et veineux, mais surlout des artères, dont ia membraue inr-yenn^; peut se déiouler eo sipi- rale ; 4* De petites cavernes dans la plupart des muscles de la face dorsale de Tavant-bras el ceux ceux de la main; 5* Des dépôts salins sur plusieurs points du périosle épaissi. 6* Le gonflement el l;i raréfaction du tissu des os; 7' L'intégrité des nerf:?. SUR LA NATURE ET LES CAUSES UKS SUPPURATIONS BLEUES; PAR M. LE PROFESSEUR SÉDILLOT. L'existence des suppurations bleues a été fort anciennement connue, el les recueils scientifiques de nos jours en rapportent plusieurs exemples en les présentant comme des faits rares el exceptionnels dont on ignore com- plètement les causes. C'est au même titre que l'on signale habituellement les sueurs et les urines bleues, le lait de même couleur, etc., dont on n'est pas arrivé jusqu'à pré- sent à préciser les conditions étiologiques ni l'explication doctrinale. MM. Persoz et Dumas avaient admis la production de l'acide hydrocya- nique dans les suppurations de mauvaise nature et la formation de com- posés analogues au bleu de Prusse ; mais M. Conté a refuté, par des expé- riences publiées en 18Z|2 dans la Gazette Médicale de Paris, cette opi- nion plus ingénieuse que vraie, dont on ne s'est plus occupé depuis ce moment. On a supposé le développement d'un champignon particulier, dé- /^. V-^A' 74 crit sous les noms de calvaria nosocomialis , d'agaricus nosocomiorum et de champignon des plaies. M. Cadet de Gassicourt (extrait du Dict. des se. méd., art. Champignon^ 1813) dit que Méry le premier observa cette singulière production. Leraery aurait répété à celte époque les mêmes remarques. Ces cl)ampignons nais- sent souvent dans les appareils à fracture laissés longtemps en place, et ont été trouvés quelquefois de la grosseur du petit doigt. Les colorations bleues dont nous nous occupons sont solublcs, et ne pré- sentent à l'examen microscopique aucune trace de produits organisés, comme s'en est assuré notre honorable collègue M. le professeur Fée : on ne saurait donc supposer la présence d'un champignon, même microsco- pique, comme cause de ia coloration du j>us. M. Bailieuil aliribua la couleur bleue du lait à des touffes do byssus qu'un changement dans ralitAeûtalioBi des animaux eî ifemploi de sel' m'aritf fai* salent disparaîli-c* (Comptes kïnocs de l'Aca». i>es sciENCES,-t. XVÏU- p. 1138.) M.Simon avait découvert une matière a'jalojiue à l'indigo dans des urines bleues (Comptes rbndiîs'de Bérzéuus,. 18/t9, pi 389) ; mais M. Reins (Jahr Boch fdr pharm., t. Vni, p. 93) et M. Duméril (Arch. de pharm., t. XXXIX, p. Zi8) ont étudié des urines bleues dont la coloralioQ dépendait d'une substance toute différente (1). (1) Cette matière était insoluble dans Tenu, sohible dans l'alcool et dans l'é- tber qu'elle coiorajt lrès-forl«meot. I,a couleur changeait psr la dessiccation. La dissolaiion élhérée devenait rouge el la dissolution alcoolique verl jaunâtre. L'acide* sulfurîque'dilué et l'amraoniaqviiiî ne prtjdttisaiéni aiicon changement dans la coiiieur décos dissoUjJJons ; niais i'.icide salf»i«iqu'e cîontfetitré lt>8-i«ert- daitvertes. L'iiydr«ef (le potasse éferrdti d'eau en quantité conwnabic t^isaitdis» paraître complètement la couleur. La Gazette DES hôpitaux civils et MiuTAines (I850v n» 91) a emprunté à-nn journal allemand l'analyse d'une urine bleue, rendue par un hvdropique âgé de 56 ans. L'urine, recuoMlie dans un petit verre bien notiové, préstnla un jour une coloration bleue bien nîarqiice. Le liquide, du poids d'onviroî» une once, ava'ii la couleur d"uu l)leu vordàtre sale et une odeur ammoniacale. Le papier rie curcuma était teint en brun parce liquidi». Par le repos, il se forma un dé^sôt léger d'ua blanc verdâtrte, qui, sur les côtés do'verre, formait' un aïineau' lileti. De même il s'éleva a la surface' du liquidif! quelques balles bieuej, qui, en' décantarit la' iiijueur, reslérentadhéPettles alù vase. Après avoir été filtrée, î* liqueur avait uofe' couleur d'un jaune vçpdâ(re 75 La Gazette Médicale de Paris a cité l'histoire d'une jeune négresse affectée de sueurs bleues très abondantes», que l'analyse chimique fît com- parer à la matière de l'indigo. Telles sont nos notions sommaires sur les colorations bleues acti'lefl- lellea de quelques uns des liquides de l'économie, et l'on verra que nos recherches ont réalisa un progrés en précisant mieux l6S condiiioos des suppurations bleues et en les reproduisant arlificiellemenl. Il ne sera peut-être pas sans intérêt d'exposer la série des idées e^ des observations qui nous conduisirent à ce résultat. Les premiers faits dont nous fûmes frappés ont été rapportés par i\!. le docteur Weiss, dans le compte rendu de nos cliniques pendant l'année scolaire I8/18, 18Zj9. (Voy. Gaz. Médic de Strasbourg, 18i»9, Quelques CONSIDÉRATIONS SDR LES TUMEURS.) Voici comment s'exprimait, à celte occasion,, notre jeune et zélé con- frère : « LÎUQ des 16 cancéreux,, opérés avec succès par M. Sévlillot pendant » l'année scolaire, nous fournil l'occasion d'observer une suppuration » blwie.. C'était la troisième fois qu'un pareil phénomène se présentait sous I» nos yeux dans la pratique de ce professeur. parfaitement analogue à de la bile étendue; l'acide nitrique y produisit une vive effervescence. Avec un excès d'acide la liqueur ne changeait pas de colo- ration; ce qui indiquait que la coloration bleue n'otail pas due à de la bile brune. Le dépôt dessécbé fournit un demi-grain d'une maiière qui était atta- chée au lillre par du mucus ; son aspect était terreux. A la loupe, on voyait quelques petits cristaux brilianis. L'analyse chimique constata du phosphate de chaux et du phosphate de magnésie. Cette coloration bleue avait pénétré dans le liltrc et reparut lorsqu'on eut enlevé le dépôt brunâtre. La tache bleue, de la grandeur d'une pièce de deux francs, résista à TMction de l'eau distillée, disparut par une goutte d'acide ni- trique, . laissant une tache jaune, et fut remise à nu par de l'acide pulfurique concentré» Quelques moments après, une goutte d'une solution de carbonate de potasse, mise eu conlpct avec la tache, la détacha sur le bord, sous forme d'un aunoau d'un bleu clair que l'eau distillée entraîna ; et même une partie de la lâche iraitée par l'acide sulfurique put être lrans|K)rtée surun autre papier, N'esl-H pas possible d'admettre que dans certaines conditions données, et sous riidlucoce de l'usage de certains végétaux, il^ se produise de l'indigo daiî^. rorganisoie humainî (MEDiciMscHf» cohrespondbn'z Bvxxt, lU\ausaiKR AERZ:ÏER.). 76 » Le premier cas nous fui offert par un officier auquel M. Sédillol enlevai, » en 1845, un testicule atteint de cancer encéphaloîde. Ce malade, qui » s'est très-bien porté depuis cette époque et n'a plus éprouvé d'accidents, » offrit pendant le cours de son traitement une suppuration bleue Irès- » abondante. Cinq ou six compresses en étaient imbibées chaque jour. » Toutefois il serait plus exact de dire qu'il y avait sécrétion d'une sérosité » d'un bleu clair, car le liquide était aqueux, et les globules de pus s'y n trouvaient en assez faible quantité. Cette disposition insolite, venue sans » cause appréciable, disparut sans avoir exercé d'influence, ni en bien, ni M en mal, sur la santé du malade. ») On jeune homme amputé de la cuisse, le 2 mai 18^9, pour une suppu- » ration du genou, nous présenta celte année lé second exemple de sup- » puration bleue. Le blessé était fort affaibli, ayant été opéré pendant la » dei*nière période d'une tumeur blanche du genou. Sa constitution était » débile, à tel point qu'on l'avait d'abord jugé incapable de supporter l'am- » putation. Cependant en le voyant résister avec énergie aux accidents de » vaste suppuration avec carie dont il était atteint depuis plusieurs mois, » M. Sédillot ne voulut pas l'abandonner et lui enleva la cuisse en mettant » en usage sa méthode à un seul lambeau antérieur. Le blessé guérit après » une suppuration assez étendue du moignon, suppuration qui devint et » resta d'un bleu clair pendant plusieurs jours.Toutes les pièces de panse- » ment en étaient imprégnées sans qu'on ait pu en découvrir les causes. » Le troisième cas fut celui d'une malade opéré d'un cancer du sein et » de l'aisselle. L'appareil fut teint en bleu pendant plusieurs jours. Les » plaies se fermèrent ensuite régulièrement, et la guérison s'accomplit » sans accidents. » Il est à remarquer que ces suppurations bleues ne se déclarèrent ni au » commencement ni à la fin de la suppuration des plaies. Dans le premier » et le troisième cas, les os n'étaient pas lésés. Les plaies occupaient cha- » que fois des régions fort différentes ; les malades avaient des âges divers, » de 25 à /i5 ans. Les pansemenls avaient consisté en simples boulettes de » charpie chez les uns, en compresses fenêtrées enduites de cérat simple » chez la troisième ; raiimenlation ni les localités n'étaient les mêmes. »» Nous sommes donc obligé d'avouer notre complète ignorance des condi- » tions éliologiques d'un pareil phénomène qui a déjà plusieurs fois attiré » l'attention des observateurs. » On voit, d'après les paroles de M. Weiss, qu'aucune explication ne s'of- frait encore à notre esprit vers le milieu de l'année dernière, et que nous 77 nous bornions à signaler les faits, en attendant de nouvelles lumières. Plus lard, nous publiâmes dans notre deuxième mémoire sur les moyens d'assurer la réussisle des amputations des membres des détails plus étendus et déjà plus avancés sur le même sujet, » Depuis le moment, disions-nous, où nous constations de nouveau ce » phénomène inexpliqué des suppurations bleues (cas d'amputation de la M cuisse), nous en avons observé six autres exemples qui, joints aux 3 cas ») tirés de notre pratique, et signalés par M. le docteur Weiss dans son » MÉMOIRE SUR LES TUMEURS, uous doDoenl UD tolal de 9 observations de » ce genre. » Nous croyons aujourd'hui en pouvoir mieux indiquer les causes et la » nature. Il serait trop long d'entrer dans le détail des faits, mais une sim- » pie énumération montrera l'extrême variété des conditions patholo- » giques. Nos 9 malades étaient atteints : 1« de cancer opéré du testicule; » 2° idem du sein ; 3° d'amputation de la cuisse ; li° idem du doigt ; 5" id. » de la cuisse ; 6° de fracture avec plaie de la jambe; 7* de résection du » coude; 8' de plaie du talon; 9° de kélotomie inguinale. Aucun de ces » malades n'a succombé, ^e qui démontre le peu de gravité de ces colora- » lions anormales sous le rapport du pronostic. » Voici quelques particularités de ces prétendues suppurations bleues: i> L'un de nos malades, atteint de fracture compliquée de la jambe, offrait ») une très -petite plaie de 2 centim. Des accidents d'étranglement et de » gangrène étaient devenus imminents ; nous mîmes le membre complé- B ment à nu dans un des appareils dont nous nous servons et dont nous » réservons la description pour un autre travail. N Des compresses trempées dans une décoction émolliente furent appli- » quées depuis le pied jusqu'au-dessus du genou, et trois jours plus tard, A ces compresses les bandes conlentives et les alèses étaient entièrement » colorées en un beau bleu, tout aussi intense que dans les cas où nous » avions déjà été frappé do l'apparition du même phénomène. » Il était évident que toutes ces pièces de pansement n'avaient pas été » imprégnées de pus; ainsi ce n'était pas un pus bleu qui s'était produit, » mais une matière colorante accidentelle. Le microscope ne montra pas » de globules purulents. » La matière colorante recueillie par expression et par lavage rougissait » légèrement par les acides, et était ramenée au bleu par les alcalis. » Nous vîmes alors, en consultant nos notes, que la plupart des malades » chez lesquels nous avions rencontré des suppurations bleues avaient fait 78 » usage de fomentations émollienles, et nous pûmes constater sur les ma- » lades observés ultérieurement, et en particulier sur une jeune femme à » laquelle nous avions réséqué le coude droit, que la teinte bleue était » bornée aux pièces superficielles du pansement imbibées de fomenia- » lions, tandis que les pièces plus profondes et plus immédiatement en » contact avec les plaies et le pus n'offraient aucune coloration anormale. » La conséquence de ces remarques nous paraît être la négation des sup- » purations bleues, dont la production s'expliquerait par une modification » particulière delà sérosité. Nous nous occupons d'expériences à ce sujet. » (V. Gaz. méd. de Strasbourg, 1869.) Les pièces d'appareil sur lesquelles avait apparu la coloration bleue avaient été placées sur des membres ou sur des portions du tronc atleinls de lésions plus ou moins graves, et avaient été imprégnées de pus, de séro- sité, d^ produits de la transpiration, et dans un assez grand nombre de cas, de fomentations végétales. Il s'agissait de savoir quel avait été le rôle de ces divers éléments dans la production de la coloration bleue. Le moyen le plus facile et le plus sûr d'arriver à la connaissance de ce problème nous parut être de procéder par élimination successive. Si la coloration bleue continuait à se montrer en l'absence de l'un des éléments sus-indiqués, nous devions nécessairement mettre ce dernier hors de cause, et celte méthode simplifiait les conditions de l'expérience en les éclairant. Nous commençâmes par éliminer la matière purulente, essentiellemenl couslituée à nos yeux par les globules et les granules du pus. Nous substi- tuâmes à ia sérosité de ce produit des plaies celle du sang provenant de dix saignées faites sur d'autres malades, et séparée avec soin des globules et de la matière colorante. Nous avons démontré, dans notre ouvrage sur l'infection purulente, que ia sérosité du sang et celle du pus étaient chimiquement et pathologique- ineot identiques, et nous étions autorisés à faire cette substitution. Nous ajoutâmes à la sérosité du sang une certaine quantité de sueur re- cueillie sur un malade plongé dans un bain de vapeur, et nous complétâmes le mélange avec de la fomentation émolliente. On versa la liqueur ainsi composée sur des compresses et une bande ap- pliquées autour d'un genou traumatiquement enflammé, et tout l'appareil fut entouré de coton et de taffetas ciré et fréquemment imbibé pour en éviter la dessiccation. 79 a. Massifini, mon chef de cliniqwe -à Thôpilal militaire, suivit «t dirigea TexpérieRce avec autant d'intelligence que de soin, et nous vîmes appa- raître, vers le cinquième jour, des plaques superficielles d'un beau bleu clair disséminées sur différents points. Le coton en fut d'abord le siège unique, mais, deux jours plus tard, les bandes offraient la même co- loration. Une odeur fade t^l naiisésbonde se fit sentir, et les teintes bleues passè- rçnt çà et là au vert, puis au brun. La présence des parlies solides du pus n'était Dullemenl nécessftir«, comme le démontrait c^tle expérience, à la production du ptiénomène im- proprement décrit sous ie nom de suppuration bleue, et il restait à étudier i'aciiwi de la sueur ei des fomenlations végétales. Ces deux substances lurent à leur tour éliminées sans que la matière co- lorante bleue cessât d'apparaitre. et ïioi:s acquîmes ainsi la certitude que la sérosité maintenue à une lempéraluie rapprochée de celle du corps était la seule condition dn phénomène dont nous poursuivions l'étude. te litîge employé jonait-it un rôle spécial ? C'est une question que nous n'avons pas çompléjemenl résolue 3 mais nous fîmes usage de linge neuf, lavé à, l'eau distillée. Nous eûmes également la précaution d'entourer les téguments d'uo tafTe- tas ciré pour empêcher l'action de la transpiration, et il devint manifeste que les colorations bleues étaient dues à une réaction particulière de la sérosité du sang ou du pus imprégnant les pièces de pansement, et sous l'influence du contact de l'air et d'une température de 26 à 30 de- grés centigrades. N0U5; voulûmes rendre Texpéiience plus concluante encore, en la déga- geant des conditions pathologiques dans lesquelles nous l'avionï entreprise, et en faisant une œuvre de laboratoire. Nous parvhimcs, avçc l'habile assistance de M. le professeur Rouclier, à faire naître des colorations bleues sur un plateau niétailique chauffé au baiu- marie e! recouvert d'une cloche de verre pour empêcher î'évaporalion. De l'eau distillée et do sérum du sang éîait^nt versés sur une compresse et quelques llocons de coton ; et au cinquième jour, les teintes bleues ap- parurent et s'étendirent gradueilemenl en prenant une coloration plus foncée. Les mêmes phénomènes furent également produits au laboratoire de no- tre savant collègue M. Hepp, pharmacien eu chef de l'hôpital civil, et les deux chimistes dont je viens d'invoquer l'autorité oH eu la bonté de me 80 remettre une note dans laquelle ils constateot que la nouvelle matière co- lorante est solubie et jouit d'une grande résistance à Taction d'acides très- énergiques et concentrés (1). (1) Note sur la matière colorante bleue des linges a pansement, par M. le docteur Roucher. Siraslxtiirg, 14 mars 1850. Les linges colorés en bleu à la suite de certains pansements cèdent leur teinte à l'eau quand on les agite avec ce liquide; en même temps la liqueur se trouble et le microscope y décèle une infinité de petits corpuscules arrondis assez semblables, pour l'aspect et les dimensions, auï granules purulents. La teinte bleue n'appartient toutefois pas à ces granules, car en tilirant le liquide, l'eau passe fortement colorée, tandis que les granules d'un blanc gri- sâtre restent sur le filtre. La solubilité de la substance fait fortement soupçon- ner qu'elle n'est point occasionnée par le développement d'une matière orga- nisée, d'une moisissure, par exemple. Cette teinte est d'un bleu verdâtre très foncé; quand l'eau en est fortement chargée, son pouvoir colorant parait assez considérable. Cette couleur présente une assez grande stabilité : i'ébullition, l'acide chlo- rbydrique froid ou bouillant, l'acide azotique froid, l'acide sulfureux même, ne ta détruisent pas. L'acide azotique bouillant la brunit; le chlore la fait rapidement dispa- raître. La dissolution aqueuse n'est troublée ni par I'ébullition, ni par l'acide azo- tique bouillant, ni par le sous-acétate de plomb; d'où il résulte que celte ma- tière n'est formée ui accompagnée d'aucune substance albuminoïde, et qu'elle n'est très-probablement point de nature animale. Les acides énergiques la changent en une couleur rouge otfrant la teinte pelure d'oignon caractéristique du tournesol rougi, ce qui établit de grandes probabilités en faveur de la nature végétale de cette substance. Le sous-acéiate de plomb, qui décolore complètement le tournesol, ne préci- pite pas la couleur dont il s'agit de sa dissolution aqueuse, laquelle n'oflre pas la moindre réaction alcaline; mais la liqueur se décolore en partie quand on y ajoute avant le sel de plomb quelques gouttes d'ammoniaque. Alors le préci- pité plombique qui apparaît, entraîne avec lui une portion de la matière co- lorante dissoute. Tous ces faits paraissent prouver que la matière colorante bleue du linge à pansement est de nature et d'origine végétale. Ils rejettent bien loin celte idée qui attribuait l'apparition de cette teinte à la production de bleu de Prusse ou de phosphate de fer aux dépens du fer contenu dans le sang, et des phos- phates alcalins ou des combinaisons cyanuré«s séparées des liquides ani- maux, par suite d'une altération quelconque. Le phosphate de fer est inso- 81 Sans insister ici sur les caractères chimiques, dont je laisserai rappréxia- lion à des hommes plus compétents, je me bornerai à signaler quelques questions dont Télucidation serait importante. Il y aurait à chercher comment les colorations bleues se forment sou- vent chez les malades en vingt-quatre heures, tandis que nous ne les ob- tînmes qu'en quatre ou cinq jours dans nos expériences. LMnfluence d'une température plus élevée à la surface des plaies serait- elle la cause de cette différence ? L'état de la sérosité devrait-il également être pris en considération ? Il semblerait probable que les sueurs bleues, le lait bleu, les urines bleues dépendent d'une cause identique, se manifestant au sein de l'économie et résultant d'une réaction toute chimique de la sérosité du sang. Cependant l'analysé a montré des variétés très-distinctes dans les matières colorantes bleues produites. La coloration bleue des cadavres au début de la putréfaction est-elle de même nature que celle des plaies ? On parviendra sans doute à éclairer ces questions par une étude plus approfondie de la nouvelle matière colorante dont nous avons précisé les conditions de production, et nous devons espérer que la voie dans la- quelle nous sommes entré conduira bientôt à la connaissance de phéno- mènes aussi curieux. lubie dans l'eau ; et ni lui ni le hieu de Prusse ne rougissent par les acides et ne bleuissent de nouveau par les alcalis, comme il arrive pour la substance co- lorante dont il s'agit. NOTE SUR UNE NOUVELLE VARIÉTÉ D'OBLITÉRATION DES VOIES SPERMÂTIQOES; COMMUNIQUÉS PAR M. L. GOSSELIN , Chef des traraux anatomiqQea & la Faculté de médociite à« Pn\», et«. Dans le travail que j'ai communiqué à rAcadéroie de médecine le 29 juin 1847, et que j'ai plus tard inséré dans les Archives (U' série, t. XIV), j'ai appelé l'allenlion des analomistes el des pathologistes sur une altéra- tion peu soupçonnée pendant la vie des sujets qui la portent, c'est une oblitération interceptant la communication entre l'organe sécréteur du sperme et son réservoir. J'ai donné la description d'une première variété consistant dans une oblitération complète du canal déférent à une certaine dislance de la queue de répididyme, et j'ai rappelé un fait analogue cité par Brugnone. Le cas intéressant que M. le docteur Duplay a communiqué depuis à la Société de biologie, et dont la Gazette Médicale du 22 juin dernier, a rendu compte, se rapporte à cette variété. Ce cas différait du mien et de celui de Bru- 8/i gnone, en ce que les deux canaux déléreuts, el non point un seul, élaienl oblitérés. J'ai montré ensuite qu'une seconde variété consistait en une cblilération, soit temporaire, soit permanente, au niveau de la queue de l'épididyme. Ces deux sortes d'oblitérations sont remarquables par la persistance du testicnle avec son volume ordinaire, et la conservation des dimensions na- turelles de la vésicule séminale, bien qu'il n'y arrive pas de sperme, et qu'elle ne contienne pas d'autre liquide que celui qu'elle sécrète elle- même. Une troisième variété est due. à l'oblitération d'un on de plusieurs des canaux eiïérents, c'est-à-dire de ces conduits qui, placés entre le testicule, et la tête de l'épididyme apportent le sperme dans ce dernier, et donnent Daissance au canal qui le constitue, en se réunissant successivement les uns aux autres. La nouvelle variété sur laquelle j'appelle aujourd'hui l'attention occupe encore la tête de l'extrémité antérieure de l'épididyme ; elle consiste en une oblitération et même une disparition complète, non pas de quelques vaisseaux efiférents, comme dans le cas précédent, mais bien de tous à la fois, en sorte que la communication entre le testicule et les voies excré- toires se trouve entièrement interceptée, comme dans les deux premières variétés. Cette oblitération sur la pièce où je l'ai constatée est d'autant plus intéressante qu'elle y avait été amenée par une autre affection, par un de ces kystes de l'épididyme qui ont été de ma part l'objet de quelques recher- ches nouvelles. Voici ce fait : Obs. — Un sujet de 40 à 45 ans, apporté ces jours derniers dans nos aoiptii- itîéâtres d'anatomie, portait au côté droit du scrotum une tumeur assez volumi- neuse, fluctuante, qui pouvait au premier abord être prise pour une hydrocèle ordinaire ; cependant MM. Richard et Verneuil, prosecteurs de la Facnhé, ne lardèrent pas à reconnaître que le testicule étart distinct de la tumeur, et ne se trouvait pas entouré de tous côtés par le liquide,- après avoir fendu le scrotum et ouvert la tunique vaginale, ils virent bien que la collection liquide se trou- vait en dehors de celte tunique, au bas du cordon, et que l'épididyme était soulevée par la tumeur et confondue avec elle. Pensant dès lors que cette pièce serait inléressante pour moi, puisqu'elle se rattachait aune altération que j'a- vais déjà étudiée, ils voulurent bien me la communiquer; je leur en témoigne ici toute ma reconnaissance. La tumeur, grosse comme une petite orange, se trouvait au bas du cordon, tout près de son insertion, sur le bord supérieur du testicule droit, entre ce der- 85 «ier et l'épididyaie. Sa partie interne était tapissée par la tunique vaginale, dont le feuillet droit se trouvait refoulé vers sa cavité. La partie inférieure était en contact avec le bord supérieur du testicule, la supérieure était en rapport avec l'épididyme. Celte dernière connexion est la plus curieuse ; en effet, l'épididyaie n'avait conservé sa position naturelle sur le testicule qu'au niveau de sa queue - à partir de ce point et jusqu'à sa partie antérieure, il s'éloignait du testicule de plus en plus, soulevé qu'il est par la tumeur interposée entre les deux or- ganes. A mesure qu'il se rapprochait de la partie antérieure, l'épididyaie deve- nait de plus en plus mince et Unissait par se confondre tellement avec la paroi de la poche, qu'il avait perdu sa forme ordinaire et qu'il devenait impossible de le reconnaître. J'ai pratiqué d'abord une ponction au kyste, et j'en ai fait écouler une petite quantité de liquide citrin semblable à celui de l'bydrocèle ordinaire. Ce liquide, examiné plusieurs fois au microscope, ne contenait pas de spermaiozoaires. Dans mon travail sur les kystes de l'épididyme (Archives, 4* série, t. XVI), j'avais indiqué la difficulté que l'on éprouvait souvent à distinguer les kystes primitivement développés entre l'épididyme et le testicule, et contenant des spermatozoaires, et ceux qui se forment dans le tissu cellulaire du cordon, tout à fak à sa partie inférieure. La position, les rapports, et presque tous les sigues physiques, sont identiques, tant sur le vivant qu'après la mort ; la différence principale que j'avais constatée était celle-ci : les gros kystes de l'épididyaie, bien évidemment développés entte cet organe et le testicule, que j'avais eu l'occasion de rencontrer, conteoaient un liquide troui}le rempli de spermato- zoaires. Ceux qui appartenaient positivemeat à la partie inférieure du cordon, renfermaient un liquide citrin, sans spermatozoaires. Je me demandais cepen- dant si, à la rigueur, un kyste séreux ordinaire, sans animalcules, c'est-à-dire ne se rattachant primitivement à aucune lésion des voies spermatiques, ne pouvait pas se développer aussi quelquefois entre l'épididyme et le testicule. Celui au- quel nous avons affaire, sur la pièce dont je donne la description, pourrait bien appartenir à cttte catégorie; il a des connexions tellement étroites avec le tes- ticule et l'épididyme, qu'il est difficile de ne pas croire qu'il a pris son origine en cet endroit ; il y aurait donc au-dessous de la tète de l'épididyme deux es- pèces de grands kystes, les uns provenant de quelque lésion des canaux effé- rents, et contenant des spermatozoaires ; les autres simplement celulleux et renfermant le même liquide que l'bydrocèle ordinaire. Le kyste, en se développant, avait éloigne la tète de l'épididyme du testicule d'environ 3 ou 4 centimètres ; il s'agissait de savoir ce qu'étaient devenus, à la suite d'une pareille distension, les vaisseaux efférents et la tète de l'épididyme. Pour le rechercher, j'ai fait une injection à l'essence de térébenthine, avec l'ap- pareil dont j'ai parlé ailleurs, celui dans lequel une pression exercée par le mer- cure communique l'impulsion au liquide. La matière à injection, colorée en bleu, n'a pas tardé à remplir l'épididyme, jusque vers la partie antérieure; une fois 86 arrivée dans ce point, au niveau duquel je ne pouvais plus distinguer nettement l'épididynse de la paroi du kjfte, elle a cessé de marcher. Il ne s'est pas fait de rupture, mais l'essence de térébenthine s'est arrêtée obstinément dans des ca- naux Irès-îina qui paraissaient se lerrRiaer en cul-de-sac. Elle n'est point arrivée dans le testicule, ce qui a lieu ordinairement avec facilité, au moyen de cet ap- pareil, lorsque ses voies sont Jibred. Outre l'iDjectioD, il y avaki un autre moyen de s'éclairer, c'était d'examiner la liquide pris daus le canal déférent et la vésicule séminaie du côté droit. Cette exploration faite à diverses reprises m'a toujours fait constater le même résul- tat, c'est à-dire une absence complète de spermalozoaires dans ce liquide. Au contraire, celui du caiiai déférent et de la vésicule du côte gaucbe, resté sain, renfermait un grand nombre de cça auimakules- L'e'ipioraiion répétée par MM. Robin, Richard et Galliet, leur a donné le même résultat, qui est d'une grande importance ; car sur les sujets doet les voies spermatiques sont libres, il est ordinaire de trouver des animalcules des deux côtés à la fois, et sur les sujets qui portaient des obiitéralsons soit du cansï déférent, soit de la queue de l'épididyme, j'avais trouvé aussi qu'ils manquaient du côté malade et existaient éa. côté ssin. Il est donc ^Taisemblable que l'allongement des vaisseaux eflé- rents sur notre sujet a été porté jusqu'au pomt de les rompre ou de faire dispa- raître leur calibre. Peut-être pourr«it-oQ croire que !a disteusion a tout siniple- metit déplissé les fiesuositès qiie forment ces «lisseaux dans ce que l'on appelle les cônes de l'épididyme. Biais outre qu'eu pareil cas, si une oblitération n'avait poJat eu lieu, l'Injection aurait pu arriver jusqu'au teslicuie, il est difficile de croire qu'un dépassement «uraii pu donner, sans les rompre, li ou âcentim. de longueur à des conduits si ténus et mirmalemeut si courts. Pour qui y réfléchira un instant, [joui* qui d'ailleurs aura vu la pièce et l'in- jection que je mets sous les yeux de la Société, il ne restera pas de doute sur la disparition des canaux eflérents et l'interruption con»p!ète entre l'épididyme et îe testicule. Le testicule a conservé son volome naturel ; je n'ai pas trouvé de sper-mato- zOiiires dans son iniérieur; mais te testicule du côté sain n'en contenait pas non plus. On sait en efl'et que ces animalcules se trouvent bien plutôt dans les voies excrétoires que dans ta glande séminale elle-même. La vésicule séminale pré- sente son volume ordinaire; seulement le liquide y est un peu moins épais, moins jauue. J'ai constaté la même chose dans les observations que renferm»} mon travail sur les obUtéra(i(n>$, et c'est certainecuent un fait curieux que cette interruption dans les voies excrétoires du sperme, sans atropbie ni du testicule ni de la vésicule séminale. Sous le rapport pratique, le lait que je coiutBunique à la Société en- raîne cette conséquence qu'il D'esl pas prudent d'abandonner indéfini- ment à eux-mêmes les kfsles mi ant, ils deviendront les appendices de l'auricule gauche. Le cœur à cette époque est très-mou, et si Ton place le i'œlus sur le côté droit, on croit y voir un nœud ; cette apparence a aussi trompé quelques anatomistes, elle résulte du croisement l'une sur l'autre des deux portions snpéiieure et inférieure de cette espèce de boyau que forme l'organe qui nous occupe. C'est de la trente-sixième à la quarantième heure de l'incuba- tion que le cœur commence à se contracter d'une manière bien évidente. Le fœtus est enc-ore placé dans le blaslodernie, de manière à présenter le dos à l'observaleur, et le cœur paraît à droite, sa convexité en dehors. Le sang commence à rougir le vaisseau placé sur la grande courbure du cœur (ce trait longitudinal que nous avons noté) ; il coale dans ce sinus placé à la base du septum qui divise le cœur en deux cavités loagitudi- îjales. Ce sepium est lui-même composé de deux feuillets adhérents l'un à Tautre, sauf sur le point où ilss'éciirtenl pour laisser passer 5e sang. Le dé- collement s'augmentera peu k peu, et à la place d'un sinus très-étroit se formera la grande cavité du ventj-icule gauche. Les portions contractiles du cœur sont au début : l'auricule, le sinus dont nous avons parlé et la portion de ce sinus engagée dans le bulbe. Les tissus qiù forment le cœur eÀlérisu- reraent n'ont aucune propriété contractile; ils coasislent en un tissu fibro- gloiiiileux élastique; les cavités d'une et d'autre partdu septum sont pleines d'un sérum fort transparent, et celte disposition a donné encore lien à une illusion dans laquelle estrtjême tombé le grand llaller. uans les premiers moments, le sang passe par gouttelettes très-petites dans le sinus, et comme le septum cl le sérum, vu leur grande transpa- 92 rence, ne se dislinguent pas l'uo de l'autre , le sang a Tair de courir au travers d'un liquide incolore, mais sans s'y répandre et sans sy mêler. L'auricule prend de l'extension par l'afllux du sang. On remarque dans sa cavité une espèce d'arête qui s'étend de droite à gauche où elle vient aboutir à une ouverture, l'orifice auriculo-ventriculaire d'où le fluide coule par un conduit placé sur la grande courbure dans le ventricule. Le cœur se rétrécit dans ce point etïorme un canal qui, plus tard, se raccour- cira tout à fait et ne sera plus au lieu d'un conduit qu'une gorge. Des deux côtés de ce conduit auriculo-ventriculaire, nous remarquons de petites languettes élastiques ; lorsque l'auricule se contracte elles se fléchissent en dehors et se prêtent à la dilatation du passage, puis se re- dressant par leur élasticité, elles aident à chasser le sang dans la région ventriculaire. Ces deux bandelettes s'épanouissent et forment les deux pa- rois antérieure et postérieure du cœur ; puis se rétrécissant de nouveau, elles deviennent la gorge qui termine la région ventriculaire. Cette gorge est très-courte ; les fibres qui en partent s'épanouissent de nouveau sous la forme de deux autres languettes placées sur les côtés du bulbe, comme celles que nous avons vues sur les côtés du canal auriculo-ventriculaire, elles ont les mômes fonctions, elles aident à projeter le sang dans le vais- seau branchial. Nous remarquerons ici que les fibres des deux faces du cœur se croisent pour former les bandelettes du bulbe, de telle sorte que la bandelette droite appartient à la face gauche ou antérieure ; la gauche pro- vient de la face droite ou postérieure. Le canal contractile, qui par son dé- veloppement formera le ventricule gauche, se renfle dans le bulbe comme dans la région ventriculaire, composée de deux feuillets adhérents l'un à l'autre, sauf dans la partie où l'on aperçoit un décollement au travers du- quel le sang se fraye une route. Ce décollement ira croissant et formera vers la cinquantième ou la soixantième heure une cavité ovoide entre les deux languettes, qui se remplit de sang par la contraction ventriculaire, et le projette dans le vaisseau branchial. Ce vaisseau assez étroit monte vers la partie supérieure du fœtus et se termine par deux divisions symétriques à droite et à gauche qui, donnant chacune un gros rameau à la tête et se courbant en bas, forment deux canaux que nous appelons les sinus bran- chiaux, parce que successivement de chaque côté nous verrons sortir du vaisseau branchial des rameaux qui , passant dans le centre des arcs bran- chiaux, iront s'ouvrir dans ces sinus. Entre la quarantième et la quarante- huitième heure les deux premières paires d'arcs branchiaux sont achevées, ils ont leur forme cylindrique, et dans leur partie moyenne ils contiennent 93 les artères branchiales qui vont du vaisseau de ce nom aux sinus. Leur ac- croissement est d^abord rapide, mais il s'arrête bientôt, et elles s'oblitèrent vers la fin du troisième jour, alors que les autres croissent. Du vaisseau branchial part une troisième paire d'artères qui montent d'abord parallèle- ment à celui-là, et après un chemin assez court se divisent en deux ra- meaux qui entrent dans les troisième et quatrième paires d'arcs branchiaux. Sur le vaisseau branchial, nous n'avons donc que quatre paires d'artères, et non pas cinq comme comptent les embryologistes. Les derniers arcs branchiaux sont plus grêles que les deux premiers ; le col en s'allongeant sépare le dernier système du supérieur, dont la circulation s'éteint avec l'oblitération de la portion correspondante du vaisseau branchial. A l'en- droit où la troisième artère branchiale entre dans le sinus de même part, on voit se détacher un vaisseau qui se porte en dehors, c'est l'artère de l'aile. Arrêtons-nous un moment dans notre description pour montrer combien, à l'époque où nous sommes arrivés, la circulation du fœtus chez l'oiseau ressemble à celle du poisson ; nous avons, en effet, une seule auricule qui projette le sang dans un ventricule unique, un système branchial au lieu de poumons, dont le sang passe dans deux sinus qui vont se joindre pour former l'aorte. Ici peut-être on nous objectera qu'un anatomiste dont la France à juste titre s'honore, M. le professeur Serres, a cru voir deux aortes qui se réunissaient plus tard. Voici ce qu'une étude exacte des faits nous a montré : Vers la quarante-huitième à la cinquantième heure de l'incubation, en soulevant le cœur, on voit les deux sinus branchiaux distinctement s'abou- cher et former un vaisseau extrêmement court qui se divise en deux autres descendant le long de l'épine dorsale ; ces artères donnent dans la région pectorale chacune aux vertèbres qui leur correspondent des vaisseaux nourriciers, et dans la région ventrale un gros rameau qui se porte au jaune, les artères omphalo-mésentériques, pour le présent au nombre de deux ; ces deux artères provenant de l'aorte continuent à descendre jusque dans le bassin. Entre ces deux vaisseaux, depuis leur origine, on observe un espace vide. Lorsque le volume du sang augmente, la portion antérieure de l'enveloppe aortique qui, se joignant à la postérieure, formait ainsi une gaîne à chacun des vaisseaux latéraux qui provenaient du principal, se dé- colle, et les deux vaisseaux se trouvent ainsi réunis en un seul jusqu'à un point immédiatement au-dessous de l'origine des omphalo-mésentériques; celles-ci se trouvent alors placées sur une petite ampoule qui se moule 94 bientôt en un tronc Irès-court, celui de l'artère omphalo-mésentérique supérieure. Peu à peu l'aorte continue son développement jusqu'au bassin ; eiîe donne l'évolution de deux nouvelles artères : les iliaques primitives sur une ampoule aussi, et l'artère sacrée termine son cours. Mais si nous trouvons des traits de ressemblance entre l'oiseau et le poisson, il en est d'autres qui déjà les différencient. Le cœur chez le premier n'est point placé symétriquement sur la ligne médiane; l'auricule présente en avant sa lace gauche au lieu de montrer la droite. La face droite du cœur et du bulbe est aussi en avant chez le poisson, et non tournée latéralement à gauche comme cela a lieu dans le cœur du poulet, ce qui oblige le vais- seau branchial de ce dernier à décrire une courbe pour arriver aux arcs branchiaux. Plus tard, par l'allongement du col et l'atrophie du vaisseau branchial, le bulbe se déforme et disparaît. Le cœur passe, à cette époque, de la ré- gion trachéale à la pectorale, où il doit être définitivement placé. De la centième à la cent trentième heure, le cœur achève de s'organiser et présente les formes qui appartiennent spécialement aux vertébrés à sang chaud, son diamètre de l'auricule au bulbe se raccourcit, et ce mouvement amène l'évolution de la pointe qui se dirige en bas et un peu en arrière, le bulbe se contourne de droite à gauche et présente sa face en avant. La face droite de l'auricule, laquelle est demeurée entièrement dépouillée de fibres musculaires, se gonfle et forme comme une protubérance qui devient l'auricule droite; elle communique laigement avec la cavité gauche; tou- tefois une bride circulaire à forme d'anneau indique déjà une division ; si l'on ouvre k cavité auriculaire, l'on voit sur la limite des deux auricuies les rudiments des membranes semilunaires qui fermeront le trou de Botal et la rainure entre ces deux feuillets d'où le sang veineux passe dans l'au- ricule droite. Nous remarquons ici que cette face de l'auricule gauche qui se distend maintenant pour former la cavité auriculaire droite reste dépouillée de fibres musculaires ; la même chose est arrivée à la partie inférieure du cœun, dans readroit où sa pointe se prolonge. Ainsi que nous l'avons déjà dit plus haut, le ventricule gauche perd de sa longueur lorsque la pointe du cœur se forme, par contre, il gagne en pro- fondeur ce qu'il perd ainsi. Sur sa face supérieure, qui ne semble plus qu'une arête, on trouve vers cette époque un vaisseau considérable, dont se voit, dès la cent huitième heure, l'orifice dans le ventricule gauche; à droite de l'orifice auriculo-ventriculaire, il rampe sur la face supérieure du 95 cœur, et passant dau^ la languette droite du bulbe, il s'ouvre à rorigine de l'artère branchiale ; à celle époque, le bulbe cesse ses fonctions. Nous re- connaissons aisément dans l'artère qui sort du ventricule gauche l'aorte à son origine; on lui a donné le nom de bulbe de l'aorte, parce qu'on a cru que cette partie était une transiorraation du bulbe adventif, et c'était encore là une erreur que nous tenons à relever, parce qu'on la trouve dans tous les traités d'anatomie. Nous avons laissé l'auricule droite se développant; de celte cavité part en arrière et à droite un vaisseau mince qui va porter du sang ù, un gros point rouge qui est le ventricule droit. En dehors du bulbe de ce point, le sang passe dans un autre conduit qui croise l'origine de l'aorte, passe au-devant d'elle et se jette dans la languette gauche du bulbe advenlif : c'est Tarière pulmonaire, dont noub montrerons le parcours un peu plus loin. Quelques heures plus tard, le ventricule droit s'étend, devient une véritable cavité, et le canal auriculo-venlriculaire se réduit à un orifice. L'on a cru que les ventricules, primitivement, se divisaient en deux com- partiments, par une membrane semblable à celle qui sépare les deux auri- cules; il n'en est rien et les ventricules sont toujours séparés; le gauche est formé par l'extension du ventricule originairement moyen ; le droit par un vaisseau sanguin qui pénètre dans l'espace contenu entre la paroi droite du ventricule gauche et les téguments musculaires de la droite du cœur. De la cent vingtième à la cent quarante-quatrième heure de l'incubation, l'appareil circulatoire grossit et se perfectionne ; ainsi les orifices de l'aorte et de l'artère pulmonaire sont pourvus de valvules qui fonctionnent toute- fois à peine. Le cœur, rentré dans la cavité pectorale, est environné d'un péricarde encore fort transparent Quant aux vaisseaux, le rameau supérieur de la troisième artère bran- chiale gauche donne le tronc innorainé de même part, et il en est de môme à droite ; mais ici nous devons faire remarquer une autre différence entre les animaux à sang chaud et les poissons. A gauche, le rameau supérieur de la troisième artère donne le t-onc innomiaé de même part, puis toute la portion du sinus brancliial qui de ce point va à l'aorte descendante, s'obli- tère et disparait. A droite, le rameau supérieur de la troisième artère bran- chiale donne le tronc innominé de même part, l'inférieur donne une por- tion de l'aorte qui est formée par l'artère branchiale du quatrième arc, et la portion du sinus branchial qui va du point où cette artère entre dans le sinus, jusqu'à celui où le sinus va former l'aorte descendante. DUPLICITÉ DE LA FACE CHEZ LES OISEAUX, Par m. DAVAINE. M, le docteur Davaîne communique à la Société de biologie les remar- ques qu'il a faites sur certains cas de duplicité de la face chez quelques oiseaux. J'ai montré à la Société, dit M. Davaine, un poulet monstrueux dont M. Rayer m'avait confié la dissection. L'anomalie offerte par cet animal consiste dans la duplicité des pai'ties antérieures de la tête, ia région postérieure et le corps étant simples. Cette monstruosité a été assez fréquemment observée, et même dans les quatre classes d'animaux vertébrés; mais le plus grand nombre des observateurs s'étanl bornés à l'examen des caractères extérieurs, d'après lesquels ont été établies la plupart des classitications tératologiques, Thisloire de l'organi- sation de ces monstres laisse encore à désirer. J'ai donc pensé qu'il ne se- rait pas sans intérêt de donner une description détaillée du sujet dont je présente aujourd'hui les pièces analomiqucs. Je mets en môme temps sous les yeux de la Société trois autres cas provenant également de la collection de M, Rayer, et qui présentent à des degrés divers le même genre d'ano- naaUe. 7 1" SUJET. — Le poulet, déjà présente dans une séance précédente, avait le corps en tout semblable à celui d'un poulet au terme de l'incubation. La tête offre lea parlicularités suivantes : simple et normale dans la région occipitale, elle pré-» sente en avant deux faces distinctes, dont les axes divergent à angle droit ; dans leur écartement, les deux orbites internes, confondues, forment une seule ca- vité. Cette orbite, commune aux deux tètes, était occupée par un œil volumineux} entouré par quatre paupières et deux membranes nictitantes rudimentaires. L'œil externe de chaque tète étant normal, l'ensemble présentait donc trois yeux. Les deux becs supérieurs sont normaux et divergent suivant l'axe de chaque tête. Le» becs inférieurs participent davantage de la fusion générale; plus rapprochés l'un de l'autre, ils se voient dans l'angle rentrant, intercepté par les becs supérieurs, auxquels ils ne peuvent s'adapter. Deux cavités buccales, séparées en avant par une cloison membraneuse très-courte, sont confondues en arrière et se conti- nuent avec un pharyux commun. De la cloison partent deux langues courtes, nne pour chaque bouche; elles forment entre elles un angle obtus et se con-' fondent par leur base. L'examen anatomique a permis de constater que tous les organes abdominaux et thoraciques étaient semblables à ceux d'un poulet normal. 11 y avait un seul œsophage, un pharynx, une trachée et un larynx simples. L'os hyoïde, unique, est normal; mais il supporte un os lingual (encore carti- lagineux chez ce sujet) modifié dans sa forme et dans sa direction. Il est évidem- ment formé par la réunion de deux os, un pour chaque langue, et présente quatre cornes, dont les deux antérieures, plus grandes, forment un croissant placé trans- Tcrsalement au devant du corps de l'os hyoïde. L'encéphale, enlevé avec soin de la cavité crânienne, avait une forme assez exactement cubique , on y reconnaissait une moelle allongée simple, un seul cer- Telet et deux corps quadrijumeaux plus volumineux que chez un poulet normal, mais qui étaient trop altérés pour qu'on pût en constater les autres particulari' tés; enfin deux cerveaux séparés l'un de l'autre par une mince cloison cellu" laire. L'ensemble de ces deux cerveaux formait un quadrilatère dont le» lobes olfactifs de chacun occupaient un angle ; leur grande scissure se portait diagona^ lernent en arrière l'une vers l'autre. — Vu par la base, l'encéphale offrait une double scissure disposée en croix : l'une, longitudinale, était la ligne de sépara* tion des deux cerveaux ; l'autre, transversale, correspondait aux scissures de Sylvius. Eu arrière de cette scissure, l'on trouvait sur chaque cerveau l'origine des nerfs optiques, dont les deux internes se portaient, en convergeant, à l'œil situé dans l'orbite commune. Cet œil était plus volumineux que chacun- des deux autres ; on pouvait y constater une sclérotique unique, présentant sur la ligne médiane supérieurement et inférieurement un sillon profond, trace de la fusion de deux globes oculaires, une seule choroïde, mais divisée longitudinalement par' une cloison médiane verticale, qui n'était pas recouverte de pigment. Cette cloi- son formait ainsi aver ];\ choroïde deux cavitcs,dont chacune contenait le peigne 99 et une rétine. On pouvait y constater en outre l'eiistence de deux cristallins sé- parés, de deux iris réunis, présentant deux pupilles distinctes; enfin deux cor- nées rnies par leur bord en 8 tlo chiffre. — Cet œil recevait un nerf optique de chaque cerveau. Ces nerfs aboutissaient à la sclérotique en deux points dis- tincU. La cavité du crâne est formée en arrière par les quatre pièces occipitales, de chaque côté par un pariétal, par la portion écaiUeuse et pétrée du temporal, la grande aile du sphénoïde et un frontal, comme chez un poulet normal. A la base, par un sphénoïde basilaire qui offre les premières traces de la duplicité antérieure de la tête. Cet os s'élargit d'arrière en avant, où il présente deux selles turci- ques séparées par une cloison osseuse. Enfin la cavité crânienne est complétée «n avant et en haut par un frontal unique, formant une voûte au-dessus de l'or- bite commune. Il est facile de reconnaître que cet os résulte de la fusion de deux frontaux peu modifiés dans leur forme et appartenant chacun à une tèift diffé- rente. On observe â la voûte du crâne, entre les trois frontaux et les pariétaux, une large fontanelle membraneuse. De même la cavité du crâne est séparée de «elle de l'orbite commune par une u '^mbrane qui occupe tout l'espace compris entre le sphénoïde et le frontal- Cette membrane offre à sa partie inférieure et postérieure deux trous optiques. A la face, toutes les parties situées au devant et de chaque côté des orbites, parties constituant le bec supérieur, la voûte palatine et les fosses nasales, sont «onformées pour chaque tête comme chex un poulet normal, à l'exception de quelques parties voisines de l'axe d'union des deux têtes. Ainsi les arcades zygo- matiques internes (internes par rapport à cet axe), à partir de l'origine du bec, se portent transversaleraeni l'une vers l'autre, et s'unissent en formant le bord antérieur de l'orbite commune. Les deux palatins internes, au lieu de suivre la direction du bec auquel ils appartiennent, se portent parallèlement d'arrière en avant et s'unissent, à la naissance de chaque bec, avec les zygomatiques dont il vient d'être question, formant ensemble un quadrilatère sous l'orbite commune. Une petite pièce osseuse quadrilatère correspond aux deux ptérygoïdiens in- ternes. Les deux mâchoires inférieures se réunissent au niveau de la partie cornée du bec ; leurs branches internes se confondent et se terminent en arrière par une pointe aiguë. Les denx branches externes forment avec les deux précédentes un M majuscule dont la base regarde le crâne. Ce poulet, «,u t:irme de l'incubation, avait rompu sa coquille en deux points ■correspondants aux deux becs ; mais la portion intermédiaire opposait une ré- sistance qu'il n'avait pu vaincre. 11 fut trouvé, le lendemain, ayant les bec? en- gagés dans les deux trous de la coquille. Il est donc probable que ce poulet était Viable. 2* swET.— Le deuxième cas nous a été offert également par un poulet dont j« Iprésente le «quelette. Ici la fusion des deux faces est beaucoup plus complète. Les 100 becs inférieurs sont réunis jusqu'auprès de leur extrémité antérieure. Les bec* supérieurs sont aussi très-rapproctiés, de sorte que l'on aurait pu croire à une simple fissure médiane de ces organes sans la présence d'une troisième orbite Celle-ci, située sur la ligne médiane, plus reculée en arrière que celle du poulet précédent, est à peu près de la grandeur d'une orbite normale. Elle contenait niï œil unique, petit, et qui, autant qu'on en pouvait juger après son long séjour dans l'alcool, n'offrait qu'une seule cornée. L'ossification de la tête était plus eoniplete que dans ie poulet précédent. Z' SUJET. — Le troisième cas appartient à un pigeon. Dans ce cas, la fusion est moins complète que dans les deux autres ; il y avait, comme dans le premier su- jet, un seul cervelet et deux cerveaux. L'orbite commune est très-large, et l'œil qui l'occupe représente assez exactement deux yeux contigus, chacun d'une gran- deur égale à celle de l'un des yeux latéraux. Les becs sont complètement séparés. L'œsophage et la trachée sont simples, ainsi que l'os hyoïde, dont l'extrémité antérieure supporte deux Os linguaux. 4"> SUJET. — Le quatrième cas appartient^ un canard; mais celui-ci offre un intérêt particulier par la coexistence d'une monstruosité d'une autre nature, c'est-à-dire par l'existence de la cyclocéphalie à l'une des têtes. Ce sujet, forte- ment durci par un long séjour dans un liquide conservateur et ayant déjà été examiné, ne peut plus donner lieu qu'à une description incomplète; mais la face et les yeux sont entier?. La tête droite est bien conformée, abstraction faite de la partie qui s'unit à la tête gauche. Celle-ci, moins volumineuse, présente un bec inférieur bien développé, épais et recourbé en haut, comme en général la mâchoire inférieure des monstres rhinocéphales, une langue bien conformée, un bec supérieur très-rudimcntaire, qui laisse à découvert presque toute la ca- vité buccale et qui naît immédiatement sous l'orbite, sans aucune trace d'ouver- ture des narines ou de fosses nasales. Ces organes sont indiqués au-dessus de l'œil par un petit mamelon qui représente très-exactement, au volume près, la forme de la trompe des mammifères rhinocéphales. Les deux orbites de celte tête sont confondues en une seule, qui, étant confon- due elle-même avec l'orbite interne de la tête voisine, constitue une cavité uni- que et très-large ; en sorte que l'ensemble de ces deux têtes présente seulement deux orbites t l'une, normale, est l'orbite externe de la tête droite, l'autre, anor- male, résulte de la fusion des deux orbites internes entre elles et avec l'orbite «xterne de la tête gauche affectée de cyclocéphalie. L'œil contenu dans cette orbite commune représente un seul globe oculaire très-allongé transversalement, dans lequel on peut distinguer : I"" deux cornées bien conformées et séparées, appartenant, l'une au côté interne de la tête droite^ l'autre au côté interne de la tête gauche; et 2° en dehors et au-dessus de cette dernière cornée, une sorte de renflement correspondant à l'œil externe de cette tétc gauche affectée de cyclopie. ioi La cyciocéphalie a été quelquefois observée chez les oiseaux, mais elle est beaucoup plus rare chez eux que chez les mammifères ; d'un autre côté, il n'est pas rare de rencontrer la pseudencéphalie ou l'anencéphalie chez les monstres doubles, principalement chez ceux dont la lête oITre une fu- sion plus ou moins complète. Chez ce canard opodyme, Texisfence de la cyciocéphalie, dont les rapports avec les anomalies anencéjihaliques ou pseudencéphaliques sont très-intimes, ne présente donc ri'^.n d'extraordi- naire ; néanmoins je ne connais pas d'autre exemple de k réunion sur un même sujet des anomalies (opodymie, cyciocéphalie) r^ae nous offre ce monstre. La monstruosité dont je viens de placer plusieurs exemples sous les yeu de la Société a été désignée par quelques auteurs (Gurlt , Barkow) sous le nom de diproropie; elle appartient au genre opodyme de M. Isidore Geof- froy Saint-Hilaire, genre caractérisé par une tête unique en arrière et se séparant en deux faces distinctes à partir de la région oculaire. Mais, comme nous venons de le voir, dans ce genre de monstruosité, les faces elles- mêmes peuvent ne pas être complètement distinctes. Les régions anté- î-ieures de la tête participent quelquefois de la fusion des régions posté- rieures à ce point que l'orbite commune, très-étroite, ne contient plus qu'un seul œil petit et incomplet, tandis que d'autres fois cette orbite con- tient deux yeux normaux complètement distincts, et dans quelques cas, les traces de la duplicité s'observent même au cervelet. Ces cas forment ainsi la transition de ces monstres, dont la duplicité est à peine indiquée, à ceux qui offrent deux cerveaux et deux cervelets distincts. Que si l'on recher- chait le dernier terme de celte duplicité, l'on trouverait, à partir de ces monstres simples au-dessous de l'ombilic et doubles au-dessus jusqu'aux opodyraes les plus simples, l'on trouverait, dis-je, une série dans laquelle on observe des degrés, mais non des catégories, dont les caractères distinc- tlfs et constants puissent permettre l'établissement de genres ou d'espèces, comme on l'entend en zoologie. KECHERCHES SDK LES GLOBULES BLANCS DU SANG. Néstoire lu à la Société Par m. le Docteur DAVAINE. Les anatomistes et les physiologistes qui se sont occupés de l'élude riet» globules sanguins chez l'homme , en ont dislingiié trois espèces : Les globules rouges , les globulins et les globules blancs. Je me propose aujourd'hui d'appeler l'attention des membres de la So- ciété sur un phénomène très-curieux et non indiqué, que présentent les globules blancs, lorsqu'on soumet à l'inspection microscopique unegoul- lelelle de sang prise sur l'uomme vivant. On a déjà remarqué que lorsqu'on place une gouttelette de sang frais entre deux lames de verre, le globule blanc ne tarde pas à se fixer; il ré^ Bisle au courant qui se manifeste en ce moment dans le liquide , et se reconnaît en général très-facilement aux Ilots de globules rouges qui se forment autour de lui. On peut le reconnaître, en outre, «aux caractères suivants : il est incolore , sphéroïde , irrégulier, granuleux, sans noyau central , mais offrant un ou plusieurs points distincts ppr leur plus grande transparence; enfin, il est plus volumineux que le globule rouge. Après un certain temps, lorsque le sang contenu entre les lamelles de verres'est répandu uniformément et que ie mouvement du liquide s'est apaisé , com- mence le phénomène que je me suis proposé de décrire. Le globule blanc perd sa forme arrondie ; d'un point de sa circonférence s'avance Irès-lenlemenl une expansion plus transparente que la masse du globule, qui devient ainsi ovalaire, ou quadrilatère, ou irrégulier, suivant la forme de l'expansion produite ; bientôt après , il se montre sur un autre point une nouvelle expansion qui amène une nouvelle forme du globule , soit que l'expansion première rentre dans la masse primitive, soit qu'elle reste étalée au dehors. De nouvelles expansions continuant à se produire, en même temps que des retraits s'opèrent sur d'autres points de la cir- conférence du globule, donnent incessamment à ce corpuscule un aspect nouveau et différent des précédents. Ces expansions et ces retraits se pro- duisent avec une grande lenteur; il faut beaucoup d'attention pour en suivre le développement, mais les variations qu'elles déterminent dans la forme du globule blanc sont très-faciles à constater, si on l'examine à de courts intervalles. Pendant que l'on remarque ces changements dans la conformation exté- rieure du globule, on peut en constater aussi dans son intérieur; ainsi, certains points deviennent plus ou moins transparents ou cessent de l'être; sur plusieurs corpuscules j'ai pu constater un , quelquefois deux points plus clairs, semblables, en apparence, à des vacuoles, qui ne disparais- saient jamais complètement et qui , par les transformations successives de la masse, en occupaient tantôt un point central, tantôt un point quelconque de la circonférence. J'ai pu suivre sur un globule , dans l'espace d'une demi-heure , une vingtaine de changements de forme. Toutes les fois qu'une forme a per- sisté pendant plus de cinq minutes , c'était la dernière. De tous les micrographes , M. Donné me parait être celni qui a étudié avec le plus de soin les globules blancs, et il en a donné dans son allas plusieurs figures très-exactes. Plusieurs de ces globules sont représentés avec des formes différentes, mais M. Donné ne dit nulle part que ces glo- bules peuvent prendre un grand nombre de formes différentes et succes- sives dans un court espace de temps, ainsi que je crois l'avoir constaté le premier. Ces variations des globules blancs frappent d'autant plus l'observateur que les globules rouges dont ils sont entourés conservent leur apparence primitive pendant longtemps , lorsqu'on ne les déforme point par la com- pression ou par l'addition de l'eau ou de quelque autre substance qui les i05 allère; les changements de forme des globules blancs sont, dis-je , si re- marquables et se succèdent en nombre si considérable que l'idée de mou- vements spontanés dans ces corpuscules se présente à l'esprit. D'abord, il est impossible de les attribuer à une dessiccation progressive de ces petits corps, puisque ces changements de forme ont lieu lorsque les globules blancs sont baignés par une légère couche de sérum, et pendant que les globules rouges nagent et circulent dans la gouttelette de sang en obser- vation ; on ne peut pas davantage regarder ces variations de forme comme des déchirures ou des éraillements, puisqu'on voit les petites expansions revenir sur elles-mêmes. A ces raisons, j'ajouterai qu'on a plusieurs fois constaté , et je l'ai constaté moi-même en étudiant sur la grenouille le mouvement des globules sanguins dans les vaisseaux, que les globules blancs restent souvent immobiles et comme adhérents au.x parois de ces vaisseaux pendant que les globules rouges, beaucoup plus nombreux, sui- vent le torrent de la circulation ; or je me suis assuré que ces globules blancs, ainsi fixés sur les parois des vaisseaux, présentent des changements de forme analogues à ceux qu'ils offrent dans une gouttelette de sang placée sur une lame de verre. En définitive, il paraît donc prouvé que ces variations dans la forme des corpuscules blancs du sang ne peuvent être attribuées à un phénomène d'altération, et si l'on voulait leur donner une interprétation, on ne pour- rait guère les comparer qu'à celles de certains animaux infusoires, protées ou amibes, par exemple. — C'est, du reste, une question que je n'aborderai pas aujourd'hui ; pour le moment, je me bornerai seulement à signaler un fait digne de l'attention des physiologistes , à savoir : la propriété remar- quable qu'ont les globules blancs du sang de prendre des formes très- variées et successives. Je dois ajouter que ce n'est pas seulement chez l'homme que les glo- bules blancs présentent ces changements de forme; je les ai observés en- core dans plusieurs individus appartenant à chacune des autres classes des vertébrés ; je ferai remarquer, en outre, qu'ayant étudié le sang d'un assez grand nombre d'animaux invertébrés et qu'ayant constaté dans les corpus- cules qu'on y rencontre des caractères et des variations de forme analo- gues à ceux que j'ai signalés précédemment, je suis porté à conclure que les globules blancs de Thoianje et des animaux vertébrés doivent être rappro- chés des corpuscules du sang des animaux inférieurs. l' DU GENRE AGÉNOSOME (GEOFFROY-SAINT'HILAIRE) ; Méffiolre la à la Sociité Par m. le Docteur HOUEL, CocicrTaieor adjoint du Moiée Dopaytreo. Les monstres célosomiens, par la gravité de leurs anomalies, occupent un rang élevé dans la science lératologique ; arrivés à un certain degré de développement, leur rareté est assez grande pour que la science les compte encore, et leur nombre n'est pas considérable. Ils ne constituent jamais une monstruosité simple ; ils nous présentent toujours à considérer la com- binaison d'un plus ou moins grand nombre de vices de conformation qui peuvent exister indépendamment de la célosomie ; ainsi on rencontre tou- jours dans celte famille la hernie d'une portion considérable du tube di- gestif hors de la cavité abdominale; lorsque cette anomalie existe sans perte de substance des parois abdominales, une portion du canal intestinal ou i08 de répiploon fait hernie par l'ouverture ombilicale, el forme une lumeur conteDue dans la base du cordon, c'est l'exomphale. Dans réventralioD, au contraire, non-seulement il y a beraie des viscères abdominaux, mais ii y a encore absence plus o i moins complète des parois abdominales, absence qui n'est que la persistance des conditions embryon- naires du fœtus, A cette première époque de la vie inlra-ulériue, les in- testins comme îlcltant au-devant de la colonne vertébrale sont contenus dans la gaîne fort ample du cordon. L'ombilic à celle époque se trouve largement ouvert ; c'est cette dernière variété, c'est-à-dire Téventration abdominale, que l'on rencontre toujours dans la célosomie ; elle peut même être compliquée de vices de conformation plus ou moins étendus du côté de la poitrine. Geoffroy Sainî-Hilaire, dans son excellent ouvrage sur les mcnslres, ca- ractérise celte famille de la manière suivante : « Ëœistence d'une éoentra- tion plus on moins étendue, toujours compliquée de diverses anoma~ lies des membres inférieurs, des organes g énito-ur inaires ou même du tronc dans son ensemble. De la description que je dois faire de ce fœtus, nous verrons que c'est bien à cette famille qu'il doit se rattacher; il nous présentera seulement un degré plus complexe que ne Ta observé Geoffroy Saint-Hilaire. Petit, dans un travail publié en 1716 dans les Mémoires de l'Académie des sciences, sous le nom de Fœtus difforme, présente la description d'un monstre qui a la plus grande analogie avec celui que j'ai décrit. M. Gastelier, dans le Journal de médecine et de chirurgie, en 1773, sous le nom de Fœtus monstrueux, nous fait aussi connaître [un fait analogue fort intéressant. Méry, dès 1700, dans les Mémoires de l'Académie des sciences, signale un cas semblable aux deux précédents ; il avait observé la torsion des membres inférieurs. Mais les détails manquent II en est de même de l'ob- servation publiée dans le Bdlletis philomatique. Les deux observations les plus complètes que j'aie consultées sont donc celles de Petit et de M. Gastelier. J'aurai soin, dans le courant de ce travail, de rapprocher l'un de l'autre ces trois faits, et de montrer que, même dans ce cas de monstruo- sité, la nature ne marche pas en aveugle, et qu'elle peut se reproduire avec une grande exactitude. La grande famille des monstres célosomiens se divise en plusieurs genres ; M. GeoflroySaint-nilaire en établit six, suivant que l'éventration siège sur la ligne médiane ou sur l'un des côtés de l'abdomen, avec conservation ou absence presque complète des organes génito-urinaires. Il peut arriver en- 109 coreque la lésion s'étende jusqu'au thorax, ou bien qu'il y ait une imper- fection notable des membres pelviens. Dans chacun de ces genres , les membres inférieurs subissent toujours un changement de rapport ou un degré d'altération qui est variable suivant le genre qu'on examine. Il peut même arriver, comme dans les schistosomes, qu'ils viennent à manquer complètement. Pour déterminer maintenant d'une manière exacte la place que doit oc- cuper ce monstre dans la scjence téralologique, il nous reste à indiquer le genre dans lequel nous devons le placer : il m'a paru appartenir d'une manière plus directe au second genre, aux agénosomes, quoiqu'il ait aussi la plupart des caractères assignés aux aspalasomes ; mais ces deux variétés de la même famille sont tellement rapprochées qu'elles ne diffèrent que par un seul caractère, une absence plus ou moins complète des organes géni- taux. C'est chez les agénosomes (1), comme leur nom l'indique, que cette absence est plus complète, et sous ce rapport, nous avons cru devoir lui assigner ce rang. Obs. — Ce fœtus, d'environ 8 mois, a été envoyé de Grenel'.eà M. le docteur Gosselin, chef des travaux anatoraiques, pour être déposé dans les cabinets du musée ï)upuytren ; il m'a donc été impossible de me procurer les renseigne- ments relatifs à la mère pendant la grossesse. Mais ie fait en lui-même est fort intéressant. Je commencerai par décrire la configuration extérieure de ce mon- stre; ensuite je chercherai à donner la description la plus exacte et la plus dé- taillée qu'il me sera possible des organes intérieurs. Considéré à l'extérieur, ce fœtus olFre une conformation difficile à analyser ; il semble d'une manière générale qu'à partir de ia région lombaire, la partie inférieure du tronc, ainsi que les membres pelviens, aient subi un mouvement de torsion, en vertu duquel les fesses se trouvent tournées en avant ainsi que les talons, tandis que les genoux et les orteils regardent en arrière. Les membres Inférieurs sont du reste bien conformés, en apparence du moins, et ne présen- tent aucune autre anomalie, A l'endroit où cette torsion s'est opérée, dans la région des hanches, le bas- ventre manque de peau et de muscles; il est largement ouvert et donne issue à la presque totalité des viscères abdominaux, qui proém.inént à l'extérieur, enve- loppés d'une membrane mince et transparente qui se continue avec le cordon ombilical. Ce dernier se trouve implanté à son côté gauche, un peu au-dessous de la partie moyenne de la tumeur. La face externe de la membrane qui forme (i) Geoffroy Saint-Hilaire fait dériver ce nom d'a^rène, de \'à privatif et de YÊvvau), j'engendre, c'est-à-dire sans génération, sans organes générateurs. 110 la paroi de l'éventration est lisse, libre de toute adhérence avec le placenta.  la partie inférieure de cette éventration et sur le côté gauche, immédiatement au- dessous de l'implantation du cordon ombilical , il existe à la poche une ouver- ture ovalaire, oblique de haut en bas et de droite à gauche, ayant 4 centimè- tres dans le sens de son obliquité et 3 dans son diamètre transverse. Les bords de celte ouverture sont mousses, forment un liséré arrondi et complètement ci- catrisé ; le fond en est rougeàtre et limité par une membrane lisse, ayant la plus grande ressemblance avec une muqueuse. On ne peut pénétrer dans la cavité abdominale que par l'angle supérieur et droit de celte ellipse. Dans ce point, en effet, se trouve une dépression plus profonde par laquelle s'écoule une matière verdàtre, de consistance analogue à de la bouillie, et qui est évidemment du méconium coloré. La sonde cannelée, introduite par cet orifice, pénètre assez pro« fondement dans la cavité abdominale. Au bord inférieur et gauche de celle ouverture ovalaire se trouve un corps arrondi, ressemblant assez bien à une petite verge à l'état d'érection; il offre 2 centimètres environ de longueur. Son extrémité libre est mousse; je n'ai pu y constater d'orifice urétral. Cette espèce de petite verge, redressée sur l'abdo- men, adhère par une de ses faces à l'enfoncement elliptique; sa base est im- plantée sur la membrane lisse qui tapisse le fond de l'ouverture au niveau de son bord inférieur, et à cause de la disposition des membres pelviens, elle se trouve alors située au-dessus des fesses. Les fesses, assez bien conformées du reste, quoique peu développées, sont donc situées au-dessous de cette éventration et regardent en avant ; elles sont sépa- rée» l'une de l'autre par une rainure peu profonde, dans laquelle on ne trouve aucune trace d'orifice anal ni d'organes génito-urinaires. Chacune d'elles est surmontée d'une petite tumeur mollasse qui paraît en grande partie constituée par la peau. 11 est difficile, par un examen extérieur et superficiel, de détermi- ner la signification de ces prolongements cutanés. Sont-ils la trace de deux scrotums qui n'auraient pu se réunir sur la ligne médiane ? Celte opinion me paraît la plus vraisemblable, quoique cependant je doive signaler que le prolon- gement situé sur la fesse gauche, comme aspect extérieur, ait la plus grande ana- logie avec le mamelon que porte le fœtus. Comme ce dernier, il présente un petit tubercule circonscrit par un liséré brunâtre. Comparé à la mamelle que porte le fœtus, ce tubercule offre avec elle ia plus grande ressemblance ; mais le sein serait alors considérablement développé. C'est donc à la dissection que nous devons nous adresser pour avoir la solution de cette question. Bans le point correspondant à la hernie ombilicale, à la partie postérieure du Û0&, à la jonction du bassin et des cuisses avec le tronc, ce dernier se trouve assez fortement fléchi en arrière, et lorsqu'on cherche à le redresser la peau se lend comme la corde d'un arc; dans ce point se trouve une tumeur fluctuante remplie de liquide ; elle offre environ le volume d'un œuf de poule, elle a toutes le? apparences d'un spina-bifida. 111 La tête, le thorax et les membres supérieurs sont bien couformés et ne dou9 présentent rien de particulier. Dissection. — La poitrine, que nous avons vue bien conformée extérieure-' ment, est normale à l'intérieur } les poumons et le cœur ont une bonne con- formation; la cloison diaphragmatique est complète. Le cerveau a son volume ordinaire; il est bien conformé ; c'est donc sur la cavité abdominale, le bassin, la partie inférieure du canal rachidien et les membres pelviens que portent, en ré- sumé, toutes les anomalies que nous avons étudiées. Sqcelettb. — Les anomalies que présentent les os de ce fœtus n'existent que, pour la colonne vertébrale, le bassin et la côte. Examiné par sa face postérieure, la colonne vertébrale jusqu'au niveau de la sixième vertèbre dorsale, à l'exagé- ration près et peu sensible de certaines courbures naturelles, est normale ; mais 6u niveau de ce point elle se dévie fortement à droite, en même temps qu'elle se porte d'arrière en avant, de manière que la face antérieure du sacrum et du coccyx qui doit être enfoncée et déjetée en arrière, forme au contraire une saillie considérable en avant, et se trouve dans une disposition inverse de ce qu'elle présente ordinairement. Cette disposition, d'une part, raccourcit l'axe vertical de l'abdomen, en même temps que, par la convexité que la colonne vertébrale présente par sa face antérieure, elle rétrécit considérablement la capacité de la cavité abdominale et surtout celle du bassin. A partir du niveau de la dixième vertèbre dorsale, les lames vertébrales gau- ches et les apophyses transverses des deux dernières vertèbres dorsales et des Vertèbres lombaires manquent complètement, de sorte qu'il existe sur ce côté de la colonne une interruption de l'axe osseux, par laquelle s'échappe un canal fibreux constitué par la dure-mèré" et qui se rend dans la poche du spina-' biflda. Les os des lies sont assez bien conformés et disposés d« telle façon qu'ils se correspondent par leur face externe qui regarde en arrière et en dedans, elles ne sont séparées l'une de l'autre que par la poche du spina-biflda. Les deux fosses iliaques internes regardent en avant et sont plus déjetées en dehors que dans l'état ordinaire ; les deux pubis se trouvent écartés l'un de l'autre d'envi- ron 2 centim. Cavité abdominale. -^ Les parois de l'éventration abdominale incisées, noue trouvons la plus grande partie des organes contenus dans cette hernie. Nous avons déjà vu à l'occasion du squelette que la cavité abdominale se trouve ré- duite à des proportions telles qu'il lui serait impossible de contenir les viscères; elle présente 4 centimètres et demi dans son diamètre vertical et 7 environ dans son diamètre transverse. Geoffroy Saint-Hilaire a parfaitement indiqué ce dé- faut de la capacité du ventre comme un des caractères de la célosomie. La parot de cette éventration est constituée par deux membranes, qu'il est possible de séparer dans certaines parties, tandis qu'elles sont intimement unies dans d'autres de ces deux membranes, l'externe se continue avec la peau et princi- 112 paiement avec sa couche la plus supeiflcielle ; l'interne se continue avec ie pé- ritoine, dont elle est une dépendance. A l'exception des deux reins et de leur capsule surrénale qui se trouvent situés comme à l'ordinaire derrière le péritoine sur les côtés de la colonne vertébrale, tous les autres viscères sont dans l'cventration ; nous y trouvons, dans ie foie, l'estomac, la rate, tout l'intestin grêle, la première partie du gros intestin, le reste manquant. Le foie est très-developpé, et outre sa scissure ordinaire, il existe un sillon profond creusé dans sa partie convexe du côté de son lobe gauche. Cette se- conde scissure sert au passage de la veine ombilicale qui, rampant quelque temps entre les deux membranes d'enveloppe du cordon, s'est détachée au ni- veau du bord postérieur du foie pour pénétrer dans ce dernier par sa face supé- rieure dans la scissure que je viens de signaler, et se rendre de là dans la veine cave inférieure. Cette disposition anormale a déjà été décrite par Petit dans son observation; la scissure de la vésicule biliaire est très-profonde et large, quoi- que la vésicule ne contienne pas de bile. L'estomac et l'intestin grêle, embrassés dans la duplicalurc du péritoine, sont, comme nous l'avons vu, situés en dehors de la cavité abdominale, mais n'of- frent rien de particulier; l'intestin grêle se termine dans la fosse iliaque dans le cœcum, qui se trouve correspondre au niveau de l'angle supérieur et droit de l'ouverture elliptique que j'ai signalée aux parois minces de l'éventration, pré- cisément dans le point que j'avais supposé en communication avec l'intestin. Dai.s le fond de la cavité qui existe à la poche herniaire qui correspond au cœ- cum et est même constitué en grande partie par lui, se trouvent deux oriGces, l'un supérieur, assez étroit, offre 2 centimètres de diamètre environ, communique avec l'intestin grêle; l'autre oriQce, situé au-dessous du précédent, dont il est séparé par un espace d'environ 6 centimètres, communique avec le gros intestin ; H offre un diamètre beaucoup plus considérable, il peut admettre le petit doigt, mais on arrive bientôt dans un cul-de-sac, de sorte qu'une grande partie du gros intestin manque, se trouve réduit à un pouce environ de longueur. Il existe donc là un anus contre nature qui, comme dans le fait de Petit, se trouve le rendez-vous des matières de l'intestin grêle, ainsi que de celles du gros intestin. Le cœcum est surmonté de son appendice ; un stjlet introduit dans l'uretère du côté droit pénètre jusqu'à l'ouverture elliptique que j'ai décrite aux parois de l'é- ventration; c'est donc dans le fond de cette cavité à l'angle droit que s'ouvre l'u- retère de ce côté, dans une dépression que la membrane présente dans ce point, l'uretère du côté gauche s'ouvre dans l'angle opposé, au-dessous des ouvertures de l'intestin. Cette espèce de cloaque, qui est évidemment constitué par la ves- sie nous présente donc à considérer quatre orifices, qui sont situés trois dans l'angle droit de l'ellipse, à savoir de haut en bas : 1» l'ouverture de l'intestin grêle, 2" celle du gros intestin, Z" l'uretère du même côté, tandis qu'à gauche nous ne trouvons qu'une seule ouverture, celle de l'uretère correspondant. 113 Quant au petit corps arrondi que j'ai décrit au niveau du bord inférieur d« l'ouverture ovalaire, sa partie adhérente s'enfonce au-dessous de la membrane qui tapisse le fond de la vessie, et ne tarde pas à se diviser en deux prolonge- ments conoîdes qui m'ont paru être les deux racines du corps caverneux, cha- cune va s'implanter près de la tubérosité de l'ischion correspondante que la rota- tion de l'os iliaque a dirigée dans ce point. A l'intérieur de l'éventration de chaque côté, dans le point qui, sur un fœtus normal, correspondrait au canal inguinal, nous trouvons épanoui sur \es parois du sac de la hernie, et adhérent, un corps lisse aplati qui, incisé, m'a paru être le testicule plutôt qu'un ovaire ; du côté droit, où l'évidence e^t plus grande, il est même possible de suivre le ca- nal déférent qui irait rejoindre l'uretère; de ce côté, on trouve même un petit corps qui a quelque analogie avec les vésicules séminales. Spina bifida. — La tumeur située à la partie postérieure du fœtus et correspon- dant à la région dorsale est pleine d'un liquide rougeâtre (il est vrai que le fœtus a macéré un grand nombre de jours dans l'alcool). Les parois de cette poche, peu épaisses, présentent à considérer deux couches unies entre elles par un tissu cel- lulaire assez lâche ; l'externe cutanée se continue avec la peau du fœtus, l'interne blanche présente, dans sa partie moyenne, qui se trouve adossée à la colonne vertébrale, un oriûce de communication à bords libres parfaitement arrondis et offrant la disposition du diaphragme. Un stylet introduit par cette ouverture communique dans le canal rachidien, au niveau de la onzième et de la douzième vertèbre dorsale, par l'intermédiaire d'un canal fibreux obliquement dirigé de gauche à droite et de bas en haut. Ce canal fibreux est constitué par la dure- mère, qui fait hernie en dehors de sa cavité naturelle par la perte de substance que j'ai décrite à la colonne lombaire, dans l'épaisseur de la mentbrane interne du spina bifida ; les nerfs qui se sont échappés par le canal fibreux forment une espèce de plexus au pourtour de l'orifice de communication, et de ce plexus s'ir- radie un grand nombre de filets nerveux qui se perdent dans l'épaisseur des pa- rois de la poche. Muscles. — Les muscles de la région antérieure de l'abdomen manquent à peu près complètement; c'est à peine si on en retrouve quelques traces. Ceux du dos jusqu'à la région lombaire oirrent la disposition normale, mais à partir de ce point, la colonne vertébrale se déviant en avant, ils ne présentent plus aucune régularité. Les muscles des membres inférieurs ont conservé leurs rapports normaux ; leur insertion a lieu sur les mêmes points osseux que si le membre était bien conformé, c'est-à-dire à cause de la rotation qu'a subie l'os iliaque; les muscles de la région antérieure regardent en avant, et réciproquement. L'artère aorte, après avoir fourni le tronc cœliaque en avant et les artères ré- nales sur le côté, ne tarde pas à se bifurquer. Cette division prématurée se fait an niveau de la deuxième vertèbre lombaire des deux branches; la gauche est plus volumineuse ; elles se dirigent toutes deux en dehors pour venir passer 8 un près (le l'eminencc iléo-pcclinéc, l'écartemenl des deux pubis et la déviation des os iliaques fait que cet écartement est plus considérable. Au niveau de l'arlicu- lation sacro-iliaque, chacun des troncs de l'artère iliaque primitive se bifurque pour donner naissance à l'hypogastrique, qui est peu volumineuse, puisqu'il n'y a point de petit bassin et qu'une grande partie des oriianes qu'il renferme ordi- nairement manquent, CONCLOSIONS. La partie la plus intéressante de ce fœtus est certainement le squelette, et en particulier l'articulation sacro-iliaque. La plupart des observateurs ont fort mal décrit la disposition que présentaient ces os ; il est même sou- vent impossible de pouvoir les suivre dans leur description. Ainsi Petit, dans son observation que j'ai déjà citée, après avoir mentionné, comme dans le fait actuel, que le sacrum et le coccyx, au lieu de se voûter en ar- rière pour fornaer la cavité du bassin, se porte, au contraire, en devant, ajoute çu'j7 passe par-dessus la symphyse du pubis ; et voilà, dit-il, pourquoi la pointe du coccyx et les os pubis sont voisins^ et pourquoi la cavité du bassin est tout effacée. J'avoue qu'en réfléchissant à la dis- position que devraient avoir les os dans ce cas, je ne puis comprendre le fait. Je crois que Petit n'a pas assez étudié les rapports qu'avaient entre tux les os des lies, et qu'il a été induit en erreur; il en fait, du reste, à peine mention dans sa description. M. Gastelier, dans, son observation, qui est rapportée avec beaucoup plus de détails que celle de Petit, et qui laisse cependant encore beaucoup à désirer sous le rapport de la description des os du bassin, après avoir signalé la disposition de la colonne vertébrale et du sacrum, qui, comme dans le fait précédent et celui qui fait l'occasion de ce mémoire, offre sa convexité en avant et sa concavité en arrière, dit que Von voyait en avant les parties postérieures de l'os ilion et pu- bis ; et plus loin, il ajoute que la cavité du bassin se trouve située en arrière. Comme on voit, il est plus explicite que Petit; mais alors il a dû y avoir transposition des os iliaques ; celui de droite devait se trouver à gau- che, et réciproquement. Le gros orteil devait alors être en dedans, comme dans l'état ordinaire, quoique la partie antérieure des cuisses, les genoux et la pointe du pied regardassent en arrière. C'est ce qui n'a pas lieu dans le fait que je viens de décrire ; on observe, au contraire, l'inverse, et sous ce rapport, il existe donc une grande différence entre le fait observé par M. Gastelier; seulement il esta regretter qu'il n'ait pas bien indiqué la position des orteils. 115 C'est donc à ia déviation de la colonne vertébrale que j'attribue toutes les anomalies que j'ai décrites sur ce fœtus. Nous aurons tout à l'heure à en rechercher la cause; mais elle me paraît le fait importantde cette observa- lion : c'est par elle que nous pourrons expliquer ces vices de conformation , et leur enchaînement est bien naturel. Il est, en effet, facile de comprendre comment, par suite de la projection en avant de la partie inférieure de la colonne fertébrale et du sacrum, les surfaces articulaires que présente ce dernier, au lieu de regarder en avant et en dehors, se trouvent dirigées, au contraire, en arrière, et par suite le mouvement de rotation sur son axe qu'a dû subir chaque os iliaque séparément. Les deux pubis ont dû' alors s'écarter l'un de l'autre, tandis que les faces externes de l'os iliaque se sont rapprochées ; c'est à l'écartement des deux os pubis que nous devons rat- tacher l'atrophie de vessie, ainsi que, les vices de conformation, des or- ganes génitaux. La rotation de chaque membre en particulier en est en- core la conséquence ; en effet, les deux articulations coxo-fémorales, par suite de cette déviation, se trouvent fortement rapprochées et se regardent l'une l'autre. La position du petit orteil en dedans, la pointe du pied diri- gée en arrière, s'explique tout naturellement par ce mécanisme. Les mus- cles eux-mêmes nous donnent la preuve que c'est bien ainsi que le fait a dû se passer ; car ces derniers, pour les membres inférieurs, à l'exception du grand fessier, n'ont subi aucune modification dans leur insertion : ils ont seulement suivi les os dans leur mouvement, c'est-à-dire que ceux de la région antérieure regardent en arrière et ceux de la région interne en dedans, et réciproquement. Le bassin, à cause de l'incurvation du scrotum en avant, se trouve telle- ment rétréci qu'ily a àpei ne trace de cette cavité ; nous avons vu qu'il en était de même de la cavité addominalc qui se trouve réduite à des proportions telles qu'elle est dans l'impossibilité de contenir les viscères, qui ont dû alors faire hernie à l'extérieur. En prenant pour point de départ la lésion de la colonne vertébrale, j'ai donc pu étudier le mécanisme d'après lequel a dû s'opérer chaque vice de conformation. L'éventration elle-même peut s'expliquer par deux raisons : la première, le défaut de capacité de la ré- gion abdominale; la seconde, l'écartement de l'os iliaque qui a dû entraîner nécessairement la même modification dans les muscles abdominaux. En effet, de chaque côté on trouve le vestige de ces muscles s'inséranl à la crête iliaque, et plus loin ils manquent et sont remplacés par la poche que j'ai décrite. L'éventration, suivant son étendue et son siège, a été regardée par 116 M. Geoffroy Saint Hilaire comme devant exercer une grande influence sur le développement des organes génitaux et des membres inférieurs; lors- qu'elle arrive jusqu'au pubis, les organes génito-urinaires doivent subir des modiGcalions profondes *, ce fœtus nous en offre la preuve; mais, d'un autre côté, il inflrme une autre assertion émise par le célèbre auteur de la science tératologique ; car nous avons vu que, chez ce fœtus, avec l'éven- tration médiane et considérable qu'il présente, les membres inférieurs sont bien conformés, à leur rotation près. Mais si j'ai pu faire découler de la courbure anormale de la colonne ver- tébrale tous les vices de conformation de ce fœtus, je n'ai fait que recu- ler la difficulté; il me resterait à déterminer la cause première. Ici trois théories sont en présence : !<> rarrêl de développement ; 2» une position vicieuse qu'aurait occupée le fœtus dans le sein de la mère ; 3«> une rétraction rauscuiaire, suite de lésion du système nerveux. Nous devons tout d'abord rejeter l'opinion émise par Geoffroy Saint-Hilaire qui, se basant sur l'adhé- rence du placenta aux parois de l'évenlration et sur la brièveté du cordon dans ces cas, pense que le fœtus doit jouir de mouvements peu étendus et libres; c'est à ce défaut de mobilité qu'il pense qu'il faut attribuer, au moins en partie, la torsion des membres pelviens. Dans le fait actuel, je ne puis rien dire sur la brièveté du cordon ombilical, n'ayant pu l'examiner en to- talité ; mais, pour ce qui a trait aux adhérences du placenta avec les tuni- ques de l'évenlration, nous avons vu qu'elles n'existaient pas ; cette adhé- rence n'est donc pas constante. Quant à l'arrêt de développement, je le rejette également; rien ne le prouve. Devons-nous admettre, avec M. le professeur Cruveilhier, que ces vices de conformation sont produits par une mauvaise position du fœtus dans le sein de la mère ? Sur ce monstre, en effet, il y a une inclinaison la- térale gauche coïncidant avec la convexité située à droite de la colonne ver- tébrale; du côté fléchi se trouve le spina-bifîda, elles jambes de ce côté (1) peuvent arriver presque au contact du ironc du fœtus si l'on cherche à exagérer celle courbure; dans cette supposition, c'est l'incurvation qui aurait dû produire le spinabifida. Mes recherches sur ce point d'anatomie pathologique ne sont pas encore assez nombreuses pour que je puisse me prononcer sur un point aussi important. Relativement à ce fœtus, la théo- rie admise par M. J. Guérin sur la réiraction musculaire me paraît cepen- (I) Comme dans un fait signale dans le g-^aod ouvrage d'anatomie patliolo- gique de M. Cruveilhier. 117 danl beaucoup plus probable ; elle permet d'expliquer la formation de toutes les anomalies que j'ai rencontrées; il suppose, dans ce cas, que le spina-biflda est la lésion primitive principale qui domine toutes les autres, et par suite de la lésion de certaine partie du système nerveux, certains muscles ont dû se contracturer et produire alors la déviation de la région lombaire et sacrée, d'où nous avons vu résulter tous les vices de conforma- tion signalés. OBSERVATIONS SUR LE DÉVSIOPPEUEIVI DE LA SUBSTANCE ET DU TISSU DES OS. Eitnii d'DD Mémoire la à la Sociéit, dans u séasce in 23 février 1159, Par le Docteur CHARLES ROBIN, Agrégé a la Faculté de Médecine, fice-président de la Société de Biologie, etc. On donne le nom d'ostéogénie à l'hisloire de la formatioD et du déve- loppement ou évolution des os. L'exposé de ces phénomènes comprend quatre ordres de considérations bien distinctes, quoique liées l'une à l'autre el dérivant l'une de l'autre, de telle sorte que les premières ne peuvent être bien étudiées si l'on ne connaît celles qui !es précèdent, et ainsi des autres. r En premier lieu, il faut faire connaître le mode de formation de Vélé^ ment analomique osseux ou des os, de la substance même qui compose le tissu osseux. Elle est, comme on sait, caractérisée par une matière homogène amorphe, appelée substance fc ndamentale, circonscrivant, ou si l'on veut creusée de petites cavités, de la périphérie desquelles parlent des canalicules ramitiés. Quelques auteurs allemands les appelleci encore cellules des os, cellules osseuses, quoiqu'elles n'aient aucune ISO analogie avec les élémeats anatomiques appelés cellule* ; aussi cette déoo- minatioD doit être rejetée. Ce sont les mêmes carités qui ODt été appelées corpuscules des os^ corpuscules noirs, ramifiés, corpuscules calcaires, ostéoplastes (Serres). Ce dernier nom sera employé de préférence, parce qu'on sait maintenant que les cavités et ramiûcations ne contiennent pas de carbonate calcaire ; on sait de plus que ce sont des cavités et non des cor puscules. Il y aura donc à suivre la formation et le développement de la substance et en même temps celui des ostéoblastes et de leurs canalicules. 2» Il faudra de plus voir de quelle manière, à l'aide de l'élément ou sub- stance osseuse, se forme le tissu des os , lequel est autre chose que la sub- stance elle-même, prise isolément en elle-même, car il y a à tenir compte de six vaisseaux. Ce tissu présente deux formes, aspects ou variétés, l'une compacte, l'autre spongieuse. 3° Il faut de plus étudier Je comment de la îorm&[ioa du système osseux, voir de quelle manière se forme l'ensemble de tout le tissu, considéré non plus dans une partie isolée quelconque du corps, mais dans l'ensemble de l'organisme. Étudier le tissu se peut faire sur un os quel qu'il soit, et le fait est connu pour tous les autres os: mais cela est bien différent de l'étude du système tout entier qui est unique et nécessite d'envisager tout l'orga- nisme simultanément. Les lois d'osiéogénie établies par M. Serres se rap- portent principalement au système osseux^ celles d'après lesquelles se forment et le tissu et Vêlement ou substojnce des os, n'ont pas été spé- cifiées encore avec autant de soin. û* Enfin, chaque os pris à part est formé de plusieurs parties ; il a un corps et des extrémités, ou au moins des surfaces articulaires pour les os courts. Toutes ces parties ne se développent pas de la même manière, en môme temps, aussi vite. Ici donc il faut sortir des idées générales, c'est- à-dire s'appliquant à tout l'organisme ; il faut laisser les faits d'aoalomie générale dont nous nous occupions tout à l'heure pour entrer dans Tana- tomie spéciale ou descriptive, pour en un mol faire l'élude spéciale du dé- veloppement de chaque os en particulier, de chaque os pris successivement, l'un après l'autre. Nous ne parlerons pas ici de cette partie de l'ostéogénie, suffisamment traitée dans les ouvrages d'anatomie descriptive. I. — FORMATION ET DÉVELOPPEMENT DE LA SUBSTANCE DES OS (SUBSTANCE AMORVBE HOMOGÈNE, ET OSTÉOBLASTES.) A ce travail communiqué à la Société de biologie au mois de février 121 » 1850, je joindrai chemin faisant les résultats contenus dans un mémoire publié par H. Mejer (de Zurich), déjà auparavant (Arch. de Mcller, 18Û9), mais que je n'ai reçu que depuis lors; j'y ajouterai aussi ceux con- tenus dans le volume du Traité d'anatomie microscopiqoe de Kœlliker paru en septembre 1850. Pour bien comprendre ce qui va suivre et les interprétations diverses des mêmes phénomènes donnés par plusieurs auteurs, il faut être prévenu des faits que voici : faits élémentaires, sur la notion exacte desquels repose toute la description. 1» Les éléments anatomiques qu'on appelle cellules sont des petits corps polyédriques en général pourvus d'un noyau avec ou sans nucléoles, qu'on peut rencontrer tant chez l'embryon que sur le fœtus et l'adulte. Contrairement à ce qu'admettent beaucoup d'auteurs et à ce qu'indique leur nom général de cellule, ils sont loin de présenter tous une paroi et une cavité avec contenu. Le nom de cellule tiré du règne végétal, où il y a en effet ces trois choses bien distinctes, doit néanmoins être conservé dans le règne animal, où ordinairement la cellule est formée d'une masse celluleuse d'égale densité au centre comme à la périphérie, plus d'un noyau ; il doit être conservé parce que les caractères généraux des véri- tables cellules s'y retrouvent, savoir : une masse polyédrique limitée dans son volumt; avec des granulations au dedans, souvent la forme et très-ha- bituellement le noyau. Chez presque tous les vertébrés, il n'y a de cellules avec paroi et cavité distinctes que pendant la période embryonnaire proprement dite, où le nouvel être n'est encore formé que de cellules. Chez le fœtus et l'adulte, quand l'animala en outre déjà des élémentssous forme de ^&re«, tubes, etc., les cellules (normales et morbides) ne présentent plus de paroi et cavité distinctes ; ces deux choses ont pris une égale densité. Il n'y a que pour certaines glandes où la paroi et la cavité et son contenu restent bien dis- tincts ; ce fait est beaucoup plus général encore dans les invertébrés, où il est à peu près la règle, que chez les vertébrés. 2"> Il faut savoir encore qu'il y a trois ordres de faits généraux liés les uns aux autres qui contiennent l'ensemble des phénomènes concernant la genèse des éléments anatomiques. Us n'ont jamais été clairement enchaî- nés les uns aux autres par les auteurs, quoique cet enchaînement soit très-réel. a. On donne le nom de Théorie cellulaire à ce fait général que tous les êtres végétaux et animaux dérivent d'éléments aontomiques ayant l'étal 122 de cellule, et tous ceux qui naissent d'un œuf commencent par être entière- ment formés de cellules qui se forment par segmentation du vitellus et des- quelles dérivent les autres éléments anatonaiques , tant ceux qui sont sous forme de cellules modifiées quant à quelques-uns de leurs caractères, que ceux ayant forme de fibres , tubes, etc. Ces cellules sont les cellules ou éléments embryonnaires ou transitoires parce qu'elles n'ont qu'une existence temporaire; elles sont destinées à disparaître ou au moins à pren- dre d'autres caractères ; elles sont ainsi remplacées par les éléments défini- tifs ou permanents. b. On donne le nom de Théorie de la métamorphose des cellules à ce fait que tous les éléments analomiques des végétaux (cellules du tissu cel- lulaire, fibres et vaisseaux de divers ordres) et tous les éléments des pro- DDiTS chez les animaux dérivent des cellules embryonnaires par métamor- phose , c'est-à-dire changement de forme, volume, consistance, etc., de celles-ci. c. On donne le nom de Théorie de la substitution à ce fait que : chez les animaux tous les éléments des constituants se forment par substitu- tion de ces éléments aux cellules embryonnaires ou transitoires qui dispa- raissent. Il y a remplacement d'une partie des cellules embryonnaires qui se dissolvent par des éléments définitifs qui se forment de toutes pièces , par génération nouvelle, spontanée, à leur place, à l'aide du blastèrae ré- sultant de celte dissolution. Il y a ainsi *u&.«/îtutîon d'éléments perma- nents, délinilifs, à des cellules embryonnaires, éléments transitoires qui disparaissent par dissolution et résorption. Cette manière dont certains éléments définitifs dérivent des cellules embryonnaires est bien plus com- plexe, bien moins directe que la métamorphose. Il est propre aux animaux seulemeut et encore uniquement aux éléments de leurs tissus consti- tuants ou des constituants ; ces éléments ont , comme on sait , pour la plupart l'état de fibres, de tubes, de matières homogènes, et très-rarement celui de cellules. C'est l'inverse pour les produits. Ainsi qu'on vient de le voir, ces trois ordres de faits s'enchaînent l'un à l'autre, sont liés intimement et décroissent en généralité. D'abord, la théorie cellulaire est un fait général commun à tous les êtres vivants. Puis la théorie de la métamorphose s'applique à la formation de tous les éléments définitifs des végétaux et à ceux des produits seulement chez les animaux. Enfin la théorie de la substitution ne s'applique qu'à la forma- tion des éléments anatomiques des tissus constituants animaux, c'est-à- dire en général aux éléments qui, outre les propriétés végétatives , jouis- 123 sent des propriétés aoimales. (Pour les mots constituants et produits, V. Ch. Robin. Do microscope et des inject., etc., 1849, in-8% préface, p. 25, el Tableaux d'anatomie, in-/i". 1850, tableaux 6 à 10.) 30 Enfin, pour le cas spécial qui nous occupe, il faut savoir que les car tilages qui pendant quelque temps précèdent les os, les cartilages articu- laires et les permanents sont formés d'une substance fondamentale^ ho- mogène, amorphe, hyaline, dense, élastique, dans laquelle sont creusées des cavités : cavités dd cartilage. Dans chacune de ces cavités se trou- vent une ou plusieurs (quelqu«fois 20 à 30) cellules; cellules dd carti- lage, de celles pour lesquelles la paroi distincte de la cavité ne peut être démontrée ; ces cellules sont plus ou moins granuleuses et ont un noyau nucléole. 11 y a quelquefois des cavités qui reslenl vides : elles sont tou- jours bien plus petites que leS autres. Chez les fœtus jusqu'à l'âge de U à 5 mois, plus ou moins, ce n'est pas une ou plusieurs cellules que ren- ferment les cavités de tous les cartilages, mais un ou plusieurs amas de granulations jaunâtres, toutes à peu près d'égal volume ; ces amas sont plus ou moins nettement limités sur les bords, en général mal limités re- produisant à peu près la forme de la cavité, sans jamais la remplir. Ces amas j)euvenl être appelés corpuscules du cartilage. Ce fait n'est pas noté dans les auteurs. l'eu à peu se développent la ou les cellules qui rem- placent ces corpuscules. Ces cellules se forment de toutes pièces ; mais les phases de ce développement qui se rapportent soit à la cellule qui naît , soit à l'amaas de granulations préexistant sont encore peu connues. M. Leidy (de Boston) a montré que lorsque le cartilage grandit avec l'âge, les cavités grandissent aussi et en même temps , aux dépens de la cellule qui la remplissait s'en forment tfne ou plusieurs autres par segmentation^ de la même manière que se multiplient les cellules du blastoderme animal et la plupart des cellules végétales. Chez l'adulte, ces cavités sont assez écartées et proportionnellement peu nombreuses ; chez le fœtus, elles sont rapprochées et séparées alors par des cloisons un peu plus épaisses que celles des cellules végétales ; aussi le tissu du cartilage a, dans ce cas, été quelquefois comparé à celui des plantes; mais cette comparaison ne peut pas être établie. Quelques auteurs appellent à tort cellules du cartilage les cavités creu- ;>ées dans la substance fondamentale, et contenu les cellules du cartilage et les amas de granulations jaunâtres ou corpuscules signalés plus haut chez le fœtus seulement. On appelle quelquefois corpuscules caractéristiques du cartilage le tout représenté par la cavité avec sa ou ses cellules; il faut 12A avoir soin de ue pas faire confusion dans ce cas avec les granulations ou corpuscule jaunâtre irrégulier contenues, au lieu de cellules, dans les ca- vités du cartilage du fœtus; il vaut mieux les appeler cavités caractéristi- ques. Dans les fibro-cartilages la substance londamentale est simplement fibreuse ou fibroïde au lieu d'être homogène , elle est creusée de cavités contenant des cellules, comme dans le cartilage proprement dit, avec quel- ques particularités de disposition qui sont sans importance pour le reste de cet article. rOBMATION DE LA SUBSTANCE OSSEDSE. La formation de la substance des os a lieu dans trois conditions différentes. Les deux premières seulement sont fondamentales , la troisième est tout à fait accessoire, parce qu'elle ne se présente que clans quelques cas spéciaux, et ce mode de formation ne donne naissance qu'à une étendue très-limitée de matière osseuse. 1» La substance des os est précédée de tissu cartilagi- neux ou cartilage proprement dit ; elle se développe dans son épaisseur, se substitue à celui-ci, qui disparaît; elle le remplace. C'est la formation osseuse par substitution. Tous les os du tronc et ceux du crâne qui en forment la base se développent ainsi. 2° La substance osseuse se forme par dépôt des sels terreux dans une trame cartilagineuse homogène, au fur et à mesure de la formation de celle-ci. Elle est à peine formée qu'elle est en- vahie par les sels terreux ; et au fur et à mesure elle envahit elle-même les tissus voisins , d'où agrandissement de l'os. L'organe , dans ce cas , n'est pas précédé, pendant un certain temps, p'ir un cartilage qui en représente à peu près la forme, comme dans le premier cas. C'est la formation par envahissement. Ce mode de formation est propre à la plupart des os de la tête, tant pour leur apparition primitive que pour leur agrandissement con- sécutif. C'est en outre par ce mode que s'agrandissent consécutivement, à leur apparition , les os qui se sont formés par substitution à un cartilage préexistant. La formation par envahissement a lieu en effet dans les parié- taux , les frontaux, l'occipital moins les condyles, et l'apophyse basilaire ; la partie écailleuse du temporal et l'arcade zygomatique , l'anneau tyrapa- nique, les petites ailes du sphénoïde , la partie mince des grandes ailes , l'ethnoïde , les cornets du nez et tous les autres os de la tête , même les maxillaires supérieurs , et l'inférieur moins le condyle et la portion de la branche verticale qui le supporte. Dans ces os, dès qu'apparaît la trame cartilagineuse, comme un point trèà-limité, apparaît aussitôt après la sub- stance terreuse dans son centre , et elle continue à envahir peu à peu la 125 place que doit occuper l'os; mais la trame ne commence pas par occuper en petit toute cette place comme pour les autres os ; elle l'envahit peu à peu, au fur et à mesure du dépôt phosphatique. Ici donc l'os grandit comme il avait commencé , par le même mode de formation. La formation par en- vahissement a lieu en outre dans tous les os qui ont été précédés d'un car- tilage , dès que le périchondre est devenu périoste , dès que tout le carti- lage préexistant est devenu os. C'est de la sorte que se fait l'accroissement en volume des os. Ici donc l'os, qui avait commencé par substitution au cartilage , grandit par envahissement, par un mode de formation un peu autre. Tel est le tableau général de la formation de la substance osseuse; car le troisième mode signalé en commençant est si peu important qu'il est inutile de s'en embarrasser, et il en sera fait mention chemin faisant. Avant de donner la description spéciale de ces deux modes de forma- tion, il faut faire ici quelques remarques. Celte trame cartilagineuse , qui envahit peu à peu une plaie occupée d'abord par d'autres tissus et se remplit au fur et à mesure d'un dépôt phos- phatique , diffère un peu du cartilage proprement dit. On y distingue , comme dans le cartilage, une substance fondamentale , creusée de ca- vités. La substance fondamentale diffère de celle du cartilage ordinaire par sa coloration légèrement ambrée , jaunâtre ; elle paraît moins homogène , surtout pour les os du crâne, ce qui tient à ce qu'on voit les surfaces hbres de la substance, lesquelles sont toujours un peu irrégulières. Les cavités surtout diffèrent de celles des cartilages; elles n'ont guères que O"-.©!© à 0'°,020 de largeur en tout sens, c'est à dire un diamètre, en général, au moins moitié plus peiit que celui des cavités des autres cartilages, sauf les cavités de la surface des articulaires. Elles sont à peu près d'égal diamètre eu tout sens aux os du crâne, et un peu allongées dans ceux des membres en voie d'accroissement. Ce ne sont pas toujours des cavités closes de toutes paris; ainsi, à la tête, vers le bord ou l'extrémité de la trame enva- hissante, comme ce bord est très-mince, ce sont de simples orifices qui le percent de part en part et lui donnent un aspect aréoiaire. Ces petites cavi- tés sont nombreuses et très-rapprochées. Ce qui distingue surtout celle trame cartilagineuse des autres cartilages, c'est que pendant toute la vie intra-utérine , et même pendant quelques mois après la naissance , ces cavités sont tout à fait dépourvues soit de corpuscules , soit de cellules. Elles sont hyalines, transparentes, pleines seulement de liquide. Vers l'époque de la naissance , ou quelques mois 126 aprës,'il se forme un corpuscule ou amas de granulations analogue (quoique plus petit) à ceux des cavités des cartilages proprement dits des fœtus au- dessous de /i à 5 mois. Malgré ces différences entre cette trame cartilagi- neuse envahissante et le vrai cartilage, on ne peut pas dire que les os du crâne et autres ne soient pas précédés de cartilage ; c'est une forme parti- culière de la substance cartilagineuse, mais ce n'est pas une substance qui en diffère. Ainsi donc Miescher, H. Mcyer et autres ont donc raison contre ceux qui, avec Nèsbitt, Kœlliker, etc., admettent que Tossificalion des os de la tête n'est pas précédée de formation cartilagineuse. Seulement, ce ne sont pas des cartilages ayant d'abord la forme générale que l'os aura plus lard, c'est une formation successive et envahissante au fur età mesure de l'ossifl- cation. De plus, ce n'est pas, comme l'admet Kœlliker, par un blastéme mou, sécrété par le périoste, sans cavités cartilagineuses, que se fait la for- mation osseuse d'accroissement des os, ainsi que le décrit et figure Kœlli- ker {loe. ctf., fig. llZj), tant pour les os du tronc (p. 366) que pour ceux du crâne (p. 376, lig. 117, et p. 379). Les matériaux de cette substance sont bien fournis par les vaisseaux du périoste, mais ce n'est pas un blas- téme mou, homogène. C'est celte substance ou trame cartilagineuse parti- culière, creusée de petites cavités d'égales dimensions en tout sens, en gé- néral pour les os de la tête; allongées, étroites, à grand diamètre parallèle à la surface de l'os pour ceux du tronc. Nous l'avons assez fait connaître pour ^u'il suffise de signaler cette différence. Kœlliker appelle os primaire l'os qui remplace le cartilage primitive- ment existant ; os secondaire la formation osseuse qui se forme ensuite , d'où l'accroissement en volume. Mais cette distinction ne peut être admise, car on ne peut pas distinguer l'un de ces os de l'autre, les portions de sub- stance formées d'une manière de celles formées d'une aulre; tout ce qu'on peut dire, c'est que certaines portions se forment de telle manière {forma- tion par substitutioH)^ les autres d'une autre {formation par envahis- sement). On ne peut pas dire non ^\\i% formation primaire ni formation secondaire , car la formation par envahissement commence dans le crâne et la mâchoire en même temps que la formation par substitution dans la plupart des os du tronc; daulre part, le mode par envahissement n'est se- condaire que pour certains os, tandis qu'il est primitif pour ceux du crâne. Ce n'est donc pas sur la simultanéité ou la succession des formations osseuses qu'il faut baser leurs subdivisions en modes réellement divers et facilitant l'exposé du phénomène, mais bien sur la manière dont elles 127 s'opèrent. Je dis par substitution, parce qu'un tissu se substitue à un autre qui existait, et formation par envahissement, parce que la Irame cartilagineuse et l'os envahissent une plaie où ni cartilage ni os n'existaient en repoussant et prenant la place d'autres tissus , lesquels se résorbent là et s'accroissent du côté opposé. Nous allons raainlenant entrer, sans plus nous arrêter, dans les détails descriptifs qui concernent le développement de la substance osseuse. a. FORMATION OSSEUSE PAR SUBSTITCTION. Voici de quelle manière se passe ce phénomène. Lorsqu'on parvient à trouver un cartilage préexistant dans lequel il n'y ail encore, vers le point central , qu'un peu plus d'opacité que partout ailleurs , sans point osseux proprement dit déjà formé , on aperçoit les faits suivants : Un dépôt gra- nuleux , opaque s'est formé dans la substance fondamentale du cartilage , dans les portions de cette substance qui séparent l'une de l'autre les cavités. Ce dépôt granuleux, d'autant plus opaque qu'il est plus granuleux, peut être déjà reconnu , à l'aide de l'acide chlorhydiique , comme phosphate et carbonate de chaux dans les cas mêmes où l'on ne trouve pas encore d'os- téoblaste bien formé. C'est à lui qu'est due cette oparjté plus jurande des parties où vont apparaître les véritables points osseux , fait déjà noté par M. Lebert chez les oiseaux ; il se forme , ainsi que plusieurs des faits que nous allons décrire, quelques jours avant l'apparition des vaisseaux. Le dépôt s'avance , s'étend peu à peu vers la surface de Tos et vers ses extrémités , sous forme de traînées , quelquefois assez longues, de fines granulations , qui d'abord n'ôlent pas au cartilage toute sa transparence , mais finissent par en causer l'opacité en augmentant de nombre el de vo- lume. Ces granulations sont à bords foncés , noirâtres , à centre jaunâtre» plus clair. Le dépôt marche d'une égale rapidité eu tout sens, aussi , dans les os longs et plats, il atteint le périchondre de la diaphyse ou des faces bien longtemps avant d'arriver aux extrémités ou aux bords. A mesure qu'il s'étend , les parties phosphatiques primitivement déposées qui étaient Irès-granuleuses deviennent de plus en plus homogènes- Plus elles sont devenues cohérentes , homogènes, fonddes l'une avec l'autre, c'est-à-dire anciennement déposées , plus elles sont transpiirentes et permettent d'a- percevoir nettement les détails de leur structure. Plus les sels terreux sont récemment déposés, plus ils sont granuleux, moins cohérents et, par suite, opaques ; aussi, dans les parties de substance osseuse nouvellement dépo- 138 sées vers la jonction de Tes formé et du cartilage en voie d*ossiiication, les détails anatomiques concernant les ostéoplastes sont toujours difficiles à étudier, et demandent beaucoup de temps pour être nettement reconnus. En général, les traînées de granulations qui semblent marcher en avant- coureur de Tossification proprement dite , sont plus longues et formées de granules plus fins chez les jeunes embryons que chez les fœtus à terme ou les enfants. Le mode de formation de la substance fondamentale des os, tel que nous venons de le décrire, est le même pour tous les os et pour l'ossifica- tion des cartilages costaux laryngiens, etc. Le commencement du dépôt terreux dans le cartilage n'est pas, chez l'embryon, précédé de la formation de vaisseaux , ce n'est que consécutivement qu'ils se forment. De plus, il y a bien des vaisseaux formés chez les fœtus à terme et les enfants dans les cartilages qui vont s'ossifier ; mais il ne faut pas croire que pendant toute la vie utérine des vaisseaux rampent dans le cartilage au-devant de la forma- tion osseuse , qui ne ferait que suivre les vaisseaux» Il n'en est rien , chez tous les embryons jusqu'au quatrième mois environ de la grossesse, il n'y a pour les os du tronc de vaisseaux que dans la substance osseuse déjà for- mée , et le cartilage dans lequel s'avance, en Iraioées grauuleuses, le dépôt terreux en est dépourvu. Les vaisseaux s'avancent en même temps que le dépôt, mais sans le précéder. Ce n'est que lorsque les os et cartilages attei- gnent déjà un certain volume que se développent des capillaires dans tout le cartilage qui va s'ossiGer. M. Broca a (1), comme on sait, montré que les cartilages articulaires peuvent s'ossifier par place, surtout vers les bords, «t que beaucoup de sujets au delà de ZiO anë présentent déjà cette ossification sous forme de petits points blanchâtres, saillants, qu'on voit par transparence au travers du cartilage. Les phénomènes de cette ossification sont les mêmes que ceux que je viens de signaler, et j'ai pu, en vérifiant l'exactitude des faits observés par M. Broca, voir qu'il ne se développe pas de vaisseaux dans le cartilage articulaire, au-devant des points en voie d'ossification. Voilà pour ce qui est relatif à la formation de la substance fon- damentale, La formation des ostéoplastes a lieu en même temps que le dépôt (i) Broca, Rapport annuel sub les travacx de la Société anatouique de Paris. 1851. 129 lerreux, et voici de quelle manière. A mesure que le dépôt s'avance dans la substance fondamentale entre les cavités du cartilage contenant des cor- puscules chez les jeunes fœtus, des cellules chez les enfants, on voit les corpusculesdevenir moins réguliers et présenter quelquefois des petits pro- longements irréguliers sur les bords. Plus le dépôt s'avance, ou, si l'on veut, plus on approche de la substance osseuse déjà foimée, plus la cavité du cartilage semble se rétrécir et avoir des bords moins nets, plus diffus ; ce qui tient à l'étal granuleux du dépôt récemment formé qui, remplaçant la substance du cartilage, circonscrit chaque cavité. En même temps aussi on voit le contenu des cavités, tant les corpuscules chez les fœtus que les cellules chez les enfants, s'atrophier peu à peu pour disparaître bientôt tout à fait, environ vers la partie moyenne de l'espace rempli par le dépôt terreux, granuleux et non encore à l'état homogène. Plus le dépôt phos- phatique devient compacte, plus la cavité devenue vide de son ou ses cor- puscules ou cellules se rétrécit, diminue de diamètre en tous sens; et au fur et à mesure qu'on approche de la substance fondamentale tout à fait compacte et homogène, on voit que ces cavités 'commencent à reprendre des bords plus nets. Mais les bords de ces cavités, devenues cavités de la substance osseuse , au lieu d'être pâles comme lorsqu'elles étaient cavités du cartilage, sont au contraire noirâtres foncés. Ici la cavité caractéristique de l'os ou cavité de l'ostéoplaste peut être considéré comme formée. Diamètre, à cette époque, 0,018 à 0,025. A peu près vers ce moment, lorsque déjà rétrécie, la cavité prend des bords nets et noirâtres, ou plutôt un peu après, on voit apparaître â la périphérie de la cavité comme de pelittes incisures, ou fissures noirâtres, généralement simples, quelquefois bifurquées à leurs extrémités. Ce sont les ramifica- tions de l'ostéoplaste, qui commencent à apparaître. Au fur et à mesure que la cavité se rétrécit, la longueur et aussi un peu la largeur de ces cana- licules augmente; leurs petites flexuosilés et ramifications se multiplient. Celles-ci commencent ordinairement par une bifurcation de l'extrémité du canalicule qui s'allonge. Cet allongement de ce petit canal se fait évidem- ment autant par suite du rétrécissement de la cavité, que par résorption de substance osseuse à rexlréraité du canalicule. Cette résorption est démon- trée par le fait suivant : les petits, lorsqu'ils apparaissent, ne sont jamais anostomosés et sont généralomcnl simples ; une fois l'ostéoplaste entière- ment développé ou à peu près et ne se rétrécissant plus, ils sont presque tous subdivisés et beaucoup s'anastomosent par leurs extrémités, avec le» canaliculcs semblables. 9 130 Yoilà pour les phénomènes de formation de Vostéoptaste. li se présente alors sous forme d'une cavité soil, ovoide, soil allongée , quelquefois anguleuse à cause de l'orifice élargi par lequel s'abouchent les canalicules. U a environ 0"',01 à 0"',01i!i. Le centre est clair, plus ou moins brillant, comme celui d'une petite cavité pleine de liquide; les bords sont foncés, noirâtres, assez nets en dehors, mais larges, à cause de la forme sphéroidale ou polyédrique de la cavité. On peut s'assUrer à celte époque de la vie comme chez l'adulte qu'il n'y a pas trace de carbonate calcaire dans leur cavité ; contrairement à ce que pensent les anciens observateurs, môme Henle. Aussi les noms de corpuscules el canalicules calcaires ne sauraient être conservés. Des canalicules flexueux ramilles, souvent anas- tomosés, partent de leur périphérieo Par suite des progrès de l'âge, les ostéo- plastes deviennent en généra! plus allongés proporlionnellemenl, mais plus élroils que chez le fcetus. Les ramifications deviennent plus nombreuses, plus fines , moins flexueuses, pins parallèles. En résumé on voit : 1° Qu'un dépôt de sels terreux remplit la substance transparente du car- tilage, et donne naissance à la substance fondamentale de l'os, qui est d'a- bord granuleuse, et peu à peu de plus en plus homogène, 2" Les cavités du cartilage donnent naissance aux osléoplastes ; ou mieux les osléoplastes dérivent des cavités cartilagineuses , dont les corpuscules ou les cellules, selon le cas, se résorbent , disparaissent pour n'être rem- placés que par un liquide clair qui remplit l'ostéoplaste. De pâles et nets qu'étMenl les bords de la cavilé cartilagineuse > ils deviennent d'abord difî'us àcause du dépôt granuleux de sels terreux dans la substance qui les limite de toutes paris. En même temps se fait l'atrophie des corpuscules et cellules. Il n'est pas rare aussi de voir en même temps une cloison s'avancer des bords de la cavilé à bords diffus et la partager en deux et même trois plus petites caviîés, qui chacune deviendra un ostéoplaste. Donc quelquefois, d'une seule cavilé cartilagineuse dérivent deux ou trois ostéoplastes. Ordinairement celte cloison ne devient jamais complète, et pendant long- temps ces osléoplastes communiquent par un simple rétrécissement assez large et court , ou bien allongée! ressemblant à un canaJicule bien plus gros que les autres. Au fur et à mesure que le dépôt terreux prend de l'homo- généité, perd son aspect grenu , les bords de la cavilé se délimitent de nouveau plus nettement et prennent une teinte foncée ; Tostéoplasle se rétrécit peu à peu jusqu'à ce qu'ils aient le volume indiqué ci-dessus, et en lâi même temps se développent leurs canalicules de la manière déjà décrite. Bien que les cavités des cartilages qui s'ossifient, surtout pour les os longs soient généralement disposées en séries régulières, parallèles ou un peu obliques par rapport au grand axe de l'organe et comme bifurquées ou em- branchées Tune sur l'antre, on ne retrouve plus cette disposition conservée par les ostéoplastes. Par suite du resserrement des cavités, plus marqué soit dans un sens, soit dans l'autre, survenant dès qu'elles sont circonscrites par le dépôt terreux, par suile de leur division en deux ou en trois par un prolongement transversal de ce dépôt, il en résulte un dérangement complet de ces séries des cavités du cartilage. b. FORMATION OSSEUSK PAR ENVAHISSEMENT, Nous avons à voir ici comme précédemment: 1° De quelle manière se forme le dépôt qui remplit îa trame cartila- gineuxe dont nous avons parlé et envahit peu à peu la place occupée par d'autres tissus; 2° Noos avons à étudier comment se forment les ostéoplastes. Les phénomènes que nous allons décrire se passeat de îa même manière dans la trame envahissante de formation et d'accroissement des os de îa tête et dans celle d'accroissement des os du iroac. Quoique n'ayant pas pu voir le dépftt primitif dans les os du crâne comme dans ceux du tronc, il est probable d'après ce que nous allons dire qu'il se fait de la même manière. Du bord de l'os déjà formé on voit un dépôt grenu qui s'avance dans la trame cartilagineuse entre les petites cavités , et plus noirâtre, moins transparent que la sut«tance osseuse déjà dé- veloppée. Au fur et à mesure qu'il se prolonge d'un côté, on le voit comnse dans le premier mode déformation, prendre plus de cohérence et d'homo- généité dn côté de l'os déjà formé ; en un mot, la substance fondamentale se forme ici comme dans la formation par substitution. On psul en dire autant des ostéoplastes, chaque cavité transparente de ta trame cartilagineuse devient l'origine de l'un d'entre eux et très- rarement de deux, vu ie petit volume de celles-là. Quelquefois même, dans les pièces du crâne du moins , il y a des cavités qui sont envahies par le dépôt terreux, qui disparaissent, sont comblées, et ne donnent naissance à aucun ostéoplasle. Aussi dans l'os nouvellement formé ces derniers sont dans quelques régions moins nombreux dans un espace donné que les ca^ité8 ne le sont dans la même étaodue de trame cartilagineuse. Tant que le dépôt phosphatique est récent, encore grenu , l'osléoplasle est représenté 152 par une cavité sans incisures ni ramifications sur les bords, lesquels ne sont pas aussi nelleraenl tranchés que pour la formation par substitution. Seulement ici les cavités sont plus petites et on n'en voit pas qui soient partagées en deux par un resserrement; au contraire, il semble plutèt quelquefois que deux cavités du cartilage d'abord bien isolées donnent quelquefois naissance à deux osléoplastes qui communiquent entre eux par un canal plus ou moins resserré. Sans avoir pu m'assurer du fait aussi nettement que du cloisonnement dans la formation par substitution , la disposition anatomique de certains osléoplastes le rend très-probable. Les bords se limitent de mieux en mieux au fur et à mesure que le dépôt devient homogène. C'est alors qu'apparaissent les incisures, origine des ramifications ou canalicules, dont le développement continue à se faire comme il a été dit plus haut. Il est à remarquer que dans les portions osseuses récemment formées, il y a des ostéopiastes très-petits à côté d'autres volumineux, tandis que dans les os anciens il y a beaucoup moins de dilférence dans le volume relatif des osléoplastes. îl est donc probable que ces cavités s'agrandissent par résorption de la substance qui les limite , fait rendu probable par cet autre que les osléoplastes sont souvent moins réguliers, plus allongés ou comme recourbés sur eux-mêmes dans les portions osseuses qui ont achevé de se former, tandis qu'ils sont presque tous ovoïdes ou à peu près sphériques tant quMls n'ont pas encore leurs canalicules périphéiiques développés. C'est en partie à l'abouchement plus ou moins large de ceux-ci que sont dues ces déformations, peu importantes au fond. C'est ici le lieu de signaler le troisième mode de formation de la sub- stance des os. Je ne l'ai observé que dans les os du crâne. C'est la formation de cette matière sans préexistence ni de cartilage ni de blastème; c'est la formation immédiate de celte substance. Kœlliker croit le fait bien plus général qu'il n'est en réalité, puisqu'il pense que- la formation à peu près totale des os de la voûte crânienne, etc., se fait de la sorte. Or nous avons vu qu'il n'en est rien. Ces os envahissent la place qu'ils n'occupaient pas d'abord en s'avançant sous forme de digitations ou processus osseux Irès-élroits (1/6 à 3/à de millim.) et de longueur variable, s'irradiant au- tour d'un centre représenté par la plaque osseuse déjà formée. Dès que ces processus ou irradiations osseuses, très-rapprochées l'une de, l'autre, ont atteint une certaine longueur, ils se joignent d'espace en espace transversalement par des branches transversales, d'où résultent des 133 mailles ou orilicoi. ou mieux d'où résulte que les rayons ainsi réunis for- ment une plaque pei forée d'espaces en espaces. Plus tard ces orifices, re- couverts des deux côtés par d'autres productions osseuses analogues, de- viennent des mailles du tissu spongieux ou des conduits pour les vaisseaux de la couche compacte. Les processus irradiés présentent toujours à leur extrémité un prolongement non encore ossifié de la trame cartilagineuse, ijui les précède pour ainsi dire dans leur envahissement ; ces prolongements ont déjà environ la largeur qu'aura le processus osseux auquel ils préexis- tent, et leur longueur varie entre un quart de millimètre et quelquefois 1 ou 2 millim. Le sonuaot de Pangle rentrant qu'ils limitent et la péri- phérie des orifices de la plaque osseuse déjà formée présentent souvent aussi un peu de celte trame cartilagineuse, laquelle en s'ossifianl les rétrécit plus ou moins. Mais de plus on voit que les bords des processus osseux déjà formés sont dépourvus de tratne cartilagineuse, et pourlantil s'y forme de la substance osseuse et des ostéoplastes qui élargissent le processus. Les ostéoplastes apparaissent d'abord sous forme d'un léger enfoncement du bord des processus; le plus souvent ses bords ne sont pas Irès-aels; cependant it n'est pas rare de les voir dès le commencement nettement li- mités. Enfin on voit l'enfoncement devenir de plus en plus profond, et quelquefois avant qu'il soit complètement fermé les incisures ou fissures, origines des canalicules ramifiés, se montrent au nombre d'un à quatre environ. Peu à peu de largement ouvert qu'il était en dehors, il devieut bientôt resserré de ce côté, puis tout à fait clos. Il est assez commun, toutefois, d'en voir qui restent en communication avec la surface libre de l'os par un large canalicule. Ce fait s'observe également dans les ostéo- plastes qui dérivent de la trame cartilagineuse. Il y a quelques-uns des ostéoplastes, se développant sur le bord des pro- cessus de la manière que nous venons de décrire, qui, pendant quelque temps, représentent un véritable orifice, perçant de part en part la sub- stance osseuse, trop mince en cet endroit pour circonscrire de toutes parts l'ostéplaste. Mais bientôt, en s'épaissisanl, elle le limite tant du côté du cerveau que de celui du cuir chevelu. Dans ce mode de formation, très- limité comme nous venons de voir, puisque les processus ne l'offrent que de loin en loin et que tous ne le présentent pas, il est possible qu'un blas- lèrae précède la substance osseuse et que le dépôt caicairo s'y fasse immé- diatement, mais le fait n'est pas démontré. Nous avons renvoyé pour la fin le mode de formation de la substanco 0660use dans le cal. 134 U est le même que la formation par stibstitution, modifié seule- ment par quelques circonstances accessoires qui ont été développées par M. Lebert (Physiologie pathologique, 1865, t. II, p. /i35 etZioS). Après la fracture, k moelle est infiltrée de sang ; il en est de même du tissu cellulaire ambiant et des muscles rompus. Au bout de quarante- huit heures, les bouts rompus des muscles sont arrondis, gonflés ; d'une part, ie périoste adhère aux muscles voisins, et d'autre par!, entre lui et l'os, s'est développée une exsudation plastique liquide, jaunâtre contenant des granulations moléculaires. Laissant de côté ce qui se passe dans la moelle et les autres parties molles, nous voyons vers le quatrième jour (chez les chiens et les lapins) l'exsudation sous-périoslalt prendre une consistance cartilagineuse. La substance fondamentale est fibroîde ; elle est creusée de cavités avec des globules du cartilage dedans. Plus l'épanchement sanguin S8 résorbe et la moelle devient moins hyperémiée, plus le tissu cartilagi- neux se caractérise. Vers le septième jour, la portion du cartilage formée sous le périoste et entre des exirérailés rompues commence déjà à s'ossi- fier et présente déjà des vaisseaux ; ce n'est qu'à ce moment qu'on voit se former entre les extrémités libres des fragments au niveau de la moelle, la substance cartilagineuse, en même temps la substance osseuse rompue se ramollit à la surface, et ses vaisseaux, ainsi que ceux du {térioste, se répandent dans la substance. Dans les jours suivants, la formation de la substance osseu.se s'étend de plus en plus; elle a l'aspect de points rou- geâtres, grenus, irradiés, dont les radiations se joignent bientôt les unes aux autres pour former un tissu poreux et alvéolaire, sur lequel nous re- viendrons plus loin, l^ortanl sous ie microscope ces portions, il est possible de reconnaître que le dépôt grenu se forme, comme dans les cas que nous avons vus plus haut, et que les osléoplastes se développent de la même manière. Les faits décrits plus haut, jeles ai observés principalement sur des fœtus humains très-jeunes qui m'ont été remis par mes collègues d'internat Le Brel et Empis, ainsi que sur divers fœtus que j'ai reçu dans des cas de fausse couche, dont Tuu entre autres n'avait de point osseux qu'à la clavi- cule et à la mâchoire inférieure. Je les ai observés également sur des fœtus de chat, de rat {Mus decumanus) et de lapin. M. Broca, qui a fait des re- cherches sur le même sujet, est arrivé aux mêmes résultats pour les points fondamentaux (rapport à la Société anatomique, 1851). L'un et l'autre nous nous somnoes demandé comment il était possible que l'on eût admis (Schwanû, Henle, etc.) que les ostéoplasics se formaient aux dépens des 135 cellules du cartilage dont les parois s'épaissiraient par des couches con- centriques, comme les cellules végétales, en laissanl çà el là des points où manque le dépôt, d'où formation des canalicuies. Kœlliker, qui admet en- core le fait, ajoute bien que les raniificalions de ces canalicuies et leurs anastomoses ont lieu par résorption de la membrane primitive au niveau des points canalicuies laissés libres par le dépôt, puis par résorption de la substance fondamentale interposée aux ostéoplastes ; mais pour quiconque a étudié les différentes dispositions du catilage déjà signalées aux divers âges de la vie au tronc el à la tête, pour quiconque a étudié la formation des os qui viennent remplacer ce cartilage, une pareille explication ne peol supporter examen. La figure prise sur des os de rachitiques que Kœl- liker apporte à Tappui des opinons des premiers histogénisles est d'une exécution trop peu délicate el trop peu parfaite, pour qu'il soit possible d'en tirer parti ou nécessaire de discuter ce qu'elle tend à représenter. M. Broca et moi pensons donc qu'il est inutile d'analyser plus longuement cette manière de voir, et qu'elle doit rentrer dans l'histoire de la science, avec tant d'autres explications qui ont bien eu leur utilité passagère, alors qu'on ne connaissait pas encore le mode réel de formation de t«l ou tel élément anatomique, mais qui maintenant sont nuisibles en donnant une idée fausse et trop grossière du phénomène. II. — FORMATION ET DÉVELOPPEMENT DU TISSU OSSEUX. Nous devons actuellement examiner de quelle manière la substance élé- mentaire des 0$, ou-éiément des os, se dispose, s'arrange avec les vais- seaux, pour former le tissu osseux en général; puis comment celai-ci se dispose, d'une part, en tissu spongieux ou aréolaire, d'autre part en tissu compacte. Ce sont là les deux dispositions ou formes particulières qu'elle affecte en se réunissant aux vaisseaux pour constituer le tissu os- seux. Sous un autre point de vue, ce sont là les deux formes affectées par le tissu osseux. Quoique nous n'ayons pas à dire ici de quelle manière se forme le tissu de la moelle des os, nous en parlerons dans les limites de ce qui est nécessaire au reste de ce travail. a. FORMATION DV TISSU OSSEUX EN GÉNÉRAL. Nous avons poussé lanalyse anatomique de Tostéogénie au plus haut degré de minutie possible, jusque dans ses dernières limites, puisque nous examinions la formation des éléments. Parlons maintenant de là pour voir 136 se former le tissu, qui représente un ordre de parties moins délicates, de- mandant un exameu moins minutieux. La partie du cartilage qui va être remplacée par de l'os commence par devenir grisâtre, terne, nuageuse, aussi bien chez les mammifères que chez les oiseaux, où M. Leberl Ta déjà noté (Lebert, Mal. scROFtJL. et tdberc, Paris, 18û9, p. 479), Puis s'y forme la substance de la manière que nous avons indiquée : elle est d'abord homogène partout à peu près, sans être creusée de cavités ni pourvue de vaisseaux. Le point osseux ainsi constitué représente du tissu de l'os à l'état rudimentaire, ou mieux cette substance élémentaire, cet élément n'a pas encore pris la disposition de tissu, puisqu'il est seul et n'est pas encore uni à des vaisseaux ou autres éléments. Pendant tout ce temps, la substance est homogène, non encore creusée de cavités ou de canaux. Les matériaux de nuti'ition du cartilage et de l'ossification sont donc puisés dans les vais- seaux du périchondre et des tissus ambiants. J'ai trouvé des capillaires dans les 03 longs de deux fœtus humains ayant environ douze semaines ; il n'y en avait pas dans un autre qui avait environ neuf à dix semaines. On peut donc dire, à quelques jours près, que le tissu osseux commence à se former vers la dixième ou onzième semaine, époque de l'apparition des vaisseaux, venant s'adjoindre à la substance osseuse, qui par consé- quent a existé seule, à l'état d'élément unique et isolé des capillaires pen- dant une à deux semaines dans les os longs, où elle se trouve en premier lieu. Dans les os qui s'ossifient plus tard, comme ceux du carpe, du tarse, les phalanges, etc., les vaisseaux se forment aussi après la première appari- tion de la substance osseuse, qui par conséquent n'est pas nécessairement précédée par eux; mais ils s'y forment moins longtemps après cette pre- mière formation que pour la clavicule, le fémur, le tibia. L'adjonction des vaisseaux à la substance éléraenlaire de l'os pour former le tissu osseux proprement dil m'a paru se faire dans les premiers os du fœtus dès que le point osseux arrive au contact ou à peu près du périchondre du cartilage qui a précédé l'os. Je n'ai pas fait d'observations à cet égard sur les os courts. Nous avons vu déjà que ce n'est que vers la fin du troisième mois ou le quatrième mois que les vaisseaux s'étendent du tissu osseux dans le carti- lage non encore ossifié, et du quatrième au cinquième ils apparaissent dans les épiphyses (Kœlliker, etc.) et les os courts les plus gros ; car la distribu- tion de ces vaisseaux est généralement corrélative au volume des organes, il n'a pas encore vu !a pénétration des premiers vaisseaux dans l'os, on ne peut donc que soupçonner par analogie la manière dont le phénomène 137 se passe. Mais lorsqu'on voit la compacité des parties osseuses nouvelle- ment formées, lesquelles pourtant seront bientôt après creusées de con- duits sanguins et de cavités médullaires ; lorsqu'on voit ces dernières se creuser par résorption de la substance d'abord homogène et compacte, on ne peut s'empêcher de supposer que c'est par suite de la non-formation de la couche envahissante d'accroissement, au niveau de quelque vaisseau du périoste, que commence le canal, et qu'il continue à se creuser et s'avan- cer par résorption progressive de la substance osseuse à son niveau. Si ce premier phénomène ne peut qu'ôlre soupçonné par analogie, les suivants peuvent être vus. La substance nouvellement formée ayant pris la place du cartilage, est comme lui, immédiatement après sa formation, partout homo- gène, compacte comme ce cartilage. Mais bientôt elle se résorbe par place; partout où les vaisseaux arrivent, elle se creuse de cavités, ayant forme de conduits quand ils sont plus longs que larges. Mais, comme le fait remar- quer Kœltiker, ce n'est pas par communication des cavités du cartilage que se forment ces canaux et cellules dans l'os ; ce n'est pas non plus par dissolution cl résorption de portions cartilagineuses non ossifiées que se forment ces conduits. Cependant il est possible que le fait se passe acces- soirement de la sorte dans les cas où, comme dans l'ossification du cartilage du cal, plusieurs petits points osseux apparaissent simultanément, 8*en- voient des prolongements étoiles, et finissent par se réunir en circonscri- vant de petites portions de cartilage non encore ossifié. Une fois ces cavités creusées dans l'os et les vaisseaux répandus contre leurs parois, on peut dire d'une manière générale que le tissu osseux est formé. Dans les os longs, pendant quelques mois ce tissu est séparé du cartilage par une certaine épaisseur de substance osseuse nouvellement formée homogène. Mais vers le milieu de la vie intra utérine, ainsi que nous l'avons dit, les cavités et conduits de l'os, ainsi que leurs capillaires, se formant plus vite que le dépài calcaire ne s'avance vers les extrémités ar- ticulaires, ces cavités et conduits, disons-nous, traversent cette substance nouvellement formée et pénètrent dans le cartilage qui s'ossifiera plus tard. 11 faut ici dire quelques mots de ces canaux vaiculaires ou médul- laires du cartilage ou canalicules des cartilages. Ils se forment certai- nement par résorption de la substance fondamentale et des cavités et cel- lules du cartilage comme s'est résorbée celle de l'os ; fait admis par Kœl- liker. Il se passe probablement en même temps quelques changements dans la substance qui les limite, car celle-ci contient des cavités cartilagineuses Î38 élroiles, allongées plutôt dans le sens de la direclion du cânal que dans tout autre. Cescanaux et les vaisseaux qu'ils renferment parlent à peu près à angle droit de la surface osseuse fonnée qui adhère au cartilage, puis se ramifient, et s'anastomosent ensemble. Dans }e^: épiphyses et les os courts, ils sont plus nombreux autour du point osseux déjà formé qu'ailleurs, et ils sont comme irradiées autour de ce point. Ceux des os longs partent évi- demment de l'os qui en est l'origine principale, et vont s'anastomoser ac- cessoirement avec deux du périchoodre. Vers les surfaces articulaires, ils s'arrêtent assez brusquement avant d'atteindre la cavité, â une distance mesurée par l'épaisseur du cartilage articulaire. Ils ont de 0""",08 â 0"^,30 et même plus; vers le cartilage articulaire et ailleurs, ils se terminent en uîi cul-de-sac souvent renflé ; ces renflements se remarquent du reste çà et là par leurs trajets. Ils renferment des vaisseaux qui ont toutes leurs parois, même l'adventice ou de tissu cellulaire, laquelle, chez les fœtus et jeunes sujets, renferme des éléments fibro- plastiques très-allongés et très- nets. Kœlliker a constaté la paroi musculaire dans les artères, II y a dans ces canaux, comme Pavait déjà vu Howships, un ou deux gros vaisseaux, ou bien plusieurs capillaires. Ils s'anastomosent d'un canal à l'autre, et vers la terminaison des canaux du cartilage, on peut retirer des capillaires qui se recourbent en anses fiexueuses, et dont certainement un côté est aflériel et l'autre veineux ; quelquefois celui-ci reste plein de globules sanguins. Entre le vaisseau et la substance du cartilage se trouvent des cellules médullaires et des noyaux libres médullaires tvoy. Charles Robin, Tableaux d'anatomie, 1850, 9» tableau, n** 20 et 21). Ils forment ce que Kœlliker appelle moelle du cartilage. Ils sont accompagnés de granulations moléculaires. Dans de larges conduits de cartilages costaux déjà vascu- laires, mais non encore ossifiés, là où se trouvaient ces conduits, j'ai trouvé des vésicules adipeuses avec les éléments ci-dessus. Dans le cartilage ainsi vasculaire, dès qu'il y a ossification, le tissu osseux exhle, se trouve formé; c'est l'élément vaisseau capillaire qui préexiste ici au lieu de la subslance de Vos qui dans les premiers temps se forme la première. Ici encore cepen- dant, à mesure que l'os augmente de volume, la substance nouvellement formée se creuse de conduits et cavités, et simultanément les vaisseaux mul- tiplient leurs ramifications. Mais les premières cavités et conduits vascu- laires de ce tissu dérivent, sont formées par les canaux vasculaires préexis- tant dans le cartilage. Dans les os de la voûte du crâne et de la face qui se forment par enva- 139 hissement, jamais la trame cartilagineuse n'est vasculaîre à proprement parler comme les cartilages dont nous venons de parier. Les processus de celte trame qui se prolongent au devant des rayons osseux, anastomosés entre eux, ou bien la bordure qu'elle forme autour de ces os, déjà assez avancés dans leur développement, n'est jamais vasculaire. Dès que le point osseux qui commence l'os est formé, ces processus cartilagineux envahis- sants, lamelieux, irradiés en tout sens pour les os plats, circonscrivent en s'anastomosanl transversalement des espaces remplis par du tissu cellulaire et des vaisseaux. Bientôt, en s'ossifiant, ces rayons donnent naissance aux rayons et lamelles osseuses qui circonscrivent les mêmes espaces, parcou- rus par les vaisseaux et le tissu cellulaire ; en sorte que dès l'apparition de la substance osseuse, il y a tissu osseux formé. Maintenant on voit, à me- sure que l'os augmente de volume, qu'il perd de plus en plus l'aspect d'une plaque réticulée, laraelleuse, percée à jour qu'il avait d'abord pour prendre celui d'une lame plus ou moins épaisse parcourue de canaux va&culaires et creusée de cavités devenant de plus en plus étroites proportionnement au volume de Tos. Ce n'est que sur les bords et jusqu'à l'époque de la naissance à peu près qu'on retrouve un peu l'aspect réticulé. Pendant longtemps on retrouve encore sur les os du crâne du tissu cellulaire et des éléments Qbro-plas- tiques autour des vaisseaux dans les conduits superficiels et périphé- riques irradiés, comme l'étaient autrefois les rayons osseux formés en pre- mier lieu. Mais en approchant de l'étal de développement complet, le tissu cellulaire disparaît peu à peu. L'aspect de ces rayons osseux vus au micros- cope sur les bords des plaques osseuses du crâne chez le fœtus se trouve & peu près reproduit en grand par les dentelures enchevêtrées qui forment les sutures par engrenage des os du crâne; principalement par les ocoipilo- pariétales, dans le voisinage de l'angle postéroMuférieur ou mastoïdien du pfariétal. b. PARTICDLARIXÉS DE LA FORMATION DU TISSO SPONGIEUX. Dès que les vaisseaux ont pénétré dans la substahce des os, on peut ob-* server que, d'abord assez compacte, elle se résorbe, se creuse peu à peu, de manière à ce que les cavités et conduits dont nous avons parié s'agran- dissent incessamment. Au fur et à mesure que l'os augmente de volume à la périphérie par envahissement, l'os se creuse au centre, s'y raréfie par résorption directe, de toutes pièces, sans repasser par Tétai de cartilage. l/lO La substance osseuse disparaît de là où elle était d'abord à Tétat compacte, et se forme, se reporte en quelque sorte à la périphérie. À celle époque, le centre des portions osseuses formées dans les os longs ou même celui des points osseux épiphysaires Ee présente comme coD?tUué par un tissu aréoiaire, formé de lamelles à bords irréguliers, dentelés, mousses, circonscrivant des cavités irrégulières pleines de moelle et par- courues par les vaisseaux. Une portion plus complète les sépare du cartilage en voie d'ossification. Ces cavités sont plus larges que ces lamelles et tra- bécules de substance osseuse qui les séparent, disposition qui s'accroit jus- qu'au moment où elle est devenue ce que nous la voyons à l'état adulte. Pendant un certain temps, la portion d'os qui sera occupée par le canal médullaire offre celte disposition, et c'est par résorption complète vers le centre, et à peu près complète ailleurs, que se creuse ce canal, mais non par adjonction de deux demi- canaux. Les os de la voûte du crâne sont primitivement du tissu spongieux, formé par les aréoles dont nous avo3s parlé, qui deviennent cavités communi- quant entre elles à mesure que les rayons osseux s'épaississant tant du côté du cerveau que de celui du cuir chevelu, s'étalent de manière à limiter de ces côtés les espaces d'abord percés à jour. Pour achever complètement cette partie du sujet, il faudrait décrire de quelle manière se passent les phénomènes de délimitation des conduits veineux et artériels des vertèbres, des os de la tête, etc. ; mais nos connaissances à cet égard sont à peu près nulles, et ce point reste encore à explorer. C. PARTICULARITÉS DE LA FORMATION DV TISSD COMPACTE. Dès que la substance osseuse a complètement remplacé le cartilage qui la précédait, la résorption de la substance compacte primitivement formée, d'où résultent les cavités du tissu spongieux, n'atteint jamais jusqu'à la surface de l'os. Il reste toujours là une couche de substance compacte de 2/5 à 2/3 de raillimèlre. L'ossification envahissante d'accroissement tend toujours à la rendre plus épaisse, mais la résorption vers la face interne la maintient avec une épaisseur égale à peu près pour les os plais et courts, et la laisse pourtant augmenter un peu d'épaisseur avec l'âge pour les os longs. Cette couche de tissu compacte est moins dense chez les jeunes su- jets, parce que les canaux vasculaires sont plus larges que chez les adultes. L'ostéite a quelquefois pour résultai de raréfier plus ou moins ce tissu compacte, en aiuenaut Paugmeolatiou de volume des vaisseaux et l'aug- mentation du diamètre de leurs canalicules par résorption au fur et à me- sure de la dilatation vasculaire. Les rayons des os du crâne, en épaississant aux faces cérébrales et exté- rieures par envahissement progressif de la trame cartilagineuse que nous connaissons, s'envoient des anastomoses de plus en plus nombreuses de celte substance ; d'où résulte que les surfaces de ces os sont bientôt plus denses, plus compactes, parcourues de cavités et canaux plus étroits que la partie intermédiaire. Celle-ci se résorbe de plus en plus, de manière que ses cavités s'agrandissent, d'où résulte la formation du diploé, tandis que les parties superficielles, incessamment déposées, restent denses et forment les deux lames compactes de ces os. Partis de la substance osseuse non encore apparue, nous devons arriver à voir naître successivement tout ce qu'on observe dans l'os tout à fait formé et nous arrêter au moment où plus rien de nouveau ne se forme. Nous avons vu naître : i* La substance fondamentale ; 2" Les ostéoplasles ; 3° Les cavités et canaux où sont les vaisseaux et la moelle: /(° Le tissu spongieux ; 5" Le tissu compacte. 6» Nous avons vu pénétrer les vaisseaux dans les canaux se formant. Majs il nous reste, pour finir, à voir de quelle manière s'achèvent les ca- naux ou canalictihs tasculaires (canaux de Havers, canalicules médul- laires, etc.), et comment se forment les couches concentriques de substance osseuse qui les entourent. Nous devons en parler surtout à propos du lissu compacte, parce que c'est dans ce tissu principalement, et accessoire- ment dans les lamelles et trabécules les plus épaisses du tissu spongieux, qu'on les rencontre. Les plus fines, au contraire, sont simplement une cou- che mince ou trabécule de substance osseuse n'ayant de vaisseaux que ceux qui rampent à sa surface. Celles de ces couches concentriques qu'on ob- servée la surface de l'os semblent bien provenir de la solidification des cou- ches de la trame cartilagineuse envahissante d'accroissement. Kœlliker l'admet comme démontré. 11 ne pense pas que dans les canalicules vascu- laires. qui, chez les jeunes sujets, sont proportionnellement très-larges, les couches concentriques qui viennent les rétrécir soient dues à un dépôt di- rect de substance, par les vaisseaux contenus, fait probable puisqu'il y a des cellules médullaires et des granulations entre les vaisseaux et la sub- Iâ2 stance qui limite les cacalicules. D'après lui, un hlastème homogène pius ou moins ossifié serait fréquemment visible, tapissant ia face interne de ces conduits et tendant à les rétrécir en s'ossifiant. Il est donc probable que les matériaux de ce blaslème sont fournis primitivement [)ar les capillaires, et que, secondairement, il est comme exudé à !a face interne de l'os déjà formé, par celui-là même ; à moins d'admettre qu'il est déposé par les ca- pillaires, non pas direcleraent, comme on le pensait, mais indirectement par suite Ue l'existence des cellules médullaires qui séparent la substance de l'os formant le canal des vaisseaux que renferme celui-ci. En somme, à cet égard, on ne sait encore rien de bien précis. DÉVELOPPEMENT DE LA MOXLLE DES OS. îl faut, par rapport à la moelle, savoir d'abord qu'elle est composée : d" de matière amorphe unissante avec des granulations moléculaires ; 2" de cellules et de noyaux libres médullaires; 3° de plaques à noyaux multiples (pour des éléments, v. Ch. Robin, Mém. de la Soc. de biol., Î8â9); iS'de vésicules adipeuses ; 5" de vaisseaux. On sait qu'il n'y a pas de membrane médullaire dans les os ; c'est là une des nombreuses créations de l'esprit des anatomistes encore admises. (V. Gosselin et Begnauld, Arch. de mkd., 18Zi7.) Il n'y a d'autre tissu cellu- laire et GbrQ-plasîique que celui qui forme la lunique adventice des pius gros vaisseaux. La moelle formée par ces éléments peut, par prédominance ou diminu- tion de l'un d'eux, présenter trois formée ou variétés susceptibles de passer de l'une à l'autre par gradations insensibles, chez le même indi- vidu, dans des oa différents, ou chez divers sujets, suivant certaines condi- tions tant normales que morbides. La première peut être appelée moelle fœtale, i^âroe. qu'elle existe dans tous les os du foetus et des enfanls jusqu'à 4 ou 5 ans, plus ou moins. Celle forme persiste quelquefois dans la moelle du tissu spongieux chez l'adulte. Elle est caractérisée anatomiquemenl par sa couleur rouge et par prédominance des vaisseaux et des cellules et pla- ques médullaires sur les autres éléments; les vésicules adipeuses même manquent jusqu'à la naissance et quelquefois plus tard. La deuxième est la forme gélatineuse; ici c'est la matière amorphe qui l'emporte, principale- ment sur les vésicules adipeuses. La troisième est la forme graisseuse ca- ractérisée par sa consistance, sa couleur de graisse, et par prédominance des vésicules adipeuses ; elle ne se trouve généralement que chez l'adulte, 1Û3 el la moelle, avant de prendre celle ronce, passe cliez les jeunes sujets par U seconde. LMoflammalion lui fait prendre aussi la forme gélatineuse, el quelquefois, si elle se prolonge, la forme fœlaie. Dès que, chez le fetue, l'os se résorbe pour donr.er naissance aux cavités médullaires el conduits des vaisseaux, en même temps que pénètrent ceux- ci, on voit se développer, soit dans les os du crâne, soit an tronc des cel- lules el noyaux libres médullaires, puis les plaques à noyaux multiples, les granulations moléculaires avec la matière amorphe, qui est souvent presque liquide el abondante. La manière dont ces éléments commencent à se for- mer et les phases de lenr développement ne sont pas encore connus. Il s'y développe aussi les globules sphériques avec ou sans noyaux, ayant 0""",5 environ qui accompagnent généralement les plaques à noyaux multiples, surtoot dans les os spongieux. (V. Cb. Robin, Tableaux d\\natomie, in- à", 1850, 9° tableau, n' 23 bis.) La moelle reste ainsi constituée par ces seuls éléments jusqu'à l'époque de la naissance pour les os longs, et plus tard pour les og plats et les os spongieux. Elle est alors opaque, rouge et molle. Ce n'est qu'à l'époque indiquée loul à l'heure que se développent les vésicules adipeuses, de la manière que j'ai indiquée dans les Mémoires de LA Société de biologie (18/j9). Mais il en exisle déjà depuis longtemps lorsque la moelle prend la forme graisseuse, car ce n'est que leur prédo- minance qui est cause de cet aspect. Si les vésicules restent peu nom- breuses, comme les cellules médullaires et plaques multiclées, éléments principaux de la moelle fœtale, se multiplient peu avec les progrès de Page, la matière amorphe prédominant, on voit apparaître la forme gélati- neuse, demi-lransparente, souvent rosée ou un peu jaunâtre. Les noyaux libres et cellules médullaires, ainsi que les plaques à noyaux multiples dont nous avons parlé, sont, après les vaisseaux, les éléments principaux de la moelle du fœlus el les éléments accessoires, quant à la masse, de la moelle de l'adulte. Les plaques à noyaux multiples sont importantes à connaître, parce qu'elles sont un élément caractéristique de certaines tumeurs homœo- morphes des os, entre autres des épulis prenant origine dansle tissu osseux. Elles deviennent encore plus nombreuses dans ces tumeurs que dans la moelle du fœtus. Elles sont très-nombreuses aussi dans les couches fon- gueuses, végétantes, très-vasculaires, partant du tissu spongieux qui, dans les tumeurs blanches, soulève le cartilage el le détache de la surface de laquelle il adhérait. (V. Ch. Robin, Mém. de la Soc. de biol., 18û9.) Kœlliker les figure, ainsi que les noyaux et cellules médullaires, sans en connaître la signilicalion (fig. 113 et 121) ; peut-être y a-lil aussi des élé- ments Obro-plasliques dans ses figures, car ils sont nombreux autour des vaisseaux de la moelle et du fœtus; mais ces dessins ne sont pas assez par- faits pour qu'il soit possible de porter un jugement sur ce fait. III. FORMATION ET DÉVELOPPEMEIVT DU SYSTÈME OSSEUX. On sait qu'on réserve le nom de système pour chacune des parties du corps constituée par les organes premiers de même espèce, résuUanljlt la subdivision des organes proprement dits en parties similaires, ou, dans un autre sens, au tout continu ou subdivisé en parties similaires ou or- ganes premiers^ se réunissant pour former les organes proprement dits, que représente chaque tissu considéré dans son ensemble. Dans le dévelop- pement des os, il y a donc système dès qu'un certain nombre de points os- seux primitifs ont apparu dans divers os. Le système n'est qu'à l'état rudi- mentaire, quand il n'y a que la clavicule et la mâchoire qui aient leur point osseux ; mais déjà il existe. Son développement se fait d'après certaines lois ; c'est ainsi que les parties du système se développent généralement de la circonférence du corps vers le centre ; que les os occupant les parties la- térales du corps se forment avant ceux qui occupent les parties médianes ; que les côtes s'ossifient avant les vertèbres, les apophyses des vertèbres avant le corps, etc. N'ayant pas fait de recherches spéciales sur ce sujet, il suffit d'indiquer les faits' qui précèdent. DE LA NATURE LOCALE OU GÉNÉRALE DES TUMEURS. Mémoire communiqué à la Société en octobre 18t>0, P.U» M. LE Docteur LEBEUT. Dans un ouvrage étendu sur les maladies cancéreuses, qui vient d'être livré à la publicité, j'ai exposé le résultat de toutes mes études sur l'histoire générale et spéciale du cancer proprement dit et des maladies curables con- fondues avec lui. Je publierai de plus, prochainemeul, dans le troisième volume des Mi- MoinES DE LA SOCIÉTÉ MÉDICALE d'observation, quelques-uDS des faits les plus importants qui m'ont servi à établir mes doctrines générales sur le cancroïde. Au moment de présenter ces travaux au public, j'éprouve le besoin de développer spécialement ici le point de doctrine des maladies cancéreuses que je regarde comme de beaucoup le plus important pour la science aussi bien que pour la pratique : c'est celui qui est relatif à la nature locale ou générale du cancer et des tumeurs avec lesquelles on le confond. 10 146 T'entiaot des siècles on a cru, el aujourd'hui encore on imagine, que les termes de malignité el de bénignité désignent la diflérence fondamenlale entre le cancer et les autres produits accidentels. Mais quelle déplorable absence de philosophie médicale dans une division aussi peu rationnelle ! On ne saurait douter que celle division des tumeurs a exercé une jnilaence très-lâcheuse sur les progrès de la chirurgie. En faisant de ces termes vagues et élastiques un principe de classification, on n'a pas mieux fait la science que le vulgaire qui divise les maladies eu celles qui guérissent et celles qui tuent, ou les bergers, qui classent les plantes en herbes de pâturage et en herbes vénéneuses. Ce qui prouve encore toute l'inconsislance scientifique d'une pareille division, c'est que la même tumeur peut être tour à tour bénigne ou ma- ligne, selon qu'elle est placée à 1 centimètre plus haut ou plus bas. Citons un pxemple : une tumeur fibreuse de l'utérus donne lieu à des hémorrha- gies abondantes qui épuisent les forces de la malade ; cette tumeur est-elle accessible aux moyens chirurgicaux, on l'extrait et la malade guérit; mais si celle même tumeur est située dans une partie de l'utérus où l'on ne puisse l'atteindre, a-t-elle par cela même changé de nature, et de bénigne est-elle devenue maligne? La maladie connue par les chirurgiens sous le nom d'ulcère cancéreux de la face est regardée comme incurable lorsqu'elle a acquis de grandes dimensions. Quoi de plus malin par conséquent que celle maladie, qui tôt ou tard doil entraîner la perte du malade? Eh bien ! nous avons vu M. Manec guérir solidement de ces ulcères, déclarés au-dessus de toutes les ressources de l'art par des chirurgiens très- renommés. Il est donc temps d'abandonner un terrain si peu solide, si peu en har- monie avec l'esprit sévère qui doit dominer aujourd'hui les sciences d'ob- servilion. Pour nous, la grande question, dans le pronostic et dans le traitement des tumeurs, est, nous le répétons, la considération de la nature locale ou générale de ces productions accidentelles. Ce principe ne nous est point venu à l'esprit par intuition. Nous ne donnons point ici une théorie nou- velle ; nous constatons seulement le résultat de l'étude de faits nombreux et l'analyse de plus de quatre cents observations sur les maladies cancéreuses pro;)remenl dites, el de prés de six cents observations sur les tumeurs non cauvéreuses. iVous allons en quelques mots exposer nos doctrines sur ce point. Le cancer est, à n'en pas douter, une maladie de réconomie.tout en- l/l7 lière. Telle a été ropiiiion dos médecins depuis Panliquilé , et si l'opinion contraire a pu un moment s'accréditer, c'est qu'on ne suivait pas assez longtemps les malades atteints de cancef , et que l'on confondait eu outre avec celui-ci beaucoup d'affections qui lui ressemblaient par quelques ca- ractères, mais qui eu différaieût par beaucoup d^autres. Il y a eu d'ailleurs de tout temps un certain nombre de médecins qui jugeaient les questions pathologiques d'après des idées théoriques, les prévisions de l'esprit ayant pour eux plus d'attrait que les résultJrts de l'observation . Mais lorsque Ton a étudié le cancer chez un grand nombre de malades et dans toutes ses principales vafiélés, on sait que malheureusement la première apparition de la plus petite tumeitr cancéreuse est déjà l'expres- sion et la manifestation d'une diathèse générale, bien que la santé pendant quelque temps encore reste intacte, et que les souffrances, durant les pre- miers temps, puissent être à peu près ûolles. Il en est de ces tumeurs cancé- reuses naissantes, pour l'œil exercé da chirurgien, comme de ces petits nuages qui apparaissent sur l'horizon lorsque la mer est calme et le ciel encore pur, et que le spectateur ordinaire croit à peine dignes de quelque attention, tandis que, pour le marin exercé, ils sont le présage certain d'un orage qui va bientôt envelopper l'horizon tout entier. Quelle que soit la partie du corps sur laquelle le cancer se localise pri- mitivement, le mal a non seulement de la propension à s'étendre, mais en outre, qu'il donne lieu ou non à des dépôts secondaires, sa tendance infec- tante générale est constante et toujours progressive jusqu'à la terminaison fatate, à moio» que les accidents locaux prennent assez de gravité pour trancher plus loi le fil de l'existence. Aussi ne suflit-il pas d'extirper de bonne heure et de la manière la plus complète une tumeur cancéreuse ; elle reviendra tôt ou tard-, et si ce n'est dans le point primitivement affecté, ce sera sur quelque point plus éloigné du corps. Si, dans un certain nom- bre de cas, la période ultime du cancfer, le dépérissement et le marasmo surviennent sans dépôts cancéreux secondaires, nous n'avons pas moins la preuve que le mai s'était emparé de l'organisme tout entier. Une femme atteinte d'un cancer de l'utérus qui ne donne pas lieu à des hémorrhagies abondantes, un homme atteint d'un cancer de l'estomac placé de façon à ne presque pas provoquer de vomissement, ne succombent pas moins l'un et l'autre à cette maladie, et cela après avoir présenté la perte des forces et de l'embonpoint, l'étiolomenl du teint, des troubles de toutes les grandes fonctions organiques. Il est clair alors, pour l'observateur attentif, que la masse tout entière du sang, toute TéconOmie dans son ensemble, a été frap- l/(8 pée, bien que l'examen pendant la vie el le scalpel après la mort ne décou- vrent point de cancers secondaires. On trouvera un jour bien plus d'ana- logie entre ces maladies dialhésiques et les empoisonnements qu'on ne s'en doute encore aujourd'hui. Parmi les nombreuses affections que l'on a confondues avec le cancer, il n'y en a pas une pour laquelle un examen attentif ne soit capable de dé- montrer des différences fondamentales Plus on mettra de précision dans l'observation, plus on se convaincra que ces caractères différentiels ne sont point isolés ni exceptionnels, qu'il ne s'agit pas d'artifices du scalpel ni d'arguties du microscope, et que le début, le développement, la marche, toute la physiologie pathologique, en un mot, aussi bien que l'étude des altérations, concourent à tracer les lignes de démarcation, et à ces limites naturelles correspondent aussi des circonscriptions thérapeutiques toutes différentes ; car dès que le mal est tout local, tous les efforts du médecin ou du chirurgien ne sont plus frappés de cette fatalité des récidives comme dsns le cancer. Le champ est ouvert aux plus grands efforts de l'intelli- gence, et le domaine des maladies curables est susceptible d'être considé- rablement agrandi. Mais si telle est notre conviction, si telle est, dans la généralité, la diffé- rence philosophique entre la maladie locale et la maladie générale, n'ou- blions pas que l'observation nous fait reconnaître, dans les détails de cette esquisse tracée à grands traits, des différences notables dans la marche el la gravité des diverses affections locales confondues avec le cancer. Nous allons envisager un instant les produits accidentels, principalement au point de vue de la nature locale ou générale. Nous arrivons à un pre- mier groupe de tumeurs pour lesquelles la nature strictement locale est la règle générale. Dans cette catégorie se trouvent les tumeurs enkystées de la peau, les tumeurs érectiles, les tumeurs graisseuses, fibreuses et car- tilagineuses. L'économie tout entière reste intacte, et ne paraît point pren- dre part à l'altération nutritive, toute locale, toute circonscrite. Mais déjà, dans ce groupe de tumeurs, quil ne viendrait à l'esprit de personne de rapprocher du cancer, nous trouvons d'assez grandes variétés dans cette manifestation locale. Les tumeurs enkystées qui tirent leur origine de glan- des sébacées ne peuvent point, à coup sûr, infecter l'économie; mais on peut en trouver de disséminées sur divers points du cuir chevelu. Nous avons vu dernièrement un ancien militaire qui portait plus de quatre-vingts de ces tumeurs sur divers points de la surface du corps, et l'examen d'une d'entre elles nous a donné les preuves de la nature athéromateuse de ces ii9 diverses lumeurs. M. Rouget a présenté, l'année dernière, à la Société da biologie ie crâne d'une femme qui portail depuis longtemps une tumeur enkystée à la tèle, tumeur qui, à la suite de plusieurs chutes, s'était déve- loppée outre mesure et avait subi un travail d'inflammation et d'ulcération, el 80 outre de nombreuses glandules sébacées s'étaient développées au point de creuser des petites fossettes à la surface du crâne. On voit donc, par ces exemples, quo cette maladie toule locale peut atteindre un certain nombre de points du derme à la fois ; mais aucun organe de l'économie n'en est atteint en dehors de celui qui est primitivement affeclé ; aucune infection de la masse entière du sang n'a lieu el la santé re^te intacte. Dans l'exemple de M. Rouget, nous voyons le mal local devenir grave avec le temps, perforer les os du crâne, entraîner une phlegmas-ie chronique des méninges, con- duire le malade au tombeau, el pourtant se montrer à l'autopsie, très-soi- gneusement faite, comme un mal qui est resté tout à fait local. Nous avons ici le plus bel exemple de la différence qui existe entre la nature locale et la nature bénigne d'une maladie. A coup sûr celte pauvre femme n'élail pas atteinte d'un mal bénin; mais la malignité ne résidait pas dans une dété- rioration de l'économie : les violences extérieures répétées y avaient la principale part. Les tumeurs érectiles sont quelquefois multiples; mais elles occupent toujours le même ordre de tissus, le même organe, el restent, quelle que puisse être leur gravité, un mal tout à fait circonscrit. En effet, nous voyons quelquefois ces tumeurs prendre par la suite un certain accroissement; les vaisseaux dilatés augmentent de nombre el de calibre ; le tissu cellulaire qui leur est interposé se développe notablement ; une violence extérieure ou le frottement habituel des vêtements peut produire à leur surface un travail subinflammatoire et ulcéreux; en un mot, la maladie peut prendre un accroissement tel que, par la suppuration, par les hémorrhagies répé- tées, etc., les jours du malade soient mis en danger el qu'une opération très étendue devienne nécessaire. Beaucoup de chirurgiens diraient alors que la tumeur a dégénéré, et que de tumeur éreclile elle est devenue fon- gus hémalode et cancer. Il n'en est rien cependant, el déjà Maunoir (i), dans son beau travail sur les fongus médullaire et hémalode, a démontré combien la dilTérence était profonde et constante entre ces deux affections, dont l'une, cancéreuse, était générale et diasthésique, tandis que l'autre (l) J.-I*. Maunoir, Mémoire sur les fongus médullaire et hématode. Paris et Genève, i820. 150 était tout à fait locale et susceptible d'élre guérie coraplétemenl par l'opé- ration, ce dont il cite des exemples remarquables. Ici encore nous voyons que la maladie locale peut devenir fort grave, mais qu'à aucune époque de son existence, elle ne dément sa différence fondamentale d'avec la tumeur diasthésique par excellence, d'avec le cancer. Les tumeurs graisseuses constituent, sans nul doute, un des produits accidentels les plus bénins, les plus strictement localisés, et encore con- naissons-nous dans la science des exemples de lipomes qui se sont enflam- més ou ulcérés par suite d'une pression prolongée. Plusieurs fois alors on a prononcé le nom de dégénérescence; mais pourquoi, au iieu de recourir à cette hypothèse non démonlrée, n'a-t-on pas cherchée mettre en rapport ce qui se passait dans ces lipomes, avec le travail inflammatoire et ulcéreux qui peut survenir dans toute espèce de tissu à nutrition vasculaire? Nous avons observé également des cas dans lesquels un certain nombre de tumeurs graisseuses existaient sur divers points du tissu cellulaire sous - cutané, et ici encore nous rencontrons cette variété de l'état local que l'on pourrait désigner sous le nom de multiplicité locale, que l'on a souvent confondu avec une dialhèse générale. Nous admettrious bien, dans ce cas, que la nutrition du tissu adipeux a subi uneallération dans une plus grande étendue que sur le point slriclernent circonscrit qui occuperait une tu- meur unique. Mais d'un autre côté nous constatons l'absence d'altération de tous les autres tissus, à l'exception du lissu adipeux, et nous trouvonséga- lement l'absence de toute réaction fâcheuse sur l'économie, absence en un mot de cette action toxique générale, dont le cancer est tour à tour l'effet et la cause. Dans l'étude des tumeurs fibreuses, nous rencontrons des faits analogues à ceux que nous venons de citer. J'ai observé deux fois des tumeurs fi- breuses sous-cutanées multiples. Tout le monde connaît la fréquence de l'existence de plusieurs tumeurs fibreuses dans une seule et même matrice. C'est dans cet organe que la présence de ces produits accidentels peut en- traîner des hémorrhagies répétées et abondantes et cousliluer une maladie fort grave; mais lorsqu'on compare les observations de femmes atteintes de corps fibreux de la matrice avec celles de femmes atteintes de cancer, on trouve une ditTérence énorme, pour les deux affections dans la force de résistance de lorganisme, dans la durée, dans la marche de la maladie, et la nature locale de l'une par opposition à l'altération générale dans l'autre sera si bien démontrée par l'observation clinique, que plus tard il ne res- tera d'autre rôle à l'examen anatomique que d'en donner la confirmation. 151 F/étude des tumeurs cartilagineuses vient encore confirmer tout ce que nous venons de dire sur la nature locale des tumeurs homoîoinorphes. Quoique celte maladie soit bien décrite depuis treize ans seulement, depuis le beau travail de Mùller sur l'enchondrome, nous possédons cependant aujourd'hui déjà plus de soixante observations authentiques sur ces lumeurs. Sur ce nombre, il y en a plusieurs où des tumeurs cartilagi- neuses multiples existaient sur Tune ou plusieurs des extrémités, surtout les mains et les pieds. Mais en parcourant ces observations, on se con- vaincra bientôt que, malgré cette apparente multiplicité, la maladie était toute locale, que la santé restait toujours bonne et que la marche bénigne ne se démentait point. Une fois de plus cette appréciation doit monJrer toute la différence qui existe entre l'altération de la nutrition d'un seul tissu et l'altération de la nutrition générale, entre le roui local et les lunifurs diathésiques. On a souvent confondu avec le cancer des hypertrophies glandulaires diverses. Parmi les méprises de ce genre d'une importance secondaire, nous citerons l'hypertrophie des glandes lymphatiques ; et ici nous ren- dons hommage à la perspicacité de M. Velpeau.qui professe depuis long- temps que les tumeurs, quelquefois énormes, qui se développent dans le creux axillaire, n'exercent point d'intlueoce fâcheuse sur l'état général de la santé, et sont, malgré la proximité des gros vaisseaux et des troncs ner- veux volumineux, bien plus faciles à extirper qu'on ne devrait le croire. La dissection de plusieurs pièces de ce genre m'a démontré qu'il ne, s'agissait en effet que d'une hypertrophie considérable des glandes ly^npliatiques, et toute la marche de la maladie démontre sa nature purement locale. L'hypertrophie partielle delà glande mammaire est journellement encore prise pour une affection cancéreuse; mais il est impossible de retrouver à un plus haut degré toutes les dilférences qui séparent le mal local d'une tumeur par cause générale et spécifique, qu'en comparant la tumeur mam- maire hypertrophiquc avec le cancer de la mamelle. Celle comparaison est -encore des plus démonstratives pour la thèse que nous soutenons, savoir qu'à des caractères analomiques et microscopiques différentiels covret- pond ordinaireminl un ensemble de phénomènes cliniques non moins dis- tincts. Dans l'hypertrophie partielle de la mamelle, nous rencontrons tantôt une lumeur unique, tantôt des tumeurs multiples, et le caractère saillant d*' la multiplicité locale ressort bien évidemment du fait que le ma! s'épuise dans cet organe lui-même. Nous ne connaissons point d'exemple d'une hyper- 152 trophie de la raameUe qui aurait produit des altérations secondaires daos des organes éloignés, abstraction faite Jes glandules axillaires qui s'engor- gent d'une manière sympathique, lorsqu'un travail phtegmasique se fait ilans la partie hypertrophiée. La santé générale reste intacte, et ici encore la nature locale de la maladie se caractérise par le fait que la nutrition d'un organe ou de deux organes symétriques et homologues peut souffrir sans que le reste de Péconomie en soit directement influencé, en tant que la nutrition générale et celle de tous les autres organes conservent leurs ca- Taclères physiologiques. C'est par cette vicialion de la nutrition plus stric- lement localisée que l'on peut se rendre compte pourquoi les tumeurs 'horaœomorphes altèrent proportionnellement bien moins la nutrition des •tissus ambiants que le cancer. Que tout praticien se rappelle à présent l'ensemble des caractères cli- niques du cancer de la mamelle, sa tendance envahissante, sa propagation locale et générale, sa propension aux récidives, l'altération profonde de la sanlé générale qu'il provoque, et nul ne doutera de l'énorme différence ^ui existe entre cett€ maladie de réconomie tout entière et l'hypertrophie locale. Si nous passons maintenant à la comparaison anatomique, nous trou- yons que dans l'hypertrophie partielle la tumeur est bien circonscrite et composée dans son intérieur de lobes et de lobules glandulaires, et que le microscope y démontre les cœcums terminaux de la mamelle. Dans le can- cer, au contraire, la dissection fait voir une tumeur plus diffuse; on con- state dans celle-ci la destruction des éléments normaux de la glande, et on retrouve les cellules caractéristiques du cancer, qu'un examen superficiel seul peut faire confondre avec l'épilhélium glandulaire. Parmi les tumeurs que j'ai séparées du cancer dans ma Physiologie PATHOLOGIQUE, 86 trouvenl les tumeurs de nature flbro-plasUque. Je leur ai donné ce nom, parce qu'elles se composent d'éléments que l'on retrouve dans le développement embryonnal, dans les tissus à l'étal complet et dans la formation des produits accidentels, chaque fois qu'un tissu iibreux ou déri-fant de ce tissu doit prendre origine. A l'état normal, nous trouvons ces cellules oblongues, à noyaux étroits, ces corps fusiformes, ces fibres incomplètes, dans la formation et dans la structure faite du derme et de plusieurs membranes muqueuses, ainsi que dans le périoste. Aussi voyons- nous souvent des tumeurs fibro-plasliques tirant leur origine du derme, du tissu cellulaire sous-cutané, du périoste, des membranes séreuses et fibreu- ses. Dans les méninges, elles forment des tumeurs ordinairement uniques, 153 donl la base large ou le pédicule étroit fait reconnaître le point d'origin*^ ; elles ont cela de particulier qu'elles peuvent se creuser des loges profondes dans la substance encéphalique, sans faire corps avec elle. Les tumeurs kéloîdes de la peau spnl égalenient de nature fibro-plastique ; il en est de même de certaines tumeurs très-volumineuses et bien circonscrites qui st» développent dans les membres, et dans la cuisse surtout. Mais ce qui a jeté le trouble dans lesprit d'un certain nombre d'observateurs sur la nature de ce tissu, c'est que lorsque ces tumeurs tirent leur origine du périoste, elles peuvent être très -diffuses, et l'osléosarcome fibro-plaslique peut jus- qu'à un certain point simuler quelques-uns des caractères du cancer; nous avons même vu des spicules osseuses se développer dans son intérieur. Est-ce à dire pour cela qu'il s'agit d'uu cancer, parce que la tumeur a avec celui-ci quelques points de ressemblance ? Nous répondons nettement par la négative. La structure microscopique d'abord est tout à fait différente dans la tumeur fibro-plastique et le cancer ; mais nous aurions sacrifié peut-être ce caractère si la marche clinique était celle du cancer, et nous en aurions fait alors une forme spéciale ; mais il en est tout autrement. La tumeur fibro-plaslique est une maladie locale. Nous avons observé nous- raême, il est vrai, un cas dans lequel des tumeurs fi bro- plastiques s'étaient développées dans un grand nombre d'organes. Dans ce cas , la maladie avait affecté la marche du cancer; mais ce fait est trop exceptionnel pour changer les doctrines générales sur la nature de ces tumeurs. Aujourd'hui le nombre des tumeurs fibro-plastiques que nous avons observées est très- considérable, et d'un côté nous avons par-devers nous des guérisons solides après des opérations pratiquées depuis plusieurs années ; d'un autre côté, nous avons constaté maintes fois par l'autopsie l'unicité et la nature pure- ment locale de ces tumeurs. Ici nous avons cependant à relever une ob- jection bien légitime que pourraient nous faire les praticiens : on nous dira, et nous avons observé ce fait nous-même. que des tumeurs fibro- plastiques, et celles des os surtout, se reproduisaient quelquefois après des opérations étendues et bien faites. Cela est vrai, mais en pareil cas la réci- dive est toujours locale ; elle est la continuation plutôt que la reproduction de la maladie première, dont la guérison a rencontré un puissant obstacle dans ce que nous appelons «la diffusion locale de la maladie. Le périoste, qui a donné naissance à la tumeur, est malade dans une plus grande éten- due que le toucher et l'exploration ne l'ont fait constater, et malgré l'opé- ration bien faite, on a laissé le germe de la repullulation. On ne rencontre point, dans ces circonstances, des récidives éloignées du siège primitif de lu maiudie, ni rinfeclioa circonvoisine des glandes lymphatiques, ni enfin riofection de l'économie tout, entière avec ses dépôts secondaires. Dans le cas même dont nous avons parlé plus haut, la multiplicité des tumeurs oiTrait cela de particulier que, dans le principe, une tumeur libro-plastique du testicule s'était étendue au delà de l'anneau inguinal et avait envahi largement le péritoine, et toutes les tumeurs secondaires se trouvaient sur le péritoine et sur la plèvre. En résumant toutes nos notions sur la généralité des cas de tumeurs fibro-plasUques, nous ne pouvons donc les envisager que comme l'expres- sion d'une altération nutritive toute locale. Une fois de plus nous rencon- trons ici une différence énorme entre la nature locale et la nature bénigne d'une maladie; car telle tumeur fibro-plastique qui aurait entraîné la perte du malade et qui, en ce sens, aurait été tout à fait maligne, ne serait nul- lement pour cela une affection de l'économie entière, et ne sortirait point du cadre des affections purement locales. Ici encore les ùjines doctrines dirigeront et perfectionneront la pratique ; car ce qu'il serait téméraire de faire contre un mal qui serait l'ex- pression d'une diathèse implacable , pourrait devenir un devoir pour le chirurgien lorsque, par une tentative hardie, il serait à même d'atteindre ou de dépasser les limites du mal, et de le couper ainsi à sa racine. Nous arrivons à un dernier groupe de maladies qu'on l'on a de tout temps assimilées avec le véritable cancer : ce sont ces tumeurs végétantes ou ces ulcères rongeants que l'on rencontre surtout à la surface cutanée, ainsi que sur les membranes muqueuses les plus rapprochées de cette su- perficie, telles que la muqueuse de la langue, de la portion vaginale du col utérin, et même, d'après une de nos observations récentes, dans la mem- I»'ane niuqueuse des fosses nasales. L'étude des opinions qui ont régné à diverses époques sur ces tumeurs est Irès-inslruclive, en ce sens qu'elle nous montre, d'un côté, qu'il y a un certain bon sens pratique qui peut aller au-devant des découverles scientifiques, tandis que, d'un autre côté, nous voyons également à quel point l'observation incomplète et supeificielle conduit à la fois à l'intolérance et à la fausse interprétation des découvertes. Les plus grands chirurgiens du dernier siècle savaient déjà très-bien que le cancer cutané offrait un bien meilleur pronostic que celui des autres organes, et déjà, antérieurement à celle époque, les guérisons de cette mala- die, obtenues par l'application de la pâle du frère Côme, étaient des preuves vivantes de la nature souvent bénigne du cancer cutané, terme sous lequel 155 OD confondait le véritable carcinome dcrma tique el ces tumeurs papiilaires et les ulcères qui, sous tant de rapports, en difTèrent, et doivent nécessai- rement en être séparés. Lorsque phi» tard les doctrines sur le cancer ont plus particulièrement préoccupé les palhologistes, on tenait bien compte de ce fait, el on disait qu'à la peau le cancer était une maladie moins grave qu'ailleurs. Mais c'est une erreur; car le véritable cancer cutané ne le cède en rien, quant à la malignité et à la marche fatale et rapide, aux cancers des autres organes, et ViAée si naturelle que l'on pouvait confondre deux affections différentes sous le même nom venait à peine aux chirurgiens. Lorsque, il y a six mois environ, M. Ecker, en Allemagne, et moi, en France, nous démontrâmes que beaucoup de tumeurs, prises pour cancé- reuses dans les diverses parties du derme, n'étaient autre chose que des altérations hypertrophiques ou autres des papilles, de l'épiderme, des glau- dules et du derme lui-même, on reçut celle découverte avec méliancp., el on nous fil l'objection que ces tumeurs étaient cancéreuses, quoi qu'en dise le microscope, parce qu'elles pouvaient récidiver après l'opéialion. En poursuivant, pour nia pari, sans interruption mes recherches sur ces maladies, je pouvais signaler à mes adversaires des objections bien plu» fortes encore; j'insistais non-seulement comme eux sur le fait que, dans certaines régions, à la lèvre inférieure et à la verge surtout, les récidives locales de ces affections, auxquelles j'avais donné le nom de cancroides, n'étaient pas rares, mais encore sur ce que le mai local pouvait même in- fecter les glandes lympliatiques voisines qui étaient avec lui en connexion analomique directe, et que de plus le mal pouvait gagner de proche en proche les tissus, au point d'atteindre, à la figure par exemple, les os voi- sins de la face. Lorsqu'on a l'habitude de ne se tenir qu'à la superficie des questions, ou peut envisager tous ces faits, que je me suis empressé, le premier, de si- gnaler, comme des couct- ssions faites à ceux qui ne voyaient dans ces aifec- tions qu'une variété du véritable cancer. Il en est tout autrement cepen- dant en réalité. Si nous comparons d'abord la slructure du cancer el du cancroîde cutané, nous trouvons dans l'un la substitution d'un tissu nou- veau, dans l'autre l'exagération de tissus normaux, dans l'un ies cellules cancéreuses à aspect spécial, dans l'autre les cellules connues de l'épi- derme, ou les autres éléments microscopiques q\w l'on trouve dans la peau à rétat physiologique. La marche dans le cancroide esl bien autrement lente, el lorsqu'on l'a opéré largement, ou il ne revient pas, ou la récidive 156 a lieu sur place. On n'a pas assez tenu compte, en chirurgie, du point où une récidive peut avoir lieu, et nous n'exagérons certainement pas en affir- mant que lorsqu'un mal, après des opérations, n'offre jamais d'autre réci- dive que dans la région même ou dans le proche voisinage du mal primitif, on peut déjà par cela même présumer qu'il s'agit d'un mal purement local, et par conséquent d'une affection non cancéreuse. La tendance aux réci- dives dénote bien qu'une maladie n'est pas bénigne, et derechef nous con- statons ici la grande différence qu'il peut y avoir entre une maladie locale et une maladie bénigne. Si nous tenons compte des éléments aoatoraiques qui composent ces can- cr(rtdes, nous trouvons que l'épiderme ou l'épithélium y entrent pour une large part; et, de même que les éléments fibro-plastiques, on les rencontre sur un grand nombre de points différents de l'économie ; de plus, leur dis- position histologique locale est diffuse et étendue. Il s'ensuit que leurs alté- rations morbides doivent pouvoir présenter également cette même exten- sion. L'anatoraie normale explique donc aiusi la diffusion locale de la ma- ladie, de même que la structure mullilobaire de la mamelle nouà rend fort bien compte de la multiplicité locale de certaines hypertrophies partielles de la glande mammaire. Une récidive locale d'un cancroïde n'est souvent que la continuation de la maladie première qui existait à l'état naissant lors de l'opération antérieure. La diffusion physiologique des éléments fibro- plastiques et épidermiques nous explique donc pourquoi, à l'étal morbide, ces tissus sont plus envahissants que des tumeurs composées d'éléments qui, à l'état physiologique, sont toujours plus nettement circonscrits. Nous savons en outre que l'épiderme naît d'un blastème d'abord liquide, dans lequel plus tard se forment des cellules. Quoi d'étonnant alors que, lorsque ce blastème est sécrété en surabondance, il puisse arriver au moyen des lymphatiques les plus voisins dans les ganglions les plus rapprochés du siège du mai î Mais quant aux récidives éloignées, aux tumeurs secondaires, quant à l'affection de l'économie tout entière, nous n'avons rien observé de semblable jusqu'à ce jour, dans le cancroïde, bien que nous ayons recueilli plus de cent observations, dont près d'un cinquième avec autopsie cadavé- rique complète. Le cancroïde, par conséquent, diffère, sous bien des rap- ports, du cancer, et encore une fois, l'ensemble de toutes ces différences se résume dans sa nature locale. Voilà le véritable point de vue sous lequel le pathologisie doit toujours envisager les tumeurs et le? produits accidentels. Abandonnant la routine surannée qui consiste à ne considérer que la bénignité ou la malignité de 157 ces maladies, on doit avanl loul se rendre compte si une maladie est gé- nérale ou locale; ce point déterminé, il faut encore distinguer les diverses variétés des maux locaux telles que l'unicité locale, la multiplicité locale et la diffu''ion locale ; et, dans cette dernière, il faut tenir compte d'une plus grande possibilité de la propagation locale. Le parti que la pratique tirera de l'appréciation juste de ce point de vue, est immédiat. Il évitera à quelques malades des opérations inutiles, et il en- couragera à en pratiquer avec hardiesse et avec persévérance, dans des cas où une connaissance moins approfondie de la pathologie les aurait peut-être fait rejeter, au grand détriment des malades. L'esprit philosophique ne trouve pas moins son compte dans cette dis- tinction, qui met en évidence la cause fondamentale de la marche patho- logique différentielle des produits accidentels. SUE UN CAS DOUTEUX DE FARCIN CHRONIQUE, OBSERVATION RECUEILLIE DANS LE SERVICE DE M. MICHEL LÉVV, au Val-de -Grâce, Par m. le Docteur ÏHOLOZAN, Chef de cliuiqur. J'ai l'honneur de communiquer à la Société de biologie un fail qui, par la singularité des symptômes et par quelques-unes des particularités de l'autopsie, telle que l'infiltration purulente trouvée dans le canal médul- laire des os longs, me paraît digne d'intérêt. Je rapporterai d'abord l'ob- servation et je la ferai suivre de quelques remarques. FIÈVRE INTEBUITTENTE REBELLE ; ENGORGEMENT DE LA RATE ; TUMEURS PAR IN- FU^TRATION FIBR[NEUSE ET SANGUINE DU DERME, ANALOGUES AUX TUMEURS CO- TA NÉES DD FARON CHRONIQUE ; TACHES SANGUINES ECCHYMOTIQUES DE LA PEAU, ANALOGUES AD PURPURA; ENGORGEMENT DES GANGLIONS LYMPHATIQUES; INFIL- TRATION PURULENTE DD CANAL MÉDULLAIRE DES 08 LONGS; ULCÉRATION DES INTESTINS ; DYSSENTERIE ULTIME. — MORT. Obs. — Sohier (Louis), âgé de 26 ans, d'une ronslitulion forte, peau blanche 160 et lachelée d'éphélides, joues colorées, cheveux cbâlaia clair, éJait garçon de ferme et d'écurie dans le déparlemeni de l'Oise lorsqu'il a été enrôlé dans le 21* régiment de ligne il y a vingt mois. Il raconte qu'un an avant son entrée au ser- vice, il eut ii panser un cheval qui portait une tumeur ulcérée au pied. La plaie cautérisée avec le fer rouge guérit au bout d'un mois, et l'animal fut employé au labour comme par le passé. Sobier, qui n'avait point eu de maladie antérieure, entre à l'hôpital de Nevers pour une lièvre d'accès au bout de six mois de service. Il sort après un mois de traitement par le sulfate de quinine ; la lièvre récidive au bout de peu de temps, et il fait encore trois semaines de séjour à l'hôpital. Depuis cette époque, la Gèvre le reprend à Paris au bout de quinze jours de résidence ; il a de nombreuses rechutes ; il fait trois entrées dans les hôpitaux et est envoyé en convalescence dans son pays. Chez lui il est repris de fièvre intermittente ; il devient sujet à la diarrhée, et il est atteint de la suette qui ré- gnait à cette époque épidémiquement. Il a été à plusieurs reprises soumis à la médication quinique; un certificat du médecin de sa localité atteste les re- chutes de la lièvre intermittente, ainsi que l'augmentation de volume de la rate. Vers la fin de l'été de 1849 la sanié de Sohier s'était assez améliorée, et il avait en partie repris son service au régiment lorsque, au mois de novembre, il s'aperçut, dans la région de la nuque, d'une tumeur indolore qui augmenta petit à petit de volume. Le 1" janvier 1850, notre malade est pris de lassitude, de douleurs articu- laires, de frissons, avec insomnie, anorexie et diarrhée. Quelques taches arron- dies, violacées, apparaissent les jours suivants aux jambes et aux bras. Les forces sont tout à fait prostrées et le malade entre à l'hôpital du Val-de-Grâce dans le service du professeur Lévy, le 21 janvier (salle 28, n" 39) Sobier présentait à cette époque les symptômes suivants: Face pâle et un peu hébétée ; parole saccadée ; 80 pulsations ; douleurs vagues dans les membres avec diminution considérable des forces et amaigrissement commençant ; douleur à la base gauche du thorax augmentée par la percussion ; rate considérablement augmentée, donnant 18 centini. en hauteur; respiration bonne, sans râle ; pas de toux ; des macules violacées, ardoisées ou bleuâtres, de 1 à 2 cenlim. de diamètre, donnent un aspect tigré à ta peau. On en remar- que partout, mais elles sont surtout nombreuses à la face postérieure du tronc et à la face interne des membres i)elviens. La plupart de ces taches reposent sur une base indurée, véritables tumeurs aplaties faisant corps avec le derme qu'elles soulèvent à peine. A la face, au-dessus des sourcils, et à la région mo- laire gauche, existent des empâtements assez étendus avec coloration violacée ou bleuâtre de la peau et saillie assez prononcée des téguments. A la face in- terne dé la cuisse gauche, une tumeur du volume d'une petite noix, d'un rouge cuivré à la surface, fait une saillie très prononcée et acuminée. A la 161 nuque, vers la naissance des cheveux, existe une tumeur saillante et assez molle, du volume d'une grosse noix, sans coloration ecchyn-.otique des tégu- ments. Engorgement notable des ganglions lymphatiques de l'aine et des régions paroiidiennes sous-maxillaires et axillaires. Le 22 janvier, on note encore 80 pulsations; température axi'.laire, 37.5; abattement, prostration des forces, et douleurs scapulo-huméra'es pendant la nuit. Le 23, douleurs scapulaires persistantes avec insomnie; 90 pulsations assez fortes; urine trouble; nouvelles tachjs violacées à la fesse gauche et à la face externe de la cuisse de ce côté ; macules violacées aux jambes avec piqueté rouge brun ecchymotique. Une incision pratiquée sur la tumeur de la nuque ne donne issue qu'à du sang. 24 janvier. Douleurs vagues dans les articulations des membres inférieurs; prostration moindre ; aucune hébétude dans le faciès ; taches rosées lenticulaires en assez grand nombre sur la face antérieure du tronc. 25 janvier. Insomnie; douleur scapulaire gauche; 80 pulsations; épistaxis légère; engorgement notable des ganglions parotidiens et cervicaux du côté gauche avec rougeur légère des téguments. 27 janvier. Insomnie persistante; douleur aux avant-bras avec apparition de nouvelles macules ardoisées. Le malade est depuis son entrée au quart de portion; il prend depuis deux jours de i'iodure de potassium. 28 janvier. On remarque déjà à cette époque un ciiangement notable dans la coloration des tumeurs, des empâtements et des simples taches. Les teintes ar- doisées et cuivrées deviennent plus rares, les aspects bleuâtres, verdâlres et rouge brun prédominent. 80 p. un peu vives; nouvelle épistaxis ; urine à sédi- ment briqueté. (1 g. d'iodure de potassium ; lotions vinaigrées sur la peau.) 29 janvier. Empâtement du tissu aréolaire du mamelon gauche, avec teinte cuivrée de la peau environnante. Le malade accuse des douleurs lancinantes dans les mollets et les cuisses. 30 janvier. 8S p. ; 39» à l'aisselle. Selles régulières, urine trouble à sédiment blanchâtre; insomnie, sueur abondante pendant la nuit; douleurs violentes dans les membres inférieurs. 31 janvier. Les principales tumeurs présentent un commencement de résorp- tion. Les douleurs sont concentrées à l'épaule droite. (1,5 g. d'iodure de potas- sium ; frictions avec le jus de citron.) 1" février. 105 p. Douleurs violentes aux membres inférieurs, et principa- lement à la région trochantérienne et le long de la face externe du fémur gauche. Insomnie et sueur nocturne abondante ; deux selles. (On suspend I'io- dure de potassium.) Le 3 février au soir, vomissement alimentaire, nausées et vomituritions pen- dant la nuit. 11 162 h février. 90 p.; langue grisâtre, un peu sèche; inétéoii*me léger; borbo- rygmes; deux selles; douleur à la base latérale gauche, augmentée par la toux 5 gencives un peu saignantes et gonflées ; respiration rude, antéi-ieurement elpas- t^érieurement. — L'aspect des téguments présente de nouvelles modiligjfj^^jjg^ Les joues ont pris une teinte cuivrée, l' empâtement jgj arcades sourcilières a disparu; la tumeur cervico-occipitale a diminue ^es quatre cinquièmes; la tumeur crurale gauche s'est aussi effacée en partie. Les ganglions inguinaux, cervicaux, axillaîres, ont en même temps diminué de volume. Le 5, 90 p. i trois selles ; météorisme léger. Rate à 30 centimètres. Douleurs très-intenses à la cuisse gauche, depuis le grand troehanter jusqu'au creux po- plité, s'irradiant dans le mollet. (Soupe; sulfate de (quinine, 0,5; extrait d'o- pium, 0,05.) Le 8, 90 p.; deux épistaxis; face pâle; sueur nocturne et diarrhée persis- tantes; voix éteinte. Douleur davicuiairt} gauche auec goufleiaenf sterno- claviculaire. La tumeur de la nu(iue est complètement elfacée. Le 10, gonflement étendu de la région claviculaire interne gauche avec rou- geur des téguments et tache jaunâtre au centre. Il n'ejiiste plus ni taches, ni d'autres tumeurs sur le corps. Depuis quelques jours, gêne et faiblesse plus grandes dans les mouvements. Amaigrissement marqué des membres et de la face. Douleurs profondes à la cuisse gaucbe et au bras droit. Le Î3, 90 p. Diarrhée et sueur persistantes. Douleur violente à la, cuisse gauche, avec gonflement notable de tout le corps du fémur de oe eôté. (Quart d'aliments; sulfate de quinine opiacé.) Le 14, frissons dans l'après-midi; soubresauts des muscies des membres; 96 p.; 3 selles. Le 15, moins de tension et de gonflement à la cuisse gauche; 84 p.; persis- tance de la douleur sterno-claviculaire et fémorale gauche. Le 17, 90 p.; langue un peu sèche; 2 selles. Rate à 16 centimètres, Sommeil interrompu. La pression est douloureuse sur la cuisse droite. I! n'y a plus de gonflement cleïdo-steraal gauche, mais la sensiùiUlé est toujours ejcaaérée dam celte région. Le 19, 72 p. ; miliaire rosée sur l'abdomeu ; 4 selles liquides avec coliques. Le 21, 80 p.; empâtement de la joue droite; gonflement ganglionnaire for- mant chaîne des deux côtés du cou, de l'apophyse mastoïde à la clavicule, plus prononcée à droite; h selles .sanguinolentes. (Panade; cataplasme laudanlsé sur Vabdomen ; potion opiacée.) Les jours suivants, la, diarrhée et l'amaigrissement font des progrès. Le 27 février, 90 p.; vomissement alimentaire; vomituritions. fCrème de riz; riz gom. ; vin sucré ; lav. laudanisé.) Le 2 mars, éraaciation; voix éteinte; 108 p. ; 10 selles; ventre douloureux; tangue sèche ; hoquet ; syncope dans la position assise ; respiration sans râles, un peu rude. 163 Le 4, 140 p.; 48 inspiralioas ; œil bag^rd ; iosomnie, agitation, délire pen- dant la nuit; 20 selles. (Via sucré) lis. avec exl. raianbia; pot. byd. morphiae, 0,02.) Le 5, selles involontaires ; subdélire; mort à six heures du matin. Altopsie 30 heures après la mort. Habitude exterieurk. Rigidité cadavérique presque nulle ; sujet élancé, irès- amaigri ; peau pâle à la Taco antérieure du corps, présentant des stases san- guines rosées ou légèreuienl violacées aux parties déclives. A la partie interne de la cuisse gauche, une tumeur du volume d'une noisette, reste de la tumeur crurale volumineuse, esf. formée d'un tissu résistant, translucide, légèrement jaunâtre, comme tibrineux, et adhérent au derme. Dans les autres points de la peau, siège d'autres tumeurs, on n'a point trouvé de trace de dépôt plastique ni sanguin. Système sioscuLAiRE. Rien do notable, si ce n'est la flaccidité des muscles; point de traces d'engorgement sanguin. Système lïmphatiqije. Les ganglions du cou et de l'aisselle sont encore en- gorgés; ceux de l'aine le sont moins; ils présentent tous une texture rougeâtre, un pea plus friable qu'à l'état normal. Appareil circulatoihb et respiratoire. Rien dans les fosses nasales dont la muqueuse pâle est tapissée de produits filants translucides. Les am;ygdales, un peu tuméfiées, présentent Its orifices élargis des glandules. La trachée est pâle, ainsi que les bronches; le tissu pulmonaire aéré et crépitant présente seulement aux parties postérieures quelques petits noyaux d'engorgement sanguin au mi- lieu d'une infiltration séro sanguine assez prononcé. Le cœur flasque, avec con- crétions fibrineusesbien formées dans les deux oreillettes. AppARiiiL DIGESTIF. Estomac pâle contenant des mucosités filantes. Quel- ques érosions à fond pâle dans le grand cul-de-sac. Coloration rouge de la moitié inférieure An jéjunum. Dans Vilèum cette coloration devient plus foncée dt à vasoularisations très-fines. Des altérations plus avancées commencent à être aperçues dans la seconde moitié de l'iléum. La muqueuse est d'abord comme revêuie sur les valvules eonniveotesd'un enduit jaune verdâtre, adhérent, gra- nuleux (dégénérescence hyperlrophique de la conche épithéliale) ; plus près de la valvule, elle est érodée profondémeni, et des ulcérations nombreuses, taillées à pic jusque surJa n>ascateuse forment une suite non interrompue d'aKéralions jusqu'à la. valvule. Dans le gros intestin, on remarque des ulcérations très- ûoiTibrenses, taillées à pic et comme dentelées, sur un fond pâle. Les tuniques IntestinaJes y sont épatssifcs par suite d'infiltration séreuse. Le péritoine, très-injecté au voisinage de la valvule iléo-coecale, présentait entre les anses intesnnales quelques lambeaux de pseudo-membranes molles. Rate, 18 centim. sur 11, a capsule blanchâtre, ridée, d'un tissu assez com- pacte, à cellules tassées, d'un brun noirâtre. jFoje; assez volumineux ;la face inférieure un peu déformée et arrondie, cou- 16A Ifiur d'un jaune orangé uniforme ; texture grenue très-prononcée ; les granula- tions ont de 1 Diiltim. à 1 millim. 1/2 de diamètre. Reins. Aucune aUéralion de texture. Centre nerveux. Sérosité transparente, 60 gr. dans la grande cavité de l'arachnoïde ; injection assez prononcée ; consistance normale. articulations. A pari l'articulation sterno-claviculaire gauche, les autres ne présentaient rien d'anormal ; synovie assez visqueuse. Système osseox. Pus jaunâtre dans l'articulation sterno-claviculaire gauche avec absorption partielle des cartilages et de la lame osseuse sous-diarthro- diale. Une petite portion du tissu spongieux est à demi détachée et en contact dans l'articulation avec le pus. La clavicule, sciée dans toute sa longueur, pré- sente à rexlrémité interne une inQllration purulente jaunâtre du tissu spon» gieux, entourée par un cercle d'un rouge brun. Le fémur gauche est entouré à son tiers moyen d'une couche d'ostéopbytes, écl kU raillim. d'épaisseur. C'est un tissu ascolaire que le scalpel entame faci- lement et dont les cellules contiennent une sorte de gelée transparente et légè- rement sanguinolente. Ce^ bourgeons osseux s'enlèvent en partie avec le pé- rioste, dans l'épaisseur duquel ils semblent développés. ' Deux petits abcès, du volume d'une noisette, à la face interne de l'os, à demi «ncbaionnés par les ostéophytes, présentant un pus à peine jaunâtre, demi- liquid.% contenu dans une membrane rougeâtre, épaisse d'un millimètre. Une section longitudinale a fait apprécier les ulcérations suivantes: Intiltralion puru- lente jaunâtre de tout le cylindre médullaire, avec pus jaunâtre liquide aux deux extrémités du canal médullaire. Commencement de séquestration dans toute la longueur de la diapbyse de la moitié interne au moins de la lame com- pacte déjà séparée par un sillon delà partie vivante. Séquestration d'une portion considérable du tissu spongieux vers l'extrémité supérieure. Le fémur droit présente la même couche d'ostéopbytes, la même infiltration purulente du cylindre médullaire, et aussi un commencement de séquestration des [orlions compactes ou spongieuses, voisines de la membrane médullaire; mais toutes ces altérations sont moins prononcées que du côté opposé. Les liumérus ont aussi dans tout le canal médullaire du pus verdâtre. Ici pas encore de traces appréciables de séquestration, ni d'ostéopbytes. Les autres os n'ont rien présenté de notable. L'observation dont nous venons d'exposer les détails pourrait donner lieu à des inductions plus ou moins probables sur la relation éliologique des phé- nomènes ultimes de la maladie avec celte Oèvre intermittente si rebelle qui a duré près de dix mois, qui a été accompagnée d'engorgement de la rate, et qui peut-être elle-même relevait d'une infection autre que l'infection pa- ludéenne. Des indices certains, des caractères positifs nous manquent pour rien aflirmer à cet égard. Mais d'un autre côté, en nous tenant dans la li- i65 mile même du fait en question, nous ferons remarquer la grande ressem- blance des tumeurs cutanées avec les tumeurs que Tou observe dans le far- cio chronique, avec celte circonstance imjjorlanle que, dans notre cljser- vation, les tumeurs de la peau ne se sont point abcédées. — La suite de l'observation fait bien voir que si ces infiltrations sanguines eu plc-iiques du derme ne se. sont point ulcérées, en d'autres points de l'éconoriiie, dans d'autres tissus, la transformation purulente a eu lieu, précédée du même. phénomène, l'infiltration sanguine, « dans l'articulation sterno-cliiviculaire gauche, à la face interne du fémur du même côté. » Les détails que nous avons rapportés montrent que, dans ces deux ré- gions, il s'est produit d'abord un engorgement sanguin : « gonflement de tout le corps du fémur du côté gauche, tuméfaction sterno-claviculaire gau- che avec tache violacée au centre. » Il est donc infiniment probable que la suppuration a eu lieu ici dans des conditions k peu près analogues à celles que l'on rencontre dans les cas de farcin chronique, au milieu d'engorge- ment sanguin des lissus. — Celte idée me semble d'autant plus admissible que dans les affections purement scorbutiques on n'observe point cette dé- sinence en suppuration. Dans ces affections ainsi que dans les cachexies spléniques, on n'observe pas non plus ces gonflements ganglionnaires que nous avons plusieurs fois notés dans le cours de cette maladie. Il y a donc là, à part Tirapor tance purement analomiqus des altérations osseuses, un de ces faits complexes que l'on ne sait comment classer, parce que la filiation de ces phénomènes divers nous échappe complètement, à savoir : la fièvre intermiltenle, l'engorgement de la raie, les taches et lestu- meurs sanguines, les gonflements ganglionnaires, la suppuration de la mem- brane médullaire et du périoste, symptômes en apparence étrangers les uns aux autres, mais dont la plupart se sont succédé dans un ordre tel qu'il est permis d'établir entre eux une relation quelconque de cause à effet. RECHERCHES SUR LE TRICHIASIS DES VOIES IIRI^AIRES ET SUR LA PILI-MICTION, Par m. p. RAYER. Je crois devoir dire, en coTnmen^ant,, comment j'ai été conduit à me livrer ides recherches sur la présence des poiJs dans les voies nrinaires, et sur leur émission avec Turine. Je n'avais jamais été dans le cas d'observer ce phénomène pathologique, lorsqu'un des plus habile-s praticiens de Paris, M. le docteur PauUn, ancien professeur de physique à Metz, m'adressa, il y a quelques mois, un enfant qui venait de lui présenter ce singulier phé- Doroeoe, sur la nature duquel 11 désirait avoir mon opinion. Mon expérience personnelle ne m'ayant rien appris à cet égard, je dus m'enquérir des ob- 168 servalious et des remarques consignées dans les annales de la science, et ra? livrer à de nouvelles recherches. Je publie aujourd'hui le résultat de ces éludes, dans l'espérance qu'elles pourront jeter quelque lumière sur un point encore fort obscur et peu connu de la pathologie des voies urinaires. Plusieurs auteurs attribuent à Hippocrate la première notion relative à la présence accidentelle des poils dans l'urine (Mitchell, H.- J.- A. Uaedt, etc.), notion que d'autres lui contestent. Pour les uns, le fait est assez clairement indiqué dans TAphobisme 76 de la section IV ; pour les autres, et je suis de ce nombre, la signification de cet Aphorisme est obscure, ou plutôt, suivant raoïi, ce passage parait s'appliquer à des concrétions fibrineuses pili- formes, et non à de véritables poils. Je dois faire remarquer d'abord que les traducteurs et les commentateurs d'Hippocrate ne sont pas d'accord sur le texte. MM.Lallemand et Pappas (1), par exemple, adoptent le texte de cet Aphorisme, d'après Galien, et écri- vent : ôxoioisiv èv t«^ oûptj) TOt/eî èôvîi ffapx\a ffjuxpà, -JJ ÛTnep "cpCj^sç Çuve;ép- '/ovTat.toutéowivA-Kb twv vesppôiv èxxpCvetat (Ta'Xifjvd;), » qu'ils traduisent ainsi : « Quand les urines épaisses contiennent de petits morceaux de chairs » ou des matières filiformes, ce sont les reins qui les fournissent. » M. Liltré (2), se fondant sur ce que l'addition de ^, daus plusieurs ma- nuscrits et dans quelques éditions, est due uniquement à Galien, qui déclare lui-même qu'elle manque dans tous les exemplaires qu'il a consultés, a rétabli le texte primitif de cet Aphorisme et le traduit ainsi : « Quand, dans » l'urine épaisse sont rendus de petits filaments de chair comme des » cheveux, une telle sécrétion provient des reins. » On voit de suite la différence des deux textes et des deux versions. Pour en expliquer iorigine, je rapporterai, en entier, le commentaire de Ga- lien (3) sur cet Aphorisme, malgré les explications hypothétiques dont ce commentaire est surchargé : «Les})e/2^e£cAatr5,ditGalien,indiquentlasub- » stance rénale; ce qui est comme des cheveux n'indique nullement cette » substance. Il n'est pas vrai non plus que ce soit, comme quelques-uns l'ont » pensé , une urine venant de la dissolution et de l'érosion de la vessie ; (f) Laiiemand et Pappas, Apuorismes d'Hippocrate, traduits en français, avec le texte en regard, in- 12, 1839. (2) Litlré (E.) OEuvkes complètes d'Hippocrate, trad. nouvelle avec le texte en regard, t. IV, p. 531, in-8». Paris, 1844. (3) Galcni, In Aphorishos Hippocr., Commtntariut 4, Aph* 76. — Galeni, Opéra, vol. iii. Basiles, l&OO. 169 » car alors celle exeréliou est plutôt pétalolde, et c'est ce qu'Hippocrate » lui-même a dénommé, un peu plus haut, squames. Voici ce qu'il en est » de ce phénomène dont le hasard nous a rendu plusieurs fois témoin ; de y fait, d'autres médecins qui ont beaucoup de pratique disent aussi l'avoir » observé maintes fois. Les modernes nomment cette affection trichiasis, » attendu que ce qui se montre alors dans l'urine, est semblable à dea » cheveux et particulièrement à des cheveux blancs. Un malade pissait » de tels petits corps, d'une longueur à peine croyable, car quelques-uns » atteignaient une demi-coudée de long. Ce malade, presque toute l'année » précédente, avait vécu de farine de légumes, de fèves, de fromages mous » et secs. Au reste, tous ceux qui ont rendu de telles urines usaient d'ali- » ments à sucs épais. De la sorte, ce suc étant cuit dans les reins, les » concrétions filiformes prennent naissance. De plus, le traitement » confirme le raisonnement sur la cause. En eflel, les malades ont été gué- » ris à l'aide de médicaments atténuants et incisifs, et d'un régime humec- » tant; mais si ces concrétions avaient été dues à l'ulcération soit des » reins, soit de la vessie, non-seulement les malades n'auraient reçu au- » cun soulagement par de tels remèdes, mais encore leur mal en aurait été » aggravé extrêmement. Il faut donc, ici comme dans le reste, admirer » Hippocrate, qui a reconnu des choses ignorées, même aujouid'hui, de » beaucoup de médecins. On remarquera aussi l'exactitude merveilleuse » de l'expression : ces choses sont sécrétées des reins. Il n'accuse pas, » comme dans l'Aphorisme précédent, l'ulcération des reins, mais il dit » simplement que celte sécrétion provient des reins; nous dirions de » même, une pierre étant rendue avec l'urine, qu'elle vient des reins, non » parce qu'elle est une portion de la substance de ces organes, mais parce » qu'elle s'y est concrétée. Les petites chairs appartiennent à la sub- » stance des reins tout à fait ulcérés; les choses comme des cheveux se » forment à la vérité dans les reins comme les pierres, mais n'appartien- i> nenl pas à la substance rénale. Cet Aphorisme est mal écrit dans tous » les exemplaires, sans ti : napxCa a-uxpi ôSjtop «cpCxE^;» ^^ petites chairs » comme des cheveux. En effet, de petites chairs n'ont jamais ressemblé » à des cheveux. Mais entre wixtxpi et ûTrep, il faut inlercaller la voyelle » -fi (ou), de sorte qu'Hippocrate parle de deux choses et non d'une seule. » La première est de petites chairs^ la seconde : comme des cheveux. m Quand des concrétions piliformes sont rendues, l'urine est toujours w épaisse; il semble qu'une substance phlegraatique que les veines ont » rassemblée est excrétée par les reins. Quand de petites chairs sont ren- 170 » dues, l'urine n'est pas Décessairement épaisse. Je n'ai jamais vu une » telle affeclion rénale, j'ai \u parfois dnns des fiè\Tes où l'on observe des » sédiments dits 6po6oet£fe; (semblables à de la farine d'Ers), des choses » semblablesà des chairs; maisje n'ai jamais vii de véritables {utiles chairs. » L'insistance que Galien met à prouver qu'Hippocraie a voulu parler, dans cet Aphorisme, de deux choses distinctes, de petites chairs et de petii.f cvrps comme des cheveux, ne me paraît pas justifiée. Nul dûu!e que Galien n'ait vu plusieurs fois évacuer par l'urine deux espèces de corps, savoir des concrétions sanguinolentes, comme de la chair fou des caillots) et des filaments semblables à des cheveux. Mais il est incontes-' table que, dans cet Aphorisme, Hippocrate ne parle que d'une seule de ces choses, des petites chairs comme des cheveux. Maintenant, que peuvent être ces petites chairs, ces filaments semblables à des cheveux et surtout à des cheveux blancs, suivant Galien, et ayant quelquefois une demi-coudée de long, filaments qu'il n'est pas, dit-il, rare d'observer? J'avoue que je ne puis croire que ce soient de véritables poils. Ceux qu'on a rencontrés, dans des cas rares, dans les reins et dans la vessie, ou dans l'urine, ou dans des calculs, n'ont jamais présenté celle longueur; d'ailleurs Galien dit qu'il a Vil des corps semblables à des poils, et il eût dit qu'il avait vu des poils s'il en eût réellement observé. De quels corps parle-t-il donc? Ce ne peut être, ce me semble, que de filaments fibriueuxgwî proviennent dusang des reins dans certaines afTections de ces organes, filaments dont la longueur peu» être réellement d'une demi-coudée lorsqu'ils se sont formés dans toute l'étendue des uretères. On peut objecter, sans doute, que ces filamenls tibrineux sont plus volumineux que des cheveux ; mais ayant égard à, la forme de ces filamenls, Galien a pu dire semblables à des cheveux, sans s'écarter beaucoup delà vérité. Si cette interprétation est fondée, l'addition de r-n réclamée par Galien doit être rejelée, et M. Littré a eu raison, à tous égards, en rétablissant le texte primitif de l'Aphorisme 76. Un passage de Ceise (.1), souvent cilé comme un témoignage ancien de rexisleucedelapiiimiclioo, n';\ pas ti'ail évidemment non plus à de véri- tables poils; c'est la reproduction à peu près textuelle de la pensée expri- mée dans l'Aphorisme 76 d'flippocraie : « Si h^c crassa (urina) carunculas » quasdam exiguas quasi capillos habel, aut si buUal et raaiè olet, etc » uliqucin renibus vitiura est. » Ces peliles chairs, fines comme des che~ (1) CaIsus, De RE MïoiCA, lib. ii, seet. 7, p. 61 , édit. in~l3. Parisiis, 1S234 171 veuXf et qui indiquent une lésion des reins, sont, je le fépète, très-proba- blement des filamenis fibrineux. Sur ce point de pathologie, les médecins arabes n'ont rien ajouté, rien éclairci ; les deux passages suivants d'Avicenne (1) expriment leur pensée sur la formation, dans les voies urinaires, de ces corps semblables à des cheveux, et sur la médication qu'elle réclame : « Miclos vcro sanguinis » permisti cum hnmoribus grossis, fit plurimum propter debilitalem re- » num. Et simililer micliis rei similis capîllis mictus antem capillorum 1) indiget ut in ipso admioistrantur subtilaliva incisiva, etc. » On le voit, pour les Arabes, comme pour les médecins grecs et latins, il s'agit évi- demment, non de véritables poils, mais de corps semblalles à des che- veux. Le pass.ige suivanf, d'Acluarius (2), auteur empreint des doclrines dft Galien et des Arabes, témoigne également qu'au temps où il écrivait, on admeltail que l'urine pouvait contenir de petits corps semblables à des poils ; mais on chercherait vainement, dans cet auteur, un mot relatif à la présence de véritables poils dans l'urine : « Quœ vero similia sunt capillis : » in iisvasis quœ a renibus advesicam descendmit, generantur. Atque » quanla est iongiUido vasoriim iolernorum : tanta generatur bumoris » spissiludo et assatio : atque iila veluli capilli simililer extenduntur. » Proiudè quum ?aepiushiBC speclaverim in aliquorum urinas: nequicquam » aberravi à judicio et praevidentia, dicens illos malè habere renibuâ. » En résumé, rien ne prouve que les observations et les remarques des médecins de Panliquité et des médecins arabes, sur les corps semblables à des cheveux ou à des poils, rendus avec l'urine, soient relatives à de véritables poils. L'analyse des passages où il est fait mention de ces corps, rapprochée des observations faites dans ces derniers temps sur les appa- rences que certains éléments du sang peuvent prendre dans les voies uri- naires, tend à démontrer que ces filaments, semblables à des cheveux, étaient des filaments fibrineux plus ou moins décolorés. Les observations des premiers palhologistes français, sur cette matière. (1) ATicennîB, Libri in re bedica. In-fol.Venetiis, 1504, lib. m, f*n. 19, tract. 2 p. 884, cap. 20. <« De micm ï^anguinis et saniei et urioa simili loturaB camh et it capillorum, et de urinis exlraneis quœ sunt similes illis. » (2) ActuariL, De criîiis libri sehtem de crbco sermonk in latincm conversk In-S". Parisiis, i622, — Decaosis crinardm, lib. xxi, p. 61. 172 ne s'appliquent pas non pius à de véritables poils. Fernel (1), après avoii dit ; « Filamenla albis capillis similia a renibus reddi, aulhor est Ilippo- » crates, » ajoute qu'il a vu ces filaments provenir plus souvent, chez i'horame, des vaisseaux spermatiques, que l'on désigne sous le nom de prostate, et surtout à la suite des gonorrliéei, et qu'il les a aussi observés chez les femmes atteintes de fleurs blanches. Évidemment, Fernel parle ici, non de véritables poils, mais de ces petits filaments blanchâtres fournis soit par les conduits spermatiques, soit par les conduits prostatiques, par les follicules de l'utérus et du vagin, par les plis ou par les lacunes de Turèlre, filaments que l'on remarque assez souvent dans l'urine des individus qui ont eu des blennorrhagies chroniques. Évidemment aussi, Fernel pense que l'Aphorisme d'IIippocrate se rapporte à ces filaments blanchâtres^ bien qu'Hippocrate parle simplement de petites chairs comme des che- veux, sans leur assigner une couleur : c'est Galien qui a dit que ce qui se montre alors daus l'urine est particulièrement semblable à des cheveux blancs. L'opinion que l'urine contient quelquefois des petits corps semblables à des poils est reproduite dans plusieurs écrits postérieurs à Fernel. L'au- teur d'une dissertation inaugurale, souteoueen 1703, John-TobiasKU'lt(2), donne du trichiasis une définition applicable à une inflammation des voies urinaires, dont un des principaux symptômes serait l'excrétion de filaments en forme de cheveux {urina cum filamenîis capillaribus) : « rptx'ai'c B seu roictus pilaris audit depravata urinae excretio cum filamentis capil- » /arî6M*',admixta haud raro roateria mucosa,pullacea, purulenta, fœtente, » arenulis, modo cum, modo sine sanguine, pracviaque urinae suppressions, » aut difficultate, saepè etiam illius incontiuentia ; inquietudine corporis, » ventris et lumborum tormioibus, dolore et ardore colii vesicae, pubis ac (I) Fernel, Universa MEDiciNA. In-fol., p. J68.Coloniae Allobrogum, 1679: «At » ipsi animadvertimus ea saepius ex iis vasis spermaticis derivàriquse parojfafœ » dicuntur, in quibus teretem figuram sortiuntur ex seminis materià, quae vi » morbi sensim defluens, calore crassescit. Apparent autem in iis plurima qui » fœda exulcerataque gonorrheea correpti non ita pridem fuerunt, et iis mulieri- M bus quibus albicantes menses profluunt, aut utérus fœda colluvie turget, etc.» (2)Klett(J.-T.), De tkichiasi seu mictc piLARi.Altd., 1703 — Ploucquet indique deux autres dïÊsertations sur le même sujet, que je regrette de n'avoir pu con- sulter : ScuUetus (Joh.), Trichiasis adhiranda, seu MORBDS PILARIS OBSERVÀTUS. Norib. 1668. In-12. — Gœlicke, Diss. de trichosi. Fr., 1724. 173 ») perinœi prurilu, virgge erectione, tenesmo, ac frequenli desidendi cupidi- » tate » Évidemment les expressions Tpt-^iï(jti;,m?c3 les reins des inaiières semblables à des poils, et qui étaient rendues avec î"unne. Or, malgré les nombreuses recherches anatomiques faites sur les maladies des voies utinaires, surtout dans ces derniers temps, personne n'a constaté, dans les reins, ces filaments pili- formes, admis par Hippocrate et par Galien; mais comme plusieurs chi- rurgiens et anatomistes, j'ai quelquefois trouvé dans les uretères des fila- meuts fibriueux, formés par du sang provenant des reins, et auxquels peuvent s'appliquer les remarques des deux plus célèbres médecins de l'antiquité, Je ne connais qu'une seule observation qui établisse la possibilité du développement ou de lexistence des poils dans le bassinet et les calices. Cette observation est due à notre célèbre Bichal (1). « Quelquefois, dit-il, » lise forme des poils à la surface interne des membranes muqueuses; on » en a vu dans la vessie, l'estomac, les intestins. Divers auteurs en citent » des exemples. Ten ai trouvé sur des calculs du rein. La vésicule du » fiel m'en a offert aussi une douzaine d'un pouce à peu près et qui étaient » évidemment implantés à sa surface. » J.-Frédéric Meckel (2), en rappelant ce fait, substitue d'abord les mots calcul vésical, à ceux qui avaient été employés par Rirhat, calculs des reins. « Le phénomène le plus remarquable de tous, dît Meckel, est celui )) dent parle Bichat, de la formation de poils sur un calcul vésical. Si ces » poils n'avaient pas pris naissance dans la membrane muqueuse de la » vessie, je ne puis me rendre raison de leur développement qu'en adraet- » tant l'organisation du mucus visqueux que j'ai vu plusieurs fois non- » seulement entourer de toutes parts les calculs urinaircs, mais encore » pénétrer dans leurintérieur. » De ces deux suppositions de Meckel, l'une, applicable à de véritables poils développés à la face interne de la vessie ne peut être admise, dans ce cas, puisqu'il s'agit d'un calcul rénal; l'autre, (1) Bichat, An ATOMiE GÉNÉRALE, nouv, éd. parBéclard etBiaudin. Paris, 1830. T. IV, p. 534. (2) Meckel (J -Fréd.), Mémoire slr les poils et les dents qui se développent ACaDENTELLeUENX DANS LE COBPS (JOURN. COMPL. DES SCIENCES MEDICALES, t. IV. p. 129^ 1^6 relative â la possibilité de la transformation de filaments muqueux en de véritables poils, est très-contestable. Toutefois il me répugne à penser que Bichat se soit trompé et qu'il n'ait pas vu de véritables poils; mais il est regrettable qu'en présence d'un fait aussi rare, il se soit borné à un simple énoncé et qu'il n'ait rien dit de l'élat de la membrane muqueuse du bassinet et des calices. Aucune observation anatomique n'est venue prouver qu'il pût se former de véritables poils dans les uretères. Lorsque Actuarius dit que les filaments semblables à des poils qu'on ob- serve, quelquefois dans l'urine proviennent de ces conduits dans lesquels une matière épaisse s'est concrélée et pour ainsi dire moulée, cette expli- cation ne peut évidemment s'appliquer qu'à des filaments fibrineux (i) plus ou moins décolorés. Du mucus ou des fausses membranes se rapprocbe- raient moins, par leur forme, des véritables poils. § II. — POILS TROOVÉS DANS LA VESSIE ET DÉVELOPPÉS DANS LES VOIE» CRINAIRES. Guidé par l'analogie de structure des membranes muqueuses, Bichat, dans un passage cité plus haut, ne met point en doute qu'on n'ait quelque- fois observé des poils à la face interne de la vessie urioaire ; mais il n'en cite aucun exemple. J.-F. Meokel (2) paraît d'abord partager cette opinion. (1) On a peine à comprendre comment Schenck a pu rapporter, comme un exemple d'émission de poils avec l'urine, l'observation suivante ; « J'ai vu » (Schenck, Ous. medic, lib. 3 De drlms, obs. 23, p. 486) dans Pierre Cellini » qu'un malade rendait des poils, longs à peu près d'une demi-palme^ gros » comme le petit doigt d'un enfant et au-dessus, tirant snr le rouge. En même » temps élaient rendues d'autres matières inconnues qui tantôt avaient la » forme de sangsues, tantôt celle de grenouilles au commencement de leur » existence dans l'eau, et qui avaient plus de consistance que des poils. J'ou- » vris quelques-uns de ces corps : ils contenaient du sang. Pendant cette » émission le malade ressentait au pubis des douleurs presque intolérables » auxquelles il finit par succo^iber. » (Nicolas de ï'iorence, Diss. 5, traité 10, chap. 21.) Ou voit de suite que ces prétendus poils n'étaient que des concré- tions librineuses ou des fausses membranes. (2) Meckel (J,-Fréd.), MÉu. soR les poils, etc. (Journ. compl. des sciences MÉDIC, t. IV), 177 « Il n'est pas rare, clil-il, que la vessie soit hérissée de poils: Schenck, » Horsl, Fabrice de ililden. Tulp, Powel, Ilivière, IJamelin, en cilent des » exemples. » Mais il ajoute : « Cependant Taulopsie cadavérique n'a, dans » aucun cas, démontré sans réplique que ces poils se fussent formés réel- » lement dans la vessie ou mêrae seulement dans les voies urinaires. » Il est évident que l'expression hérissée de poils employée par Meckel n'est pas exacte et a dépassé sa pensée qui, en réalité n'est qu'une présomp tion déduite de la pili-miclion et non une certitude anatomique. Mais Maurice Ilolîiuann a vu des poils à la surface d'un calcul vésical, comme Bicbat en a vu à la surface d'un calcul rénal. Voici le fait : STRANGORIE, TÉNliSME CHEZ DN ENFANT ; DYSURIE AVEC ÉMISSION DE POILS ; MORT. — DEUX CALCULS ET DES POILS DANS LA VESSIE (1). Obs. f . — Un enfant de 6 ans vécut misérablement à AUorf, ma pairie, con- stamment tourmenté de sti'angurie, de douleurs d'entrailles et de ténesme. Cet enfant rendait de temps eu temps des poila, avec une extrême dilliculté pour uriner. Les parents en cherchaieni la cause dans quelque maléfice; mais de plus sagaces attribuaient ce phénomène, d'après les autres symptômes, à la présence d'un calcul dans la vessie. L'enfant étant mort, l'autopsie démontra la justesse de cette opinion, car dans la vessie urinaire on trouva nu double calcul que nous avons représenté avec sa forme et ses dimensions. L'un de ces calculs était reçu dans une excavation de l'autre, laquelle provenait de l'habi- tude qu'avait le malade de se croiser les jambes à la manière des tailleurs, atin de diminuer ses atroces douleurs. Cette position, en faisant tourner et se super- poser les calculs, produisit cette excavation. Le calcul double paraissait formé d'une substance topbacée et blanchâtre comme du plâtre et laissait sur les doigts une poussière blanche. Le plus petit, placé au-dessus de l'autre, était recouvert d'une croûte de couleur rouge foncé, polie et brillante. Des poils minces se trouvaient çà et là, soit droits, soit enroulés, et parsemés de par- ticules tibro-muqueuses assez dures. Si un semblable cas se présentait aujourd'hui à un anatoraiste, nul doute qu'il ne s'attachât à démontrer par l'inspection microscopique, par la con- statation d'une substance corticale et d'une substance médullaire dans les filaments observés à la surface des calculs, qu'il s'agit réellement de véri- tables poils ; nul doute qu'il ne cherchât à découvrir des poils soit à la face interne de la vessie, soit dans l'intérieur du bassinet. Cependant il esldiffi- (1) Hoffmann (Maurice), Trichiasis cdm calcllo vesic^e gencino sibî in medio INCCMBENTE. (EPHEM. NAT. CURIOS., Cent. V et VI, obs. ItTi.) 12 178 cile de se refuser à admettre, dans ce cas, la coexistence de poils avec des calculs vésicaux. Non-seuleraent Hoffmann dit que, chez le petit malade, rémission des poils était accompagnée d'une extrême difficulté d'uriner , mais ore, après avoir décrit les deux calculs trouvés dans la vessie, il îijoute : « Des poils minces se trouvaient çà et là, soit droits, soit en- roulés, et parsemés de particules tibro- muqueuses assez dures, » Celle phrase ne me semble permettre aucun doute. Toutefois on ne comprend pas comment, ayant figuré les deux calculs (curt. viii, obs. /j5, cent. yi)i Hoffmann ait omis de représenter les poils dont la présence était la circon- stance véritablement intéressante de l'observation. M. Maillet (1), qui a rencontré fréquemment des poils sur la membrane mnqueuse de l'estomac et de riotestin du cheval, les a cherchés Inutile- ment sur la membrane muqueuse des voies génito-urinaires, chez le cheval, le tœuf, le mouton et le chien. Comme lui, j'ai observé des poils dans la portion pylorique de la membrane muqueuse de l'eftomac du cheval. Ces poiU, que nous avons étudiés M. Davaine et moi (2), n'ont quelquefois (1) Maillet, Recherches sor les productions pileuses de la mcqueuse diges- TIVE DD CHEVAL (BOLL. DE LA SOCIÉTÉ ANAT., 1836, p. 41-375). (2) L'existence de ces poils n'étant pas généralement connue des analomistes et les irailés d'anatomie de l'tiomnie et des animaux n'en faisant pas mention, je les décrirai sommairement ici, d'api es l'observation que nous en avons faite, M. Davaine et moi : Les poils de l'estomac du ctieval que nous avons recueillis avaient d'un à 2 millinièlres de longueur et 2 cenlièuies de milliinèlre de diamètre. Ils étaient d'un blanc roussâlre, légèrement arqués, atténués aux deux extrémités. Vus implantés sur la membrane muqueuse, leur partie libre paraît renQée en mas- sue par l'adjonction d'une sorte de gaine brunâtre qui la coifle. Cette gaîne éirangère au poil, se brise parla pression en fragments dont la substance in- soluble dans l'acide acétique, l'ammoniaque et l'éther, n'offre au microscope aucune organisation appréciable. La portion adhérente du poil traverse toute l'épaisseur de la membrane muqueuse, sous laquelle on peut observer un ren- Oerneni correspondant probablement au bulbe. Celle portion du poil s'amincit graduellement Jusqu'à sou extrémité qui oUre tout à coup un renflement termi- nal, comme la tête d'une épingle. Vus au microscope, ces petits poils présentent une substance corticale et l'apparence d'un canal central. Sur la substance corticale, on distingue à un fort grossissement de légères stries onduleuses, transversales, qui rappellent l'aspect squammeux des poils de la peau. Un canal central ou l'apparence d'un canal central peut être observé dans toute la Ion- 179 qu'un à 2 milHm. de loogueur, et on ne les découvre qu'en les recher- chant avec beaucoup d'alleuUon, à î'œil nu ou armé d'une loupe. Depuis celle époque, je les ai cherchés inulilement chez l'homme, non-seulement dans l'estomac, mais dans les voies urlnaires, et en parliculierdans la vessie; j'ajoule que je n'ai pas examiné un grand nombre de fois ces organes avec toute l'allention nécessaire. L'examen du bassinet, de la vessie el du canal de l'urèlre, tel qu'on le fait habituellement dans nos amphithéâtres, ne per- mettrait pas d'apercevoir de petits poils, surtout s'ils n'avaient que la di- mension de ceux que l'on rencontre le plus ordinairement à l'orifice pylo- rique de l'estomac du cheval. Ce point d'anatomie pathologique réclame de nouvelles recherches. $ III. — POILS TROUVÉS DANS LA VESSIE OD RENDUS AVEC l'DRINE, PROVE- NANT DE TUMGCRS CONTENANT DES POILS, OUVERTES DANS LA CAVITÉ DE CET ORGANE, On a plusieurs fois trouvé des poils libres ou attachés à des portions de peau, dans la cavité de la vessie, chez des femmes qui, pendant la vie, avaient présenté «ne tumeur plus eu moins considérable dans le voisinage d'un des ovaires. Lorsque la maladie s'est terminée parla mortel que l'au- topsie du cadavre a éîé faite avec sein, on a pu constater qu'un kyste con- tenant dos poils, s'était ouvert dans la vessie, avec les parois de laquelle il avait contracté d'intimes adhérences. On comprend de suite que la pili- miction que plusieurs de ces malades ont présentée pendant la vie est tout à fait distincte par son origine, par ses symplômes et par les lésions qui l'accompagnent, de la production des poils dans les voies urinaires, du v^itable trichiam. Lorsqu'on aura rassemblé un assez grand nombre de cas biea authentiques, de cette dernière affection pour pouvoir en faire une description générale, satisfaisante, on devra se borner à mentionner, en traitant du diagnostic, la piii-roiclioo consécutive à l'ouverture de kystes pileux dans ia veasie. Aujourd'hui l'histoire des diverses espèces de pili-miclion est si peu avancée que j'ai cru utile de mettre les fails sui- vants sous les yeux du lecteur. -• - ■ - ■ ■ ■ ■■ , ^^^_^ — ^ — gueur du poil jusque vers sen extrémité libre. Son diamètre est du sixiènne aa huitième de celui du poil. Il parait se terminer dans le renflement bulbaire, soit en se bifurquant, soit en s'évasant en forme d'ampoule; il offre eu quel- ques points des granules moléculaires transparents. 180 / ACCOUCHEMENT A TERME D'UN ENFANT MORT; VINGT-DECX JOURS APRÈS, FIÈVRE l'UERPÉRALE TERMINÉE PAR LA MORT ; PRÈS DE L'OVAIRE DROIT, TUMEUR DO VO- LUME d'un oeuf I)E POULE, ADHÉRANT A LA VESSIE QUI CONTENAIT, DANS SA CAVITÉ, DES POILS, PELA MATIÈRE GRASSE ET UNE MATIÈRE OSSEUSE (1). Obs. II. — Le docteur Amos Hamelin (de Durham), dans le comté de Grune, Ëtat de New-York, a communiqué au professeur et sénateur Mitchill une obser- vation sur des cheveux croissant dans l'intérieur de la vessie dont voici l'ex- tiait : Une femme âgée de 24 ans, accoucha à terme d'un enfant mort, et fut atteinte, six jours après, d'une fièvre puerpérale maligne à laquelle elle succomba au bout de vingt-deux jours. A l'ouverture du cadavre, faite en présence de beaucoup de personnes, le docteur Hamelin trouva la vessie très-distendue et environ la moitié dans un état de mortification. Il y avait, près de l'ovaire droit, une tumeur à peu près du volume d'un œuf de poule. L'intérieur de la vessie renfermait une matière épaisse et fétide, mêlée de cheveux. L'ayant nettoyée, il découvrit que la tumeur s'étendait dans la cavité de la vessie et que les cheveux naissaient de la mem- brane interne qui couvrait cette tumeur. Les cheveux, réunis en une masse ovale, s'étaient accomniorlés à la forme de la vessie ; celte masse, avec la matière qui y adhérait, avait 5 pouces de longueur et 3 de largeur. Lorsque les cheveux furent lavés, nettoyés et séchés, ils pesaient deux gros. En incisant la tumeur du côté intérieur, on y trouva une substance osseuse et une autre en très-petite quantité qui ressemblait à celle du cerveau. Les intestins étaient distendus par be.Tucoup d'air; la partie de l'utérus en contact avec la vessie paraissait être légèrement enflammée; les uretères étaient un peu distendus. Les reins et tous les autres viscères furent trouvés dans l'état naturel. La longueur des cheveux était généralement de 4 à 12 pouces; on en a mesuré un de i8 pouces. La mère de cette femme apprit au médecin que sa fille avait été incommodée d'une stran- gurie pendant quelque temps, trois ou quatre ans auparavant; qu'elle en avait Ole reprise quelquefois pendant sa grossesse, et qu'elle n'avait fias eu d'autre en- fant. Le médecin a envoyé au professeur Mitchill la portion de la vessie et la tumeur adhérente d'où naissent les cheveux et les cheveux qu'il avait coupés en présence de témoins. (1) Observation sur des cheveux trouvés dans l'intérieur de la vessie (extr. de la correspond, du docteur Valentfu, Bull, de l'Ëcolk et de la Soc. de héd., 808, n» 4, p. 5«).] 181 GROSSESSE; POJLS RENDUS AVEC L'tlRlNE ; ACCOUCHEMENT NATUREL; INCISION liE l'urètre ; EXTRACTION d'uN CALCUL DE LA VESSIE ET DE PLUSIEURS MÈCHES DE POILS ; DEUX MOIS APRÈS , DOULEURS SUIVIES d'uNE NOUVELLE ÉMISSION DE POILS AVEC l'urine; EXTRACflON d'UN MORCEAU DE PEAU GARNI DE CHEVEUX, d'un PETIT OS, d'une DENT MOLAIRE; GUÉRISON (t). Obs. III. — Une femme, âgée de 24 ans, enceinte pour la deuxième fois, est tout à coup prise de douleurs vives dans la région de la vessie; elle éprouve de fréquentes envies d'uriner et rend avec les urines des poils dont plusieurs sont chargés de concrétions salines. Elle accouche heureusement; mais les urines sont toujours les mêmes. Déjà son mari avait plusieurs fois essayé, avec un crochet introduit dans l'urètre, d'extraire de ces poils et il y avait réussi. Il répéta la même manœuvre en présence de M. Delpecli avec un même succès. Alors celui-ci, soupçonnant la présence d'un calcul dans la vessie, fendit la partie supérieure du canal de l'urètre et retira en effet un petit calcul avec plusieurs mèches de poils. Des injections poussées dans la vessie en font sortir encore. Enfin le doigt porté dans sa cavité en reconnaît d'autres qu'on extrait avec une pince à pansement. Dès lors la malade va de mieux en mieux, et on la croyait guérie d'un kyste sous-muqueux, développé dans la vessie, lorsque deux mois après elle ressent de nouvelles douleurs et rend encore des poils. On explore de nouveau la vessie et on en retire un corps gros comme un œuf de poule, pré- sentant à l'une de ses extrémités un morceau de peau à laquelle étaient implantés des cheveux et renfermant un os assez semblable à l'apophyse zygomatique. Cet os présentait une alvéole dans laquelle était logée une petite dent molaire, com- parable pour la grosseur à celle d'un enfant de 5 à 6 ans. Ainsi on acquit la preuve qu'il ne s'agissait pas réellement d'une pili-miction, maladie niée par beaucoup d'auteurs, mais bien d'un germe imparfaitement développé. (1) Observation de pili-miction, reconnaissant pouk cause un k^ste pileux FAISANT SAILLIE DANS LA CAVITÉ vÉsiCALE, recueillie par M. le professeur Delpech et communiquée par M. Boyer, chef de clinique à la Faculté de médecine de Montpellier (rapport à l'Académie royale de médecine par MM. Leveillé, Mérat et Pâtissier. Rev. méd. franc, et étr. et Journ. de clin., t. IV, année 1827, p. 487. — Jùurn. des prog. des se. méd., t. VII, p. 256). Cette observation est rapportée encore et avec beaucoup plus de détails dans Delpech, Chirdrc. clin. DE Montpellier, 2 vol. iii-4*, t. ll,p. 521; Paris, 1828. Ig2 FEMME ÂGÉE DE TRENTE ANS ET AYANT ÉPROUVE DÈS SA JEUNESSE 0E LA DVSURIE; A VtNGT-HUIT ANS, INFLAMMATION DE TESSIE, TRUTÉE PAR LES ANTIPHLOCISTIQOES; TUMEUR 8'ëTENDANT DE LA FACE INVÉRIEORE DU FOIE VERS l' OMBILIC; SYMPTÔMES DE PÉRITONITE; MORT. — TUMEUR ENKYSTÉE DÉVELOPPÉE DANS L'OVAIHE DROIT, CONTENANT UNE MATIÈRE CRÉMEUSE ET UNE TOUFFE DE CHEVEUX ; VESSIE DISTEN- DUE ET CONTENANT UNE DENT INCISIVE, IMPLANTÉE DANS UNE PORTION d'OS RES- SEMBLANT A UNE PORTION D'ALVÉOLE; TROIS OUVERTURES ETABLISSANT UNE COM- MUNICATION ENTRE LA CAVITÉ DE LA TUMEUR ET CELLE DE LA VESSIE (1). Oes. IV. — La malade dont je rapporte l'histoire à la Société était une femme.» âgée de 30 ans, d'une santé florissante et bien conformée. Dès sa jeunesse, elle avait éprouvé à diverses époques de la difliculté à uriner, et on avait employé dans ces occasions diflerunts remèdes pour la soulager. Mais comme les attaques étaient légéios ci passagùrcs et que la santé générale u'éiait pas altérée, elles n'effrayaienl pas Ja nîalade, et ses amis n'avaient pas d'appréhension pour leurs suites. Il y a environ deux ans, elle éprouva des syroi/.ANS L\ RÉGION ILIAQDE GAUCHE; ABCÈS A L'hYPOGASTRE SUIVI D'UNE FISTULE D'OU SOKTAîeNT DD PUS, DES POILS ET DE l'URINE ; ÉMISSION DES POILS AVECL'URINE ; CALCUL AYANT DES POILS POUR NOYAU ; EXTRACTION d'uNE TUMEUR PILEUSE ET O'UN GALCCÎ.; «ilié- RISON Cl)' Obs. VI. — Une paysanne, âgée de 3-3 ans, réglée à 17 ans et mariée à 20, traversa sans inconvénients noiàbles trois grossesses, suivies chacune d'un ac- couchement heureux. Rien, dans les aniêcédants de la malade ne peut faire sup- poser qu'il se fût établi chez elle le moindre trouble fonctionnel, le moindre état pathologicjue du côté des organes genilo-urinaires. Quelques jours après sa troi- sième couche, elle ressentit dans là région iliaque gauche une douleur vive, de la chaleur, du gonflement, et bientôt après une apparence de tumeur mobile, du volume d'un œuf. Ces premiers accidents ayant promptement perdu de leur in- tensité permirent à la malade de les négliger, de retourner à ses occupations ha- bituelles ; au t)0ut de deux mois, la tumeur, qui, loin de s'effacer, avait plutôt augmenté et acquis le volume du poing, fit naître de nouveaux accidents inflam- matoires. On appliqua des sangsues, divers topiques; on vit tout à coup les urines devenir troubles, comme graisseuses, en même temps que les douleurs hypogastriqucs ^'amoîndrissaient notablement. La santé générale se rétablit en- suite en grands partie, et plusieurs années se passèrent ainsi sans que la femme songeât à consulter pour sa tumeur du bas-ventre, qu'elle savait bien n'être point disparue. Cette tumeur fit enfin naiire un nouvel actes d'inflammation et s'ouvrit à tra- vers les parois abdominales, sur la ligne blanche, un peu au-dessous de l'ombi- lic. Du pus sanieux. Jaunâtre, fétide, qui s'était d'abord échappé par là, fut bien- tôt remplacé dans la fistule par une mèche de cheveux, puis par un liquide uri- neux. Des poils, des fragmcnis d'os et de la matière purulente avalent aussi été expulsés par l'urètre. Muni de tous ces renseignements, et ayant constaté l'exis- tence d'un corps étranger volumineux dans la vessie, d'un paquet de cheveux dans la fistule, d'une tumeur qui occupait une partie do l'hypogastre et de la (1) Larrey (Hipp.), Kyste pileux de l'ovaire compliqué d'une fistule urinaire VISSIGO-ABDOMINALE ET D'CN GALOUb DANS LA VESSIE (MÉMOIRES dc l' Académie de médecine, t. XII). — Extrait de cette observation. 187 région iliaque gauche, M. H. Larrey, cédant aux instances de la malade, pratiqua l'opération suivante. Une incision qui agrandit par en bas la fistule, dans l'é- tendue de 3 centimètres, lui permit de suivre la mèche de poils à une profon- deur considérable et d'arriver à une tumeur dure, pcdiculée, mobile, qu'il déta- cha au moyen du bistouri boutonne pendant que des aides déprimaient, écar- taient, refoulaient en arrière l'aorte, la veine cave, les gros vaisseaux de l'abdo- men. Ayant élargi l'oHvertur« du kyste où il était entré, et prolongé son Incision, par en bas, jusqu'au voisinage du pubis, M. Larrey découvrit une flstule vésico- abdominale qu'il agrandit, comme il l'avait fait pour la fistule de l'ombilic, et mit ainsi à nu un gros calcul qu'il saisit aussitôt dans la vessie et qu'il retira dès ]orH sans difllculté. Lu tumeur enlevée du kyste a le volume d'une noix ; elle est inégale à sa su- perflcie, résistante sous le doigt, offrant à la coupe un aspect blanchâtre strié, sans contenir dans son intérieur et sans laisser suinter aucun liquide ; elle pa- raît, en un mot, d'une nature tout à fait fibreuse, et donne naissance par toute sa surface libre à la mèche de poils on de cheveux qui ressortait au dehors de la fistule abdominale. Cette singulière tumeur, ainsi détachée, ressemble absolument à une portion de cuir chevelu ratatiné ; elle pèse, avec les poils qui la surmontent, envii on 20 gram- mes. Cespoiis, dont les plus longs ont de l2à 13 cenlim., sont, dans plusieurs points, assez doux au toucher et rudes dans d'autres, ce qui tient à la présence d'une cer- taine quantité de dépôt calcaire dont ils sont imprégnés. Quant au calcul, il pèse 30 grammes etalevolumed'une petite poire aplatie, la formed'uncœurdecarteà jouer; ]a couleur est d'un blanc jaunâtre et sa surface peu inégale. Par sa base, qui était tournée dv côté du kyste, sortent des poils en assez grand nombre, chargés aussi de matières calcaires et tordus sur eux-mêmes comme une corde. Ce pé- dicule pileux, dont la section est nette, passait par l'ouvetture de commanicatioa du kyste avec la vessie, et venait s'implanler sur la tumeur fibreuse que nous avons décrite. Il avait été coupé au moment de l'ablation de la tumeur. Lé cal- cul, scié avec précaution, dans son plus grand diamètre, offre un milieu beau- coup moins dense que les couches superûcielleâ, ane grande porosité dans son centre, et dans toute son étendue, la pénétration des poils qui ont évidemment servi de base au dépôt calcaire. Ce calcul est formé de phosphate de chaux, comme le démontre l'analyse. Les suites de cette opération délicate et compliquée, d'aWd trés-heureuses, furent traversées par le développement inattendu d'une variole confluente vers le quinzième jour. Cependant la malade résista à ce fâcheux contretemps, et après quelques autres légers accidents, elle s'est rétablie complètement. L'observation suivante, recueillie par Schenck, me parait très-analogue aux précédentes, bien que le défaut d'autopsie du corps après la mort laisse quelque incertitude sur le siège préds de rallération primitive* Je 188 n'en supprimerai rien, pas même certains détails, sur la part que plu- sieurs médecins d'alors accordaient aux enchantements dans la produc- tion des cas rares. DYSURIE fKÈS-DOnLOCREUSE CHEZ UNE FEMME, SUIVIE DE L'EXCRÉTION INCOM- PLÈTE d'une Mèche de poils qui reste engagée dans le canal de l'urètre; NOUVELLES EXCRÉTIONS DE POILS PAR L'URÈTRE; APPARITION O'CNE TUMEUR AU VENTRE, SUIVIE d'UNE RÉSOLCTION AU MOINS APPARENTE; EXCRÉTION D'UNE SORTE DE MEMBRANE; AUGMENTATION DE LA DYSURIE ET DES ACCIDENTS INfLAMSIA- TOIRES ; MORT (1). Obs. VII. — Parmi mes autres curiosités, je conserve une mèche de vrais poils, d'une teinte blonde, très-légers, de la longueur du doigt, auxquels s'est attachée par places une matière caUuieuse, telle que celle qui adhère ordinaire- ment aux vases qui contiennent de l'urine, présentant à peu près la couleur et l'odeur du soufre. Ces poils étaient nés dans la vessie d'une femme d'Apulie, malade à l'hôpital depuis plusieurs mois. Ils ont été rejetés avec l'urine. Us m'ont été transmis par un habile médecin de cet hôpital, Tobie Cneulin, qui me consultait sur cette affection extraordinaire. Dès son entrée à l'hôpital, en 1673, pendant les deux premiers mois, celte ma- lade commença à souffrir d'une si grande difliculté d'uriner, jointe à des dou- leurs si intenses et si intolérables, que, sans le secours des remèdes les plus éner- giques, elle semblait ne pouvoir résister. On lui lit prendre, entre autres choses, de l'eau de fèves ; l'urine fut excitée, mais en même temps une mèche de poils vint boucher le col de la vessie, et comme une partie pendait au dehors, le mé- decin la coupa avec des ciseaux. Il montre celte mèche de poils aux médecins les plus distingués du pays, expose le fait et le discute avec eux. Dans leur con- sultation, tous manifestent l'étonncment où les jette cette singulière affection ; les uns rapportent le trichiasls aux reins; les autres, remarquant que ce sont de vrais poils, rapportent le fait à un enchantement et à des charmes magiques. Cependant la maladie se prolonge pendant plusieurs mois, durant lesquels cette pauvre femme, au milieu de douleurs toujours aussi vives, sans que toutefois son corps dépérît, rend souvent et par intervalles plusieurs pelotons du même genre, tantôt arrachés avec quelque force du col de la vessie, tantôt sortant d'eux-mêmes. On essaye mille remèdes variés. La malade semble quelquefois en retirer quelque soulagement; mais on n'en trouve pas un capable de la guérir complètement. Il se développe enfin une tumeur au ventre; l'usage des com- (1) Cas NOUVEAU ET INOUÏ DE TRICHIASIS DÉVELOPPÉ, NON DANS LES REINS, MAIS DANS LA VESSIE, ET PAR SUITE DUQUEL UNE FEMME RENDAIT, PAR INTERVALLES, DES MÈCHES DE POILS, AU MILIEU DE CRUELLES DOULEURS DONT ELLE FINIT PAR MOURIR. (Schenck, Obs. medig , lib. m. De uriniSf obs. 24« p. 486.) 189 presses et des lotions parvient à )a dissoudre. Peu de temps après, on remarque avec les poils quelque chose de semblable à une tuile légère ou à une petite membrane. Enfin la violence et la longueur de la ma"adie ayant épuisé ses for- ces, on ne trouve plus de remèdes à lui appliquer. Tout le corps se consume; la gangrène se développe après un débordement d'urine; le col de la vessie est le siège d'une irritation intolérable, et la malade meurt. Son corps, quelques se- maines avant sa mort, exhalait une odeur si empestée que personne n'osa, après sa mort, risquer sa santé pour faire l'autopsie du cadavre. On pen?a que la ves- sie et les parties voisines étaient entrées en putréfaction. J'ai vu, avec bien d'au- tres témoins, les poils approchés du feu s'enflaramei comme les poils ordinaires et répandre l'odeur qui leur est propre. C'est un fait dont j'ai été témoin ocu- laire, et je puis même aujourd'hui en renouveler l'expérience pour ceux qui le désireront. On ne peut donc douter que ce sont de vrais poils, et que cette affec- tion est très-différente du trichiasis de Galien et des écoles. Indépendamment de ces tumeurs contenant des poils développés dans les ovaires ou leur voisinage (1), on a va les débris d'un fœtus, mort dans l'ulérus, s'ouvrir une voie à travers la vessie et le rectum, Pierre-Etienne Morlanne (2) a publié un fait de ce genre, dans lequel il n'est pas fait mention spéciale de la pré-ence de poils dans la vessie, mais où des os du crâne étant devenus le noyau de calculs urinaires, avaient probable- ment entraîné des poils avec eux. Des poils peuvent aussi être introduits du dehors dans la ve.ssie. Je rapporterai plus loin une observation de M. W. Paget, relative à un cal- cul ayant pour noyau un poil qui, suivant l'auteur de la relation, s'était introduit dans la vessie par une fistule urinaire, ombilicale, résultant de la persistance de l'ouraque. (1) On peut lire dans Ruysch (Thesaurtts anatomicus, IX, p. 25) un cas ana- logue aux précédents. Ce cas, rapporté d'une manière très-sommaire, est ac- compa!:né d'une assez mauvaise figure. (2) Odservation scr l'inflammation de l'ctérds dans une grossesse d'envi- ron QUATRE MOIS. Le foBtus périt, et les débris sortent par le rectum et la vessie. Séjour d'un grand nombre de pièces osseuses dans celle-ci ; elles sont incrustées de substance calcaire, et la malade les rend avec peine par l'urètre. Enfin les signes certains de calculs dans la vessie font recourir à la lithotomie. On extrait de la vessie deux pierres qui ont pour base les os pariétaux du fœtus; on en- traîne aussi quelques pièces osseuses qui ne sont point incrustées de sels uri- neux. (Sédillot, Recueil périodique de la Société de médecine de Paris, t. III, p. 70.) 190 Il paraît aussi démontré que des femmes se sont quelquefois introduit des mèches de cheveux, par le canal de l'urètre, dans la vessie. J'ajoute, en terminant, que M. Civiaie pense que des malades atteints de rétention d'urine peuvent quelquefois introduire dans la vessie, en se servant de la sonde, des poils détachés du pubis et accolés accidentelle- ment au gland ou au prépuce. S IV. — POILS OBSERTÉS DANS L'ITRÈTBE, DANS LES CONDUITS PR0STATIOUE3 EP séMINIFÈRES. Les poils que l'on a quelquefois rencontrés dans le canal de Turètre provenaient soit de la vossie, comme dans l'observation de Schenck, citée plus haut, soit du dehors, ainsi que M. Civiale dit l'avoir pliisieurs fois observé à la suite du caibétéri^^me. Personne, à ma connaissance, n'a vu de véritables poils dans les voies séminales ou sortir d'un ou plusieurs follicules de l'urètre. Quant aux petits filaments qu'on a comparés à des poils, et qu'on a supposé provenir des lacunes de la prostate ou des lacunes de l'urètre, je ne les ai pas encore rencontrés dans ces parties sur le cadavre. Plus communs à la suite des blennorrhogiesque dans toute autre circonstance, ils sont formés par du pus ou du muco-pus déposé dans les petits sil- lons de l'urètre, qui , des parties latérales du véruniontanum , se prolon" gent vers la partie membraneuse, et plus rarement dans d'autres points du canal. § V. — POILS DANS l'urine , LAQUELLE CONTIENT EN MÊME TEMPS SOIT DU MUCUS, DU SANG, DU PUS OU d' AUTRES MATIÈRES ANIMALES ÉTllAN- GÈRB8. Il résulte évidemment des recherches consignées dans les paragraphes précédents qu'on n'a que très-rarement rencontré de véritables poils dans les voies urinaires (Obs. de Bichat; Obs. de Maurice Hoffmann;, si on excepte les cas où des poils provenant de kystes pileux se sont introduits dans la vessie, par une perforation, et ceux dans lesquels les poils pro- venaient du dehors. Cette circonstance conduit naturellement à se demander si, dans les cas assez nombreux où on a signalé la présence de poils dans l'urine, il n'y a pas eu supercherie de la part des malades ou erreur de la part 191 des observateurs. Je ne rapporte donc les faits suivants qu'avec la réserve que commande celle réflexion. Dans presque lous ces cas, il s'agit bien réellement de véritables poils; mais le doute peut porler sur leur provenance ou sur leur origine. L'obser- vation de Tulp paraît fort singulière, pour ne pas dire plus ; les observa- tions de Zacutus Lusitanus, de Spielenberger et de Fabrice de Hilden ont contre elles Tépoque déjà ancienne où elles ont été faites, et la possibilité d'une supercherie plus commune chez les femmes que chez les hommes; supercherie que la comtesse hongroise de Spielenberger s'est probable- ment permise. Mais l'observation de M.Kraemer est toute récente, el elle a été publiée dans la plupart de nos recueils périodiques, sans qu'on ait exprimé un doute sur la réalité du fait observé. JECNE GARÇON RENDANT TOUS LES OCATORZE JOORS, AVEC L'URISE. DE PETITS POItS ENVELOPPÉS DE MUCUS J KJaiSSION DE POILS, ACCOMPAGNÉE DE VIVES DOCLEURS (J), Obs. VIII. — L'émission des cheveux avec les urines, appelée trichiasis , a été observée par quelques médecins, mais très-rarement. Or en est-il un qui ait vu cette émission périodique? C'est ce que nous a offert bien manifestement le fii.s du consul Hornan, souffrant depuis plus de quatre ans de cette émission exlraordinnirede cheveux, qullui revint, à plusieurs reprises, le quatorzième jour, et cela avec de grandes difflcuiés d'uriner et une telle agitation de corps qu'il avait peine à rester au lit. Chacun de ces poils égalait en longueur soitlamoitié du doigt, soit même le doigt tout entier. Ils étaient tellement enveloppés demucus qu'ils sortaient en peloton, et très-rarement séparés. Chaque accès durait environ quatre jours, pendant les- quels l'urine était continuellement émise avec douleur, et cependant le malade passait les jours suivants sans aucune soutFrance, sans rendre de poils, jusqu'au retour d'un nouvel accèa arrivant à l^époque ordinaire. DYSURIE ; URINES TANTÔT SANGUINOLENTES, TANTÔT PURULENTES, CONTENANT DES POILS LONGS ET ROUX ; TRAlTi^MENT PRESCRIT PAR FABRICE DE HILDEN; CESSATION PRES- QUE COMPLÈTE DES ACCIDENTS ET DE L'ÉMISSION DES POILS (l). Obs. IX, — Il existe maintenant chez nous, à Berne, une dame veuve, recom- maudable par ses vertus et sa piété, qui est âgée de plus de CO ans. (1) Tulp (Nie), Obs, medic, lib. ii, cap, 52, Periedicus capiUorum mictut, (1) De TBICHIASI, SEU PILOBUM MICTIONE, EJUSQl'E FELICISSIMA CURATIONE. cl. vir. Gai. Fabricii Uildani ad Gçory. JUorstium prescripla. G. Horst, Opéra HEDiCA, lib. IV, p. 262.) 192 11 y a plus de huit ans qu'elle fut prise de douleurs et de coliques dans le ventre et dans les lombes, dont elle souffrit pendant plus d'une année presque sans in- terruption. Pendant ce temps, l'urine (qu'elle ne rendait qu'avec de grands efforts) était tantôt sanguinolente, tantôt purulente et trouble; mais ce qui estélonnant, c'est que l'urine ne contenait pas seulement des matières purulentes et gluantes, mais encore beaucoup de poils longs et roux. La malade en rendait chaque jour en urinant, et cela avec beaucoup de douleur ; car quelques-uns étaient durs et roides comme des soies de cochon, et piquaient les parties qu'ils traversai' ni. Elle avait essayé d'un grand nombre de médicaments, conseillés tantôt par des hommes instruits, tantôt par des ignorants, par des empiriques ou par des bonnes femmes, mais toujours sans succès. Appelé auprès d'elle en l'année 1616, j'appris de sa bouche les détails précé- dents, et spécialement l'exciétion des poils; bien plus, je vis moi-même det poils dans son urine, ce qui me frappa d/ étonnement. C'était pour moi un cas nouveau et pour ainsi dire inouï. Sans doute Nicolas le Florentin, dis. 5, Traité 10, chap 21, et Jean Schenck, Obs. med., lib. m, rapportent quelque chose de semblable ; mais ils ajoutent que les malades at- teints de cette affection moururent dans de violentes douleurs. Cependant, à la prière de cette femme, j'entrepris de la soigner à l'aide des remèdes suivants. Les forces ayant été épuisées au dernier point, à cause de la violence et de la persistance des douleurs, ainsi que de l'absence de sommeil, je prescrivis, avant tout, les substances les plus nutritives. Ensuite je lui conseillai l'usage fréquent des clystères, ce que j'eus grand'peine à obtenir d'elle, car la plupart des ma- lades repoussent ce remède puissant et salutaire comme cruel et inhumain. (Suit une longue liste de médicaments.) A l'aide de ces remèdes employés à temps, cett femme se rétablit si bien que jusqu'aujourd'hui 13 septembre 1620, où j'écris ces ligues, elle vit tranquille et heureuse parmi nous, et vaque aux soins de ses affaires. 11 y a peu de jours qu'elle-même m'avoua que, depuis quelques années, elle avait le ventre assez libre pour n'avoir plus besoin de clystères et qu'elle rendait son urine sans difficulté. En outre, tout au plus deux fois par an, à peu près à l'époque du printemps et de l'automne, elle sent quelques faibles atteintes de celte maladie, naguère si grave, et rend quelques poils, mais sans grandes souffrances. Puisse quelqu'autre, doué des yeux du lynx, découvrir l'endroit où naissent ces poils ! Recherchez-le, je vous en supplie. Adieu, etc. — Berne, 13 septembre 1620. DYStaiE HABITUELLE ; POILS DANS l'dRINE, LES UNS BLANCS, LES AUTRES BLONDS, LES AUTRES ROUX; EMPLOI DES DIURÉTIQUES ; OUÉRISON (1). Obs. X. — Une comtesse hongroise, sexagénaire, qui avait eu les cheveux (1) Ephem. nat. cor., dec. 1, an 9 et 10, 1778, p. 50. David Splelenberger, De CAPILLO PRODIGÎOSO KT PILORUM CANORUM MICTÎONE. 193 noirs, qui aimait beaucoup les petits cliiens et les nourrissait elle-même, de- ▼enue sujette à une dysurie habiluello, remarqua qu'elle rendait avec son urine de vrais poils, reconnus teU après xiv exnmen attentifs de la longueur du doigt médius, de difl':rentes couleurs, les uns blancs, les autres blonds, les autres roux et rappelant tout à fait ceux de ses p^rlits chiens qui étaient de différentes couleurs, et quon appelait petits chiens de Bologne. Elle fut promptement délivrée de ce trichiasis ou de cette miction douloureuse de poils par des abster- sifs et des diurétiques que je prescrivis, sans tenir compte du soupçon de malé- fice. Plus tard, quoiqu'elle eût conseï vé ses chiens, elle rendit chaque jour avec l'urine, au lieu de poils, un e;rand nombre de petits flocons très-légers, dissé- minés comme de petits nuages, ressemblant par leur quantité à des grains de millet, et de différentes couleurs qui rappelaient celles des différentes eàpèceà de poils dont j'ai parlé. Combien cet élat durera-t-iI7 Je l'ignore, tRINES VISOCECSES RENDlirS PAR UN HOMME d'uN AGE MUR; I^.MISStON DE FIL\MENTS SEMBLABLES A DES LOMBRICS, ACCOMPAGNÉE DE DYSDhlE ; ISCHURiE SCITE DE L'ÉMIS- SION AVEC L'iIRINE de POILS SEMBLABLES A DES SOIES DE COCHON ; GUÉRISON PAR L'EAD DISTILLÉE DE TÉRÉBENTHINE (1). Obs. XI. — Un homme sur le retour de l'âge, qui rendait depuis huit ans une humeur visqueuse avec ses urines, ne put se garantir, malgré une diète appro- priée et ^u^age de remèdes évacuants et diurétiques, d'une émission de filaments longs et blancs (semblables à des lombrics} qui suivaient la même voie, et sou- vent causaient une grande difficulté d'uriner. Plusieurs remèdes furent employés sans saccès ; pendant trois jours, à la suite d'une ischuric, il rendit en uri- nant des poils de la longueur d'une palme, épais et durs, qu'on aurait véri- tablement pu prendre pour des soies de cochon. Il y en avait une grande quan- tité et ils provenaient d'une humeur muqueuse trop cuite et desséchée. Les ayant vus, je fis administrer un bain, du petit-lait de chèvre, etc. Ces remèdes étant sans effet, il fut complètement guéri par l'usage de l'eau distillée de térébenthine prise pendant un mois. HOKME ÂGÉ DE QUARANTE-DECX ANS, ATTEINT d'iSCHURIE DEPUIS PLUSIEURS ANNÉES ; PRURIT DANS l'URÊTRE; URINE TROUBLE ET SANGUINOLENTE, PUIS DONNANT UN SÉDI- MENT MGQUEUX; POILS LONGS DE 4 A 6 POUCES RENDUS AVEC L'URINE ; POINT DE RENSEIGNEMENTS SUR LA TERJUXAiSOS DE LA MALADIE (2). Obs. Xll. — Un homme de 42 ans, héraorriioulaircet affecté depuis plusieurs années d'ischurie, observa que son urine, souvent trouble et sanguinolente, contenait des cheveux. (1) Zacutus Lusitanus, Opéra, in-folio, t. II, obs. 72. (2) Gazette Médicale de Paris, in-4% 185i, p. 192. Kr^emer, Triohiasis c¥^- TICA 19â Lorsque l'émission de l'urine était acconapagnée (l'un fort prurit à la partie ialérfeure du canal de l'urèlt e, il constata ordinairement au méaA la présence d'un cheveu, qui sortait roulé sous forme d'une petite boule, quelquefois recou- vert d'incrustations et le prurit cessait. Pendant que M. Kraerner eut occasion d'observer le malade, l'urine assez copieuse était d'un jaune clair, trouble, avec un sédiment muqueux. La région vésica,le était non douloureuse. Une sonde entre lacilement dans la vessie. Pouls, 88 par minute. Les poils sont fins, et les pi us gros étaient encore plus fins que ceux de la tète, longs de 4 à 6 pouces, ainsi plus longs que ceux du scrotum; ils étaient d'un blond clair; les plus fins étaient complètement blancs et crépus. A quelques endroits ils formaient des pelotons composés d'un feutrage blanc excessivement fin. A l'étal frais, !e feutrage paraissait rempli rie matières terreuses, Incrustées. Quelques clievcux avaient des bulbes, les plus grands n'en avaient pas. Exami- nés sous le microscope, les cheveux se présentèrent comme des cylindres creux, de diamètre variable. Dans quelques points, ils présentaient une forme spéciale ; dans d'autres, ils étaient comme couverts de moisissure. Ces cheveux ne pouvaient point être confondus avec ceux du scrotum : d'abord parce que ceux-ci étaient plus courts et d'un autre aspect; ensuite le prépuce était continuellement ramené en arrière. 11 était donc impossible que des poils provenant des parties génitales aient pu se ramasser en ce point. § VI. — POILS DAKS l'urine CHEZ DES INDIVIDUS ATTEINTS DK GRAVELLE URIQUE 00 0£ CALCOLS CRIQUES. Je rapporterai, dans ce paragraphe, deux obsei'vations dans lesquellfô on a constaté la coexisteoce tie poils avec des cristaux et des graviers d'acide «rique, et Tobservation d'un calcul urique qui avait un poil pour noyau. L'auteur de cotte dernière observation pense que le poil s'était introduit du dehors. Dans fes deux autres cas, les poils provenaieul de l'intérieur des voies urinaires. Je ferai pi-^!céder ces observations d'une remarque sur une opinioD émise par iM. Golding Bird (i). Il n'est pas rare, dit~il, de voir des cristaux d'acide urique se former autour d'un poil, absolument comme le sucre candi cris- tallise sur un 01 ou une petite corde. Je regarde, au contraire, le fait comme très-rare s'il s'agit de poils rendus avec l'urine ; il en est tout autrement s'ils se sont trouvés accideutellemeat mélangés avec elle. L'examen de la figure que M. G, Bird a donnée d'un de ces poils (1) Golding Bird, Urinary deposhs, thbir dugnosis, etc., third edit., ln-8"*, plates, 18^1, p. 125. 195 et des cristaux d'acide urique formés autour de lui me fait douter qu'il s'agisse réellement, dan.s ce cas, d'uû véritable poil. Eu effet, au grossisse- meut qu'indique la dimension des cristaux représentés, un véritable poil aurait beaucoup plus de volume et un autre aspect. Le filament que l'au- teur a désignéet figuré comme un poil n'est peut-être autre chose qu'un de Ces petits filaments muqueux piliformes et microscopiques que Je décrirai plus loin, § IX. ENFANT DE DIX AK.S SOUMIS DÈS SON BAS AGE A UN RÉGtUE TONIQCE ET TRÈS-AZOTÉ ; PETITS POILS DANS l'URINE, DONT I.E SÉDIMENT OFFRE EN OUTRE ONE FOCLE DE CRISTAUX d'acide urique, isolés 00 AGGLOMÉRÉS EN PETITES MASSES (CRAVELLE microscopique). Ors. XIU. — Je n'ai observé qu'une seule fois des poils rendus avec l'urine. C'était cliez un jeune enfant âg« de 10 ans environ, et qui me fut adcessé par mon honorable confrère M. Paulin. Cet enfant, né à Bruxelles, de parents lym- phatiques, avait présenté, dès son plus bas âge, les caractères de leur constitu- tion. Aussi, depuis le sevrage, s'élait-an attaché à la rnodifler par un régime to- nique porté au plus haut degré. Rentrés en France en i848, les parents de l'en- fant continuèrent à le soumettre au méine ré^me, dans l'espérance de le forti- fier de plus en plus. Les résultats de ce régime paraissaient satisfaisants, lors- qu'une circonstance singulière lit naître les plus vives inquiétudes dans j'esprit de la mère. Elle surveillait elle-même tous les détails de la vie de l'enfant. Or, un jour elle fut toute surprise de voir de petits poils dans le vase qui avait reçu l'urine de l'enfant. Dans la journée, on le fit uriner dans un rase qu'on nettoya avec le plus giand soin; l'étonnement de ia rnèie redoubla envoyant comme de petits poils en suspension dans le liquide; la pensée iui vint de !e laisser refroi- dir après avoir recouvert le vase d'an papier. Le lendemain, l'arine avait formé un léger dépôt dans lequel elle constata, à n'en pins douter, la présence de pe- tits poils; la même expérience répétée pendant plusieurs jours ayant donné le même résultat, cette darne recueillit une assez grande quantité de ces sédimmits pileux et se rendit à Paris, avec son enfant ei sa sœur, pour consulter M. Pau- Un, son médecin ordinaire, Cne chose si extraordinaire la préoccupait à un de- giv inimaginable, bien que l'enfant n'accusât aucune douleur dans les voies urinai res. Après avoir entendu ces détails et examiné les petits poils enveloppés de sédi- ment uiinaire qui lui furent présentés, M. Paulin fit uriner l'enfant, en sa pré- sence, dans un vase très-propre et constata à son tour, le lendemain, l'existence de petits poils dans le sédiment de l'urine. Pensant qu'un cas aussi race pouvait ra'intéresser, M. Paulin accompagna ia mère et l'eofaut chez moi, et me remit une partie du sédiment urinaire qu'il avait reouellU. Examiné au microscope, je le trouvai composé de petits poils iso- 196 ]éi, (lefiagmcnls de poiis plus ou moînb voîumineux et de nombreux cristaux «i'acide urique. Ces poils ctaient leconnaissables à leur enveloppe cornée et à leur eubstance médullaire. Dans l'ignorance où nous étions de l'origine de ces poils, nous crûmes, M. Pau- lin et moi, devoir nous borner à conseiller un régime et quelques remèdes pro- pres à prévenir la lormation Je l'acide urique cristallisé et à entraîner Its poils et les petits graviers s'il en existait encore. Dans ce but, nous recommandâmes l'usage de l'eau de Contrexeville, de petites doses de bicarbonate de soude, et un régime moins azoté que celui auquel l'enfant avait été soumis depuis le sevrage. Pendant quelque temps encore, on a observé de petits poils dans l'urine, et le sédiment a continué d'élre formé en très-grande partie par de l'acide urique cristallisé. Plus tard, la mère de l'enfant a vu disparaître le phénomèue étrange qui l'avait si vivement préoccupée. L'enfant a continué de se développer régu- lièrement; de légères affections citarrhales ont été les seules indispositions dont M. Paulin ait eu à lesoigner, à des intervalles assez éloignés. Lorsque l'enfant me fut présenté, il ne puturiner, et je le regrettai vivement. Au reste, toutes les circonstances de l'observation ne permettaient pas d'élever de doutes sur l'émission de ces poils avec l'urine Le témoignage de la mère, celui de M. le docteur Paulin, les précautions dont ils s'étaient entourés, enfin b peti- tesse et la finesse de ces poils, qui n'avaient point leurs semblables sur le corps de l'enfant, toutes ces cii constances entraînèrent ma conviction. ÉMISSION d'une QDANTITÉ CONSIDÉRABLE DE PETITS POILS AVEC l'CRINF, , CHEZ ON CEMLEMAN d'un AGE AVANCÉ, PRl^CÉDÉE DE L'EXCRÉTION DE GRAVIERS D' ACIDE UKIQUE ; POINT DE DÉTAILS SDR LE TRAITEMENT ET LA TERMINAISON DE LA MA- LADIE (1). Obs. XIV. — J'ai été dernièrement consulté par un gentleman d'un âge mûr pour un phénomène singulier, pour la présence d'un nombre considérable de petits poils qu'il a fréquemment observés dans son urine. Outre qu'il est au-des- sus du soupçon de se tromper ou de vouloir tromper les autres, j'ai fait moi- même les recherches les plus exactes pour m'assurer que ces poils provenaient réellement de la surface interne de la vessie ou de quelque autre partie des voies urinaires. Us Sont de diverse longueur, d'un dixième de pouce à un pouce, et sortent à présent sans faire éprouver de douleur au malade, quoiqu'il ait souf- fert, dans le temps, de l'expulsion de graviers d'acide urique. Dans une circon- fitance, ces poil^, avant d'être renJus, s'étaient recouverte d'une couche d'acide urique. Ce symptô ne ayant pendant un moment fait supposer l'existence d'an (1) On ORiNARY AND OTHER MORBiD CONCRETIONS, by William HeDry» M. D. F. Pi. s., etc., Read March. 2, 1819 (Medico-chirorg. transac, publisbed by tbe médical and chirurgical Society of London; vol. X, p. 143; 1819). 197 rétrécissement de l'urètre, on intrfHiuisit deux fois une bougie sans occasionner de douleur. L'emploi de la bougie ne fut pas suivi de l'excrétion d'un plus grand nombre de poils, ce qui peut être aurait eu lieu s'ils s'élaieut développés sur la membrane interne de l'urètre (1). BOUUE ACÉ DE OPARANTE ANS; CALCUL B'ACIDE tRIQDE, EN FORHE u' ANNEAU, AYANT ON POIL POOR NOYAU, EXTRAIT AVEC EUCCJJS PAR l'OORAOV J DONT LE CANAL ET t'ODVERTCRE OMBILICALE AVAIENT PERSISTÉ; COÏNCIIiEN';:^ îi'USE HERNIE OMW- UCALE (2). Ous, XV. — John Conquest, fondeur en fer, figé de 40 ans, soufCrait depuis un an et plus d'envîes d'uriner fréquentes et douloureuses. En le sondant, M. Paget lui trouva un calcul. Cet homme lui dit qu'en urinant et pendant les violents eQbrt£ qu'il faisait dans son travail, une partie de l'urine s'échappait do nombril par une ouverture qui, d'aussi lont:tenips qu'il se le rappelait, avait toujours existé. A son admission à l'infirmerie de Leicester le 15 août, M. Paget reconnut que le bec de la sonde passait facilement de la vessie dans l'ouverture de l'ombilic, ce qui lui donna l'espérance que la pierre, qui lui paraissait peu volumineuse, pouvait être extraite par cette voie, sans opération douloureuse. Après avoir distendu la vessie avec de l'eau tiède, l'ouvertureombilicale de l'ou- raque étant bouchée, il introduisit ensuite le doigt dans cette ouv '.rture, et par- vint ainsi à extraire un calcul de forme annulaire et qui avait un poil pour noyau. L'auteur pense que le poil provenait du pubis, et qu'il s'était introduit acci- dentellement dans la vessie par l'ouverture ombilicale de l'ouraque. Le malade avait, en outre, une hernie ombilicale. (t) Lorsqu'on examine chimiquement ces poils, ils ne paraissent pas difl'crer des poils ordinaires. Mais le docteur WoUaston assure qu'ils en djffèrent à quel- ques égards, en ce qu'ils n'ont pas à leur surface cette légère rugosité à kiqucile les poils ordinaires doivent leur propriété feutrante. (2) A CASE IN WHICH THE CRACHCS REMAINED OPEN, AN» À RING 8HAPED CALC'JLLS, rORMED BPON A HAÏR IN THE BLADDER WAS EXTRACTEO THROKGH THE OMEILICUS, by Thomas Paget, F. R. C. S., surgeon to th« Leicester infirmaiy, communicated by William Bowman, F. N S., receivedMay 20th, read June llth 1850 (Medico- CHiRCRC. TRANSACT., publishcd by the Royal Médical and Surgical Society ofLon- don ; vol. the thirty-third, p. 293). — Extrait de cette observation. 198 5 VIT. — POILS INCRUSTÉS DE PHOSPHATJÎ DE CHAUX OU DE PHOSî>HATK I>B MAGNÉSIE ET QUELQUEFOIS D'UNE CERTAINE QUANTITÉ D'ACîDE PRTQUB (GRAVELLE pileuse, MAGENDIE). ~ POILS SERVANT DE NOYAU A DES CALCULS PHOSPHATIQUES OU A DES CALCULS DONT LA COMPOSITION N'A PAS ÉTÉ DÉTERMINÉE. On a vu piusieurs fois des graviers ou des calculs phosphatiques se for- mer autour de poils ou de matières semblables à des poils. M. Magendie a appelé l'aUention sur une espèce de gravelle phosptiatique qui lui a offert cette particularilé remarquable. Ce qu'il dit à ce sujet mérite d'être rapporté textuellement : « La gravelle pileuse (1) se présente tantôt sous la forme d'une pous- » sière blanchâtre avec laquelle sont confondus les poils, tantôt sous forme » de graviers de volume variable^ velus à leur surface et quelquefois réu- » nis en grappes les uns aux autres. Dans l'état pulvérulent, la graveilô » pileuse est formée par une poudre blanche, mêlée à une quantité de »i petits poils dont la longueur varie depuis une ligne jusqu'à un pouce et » plus. Par des lotions dans l'eau, on peut séparer les poils de la poussière » blanche qui les environne. On reconnaît alors qu'ils diffèrent peu des » poils ordinaires; ils sont seulement plus fins et d'un gris cendré. » La malièm saline elle-même se dépose au fond du vase et y forme une » couche plus ou moins épaisse. Si on l'y laisse quelque temps en repos, » elle s'y prend pour ainsi dire en masse, et on ne peut plus la détacher » qu'en lames de plusieurs lignes d'étendue. Pour apercevoir les poils, il If suffit de rompre ces lames et les extrémités des poils apparaissent sur les » bords du la cassure. Cette matière saline, analysée par M Pelletier, a été » trouvée composée en grande partie de phosphate de chaux, d'un peu de » phosphate de magnésie et de quelques traces d'acide urique. Ia première » fois que j'ai eu l'occasion d'observer cette maladie, c'était sur un vieil- » lard, professeur àPanciennê Université. H rendait Une telle quantité de » cette matiè) e saline pileuse qu'il eu remplissait en quelques jours des » boites de la contenance d^un litre; cequen aN^ait produit en quelques » années ce vieillard était vraiment extraordinaire. Le second cas de gra~ » nelle pileuse qui soit venu à ma connaissance s'est offert sur un marin ; » il rendait par l'urètre, non de ia poudre pileuse, mais des concrétions (i) Magendie, Uecherches phtsioloriques et médjcales scr les causes, les SYMPTÔMES ET LE TRAITEMENT DE LA GRAVELLE. In-8<», p. 40; 1828. 199 » velues à leur surface et d'un volume considérable. Ces concrétions étaiect » friables, mais les parcelles qui résultaient de leur écrasement ne se sépa- » raient pas entièrement ; elles restaient attachées les unes aux autres par » de petits poils. » M. Magendie déclare qu'il n'est pas possible d'expliquer la formation de ces poils, ni leur présence au milieu de la matière saline déposée par l'urine. Il ne dit pas s'être assuré, par l'examen microscopique, que les filaments qui unissaient les graviers étaient bien de véritables poils ; mais la préci- sion qu'il met dans toutes ses recherches, et qu'il a apportée inévitable- ment daus l'examen d'on fait très rare, ne permet pas les doutes qu'on, pourrait élever s'il s'agissait d'un observateur moins exact. M. Clviale n'a jamais vu la gravelle pileuse, mais il a souvent rencontré des filaments muqueux desséchés, au centre des pierres; plus souvent encore il a remarqué que les sables étaient remplis de filaments, ùç. petits poils qu'il a attribués à la poussière atmosphérique dont les malades ne prennent aucun soin de les garantir en les faisant sécher. M. Civiale (1) ne dit pas d'où provenaient ces petits poils suspendus dans l'atmosphère ; il me semble qu'il fait surtout allusion aux petits filaments de laine, de coton ou de lin qui peuvent s'échapper des couvertures, des vêlements, etc., ainsi que je l'ai plusieurs fois constaté à l'hôpital et dans la pratique civile. H est rare de trouver de semblables corps, dans l'urine recueillie dans les petits vases cylindriques, employés maintenant dans les hôpitaux et qu'on n'd pas toujours soin de préserver de la poussière ; on les trouve plus souvent dans les pots de chambre dont ont fait usage dans les maisons par- ticulières. Au reste, les filaments de laine et de coton et les petits poils de laine étant presq^ue toujours colorés par la teinture et offrant des caractères particuliers, il'examen microscopique, il est toujours possible de les distin- guer des cheveux et des poils de l'homme. HOMME D'ON CERTAm AGE AYANT FAIT DN SÉJODR FRÉQUENT DANS LES HÔPITAUX DE LONDRES, PODR DES DOULEURS DE REINS ; CONDAMNATION A LA DÉPORTATION , PENDANT LA TRAVERSÉE, DOULEURS RÉNALES AVEC EMISSION DE GRAVIERS; DEINE AYANT L'APPARENCE D'DNE MATIÈRE CRAYEUSE ET CONTENANT DES POILS; TRAITE- MENT PAR LA LIMONADE ETRIQUE ET LES FÉCULENTS ; GUÉRISON (2). Obs. XVI. — Dans un de mes derniers voyages à la Nouvelle-Galles, en (1) Cîviale, Traité db L'AFPBCTroN caloûlecse. In-S", p. 113; Paris, 1838. (2) Cas dans leqcel il y avait des poïls mêlés a l'dkinb, et coirai 200 qualité de chirurgien surintendant des ConvictSy un prisonnier du nom de JeK let vint me consulter pour de violentes douleurs de reins accompagnées de perte d'appélit et de fièvre. I! me (jit que depuis plusieurs années il avait été sujet à celle maladie, pour laquelle il était souvent entré dans les hôpitaux de Londres, et la dernière fois, peu de temps avant son jugement. Cet homme avait mené une vie très-dissipée. Lorsqu'il vint à bord, il n'était presque pas malade, mais denuis quelque temps (le vaisseau était alors en mer depuis deux mois) il avait souOert de spasmes et d'une grande émission de graviers. Je lui demandai de me porler de son urine. Je la trouvai épaisse, blanche, ressemblant à une ma- tière crayeuse. Cet homme était très-maigre, pâle et avait l'air sou&rant, comme s'il eût manqué de nourriture. Trouvant que l'urine qu'il m'avait apportée con- servait longtemps le même aspect et déposait, quelque temps aprèsson émission^ uire grande quantité de sédiment contenant des poils, je crus qu'il voulait me tromper; mais il persista à soutenir que les poils étaient rendus avec l'urine. Pour prévenir toute tromperie, je le lis uriner devant moi, dans une bouteille dont je m'étais muni. Je le fis uriner ainsi plusieurs fois, jusqu'à ce que j'eusse rassemblé une grande quantité de sédiment, qui fut alors séché et examiné soigneusement. J'y trouvai un nombre considérable de poils variant en lon- gueur d'un demi-pouce à un pouce et demi, et de diverses couleurs. Examinés à un fort grossissement, ces poils paraissaient mous et d'un tissu moins serré que ceux qui croissent à la surface du corps. A tout autre égard, je n'y vis pas de dilférences. M'étant ainsi assuré de la vérité de l'histoire de ce pauvre homme, je me hâlai d'essayer de diminuer ses souffrances, qui, dans mon opinion, tenaient au passage de la matière pulvérulente et des poils déposés dans les reins. Pen- sant que celle matière était composée de chaux, je crus que la meilleure ma- nière d'en rendre l'émission facile et de corriger l'état alcalin de l'urine était de donnerde larges dosesd'acide nitrique, qui diminueraient les douleurs et accroî- traient laquantité de l'urine. J'ordonnai de l'opium, de l'esprit de nitre élhéré et des délayants. Pensant que l'état alcalin de l'urine pouvait être produit ou aug- menté par une nourriture animale salée, je la remplaçai par des aliments fari- neux. En peu de semaines, le malade recouvra, par ce traitement, la sanlé et ses rorces. Son urine cessa d'être trouble; les attaques de douleurs s'éloignè- rent, et l'urine n'oUrit que peu de dépôt. Après six mois de traversée, je le débarquai dans la colonie, guéri de sa ma- adie et propre au travail. Je n'ai point appris, depuis, qu'il ait fait de rechute. EXIRAIT DE CAS SEMBLABLES PUBLIÉS PAR LES ANCIENS AUTEURS ; par JameS Milchill, chirurgien de la marine royale et écuyer (Edjnb. med. and surg. Jourxal, juil- let 1828, p. 58, vol. XXX, n' 96) — JODBN. ..OMPLÉM. DES SC. MÉD., t. XXXIII, in-S", p. 90, 1829. 201 Il commua, jusqu'à la lin du voyage, l'usage des acides et le régime végétal ; mais l'opium et l'éther nitrique ne furent employés que pendant un peu plus d'un mois. FEMIIE DE33 ANS ; A 23 ANS, CHDTE DANS VS ESCALIER, SUIVIE DE DODLEURS DANS LES LOMBES, S'ÉTENDAiST AU CÔTÉ GACCUE ; DTSCRIE; TRINES DONNANT UN SÉDIMENT BIUQUECX, PARFOIS SANGUINOLENT; ÉMISSION FRÉQUENTE DE PETITS CALCULS PHOSPHATIQUES FORMÉS AUÏOtR D'DN PETIT POIL POURVU DE SON BULBE, PLUS FIN OD'UN poil ORDINAIRE, HUIS EN OFFRANT D'AILLECRS LES CARACTÈRES MICROSCO' PIQUES ; POINT DE RENSEIGNEMENTS SUR LE TRAITEMENT ET L'ISSUE DE LA MALA- DIE (1). Obs. XVJI. Elisabeth Gailey, âgée de 33 ans, garde à l'hôpital du Nord, di- sait que sa santé avait toujours été plus ou moius altérée depuis dix ans. Elle attribuait le commencement de sa maladie à une chute dans un escalier, chute dans laquelle elle croyait que le dos avait souffert, quoiqu'elle n'eût éprouvé que peu de douleurs dans le moment. Peu de temps après l'accident, elle com- mença à ressentir, dans les lombes, des douleurs s'étcndant au côté gauche, et, plus tard, elle éprouva de fréquentes envies d'uriner, de la gêne et des dou- leurs en urinant. L'urine, après l'émission, déposait une matière muqueuse. Plusieurs fois la malade observa que cette matière était mêlée de sang. Ces symptômes s'étaient aggravés avec le temps. Lorsqu'elle souffrait le plus, la douleur était rapportée au rein gauche. Le droit était rarement et légèrement affecté. Ces attaques étaient plus fréquentes dans la saison chaude. Tout ce qui produisait une abondante transpiration diminuant la quantité des urines, ag- gravait les symptômes. Depuis la chute, il se passe rarement une semaine sans que cette femme rende une ou plusieurs pierres. Pendant les deux ou trois dernières années, elle a souffert de dyspepsie. Les petits calculs, de forme irréguliére, varient en volume, depuis celui d'un grain de moutarde à celui d'un pois un peu gros. Ils sont perforés à une ex- trfmitê par un petit poil, qu'on trouve, lorsqu'on l'examine au microscope, semblable par sa structure à un poil ordinaire , mais plus mince et plus dé- lié. L'urine et les calculs ont été examinés par le docteur Brelt, chimiste ho- noraire de la Société. L'urine est une urine pnospbatique ordinaire, de couleur pâle, devenant ammoniacale et donnant, par le repos, un sédiment ammoniaco- magnésien ou de triple phosphate. Les calculs sont principalement composés des mêqies sels. (1) Case of urinart calcult containing hairs (gravelle pileuse) ; by Edward Parker, csq. (Médico-chirurgical transactions, etc., vol. XX VII. Seconde série, vd. IX, p. 16} )— Extrait. 202 M. Parker ajoute avec raison qu'une circonstance, à savoir que plU' sieurs des calculs sont traversés par un poil donne un grand intérêt à cette observation. Dans l'observation de M. Magendie, les poils étaient nombreux ; dans celle-ci, à peine un des calculs présente-t-il plus d'un poil. En outre, dans ce cas particulier, Textréniité libre de ces poils pré- sentait unlforuiément un bulbe, et Texlrémilé opposée étant constamment revêtue de gravelle, M. Parker a été conduit à penser que ces poils avaient été fournis par la membrane muqueuse de ia vessie, qu'ils avaient servi comme de noyau au dépôt des phosphates et qu'ils s'étaient déta- chés par le poids résultant de cette concrétion. Si ces poils avaient été introduits dans la vessie, toute leur surface aurait été plus ou moins enduite de malière calcaire, et il est probable qu'il en aurait été de même s'ils s'étaient formés dans le bassinet ou les reins. Dans plusieurs observations qui vont suivre, on verra que des chirur- giens fort célèbres sont restés incerlaios sur l'origine des poils qu'ils ont vu servir de noyau à des calculs urinaires. Ces cas, objet de doute, n'en méritent pas moins d'être mis sous les yeux du lecteur. « Vous pouvez voir, dit M. Brodiè (1), dans une des préparations de no- tre Musée plusieurs calculs d'une forme oblonguc spéciale et de grandeur rariable, dont le plus volumineux a environ trois quarts de pouce de lon- gueur et h lignes de large, tandis que presque tous les autres sont beaucoup plus courts et proportionnellement plus <5troits; à leur centre ils offrent tous un petit cheveu irh-fin, qui les parcourt longitudinalement. J'ai extrait ces calculs de la vessie d'une femme ; ils sont principalement com-^ posés de phosphate de chaux, ce qui indique, comme je vous le dirai bien- tôt une maladie de la membrane muqueuse. Il est difficile de dire comment ces cheveux se trouvaient dans la vessie, si c'étaient des cheveux ordi- naires introduits accidentellement, ou de ceux qu'on rencontre parfois dans les tumeurs enkystées et sur d'autres tissus malades; quant à moi, je se- rais porté à leur attribuer cette dernière origine. » M. Brodie cite un autre fait non moins curieux : « J'ai soigné, dit il, nn monsieur qui était atteint d'une affection calculeuse de la vessie et d'une maladie rénale à laquelle il succomba, et dont les urines charriaient, de (l) Leçons sor tES MALAniHS des organes brinaires ; parBenj. Brodie; trad.de la 3* éd., par Patron. Paris, 1846, p. 304. — Brodie, Lectures on the diseases OF THEURINARY ORGANS. London, 1832. 203 temps en temps, de petits chei''cux que j'étais en droit de considérer comme venant de la vessie. Malhenreusoment. ni dans ce cas, ni dans celui de ia femme dont il a été queslion plus haut, il n'y eut d'autopsie ; mais on sait positivement qu'il n'est pas très-rare de voir naître des cheveux à la surface interne d'une tumeur enkystée (ï). » M. Civiale ayant eu l'obligeance de mettre à ma disposition plus d'une centaine d'échantillons de fragments de calcul^ provenant des nombreuses opérations de lilliolrilie qu'il a praliquées , je les ai examinés avec le plus grand soin. Dans quatre de ces échantillons, j'ai trouvé de véritables poils qui traversaient de petits fragments de calculs. M. Pelouze m'a affirmé qu'en brisant des calculs pour en analyser les différentes couches, il avait aussi plusieurs lois observé de ces petits poils dans leur épaisseur. A cette occasion, je dois cependant prévenir que, lorsqu'on examine des débris de calculs provenant de la lilhotritie, ou des graviers, il faut se garder de prendre pour de véritables poils des fils de lin, de soie ou de coton mé- langés accidentellement avec les matières calculeuses, soit par les mors du lithotriteiir qui s'en était chargé en le nettoyant, soit autrement. L'inspection roicroscopique des filaments considérés comme des poils, mettra à l'abri de toute erreur, chacun d'eux ayant des caractères particuliers que j'ai fait représenter avec soin. On sait que, pendant la vie, certaines personnes, des femmes surtout, se Sont introduit divers corps étrangers dans la vessie et même des poils. M. Cruvçilhier rapporte, à ce sujet, un fait curieux dont j'ai été té- moin. Un chirurgien anglais nous montra, à la clinique de Al. Dupuytren, le 23 juillet 1814, un calcul urinairc formé de phosphaté de chaux et de phosphate ammooiaco-magnésien, ayant pour noyau uve mèche de cheveux. Cette mèche était très-longue; nne de ses extiémités était bou- clée et semblait se terminer par un tissu lanugineux; Taulre exlrémilé était roide, entourée de phosphate calcaire qu'on avait pu prendre pour les bulbes des poils. Cette pierre avait été retirée, â Londres, de la vessie d'une dame de qualité, de mœurs pures, qui assura ne s'être jamais rien intro- duit dans la vessie. Le chirurgien anglais était persuadé que cette mèche s'était formée dans cet organe, d'autant plus que sa couleur n'était poiut celle des cheveux delà malade. Mais il paraît beaucoup plus probable, cooti- (1) Brodie, Ouvrage cité. 304 oue M. Cruveilhier, qu'elle y avait été introduite (1). Je dois ajouter qu*U fut reconnu plus tard que les cheveux étaient liés par un fil. ianssioN nombreuse de petits calculs, puis d'une masse de plus petits calculs ENCHEVÊTRÉS DANS DES POILS, SUIVIE D'UN ÉTAT DE SANTÉ SATISFAISANT (2). Obs. XVIII. — « Le trichiasis ou émission de poils avec les urines a déjà été observé, dit Olaiis Borrich, par F. de Hilden, Horst,TuIp, etc. Quelque chose de semblable arriva dernièreœeni chez nous, à Jean Blatt, séualeur, qui, par l'effet de médicaments que je lui administrai, ayant évacué plus de soixante calculs, ren> dit ensuite une masse oblongue, hérissée de nombreux graviers très-petits, sem- blables à des diamants enchâssés à la surface. Étonné delà forme de celte masse et de la propriété qu'elle avait de se laisser plier, et redoutant des suites fâcheu- ses de cet accident, il me lit appeler, aiin que j'examinasse, devant lui. ce corps extraordinaire. Je trouvai ceitemasse, de la longueur de la moitié du doigt, dure à l'extérieur et couverte d'un grand nombre de petits calculs, mais for- mée à Vintérieur de poils blanchàlres, au nombre d'environ cinquante, tressés et entortillés d'une manière très-compacte. Ils exhalèrent à la combustion une odeur de soufre. Cet amas de filaments avait l'apparence de la mèche qui se trouve au milieu des chandelles. » Qu'on recherche si l'on veut la cause de ce phénomène dans des humeurs trop cuites, moi je n'ai eu d'autre but que de rapporter le fait ; que des esprits plus habiles en trouvent la vraie cause. J'ai parlé autre part de deux cas que j'ai observés à Copeubague, l'un d'épingles, l'autre de grains de plomb rendus par les urines, dont les deux sujets vivent encore et se portent bien. Au reste, le sénateur est aussi bien portant, et montre sans difficulté à ceux qui viennent le voir cet amas sorti de son propre corps. » Schenck rapporte, d'après Jean Wier, le fait suivant, qui appartient très- certainement aux maladies simulées ou aux maladies mal observées : DOULEUaS OCCASIONNÉES PAR DES CALCULS RÉNAUX; ÏIATIÈRE LANUGINEUSE ET POILS RENDUS AVEC L'URINE (3) Obs. XIX. — Une noble dame, encore vivante, après avoir souffert pendant (1) Cruveilhier, Essai sur l'anatomie pathologique en général, vol. II, p. 178. In-S". Paris, 1816. (2) Thomas Bariholin, Acta medica et pbilosophica Hafniensia, vol. n, p. 157.— Calculas landginosus, Olai Borrichii.— -Collection acadéuique étran- gère, t. VII, p. 222. In-4*. (3) Schenck, Obs. bied., lib. 3, Renum trichiasis, obs. 2, p. ftû4. — J. Wier, De i>£uonum PRASTiGiis ET iNCANTATiONiBus, libri scx. Bâlc, 15M. In-li', lib. 3, cap, 15. longtemps de calculs des reins, rendit avec l'urine, au bout de quelques an- nées, d'abord pendant quelque temps une laine bien liue, quelquefois roulée sur elle-même, puis de longs tils blancs doublés à l'instar de ceux dont se servent les tailleurs, et ce qui surpasse toute croyance, souvent avec un nœud, comme si on les avait préparés pour la couture; mais eusuile, chose qui dura aussi pendant quelque temps, elle rendit avec l'urine non-seulement de la laine, mais une membrane laineuse plus compacte, comme mêlée avec de l'ocre, et sem- blable à celle dont s'enveloppent les petits vers qui nous sont apportés des îles où se produit la soie. Enfin il n'élaU pas rare qu'elle rendît, outre ces choses, des poils de la longueur du doigt, les uns blancs à leurs deux extré- mités et noirs dans leur partie moyenne, les autres noirs, tandis que d'autres au contraire étaieat blancs. Ces poils, amincis vers une de leurs extrémités, étaient plus obtus vers l'autre, qui paraissait être leur racine. Celte dame por- tait avec elle une boîte contenant de cette matière extraordinaire, qu'elle fit voir k plusieurs personnes et dont elle donna une partie à Ewicb. Les détails de celte observation font naître plus d'un doute. D'abord rien ne prouve que ces poils ne provenaient pas du dehors ou n'avaient pas été mis artificieusement dans.l'urine. En outre, ce serait chose merveilleuse que de trouver, dans l'urine, des poils ayant un nœud comme un fil qu'on pré- pare pour la coulure. Ce fait, bien qu'il ail été souvent cité, et récemment par Breschet, comme un exemple de poils rendus avec VurinCy doit être relégué parmi ceux que k science ne peut accepter. §VIII.— POILS DANS l'urine; GRAVIERS DE NATURE INDilERMINÉB ; URINES PURULENTES. Je rapporterai, dans ce paragraphe, une observation de pili-miction, qui donna lieu à une discussion intéressante entre plusieurs savants du commencement du dix-huitième siècle. Dans ce cas, l'urine, indépendamment des poils ou des corps regardés comme tels, contenait du pus comme dans plusieurs cas rapportés plus haut. La malade avait, en outre, rendu de petits calculs qui n'offraient pas de poils pour noyau. Voici le fait: 20S FEMME ÂGÉE D'ENVIRON CINQUANTE ANS; DOULEURS NÉPHRif.TIOtlES FRÉQUENTES; URINES PURULENTES; GRAVIERS NOIRS; t!RINE GLAIREUSE; RETOUR DES DOULEURS QUI CESSENT AU BOLT DE QUELQUES JOURS; NOUVEL ACCÈS DE DOULEURS SUIVI DE l'excrétion avec L*CK1NE d'une MATIÈRE CONTENANT UNE TOUFFE DE PETITS POILS; CESSATION DES ACCIDENTS (l). Obs. XX. — Une femme pléthorique, âgée d'environ 50 ans, qui avait souvent des douleurs néphrétiques, m'appela auprès d'elle le 9 du mois de mai dernier. L'état purulent de ses uriues et leur odeur m'indiquèrent qu'elle avait non-seu- lement la gravelle et la pierre, mais encore un ulcère d'un ou dos deux reins. En conséquence, je lui ordonnai des pilules de cantharides et de camphre, et de boire largement d'une éinulsion mucilagineuse. Ces remèdes la firent urine abondamment; elle rendit des graviers noirs et une maiièrc blanche, épaisse, semblable à de la glu, sans éprouver aucune douleur et sans symptômes fâcheux. Elle fut bien pendant huit jours, au bout desquels les douleurs reparurent et cédèrent aux mêmes remèdes. Environ huit jours après, les douleurs semblant menacer de reparaître, je répétai encore les mêmes remèdes; mais dans la nuit elle ressentit de vives douleurs dans le flanc et éprouva des convulsions qui ces- sèrent après l'émission d'une urine chaigée d'une grande quantité de matière, dans laquelle se irou\a\l une touffe de cheveux contiSi et altérés. "La malade continua quelque temps encore un traitement anli néphrétique qui l'a préservée Jusqu'ici des calculs, des douleurs, des matières morbides et de la dysurie. Je vous envoie un tiers de cette touffe de pods que la dernière dose de cantha- rides flt expulser. Je ne fais aucune remarque à ce sujet ; je les laisse à faire aux savants à qui vous voudrez les présenter. (Plymouth. 28 septembre 1707.) Une partie de celte touffe de poils fui adressée par Hans-Sloane à Leeu- venhoek. Celui-ci l'examina avec scia au microscope, et après une élude miaulieuse et très-attenlive, il reconnut que celle substance pileuse était composée de matières évideramenl venues du dehors. Voici un extrait du sa réponse dont je supprime un assez grand nombre de détails et de répé- titions, qui du reste témoignent de sa bonne foi et du scia qu'il avait ap- porté dans son examen (2) : (1) Lettre du docteur James Yonge,' P. R. S., au docteur Hans-Sloane sur UNE touffe DE POILS RENDUE AVEC LES URINES (PHILOSOP. TRANS., V, XXVI, aunéc 1708 à 1709, p. 41 'i). (2) Lettre de M. Ant.Van Leeuwenhoek, F. R. S., contenant des observations SUR LES POILS MENTIONNÉS DANS LA LETTRE PRÉCÉDENTE. Dclf., 22 nOV. STO? (TrANS- PHILOSOP., V. XXVI, p. 416). 207 M Votre lettre du 24 octobre deruier renfermait une petite masse d'une substance pileuse rendue avec l'urine par une femme de 60 ans ou envi- ron, après avoir pris une dose de mouches d'Espagne qui lui avait été or- donnée pour uu ulcère des reins. J'ai examiné au microscope une portion de cette substance pileuse, et je pense qu'elle est formée de poils de brebis ou de laine blanche. Celle laine est brisée ou rompue en parcelles très- courtes, dont quelques-unes n'ont pas, en longeur, six fois l'épaisseur d'un poil. Je suppose que ces poils n'ont pu provenir de l'intérieur du corps, et qu'ils viennent bien plutôt des talons d'un bas. Plus j'ai répété mes observations, plus je me suis confirmé dans cette opinion ; non-seule- ment j*ai pu reconnaître les courtes particules de laine brisée, mais sur un grand nombre j'ai distingué l'ccorcc ou l'extérieur des fds de laine. Les pe- tits filaments donl la laine est composée étaient si nettement séparés les uns des autres qu'ils paraissaient former des pinceaux à rexlrémité de ces poils. Sous cette matière, sous cette touflé de laine blanche, il y avait de petites parcelles composées de petits tubes que j'ai pris pour de petits morceaux de paille. Il y avait encore d'autres petites particules semblables à l'en- veloppe d'un grain de blé ou de riz, et quelques petits morceaux de bois un peu plus épais qu'un cheveu. Il y avait aussi quelques parcelles d'épi- derme sur lesquelles je pouvais voir facilement les petites écailles dont il est composé. >) Il y avait encore un grand nombre de petits corps particuliers dont je ne pus découvrir la nature. Ces dernières particules étaient si fortement liées à quelques poils de laine que je n'ai pu les isoler même avec le secours de l'eau. J'ai vu encore deux légères particules, que j'aurais prises pour des lamelles d'épiderme si elles n'avaient pas été plus grandes qu'aucune des lamelles que j'ai jamais pu détacher de ma peau. Enfin j'ai vu, dans la ma- tière qui ma été envoyée, d'autres corps dont je ne donnerai pas la des- cription. » Maintenant voici mes raisons pour supposer que ces particules lai- neuses viennent du talon d'un bas. Je porte toujours des bas de laine blanche, épais, et je couche même avec. Je puis les porter trois semaines de suite puisque je ne sue pas des pieds Or ayant vu plusieurs fois des par- ticules de laine brisée, déposées en petits las et adhérentes les unes aux autres sous mes talons, et les ayant examinés pour me convaincre que la laine est composée de petits poils, fai reconnu que ces particules lai- neuses ressemblaient à celles qu'on m'a envoyées. Il est vrai que dans la laine du talon de mes bas, je n'ai jamais trouvé de parcelles de bois ou de 208 paille ; mais la raison en est que, depuis des années, je n'ai jamais louché le sol avec mon talon. » Dans une seconde lettre (1) de M. James Yonge à sir Hans-Sloane insé- rée dans les Transactions philosophiqdes, on lit : « J'ai encore vu hier la femme qui a rendu la touffe de poils, ainsi que sa fille et la domestique qui la servait alors. Elles m'ont affirmé toutes que le pot de chambre dont cette femme s'était servie était verni en blanc et Irès-propre. La malade dit qu'elle a senti cette touffe venir de l'intérieur au dehors et qu'une lumcur qu'elle avait dans un des côtés du ventre s'est évanouie ; que depuis lors, c'est-à-dire depuis huit mois, elle n'a plus souffert des douleurs et des au- tres accidents qui revenaient très-souvent autrefois. Seulement elle a de temps en temps de légères douleurs de reins, et elle rend alors un peu de mucus. Je ne suis pas très-crédule, et je ne doute pas de la réalité de ce fait. » La remarque faite par le docteur Yonge, dans celte dernière lettre, que la malade qui a rendu les poils avec l'urine portait dans un des côlés du ventre une tumeur qui s'est ensuite évanouie pourrait permettre de supposer que celte femme était atteinte d'une de ces tumeurs qui contien- nent des poils et qui s'ouvrent quelquefois dans la vessie, si les observations microscopiques de Leeuwenhoek ne venaient pas détruire cette hypothèse. En effet, Leeuwenhoek a constaté que cette matière pileuse était de la laine, et de plus de la laine brisée en parcelles dont les extrémités se termi- naient en petits pinceaux. Il a constaté, en outre, que ces brins de laine étaient mélangés d'autres parcelles, de lamelles d'épiderme, de parcelles de bois, de paille, etc. Cet ensemble de circonstances, et en particulier cette apparence en pinceaux des bouts de laine brisée, dont j'ai constaté la réalité, ne permet pas de regarder, ainsi que l'ont fait James Yonge, Hans- Sloane et tous les auteurs postérieurs, ce cas comme un exemple de trichia- sis ou de pili-miction quelle que soit d'ailleurs l'origine de la laine. Quelque temps après sir Ilans-Sloane reçut de M. John Povv^el (2) une lettre que je crois devoir rappeler à peu près textuellement : (1) Lettke de M. James Yonge, à sir Hans-Sloaiie conceknant la touffe dk POILS RENDUEPAR LES tRINES (Tr.VNS. PHILOS., V. XXVI, 170S-17U9, p. ilO). (2) Lettre de M. John Powel à sir Hans-Sloane concernant une dame qdi RENDAIT AVEC SON L'RINE DKS MATIÈRES PILEUSES INCRUSTÉES DE SELS. — RÉPONSE de sir Hans-Sloane contenant plusieurs observations d;: soustances extraordi- ^AIRES rendues par LES VOIES ORINAIUES (PHILOS. TRANS., V. XLI, pa!t. 1, l'or tllC \ears 1739-1740, p. 499). 20» « Je profite d'une occasion sûre pour vous envoyer «ne boîte qui ren- ferme des matières pileuses rendues par la lille d'un ecclésiastique de nos environs. Son père est niorl il y a quelques années, ainsi que son mari. Elle rend de ces matières depuis deux ans, et celte excrétion n'a été sus- pendue que pendant deux mois, l'été passé ; celle femme a environ tiO ans ; elle a été mariée à l'âge de 17 ans, et a eu quelques années après un enfant quia vécu neuf semaines. » Il y a deux ans, au mois d'août, elle fut prise d'une rétention d'urine, de douleurs de vessie et d'une grande douleur aux pieds. L'urine était blanchâtre comme du pelit-iait. » Cette femme éprouvait de la faiblesse dans les membres et des coliques pour lesquelles un autre médecin lui ordonna de prendre des bains froids. Elle en éprouva un grand bien pour la faiblesse des membres ; mais les dou- leurs des voies urioaires augmentèrent plutôt et les urines commencèrent à devenir fétides. A la Noël, ayant pris un calmant le soir, elle rendit sans beaucoup de douleurs le corps le plus volumineux que vous trouverez dans la boîte. Depuis celle époque ces corps lui causent presque toujours une douleur excessive avant d'être rendus, et elle est ordinairement forcée de prendre avec le bout des doigts l'extrémité des poils, pour les attirer au dehors. Souvent il s'écoule beaucoup de sang à leur sortie, ce qui in- dique un ulcère intérieur. » Le printemps dernier, à l'aide de doux évacuants, son état s'améliora (vomitifs composés d'ipécacuaua ; purgatifs avec de la manne, l'huila d'amande douce et du calomel). Elle prit très-souvent des diurétiques, des pilules balsamiques, des éniulsions. La fétidité de l'urine diminua ; la ma- lade se trouva assez bien pour entreprendre, au mois d'août dernier, un voyage dans le Herefordshire. Elle le prolongea pendant près de deux mois. Je crois qu'elle prit froid à son retour, et ses douleurs augmentèrent très-sensiblement. Elle rendit une grande quantité de matière pileuse. L'urine devint gluante et fétide, malgré tout ce qu'un autre médecin et moi-même pûmes faire. L'urine était souvent si épaisse et si gluante qu'on pouvait à peine la détacher du vase. D'autres fois elle était si filante qu'avec un petit balai ou une plume on pouvait en prendre une grande quantité qui retombait comme une masse dans le pot de nuit. » Depuis un temps considérable, elle a rendu, au moins une fois par jour et quelquefois plus souvent, de ces matières pileuses encioûtées de sels, qui, au moment où elles sont évacuées, ressemblaient ii des poils et à des espèces de coraux. Les douleurs sont si vives que, de tro!^î on trois nuits ih *2id au moios, nous sommes obligés de Iql dotiner des calmants , et les dou- leurs soQt si aiguës que souvent ils ne les câlinent pas. » La longueur des souffrances a rendu celle femme très «laigre et très- faible; elle a souvent essayé le lait, mais il lui fait mal à Testomac, et elle le vomit, » Les menstrues ont été régulières, excepté aux deux ou trois dernières époques. Il y a dix ou douze jours, la malade s'est plainte d'avoir le ventrn enflé ; il n'existe pas d'enflure aux cuisses et aux jambes. » La malade éprouve souvent dans la vessie, un crepitus, («n vent), comme s'il existait une communication entre cet organe et Tinteslin reclum. » Un chirurgien habile a sondé la malade et n'a pas trouvé de pierre. Depuis quelques jours, eUe se plaint d'accès d'asthme qu'on attribue à la chaleui' de la saison. » Cette émission avec l'urine de matières pileuses encroûtées de gels ne s'était jamais présentée dans ma pratique. Je désire savoir votre opinion à ce sujel, et je vous prie de m'indiquer it; liaileineflt que vous pensez devoir être suivi. » Sir Hans-Sloane (1) répondit : a J'ai reçu il y ^ deux jours votre lettre et son contenu que j'ai examiné. J'ai U conviction que ces matières pilevLses sont engendrées dans les reins. J'ai vu, dans ma pratique, quelques cas semblables, et j'ai conservé ce qui a élô rendu avec les urines dans quelques- uns de ces cas. Le premier dont je me lappelle est celui d'un gentleman, près d'Exchange, qui, il y a quatre ans, rendait avec, l'oriue de lotif.fs poils. Lorsqu'il urinail sur un papier blanc à filtrer, l'urine le traversait et les poils étaient retenus à sa surface, Par leui' transparence, ils donnaient, lors- qu'on les examinait au microscope, les couleurs les plus nettes, telles qu'on les observe avec le prisme. Ce gentleman ne soullrait pas beaucoup quoiqu'il se plaignit d'une âcreté d'urine. » Un autre cas était celui d'un brasseur qui rendait des poils nattés ou pelotonnés ensemble, et qui le faisaient beaucoup soufi'rir : mais ils étaient accon^pagnés de très-peu de matière pierreuse. » (Suivent quelques exemples de concrétions caiculeuses formées autour de corps étrangers introduits dans la vessie, et des remarques sur l'utilité des bains tièdes, des boissons délayantes et mucilagineuses, des opiacés, (») Réponse de sir Hana-Sloane à M. Powel. Londres, 27 juillet 1733 (I'rans. PBILLSOP.) 211 de la saignée, etc., dans les cas analogues à ceiui pour lequel ^'auteur esi consulté.) J'ai rapporté à peu près textuellement la correspondance entre John Powel et sir Hans-Sloane afin de montrer combien il est difficile, malgré la longueur des détails, de juger de semblables faits. La malade de John Powel avait évidemment un catarrhe de vessie dont les glaires et les matières niantes étaient un des principaux symptômes. Mais quelles étaient ces matières pileuses sur la nature desquelles sir Hans-Sloane n'émet aucun doute, si ce n'étaient de véritables poils? D'un autre côté, je ne sais que penser de ces poils qui, examinés par cet auteur au microscope, donnaient les couleurs les plus nettes, telles qu'on les voit à travers un prisme. Ces faits, qu'on a acceptés et cilés sans examen et sans critique, ne sont bons à connaître, en réalité, que pour faire sentir la nécessité d'observations plus complètes et plus précises. L'attention ayant été appelée sur ies excrétions des poils avec Vurine^ J. KnigUt (l^ adressa à sir Hans-Sloaue la relation d'un cas dans lequel il avait observé dans l'urine une matière qu'il désigne sous le nom de capil- lamenta : « Ayant observé un cas extraordinaire, j'ai l'honneur de vous le communiquer pour savoir si vous en avez rencontré de semblables dans votre longue et heureuse pratique. La substance pileuse ou les fins capil" lamenta renfermés dans la boîte que je vous adresse ont été évacués avec l'uriue par un gentleman pendant une violente attaque de dysurie. La gra- velle qui fut rendue en même temps était en quantité insignifiante. La cause principale de la dysurie était due à la substance pileuse et à la matière terreuse qui lui adhérait. Ces matières enflammèrent les uretères, le sphinc- ter de la vessie et de parties adjacentes. La phlébolomie, les lavements adoucissants, les opiacés, les émulsions et d'autres remèdes analogues fu- rent successivement employés; tout fut inutile jusqu'à ce qu'eût lieu l'éva- cuation de ces corps étrangers. » L'auteur, après des détails et des hypothèses sans intérêt, termine en di- sant qu'il doute que ces substances soient de vrais cheveua:. Ce sont plu- tôt, dit-il, des concrétions grumeleuses, formées dans les reins, et mou- lées dans les cunâuits excréteurs de l'urine. Mais alors pourquoi désigner ces matières sous le nom de capillamenta ? J'ajoute que depuis l'époque à laquelle les observations de James Yonge,de lians-Sloane, de Leeuwenhock (ij Lettre de M. J. Knight à 8ir Haos-Sloaae sur les chevecx be^dus par LES OKiNBS. Fi^vrier 1137 (Transao". philos.). H f '212 et de Po»V(.l ont été insérées dios les TRANSAcrioiNs philosophiqoes, c'est- à (lire depuis cent citiquante ans environ, aucune autre observation de tri- chiasis des voies urinaires n'y a été publiée, circonstance qui témoigne de la rareté de cas semblables. § IX. — FILAMENTS PILïFORMES OBSERVÉS DANS LES DRINES » DANS LES SÉDIMENTS, DANS LES GRAVIERS 00 LES CALCULS, BT CONFONDUS ATKC LES POILS DE l'homme. Parmi les substances observées dans l'urine, dans les sédiments urinaires, dans les graviers et les calculs, et qui ont été confondues ou qui pourraient l'être avec les poils, on doit noter les suivantes : !• Les filaments de fibrine plus ou moins décolorés; 2* Les filaments de mucus concrète ou desséché ; 3° Les filaments d'albumine coagulée ? h" Les coni'erves et les mycélium des mucédioées, développées dans l'u- rine ou à sa surface, quelque temps après son émission ; 5* Les lils de lin, de colon ou de laine, colorés ou non colorés; 6" Les poils d'autres animaux, ajoutés accidentellement ou artificieuse- menl à l'urine, après son émission. l*' Filaments de fibrine. — Dans certaines hématuries, la fibrine se dépose quelquefois dans l'urine, en filaments qui, à l'œil nu, peuvent plus ou moins simuler des poils. Cependant celle apparence filameuieuse n'est pas celle que prend le plus ordinairement la fibrine. Chopart n'était pas certainement autorisé à dire, en parlant de tous les cas de pili-micliou pu- bliés antérieurement à sou ouvrage, et en particulier de l'observation de Schenck citée plus haut (obs. VII) : « Ces prétendus poils ou cheveux ne » sont que des corxrciions sanguines ou des filaments de matière albu- » mineuse qui peuvent avoir la forme, la consistance et la couleur des » poils (1). » J'ajoute que jamais les concrétions fibrineuses n'ont la consis- tance et surtout la résistance des poils. 2° Filaments de mucus. — Une observation d'André Cnoeffel (2), inti- tulée : De orina pilosased filosa, indiquée par plusieurs auteurs comme un exemple d'urine ^«ietwc, appartient évidemment aux urines catarrhalcf (2) Ephem. nat. cdr., dec. l, ann. IV et V, î673, p. 45. (3) Chopart, Traité des maladies des voies urinaires, In.8\ t. Il, p. iSI, nouv, édit. Paris, 1830. 213 ou glaireuses. On comprend difficilement comment on a pu rapprocher celte urine des urines qui contiennent des poils. Voici le fait : «( Dans l'an- née 1668, un certain écuyer nommé Schaplan, habitant dans la plus grande lie de Marienbourg, après avoir éprouvé des douleurs dans le côlé gauche, rendit, pendant quatre semaines, sans douleur, une urine épaisse, blanche, dont le dépôt contenait une grande quantité de sable et de graviers rouges. Cette urine était quelquefois tellement épaisse qu'il fallait la retirer avec les doigts comme des filaments ; elle se coagulait dans l'urinoir en une masse, et ne pouvait être transv:isée sans qu'on y ajoutât de l'eau. Ces accidents étaient accompagnés d'une insomnie telle qu'elle résista à 12 grains d'opm?» correclum. Il survint de l'amaigrissement, et trois semaines après, les pieds s'étant gonflés, le malade fit usage, pendant quatorze jours, de spi- ritu vitrioli sale terrœ natrito et coagulato. Il fut purgé deux fois avec de l'extrait de rhubarbe et obtint sa guérison. » Dans des cas analogues au précédent, il sera toujours facile de distinguer les filaments muqueux et glaireux, capilliformes, des vérilables poils ; mais un examen plus attentif est nécessaire lorsqu'il s'agit de déterminer la na- ture de certains filaments piliformes qu'on observe dans quelques sédi- ments de l'urine recueillis sur le filtre et desséchés. Lorsqu'un sédiment rose ipink) (1) est séparé de l'urine par la filtralion, dit M. Brctt, la masse qui reste sur le filtre est douce au loucher, et les particules qui la. compo- sent étant d'une excessive finesse, leur cohésion est plus marquée que dans les sédiments d'acide urique. Lorsqu'on laisse sécher sur le filtre ces sédi- ments rosacés, ils peuvent s'enlever en masse sans que les particules qui les forment se séparent. Dans uu grand nombre de dépôts de cette espèce, continue M. Brett, les particules qui les composaient étaient réunies par des filaments d'une structure délicate, semblables, en apparence, à des j^oils fins et très-courts. Ces filaments, par leur entrelacement, formaient une sorte de réseau sur lequel les sels étaient déposés, l^ar l'ébuUition, les sels étaient dissous, et cette trame filamenteuse, restée en suspension, devenait plus apparente. M. Brett rapproche ces filaments piliformes, qu'il a aussi observés dans des sédim.ents phosphaiiques des poils que M. Magendie a vus réunissant de petits graviers et qu'il a désignés sous le nom de gravelle pileuse ; mais ils doivent en être distingués. (1) Brett, On urinaby deposits (The London medicaX Gazette, t. XVII, -?. 844). Ou a souveut observé, dans lescalculg, des filaments qui simulaient des poils; une pierre calcaire, du volume d'une pelile noJselte, rendue sponta- nément par un homme qui avait réclamé les soins de M. Civiale (1), con- tenait des filaments muqueux ressemblant à un paquet de cheveux. De tels filaments peuvent être facilement distingués, au microscope, des véri- tables poils, en ce qu'ils n'en ont ni la régularité ni la structure. Les cris- taux ou la poudre amorphe déposés dans ces filaments peuvent être facile- ment reconnus, à un fort grossissement et à Taidc de réactifs ; le mucus perd alors l'apparence d'une substance organise». 3* Filaments d'albumine coagulée. — M. Golding Bird (2) dit qu'on a quelquefois pris pour des poils de petits tubes vermiculaires d'albuiblne coagulée qu'on observe souvent dans le sédiment de l'uriue des iudividrts atteints de la maladie de Bright, et dont le diamètre correspond exartcmeât à celui des tubes orinifères. il résulte de mes observations que ces petits tubes, quelquefois par8««r»é5 de globules grusseux, sont bien plus souvent le produit d'une desquam- malion de l'épithélium des canaliculi des reins, reconnaissable aux cellules qui lui sonl propres, que de petits dépôts albumioeux. Ces petits tubes né pouvant être distingués généralement qu'à l'inspection microscopique, ils doivent avoir été bien rarement pris pour des poils, si cette erreur a jamais été commise. h* Il se développe quelquefois assez rapidement dans les urines plus eu moins chargées de mucus, d'albumine, etc., surtout pendant les chaleurs de l'été, de véritables conferves reconnaissables à leurs cloisons ou à leurs sporules. Ces filaments, simples ou ramifiés, seront toujours facilement dis- tingués des poils. Cette, disposition ramifiée servira toujours à distinguer les mycélium des muscidines qui, au bout d'un certain temps se dessinent avec tous leurs car,^ctères à la surface de l'urine. Je dois prévenir aussi les jîersonnes qut briseront des calculs, extraits depuis un certain temps de la vessie, dans le but d'étudier les fi!àfiieots que ces calculs présentent quelquefois dans leur intérieur, qu'elles j)Our- ronl rencontrer une espèce de penieilHutrij facile à distinguer, au micro- scope, des véritables poils. 5" Si des fis de /i», de coton ou dé soie sont ajoutés àccirtentelleftteal ou artificieuseraent à l'urine, au microscope, on les reconnaîtra aisément. (1) Civiale, Tmité de l'affectïoiv calcoLeosë, p. 77. îà-i". Patis, 183S. (2) Golding Bird, ouvrage cité. 215 Ces fils sont souvent teiuls en jaune, en bleu, en rose, en vert, etc. , cou- leurs que les poils ou les cheveux ne présentent jamais. En outre, ces fils ont des apparences particulières, lorsqu'on les examine au microscope. Les fih de lin sont des filaments ordinairement cylindriques, oiïrant de loin en loin et irrégulièrement des raies ou stries transversales , des nœuds ou des renflements. Le plus souvent des fibrilles se détachent de différents points de leur longueur, en leur donnant un aspect ramifié. Néanmoins des fils de lin provenant d'une toile très-fine et usée pour- raient facilement être pris pour des poils; j'ai failli commettre cette erreur en examinant des filaments mêlés à des débris de calculs extraits par la li- thotritie; ces filaments, du diamètre d'un centième de millimètre environ, étaient en effet cylfndriquçs et présentaient un canal central ; ils provenaient certainement du linge avec lequel on avait nettoyé le Hlhotriteur. On peut les distinguer des poils, en ce qu'ils ne présentent pas comme ceux-ci, à leur surface, des stries sinueuses formaul des espèf'es de squarames, et en ce qu'ils oiTrent un reflet légèrement jaunâtre ou verdâtre; en outre, si on les suit dans toute leur longueur, après les avoir humectés avec de l'eau, on constate ordinairement soit dans une certaine étendue, soit sur quelque point circonscrit, un élargissement pouvant aller à deux ou trois fois le diamètre des filaments, qui est en même temps aplati. Les fils de soie oflTrenl l'apparence d'une substance homogène qui ne pos- sède ni moelle centrale, ni les stries squammeuses des productions pi~ leuses. Les fils de coton ont l'aspect de rubans réguliers, partout égaux.enrou- lés sur eux-mêmes en spirale et limités par une strie marginale bien accen- tuée. Les poils de l'homme, les cheveu*, la laine, ne sont jamais rubanés, quoiqu'ils ne soient pas toujours parfaitement cylindriques. Ils n'ofl'rent ja- mais non plus de nœuds ou de renflements ; s'ils se divisent en fibrilles, ce n'est ordinairement que par leurs extrémités ; enfin, l'on peut y recon- naître soit une moelle centrale, soit à la surface des stries transversales sinueuses qui donnent à la substance corticale une apparence squammeuse. Ces détails ne paraîtront pas trop minutieux à ceux qui savent toutes les chances d'erreur qu'offre l'étude de la pili-miction. Pour n'en citer qu'un exemple : une femme atteinte d'un rhumatisme s'élant enveloppé l'épaule avec de la ouate, en avait laissé tomber, par mégarde, quelques fils dans bocal qui avait reçu son urine. A l'inspection microscopique, nous recon nûmes la nature de ces filaments, qui avaient l'ajjparence de poils. 216 Les poils de /'/tomme diffèrent des poils du chien, du chat, de la ftr«- 6i5,fapparente ; la flg. 7 le corps, la fig. S la pointe du poil. FiG. 9. Poil rendu dans une autre émission par le même enfant (grossi 640 fois). FiG. 10. Graxelle phospbatique déposée sur des poils (d'après M. Ma- gendie). FiG. 11. Calcul vésical ayant un poil pour noyau (obs. de M. W. Paget). Fie. 12. Poil encroûté d'acide urique (d'après M. Goiiling Bird, fig. 20). FiG. 13. Poil encroûté de matière calculeusc, dans des débris ramenés par la lithotritie. Fig. 14. Morceau de peau couverte de poils, extrait de la vessie d'une femme atteinte d'un kyste pileux (d'après Delpech}. Fig. 3. Fig. 4. Fig. &. Fig. 6, 7, 8. PI n. i "4 m, ^^,*v^ •--1 -.'*,- P«c 7^ •-.«,< ,;.-:£l»d*tû.^'^-^^^^ ]4 10 ^^>Mêidjt> 12 [ieVei/.''e /ffA 7Jn/5 Lemercier.Pam PLANCHE m. (Mémoires, page 1S7.) Fi6. 1. Poil très-long traversant nn fragment de calcul extrait par la lithotritie (ce poil a peut-être été porté dans la vessie par le lithotriteur). FiG. 2. Fragments de calculs ramenés par la lithotritie. Les filaments nombreux qui les unissent sont des fils de lin qui ne peuvent pro- venir que de la toile avec laquelle le lithotriteur avait été nettoyé. FiG. 3. Filament de mucus (grossi) provenant du dépôt d'une urine dans la- quelle on apercevait un grand nombre de stries très-fines. FiG. 4. Le même filament, grossi 350 fois, sur lequel on voit des urates en poudre amorphe. FiG. 5. Filament provenant de l'urètre d'un individu qui avait eu une bl«n- norrhagie chronique (grandeur naturelle). FiG. 6. Portion du même filament grossi 290 fois. Ce filament est formé par des lamelles épithéliales et des globules de pus. FiG. 7. Les mêmes globules grossis 340 fois et traités par l'acide acétique. FiG. 8. Pénicillium développé entre les couches d'un calcul rénal dont la surface n'olîrait aucune Gssure (grossi 485 fois). Fie. 9. Filaments confervoides observés dans une urine neutre et purulente, au moment de l'émission. L'urine, extraite par la sonde et examinée immédiatement, contenait un grand nombre de ces filaments (gros- sis 340 fois). FiG. 10. Les mêmes filaments grossis 700 fois. FiG. 11. Conferve développée dans le dépôt d'une urine albumineuse (grossie 350 fois). PI. in. Liveîllehth. Inip L emeraer, PârJi TABLE DES MÉMOIRES DE LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE. I. Mémoire sur la mort apparente des nonveau-nés; par M. Cazeaux. ... 3 7. Recherches sur les propriétés physiologiques et thérapeutiques du bromure de potassium ; par M. Cb. Huetie 19 3. Histoire et systématisation générale delà physiologie; par M. L.-A. Segond. 3i 4. Recherches sur les propriétés physiologiques de l'étber iodhydrique. Induc- tions thérapeutiques; par M. Ch. Uuetle 47 5. Réflexions sur la fièvre intermittente simple chez les enfants nouveau-nés et à la mamelle; par M. Guiet. ss C. Examen d'une main et de la moitié inférieure do l'avant-bras affectés d'élé- pbantlasis des Arabes; par MM. Rayer et Davaine. (Pièce adressée à la So- ciété par M. L'Herrainier.) 67 7. Sur la nature et les causes des suppurations bleues; par M. le professeur Sé- diliot 73 8. Note sur une nouvelle variété d'oblitération des voies sperraatiques ; par M. L. Gosselin 83 9. Observations sur le développement du cœur et de l'aorte pendant les cent quaranle-quatre'preniiéres heures de l'inoculation ; par MM. Prévost (de Ge- nève) et Lebert 89 10. Duplicité de la face chez les oiseaux; par M. Davaine 97 11. Recherches sur les globules blancs du sang; par le même . 103 la. Monstre célosomien du genre agénosorae (Geoffroy-Saint-Hilaire); par M. Houel 107 13. Observalions sur Ir développement de la substance et du tissu des os; par M. Charles Robin ii9 14. De la nature locale ou générale des tumeurs; par M. Lebert i45 15. Sur un cas douteux de farcin chronique (observation recueillie dans le ser- vice de M. Michel Lévy, au Va!-de-Grâce; par M. Tholozan 159 16. Recherches sur le triciiiasis des voies urinaires et sur la pili-miction; par M. Rayer 187 riV DB LA TABLE DES MEMOIRES. 15 TABLE ANALHIQUE DES HATIËRES CONTENUES DANS LES COMPTES RENDUS ET LES MÉMOIRES DE liA SOCIÉTÉ DE BIOIiOCïIE POUR l'année 1850 (1). Allantoîde. — Note sur la présence du sucre dans las liquides amniotique et allantoïdien; par M. Cl. Bernard !74 Amnios. — Hémorrhagie dans l'amnios de p'usieurb embryons chez une lapine morte de pleurésie; par M. Brown-Séquard. ........... 7T Note sur la présence du sucre dans les liquides amniotique et allantoïdien. . 174 Anatomie normale. — De la corrélation existant entre le développement de l'utérus et celui de la mamelle; par M. Cb. Robin l Origine du nerf facial au-dessous de l'entre-croisemenl des pyramides; expli- cation anatoraique de la paralysie croisée de ce nerf; par M. Jobert (de Lam- balle) 5 Anatomie et pathologie des glandes de Méry, connues sous le nom de glandes de Cowper; par M. Gubler. 22 Examen microscopique de l'urine de l'homme; par MM. Robin et F. Verdeil. . 75 Sur les dénominations des diverses parties de i'inlcstin par les auteurs grecs et latins; par M. Segond 67 Analyse anatomique et chimique du sang ; par MM. F. Verdeil et Ch. Dollfus. . 79 Note sur le volvox globater; par M. Laurent U4 Glande caudale des couleuvres; par M. Ougés 131 (1) Le» paKM indlqoéen k In marge sont caIIpi det CoarTEs ke>ibu«. Lei renroii tox MÉiioi*t> i«nt apécifléa. 29206 IIS Du fluide nourricier des vers à soie ; par M. Guériii-Méneville iS8 Sur les vaisseaux des épiplooits lombaires de la loarinoUe; par MM. Valen- ciennes et Cl. Bernard i60 Sur la nature et les fonctions de l'organe palatin des cyprins; par M. Davaine. 181 Coloration de la membrane muqueuse de l'utérus par un pigment; par M. Goubaux ' t93 Observations sur le développement du coeur et de l'aorte pendant les cent quarante-quatre premières heures de l'incubation; par MM. Révosl (de Ge- nève) et Lebert. (Mémoires, p. 89.) Recherches sur les globules blancs du sang; par M. Davaine- (Voyez les Mémoires, p. i03.) Observations sur le développement de la substance et du tissu des os; par M. Ch. Robin. (Mémoires, p. 119.) Anatomie pathologique. — Sur la structure d'un épulis du maxillaire infé- rieur; par M. Ch. Robin 8 Kyste osseux ou dentaire trouvé dans la mâchoire inférieure d'un cheval; par M. Leblanc 3& Cas de déformation de la tête de l'humérus par compression; par M. Morel- Lavallée 36 Cas d'hypertrophie libroso-glandulaire des glandes de Méry; par M. Gubler. . 50 Sur les débris d'une grossesse extra-utérine; par M. Jobert (de Lamballe). . 5i Ossification trés-éiendue du péricarde viscéral au niveau de l'oreillette droite; rupture de cette même oreillette, par M. Verneuil 75 Sur une tumeur du scrotum; par M. Jobert (de Lamballe) 78 Kystes épilhéliaux chez le bœuf; par M. Foliin 84 Ostéosarcome du bassin; par M. Bouchut 83 Sur un cas de tumeur encéphaloïde inlra-crânienne; par M. Gubler. ... 86 Sur deux cas où riniesiin offrait un diverticulum; par M. Verneuil 101 Note sur des tumeurs indéterminées des os maxillaires du bœuf; par M. Da- vaine 119 Observation sur une tumeur épilhéliale du cuir chevelu, ayant détruit en partie les os de la voûte crânienne et présentant une structure toute spéciale ; par M. Rouget 121 Rapport sur l'observation précédente ; par M. Lebert 124 Tumeur enkystée d'une glande sébacée montrant le conduit excréteur obli- téré; par M. Lebert I26 Placentas provenant de femmes syphilitiques ; par M. Lebert 137 Production cornée au front; examen microscopique; par M. Lebert 138 Examen microscopique d'un dépdt d'urato alcalin (topbus) dans les articula- tions du tarse; par M. Rouget 136 Kyste pileux de l'ovaire; par M. Foliin 139 Lipome de la cavité abdominale; par M. Moynier 139 Sur un cas de fausse articulation, à la suite d'une fracture de l'extrémité infé- rieure du corps de l'humérus; par M. Désir 163 Dilatation de l'urètre et du i-eiu gauche ; par M. Laboulbéne I66 Hypertrophie des plaques de reyer; par M. Foliin 174 Examen d'un œil opcre do la calar.-icic par extraction, quinze ans avant la mort du malade : par jM. Foliin 176 Tumeur obstTvce dans la t'ossc sus-sphcnoïdale: par M. L. Ilirchfeld. . . . 187 Note sur Phypertrophie âc la lueinLiiAne interne du gésier, observée sur deux gallinacés; par MM. Labo'Jlhcnfï et Kouret I88 229 Obserralioti de luialion gpunlanée incomplète de la rolule en deliors; par M. Venieuii 199 Observation lie pleurésie ; par M. Gubler 301 Examen d'une main et de la moitié inférieure de l'avant-'bras affectés d'élé- phaniiasis des Arabes; par MM. Rayer <>t Oavaine. (.Pièce adressée à la So- ciété, par M. L'Bertninier.) (Mémoires, p. <>7.) Sur la nature locale ou générale des tumeurs; par M. Lebert. (Mémoires, p. 145.) Anencépbalie. — Observation d'un foetus anencéphale; par M. Ollier. ... 106 Remarques sur l'observation précédente; par M. Davaine 103 Eiamen d'un fœtus monstrueux anencéphale (pseudencéphale) manquant de neï et d'yeux; par M. Gosselin HT Anestbésie. — Cas d'aneslhésie sans paralysie du mouvement; par M. Lebret. 3 Explication de l'hémiplégie croisée du sentiment; par M. Brown-Séquard. . . 70 Anévrisnae. — Anévrisme de l'aorte abdominale prés de sa terminaison; par M. Boullay 31 Anomalies. — Voyez Tératologie. Aorte. — Anomalies de dimensions de l'aorte; par M. Verneuil 1X6 Observations sur le développement du cwur et de l'aorte pendant les centqua* rante-quatre premières heures de l'incubation; par MM. Prévost (de Genévej et Lebert. (Mémoires, p. 89.) Voyez Anévrisme. Artères. — Hémorrhagio cérébrale par suite de la rupture d'une branche de l'artère méningée moyenne; par M. Duplay . . . i46 Anastomose de l'artère vertébrale avec la cervicale profonde; par M. A. Leroux '96 Asphyxie. — Voyez Mort. B Bassin. — Voyez Osléosarcomc. Bile. — Oblitération de la vésicule biliaire par un calcul ; analyse du liquide mu- queux dont elle était remplie; par M. Gubler (analyse faite par M. Qué- venne) '** Botanique. — Sur les fumagines de Persoun; par M. C. Montagne ai Sur une maladie de la vi^ne causée par le parasitisme d'une mucédinée du genre oidîM »i; par M. C. Montagne 95 De la nature des coléorhizcs et du mode d'accroissement de l'écorce chei les racines et les tiges ; par M. E. Germain (de Saint-Pierre ) m Sur un parasite nouveau; par M. U. Germain (de Saint-Pierre) 156 Sur les conferves qui croissent dans les bassins de l'établissement thermal de Néris; par M. Lebret i90 Bromure de potassium. — Recherches su' !cs propriétés physiologiques et thérapeutiques du bromure «ic potassium; par M. Ch. Huelte. ^Mémoires, p. 19.) Bronches. — Helminthes de l'ordre des nématoïdes de Rudolphi ou cavitaires do Cuvier, trouvés dans les moyennes et les petites bronches des deux pou mon« d'un porc âgé d'un an ; par M. Perrin i58 230 Caduque (membrane). -- Voyez Utérus. Calculs.— Sur un calcul salivaire obstruant le conduit de Warthon; par M. Jobert (de Lamballe) 35 Cervelet. — Tumeur du cervelet produisant des mouvements convulsifs et la paralysie du même côté où elle siégeait; par M. Mazier iG2 Remarques à propos de l'observation précédente; par M. Browii-Séquard. . io4 Chimie. — Examen microscopique de l'urine de l'homme; par MM. Charles Robin et F. Verdeil 25 Analyse anatomique et chimi(]ue du sang ; par MM. F. Verdeil et Cb. Dollfus. 79 Sur un procédé d'analyse des urines diabétiques; par M. Uifi'elsbelm. ... è'i Concrétions topbacées; par M. Lecoule 139 Oblitération de la vésicule biliaire par un calcul; analyse du liquide niuqueux dont elle était remplie; par M. Gubler. (Analyse faite par M. Quévenne.) . U4 Nouveau microscope destiné spécialetnenl aux recherches chiraico-microsco- piques;parM. Laurence Smith I55 Analyse de l'hydroferrocyanate Ac potasse et d'urée ; par M. Leconte. . . . 203 Circulation. - Rapport sur un mémoire de M. liilTeIsbeim , intitulé : Quelques observations relatives au phénomène de la circulatien ; par MM. Cl. Bernard, et Brown-Sequard , rapporteur 30 Sur les vaisseaux des épiploons lombaires de la marmoiie; par MM. Valen- ciennes et Cl. Bernard i6o Cœur. —. De l'arrêt passif des battements du cœur par l'excitation galvanique de la moelle allongée et par la destruction subite du centre ccrcbro-racbi- dien ; par M. Brown-Séquard. -jû De l'influence des nerfs vagues sur les battements du cœur; par M. Brown- Sequard 45 Apparition de la rigidité cadavérique avant la cessation des battements du CiKur; par M. Brown-Séquard 191 Observaiioiis sur le uéveloi)pement du cœur et de l'aorte pendant les cent quarante-(|nalre premières heures de l'incubation; par MM. Prévost (de Genève) et Leberl. (Mémoires, p. 89.) Concrétions topbacées. — Examen microscopique d'un dépôt d'urale alcalin (lophus) dans les articulations du tarse ; par M. Rouget I36 Concrétions tophacées; par M. Leconte 139 Conferves. — Voyez Botanique. Contraction musculaire. — D'une action spéciale qui accompagne la contrac- tion musculaire; par M. Brown-Séquard iTi — Voyez Jabot et Peau. Convulsions. — Tournoiement chex un enfant ; par M. Lebret 7 Tumeur du cervelet produisant des mouvements convulsifa et la paralysie du même côté où elle sie^^ealt; par M. Mazier 102 Remarque à propos de l'observation précédente; par M. Brown-Séqtiard. . . io4 D'une affection convulsive qui survient chez les animaux ayant eu une moitié latérale de la moelle épiniére coupée; par M. Brown-Séquard J05 D'une affection convulsive consécutive à la section transversale complète de la moelle épiniére; par M. Brown-Séquard tes 231 Corne. — Production cornée au front': examen microscopique; par M. Lebert. va Corps étrangers. — Corps étrangers dans les canaux excréteurs des glandes ; par M. Goubaux •*>* Couleuvres. — Glande caudale des couleuvres; par M. Dugés I3l Viviparité des couleuvres; par M. Dugés. i35 Crachats. — Voyez Sucre. Curare. — Voyez Poisons. CyoIop:e. — Quelques remarques sur la cyclopie; par M. Davaine S7 Cjrsticerques. — De l'existence conslanle des rysiicerques chez les lapins, et de l'accroissement simultané de ces parasites et des animaux qui les portent; par M. Krown-Séquard '9 D Déférents (canaux). — Remarques sur un cas d'obstruction des canaux défé- rents, accompagnée de douleurs testiculaires; par M. Duplay ii Voyez : Spermatiques (voies). Dents. — Deux cas de fusion des dents, l'un d'une incisive surnuméraire avec une incisive normale, chez un enfant, l'autre de deux molaires chez un adulte ; avec des remarques sur ce vice de conformation ; par M. Davaine. . i$ Développement. — Voyez Incubation. Diabètes. — Voyez Sucre et Urine. DifiFomaités. — Voyez Tératologie. £ Ëcorce. — Voyez Botanique. Elépbantiasis des Arabes. — Examen d'une main et de la moitié inférieure de l'avant-bras affectés d'élephantiasis des Arabes ; par MM. Rayer et Davaine. (Pièce adressée à la Société par M. L'Berminier. (Mémoires, p. 67.) Eléphantiasis des Grreos. — Voyez Lèpre. Empoisonnement. — Voyez Poisons. Enfant. — Voyez Nouveau-nés. Epulis.— Sur la structure d'un épulis du maxillaire inférieur ; par M. Ch. Robin. » Ether iodhydrique. — Recherches sur les propriétés physiologiques de l'élher iodbydrique; par M. Ch. Huette. (Mémoires, p. 47.) F Facial (nerf). — Origine du nerf facial au-dessous de l'enire-croisemenl des py- ramides; explication analomique de la paralysie croisée de ce nerf; par M. Jobei-t(de Lamballe ) 5 Faroin. — Sur un cas douteux de farcin chronique (observation recueillie dans le service de M. Michel Lévy, au Val-de-Grâce); par M. Tholozan. ( Mémoires, p. l.'iS.) Fièvre. — Voyez Intermittente (Fièvre). Fœtus. — Présence du sucre dans l'urine du fœtus et dan*; les liquides am- miotique et allantoïdien ; par M. Cl. Bernard 17* Voyez Tératologie. 232 Foie. — Rupture de la raie et (lu foie; pat M. Uuubaux 199 Kystes hydaliques du foie; par M. Lebret , 199 Fumaglnes. — Sur les fumagines d Persouii ; par M. C. Montagne 21 G Cale.— Du sillon dans la gale; par M. Piogey 175 Génitaux (organes). — Vice de conforiBation des org«nes génitaux; absence probable de la partie supérieure du vagin ei de l'utérus ; hernie des deux ovaires; par M. Cazeaux 12 Voyes Glandes de Méry, Déférents (canaux). Hermaphrodisme, Ovaires, Sper- nialiques (voies), Utérus et Testicule. Glandes. — Glande caudale des vipères ; par M. Dugés. . . . , 131 Gl ndes de Bléry. — Analotnie el pathologie des glandes de Méry, connues sous le nont de glandes de Cooper; par M. Gubler îî Cas d'hypertrophie libroso-glandulaire des glandes de Méry ; par M. Gubler. . 50 Glucose. — Voyez Sucre. Grossesse extra-utérine. — Sur les débris d'une grossesse extr*-ulérine ; par M. Jobert (de Lainballe) 51 H Beliuintbologie. — Exposé des principales observations sur les anomalies des helminthes; par M. J-B. Chaussât 18 Do l'existence constante de cysticerques chez les lapins , el de l'accroissement simultané de ces parasites et des animaux qui les portent; par M. Brown- Séquard 79 Note pour servir à l'histoire des hématozoaires; par M. Follin 9i Sur un ver vesiculaire trouvé dans du petits kystes à la surface du poumon du lymax rufus; par M. Chaussai. 1S3 Helminthes de l'ordre des hématoïdes de Kudolphi , ou cavilaires de Cuvier, trouvés dans les moyennes el les petites bronches des deux poumons d'un porc âgé d'un an ; par M. Perrin tSS Hématémèse. — Hématémése mortelle symptomatique d'ouvertures artérielles dans l'estomac; par M. Boullay 34 Hématozoaires.— Note pour servir à l'histoire des hématozoaires; par M. Follii!. 93 Hématurie. — Hématurie graisseuse (urine laiteuse); par M. Rayer 55 Hémiplégie. — Voyez Anesthésie. Hémorrhagie. — Cas d'hémorrhagie utéro-placenlaire ; par M. BIol 76 Hémorrhagie dans l'amnios de plusieurs embryons chez une lapine morte de pleurésie; par M. Brown-Séquard. . , 77 Voyes Artères, Hématémèse, Hématurie. Hermaphrodisme. — Faux hermaphrodisme (androgync masculin, Gurlt), observé sur un chevreau ; par MM. Rayer el Cl. Bernard 128 Histolog^ie. — Voyez Anatomie normale. Hydrocéphale. — Note sur un cas d'hydrocéphale aigu ; par M. Gubler. . . us Humérus. — Voyes Os (maladies des). 23a Idiotie. — Idiotie, alléralioii de la glande piiiuale; par M. Sclmepf m' Intermittente (fièvre).— Réflexions sur la fièvre inlerniiiienlo simple cbez les enfants nouveau-nés et à la niamelle; par M. Guiet (Mémoires, p. 55.) Intestin. — Sur les dénominations des diverses parties de l'intestin par les au- teurs grecs et latins ; par M. Segond 67 Sur deux cas où l'intestin otrrail un diverticulum; par M. Verneuil lot Incubation. — Observations sur le développement du cœur et de l'aorte pen- dant les cent quarante-quatre premières heures de l'incubation ; par MM. Prévost (de Genève] et Lebert. (Mémoires, p. 89.) lodbydrique (étber). — Voyez Elher. Jabot. Existence d'un mouvement rhjlbmique dans le jabot des oiseaux ; par M. Brown-Séquard 83 Kystes. — Kyste osseux ou dentaire trouvé dans la mâchoire inférieure d'un cheval; par M. Leblanc 3i Kystes epitbêliaux chez le bœuf; par M. Follin 114 Tumeur enkystée d'une glande sébacée montrant le conduit excréteur obli- téré; par M. Lebert .126 Kyste pileux de l'ovaire; par M. Follin 139 Kystes hydatiques du foie; par M. Lebret 199 L Iiapins. — Voyez Cysticerques. Iiarynx. — Note sur les fonctions du larynx supérieur cbez les oiseaux ; par M. Segond 184 Iiépre. — Sur un cas de lèpre «t sur les maladies des vers à soie en Syrie ; par M. Suquet 97 Iiipome. — Lipome de la cavité abdominale ; par M. Moynier 139 Luxation. — Observation de luxation spontanée incomplète de la rotule en dehors; par M. Verneuil 199 M Ittatns. — Vice de conformation des mains ; par H. Gubler 92 Mamelle. — De la corrélation existant entre le développement de l'utérus et ce- lui de la mamelle; par M. Ch. Robin t Sur deux cas de coïncidence du développement anormal de la mamelle chez l'homme, avec une tumeur cancéreuse de Tépididyme; par M. Galliet. . . . 38 Marmotte. — Voyez Circulation. 234 Menstruation. — Voyez Utérus. Microscope. — Nouveau inicrnscope «lestiné spécialement aux recherches cbi- mico -microscopiques; par M. Laurence Smith 155 Moelle allongpée. — De l'arrêt passif des battements du cœur par l'excitation galvanique de la moelle allongée et par la destruction subite du centre céré- bro-rachidien i par M. Brown-Séquard 28 Moelle épinière. — Régénération des tissus de la moelle épiniére -, par M. Brown-Séquard. . 3 De la conservation de la vie sans trouble apparent des fonctions organiques , malgré la destruction d'une portion considérable de la moelle épiniére chez des animaux à sang chaud; par M. Brown-Séquard 28 et 49 De la transmission croisée des impressions sensitives par la moelle épinière; par M. Brown-Séquard 33 De la persistance de la faculté réflexe, malgré des altérations considérables de la moelle épiniére; par M. Brown-Séquard 46 D'une affection convulsive qui survient chez les animaux ayant une moitié la- térale de la moelle épiniére coupée; par U. Brown-Séquard .103 Troubles survenant dans la nutrition de l'œil, par suite de la section d'une moitié latérale de la moelle épiniére, au dos; par M. Brown-Séquard. . i34 D'une afl'eclion convulsive consécutive à la section transversale complète de la moelle épinière ; par M. Brown-Séquard 169 De la conservation partielle des mouvements volontaires, après la section transversale d'une moitié latérale de la moelle épinière; par M. Brown- Séquard .195 De l'innocuité de la mise à nu de la moelle épiniére ; par M. Brown-Séquard. . 202 Môle. — Sur un cas de môle vésiculaire ; par M. Depaul 88 Monstruosités — Foyiz Tératologie. Mort. — Mémoire sur la mort apparente des nouveau-nés; par M. Cadeaux- (Mémoires, p. 3.) Morve. — Voyez Farcin. Musculaire (système). Action de la nicotine et du curare sur le système ner- veux et le système musculaire; par 11. Cl. Bernard 195 N lffécrolo§:ie. — Éloge du docteur Prévost (de Genève) ; par M. Lebert. ... 60 Herveux (système). — Voyez Anencéphalie, Anesthésie, Cervelet, Facial (nerf). Moelle allongée, Moelle épiniére, Pinéale (glande), Vague (nerf). Micotine. — Voyez Poisons. Noix vomiW Observation de pleurésie; par M. Gubler 201 De l'innocuité de la mise à nu de la moelle épinière ; par M. Brown-Séquard. . 202 Mémoire sur la mort apparente des nouveau-nés; par M. Cazeaux. (Mé- moires, p. 3.) Réflexions sur la fièvre intermilenle simple chez les enfants nouveau-nés et à la mamelle ; par M. Guiet. (Mémoires , p. 55.^ Sur la nature et les causes des suppurations bleues ; par M. le professeur Sédillot. (Mémoires, p. 73.) Note sur une nouvelle variété d'oblitération des voies spermatiques ; par M. L. Gosselin. (Mémoires, p. 83.) Sur un cas douteux de farcin chronique (observation recueillie dans le service de M. Michel Lévy.au Val-de-GrAce^; par M. Tliolozan. (Mémoires, p. 159.) Recherciies sur les irichiasis des voies urinaires et sur lu pih-miction ; par M. Rayer. (Mémoires, p. 167.) Peau. — Nouvelles recherches sur les contractions de la peau produites par le galvanisme; par M. Brown-Séquard 132 Voyez Elépliantiasis des Arabes, Gale, Lèpre et Porrigo. Péricarde.— Ossification très-étendue du péricarde viscéral au niveau de l'oreil- lette droite; rupture de cette même oreillette; par M. Yerneuil 75 Phosphorescence. — Recherches sur la phosphorescence du port de Boulogne (résumé); par M. A. de Quatrefages 160 Physiolog^ie animale. — De la corrélation existant entre le développement de l'utérus et celui de la mamelle ; par M. Ch. Robin . i Régénération des tissus de la moelle épinière; par M. Brown-Séquard. . . 3 De l'arrêt passif des battements du coeur par l'excitation galvanique de la moelle allongée et par la destruction subite du centre cérébro-rachidien ; par M. Brown-Séquard 26 De ia conservation de la vie, sans trouble apparent des fonctions organiques, malgré la destruction d'une portion considérable de la moelle épinière chez des animaux à sang chaud ; par M. Brown-Séquard 28 et 49 Rapport sur un mémoire de M. HifTelsheim, intitulé : Quelques observations relatives au phénomène de la circulation; par MM. Cl. Bernard, et Brown- Séquard, rapporteur 30 De la transmission croisée des impressions sensitives par la. moelle épinière ; par M. Brcwn-Séquard 33 De l'influence des nerfs vagues sur les battements du cœur ; par M. Brown-Sé- quard 45 De la persistance de la faculté réflexe, malgré des altérations considérables de la moelle épinière ; par M. Brown-Séquard 46 Preuve à l'appui de la nouvelle doctrine sur Ja formation de la membrane ca- duque; par M. Cazeaux 48 Explication de l'hémiplégie croisée du sentiment; par M. Brown-Séquard. . 70 238 Membranes muqueuses utérines expulsées pendant la menstruation ; par M. Lebert 73 Analyse analomique et chimique du sang; par MM. P. Verdeil etCh. Dollfus. 79 Existence d'un mouvement rbythniique dans le jabot des oiseaux; par M. Brown-Séquard 83 Quelques expériences sur l'eunice sanguine ; par M A. de Quatrefages. . . . 99 Note sur le volvox globalor; par M. Laurent 114 Nouvelles recherches sur les conlraciions de la peau produites par le galva- nisme; par M. Brown-Séquard 132 Troubles survenant dans la nutrition do l'œil, par suite do la section d'une moitié latérale delà moelle épiniére, au dos; par M. Brown-Séquard. . . 134 Viviparité des couleuvres; par M. Dugés • .... 135 De l'absorption élective de la veine porte et des vaisseaux chylifères ; par M. CI. Bernard. t60 Recherches sur la phosphorescence du port de Boulogne i résumé); par M. A. de Quatrefages -.160 Observation d'uno muqueuse utérine rendue après un mois et demi de réten- tion des régies ; par MM. Dutard et Laboulbéne I6i D'une action spéciale qui accompagne la contraction musculaire, et de l'exis- tence de celle action dans certains cas pathologiques et dans ce que M. Ma- gendie a appelé sensibilité récurrente ; par M. Brown-Séquard i7» Note sur la présence du sucre dans l'urine du [ctlus et dans les liquides am- niotique et allantoidien; par M. Cl. Bernard i74 Sur la nature et les fonctions de l'organe palatin des cyprins ; par M. Davaine. I8i Note sur les fonctions du larynx supérieur chei les oiseaux ; par M. Segond. . i84 Apparition de la rigidité cadavérique avant la cessation des battements du cœur; par M. Brown-Séquard 194 Influence de la section des pneumo-gastriques sur l'empoisonnement par la noix vomique; parM. Bouley 195 Action du curare et de la nicotine sur le système nerveux et le système mus- culaire; par M. Cl. Bernard 195 De la coaservalion partielle des mouvements volontaires après la section transversale d'une moitié latérale de la moelle épiniére; par M. Brown- Séquard 195 Recherches sur les propriétés physiologiques et thérapeutiques du bromure de potassium; par M. Ch. Huelte. (Mémoires, p. 19.) Histoire el systématisation générale de la physiologie; par M. L.-A. Segond. Mémoires, p. 51.) Recherches sur les propriétés physiologiques de l'èlber lodhydrique; par M. Ch. Uuette. (I^oj/es les Mémoires, p. 47.) Observations sur le développement du cœur el de l'aorte pendant les cenl qua- rante-quatre premières heures de l'incubation; par IW.M. Prévost (de Genève) et Lebert. (Mémoires, p. 89.) Recherches sur les globules blancs du sang ; par M. Davaine. (Mémoires, p. 103.) Physioloi;ie végétale. — Voyet Botanique. Physique. — Nouveau microscope destiné spéciaiemenl aux recherches chi- raico-microscopiques; par M. Laurence Smith 155 Pied. — Du pied plat; par M. J- Guérin 136 Pigment. - Coloration de ia muqueuse utérine par un pigment; par M. Gou- baux 193 Pili-mtoUon. — Foyes IJrinaires (voies). 239 Pinéale (glande) — Idiotie ; altération de la glutido pinéale; par M. Solinepf. 167 Placenta. — Cas d'hénionbagic uléro-placeiitaire; pai M. Blot 7& Placentas provenant de femmes syphiliqii<>s ; par M. Lebert i'27 Pleurésie. — Lapine morte de pleurésie ; par M. Brown Séquard 77 No:le sur un cas de pleurésie purulente; p«r M. Gubler 117 Observation de pleurésie; par M. Gubler 30i Pneiuno-gastrique fnerf). — Voyez Vague (nerf*. Poils. — Voyez Urinaires (voies). Poisons. — Inoculation du sanf; de raie ; par M. Rayer i4i Influence de la section des pneumo-gasiriques sur l'empoisonnement par la noix voiuique; par M. Bouley %9i Aciion du curare et de la nicotin« sur le système nerveux et le système muscu- laire; par M. Cl. Bernard • . . . m Polydaotylie. — Existence d'un doigt surnuméraire; par M. Gâteaux I5 Doigt surnuméraire chez une écrevisse ; par M. Rayer 56 Cas de polydactylie chez la poule; par M. E. Germain (de Saint-Pierre). . . 188 Porrîg:o. — Quelques observations sur le porrigo s&utulata; par M. Piogey. . I7i Potassium (bromure de ). — Voyez Bromure. Poumons. — Voyez Bronches. Pseudarthrose. — Sur un cas de Taussc nrticulstion, à la suite d'une Traclure de l'extrémité inférieure de l'humérus; par M, Désir I6a Pseudencéphalie. — Voyez Anencépbalie. Pus. — Foyez Suppuration. R Racine. — Voyez Botanique. Radius. — .4bsence congénitule du radius chez l'homme; par M Davaine. . . Su Rate. — Rupture de la rate et du foie; par M. Goubaux 109 Réflexe ( faculté ). — De la persistance de la faculté réflexe, malgré des altéra- lions considérables de la moelle épiniére; par M. Brown-Séquard 46 Régénération. — Régénération des tissus de la mo«Ue épiniére ; par M. Brown- Séquard 3 Rein. — Rein, uretère et vessie envahis par d«s tnèerruleschez un miiilaira mort dans ie service de M. Cazalis ; par M. HiO'elsh«im 6 Dilatation de l'uretère et du rein gauches; par M. Laboulbëne I66 Rif;idité cadavérique.— Apparition de la roideur cadavérique avant la cessa- tion des battements du cœur ; par M. Brown-Séquard 194 Rotule. — Voyez Luxation. S Sang. — Analyse anatomique et ciiimique du sang; par M. F. Verdeil et Ch. Dollfus 7» Inoculation du sang de rate ; par M. Rayer t4i Recherches sur les globules blancs du sang; par M. Davaine. (Toye:; les Mé- moires, p. it>3.) Scrotum. — Voyez Tumeurs. no Sensibilité. — D'une action spéciale qui accompagne la contraction musculaire et de l'existence de cette action dans certains cas pathologiques et dans ce que M. iiagendie a appelé tensibililé récurrente ; par M . Brown-Séquard. . ITI Voyez Anesthésie et Moelle épinière. Séquestres. — Sur l'époque à laquelle on doit extirper les séquestres ; par M. Mayor (de Genève) 8 Sérosité. — Voyez Sucre. Spermatiques (voies). — Note sur une nouvelle variété d'oblitération des voies spermaliques ; par M. L. Gosselin. (Mémoires, p. 83.) Voyez Déférents (canaux). Sucre. — Présence du glucose dans la sérosité d'un vésicatoire posé à un diabé- tique; par M. Wuriz 4 Recherche du sucre dans les crachats d'un diabétique; par M. ^A'urtz 8 Note sur la présence du sucre dans Turine du fœtus et dans les liquides am- niotique et allantoïdien; par M. Cl. Bernard 174 Suppuration. — Sur la nature et les causes des suppurations bleues; par M. le professeur Sédillot. (Mémoires, p. 73.) ^ Synohisis. — Du synchisis étincelant; par M. Lebert iSO < Syphilis. — Placentas provenant de femmes syphilitiques; par M. Lebert. . . 137 Tératologrie. — Vice de conformation des organes génitaux; absence probable de la partie supérieure du vagin et de l'utérus ; hernies des deux ovaires ; par M. Cazeaux 12 Description du squelette d'un poulet double raonocéphalien ; par M. Davaine. . i3 Existence d'un doigt surnuméraire ; par M. Cazeaux t.s Deux cas de fusion des dents, Tun d'une incisive surnuméraire avec une inci- sive norhiale, chez un enfant; l'autre de deux molaires, chez un adulte; avec des remarques sur ce vice de conformation; par M. Davaine 10 Exposé des principales observations sur les anomalies des helminthes; par M. J.-B. Chaussât 18 Existence d'un gubernaculum letiit musculaire chez un chien adulte; par M. Ch. Robin 38 De l'absence congénitale du radius chez l'homme ; par M. Davaine 39 Difformités multiples chez un poulet; par M. Racle 41 Doigt surnuméraire chez une écrevisse; par M. Rayer 58 Quelques remarques sur la cyclopie ; par M. Davaine. 57 Vice de conformation des mains ; par M. Gubler. 93 Observation d'un fœtus anencéphale ; par M. Ollier 1O6 Remarques sur l'observation précédente; par M. Davaine los Faux hermaphrodisme (androgyne masculin, Gurlt), observé sur un chevreau; par MM. Rayer et Cl. Bernard 138 Du pied plat; par M. J. Guérin 138 Monstruosités diverses chez un fœtus ; par M. Giraldés !Ï2 Examen d'un fœtus monstrueux anencéphale ( pseudencéphale), manquant de nez et d'yeux; par M. Gosselin 177 Description d'un chien monstrueux ; par M. Goubaux i85 Anomalies de dimensions de l'aorte; par M. Verncuil 186 Anastomose de l'artère vertébrale avec la cervicale profonde ; par M. A. Leroux. i96 2Ztl Casde polyt)«»:lylie chez 1.1 poule; par M. E. Gennath (de SaînUPierlfe). . . . i«8 Duplirhéde la face cliei les orseaut; par M. DavKiile. ( Mémoires , p. d7.) Monstre célosoinien du genre dgeiiosome iGeofrrdy-Sainl-flilaire) ; par M.HoTiel. (Mémoires, p. lOT.) Testioule*.— Sur deux cas de coïncidence du développement anomal de la ma- melle chez l'homme, avec une tumeur cancéreuse de l'épididyme; par M. Galliet 36 Existence d'un gubernaculum letli» musculaire chez un chien adulte ; par M. Ch. Robin 38 Tuberciilisation d'un des testicules chez un f^iisan doré; par M. Rayer. ... 77 Voyet Scrotum. lliérapeutique. — Recherches sur les propriétés physiologiques et thérapeu- tiques du bromure de potassium; par M. Cb. Iluelte. (Mémoires, p. 19.) Recherches siir les propnoliês physlologiijfues de l'élber rodhydriqué; îtjdwc- tiuns thérapeuliques^;'p«ir M. Ch. Iluelife. (M'èmoires, p. 47.) Tige. — Voyez Botanique. Toamoieir.enté— De l'action de la section des pneumo-gastriques sur l'empoisonnement par la noix vomique; par M. Bouley. . i95 Vers. — Voyez Helminthologie. Ver» à soîe. — Sur les maladies des vers à soie en Syrie; par M. Suquc(. - . 91 Du fluide nourricier des vers à soie; par M. Guérin-Méneville .138 Vessie. — Foyez Rein. Vie. — De la conservation de la vie sans trouble apparent des fonctions orga- niques, malgré la destruction d'une portion considérable de la moelle épi- niére chez des animaux à sang chaud; par M. Brown-Séquard. . . . 28 et 49 Vipères. — Résumé d'un mémoire zoologique sur les vipères de France ; par M. Dugés ^ 115 Viviparité. — Viviparité des couleuvres; par M. Dugés 135 Voies apermatiques. — Voyez Spermatiques (voies). Volvox. — Note sur le volvox globator ; par M. Laurent il4 Xoologie.— Voyez Vipères et Volvox. FI.M DE hK TABLE ANALTTIQCE. TABLE DES MATIÈRES PAR NOMS D'ATJTEUBS. (Abréviations : C. R., Comptes rendus; M., Mémoires.) B c. h. Bernard (Charles). Observation de pneumo-thorax i89 Bernard (Claude). De l'absorption élective de la veine porte et des vais- seaux cliyliféres i60 — Note sur la présence du sucre dans l'urine du fœtus et dans les liquides amniotique et allantoïdien. . . 174 — Action du curare et de la nicotine sur le système ner- veux et sur le système musculaire 195 Bernard (Cl.) Rapport sur un mémoire de M. Hiffelsheim, intitulé .- et Brown-Séqcard. Quelques observations relatives à la circulation du sang 30 Bernard (CI.) Faux hermaphrodisme (androgyne masculin, Gurll) et Rayer. observé sur un chevreau. ••....... 128 Bernard (Cl.) Sur les vaisseaux des épiploons lombaires de la mar- et Valenciennes. motte I60 Blot Cas d'hémorrhagie utéro-placentaire 76 BoucHUT. . . . Ostéosarcome du bassin 85 Boulet De l'action de la section des pneumo-gastriques sar l'empoisonnement par la noix vomique 195 BouLLAT. . . . Hémalémése mortelle symplomalique d'ouvertures ar- térielles dans l'estomac; anévrisme • — Viviparité des couleuvres «35 » DuPLAT. Remarques sur un cas d'obstruction des canaux dé- férents, accompagnée de douleurs testiculaires. . .S2 >. — Hémorrhagie céré!>r:ile par suite • — Vice de conformation des mains. ....... 91 ». — Note sur un cas de pleurésie purulente Iâ7 » , — Note sur un cas d^lyd^occphale'aigu. ..... lis » — Oblitération de la vésicule biliaire par un calcul; analyse du liquide muqueux dont elle était rem- plie 144 ,» — Observation de pleurésie .... 2O1 >> GiÉniN (Jules).. . . Du pied plat i36 >• Guérin-Ménevillb. Du lluide nourricier des vers à soie 138 » GtJiET Recherches sur la lièvre intermilienle sjmple chez les enfants nouveau-nés et à la raaoïelle.» ... >■ .'>& H UiKFEi.sHeiM. . . Rein, uretfre et vessie envahis par des tubercules chez un militaire mort dans le service de M. Ca- zalas 6 » — Rapport sur son Mémoire intitulé .- Quelques obser- vations relatives au phénomène de la circulation. 30 » — Sur un procédé d'analyses des urines diabétiques. 82 » HincBFEi.D (Ludovic). Tumeur observée dans la fosse sus-sphénoidale. . . 187 » HouEL Monstre célosomien du genre agénosome (Geoffroy- Saint-Hilaire) "107 Miette (Charles . . Recherches sur les propriétés physiologiques et thé- rapeutiques du bromure de potassium » 19 — Recherches sur les propriétés physiologiques de l'é- iher iodhjdrii|uc. Inductions thérapeutiques. . . >• 47 247 JoBBRT (de Lamballe). Origine du nerf facial au-dessous de l'entre-croise- nient det pyramides ; explication anatomique de la paralysie croisée de ce nerf i — Sur un calcul salivaire obstruant le conduit de Warlhon 35 — Sur les débris d'une grossesse extra-utérine. ... 5i — Sur une tumeur du scrotum 78 Laboulbème. . . . Dilatation de Turétére et du rein gauches i6ti » — et DuTARD . . . Observation d'une muqueuse utérine rendue après un mois et demi de rétention des régies. . . . 181 » —et RouzET. . . . Note sur l'hypertrophie de la membrane interne du gésier observée sur deux gallinacés. ..... 188 » Laurknt Note sur le volvox globator it4 » Lbbert Eloge du docteur Prévost (de Genève) 60 » — Membranes muqueuses utérines expulsées pendant la menstruation 73 » — Rapport sur une observation de tumeur épilhéliale du cuir chevelu <2i » — Tumeur enkystée d'une glande sébacée montrant le conduit excréteur oblitéré 126 >■ — Placentas provenant de Temmes syphilitiques . . . 127 » — Production cornée au front; examen microscopique. 128 » — Du synchisis élincelant i38 »• — De la nature locale ou générale des tumeurs. . . >■ Hî — el Pri^vost ( de Observations sur le développement du cœur et de Genève). l'aorte pendant les cent quarante - quatre pre- mières heures de l'incubation » 89 LsoLANC Kyste osseux ou dentaire trouvé dans la mâchoire inférieure d'un cheval 35 » Lkbrbt Cas d'aneslbésie sans paralysie du mouvement. . . 3 » — Tournoiement chez un enfant 7 » — Note sur les eonferves qui croissent dans les bassins de l'établissement thermal de Néris 490 » — Kystes hydatiques du foie 489 » Leconte Concrétions tophacees i39 >• Analyse de l'hydroferrocyanate de potasse et d'urée. 203 » Leroux (A). . . . Anastomose de l'artère vertébrale avec la cervicale profonde '96 » L'HEHMiniEa. . . . (Foyei Rayer et Davaine.) M Mattor (de Genève). Sur l'époque è laquelle on doit extirper les séques- tres 8 " MàziBR lumeurducerveletproduisant desmouvements con- vulsifsetla paralysie du même côléoùellesiégeait. 102 >• MoMj AGNK (C). . Sur les fumagines de Persoon 21 » — Surunemaladiede la vit;i)L'caii».'e parle parasitisme d'une mucédfnée du genre vidium Sh » 248 c. b. a. Morel-La VALLÉE. Cas de dél'orneation de la (été de l'kumérus par com- pression 36 » MoYKiCF. Lipome de |a cavité «h^oininale . i3S) >- Q Olier Observation d'un fœtus anencéphaie io(> » P Perhim Helminthes de Tordra des nématoYdes de Rudolphi , ou caviiaires do Cuvier, trouv^^s dans lea moyennes et les petites bronches des deux poumons d'un porc âçé d'un an 158 » PiocEY Du sillon de la gale et (quelques observations sur le porrigo scutulata 17S » Prévost (de Genève). Sa nécrologie , par M- Leberl. ,.,..... ftp, » Prévost elLEBERT. Observations sur le développement du cœur et de l'aorte pendant les cent quaraiile-ijualre premières heuren de l'incubation » 8» 0 QuATRKFACiis (A. de). Quelques eipériences sur l'ounicc sanguine le. tanguinia ) 99 " — Recherches sur la pho&pboreseerice du pori de Bou- logne (réwjmé) »60 « R Racls pifTormités. mMUipIei) chez un poulet U » Raiek Ganglions bronchiques tuberculeux ct^ex un veau, sans tubercules dans les pouiyons - 8 " — Hématurie graiïtseuse (urine iaileus^) ii » — Doigt surnuméraire chei une écrevisse 56 » — Tubereulisalion d'uQ des testicules cb«z un faisan doré 77 » — Éruption bulleuse sur une epinoche i36 » — Inoculation du sang de rate H» » — Recherches sur le trichiasis de^ voies t)rin^ites et sur la pili-miction » l67 — et RER.tAiiD (CI). Faux hermaphrodisme (androgyne inasculiD, Gurlt.)^ observé sur un chevreau 128 <• — etDAVAirtE. Examen d'une mam et de la moitié inférieure de l'avant-hras afléctés de d'élcphanliasis des Arabes. (Pièce adressée à la Société par M. L'Herminier.) >■ 6T Robin (Charles} De la corrélation existant entre le développement de l'utérus et celui de la mamelle i " — Sur !a siruclure d'un cpulis du maxillaire inférieur. 8 » — Existence d'un guhernaçujum lestis qmsçulaire chez un chien adulte 38 » — Observations sur le développement de la substance cl du tissu de» o.s . » «19 •'^#. «Ai '^é * • ■ - 'f ■ -.«■ V 'x ^ï* ■*■ •^:-.- '•'■■-\:"' ■ ■. x' 4 o 3- 2A9 c. R. m. Robin et Veroeil (F.). Examen microicopique de l'urine de l'homme. . . 35 » RoccCT Observation sur une tumeur épilhéliale du cuir che- velu , ayant détruit en partie les os de la voûte crâ- nienne, et présentant une structure toute spéciale. i2i » ^ Examen microscopique d'un dépôt d'urate alcalin (tophus) dans les articulations du tarse 136 » RouzsT Note sur l'hypertrophie de la membrane interne da et Laboulbênk. gésier, observée sur deux gallinacés I8S » S ScHNEPF Idiotie, altération de la glande pinéale 167 » Sédillot. . . . Sur la nature et les causes des suppurations bleues. •> 13 Second (L.-A.). . Histoire et systcmalisation générale de la physiologie. » 32 — Sur les dénominations des diverses parties de l'in- testin par les auteurs grecs et latins 67 » — Note sur les fonctions du larynx supérieur chei les oiseaux 184 » Smith (Laurence). Nouveau microscope destiné spécialement aiu re- cherches chimico- microscopiques 15S • SuQUST Sur un cas de lèpre et sur les maladies des vers k soie en Syrie 91 » T Tholozan. . . . Sur un cas douteux de farcin chronique. (Observation recueillie dans le service de M. Michel Lévy, au Val-de-Gràce. ) » I5» V Valerciemnes Sur les vaisseaux des épiploons lombaires de U mar- et Bernard (Cl. V motte. . .- 160 » Verdeil et DoLLFL's (Cb.). Analyse anatomique et chimique du sang. . . 79 > Verdeil et Robin (Cb). Examen microscopique de l'urine de l'homme. . 35 » Verheoil. . . . Ossification très-étendue du péricarde viscéral au niveau de roreilletle droite ; rupture de cette même oreillette 75 » — Anomalies de dimensions de l'aorte 186 » — Sur deux cas où l'intestin offrait un diverticulum. . lOi » W Vr'vRTz Présence du glucose dans la sérosité d'un vésicaloire posé à un diabétique 4 » ~ Recherche du sucre dans les crachats d-'un diabétique. s » FIN DE LA TABLE DES ACTEURS. LISTE DES OUVRAGES OFFERTS A liA SOCIETE DE BIOliOCîIE. A AcKERMAN (M. -P.). . . ConnidératioDs anatomico-physiologiques et historiques sur le coipo du Chili. Paris, f8U. In-4°. Annales de la Société entomologiqoe de France, année 1844, premier Iri- meslre. 1849. In-S». — Résumé des travaux delà Société entomologique pendant l'nnnée 1844. In-8». — Discours d'installation; par M. le marquis de Brème. 1844. ln-8% Dadin d'Hurtebise . . Bally (Victor) Barbier (J.-B.-G.). . Barral (J.-A.). . . . Bernard (Claude). . . Bezançon (Alphonse). Blot (HipjKdylc) . . . B Delà paralysie du nerf moteur oculaire externe (sixième paire). Paris, 1849. Thèse in-4». Recherches sur les maladies épidécniques et endémiques des bords de la Méditerranée, et notamment sur la choladrée lymphatique. Paris, $849. ln-4o. Voyage d'Horace à travers les marais Pontins. In-8*. (Extrait du Bulletin de l'Académie de médecine.) Quelques réflexions sur la psychologie. Amiens et Paris, 1849. In-18. Statique chimique des animaux, appliquée spécialement à la question de l'emploi agricole du sel. Paris, 1850. In-18. Recherches expérimentales sur les fonctions du nerf spi- nal. Paris, l851.In-4'>. Considérations sur l'hystérie, et en particulier sur son diagnostic. Paris, 1849. Thèse in-4o. De l'albuminurie chez les femmes enceintes; ses rap- ports avecl'éclampsie ; son influence sur l'hémorrhagic utérine après raccouchement. Paris, l869.Thè!-e in-4\ 252 BuuenoT (E.) Des maladies virulentes. Paris, 1847. In-4<>. — Mémoire sur la coagulation du sang veineux dans les cachexies et dans les maladies chrouiques. (Extrait de laCiAZEiTË Médicale. Paris, 1846.) BoULEY (M.-H.) .... Notice historique mr M. AtexiS-Casimir Dupuy, ancien professeur de l'École nationale vétérinaire d'Alforl et directeur de l'École nationale vétérinaire de Toulouse, jparjs, 1860. Id-8o. — Traité de l'organisation da pied de chevaT, comprenant l'étude de la structure, des fonctions et des maladies de cet organe, avec an atlas de 34 planches lithogra- phiées, dessinées d'après nature par MM. Edm. Pochet, Première partie. Anatomie et physiologie. Paris, 1851. Grand in-8' avec atlas. BouLLAND (l.ouis-Ch.). Recherches microscopiques sur la circulation du sang et le système vasculaire sanguin, dans le canal digestif, le foie et les reins. Paris, 1849. (Thèse in-4».) Brown-Séqcahd (C.-É.) . Ptecherches et expériences sur la physiologie de la moelle épinière. Paris, 1846. Thèse )n-4». — Résumé de plusieurs mémoires de physiologie expéri- mentale, lus ou présentés à l'Académie des 2. — Recherches anatomiques sur la larve à branchies exté- rieures du sialis lutarius. Grand in-S". — Recherches sur l'anaîornie et l'histoire naturclie de l'os- mylua maculatus. (Extrait des Ankale3 des sciences NATORELLES, juin 1348.) Grand in-S". Dci»lat(M.-S.-J.-M.) . Des ramollissements de l'utérus, et principalement de son ramollissement gangreneux. Paris, i333. Thtee in-4». Ddplay (a.) Des maladies dissimulées. (Concours public pour l'agré- gation.) Paris, J838. Thèse in-4. Durand-Fardel. . . . Des eaux de Vichy, considérées sous les rapports clini- que et thérapeutique. Paris, !85!. In-8°. — Mémoire sur les réactions acides ou alcalines. Paris, 1849. ln-8». FoLLiN (E.) Études sur les végétations des cicatrices et des ulcères. In-8o. — Recherches sur les corps de Wolff. Parie , 1850. Thèse in-4». — etLABODLBÈNE (A.). Sur la matière pulvérulente qui recouvre la surface du corps des lixus et de quelques autres insectes. (Société entomologique, séance du 23 août 1848.) Gouroan-Fromentel (Louis-Edouard.) GoBLER (Adolphe). . Gdérin-Méneville (M.*F.~E.) Essai sur le suc nourricier et ses modifications patholo- giques, Paris, 1849. Thèse in-ù». Des glandes de Méry (vulgairement glandes de Cowper ) et de leurs maladies chez l'homme. Paris, 1849. Thèse in-4o. Études sur les maladies des vers à soie. ( Extrait de la Revl'e et Magasin pe zoologie, novembre 1849, no il.) In-8«. H Hébert (C.-C.). ... De l'inflammation du iipôme. Paris, 1849. Thèse in-4''. HervédeLavacr(G.). De la cautérisation delà vessie dans les hématuries vé- sicales. Paris, 1849. Thèse in-4«. HiFFELSHEiM Quciques observations relatives au phénomène de la cir cuiation. Paris, 1850. In-S» 255 HoMOLLE et Qdeve!4mc. Mémoire sur la digitaline; rapport fait à l'Académie na< tionale de médecine par M. BouiUaud. Paris, 1851. In-S". LabouI'Bj^n'e (Alex.)' • Description d'une nouvelle espèce française de laemo- phlaeus. (Société cntoinologique, séance du 12 juillet 1848.) Lacaze-Dutuiep.s ... De la paracentèse de la poitrine et des cpanchements pleuréliques qui nécessitent son emploi. Patis, 1851. Thèse in-4o. IjACh (F.-J ) .De l'éther suifuriquc, de son action physiologique et de son application à la chirurgie, aux accouchements, à la médecine, avec un aperçu historique sur la découverte de Jackson. Paris, 1847. Grand in-S". Lasègue (Gh.) De quelques établissements d'aliénés dans la Russie oc- ci den taie. (Extrai t des Anna les hédico-psychologiques.) Paris. In-S». Laurent Essai sur les tissus élastiques et contractiles. (Extrait des ANNALES DE LA MÉDECINE PHYSIOLOGIQUE, ln-8». — Appendice aux recherches sur la signification d'un or- gane nouvellement découvert dans les mollusques. (Extrait des Annales d'anatomie et de physiologie.) Grand in-S». — Essai sur les monstruosités doubles; observations anato- noiques sur le squelette d'un monstre double de chat domestique. — et ËTooux Recherches anatomiqucs et zoologiques sur les mammi- fères marsupiaux. (Extraits de plusieurs mémoires in- sérés dans la Zoologie du voyage de la Favorite AUTOUR se MONDE PENDANT LES ANNÉES 1830, 1831 et 1832.) Leroy-d'Étiolles. . . De la paraplégie produite par les désordres des organes (Raoul-Henri,). génito-urinaires. Paris, 1850. Thèse 10-4». Lebret(L-E.) Étude clinique de traitement thermal. Paris, 1851. Thèse in-4«. Li vois (Eugène). . . . Recherches sur les échinocoques chez l'homme et chez les animaux. Paris, 1843. Thèse in-4^ Lord (Joseph L.et Henri G.). Défense des droits du docteur Charles T. Jackson à la découverte de l'éthérisation, suivie de pièces justi- ficatives. Paris, 1848. In-S». M Macquet (Louis-Jules). Recherches cliniques sur l'inflammation des membranes séreuses pt synoviales. Paris, 1850. Thèse de méde- cine in-4o. 3Ô6 Martin» (Gh.) Liste de ses travaux. Grand in-go. — D« la tératologie v^étate, de ses rapports avoc la téra- tologie animale. Thèse in-4'', présentée à la Faculté de médecine de Montpellier. (Concours pour la chaire de botanique et histoire naturelle médicale.) Montpellier, 1851. MoNSïRET (K.) Thèse in-S" sur la question suivante : La goutte et le rhumatisme; présentée et soutenue en juin 1851. (Con- cours pour une thaire de pathologie médicale.) Paris, 1851. Montagne (C.) .... A micrographie study of the dlsease of saffroa known . uoder the name of tacon, read before the Socif'y of biology at Paris, dec. 2, 1848. Grand in-8«. — Sixième centurie de plant«6 cellulaires nouvelles, tant iadigènes qu'exotiques. Décades A^lll à X. (Extrait des Annales des sciences naturelles, t, XII, septembre 1849.) In-8o. — Observations et expériences sur un champignon ento- moetone, ou histoire botanique de la muscardin^i (Ex- trait des Annales de la Société séricicole, 1847, on- zième volume.) Ib-8'. MoHEC^iAVAtLÉE (V.). Dcs luxalious de îa clavicule. Paris, 1842. Thèse in-4». — Des rétractions accidentelles des membres. (Concours pour l'agrégation, section de chirurgie.) Paris, 1844. Thèse in-4». — De l'ostéite et de ses suites» (Concours pour l'agrégation en chirurgie.) Paris, 1847 . Thèse in-i». -" Sur les luxations compliquées. (Concours pour une chaire de clinique chirurgicale.) Paria, 1851. Thèse in-4«. N Mélaton (A.) ..... De l'influence de la position dans les niafcidics chirurgi- cales. (Thèse m^A" présetttée au eow4lifsi piour une chaire de clinique chipurgitale vacante à ki> Faculté de médecine de Paris, et soutenue le 2i avril 1851.) Paris, 1851. PoecHET ftticherches sur les organes de la circulation, de la diges- tion et de la respiration des animaux infusoires. (In- sérées dans les Comptes rendus de l'Académie des SCIENCES, 13 novembre 184S et 1 5 janvier 1849.) Rouen. Petit in-folio. Prbvost (J.-Iii.)- • . • Observations microsropi^iîes sur la Obre musculaire. In-4». 257 QUATiurATïEs (A. »£.)• R^sumc des observations f;iilPs «n 1844 tai les gastéio- poJrs phlébentérés. Grand in-8*. — Études sur lea types ioféneurs.de i'embranchemenl d«a annelés. (Annales des sciences natcmelles, partie zoo- logique, troisième série.) Paris, 1848. Grand iu-8'. — Mémoire sur l'embryogénie des annélides. (Elirait des Annales des sciences naturelles.) R IVacuc (Victor.) .... Mémoire sur le choléra sporadiqoe symploniiitique. (Et > trait delà Revue médico chibcrgicale de pARis.)Graitd in-8». — Mémoire sur de nouveaux caractères de la gangcène et sur l'existence de cette lésion dans des maladies où elle n'a pas encore été décrite. (Extrait de ta GAZEnx Médicale de Paris, année 1849.) In-S». — Recherches sur les alTections du cerveau dans les mata- dies générales. Paris, 1848. Thèse in-i". Rater (P.) Observations sur les maladies des poissons (Archives de MÉDECiHE COMPARÉE.) Pari?, ln-4'. Planches. Redfern (P.). .... On abnormal nutrition in articulât cartilages. Ëdiobur^hj 1849. In-8». Requin (A. -P.). ... De la spécialité dans les maladies. (Concours pour une chaire de pathologie médicale, ouvert le l" mai 1851. à la Faculté de médecine de Paris.) Paris, 1861. Thèse in-40. Robert (Alph.). . . . Des vices congénitaux de conformation des articulations. Paris, 1851. Thèse in-4». Robin (Ch.) NiOtice sur ses travaux scleotiflques. Paris. 4 décembre 1848. In-8». — Mémoire pourservir à l'histoire anatomique et pathologique de la memhrane muqueuse utérine, de son mucus, de la caduque et des œufs, ou mieux glandes de Nnboth. (Extrait des Archives générales de kédecink.) Paris, 1848. In-8». ~- Anatomie chirurgicale de la région de l'aine. Paris, 1846, Thèse in-4». — Tableaux d'anatomie, contenant l'exposé de toutes les parties à étudier dans l'organisme de l'homme et dans celui des animaux. Paris, 1860. In-i'*. Thèse de zoologie pour le doctorat es sciences naturelles, présentée à la Faculté des sciences de Paris en juillet 1847. 17 258 Robin (Ch.) Rftcberohc.-^ sur an appareil qui se trouve sur les poissons «lu genre des raie» ( raia , Cuv.), et qui présente les caracU^res anatomiques des organes électriques. (Lues à rinstitul le 18 mai t8i^ ) Paris, 1847. Grand i n-8'- U:irtinct. S SÊwtNAS • f» ^^''ccîïes sor la nutrition et la sécrétion étudiées dans la rate et le foie. Paris, 1850. In-8». (Deux exem- plaires.) W WiLLFHiM (A.) .... De la pellagre sporadiquc à Paris; du diagnostic de eetl« maladie. (Extrait des Archives générales de méde- cine.) Pari?, 1847. In-8', —• Rpsumé général de la clinique chirurgicale de la Faculté de médecine de Strasbourg pendant le semestre d'hiver t8it-«842. (Leçons de M, Sédillot^ recueillies par A. Willemin.) Strasbourg et Paris, 1842. In-8<>. — De la métrite puerpérale idiopathique, ou métrite franche des nouvelles accouchées, et de sa complication avec les phlegmoses pelviens. (Extrait des Archives géné- rales de iiÉDECi.<«E.) Paris, 1847. In-S». — De la complication des flèvres éruplives entre elles. (Th«se in-4* pour !e doctorat en médecine.) Paris , t84T. FIN.