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Il est très-remarquable d'observer, à propos de l'intestio, que la vieille bypo- thèse de Galien sur la prépondérance de l'estomac règne encore dans toutes les descriptions el appréciations de cet organe, alors quf^ depuis longtemps cette hypothèse n'est plus en barnnouie avec l'ensemble des renseignements obtenus sur le canal alimentaire. En effet, d'Aristote à Vicq-d'Azyr, la méthode de description de l'inleslio n'a fait en réalité aucun pas ; et bien que ce dernier propose pour cet organe un plan d'étude plus propre à en découvrir les fonc- tions, cependant les derniers expérimentateurs en sont encore au point de vue de Galien; seulement, au lieu d'expliquer les phénomènes de la digestion, par les facultés de l'estomac, ils les expliquent par les vertus du suc gastrique. Or ii importe aujourd'hui de renverser une hypothèse qui, malgré la signification de beaucoup d'expériences, pourrait longtemps encore entretenir une fausse notion du canal alimentaire, et réagir par suite sur les recherches physiolo- giques. Quand on soumet la démonstration de l'intestin d'un vertébré supérieur aux divers procédés fournis par l'observation directe, rexpérimentalion et la com- paraison, on arrive à reconnaître très-nettement que la partie la plus fixe et par conséquent la plus importante de ce canal est l'intestin grêle. La structure de cette partie et ses connexions avec certains appareils sécréteurs annexes, le petit nombre d'anomalies qu'elle peut présenter par rapport à celles des autres parties de l'organe, son développement primordial chez l'embryon, la dispari- tion successive, dans la série des animaux, des parties qui la précèdent ou qui là suivent, le danger proportionnellement plus grand des maladies el des opé- rations pratiquées sur cette partie du canal, enfin le peu de modifications rela- tives qu'elle subit pendant la vie, tout concourt à établir, aussi positivement qu'on peut le faire en biologie, la prépondérance marquée de l'intestin grêle sur toutes les autres parties du canal alimentaire. Ce n'est pas tout, si ou veut se placer au point de vue physiologique, des faits nombreux viennent soutenir cette théorie. Des éludes précises sur le suc gastrique ont montré que l'influence accordée à ce liquide a été très-exagérée ; on trouve même, d'après des recherches de M. Cl. Bernard, que, chez des animaux très-voisins, ce liquide a des propriétés dillérentes, tandis que les liquides versés dans l'intestin grêle et le suc intesti- nal résultant de leur mélange,' ont des propriétés plus fixes et plus impor- tantes el opèrent la véritable digestion des aliments. Je rappellerai ici l'expérience intéressante rapportée dernièrement à la So- ciété par M. Bouley, d'après laquelle on a vu qu'il suffisait, pour paralyser l'ac- tion de la noix vomique, d'empêcher cette substance de pénétrer dans l'intestin grêle au moyen d'une ligature faite au pylore (1). Depuis, M. Bouley m'a fait part d'une nouvelle expérience faite sur un veau qui, après la ligature préala- ble du pylore, a résisté pendant dix heures à la noix vomique. (1) Voir le bulletin de décembre 1850. 3 Toutes ces observations viennent appuyer la théorie qua^e soutiens, et on pourrait la démontrer même en restant au point de vue anatomique. Oo peut prévoir, d'après une indication expériineniale que je vais donner, que de nou- veaux faits viendront bientôt la consolider. On sent, d'après celte tbéori<>, qu'il y a lieu à modifier beaucoup d'expériences entreprises, soit dans le but d'éclairer le problème de la digestion, soit pour résoudre les questions variées sur l'action des médicaments et des poisons. On comprend en effet que, pour la netteté de certains résultats, il y aurait un grand intérêt à pouvoir agir directement sur l'intestin grêle. Mais toutes les ex- périences directes tentées à cet égard, et en particulier l'établissement artifi- ciel des fistules, sont des opérations très- périlleuses pour les animaux soumis aux expériences, résultat que l'on pouvait facilement prévoir à l'aide r's la théorie que je propose. J'ai donc imaginé un procédé que je livre à tous no» habiles expérimentateurs, et qui consiste à établir préalablement une Gstuie stomacale, chez un chien par exemple, et à pénétrer dans l'intestin grêle parle pylore, au moyen d'une sonde en gomme élastique du n» 12 ou 13. Quand on voudra simplement porter des substances dans le duodénum, il suflîra de les injecter par la sonde ; et quand on voudra recueillir des liquides du commen- cement de l'intestin grêle, on se servira d'un mandrin muni d'une éponge. Du reste, suivant les cas, le génie expérimental perfectionuera les diverses applica- tions particulières de ce procédé. J* BÉSUMÉ d'un travail SUR LE DÉVELOPPEMENT DES PARTIES GÉNITALES ET CHO- POiÉTiQUES CHEZ LES BATRACIENS ; par M. Jean Marccsen ( de Saint-Péters- bourg). ■ 1» Dans le premier temps du développement, c'est-à-dire avant que l'œuf soit transformé en têtard, on ne trouve aucune trace des parties génitales et uropoïéliques. » 2° Dans le têtard, on voit apparaître avant la formation des parties génitale» et uropoïéliques, deux organes situés immédiatement sous les branchies, avec deux conduits qui longent la colonne vertébrale et qui finissent dans l'anus temporaire formé seulemeut par la peau et situé à la partie postérieure du ven- tre. Ces deux organes ont été découverts par M. Millier (de Berlin), qui les a désignés sous le nom de corps de WolfF. » 3° Dans le têtard apparaissent les deux reins, deux corps jaune-rougeâtres situés immédiatement sous la colonne vertébrale, avec deux conduits excré- teurs qui finissent dans l'anus temporaire. Ils sont comfwsés, dans ce temps de tubules droits ayant une direction perpendiculaire sur la ligne médiane. » W Les premières traces des parties génitales sont deux plaques allongées placées du côté interne des reins. » 5* Le développement de ces deux plaques marche de la manière suivante. Sur leur bout antérieur, il se forme deux ou trois excroissances digliées; après - k elles se rétrécissent en plasiears endroits, et en même temps' il s'est formé plus d'appendices. Le conduit excréteur du corps de Millier commence à mar- cher de la ligne médiane en dehors. > 6» Il se l'orme, entre les reins et la glande génitale, des conduits trés- mioces. Les glandes génitales deviennent plus grandes; les excroissances digi- tées commencent à être couvertes par la glande génitale. Le corps de Mùller commence a disparaître. Son conduit excréteur est arrivé au bord externe du rein et y est visible comme un canal bleuâtre. » ?• Le pli du péritoine qui attache le conduit excréteur du corps de Mùller aa bord externe du rein croît, et par conséquent le conduit lui-même s'éloigne plus du rein. La partie antérieure qui va jusqu'aux extrémités antérieures de- vient onduleuse, la partie postérieure se jette dans le cloaque après avoir em- brassé le rein. » 80 Chez la femelle, la glande génitale devient l'ovaire; le conduit excréteur du corps de Mùller, ou au moins le canal qui longe le bord externe du rein devient l'oviducte; la partie postérieure, en s'élarglssant, devient l'utérus. Chez le mâle, la glande génitale devient le testicule; les canaux entre elle et le rein sont la communication que Swammerdam connaissait déjà et que M. Bidder a récemment tiouvée chez tous les amphibies nus. La partie antérieure du con- doit excréteur du corps de Mùller disparaît chez les mâles; la partie postérieure qui se réunit au conduit excréieur du rein devient l'urètre et le vase déférent en même temps. Chez les grenouilles, il se développe encore sur la partie posté- rieure, avant son entrée dans le cloaque, une glande, que l'o» a nommée pros- tate; chez les crapauds, ce développement n'a pas lieu. » 9" Le corps de Mùller est peut-être, sous le rapport physiologique, un corps de WolQ", c'est-à-dire un organe fœtal sécernant des matières urineuses ; pour- tant ce n'est pas encore démontré, l'analyse chimique n'ayant pas encore été faite. Sous le rapport morphologique, ce ne sont que les reins, qui sont les vé- ritables corps de Wolf, ce qui est démontré par la formation des glandes gé- nitales à leur côté interne, et surtout par le développement des canaux entre la glande génitale et les reins ; car c'est ainsi que l'on trouve les rapports entre le corps de Wolff et les glandes génitales chez les animaux supérieurs vertébrés. Ce sont ces canaux qui forment une partie de l'épidydime. » 10° Les canaux de communication entre la glande génitale et les reins chez les batraciens sont l'épidjdime des animaux supérieurs. » 11* L'état permanent des parties génitales et uropoiéliques des batracieos f présente l'état transitoire, foetal des animaux supérieurs. » 3» PHLÉBENTÉRISME. La commission, chargée d'examiner les communications de M. Souleyel re- latives à cette question, a exposé à la Société par l'organe de son rapporleûî- les travaux qu'elle a eflèctués à cet égard. Le rapport de la commission em- 5 br,issani, l'en semble des recherches relatives au fait du phlébeotérisrae $«ra l'ob- jet d'une publication particulière. IL — Physiologie. KOTE SPR LES VrBRATIOiNS TIIORACIOOES QDI ACCOMPAGNAT LES PHÉNOHÈNBS DE LA VOIX ; par M. Second. Les vibrations du thorax, vaguement interprétées par quelques physiologistes, me paraissent devoir occuper désormais une place importante dans l'élude de la phonation. Le poumon et la trachée-arlére, une lois caractérisés dans leur office de soufQet et de porte-vent, l'attention s'est naturellement portée d'abord sur l'or- gane essentiel de la production des sons, ensuite sur le tuyau vocal qui, dans les changements de timbre et l'articulation des mots, joue un rôle si impor- tant. Bien que l'étude de ces deux parties de l'appareil vocal ne soit pas com- plète, il est urgent d'étendre l'observation aux phénomènes thoraciques eux- mêmes, ahn d'embrasser toutes les circonstances capables de modifier le son produit par le larynx. C'est aux recherches intéressantes de M. Monneret sur la véritable explica- tion des bruits thoraciques que je dois d'avoir abordé plus nettement qu'on ue l'a fait jusqu'ici l'étude de ces vibrations. Aidé par la délicatesse remarquable qu'il a acquise dans ce genre d'observation, j'ai pu instituer une série d'expé- riences comparatives pour les principaux phénomènes vocaux. Comme les ré- sultats obtenus peuvent déjà constituer une base pour l'étude des vibrations iboraciques pendant les phénomènes normaux de la voix, j'ai pensé que je pouvais les communiquer à la Société. Lorsque le larynx produit et soutient un son, les vibrations des lèvres de la glotte se transmettent aux parois thoraciques, soit directement par les parties solides, soit par l'intermédiaire de l'air lui-même, mis en vibration ; de telle sorte que le thorax peut être considéré, relalivement à la glotte, comme une caisse consonnante, capable de renforcer le son et de lui imprimer un caractère particulier. Pour un même registre, ces vibrations sont d'autant plus notables que le son est plus grave. Cette diflërence constante tient sans doute, d'une part, ao degré d'anipiiiodedes vibrations de la glotte, d'autre part à la situation du la- rynx par rapport à la cavité thoracique. Le registre de poitrine excite dans le thorax des vibrations bien plus consi- dérables que leregisiie de.léte. C'est probablement aux considérations que nous avons signalées dans le cas précédent qu'il faut également rapporter cette différence. Lorsque, dans un même registre, on donne alternativement un même son, en timbre clair et en timbre sombre, on remarque poar ce dernier timbre des c ▼ibrations plus Unes que pour le preonier. Sans essayer à cet égard aucune ex- filicniioD, je me coutenterai de rappeler qu'au point de vue de l'éclat et de la partit* du son ce timbre clair l'emporte de beaucoup sur le timbre sombre Dans les deux registres, quel que soit le timbre employé, les vibrations du thorax augmentent sous l'influence de l'efibrt qui, ainsi que je l'ai indiqué, tend à fixer le larynx très-inférieuremenl (1). Pour ce dernier cas, la situation de l'organe par rapport au pouvoir supérieur du thorax explique la difiërence. Les mêmes expériences comparatives faites sur la voix inspiratoire Fournis- sent les mêmes résultats. Seulement dans tous ces cas les vibrations sont propor- tionnellement beaucoup plus faibles. Quant aux vibrations du crâne, elles tiennent surtout à la direction donnée au son. Lorsque le son passe par la cavité buccale, elles sont beaucoup moins sensibles que pour le cas où le son s'écoule totalement ou en partie par les fosses nasales. Dans la voix nasonnée, alors que la bouche seule sert à l'émission du son, les vibrations sont moins notables que lorsque la voix traverse les cavités na- sales sans y retentir. Pour le crâne comme pour le thorax, les vibrations sont plus faibles pendant la voix de tête que pendant la voix de poitrine. Tels sont les principaux phénomènes qu'on peut noter dans l'exploration des vibrations thoraciques qui accompagnent les phénomènes vocaux, et qui me pa- raissent devoir être pris en considération dans la question du timbre de ta voix. in. — Exploration pathologique. DE L'EMPIX)! du TBÉr^AN DANS LES FRACTURES DU RACHIS; par M. BBOWif^ SÉQUABD. On sait combien sont rares les cas de guérison après les fractures du racbis chez rhomme. M. Brown-Séquard a cherché si l'on ne pourrait pas employer avec avantage le trépan, dans beaucoup de cas de fractures du rachis avec compression de la moelle soit par les pièces osseuses fracturées, soit par les liquides épanchés dans le canal rachidien. Une des raisons qui font repousser l'emploi du trépan, c'est que la miise à nu de la moelle épinière serait dange- reuse. Or cette opinion est tout à fait erronée, si l'homme ressemble à certains mammifères et oiseaux sur lesquels M. Brown-Séquard a trouvé qu'on peut impunément mettre la moelle à nu. Après avoir fracturé le rachis sui' des cochons d'Inde, il a enlevé les por- tions d'os fracturées et laissé s'écouler les liquides épanchés. Cette expérience a été faite sur sept individus qui ont tous survécu. On pourrait penser que les (t) Voyez Akcbivbs db uÉotatiB, 18&8. 7 cobayes diBèrent de l'homme, en ce qu'ils auraient la faculté de survivre tou- jours aux fractures du rachis. Il n'en est rien cependant, car six individus ayant eu le rachis fracturé, sans qu'on ait eu soin d'enlever les pièces osseuses déplacées, sont morts dans l'espace du second au onzième jour. C'est donc i l'application du trépan que les sept autres ont dû de ne pas mourir. Dans une autre communication, M. Brown-Séquard parlera des autres causes de mort après les fractures du rachis, et en particulier de la formation d'ulcères et d'escarres au sacrum et delà diminution de la chaleur animale. Il fera voir que l'on peut se garantir aisément de ces fâcheux accidents. IV. — Bibliographie. DE LA PARACENTÈSE DE LA POITRINE ; par M. LaCAZE-DUTHIERS. La Société a reçu de Ml Lacaze-Dulhiers l'hommage d'un travail sur la para- centèse de la poitrine dont il lui paraît utile de transmettre les conclusions suivantes : « Le médecin, dit l'auteur, se trouve toujours placé entre ces deux alterna- tives : ou bien l'asphyxie est imminente, ou bien elle est éloignée. Dans !a pre- mière alternative, ilfautopérer, quelles que soientla nature du liquide, la cause éloignée ou prochaine et son ancienneté, à moins toutefois qu'il n'existe des lé- sions organiques telles que, en dehors de l'épanchement, la mort arrivera dans un temps très-court. Dans la seconde alternative, le devoir du médecin est: 1» d'employer les moyens thérapeutiques conseillés en pareil cas, et de mesu- rer leur emploi à la rapidité de la marche de l'épanchement ; 2° d'opérer quand l'épanchement devient excessif ; 3" de s'abstenir si la fièvre n'est pas tombée et quand l'épanchement est médiocre et stationnaire; de s'abstenir surtout dans les cas d'épanchement médiocre, que l'on a tout lieu de supposer tuberculeux ou purulents ; 4» d'avoir dans tous les cas l'oeil ouvert sur les épanchements re- belles et considérables; car l» il arrive qu'ils prennent une marche rapidement ascensionnelle capable d'amener l» mort ; 2» ils peuvent déterminer, comme il a été dit, le marasme et les tubercules. » En résumé, l'opération de la paracentèse du thorax n'offre plus la gravité qu'on lui attribuait ; elle est un moyen efficace de guérison des hydrolhorax aigus. Les objections dirigées contre son emploi restent sans valeur devant l'étude attentive des faits. >> COMPTE RENDV DES SËAKCES OB LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE PlIfDAIfT LE MOIS DB FÉTRIEB 1851 ; IL raCOnD, ••erMtbP*. Présidence de H. RATER. I. — Tbéorib des milieoz. NOTK 8UI US CAT7SES DU GOtTRE ET DU CBÉTINISME ET SUE LES MOYENS D'BN PBÉSEfiTER LES POPULATIONS ; par M. le docteur Grange. « Les recherches que j'ai entreprises sar le goitre et le crétiDisme ont eu spécialement pour but une étude aussi exacte et aussi précise que possible de circongtances exciusivement propres à tous les pays où ces maladies exercent leurs ravages. » Comme bases de cette étude, j'ai dressé des cartes géographiques de It L l B R A R 10 distribution du goitre en France, en Savoie, eu Suisse et en Piémont, en me servant pour cela des tableaux du recrutement, des statistiques que j'ai pu recueillir et qui présentent toute l'aultienlicilé désirable. » En comparant les localités, les provinces dans lesquelles ces maladies sont endémiques, on reconnaît que la hauteur au- dessus du niveau de la mer, que la latitude, que l'exposition au soleil, aux vents, la disposition orographique du sol soit en plaines, soit en vallées profondes, le voisinage des marais, l'état hy- grométrique de.l'air, ne sont pas des causes immédiates du développement de ces maladies, et que ces circonstances ne peuvent jouer qu'un rôle très-secon- daire. On trouve en effet, dans la même province, dans la même vallée, et par conséquent dans les mêmes circonstances météorologiques et hygiéniques, des villages profondément atteints et d'autres entièrement épargnés. Il en est ainsi dans la Savoie, dans le canton du Valais, sur le versant méridional des Alpes et dans la chaîne des Alpes maritimes. » D'autre part, en comparant les formations géologiques sur lesquelles sont fixées les populations atteintes de goitre, j'ai reconnu que, dans les Alpes, toutes ces formations appartenaieut aux calcaires métamorphisés par la magné- sie (ca'caire métamorphique), et que dans le voisinage les lerraius de mica- schiste et ceux de l'époque crétacée, lorsqu'ils ne présentaient pas de masses ad- ventives de dolomie, les populations étaient entièrement épargnées. » Des phénomènes semblables s'observent dans tous les pays où le goitre est endémique ; on trouve le goitre endémique dans les Pyrénées sur les calcaires du lias et sur les calcaires magnésiens qui se trouvent sur la zone d'éruption des ophites ; sur le trias dans les Vosges; sur le lias dans le Jura, les tiautes Alpes et les basses Alpes ; sur les calcaires dolomitiques de l'époque carboni- fère, eu Angleterre, en France et en Belgique; sur le trias dans le Wurtem- berg, la Saxe, etc.; sur les dolomies dans le Tyrol, dans l'Inde et en Amérique ; sur la molasse marine et sur les alluvions qui proviennent du pays où le goîlre et le crétinisme sont endémiques. » On observe qu'en Europe le lias, les formations du trias, marnes irisées, muschelkalk, zechstein, sont partout habitées par des populations atteintes de ces maladies endémiques. Cela s'explique par la nature même des formations qui présentent la même composition minéralogique dans toute leur étendue, les mêmes fossiles et souvent la même flore, qui ont presque toujours la même constitution physique et des dispositions orographiques entièrement semblables. Il n'est point étonnant que les mêmes affections soient endémiques sur des for- mations entièrement semblables, dans leur nature chimique et dans leurs con- ditions physiques et physiologiques. » En m'appuyanl sur h» présence générale des goitreux sur les terrains ma- gnésiens et sur l'analyse des eaux qui ont la réputation et la propriété incon- testable de donner lieu au développement du goitre, j'ai été conduit à admettre que cette allection pouvait dépendre de la présence des sels de magnésie dans 11 les eaux el les aliments. Il a cité des faits qui, s'ils étaient plus nombreux, établiraient que la magnésie provoque le développement du goitre. » Je fais observer à la Société que quelques circonstances, et notamment la présence de l'iodure de potassium dans les aliments et les eaux, pouvaient mo- difier et annihiler cette influence déiélére; et c'est ainsi que j'explique l'absence des goitreux au voisinage de la mer et la diminution de l'infection dans les villes qui ont des eaux choisies et une alimentation plus variée provenant en grande partie de pays sains et industrieux. » Ah point de vue nosologique, je ronsidère le goitre comme une alfection plus générale qu'un ne l'admet ordinairement r cette maladie n'est pas seule- ment propre à la glande thyroïde, elle atteint les glandes sublinguales sous- maxillaires, le foie, les testicules, les mamelles qui se trouvent souvent anorma- lement développées, bien que l'action se porte plus généralement sur la glande thyroïde. D'autres faits établissent encore que l'on a affaire à unediathèse par- ticulière qui s'accompagne souvent de déformations dans les articulations, d'un défaut d'énergie musculaire et nerveuse, et que les enfants qui naissent de parents plus ou moins modifiés par cette dialbèse ne se développent ni sous le rapport des forcos physiques ni sous celui des forces intellectuelles. Les crétins se rapprochent certainement des idiots à certains points de vue, mais ils en diffèrent surtout par le développement si anormal et si incomplet des forces physiques. » Il existe un grand nombre d'autres différences moins importantes et moins précises et qui ne peuvent être indiquées ici. B Les animaux prennent rarement le goitre ; mais dans les vallées où ces affections font le plus ravages, les bestiaux sont chétifs et sont incomparable- ment inférieurs en force et en qualité à ceux des pays sains. Dans beaucoup de vallées on ne peut pas élever les bestiaux nés des troupeaux du pays ; ils sont pour ainsi dire crétinisés ; les paysans vont acheter au dehors des animaux sains qui seuls peuvent se développer assez bien pour répondre aux besoins des populations. » Comme moyens de préservation et de guérisôn, je propose le changement du régime des eaux lorsqu'il est possible, et sinon l'usage des sels iodurés de i à 5 dix-millièmes. » II. —TÉRATOLOGIE. CB&BE COMMCN (CANCER MOENAS L.) PODRTD DE DEUX PETITES PATTES -PINCES SUBNUHÉRAIBES DU CÔTÉ GAUCHE. M. Rayer met sous les yeux des membres de la Société un crabe commun, dont la patte-pince du côté droit est normale. La patte pince con espondante du côté gauche, moins forte que celle du côté droit, se termine par deux pinces dont l'une est dirigée du côté de la pincé du côté opposé et vers l'axe du corps, 12 eiTautreen sens inverse, de sorte qu'elles formentune espèce de T avec les ar- ticles qui les supportent. Une troisième patte-pince surnuméraire nait d'un article commun aux deux précédents. En résumé, ce crabe a une patte-pince normale du côté droit et trois petites pattes-pinces du côté gauche. Ce cas de tératologie a été communiqué à M. Rayer par M. Valenciennes. JIL — Exploration pathologique. 1* MALADIES DE L'OEDF BDUAIN; HÉMOBBHAGIE DE LA CADUQUE. H. Boucbut présente un œuf humain altéré recueilli dans les circonstances suivantes : Une femme de 35 ans, déjà deux fois mère et ayant donné le jour à des en- fants bien portants, a vu de nouveau ses règles disparaître au mois de juin 1850; elle se crut enceinte. Car elle éprouvait les phénomènes gastriques et les indispositions qui avaient signalé ses autres grossesses. Au bout de deux mois, une métrorrhagie eut lieu et continua avec plus on moins de violence pendant les mois d'aoiît, septembre, novembre, décembre. Elle entra à la Pitié au mois de janvier 1851, avec l'utérus très-volumineux, renfermant un corps étranger dont la nature resta douteuse. L'utérus avait le volume des deux poings du sujet. L'hémorrhagie continuait, et M. Bouchât donna du seigle ergoté à cette femme, qui rendit bientôt une tumeur grosse comme le poing composée comme il suit : Une tumeur creuse, à parois épaisses d'un centimètre, remplie de sang li- quide; l'intérieur de cette tumeur est partout mamelonnée ; et sur un de ces mamelons se voient quelques petits vaisseaux réunis en un pédicule ou cordon d'un demi-centimétre de longueur au bout duquel est suspendu un fœtus bien apparent dont on voit l'extrémité céphalique, le corps, et quatre tubercules qui sont l'origine des quatre membres. Cette cavité est formée par la cavité de l'amnios, et sous cette membrane se trouve le chorion, puis la caduque, et dans cette membrane du sang ancienne- ment coagulé endurci formant la paroi de la tumeur ; cette paroi est à peu près de la même épaisseur dans tous ses points, sauf les mamelons déjà signa- lés, qui en augmentent çà et là le diamètre; c'est là en conséquence une bé- morrhagie de la caduque aux premiers mois de la grossesse, qui s'est répandue tout autour de l'œuf et a suspendu son développement ultérieur. 2» ÉTAT DES MUSCLES DE LA JAMBE ET DU PIED , ET DE L'aPONÉVBOSE PLANTAIRE DANS UN CAS DE PIED-BOT VARUS (2« DEGRÉ DE M. J. GUÉRIN) ; par M. ChaRCOT. « Un homme âgé de 60 ans environ, était entré dans le service de M. Rayer, à l'hôpital de la Charité, pour y être traité d'une affection cancéreuse de la 13 langue. Miné depuis longtemps par la cachexie, il succomba enfin à un œdème de la glotte, et probablement aussi au ramollissement de masses cancéreuses disséminées dans les deux poumons. » Cet homme était porteur d'un double pieb-bot varus, difTormité probable- ment congénitale, mais qui remontait tout au moins à une époque très-voisine de la naissance ; il offrait en outre une déviation de la colonne vertébrale. Le pied droit était de beaucoup le plus difforme ; c'est le seul que j'aie disséqué. » Avant la dissection des parties molles, on constatait les faits suivants : 1° la face dorsale du pied regarde directement en avant et un peu en bas ; elle est en outre doublement convexe, dans le sens de la longueur et dans le sens de la largeur. On y remarque une saillie très-prononcée, arrondie, située à 3 cen- timètres au moins au-dessous du sillon de l'articulation tibio-tarsienne; celte saillie, dirigée en outre manifestement en dehors, est évidemment due à la tête de r.!)stragale ; 2° la face plantaire regarde en arrière et un peu en haut; elle est profondément excavée dans tous les sens et recouverte par une peaa Une et formant des plis nombreux et profonds ; 3° le bord interne du pied forme un angle droit avec l'axe de la jambe ; il offre en outre une légère concavité ; le bord externe, devenu inférieur, offre uue convexité dont le sommet est formé par une saillie due au cuboïde, et à une partie de l'extrémité antérieure du calcanéum. Cette saillie est recouverte par une peau irès-épaisse comme cor- née; c'est sur elle que reposait tout le poids du corps ; 4° les orteils sont demi> fléchis, mais non rétractés ; cette flexion augmente encore la concavité de la plante du pied; 5' le talon est très-élevé; son bord inférieur est au niveau ne l'extrémité inférieuredes malléoles ; 6° la jambe, entin, est amaigrie, cylindrique, radie. On rencontre, par la palpation, une corde due. au tendon d'Achille, et une autre corde produite par la tension du jambier antérieur. * Il était nécessaire d'indiquer à quel degré était arrivé ce pied-bot ; voici l'état des muscles : » Le jambier aatérieur, l'extenseur commun des orteils, l'extenseur propre du gros orteil ont un volume relativement assez considérable. » Le jambier antérieur seul présente de la pâleur et du ramollissement dans les hbres les plus inférieures. » Le muscle pédieux est entièrement atrophié, ligamenteux. , » Le long et le court péronier ont un volume presque normal ; tous deux pré- sentent la dégénérescence graisseuse des libres musculaires les plus inférieures, le court péronier latéra^ surtout. » Le jumeau et le soléaire ont diminué au moins de moitié ; Tes jumeaux n'ont pas subi de transformation graisseuse-, le soléaire, au contraire, a ses libres dé- colorées, friables et mélangées de tissu adipeux. Leiendon d'Achille «st très- court; son extrémité inférieure est mince et cylindrique. B Tous les muscles de la couche profonde de la région postérieure de la jambe sont atrophiés et infiltrés de graisse. lu » Le jambier postérieur est le plus modiOé. » Le fléchisseur propre du gros orteil a seul conservé un certain Tolume et une quantité notable de fibres musculaires rouges. » Quant aux muscles de la région plantaire, ils sont généralement petits, pâles, mous et friables, mais non transformés. >• Pour bien juger du degré d'action de chacun de ces muscles, je les ai cou- pés successivement. La section des tendons des deux jambiers a fait cesser en partie l'adduction , et le pied varus a été transformé en pied équin, ou mieux, en équin varus, car un degré notable d'adduction se montrait encore. La section du tendon d'Achille a fait disparaître une partie seulement de l'équinisme ; celle du long péronier latéral a diminué un peu la convexité du pied dans le sens de sa largeur. L'ablation de tous les autres muscles n'a rien donné de plus, et, ré- duit à son squelette ligamenteux et aponévrotique, le pied présente encore une diflormité trés-considérable. » L'abduction et l'extension sont empêchées par l'aponévrose plantaire rac- courcie, épaisse, nacrée et formant comme une corde tendue contre le calca- néum et l'extrémité antérieure des métatarsiens. La convexité dans le sens de la longueur du pied est aussi tout entière sous la dépendance de l'aponévrose plantaire, car elle n'a pas été sensiblement diminuée par l'ablation des diffé- rents muscles qui peuvent la produire. » Tous les os ont conservé un certain degré de mobilité. Les ligaments arti- culaires tendus et allongés; ceux qui sont situés dans le sens de l'adduc- tion sont situés dans le sens de l'abduction sont relâchés et repliés sur eux- mêmes, contrairement à ce qui a eu lieu pour l'aponévrose plantaire ; il est donc probable qu'après la section de cette dernière, tout rentrerait dans l'ordre, à moins qu'il n'existe quelque altération profonde dans les surfaces articulaires déplacées, ce que je n'ai pas encore vérifié. » Les artères principales de la jambe et du pied, préalablement injectées, avaient subi une légère diminution de volume ; les nerfs ne m'ont présenté au- cune modification notable. Une bourse muqueuse considérable et traversée par des filaments tendineux existait entre la peau épaissie, cornée et la face supé- rieure du cuboïde, qui reposait en partie sur le sol. Il En résumé, dans ce cas de pied-bot varus très-prononcé et ancien, nous croyons devoir noter surtout les faits suivants : » 1° Tous les muscles de la jambe et du pied ont subi une diminution générale de volume ; aucun d'eux n'a entièrement disparu, aucun n'est entièrement rem- placé, soit par du tissu fibreux, soit par de la graisse. Le pédieux fait seul ex- ception, il est entièrement ligamenteux. 2° La transformation graisseuse, dans les muscles qui en sont atteints, se montre surtout au niveau de leur extrémité tendineuse. L'étendue de celle transformation, dans les difiërents muscles, n'est d'ailleurs nullement en rap- port avec le degré d'action qu'ils ont pu avoir sur la production de la difformité; 15 les muscles qui oai dû agir ne sont ni plus ni moins alt<%rés que ceux qui ont dû se reposer. » 3° L'ablation des différents muscles n'a modifié que très-incomplétement la difformité, dont la plus grande partie dépendait du raccourcitsetnent de l'apo- névrose plantaire, et à laquelle les ligaments articulaires ne prenaient aucune part. • 3* DÉVIATION ET CONTSACTDBE PERMANENTE DES MEMBRES APHÈS L'ÉCRASEMENT DE LA MOELLE ÉPINlÈREî par M. BROWN-SÉQDARD., Dans le courant de l'année 1850 et postérieurement, M. Brown-Séquard a montré plusieurs fois à la Société des pigeons, ^ur lesquels, à l'aide d'une tige métallique introduite dans le racbis, il avait écrasé toute la portion de moelle épinière qui donne des nerfs aux membres postérieurs. Une roideur convuU sive permanente est survenue peu à peu dans ces membres, qui ont néanmoins toujours conservé des traces de mouvements volontaires ou réflexes. Dans le plus grand nombre des cas, les memboes contractures se maintenaient dans l'extension ; dans quelques autres la jambe restait fortement fléchie sur la cuisse. Des déviations dans diverses parties de ces membres se sont dévelop- pées avec lenteur, mais d'une manière continue, réalisant ainsi, sous les yeux de l'observateur et de la façon la plus incontestable, la partie de la doctrine de M. Jules Guérin relative aux liens de causalité existant entre les altération^ du système nerveux et les déviations. COMPTE- RENDU DES SÉANCES LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE PKMOAST L£ MOIS DE MARS 1851 ; M. I« Docicar BROWN-SÉQVAllI» , Mci^lalr*. Présidence de M. RAYER. I. — Physiologie. 1* INFLOENCK DE LA CINQUIÈME PAIRE DE NERFS SDR LA SÉCRÉtION BALITAIRE, par M. Louis Vella (de Turin). Depuis longtemps on connaît l'influence que le nerf trijumeau exerce sut là nutrition de la face, et particulièrement les altérations qal surviennent dans l'oBil après que ce nerf a été coupe ; mais on n'avait pas examiné l'influence spéciale <]ue la cinquième paire pouvait avoir sur la sécrétion des glandes salivaires. Plusieurs physiologistes ont donné des raisons plus ou moins plausibles potrr 1« démontrer que la troisième paire ou le grand sympathique peuvent iniluencer exclusivement la sécréLic;; de la salive ; mais leurs opinions ne sont basées sur aucune expérience directe, seul moyen cependant de résoudre la question. C'est ce moyen que M. Vella a employé. Il résume ainsi les résultats qu il a ob- tenus : •< J'ai expérimenté sur le chien et sur le lapin, et voici ce que j'ai observé : » 1» Sur un chien adulte, j'ai coupe la cinquième paire dans le crâne, et le lendemain, les symptômes consécutifs à la section du nerf étant très-manifestes, c'est-à-dire que l'œil commençait à s'enflammer, la cornée à devenir opaque et que l'insensibilité de tout le côlé de la face était bien apparente, j'ai découvert, du côté où se trouvait la section du nerf, le conduit parotidien, dans lequel j'ai introduit un petit tube pour recueillir delà salive. J'ai ensuite excité la sécrétion salivaire en versant du vinaigre dans la bouche, et j'ai bientôt vu qu'il y avait ccouleraent d'une salive qui était alcaline et présentait les caractères de la salive normale. Les jours suivants, j'ai fait des observations semblables sur l'écoule- ment de la salive, et j'ai remarqué que la sécrétion allait en diminuant, et que, le quatrième jour, elle était devenue presque nulle lorsque l'animal mangeaitet mâchait des corps durs, ou bien quand on introduisait dans sa gueule des sub- stances acides comme le vinaigre. Le septième jour, après avoir conslalé que la sécrétion salivaire avait à peu près disparu, j'ai sacriQé l'anima', et l'autopsie m'a clairement montré que le nerf était bien coupé. » 2» Sur un lapin adulte, j'ai coupé la troisième paire dans le crâne du côté gauche. Immédiatement après, les symptômes de la section se sont montrés^ et dès le lendemain, la cornée a commencé à devenir opaque. Le huitième jour, l'animal étant du reste assez bien portant, j'ai mis à nu et j'ai ouvert le conduit parotidien des deux côtés de la face. J'ai ensuite lait manger l'animal, qui était à jeun depuis vingt-qnatre heures. J'ai observé avec soin l'écoulement delà sa- live des deux côtés, et j'ai vu qu'il y avait à peine un suintement léger du côté de la section, tandis que du côté sain la salive coulait en abondance comme dans l'état normal. » 3* Sur une chienne adulte, j'ai découvert sur les joues les deux conduits parotidiens, dans lesquels j'ai introduit des tubes pour recueillir la salive ; puis j'ai pratiqué la section de la cinquième paire du côté gauche. Avant cefte sec- tion, j'avais constaté que l'écoulement était également abondant des deux côtés. Après la section, j'ai fait la même observation en introduisant du vinaigre dans la gueule de l'animal, et j'ai constaté à plusieurs reprises que l'écoulement était beaucoup plus considérable du côté où le nerf était coupé. Le lendemain, cett« ^augmentation persistait. Je n'ai point encore tué le chien pour m'assurer par l'autopsie de la section complète du nerf; mais les symptômes d'insensibilité de la face donnent lieu de croire que cette section existe. » D'après ces expériences, il est évident que la section de la troisième paire a influence la sécrétion salivaire. J'ai en effet constaté : 19 I» I* Que quelques jours après la section de la cinquième paire, la sécrétion «aliTaire diminue et finit par disparaître complètement, tandis qu'elle continue du côté où le nerf n'a pas été coupé; » 2" Que cette disparition n'a pas lieu immédiatement après l'opération, et sur le chien qui fait le sujet de la troisième expérience, la sécrétion a paru augmen- ter dans les premiers moments ; 3* Que, dans tous les cas, la sécrétion de la parotide est restée alcaline et a présenté les caractères pliysiques de la salive dans l'état normal. n J« ne tirerai pas d'autres conclusions de ces faits, parce qu'ils sont encore trop peu nombreux. » (8 mars.) 2* SÛR UN NOUVEAU PRINCIPE IMMÉDIAT DE L'ÉCONOMIE ANIMALE ; par M. Verdeiu « J'ai découvert dans le tissu pulmonaire des principaux mammifères un nou- veau principe immédiat. Cette substance existe aussi dans le sang : c'est un corps cristal lisable, azoté, ayant une réaction acide; il est très-soluble dans l'eau, peu soluble dans l'alcool et insoluble dans l'éllier. N'ayant pas encore terminé l'étude chimique de cette substanire, je bornerai là pour aujourd'hui ce que j'ai à dire de ce nouveau corps. » (22 mars.) II. — Pathologie et anatomie pathologiqde. 1* TUMEUR DU VOLUME d'UN OEUF DE PIGEON COMPRIMANT LE. CÔTÉ DROIT DE LA MOELLE ALLONGÉE ET LES NERFS QUI EN PARTENT; observatlou recueillie par M. Cbarcot. Une femme âgée de %8 ans, entrée le 28 février à l'hfipital de la Charité, est, dit-on, malade depuis trois mois environ; elle a été soignée, au début de soo affection, par M. le docteur Gubler, qui a bien voulu nous donner les rensei- gnements qui suivent. M. Gubler a vu cette malade quinze jours environ après le début de la céphalalgie occipito-lemporale très-violente dont elle se plaignait. La nuque était alors un x>eu douloureuse à la pression, ce que la malade attri- buait elle-même à une violence extérieure qu'elle avait i-ubie auparavant; mais M« Gubler n'a pas trouvé les points douloureux circonscrits des névralgies pro- prement dites. Les organes des sens offraient une très-grande susceptibilité ; le moindre bruit, l'impression d'une fdible lueur, étaient impatiemment supportés et semblaient exaspérer les douleurs de lèie Chaque mouvement du corps rcveiliait des envies de vomir qui ctaipnt quel- quefois suivies d'effet ; aussi la malade cpronvaitelle la plus grande répugnance à quitter le repos absolu auquel elle s'était condamnée, pour répondre aux ques- tions qu'(m lui adressait. A CCS nympt«>mes s'.i joutaient un resserrnnpnt considérable de la pupille ot «ne constipation opiniâtre, sans bulionne'nent ni senalbiltté exag^ré« du v«ntro. La langue était un peu blanche, mais humide; le pouls n'avait point de fréquence; la peau était sans chaleur fébrile. Il n'y avait aucune douleur dans le tronc ni dans les membres, ni paralysie dans un point quelconque. Jamais 11 n'y avait eu ni vertiges ni convulsions épileptiques. D'après cet ensemble de circonstances, M. Gubler s'arrêta à l'idée d'un ramol- lissement superficiel et circonscrit delà substance grise, et mieux encore à une tumeur intracrânienne. (Dix sangsues furent appliquées derrière chaque oreille; on administra un purgatif : calomel, 1 gramme ; rhubarbe, 4 grammes. En ou- tre, du chloroforme fut employé en applications topiques pour calmer la céphal- algie.) Il en résulta un soulagement très-considérable; mais au bout de deux jours, cette femme fut emmenée par son fils, et M. Gubler la perdit de vue. D'après les renseignements qui nous ont été donnés par le âls de la malade, peu après l'é- poque où M. Gubler cessa de la voir, se manifestent une grande hébétude, de la faiblesse dans tous les membres, avec résolution et sans douleur, et enfin un embarras très-remarquable de la parole. La céphalalgie se reproduit bientôt avec la même intensité que par le passé ; les vomissements et la constipation persis- tent opiniâtrement.^ Un séton à la nuque, des vésicatoires aux cuisses, restent sans effet, et on se décide enfin à faire entrer la malade à l'hôpital. Nous la trouvons alors dans l'état suivant : Ce qui frappe tout d'abord, c'est l'air hébété de cette femme. Après avoir assea nettement répondu aux questions qu'on lui adresse, elle ne tarde pas à montrer d'elle-même que ses facultés intellectuelles sont profondément affaiblies et per- verties. Elle se plaint de douleurs très-vives dans la région du cervelet; sa tête est sans cesse penchée vers l'épaule droite, mais sans aucune roideur ou con- tracture des muscles du cou. Tous les membres sont dans la résolution ; cepen- dant, quand on dit à la malade de remuer ses bras et ses jambes, elle le i^it sans trop de difliculté. D'ailleurs, ni douleurs ni contracture dans les membres supé- rieurs ou inférieurs; ceux du côté droit ns paraissent pas plus faibles que ceux du côté gauche. Quand on la pince , elle sent assez vivement et assez rapi- dement. Pas de strabisme; pas de chute de la paupière; pas de surdité. Les pupille» ont une dilatation égale. La malade dit n'avoir jamais éprouvé de vertiges, n'a- voir jamais eu de bluettes, n'avoir jamais eu de bourdonnements d'oreille ou autres hallucinations. La bouche est un peu peudante ; mais il n'y a pas réellement paralysie du facial, et la malade peut sifDer et soufDer. Quand on lui dit de tirer la langue, elle le fait rapidement , mais la pointe de cet organe est immédiatement portée à droite; cependant elle peut la faire tourner dans sa buuebe, et en porte aisé- ment la pointe dn fôtc gauche quand on lui ordonne SOR UN CORPS éTRA^GER DE L'ARTICULATION COXO-FÉMORALB ; par M. Béraud. Aujourd'hui on peut rattacher les corps étrangers des articulations à quatre sources. Les uns les font venir des surfaces libres de la synoviale , d'autres des cartilages, d'autres encore du sang organisé; les derniers enQn de l'aggloméra- tion des. cellules épithéiiales qui revêtent les surfaces articulaires. Il existe des exemples de chacune de ces origines, de sorte qu'il ne faudrait pas être exclu- sif. Sur la pièce montrée par M. Béraud, on voit un fragment de cartilage libre dans l'articulation et encore placée dans le point d'où il s'est déiaché. Ce frag- ment a la forme et le volume d'un grain de blé un peu aplati ; ses bords sont arrondis, de même que les bords de la solution de continuité du cartilage. Il est deux fois plus petit que l'espace d'où il s'est détaché, de sorte qu'il offre par rapport au cartilage le même aspect que l'os nécrosé par rapport à la portion d'os encore vivante. On voit un peu plus haut d'autres petits fragments de carti- lage qui sont sur le point de se détacher, et qui ne sont plus adhérents que par un point très-circonscrit de leur face profonde. (29 mars.) 7° ALTÉRATIONS DES AHTiCULATIONS DANS LE RHUMATISME ARTICULAIRE CHRONIQUE; FAUSSE CONTRACTURE RHUMATISMALE ; ANKTLOSES ; par M. GhARCOT. L'observation et les pièces anatomiques que j'ai l'honneur de présenter à la Société sont de nature à éclairer plusieurs points de l'histoire du rhumatisme ar- ticulaire chronique. Les articulations présentent en effet à tous les degrés pos- sibles, depuis la simple érosion du cartilage jusqu'à l'ankylose celluleuse, 1m lésions qu'on a désignées dans c«s derniers temps sous le nom d'arthrite sèche. 38 Nous voyons en outre une roideur avec obstacle à l'extension complète de l'avant- braa sur le bras, considérée pendant la vie comme due à une contracture rhu- matiimale siégeant dans les muscles, mais que l'autopsie démontre tenir tout simplement à une lésion particulière de l'articulation du coude. Voici d'abord quelques détails sur les phénomènes observés pendant la vie. Le 3 mars i861, entre dans la salle Saint-Michel, service de M. Rayer, à l'bd- pital de la Charité, le nommé Maul-Laurier Beauûls, tailleur, âgé de 56 ans. Cet homme n'a pas eu de parents goutteux ou rhumatisants ; il se rourrit habi- tuellement mal et ne boit jamais de vin. En 1828, il habitait un rez-de-chaussée tellement humide que les murs en sent continuellement mouillés et qu'ils sont couverts de cristaux; au bout d'un an de séjour dans ce lieu, Maul éprouve tout à coup pendant la marche une douleur tellememenl vive dans l'articulation de la première avec la deuxième phalange du gros orteil droit, qu'on est forcé de le ramener chez lui. Cette douleur, il la compare a un engourdissement très-in- tense. Quelques mois après cette première attaque, toutes les articulations des orteils du pied gauche deviennent simultanément rouges, tuméfiées, et causent des douleurs analogues à celles qui avaient existé dans le pouce ; cette nouvelle Invasion est d'ailleurs précédée de frissons et accompagnée de fièvre ; bientôt après le pied droit se prend lui-même, et enfin les articulations des doigts des deux mains. D'abord bornées aux petiies articulations, la tuméfaction, la rougeur et la douleur se montrent bientôt aux articulations tibio-tarsiennes et aux deux articulations du poignet. Cette période d'acuité dure huit jours environ pendant lesquels le malade ne pouvant plus marcher était transporté chaque jour à l'hô- pital Saint-Louis où il fait usage dès le début de bains de vapeurs et de fumiga- tions. Au bout de ce temps survient une rémission, suivie bientôt de nouveaux accès venant irrégulièrement de temps à autre, l.esque!s étaient précédés par de légers frissons et s'accompagnaient de sueurs abondantes. Les choses restent ainsi pendant cinq ans environ. En 1835, Maul, qui habite cependant alors un logement sec, Toitle mal qui «'était borné presque exclusivement aux petites articulations des pieds et de» mains envahir les coudes, et à cette époque déjà se maniTesle une certaine diffi- culté dans l'extension de l'avant-bras sur le bras. Ce sont surtout les membres supérieurs qui sont le siège du mal à cette nouvelle pciiode de la maladie. C'est alors qu'il commence à apercevoir une déformation dans les articulations des doigts de la main ; à celte époque aussi il fait remonter les diverses ankyloses que nous observerons dans diverses articulations des extrémités inférieures» Enfin, après une série de rechutes pendant lesquelles augmentent les difformités articulaires et la perte ou la diminution des mouvements de certaines d'entre elles, une douleur se manifeste pour la première fois dans l'épaule gauche sans rougeur ni gonflement cette fois. Lors de son entrée à l'hôpital, cet homme nous paraît d'une constitution «il- Uèrcment détériorée -,11 est faible, cacochyme, pâle et maigre. 11 assure ne tons- M ser que depuis un mois environ, et n'avoir jamait craché de saag. Il y a dix Jours qu'à la suite de frissons il éprouva un point de cdté avec oppression au c6té gauche de la poitrine ; bientôt surviennent de l'Insomnie et de l'inappétence. Il assure que lors de l'invasion du point de côté, les articulations des mains qui étaient gonflées et rougis cessèrent subitement d'être tuméGéeâ et douloureuses. D'ailleurs pas d'aniécédents syphilitiques, jamais aucun phénomène notable soit du côté de l'estomac, soit du côté du cœur ou des Intestins. L'urine est habituel- lement très-claire. Cet homme, outre les bains de vapeurs dont il a fait usage à une certaine épo- que, se contentait de prendre lors des attaques de huit à dix gouttes de teinture de colchique, médicament qui le soulageait toujours, mais dont il était bientôt forcé de suspendre l'usage à cause d'hall urinations et de maux.de gencives qui ne tardaient pas à survenir. Dans l'état actuel nous avons à étudier chez ce malade : 1° les vestiges de l'affèo- Uon habituelle des articulations qui est en ce moment dans une période de ré- mission; 2° une affection pectorale. Voici d'abord dans quel état nous trouvons les diverses articulations : PiEDGACGBE. — Aucune ankylose; seulement quand on met les surfaces arti- culaires les unes sur les autres on entend un léger craquement dans les diverses articulations des orteils, et en particulier du gros orteil. L'articulation tiblo- tarsienne parait dcformée, c'est-à-dire que les enfoncement» natureisparaissaient remplis, et quand on en palpe les contours, la mollesse habituelle des parties est remplacée par une résistance très-grande; il semble que tout le pourtour de l'arti- culation se soit incrusté d'une matière solide ; d'ailleurs immobilité complète de cette articulation ; le pied est fixé à angle droit sur la jambe. Cette soudure était déjà complète il y a une dizaine d'années. Dans toutes les autres articulations du pied et dans celles des orteils, les mou- vements paraissent conservés ; les différentes pièces du tarse paraissent cepen- dant sondées entre elles. Au pied droit, pas d'ankylose soit aux orteils, soit au tarse, soit dans l'articu- lation tibio-tarsienne ; ni déformation ni r< ugeur ni gonflement de ces diverses articulations; cependant le frottement des surfaces articulaires fait entendre un certain craquement. Le malade assure n'avoir jamais souffert dans les articula- tions fémoro-tibiale ou coxo-fémorale. Membre supériedr gaoche. — En général, les articulations du métacarpe avec les doigts et des différentes phalanges entre elles sont gonflées, déformées, mais sans rongeur pour le moment^ La déformation paraît tenir à un gonflement des tissus osseux mêmes, ou bien à des productions osseuses périarticulaires de' nouvelle formation. Les doigls ont par suite nu aspect fusiforme avec des renfle- ments ao niveau de chaque article. Od remarque dans l'articnlatioD, entre le premier métatarsien et la première phalange du pouce, une sorte de luxation de cette dernière en avant et en dedaoa 30 (le la tête du métatarsien ; en même temps les niouvements provoqués de cette articulation sibnt obscurs ; 11 y a une sorte de demi-ankylose, ce qui n'empêche pas que le frottement des surfaces articulaires ne détermine un craquement très- sensible; d'ailleurs déformation et gonflement analogues des articulations des deuxième, troisième et quatrième métatarsiens avec les phalanges correspon- dantes, avec craquement des surfaces articulaires, mais sans ankylose ; les pha- langes paraissent en outre déformées un peu en avant de la tête des métarcar- piens ; déformation analogue, mais plus légère dans les articulations des diffé- rentes phalanges entre elles; crépitation sensible dans les mouvements provoqués dans ces diverses articulations. La maki considérée en général est en outre déformée; ainsi les diverses pha- langes des doigts sont habituellement dans l'extension, mais les doigts sont légè- rement fléchis sur les métacarpiens; déplus, ils sont légèrement inclinés vers le bord interne de la main. Les mouvements volontaires sont pour la plupart conservées, mais difficiles; les mouvements provoqués sont limités. C'est ainsi qu'il y a un obstacle à l'extension de tous les doigts sur les métatarsiens, et que les mouvements divers dans l'articulation du premier métacarpien avec la pre- mière phalange sont très-faibles par suite de la demi-ankylose déjà notée. Articulation radio-carpienne. — Elle est déformée; les saillies osseuses sont peu prononcées; les enfoncements sont comblés. La main est immobile dans l'axe de l'avant-bras; les mouvements' provoqués ou spontanés sont tout à fait nuls. L'ankylose paraît complète; elle remonte, dit-il, à une dizaine d'années. ARTICULATION HouÉRO-cuBiTALE. — L'avaut-bras fait un angle de 3S à 40 degrés avec le bras ; l'avant-bras et la main sont en outre dans use prona- tion habituelle. Quand on cherche à étendre l'avant-bras sur le bras, ou a pro- voquer la supination, on ne peut y parvenir, car aussitôt les muscles paraissent agir violemment et des cordes correspondantes à leurs tendons se dessinent dans les téguments. Ces cordes paraissent dues aux tendons des muscles long supina- teur, grand et petit palmaires, cubital antérieur, grand pronateur. D'ailleurs elles existent à un certain degré, alors même qu'on ne cherche pas à détruire la flexion. Quand on dit au malade de fléchir l'avant-bras sur le bras, il le fait d'ailleurs sans douleur ou difficulté. Le biceps brachial et le brachial antérieur ne paraissent jouer aucun rôle dar;s l'obstacle à l'extension. Ajoutons que le frotte- ment des sut faces articulaires de l'articulation du coude s'accompagne d'un cra- quement très-sensible. L'épaule est douloureuse depuis trois mois environ ; cependant il n'y avait pas de craquements sensibles, et les mouvements en sont assez libres. Tout ce que nous avons dit du membre supérieur gauche s'applique exacte- ment au membre supérieur droit. Tel est l'état des diverses articulations. Mais nous l'avons dit, le rhumatisme n'est pas actuellement la maladie principa . Nous avons parlé du début de l'af- feciiou pectorale. ai Le 3 mars, jour d'entrée, nous constatons, par l'auscuitatiOD, des rfties trés- ubondants, muqueux, de grosses bulles des deux côtés de la poitrine, pas de matité par la percussion. Souffle au premier temps au cœur et à la base ; ce souffle est doux. Souffle vascuiaire au col ; expectoration de crachats muqueux, verts, larges, arrondis; oppression assez forte; fièvre. Les jours suivants, même état. (Pot. gom.; diète.) 10, 11. Potion siibiée, 0,010 centigr. 12, 13, 14. Pot. kermès, 0,10 cenligr. ; légère amélioration. lA. Application d'un vésicaioire sur le côté gauche de la poitrine. Ce jour-là, on avait observé de l'obscurité du son sous la clavicule gauche et quelques rfties suspects ; et en outre de la malilé relative à la partie folliculeuse et inférieure du poumon gaucbe. En ce point; il n'existait pas de souffle, mais les riles mu- queux qui occupaient toute l'étendue du lobe inférieur résonnaient en ce point avec un timbre tout particulier, analogue à celui qu'ils acquièrent quand Us éclatent au milieu du souffle bronchique. Les jours suivants, l'amaigrissement se prononce, la hèvre s'accrott, la lan- gue se sèche, la dyspnée augmente. Enfin, il survient du dévoiement, et le ma- lade meurt le 16 mars. i A l'aulopsie : 1° étal des articulations; 2* état des viscères. Les articulations présentent tous les degrés imaginables de l'aiTection qu'on a appelée, dans ces derniers temps, du nom d'arthrite sèche. , Dans un premier groupes, nous voyons les cartilages présenter en certains points des dépressions, d'autres fois de véritables pertes de substance, des ul- cérations dont le fond est rugueux. Déjà la membrane synoviale est épaissie et injectée elle-même. Une espèce de synovie très-épaisse, très-visqueuse, remplit la cavité articulaire. C'est dans cet état que se trouvent les articulations fé^ moro-libiales. Au deuxième degré, le pourtour du cartilage est pour ainsi direérodé. Il est anfraclueuxetirrégulier. Au centre mêmeducartilageexisteutaussi, soitsimple- ment des abrasions, des érosions, soit des ulcérations plus ou moins profondes, dont quelques-unes mettent à nu la substance osseuse. Il semble qu'en même temps la texture du cartilage lui-même ait changé de nature; il paraît s'être ajouté à la substance cartilagineuse propre, du tissu fibreux qu'on enlève sous forme de lamelles. Dans ce degré, la synoviale est irés-épaissie; elle a une co- loration d'un violet foncé ; sa face interne est couverte de bourgeons charnus, dont quelques-uns sont pédicules. Un liquide épais et visqueux, mais transpa- rent, remplit la cavité synoviale; mais dans quelques articulations, on rencontre une sorte de substance blanche albumineuse, un peu concrète, complètement li- bre au milieu de la cavité droite. Notons qu'en outre la face externe de la membrane synoviale e.«.t doublée par une couche fibreuse très résistante, qui la sépare des ligaments articulaires propremenis dits. Cette couche nouvelle, qui semble due au tissu cellulaire MDS-synovial épaissi et deTenu fibreux, joue un grand rôle dans l'obscurité des mouvements exécutés par certaines ariiculations. Nous avons parlé de l'obstacle qui existait pendant la vie à l'extension de l'avaot-bras sur le bras ; nous avons àà rechercher sur le cadavre à quoi tenait cet obstacle. Aussi avons-nous dis- séqué avec soin : 1° le tissu cellulaire sous-cutané; 2* les muscles eux-mêmes; 3* les ligaments périarticulaires. Après avoir coupé successivement ces diffé- rentes parties, nous ne vîmes pas cesser le moins du monde l'obstacle à l'ex- tension ; mais sous les ligaments périarticulaires que nous enlevâmes avec pré- caution, nous rencontrâmes une couche épaisse, fibreuse, qui les séparait de la synoviale. Quand celle couche eut élé coupée, et qu'il ne resta plus que la séreuse elle-même, tous les mouvements s'exécutèrent dans l'arliculaiion comme à l'état normal. C'était donc, non pas dans raniculaiion même, non pas non plus précisément en dehors d'elle, que gisait la cause de celle contracture ap- parenle, mais bien dans la couche intermédiaire à la synoviale et aux ligamenls périarticulaires, laquelle s'était épaissie et rétractée, ce qui ne veut pas dire que, pendant la vte, les muscles ne jouaient pas un certain rôle dans la diflQ- culté qu'on éprouvait à étendre l'avant-bras; mais ce rôle cessa complètement après la mort. Les articulations qui présentaient les altérations que nous venons de décrire étaient Ies4)lus nombreuses. C'étaient la plupart des ariiculations roétacarpo-pha- langiennes et inétatarso-phalangiennes. celles des phalanges entreelles aux doigts comme aux orteils. Les deux articulations du coude rentrent dans le même groupe. Quelques-unes de ces articulations présentaient en outre, en dehors de la sy- noviale, dans la couche même dont l'épaississement avait causé au coude une sorte d'ankylose inlraarliculajre, une espèce de productions osseuses, lesquelles étaient, pour certaines articulations, une des principales causes de leur gonfle- ment anormal. Enfin, dans un dernier groupe, nous assistons au début de Tankylose intra- articulaire celluleuse, et quelques articulations de notre malade présentent le degré le plus élevé de cette altération ; dans les articulations du premier mé- tatarsien avec la première phalange des deux pouces, on rencontre, au sein même de la cavité articulaire dos brides tibrq celluleuses qui s'étendent du mé- tatarsien à la phalange. Dans ces mêmes jointures, où la synoviale est rouge, villeuse, couverte de bourgeons charnus, on rencontre aussi, en dehors de cette synoviale, des brides celluleuses intermédiaires à la séreuse et aux ligaments périarticulaires. Il y a donc, dans ce cas, ankylose inlraarticulaire et extra-arti- culaire. En règle générale, c'est du fond d'une ulcération du cartilage, laquelle a mis l'os â nu, que partent les brides celluleuses intraarticulaires. Ces dernières vont de Pautre côté se rendre, soit au fond d'une ulcération analogue du cartilage apposé, soit k la face interne d'un point quelconque de la synoviale, elle-même. 83 Mais, dans (Tautres cas, à ce qu'il nous a semblé du moins, c'est le cartllagt lui-même transformé, devenu fibro-canilage, que l'on voit partir ces ligame'nts interarliculaires de nouvelle formation. Ces derniers, tantôt friables, minces et transparents, tantôt plus épais et plus résistants, permettent d'ailleurs encore certains mouvements; ils permettent, par exemple, dans les articulations méta- carpo-phalangieones des pouces, un certain degré de flexion , mais limitent complètement l'extension et l'abduction ; aussi le muscle court abducteur du pouce a-t-il subi complètement la transformation graisseuse, ce qui contraste avec l'état des autres muscles de la main qui ont conservé, à peu de chose près, leur volume et leur coloration normales. Dn degré de plus, et l'ankylose ceiluleuse intraarticulaire est complète. Les liens celluleux de nouvelle formation sont solides, résistants, et les mouvements de flexion ou d'extension sont devenus tout à fait nuls ; c'est ce qui existe pour les articulations radio-carpienne, libio tarsienne du côté gauche. Dans quelques articulations pbalangiennes, le but ou le résultat de la mala- die a été tout difiërent de ce que nous venons de voir; le cartilage a presque entièrement disparu, il n'en reste plus que quelques Ilots. L'os mis à nu est ru- gueux, mais presque sans altération. Mais ce qui est surtout à noter, c'est qu'il n'existe ici aucune production celluleuse intraarticulaire. C'est dans ces articulations surtout que le frottement des surfaces déterminait pendant la vie une crépitation très-sensible. En résumé : , Le gonflement et la déformation des articulations tenait dans ce cas : 1* à l'épaississement de la synoviale ; 2° à l'épaississement avec transformation fibreuse du tissu cellulaire sous-synovial ; 3* à la formation dans ce tissu cel- lulaire de productions cartilagineuses et osseuses. La diminution de la mobilité des os les uns sur les autres, tenait, soit à la formation de liens cetluleux développés entre les deux surfaces articulaires con- tiguës, soit à l'épaississement avec production de liens fibreux de la couche celluleuse sous-synoviale. C'est à cette dernière variété d'ankylose qu'était due la fausse contracture des membres supérieurs ; n'est -il pas possible dés lors que l'altération désignée par quelques auteurs sous le nom de contracture rhu- matismale, ne soit souvent rien moins que le résultat d'une modification dans le tissu même des muscles. Enfin, nous assistons à tous les degrés possibles d'une altération particulière des cartilages, commençant par une simple exulcération et se terminant par une dènudation plus ou moins étendue des os subjacents, altération qui s'ac- compagne souvent de l'adjonction de tissu fibreux à la substance cartilagineuse elle-même, et pendant ce temps la synoviale s'est injectée, gonflée, elle s'est couverte de bourgeons charnus ; mais le liquide qo'elle exhale ne diffère de l'é- tal norroal que par sa visccsité pins grande, et dans certains cas, par la pré» su ■^nce (J'urie substance albuiiiioeuse plus ou moins opaque ; pas de pus, pas île véritables fausses membranes. Le cœur ne présente aucune altération sensible, soit, dans ses parois, soil dans ses valvules. Les deux poumons présentent de nombreux luoercules, çà et là des excavations au sommet des deux organes. Le lobe inférieur gauche pré- sente une induration considérable à son centre, laquelle est due à une bépaiisa- tion pulmonaire difi'use qui environne de toutes pnrts un noyau d'inGltration tu- berculeuse dont le centre s'est déjà ramolli. Les autres organes n'ont rien présenté de notable. :22 mars.) H* CORPS FIBREUX DE l'utérds, recueilli dans le service de M. Gobler, à Saini- Antoine; par M. Candet. Le 8 mars, il est entré dans le service une femme âgée de 66 ans, présentant tous les signes extérieurs d'une CHChexie cancéreuse irés-avancée ; une hémor- rhagie utérine très-aboudante durait depuis plusieurs jours; elle ne cessa pas pendant le séjour à l'hôpital, et la malade mourut le lendemain. A l'autopsie, on trouve l'utérus distendu à peu près uniformément, ayant ac- quis le volume de l'organe au troisième mois de la conception, il présentait ime rénitence très-considérab!e, ses parois ne se laissaient pas déprimer même par une pression assez forte. Lorsqu'on embrasse avec toute la main le corps de l'Utérus, on sent quelques saillies arrondies. L'organe enlevé, on constate l'é- tat suivant : les parois du vagin sont dan.x toute leur étendue transformées en inalièpe cancéreuse ramollie, le col de l'utérus est presque entièrement détruit par la même cause; l'orilice utérin se trouve situé tout à fait sur l'extrémité droite de la partie dégénérée qui représente le col ; lorsqu'on incise le corps de l'utérus, on tombe sur des tumeurs libreuses, multiples , oflrant plusieurs noyaux très-durs; ces tumeurs paraissent développées comme toutes les tu- meurs fibreuses dans l'épaisseur de la tunique moyenne ou musculeuse, elles se sont surtout formées dans la partie gauche de l'organe, de sorte que la ca- vité utérine, dont l'étendue est notablement réirécie est rejetée complètement à droite. La trompe du côié droit est irès-distendue et contient un liquide puni- leni que Impression peut faire refluer daris la cavité utérine par l'orifice de la trompe. Ainsi on remarquera, dans celle pièce, la coïncidence d'un cancer du vagin et du col de l'utérus avec des tumeurs fibreuses du corps de l'organe. (8 mars.) 9" ÉCOULEMENT DE PUS PAR LES POINTS LACRYMAUX, SANS TlIMf.UR LACRYMAI.K : par M. BÉRAUD. M. Béraud présente une pièce recueillie sur un cadavre d'Iiomme âgé d'en viron 50 ans. Il signale les p^niculantés suivantes : 35 1° Les points lacrymaux et les conduits lacrymaux sont parfaitement sains. 2"" 11 n'existe pas de valvule à leur oritice commun dans le sac lacrymal, cd qui a lieu dans les deux tiers des cas, d'après des dissections qu'il a faites, et sur lesquelles il aura l'occasion d'appeler l'attention de la Société prochai- nement. 3° Le sac lacrymal renferme une petite quantité de matière puriforme ; il est rétréci dans tous ses diamètres, surtout du côté gauche, où il est réduit à sa moitié. Leur surface est criblée de petites ouvertures qui ne sont autre chose que les orifices des glandes parlfculières contenues dans le sac lacrymal. li' Il n'existe pas de valvule à l'orifice inférieur du sac, comme cela devrait exister dans la moitié des cas, d'après M. Béraud. Cette disposition est la même à droite et à gauche. 5" Le canal nasal des deux côtés est complètement oblitéré par le développe- ment de la muqueuse du conduit. On né peut pas voir l'orifice inférieur dans le méat. 6» Il y a absence de tumeur et de fistule lacrymale, malgré l'oblitération com- plète, et cela coïncidant avec l'absence de valvules auxquelles M. Béraud fait jouer un grand rôle dans le mécanisme de la formation de cette affection des voies lacrymales. (29 mars.) 10° CAS DE PYÉLiTE; par M. Charcot. Une jeune fille de 18 ans, blanchisseuse, était entrée dans le service de M. Bri- quet, à la Charité, le 10 mars 1851 ; elle mourut le 20 mars. Elle se disait ma^ lade depuis trois semaines seulement, mais avouait avoir été tourmentée d'assez vives douleurs de reins il y a trois ou quatre mois, lesquelles douleurs reparais- saient de temps à autre. Cependant rien, dans ses antécédents, qui ressemble à de véritables coliques néphritiques, et elle assure n'avoir jamais rendu de calculs ou de gravitrs avec les urines. Lors de son entrée à l'hôpital, on lui trouve un peu de fièvre avec exacerbation le soir ; quelques frissons erratiques; une douleur lombaire que la pression ou la percussion exaspèrent, et qui se fait sentir surtout dans la région du rein droit. La percussion méthodique pra- tiquée à la région lombaire démontre que les deux reins ont augmenté de vo- lume, mais que le rein droit est sensiblement plus volumineux que le gauche. Cinq ou six joufs avant son entrée à l'hôpital, elle avait été prise d'une hématu- rie assez abondante-, c'est la première fois que ce phénomène se présentait. A la suite de pissement de sang, l'urine, dont la quantité reste à peu prés nor- male, devient épaisse, bourbeuse et fétide, très-fétide même et exhalant une odeur gangreneuse, surtout dans les derniers moments de sa vie. Ces urines, par le repos, laissaient déposer un précipité purulent, mais la partie supérieure n'en devenait pas pour cela beaucoup plus transparente, et la partie décantée fvrécipitait fortement par l'acide nitrique. 96 Les deux derniers jours, la langue est sécbe, la |>eau devienl de couleur plombée et técbe, il survient du subdelirium, eu un mol tous les signes d'un état typhoïde assez grave. Jamais la malade n'a présenté de vomissements. Le traitement a consisté principalement en l'application de cautères, par 1« procédé Hayor, sur la région du rein droit. ^ l'autopsie, on trouve les deux reins augmentés de volume, presque du double. Cette augmentation est due à la dilatation, par du pus fétide, des bas- sinets, dont les parois sont couvertes d'une sorte de pseudomembrane verte, et présentent en quelques points des ulcérations d'aspect et d'odeur gangreneux. La substance même du rein est amincie, aplatie, non altérée. On trouve, au ui- yeau de l'insertion des uretères, dans le bassinet, à droite et à gauche, un cal- cul à peine du volume d'un haricot. Un autre calcul du volume d'un gros pois nageait au milieu du pus que contenait le bassinet gauche. Les uretères étaient doublés de volume, leurs parois épaissies ; ils étaient en même temps noueux et présentaient çà et là des dilatations. La muqueuse vésicale était épaissie, brune, violacée, surtout au niveau de 90D pied. Les trois calculs dont nous avons parlé sont les seuls qui aient été rencontré» dans les organes génito-urinaires. (29 mars.) IIL — TÉRATOLOGIE. SUR UN CAS DE DUPLICITÉ CHEZ LE LIMAX AGRESTIS; par M. LAURENT. M. Laurent communique le fait d'une monstruosité observée sur un embryon (lu Umax agrestis qui, au lieu de n'offrir qu'une seule vésicule ombilicale et une seule rame caudale, ce qui constitue l'état normal, présente uu corps uni- que en avant, bifurqué en arrière et terminé par deux rames caudales dont les mouvements d'expansion et de contraction alternent entre eux et contrastent avec les mêmes mouvements d'une seule vésicule ombilicale. (20 mars.) COMPTE RENDU DES SÉANCES LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE PENDANT LE MOIS d' AVRIL 1851; MU. les doetears I.F.BERT et BB0WIV-SI':QIIARD , secrétaires. Présidence de M. RAYER. l. — ANATOMIE NORMALE, t" PAVILLONS MULTIPLES RENCONTRIÎS SUR DES TROMPES UTI^iRINES DE FEMMES; par M. A. Richard fils. « M'occnpant de recherches sur la trompe utérine, dont je me propose de donner les résultats dans ma thèse, j'ai rencontré sur plusieurs trompes une anomalie dont ancun auteur jusqu'à présent n'a fait mention : je veux parler de la présence sur une même trompe de plusieurs pavillons distincts. Je crois que 38 le hasard m'a favorisé dans ces recherches; car sur une trentaine de cadaTres de femmes d'âge différenl dont j'ai enlevé l'utérus et ses annexes pour les examiner, j'ai rencontré cinq fois cette singulière anomalie. Voici en quelques mots, d'une manière générale, en quoi elle consiste. » Le pavillon normal qu. termine l'oviducte existe sur toutes ces pièces. Il n'offre rien de particulier; mais en examinant le corps de la trompe, au-dessous ' de son pavillon, on rencontre à une distance qui varie depuis quelques millimè- tres jusqu'à 2 ou 3 centimètres, un second orifice muni de franges analogues à felle du pavillon normal, formées par conséquent par la muqueuse de l'ovi- ducte, qui fait en quelque sorte hernie au travers des tuniques musculeuse et séreuse de la trompe. Il m'a toujours été possible d'introduire par l'oriQce que présentent ces pavillons accessoires un stylet, et de pouvoir ainsi constater que cette ouverture anormale fait communiquer le canal de la trompe avec la cavité péritonéale; et poussant . égarement le stylet soit vers l'oriflce abdominal, soit ▼ers l'oriflce utérin de la trompe, on le voyait, dans le premier cas. sortir par le véritable pavillon , et dans le second cas , pénétrer dans la cavité de la matrice. » Je n'entrerai pas dans la description spéciale de chaque pièce ; qu'il me suffise ^e dire que, sur les cinq cas que je possède, une trompe appartient à un fœtus à terme et présente deux pavillons accessoires; une seconde à une fille de 15 an« Tion réglée, et offre également deux pavillons anormaux; les trois autres à des femmes adultes, et sont munies chacune d'un pavillon surnuméraire. » Je ne parlerai pas non plus des déductions physiologiques que l'on pourrait tirer de l'examen de ces trompes pour l'explication des causes si peu connues de la variété abdominale des grossesses extra-utérines'; je voulais simplement con- stater le fait anatomique, me proposant de traiter avec quelques détails cette question dans ma thèse. » (12 avril.) 2» SDR LE CANAL CENTRAL DE LA MOELLE ÈPINIÈBE; par M. BÉRAUD. M. Béraud met sous les yeux de la Société une moelle de chien adulte ré- cemment sacrilié, pour en montrer le canal central. Voici ce qu'il a trouvé de particulier. Il existe un canal dans toute l'étendue de la moelle, canal que l'on constate par des coupes transversales du cordon médullaire. Ce canal est situé sur la ligne médiane, et se présente sous la forme d'une fente ayant 1 millimètre environ de diamètre. Transversalement, la paroi antérieure est appliquée sur la paroi postérieure, de manière que la cavité est pour ainsi dire effacée ; mais si l'on presse latéralement, on fait enlr'ouvrir les lèvres de cette ouverture, et l'on voit manifestement qu'il y a un canal. Il oc- cupe un espace compris entre la commissure blanche ou antérieure et la com- missure grise ou postérieure. De plus, une membrane mince en tapisse tout l'intérieur. On n'a pas de peine à constater la présence de celte membrane eu 39 pénéirant dans le sillon médian antérieur ou bien dans le siilou médian posté- rieur. SI on détruit la substance de la commissure, on trouve au-dessous d'elle une membrane trés-mince, trcs-lransparente, venant se continuer avec la mem- brane qui tapisse la face postérieure du bulbe rachidien. L'ouverture que présente ce canal à la coupe transversale n'est pas parfaite- ment la même à tous les points. Supérieurement, elle est arrondie; plus bas, elle devient transversale. Ce qui a surtout fixé l'attention de M. Béraud est la présence d'orilices très- nombreux, assez régulièrement disposés dans toute la hauteur du canal, à une distance d'environ 1 centimètre les uns des autres. Il se demande si ces orilices arrondis ne seraient pas les ouvertures de canaux particuliers qui viendraient se rendre dans cbaque paire de nerfs; de sorte que chaque cordon nerveux au- rait aussi un canal central. Mais il reconnaît que cette interprétation mérite d'êlre réservée. Il se promet d'ailleurs de faire quelques études sur ce point. Il n'a pas trouvé de liquide dans l'intérieur de ce canal. (12 avril.) II. — PATHOLOGIE ET ANATOMIE PATHOLOGIQUE. 1* TAKIOLB DD FOETUS; VARIOLOÏDE CHEZ LA MÈRE; AVl- TEMENT AU CINQUIÈMK MOIS DE LA GROSSESSE; par M. CUABCOX. « Une femme âgée de 23 ans, brune, d'un tempérament où prédomine évi- demment le système nerveux, bien réglée habituellement, portant au bras gau- che des cicatrices de légitime vaccine et n'ayant jamais eu la variole, entre, le 25 mars, à l'hôpital de la Charité (salie Saint-Basile, 10, service de M. Rayer) ; elle se dit enceinte de cinq mois. » Voici les faits que nous croyons devoir noter dans ses antécédents. Étant très-3eune , elle a eu des lièvres revenant par accès tous les deux jours ; plus tard, à l'âge de 13 ans, elle a été choréique pendant plusieurs mois. Les règles se sont établies diiScilement; leur apparition a été précédée et suivie de flueurs blanches abondantes. Mais enfin elles sont devenues régulières. Il y a deux ans, une première grossesse se manifeste. Nul accident ne l'accompagne, yi ce n'est quelques douleurs dans les reins et dans le bas-ventre pendant la marche et la station verticale. L'accouchement se fait d'ailleurs naturellement, à terme, et l'enfant est aujourd'hui bien portant. Il y a cinq mois, signes d'une nouvelle grossesse. Ajoutons que, dans l'intervalle entre la première et la deuxième grossesse , aucun phénomène morbide ne s'est manifesté. » Dès le début de la nouvelle grossesse, la malade éprouve une fatigue inso- lite, de la langueur. En même temps les tissus pâlissent ; il survient de la céphal- algie, des douleurs dans les reins et dans les aines, surtout pendant la marche. En même temps un abondant écoulement de flueurs blanches apparaît. Les pal- pitations ne sont pas habituelles, mais il y a de temps à autre des lipothymies. Tout ceci dure pendant les quatre premiers mois de la grossesse. ho n 11 y a trois semaines environ, sans cause connue, le malaise augmente ; err même temps des frissons assez intenses, de l'inappélence, de la clialeur fébrile se font sentir; puis, à la suite de légères démangeaisons, des boutons apparaissent aux bras, aux poignets, aux cuisses, sur la face. Ces boutons sont tout au plgs au nombre de dix en tout : ce sont, d'après la description de la malade, des pa- pules qui bientôt se couvrent d'une vésicule argentée dont l'enveloppe se dessè- che bientôt de manière à former une croûte. Cette croûte, après sa chute, laisse voir, surtout à la face palmaire du poignet droit, deux petites ulcérations super- ficielles du derme, dont on voit encore très-bien les traces aujourd'hui. » D'ailleurs , l'apparition de l'éruption que nous venons de décrire a été ac- compagnée d'une rémission presque complète des phénomènes généraux qui l'ont précédée. L'évolution des pustules, depuis l'apparition des papules jusqu'à la chute des croûtes, s'est faite à peu près en cinq jours. Notons que, dans les phé- nomènes pvodromiques, nous n'avons à remarquer ni vomiasements ni douleurs de reins nouvelles. » C'est a cette époque que, pour la première fois, les mouvement» de l'enfant se firent sentir. Assez intenses d'abord, douloureux même pour la mère, ils ne lardèrent pas à devenir très-rares, et bien différents, dit-elle, de ce qu'ils s'é- taient montrés lors de la première grossesse. Remarquons toutefois qu'elle assure avoir senti remuer jusque dans ces derniers temps ^ mais c'était surtout quand elle changeait de position, et alors une sorte de choc se faisait sentir dans la partie de l'utérus devenue la plus déclive. » Quinze jours après le début de la lièvre éruptive, elle entre à l'hôpital, où nous la trouvons dans l'état suivant : » La face est très-pâle, plombée ; les yeux sont enfoncés et entourés d'un cer- c'e brun. État de langueur extrême; céphalalgie ; pas de palpitations; pas d'oe- dème des membres inférieurs. La malade ne tousse pas; elle assure ne parf tous- ser habituellement et n'avoir jamais craché de sang. L'auscultation des poumons ne fait, au reste, entendre aucun bruit anormal. Souffle doux bien manifeste, au cœur, au premier temps et à la base; murmure vasculaire continu dans les yaiS' seaux du cou. i> Douleurs dans les reins et dans le bas-yentre, spontanées et provoquées par la pression, par la marche et par la station. 1) La langue est rouge, sans enduit, parfois sèche. La peau s'échauffe un peu le soir, et il y a de temps en temps des frissons erratiques. Le soir aussi le pouls devient généralement assez fréquent (de 90 à 100 pulsations). Pas de sueurs noc- turnes. » Le foie et la rate ont leur volume normal ; l'utérus remonte à 1 ou 2 pouces au-dessus de l'ombilic. Jamais l'auscultation de l'utérus n'a pu nous dénoter l'existence soit du souffle placentaire, soit des battements du cœur du fœtus. •> En raison de ces symptômes, on administre à la malade 50 centigrammes de wus-carbonale de fer chaque soir; bains simples. 41 » An bout de cinq ou six jours de ce traitement, la malade se sent beaucoup mieux et pense déjà à sortir de l'hôpital. Ainsi la petite fièvre du soir avait dimi- nué; les douleurs dans les reins et dans le bas-ventre avaient presque entièrement cessé, lorsque, dans la nuit du 3 au 4 avril, la malade est réveillée tout à coup par une violente douleur siégeant au-dessus du pubis, douleur suivie presque aussitôt d'un écoulement assez abondant de sang par les parties génitales. Ces douleurs prennent bientôt le caractère de douleurs expultrices, et l'accouchement s'opère à une heure de l'après-midi, le 4 avril. » L'enfant offre tous les caractères d'un fœtus de 5 mois, et présente en outre tous les signes qui dénotent une mort remontant déjà à plusieurs jours an moinsr En effet, le tissu cellulaire péricrânien est abondamment infiltré de sérosité rousse; de plus, l'épiderme s'enlève presque partout avec la plus grande faci- lité , surtout aux mains et aux pied«. D'ailleurs , pas de fétidité bien remar- quable. » Le corps de ce fœtus présente çà et là des pustules de divers volumes, dont les unes sont isolées, dont les autres, au contraire, sont réunies en plaques plus ou moins larges. De ces pustules, les unes ont de 6 à 7 millimètres de diamètre : ce sont, il est vrai, les plus volumineuses; il en est, au contraire, qui ont tout au plus de 1 à 2 millimètres de large; il en est enfin de volumes intermédiaires. Toutes sont parfaitement arrondies, et font une légère saillie au-dessus du niveau delà peau. La plupart présentent une dépression centrale de l'ombilic; d'autres présentent, au contraire, une surface entièrement lisse, et cet ombilic n'existe pas plus spécialement soit sur les grandes pustules, soit sur les petites ; car il est de très-petits boutons qui ont à leur centre une dépression bien nette; il en est de volumineux, au contraire, qui n'en présentent pas de traces. » La couleur des pustules est d'un blanc jaunâtre, mat, opaque, qui tranche vivement sur la coloration rouge foncée des téguments. Voici d'ailleurs d'une manière générale comment elles sont disposées à la surface du corps. La région du crâne présente quatre ou cinq pustules, petites, non ombiliquées; trois pus- tules volumineure?, non ombiliquées, sur la face : l'une en avant du lobule de l'oreille droite; l'autre à la commis, re droite des lèvres; l'autre enfin au-des- sous de la lèvre inférieure. La région de la nuque est entièrement couverte par une large plaque composée de pustules, dont les plus périphériques sont encore libres par une partie de leur circonférence, dont les plus centrales sont entière- ment confondues. De larges fissures sillonnent cette plaque, au fond desquelles le derme est mis à nu par suite de la chute d'une partie de l'épiderme et de la matière opaque sous-jacente, laquelle est en ce point friable et comme caséeuse. Quatre ou cinq pustules de divers volumes, dont quelques-unes sont ombiliquées , à la partie supérieure de la région du dos; quatre petites pustules non ombili- quées sur la fesse gauche; trois pustules non ombiliquées sur la région antérieure de la poitrine. » Les membres inférieurs présentent les boutons les plus volumineux, les mieux A2 earactériséa , les mieux ombiliqués. Ces boutons, chose à noter, semblent vas-- •emblés autour des arliculalions du genou. C'oa ainsi qu'on rencontre trois pus- tules, dont deux très-volumineuses et bien ombiliquées, immédiatement au-des- sus du genou gauche,à la partie interne et inférieure de la cuisse; quatre pustules, dont trois volumineuses et ombiliquées, à la partie supérieure du mollet gauche; à droite, une large pustule non ombiliquée à la partie interne et supérieure de la jambe, et plus bas deux ou trois petits points blancs non ombiliqués. Le membre aupérieur droit ne présente qii'une seule pustule, sans ombilic à la partie posté- rieure et inférieure de l'épaule ; mais le gauche présente au coude une large plaque composée d'au moins huit ou dix pustules, dont la plupart sont encore distinctes et bien ombiliquées. Il en existe en outre une autre très-grande et Bans ombilic à la partie postérieure de l'avant-bras, au-dessus de l'arliculatiou du poignet. » Nous avons cherché à nous rendre compte de la composition anatomique de ces pustules. Voici ce à quoi nous sommes arrivé. « Si l'on enlève l'épiderme de la périphérie de la pustule vers son centre, ce qui est facile à cause de la macération à laquelle le fœtus a été exposé, on enlève avec lui la matière blanchâtre qui donne au bouton son relief et sa coloration. Alors on voit à la surface du derme, mis à nu, une foule de papilles coniques, d'une couleur blanchâtre , hyaline, du centre desquelles part généralement un poil. Les portions du derme sur lesquelles sont implantées ces papilles présen- tent aussi une coloration blanche et une légère saillie au-dessus du niveau du derme. En dehors de la tache blanche formée par ces papilles, qui ne sont évi- deihment que les follicules pileux anormalement développés, d'une part, et le derme inflltré d'une substance particulière, de l'autre, se voit une auréole d'un rouge vif sur laquelle les follicules pileux sont encore volumineux, mais beau- coup moins qu'au niveau de la tache. Enfin, en dehors de l'aréole, le derme présente ses caractères normaux < et les follicules pileux y ont leur volume or- dinaire. » Si l'on fait une coupe verticale de la peau passant par le milieu d'une pus- tule, et qu'on examine la tranche mince ainsi obtenue, par transparence et a» microscope, on voit au niveau de la pustule le derme plus épais, plus opaque qu'ailleurs , contenant des follicules verticalement disposés et presque juxta- posés, cylindriques à leur centre, mais terminés en cul-de-sac à une de leurs extrémités, celle qui correspond à la face profonde du derme. Ces follicules pa- raissent en outre distendus par un liquide, et l'emportent au moins d'un tiers en volume sur les follicules pileux du derme examiné en dehors des pustules. Du centre de chaque follicule part un poil, qui naît tout près du cul-de-sac termi- nal, traverse la couche anormale sous-épidermique,et enfin l'épiderme lui-même; et en efifel, en examinant à la loupe la surface des pustules, on la voit hérissée d'une foule de petits poils, comme cela a lieu d'ailleurs pour le reste de la surfarn '^Rumentaire. » Nous avons examiné ensuite l'épidernae et la matière anormale qu'on enle- vait avec lui, et à laquelle la pustule devait la plus grande partie de son relief. Or, dans cette masse, à part les cellules épiderraiques h contours bien nets et à noyaux bien distincts, cellules très-nombreuses, il est vrai, au niveau de la pus- tule, nous n'avons rien trouvé de remarquable, si ce n'est une matière amorphe, au sein de laquelle existaient des granulations arrondies, opaques, disposées en groupes; nous n'avons pas pu déterminer la nature de ces g'obules, mais nous pouvons affirmer qu'il ne s'agissait pas là de globules de pus , bien qu'on pût les considérer comme tels, eu égard à leur volume. » Rien, dans la structure des pustules, qui ait pu nous indiquer par quel mé- canisme s'était opérée l'ombilication. Le plus souvent la dépression centrale em- brassait le sommet de cinq ou six follicules pileux, qui d'ailleurs ne paraissaient pas plus volumineux ou autrement altérés que ceux qu'on rencontrait dans le reste de la pustule. » L'ouverture du cadavre ayant été faite, nous n'avons rien trouvé de notable dans les principaux viscères. La muqueuse buccale, celle du pharynx, ne pré- sentent pas de pustules. Rien de notable dans l'œsophage, l'estomac, l'intestin grêle, le gros intestin, qui ont é:é examinés dans toute leur étendue; foie déco- loré, non congestionné; rate normale. Les poumons sont sains, ainsi que le cœur et le thymus. Une certaine quantité de sérosité sanguinolente dans les plè- vres, le péricarde et le péritoine ; mais ceci peut naturellement être attribué au genre de mort du fœtus. » (5 avril.) 2<* SDR DEUX TUUECBS DU S.IMIS MAXlLLAIIt£$ pgf M. NÉLATON. M. Triqnet présente, au nonc de M. Nélaton, deux tumeurs do sinus maxil- laire. « L'une est un lipome; l'autre, enlevée il y a quelques jours, est une tumeur fibreuse. • Ces tumeurs sont excessivement rares dans le sinus maxillaire; je ne crois pas qne les auteurs en aient décrit de semblables en cet endroit. Elles doivent intéresser la société à plus d'un titre : » 1 o Par leur nature ; i2<> par leur siège ; Z" par les symptômes ; 4" par le diagnos- tic et par le traitement. » Chez des malades jeunes, les polypes cancéreux, les exostoses, sont communs et se rencontrent tous les jours ; mais il est peut-être sans exemple qu'on ait ren- contré deux tumeurs de la nature de celles qui nous occupent. > Le .lipome était tout à fait semblable à ceux qu'on trouve ailleurs: masse adi- peuse compacts) cloisonnée par des lamelles celluleuses. Chacune des loges ren- fermait de petites masses de graisse jaunâtre ; il n'y avait pas de traces de vais- seaux. Un œuf ordinaire en peut mesurer le volume. La tumeur fibreuse est comparable à un œuf de pigeon. A la coupe, on ne voit que des lames et des àU fibres de tissu cellulo-fibreux ; à la pression, on n'en voit sortir aucune espèce ne liquide. Elle ne présente également point de vaisseaux. Unn membrane de tissu cellulaire fin et rosé l'enveloppe de toutes parts : aussi a-t-on pu l'énucicer du sinus en quelque sorte et avec une spatule. » Ces deux tumeurs, bien que peu volumineuses, avaient distendu les parois du sinus. Ces parois étaient amincies au point qu'une épingle ordinaire pouvait traverser la voûte palatine sans difllculté. » Chez les deux sujets, quelques dents manquaient, et c'est en pénétrant par ces alvéoles que M. Nélatonput confirmer son diagnostic et reconnaître à quelle espèce de tumeur il avait ailaire. Une très-petite portion avait été excisée avec des ciseauxiins, et donné ainsi le spécimen de la tumeur (si l'on peut ainsi dire). Du reste, les parois du sinus étaient tellement amincies qu'un instant on avait pu croire à une fluctuation apparente. » Quant au traitement, M. Nélaton imagina de prolonger irn peu en dehors la commissure labiale, au moyen du bistouri, dans l'étendue de 1 à 2 centimètres. La paroi antérieure du sinus, ainsi mise à découvert, fut enlevée au moyen d'un scalpel ordinaire, et la tumeur fut extirpée par énucléation en quelque sorte, et avec assez de facilité. Quant au lipome, c'est une pièce trouvée sur un cadavie, dans un pavillon de dissection; elle n'en a pas moins une certaine valeur au point de vue de l'anatomie pathologique. » (5 avril.) 3» LA PRESENCE DE l'aLBUMINE DANS l'uRINE DES DlABÉTIQt'ES EST-EM.E TOOOl'RS UN SIGNE FAVORABLE? par M. RaYER. «1 M. Landouzy, professeur de clinique médicale à Reims, m'a adressé un nia- lade atteint depuis plusieurs années de diabète sucré. La privation des féculents et l'usage des alcalis ont beaucoup diminué la proportion du glucose dans l'urine et les autres symptômes du diabète.Toutefois-la euérison est loin d'être complète. Depuis deux mois ènvifon, M.Landouzy a constaté qu'une certaine quantité d'al- bumine s'était ajoutée au glucose. La proportion de l'albumine dans l'urine ayant augmenté, le malade a éprouvé une sorte d'étourdisseraent et un trouble marqué, mais passager, dans la vision. » Dans un premier échantillon d'urine, j'ai constaté, comme M. Landouzy, l'existence d'une certaine quantité de glucose. La quantité d'albumine, notable dans ce premier échantillon, l'était beaucoup moins dans un second, qui m'a été remis quelques jours après. Du reste, le rnalade ne présentait aucune trace dœ- dème à la face ou aux membres, aucune trace d'infiltration des paupières, enlin aucun des caractères extérieurs de la maladie de Bright. Il ne parait pas non plus, chez lui, y avoir d'inflammation des voies urinaires ni d'affection du cœur. Or je n'ai pas cru pouvoir me prononcer sur ce que pouvait signifier, dans ce cas, l'apparition de l'albumine dans l'urine. • Pour justiQer cette réserve, je rappel'eiai d'abord une opinion émise par Du- Û5 piiylren elM. Thënavd; j'indiquerai ensuite quelques obseivatious qui me soul propres et quelques autres que j'emprunterai à M. Christison. » Dans un mémoire lu , en 1806, à la Société de la Faculté de médecine de Paris et inséré dans son Bulletin ^Bulletin de la Société de la Faculté de mé- decine DE Parts, 1806, p. 4J), MM. Dupuytren et Thénard annoncèrent qu'en ne donnant aux diabétiques que des aliments animalisés, leur urine avait changé assez promptement de nature; que d'abord on y trouvait une matière albumi- neuse dont la quantité allant pendant quelques jours en croissant, paraissait être un signe non équivoque de la guérison de la maladie; qu'ensuite l'albumine disparaissait peu à peu, et que l'urine ne tardait pas à reprendre les caractères de l'urine d'un homme sain. » Comme MM. Dupuytren et Thénard, j'ai vu chez une personne atteinte de diabète sucré le sucre disparaître de l'urine, et être remplacé par une certaine quantité d'albumine; mais, dans ce cas, l'urine continua d'être chargée d'albu- mine pendant plus d'un mois, et elle l'était encore lorsque la malade quitta l'hô- pital. J'ai rapporté ce cas dans mon Traité des maladies des reins, t. II, p. 224. C'était celui d'une femme âgée de 33 ans, dont l'urine, après avoir contenu une assez grande quantité de glucose (elle pesait 1,037 à l'aréomètre de Baume;, de- vint ensuite fortement nlbumineuse et légèrement sanguinolente. Après la dis- parition du sucre, il survint un catarrhe pulmonaire, accompagné d'œdcme et d'autres accidents graves. La toux, la dyspnée et l'œdème cédèrent au bout d'un mois et demi de traitement environ, et la malade, se regardant comme guérie, Toulut quitter l'hôpital. A cette époque, on s'assura de nouveau qu'il n'y avait pas de sucre dans l'urine ; mais elle continuait d'être albumineuse. Quatre mois après, j'appris que cette femme avait succombé à une affection de poitrine, et que l'ouverture du corps n'avait pas été faite. » On ne peut dire d'une manière positive quelle fut, dans ce cas, la cause de l'apparition de l'albumine dans l'urine. L'œdème passager fut-il lié à l'existence de l'urine albumineuse, comme dans la maladie de Bright? Plus tard, dans quel élat eût-on trouvé les reins si l'autopsie du cadavre eût été faite ? Tous ces desi- derata de l'observation lui ôtent, je le reconnais, une grande partie de son in- térêt; toutefois elle montre que la disparition du sucre, suivie de l'apparition et de la persistance de l'albumine dans l'urine, ne permet pas de s'abandonner à une sécurité complète. » Au resie, un autre cas qui s'est pré?enté, dans mon service à l'hôpital de la Ciiarité, et que M. Bell a cité dans son excellent travail sur le diabète (H. Bell, An essai on diabètes; translatedby Alfred Markwick. Lond. 1842), établit net- tement que l'apparition d'une urine albumineuse dans le cours d'un diabète est quelquefois l'Indice d'une complication grave, au lieu d'être un signe favorable. C'était le cas d'un diabétique qui succomba à une néphrite ter;i:inée par suppu- ration. • Vne observation recueillie par M. Christison démontre aussi nue l'apparition Û6 de l'albumine dans l'urine, dans un cas de diabète, peut être un symptôme très- grave, suivi tôt ou tard d'bydropisie ; le symptôme, enfln, d'une altération des reins qui se terminera par la mort. Il s'agit d'un homme de 40 ans, bien consti- tué, qui, souffrant du diabète depuis deux ans, avait perdu graduellement de son embonpoint et de ses forces. L'urine fermentait avec !a levure de bière, et pesait de 1045 à 1055- Entré à l'hôpital le 9 juillet 1838, cet homme languit jus- qu'au milieu de septembre. A cette époque, l'urine devint fortement coagulable par l'acide nitrique et par la chaleur; sa pesanteur spécifique diminua progres- siveavent le 10 décembre; elle n'était plus que de 1010; le 5 janvier 1839, de 1005; il n'y avait plus de traces de sucre. Le malade, épuisé par une diarrhée rebelle, iqpurut vers la fin de mars. A l'ouverture du corps, on trouva des épan- chements séreux dans le péritoine, les plèvres, le péricarde et l'arachnoïde. Une quantité considérable de matièrejaune était déposée dans la substance corticale des reins, et se prolongeait entre les tubes urinifères, altération, dit H. Christison, qu'on observe souvent dans l'affection granuleuse des reins. » L'auteur ajoute que, dans plusieurs autres occasions, il a observé de l'albu- mine dans des urines de diabétiques, et que danè un cas où la quantité de l'al- bumine était considérable, les reins présentèrent, après la mort, la dégénères* cence granuleuse. » Pour les autres cas, il ne fait aucune remarque. » En résumé, si l'apparition de l'albumine dans l'urine des diabétiques est quelquefois un signe favorable, cette circonstance peut être aussi l'indice d'une complication grave ou de la substitution d'une antre maladie, parfois mortelle. » (12 avril.) ■'*" HE LA LEUCOCTTHÉUIE' OC DU SANG A GLOBULES BLANCS ; par M. HuGHES BeNNETT, professeur de physiologie et de clinique médicale à Edimbourg. « Le 19 mars 1845, j'ai examiné le corps d'un homme qui avait succombé dans le service de M. Christison, à l'infirmerie royale d'Edimbourg. Ce malade avait été atteint d'une hypertrophie de la rate et du foie ; son sapg renfermait une quantité très-notable de corpuscules ressemblant à ceux du pus (Edinb. med. AND SUR. JOURN., oclobre 1845). Au mois d'août 1845, Virchow a disséqué, à l'hô- pital de la Charité, à Berlin, le corps d'un homme qui avait également un en- gorgement notable du foie, et chez lequel il y avait la même augmentation des globules blancs. Le 3l décembre 1845, on a reçu à l'hôpital Saint-Georges, à Londres, un homme qui présentait, au docteur Fulier, le même phénomène avant et après la mort ; il avait eu, comme les autres, une hypertrophie notable de la rate (Lancet., juillet 18'(6). Depuis celte époque, plusieurs cas semblables ont été publiés, dans lesquels cette augmentation n'a point, il est vrai, été con- statée pendant la vie, mais doit nécessairement avoir existé, d'après les faits mentionnés. i7 « î.e nom de leucémie, donné à cette maladie pur Vircbovr, ne pafsn pa» désigner neitement cette maladie, narce que le sang n'est pas blanc, mais pré- sente fa coloration rouge ordinaire lorsqu'on le tire de la veine, et en outre on a donné ce nom, avec plus de raison, au sang icras examiné par Fraill, Cbristison et d'autres; car c'est plutôt ce sang qui présente une apparence laiteuse et opa- Usante. Le nom à donner à ce sang doit exprimer que le sang abonde en globule» blancs; le terme de leucocythémie provenant de Xeyxô; blanc, xo6oî cellule, et al^ia sang, désigne donc le fait, l'état pathologique, sans impliquer de théorie. » J'ai examiné, pour ma part, quatre cas de leucocythémie. • Obs. 1. — Un homme est admis dans la clinique de Cbristison le 27 février 184S. Il présente une tuméfaction considérable de l'abdomen dépendant évidem- ment d'un engorgement du foie et de la rate, qui remontait à un an de date en- viron. Les glandes lymphatiques du cou, de l'aisselle et de l'aine étaient engor- gées aussi; les autres symptômes étaient l'œdème des jambes, une diarrhée con- sidérable et un peu de fièvre quisurvintle 13 mars ; il succomba le 1 5. Le corps ne fut examiné que le i9, quatre jours après la mort. » État du sang. Dans tout le système veinedx, le sang était bien coagulé et remplissait le calibre des vaisseaux. On y distinguait une partie rouge inférieure et une partie jaune et supérieure; la partie rouge était de couleur brique un peu granuleuse sur la coupe et grumeleuse; la partie jaune était d'un brun clair ei opaque, facile à rompre et ressemblant à du pus crémeux. Examiné au micro- scope, avec un grossissement de 251 mètres, on y voyait beaucoup de filaments flbrineux mêlés avec des globules variant de diamètre entre 1/SO et 1/120 de mil- limètre, de forme ronde et globuleuse, à aspect granuleux et ressemblant tout à fait aux corpuscules du pus. De l'eau leur faisait perdre leur apparence granu- leuse et montrait un noyau de 1/200 de millimètre, ou deux ou trois plus petits. La partie rouge du caillot contenaii une plus petite quantité de globales blancs mêlés avec beaucoup de globules rouges. » Les parois des vaisseaux étaient saines, par places accidentellement adhérentes au caillot, mais faciles à détacher. Les petites veines des méninges paraissaient comme remplies de pus. » Le foie était tris-hypertrophié et pesait 10 livres et 12 onces; la rate, égale- ment hypertrophiée, pesait 7 livres et 12 onces; les glandes lymphatiques étaient partout très-volumineuses, surtout dans l'aine, où plusieurs avaient le volume d'un œuf de poule. Sur la coupe, elles présentaient un liquide sale et comme lac- tescent, qui, au microscope, contenait de nombreuses cellules propres à ces glandes. » Les autres organes étaient sains ; nulle part il n'y avait du pus. » Obs. il — C'était un garçon de 17 ans, reçu dans ma division clinique le 25 lanvier 1850. 11 était pâle, les conjonctives très-décolorées et présentant uno ap- parence tout A fait cachectique, l.'abdomcn est trcs-dislcndu par une tumeur sp'é- 68 nuiue qui, des dernières côtes, s'étend jusqu'à un pouce et demi de distance di la symphyse du pubis ; en avant, la tumeur présente une convexité demi-circu- laire, et on la sent jusqu'à un pouce et demi à droite de l'ombilic ; en arrière, on suit la tumeur jusqu'à 3 pouces de distance des apophyses des vertèbres lom- baires. La percussion détermine de la matité sur 10 pouces de longueur et 13 et demi de largeur; le foie est de volume normal ; tout le corps très-amaigri ; diar- rhée abondante^ parfois hémorrhagie nasale et gingivale. a Ce garçon reste pendant six mois à l'hôpital, où le sang ne subit aucon changement, malgré les traitements variés. Du fer et du sulfate de quinine ont été donnés à fortes doses, et la diarrhée devint si intense qu'elle dut réclamer bientôt les principaux soins du traitement. Beaucoup d'astringents furent essayés, mais avec un succès tout au plus passager. Pendant un temps, il fut si faible que d'un jour à l'autre on croyait le perdre ; cependant il reprit un peu de force ; celles-ci étaient toujours en rapport avec la diarrhée. Au mois d'avril des symp- tômes pulmonaires survinrent, mais diminuèrent sous l'influence des toniques, de l'huile de foie de morue et de la bonne saison, au point qu'il demanda à sor- tir de l'hôpital pour retourner chez lui à HuU. Il fit ce voyage en août 1850, arriva en bonne santé chez lui où il vit toujours, et j'ai appris par une lettre du doc- teur Sandwith de cette ville, en date du mois d'avril 1851, qu'il était toujours dans le même état dans lequel il avait quitté Edimbourg. » Le docteur Robertson a eu la bonté d'analyser pour moi le sang dans ce cas, et d'après le résultat qu'il a obtenu, il paraît que la quantité de fibrine était doublée, tandis que l'albumine et les sels existaient en quantité normale. Les globules existaient dans la proportion de la moitié de la quantité physiolo- gique, tandis que la quantité d'eau avait augmenté d'autant. Le résultat de l'ana- lyse est le suivant: Pesanteur spécifique du sang. . . 1041,5 — sérum. . 1026,5 Composition de 1,000 parties: Fibrine 6 Parties solides du sérum 72 Globules 67,5 Total des parties solides. 1 4 5,5 Eau 854,5 1000,0 » Obs. m.— Une blanchisseuse, âgée de 53 ans, fut reçue, le 15 juillet 1850, à l'hôpital d'Edimbourg, dans le service de M. Robertson. Elle présentait comme !«ympt6me des vomissements, rhémoptisic, du saignement des gencives et dfl' 49 laclies de purpura; elle était constipée et très-faible. Elle succomba le 22. Pen- dant la vie et après la mort, la leucocythémie était constatée par rexam État du sang dans les veines. — Toutes les veines du corps étaient rem- plies et comme artificiellement injectées d'un sang noir, poisseux, presque so- lide, à tel point que la section transversale du vaisseau ne s'accompagnait d'au- cun écoulement de liquide. Ce ne sont pas seulement les gros troncs qui con- tiennent ce Fang soh'dî/îé, mais aussi les plus petits troncs, ceux des parenchymes comme ceux des muscles, etc. Le cœur, qui a d'ailleurs son volume ordinaire, a ses cavités entièrement vides et revenues sur elles-mêmes, à l'exception de l'o- reillette droite, qui seule est distendue par un caillot. » 2° Sérosité dans le péricarde et matière gélatineuse. — Le péricarde se trouve distendu par une assez grande quantité de sérosité entièrement limpide et transparente. Quand ce liquide s'est écoulé par une Incision pratiquée au sac péricardiaque, il reste encore autour du cœur une masse gélatineuse, bien trans- parente, en tout analogue, pour ses propriétés physiques, à l'humeur vitrée. Il parait que cette substance existe presque constamment chez les animaux morts 60 tous l'influence épizootique; car M. Martin, qui a pratiqué plusieurs autopsies, l'a toujours rencoatrée. )) 3» Etat des parenchymes. — Le foie était un peu plus volumineux que d'habitude , et très-friable dans les deux cas. C'est encore là un fait constant , d'après M. Martin. Quand on pratique une coupe dans sa substance, on voit la surface de section couverte d'une sorte de sable, qui tient tout simplement à la présence d'une foule de petits caillots noirs de diverses dimensions, qui obturent la lumière des veines et des veinules du foie. » La rate présente le même piqueté, la même injection ; mais elle a conservé son volume ordinaire et n'est pas du tout friable. • Les reins sont dans le même cas j ils sont linement injectés, mais ne présen- tent pas de ramollissement. » Maii ce sont les poumons qui ont présenté les altérations les plus remarqua- bles. Dans an cas , les deux poumons présentaient une coloration d'un bleu noirâtre, due évidemment à une conr. s. ion vive, laquelle d'ailleurs n'occupait que les extrémités antérieures des deux organe? ; car la face postérieure des or- ganes respiratoires avait conservés» coloration rosée norma'e. Les parties noire» ou congestionnées n'étaient d'ailleurs pas entièrement privées d'air, car il y avait encore çà et là un peu de crépitation ; et quand un petit morceau du parenchyme était jeté dans l'eau, il surnageait. D'ailleurs, pas d'extravasation du sang dans Je parenchyme. Quand on examine la sur(ace d'une coupe à la loupe, on la voit présenter un pointillé plus ou moins fin, analogue à celui que nous avons décrit dans le foie. Ajoutons que le tissu pulmonaire a conservé sa coloration habi- tuelle, et qu'il ne s'écrase pas plus facilement qu'à l'état normal. » Chez l'autre animal, l'altération des poumons était bien différente. Ceux-ci, dans presque toute leur étendue, présentaient une coloration acajou. En même temps ils étaient très-friables, et de petits fragments, jetés dans l'eau, gagnaient immédiatement le fond. En un mot, il y avait là de toute évidence inflammation du parenchyme. Remarquons que l'Iiépatisation pulmonaire occupait d'ailleurs, chez le deuxième animal, les mêmes points que la congestion chez le premier, c'est-à-dire, ainsi que nous l'avons indiqué, la partie antérieure des deux poumons. » Ecume bronchique. — Dans les deux cas, quand on coupait le parenchyme et quand on le comprimait ensuite, il ne s'écoulait pas de sang; car, là comme ailleurs, ce liquide s'était figé, solidifié. Mais il s'écoulait une grande quantité de sérosité transparente, d'écume bronchique. Et quand on pressait certains points du poumon, on produisait un bruit qui rappelait le râle crépitant. » Les autres organes ont été examines, mais l'on n'y a trouvé rien de remar- quable. C'est ainsi que le cerveau est complètement sain ; seulement les veines du sinus sont distendues par des caillots noirs, solides. > Rien de remarquable dans les intestins. Le jabot contient des aliments. Le vsDtricule succenturié et le gésier n'offrent rien de notable ; il en est de même d*» 61 inleetins el des cœcums, qui contiennent des excrérnenis d'aspect normal, et dont les parois sont naturelles. » Putréfaction. — Nous avons pu nous convaincre que la putréfaction des cadavres d'aninnaux morts par suite de IV'pizootie ne s'opère pas plus rapidement que celle des autres. En effet, une poule morte depuis quatre jours avait été abandonnée dans un coin; elle ne présentait pas encore de signes de putréfac- tion bien manifeste. » Symptômes. — Un seul animal paraissait dominé par l'influence épidérai- que. Nous l'examinâmes avec soin. Nous fûmes frappé d'abord de son air triste et abattu, et l'on nous fil remarquer que sa crête était plus chaude que cela ne doit être. Cet animal semblait en outre gêné dans sa respiration, et faisait entendre à chaque inspiration, de temps à autre, une sorte de râle, qui semblait se passer dans la trachée. Ceci nous donna l'idée de pratiquer rauscultation, et nous aus- cultâmes comparativement d'autres animaux parfaitement sains. Chez la poule malade, on entendait d'une manière très-évidente, pendant l'inspiration et dans toufe l'élendue des deux poumons, un râle en tout analogue au râle crépitant de la pneumonie, ou mieux, de l'œdème du poumon. Ce phénomène pouvait-il être perçu chez tous les animaux atteints? Je l'ignore; mais l'on nous a assuré que l'espèce de râle trachéal que nous avons signalé était loin d'être constant. » Mais le cas qu'il nous a été donné d'ol server était, à ce qu'il paraît, un cas léger, ou du moins à lent développement ; car, dans la majorité des cas, la ma- ladie agit avec tant de rapidité qu'on n'a pas même le temps d'être prévenu et d'observer le malade pendant les prodromes. » Nous noterons cependant un fait sur lequel on a appp.lé notre attention. Les excréments des animaux malades ont une coloration noire qui n'est pas habi- tuelle; en même temps elles sont moulées en petits cylindres, et présentent à peine à leur surface une toute petite quantité de matière blanche. » Conditions Jiy g iéniques; espèces. — Les conditions hygiéniques ont proba- blement peu d'influence sur le développement de la maladie. On nous a con.iuit dans un fort beau jardin anglais, an milieu rtU'iuel existe une faisanderie fort bien entretenue. .Cette faisanderie contenait six faisans; quatre sont morts sous l'in- fluence épidémique. Le même jour, deux canards exotiques ont été frappé.». Plusieurs poules , dans la même maison , ont aussi succombé en fort peu de temps. » La propriété dont je parle ici est située fort loin de l'établissement de M. Mar- tin, au côté opposé du bourg de Mitry. » C'est d'ailleurs au voisinage de l'établissement de M. Martin et dans l'éta- blissement même que la maladie a sévi avec le plus d'intensité. M Le fermier qui a le plussouflért, et qui a vu mourir presque tous ses animaux, n'est séparé de la propriété de M. Martin que par un mi;r mitoyen. » (-3 m;ii.) ti2 2° SDR DES KISTES Ml'^EUX DU 8INDS MAXItUIRE; par U. BÉRADD. M. Béraud présente denx pièces prises sur des sujets diSféreots pour faire Toir à la Société des kystes muqueux du sinus maxillaire. Dans la première pièce, recueillie sur un homme de /iOà 50 ans, destiné aux dissections de l'École pratique, d'une taille élevée, d'une bonne conformation et ayant la peau extrêmement rugueuse, sèche et épaisse ; il montre le sinus du côté droit, qui présente les particularités suivantes. Le sinus est bien conformé, mais en l'ouvrant, on voit, dans la cavité, des pe- tites tumeurs disséminées à la surface de la muqueuse, tumeurs dont le volume égale celui d'une lentille. Elles existent sur la paroi inférieure, sur la paroi in- terne et sur l'externe. Elles diflërent de couleur ; les deux qui sont sur la paroi inférieure et externe sont blanchâtres, molles, un peu élastiques, et faisant un légerrelief dans l'intérieur du sinus. Elles sont contenues dans l'épaisseur de la muqueuse Quand on les presse, on ne le vide pas, mais si on les fend, on fait écouler un liquide épais, iilant, albumineux, qui, examiné au microscope, se présente sans organisation et n'offre qu'une masse hyaline. Sur la paroi interne, au voisinage de l'ouverture du sinus dans les fosses nasales, il existe un amas de petites tumeurs ayant un volume variable, depuis celui d'une tête d'épingle jusqu'à celui d'un petit pois. Ces granulations sontrougeâtres, et lorsqu'on les presse, on en fait sortir un liquide muqueux, épais, filant, analogue à celui des glandes de Naboth. L'examen au microscope montre les mêmes caractères que pour les tumeurs précédentes. Le reste de la membrane muqueuse du sinus est dans son état normal, c'est- à-dire qu'elle n'offre pas les caractères de rinQammation, soit aiguë, soit chro- nique. M. Béraud pense que ces petits kystes ne .sont autre chose que des espèces de tannes de la muqueuse du sinus, produites par l'oblitération de l'ouverture des follicules muqueux appartenant à la membrane qui tapisse cette cavité. Sur la deuxième pièce, M. Béraud montre les mêmes altérations à un degré bien plus avancé. Il s'agit d'un jeune garçon de 15 à 16 ans, qui avait des ganglions cervicaux parotidiens, considérabletaenl affectés de tubercules à tous les degrés. Les gan- glions parotidiens avaient inéme suppuré, et la matière purulente s'était fait jour au niveau de la partie moyenne de la parotide. De plus, ce garçon paraissait avoir succombé à une ostéite frontale qui avait produit des désordres assez étendus. Ainsi, sur la partie moyenne du front, et un peu à gauche, on voyait une ouverture arrondie et communiquant Jusque sur les os. La peau était saine autour de l'ouverture: mais au-tlessous d'elle, entre les os et le périoste, il existait une cavité contenant du pus et occupant surtout le côté gauche du coronal. Cette poche s'étendait transversalement jusqu'au niveau de l'arcade 03 sourcilière et descendait même jusqu'à la racine du nez. Le périoste décollé était considérablement épaissi et rasculaire. La table externe était détraite; od ▼oyait encore quelques débris au milieu du pus ; mais cet abcès, qui commu- niquait à l'extérieur par une seule ouverture, s'était fait jour dans les sinus frontaux par trois points, dont un, à droite de la ligne médiane, communiquait avec les sinus frontaux correspondants, et les deux autres avec les sinus fron- taux du côté gauche. La communication des sinus avec les fosses nasales u'é- tait pas détruite. En examinant le sinus maxillaire du côté droit, M. Béraud a vu qu'il était rempli par une matière gélatineuse, jaunâtre, homogène et se moulant sur toutes les anfractuosités du sinus. On pouvait facilement soulever les parois de ce kyste, qui n'oflrait aucune adhérence avec les parties voisines. La paroi de ce kyste était lisse, et avait à peine un demi-millimèlre d'épaisseur, se laissait fa- cilement déchirer, et offrait çà et là quelques ramitications vasculaires. Le con- tenu de la poche était jaunâtre, filant et ne s'écoulant pas quand on le plaçait dans la déclivité ; il offrait tous les caractères du mucus épaissi. Quand ce kyste a été enlevé du sinus, ce qui a été irès-facile, parce qu'il n'existait pas d'adhé- rence, si ce n'est dans un point ; M. Béraud a vu une seconde tumeur analogue à celle-là, mais moins volumineuse, siégeant dans le même sinus, vers la ré- union de la paroi postérieure avec l'externe. Cette tumeur renfermaft un liquide d'une consistance gélatineuse analogue à -celle du premier, mais d'une couleur un peu plus opaline. De plus, il était contenu dans l'épaisseur de la muqueuse, car^ après avoir uétaché celle-ci, il faisait saillie sur le côté profond de la mem- brane {ibro-»niuqueuse. Elle avait un volume égal à celui d'un gros pois. D'ail- leurs les parois des sinus n'offraient aucune altération; elles n'étaient pas re- foulées, de sorte que rieu n'apparaissait à l'extérieur. M. Béraud croit que ces faits prouvent que les follicules muqueux du sinus maxillaire peuvent donner lieu à dés kystes analogues aux kystes des autres membranes muqueuses. (3 mai.) 3° CAS DE CANCKOÏDE GINGIVAL; par M. LEBERT. H. Lebert montre à la Société un cancroïde épithélial, qui a pris sdn origine dans les gencives de la mâchoire inférieure, et qui a pénétré l'os verticalement jusqu'au niveau du canal dentaire qui a été respecté, ainsi que son conteai; ar- tériel et nerveux. Sous le maxillaire se trouve une glande lymphatique infiltrée d'épiderme et en partie suppurée. Ce cas est le second de cancroïde gingival, observé par M. Lebert ; c'est une maladie des gencives non décrite dans les auteurs jusqu'à ce jour. Quant à l'in- fection épidermique des glandes lymphatiques voisines d'un cancroïde, M. Le- bert l'a déjà observée un certain nombre de fois. (10 mai.) j. 6/1 4* 9UR liN KTSTE UU SK'IUS MAXILLAIRE OO^TEMANT DU MUCUS AVEC DE I.A CHOLESTÉRlNE;'par M. BÉRAUD. M. Béraud présente.à la Société un sinus maxillaire du côté droit, dans lequel il y a un kyste presque réduit à ses paroiSv 11 flotte dans la cavité du sinus. 11 adhère vers la partie antérieure de l'angle interne et inférieur de cette cavité. Sou aspect est blanchâtre, sa surface interne est plissee à cause de l'évacuation du li- quide qui s'est faite probablement pendant la vie, au moyen d'une rupture ; car aujourd'hui on ne voit plus dans le sinus lé' liquide que le kyste a dû contenir. Quand on l'ouvre, il s'échappe une petite quantité de mucosités dans laquelle on reconnaît facilement des paillettes de cholestérine. Quand on l'insufïle on lui fait acquérir un volume égal à celui d'une noisette, de sorte qu'il occupe environ la moitié de l'antre d'HIghmore. Alors on reconnaît que les parois sont transpa- rentes, assez minces, peu résistantes, parcourues par des vaisseaux très-flns qui de la base vont en rayonnant se distribuer vers l'extrémité libre. Vers le bord adhé- rent de cette poche, la muqueuse acquiert une épaisseur considérable. Ce que ce fait offre de particulier, c'est l'existence de la cholestérine au milieu du liquide, et même les paillettes s'étaient déposées à la face interne de la cavité kystique, ce qui donnait à celle paroi un aspect soyeux. Si l'on rapproche le kyste de ceux qu'a déjà présentés M. Béraud sur le même point, on verra que des kystes variés peu- vent exister dans le sinus maxillaire (24 mai). M. FoLLiN rapporte que M. Jobert (de Lamballe) vient detrouver aussi de la cho- lestérine dans un kyste du sinus maxillaire. Fergusson avait déjà observé le même fait. 6* SDR DES TUBERCULES ÉTUDIÉS DANS DtUX OISEAUX DE l'ESPÈCE PÉNÉLOPE UARAIL ; par M. Desmarp.st. M, Dcsmarest montre à la Société le tronc d .n péiiélope marail mâle {péné- lopemarailGméVin;salpizamaraîl\\as,\eT) qui offredenombieuses indurations tuberculeuses sur ou dans l'intérieur de plusieurs de ses oi iianes internes. Il fail remarquer deux indurations, atteignant <à peu [>'•)& le volume d'une noix, qui sont placées aux environs du poumon, et il fait v i. que le siège de la maladie sem- ble surtout être situé dans le foie. Tn effet, n sent de grosses induiations tu- berculeuses dans l'intérieur de cet organe, et l'on voit de petits tubercules jau- nâties à sa surface. Les reins, ainsi que le cœur, ne semblent pas avoir de tubercules. Ce Pénélope, dont l'espèce habite la Guyane, mais qui était né en France, en 1846 à Ëtampes.a vécu pendant trois années à la ménagerie du Muséum d'his- toire naturelle de Paris. Donné en 1847 par M. Pomme, il y est nioit le ifi mai 1851. Dans un autre oiseau d<;la même espèce qui provenait également de M. Pomme, 65 «tait aussi né i Étampes et avait vécu deux ans et demi au Muséum, où il était mort le 2l février 1851, notre collègue avait fait une remarque semblable. Tous les organes internes de ce pénélope étaient couverts de tubercules et de fortes indurations , mais on en observait principalement dans les poumons, dans le foie et dans les reins. En terminant sa communication, notre confrère rappelle que dans la séance du 3 mars 1849 (comptes rendus, année 1849, p. 45), il a fait une observation sur un autre oiseau, le jabiru (abycteria americana, Gmelin) qui présentait aussi de nombreux tubercules, surtout dans les poumons, mais que cet oiseau étant con- servé dans l'alcool on n'avait pu complètement en étudier la matière tubercu- leuse. Généralement, ajoute M. Desmarcst, les mammifères des pays chauds que l'on amène dans nos ménageries européennes, et même ceux originaires de ces ré- glons, qui naissent dans nos pays, présentent presque tous, à l'autopsie, des tubercules nombreux. D'après les faits qui viennent d'être signalés et quelques autres qui ont été recueillis dans nos laboratoires, ne serait-on pas en droit d'en conclure ce que l'on pouvait prévoir à priori, que les oiseaux américains sont soumis à la même règle? (17 mai.) 6» SDR UN CAS d'infiltration GRAISSECSE DES MUSCLES SANS CHANGEMENT DE VOLUME ; par BÉRAUD. Il s'agit d'une femme de 40 à 45 ans, apportée dans les pavillons de dissec- tions de l'École pratique, et sur laquelle on ne peut pas malheureusement four- nir des renseignements. La tête, la poitrine et le ventre étaient ouverts-, le cerveau, le poumon et le cœur étaient enlevés ainsi que le foie. Cette femme était d'une taille au-dessus de la moyenne , d'une bonne conformation ; elle avait des formes arrondies et des mamelles très-volumineuses, et au premier aspect elle ne paraissait pas très- grasse. Cependant un examen attentif m'a fait voir les altérations suivantes. La peau est rude, sèche, brunâtre; le tissu cellulaire sous-cutané est rempli de graisse en quantité assez notable, sans dépasser pourtant les limites ordi- naires ; mais les muscles du tronc et des membres étaient envahis par la graisse à un degré plus ou moins avancé, suivant les régions où on les considé- rait. Au tironc, les muscles pectoraux, ceux des parois abdominales, ceux des gout- tières vertébrales étaient d'un aussi beau jaune que la plus belle graisse; on n'y reconnaissait plus la moindre trace de? fibres musculaires. Les muscles intercos- taux et le diaphragme, quoique un peu graisseux, offraient encore une coloration très-prononcée qui contrastait avec celle des muscles voisins. Au membre supérieur, on rencontrait les mêmes altérations vers la racine, et la graisse allait en diminuant de quantité à mesure que l'on se rapprochait de la main. Ainsi tous les muscles de l'épaule étaient graisseux à un degré aussi u-> 66 prononcé que ceux du tronc ; ceux du bras l'étaient encore, n^ais d'une manière moins prononcée; on y voyait çà et là quelques fibres d'un rouge très-pâle. Les extenseurs et les fléchisseurs étaient également et unilormément atteints. A l'avant-bras, les progrès du mal étaient moins avancés. La graisse avait bien envahi les muscles delà région antérieure et ceux de la région postérieure, mai» c'était d'une manière bien plus prononcée à la partie supérieure, vers le coude que vers le poignet, où la fibre musculaire reprenait peu à peu tout son éclat. A la main, elle se trouvait exempte de toute altération dans sa couleur, sa consistance et ses propriétés. Au membre inférieur, les muscles offraient le même ordre de phénomènes. Ainsi grande quantité de graisse dans ceux de la racine du membre , absence totale dans les extrémités après avoir diminué insensiblement dans les points intermédiaires. Les fessiers, les psoas, les iliaques, les peivitrochantériens à droite et à gauche étaient totalement infiltrés de graisse et d'une manière égale et symétrique. C'est dans le grand fessier que l'on peut bien voir que le muscle a bien conservé sa forme; au lieu de faisceaux musculaires on a des faisceaux de coloration jaunâtre, d'un aspect huileux et laissant suinter de la matière grasse liquide. A la cuisse, comme au bras, la graisse diminuait d'une manière assez appréciable, et la coloration jaune paille devenait un peu plus foncée. Déjà à la jambe, au milieu des faisceaux complètement envahis, on voyait ça et là quelques fibres d'un rouge pâle ; mais ici, comme au membre supérieur, on voit que la graisse s'est déposée symétriquement à droite et à gauche sur les extenseurs comme sur les fléchisseurs. Au pied comme à la main, la fibre mus- culaire n'avait rien de changé dans ses propiiétéâ physiques. Les muscles de la face, de l'orbite, ceux du cou sont exempts de toute altération. Il n'existait au niveau des articulations rien de particulier. Les tissus fibreux aponévrotiques, le périoste, ne paraissent pas atteints par la graisse; au contraire, pouvant être sé- parés facilement des parties voisines , ils ont l'aspect très-prononcé ; cependant ils n'offrent la même consistance que dans l'état normal. Les viscères qui res- taient dans l'abdomen comme le foie et la rate ne m'ont rien offert de particu- lier. Les faits constatés dans cette autopsie peuvent se résumer dans les quatre particularités suivantes : 4° Altération graisseuse des muscles sans atrophie ; 2"» Envahissement successif de la graisse en partant du-tronc vers les extré- mités. 3« Absence de déviation dans les articulations ; 4» Intégrité (l'une partie du système musculaire. Quelle interprétation peut-on donnera une telle maladie? Peut-on dire qu'il y avait là ce que Sauvages et CuUen ont décrit sous le nom de polysarcie? Nous ne le pensons point à cause de ce caractère que la graisse n'avait pas été dé- posée dans le tissu cellulaire sous-cutané. 67 Faut-il crpire qu'il s'agissait de cette affection qu'on a décrite récemment ïous le nom d'atrophie progressive des muscles ? Non , puisque, ainsi que nous l'avons déjà fait remarquer, le volume apparent des muscles n'était pas diminué. Serait-ce alors la suite d'une paralysie ? Nous ne le croyons pas plus, parce que la paralysie, siégeant sur une aussi grande étendue, n'aurait pas laissé la ma- lade vivre assez de temps pour que des altérations semblables se fussent pro- duites. Il fautdonc penser qu'il s'agii làd'une maladiespéciale du système musculaire, maladie qui serait sous la dépendance d'une cause qui nous échappe, et sur la- quelle il serait bon que les palhologistes éclairés par les découveites récentes d« la physiologie fissent des recherches sérieuses. (31 mai.) IV. — Histoire naturelle. SDR L' ALGUE DES CEDFS DE LIMACE; par M. MoNTAGNE. ■ J'ai examiné au microscope un œuf du Umax agrestis qui m'a été remis par notre confrère M. le docteur Laurent, et j'ai promptement reconnu qu'une my- cophycée qui l'envahissait et formait autour de lui comme une couronne de fila- ments transparents et déliés, était le saprolegnia molluscorum de Nées d'Esen- beck. Cette production n'est point rare dans la nature, et ce qui le prouverait, indépendamment de toute autre considération , c'est la grande quantité de tra- vaux divers dont elle a été l'objet et les difTérents noms sous lesquels elle a été décrite. ■ Voici, en effet, sa synonymie : conferva ferax Gruithuisen, Nova acta Acad. LEOP. CAB. NAT. CDRios., 1821, p. 450, t. XXXVIII ; conferva piscium Schrank, Baiersche FLORA, t. II, p. 653; byssus aquatica, Fl. dan., t. 896; vaucheria aquatica Lyngb, Htdrophvtol. dan., tab. 22 (l'auteur affirme l'avoir observée sur un gasterostée, et M. Gh. Robin nous l'a montrée aussi sur une épinoche); hydronema, Gaius, in Acta leop. car. nat. curios, 1823, t. LVIII; saprolegnia molluscorum et achyla proliféra Nées, Nov. act. Acad. nat. Ccrios., t. XI, p. 513 (M. Kutzing réunit ces deux genres en un seul, auquel il conserve le nom de saprolegnia); leptomitus clavatus, prolifer ei ferax, Agardh, Syst. Alg., p. 49; leptomitus pisidicola, Berkeley, Gleaning ofAlg., p. 30, tab. 2, flg. 1. Voy. encore Meyen, in Wiegm. arch., t. VI, 1835, p. 354, et Kutzing, Phycolo- GiA generalis, p. 157, tab. 1, où l'on trouve une fort belle figure de la plante, observée dans tous ses états. » Quant à^ l'autre question posée par notre savant confrère M. Laurent, à savoir d'expliquer comment les germes de cette algue ont pu pénétrer d^ns l'œuf, d'où plus tard, rompant ses entraves, colle-ci est sortie pour végéter au dehors, on conçoit de combien de difficultés elle est hérissée, et l'on nous permettra de ne pas nous en occuper ici. Le champ des hypothèses est vaste, et chacun y peut 08 errer en toute liberté ; mais il est rare qu'un ; dëcouTre une issue qui conduiBe à la vérité. Déjà, à l'occasion d'un fait analogue que nous avons observé M. Rayer cl moi, et qui a été consigné dans ses Archives de médecine comparée, nous nous sommes contenté d'exposer simplement le fait, sans tenter d'en donner une expli- cation quelconque. » (3 mai.) V. — TÉRATOLOGIE. SUR LA COMPOSITION DE LA TUMEUR DES MONSTRES PSEUDENCÉPHALIENS ; par M. Adolphe Richard. « Le monstre qui fait le sujet de ce travail est un fœtus humain, du sexe fé- minin, venu à terme. Il était fort pesant : c'est une particularité indiquée dans la plus grande partie des observations d'anencéphales. Tout chez lui, à part la léte, était normal, et je m'en suis assuré par une dissection minutieuse. J'ai, en effet, non-seulement exploré avec soin tous les viscères, mais aussi disséqué les muscles des membres avec leurs principaux nerfs. Aucune anomalie ne m'a frappé, si ce n'est du côté gauche seulement, l'absence de l'insertion radiaio du fléchisseur sublime- » Relativement à la monstruosité offerte par le crâne et l'encéphale, notre sujet représente très-bien cette transition entre les exencéphales et les anencé- phales, que Geoffroy Saint-IIilaire a nommés pseudencéphaliens, et parmi ceux- ci, il pourrait servir de type à la variété admise par M. Isidore Geoffroy sons le nom de nosencéphales, comprenant les monstres pseudencéphaliens, dont, sui- vant les paroles de M. Isidore Geoffroy, l'encéphale est remplacé par une tumeur vasculaire, le crâne largement ouvert en dessus, mais seulement dans la région frontale et pariétale, le trou occipital restant distinct. » Si les animaux n'ont point offert'jusqu'ici d'exemple de cette monstruosité, elle n'est pourtant pas très-rare chez l'homme, et l'on en pourrait maintenant réu- nir environ une trentaine d'observations. Mais elle est beaucoup moins commune queranencéphalie,à laquelle elle conduit, et, par exemple, si le musée Dupuytren renferme une collection assez complète d'anencéphales, je n'ai pu y découvrir de pseudencéphalie proprement dite. » Je ne rappellerai point ici la physionomie singulière de la face chez ces monstres : c'est celle que plusieurs auteurs ont décrite à propos des anencéphales et de quelques exencéphaliens. Le squelette du crâne, qui devait avant tout atti- rer l'attention, a été aussi très-bien étudié, et l'on sait, surtout depuis les tra- vaux de Geoffroy Saint-Hiiairc, que, quelque considérable que soit le trou qui livre passage à cette sorte de hernie cérébrale, il n'y a jamais absence d'aucun os du crâne, on pourrait presque dire d'aucune de ses parties : ces os sont sim- plement arrêtés dans leur développement, et Geoffroy Saint-Hilaire n'a pas man- qué de développer cotte dccoiiverte au nombre des meilleures preuves du prin- f ipe d'nnité de composition organique. 69 n Afin donc d'éviter de développer des faits déjà très-connus, j'arrêterai seuls- ment un instant l'attention de la Société sur la partie singulière qui repré- sente ici les vestiges de l'encéphale, sujet d'étude tout à fait négligé par les au- teurs. » Au niveau de la solution de continuité du crâne, très-régulièrement circu- laire et assez bien représentée par la ligne qui, sur un crâne normal, sépare la base de la voûte crânienne, à ce niveau, dis-je, en bas, la peau du front, de la partie supéricuie des paupières, de la tempe, de la nuque, s'arrête brusquement en s'enfonçant un peu et adhère au cercle osseux. En haut, s'élève du même point et à nu la tumeur pseudencéphalique, séparée de la circonférence cutanée par un liséré cicatriciel. Cette tumeur est du volume environ d'un ceuf de dinde, irré- gulièrement arrondie, beaucoup plus large et saillante en avant qu'en arrière, assez symétrique dans ses deux moitiés gauche et droite, lesquelles sont sépa- rées, mais dans leur milieu seulement, par une scissure profonde. » Ah premier coup d'oeil jeté sur l'extérieur de la tumeur, il est difficile de ne pas songer aux hémisphères cérébraux. Outre cette sorte de scissure interhémi- aphérique dont j'ai parlé, il y a quelques indications de scissures transversales qui peuvent donner l'idée , assez vague cependant , de lobules antérieurs , moyens et postérieurs. Nous nous expliquerons tout à l'heure à cet égard. » À l'extérieur au moins, la nature du tissu dont semble formée la masse pseud- encéphalique est bien ce que les auteurs ont décrit ou représenté c'est, sous une enveloppe flne et pelliculeuse, ce tissu spongieux, rougeâtre, gorg.é dp sang, qui donne l'idée d'une sorte de substance érectile. Mais on aurait tort de penser, d'après les auteurs, que ce tissu est inextricable. La dissection permet, au con- traire, de distinguer les différentes couches, et conduit, je pense, à une interpré- tation satisfaisante de la monstruosité. » Les téguments, peau et tissu sous-cutanés, s'arrêtent où cessent les os. Et ce que Geoffroy Saint-Hilaire a prouvé pour le squelette semble également vrjii pour les téguments; car, bien que le front manque entièrement, on voit naître de là à la racine du nez, h la base des paupières supérieures, de longs cheveux rares, qui doivent appartenir normalement à des téghments placés plus haut. » Sur notre tumeur, nous nô "trouvons rien non plus qui rappelle la dure- mère. Cette membrane, elle aussi, s'est arrêtée avec les os, et cela viendrait à l'appui du nom qu'on lui attribue souvent de périoste intime des os du crâne. » L'arachnoïde couvre la plus grande partie de la surface de la tumeur, man- quant toutefois en certaines places; elle est sous forme de pellicule crasseuie, qui, détachée du plan sous-Jacent, parait y lenir au moyen de quelques tractus filamenteux, vestige du tissu cellulaire sous-arachnoidien. » Avant la dissection, il était facile de prévoir que l'aspect spongieux, rou- geâtre, de la mas?e cérébrale était dû surtout à la membrane pie-mère. J'avais en effet ouvert en arrière, dans toute son étendue, le canal rachidien. Après avoir 70 «onstalé, ce qui n'arrive pas toujours en pareil cas, un étal parfaitement normal et régulier dans les vertèbres, je vis qu'il en était de même de la moelle, ferme, volumineuse, protégée de ses trois membranes. Le bulbe fut reconnu parfaite- ment conformé dans toute son étendue, mais offrant seulement quelque chose de tout à fait insolite dans sa membrane immédiate, son névrilAme. A son niveau, en effet, la pie-mère change de caractère : elle devient épaisse, gorgée de sang, rouge, fongueuse, et se continue ainsi supérieurement avec la masse de même nature qui couvre la tumeur pseudencéphalique. » Dans celte dernière, du reste, le scalpel sépare avec facilité la couche de la pie-mère', et on s'assure que cette membrane seule offre les caractères singu- iers qui signalent l'extérieur de notre tumeur. » La pie-mère détachée , et c'est elle qui , par son épaisseur et ses prolonge- ments, forme Ja plus grande partie de la tumeur, et la tumeur tout entière en avant et en arrière, on trouve au-dessous d'elle trois poches sphériques bien dis- tinctes, isolables dans toute leur étendue, l'anlérieure très-considérable, cdle du milieu beaucoup plus petite. En ouvrant ces poches, on les trouve formées d'une couche ferme, peu épaisse, blanchâtre et nerveuse à l'intérieur, et limitant une sorte de kyste plein de sérosité sanguinolente. » En résumé, absence des téguments des os, de la dure-mère; arachnoïde presque effacée ; pie-mère hypertrophiée ; trois . poches nerveuses : telle est la composition de la tumeur du pseudencéphale. » Devant cette dissection, on ne peut plus songer à comparer cette tumeur aux hémisphères du cerveau. Les lobules antérieurs et postérieurs sont une illusion; ils sont formes par la pie-mère, et rien, sous nos poches nerveuses, qui repré- sente les portions basilairesde l'encéphale. Mais en même temps une interpréta- tion bien plus satisfaisante s'offre à l'esprit. » Dans ces trois poches nerveuses, peut-on méconnaître les cellules céri- braleSy premier rudiment de tout l'encéphale chez l'embryon? C'est ainsi, sauf le volume, que ces cellules se pré entent au commencement de leur formation, pleines de liquide et laissant déposer la matière nerveuse sur la face interne de leurs parois : si bien que la cause de la monstruosité, évidente pour les tégu- ments et les os du crâne, le développement arrêté, expliqueraient encore la mo- dification profonde de l'encéphale. » Plus on étudie les monstruosités les plus compliquées, plus on voit que l'état téraiologique reçoit toujours l'arrêt de développement comme explication fonda- mentale, en ajoutant cependant qu'une fois le développement arrêté à un certain point, à une certaine heure, pour ainsi dire, un travail consécutif vient souvent mettre sous les yeux de l'observateur toute autre chose qu*un état transitoire de l'embryon. » Il était curieux d'étudier dans ce sens le nerf optique, émanation évidente, dès les premiers temps, de la deuxième cellule cérébrale. Je l'ai trouvé grêle et n'offrant, sous son enveloppe névrilématique, qu'un tube nerveux d'une grande 71 minceur, plein de sérosité. Le même arrêt de développement a donc frappé le nerf optique. •) Au nerf de la vision s'opposent tous les autres nerfs encéphaliques (je ne parle point de l'olfactif, qui n'est point un nerQ, tous parfaitement normaux ; cela est naturel : c'est qu'en réalité tous naissent du bulbe. » J'ai suivi jusqu'au bout tous les nerfs musculaires de l'orbite. La cinquième paire, avec son ganglion de Casser, a tout son développement, preuve nouvelle de sa véritable origine dans la profondeur du bulbe, malgré son émergence apparente des pédoncules cérébelleux moyens. » Malgré l'état du nerf optique, la rétine avait tout son développement, comme on pourra s'en convaincre sur l'autre œil , qui n'a point été ouvert. Ce n'est pas là le seul exemple qui démontre l'erreur de ceux qui veulent faire provenir, faire pousser les parties du corps les unes des autres : le rein ou les organes génitaux du corps de Wolff, les glandes de rint«stin, les nerfs de la moelle, le cœur, des vaisseaux, etc., ou réciproquement. Quelle que soit la continuité ou la dépendance des parties, chaque chose, dans l'embryon, se forme à sa place et pour soi-même. » Quant à l'état spongieux si remarquable de la pie-mère, des injections ont montré plusieurs fois que cet élat est dû à une foule de vaisseaux, veines et ar- tères, entrelacés les uns dans les autres. On pourrait peut-être comprendre une semblable disposition, comme le résultat de l'évolution naturelle de cette mem- brane, destinée à s'amplifier considérablement pour embrasser les nombreuses circonvolutions cérébrales. » L'encéphale ne s'étant point développé, ce travail de la pie-mère avorterait, pas assez cependant pour que la membrane conservât sa minceur habituelle. Ajoutez encore que la pie-mère se trouve ici à l'extérieur, sous le mince feuillet de l'arachnoïde, et que cette exposition insolite peut contribuer à modifier sa nu- trition. » Je n'ajoute j^us qu'un mot : la base de la tumeur pseudencéphaUque est, dans toute sa circonférence, adhérente au pourtour osseux et cutané, excepté pourtant en un point : c'est directement en arrière où se voit un orifice admet- tant l'extré^rité du petit doigt. Il me paraît à peu près certain que ce trou n'est autre que le trou de Magendie , ou l'orifice bordé par. deux replia de la pie- mère qui fait communiquer le quatrième ventricule avec le tissu cellulaire sous- anichnoidien. Ce trou, eh effet, mène en bas à Tecartement du calamus serip- toriuf. » (10 mai.) VI. — Bibliographie. ESSAI CLINIQUE SUR LE DIAGNOSTIC SPÉCIAL ET DIFFÉRENTIEL DES MALADIES DE LA VOIX ET DO LARYM ; par H. B.-C.-G. DOFOUR. M. l.aboulbène présente à la Société l'ouvrage qui a servi de thèse à M. Du- loiir, il eu siiioale los principaux puiiiLs, et lioiiiie ieelurc des conclusions sui- vantes : « l' l.a situation, la structure cl les usages du larynx expliquent la variété et la gravité des m.'Hadies qui peuvent atteindre cet organe, et qui en font un des détroits morbides les plus redoutes du praticien. » 2" Presque toujours le diagnostic exact et précis de ces états pathologiques est d'une grande importance pour la thérapeutique; mais très-souvent aussi il est dillicilc ù établir, et les causes d'incertitmlc et d'erreur sont encore très-nom- breuses. » 3" La séméiotitiue des affections laryngées puise la plupart de ses éléments dans les symptômes locaux fonctionnels (douleur, altérations de la voix, de la toux). » 4° Dans l'état actuel de la science, les méthodes physiques ne fournissent qu'un petit nombre de renseignements utiles; cependant il est de ces symptômes physiques auxquels l'expérience clinique assigne une haute valeur, et par con- séquent le médecin doit chercher attentivement à les apprécier (altérations de la gorge, de l'orifice supérieur du larynx, sifllement aigu, bruit de soupape, etc.). L'auscultation thoracique peut aussi éclairer le diagnostic dans des cas fort obscurs. u 5° Parmi les nombreuses sources de diflicultt'S et d'erreurs, je citerai les cir- constances suivantes : la simulation (aphonie, mutilé); l'existence d'un symptôme fonctionnel sans lien organique manifeste ; l'analogie symptomatologique des formes graves de la maladie ou de maladies peu dissemblables (laryngite aigué grave, angine striduleusc); rinsufiisance des lésions nécroscopiques pour expli- quer la gravité des symptômes ; l'existence de complications méconnues ; les variations accidentelles ou individuclleà des symptômes (laryngite chronique}; l'époque à laquelle le médecin est appelé ; la rareté de la maladie ; la négligence d'un traitement spécifique; la prédominance de symptômes du côté de la poi- trine; la marche foudroyante des accidents ; la ressemblance des mêmes phéno- mènes graves occasionnes par des causes diverses (laryngo-sthénosie); une fausse appréciation de la sensation tactile, ou un oubli de l'inspection directe et du toucher; la confusion des dénominations nosolo^iques; la préoccupation trop exclusive d'un état général grave; la sécurité aveugle des personnes qui entou- rent le malade ; l'intermittence des accidents (corps étrangers) ; l'absence ou l'in- suflTisaiice de signes commémoratifs; le peu de gravité apparente de la lésion ex- térieure. » COMPTE RENDU BES SÉANCES DB LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE PENDANT LE MOIS DE JDIN 1851 ; JU. I« Docteur BBOWN-BÉQVARD , ««crAUlrt. Présidence de M. RATER. I. — Physiologie. 1" JXE LA SURVIE DES BATBACIENS ET DES TOBTUES APRÈS L'aELATION DE LECR HOBLLE ALLONGÉE ; par M. BROWN-SÉQUARD. En 1867, H. BrowuSéquard a annoncé à l'Académie des sciences (Comptes RENDCs, t. XXIV, p. 363) que certains vertébrés à sang froid pouvaient sur- vivre très-longtemps à la perte de leur moelle allongée, à la condition d'être tenus dans une atmosphère, dont la température soit inférieure à 6 ou S" c. et supérieure à zéro. Or à celle température tous les phénomènes de la 7/1 vie sont ralentis cbez les vertébrés à sang froid. En conséquence, en exagérant le degré de ce ralentissement, on a été jusqu'à supposer qu'une survie d'un ou de plusieurs mois, à une irés-basse température, équivalait par le total de^ phénomènes vitaux à une survie de quelques heures en été, saison où ces phé- nomènes ont une grande activité. H. Brown-Séquard, pour répondre à cette objection, rappelle d'abord que cbez tes batraciens, privés de la moelle allongée et soumis à l'action d'une basse température, le cœur battant, en moyenne, 35 fuis par minute et la survie durant quatre mois, c'est-à-dire 172,800 minutes, il s'ensuit que pen- dant cette survie le cœur bat 35. fois 172,800, ce qui fait plus de six milliom de battements (l). En été, la survie maximum étant de six heures, le cœur battant en moyenne 45 fois par minute, il en résulte qu'il y a 16,200 battements pendant la survie, nombre qui est à celui des battements à une basse tempéra- ture, comme 1 est à 375. On voit par là, d'une manière éclatante, combien il est faux de dire qu'en raison du ralentissement des phénomènes vitaux, dans des temps froids, une survie de quelques mois n'est pas alors plus longue qu'une survie de quelques heures en été. Reste maintenant la question de savoir pourquoi la survie est si courte en été et si longue en hiver La cause de cette différence se trouve en ceci que la respiration cutanée qui continue à se faire après l'ablation de la moelle allon- gée (nous n'avons pas besoin de dire que la respiration pulmonaire n'a plus lieu), etquiest suffisante tant que la températu ' st très-basse, (Revient au con- traire insuffisante quand la températures'élèv(, et d'autant plus que l'élévation est plus grande. Ce que W.-F. Edwards a trouvé à cet égard, pour les batra- ciens intacts, est également vrai pour les batraciens dépouillés de la moelle allongée. C'est ce que prouveraient encore, s'il en était besoin, les expériefices sui- vantes que nous rapportons pour faire voir que los vertébrés à sang froid peu- vent, même à une température élevée, survivre longtemps à la perte de leur moelle allongée, pourvu qu'on augmente leur respiration. M. Brown-Séquard a constaté que les grenouilles privées delà moelle allon- gée, à une température estivale de 24 à 28° c, meurent en général en moins de cinq ou six heures, si on les laisse dans l'air atmosphérique, tandis qu'elles peuvent survim au contraire bien plus longtemps si on les met dans de l'oxy- gène. (1) Il y a en Allemagne plusieurs physiologistes distingués, MM. Budge et Horitz Schifl entre autres, qui soutiennent que c'est la moelle allongée qui fait battre le cœur. Ils changeront certainement d'avis en apprenant que chez les batraciens le cœur peut encore b»ttre six millions de fois avec énergie et régularité après l'ablation de la moelle allongée. 75 Dans deux séries d'expériences, l'une exécutée au mois de juin 1867, l'autre au mots de juillet 1850, des grenouilles tenues sous de grandes clocbes pleines d'oxygène y ont vécu de huit à quatorze jours après l'ablation de la moelle allongée. Au moment de l'opération dans les expériences de 1847, la tempéra- ture était de 23°, et dans celles de 1850 elle était de 25°. Dans les deux cas, la température a varié, après l'opération et jusqu'au dernier jour des expériences, de 18 à 29*. Op avait mis sous les cloches de la potasse caustique pour que l'acide carbo- nique ne pût pas s'y accumuler. Il est très'probable que les batraciens, mis en expérience dans ces circon- stances, auraient survécu plus longtemps si l'on avait pu s'en occuper davan- tage et leur fournir de nouveau de l'oxygène. Dans ces derniers temps, M. Brown-Séquard a fait sur des tortues grecques des expériences qui lui ont donné des résultats analogues à ceux obtenus avec les batraciens. Il enleva la moelle allongée sur trois tortues grecques, sur lesquelles il pra- tiqua l'insufflation pulmonaire toutes les deux ou trois heures. L'une d'elles, deux jours après l'opération, étant restée cinq heures sans être insufflée, avait perdu toute trace de la faculté réflexe. On aurait pu la considérer comme morte ; cependant, après plusieurs insufflations des poumons, la faculté réflexe reparut et l'animal survécut encore cinq jours. Les deux autres tortues survé- curent, l'une douze, l'autre dix-sept jours. La mort n'a eu lieu chez toutes trois que parce qu'elles sont restées sans insufflation plus de cinq ou six heures. Pendant ces expériences, la température a varié de 18 à 30» c. La plus longue survie observée par M. Brown Séquard chez des tortues dé- pouillées, en été, de la moelle allongée, et non insufflées, a été de vingt-trois heures. En général la survie est bien plus courte. En hiver la pjus longue sutvie a été de dix jours, et conséquemment moindre qu'elle n'a été en été par le secours de l'insufflation pulmonaire. De ce qui précède il résulte que si la moelle allongée est essentielle à la vie, c'est surtout, sinon exclusivement, parce qu'elle sert à la respiration pulmo- naire. 2° DES ACTES DS tA GÉNÉRATION CHEZ DES ANIMAUX ATTEINTS DE PARAPLÉGIE INCOMPLÈTE ; par le même. M. Brachet rapporte qu'après avoir coupé en travers la moelle épiniére chez une jeune chienne en chaleur, à la hauteur de l'articulation de la seconde avec la troisième vertèbre lombaire, et ayant mis cette chienne en rapport avec un mâle, il a constaté que la conception, la fécondation et le développement em- bryonnaire ont eu lieu. M. Brown-Séquard ne veut pas nier l'exactitude de l'expérience de M. Bra- chet, mais il a obtenu des résultats tout diflérents, et il se borne ici à les signa- 76 1er. Il a expérimenté sur sept lemelles de cocbons d'Inde, ayaril eu la nioiiie latérale droite de la moelle épinière coupée à la hauteur de l'une des trois dernières vertèbres costales. Chez ces animaux la pamplégie n'a existé qu'à un faible degré ; elle était complète au contraire dans l'expérience de M. Bra- chet; pourtant, bien que l'acte du coit ait été très-fréquemment répété depuis plus d'un an que la moelle a été lésée, il n'y a jamais eu de fécondation, ou du moins le développement n'a pas eu lieu ; nous devons dire que ces auimaux ont tous assez souvent des convulsions; peut-être est-ce dans cette circonstance qu'il faut trouver la cause de l'insuccès du coït. Si les femelles décochons ne peuvent plus engendrer après la section d'une moitié latérale de la moelle épinière au dos, il n'en est pas de même des mâles: ceux-ci irès-peu de temps après l'opération commencent déjà à se livrer au coït. Bien des fois le coït entre ces animaux et des fenitlles non paralysées a été fructueux. La sécrétion spermatique, l'érection, la copulalio» et l'éjaculation ont donc lieu chez ces cochons d'Inde. En conséquence, la section transversale d'une moitié latérale de la moelle épinière paraît empêcher soit l'ovulation, soit la fécondation, soit le déveloupe- scent de l'embryon chez les cobayes, mais elle ne détruit aucune des fonctions génératrices chez les mâles de cette espèce d'animaux. 3* EXPÉRIENCE NOUVELLE SUR LA VOIE DE TRANSMISSION DES IMPRESSIONS SENSITIVES DANS LA MOELLE ÉPINIÈRE; par le Uléme. On sait que M. Brovn-Séquard a trouvé que les impressions sensiiives se transmettent en partie d'une manière croisée dans la moelle épinière L'une des expériences qui lui ont fait obtenir ce résultat consiste a faire une section trans- versale d'une moitié latérale de la moelle épinière au devant de l'origine des nerfs des membres soii postérieurs, soit antérieurs. Il a fait récemment une expérience qui paraîtra plus décisive à certaines personnes. Après avoir fait, à la hauteur de la dixième et de la onzième vertèbre costale, une section longitudinale, d'un demi ou d'un centimètre, sur la ligne médiane de la moelle épinière, il fait deux sections transversales d'une moitié latéraFede cet organe, chacune de ces sections partant des extrémités de la section lon- gitudinale, de manière à retrancher un fragment assez considérable de la moelle. L'animal qui a subi cette opération conserve presque toute l'énergie de ses mouvements volontaires, excepté dans le membre postérieur du côté de la section, lequel cependant possède encore des mouvements volontaires très- faibles, mais incontestables. Quant à la sensibilité, ce dernier membre parait au moins aussi sensible qu'à l'état normal, tuiulis que le membre postérieur du côté opposé (côté où la moelle est intacte) a perdu notablement de sa sensi- bilité. Deux cochons d'Inde, soumis à celte expérience, sont montrés h la Société. On a d'abord reconnu l'existence des phénomènes qui viennent d'être signalés, 77 puis l'auiopâie a été faiie séaoce leQaule, et les lésions iudiquées ont élé con- statées. 4» SUR PLUSIEURS CAS DE CICATRISATION DE PLAIES FAITES A LA MOELLE ÉPINIÈP.E, AVEC RETOUR DES FONCTIONS PERDUES; par le même. Dans le courant des trois dernières années, M. Brown-Séquard a fait un grand nombre d'expériences dans le but de chercher le degré de curabilité des plaies de la moelle épinière; ses premiers résultats ont été publiés dans la G*- ZETTE MÉDICALE (VOy. COMPTES RENDUS DE LA SOû. DE DIOL., fév. 1849 et janV. 1850). Jusque-là il n'avait vu qu'un retour partiel tie la sensibilité et des mou- vements volontaires. Depuis lors il a vu des pigeons se mouvoir volontairement presque aussi bien qu'à l'état normal et recouvrer complètement la sensibilité, après avoir subi cependant la section transversale complète de la moelle épi- nière. Deux de ces pigeons sur trois sont morts sans avoir été examinés, pen- dant un voyage de M. Brown-Séquard. Le troisième vit encore : il a élé opéré il y a quinze mois ; la moelle a été coupée enlièrenieut à la hauteur de la cin- quième ou de la sixième vertèbre costale. Il va sans dire qu'après l'opération il n'y a plus eu la moindre trace de sensibilité ni de mouvements volontaires dans le train postérieur. Au bout de trois mois on commença à reconnaître l'existence de mouvemeois volontaires mêlés aux mouvements réflexes. La sen- sibilité semblait aussi reparaître. Ce retour vers l'état normal s'accrut peu à peu, et au bout de six mois le pigeon pouvait ^e mettre et se tenir quelque temps sur ses pattes; mais dès qu'il voulait marcher il tombavt. Dans le cours du sep- tième mois, il put marcher, mais il trébuchait souvent et était, à chaque in- stant, obligé de se servir de ses ailes pour s'arc-bouter. A la lin du huitième mois, il marchait assez bien pourvu qu'il allât lentement et que rien ne l'énio- tionnât. Toutes les fois qu'il voulait aller vite, il tombait tantôt d'un côté, tantôt de l'autre, à moins qu'il n'eiit le temps àer déplier son aile et de s'en servir comme point d'appui sur le sol. Toutes les loi^ qu'il marchait un peu vite, ses ailes étaient au quart étendues, comme s'il les tenait prêles à lui servir de pa- rachute, ou comme s'il s'en servait en guise de balancier. Enfin douze mois après l'opération, il a jtu courir, et aujourd'hui (On du quinzième mois) il se- rait tout à fait à l'état normal s'il ne restait quelque chose de roide dans sa dé- marche. Sur plusieurs cochons d'Inde ayant subi la section transversale d'une moitié latérale de la moelle épinière, M Brown Séquard a constaté le retour des mou- vements volontaires, mais d'une manière incomplète, sept ou huit mois après l'opératioti. Sur un coc' on d'Inde qui avait subi celle opération depuis près d'un an et chez lequel la sensibilité était revenue assez complètement et les mouvements volontaires d'une manière moins complète, M. Brown-Séquard, avec le concours d'un habile micrograpbe, M. Laboulbène, a fait l'examen de la cicatrice de la moelle. Voici ce que ces messieurs ont conslalé. La peau 78 ayant été enlevée, ils virent, ce que M. Brown-Séquard a toujours vu en pareii cas, les arcs postérieurs des vertèbres sur lesquelles avait porté la lésion, en- tièrement régénérés et, à bien peu près, avec leurs dimensions normales. Im- médiatement au-dessous de ces arcs osseux et adhérant avec eux se trouvait une lame fibreuse épaisse à laquelle la moelle était attachée. Après avoir sépare la moelle de ce plan Ubreux, il fut constaté qu'elle était comme étranglée, ré- trécie en ce point. L'opération faite depuis plus d'un an sur cette moelle avait consisté non-seulement dans la section transversale de la moitié latérale droite, mais aussi dans la section du cordon postérieur gauche, de sorte que, au même niveau, les deux cordons postérieurs, le cordon latéral et le cordon an- térieur droits, ainsi que la portion de substance grise de la moiti« droite, avaient été coupées transversalement. En examinant attentivement la moelle, on vit que le rétrécissement n'existait que sur les parties qui avaient été coupées. Au niveau de celte sorte de coarctation, très-légère d'ailleurs, il existait une trace blanchâtre. Celte ligne blanche et cette dépression indiquaient d'une manière certaine l'endroit de la plaie. L'examen microscopique vint du reste confirmer cette manière de voir. Une très-petite portion de la face postérieure de la moelle, prise à l'endroit même de la partie déprimée et blanchâtre, montra : 1° Des fibres de lissu cellulaire en très-grand nombre, formant cette cica- trice blanchâtre visible à l'œil nu. Ces fibres, de 0,001 à 0,002 de millim. de diamètre, sont pour la plupart dirigées transversalement ou très-légèrement obliques, croisant ainsi perpendiculairement ou à peu près les fibres ner- veuses. 2° DeS'fibres nerveuses, à double contour, ayant de 0,004 â 0,006 de millim. de diamètre. Ces tubes nerveux sont en très-grand nombre dans le cb|mp du microscope, au milieu des fibres cellulaires. Aucun d'eux ne présente de traces de déformation ni de rupture ; ils se continuent sans interruption non-seule- ment dans toute l'étendue de la cicatrice, c'est-à-dire de la partie où se trou- vent les fibres cellulaires, mais encore au devant et en arrière. 3° Il 7 avait de rares corpuscules nerveux épars au milieu des fibres ner- veuses. En examinant la partie blanchâtre au microscope, on y trouvait vers son milieu une quantité de fibres cellulaires peut-être plus considérable que celle des fibres nerveuses. En déplaçant peu à peu le porte-objet on voyait diminuer le nombre des fibres cellulaires, et enfin on cessait d'en voir, tandis que les fibres nerveuses se voyaient toujours et avec le même aspect en dedans et au dehors de la cicatrice. Il suit de ces recherches : 1° Que les plaies de la moelle épiniére, ainsi que l'avaient déjà vu MM. Flou- rens, Ollivier et Jobert, sont capables de cicatrisation ; 20 Qne les fonctions de la moelle épiniére peuvent revenir comme à l'état normal, même après une section transversale complète de cet organe. 79 Nous ajouterons que, saivant ce que M. Brown-Séquard a ru dans trois cas : une fois avec M. Lcberl, une autre fois arec M. Follia et surtout une dernière fois arec M. Laboulbène, les cicatrices des plaies anciennes de la moelle épinière renferment beaucoup de fibres nerveuses, ayant tout à fait l'aspect normal et se continuant avec les fibres des parties intactes de la noelle. 5« SUR CNE NOUVELLE ESPÈCE DE TOCRNOiEHENT ; par le même. On connaissait deux espèces de tournoiement, savoir : un mouvement de ma- nège et un mouvement de rotation autour de l'axe longitudinal du corps. M. Brown-Scquard en a trouvé une tro' iùme espèce, qui a des caractères pro- pres, tout en étant, à certains égards, un intermédiaire entre les deux pré- cédentes. Dans le tournoiement par un mouvement de manège, l'animal qui l'exécute a l'axe longitudinal de son corps courbé en arc latéralement. Cet arc forme le plus souvent une partie de la circonférence que décrit l'animal en se mouvant : d'où il suit que plus est petit le rayon de cet arc, plus le cercle de tournoiement est petit. Dans la manière de tourner trouvée par M. Brown-Séquard, il y a bien une sorte de mouvement de manég«; mais l'animal n'est pas courbé en arc latéra- lement, ou s'il l'est, ce n'est qu'à un faible degré. En outre, il se tient très -bien sur ses quatre membres ; mais quand il veut marcher, au lieu d'aller devant lui , il se porte sur le côté, comme le font quelquefois les chevaux fringants. Ce mouvement s'exécute toujours dans unemême direction latérale ; mais comme il arrive que les pas latéraux faits par les membres antérieurs sont plus grands que ceux des membres postérieurs, la tête et le train antérieur parcourent plus de chemin que le train postérieur, de sorte que l'animal décrit un cercle. L'axe longitudinal de son corps, au lieu d'être une partie de la circonférence décrite, comme dans le mode de tournoiement connu, est toujours, au contraire, paral- lèle à l'un des rayons du cercle décrit, de façon que le museau de l'animal reste toujours à la circonférence, tandis que sa queue est la partie de son corps qui avoisine le plus le centre du cercle; en d'autres termes, l'animal, dans sa loco- motion, ne se propage pas dans la direction du grand axe médian de son corps, mais perpendiculairement à cet axe. M. Brown-Séquard a vu ce tournoiement sur des cochons d'Inde dont il avait transpercé le crâne et l'encéphale pa. une épingle, enfoncée de haut en bas, et un peu d'avant en arrière et de dehors en dedans. Cette épingle passait à travers le tiers postérieur du lobe cérébral gauche, lis par le tubercule nates gauche, dans son milieu, et par la partie inférieure du tubercule testes du même côté. Elle se dégageait de l'encéphale par la face inférieure de la protubérance, près de son bord antérieur et au milieu de l'espace compris entre la ligne médiane et le bord latéral gauche de cet organe , en avant et en dedans de l'origine du nerf trijumeau. 80 En enfonçant lentement l'épihgle, M. Browh-Scquard a remarqué : l" qu'a- près le transpercement du cerveau, il n'y avait aucun trouble dans les mouve- ments; 2» qu'après le traospercement du tubercule nates, il survenait un tour- noiement par le mouvement de manège connu depuis longtemps; 3" qu'il a fallu percer la protubérance pour que le mouvement à la fois latéral et circulaire, dé- crit ci-dessus, s'opérât. Ce mouvement a toujours eu lieu sur le côté droit du corps, c'est- à-dire à l'opposé du côté sur lequel siégeait la lésion de la protubé^ rance et des tubercules. Les animaux chez lesquels ce tournoiement a été pro- duit ont paru conserver partout la sensibilité et les mouvements volontaires. Dans les premiers moments après l'opération, le cercle de tournoiement a été très-petit ; il s'est agrandi peu à peu, et il a acquis quelquefois un si grand rayon que l'animal ne paraissait plus décrire un cercle et semblait tout simplement se porter de côté. Nous ajouterons que l'œil droit était convulsé et porté un peu en bas; l'œil gauche n'avait pas de mouvements convulsifs : il conservait sa position normale et toute la liberté de ses mouvements. Les nerfs moteurs de 'œil n'avaient pas été lésés. La convulsion de l'œil droit ne peut s'expliquer que par la piqûre des tubercules quadrijumeaux du côté gauche. C'est là une action croisée assez singulière. Des faits mentionnés dans cette note, il résulte qu'une piqûre d'une cer- taine partie de la protubérance peut produire une espèce de tournoiement jus- qu'ici non décrite. II. i— ANATOMIE PATHOLOGIQUE. TCHEDRS FOLLICULAIRES DE LA UCQUEUSE DU SINUS MAXILLAIRE; par M. Verneoil. Sinus maxillaire gauche d'un jeune homme de 25 ans environ, normalement conformée. La muqueuse est finement injectée ; on y observe cinq ou six petites tumeurs dont le volume varie depuis celui d'un grain de millet jusqu'à celui d'une lentille. Ces tumeurs font saillie dans la cavité du sinus ; elles sont con- tenues dans l'épaisseur de la muqueuse, et sont séparées de l'os par le tissu fibreux qui double la muqueuse. L'aspect et le contenu de ces tumeurs est variable. Les plus petites tumeurs sont transparentes, assez consistantes. La substance contenue est hyaline et assez semblable au tissu du cristallin ; elle paraît être adhérente aux parois, et avec la pointe d'un scalpel On, on peut enlever toute la masse. La tumeur la plus volumineuse présente une tout autre apparence : elle res- semble à une pustule sans ombilic; elle est molle, fluctuante; le contenu est semi-liquide, puriforme, filant et doué d'une, cohésion assez notable. Le micro- scope permet de constater dans ces productions une assez forte proportion de cellules d'é;iithélium cylindrique dans une gangue grenue, visqueuse, très-cohé- 81 rente. Celte matière est surtout très-abondante dans la tumeur d'appareoce pu- rlforme. Les cellules épithéllales sont beaucoup plus rares. Il n'y a aucune trace de globules purulents. A la partie Inférieure du sinus, le touclier reconnaît deux ou trois petites sail- lies très-dures, dues à des concrétions très-adhérentes à la muqueuse, acquérant à peine le volume d'une tête d'épingle. L'analyse chimique, sous le microscopr, y démenlre la nature du tissu osseux. Cette dernière particularité me parait très-remarquable. Des concrétions osseuses, prenant naissance dans l'épais- seur d'une muqueuse, constituent une exception pathologique intéressante. (21 juin.) in. — TÉRATOLOGIE. CAS DE MONSTRUOSITÉ DOUBLE OBSERVÉE CHEZ LE CANARD ORDINAIRE ; par M. Second. Le monstre double que je nrésente à la Société m'a été transmis par madame Dupré (de Santeny); il a été rencontré dans une couvée de canards et a vécu pen- dant quelques instants après son éclosion. Plongé dans l'alcool depuis quinze jours environ, il m'a été difficile d'étudier avec précision plusieurs organes inté- rieurs. L'aspect extéileur de ce monstre permet de le rattacher au genre déra- delphe, de la famille des mosocéphaliens. Il ne pourrait y avoir hésitation qu'en- tre ce genre et les synotes, dernier genre des sycéphaliens; mais l'unité appa- rente de la tête ne. doit laisser à cet égard aucun doule. Les deux corps, séparés et opposés face à face au-dessus de l'ombilic, sont réuni» en un douLle thorax à deux sternums latéraux et opposés. Les membres sont au nombre de, huit. Le cou, volumineux, contient les éléments distincts de deux rachis. L'arrière-crâne est plus élargi qu'à l'ordinaire ; il présente deux trous occipitaux. Entre ces trous, la fusion des moitiés correspondantes inverses des deux occipitaux forme une cloison falciforme, en saillie à l'ouverture du crâne. Malgré i'altéalion des centres nerveux, j'ai pu très-facilement reconnaître deux moelles allongées. Pour les organes delà vie végétative, ceux de la région sous-ombilicale sont doubles et normaux ; les organes urinaires , les organes génitaux et la moitié inférieure de l'intestin. Quant à Ja moitié supérieure de l'intestin, elle est simple et aboutit à un gésier et à un œsophage simples. Le foie est double; l'un des deux seulement est pourvu d'une vésicule biliaire. 11 existe qaatre poumons, comme quatre séries de côtes et deux trachées s'ouvrant dans un pharynx com- mun de chaque cûté de l'œsophage ; entre les poumons, deux cœurs, l'un de moi- tié plus volumineux que l'autre. Je regrette infiniment que les conditions dans lesquelles j'ai observé ce monstre ne m'aient pas permis de donner plus de précision à l'étude des organes inté- rieurs. Il est facile de reconnaître que, dans la situation actuelle de la tératolo- gie, cette partie de l'histoire des monstres doubles n'est pas celle qui a été le mieux ciudiée, et l'on peut dire que les théories qui régissent aujourd'hui cette 82 étude étant suitout inspirées par la considération des organes de lu vie animale, ne peuvent avoir qu'un caractère provisoire. Quand la véritable relation entre les appareils aura d'abord clé établie au point de vue normal, je ne doute pas que la théorie des monstres n'y doive puiser de nouvelles bases de classi- Kcation. IV. — BOTAMQOE. CONFERVE PARASITE SDR LE CYPRINOS CARPIO ; par M. DaVAINE. M. Davaine met sous les yeux de la Société une carpe {cyprinus carpio) dont l'extrémité caudale et le pourtour de l'ouverture des branchies étaient couverts d'un duvet grisâtre. M. Davaine reconnut que ce duvet était formé par une con- ferve, Vaehlya proliféra. Elle consistait en filaments tubulenx, simples, non cloisonnés, plus ou moins transparents, de 1 à 2 centimètres de longueur, de 2 à 3 centièmes de millimètre de largeur, et renfermant des granules moléculaires en quantité variable. Ces filaments étaient terminés par un renflement allongé , en forme de doigt de gant ou de massue, dont la cavité, séparée de celle de la tige par une cloison très-mince , contenait des granules moléculaires et des spores arrondies plus ou moins apparentes , suivant leur degré de dévelop- pement. Après deux ou trois jours de conservation dans de feau fraîche, il s'était pro- duit de nouveaux filaments, terminés, comme les précédents, par un sporange, pour la plupart en forme de massue, en même temps qu'un grund nombre d'au- tres s'étaient allongés ou avaient donné naissance à des filaments plus minces, transparents, entre-croisés en divers sens. La carpe sur laquelle» on observa cette conferve était conservée dans un ré- servoir avec d'autres poissons, dont quelques-uns se couvrirent d'un duvet sem- blable et moururent. M. Davaine a eu l'occasion d'observer une épizootie qui, si l'on en juge par l'apparence du -corps des poissons, était due au déveoppement d'une conferve du même genre; mais l'examen microscopique n'en fut pas fait. Cette épizootie régna siir les poissons d'un étang dont un grand nombre étaient languissants et venaient à la surface de l'eau. Ils étaient plus ou moins recouverts d'un duvet d'un blanc grisâtre. Ceux dont ce duvet avait envahi une grande partie du corps ne tardaient pas à mourir ; ceux, au contraire, qui n'en présentaient que sur un ou plusieurs points assez circonscrits guérissaient. Le duvet tombait, et la partie qui en avait été le siège restait plus blanche ou rosée. V. — Bibliographie. SUR l'ouvrage DE M. BARRAL, INTITULÉ : STATIQUE CHIMIQUE DES ANIMAUX, APPLIQUÉE SPÉCIALEMENT A LA QUESTION DE l'EMPLOI DU SEL; par M. BrOWN-SÉQUARD. Cet ouvrngc remarquable n'est pas seulement l'exposé de tout re qui a ét^ fait 83 jusqu'ici sur l'utilité du sel pour l'homine et les animaux, il contient en outre un grand nombre de recherches et de vues nouvelles propres à l'auteur, sur l'emploi du sel et sur la statique chimique des animaux. Il nous est impossible d'indiquer ici tout ce qu'il y a d'important dans le li- vre de M. Barrai ; nous nous bornerons à mentionner quelques-uns des princi- paux résultats physiologiques qui y sont rapportés. Entre autres questions dont M. Barrai a cherché la solution, celle que je vais poser, dans les termes mêmes que ceux dont il s'est servi, est assurément une des plus grandes : • Connaissant la quoiité et la composition élémentaire des aliments tant so- lides que liquides ingérés chaque jour, établir la quotité et la composition élé- mentaire des évacuations, transpirations et excrétions diverses, de manière à pouvoir poser l'équation des gains et des pertes du corps humain. » J. Liebig avait essayé, avant M. Barrai, de résoudre ce problème, mais il a né- gligé d'analyser tous les aliments, de sorte que ses résultats sont loin d'avoir la valeur de ceux du chimiste de Paris, qui n'a rien négligé. Le procédé employé par ce dernier a consisté à analyser tout ce qui était ingéré (aliments et boissons) et tout ce qui était rendu (matières fécales, urine, etc.), par une même personne, dans un temps donné. L'expérience a été faite cinq fois : deux fois sur M. Barrai lui-même, et une fois sur un enfant, sur un vieillard et sur une femme. Chaque fois l'expérience a duré cinq jours. On comprendra aisément, sans doute, combien ont dû être nombreuses et pé- nibles les analyses que l'auteur a exécutées. Mais son labeur lui sera payé, car, ainsi que l'a dit M. de Gasparin : u cet immense travail analytique ne peut m<^n- quer d'attirer la sérieuse attention des physiologistes et défaire honneur à son auteur. » On sait que jusqu'ici, pour arriver à connaître la quantité de carbone qu'un homme rend dans un temps donné par la respiration, on a analysé et dosé direc- tement l'air expiré. M. Barrai a reconnu, par un procédé tout à fait différent, l'exactitude des résultats rapportés à cet égard, et particulièrement ceux Ue MM. Andral et Gavarret. Ayant trouvé quelle est la quantité de carbone qui en- tre dans le corps d'un individu, dans un temps donné, et quelle est la quantité qui en sort par les évacuations, excepté les transpirations, il trouve aisément par le calcul, quelle est la quantité qui sort par la respiration. Ainsi, par exemple, en un jour, dans une expérience, il est entré 366 grammes de carbone, les di- verses évacuations en ont contenu 30 grammes. En retranc(iant ce dernier chiffre du précédent, on a le chiffre du carbone rendu par la respiration, c'est-à-dire 336 grammes. M. Barrai a trouvé une grande différence entre l'hiver cl l'été, sous le rapport de la quantité du carbone rendu. En hiver, il y en a eu 336k,7 ; en été, ?42i,.3. 86 Dans un jour, M. Vierordt a obtenu des résultats analogues par dos analyses di- rectes. La plupart des physiologistes admettent qu'il y a dans l'air expiré un peu plus d'azote que dans l'air inspire. Par son procédé de recherche, M. Barra! arrive au même résultat. Des faits pleins d'intérêt sont rapportés par M. Barrai à l'égard de la chaleur animale. Ainsi il a trouvé qu'en hiver, durant vingt-quatre heures, Il produisait a. 136,720 calories, tandis qu'en été il n'en produisait que 2,312,000. Dans le premier cas, pour un kilogramme de son corps, il produisait, en vingt-quatre heures, 66,036 calories, et seulement 48,673 dans le second. La quantité de chaleur dégagée par un enfant de 6 ans a été bien plus grande que celle produite par des adultes : elle a été de 81,597 calories en vingt-quatre heures, pour 1 kilogr. du 'orps. il est vrai que l'expérience a été faite en hiver. En dernier lieu, nous diioiis que M. Barrai donne, comme équation générale de la statique chimique du corps humain, les quantités suivantes ; ENTRÉE. Allm. solide» Oïtïène ^'"' !*« '* *'^'''" rffscuillona Aulre» ei liquide». OïJ»ene perspirat carbonique. K^acuationa. p„,„ 74,4 26,6 34,8 30,2 34,5 0,5 COMPTE REND%) LA SOCIÉTÉ DE EIOLOGli: l'KNDVNT I,i-. MOTS DE jni.i.ET 1851 M. le Dorteiir UROW^-SlùOlJARIK borr^talrc Présidence de M. RAYER. 1. — Physiologie. SUR l'influence 1)F. la section DKS- neufs PNECMOCASTIIIQUES .-,1 R LA Dl'hl.L DF. LA CHLOROFOUMISATION ; par M. MOYSE. L'aneslhésip produite par le chloroforme peut être rctardro dans un certain nomtirR de cas. La section des pnomnogastrique?, par exemple, chez les inainmi- fôres et les oiseaux, a constamment ralenti l'.iction du chloroforme. Voici les résultats comparatifs obtenus sur des animaux du mémo ikc, lun a l'clat normal, l'autre sans pneumo^nstriqucb. Mammifères. — Le cliien normal a été cliloroformlsé au Loul île trois minutes. L'autre après douze minutes. Le lapin normal ciiloroformisé, douze minutes ; vingt-deux minutes après, l'autre avait toute sa sensibilité. Cochon d'Inde chloroformisé, douze minutes ; vingt-deux minutes après, l'au- tre ne l'était pas encore. Oiseaux. — Pigeon normal, deux minutes trente secondes. L'autre, huit minutes. Moineau normal, cinquante-cinq secondes. L'autre, deux minutes trente secondes. Je n'aurais pas entretenu la Société de ces expériences, si elles n'empruntaient une valeur relative aux phénomènes que m'ont présentés les grenouilles. Chez ces reptiles, la section des pneumogastriques accélère la respiration, cl alors la chloroformisation est beaucoup plus rapide. La respiration normale chez l'an est de 48 ; après la section, 88. Chez un autre, 50 ; après la section, 1 10. Chez un troisième, 66; après, 116. J'avais d'abord placé deux grenouilles, l'une saine, l'autre opérée, sous la même cloche. L'absorption par la peau, aussi rapide chez tous deux, n'a pas montré de différence sensible dans l'anesthésie. Au bout de deux minutes trente secondes , elles étaient cbloroformisées toutes deux. Je les ai mises alors dans un appareil qui ne permettait que la respiration et à l'abri de toute absorption. La grenouille opérée a été chloroformisée au bout de dix-sept minutes ; l'autre, vingt-sept minutes après. De ces expériences, je crois pouvoir conclure que l'anesthésie suit l'accéléra- tion des mouvements respiratoires. La quantité d'air absorbée, et par conséquent de chloroforme, est moindre quand les mouvements sont ralentis. La grenouille surtout vient à l'appui de ce que J'avance , puisque chez elle l'accélération de» mouvemeuts du poumon coïncide avec la rapidité plus grande de l'anesthésie. II,— Anatomie normale. RECHERCHES SUR LES NERFS DE L'UTÉRUS; par M. BOULARD. M. Boulard a lu à la Société un mémoire qu'il résume lui-même en ces termes : « Les résultats de nos dissections se sont constamment trouvés en opposition avec ceux de Robert Lee, et en lisant pour la première fois, après avoir terminé nos recherches, la description de cet anatomiste, en voyant les planches qu'il a publiées, puis en étudiant de même le mémoire de Snow Beck (Transactions PHILOSOPHIQUES, tS'ie), nous avons été vivement frappé de nous trouver complè- tement d'accord avec ce dernier. 8Î 1. Nous ne pouvons donc que répéter avec lui : > loLes nerfs de l'utérus viennent du plexus hypogaslriqucdes dernières pu if es sacrées, du plexus mésentérique inférieur, sans qu'il soit possible en aucune fa- çon de distinguer, au milieu du réseau inextrlca1)le que constituent les nerfs émanés de cette double origine, si ceux qui se rendent à l'utérus sont fournis par l'un des deux systèmes de la vie animale ou de la vie de relation, plutôt que par l'autre. Cependant nous avons constamment trouvé du c5lé droit un nerf assei volumineux (relativement parlant), qui se détachait ^rectement du plexus lombo- nortique, traversait le ligament large pour se distribuer à l'utérus, aux trompes, au ligament rond, et envoyer quelques filets à l'ovaire. Ce nerf s'anastomosait sur les côtés de l'utérus avec une ou deux branches émanées directement du plexus ou ganglion hypogastrique. Notons, en passant, que telle est la ténuité de ces filets, notamment de ceux qui se rendent à la trompe et à l'ovaire, et qui là vont peut-être s'anastomoser avec ceux beaucoup plus nombreux qui, émanés des plexus aortiqueet rénaux, vont constituer les plexus ovariques; que si l'on veut les suivre et les isoler complètement jusqu^à l'organe auquel ils se rendei.t, on les Qasse infailliblement. On les volt beaucoup mieux par transparence sous l'eau sur une pièce qui n'a pas beaucoup macéré, en tiraillant légèrement le tronc qui les fournit. Nous avons également une fois trouvé un filet émané du nerf in- guino-cutané qui se rendait au ligament rond, le pénétrait au niveau de l'orifice externe du canal inguinal, l'accompagnait jusqu'à l'utérus et se ramifiait dans son épaisseur. Noos n'avons pu le suivre dans l'épaisseur de l'utérus ; car au niveau de c6t organe, existaient urre assez grande quantité d'un tissu fibreax très-dense et des adhérences anormales. » 2" Les nerfs utérins sont en très-petit nombre. » 3o Ils sont très-fins. •» 4» Ils n'augmentent pas de volume pendant la grossesse, si bien que nous ne pouvons que répéter ce que nous disait M. le professeur Cruveilhler, qui pen- dant quelques instants avait été témoin de nos recherches : C'est se créer une difllcultc de plus que de chercher les nerfs de l'utérus sur cet organe préalable- ment développé par le travail de la grossesse. Ce qui nous a suggéré l'idée de préparer c^s nerfs comparativemeHt sur l'utérus d'un enfant de 12 ans environ, et sur celui d'une femme morte nu moment du travail de l'accouchement, et nous vivons vu que les principales modifications portaient, non pas tant sur le volume des nerfs, qui est à peine difTérent, que sur l'état du plexus. Chez l'enfant, les cléments de ce plexus, rapprochés, serrés les uns contre les autres, semblent constituer une véritable membrane nerveuse ; de là partent des nerfs tiès-grcles qui se rendent à l'utérus et aux ligaments larges pour gagner les trompes, les ovaires et les ligaments ronds, et y distribuer des filets tout à fait capillaires. Chez la femme dont l'utérus est développé, le plexus, ainsi que l'observe Beck. f si remonté ; les éléments en sont écartés et ronstituent des mailles plu? ou raoiRs larges, *ît quant aux nerfs qui en partent, ils ne diffèrent que par «ne pUre 88 grande longueur, coïncidant avec une ténuité plus grande, si on les compare à ceux qui se rencontrent sur l'utérus normal d'une femme adulte. » b° Ces nerfs émanent, outre celui dont j'ai indiqué l'origine, du plexus ou ganglion hypogastrique, ainsi que de l'anneau ou ganglion nerveux qui entoure l'uretère à son entrée dans la vessie. Ils gagnent les parties latérales de l'utérus, et là suivent en partie la distribution des artères. En tout cas, ils sont constam- ment accompagnés par une artériole très-petite. Quelques-uns, très-lins, gagnent les faces antérieure et postérieure, ainsi que le fond de l'utérus. » 60 Quant au col, imitant la sage réserve de M. Longet, nous ne nous permet- trons pas de trancher absolument la question, en raison de la difficulté de cette dissection ; cependant nous croyons être arrivé à nous convaincre que le col utérin (portion sous-vaginale) n'est pas complètement privé de nerfs, et qu'il est, sous ce rapport, dans le même état que le reste de l'organe. Nous croyons du moins avoir pu suivre un filet qui se ramifiait manifestement dans la lèvre anté- rieure du museau de tanclie. 1) 7" Jamais nous n'avons trouvé de ganglions ni flc plexus utérin; il suffit, du reste, de jeter les yeux sur les parois d'un utérus développé, après avoir préala- blement décollé le péritoine, pour reconnaître combien l'erreur est aisée et combien facilement on peut représenter comme nerîs et ganglions des fibres mus- culaires, des veinules, des vaisseaux lymphatiques, etc., surtout après une im- mersion un peu prolongée. >» Nous croyons devoir nous borner à l'énoncé de ces quelques propositions, sans entrer dans des détails plus étendus soit sur l'historique de la question, soit sur les dispositions particulières que nous avons pu remarquer dans la distri- bution des divers plexus, solaire, aortique, rénaux, etc., laissant ainsi de côté ce qui peut être considéré comme généralement connu, nous réservant de donner plus tard un peu plus d'extension à ces recherches et d'en tirer quelques déduc- tions physiologiques et pathologiques. » III. — Pathologie. 1° OBSERVATIOM D' ACCIDENTS DIVERS PARAISSANT mODtlITS PAR DES VERS ; par M. Henuy Roger. Mademoiselle X., cuisinière, âgée de 28 ans, non mariée, d'une forte con- stitution et d'une bonne santé ; Alsacienne, à Paris depuis cinq mois seu- lement. Cette femme ne se rappelle point avoir eu aucune afifection qui puisse être rapportée aux accidents derniers ; jamais elle n'a rendu de vers, jamais elle n'a rien aperçu dans ses garde-robes qui lui narùt extraordinaire. Depuis quatre mois elle est sujette à des coliques généralement intenses ; il y a un mois, ces coliques devinrent encore plus fortes ; les crises de douleur étaient parfois sui- vies d'une espèce de syncope , apyréiiques, sans rapport avec les repas on 89 rheure de l'ingeslioa des aliments, en apparence toui à fait nerveuses, elles siégeaient surtout vers la fosse iliaque gauche, et elles étaient, dans ces der- niers temps, accompagnées d'épreintes et d'envies d'aller à la garde-robe extrê- mement fréquentes et sans "résultat; il y avait plutôt de la constipation. J'ajou- terai que, dans quelques-unes des crises, il lui semblait que quelque chose la tiraillairdans le ventre. J'essayai, sans succès, d'établir le diagnostic exact de ces coliques ; j'éloi- gnai, après examen des coliques et des selles, l'idée d'une colique néphrétique ou hépatique; le toucher ne me donna également que des résultats négatifs au point de vue d'une colique dépendant de contractions utérines (la raensirua- tion était d'ailleurs régulière). Après avoir vu échouer les bains, les antispasmodiques et les narcotiques, je pensai qu'il pouvait y avoir un tœnia^ et je donnai, provisoirement, de l'huile de ricin et ensuite du calomel ; aucune portion de toenia ne fut reconnue dans les selles. Seulement la malade évacua cinq ou six ascarides lumbricoïdes en paquet, enroulés dans du mucus. Les accidents se calmèrent momentanément, mais bientôt les douleurs revin- rent avec une acuité excessive. Je me contentai de prescrire des lavements, deux par jour successivement, l'un de décocté de guimauve très-fort, puis aussitôt après qu'il serait rendu, un lavement opiacé, en recommandant de nouveau d'examiner avec attention les selles, ce que la malade faisait depuis une quin- zaine. Le 5 de ce mois, après le premier lavement, la malade aperçut au fond du vase de nuit, mêlé à la bouillie fécale (il n'y avait pas d'urine) un peloton de matière glaireuse blanchâtre, dans laquelle étaient pour ainsi dire emprisonnés une vingtaine de petits vers, et en outre, au moins autant de ces vers nageaient dans le dépôt liquide. Retirés du vase, ces corps paraissaient évidemment ani- més et ils se mouvaient. Elle en recueillit quelques-uns, la moitié environ, et me les apporta le jour même (ils avaient été rendus le matin) ; quand je les dé- tachai du lambeau en apparence muqueux , pseudo-membraneux , auquel ils étaient adhérents, je ne les trouvai plus animés de mouvements. A partir de ce moment, les coliques de la malade ont cessé comme par en- chantement. Aujourd'hui, 12 juillet, je l'ai revue, et elle m'a confirmé sa gué- rison complète. 2° RHUMATISME ARTICULAIRE AIGU ; PHÉNOMÈNES COMATEUX ; HÉMIPLÉGIE ; INFILTRA- TION d'une SUBSTANCE PLASTIQUE CONCRÈTE, CONTENANT DES GLOBULES PYOÏDES DANS PLUSIEURS VISCÈRES , ET EN PARTICULIER DANS LE CERVEAU ET LA RATE ; LÉSIONS DYSSENTÉRIQUES DE LA MUQUEUSE DE l'INTESTIN GRÊLE ET DU COLON ; par M. Charcot. Un homme vigoureux, âgé de 29 ans, journalier, entre, le 24 mai, à l'hôpital de la Charité pour y être traité d'un rhumatisme articulaire sub-aigu, datan> 90 d'une haltaine de jours, et occupant la plupar des articulations, parliculiéie- ment l'épaule gauche. Le malade a été déjà traité pour la même afTection à plu- sieure reprises; mais il a joui, dans les intervalles des attaques, d'une bonne santé et n[a pas été sujet à des palpitations ou à quelque autre phénomène indi L'HOMME ET DES PRINCIPAUX MAMMIFÈRES : par MM. F. Verdeil 01 w. Marcel. iqui se formèrent furent étudiés au microscope , et ensuite soumis à des ré» actions chimiques. Au microscope, je reconnus la présence de l'acide margarique accompagné d'un peu d'acide stéarique et de gouttelettes d'acide olélque. La masse des cris- taux fut ensuite traitée par l'oxyde de plomb à chaud et dissaute par l'étlier, qui 8'empara de Toléate de plomb seulement, laissant les acides margaiiqae et stéa- rique sous la forme de combinaison insoluble avec cette base. Le^préclpité de sulfate de chaux complètement débarrassé d'acides gras fut mêlé dans un ballon avec de l'alcool et un peu d'acide chlorhydriqoe ; après quelque temps, Je retrouvai également des acides gras, mais ils étaient là à l'état de sel de chaux. Gomme on aurait pu admettre que les acides gras obtenus directement du sulfate de chaux par l'éther et l'alcool provenaient d'une décomposition de ce sel de chaux, j'ai fait, avec ces différents acides gras^ des savons de chaux, et Je lésai traités par l'éther et l'alcool, mais ils n'ont abandonné aucune substauce à réaction acide. )'ai cru pouvoir aussi conclure que les acides gras à l'état libre contenus dans le sang avaient été entraînés par le sulfate de chaux (action qui se montre quei> quefois avec les sels métalliques), et que j'avais obtenu ces acides en dissolution dans l'état même où ils se trouvent dans le sang comme principe immédiat. Lecanu (Étude CHiMiQok sur le samg) avait déjà conclu, de ses expériences, que les acides margarique et olélque existaient à l'état libre dans le sang, mais n'ayant pu se servir que d'une méthode fort imparfaite, il n'était pas arrivé i obtenir ces acides purs, c'est-à-dire sous la forme cristalline, ce qui était néces» saire pour mettre hors de doute la solution de cette question. Ces recherches, je les ai faites dans le laboratoire de chimie de M. Verdeil, qui a eu la bonté de diriger les manipulations dont j'ai parlé dansce mémoire. VII. — Botanique. SUR UN CAS DE SOUDURE DE DEUX CHAMPIGNONS ; par M. EUG. FORCET. L'auteur présente un singulier exemple de greffe accidentelle par approche, qu'il a lui-même recueilli sur une champignonnière. Elle s'est effectuée spontanément entre deux champignons appartenant à l'es'- pèce agaricus eatnpestris Lin. {edulis Bull), de la manière suivante : A un moment plus ou moins rapproché de celui de leur naissance, les deux chapeaux se sont trouvés accidentellement en contact par leur face convexe, ce- lui du plus grand des deux champignons s'étant, par l'incurvation de son pédi- cule, opposé à celui du plus petit, qui s'élevait dans sa rectitude naturelle. Dans cette situation respective des deux végétaux, par suite d'une cause inci- dente que M. E. Forget exposera plus tard, une adhérence s'est faite entre les deux chapeaux, adhérence tellement solide, que le plus grand champignon, en 99 ledressiinl son pédicule incurvé, a cnlraîné de bas en haut, et finalement déra- ciné le plus petit, de telle sorte que ce dernier a continué de se développer, cha- peau en bas, pédicule en l'uir, végétant ainsi aux dépens du champignon prin- cipal sur lequel il était enté. Une circonstance Tort remarquable, c'est que le pédicule aérien s'est dépouillé de son mycélium et de toute apparence de racine quelconque, et qu'il s'est re- couvert d'un épiderme lisse, uni, blanchâtre, anAIo^.uc à celui dont tout le reste de la plante est pourvu. COMPTE RENDV DES %ÛMM LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGHî: 1>KNDANT LF, MOIS d'AOUT 1851 ; M. le Docteur BROWN-Si^^QUARB, secr<'(aii-4>. Présidence de M. RAYER. r. — Physiologie. i" PHECVE NOnVSLLt A L'APPUI DE LA UOCTIIINE DE IIALLER RELATIVF, A l'inoépendance oe l'iuritabilité musculaire; par M'. Brown-Séquard. En raison de la persistance des adversaires de Ilaller à nier que le tissu mus- culaire 80il indépendant du système nerveux, à l'égard de son irrftabilité, il est important de faire connaître, dès qu'on les trouve, les faits qui prouvent la vc'"* vite de la doctrine de cet illustre biologiste. V'y Fontana a trouvé sur des agneaux et des chèvres, auxquels il avait coupé le nerf sciatique, que les muscles de la jambe, au bout d'un certain temps, ne se contractaient plus quand le bout périphérique du nerf sciatique était excité, tan- dis qu'ils se contractaient encore quand ils étaient excités directement; en d'au- tres termes, il a constaté que le nerf moteur perd sa propriété vitale, tandis que le muscle ne perd pas son irritabilité, alors que l'un et Tautre sont séparés du centre cérébro-rachidien. Haighton et Astley Cooper ont vu que le nerf sciatique, chez les chiens, perd sa propriété motrice peu de jours après qu'on l'a coupé. Steinrueck, Guenther et Sclioen, Stannius, Kilian et d'antres physiologistes, ont reconnu l'exactitude du résultat obtenu par Haighton et Astley Cooper. On s'accorde généralement à re- connaître aujourd'hui qu'au bout de cinq à six jours, après la section d'un nerf moteur, son bout périphérique n'est plus capable de faire contracter les muscles, quelle que soit l'énergie de l'excitation qu'on emploie. Les muscles, au contraire, restent très-longtemps irritables, et ils peuvent même demeurer indéfiniment irri- tables. Ainsi M. Brown-Séquard a gardé vingt et un mois une lapine sur laquelle le nerf facial avait été arraché , et il a vu l'irritabilité durer, dans les muscles paralysés, pendant toute la vie de cet animal. On ne peut pas objecter qu'il a pu, dans ce cas, y avoir réunion des bouts du nerf; car le nerf n'avait pas été coupé, mais extrait dans presque toute son étendue, à partir de son insertion à la moellQ allongée jusqu'à ses divisions dans les muscles. Il avait été ar- raché. Il y a quelques années, M. Brown-Séquard (1) a publié une expérience très- propre à démontrer que l'irritabilité n'est pas donnée aux muscles par les cen- tres nerveux ou par les nerfs moteurs, et qu'elle dépend de l'organisation même du muscle et de sa nutrition, en tant que celle-ci maintient l'organisation à l'état normal. Il rapporte cette expérience en ces termes : u J'ai coupé le nerf sciatique d'un côté sur deux lapins et sur deux cochons d'Inde. Dix jours après , je me suis assuré que le sciatique coupé ne causait plus de mouvements quand je le galvanisais. Les muscles se contractaient vivement quand j'appliquais sur eux les deux conducteurs de la pile. Cela reconnu, j'ai lié l'aorte derrière l'origine des rénales, ôt trois heures après, j'ai essa;yé de nouveau l'application de la pile. 11 n'y a eu.de contractions dans les muscles de la jambe ni quand j'excitais le nerf ni quand j'excitais directement les muscles. J'ai lâché alors la ligature ; au bout de très-peu de temps les muscles de°la jambe sont redevenns irritables. Le nerf sciatique n'a rien retrouvé de sa propriété perdue. » Il est évident que, dans cette expérience, c'est le sang, c'est-à-dire la nutrition, qui a rendu aux muscles leur irritabilité. Récemment M. Brown-Séquard a fait une nouvelle expérience plus décisive ;i) Voy. les Bulletins de la Société philomatioue, p. 74-70. 1847. encore que la précédente. Toutes les circonstances de cette nouvelle épreuve ont été les mêmes que celles de l'ancienne, à l'exception d'une seule, qui est capi- tale. Dans Texpérience que nous venons de rapporter, on avait attendu tout simplement la disparition de l'irritabilité musculaire pour làcber la ligature de l'aorte; dans la nouvelle expérience, on a attendu non-seulement cette dispari- tion, mais l'apparition, depuis trois quarts d'heure ou même depuis une heure, de la rigidité qu'on appelle cadavérique. Cette nouvelle recherche a prouvé que des muscles, privés de l'action du centre cérébro-rachidien et de celle de leur nerf moteur, peuvent, sous l'influence de la nutrition, redevenir vivants, c'est-à-dire irritables. Ce n'est donc pas le système nerveux qui donne aux muscles leur irri- tabilité, mais bien l'action nutritive exercée par le sang. 2« RECHERCHES SUR LE RÉTABLISSEMENT DE L'IRRITABIUTÉ MUSCULAIRE CHEZ UN SECOND SUPPLICIÉ, PLUS DE QUATORZE HEURES APRÈS LA MORT ; par le même (1). Ces recherches seront rapportées tn extenso dans un mémoire qui fera partie de ceux de la Société, et que la Gazette publiera. Nous nous bornerons à dire que, dans cette nouvelle épreuve, l'irritabilité a été rétablie non-seulement dans les muscles de la main, mais dans ceux de l'avant-bras, et, chose singulière, à un degré plus marqué dans ceux du bras, bien qu'ils fussent coupés au milieu de leur longueur (le bras avait été amputé) et qu'ils aient dû recevoir moins de sang que les autres muscles. L'irritabilité est aussi revenue dans les fibres-cellules musculaires de la peau, où la chair de poule s'est montrée d'une manière très- prononcée. Le sang employé était du sang artériel de chien , défibriné par le battage. IL — Pathologie. !• SUR UN CAS DE RÉTRÉCISSEHE.NT ORGANIQUE DE L* ANNEAU PYLORIQUE , AVEC ATROPHIE DE TOUTES LES TUNIQUES QUI LE CONSTITUENT; ATROPHIE DU FOIE; RÉTRÉCISSEMENTS MULTIPLES NON ORGANIQUES DU COLON ; par M. ChARCOT. Un homme âgé de 54 ans (salle Saint-Michel, n» I, service de M. Rayer, hôpi- tal de la Charité) s'était toujours bien porté et n'avait jamais fait d'excès alcoo- liques, lorsque, il y a dix-huit mois environ, il commença à éprouver habituel- lement des vomissements qui survenaient environ deux heures après le repas du soir. Ces vomissements ne furent d'abord composés que de matières alimen- taire» nageant dans une quantité variable de mucus visqueux ; mais il y a un an, se manifestèrent pour la première fois des vomissements d'une matière noi- râtre, analogues à de la suie, qui se reproduisirent par la suite deux ou trois fois encore aveo le même caractère. (1) Les recherches sut un autro supplicie ont été publicos dans la GAZEUt MitDtcALE, n' 27, 5 juillet J86I. lOZi Depuis ce temps les nialiùics ifjetées sont toutes composées d'un mucu» vis- qneux incolore contenant les alimentB, tantôt d'une substance ayant une colo- ration café au lait ou même chocolat. Dès le début de la maladie, la constipation est opiniâtre, et le malade ne peut aller à la selle qu'à l'aide de lavements. L'amaigrissement et la perte des forces ne tardent pas à se montrer à un haut degré. De vives douleurs, dont le siège principal est la région de l'estomac, mais qui s'irradient dans tout l'abdomen, se montrent principalement avant et pendant les vomissements r mais elles b« ces- sent jamais complètement d'exister et sont exaspérées par la pression. L'abdomen est habituellement volumineux; tantôt il est mal à la percussion dans la plus grande partie de son étendue, et, dans ce cas, la palpa tion fait re- connaître au niveau de la région de l'estomac un gargouillement stomacal très- prononcé, que le malade perçoit d'ailleurs parfaitement quand 11 s'agite, et qu'on peut alors entendre à distance ; d'autres fols, an contraire, la plus grande partie de l'abdomen est sonore, et «lors le gargouillemeitt n'est plus perçu. Le premier phénomène est surtout évident quand les vomissements ne se sont pas montrés de- puis deux ou trois jours, et le malade prévoit alors qu'ils vont bientôt se décla- rer ; le deuxième se montre, au contraire, quand ils viennent d'être abondants. Il existe enfin quelquefois un état de l'abdomen intermédiaire aux précédents; dans ce dernier cas, l'hypocondre gauche est très-sonore, ainsi que la partie su- périeure de la région épigastrique. La région ombilicale, au contraire, ainsi que le flanc gauche, sont mats et résistent au doigt qui percute. Cette matité se limite en bas par une ligne courbe à grand rayon, dont la concavité regarde en haut. Supérieurement, la limite de la matité se fait par une ligne horizontale, quand le malade est assis; plus ou moins oblique, quand il est couché sur un des côtés du corps. Cette zone mate permet de déterminer d'autant mieux la limite inférieure de l'estomac que les intestins sont plus sonores ; quand ils sont, au contraire, remplis de matières et mats eux-mêmes, la palpation fait encore souvent reconnaître à la partie moyenne de l'abdomen une tumeur molle et fluctuante terminée du côté de l'ombilic par un bord convexe. Jamais la palpa- tion n'a permis de distinguer l'existence d'une tumeur dure dans l'abdomen. Malgré la distension habituelle de l'abdomen, le bord supérieur du foie ne re- monte pas plus haut que cela n'a lieu dans l'état normal ; son bord inférieur ne peut être reconnu par la percussion, car un son intestinal des plus évidents, oc- cupant la plus grande partie de l'hypocondre droit, démontre qu'une anse d'in- testin , appartenant, selon toute probabilité, au colon, est interposée Mitre les parois thoraciques et la partie inférieure de la face antérieure du foie. Le premier de ces faits, c'est-à-dire le siège normal du bord supérieur du foie, porte à penser que la glande hépatique a diminué de volume; car l'auscultation et la percussion ne démontrant rien d'anormal dans la cavité pleurale droite, 'H est clair que le foie, en le supposant d'un volume normal, n'eût pas manque de TcmoDiev dans 'o ihor»\ on même temps que le diaphragme, par suite de la. dis- lOô tension liabituelle des viscères intestinaux, et en conséquence son bord supérieur se fût rapproché de la clavicule. Les urines n'ont Jarnais présenté d'altération, ni en particulier la coloration rouge foncée propre à la cirrhose. Deux mois environ avant la mort du malade, de l'œdème se manifeste aux membres inférieurs, et bientôt après il y a ascite. L'épanchement de sérosité dans l'abdomen ne tarde pas à devenir considérable, et, chose à noter, les vomisse- ments cessent alors complètement d'exister ; ils n'ont pas paru une seule fois pendant le dernier mois de la vie. L'estomac bientôt, on le. conçoit, ne peut plus être exploré, et le malade as- sure ne plus pouvoir produire le gargouillement stomacal qu'il provoquait au- trefois si facilement en s'agitant dans son lit. La constipation fait bientôt place à une diarrhée habituelle. Le malade, qui prenait encore quelques aliments liquides, les refuse complètement. Les bras, le tronc et la face s'amaigrissent à un degré extrême, ce qui contraste avec l'état de l'abdomen et des membres inférieurs, qui sont extrêmement distendus par la sérosité. La langue, qui était restée longtemps naturelle, devient très-rouge ; il en est de même des parois buccales, qui se couvrent de plaques blanches de mu- guet. Bien que les vomissements aient cessé, comme nous l'avons dit, les douleurs épigastriques paraissent incessantes et sont très-violentes. Tels sont les phénomènes éprouvés par notre malade pendant les trois der- nières semaines de sa vie. La mort arrive le 3 septembre 1851. Le marasme était considérable; le délire ne s'était jamais montré. En raison de ces faits, le diagnostic avait été établi de la manière suivante : 1» Obstacle au cours des matières ingérées, siégeant à la région pylorique et consistant probablement en une tumeur carcinomateuse ; la nature des vomis- sements conduirait à cette dernière idée, bien qu'on n'ignorât pas les faits assez nombreux de vomissements bruns en l'absence de tumeurs ou d'ulcérations can- céreuses de l'estomac, et en particulier celui qui a été décrit avec soin par M. An- dral (Antiral, Clinique médicale, t. II, obs. V); 2» Ampliation de l'estomac, démontrée par la palpation, la percussion, la suc- cussion, etc. (Piorry, Atlas de perccssion, pi. 27, p. 59, et Alios, Procédé opé- ratoire } Duplay, Mémoire sur l' ampliation morbide de l'estomac, Arcb. génér. DE hédec, p. 549-550, 1833, et Ândral, obs. cit.); 3° Diminution du volume du foie, constatée par la percussion, qui démontre que le bord supérieur dfe cet organe ne s'est pas élevé dans le thorax, malgré la distension de l'abdomen ; A" Obstacle au cours du sang dans le foie, et peut-être aussi dans la veine cave inférieure, par suite de l'extension de la tumeur supposée, du côté de ce vais- seau. Il n'existait pas, d'ailleurs, de caractères de la coagulation spontanée du sang dans les veines iliaques, et d'un autre côté, le cœur, de volume normal, ne 106 prcseotait à l'auscultation autre chose qu'un souffle doux au premier temps ^ maximum 4 la base. Le traitement ne pouvait être que palliatif (charbon végétal, opium, etc.}. Autopsie. — L'ouverture de la cavité abdominale donne issue 4 uoegrand* quantité de sérosité limpide; mais il en reste encore, après cette opération, une quantité considérable, et ce liquide recouvre complètement les viscères abdomi- naux, à l'exception : 1* du colon ascendant; 3» d'une partie du colon trans- verse, qui remonte, sous forme d'anse, en avant du foie ; 3« d'une petite partie de la face antérieure de l'estomac. Ces diiTérents organes surnagent ; tous les autres sont comprimés et comme submergés par le liquide. L'estomac n'a pas l'étendue qu'on lui avait attribuée pendant la vie ; mais il est aplati, replié sur lui-même, comme s'il eût dû céder à la pression exercée par le liquide. Toutefois la grande courbure arrive à f pouce environ de l'ombi- lic. La région pylorique de ce viscère adhère intimement à la face inférieure do foie par des adhérences qui paraissent de très-vieille date ; il en est de même de l'origine de la première partie du duodénum, dans l'étendue d'un pouce en- viron. Ao niveau du pylore existe on étranglement étroit, analogue à celui qui peut être produit par une mince corde. Disons d'avance qne ce rétrécissement ett organique, c'est-à-dire qne la disten^on produite à l'intérieur des viscères par les tentatives d'introduction de l'index , dirigé de la cavité stomacale vers le duodénum, ne le font pas cesser à l'endroit du rétrécissement. La tunique pérf- tenéale est d'un blanc opaque et comme froncée. La deuxième et la troisième partie du duodénum occupent leur position habituelle ; leur calibre a notable- ment diminué. Il en est de même de l'intestin grêle dans toute son étendue. Le colon ascendant est très-volumineux, distendu par des gar et des liquides ; il snr- nageait, comme nous Pavons dit, avant l'issue de la sérosité abdominale. Mais au moment de devenir colon transverse, il ofiTre nn rétrécissement considérable dans l'étendue de 3 pouces environ. Ce rétrécissement n'est pas organique, c'est- à-dire qu'il cède par la dilatation de l'Intestin. Au-dessus de ce rétrécissement, on voit une anse de colon dilaté, pleine de liquide et de gaz, qui se porte en avant de la face antérieure du foie, et de là descend vers l'ombilic pour se porter 80UB la face postérieure de l'estomac. En ce point an nouveau rétrécissement se manifeste, lequel occupe la moitié gauche du colon transverse et tout le colon descendant. Ce rétrécissement cède par la distension exercée de dedans en de- hors. L'intestin toutefois n'acquiert pas, malgré cette distension artificielle, le même calibre qne les parties naturellement dilatées. Au commencement de l'S iliaque, nouvelle dilatation sous forme d'ampoule, puis nouveau rétrécisse- ment t nouvelle ampoule, située dans la fosse iliaque droite, sous le cœcum, qui est repoussé un peu en haut, et enfin vient le rectum, d'un diamètre à peu près normal. Nous aurons à nous expliquer plus tard gur la cause de celte série ac dHàta- 107 tioDs et de rélrécissemeDts ; disons tout de suite que les parties dilatées renfer naient uo semi-Uquide Jaunâtre, des matières fécales assez bien formées, en uo mot. Les parties contractées étaient vides, et la muqueuse était simplement re- couverte de mucus visqueux. Les tuniques de l'estomac étaient, d'une manière générale, hypertrophiées. La eavilé, qui est double de capacité à peu près, renferme un peu de mucus vis> queux et quelques matières alimentaires. La muqueuse est généralement pâle ; mai&4lle offre çà et là un pointillé grisâtre, manifeste surtout et confluent au voisinage du pylore. Au niveau du rétrécissement, la muqueuse devient brosque- ment très-mince. La (unique musculeuse est très-épaissie (elle a environ 0,002°"",3 en épais- seur). Les fibres qui la constituent sont pâles, mais très-apparentes ^ elles ne forment pas au niveau du rétrécissement une sorte d'anneau ou valvule ; au contraire elles se terminent en s'amincissant. Le tissu cellulaire sous-muqueux, épaissi dans toute l'étendue des parois sto- macales, s'amincit lui-même considérablement au niveau du rétrécissement. Avant d'inciser la partie -rétrécie, on constate qu'elle admet tout au plus l'ex- trémité de l'ongle du petit doigt. Un gros tuyau de plume y entre avec frotte- ment. L'incision ayant été pratiquée, le diamètre au niveau du point rétréci est de 2 e. 1/2 seulement. (Sur 3 estomacs provenant d'individus morts de diverses maladies, nous avons constaté que le diamètre de l'estomac , au niveau de la valvule pyloriquc, variait de 5 c. 1/2 à 6 c. L'index passait dans ces cas très-fa- cilement à travers l'anneau pylorique.) Au niveau du rétrécissement, la muqueuse, comme nous l'avons dit, s'amin- cit brusquement; elle conserve ce caractère dans toute l'clendue de la première partie du duodénum ; la celluleuse était également amincie et un peu froncée ; quant à la musculeuse, elle avait complètement disparu, et à peine trouvait-on, an niveau du point rétréci, dans toute l'étendue de la première portion du duo- dénum, quelques fibres pâles, mélangées de graisse. Le péritoine avait l'opacité et l'épaisseur que nous avons signalées. La coarctation de l'anneau pylorique n'étant pas due à l'hypertrophie des tu- niques musculeuse ou celluleuse, ilTallait en chercher la cause ailleurs. Peut-être avait-il existé autrefois, au niveau de la région du pylore, une ulcération de 1h membrane muqueuse, dont la cicatrice vtcteu<0 pouvait jusqu'à un certain point expliquer le froncement qu'on remarque, non dans la membrane muqueuse elle- même il est vrai, mais dans la celluleuse sous-jacente. L'examen de la mem- brane muqueuse, dans sa structure intime, pouvait, à ce qu'il nous semble, dé- cider seul la question. Eh bien ! sur le versant stomacal du rétrécissement, une tranche mince, provenant d'une coupe faite perpendiculairement à la surface de la muqueuse et examinée au microscope, présentait les tubes en cul-de-sac juxta- posés; sur le versant duodénal au contraire, la même opération faisait recon- naître dans la membrane interne de l'intestin les glandes acinewar la rareté du fait et par la confirmation qu'ils donnent à l'opinion de M. Roger, à savoir, qu'il n'y a eu, dans ce cas, ni erreur, ni super- cherie de la part de la malade. Sept de ces larves nous ont été remises ; elles étaient enchevêtrées dans un mucus glaireux, semblable au mucus de l'intestin, et dont il était fort difficile de les débarrasser complètement. Déjà elles avaient subi un conmiencement de putréfaction, qui cependant n'avait point altéré leur forme extérieure, mais qui ne nous a pas permis de faire de ces larves une anatomie aussi complète que nous l'aurions désiré. Elles offraient les caractères suivants : larves fusiformes, nuan- cées de gris, de rose et de châtain, longues d'un centimètre. Extrémité anté- rieure très-amincie j extrémité postérieure moins amincie et bifurquée dans la plupart ; corps ne présentant point d'anneaux ou de segments appréciables ; huit paires de mamelons ambulatoire», simples, placés sur les côtés ; extrémité anté- rieure ou tête armée de trois paires de crochets, dont deux beaucoup plus forts et visibles à un faible grossissement; lèvre terminale munie de papilles saillantes; point d'yeux visibles ; deux stigmates offrant un pavillon palmé, grand, bian- châtre, composé de 15 à 20 digitations ; deux trachées principales, partant de ces stigmates et renflées en arrière, se terminant par deux autres stigmates évasés occupant le sommet de chaque bifurcation de l'extrémité postérieure ; téguments présentant, à un fort grossissement, des poils nombreux, courts et roides, simples ou rarement bifides, disséminés irrégulièrement sur toute la surface du corps. A l'intérieur, outre l'intestin très-altérc et les trachées dont nous avons parlé, nous 113 avons coDslaté l'existence d'une pièce cornée, œsophagienne, supportant les cro- cheta. Les ûgurea annexées à cette note donnent une idée exacte de ces diverses dispositions. D'après cette description, il est évident que cette larve n'est pas celle qu'on a désignée sous le nom de larve de Vœstrus hominis. Les larves d'œstre ont le corps divisé en segments marqués par des poils disposés en séries transversales; elles n'offrent point de stigmates antérieurs disposées en pavillon digité ; en outre, les crochets de la larve que nous avons observée, beaucoup moins forts, relativement, que ceux des larves d'œstre, rappellent plutôt ceux des larves des muscides. D'un autre côté, on ne peut confondre les larves rendues par la malade de M. Roger avec les larves de la mouche carnassière et de la mouche domestique, larves dont le corps est annelé et tronqué en arrière. Enfin, elles diffèrent en- core davantage de la larve du scatopse noir, si commun dans les lieux d'ai- sances (musea stercoraria), et que nous avons étudiée comparativement. En résumé, les larves rendues par la malade de M. Roger n'étaient pas de celles que celte femme aurait pu facilement se procurer, si elle eût voulu se li- vrer à une supercherie. J'ajouterai, en terminant, que M. Rayer désirant s'assurer si des larves de mouche ou de scatopse introduites dans l'estomac ou l'intestin pouvaient y vi- vre un certain temps, comme quelques larves à'œstre, ou si elles pouvaient par- courir toute l'étendue du canal intestinal sans cesser d'être reconnaissables, l'ex- périence suivante a été faite par M. Claude Bernard : des larves de la mouche carnassière et des larves de la mouche stercoraire ont été introduites dans l'esto- mac d'un chien qui portait une fistule stomacale; or le lendemain et le surlen- demain, on a retrouvé, dans les matières fécales, plusieurs de ces larves en ap- parence non altérées. M. CI. Bernard se propose de répéter et de varier ces ex- périences. IV. — TÉRATOLOGIE VÉGÉTALE. SDR UNE MONSTRUOSITÉ DE LA FLEUR DU CHOU-FLEUR, OCCASIONNÉE PAR LA PRÉSENCE D'CN champignon PARASITE, LE CTSTOPUS (UREDO) CANDIDUS; par M. M.-J. BER- KELEY. On trouve dans la fleur transformée : 1» Quatre sépales, mais ceux qui sont latéraux dans la fleur normale sont ici, l'un antérieur et l'autre postérieur. 2» 71 y a deux verticiiles de pétales, trois pour chacun ; les extérieurs sont verts en grande partie ; il en manque un ; les intérieurs sont jaunes, et l'un d'eux, ce- lui marqué 2, a son limbe enroulé. Le quatrième manque également. 3» Il y a aussi deux verlicilles d'étamines, dont l'intérieur est placé sur la base llù allongée de l'ovaire. Du verticille extérieur, les deux paires sont à peu près dans , leur condition normale ; mais les deux étamines solitaires sont converties chacune en un pédoncule qui porte un bouton composé de sépales, de pétales, d'étamines et d'un ovaire dans leur position ordinaire. A' Il n'y a pas trace de glandes. 5* L'ovaire est très-renflé, et quand on l'analyse, on trouve que les placentas sont parfaitement distincts, excepté à la base. COMPTE RENDU DES Ûi F r LA SOCIETE DE BIOLOGIE PENDANT LE MOIS DE SEPTEMBRE 1851 ; M. le Docteur BRO^«'IV-Sf:OI>ARD , «eeréialrr. Présidence de M. RAYER. [. — Anatomie. SVR U portion CEPHALIOIIE DU GRAND SYMPATHIQUE ; [lar M. LlJDOVlC IIlRCHFEI.D. « Depuis la découverte des ganglions ophtbalmique, sphéno-palatin, oti- que, etc., l'existence de la portion céphalique du grand sympathique est devenue un sujet de controverse parmi les anatomistes. Les uns, rattachant au système ganglionnaire de la vie organique tous les ganglions, quel que soit le lieu qu'ils occupent, admettent que le grand sympathique s'étend à la tête, comme au iborax et à l'abdomen; de là la dénomination de irisplanchniqae sous laquelle ils l'ont désigné. Les autres, au contraire, soutiennent, mais sans faire con- naître leurs motifs, que les ganglions de la tête appartiennent à une tout autre catégorie que ceux du grand sympathique, et que celui-ci n'a pas de portion céphalique. » D'après M. Longet, la partie céphalique du grand sympathique est repré- sentée par les ganglions de la tète et par les nombreuses irradiations du gan- glion cervical supérieur, qui accompagne soit la carotide interne, soit la ca- rotide externe, ainsi que la plupart de leurs branches. M. Arnold considère les ganglions de la tête comme constituant un petit système ù part, destiné aux organes des sens. M Blandin, tout en admettant la destination spéciale aux organes des sens, des ganglions crâniens, les rattache à la série des autres ganglions sympathiques ; selon lui, la portion céphalique du grand sympathique se composerait surtout des ganglions ophlhalmique, sphèno-palatin, otique, sous-maxiilaire et sublingual; le ganglion cervical supérieur concourrait aussi à sa formation. » Pour mon compte, les ganglions de la tête n'appartiennent nullement au système ganglionnaire du grand sympathique, mais ils forment un petit appa- reil de ganglions à part, qui dépendent des nerfs crâniens (3« et 5« paire), de la même manière que les ganglions intervertébraux dépendent des nerfs rachi- diens. Les raisons anatoniiques qui m'ont fait adopter cette manière de voir sont les suivantes : l"" Lorsque quelques-uns des ganglions crâniens manquent, les rameaux qui en proviennent habituellement émergent du trijumeau. Ainsi les ganglions sphéno-palatin, otique, sublingual et sous-maxillaire manquent quelquefois chez l'homme; le ganglion sphéno-palatin n'existe pas chez les ru- minants, les rongeurs; il manque aussi chez le chien et le chat; alors les ra- meaux qui eu nais^^ent habituellement viennent du trijumeau. 2° Les liens qui rattachent les ganglions de la lêle à l'appareil ganglionnaire du grand sympa- thique (racines végétatives) manquent assez souvent, et même on pourrait con- tester l'existence des racines végétatives des ganglions otique, sous-maxillaire, sublingual, tandis que je n'ai jamais vu manquer les lilels (racines sensitivo- niolrices) qui les lixent au nerf crânien. 3" Ces ganglions, quelquefois roy- geàlres, ont souvent un aspect aussi blanc que celui des nerfs crâniens, ce qui s'exp ique parce qu'ils renferment beaucoup moins de substance grise que les ganglions sympathiques. W Si l'on examine enlin la texture des ganglions crâ- niens, on voit qu'elle est tout à fait analogue à celle des ganglions interver- tébraux, tandis qu'elle diffère de celle des ganglions survertcbraux splanch- niques. » Des recherches toutes récentes et pleines d'intérêt de M. le docteur Robin viennent pleinement confirmer cette dernière assertion ; voici ses propres pa- roles : « Il entre dans la constitution des ganglions nerveux crâniens les mêmes corpuscules ganglionnaires (cellules nerveuses de beaucoup d'auteurs) que dans 117 !es ganglions rachidiens. Un certain nombre de ces corpuscules correspond aux tubes nerveux minces, ils sont moins nombreux que ceux de même nature existant dans les ganglions du grand sympathique. Celui des ganglions qui renferme le plus de ces derniers corpuscules eslle ganglion de Casser, qui cer- tainement ne sera pas pas compare aux ganglions du grand sympathique. Les ganglions crâniens (ophthalmique, géniculé, sous-maxillaire, etc.) sont, comme les ganglions rachidiens, remarquables surtout par l'aboudancedes corpuscules, comparativement au tissu cellulaire et à la matière amorphe granuleuse; c'est à cette prédominance de corpuscules qu'est due la couleur blanche des gan- glions nerveux céphaliques, qui les dislingue déjà à l'œil nu des ganglions sym- pathiques. Cette différence coïncide avec une différence de structure intime, puisque dans ces ganglions viscéraux on trouve au contraire une grande propor- tion de celte substance amorphe et aussi de tissu cellulaire et d'éléments fibro- plastiques, comparativement à la masse des globules ganglionnaires. )) Ainsi donc : 1» la proportion considérable des corpuscules dans les gan- glions céphaliques, la petite proportion des éléments accessoires, comparée à la petite quantité des corpuscules dans les ganglions viscéraux avec, au con- traire, grande proportion des éléments accessoires; ces faits, disons-nous, montrent que les ganglions des nerfs de la tête ne peuvent pas être considérés comme analogues aux ganglions du système nerveux dit de nutrition. 2° Les fiiits indiqués précédemment montrent que l'on peut comparer les ganglions crâniens aux ganglions rachidiens, puisqu'ils contiennent les mêmes éléments fondamentaux et accessoires. » » L'existence constante de liens qui les fixent aux nerfs médullo-encépha- li(yies, la communauté d'aspect et de texture m'autorisent à supposer une com- munauté de fonctions dans les ganglions crâniens et les ganglions rachidiens. Si donc les idées d'Arnold sont fondées relativement à l'usage des ganglions crâ- niens, les ganglions rachidiens (intervertébraux) devront aussi êlre considérés comme des ganglions sensoriaux, avec cette restriction toutefois que les gan- glions crâniens ont sous leur dépendance immédiate les quatre sens spéciaux qui ont leur siégea la tête, tandis que les ganglions intervertébraux, étant pla- cés sur le trajet de toutes les racines sensiiives, auront pour usage de modifier la perception des sensations générales et de rendre les nerfs sur le trajet des- quels ils sont placés aptes à transmettre les sensations spéciales du tact et du toucher. » Après avoir démontré que les ganglions de la tête ne peuvent, analomi- quement parlant, être considérés comme la portion céphalique du grand sym- pathique, il nous reste à parler du prolongement crânien du ganglion cervical supérieur qui, à raison de ses non breuses connexions avec les nerfs crâniens, de ses divisions, de ses anastomoses, de ses plexus multiples et de ses gan- glions (ganglion carotidienel peut-être ganglion piluitaire), peut être envisagé comme l'origine céphalique du grand sympatliiquo. u 118 II. — Physiologie. 1" RBCHBBCnES SUR LES VARIATIONS DE L'aCIDITÉ DE L'URINE AUX DlFFÉREISrES ÉMISSIONS DU JOUR ; par M. Delavaud. Les auteurs (1) disent que l'urine est toujours acide lorsqu'elle provient d'un individu sain , et que les variations qu'elle subit sous ce rapport, comme sous bien d'autres, sont parement accidenleiles et dues principalement à la nature des aliments. J'ai examiné sur moi-même l'acidité de l'urine des difiërentes émissions de la journée, et j'ai fait à cet égard trois séries d'observations: la première com- prend vingt-trois jours, du 24 août au 15 septembre 1850 ; la deuxième ea comprend vingt-quatre, entre le 16 septembre et le 13 octobre, et la troisième sept, entre le 11 et le 20 novembre ; en tout cinquante-quatre jours. Ces observations ont été faites simplement avec des bandes de papier de tournesol sur lesquelles on laissait tomber un iiletde l'urine au moment de son émission. Puis la réaction acide, neutre ou alcaline, était notée sur-le-champ. Le papier qui a réagi, gardant après sa dessiccation la même réaction qu'aupa- ravant, ou passant tout au plus de l'état neutre ^ une acidité à peine sensible, cela m'a permis de conserver les résultats matériels obtenus, et de plus de dis- tinguer des dilléreuces bien tranchées dans l'intensité de l'acidité. Dans la première série d'observations [du 2U août au 15 septembre), i'ai voulu tenir compte de toutes les circonstances capables d'influer sur l'écono- mie. Voici les conditions dans lesquelles je me suis trouvé : température mo- dérée (18 à 21» c. dans ma chainbre, à Paris), temps assez beau. Réveil et lever de cinq heures à sept heures, ordinairement 6 heures, séjour dans la chambre jusqu'au déjeuner; déjeunera neuf heures et. demie, quelquefois dix heures ou dix heures et demie ; nourriture se composant à ce reoas de viande, œufs et fruits. Pendant le milieu du jour, ordinairement promenade d'une heure et travail de cabinet. A cinq heures et demie, dîner, se composant de potage (avec quelques carottes, navets], bœuf, légumes (tels que artichauts, haricots, pommes de terre), rôti (bœuf, veau, mouton, volaille, gibier), salade, fruits (tels que pêches, abricots, fraises, poires, raisins), vin et eau. Après le dîner, prome- nade d'une ou deux heures ; puis travail de cabinet, et eohu coucher li dix heures et demie environ. Le résultat total auquel je suis arrivé a été le suivant : 1» la prenH«r»émis- sion d'urine, à l'heure du réveil (de cinq heures à sept heures, ordinairement six heures), s'est montrée constamment très-manifestement acide; 2* les émis- (1) M. Delavaud ne connaissait pas les belles recherches de M. Bence Jones. Nous en publierons bientôt un résumé, en même temps que les résultats de Kchercheâ qui nous sont propres. Brown-Séqoard. 119 sions suivantes jusqu'au déjeuner fneuf heures et demie, quelquefois dix heures, dix heures et demie), et peu après ce repas ont été presque toujours neutres ou très-légèrement alcalines ou à peine acides, et fort rarement, et dans des cas exceptionnels, d'une acidité marquée; 3° pendant le reste de la journée et pen- dant la nuit, l'urine a toujours été acide. La première émission après le dîner (cinq heures et demie), pendant la digestion stomacale, m'a ofTerl constamment une acidité très-forte. Dans la seconde sérfe d'observations, corflprenant vingt-quatre jours (entre le 16 septembre et le 13 octobre 1850), le régime a été le même que dans la pre- mière, excepté que géHéralement il n'y a pas eu ingestion de fruits au déjeu- ner, et que le travail auquel je me suis livré exigeait du mouvement et la sta- tion verticale, à partir de ce repas jusqu'au dîner. Le résultat total a été le même que pour la première série ; j'y ai constaté, en outre, qu'il y avait diminution notable dans l'acidité vers l'heure du coucher, de dix heures à onze heures. Mais je n'insiste pas sur ce fait pas plus que sur celui du maximum d'acidité quelque temps après le dîner-, je les note seule- ment pour plus d'exactitude. Les observations de la troisième série, comprenant sept jours (entre le il et le 20 novembre 1860\ n'ont pas été faites aussi régulièrement que les précédentes, quelques émissiocs de la journée ayant été négligées. Elles coniirmenl toute- fois le résultat déjà obtenu, [et montrent qu'il est le même à diverses époques, malgré la diflPérence des saisons et les quelques changements que cela apporte dans le régime. Depuis ce temps, plusieurs autres observations isolées ont été faites çà et là, et le résultat a été constant. Dans ce grand nombre d'observations, je n'ai trouvé que très-peu d'excep- tions. Quatre fois seulement, l'urine, ordinairement neutre le matin, entre la jaremière émission du jour et le déjeuner, s'est montrée sensiblement acide ; mais ce fait coïncidait précisément avec de la fatigue éprouvée pendant la nuit et dans la matinée. Quant à l'influence du genre d'alimentation, je ne puis en juger, la nourri- ture ayant été presque constamment la même pendant toute la durée des obser- vations, c'est-à-dire assez variée pour chaque jour. Ainsi, en résumé, la réaction de l'urine sur le papier de tournesol a beaucoup ■varié selon les émissions de chaque jour, et ce sont les repas, comme on devait s'y attendre, qui influent sur ces \ariations. Le sommeil ne me paraît avoir Ici qu'une influence secondaire, comme je l'expliquerai tout à riieure. Maintenant, ce résultat est-il individuel, ou doit-il être étendu à un plus ou moins grand nombre d'individus pris dans des circonstances à peu près sembla- bles ? Le premier cas pourrait être vrai, d'autant plus que ma constitution est as- sez faible. Quant à l'urine que j'ai émise pendant ces recherches, elle a toujours •été claire et limpide. J'ai constaté maintes fois depuis qu'elle ne se troublait par l'20 rétmlliliori que lorsqu'elle était neutre ou alcaline. Le dépôt formé n'est pas un carbonate, car il ne fait pas effervescence par les acides, l'acide chlorhydrique, par exemple. Il ne faut pas se servir ici d'acide nitrique, parce que, s'il renferme la moindre trace d'acide nitreux, l'urée en dégage de l'azote, ce qui peut induire en erreur. Cedépôt n'est pas de l'albumine, quoiqu'il ressemble quelquefois, lorsqu'il est plus abondant que de coutume, au trouble que donne par la chaleur l'urine d'un hydropique, convenablement étendue d'eau ou d'urine normale : l'une et l'autre s'éclaircissent par l'addition d'une très-petite quantité d'acide nitrique; mais si l'on en ajoute encore, le trouble reparaît dans l'urine albuminurique même fort étendue, tandis que la première reste transparente. Le trouble en question est dû à des phosphates terreux, car après l'avoir bien lavé à l'eau dis- tillée par décantation, puis traité par l'acide nitrique pour le dissoudre, par le nitrate d'argent et par de l'ammoniaque pour neutrahser la dissolution, j'ai ob- tenu un précipité jaune-serin (1). Quanta l'urée, 150 grammes d'urine de la jour- née m'ont donné une fois 9 grammes de nitrate d'urée brut et humide, ce qui est une forte proportion ; une autre fois, j'ai obtenu immédiatement du nitrate d'urée en lamelles micacées en versant de l'acide nitrique dans l'urine non éva- porée. A l'occasion de cette forte proportion d'urée, on peut remarquer en pas- sant que, si elle est un indice de l'altération profonde des aliments, elle n'est pas toujours en rapport avec la force de constitution des individus. Quelques autres faits provenant de personnes d'une complexion assez faible ou exténuées par des excès me le font également penser. Enfin d'autres recherches, chimiques et mi- croscopiques, faites depuis sur celte urine, à des époques indéterminées, ne m'y ont rien fait découvrit d'essentiellement anormal. Des circonstances particulières (1) Ces phosphates sont maintenus en dissolution, au moins en partie, par de l'acide carbonique ; car l'urine fraîche, neutre et précipitable par la chaleur, laisse dégager, quand on la fait bouillir, de l'acide carbonique troublant l'eau de chaux, et après qu'elle a été ainsi troublée, elle s'éclaircit par un courant d'acide carbonique, pour se troubler de nouveau par une deuxième ébullition. Ayant une fois vu l'urine acide se troubler également par la chaleur, j'ai constaté aussi que cette urine laissait dégager de l'acide carbonique, et que ce gaz l'éclaircissait quand elle était troublée. 11 est probable que cette urine se troublerait si l'on en- levait l'acide carbonique par le moyen du vide. Cet acide carbonique peut ne dis- soudre que partiellement les phosphates, car dans l'urine acide, la réaction reste la même après le trouble par l'ébullition, la cause de cette acidité peut maintenir encore une portion des phosphates en dissolution. J'ai remarqué que sur l'urine neutre et se troublant par la chaleur, il se for- mait, après quelques heures seulement, une pellicule irisée, très-mince, bril- lante, presque entièrement composée de cristaux de phosphate ammoniaco-ma- gncsien. 121 ne m'ont pas permis et ne me permettront pas encore, d'ici quelque temps, de faire à cet égard des analyses complètes et régulières. Dans tous les cas, des observations faites sur d'autres individus devenaient né- cessaires. Malheureusement, je n'ai pu en recueillir qu'un bien petit nombre, et encore sont-elles incomplètes. Cependant elles semblent confirmer jusqu'à pré- sent le résultat obtenu sur moi-même. D'abord, je puis citer un jeune homme, du même âge que moi (26 ans), d'une constitution robuste, d'un tempérament sanguin, et dont les urines sont ordinai- rement jaune-rouge et cliargées d'acide urique. Les trois premières observations qu'il flt lui donnèrent, pour la première émission de la journée une réaction acide, et pour les suivantes, avant le déjeuner, une réaction moins acide et neutre. Je dois dire que d'autres observations lui donnèrent plus tard une réaction constanj- ment acide, mais ces observations étaient faites dans des conditions irrégulières et différentes, relativement aux heures du lever et du premier repas, et c'est déjà quelque chose que d'avoir obtenu certaines fois le résultat en question. Du reste, voici d'autres observations. Les unes ont été recueillies chez un homme de 30 ans, bien constitué. Dans deux cas, le lever ayant eu lieu à sept heures et le déjeuner à onze heures, la première émission, à sept heures, a été très-acide; la deuxième, à neuf heures, beaucoup moins; et la troisième, à dix heures et demi, tout à fait neutre. Chez le même, lorsqu'il prend un premier repas à huit heures et demie, la réaction est toujours acide. Les autres proviennent d'un homme de 60 ans, d'une constitution moyenne, menant une vie irrégulièrement active. Jamais, comme dans les observations précédentes, l'urine n'a présenté, pour cette personne, une réaction neutre de- puis le déjeuner jusqu'au lendemain, et deux fois sur six, cette neutralité s'est manifestée entre le réveil et 1& premier repas. Ainsi, ce petit nombre de recherches sur différents individus peut faire penser que le résultat de mes propres observations est susceptible d'être étendu ou géné- ralisé. Pour trancher la question, il faudrait des observations suivies faites dans des conditions bien déleroiinées, et à peu près semblables, ou relatives aux tem- péraments divers. Une explication de cette variation de l'acidité des urines dans un même jour se'ait donc anticipée. On ne peut cependant méconnaître le rapport qui existe entre cette acidité et les repas ; elle semble être un des indices de la digestion (du moins de celle d'une nourriture non herbacée), tandis que la neutralité in- diquerai! une digestion tout à fait achevée et un besoin d'aliments. J'ai voulu, à cet effet, reconnaître quelle serait l'snfluence du jeûne. Et j'ai vu, par deux expériences où j'ai retardé de quatre à cinq heures le premier repas de la jour- née,; que légèrement alcaline de huit à dix heures du matin, l'urine redevenait acide vers midi et une heure, aucun aliment n'ayant encore été ingéré. Mais faut- il conclure de là que l'influence des repas est nulle sur l'acidité du liquide uri- 122 naire, et que les iieures de la journée en sont l'unique cause ? Cette conclusion serait contraire à ce qu'on sait aujourd'hui sur l'influence du jeûne, pendant le- quel l'animal vit de sa propre substance. Il semble, en supposant que cette aci- dité coïncide avec l'altération des substances alimentaires, que, cette altération étant achevée complètement le matin, l'économie soit habituée aux quelques heures d'abstinence qui précèdent le déjeuner, et que ce n'est qu'à partir de ce moment qu'une digestion artificielle et incessante des tissus mêmes du corps s'opère pour remplacer ce premier repas lorsqu'il est soustrait à l'individu. Quant au sommeil, il ne contribue sans doute qu'à rendre la digestion plus lente et plus complète. De la fatigue éprouvée pendani la nuit ou dans la matinée produirait le même effet que l'abstinence, en provoquant, par la consommation des forces, une digestion plus rapide des aliments, et nécessitant bientôt l'altération des tis- sus eux-mêmes. Mais ce ne sont là que de pures suppositions auxquelles je n'at- tache ici qu'une valeur secondaire. Quoi qu'il en soit, ces observations fournissent une nouvelle preuve en faveur de l'importance qu'il y a à ne point donner, en physiologie, l'analyse absolue des liquides provenant de la digestion, et montre combien est grande l'influence des conditions variées où se trouve l'économie. Ainsi (chez certains individus, du moins), l'urine totale de la journée étant acide, il est des moments où elle est neutre. Il me semble que si l'on pouvait trouver, ne fût-ce que dans un seul in- dividu, un rapport bien constant entre la composition du liquide urinaire et le grand phénomène de la digestion, à diverses périodes de la journée, ce serait rendre à la physiologie un service plus grand que de lui oilrir des centaines d'a- nalyses faites indépendamment de ces vues. Je ne fais, du reste, en cela, que me conformer aux idées des physiologistes éminents de nos jours. La variation dans l'acidité de l'urine n'est peut-être ici qu'une chose secondaire, des variations plus importantes, plus constantes et plus générales peuvent exister dans la sécré- tion urinaire. C'est dans cette direction que je compte poursuivre ces études, en- core si imparfaites, dès que les circonstances me le permettront. 2» RECHERCHES SUR LES LIMACES; par M. LAURENT. M. Laurent communique quelques faits que ses recherches sur les limaces lui ont présentés : 1" Il rappelle à ce sujet la communication qu'il a déjà faite sur les métamor- phoses des zoospermfs, qui ont lieu dans la vésicule copulallve; et rapproche les observations sur le limax agrestis de celles qu'il vient de recueillir sur le limaxater. D'après ce rapprochement, il y a lieu de multiplier les observations sur le nombre des œufs fécondés ou infécondés, soit dans des pontes successives, soit dans une seule ponte. 2* Il a vu presque tous les embryons do limax ater atteints d'une Uydropisie de la vésicule ombilicale , produite par leur immersion dans l'eau. 11 dit en- 123 8uite en avuir guéri quelques-uns en les plaçant dans l'air et les faisant sécher eri partie. 3" Parmi les œufs de Umax ater, il en a vu quelques-uns qui contenaient dtux embryons, et l'un de ces «ufs, dont les deux vilellus étaient très-rappro- cbés, lui a présenté une monstruosité double qui a paru résulter de la soudure des deux embryons dans les premiers moments de leur formation. III. — Pathologie. OBSERVATION DE DIATHÈSE CANCÉREUSE ; TUMEURS VARIOIJFORMES DE LA SURFACE DES INTESTINS; RÉFLEXIONS SUR LA MARCHE ET LE MODE DE DliVELOPPEMENT DE LA GÉNÉRALISATION DU CANCER i par M. E. BeYLARD. La nommée R couchée au n» 12 de la salle Sainte-Cécile, à l'hôpital Saint- Antoine, est entrée le samedi matin 9 août, et a succombé dans le courant de la nuit suivante. A son entrée à l'hôpital, elle présentait tous les caractères de la cachexie can- céreuse arrivée à son terme ; elle était très-amaigrie et offrait la teinte jaune paille caractéristique. Le ventre, notablement augmenté de volume, contenait évidemment une cer- taine quantité de liquide ; les membres inférieurs étaient œdématiés. La rapidité avec laquelle cette femme a succombé n'a pas permis de prendre d'autre& renseignements sur la maladie. Autopsie. — L'examen nécroscopique a surabondamment justifié le diagnostic porté pendant la vie. Nous verrons, en effet, que non-seulement cette femme est morte par suite d'une affection cancéreuse, mais de plus qu'un grand nom- bre de ses organes étaient .atteints de la maladie à un degré plus ou moins avancé. La cavité abdominale ayant été ouverte, il s'en écoula une assez grande quantité de sérosité rougeàtre. Les anses intestinales, distendues par un commencement de décomposition cadavérique, au lieu de présenter une surface lisse et régulière, comme à l'état normal, étaient le siège d'un grand nombre de tumeurs verru- queuses, ombiliquées, les unes discrètes, les autres confluentes; ayant la plus grande ressemblance avec les boutons de la variole au début de la suppuration. Ces tumeurs, situées au-dessous de la membrane péritonéale qu'elles soulevaient, occupaient aussi bien la convexité que la concavité des anses intestinales dans toute la longueur du tube digestif, à l'exception de l'estomac et du rectum. Lear coloration variait; la plupart offraient la même nuance que l'intestin. Quelques- unes présentaient à leur sommet une teinte Touge vive, due à un développe- ment de vaisseaux sanguins qui se dirigeaient de leur circonférence vers leur centre. De nombreuses adhérences anciennes réunissaient les anses intestinales entre £llea et avec les parois abdominales. 12/1 Au niveau du point où l'S iliaque se continue avec le rectum, toute l'épais- seur de l'intestin avait subi la dégénérescence cancéreuse. En cet endroit, il était dur, larJacé, criant sous le scalpel et notablement augmenté de volume, ce qui diminuait son calibre et avait pu pendant la vie produire un obstacle au cours des matières fécales. Le mésentère était le siège d'un assez grand nombre de ces mêmes tumeurs que nous venons de signaler. Les ganglions étaient volumineux et infiltrés de matière cancéreuse que l'on en faisait suinter par la pression; mais on les dis- tinguait facilement des tumeurs de nouvelle formation, qui étaient beaucoup plus petites et de forme lenticulaire. Les vaisseaux lymphatiques qui se rendent de l'intestin au mésentère étaient plus développés qu'à l'état normal et se dessinaient en blanc sous le péritoine. Ils paraissaient distendus par un liquide semblable à celui qu'on faisait sourdre des ganglions. Nous donnerons plus loin l'examen microscopique que M. Gubler a bien voulu faire de ces productions. Le foie n'était pas notablement changé de volume. Sa surface régulière pré- sentait des traces manifestes de péritonite ancienne, et était unie à la paroi ab- dominale par des adhérences filamenteuses. A la face inférieure du lobe gauche était appendue par un pédicule étroit une tumeur de la grosseur et de la forme d'une noisette, d'un blanc jaunâtre, dure, criant sous le scalpel , évidemment constituée par de l'encéphaloïde cru. Une coupe pratiquée dans le foie, au niveau du pédicule de cette tumeur, a fait voir qu'elle pénétrait au moins de 0,03 millim. dans l'intérieur de la glande, dans laquelle elle venait se perdre en se renflant. D'autres tumeurs moins volumineuses, au nombre de six ou sept, existaient à la face inférieure et au bord tranchant du même organe, et étaient toutes de même nature que celles précédemment décrites. L'utérus avait deux ou trois fois son volume ordinaire, sans que cependant sa forme fût manifestement altérée. Le corps et le col étaient envahis en totalité par la dégénérescence cancéreuse, qui présentait sur cet organe tous les degrés in- termédiaires entre la crudité absolue et le ramollissement complet. Les ovaires offraient la même lésion. Cavité thoracique. — Il existait une petite quantité de sérosité dans les plè- vres des deux côtés. Au premier abord, les poumons paraissaient sains ; cepen- dant, à un examen plus attentif, au bord inférieur du lobe moyen du poumon droit et du lobe inférieur du poumon gauche, on trouvait deux noyaux indurés du volume d'une noix, présentant à leur périphérie une coloration rouge pâle, et à leur centre une nuance d'un gris jaunâtre, plus marqué vers la partie tran- chante. Une incision, pratiquée dans l'épaisseur de ces noyaux, laissa voir le tissu pul- monaire induré, légèrement granuleux, infiltré d'un liquide grisâtre, d'apparence 12;) purulente, que l'on faisait sortir par la pression. Ces noyaux, plongés dans un vase rempli d'eau, t( mbaient rapidement au fond. Le tissu environnant, gorge de sang, était d'un rouge foncé, ressemblant à un foyer apoplectique; il est resté perméable à l'air. La plèvre, au niveau de ces noyaux, était veloutée, rugueuse, et offrait des arborisations artérielles nombreu- ses, dues à une inflammation manifeste. Au-dessous, à la surface des poumons, se trouvaient des traînées noirâtres dont le siège anatomique était difficile à dé- terminer, et qui semblaient tenir à un commencement de dépôt métallique. En outre, sous la plèvre diaphragmatique, dans un point correspondant à la con- vexité du foie, existaient plusieurs petites tumeurs aplaties, nunimulaires, molles, la plupart grisâtres, peu vasculaires, analogues à celles do l'intestin ; l'une d'elles, de la largeur d'une pièce de 50 centimes, était d'un brun rouge et comme érec- tile ; elle faisait légèrement saillir la plèvre. En incisant, il s'écoulait un liquide blanc, opaque, semblable à celui des tumeurs intestinales. Ce dépôt pénétrait dans le diaphragme et allait se confondre, au-dessous de ce muscle, avec une couche de même nature qui l'unissait intimement au bord convexe du foie. Examen des tumeurs. — !<> Les tumeurs varioli formes de l'intestin grêle et celles du diaphragme laissent suinter par la pression un suc blanc, opaque, très- épais, homogène, qui se montre au microscope formé d'un liquide dans lequel nagent une quantité énorme de cellules cancéreuses parfaitement caractérisées, les unes arrondies, les autres ovalaires ou elleptiques, ou en raquette, en mas- sue. Ces cellules renferment un très-gros noyau ovale, pourvu de granulations fines et de quelques granules fortement ombrés, plus gros ^nucléoles). Il y a aussi dans le liquide des noyaux isolés et des granules moléculaires. 2° La partie indurée du lobe inférieur du poumon gauche offre en dehors, sur la plèvre, une couche grisâtre, molle, formée de détritus flbrineux, de granules moléculaires en grande quantité, de quelques cellules allongées, à noyau (éléments libro-plasliqnes" et de globules pyoïdes et granuleux. La substance des lobules imiuvés, qui est grisâtre aussi, renferme des éléments semblables, mêlés à des cellules d'épithélium et à de rares globules de pus pour- vues de noyaux. 3° Les veines, ou du moins les espaces iînéaives, d'apparence vasculaire, noirs et comme mélaniques, situés sous la plèvre diaphragmatiiiue, contiennent, outre des cellules inégulières énormes, ayant au moins les dimensions des grandes cellules cancéreuses et chargées de granules moléculaires noirâtres, contiennent, dis-je, une très-grande quantité de ces granules noirâtres, libres, doués du mou- vement brownien ou agglomérés, et un certain nombre de globules fortement réfringents , en apparence identiques à ceux du beurre ou aux globules gras du foie. A" La substance du foie est très-opaque, jaunâtre, d'un aspect gras. En effet, ses cellules, très-amplifiées, renferment de véritables gouttelettes de graisse, dont quelques autres sont libics dans le liquide, où elles nngont avec des globulce 126 liras, de volumes variés. Quelques masses de matière grasse paraissent demi- concrètes. Cette observation, malheureusement incomplète en ce qui concerne la marche de l'affection, surtout pendant les derniers jours de l'existence, présente encore beaucoup d'intérêt au point de vue de la généralisation cancéreuse. Nous voyons en effet, chez cette femme, le cancer ayant envahi depuis long- temps l'utérus, et probablement, à une époque plus récente, les intestins, prendre tout à coup une grande extension et apparaître dans le foie, le poumon et la plè- vre ; car, pour nous^ les tumeurs constatées dans ces organes sont le premier degi : du développement local du cancer à l'état aigu. C'est ce que nous allons nous efforcer de démontrer, en nous appuyant sur les observations semblables qui ont fait le sujet de plusieurs discussions intéressantes dans le sein de la So- ciété analomiqur. * En 1846, M. Devilie présenta à cette Société les poumons d'un homme qui avait succombé à la suite d'une opération de cancer de la verge. Sur toute leur éten- due se trouvaient éparses de petites tumeurs, variant du volume d'un gros pois à celui d'une noisette, d'un noir grisâtre, formées pour la plupart d'une substance en apparence organisée, de consistance cérébelleuse, parcourues de vaisseaux et dans quelques points de petits tuyaux ressemblant à des canalicules bronchi- ques. La pression en faisait sortir un suc épais et sale. D'autres, formées de la même substance, étaient réduites en un putrilage épais et glutineux, d'une teinte grise jaunâtre, comme s'il y avait mélange d'une grande quantité de pus. Ces tumeurs étaient entourées d'un kyste jaunâtre assez résistant. Il n'y avait qu'à hésiter entre des abcès de diathèse purulente et des produc- tions cancéreuses. Les avis furent partagés. Rien cependant, dans les symptô- mes, durant la vie ne justifiait l'idée d'une infection purulente. Il n'y avait eu aucun frisson, et le malade s'était éteint à la suite d^hémorrhagies successives, deux mois après l'opération. Les lésions que cet homme avait présentées étaient d'une nature trop obscure pour permettre de trancher la question; mais elles éveillèrent l'attention, et à une des séances suivantes, M. Gubler montra des portions de poumons prove- nant d'un homme mort dans le service de M. Velpeau, au quinzième jour d'une «asiraiion pour un encéphaloîde. Les symptômes qui se montrèrent avant sa mort pouvaient aussi bien être attribués à une généralisation de rafTection cancéreuse qu'à une infection pu-> rulente. A l'autopsie, on rencontra du pus dans les plèvres. Les poumons étaient cri- blés de tumeurs nombreuses, quelques-unes du volume d'un marron, arron- dies, d'un rouge grisâtre, d'une substance molle, facile à écraser. Plusieurs, constituées par une sorte de bouillie grisâtre, presque toutes fa- ciles à énucléer, étaient entourées par du tissu pulmonaire sain. 127 A41 mici'oscoite , elles élaionl cuiislituées par les éléments librineux lia sang. Isolés, ces faits n'avaieul pas une valeur suffisante ; rapprochés, ils acquié- raient plus d'importance. Cependant une discussion assez longue s'ensuivit, et il resta encore du doulexlans l'esprit de quelques membres. Quelques jours après, un autre interne de M. Velpeau, M. Lailler, présenta des pièces provenant d'un homme qui était mort à la suite de l'extirpatioa d'une tumeur cancéreuse de la cuisse. Six semaines après l'opération, il sur- vint des douleurs dans l'abdomen, des frissons et des élouil'ements. Les pou- mons contenaient des masses cancéreuses évidentes, la plupart placées sous la plèvre. Mais c'était le foie qui était le siège des lésions les plus intéressantes il était rempli de masses de différente nature; les unes clairement encépbaloi- des, les autres, positivement librineuses, étaient noirâtres, formées par delà Cbrine imbibée d'une forte quantité de sang. Quelques autres, probablement plus anciennes, étaient jaunâtres. De ces masses, les unes étaient complètement isolées, d'autres étaient appli- quées contre les tumeurs cancéreuses, dont elles ne se troaraient séparées que par une mince enveloppe. Au centre d'une de ces tumeurs existait un petit noyau blanc ayant la plus grande ressemblance avec de l'encépbaloïde. Ces lésions étaient absolument semblables à celles qui avaient été le sujet des discussions dans les séances pré- cédentes. Au microscope, MM. Lebert, Robin et Desormeaux ont trouvé dans les ta- meurs cancéreuses les caractères patbognomoniques. On '^oit donc chez ce malade un simple épanchement sangnin subir les diver- .ses transformations habituelles, accompagner et peut-être précéder la sécrétion cancéreuse métastatique. De l'expositiou de cesfaits, nous pensons pouvoir conclure que la diatbèse cancéreuse a plusieurs modes de manifestations : l" Elle produit des lésions locales essentiellement chroniques ; 2* Elle détermine des altérations disséminées, presque toujours secondaires, mais à marche encore lente, la lièvre ne se montrant qu'à la fin avec la cachexie; dans ce cas les productions morbides sont comme interposées dans la trame des tissus sans que ceux-ci manifestent de réaction ou aient subi la moindre altération. Ces deux modes sont acceptés par tous. 3° Entia qu'une opération ou tout autre circonstance peut donner un coup de fouet à la diathése cancéreuse ; alors se montrent la fièvre et des eflorts répé- tés sur plusieurs organes à la fois ou sur divers points d'un mcnieorgane. Dans ce cas, les tumeurs primitives t'accroissent pl';s rapidement, et en outre il y a tendance à la foruintion de tumeurs nouvelles, J'ais le travail morbiiie outre- 128 passant les l)ornes, au lieu d'épanchements de lymphe plastique où [>ius tard s'organisera la matière cancéreuse, détermine des épaucheraents de sang en nature, apoplectiforme, qui tantôt subissent les changemenls des caillots san- guins (résorption de la sérosité, condensation, décoloration, etc.), tantôt au contraire, et cette dernière modification se présentera dans les cas les plus ai- gus et les plus intlammatoires, il y aura fonte purulente des noyaux apoplec- tiques. On voit d'après cela que certains cas d'abcès multiples viscéraux seraient le résultat de la diathèse cancéreuse généralisée à forme aiguë, pouvant ainsi se confondre avec l'infeclioji purulente proprement dite et par ses symptômes et par ses caractères anatomiques, ainsi que cela a eu lieu pour les pièces pré- sentées par MM. Devilie et Gubler qui offraient la plus grande analogie avec celles que j'ai l'honneur de mettre sous les yeux de la Sociélé. Si dans le cas présent on étudie comparativement au microscope les tumeurs du poumon et celles du diaphragme qui présentent à l'œil nu de nombreuses ressemblances, on trouve que les unes, celles du diaphragme, renferment un liquide dans lequel nagent une quantité énorme de cellules cancéreuses parfai- tement caractérisées, tandis que celles du poumon ne renferment que des grandes moléculaires, quelques cellules allongées à noyau, et des globules pyoïdes et granuleux. Il est pourtant ditficile de ne pas trouver la plus grande analogie entre les lésions du poumon et celles du diaphragme. Pour nous, nous sommes convaincu que les diflérences constatées au microscope sont dues aux différences de vitalité des deux organes, et que si cette femme eût vécu plus longtemps on aurait trouvé dans les poumons, soit dans les tumeurs déjà exis- tantes, soit dans leur voisinage, de la dégénérescence cancéreuse, ainsi que l'a montré M. Laillcr dans la pièce qu'il a présentée à la Société anatomique et dont il a été question plus haut. IV. — TÉRATOLOGIE VÉGÉTALE. SUR QUELQUES MONSTRUOSITÉS VÉGÉTALES ; par M. GUBLER. M. Gubler montre un dessin représentant une anomalie de la foliole termi- nale du phaséolus vulgaris ou coccineus dont la nervure médiane s'arrête brusquement à 12 millim. environ au-dessous du sommet obtus de la foliole, se détache de la face inférieure (où l'on sait que les nervures sont toujours plus proéminentes), devient libre et constitue un véritable pétiolule long d'un centimètre qui se dilate de nouveau pour produire une foliole supplémentaire lancéolée linéaire longue de 2 centim. et demi, large de moins d'un centimètre. Cette foliole semble, par.sa forme et ses dimensions, compléter la foliole princi- pale qui est comme tronquée ; elle rappelle la disposition de la bractée florale du tilleul. C'est là une anomalie élémentaire dont on ne peut se rendre compte par d'autres circonstances qui s'y trouveraient renfermées. 129 M. Rayer a aussi remis à M. Gubler une anomalie du dahlia, dans laquelle on voit deux fleurs adossées et placées de champ, mais complètes, chacune ayant la double rangée de folioles de son calice commun, dont l'extérieure est formée de cinq pièces différentes et simule un calicule. Ces fleurs sont portées sur un pédoncule commun à l'extrémité duquel elles sont parfaitement sessiles. La • forme aplatie de ce pédoncule, la ligure ellipsoïde du canal médullaire jointes à l'existence de deux fleurs complètes montrent qu'on a afi'aire à une véritable fasciation et non à une synanibie proprement dite. V. — ÉCONOMIE RURALE. CASTRATION DES VACHES; pat M. DeSBANS. M. Rayer communique une lettre de M. le docteur Lesauvage, concernant la castration des vacl^es. M. Lesauvage annonce que depuis une vingtaine d'an- nées, M. Desbans, vétérinaire qui exerce dans le département du Calvados, a pratiqué celte opération sur une centaine de vaches, et qu'il n'en a perdu qu'une seule. Suivant M. Desbans, la castration serait spécialement applicibie aux va- ches taurélières. Les vaches que l'on désigne sous ce nom .sont affectoes de ce qu'on nomme en médecine fureur utérine, maladie qui, d'après les remarques suivantes, mériterait peut-être mieux le nom de fureur ovarie7ine. Ces vaches ont l'œil hardi, les oreilles dressées; elles infléchissent fréquemment le rein, agitent sans cesse la queue qu'elles portent haut, et on remarque aux deux côtés de son origine une dépression qui produit une sorte de rétraction de la vulve. Ces vaches sont sans cesse. en mouvement, sautent à tout moment sur les au- tres et ne prennent ni repos ni embonpoint. Dans l'herbage, elles fatiguent con- tinuellement tout le bétail, attaquent le taureau lorsqu'il veut fonctionner, font de grands efforts pour le remplacer et parviennent même quelquefois à l'éloi- gner. Cette tourmente continuelle empêche l'engraissement, oblige d'enlever la vache taurélière de l'herbage et de la vendre à vil prix. L'enlèvement des ovaires fait cesser l'agitation de l'animal, qui engraisse ensuite rapidement. La castration a été pratiquée aux États-Unis, en Suisse et en France, dans le but d'obtenir un rendement de lait plus abondant, et surtout de prolonger la sécrétion laiteuse au delà de son terme ordinaire. Les observations de M. Dcs- bans ne concordent pas avec celles que nous venons de rappeler. Il a acquis la certitude qu'après l'enlèvement des ovaires, la production du lait n'augmentait pas sensiblement, et que, deux ou trois mois après, la quantité de lait suivait une proportion inverse de l'embonpoint, qui allait rapidement en croissant. Suivant M. Desbans, la castration favorise incontestablement l'engraissement : c'est là son utilité. La vache, mise à l'iierlie, éprouve assez périodiquement le rut. Alors elle s'agite, mange moins, et souvent chaque retour fait pérore au 130 moins dix à quinze jours de l'engraissage. Elle tourmente quelquefois les autres vaches à la manière des taurélières. Pour remédiera cet inconvénient, on est dans l'habitude de placer un taureau dans le troupeau ; mais bientôt il en résulte une perte par la quantité de nour- riture qu'absorbe le produit, de nulle valeur lorsqu'on livre la vache i la bou- rberie. COMPTE RENDU DES SÉANCES LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE PENDANT LE UOIS d'OCTOBAE 1851 ; MM. les docteurs LEBERT et B^OWN-SÉQDAU» , secrCtalre*. Présidence de M. RATER. I,— ANATOSiE NCBUALC. SUR LE DI^VELOPPEMENT DES CEUFS DES ARAIGNÉES , par M. ViCTOR CARVS. Les œufs ovariens des genres Lycosa, Tbomisus, Sallicas et Tegenaria'pré- sentent, en outre de la vésicule germinative , un corps singulier, qui a été dé- crit par IFiUich dans sa Thèse (Observationes qujEdah de AnANEAntw ex ovo EvoLmoNE, 1 845), et qui a été mentionnée par de Siebold dans son Traité d'ana- TOMiE COMPARÉE. La naturc de ce corps n'ayant pas encore été étudiée sufllsam- 132 Tnent, j'en ail fail le sujet de quelques ref lienhes , et ainsi que sur le système ovarien des araignées en général. L'ovaire présente la forme d'un sac, dans la paroi interne duquel s'insère une corde solide à laquelle les œufs sont Dxés par des pédoncules courts. A l'endroit même où les œufs sont attachés, les cellules épithéliales qui couvrent les pédoncules forment plusieurs couches un peu au dedans de l'insertion de l'œuf. L'intérieur des œufs présente ici presque toujours des corps graisseux plus grands que les autres éléments du vitellus dont je parlerai bientôt. La vésicule germinative présente, dans toutes les espèces que j'ai étudiées , la nature cellu- laire, montrant la tache germinale, comme son nncleus, et presquedoujours quelques corps très-petits en dedans de celle-ci , représentant les nucléoles. Au tour de la vésicule germinative, on aperçoit, chez les œufs de plusieurs genres un peu avancés, une sorte de halo formée par des granules irès-flxes. Ce sont tous les éléments qui constituent l'œuf dans les genres Clubiona, Micrommata, Agelena, Tetragnella et Epeira ; mais dans leç genres mentionnés plus haut, il y a uB corps de plus , qui est rond , et à l'état frais très-finement granulé. Mais, bientôt après avoir mis l'œuf sous le microscope, on voit les granules s'arranger dans un sens concentrique, et sur toutes les parties périphériques. L'eau et l'acide acétique font voir des stries concentriques. La pjotasse caustique rend ce corps extrêmement mou, au point que l'on peut le faire disparaître par une compression légère. Autour de ce corps se forme le même halo des granules fixes , qui a été observé autour de la vésicule germinative dans les œufs des araignées dépour- vues de ce corps nouveau , tandis qu'^u point de l'insertion on voit les mêmes corps graisseux plus grands que ces granules qui entourent le corps adven- titiel. Les œufs des araignées n'offrent pas une segmentation totale, elle y est seule- ment partielle, c'est-à-dire, leur vitellus contient deux éléments différents, ainsi que les œufs des oiseaux et des poissons, savoir : le vitellus plastique et le vitel- lus nutritif. Le premier seulement subit la segmentation. Les deux espèces de ■vitellus peuvent être distinguées aisément, en ce que le vitellus nutritif est com- posé de corps graisseux beaucoup plus grands que le vitellus plastique. Le vi- tellus nutritif se forme , dans les deux sortes d'œufs , dans le même endroit , au point de l'insertion. Lorsqu'il ne constitue pas une partie essentielle de l'œuf, il provient des cellules en dehors de l'œuf lui-même ; ce sont ces corps graisseux dont j'ai fait mention. Le vitellus plastique, la partie la plus essentielle de l'œuf, est formé dans l'intérieur de l'œuf, mais dans deux différents endroits. Dans les •œufs dépourvus de ce corps particulier que j'appelle noyau vitelène, le vitellus plastique provient de la vésicule germinative sous forme de granules ; il se iorme ainsi dans les genres mentionnés au commencement. — Le volume de ce corps varie entre 0"',0l — 0"',02 ; seulement ,, dans la Tcgenaria domestica, il atteint 0"',005 de diamètre. 133 i'ai observe un corps semblable, composé des granules un peu plus grands que, dans les araignées, dans les œufs de la Kana lemporaria. Les corps granuleux sont réunis par une malière alburaineuse, qui se dissout dans l'eau «lu bout da quelques heures. La grandeur moyenne de ce corps cliez les grenouilles était deO"',03. Quoiqu'il soit vraisemblable que ce coTps puisse exister dans tous les œufs de plusieurs autres animaux, je ne l'ai cherché que dans les genres Cyprinus et Salmo, parmi les poissons, où il n'existe pas. Dans un nouveau travail de M. le docteur de Wiltich, publié dans les Ar- chives de Muller, 1849, au moment ou le mien s'imprimait, ce naturaliste décrit l'ovaire comme ayant la forme d'une grappe sans enveloppe externe. D'après des nouvelles recherches que j'ai faites sur ce sujet, je ne puis que confirmer les ob- servations de Treviranus et de Siebold , qui ont décrit l'ovaire des araignées comme je l'ai fait plus haut. Mais un fait plus intéressant, c'est que Wiltich fait mention de corps albumineux d'une forme pas toujours régulière, qu'il dit avoir rencontrés dans ces œufs. J'ai vu ces mêmes masses, mais je n'en ai fait aucune mention , parce que mes observations ne me donnaient pas jusqu'à présent la certitude d'avoir bien observé. D'après ce que j'avais vu, il m'était resté l'im- pression que ces corps étaient des masses d'une substance contractile. On les voit souvent changer de forme ; tantôt on y aperçoit des vacuoles, tarvtôt ces corps enferment des granules de vitellus. Ordinairement, ils sont ronds, d'autres fois, on en voit deux ou trois se réunir ou se séparer. J'ai indiqué ce fait à M. de Siebold, auprès duquel j'ai fait ces observations , mais je n'avais pas eu le temps d'étudier de nouveau ce point d'ovologie. Il sera très-important de montrer que les œufs contiennent , dans un état amorphe , la substance contractile dont Vanimal , en se développant , a besoin dans tant de parties, et je me propose de faire des recherches ultérieures sur ce sujet , à l'aide du galvanisme 'appliqué aux études microscopiques. H. — PHYSIOLOGre. RECHERCHES SLR LA GÉNÉRATION DES LIMACES; par M. LaUREM. -M. Laurent communique les faits suivants : 1" Il a vu pour la seconde fois un limax flavus, qui sans s'être jamais accuupir a produit vingt-cinq œufs qui sont féconds et dont le développement embryon ïiaire est déjà au 1 1 ' jour. 11 rapproche ce fait d'un semblable, concernant un individu de la même es- pèce, qui avait pondu successivement chaque fois trois œufs en trois mois, un 5cul œuf sur les neuf pondus, était dans ce cas fécond et donna un embryon rmal. 1' Il a vu, il V a qnelqur;; annéfs. un rruf de limax agrcsUs dont le vitelUis m ^tait erilouré d'un grand nombre de zoospermes sous la forme {»rimilive qn'rîs ont dans le parenchyme testiculaire et dans le premier spermiducte. Ces faits lui semblent devoir servir à jeter quelque jour sur le problème con- cernant le lieu où s'opère la fécondation dans les gastéropodes hermaphrodite» insufllsantf. Dans une communication postérieure, M. Laurent annonce que le même indi- vidu du liraax flavus qui a pondu le 1" octobre, vingt-cinq œufs féconds dont le développement nortaal est en voie de tendance à l'accomplissement, vient de faire une nouvelle pont€ "de 14 œufs. Cette deuxième ponte par un limax vierge sera peut-être féconde et constituera un fait de plus pour éclairer la question problématique du lieu où s'opère la fécondation dans les mollesques gasléropo' des hermaphrodites insQi|)i9ots(t8 octobre). III. — AHATOaiE PATHOLOGIQDE. SUR DEDX CAS D'ALTÉRATION DU FOIE ET SUR UN CAS DE FONGUS DE LA DURE AÈRE ;, par MH. Ci.. Bernard et Charcot. M. Claude Bernard et M. Charcot communiquent les observations suivante? : 1» Granulations graisseuses do foie. — Un homme, âgé de 40 ans, présente tous les signes de la tuberculisalion générale la plus avancée. — Signes sthétho- scopiques et plessimétriques d'excavations spacieuses dans les deux poumons. — Phthisie laryngée^ aphonie; diarrhée incessante, probablement produite par des- ulcérations tubereuleuses.^ A l'autopsie du cadavre, on trouve les poumons farci» de tubercules dans leur» lobes inférieurs, et creusés de grandes caverne* à leur sommet. Ulcération des cordes vocales inférieures j tubercsles dans les ganglions- raésentériques; ulcération à fond tuberculeux dans l'iléon et le colon. Le.foie est un peu plus volumineux qu'il ne doit l'être ; sa coloration générale est foncée, s» consistance est augmentée, son tissu crie un peu sous le scalpel, il est gorgé de- sang noir ; il est semé d'une quantité de granulations, du volume d'un petit pois, pour la plupart, Tesquellea ont, pour l'aspect, la plus grande analogie avec le» tubercules des autres viscères. L*examen microscopique démontre à M. Rayer que ces granulations ne sont pas des tubercules, mais bien des granulations hé- patiques, surchargées de globules de graisses. L'infiltration du parenchyme du foie, par des globules de graisse, au lieu d'envahir le foie tout entier, et de le transformer en foie gras^domme cela a lieu le plus habituellement, ne se mon- trait ici, que dans un certain nombre de granulations hépatiques isolées les une» des autres. 2» Anatomib d'un foie ATTEINT DE CIRRHOSE. — Un hommc, âgé de 4S ans, entre à l'hôpital de la Charité, le 8 août 18S1 ; hydroplsie aseite considérable ^ œdème des membres inférieurs, des bourses et du pénis ; amaigrissement du thorax, de la face et des membres supérieurs; teinte jaunâtre, plombée, et Riéme parfois Ictcrique des téguments. La, peau est en mcme temps sèslie cP 135 rugueuse. Le cœur, de volume normal, ne présente pas de bruits anormaut; le bord inférieur du foie ne peut être limité par la percussion, mais son bord supé- rieur ne remonte pas au-dessus du mamelon . malgré la distension de l'abdo- men. Les urines sont d'une couleur rouge foncé. Les réactifs n'y démontrent pas l'existence de la matière colorante de la bile. Le 19, la sufTocation était imminente, et le malade demandait à grands cria du soulagement ; une ponction de l'abdomen est pratiquée le 20 septembre par les moyens ordinaires. La sérosité qui s'écoule est transparente. Le lendemain, douleur abdominale à la pression , vomissements bilieux incessants, diarrhée, fièvre. La cirrhose (car tel avait été le diagnostic), s'était donc compliquée d'ane péritonite aiguë, dont la ponction abdominale semble avoir été la cause provo- catrice. Le malade succombe le 28 septembre. Cet honune se disait malade depuis six mois environ ; il n'était pas buveur, et il n'avait jamais remarqué d'accidents syphilitiques. A l'autopsie du cadavre, on note : l» les lésions d'une péritonite générale in- tense ; 2° une diminution de moitié au moins dans le volume du foie, qui est en même temps légèrement bombe, d'une coloration jaune générale, et dont le tissu est dur et crie sous le scapel. Sur la coloration jaune générale se détachent des granulations noirâtres. Le foie petit est ratatiné et comme chagriné à sa surface extérieure par une multitude de petites élevures inégales et diversement colorées. La couleur de ce foie ne rappelle en rien celle du tissu hépatique sain. Sur un fond d'un blanc- gris sale, on remarque trois couleurs principales, le noir, le rouge lie-de-vin et le jaune , disséminées comme un granit à la surface du foie. Les colorations jaune et noire appartiennent généralement aux élevures de la surface hépatique, tandis que la couleur rouge lie-de-vln se voit par transparence au travers de la membrane péritonéale épaissie. Sur la coupe du tissu du foie, on observe également une sorte de marbrure granitée, formée par les trois colorations visibles à la surface extérieure du foie, savoir, le jaune, le noir et le rouge lie-de-vln. Seulement il est à remarquer que les granulations de couleur noire siègent plus spécialement dans le tissu hépa- tique qui avoisine la surface extérieure de l'organe , tandis que les granulations Jaunâtres sont assez uniformément répandues dans le tissu du foie. Les taches rouges lie-de-vin suivent plus spécialement les branches de la veine porte. On voit en outre sur la coupe du tissu hépatique des points blanchâtres comme fibreux, coïncidant avec un épaississement de la membrane de Glisson, une atrophie évidente et une diminution de calibre des vaisseaux sanguins hépati- ques , qui semblent épaissis dans leurs parois , surtout pour les rameaux de la veine porte. A l'examen microscopique , on constate quelques différences de structure, sui- vant les points du tissu hépatique qu'on examine. 1» Quand on soumet au microscope la substance des granulation* jaunâtre» 136 du foie, on voit qu'elle est composée par un grand nombre de cellules liepa tiques assez régulières et assez développées, et mélangées' d'une grande quantité de graisse à l'état de gouttelettes huileuses qui sont , les unes adhérentes aux cellules hépatiques , les autres libres sur le champ du microscope. Les cellules hépatiques, pourvues pour la plupart de noyau, ne paraissent pas offrir d'altéra- tion bien spéciale , si ce n'est une sorte d'infiltration graisseuse pour quelques- unes d'entre elles. 2" La substance, qui constitue les granulations noires , ayant leur siège près de la surface extérieure du foie , présente une structure différente. Les cellules hépatiques qui y sont nombreuses , sont généralement plus petites et plus irrc' gnlièresdans leurs formes que celles de la substance] an ne. Quelques-unes ont un - noyau inférieur, mais aucun ne contient de graisse adhérente ou libre à l'état de globules huileux, comme dans la substance des granulations jaunes. De plus . on rencontre dans ces particules noirâtres du foie un grand nombre d'éléments fibro-plastiques, qui sont généralement d'an petit volume, mais d'une forme par- faitement caractéristique. On ne pourrait pas toutefois en inférer que la pré- sence des éléments fibro-plastiques est distinctive de l'altération noire du foie » car on retrouve ces mêmes éléments dans d'autres points du tisin malade du foie, surtout lorsqu'on examine son tissu dans les parties les plus voisines de la sur- face extérieure de cet organe. Mais dans les particules jaunes du foie, on ne découvre aucuije trace de ces mêmes éléments fibro-plastique. 3» Dans les points rouges lie-de-vin, on remarque au microscope à peu près la même structure que dans les parties jaunâtres du foie, qui paraissent seule- ment avoir été teintes dans ces points par de la matière colorante sanguine. Comme dans les granulations jaunes, le microscope n'y montre que des cellules hépatiques plus ou moins mélangées de graisse à l'état de globules huileux. En résumé, ce foie se différencie d'un foie sain par son aspect et sa forme spé- ciale, et par une grande consistance, qui leur semble être due, surtout à l'épais- sissement de la membrane de Glisson et des vaisseaux sanguins. Déplus, a l'examen microsopique , le tissu de ce foie altéré offre une modilicntion dan.s l'aspect et le volume des cellules hépatiques , et de plus la présence d'un assc-y. grand nombre d'éléments fibro-plastiques. o» Anatomie d'un fongcs de la dure-mère. — Une femme âgée de 28 ans, cuisinière, entre le 1" septembre 1851, dans le service de M. Rayer. Cette femme se plaint depuis longtemps de douleurs dans la tête, douleurs dont elle ne peut préciser le siège. Ces douleurs ne sont pas accompagnées de vomissements. Elle vient à pied â l'hôpital, et dans la première quinzaine de son séjour, elli n'offre pas d'autres symptômes que ceux de la chlorose. Ce- pendant, déjà elle se plaint de voir mal de l'œil gauche, et la paupière du même cÂté est un peu tombante. Les douleurs de tête sont intenses ; mais leur siège n'est pas précis. Le 20, du subdelirium se montre, la face est un peu injectée, la malade s'agite dans son lit, qu'elle ne quitte plus. Pas do vomis?cmcnt.«, par 137 de contracture, pas de paralysie du sentiment ou du-mouvement dans aucun des membres supérieurs ou inférieurs. La paupière gauche tombe sur le globe de l'œil et en recouvre habituellement la moitié supérieure; cependant la malade peut encore élever parfois la paupière quand on lui ordonne de le faire. La pupille du même côté est très-dilatée ; l'œil, fixe et immobile, n'est pas dirigé plutôt en dedans qu'en dehors. Cet œil ne peut suivre un objet que l'on fait mouvoir devant lui. Il est difllcile de dire si la vision Bst modifiée, et comment elle es), modifiée ; car la malade délire complètement. Sangsues derrière les oreilles; purgatifs. Les jours suivant, état typhoïde, parfois de l'agitation, plaintes continuelles. Mêmes phénomènes du côté de l'œil et de la paupière gauche; pas de vomissements. Aucun phénomène à signaler du côté des membres, que la malade fait mouvoir. La sensibilité générale est intacte. La malade meurt presque subitement le 20 septembre, alors que, depuis deux ou trois jours, son état avait paru s'améliorer. A l'ouverture du crâne, ou trouve la dure-mère adhérente au cerveau dans un point très-circonscrit de la partie antérieure et externe du lobe moyen du côté gauche^ au niveau de la terminaison externe de la scissure de Sylvius. En ce point, la dure-mère donne attache à une sorte de champignon pédicule, du vo- lume d'une grosse noix,, lequel pénètre tout entier dans la substance cérébrale qu'il a déprimée. La surface de ce champignon est séparée de la substance céré- brale par une sorte de kyste à parois vasculaires, du volume d'un gros œuf de pigeon. Ce kyste contient un liquide jaunâtre, hyalin, comme gélatineux. li apparaît sur la paroi supérieure du ventricule latéral gauche, un peu en dehors du corps strié correspondant. Le corps slrié, la couche optique et la substance cérébrale qui avoisinent tant le fongus que le kyste, présentent tous les carac- tères du ramollissement blanc dans une certaine étendue (à peine peut-oti re- connaître la forme du corps strié; mais dans la place qu'il occupe, la substance cérébrale est changée en une masse pultacée sans trace devascularité). Les nerfs optiques, ceux de la troisième et sixième paires, sont parfaitement libres et nul- lement comprimes. Il en est de même de l'origine des nerfs de la cinquième paire. L'examen anatomique de la tumeur a démontré qu'elle adhérait intimement à la dure-mère par un pédicule assez large. A la coupe, la tumeur ne criait pas sous le scalpel ; elle offrait une couleur jaunâtre plus vasculaire près de sa sur- face et offrait çà et là quelques points ramollis. A l'observation, microscopique, à un grossissement de 350 diamètres, on a trouvé le tissu de ce fongus de la dure-mère , constitué presque exclusivement par des éléments bien analogues par la forme aux cellules fibro-plastiques, mais en différant cependant par quelques caractères qui seront indiqués plus loin. Dans les parties ramollies de la tumeur, ces éléments anatomiques s'isolent et se dissocient facilement, tandis que dans les parties plus résistantes de la tu- meur, ils restent unis et agglomérés en un tissu analogue pour l'apparence à ce 138 qui a été appelé tissu llbro-plastique. Parmi ces éléments anatomiques, il en est comme pour les cellules fîbro-plastiques qui sont pourvus de deux queues très- alloogées. tandis que d'autres, qui n'ont qu'une seule queue , présentent ainsi la forme d'une raquette. Dans leur intérieur, toutes ces cellules offrent des gra- nulations moléculaires et un ou quelquefois deux noyaux. Les caractères qui rapprochent ces éléments anatomiques des cellules flbro-plastiques sont : leur forme, la longueur des queues qui Fes terminent et leur stratiflcation en un tissu serré constitué en totalité par ces cellules placées longitudinalement à côté les unes dps autres. Les caractères qui différencieraient ces éléments anatomiques des cellules flbro-plastiques et pourraient les rapprocher d'une forme de cellule cancéreuse sont leur volume beaucoup plus considérable que celui des cellules ûbro-plastiques, la netteté de contours et l'évidence des noyaux intérieurs. Si ce rapprochement peut être fortifié par l'existence dans le tissu de la tumeur de quelques autres cellules très-rares, il est vrai, mais ayant une forme ovale avec un oa deux noyaux intérieurs et ressemblant ainsi beaucoup à la cellule' cancé- reuse la plus ordinaire, il faut ajouter que les cellules allongées ne rentrent ri- goureusement dans aucune des formes des cellules cancéreuses figurées jus- qu'ici. IV. — TÉRATOLOGIE, son UNE ANOMALIE DE POSITION DES TESTIGOLES ET DE l'ÉPIDIDTHE ; par M. FOLUN. M. Follin montre à la société un nouvel exemple d'anomalie de position du testicule, décrit déjà par lui dans les archives (Juillet l86l), c'est un testicule retenu à l'anneau inguinal interne avec un épididyme descendu au-dessous de lui dans le scrotum. Ce testicule est légèrement atrophié, il mesure dans son plus grand diamètre 3 centimètres, tandis que dans le testicule du côté opposé on trouve 4 centimètres; cette atrophie existe constamment dans les testicules retenus à l'anneau, dans le canal inguirtal ou dans l'abdomen : sur ce testicule est placé un épididyme, long aussi de 3 centimètres. La tête et le corps de l'épididyme n'offrent rien de spécial; mais au niveau de sa queue on voit partir un simple filament, canal déroulé de l'épididyme qui descend dans le scrotum suivant une étendue de 3 centimètres en ne conservant qu'une marche très-peu tortueuse; bientôt ce canal s'enroule de nouveau et ses flexuosités augmentant, on retrouve l'aspect général de la queue do l'épididyme. Mais ce dérc^iement de l'épididyme à gagné le fond du scrotum et on le trouve situé à 6 centimètres 1/2 au-dessous de l'extrémité infé- rieure du testicule ; aux dernières flexuosités de Tépididyme succède le canal déférent qui remonte vers le canal inguinal suivant îa route habituelle. L'épididyme, en descendant ainsi dans les bourses en avant du testicule, a entraîné une gaine périlonéale en dehors de laquelle il se trouve situé tou- tefois. COMPTE RENDU DES SÉANCES LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE PENDANT LE &IOIS DE "SOVEUBRE 1851 ; M. le Docteur SECOND, secrétaire. Présidence de M. RATER. I. — Principes immédiats. DE LA PRÉSENCE d'DN . ACIDE LIBRE SÉCRÉTÉ PAR LES POUMONS DÉCOMPOSANT LES CAR- BONATES ALCALINS DU SANC, ET METTANT AINSI l' ACIDE CARBONIODE EN LIBERTÉ ; par M. Verdeil. « Parmi les résultats auxquels m'ont amené les recherches que j'ai entreprises 9ur la composition des humeurs et des tissus des animaux, il en est qui sont d« nature à intéresser la Société de biologie. » J'ai trouvé dans le parenchyme du poumon des mammifères un acide parti- culier, que je suis parvenu à isoler à rélat parfaitement pur et cristallisé. » Le tissu du poumon d'un animal tué fraîchement ne rougilpaa-sensit)lemenl le papier bleu de tournesol. Mais lorsqu'on hache très-fin une certaine masse de poumon, qu'on le fait macérer avec un peu d'eau tiède, on remarque que la liqueur possède une réaction acide ; réaction qui devient très-nette lorsqu'on a, par la chaleur, coagulé l'albumine et les globules sanguins qui rougissaient la liqueur. » Cette acidité est due à la présence d'un acide libre en dissolution dans les sucs dont le tissu pulmonaire est imprégné. » Ce corps est formé de carbone d'hydrogène, d'azote et d'oxygène dans des proportions définies. X H cristalhse en aiguilles brillantes réfléchissant fortement la lumière. » Il est assez soluble dans l'eau froide, presque insoluble dans l'alcool froid, mais plus soluble dans l'alcool bouillant. L'alcool absolu bouillant n'en dissout qu'une très-petite quantité. Il est tout à fait insoluble dans l'éther. n II possède une réaction acide, et chasse l'acide carbonique du carbonate de soude et de potasse. » Chauffé jusqu'à lûO degrés, il ne perd point d'eau de cristallisation. Aune température plus élevée, il crépite, devient opaquB et se décompose en donnant lieu à des produits e.mpyreumatiques; il forme une masse charbonneuse qui dis- paraît complètement sans laisser trace de cendre. » Le parenchyme des poumons renferme donc ainsi un acide Ijbre ; nous avons pu constater aussi qu'une partie de l'acide que nous extrayons du poumon exis- tait dans ce tissu à l'étal de sel de soude. » Que doit-on conclure de la présence d'un acide dans les poumons? Il est évident que soumis aux lois générales qui régissent les corps chimiques, cet acide doit décomposer les carbonates alcalins amenés par le sang ; ceux-ci mis, dans le poumon, en contact intime avec l'acide qui en baigne le tissu, il doit se former un nouveau sel de soude et de l'acide carbonique doit être dégagé. » Les vésicules pulmonaires sécrètent incessamment notre acide, qui se trouve en contact avec le carbonate de soude du sang amené par les dapillaires; l'acide se combine avec la soude du carbonate; l'acide carbonique ifevient libre, et peut alors sortir par la respiration. Le nouveau sel de soude formé retourne dan» le sang où nous l'avons retrouvé, non pas libre, mais combiné avec de la soude. • Ce travail est continu ; tout dans les caractères de l'acide et dans les phé- nomènes de la respiration concourt à vérifier non pas une thécrie, mais ce fait qu'un acide constamment sécrété par les parois des vésicules pulmonaires dé- compose le carbonate de soude du sang en contact avec lui et met son acide rarbonique en liberté. » <',e lait vient expliquer, entre autres observations ph\ïiol'>ft 'lues, a décom- l/ll (losilion des cyanures ou des bicarbonates alcalins ïDjectés dans le sang lorsqu'ils arrivent dans les poumons, faits observés par M. CI. Bernard. > II. — Anatomie normale. t« SUR LES ORGANES DE LA GIÉNÉRATlON ET L'ÉVOLDTIOS DE LEURS PRODUITS CHM LES POLYPES DU GENRE HYDRA ; par M. Ch. RoUGET. Au mois de mai dernier, en examinant des hydres verle:?, je trouvai à la {ace externe du corps deux sortes de renflements, l'un espèce de bourrelet, soulevant la membrane externe située au voisinage du pied, était évidemment ce que tous les observateurs ont considéré comme un œuf en voie de développement; les autres excroissances, moins volumineuses, mamelonnées, situées au voisinage des tentacules, ont été considérées par Vailois, Rœsel et M. Laurent, comme dea pustules morbides, comme le résultat d'une maladie de l'hydre. L'examen mi- croscopique m'ayant montré dans ces petites lumeurs des spermatozoïdes par- faitement caractérisés, je crus avoir observé un fait entièrement neuf; mais depuis ma première communication à la Société de biologie, je me suts assuré que Ehrenbérg, Wagner et Siebold avaient avant moi constaté l'existencç de spermatozoïdes dans les diverses espèces d'hydres. Néanmoins mes observations m'ayant permis d'établir quelques faits nouveaux relatifs à l'évolution des sper- matozoïdes et des éléments de l'organe femelle, je crois utile de les consigner ici. Organes males. — Les capsules séminales, en nombre variable, de quatre -à' six ou plus, situées inimédiaten^-ent derrière les tentacules, sont de petites tu- meurs hémisphériques, de petits boulons surmontés d'une espèce de mamelon de papille, par le sommet de laquelle on voit,sortir les spermatozoïdes. La mem- brane d'enveloppe de la capsule séminale est amorphe, et n'est pas, comme la membrane d'enveloppe de l'organe femelle, un prolongement de la membrane externe de l'animal. Le contenu de cette capsule mâle repose sur cette ifiéme membrane externe, tandis que le contenu de l'organe femelle est déposé en quel- que sorte entre la membrane interne et la membrane externe. Au voisinage du mamelon, on volt déjà, à un grossissement de 300 diamètres, les spermatozoïdes s'agiter dans l'intérieur de la capsule. En se rapprochant davantage de la paroi du corps, le contenu de la capsule est constitué par des cellules spermatiques, des œufs mâles à diflérents degrés de développement ; l'évolution est d'autant plus avancée qu'on se rapproche plus du mamelon. Le premier degré consiste dans des cellules de volume variable, dont les plus grosses ont jusqu'à t4/860 de millim. de diamètre. Dijns l'intérieur de ces cellules sont contenues de petites vésicules (deux à quatre ordinairement, quelquefois plus) ' résultant de la segmentation du contenu de la cellule. Le volume de ces vésicules est constant ; leur diamètre est de 3 à 4/860 de millim. ; au centre on aperçoit une tache étroite, obscure, de I à 2/8G0 de millim. de long. En pressant sur la capsule séminale, on en fait sortir des amas de ces vésicules encore agglu- 1A2 iinées ensemble, mais débarrassées de l'enveloppe de la cellule^mère. A un gros- sissement de 300 diamètres, on voit déjà très-nettement ces amas de vésicules être agités de mouvement ; mais il ne faut pas moins un (grossissement de 860 diamètres pour constater tous les détails de leur structure. On voit alors que les mouvements de ces vésicules sont dus à des cils extrêmement déliés, longs de 25 à 30/860 de millim., qui sortent de rintérieur de chaque vésicule. On voit quelques vésicules se détacher des groupes et nager librement à l'aide des mou- vements de ce ûlament qui n'est autre chose que la queue du spermatozoïde, dont la tète reste enveloppée comme dans une espèce de capuchon, dans la cellule où il s'est développé et à l'égard de laquelle il joue le rôle de noyau. Le ûlament caudal, d'abord enfermé comme tout le spermatozoïde dans l'intérieur de la vé- sicule, sort le premier, et bientôt, quand le spermatozoïde a accompli toutes les périodes de son développement, la tête elle-même se dégage de la vésicuU- mère, et le spermatozoïde exécute alors des mouvements très-vifs. Organe femelle. — Tous les polypes que j'examinai étaient pourvus de cap- sules séminales; mais un certain nombre manquaient de renflements ovariques, et parmi eux quelquesruns portaient au voisinage du pied des rejetons gemmu- laires à divers degrés de développement. Dans ce dernier cas, les capsules sémi- nales renfermaient peu ou pas de spermatozoaires bien développés. On sait que la génération gemmulaire précède chez les polypes la génération ovnlaire. Des faits qui précèdent, il résulte donc que les organes mâles commencent à se déve- lopper avant l'organe femelle, je les ai vus aussi persister après Pentière évolu- tion d'un bourrelet ovarique. J'ai pu suivre presque toutes les périodes de développement de ce dernier or- gane. Ce n'est d'abord qu'un dépôt de cellules nouvelles dans un point de la pa- roi du corps entré la membrane interne et la membrane externe du polype. Peu a peu les cellules pullulent, le dépôt augmente surtout au centre et soulève la membrane externe. Bientôt le renflement devient de plus en plus globuleux, s'étrangle à sa base, la membrane externe &e déchire dans un point, et laisse échapper une masse inégulièrement globuleuse, que tous les observateurs s'ac- cordent à regarder comme l'œuf du polype. Entourée par une couche gélatiniforme assez lésistante, cette masse ovulaire paraît constituée uniquement pour d'innombrables vésicules de S à tO/440 de diamètre, remplies de globules vitellins et ne présentant aucune trace de noyau ni de nucléole. On n'a pu y découvrir jusqu'à présent ni tache ni vésicule ger- minative, et cet œuf diflerait en outre des œufs de tous les autres animaux en ce que la segmentation du jaune s'y opérait avant le moment où l'œuf se détache de l'ovaire. Mais ce n'est pas là la seule difTérence entre cette masse ovulaire et un œuf véritable-, en voici une autre bien plus importante. En suivant pas à pas l'évolution du bourrelet ovarique, je me suis assuré que les vésicules qui forment le contenu de ce prétendu œuf ne se développent jamais lU'S à l'intérieur d'une ceilule-mère et par segmentation du contenu decette cellule; ce qui est le caractère fondamental de l'évolution de l'œuf dans la série animale. Au commencement le blastème ovarique, déposé entre les deux parois du corps du polype, contient de nombreuses cellules munies d'un noyau et d'un nucicole proportionnellement très-grands (la cellule a6 à 10/440, le noyau 3 à 4/440, le. nucléole 10/440). Le noyau est clair et transparent ; la cellule contient quelques granules vitellins jaunâtres. Peu à peu les cellules augmentent de volume , la paroi s'écartant de plus en plus du noyau qui, lui, ne change pas. En même temps le contenu vitellin est plus abondant dans l'intérieur des cellules. Dans les plus volumineuses qui se trouvent à la périphérie et dans le point le plus élevé du renflement ovarique, le noyau paraît même envahi, ou plutôt en partie caché par- les granulations vitellines ; mais toujours dans le voisinage on trouve d'autres cellules de volume variable, dans lequel le noyau et le nucléole sont très-évidents et conservent leurs caractères. Tout à coup une métamorphose a lieu dans le contenu de l'ovaire, et sans qu'il m'ait été possible de trouver de transition, toutes ces cellules de volume variable, mais caractérisées par la pré- sence d'un noyau et d'un nucléole, toutes ces cellules disparaissent, et on ne trouve plus que des vésicules de volume et d'aspect uniformes (8 à 10/440 mill.}, complètement dépourvues de noyau et de nucléole, et remplies de granulations vitellines jaunâtres. Ce sont ces vésicules qui, s'agglomérant en une masse spbéroidale et s'cchap- pant à travers une déchirure de Tenveioppe externe, vont constituer ce que l'on a regardé comme l'œuf du polype. Mais après l'expulsion de cet œuf, il reste encore autour du point qu'il occupait un grand nombre de vésicules entière- ment semblables à celles qui le constituent et qui rappellent singulièrement ces débris du contenu des vésicules de Graaf qui, forment les corps jaunes. Il y a, en effet, pour moi plus qu'une analogie entr^ ces deux faits: il y a iden; lité* Le renflement ovarique des hydres n'est pas un œuf, comme on l'a toujours dit, mais un élément ovarien, une vésicule de Graaf, un ovisac isolé, et dans son î< pe le plus simple. Les cellules à noyau clairet à nucléole sont autant d'ovules qui doivent avor- ter, sauf un seul, ou plutôt Tovuie n'est autre chose qu'une des celluleâ du con- tenu de l'ovisac, se développant aux dépens des autres pour une fonction spé- ciale. Il se passe là ce qui se passe dans une ruche d'abeilles; l'ovule, c'est la larve de reine. Les cellules transformées en vésicules vitellines entourent et cachent probablement l'ovule véritable, que j'ai cru trouver une fois, et qui a sans doute échappé aux recherches à cause de l'extrême délicatesse de ses membranes, qui ne résistent pas aux manœuvres nécessaires pour le débarrasser de l'amas do vésicules vitellines au milieu desquelles il est logé, comme l'ovule au milieu des cellules du cumulus proliger. De même qu'au moment de la déhiscence de la vésicule de Graaf, l'ovulé sort accompagné et entouré encore par des débris du cumulus^ de même cher le po- lype la masse qui s'échappe lors de la rupture de l'enveloppe externe, représente la masse cellulaire qui entoure l'ovule et est destinée A sa nutrition, l'œuf véri- table est caché au centre de celle masse. Cette hypothèse est parfaitement en harmonie avec les faits que j'ai observés, avec ce que d'autres observateurs ont déjà vu ; elle rend compte des anomalies en apparence si profondes qui distin- gueraient l'œuf do polype de celui des outres animaux, savoir : !• la forme irré- gulière (généralement arrondie, mais non pasexactementsphériqueou ellipsoïde); 2» le mode de formation (par l'agglomération d'éléments primitivement isolés, et non pas par une segmentation de contenu cellulaire); 3» enfin l'absence appa- rente de testicule et de taches germinatives. III. — Physiologie. 1* SUR l'irritabilité des muscles paralysés; par M. Brown-Séquard. M. Brown-Séquard i apporte le fait suivant, dont il tirera les conséquencee dans une autre communication. Un lapin de 3 mois, très-faible, ayant eu, depuis cinq jours, le nerf sciatique et le nerf crural, d'un côlé, coupés aussi haut que possible, fut tué par strangu- lation. On trouva que l'irritabilité dans les muscles de la jambe paralysée dura plus de quatre heures, tandis qu'elle ne dura que dix-sept ou dix-huit minutes dans les muscles de la jambe intace. Dans ces derniers, la rigidité cadavérique était déjà très-forte, vingt-cinq minutes après la mort; dans les autres, elle n'était de- venue forte que six heures après la mort. Le lendemain, la putréfaction commençait à se faire sentir dans la jambe in- tacte ; ed^ ne se montra que deux jours plus tard dans la jambe paralysée. (Juin 18W.) 2" SUR LE& CAUSES DE L'APPARITION DU SUCRE DANS L'URINE ; par M. CLAUDB Bernard. « Depuis l'année 1848, où j'ai pul'lii.^ dans le sein de celte Société, mes re- cherches sur l'origine du sucre chez les auimaux, et sur la production des urines sucrées par les piqûres d'un point déterminé de la moelle allongée, un grand nombre de physiologistes et de chimistes se sont préoccupés de mes ex- périences, tant pour les répéter que pour en rechercher l'explication. Je rappel lerai seulement qu'après avoir démontré une fonction animale jusqu'alors restée ioeonnue , la glueogénie ou formation de sucre s'opérant dans le foie, j'ai prouvé qu'elle pouvait être influencée directement par le système nerveux. D'un autre côté, ayant établi aussi que, chez les animaux adultes, la matière sucrée semblait se produire et se détruire dans l'organisme en rapport avec l'inteusilé de ia respiration, il était naturel de supposer (]ue l'apparition do sucre dans lZi5 l'urine des animaux que je piquais à la moelle allougée était le résultat d'une combustion incomplète par suite d'une énergie moin» grande dans l'activité respiratoire. Cette hypothèse avait pour elle un autre fait que j'ai également découvert, à savoir, que chez les fœtus, le sucre se trouve dans l'urine et dans les liquides amniotique et allantoïdien. Cependant j'ai toujours repoussé, dans mes leçons particulières et dans mes cours publics au collège de France, cette explication purement chimique, pour en admettre une autre plus physiologique, qui consiste à dire que l'excitation produite dans le système nerveux fait dé- verser dans le sang une quantité de matière sucrée trop grande pour être dé- truite dans un temps donné, d'où il suit que l'excès passe dans les urines, ab- solument comme cela arrive à ,un animal chez lequel on injecte par la veine ju- gulaire une trop grande quantité de glucose. » Tout récemment, on a pensé appuyer la théorie chimique de la combustion incomplète du sucre, comme cause de l'apparition de cette matière dans l'urine, en annonçant que l'èthérisalion et les causes qui diminuent la respiration en asphyxiant, peuvent faire apparaître l'urine sucrée. Tout en reionnaissant l'in- térêt qui s'attache aux résultats signalés, je ne crois pas qu'ils soient de nature à prouver que le pas.sage du sucre dans l'urine dépend d'une combustion in- complète dans le poumon. En effet, ud d.?s moyens les plus certains et les plus puissants pour diminuer l'énergie respiratoire, consistée couper les deux nerfs vagues dans la région du cou ; or, dans les expériences excessivement nom- breuses que j'ai faites à ce sujet depuis très-longtemps, je n'ai jamais vu cette opération amener du sucre dans l'urine, et j'ai indiqué au contraire depuis très-longtemps qu'elle faisait disparaître le sucre dans le tissu du foie : il en est de même de beaucoup d'autres causes asphyxiantes. Je pense donc que l'élher ou les autres moyens employés n'ont point déterminé le passage du sucre en agissant comme asphyxiant, mais en agissant spécialement comme niodiiica- teurs du système nerveux. Je développerai bientôt, dans un travail que je pré- pare depuis longtemps, le mécanisme de celte sorte de diabète sucré artiliciel que j'ai produit, non-seultment par la piqûre^le la moelle allongée, mais encore en modifiant le système nerveux par une fouie d'autres causes très-diverses en apparence, telles que par certaines commotions cérébrales, par l'action du cu- rare combinée avec l'insufflation pulmonaire, etc. J'espère démontrer que dans tous les cas l'apparition du principe sucré dans l'urine a pour cause commune essentielle l'excitation du système nerveux grand sympathique. » Je terminerai ces remarques en disant qu'on s'est trompe- quand ou a sup- posé que, dans mes expériences, je pique la moelle allongée d' manière à dimi- nuer la respiration, par une blessure qui intéresserait le point de la moelie plus spécialement en rapport avec le phénojnène respiratoire, et qui a été désigné par M. Flourens sous le nom de nœud vital ou point vital. Je pique beaucoup plus haut pour déterminer le passage du sucre dans l'urini.', et j'ajouterai que lorsqu'on blesse la moello au niveau du pnint vil.'i!, non-s 'nleinent on ne déter- 166 mine pas l'apparition du principe sucré, mais on le fait au contraire complète- ment disparaître, même dans le tissu du foie. » (31 octobre.) 3° INFLUENCE d'uNE PARTIE DE LA MOELLE ÉPIMÈRE SUR LES CAPSULES SURRÉNALES ; par M. Brown-Séouard. Sur S ou 10 cochons d'Inde ayant eu une moitié latérale de la moelle épinière, au dos, coupée depuis huit, dix ou quinze mois, M. Brown-Séquard a trouvé une hypertrophie très-notable des deux capsules surrénales. Ces organes avaient ac- quis, dans quelques cas, le triple de leur volume normal, et dans d'autres cas seulement le double. Il n'a pas paru 'y avoir de changement dans leur struc- ture. En examinant des capsules surrénales sur des cochons d'Inde ayant subi, de- puis quelques heures ou quelques jours, la section d'une moitié latérale de leur moelle épinière, .'lu niveau des dernières vertèbres dorsales, M. Brown Séquard a trouvé ces organes congestionnes et contenant même un épanchement de sang plus ou moins considérable. li y a lieu de crolrr ^jue c'est celte hyperhémie qui priiduit l'hypertrophie de l'organe qu'on rencontre c^z les animaux opérés de- puis longtemps. Bien que la section de la moelle, qui est suivie d'une congestion des capsules surrénales, soit faite au voisinage de ces organes, M. Brown-Séquard ne croit pas que cette congestion soit un résultat mécanique de l'opération. 11 croit qu'elle provient d'un trouble particulier de l'action nerveuse. Il fait remarquer que les reins ne présentent aucune trace de congestion, même dans les cas où il y a une hémorrhagie considérable dans les capsules surrénales. Quel que soit le côté.de la moelle qui ait été lésé, les deux capsules surrénales se congestionnent et à peu près au même degré. Quelquefois il a sufQ de piquer la moelle pour agir sur ces capsules. Les lésions de la moelle épinière, partout ailleurs que dans la portion étendue depuis la première vertèbre dorsale jusqu'à la troisième vertèbre lombaire, sont seules capables de congestionner et de produire l'hypertrophie des capsules sur- rénales. IV. — Exploration pathologique. 1* 0»SERVATIO>f D'DN NOUVEAD NÉAFFECTÉ D'DYDROCÉPHAHE SANS AUGMENTATION DE VOLCUE DE LA BOÎTE CBANIENNE ; par M. HENRI ROGER. Neslorine, fille, nouvellement née et déposée à l'hospice des Enfants-Trouvés, le 20 octobre 1851, me fut présentée le 21 ; elle offrait une teinte rouge vineuse de toute la périphérie cutanée et une èoloration semblable des membranes mu- queuses ; les extrémités surtout avaient une couleur violette, et en outre elles étaient le siège d'un œdème irès-marqué, œdème moins prononcé dans les au- tres régions du corps, et non compliqué alors d'induration du tissu cellulaire 1Û7 iotiltré. L'enfant était un peu froide et un peu endormie, comme le sont toujours les sujets affectés d'œdème des nouveau-nés; du reste, elle criait, elle remuait les pieds et les mains spontanément, mais le cri était faible et incomplet, les mouvements étaient lents ; la succion était très-peu énergique, et quand on in- troduisait le doigt dans la bouche, qui était fraîche, celle-ci s'enlr'ouvrait et restait béante après quelques légers efforts d'aspiration ; la circulation et la res- piration étaient un peu ralentis. Cette paresse des mouvements, cette langueur des fonctions, cette exi<^uïté du cri et cette somnolence continuelle contrastaient avec la force apparente du corps, avec le volume assez notable des membres de l'enfant, laquelle semblait une grosse et robuste ûlle, contrairement à ce qu'on observe pour les œdémateux, le plus souvent faibles de naissance et fré- quemment non à terme. Mais comme Neslorine avait un œdème très-évident et comme les phénomènes d'assoupissement et d'allauguissement fonctionnel sont caractéristiques de cette affection, ils ne nous étonnèrent pas autrement, et pour nous cette petite malade ne parut différer en rien des autres enfants œdé- mateux. Le lendemain et les jours suivants, il n'y eut de changé dans la position de cette petite Bile que la diminution de l'œdème, Papparition d'une teinte jaunâtre de la peau se mêlant à la teinte vineuse des téguments, seulement l'assoupis- sement et la réfrigéralion générale augmentèrent en même temps que l'infil- tration dujissu cellulaire se transforma en endurcissement; mais il n'y eut po- sitivement aucun phéivomène ni de convulsion, ni de paralysie proprement dite : l'enfant sentait et remuait, comme on s'en assura plusieurs fois, et, je le ré- pète, le demi-sommeil où elle était plongée, la lenteur de ses mouvements et sa sensibilité moindre aux influences du monde extérieur n'étaient pas plus pro- noncés qu'ils ne le sont habituellement dans le sclérème; la torpeur générale des fonctions nous parut dépendre de cette affection, ainsi que de l'abaissement de la température animale qui la caractérise (le matin du jour où la mort eut lieu, le thermomètre placé dans l'aisselle ne marquait que 27» et demi centi- grades, au lieu de 37', chiffre moyen de'la température des nouveau-nés). La petite malade fut observée avec soin, et jusqu'aux derniers moments, on ne con- stata, du côté du système nerveux, aucun désordre qui fût en rapport avec l'al- tération extraordinaire du cerveau que la nécropsie révéla. La mort ne survint que le 29 octobre au soir, c'est-à-dire après dix jours d'existence. NÉCROPSIE. — L'examen anatomique révèle les altérations propres à l'œdème dur, l'inliltration du tissu cellulaire par une sérosité jaunâtre, et en putre l'hy- pertrophie de la couche graisseuse. On trouve, comme cela est si commun dans le sclérème, une apoplexie des deux poumons, bornée à quelques noyaux pour les lobes supérieurs et pour le côté droit, mais comprenant la presque totalité du lobe inférieur gauche ; le parenchyme est dur, d'un rouge noirâtre, friable, et comme constitué par un caillot sanguin. Si l'on pouvait douter de la nature l/t8 apoplectique Je celle lésion pulmonaire, on la reconnaîtrait à l'existence d'une même infillralion sanguine du tissu cellulaire qui occupail chez la petite malade la partie antérieure et supérieure de la région axillaire. 11 n'y avait pas d'autre épanchement sanguin dans les autres viscères, qui paraissaient à l'état normal; le foie était petit et dur ; les reins étaient pareille- ment un peu moins volumineux, mais sans autre altération marquée. La tête parait bien conformée; son volume est tout à fait normal ; le cuir che- velu est légèrement infiltré de sérosité jaunâtre comme le tissu cellulaire de l'enveloppe cutanée. Le crâne n'offre rien d'extraordinaire ni pour l'épaisseur, ni pour la coloration des os, et les fontanelles ne sont pus plus écartées que de coutume. On fail une incision sur le côté de la ligne médiane, et aussitôt il s'é- chappe un flot de liquide citrin, peu dense. Cette sérosité écoulée (on peut en évaluer la quantité à 80 grammes), et la calotte osseuse enlevée, si ce n'est en arrière, dans une languette d'un centimètre environ de largeur, voici ce qu'on aperçoit : le cerveau, ou plutôt ce qui reste du cerveau, n'est pas en contact avec la boîte crânienne; il existe entre eux deux un intervalle de plus d'un cen- timètre, intervalle qui, sans doute, était comblé par la sérosité citrine. Anté- rieurement est une espèce de moignon de substance cérébrale, recouvert par les méninges ; ce sont les lobes antérieurs un peu affaissés et dont le volume est plus de moitié moindre qu'à l'état normal. Puis, au lieu des lobes moyens et postérieurs, on ne trouve qu'une masse de sérosité comme prise en gelée trans- parente d'un blanc jaunâtre, et maintenue par les membranes minces, véritable pellicule qui se déchire dans les mouvements imprimés à la masse totale; et alors celle-ci tombe en déliquium, et s'échappe presque en entier, cette sérosité gélatiniforme étant un peu plus épaisse et plus onctueuse dans les parties les plus déclives du crâne. Cette masse totale (correspondant aux lobes cérébraux) était d'ailleurs séparée en deux par la faux du cerveau, comme on l'observe nor- malement. Une fois tout le liquide écoulé, on ne voit plus que les débris de la membrane d'enveloppe, la faux, et tout à fait à la base un plancher formé par une couche de substance cérébrale. Nous ;ivons déjà dit que les deux hémisphères cérébraux, dans leurs lobes moyens et postérieurs, manquent à peu près complètement ; celte absence date très-probablement longtemps avant la naissance, car sur les bords de cette forte de substance, il existe une espèce fie bourrelet formé par une cicatrice très-an- cienne, la disposition est la même des deux côtés et représente une ouverture ovalaire ayant d'avant en arrière une étendue de 4 centimètres; la voûte consti- tuée par le corps calleux a été complètement détruite, et la cloison qui .sépare les ventricules latéraux est elle-même perforée dans plusieurs points. Les ven- tricules latéraux ont une grande capacité, et ils communiquent largement l'un avec l'autre par l'ouverture signalée à travers le septum lucidum ; dans le fond de ce* ventrirulps, on retrouve très-distinctement les plexus choroïde.*, qui sont Ih9 Tolumtneux ; les couches optiques paraissent hypertrophiées, tandis que les corps •triés sont au contraire un peu diminués de volume. Le troisième ventricule offre ses dimensions normales ; le cervelet, la protubérance annulaire et le bulbe ra- chidien sont normaux, ainsi que les nerfs auxquels ils donnent naissance. 2» OBSERVATION D'DNE TCHECR CANCIÉREIISE IMPLANTÉE DANS LE PETIT BASSIN, PRISE, PENDANt LA TIE DE LA MALADE, POUR UNE GROSSESSE ANORMALE; pat M. le dOC- teur Chaubert. u Elvire Fruchart, 16 ans et demi, tempérament sans aucune prédominance particulière, bonne constitution,^ embonpoint modéré, me fut conduite, vers le mois de juin I85i, par ses parents. Voici les renseignements qui me furent don- nés sur ses antécédents. » Cette jeune fille a toujours joui d'une bonne santé ; elle n'a jamais eu de maladie sérieuse. Depuis un an seulement, sujette à des difficultés considénibles dans l'évacuation menstruelle, elle éprouve toutes les incommodités des personne» mal réglées. Douleurs vagues flans le ventre et dans les lombes ; sentiments d'op- pression, d'étouffement, etc., etc. Les rèiiles ne sont pas supprimées entièrement, elles se sont encore montrées il y a deux mois environ, mais jelles sont irrégu- lières, capricieuses dans leur apparition et leur abondance. » La malade présente, dans la fosse iliaque droite, une tumeur dure, bosselée, de la grosseur d'un gros œuf de poule, la région hypogastrique est ?ouple, ainsi que le reste de l'abdomen. Les fonctions digestives s'accomplissent d'une ma- nière normale, à part cependant un peu d'irrégularité dans l'appétit. » Je fus étonne de la présence d'une tumeur de cette nature chez une jeune personne de 16 ans, qui paraissait d'ailleurs jouir d'une santé parfaite et qui n'a- vait jamais rien éprouvé du côté des voies respiratoires. Je ne cachai pas ma surprise aux parents, et je prescrivis un traitement ioduré à l'intérieur et à l'ex- térieur, et des applications fréquentes de sansisues à l'anus, dans le but d'exercer une révulsion utile et de favoriser en même temps le retour des règles. » Je perdis la malade de vue. Le 24 octobre dernier, je fus appelé auprès d'elle, chez ses parents, à quatre lieues de Laon. Avant de me conduire à son lit, on me raconta que l'officier de santé de la localité avait répandu le bruit que cette fille était enceinte, et même en avait fait au maire la déclaration. Les soins qu'il don- nait à la malade avaient été continués par un confrère des environs, qui avait cru non-seulement que cette fille avait un enfant dans le ventre, mais qu'elle en avait deux; il formulait ainsi son diagnostic, dans une lettre qu'il m'adres- sait : » Grossesse utérine, compliquée d'une grossesse abdominale avec implan- tation du placenta anormal sur la droite et probablement sur l'une des dé- pendances de la matrice. I) Voici dans quel étal je trouvai la malade : le ventre avait acquis un volume 150 ('■norme; le palper et la percussion indiquaient une tumeur dure, arrondie, oc- cupant la fosse iliaque, et une partie du flanc droit se cootiauant dans la région hypogastrique otï elle s'élevait à 12 centimètres environ au-dessus du pubis, et remontant ensuite dans la fosse iliaque gauche pour se prolonger dans l'hypo- chondre du même côté et la moitié gauche de l'épigastre. Dans ces dernieiâ points la tumeur présentait des bosselures irrégulières et une dureté considé- rable ; le reste du ventre était distendu par de la sérosité. Le toucher vaginal permettait de constater une tumeur très-dure, à surface unie; il était impossible de trouver le col utérin. B La malade était d'une maigreur extrême. Les digestions é.taient presque nulles, le ventre était le siège de douleurs atroces, les selles et les urines n'é- taient expulsées qu'avec la plus grande difficulté. La voix était presque éteinte, et les moindres mouvements éiaient impossibles. Le diaphragme refoulé en haut par le gonflement abdominal avait diminué le champ respiratoire. La malade étouffait. Ses douleurs lui occasionnaient des insomnies insupportables. » Mon rôle était devenu bien faible. Je ne pouvais pas guérir, je ne pouvais qu'atténuer un peu les soulTrances de la patiente. Une potion calmante et des frictions sur le ventre avec une pommade opiacée furent seules prescrites. Je fis pressentir à la famille la crainte d'une issue fatale, et le 8 novembre la malade succomba. » Les parents m'appelèrent pour en faire l'autopsie et pour faire taire les ca- lomnies qui avaient été répandues sur le compte de leur fille. J'y procédai le 9 novembre , vingt-huit heures après la mort. » Autopsie. — Rigidité cadavérique peu prononcée, le corps est encore chaud ; il est d'une maigreur excessive. L'abdomen présente la même apparence que pendant la vie. ~ » Une ponction faite avec le scalpel donne issue à cinq litres environ de séro- sité limpide de couleur citrine. La paroi antérieure de l'abdomen étant enlevée par une incision semi-lunaire à convexité inférieure, je découvre une énorme tumeur qui occupe tous les points sur lesquels on Ta constatée du vivant de la malade. » Cette tumeur peut être considérée comme biiobée. Le lobedroitest uniforme, uni, arrondi; son sommet présente une ulcération superficielle , à surface rou- geâlre, ramollie, de 6à 7 centimètres de diamètre. Le lobe gauche est ma- melonné ; il est subdivisé en plusieurs autres petits lobes formés, comme le reste de la tumeur, d'une substance jaunâtre , de consistance caséuse. L'inté- rieur de la tumeur présente un commencement de ramollissement, car les in- cisions qu'on pratique laissent écouler une sanie purulente. » L'utérus et les ovaires sont comprimés entre la paroi abdominale et la face antérieure de la lumrur. Il est aplati , adhérant i la production morbide par sa face postérieure. » La tumeur s'implante dans le petit bassin à la face antérieure du sacrum ; 151 elle adhère très-forlement à la partie antérieure des deux tiers du sacrum.— Le reste de la masse intestinale est refoulé en arriére et en baut. La tumeur pèse 15 livres. — Je ne puis trouver d'autres ganglions mèsenlériques engorgés ni tuberculeux. » Les poumons sout parfaitement crépitants , un peu engoués à leur face pos- térieure. Leurs sommets, examinés avec la minutie la plus scrupuleuse , ne présentent aucun vestige de granulations grises ni de productions tubercu- leuses. — Les ganglions bronchiques sont à l'état normal. Le cœur est petit, ses cavités pleines de sang noir. » Je n'insiste pas sur les caractères de la tumeur, car l'examen direct qu'on en pourra faire les démontrera beaucoup mieux que ma description. > Je livre à la Société de Biologie cette observation sans commentaires , j in- siste seulement sur quelques points que je ne fais qu'indiquer. » Les considérations qui me paraissent les plus remarquables dans ce fait, sont : » 1° Le volume considérable de cette production anormale; » 2° La rapidité de son évolution , puisqu'en cinq mois à peu près elle à at- teint des dimensions énormes; » 3" L'absence de tout vestige de tubercules dans les poumons ; » II' Les difQcultés et les erreurs du diagnostic auxquelles elle a donné lieu. » L'examen microscopique de la tumeur, fait par MM. Lebret et Robin , a éta- bli sa nature cancéreuse. Au milieu des éléments gras , on pouvait observer toutes les variétés des éléments cancéreux : les noyaux libres étaient en plus grande quantité que les cellules. ■ 3" suit DES GRANULATIONS GRAISSEUfKS DO REIN ; par M. Da VAINE. M. Davaine a présenté deux reins réunis en fer à cheval , provenant d'un homme mort d'une anasarque .- les urines avaient été albumineuses , le foie était affecté de cirrhose. Ces reins , dépouillés de leur njembrane propre étaient marbrés, mélangés de jaune et de rouge. Ils offraient en outre beaucoup de granulations , du volume d'nn grain de semoule pour le plus grand nombre ; quelques-unes atteignaient celui d'une petite tête d'épingle ; enfin , d'autres étaient à peine perceptibles à l'œil nu. M. Davaine a constaté par l'examen microscopique que les plus grosses de ces granulations contenaient uu liquide épais, entièrement formé de matière grasse; les autres contenaient toutes plus ou moins de matière grasse intilirée «lans le tissu élémentaire du rein. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE PENDANT LE MOIS DE DÉCEMBRE 1851 ; M. le Docteur SECOND . secrétaire. Présidence de M. RAYER. I. — Anatomie. SDR LA BOURSE SYNOVIALE SOCS-TROCBANTÉRIENNE ET SDR LES CORPS ÉTRANGERS qu'elle peut CONTENIR ; par M. Béracd. • II existe sous la voûte acromio-coracoïdienne et sous le deltoïde une bourse synoviale plutôt indiquée que décrite par les auteur8# Elle est cependant men- tionnée dans tous les cours avec beaucoup de soin. Si vous consultez les auteurs pour en connaître une description précise ^ vous êtes obligé de rester dans le doute sur son étendue, sa capacité, ses rapports, ses communications avec r^ 15Ù d'autres synoviales. Voici sur ce point l'opinion de M. Cruveilhier : Une circon- stance, dit-il, qui prouve l'utilité de cette voûte (acromio-coracoidienne) , et les contacts fréquents qu'elle doit avoir avec l'humérus, c'est l'existence constante d'une capsule synoviale située entre la voûte coraco-acromiale d'une part, et, d'autre part, le tendon du susépineux et le grand trochanter de l'humérus. Dans un autre endroit, ce professeur s'exprime en ces termes : Il (le deltoïde) recouvre l'articulation scapulo-humérale , dont il est séparé par une lame aponévrotique faisant suite à l'aponévrose sous-épineusc et au ligament coraco-acromien. Entre cette lame aponévrotique et le grand trochanter de l'humérus se trouve un tissu cellulaire lilaroenteùx très-abondant et presque toujours une capsule synoviale. On voit par ces paroles que M. Cruveilhier ne donne pas de détails sur cette bourse synoviale. M. Suppey ne dit pas qu'il y ait une synoviale sous le deltoïde. Dans les auteurs de chirurgie, même incertitude sur les maladies de cette bourse et même sur son existence. Ainsi, elle n'est citée ni parmi les bourses synoviales normales , ni parmi les accidentelles. Je vais donc en présenter ici une descrip- tion, et je signalerai ensuite un nouveau corps étranger que j'ai trouvé dans sa cavité. » § I. Elle existe d'une manière constante; seulement, elle peut présenter quelques variétés dans sa disposition par rapport aux organes qu'elle est des- tinée à recouvrir. Cette membrane part de la face inférieure de l'acromion et du ligament acromio-coracoïdien , tapisse cette face profonde , se dirige en arrière et vient se réfléchir sur le muscle susépineux après avoir revêtu toute cette face. Elle se continne sur la face supérieure du muscle ; puis , sur son tendon , arrive ainsi sur la face externe de la capsule et vient se réfléchir de bas en haut vers la base du grand, trochanter de l'humérus, pour se prolonger à la face profonde du dktoïde jusque vers le sommet de l'acromion, d'où nous l'avons vue partir. Sur les parties latérales , §lle se réfléchit à la partie externe de l'apophyse cora- coide, et sur son côté externe, elle tapisse l'extrémité du tendon du sous-épineux. Elle se trouve doublée dans certains points par un tissu fibreux quelquefois très- dense. Ainsi . nous avons vu M. Cruveilhier décrire une aponévrose qui la sé- pare du deltoïde; en arrière, dans la fosse susépineuse, existe une autre aponé- vrose dépendante du susépineux qui la bride d'une manière très-puissante. Sur les parties latérales, il y a moins de tissu fibreux pour la protéger. Elle olTre dans tout son trajet une adhérence intime avec les tissus qu'elle revêt. D'après celte description , on voit que sa capacité est extrêmement grande ; elle ne le cède en rien à celle de la bourse prérotullenne, dont les maladies sont si fréquentes. Ce- pendant elle n'offre pas toujours la même disposition. Elle peut être divisée en deux compartiments bien distincts, l'un correspondant à la voûte acromio-cora- coldiende, l'autre à la face profonde du deltoïde. Il faut dire que ce cas est assez rare.- D'autres fois, elle offre une communication avec la synoviale articulaire au moyen du prolongement que celle-ci envoie nu muscle sous-scapulaire. Cette bourse séreuse, quoique- protégée par un muscle épais et puissant, devait, à 155 cause de son voisinage et de son étendue , être sujette à beaucoup de maladies, et plus fréqueniment que beaucoup d'autres bourses de la méoie nature ; aussi toutes les fois que j'ai fait des autopsies, j'ai eu soin de l'examiner, etîl m'est aiTivé deux ou trois fois de la trouver remplie de pus dans des autopsies de dia- thèse t)urulente, et cela indépendamment de l'articulation scapulo-humérale ; mais le but de cette note n'est pas de faire son histoire pathologique : je veux seu- lement , comme je l'ai déjà dit, faire voir comment des corps étrangers peuvent s'y développer. » § II. On sait que les corps étrangers des bourses séreuses n'ont été bien connus en France et en Angleterre que par les travaux de Dupuytren et d'A. Cooper. Depuis on a cherché à s'en rendre compte soit en les examinant au mi- croscope, soit en les soumettant a l'analyse chimique. Les uns ont dit que c'était des flocons de lymphe coagulable (Brodie) , les autres (Velpeau) que c'était du sang épanché qui avait fourni des noyaux flbrineux. Dupuytren, appuyé par les descriptions de Bosc, Durnevil et Raspail, pensait que c'étaient des animaux. Au milieu de ces explications, il n'y a d'acceptables que celles de Brodie et Velpeau ; mais je pense quelles ne rendent pas compte de tous les cas : ce qui le prouve , c'est la pièce que j'ai mise sous le» yeux de la société. On y voit, en effet, deux modes, suivant lesquels des corps étrangers peuvent se former dans les bourses séreuses. Dans la partie correspondante au grand troclianter, il y a un corps libre dans sa cavité. Il a le volume d'une petite cerise, un peu aplatie, de forme olivaire , lisse , poli, revêtu d'une couche cartilagineuse, d'une dureté osseuse, en rapport d'ailleurs avec sa structure , comme l'a démontré un examen dé- taillé. Ce corps est logé dans la partie déclive de cette bourse séreuse. Il est uni- que ; mais on voit que d'autres sont en voie de formation, il existe vers la base du grand trochantêr d'autres stalactites osseuses qui viennent faire saillie dans sa ca- vité ; elles bourgeonnent , et quelques-unes de ces végétations ne sont plus adhé- rentes que par un pédicule assez étroit. On trouve encore dans le voisinage une dépression qui a été probablement le point où s'est détaché le corps que nous avons trouvé flottant dans la cavité séreuse. Ainsi voilà un point où les corps étrangers sont produits par des végétations osseuse.-. » Mais, au niveau du tendon susépineux, il y a aussi deux corps pédicules qui allaient se détacher et dont le mode de production diffère du précédent. En eûet, sur une étendue de 2 centimètres, le tendon est dépouillé de la séreuse, et, dans ce point , on voit entre les fibres tendineuses des végétations à tous les degrés et de toutes les formes, depuis une tête d'épingle jusqu'à un noyau de cerise; les unes , les plus petites, sont encore celluleuses, les autres, plus vo- lumineuses, sont cartilagineuses et osseuses. Celles-ci, au nombre de deux, sont pédiculées et sur le point de se détacher. » Du reste il n'y avait pas de liquide dans cette bourse séreuse, il n'y avait que les traces d'une inflammation analogue à ce que M. Deville a décrit dernièrement sous le nom d'arthrite sèche. Cette pièce , il faut le dire, a été prise sur un sujet 15G de 50 à 55 ans , d'un très-grand embonpoint et présentant une soudure com- plète de la colonne vertébrale au niveau du dos, avec des exosloses très-volumi- neuses. L'articulation scapulo-humérale , d'ailleurs, n'offrait pas d'altération bien manifeste. » 3<> EXAMEN DES CARACTÈRES RECONNUS SUR LES CRANES DES ANCIENS ÉGYPTIENS ; par M. Lebret. C'est une question encore fort débattue que celle de déterminer les véritables origines de l'ancienne population de l'Egypte. On comprend comment en pré- sence des monuments d'une haute civilisation l'intérêt des observateurs a été vivement excité, il existe un contraste si frappant entre ces débris, annales d'une nation éminemment intelligente, et le spectacle donné par les peuples qui vivent sous la même latitude, exposés aux mêmes influences de la zone ton ide, qu'à défaut de la valeur historique du problème, sa solution tiendrait une. place assez importante dans l'étude de notre espèce. Laissant de côté les données étrangères et très-précieuses d'ailleurs, je me placerai ici au point de vue des caractères biologiques, et parmi eux c'est à la forme générale et aux particularités de la charpente osseuse du crâne que je li- miterai cet examen exclusif. Bluinembach le premier a dégagé la Térité au' milieu des idées fausses ou imparfaites qui régnaient avant lui sur la conformation des premiers Égyptiens ())• Un petit nombre de momies lui furent soumises à Londres, et lui-même fit gra- ver dans ses décades trois crânes provenant de source certaine et dont les deux premiers offrent bien les formes essentielles du type eu question. Blâmant Win- kelman qui avait donné la représentation d'un Chinois comme le modèle de la beauté égyptienne, il compara avec ses observations cranioscopiques les figures peintes ou sculptées sur les sarcophages et sur les monuments de l'Egypte con- nus alors, et de cette analyse résulta pour lui la distinction de trois variétés dans la physionomie nationale des anciens Égyptiens. La première qu'il nomma éthiopienne porte l'empreinte de la trace nègre. Ce sont des mâchoires avancées, des lèvres épaisses, un nez aplati, des yeux saillants; ties caractères avaient déjà été assignés aux Coptes modernes que quelques voyageurs de notre temps re- gardent comme les descendants de la nation originaiie j mais, suivant ce qui sera démontié par l'analyse des recherches ultérieures, on peut y voir, ou bien, avec le docteur Wisemann, une représentation grossière de la foi me égyptienne, ou plutôt un exemple de mélange analogue à celui des mulâtres. Les deux autres types établis par Bluraembach sont beaucoup plus réels ; celui qu'il appelle hindou est caractérisé par un nez long et mince, des paupières allongées ets'é- cartanl de la racine du nez, des oreilles situées, dit-il, à une grande hauteur. (1) Bluraembach, DÉCADES, craniorum, T»ans.^ct. philos., 179G. 157 L'hàbilude du corps présente une certaine délicatesse dans les formes unie à lu longueur inaccoutumée du membre inférieur. A quelques remarques de détails près, nous verrons se confirmer cet exemple de provenance étrangère si remar- quable dans les premiers habitants de la vallée du Nil. Le dernier type ou ber- bère est qualifié de mixte; en effet, une certaine boufflssure dans l'ensemble de l'individu, un menton court, des yeux larges et saillants, des joues pendantes, se rapportent assez bien au type de la masse indigène du peuple égyptien. Sœmmering l'i) donne également la description de quatre tètes de momies examinées par lui. Deux d'entre elles ne différaient sous aucun rapport des tètes d'Européens ; à la troisième il reconnut la forme africaine, distincte surtout par l'insertion du muscle crotaphyte srr une grande surface de la région temporale. Depuis, le docteur Leacli, au British Musœum, le docteur Hodgskin, au Guy'sHospital , ont recueilli des momies avec soin, et pour les observateurs comme pour les savants auteurs de ces collections, rien n'est plus évident que le caractère caucasien des têtes qu'elles présentent. Le témoignage de Lawrence , dans ses leçons sur l'Iristoire naturelle de l'homme, confirme cette assertion, et nous trouvons même dans Iç.Mxjséedes Antiquités égyptiennes, réunion de tableaux, publiés chez nous, par M. Ch. Lenormant, les portraits de deux mo- mies données pour types ( PI. X, fig. 10 et 12 ). « La tête représentée sous le n" 10 » a ^lé rapportée en France dans uu état complet de conservation. L'angle facial , » ajoute-t-on , se rapproche beaucoup de l'angle droit, et les dents incisives sont » plantées verticalement et non inclinées, ni avancées, comme elles léseraient » dans une tête de nègre ; ces profils rapprocliés de ceux du n» 12, dont la coupe » a été dessinée avec le plus grand soin , peuvent donner une idée précise de la » forme de la tête des anciens Egyptiens. » Cuvier avait tiré du même examen ostéologique l'induction qu'il est aisé de s'assurer que les Egyptiens apparte- naient à la même race que nous, et qu'ils avaient le crâne et le cerveau aussi volumineux. Le docteur Prichard , auquel (2) la science est redevable de recherches con- sciencieuses sur l'anthropologie, ne peut se refuser à l'évidence. Il reconnaît que le crâne, chez les anciens Egyptiens, présentait la forme ovale et complètement développée, commune, dit-il, à tous les peuples avancés en civilisation; il donne même une figure faite d'après une tête qui appartient au musée du collège des chirurgiens de Londres, et dont le type caucasien ne saurait être mis en doute. Mais les traits physiques qu'il a rassemblés tant d'après les monuments et les peintures antiques que suivant le récit des voyageurs, la pesanteur de certains crânes égyptiens, la proéminence de l'arcade alvéolaire, la forme particulière des jambes, et l'aplatissement des pieds, trouvés chez divers modèles , le font (1) Sœmmering, De corporis himani fabrica , 1"93, (2) PricliarJ, Researches ixto the phvsic. hist. of Mank.. t. U. 158 pencher vers l'opinion d'une souche africaine commune aux Egyptiens et au-^ peuples voisins. Blumembach divisant le genre humain en cinq variétés principales, avait déjà placé la famille égyptienne entre la race caucasienne et la race éthiopienne. Pri- chard loin d'être aussi alTirmatif , se retranche derrière une conjecture, à savoir qne les traits dans lesquels consiste la prétendue ressemblance africaine des Egyptiens, se sont développés chez eux sous l'influence de certaines circonstances extf'rieura nnTa*iyi?s la race a été soumise pendant des milliers d'années. Jusque-là les caractères physiques des premiers Egyptiens n'avaient été établis que sur un petit nombre de faits, et bien plutôt au moyen de comparaisons archéo- loi^iques. Aussi rapportait-on tour à tour cette origine aux Juifs, aux Arabes, aux Hindous, aux Nubiens et aux Nègres. Un ethnographe très-distingué, M. le doc- teur Morton, de Philadelphie, a eu l'heureuse occasion de recevoir cent trente- sept crânes égyptiens dont une centaine appartient aux anciens habitants de l'Egypte, et possesseur déjà d'une collection de six cents crânes humains, il a pu établir son analyse sur des bases toutes nouvelles. Déjà l'ethnologie avait été enrichie par ce savant d'un travail fort complet sur les formes cranioscopiques de la race Américaine. L'étude qu'il a publiée en 1843 sous le titre de Crania EGYPTiACA ou Observations sur l'ethnographie égyptienne tirées de l'Anatomie, uE l'histoire et des monuments, jette une grande lumière sur les incertitudes delà question et mérite une attention sérieuse. Le docteur Morton était en relation avec M. Gliddon, consul des Etats-Unis au Caire et auteur lui-même de recherches importantes sur les antiquités égyptien- nes ; c'est par les soins de ce dernier que les crânes ont été recueillis. Nous devons à cette circonstance un degré d'authenticité qui manquait souvent dans les ob- servations du même genre. Tant de nations diverses, au milieu des vicisssitudes les plus contraires , ont occupé le sol de l'Egypte à travers une longue série de siècles qu'il n'est pas indifférent de rechercher la date des individus momifiés dont on étudie les restes. Blumembach avait tellement senti cette difficulté qu'il cherchait les preuves d'ancienneté jusque dans la conformation des dents incisives particulière à ses yeux , mais évidemment exagérée. Aujourd'hui , l'étude des textes hiéroglyphiques a confirmé ce que la commission de l'Institut d'Egypte avait déjà entrevu au sujet de l'âge relativement moderne des monuments de la haute Egypte. On sait que ceux de Thèbes, par exemple, ne remontent pas beau- coup au delà de trois mille ans avant l'ère chrétienne et qu'il faut descendre jusqu'à Memphis pour retrouver les traces de la civilisation primitive de l'Egypte. La première des sept séries établies par M. Morton , dont la collection comprend vingt-six crânes découverts dans la nécropole de Memphis, est aussi la plus importante. Le lieu de sépulture forme là un vaste labyrinthe souterrain de tom- beaux creusés dans le roc , et il est à croire que ces simples catacombes ont précédé la construction des pyramides qui supposent un plus grand développe- ment de civilisation. D'ailleurs le mode d'embaumement des momies exhumées 159 de cet endroit proclame leur ancienneté; elles semblent avoir subi une simple immersion dans le bitume suivie de rcxposillon au four, et l'on remarque que, dans plusieurs têtes le cerveau n'a pas élé détruit ù travers les narines suivant une coutume postérieure; car l'ethmoide est intact, et la matière cérébrale a clé extraite du grand trou occipital. Ces preuves auraient un grand poids quand même il ne serait pas établi que les Egyptiens fussent eux-mêmes maîtres de Memphis et enfermèrent leurs morts dans ces nécropoles , plus de deux mille ans avant que les Perses ou les Grecs n'eussent fait la conquête de ce pays. Dans les localités d'où proviennent les soixante-quatorze têtes qui complètent les autres séries, nous noterons que si, comme à Âbydos, les ornements funé- raires témoignent de la caste élevée des momies, ailleurs M. Gliddon en décou- vrit un grand nombre embrassant toutes les classes d'individus, à en Juger par la variété du mode d'embaumement ; telles nous les montrent les grottes de Maab- deli, les catacombes de Thèbes et aussi les temples de Philœ et de Débod, situés sur les frontières de l'Egypte et de la Nubie et où se rendaient un grand concours de pèlerins. Le parallèle établi entre ces crânes et ceux de Memphis, d'une date plus reculée, comporte donc uLe valeur toute particulière sur laquelle on ne sau- rait trop insister. M. Morton admet trois divisions dans les types de la race caucaslque , à savoir : 1» Un type qu'il nomme pélasgique, et présentant la plus belle confor- mation de tête telle qu'on l'observe ^hez les nations caucasienne, de l'Asie occi- dentale, de l'Europe moyenne fe\. septentrionale; 2» le type sémitique, marqué dans les familles juives, au front fuyant, au nez proéminent, aux yeux assez éloignés l'un de l'autre, au développement presque massif de la face; 3» un type égyptien, proprement dit, qui différerait du type pélasgique par un front plus étroit et plus incliné, une ouverture un peu moindre de l'angle facial , le nez droit ou aquilln et les traits comme anguleux. Autant les deux premières distinctions se caractérisent d'elles-mêmes , autant cette dernière me semble échapper à la certitude de méthode familière à M. Morton. Il suflit de jeter un regard sur les tables où il a consigné les mensurations diverses appliquées à ces crânes, pour rapporter à des conditions individuelles les différences bien légères dont il a constitué un type dit égyptien. Lui-même , dans ses préliminaires, reconnaît que beaucoup de têtes de sa collection réunissent les caractères à la fois égyptien et pélasgique, et que, pour éviter cette subdivision, il les a ran- gées toutes dans le groupe égyptien. Suivant les préceptes de Blumembach (1), on ne saurait refuser aux formes du crâne une certaine constance ni nier qu'elles sont un des principaux caractères qui déterminent la manière d'être nationale et qu'elles répondent parfaitement à la physionomie des peuples, mais il faut bien se préserver de cet excès d'analyse qui fait perdre de vue les caractères géné- (1) Blumembach, 1)f. dmtate gêner, humam. 160 raux et importants. La même critique s'appliquera aussi aux minutieuses me- sures dont M. Morton a tracé la statistique dans son mémoire. De ce que l'angle facial sur vingt crânes égyptiens a représenté 83° pour la plus grande mesure , et 76* pour la plus petite, il prend une moyenne significa- tive de 78», inférieure de 2 degrés seulement à la moyenne de 80* attribuée à la forme pclasgique ; on n'ignore pas que la direction de la ligne faciale se trouve souvent la même chez des nations différentes dont les crânes n'offrent entre eux aucune analogie, tandis qu'elle varie beaucoup sur des tètes parfaitement sem- blables quant aux autres signes et qui appartiennent au même peuple. J'en dirai autant de la capacité inférieure du crâne mesuré soigneusement par M. Morton , sur tous ses exemplaires, et à l'aide de laquelle il cherche à établir l'évaluation du volume du cerveau sans tenir compte de l'absence des mem- branes et de leurs sinu8,!et des variétés de proportions possibles entre les parties cérébrales. Toutefois M. Morton a pu avec raison, ériger en fait général , la petitesse de la tête chez les Égyptiens, du moins dans les crânes recueillis aux catacombes de la partie sud de Memphi?. A la suite du type caucasique prédominant dans cet ensemble se range le type nègre bien reconnaissabie et celui que M. Morton qualifie de iVe^/roïde , pour indiquer le mélange des types précédents sur l'individu, et qu'il assimile iiu mulâtre. Un tableau ethnographique a été dressé résumant la distribution de ces ca- ractères, et, suivant l'expression de l'auteur du travail, cette table parle d'elle- même. Elle montre que plus des huit dixièmes des crânes de la collection appar- tiennent à la ruce caucasique , la forme sémitique y comptant pour un huitième ; que le vingtième du tout est composé de crânes sur lesquels existe une empreinte du type ou nègre ou étranger; que la conformation négroïde apparaît dans huit exemples , et entîn qu'il y a un seul nègre pur au milieu de ces séries. Devant un résultat si positif et pris en lui-même, comment pourrait-on , comme on l'a tenté de nos jours, dans un but très-honorable, reproduire l'opi- nion de Volney (1) qui rattachée la race nègre la population et la civilisation de l'Egypte. Cette question avait déjà été jugée sans retour par la vue des sé- pultures et des peintures monumentales, sur lesquelles les Egyptiens à côté des traits de leur propre race distinguaient très-particulièrement ceux de leurs esclaves africains. Hérodote (2) , comme tous les Grecs, qualifiait de noires les nations plus méridionales au teint basané et chez lesquelles on rencontrait des nègres ; son suffrage est rejeté aujourd'hui. Mais ce n'est pas la seule rectifi- cation apportée par le mémoire de M. Morton à quelques opinions régnantes. Il (I) Volney, Voyage en SvniE. (V) Hérodote, trad. de Larcher. Passim. 161 fut accepté, sur la foi d'Hérodote, qu'à la suite d'une bataille livrée «iilrc les Egyptiens et les l'erses, les crânes des premiers se reconnaissaient à leur épais- seur, due à l'habitude de tenir la tête nue , et contrastant avec les minces parois osseuses chez les seconds, adversaires plus efféminés. M, Morton assure que les crânes égyptiens ont en général une texture aussi délicate qu'on la trouve chez l'Européen et qu'une tête pesante est rare dans sa collection, à moins que le bitume ne se soit infiltré au milieu du diploé. Blumenbach, observant en 1779 des frai;mentset des têtes entières de momies éjjyptiennes, avait noté une anomalie particulière des dents incisiv.es. Leur cou- ronne n'était pas taillée en biseau , mais épaisse et semblable à un cône tronqué. Cette singularité, retrouvée k plusieurs reprises, lui semblait pouvoir servir à faire reconnaître le siècle et la nation auxquels ont appartenu les différentes mo- mies; il pensait aussi que les dents avaient pu s'user sur les racines et les tiges «le végétaux que Diodore de Sicile assigne comme nourriture aux premiers Égyp- tiens. M. Morton n'a pas retrouvé cette disposition des incisives sur la plupart de ses exemples , surtout chez les jeunes sujets , et quand elle se présente , il en donne pour cause également la mastication de substances dures, ce qui se voit de même chez quelques Hindous. Il réfute d'autre part l'assertion de M. Bureau de la Malle (1), suivant laquelle le trou auditif des momies , et par conséquent des anciens Égyptiens , était place plus haut que chez l'Européen, de" sorte qu'une ligne horizontale, menée de ce trou vers la partie antérieure de la face , atteindrait la région de l'œil sur la tète égyptienne. M. le docteur Clot-Bey et d'autres ont signalé cette disposition sur les Coptes modernes ; le voyageur Raw la note chez les Indous, quelques-uns chez les Juifs. « Les antiquaires , dit Blumembach , savent que plusieurs idoles » de l'ancienne Egypte, faites en airain, en terre cuite, en pierre, en bois de » sycomore, ou peintes sur les sarcophages, ont les oreilles très-élevées. » Au jugement du docteur Morton, l'aplatissement artificiel des cartilages des oreilles a trompé tous ces observateurs , et il n'a, de son côté, jamais rencontré une situation anormale du trou auditif externe sur les crânes des momies dépouillés de leurs parties molles. Nous signalerons, chemin faisant, la belle apparence des chevelures conservées sur trente-six têtes égyptiennes, avec une teinte noire légèrement brunie par lamatièred'embaumement.etaussi la rareté des momies d'enfants dans les catacombes du Nil, fait qui n'a pas été suffisamment expliqué. M. Morton , non content d'avoir retrouvé , dans l'inspection des caractères cranioscopiques , les titres des premiers Égyptiens, a poursuivi son étude jus- qu'aux documents historiques. Il a cherché de plus si, au milieu du mélange des populations modernes de l'Egypte, on ne pourrait plus découvrir l'empreinte du type original : il a cru saisir sur les Fellahs, paysans et laboureurs du Delta, cette trace que d'autres font dériver des Coptes. Nous n'aborderons pas aujour- (I) Comptes rend, de l'Ao, drs sciences, 1837. IG2 il'liui ces questions si complexes et obscuies, mais il est nécessaire de repieiidic ic résiliât général formulé en ces termes : • La plupart des crimes égyptiens, •' dit-il, onVcnt le Ijpe caucasien de la manière la plus frappante et la moins i> équivoque , soit par leur forme, soit par leur dimension , soit par la mesuie » de leur angle facial. On serait môme tenté de se demander si l'on pourrait " trouver une plus grande proportion de Ictes aussi admirablement modelées sur » un nombre égal d'individus tiré a» hasard d'une nation quelconque de l'Europe.» En regard, placerons-noUs ces ligures d'une beauté si remarquable qu'on a données des Indigènes dé PlndoStan ■ et ce crâne d'un Indou que Richard em- prunte à un voyageur, et q»i ne saurait être rapporté , suivant lui, qu'au type caucasien? La première des conclusiôrfs de Morton est formelle : « La vallée du » Nil, à la fois en Egypte et en Nubie, fut originairement peuplée par une » branche de la race caucasiqlie. » Toutefois, nous ne saurions admettre avec lui que dans leurs caractères physiques, les Égyptiens. soient intermédiaires entre les Indo-Européens et les races sémitiques. Dans l'état actuel de la science, les Sémites ou Syro-Arabes représentent cette race d'hommes au teint basane, nomades ou mercantiles , qui se sont fixés dans l'Arabie, la Syrie, la Phénicie , l'Assyrie et la Chaldée. Depuis l'indou et le Persan , jusques et y comprises les familles celtes, germaines et slaves, la race indo-germaine ou indo-européenne, race japhétique pour d'autres, se compose de toutes les nations dont la langue dérive du sanscrit. Le type caucasique, tel qu'il a été désigné plus haut, do- mine ce groupe. Après avoir recueilli les preuves de lu date et de la condition sociale, et les caractères biologiques de la précieuse collection du docteur Mor- ton, nous n'hésitons pas à regarder la première population de l'Egypte, celle dont les monuments attestent la civilisation , comme absolument asiatique (1). (iéographiquement parlant, par suite de ses rapports naturels avec la mer Rouge et la mer des Indes, la vallée supérieure du Nil appartient vraiment plutôt à l'Asie qu'à l'Afrique. Si les Pélasges, les Hellènes , les Scythes et les Phéniciens, ont plus lard modifié cette branche du grand tronc indo-européen , Il nous reste acquis, en dernière analyse; que les catacombes de Mcmphis té- moignent hautement de la souche première, et c'est le point spécial que celte esquisse devait mettre en évidence. »> 11. — Anatojiie pathologique, «égénénescence fibreusk kt ckaisseuse des mfscles chez les sujets atteims DE PIEDS nOTS. M. Jules Guérin présente un sujet nfrrant un double pied-bot, varus-.équin, rhez lequel la plupart des muscles de ta jambe et du pied sont atteints do dégc- rcscence fibreuse et graisseuse. 11 indique à cette occasion les condillons qui pré- Ci) Comptes rend, pe la soc. r;iHNOLOO., an. ISi(i-18l7. 163 siiienl à ces deux ordres d'ailéiulions. (Nous publierons celle communication en entier.) III. —Physiologie. P INFLUENCE DU GRAND SYMPATHIQUE SUR LA SENSIBILITÉ ET SDR LA CALORIFICATION ; par M. Claude Bernard. « 1* Influence sur la calorification. On^sait depuis longtemps que la section de la moelle épinière ou de certains troncs nerveux , tels que les nerfs vagues , sciatique , etc., amène un refroidissement général ou partiel du corps ; mais je veux montrer ici que c'est précisément le phénomène inverse pour le grand sympathique. 0 J'ai vu qu'aussitôt après la section du filet sympathique cervical qui unit les iianglions cervicaux, il survient une augmentation de chaleur dans tout le côté correspondant de 'a face. Cet accroissement de la calorification peut s'apprécier par la main très-facilement. Quand on plonge le thermomètre comparativement soit dans les oreilles ou dans les narines de l'animal , on constate que la tempé- rature est plus élevée de 4 à 6* cent, du côté où le filet de grand sympathique a été coupé. Cette expérience, qui m'a donné les mêmes résultats chez le cliien , le cheval et le lapin , est surtout très-facile à répéter chei ce dernier animal , à cause de l'isolement qui existe au cou, entre le pneumo-gastrique et le grand sympathique. n Quand on enlève le ganglion cervical supérieur du grand sympathique, on produit exactement les mêmes efl'ets et quelquefois avec plus d'intensité. Du reste, l'énergie du phénomène est en général en rapport avec la force de l'animal; il est moins marqué chez lesi animaux alTaiblis. » En même temps que la chaleur augmente dans les parties , la circulation y devient plus active , ce qui est tiès-apparent sur les oreilles des lapins , ainsi que je l'ai montré eu reproduisant les expériences devaiit la Société. Je m'expli- querai plus tard sur celte modificatiou de la circulation , au point de vue de son mécanisme et de la question de savoir si elle est la cause ou l'effet de l'ac- croissement de la chaleur animale. » Le phénomène de calorification augmentée dure très-longtemps ; je l'ai con- staté pendant plusieurs mois de suite chez les chiens, sans, toutefois, jamais ob- server aucune inflammalioa, ni œdème, ni d'autres altérations pathologiques dans les parties. » Enfin j'ai constaté que la section des autres nerfs de mouvement ou de sen- timent de la face , n'empêche pas l'augmentation de chaleur de se produire aussitôt qu'on vient à couper le grand sympathique. » 2» Influence sur la sensibilité. Quand on coupe les nerfs de sentiment qui se distribuent dans une partie, tout le monde sait qu'on la rend insensible;, c'est encore l'inverse pour la section du grand sympathique. 164 » Ainsi quand on exlirpele ganglion cervical supérieur chez un chai ou chez un lapin , la sensibilité se trouve augmentée dans tout le côté correspondant de la face. C'est particulièrennent sur l'œil qu'on peut constater le phénomène avec le plus de facilité. Toutefois, cette espèce d'appréciation de la sensibilité exagérée est souvent difficile à obtenir par les moyens ordinaires. Mais le fait devient très-évident quand on fait agir certaines substances comme le curare, par exemple, qui abolissent peu à peu la sensibilité. • Ainsi quand on empoisonne un animal par una dose de curare très-di- luée , toutes les parties du corps où le sympathique n'a pas éié coupé deviennent insensibles bien avant le côté de la face où le ganglion cervical a été enlevé. Toute cette partie du corps semble survivre plus longtemps que les autres. Je dois ajouter que cette caloriûcation s'y maintient également toujours plus élevée. » Je me borne à signaler ces deux résultats parce qu'ils me paraissent très-im- portants et que je les crois entjèrement nouveaux. Je ne veux que prendre date aujourd'hui , parce que ces faits se trouveront développés et commentés, dans un travail que j'espère bientôt publier sur le grand sympathique. » 2" PREUVE DE LA CONTBACTILITÉ DU. TISSU CELLULAIRE ; par M. BROWN-SÉQDARD. Il y a quelques années (1), M. Brown-Séquard a constaté, contrairement aux assertions de Haller, Muck et Sœmmering que l'iris des poissons est mobile. 11 a trouvé aussi que chez ces animaux , de même que chez les batraciens, le tissu de l'iris peut se contracter sous l'excitation directe de la lumière et sans interven- tion de la rétine et de l'encéphale. Il a vu en outre que l'iris est an peu plus mobile ea général chez les poissons cartilagineux que chez les poissons osseux» bien que ce soit parmi ces derniers que l'on trouve le plus grand degré de mo- bilité (chez les anguilles , les soles et les congres). Le fait de la mobilité de l'iris chez les poissons et en particulier les poissons cartilagineux , démontre positivement que le tissu cellulaire est contractile. En effet, ainsi que M. Leydig (2) vient de le constater, l'iris chez les chondroptéry- giens ne contient aucun élément musculaire. Les seules fibres qu'on y trouve sont des fibres de tissu cellulaire et des tubes nerveux. Les contractions évidentes qui y ont lieu sont. (Jonc des contractions du tissu cellulaire. A l'occasion de cette communication , M. Ch. Robin fait remarquer que dans les recherches qu'il a faites avec M. Segond sur les céphalopodes , il a vu que l'iris de tes animaux est dépourvu de fibres musculaires, qu'il contient du tissu cellulaire et que ses contractions, même par l'action directe de la lumière, {\) Comptes rendus de l'acad. des sciences, 1817, t. XXV. p. 482. (2)'Béitrage zur mikroskopiscuen anat. und Emtwickelcng der rocuen l'ND Haie, Leipzig. 1851, p. 23. 165 sont t lès-manifestes. Celte observation avait démontré depuis longtemps à MM. Segond et Robin que le tissu cellulaire est contractile. IV. — Exploration pathologique. VARIÉTÉ NOUVELLE D'ÉLÉMENT FIBRO-PLASTIQUE; par M. BaUVAIS. M. de Bauvais, sur une femme de quarante-cinq ans, a rencontré une tumeur fibro-plastique du volume d'un gros œuf de poule, développée entre le feuillet viscéral et le feuillet pariétal de l'arachnoïde au niveau de la partie antérieure (lu lobe gauche antérieur du cerveau. Pendant les huit jours qui ont précédé la mort, cette femme a seulement présenté de la diarrhée, des vomissements et une légère entérite. — M. de Bauvais, d'après les caractères extérieurs différentiels établis par M. Lebert entre ces tumeurs et les tumeurs cancéreuses, avait dé- terminé sa nature flbro-plastique. H est résulte de l'examen microscopique de cette tumeur fait par M. Ch. Robin qu'elle était essentiellement formée de noyaux fibro-plastiques et en outre d'une variété nouvelle d'élément fibro- plastique non décrite par les auteurs et consistant en une cellule sphérique transparente pourvue d'un noyau allongé et ordinairement acculé aux parois de la cellule. — Dans le cas actuel la grande abondance de noyaux libres per- mettait de réduire la tumeur en pulpe par une légère pression. V. — BOTANIQDE. DE LA FASCIATION CHEZ LES FRUITS ADHÉRENTS ; par M. GeRHAIN. « J'ai l'honneur de présenter à la Société divers exemples intéressants du phé- nomène de la fasciation chez les fruits adhérents. » M. Rayer, notre président, qui a eu la bonté de me communiquer les fruits qui font l'objet de cette communication et qui ont été recueillis par ses soins m'a également remis des exemples de plusieurs autres phénomènes tératolo- giques dont j'entretiendrai plus tard la Société. Je ne veux aujourd'hui dire que quelques mots sur les pommes monstrueuses que je place sous ses yeux. La plupart semblent être le résultat de la soudure par rapprochement de deux fruits originairement distincts, et c'est en effet au phénomène de la soudure que l'on a attribué jusqu'à ce jour, non-seulement dans le monde , mais dans la science, ces fruits anormaux qui se rencontrent assez fréqueiAmentet'qui ont dû de tout temps attirer l'attention des observateurs et du vulgaire. » J'ai été conduit à voir dans cette anomalie , non pas un phénomène de soudure . mais , au contraire , un phénomène de disjonction. Après avoir étudié le phénomène de la fasciation chez les tiges et avoir acquis la conviction qu'une tige fasciée est le résultat d'un même axe, et, dans aucun cas, ne pro- vient de plusieurs axes soudés (qu'elle soit simple ou qiTelIe s'épanouisse en 16G plusieurs rameûuxj , j'ai dû eoriMJéier l'axe des Heurs, qui est !a cùntinualioii de l'axe du rameau, comme pouvant participer au phénomène de la fasciatioii. H serait trop long d'exposer aujourd'hui la série dos modifications qu'entraîne la fasciation ou épanouissement de l'axe de la fleur sur les parties appendiculaires insérées sur cet axe. Je me borne aujourd'hui à signaler la nature du phéno- mène, me réservant de soumettre plus tard à la société les idées auxquelles je suis arrivé relativement au phénomène de la fasciation. » COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE PENDANT L'ANNÉE 1851. RAPPORT A Li SOCIETE DE BIOLOGIE PAR LA COMMIdaiOIV CHARGÉE D^EXAMIltER LES COUfMCNlCATlOIVS DE M. SOULEYET RELATIVES A LA QUESTION DÉSIGNÉE SOUS LE NOM|DE PHLÉBENTÉRISME. PRÉLIMINAIRES. §1. — Vous devez vous rappeler que, dans une communication faite à cette société, le 19 octobre dernier, par notre collègue M. de Quatre- fages, ce savant nous fit connaître quelques détails analomiques et phy- siologiques du tube digestif des Éolides. Des faits qu'il communiqua, il tira des arguments en faveur de la ques- tion qu'il a développée dans plusieurs mémoires bOus le nom de phtében-^ 6 Urisme^ et combattit à leur aide les opinions des auteurs qui ont écrit dans un sens contraire. Dans la séance suivante, M. Souleyet, s'appuyanl sur les textes do ses travaux anatomiques concernant le même sujet, sur ceux de quelques savants étrangers, comparés aux écrits de M. de Quatrefages et aux siens, est venu défendre l'exactitude de ses propres recherches. II soutint de nou- veau que les opinions de ce naturaliste ne pouvaient être considérées comme exprimant d'une manière exacte ce que démontre et ce que per- met de conclure l'anatomie des mêmes animaux et des espèces tout à fait voisines. Une réponse faite huit jours après par M. de Quatrefages eut pour but de montrer que les interprétations de M. Souleyet, basées sur des textes incomplètement ou trop brièvement extraits, ne pouvaient pas donner une idée satisfaisante de la question et pouvaient même lui faire attribuer un sens différent de celui qu'il a voulu donner à ses propres écrits. Enfin, dans la séance qui suivit celle-ci, le 2 novembre, M. Souleyet vint lire un tra- vail plus étendu dans lequel, reprenant la question dès son origine et la suivant jusqu'à l'époque actuelle, il tend à établir, par des citations plus nombreuses etplusl ongues, l'exactitude de ses opinions, celle de ses in- terprétations et même celle de ses extraits ; car, en rétablissant celui qui contient les mots tous au lieu du plus grand nombre, on ne change rien à la question, dont il conteste le fond et l'ensemble aussi bien que les dé- tails. Sur la remarque faite par quelques membres que des discussions de ce genre pourraient durer sans fin si l'examen de la question par une com- mission ne venait y mettre un terme, vous avez chargé MM. Brown-Sé- quard, Follin, Lebert, Segond, Verneuil et Robin, de vous présenter un rapport sur le sujet de la discussion. Cette commission s'est réunie pour la première fois le samedi 1i dé- cembre. Elle a reconnu qu'elle devait, pour arriver à remplir son but, prendre la question dès son origine et la suivre dans tous les travaux pu- bliés sur ce sujet jusqu'à l'époque actuelle; ce qu'elle a fait et continué dans ses réunions des 21 et 28 décembre 4850, séance dans laquelle elle a nommé son rapporteur. Votre commission s'est appuyée aussi sur l'exa- men des préparations do M. Souleyet, relatives aux ÉolidesetauxActéons. C'est le résultat de cet examen qu'elle vient vous présenter. § II. —Nous devoES cependant répondre d'abord à la lettre de M. de Quatrefages, lue à la Société dans la buance du 4 janvier 4851 , lettre dans 7 laquelle il récuse la compétence de votre commission pour juger la ques- tion, dans les circonstances présentes. M. Souleyet ayant été accusé d'avoir mal interprété les textes de M. de Quatrefages, et ayant réclamé à cet égard, nous avons eu pour mission de vérifier en effet les assertions de M. Souleyet, et par consé- quent nous avons été obligés nous-mêmes d'interpréter M. de Quatrefages pour savoir si M. Souleyet l'interprète bien. Quand M. de Quatrefages a demandé lui-même qu'une commission fût nommée, il a assez bien caractérisé la nature de cet examen pour qu'il ne puisse aujourd'hui y apporter des restrictions de nature à annuler toute espèce de jugement sérieux. M. de Quatrefages avait déjà communiqué à la Société les arguments qu'il opposait à M. Souleyet à une époque où celui-ci ne s'était pas en- core fait connaître parmi nous. Ce n'est donc pas M. Souleyet qui a provoqué le débat devant la So- ciété de Biologie, mais bien M. de Quatrefages lui-même. Si M. de Qua- trefages pensait qu'il y avait inconvenance à en appeler à un autre tri- bunal qu'à celui qui s'était d'abord institué à l'Académie des sciences, il devait éviter de se prononcer publiquement devant une autre So- ciété avant que ce premier tribunal eût prononcé; et quels que soient d'ailleurs les résultats du travail de la commission nommée par la So- ciété de biologie, nous pensons qu'en aucune façon ils ne pourraient dis- penser l'Académie des sciences de faire un rapport; car le terrain sur lequel nous sommes placés est différent. Déplus, nous avons attendu que le rapport à l'Académie des sciences ait été lu pour lire celui-ci. M. de Quatrefages parait ignorer que la commission a continué son travail; cependant il a assisté à la première réunion, et il savait très- bien que la commission devait se réunir de nouveau à jours et heures fixes. M. de Quatrefages nous récuse comme juges officiels sur un point de science soumis en ce moment à une commission académic^ue. Nous pen- sons qu'il est inutile de repousser une récusation à l'appui de laquelle M. de Quatrefages ne saurait trouver une raison suffisante. M. de Quatrefages tient beaucoup à ce que sa lettre soit conservée comme preuve qu'il n'a pas mis obstacle à ce qu'un rapport fût fait à l'Académie des sciences. Nous répondrons qu'un rapport sur les commu- nications de M. Souleyet no peut d'aucune manière annuler un rapport .sur les débats entre M. de Quatrefages et M. Souleyet. INTRODUCTION, $ III.— L'étude des faits conceroanl les questions scientifiques qui se sont passés successivement au sein des populations qui ont observé les corps et les phénomènes qu'ils présentent, d'une manière systématique et non purement empirique, constitue l'histoire de la science. Lorsqu'on vient à jeter les yeux sur eux, et particulièrement sur ceux qui concernent l'é- tude des êtres organisés, on peut y trouver une source d'enseignement des plus fécondes , parce que, à l'aide du passé , elle conduit à juger et à apprécier le présent, et même, dans de certaines limites, à prévoir quel- ques-uns des faits à venir. Nous voyons dans l'origine les hommes observant autour d'eux, juger de ce qui se passe au dehors d'après ce qui se passe en eux : c'est aussi la marche suivie par chaque individu dans le cours de son développemen t intellectuel. Au fond, nous trouvons là, à l'état d'ébauche, les questions de fait d'abord, les questions de doct'-ine ensuite : doctrines qui servent à relier les faits les uns aux autres. On peut encore observer un autre fait historique, qui se lie au précé- dent et lui est consécutif . Les premiers observateurs se sont trouvés placés nécessairement dans un cercle vicieux. En effet, nul fait, nulle observa- tion ne peut être de quelque utilité sans être interprétée et reliée à d'autres analogues, d'après cette interprétation. Mais nulle observation ne peut être interprétée que d'après une doctrine. Les déductions seront vraies ou fausses, d'après la vérité ou la fausseté de la doctrine. Or voilà où se trouve le cercle vicieux : c'est que nulle doctrine ne peut être reconnue vraie qu'autant qu'elle s'applique rigoureusement à un ensemble de faits dont aucun de ceux qui sont essentiels ne vient la contredire; qu'autant, en un mot, qu'elle est vérifiée par les faits. Si donc, dans l'origine des sciences, les observateurs ont été forcés de se créer des doctrines qui étaient purement hypothétiques, transitoires, et ne leur servaient qu'à guider leurs observations, une fois les faits devenus assez nombreux, en mathématique, astronomie, physique, chimie, etc...., on a pu d'abord créer des doctrines purement négatives ou métaphysiques, qui ont servi à renverser les premières ; puis enfin il a été possible d'embras- 9 ser tous les faits communs à toutes les sciences pour créer une doctrine posi- tive, qui tend à embrasser tous les faits connus. Dès lors les faits bien ob- servés d'après cette doctrine la modifient elle-même plus ou moins dans les détails, selon leur nature, de manière à la rendre de plus en plus apte à se mouler sur tous les phénomènes naturels ou artificiellement produits. II est résulté de cela que , dans les questions particulières , dans les questions de détail, les questions de faits dominent celles de doctrine, les- quelles reposent sur les faits. Mais comme il est certain, d'autre part, que les doctrines influent toujours sur l'interprétation des faits, il faut toujours en tenir compte comme de ceux-ci. En effet, elles en modifient l'acception, et par suite la valeur; elles influent aussi sur le travail d'ob- servation, et conduisent à le rendre plus ou moins complet, parce que toujours les idées mènent les hommes, parce que le cerveau guide l'œil et la main, ce dont nous allons voir des exemples. § IV. — Des faits acquis par l'étude des êtres organisés, considérés en tant qu'aptes à agir, et non comme agissant, c'est-à-dire au point de vue sta- tique, et non encore au point de vue dynamique, il découle deux ordres de déductions. Les unes constituent les faits généraux ou communs à Yanatomie de tous les êtres, ce qu'on appelle les lois anatomiques. La principale est l'existence d'une corrélation intime et constante entre toutes les parties (d'ordres divers pour la complication), qui composent chaque être vivant. C'est là une condition d'existence, un fait nécessaire, un fait sans lequel l'être ne pourrait vivre, ce que prouvent certaines anoma- lies, dans lesquelles nous voyons le développement incomplet d'un ap- pareil entraîner l'impossibilité de l'ensemble des actes qui caractérisent la vie. Les autres déductions sont de nature zoologique, ou relatives à ce fait, que la disposition anatomique des parties intérieures est en relation in- time et constante avec la disposition des parties extérieures, et récipro- quement : d'où il résulte que la disposition anatomique des unes se tra- duit au dehors par la disposition des autres, quant aux faits anatomiques vraiment fondamentaux. C'est là un autre principe, ou fait de doctrine, c'est-à-dire démontré par l'expérience universelle. On peut donc, à l'aide des modifications de l'une, saisir et juger les modifications de l'autre. En un mot, étant donné un animal connu anatomiquement, on peut conclure de son organisation intérieure à celle d'un animal non disséqué qui lui ressemble extérieurement : d'où naturellement on est porté à placer ce- lui-ci à côté du premier. Cette corrélation des dispositions anatomiques iO internes et externes vraiment fondamentales est telle qu'on peut quelque- fois, en physiologie, tirer parti de cette relation pour juger de l'impor- tance de tel organe ou de telle disposition d'un appareil. Comme l'expérience a montré qu'il y a un certain nombre de faits com- muns dans la manière dont dette relation entre la conformation intérieure et l'extérieure est établie, on dit qu'elle se fait d'après certaines lois. Celles- ci s'appuient sur la connaissance des lois anatomiques,mais en diffèrent : d'où est née une nouvelle branche de la biologie statique, qui se place à côté de l'anatomie : c'est labiotaxie; science qui traite des lois de cor- rélation entre la conformation intérieure et la conformation extérieure : d'oià possibilité de classement des êtres et formation des classifications, tant zoologiques que botaniques. D'après cette science, on peut à priori juger de la structure de l'animal non disséqué d'après celui qui, l'ayant été, se trouve rangé près de lui; comme on peut aussi, en anatomie, con- clure de la dissection d'un être à la place qu'il devra occuper près d'un autre, d'après les ressemblances de leur conformation extérieure. § V. — Ainsi donc l'étude statique des êtres vivants conduit à deux ordres de déductions : les unes reposent principalement sur l'étude de l'organisa- sation intérieure et constituent les lois anatomiques; les autres, au con- traire reposent principalement sur l'étude de l'organisation extérieure, et ses rapports avec la précédente constituent les lois de la Biotaxie zoolo- gique et botanique. Voilà deux sciences distinctes, et le fait est si général, si universelle- ment reconnu, qu'il est devenu un fait de doctrine. Quoique liées l'une à l'autre par la nécessité commune d'analyser anatomiquement l'organisme, les confondre serait faire une erreur de doctrine. Les naturalistes qui nieraient cette distinction se rangeraient parmi ceux qui, niant toute espèce de faits généraux, c'est-à-dire communs au plus grand nombre, se trouvent prêts à repousser, suivant le besoin, tel ou tel ordre de lois naturelles ; ceux qui la nieraient se rangeraient parmi les auteurs qui, n'envisageant qu'une petite partie de ses subdivisions et ne pouvant toutes les relier en un faisceau puissant, raisonnent sur l'ensem- ble de ce qu'ils omettent ou sur des erreurs comme s'ils s'appuyaient sur un fait anatomique vrai. § VI. — Un fait anatomique peut donc avoir deux ordres de conséquen- ces : les unes relatives au rapport existant entre les différentes parties constituant l'être organisé ; les autres se rapportant à la relation qui existe entre l'organisation interne et l'extérieur de l'être. A* On sait de plus qu'à toute disposition anatomique se rattache d'une manière à la fois inévitable et indispensable une notion physiologique qui est en corrélation intime et constante avec elle. C'est encore là un fait de doctrine d'une autre nature, en ce qu'il se rapporte à la physio- logie, à l'être considéré en action : ainsi, d'un fait anatomique nouveau, quelle que soit la manière dont on le découvre, on peut donc dé- duire : i" que la relation entre la disposition anatomique d'un appa- reil et sa fonction n'est pas ce qu'on la croyait être; que la disposition anatomique de la veine porte, par exemple, n'est pas seulement en rap- port avec la sécrétion biliaire, comme on le pensait, mais encore avec la fonction urinaire; 2° il peut, d'autre part, montrer que la relation entre l'intérieur et l'extérieur de l'animal n'est pas entièrement ce qu'on la croyait être; alors il conduit à changer l'être de la place qu'il occupait dans les classifications. Ici, qu'il y ait erreur ou vérité, la doctrine n'est pas changée. S'il y a vérité, les faits font plus ou moins d'honneur, selon Timportance de l'ap- pareil, selon la grandeur du changement progressif apporté aux notions acquises jusqu'alors. S'il y a erreur, au contraire, ils Ecnt jugés d'une ma- nière correspondante. D'erreurs de ce genre, nul anatomiste n'est exempt : l'histoire le mon- tre. Mais tant que la doctrine n'est pas changée, la postérité, le plus souvent même sans critiquer le fait que le temps montre erroné, l'aban- donne simplement et prend ce qui est vrai pour l'admirer et se l'assimi- ler. Elle abandonne le système exhalant de Bichal et apprécie l'admi- rable étude des tissus et des systèmes, venant faire avec l'élude des or- ganes et des appareils un seul corps de science. Mais que dire de ceux qui déduiraient d'un fait anatomique qu'il n'y a pas de relation nécessaire entre l'appareil et sa fonction ; qu'il n'y a pas corrélation intime entre les différents appareils d'un même être ? Que dire de ceux qui, d'autres faits anatomiques, concluraient qu'il n'y a pas de relation entre l'organisation intérieure et l'extérieur de l'animal, ou plu- tôt qui, traitant des corps vivants, seraient assez dépourvus de doc- trine pour ne pas être conduits à voir qu'il y a erreur là où , dans dans l'élat actuel de nos connaissances , une telle conclusion devient forcée ? Ici on le reconnaît, il y a erreur de doctrine , c'est-à-dire qu'il y a une de ces erreurs qui tendent à renverser en un moment ce qui résulte de l'expérience des siècles antérieurs. 12 Ceux au contraire qui sont suffisamment pénétrés des principes ou faits généraux que nous enseigne l'étude des corps organisés, renver- sent l'erreur pour la remplacer par des faits réels; c'est lace qui dis- tingue l'appréciation indépendante, de la critique toujours perturbatrice. Mais cette appréciation n'est que plus énergique à relever ce qui, par erreur, change à tort ce qu'on savait. Et cela parce qu'elle sent qu'en renversant une doctrine vraie, on force à recommencer la science Bans profiter des matériaux acquis; parce qu'elle sent qu'une fois les principes généraux viciés, il faut un effort intellectuel énorme pour les ramener simplement à leur véritable valeur; il faut un temps considéra- ble pour les replacer dans l'état où ils étaient d'abord; parce qu'enfin elle sent que tout ce qui transforme mal à propos, annule ou détruit une doctrine, exprimant l'ordre naturel et permettant au cerveau de la repro- duire en nous, par la pensée, tend à rendre nul le labeur de la société et des notions péniblement acquises. § VII. — Tels sont les principes et les données d'indépendance scientifi- que qui doivent nous guider dans l'appréciation des travaux sur lesquels repose la discussion que vous avez entendue, et qu'il importait de préciser pour mettre la question sur son véritable terrain.Telssontles principes gé- néraux dominant toute question scientifique et dontà chaque pas vous allez trouver soit les développements, soit les applications successives. Tels sont les principes qui seront mis en relief chemin faisant autant par la nécessité où vous serez d'en faire usage pour comprendre les erreurs de ceux qui les ont omis, que par leur utilité intrinsèque. Ainsi qu'on le voit d'avance, nous passerons légèrement sur les erreurs anatomiques, quand elles n'apporteront aucune perturbation aux faits généralement acquis ; mais nous insisterons naturellement sur les faits reconnus erronés qui tendraient à nous montrer qu'il n'y a pas de relation entre l'extérieur et l'intérieur de l'animal, ou que la fonction n'est pas inhérente à l'appa- reil. Nous ferons par contre ressortir les faits qui sont restés de cette dis- cussion, et qui, malgré tout, ont pu faire progresser la science. § VIII. — Pour faciliter l'exposé qui va être fait, nous l'avons divisé en deux parties : chacune d'elles se rapporte réellement à deux phases de la discussion dont on vous a lu les textes. Ces deux phases sont naturellement continues; la seconde découle de la première, en sorto qu'elles sont cer- tainement confondues d^^ns quelques esprits; mais il est bien certain, comme on va le voir, qu'il règne deux ordres d'idées dans celle discus- sion. 13 rt. Dans la première phase les fails anatomiques, d'après lesquels on croit que l'inleslin peut remplacer en totalité ou en partie les vaisseaux, sont peu nombreux : la théorie de ce remplacement n'est encore qu'à l'état d'ébauche; mais bientôt les faits se multipliant, on en tire toutes les conséquences. Ces conséquences sont de deux ordres, mais plus ou moins confondues; première faute contre la méthode, qui conduit insensiblement à deux plus grandes, se rapportant aux deux ordres déconsidérations dont nous avons parlé, les unes aDatomo-physiologiques,les autres zoologiques. En premier lieu, on admet, d'après un certain nombre de faits que : c''est se former une idée bien petite et bien fausse des ressources de la nature que de la croire assujettie à la nécessité de se servir toujours dti même appareil pour remplir la même fonction ; il faut bien un appareil pour la remplir, mais ce n'est pas toujours le même, et de ce que les pattes de l'Écrevisse ont, comme ses mâchoires, pour usage de servir à la mastication, on est porté à en conclure que l'appareil di- gestif peut aussi remplacer celui de la circulation (<). Première erreur, qui vient de la confusion entre la notion d'csACES lesquels peuvent être multiples pour un seul organe, et la notion de fonctions qui est toujours unique pour chaque appareil. En second lieu, si l'appareil digestif peut remplacer ainsi celui de la cir- culation , en tout ou en partie, chez des animaux dont l'apparence extérieure ne s'éloigne pas essentiellement de celle d'animaux qui ont deux appareils pour ces deux fonctions, on ne peut plus, en zoologie, conclure de cette forme extérieure à l'organisation interne. Il faut donc, suivant que la dis- section préalable, devenue dans cette école toujours indispensable au classificateur montre un seul ou deux appareils pour les deux fonctions différentes, classer ces êtres dans deux ordres différents et non plus dans un seul. Telle est la conclusion du deuxième ordre ; nécessairement vraie, si la première est vraie, nécessairement fausse si la première et les faits anatomiques sur lesquels elle s'appuie sont erronés. b. Mais arrive bientôt la deuxième phase : les faits anatomiques sur les- quels s'appuient ces conclusions, ne sont pas confirmés. Alors la déduction physiologique du remplacement de l'appareil circulatoire par l'appareil { I ) Milne-Edwards, Observations scr IK aRCUlATiOW (AwN. DSd se. N-vTiiBELtKs , I8i6, t. III, voir p. 202 et2C3}. lu digestif auquel on avait été jusqu'à attribuer des battements rhythmiques comme ceux du cœur (4), ne pouvant plus être défendue, on fait inter- venir un nouvel élément de discussion qui grandit jusqu'à l'absorber tout entière en la déplaçant. Ce nouvel élément est emprunté au fait d'une disposition spéciale du système veineux. On le considère comme dégradé et constitué seulement par des lacunes ou cavités sans parois. Yoilà pour la deuxième phase de la discussion. La première partie comprend l'exposé de la discussion qui se rapporte à la première phase et la seconde partie à la seconde phase. L'ordre historique, le seul qui soit approprié à l'examen de ces ques- tions, nous force à vous faire passer en revue, d'abord, les travaux d'un certain nombre d'auteurs, avant de vous parler de ceux de M. Souleyet, dont nous avons à examiner spécialement les communications. (1) De QuatrefageSf Mémoihc sur les gastéropodes pblébentérés (ànn. des se. MAT., 1844, 1. 1, p. 129). PREMIÈRE PARTIE. § IX. — Les Mollusques dont nous allons parler ici appartiennent princi' paiement au groupe des Nudibranches , des Jnférobranches et aussi des Tectibr anches. Chez les premiers, l'estomac reçoit la bile par plusieurs conduits con- sidérables et, dit Cuvier, « l'on conçoit à peine comment les aliments ne pénètrent pas dans ces vaisseaux et ne les engorgent pas > (Jl). Le foie peut occuper une grande partie do la masse du corps, ou bien, comme le dit Jean-Frédéric Meckel, être placé le long des branchies à leur face in- terne (2). Dans la Dyphillidia lineata, dit Meckel, « je trouvais seule- » ment trois conduits qui, se dirigeant d'avant en arrière, s'ouvrent au côté » gauche de l'estomac. Ils naissent de la substance glandulaire corres- > pondant à la branchie gauche. » Trois ans plus tard, en 4826, le même Meckel insistait, en parlant de la Pleur ophyllidie, sur ces rapports du foie avec les branchies et la largeur des conduits gastro-biliaires ou gastro- hépatiques. « L'observation de la structure interne de l'animal, dit-il (3), (1) GuYier, Méh. pour servir a l'histoire et a l'anatohie des hollcsques, Paris, 1817, in-4% p. 15. (2) J.-P. Meckel, Beschreibcng einer reden Holluske (Arch. for Physiol., vol. VIII, 1823, p. 191 à 207.; voy. p. 205). (3) Meckel, Ueber oie Pleurophtllidu (Arch. fur Anat. cnd Physiologie, 1826, t. I, p. 13 à 19; voy. p. 15). (C'est le même animal que la Dyphillidia lineata.) 16 » me démontra la présence des glandes salivaires, la situation et Tarran- » gement remarquables du foie, qui formait une masse aplatie, brunâtre » allongée de cliaquo côté du corps, le long de la base des branchies, de » laquelle au moins six conduits transversaux allaient s'ouvrir dans l'es- » tomaC) notamment vers sa partie élargie du commencement, de telle » sorte que les antérieurs dépassaient les postérieurs en longueur et lar- » geur. D'après Délie Chiaje, qui observa \a Pleurophillidie plus tard que » moi, sans pourtant connaître mes travaux, l'estomac serait entouré par » le foie (1); cependant cela n'est nullement le cas, puisque les foies se » trouvent dans les parois latérales du corps, sont entourés à leur face » interne par des fibres musculaires, et sont unis à l'estomac seulement » par des canaux transversaux. » Meckel a, depuis, reproduit en abrégé ces faits dans son Traité d'anatomie comparée (2). Meckel n'est pas le seul qui ait indiqué cette disposition singulière du foie dans les branchies , qui , ainsi qu'on va le voir, prendra bientôt de l'importance. Délie Chiaje, qui dit en avoir indiqué la disposition entre les lames branchiales dès 1823, c'est-à-dire la même année que Meckel, au tome I, page 128, des mémoires cités, en démontra amplement l'existence en 1 841 , dans sa nouvelle édition du mémo ouvrage (3). Là il dit, en effet, que le foie de la Pleurophyllidia neapolitana est d'un brun jaune et occupe le bord inférieur du manteau et se trouve dis- posé en une série de petites lamelles demi-imbriquées; ses lobules com- muniquent avec cinq ou sept conduits biliaires qui s'ouvrent sur les deux côtés de l'estomac. Il indique ensuite la situation de l'ovaire qu'il recon- naît avoir pris jadis pour le foie (page 42). Nous arrivons maintenant à des animaux plus voisins encore de ceux qui vont nous occuper directement. M. Délie Chiaje, dans la planche 88 de l'ouvrage que nous avons déjà cité, planche gravée et publiée en 1 842, figura l'appareil hépatique de VEolis cristata {Janus spinolœ, Verany) sous forme de deux longs conduits brunâtres longeant les deux côtés du corps. Vers la queue, ils se confondent en un seul, qui parcourt une (1) Fascicules 111 et IV des Memoru: sulla storia e notomia degli animal: SENZA VERTEBRE DEL REGNO DI NaPOLI, CtC. Napoli, 1824, p. 28. (2) Meckel, Anatom. comparke, t. VIl,traduct. française, 1836, p. 298. (3) Délie Chiaje, Descrizione e notomia degli ammali «svïRrEBBATi » matières alimentaires, presqu'aussilôt que l'animal les a avalées, et se » répand dans toutes les parliesducorps.Ce singulier appareil se compose » principalement de deux vaisseaux longitudinaux qui occupent les côtés » du corps et donnent naissance à un grand nombre de branches dont les » unes pénètrent dans les tentacules, d'autres se distribuent aux lèvres, » au pied, etc., et d'autres encore se portent de bas en haut et en dehors, » puis se divisent chacun en deux ou trois rameaux, lesquels s'engagent » dans les appendices foliacés implantés sur le dos et désignés communé- » ment sous le nom de branchies. Chaque appendice reçoit un de ces vais- » seaux , qui bientôt se renfle beaucoup et constitue une sorte d'utricule » allongée dont les dimensions sont souvent presque égales à celles de » l'appendice lui-même. Ces cœcums sont très-contractiles, et les ma- ■ lières contenues dans leur intérieur ainsi que dans le reste du système » de canaux situés au-dessous, y circulent avec rapidité. • « Cet appareil me semble devoir être comparé, d'une part, à celui qui, » chez les Méduses, se porte à l'estomac, au pourtour de l'ombrelle et y » constitue un lacis vasculaire tres-serré, et d'autre part aux appendices » tubuleux qui, chez les Nymphous, naissent du canal digestif, pénètrent » jusqu'à l'extrémité des pattes et sont animés d'un mouvement péristal- » tique très-rapide. Je ne me rappelle pas en avoir vu l'existence men- » tionnée par les malacologistes, et je regrette de n'avoir pas eu l'occasion » d'en faire une élude plus approfondie ; mais les lacunes que je laisse » dans sa description ne tarderont pas à être comblées par un jeune zoo- V légiste d'un grand mérite; M. Loven (de Stockholm) a fait sur ce point » des observations plus complètes que les miennes, et se propose de les 1» publier prochainement. » M. Edwards ajoute, en note, que depuis la rédaction de cet article, paru en décembre, il a reçu de M. de Quatre- îages une lettre contenant de nouveaux détails sur cet appareil (voyez les Comptes rendus de l'Académie des sciences, séance du 24 octobre 1842), et que le mémoire qu'il prépare sur ce sujet et sur quelques autres points relatifs à l'anatomie des éolides paraîtra prochainement dans les Annales DES SCIENCES NATURELLES. Avant d'aborder les travaux annoncés ici , il est à remarquer que cette noVe est importante dans la question. Il est probable que si M. Milne- Edwards eût connu la hgure de Délie Chiaje, il n'eût pas donné une pa- reille détermination de cet organe. Néanmoins, on ne saurait ârops'é- 19 tonner de voir comment , sans autres connaissances anatomiques sur la structure d'un animal que la présence de l'estomac et de l'appareil pré- cédent, plus des branchies, on peut se laisser aller à établir immédiate- ment, sans plus d'examen, de pareilles analogies. D'une part, ce sont des Mollusques, animaux ayant tous un tube digestif complet, un coeur, un appareil vasculaire , des organes génitaux compliqués et surtout un sys- tème nerveux complexe, sinon volummeux. D'autre part, ce sont des Mé- duses, êtres qui ne sont plus représentés, pour ainsi dire, que par un tissu homogène partout, pourvu seulement de Qbres contractiles déliées, sans même avoir les tubes et les corpuscules ganglionnaires nerveux bien carac- térisés, au moins chez la plupart; animaux chez lesquels l'appareil appelé digestif, ramifié dans le corps, ne peut, en général, recevoir que des corps déjà liquides ou microscopiques, et qui ont un appareil reproducteur porté à un tel degré de simplicité que les organes mâles ne différent des femelles que par la coloration. Puis, d'un autre côté, ce sont les Nymphons, Arti- culés qui, en raison de l'ensemble de leur organisation, sont rangés avant les Mollusques dans tous les traités. Ces simples réflexions eussent dû faire donner une autre détermination, ou au moins la faire suspendre jusqu'à plus ample informé du reste de l'organisation. Elles auraient dû au moins faire rechercher si ces vastes canaux biliaires, dont la grandeur, chez des Mollusques voisins, étonnait tant Cuvier, ne pouvaient pas, en effet, recevoir les aliments sans s'engorger, puisque précisément ces êtres se nourrissent de particules infiniment petites qu'ils enlèvent à la surface des corps à l'aide d'une langue chargée de fines pointes cornées. Mais vous serez moins étonnés de cette promptitude à conclure sans relier les faits analogues les uns aux autres, si vous admettez les opinions déjà citées de M. Milne-Edwards , que c^est se faire une idée bien petite et bien fausse des ressources de la nature, qiie de la croire assujettie à la nécessité de se servir toujours duméme appareil pour remplir la même fonction. Jl faut bien un appareil pour en opérer l'accomplissement^ mais ce n'est pas toujours le même; et de ce que l'on voit que les pattes de VEcrevisse ont, comme ses mâchoires et mandibules, un usage dans la mastication, on est porté à en conclure que Vappareil circulatoire disparaissant, celui de la digestion pourra le remplacer dans sa fonc- tion (1). Si vous admettez le fait, le nom d'appareil gastro-vasculaire (1) Milne-Edwards, Observations sdr la cikculation (Ann. des se. nat., I8ih, i. III, p. 262 ei 263). 20 doit vous paraître heureusement choisi. Pourtant, dira-t-on, il n'y a , chez les Méduses, qu'une cavité centrale qu'on appelle estomac , d'où se réunissent des tubes dans le corps et ses appendices, et ils n'ont pas de vaisseaux sanguins. Observez de plus que cet estomac ne reçoit aucun aliment solide autre que des Infusoires; qu'il ne digère rien autre et se remplit, chez la plupart par l'intermédiaire des réseaux qu'on a considé- rés comme y prenant origine , ou par les conduits lentacuiaires; or, ces conduits reçoivent leur liquide par des orifices capillaires nombreux, qui ne sont pas des bouches proprement dites. Aussi Siebold dit-il que les Acalèjihes n''ont pas de vrai tube digestif (l). Mais de plus, voyez quelle simplicité d'organisation chez ces animaux, quel que soit leur volume, comparée à celle de Mollusques plusieurs centaines de fois plus petits. C'est alors surtout que vous reconnaîtrez que vouloir chez un Mollusque retrouver un appareil semblable à celui des Acalèphes, plus ceux qui s'y trouvent déjà, c'est méconnaître les lois de l'analogie et la manière dont, suivant la simplicité ou la complication de l'organisme, s'établit la relation entre l'appareil et la fonction. Dès lors on est placé dans un cer- cle vicieux. Aussi, pour ne pas trop choquer le simple bon sens, qui n'est autre que l'expression instinctive et spontanée des lois de l'ordre naturel, on se trouve conduit à vouloir faire disparaître de chez ces Mollusques les appareils dont le nombre met obstacle à la conception d'une coordina- tion régulière. Que les conduits gastro-hépatiques viennent en aide à la digestion tou- tes les fois que les aliments y peuvent pénétrer, il n'y a là rien de bien choquant, et le fait doit avoir lieu, puisqu'on sait positivement que la bile vient en aide à la dissolution des matières azotées, d'une manière très-prononcée. Mais remarquez que ces matières n'y séjournent pas, puisqu'elles les parcourent avec rapidité, conditions peu favorables pour qu'elles y soient absorbées. Mais, direz-vous, avant de déterminer la nature de cet appareil et des organes qui le composent , pourquoi ne pas poursuivre son analyse ana- tomique successivement dans tous les ordres de notions qu'il peut olTrir à l'observateur? Pourquoi ne pas en poursuivre l'analyse an^alomique depuis le point de vue de l'appareil jusqu'à celui de l'élément organi- (1) De Siebokl, Manvf.i. n'ANATOMiKroMVARKE. tradiut. franc. Paris. 1849. in-12, t. I, p. f;^. 21 que? Pourquoi ne pas arriver d'abord jusqu'à ces parties-là des corps qui caractérisent les tissus et en déterminent la nature? Ce défaut de méthode ne doit pas vous étonner au tond. Remarquez, en effet, que, négligeant les faits qui établissent une corrélation entre l'exté- rieur et l'intérieur, et , d'autre pari, entre la complication ou la simpli- cité des organes qui composent un seul et même appareil, ils ne sont nullement guidés par l'idée de voir, à un intestin simple, annexé un foie simple, qui, pgr suite de sa simplicité même, vient accessoirement en aide au tube digestif. Aussi, d'un seul bond franchissant des classes entières, ils vont dans les Acalèphes, animaux des plus simples, chercher un appareil soudé avec la substance du corps et qui seul suffit à l'accomplissement des actes de la vie de nutrition. En outre, lisez les écrits traitant du sujet qui nous occupe, et vous verrez alors qu'au fond celle omission dérive de cette autre erreur de doctrine qui fait consi- dérer l'étude successive et coordonnée des différentes parties composant l'organisme, en y rattachant les notions physiologiques qui s'y rappor- tent, comme des distinctions scolastiques, résidant plutôt dans les mots que dans la nature des choses, et sans utilité pour la scieiice. Vous ver- rez qu'ils pensent qu'en admeLlant celte dépendance nécessaire entre la fonction et l'appareil, on ne peut rien comprendre à la physiologie des animaux inférieurs. Mais ils pensent qu'il en esf tout autrement en ad- mettant ce qu'ils appellent le principe contraire; alors l'étude physiolo- gique de ces animaux cesse de présenter aucune difficulté sérieuse. No semble-t-il pas ici que la science consiste -à éviter et tourner les difficullés et non pas a les résoudre ? Ne semble-t-il pas qu'il s'agit d'omettre, pour ne pas s'en embarrasser, les choses difficiles, plutôt que de voir ce qui est, en jetant les yeux sur l'ensemble des êtres pour rapprocher les choses qui se ressemblent, et en déduire les faits communs au plus grand nombre, c'est-à-dire généraux. S'ils eussent, au contraire, examiné le tissu de ces conduits et les élé- ments qui les composent ; s'ils les eussent comparés à ceux des Mollus- ques déjà connus, ainsi que l'ont fait tant d'auteurs (4), ils eussent vu que la conformation des culs-de-sac, que les cellules qui les tapissent et (1) Muiler, De glandularijm penitiori structura, Berlin, 1831, in-foiio; Heinrich MeckeJ, Mikrographie einiger Drusen Apparate der niederen Thiere (Ahch. de Muller, 18i6, p. 1 p19), etc.. 22 la coloration de l'huile en gouttelettes que celles-ci renferment, et d'autres caractères encore, ne permettaient pas de conclure à un appareil sans ana- logue chez les Mollusques connus. § XL— Ainsi, en résumé, la disposition générale de l'organe, et surtout son insertion à l'estomac, la comparaison delà constitution des autres appa- reils de l'animal à celui-ci et à l'organisation totale des espèces voisines par leur conformation, basée sur les faits de doctrine les plus élémentaires, s'opposent à ce que nous puissions accepter la détermination donnée par M. Milne-Edwards. En conséquence, nous appuyant sur l'anatomie de 1 organe pris en lui-même, sur sa comparaison avec les appareils qui lui ressemblent, dans les animaux analogues à celui-là et déjà étudiés anato- miquement, nous ne pouvons dès à présent admettre autre chose sur la Cailiopée qu'un foie ramifié, dont les conduits larges proportionnelle- ment et contractiles, comme tout conduit hépatique, sont pénétrés et parcourus par les aliments en même temps que par les granulations mo- léculaires de la bile. Par conséquent enfin, le nom d'appareil gastro- vasculaire ne saurait être conservé, car il' porte avec lui l'idée d'un appareil nouveau et surajouté qui n'existe pas. Il n'y a là autre chose qu'un organe existant partout ailleurs qui. au lieu d'un usage unique, en a deux; fait général, fréquent dans l'organisme. Ainsi, outre son usage habituel de conduire la bile, il a de plus un autre usage, celui de se laisser parcourir par les aliments, et sans doute en même temps d'en hâter la dissolution par un mélange plus rapide avec la sécrétion da foie. Il importait beaucoup d'insister sur ce prétendu appareil gaslro-vas- culaire, car vous le voyez, tout repose sur lui. Admettant cet appareil des Acalèphes chez un Mollusque élevé, vous ne pouvez guère, sans choquer la logique, admettre en outre ce qui existe chez tous les autres mollus- ques, car l'un existant, à quoi servent les vaisseaux? Pourquoi ce double emploi, pourquoi cette complication insolite précisément chez les ani- maux les moins volumineux, les plus ;^imples d'autre part, et par consé- quent chez lesquels la nutrition et la distribution de ses matériaux se font dans l'organisme total avec le plus de facilité, avec le moins de frais quant au nombre des organes de toute sorte , quant à leur étendue, et, par suite, nécessairement quant à leur solidité? Une fois admis donc, l'esprit n'est plus libre , et l'exploration anatomique, aussi bien que l'intelligence, s'en ressentent. Vous le sentez facilement, les interprétations ne peuvent plus être les mêmes. Si cet appareil est 23 plus développé chez un être voisin il faut que d'autres le soient moins; sérieusement, si vous l'admettez, il vous est presque impossible de ne pas admettre à priori^ malgré vous, que les vaisseaux manquent en tout ou en partie, que l'intestin même n'a pas d'anus. Et voyez la gène incessante où l'on estlorsqu'onvientàtrouver qu'avec cet appareil, destiné à porter des matériaux nutritifs dans le corps, il se trouve en même temps que ce sont précisément les artères, ayant le môme «sage, qui sont les vaisseaux les plus développés. Voyez la gêne, quand on voit ce prétendu appareil gas- tro-vasculaire aller pénétrer dans les branchies là où les vaisseaux sont le plus nettement démontrables. § XII. — Au mois d'octobre 1 842, M. de Quatrefages communiqua à i In- stitut (1) les faits suivants par une lettre adressée à M. Milne-Edwards : « J'ai trouvé, dit M. de Quatrefages, un petit Mollusque nuqui me paraît » fort intéressant; sa transparence m'a permis de l'étudier au micro- » scope.et d'en faire une analomie à Irès-peu de choses près complète. » C'est un Gastéropode dont le corps est couvert de cirrhes assez, gros, » qu'il dresse d'un air menaçantau moindri^ contact , comme fait le Pore- » épie avec ses piquants. L'appareil digestif consiste en un canal cen- » tral , d'où partent à droite et à gauche, d'une manière parfaitement sy- » métrique, des branches qui aboutissent à un canal marginal très-grèle » régnant tout autour du corps. De chaque branche partent, en outre, » des canaux qui pénètrent jusque vers l'extrémité des cirrhes. On voit » parfaitement les matières en digestion aller et venir dans ce système » de canaux. Ces dispositions anatomiques m'ont rappelé les dessins de » M. Loven ; mais grâce à la transparence de mon petit mollusque, j'ai pu » aller plus loin et reconnaître l'existence d'un cœur d'où partent des ar- » lères, mais où n'aboutissent point de veines. Deux oreillettes placées en » arrière reçoivent le sang, qui arrive de toutes parts par des mailles lâ- » ches et lacuneuses. Ces oreillettes elles-mêmes semblent n'être qu'une » de ces lacunes un peu m eux organisée et douée d'une contracLilité ac- » live. » Vient ensuite la description du système nerveux, et M. de Quatrefages termine en concluant pour la symétrie, comme tout à l'heure M. Milne-Edwards en parlant de l'intestin , c'esi-à-dire qu'il conclut à des analogies entre les Mollusques d'une part et les Articulés plus les Rayonnes (I) De Quatrefages, Sur quelques faits relatifs a l'histoire des animaux im- VERTiÉBRÉs (C. R. dcs séances de l'Acad. des se. de Paris, séance du 2i oct. 1842, t. XV. p. 798). 24 (l'autre part. Il dit, en effet (1) : « J'ajouterai que tout est symétrique » dans ce singulier Mollusque, sauf les organes génitaux. Voilà donc un » Mollusque appartenant à une des divisions les plus élevées de cet em- » branchement, qui présente des rapports évidents d'un côté avec les Ar- » ticulés, et de l'autre avec les Rayonnes. » Pourquoi cette conclusion? Il est difficile do le savoir. Ce n'est certainement pas pour établir une liaison des Rayonnes aux Mollusques, ni de ceux-ci aux vertébrés, puisque les disciples de Cuvier n'admettent pas l'existence de la série animale , c'est-à-dire la réunion des êtres analogues rangés en groupes, lesquels sont ensuite disposés en série les uns à la suite des autres , d'après la complication croissante ou décroissante de l'ensemble de leur organisa- tion. En un mot, on ne voit nullement pourquoi est établi ce rapport de symétrie, dont est privé pourtant l'appareil générateur ; on ne voit pas à quoi il aboutit, à quoi il mène, quel principe il vient appuyer ou ren- verser, de quel principe il peut être la source. Ces déductions d'affinités , d'ordre zoologique , M. de Quatrefages les reproduit et les pousse encore plus loin , en 1843, dans un travail plus étendu sur le même animal (2). Par le cœur, l'animal ressemblerait aux Crustacés et aux Insectes, car chez lui le cœur se rattacherait physiologiquement à l'appareil digestif et au respiratoire. Or, pour M. de Quatrefages, le cœur des Insectes se rattache principalement à Vappareil digestif dont il est un annexe , tandis que, chez les Crustacés, il est un annexe de l'appareil respi- ratoire. De plus , ce Mollusque ressemblerait aux Annelé^^, par la symétrie de son système nerveux et même par une espèce de di- vision du corps en segments se répétant les uns les autres surune série linéaire, autre caractère éminemment propre aux Annelés. Ainsi, chez cet CA \ r.al , il y aurait tendance à la symétrie binaire et à Van- nulation; de sorte que, tout en conservant un ensemble de caractères qui ne permet pas de la séparer des autres Nudibranches, l'Éolidine touche d''un côté aux Méduses, de Vautre aux Crustacés et aux Anné- lides errantes (3). Vous le voyez , ce n'est pas là une simple erreur de (1) De Quatrefages, loc. cit., 1842, p. 799. (2) De Quatrefages, Mémoire stR l'Éolidine paradoxale (eolidiNaparadoxch, D. Q.) (Ann. des se. NAT., 1843, t. XIX, p. 274, voy. p. 300-305, et C. R. des séances de l'Acad. des se. de Paris, 1843, t. XVI, p. 1123). (3) De Quatrefages, Mém. scr l'Éolidine (Ann. des se. nat., 1843, t. XIX, p. 300 à 305). 25 fait, et les principes généraux énoncés plus haut sur les conséquences où conduit l'absence de doctrine, touchant la constitution de l'organisme en général et touchant les relations positives qui existent entre l'intérieur et l'extérieur d'un être . trouvent ici leur application. Le nom donné à l'animal , EoLiDiNA pabadoxum, D. Q., caractérise lui-même le fait. Un pareil animal , en effet, ne saurait èlre que paradoxal , et à l'aide de faits semblables vouloir soutenir des principes, ce serait vouloir détruire la science par la destruction des données fournies par la logique. Mais laissons les conclusions zoologiques pour arriver à celles qui con- cernent la constitution et les analogies anatomiques de l'animal, a Les » organes de la circulation , dit M. de Quatrefages (1). chez l'Éolidine se » composent d'un cœur dorsal, univentriculaire et d'un système de vais- » seaux artériels. Le système veineux manque entièrement. Il est en » quelque sorte remplacé par les lacunes du tissu aréolaire. L'absence » des veines proprement dites, la manière. dont le sang se déverse di- » rectement des lacunes du corps dans le ventricule unique du cœur, » semblent devoir entraîner la disparition de l'appareil respiratoire. Aussi » ne Irouvons-nous rien ici qui rappelle le moins du monde les branchies » ou les poumons décrits jusqu'à ce jour dans les mollusques. Mais les » cirrhes qui couvrent le dos de l'animal n'en remplissent pas moins le » rôle d'organes de la respiration : chacun deux représente assez bien la » forme d'un doigt de gant. Un cœcuin partant des branchies intestmales » pénètre dans son intérieur et laisse entre lui et les parois du cirrhe un » espace toujours rempli parle sang que les artères ont versé dans la ca- » vile abdominale, sang que nous pouvons considérer comme veineux. Les » contractions du cirrhe, en se répétant à chaque instant, renouvellent » sans cesse ce liquide , et l'exposent à l'action de l'eau aérée par des » mouvements qui rappellent , au moins pour le but, l'inspiration et l'ei- )> piration des animaux pulmonés. » Dans les Annales des sciences naturelles, M. de Quatrefages ajoute (2) : a L'intestin a la forme d'un tube conique étendu en ligne » droite sur la ligne médiane du corps et aboutissant à un anus dorsal * très-petit (3). De chaque côté de cette espèce de tronc intestinal » sortent, d'une manière symétrique , des branches, dont le nombre (1) De Quatrefages, loe. cit., Comptes rendds, etc., 18^3, p. 1124. (2) De Quatrefages, mém. cité sur rEolldine, 1843, p. 285. (3) PI. ll,fig. 2, c. 26 » est égal à celui des rangées transversales de cirrhes respiratoires, moins » deux ; mais les deux premières se bifurquent un peu au delà de leur * origine, et l'égalité de nombre se trouve ainsi rétablie. De chacune de » ces branches latérales partent des cœcums qui, se portant vers la face » dorsale de l'animal, pénètrent dans l'intérieur des cirrhes. A leur ex- » trémilé, les branches débouchent dans un tronc marginal fort étroit , » qui règne Sur tout le pourtour du corps de l'Éolidine. » Plus loin (i) , M. de Quatrefa^s dit que lÉolidine n'a pas le foie con- tenu dans la cavité abdominale , mais il montre que les cœcums qui par- tent des branches de l'intestin pour pénétrer dans les cirrhes s'entourent en entrant dans leur cavité d'un espèce de fourreau irrégulier formé d'un© substance granuleuse bien moins transparente que le reste des tissus. Il pense avec raison qu'on peut regarder cet organe comme n'étant autre chose que le foie qui s'est morcelé en autant d'organes distincts qu'il y a de cœcums branchiaux. On se demande comment, après avoir déterminé ainsi d'une manière exacte le foie, il considère comme ramifications de l'in- testin, et non comme conduits biliaires, les canaux sur lesquels la sub- stance glandulaire se trouve appliquée. En comparant ce foie à celui des Annélides, on arrive bie n aux mêmes conclusions que M. de Qualrefages; mais en le comparant, comme on doit le faire, à celui des Mollusques voisins, c'est aux résultats que nous don- nons qu'on est conduit, en passant successivement par un certain nombre de dispositions intermédiaires entre le foie des Diphyllidies et celui des Éolidines, ainsi que l'indique Délie Chiaje (voir plus loin). « Les organes de la circulation, dit M. de Quatrefages (2), se composent » seulement du cœur et des artères. Malgré tout le soin possible , il m'a » été impossible de découvrir la moindre trace de veines. Comme j'ai en » même temps reconnu les dispositions anatomiques qui suppléent à l'ab- » sence des canaux veineux, je crois pouvoir affirmer que cette portion du » système circulatoire a disparu complètement dans l'Éolidine. C'est là un » fait entièrement nouveau dans l'histoire anatomique des Mollusques, et «sur lequel je reviendrai plus loin pour en déduire quelques consé- » quences. Ici jo roè bornerai à la description des organes persis- » tants. » (0 Loc. cit., 1843, p. 286-287. (3) De Quatrefages, mera. cité (Ann. des se. nat., 1842, p. ::^88). 27 Vient ensuite la description du cœur, celle de l'aorte qui se diviserait en deux branches se distribuant à peu près symétriquement de chaque côté du corps, puis celle des organes de la génération qui seraient de la plus grande simplicité. Dans ses considérations générales, M, de Quatre- fages, après avoir rappelé que M. Milne-Edwards est le premier natura- liste qui ait signalé chez un Nudibranche l'existence d'un appareil gastro- vasculaire analogue à ce qui se voit chez les Méduses, insiste sur le fait en ces termes (1) : « En ce qui touche aux Rayonnes, le rapprochement est » frappant au premier coup d'oeil par la disposition des organes de la di- » gestion chez l'Éolidine. A une bouche aussi peu armée que les Méduses, » succède un court canal aboutissant à ce que nous avons appelé la cavité, » la masse stomacale. Les faits directs observés sur un mollusque voisin » nous autorisent à penser que c'est là que se fait la digestion, et l'ab- » sence de tout aliment solide dans les ramifications diverses de l'intestin » confirme cette manière de voir. A cet organe qui représente si bien la » cavité digestive des méduses, succède un intestin ramifié et pourvu d'un » canal marginal absolument comme chez les Acàlèphes que nous venons » de nommer, et le très-pelit anus, que j'ai eu beaucoup de peine à • apercevoir, semble réellement n'exister que pour compléter l'ana- «logie, en représentant les orifices marginaux excréteurs signalés par »M. Erhenberg dans les Aurélies, par M. Milne-Edwards dans les Équo- » rées. » §XIII. — Ainsi, messieurs, vous le voyez, ce prétendu appareil gastro-vas- culaire n'est pas un fait isolé, on peut le retrouver dans d'autres animaux. Cetorgane, que la simple analogie pouvaitdéjàconduireà reconnaître pour ce qu'il est, cet organe qu'à priori, ainsi que M. de Blainville le disait, on pouvait déterminer exactement, va prendre une singulière importance, et tout cela par suite de cette erreur de doctrine qui consiste à croire que la fonction (devenue une espèce d'entité), peut persister quand son api)a- reil ordinaire a disparu, et qu'elle peut être accomplie par l'un des autres appareils persistants qui se trouve ainsi cumuler deux fondions. Que dans un seul organe s'accomplisse l'acte physico-chimique de la dissolution des-aliments; que dans les dépendances directes de cet appa- reil s'opère l'acte mécanique du transport des liquides résultant du premier acte; que même pendant ce transport s'opère, selon toutes probabilités, le double acte d'endosmose ou d'exosmose qui caractérise la respiration, (l) Loe. cit., 1842, p. 301-302. 28 c'est là un fait qui est incontestable chez les acalèphes et certains polypes. Quoi qu'on puisse faire, il n'y a là qu'un seul appareil. Or, si vous prenez le fait qui s'y possc en ce qu'il est, vous ne pourrez dire antre chose que ceci ; Il n'y a qu'un app:"eil, donc il n'y a qu'une fcâliion, et cela précisémment parce qu'il n'y a qu'un appareil. Maintenant qu'un des organes dissolve, que ceux qui en partent transportent, et que pen- dant ce temps le liquide prenne et rejette des gaz ou de l'eau, je dirai tou» jours qu'il n'y a qu'une seule fonction pour la vie de nutrition, fonc- tion cnriictérisée par raccomplissement dans un seul appareil de tous les actes élémentaires qui, dans les vertébrés, etc., s'accomplissent à l'aide d'autant d'appareils distincts. Ils s'accomplissent parce qu'ils ne peuvent pas ne pas s'accomplir; il ne se passe là rien autre que des actes élémen- taires, qui sont de?; propriétés dont jouissent tous les solides et tous les liquides organisés; mais il n'y a là aucune des actions accessoires, à ces actes fondamentaux., dont l'ensemble ca'èctérise une fonction , ainsi nommée pour être distinguée des propriétés de tissus, des usages des organes, etc. Et chez ces animaux le fait ne vous étonne pas du tout, parce qu'il est en rapport avec l'extrême simplicité de leur organisme, qui est entièrement formé de deux à trois tissus, avec un ou deux produits, soit épithéiial, soit spiculaire, et non de dix à quinze tissus, comme les Mol- lusques. Dès lors, pourvu que les actes élémentaires s'accomplissent dans tout cet organisme si .-impie comparé aux autres, il peut exister pen- dant un certain temps; mais il n'y a là qu'un seul appareil et une seule fonction , puis plus haut cliez les mollusques préciséme/il vous commen- cez à voir chacun des actes élémentaires s'opérer spécialement dans un appareil spécial : alors il s'y ajoute nombre d'actes accessoires , autant qu'il y a d'organes ayant chacun son usage particulier ou plusieurs usages ; et à l'ensemble de ces actes vous donnez le nom de fonction. Mais arrè- tons-noui, car vous vous rappelez que cts auteurs considèrent toutes ces divir^ions comme purement scolastiques, comme questions de mots et non comme des faits; et ils sont d'autant plus absolus en cela qu'ils confondent toutes les considérations d'ordres divers et de plus en plus compliquées en un seul ordre, et vous voyez quels en sont les résul- tats. § XIV. — Quoi qu'il en soit, M. de Quatrefages admet l'appareil gastro- vasculaire; conséquent à ce fait, il montre le système veineux disparais- sant. Mais ce qui est inconséquent, c'est de voir un Mulliisque, ayant les ap- 29 pareils d'un Mollusque, êlre analogue aux Animaux rayonnes, quant à la constitution générale des appareils et quant à leurs fonctions, d'une part, puis d'autre part avec des Articulés, animaux dont les organes sont régu- lièrement disposés de chaque côté d'un plan , ou dont les anneaux se ré- pètent à peu près identiquement dans le sens de la longueur. Ce qui en- core est inconséquent, c'est de dire que l'on ne trouve chez ces animaux rien qui rappelle le moins du monde les branchies, ce qui est en rap- port avec l'absence de système veineux quant on décrit les cirrhes bran- chiaux toujours considérés comme des branchies. Pourquoi alors dans la même phrase dire que ces tentacules dorsaux n'en jouent pas moins le rôle d'organes de la respiration et que le sang y subit une véritable hématose (1)? Qu'est-ce donc que cet appareil formé d'organes inces- samment baignés par l'eau puisqu'ils couvrent le corps, et dans lesquels le sang est poussé et repoussé alternativement pour subir l'hématose, si ce ne sont des branchies? A de pareilles objections faites par M. Gervais à la Société phiioma- tique, M. de Quatrefages répond (2) « que dans toutes les classificalions proposées jusqu'à ce jour pour les Mollusques, le mot branchie a une si- gnification précise. Tout le monde a entendu par là un organe respira- toire où le sang arrive à l'état de sang veineux par un système de vais- seaux veineux et d"où il ressort à l'état de sang artériel par un système de vaisseaux artériels. Or, rien de semblable n'existe chez les Mollusques dont il s'agit, où les soit-disant branchies sont formées uniquement par deux poches concentriques appartenant, l'une au système tégumentaire, l'autre au tube digestif, sans aucune apparence de vaisseaux, sans qu'on puisse établir la distinction de sang veineux et de sang artériel. » Un mois plus tard, M. de Quatrefages établit qu'anatomiquement , les ap- pendices du corps de ces Mollusques ne sont pas des branchies, mais qu'ils en remplissent seulement les fonctions (3). (1) De Quatrefages , toc. cit., 1843 (Ann. des se. NAT.,p. 291, et C. rendus, p. 1124). (2) De Quatrefages, Organes de la respiration dans les phlébentérés, séance de la Société philomatique, du 30 décembre 1843; Journal l'Institut, année 1844, p. 33. (3) Séance de la Société philomatique, du 27 Janvier 1844 ; Journal l'Institut, année 1844, p. 64. 30 §XV. — Vous le voyez, messieurs, les faits se-multiplient, et avec une pareille doctrine sur les notions d'organe et d'usage, sur les relations qu'il y a entre l'appareil et la fonction, il est difficile de prévoir par quelles consé- quences on pourrait être arrêté dans le raisonnement. Comment accep- ter une doctrine sur l'organisation totale qui permet de croire qu'ua animal pourra posséder la conformation extérieure , la bouche , l'es- tomac et l'anus d'un Mollusque, un inte-^lin ramifié comme les Mé- duses, et de plus présenter la symétrie bilatérale et même longitu- dinale propre aux Annelés? L'esprit s'y perd , on ne sait plus quelle loi jusqu'alors confirmée par toutes les recherches peut être considérée comme vraie. Le. conséquences les plus élémentaires des travaux de nos devanciers sont annulées, car si un animal voi?in des Éolides ressemble à tant d'animaux à la fois, tout se ressemble ou rien ne se ressemble. Tout retombe dans la confusion, il est impossible de'rien saisir et de dé- duire quoi que ce soit de l'organisnlion des finimaux sans tout reprendre à nouveau. Ceux-là seuls qui, dépourvus d'une doctrine, ne peuvent en- visager qu'une petite portion du règne animal et font constituer la science à déclasser et reclasser incessamment les espèces, pourront éprouver au're chose qu'une stérile et vague inquiétude en lisant de semblables déduc- tions. Cependant tout ne s'arrête pas là, ou plutôt les conséquences natu- relles de ce qui précède se développent. § XVL — En mars -1844, M. de Quatrefagos publie des recherches plus étendues sur le même sujet d'après l'examen anatomique et physiologique de genres nouveaux, tous de sa création moins un (1). Ce sont les genres Zéphyrine, Actéonie , Amphorine, Pavois et Chalide , et le genre Actéon d'Oken. Dans la Zéphyrine, l'auteur retrouve Vappareil gastro-vasculaire, donnant naissance à un très-grand nombre de cœcums qui pénétrent dans les cirrhes des corps (2) ; l'anus est dorsal et médian comme chez l'Eolidine, faits tout à fait singuliers, car on sait que chez les Mollusques l'anus se trouve assez généralement placé sur les côtés du corps. tt Je n'ai rien vu dans la Zéphyrine, dit l'auteur (page 436), qui pût (t) De Quatrefages, Sur les gastéropodes phlébentérés (phlebenterata De Q.) (Ann. des se. nat., mars 1844, vol. I, p. 12i»). (2) £oc«<.,p. 137. 31 » être considéré comme un appareil circulatoire. Je n'y ai distingué ni » cœur, ni artères, ni veines, quelque soin que j'aie mis à les chercher. » Si ce fciit était isolé, je pourrais croire que l'opacité des parties a dérobé R ces organes à mes recherches; mais nous le verrons se reproduire dans » d'autres Mollusques voisins qui laissaient peu à désirer sous le rapport » de la transparence. Je crois donc pouvoir affirmer que Vappareil cir- » culatoire manque ici totalement. » Dans le genre Actéon, M. de Quatrefages donne l'anus comme dorsal et il 0 croit être certain quHl n'y a chez lesActéons ni cœur, ni vaisseau^ » ni organe respiratoire proprement dit (1). » Il y a également un ap- pareil gastro-vasculaire, constitué par deux conduits latéraux, présen- tant chacun une branche antérieure et une branche postérieure; ces branches ont des rameaux pourvus de dilatations ampulliformes (2). Dans VAmphorine, il n'y aurait plus, selon M. de Quatrefages, qu'une bouche, terminée brusquement en arrière, et sur les côtés de laquelle s'ouvre Vappareil gastro-vasculaire, composé de deux sacs, dont cha- cun a son orifice distinct dans la cavité buccale. Ces sacs fournissent de grands ccecums qui pénètrent dans les appendices branchiaux (de Qua- trefages, p. 148) et les remplissent presqu'en entier, -i Je n'ai pu recon- » naître la moindre trace d'ouverJ.ure postérieure à Tappareil digestif, » dit M. de Quatrefages ; je suis donc certain que la masse buccale se ter- » mine en arrière, comme je l'ai dit plus haut (3). » « Je suis donc très- » porté à croire que l'Amphorine n'a pas d'anus, et que les résidus de la » digestion sont rejetés par la bouche (4). » Chez les Pavois « le pylore est fort étroit et donne immédiatement dans » un sac unique à parois épaisses et peu transparentes qui occupe pres- » que toute la cavité abdominale, et remonte d'arrière en avant des deux » côtés, jusqu'à la hauteur de l'œsophage. Il m'a été impossible de re- » connaître la moindre trace de communication entre ce grand sac intes- » tinal et les téguments, et je suis très-porté à croire que chez les Pavois » comme chez l'Amphorine, il n'existe pas d'anus (5). Cet appareil ne pré- » sente que des boursouflures, mais pas de cœcums véritables. » (1) De Quatrefages, toc. cit., 1844, p. 142. (2) P. 141. (3) Loe. ct(., p. 148. (4) Loc. cit. y même page. (5) Mém. cité, 1844, p. 153. 32 Chez les Chalides, « l'œsophage aboutit à un sac intestinal formé de » deux grandes poches allongées qui s'étendent de chaque côté, d'une ex- » trémité à l'autre de la cavité abdominale, et sont réunies sur la ligne » médiane par un boyau court- et gros en communication avec l'œsophage. » Ici, non plus que chez les pavoi?, je n'ai pu découvrir d'anus (1). » Voilà les faits extraits textuellement du mémoire de M. de Quatrefages ; en voici maintenant les conclusions générales tirées textuellement du même travail (2) : « Les Mollusques dont je viens de faire l'histoire me » semblent mériter toute l'attention des zoologistes. Voisins d'animaux » que tous les naturalistes placent dans la classe des Gastéropodes, nous » les voyons conserver le caractère extérieur d'où est tiré le nom de » ce grand groupe ; mais en même temps nous voyons leur organisa- » tion s'écarter de telle sorte du type primitif, que les principaux ap- » pareils de la vie se modifient profondément, et que deux de ceux » qu'on regarde généralement comme essentiels à l'embranchement dis- r> paraissent complètement. » «Dans l'Éolidine, l'iippareil circulatoire se réduit à un cœur et des ar- » tares : les veines disparaissent, et avec elles les organes respiratoires • proprement dits. Ils sont suppléés par un tube intestinal qui. n'est » plus chargé seulement d'extraire des aliments un chyle propre à enri- » chir de nouveau le sang appauvri, mais qui doit, en outre, faire subir » au produit de la digestion un degré de plus de préparation et le sou- » mettre immédiatement au contact de l'air; les organes de la digestion » sont donc chargés en partie des fonctions respiratoires. Dans la Zéphy- » rine, dans les Actéons et l'Actéonie, le cœur (qui dans rÉolidine ne » remplissait plus que les fonctions d'un agent de mélange) disparaît et » entraîne avec lui le reste de l'appareil circulatoire. Le tube digestif se » ramifie encore plus que dans l'éolidine ; il présente des mouvements n qui rappellent les pulsations du cœur. Les fonctions de la respiration « semblent lui être entièrement dévolues ; mais probablement que déjà la » peau acquiert, sous ce rapport, une grande importance, et que la res- » piration n'est pas localisée uniquement dans les cirrhes branchiaux. » Dans l'Amphorine, nous voyons ces ramificaiions diminuer de nombre p enaugmentantde volume, disposition qui doit entraîner une plus grande (1) Loc.cit.,^. 156. (2) Mém.cité, 1884, p. 16^ 33 » participa lion dp la peau aux actes respiratoire?, mais il existe encore » des appendices extérieurs dans lesquels pénètre l'intestin, et quel que » soit le rôle que jouent les téguments, cette fonction ne leur appartient » pas encore en entier. Enfin, dans les Pavois et les Chalides, tout appen- » dice extérieur disparaît : l'intestin semble se concentrer en une ou deux » grandes poches; il en revient probablement à n'agir que très-secondai- » rement dans la respiration, et la peau seule reste chargée de cette im- » portante fonction. Ainsi , le fait qui domine dans les modifications qu'a B éprouvées le type des Gastéropodes pour donner naissance aux Mol- » lusques que nous venons d'examiner, c'est le transport des fonctions » respiratoires aux organes d'alimentation et aux téguments, c'est-à-dire » qu'une fonction qui, chez les Gastéropodes ordinaires, s'exécute à l'aida » d'appareils spéciaux, s'ajoute ici à celles dont sont déjà chargés d'autres » organes. » Passant ensuite plus directement aux considérations d'affinités zoolo- giques, M. de Quatrefages dit (1) : « Les Éolidines, les Calliopées, les » Zéphyrines, etc., sont si bien des Mollusques gastéropodes par leurs » formes extérieures, que tous les naturalistes les ont rapportées à ce » grand groupe. On aurait certainement assigné la même place aux Pavois » et aux Chalides ; cependant les caractères anatomiques de ces ani- » maux les excluent non-seulement de la classe des Gastéropodes, mais » encore de V embranchement des Mollusques. » Nous avons vu que les caractères nouveaux résultaient de la dispari- » tion des appareils circulatoire et respiratoire, de la diffusion du liquide » dans la cavité générale, du transport des fonctions de respiration aux » organes digestif et cutané. Nous devons donc, d'après ce qui précède, » regarder nos animaux , non pas comme formant une classe et un em- » branchement distincts, mais seulement comme des Mollusques gas- » téropodes dégradés, c'est-à-dire des Gastéropodes inférieurs, » £n conséquence, M. de Quatrefages s'appuyant sur tous ces prétendus faits anatomiques, réunit ces mollusques dans un ordre particulier de la classe des Gastéropodes et propose le nom de phlébentéres {phleben- terata. De Q.) , mot que nous voyons apparaître pour la première fois (2). (1) Mcm. cité, 1844, p. 168. (2) De Quatrefages : Sur les phlébentéres ; mém. cité des Ann. des Se. nat., 1844, t. I, p. 1C9. 3 Tous ces faits paraissent assez nets pour qu'il les formule par un tableau des familles et des genres de cet ordre nouveau qu'il vient de créer ; con- séquence zoologique nécessaire des faits analomiques précédents qui le» caractérisent et les mettent en relief de la manière la plus saillante. « Nous pouvons, dit-il (p. 169), établir deux familles bien distinctes de » l'ordre des phlébenlérés. Dans l'une, les fonctions respiratoires sont » exercées au moins en grande partie par Vintestin ; dans l'autre, ce » sont les téguments seuls qui en sont chargés. Ces différences physiolo- » giques se traduisent au dehors par des caractères tranchés. Le tube di- » geslif des animaux appartenant à la première famille est plus ou moine » ramifié, et ses divisions se prolongent en cœcums dans des appendices » extérieurs de nombre et de formes variables. L'intestin des animaux ap- » parlenantà la seconde famille est, au contraire, fort simple : il consiste » en un petit nombre de grandes poches contenues dans la cavité abdomi- » noie, et il n'y a plus d'appendices extérieurs. De là les noms d'EwrÉ- » ROBRANCHES {enterobroncMata) et de dermobranches {dermobran- » chiatà) que je propose pour ces deux groupes secondaires. » Quant à l'ordre des plébenthérés, il est caractérisé par l'auteur en ces termes : « Mollusques gastéropodes à circulation imparfaite ou nulle, privés d'organes respiratoires proprement dits (1). Ainsi, vous le voyez, phlébentérés veut dire circulation imparfaite ou nulle , intestin ramifié avec prolongements de cœcums dans les appen- dices dorsaux, ou bien sans cœcums et alors l'intestin est disposé en po- ches contenues dans la cavité abdominale. Avec tout cela pas d'organes respiratoires proprement dits, car les appendices dorsaux ne soivt plus appelés des branchies, fait qu'il faut mettre en relief. § XVII. — Viennent ensuite, avec une nouvelle insistance, les diverses considérations sur les rapports entre les mollusques et les méduses d'une part, les annelés de l'autre, « Sans répéter ce que j'ai dit à^ cet égard , ajoute M. de Quatrefages » (p. 473), j'ajouterai que les points de ressemblance se multiplient par n suite des nouveaux faits que je viens d'exposer. L'estomac aveugle des » Zéphyrines, des Jctéons, des Jctéonies, d'où partent les ramifications y» intestinales et respiratoires, rappelle exactement ce qui se voit chei » la plupart des Médusaires. La même réflexion s'applique à l'Ampho- (1) De Quatrefages, mém. cité, 1844, p. 171. » riDe, où l'estomac o'existe pas, et où la division de l'intestin commence » dès la masse buccale elle-même « dont la cavité remplit très-probable- ■ ment les fonctions du viscère qui a disparu. » Ce n'est du reste pas sans un certain étonnement qu'après avoir entendu parler de Vesiomac aveugle des Zéphyrines , des Actéom^ des Actéonies (p. i73), on lit, deux pages plus loin, les paragraphes suivants qui terminent le mémoire de M. de Quatrefages. Il dit, en efifet (p. 17M76) : « Dans aucune des considérations précédentes, je n'ai » fait entrer en ligne de compte l^bsence ou la présence de l'anus, non » plus que la position de cet orifice. Bien que je croie être certain qu'il » manque chez les Zéphyrines, et surtout dans les Pavois et les Chalides, je » suis le premier à reconnaître qu'il peut exister quelques doutes à cet » égard. J'ai, en effet, la plus grande difficulté à reconnaître son exis- » tence dans les Actéons, les Actéonies, etc. 11 serait donc très-possible » qu'il m'eût échappé dans les genres que je viens de nommer. En tout » cas, s'il existe, il ne me semble pas possible qu'il s'ouvre ailleurs que » sur la ligne médiane, en arrière du dos, et cette opinion a pour elle l'a- » nalogie. La difficulté extrême d'apercevoir l'orifice anal, alors même » qu'il existe bien réellement; l'impossibilité où je me suis trouvé de dis- » tinguer la portion rectale de l'intestin, nous apprennent au moins que » cette partie du tube digestif doit être d'un très-petit calibre. Nous trou- » vons ici une confirmation de plus des analogies déjà tant de fois signalées » par nous entre les Mollusques phlébenlérés et, les Annelés.» § XVUI. — Tels sont les points essentiels de ce travail , tels sont les points se rapportant de la manière la plus directe à des questions de doc- trine, qui^ présentés à l'Académie des siences (1 ) dans sa séance du 8 jan- vier 4844 , étaient approuvés dans un rapport de M. Milne-Edwards. Ce rapport, lu dans la séance suivante, celle du 15 janvier 4 844 (2), conclut à l'insertion du travail dans le Recueil des mémoires présentés par les SAVANTS ÉTRANGERS A l'académib , conclusioiis qui furent adoptées. Voici les passages de ce rapport qui sont relatifs au sujet dont nous traitons. (i) De Quatrefages, Mémoire sur les phlébestérés. (G. r. des séances de l'A- cadémie des sciences de Paris, 8 janvier 1844, t, XVIlI,p. 13). (2) Milne-Edwards, Rapport sur une série de mém. de M. Armand de Quatre- fages. (C. r. des séances de l'Acad. des se. de Paris, 16 janvier 1844, t. XVIII, p. 67). 36 Dans le genre Ëolidine de M. de Qualrefages, dit M. Milne-Edwards (1), tt il existe un cœur et des artères bien constitués, mais pas de" veines » proprement dites, et le sang ne revient des diverses parties du corps » que par un système de lacunes irrégulières, disposition tout à fait ana- » logue à celle dont les Crustacés nous avaient déjà fourni un exemple. » Enfin, dans d'autres espèces, que M. de Quatrefages a découvertes sur » les côtes de la Bretagne , le cœur et les artères disparaissent à leur » tour; de sorte que la circulation devient des plus incomplètes et res- > semble à celle qu'on aperçoit chez les Bryozoaires. » Ainsi, vous le voyez, plus de doute maintenant, phlébentéré veut bien dire circulation imparfaite ou nulle, puisque, pour le savant académi- cien aussi, le cœur et les artères disparaissent à leur ïourfp. 75) chez quelques-uns de ces animaux. Ainsi voilà des animaux qui, sauf le volume, ne s'éloignent pas essentiellement de la conformation générale des Limaces, sauf les cas oii existent les appendices branchiaux extérieurs qui se trouvent organisés intérieurement comme les derniers des Mollus- ques, comme des Mollusques que beaucoup d'auteurs ne veulent pas en- core regarder comme des Malacozoaires et maintiennent encore dans la classe des Polypes. On se demande, en lisant ces lignes, si Cuvier, qui di- sait, avec tous les analomistes antérieurs : il est évident que Vharmonie convenable entre les organes qui agissent les uns sur les autres est une condition nécessaire de l'existence de l'être auquel ils appartiennent (2) , eût pu reconnaître là les paroles de ses disciples. Ainsi, voilà des animaux Mollusques gastéropodes extérieurement qui se trouvent, de la manière la plus inattendue, organisés intérieurement, quant à la circulation, à peu près comme des êtres que M. Milne-Edwards retire de la classe des Polypes , parce qu'ils sont, comme les Mollusques, pourvus d'un intestin possédant un anus latéral, et ont un cœur tubuleux, doué de contractions vermicu- laires. Voilà des Mollusques gastéropodes, dont quelques-uns se trouveraient même dépourvus d'anus, tandis que les tous derniers mollusques en ont un qui sert à les classer. Mais, du reste, les derniers passages du mémoire sur les phlébentérés nous montrent, contrairement aux pages qui les pré- cédaient, que l'absence de cet anus n'est pas très-certaine. Aussi le rap- (1) Loc. cit., 1844, p. 75. (2) Cuvier, Anat. comparée, 2" éJit., t. 1, 1835, p. 50. \ 37 port à l'Académie des sciences n'en fait pas mention, et désormais nous n'entendrons parler que fort peu de celte partie importante du tube diges- tif. Voici en effet en quels termes continue M. Milne-Edwards (1) • « Ces modifications de l'appareil circulatoire entraînent pour ainsi dire • à leur suite une dégradation correspondante dans la structure des orga- » nés de la respiration. Chez les Mollusques ordinaires, les rapports entre » l'air et le fluide nourricier s'établissent par l'intermédiaire d'un réseau » de vaisseaux capillaires très-développés et disposés de manière à con- » slituer des branchies on des poches pulmonaires. « Dans les Gastéropodes, dont M. de Qiiatrefages a fait connaître la » structure , il n'existe rien de semblable : tantôt la respiration est sim- » plement cutanée et paraît s'exercer par tous les points de la surface du » corps; tantôt, au contraire, elle paraît être plus ou moins complètement » localisée et devenir l'apanage d'appendices particuliers qui recouvrent » le dos de l'animal ; mais lors même que celte concentration du travail » respiratoire est portée à ?on plus haut degré, il n'existe aucun réseau » vasculaire semblable à celui dont les branchies ordinaires sont compo- » sées, et la nature supplée à l'absence de ces vaisseaux en introdui- » sont dans l'économie une combinaison organique que jusque dans » ces derniers temps l'on croyait appartenir exclusivement aux Mé- » duses et à divers Helminthes. En effet, la cavité digestive donne » alors naissance à un système de canaux dont les rameaux pénètrent » dans les appendices branchiformes du dos de l'animal, et y portent » DIRECTEMENT LES MATIÈRES NUTRITIVES QUI, APRÈS Y AVOIR SUBI L'iN- > FLUENCE DE L'aIR, DOIVENT SE DISTRIBUER DANS LES DIFFÉRENTES PAR- » TIES DU CORPS et y servir à Ventretien de la vie. » - Il s'agit, dans ce travail, de questions de doctrine tellement importan- tes , et les doctrines se manifestent d'une manière si intime par les ex- pressions du langage qu'il est très-important de remarquer le passage» ci- dessus. Il se rapporte, en effet, directement à l'idée de laquelle dérivent tous les autres pointa de la question. Vous le voyez, la nature supplée à V absence de vaisseaux par l'appareil gastro-vasculaire. Celui-ci est formé par un système de canaux dont les rameaux pénètrent dans les appendices branchiformes du dos de l'animal et y portent directement les matières nutritives qui, après y avoir subi l'influence de l'air, doi- .1 Milne-Kfiuniils, iHppoil (ilc, iSn, p. 7; 38 vent se distribuer dans le corps et y servir à V entretien de la vie. Voilà qui esltexluel, caractéristique et ne saurait laisser de doute. Il n'y a pas deux manières d'interpréter les attributions physiologiques que l'on donne à cet appareil. C'est la nature qui supplée par lui à l'absence de vaisseaux ; il porte directement les matières nutritives dans les appendices branchi- formes, où elles subissent le contact de l'air et de là vont servir à l'entre- tien de la vie, en se distribuant dans le corps. Il n'est même pas question là du foie que M. de Quatrefages a pourtant exactement décrit comme formant une couche ou des amas granuleux à la surface des poches gastro- vasculaires ou des cœcuras qui vont dans les branchies. Aussi l'appareil ûev'ienl vasculo-gastrique. M- Milne-Edwards continue en ceS termes (1): a Ce système vasculo- gastrique, dont j'avais déjà signalé l'existence dans » un Éolidien des côtes de Nice, a été étudié d'une manière plus appro- » fondie par M. de Quatrefages ; il paraît atteindre son plus haut degré dà » développement chez les Gastéropodes que cet observateur habile a dé- » signés sous le nom d'Éolidine; mais chez d'autres Mollusques, con- » struits d'ailleurs sur le même plan général, cet appareil se dégrade à » son tour, et quelques-unes des formes qu'il affecte rappellent tout à fait » la disposition de la cavité digesiive chez certaines'Sangsues et chez di- » verses Planariées. Dans les genres Pavois et Chalide, par exemple, M. de » Quatrefages n'a plus trouvé d'appendices rameux en communication » avec la cavité digestive, mais seulement deux grandes poches dans l'in- > térieur desquelles les matières alimentaires pénètrent et séjournent » pendant quelque temps. » Il n'est pas question de la manière dont elles sortent; aptes avoir dit quelques mots du système nerveux, le savant rapporteur continue ainsi (1) : « Des particularités d'organisation de cette importance doivent néces- » sairementêlrc représentées dans nos méthodes naturelles. Aussi M. de » Quatretages a-t-il été conduit, par les recherches anatomiques dont nous ^» venons cie rendre conipte, à proposer un ordre nouveau dans la classe » des Gastéropodes. Ce groupe, que notre auteur désigne sous le nom de î» Phlébenlérés, pour rcppeler l'un des traits les plus saillants du type » ordinique, a beaucoup d'analogie avec la division des Polybranches pré- (1) Milne-Edwards, rapport cité, 1844, p. 1b. (2) Loe. ciU, p. 76. » eédemment établie par M. deBlainville; mais en est différent sous plu- • sieurs rapports et se compose déjà de plusieurs familles distinctes. Le » genre Acléon, que l'on avait jusqu'à présent confondu avec les Aply- » liens, doit y prendre place, et, suivant toute probabilité, il faudra éga- » lement y faire entrer les Glaucus, les Placobranches et tous les autres » Gastéropodes qui sont dépourvus de branchies vasculaires; enûn cer- » taines Planaires viendront peut-être s'y rattacher. » « Les recherches de M. de Quatrefages sur les Gastéropodes phlében- » térés conduisent, comme on le voit, à des résultats fort importants pour » l'histoire des Mollusques ; et parmi les travaux dont la zoologie fut en- » richie depuis quelques années, il n'en est peut-être aucun qui renferme, » un nombre aussi considérable de faits nouveaux et curieux. » Il ne faut donc pas être étonné, aprèscetle approbation, de voir les con- clusions du rapport adoptées et adoptée aussi la proposition additionnelle concernant l'importance qu'il y aurait à faire sur les phlébenlérés de la Méditerranée des recherches analogues à celles dont On vient de voir indiqués les principaux résultats. § XIX. D'après cela, l'institution des lois zoologiques, qui n'ont ja- mais cessé de se trouver exactes quand la forme et la situation des par- ties extérieures n'a pas été étudiée trop superGciellement, semble devoir être impossible dans beaucoup de cas. Arrivés à ce point, l'on craint de voir l'anatomie ne plus conduire à conclure par analogie de la forme extérieure d'un animal à la conformati^o intérieure d'un autre qui lui est analogue extérieurement. Mais surtout la Zoologie ne pourra plus (par une réaction si fréquente et si utile dans les sciences qui se tou- chent sans se confondre), la Zoologie, dis-je, ne pourra plus réagir salutairement sur l'anatomie pour la conduire à donner plus d'homo- généité et d'intimité aux relations purement analomiques et physio- logiques, que les Anatomistes doivent toujours tendre à établir entre la structure interne, d'une part, puis la structure et les actes exté- rieurs, accessibles à nos sens, d'autre part. L'Analomie absorbe la Zoologie; l'on appuie jainsi, implicitement, les prétendus principes des auteurs qui pensent qu'on ne saurait établir de distinction entre la Zoologie et l'Anatomie ; de ceux qui, pour établir des genres et des familles, se plaisent à puiser les caractères dislinctifs dans la forme , le volume et autres carac:ères du système nerveux central, de l'intes- tin, etc., parce que ces organes présentent des différences d'une espèce, d'un genre , d'une famille à l'autre. Pour classer un animal donc , vous ùo commencerez par le disséquer ; le mot entero-brancMqta\ous l'in- dique, car il faudra que vous alliez voir si cet animal a une portion de l'intestin dans ses branchies. §XX. — Dès la fin du mois de juin delà même année 1844,M.deQuatre- fages remplissant sa mission écrivait de Sicile une lettre insérée dans les Comptes rendus de l'Académie des sciences, numéro du 15 juill. 1844 (1). Dans cette lettre M. de Quatrefages dit en parlant des phlébenlérés : « Plus » heureuxque je n'aurais osé l'espérer, j'en ai recueilli vingt-et-une espèces » nouvelles, dont un petit nombre seulement rentrera dans les genres con- » nus. Toutes ces espèces ont été étudiées par moi dans les plus grands dé- » tails, et je possède l'anatomie complète de presque toutes. En présentant » à l'Académie quelques-uns des principaux résultats auxquels je suis » parvenu, j'ajouterai que M. Milne-Edvi^ards, avec qui je parcours les côtes » de la Sicile, a bien voulu vérifier mes observations. » (P. 190.) Vient ensuite la description générale de l'intestin. L'anus est toujours dorsal, tantôt sur la ligne médiane, tantôt à droite de cette ligne. Le foie est représenté, « chez lesEnlérobranches, par les masses glandulaires qui » entourent les cœcums branchiaux, et chez les Dermobranches par la » membrane granuleuse qui fait partie des parois des grandes poches in- «testinales. »(P. 190.) A l'appareil digestif et à chacun des autres appareils est destiné, dans celle lettre, un paragraphe spécial. Or, à l'appareil gastro-vasculaire est destiné un paragraphe particulier au même titre qu'au digestif, qu'au circulatoire, qu'à celui de la génération, etc.. Sa description ne présente rien de nouveau, que l'insistance avec laquelle l'auteur montre que chez l'Acléon les rameaux des troncs gaslro-vasculaires vont tapisser toute la surface du corps. (P. 491.) « IIL appareil circulatoire. Cet appareil n'existe pas, même à l'état D rudimentaire , chez ir PLrs GiIAnd nombre des phlébentérés. Dans une » grande espèce j'ai trouvé un cœur et des artères présentant la disposi- » tion que j'ai décrite chez l'Éolidine paradoxale. Dans quelques autres » espèces, le cœur existait seul ; toute trace de système vasculaire avait «disparu. » (P. 191). «IV. Caractères extérieurs. Par l'ensemble de leurs caractères exté- » rieurs, les mollusques dont nous parlons rappellent les Gastéropodes » ■ — ■ — ■ — (1) De Quatrefages, Sdr les mollusques gastéropodes. (C. r. des séances de l'Acad. des sciencea de Paris, 1844, t. ,X1X, p. 190-193). (li M nudibrancnes. Ils s'en distinguent par la tendance à la symétrie binaire » latérale des organes extérieurs, et à la répétition en série longitudinale » de ces mêmes organes. » (P. 192.) Voici maintenant les conclusions de ce travail : qu'une portion des parois des poches gastro-vasculaires abdominales. » Chez aucun phlébentéré le foie n'existe comme organe distinct. Dans » l'embranchement des mollusques, le caractère anatomique appartient, » jusqu'à présent, exclusivement au groupe dont non» parlons. » i,P. 192. ) U2 « 5« L'appareil reproducteur est toujours asymétrique chez les phlé- » bentérés. A cette exception près, les organes tant internes qu'externes, B présentent une symétrie latérale binaire, qui serait entière si l'anus ne » se portait quelquefois à droite de la ligne médiane. Ceux de ces mollus- » ques qui possèdent des organes extérieurs multiples tendent en outre à » les répéter en série longitudinale. Ces deux tendances rapprochent les » phlébentérés du type des animaux annelés. Remarquons ici que parmi » les gastéropodes médibranches, il en est qui rappellent les phlébentérés » par la disposition symétrique de certains organes extérieurs. Les quel- » ques 'espèces qui, sous ce rapport, présentent de l'analogie avec nos » mollusques, s'en rapprochent en outre quelquefois par leur organisa- » tion intérieure. Ce sont des termes de transition destinés à rattacher » Tune à l'autre deux séries d'ailleurs parfaitement distinctes. » (P. 193). § XXL Ainsi, messieurs, vous le voyez, l'appareil gastro-vasculairô existe partout, il est très-développé, soit sous forme de sacs remplissant l'abdomen , soit sous forme de ramifications distribuées dans les tissus; l'appareil circulatoire se simplifie progressivement jusqu'à son anni' hilation complète,- nucun phlébentéré ne possède de veines, le cœur et les artères mêmes disparaissent dans le plus grand nombre. La^fone- iion de digestion se confond pour ainsi dire avec celles de la respira- tion et de la circulation. C'est là le caractère dominateur du groupe. Voilà des phrases textuelles (p. 492) qui ne laissent pas de doute à l'es- prit; rien de plus clair, et M. Milne-Edwards a bien voulu vérifier ces observations. (P. 190.) En voyant un pareil appui, avec des garanties telles, il ne faut pas être étonné de voir la question grandir et bientôt prendre des proportions considérables. Sous de pareilles impulsions, elle arrive rapidement à son apogée. La plupart des savants s'en émeuvent. Ceux qui, à l'exemple de M. de Blainville, étaient pourvus d'une doctrine susceptible d'embrasser l'ensemble des faits anatomiques, et de les relier scientifiquement à l'ensemble des faits zoologiques, ceux-là se contentent de laisser passer la question; ils la jugent à priori, comme étrange en elle-même, contraire au bon sens et perversible pour tout ce qu'on a pu apprendre jusqu'à ce jour. D'autres, imbus des principes reconnus vrais jusqu'à ce jour, de la corrélation intime des appareils profonds entre eux, de ceux-ci avec les organes superficiels, mais moins au courant de l'étude de ces êtres, nient, mais avec doute, ou restent dans l'inquiétude. La différence réelle qui sépare la manière d'étudier les êtres les plus simples des êtres complexes, différence en rapport avec la nature plus délicate 43 des tissus, exagérée par les fauteurs des doctrines contraires, au point de sembler exiger une nouvelle spécialité d'analomistes, devient un argu- ment qui paraît devoir écraser toute réplique, et réduit au silence qui- conque n'a vu de lui-même en quoi elle consiste positivement. La coordination des faits anatomiques et zoologiques existant avait, jusqu'à ce jour, fait progresser la Biologie aussi régulièrement que toutes les sciences inorganiques, quoique plus lentement, vu le plus grand nom- bre des difiBcultés et le champ plus vaste aux divagations métaphysiques de toute sorte auxquelles peuvent donner lieu les phénomènes vitaux. Malgré cela, divers savants, loin de rester dans le doute et l'indifTérence, loin de reconnaître qu'il doit y avoir quelques modifications à apporter dansces idées qui viennent changer toutàcoup lesfaits admis sans les rem- placer par quelque chose de plus méthodique, les admettent sans répu- gnance. En cela, zoologistes comme anatomistes omettent de tenir compte des véritables principes de doctrine qui reposent sur la notion exacte de la relation des appareils dans un même organisme, et de chaque appareil dans la totalité des êtres. Arrivées à leur apogée, ces idées-là semblaient vraiment devoir modi- fier singulièrement la science, si, par des moyens quelconques, elles eus- sent été soutenues longtemps. Elle eût au moins été retardée quelque temps dans ses progrès par la direction de toutes les idées sur un seul point, si des anatomistes et zoologistes dépourvus d'opinions préconçues, n'é- taient venus replacer les choses sur le terrain de la réalité, en montrant où résidait la cause d« I a déviation. § XXII. Nous allos« /oir, sous leur influence, se manifester une nou- velle période. Des discussions s'étiiblissent, et les faits, faits si nettement articulés, vont décroître en précision, et ce changement se manifeste au- tant sur les faits anatomiques et zoologiques eux-mêmes que sur les hypo- thèses qu'on voulait soutenir à leur aide. Ici les difiBcultés augmentent et pour le rapporteur et pour le lecteur, les publications se multiplient, roulant toujours sur les mêmes faits, mais avec des interprétations diverses. Il est tout naturel que, croyant encore à une partie des faits signalés plus haut et voyant les autres ren- versés, mais remplacés par d'autres plus réels, les auteurs cherchent à défendre ceux qui restent. Ils cherchent au moins à défendre et sauver les débris des idées auxquelles ils servaient de point d'appui, mais pour- tant qui décroissent insensiblement, avec les faits soit mal décrits, soit positifs, mais mal interprétés, qui leur servent de soutien. Ici alors se mêlent dans la discussion des interprétations diverses sou- vent réellement obscures et vagues, dans lesquelles des comparaisons de tout genre interviennent. Ainsi, par exemple, de ce que les Mollusques ont un appareil gastro-vasculaire comme les Méduses, on en conclut que les Méduses sont de tous les animaux les plus phlébentérés; car tout animal qui a des cœcums ou dilatations unilatérales de l'intestin devient phlébentéré. Mais comment soutenir une pareille opinion, s'il est démon- tré que ce qu'qn appelle des prolongements de l'intestin chez ces Mollus- ques n'est rien autre que des canaux biliaires plus larges que chez les Mollusques voisins, et pouvant, à cause de cela, se laisser parcourir par les aliments ; mais qui, par leurs insertions, ramifications et rapports avec les éléments du foie, restent analogues à ceux qui sont trop étroits pour cela? Ici donc ces interprétations peuvent jeter le trouble et la confusion dans l'esprit de ceux qui ne connaissent pas les fails par eux-mêmes, qui ne les connaissent que par lecture ou par ouï-dire. Ils peuvent même jeter le vague dans l'esprit de ceux qui, les connaissant directement, se laissent aller à oublier un instant les grandes vérilés, moditiables dans les détails, mais invariables au fond depuis Aristote, qui constituent les princi[)es de la science, cl font partie des doctrines scienlifiques positives. Il est important de se maintenir dans la question telle que vous venez de la voir se développer, sans se laisser entraîner par les idées accessoires auxquelles touche à chaque instant la question principale, c'est-à-dire le remplacement d'un ou deux appareils qui disparaissent par un autre qui prend de l'çxtension. § XXIII. Nous avons déjà nommé, en commençant, l'un des animaux que .M. de Quatrefagefs place en tète de ses phlébentérés : c'est l'Eolis cristata ou Janus spinolœ. Nous avons vu que M. DSile Cliiaje avait figuré, en 1842, un organe ramifié pénétrant dans les branchies et s'abou- chant sur les côtés de l'estomac : c'est l'organe que depuis nous avons vu devenir l'appareil gastro-vasculaire de M. Milne-Edwards. Or le texte qui se rapporte à celle planche ne parut qu'en 4 844 : c'est le volume VlU do l'HisToiRE DES ANIMAUX SANS VERTÈBRES du Toyaumo de Naples, pUT blié par M. Délie Chiaje. A cette époque, M. Délie Cliiaje connaissait le mémoire do M. de Quatrefages sur l'éolidine paradoxale, et la noto de M. Milne-Edwards sur ce qu'il appelle Vappareil gastro-vasculaire de lu Calliopée. Sans se laisser influencer par celte singulière détermination, M. Délie Chiaje n'en continue pas moins à considérer col organe comme étant im foie, et rien autre clio?e, délerminalion non encore publiée pourtant, et qu'il lui aurait été facile de changer s"il y eût en doiite pour lui sur la structure et les fonctions do l'organe, Voici en eftel ce qu'il dit en 4 844, t. VIII, p. 9, à propos de VEolis cristata : « La singulière disposition de l'appareil hépatique entre les lamelles » branchiales fut indiquée par moi dans la Pleurophyllidie en 1823 [loc. » cit.), mieux examinée par Meckel en 1826 {loc. cit.), puis amplement » démontrée. » (Ici Délie Chiaje renvoie au passage publié en 1841, que nous avons cité plus haut.) « Cette disposition singulière ne m'avait pas » échappé dans les Eolides de Cuvier^ annelicorne, Pellegrina, et dans » les cirrhes de celle-ci, comme déjà cela était connu par Cavolini. Mjlne- > Edwards l'appelle gaslro-vasculaire dans la Calliopée, et il a été mer- » veilleusement figuré par de Quatrefages dans VÉolidine. Aux côtés de » l'estomac de VEolide à crête, s'abouchent les deux troncs hépatiques » linéaires, d'un jaune brunâtre, dérivés d'un canal droit latéral et d'un » autre gauche identique, étendu de la partie antérieure des corps jus- » qu'à la queue, où ils s'unissent; sans parler d'un rameau anastomotique » transverse placé au-dessus de l'anus. Exlérieureirient tout vase hépa- » tique a une série de petits canalicules ; chacun se subdivise en quatre, » distribués à la petite lamelle correspondante, et ils finissent en se rami- » fiant dithotomiquement. Le petit tronc du cœcum dorsal, qui apparaît » impair dans l'extrémité de la queue, communique au milieu de chacun » des arcs des cirrhes de VEolide napolitaine, et de pareils petits ra- » meaux hépatiques s'y abouchent, comme aussi ceux qui arrivent des » côtés du pied communiquent dans le conduit hépatique, déjà mentionné, » des arcs des cirrhes. » A la convexité de ces arcs, se terminent les petits conduits pinnatî- » fides des cirrhes, et divers autres minces ramicelles de leur concavité. » Il est bon d'avertir que, dans le conduit du seul premier arc, s'abou- » che un gros tronc biparti, dont le rameau inférieur recueille lesramus- » cules du pied, et le supérieur celui des tentacules fron'.aux et cervicaux, » outre le réseau cutané admirable dont est brodée la région antérieure » du corps, et se répand au delà de la poche cardiaque. En raison de » l'existence d'un canal particulier, la bile est portée dans l'œsophage. » Le foie est simplement tubulo-granuleux dans les Eolis pellegrina et » laciniata. » (Délie Chiaje, p. 10.) Dans l'explication des planches, Délie Chiaje n'a pas plus de doute sur l'interprétation de ces conduits ramifiés, comme étant un foie disposé en ramifications. A part les mots cités plus haut sur M. Milne-Edwards et f N^i' 46 M. de Quatrefages, il ne fait plus mention de leur détermination du même organe comme appareil gastro-vasculaire. Sans se livrer à aucune hy- pothèse, il décrit l'organe , et d'après son analogie avec le foie d'autres Mollusques (Pleurophyllidjes), d'après la couleur du tissu, si caractéris- tique partout où on rencontre les éléments du foie, même réduit à une couche de cellules hépatiques, il détermine l'organe comme étant un foie. A la page 11, 1844, explication delà pi. 73, il montre « V appareil hé- patique gracieusement éparpillé sur les parties déjà citées; avec la pre- mière ramification branchiale, s'ahouchant dans l'œsophage par le con- duit signalé plus haut. » Pour1'£'o/is pellegrina, il dit : « 49 d est le cirrhe dorsal isolé, avec son canal hépatique. Vour Veolis laciniata, il dit : 29 c est le cirrhe dorsal grossi, contenant un groupe de corpus- cules a, outre Vappareil hépatique. » Nous avons cité ce passage du naturaliste italien, avant tous les tra- vaux sur ce sujet publiés en 1844, pour faire sentir que, avant de con- naître l'extension singulière donnée plus tard aux déductions tirées d'une vicieuse détermination du foie, un anatomiste a pu ne pas se laisser in- fluencer par l'idée d'appareil gastro-vasculaire. Éloigné du lieu de la discussion, et sans connaître les doutes qui se répandaient alors sur ce prétendu appareil, il a pu rester dans le vrai en se guidant sur l'analo- gie, et ne voir là qu'un foie d'une disposition particulière, mais non sans analogue. § XXIV. Du reste, dès le mois d'octobre 1843, MM. Aider et Han- cock montrèrent que l'anus de YEolidine paradoxale n'est pas situé sur la ligne médiane du corps , au bout du vaisseau central de l'appareil gastro-vasculaire, mais qu'il a la même place que dans les autres genres, c'est-à-dire sur le côté. Ils pensent que cet animal ne doit pas former un genre à part, mais doit indubitablement être considéré comme apparte- nant au genre Éolis{\). Nul fait n'est venu depuis lors contredire ce qu'avancent ces auteurs, et M. de Quatrefages, qui, à la fin de la publication de son mémoire sur les phlébentérés, connaissait ce tra- vail, n'a fait que demander s'ils n'avaient pas pris l'orifice génital pour l'anus, supposition que rien n'est venu vérifier, ainsi que nous le verrons. Au mois d'août de l'année 1844, en même temps que M. Souleyet, dont (1) Aider et Hancock, Notice of a British speciebof CiOUOPiEA. (Anm. amo Bagazime of nat. ustort, 1843, yol. XII, p. 238. 47 nous allons analyser les travaux, MM. Aider et Hancock publient un nou- veau travail sur le genre Éolidine (i). Ils montrent d'obord que ce n'est pas un genre nouveau dont l'animal doit être le type ; car il n'est rien autre qu'une Éolis observée imparfaitement. Ils montrent qu'il a pris la bouche pour l'estomac; puis, parlant de l'intestin, ils font allusion au passage suivant de M. de Qualrefages (Mémoihe sur l'éolidine pa- BADOXALE, 4843, p. 306 et 307), dans lequel ce naturaliste dit : < Je pense que, comme chez certains Radiaires, tels que les Edwarsies, il se fait chez l'Éolidine un premier départ des aliments, dans lequel les par- ties les plus grossières restent dans le bulbe stomacal pour être rejetées au dehors; mais de plus il me paraît probable qu'il s'en fait un second à l'extrémité des cœcums intestinaux. En effet, le liquide qui remplit la cavité de l'organe ovoïde (plus tard reconnu par M. de Qualrefages (2) pour un organe stylifère) ne renferme jamais aucun corpuscule flottant. » « Ce corps ovoïde , dont les fondions paraissent d'abord assez énig- » matiques , ne recevrait donc que la portion la plus épurée en quelque » sorte des liquides de la digestion. Si maintenant nous observons, en » outre, que son tissu , d'un aspect essentiellement spongieux , est , selon » toute apparence, composé d'un véritable lacis de canalicules exccssi- » vement déliés , ne serons-nous pas portés à le considérerco mme chargé p de prendre dans les produits de la digestion les matériaux propres à » être versés dans le torrent de la circulation? Si cette manière de voir » est exacte, cet organe représenterait à la fois les ramifications veineuses » et les vaisseaux chylifères, qui, chez les animaux supérieurs, con- » courent à l'absorption des principes alibiles renfermés dans les ali- » menls; mais placé immédiatement entre les organes de la digestion et- » le système de lacunes qui représente ici les veines des vertébrés, ce se- » rait à l'appareil chylifère abdominal qu'on devrait surtout l'assimiler. » (P. 307. 4843.) C'est à propos de ces paragraphes et de la terminaison de l'intestin, que les savants anglais s'expriment de la manière suiviip.te (page 127) : Comment donc M. de Qualrefages considère-t-il que les excréments sont disposés dans rÉolidine? Si nous le comprenons bien , il a recours à l'idée qu'ils sont vidés de nouveau par la bouche comme dans quelques- (1) Aider et Hancock, Re.hark3 on the genos eolidima, of M. de Qualrefages (même recueil, août 1844, p. 126 et soiv.). (2) Comptes rendus, 1844. /|8 uns des Radiaires et des Zoophytes; une telle supposition n'est-elle paâ contraire à toute analogie dans un animal aussi élevé en organisation que ce Mollusque? et si cela n'est pas , nous demanderons s'il n'est pas beau- coup plus probable que M. de Quatrefages a mal vu le véritable intestin et l'anus , lesquels , vu la petitesse du sujet et la délicatesse de ses tissus, sont difficiles à découvrir, que de supposer l'existence d'une telle ano- malie dans l'organisation; » Enfin , ils terminent leur travail en disant que M. de Quatrefages s'est trop hâté en considérant les caractères des Mollusques dont il parle comme dégradés. Nous croyons , disent-ils, qu'il est aussi dans r erreur lorsqu'il est encore conduit à nier Vexistence du cœur et des vaisseaux dans la Zéphyrine. (P. 129.) § XXV. La même année 1844, M. Souleyel vint montrer que les faits admis par M. de Quatrefages étaient loin d'être tous vrais (1). Il montre que dans VEolide de Cuvier, espèce appartenant à l'un des genres des phlébenlérés, il existe un cœur et une oreillette comme dans les autres Mollusques. 11 montre qu'il existe des vaisseaux qui se rendent des bran- chies dans l'oreillette, sans que jamais le sang se répande dans la cavité du corps pendant ce trajet : autant de faits que votre commission a vérifiés. « Il est encore possible, dit M. Souleyet (p. 357) , par un examen très- » attentif, de reconnaître les petits vaisseaux veineux qui des viscères » et surtout de l'ovaire se rendent dans l'enveloppe extérieure. Mais » je crois devoir rappeler aussi que , dans la plupart des Mollusques , » le système veineux est beaucoup moins apparent que le système » artériel» et qu'il arrive assez souvent, comme l'a indiqué M. de » Blainville dans son Traité de malacologie , que les parois des vais- » seaux veineux, déjà extrêmement minces, se confondent en outre tel- » lement avec le tissu des parties , qu'il devient très-difficile de les recon- > naître ; le plus souvent alors ces vaisseaux veineux ne prennent » Vapparence de vaisseaux bien distincts que dans les gros troncs qui » se rendent aux organes respialoires lorsque ceux-ci sont bien cir- » conscrits. Mais si ces organes n'offrent pas ce caractère (d'être bien cir- » conscrits), comme cela a lieu évidenmienl chez les Eolides. le système » veineux présentera nécessairement une diffusion analogue. » (I) Souleyet, Observât, sur les moll. gastérop. désignés sods le .nom de phlé-^ BENTÉi\É3 PAR M. DE QuATREFAGES (C. r. des séances de l'Acad. des se. de Paris, a844, t. XIX, p. 355). U9 Ainsi voilà déjà une espèce dans laquelle il n'y a pas de simplification de l'appareil circulatoire autre que les particularités offertes par tous les Mollusques. M. Souleyet montre en outre par la disposition do l'appareil que l'on a appelé gastro-vasculaire , et par l'analogie, que c'est simplement un ajh pareil hépatiques ; que ces canaux hépatiques ramifiés doivent être ap- pelés gastro-biliaires , car on les trouve pleins d'une matière épaisse et brunâtre , et ils ont la couleur du foie des autres Mollusques. L'appareil circulatoire existant, on ne doit donc pas se préoccuper de trouver dans l'organisme un organe qui le remplace. Il montre en outre : 1° que M. de Quatrefages s'est trompé en faisant ouvrir ces canaux dans l'intestin ou la cavité buccale, car ils s'ouvrent dans l'estomac ; fait que votre com- mission a constaté sur les pièces de M. Souleyet. De plus , la différence entre la constitution extérieuredes.ffoiîdmes figurée parM.de Quatrefages et celle des Éolis , n'est pas telle qu'il soit imposible de juger analogique- ment de l'anatomie de l'une à celle de l'autre ; en sorte que la comparaison de ses dessins anatomiques aux pièces de M. Souleyet nous a convaincu complètement de l'exactitude de l'aflSrmation de ce dernier touchant l'er- reur dont il vient d'être question. 2"> M. Souleyet montre que l'intestin qui part du côté droit de l'estomac est court et va s'ouvrir au côté droit du corps , près de l'orifice génital ; il fait voir que ce que M. de Quatrefages a pris pour l'intestin n'est autre que le prolongement conique, offert par l'ex- trémité postérieure de l'estomac ; prolongement qui s'avance en s'amincis- santjusqu'auprèsde la terminaisou ducorpsde l'animal, mais que là il n'y a pas d'ouverture. Ces prétendues ramifications latérales , appelés gastro- vasculaires , sont les conduits gastro-hépaliques , qui sont en effet très- larges, surtout au point d'abouchement dans ce prolongement stomacal. Quant au canal marginal , analogue à celui des Méduses , on n'en voit pas trace. Votre commission a également constaté ces faits de la manière la plus nette sur les pièces de M. Souleyet. On peut de plus faire pour eux, en les comparant aux dessins de M. de Quatrefages , le même raisonne- ment que nous venons de faire à propos de l'appareil gastro-hépatique. Quant aux faits piiS en eux-mêmes, on peut les considérer comme par- faitement exacts, et il en est de môme des dessins de M. Souleyet qui les représentent , lesquels portent un cachet de vérité qui ne laisse rien à dé- sirer, et vraiment très-remarquable. M. Souleyet traite ensuite (p. 360) de l'anatomie de l'Actéon vert (Okkn) ou Élysie verte (Risso) , animal dont l'anatomie se trouve faite aussi dans le mémoire de M. deQuatre- 50 fages sur le3 phlébentérés. M. Souleyet montre un système vasculaire analogue à celui des éoHs. Il montre: l^que la poche dorsale, considérée comme l'estomac par M. de Quatrefages, est un organe placé superficiellement dans les téguments du dos de l'animal. De cette poche, partent des ramifications creuses , fai- sant relief au-dessus de la superficie de la peau , et dont les subdivisions arrivent jusqu'au bord du manteau. Il le considère comme un appareil respiratoire aérien , car cet animal n'a pas d'autre organe de rei-piration , et les vaisseaux qui on viennent vont se jeter dans l'oreillette. Cet ap- pareil s'ouvre au dehors par un orifice que présente la poche principale, orifice placé un peu en arrière de l'anus. Les ramifications de cet organe ne communiquent nullement avec des ramifications en cœcum et renflées comme le figure M. de Quatrefages. 11 n'y a d'analogues à ces renflements que les organes vésiculeux ampulliformes que M. Souleyet démontre ap- partenir à l'organe sexuel mâle. 2o II fait voir que l'intestin a échappé à M. de Quatrefages. En effet, l'estomac est très-peli t dans ce mollusque, l'intestin , très-court, va presque directement s'ouvrir au côté droit du corps, et non à l'extrémité postérieure du corps, comme le dit M. de Quatrefages. Il montre de plus qu'il y a deux orifices génitaux et non un seul. Il montre le foie ramifié, distribué dans les parois du corps, sous forme d'une substance verdâtre. Les rami- fications du foie sont très-nombreuses, terminées en cul-de-sac, et vont se jeter dans deux canaux latéraux, lesquels s'abouchent de chaque côté de l'estomac. Ces canaux gastro-hépatiques sont relativement plus étroits que dans les Éolis, et il nous paraît douteux que les aliments y puissent pénétrer régulièrement. Nous avons pu encore constater sur les pièces de M. Souleyet l'exacti- tude de ce qu'il avance, et la vérité de ses planches. Nous pouvons en- core, en comparant les dessins et les descriptions de M. de Quatrefages, répéter le même raisonnement déjà fait à propos pe l'anatomie de l'Éolis. Nous comprenons aussi que M. Souleyet, se basant sur l'anatomie de ces deux animaux comparée à celle publiée par M. de Quatrefages, ait pu dire que les faits signalés par celui-ci dans l'organisation de ces Mollus- ques n'offrent pas un degré de certitude suffisant pour être acceptés. Eq se basant sur l'analogie de ces faits anatomiques avec ceux qu'on connaissait chez les être voisins, la brièveté de leur énoncé eût pu sufiBre i ceux qui continuent à se baser sur les principes toujours admis en ana- tomie et zoologie, et que nul efTort n'a pu encore renverser. Mais il n'en 51 a rien été. Aux faits précédents, M. de Quatrefages répond d'abord sur les questions de principes (1). < ° Il pense que ce n'estpasêtre poussé par une préoccupation systématique que d'admettre ce qu'il appelle une dégradation analogue à celle admise chezlesMoUusquesditsphlébentèrés: « Si l'ensemble du règne animal (2), » dit-il, ne formait qu'une seule série s'étendant par des dégradations » successives, des premiers mammifères aux premiers zoophytes, ce serait » en effet seulement à l'extrémité de cette série que l'on pourrait ren- » contrer des simplifications organiques importantes ; mais il n'ea est pas » ainsi. Le nombre des séries qui composent ce grand ensemble est, au » contraire, assez considérable; chacune des séries porte le cachet d an » à type particulier; chacune d'elles renferme des animaux qui présentent » un haut degré les caractères du type de leur série, et des animaux chez » lesquels le type tend à s'effacer. Presque toutes se dégradent à leur ex- » trémité inférieure. Or, lorsque l'on compare entre elles plusieurs de » ces dernières séries, on reconnaît que la dégradation a toujours lieu par » des moyens semblables ou analogues. » § XXVI. — Est-il question ici des séries parallèles qui ont apporté un si grand perfectionnement dans la classification des auimaux de chaque em- branchement, qui se succèdent depuis les Spongiaires jusqu'aux Verté- brés? C'est ce qu'on ne saurait dire. Quoi qu'il en soit, on se demande, en lisant ces lignes, comment il se fait que depuis le temps où l'on s'est mis à mettre en dou te la complication croissan te de l'organisation , non pas régu- lière mais certainement croissante, à partir des êtres les plus simples jus- qu'à l'homme, l'on ne soit pas encore parvenu à remplacercette idée par une autre plus nette. On se demande comment il se fait que personne n'ait encore établi d'une manière quelconque , même approximative, ce nom- bre assez considérable de séries en lesquelles on veufdécomposer le règne animal. Puisque nos hypothèses ne sont jamais qu'approximatives et ne font que se rapprocher par des degrés successifs de la réalité , qu'elles expriment sans jamais l'atteindre d'une manière absolue, même en As- tronomie , il faudrait au moins, par un essai préalable, montrer à peu près la direction à suivre pour perfectionner l'établissement desséries. (1) De Quatrefages, Réponse aux observations présentées a l'Académie par M. SoDLEYET (Comptes rendus des séances de l'Acad. des se. de Paris, 1844, t. XIX, p. 806). •'■> P. 807. 52 Ne connût-on qu'à dix ou vingt près ce nombre assez considérable de petits règnes animaux en lesquels on veut subdiviser le grand, que ce se- rait déjà un pas important de fait. Cependant, c'est en vain que l'on cher- che un écrit où quelque chose d'analogue se trouve exposé pour l'en- semble des êtres, de manière à donner une idée des êtres vivants, aussi satisfaisante que celle qu'on veut détruire. Évidemment cette idée ne se moule pas, d'une manière absolue , exactement sur tous les faits qu'on rencontre; mais mieux vaut accepter les choses telles qu'elles sont, avec toutes leurs imperfections , que de les renverser sans les remplacer par rien. Quoi que vous fassiez, il faudra toujours reconnaître que l'organisation des Acalèphes est plus simple que celle des Mollusques, et doit être étudiée avant ou après, selon la marche adoptée, puisqu'il en est do même de ceux-ci par rapport aux Articulés, etc., sauf ensuite à disposer, dans cha- que embranchement, en classification parallélique les êtres de chaque classe qui offrent des analogies évidentes , comme les Rongeurs marsu- piaux comparés aux Rongeurs ordinaires, etc.... §XXV1L — M.deQuatrefagesrépond ensuiteàun autre pointdedoctrine soulevé par M. Souleyet et s'exprime ainsi : « En résumé, M. Souleyet paraît » admettre Vunité de la série animale et la constance des groupes ani- I) maux secondaires. J'admets la pluralité des séries et la dégradation » de plusieurs d'entre elles. M. Souleyet semble penser que la forme » extérieure traduit toujours l'organisation intérieure. Je crois, au con- » traire, que, dans une inûnité de cas , la forme générale du corps et » l'organisation intérieure sont parfaitement indépendantes l'une de » de Vautre. » (Page 808.) Voici encore un passage qui n'est pas moine digne de remarque t « Ces » particularités d'organisation isolent-elles tellement les Mollusques phlé- « bentérés, qu'ils soient sans analogues dans le règne animal? Non cer- » tes. Mais il est évident que ce n'est pas dans le groupe dont ils tendent • à s'écarter qu'il faut chercher ces analogies ; c'est dans des groupes > parfois très-éloignés. Ici se présente l'application d'un des principes • que j'ai formulés tout à l'heure. Le phlébentérisme (qu'on me passe » cette expression), est un fait qui se retrouve et dans le règne animal, » considéré dans son ensemble, et dans plusieurs des séries secondaires » ou tertiaires qui concourent à le former. Presque partout nous le vuyons » (fiïncideravec une dégradation manifeste de l'organisme onller; presque » iouiours il coïncide avec la disparulion tolalc ou partielle des or- y (janes uniquement destinés à la respiration; presgue toujours il coin- 63 » cide avec la simplification ou V annihilation complète des organes de » la circulation. » (Page 809.) Voilà un passage remarquable et que nous ne citerions pas si Ton ne re- marquait que la question va s'étendre de plus en plus et devenir moins nette. Du reste, quant à ce qui concerne les Mollusques, il va se trouver qu'on démontre successivement un appareil circulatoire dans tous, et que les mollusques phlébentérés ne sont nullement phlébentérés sous ce rap- port; puis, d'autre part, cet appareil n'est pas plus simplifié que celui des autres Mollusques. N'est-il pas remarquable aussi de voir que ce n'est plus dans le groupe des Mollusques qu'il faut chercher des êtres analogues aux Mollusques, mais dans des groupes parfois très-éloignés? Nous avons déjà signalé ce passage dans lequel M. de Quatrefages, après avoir parlé de l'estomac aveugle des Zéphyrines, des Actéons, fait mention de l'existence possible de l'anus et de cette particularité que la difficulté à le voir indique au moins qu'il est très-petit, ce qui rapproche ces Mollusques des Méduses. Il répond à M. Souleyet, qui fait allusion à ce fait : « En tout cas, ce ne serait pas l'absence d'anus qui m'aurait fait rapprocher les phlébentéréfe des Méduses, mode de raisonnement que me » prête M. Souleyet, puisque, bien loin de manquer d'anus, les Méduses » en ont plusieurs. C'est au contraire en m'appuyant sur ce dernier fait » que j'ai employé le raisonnement diamétralement opposé, à propos do » quelques observations de MM. Aider et Hancock. » (P. 810.) Du reste, nous avons vu tout à l'heure que déjà en Sicile M. de Quatre- fages avait trouvé un anus chez des Mollusques voisins de ceux auxquels il n'en a ni figuré ni décrit dans le mémoire sur les phlébentérés, mais dont il avait pourtant soupçonné l'existence. Les textes contradic- toires que nous avons cités donnent beaucoup trop lieu à discussions in- terminables, pour que nous ne prenions pas note de cette concession, afin de n'y plus revenir. N'oublions pas de signaler aussi que, dans une note de la même page 811 des Comptes rendus, M. de Quatrefages reconnaît avoir, depuis ses premiers travaux, trouvé que l'anus de VÉolidine pa- radoxale est placé non pas sur la ligne médiane, mais bien sur le côté à droite, entre deux rangs de cirrhes branchiaux. Ceci doit, ainsi que vous le voyez, enlever beaucoup de cette symétrie bilatérale à l'animal, et fait nécessairement disparaître celte analogie si souvent signalée avec les Annelés. Pourquoi donc encore cette expression de cirrhes branchiaux, quand on refuse à cet animal des branchies proprement dites? Nous som- mées obligés de tenir compte des expressions, par la raison toute simple 5/i que, dans une discussion où l'on cherche à montrer que des animaux ne sont pas organisés, comme ceux qui leur ressemblent, par la forme exté- rieure, les termes doivent être nets. Autrement le véritable sujet devient insaisissable, et l'incertitude s'étend sur toutes ses parties. M. de Quatrefages montre ensuite qu'il a exactement reconnu que les organes ovoïdes des appendices branchiaux sont perforés à leur extré- mité, comme l'avaient dit MM. Aider et Ancock, ce que M. de Quatrefages ' avait nié, et, à ce propos, il avait été sur le point de penser que ces Mes- sieurs avaient été induits en erreur par trop peu d'habitude de l'observa- tion des animaux inférieurs. On doit cependant à M. de Quatrefages d'a- voir démontré, par une exploration difficile, que les filaments que renferme cet organe et que les anatomistes avaient pris pour des sperma- tozoïdes, sont des spicules; fait toujours reconnu vrai depuis. M. de Quatrefages maintient la détermination de l'appareil hépatique comme appareil gastro-vasculaire. Il réclame la priorité de la découverte du cœur sur VÉolidine, mais ne parle pas des deux oreillettes qu'il y a dé- crites, fait qui reste contraire à ce qu'on sait des Gastéropodes et des i'oîis, genre auquel nous avons vu qu'appartient l'éolidine paradoxale. Il main- tient que le cœur manque chez quelques-uns; nie les veines qui ne seraient que des lacunes, mais fait une réserve sur l'appareil veineux allan' des branchies au cœur, qui pourrait exister, mais qu'il n'a jamais vu. (P. 815. Il pense que tous ces faits, loin d'être contraires à tous les principes et à toutes les analogies, confirment ceux qu'il a énoncés plus haut, sa- voir : existence de plusieurs séries animales et dégradations de ces séries. (P. 8U.) Voyons donc si ces faits anatomiques sont réels ; car, s'ils ne le sont pas, ces principes devront être fortement ébranlés. Pourquoi reprocher à M. Souleyet de juger par analogie, sans démontrer tous les faits qu'il avance, lorsque nous voyons M. de Quatrefages dire que M. Milne-Edwards ayant « démontré l'existence d'une circulation tout interstitielle dans V abdomen de quelques ^scidiens, qu'il en est de même de plusieurs Annelés, Vabsence de veines, de cœur et d^artères chez quelques Gastéropodes n''aplus rien d'étrange que d'être signalée pour la première fois (1).En voyant des phrases d'une telle assurance l'esprit n'ose s'y arrêter davantage et nous passons à une autre partie du sujet. (1) tk Quatrefages. loc. ct<., 1844, t. XIX, p 815. 55 Remarquons toutefois que M. de Quatrefages ne parle plus de la ten- dance à l'annulation des Mollusques, dits phlébentérés , co"nclusion de son dernier travail, qui venait rattacher les Mollusques aux Annelés par la forme extérieure, et aux Méduses par la constitution interne. M. de Quatrefages se plaint de n'avoir pas compris ce que M. Souleyet entend par le mot respiration. Comme ce fait a moins d'importance que ceux que nous signalons, comme il ne change rien aux faits ni au fond de la question et que plus haut nous avons déjà parlé de ce poiQt à propos des branchies,^ nous revenons à ceux-ci (pages 84 5 et8i7). Ici commence la guerre de textes. M. de Quatrefages accuse M. Sou- leyet d'avoir dit à tort qu'il ne donne aucun détail sur l'appareil générateur de l'Actéon. Il est en effet vrai que M. de Quatrefages en a in- diqué la situation et les ramifications; mais ces détails ne sont pas tel- lement précis qu'on ne puisse comprendre l'erreur de mots de M. Souleyet, A la même page, M. Souleyet est accusé d'inexactitude pour avoir in- diqué le cœur, les artères, les veines de l'Actéon, puisque l'appareil res- piratoire est situé vers la surface du dos de cet animal. Or, déjà nou? avons dit que nous avons vu ces différents organes de la manière la plu' nette , moins les rameaux veineux des troncs allant des viscères aui branchies. Beaucoup d'anatomistes les ont également vus; nous n'avons donc pas besoin de discuter ces imputations négatives. § XXVIII. — Tels sont les faits contenus dans cette réponse. Peu de temps après M. Souleyet répondit à M. de Quatrefages par un travail dont nous allons donner le résumé (4). M. Souleyet rappelle les principes généraux dont nous avons déjà parlé et qui , jusqu'à présent, ont toujours guidé les Anatomistes et les Zoo- logistes. Il montre ensuite qu'aucune des descriptions de M. de Quatre- fages ne repose sur des observations anatomiques complètes; il démontre l'existence du cœur chez ceux des Mollusques dits phlébentérés que M. de Quatrefages avait crus privés de cet organe. Il -passe ensuite à la préten- due absence de veines chez des Mollusques pourvus d'un cœur et d'ar- tères; à cet égard , nous citerons le passage suivant de la réponse de M. Souleyet: « Je crois devoir rappeler de nouveau, dit-il (p. 81), que » l'erreur commise par M. de Quatrefages en niant le système veineux (1) Souleyet, Observations anat. et phts. sur les genres actéon, éolioe, vé- NiLiE, CALL10PÉE, TERGffE (Comptcs rcndus de l'Acad. des se, 1845, t. XX, p. 73). 56 » des Mollusques gastéropodes, provient probablement de l'idée inexacte » que ce naturaliste s'est faite de cette partie do l'appareil circulatoire n chez les animaux de ce type. M. de Quatrefages paraît croire que le sys- n tème veineux se présente toujours sous la forme de vaisseaux bien dis- ■ tincts, tandis qu'il n'en est généralement pas ainsi ; en effet, dans pres- » que tous les Mollusques et dans les Nudibranches en particulier, les » veines n'ont celte forme que dans les principaux troncs qui rappor- » tent le sang des viscères ou qui se rendent aux organes respiratoires. » Les autres vaisseaux veineux sont plutôt des canaux creusés dans l'é- » paisseur ou dans l'intérieur des organes, en un mot, plutôt des trajets » veineux que des vaisseaux proprement dits. Particularités bien recon- » nues par les anatomistes qui se sont occupées des Mollusques, et sur- it tout par M. de Blainville. (Voir le Traité de malacologie, p. 130.) La » distinction que l'on a voulu établir sous ce rapport entre les Mollusques » et les Crustacés i.'est donc pas fondée, car cette forme du système vei- n neux paraît être un fait général chez les animaux inférieurs ; on la retrouve » même chez les animaux supérieurs dans l'épaisseur des organes et des 1) parenchymes; l'embryogénie nous démontre encore que c'est là la » forme primitive du système vasculaire, forme qui serait transitoire dans B les uns, tandis qu'elle deviendrait permanente chez d'autres animaux j» placés plus bas dans la série zoologique. » M. Souleyet montre ensuite qu'avec l'existence de l'appareil circula- toire coexiste un véritable appareil respirateur. Il montre qu'en consé- quence on ne saurait admeltro comme réelle l'inlerprélalion suivante donnée par M. de Quatrefages : « Les organes respiratoires, dit ce natu- » raliste (Mémoire sur les phlébentérés, 1843, p. 167), sont suppléés » par un tube intestinal, qui n'est plus chargé seulement d'extraire des » aliments un chyle propre à enrichir le sang appauvri, mais qui doit » en outre faire subir au produit de la digestion un degré de plus de pré- » paration et le soumettre immédiatement au contact de l'air. » M. Souleyet montre de nouveau que le prétendu appareil gastro-vascu- laire ne saurait être considéré comme autre chose que comme un appa- reil hépatique, fait déjà suffisamment démontré pour qu'il soit inutile d'y revenir; par conséquent on ne saurait dire encore, avecM. de Quatrefages, que cet organe remplit à la fois le rôle d'appareil digestif et celui d'appa- reil circulatoire (1). Il montre ensuite que dans plusieurs des genres dé- (1) Moniteur, 17 nov. 1844. De Quatrefages, note annexée au rapport de 57 crits par M. de Quatrefages, les déterminations relatives à l'intestin sont les unes incomplètes, les autres même inexactes; c'est ainsi qu'il montre que dans un animal appartenant au genre Pavois ou en étant très voisin, il existe un intestin qui vient s'ouvrir à la face dorsale vers la partie pos- térieure de l'animal, et sur la ligne médiane. Il relève ensuite les préten- dues inexactitudes dont M. de Quatrefages l'avait accusé, relativement à l'anatomie de l'Actéon. Notre commission ayant pu s'assurer de l'exactitude des descriptions de M. Souleyet, d'après les pièces qu'il lui a présentées, il serait inutile de reproduire la rectification de cet anatomiste. M. de Quatrefages répondit à la note de M. Souleyet par un travail dans lequel il lui reproche les méprises suivantes concernant l'anatomie de l'ÉoIide (1). « i" Ce naturaliste a pris l'estomac pour une oreillette; » 2" il a pris pour une veine médiane le tronc goslro-vasculairo niédio- » dorsal ; Z" il a pris pour des troncs veineux latéraux et antérieurs les » deux troncs gastro-vasculaires qui occupent en effet cette position » (ce sont les troncs que M. de Quatrefages appelait canal marginal dans son mémoire sur l'éolidine) ; i" Il a pris pour des orifices de veines branchiales des çœcums gastro- vasculaires, cœcums que M. Souleyet décrit et figure ailleurs comme des cœcums hépatiques. Enfin M. de Quatrefages continue à formuler des re- proches semblables concernant l'ensemble de l'anatomie du même animal et de l'Actéon. Il est important de signaler, pour l'intelligence des faits suivants, que M. de Quatrefages reconnaît dans cette note que son éolidine n'est réel- lement qu'un Éolis, ainsi que l'avaient signalé MM. Aider et Ancock, et qu'il est par conséquent probable que son organisation est au fond la même que celle des Éolis. Or, si l'on remarque que votre commission a constaté sur les Eolis et les Actéons , que, loin d'être tombé dans ces er- reurs, M. Souleyet avait décrit exactement l'organisation de ces animaux, on comprend qu'il nous est inutile d'insister longuement sur le peu de fondement des reproches de M. de Quatrefages; nous aurions, au con- M. Milne-Edwards au ministre de l'instruction publique, sur les recherches zoo- logiques faites sur les côtes de Sicile. (1) De Quatrefages, Réponse a la note piiésentle par M. Souleyet, concer- NANT l'aNAT. et la PHYSIOLOGIE DES MOLLUSQUES PHLÉBENTÉRÉS (CompleS rcndUS de l'Acad. des se, 1846, t. XX, p. 162). 58 traire, à relever, dans la note de ce dernier, presque autant d'erreurs que de reproches formulés. Ceci nous dispense de reproduire la réponse de M. Souleyet à M. de Qaatrefages (1). Obligés , du reste , que nous sommes, de citer tous les autres auteurs qui se sont occupés de ce sujet, nous verrons qu'aucun d'eux n'est venu confirmer l'exactitude des faits principaux sur lesquels M. de Quatrefages avait basé ses déductions les plus importantes, non plus que ses repro- ches à M. Souleyet; ce sont au contraire les recherches de M. Souleyet que nous verrons continuellement vérifiées. § XXIX. — Quoique, ainsi qu'on a dû le voir, nous ne nous occupions ici que des questions de faits, ayant déjà suffisamment traité celles de doctrine, nous devons cependant juger une dernière fois la question des interpréta- tions vicieusessurlaquelleM.de Quatrefages revient encore dans sa dernière note. Après avoir examiné de la manière la plus complète et la plus appro- fondie tous les passages qui s'y rapportent, nous pouvons affirmer que ces interprétations faites par M. Souleyet n'altèrent en aucune façon la sens des points importants des idées générales de M. de Quatrefages. De plus, votre commission ne pouvants'en rapporter qu'aux documents écrits, a constaté que les premières erreurs rectifiées par M. de Quatre- fages lui-même, ne l'ont été que postérieurement aux objections anatomi- ques que lui avaient adressées MM. Souleyet, Aider et Hancock (consultez les dates des publications déjà citées). Après avoir entendu des faits aussi nettement articulés , après avoir vu les conclusions zoologiques qui en découlent, formulées en tableaux d'ordre et de familles, ayant reçu le nom de phlébentérés, vous croiriez pei f-ètre que devant la démonstration de la non-existence des faits qu'on avait cru être vrais, la question va être abandonnée , ou bien nettement et franche- ment rectifiée, dans les détails zoologiques et anatomiques. Il n'en est rien ; bien au contraire , elle semble n'avoir pris que plus de force et elle -s'é- tend de manière à perdre son caractère de spécialité et devient question générale ; en même temps, elle prend plus de diffusion, elle devient moins nette, moins facile à saisir. Bientôt, en effet, nous allons voir que de tous ces faits anatomiques, naguère si nettement énoncés, si fortement sou- tenus, il en est peu dont on parle encore. II est peu question de tel ou tel (1) Souleyet, Réponse à la dernière note de M. de Quatrefages (C. r.. de l'Ac. des sciences, 1845, t. XX, p. 238). 59 phîébenlèré, mais du phlébentérigme. \oi\à maintenant ce qu'est le phlé- bentérisme : « En même temps, dit M. de Quatrefages (1), que les appa- » reiis de la respiration et de la circulation se dégradent en disparaissant, > le canal digestif présente souvent, mais non pas toujours, une modifi- ï) cation remarquable. On le voit se compliquer de prolongements d'ap- » pendices plus ou moins nombreux, plus ou moins ramifiés , qui , en gé- p néral se portent vers la surface du corps. » Le phlébentérisme, dit encore M. de Quatrefages (p. 84), me semble » avoir pour effet, tantôt de faciliter seulement l'acte de la respiration , » tantôt de suppléer à quelque portion de l'appareil circulatoire, tantôt » enfin de remplacer en entier le système vasculaire des animaux supé- » rieurs » (c'est probablement inférieurs qu'il faut lire). Mais qu'on ne s'y méprenne pas, cette manière de voir, qui date de 4844, et que M. de Quatrefages se plaint de n'avoir pas vue acceptée, est postérieure aux rectifications de M. Souleyet; elle est postérieure au tra- vail où M, de Quatrefages disait : les phlébentérés sont des Mollusques gastéropodes à circulation imparfaite ou nulle privés d'organes res- piratoires proprement dits (Ann. des se. nat. 1 844) ; elle est postérieure au travail dans lequel M. de Quatrefages disait que, chez les phlébenté- rés, la fonction de la digestion se confond avec celles de la respira- tion et de la circulation, ce qui, ajoute-t-il, forme le caractère domina- teur du groupe (Comptes rendus 1844). Nous acceptons ces rectifications pour telles, mais nous devons montrer que ce sont: des rectifications. Nous les acceptons, mais encore nous devons voir dans quelles li- mites il faut le faire, parce que nous verrons plusieurs anatomistes allemands n'en pas tenir compte. En effet, nous lisons dans l'Ânatomie comparée de Stannius et de Siebold, parue en 1848, la phrase suivante : Cependant de Quatrefages n'a pas su dans Vorigine s'orienter à pro- pos de cette circulation simple des Apneustes, et il a dit que chez ces Gas- téropodes le canal intestinal ramifié joue en même temps le rôle d'un système vasculaire sanguin, ce qui l'a engagé à donner le nom de phlé- bentérés au groupe entier de ces animaux. (Édition allemande, 2* par- tie, p. 329-330.) (1) De Quatrefages, Note sur le phlébentérisme (Ann. des se. nat., 1845, t. IV, p. 83). 60 Ainsi, loulen tenant compte de ces rectifications successives, nous de- vons énoncer par ordre de dates tous les fravaux publics sur ce sujet qui sont venus modifier les descriptions anatomiques antérieures. Tous les auteurs dont nous parlons n'ont jamais manqué d'agir ainsi, afin de faire disparaître de la science des faits qui sont embarrassants dès qu'on ne peut immédiatement savoir à quoi s'en tenir à leur égard. § XXX. — En même tempsqu'avait lieu cettediscussion MM. Aider et Han- cock que nous avons déjà cités, publièrent un travail sur la Fénilie (1 ), Mol- lusque qui estdumêmegenrequelaZéphyrinedeM.deQuatrefuges. (Voyez de Qualrefages, Ann. des se. nat. 1844, en note.) Dans ce travail, ils mon- trent que cet anim.al n'est pas dépourvu d'un organe circulatoire central. Ils décrivent et figurent un estomac, avec l'appareil gastro-hépatique ra- mifié, analogueàceque représentent, dans les limites d'analogies de con- formation extérieure, les planches de M. Souleyet chez les animaux voi- sins. Ces canaux se jettent sur toute la circonférence de cet estomac ; enfin il y a un intestin et un anus, ce que ne montrent pas les planches de M. de Quatrefages. Les mêmes auteurs, dans un rapport sur les Mollusques Nudibranchcs lu en septembre 1844 devant l'association britannique, après avoir rap- pelé comment a été créé l'ordre des phlébentérés, s'expriment ainsi (2) : « Ce système (gastro-vasculaire) paraît remplir les trois fonctions de la » digestion, de la circulation et de la respiration, ce qui est considéré par » M. de Quatrefages comme constituant le caractère dominateur des phlé- » bentérés. Nous croyons toutefois qu'il n'y a pas évidence satisfaisante » pour admettre une telle fusion de fonction dans des Nudibranches, et » d'après l'examen que nous avons fait de ces espèces, notre expérience » est contraire à la supposition, x (P. 8.) Vient maintenant un travail de MM. Embleton et Hancock, publié en 1845(3) surl'aratomie desÉolis. Ils relèvent, chemin Taisant, plusieurs faits qu'ils considèrent comme gravement inexacts dans les descriptions données par M. de Quatrefages, principalement pour ce qui concerne le (1) Aider et Hancock, Deschipt. of a new genus of nudibranchiate mollusca (venilia) (Ann. and Magazine of natural history, 18i4). (2) Aider et Hancock, Report on the British nudibrachiale mollusoa. Lon- dres, 18i5. (3) Embleton et Ancock, On tijjï anatomy of eolis (Ann. and Magazine of nat. history), january, J845, vol. XV). 61 tube, digestif. Ils les attribuent au moyen employé par M. de Quatrefages, l'emploi du compresseur au lieu do la dissection. Us disent en terminant qu'ils ont vu avec satisfaction que leur manière de voir était à peu près complètement confirmée par les observatior ^ ,?f M Souleyet sur les Mollusques gastéropodes formant l'ordre des phlébenlérés proposé par M. de Quatrefages. (P. 85.) § XXXI. — En septembre 1845, M. Almann a publié un travail Irès- détaillé sur l'anatomie de VActéon (1). Après avoir rappelé plusieurs des faits généraux dont nous avons déj;\ parlé et relevé les erreurs do M. de Quatrefages sur l'anatomie de ce Mollusque, il s'exprime ainsi (p. 154) : « M. do Quatrefages met avec » avidité ce fait à profit (la disposition ramifiée de l'appareil hépatique do » la Calliopée); il maintient que les ramifications gastriques font l'office » de vaisseaux branchiaux, qu'elle servent donc aussi bien à la respira- K lion qu'à la digestion, et trouvant ces caractères dans l'Êolide, il les ras- » semble avec d'autres particularités qu'il certifie avoir trouvées dans ce » Mollusque, les élève au rang d'importance ordinale, leur donne le nom » de système phlébentérique , et surprend les zoologistes par l'annonce » quelque peu étonnante de l'existence d'un nouvel ordre de Mollusques » gastéropodes. » Ces doctrines sont portées à leur plus hauHiegré dans un mémoire » suivant où, après l'examen de l'Actéon et de cinq genres nouveaux ca- )) ractérisés par lui, M. de Quatrefages maintient l'établissement complet » de son nouvel ordre et entre dans les détails de ses aflinités zoologiques. » Les caractères généraux sur lesquels le naliualisto français maintietit » la distinction de son nouvel ordre de Gastéropodes, sont: le peu d'appa- » rence en tout ou en partie du système circulatoire et lo transport de la » fonction respiratoire d'organes spéciaux au système < igestif ou au légu- )) ment commun, particularité qu'il dit apporter une dégradation iicner.iio » de l'organisme, en les rapprochant des acalèphes et établissant ainsi un » groupe d'animaux qui sortent du type de leur classe et sont parmi les » Gastéropodes ce que les Entomostracés sont aux Crustacés. » Les mémoires de M. de Quatrefages, ajoute-t-il (pUot-' î "^5), ont, je le » crains, présenté un trop largo chiimp à la critique justement sévère, (1) On TUE A>ATOMY OP ACTEÛN, CtC, (lllE AnNALS ANI) MaCAZIM, Cl' .>AltHAL lusTORv, sept, 18iô,\ol. XVl, p. 46), 62 > et en avançant des créations d'une grande importance zoologiqaeisur » des observations qui peuvent être regardées comme très-imparfaites, » ils pouvaient, s'ils n'étaient rectifiés , exercer une fâcheuse influence > sur une science ^ssi inductive que la zoologie. Des différents animaux » observés par M. de Quatrefages dans la construction de son groupe des » phlébentérés , l'Actéon est le seul que j'aie eu occasion d'examiner; le a résultat de l'examen de ce Mollusque est si totalement en désaccord 9 avec l'anatomie du même animal rapportée par le zoologiste français » que je crois être suffisamment fondé à certifier que ses observations sur » les autres sont également erronées; car nous devons hésiter à adop- > ter des conclusions d'une si grande importance zoologique que celles » auxquelles M. de Quatrefages est arrivé. « Il dit ensuite â la même page : c En comparant les descriptions et le? » figures de l'Actéon donné par M. de Quatrefages, dans son Mémoire, avec • la structure que l'examen de cet animal m'a révélée, je fus frappé de • leur différence Parmi les points les plus importants sur lesquels » mes observations diffèrent de celles de M. de Quatrefages, je puis men- > tionner la découverte d'un cœur distinct et de vaisseaux, organes dont » Texistence est niée par le naturaliste français. > Suivent d'autres recti- fications relatives â l'intestin, au système nerveux, etc. M. AJmann fait voir ensuite que l'appareil dit gastro-vasculaire ne peut avoir les fonctions qui lui ont été assignées par M. de Quatrefages, et que ce n'est ni plus ni moins qu'un foie désagrégé, ou un foie sous sa forme la plus élémentaire. Enfin, M. Almann dit dans une note que , depnis la lecture de son Mé- moire devant l'association, il a vu dans les Comptes rendus « un Mémoire » de M. Souleyet relatif a.u% phlébentérés ^ dans lequel il trouve que » les observations de cet auteur sur ce sujet s'accordent entièrement avec > les siennes. > § XXXII. — Ainsi, vous le voyez, les résultats auxquels est arrivée votre commission sont les mêmes que ceux auxquels sont parvenus les anato- raistes étrangers, en faisant l'anatomie des mômes animaux. Vous voyez de quelle manière ils envisagent les écrits de M. de Quatrefages; ils y voient une théorie, un système tout entier sur le remplacement, chez des Mollusques, d'un ou de deux appareils s'amoindrissant, par un autre qui se ramifie; ils envisagent de plus lesconclusionszoologiquesqui en découlent. Peu de mois auparavant, M. de Quatrefages avait dit dans un article de la Reyub des Deux-Mondes, de la même année 484&) que par le mot pblé- 63 bentérisme il a voulu désigner seulement toute disposition organique en vertu de laquelle une portion du tube digestif remplit, d'une nui- nière quelconque les fonctions d'un appareil de vaisseaux quel qu'il soit. (Pages 1003 et 1004.) Cependant, de l'ensemble de cet article, il parait résulter bien évidem- ment pour tous les lecteurs (c'est là du moins l'effet général qu'il a pro- duit), que la question de la disposition particulière du système veineux des Mollusques se confond avec celle du phlébenlérisme. En effet , M. de Quatrefages dit : Après les objections de M. Souleyet, le phlében- térisme fut déclaré anénati et relégué au rang des chimères. Nous employons ici un des mots les plusdoux quilui aient été appliquée.... (Page 1003.) Eh lien! il résulte des fait» recueillis par MM. Milne-Edwards et Valenciennes que^ chez tous les Mollusques , Vappareil cireuialoire est incomplet ; que, chez tous les animaux de cet embranchement, le sang, au sortir des artères, tombe dans la cavité abdominale On voit que le phlébentérism^, bien loin de former une exception, eomtne nous Vavions cru nous-même d'abord , te trouve être en définitive la règle générale. (Page 1003.) Ne semble-t-il pas, d'après ces passages, appuyés de beaucaup d'au- tres, que tout le phlébentérisrae est là? Mais quelles sont donc les fonc- tions d'un appareil de vaisseaux , quel qu'il soit , que remplit l'iatestia chez les Céphalopodes, \esLimaeef, les Moules, etc.? Quelles fonctions autres que celles d'un tube digestif vient-il accomplir? Quelles relations pourrait-on établir entre sa disposition presque aussi nette, aussi tran- chée, dans ces Mollusques-là que celle de l'intestin d'an Vertébré et l'état particulier de leursystème veineux ? Aucune évidemment-, et sous ce point de vue il semblerait en quelque sorte qu'il y a contradiction avec la défi- nition que nous venons de lire. Et de plus, quelle est donc la dégradation qu'oq pourrait signaler dans l'appareil respirateur de ces Mollusques? Aucune certainement. Ceux-là ont un poumon en forme de sac tapissé de vaisseaux; ceux-ci ont des branchies aussi bien constituées que possible. Voilà deux appareils sur trois sans dégradation aucune : est-ce que phlébenlérisme voudrait dire la dégradation de l'un quelconque de ces trois appareils? Rien dans ce travail n'autorise à le penser. Dans tous les cas, ce serait remonter bien haut et avoir pris un bien long détour pour en venir a exprimer un fait aussi simple que celui-là, le seul qui résulte du travail des deux célèbres 6a académiciens. Ainsi donc, qu'on y prenne garde, la question sur l'appa- reil vasculairo des Mollusques, traitée par MM. Milne-Edwards et Valen- ciennos, est tout à f;iit différente de celle qui nous occupe (1). L'appareil circulatoire veineux des Céphalopodes, celui des Gastéropo- des pulmonés, pectinibranches, cyclobranches , etc. ; celui des Acéphales Lamellibranches a bien une disposition, au point de vue de l'analomie gé- nérale qui lui ^est particulière et qui diffère en quelques points de »eije qu'on trouve chez les Vertébrés. Mais dans tout cela, l'intestin, l'app-a reU respiratoire n'ont que faire .; ils n'interviennent en rien. L'intestin ne vient suppléer ni à la circulation ni à la respiration, lesquelles ont chacune leur appareil bien distinct de tout autre appareil. C'est donc une question tout autre que celle du phlébenteri^mc; seulement, comme il paraît sembler qu'elles se confondent , nous serons obligés d'en parler après avoir achevé celle dans laquelle on a cru voir l'appareil digestif remplaçant les appareils circulatoire et de respiration. Le seul pointde contact est celui- ci : Les Gastéropodes nudibr anches, dont on a vcuîu faire des phé- hentérés, ■présentent, en tant que Mollusques , les mêmes particula- rités de disposition anatomique du système veineux que présentent les autres Gastéropodes. Il y a contact par ce seul point, mais non fusion des deux questions. Aussi, à l'exemple de tous les auteurs étrangers qui ont abordé la question et de M. Souleyet (2), nous suivons d'abord celle que nous avons commencée , sans nous laisser entraîner par la seconde. Aussi, laissant la Revue des Deux-Mondes pour des recueils qui s'adressent à des hommes plus compétents ù juger les détails de ce sujet, nous continuons notre examen analytique. § XXXIIL — Dans une note sur le phlébentérisme (3), publiée la même (1) Miiiie Edwards, Observations et expiîriences sur la ciucclation chez LES MOLLUSQUES (C. T. dcs séanccs de l'Acad. des sciences de Paris, 18io, t. XX, p. 2G1), et COSSIUÉRATIONS SUR LA DISTRIUUTION DES f LUIDES NOIRRICIERS PANS l'Économie ammalk (même recueil, t. XX, 1845, p. 1725), et Miine-Edwards et Valencienncs, Nouvelles observations sur la constitution de l'appareil de la c.'ROULATioN 011EZ LES MOLLUSQUES (mômo vecucil, t. XX, 1845, p. 750). (V) Souleyet, Note relative a ine commumcation récente de MM. Milne Kd- >VARlrs El VaLENCIENNES SUR LA CONSTITUTION DE L'aPPAREIL DE LA CIRCULATION DES Mollusques (Comptes reudus des séances de l'Acad. des sciences de Paris, 18'(5, r. XX, r.S62.) (;0 t)e yualrefagcs, Note suu le phlébentérisme (Ann. des se nat., 1845, t.lV, ,>.^;r. G5 année que parut l'arficlc dans la Revue des Deux-Mondes, M. de Qua- trefages dit: « En même temps que les appareils de la respiration et de la circula- » tion se dégradent en disparaissant, le canal digestif présente souvent, » mais non pas toujours, une modification remarquable. On le voit se com- » pliquér de prolongements, d'appendices plus ou moins nombreux, plus » ou moins ramiûés qui en général se portent vers la surface du corps. » C'est cette disposition organique que j'ai proposé de désigner sous le » nom de •phlébentérisme. » (P, 84.) Ces expansions du tube digestif fonctionnent comme un appareil d'ir- rigation organique, rôle, dit M. do Quatrefages, que M. Milne-Edwards a complètement apprécié. Ce dernier auteur a, en effet, écrit ce qui suit (1 ) : « L'embranchement des Mollusques offre également des exemples de cette » disposition organique, au moyen de laquelle l'appareil digestif peut » venir en aide aux instruments chargés de distribuer les fluides nourri- » ciers dans l'intérieur de l'économie. Effectivement, il me paraît difficile » de refuser des usages de ce genre au système de canaux ramifiés qui , » chez les Éolidiens, naît du tube digestif et pénètre souvent jusque dans » les tentacules du front et jusqu'à l'extrémité postérieure du manteau, » ainsi que dans chacun des appendices branchiaux dont le dos de ces » Mollusques est garni, car... on voit les matières alimentaires parcourir » rapidement ces canaux ramifiés. Le sang, dont la circulation est plus ou » moins incomplète, baigne, comme chez les nymphons, la surface ex- » terne du système gastro-vasculaire, et par conséquent, à moins de sup- » poser que les parois de ces appendices du tube s'opposent à l'absorption » du chyle, il faut admettre que les produits du travail digestif vont dans » presque tous les points du corps se mêler au sang dans le voisinage » immédiat des parties à la nutrition desquelles ces matières sont desti- » nées. Les substances assimilables arrivent donc à leur destination plus » promptement et plus sûrement que si leur transport du centre du corps » jusque dans les points les plus éloignés s'effectuait par la seule influence » des courants sanguins, et il en faut conclure que chez les Mollusques, » de même que chez les nymphons, l'appareil digestif fonctionne comme » un appareil d'irrigation organique aussi bien qu'à la manière d'un appa- » reil d'élaboration chimique pour [la préparation des sucs nourriciers. (1) Milne-Edwards, loc. cit., et Observation^ sur l» cmcutATioN (Ann. des «c. NAT., 1845, t. III, p. 257, voy. p, 275), 5 66 » C'est là aussi le résultat auquel est arrivé M. deQuatrefarges, à la » suite de ses nombreuses observations sur la structure des Éolides, et c'est . » pour rappeler celle disposition vasculaire d'une portion de l'appareil » digestif, ainsi que les fonctions des ramifications de la cavité alimen- D taire, qu'il a proposé de désigner ces animaux sous le nom de mollus- » ques phlébentérês, » (P. 276). Ainsi, vous le voyez, on ne tient pas compte davantage de la détermi- nation de cet appareil comme étant un foie , fait accepté à cette époque par tant d'autres anatomistes. Ainsi, voilà un organe qui tout à la fois va verser de la bile par toute sa surface interne, et, par celle même surface, absorber le ehyk , comme si le chyle existait dans l'intestin, et tout cela malgré la rapidité des courants auxquels sont soumises ces substances. Pourquoi dire que la circulation du sang est ici plus ou moins incomplète et baigne ce prétendu appareil gastro-vasculaire, lorsqu'on sait que ce sont les branchies qui ont les vaisseaux les plus nettement déterminés chez les Mollusques, où leur disposition tubulée est la plus nette, où est la nécessité de cette distribution plus sûre et plus prompte dans ces Mol- lusques, que chez tant d'autres qui ont un appareil circulatoire analogue et pas de ramifications du foie? § XXXIV. — Mais ce qu'il importe beaucoup de signaler, c'est cette nouvelle fonction, celle dHrrigation organique. Ainsi voilà une nouvelle fonction qu'il faut ajouter à celles que la physiologie nous a fait connaître jusqu'à ce jour. Outre la fonction dont l'accomplissement a pour résultat le transport du sang dans toute l'économie, il y a donc la fonction dHrri- gation organique. 11 est tout simple qu'admettant un appareil nouveau, le gastro-vasculaire , on soit forcé d'admettre une fonction nouvelle. Nous avons /léjà prouvé suffisamment que le prétendu appareil gastro- vasculaire n'était qu'un foie. La prétendue fonction correspondante, celle d'irrigation organique, n'existe donc pas plus que l'appareil; ce n'est pas là le rôle que remplit cet organe hépatique ramifié ; il vient en aide à la dissolution des aliments ; quant à l'absorption des matières dis- soutes, y eût-elle lieu comme ailleurs, fait peu probable , ainsi que nous l'avons vu, il n'y aurait pas là motif suffisant à introduire une nouvelle fonction dans la physiologie. Nous nous sommes plus arrêtés sur ce passage de M. Milne-Edwards que sur le travail de M. de Quatrefages, parce que celui-ci n'est qu'un développement des mêmes idées. Toutefois, cet auteur insiste sur ce fait, giu'il pense que les appendices dorsaux des JVudibranches servent à la 07 respiration immédiate des produits do la digestion^ c'est-à-dire au sortir du tube digestif, sans passer par V intermédiaire des chylifères ou aU' très vaisseaux (p. 93-94). , § XXXV. — M. de Quatrefage3 signale en outre, dans une note, les mêmes idées que nous avons trouvé développées dans la Revue des Deux-Mondes. Nous ne citerons que ce passage, qui montre combien le mot phlébentère s'est atténué dans sa signification et sa valeur, fait important à signaler pour bien juger de l'ensemble des faits qui se rapportent à cette question. « Toutefois, j'ajouterai (dit il page 94) que l'expression de phlébenlére » me semble pouvoir être conservée comme permettant de caractériser » d'un seul mot tel ou tel animal dont l'organisation présente un certain » ensemble de particularités anatomiques. C'est en ce sens, par exemple, » qu'on pourra dire que les Pycnogodines sont des Crustacés phlébenté- » rés, les Planaires des Turbellariés phîébentérés,eic., etc. » Votre commission ne pense 'pas qu'il en doive être ainsi. En effet, un mot qui, après avoir eu la signification si tranchée que nous lui avons vue en vient à la perdre pour en prendre une si générale et si diffuse, peut être nuisible dans la science. Il est difiQcile on effet que l'esprit saisisse alors la signification exacte et précise qui doit être con- servée; involontairement on se reporte à la signification première. Mais il y a une raison bien plus grave et purement anatomiqoe qui s'op- pose à la conservation de ce terme. Il a été créé poui* exprimer la disposi- tion ramifiée de l'intestin d'animaux Mollusques; or, il se trouve précisé- ment que ces prétendues ramifications intestinales ne sont que de larges ramifications des conduits biliaires du foie. Comment pourrait-on, une fois ce fait connu, employer le nom qui l'exprime pour désigner de véritables ccecums intestinaux? Dans le cas des Mollusques il s'agissait de conduits biliaires ; dans le cas des Crustacés et des Planaires, il s'agit de véritables cœcums non subdivisés dans les premiers , ramifiés dans les seconds. Tou- jours ils ont été pris pour tels, appelés de la sorte , et le nom de cœcums simples ou de cœcums ramifiés ne saurait être changé pour celui dap- pareil gastro-vasculaire. Jamais on ne sera porté à donner le nom de phîébcntéré à des animaux dont l'intestin a de vrais cœcums, quant co mot a eu la signification que nous l'avons vu posséder. Qu'il y ait ou non modification des appareils circulatoires et do respiration en même temps que des cœcums à l'intestin, il n'en restera pas moins toujours ce fait que le m^t phlébentéré a été créé pour désigner u;i foie ramifié pris pour un intestin. Ainsi donc on ne saurait défornidis accepter ce mot 68 même avec toutes les restrictions successives qu'a subies son acception, et même précisément à cause de cela. Signalons enfin que M. de Quatrefages, dans ce travail, reconnaît que les phlébentérés ne forment plus un ordre, mais seulement une famille de ordre des Nudibranclies. § XXXVI. — Les travaux que nous allons maintenant exposer vont •vous prouver que ces raisonnements ne sont pas exclusivement propres à votre commission ; car de tous les auteurs dont il nous reste à analyser les travaux, aucun n'a adopté les dénominations dont nous venons de parler. Ils n'ont adopté ni celle de phlébentérisme, au point de vue anato- mique, ni celle de phlébentéré , au point de vue zoologique. Il faut en excepter toutefois M. Blanchard {i),mais il ne l'a fait que sous forme d'as- sertion. M. Milne-Edwards , dans son mémoire sur la classification des Gastéropodes, n'en a même pas prononcé le nom (2). Nous voici arrivés aux travaux qui ont paru en 1846 : nous citerons en premier lieu parmi ceux-là le travail de M. Nordmann sur le Tergippe , animal du même genre que ceux dont M. de Quatrefages avait fait le genre jimphorine ; quoique publié à Saint-Pétersbourg en 1844, il n'a été connu en France qu'en 1846 (3). M. Nordmann y décrit le cœur, l'aorte, les troncs veineux qui rapportent le sang dans l'oreillette ; chez cet animal sur lequel M. de Quatrefages n'avait pas trouvé trace d'appareil circulatoire (p. <17 et 120). La description qu'il donne du tube digestif, montre que chez cet animal l'intestin pourvu d'un anus est semblable à celui des Mollusques de la même famille. Ces travaux ont été faits par M. Nordmann , sans qu'il eût connaissance de ceux de M. de Quatrefages. Aussi l'on a invoqué avec force, à l'appui du phlébentérisme, un passage du travail de M. Nord- mann , dans lequel ce naturaliste dit que les troncs veineux qui abou- listent à V or fillette etles principales divisions de V aorte sont les seules parties du système circulatoire qui lui aient paru constituées par des (1) Blanchard, Mémoire bur les opistobrakches (Anr. des se. nat., 1848, t. IX). (2) MilnC'Edwards, Stft LA classification naturelle des «oll. gast^r. (AnN. DES se. nat., 1848, t. IX, p. 102). (3) Nordmann, Essai v^hë. VLOUowAPBit t)t) Ïergipe4 Edwaïd^h (km, tû. NAT., 184G, t. V,p, 109> 69 vaisseaux proprement dits, et qu''en dehors de ces vaisseaux, le tan§ serait contenu dans des lacunes ou des canaux sans parois situés entre les différents organes.Mals nous avons déjà dit que \q phlebentérisme ne consistait pas uniquement en une modification de l'appareil circulatoire. De plus , les observations de M. Nordmann ont été faites au microscopa par transparence sur des animaux de 4 à 5 millimètres de longueur, et par conséquent à un assez faible grossissement. Or il est impossible de pouvoir de la sorte distinguer des parois vasculaires , très-minces par elles-mêmes, et de plus, adhérentes aux tissus ambiants. On sait que dans les organes comme la langue de la Grenouille, on peut démorHrer l'existence de capillaires dont les parois ont la structure caractéristique ordinaire, en employant le mode de préparation habituel pour ces élé- ments, et un grossissement de 500 diamètres. Or on sait, d'autre part, qu'en examinant par transparence la circulation dans cet organe , il est impossible d'apercevoir ces parois des capillaires. Ce sont là 'autant de faits anatomiques bien connus de tous ceux qui ont. étudié l'anatomie des tissus et la physiologie d'une manière comparative, mais dont beaucoup d'observateurs ne tiennent pas compte. Ils ont cependant une très-grande importance, et il est nécessaire de les avoir toujours présents à la mé- moire dans des études du genre de cjlle dont il s'agit, surtout lorsqu'on voit, dans l'espèce humaine, la muqueuse utérine présenter, à parlir du deuxième mois de la grossesse, des veines volumineuses dent tes parois sont tellement minces qu'elles ne forment plus qu'une sorte de vernis de substance homogène , amorphe , souvent démontrable seulement au mi- croscope. Cette même antiée 4846, MM. Aider et Hancock ont eu occasion d'étu* dier un autre des animaux que M.deQuatrefages rangeait parmi les phlé- hentérés{\). Ils établissent l'identité de l'animal observé par eux avec celui qui avait été étudié par M. de Quatrefages, et ajoutent: « Mais » M. de Quatrefages établit que ce genre n'a ni branchies, ni cœur, ni » anus , le mettant ainsi au niveau des Zoophy tes inférieurs ; il nous faut » confesser que nous avons toujours regardé avec une grande suspicion » celte dégradation extrême du type des mollusques , et la découverte de » cette espèce n'a pas peu contribué à fortifier notre conviction que les » vues de M. de Quatrefages reposent sur des observations imparfaites. » (i) Aider and Hancock, Notices of soue new and KABEBaiiisa spbcies o> N4XEP MOLLUSCA (ANN. ET MaG. NAT. HIST., vo! XVIII, 1846, p. 289). 70 Ce Mollusque que M. de Quatrefages a décrit sous le nom de Pavofs {Pelta), est du mémo genre que celui déjà décrit précédemment par le le docteur Johnston , avec la dénomination de Limapontia nigra. MM. Aider et Hancock décrivent dans ce Mollusque une branchie tout à fait semblable à celles des Nudibranches, placée en arrière du corps sous un repli du manteau, et que M. de Quatrefages a méconnue. II signalent , en outre, un anus très-apparent à la partie postérieure et médiane du corps , enfin un cœur dont ils ont même compté les pulsations. A la même époque, M. Souleyet fit connaître par l'anatomie des genres Glaucus , Philliroé et Tergippe , que ces animaux ne diffèrent pas es- Bentiellement des autres Gastéropodes (1). Il montra de nouveau que les appareils de la digestion, respiration et circulation existent, et que rien dans leur organisation ne peut autoriser â soutenir encore ce qu'on a ap- pelé le phlébentérisme. § XXXVII. — D'après tout cet ensemble de faits, votre commission ne pense pas qu'on puisse se rattacher à l'opinion de M. Milne-Edwards , émise dans un rapport sur l'embryogénie de l'Actéon , étudiée par M. Vogt (2) : « Nous ignorons donc, dit-il , à quel moment le cœur (de w l'Actéon) dont la présence a été constatée chez l'animal adulte par » M. Souleyet, se constitue; et peut-être faut-il rattachera sa formation » tardive la divergence d'opinions qui a existé entre ce zoologiste et 31. de » Quatrefages, relativement à l'existence même de ce viscère chez l'Ac- » téon, car on sait que M. Souleyet a étudié des individus qui étaient évi- ». demment adultes, tandis que M. de Quatrefages n'avait à sa disposition » que des individus fort petits dont le développement était peut-être en- ». core inachevé. » (P. 1018.) Ce qui s'oppose encore à ce qu'on admette côtte opinion, o'e&t précisément la disposition du foie chez les Actéons à l'état où leur cœur n'existe pas. Cet organe , en effet , se présente sou» forme d'une masse arrondie accolée à l'estomac, et n'offre encore au- (t) Sonuleyet, Anatomie des genres Glaucus, PHYLLraoÉ et Tergippe, et quël- QtES OBSERVATIONS NOUVELLES SUR LE PHLÉBENTÉRISME (C. I*. dfiS séanceS de TAcad. des se. de Paris, 1846, t.XXII, p. 473), et Souleyet, Considérations sur LA.eiRCULAtlON DANS QUELQUES GROUPES DE LA SÉRIE ANIMALE (ARCHrVES D'aNATO- MBf dabS ARCHIVES DE MÉDHCINE, 1846, p. 105). (2) Miloe-Edwards, Rapport sur les recuerches de M. Vogt relatives a L'EUBRYOGiiNiE DES MOLLUSQUES GASTÉROPODES (Cf. des séauces de l'Acad. des se. de Paris, 1846, t. XXII, p. 1013). 71 cune trace de la diipotition arborescente qui est si remarquùble chez VActéon adulte. Seulement ce foie est creusé d'une cavité formant une sorte de diverticulum à l'estomac. Or comme M. de Quatrefages a décrit chez cet animal des ramifications qu'il appelle gastro-vasculaires , Ce fait indique bien que tout le développement était plus avancé que ne le pense M. Edwards. Dans le cas même où, comme cela est probable, M. de Quatrefages aurait pris les ramifications de l'appareil respirateur placé à la surface du dos, pour ce qu'il nomne appareil gastro-vasculaire^ ce fait indique évidemment que les individus étudiés étaient plus avancés qu'on ne veut le supposer, puisque le premier de ces appareils n'est pas encore formé chez les embryons dont parle M. Edwards. En 1847, parut le Manuel de zootomie de Rudolphi Wagner dont la partie concernant les Invertébrés est traitée pa»* MM. Frey et Leuckart (i ). Dans leur classification des Gastéropodes, ils n'admettent pas le groupe des phlébenlérés. Us décrivent l'intestin de la même manière que M. Sou- leyet et les auteurs anglais chez les mêmes animaux, el à propos de l'esto- mac et de l'intestin de l'Éolidine, ils disent en note : « Les déterminations de De Quatrefages sont inexactes. » (P. 430). A la même page, ils consi- dèrent comme aussi invraisemblable l'absence d'anus chez les phlébenté- résque sa présence sur la ligne médiane chez la Zéphyrine et l'Actéon; et ils n'en tiennent pas compte dans leur description. Us considèrent ce ^ul, disent-ils, a été appelé sî/stème phlébentérique o\i gastro-vasculaire comme étant un foie ramifié ou désagrégé. Cet appareil, disent-ils (p. 434 et 435), pourrait être appelé à beaucoup meilleur titre du nom d e GASTBO-BiLiAiRE , commc SouUyet Va proposé. Us ajoutent encore qu e le foie de la Pleurophylidie , dont nous avons parlé en commençant, constitue une transition de cette forme à la forme ordinaire du foie des Gastéropodes. (P. 435.) A propos de la circulatiop, ils pensent qu'il faut attendre confirmation pour croire à l'absence de cœur chez les plus petits phlébentérés où M. de Quatrefages admet qu'il n'existe pas. (P. 441 .) Us s'étendent peu sur ce sujet ; nous aurons du reste à y revenir dans la seconde parti* de ce rap- port. Quant aux appendices dorsaux, ils les considèrent comme des bran- chies et ne songent nullement à en changer la détermination, comme seul l'a voulu faire M. de Quatrefages. Nulle part ilà ne songent à soutenir les (1) R. Wagner, Lerbuch der Zootomie (ànatomie der wirbellosen Thiere, von H. Fiey und R. Leuckart, p. 430-146, 1847, in-8", Leipzig). 72 opinions de ce naturaliste ni sur les phlébentérés ni sur le phlébenté- risme contre les objections des auteurs qui ont relevé successivement les faits incomplets ou inexacts que nous avons signalés. Dans le traité de Slannius et De Siebold, ce dernier, qui a écrit la par- tie concernant les invertébrés, dit (1 ) : «Quant au sous-ordre des Apneustes » et ses deux familles les Anangiés et les Angio'phores , il a été établi » par Koelliker en opposition aux autres Gastéropodes qui sont pourvus » d'organes respiratoires distincts. J'ai hésité d'autant à admettre cette » coupe composée de petites espèces bien intéressantes qu'elle est con- » firmée par la structure anatomique de ces animaux et que le nom de » phlébentérés employé par Quatrefages doit être mis de côté d'après des » recherches récentes. » Cette division des Apneustes établie d'après un manuscrit de Koelliker comprendrait des Mollusques sans organes respi- ratoires distincts ni de coquille ; la famille des Angiophores serait formée d'espèces ayant un cœur et un rudiment de système circulatoire ; celle des Anangiés contiendrait les espèces qui n'ont ni cœur ni vaisseaux. Nous croyons inutile de relever une pareille classification, qui n'est qu'un re- maniement du prétendu groupe des phlébentérés. Tous les faits que nous avons indiqués, comme démontrant l'existence d'un creur là oîi ces auteurs le considèrent comme absent, sont largement suffisants qu'ils sont dans l'erreur au même titre les uns que les autres. Du reste, à propos du cœur, M. de Siebold ne se prononce pas nettement. (P. 322-323.) Il ne repousse pas l'idée d'une dégradation progressive dans l'appareil circulatoire des Mollusques. Ce n'est pas sans surprise que dans un ouvrage de cette na- ture, publié après celui que nous venons d'analyser, on trouve les asser- tions les plus exagérées émi;?es sur plusieurs points, rapportées sans dis- cussion, à peu près sans critique, et sans autres preuves à l'appui que des descriptions considérées aujourd'hui comme inexactes, et même pour quelques-unes par leurs auteurs. Au point où nous en sommes, il serait inutile de revenir sur leur critique. Toutefois le savant Allemand n'admet pas l'absence d'anus, il ne parle nulle part de l'appareil gastro-vasculaire, tout en considérant les conduits hépatiques ramifiés et terminés en cul-de-sac, comme des cœcums intes- tinaux. Naturellement il n'admet pas de branchies puisqu'il les appelle (t) Stannius et de Siebold, Manuel d'anaï. commarée, trad. française, in-l2. Paris 1849, tome l,p. 292. Paru en Aliemagneen 1848. 73 Apneustes, opinion sur laquelle nous passons parce qu'elle ne mérite plus critique. Enfin il dit (p. 325) : « Cependant Quatrefages n'a pas su, dans » l'origine, s'orienter à propos de cette circulation simple des Apneustes, » et a dit que chez ces Gastéropodes le canal intestinal ramifié joue en » même temps le rôle d'un système vasculaire sanguin, ce qui l'a engagé » à donner le nom de phlébentérés au groupe entier de ces animaux. » § XXXVIII. — MM. Embleton et Hancock , qui n'avaient traité, dans le mémoire dont nous avons déjà parlé, que d'une partie de l'organisation des Éolides, ont repris l'anatomie de ces Mollusques dans un autre mé- moire qui a été publié en fév. 1848 dans le même recueil (1). Ces deux naturalistes ont décrit d'une manière très-détaillée, dans ce nouveau tra- vail, les organes de la génération, de la circulation et de la respiration. La description qu'ils donnent de l'appareil générateur confirme tout à fait ce que M. Souleyet avait déjà dit à ce sujet. Pour les organes de la respiration , les deux auteurs anglais pensent aussi que ces organes sont essentiellement constitués par les papilles dor- sales de ces Mollusques. Enfin, quant aux organes de la circulation , qu'ils décrivent et figurent dans les plus grands détails, leurs observations démontrent encore que celles de M. de Quatrefages étaient inexactes, et surtout en ce qui con- cerne le système veineux et la structure du cœur, que ce dernier natura- liste avait représenté avec deux oreillettes en forme d'entonnoirs , s'ou- vrant dans la cavité abdominale. MM. Embleton et Hancock s'expriment ainsi à ce sujet, à la page \ 02 : « M. de Quatrefages , en décrifant les organes de la circulation dans » les Éolidines , nie l'existence du système veineux; l'inexactitude de » cette observation , nous l'avons prouvée d'une manière suffisante. Les • deux appendices auriculaires du cœur, en forme d'entonnoirs , décrits » par lui , lui ont été suggérés vraisemblablement par une vue du bord > antérieur de l'oreillette et par quelques plis de l'oreillette elle-même » ou de la peau , le long de la ligne médiane du corps. 11 est certain que » l'oreillette est simple et qu'elle reçoit des troncs veineux de chaque côté » et en arrière, troncs qui résultent de l'union de nombreuses branches • veineuses de différents calibres , lesquelles ne communiquent point di- (1) Embleton et Hancock, the Annals and Magazine of nat. bist., feb. 1848, voL 1, 2«série,p. 8f. 74 > rectement avec les lacunes interyiscératet ^ cela est^ aossi certain, et • en admettant môme l'existence de lacunes , elles n'excluent point 1&. » système veineux , mais occupent la position du système capillaire dans » les animaux supérieurs. » Au mois de juin de la même année (4848), MM. Hancock et Aider pour- suivant leurs recherches sur les Mollusques décrits par M. de Quatrefages sous le nom de phlébentérés, publient de nouvelles observations sur deux de ces Mollusques, les genres Cbalide et Actéonie (1 ). Pour le premier de ces genres* MM. Aider et Hancock font voir que M. de Quatrefages aurait pris les deux cœcums pour Vestomac^ qu'il n'avait pa$ vu ce dernier organe^ ni Vinteslin^ niVanus, dont il avait nié Vexistence ; qu'il avait également commis des erreurs graves relati- vement aux organes générateurs. M. de Quatrefages avait nié, dans ce Mollusque, l'existence d'un appareil circulatoire. Les deux «oologistes an- glais décrivent longuement le cœur, composé d'une oreillette et d'un veh- tricule, ainsi qu'une partie du système vasculaire. « M. de Quatrefages^ » disent-ils, prétend que sa Chalide azurée n'a pas de cœur, ni de sys-^ » tème vasculaire; nous avons vu que notre espèce a non-seulement un » cœur double bien formé, mais aussi un système artériel,, et, d'après la » contraction soudaine de l'oreillette placée en arrière, il est évident que » le système veineux ne peut pas manquer tout à fait, et qu'il y a tout au » moins celte portion que M. Milne-Edwardsappelle branchiO'Cardiaque. » On ne peut donc soutenir, sou» ce jwint de vue, les déductions de M. de » Quatrefages. » (P. 414). Les détails donnés par MM. Aider et Hancock sur le genre Actéonie, prouvent aussi que les observations de M. de Quatrefages sur ces Mol- lusques étaient presque entièrement inexactes. Quant aux idées théoriques de M» de Quatrefages sur ces Molluaques» lès deux auteurs anglais y reviennent de nouveau dans ce mémoira (p. 404). « Ces animaux disent-ils, ont été placés par M. de Quatrefages dans » son ordre des phlébentérés. On se rappelle que cet ordre a été formé en • détachantlesÉolidiensdesaulresNudibranches, eten les unissant aveo » les Mollusques en question pour former un ordre nouveau, fondé sur le (1) Aider et Hancock, Ank. a«d Mag. w.NAt. hist., june 1848, vol. 1,2* série, p. 401. 75 » système gastrique, ou plutôt sur les idées de cet auteur sur le système » gasiro-vascuîaire de l'organisation. Nous avons déjà fait des objections » à la création de cet ordre, pour deux raisons : la première, c'est que » nous ne croyons pas vraie la théorie indiquée (la théorie du phlébenté- » risme); la seconde, c'.est qu'elle détruit l'ordre des Nudibranches, qui • nous paraît être un groupe naturel, dont les individussonttrès-distincts » dans leurs caractères extérieurs. » S XXXIX. — M. Blanchard a publié à peu près la même époque, en mars 4848, un mémoire sur l'organisation des Mollusques gastéropodes composant les ordres des Tectibranches, Nudibranches et Inférobranches de Cuvier, par conséquent des groupes auxquels appartiennent les phlé- bentérés de M. de Quatrefages (1). Les résultats énoncés dans ce travail confirment, sur plusieurs points importants, ceux qui avaient été publiés par M. Souleyet. et n'en contredisent aucun de ceux qui sont fondamen- taux. Ainsi, quant à cette dégradation de l'appareil circulatoire des Mol- lusques qui aurait pu aller jusqu'à son annihilation complète, dans plu- sieurs de ces animaux, M. Blanchard s'exprime de la inanièfe suivante : « Actuellement encore, l'idée de Celle dégradation organique n'est pas » repoussée de toutes parts. M. de Siébold, dans soù Manuel d'ANATOMifi » COMPARÉE, publié tout récemment, cite des observations encore itiédi tes » dues à M. Koelliker. D'après les recherches rappelées dans cet écfit, » on attribue un cœur et des vaisseaux à certaines espèces en leur en » Opposant d'autres do la même famille qui en seraient totalement pri- » vées. D'après tous les faitg connus aujourd'hui sur l'organisation des » Mollusques et des Amielés, il est bien difficile de ne pas voir là le résul- » tat d'observations trop précipitées. » Dans tous les Éolidiens que j'ai étudiés {Eolis neapoliiana, pereg- » rtna^ flabellina^ Bellçtrdiiy etc. y et Calliopaa Souleyetti, Janus » spinolœ , Diplocera Feranyi) , j'ai trouvé les artères qui se rendent à » tous les Organes très-développées. Je me suis attaché à en suivre le » trajet , en injectant les vaisseaux chez plusieurs espèces. En outre, chez » tous aussi, j'ai constaté l'existence d'une oreillette parfaitement consti- » tuée, et de vaisseaux effércnts des branchies en nombre plus ou moins » considérable. Ces vaisseaux , qui , dans certains types , sont en quantité (1) Blanchard, Méu. sur l'organisât, des Mollusques de l'ordre des Oris- TH0BRANCHK9 (AnN. DES 8C. NAT., marS 1848, t. IX, p. 172). 76 » ^i considérable qu'ils constituent un véritable réseau, ont des parois pro- n près dans toutes les espèces soumises à mes recherches ; ils peuvent » par conséquent être isolés par la dissection. Ce ne sont pas de simples » canaux, comme cela se voit dans les Tethys. M. Souleyet était donc » dans le vrai relativement à l'existence de ces vaisseaux. » (Blanchard, loc. cit., p. 187.) M. Blanchard dit un peu plus loin : « Quant au fait négatif qu'on a » cru observer chez eux (les Mollusques de la famille des Éolidiens et yt autres genres voisins) , l'absence de cœur et de tout vaisseau , rien » n'est moins admissible. y> Une dégradation de l'appareil circulatoire viendrait-elle à se mani- » fesler chez certains Gastéropodes? est-ce l'ensemble du système vas- » culaire qui aurait disparu? toutes les analogies nous autorisent à dire : » non. » (P. 488.) Pour M. Blanchard , les papilles dorsales des Éolidiens sont aussi des organes branchiaux analogues à ceux des autres Mollusques nubibranches , contrairement à ce que M. de Qualrefages avait avancé en disant que ces Mullusques étaient privés d'organes respiratoires proprement dits, (P. 189). Enfin, M. Blanchard s'exprime ainsi relativement à la forme du foie dans ces Mollusques : « Ce qui mérite bien de fixer l'attention sur certaines Opisthobranches, » c'est l'organe hépatique. Le foie, chez les Doris, les Âplysies , de même > que chez la plupart des Mollusques , forme une masse volumineuse en~ » veloppant en quelque sorte l'intestin. > Dans les Éolidiens, comme on le sait aujourd'hui, il existe une dis- » position fort particulière : le foie, au lieu d'être réuni en masse sur un » seul point, est pour ainsi dire diffus. Il se présente un peu comme le » foie des insectes sous la forme de canaux hépatiques. » (P. 485.) Ainsi M. Blanchard n'a vu, avec raison , dans le prétendu appareil gastro-vasculaire de ces Mollusques, qu'un appareil hépatique, qu'un foie ramifié ; et répudiant tout à fait sur ce point les idées de M. de Quatre* fages, le mot d'appareil gastro-vasculaire ne se trouve même pas dans son mémoire. §XL. — Au mois de septembre de cette même année (4848),M. deQua- trefages a publié dans les Annales des sciences naturelles , un Résumé DES OBSERVATIONS faites par lui en 4 844 sur les Gastéropodes phlébenié- 77 re», pendant son voyage en Sicile (i). Dans ce travail, M. de Qualrefages s'étant borné à exposer d'une manière très-générale, et par conséquent un peu vague, I9 résultat de ses dernières recherches, sans indiquer même les espèces sur lesquelles ces recherches avaient été faites, il ne nous est guère possible de les apprécier ici. Nous dirons toutefois qu'é- clairé sans doute par les diverses remarques critiques soulevées par ses travaux antérieurs, ce naturaliste revient sur ses premières assertions, en les présentant d'une manière beaucoup moins absolue, et il reconnaît une partie des erreurs qui avaient été signalées. Quant à la théorie du phlébentérisme, quoique ce mot et ceux de phlé- bentérés, û'entérobranches, d'appareil gastro-vasculaire se retrouvent encore dans ce mémoire, il est manifeste que leur signification primitive se trouve atténuée. Ainsi, les phlébentérés ne sont plus ces Mollusques dont le caractère do- minateur était la fusion des trois fonctions de la digestion, de la circu- lation et de la respiration dans un seul et même appareil, ainsi qu'il l'a- vait écrit de Messine à l'Académie des sciences, à la suite de ces mêmes recherches. L'appareil gastro-vasculaire n'est point cet appareil qui était char- gé en tout ou en partie des fonctions respiratoires, qui était en même temps un organe circulatoire et pouvait même remplacer en entier le système vasculaire de» animaux supérieurs. Ce n'est plus qu'un appendice du tube digestif, qui, en transportant les sucs nourriciers dans les points du corps où il se rend, devient un aide physiologique de Vappareil circulatoire. En outre, comme les produits de la diges- tion sont ainsi portés surtout dans les appendices dorsaux de ces Mollus- ques, où se fait la respiration, Vappareil gastro-vasculaire se rattache encore sous ce rapport aux organes et aux fonctions respira- toires. Comme vous le voyez facilement, le rôle de Vappareil gastro-vas' culaire se trouve considérablement amoindri ; mais par les raisons déjà données et sur lesquelles nous croyons inutile de revenir, ce rôle secon- daire qu'il remplirait dans les actes de la respiration et de la circulation, n'est pas plus admissible que le rôle principal qui lui avait été assigné d'abord dans ces deux fonctions. Enfin le phlébentérisme n'est également plus, dans ce travail, ce que (1) De QuatrefageSf AjNn. des se. »M„ 18i8« U X) p. 121. 78 nous l'avons vu dans le principe, c'est-à-dire une disposition particulière du tube digestif, liée à une dégradation correspondante des appareils de la circulation et de la respiration. Pour M. de Quatrefages, le phlébenté- risme devient un fait beaucoup plus général. C'est un fait anatomique ; et ce naturaliste l'admet avec celte dénomination dans tous les animaux dont le tube digestif se complique de prolongements. C'est ainsi que les Acalèphes parmi les Zoophytes, les Astéries parmi les Échinodermes, les Planaires et les Trématodes parmi les Vers; les Acariens parmi les Arach- nides, les Pychnogonides parmi les Crustacés et les Aphrodites parmi les Annélides, lesÉolidicns, etc., parmi les Mollusques gastéropodes, seraient également pour lui des phlébentérés. Vous voyez que nous sommes loin du point de départ. Mais il est inutile de répéter que Ton ne peut pas, en réalité, comparer de vrais cœcums intestinaux à des conduits hépatiques. D'autre part, en appliquant ainsi le nom de phlébentérés à des animaux les plus dissemblables par l'ensemble de leur organisation, la signification du mot phlébentérisme devient tellement vague par suite de son étendue que l'on pourrait dire qu'il perd toute valeur. Nous avons à ajouter encore que M. Souleyet a publié, dans le courant de l'année dernière, un mémoire étendu sur le genre Actéon, travail dans lequel se trouvent exposés les faits qu'il avait déjà présentés à l'Acadé- mie sur l'organisation de ce Mollusque (1). Enfin, pour terminer celte longue et pénible, mais nécessaire énuméra- tion des travaux publiés sur la question que nous venons d'étudier, il nous reste à signaler un dernier travail publié dans nos bulletins (2). On ne saurait admettre, comme le veut M. de Quatrefages, que de ce que le foie des Embryons de Nudibraqches est creusé d'une cavité où pénètrent les aliments, ainsi que l'avait vu M. Vogt, le phlébentérisme tel qu'on Vobserve chez les adultes ne soit autre chose que la persistance et le développement chez certains Nudibranches d'une disposition anato- mique embryonnaire commune très-probablement au groupe entier. C'est en vain que par de semblables efforts on chercherait à étayer une manière de voir si contraire à l'ensemble des faits et à la saine analogie. (1) Souleyet, Mém. sur l'Actéon vert (Journ. de conchyuoi.ogie. Paris 18&0, t. I, p-3, 97 et 217). (2) De Quatrefages, Recherches sur la phosphorescence du port de Bou- logne (Comptes rendus de la Société de Biologie, septembre 1860. Paris, in-S», et Gaz. Mi?d., 1850, novembre, p. 866), 79 Trop de preuves sont là pour montrer quel est l'état réel de la question. Pourquoi appeler çncore, comme le fait M. de Quatrefages dans son mémoire de <8A8, les Étoiles de mer Astéries phlébentérées, les Acarus 6qs Arachnides phlébentéréeSfTparce que ces animaux ontdes ccecums in- testinaux multiples , lorsque les organes qui ont servi à créer ce mot sont reconnus pour être des conduits biliaires. Conduits biliaires d'une lar- geur insolite, ainsi que le reconnaît M. Milne-Edwards dans son rapport déjà cité sur le travail de M. Vogt, mais qui n'en sont pas moins des or- ganes bien connus , bien déterminés et non pas sans analogues chez les Mollusques déjà observés (Pleurophyllidies, etc.). Pourquoi revenir encore là sur cet appareil gastro-vasculaire, comme si c'était un organe différent de ceux déjà étudiés, lorsque ce nom n'est plus admis par aucun anatomiste 7 Dans l'origine, chez les Nudibranches,' il pouvait y avoir quelque appa- rence de raison de le faire tantquesa détermination étaitmal donnée ; mais maintenant on sait que ce sont des conduits hépatiques, et vous allez mettre en parallèle avec eux des culs-de-sac intestinaux des Sangsues, Aphro- dites, Astéries, Arachnides, etc. Est-ce que ce rapprochement n'est pas vicieux et ne tend pas à jeter la confusion dans les esprits en faisant croire à des analogies qui n'existent pas? Il est donc, comme on voit, né- cessaire de notre part d'avertir encore iei en terminant que les conduits qui ont fait créer le mot, étaient les canaux hépatiques ramifiés de Mol- lusques, très-larges, mais non sans analogues; tandis que dans tous les animaux Articulés et Échinodermes cités pius haut, les conduits qu'on met en comparaison avec eux sont des culs-de-sac intestinaux, ordinai- rement simples chacun pour son compte, rarement ramifiés comme chez les Planaires. Un mot employé pour désigner des dispositions si peu ana- logues, quant à la forme, de choses si diverses, doit donc être radicale- ment repoussé. Sans nous arrêter auxconsldérations physiologiques aux- quelles il donne lieu, on comprend qu'elles ne peuvent dès lors avoir grande netteté et ne doivent pas nous occuper, puisqu'elles portent sur un fait mal interprété. De toutes ces controverses, il restera néanmoins qu'un grand nombre d'êtres peu étudiés l'auront été avec soin. Mais pourquoi faut-il que ces travaux aient été entachés d'erreurs qui ont pu menacer les progrès de la science générale; d'autant plus que ces progrès réelseussent pu être faits sans qu'il fût besoin d'être stimulé par des idées de modification de l'ensemble de la science. Après avoir cherché partout quelles pouvaient être les inexactitudes de 80 textes, faites dans les extraits qui vous ont été lus par M. Souleyet, nous n'avons trouvé que celle où il fait dire à M. de Quatrefages que toutes les (21) espèces nouvelles qu'il a découvertes sont dépourvues de cœur, tandis que le texte réel porte \eplus grand nombre. Ainsi, vous le voyez, ces mots ne changent rien au fond des choses et surtout des faits, puis- que le cœur, au contraire, a été démontré partout. Nous avons déjà dit, quant aux interprétations, qu'elles ne modifiaient non plus en rien les faits eux-mêmes, sur lesquels a porté principalement la discussion, telle que M. Souleyet l'a engagée. DEUXIÈME PARTIE. PKÉLmiNAIIŒS. § XLI. — Nous arrivons maintenant , messieurs , à la dernière par- tie de ce rapport. Nous avons tu que les faits d*après lesquels quelques naturalistes ont pensé pouvoir admettre que, la forme du corps et V organisation inté- rieure sont indépendantes l'une de Vautre, n'étant pas réels, on ne pouvait plus soutenir cette hypothèse. Nous avons également vu que les faits analo- miques sur lesquels a roulé la discussion précédente étaient de deux or» dres et non de même espèce ; les uns se rapportent au foie simple, ramifié, à larges conduits biliaires de certains Mollusques ; les autres sont relatifs aux cœcums intestinaux de divers Ànnelés ; par conséquent la Théorie pHTsioLOGiQDE, destinée à expliquer ces faits anatomiques (1), ne sau- (1) De QuatrefageSf Observations générales sor le phlébentérisme ; Ama- TOMiE DES Pycnogonides. C. R. des scanccs de l'Ac. des Se. de Paris, 1845, t. XIX, p. 1160. Voir p. 11S7. C'est ce même travail à peine modifié que nous avons déjà cité, Note svrle phlébentérishe, Ann* des se. nat., 1845. 6 82 rait s'appliquer exactement à deux ordres de choses aussi différentes. Enfin nous savons que les Mollusques en question , ayant une organisation semblable, au fond, à celle des autres Maiacozoaires, et non absence des appareils respiratoires et circulatoires, on ne peut admettre cette Théorie PHYSIOLOGIQUE , d'après laquelle le rôle physiologique de ces canaux bi- liaires^ larges, pris pour des expansions intestinales ramifiées, serait de favoriser l'accomplissement de la respiration et de suppléer, dans certains cas, la circulation. (P. 1455.) Nous avons maintenant à examiner quel est réellement l'état du système vasculaire en particulier, chez ces animaux que l'on appelle dégradét, quant à leur organisation. Nous avons à voir s'il ea est chez lesquels ce système est, comme on le dit, interrompu, incomplet, s'il présente réel- lement des lacunes, de telle sorte que le sang baignerait les tissus, serait immédiatement au contact des fibres musculaires, des tubes nerveux, etc. Nous sommes obligés, ici encore, de suivre l'ordre historique en discutant les faits au fur et à mesure qu'ils se présentent. Toutefois, il faut d'abord avoir fait comprendre la nature de la question en indiquant d'une manière précise, par des exemples tirés de Tanatomie, quel est réellement le point anatomique dont il s'agit, quels sont les différents aspects sous lesquels on doit l'envisager. M. Souleyet n'ayant répondu aux mémoires publiés sur ce sujet que par un petit nombre de travaux, qui envisageaient nettement et simple- ment la question, nous sonanies conduit, dans celte partie comme dans la première, en raison de l'ordre nécessairement adopté de le citer ub petit nombre de fois seulement. En outre, nous devons citer d'abord tous les auteurs qui, dans l'ordre des dates, ont fait paraître leurs écrits avant les siens. 83 INTRODUCTION. § XLn. — Ce n'est pas de nos jours seulement qu'il a été reconnu qu'on ne pouvait réunir en un seul groupe, pour la description, toutes les considérations d'ordres divers par leur complication auxquelles peut donner lieu un corps organisé. II y a longtemps aussi que Bichat avait reconnu que les considérations physiologiques auxquelles peut donner lieu le corps de l'homme ne sont pas toutes de même ordre et sont les unes plus simples et, par suite, plus générales; les autres plus compli- quées et plus spéciales. Ces distinctions sont, il est vrai, regardées par quelques auteurs comme des divisions scolastiques; mais vous avez déjà vu à quelles erreurs on peut être conduit lorsque, n'étant pas guidé par une saine méthode , l'analyse anatomique n'est pas poursuivie successi- vement depuis la notion d'appareil jusqu'à celle d'élément organique , en passant par celles intermédiaires d'organe, de système et de tissu. • § XLIII. — Prenons les vaisseaux pour exemple : 1" Une substance homogène, transparente dans beaucoup d'animaux, parsemée de noyaux ovoïdes, quelquefois de granulations moléculaires , forme les plus fins capillaires dans les tissus des Vertébrés, des Céphalo- podes et des Gastéropodes. On peut suivre, en effet, ces capillaires dans les vaisseaux des Limaces, bien au delà des plus fins rameaux, qu'un dépôt, dans leur épaisseur, de granulations calcaires sphériques colore en blanc, et ils ont la structure fondamentale qu'on retrouve dans les Ver- tébrés. Ces capillaires sont des différents ordres de vaisseaux, les plus simples en structure, les plus élémentaires; ils ne sont formés que par une seule substance, par un seul élément. Ces vaisseaux-là no sont pas formés par un tissu ; la notion de tissu n'intervient pas encore, il n'y a que celle d'é- lément. Et remarquez que cet élément, la substance homogène, parsemée de noyaux, susmentionnée, n'a pas îa f'^rme défibre, de cellules, etc.; elle a celle de tubes, sans perfonUions ni fentes à bords rapprochés ou écartés. Sh 5l" Mais je remonte en soivant, sans discontinuité, à partir de ces tubes^ ayant Oœ^jOlO environ, jusqu'à des vaisseaux commençant à peine à être visibles à l'œil nu. Soit que je remonte dans un sens ou dans l'aulre, je trouve deux parois loul à fait homogènes, plus épaisses que tout à l'heure : l'une à noyaux longitudinaux, c'est la plus interne, continue à celle de tout à l'heure; l'autre à noyaux transverses, qui n'existait pas dans les premiers. Ici commence la notion de tissu vasculaire, car il y a deux éléments réunis d'une manière différente. Il y a donc à tenir compte là de la notion d'éléments, plus de celles de tissu, qui résulte de la chose nouvelle formée par réunion de deux ou plusieurs éléments. Un peu plus loin, dans des capillaires plus gros, je trouve une troisième paroi. Enfin , les gros vaisseaux, les artères, sont formés de trois parois continues aux précédentes, dont chacune est un tissu particulier, ordinairement formé de plusieurs éléments bien distincts; les veines même préientent quatre tuniques. 3' Ces vaisseaux ne sont ouverts nulle part à l'extérieur du corps ni à l'intérieur des tissus, leurs parois sont continues. Leur ensemble s'appelle système vasculaire ou bien encore système circulatoire, parce qu'ils contiennent un liquide qui, parti d'un point, finit par revenir au point d'où il était parti sans se perdre au dehors. Ce système, pour plus de fa- cilité, se subdivise en artériel et en veineux, suivant que les vaisseaux portent les liquides du centre à la périphérie , ou de la périphérie au centre, il y a, de plus, les systèmes-porte, divisions tertiaires accessoire- ment créées pour désigner plus facilement les cas où le sang qui va de la périphérie au centre, revenant déjà des vaisseaux capillaires, passe par de gros troncs qui le distribuent encore une fois dans des capillaires. Il y a enfin le système lymphatique dans lequel il n'y a pas parcours d'un cercle réel , mais courant continu des capillaires d'origine vers le centre de terminaison ou abouchement : on l'appelle néanmoins système circu- latoire parce qu'il est annexé au circulatoire proprement dit et parce qu'il est continu, complet, sans ouverture au dehors ni dans l'interstice des tissus. a. — Mais, et notez bien ceci, dans la muqueuse utérine humaine, à i'élat de vacuilé do l'utérus, il n'y a que des capillaires, très-fins pour la plupart; vient la grossesse et beaucoup de ces capillaires deviennent gros vaisseaux. Les uns restent pourtant capillaires artériels que l'injec- tion par les artères remplit sous forme de fins conduits repliés plusieurs ois sur eux-mêmes d'une manière caractéristique» Ces derniers se conti- 85 Duent en capillaires veineux qui aboutissent dans ceux qui sont devenus gros vaisseaux veineux de la muqueuse. Ne croyez pas que leur paroi ait augmenté proportionnellement d'épaisseur, elle est au contraire exces- sivement mince ; appliquée sur les tissus, elle leur adhère intimement, et représente un vernis do substance organique, un vernis de cet élément des capillaires signalé plus haut ; mais un vernis tellement mince, qu'il échap- perait à l'observateur sans l'emploi du microscope, fait par une main qui s'est exercée déjà à des travaux d'anatomie élémentaire d'un autre genre au moins aussi délicat. Ces vaisseaux-là ne sont pas nécessairement cy- lindriques; ils prennent mille formes sous la moindre pression des or- ganes voisins : triangulaires ici, on les voit aplatis plus loin, ovales oa cylindriques ailleurs. Croyez-vous que ces vaisseaux puissent être dissé- qués, séparés des autres tissus, isolés par le scalpel comme les veines du bras ou de l'intestin? en aucune façon. Leur si mince paroi se brise trop facilement; mais on peut les étudier en les ouvrant dans le sens de leur longueur ou transversalement. Par suite de toutes ces particulari- tés, on les appelle non pins des veines proprement dites, mais sinus veineux; il y a sinus du corps de l'utérus, sinus de la muqueuse, selon la situation. Il y a encore une raison qui fait qu'on est forcé de les étu- dier par section dans le sens de la longueur, ou qui force à se contenter de l'injection naturelle par le sang ou d'un liquide non coagulable. C'est que la fragilité de leurs parois est telle que le suif ou la cire nécessitant une forte pression amènent la rupture de ces minces parois quand elles ne sont pas soutenues par une grande épaisseur de tissu du côté des cavi- tés; et cette rupture est facile à voir dès qu'elle a lieu; son aspect et la sensation qu'elle produit sont trop connus pour qu'il soit nécessaire d'en parler. Aussi voyez l'excellent traité de notre collègue M. Cazeaux, et vous n'y trouverez jamais que l'expression de canaux et de sinus vei- neux de l'utérus. Suivez donc, en les fendant, certains de ces sinus de la muqueuse ou du corps de l'utérus, et vous arriverez dans de grandes cavités, très-bien appelées lacs sanguins par M. Coste, où baignent les villosités du pla- centa de ces grands sinus ; cherchez à disséquer les parois, la difficulté sera bien plus grande encore qu'ailleurs. Qui plus est, on n'a pu encore à ces lacs sanguins, par aucun moyen, démontrer anatomiquement de paroi du côté des villosités placentaires, dont les capillaires «appartenant aux vaisseaux du fœtus sont logés dans la substance qui forme les ra- mifications terminales des villosités , et sont ainsi sans communication S6 ni continuité vasculaire avoc le tang des lacs ou sinus maternels. Direz- vous d'après tout cela quo le système circulatoire est incomplet? direz-vous qu'il y a des lacunes a ce système ? Direz- vous qu'il en manque une portion, parce que les parois sont si minces qu'on ne les peut isoler, ou peut-être même qu'elles ont été résorbées au contact des villosilés pla- centaires, qui seules en ce point complètent, par leur masse, la conti- nuité des conduits et empêchent ainsi jusqu'à l'accouchement l'épanche- ment du sang au dehors? aucunement. La distribution du sang se fait toujours d'une manière complètn, et, parti du centre, il revient toujours au centre ; mais sans doute il y a eu seulement relard dans le parcours qui ne s'est plus fait que par trop-plein, faute de parois élastiques pour réa- gir au moment d'une distension, etc., etc. b. — Prenons maintenant des Poissons, comme les Raies, par exemple, et divers autres Plagiostomes : nous trouvons hi veine cave, en haut, près du diaphrague fibreux, ayant ses parois confondues avec tous les tissus voi- sins, de telle sorte qu'un ganglion du grand sympathique s'y trouve libre- ment baigné par le sang, et les branches qui s'y rendent ou en parlent sont dans le même cas. Au devant de la colonne vertébrale, cette veine commu- nique avec le sinus de Monro , vaste poche traversée en tous sens de tra- bècules fibreuses, qui reçoit les veines ovariques et testiculaires, immé- diatement au sortir do la substance de ces organes, ou mieux c'est ce sinus qui se prolonge dans leur parenchyme. Sur les côtés, ce sinus reçoit les veines des oviductes dans l'état de vacuité de l'organe ; mais dans l'état de gestation ces veines se dilatent tellement que le tissu cellulaire interposé se résorbe, eU'oviducle, dont on voit la couche musculaire, baigne dans un vaste sinus sanguin, traversé de filaments trabéculeux. Eo bas ce si- nus-là reçoit les veines de la portion d'oviducte appelée matrice^ par un réseau formé de largo trajets veineux anastomosés en tout sens, circon- scrivant des îlots de tissu cellulaire extrêmement petits, et il est de toute impossibilité de séparer le péritoine à ce niveau et de chercher autre- ment à isoler ces vaisseaux sans les ouvrir. Les artères de l'oviducte et du testicule ou de l'ovaire traversent librement certaines portions de ces sinus. Direz-vous que ce sont là des lacunes dans le système veineux; que le système circulatoire est incomplet parce qu'il n'y a pas là de veines nettement dissécables, et que des trabécules traversent ces larges conduits et diverticulums?En aucune manière, parce que, parti d'un lieu central, le sang y revient toujours; et peu importe le plus ou moins de ralentissement et la pénétration momentanée dans tel ou tel diverticuie. 87 Vous ne direz pas non plus que les tissus sont baignés par le sang, parce que, là où les surfaces sont assez grandes on les voit lisses, brillantes ; et quand on peut, par le raclage, en enlever une mince couche, on trouve la substance homogène, élément anatomique déjà signalé; puis, au-dessous, vient le tissu cellulaire, etc. c. — Voici un cas encore bien plus tranché : Dans les Lamproies , on injecte par les artères de très-fins réseaux capillaires des muscles , des fibreuses et de la peau , on peut même quelquefois faire revenir un peu de cette substance jusque dans les veines, puisqu'on colore la substance de couleur différente poussée dans ces vaisseaux et leurs sinus. Or, chez ces. animaux , tout le parcours du sang veineux à la tête et au thorax branchial se fait dans des sinus veineux qui aboutissent en avant à une veine sternale médiane, et en arrière à deux veines placées sur les côtés de la colonne vertébrale. Depuis le niveau du cœur jusqu'au bout de la tête, presque tous les muscles et les cartilages, plusieurs artères, l'ap- pareil d'érosion ou lingual, quelques nerfs et ligaments, ne sont privés du contact du sang que vers leurs points d'attache et d'insertion. Il en est de même des muscles de l'œil, des poches branchiales, etc. Ces or- ganes sont entourés de sang par toute leur périphérie, faits dont M. Du- méril avait déjà vu une partie, en signalant sous le nom de sinus ces espaces intermédiaires (1). Figurez-vous, chez les Mammifères, tous les organes, depuis le ster- num et les clavicules jusqu'à la tète, n'étant pas unis par du tissu cellu- laire, et pas de veine jugulaire proprement dite; puis le tout remplacé par du sang comblant les intervalles, et vous aurez une idée de la dispo- sition de ces sinus, qui communiquent les uns aux autres par des orifices ou les intervalles plus ou moins larges existant entre des organes restés sans adhérences. Au sortir des veines encore à l'état capillaire, ou à peine visibles à l'œil nu, le sang tombe dans ces sinus et ne marche" vers les veines désignées plus haut, puis vers le cœur, que par trop- plein, et aidé par la contraction de la couche musculaire périphérique sous-cutanée. Mais nulle part il n'y a trace de parois veineuses dissé- cables. Ce sont des canaux ou sinus veineux dont les parois sont for- mées par des muscles, des cartilages et quelques faisceaux fibreux, même par les poches branchiales, etc. (1) Duméril , Thèse sur l'organisanion des LAMPR0if:s. Paris, 1807, pe- tit in-8». 88 Pas plus que tout à rheirre vous no direz que le système circulatoire est incomplet, qu'il y a dej lacunes dans le système veineux, parce que les parois sont essentiellement formées par des muscles de la périphérie et profonds, ainsi que par des cartilages unis aux précédents orgunes ot entre eux. C'est une autre conformation, et voilà tout. Co sont des trajets veineux, c'est la forme de sinus que présente lo système veineux ou sys- tème de retour pour le sang, et non celle de conduits cylindriques, nimi- fiés, anastomosés et susceptibles d'isolement. Mais le système , le par- cours, est tout aussi complet que chez l'Homme ou tout autre Mammifère. Vous ne direz pas davantage que le tissu des muscles, artères, etc., est à nu , est baigné directement dans le sang, parce que partout où les sinus sont assez grands, là principalement où des muscles sont libres par toute leur périphérie, dans toute leur longueur, en raclant la surface de l'or- gane, on trouve une légère couche, un vernis de cette substance homo- gène, de cet élément dont nous avons parlé; puisco n'est qu'au-dessous que vous arrivez au tissu musculaire. Je n'ai pas besoin do dire que les minces trabécules de tissu cellulaire qui traversent quelques sinus peu- vent facilement, quand elles sont assez grosses, être distinguées, par leur surface lisse, etc., des ûlaments de ce tissu, qu'on forme artificiellement par la dissection (1J, Mais voilà un assez grand nombre d'exemples pour faire sentir ce que c'est qu'un système comparé à un tissu, ce qu'on peut entendre par «y<- tème veineux, lequel peut être entièrement formé de veines, ou en par- tie de veines, en partie de canaux, trajets veineux ou de sinus. Mais nulle part il ne manque la substance homogène, l'élément dont nous avons parlé. Si elle manque, il y a lésion ; toute lacune dans la continuité de cette substance est une lésion, et celle-ci se manifeste sur le vivant par l'inûllration du sang entre les fibres des tissus et leurs autres élé- ments. Sur le cadavre, soit qu'elle existe, soit^u'on la produise, elle se manifeste aussitôt, sur quelque animal que ce soit, par un épanchement de la matière qu'on injecte. Cet épanchement , même dans les tissus ca- verneux , même dans l'injection des réseaux lymphatiques ou sanguins les plus serrés, se reconnaît aussitôt par un gonflement local ou bour- (l) Ch. Robin, Note sur qcelqces particuurités bo STSTiiiE veineux ses LàlPROlES. Journal l'Institot, 1846, vol XIV, p. 121, et Monographie kt Planches in- ^.DITGii. 89 souflement des tissus, ou une infiltration particulière que tout anatomiâte cannait trop bien pour que je la décrive. Ceux qui ne la connaîtraient pas doivent se reconnaître encore inexperts et garder une prudente ré> serve dans leurs jugements sur celte matière. Enfin, si tous ces exemples n'élaient sufiBsants, nous pourrions encore citer les vastes sinus lympha- tiquei péri-œsophagiens, péri-aortiques et autres des Batraciens; ceux do divers Sauriens et Ophidiens qui sont encore dans le même cas, et sur lesquels on constate les mêmes faits indiqués pour les veines. 4* Nous avons vu ce qu'était Télément, le tissu, le système ; voyons ce qu'est Vorgane. Le système veineux se partage en plu.^ieurs veines dis* tincles par le volume, la situation, etc., ou en plusieurs mu^.-ce sont autant d'organes. De même pour le système artériel et le lymphatique. La notion d'organe est suffisamment connue ; à ollo se rattache en phy- siologie la notion d'usage. 5e Les veines, les artères, réunies à un ou plusieurs ventricules et oreillettes, à un cœur en un mot, autre organe dérivaiU du système mus* culaire, puis à un péricarde, organe fibreux, constituent l'appareil cir" culatoire. L'appareil est en effet formé d'organes distincts ; à lui se rat- tache l'idée de fonction. $ XLIV. — Voilà autant de notions distinctes que présente l'analyse anatomique de tout animal, et qu'il faut toujours avoir présentes à la mé- moire quand on fait cette analyse, sous peine d'erreurs incessantes et de diverse nature. Vous en verrez bientôt des exemples de la part des auteurs qui considèrent ces notions comme des divisions scolastiques, n'existant pas dans la nature des choses, et qui ne reconnaissent pas, fait pourtant bien net, la réalité de leur développement successif et distinct dans les diverses phases du développement historique de l'analomie. Il faut donc toujours savoir, en traitant un sujet anatomique, si c'est de l'élément, du tissu, du système, de l'organe ou de l'appareil qu'on parle. Si l'on veut parler de tous ces points de vue à la fois, les réunir tous en un même sujet de consi- dération, il y aura nécessairement omission, soit de ce qui regarde l'élé- ment ou de ce qui concerne le tissu, etc.; Is sujet sera ainsi incomplètement traité. Mail entrons en matière. M EXPOSITION HISTORIQUE. § XLV. —En 4817, Cuvier conclut de ses recherches sur l'Aplysie (1) : « i° Qu"il n'y a point d'autre vaisseau pour porter le sang aux branchies, » que ces deux grands conduits musculaires et percés qu'il vient de dé- » crire; » 2" Que toutes les veines du corps aboutissent médiatement ou immé- > dialement dans ces deux grands conduits. » Or, comme leur communication avec la cavité abdominale est évi- » dente et palpable, qu'on les appelle veines caves, ou cavités analogues » au ventricule droit, ou enfin artères branchiales, car on voit qu'ils » remplissent les fonctions de ces trois organes, il résulte toujours que » les fluides épanchés dans la cavité abdominale peuvent se mêler di- p reclement dans la masse du sang et être portés aux branchies, et que » les veines font l'office des vaisseaux absorbants. » Cette vaste communication est sans doute un premier acheminement > à celle bien plus vaste encore que la nature a établie dans les In- » sectes, où il n'y a pas même de vaisseaux particuliers pour le fluide » nourricier. » En 4 823, Gaspard publia un travail sur la physiologie de l'Hélix po- matia (2), dans lequel il montra que le sang n'est pas seulement contenu dans les vaisseaux proprement dits de cet animal, mais aussi dans la ca- vité abdominale , principalement quand l'animal rampe ; de telle sorte que les organes digestifs et ceux de la langue y nagent. Quand l'animal est rentré dans sa coquille, le sang n'est pas épanché de la sorte, il rentre dans des vaisseaux. (1) Guvier, Utu. pour servir a l'bist. et a l'anat. des Mollusques. Paris, 1817, in-4% Méh. sur les Apltsies. (2) Gaspard, Recherches sub la phtsiol. de l'escargot des vignes (Hélix pomatia L.), (Journal de pbtsiol. de Magendie, 1S22, t. Il, p. 295). 91 Nous avons déjà vu dans la première partie, que, danft son Traité DE Malacologie, de Blainviile (1) montre que les parois des vais- seaux veineux, déjà exlrêmement minces, se confondent en outre tel- lement avec le tissu des parties, qu'il devient très-difficile de les recon- naître. D'après lui (et il paraît considérer le fait comme à peu près géné- ral dans les Mollusques), les veines ne sont plus que des trajets veineux^ qui n'ont l'apparence de vaisseaux à parois bien distinctes que dans les gros troncs. En 1837, J.-F. Meckel insista longuement,' dans son Anatomie compa- KÉE sur la disposition des veines des aplysies (2), En parlant du pas- sage de Cuvier cité plus haut et des veines dont cet auteur considère les parois comme formées par des faisceaux musculaires transversaux et obli- ques, etc., il dit (p. 473): « Jadis l'opinion de Cuvier fut formulée net- » tement à cet égard, et il n'admet pas même le doute relativement à » l'existence de ces points decommunicalion (avec la cavité abdominale). 1) Plus tard, la façon de voir de cetautPiur devint moins exclusive, au » point qu'il proposa lui-même la question de savoir s'il n'existait point, V par hasard, une membrane fine, enveloppant la cavité tout entière du » système vasculaire, membrane qui aurait échappé à son attention. » Quoi qu'il en soit, ajoute Meckel, cet observateur ne trouva chez les » autres Mollusques aucune communication semblable avec la cavité ab- B dominalô , et il en cotiteste positivement l'existence chez VOnchi- • dium (3). » Il dit ensuite : a Pour ma part, j'avoue que, fondé sur des recherches » multipliées, faites sur des sujets volumineux, d'une intégrité parfaite, » soit frais, soit conservés dans l'alcool , je ne puis me ranger en aucune » manière de l'avis de Cuvier. En effet, en y regardant de près , j'ai con- n stamment trouvé les interstices des faisceaux musculaires obturés par » une membrane ténue et facile à déchirer, membrane qui n'est autre B chose que la séreuse du système vasculaire et qui s'étend par le vais- B seau entier. » (P. 174-<75.) (1) De Blainviile, Traité DE MALACOLOGIE et de conchyliologie, in-S», 1826, p. 120. (2) J.-F. Meckel, Traité général d'anat. coup., trad. française, t. IX. Paris, 1837, p. 172àl77. (3) Cuvier, loe. ctf., 1817, Méu.soa l'Onchidie, p. 6. 92 En 1842, M. Pouchet (1) montra sur la Limace rouge que le sang, après avoir franchi les capillaires, tombe dans la cavité viscérale, d'où il passe par des orifices veineux dans les veines qui, chez ces animaux , vont df- rectement des organes au poumon, à la manière de la veine porte dans le foie, formant ainsi une véritable veine porte pulmonaire ou branchiale, suivant le mode de respiration de l'animal. Nous reviendrons plus loin sur ces orifices veineux, exactement décrits par M. Pouchet, sur le trajet des veines des parois musculaires du corps et s'ouvrant dans la cavité qui renferme les viscères. S XL VI. — Dès 1834, M. Edwards, dans son Hist. nat. des CausTA- cÉs (2) , avait dit : « Les canaux par lesquels le sang revient des diverses » parties du corps vers les branchies, sont plutôt des lacunes situées » entre les divers organes que des canaux à parois bien formées. Quoi » qu'il en soit , ces veines informes aboutissent toutes à des espèces B de réservoirs sanguins que nous avons nommés sinus veineux. • (P. 102.) Plus loin, cet auteur ajoute : « Telle est la dispositions du système cir- » culatoiro chez la plupart des Crustacés ; mais chez quelques-uns de ces ■ animaux il est bien moins développé, et les artères aussi bien que les • veines ne paraissent être que des lacunes formées par les interstices » que les divers organes laissent entre eux. C'est, en effet, ce que Jurine » a observé chez les Argules, où le sang paraît répandu dans le paren- » chyme même des organes; néanmoins il existe toujours un cœur, et les » courants qu'il détermine ont toujours une direction constante. » (P. 1 04.) La même manière de voir est adoptée dans I'Anat. comp. de Cuvier. On lit, en effet, dans la 2* édit., par M. Duvernoy (3; : « 3* La troisième » différence de forme et d'organisation des réservoirs du fluide nourricier • que nous devons distinguer est celle que l'on peut désigner sous le nom » de lacunes. » Nous appelons ainsi des vides qui existent entre les rameaux artériels » et les racines des veines, qui ne se continuent pas l'un avec l'autre par » l'intermédiaire d'un système capillaire. (1) Pouchet, Recherches son l'anat. et la phtsiol. des Mollusques. Rouen, 1841, in-4% 24 pages, une pi. lith. ("' Edward», Hist. kat. des Crustacés, ln-8o, vol. 1, 1834, p. lOi. (3; CuTier, Anat. comparée, in 8*, t. VI, 1839, p. S04-S0S. 93 i> Ces lacunes forment des méats dans les interstices des faisceaux » muscuieux, dans les intervalles des organes et des parties, dans les- » quels le fluide nourricier pénètre et se meut d'un système vasculaireà » l'autre. C'est le cas des Crustacés et des Arachnides. » i" Les réservoirs du fluide nourricier peuvent consister encore en la- » cunos plus considérables, lorsqrie le système vasculaire est à l'état rti- » dimentaire. Ce sont alors des cavités viscérales tout entières, dans les- » quelles le fluide nourricier est épanché. C'est le cas des Insectes et des » Arachnides trachéennes^ où l'on trouve le sang non-seulement dans » les interstices des muscles, mais encore dans les cavités de l'abdomen, » du thorax et de la tête.» (P. 505.) Avant d'aller plus loin, vidons un des points de cette question. Relati- vement aux sinus des Crustacés, votre rapporteur peut assurer que, d'a- près l'examen qu'il en a fait sur des Langoustes et des Crabes, les tissus ambiants ne sont pas à nu, mais tapissés d'une mince couche de substance homogène, parsemée de fines granulations moléculaires. Chez les indivi- dus de grand volume, ou en peut trouver aussi dans les gros trajets veineux qui arrivent aux sinus, soit du côté du tronc, soit du côté des membres. Aussi les injections ne s'inPiIlrent pas dans les interstices des tissus; le fait arrive cependant quand il y a rupture de la mince couche tapissant ces trajets veineux; ruptuie facile par suite de sa délicatesse, mais qui permet alors de juger de la différence qu'il y a entre l'injection réelle et l'infiltration. Or, lorsqu'on voit ces faits, on ne saurait guère s'empêcher d'admettre l'existence de la même substance, à la surface des conduits que leur petit volume empêcha d'explorer sous le rapport qui nous occupe, aussi bien que dans les canaux volumineux. Dans ces animaux-là, aussi bien que dans les Insectes, lorsqu'on a déjà injecté suffisamment d'autres animaux, et de ceux-ci, on distingue facile- ment les points où les conduits, quelqu'irréguliers qu'ils soient, car ils sont rarement réguliers, sont exactement remplis et ceux où il y a eu rupture et infiltration dans les tissus. § XLVII. — Du reste , examinons d'abord ce que l'on pourrait avoir démontré au point de vue physiologique , en admettant cette prétendue absence do parois, dont l'existence est déjà prouvée en plusieurs points où on la croyait absente. Il ne faudrait pas croire que l'on aurait expliqué quelque chose de la nutrition en niant ces parois. On n'aurait fait que reculer la difficulté. En 9U effet, je prends des faisceaux slriés des muscles, ayant de 5 à 8 centièmes de millimètre, près d'un dixième, et n'étant en contact qu'avec un ou deux capillaires qui en suivent la longueur, ou bien , chez les Crustacés, en contact par une partie de leur surface seulement, avec les larges con- duits interposés aux troncs artériels et veineux. Nul capillaire, nul conduit ne pénètre dans leur épaisseur. C'est donc par imbibition que se fait la nutrition du contre de ce faisceau. Je prends , d'autre part, les corpus- cules ganglionnaires placés sur le trajet des tubes nerveux. Ces corpus- cules ont jusqu'à un dixième de millimètre et même plus chez lesPoissons, un ou deux capillaires seulement touchent chacun d'eux en quelques points de leur circonférence. Comment donc se fait la nutrition au centre de ce corps sphérique, si ce n'est par Imbibition? Du reste, ne sait-on pas qu'il n'y a dan§ les muscles des Vertébrés au- cune espèce de capillaires plus petit* que ceux qu'on y voit à l'aide dn microscope , lesquels ont umiil.,008 pour les plus pe;its, étant tous une paroihomogèneparfaitementconstituée70r comment donc, dans ce tissu, se fait la nutrition, si ce n'est par transsudation d'abord au travers de ces parois, puis imbibition immédiate des faisceaux musculaires, des tubes nerveux, fibres de tissu cellulaire, etc.? Voilà pour un premier mode de démonstration, celui qui est tiré de la structure normale et des phénomènes physiologiques qu'on y observe et qu'on en déduit. Voyons maintenant un autre mode, complément indis- pensable du premier, reposant, s'appuyant sur lui, mais sans lequel réel- lement nulle démonstration ne peut être considérée comme complète. C'est l'observation de ce qui se passe dans les cas morbides bien détermi- nés ; elle viçnt en effet compléter nos connaissances, et nous prouver si réellement nous avons interprété d'une manière satisfaisante ce qui existe à l'état normal. Qu'arrive-t-il donc lorsqu'un liquide épanché, par rupture des vais- seaux, infiltre et baigne directement les tissus, à la manière de ce qu'on prétend avoir vu dans les animaux dont nous parlons? D'abord, dans ce cas-là, rien ne s'organise, ni la fibrine qui s'est coa- gulée, ainsi que le montrent les caillots des hémorrhagies de la muqueuse caduque utérine, ceux des artères liées, ceux du cerveau, etc.,.., nf môme le sérum, qui se résorbe, infiltre peu à peu les tissus ambiants, ou se réunit en masse enkystée ou non. Ce qui prouve que ce liquide ne sert pas à la nutrition directe des éléments anatomiques qu'il baigne directe- meut, c'est que ces éléments, loin de devenir plus volumineux, loin de 95 prendre des caractères plus nets, ainsi qu'on le voit dans les cas où il y a nutrition active, montrent l'inverse. Observez un muscle infiltré de sérosité épanchée à la suite de rupture de capillaires, prenez-le aussi loin que possible de la lésion, comme on peut le faire dans le cas de fracture d'un os, alors vous verrez que les fais- ceaux primitifs infiltrés sont plus pâles, leurs stries transverses sont moins nettes ; ils sont parsemés de granulations moléculaires, comme dans tous les cas où ces faisceaux primitifs sont malades. Ainsi donc ce liquide, directement fourni aux éléments anatomiques, quoique en quantité un peu plus abondante que normalement, ne leur convient pas, et sans doute précisément parce qu'il est fourni directement. Ne sait-on pas que ces, parois des capillaires sont soumises, comme tout ce qui a vie et se nour- rit, au double acte élémentaire caractéristique de composition assimila- trice et décomposition désassimilatrice? Or croyez-vous que le liquide contenu dans les vaisseaux, en traversant ces parois pour en sortir, n'est pas modifié par ce double mouvement, et n'est pas autre au dehors de ce qu'il était au dedans? Certainement oui; il a été modifié pendant ce tra- jet, et c'est sans doute parce qu'il a été modifié qu'il est apte à être assi- milé. Du reste, l'analyse des liquides exsudés là ou il n'y a pas eu rup- ture des vaisseaux, montre que le liquide pris au dehors n'est pas identi- que au sérum du sang. C'est toujours appuyé sur l'ensemble des faits coaniis à l'époque où nous observons que nous devons marcher dans l'observation. Ce n'est jamais qu'en ngus appuyant sur leur analyse la plus minutieuse que nous devons tenter de faire un pas; autrement ou bien on développe et on élève aux nues un sujet devenu par le temps vide de sens et d'applica- tions, et alors inutile ou souvent nuisible à l'esprit; ou bien les raisonne- ments sur les faits réellement utiles se trouvent alors être incomplets, ce qui les rend encore inutiles, d'applicables qu'ils devaient être. Partant des Invertébrés, nous avons pris des exemples dans l'^s Verté- brés, c'est-à-dire là où il était possible d'en prendre ; mais les phénomè- nes physiologiques de nutrition, avec lesquels se trouvent ici directement en rapport les faits anatomiques de distribution des capillaires, les phé- nomènes de nutrition, disons-nous, sont essentiellement les mêmes au fond dans tous les corps vivants, et les exemples ci-dessus sont applica- bles en général à tous. De plus, les auteurs dont nous allons parler ont étendu ou voulu étendre les faits observés chez les Invertébrés jusqu'aux Vertébrés ; ils ne sauraient donc refuser la réciproque en fait de raison- d6 ment portanl stjr les phénomènes les plus généralement communs à toùi les corps organisés. Étant ainsi fortement soutenu, n*ayanl tourné aucune difficulté, mais les ayant toutes franchement abordées, continuons le sujet commencé, qui est presque entièrement analomique, et surtout d'anatomie générale ou élémentaire (1). § XLVIII. — Tels étaient les raisonnements sur lesquels on pouvait se baser en traitant la question dont il s'agit, lorsque M.Edwards publia In travail que nous allons analyser (2). Ce travail consiste essentiellement en ceci : l'auteur prend les Polypes hydrairp?, zoanthaires, etc., dans lesquels il voit la cavité digeslivo com- muniquer avec la cavité générale du corps dans laquelle flotte plus ou moins librement la poche digestive (Actinies, etc.), ou même, chez les Acalèphes, envoyer des prolongements dans toutes les parties du corps. L'eau avalée y entraîne ensuite les matières dissoutes, qui servent ainsi directement à la nutrition, après avoir subi de la part de l'eau ambiante ou mélangée les phénomènes d'échange de gaz qui caractérisent la respi- ration. Chez des élres plus élevés, comme les plus simples des Mollus- ques, les Bryozoaires, encore considérés comme des Polypes par quel- ques auteurs, l'intestin ne communique plus avec la cavité du corps ; un liquide remplit celle-ci, flotte entre les organes, mais il n'y a pas de vais- seaux particuliers. Ici viennent des considérations dans lesquelles on fait jouer à l'intestin ou à des cœcums ramifiés un rôle accessoire d'appareil d'irrigation organique, sur lequel nous n'avons pas besoin de revenir; puis ensuite il est question des^Insectes et Crustacés inférieurs. Mais ici on sait qu'il y a parfaitement un cercle parcouru par le sang, qui, parti du cœur, se répand dans des sinus ou trajets sanguins distribués entre les organes à la manière de ce ^ue nous avons signalé chez les Lamproies* puis revient au cœur ou vaisseau dorsal par des canaux allant des côtés du corps à la ligne dorsale médiane. Pour n'être pas arrondis et nette- ment dissécables, ces conduits n'en constituent pas moins un système circulaloiroj et avec le coBur un appareil complet de circulation. (1) Ch. Robin. Tableaux d'anatomie contenant l'exposé de toutes les par- ties à étudier dans le corps de l'homme et des animaux. Paris, I8ô0, Jn-4*. Avertissement, p. 13. (2) Edwards, De mode de distribution des rLUiDEs NounniciERS dans l'^cono* ■IS ANIMALK (AnN. DES 80. MAT., 184S, t. III, p. 357). 97 Vous vous étonnez peut-être de voir décrits à la suite l'un de l'autre, dans un môme chapitre, comme donnant lie» à un même ordre de consi- dérations physiologiques, l'intestin, ramiGé ou non, des êtres les plus simples, lequel, en raison de la simplicité même de ceux-ci, suffit à tous les actes élémentaires de leur nutrition, pour passer immédiatement en- suite à l'appareil de circulation, c'est-à-dire à un appareil surajouté au digestif dès que l'organisme se complique. Vous devez vous étonner de voir placer sur le même pied deux choses aussi différentes que celles de digestion et de circulation. À l'idée de dis- solution des aliments, puis de leur transport immédiat dans un corps des plus simples, sans retour à un centre d'impulsion par des conduits faisant cercle, vous devez vous étonner de voir faire suite celle de circulation, idée d'un ordre tout autre ; car de ce que le sang oscille quelquefois dans un vaisseau alternativement en deux sens différents, comme le font les aliments dans les cavités et conduits en question, cela n'établit pas iden- tité, et le cercle finit toujours par s'accomplir, tandis que, pour les ali- ments, il n'en est rien. Aussi c'est plus que de l'étonnement que l'on éprouve, et si l'on ne se tient en garde contre de pareils raisonnements, il en résulte bientôt une confusion inexprimable, des idées de nutrition, propriété vitale élémen- taire, fondamentale ; puis ûq digestion, idée de fonction ; puis de circu- lation, etc. Mais rappelons-nous que la distinction entre ces idées physiologiques et entre les notions anatomiques qui leur correspondent, est considérée comme division scolastique, sans utilité dans la science, résidant plutôt dans les mots que dans les choses. Rappelons-nous que c'est dans ce même travail et pour lui servir d'introduction que cette idée est déve- loppée. Rappelons-nous surtout qu'il est beaucoup d'auteurs, qui, au lieu de s'appuyer dans le raisonnement sur toutes les notions de différents or- dres que fournil l'analyse anatomique, se contentent en général d'un seul de ces ordres de notions, sur lequel ilsbasent ensuite les considérations de tout genre. En s'appuyant ainsi sur des faits incomplètement observés , la science doit consister à développer delà manière la plus agréable un ordre d'idées accepté ou choisi, mais non pas à pousser l'analyse anatomique jusque dans les dernières limites de précision que permettent les moyen» présents d'investigation; qui conduisent ensuite à réunir les choses de même ordre qui se ressemblent , pour en déduire les faits communs , in- dépendamment de tel ou tel ordre d'idées préconçues. Aussi, et comme 7 ••'^*-> X!: ■-/ / >j. 98 conséquence , suivant l'expression naïvement adoptée , on raisonne d'a- près la manière de voir de tel ou tel , mais non d'après ce dont on s'est assuré par observation. On comprend dès lors qu'on aurait grand tort d'avoir toute autre manière de voir que celle qui fait que le sujet cesse d'offrir aucune difficulté sérieuse. § XLIX. — Nous devons maintenant citer les passages à l'aide des- quels est exposée la manière dont se fait le passage des prétendues la- cunes aux vaisseaux bien limités. Par là vous verrez quel comple est tenu des notions précises fournies à si grand'peine par l'anatomie générale en Allemagne, etc.... Après avoir exposé par quelques mots comment se forment les vais- seaux dans le blastoderme, M. Edw^ards ajoute (4) : « Lorsque, par suite » d'un état pathologique de l'économie, des vaisseaux sanguins se dôve- » loppent dans une fausse membrane, les choses se passent encore de la » même manière. Ce n'est pas un vaisseau déjà formé et appartenant aux » tissus voisins qui s'allonge et s'avance dans le tissu nouveau ; ce sont » des espaces irréguliers, qui se creusent dans la substance de ce der- » nier, et qui après s'être mis en communication avec les parties voisines » du système vasculaire, se canalisent et se transforment en véritables » vaisseaux sanguins. » « Cette substitution de tubes membraneux à la place de simples lacunes j) feut être expliquée de la manière la plus simple. » On sait que toutes les fois que chez l'homme un liquide irritant, du » pus par exemple, se fraye une route entre les organes pour se porter » au dehors, la voie qu'il parcourt est d'abord une lacune irrégulière, > pratiquée dans le tissu cellulaire interorganique, et communiquant » librement avec les méats d^alentour ; mais les observations des patho- » logistes nous apprennent que peu à peu cette lacune s'isole , se trans- » forme en un canal tubulaire, et s'entoure d'une fausse membrane par- » faitement distincte des parties voisines. C'est l'influence excitante du » courant qui détermine la formation de cette -tunique anormale, et qui » sépare ainsi du système lacunaire de l'économie une cavité particulière » ayant la forme d'un vaisseau à parois propres. Dans les cas de fistules » anciennes, ces canaux se constituent presque toujours et acquièrent » souvent une longueur assez considérable. » (1) Edwards, km, des se. nati, loe, cit-, 1845, p. 281. 99 On cooiprend qu'il est ioulile de montrer à quelles sources surannées sont empruntés de tels arguments, et combien ils sont éloignés d'oxpri- raer ce qu'on sait depuis les travaux des erabryogénistes de ce siècle. M. Edwards ajoute : a Ainsi , toutes les fois quo des mouvements fréquents s'établissent » accidentellement entre les parois d'une cavité et un liquide irritant » accumulé dans son intérieur, ces parois se régularisent et tendent à se » revêtir d'une membrane particulière. Par conséquent, si l'on admet » que dans l'état normal de l'économie des causes analogues produisent » des effets semblables, on comprendra que pour déterminer la transfor- » mation du système sanguin lacunaire en un système de vaisseaux à » parois propres, il pourra suffire de l'influence excitante du sang sur les » tissus entre lesquels ces cavités se trouvent pratiquées. » (P. 282.) Viennent ensuite des explications pour montrer comment le sang arté- riel, plus excitant que le veineux, a dû faire naître des parois aux artères et pas aux veines chez les Crustacés, Arachnides et Mollusques. « On comprend également, dit encore M. Edwards (p. 283), que si » l'excitation produite par le contact du sang sur les tissus constitutifs » du système lacunaire général détermine la formation des parois voscu- » laires, le fluide nourricier, qui, par son passage à travers l'organe res- » piratoire, s'est chargé d'oxygène, peut agir de la sorte plus activement » que du sang veineux, et par conséquent que lorsque la portion centri- » pède du système circulatoire tend à se canalyser et à acquérir des pa- » rois propres, les conduits branrhio-cardiaques ou les veines pulmo- » naires devront se transformer en tubes avant les cavités veineuses » proprement dites, disposition dont les Mollusques, aussi bien que les » Crustacés, offrent de nombreux exemples. » Il est fâcheux pour ces raisonnements, dont les appuis ont été recher- chés d'abord sur les fistules de l'homnie, que cette influence excitante plus active du sang rouge se soit ordinairement manifestée d'une ma- nière si contradictoire avec l'explication : 1° dans les veines pulnjonaires et ombilicales comparées aux artères de ce nom; 2° dans l'artère bran- chiale des Poissons, tout aussi puissante que les artères sortant des branchies pour aller aux divers organes; 3» enfin dans les Mollusques eux-mêmes, puisque nous allons voir tout à l'heure les II al y o lis et les Patelles, Mollusques des plus parfaits, dont l'aorte n'a plus de parois dis- sécables et forme un Viisto :-ii'.us ci. ma k^quo! biignc la base de la langue. Voici encore uu dernier passage qui achever;! de montrer que la ioo science semble consister à donner d'avance l'explication des choses pour chercher ensuite à trouver des faits à l'appui , plutôt que de dé- duire de l'observation les faits communs au plus grand nombre d'êlres : « Ainsi, dit M. Edwards, tout, dans l'organisation des animaux infé- » rieurs, semble se passer, comme si l'hypothèse que je viens d'exposer » était l'expression de la vérité, et indiquait réellement le mécanisme » par lequel la nature perfectionne l'appareil de la circulation. Celte » théorie a l'avantage de rattacher les phénomènes pathologiques aux » phénomènes normaux de la physiologie, et elle nous permet de com- » prendre comment des tubes vasculaires et des lacunes peuvent s'unir » pour constituer un seul et même cercle sanguifère, et comment la » transition peut s'opérer entre ces deux espèces dé cavités. » Mais cette théorie, si avantageuse en apparence, était déjà inutile à 'époque où elle a été publiée; il n'y avait pas besoin de donner une explication de la manière dont s'opère la transition entre les deux espèces de cavités; elle était déjà parfaitement connue par !a simple observa- tion au microscope qui a permis d'isoler des capillaires à parois propres, déjà décrits, se continuant d'un côté en artères et de l'autre en veines. Il suffisait de se remettre au niveau des connaissances de l'époque pour éviter cet encombrement d'explications nullement en rapport avec les faits. § L. — Plus loin, pour expliquer la transsudation des liquides au travers des parois des vaisseaux, on admet que la clôture de ce système de vaisseaux n'est pas complète. Sans tenir compte de la parfaite homo- généité des parois des capillaires, de l'absence complète de perforations en quelque lieu que ce soit, elles sont comparées à une gaîne de feutre dont les lacunes sont trop étroites pour laisser filtrer les globules de sang et en laisser passer d'autres. Tout cela est dit sans tenir compte des faits d'exosmose et endosmose au travers des substances les plus homogènes. S'il était nécessaire d'insister plus longtemps pour faire sentir combien sont moins brutalement mécaniques qu'une filtration les phénomènes d'exsudation et d'absorption dans l'économie, les exemples ne manque- raient pas. Tous viendraient faire sentir qu'il y a dans ces phénomènes plus qu'une simple filtration; que, pendant la translation du dedans au dehors, ou réciproquement, à travers la paroi du capillaire, il y a modifi- cation de la substance transportée par suite du double mouvement de composition et de décombinaison qui s'y passe. De là cette sorte d'élection, 101 de choix, d'après lequel telle ou telle substance est prise plus ou moins facilement de tels ou tels vaisseaux. Admettrez-vous qu'il y a des capil- laires dix fois plus petits que les globules du sang, n'ayant que 0,001 mill., etsans parois, lorsque vous aurez vu l'expérience suivante de notre collè- gue Bernard? Il a vu, en effet, qu'en faisant avaler des quantités considé- rables de sucre de canne à un animal , on n'en trouve pas dans les chyli- fèfes ni dans le canal thoracique, tandis qu'il y en a au contraire beaucoup dans la veine porte; au contraire, faites-lui prendre du cyanure jaune de potassium et de fer, et vous aurez l'inverse. Les lymphatiques chylifères en contiendront en quantité, et le sang des veines en sera dépourvu. Pourquoi donc celle différence, si vous admettez des vaisseaux plus fins que les globules du sang qui n'ont pas de parois? Pourquoi donc ces substances sont elles les unes acceptées, les autres refusées par un même ordre de vaisseaux, et vice versa, par un autre ordre, si, comme on cher- che à le prouver, le système capillaire est formé en partie par des LACUNES dans les animaux supérieurs, et par conséquent n''est pas aussi continu, aussi bien clos qu'on l'a cru jusqu'à nos jours (1) ? Il est inutile, du reste, d'insister plus longtemps sur ces faits publiés précisément à l'époque où de toutes parts on venait de démontrer, en Allemagne et partout, l'homogénéité et la continuité des parois vasculaires des plus fins vaisseaux. Ce sujet a du reste assez longuement été traité dans un autre ouvrage par votre rapporteur (2), pour qu'il soit inutile d'y revenir, non plus que sur les arguments que fournissent à M. Ed- wards les recherches de MM. Doyère et do Quatrefages (3). Ces prétendus eapillicules ou lacunes ne sont autre chose que les interstices des fibres du tissu, interstices remplis par les vicieuses injections par double dé- composition, qui peuvent quelquefois infiltrer, œdematierles tissus, ou bien ils sont dus à des ruptures des capillaires (Voy. l'ouvrage cité, p. 26 et suiv.). Ainsi donc, nous pouvons dire avec certitude, contrairement à tous ces auteurs , que la clôture des cavités dans lesquelles le sang est enfermé n'est pas apparente, mais bien réelle. (1) De Quatrefages, Comptes rendus des séances de la Société philomatique, séance du 8 mars 1845. Journal l'Institut, 1845, p. 116. (2) Ch. Robin, Du microscope et des injections, etc. Paris, 1849, in-B», pre- mière partie, p. 24 à 37. (:)) Doyère et de Quatrefages, Comptes rendus des séances de la Société philo- matique. Journal l'Imstitot, t« IX, 1841, p. 73. 1D9 § IJ. — Tous ces faits étant ainsi successtvennent ditcutéa el rame- nés à leur véritable valeur, vous comprendrez facilement et en peu de mots ceux qu'il nous reste à exposer. M. Edwards part de telles idées et ne s'occupe pas de poursuivre l'analyse anatomiquo jusqu'aux éléments, jusqu'à rechercher si, là où le volume permet de la rechorclier, existe cette même couche de substance homogène qui tapisse les organes limitant les sinus et empêche le sang de s'infiltrer entre leurs fibres ou cellules. Aussi ne soyez pas étonnés de voir ce savant admettre que « chpz les Mollusques, même les plus parfaits, le système des vaisseaux » à l'aide desquels le sang circule dans l'économie est plus ou moins » incomplet. » (1 ) En effet, la présence de ces vastes sinus dans lesquels eouvent plongent une partie des viscères, comme tout à l'heure nous l'avons vu pour les sacs branchiaux, les muscles et l'appareil à érosion des Lamproies , ces sinus, dis-je, pour ces auteurs, rendent l'appareil circulatoire incomplet. Or il n'en est rien; le système veineux est parfaitement complet; il ne manque rien à l'appareil circulatoire. En effet, le sang parti du cœur, passant dans les branchies, puis les artères, puis les veines, s'arrête plus ou moins dans les sinus qui sont annexés à celles-ci. ou qui en tiennent la place; mais il n'en arrive pas moins de là au cœur, d'où il était parti. Qu'est-ce donc qui rend cet appareil incomplet? Est-ce par hasard la pré- sence de ces sinus? Est-ce parce qu'ils n'ont pas de parois dissécables et démontrables comme autre chose qu'une même couche de substance? Mais alors, je le répète, il faudrait dire que le système veineux de l'uté- rus est incomplet, que celui des Poissons sélaciens est incomplet, que celui des Lamproies enfin l'est encore davantage. Or c'est ce que quicon- les a injectés ne dira jamais. Le système est parfaitement complet, il n'est interrompu nulle part ; la substance homogène si souvent mentionnée n'y manque nulle part; il est tout à fait continu, car les sinus etdiverticu- Iumâ°sont tout à fait, clos, et s'ils communiquent avec quelque chose, c'est avec des organes semblables à eux. § LlL — Mais, direz-vous, c'est là une discussion de mots et non de fait. Cela est vrai; si ce n'est toutefois pour la mince couche de sub- stance homogène qui tapisse les sinus. Elle se démontre, en effet, chez (l) Edwards, Rapport au hinistre (iMonitecr du 17 nov. 1844, et Ann. des se.- HAT., 1846, 1. îU.p, i3f);. 103 les grands Mollusques, tels que les Céphalopodes, ce qu'on ne peut fairo chez ceux qui dont trop petits pour qu'on puisse enlever convenablement un peu de cette substance sur les parois et les porter ensuite sous le mi- croscope. Mais faites attention que cette légère omission a fait employer les termes d'incomplet et de lacunes, qui tous deux impliquent l'idée du manque de quelque chose, là où il n'y manque rien du tout, là où tout se passe d'une manière complète et parfaite. Il en résulte que, au lieu de diriger avec sang-i"roid et tranquillité votre esprit vers les particularités très-réelles et dignes d'être prises en considération du système qui porte le sang veineux de ces animaux, vous êtes choqués par l'idée de quelque chose d'extraordinaire et d'irrationnel. Considéré en lui-même, le fait de l'existence de ces grands sinus des Mollusques peut paraître curieux quand on saute brusquement des Mammifères aux Mollusques ; mais si l'on lient compte d'une manière convenable des faits signalés dans les Vertébrés ci-dessus, on trouve que c'est le même fait dans des proportions plus considérables, et présentant des modifications correspondantes aux différences existant entre les tissus de ces divers animaux. Si, au con- traire, vous omettez de tenir compte de leur structure intime réelle, et que vous employiez les termes à'incomplet et de lacunes, vous vous ré- voltez de trouver incomplet un appareil qui remplit son rôle d'une ma- nière tout aussi complète que celui d'un Vertébré, et sans que la fonction présente la moindre lacune à signaler. Notez, en outre, que ces sinus ne sont pas distendus par le sang , à la manière de ce que représentent les figures. Les parois contractiles du corps de l'animal maintiennent les parois des sinus appliquées l'une contre l'autre et contre les organes, en sorre qu'il y a peu de sang dans ces cavités ; ce qu'on peut voir sur les Limaces et les Hélix, ce qu'avait déjà signalé Gaspard. C'est par distension des couches musculaires que l'injection les fait paraître si grands. Seulement, suivant les besoins de la locomotion ou de toute autre fonction, l'animal en se contractant dis- tend telle partie en y faisant refluer le sang et resserre telle autre partie ; fait décrit par Gaspard dans l'Escargot (1). Nous verrons tout à l'heure qu'il en est de même pour les réseaux veineux à capillaires volumineux du manteau et superficiels du pied, tant des Gastéropodes que des La- mellibranches. Ce sont ces réseaux qui ont été figurés exactement par (1) Gaspard, /oc. cit., 1822. / 104 Délie Chiaje depuis longtemps (1), et que les Mollusques peuvent dis- tendre ou vider à volonté et assez rapidement , par simple contraction musculaire, tant par suite de reQux du sang ailleurs que par transsuda» tion d'un sérum très-aqueux au travers des minces léiiuments. Disons de suite, pour n'y plus revenir, que c'est ce dernier fait qui avait porté M. Van Beneden a croire que chez les Mollusques l'eau cir- culait avec le sang et se mêlait à lui par des orifices ou pores tégu- mentaires (2), comme on le voit pour la cavité du corps chez certains Polypes. Il est de nos jours inutile de discuter ces faits, dont lu non- existence est devenue certaine. Disons encore que ce sont ces réseaux veineux que Délie Chiaje avait pris pour un système aquifère (3) et que depuis il appelé système lymphatico-veineux ou simplement veineux, système qu'il a bien figuré (4), et qui est celui dont nous parlerons dans ce qui va suivre. § LUI. — Analysons maintenant les travaux consécutifs à ceux dont nous avons parlé. Le premier que nous menlionnerons (5) fait suito à celui de M. Edwards, déjà analysé, lequel servait d'introduction à celui-ci ee tous les suivants. Dans ce travail se trouvent vérifiées les observations de Délie Chiaje sur un grand nombre de Mollusques et la détermination dos sinus comme veineux et non comme aquifères. Seulement ils sont appelés lacunes, système lacunaire, au lieu de sinus comme les appelle avec plus do raison l'analomiste italien. Les conclusions de ce travail général sont : « 4" Que l'appareil vasculaire n'est complet chez aucun Mol- » lusque. » (P. 293.) A cela nous répondrons que l'appareil circulatoire est comi)Iet, comme tout autre, mais pourvu de sinus vastes et nom- breux. « 2* Que dans une portion plus ou moins considérable du cercle cir« (1) Délie Chiaje, toc. cit., 1829, etc. (3) Van Beneden, Recherches sdr la circul. oahs quelques animaux inpé- RiEurre. (Bull, de l'Ac. des se. de Bruxelles, février 1845, t. XII, et Compte» rendus de l'Ac. des se. de Paris, 1 845, t. XX, p. 51 7). (.3) Délie Chiaje, Descrizione di nuovo apparato di canali aquosi ( Imstitd- ZiONi DI Anat. e FisiOL. COMPARATIVE. Naplcs, 1832, t. II, p. 279). (4) Délie Chiaje, mémoires cités, t. II, 1841, p. 36, etc. (5) Edwards, Observât, et expériences sur la cibcolat. des Mollusques (Ann. des bc. nat., 1845, t. III, p. 289). lOS » culaloire les veines manquent toujours et sont remplacées par les la- it cunes ou par les grandes cavités du corps. • Au lieu de lacunes mettez sinus, et vous serez dans le vrai ; au lieu de grandes cavités des corps, mettez sinus dans lesquels plongent des organes, comme chez les Lam- proies et autres animaux. « 3° Que souvent les veines manquent coraplélement et qu'alors le ■ sang ne revient vers la surface respiratoire que par les interstices dont » je viens de parler. » Vous voyez encore qu'au lieu d'interstice qui semble indiquer un intervalle quelconque et accidentel, il faut mettre trajet veineux o\i sinus^ car les conduits parcourus, pour no pas avoir de parois dissécables, n'ont pas moins de constance dans leur disposition et l'aspect général des réseaux qu'ils forment, que quelque réseau veineux que ce soit, dans les animaux plus compliqués. Dans un autre travail consécutif, commun à MM. Edwards et Valen> tiennes, les mêmes faits se trouvent développés (1), d'après l'injection d'autres Mollusques encore que ceux étudiés dans le précédent travail. Là se trouve développé le fait très-réel de la possibilité d'injecter les Gas- téropodes en ouvrant la cavité abdominale, c'est-à-dire le sinus dans lequel plongent les viscères abdominaux. Mais votre rapporteur peut affir- mer, d'après les injections qu'il a faites à diverses reprises, qu'il a exa- minées au microscope et dont il a pu montrer des exemples aux élèves de son laboratoire, que rien n'est tranché, net et caractéristique comme les réseaux veineux bien injectés des Gastéropodes terrestres. On peut voir les réseaux, à mailles serrées et polygonales, à vaisseaux capillaires volumineux comparativement à ceux des Vertébrés; on peut voir de ces réseaux partir des branches devenant de plus en plus grosses qui s'en- foncent dans le tissu du pied et gagnent les veines latérales qui s'ouvrent dans le sinus abdominal par lequel on a injecté. Ces faits se voient surtout sur les côtés du pied , parce que, vers le milieu, les vaisseaux sont plus gros et forment des mailles plus volumi- neuses, constituant une véritable bande médiane de tissu érectile très- visible chez les Limaces rouges et grises. Nous aurons bientôt à reparler de ce fait très-uettement caractérisé. (1) Edwards et Valencicnncs, Nouvelle» obsekvat. bor la coiisTiTirrioN de l'appabeil cincuLATOinE chez les Mollusque». (Amn. des iCé nat , 184i, î. III, p. 307, et Compte» rendus de l'Ac. des se, 184S, t. XX). 106 § LIV. — Dans ce travail se trouvent plusieurs autres points re- latifs à la question qui nous occupe et qu'il faut discuter. La disposi- tion du système veineux, dont nous venons de parler, étant considérée comme une dégradation de ces conduits sanguins, elle a naturellement éié saisie avec avidité comme venant à l'appui de la dégradation de l'ap^ pareil circulatoire des prétendus Phlébentérés, laquelle, chez eux, pou- vait aller jusqu'à la disparition du cœur. Mais cette dégradation de l'ap- pareil circulatoire n'est pas réelle, puisque nous avons vu : i» que MM. Souleyet, Aider et Hancock, etc , ont trouvé un cœur et des artères, plus des veines branchio-eardiaques, là où l'on croyait absence de ces organes et de toute espèce de veines. 2' Puis nous avons vu qu'on a trouvé une portion du système porte- branchial, c'csl-à-dire des veines générales qui se rendent des capil- laires généraux directement aux branchies ; chez les Éolis on a trouvé toute la portion de ces veines qui rampent dans les parois musculaires du corps, c'est-à-dire à peu près autant que chez la Limace. On n'a guère fait plus chez les autres Mollusques. Dans les Tritonies même , ani- maux qui ne sont pas très-éloignés des prétendus Phlébentérés , on peut voir très-facilement, vu les dimensions des animaux , les veines qui du foie et autres viscères vont aux branchies. On ne peut donc pas tirer parti de ces faits pour appuyer ce qu'on appelait le Phlébentérisme. § LV. •— La disposition du système veineux chez les Mollusques est considérée par les deux savants auteurs de ce travail comme une dégra- dation de ce système de conduits. Guidés par les doctrines dont nous avons parlé, ils doivent , en effet , considérer les choses de la sorte et non pour ce qu'elles sont en elles-mêmes. Nous ne trouverons presque pas d'appareil, sauf le digestif et le système nerveux, dont il ne soit dit, tantôt sous un point de vue, tantôt sous un autre, qu'il est dégradé. Si au lieu de décrire les choses en elle-même, en ce qu'elles sont, pour les com- parer ensuite , on procède de la sorte, on comprend , d'après ce que nous avons vu , que la dégradation commence dès le système veitieux de l'u- térus pris pendant la grossesse. On ne sait pas au juste quel est l'animal dont on pourra dire, qu'on va procéder à la description de ses veines et non à traiter de leur dégradation. Il eût été bon d'établir d'abord si celte dégradation supposée doit se faire progressivement à partir des plus simples Vertébrés, ou bien se faire seulement dans les plus simples des êtres de chaque embranchement ou chaque classe. Il n'y a que ces deux cas possibles. 107 Paemibr cas. — Si elle doit se faire progressivement à partir des der- niers Vertébrés, comnienl se fail-il que nous trouvions ce que vous appe- lez dégradation des veines , d'abord bien certainement dans l'ulérus hu- main; puis dans les oviducles des Sélaciens aussi pendant la gestation, Poissons qui ont certainement l'organisation la plus compliquée parmi tous les Poissons; puis, enfin , comment se fait-il qu'il faille sauter par- dessus tous les autres pour arriver aux Cyclostômes où la disposition est permanente? Comment ensuite se fait-il que dans les Articulés se trouvent les Insectes dont les trajets veineux ont des limites moins nettes que dans les Âphrodites et certaines autres Ânnélides, puis moins nettes que beau- coup de veines chez les Mollusques , comme quelques-unes qui ont des valvules chez les Céphalopodes (4); comme les veines branchio-cardia- ques des Gastéropodes et des Acéphales lamellibranches ; animaux placés bien plus bas? Deuxième cas. — Si cette disposition, appelée dégradation, doit se trouver seulement dans les plus simples des êlies de chaque classe , com- ment se fait-il qu'on la trouve chez les plus élevés des Articulés, et que la disposition présente un cachot anatomique tout autre dans la plupart des Annélides, où existent des vaisseaux bien nets et contractiles? Comment se fait-il donc surtout que nous trouvions cette disposition du système veineux sous forme de vastes sinus, plus marquée dans les pre- miers des Mollusques , comme les Céphalopodes et Gastéropodes , que dans d'autres bien plus simples, comme les Acéphales lamellibranches'? Nous allons voir, en effet, les Moules et les Pecten, etc., dépourvus de ces vastes sinus où plongent des viscères, et ne présenter autre chose que les réseaux veineux à gros capillaires , à mailles circonscrivant des inter- valles très-étroits, formant une sorte de tissu érectile; réseaux déjà men- tionnés tout à l'heure. Comment se fait-il donc que vous disiez que la dégradation est poussée chez les Patelles etHalyotides jusqu'au point que l'aorte est en grande partie représentée par un sinus ou lacune arté- rielle, puis que chez des êtres bien plus simples, comme les Nudi- branches , Tectibranches , etc., on trouve une aorte bien développée? Comment se fait-il surtout que, chez les Acéphales encore, nous trou- vions sans exception une aorte et des artères si nettement caractérisées par leurs parois? Pourquoi , en voyant des faits si peu généraux , ne pas (I) Lebert at Roblrti Archives di Mollsri I840f p. 131. 108 simplement recoonattre , comme on est réellement forcé de le faire , ici pour les veines, là pour les artères, des particularité» de l'organisr e ayant des points communs, étant en corrélation avec le reste de la struc- ture anatomique de l'animal, avec la nature de tous ses tissus , etc., mais n'indiquant pas une dégradation de quof qup ce soit, par rapport à quelque animal que ce puisse être î Du reste, ne savons-nous pas que M. Souleyet soutient que la présence des vastes sinus où plongent des viscères n'est pas aussi générale chez les Gastéropodes que le pensent MM. Edwards et Valenciennes? Il pense, en effet, que plusieurs des genres, considérés par ces auteurs comme ayant de ces vastes sinus, en sont, au contraire, dépourvus. Or, jusqu'à pré- sent, nous n'avons rien vu qu'il ait avancé sans le prouver, et rien qui n'ait été confirmé par les anatomistes étrangers ; nous n'avons donc au- cune raison de mettre en doute ce qu'il avance. M. Souleyet soutient , en effet, que les Doris, les Scyllées,TritoniesetDyphillidies sont dépourvues ' des grands sinus capables de contenir une partie ou tous les viscères. D'après ses recherches même ils manqueraient sur t'Éolidt. animal dans le principe placé parmi les phlébentérés, ' § LVI. — Ainsidonc, vous le voyez, nous nous plaçons à un point de vue plus réel, qui consiste à envisager l'ensemble de chaque système , non pas isolément et d'une manière absolue , mais toujours en tenant compte du reste de l'organisation de l'animal en tenant compte de sa corrélation avec le reste de la disposition anatomique de cet être. Aussi nous arrivons à un résultat plus satisfaisant pour quiconque mé- dite et compare, résultat plus grand et dé[)Ourvu de contradiction. Nous arrivons à dire: Nous trouvons dans le règne animal un ensemble dedis> positions particulières de l'appareil circulatoire, qui ont les unes des points communs et d'autres qui sont plus spéciales; ces dispositions ne sont pas plus variables que celles de l'appareil digestif ou générateur, et sont en rapport avec le reste de l'organisation de chaque individu. Les particularités du système veineux que vous décrivez dans les Mollusques sont vraies, dans la plupart d'entre eux du moins ; elles doivent être prises en consi- dération plus qu'on ne l'a fait ; elles sont en rapport avec les particula- rités des autres systèmes ; mais elles ne se manifestent pas d'une ma- nière continue, elles présentent des variations du plus au moins qui sont souvent considérables. On ne saurait donc voir là une dégradation de quoi que ce soit ; et ce mot doit être supprimé parce qu'il entraîne l'idée d'un type auquel on cherche à se reporter et qu'on ne trouve nulle part. 109 Il faul enfin simplement prendre la chose pour ce qu'elle est , c'est-à-dire nullement extraordinaire, puisque tout dans l'organisme est en rapport avec elle, et comparer cette chose à celles qui lui ressemblent réelle- ment, sans porter à croire qu'il manque ici ce qui existe ailleurs, ou réciproquement. § LVII. — Quant aux causes qui peuvent conduire à se rendre Compte (les dissidences sur les faitsanalomiques dont nous venons de parler et dont nous aurons encore à faire mention, il est nécessaire d'en dire ici quelques mots. On sait que la nature des procédés à employer pour l'élude d'un corps est toujours déterminée d'après la nature de ce corps; ils reposent sur elle et doivent nécessairement être en rapport avec elle. C'est même de ce fait que résultent toutes les difficultés que présente l'extraction des principes immédiats df l'organisme, quand on ne peut encore qu'en soup- çonner l'existence, sans en connaître d'une manière précise la nature chi- mique. Il s'agit, en effet, d'approprier par tâtonnements , un procédé à la nature encore inconnue de ce principe, ce qui mené quelquefois à con- fondre l'étude scientifique d'un corps avec les procédés qu'on emploie pour faire cette élude; vu que, dans ce cas, le procédé finit par être dé- couvert avant le corps qu'il sert à étudier. Or, en anatomie des Mollusques, il est bien certain qu'en poussant l'in- jection dans la cavité viscérale on injecte les branchies et quelquefois d'autres veines , sans qu'il soit nécessaire d'avoir déjà étudié celles-ci ; mais il n'en e.-^t pas moins vrai que souvent, outre les veines remplies, il y a des viscères qui sont infiltrés d'injection épanchée hors des con- duits. Aussi , pour bien étudier tous ces sinus, il faut habituellement des procédés plus délicats qu'une injection brutale dans la cavité du corps , laquelle doit être employée , mais seulement commo procédé prélimi- naire, pour conduire à mieux. Il faut, pour étudier les sinus, des pro- cédés plus minutieux , plus en rapport avec la délicatesse des tissus dos Mollusques. II faut la dissection minutieuse par laquelle on fend les tra- jets veineux suivant leur longueur, ce qui permet d'en étudier la forme et les orifices d'abouchement et do communication avec d'autres ; ou bien il faut des injections plus délicates de substances ne se coagulant que lentement, ou même de substances toujours liquides et simplement colo- rées par des matières en suspension ; autrement on déforme les organes. Il faut de plus que ces matières soient poussées avec précaution et sans ▼iolence pour éviter les distensions exagérées et les ruptures. Il faut enfin que les injections soient faites sur des animaux morts lente- 110 ment pur asphyxie; autrement, se contractant avec éneii^ie , il resser- rent tous les conduits, les oblitèrent par une forte application de leurs parois l'une contre l'autre, et empêchent ainsi aux substances de pénétrer ou bien il faut faire un tel eiïort que l'on produit des ruptures et infiltra- tions. § LVIII. — Nous avons à signaler ici , pour suivre exactement Por/lre historique, un travail de M. Souleyet, dans lequel il établit la différence qui existe entre l'idée du phlébentérisme et la théorie des lacunes (i). Déjà nous avons Jinalysé ce travail dans la première partie de ce rapport. Nous l'avons utilisé pour montrer quels sont les points de contact entre ces deux ordres d'idées, l'un concernant le remplacement d'un appareil qui s'atrophie par un autre qui se complique pour le suppléer, l'autre se rapportant à une simplification et modification du système veineux. II est donc inutile de revenir sur ce point; mais il fallail indiquer, dans l'or- dre des dates, que c'est à l'auteur de ce travail qu'est due la première distinction nette et méthodique de ces deux sujets, si différents l'un de l'autre, quoique contigus, et qui souvent ont été confondus ensemble. On comprend facilement qu'une pareille confusion ne pouvait être que nuisible à la science ; elle a rendu en effet, pendant quelque temps, la question susceptible de discussions interminables et insolubles, parce que naturellement une solution unique ne pouvait, dans ce cas, suffire pour résoudre deux problèmes distincts. 8 LIX. — La précision des résultats anatomiques du travail que nous devons maintenant analyser, va nettement faire sentir la différence qui existe entre ces deux sujets, qui , s'ils ont été quelquefois confondus , ne l'ont pas été par tous les esprits. Ce mémoire est de M. Richard Owen; il est important que l'attention soit fixée sur lui, parce qu'il a souvent été cité comme appuyant la théorie du phlébentérisme. M. Owen annonce être arrivé (2) aux mêmes résultats que M. Edwards sur la circulation des Mollusques et expose ainsi ceux qui lui sont propres : (1) Souleyet, Note relative à une communication récente de MM. Milne Edwards et Vaienciennes Sdr la constitution de l'appareil de la circulât. DES MoLL., G. r. des séances de l'Ac. des sciences de Paris, 1845, t. XX, p. 862. (2) R. Owen, Lettre sur l'app. de la circulât, chez les Moll. de la classe DES Bracbiopodes, Ann. des se. nat., 1846, t. III, p. 315. 111 « Dans le Terebratula fiavescens , chaque oreillette est largemenl » ouverte par sa base et communique ainsi directement et largement » avec la cavité viscérale ou péritonéale, ou, si l'on aime mieux, avec » UN GRAND SINUS VEINEUX DE FOBME IRRÉGULIÈRE QUI RENFERME LE CA- » NAL INTESTINAL et se Continue entre les lobes du foie et les m;isses » glandulaires dont se compose l'appareil de la génération. Des prolon- » GEMENTS DE CE SINUS VISCÉRAL commuDS s'avancont sous la forme de » vaisseaux dans l'épaisseur des lobes du manteau ; on en compte deux > sur le lobe paléal supérieur ou dorsal, et quatre sur le lobe inférieur » ou ventral, et c'^est le long de ces canaux veineux que se développent » les cellules spermatiques chez le mâle et les œufs chez la femelle...... » « La membrane délicate qui adhère au bord des orifices par lesquels » le sang doit arriver dans les cœurs, et qui se continue sur les parties » voisines de la cavité viscérale, est identique en structure avec la tu- » nique dont sont tiipissées les parois membraneuses, mais plus résis- » tantes, de cette dernière cavité (la viscérale); et on peut la considérer » comme un péritoins ou comme l'analogue de la tunique interne d''une t veine ou sinus veineux qui serait dilatée à la manière de la tunique » péritonéale proprement dite. » Il est impossible de décrire d'une manière plus nette la disposition des sinus dont nous avons parié, et comment ils sont en rapports avec les viscères. Notez que cette tunique, analogue à la tunique interne d'une veine ou d'un sinus veineux, se comportani comme un péritoine, est décrite chez les Térébratules , Mollusques acéphales des plus simples, réparés dos Gnsléropodes par toute la grande classe des Lamellibranches. Évidemment, ce vaste sinus aurait été appelé /acune par des anatomistes qui auraient disséqué avec moins de précision que ne le fait M, Owen. Mais ici tout est indiqué avec netteté, et nulle part n'e-t prononcé le mot de lacune; partout c'est le mot sinus viscéral. Un peu plus loin, M. Owen décrit ainsi le trajet du sang : c Le sang expulsé du cœur est fi envoyé en majeure partie dans les artères du manteau , et revient par » le système de larges canaux veineux qui représentent les veines pal- » léales ou sinus ovariens; de là ce liquide passe dans la cavité encore » plus grande et plus diffuse qui constitue le sinus viscéral, et qui.est » analogue à ce que vous avez décrit (la lettre est adressée à M. Edwards) B chez les Lamellibranches plus élevés en organisation , et chez les Mol- » lusques gastéropodes. » (P. 317.) Ainsi, dans celle comparaison même, aux travaux de M. Edwards, ce 112 ne sont pas les mots fie lacunet, mais bien ceux desinuiviseéral, ova- rien et de veine qui sont employés , et ces sinus décrits par ranalcmisto anglais sont analogues à ce que le naturaliste français appelle des la- cunes chez les Lamellibranches et les Gastéropodes. A plus forte raison doit-il en élre de même chez les Céphalopodes. Il faut le rappeler, en rai- son de l'idée emportée par les mots lacunes, système circulatoire in- complet, celle discussion de mots est importante ; et enfin il y a là plus qu'une discussion de mots , il y a en jeu celle membrane analogue à la tunique inlerne des veines et se comportanl comme un péritoine. § LX — Après cet expo.sé, nous ne pensons pas qu'il soit néces- saire de nous arrêter à la description des sinus viscéraux du Poulpe, pu- bliée la même année par M. Edwards (4). Nous revenons pour un instant aux Poissons , pour terminer enfin par les Mollusques. Vers la fin de 4845, M. Nalalis Guillot présenta une note sur le sinus décrit par Monro dans les Raies (2), sinus dont il croyait avoir fait la découverte (3). Ce n'est pas ici le lieu de relever les inexactitudes do description anatomiques que renferme celle note, relativement surtout à des points difficiles, tels que la communication dece sinus avec lessinus hépati- ques, etc.; il suffira de prévenir les anatomisles que l'on ne peut pas tirer parti de celte description. Nous devons seulement signaler que l'autour n'hésite pas à comparer ces sinus des Raies, dont nous avons parlé en co:n- mençanl, aux lacunes dont il était alors lant question, et il leur en donne le nom. Nous avons suffisamment insisté sur la structure de cos organes et démontré que c'étaient des sinus , vers le commencement de cette partie du rapport, pour être exemptés de montrer que ce ne sont nulle- ment des lacunes, mais de véritables sinus. Que l'on ne dise pas que ce sont des lacunes, en raison de ce qu'ils sont traversés par des irabécules fibreuses; car alors il faudrait aussi appeler lacunes les oreillettes si net- tement délimitées et isolées des Moules, Anodontes et autres Lamelli- branches qui possèdent également de ces filaments destinés à les conso- lider. (1) Edwards, De l'appareil circulât, uu Puclpe, Ann. des se. nat., 184S t. III, p. 341. (2) A. Monro, The structure and phtsiology of fishes, in-fol , Ëdimb., i78S. (3) N. Guillot, Sur un ai£sEnvoiR particulier que pnÉsENTE l'afp. dk la ciRciLAT. DES Haies, C. R. dec séances de l'Ac. des se. de Paris, 1845, t. XXI, p. 117». 113 § LXI. — EnBn , votre rapporteur a également à se reprocher de s'être laissé entraîner pour quelques instants par le courant des idées qu'a celte époque on cherchait à fa ire, régner; erreur dont il a bientôt été retiré par l'élude de l'anatomie générale, poursuivie successivement, à l'aide du microscope, depuis le système jusqu'au tissu, et de celui-ci aux éléments anatomiques. Cette erreur n'est pourtant pas aussi tran- chée que pourrait le faire croire, par suite de sa brièveté, une note de M. Duvernoy, dans les Comptes rendus de 1846 (1). Yoici, du reste, le passage dont il est question (2) : « Les veines qui, de l'ovaire des Lamproies, arrivent aux sinus des » veines caves, ont des parois encore distinctes au voisinage des sinus » près de leur abouchement; mais déjà ces parois sont très-minces. A » mesure qu'on s'éloigne des sinnus et qu'elles se ramifient davantage, » on voit que ces veines cessent d'avoir des parois distinctes , et ce sont » alors des trajets sanguins, délimités seulement par les vésicules de » De Graaff rapprochées les unes des autres. Les dernières ramifications » circonscrivent des ilôts constitués seulement par un ou deux ovules, et » ces ramifications elles-mêmes, quoique disposées toujours régulière- » ment, n'ont plus de bords nettement délimités, comme les capillaires » des vertébrés d'une organisation plus élevée. Une disposition analogue > se trouve dans les veines capillaires de l'intestin, lesquelles, d'abord » nettement délimités, ayant des bords très-réguliers, cessent conslam- » ment de présenter cet aspect lorsqu'on arrive à des vaisseaux plus fins » et capillaires. L'injection parcourt alors des trajets très-fins, mais den- » ticulés sur les bords, moins nettement limités, et circonscrivant de pe- » tits ilôts de substance; cependant leur distribution présente toujours » une certaine irrégularité, et il est facile de distinguer les parties ainsi (t) Duvernoy, Note sur le sinos veineux génital des Lamproies, etc., C. R. des séances de l'Ac. des se. de Paris, 1846, t. XXII , p. 662. Voici la remarque faite par le savant académicien : « Dans la communication faite à la société Phi- lomatique le 28 mars dernier, M. Robin n'a plus vu de parois distinctes dans les dernières ramiûcations de ces veines étudiées dans la glande ovigène des Lam- proies. Il a même généralisé cette observation à tout le système sanguin veineux artériel de ces Poissons. » (Voyez p. 666 en note.) (2) Ch. Robin, Note sur quelques particularités du syst. veineuj des Lam- proies, journal l'Institut, 1846, vol. XIV, p. 121 , et Procès-verbaux de la Soc. philomat., p. 36, Paris, 1846, in-S". 8 » injectées de celles où l'on détermine un épanchement par une rupture, » soit volontairement, soit involontairement. (C'e^l régularité , et non irrégularité^ qu'il faut lire dans cette phrase; cette erreur typogra- phique se reconnaît d'après la nature de la phrase et d'après les sui- vantes.) On peut reconnaître les mêmes faits ri-lutivement aux artères » sous-cutanées et aux artères sous-péritonéalés de l'inteslin. Les capil- » laires de ces vaisseaux, d'abord nettement limités et pourvus d'une «enveloppe, cessent, après quelques subdivisions, de présenter :et » aspect, et Ton voit l'injection se distribuer dans des trajets denticulés » sur les bords, très-fins, mais circonscrivant des aréoles régulières. » Ceci se répète pour toutes les fines artérioles qui viennent se distri- » buer sur le péritoine et dans le derme ; distribution que la transpa- » rence de ces tissus permet de constater facilement. Il seriiit difficile » de ne pa^ reconnaître dans ces faits une grande analogie avec ceux » que MM.Milne-Edwards et de Quatrefages ont signalés dans un grand » nombre d'afiimaux inférieurs, v (P. 36.) Ayant, depuis cette époque, constaté le fait signalé dans la première partie du rapport : que des capillaires dont les parois ne peuvent être vues par transparence ou par réflexion , comme dans la langue de la Grenouille, peuvent être démontrés quand on vient à les isoler par dila- cération, j'ai reconnu que la disposition précédente reste exactement dé- crite, mais que là où je ne voyais pas de parois distinctes, on peut en démontrer avec le microscope. Du reste , déjà l'inûllraiion d'aspect par- ticulier décrite plus haut qui se présente dans les cas de rupture , aurait dû faire conclure à l'existence de parois, ainsi que je l'ai reconnu maintes fois depuis cette époque. Votre rapporteur a encore, dans la même année 1846, présenté à la Société philomatiquo un travail sur les veines des Sélaciens (1) où les mois àe réservoirs sanguins et de lacunes se trouvent prononcés pour la dernière fois dans ses publications, comme expressions synonymes. En faisant remarquer l'aspect lisse et brillant des trabécutes et lamelles qui traversent ces sinus, et parlant du répilhélium qui manque sur leur surface interne, je faisais remarquer que ce sujet demandait encore des recher- (1) Ch, Robin, Note sur l'organisât, des Poissons cartilaginkdx, journal l'Institut, ir.iu, t. XIV, p. 272, et Procès-veibà^x de la Soc. philomat., Paris, 1846,in-8«, p. 113. 115 ches pour être élucidé. Ce sont ces recherches qui depuis lors m'ont con- duit aux résultats que j'ai signalés en commençant cette partie du ijipport, et qui depuis ont toujours été confirmés. Il est donc inutile de s'arrêter davantage sur ce point. § LXIl. — Nous revenons maintenant aux |MolIu3ques, et nous trou- vons un dernier mémoire de M. Edwards, lu à I'Institut en 4 846 , qui traite de ce qu'il appelle la dégradation des organes circulatoire.-; chez les Patelles et les Halyotis, et de l'appareil de la circulation du Calmar, de l'Aphysie, des Thétys, Colimaçon, Triton et Pinne-marine(i). Ici se trouvent les mêmes idées sur les lacunes, sur l'appareil vasculaire incomplet des Mollusques. Nous ne reviendrons pas sur ce point suffi- samment discuté; mais seulement, comme il est donné raison à M. de Quatrefages contre M. Souleyet , sur ce fait que les Lolides auraient une circulation incomplète, il faut bien se rappeler que là où les autres voient des sinus ces savants voient des lacunes; c'est à cela que se borne la question sur laquelle M. de Quatrefages aurait raison. Or il importe d'observer que, quoiqu'on voie M. Edwards admettre l'existence des grands sinus viscéraux chez les Éolidiens, où M. Souleyet les nie, en présence de ces deux opinions, les pièces et les dessins de M. Souleyet sur ce sujet ne nous permettent pas d'hésiter à nous ranger de l'avis de ce dernier. Du reste, comme dans les écrits que nous allons analyser, surtout ceux des auteurs allemands, la disposition signalée pour les veines en géné- ral, par M. Souleyet, n'est pas envisagée telle qu'il l'a décrite et telle que l'a adoptée votre commission , nous devons reproduire ici ce passage, afin d'y renvoyer par la suite. Appuyés sur les observations que nous avons citées, et surtout sur la description de M. Richard Owen, et enfia sur ce passage, nous pourrons abréger ainsi les discussions. « Je crois, dit M. Souleyet (2), devoir rappeler de nouveau ici que l'er- (1) Edwards, Mémoire sur la dégradation des organes \ que ce naturaliste s'est faite de cette partie de l'appareil circulatoire » chez les animaux de ce type. M. de Quatrefages paraît croire que le » système veineux se présente toujours sous la forme de vaisseaux bien » distmcts, tandis qu'il n'en est pas ainsi. En effet, dans presque tous » les Mollusques et dans les Nudibranches en particulier, les veines n'ont » cette forme que dans les principaux troncs qui rapportent le sang des » viscères ou qui se rendent aux organes respiratoires ; les autres vais- » seaux sont plutôt des canaux creusés dans l'épaisseur ou dans l'inter- » filice des organes, en un mot des trajets veineux^ que des vaisseaux » proprement dits, particularité qui a été bien reconnue par les anato- > mistes qui se sont occcupés des Mollusques, et surtout M. de Blain- » ville. (Voir le Traité de Malacologie, p. 130.) La distinction que l'on » a voulu établir sous ce rapport entre les Mollusques et les Crustacés » n'est donc pas fondée, car cette forme du système veineux paraît être » un fait général chez les animaux inférieurs. » Les mêmes idées se trou- vent développées dans un autre travail de M. Souléyet , que sa date nous conduit à citer ici ; ce travail intitulé : Considérations sur la CIRCULATION DANS QUELQUES GROUPES DE LA SÉRIE ANIMALE (1) , étant résumé par la note précédente et par la première partie de ce rap- port, nous n'en reparlerons plus. § LXIiï. — Dans le travail que nous venons de citer, M. Edwards applique au système artériel les mêmes idées qu'au système veineux. Il décrit le système artériel comme incomplet chez l'Halyotide, parce que chez cet animal l'aorte arrivée près de la tête, les parois de cette grande artère disparaissent, ou plutôt se confondent avec les membranes qui séparent en ce point Vabdomen de la cavité encéphalique (2). II en ré- sulte la formation d'un grand sinus d'uù partent les artères dans la masse charnue du pied. Ce sinus est appelé par M. Edwards lacune ou cavité céphalique; il loge la masse charnue de la bouche, les glandes salivaires, les principaux ganglions nerveux et des bandes musculaires et fibreuses et la portion antérieure du tube digestif qui concourt à le limiter. L'appa- (1) Souléyet, dans les Archives d'anatouie, p. lOS, Recueil annexé pendant l'année 1846 ^ux Archives, de médecine, Paris, in-8*, 1846. (2) Edwards, loo. cit., 1847, p. 41. 117 reil lingual, appendice à peu près cylindrique allongé, est également ren> fermé dans l'aorte, dans la cavité de laquelle il s'enfonce. M. Edwards a montré, en outre, que chez cet animal le sang veineux de la portion du manteau qui adhère à la coquille, autour des parties latérales et posté- rieures du corps, se jette en partie dans le système porte-branchial y c'est-à-dire les veines générales qui chez ces animaux vontdes capillaires aux branchies, et en partie dans les veines branchio-cardiaques , c'est ■ à-dire qui vont des organes de respiration au cœur. Le sang arrivant dans le cœur est donc un mélange d'artériel et de veineux. Dans les Patelles, Mollusques voisins des Halyotis, M. Edwards a éga- lement montré une disposition analogue du système artériel, avec cette légère modification que la langue a une gaîne propre, dont la cavité reçoit l'aorte directement, et fait ainsi partie du sinus artériel décrit plus haut. Le reste ne diffère pas essentiellement de ce que nous venons de voir dans les Halyotides. § LXIV.— M. Edwards revient ensuite (p. 47) sur les idées développées plus haut. Il montre que si l'on admet que les artères se forment de cel- lules placées bout à bout et soudées de manière à ce que leurs cavités com- muniquent ; que si l'on admet que les vaisseaux se forment à l'aide d'un tissu spécial , on ne peut se rendre compte de la manière dont l'aorte peut devenir un vaste sinus logeant une partie des organes que r'fenferme là tète. La chose devient facile, au contraire, si l'on admet que la ifor- mation des vaisseaux a lieu à l'aide de lacunes dont les parois se régu- larisent et se revêtent d'une tunique propre sous Tinûuence excitante du liquide contenu. Si cette théorie est exacte, dit-il , les artères doivent se former avant les veines et offrir plus de fixité dans leur disposition anatomique. (P. 39.) Mais comme, dans les Gastéropodes, le cœur se forme très- tard, les ar- tères ne jouent qu'un rôle secondaire dans l'économie , et il fallait^ t''attendre par eonséqjient à les voir se modifier beaucoup dans ce groupe, et même s'y dégrader à la manière des veines sans quHl en résultât aucun changement dans l'organisme. (P. 40.) Il est fâcheux pour ce raisonnement qu'il n'ait été fait qu'après la découverte des dispositions anatomiques de l'aorte. Du reste, au lieu de parler des vaisseaux se formant par soudure de cellules bout à bout . comme dans les plantes, il eût été bon de dire que la science a dépassé depuis plusieurs années ces théories , abandonnées par leurs auteurs mêmes. Mais ne semble-t-il pas que l'embryogéniste peut rester libre 118 d"a(lmellrp telle ou toile hypothèse qui lut plaît le mieux? ne scmble-t-il pas qu'il peul faire autrement que «e laisser conduire par les faits d'his- togénésie? Laissons donc ces idées surannées sur l'influence excitante mécanico-chimique de tel ou tel sang, qui n'existe qu'en hypothèse et n'a jamais été constatée. Laissons aussi cetto manière correspondante de raisonner, qui est bien loin des notions analomiquos et physiologiques actuelles. Contenions-nous de constater que dans le développement des vaisseaux on voit les artères et les veines se développer simultanément. Constatons que les premières sont de prime abord et toujours formées d'un autre tissu que les veines, soit même quand elles portent du sang noir comme les pulmonaires, ou un sang mixte comme l'aorte et les ar- tères ombilicales du fœtus. Constatons que les veines en diffèrent aussi dès le principe et restent telles, lors même qu'elles portent du sang rouge comme les pulmonaires et ombilicales. Quant aux Mollusques dont l'aorte forme des sinus, c'est là une disposition toute spéciale, comme est spéciale la disposition en sinus quadrilatère, à paroi aponévrolique non contrac- tile de l'aorte du Squatina angélus , à côté de l'aorte si fortement con- tractile des Raies et des Squales (1). L'aorte de ce Squatina esl, en effet, irrégulièrement quadrilatère dans toute sa longueur, à parois con- fondues en arrière avec le périoste des vertèbres , et pourtant les vais- seaux branchio-aorliques qui se réunissent pour la former, et les artères qui en partent, sont très-élastiques et reviennent fortement sur elles- mêmes. Aussi le mode d'union de ces vaisseaux à l'aorte a quelque chose de spécial que ne présentent pas les autres animaux. Constatons ces faits spéciaux, mais n'en faisons pas de lois, créées d'avance, tant que nous n'aurons pas établi la relation qui existe entre ces particularités propres à quelques animaux et le reste de leur organisation , ainsi que leur genre de vie. Ainsi donc, il n'y a pas plus dégradation de l'aorte chez ces Mollusques que chez le Poisson pris tout à l'heure pour exemple {Squatina an- gelus, L.). § LXV. — Nous devons ici faire une remarque à propos des Thethys. On sait que le cœur des Mollusques est artériel et envoie ce sang dans tous les organes ; on sait aussi que les veines qui font suite aux capillaires (1) V. Ch. Robin, Rf.chi rciies sur dn appareil qui se trouve sur les Pois- sons DU genre des Raies, Thèse pour le doctorat es sciences, grand in-S", Paris, 18*7; Propositionb, p. 112, 119 artériels vont se jeter dans les brancliios ou le poumon , comme notre veine porte clans le foie. Les veines générales forment donc un système porte-branciiial ou PULMONAIRE chez los Mollusqucs. Puis , des branchies au cœur s'étendent les VEINES brancuiai.es ou branchio- cardiaques qui portent à l'oreil- lette le sang qui a res[)iré; quelquefois des rameaux du système porte- branchial vont mêler au sang qui a respiré, un peu de sang veineux. Or, dans cet article, M. Edwards dit que M. de Quatrefages a eu raison de dire que les Éolis manquaient de veines proprement dites , mais que pourtant elles ont des vaisseaux branchio-cardiaques, ainsi que le fait lui a été démontré par les injections de M. Souleyet et les siennes propres. (P. 65.) Vous le voyez, les veines branchio-cardiaques qui sont bien des veines, qui en ont la structure, qui en ont les fonctions, ne reçoivent pas le nom de veines, mais sont appelées canauiCÔrancMo-cardfaçwes. (P. 66.) Ce changement de nom n'tst nullement motivé, et il faudrait dire alors que les veines pulmonaires doivent aussi changer de nom. Cette manière de s'exprimer n'a d'autre résultat que d'appuyer la prétendue absence de veines proprement dites. Ainsi, partout où vous lirez absence déveines proprement dites, ou simplement absence de veines, il faut toujours penser qu'il existe les veines branchio-cardiaques {ou pulmonaires, chez les Mollusques pulmonés). Nous avons déjà vu qu'au lieu d'absence déveines aussi, il faut lire existence de sinus. § LXVI. — Nous terminerons cette analyse par quelques remarques sur les veinesdu Mollusque appelé Pinne-marine {Pinna nobilis. L.). M. Edwards Ogure et décrit les différents ordres de vaisseaux de cet animal et montre que le sang veineux du manteau se rend directement à l'oreilletle sans passer par les branchies; fait qui ne présente rien d'éton- nant quand on songe que le manteau est membraneux et mince chez tous les Lamellibranches et en outre toujours au contact de la même eau que les branchies. Cette communication des vaisseauxdumanteau avec l'oreil- lette est du reste indiquée par Poli , mais d'une manière un peu con- fuse (1) et on comprend que Mcckel ait cru que le naturaliste italien se fût fait illusion à cet égard (2). (1) Poli, Testacea UTRicsQCE SiciLi^ , grand in-fol. Parme, 1791-1795, t. I, p. 24G. (2) MecKei, An^t. f.o'«PAR>'F., in-8, frad. fr., t. IX, p. J66, 1837. 120 Chez les Lamellibranches , les Moules , les Anodontes , par exemple , lo sang qui revient du pied, des muscles de toutes les parties du corps, moins les branchies, parcourt des réseaux à capillaires très-gros, un peu irréguliers sur les bords et circonscrivant des espaces très-petits, mais constants de forme. Celte disposition générale a été exactement figurée par Délie Cliiaje , chez les Pecten et les Solen ; le cachet en est reproduit , seulement le dessin et la gravure sont grossiers. Le sang qui parcourt ces réseaux arrive jusqu'à la base adhérente des branchies sans parcourir de tronc spécial , du moins chez les Ânodoutes. Des réseaux existant vers l'insertion des branchies partent des branches à parois distinctes, isolables qui remontent entre les deux lames accolées ensemble qui forment chaque branchie. Il part de ces branches, qui aller- nent avec les veines branchio-cardiaques, des rameaux qui se distribuent à chaque lame branchiale, et sont comme leurs troncs interposés dyns l'épaisseur de chaque feuillet branchial. Les capillaires branchiaux qui en partent, sont tous en parallèles au grand axe de la branchie et non ver- ticaux. Il ne faut pas ici s'en laisser imposer par les petites stries cor- nées saillantes, qui renforcent la surface des branchies, lesquelles paraisr sent colorées comme la substance injectée, surtout sur les pièces conser- vées dans un liquide après l'injection, ou même fraîches, mais vues à l'œil nu. Avec une assez forte loupe, on reconnaît qu'elles laissentvoir par trans- parence la matière injeclée, qui remplit les gros capillaires régulièrement transverses interposés aux vaisseaux efférenls et afférents parallèlles verti- calement. Enfin on reconnaît que l'aspect d'un treillis de vaisseaux ca- pillaires dû à ces petites bandes qui croisent perpendiculairement les vrais capillaires, n'est qu'une illusion. Les parois de ces capillaires branchiaux ne sont pas isolables , mais elles n'existent pas moins. Elles existent sous forme d'une mince couche de substance homogène; et quand on vient dans la préparation à rompre celle-ci, la substance d't'n brun jaunâtre, granuleuse, qui remplit l'intervalle de chaque capillaire, tombe dans la cavité de celui-ci, sous forme d'un détritus de granulations moléculaires. Ces faits, qui se rencontrent de temps à autre quand on répète assez fré- quemment les préparations de ce genre, ont été constatés dans mon laboratoire par M. Moulinié, tels que je les décris, et de mon côté je les ai vus souvent. Les rameaux efférenls des branchies qui reçoivent le sang pour le verser dans les troncs branchio-cardiaques, sont logés dans l'épaisseur de chacune des deux lames des feuillets branchiaux et sont visibles à leur 121 surface libre. Ils sont ramifléà vers le bord libre de ia branchie, et leurs branches sont toutes parallèles aux |)lus petits capillaires qu'ils reçoivent et dont nous venons de parler. Voici maintenant comment sont dispo- sés, dans les Anodontes, les troncs branchio-cardiaques. A proprement parler, il n'y en a que deux de chaque côté. L'un est propre exclusive- ment à la lame interne de la branchie interne, il parcourt son bord libre arciforme. En avant il s'enfonce et se recourbe du côté de l'oreillette , au point oi^ l'arc de ce bord libre se 6xe aux autres tissus vers la base du pied, pour s'aboucher par un orifice assez gros un peu en arrière du bout antérieur de l'oreilletle correspondante. Un autre tronc , ou mieux sinus , beaucoup moins nettement limité, suit le bord adhérent de la lame ex- terne de la branchie intérieure et de la lame interne de la branchie exté- rieure, lesquelles s'insèrent ensemble sur la même ligne. Il communique en avant avec le tronc décrit tout à l'heure et son sang se verse ainsi dans l'oreillette ; avec laquelle il communique en outre à l'aide d'orifices que nous allons décrire. Le feuillet externe de la branchie extérieure ad- hère au manteau, et ses vaisseaux efférents sont en communication avec les réseaux de cetorgane vers leur point de jonction commun. Ces vaisseaux ont une sorte de tronc collecteur propre, formé par les grosses mailles vasculaires se réunissant ensemble à ce niveau, et ils se jette directe- ment par trois ou quatre petits orifices le long du bord adhérent externe do l'oreillette dans la cavité de celle-ci. Le sang qui a respiré dans le roan* teau et celui qui a respiré dans la lame externe de la branchie exté- rieure arrivent ainsi ensemble dans l'oreillette. Quand les deux lames de cette dernière branchie sont écartées par les œufs, la disposition est bien nette. Dans le cas contraire, les réseaux du manteau semblent se jeter avec les vaisseaux de toute la branchie extérieure dans le sinus décrit en premier lieu; tellement les orifices qui s'ouvrent dans le côté ex- terne de l'oreillette sont rapprochés de ce sinus, lequel, du reste, commu- nique avec les mailles du bord adhèrent du mauleau. D'après ce que nous venons de dire, on voit qu'en injectant les veines du manteau on in- jectera les vaisseaux efférents de la branchie externe : c'est en effet ce qui arrive ; de plus, comme en avant le manteau adhère aux tentacules , on injecte ceux-ci et ceux-ci adhérarttau pied, l'injection fiait par passer sur cetorgane dont les réseaux se remplissent. On voit aussi qu'en remplissant lemiinteau on remplit également l'oreilletle. Tous les réseaux du manteau, des lontacules et deux qui recouvrent le pied sont formés de gros capillaires , circonscrivant des espaces extrême- 122 ment petits. De plus, la portipn musculaire du pied, surtout vers sa partie libre, est également parcourue par de gros réseaux courant entre los faisceaux et formant un véritable tissu érectile qui communique avec lo-. veines du foie et de l'intestin. C'est même par suite de la présence de ces réseaux érecliles dans le manteau et le pied que ces animaux peuvent étendre et gonfler considérablement leur pied, et rendre leur manteau tur- gescent et extrêmement épais, en faisant refluer ailleurs leur sang, par con- traction muaculaire et vidant ces réseaux en partie par transsudalion du liquide au travers des parois. Ils peuvent les remplir par une action in- verse et par absorption facile d'eau. C'est par suite de cette disposition anatomique, et par suite de la fa- cilité avec laquelle ces animaux absorbent l'eau, dont ils remplissent leurs réseaux érectiles, que quelques auteurs déjà cités, et de plus De Sie- bold (1), ont cru à l'existence des prétendus canaux aquifères dont nous avons parlé plus haut. Le liquide peut même s'échapper sous forme de jet, résultant d'une rupture de la peau quand on force l'animal a rentrer trop vite dans sa coquille, avant qu'il ait pu lentement se débarrasser ou faire refluer ce sang. Mais on peut s'assurer par les injections qu'il n'y a pas d'orifices normaux, ni au bord du pied ni au bord du manteau. Il faut toujours avoir soin d'injecter des animaux morts par asphyxie; autrement ils se contractent fortement, et oblitèrent ainsi les canaux vasculaires. Naturellement ces réseaux à gros capillaires, dont les bords sont un peu dentelés, circonscrivant des mailles étroites, sont considérés par M. Edwards (2), comme des lacunes, comme des espaces interorgani- ques et non comme des vaisseaux ; mais bien des raisons viennent s'op- poser à l'admission d'une pareille hypothèse. D'abord c'est la démonstra- tion possible, en raison de la disposition anatomique des branchies, d'une sorte de vernis, d'une mince couche de substance homogène tapissant leurs capillaires , et la possibilité facile d'y distinguer les ruptures avec épanchementdes cas où il y a injection réussie. Ensuite c'est la possibi- lité de distinguer les cas de rupture et épanchement dans le manteau et dans le pied , des cas où il y a bonne injection. Enfin la reproduction constante des mêmes types de réseaux, tant dans le manteau que sur le pied, etc., font bien voir qu'il ne s'agit pas là d'espaces interorgani- ques pleins d'injection, d'autant plus que dans les cas d'infiltration dans (1) De Siebold, Anat, cohpabée, traduct. franc., in-l2.Pari^ 1849, 1. 1, p. 332. (2) Edwarde, loe* oit., 1847, p. 78. 123 les tissus la matière suit en général la direction des fibres ou autres élé- ments des tissu? , ce qui n'est pas le cas dans le manteau , etc., des Mol- lusques. On peut facilement reconnaître au bas du pied sur l'organe de Jacobson ces réseaux à gros capillaires, ayant toujours la mémo dispo- sition et passant par-dessus le deuxième gros tronc ou sinus branchio- cardiaque. On peut également reconnaître sur la face libre des tentacu- les que les réseaux dont ils sont couverts sont tous à mailles généralement longitudinales, par rapport à l'organe et aux vaisseaux; réseaux plus gros en bas qu'en haut. Sur les tentacules, les deux faces qui se touchent sont dé- pourvues de réseaux ; mais on aperçoit par transparence ceux de l'autre face de chacun d'eux par les intervalles réguliers qui séparent les petites sail- lies cornées linéaires analogues à celles des branchies et dont nous avons parlé. Ces petits intervalles linéaires pouraient être pris pour des vais- seaux parallèles ; c'est ce que M. Edwards a figuré sur l'un des tentacules de la Pinne-marine; mais c'est là une illusion. Quoique la conformation régulière, constamment la même, des réseaux et la possibilité de distinguer les injections des infiltrations , ne soit pas aussi facile à étudier sur beaucoup d'organes que sur les faces non con- tiguës des tentacules et sur l'organe de Jacobson, on peut toujours le faire dès qu'on à un peu d'habitude. Nous dirons donc que ce sont là des ré- seaux à gros capillaires, ayant des parois minces, circonscrivant des in- tervalles étroits, et non des esp.aces interorganiques. gLXVII.— On a comparé souvent ce qui a été appelé système lacunaire aux systèmes de conduits traversés par des courants d'eau qui se trou- vent dans les Éponges, et M. de Quatrefages a reproduit celle comparai- son dans celle de nos séances où il a assisté. Mais on ne saurait s'arrêter à un tel ordre de comparaison, lorsqu'on a fait d'une part des injections de ces vaisseaux, et disséqué et examiné au microscope ces canaux des Éponges. Comment, du reste, comparer un système de vaisseaux clos à un système de conduits ouverts au dehors; des vaisseaux que l'on dit sans paroi, mais tapissés d'une mince couche de substance organique, à ces canaux des Spongiaires, tapissés d'une couche de cellules épithéliales, à cils vibraliles.On a encore fait d'autres comparaisons avec d'autres es- pèces de tubes organiques ou inorganiques; mais il esta remarquer, sous ce rapport, que c'est faire ici ce que l'on voit se reproduite à propos de toute question physiologique ou anatomique qui n'est pas bien connue : on commence toujours par se la figurer et la décrire comme elle n'est pas, d'après des exemples matériels et grossiers puisés dans une science irai* 124 tant de phénomènes bien plus simples et inorganiques, comme la méca- nique, la physique ou la chimie. Ce n'est que très-tard qu'on finit par décrire les choses telles qu'elles sont , c'est-à-dire alors qu'on les con< natt bien. C'est ainsi que longtemps la digestion n'a été, pour les physiologistes, qu'une opération chimique , s'opérant dans l'estomac et l'inleslin comme dans une cornue, et pouvant être reproduite au dehors ; viennent les ex- périences et découvertes de noire collègue Claude Bernard, et l'on recon- naît que la digestion s'opère dans l'intestin uniquement comme dans l'in- testin , c'est-à-dire comme nulle part ailleurs, c'est-à-dire d'une manière spéciale, organique par conséquent. C'est encore ainsi que le larynx a été comparé à une anche, à un appeau, à un instrument à corde, etc. Viennent les expériences de notre collègue M. Segond, et on reconnaît que le larynx est un larynx, fonctionnant comme un larynx, et non comme autre chose ; c'est-à-dire d'une manière spéciale, qu'il faut étudier à part, pour ce qu'elle est, ayant ses lois propres, dérivant des lois physiques, mais qu'il faut établir par expérimentation directe. Le larynx et l'estomac remplissent bien certaines conditions de physique et chimie statique, ac- complissent des actes élémentaires physiques et chimiques; mais le ré- sultat total est tellement complexe qu'il ne se confond plus avec aucun acte physico-chimique et doit être pris pour ce qu'il est. Eh bien I il en est de même pour les vaisseaux; on les a comparés à toute espèce de con- duits sans les décrire en eux-mêmes pour ce qu'ils sont, et cela en grande partie faute d*avoir tenu compte absolument, jusque dans les moindres détails, de tout ce qui concourt à les former. Mais actuellement que l'on peut le faire, il faut laisser de côté ces comparaisons grossières et maté- rielles, qui n'expriment en aucune façon la réalité des dispositions anato- miques pour décrire celles-ci et les prendre telles qu'elles sont ; depuis les parois les plus épaisses, formées de plusieurs tuniques, jusqu'aux plus minces; depuis les fibres les plus complexes jusqu'à la mince couche de substance homogène et aux plus fines granulations que nous montre le microscope. SLXVIII. — On a quelquefois considéré le poumon des Batraciens comme fournissant un exemple de circulation lacunaire. Or ce faitserait certainement en contradiction avec l'hypothèse d'après laquelle le con- tact excitant du sang rouge détermine la formation des parois des vais- seaux. De plus, comment se ferait-il donc qu'on pût démontrer une sub- stance tapissant les capillaires branchiaux des Ânodonles et pas dans 125 ceux des poumons de Balracieos? Comment se fait-il qu'on en démontre dans les Branchies des PoissonsT Du reste, nous avons vu que, par trans» parence, la disposition des tissus et le faible groi^isseflient employé empêchent de voir les parois des capillaires que l'on démontre par le mode ordinaire de préparation des éléments anatomiques. S LXIX, — D'après tout ce que nous venons de voir, il nous paraît inutile de nous arrêtera la phrase de Frey et Leuckart dans laquelle ces auteurs disent que « Souleyeta tort d'admettre que le système veineux est fermé etcomplet chez les Mollusques (i). »Ces auteurs n'apportent en effet aucuQ argument autre que ceux donnés par M. de Qualrefages et M. Edwards. Ils semblent de plus ne pas connaître le passage déjà cité dans lequel M. Souleyet expose la constitution anatomique générale des veines des Mollusques. Nous en dirons autant du passage dans lequel De Siebold dit que M. Souleyet « est allé trop loin en disant que chez tous les Gastéropodes il y a un système veineux complètement fermé (2). » § LXX. — Nous terminons enfin celte longue série d'analyses par le passage dans lequel M. Blanchard expose sa manière de voir sur les veines des Éolidiens (3). Il est important de rappo!er d'aboni que c'est au iystème veineux général ou afférent des branchies , ou tystime porte-branchial, qu'on a principalement appliqué la dénomination de lacunes; que le système veineux branchial efférent, ou veines bran- chiales, a reçu le nom de système branchio cardiaque; et c'est en chan- geant ainsi les noms qu'on a pu dire qu'il n'y avait plus de veines chez les Mollusques. Or nous savons assez ce qu'il faut réellement entendre par lacune, mol qu'il faut remplacer par celui de sinus, qui n'entraîne pas l'idée du manque de quelque chose. Du reste, M. Blanchard ne prononce pas le mot de lacune. Après avoir montré que M. Souleyet était dans le vrai pour ce qui concerne les veineâ branchio-cardiaques, il ajoute : a Chez les Éolidiens, les canaux afférents des Branchies qui commu- » niquent directement avec la cavité générale du corps , manquent au » contraire de parois ou en présentent seulement des traces ; ce ne sont ;i plus de véritables vaisseaux , mais de simples canaux. ï! faut ajouter (1) Frey et Leuckart, dans R. Wagner, Lerbuch der Zootomie, Zyeiter theil. WiRBELLOSKN Thieke, 1847, ln-8», p. 441. (2) De Siebold, loe. cit., 1849, in-12, 1. 1, p. 325. 'Z) Blanchard, Sur l'orgamsat. des Moll. GASTé:.0P. DB l'orors bes Opis- ' TU0BRANCHE8 (An.^. UES SC. KAT., 1848, t. IX, p. 187). 126 » cependant que ces canaux, qui , sur leur trajet , présentent de nom- » breuses ramifications, sont nettement délimités par les muscles et tous » les tissus qui les circonscrivent; ainsi, dans ces Mollusques, il n'existe » plus de veines proprement dites. Le fluide nourricier, après avoir été » distribué par les artères aux organes , s'épanche dans la cavité géné- » raie du corps, comme l'a dit le premier M. de Quatrefages. Le sang, » baignant tous les viscères, pénètre dans les canaux afférents dés bran- » chies, d'où il est ramené au cœur par les vaisseaux eflférents des bran- » chies ou branchio-cardiaques. » Nous ne voyons rien ici qui puisse contredire tous les faits que nous avons cités ni les descriptions de M. Owen. PourM. Blanchard, ce ne sont pas des veines proprement dites, mais des canaux ramifiés et nelte- ment limités. On voit qu'il y a ici une grande différence entre cette dis- position et les lacunes mal délimitées indiquées par d'autres naturalistes. Quand aux parois dont il n'y a plus que des traces ou même plus, nous tious sommes suffisamment expliqués sous ce rapport en citant le passage de la lettre de M. Owen et ailleurs. § LXXI. — Tel est, messieurs, l'ensemble des faits se rapportante la deuxième partie des questions qui se sont agitées devant vous. Plus nets que les précédents, il n'exigeaient pas moins une discussion approfondie et appuyée •ie nombreuses citations, autant pour les bien faire connaître en eux-mêmes que pour les nettement distinguer de ceux qui sont développés dans la première partie de ce rapport. Vous avez suffisamment reconnu quels ont été les inconvénients de lu confusion établie entre eux et les précédents pour sentir la nécessité de ce long travail. Obligés de nous placer aussi loin que possible des questions de personne, nous avons été forcés d'envisager les questions purement scientifiques d'une mauière rigoureuse. Et cela était nécessaire, car il n'existe pas d'exemple dans la science, d'une question appuyée par un cortège aussi considérable de moyens énergiques. RESUME. PREMIÈRE PARTIE. § LXXIL— Nous venons de vous exposer, avec tous les développement qu'elle exigeait, celle question dite du phlébeniérisme^ dont la Société a été entretenue pendant plusieurs séances consécutives, et pour Texamen de laquelle nous avons été désignés. Nous avons vu comment l'application irréfléchie, inexacte, et l'on pour- rail dire malheureuse du mot appareil gastro-vasculaire, avait entraîné fatalement à toutes les conséquences qui découlaient de sa signification, et, par suite, à cette série d'erreurs que nous vous avons signalées. Vous avez vu comment leurs conséquences zoologiques avaient été formulées par la création d'un nouvel ordre de Mollusques, appelés pA/e'&cîUr're's; puis, par la subdivision de celui-ci en familles, les entérobranches et les dermo- branches. Vous avez vu ensuite comment ses conséquences anatomiques, que carac- térise l'idée du remplacement d'un appareil qui s'alrophie par un autre qui s'accroît, avaient été aussi caractérisées par le mol phlébenlérisme. Vous avez vu comment cette idée, véritable théorie au fond, était née, comment elle s'était développée et comment, sous des impulsions académiques, elle avait grandi rapidement, jusqu'au point de prendre des proportions considéra- bles, nullement en rapport avec son importance. Vous l'avez vue ensuite eu présence des faits et des arguments qui lui étaient opposés, se modifier bientôt, se présenter sous un aspect plus général, mais plus diffus, et, dès 128 lors, véritable Prolée insaisissable, revêlir toutes les formes pour échapper à ces fai\s et à ces arguments ; mais en même temps vous l*avez vue s'atté- nuer et s^amoiodrir peu à peu, jusqu'au point de s'annibiler d'une manière presque complète. Adoplée et piônée outre mesure par quelques naturalistes en rran^ce, ridée du phlébentérisme a trouvé à l'étranger un accueil singulièrement restreint, et seulement de la part de zoologistes et analomistes, qui, en cela, se sont montrés dépourvus de véritables doctrines scienliOques. Aussi vous avez vu leurs conclusions considérées, à juste titre, comme fondées sur des observations trop précipitées (Blanchard). Vous avez encore vu tous les lioologisles qui, par la nature de kurs travsox, ont été portés à s'en occu- per, dire comme surpris de sencft)lables doctrines, s'empresser d'étudier les faits qui leur servent de base et mettre, à en démontrer l'inexactitude, une persistance dont la durée ne peut s'expliquer que par les convictions que donne l'observation des faits anatoniiques. Ces erreurs, par la réserve et la modération avec laquelle elles ont été relevées , nous montrent combien est grand au dehors de nous le respect porté aux idées venues de France, et combien peut être grande l'influence de celles qui s'appuient sur des bases solidement fondées. Elles nous mon- trent i^ar conséquent combien il était important que ces mêmes doctrines trouvassent leur rectification d'abord en France même, service que la science doit à M. Souleyel. Peut-être un jour une part sera-t-elle attribuée à votre .Société, qui n'a pas hésité à suivre dans toutes ses conséquences une discussion aussi vaste et aussi ardue. Tous ceux qui sont sudisamment doués de cette indépendance de carac- tère et de cette droiture qui fait juger par l'esprit les œuvres de l'esprit, en laissant au sentiment toute liberté d'apprécier les impulsions du cœur, doivent donc répudier ces idées qui ont semblé un instant devoir faire ré- trograder la science. Guidée par ces données que fournissent seules de profondes convictions scientifiques , après avoir examiné de la manière la plus attentive tous les textes et tes points de la question qui méritaient réellement examen, votre commission est arrivée à formuler les résultats scientifiques dont voici l'énoncé pour la première partie : 1» Les Mollusques Gastéropodes désignés sous le nom de phlêbentérésy ne diffèrent pas, par leur organisation, des Gastéropodes qui s'en rappro- chent par leur constitution extérieure; les fonctions de ta digestion , de la circulation et de la respiration s'exécutent chez ces Mollusques de la même manière que chez les autres animaux de la u.ùnic clas.se, cl à l'aide 12^ des mêmes appareils, constitués d'une manière tout à fait analogue; ces Mollusques doivent par conséquent rentrer dans les groupes des Nudi- branches, des Inférobranches, etc., d'où ils avaient'élé reiirés. 2° Les mots d'appareil gastrovasculaire, appliqués à l'un des organes de l'appareil digestif de ces Mollusques, doivent être supprimés comme exprimant une idée inexacte, et remplacés par ceux d'organe gastro- hépatique ou conduits gastro-biliaires. Il doit en être de même des autres expressions par lesquelles on a cherché à rendre plus tard la même idée, ou à désigner la fonction nouvelle correspondant à ce nouvel appa- reil : telles sont par exemple les expressions d'appareil et de fonction d'irrigation organique, etc. 3" Les mots de phlébentérés, puis ceux qui en sont veuus , comme les expressions d'enférobranches et dermobr anches, doivent être également rayés de la science, car ils expriment encore, sur les fondions de la res- piration et de la circulation des Mollusques, des idées complètement inexactes et désignant, au point de vue zoologique, des groupes d'animaux qui ne sont pas différents de ceux déjà connus. W Le mot phlébentérisme , par lequel on a cherché à généraliser les mêmes faits, mais de manière à rendre leur signification moins nette, moins précise, et par suite rendre moins saisissable leur véritable aspect, doit également disparaître de la science : ce dont l'exemple a été donné par plusieurs des auteurs didactiques que nous avons cités. 5° Les conséquences théoriques qu'on avait voulu déduire de ces faits pour changer les principes de la science, ne sauraient être admises, et ces principes restent ce qu'ils étaient. 6° En dernier résultat, l'idée du phlébentérisme doit être considérée comme une de ces vaines tentatives qui apparaissent de loin en loin dans la science; qui , bien que n'ayant d'autre résultat qye de l'entraîner pour un instant hors des voies normales où elle ne tarde pas à rentrer, n'en nécessitent pas moins, pour être réduites à leur véritable valeur, des efforts considérables. Sans avoir été tout à fait nuls pour le véritable progrès, ces efforts sont pourtant loin d'être en rapport avec les résultats utiles auxquels ils ont conduit. Mieux connue qu'elle n'était auparavant, l'anatomie des ani- maux dont nous avons parlé eût certainement pu être étudiée d'une manière plus régulière, sans qu'il fût besoin de faire intervenir les idées de dégra- dation et autres plus perversibles encore, ainsi que le montrent les travaux de Délie Chiaje, etc.. 9 130 DEUXIEME PARTIE. § LXXin. — Le sujet précédent se rapportait essentiellement au fait du rem- placenaent d'un appareil qui disparait par un autre qui se complique pour le suppléer; celui dont il s'agit ici se rapporte spécialement à une simpliti- , cation et à des modifications particulières du système veineux, confondues \è tort en une seule et même question ; ces deux sujets ont dû être traités séparément, comme l'avait fait M. Souleyet. Cela était indispensable pour éviter les discussions interminables auxquelles conduit inévitablement l'absence de distinction méthodique entre des idées et des faits évidem- ment d'ordres distincts. § LXXIV. — Voici quels sont les résultais scientifiques, qu'à cet égard nous avons été conduit à formuler : 1° Le cœur elle système veineux existent chez tous les Mollusques, contrairement à ce qui a été avancé par quelques naturalistes. 2° Le système veineux de ces animaux compfend deux parties dis- tinctes : L'une qui porte le sang des diverses régions du corps à l'organe respira- toire sans passer par le cœur {système porte-branchial^ système veineux général, branchial ou afférent) ; L'autre qui rapporte le sang de l'organe de respiration au cœur (système veineux efférent , veines branchiales ou veines branchio-cardiaques). C'est en négligeant de tenir compte d'un des éléments constitutifs des vaisseaux, qui peut quelquefois seul les tapisser, à l'exclusion de parois, autres que les organes divers qui limitent ces conduits, qu'on a pu donner le nom de lacunes à la totalité ou à une partie du système veineux porte- branchial. C'est, par suite, en changeant simplement le nom de veines branchiales ou branchio-cardiaques en celui de canaux ou vaisseaux branchio-cardiaques, qu'on a pu dire que le système veineux manquait complètement chez les Mollusques. 3° Le mot de lacune doit disparaître de la science anatomique, en tant que désignant des organes de l'appareil de la circulation, parce qu'il en- traîne l'idée de l'absence d'une chose qui ne manque pas, et tend à faire croire à une disposition particulière d'organes, qui ne diffèrent pas de ce qu'on connaît depuis longtemps dans l'utérus humain et beaucoup de Poissons. Il faut conserver, pour désigner ces organes, les mots de sinus ou fanaux et trajets veineux^ employés de tous temps. 131 i» Dans quelques Poissons ( Cyclostoiues , etc.), certains iloUusques (Aplysie, Colimaçon, etc.), les veines générales présentent sur leur trajet des orifices béants, communiquant avec de grandes cavités où le sang peut ainsi pénétrer et où plongent divers organes. Cette disposition n'est pas commune à tous les Mollusques, ainsi que nous l'avons vu. On a donné aussi le nom de lacunes à ces cavités. Nous avons vu qu'il était démontré qu'une mince tunique ou une couche de substance homogène très-déli- cate les tapissait (Richard Owen). Ici encore le nom de smus, usité de tout temps, doit remplacer le mot de lacune o\i de cavité abdominale ou pé- ritonéale, employé pour les désigner. 5° L'interprétation que quelques anatomistes ont donnée de ce lait, en le considérant comme le résultat d'une dégradation de l'appareil circu- latoire, n'est pas exacte. En effet, celte disposition très-prononcée dans certains Mollusques les plus élevés en complication, disparaît chez les Acé- phales Lamellibranches , Mollusques d'une organisation beaucoup plus simple. L'idée de dégradation doit donc être remplacée par celle de dis- position particulière et spéciale à certains êtres, et manquant chez d'au- tres du même embranchement; ou, quelquefois de la même classe. 6° Il en est, à plus forte raison, de même pour ce qui concerne les parti- cularités analogues du système artériel. 7° Le mol dégradation doit être rayé de la science en tant qu'indiquant une imperfection d'un système relativement à un type qui n'existe pas, puisque des particularités analogues se retrouvent jusque chez l'homme. 8" Le nom d'espace inter organique dans lequel circulerait le sang, employé pour désigner des conduits veineux , à parois extrêmement min- ces, circonscrivant des mailles très-étroites, doit être supprimé, parce qu'il exprime une dispositiou artificielle et accidentelle. Il doit être remplacé par celui de cellules veineuses à parois minces, pour les tissus érectiles, et de capillaires pour les autres tissus. 9° D'après tous les faits exposés dans ce rapport, on ne saurait admettre qu'il existe des animaux dont le système circulatoire est incomplet. 132 CONCLUSION. § LXXV.— Comme conséquence des résultats scientifiques que nous ve- nons de formuler, d'après l'examen des textes et des pièces se rapportant à ces questions : reconnaissant que ces résultats se trouvent déjà indiqués en partie dans les travaux de M. Souleyet, votre commission vous propose, à l'unanimité, d'adresser des remercîments à cet anatoraiste. § LXXVI. — M. Lebert n'ayant pu assister aux séances dans lesquelles la commission a discuté les textes et les faits que vous venez d'en- tendre , ni à la séance dans laquelle a été adoptée la conclusion que nous proposons à voire assentiment , il a dû être considéré comme ne faisant plus partie de la commission. Second, D. M. p.. sous-bibliothécaire de la Faculté de médecine, secrétaire de Va Société de Biolo- gie., etc. A. Vekneuil, Prosecleur de la Faculté de médecine, membre de la Société de Biologie, etc. E. Brown-Séquard , D. M. P., lauréat de l'Académie des sciences, secrétaire de la Société de Biologie et de la So- ciété Philomatique. E. FOLLIN, D. M. P., prosecteur de la Faculté de médecine, secrétaire de la Gociété de Biologie, etc. Cu. Robin, Rapporteur^ professeur agrégé à la Faculté de Médecine, vice-président de la Société de Bio- logie, etc. § LXXVII. — La conclusion de ce rapport a été adoptée. FIN. Eilrail du lonie II des COMPTES BE^DUS et MUlOIRtS DE lA SOCIÉTÉ DE BI0106IE, année 1851. MEMOIRE «VR QVELÇVES POINTS DE L'A^ATOMIE DU PANCRÉAS; Lu à la Société, dans la séance du 1" février 1851 , Par m. Ar. VERNEUIL, Prosecleur de la Faculté, «x-inlerne ei lauréatdes hôpitaux et de l'École pratique, membre des Sociétés analomique el de biologie. Lors du concours ouverl pour la place de prosecleur à la Faculté de médecine, en mai 1850, j'eus l'occasion de faire des recherches assez éten- dues sur Tanatomie du pancréas. Je déposai, au mois de juillet suivant, une série de pièces sèches destinées aux cours de la Faculté. Le jury exigeait de nous une note explicative de nos travaux, et je profiterai de cette occa- sion pour exprimer combien me semble utile cette modification nouvelle pour les concurrents eux-mêmes. C'est cette note, qui résume deux mois et demi de dissection, que je publie ici telle qu'elle a été conçue autrefois; le temps ne m'a pas permis d'y faire des additions comme je l'espérais. Je dois donc deux inols d'avertissement. Je ne donne point ici une descrip- tion complète du pancréas humain, et en raison du peu de recherches que j'ai faites en analomie comparée, je me garderai bien de poser aucune loi générale. J'exposerai simplement ce que j'ai vu chez l'homme et chez quel- ques animaux. Chez le premier, j'ai cru devoir compléter certains points qui me semblaient manquer de détails suffisants ; je n'aborde pas les points sur lesquels tout le monde s'accorde, et j'engage ceux qui me liront A véri- T. m. 10 fier mes assenions, soit à l'aide de leurs propres invesligalioos, soil à l'aide des pièces qui ont été déposées au rausée de l'École, par moi ou par mes compétiteurs. Je ne me servirai pas non plus de^ dissections, d'ailleurs fort belles, de ces derniers, voulant leur laisser toute la propriété de leurs tra- vaux. FORME DU PANCRÉAS. Celle forme a été mal délermipée; on la compare à celle d'un marteau, d'un crochet, d'une langue de chien. « Dans un cas, le pancréas était formé I) de deux portions bien distinctes, l'une verticale, l'autre horizontale, ré- » unies à angle droit. » Cette exception, notée par M. Cruveilhier (Anat. DESCR., t. III, p. diU), me paraît le type fondamental de la forme du pan- créas. M'appuyant donc sur l'anatomie humaine et sur ce que j'ai vu d'ana- lomie comparée, je diviserai le pancréas en deux portions: une portion ver- ticale ou duodénale, c'est la tête; une portion horizontale, gastrique ou splé- niqne, c'est le corps et la queue. Cette distinction me paraît assez impor- tante au point de vue morphologique, parce qu'elle m'a paru constante, quoique plus ou moins évidente, el voici ce qui me sert à l'établir : !• Il y a un rétrécissement plus ou moins marqué entre les deux por- tions. 2"» La portion duodénale est toujours proportionnée à l'étendue du duo- dénum ; elle est fixée dans l'anse mésentérique plus ou moins ample que forme cet intestin. La portion splénique est très-variable en étendue ; elle présente peu de fixité, elle est en quelque sorte flottante dans l'abdomen. 3' La veine porte ou les vaisseaux mésentériques séparent toujours ces deux portions d'une manière nette. W La portion duodénale n'affecte janjais de rapports avec les vaisseaux spléniques ; la portion horizontale, au contraire, est toujours appendue à ces vaisseaux, qui lui fournissent des branches. Chez l'homme adulte, il est assez difficile de reconnaître au premier abord cette division ; mais chez le fœtus et l'enfant, elle est très-manifeste ; la portion duodénale est verticale, étroite de haut en bas, et s'applique exactement le long de la deuxième portion du duodénum. Chez l'adulte, cette partie de la glande augmente beaucoup d'étendue en tous les sens ; elle remplit tout l'espace compris entre les trois courbures du duodénum et les vaisseaux mésentériques ; elle forme une masse glan- dulaire aplatie, à peu près quadrilatère. Le corps a la forme d'un parallélogramme assez régulier ; les bords su- 135 périeur el inférieur sonl sensiblement parallèles. (Sur un sujet adulte, le corps était flexueux et figurait une S italique, détaché de ses liens cellu- leux. Il conservait. cette forme.) La queue est tantôt mince, aplatie, fusiforme, comme IrancÉiante; tantôt elle est prismatique, triangulaire, renflée en massue. Il existe, à l'union des deux portions {tête et corps), un rétrécissement très-notable, et à son niveau la glande présente une sorte de torsion sur son axe, en vertu de laquelle le bord inférieur est relevé en avant, soulevé qu'il est par les vaisseaux mésentériques qui s'enfoncent au-dessous de lui d'avant en arrière et de bas en haut. On a prétendu que le corps du pan- créas était prismatique et triangulaire, et on lui a reconnu trois faces : une posjérieure, une antérieure, une supérieure (Huschke). La face supérieure n'existe pas ; c'est un bord creusé plus ou moins coroplélement en gouttière pour recevoir la veine splénique et quelques flexuosités de l'artère du même nom. Lorsqu'il arrive (comme je l'ai vu quatre ou cinq fois) que les vaisseaux spléniques suivent le bord inférieur du pancréas, c'est alors ce bord qui est le plus épais. Une coupe du pancréas, perpendiculaire à son axe, repré- sente une lentille biconvexe dont la face antérieure est bombée plus forte- ment, et dont le bord supérieur est échancré. La distinction du pancréas en deux parties est très-saillante chez les ani- maux que j'ai examinés ; elle existe au plus haut degré chez le chat. Le chien est en tout semblable. Les deux lobes sont sensiblement égaux. Chez le lapin, le cobaye, la portion duodénale l'emporte de beaucoup sur la por- tion splénique qu'on aperçoit néanmoins appendue aux vaisseaux du même nom. Le cheval semble offrir une exception, mais elle n'est qu'apparente; il ne semble pas y avoir de portion verticale bien marquée ; néanmoins cet organe, qui est triangulaire, est divisé en deux gros lobes entre lesquels passe la veine porte ; le lobe supérieur, qui correspond à la base du trian- gle, est horizontal et en rapport avec les vaisseaux spléniques. L'union de ces deux portions se fait chez l'homme à angle droit; chez lechaty le chien, le lapin, le cobaye, le lobe splénique variant de position, l'angle de réunion varie, il est plutôt aigu. Chez le cheval, il est plus aigu encore, et le tronc commun aux lobes est beaucoup plus développé. FIXITÉ DO PANCRÉAS. chez l'homme, les deux portions que je viens de décrire sont loin d'être aussi fîxes l'une que l'autre; la portion duodénale est enclavée dans le duo- 136 déDum ; elle y adhère par des brides cellulo-fibreuses, par des vaisseaux et par des canaux excréteurs, etc., etc.; et comme le duodénum esllrès- peu mobile, le lobe pancréatique qui s'y trouve est assez fixe ; mais le corps de l'organe est lié intimement à la rate par les vaisseaux spléniques. La rate elle-même suit l'estomac ; il en résulte que ce dernier viscère ayant des rapports bien différents suivant son état de vacuité ou de plénitude, le lobe horizontal doit le suivre. J'ai vu, en effet, en gonflant avec de l'air l'esto- mac maintenu en place par ses liens normaux, le corps du pancréas s'al- longer et devenir oblique en haut et à gauche; il avait suivi la rate qui s'était enfoncée dans l'hypocondre avec la grosse tubérosité. Une de mes pièces (n° 3) donne une très-bonne idée de cette locomotion. C'est à tort, du reste, qu'on regarde le pancréas comme couché transversalement et horizontalement sur la colonne lombaire; presque toujours la portion qui déborde à gauche la saillie vertébrale remonte dans l'hypocondre gauche, obliquement en haut et en arrière. Il résulte encore de sa situation trans- versale que le pancréas est courbé en arc d'avant en arrière; il est forte- ment soulevé en un point par le corps des vertèbres, l'aorte, les vaisseaux mésentériques, etc., etc.; tandis que ses deux extrémités se trouvent sur un plan bien postérieur, la queue surtout. J'ai peu de choses à dire des rapports ; ils sont bien indiqués dans les traités d'anatoraie (Cruveilhier, Huschke), Le premief a surtout bien indiqué la formation d'une sorte de gouttière pour les vaisseaux mésentériques. J'ai vu, comme M. Cruveil- hier, cette gouttière convertie en un canal complet; mais je n'ai pas vu de petit pancréas (loc. cit. Ù16). J'ajouterai néanmoins quelques mots sur ces rapports : 1* Canal cholédoque. Il se creuse toujours un canal complet, ou au moins une gouttière très-profonde dans la partie postérieure de la tête du pancréas, au milieu de laquelle il parcourt un trajet de 3 centim. environ. 2° Duodénum. Chez l'enfant, le pancréas, comme nous l'avons dit, n'est presque en rapport qu'avec la seconde portion de cet intestin. Chez l'adulte, la tête du pancréas embrasse le duodénum comme la parotide embrasse lé bord postérieur du masséler, c'est-à-dire qu'elle se prolonge en avant et en arrière, de manière à couvrir au moins la moitié interne du cylindre que représente l'intestin. Généralement je l'ai vu s'étendre plus en avant qu'en arrière. En avant, surtout au point où s'abouche le petit conduit, quelques granulations se logent entre les tuniques de l'intestin. M. Bérard (Traité DE PHYSiOL., t. I.) a bien indiqué cette disposition ; il compare ce petit groupe de granulations aux glandes molaires qu'on trouve près de l'embou- 137 chure du canal de Slénon. Les première el Iroisième portions du duodé- num sont beaucoup moins complètement enveloppés par la glande qae la deuxième. 3» Vaisseaux spléniques. En général, j'ai vu ces vaisseaux (artère el veine) longer le bord supérieur de la glande; mais il n'est pas rare de voir l'un des deux longer le bord inférieur dans une certaine étendue, surtout dans sa partie interne, puis s'infléchir assez brusquement en haut à travers le tissu glandulaire pour aller reprendre sa place accoutumée sur le bord supérieur. L'artère, à cause de ses flexuosilés, n'est que peu en rapport avec le pan- créas; mais la veine ordinairement recliligne s'y loge dans une gouttière souvent convertie, au moins partiellement, en canal complet. J'ai vu une fois la veine splénique complètement cachée au miUeu de la glande dans les deux tiers externes de celle-ci. Il' Scissure de la rate. Rien n'est plus variable que ce rapport ; tantôt la queue du pancréas est comme aplatie el rebroussée contre cette scissure, tantôt elle peut en être distante de à cenlim. Chez l'enfant, elle m'a tou- jours paru en contact intime avec celte scissure. Je n'ai rien à dire sur le poids, les dimensions, etc., du pancréas ; je suis porté à croire que ses maladies sont assez rares ; car après avoir examiné du moins Soixante pancréas humains, sinon plus, je n'ai trouvé qu'une seule fois une altération qu'il me serait encore difficile de classer. La glande semblait généralement indurée; son tissu était blanc, très-dense; néan- moins il n'y avait pas de dégénérescence ; les canaux excréteurs étaient perméables ; mais cependant l'injection ne pénétra pas profondément. Celte lésion rappelait l'hypertrophie mammaire chronique. On a déjà constaté l'extrême facilité avec laq\ielle la glande se putréfie. Tout ce que je puis dire de celle assertion, c'est que quatre fois sur des sujets encore frais en apparence, les injections au suif ont crevé dans le tissu de la glande. Ces préparations étaient faites à la vérité pendant les plus grandes chaleurs. CONDUIT excréteur. Une question fort intéressante dans l'histoire anatomique du pancréac est relative à la multiplicité des conduits. J'ai consulté à ce sujet le travail de Tiedemann et la thèse de M. Bécourt ; ils ont noté des dispositions très- multipliées. J'avoue que, pour ma pari, sur vingt pancréas environ dont j'ai injecté les conduils excréteurs, je n'ai jamais trouvé qu'une seule et uni- 138 que disposition, que par conséquent je regarde comme la plus commune; c'est donc la seule que je décrirai ; l'ensemble de mes pièces la met en évi- dence. Le canal de Wirsung occupe la partie moyenne du corps, à dislance à peu près égale du bord supérieur et du bord inférieur ; taniôt plus rappro- ché de la face antérieure, tantôt plus voisin de la postérieure, disposition qui m'a paru la plus fréquente ; tantôt enfin au milieu de la glande. En ap- prochant de la tête, ce canal s'infléchit fortement en bas, de manière à pré- senter une double courbure en S italique. Il se rapproche beaucoup du bord inférieur de la glande, et ultérieurement se dirige en arrière pour se réunir au canal cholédoque. Les conduits secondaires de l'extrémité splé- nique, et en général ceux qui sont d'un petit volume, se jettent perpendi- culairement dans le conduit principal ; mais on voit souvent vers la partie moyenne du corps , un ou deux canaux, l'un supérieur, l'autre in- férieur, se jettent dans le canal de Wirsung, après avoir reçu eux-mêmes un assez grand nombre de canaux de troisième et de quatrième ordre. Au point indiqué, le canal excréteur semble se trifurquer : la branche moyenne et antérieure n'est autre que le canal principal qui recueille lui- même un nombre considérable de canalicules venant des lobules de la face antérieure. A la réunion du corps et de la tête, on voit encore des canaux secondaires importants se jeter dans le canal de Wirsung. Le plus remar- quable a été considéré à tort comme un second canal ; c'est tout simple- ment Une branche récurrente d'un volume très-notable qui reçoit tous les conduits de troisième, quatrième et cinquième ordre, venant des granula- tions qui constituent la plus grande partie du lobe duodéoal : cette bran- che, que j'appellerais volontiers canal azygos pancréatique, a donc pour but de recueillir tous les canaux qui auraient peine à se jeter isolément dans le gros conduit; mais elle présente ceci de remarquable, qu'au lieu de se terminer en cul-de-sac, elle va s'aboucher dans l'intestin par sa petite extrémité. C'est, que je sache, le seul cas dans l'économie d'une branche d'un canal excréteur ouverte par les deux bouts. En effet, d'une part elle s'ouvre par un pertuis étroit dans l'intestin ; et de l'autre, elle va en aug- mentant progressivement de volume, à mesure qu'elle reçoit de nouveaux canalicules se jeter dans le conduit de Wirsung ; près de sa terminaison, dans l'intestin, elle reçoit également les conduits très-petits des granula- tions qui rampent dans l'épaisseur des tuniques du duodénum. Le lieu de réunion de cette branche se fait à une distance variable du pli de Water (de 1 à 4 centimètres). Ce n'est point le cas d'admettre un second canal distinct 139 du premier ; mais on peut envisager celte disposition comme une voie sup- plémentaire ouverte par précaution au fluide pancréatique. Je pense néad- moins que, dans Pétat normal, le liquide sécrété par les granulations de la tête du pancréas a plus de tendance à retourner dans le conduit priDCipal» et à se mêler au liquide produit par le corps de la glande. J'ai toujours vu le second orifice pancréatique situé dans le duodénum en avant et au-dessus du pli de Water. A l'extérieur, il correspond aux granu- lations qui s'avancent le plus sur la face antérieure du duodénum. A l'inté- rieur, sa présence se révèle par l'existence d'une petite ampoule plus petite que le pii de Water, mais que j'ai toujours rencontrée, quand je l'ai cher- chée avec soin. Une de mes pièces donne une idée très-exacte des rapports des deux conduits pancréatiques entre eux et avec le cholédoque. J'ai diC que j'avais toujours vu ces deux conduits communiquer ; voici comment jo m'en suis assuré, expérience très-facile à reproduire dans un cours : il suffit d'introduire dans le pli de Water une canule de 1 à 2 millimètres de dia- mètre, et de pousser une injection avec la térébenthine colorée; on ne larde pas à voir le liquide revenir dans l'intestin par le petit perluis. Dans phi- sieurs cas, le liquide coloré est sorti sous forme d'un jet très-fin, jaillissant à 5 ou 6 centimètres ; la plupart de mes collègues de l'École pratique ont été témoins de cette expérience intéressante. Après ce que j'ai vu de la constance du second orifice pancréatique, je' ne puis partager d'une manière absolue l'opinion de Meckel, qui regarde son existence comme on arrêt de développement, le fœtus ayant, suivant lui, toujours deux conduits pancréatiques. Je dois dire néanmoins, en faveur de son assertion, que j'ai toujours trouvé le second canal et le perluis cor- respondant d'autant plus développés proportionnellement, que je les ai examinés sur des sujets plus jeunes. Je m'abstiens, pour les raisons que j'ai données plus haut, d'interpréter le but physiologique des disposHions signa- lées par les auteurs que j'ai déjà cités. Si .l'on veut jeter les yeux sur le pan- créas du cheval, on verra en grand la disposition que je signale chez l'homme, car elle est identiquement la même. On verra de plus combien la d«énomination de canal azygos est justifiable. C'est là un exemple type et Irès-utile à cause des dimensions de l'organe. Par la coùvexilé de sa courbure, le canal de Wirsung reçoit encore quel- ques petits conduits qui viennent des granulations les plus inférieures de la tête du pancréas. Depuis son origine jusqu'à son emboudiure, le conduit pancréatique augmente de volume ; toutefois cette augmentation est tres-peu sensibli» IZiO dans le lobe splénique ; elle est beaucoup plus marquée lors de labouche- menl du second conduit. Le canal de Wirsung paraît alors doublé de vo- lume ; son diamètre varie alors entre 3 et 5 millimètres. Je l'ai vu à peu près constamment diminuer de calibre à l'approche de l'intestin. L'une de mes pièces démontre comment se fait la réunion des conduits pancréatique et biliaire ; ce dernier, également rétréci, semble se jeter dans le canal pan- créatique, qui arrive seul à l'extrémité ouverte du pli de Water. Cette opi- nion est contraire aux idées reçues, mais elle justifie l'idée de E.-H.Weber, qui dit que la muqueuse du pli de Water ressemble plus à la muqueuse du conduit pancréatique qu'à celle du conduit cholédoque. Je n'ai pas examiné assez de fois rincitlence de ces deux conduits pour ajouter quelque chose à ce qu'on a dit des variétés de leur rapport : le ca- nal de Wirsung n'a pas de valvules. Je pense qu'il en existe quelquefois sur le trajet du deuxième conduit, qu'il est très-difficile d'injecter par le duo- dénum. Ces valvules existent bien évidemment près de son embouchure in- testinale chez le chat, le chien, et dans le petit conduit du cheval. Chez ce dernier, la face interne du canal présente une foule de peliles dépressions qu'on ne voit bien qu'à l'état frais, et qui ressemblent à des glandes de Lieberkuhn. C'est l'analogue des aréoles de la face interne du canal cho- lédoque. Je n'ai vu qu'une fois, par l'insufflation, le pli de Water présenter le ren- flement ampullaire signalé par Sœmmering. Helativemenl à la disposition des lobules glandulaires, j'ai vu des granulations très-ténues accolées im- médiatement sur les plus gros conduits y verser directement le produit sé- crété par un canalicule très-ténu. Cette observation est facile à vérifier sur l'homme et bien mieux encore chez le cheval. ARTÈRES DU PANCRÉAS. En jetant les yeux sur les pièces précitées, on verra de suite la disposition des vaisseaux du pancréas ; j'ajouterai néanmoins ici quelques réflexions. A l'extérieur, le pancréas parait peu vasculaire ; mais en pénétrant par la dis- section dans l'intérieur du parenchyme, on peut y sculpter un riche réseau vasculaire; l'artère splénique ne fournit qu'au corps, l'hépatique qu'à la tête, la mésentérique supérieure à ces deux régions. La tète présente deux arcades à convexité tournée à droite. Je les nomme arcades pancréatico- duodénales ; l'une est antérieure, l'autre est postérieure ; toutes deux sont constituées : 1° par une branche descendante de l'hépatique ; 2° par une branche ascendante de la mésentérique. Ces deux branches s'anastomosent lui par inosculation. De la convexité de Parcade qu'elles forment naissent des branches pour la partie correspondante (antérieure ou postérieure) du duodénum. De la concavité des arcades surtout naissent les branches glan- dulaires qui forment des réseaux polygonaux. Ces deux arcades, des- criptivement bien distinctes, communiquent très-largement par leurs branches. Les artères du corps sont : 1° des branches descendantes de la splénique; 2" des branches ascendanles fournies par une artère pancréatique volumi- neuse venue de la mésentérique. Cette artère, largement anastomosée avec l'arcade pancréalico-duodénale antérieure, longe le bord inférieur de la glande parallèlement à la splénique : elle est d'abord cachée par le tissu glandulaire, puis s'enfonce plus profondément dans la glande vers son tiers externe : là elle s'approche de la face antérieure. Ultérieurement elle four- nit à la queue et va se terminer en s'anastomosant largement avec la splé- nique. Le volume de celte artère et celui des rameaux spléniques sont en raison inverse. Dans toute l'étendue du corps, ces deux gros vaisseaux envoient des branches qui vont former, près de la face antérieure des anses vasculaires en feston, dont la disposition est fort élégante. Entre ces anses se voient des mailles polygonales. Un petit rameau qui m'a paru constant vient d'une des branches de la splénique, déjà arrivée à la scissure de la rate, et fournit à l'extrémité de la queue : 1" Ces artères, au moins les branches d'un certain calibre ne sont nulle- ment satellites des conduits excréteurs; 2° A leur origine, à leur terminaison, dans l'épaisseur du parenchyme, elles communiquent largement entre elles. Le pancréas est donc un des organes dans lequel la circulation artérielle générale et locale est la mieux assurée, autant par la multiplicité des sources que par la facilité des anastomoses. Il se rapproche de l'estomac sous ce rapport et sous celui de la circula- tion générale de l'abdomen. Ces deux viscères, en effet, rallient les trois branches du Ironc cœliaque ensemble et avec la mésentérique supérieure. Je n'ai pas besoin d'insister sur l'inlérét d'une semblable disposition. VEINES DU PANCRÉAS. Elles présentent beaucoup d'analogie avec les artères; elles forment, romme elles, deux arcades pancréatico-duodénales qui font communi- 1A2 quér la veine porte el la grande mésaraîque par une large voie collaté- rale. Les autres veines se jettent directement dans la veine porle, dans les deux inésaraîques, dans la splénique, en plusieurs points de son trajet : les réseaux vasculaires de la tête ont la même disposition que les réseaux artériels. Dans le corps, il en est de même ; comme cela arrive pour le sys- tème de la veine porte, il n'y a qu'une veine pour chaque artère. Le système veineux du pancréas ne semble pas prédominer beaucoup sur le système artériel ; ce qui du reste se comprend aisément, les veines de cet organe n'ont pas pour objet une absorption active, comme cela a lieu pour les mêmes vaisseaux qui rampent dans l'épaisseur des tuniques de l'estomac, de l'intestin grêle et du gros intestin. Par rapport à la circulation générale de l'abdomen, les réflexions présentées plus haut pour les artères s'appli- quent également aux veines. NERFS DU PANCRÉAS. Les nerfs du pancréas sont mal connus. Huschke avance, je ne sais pour- quoi, qu'ils proviennent du plexus spermatique. J'ai à dessein préparé les nerfs capsulaires et rénaux, et les plexus spermatiques qui sont uûe dépen- dance de ces derniers; j'ai vu une indépendance cortiplète entre la distri- bution vasculaire et nerveuse du pancréas et celle des organes auxquels ces nerfs se rendent. M. Cruveilhier s'approche plus de la vérité en disant que le pancréas reçoit ses nerfs du plexus soïaire. fis viennent en réalité de plusieurs sources : 1"> Des nerfs spléniques qui se portent sur l'artère du même nom à la scissure de la rate, abandonnant les filets très-ténus qui pénètrent la glande par son bord supérieur; 2* Directement de la face antérieure du plexus solaire, soit sans artères satellites, soit en suivant l'artère mésentérique; les nerfs pénètrent le patf- créas par sa face postérieure, et son bord inférieur au niveau de l'union du corps et de ta tête ; 3° Enfin sa tête reçoit les petits nerfs satellites des arcades pancréatico- duodénales, et qui viennent des plexus hépatique et mésentérique supérieur. Ce sont les nerfs pancréatico-duodénaux. Une de mes pièces montre en même temps l'ensemble du plexus solaire el des plexus principaux qui en naissent. J'ai présenté ici les herfs tels que je les ai trouvés. J'affirme qu'il n'y a aucune exagération dans leur rtorobre et que leur disposition est aussi fidèlement représentée que le permet une préparation sèche. Les nerfs viscéraux n'affectent pas la forme de filets que la dissectioa puisse isoler. Sur les artères principales, tronc cœliaque, mésenlérique su- périeur, hépatique, coronaire stomachique, les nerfs forment aux vaisseaux une gaine très-complète, très-dense, et tellement plexiforme qu'il serait, à mon avis, très-artificiel de les séparer. J'ai donc préféré isoler en masse cette gaine nerveuse, et la laisser comme elle existe réellement. J'ai essayé à plusieurs reprises des injections de vaisseaux lymphatiques ; soit difficulté, soil inexpérience, toujours est-il que je n'ai rien obtenu qui méritât la peine d'être conservé. Je n'ai également rien recueilli d'intéres- sant ni de nouveau sur le développement ; je m'abstiens donc d'en parler plus longuement. Les rechei-ches d'anatomie comparée que j'ai entreprises n'ont porté que sur un petit nombre d'espèces animales. Dans l'intention où je suis de poursuivre ces travaux, je me contenterai de donner ici la description du pancréas du chat et du cheval que j'ai disséqué plusieurs fois. Chat. — La glande y est bien développée et séparée très -nettement en deux lobes, l'un horizontal, lobe splénique, appendu aux vaisseaux du même nom, appliqué sous la forme d'une plaque longue et mince le long de la face postérieure et du bord inférieur de l'estomac; son épaisseur est de 2 lignes environ ; son extrémité splénique n'arrive pas jusqu'à la scis- sure de la rate. Les vaisseaux spléniques lui envoient des branches longues et grêles qui pénètrent perpendiculairement le bord supérieur de la glande; l'extrémité duodénale se renfle et se réunit à angle droit avec le lobe ver- tical ou lobe duodénal ; celui-ci plus court, plus large que le précédent, suit tout le trajet du duodénum et reropHt presque tout le vaste repli mé- sentérique qui fixe lâchement cet intestin à la colonne vertébrale. Les vais- seaux mésenlériques supérieurs passent entre les deux lobes ; ils envoient au duodénum des rameaux vasculaires qui, chemin faisant, abandonnent des ramuscules au pancréas. Chacun des lobes présente un conduit principal qui reçoit les canaux secondaires. Ces conduits se réunissent à 1 cenlim. de l'intestin en un seul canal dont le calibre est à peine aussi gros que celui d'un des conduits lobaires et qui s'abouche avec le cholédoque dans le pli de Vater ; près de son embouchure, ce canal présente quelques valvules qui obligent à l'injecter en dehors de l'inleslin. Indépendamment de ce conduit principal, il en existe un second d'un calibre très-pelil, qui, d'un côlé, s'ouvre dans l'inlesliii en avant du pli de Valer, dans une ampoule fort petite, et de l'autre s'anastomose avec un de» deux conduits lobaires; il affecte absolument la même disposition que le second conduit chez l'homme, mais sa capacité est presque microscopique. Le pancréas du chien m'a paru tout à fait semblable a celui du chat, sauf à l'embouchure du canal, dans l'iniestin, où il présente une ampoule et des valvules, fait signalé déjà par les auteurs. Chez les deux animaux qui précèdent la glande est presque blanche, plus pâle que chez l'homme. J'ai examiné le pancréas du lapin ; mes dissections confirment complè- tement la description qu'en a donnée le docteur Bernard ; je n'y insiste pas; malgré tous mes efforts je n'ai jamais pu trouver qu'un seul conduit. Le cobaye n'en présente également qu'un, qui s'ouvre loin du duo- dénum. Cheval. — J'ai étudié avec soin ce qui a rapport aux canaux pancréa- tiques. La glande est triangulaire, à base antérieure, longue de 12 à 15 p., épaisse de près d'un pouce en certains points ; sa couleur est rosée, plus foncée que chez l'homme. On y distingue deux lobes volumineux qui se réunissent à 15 ou 20 centim. du duodénum. Le lobe supérieur ou anté- rieur est le plus long ; il représente le corps et la queue du pancréas hu- main ; il renferme un gros conduit qui augmente progressivement de vo- lume en recevant des branches sur tout son pourtour, mais principale- ment vers ses bords supérieurs et inférieurs. Il se réunit au point indiqué avec un gros conduit qui vient du lobe inférieur ou postérieur. Celui-ci forme le sommet du triangle qui représente la glande; il est court, épais; il renferme plusieurs gros conduits à peu près égaux et parallèles qui se ré* unissent en un seul qui se réunit avec le conduit supérieur, comme je l'ai déjà dit. Ce lobe représente le lobe duodénal, mais seulement par analogie. Un pont de substance glandulaire réunit l'extrémité libre de ces deux lobes qui laissent entre eux un vide, un trou dans lequel passe la veine porte ; c'est le vestige de la gouttière signalée dans le pancréas humain. Ce pont de substance glandulaire rappelle une disposition analogue qui existe chez le chat. Le canal principal résultant de la réunion des conduits du lobe inférieur et de celui du lobe supérieur semble la continuation de ce dernier; il reçoit peu de ramuscules excréteurs, et néanmoins il est caché par une masse glan- dulaire assez considérable qui recouvre toute sa face antérieure. Cette dis- position s'explique facilement. Le canal de Wirsung, qui présente en cet endroit le volume du doigt annulaire, est longé par un second conduit qui 1Û5 présente le volume d'une pelile plume d'oie, et c'est lui qui recueille les branches provenant des granulali(Jns qui forment la masse glandulaire dont je viens de parler; ce conduit secondaire s'abouche, d'une part, soit dans le canal de Wirsung, soit dans le canal excréteur du lobe splénique ; d'une autre part, dans l'intestin, en un point marqué par un bourrelet muqueux saillant, à U cenlim. en avant et au-dessus du pli de Vater On le voit, dans le second conduit, communiquer avec le duodénum et avec les conduits glandulaires principaux, et il recueille, chemin faisant, les rameaux qui ne se jettent point dans le canal de Wirsung. On reconnaît bien l'analogie que cette disposition offre avec ce que j'ai précédemment décrit chez l'homme, et qui m'a paru assez remarquable pour que je me permette d'appeler cette branche collatérale canal azygos pancréatique, nom qui rappelle par analogie le rôle que joue dans le système veineux la veine azygos. Le petit c^nal que je viens de décrire m'a semblé, dans deux cas, pré- senter un rétrécissement près de son ouverture, dans l'intestin. Dans un cas dont j'ai gardé la pièce, au delà de ce rétrécissement se trouve une ampoule volumineuse ; mais je ne saurais indiquer si cette disposition est fréquente. J'ai examiné le pancréas sur plusieurs animaux, rat, hérisson, mouton, orvet, vipère, raie, congre. J'ai disséqué également un assez bon nombre d'appendices pyloriques de poisson ; mais je n'ai pas poussé ces recherches assez loin pour faire une histoire anatomique complète de ces organes im- portants sur lesquels il reste à faire de nombreux travaux. RECHERCHES • VS Iation. D'après des renseignements que j'ai pris auprès de personnes qui le voyaient souvent, ce vieillard a toujours joui, depuis son entrée à l'Hôlel, de la plénitude de ses sens; malgré ses 81 ans, il pouvait encore lire sans lunettes ; sa parole était nette et bien articulée ; il avait l'humeur très-gaie, il plaisantait même sur son infirmité, il n'usait presque jamais d'une plaque d'argent qui lui avait clé donnée pour protéger la région malade ; sa main était son instrument de com- pression ou de réduction de cette variété singulière de hernie. H racontait sou- vent que le baron Larrey lui avait dit que, s'il lui prenait fantaisie de se délivrer de l'existence, il lui suffirait de piquer avco une cping'c la poche pleine de sang. 157 On a remarqué aussi qu'il aimait beaucoup à prolonger ses heures de sommeil. Il faisait résuiièremenl sa promenade quotidienne, mangeait et buvait comme un vieillard en parfait état de conservation. Le 2S octobre 1851, il est admis à l'inQrmeiie, salle la Valeur (service des blessé?), pour un érysipèle du cou et de la partie supérieure du thorax compliqué de bronchite chronique. Malgré un traitement énergique (émissions sanguines; vésicat. ; pot. kerm.), la maladie a suivi fatalertient son cours; la mort a eu lieu le 3 novembre. Nécropsie le 5 novembre, 36 heures après la mort. L'examen du thorax a fait découvrir quelques adhérences pleurales des deux côtés, sans lésion organique des poumons. Le cœur était gras, le ventricule gauche hypertrophié ; sa paroi offre 3 centi- mètres environ d'épaisseur près de la cloison interventriculaire. Les orifices et les valvules sont dans l'état normal. L'aorte est infiltrée de plaques cartilagineuses, sans dilatation sensible; son ca- libre est rempli par un énorme caillot fibrinéux qui se continue dans les caro- tides et les sous-clavières. L'érysipèle n'a pas laissé de traces visibles. Le crâne n'offre, à l'extérieur, ni dimensions, ni saillies anormales. Sur le front, à 2 centimèlres au-dessous de la racine des cheveux, et à droite de la ligne médiane, on remarque un petit espace cutané ayant 2 centim. environ de dia- mètre, distinct du reste de la peau par sa coloration légèrement rosée, sa finesse et son froncement particulier. Il correspond à une dépression osseuse très>sen- sible au toucher. En inclinant la tète du cadavre dans une position très-déclive, j'ai vainement essayé de reproduire le phénomène qui se produisait si facilement sur ce point du crâne pendant la vie. Le cerveau est sain, de consistance ferme, sans traces de foyers apoplectiques récents ou anciens; les substances blanche et grise sont très-distinctes l'une de l'autre. Le lacis vascnlaire de la pie-mère est sans inflitralion, médiocrement injecté; il est facile à détacher des circonvolutions cérébrales, même de celles qui correspondent à la lésion extérieure. H n'en est pas de même du rapport des membranes entre elles ; à 3 cent, de la faux du cerveau, du côté droit, le feuillet viscéral de l'arachnoide doublé par le réseau de la pie-mère est adhérent avec le feuillet pariétal et avec la dure-mère ; en tiraillant ces liens pathologiques, on fait écouler de petites gouttelettes de sang dans la cavité arachnoidienne. Jusqu'à ce même point la dure-mère est facilement séparable de la face interne de la boîte osseuse; à 3 centim. de la faux, le décollement ne peut s'opérer sans rup- ture de liens anormaux se confondant avec ceux observés du côté de l'arachnoïde; alors on découvre du côté de la dure-mère plusieurs points rougeàtres qui pa- raissent être des orifices de vaisseaux béants, du côté de l'os, et vis-à-vis de ces bouches vasculaires, de petites solutions de continuité aux dépens des tables de l'os. Si l'on verse de l'eau dans ce petit espace, on la voit filtrer promptemcnt 158 BOUS le tégument extérieur dont la partie amincie se laisse distendre facilement. Si on fait égoutter du liquide sur les membranes exactement superposées, il ne filtre plus au dehors. L'injection d'eau et l'insufllation d'air par le sinus longi- tudiual supérieur, aussi bien que l'introduction de soies de porc dans les ca- naux veineux émanésdu même sious et leur pénétration jusqu'au foyer de la lé> Bion ont démontre qu'il existait une communication pathologique de ce réservoir sanguin avecles pértuis osseux, et par suite avec le tégument extérieur. Je ne dois pas oublier de noter que le calibre du sinus m'a paru être un peu exagéré et qu'il était rempli par un long caillot fibrineux rougeâtre. L'examen anatomique de la peau amincie m'a fait voir que de la couche Ûbro- musculaire partent des prolongements iibrenx très-ténus, des trabécules, des filaments assez analogues aux petits cordages des valvules du cœur; ces filaments se fixent circUlairement au périoste sur le pourtour d'une dépression qui occupe une largeur de 5 centim. sur 2 centim. et demi de hauteur; elle est'tBpissée par un périoste mince, très-celiuleux, se continuant avec les filaments que je viens de décrire. Le pourtour de la dépression est formé par un épaississement notable du tissu conlpacte; le centre correspond à une portion d'os très-amincie, trèsr raréfiée. Une saillie de tissu compacte la divise en deux enfoncements, l'un à gauche, s'étendent un peu au delà de la ligne médiane du frontal, il est rugueux, parseméde petits trous borgnes, l'autre du côté droit, le plus étendu, correspon- dant à l'amincissement cutané ; à ce niveau, os et peau sont pour ainsi dire trans- lucides, mais la lamelle osseuse est en outre criblée de trous et complètement dé- pouillée de l'élément vasculaire (diploé). Aucune saillie intra-crânienne ne répond à la dépression extérieure. Il est digne de remarque que la suture médiane du frontal est visible au-dessus et au-dessous de la lésion osseuse, et qu'elle n'est plus dis- tincte sur la surface altérée. Enfin, j 'ai noté le défaut de coussinet graisseux et de fibres musculaires sous la section de peau amincie correspondante à la dépres- sion ; le derme raréfié est seulement renforcé par une sorte de feutrage de tissu fibreux lamellaire, très-fin, très-délié. Le fait dont je viens d'exposer l'histoire clinique et nécroscopique m'a paru digne d'être soumis à l'attention de mes confrères de la Société de biologie. Il s'agit, en effet, d'une lésion grave en elle-même, et pourtant passée à l'état de simple infirmité, et restée telle pendant plus d'un demi- siècle, lésion dont le diagnostic précis pendant la vie n'avait pu êlre porté que sous forme dubitative, et dont il est difficile, môme après l'investiga- tion sur le cadavre, d'établir la succession pathogénique et la valeur noso- logique. En présence d'un fait morbide qui vient à surgir avec certains caractères nouveaux ou extraordinaires, l'analyse scientifique doit chercher à éluci« dcr les divers problèmes que ce fait peut soulever. En méditant l'observa- 159 lion précédente, on trouverait sans doute plusieurs points susceptibles d'examen et de discussion ; je me bornerai à émettre quelques réflexions sur la nature, sur le rang nosologique et enfin sur la valeur hdtorique de l'état morbide que j'ai décrit. 1° NATURE DE L'AFFECTIOK. Ces mots signifient pour nous < une ou plusieurs conditions spéciales dans la cause, le symptôme ou la lésion. » Gomme condition étiologique particulière que trouvons-nous dans le commémoratif? L'action d'un traumatisme violent remontant à une épo- que très-reculée, à plus de cinquante ans ; évidemment la contusion du front par un coup de crosse de fusil, telle a été la cause génératrice des accidents successifs. L'affection est donc d'origine traumalique : voilà son signalement étiologique. Quels ont été les symptômes spéciaux de cette lésion traumatique de la voûte du crâne ? Primitivement ceux d'une commotion grave compliquée de fracture directe ; secondairement l'apparition d'une poche sanguine sur le lieu même qui avait été percuté, tumeur molle, non pulsatile, se formant dans l'altitude inclinée en avant et disparaissant d'elle-même par le redresse- ment de la tête. Enfin, au point de vue de la lésion, que s'est-il passé de spécial dans les divers éléments organiques depuis l'instant de la blessure jusqu'au jour où la mort vint suspendre le travail d'une évolution morbide qui s'était créé pour ainsi dire droitde domicile pour un tempsindéfini ? La peau, sans jamais avoir été intéressée dans sa continuité ni primitivement ni consécutivement, a subi une modification graduelle qui l'a réduite à l'état de membrane de l'épaisseur d'une feuille de papier ; cette transparence de l'enveloppe cuta- née avait permis aux chiurgiens des Invalides de conjecturer la présence du sang liquide dans la tumeur de Walmener. Du côté de l'os frontal lui- même, quels ont été les phénomènes anatomiques ? Immédiatement après le choc, il y a eu dépression de l'os au point contus ; cet enfoncement est la lésion initiale, le premier anneaU pour ainsi dire d'une chaîne patholb- gique qui s'est lentement déroulée. Etait-ce un enfoncement sans fracture? L'observation de ce cas particulier ne me paraît fournir aucune donnée en faveur de la réponse affirmative à cette question toujours très-controverflée. Il est probable que la table externe seule a été fracturée, la table interne restant intacte, mais soumise à la pression des esquilles. Je dois pourtant 160 Faire remarquer que la lésion siège à 3 cenlim. environ au-dessus de la limite supérieure des sinus frontaux, sur un des points les plus minces normalement de la portion verticale du frontal. La poche sanguine s'esl-elle formée primitivement ou consécutivement? Il est vrai que, dès les premiers mois de la blessure, les chirurgiens recom- mandèrent l'application constante d'une lame de plomb sur la partie con- luse ; mais c'était une indication bien naturelle en face d'une dépression de l'os et des éventualités probables de son altération organique ; on son- geait à protéger un point malade, peut être aussi à prévenir la hernie céré- brale. Les résultats ultimes de l'exploration cadavérique militent en faveur d'un développement secondaire de la tumeur sanguine. Voici quelle [a pu être la série des phénomènes successifs : dépression immédiate à la surface de l'os frontal ; travail obscur d'ostéite et de résorp- tion interstitielle aux dépens des tables osseuses et du diploé; propagation du nisus inflammatoire etadhésif à la portion correspondante des méninges; le travail ulcératif s'est étendu à celles-ci et a intéressé le calibre de leurs vaisseaux normaux ou de nouvelle formation : il y a eu finalement commu- nication des vaisseaux arachnoidiens et des canaux veiheux émanés du sinus longitudinal supérieur avec des pertuis de l'os raréfié et avec une portion circonscrite du tégument extérieur, et celle-ci se laissait distendre par l'épanchement sanguin en vertu de lois toutes physiques. 2" RANG NOSOLOGIQUE DE L'AFFEGTION. La question du rang nosologique qui doit être assigné au fait dont il s'agit n'est pas aussi simple qu'elle pourrait le paraître au premier abord. Si on se reporte au vivant du blessé, on est surtout préoccupé de latumeuF apparaissant sur la voûte du crâne ; le contenu était évidemment sanguin ; M. Uulin avait même conjecturé une poche de sang veineux. Si je consulte les tableaux de classification des tumeurs de la voûte du crâne dressés avec beaucoup d'exactitude par M. Chassaignac (Thèse de concodrs pour la CHAIRE DE CLINIQUE CHIRURGICALE, 1868), je remarque une classe ayant pour rubrique « tumeurs sanguines en communication avec lé sang en circulation; « cette quaUfication générale convient parfaitement au cas actuel ; la classe elle-même est subdivisée en deux ordres, suivant que les tumeurs sont en communication avec le sang eu circulation : 1° à l'exté- rieur du crâne (anévrismes des artères de la voùle , varices artérielles, a ne y vrismes variqueux, tumeurs variqueuses veineuses) ; 2" à l'inléiicur d» IGl crdne (anévrisme de Tarière méningée moyenne). Or aucune de ces divi- sions ni subdivisions ne comprend celle tumeur que j'ai décrite, simple poche cutanée sous laquelle le sang en circulalion peut osciller de la cavité du crâne à sa surface, et de la surface extérieure vers l'inlêrieur de la boîte encéphalique. Si maintenant nous envisageons la lésion post monem, nous sommes frappés de l'absence de loule tumeur intra comme extracrâ- nienne : ce qui est persistant el manifeste , c'est la corrélation de bouches vasculaires béantes et de pertuis osseux; on serait donc porté, d'après cette révélalion de l'autopsie, à latlacher Taffeclion à une sorle de fistule qu'on pourrait dénommer, sans faire de néologisme exagéré, fistule osséo- vasculaire ; cette idée exprimerait aussi l'opinion d'un de nos honorables collègues, M. le docleur Bouchut, qui pense qu'on pourrait intituler cette observation : « fistule du sinus longitudinal supérieur ; » mais il ne faut pas oublier que les ouvertures pathologiques n'ont lieu qu'à un pouce environ du sinus , et que ces vaisseaux béants dépendent aussi de la circulation de l'arachnoïde et de la pie-mère. Enfin, le caractère de réductibililé ne doit pas être négligé dans la désignation de celte lésion, que j'appellerais volon- tiers « un cas de hernie sanguine de la voûte du crâne par communica- tion des vaisseaux méningiens, à l'aide de pertuis osseux, avec le tégument extérieur, j) 3° VALEUR HISTORIQUE DE LA LÉSION. D'après le résultat négatif de mes recherches bibliographiques concer- nant ce fait particulier, je crois pouvoir établir sa rareté absolue. Les Mé- moires DE l'Académie royale de chirurgie contiennent un travail inté- ressant de Lassus sur les plaies du sinus longitudinal supérieur ; il a pour objet de démontrer la fausseté du précepte qui rejette l'application du trépan sur la suture sagittale, dans la crainte d'exciler une hémorrha- gie incoercible par l'ouverture du sinus. L'auleur cite quatre observations propres à établir l'utilité d'une conduite tout opposée; dans tous les cas , l'ouverture du sinus a eu lieu primitivement et avec plaie extérieure. Du reste, la blessure du sinus , dans plusieurs des exemples cités par Lassus , n'a pas amené d'hémorrhagies redoutables ; ceci pourrait bien nous dé- montrer que l'ouverture accidentelle de la tumeur de Walmener n'aurait peul-ôlre pas eu la conséquence funeste dont avait parlé le baron Larrey. Le regrettable auteur de l'article maladies des siniis du Dict, en 30 VOL., Aug. 13érard, n'a écrit que quelques lignes sur la rupture du sinus 162 longitudinal supérieur ; licite le cas d'un maniaque, à Tautopsie duquel M. Eloc Deraazy (Gaz. médic. de Paris, 1833) constata qu'il s'agissait d'une déchirure du sinus longitudinal supérieur, et non pas de l'une des veines qui sf rendent ; mais l'affection n'était pas traumalique , la boite crânienne était exemple d'altération. Je n'ai trouvé aucun fait analogue , ni dans l'ouvrage de M. Gama (Traité des plaies de tête et de l'encéph. thaum.), ni dans les articles récents écrits par MM. Chassaignac (1848), Nélalon (1849) , Gosselin et Denonvilliers (1850). La description des pièces du musée Dupuytren , pu- bliée par M. Houel (Gaz. des hôpitaux , 1851), ne mentionne aucune lé- sion de la même nature. Le chirurgien en chef de l'hôtel des Invalides, ^ui , depuis plusieurs années , voit passer sous ses yeux et observe scrupu- leusement tant de variétés de blessures par armes de guerre, et leurs suites immédiates ou éloignées, M. Hutin n'a rencontré aucun fait comparable à «elui qui nous occupe ; aussi a-t-il toujours attaché ie plus grand intérêt à l'examen nécroscopique de la lésion de Walmener. Les propositions suivantes résumeront brièvement les faits et les consi- dérations que je viens d'exposer : 1" L'affection que l'invalide Walmener a portée pendant cinquante ans à titre de simple inflrmité , était d'origine traumalique ; elle avait un très- haut degré de gravité , puisqu'il y avait perte de substance , et sur le trajet des vaisseaux méningiens, et sur la continuité de l'os frontal. 2° La tumeur, principal symptôme pendant la vie, a présenté les parti- cularités suivantes : Pas d'autres éléments organiques que ceux d'une poche cutanée conte- nant du sang ; Apparition brusque dans le seul cas d'inclinaison de la tête en avant ; Pas de pulsations ni de relations sensibles avec les phénomènes de la respiration ; Concomitance de vertiges qui se dissipaient avec le redressement de la tête ou par la compression directe . qui avaient pour effet de faire refluer le sang vers la cavité crânienne. 3° L'autopsie a révélé l'explication anatomique de cette tumeur absente sur le cadavre ; elle a montré que le sang pouvait s'épancher mécanique- ment et directement des vaisseaux méningiens sous le tégument externe , à travers un crible osseux. lx° C'est donc une affection mixte au point de vue nosologique ; elle pourrait ^tre classée , soit parmi les tumeurs sanguines de la voûte du 163 crâne, dont elle consliluerait une variété nouvelle, soit dans un ordre de fistules tout particulier que l'on pourrait dénommer fistules osséo-vascu- laires. 5° Quel que soit son rang le plus rationnel, ce fait paraît être une variété fort rare, sinon unique dans les annales de la science, des lésions consécu- tives aux affections traumatiques de la tête. LE DIAPHRAGME CHEZ LES MAMMIFÈRES, LES OISEAUX ET LES REPTILES; Mémoire lu à la Société de Biologie P*R Charles ROUGET, iRterne-lauTéat des Mpitaux. membre de 'la Société de Biologie. Considéré jusqu'en ces derniers temps, comme exclusivement propre aux mammifères (1), le diaphragme existe généralement dans les trois pre- mières classes de vertébrés. Bien que Cuvier, Meckel et même Stannius fassent à peine mention en quelques mots d'un muscle dilatateur des poumons, rudiment de dia- phragme existant exceptionnellement chez quelques oiseaux , depuis long- temps Michel Coîter, Harvey, Perrault avaient décrit, chez l'autruche et quelques autres espèces, deux muscles analogues au diaphragme, que (2) Hunier et Girardi trouvèrent depuis, chez tous les oiseaux sans exception, l'un de ces muscles, exclusivement dilatateur des poumons (muscle des poumons de Perrault, diaphragme pulmonaire des auteurs), est tendu en travers de la cavité thoracique entre les côtes droites et les côtes gauches ; (1) Le diaphragme qu'on ne rencontre que chez les mammifères. (Cruveilhier, ANAT. DESCRIP., t. II, 2« éd.) (2) Sappey, Rech. sur l'appareil respir. des oiseacx. T. m. 12 iG6 l'autre, le diaphragme Uioraco -abdominal, le véritable diaphragme, con- stitue une cloison contractile très-oblique entre le thorax eirabdoraen. Chez les chéloniens, Bojanus, et après lui Meckel ont décrit comme dia- phragme un muscle qui, né des deuxième et troisième vertèbres dorsales et des côtes correspondantes, se porte sur les côtés du péricarde, au-dessus des poumons, vers la face externe du péritoine, où il se termine par une expansion fibreuse. Chez les crocodiles, le diaphragme est représenté par des faisceaux mus- culaires qui, du pubis, se jettent sur le péritoine. Enfin chez les batraciens afli/055es (pjpa arcnopws), Mayer (de Bonn) a décrit comme muscle abdominal postérieur , Meckel, Carus et Stannius considèrent comme un rudiment de diaphragme, un muscle, dont l'origine est à la diaphyse du fémur et la terminaison sur les côtés de l'œsophage, le larynx et l'os hyoïde. Sur quelles bases la détermination d,u diaphragme a-t-elle été fondée dans les divers ordres que je viens de passer en revue? Tantôt on a pris en considération les fonctions relatives à l'appareil res- piratoire (oiseaux, chéloniens), tantôt la situation ou les rapports avec le tube digestif (crocodile-pipa); mais rion de fixe, rien de constant. Aucun critérium, aucun lien qui rattache l'un à l'autre les deux termes extrêmes de la série, le diaphragme de l'homme, « cloison transversale contractile entre le thorax et Vabdomen, » et le diaphragme du pipa, « faisceau musculaire étendu du fémur à l'œsophage et à Vos hyoïde. C'est cette lactine de la science que j'ai tenté de combler, ù l'aide des recherches dont je vais exposer les résultats. SECTION 1"^^ — DIAPHRAGME CHEZ LES MAMMIFÈRES. ^ 1. — DISPOSITION GÉRÉRALE. Chez les mammifères, le diaphragme est généralement défini : « une cloison contractile transversale [septum transversum) entre le thorax et l'abdomen, et dont les fonctions sont intimement liées à celles de l'appa- reil respiratoire. » Quant à sa disposition générale, il est composé de deux parties: l'une, ascendante, les piliers, née des vertèbres lombaires, monte à peu près parallèlement à la "olonne vertébrale jusqu'au niveau des on- zième et dixième vertèbres dorsales et se termine en s'épanoussant en une aponévrose, le centre plirénique ; l'autre partie [septum transvermm , 167 horizoïUatak ou descendante, se porte en rayonnant du ceulre phrënique vers le bord inférieur de la cage osseuse llioracique. Ces deux parties con- stituent en réalité un seul muscle digastrique ; les fibres de la portion hori- zontale ne sontaulre chose que la continuation des fibres des piliers. Chez les grands mammifères cela est moins évident à cause de l'entre-croisement multiple des faisceaux tendineux dans le centre phrénique ; mais il suffit de jeter les yeux sur le diaphragme d'un petit mammifère, d'un rongeur par exemple, pour le constater. On voit très-nettement les faisceaux des piliers monter vers la portion horizontale, s'y épanouir en forme de gerbe, devenir tendineux, puis de nouveau musculaires et se terminer à la face interne des côtes; de sorte que le diaphragme est constitué par une série d'arcades que des piliersifayon- nent dans toute l'étendue de la voûte. Rien n'est moins fondé que l'opinion de G. Bartholin qui considère le diaphragme des mammifères comme résultant de la réunion de deux mus-, clés, l'un inférieur naissant des côtes, l'autresupérieur tirant son origine du rachis ; autant vaudrait faire des deux ventres du muscle masto- maxillien (digastrique) deux muscles distincts. Les piliers ne sont pas chez l'homme lui-même la seule origine des fibres musculaires du diaphragme. Outre les fibres ascendantes bien connues qui naissent de la première apophyse transverse lombaire et de l'arcade fibreuse tendue de celte apophyse à la douzième côte, j'ai rencontré plusieurs fois une disposition incomplètement décrite et figurée déjà par Bourgery et Bonamy et qui est assez fréquente. Au niveau de l'arcade fibreuse pour le psoas, un faisceau musculaire du diaphragme passe en avant de celte ar- cade et s'épanouit en fibres tendineuses qui constituent eh grande partie la gaîne du psoas, et s'insèrent à l'os coxal, à l'arcade crurale (1) ; de sorte que par l'intermédiaire de cette aponévrose qui doit être considérée comme un de ses tendons d'origine, le diaphragme s'étend sur les côtés de la co- lonne vertébrale dans toute la hauteur de la paroi postérieure de l'abdo- men. Plus en dehors, au niveau des parois latérales, A. Thompson a pu suivre dans l'épaisseur du fascia transversale, des faisceaux d'origine du (1) Ce faisceau musculaire représente vraisemblablement le petit psoas, qui manque dans ces cas. Ou sait que la plus grande partie des libres de la gafne du psoas iliaque se détache des bords du tendon ^u petit psoos, dont elles émanent en réalité. ùiapliragme, qui de la rrèle iliaque monleiU veis la portion coslale ile ce muscle, A la paroi antérieure de Tabdomen enfin, Santorini a depuis longtemps signalé, et l'on rencontre souvent, des faisceaux musculaires du transverse qui se continuent dans l'épaisseur du diaphragme et le coosiituent en partie. Chez les mammifères des ordres supérieurs, chéiroptères, rovgeurs, carnassiers, etc., la disposition générale du diaphragme est à peu près la même que chez l'homme. Mais à mesure que l'on descend, la distinction «?ntre une portion ascendante et une portion transversale tend de plus en plus à disparaître. Le diaphragme devient une cloison très-oblique entre le thorax et l'abdomen, et constitue en grande partie les parois supérieure et antérieure de cette dernière cavité (1). Chez les pachydermes déjà où le sternum est relativement très-court, les poumons s'éi&ndent très-loin en arrière, et le diaphragme est très- obliquemenl tetidu entre les dernières vertèbres lombaires et les bords de la vaste échaucrure costo-sternale; de sorte que chez le cheval, par exemple, les poumons s'étendent au-dessus du diaphragme jusqu'aux limites postérieures de la région lombaire. M-ais c'est chez les cétacés que celte disposition est n son plus haut degré de développement (il n'y a que deux côtes sternales chez le lamantin et la baleine jiibarle), et le diaphragme né des limites pos- térieures de la cavité abdominale s'étend si loin en avant, qu'il est presque parallèle à l'axe du corps, et que la cavité du tronc se trouve séparée en deux compartiments situés, non pas l'un en avant, l'autre en arrière, mais l'un au-dessus de l'autre. Les poumons occupent toute l'étendue du com- partiment supérieur, et le diaphragme constitue entièrement la paroi supé- rieure de l'abdomen. A cela s'ajoute une particularité bien plus impor- tante encore. Nous avons vu chez l'homme quelques faisceaux du trans- verse se continuer avec le diaphragme ; ici c'est le diaphragme tout entier qui s'insère sur les muscles larges de l'abdomen (Daubenton, Carus), c'est- à-dire se continue avec ces muscles et spécialement, peut-être même uni- quement, avec le plus interne, avec le transverse. Ainsi, au dernier terme de la série des mammifères, nous trouvons le diaphragme dans son type le plus simple, celui d'enveloppe contractile immédiate des viscères abdominaux ; de telle façon que diaphragme trans- (1) Il n'est pas besoin de rappeler que chez tous les animaux autres que l lionune la paroi supérieure du tronc est celle qui répond au rachis. 109 verse el releveur de Tanus consliluenl (oon pas seulement relalivemenl aux fonctions, mais en réalité et au point de vue morphologique) une seule et môme enveloppe contractile, dont les divers éléments seront plus ou moins développés, plus ou moins isolés, mais pourront toujours être ramenés à un type unique. Cette fusion du diaphragme et du transverse, partielle chez les mammi- fères supérieurs, complète chez les cétacés, est incontestable. Quant à celle du releveur de l'anus el du transverse, je n'ai pu la constater par moi- même ; mais j'affirme à priori qu'elle doit exister chez les cétacés ; je fonde cette assertion sur l'absence des os du bassin. Chez les ophidiens le bassin manque également, et le muscle du cloaque analogue du releveur de l'anus est constitué par les faisceaux postérieurs du Iransverse de l'abdomen (1). § IL — DES APPENDICES DU DIAPHRAGME DESTINÉS SPÉCIALEMENT A l'appareil DIGESTIF. A. ORIFICE OESOPHAGIEN. Chez la plupart des rongeurs et quelques insectivores, l'œsophage, gé- néralement d'une ampleur restreinte, parcourt ordinairement un trajet plus ou moins étendu au-dessous du diaphragme avant de s'ouvrir dans l'esto- mac. Cette portion sous-diaphragmatique est entièrement contenue dans une espèce de canal fibro-musculaire. Chez le lapin (lepus cuniculus), par exemple, les faisceaux externes de chaque pilier montent parallèlement à la colonne vertébrale pour former le septum transversum, mais les fais- ceaux internes constituent une lame musculaire triangulaire dont le som- met est à l'origine même des piliers et dont la base répond à la portion sous- diaphragmatique de l'œsophage. Les fibres musculaires de cette lame, complètement distinctes de celles qui vont former la portion costale du diaphragme, s'étalent en forme d'évenlail ; les antérieures obliques, les postérieures, presque perpendiculaires au rachis, se dirigent en bas et en avant à la rencontre de celles du côté opposé avec lesquelles elles s'entre- croisent après être devenues fibreuses. De cet entre-croisement, de celte union des deux lames résulte une espèce de demi-canal qui recouvre el contient très-exactement l'œsophage. Les fibres postérieures qui recou- vrent le cardia adhèrent à presque toute la petite courbure par des fibres (t) .Meckel, Anai. tomi*. Î70 ?enclineuses qui les croisent à ang)e droit et s'étalent sur la face anlérietirc/ de Pesioniac. C'est bien par des fjbres tendineuses propres, et non par le revêtement péritonéal, que celle adhérence a lieu. Il y a un intervalle de 2 millimètres au moins entre les fibres et le point où le péritoine atteint h face antérieure de l'estomac. Ainsi, chez ces animaux, toute une portion spéciale des piliers du dia- phragme, sans action aucune sur le mouvement des côles et sur les modi- fications de la voûte diaphragmatique, constitue un muscle à part dont la disposition par rapport au commencement de la portion abdominale du tube digestif, est tout à fait analogue à celle du releveur de l'anus à l'ex- trémité terminale de ce même conduit. Intimement adhérente au bord su- périeur de l'estomac, embrassant exactement l'œsophage, l'expansion du diaphragme soulève l'estomac et comprime l'œsophage, de même que le releveur de l'anus comprime et soulève le rectum et l'ampoule anale. Ce sphincter œsophagien parait exister généralement, mais à un moindre degré de développement. Plusieurs faits, dont quelques-uns exis- taient déjà dans la science, vont nous servir en quelque sorte de jalons, et nous permettre de relier la disposition observée chez les rongeurs à celle que nous décrirons tout à l'heure chez l'homme. Carnassiers digitigrades. — Chez de jeunes chiens , j'ai trouvé une couche de fibres musculaires striées très-prononcée, surtout adroite, dans l'épaisseur du feuillet (presque transparent et en apparence formé par le péritoine seulement) qui, du bord interne des piliers, se porte sur la por- tion sous-diaphragmatique de l'œsophage. Carnassiers plantigrades. — Meckel (i) a noté chez l'ours l'existence de deux faisceaux musculaires du diaphragme qui, de chaque côté, se jet- lent sur l'œsophage, où ils paraissent se terminer. Chéiroptères et quadrumanes. — M. Duvernoy, dans un mémoire sur restomac intestiniforme des semnopithèques (2), décrit chez eux et chez quelques autres espèces de singes (colobes), un sphincter œsophagien fourni par le diaphragme. Il signale également cette disposition comme très-prononcée chez les chéiroptères , qui reposent accrochés , la lêle en bas. Bimanes. — Arrivons maintenant à l'homme. Tous les anatomisles décrivent l'orifice œsophagien du diaphragme (I) Anatomie comparée, vol. '?) MÉM. PF I a SOCIF.TF. d'iUST. N\T, DE Stb*^poi'ro, ^ oK I 171 cûmine couslilué : en avanl par les bords iûlernes des deux piliers qui convergent avant d'atteindre le centre phrénique, en arrière par des fais- ceaux qui vont d'un pilier à l'autre, mais changent seulement de côlé et se terninent aussi dans le centre phrénique. On admet bien que le diaphragme peut comprimer l'œsophage, mais par la contraction des piliers, contraction liée elle-même aux mouvements res- piratoires, accidentelle en quelque sorte et complètement indépendante des fonctions digeslives. C'est là tout ; il n'est fait mention d'aucune disposition spéciale. Seule- ment Haller aurait vu deux fois, Theile une fois (et il cite ce cas comme une anomalie) des fibres musculaires qui, partant du contour de l'orifice «esophagien, allaient se perdre dans les tuniques de l'œsophage. Un cas semblable est rapporté dans I'Anatomie de M. Cruveilhier. Cette prétendue anomalie est une disposition normale et constante. J'ai toujours trouvé chez l'homme un rudiment du sphincter œsophagien, si développé chez certains rongeurs. Bien distinctes des faisceaux des piliers du diaphragme destiné au centre phrénique et aux côtes, les fibres muscu- laires qui le constituent, un peu plus pâles que le reste du muscle, grêles et peu nombreuses, se détachent, au niveau de l'oriGce œsophagien, du bord interne de chaque pilier, se portent.sur l'œsophage, auquel elles sont intimement accolées, et s'y terminent ou décrivent le plus souvent sur sa face antérieure des anses qui s'entre-croisent avec celles du côté opposé. Ces petits faisceaux musculaires, plus ou moins développés, mais con- stants, n'existent ordinairement que sur la portion sous-diaphragmatique de l'œsophage ; j'ai rencontré une fois une lame musculaire très-mince, mais de près de 0,01 cenlim. de large, qui du pilier gauche se portait sur le cardia lui-même, et se terminait en étalant ses faisceaux sur la face an- térieure de l'estomac. Daas les cas ordinaires, j'ai presque toujours trouvé l'œsophage et le cardia unis au bord externe du pilier gauche par une lame de tissu d'apparence cellulaire, mais doué de cette élasticité toute spéciale qui caractérise le dartos, et que l'on retrouve aussi au niveau des anses terminales du crémaster (1) chez l'adulte. J'ai rencontré enfin, mais exceptionnellement, un faisceau jnusculaire qui, se détachant du diaphragme au niveau du bord supérieur de l'orifice œsophagien, descendait parallèlement aux fibres longitudinales de l'œso- (I) Anses complètement musculaires chez le fœtus, et aussi dans certains cag deiumems anciennes du sciotuni, comnicl'a vu M. J. Cloquct, 11'2 pliage, sur la face antérieure de Testoinac, où il se perdait, croisant à an- gle droit les fibres du sphincter œsophagien du diaphragme. (Pi. 1, fig. 3.) L'analogie estévidente entre ce faisceau musculaire et le faisceau tendineux que nous avons vu chez le lapin croiser à angle droit les fibres du sphincter œsophagien pour venir se terminer sur la face antérieure de Testomac au niveau de la petite courbure. Ce faisceau longitudinal, lorsqu'il existe, est nécessairement antagoniste du sphincter œsophagien, il dilate le cardia et tire l'estomac en haut ; il doit faciliter le vomissement et la rumination ; peut-être son existence est-elle en rapport avec les cas de merycisme ob- servés chez l'homme. Parmi les derniers ordres des mammifères, je n'ai pu examiner l'orifice œsophagien que sur une espèce de ruminants, le mouton (ovisaries); j'ai- trouvé l'œsophage passant librement au milieu d'un fort anneau muscu- laire, à bords épais et très-nets, constitués par des faisceaux qui vont ga- gner le centre phrénique. Il y a absence complète d'un sphincter œsopha- gien distinct du reste du muscle. L'orifice œsophagien n'est pas non plus formé, comme nous l'avons vu jusqu'ici, par l'écarlement des deux pilier? du diaphragme. Sur le milieu du pilier droit règne un fort raphé fibreux qui envoie de •<";haque côté des fibres musculairesdisposées comme les barbes d'une plume. Ce raphé cesse au niveau de l'extrémité postérieure de l'orifice œsopha- gien, en donnant naissance à deux forts faisceaux musculaires qui s'écar- tent, puis reviennent s'entre-croiser au niveau de l'extrémité antérieure de cet orifice et se continuent dans le centre phrénique. De sorte que l'œso- phage passe ici dans une véritable boutonnière musculaire, que les contrac- tions générales du diaphragme doivent fermer très-exactement. Nous ver- rons tout à l'heure les conséquences que l'on peut tirer de cette dispo- sition. Le sphincter œsophagien n'est pas la seule expansion fournie par le dia- phragme à l'appareil digestif; je signalerai chez l'homme : i" Un faisceau de fibres tendineuses déjà entrevues par Huscke, qui, logées entre les deux feuillets de l'épiploon gastro-hépatique, se porte du diaphragme vers le fore. Ce faisceau, détaché du bord supérieur de l'orifice œsophagien, ne paraît pas avoir ici d'autre usage que de fixer sohdemenl le foie au diaphragme, mais il tire un certain intérêt de l'existence d'uiï appareil musculaire spécial, que j'ai découvert chez quelques oiseaux, et qui se porte du diaphragme sur le foie. ~" Enfin, j'ai trouvé chez l'homme aussi, à des degrés variables de dérf 173 loppement, mais constamment jusqu'ici, un faisceau musculaire qui n'est décrit nulle part. Ce faisceau, se détachant du pilier droit, au niveau du bord postérieur de l'orifice œsophagien, se porte en bas et en avant au de- vant du plexus cœliaque, du tronc cœliaque, et spécialement de l'artère splénique qui se recourbe en anse au devant de lui, et se termine, soit au- dessous de l'artère splénique, soit au niveau de l'artère mésentérique supé- rieure, par des fibres lendiceuses que je n'ai pu suivre plus loin. Dans un cas que j'ai fait représenter, ce faisceau musculaire, qui était très-développé et avait près de 0,01 centim. de largeur sur 0,04 à 0,05 de longueur, pa- raissait se terminer sur l'artère mésentérique supérieure. Je n'ai, je le ré- pèle, pas pu jusqu'à présent suivre plus loin ses fibres terminales, peut- être parviennent-elles jusqu'à la colonne vertébrale ; mais ce que mes dis- sections me portent plutôt à croire, c'est qu'il se termine réellement dans l'épaisseur du mésentère, disposition qui, si étrange qu'elle paraisse au premier abord, n'est pas sans analogie avec ce que nous verrons exister chez les oiseaux. Quoi qu'il en soit, si ce faisceau a quelque insertion â la colonne verté- brale, il est disposé de façon à comprimer, par ses contractions, l'artère splénique. Si au contraire, comme je le pense, il se termme réellement dans l'épaisseur du mésentère, il constituerait un soutien actif du paquet de l'intestin grêle, et serait peut-être en rapport avec la station verticale, car je ne l'ai jusqu'à présent trouvé que chez l'homme. § III.— DC RÔLE DU SPHlNCTEn OESOPHAGIEN, ET DES CAUSES QUI. EMPÊCHENT LE VOMISSEMENT CHEZ CERTAINS MAMMIFÈRES. Parmi les mammifères, les uns vomissent avec plus ou moins de facilité ; les autres ne peuvent jamais vomir, bien que sous l'influence de l'émélique,. par exemple, les phénomènes qui tendent à produire le vomissement ayant lieu chez eux avec une telle intensité, qu'ils peuvent détermiqer la rupture de l'estomac. Au nombre des animaux qui ne vomissent pas, on compte les rongeurs, notamment le lapin (lepus cuniculus), le cabiai (cavia cobaya), tous les ru- minants, et aussi le cheval. Or, chez le lapin, le cabiai, le sphincter œsophagien du diaphragme est à son maximum de développement; animé par un filet de la branche pos- térieure du nerf phrénique, lorsque le diaphragme et les autres muscles ab- dominaux se contractent et tendent à expulser le contenu de l'estomac, il se conlracle aussi, et est assez puissant et assez favorablerueul disposé pour résister à l'action de ces muscles et fermer complètement l'œsophage. Le vomissement sera d'autant plus facile que le sphincter sera moins développé. Chez l'homme, ce sphincter diaphragmalique est presque à l'élal rudi- mentaire, et le vomissement est généralement facile. Cependant, il est in- conlestaBIe que l'on peut résister volontairement, pendant un temps à la vérité très-court, à l'efTet des contractions musculaires qui tendent à ex- pulser le contenu de l'estomac. Cet obstacle volontaire au vomissement ne peut être attribué, je crois, à une modiflcalion volontaire des contractions mêmes, des muscles abdominaux ; ceux-ci, influencés alors par une action réflexe, sont momentanément soustraits à l'empire de la volonté. D'un aulre côté, les contractions de l'œsophage sont toujours involontaires. Le sphinc- ter diaphragmalique, soustrait peut-être à l'influence de l'action réflexe, serait alors le seul agent de la volonté. Chez les ruminants où nous n'avons pas trouvé de sphincter spécial de l'œsophage, l'obstacle au vomissement ne reconnaît pas la même cause que chez les rongeurs. Mais, comme je l'ai déjà dit, toute contraction un peu énergique du diaphragme doit s'accompagner chez eux de l'occlusion complète de la boutonnière musculaire qui donne passage à l'œsophage ; plus les contractions du diaphragme seront énergiques, plus l'œsophagô se trouvera éuergiquement comprimé, et le vomissement se trouvera empêché par l'acte même qui tend à le produire (1). § IV. — APPENDICES DU DIAPHRAGME DESTINÉS AUX ORGANES GÉNITAUX. Outre les ligaments ronds inguinaux de l'utérus que présentent tous les mammifères, Stenson a découvert chez le hérisson des ligaments ronds antérieurs de l'utérus, que Rudolphi a trouvés également chez l'hyène et l'ours, et que Nilzsch a rencontrés généralement chez les rongeurs et les carnassiers. Ces ligaments parlent des extrémités des cornes de l'utérus, et remontent en avant recouverts par le péritoine jusqu'à la région costale ou jusqu'à la région des piliers du diaphragme où ils se terminent. Muscu- laires dans toute leur étendue comme les ligaments ronds inguinaux, les li- gaments ronds antérieurs sont aussi constitués comme eux par deux ordres de fibres. (1) Je n'émets ici qu'une hypothèse ; c'est à l'cxpcrimcntation qu'il appartien- dra de la confirmer ou (te la renverser. 175 Les unes, fibres lisses, fibres plates et fusiformes de la vie organique, émanées du tissu propre de l'utérus, forment la plus grande partie de ces ligaments; les autres fibres, qui ne se trouvent guère que dans la portion terminale et pt'-riphérique de ces ligaments, au voisinage de la région in- guinale et au voisinage de la région diaphragmalique, les autres fibres sont des faisceaux musculaires striés, émanés du muscle transverse pour les li- gaments inguinaux, et du diaphragme pour les ligaments ronds antérieurs. Je me contente ici de signaler cette analogie de plus entre le diaphragme et le muscle Iransverse, réservant de plus amples détails pour un travail que je communiquerai prochainement à la Société de biologie (1). SECTION H. — DIAPHRAGME CHEZ LES OISEAUX. La cavité du tronc est divisée chez les oiseaux en trois grands comparti- ments. Vantërieur inférieur s'éieni dans presque toute la longueur du tronc; il loge en avant le cœur, les gros vaisseaux et le réservoir aérien thoracique, en arrière les réservoirs diaphragmatiques antérieur et postérieur. V antérieur supérieur n'est occupé que par les poumons proprement dits; il est séparé du premier par une cloison musculo-fibreuse, décrite par la plupart des auteurs sous le nom de diaphragme thoraco-pulmonaire, et par Perrault sous celui de muscle des poumons, dénomination bien préférable, je crois. Enfin le dernier compartiment occupe la région supérieure et posté- rieure du tronc, et loge à la fois les viscères abdominaux (des appareils di- gestif et génito-urinaire) et les sacs aériens abdominaux. Le diaphragme Ihoraco-abdominal, le véritable diaphragme, sépare ce compartiment des deux autres, et deux cloisons détachées de sa face profonde isolent les viscères des sacs aériens, DESCRIPTION DU DIAPHRAGME ABDOMINAL. Lorsqu'on a enlevé les muscles larges de la paroi abdominale, ou arrive de chaque côté, sur un plan fibreux attaché en bas au bord antérieur de (1) Des muscles accessoires fournis aux organes génitaux par le système MUSCULAIRE DES PAROIS ABDOMINALES, SPÉCIALEMENT DE L'ORGANE CONNU SOUS LH NOM DE GUBERNACULDM TESTIS, CHEZ LE MALE ET CHEZ LA FEMELLE, DANS LA SÉRIE PBS MAMMIFÈRE?. 17fi l'os iliaque el du pubis cosliforme el accolé au muscle Iransverse, puis s'en écartant pour aller gagner la paroi dorsale du tronc où des faisceaux mus- culaires succèdent aux libres tendineuses. En arrière el en dedans, ce plan fibreux est interrompu, el dans l'intervalle compris entre deux lignes tirées des angles postérieurs et externes du sternum aux pubis, le péritoine paraît tapisser immédiatement le muscle transverse. En avant el en dedans, ce plan fibreux s'insère au sternum, puis se porte sur les côlés du péri- carde. Je n'ai rien à ajouter, quant à la disposition générale, à la description très-exacte que M. Sappey a donnée du diaphragme thoraco abdominal; il n'en est pas de même relativement aux éléments qui constituent ce plan rausculo-fibreux, el à certaines dispositions spéciales qui étaient restées complètement inaperçues. Ainsi une zone musculaire généralement étroite, fixée par son extré- mité interne aux apophyses épineuses inférieures des dernières vertèbres dorsales, confondue en dehors avec le plan fibreux du muscle des poumons, donne naissance par son bord convexe à des fibres tendineuses qui s'écar- tent en rayonnant et marchent d'avant en arrière dans l'aponévrose dia- phragmalique. Mais en outre de l'extrémité interne de chaque zone mus- culaire se détache un faisceau très-prononcé, surtout à gauche, et qui se porte sur l'œsophage, au moment où, traversant le diaphragme, il va pé- nétrer dans la cavité abdominale. On ne peut méconnaître là l'analogie avec le sphincter diaphragmatique des mammifères. Mais ce n'est pas tout : les fibres tendineuses qui font suite à la zone musculaire sont loir de con- stituer seules l'aponévrose diaphragmatique. On observe encore deux ordres de fibres transversales croisant les pre- mières presque à angle droit, plus superficieUes et plus apparentes qu'elles; de ces fibres, les unes, internes, s'insèrent à la face supérieure du sternum, tout près de la ligne médiane, et se portent de là vers le milieu de l'aponé- vrose où elles rencontrent d'autres fibres transversales aussi, ou un peu obhques, qui partent du bord antérieur du pubis. Tandis que les fibres nées du sternum sont nacrées, brillantes, et tout à fait tendineuses, j'ai trouvé chez le canard les fibres qui viennent du pubis, musculaires surtout à droite, dans une grande partie de leur étendue. Dans le point où les fibres nées du sternum et du pubis se rencontrent, vers le milieu de l'aponévrose dia- pliragmalique, de la face profonde de cette aponévrose, se détache une cloison qui se porte vers le milieu de la face convexe de chaque lobe du foie, et a élé décrite comme ligament suspcnscur du foie. Chez le canard, i77 qui nous a servi dé type dans celle descriplion, celle cloison, dans toute son étendue, est constituée par des faisceaux musculaires parallèles, qui font suite, les uns aux fibres nées du sternum, les autres aux iibres nées du pu- bis, et se portent à droite sur la face convexe du foie dans toute sa hauteur; à gauche le lobe hépatique se prolonge moins en arrière, et laisse à décou- vert l'entrée du ventricule succenturié dans le gésier et le gésier lui-même. La cloison musculaire arrivée à l'extrémité postérieure du foie se continue sur le ventricule succenturié et sur le bord externe du gésier ; ce sont les fibres nées du pubis qui constituent uniquement cette partie de l'expan-^ sion musculaire. Ainsi le diaphragme envoie aux deux lobes du foie et aux deux estomacs des expansions musculaires qui paraissent se terminer sur ces organes, mais ne s'y terminent peut-être pas en réalité, car j'ai pu chez l'oie décoller la lame musculaire qui se porte sur le bord externe du gésier, et elle m'a paru se continuer jusqu'à la rencontre de la cloison du côté opposé; de sorte que si celle disposition est bien réelle le foie et les deux estomacs seraient contenus dans une espèce de poche résultant d'un dé- doublement du diaphragme. Chez de grands oiseaux, cette disposition doit être plus évidente, et ce que Perrault, cité par M. Sappey, a décrit chez l'autruche sous le nom de diaphragme transversal, doit probablement y être rapporté. Parmi les espèces que j'ai examinées, le canard et la corneille à man- teau gris m'ont seuls présenté des fibres musculaires dans la cloison qui se porte vers le foie. Constamment, au contraire, il existe à gauche des fibres musculaires qui font suite aux fibres tendineuses nées du pubis et se portent vers le ventricule succenturié et le gésier ; elles existent chez les oiseaux à gésier musculeux et chez ceux à estomac membraneux, chez le canard, chez l'oie, chez les colombes, les gallinacés, la huppe, la corneille à man- teau gris. Je ne sais à quelle condition est liée l'existence de ces fibres musculaires dans les ligaments du foie; leur contraction doit aider à la compression des réservoirs abdominaux; quant à l'expansion musculaire de l'estomac, son existence constante semble indiquer une fonction spé- ciale et importante. SECTION III. —DIAPHRAGME CHEZ LES REPTILES ORNITHOÎDES (BLAINV.). Chéloniens. — La cavilé du tronc des chéloniens n'est cloisonnée par aucun plan musculaire ni fibreux. Un sac péritonéal, surmonté en avant 178 par le péricarde, renferme Tappareil digeslil' et une partie de l'appareil génilo-urinaire. Quant aux poumons, situés en arrière et en dehors du péritoine, aucune membrane fibreuse ni séreuse propre ne les enveloppe ; comme les reins auxquels touclie immédiatement leur extrémité posté- rieure ; ils sont logés dans un simple écarlemeot «nlre le péritoine et la carapace. Bojanusel après lui Meckelont décrit chez ces animaux, comme représen- tant le diaphragme, des faisceaux musculaires qui, limitant antérieurement la cavité du tronc, s'insèrent aux deux ou trois premières vertèbres dor- sales et aux côtes correspondantes, et se portent de là sur les côtés du péri- carde, vers la paroi inférieure du tronc ; là ces faisceaux se terminent par des fibres tendineuses qui s'étalent sur la face externe du péritoine et y rencontrent des fibres semblables fournies en arrière par le muscle Irans- verse abdominal. Dans leur trajet de la colonne vertébrale et dès côtes vers le péritoine, ces faisceaux musculaires sont de chaque côté appliqués sur le sommet des poumons. Si Ton supposait, chez les oiseaux, la cavité du tronc réduite à la cavité abdominale, et les poumons situés dans cette cavité, en dehors du péri- toine, le diaphragme thoraco-abdomirial des oiseaux aurait assez exacte- ment la même disposition générale que le diaphragme des tortues. Or ce n'est pas là une hypothèse gratuite : le passage de l'une de ces dispositions à l'autre existe et même est très-évident. En effet, une portion au moins du poumon des oiseaux est située dans la cavité abdominale, en dehors du péritoine, entre cette membrane et la paroi supérieure du tronc, c'est le réservoir aérien abdominal qui représente la partie postérieure non cloi- sonnée du poumon des reptiles. Abstraction faite de la partie antérieure de l'appareil pulmonaire des oiseaux, la disposition générale de la cavité du tronc, des poumons abdominaux et du diaphragme, est la même, je le ré- pète, chez les oiseaux et les chéloniens. Analogie de plus entre ces deux classes que rapprochent tant d'autres caractères. Ainsi, chez les chéloniens, le diaphragme n'est plus en aucune façon une cloison musculaire séparant l'appareil respiratoire des viscères de l'appa- reil digistif. Il n'est plus autre chose qu'une paroi contractile de la cavité du tronc à son extrémité antérieure. Il n'est pas, ne peut pas être un dila- tateur des poumons, comme le veut Bojanus, qui lui assigne cette fonction fort gratuitement, et par analogie sans doute avec la^fonction principale du diaphragme des mammifères. Mais chez les mammifères mêmes, c'est ac- cessoirement en quelque sorte que le diaphragme dilate les poumons ; sa 179 lieslinalion primilive essenlielle est de comprimer le sac abdominal. De celle diminution de l'une des cavités résulte nécessairement Tagrandisse- ment de l'autre (1). Chez les oiseaux, le diaphragme abdominal contribue accessoirement à la dilatalion des réservoirs diaphragmaliques; mais quant aux réservoirs aériens des poumons abdominaux, il ne peut que les comprimer. Enfermés dans la cavité commune, les poumons des chéloniens sont, comme les autres viscères, comprimés par le diaphragme auquel vient en aide le muscle trans- verse. 11 suffit pour s'en convaincre d'observer la respiration d'une tortue. L'air ne se précipite pas dans le poumon activement dilaté, il y est intro- duit peu à peu par une série de déglutitions successives, puis en une seule fois, et par la contraction des muscles abdominaux, surtout du diaphragme et du transverse, le poumon est comprimé et l'air respiré expulsé avec une espèce de sifflement. SECTIOM IV.— DIAPHRAGME CHEZ LES REPTILES IGHTHYOIDES(BL.). Batraciens. — Chez les batraciens, il n'y a qu'une cavité commune du tronc. Outre le tube digestif, ses annexes et les organes génito-urinaires, celle cavité contient encore les poumons. Ils ont tout à fait le caractère que leur assigne leur mode de développement, celui d'appendice, d'annexé, de l'appareil digestif. La séreuse commune les enveloppe et les fixe à l'aide d'un repli tout à fait semblable au mésogastre et au mésentère; l'air y est introduit par déglutition comme les aliments dans le tube digestif. Comme le contenu du tube digestif, le coutenu de ces sacs aériens est expulsé par faction des muscles larges des parois du tronc. Ces muscles nous offrent ici, en l'absence du développement des côtes, leur type le plus simple, et ce type est celui des muscles abdominaux des vertébrés supérieurs. Les belles rechei'chesd'A. Thompson nous ont appris à considérer ces muscles des parois abdominales comme un seul muscle polygastrique. Rien d'ex- traordinaire de voir ici les trois couches de ce muscle réduites à deux. Les fibres^descendantes qui constituent la couche externe s'entre-croisent sur la ligne médiane avec celles du côté opposé et deviennent a:scendantes (1) L'hypothèse de M. Maissiat, qui considère la tension des gaz du tube di- gestif comme la cau$e première, sans cesse renouvelée, des coniraclions du diaphragme, vient à l'appui de l'opinion que j'émets sur le rôle essentiel de ce nmscle. 180 dans la couche profonde qui représente à la fois le pelil oblique el le Iran»- verse. Outre ces deux couches, Mayer (de Bonn) (1) a décrit chez les aglosses {pipa et xenopus), sous le nom de muscle abdominal postérieur, un mus- cle qui , né de la diaphyse du fémur, longe la paroi supérieure du tronc et vient s'insérer à Thyoîde et au pharynx, ou à la première portion de l'œso- phage. Meckel regarde ce muscle comme le représentant du diaphragme et fonde cette opinion, très-juste, sur l'insertion de quelques faisceaux de ce muscle à l'œsophage, faisceaux tout à fait analogues, dit- il, à ceux qui chez Vàurs se détachent des piliers .du diaphragme et se jettent sur l'œsophage. Cette disposition , que Meckel croyait exceptionnelle et parti- cuhère à l'ours , nous l'avons trouvée chez la plupart des mammifères, chez les oiseaux mêmes, et lorsque nous la retrouvons chez les batraciens, nous ne pouvons méconnaître sa signîQcation , et avec bien plus de droit que Meckel, nous devons considérer le muscle auquel elle appartient comme le représentant du diaphragme. Est-ce là cependant un fait particulier aux aglosses ? les autres batraciens anoures sont-ils, comme on l'a pensé jusqu'à présent, dépourvus de tout vestige de diaphragme ? Je n'ai pu croire qu'il existât une telle lacune dans le plan général. J'ai donc cherché chez les batraciens indigènes, et trouvé, plus marqués même que je ne l'espérais, les traces d'un type constant. Chez le crapaud (bufo fuscus) et la grenouille (rana esc), le muscle pariétal profond (oblique ascendanl) fournit la paroi postérieure de la gaîne du muscle droit abdominal , et s'insère au bord du sternum ; le muscle droit s'y attache lui-même. Immédiatement au-dessus de ce point el sans ligne de démarcation, des fibres musculaires, formant une espèce de toit en avant et au-dessus de la cavité du tronc, se portent sur les côtés du péricarde (où elles semblent se terminer) en manière de diaphragme, dit Dugès (2), que cette disposition a frappé, bien qu'il n'en comprit évidemment pas l'importance el qu'il en ait fait mention par hasard, en quelque sorte. Au-dessus enfin , el immédiatement accolé d'abord au plan musculaire dont nous venons de parler, naît, des côtés du rachis, un faisceau non en- core décrit , qui , plus fort , mais en quelque sorte plus isolé chez le cra- paud que chez la grenouille, caché chez tous deux par les muscles de l'épaule, se jette sur le pharynx et le commencement de l'œsophage. (1) Mayer, Nova, acta nat. curios., vol. XII, part. 2. (2) Dugès, Recherches sur la myol. des batrac. Quelques fibres passent en avant, d'autres vont jusqu'à l'hyoïde , mais la plus grande partie se terminent en s'entre-croisant avec celles du côté op- posé sur la face postérieure du pharynx et de l'œsophage. Ce faisceau com- plète la voûte musculaire qui ferme en avant la cavité du tronc ; il est immédiatement appliqué sur le sommet des poumons. Évidemment il re- présente très-exactement, sauf l'origine, le diaphragme postérieur des aglosses (1). Une autre partie du diaphragme est représentée par les fibres qui se jettent sur les côtés du péricarde. Ces fibres appartiennent bien en réalité au plan du muscle pariétal profond , mais ce n'est pas la première fois que nous voyons le diaphragme n'être qu'une dépendance du système des muscles larges de la paroi abdominale, [roir Diaphr. des cétacés.) SECTION V. Chez les poissons, la modification profonde de l'appareil respiratoire en- traîne-l-elle l'absence complète du diaphragme ? Cuvier admet bien entre la cavité des branchies et la cavité abdominale une cloison rausculo-fibreûse, qu'il est porté à considérer comme l'ana- logue du diaphragme ; mais des recherches plus complètes que celles aux- quelles j'ai pu me livrer me sont encore nécessaires pour admettre la réa- lité de cette analogie que Cuvier indique seulement, sans l'appuyer d'aucune preuve et sans y attacher l'importance qu'elle mériterait. Quant à des faisceaux musculaires trouvés par Ralbke chez plusieurs es- pèces de coltus, par mes amis MM. Robin et Brown-Séquard, chez plusieurs espèces de squales, et qui, prenant leur origine à la paroi dorsale du tronc, se jettent sur l'œsophage, ces muscles, appartenant au système musculaire des parois du tronc (2), représentent évidemment, par leur disposition gé^ nérale, leur origine, leur terminaison, la portion œsophagienne du dia- ï>hragme des batraciens (reptiles ichlhyoides, Blainville). (1) Je considère du le&te l'origine du diaphragme à la diaphyse du fémur, comme un résultat de la fusion du psoas avec le diaphragme. Cette fusion eut déjà indiquée chez l'homme: 1° par des faisceaux du diaphragme qui, dans quelques cas, se continuent avec les faisceaux musculaires du psoas ( Bonamy^ atlas, pi. 49]; 2° par le faisceau diaphragmatique de la gaine du psoas dont nous avons parlé précédemment ( diaphr. des mammifères). (2) M. Brown-Séquard les a vus se contracter immédiatement sous l'influence des stimulants. On sait que les muscles composés de faisceaux primitifs strié* «)ii'rent seuls ce caractère. T. Ilf. 13 182 StCTIOX VI. ,^ I. — ÉVOLUTION DO DIAPHRAGME DANS LA SÉRIE DES VERTÉBRÉS. Jusqu'ici, d'après l'ordre nécessaire des recherches, nous avons procédé du connu à l'inconnu, el suivi le diaphragme dans ses transformations successives chez tous les vertébrés. Remontons maintenant, dans un ordre plus logique et plus naturel, la série des faits, et suivant les modifications d'un type constant, élevons-nous du simple an composé. Déterminons d'abord le type. On doit distinguer, dans l'appareil muscu- laire auquel nous conservons le nom de diaphragme (si peu justifié qu'il soit le plus souvent), deux portions (non pas une portion lombaire et l'au- tre costale, elles sont intimement unies), mais une portion 4E3ophagienne, une portion pariétale. Celle dernière a pour caractère essentiel de constituer une enveloppe contractile immédiate de la grande cavité viscérale, dont elle forme tou- jours la paroi antérieure et quelquefois en partie la paroi supérieure (cé- tacés), ou même l'inférieure (oiseaux). Quant à la portion œsophagienne, moins développée dans les classes su- périeures, où elle existe cependant généralement., son importance augmente dans les classes inférieures (batraciens el poissons); elle est à l'entrée du tube digestif, dans l'abdomen, ce que le diaphragme inférieur (releveur de l'anus) est à la terminaison de ce conduit. Batraciens. — Cavité commune pour l'appareil digestif el les poumons, qui n'en sont en quelque sorte qu'un annexe. Les deux portions du dia- phragme existent, nettement distinctes l'une de l'autre ; la portion œsopha- gienne est très-développée, mais la portion pariétale est peu distincte du système musculaire commun à toutes les parois de la cavité. Chéloniens. — Une seule cavité du tronc. Les poumons commencent à s'isoler du tube digestif, el sont en dehors du péritoine, mais enfermés en- core dans un sac contractile constitué en avant par le diaphragme pariétal, en arrière par le Iransverse (qui représente probablement aussi le releveur de l'anus) ; le diaphragme œsophagien paraît manquer. Oiseaux. — Les poumons sisolent de plus en plus; ils occupent déjà en partie une cavité spéciale (cavité thoracique), mais leur appendice posté- rieur (réservoirs abdominaux) est encore dans la cavité viscérale, et coin- 183 primé par le diaphragme pariétal ; mais la cootraclion de ce muscle, en diminuant la capacité de l'abdomen, a déjà pour elVt secondaire d'aug- menter la capacité du thorax , et par suite de dilater les réservoirs diaphragmatiques, appendices du poumon. Le diaphragme œsophagien «xiste constamment; il y a même des faisceaux œsophagiens et des fais- ceaux gastriques distincts. Mammifères. — Le tronc est divisé en deux cavités dont l'une en grande partie occupée par les poumons complètement isolés de l'appareil digestif. Le diaphragme pariétal, qui conserve toujours son caractère et ses rapports de paroi contractile de la cavité viscérale, se trouve constituer une cloison entre les deux cavités qui se partagent le Ironc. En comprimant les viscères digestifs, en se rapprochant du centre de la cavité abdominale, ce qui a été jusqu'ici sa fonction essentielle et constante , il augmente fiêcessaire- «lent la capacité Ihoracique, détermine la dilatation des poumons, et sans perdre ses anciennes fonctions (vomissement, défécation, accoiirbpment, miction), il en acquiert de nouvelles (inspiration). Le diapiiragmè œso- phagien existe très-généralement et quelquefois au plus haut degré de dé- veloppement (rongeurs). Ainsi la série est complète du diaphragme œsophagien du pipa au dia- phragme œsophagien de l'homme, du diaphragme pariétal des batraciens au diaphragme pariétal de l'homme ; les deux termes extrêmes sont reliés entre eux, et nous possédons la raison de cette progression anatomique. § II. — DÉVELOPPEMENT. Situé chez les derniers vertébrés à respiration aérienne ( batraciens et chéloniens) à la limite antérieure de la cavité du tronc, immédiatement au-dessous de la région cervicale , le diaphragme s'éloigne d'autant plus de cette région que la place de l'animal est plus élevée dans la série. Il y a dans une même classe une différence très-marquée sous ce rapport, entre le diaphragme des cétacés, par exemple, et celui de l'homme. Le développement du diaphragme chez un embryon de mammifère supérieur répète exactement son développement dans la série animale. A l'époque de la naissance , la cavité abdominale l'emporte de beaucoup en étendue sur la cavité thoracique , et le diaphragme est situé relative- ment plus haut que chez l'adulte. A mesure que l'on se rapproche des premiers temps de la vie embryonnaire , le diaphragme remonte de plus en plus vers la partie supérieure du tronc. Chcx un of^bryon de lapin de 18/1 0",009 de long, j'ai trouvé ce que Baër avail déjà signalé, le diaphragme situé au niveau de la première vertèbre dorsale, à la même hauteur que rorigine des membres antérieurs. SECTIOX VII. — XERFS DU DIAPHRAGME. Les nerfs du diaphragme viennent de la moelle. Le trajet et la distribution des nerfs rachidiens sont généralement très- simples et limités au segment vertébral correspondant au point d'émer- gence des nerfs, ou tout au moins aux deux segments voisins. Le type de cette disposition nous est effert par les nerfs intercostaux. Les nerfs du cou, si Ton tient compte de leur disposition plexiforme, les nerfs des membres, en plaçant ceux-ci dans leur véritable position, c'est-à-dire perpendiculai- rement et non parallèlement à Taxe du tronc, forment une exception plus apparente que réelle à cette loi générale de la distribution des nerfs rachi- diens. En est-il de même des nerfs du diaphragme ? Chez les batraciens et les cbéloniens, ces nerfs sont normaux. Le diaphragme est situé au même niveau que la racine des membres an- térieurs ou immédiatement au-dessous. Les nerfs du diaphragme viennent de la région du plexus brachial ou des premières paires dorsales, et se comportent comme les nerfs intercostaux. Chez les oiseaux, le diaphragme abdominal est animé uniquement par des branches des nerfs spianchniques du grand sympathique. Mais, sauf leur passage à travers les ganglions préverlébraux et symptithiques, ces nerfs ne s'écartent pas sensiblement du type normal, puisque les dernières paires dorsales, au niveau desquelles est situé le diaphragme, concourent à la formation des nerfs spianchniques. Chez les mammifères, les nerfs diaphragmatiques semblent dilîérer com- plètement de ce que nous avons vu jusqu'ici. Formés pai* la réunion de branches émanées des deux dernières paires du plexus cervical et des deux premières du plexus brachial, ils traversent toute la hauteur de la cavité (horacique avant d'arriver à leur destination. Faut-il chercher à cette disposition singulière un- but final, et rappro- cher le nerf phrénique du nerf spinal auquel il ressemble par ses origines multiples, et de plus, chez certains animaux (écureuils), par sa fusion pen- dant une partie de son trajet avec le pneumo-gaslrique. Faut-il faire de ces deux nerfs des accessoires du pneumo-gastrique, présidant aux contrac- tions musculaires, s^ulcs essenlielles et indispensables à raccomplisseracivl 185 de l'acte respiratoire, les conlraclions des muscles du larynx et du dia- phragme, coDlractioDS musculaires qui agissent encore de concert dans le mécanisme de l'effort et de la voix , en empêctiant ou modifiant l'expi- ration ? Enfin, nous appuyant sur des raisons semblables à celles que M. Longet invoque pour établir le but final de l'origine singulière du nerf spinal, di- rons-nous que l'origine du nerf phrénique à un point de la moelle si élevé et si distant de sa terminaison est en rapport avec l'imporlance des fonc- tions du muscle qu'il anime, et a pour but de permettre encore l'accom- plissement de lacle respiratoire et l'expulsion du contenu des réservoirs abdominaux (vessie, rectum, utérus), alors même que l'actioD des nerfs Ihoraciques et abdominaux est interrompue? Mais cette explication physiologique ne nous satisfait pas , et nous croyons pouvoir donner, de l'origine et du trajet des nerfs phréniques chez les mammifères, une raison beaucoup plus simple et tout anato- mique. L'origine très-éloignée de la terminaison, de l'artère et des nerfs sper- matiques, s'explique très-naturellement, comme on sait, par le développe- ment du testicule. Celui-ci naît au bord interne des corps de Wolf à côté des reins ; ses vaisseaux et ses nerfs, nés au même niveau, s'allongent peu à peu et s'éloignent de leur origine, entraînés par la descente du testicule jusque dans le scrotum. Il en est de même des nerfs du diaphragme. Nous avons vu que dans les premiers temps de la vie embryonnaire, le diaphragme est situé immédia- tement au-dessous de la région cervicale au même niveau que la racine des membres antérieurs. Rien de plus normal et de plus simple à cette époque que de voir les nerfs du diaphragme fournis par le plexus cervical et le plexus nerveux des membres antérieurs (1). Mais à mesure que les (I) On a signalé comme constante (Vrlentin, Hirschfeld) ou comme fréqaente (Haller, d'après M. Bérard, l'a trouvée cinq fois) une anasto.Tiose entre l'hypo- glosse et le nerf phrénique. Cette anastomose est au moins rare, et lorsqu'elle a lieu, elle ne provient pas du tronc de l'hypoglosse, mais de l'anse nerveuse anastomotique avec la deuxième paire cervicale. Dans le seul cas où j'ai trouvé uni? disposition analogue, voici ce qui existait. A droite de l'anse anastomoti- que partait une branche qui, renforcée par deux filets émanés des troisième et quatrième paires cervicaies, se terminait par deux rameaux, dont l'un destiné au sterno-hyoïdien, tandis que l'autre, plongeant dans la poitrine, longeait le ticrirardr, -h pm <\e distance du slorniim, et aDnit se terminer dans la moitié 186 poumons se développent, ils refoulent en bas le diaphragme, dont les nerfs s'allongent et s'éloignent avec lui de leur situation primitive. Ce qui vient encore à l'appui de celle manière de voir, c'est que, mal- gré leur long trajet, les nerfs phréniqucs n'émettent aucune branche et ne reçoivent aucune anastomose dans toute l'étendue qui sépare la situation primitive du diaphragme de sa situation définitive, c'est-à-dire dans toute l'étendue de la cavité thoracique (1). Malgré les assertions contraires de Valentin et Bourgery, le diapliragme ne reçoit aucun filet de nerfs rachidiens autres que les nerfs phréniques. Tous les nerfs intercostaux ou lombaires sans exception ne font que le traverser pour se terminer soit dans le muscle Iransverse, soit dans le psoas ou le carré des lombes. Mais le grand sympathique envoie au diaphragme plusieurs branches ; l'une, que je n'ai trouvée qu'à droite, naît du ganglion semi-lunaire et du grand nerf splanchnique et se jette directement dans la partie inférieure du pilier droit, qui ne reçoit pas d'autres nerfs à ce niveau. Une autre branche née à droite aussi du plexus cœliaque et du plexus surrénal, munie d'un ou plusieurs ganglions constants, remonte en ac- compagnant l'artère s'anastomoser avec la branche postérieure du nerf phrénique. Cette anastomose multiple forme une espèce de plexus, duquel partent des filets qui se jettent les uns dans le pilier droit, les autres dans la partie droite de la voûte. Un de ces filets, constant, arrive jusqu'à la moitié gauche en contournant le bord supérieur de l'orifice œsophagien. Mais plusieurs filets remarquables et souvent munis de ganglions se déta- chent : les uns du tronc même de la branche postérieure du nerf phrénique, au-dessus ou au-dessous de son passage à travers le diaphragme ; les au- tres du plexus anastomotique, et se jettent sur la veine cave. Quelques- uns se perdent dans les parois de cette veine , d'autres se jettent sur les droite du diaphragme, en s'anaslomosant avec le nerf phrénique du même côté, qui existait simultanément. C'est là ce que Valentin a déciit sous le nom de nerf diaphragmatique antérieur. Dans tous ces cas, et surtout dans le dernier, je pense que les ûlets destinés au diaphragme provenaient en réalité de la portion de l'anse anastomotique, con- stituée par la deuxième paire cervicale, et non par des filets crâniens de l'hypo- glosse. (1) Les prétendus filets fournis par le nerf phrénique au péricarde et au plexus pulmonaire droit ne sont autre chose que des branches artérielles, ainsi que je l'ai démontré sur une pièce déposée mu Musée de la F.icullé. 187 veines sus-liépaliques, au niveau de leur embouchure dans la veine care. Ce sont ces filets que Blaudin el d'autres analomistes ont cru se terminer dans le parenchyme du foie , mais qui en réalité ne font que le traverser pour se terminer dans les parois des veines cave et sus-hépathiques. Chez les phoques, un prolongement musculaire en forme d'anneau fourni par le diaphragme entoure la veine cave. Chez tous les mammi- fères en général, l'ouverture du diaphragme qui donne passage à cette veine est rélrécieparles conlrations musculaires (1). D'un autre côté, chez les grands mammifères et chez l'homme même (2) , on trouve des fibres musculaires lisses dans la tunique moyenne de la veine cave au niveau du diaphragme. Or il n'est pas sans intérêt de voir le pilier droit d'où éma- nent en grande partie les faisceaux tendineux qui bordent l'ouverture pour la veine cave, recevoir ses nerfs de la source même qui en fournit à la partie musculaire de celte veine ; la communauté d'origine de ces deux ordres de filets nerveux a sans doute pour résultat de faire concorder deux actes qui modifient de la même manière la circulation de la veine cave, savoir : la contraction de l'anneau musculaire de cette veine et le resserre- ment de l'ouverture du diaphragme. Quant à l'anastomose, décrite par Valentin, du nerf phrénique gauche avec le pneumo-gaslrique gauche, voici ce qui existe réellement : une branche se détache de l'extrémité gauche du plexus cœliaque, commu- nique par quelques filets avec le plexus surrénal, envoie quelques filets très-grèles qui s'anastomosent avec des divisions du nerf phrénique gau- che, puis se porte vers le cardia et le cul-de-sac de l'eslomac, où elle se divise en branches terminales ; une de ces branches s'anastomose avec une division du pneumo-gastrique, c'est l'anse nerveuse du cardia. Le pneumo- gastrique gauche communique encore par les branches qu'il envoie au foie, avec un petit filet constant qui se détache du plexus ana- stomolique formé par la branche postérieure du nerf phrénique droit, et le rameau diaphragmatique du plexus cœliaque. (1) M. Bcrard, Cours de physiologie, vol. III, p. 243, cite à ce sujet les expé- riences de Haller, Schwartz et Bichat. (2) Henle-Bœoschel. FIN. CAS DE TUMEURS FIBRINEUSES MULTIPLES CONTENANT UNE MATIÈRE PDRIFORHE , SITOÉBS DAHS l'oreillette DROITE DD COEDR ; SUIVI DE CAS ANALOGUES ET DE QUELQUES REMARQUES CRITIQUES; Lu à la Société Par m. CHARCOT, Interne lauréat des hôpit«ox. Ons. — Ainould (Louis), âgé de 29 ans, boutonnier. Entré le, 10 juin 1850 à l'hôpital de la Charité, salle Saint-Michel, n» 8, service de M. Rayer. Mort le C juillet. Cet homme n'a jamais joui d'une bonne santé; dès l'âge de 14 an^, il éprou- vait, sous l'influence des moindres fatigues, de l'oppression, de l'essoufflement, des palpitations et un peu de toux. A l'âge de 20 ans, il tombe au sort et sert comme soldat en Afrique pendant trois ans ; pendant tout ce temps, il ne cesse d'être sujet à la toux et aux oppressions, incommodités qui ne l'empêchent ce- pendant pas de répondre tant bien que mal aux exigences du service militaire. Pendant le séjour en Afrique, il contracte une fièvre intermittente de type tierce, qui se reproduit à plusieurs repriset^, mais qui n'est pas suivie d'hydropisie. Ce malade est de retour en France depuis trois ans; depuis cette époque, il se livre à un travail assez fatigant, qui l'oblige à avoir les mains sans cesse plongées dans l'eau. Il a pour habitude de se livier tous les lundis ( t tous les dimanches à des TOME III. ili 190 txcès alcooliques et il fait communémeflt usage de Ym blanc ; Il habite un loge- ment sec et «e nourrit d'ailleurs assez bien. Depuis le retour en France, et sous l'influence des noutelles habitudes, la toux, l'oppression, les fatigues spontanée» n'ont fait que s'accroître ; cependant il n'y a à noter ni fièvre, ni sueurs noc- turnes, ni amaigrissement, ni hémoptysies. Il y a quatre mois environ, sans cause connue et en un seul jour, les paupières et les joues s'enflent considéra- blement, les membres inférieurs et les avant-bras s'eedématient ; celte produc- tion rapide de l'anasarque n'est pas accompagnée de frissons; elle n'avait pas été précédée de douleurs de rein; le malade n'avait éprouvé qu'une grande las- situde et un peu d'inappétence; il continue néanmoins à travailler pendant une quinzaine de jours, mais bientôt les bourses elles-mêmes se prennent ; la faigue devient extrême et il se voit forcé de se rendre à l'hôpital Saint-Antoine, Le trai- tement qu'il y subit et qui consiste plus particulièrement en bains de vapeur et en fumigations, reste sans efifet. Le malade quitte cet hôpital après un séjour de deux mois ; il reste chez lui pendant une quinzaine de jours, sans traitement, et entre enùn, le lO juin l8àl, à l'hôpital de la Charité, où noua le trouvons dans l'état suivant : Constitution profondément détériorée; décoloration générale et teinte jaunâtre des téguments. Souffle à double courant dans les vaisseaux du cou. Souflle doux au premier temps du cœur ayant son maximum à la base, OEdème considérable des membres supérieurs et inférieurs; hydropéritonie ;. œdème du scrotum : simple bouffissure de la face. Toux habituelle et fréquente, surtout la nuit ; expectoration de crachats vert», larges, arrondis, puriformes; quelquefois d'une teinte rousse et striés de sang; sentiment d'oppression ; voix faible, mais sans raucité. La percussion de la poi- trine fait reconnaître, dans toute l'étendue du côté droit; en arrière, une matité absolue avec résistance au doigt; en avant, depuis la clavicule jusqu'au foie, ré- sistance au doigt qui percute, mais sonorité spéciale. Par l'auscultation, on con- state, dans toute l'étendue du même côté, l'existence d'un souille presque am- phorique et d'un gargouillement composé de bulles volumineuses qui s'accom- pagnent en éclatant d'un timbre métallique ; pas de tintement métallique propre- ment dit; pas de bruit de fluctuation thoracique; pectoriloquie. Le poumon gauche paraît sain dans toute son éten.iue. Volume normal du cœur ; nous y avons déjà noté l'existence d'un souffle hy- drémique. Foie de forme et de volume normaux. Rate hypertrophiée ; elle a atteint de 1 2 à tS centimètres dans son diamètr» vertical ; elle est épaisse. Rien à noter du côté des intet^tins; pas de dévoiement. Les deux reins paraissent d'égal volume, mais tous deux semblent avoir subi une légère augmentation d'étendue ; la percussion fait reconnaître en même temps que la région des reins n'est pas douloureuse ; l'émission de l'urine est 191 rare, non douloureuse. L'urine elle-même étant chauffée, puis traitée par l'acide nitrique, il s'y forme un abondant dépôt d'albumine. Le malade n'éprouve pas de fièvre le soir; il n'a pas de sueurs nocturnes. Sa peau parait, quand on la touche, au-dessous de la température normale, surtout «ux extrémités; le pouls est faible, dépressible, naturel pour la fréquence; le malade a conservé un peu d'appétit, il est dans un état de faiblesse très-considé- rable. Prescript. : Poudre de cédron, 0,50 cenligr.; sous-carbonate de fer, 0,50 centigr. ; deux portions d'aliments. Le 22 juin, il se manifeste du dévoiement avec ténesme; cinq à six selles eo vingt-quatre heures. Prescript. : Potion ; laudanum, 10 gouttes; diminution des aliments. Même état les jours suivants. Le 24 juin, des caillots de sang noir se renconti'ent pour la première fois dans les selles ; lOO pulsations, pouls petit, mou, souvent redoublé, quelquefois inter- mittent; extrémités froides. L'état de l'urine n'est pas modifié. Même état les jours suivants, si ce n'est que l'oppression augmente manifeste- ment de jour en jour; le malade dit ne pas éprouver de palpitations. 30 juin. Même état général, même nombre de selles; elles contiennent tou- jours des caillots. Les crachats sont tout à fait puriformes, d'un vert roux, très- abondants. Dans le courant de la journée, un frisson violent avec tremblement te manifeste ; en même temps une douleur sourde, que la percussion exagère, se montre à la région du coeur. L'auscultation du cœur fait constater l'existence d'un bruit de cuir neuf, superficiel, très-rude, perceptible aux deux temps de chaque battement, mais dont l'intensité est augmentée à chaque inspiration pul- monaire. Prescrip. : Un vésicatoire sur la région précordiale. 1" juillet. Même état que la veille- Quelques frissons erratiques ; pas de cha- leur cutanée; même état des selles et de l'urine. Rien de nouveau à noter dans les poumons. Même sentiment d'anxiété où siégeait la région précordiale. Les jours suivants, la dyspnée ne fait que s'accroître. Le bruit de cuir neuf persiste. 4 juillet. Anxiété très-considérable. L'expectoration devient difficile ; les râles pulmonaires s'entendent à distance; décubitus latéral; dans tout le côté droit du corps sur lequel le malade est habituellement couché, l'œdème a presque complètement disparu. ^ort le 6, à une heure du matin. Le malade était depuis deux jours dans un véritable état d'agonie. Le frotieinent péricardique a persisté jusqu'à la fin. Ja- mais il n'y a eu de phénomènes cérébraux. AcTOPSiE, faite trente heures après la mort. — Nulle rigidité cadavérique. Poumons. — Poumon droit : adhérences intimes aux p.iroiis thoraciques; les lobes sont Confondus en un seul et reliés entre eux par une épaisse coque fibreuse. Le tissu du poumon a une teinte vcrdâtre; il est dur, homogène et crie sous le scalpel; il est creusé d'une dizaine d'excavations volumineuses; quel- 192 (pies -unes communiquent entre elles. Ces excavations, dont les parois sont lisses et rougeâtres, contiennent très-peu de matière puriforme. Tubercules à l'état cré- tacé au sommet du poumon. Le poumon gauche ne présente, avec les parois thoraciques, que des adhé- rences peu intimes et celluleuses. Son tissu est partout peu crépitant; il présente à peine un peu de congestion hypostatique aux parties les plus déclives. Un peu de dilatation des vésicules aériennes au niveau du bord antérieur. Quand on coupe le tissu pulmonaire, il s'en écoule une très-grande quantité, d'un liquide clair, aéré, très-fluide. En pratiquant cette section, on remarque que des vais- seaux de divers calibres sont exactement remplis par des concrétions polypi- formes que l'on peut extraire par la dissection, sous forme de cylindres ramifiés. On remonte, par la dissection, jusqu'au tronc de l'artère pulmonaire, qui est elle-même remplie par une concrétion polypiforme, laquelle prend, comme nous le verrons, son origine dans le ventricule droit. Quant aux concrétions en elles- mêmes, elles sont blanchâtres ou d'une teinte vineuse, résistantes, solides, exac- tement moulées sur les vaisseaux qui les renferment; elles n'adhèrent que çà et là, et très-faiblement, à la membrane interne de ces derniers, qui d'ailleurs est lisse et offre sa coloration habituelle; elles sont dans l'artère pulmonaire et dans ses branches principales, entourées d'une couche de song noir à peine coa- gulé ; nulle part elles ne présentent à leur intérieur de ramollissement ou de foyers remplis d'une matière puriforme. Coeur. — La face antérieure du cœur, et la partie correspondante du feuillet séreux du péricarde, sont recouvertes de irès-petites, mais très-nombreuses végé- tations fibrineuses, qui s'engrènent réciproquement et déterminaient une légère adhérence partielle du péricarde au cœur. En arrière, le feuillet séreux péricar- dique ne présente rien de notable. Un peu d'une matière gélatineuse verdàtre au- tour de l'origine des gros vaisseaux. Le feuillet séreux dans les points où exis- taient les végétations est rouge et laisse voir une fine inipi^tion vasculaire. Volume à peu près normal du cœur. Le ventricule gauche, dont les parois ont une épaisseur naturelle, contient un caillot, libre dans sa cavité, si ce n'est en un point voisin de la pointe du cœur. Ce caillot est blanchâtre, de structure fibreuse et assez résistant; il se prolonge d'un côté dans l'oreillette droite, etde l'autre dans l'aorte, où ilsetermine bientôt en pointe; dans ces deux derniers points, il est enveloppé d'une couche de sang noir à peine coagulé. La section du caillot démontre qu'il n'existe, dans son in- térieur, aucun point ramolli, aucun foyer rtmpli de matière puriforme. L'en- docarde ne présente d'ailleurs aucune altération de couleur, d'épaisseur ou de consistance. Le ventricule droit qui, avant d'être ouveri, paraissait un peu distendu, est rempli par une concrétion polypiforme conique, laquelle n'adhère aux parois du ventricule qu'au voisinage de la pointe du cœur. Cette concrétion se divise par en haut en deux parties : l'une pénètre dans l'artère pulmonaire, l'autre passe 193 entre les valvules tricuspides et va remplir l'oreilletle droite qu'elle distend en même temps qu'elle envoie des prolongements dans une certaine étendue des veines caves inférieure et supérieure. Au moment de pénétrer dans l'artère pul- monaire, la branche antérieure de la concrétion polypiforme présente, au niveau des valvules sygmoïdes, une sorte d'étranglement. ■ En ce point, on la voit offrir trois mamelons saillants qui se sont exactement moulés dans la ca\ité en nid de pigeon des vulvulcs. Nous avons dit comment la concrétion se ramiCait dans le poumon lui-même, et se retrouvait jusque dans des ramifications très-ténues de l'artère pulmo- naire. Dans le ventricule droit, comme dans le poumon, la concrétion est pâle, de structure fibreuse, striée de sang dans le sens de sa longueur; libre dans la plus grande partie de son étendue, elle n'adhère en réalité aux parois ventriculaires que dans un seul point voisin de la pointe du cœur. Là les adhérences sont in- times et difficiles à détruire. En arrière, elle est mollement unie à l'angle posté- rieur rentrant du ventricule droit par une masse de sang noir coagulé, lequel forme presque à lui seul le contenu d^ l'oreillette et des veines caves. En disséquant la concrétion» on la trouve à son centre, pleine et homogène dans la plus grande partie de son étendue j mais dans sa partie inférieure, au voisinage du point d'adhérence, elle contient deux kystes, dont l'un a le volume d'une grosse noisette, et l'autre celui d'un petit pois. Ces deui kystes, sphériques, ont une paroi propre bien distincte de la fibrine ambiante et par Sa couleur, qui est verdâtre, et par sa texture; l'énucléation en est facile. L'épaisseur de la paroi est uniforme et de 2 millimètres; le contenu est un liquide vert, épais, crémeux, tout à fait analogue au muco-pus qu'on rencontre dans les petites bronches lors de certains catarrhes. Ces deux tunieurs sont les seules que renferme le caillot, mais la face interne du veutricule droit est hérissée d'une vingtaine de kystes en tout semblables, qu'on pouvait apercevoir sans préparation, lors de l'ouverture de la cavité ven- Iriculaire. Ces tumeurs sont toutes situées dans les enfoncements qui existent entre les colonnes charnues; les unes y sont enfoncées et comme cachées, les au- tres font plus ou moins saillie dans la cavité cardiaque-, les unes ont le volume d'un tout petit pois ; il en est d'autres qui ont celui d'une noisette. La partie saillante dans le ventricule est lisse, arrondie, globuleuse; tantôt c'est moins d'une demi -sphère, tantôt c'est une sphère presque complète; mais, dans tous les cas, il faut disséquer le tissu musculaire avoisinant, pour voir ces tumeurs dans toute leur étendue; on remarque alors que chacune d'elles se prolonge sous les colonnes charnues du cœur par une sorte de pédicule fibrineux, plus ou moins aplati. La partie cachée des tumeurs et leur pédicule n'adhèrent d'ailleurs que très-faiblement au tissu de l'endocarde. Souvent deux tumeurs ont un même pé- dicule. La coloration du pédicule, comme celle du kyste, est verte. En piquant ce dernier, qui est d'ailleurs fluctuant, il s'en échappe un liquide purt/orme, en 194 tout analogue à celui qui a été signalé plus haut. Quand les plus grosses des tumeurs ont été vidées, leurs parois reviennent sur elles-mêmes. En général, la cavité du kyste se prolonge dans le pédicule lui-même, qui est alors canaliculé et contient aussi la substance puriforme. Aucune trace d'injection, de vascularisa- tion dans les parois des kystes ou des pédicules; celles des plus volumineux pré- sentent à leur face interne des sortes de côtes de saillies parallèles les unes aux autres. Aucune des tumeurs appendues aux parois ventriculaires ne nous a paru pleine, mais dans quelques cas, la matière contenue était plus dense et la paroi plus épaisse. Dans le ventricule droit, comme dans le gauche, l'endocarde était complète- ment sain ; il en était de même de la membrane interne de l'artère pulmo- naire. En portant sous le microscope une gouttelette de la matière puriforme que contiennent les kystes, on remarque qu'elle est composée ; 1° d'une substance amorphe qui ne parait être autre chose que de la fibrine désagrégée ; 2* d'une quantité prodigieuse de granulations moléculaires ; 3* d'un certain nombre de globules arrondis, pâles, un peu plus volumineux que les globules rouges de sang. Ces globules contiennent un certain nombre de granulations analogues à celles qui sont libres dans le liquide ambiant; ils ne contiennent pas de noyau distinct. Quelques-uns de ces globules sont parfaitement sphériques ; d'autres présentent çà et là des aplatissements et des bosselures, résultats d'un commencement d'al- tération. Aucun globule muni des caractères anatomiques distinguant les vrais corpuscules du pus ne se rencontre. Tous sont constitués comme nous l'avons dit plus haut. Ces raisons font penser qu'il s'agit ici, non pas de globules de pus modifié, ou même de globules dits pyoïdes, mais bien de véritables globules blancs du sang. li 2112 (» {trineipale soiiiljle ai^parluiiii à l'extrémité supérieure de la colonne ver lébrale. A 1 ceiilimètre au-dessus de l'ombilic, se trouve une dépression d'où l'on voit sortir un petit appendice formé par une substance molle, demi-transparente, ro- sée. Au-dessus de cette saillie existe une saillie osseuse recouverte par la peau. Les parties génitales externes présentent une conformation normale. L'infiltration considérable des membres inférieurs a sensiblement augmenté leur volume, et fait paraître plus profonds les creux poplités et les plis ingui- naux. Le membre abdominal droit est extérieurement bien conformé; seulement le pied se termine par trois orteils, dont deux sont adhérents. Le gros orteil seul est libre et normal; un quatrième orteil, à l'état rudimentaire, est situé sur le Lord externe, à 5 millimètres de la base du dernier. Le membre abdominal gau- clie ollre un pied-bot latéral interne et porte six orteils. Le premier est libre; le second est réuni au troisième; le quatrième est isolé ; le cinquième et le sixième sont adhérents. Considéré dans sa totalité, le corps, assez allongé, est arrondi à sou extrémité terminale, et se rapproche par sa forme générale du type normal. Ce petit monstre m'a été donné par le docteur B'urdin, un des praticiens les plus distingués des environsde Paris. Je dois à son obligeance les renseignements suivants : La femme qui lui a donné naissance est une blanchisseuse de Boulogne, âgée bord à la suite de leurs 222 poitrines respectives, viennent se confondre en un seul dans la région hypogastrique sur laquelle s'appuie^ mais sans y adhérer aucunement, la tête de l'un des frères, celui que je nommerai dans la suite de ce mé- moire le frère inférieur. Il y a quatre membres Ihoraciques égaux et ibres; le bras droit de l'un des frères correspond au bras gauche de l'autre frère, ils se croisent au-dessus du pli du bras; une disposition toute semblable existe do l'autre côté. Les membres pelviens sont aussi au nombre de quatre, égaux et libres : mais comme les deux bassins ont été ramenés l'un à côté de l'autre sans soudure, échange ou renverse- ment de parties, les membres des deux frères y sont disposés les uns par rapport aux autres, non comme le sont les membres Ihoraciques, mais comme le seraient ceux de deux individus normaux placés l'un à c6té do l'autre et tournés dans le même sens. Le monstre dont je viens de donner un aperçu succinct se présente avec un ensemble de caractères dont la plupart se retrouvent isolés dans plusieurs genres de monstres composés de deux individus égaux, soudés par diverses régions de leur corps , et n'ayant qu'un seul ombilic. Ainsi, il tient des ischiopages, par la manière dont les deux frères sont placés l'un par rapport à l'autre; mais l'union, chez notre monstre, se fait bien au-dessus des bassins ; d'ailleurs ceux-ci sont libres et n'ont pas de mo- diBcalion essentielle dans leur composition. Il tient des sternopageSy par l'écartement des moitiés du sternum de chaque frère (1), mais elles ne se rejoignent pas, et d'ailleurs elles ne se correspondent pas avec l'alter- nance de c6tés qu'elles montrent dans les sternopages, comme un exa- men approfondi le démontre. Il tient enfin des ectopages, par la manière dont les deux bassins et les membres inférieurs des deux frères sont pla- cés les uns par rapport aux autres. En résumé, ce monstre doit former un genre à part, non-seulement par la réunion de caractères qui ne se trouvent qu'isolément dans plu- sieurs genres particuliers, mais surtout par un caractère essentiel qui n'appartient qu'à lui, un caractère dominateur, celui de l'union des ver- tèbres dorsales et lombaires des deux frères, d'où résulte une seule co- lonne vertébrale apparente, mais en réalité double dans toutes ses parties. Aucun des ouvrages scientiliques que j^ai pu consulter ne parle d'une pareille combinaison de deux jumeaux; elle ne peut entrer dans aucun (I) Dans la région supérieure, seulement pour le rachipage. 225 des genres établis par M. Is. GeotTroy-Saint-Hilaire ; en conséquence, je proposerai de la désigner, d'après son caractère principal, sous le nom d-i rachipagie{\). Je n'ai point eu ce monstre en chair, mais seulement à l'état de sque- lette. D'après sa taille et le développement des pièces osseuses, il devait avoir de 7 mois !>t 342 pas seulement parmi les plantes à feuilles opposées qu'on trouve la ré- duction numérique des parties de la fleur produite par le nanisme : j'en ai vu un cas sur un pied très-exigu de myositis annua, qui ne portait au sommet d'une tige simple, longue de 4 centimètres environ, que deux fleurs, dont la plus développée offrait une corolle rolacée à quatre divi- sions. Le même fait se reproduit dans d'autres espèces à feuilles alternes. Il resterait à rechercher si, dans ce cas, le nombre des feuilles nécessaires pour former un cycle ne serait pas lui-même réduit à quatre. Jusqu'ici nous n'avons guère considéré que les enveloppes de la fleur ; ajoutons que les verticillesstaminaux sont sujets à la même loi de réduc- tion : ce sont les étamines exubérantes provenant d'un dédoublement ou plutôt d'une multiplication latérale ou parallèle qui disparaissent d'a- bord. Si nous reprenons l'exemple du Cerasîium varians, nous verrons qu'il s'appelle aussi Cerastium semi-decandrum , parce que, faisant partie d'un genre caractérisé par des étamines placées sur un seul rang» il n'en offre généralement que cinq. Le savant auteur de la Morphologie VÉGÉTALE (Aug. de Saint-Hilairo, Leçons de botanique) avait très-bien saisi la cause de cette modiflcation, puisqu'il dit (p. 619) : « On l'observe, » (le dédoublement) dans une grande partie des genres de la famille des » caryophyllées ; mais dans ces mêmes genres, des espèces faibles et dé- » licales, tels que le Spergula pentandrael le Cerastium pentandrumr » n'en présentent aucune trace. » Les plus petits individus, appartenant au Drdha muralis et à d'autres espèces de petite taille dans la famille des crucifères, présentent quelque- fois quatre étamines au lieu de six. Dans les petites centaurées, dont j'ai parlé précédemment, le nombre des étamines était également diminué; il en est probablement de même dans tous les cas analogues. Enfin le verticile carpellaire n'échappe pas à la loi de réduction ; pour n'en citer qu'un exemple, nous rappellerons que, dans le genre Wahlen- hergia (Gampanulacées), les espèces naines , au lieu de capsules quinque- loculaires, n'ont plus que des capsules a deux ou trois loges. Le retour au type le plus simple, par la suppression de toutes les par- lies surajoutées, est donc un fait général bien démontré dans l'histoire du nanisme chez les végétaux ; mais cette réduction, qui n'est qu'acciden- telle pour les plantes accidentellement frappées de nanisme, devient normale pour les espèces naturellement très-faibles ou pour les genres Bains. Depuis longtemps j'avais été frappé de cette circonstance, à savoir que nia tes pygmées, dans les principales familles dicotylédones de nos contrées^ présentaient un très-petit nombre de pièces dans leurs verlicilles floraux. Les recherches auxquelles je viens de me livrer m'ont convaincu que cette même coïncidence existait dans les familles exotiques.. Il suffira, pour constater la réalité du fait, de jeter un coup d'œil sur la Flore universelle de de Candolle. Dans la grande famille des Crucifères, oà le type est si constant, un seul genre est caractérisé par la réduction que subit le nombre de ses élamines, lequel descend a quatre au lieu de six. Eli bien ! ce genre uni- que est composé de deux espèces naines, dont Tune a mérité le nom de pygmée {Ltptaleum pygmœum)^ La famille des caryophyllées est Tune de celles qui offrent la plus belle conformation de cette loi de réduction appliquée aux espèces et aux genres normalement nains. Les genres Buffonia^Sagina, Moehringia, Élatine, tous indigènes, qui sont caractérisés par leurs cycles floraux tétramères, sont en même temps composés d'espèces naines. Il est bon de noter que les plantes de moyenne stature appartenant à ce même groupe ont au taoins cinq pièces à leurs verlicilles floraux^ et souvent dix au verticille calicinal; mais leurs feuilles sont opposées.. Dans la famille des Linacées, le genre Badioln, qui a les parties de la fleur en proportion quaternaire, est constitué par une seule plante extrê- mement petite, à fleurs presque microscopiques. Les paronyehiées, qui ne renferment guère que des plantes de petite taille, se font généralement remarquer par des avorlements soit dans les pièces de la corolle, soit dans celles du calice ; mais ta plus petite espèce, la seule de son genre, le Lithophila muscoidts, est celle qui présente la plus grande réduction dans tous ses verticilles floraux à la fois. Les deux genres les plus nains de iafamillè des Crassulacées sont aussi ceux qui présentent la réduction à quatre des diverses parties de leurs durs. Les espèces des genres Tillœa et Bulliarda sont si délicates qu'on les prendrait pour des mousses. Dans la famille des Âraiiacées, on ne trouve le nombre quatre dans les parties de la fleur que dans une seule espèce, constituant à elle seule un genre, et c'est en même temps une plante très-faible, à fleurs exiguës : je veux parler de VAdoxa moschatellina, qu'on trouve aux en vironsde Paris. Je passequelques familles étrangères à notre pays, et j'arrive à celle des primulacées. Le genre Ceniunciilus est composé de trois espèces, qui sont les plus 2a/j petites (le celle famille c'est dans ces trois espèces seulement quele^ rteurssont tétramères. Et, chose digne de remarque, lorsque la taille de quelques individus appartenant à ces espèces vient à s'élever, par suite d'une végétation plus vigoureuse, on voit certaines fleurs accroître le nom- bre de leurs pièces florales, qui s'élève alors jusqu'à cinq» J'ai bien véri- fié ce fait sur le Centunculusminimus. Les genres assez nombreux de la famille des Gentianées, qui ont des fleurs à quatre divisions, ne renferment que des espèces délicates et très- réduiles dans leur taille. Contentons-nous de citer les genres Exacum, Centaurella, Anagallidium. Dans les Convolvulacées, où se trouvent ces belles espèces de liserons et de volubilis que tout le monde connaît, les fleurs ont généralement cinq divisions au calice et à la corolle et cinq étamines; mais la cus- cute, cette petite plante parasite à tiges capillaires, à fleurs si réduites, qui envahit souvent les champs de lin dans nos pays, off're un mélange de fleurs à quatre et à cinq divisions. Il serait superflu de multiplier davanlage les exemples en faveur de la loi que je cherche à établir. Nous en avons dit assez pour que la coïnci- dence entre la réduction du nombre des parties de la fleur et la réduction de la taille mérite désormais de fixer l'attention des botanistes. C'est aux savants qui s'occupent de taxonomie à décider s'il y a véritablement, comme je le pense, un lien nécessaire, un rapport de causalité entre ces deux phénomènes. S'il est démontré que la diminution excessive de la taille entraîne né- cessairement la réduction du nombre des parties florales, nous ne sur- prendrons personne en annonçant que, suivant toute apparence, la peti- tesse extrême des fleurs peut à elle seule produire le même résultat. Cette influence de la part des dimensions de la fleur se révèle déjà dans la fa- mille des Renonculacées, où le genre Thalictrum nous ofl"re un calice à quatre sépales, et dans celle des Rosacées, où nous voyons le genre Alche" milla, qui est pourvu de fleurs exiguës, présenter une certaine réduction numérique dans son verticille staminal (deux à quatre étamines). Le genre Aphanes, de Linné, confondu avec le précédent par l'illustre de Can^ doUe, est formé do deux espèces naines, dans lesquelles la réduction est encore plus générale et plus avancée. Sans parler de l'absence des pé- tales, le calice est seulement quadrifide; il n'y a plus qu'une ou deux- élamines fertiles. Les Poterium et les Sanguisorba, génies indigènes ap- pui tenant à la même famille, confirment celte remarque. 2â5 Parmi les composées, celles qui ont exceplioniiellemeiit aïoins de cinq divisions à la corolle onl aussi des fleurs Irès-petiles ; quelquefois elles sont naines : tels sont les genres Cotula , Tanacetum , Artemisia et Filago. Nous pourrions citer beaucoup d'autres exemples analogues, empruntés à des familles exotiques ; mais nous préférons nous restreindre aux plan- tes de nos contrées, sur lesquelles la vérification est plus facile. Au reste, il est encore un nouvel ordre de faits que nous pourrions invoquer en noire faveur, à savoir la diversité de composition des fleurs appartenant à la même plante. C'est ainsi que, dans la rue officinale {Ruta graveolens), les fleurs du centre de l'inflorescence ont cinq divisions au calice et à la corolle, avec dix étamines, tandis que les fleurs moins vigoureuses de la circonférence n'ont que quatre pièces à chaque enveloppe florale et huit étamines seu- lement. De même, dans les grappes terminales de YHypopitys, les fleurs laté- rales ont quatre pièces à cliacune de leurs enveloppes et un nombre dou- ble d'étamines ; la fleur terminale seule est pentamère et décandre. J'ai vu une semblable disposition sur des pieds de primevère de Chine cultivés en pots : certaines Heurs, moins développées que les autres, avaient accidentellement une corolle à quatre lobes au lieu de cinq. La même loi régit donc tous ces faits. La réduction accuse la faiblesse au même titre que la multiplication atteste la vigueur ; la vigueur comme la faiblesse pouvant d'ailleurs afi'ecter l'ensemble de l'individu ou quel- ques-unes de ses parties prises isolément. A ce point de vue, nous sommes autorisé à admettre un nanisme par- tiel, localisé dans la fleur, comme on admet un nanisme général, et à dire que l'un et l'autre s'accompagnent d'une réduction plus ou moins consi- dérable dans le nombre des parties de la fleur. Cette règle générale peut-elle trouver son application dans tous les cas? Non, sans doute ; mais, à mon avis, beaucoup de faits, en apparence ex- ceptionnels, pourraient rentrer dans la loi, par suite d'une meilleure in- terprétation. Un exemple suffira pour faire comprendre ma pensée. De Candolle avait classé dans la famille des Loasées, caractérisée par des fleurs penlamères. le genre Escholzia, dont la corolle n'a que quatre pétales et le calice deux sépales seulement. Tout le monde a vu, dans les jardins de la capitale, VEschotzia californica , et ''on sait que cette plante, bien développée dune toutes ^es parliez, porlo de grundei» et mu- ICQ ^' -i^^"^^ M^ \^'y^'''^V^ 946 gnifiques fleurs, d'un jaune vif. On devrait en conséquence voir ici unt flagrante exception à la loi de réduction que nous essayons d'étabiir. Il n'en est pourtant rien, et l'on aurait pu affirmer, au contraire, d'après cette seule opposition, que le genre Escholzia n'était pas à la place qu'il devait occuper dans l'ordre naturel. En effet, Lindley, Endlicher et M. Âd. Brongniart ont trouvé d'excellentes raisons pour le réunir à la fa- mille des Papavéracées, dont il a les caractères essentiels. Il ressort de cette discussion que la loi de réduction pourra servir dés- ormais à fixer la place encore indécise de certaines espèces dans la clas- sification naturelle. A cet égard, on peut poser quelques règles que nous formulerons en terminant. Disons auparavant quelques mots de l'état des feuilles dans les variétés naines. Mes remarques porteront seulement sur une variété singulière du Plantago mtyor, dont les individus sont les plus petits du genre. Quel- ques auteurs, se refusant à reconnaître dans ces nains le Plantago mùjor lui-même, en avaient fait une espèce à part avec l'épilhète minima. Cette variété diffère de l'espèce, dont elle n'est qu'une dégradation, parce que ses feuilles, au lieu de cinq à sept nervures principales, n'en offrent généralement que trois. Or, si, par hypothèse, les feuilles se découpaient pour devenir compo- sées, chaque nervure principale serait le centre d'une foliole, et les feuilles du Plantago minima ne présenteraient que trois folioles de cha- que côté, au lieu de cinq ou sept. Par conséquent il est permis de penser que, dans les plantes à feuilles composées, les nains seraient caractérisés, entre autres choses, par la diminution du nombre de leurs folioles. Je n'insiste pas davantage sur ce point, que j'ai voulu simplement si- gnaler à l'attention des observateurs. En définitive, les remarques que nous avons faites sur les végétaux nains peuvent se résumer dans les propositions suivantes : 4* Il existe en botanique un nanisme accidentel ou proprement dit, et un nanisme normal qu'on pourrait désigner sous le nom de pyg- méisme. 2*> L'un et l'autre entraînent, pour les végétaux qui en sont affectés, des réductions de nombre dans les parties de la fleur et même dans celle» du système foliacé. 3* On doit reconnaître un nanisme partiel ou local, comme on admet 247 un nanisme général, quand, par exemple, des plantes d'ailleurs bien dé' veloppées portent des fleurs extrêmement exiguës. 4* Le nanisme localisé dans la fleur paraît donner lieu à la même dimi- nution du nombre des pièces florales que le no"i=.me général. B" En vertu de celte loi de réduction, à laquelle sont soumis les végé- taux nains ou pygmées, on voit disparaître d'abord les organes exubérants qui résultent de ce qu'on a nommé en morphologie les dédoublements latéraux ou parallèles, phénomènes qui seraient mieux désignés sous le nom de multiplications. 6° Dans un degré plus avancé, la réduction porte sur les parties fonda- mentales elles-mêmes, et tend à les ramener à un type primitif manifesté dans un grand nombre de genres, type dans lequel le nombre des pièces de chaque verticille de la fleur ne dépasse pas celui des feuilles nécessaires pour faire le tour complet de la lige. 7" Ainsi se trouve confirmée l'analogie des verticilles floraux avec des cycles foliacés, ceux-là n'étant, à vrai dire, que des cycles contractés. 8° Le retour au type, dans lequel les cycles floraux et foliacés sont équivalents, est très-fréquent pour les espèces qui ont en même temps des feuilles opposées et des fleurs pentamères. Le cycle étant formé de quatre feuilles, les fleurs deviennent alors téti ornères. 9' En revanche, lorsque des plantes naturellement naines et munies de fleurs tétramères prennent un accroissement inaccoutumé, elles offrent quelques fleurs à verticilles luxuriants, pentamères. 10° La conversion des fleurs pentamères en fleurs tétramères est d'au- tant plus complète que le nanisme est plus prononcé. H' Lorsqu'il y a mélange, des fleurs à caractères mixtes servent de transition des unes aux autres, en montrant ensemble un verticille à quatre et un verticille à cinq divisions. 1 2° Dans ce cas, le calice se rapprochant davantage des feuilles est aussi celui des verticilles sur lequel porte d'abord la réduction. 43" Dans certaines fleurs mixtes, le pétale surnuméraire est parfois conné soit avec son voisin, soit avec un sépale antagoniste. ^ 4° Ce phénomène, connu sous le nom de dédoublement latéral ou parallèle, doit être considéré comme une multiplication avec soudure. Les conséquences principales à déduire de ces propositions peuvent se formuler ainsi : 1° L'identité décomposition numérique des verticilles floraux ne sau- rait avoir, dans les classifications naturelles, l'importance qu'on lui altri- 2Ù8 bue généraTement, puisqu'elle peut être détruite, dans la même espèce, par la seule condition d'une taille plus ou moins exiguë. 2° Au contraire, étant bien établie cette relation entre le nanisme et la réduction du nombre des pièces de la fleur, on rapprochera désormais des genres , on confondra des espèces que, malgré leurs affinités, on séparait jusqu'ici d'après la différence numérique de eurs divisions florales, mais qui présentent dans leur taille des diS'érences correspondantes. 3' Inversement, si, dans un groupe de plantes, la diminution relative du nombre des parties de la fleur coïncide, chez_quelques-unes, avec une stature élevée, des fleurs grandes et des feuilles alternes, cette seule cir- constance doit jeter des doutes sur la valeur des affinités que d'autres particularités tendraient à faire admettre. MËMOIRE SUR L'ALTÉRATION DE LA TIGE DES CÉRÉALES OBSERVÉE RÉCEIUIENT EN FRAUCB , «t désignce tons le ooqi de maladie dc blk ; Lu à la Société MM. C. MONTAGNE, A. GUBLER et E. GERMAIN (d? Saint-Pierre) Nous avons élé chargés par la Société d'étudier la nature de l'altération pathologique de la tige du froment, désignée par les agriculteurs sous le nom de maladie du blé , maladie que l'on compare , non sans raison , à celle qui cause l'altération du tubercule chez les pommes de terre, et dont le développement sur une grande échelle donnerait lieu à des perles incalculables. Pour étudier complètement cette question il serait néces- saire, non-seulement d'examiner la plante malade depuis l'époque de sa germination jusqu'à celle de sa complète destruction, mais il serait né- cessaire encore d'étudier attentivement, dans les localités où la plante est atteinte de cette maladie , les causes extérieures qui peuvent avoir une action sur le développement de cette altération. Nos observations n'ont pu être faites que sur des tiges de froment déjà parvenues à un étal voi- sin de la maturité; ces tiges avaient été recueillies dans un même champ ^50 où les plantes étaient les unes saines et vigoureuses et les autres atteintes par l'altération avec une plus ou moins grande intensité. Au premier examen elles présentent un aspect qui les rend faciles à reconnaître, leur taille est un peu moins élevée , leur teinte est celle du blé complètement mûr, et si l'on examine les grains contenus dans les épis , il est facile de s'assurer que la plante a été frappée de mort ou d'une altération mortelle avant qu'elle Sïl eu atteint sa maturité. Il est facile de constater que les entre-nœuds les plus inférieurs sont atteints les premiers et que l'altéra- tion s'étend de proche en proche de bas en haut. L.a plante se trouve complètement frappée de mort dans toute son étendue longtemps avant que l'altération primitive ait eu le temps d'atteindre les parties supé- rieures; en effet, il suffît qu'un seul des entre-nœuds de la base soit frappé de mort et cesse de transmettre les liquides ascendants puisés dans le sol, pour que la végétation soit arrêtée dans toute la partie supérieure de la plante. Nous nous sommes assurés d'abord que la partie supérieure de la plante était ainsi morte d'inanition par la cessation de ses rapports avec le sol ; les grains contenus dans l'épi étaient flasques et tendaient à se dessécher comme ceux d'une plante récoltée quelques semaines avant l'époque de la maturité , mais ne présentaient pas d'aUér9.tion patholo- gique appréciable. Notre attention s'est ensuite portée sur la partie de la plante qui était évidemment le siège d'une altération morbide. Nous avons coupé la partie inférieure tant des plantes saines que des plantes malades afin de les examiner comparativement, puis nous avons fendu longitudinalemenl ces bases de tiges, afin de juger de l'état de la surface interne et de la comparer à l'état de la surface externe. Les tiges malades nons ont présenté des altérations de plusieurs sortes : ^' une substance noirâtre située dans l'épaisseur de la gaine et restant souvent appliquée à la surface de la tige avec l'épiderme mterne de la gaîne qui se détache par lambeaux (cette substance noirâtre, déposée sur la lige, s'en détache ensuite sous la forme de poussière par le plus léger frottement). Cette substance est le résultat de l'agglomération des fila- ments d'une mucédinée dont la ténuité est extrême. Cette mucédinée est constituée par des filaments rameuz et fréquemment anastomosés par des branches transversales qui rappellent le mode d'union des différents tubes chez les algues de la division des conjuguées à l'époque de leur conjugaison; ces filaments renferment des granules superposés de volume inégal ; chacun de ces granules est séparé de celui qui précède et de celui 251 qui suit, par des cloisons transversales qui divisent le filament en autant d'articles ; le dernier article de chacun de ces filaments est renflé et beau- coup plus volumineux que les précédents, et constitue la fructification qui consiste en un sporange membraneux renfermant une seule spore ; chaque article devient successivement un sporange semblable à mesure qu'il devient terminal par la chute du sporange précédent. Nous avons reconnu dans cette végétation fongique le cladosporium herbarum, es- pèce (de la section des démaliées) fort commune et qui envahit fréquem- ment les feuilles tombées et les tiges des herbes. 2° Sur l'une et Tautre faces du limbe même des feuilles inférieures du chaume le plus malade, nous avons pu constater la présence d'une espèce de la famille des pyré- nomicëtes, du geptoria tritici (Desmazières) ; en général , une plante est déjà profondément affectée quand elle est envahie par cette hypoxy- lée. 3"" La tige présente à l'intérieur des taches brunes allongéef qui com- mencent par un point restreint, s'étendent surtout en longueur et n'en- vahissent qu'à la longue toute la circonférence de la tige; ces taches du canal de la tige correspondent à des taches d'une couleur moins foncée visibles à l'extérieur de la tige ; elles colorent progressivement le bois de dedans en dehors dans toute sou épaisseur. Les taches de cette nature situées le plus haut, c'est-à-dire les dernières développées, no présentent les traces d'aucune végétation parasite; mais à mesure qu'on les examine à une partie de la tige plus inférieure , on l(^s trouve recouvertes , à leur centre d'abord, puis dans toute leur étendue, d'une mucédinée qui se présente sous l'aspect de flocons cotonneux d'un beau blanc, puis deve- nant bleuâtres avec l'âge, c'est-à-dire à mesure que la mucédinée se dé- veloppe plus complètement. Les filaments nombreux et feutrés de cette mucédinée occupent non-seulement le tuyau médullaire du chaume, mais pénètrent entre les cellules de la tige, dans les interstices nommés méats in- tercellulaires (la plupart des mucédinées, qui sont des parasites extérieurs, sont pourvues d'un mycélium radicellaire qui pénètre ainsi et se ramifie dans les méats intercellulaires). Les filaments du mycélium (que nous avons observés et dessinés à un grossissement de 800 iliamètres) sont évidemment rameux et anastomosés dans leur portion intercellulaire, puis simples dans le reste de leur étendue; leurdiamètre est d'environ 0,00335 millimètres. Ils sont obcurément cloisonnés, mais ils le sont, et ren- ferment dans leurs endochromes ou articles des conidies superposées sur un seul rang, incolores comme eux ou d'un blanc bleuâtre. Des tranches minces de la tige prises au niveau des taches brunes 252 (avant le développement de la mucédinée) ayant été soumises au micro- scope comparativement avec des tranches prises dans la partie saine du chaume, nous n'avons trouvé d'autre différence appréciable qu'une nuance d'un jaune de succin remplaçant l'aspect jaunâtre ou incolore. Enhn dans deux des tiges nous avons rencontré une larve d'insecte qui nous a paru étrangère à la cause de l'affection principale de la plante , puisque celle larve ne s'est trouvée que dans deux cas sur 45 à 20, et que la plante n'était pas altérée moins profondement dans les cas où au- cun insecte ne l'avait attaquée, cas dans lesquels on ne rencontrait ni perforation de la tige ni déjections qui indiquassent le passage d'un insecte. Des plantes altérées à des degrés différents ont été étudiées par nous ; les plus profondément atteintes présentaient dans tous leurs points ma- lades, cette double circonstance de taches brunes et de l'existence des mucédinées, dans toute l'étendue de la surface de ces taches ; les tig'^s qui n'avaient subi qu'un commencement d'altération présentaient au con- traire un grand nombre de taches au niveau desquelles la mucédinée ne s'était pas encore établie. Si donc on se contentait d'étudier les plantes anciennement envahies et déjà presque frappées de mort, on pourrait penser que le développement de la mucédinée est la cause de tous les désordres; tandis que si l'on étudie la maladie à son origine, on constate que le développement de la mucédinée parasite est consécutif à l'altéra- tion des liquides et des tissus de la plante. De cette série d'observations nous avons conclu : que Taffeclion primi- tive se manifeste par des taches brunes qui colorent toute l'épaisseur du bois; que ces taches sont indépendantes de la présence des insectes; qu'elles sont indépendantes aussi de la présence des mucédinées, puisque ces champignons parasites ne s'établissent que tardivement au niveau de ces taches et lorsque le bois est déjà mort ; Que, par conséquent, l'altération a lieu dans les liquides de la plante, et que cette altération qui frappe de mort les points d'abord circonscrits où elle se manifeste, déterniine la mort de la plante entière lorsqu'un anneau de la base de la tige se trouve complètement envahi et s'oppose à la marche de la sève ascendante et par conséquent à la nutrition ; qu'enfin l'altération paraît ne se manifester par les signes que nous avons observés qu'à une époque déjà avancée de la végétation, et que jusque-là elle ne paraît pas (si tant est qu'elle existe) modifier le développement de In plante d'une manière appréciable. 253 Quant à la cause première de cette altération , il faut probablement la chercherdans des circonstancesextérieures météorologiques ou chimiques, c'est-à-dire, soit dans la nature des matériaux nutritifs, soit (et plus pro- bablement) dans l'influence exercée par les variations de la température. Des renseignements qui nous sont parvenus nous portent à croire que cette maladie qui appelle cette année l'attention des physiologistes, est connue depuis longtemps des agriculteurs et qu'elle règne d'une manière endémique dans nos contrées; on désigne dans certains cantons les blés qui en sont atteints sous le nom de blés échaudés, pour rappeler la cause à laquelle on l'attribue : on croit avoir renjarqué que cette maladie se iranifeste plus particulièrement lorsqu'un soleil ardent succède brusque- ment à des pluies longtemps prolongées. KIN DliS VIEMOjriK^ TOMK 111. lt> PLANCHES. Va ■«-«►. ^..'**'^ A' •<» k: .^> EXPLICATION DES PLANCHES. PLANCHE I. (Comptes rendus, page 112.) LARVES RENDUES PAR LES SELLES. a. Larve de grandeur naturelle. b. La. même grossie quatre fois- c. Extrémité antérieure vue de profil. d. La même vue de face. e. Un dés crochets de la bouche. f. Pièces cornées de la bouche et de l'œsophage vues de profil. g. Extémité postérieure bifurquée montrant les deux trachées. h. Extrémité postérieure non bifurquée d'uu autre individu. i. Extrémité antérieure et stigmate digité d'une trachée principale. j. Extrémité postérieure de la même trachée. k. Tégument couvert de poils, simples ou bifides, vus à un très-fort grossis- sement. l. Fausse patte fortement grossie. PLI. ^3^Jk>» ^'^i-^^) .-iN A ^ r >, ^ PLANCHE II. (Mémoires, page 211 ) MONSTRE PERACÉPHALE. KiG. I". — Elle représente le petit monstre réduit aux trois quarts de sa gran- deur naturelle. On voit, un peu au-dessus de la moitié du ventre, l'extrémité du cordon ombilical coupée très-près des téguments de l'abdomeri. FiG. 2. — Les parois abdominales sont enlevées en totalité. Cette figure est destinée à montrer la disposition générale des organes abdomi- naux, des vaisseaux ombilicaux, de la vessie et de l'oiiraque. (Voyez la description dans le texte, p. 213.) FiG. 3. - La masse intestinale, la vessie et l'ouraque ont été enlevés pour per- mettre de mieux voir la disposition de l'appareil vasculaire. a. b. a. Extrémité du cordon coupé au niveau de l'anneau ombilical. a, a. Artères ombilicales. 6. Veine ombilicale. Quelques lignes en dedans de l'anneau, la veine 6 se divise en deux branches, dont l'une, après avoir fourni trois rameaux au moi- gnon terminal, se dirige vers le rein droit; mais avant de s'y plonger donne une subdivision pour le rein gauche; l'autre descend verticalement vers l'arcade cintrée hypogastrique. (Voyez le texte, p. 214.) — Leur deux artères a. o., placées sur les côtés de ce tronc veineux vertical, gagncïit aussi la région hypogas- trique pour s'y distribuer comme nous l'avons dit dans le texte. Sur un plan postérieur, on aperçoit une brandie artérielle principale, probablement destim-o à remplacer l'aorte. PL. H. imp l.cinercier Par PLANCHE IIL Mkmoirks, page 22i. ) MONSTRE DOUBLE MONOMPHALIEN l.K RACHIPAGE SENESTRE, VU PAR DEVANT. A. A. A. Membre supérieur droit du frère supérieur. — A'. A'. A'. Membre supérieur gauche du même frère. — B. B. B. Membre supérieur droit du frère mférieur. — B.' B'. B. Membre supérieur gauche du même frère. — 1. Pouce (dévié) de la main gauche du frère inférieur. — 2. Main droite renversée sur la face dorsale de l'avant-bras. C. Jambe droite du frère supérieur. — C. Jambe gauche du même frère. - 3. Pied droit renversé sur la face antérieure de la jambe du frère supérieur. — t. Pied-bot gauche du même frère. — E. Jambe droite du frère inférieur. — Vj' E'. Membre inférieur gauche du même frère. — 5. Pied-bot droit. — 6. Pied- bot gauche du frère inférieur. D.... Côtes droites. — .... G. Côtes gauches du frère supérieur. — 1' Pre- mière côte gauche du frère inférieur. — D' Côtes droites. — G'. Côtes gauches du même frère. — 1. Première côte gauche du frère supérieur. PL. m \mv LE DIAPHRAGME CHEZ LES MAMMIFERES, LES OISEAUX ET LES REPTILES. (Mémoires, page 169.) Figure 1". Diaphragme du lapin. — A. Expansion horizontale du diaphragme. — B. (Portion du pilier droit constituée par les origines des fibres du septum transversum, — C. Portion de ce même pilier qui enveloppe l'œsophage OE et adhère à la petite courbure de l'estomac E par des fibres tendineuses en D. — G. Un fragment du foie et son ligaip'ent suspenseur. FiG. 2 et 3. Orifice oesophagien du diaphragme chez l'homme. FiG. 2. — A. Pilier gauche, d'où l'on voit se détacher une lame musculaire K qui se jette sur l'œsophage et le cardia E. — B. Pilier droit. — D. Faisceau musculaire qui passe au-devant du tronc de l'artère splénique S. FiG. 3. — A. Pilier gauche. — B. Pilier droit. — C. Faisceau musculaire qui se détache du bord de l'orifice œsophagien et se jette sur le cardia E. — D. Fais- ceau musculaire, très-développé ici, qui se détache du pilier droit, passe en avant de l'artère splénique S, et paraît se terminer au niveau de l'origine de la mésentérique supérieure M. —F. Aorte abdominale. r^j uTH. Twe^y f arsBsmffls /. LE DIAPHRAGME CHEZ LES MAMMIFÈRES, LES OISEAUX ET LKS REPTILES. (Mémoires, page in. ) Figure d. — Ligaments musculaires du l'oie et de l'estomac chez le canard, côlé gauche de la cavité abdominale. — A. La paroi abdominale en partie con- stituée par la portion aponévrolique du diaphragme abdominal. — D. Lobe gauche du foie. —F. Ventricule succenturié. — E. Gésier. —H. Caréné du ster- num. — G. La portion inlerdiapbragmatique du péricarde. — B. Ligament musculaire du foie, du ventricule succenturié et du gésier. — B'. Faisceau fi- breux né du pubis G, et dont les fibres se continuent avec la portion du liga- ment musculaire qui se termine sur le ventricule succenturié et le gésier ; la portion de ce ligament qui se termine sur la face convexe du foie se continue avec des faisceaux fibreux nés d'une partie du sternum, détachée du corps dr l'os, et soulevée avec la paroi abdominale. ^^î ■'• ^^' >. f, "ti '! j. ;vjjj X *^^ l i TABLE DES MËMOIRES DE LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE. i. Rapport sur ie phlébentérisme, au nom d'une commission ; par M. Charles Robin & 3. Mémoire sur quelques points de i'anatomie du pancréas; par Kl. Verneuil. . t33 9. Recherches sur le rétablissement de l'irritabilité musculaire chez un suppli- cié, treize heures après la mort; par M. Brown-Séquard U7 4. Sur une variété nouvelle de tumeur sanguine de la voûte du crâne, suite de lésion,trâumatique ; par M. G. Dufour . iSS 5. Le diaphragme chez les nàammiféres, les oiseaux et les reptiles; par M. Ch. Rouget (avec planches) 165 6. Cas de tumeurs fibrineuses multiples contenant une matière puriforme, si- tuées dans l'oreillette droite du cœur; suivi de cas analoi^ties et de quel- ques remarques critiques; par M. Charcot 189 7. Note sur la syphilis à Rome; par M. Cbarlon 301 8. Description d'un monstre peracéphale, suivie de quelques rédexions sur le mécanisme de la circulation dans cette espèce de monstruosité; par M. P. Cazeaux (avec planche) 3i i 9. Uémoire sur un monstre double monomphalien de provenance humaine, constituant un genre nouveau désigné sous le nom de rachipagc ; par M. Eudes Desloncharops (avec planche) 221 10. Observations sur quelques plantes naines, suivies de remarques générales sur le nanisme dans le régne végétal; par M. Adolphe Gnbler :^8T Il Mémoire sur l'altération de la tige des céréales, observée récemment eu France, et désignée sous le nom de maladie du blé; par MM. Montagne, A. Gubler et E. Germain (de Saint-Pierre) 24!i FIN DE LA TABLE DKS MÉMOIRES. TABLE ANALYTIQUE DES MATIËRES CONTENUES DANS LES COMPTES RENDUS ET LES MÉMOIRES DE liA SOCIÉTÉ DE BIOIiOCîIE POUR l'année 1851 (1). A Acide. — De la présence d'un acide libre sécrété par les poumons décomposant les carbonates alcalins du sang, et mettant ainsi l'acide carbonique en li- berté; par M. Verdeil I3S> Algue. —Sur l'algue des œufs de limace; par M. Montagne 67 Albumine. — La présence de l'albumine dans l'urine des diabétiques est-elle toujours un signe favorable? par M. Rayer 44 Altération du Toie et fongus de la dure-mère; par MM. Claude Bernard et Charcot i34 — de la tige des céréales, observée récemment en France et connue sous le nom de maladie du blé; par MM. Montagne, Gubler et Germain (de Saint- Pierre). (Mémoires, p. 249.) — des cartilages d'encroûtement ; par M. fiéraud ■. . . 'J2 — Ibid 23 — des articulations dans le rhumatisme articulaire chronique; fausse contrac- ture rhumatismale; ankyloses; par M. Charcot 27 Anatomie noraiale. — Résumé d'un travail sur le développement des parties génitales et uropoiéliques chez les batraciens; par M. Jean Marcusen. . . 'i — Phlébentérisme; par M- Souleyet 5 —Pavillons multiples rencontrés sur les trompes utérines des femmes; par M. A. Richard 37 (t) Les pages indiquées a la marge sont celles àfs CoHrTEs rendus. Les reoTuis aux Mémoirks iunt spécifiés. 268 Anatomie normale.— Sur le canal central de la moelle épintére ; par M. Uéraud. 3S — Sur l'orifice du sinus maxillaire; par M. Gosselin &3 —Description d'une valvule inconnue jusqu'ici et qui eiisle dans les voies lacry- males chez l'homme; par M. Béraud S5 —Sur des corps qui sont appendus à l'extrémité supérieure du cou des chèvres et des moutons ; par M. Ârm. Goubauz. St> —Recherches sur les nerfs de l'utérus ; par M. Boulard tm —Sur la portion céphalique du grand sympathique; par M. Ludovic Hirschfeld. ii:> —Sur la bourse synoviale sous-lrocbantérienne et sur les corps étrangers qu'elle peut contenir; par M. Béraud i&3 —Sur quelques points de l'anatomie du pancréas ; par M. Verneuil. (Mémoires, p. 133.) — Le diaphragme chez les mammifères, les oiseaux et les reptiles; par M. Ch. Rouget. (Mémoires, p. 16S.) Anatomie pathologique. — Sur des kystes muqueux du sinus maxillaire; par M. Béraud 62 —Cas de cancroïde gingival ; par M. Leberl 65 — Sur un kyste du sinus maxillaire contenant du mucus avec de la cbolestérine ; par M. Béraud i>< —Sur deux tubercules étudiés dans deux oiseaux de l'espèce Pénélope Marail ; par M. Desmareis Ib. — Sur un cas d'infiltration graisseuse des muscles sans changement de volume ; par M. Béraud . m lumeurs folliculaires de la muqueuse du sinus maxillaire; par M. Verneuil. . 8u — Sur une tumeur cartilagineuse de la base du crâne (enchondrAme) ; par M. Lu- dovic Hirschfeld y* —Sur deux cas d'altération du foie et sur un cas de fongus de la dure-mére; par MM. Cl. Bernard et Charcot n* —Observation d'une tumeur cancéreuse implantée dans le petit bassin, prise, pendant la vie de la malade, pour une grossesse anormale ; par M. Cham- bert '<9 —Sur des granulations graisseuses du rein; par M. Davaine- is> —Dégénérescence fibreuse et graisseuse des muscles chez les sujets atteints de pieds-bols; par M. J. Guérin i6'2 —Variété nouvelle d'éléments fibro-plastiques; par M. de B«uvai$ —Cas de tumeurs fibrineuses multiples contenant une matière puriforme, situées sous l'oreillette droite du cœur, suivis de cas analogues et de quelques re- marques critiques; par M. Charcot. (Mémoires, p. i89.) Anomalies— Foyez .- Botanique et Tératologie. ATaig;née8. — Sur le développement des œufs des araignées; par M. "i iclor Carus '3« Articulations. — Cas d'altération des articulations dans le rhumatisme articu- laire chronique; fausse contracture rhumatismale ;ankyloses; par M. Charcot. —Corps étranger de l'articulation coxo-fémorale; par M Béraud — Voyei : Synoviale (Bourse). B Batraciens. — Résume d'un travail sur le développement des parties génitales et uropoiétiques chez les batraciens; par M. Marcusen s De la survie des batraciens et des tortues après l'ablation de leur moelle allon- gée; par M. Brown-Séquard 7i ll>. L>09 Botanique. - Sur l'alt;uecles ojufs de limace; par M. Montagne. —Conforve parasite sur le cyprinuscarpio; par M. Dav^ine . . . . ' '^ —Sur un cas de soudure de deux champignons; par M. Eug Forget ' ' " • *' -Sur une monstruosité de la fleur du chou-fleur, occasionnée par'la présence ^' d'un champignon parasite, lecystopus (uredo) candidus ; par M. J -Berk^l^v , , —Sur quelques monstruosités végétales, par M. Gubler ' ""^^- »" -De la fasciation chez les fruits adhérents; par M. Germain (de Saini-pierre^ !«? -Observations sur quelques plantes naines, suiviesderemarques générales!..?! namsme dans le règne végétal ; par M. A. Gubler. (Mémoires p 237. -Mémoire sur l'altération de la tige des céréales observée récemment en Franr- et désignée sous le nom de maladie du blé; par MM. Montagne A r..M Germain (de Saint-Pierre.) (Mémoires, p. 243.) ' "'''^'■' *' c *^*Tse^n^d' '^' """"'''""'"^ '^""'^'^ observée chez le canard ordinaire; pa. Cancer. - Observation d'une tumeur cancéreuse implantée dans le oetit h./- ' *' Cancéreuse (Diathèse). -Observation de diathése cancéreuse ;'tumeur; vârioli ' ''* formes de la surface des intestins; réflexions sur la marche et le Zh Tl veloppement de la généralisation du cancer; pag M. E. Beylard ^ Cancroîde. —Cas de cancroïde gingival; par M. Lebert ' ' • • • /2J ''"rB^rlud" .'" '""."" """'"" '" ''''''''' d'encroût;m'e„;; pa; " —Nouveaux cas d'altération des cartilages; par le môme '^ ''^'m^sîzr}':''^.''''' '''''''' '^^^^^^^^ '" Cellulaire (Tissu). - Preuve de sa contractilité ; par M. Brown-Séou.M ' ' ' ^* ''tTz.r'''''- - '-''-'- -" --^- -^ain-cfii"::,. p. '^* France, par MM. Montagne, Gubler It GeLain (Mé^oir; "T?""' " Ch^npjgnons. - Sur un cas de soudure de deux champignons, par M. Eug. Chimique (Statique) des animaux, appliquée spécialement à il „ •' " " ^* l'emploi du sel. Note de M. Brow„-|£,u'ard sur l'ouvrée de M ZT '' Cœur. _ Cas de tumeurs fibrineuses multiples contenant une n.aiiér.' ' ' '*' forme, situées dans l'oreillette droite du cœur, suivi de cas .n.i? '^""" quelques remarques critiques; par M. Charcot.^M^mots "J?"" ^' '"^ —Végétations des valvules auricalo-ventriculairps ^:.»rh.. ' *^'°'^-' cœur et hydropisie ascUe ; ulcération': tui^î ru^Ve^ 7 ri;'" rc^rcr." .^''"^"!""^ '''\ '\ '':\ ^;"" ^"'- ^^'"" - -s'";:; Colon. - Rétrécissements non organiques du colon; par M. Charcot V ' ' '"' -Lésions dyssentériques de la muqueuse de l'intestin erélP Tw . ■ •••'"» même \ ^ '^*"" 8'^^'*' et du colon; par le Conferves — Voyes Botanique. »• TOME III, •270 Corps qui sont appendus ù l'extrémitÉ supérieure du cou deii cbévret «l de» moutons; par M. A. Goubaux » . . . . se — Hbreux de l'ulérus; par M. Canuct 3* Corps étranger de rarlicuiallon coxo-fémorale; par M. Béraud 27 Crabe. — Crabe commun (cancer mœnas L.) pourvu de deux pattes-pinces sur- numéraires du côlé gauche; par M. Rayer ii Crânes. — Examen des caractères reconnus sur les crânes des anciens Égyp- tiens; par M. Le Bret '5* Crétinisme. — Sur les causes du goitre et du crétinisme et sur les moyens d'en préserver les populations ; par SI. Grange > D Dégénérescence Tibreuse et graisseuse des muscles chez les sujets atteints de pieds-bots ; par M. J. Guérin . . . i62 Dents. — Anomalie héréditaire des dents; par M. R. Leroy-d'Etiolles .... 9G Déviation et contracture permanente des membres après l'écrasement de la moelle épinière; par M. Brown-Séquard i.'' Diaphragme chez les mammifères, les oiseaux et les reptiles; par M. Cb. Rou- get. (Mémoires, p. i6i.) Double (monstre) monomphalien (rachipage) ; par M. Eudes Deslongchamps. (Mémoires, p. 22t. Voyez les planches.) — (monstruosité) observée chez le canard ordinaire; par M. Segond . . . . 8i Dure-mère. — Voyez Analomie pathologique. E Éléments fibro-plastiques. —Variété nouvelle; par M. de Sauvais . . . . i«& Entomologie. — Sur les larves rendues par les selles; par M. Davaino . .112 — Voyez les planches. Épididyme. — Voyez Tératologie. Épizootie de Milry ; par M. Charcot Si> Estomac. — Voyez Pylore-Pathologie. Fasciation chez les fruits adhérents; par M. Germain (de Saint-Pierre) ... 16s Fleur. — Sur une monstruosité de la fleur du chou-fleur, occasionnée par la présence d'un champignon parasite, le cystopus (uredo) candidus; par M. M.-J. Berkeley, Ii5 Fœtus. — Voyez Tératologie-Variole. Foie. — Sur deux cas d'altération du foie et sur un cas de fongus de la durç- mére; par MM. Cl. Bernard etCharcot 134 — Voyez Hépatite-Cirrhose. Fractures. — De l'emploi du trépan datis les fractures du rachis ; par M. Brown- Séquard . . { G Génération. — Des actes de la génération chez des animaux atteints de paraplé- gie incomplète . (i.ir M Brown-Spqunni . 7., ^7i Génitaux (organes). — Résuméi d'un travail sur le développement des partiel génitales et uropoiéliques chez les batraciens; par M. Marcusen 3 — Voyez Testicules. Globules. — Voyez Pathologie, Leucocythémie-Sang. Goitre. — Sur les causes du goitre et du crétinisme, et sur les moyens d'en pré- server les populations; par M. Grange 9 Graisses. — Sur la nature des graisses qui se trouvent dans le sang; par M. D. Marcet 97 Graisseuse (infiltration). — Voyez Muscles-Pieds-bots. — (altération). — Voyez Reins-Anatomie pathologique. H Hémorrhagie de la caduque; par M. Bouchut ,-2 Hépatite suppurée, lobulaire, avec cirrhose générale; par M. Laboulbéne. . 21 Hydres. —Sur les organes de la génération et l'évolution de leurs produits chez les polypes du genre hydra; par M. Ch. Rouget ,^^ Hydrocéphalie. — Voyez Tératologie. Hygiène. — Voyez Goitre et Crétinisme- I intestin. —Théorie de l'intestin; par M. Segond , Irritabilité musculaire.— Preuve nouvelle à l'appui do la doctrine deHaller relative à l'indépendance de l'irritabilité musculaire ; par M. Brown-Séquard. 101 —Recherches sur le rétablissement de l'irritabilité musculaire chez un supplicié treize heures après la mort; par le même. (Mémoires, p. M7.) —Sur le rétablissement de l'irritabilité musculaire chez un second supplicie, plus de quatorze heures après la mort; par le même !i03 —Sur l'irritabilité des muscles paralysés; par le même ,44 K Kystes. — Sur des kystes muqueu.\ du sinus maxillaire ; par M. Béraud ... gî —Sur un kyste du sinus maxillaire contenant du mucus avec de la cholestérine ; par le même ' , , oi L I.arynx. - Essai clinique sur le diagnostic spécial et différentiel des maladies de la voix et du larynx; par M. Dufour . . . ^ Iieucocythémie (de la), ou du sang à globules blancs ; par M. H. Bennetl . ! 45 Limaces. — Recherches sur jes limaces; par M Laurent , —Recherches sur la génération de limaces; par le même . nj — Sur un cas de duplicité chez le limaT agreslis; par le même v —Sur l'algue des œufs de limace; par M. Montagne M Maxillaire (sinus;. — Sur lorilice du sinus maxillaire; par M. Gofîseiin tx —Sur les kystes rauqueux du sinus maxillaire; par M. Béraud ... g'. -Sur un kyste du sinus maxillaire contenant du mucus avec de lacholestéiine- par le même Tumeiiis follirul.iire» de la muqueuse du sinus maxillaire: par M. Vernouil. . h< 27^ Moelle allongée. — Tumeur du volume d'un œqf de pigeon comprimant le cdls droit de la moelle allongée et les nerfs qui en parlent; par M. Charcot. . . Ib. —De la survie des batraciens et des tortues après l'ablation de leur moelle allon- gée; par M. Brown-Séquard 73 Moelle épinière. — Sur le canal central de la moelle épiniére; par M. Bé- raud 38 —Expérience nouvelle sur la voie de transmission des impressions sensitives dans la moelle épinière; par M. Brown-Séquard 76 — Sur plusieurs cas de cicatrisation de plaies faites à la moelle épinière, avec retour des fonctions perdues; par le même. . . tt —Influence d'une partie de la moelle épiniére sur les capsules surrénales; par le même lie —Déviation et contracture permanente des membres après l'écrasement de la moelle épinière; parle même is Monstruosités. — Voyez Botanique-Tératologie. Muscles. — Voyez Analoraie patliologique-Pieds-bots. Musculaire (irritabilité). — Voyez Irritabilité-Physiologie. N Ifanisme. — Observations sur quelques plantes naines, suivies de remarques générales sur le nanisme dans le règne végétal; par M. A. Gubler. (Mé- moires, p. 237 ) SIerveux (Système). — Voyez Moelle allongée, Moelle épinière. Physiologie el Tératologie. o Œuf. — Maladies de l'œuf humain; hémorrhagie delà caduque; par M. Bou- chot. 12 Oiseaux. — Sur deux tubercules étudiés dans deux oiseaux de l'espèce Péné- lope Marail; par M. Desmarets. 64 Org^anogénie. — Voyez Génitaux (organes) etUropoiétique (appareil). Pancréas Sur quelques points de l'anatomie du pancréas; par M. Verneuil. (Mémoires, p. 133.) Paralysie. — Voyez Moelle épiniére el Physiologie. Parasites ^végétaux). — Sur l'algue des œufs de limace; par M. Montagne . . (JT —Conferve parasite sur le Cyprinus carpio ; par M. Davaine M —Présence d'un champignon parasite sur le chou-lleur; par M.Berkeley . . . H3 Pathologie. — De l'emploi du trépan dans les fractures du rachis; par M. Brown- Séquard 6 — Delà paracentèse de la poitrine; par M. Lacazc-Dutbiers- T -Maladies de l'œuf humain ; hémorrhagie de la^caduque; par M. Bouchut. . . I2 —Etat des muscles de la jambe et du pied, et de l'aponévrose plantaire dans un cas de pied-bol varus (2' degré de M. J. Guérin); par M. Charcot Ib. —Déviation et contracture permanente des membres après l'écrasement de la moelle épinière ; par M. Brown-Séquard is Tumeur du volume d'un œuf de pigeon comprimant le côté droit de la moelle allongée el les nerfs qui en partent; par M. Charcot Ib. Sur quelques altéraiions des cartilages d'encroûtement; par M. Béraud . . . i^ 273 l^atbologie. — Nouveaux cas d'alléioiioiis des cartilages; par le métne. ... 23 — Végétations des valvules auriculo-vetitriculaircs gauches, avec hypertrophie du cœur et bydropisie ascite; ulcérations multiples de la muqueuse de l'es- tomac ; tumeurs gélatineuses dans le foie, chez un chien âgé de 12 ans ; par M. Charcot 34 — Hépatite suppurée, lobulaire, avec cirrhose générale; par M. Laboulbéne . . 25 —Sur un corps étranger de rariiculation coxo fémorale; par M. Béraad . . . . 27 —Altérations des articulations dans le rhumatisme articulaire chToniq.ue; fausse contracture rhumatismale; ankyloses; par M. Charcol Ib — Corps fibreux de l'utérus ; par M. Canuet 34 — Ecoulement du pus par les points lacrymaux, sans tumeur lacrymale; par M. Béraud ib. —Cas de pyélite; par M. Charcol 3S — Variole du fœtus; va rioloïde chez la mère; avorlement au cinquième mois de , la grossesse ; par le même 39 —Sur deux tumeurs du sinus maxillaire ; par M. Nélaton 4i; — La présence de l'albumine dans l'urine des diabétiques esl-elle toujours un signe favorable? par M. Rayer 44 — De la leucocythénvie ou du sang à plobules blancs; par M. Hughes Bennett . . 46 — Sur l'épizoolie de Mitry ; parM. Chan oi i9 —Essai clinique sur le diagnostic spécial et différentiel des maladies de la voix et tiu laryRx; par M. B.-C.-G. Dufour a — Observation d'accidents divers paraissant produits par des larves ; par M. Henry Roger 8» — Rbumatt«me articulaire aigu; phénomènes comateux; hémiplégie; infiltration d'une substance plastique concrète, contenant dts globules pyoïdes dans plusieurs viscères, et en particulier dans le cerveau et la rate; lésions dys- senlériques de la muqueuse de l'intestin grêle et du colon; par M. Charcot. 8s —Sur un cas de rétrécissement organique de l'anneau pylorique, avec atrophie de toutes les tuniques qui le constituent; atrophie du foie; rétrécissements mu' tiples non organiques du colon; par l^i même io3 Patho'io§ie végétale. — Foyez Botanique. Peraréphale. — Voyez Tér-atologie. Pblébentérisme. — Travail de M. Souleyet. Rapport de M. Ch. Robin, au nom d'une commission. (Mémoires, p. .■>.) Physiologie. — Théorie de l'intestin; par M. Segond l —Note sur les vibrations Ihoraciques qui accompagnent les phénomènes de la voix ; par le mêra^ 5 — Influence de la cinquième pairede nerfs sur la sécrétion salivaire; par .Si. Vella. i7 —Sur la (jurée des mouvements vibratiles ciliaires chez un supplicié ; par M. Gos- selin OT — De la survie des batraciens et des tortues après l'ablation de la moelle allon- gée; par M. Brown Séquard "ï — Des actes de la génération chez des animaux atteints de paraplégie incom- plète; par le même ' 75- — Expérience nouvelle sur la voie de transmission des impressions sensitives dans la moelle épiniére; par le môme 7à — Sur plusieurs cas de cicatrisation de plaies faites à la moelle épiniére, avec retournes fondions perdues ; par le même 77 — Sur une nouvelle espèce de tournoiement; par le môme "S —Sur t'influence de la section des nerfs pneumogastriques sur la durée de la ehloroformisalion ; par M. Moyse 6-~ 27^ Physiologie. — Preuve nouvelle à l'appui de lu doctrine de [(aller lelaiiïc d l'indépendance de l'irritabilité musculaire; par M. Brown-Séquard. . . . loî — Kecherches sur le rétablissement de l'irritabilité musculaire chez un second supplicié, plus de quatorze heures après la mort; par le môme loî — Sur les variations de l'acidité de l'urine aux differenles émissions du jour ; par M. Deiavaud lia —Sur l'irritabilité des muscles paralysés; par M. Brown-Séquard m —Sur les causes de l'apparition du sucre dans l'urine; par M. Claude Bernard. Ib —Influence d'une partie delà moelle épiniére sur les capsules surrénales; par M. Brown-Séquard i46" —Influence du grand sympathique sur la sensibilité et sur la caloriflcation ; par M. C. Bernard I63 — Preuve de la contractiiité du tissu cellulaire; par M. Brown-Séquard. . . . 164 —«Recherches sur le rétablissement de l'irritabilité musculaire chez un supplicié treize heures après la mort ; par M. Brown-Séquard. (Mémoires, p. 147.) — Observation de diailièse cancéreuse; tumeurs varioliformes de la surface des intestins ; réflexion sur la marche et le mode de développement de la géné- ralisation du cancer; pari!. E. Beyiard 12;> —Sur une variété nouvelle de tumeur sanguine de la voûte du crâne, suite de lé- sion traumatique ; par M. G. Dufour. (Mémoires, p. 155.) —Sur la syphilis à Rome ; par M. Charlon. (Mémoires, p. 201.) Pieds-bots. — État des muscles de la jambe et du pied, et de l'aponévrose plan- taire dans un cas de pied-bot varus (-!" degré de M. Jules Guérin); par M. Charcot ji» — Dégénérescence librcuse et graisseuse des muscles chez les sujets atteints de pieds-bots ; par M. J. Guérin 162 Plaies. — Voyez Moelle épiniére. Pneumo-gastrique. — Sur l'influence delà section des nerfs pneumo-gastri- ques sur la durée de la chloroformisation; par M. Moyse 8.5 Principes immédiats. — Sur un nouveau principe immédiat de réconomie animale ; par M. Verdeil i& —De la présence d'un acide libre sécrété par les poumons décomposant les car- bonates alcalins du sang, et mettant ainsi l'acide carbonique en liberté; par M. Verdeil 139 Pus. — Écoulement du pus par les points lacrymaux, sans tumeur lacrymale; par M, Héraud. 34 Pyélile. — Cas de pyélite ; par M. Charcot 35 Pylore. Sur un cas de réirécissemcnt organique de l'anneau pylorique, avec atrophie de toutes les tuniques qui le constituent; atrophie du foie; rétrécis- sements multiples non organiques du colon; par M. Charcot. . 10:'. Pyoïdes globules). — Voj/c= Rhumatisme. R Rachipage. — Voyez Tératologie )?Lachis.— De l'emploi du trépan dans les fractures du rachis; par M Brown- Séquard 6 Reins. — Sur les granulations graisseuses du rein; par M. Davaine i5j Rhumatisme articulaire aigu, phénomènes comateux, hémiplégie, infiltra- tion d'une substance plastique concrète contenant des globules pyoïdes dans plusieurs viscères, et en particulier dans le cerveau et la rate ; lésions dys- ^cntcri((i»es de la muqueuse de l'intestin grêle et du colon ; par M. Charcot 8f 275 S Salivaire (sécrétion). - Influence de la 5" paire sur la sécrétion salivoire; par M.L. Vella " Sangr. — De la leucocythéraie ou du sang à globules blancs ; par M. H. Bennelt. 4» Sensibilité. — Voyez Physiologie. Sinus. — Voyez Maxillaire, Kystes. Sucre. — Sur les causes de l'apparition du sucre dans l'urine ; par M. C Ber- nard '** Sympathique (grand). — Sur la portion céplialiqae da grand sympathique; par M. L. Hirscbfeld "^ —Influence du grand sympathique sur la sensibilité et sur la caloriiicalion: par M. C. Bernard '6» Synoviale (bourse) sous-trochantcrienne et corps étrangers qu'elle peut con- tenir; par M. Béraud ""•* Syphilis. — De la syphilis à Rome, par M. Cbarlon. (Mémoires, p. sOi ) T Tératologie. — Crabe commun (Cancer mœnas L." pourvu de deux petites pattes- pinces surnuméraires du côté gauche; par M. Rayer 1* ^ Sur un cas de duplicité chez le Umax agrestis ; par M. Laurent ?>6 —Analomie d'un monstre humain célosomien; par M. Houel &i —Sur la composition de la tumeur des monstres pseudencéphaliens ; par M. Ad. Richard 68 —Cas de monstruosité double observée chec le canard ordinaire ; par M. Se- gond 81 — Anomalie héréditaire des dents ; par M. Raoul Leroy-d'Étiolles yo —Sur une anomalie de position des testicules et de l'épididyme ; par M. Follin. «3» —Description d'un monstre peracépbale, suivie de quelques réflexions sur le mé- canisme de la circulation dans celte espèce de monstruosités; par M. Ca- zeaux. (Mémoires, p. 2ii.) —Sur un monstre double monomphalien de provenance humaine, consiltuant un genre nouveau désigné sous le nom de rachipage; par M. £^des Deslong- champs. (Mémoires, p. 2îl.) -Observation d'un nouveau-né affecté d'hydrocéphalie sans augmentation de vo- lume de la boîte crânienne; par M. Henri Roger lîS Thoraoentèse. — De la paracentèse du thorax; par M. Lacaze-Dulhiers ... 7 Trépan. — De l'emploi du trépan dans les fractures du rachis; par M. Brown- Séqaard '. 6 Trompes. — Voyez Utérus. Tournoiement. — Sur une nouvelle espèce de tournoiement; par M. Brown- Séquard 79 Tubercules. — Voyez Oiseaux Tunneurs. — Tumeurs folliculaires de la muqueuse du sinus maxillaire ; par M. Verneuil 80 —Tumeur cartilagineuse de la base du crâne; par M. L. Hirscbfeld ...... 9^ — Voyez Cancéreuse (tumeur), Cœur, Moelle allongée, maxillaire (sinus), Crâne. Anatomie pathologique, Pathologie. 27U U Ulcérations. — Voyez l'atboloyie, Estomac. Urine. — Sur les variations de l'acidité de l'urine aux dilTérenles éiaissions dû jour; par M. Delavaud u5 —Sur les causes de l'apparition du sucre dans l'urine; par M. Claude Bernard. H4 Uropoiétique (Appareil). — Résumé d'un travail sur le développement des par- ties génitales et uropoiétiques chez les batraciens; par M. Marcusen ... i Utérus. — Corps fibreux de l'utérus ; par M. Canuet 34 •^Reclierches sur les nerfs de l'utérus; par M. Boulard 8o —Pavillons multiples rencontrés sur les trompes utérines des femmes; par M. A. Richard 17 V Vaobes. — Castration des vaches ; par M. Desbans lï» Vague (Nerf). -^ Voyez Pneumogastrique-Physiologie. Valvules. — Voyez Cœur-Pathologie. —Description d'une valvule inconnue jusqu'ici et qui existe dans les voies lacry- males chez l'homme; par M. Béraud W Variole du foetus; varioloïde chez la mère; avortement au cinquième mois de la grossesse; par M. ChaTcot Î9 Végétations. — Végétations des valvules auriculo-ventriculaires gauches, avec hypertrophie du cœur et hydropisie ascite; ulcérations multiples de la mu- queuse de l'estomac ; tumeurs gélatineuses du foie chez un chien âgé de 12 ans; par M. Charcot 24 Vers. — Observations d'accidents divers paraissant produits par des larves ; par M. Henri Roger 89 Voix. — Essai clinique sur le diagnostic spécial et différentiel des maladies de la voix et du larynx; par M. Dufour Tf —Note sur les vibrations ihoraciques qur accompagnent les phénomènes de la . voix; par M. Segond ^ FIN DE LA TABLE ANALYTIQUE- TABLE DES MATIÈRES PAR NOMS F ACTEURS. .(Abréviations : C. R., Comptei rendus; M., Mémoires.) B c. k. Sauvais (de). . . Variété nouvelle d'élément fibro-plaslique. ... les Bennett (H.)' . ■ De la leucocythémie ou du sang à globules blancs. a Béràud ..... Sur quelques altérations des cartilages d'encroûte- ment 22 •^ Nouveaux cas d'altérations des cartilages. ... 33 — Sur un corps étranger de l'articulation coxo- fémo- rale 27 — Écoulement du pus par les points lacrymaux, sans tumeur lacrymale a — Sur le canal central delà moelle épinière. ... 38 — Description d'une valvule inconnue jusqu'ici et qui existe dans les voies lacrymales chez l'homme. . ss — Sur des kystes muqueux du sinus maxillaire ... 62 — Sur un kyste du sinus maxillaire contenant du mu- cus avec de la cholestérine 64 — Sur un cas d'infiltration graisseuse des muscles sans changement de volume 65 — Sur la bourse synoviale tous-trocbantérienne et sur (es corps étrangers qu'elle peut contenir. . . tss BEniiELEY(M.-J. . . Sur une monstruosité de la fleur du chou-fleur, oc- casionnée par la présence d'un champignon pa- rasite, le cystopus («redo) candidus ti3 Bebnaud (Claude). . Sur les causes de l'apparition du sucre dans l'urine. H4 — et CHAncOT. Sur deux cas d'altération du foie et sur un cas de fongus de la dure-mère. 134 6EHNARD(Claude^ . Influence du grand sympathique sur la sensibilité et sur la caloriflcation. . ,. I63 Betlard (E.). . . Observation de dialhése cancéreuse ; tumeurs vario- liformes de la surface des intestins ; réflexions sur la marche et le mode de développement de la gé- néralisation du cancer i;i3 boUCBkJT. BOULARD. . . . uourgl'ignon. . . Brown-Séquard. Canuet . . . Carcs (Victor). Cazeaux (P.). • Cbambert . . <^HARCOT. 278 u. h. Maladies de l'œuT humain; bémorrbagie de la ca- duque 12 Recherches sur les nerfs de l'utérus 86 Recherches sur la contagion de la gaie des animaux à l'homme et sur les mœurs de l'acarus de la gale. 109 De l'emploi du trépan dans les fractures du rachis. 6 Déviation et contracture permanente des memhres après l'écrasement de la moelle épinière. ... 15 De la survie des batraciens et des tortues après l'ab- lation de la moelle allongée 73 Des actes de la génération chez des animaux atteints de paraplégie incomplète 75 • Expérience nouvelle sur la voie de transmission des impressions sensilives dans la moelle épinière. . 76 ■ Sur plusieurs cas de cicatrisation de plaies faites à la moelle épinière, avec retour des fondions per- dues 77 Sur une nouvelle espèce de tournoiement 7y Sur l'ouvrage de M. Barrai intitulé : Statique chi- mique des animaux, appliquée spécialement à la question de l'emploi du sel 82 ■ Preuve nouvelle à l'appui de la doctrine de Haller relative à l'indépendance de l'irritabilité muscu- laire 101 Recherches sur le rétablissement de l'irritabilité musculaire chez un second supplicié, plus de qua- torze heures après la mort 103 - Sur l'irritabilité des muscles paralysés. . . ■ . . 144 - Influence d'une partie de la moelle épinière sur les capsules surrénales i46 - Preuve de la conlractilité du tissu cellulaire. . . 164 - Recherches sur le rétablissemenl de l'irritabililë musculaire chez un supplicié treize heures après la mort » c Corps fibreux de l'utérus 34 Sur le développement des œufs des araignées . . i3i Description d'un monstre peracéphale, suivie de quelques réflexions sur le mécanisme de la cir- culation dans cette espèce de monstruosité (avec planche) » Observation d'une tumeur cancéreuse implantée dans le petit bassin, prise, pendant la vie de la malade, pour une grossesse anormale .... 149 Ëlat des muscles de la jambe et du pied, et de l'apo- névrose plantaire dans un cas de pied-bot varus iS' degré de M. J. Guérin) il - Tumeur du volume d'un œuf de pigeon comprimant le côté droit de la moelle allongée et les nerfs qui en parlent 1» 279 c. h. H. HABcoT Végétations des valvules auriculo-veiilriculaires gauches, avec hypertrophie du cœur et hydropisic ascile; ulcérations multiples de la muqueuse de l'estomac ; tumeurs gélatineuses dans le foie, chez un chien âgé de 12 ans 24 •> — Altérations des articulations dans le rhumatisme articulaire chronique; fausse contracture rhuma- tismale; ankyloses 27 » — Cas de pyélile 35 " — Variole du fœtus; varioloïde chez la mère; avorte- ment au cinquième mois de la grossesse .... 39 » — Sur l'épizoolie de Mitry 59 " — Rhumatisme articulaire aigu; phénomènes coma- teux; hémiplégie; inllllralion d'une substance plastique concrète, contenant des globules pyoïdes dans plusieurs viscères, et en particulier dans le cerveau et la rate ; lésions dyssentériques de la muqueuse de l'intestin grêle et du colon. ... 89 " — Sur un cas de rétrécissement organique de l'an- neau pylorique, avec atrophie de toutes les tuni- ques qui le constituent; atrophie du foie; rétré- cissements multiples non organiques du colon. . 103 » •~ et Cl. Bernard Sur deux cas d'altération du foie et sur un cas de fongus de la dure-mère >3< ' CuARCOT Cas de tumeurs fibrineuses multiples, contenant une matière puriforme, situées dans l'oreillette droite du cœur: suivi de cas analogues et de quelques remarques critiques » I8I^ Chàrlon. .... Sur la syphilis à Rome » 301 D Davaine Conferve parasite sur le cyprinus carpio .... — Sur les larves rendues parles selles. (Avec planche.) — Sur des granulations graisseuses du rein .... Delavald Recherches sur les variations de l'acidité de l'urine aux différentes émissions du jour Desbans Castration des vaches Deslongchamps Sur un monstre double monompbalien , de prove- (Eudes). Tiance humaine, constituant un genre nouveau, désigné sous le nom de rachipage. (Avec planche.) Desmarets. . . . Sur deux tubercules étudiés dans deux oiseaux de l'espèce Pénélope Marail Uufoiir (G.\ . . . Essai clinique sur le diagnostic spécial et difTéren- tiel des maladies de la voix et du larynx. . . . ~ Sur une variété nouvelle de tumeur sanguine de la voûte du crâne, suite de lésion traumalique. . FoLLiM ... . Sur une anomalie de position des testicules et di. l'épididymc ' 13S 82 1» 112 " 151 ' 118 „ 139 " » 231 64 " 71 ♦ „ 15.^ 1280 «. k. H. F'oRGKT (^.) . , . Sur un cas de soudure de deux cbampignoni. ... ob » G GERMAiN(deSt.-Pierre). De la fascialion cheï les fruits adhérenls . ... las » GossELiN .... Sur l'orifice du sinus maxillaire 53 » — Sur la durée des mouvements vibratiles ciliaires chez un supplicié J7 » 60DBADX(A.). , . Sur des corps qui sont appendus à l'extrémité supé- rieure du cou des chèvres et des moutons ... se » Grancb Note sur les causes du goitre et du crélinisme, et sur les moyens d'en préserver les populations .... 9 » GUBI4BR (A.) . . . Sur quelques monstruosités végétales las » — Observations sur quelques plantes naines, suivies de remarques générales sur le nanisme dans le régne végétal . « nt GuBLER et Montagne. Sur l'altération de la lige des céréales, observée récemment en France et désignée sous le nom de maladie du blé » 2<9- GuBLER, Germain Sur l'altération de la tige des céréales, observée ré- el Montagne. cemment en France, et désignée sous le nom de » 24» maladie du blé » n Gu£rin (J.). . . . Dégénérescence fibreuse et graisseuse des muscles chez les sujets atteints de pieds-bots 162 > H HiRscHFELD (L.) . . Sur Une tumeur Cartilagineuse de la base du crâno (enchondrdme) 94 *■ — Sur la portion cépbalique du grand sympathique. . ns " HouEL Ânatomie d'un monstre humain célosomien 5i >> L Laboolbéne. . . . Hépatite suppurée, lobulaire, avec cirrhose géné- rale 25 » Lacaze-Dutuiers. . De la paracentèse de la poitrine 7 » Laurent Sur un cas de duplicité chez le Umax agrettit . . 36 » — Recherches sur les limaces 12a >< — Recherches sur la génération des limaces . ... 133 » Lebert. . . . . . Cas de cancroïde gingival 53 » Le Bret. . . . . . , Examen des caractères reconnus sur les crânes des anciens Égyptiens 1&6 » Leroy-d'Êtiolles(R.) Anomalie héréditaire des dents. 96 » M Marcet (W) ... . De la nature des graisses qui se trouvent dans le sang 97 Marcusen (J.) (de Résumé d'un travail sur le développement des par- St.-Pétersbourgl. lies génitales et uropoïéliques chez le» batracien» 3 281 MoMTACMK (C.)- ■ ' Sur l'algue des œufs de limace — GoBLER(A.)etGER- Sur l'altëralion de la tige des céréales observée ré- iiAiN(de St-Pierre.) cemment en Frnnce, et désignée sous le nom de maladie du blé MoYSE . . . ' . Sur rinfluence de la section des nerfs pnoumogas- triques sur la durée de la chloroformisalion . ■ 8S N NtfLATOM Sur deux tumeurs du sinus maxillaire 4S R Ratkr Richard (A.) Robin (Cb) . ROCBR (H.) Rouget (Ch.) La présence de l'albumine dans l'urine des diabé- tiques est-elle toujours un signe favorable P . . 44 Crabe commun (cancer mœnas L.) pourvu de deux petites pattes-pinces surnuméraires du côté gau- che Il Pavillons multiples rencontrés sur les trompes uté- rines des femmes st Sur la composition de la tumeur des monstres pseud- encépbaliens es Rapport sur le phlébentérisme » Observation d'accidents divers paraissant produits par des vers , . . . . gg Observation d'un nouveau-né affecté d'hydrocéphalie sans augmentation de volume de la boite crâ- nienne t4S Sur les organes de la génération et l'évolution de leur produits chez les polypes du genre hydra. . I4i - Le diaphragme chez les maromiféres, les oiseaux et les reptiles (avec planches;. »,..•... •• SseoNB. Théorie de l'intestin i Note SUT les vibrations iboraciques qui accompa- gnent les phénomènes de la voix i ■ Cas de monstruosité double observée chez le canard ordinaire gi Vella (Louis). . Vmbbil. . . . Influence de la cinquième paire de nerfs sur la sé- crétion salivaire 17 Sur un nouveau principe immédiat de l'économie animale 19 VcRDKii.. .... — De ia présence d'un acide libre sécrété par lespou- mons décomposant les carbonates alcalins du sang, et naeitant ainsi l'acide carbonique en li- berté 139 " VeRNEni Tumeurs Tolliculaires de la muqueuse du sinus maxillaire 80 » — Sur quelf|ues points de l'anatomie du pancréas. . • i3i FIN DES TABLES. LISTE DES OUVRAGES OFFERT!» A liA SOCIETE DE BIOIiO&IE. B Bence Jones (H ). . . On tbetruth in medicine. In-S», London 1850. — Contributions to the chemistry ofthe urine. In-4o, Lon- don, 1849. — Second appendice to a paper on the variations ofthe acidity of the urine in the state oîhr» tli. în-4», London, 1850. — Contributions to animal chemistry, paper on the oxida- lion of ammonia in the human body. In-4«, London, 1851. BoNNEFiN (Fr.-W.) . . Recherches expérimentales sur l'action convulsivante des principaux poisons. Paris. 1851. Thèse in-i». RowMAN (W.) On the homology in structure and function of the slvin, mucous membranes and true s'anùs. lii-8«, London , 1842. — On muscle and muscular motion. In-8o, London, 1842. — On the structure and use ofthe malpighian body of ihe kidney, etc. In-4''. London, 1842 — Additional noteonlhe contraction of voluntary muscle in the living body. London, 1841. IJRiNTON (Williîim). . . Contributions to the physiology ofthe alimentary canal. ln-8», London, 1849. CAm:s (J. Victor) . . . Zur naeheren Kenntniss des Générations WechscIs.In-4", Leipzig, 1849. — Ueber die Entwicklung des Spinneneies. ln-8". — Beitraege 7ur vergleichenden Muskeliehre. In-S», Leipzig, 1851. CMAMUtnt (H Des^effcu |ihysiologlqui » ^t tliérnpeuliquei «1p« éilifi». Paris, i«4«. In-8». Desgranges Oliscrvation de morve nij,'uë cluz l'hominf. l>jon, 1851, ln-.S«. H HANDriELD (Jones). . . On tlie flruclure and development of Ihe Ilver. In-Û», London,-1849. K KoLUKER (A.) ScHERER Vcrhandlungen der physicalisch-raedicinischen Gesell- {}.) ViRCHffw (B.) schaft. In Wûrzburg; redigirt von N«« 1-5, 1851. In-So.N»* 14-22. In-S". M McLicHER (Ludw.-Jos.) Béquille pour servir à la version et à la réduction des parties saillantes dans l'accouchement. In-8°, Wien, 1846. OwEN (Richard). . . . On the development and homologies ofthe carapace and plastron of the chelonian reptiles. 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