; i ■- ; NKM ::',;;: i'jM. ri ||vli .it) ;;i:ih H! 'ini.,;'.':;.;;,;;;;:,: ; ij h; 1 ' . ' ' / i ' • 1 ■ ■ ■ ■ . ■ . , • , l;i||!:iH';:!.||N:;!i!il: ;^WiJijiîiW' COMPTES RENDUS DES SÉANCES MÉMOIRES LUS A LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE PENDANT L'ANNÉE 1859.. i'VniS. — IMI'RIMK PAR F.. TIIHNOT ET C, ÎB, mf Raciiii'. près di^l'Odéoii. COMPTES RENDES DES SÉANCES ET MÉMOIRES SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE. TOME PREMIER DE LA TROISIÈME SÉRIE. ANNEE 1859. -- PARIS, Chez J.-B. BAILLIÉRE et FILS, tIBKAIRES DE l'ACADÉMIE IMPÉRIALE DK MEDECIN K. RUE HAUTEFEUILLE , 19. LONDRES, & NEW-YORK. Hippolyte BAILLIÉRE, 219, Regent-Street.(î>H. et Ch. BAILLIÉRE frères, 440, Broadway. Madrid, C. Bailly-B aillière, calle del Principe, l 1. 1860 i ? ^A- LISTE DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE. COMPOSITION DU BUREAU EN 1S59. Président perpétuel. . , M. Rayer. ' .^ . i M. Bertliclot. TIce-presIdents { , ^ ^ ( M. Le Bret. M. Balbiani. ^ r^ . , M. Darestc. Secrétaires < M. Le Gendre. M. Lorain. Trésorier M. Davaine. Archiviste M. Houel. MEMBRES HONORAIRES. MM. AndraL Bernard (Charles). Bernard (Claude). Bouchut. Bouillaud. Cazeaux. Depaul. Dumas. Duméril. Flourens. Follin. Geolfroy-Saint-Hilaire (Isidore). MM. Germain (de Saint-Pierre). Labonlbène. Littré Milne-Edwards. Montagne. Moquin-Tandon. Morel-Lavallée. Quatrefages (A. de). Serres. Valenciennes. Velpeau. Verneuil. VI MEMBRES ASSOCIÉS. MM. Agassiz. Baër (de). Bennett (Hughes). Dufour (Léou). Dujardin. Gurlt (Ernst-Friedrich). Lebcrt (H.). Licbig (Justus). Molli (Hugo). MM. Owen (Richard). Paget (James). Panizza (Bartolomeo) Pouchet. Rathke. Retzius. SédiUot. Valentin. Wagner (Rudolph). MEMBRES TITULAIRES. MM. Balbiaui. Bastien. Béraud. Berthelot. Blot. Bouley. Bourguignon. Broca. Brown-Séquard. Charcot. Dareste. Davaine. Faivre. Giraldès. Godard (Ernest). Ooubaux. Gubler. Guillemin. Hiffelsheim. MM. Hillairet. Houel. Jacquart (Henri). Leblanc (C). Le Bret. Leconte. Le Gendre. Lorain (Paul). Luys. Marey. Moreau (Armand). Rayer. Regnault. Robin (Charles). Rouget. Sappey. Soubeiran (J.-L.). Verdeil. Vulpian. VII MEMBRES CORRESPONDANTS NATIONAUX. MM. Beylard à Paris. Blondlot à Nancy. Chaussât à Aubusson. Coquerel (Charles) à Toulon. Courty à Montpellier. Desgranges à Lyon. Deslongchamps à Caen. Dufour (Gustave) à Paris. Dugès à Guatemala. Duplay à Constantine. Ebrard à Bourg. Gosselin à Paris. Guérin (Jules) à Paris. Ehrmann à Strasbourg. Huette à Montargis. Jobert (de Lamballe) à Paris. Lecadre au Havi-e. Leudet (Emile) à Rouen. Martins à Montpellier. Méricourt (de) à Brest. MEMBRES CORRESPONDANTS ÉTRANGERS. CrandeaBretagne . MM. Berkeley (M.-J.) à Kings-ClifiT. Bowman (W.) à Londres. Carpenter (W.-B.) à Londres. Goodsir (John) à Edimbourg. Grant (R.-E.) à Londres. Jacob (A.) à Dublin. Jones (Bence) à Londres. Jones (Wharton) à Londres. Maclise à Londres. Marcet à Londres. Nunneley à Leeds. Queckett à Londres. YIll MM. Redfern à Aberdeen. Sharpcy à Londres. Simon (John) à Londres. Simpson à Edimbourg. Thomson (Allen) à Glasgow. Toynbec à Londres. Waller à Londres. Williamson à Londres. Allemagne. MM. Bischoir à Munich. Briicke (Ernst) à Vienne. Carus (V.) ù Dresde. Dubois-Reymond à Berlin. Henle à Gœttingue. Hering ù Stuttgardl. Hirschfeld (Ludovic) à Varsovie. Hofmeister à Leipsick. Hyrtl à Vienne. Kœlliker à Wiirzbourg. Lehmann à lena. Ludwig à Vienne. Mayer à Bonn. Meckel (Albert) à Halle. Rokitansky à Vienne. Siebold (G. Th. de) à Munich. Stannius à Rostock. Stilling à Cassel. Virchow <à Berlin. Weber (Wilhelm-Eduard).. . . à Leipsick. Weber(Emsl-Henricli) à Leip;;ick. Portugal. M. De Mello à Lisbonne. Belgique. MM. Gluge à Bruxelles. Schwann à Liège. Spring à Liège. Thiernesse à Bru.xelles. IX Danemark. M. Hannover à Copenhague. fituède. M. Santesson à Slockliolm. Hollande. MM. Donders à Utrccht. ^^. ^ ^ . - Harting à Utrecht. /'Xr*'""' ^~ \-~ /\ Schrœder van der Kolk à Utrecht. A\'' '•j''^^ ^di'\''Y Van der Hoeveu à Leyde. î.:^ /^ Vrolik à Amsterdam. f i , - Suisse. \e. MM. Duby à Genève. \t'k'i Miescher à Bàle. ^-Q' ■•v^^ Italie. MM. Martini à Naples. Vella à Turin. États-Unis. MM. Bigelow (Henry .T.) à Boston, Draper à New-York. Leidy (Joseph) à Philadelphie. Brésil. M. Abbott, à Bahia. COMPTES RENDUS DES SÉANCES LE LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE PENDANT L'ANNÉE 1859 COMPTE RENDU DES SÉANCES r r LA SOCIETE DE BIOLOGIE PENDANT LE MOIS DE JANVIER 1859; Par m. le Docteur LORAIN, secrétaire. •'..;-' .^ ^ <\^ PRESIDENCE DE M. RAYER. L s s R A R Yjra -^5<«-«b' "^r I. — Physiologie OBSERVATION DE SDEUR PAROTIDIENNE ; par M. BerGOUHNIOUX. P. Bérard affirme que « dans le cas d'oblitératton de quelques parties de » l'appareil excréteur de la saliye, on a vu ce liquide sourdre sur la joue » comme une rosée transparente. J"ai observé, dit-il, celle particulaiité sur » mon père. Au moment du repas, sa joue rougissait, et la s;ilive, d'abord » rassemblée en gouttes, ruisselait bientôt avec abondance, sans qu'on pût X découvrir les oriflces qui lui livraient passage. Un abcès de la parotide, » survenu pendant le cours d'une fièvre grave, avait été la cause de ce sin- » gulier mode d'excrétion salivaire (l). » (1) Cours ue physiologie, page 70'2. Après ces courtes lignes, personne qui ne s'étonne de voir l'iminent phy- siologiste décider, sans preuves, que ce liquide n'est autre que de la salive. Est-ce bien la salive parotidienne, la salive parotidienne noiinale? Parquais procédés, par quelles voies nouvelles est-elle transportée à la surface tégii- mentaire? Un cas très-comparable s'est présenté, il y a quelques jours, à l'hôpital des Cliniques, et M. le professeur Nélaton, mon savant maiire, a bien vouhi me charger de quelques essais sur la nature du liquide exsudé. Voici d'abord l'histoire de la maladie : Pierrette Baudran, 40 ans, cou- turière, bien constituée, mère de deux enfants, a fait, il y a deux ans, une maladie grave, et à la suite elle eut une parotide. Le médecin qui la soi- gnait alors la menaça d'un abcès ; mais tout sembla se terminer par résolu- tion. Madame Baudran se croyait guérie quand, au bout de quelques semai- nes, elle s'aperçut, en mangeant, d'une gène considérable: la joue, du côté qui avait été malade, se gonflait, se tendait, rougissait, et l'on voyait à la fin ruisseler, a flots, un liquide incolore et transparant, qui brûlait le linge qu'il touchait. M. Nélaton a désiré que la malade le rendit témoin de ces phénomènes, et plusieurs fois elle est venue déjeuner à la Clinique. Tout le monde a pu voir, dès le commencement du repas, la région parotidienne se colorer, se tumé- lier, cela plus ou moins rapidement, sous l'influence d'une mastication plus ou moins active et laborieuse, ou bien encore suivant la plus ou moins grande sapidité des aliments choisis. Quant aux ruisseaux du liquide corrosif, que je m'apprêtais à recueillir, il a fallu une loupe pour constater qu'au niveau des orifices sudoripares dissé- minés au pourtour du gonflement, perlaient de fines gouttelettes d'un liquide luisant et limpide ; à peine formées, ces gouttelettes s'unissaient aux voisines et formaient des gouttes un peu plus volumineuses. Celles-ci, en s'étalant, donnaient naissance à ces fameux ruisseaux. Ce mode d'excrétion ne laissait gnère de doute sur la nature de la sécré- tion. Toutefois, j'appliquai sur la joue un papier réactif sec et de médiocre sensibilité : le bleu de tournesol fut immédiatement pointillé de rouge, et la même expérience, répétée dans un moment favorable sur l'aile du nez de la malade, donna exactement le même résultat. La salive buccale, au contraire, était presque alcaline. Restait a vérifier l'état du conduit de Sténon. Après avoir soigneusement séché les environs de l'orifice, j'ai vainement attendu le jet de salive. Madame Baudran prétend, d'ailleurs, (pie les aliments mâchés exclusivement de ce côté ne sont pas humectés. Que devient alors la sécrétion salivaire et, dans quelles conditions singu- lières s'exécute la fonction? Ce point serait intéressant à déterminer; mais s'il .s'agit seulement de montrer que le canal de Sténon peut être oblitéré sans 5 qu'il y ait transsudation tégumentaireje puis apporter une nouvelle observa- tion. M. le docteur H. B., soigné par M. le docteur Vigla, était convalescent d'un rhumatisme articulaire dont la généralisation et la ténacité avait donné de sérieuses inquiétudes. Il commençait à manger, quand il s'aperçut qu'avec les efforts de mastication, la région parotidienne s'empâtait, gonflait, deve- nait pourpre, tant et si bien qu'une douleur extrême finissait par interrompre chaque repas. Il dut, pendant plusieurs jours, s'en tenir à l'usage d'aliments liquides ou broyés, ce qui, pour un convalescent, ne laissait pas que d'être fâcheux. A la fm pourtant, les symptômes s'amoindrirent, et peu à peu dispa- rurent complètement. Deux mois après, récidive non moins grave du rhumatisme, convalescence, nouveaux phénomènes de rétention salivaire, mais du côté opposé. Il est bien entendu que, dans les deux cas, le malade a scientifiquement constaté que l'insalivation était presque nulle du côté malade. D'ailleurs, au- cune trace de transsudation tégumentaire. Donc, quand le canal de Sténon vient à être oblitéré, il n'est pas indispen- sable que la salive apparaisse à la surface des téguments, et quand on y ob- serve l'issue d'un liquide, ce liquide n'est pas nécessairement la salive paro- tidienne. II. — Anatomie pathologique. ANÉVRISME CONSIDÉRABLE DE L' AORTE TOGRACIQUE ; USURE DES VERTÈBRES CORRESPONDANTES ; RUPTURE ; MORT SUBITE ; par M. LaBORDE. Varmoult (Louis-Etienne), 62 ans, venu à l'infirmerie de Bicêtre (hospice de la Vieillesse hommes), salle Sainte-Foy, n" 12, service de M. Dnplay, le 3 janvier 1859. Mort le 12 du même mois. Entré pour des étouffements tels que le malade paraît être sous le coup d'une asphyxie imminente. Orthopnée forcée ; position assise sur le bord du lit, les jambes pendantes. Face décolorée, anxieuse; lèvres violacées ; parole étouffée, presque impos- sible ; inspirations précipitées, bruyantes, asthmatiques. OEdème des membres inférieurs, très-marqué, surtout aux jambes et aux cous-de-pied. La face et les paupières sont aussi sensiblement injectées. La dyspnée existe depuis longtemps ; mais elle est beaucoup plus pronon cée depuis quelques jours et aboutit à de véritables étouffements. La fatigue du malade et sa position forcément assise sur le bord du lit en rendent l'examen très-difficile. Pouls précipité, irrégulier, petit. L'oreille appliquée sur les parois thoraciqnes, en avant et en arrière, per- çoit des râles sibilants, ronflants, tellement forts et abondants qu'il estimpos- 6 sible de saisir tout bruit venant du cœur, normal ou anormal. Cepeudanl une matité précordiale très-étendue, surtout à gauche, témoignant d'une hyper- trophie considérable du cœur, l'état du pouls et les autres symptômes génç- raux que nous venons de mentionner, nous portent à soupeonner une affec- tion chronique organique de cet organe à une période très-avancée et ayant amené une congestion pulmonaire intense, congestion muqueuse et sanguine tout à la fois, révélée par les râles sus-mentionnés, auxquels s'ajoutent aussi des râles niuqueux sous-crépitants aux deux bases. Quant à l'alTection cardiaque, elle reste, pour nous, indéterminée dans sa vraie nature, à cause des impossibilités d'examen dont nous avons déjà parlé. Pressé de combattre les symptômes alarmants qui se manifestaient du côté de la respiration, nous avons prescrit, le premier jour : infusion de digitale, 2 p. ; julep avec kermès, 0,20 ; lavement avec miel de mercuriale, 60 gr. ; bouillon. Le lendemain matin, il y a un mieux sensible. Le malade étouffe moins. Un Tésicatoire est appliqué à la partie antérieure et médiane du thorax. Sous l'inlluence de cette médication, la dyspnée se calme, et le 11, à la vi- site, le malade nous exprime avqc effusion le plaisir qu'il éprouve de respi- rer plus à l'aise. Cependant les râles existent encore assez intenses et assez étendus pour troubler et empêcher l'examen du cœur. Toujours est-il que notre oreille appliquée sur celui-ci ne saisit qu'un bourdonnement profond et confus, au milieu duquel on ne peut rien démêler qui se rapporte à uu bruit normal ou anormal connu de cet organe. La journée et la nuit se passent dans cet état de calme et de mieux appa- rent, lequel persistait encore le 12 à neuf heures du matin, lorsqu'une demi- heure plus tard, arrivant au lit du malade avec mon maître M. Duplay, au- quel je voulais le montrer, nous le trouvons dans l'état suivant : (iouvulsions épileptiformes de la face; écume abondante coulant delà bouche fortement déviée à gauche; yeux révulsés; inspirations de plus en plus longues et rares. Le malade, au lieu d'avoir sa position assise habituelle, était, en ce moment, étendu dans son lit. Un instant nous avons eu l'idée de rapporter à cette particularité l'attaque subite dont nous étions témoins, et nous nous sommes empressés de relever le malade et de le réhabiliter sur son siège ; mais c'était en vain, le pouls avait complètement cessé, et le malade expirait un instant après. Autopsie vingt-quatre heures après la mort. Inliltratiou des membres supérieurs et inférieurs et de la face, l'oint d'in- filtration abdominale. A l'ouverture du thorax, il s'écoule principalement de la cavité thoraciquo gauche, une ((uautité considérable de sérosité sanguinolente. 7 A part cela, les viscères en place n'offrent rien d'anormal au simple as- pect. Le péricarde incisé laisse aussi s'écouler une assez grande quantité de sé- rosité citrine. De larges plaques laiteiises se voient à la surface du cœur, doublée d'une épaisse couche de tissu adipeux. D'ailleurs le cœur nous apparaît alors très- hypertrophié, surtout dans sa portion gauche. Nous nous mettons en devoir d'enlever ensemble les viscères thoraciques, et pour ce, après avoir incisé la trachée et autres attaches supérieures, et introduit notre index dans celle-ci, nous tirons de haut en bas, selon le pro- cédé habituel : bientôt nous éprouvons une assez forte résistance que nous sommes tentés de rapporter à de nombreuses et épaisses adhérences du poumon gauche. Celles-ci détruites, nous opérons une nouvelle traction ra- pide et énergique, et aussitôt nous emportons le cœur et les poumons, et au milieu de malheureuses et effroyables déchirures, une énorme tumeur qui n'était autre que l'anévrisme de l'aorte descendante thoracique, que nous avons l'honneur de mettre sous vos yeux. Une fois les poumons enlevés, s'est révélé, du côté gauche, un énorme caillot sanguin, non librineux, recouvrant de haut en bas toute la surface du poumon de ce côté, se moulant exactement sur lui et paraissant, au premier abord, faire partie intégrante de l'organe lui-même. Ce caillot était évidem- ment le produit du sang épanché par la rupture anévrismale tournée, en effet, de ce côté. Il n'y avait pas de caillot à gauche. Poumons congestionnés Aplatissement du poumon gauche par la tumeur anévrismale et adhé- rences à celles-ci, conservées sur la pièce. Forte injection des méninges. Rien d'appréciable dans les centres nerveux. 2"*EXTR0PHIE DE LA VESSIE; DISPOSITION DE LA l'AKOI ABDOMINALE ; par M. Paul Tillaux. J'ai l'honneur de présenter à la Société une pièce recueillie chez un enfant âgé de 2 mois environ, mort dans le service de M. Giraldès, aux Enfants- Trouvés. Il présentait une extrophie de la vessie. Tous les auteurs que j'ai consultés à ce sujet indiquent bien l'écartement des pubis, la disposition des uretères et des canaux éjaculateurs, des vésicules séminales et des canaux déférents ; mais je n'ai point trouvé la manière dont se comporte la paroi abdominale par rapport à la vessie. C'est ce qu'il m'a paru intéressant de re- chercher sur le sujet que j'ai l'honneur de présenter à la Société. Toute la partie antérieure de la vessie manque, comme on le sait, et la pa- 8 roi postérieure, portée en avant, vient faire partie intégrante de la paroi ab- dominale ; mais on y rencontre tous les éléments de cette dernière. En pro- cédant des parties superficielles vers les parties profondes, on remarque que la peau vient se continuer directement avec les parties latérales de la mu- queuse vésicale. A. l'état frais, la coloration différente de ces deux membranes les différencie. Au-dessous des pubis, la peau se continue avec le scrotum, qui occupe sa position normale. Au-dessous de la peau se trouve l'aponévrose, qui a recouvert le grand droit de l'abdomen. Cette aponévrose se termine également sur tout le pour- tour de la surface muqueuse, et se continue avec ses fibres les plus pro- fondes. Au-dessus de la surface vésicale, les feuillets aponévrotiques s'entre-croi- sent d'un côté à l'autre, comme à l'état normal ; seulement, au lieu de for- mer une simple ligne, ils forment une véritable surface quadrilatère large de 1 centimètre environ, en haut, en augmentant successivement jusqu'à 2 à 3 centimètres. En sorte que, dans une assez glande étendue, la paroi abdo- minale est réduite à la peau et à l'aponévrose, condition qui doit nécessai- rement prédisposer aux éventrations sus-ombilicales les sujets qui vivent avec une pareille infirmité. Les muscles droits de l'abdomen sont très-bien développés. Ils s'attachent aux surfaces ordinaires, mais ils interceptent un large espace à la partie in- férieure duquel on trouve la surface rouge de la vessie. Les muscles pyramidaux sont également très-prononcés chez l'enfant que j'examine en ce moment. En bas, ils s'attachent à la symphyse pubienne, comme à l'état normal; mais en haut, ils viennent se terminer sur les côtés de la surface vésicale, à la partie moyenne environ, au lieu de se terminer à la ligne blanche, qui n'existe plus. En résumé, nous voyons que non-seulement les os, mais les parties molles se sont écartées pour recevoir la vessie dans leur intervalle ; qu'il existe ainsi sur la ligne médiane un vaste espace recouvert seulement par l'aponé- vrose et la peau. Les artères ombilicales, la veine ombilicale, l'ouraque, présentent la direc- tion normale et vont se terminer à la cicatrice ombilicale située immédiate- ment au dessus du sommet de la vessie. 3"» RECHEBCHES SUR LES CONDITIONS ORGANIQUES DES HÉTÉROTAXIES ; par M. Camille Dareste. J'ai eu l'occasion, dans ces derriiors temps, de faire la dissection d'un mons- tre double , et j'entretiendrai, dans quel(iue temps, la Société de (piclques faits intéressants d'aiiatouiie lératolo;;i(iue , que cette étude m'a conduit à con- stater. Mais, en attendant que j'aie préparé tous les éléments de ma communi- 9 cation sur ce sujet, je crois devoir présenter à la Société quelques considéra- tions sur une question tératolagique, encore aujourd'lmi fort obscure, et dont le travail auquel je fais actuellement allusion a été l'occasion. Je veux parler de la transposition des viscères ou des hétérotaxies. On sait, en effet, que la transposition des viscères se retrouve toujours dans l'un des sujets com- posants d'un monstre double, et que cela doit être, car les fusions des organes qui caractérisent les monstruosités doubles ne peuvent se faire que d'une manière symétrique. La transposition des viscères a été pendant longtemps, et est encore au- jourd'hui, pour beaucoup d'anatomistes, un des plus forts arguments en fa- veur de la doctrine de la monstruosité originelle. Telle était l'opinion de W inslow, de Haller, de Meckel. Les tentatives d'explication par des causes ac- cidentelles sont très-peu nombreuses ; d'autre part, elles sont évidemment insufTisantes. Rider qui, l'un des premiers, fit connaître anatomiquement un sujet dont les viscères étaient transposés, a émis, sur ce sujet, plusieurs hy- pothèses, mais qui n'ont rien de scientifique. De nos jours, M. Serres a essayé d'expliquer les hétérotaxies par le développoment inégal des deux lobes du foie, primitivement égaux; si le lobe gauche du foie se développe plus que le lobe droit, cet événement aurait pour effet de déterminer la transposition des viscères. Cette théorie de M. Serres repose sur un fait vrai; mais elle est in- suffisante, comme on va le voir. Les progrès que l'embyogénie a faits de nos jours, principalement en ce qui concerne le système vasculaire et l'appareil digestif, nous fournissent, à ce qu'il me semble, des éléments très-précieux pour la solution de cette ques- tion. Le système vasculaire, dans l'homme adulte, est impair, du moins dans les parties centrales; mais ce défaut de symétrie, qui caractérise l'âge adulte, n'est point une condition primitive. Dans l'embryon, le système vasculaire, à l'exception peut-être du cœur, dont le développement, quoique souvent étu- dié, ne nous est pas encore connu d'une manière complète, est parfaitement symétrique, comme les appareils de la vie animale. Chez tous les vertébrés allantoïdiens, pendant l'âge embryonnaire, l'aorte dorsale ou descendante, naît de 5 paires de cordes ou d'axes qui proviennent du bulbe aortique. Ces rameaux artériels s'oblitèrent, pour la plupart, pendant le développement, et il ne reste que ceux qui doivent former les carotides, la corde de l'aorte et l'artère pulmonaire. Dans l'homme et les mammifères, ceux de ces arcs qui persistent pour former la corde définitive de l'aorte et le tissu des artères pulmonaires sont situés du côté gauche, tandis que ceux du côté droit s'oblitèrent. Chez les oiseaux, le contraire a lieu; la corde de l'aorte et l'artère pulmonaire se forment aux dépens d'arcs du côté droit. Pourquoi ne pas admettre que chez l'homme et chez les mammifères, une cause quelconque, encore inconnue, viendrait à développer les arcs du côté 10 droit, au lieu des arcs du cùlé gauciieV On aurait ainsi lex[>lication de la trans- position des artères ; et alors il n'y aurait pas, à vrai dire, véritable transpo- sition, mais seulement développement des parties droites, et oblitération des parties gauclies de l'appareil artériel, contrairement à ce qui a lieu dans l'état ordinaire. La même explication est également applicable au système veineux, primi- tivement double, et dont une partie disparait par l'eiFet du développement ; elle l'est encore au canal tboracique. Dans le mémoire que je prépare sur ce sujet, je donnerai, sur cette question, tous les détails nécessaires ; et je mon- trerai comment cette explication, d'une si grande simplicité, se trouve con- firmée par un nombre très-varié de vices de conformation qui nous mon- trent, d'une part, un grand nombre de passages entre le développement com- plot à gauche et le développement complet à droite de chacun des appareils vasculaires; de l'autre, la possibilité de l'existence séparée de chacun des éléments qui, réunis, constituent la monstruosité complexe que l'on appelle l'hétérotaxie. Je n'ai pas, jusqu'à présent, étendu cette explication au cœur lui-même, mais je ne doute pas que je ne puisse y parvenir. Ce qui m'a arrêté jusqu'^ présent, c'est l'imperfection des notions que nous possédons aujourd'hui encore sur le développement de cet organe. J'espère pouvoir bientôt sou- mettre ce sujet à l'étude, et je pense que rien ne m'empêchera de compléter mon explication. Quant au système digestif, rexplication est tout autre , mais elle est éga- lement simple. Ici il y a véritablement transposition : car cet appareil est primitivement simple, et il occupe la ligne médiane du corps. Ou sait de plus que le tube digestif est beaucoup plus long que le corps lui-même. La plus grande partie de l'intestin se forme en dehors de la cavité abdominale, et elle pénètre peu à peu dans cette cavité avant la naissance. Elle ne peut évidemment se loger dans cette cavité qu'à la condition de se replier un très- grand nombre de fois sur elle-même, et, par conséquent, elle ne peut s'y placer d'une manière symétrique en occupant la ligne médiane. Maintenant quelle est la cause qui décide le cas dans lequel les intestins viendront se placer à l'intérieur de la cavité abdominale? Eu suivant, avec Meckel et J. Millier, le développement du tube digestif, on voit (lue l'estomac, d'abord situé verticalement le long de la ligne médiane, et présentant la pe- tite courbure en avant et la grande courbure en arrière, éprouve un cliange- ment de position qui tourne la grande courbure du côté gauche et la petite courbure du côté droit. Ce changement se produit par la formation ilune excavation dans le mésogastre ou le repli péritonéal qui l'attaclie à la pa- roi abdominale postérieure, excavation qui deviendra plus tard le hiatus de Winslow ou l'entrée de l'arrière-cavité desépiploons. l)r ou no voit pas de raison pour que cette excavation du mesogastrc ne se fasse pas à gauche plutôt (lu'a droite coinine dans l'état naturel, pour que par conséquent, la grande courbure de l'estomac ne vienne se placer du côté droit au lieu d'occuper le côté gauche. 11 y a tout lieu de croire que c'est ce changement de position de l'estomac qui est le point de départ de tous les changements de position que l'on observe dans le reste du tube di- gestif. Le foie, comme l'appareil vasculaire, est primitivement formé de deux lobes égaux. Il est évident que la transposition n'est, comme l'a très-bien indiqué M. Serres, que la conséquence d'un développement inégal de ces deuN. lobes. Seulement, ce fait que M. Serres a pris pour point de départ de la transposition des viscères, n'en est très-probablement qu'une conséquence. Le foie ne se forme qu'après l'appareil digestif, et il suit dans son dévelop- pement le développement même de l'appareil digestif. L'inégalité de déve- loppement de SCS lobes tient, selon toute apparence, aux positions ditle- rentes occupées par l'estomac. Quant à la rate, elle suit dans sa position celle de la grande courbure de l'eslomac à laquelle elle est invariablement attachée. Maintenant quelles sont les causes qui déterminent tous ces change- ments? Nous les ignorons entièrement , et peut-être nous les ignorerons toujours. Mais je crois que l'explication que j'ai essayé de donner pourl'hé- térotaxie ne présente pas des difficultés plus grandes que celles que l'on a imaginées pour la plupart des monstruosités, lorsque l'on s'est placé en dehors du système des monstruosités originelles. II. — Pathologie. 1° OBSERVATION d'angine coiiENNEUSE AVEC ALBUMINURIE ; recueiUle daus le service de M. Bouchut par M. Gaux. Obs. — Augustine Bayle, âgée de 5 ans et demi, est entrée le 7 décembre 1 858 dans le service de M. Bouchut pour une chorée. Son père est bien portant , mais sa mère est hémiplégique par suite d'une attaque d'apoplexie ; ils ont deux autres enfants bien portants. Celle-ci est restée en nourrice jusqu'à l'âge de 5 ans. Tout ce qu'on sait sur ses antécé- dents jusqu'à cette époque, c'est qu'elle a eu souvent des gourmes. Il y a six semaines, elle a eu la rougeole, et il y a un mois, sans cause apprécia- ble, elle commença à avoir des mouvements choréiques. Son caractère n'a pas changé ; bon appétit ; bonne digestion ; pas de dévoiement. Elle n'a aucun antécédent de rhumatisme. On ne lui a fait subir aucun traitement. 8 décembre. Cette enfant, petite et bien développée, a des mouvements choréiques peu prononcés dans les membres supérieurs et dans les jambes. Us sont assez forts pour l'empêcher de manger seule, mais elle ne se mord 12 pas la langue; elle peut marcher; la sensibilité est anormale, langue nalu- relle, pas de fièvre. n. Arséniate de soude, 0,10 centigrammes. 17. Même état. Arséniate de soude. Depuis deux jours l'enfant a de la fièvre, tousse et parait assez gênée à res- pirer. In vomitif a déterminé un notable soulagement. Les mouvement.s chorciques ont complètement disparu depuis l'apparition de la fièvre. Le matin l'enfant respire beaucoup mieux; le côté droit de la poitrine résonne un peu mieux que le côté gauche. Il y a des râles sibilants et semi-crépi- tants disséminés partout. Langue blanclie; soif fréquente; pouls, 120. 20. Looch blanc ; frictions au croton; ipéca en sirop. 22 Même état : looch blanc. Il y a un peu de matité dans le côté droit de la poitrine, et en ce point la respiration faible est accompagnée de râle non crépitant. Sirop d'ipéca. Jusqu'au 7 janvier cet état persiste ; la toux est fréquente, la fièvre ne cesse pas, l'état du poumon ne s'améliore qu'insensiblement. 7 janvier 1859. Depuis hier l'enfant tousse davantage; cependant la ré- sonance de la poitrine est bonne ; les râles sous-crépitants du côté droit ont disparu, mais il en existe un peu au sommet du poumon gauche. L'enfant se plaint d'une forte douleur de coté. Les narines sont obstruées par du muco-pus et des fausses membranes, et dans le fond de la gorge les amygdales ainsi ont des fausses membranes. Tas d'albumine dans les urines. Cautérisation avec le nitrate d'argent solide, looch blanc, sirop diacode, 15 grammes. 10. L'enfant n'a plus de fausses membranes sur les amygdales, mais il en reste encore sur la luette que l'on cautérise. Toux peu fréquente avec râles muqueux des deux côtés. Soif peu fréquente, pas d'appétit. Deux selle en diarrhée. Glycérine au fond de la gorge. Les urines deviennent albumineuses depuis hier. 11. Cautérisation, chlorate dépotasse. Urines forlcmcnt albumineuses. 1 3. La diarrhée continue : urines albumineuses. 14. L'angine couenneuse a presque disparu, mais l'enfant reste pâle, bouf- lie, avec un léger anasarque de tout le corps. Les urines sont toujours très- fortement albumineuses. Pouls, 108; langue blanche; soif fréquente ; peu d'appétit; pas de vomissements; diarrhée abondante, jaune verdâtre; peau modérément chaude, mauvais sommeil. Vers le soir elle devient plus malade cl s'afl"aisse sur elle-même sans violents symptômes de sufTocation ni J'as- phyxie. Elle s'éteint à six heures; du soir. i:; Autopsie. — La bouche, la .çorge, la langue, le larynx, la trachée ne con- tiennent pas de fausses membranes. A l'ouverture de la poitrine il s'écoule lu valeur d'un deaii-verre de sérosité grise provenant de la plèvre gauche; à droite nne seule adhérence vasculariséc. Le péricarde contient aussi une notable quantité de sérosité ; les séreuses ne présentent d'ailleurs aucune autre altération. Le cœur est très-gros ; ce volume est dû à la dilatation con- sidérable des ventricules, sans hypertrophie des parois ; il est pâle et ne con- tient que quelques caillots décolorés. Les bronches, saines d'ailleurs, ne contiennent que des mucosités aérées, peu épaisses. Les poumons sont assez fortement congestionnés à la partie postérieure; celui du côté droit est le siège de lésions plus considérables. Le bord posté- rieur et la face externe de son lobe inférieur offrent une coloration rouge marbrée, granitique, formée par des lobules pâles, roses, rouges de couleur plus ou moins foncée, livides, noirs à divers degrés de congestion. Le tissu est dur, semé de bosselures inégales, causées par l'inflammation des lobules. Nulle part il n'y adel'hépatisation. Le lobe supérieur présente des lésions plus avancées. Outre la congestion lobulaire semblable à celle du lobe infé- rieur, il y a un noyau plus dur, plus résistant, friable, dont le tissu est rouge, granuleux comme dans l'hépatisation du deuxième degré. Le tissu plonge au fond de l'eau. Les organes abdominaux sont sains. Les reins, manifestement plus gros que ne le comporte l'âge du sujet, pè- sent, l'un 68 grammes, l'autre G'2,50. Leurs capsules ne sont pas adhérentes, et enlevées laissent voir une surface largement marbrée en jaune pâle, et dans les intervalles existe une injection fine d'un rouge vineux ; mais nulle part on ne voit des grains jaunâtres bien évidents. A la coupe on les trouve plutôt exsangues qu'injectés. Plusieurs pyramides sont jaunes, manifeste- ment graisseuses à l'œil nu, et on reconnaît diflîcilement la disposition des conduits urinifères. La substance corticale est jaunâtre, anémique, hypertro- phiée et un peu ramollie. Des préparations microscopiques, prises sur ces parties, montrent des tu- buli privés de la plus grande partie de leur épithélium, et recouverts par contre de granules élémentaires de nature graisseuse ; les cellules elles- mêmes qui subsistent encore en sont remplies. Le droit présente cette alté- ration plus avancée que le gauche; c'est celui aussi qui l'emporte en poids. Conclusion. — L'observation montre donc une chorée disparaissant à l'ap- parition d'une pneumonie. Celle-ci à marche lente, se complique au bout de vingt-deux jours d'un coryza couenneux, d'une angine couenneuse. Jusqu'a- lors les urines étaient saines; deux jours après elles deviennent albumineu- ses, et le sont plus ou moins fortement jusqu'à la mort, sans que jamais l'en- fant ait présenté des symptômes d'asphyxie. L'angine disparaît, mais l'ana- sarque survient, puis la mort. 11 l/autopsio montre les reins manifestement graisseui, tels qn'ils sont dans le deuxième degré de la néphrite albumineuse de ftl. Rayer. '2° OBSERVATION DH CROUP AVEC ALBUMINURIE; recueillie dans le service de M. BoncHUT ; par M. Gau\. Obs. — Augustine Bouvet, âgée de 5 ans, est entrée à Sainte-Eugénie dans le service de M. Bouchut, le 11 janvier 1859, pour le croup. Cette enfant, dont le frère est entré il y a quelques jours pour une angine couenneuse, ressent elle-même depuis cinq jours delà fièvre, de la difficulté à respirer, de la toux. Depu is deux jours la toux et la voix sont rauques, et depuis hier seulement la voix est éteinte. 11 y a eu pendant la nuit plusieurs accès de suffocation, et on a amené l'enfant ce matin à l'hôpital. Le visage est rosé, sans cyanose, l'enfant est complètement ancsthésique sur les membres, mais encore un peu sensible sur les côtés du cou. La respiration est très-gènée, et à distance fait entendre un sifflement laryngo-trachéal assez fort. La peau est chaude, le pouls petit et très-fréquent. Le fond de la gorge ne présente pas de fausses membranes, et on y voit les deux amygdales si gonflées qu'elles obstruent presque l'isthme du gosier. L'ablation des amygdales est faite; elle donne lieu à un faible écoulement sanguin , mais la respiration est toujours aussi difficile. Le grattage du larynx n'amène aucune fausse membrane ; l'anesthésie devient complète, sans cya- nose. Il fallut faire la trachéotomie, qui a donné issue à un petit fragment de fausse membrane. La journée s'est passée assez bien, et l'anesthésie a disparu au bout de ([uelques heures. L'enfant tousse assez fréquemment et rend des mucosités claires. Pendant la nuit il s'est développé sur le corps une éruption discrète de taches rouges, arrondies, d'inégales dimensions, tout à fait semblable à celles de la rougeole. Il n'y a pas eu de larmoiement ni de coryza. Ce matin, la respiration est naturelle, sans râles. Le pouls, 140. Pas d'appétit, un peu de diarrhée. 12 janvier. L'enfant tousse assez souvent et rejette ()ar la canule des mu- cosités claires, sans fausses membranes. Hésonnance de la poitrine bonne; des deux côtés, râles sibilants et ronllants. Pas de vomissement; deux selles en diarrhée. La surface de section des amygdales présente à gauche une surface grisâtre où l'on croit reconnaître des fausses membranes. Pouls, 128. L'éruption de rougeole continue et offre une assez grande intensité. On re- lire la canule et la plaie a assez bonne ai>parence. L'enfant est restée hier deux iicurcs sans canule, et il est sorti un débris de fausse membrane ; la diarrhée continue très-abondante, et on ne peut avoir des urines de l'enfant, parce ([u'elle ne sait pas les retenir quand elle ta à la selle. La rougeole a presque disparu. On enlève la canule, qui montre une plaie eiillaninue un peu gris;"itre, a la surface de hupielle il .semble se former 15 un commencement de production couenneuse. Peau modérément cliaude. Pouls, 120. Eau albumineuse. Julep gommeux et opiacé. 15. L'enfant est restée trois heures sans canule. Elle tousse assez fréquem- ment, rend des fragments de fausse membrane et des mucosités épaisses. La plaie est fortement enflammée au pourtour, grisâtre et couverte de fausses membranes épaisses. Le fond de la gorge est tout à fait débarrassé, et il y a une petite plaque de fausses membranes sur la lèvre inférieure. Le murmure vésiculaire se fait entendre partout sans râle. Soif fréquente, quatre selles en diarrhée. La rougeole ne laisse sur la peau que des taches jaunes. Pouls, 120. Les urines contiennent de l'albumine. 16. Les taches de la rougeole ont passé au brun; elles n'ont pas été sui- vies de desquamation. Il y a une petite fausse membrane sur la lèvre infé- rieure ; mais la surface de section des amygdales est cicatrisée. L'enfant est restée trois heures sans canule ; la plaie a mauvais aspect, est enflammée au pourtour, avec gonflement érysipélateux étendu au menton; elle est cou- verte de fausses membranes, et il commence à. s'en développer sur la peau qui l'entoure. Toux fréquente, expectoration peu épaisse. Râles sibilants et muqueux des deux côtés de la poitrine. La diarrhée est moins fréquente. Pouls, 120. Urines légèrement albumineuses. Sulfate neutre de bismuth. 17. L'enfant est restée jusqu'à neuf heures du soir sans canule. La plaie est toujours couverte de fausses membranes et ses environs, avec une rougeur érysipélateuse accompagnée d'un grand nombre de phlyctènes purulentes et d'ulcérations superficielles du derme. Les urines ne renferment pas d'albumine. 18. L'enfant est restée vingt-quatre heures sans canule; le murmure vési- culaire est naturel. La plaie n'a plus de fausses membranes, le pourtour est moins enflammé; mais l'ulcération gagne en profondeur et sur les bords, en sorte que l'ouverture est considérablement agrandie. Bon appétit ; la diarrhée a cessé. Un peu de fièvre. Les taches de la rougeole se distinguent encore. Pas d'albumine dans les urines. 20. L'enfant tousse assez souvent, et il sort beaucoup de mucosités par la plaie qui continuent à irriter la peau du sternum et déterminent les ulcéra- tions. La plaie est très-large. La résonance de le poitrine est bonne, et l'on entend des deux côtés de la poitrine un peu de râle sibilant. L'enfant a peu d'appétit. Une selle moulée. Pouls, 132. L'enfant est un peu pâle et olïre de la bouffissure au visage, sur les mains et sur les pieds. Les urines sont fortement albumineuses. 21. L'enfant a mal dormi, s'est plainte toute la journée et n'a pas d'appétit. Elle tousse beaucoup, et on entend des râles muqueux très-abondants dans 10 toute la poitrine. Il n'y a pas de diarrlu'e. Même état de la plaie. La boufllssure du visage et des mains paraît avoir un peu augmenlt^'. Pouls, 120. Les urines sont toujours albumineuses. Dans la nuit elle meurt. Autopsie. — La bouche, la trachée, le laryn.v, les bronches ne contiennent pas de fausses membranes. La surface de section des amygdales est cicatrisée. Au niveau de la section de la trachée, la muqueuse est ulcérée, les cartilages érodés. Les plèvres, le péricarde, le cœur n'ont rien. Les poumons ont con- servé leur élasticité, ils sont fortement congestionnés, d'un rouge livide, plus foncé cependant à la base ; mais nulle part le morceau coupé ne va au fond de l'eau. Les poumons ont leur consistance normale, ne sont pas gra- nuleux à la coupe. Les bronches sont gorgées de mucosités épaisses, spu- meuses. Rien à noter dans l'abdomen, sauf les reins. Ceux-ci sont volumineux. Leurs capsules manifestement épaissies, surtout celle du rein droit, qui est d'un blanc laiteux, n'adhèrent pas cependant à la substance rénale. La surface des reins est d'un jaune pâle, uniforme, sans in- jection. Ils sont ramollis et se déchirent facilement; à la section, on voit les pyramides bien limitées. La substance tubuleuse est rouge pâle, la corticale jaunâtre; ils sont exsangues. Les préparations microscopiques montrent les tubuli assez bien conservés. La plupart ont leur épithélium intact; mais tous sont plus ou moins in- filtrés de granule graisseuse. Conclusion. — On voit donc un croup opéré se compliquant, le lendemain de l'opération, d'une rougeole. On n'a pu savoir à quand remontait l'albumi- nurie ; elle a eu une intermittence de trois jours et s'est compliquée d'œdème dans les derniers jours de la maladie. L'autopsie a montré les reins altérés. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE r r LA SOCIETE DE BiaLOGIE pendant le mois de février 1859; Par m. le Docteur LORAIN, secrétaire. PRESIDENCE DE M. RAYER. I. — ANATOMIE NORMALE. NOUVELLES RECHERCHES SUR L' ANATOMIE DU COEUR DES OPHIDIENS ) par M. le docteur Henri Jacquart, ancien interne des hôpitaux civils de Paris, membre de la Société de biologie, aide d'anthropologie au Muséum, vice- président de la Société médicale du 11* arrondissement, chevalier de la Légion d'honneur. Jusqu'à ces dernières années, la disposition anatomiquedu cœur des ophi- diens, présentée comme on le faisait généralement, rompait la chaîne établie par la loi d'uniformité de plan dans la série des vertébrés. Si cette exception choquante était un sujet de regrets pour les bons esprits, en revanche elle réjouissait singulièrement les adversaires des doctrines philosophiques professées par Geoffroy-Saint-Hilaire. C. R. 2 18 On admettait alors, chez les serpents, deux cœurs, un droit et un gauche ; chacun d'eus composé d'une oreillette et d'un ventricule. Rien de particulier pour les oreillettes, rien qui ne lut conforme à la dis- position générale qu'elles présentent chez les vertébrés. Mais il n'eu était pas de même des ventricules. Le gauche, à parois très-épaisses et à cavité trôs-rcstreinte, ne donnait naissance à aucun vaisseau ; il s'ouvrait dans l'oreillette gauche par l'orifice auriculo-ventriculaire, muni d'une valvule qui portait le même nom ; au milieu de la cloison interventriculaire on con- statait l'existence d'un trou qui faisait communiquer les ventricules. Si le ventricule gauche ne donnait naissance à aucun vaisseau, par contre, le droit fournissait dans sa portion dite veineuse, ou loge inférieure, l'ar- tère pulmonaire, et dans celle qu'on désignait sous le nom d'artérielle, ou de loge supérieure, les deux aortes. Ces deux cavités étaient séparées par une cloison charnue verticale com- plète en haut, où elle se confondait avec le tissu cardiaque, mais libre à son bord inférieur, où elle se présentait sous la forme d'un pilier musculeux. Elle divisait en deux parties le ventricule droit, et on admettait que la paroi inférieure de celui-ci, au moment de la systole ventriculaire, venait s'appli- quer sur le bord non adhérent de la cloison et empêchait le sang veineux poussé par l'oreillette droite dans la partie du ventricule d'où naît l'artère pulmonaire, de se mêler avec le sang artériel affluant par le trou interven- triculaire, venant du ventricule gauche, dans lequel il avait été versé par l'oreillette correspondante. On supposait qu'il u'y avait qu'un faible mélange des deux sangs, et on pouvait ainsi, jusqu'à un certain point, se rendre compte du mécanisme de la circulation dans le cœur des ophidiens. Mais que cette interprétation physiologique laissait à désirer ! D'une part, le cœur gauche ne donnait naissance à aucune artère ; de l'autre, le cœur droit four- nissait à la fois l'artère pulmonaire à sang noir, et les deux artères aortes à sang rouge ! Gomment e^^pliquer une pareille contradiction ? comment ad- mettre un ventricule gauche, espèce d'infundibulum d'où ne naissait aucun vaisseau ? A quoi servait l'ouverture interventriculaire ? C'étaient autant de problèmes en apparence insolubles. En un mot, la description du cœur des serpents, telle qu'on l'admettait généralement, non-seulement était une infraction manifeste à la loi d'unité de plan, mais répugnait à toute appré- ciation philosophique. Dans un mémoire sur la circulation du python, présenté par nous à l'Aca- démie des sciences en juin 1856, et publié peu de temps après dans les Annales des sciences naturelles, avec des planches en noir ou coloriées, aussi complètes que nous l'ont permis les pièces que nous avons eues à notre disposition, nous avons tracé la description du cœur des serpents. Nous pensons avoir montré que sa disposition anatoniique peut être ramenée a celle du cœur des mammifères, si l'on suppose ; » 19 l" Que la cloison qui divise le ventricule droit en deux compartiments et qui est la véritable cloison iuterventriculaire^ ne s'est pas soudée à la paroi du cœur par son bord inférieur qui se présente sous la forme d'une colonne charnue très-saillante; 2° Que le ventricule gauche est divisé en deux loges communiquant entre elles par l'ouverture que les anciens auteurs appelaient trou de la cloison. Alors l'unité de plan n'est plus détruite ; il y a seulement variété dans Tunilé ; et la loi des connexions nous permet de ressaisir les analogies qui nous échappaient. La loge inférieure du ventricule droit, d'où naît l'artère pulmonaire, c'est le ventricule droit tout entier des mammifères. La loge supérieure de ce ventricule n'est plus qu'un diverticulum, ou appendice du ventricule gauche divisé en deux cavités inégales, en quelque sorte bilobé, rétréci et comme étranglé par un des nombreux piliers charnus qui sont sculptés à sa surface interne, de manière à présenter là une espèce de trou. Le ventricule gauche rentre en possession des vaisseaux aortiques qui nais- sent de son compartiment droit, ou loge supérieure du ventricule droit des anciens auteurs. C'est qu'ici la disposition qu'on trouve chez les mammifères est exagérée outre mesure; en effet, chez eux le ventricule gauche empiète sur le ventricule droit en arrière, tandis qu'en avant, c'est le droit qui le couvre en partie. Ce qui vient encore appuyer cette vue, c'est que les deux valvules de la base des ventricules étant relevées, l'ouverture de communi- cation devient un passage assez large qui rend admissible l'hypothèse d'un rétrécissement au milieu du ventricule gauche. Dès lors, le cœur des ophi- diens est ramené à laloi d'unité de pian ; rien n'étonne plus dans sa descrip- tion, qui devient plus claire, plus satisfaisante, plus facile à faire, plus facile à retenir. Mais dans ces derniers temps, grâce à la bienveillance toute particulière dont M. le professeur Auguste Duméril veut bien favoriser nos études erpé- tologiques, nous avons pu faire l'autopsie de deux pythons de Séba d'une taille considérable. L'un avait 4 mètres 30 centimètres de longueur et 18 centimètres dans son plus grand diamètre, et l'autre était long de 3 mètres 60 centimètres et d'un diamètre de 12 centimètres. Aussi sur le premier nous avons eu un cœur gros comme à peu près trois fois celui d'un fœtus hu- main à terme, et sur le second un cœur double au moins en volume de celui d'un enfant à la naissance. C'est-à-dire que nous avons pu étudier sur ces deux pièces, en des proportions relativement gigantesques, ce qui est à peine indiqué ou ébauché sur ceux des plus grosses couleuvres. Ce sont deux occasions bien précieuses par leur rareté, et dont nous avons été heureux de profiter. Les cœurs des boas et des pythons, que nous avons des- sinés lors de notre première publication, ont à peine le tiers du volume de ceux des deux derniers serpents que nous avons disséqués. Cependant l'examen comparatif que nous en avons fait avec les premiers nous a con- 20 vaincu que tous les détails analoraiques précédemment figurés par nous sont d'une remarquable exactitude, et à part les dimensions plus petites, qui rendent moins évidentes certaines particularités, on y trouve représenté tout ce qu'on avait pu dessiner d'après les cœurs beaucoup plus gros que nous avons eus dcrnièrenieut à notre disposition. Cependant l'étude de ces derniers nous mit à même d'élucider certains points qui avaient laissé du doute dans notre esprit, et de puiser dans un nouvel examen la confirma- tion des vues que nous avions développées dans notre précédent mémoire. En outre, l'observation approfondie des détails rendue plus facile par les di- mensions plus grandes des objets, nous a permis de recueillir plusieurs faits nouveaux que nous avons l'honneur de vous soumettre. Si l'on ouvre l'oreillette droite sur sa paroi inférieure, par deux incisions partant du même point, l'une suivant le sillon auriculo-ventriculaire, l'autre dirigée d'avant en arrière et rasant le sillon interauriculaire, qu'on intro- duise ensuite une sonde cannelée de l'oreillette dans la portion veineuse ou loge inférieure du ventricule droit des anciens conteurs, à travers l'orifice auriculo-ventriculaire, et qu'on divise celte loge par sa paroi inférieure en se dirigeant sur la sonde cannelée, il devient évident : 1' Que l'oreillette droite s'abouche dans cette cavité, sans cependant con- fondre son axe avec celui de cette dernière. Les axes de l'oreillette droite et de la portion veineuse du ventricule droit sont, comme on sait, d'avant en arrière et un peu de haut en bas; ils sont parallèles l'un à l'autre, et com- muniquent ensemble sous le bord libre du pilier de la cloison par un passage rétréci, situé entre l'insertion de l'extrémité antérieure de ce pilier et la paroi inférieure du cœur. L'axe de ce passage qui est presque vertical coupe ceux des deux cavités comme une sécante coupe deux parallèles qu'elle rencontre presque perpendiculairement. 11 s'ensuit donc que, pour arriver de l'oreillette dans la loge de l'artère pulmonaire, le sang se dirige en bas sous l'extrémité antérieure de la co- lonne charnue de la cloison, qui s'amincit notablement dans cet endroit, et au-dessous des orifices aortiques, dans lesquels il s'introduirait, si dans la diastole du ventricule les deux valvules sigmoïdes de chacun de ces vaisseaux ne les fermaient complètement par suite d'un choc en retour du sang et d'une sorte d'aspiration dans les ventricules qui fait retomber ces valvules sig- moïdes vers ceux-ci. 2" La valvule auriculo-ventriculaire qui s'abaisse, pour permettre le pas- sage du sang veineux dans la loge pulmonaire, forme un plan qui le dirige vers celle-ci. Cette valvule s'accole sur le bord inférieur de la cloison qui sépare cette loge de la portion droite du ventricule gauche, et elle rend im- possible l'introduction du sang veineux dans celui-ci. 3" Une disposition anatomique qui n'est réellement bien évidente que sur des cœurs de serpents de forte taille, en même temps qu'elle facilite le pas- 21 sage du sang de l'oreillette droite dans la portion veineuse du ventricule droit, rend plus exacte la séparation des deux loges, par l'application plus immédiate de la paroi inférieure du cœur contre le bord libre de la cloison. En effet, celle-ci se termine en bas par un pi'ier charnu très-saillant qui s'insère par son extrémité antérieure sur la base du ventricule, entre les ori- gines des aortes et de l'artère pulmonaire qu'elle sépare. Or, à environ un demi-centimètre de cette insertion plus ou moins loin, suivant les dimensions du sujet, ce pilier se renfle tout à coup, de manière à présenter une plus grande largeur et faire une plus grande saillie. Dans le même point, sur le même pilier, et aussi sur les parois du cœur et dans une position correspon- dante, existent, placés en série linéaire, un certain nombre de petits renfle- ments musculeux, ou fibro-musculeux aplatis, arrondis, ou ovalaires, dont le grand diamètre transversal varie de 1 à 3 millimètres, et qui forment une disposition presque valvulaire. C'est-à-dire que ces petits renflements des parois du ventricule droit des ophidiens, situés comme nous venons de l'indiquer, viennent se juxtaposer ou s'engrener en quelque sorte avec ceux qu'on trouve sur le pilier de la cloison, et aussi avec les inégalités qui exis- tent sur le bord arrondi de la valvule auriculo-ventriculaire, au moment où elle s'abaisse, et rendent plus complète la séparation des deux loges du ven- tricule droit, ou pour mieux dire du cœur droit et du gauche. Cette disposi- tion était très-évidente sur les deux cœurs de pythons dont il s'agit ici, mais surtout sur le plus petit. 4° Si l'on tient compte, en outre, de la force d'impulsion que donne au ven- tricule gauche des anciens auteurs son épaisseur considérable, qui nous l'a fait comparer à un gésier, ventricule qui, pour nous, n'est que la loge la plus rétrécie de cette cavité, on comprendra que si, malgré la disposition assez compliquée que nous venons d'indiquer, qui a pour but de séparer plus exactement, au moment de la systole ventriculaire, le ventricule droit du gauche, le mélange du sang veineux et artériel pouvait encore avoir lieu, c'est-à-dire si l'on supposait que la séparation entre ces deux ventricules tels que nous les comprenons ne fût pas complète, il y aurait plutôt tendance, de la part du sang artériel mii par une force plus grande, à s'introduire dans la loge pulmonaire, que de la part du sang veineux à se porter vers le cœur gauche, sous le bord inférieur de la cloison. Telles sont les considérations anatomiques et physiologiques sur le cœur des ophidiens, que les études que nous avons faites dernièrement sur des sujets de plus grande taille nous ont permis de soumettre à votre apprécia- tion. Nous nous proposons d'ailleurs d'en consiguer les résultats sur des dessins à l'aquarelle de grandeur naturelle qui compléteront ceux que nous avons déjà publiés sur le même sujet. 22 II. — ÂNATOMIE PATHOLOGIQUE. NOTE SUR l' ANATOMIE PATHOLOGIQUE d'un FOIE; par le docteur Félix Glton. Le sujet sur ler[i.iel a été recueilli la pièce eu question est un homme re- maniuablcraent constitué, encore très-musculeux. Mort en prison et apporté à l'École pratique pour être livré aux dissections, nous n'avons pu avoir de renseignements sur sa maladie. Lé cadavre est notablement infiltré, mais dans sa moitié inférieure seulement, les parois du ventre, le scrotum, sont surtout œdématiées. A l'ouverture de l'abdomen il s'écoule une quantité assez considérable de liquide limpide sans flocons, mais remarqua- blement jaune. Le foie est énorme et a certainement doublé de volume ; il est adhérent par la plus grande partie de sa face convexe et semé d'une multitude de taches sur lesquelles nous allons revenir. Le duodénum contient un peu de bile, et sa muqueuse est fortement teintée en jaune ; l'es- tomac distendu ne renferme que de la tisane; la vésicule biliaire contient une quantité normale de bile fluide et remarquablement rougeâtre. Le reste des organes abdomineux est exempt de lésions. Les taches dont nous avons parlé se voient à travers les enveloppes et en aussi grande quantité sur les deux faces. D'un jaune beaucoup plus pâle que celui de la substance hépatique et uniforme, elles se détachent de celle- ci sous forme de macules arrondies inégales, ayant en moyenne 0,005 de rayon et distribuées en égale quantité sur tous les points de la glande hépa- tique. On peut en compter jusqu'à 35 dans une étendue de 0,04 carrés. Beaucoup sont confluentes, aucune ne fait saillie, ne pourrait être reconnue au simple toucher, et ne rcvét en aucune manière la forme de tubercule. Sur la coupe, à quelque profondeur et en quelque point qu'on la pratique, on retrouve ces mômes productions morbides se détachant seulement plus nettement de la substance hépatique saine très-vigoureusement colorée. L'artère avait été injectée au suif et présente le degré d'injection normal; la veine porte, très-saine dans son tronc, est facilement traversée paruncou- ratit d'eau qui ressort immédiatement par les sushépatiques. Incisée, cette veine présente cependant dans sa branche droite et gauche et se prolongeant dans des ramifications de second et troisième ordre, mais n'allant pas plus loin, un caillot filmneux rougeâtre non adhérent et ne remplissant pas à beaucoup près le vaisseau contenant. L'examen microscopique m'a permis de reconnaître dans ces lésions, d'as- pect assez singulier, autre chose qu'une affection épillicliale, c'est-à-dire une rauUiplicatioa avec déformation et altération dos cellules de l'épithé- 23 lium des tubes sécréteurs de la bile et des cellules hépatiques. En effet, sous le champ du microscope, on voyait : 1° Dans les parties les plus altérées des groupes de cellules polygonales allongées, déformées, ayant augmenté de volume,assez pâles, à noyau ovale et allongé, et renfermant une très-grande quantité de granulations grais- seuses. ^ 2° En se rapprochant de la substance hépatique, des cellules de forme di- verse renfermant toutes des granulations graisseuses ou des gouttes hui- leuses qui, dans quelques-unes, étaient accumulées en quantité vraiment considérable ; 3° Enfin , une très-quantité de granulations moléculaires graisseuses libres. Ainsi, aucune production hétéramorphe ne vient justifier l'idée d'un cancer multiple qui aurait pu naître par suite de l'examen à l'œil nu. C'est en effet à ce genre de lésions qu'aurait pu le mieux être comparée celle que nous décrivons, et bien qu'il y ait de notables différences dans l'aspect exté- rieur, la confusion eût été possible avec cette dégénérescence ou toute autre. Pour M, Robin, qui a bien voulu de son côté examiner une portion de la pièce que je lui avais remise, l'interprétation est la même que celle que je soumets à la Société, et pour cet anatomo-pathologiste, distingué la présence des épi- théliums prismatiques que nous avons vus serait le type ordinaire des formes morbides qu'affectent ces épithéliums. M. Robin a euoccasion de retrouver les mêmes formes dans une tumeur développée dans le conduit hépatique. Du reste, ainsi qu'ill'a inséré dans les Bulletins de la Société pour 1853 (p. 65), le cancer serait dans le foie plus rare qu'on ne l'a cru jusqu'à l'époque où le microscope a permis de comparer la structure des produits morbides d'un organe à celle de cet organe. On confond, ajoute-t-il, avec le cancer du foie, sous le nom de tubercules cancéreux du foie, etc., des tumeurs pouvant affecter la totalité de cette glande qui ne sont autres qu'une affection épider- mique, c'est-à-dire une multiplication, avec déformation de quelques-unes des cellules de l'épithélium des tubes sécréteurs de la bile. Nous croyons offrir un exemple de ces affections épidermiques du foie, et l'on pourrait désigner la pièce qui a été mise devant vos yeux sous le titre de : Productions épithéliales multiples disséminées dans toute l'étendue du parenchyme hépatique. Au point de vue de la clinique, une observation reste encore à faire, c'est que ce sujet remarquablement constitué, ainsi que je l'ai noté, paraît avoir succombé rapidement sans ictère et avec les lésions symptomatiques, si je puis ainsi dire, qui accompagnent ordinairement la cirrhose. 24 III. — Difformités. OBSERVATION DE MAIN BOT; par le doctcur E. Q. Le Gendre. En octobre 1857, j'ai rencontré sur le cadavre d'une femme âgée de 60 ans environ un vice de conformation du membre supérieur gauche. L'avant-bras présentait une incurvation générale très-grande du côté de son bord radial; la main était située dans une derai-pronation et portée dans l'abduction. Au côté interne du poignet, l'extrémité inf(;rieure du cubitus fait une saillie considérable, et on reconnaît à travers les téguments une véri- table luxation de cet os. Du côlé du coude, il existe aussi quelque altération dans l'articulation, les mouvements de flexion ne sont pas d'une grande étendue et donnent lieu à une crépitation. La dissection des muscles a montré seulement une altération du muscle triceps dont la couleur jaunâtre indiquait la transformation graisseuse. Les deux os de l'avant-bras offrent une différence de longueur considé- rable, tout à fait disproportionnée à celle qui existe dans l'état normal; ainsi le radius n'offre que 12 centimètres de long, il en résulte que le cubitus a subi une certaine incurvation en dehors pour s'accommoder à cette disposi- tion du radius et l'extrémité inférieure de l'humérus ne pouvant se mettre en rapport avec la tête de cet os, est déviée au niveau de son articulation Cette extrémité inférieure de l'humérus présente une espèce de torsion oblique en dehors; cette obliquité est telle que le condyle externe est à 2 centimètres et demi au-dessous de l'interne, il est en même temps très-volu- mineux, il semble qu'il se soit allongé. L'os radius est déformé dans sa longueur, il présente des rugosités, deux ou trois stalactites osseuses vers son bord interosseux. Immédiatement au- dessus de la tubérosité bicipitale qui est normale, la tête de cet os est ré- duite à une petite cavité à bords rugueux tranchants : sur cette extrémité s'implante du tissu fibreux qui remplace la capsule et les ligaments articu- laires. Cette espèce de ligament va se perdre dans le tissu fibreux qui revêt le condyle de l'humérus; il n'y a pas de ligament allant à l'épicondyle. L'extrémité inférieure du radius et son articulation avec le corps n'ofl'rent rien d'anormal. Le cubitus présente, comme nous l'avons déjà dit, une légère concavité en dehors, regardant le radius; son articulation supérieure avec l'humérus est assez régulière; mais les surfaces articulaires sont en partie privées de cartilages et recouvertes d'encroûtement calcaire comme tlans l'artiiritc sèche. De plus, à la suite de torsion qu'a subi l'extrémité inférieure de l'hu- mérus, l'olécrâne déborde en arrière sur le condyle interne et est un peu en rapport ayec l'épitrochlée. 25 L'extrémité inférieure du cubitus a subi une véritable luxation en bas sur le radius ; elle dépasse cet os dans une étendue de 2 centimètres et demi. Voici les nouveaux rapports qu'il affecte : son apophyse styloïde répond à l'os pisiforme, de plus la tète est en rapport avec une facette de l'os pyrami- dal avec lequel elle semble articulée. Le ligament triangulaire est conservé, mais il s'est considérablement allongé pour suivre la tête du cubitus. Quelle est la cause de cette déformation? est-elle accidentelle ou congéni- tale ? Nous n'avons trouvé aucune lésion appréciable des parties molles indi- quant l'existence d'une ancienne tumeur blanclie de l'articulation du coude ; il reste seulement de ce côté les altérations qui caractérisent l'arthrite sèche. D'autre part , si cette difformité est accidentelle , sa cause remonte à un temps très-éloigné, à l'enfance, car le cubitus a continué à s'accroître, et l'extrémité inférieure de l'humérus a subi une déformation tout à fait différente de ce que l'on observe dans les tumeurs blanches. Je crois au contraire à l'existence d'une difformité congénitale dans ce cas, et je m'appuie pour prouver cette opinion sur l'existence d'un antre vice de conformation analogue siégeant au membre inférieur droit. En effet, chez cette femme, la cuisse présente un raccourcissement consi- dérable, le fémur, mesuré du sommet du grand trochanter à l'extrémité in- férieure des condyles, offre seulement 26 centimètres de long. Or ce fémur est parfaitement régulier dans sa conformation, il est plus volumineux dans son épaisseur, ses saillies sont normales, il y a seulement un peu d'usure des cartilages articulaires au niveau des condyles, mais il est probable que cette altération est due à la claudication dont cette femme devait être atteinte. COMPTE RENDU DES SÉANCES r r LA SOCIETE DE BIOLOGIE PENDANT LE MOIS DE MARS 1859; Par m. le Docteur LE GENDRE , secrétaire. PRESIDENCE DE M. RAYER. I. — Pathologie. !• OBSERVATION D'UNE TUMEUR COMPLEXE DE L' ABDOMEN ; PHTHISIE PULMONAIRE ; KYSTE DE l'ovaire GAUCHE ; PROLAPSUS UTÉRIN ; INFLAMMATION ET ABCÈS DES TROMPES, ÉPANCHEMENT DU PUS DANS UNE CAVITÉ ACCIDENTELLE COMMU- NIQUANT AU DEHORS PAR UNE FISTULE A l'hYPOGASTRE ; PERFORATION SPON- TANÉE DE CETTE CAVITÉ ACCIDENTELLE, ÉPANCHEMENT DE PUS DANS LE PÉRI- TOINE; mort; par le docteur Albert Puech. Catherine Parletto, native de Paretto (Etats sardes), 31 ans, tempérament lymphatique, médiocre constitution, entre à l'Hôtel-Dieu de Toulon le 10 août 1858, pour une fistule qu'elle porte à la région hypogastrique depuis une quinzaine de jours. 28 Menstruce à 14 ans, elle a eu deux enfants, l'un à 22 ans, l'autre à 2i ans et demi, qu'elle a nourris. Les menstrues deviennent irrégulières, puis à la longue finissent par se supprimer complètement. Tl y a seize mois, sans causes connues, l'abdomen lui parut un peu pins gros que d'ordinaire. Concurremment, quelques troubles gastriques se mon- trent, et quoique codant d'eux-mêmes, par leur retour, ils afTaiblissent et font maigrir la malade. Dix mois après, à ces symptômes viennent se joindre des douleurs de reins, des tiraillements dans l'aine; eu même temps elle sentait un corps qui descendait dans le vagin, et arriva progressivement à franchir la vulve. Une sage-femme consultée reconnut une descente de ma- trice et appliqua un pessaire ovalaire. Cette application laite, il y a un mois et demi, fut douloureuse. Des douleurs sourdes contusivcs survinrent à l'iiy- pogastre, et de là s'irradièrent à tout l'abdomen. Elle retira alors le pessaire, mais malgré le soulagement local qui en résulta, elle dut s'aliter. Des vo- missements bilieux apparurent ; peu à peu de la tuméfaction, de la rougeur, se manifestèrent à Ihypogastre. La tumeur s'accumula en un point, puis sous l'iniluence de cataplasmes s'ouvrit et donna issue à du pus. Cet écoule- ment, d'abord abondant, diminua bientôt après : aujourd'hui on ne note qu'un léger suintement de pus séreux. Un stylet engagé par l'ouverture qui lui donne issue, et dirigé de haut en bas, arrive dans une cavité qui parait intra- péritonéale. Aux alentours de cette fistule, la tuméfaction est peu considé- rable, et le palper modérément douloureux. 11 y a de la matité dans presque tout l'abdomen. L'auscultation et la percussioa indiquent une phthisie au second de- gré. Malgré une thérapeutique apropriée, l'état de cette femme s'aggrave, le dégoût augmente, et des vomituritions , des vomissements apparaissent par intervalles. De la diarrhée survient : combattue avec succès, elle prend ensuite droit de domicile. Bref, le 18 novembre, la malade se plaint d'une douleur très- vive à la fosse iliaque gauche; le simple palper en ce point lui fait pousser des cris. La fistule hypogaslrique qui jusqu'alors avait fourni du pus n'en donna plus ; la face devient anxieuse, des vomissements se montrent, et après une longue agonie, la mort survient le 27 novembre. Outre les lésions de la phthisie, l'autopsie fait constater l'épaississement du grand épiploon, un kyste de l'ovaire gauche, des traces d'une péritonite ancienne et du pus épais entre les anses intestinales. Ce pus provenait d'un kyste adventif formé ainsi qu'il suit. La paroi antérieure de laquelle partait la fistule hypogaslrique était formée par le péritoine pariétal, la paroi postérieure par le kyste de l'ovaire, les parois latérales à droite par le pavillon de la trompe, et à gauche par la trompe clie-môme. Kniln supérieurement, le grand épiploon épaissi ren- 29 forcé par des fausses membranes anciennes, venait compléter ce kyste Une de ces fausses membranes avait cédé et donné passage au pus bien lié ren- contré entre les anses intestinales. Ce pus provenait primitivement des trompes. Voyons les lésions qu'on constatait sur elles. Par le fait de l'existence d'un kyste de l'ovaire de la grosseur d'une tête de fœtus, leurs rapports étaient changés ainsi que leur position. Dirigés d'abord de dedans en dedans, la trompe gauche s'incline en sens inverse et en haut et est revêtue au niveau et en dedans par une membrane pyogénique. Par cette partie épaissie qui repose au devant du kyste de l'o- vaire, elle concourt à former une des parois de la cavité purulente dans la- quelle son pavillon hypertrophié, presque décoloré, vient déverser un muco- pus visqueux, excessivement abondant. A 1 centimètre du pavillon, le canal tubulaire devient imperméable. La trompe droite, enflammée chroniquement, a le volume de l'index, elle est longue de 12 centimètres. Dans sa moitié inférieure ou mieux interne est placé un abcès; après avoir lavé à l'eau le pus bien lié qu'il contient, on yoit que le corps flexueux qui parcourt cet abcès estrapéritonéal n'est autre que la trompe disséquée, mais nulle part complètement isolée. Au-dessus on ne constate pas d'autre lésion ; il n'en est pas de même pour la muqueuse tubaire. Le pavillon vient, comme son congénère, aboutir à la cavité puru- lente, mais tandis que le précédent a son périmètre normal, celui-ci large- ment entr'ouvert forme à lui seul toute la paroi latérale de la cavité puru- lente précédemment décrite. La muqueuse hypertrophiée est baignée par un pus blanchâtre très-abondant. Lorsqu'on l'en débarrasse par des lavages ré- pétés, on voit que sa coloration est rouge terne, que son aspect est comme villeux, que son épaisseur est doublée, mais on n'aperçoit nulle part les pe- tites ulcérations qui la criblent, alors qu'elle est le siège d'un dépôt tubercu- leux. La muqueuse du canal fallopien présente un aspect identique seule- ment à 5 centimètres du pavillon, sa continuité est interrompue par l'adhé- sion des parois. En avant de la vulve et proéminent de 3 à 4 centimètres, on a une tumeur constituée par l'utérus et le vagin prolabés, qui écarte les petites lèvres et refoule le méat. La muqueuse vaginale fine au toucher, parcourue par des plis circulaires au mois d'aoiJt, avait, au moment de l'autopsie, perdu avec sa finesse sa coloration rosée ; elle ne différait guère de la peau, et il s'en détachait une couche blanche épaisse, comme parcheminée d'épithélium. La tumeur longue de 11 centimètres, large de 4 à 5, présente au-dessous de son centre une saillie légère qui est le col utérin ; les deux lèvres bien marquées, à coloration rouge bleuâtre, portent à leurs commissures une légère exco- riation. Au-dessous la muqueuse vaginale masque l'anus. La vessie adhère à la face antérieure dans presque toute son étendue. Les ligaments ronds sont allongés et amincis. L'utérus a son volume ordinaire, long de 10 contimètres, il en mesure 3 d'une trompe à l'autre. Les parois ont au plus 1 centimètre d'épaisseur, leur coupe est blanchâtre, et la mmiueuse pâle contient quelques mucosités. Dans un autre cas de prolapsus utérin dont j'ai eu occasion de faire l'autop- sie, la longueur de l'utérus, mais les parois plus épaissies, avaient 2 eenti- niètrcs. Il est vrai que la chute datait de trois ans. Ainsi, chez cette femme, il existait simultanément une phthisie, un kyste de l'ovaire, une péritonite chronique, un prolapsus utérin, une inflammation des trompes qui transmettait au dehors le pus qu'elles sécrétaient par une fistule hypogastrique. 2° OBSERVATION DE RDPTURE DE l' AORTE A SON ORIGINE; MORT SUBITE; par M. Laborde. Cette pièce provient d'un malade qui ne m'est connu que par sa mort. Il a succombé, en efîet, dans sa division (hospice de Bicêlre), sans passer par l'infirmerie, et sans avoir été par conséquent soumis immédiatement à nos soins. Sur ses antécédents morbides, il no nous a été possible d'obtenir d'autre renseignement que celui-ci, à savoir que cet homme gardait à peu près constamment le lit à cause de sou obésité, qui était, en effet, considé- rable. Quoi ([u'il en soit, il était tranquillement assis dans son lit, et n'avait éprouvé depuis la veille d'autre symptôme qu'un peu d'indiflérence pour son manger, lorsqu'il a été pris tout à coup, vers sept heures du matin, d'étouf- fements et de menace de suffocation. Immédiatement appelé comme in- terne de garde, je n'ai pu le trouver encore en vie : sa tête venait de rouler sur son oreiller, et il était mort. 11 était âgé de 74 ans. A l'autopsie pratiquée viugt-quatre heures après la mort, notre attention s'est portée tout d'abord vers l'examen des centres encéphaliques, car la constitution du malade autant que le genre de mort semblaient annoncer l'existence d'une apoplexie foudroyante. Or, à part une légère congestion des méninges, toutes les antres parties de l'encéphale ont été trouvées dans un état pariait d'intégrité. Dès lors nous avons dû aller à la recherche d'une lésion grave dans l'un des autres organes centraux de la vie, le cœur sur- tout. A l'ouverture du tliorax, une tumeur bleuâtre considérable s'est immédia- lomoul oHerle à nos yeux, et il nous a été facile de voir au premier aspect que cette tumeur était constituée par le péricarde distendu outre mesure; celui-ci était rempli, en efl'et, de caillots volumineux, semi-coagulés, noi- râtres, passifs en un mot, et mêlés à une assez grande quantité de sang li- quide. Nous avions là évidemment la cause médiate et mécanique de la mort. Uestail à trouver la cause immédiate, la lésion. 31 Le cœur présente une hypertrophie qiii serait considérable chez un sujet d'une constitution moins athlétique, mais qui n'est que moyenne relative- ment au sujet qui nous occupe. Point de rupture de cet organe ; pas le moindre caillot dans ses cavités. Pas de lésion appréciable des orilices, ni des valvules. L'aorte parait à son origine plus dilatée que normalement, mais sans pré- senter de véritable poche anévrismalc, sans trace de caillots d'aucune espèce. On remarque seulement à la surface de la membrane interne quelques dépôts crétacés et athéromateux disséminés. L'artère pulmonaire est saine dans toute son étendue. Une rupture devait exister cependant sur l'un des gros vaisseaux émanant directement du cœur et dans leur portion péricar- dique. Ce n'est qu'après des recherches minutieuses que nous sommes par- venu à découvrir une éraillure longitudinale sur la membrane interne de l'aorte à son origine, au niveau de son sinus. En tirant légèrement sur les parois du vaisseau, on voit que cette éraillure s'étend à toute leur épais- seur, et constitue une véritable rupture. Toutefois cette rupture, si l'on s'en rapporte à l'examen attentif des parties, ne parait point s'être réalisée brus- quement, mais plutôt par distension et destruction successive des tuniques de l'artère. Le feuillet péricardique est décollé à ce niveau, et c'est entre lui et la surface externe du vaisseau que le sang s'est extravasé dans la ca- vité du péricarde. En résumé, chez un sujet de 74 ans, rupture de l'aorte en son origine, celle-ci ne présentant qu'une simple et modérée dilatation, avec quelques dépôts crétacés et athéromateux, sans poche anévrismale véritable, sans caillot d'aucune espèce. Cette pièce m'a paru intéressante à un double point de vue : 1" comme apportant un nouveau fait à l'histoire encore si obscure des morts subites; 2» à cause de l'état morbide de l'organe non en rapport avec la gravité de la lésion dont il est le siège. 3" OBSERVATION DE LUXATION DE L'EXTRÉMITÉ SUPÉRIEURE DU RADIUS EN DEHORS ET EN ARRIÈRE ; par le doctcur E.-Q. Le Gendre. Nous n'avons pas de renseignements sur cette pièce, recueillie sur une jeune fille de 16 ans, en juin 1858. Le membre est assez amaigri et le coude n'otTre aucune trace de gonfle- ment. L'avant-bras est situé dans la pronation, le bord radial de la main regardant le pli du coude. Dans cette région, il existe une déformation manifeste qui est surtout appréciable lorsque l'avant-bras est légèrement fléchi. Si on examine avec soin, à travers les téguments, les saillies osseuses de cette région du coude, on aperçoit nettement trois saillies principales; sur 32 la ligne médiane, l'olécràne; et de chaque côté, les tubérosités interne et ex- terne de l'humérus. Au-dessous et en arrière du condylc externe, on sent une saillie arrondie, située immédiatement sous la pcau^ bien distincte de l'épicondyle; elle est située à un demi-centimètre au-dessous ; de plus, dans le mouvement de flexion forcée de l'avant-bras et de pronation, on voit que celte saillie est un peu en dehors. On reconnaît facilement la tète du radius à sa forme ; cepen- dant la cupule est un peu irrégulière; sa surface est arrondie, ce qui ferait penser à une luxation ancienne. L'extension et la llexion de l'avant-bras s'opèrent d'une manière complète; le mouvement de pronation peut à peine être augmenté ; quant au mouve- ment de supination, il est tout à fait impossible. La dissection des parties molles autour de l'articulation du coude a montré les particularités suivantes. Immédiatement au-dessous de la peau située dans le voisinage de la tète du radius, on trouve une petite bourse séreuse accidentelle séparée de la tète du radius par une membrane extrêmement mince formée par la capsule articulaire. L'articulation huméro-cubitale est normale. Le radius a subi un mouvement de rotation en avant, dans le sens de la pronation : en même temps son extrémité supérieure occupe une position bien plus élevée que dans l'état normal. En effet, elle est placée immédiate- ment au-dessous et un peu en arrière de l'épicondyle : en examinant l'arti- culation du coude par la région postérieure, cette tète est située entre l'émi- nence de l'épicondyle et le bord saillant qui forme la limite externe de la trochlée. Son col répond à une ligne qui passerait au niveau de l'apophyse coronoïde du cubitus et la tubérosité bicipitale répond à la base de cette même apophyse. La tète du radius est très-petite ; son volume dépasse à peine celui du col : elle est arrondie, régulière, et n'offre pas cet enfoncement à sa partie supé- rieure qui présente la forme d'une cupule. Du côté du cubitus, la petite ca- vité sigmoïde qui reçoit la tète du radius est effacée et remplie par du tissu fibreux. La capsule articulaire recouvre toute la trochlée humorale et le condyle auquel répond ordinairement la tète du radius. 11 y a séparation complète de l'articulation radio-cubitale, et en place du ligament annulaire et du liga- ment rond, on ne trouve qu'une membrane mince entourant l'extrémité su- périeure du radius et qui semble lui former une nouvelle cavité articulaire : le ligament latéral externe très-faible parait une dépendance de cette mem- brane. D'après les nouveaux rapports que la tête du radius a contractés avec la partie postérieure et externe du condyle humerai, je crois que l'on peut re- garder cette pièce comme un exemple de luxation du radius en dehors et ea 33 arrière. C'est donc une luxation assez rare, puisiiue nous n'en trouvons que deux cas dans l'ouvrage de M. Malgaigne. L'absence de toutes traces de lé- sion du côté des parties molles et des os doit faire rejeter la pensée d'une luxation pathologique. C'est plutôt une luxation ancienne qui parait avoir été produite dans l'enfance, si l'on en juge par la dcformation de la tête du ra- dius, qui n'a pas subi son développement normal. II. — Eaibuyogé.me. NOTE SUR LE DÉVELOPPEMENT DE l'AM.NIOS APRÈS LA .MORT DE L'EJIBRYO.V ; par M. Dareste. L'auteur rapporte un nouveau cas de développement de l'amaios après la mort de l'embryon. Dans ce cas, l'embryon était parfaitement reconnaissable, et par conse- ijnent la nature de la poche pleine d'eau où il était renfermé ne pouvait être méconnue. L'âge de l'embryon était indiqué par le développement de l'allan- to'ide, qui avait à peu près le volume d'une pièce de 20 centimes. On voyait sur l'amnios, vers la région lombaire, une petite dépression qui correspon- dait Irès-probableraenl à la petite cicalrice formée par la réunion des capu- chons supérieurs et inférieurs de Vamnios. Dans d'autres observations, M. Dareste a rencontré ce fait un très-grand nombre de fois. Ainsi, sur 32 œufs qui avaient péri presque tons, l'amnios qui, au moment de l'expérience, présentait le volume d'une lentille, a conti- nué à s'accroître jusqu'à atteindre près de 6 centimètres de long ; il renfer- mait un liquide qui n'était pas altéré. III. — Tératologie. 1° note sur un monstre appartenant a un nouveau type de la famille des polygnathiens ; par M. Dareste. La pièce que je mets sous les yeux de la Société m'a été remise par M. Geoll'roy-Saint-Hilaire, qui l'avait reçue de son parent ?J. Jacquemart, agriculteur et industriel demeurant dans le département de l'Aisne. Cette pièce était congéniale, et provient d'un agneau qui est mort, à six semaines, dans un état de parfaite santé, à la suite d'un accident ; l'animal s'est étranglé en avalant avec trop de gloutonnerie la pulpe de betteraves qui servait à sa nourriture. Cet agneau portait sur le côté droit du cou, une ouverture, communiquant avec le pharynx. Quand il tétait, le lait avalé par la bouche sortait par cette ouverture. Or, à la partie supérieure de cette ou- verture, se voyait la pièce que je mets sous les yeux de la Société, et qui pré- sente d'une manière très-évidente une petite lèvre inférieure, au-dessus de C. R. 3 laquelle on \oil un Irès-petil os, qui représeute une mâchoire iulcrieure et qui porte deux dents entièrement semblables aux incisives du sujet normal. L'animal qui portail cette mâchoire inférieure surnuméraire ne présentait d'ailleurs aucune anomalie ; il y avait seulement une très-légère courbure de la branche droite de la mâchoire inlVricure. Cette anomalie se rattache évidemment, dans la classiOcation de M. Isid, GeofTroy-Sainl-Hilaire, à la division des monstres doubles parasitaires, et à la Hiraille des polygnathiens. Mais elle ne se laisse rattacher facilement à au- cun des genres qui composent cette famille. Lorsque M. GcofTroy-Saint-Hiiaire écrivait son livre, il ne connaissait encore que des types dans lesquels l'union des sujets composanis se faisait par les parties osseuses. Plus tard, dans une note publiée en 1851, M. GeoflVoy-Saint-Hilairc montrait que deux ty[)es nouveaux : le myognalhe, déi-rit par M. Aiizias-Turenne; et le (lesmiogiiailie, indiqué par lui-même, et dérrit récemment avec beaucoup de soin par notre confrère M. Guubaux, nous présentent un autre genre d'adhésion eutre le sujet parasite et l'aulosite, adhésion se faisant par les pariies molles. Le monstre que je viens de décrire deviendra probablement, quand on aura pu l'étudier un certain nombre de fo s, le type d'un nouveau genre dans cette curieuse famille des polygnathiens, car il ne reste ni dans les conditions du genre niyognalhe, où l'union se fait par les muscles qui forment le plancher de la bouche entre les deux branches de la mâchoire inférieure, ni dans celles du genre desmiognalhe, où l'union résulie de la formation d'une sorte de cordon ombilical qui attache le sujet parasite à la région infr^rieure du cœur. '2° KEMARQUES SUK LES DIVISIONS CONGÉNIALES DU LA VOUTE PALATLNB ET DU VOILE DU PALAIS ; par le docteur E.-O- J-e Gendre. Dans toutes les observations rapportées par les auteurs sur cette anomalie, on trouve que le sujet de la division est toujours indiqué comme existant sur la ligne médiane. Celte dest-iiption est assez exacte si l'on se borne à l'exa- men des parties molles extérieures; mais si l'on vient à disséquer ces pariies. on ne larde pas à se convaincre que les parties molles, comme les parties os- seuses Je toute la région palatine, sont divis(>es sur l'un dos c'ités de la li- gne médiane. Si l'on observe un certain nombre de pièces réunissant les dif- férentes variétés de ce genre de vice de conformation, on peut donner la preuve anatomique que cette division ne se fait jamais sur la ligne médiane. Sur plusieurs sujets où j'ai rencontré des divisions congéniales de la voûte palatine, elles semblaient tout à fait sur la ligne médiane ; après la dissection des pariies molles, l'examen du squelette de ces mêmes pièces m'a montré qu'un des côtés seul de l'os maxillaire supéi icur était divisé ei que le vomer venait s'imi)laiiter iiurmaiemeat sur la ligue inediauc. De plus, sur uue pièce où la division était complète en avant, on voyait la séparation entre les o? se continuer dans le point où l'os interraaxillaire s'unit au maxillaire supé- rieur du même côté, tandis que la soudure entre les deux os incisifs, existait très-régulièrement sur la ligne médiane Du côté des partie» molles du voile du palais, on observe aussi, lorsqu il est divisé, une certaine inégalité entre les deux moitiés de la luette. Dans deux cas où j'ai pu faire la dissection complète des muscles, j'ai trouvé une inégalité dans un cas pour le muscle péristaphylin externe, et, dans un antre cas, pour le muscle pliaryngo-staphyiin : tous les deux étaient très développés du côté opposé à la division. D'après ces faits, on doit admettre que les divisions congéniales du voile du palais et de la voûte palatine se font toujours sur un des côtés de cette région : elles peuvent être latérales, simples ou bilatérales. La cause anatomique de ces vices de conformation a été parfaitement in- dinuée par les embryologistes. M. Coste a montré qu'il existait, dans les pre- miers jours de la vie embryonnaire, une fente médiane remplaçant la voûte palatine, que les deux os maxillaires supérieurs tendaient à combler en se développant des parties latérales vers le milieu de cette région. S'il survient un arrêt de développement dans l'un de ces os, on comprend facile- ment la formation d'une de ces divisions latérales que nous veuons de men- tionner. 4»/,- '^ -"»>►«''«>' v-\ - COMPTE RENDU DES SÉANCES r r LA SOCIETE M BIOLOGIE PENDANT LE MOIS d' AVRIL 1859; Par m. le Docteur LE GENDRE , secrétaire. ]Ë m M. RAYER. l. — Physiologie, l» NOUVELLES EXPÉRIENCES SUR LA SURVIE DES QUEUES d'EMBRYONS DE GRENOUILLES, APRÈS LEUR SÉPARATION DU CORPS; par M. VuLPIAN. M. Vulpian met sous les yeux de la Société plusieurs séries de dessins re- latifs à l'expérience dont il a déjà communiqué les résultats l'année der- nière (1). 11 s'agit de la survie des queues des embryons de grenouilles ou de tritons après que ces queues ont été séparées du corps, et des phéno- mènes de développement qui s'y manifestent pendant ce temps de survie. Une queue d'embryon de grenouille à peine dégagé des enveloppes de l'œuf (1) Voiries Comptes rendus de la Société de biologie, 1858. a vécu depuis le 28 marâ jusqu'au 6 août, c'est-à-dire neuf jours ; une autre, depuis le 29 mars jusqu'au 8 avril, c'est-à-dire dit jours. Les plus grands changements se sont opérés dans l'une et dans l'autre de ces queues, comme on peut le voir sur les dessins qui ont été faits à la chambre claire, et au même grossissement. Il y a eu un allongement considérable : la surface de section s'est cicatrisée, et il s'y est fait un bourgeonnement rapide produi- sant une partie nouvelle assez étendue. La partie axile, vertébrale et muscu- laire, presque complètement indistincte le premier jour, s'est dessinée de pliis en plus nettement. Les faisceaux musculaires sont devenus apparents^ et, en même temps, la contractilité, jusque-là confuse et faible, est devenue très-manifeste. Les vaisseaux sont devenus très-visibles et se sont multipliés. Pendant ce temps, les diverses cellules perdaient de plus en plus leurs caractères embryonnaires, les granulations vitellines disparaissaient peu à peu. M. Vulpian fait remarquer que cette expérience démontre bien, comme d'autres expériences faites sur des animaux moins élevés, que les tissus se forment sur place ; et il cherche à prouver qu'elle est tout à fait contraire à l'hypothèse d'un principe vital. En effet, tous les phénomènes de la vie se sont manifestés dans ces queues, aussi bien les plus simples que les plus complexes et les plus élevés : ces queues ont très-réellement vécu, dans toute l'acception du mot, pendant neuf et dix jours. Or il faudrait admettre que le principe tital a été divisé en deux parties, dont l'une est de- meurée dans le segment composé de la tète et du corps, et l'autre dans le segment caudal ; et assurément, une pareille proposition serait con- sidérée comme absurde, puisque le principe vital doit être un, s'il e.\isle : le supposer divisible, ce serait en rendre la compréhension tout à fait ira- possible ; et elle est déjà bien assez dilTicile sans cela ! Une fois Timpulsion donnée au germe par le contact de la liqueur fécon- dante, si les circonstances extérieures sont favorables, le développement s'o- père, le tout en vertu de propriétés inhérentes à la matière organisée dans ces conditions, et suivant des lois que nous ne comprenons pas, et qui, sous ce rapport au moins, ne diffèrent en rien de celles que nous observons dans la miitière inorganique. La nutrition, celle propriété si complexe, e.)lement les deux organes de la vue sont rapprochés, ce qui donne à la physionomie des individus ainsi conformés quelque analogie avec celle de certains singes, d'où le nom de cebocéphales qui leur a été donné par M. Geof- froy-Sainl-H iaire. Dans le second degré, il n'y a plus qu'un seul orbite, mais il existe encore deux yeux qui sont très-rapprochés et séparés par un simple ruban cutané. Dans le troisième, les deux yeux commencent eux-mêmes à se fusionner, et leur fusion s'opère d'arrière en avant, de telle sorte qu'il n'existe en airièie qu'un seul neif optique, une seule rétine, une seule cho- roïde, une seule sclérotique, tandis qu'antérieurement on observe deux cor- n:''es transparentes, deux iris, deux cristallin?^. Dans ie quatrième, il n'y a plus qu'un seul globe oculaire dont le diamètre transversal est plus allongé que l'antéro-poslérieur. Eutin, dans le cinquième, qui réalise la cyclopie la plus complète, le globe oculaire est unique et parfaitement conformé. C'est un exemple de ce cinquième degré de cyclopie ou de cyclopie com- plète que M. Sappey présente à la Société de biologie. 11 fait remarquer que les paupières ne participent pas à la fusion des orbites et des yeux. Clieg cet enfant, qui est né à lîrest et qui n'a vécu que quelques jours, on observe en effet les quatre paupières qui offrent la disposition suivante : Les deux pau- pières supérieures, soudées l'une à l'autre sur la ligne médiane, sont s pa- rées sur le bord libre [)ar un espace angulaire à sinus inférieur qui corres- pond au grand angle de l'œil et au lac lacrymal. Les deux paupières inférieures, unies aussi l'une à l'autre, sont séparées également sur la ligne médiane, du côté de leur bord libre, par un espace angulaire correspondant, comme celui qui sépare les deux supérieures, au grand angle de l'œil. Telle est la disposition de ces quatre paupières; elles sont très-régulièrement conformées et ne diffèrent de celles que présentent les enfants à cet âge que par leurs dimensions transversales réduites à peu près de moitié, de ma- nière à s'adapter a celles du globe oculaire. Dans aucun des différents degrés de la cyclopie, môme dans la cyclopie la plus complèie. on ne parait pas avoir observé jusqu'à présent la fusion des paupières. V. — BOTANIOLE- NOTE SUR PLUSIEURS VARiÉTÉS DE PRIMEVÈRES DERIVEES DES PRIMCLA OFFICINAI.IS ET ELATIOR ; par M. GuBLER. M. Gubler présenle à la Société des vuriélés intéressantes de deux espèces de primevères spontanées aux environs de Paris. Ces variétés croissaient réunies dans une partie bumide et ombragée du parc de Millemont (Seine- et-Oise), où la primevère oflîcinale foisonne et inend un remarquable déve- loppement. Outre l'espèce primula offidnalis, type, qui est très-commune, on ren- contre quelques touffes éparses du P. elaiior conforme également à la descrii tion classique. H existe aussi des formes intermédiaires entre ces deux espèces. Certains individus ont une hampe plus grèie que dans l'es- pèce vulgaire, une oral)eiie paucifloie (3-4 fleurs seulement), dis fleurs plus grandes, à limbe plus plane, à peu près comme dans la primevère élevée. Mais leurs calices sout pnbescenls blancliâires , à peu près unicolores, grands et largement ouverts, comme dans la primevère officinale. Par tous ces caractères, ils méritent d'être considérés comme des hybrides des deux espèces auxquelles je les compare. Toutefois, ces hybrides offrent ceci de singulier que, généralement, leurs corolles sont de nuances jaune rougeâtre ou rouge-jaunâtre assez intenses. Toute la plante est plus colorée que dans les espèces d'où cette forme parait di'river. J'ai recueilli encore, dans la même localité, une autre variété curieuse, colorée comme l'hybride en question , ayant la taille, le port, les ombelles terminales nombreuses du F. officinalis , mais remarquable par le dévelop- pement corolliforme de tous les calices , lesquels à peine plus longs parfois que dans la P. elaiior, sont évasés en entonnoir ou en cloche, d'un vert blanchâtre pubescent sur les côtes saillantes, rougeâlres ou jaune rougeâ- tre dans les intervalles et sur les extrémités du limbe dont les divisions, toujours très-obiCures, sont quelquefois tronquées à la n:anière des lobes de la corolle, Celle-ci est un peu plus grande et plus plane que dans la pri- mevère officinale ordinaire. Une semblable anomalie de la P. acaulis ou grandiflora n'est pas très- rare dans les jardins ; mais ici la culture n'a été pour rien dans la produc- tion des formes que je viens de décrire, la nature en a fait tous les frais. Je crois devoir spécialement iusisler sur lliybride dont je viens d'esquis- ser les caractères, parce que je ne l'ai pas trouvé décrit. COMPTE RENDU DES SÉANCES ^ r LA SOCIETE M BIOLOGIE PENDANT LE MOIS DE MAI 1859; Par m. le Docteur LE GENDRE, secrétaire. PRESIDENCE DE M. RAIER. I. — Physiologie. !• SUR L'ACTiON DES NEUFS SLT. LA CIRCULATIOiN ET LA SÉCRÉTION DES GLANDiiS ; par M. Cl. Bernard, t Séance du 29 janvier.) J'ai déjà montré qu'il existait deux nerfs pour ainsi dire antagonistes, dont l'un rendait plus active la circulation dans la glande sous-masillaire, et dont l'autre agissait en sens inverse, c'est-à-dire contractait les vaisseaux : ce dernier est le sympathique, le premier est la corde du tympan. Le fait de la suractivité de la circulation sous la dépendance de la corde du tympan peut donner lieu à diverses interprétations. L'une de ces hypothèses consisterait à considérer les vaisseaux comme doués d'une propriété de dilatation pour ainsi dire active, mais il n'existe C. R. 1 50 pas de muscles dilalulciirs des artères, et une explicutiuii de dilalaliun active incomprébensible mécaniquement devrait être rejeiéè, à moins qu'on ne prouve la contraction de fibres longitudinales capables de raccourcir et de dilater les vaisseaux. Cependant le fait reste intart : les vaisseaux s'«!'largis- sent et le cours du sang est accéléré par suite de la galvanisation de la corde du tympan. J'ai fait de nouvelles rechercbes sur ce sujet et je suis arrivé à constater que l'élargissement des vaisseaux, l'accroissement de circulation, pouvaient être obtenus autrement qu'en agissant sur la corde du tympan. D'abord, si l'on coupe le rameau du sympalUiquc, on obtient celte suractivité de la cir- culation dans la glande; il faut, pour cela, opérer la section du nerf au-des- sus du ganglion cervical supérieur, aussi près que possible de la glande. Un autre phénomène a été observé ici, c'est que si l'on détruit ce nerf entière- ment jusque dans le bile de la glande, il y a parfois seulement circulation exagérée, mais en même temps sécrétion de la glande. Une autre expérience a été faiie, non plus avec le scalpel, mais à l'aide du curare, qui est, ainsi que je l'ai montré, un poison capable de détruire la propriété des nerfs moteurs sur les muscles, sans altérer celle des nerfs sen- sitifs. Or, quand l'animal est empoisonné par le curare, et que par conséquent les nerfs de la sensibilité fonctionnent seuls ; on voit une excrétion tout à fait anormale et abondante se faite par les canaux excréteurs des glandes, et la salive s'écoule d'une manière continue. J'ai réalisé ces phénomènes on em- poisonnant la glande isolément au moyen de quelques gouttes d'une solution de curare qne j'ai fait pénétrer, par une collatérale voisine, dans l'artériole qui va à la glande. J'ai vu la salive s'écouler, puis cet écoulement cesser quand, par le renouvellement du sang, l'action du poison était éteinte. J'ai con- staté en outre que l'injection d'eau uc présentait aucun effet analogue au curare. t',es diverses expériences nionlrent que la destruction du grand sympa- thique moteur amène le fonctionnement, c'est-à-dire la sécrétion des glandes. Le sympathique serait comme une soi le de régulateur, de frein qui tient pour ainsi dire en respect la glande. IVous voyons ici que détruire le grand syff.palhiquc ou exciter la corde du tympan donne à peu près les mêmes effets. Or je pense qu'il y a ici action d'un neif sur un autre nerf, et que la corde du tympan agit, non pas sur la glande, mais sur le nerf grand sympathique, et qne c'est dans cette action réciproque d'un nerf sur l'autre qu'il faut cher- cher la solution du problème. 1/cxciiation de la corde du tympan aurait pour effet d'amener l'anéantissement momentané de l'action du grand sympathique et de produire une sorte de paralysie semblable à celle qu'on obtient par la scclion du sympathique ou par l'action du curare, paralysie qui a pour cou- 51 séquence l'élargissement des vaisseaux sanguins, en même temps querécou- lement de salive. Les vaisseaux sanguins qui cesseraient d"ètre resserrés par l'action du grand sympatliique se relâcheraient par leur propre élasticité. Non pas que je considère cette élasticité comme une propriété phj'sique in- dépendante de l'état de vie, car j'ai constaté sur les lapins, par exemple, qu'en laissant repasser le sang artériel dans des parties paralysées où la cir- culation avait été suspendue assez longtemps pour que les vaisseaux fussent considérés comme morts et inertes, j'ai constaté, dis-je, qu'alors la circula- tion était loin d'être activée et qu'il se formait une multitude de petites ec- chymoses dans le tissu cellulaire qui témoignaient des troubles survenus dans la circulation capillaire. Pour ce qui concerne la glande sous-maxillaire, quand on a suspendu la circulation dans cet organe pendant un certain temps par la compression de ses artères, on remarque que les nerfs ne reprennent la propriété d'exciter la glande et sa circulation qu'après le moment où la glande a repris son irritabilité et ses propriétés physiologiques qu'elle avait momenlancment perdues. 2° SUn LA CAUSE DE LA MORT CHEZ LES ANIMAUX SOUMIS A UNE HAUTE TEMPÉRA- TURE ; par M. Claude Bernard. (Séance du 1"9 février 1859.) Lorsqu'on place deux animaux vertébrés à sang chaud dans des étuves sèches dont la température est plus élevée que celle de leur corps, on voit ces animaux y vivre pendant un certain temps en olTrant seulement des phé- nomènes d'accélération de la circulation et de la respiration, puis la mort survient assez souvent brusquement au bout d'un temps qui peut varier arec l'élévation de la température et avec diverses conditions de volume, d'âge, etc., propres à l'animal. La cause de la mort, dans ces cas, me semble devoir être attribuée à réchauffement pur et simple du sang, indépendam- ment des altérations chimiques qu'il aurait pu subir. J'ai déjà signalé, dans mes leçons au collège de France (t. IV, p. 209, 1858;, que la température des mammifères et des oiseaux peut s'élever de 4 à 5 degrés au-dessus de la température normale, efque les animaux meurent infailliblement lorsqu'ils ont atteint cette limite. J'ai montré en outre, qu'à ce moment on constate que le cœur s'est arrêté et est devenu rigide, ainsi que les autres muscles du corps. J'ai récemment répété quelques-unes de ces expériences à mon cours du Collège de France, et constaté de nouveaux faits que vais communiquer à la Société. Un lapin fut place dans une étuve sèche dont la température pouvait être de 55 à GO degrés. Au bout de cinq à six heures, Tanimal tomba sur le flanc et mourut rapidement. Étant aussitôt retiré de l'étuve, la température du rectum et du thorax fut trouvée de 44 à 45 degrés, et on constata aussitôt 52 que le cœur était com|)lctcmciit immobile, qu'il ct:-!it rigide cl que ses ven- tricules, fortement contractés, ne contenaient point de sang-. Les oreillettes, au contraire, étaient remplies de sang. Les muscles des membres étaient roides et n'étaient plus irritables par le galvanisme. Le sang de l'oreille droite était noir, ne présentant aucune altération apparente. Retiré dans un verre, il se coagula bien, et sa surface exposée à l'air prit peu à peu une coloration rutilante. Un autre ]a[)in fut placé dans les mêmes conditions et présenta à peu prés les mêmes i)liéuomènes, quoiqu'il fût à jeun et que le premier fût en diges- tion. Ce dernier parut seulement résister un peu plus à l'action de la cha- leur (1). J'ai expliqué la mort dans ces cas par le fait purement physique de l'aug- mentation de la température du sang, augmentation de température telle qu'elle est incompatilde avec l'exercice de la contractilité musculaire et, par conséquent, avec l'exercice des fonctions du coeur, qui alors s'arrèle et de- Tient incapable d'accomplir les fonctions de la vie. On constate en effet, après la mort, sur les fibres musculaires des animaux, qu'à une température semblable précisément, les fibres musculaires sont prises de rigidité et, par conséquent, d'immobilité. M. le docteur Kiihne a montré que, dans ces cir- constances la rigidité était due à la coagulation d'une matière spéciale con- tenue dans le muscle. En résumé, le fait intéressant de ces observations, est qu'une condition purement physique de l'état du sang; la température peut être une cause de (Il Je n'ai pas constaté si les muscles devenus rigides par la chaleur étaient restés alcalins ou bien devenus acides. Dans les circonstances inver- ses, c'est-à-dire quand les animaux meurent par le froid, j'ai tu souvent que les muscles étaient encore alcalins quoique déjà rigides et ne devenaient aci- des que beaucoup plus tard. Dans certains cas, quand on fait mourir les la- pins d'inanition, par e.xemple, les muscles deviennent très-vite rigides, mais ne sont jamais alcalins. Celle acidité des muscles me parait d'ailleurs élre liée à l'état général de nutrition, représenté aussi par la réaction du tissu du oie. Pendant la vie le tissu du foie est alcalin, mais après la mort il est bientôt, lui aussi, pris d'une sorte de phénomène de rigidité cadavérique et il devient acide. Or quand le foie ne devient iias acide, aucun autre tissu ne devient acide. Je ne pense donc pas que l'aridité du tissu musculaire qui s'observe le plus ordinairement dans la rigidité cadavérique doive être fonsidéré comme la cause absolument néces6aire de la rigidité, puisque la ri- gidité musculaire peut exister sans l'acidité. Ce caractère d'acidité posi mortem appartient à beaucoup d'autres tissus ainsi que je le moutrcrai plus tard en reprenant ce phiniomènc dans son explication et dans ses rapports arec Ifs fonctions du foie. '.)6 mort. Un autre fait, non moins intéressant, est que ce point est fixe et précis, et qu'il se trouve à 4 ou 5 degrés au-dessus de la température normale des animaux à sang- cliaud, entre 15 et 46 chez les mammifères, entre 51 et 52 cliez les oiseaux. 3» DE LA MATIÈRE GLYCOGÈNE CHEZ LES ANIMAUX DÉPOURVUS DE FOiE ; par M. Claude Bernard. Depuis longtemps j'ai établi que, chez les animaux adultes des classes su- périeures, le foie produit de la matière glycogène. J'ai montré, en outre, que, dans la vie embryonnaire, lorsque cette fonction du foie n'est pas encore éta- blie, la matière glycogène ou ses produits ne pouvaut pas être transportés convenablement par la circulation, se trouvent alors disposés d'une manière diffuse dans les organes annexes du fœtus et dans un certain nombre de ses tissus. Il était intéressant de voir si, chez les animaux qui sont dépourvus de foie, il n'existait pas quelque chose d'analogue à ce qu'on observe chez les em- bryons des animaux dont le foie ne fonctionne pas encore. En elTet, j'ai constaté, chez un certain nombre de ces animaux, que la ma- tière glycogène est en quelque sorte disséminée dans divers tissus ou or- ganes. Mais je dois rappeler ici, ainsi que je l'ai déjà dit ailleurs, que je n'ai jamais conclu à l'exislence de la matière glycogène d'après un seul de ses carac- tères, et particulièrement d'après la coloration par l'iode qui peut fréquem- ment se manifester sans qu'on puisse conclure pour cela à l'existence de la matière glycogène. J'ai constamment extrait la matière glycogène en traitant les tissus, et je l'ai ensuite changée en sucre dont la nature a pu être recon- nue à ses divers caractères. Parmi les vers, j'ai constaté que le lombric terrestre, que l'ascaride lom- brico'ide, le ténia, le cysticerque, les douves du foie, le cœnure, contiennent dans leurs tissus de la matière glycogène. Lorsque l'on rassemble une assez grande quantité de ces différents animaux, et qu'on les jette dans une petite quantité d'eau bouillante, ayant soin en même temps de les broyer au mor- tier, on obtient une décoction blanchâtre généralement alcaline qui possède tous les caractères d'une décoction de matière glycogène ; elle colore, par la teinture d'iode, en rouge vineux, et, sous l'influence des ferments diastasi- ques et des acides, la décoction devient transparente par suite de la transfor- mation de la matière en un sucre qui réduit le liquide cupro-potassique et fermente sous l'influence de la levure de bière. Dans le liquide d'un cœnure du cerveau du mouton, qui m'avait été donné par mon ami le docteur Davaine,j'ai constaté qu'indépendamment de la ma- tière glycogène contenue dans les tètes de cœnure, le liquide intérieur du cœnure était très-sucré. 54 l'oui coniiaitrc lu Uisposilum de la matière glycogéue dans les animaux précités, j'en ai fait diverses coupes après les avoir préalablement laissés ma- tiérerdans l'alcool; ces coupes ont été ensuite placées soua le microscope et traitées par la teinture d'iode acidulée. J'ai pu observer ainsi cjue, dans le cysticerque de lapin, la matière glycogène se trouve disposée sous forme de festons ou de papilles dans la partie rentrée du col de l'animal, et on voit très-bien la disposition des points rougeâtres formés par cette matière après que, sous l'intluence de la teinture acidulée, tous les corpuscules calcaires ont fini leur eiTervescence. Dans la vésicule de l'animal, il n'y a pas de ces corpuscules calcaires, et la matière glycogène y est en beaucoup plus faible proportion. Chez les cœnnres et les ténias, la matière glycogène offre des dispositious analogues. Chez les lombrics et chez les ascarides lombricuïdes, la matière se trouve placée autour des parois du tube digestif. Pour toutes ces recher- ches, on peut déjà voir les parties qui contieunent la matière glycogène prendre une teinte rougeâtre lorsqu'on trempe les animaux, préalablement macérés dans l'alcool, dans de la teinture d'iode préalablement acidulée par de l'acide acétique. Déjà, en 185Î (thèse de la Faculté des sciences), j'avais dit que, chez les insectes, on pouvait considérer le foie comme dédoublé, et que les conduits auxquels on donne le nom de tube pylorique ne répondaient qu'à la fonction biliaire. Dernièrement, j'ai encore rappelé que ce n'était que par l'étude des élé- ments du foie chez ces animaux inférieurs que l'on pouvait nettement déter- miner si la fonction biliaire et la fonction glycogénique étaient deux fonc- tions distinctes ou connexes. D'a|)rès ces ids^es, j'ai recherché le siège de la matière glycogène, soit dans des insectes parfaits, soit dans des larves d'insectes. Je dois dire d'abord que j'ai constaté, en faisant cuire dans l'eau l'animal entier broyé, qu'il donnait une décoction généralement alcaline, renfermant de la matière glycogène, c'est-à-dire susceptible de se changer en sucre, comme il a été indiqué plus haut. Ce n'est qu'après que j'ai cherché sous le microscope, à l'aide de la teinture d'iode, le siège de cette matière glycogène. Ouoique ces recherches ne soient pas encore terminées, je vais indiquer quelques-unes des observations que j'ai pu faire. Chez les larves de mouches, j'ai constaté que la matière existe dans le tissu qui environne le canal intestinal, mais que celte matière n'existe point dans la peau de l'animal. Chez les dystiqiics, j'ai constaté qiie, sur la face externe de l'estomac, il existe des sortes de prolongements en forme de papilles qui sont constitués par des cellules glycogéniques.Ces prolongements ne semblent d'ailleurs p»s être rrenx et paraissent ne point communiquer avec l'intestin. 55 Chez des larves de rhinocéros {lucanus cervas), j'ai constalé également la présence delà matière glycogène sans déterminer exactement son sicge. De même, ciiez des monches, j"al pu constater, en en prenant un grand nombre, que leur décoction renferme de la matière glycogène; mais je n'ai pas en- core déterminé dans qnel^ organes elle peut se rencontrer. En résumé, j'ai établi que la matière glycogène existe d'une manière diffuse dès l'apparition des premiers linéaments de l'organisation, chez les animaux supérieurs, et bien avant que le foie soit en puissance de la fonction sécré- îoire, soit biliaire, soit glycogi'nique. On voit aussi que, chez les animaux inférieurs, lorsque le foie n'existe pas à l'état d'organe distinct, la matière glycogène se trouve répandue dans les tissns, comme chez les embryons des animaux supérieurs. Enfin, on peut voir que la matière glycogène existe constamment dans tous les animaux, qu'elle est dilfuse dans les organismes inférieurs et dissé- minée dans les tissus et dans des organes temporaires, dans les premiers temps de la vie chez les animaux supérieurs, et localisée dans le foie, qui est le siège de sa formation dans les animaux élevés, \o DES CAUSES d'erreur DAMS L'EMPLOI DES INSTRUMENTS POUR .MESURER LA PRESSION SANGUINE, ET DES MOYENS DE LES ÉVITER; par M. MaREÎ. Le premier hémnmètre fut celui de Hasle, dans lequel le sang lui-même s'élevait à un certain niveau qui indiquait sa pression; mais cet instrument était très-incommode, car il fallait un tube très-long pour loger la colonne de sang fort élevée qui exprimait celte pression. .M. Poiseuille, en introduisant l'hémomètre à mercure, rendit un grand ser- vice et fit un instrument portatif, mais il y a dans sa construction une cause d'erreur. Dans ce manomètre, comme dans tous ceux qui sont formés par un tube en U, la colonne mercurielle prend une vitesse acquise qui lui fait dépasser le point qui exprimerait la pression réelle. En descendant, au contraire, le minimum réel est dépassé en vertu de la vitesse acquise, mais d'une quantité moindre que ne l'a été le maximum. Magendie adopta un instrument qui pare un peu à une de ces causes d'erreur. En effet, il est formé d'un flacon qui sert de réservoir à mercure, et d'un tube qui, sorti du flacon, se relève pour former la colonne indicatrice. Lorsque le manomètre descend à zéro, il n'y aplus, comme dans les tubes en U, de colonne mercurielle qui ait une vitesse, puisque tout le mercure est rentré dans le flacon. Dans le sens contraire, il y a bien une erreur par dé- placement du maximum, mais on peut la rendre assez faible en donnant un petit diamètre au tube manométrique. C'est là le meilleur manomètre oscillant. M. Bernard a fait construire un manomètre qu'il appelle diff'érenciel. Il est formé d'un tube en U contenant du mercure et muni, à chacune de ses bran- 56 clies, d'un ajutage dui peut se mettre en rapport avec deux vaisseaux diffé- rents. Dans ces cas, Fauteur pense que si l'un des vaisseaux déprime plus que l'autre la colonne mercurielle, c'est qu'il aune pression plus forie. En outre, cet instrument, s'il n'est mis en rapport qu'avec un seul vaisseau, de- vient un véritable héraomètre de M. Poiseuillc. C'est doue un instrument à deux fins. Ludvig introduisit dans l'hémométric un instrument à indication continue, qu'il appelle kymographion. C'est avec cet instrument que Volkmann a fait ses recherches sur la pression du sang. 11 se compose d'un tube en U comme rhémoraèlre de M. Poiseuille; sur la colonne mercurielle, se trouve un flot- teur qui, à l'aide d'une pointe écrivante, va tracer sur un cylindre tournant des courbes qui fournissent des indications continues de la lU'ession du sang. M. Yicrorat voulant faire dos recherches sur le pouls humain, ne pouvait se servir d'aucun des instruments précédemment décrits, et qui tous exigent une vivisection. 11 eut l'heureuse idée de remplacer par un levier interpuis- sant la colonne mercurielle oscillante. Le levier appuie sur le vaisseau en un point plus ou moins rapproché du centre du mouvement, et l'on peut ainsi obtenir, par le tracé de l'extrémité libre du levier sur le cylindre, une figure aussi amplifiée qu'on le désire de la pulsation artérielle. Comme le levier simple décrirait dans ses oscillations, non pas des lignes verticales, mais des arcs de cercles, M. Vierordt a corrigé celle erreur au moyen d'une dis- position analogue au parallélogramme de Watt employé dans les machines à Vil peur pour rendre verticale la tracliondu balancier. Pour graduer la pres- sion du levier sur le vaisseau, M. Vierordt se sert de poids qu'il place dans des cupules attachées au levier. Des différentes immcations : m.\xi.m\, mimma et moyennes, fournies par ces instruments, et des erreurs qui résultent de leur emploi.— Des maxiina et des minima. — Le manomètre étant un instrument de sta- tique et n'indiquant une pression d'une manière exacte qu'autant que la co- lonne est en équilibre stable avec cette pression, il ne faut pas s'attendre à trouver dans le summum d'une oscillation l'expression fidèle de la force dé- ployée; en effet, la colonne mercurielle, dans son parcours, a pris une vi- tesse acquise qui lui fait dépasser ce point; seulement cette erreur n'est pas également prononcés avec tous les manomètres. Tous ceux qui sont à double colonne mercurielle donnent cette erreur à son maximum ; ainsi le mano- mètre de M. Poiseuille, celui de M. Bernard, quand il n'est mis en rapport qu'avec un vaisseau, et le kymographion de Ludvig, la donnent au plus haut degré; on peut assimiler à ceux-ci le sphygmogra[ihe de .M. Vierordt, car le levier chargé de -poids est projeté en l'air quand la pulsation est forte, et peut quelquefois abandonner un instant le tube qui le soulève. Ces erreurs par élévation exagérée du maxiunim sont beaucoup moins prononcées 57 quand on emploie certains autres instruments ; ainsi le manomètre de Haies et celui de Magendie l'offrent très-peu, parce que d'abord ils n'ont qu'une seule colonne, ensuite parce que les frottements abaissent ce maximum d'une certaine quantité qui diminue l'erreur. Dans l'instrument de Haies les frottements se passent dans l'ajutage qui s'applique aux vaisseaux, et que doit à chaque instant traverser une quantité de sang bien plus grande que pour tout autre hémomètre. Dans le manomètre de Magendie, c'est dans lu colonne mercurielle qu'ils ont lieu, cette colonne étant toujours très-petite (en diamètre). Pour les minima, l'erreur est identique à celle que nous venons de décrire; c'est encore la vitesse acquise par la colonne qui lui fait dépasser le point minimum. Cette erreur est également à son plus haut degré pour les mano- mètres à deux branches ; le tube de Haies et le manomèîre de Magendie l'of- frent beaucoup moins, ce dernier la donne même très-faible à mesure qu'on se rapproche du zéro, et à ce point ne la donne plus du tout, car il n'y a plus de colonne, à ce moment tout le mercure est rentré dans le flacon, Aussi cet instrument a-t-il été nommé hémomètre à zéro fixe. Des moyennes. — M. Poiseuille, dans ses Recherches sur la pression du s.\NG, a pris pour moyenne le point intermédiaire aux deux extrémités de l'oscillation, point que l'on obtient encore en prenant la demi-somme des co- lonnes m.ercurielles, maximum et minimum. — On pourrait croire que l'er- reur due aux vitesses acquises se compensant pour le maximum et le mini- mum, la vitesse obtenue est numériquement exacte ; mais il n'en est pas ainsi, car le frottement ralentissant le mouvement de la colonne oscillante, celle-ci dépassera moins le minimum en dessous qu'elle n'a dépassé le maximum en dessus; la moyenne ainsi trouvée sera donc trop haute. Cette erreur se retrouve, bien entendu, dans Tinstrument de M. Bernard et dans celui de Ludvig au même degré, elle existera aussi à différents degrés dans tous les autres. Celte moyenne numérique, en admettant même qu'elle soit exacte par rap- port aux points maximum et minimum, est-elle la moyenne réelle? Non: car en opérant ainsi, on suppose que les durées d'application et de soustrac- tion de la force sont égales, ce qui n'est pas exact. Et si nous voulions tirer de cette moyenne une conclusion quelconque , par exemple la quantité de sang qui traversera deux artères différentes, étant donnés leur diamètre et leur pression moyenne, la moyenne de M. Poiseuille ne pourrait nous être d'aucune utilité. Supposons en effet qu'un afflux de liquide se fasse avec une force de 10 et dure 1 dixième de seconde dans un cas , que dans un autre cet afflux de même force dure une demi-seconde; dans les deux cas, la moyenne de M. Poiseuille sera la même lO/î = 5, et pourtant le travail accompli sera très- différent, et dans le premier cas ne sera que la cinquième partie du travail 58 produit dans le second. Il faut donc un tout autro système d'évaluatiou si la contraction du cœur ne dure pas exactement la moitié de la révolution de cet organe. Nous croyons avoir bien démontré (1) ailleurs l'extrême brièveté de la systole du cœur qui produit, pour la forme de la pulsation une ascension bien plus brusque que la descente. Nous avons indiqué aussi comment, par suite de l'élasticité des vaisseaux, les deux moitiés de la pulsation sont de plus en plus égales à mesure qu'où s'éloigne du cœur; la pulsation près du cœur est donc telle que la moyenne ne saurait être obtenue par le procédé de M. Poiseuille, tandis que, dans les vaisseaux éloignés, ce procédé donne des indications de plus en plus exactes. L'appareil à indication continue est dor.c le seul, parmi ceux dont il a été question, qui puisse donner en chaque point les moyennes réelles, car lui seul tient compte des durées relatives de chacune des périodes. Volkmann, dans son Hamodynamick, a donné des moyennes obtenues avec exactitude, car il s'est servi d'un procédé employé tjénéralement en météorologie, et qui consiste à peser les deux moitiés de la bande de papier découpée en suivant le tracé graphique. Mais s'il a obtenu la moyenne en corrigeant l'erreur, il ne semble pas en avoir soupçonné la vraie cause, car la théorie des vagues qu'il admet avec Weber, ne lui permettait pas de comprendre la véritable répartition du mouvement dans le système vasculaire. Quant à M. Vierordt, son instrument, tel ([u'il l'a construit, ne lui permet- tait pas de constater l'inégalité des deux moitiés de la pulsation; en effet, les poids dont il charge son levier pour déprimer le vaisseau, les articula- tions multiples de son espèce de parallélogramme de Watt rendent son in- strument lent à se mouvoir par suite de sa masse trop considérable, et quoi- qu'il ait aperçu avec des moyens micrométriques une légère inégalité entre les deux périodes, il est resté bien au-dessous de la vérité. Pour remédier à ces différents inconvéuients, nous avons construit un hé- momèlre nouveau qui donne la moyenne exacte de la tension dans le vais- seau auquel on l'applique. (Voir pour la description de cet instrument : Annales des sciences .natu- relles, 4' série, tom. Vlli, pag. 35'^ et suiv. , et Journal de physiologie de M Brown-Séquard, avril 1859.) Nous avons en outre modilîô le sphygmographc de M. Vierordt d'une ma- nière qui supprime les principales causes d'erreur de cet excellent instru- ment, le seul qu'on puisse appliquer à l'exploration précise du pouls humain. Nous aurons plus tard à présenter à la Société cet instrument modiflé comme nous venons de le dire. (l) Thèse inauguralk, 1839. 59 11.— Anatomie pathologique. \' OBLITÉRATION COMPLÈTE DU CANAL DE L'DRÈÏRE PAR l.\E CICATIllCE F{- BREIJSE, RÉTABLISSEMENT DE L'URÈTHE PAR DEUX FISTULES SITUÉES SUR LES CÔTÉS DE CE canal; jiac MM. Le Gendre et Bastien, prosecteurs des hô- pitaux. Sur le cadrivre d'un liomnie âge d'environ 40 ans, qui servait aux manœu- vres opératoires, on fut dans Timpossibilité de sonder le canal de l'urètre. Fn chercbant la cause de cet obstacle, qu'une dissection complète de ce ca- nal pouvait seule révéler, on constata d'abord l'existence d'une fistule située au niveau de la région génito-crurale gauche, fistule assez large pour rece- voir l'extrémité du doigt indicateur; ses bords lisses et se continuant insen- siblement avec une membrane blanche de cicatrice indiquaient l'ancienneté de cette plaie lîstuleuse. Un peu au-dessus et en arrière, dans cette même région, se voyait la trace d'une autre fistule plus petite, représentée par une cicatrice de forme elliptique et par un tissu résistant dont la couleur blanche tranchait sur la teinte noire de la peau de cette région. Après avoir enlevé les organes génitaux pour les disséquer avec soin, on fend l'urètre sur la ligne médiane et en arrière jusqu'au niveau du rétrécis- sement. On constate alors que le canal présente à 9 centimètres et demi de l'ouverture du méat (il faut noter que cette mesure a été prise la pièce ayant été quelque temps dans l'eau alcoolisée) un élargissement fusiforme qui va d'abord en augmentant et se termine an niveau de l'oblitération de l'urètre. Cette espèce d'ampoule a 38 millimètres de longueur, ce qui donne pour la distance totale à laquelle siège l'oblitération, 133 a 135 millimètres au delà du méat urinaire. Son rapport avec les parties environnanles montre que c'est au niveau de la portion bulbeuse de l'urètre immédiatement derrière le bulbe. L'ampoule que nous venons d'indiquer est produite par la présence de deux ouvertures tistuleuses sur lesquelles nous allons revenir. Dans toute la longueur du canal de l'urètre on peut constater la nature de la membrane muqueuse de ce canal et les rides longitudinales qu'elle présente, et qui s'arrêtent près de l'oblitération. Dans ce point, dans une étendue d'un centimètre, cette membrane est blanchâtre et a l'apparence d'un tissu de cicatrice. Si maintenant on ouvre la vessie et le canal de l'urètre dans ses portions prostatique et membraneuse, la perméabilité de ce canal est complète jus- qu'au niveau de l'oblitération. Cette oblitération est une véritable cicatrice fibreuse ayant environ un de- mi-centimètre d'épaisseur, résislaute, dure, ayant envahi un peu les tissus euviioonants à l'entour du canal et située tout à fait dans l'axe de ce conduit. Deux ouvertures fistuleuses existent sur la partie latérale gauche du ca- 60 nal : la première s'ouvre dans l'urèUe pur une ouverture assez large, elle est tout à fait en dehors de l'axe du canal, taplsssée par une membrane cica- tricielle, blanche, elle aboutit d'autre part à la grande fistule cutanée que nous avons indiquée. La deusiènic ouverture listuleuse est plus petite, elle a environ le diamètre d'une plume d'oie; située immédiatement en avant de l'oblitération, elle est recouverte en partie par la membrane muqueuse uré- trale rouge avec ses plis longitudinaux normaux. Elle communique d'une part avec la portion membraneuse du canal de l'urètre derrière l'oblitération, et d'autre part avec la fistule cutanée. Si l'on conduit un stylet par ces deux ouvertures qui s'ouvrent dans le canal de l'urètre, on rétablit ce conduit avec une certaine obliquité, il est vrai, en passant sur un des cotés de la ci- catrice fibreuse qui constitue l'oblitération, et qui se présente alors sous forme d'un pont fibreux d'un demi-centimètre d'étendue. C'est certaine- ment par cette voie que se faisait l'écoulement de l'urine qui traversait en- fièrement ce nouveau canal de l'urètre, son trajet oblique et la communica- tion large et directe qui existait entre la portion membraneuse et la fistule cutanée rendait plus facile l'écoulement de la plus grande partie de l'urine au dehors par la fistule génito-crurale. Ainsi cette fistule cutanée aboutit à l'urètre par trois orifices, deux situés au-dessous de l'oblitération du canal et une située au-dessus. Les deux ou- vertures uréirales les plus voisines de cette oblitération communiquent as- sez facilement entre elles. Il aurait donc été facile d'obtenir une guérison de cette fistule urinaire en fermant l'orifice extérieur au moyen d'un bou- chon autoplastique et en maintenant une sonde à demeure dans le canal ré- tabli au moyen des deux orifices fistuleux que nous venons d'indiquer. Quant à la nature de la lésion que nous avons observée, l'absence de ren- seignements nous permet seulement de supposer qu'il y a eu là ancienne- ment un rétrécissement infranchissable au niveau de la cicatrice fibreuse, que ce rétrécissement a occasionné une fausse route faite en dehors du ca- nal de l'urètre, mais complète puisqu'elle a rétabli la continuité du conduit par un trajet oblique ; par conséquent il y a bien eu oblitération du véritable canal de l'urètre. 2» DÉFORMATION DE l'ARTÏCULATION' COXO-FÉMORALE, SUITE D'ARTHBITE SÈCHE ; par MM. Bastie.n et Le Gendre, prosecteurs des hôpitaux. Un homme âgé d'environ 50 ans fut apporté dans les pavillons pour servir aux manœuvres opératoires : à l'aspect e.\téricur, il ne présentait aucune ap- parence de vice de conformation, et on ne voyait, au niveau de la hanche, aucune trace de traitement externe pouvant faire soupçonner la lésion que nousalionsdécrirc. Ayar.t voulu praticpicr la désarticulation coxo-fémorale du cAté droit, ou tut arrêté par certaines dillicultés pour ouvrir la capsule ar- 61 ticulaire et pour exécuter les différents temps de cette opération, qui resla inachevée. L'incision de la capsule permit aussitôt de reconnaître une défor- mation considérable de la tête du lémiir, dont nous allons donner les princi- paux caractères. Les mouvements de flexion et d'extension du membre sont seuls possi- bles, et ils ont lieu dans la même étendue qu'a l'état physiologique. Dans la flexion, la cuisse vient se porter aussi un peu dans l'adduction. Les mouve- ments de rotation sont complètement impossibles. La dissection des i)arties molles révèle une légère atropiiie des muscles pelvi-trochantériens, rota- teurs; leur couleur, pâle et jaunâtre, montre qu'ils sont légèrement inflltiés de graisse. Au contraire, les muscles fléchisseurs et extenseurs sont tout à fait, pour la force et la couleur, comme ceux de l'autre côté. La capsule articulaire é^ant ouverte, on trouve une déformation particu- lière de la tête du fémur. Elle représente un cône dont le sommet corres- pond à l'insertion du ligament rond, et la base à l'union de la tête avec le col du fémur. Ce cône offre des rainures profondes dirigées dans le sens antéro- postérieur. îl n'y a plus de cartilage à la surface de cette tète, son tissu est éburné, brillant. Si l'on fait une coupe transversale de l'extrémité supérieure du fémur, l'as- pect du tissu osseux permet d'apprécier avec beaucoup de netteté les diffé- rentes altérations dont cette extrémité est le siège. Il n'y arien du côté du grand trocbanter et du col du fémur. La tête, au contraire, est profondément déformée : cette disposition en forme de cône est produite par une espèce d'aplatissement de sa partie supérieure; tout le segment supérieur de la sphère qui constitue ordinairement la tète fémorale a disparu, et, de pins, des productions osseuses nouvelles se sont surajoutées en dedans pour former le sommet du cône. Ce cône est d'une très-grande irrégularité, son axe est per- pendiculaire au corps du fémur. On voit très-bien la séparation de ce tissu de nouvelle formation qui, par sa structure aréolaire, diffère tout à fait du tissu compacte de la tète fémorale. La cavité colyloïde était fortement évasée en dehors pour recevoir la plus grosse extiémité du cône; son fond présente des rainures dirigées dans le même sens que celles de la tète fémorale ; il est éburné, sans traces de car- tilage. Le bourrelet cotyloïdien est irrégulier, augmenté de volume par la présence de stalactites osseuses nombreuses. La capsule présente aussi un certain nombre de ces productions osseuses stalactiformes, dont quelques- unes sont libres. Quelques-unes de ces formations osseuses flottaient dans la cavité articulaire. Le ligament rond était très-court et très-gros ; il ne pou- vait permettre que les mouvements de flexion et d'extension ; sa direction était tout à fait transversale, suivant la continuation de l'axe du cône. Cette pièce offre cela de remarquable que la nature des lésions dont cette articulation est le siège semble indiquer la cause qui les a produites et la 6-: marche iiu'ellcs oui suivie pour se développer. Ainsi, il est probable qu'une lésion des parties molles de l'articulation (capsule articulaire, ligament rond;, en sécrcMant des productions osseuses slalactiformes autourde cette cavité et dans son intérieur, a amené une gène considérable dans les mouvements de cette articulation. Les deux seuls mouvements qui ont été conservés, de flexion et d'extension, en raison de la forme qu'avait prise la tête du fémur ont amené ces rainures qui se voient sur les deux surfaces articulaires, et peu à peu est survenue une atrophie dans les muscles rotateurs de la cuisse par suite de leur inucliou. 3» NOIE SUR L'ANATOMIE PATHOLOGIQUE D'uNE HEMOKRHAGIE AYANT SIEGE DANS UNE VÉSICULE OVARIENNE; par M. FÉLIX GUYO.N. La pièce a été recueillie sur un cadavre de l'Ecole pratique; pas de rensei- gnements. L'âge approximatif devait cire de 30 à 35 ans ; il y avait eu certai- nement des enfants. L'utérus est de volume normal, 0"',06î dans sa cavité, dont 23 pour le col. La muqueuse du corps est rougeàtre, mais lisse et d'é- paisseur normale; la femme ne parait pas être morte au moment de ses rè- gles. La muqueuse du col est normale ; elle offre un exemple très-net de la déviation latérale, avec renflement supérieur des colonnes de vie. L'anté- rieure est à droite, la postérieure à gauche ; leur emboîtement parfait dans la partie supérieure du col, qui est par cela même fermé, ainsi que je l'ai dé- crit et donné comme disposition normale. Les trompes sont libres d'adhérences et perméables, les veines des liga- ments larges, pleines de sang. L'ovaire droit est normal, porte des cicatrices nombreuses; l'on ne voit sur sa coupe que des traces d'anciens corps jaunes. L'ovaire gauche est surmonté d'une tumeur dont le volume égale celui d'une noix ordinaire; elle occupe le bord supérieur de l'organe et empiète sur sa face antérieure, qu'elle recouvre. Cette tumeur est noir rougeàtre; elle ne présente, sur aucun point de sa surface, de déciiinu'cs ou traces de déchirures. Elle contient un caillot dcnii- (•,onsistant, lie de vin, qui, incisé, semble parcouru par des trabcculcs iibri- ncuses; il s'énuclée, du reste, avec la plus grande facilité. Ce caillot remplit complètement et exactement la poche kystcusc, dont les parois étalées mesurent 62 millimètres. D'une couleur ardoisée, elles pré- sentent des teintes qui varient du gris au noir; leur épaisseur atteint à peine uu millième ; elle sont souples et lisses. On peut d'ailleurs les séparer en deux feuillets distincts très-facilement isolables, un externe fibro-séreux blanc grisâlre, un interne gris en dehors, noirâtre en dedans, c'est-à-dire sur celles de ses faces en contact immédiat avec le caillot , et dont nous avons encore constaté l'état parfaitement lisse. Les deux feuillets sont reliés par un tissu laruincus lâche. L ovaire présente 63 des cicatrices très-facilement appréciables sur sa face postérieure restée li- bre ; ainsi sur cette face on voit qu'il a conservé à peu près sou volume , bien qu'il soit peu aplati d'avant eu arrière. Un y reconnaît une trace peu ancienne de corps jaune. Une adhérence très-molle et lilamenteuse part de l'extrémité antérieure de celte face et va se (ixer au ligament large corres- pondant. M. Robin, à qui j'ai fait voir la pièce, a bien voulu en faire rexamen micro- scopique, dont voici les résultats : La trame de la paroi est formée de tissu cellulaire lâche dont les libres sont disposées en nappe plutôt qu'en faisceaux et faciles a séparer les unes des autres ; çà et là se voit un peu de matière amorphe interposée. Ce qui frappe surtout, ce sont des traînées de couches et des amas de grains d'hé- matosine interposés aux fibres; ces grains sont d'un petit volume, larges d'environ 1 à 0,00G de millimètre, presque tous sont polyédriques à angles arrondis; qu'ils soient disposés en séries , en amas où en couches, ils sont partout contigus ; ils rendent à peu près complètement opaques les portions du tissu où ils se trouvent , ils sont d'un rouge brun poncé , l'acide sulfuri- que du commerce les fait devenir immédiatement jaunâtres et en peu de temps les dissout d'une manière complète. On aperçoit alors quelques gout- tes graisseuses très-petites dans la nasse grisâtre gélaliuiforme en laquelle l'acide a transformé le tissu. Dans le caillot mêmes altérations des globules que celles décrites par M- Robin en 1856; les traînées grisâtres circonscrivant des aréoles étaient formées presque exclusivement de fibrine ayant encore conservé son aspect flbrillaire et se disposant facilement par ia dilacération en lilamenlsllexueux, incolores , présentant encore les caractères des filaments de la fibrine coa- gulée depuis peu de temps. Cette pièce fournit évidemment un bel exemple de l'affection décrite en 1856 par M. Ch. Robin, sous le nom d'hémovrhagie des vésicules ovariennes. Nous y retrouvons en efl'et tous les caractères donnés [lar M. Robin. (V. Mé- moires et COMPTES BENDIS DE LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGiE, année 1856, tcmC 111 dc la 2* série p. 139 et suiv.) Nous insisterons surtout ici sur le volume du caillot qui, dans les cas observés par M. Robin, était notablement inférieur à celui-ci, et sur l'absence de déchirure de l'ovaire. M. Rnbiii a eu surtout oc- casion d'étudier ces cas pathologiques chez des femmes mortes de fièvre typhoïde , d'affections éruptives , de pneumonie , de cirr'aose ; nous regret- tons d'autant plus que l'étal du sujet ne nous ait pas permis de remonter à la cause de la mort. 64 m. — PATiiOLor.ii:. 1° AFFECTION CÉRÉBRALE ANCIENNE AYANT DONNÉ LIEU A INE HÉMIPLÉGIE DROITK ; CLAUDICATION INTERMITTENTE ET MOUVKMENTS ATAXIQUES DANS LE MEMBRE INFÉRIEUR DROIT ACCOMPAGNÉS DE SOUBRESAUTS DANS LE MEMBRE INFÉRIEUR GAUCHE ; par M. HlLLAlRET. Obs. — Le nomme Albat , ùgé de G4 ans, dit s'être tonjours bien porté jus- (pi'en 1848, époque à laquelle il a eu une lluxion de poitrine. 11 y a six ans il a été atteint d'une allection cérébrale, et depuis cette épocjuc il a con- servé une infirmité, consistant en une claudication siiiçulière. 11 dit n'avoir jamais commis d'excès. Le 9 juin 1853, il a été pris d'accidents du côté du cerveau, attribués par lin médecin de la ville à une apoplexie cérébrale. Ces accidents ont été pré- cédés pendant huit mois, d'étourdissements revenant plusieurs fois dans un jour. Lorsqu'il se livrait à la marche, Albat croyait de temps en temps qu'il tombait en avant, entraîné par le poids de la tète. Le 9 juin, vers sept heures du soir, après avoir colporté toute la journée et s'être exposé au soleil, il peillit tout à coup connaissance et tomba en bas de l'escalier de sa maison. Il ne peut préciser le temps qu'il resta dans cet état, mais il croit qu'il dura plusieurs heures. Un médecin de la ville appelé aussitôt ne pratiqua pas de saignée. Lorsqu'il revint à lui, il s'aperçut qu'il était paralysé du côté droit du corps. Le lendemain il fut transporté à la Charité où, par oubli de prescription, il ne fut saigné que le troisième jour de l'accident. Une première saignée sur la sapliènc interne ne donna pas de sang, ['lus lard, on lui appliqua à deux reprises des ventouses scarifiées sur le dos. Pendant son séjour à la Charité, le malade put se lever ; il descendit à la cour, resta cinq minutes exposé au soleil et perdit de nouveau connaissance; mais cet accident n'eut pas de suites. Au bout d'un mois de séjour à l'hôpital, le malade sortit, pouvant marcher aidé d'une personne qui le soutenait par le bras droit. Ce côté du corps était plus faible que l'autre. Rentré chez lui, il prit des bains sulfureux, des bains de vapeurs, des fumi- gations aromatiques. Ce traitement ne produisit que de l'amélioration; la marche demeurait gênée; le bras droit était le siège de douleurs. Il y a (luatre ans, Albat a commencé à avoir ce qu'il appelle les nerfs agi- tés dans le membre inférieur droit, et depuis il est resté à peu près dans le même état. État actuel. — Juin 1859. Albat est de taille moyenne, sans aucun embon- point, et présente les attributs d'une sénilité avancée. La face est pâle, un 65 peu maigre, sans aucune déviation dans les traits. La vue qui avait baissé lors de la première attaque est revenue, mais elle ne s'exerce bien que de loin. L'arc sénile est à peine marqué. L'ouïe est conservée ; l'intelligence n'est pas diminuée. La mobilité et la sensibilité des membres supérieurs ne sont nul- lement compromises. Le malade serre plus fort de la main droite (côté pa- rai j'sé au début) que de la gauche. Quant aux membres inférieurs, les troubles ne s'observent que pendant la marche. Lorsque le malade est assis, il demeure parfaitement tranquille ; quand on le fait marcher, voici ce qu'on observe : Après une dizaine de pas exécutés régulièrement, le malade s'arrête, la ambe droite légèrement élevée au-dessus du sol, et exécute sur la gauche une sorte de sautillement composé de deux ou trois mouvements rapides d'élé- vation etd'abaissement du corps sur la jam])e gauche en équilibre; puispour se remettre en route , il frappe deux ou trois fois le sol de la droite plus ou moins fortement ; d'autres fois la jambe droite est seulement relevée, fléchie à angle droit et reste une ou deux secondes dans cette position. Ces deux mouvements ci-dessus tantôt alternent entre eux , tantôt s'exé- cutent immédiatement l'un après l'autre. Il n'y a rien de régulier dans leur apparition ni dans leur succession. Ouelquesfois le malade frappe le sol de la jambe droite sans avoir sautillé sur la gauche. Ce sautillement s'exécute sur la pointe du pied sans quitter le sol. Le malade n'éprouve aucune faiblesse dans les membres inférieurs , mais seulement de la lourdeur dans celui de droite. Il dit éprouver toujours cette sensation de poids qui l'entraîne en avant dans sa marche et qui avait précédé de quelques mois sa première attaque. La sensibilité et la contractilité électromusculaires des membres inférieurs sont normales. Jamais de céphalalgie ni d'étourdissements, ni de fourmille- ments dans les membres inférieurs. L'état général est du reste satisfaisant. Les appareils digestif, circulatoire et respiratoire n'offrent rien d'anormal à noter. Cette observation , quoique incomplète , est des plus intéressantes , surtout pour les personnes qui ont vu le malade marcher et exécuter les mou- vements ataxiques ci-dessus indiqués. Quant à présent , nous ne croyons pas qu'il soit nécessaire de la faire suivre de réflexions cliniques appliquées à la physiologie. Si le malade présente dans l'avenir quelques phénomènes nouveaux , nous les communiquerons à la Société et nous pourrions , alors que l'observation sera plus complète, discuter plus convenablement et la nature et le siège des lésions encéphaliques. C. R. 66 2° RAMOLLISSEMENT CÉRÉBRAL; FOYERS MULTIPLES ET TRÈS-ÉTENDUS ; IIK- MORRUAGIE CÉRÉBRALE CONSÉCUTIVE AU RAMOLLISSEMENT ET SUPERPOSÉE A CELUI-CI ; CICATRICE LINÉAIRE DANS L'UNE DES CAVITÉS VENTRICULAIRES ; IIÉMORRHAGIE TOUTE RÉCENTE DANS LA CORNE ANTÉRIEURE DU LOBE CÉRÉ- BRAL GAUCHE AYANT COÏNCIDÉ AVEC UNE IMPOSSIBILITÉ COMPLÈTE DE LA PAROLE SANS PERTE DES MOUVEMENTS DE LA LANGUE; par M. LABORDE , interne des liôpitaux. Duclos (Jean-Louis), âgé de GU ans, ancien soldat ; entré à l'infirmerie de Bicêtre, salle Saint -André, n» 14 (service actuel de M, le docteur Léger), le 20 décembre 1858, mort le 9 avril 1859. A notre entrée dans le service, le 1" janvier, on nous a transmis sur ce malade le diagnostic suivant : congestion cérébrale. Cependant les symptômes alors observés semblaient annoncer plus qu'une simple congestion. Ces symptômes étaient : un peu de delirium loquace, de l'embarras de la parole, un alïaiblissement marqué delà vue; enfin, dans les membres infé- rieurs, une paralysie du mouvement qui, quoique iracomplùte, empêchait à peu près complètement la marche; enfin, le pouls était d'une lenteur remarquable. Ajoutons que la sensibilité était conservée partout à peu près intacte, mais il existait de plus, chez ce malade, une tendance à une irrita- bilité extrême, se manifestant parfois par des mots injurieux adressés aux personnes qui le soignaient; puis il passait subitement an rire et à la plai- santerie. Ces signes, quoique peu dessinés encore, joints à l'absence de toute attaque subite, emportaient naturellement l'attention vers l'idée d'un travail morbide sourd et plus ou moins chronique dans l'encéphale; l'avenir, comme on va le voir, ne tarda pas à confirmer les prévisions. En efTct, les symptômes allèrent s'aggravaut progressivement, malgré un traitement antipblogistique et révulsif énergique. Application souvent réi- térée de ventouses à la nuque; révulsifs du côté du tube intestinal, etc., etc.; le délire devient plus intense, quoique tranquille ; le malade passe les nuits entières à articuler des commandements militaires : une, deux, en avant marche..., gauche, droite, etc., etc. Le jour il tombe dans une somnolence d'oii il n'est presque pas possible de le retirer. La motilité arrive peu à peu à être complètement abolie dans les membres inférieurs, tandis qu'ils sont le siège d'une craltation remar- quable de la sensibilité. De plus, il se manifeste bientôt une incontinence des • selles et des urines. Les bras et les mains sont agités de mouvements automatiques continus, et clicrchcnt sans cesse à saisir quelque chose. VInjperalgic don[ nons avons parlé se manifeste à son iuumuum ilans tout 67 le côlé droit, et sa spontanéité se révèle par des plaintes douloureuses pous- sées de temps en temps par le malade. Cependant, après deux mois environ de semblables manifestations, sur- vient comme une sédation du mal et un arrêt de ses progrès ; le délire et les douleurs se calment et la paralysie veste stationnaire. Le malade mange as- sez bien et ne vit, du reste, que d'une vie complètement végétative ; mais il reste toujours facilement irritable et répond souvent par de gros mots aus questions qui lui sont le plus convenablement adressées. Les choses étaient dans cet état lorsque, vers le 20 mars, survient tout à coup pendant la nuit un nouvel accident, qui se traduisait le matin, à la vi- site, par les manifestations suivantes : Hémiplégie complète du raouvemen dans tout le côté droit du corps; les membres supérieurs et inférieurs, dans la résolution, retombent, quand on les soulève, comme une masse inerte ; cependant la sensibilité persiste avec la même exaltation que nous avons déjà plusieurs fois notée; le malade est dans la stupeur; on obtient difficile- ment de lui quelques paroles mal articulées ; il ouvre ses yeux à graod- peine, et ne se plaint de rien. Deux jours après, il existait une contracture du coude et du genou droits ; les jours suivants, le malade revient un peu de sa stupeur, répond mieux et plus facilement aux questions qu'on lui adresse, mais va s'affaiblissant sans cesse. Le 7 avrO, il retombe dans le coma, sans autre manifestation paralytique qu'une perte complète de la parole, bien que les mouvements de la langue soient parfaitement conservés. Il succombe le 9 avril. Dans l'histoire très-abrégée de ce malade, nous avons eu surtout l'intention d'indiquer les principales phases symptomatologiques qui ont répondu, avec une coïncidence parfaite, à chacune des altérations si remarquables successivement survenues dans le centre encéphalique, et que nous rela- tons ci-après, par ordre de production : 1° Une cicatrice linéaire très-distincte, siégeant sur le plancher supérieur du ventricule latéral droit, non loin de la scissure médiane. 2" Du môme côté droit, un foyer de ramollissement récent et un épan- chement sanguin, envahissant l'extrémité postérieure du ventricule et une partie des circonvolutions de la corne postérieure du lobe droit. 3° Du côté opposé à gauche, un vaste foyer ayant détruit presque complè- tement la corne postérieure, et la portion du lobe cérébral qui forme le plan- cher inférieur du ventricule latéral, se prolongeant jusque dans l'intérieur de celui-ci, sans envahir la couche optique, ni la portion réfléchie; on voit immédiatement appliqué sur ce foyer, à la limite externe et postérieure, un foyer hémorrhagique récent de la largeur dune pièce de 2 francs, de cou- leur jaune foncé, et rempli 'par une matière mollasse semi-coagulée, qui n'est autre, évidemment, qu'un caillot sanguin en voie de résolution. Le siège de cette hémorrhagie, sa production récente attestée et par Ips mani- m fesfations symptomatiqncs, et par l'iispect des modifications locales du loyer, paraissent démontrer que rhémorrliagie s'est produite consécutivement au ramollissement. 4° Enfin un foyer d'hémorrhagie encore plus récent que le précéilcnt, de l'étendue d'une noisette, avec caillot sanguin en voie de résorption, sié- geant dans la corne antérieure du lobe cérédral gauche, sur les confins de la grande scissure médiane. 3" OBSERVATION DE PARAPLÉGIE; par M. HiLLAIRET. — EXAMEN DE L\ MOiXI.E ÉPINIÈRE, DÉGKNÉRESCEN-CE AMYLACÉE ; par M. LUVS. Le nommé Oastineau, âgé dcG3 ans, d'une constitution détériorée, fut porté à l'infirmerie le 55 avril 1859, atteint depuis deux jours d'un érysipèle qui avait envahi la tête et le cuir chevelu, et dans un état de prostration considé- rable. Bien qu'il ne pût que répondre difTicilement aux questions qui lui étaient adressées, il nous dit que depuis plusieurs années il était atteint d'une faiblesse très-grande dans les membres inférieurs et qu'il ne marchait qu'avec difiiculté. 11 fut impossible de savoir à quelle époque avait débuté cette paraplégie incomplète, ni la marche qu'elle avait suivie. Le malade ne put donner aucun détail sur les symptômes précurseurs ni sur les symptômes d'invasion ; il mourut le 2 mai. Toutefois, nous avons constaté que la paraplé- gie était incomplète, que le malade couché dans la position horizontale pou- vait, quoique avec beaucoup de difficulté, mouvoir ses membres inférieurs qui étaient sensiblement amaigris, La sensibilité y était encore conservée, (pioique à un faible degré. Quelques muscles, le couturier, le triceps et les adducteurs se contractaient encore très-manifestement sous l'influence de courants électriques de moyenne intensité. Aux deux jambes, les fléchisseurs communs, les péroniers latéraux et les soléaires se contractaient, quoique à un faible degré. Avant d'être incisée, la moelle isolée présentait un léger degré de ra- mollissement au niveau des faisceaux postérieurs; en passant légèrement la pulpe du doigt le long de cette région, on sentait, en effet, quelques inégali- tés de consistance. Une lois incisée, nous constatâmes que les faisceaux pos- térieurs, jusqu'au niveau de la région cervicale, avaient pri»s une tciiilc jau- nâtre ambrée très-caractéristique. Les membranes se sont détachées très- facilement, elles n'ont rien offert d'anormal. Les ganglions des racines pos- térienics de la région lombaire étaient plus volumineux ciue d'habitude, ils étaient pareillement très-vascularisés. Rien à iioler du côté de l'encéphale. L'examen de la texture de la moelle a été fait après que nous l'eûmes pion gée dans une dissolution d'acide chromiiiue. Voici, en ciret, ce ipic nous avons rencontré d'important à signaler : m On sait avec quelle régularité ce liquide coucrétcur lige les éléments ner- veux en place ; nous fûmes .vivement frappés de l'aspect insolite qu'il nous présentaient dans ce cas. La substance grise ne présentait plus son aspect et sa régularité normale. Les irradiations qu'elle émet sur les côtés étaient beau- coup plus apparentes et beaucoup plus épaisses. Elles se disséminaient dans l'épaisseur de la substance blanche en formant des anastomoses très-pressés qui finissaient par se confondre et produire des masses opaques, à la périphé- rie de la moelle, et, en avant, au niveau des cornes antérieures. Ces anasto- moses, véritables irradiations de la substance grise, étaient bien plus épais- ses et plus jaunâtres que normalement. Elles formaient, en dernière analyse, une sorte de gangue fibroïde jaunâtre qui enlaçait et enserrait les tubes nerveux. Ceux-ci étaient alors écrasés, défigurés par l'envahissement de ces tractus fibro'ides. Cet état de désorganisation était surtout prononcé à la ré- gion lombaire de la moelle, dans les faisceaux postérieurs, et aux régions dorsale et cervicale dans les portions périphériques de la moelle, et au ni- veau des cornes antérieures. Ces tractus jaunâtres étaient finement fibrillaires ; ils paraissaient émerger directement de la masse même de la substance grise ; ils nous parurent for- més par des fibrilles excessivement fines, portant çà et là quelques noyaux allongés. Le contenu des tubes nerveux enserrés par ce tissu fibroïde nous a paru présenter quelques modifications : ainsi, à côté de tubes dont le contenu était jaune clair et d'une teinte normale, d'autres étaient remplis d'une sub- stance d'une coloration terre de Sienne brûlée, quekiues cylindcr axis se montrèrent à nous pareillement teintés de la même coloration. Les corpuscules amyloïdes étaient répandus à profusion (200 à 300 environ par préparation) au milieu de la substance grise et de la substance blanche. Ils étaient surtout le plus abondant au milieu des points dégénérés. Ils présentaient l'aspect habituel à ceux que l'on trouve dans les centres nerveux. Us étaient jaunâtres, discoïdes, formés ae couches concentriques. Colorés en violet par l'iode et en bleu intense par l'iode et l'acide sulfu- rique. Eu résumé, l'altération que nous avons eue sous les yeux nous a paru con- sister dans la présence d'un tissu fibroïde plus épais, plus dense que norma- lement, irradié de la substance grise de la moelle, et éparpillé sous forme de fibrilles anastomosiques dans l'épaisseur de la substance blanche. Son dé- veloppement progressif a amené l'écrasement des tubes nerveux et l'épau- chement de leur contenu. Ici se présentent plusieurs questions que nous ne pouvons résoudre pour l'instant que très-incomplétement. 1» Ce tissu fibroïde est-il de nouvelle formation, et que représente-t-il au milieu des éléments histologiques de la moelle? 70 .Nuus serions pork's à croire qu'il représente les prolongeraenls lalrraux (jnc la moelle émet normalement dans la substance blanclie, et que ces pro- Idiigcraeiits auraient été le siège d'un certain degré d'iiypertrophie; ce cpae ion pourrait présumer, avec assez de raison, de la présence de noyaux et do libres fusiformes, à différents âges d'évolution, apparaissant çà et là le long de leur continuité. 2" Quant à la question de savoir si la matière amylo'ide s'est formée sur place aux dépens du contenu retranché du tube nerveux, nous serions assez portés à admettre cette manière de voir, en nous fondant sur ce fait : (jue cette matière était irrégulièrement disséminée dans les deux substances de la moelle, que rare en quelques points, les corpuscules étaient excessivement abondants en d'autres, et qu'enfin leur maximum de fréquence coïncidait avec les endroits du tissu de la moelle qui étaient le plus dégénérés ; là, en effet, oii le tissu flbroïde avait écrasé les parois des tubes nerveux et fait couler leur contenu, celui-ci ne se présentait plus alors que sous l'aspec d'une matière granuleuse, jaunâtre, d'aspect graisseux et occupée par un semis de corpuscules amyloïdes très-multipliés. k" CONTRIBUTIONS A L'ÉTUDE DES CONTRACTURES LIÉES A UNE ALTÉRATION DU SYSTÈME NERVEUX PÉRIPHÉRIQUE ; par M. JULES LUYS. Certaines contractures des membres chez les sujets paralysés paraissent dépendre d'une altération des filets nerveux qui se distribuent à un groupe de faisceaux musculaires. Cette dégénérescence des nerfs amène une dégé- nérescence corrélative dans les fibrilles musculaires dans lesquelles ils se ramifient ; les muscles antagonistes dont les nerfs n'ont pas subi la même altération entraînent alors en vertu de leur tonicité qui persiste, la partie mobile du membre, et il résulte de ce défaut d'équilibre entre ces deux sys- tèmes de forces devenues inégales, des contractures en quelque sorte pas- sives, dépendantes non d'une contraction exagérée dans un syslènie de mus- cles, mais bien d'un défaut d'action par cause locale, par dégénérescence nerveuse, dans les muscles antagonistes. Le premier exemple qui s'est offert à mon observation est relatif à une fcnmie de G5 ans, hémiplégique du côté gauche, et présentant do la contrac- ture permanente dans le membre supérieur du côté, oppose' .- la main était l'oitemeut fléchie sur l'avant-bras; les doigts étaient rétractés vers la paume de la main. A l'autopsie, je constatai l'existence de plusieurs foyers apoplec- tiques dans l'hémisphère du côté opposé à l'hémiplégie. Ne trouvant rien dans le .système nerveux encéphalique qui me rendit compte de l'existence de celte contracture dans le bras droit, je voulus savoir si par rexamcn du système nerveux périphérique, je n'aurais pas une explication satisfaisante de ce fait en apparence insolite. Je constatai, en effet, (pie le nerf radial droit 71 au sortir do la gouttière l/icipilLilc avait perdu sou aspect et sa résistance normale ; là, en efTet, il ne se présentait que sous l'aspect d'un cordon mou, dépressible, à coloration grisâtre, incisé. Son contenu se présenta sous l'as- pect d'une gelée albumineuse transparente; les branches de bifurcation au milieu des muscles de l'avant-bras, n'ont pu être poursuivies qu'avec peine, vu leur friabilité et leur ténuité ; elles étaient littéralement comme fondues an milieu des tissus ambiants; le nerf radial examiaé au niveau de sa naissance au plexus brachial ne pi*ésentait pas le même aspect : là, au contraire, il paraissait avoir ses caractères normaux. L'examen histologique nous lit constater : 1° La dégénérescence granulo-graisseuse du ncvrilèrae; 2» La coagulation du contenu des tubes nerveux sous l'aspect d'un magma granulo-graisseux disposé tantôt en spirale, tantôt en dépôts irréguliers ; 3» La disparition complète du cylinder axis, dont je ne pus retrouver de traces. Les nerfs médian et cubital du même côté, suivis et disséqués avec soin présentaient une fermeté et une résistance qui nous les a fait considérer comme n'étant pas altérés. L'examen du système musculaire du membre en question nous a pareille- ment offert des particularités intéressantes. Ainsi tous les muscles de la région postérieure de l'avant-bras correspondant aux filets animés par le ra- dial présentaient cet aspect blafard, cette teinte jaunâtre, cette décoloration si caractéristique que l'on retrouve dans les muscles qui ne fonctionnent pas. A l'examen microscopique nous reconnîimes l'absence complète de stries et la dégénérescence granulée presque généiale dans toutes les fibrilles mus- culaires. Successivement, dans les masses musculaires de la région antérieure de l'avant-bras, là où les nerfs avaient conservé leur aspect externe habituel, les faisceaux musculaires présentaient à peine ce genre d'altérations que nous venons de signaler dans leurs antagonismes. Il est vrai que nous avons constaté çà et là la dégénérescence de quelques fibrilles musculaires avec passage à l'état granulé, mais ces exemples étaient très-rares, et on peut dire ([uc d'une manière générale les muscles antérieurs de l'avant-bras avaient conservé leur consistance et leur apparence ordinaires. Le deuxième exemple a pour objet une femme de 59 ans, chargée d'em- bonpoint, devenue tout à coup hémiplégique du côté droit. Au bout de douze à quinze jours à partir de son attaque, on remarqua une contracture dans les muscles de la région antérieure de l'avant-bras droit avec flexion des doigts. La malade succomba peu de temps après à une nouvelle congestion. On trouva à l'autopsie, outre un foyer hémorrhagique dans l'hémisphère céré- bral opposé, un petit foyer dans l'épaisseur de la protubérance. Le nerf ra- dial, comme dans l'exemple précédent, présentait pareillement une altération 72 très-remarquable cl Irùs-voisinc de la prccédentc. On peut dire que c'était une véritable atrophie des tubes nerveux par l'envahissement des vésicules adipeuses qui constituait la lésion. Le tronc de ce nerf, en effet, a environ 4 à 5 centimètres au-dessus de sa bifurcation, présentait à l'extérieur une co- loration jaune ambrée très-caractéristique; incisé, son contenu était mou, visqueux, transparent; ses branches de bifurcation étaient molles, friables, perdues au milieu du tissu cellulaire adipeux interposé au milieu des fais- ceaux musculaires. Les tubes nerveux offraient le même aspect : r Infiltration du névrilème par des myriades de granulations granulo- graisseuses ; 2° Coagulation du contenu, sous forme de magma jaunâtre; 3° Dissociation des tubes nerveux par une énorme proportion de vésicules adipeuses infdtrécs dans les interstices de ces mêmes tubes, et les distendant de milles manières. Les muscles de la région antérieure de l'avant-bras correspondant présen- taient un commencement de décoloration et de passage à l'état graisseux très- manifeste. Les éléments musculaires et nerveux de la région antérieure de l'avant- bras n'ont rien présenté d'insolite. Enfin, le troisième cas de ce genre, qui s'est offert à notre observation, a pour objet un homme de 58 ans, atrecté de paraplégie depuis longues an- nées et dont les membres inférieurs avaient été, dans les derniers mois de sa vie, pris de contracture. Les jambes s'étaient peu à peu fléchies sur la face postérieure des cuisses, de sorte que les talons étaient venus en rapport avec les régions fessières ; la contracture était par conséquent localisée dans les muscles de la région postérieure de la cuisse, par suite de la cessation d'action de ceux de la région antérieure. C'est ce que l'autopsie nous a, en effet, dévoilé. La moelle épinière était ramollie dans la portion inférieure. Les deux nerfs cruraux sains, résistants au toucher au moment de leur origine, prenaient au niveau du détroit supérieur du bassin un aspect jaunâtre, en même temps qu'ils se laissaient déprimer en s'aplatissant sous le doigt. Leurs branches terminales étaient en même temps friables, paies, plus ou moins jaunâtres, et perdues facilement au milieu du tissu cellulaire chargé de graisse qui les entourait. Elles ont été presque toutes poursuivies dans les deux mem- bres jusqu'à leur point d'immersion dans le tissu musculaire. Les tubes ner- veux étaient presque tous revenus sur eux-mêmes; leur contenu était coa- gulé, et les librillcs terminales étoullées par un développement exubérant de vésicules adipeuses. Les libres musculaires de tous les muscles de la région antérieure de la cuisse étaient pâles, llasques, jaunâtres; ils avaient tous subi la dégénérescence graisseuse; d'énormes quantités de vésicules adipeuses étaient Injectées au milieu des interstices de leurs fibrilles. 73 Quant aux nerfs et aux muscles de la région postérieure de la cuisse, dont l'action physiologique s'étciit en quelque sorte maintenue au détriment de ceux de la région antérieure, les altérations anatomiques étaient bien moins prononcées. Ainsi les deux nerfs sciatiques étaient durs, résistants^ fermes au toucher ; pas de décoloration ni d'aspect jaunâtre ; les branches de bifur- cation à la région jambière présentaient seulement un aspect jaunâtre am- hré; là, en elTct, les tubes commençaient à devenir granuleux; ceux qui constituaient le tronc même du nerf au niveau des régions fémorale, posté- rieure et poplitée étaient encore parfaitement intacts. Les muscles de la ré- gion postérieure de la cuisse présentaient des altérations peu nombreuses ; la plupart avaient encore conservé leurs stries; la coloration, la consistance étaient à peu près normales. Ceux de la jambe, tant de la région antérieure que de la région postérieure, olTraient toutes les formes de la transformation graisseuse à un degré très-avancé. Ainsi, dans ce cas comme dans les deux précédents, la contracture n'a eu lieu dans un système de muscles que par le défaut d'action des muscles an- tagonistes, défaut d'action qui doit être rapporté, dans ces cas, à des altéra- tions du système nervo-périphérique purement locales (dégénérescences diverses), suivies d'altérations consécutives dans la texture des fibrilles musculaires. Elles sont dues à un défaut d'équilibration entre deux systèmes de muscles opposés et peuvent être désignées, eu égard à leur mécanisme, sous le nom de contractions passives. 5° ORCIIITE ET ÉPIDÎDYMITE CHRO.NIQUES MANIFESTATIONS AIGUES) CHEZ UN VIEIL- LARD DE 80 ANS ; CONCRÉTIONS FIBRINEUSES A DIVERS DEGRÉS D'ORGANISA- TION DANS LA TUNIQUE VAGINALE, ET DANS LA MÊME CAVITÉ CORPS ÉTRANGER DE NATURE FIBRO-CARTILÂGINEUSE, DU VOLUME D'UNE PETITE NOISETTE, NON PÉDICULE ; INFLAMMATION DE LA MEMBRANE INTERNE DU CANAL DE l'ÉPIDI- DYME, DU CANAL DÉFÉRENT ET DES VÉHICULES SÉMINALES ; PRÉSENCE DE GLOBULES PURULENTS MÊLÉS A DES GLOBULES SANGUINS ALTÉRÉS DANS LES CANAUX DÉFÉRENTS, ET AUSSI DANS LA VÉSICULE SÉMINALE DU CÔTÉ GAUCHE ; PAS DE TRACES DE SPERMATOZOÏDES. — EXAMEN MICROSCOPIQUE DES CANALI- cuLES SPERMATIQUES ; par M. Laborde, interne des hôpitaux. Lemaire (François-Denis), 80 ans, couché au n° 29 de la salle Saint-André (infirmerie médicale de l'hospice de Bicètre, service de M. le docteur Léger). Entré le 19 avril 1857, mort le 7 mai. Ce malade, auquel appartient le testicule pathologique que j'ai eu l'honneur de mettre sous les yeux de la Société, a succombé à un état morbide com- plexe impliquant principalement les organes respiratoires. L'afTection testi- culaire n'a été qu'un épiphénomène, et a seulement attiré l'attention dans les deux derniers jours de son existence. Le malade s'est plaint tout à coup de 7'i trcs-vivcs douleurs dans le testicule droit, douleurs qu'il rapportait à un coup rcru le jour môme en allant au bassin. L'examen de cet oigane permet, en effet, de constater que son volume est au moins double du normal. Les douleurs y sont exaspérées par le toucher et surtout la pression; la sensa- tion de fluctuation manifeste révèle l'existence d'une certaine quantité de li- quide dans la tunique vaginale. Le signe fourni par la transparence fait dé- faut; mais on s'explique cette absence par un œdème assez considérable des bourses, et l'épaississement présumable de la tunique vaginale, suite d'inllammation chronique. Une masse dure, résistante et excessivement dou- loureuse sons le palper, est perçue dans la région de l'épididyme par lequel elle est évidemment constituée. Nous venons de dire : inflammation chroni- que, car, malgré les symptômes réels d'une acuité actuelle et le défaut presque complet de renseignements sur son début et sa cause, cette alTcotion parait exister déjà depuis longtemps. Elle aurait même été prise, si nous en croyons le malade, pour une hernie, et il aurait porté un bandage pendant quelque temps. Cette méprise, car c'en est une, a eu probablement sa source dans le volume remarquable des éléments du cordon, lequel depuis sou tra- jet inguinal jusqu'à son immergence dans le testicule donne au palper la sensation d'une tumeur allongée, déprcssible et mollasse, de la grosseur du pouce dans toute sa longueur, et pouvant simuler, à un examen superficiel, une hernie épiploïque. Mais avec un peu d'attention, il n'est pas possible de s'arrêter à une pareille idée, et l'on est tout porté à croire à l'existence de varices volumineuses des veines du cordon; car rien n'y annonce non plus la présence d'une tumeur liquide enkystée. 11 n'y avait guère lieu de songer à un traitement actif de cette affection, de l'clat pathologique autrement me- naçant pour l'existence des organes thoraciques (hydrothorax, congestion pulmonaire double, hydro-péricarde, etc.) ; on s'est donc borné à l'applica- tion de cataplasmes émoUienfs et d'un suspensoir. Le malade succombait deux jours après, et voici ce que révclait l'examen nécropsique du testicule : Infiltration considérable du tissu des bourses (se rattachant à l'œdème des membres inférieurs, suite des affections thoraciques). Épaississement et ad- hérences telles de la tunique vaginale, que la dissection la plus miiuilieuse ne peut parvenir à lu décoller. Dans sa cavité très-restrcinte qui persiste, petite (luanlité de liquide séreux, légèrement sanguinolent. Au milieu de celui-ci nage, sans attache et sans pédicule, un noyau blanc nacré, d'aspect et de consistance flbro-cartilagineux, du volume d'une petite noisette, eu tout semblable aux corps étrangers articulaires, particulièrement ceux du genou. Plusieurs exsudations fibrincuses assez étendues tapissent les sur- faces pariétale et viscérale de la séreuse, (luelqucs-unes présentant un état d'organisation plus avancée que les autres et ne tenant plus à la l'aroi (pie par un simple pédicule, prêtes par conséquent à se détacher et à tomber en liberté dans la cavité de la séreuse. Elles paraissent présenter autant de de- grés par lesquels a dû passer le petit corps sus-mentionaé, avant d'avoir subi la transformation fibro-cartilagieusc et d'être arrivé à constituer un véritable corps étranger. C'est là, en efl'et, sa pathogénie la plus probable et la plus conforme aux lois générales qui président à la formation de semblables pro- duits pathologiques dans les autres cavités séreuses. Du reste, le cas que nous rapportons ici est loin d'être unique dans la science, et on en trouve plusieurs autres signalés par divers auteurs : Morgagni, Laennec, Hichter (de Gœttingue), Chassaignac (Société de chirurgie)rtde Lebert, (Traité d'anat. rATHOLOG., p. 176), Curling (son traité, p. 434, traduction de GosscUn), etc. Mais, en général, on les a vus non libres et appendus à un pédicule. « Il m'a été donné souvent, dit M. Gosselin, d'observer ces corps étrangers fibro- cartilagineux à leur première période, c'est-à-dire à l'époque où ils n'étaient pas encore détachés de la séreuse, et je les ai presque toujours trouvés adhérents par un pédicule plus ou moins large à l'appendice testiculaire. Ce petit organe est, selon moi, leur point de départ le plus fréquent, sans qu'il me soit possible d'en dire la cause. » (Traduct. de Curling, p. 435, en note.) L'épididyme forme un noyau volumineux, induré, avec un aspect jau- nâtre des interstices de ses circonvolutions, dû à i'épanchement de matière plastique signalé par la plupart des auteurs modernes. Mais de plus la sur- face interne du canal de l'épididyme et du canal déférent ofTre toutes les apparences de l'inflammation, et le microscope y révèle l'existence de glo- bules de pus, mêlés à des globules de sang plus ou moins déformés. Les mêmes globules de pus, mais ici mêlés à des amas de globulins, se ren- contrent dans la cavité de la vésicule séminale gauche. Dans la droite, au contraire, on ne trouve que des globulins et des gouttelettes graisseuses en abondance, sans trace de pus. La membrane albuginée est très-épaissie, et le tissu testiculaire présente à la coupe un aspect insolite, qui démontre sa large participation à l'état pathologique de l'épididyme. A part les altérations ordinaires du tissu inter-canaliculaire dansl'orchite chronique (épanchement de matière plastique jaunâtre, etc.), nous croyons observer sur les canali- cules eux-mêmes une altération qui n'a pas encore été signalée, que nous sachions, et qui ne se révèle qu'à l'examen microscopique. Cette altération consiste dans une magnifique injection du réseau capillaire périphérique de la paroi externe des canalicules, et dans une disparition presque complète des cellules épithéliales qui tapissent cette paroi. Celles ci sont remplacées par de petites plaques opaques, amorphes, indéterminées (pour nous), et parmi lesquelles apparaissent des traînées rougeàtres, semblables à de pe- tites ecchymoses. L'injection dont nous avons parlé plus haut est très-éten- due dans certains points, et y affecte l'aspect de véritables épanchements sanguins, sous forme d'infiltration. Rien de semblable ne se voit sur le tes- ticule sain. 70 Nulle part nous n'avons rencontré l'ombre d'un spermatozoïde. Eiinn, les veines du cordon présentent depuis leur émergence une énorme dilatation, plus prononcée en certains points, sous forme ampuUairc, et atrec- tant ainsi l'aspect moniliforme. Nous n'avons pas trouvé de caillots dans leur intérieur. IV. — TÉRATOLOGIE. NOTE SUR UN NOUVEAU GENRE DE M0NSTRU0SITK5 DOUBLES APPARTENANT A LA FAMILLE DES POLVGNATHIENS ; par M. DaRESTE. La pièce que je présente à la Société est la tête d'un agneau de 8 mois. Il existe à la région parotidienne, au-dessous de l'oreille, un appendice d'un peu plus de 3 centimètres de long, velu en dehors et présentant eu dedans une membrane muqueuse avec des papilles presque aussi développées que celles qui, dans le mouton, revêtent la membrane muqueuse des lèvres, mais qui n'existent que sur un des côtés de cette membrane muqueuse. A l'endroit où s'insère cet appendice que l'on peut comparer à une lèvre inférieure, on volt une petite masse dure, informe, n'atteignant pas 1 centimètre dans sa plus grande longueur, et qui représente, selon toute apparence, le maxil- laire inférieur, mais qui ne porte aucune trace de dents, puis immédiate- ment après une petite masse molle, charnue, qui représente la langue par sa forme et par son aspect. Derrière cette langue rudiraentaire, on voit une très- faible ouverture de quelques millimètres seulement. C'est l'orifice d'un canal ayant à peu près le calibre d'une plume à écrire. Ce canal, assez long, passe au-dessus des cornes styloïdieunes de l'os hyoïde et du muscle stylopharyn- gicn; il pénètre dans l'intérieur des parois du pharynx, et vient se terminer dans l'épaisseur des couches musculeuses qui forment le voile du palais, à la pointe même de cet organe. Cette terminaison se fait par un cul-de-sac, et, par conséquent, l'intérieur de ce conduit ne communique en aucune fa- çon avec la cavité pharyngienne du sujet principal. Cette condition anato- mique est donc entièrement contraire à celle que j'ai signalée dans le cas de monstruosité que j'ai fait connaître à la Société il y a deux mois. La lèvre accessoire est entièrement fermée pur un tissu fibreux, contenant dans les aréoles un amas de graisse, et ne présentant point de fibres musculaires. Tout ce i)clit appareil est mis eu mouvement par des fibres musculaires ap- partenant au nmselc digastrique dans le ventre antérieur, après s'être inséré, comme d'ordinaire, sur le maxillaire inférieur, le dépusse en arrière et vient s'attacher à l'extrémité de la petite lèvre. Dans ma précédente communication, j'avais cru pouvoir retrouver dans les caractères téralologiques de la pièce que je faisais connaître, un exem- l)le du genre Paraonatlic qui a été indiqué, mais non décrit par I\I. (icolfroy- Sainl-Hilairc. Mais la pièce que j'avais entre les mains était très-incomplète. 77 L'éluile complète que je viens de faire de la nouvelle pièce tcratolopiquc que je présente à la Société m'a convaincu que cette monstruosité, de même que la précédente, ne possède point réellement les caractères de la paragnathie. En effet, dans la paragnathie, la mûclioire inférieure surnuméraire est sou- dée à la branche montante du maxillaire inférieur du sujet principal. Dans les deux cas que j'ai examinés, et dans un troisième, décrit par Mayer, rien de pareil n'a lieu; et l'union du parasite au sujet principal ne se fait que par les parties molles. Il me paraît donc conforme aux règles de la classification tératologique, de considérer ces trois cas de monstruosités doubles comme formant un nouveau genre, très-voisin du genre paragnathe, mais en ce (lue dans ce dernier, le sujet accessoire est soudé par le squelette au sujet prin- cipal, tandis que dans le nouveau genre que je propose d'établir, l'union n'a lieu que par les parties molles. On pourrait le désigner sous le nom de Plé- siognathe. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE r F LA 80CÎËTË DE BÎOLOOIE PENDANT LE MOIS DE JUIN 1859-, Par m. le Docteur LE GENDRE, secrétaire. Wk m M. RAlEPu I. —Pathologie. l°iNOTE SUR l'existence DE LÉSIONS SECONDAIRES DES CENTRES NERVEUX DANS LE COURS DES RAMOLLISSEMENTS INFLAMMATOIRES ; pal' M. GUBLER. M. Giibler fait part à la Société d'un cas remarqualjle d'afFection cérébrale propre à démontrer l'existence de lésions passives et secondaires des cen- tres nerveux dans le cours des ramollissements inflammatoires et d'autres altérations primitives. Voici en quelques mots le fait sur lequel il s'appuie. Une femme de 62 ans entre dans son service, à l'hôpital Beaujon, le IG mars 1859, avec une hémiplégie unilatérale commençante du côté droit. Cette paralysie, se complèle en peu de jours, s'accompagnant de contracture. La 80 marche progressive de riiéraiplégie et la rétraction musculaire l'ont dia- gnosliquer un ramoliisscnieut cérébral de l'héraispliLTC gauche. La malade succombe le 5 juin. A l'autopsie, on découvre, dans l'hémisphère gauche, une masse jaune clair, molle, caséeuse, du volume d'un œuf de dinde, dans laquelle le mi- croscope démontre de nombreux débris de tissus nerveux, des aggloméra- tions de globules gras, des corps granuleux de Gluge, des éléments fusi- l'ormes; et eniln des néocytes, c'est-à-dire de jeunes cellules, comme on en rencontre dans les exsudations plastiques ou purulentes. Cette masse jaune était environnée d'une zone de tissu cérébral très-friahlc. vasculairc, rouge, non infiltrée de plasma et paraissant le siège d'une inllammation élimina- trice. Entre l'hémisphère ainsi altéré et l'isthme de l'encéphale existent des tra- jets ramollis diiïlciles à suivre dans les masses centrales, mais très-visibles dans le pédoncule cérébral correspondant où le ramollissement de l'étage in- férieur va presque jusqu'à la dilïluence. Dans cette région, il n'existe ni vascularisatlon exagérée, ni rougeur, ni traces d'infiUration plastique: en un mot, on n'observe à l'œil nu, ni au mi- croscope, aucun caractère inflammatoire. L'instrument grossissant montre seulement les fibres nerveuses indistinctes, granuleuses et séparées par places par des séries de globules gras, plus ou moins denses, qui en indiquent la direction. En mettant celte double lésion en regard avec les symptômes, on ne peut manquer de reconnaître que le travail inflammatoire a été le point de départ des accidents , et que le ramol- lissement passif est venu consécutivement à la suppression des fonctions de l'hémisphère cérébral. Les expériences de Waller (de Londres), exposées devant la Société, ap- puient cette interprétation, car elles démontrent qu'à la suite de la section d'une racine motrice, c'est le bout périphérique qui subit des altérations anatomiques. Or le pédoncule cérébral est périphérique par rapport à l'hé- misphère correspondant, et, de plus, l'étage inférieur du pédoncule est con- stitué par les faisceaux moteurs qui vont former plus bas la pyramide anté- rieure de la moelle allongée. M. Gubler pense qu'on devra, à l'avenir, rechercher ces sortes de lésions secondaires soit ccnlriiuges, soit centripètes, dans tous les cas de maladies prolongées de l'encéphale. Les trajets, ramollis passivement par suite d'une transformation rétrograde comparable à celle du fœtus mort dans le sein de la mère, pourront éclairer l'anatomistc sm'la direction des faisceaux sensitifs et moteurs, à travers les masses cncépiiali(iucs. En outre, il est permis d'ad- mettre que d'autres lésions secondaires ont un caractère actif, et M. Uublcr cite à l'appui de celle manière de voir une observation empruntée à Lalle- mand, dans laquelle la ligature du plexus nerveux hrachial donna lieu à des 81 douleurs atroces, puis à des phénomènes cérébrau\', et se termina par un ramollissement de l'hémisphère du côté opposé, résultat, sinon d'une pro- pagation d'inflammation, du moins d'une transmission d'irritation à dis- tance. RECHERCHES EXPÉRIMENTALES SLR l'EXCITABILITÉ DES MUSCLES ET DES NERFS ; par M. W. KiiHNE. Nous rappelons en commençant une proposition étajjlie par JIM. Yaleutiu et Pfliiger, savoir que le passage du courant constant dans un nerf détermine l'afTaiblissement et la disparition des propriétés du nerf dans la partie qui est située au delà du pôle positif. Dans nos expériences nous plaçons le pôle positif du côté du muscle, afin de détruire ou de diminuer sufiisamment dans le bout périphérique l'excitabilité du nerf. Si nous plaçons sur le nerf, entre le muscle et l'électrode positif, une substance chimique, par exemple de la glycérine, suffisante pour déterminer une conlraction musculaire, nous n'obtenons plus de contraction, tant que dans le courant continu, sur le mus- cle lui-même, nous appliquons des substances chimiques, par exemple l'acide chlorhydrique dilué à 1/1000, l'ammoniaque, le sulfate de cuivre, etc. Etnous voyons que le courant constant appliqué sur le nerf ne modifie l'influence de ces substances placées sur les muscles. D'où nous concluons que ces substances n'agissent pas sur le nerf intra- musculaire, mais réellement sur la fibre musculaire elle-même. En outre, nous pouvons ajouter que le courant constant dans le nerf agit très-bien aussi sur les nerfs intramusculaires. Ainsi ce muscle plongé jus- qu'à certain point dans la glycérine est tétanisé; et ce tétanos disparait dès que le courant constant est établi ; ce qui montre bien que la glycérine agit, non pas sur la fibre musculaire, mais sur le nerf intramusculaire. D'après des recherches microscopiques, nous avons été conduit à penser que le nerf ne se distribuait pas dans toute l'étendue du muscle couturier. Nous pouvons, par des expériences, prouver la vérité de cette opinion. Nous avons vu que la glycérine agissait sur les nerfs sans agir sur le muscle. Si donc, on plonge l'extrémité du muscle couturier dans la glycérine, on constate que la contraction musculaire ne se produit pas, mais si on enfonce davantage le muscle dans la glycérine, les contractions se manifestent et ac- cusent avec le microscope la présence des nerfs intra-musculaires à ce ni- veau, et leur absence dans une étendue de quelques millimètres à la partie ia plus extiême du muscle. L'expérience peut être variée comme il suit : On coupe des tronçons égaux du couturier, et on les plonge dans la glycérine : on constate que tous ceux qui appartenaient aux extrémités du muscle n'ofiVent pas de contractions, taudi.^ que les autres en présentent. Ajoutons que le? tronçons des extrémi- «;. li. " G 82 tés sont susceptibles de se contracter quand on les excilc avec le courant ('•loctrifiue ou certains agents cliiniifiiies, comme l'acide nllrique, l'acide ciiiorhydrique dilués, etc., qui m'ont servi à établir l'irritabilité musculaire proprenieut dite. 11. — Anatomie pathologique. 1" IlYDROCÈLE DE LA TlXTQrE VAGINALE, SITUATION DU TESTICULE EN AVANT DE LA TUMEun; par MM. Le Ciendre et Bastien, prosecteurs des hôpi- taux. Sur un homme âgé de 70 ans environ, nous avons rencontré une tumeur remplissant tout le scrotum gauche, de forme régulière, arrondie, im peu en forme de poire à grosse extrémité tournée en bas, et du volume du poing. La peau de cette région est lisse, assez tendue, et en avant ou n'aperçoit aucune trace du raphé médian ; si on relève fortement les bourses on aperçoit en ar- rière le raphé médian s'avançant du périnée vers le scrotum, mais s'effaçant bientôt après, 2 centimètres lie trajet environ sur la ligue médiane du scro- tum. Cette tumeur est manifestement iluctnante, elle est assez légère, cl renferme un liquide dont il est facile d'apprécier la transparence. En comprimant la masse de la tumeur de bas en haut, on refoule le liquide vers l'anneau ingui- nal e.Kterne ; en relevant fortement la verge, on tend la peau de la tumeur et on lui fait prendre une forme légèrement bilobée, ou plutôt ou voit apparaître à sa partie supérieure une saillie régulièrement accusée qui a tout à fait la forme du testicule. La recherche de cette glande dans la tumeur fait reconnaître les particulari- tés suivantes : le testicule est situé vers te partie moyenne de la hauteur de la tumeur, tout à fait en avant et sur un plan superficiel presque sous la peau, il est très-facile de l'isoler avec les doigts et de trouver le prolonge- ment du cordon qui se dirige en haut en suivant la face antérieure de la tu- meur. Les éléments qui composent ce cordon semblent dissociés sur la tu- meur testiculairc et un peu au-dessus : au milieu on reconnaît facilement le cordon défé'rent, sur les côtés à une certaine distance les vaisseaux, puis ils se réunissent en un pa(iuet un peu au-dessous de l'orifice externe du canal inguinal. Le testicule a son volume normal, il est petit et mou comme chez un sujet de cet âge; l'épididyme, sa tète et son corps sont très-làchemcnt unis au testicule par le repli de la séreuse vaginale. Le testicule du côté droit n'était pas complètement descendu, de là la forme particulière qu'alfectait le scrotum : la glande séminale s'était arrêtée imniéilialenical au-dessous de l'anneau iiiguinal extenie. Après la dissection des parties on pouvait faire descendre le testicule dans lescrottun. Ue ce 83 côté l'organe a^ait le même volume que celui du côtcgauclie, il ne présentait rien d'anormal; l'épididyme était trùs-petit. 2° HVDROCKLE ENKYSTÉE DU TESTICULE ; par MM. Le GeNDRE et BASTIEiV, prosecteurs des liôpitaux. Sur le cadavre d'un homme âgé de 50 ans environ, nous avons trouvé plusieurs lésions. Il existait deux hernies inguinales, foutes deux obliques : celle du côté droit, très-volumineuse, descendait jusqu'au fond du scrotum; celle du côté gauche, après avoir franchi l'anneau inguinal externe, s'arrê- tait an sommet de la région scrotale. Les bourses étaient très-nasqucs et pendantes, et en examinant attentivement celle du côte gauche, on sentait fa- cilement le testicule, et en l'isolant on constatait qu'il était surmonté par une tumeur régulière, arrondie, globuleuse, aussi volumineuse que la glande elle-même, tenant tout à fait à l'épididyme dont on peut suivre la saillie et paraissant faire corps avec lui. Ayaut ouvert la tunique vaginale, on la trouva parfaitement saine, tout à fait libre autour du testicule qui atîectait une position normale; elle ne ren- fermait aucune trace de liquide. Le cordon présentait autour de ses éléments du tissu cellulaire graisseux assez abondant. Immédiatement au-dessus de la tête de l'épididyme, se prolongeant un peu sur le corps, on trouvait un ^ystc de la grosseur d'un œuf de pigeon, à parois minces, transparentes, situé tout à fait en dehors de la tunique vaginale, dans laquelle il procmine. 11 renfermait une sérosité un peu trouble, qui n'a pas été examinée au mi- croscope ; mais elle renfermait beaucoup d'albumine, car elle donne un pré- cipité blanc abondant par l'addition d'un peu d'acide azotique. La face in- terne de ce kyste était lisse, tout à fait analogue à une membrane séreuse, et la poche se prolongeait jusqu'au niveau de la partie moyenne de l'épidi- dyme; il n'existait aucune trace de communication entre cette poche acci- dentelle et la cavité vaginale du testicule. C'est là évidemment un cas de kyste de la tête de Tépidydime : il est à regretter que l'examen microscopique du liquide n'ait pas été fait ; il aurait probablement montré l'existence d'animalcules spermatiques qui se ren- contrent fréquemment, mais non toujours, dans cette variété d'hydrocèle enkystée. Les connexions iatimes de la poche avec l'épididyme, sa forme, ses rapports, doivent faire éloigner l'idée d'une poche kystique résultant d'un ancien sac herniaire oblitéré, quoi qu'il existât une hernie inguinale double chez ce sujet; de plus et du côté du kyste, la hernie inguinale n'était pas encore descendue dans la région scrotale. 84 3° DKOK.MCRESCKSrr: GRAISSEUSE DES MCSCI.ES CHEZ i:.N ENEANT ATTEINT DE uAciiiTiSME ; par JI. Le Gr.ndue. Un enfant màlo, qui avait vécu G à 8 mois, présentait à l'extérieur toutes Icsdéfornialions du lachilisnie iléjà avanci', courbure prononcée des mem- bres, déformation du thorax. Ces caractères étaient encore plus évidents en examinant les os privés des parties molles. Ceu.\-ci se tordaient avec la pins grande facilité ; le périoste des fémurs et des humérus était rouge, épaissi ; on pouvait l'arracher piesque en entier de ces os ; enfin une coupe perpen- diculaire de l'épi physe montrait l'absence de l'ossilicalion entre le cartilage et l'os et la présence du tissu spongoïde dans une assez grande étendue. L'examen au microscope de cette région a permis de constater toutes les altérations de la substance chondroïde intermédiaire à l'os et au cartilage é[)iphysaire, qui a été si bien décrite par M. Broca, dans son Mémoire sur L'ALTÉRATION DES OS RACIUTIQUES. Mais, de plus, on trouvait dans les muscles nue autre lésion déjà assez avancée. Le fémur et l'humérus, comme nous, l'avons dit, présentaient une incurvation très-prouoncée; dans ce point, du côté de la convexité de l'os, les fibres musculaires des muscles triceps avaient pris une teinte jaunâtre très- caractéristique, et l'examen au microscope de leur tissu montrait qu'ils avaient subi une dégénérescence graisseuse complète; dans certains points, on ne retrouvait plus traces de fibres musculaires ; elles étaient remplacés par de grandes cellules de graisse juxtaposées. La partie superficielle de ci.'s muscles n'était pas altérée. Les filets nerveux qui se rendaient à ces umscics étaient atteints de la même dégénérescence; les tubes nerveux étaient infil- trés de granulations graisseuses et entourés de vésicules graisseuses ; mais leur altération n'était pas assez avancée pour empêcher de reconnuilre en- core la structure de la fibre nerveuse. m. — Pathologie. ICTÈRE ; DÉGÉNÉRESCENCE DE LA TÈTE DU PANCRÉAS ) CANCER ÉPITIIÉLIAL DU DUODÉNUM AU NIVEAU DE L'EMHOUCIIURE, DANS CE DERNIEIl, DES CANAUX CHOLÉDOQUE ET PANCRÉATIQUE ; par M. Laborde, interne des hôpitaux. Il s'agit d'un homme de 80 ans, le nommé Hounousset, couché au n'S de la salle Sainte-1'oy (infirmerie générale île l'hospice de Bicètre, service de M. Léger). Entré le Ui mai 1857, mort le 28. Vieillard de petite taille, un peu amaigri, mais à l'œil encore très-vif. 11 ne comprend pas pourquoi on l'a trans|)orlé à l'infirmerie, il se dit cxenqil de tout mal et de toute souffrance; il ignore même qu'il estjouHf de la tète aux pieds. Ku consé(]uence, il est impossible d'obtenir de sa bouche le Sa moindre renseignement sur le début de sa maladie et sur ses anléccdents. Les personne? qui ont pu l'observer dans sa division ne nous en apprennent pas davantage, si ce n'est que sa jaunisse n'existe (jue depuis environ lujit jours. Ce renseignement, pour le dire à l'avance, est même très-sujet a cau- tion, ainsi que la suite des faits va le démontrer. Force est donc de demander à l'examen direct toutes les lumières du diagnostic ; cet examen permet de constater ce qui suit : Coloration d'un jaune orangé remarquable de toute la surface cutanée ex- terne et de la conjonctive oculaire. Langue recouverte d'un léger enduit (■•gaiement jaunâtre. Pouls d'une lenteur caractéristique (10 à 60), )in peu laible. l'oint de douleur spontanée nulle part ; mais le palper et surtout la pression déterminent une douleur assez vive vers l'hypocondre gauche, dans un point très-limité, un peu au-dessous et à gauche du rebord des dernières fausses côtes. Cependant ni le palper ni la percussion ne révèlent en ce point la présence d'aucune tumeur appréciable. Le foie lui-même ne déborde nullement le rebord costal ; il est dans ses limites normales, et il parait oiTrir plutôt une diminution qu'une augmentation de son volume. Rien dans l'état présent, ni dans un passé peu éloigné, ne démontre l'existence de calculs biliaires et surtout d'un calcul obstruant les canaux cystique ou cholédoque. Pas la moindre manifestation de colique hépatique. L'appétit ne fait pas complète- ment défaut, et le malade conserve encore, malgré son grand âge, une cer- taine vivacité, qui se manifeste tant par les mouvements que par l'expres- sion de son regard. Constipation et décoloration des matières fécales ; urines éminemment bilieuses ; réaction caractéristique par l'acide azotique. Ajou- tons enfin que le cœur présente des battements normaux, à la lenteur et à la faiblesse près, et que les poumons ne sont le siège que de l'altération si commune à cet âge, un catarrhe chronique, sans manifestations aiguës ac- tuelles. Eu présence de ces signes, pour la plupart négatifs, le diagnostic de la cause de l'ictère ou de la lésion a dû rester tout d'abord en suspens. Mais il s'est trouvé bientôt éclairé, du moins en partie, par la marche subséquente de l'afFection. En eflet, la persistance et même l'augmentation de la colora- lion ictérique, malgré une médication révulsive appropriée; l'état d'abatte- ment progressif constituant une véritable adynamic, quelques ecchymoses afl'cclaul la forme de taches de purpura survcnuesaux membres inférieurs, etc., ont bientôt fait songer à l'existence probable d'une affection c]i,rotiique orga- nique, exerçant une influence directe ou indirecte sur l'excrétion biliaire. Maisquel était le siège de cette affection, quelle en était la nature? De grandes difncultés s'offraient à une pareille détermination. L'examen précité delà ;;lande hépatique semblait exclure toute participation directe de celle-ci. l'aimi les aulres organes, l'estomac se montrait, à l'investigation la plus 8G minutieuse, dans un lUut d'intégritù parfaite; l'absence de toute tumeur sail- lante et plus ou moins mobile excluait aussi la participation de l'épiplooii. Kestail le pancréas, sur lc(iuel s'arrêtait, en dernier lien, la pensée, comme capable de dégénérescence et de compression permanente sur le principal conduit de la bile. Cette présomption empruntait de plus quelque raison d'èlrc à l'existence d'une douleur vive signalée plus haut au niveau de la glande pancréatique cl déterminée par la pression. Quoi qu'il en soit, le ma- lade ayant succombé le douzième jour, voici ce que l'autopsie, pratiquée vingt-quatre après la mort, permit de constater : Le thorax et l'abdomen étant ouverts, toute la surface interne de ces cavi- tés et celle des organes contenus se présentent avec une belle coloration jaune semblable à celle déjà signalée sur la muqueuse externe. Elle se montre par plaques à la surface même des poumons, et aussi dans la cavité encé- phalique, sur toute la surface du cerveau ; on la retrouve enlin à la coupe des muscles et des cartilages- L'attention se trouvant particulièrement attirée vers l'état des voies bi- liaires, il suffit de relever le bord tranchant du foie pour se convaincre, sans dissection, que celles-ci sont le siège d'une dilatation inaccoutumée. En efl'et, les canaux hépatique et cholédoque surtout présentent un volume con- sidérable et peu différent de celui de la vésicule elle-même dans un état de distension exagérée. Sans offrir le même degré de dilatation, le canal cys- tique a bien plus que son volume normal. Les uns et les autres, incisés, lais- sent s'échapper en abondance une bile presque noire, de consistance moins fluide que normalement, poisseuse et comme gélatiniforme. Cependant tous les canaux sont parfaitement perméables dans toute leur étendue, et la péné- tration du canal cholédoque lui-même dans le duodénum se fait par une em- bouchure bien ouverte et plus large que d'habitude. Mais cette embouchure traverse une tumeur très-dure et très-adhérente aux pavois duodénale.-. tumeur du volume d'un gros œuf de poule et appartenant à la tête du pan- créas, qu'elle paraît ne point dépasser, ainsi qu'en fait foi, d'ailleurs, l'examen microscopique. Celui-ci, en effet, démontre dans celte tumeur l'existence, en très-grand nombre, de noyaux volumineux avec nucléole appartenant à une des variétés de la dégénérescence cancéreuse; de granu- lations et de cellules adipeuses aussi en très-grande quantité, tandis qu'on n'aperçoit que quelques rares éléments glandulaires. De plus, à l'inlérieiir du duodénum, et juste au niveau de l'embouchure du cholédoque, apparail une large plaque formant tumeur, à bords renversés et de forme champ: - gnonnée. Sa surface est comme ulcérée, bien qu'il n'y ait point de liquide sanieux. Toute la mucpieuse duodénale est mollasse et décliiqiictée par places. La coupe de la tumeur est mollasse; il s'en écoule un suc grisàtie qui présente, sous le microscope, une multiplication remarquable de la cel- Inle épithéliale normale de l'intestin, et des raodiflcatious successives de 87 celle-ci, aboutissant à la cellule allougéo, fiisifurmc, (Ibro -plastique, au noyau nucléole et gi-annlations moléculaires abondantes. La môme prépara- tion offre un grand nombre de noyaux séparés, semblables à ceux signalés plus liant dans la tumeur pancréatique. Il esta remarquer que dans ce point du canal intestinal (siège de la tumeur), on ne trouve pas trace d'élément glandulaire, lequel se retrouve dans les autres points de la muqueuse avec la plupart de ses attributs normaux (glandes de Brunncr). Le foie est sain et ne présente d'autres modilications que celles dues au long séjour forcé de la bile dans sou tissu. En résumé, dégénérescence cancéreuse de la tête du pancréas, et aussi du duodénum (celle de ce dernier affectant plus particulièrement la forme épi- thélialc et fibro-plastique) ; ictère consécutif par compression du canal cho- lédoque à son eniboucliure duodénale. Bien que l'influence compressive soit ici indéniable, malgré la perméabilité persistante des canaux biliaires, on se demande si, dans un cas semblable, il n'existe pas une influence morbide plus profonde et en quelque sorte plus intime, exercée par la nature même de l'affection sur la fonction biliaire, surtout dans ses relations avec la fonc- tion digestive. C'est un point intéressant de physiologie pathologique à élu- cider. IV. — CHlMiE PATHOLOGIQUE. 1° ANALOGIE d'action DE L' ACIDE NITRIQUE SUR LA BILE ET SUR L'HÉMATOÏ DINE ; par M. Gubler. La plupart des caractères de la substance désignée sous le nom d'héma- toïdine sont bien connus surtout depuis le travail de MM. Mercier et Robin. Cependant il en est un des plus importants qui reste ignoré des patholo- gistes, et qui même a été formellement nié par les deux savants à qui nous devons l'étude la plus complète de cette intéressante matière : je veux par- ler des changements de couleur qu'elle éprouve sous l'action de l'acide ni- trique. Lorsque j'eus pour la première fois l'occasion de rencontrer ce principe immédiat dont je ne connaissais aucune description, c'était le 23 mai 184S, je le soumis à l'action de quelques réactifs usuels, cherchant ainsi à l'aveQ- ture des renseignements sur la nature de ce produit. Toutefois la coloration jaune des cristaux m'ayant fait songer à la bile, je les traitai par l'acide ni- trique du commerce, et ne fus pas peu surpris de voir apparaître la série des couleurs par lesquelles passe la matière colorante biliaire elle-même, dans les mêmes circonstances. De la bile grumeleuse retirée de la vésicule du fiel, traitée comparativement, donnait exactement les mêmes nuances disposées dans le même ordre. Malgré cela, je me gardai bien de conclure que j'avais allaiie à la résine Jjiliaiie cristallisée en vlioniboïdes ; mais celle analogie me frappa, et j'en fis part à M. Lcbcrt qni m'annonra que précisé- ment un travail sur ce principe inunédiat venait de paraître dans l'un des derniers numéros des Archives de \ircliow, le dernier je crois. Ce micro- graphe distingué se mit aussitôt à la recherche de l'hématoïdine, dont il donna ensuite une bonne description avec d'excellentes figures, mais sans paraître s'occuper delà mutation de coloration du métachromatisme que lui faisait subir l'acide nitrique. M. Robin se montra moins favorable encore à cette assertion que je formu- lai à nouveau dans ma thèse de concours pour l'agrégation (Théorie la plus RATIONNELLE DE LA CIRRHOSE, etc. Paris, 1853). Voici, en effet, comment il s'exprime dans le mémoire qui lui est commun avec M. Mercier et se trouve inséré parmi ceux de la Société de biologie (1855) : « 11 est certain que ni » au commencement ni pendant la durée de la dissolution de l'iiématoidine )) dans l'acide nitrique...., on ne voit rien d'analogue à la réaction de l'acide « azotique sur labile ou sa matière colorante. » Et plusloin : « On peut donc » affirmer que ceux qui ont avancé et soutenu avec trop de légèreté que ce » composé prenait au contact de l'acide nitrique les mêmes couleurs que la » bile, ont été la dupe de cpielque illusion. Agissant sur de l'hématoïdine » mélangée de liquides et de fragments de tissus animaux, il n'y a pas à » douter que si la succession des couleurs précédentes a été vue, il se trou- » vait de la biliverdine parmi eux, ce serait commettre une erreur grossière » et rectifiée par les donuées les plus élémentaires de l'expérience que vou- » loir rapporter aux cristaux d'hématoïdine, ce qui appartient à un autre » composé (1). » Ce jugement sévère, prononcé par un homme si compétent, pouvait paraî- tre sans recours. Je ne le crus pas. Comment admettre en effet la possibilité de l'erreur supposée gratuitement par M. Robin, dans ma première observa- tion où il s'agissait d'un homme entré à l'hôpital de la Charité, salle Saint- Michel, n" 40, service de M. Rayer, pour un ramollissement cérébral, et qui succomba le 22 mai 1848, sans offrir aucune coloration ictérique. J'eus encore plusieurs fois la bonne fortune de rencontrer des cas sem- blables, où la matière jaune des cicatrices cérébrales me présenta les mêmes changements de [couleur sans .qu'il fut iiossible de les attribuer à la matière colorante de la bile. Mais enfin je voulais revoir assez souvent le fait pour qu'il ne restât aucun doute dans mon esprit. Aujourd'hui, des observations répétées m'ont fait acquérir la certitude la (!) Dans la onzième et dernière édition du Dictionnaihe do Nysten, M. Ro- bin omet complètement de parler de la réaction de l'acide azotique sur l'hé- matoïdine. 89 plus complète sur ce point de l'iiistoire de riiématoïdiuc. Je soumets à la Société plusieurs dessins coloriés de mes albums qui lui feront, j'espère, partager ma conviction. On y peut voir que l'hématoïdinc, soit amorphe, soit cristallisée , subit des modifications de couleur entièrement comparables à celles de la biliverdine j et qu'elles se succèdent constamment dans le môme ordre. La matière qui est naturellement d'un jaune rouge, commence par de- venir verte, puis bleue et violette, enfin rouge, après quoi elle pàlif. Il y a cependant une diCférence entre l'hématoïdine et la biliverdine ; c'est que la nuance verte est la plus durable quand il s'agit de la dernière, tandis que pour l'hématoïdine, au contraire, c'est la couleur violette intense qui est permanente. Je considère ce caractère comme un bon moyen de diagnostic dill'érentiel entre la biliphéine et l'hématoïdine amorphe. Le fait de l'analogie d'action de l'acide nitrique sur ces deux principes immédiats étant bien établi, on en peut tirer une preuve nouvelle à l'appui de cette vue que la matière colorante des globules sanguins, celle du sérum, celles de la bile et de l'urine forment avec l'hématoïdine une série naturelle comparable à celle des matières colorantes bleues végétales, auxquelles il faut rattacher la substance bleu verdàtre du pus, et celle qui dans certaines urines, celles des cholériques en particulier, prend naissance sous l'influence de l'acide azotique en excès, et se rapproche assez de l'indigo pour mériter le nom tïindigose que j'ai proposé de lui appliquer. '2° NOTE SUR UN DES CARACTÈRES QUI PEUVENT SERVIR A DISTINGUER l'HÉMATOSINE DE l'hématoïdine; par M. le docteur Charles Robin. On sait que dans un très-grand nombre de circonstances des tissus malades peuvent être colores par des giains d'iiématosine. La teinte qu'ils en reçoivent peut varier notablement d'un tissu à l'autre selon la quantité de cette substance, selon son mode d'accumulation et de distribution entre les éléments anato- miques, ou dans leur épaisseur même ; selon que les granules qu'elle forme sont écartés les uns des autres ou accumulés et contigus. L'hématosine forme ainsi, comme on le sait, des taches ou des amas de grandeur variable isolés ou en grand nombre, se touchant presque ou éloi- gnés dans un même organe. Leur couleur varie du rouge paie au rouge brique, ou couleur de rouille; parfois ces taches sont d'un brun rouge plus ou moins foncé; il n'est pas rare de les voir d'un brun noir ou même tout à fait noires. Beaucoup d'espèces de tumeurs présentent des taches de cette apparence qui sont constituées de la sorte. On sait aussi depuis longtemps que les taches ou petites masses noires qu'on trouve dans l'ovaire, à la place autrefois occupée par les oariules, dont l'atrophie est déjà avancée, sont aussi formées par des grains d'hémalosine mélangés d'un nombre plus ou moins considérable de cristaux d'hcmatoïdiue. J'ai déjà décrit quelques-unes 00 des diverses conditions dans lesquelles on trouve les grains d'héraatosinc soit dans l'épuisseur des éléments anatomiques, soit dans leurs interstices (RkMAHQL'ES SLR L'iIKMATOÏniNE AMORPHE. CoMPTE RENDUS ET MÉMOIRES DE LA Société de biologie. Puris, 1855, in-8, p. 140 à 145). Les taches noires qu'on trouve parfois sous le péritoine dans un assez grand nombre de circonstances morbides ou purement accidentelles sont constituées de la même manière. C'est ce dont j'ai pu m'assurer encore ré- cemment avec M. le docteur Hillairet sur une piùcc présentée par lui à la Société de biologie. Tout le péritoine était parsemé de taches noires, presque cnlièrement opaques, éparses, dont les plus grandes étaient larges de 2 millimètres. Les unes étaient linéaires, étroites, les autres irrégulièrement arrondies ; quelques-unes enfin avaient une forme presque étoilée et étaient tout à fait semblables à des taches de pigment. Elles étaient formées par des granules adhérents à la face profonde du péritoine, saillantes au-dessous de lui et formant des traînées que Ton pou- vait suivre dans les sillons interposés aux cellules adipeuses sous-péritonéalcs les plus superflcielles. Les grains qui composaient ces taches étaient arrondis ou irrégulièrement polyédriques à angles mousses. Ils avaient une largeur de 2 à 10 millièmes de millimètre environ, mais il y en a qui ollraient jus- qu'à 20 millièmes. Ceux qui avaient des dimensions égales dans tous les sens étaient opaques, noirs, mais beaucoup étaient aplatis, laissaient traverser la lumière et lui donnaient une teinte d'un rouge brun foncé. Je reviendrai ci- après sur les réactions que présentaient ces granules. On sait qu'on peut trouver dans la grande cavité de l'arachnoïde des cou- ches laraelleuses de fibrine coagulée, plus on moins colorée en jaune par des leucocytes du pus qu'elle a englobés^ et des membranes de nouvelle généra- tion, ayant une trame analogue à celle des séreuses ou des fibreuses. Ces productions accidentelles, bien que souvent encore confondues sous le nom de 'pseudo-membraiies, ditlèrent par leurs caractères et les conditions mor- bides nécessaires à leur formation : le nom de 'pseudo -membranes doit être l'éservé pour les couches fibrineuses qu'on rencontre quelquefois dans les méningites aiguës, qui siègent de préférence sur le feuillet viscéral de l'a- raciiîioïde et qui ne s'organisent jamais; tandis que l'on doit appeler, neb- mem6rones, des membranes de nouvelle génération, réellement organisées, qui sont formées de fibres lamincuscs et de rares libres élastiques de la va- riété dartoïque, et qui sont ou peuvent devenir vasculaires. Elles sont beau- coui) plus fréquentes que les pseudo-membranes. On doit distinguer non-seulement les néomembranes des pseudo-mem- branes, mais encore ces deux espèces de productions accidentelles, des (■■panchements sanguins. Les ni'oniembrancs adhèrent presque constam- ment au feuillet i)ariétal de rarachnoule et sont produites par l'exsu- dation de blaslème dans lequel naissent rapidement des noyaux embryo- 91 plastiques, des fibres lamineuses, puis des fibres élastiques et des vaisseaux sanguins. Ce blastème peut ôtrc exsudé seul, mais le plus souvent il est mêlé à un peu de sang extravasc. L'hérnatosine se sépare des globules, au bout de quelque temps, sous forme de granules irréguliers, qui donnent à la néo- membrane une coloration rouillée; elle met, contrairement à l'opinion de quelques auteurs, beaucoup de temps à se résorber. Dans le plus grand nombre des cas, l'extravasation du sang a lieu au moment de l'exsudation du blastème ; mais l'une peut précéder l'autre, car ils proviennent des vaisseaux de la méninge à laquelle adhère la néomembrane. (Voyez Brunet, Recherches SUR LES NÉOMEMBRANES ET LES KYSTES DE l' ARACHNOÏDE. Paris, 1859, in-4, p. 8, 77 et 89. Thèse). Ces néomembranes arachnoïdiennes peuvent être parsemées de taches rougeâtres ou de teinte couleur de rouille ; celles-ci varient de grandeur depuis celle d'un point presque invisible à l'oeil nu jusqu'à celui de plusieurs millimètres. Elles sont formées, comme nous allons le voir, uniquement de granules d'hématosine. Mais on peut aussi trouver dans ces membranes de petits caillots ou de petites collections sanguines larges de 1 centimètre en- viron : puis entre ces petites collections sanguines et les épanchements kys- tiques pouvant contenir plusieurs centaines de grammes de sang on trouve tous les degrés intermédiaires. Dans les taches de couleur de rouille, etc., les granules d'hématosine ont une largeur de 1 à 10 millièmes de millimètre environ. Ces granules sont épars, ou irrégulièrement groupés. Il n'est pas rare d'en trouver qui sont au contraire réunis sous forme de globules granuleux ou encore immédiatement contigus, accumulés, serrés les uns contre les autres, composant des amas qui simulent des cellules allongées. J'ai cité déjà des exemples de ce genre qui ne sont pas très-rares [loc. cit. Mém. de la Soc. de biologie, 1855, p. 143). Dans ce même travail j'ai montré que ces grains d'hématosine qui accompa- gnent souvent les cristaux d'hématoîdine et ont reçu lô nom d'hématoïdine amorphe, sont différents de Vhématoïdine cristallisée exempte de fer; que ces grains étaient de l'hématosine probablement encore pourvue de son équi- valent de fer, mais séparée de la globuline des hématies et réunie en glo- bules, qui plus tard aurait peut-être passé à l'état d'hématoîdine et aurait cristallisé (p. 141). Dans les taches couleur de rouille des néomembranes arachnoïdiennes, ainsi que dans les autres cas d'accumulation des grains d'hématosine aux- quelles j'ai fait allusion, il n'est pas rare de trouver des cristaux d'héma- toîdine isolés ou groupés au milieu de ces granules. Mais très-souvent ce.-; cristaux sont peu nombreux par rapport aux amas d'hématosine. Ils sont alors complètement masqués par ces derniers et ne peuvent être aperçus si l'on n'emploie des dissolvants qui fassent disparaître les uns en laissant les autres intacts. 11 m'est arrivé souvent de considérer d'abord des taches rou- •J2 gcâlics ou noiràircs de divers produits morbides connue cousliluccs uui(iuc- inent de granules d'iiémalosine et de reconnaître ensuite que, contrairement à ce que je pensais d'ai)ord, il s'y trouvait aussi des cristaux d'Iiëmatoïdine. L'emploi de l'acide sulfuriquc ordinaire est un très-bon moyen pour arri- ver à déterminer si dans une préparation il existe seulement des granules d'hématosine, ou s'il s'y trouve en même temps des cristaux d'hématoïdinc. En eiret cet acide pâlit d'abord, rend plus clairs et plus transparents les granules d'hématosine; il les jaunit légèrement lorsqu'ils olTrent une teinte d'un brun rougcàtre foncé et les rend plus trans[;arcnts. Après quelques mo- ments du contact de l'acide chaque granule et par suite les amas qu'ils forment se trouvent entourés d'une auréole jaunâtre qu'on peut faire dispa- raître en chassant le liquide de la préparation par des mouvements des la- melles de verre; elle est due sans aucun doute à urle solution de l'hcmatosine dans l'acide. Les grains deviennent peu à peu si pâles qu'ils semblent presque incolores, et au bout de queUiucs heures ils ne colorent plus la lumière et ne la réfractent pas plus fortement que des corpuscules de même voliuiic formés par des substances azotées ou albunimoïdes des solides ; lorsque les grains d'hématosine sont groupés en forme de globules granuleux, au bout de quelques heures il reste une masse pâle de même forme ressemblant à une cellule grenue, pâle, sans noyau. Tous les granules d'hématosine ne sont pas atta(|nés d'une manière égale par l'acide sulfurique, et dans les conditions ci-dessus il en reste quelques uns qui sont encore un peu rougeâtrcs ou jau- nâtres. Mais, du soir au lendemain, en douze à dix-huit heures au plus, tous disparaissent. Le tissu dans le(iuel ils étaient plongés devient tout à fait in- colore et homogène. Dans les cas où existe de l'iiématoïdine avec les granules d'hématosine, on constate alors la présence de quelques cristaux de la première dans les endroits où la seconde formait les amas les plus volumineux. C'est ainsi que l'acide sulfurique devient un moyen de distinguer facilement les deux com- posés précédents lorsqu'ils sont mélangés, et de découvrir l'hématoïdinc lorsqu'elle est masquée par l'héniatosine. On ne peut dire que l'acide a déter- miné le passage à l'état cristallin des granules arrondis, etc., d'iiématosine, car dans la plupart des cas le nombre des cristaux dans le champ du micro- scope n'atteint pas la dixième partie de celui des grains d'hématosine, et il faut les chercher souvent en divers points do la préparation avant de les ren- contrer. Ce fait montre en outre qu'il n'y a pas d'hc'matoïdinc amorplw, ([ue tous les corpuscules microscopiques colorés en rouge qui ne sont pas cris- tallisés sont de l'héniatosine séparée des hématies et réunie en granules sous forme cristalline. Au contraire, les cristaux qu'on met à découvert par le pro- cédé ci-dessus oïd les caractères de l'iiénuitoidine, et, selon tonte probabi- lité, à mesure que l'hTmatosinc passe à l'état d'hémalo'idine elle prend l'état cristallin propre à ce dernier conq)usi cliimique. 93 i.os (liiïi reiloos entre ces deux corps se trouvent mises en évidence durant cette réaction par l'état de cristallisation de l'hématoïdinc et son insolubilité dans l'acide sulfurique, tandis que l'iiéniatosine n'est pas crislallisce et se dis- sout assez rapidement. L'acide sulturique ne se volatilisant pas, il est facile de suivre toutes les phases de son action du jour au lendemain, lorsque la quantité d'hématosine étant considérable, une heure ou deux ne suiïisent pas à son entière dissolution. Certaines tumeurs sanguines ou hématiques (hématomes), enkystées ou non, (ju'on rencontre dans le bassin, la tiiyréoïde, dans les ganglions lym- phatiques, la rate, les capsules surrénales, à la jambe le long des varices, dans la tunique vaginale, comme suite d'hématocèles anciennes, etc., ren- ferment des corpuscules qu'on pourrait confondre avec des éléments anato* miques. La substance de ces tumeurs est d'un brun grisâtre ou rougeâtre, quelquefois noirâtre au point de simuler du pigment mélanique. Elle est gé- néralement friable, demi-sèche, pulvérulente, quelquefois comme pulpeuse; elle est composée en partie de fibrine avec ou sans hématies encore recon- naissables ou presque en totalité des corpuscules dont il s'agit ici. Ces cor- puscules varient en diamètre depuis 5 jusqu'à 35 et même 45 millièmes de millimètre. Les plus nombreux ont de 12 à 20 millièmes. On trouve toujours dans ces masses morbides de nombreuses granulations moléculaires de même nature sansdoute que les corps dont il s'agit ici. Ils sont polyédriques, souvent aplatis, presque toujours à angles et bords arrondis. Ces formes, pas plus que les dimensions, n'ont rien de lise, elles varient à l'infini, mais pour- tant la manière dont leurs angles et leurs arêtes sont émoussés et arron- dis, jointe aux particularités suivantes de couleur, donne à ces corps un aspect tout particulier. Sous le microscope, ils sont en effet d'un brun rouge ou d'un rougeâtre tout particulier ; cette teinte est surtout manifeste dans les plus volumineux. En outre une particularité importante à noter est que plusieurs de ces corpuscules, les plus gros surtout, offrent dans leur épaisseur, particulière- ment vers leur milieu, des granulations à centre brillant, jaunâtre ou rou- geâtre, à contour foncé. Cette particularité leur donne une apparence de structure spéciale. Mais on peut voir, en examinant différents points de la tumeur, que la masse de celle-ci offre par places de la fibrine encore re- connaissable à son état fibrillaire, et ailleurs déjà parvenue à l'état amorphe. Les portions arrivées à l'état amorphe, et plus ou moins granuleuses, se réduisent en fragments qui sont d'autant plus nets et mieux isolés et séparés des portions de fibrine encore à l'état amorphe, que l'on approche davantage des portions les plus centrales ou les plus friables de la tumeur. Il est facile ainsi de reconnaître qu'ils proviennent de fibrine altérée graduellement, et ayant retenu les globules sanguins dont la globuline et la matière colorante se sont modifiées en même temps. Cette dernière, en particulier, est plus ou 94 moins abondanlc, selon les cas, et colore plus ou moins ces corpuscules, selon la quantité de celte matière fixée moléeule à molécule à la fibrine al- térée et amorphe. On trouve assez souvent des grains d'hémalosine mélangés à ces corpuscules, mais il est rare que l'acide sulfurique y mette à découvert des cristaux d'hématosine- Quant aux corpuscules précédents, leur volume et leur forme extrême- ment difi'érents de l'un à l'autre, leurs contours arrondis, leur coloration bru- nâtre, ou d'un brun roussâtre, sont autant de particularités qu'on ne ren- contre dans aucune espèce d'élément anatomique. Malgré leurs granulations, il est facile de voir qu'ils n'ont pas de structure propre, pas de noyaux ni autres particularités qui'puissent les faire prendre pour des cellules. L'étude de ces corpuscules sur des tumeurs de plus en plus anciennes, fait reconnaître aisément qu'il s'agit là de concrétions formées principalement de fil)rinc mélangée de matière colorante des globules, offrant une espèce particulière de modification consécutive à sou passage à l'état araorplie, et nullement de substance organisée, susceptible de se nourrir, de se dévelop- per et de reproduire des parties semblables à elle. Bien que beaucoup de ces corpuscules aient le volume que présentent les grains d'hématosine, on ne saurait les confondre les uns avec les autres. Ils sont, en effet, plus irréguliers que les granules d'hématosine, et leur couleur d'un gris ou d'un brun rougcâtrc est dune teinte sale et non brillante, comme celle de l'hématosine. En outre l'acide sulfurique les pâlit beaucoup, les ré- duit en une substance homogène transparente, comme gélatineuse, finement grenue, sans les liquéfier ni les dissoudre tout à fait. 3° SUR LES PRÉTENDUS CORPUSCULES AMYLACÉS; par G. SonMiDT (de Dorpat). ANALYSE DE CE TRAVAIL; par M. BeRTHELOT. On sait que Virchow a publié des recherches très-intéressantes sur les relations de forme et d'origine des corps amyloïdes; mais leur étude chi- mique a été fort négligée jusqu'à présent. La coloration rouge violacée que cette substance prend sous l'influence de l'iode et de l'acide sulfurique, est fort différente de celle de la cellulose et même de l'amidon soumis aux mêmes traitements. Si ce caractère suffit en tous cas pour distinguer ces corpuscules de toute formation morphologique semblable, il ne suffit point pour établir délinitivcmeut leur conslilulion en taut que substances exemples d'azote et appartenant au groupe de l'amidon et de la cellulose; car les rapprochements avec ce groupe de composés ne peuvent être fondés que sur l'analyse élé- mentaire jointe à la propriété caractéristique en vertu de laquelle les hydrates de carbone se changent en glucose à l'aide d'un traitement convenable par les acides. Mais la petitesse de ces éléments morphologiques ne permet de les séparer 95 que fort incomplètement de la substance Intercellulaire qui les enveloppe, et d'autres matières alhurainoïdes définies par leur forme liistologique; quant aux traitements chimiques, tels que les lavages à l'eau, à l'alcool et à l'otlier, ils éliminent seulement les albuminates solubles (sérum du sang, etc.), les graisses, les savons, la leucine, la tyrosine, l'inosite, etc. Aussi l'analyse élé- mentaire ne peut elle donner lieu qu'à des conclusions partielles. Les albu- minoïdes (albumine, fibrine, caséine, osséine, chondrine, substance épilhé - liale et cornée) renferment : Carbone, de 50 à 54 p. 100; Hydrogène, de G,7 à 7,3; Azote, de 15 à 18 p. 100. La gomme, l'amidon et la cellulose = C^-E^^O^^, renferment : Carbone, 44,4 p. 100; Hydrogène, C,l. Si donc les corpuscules précédents isolés incomplètement des matières albuminoïdes par les traitements précédents fournissent moins de 50 p. 100 de carbone , moins de G,7 d'hydrogène, moins de 15 p. 100 d'azote, et traités par l'acide sulfnrique, produisent du glucose ; ils appartiendront au groupe des hydrates de carbone, sinon à celui des albuminoïdes. Si, par exemple, un tel mélange fournit 8 p. 100 d'azote et 50 p. 100 de sucre, il contiendra moitié de son poids de cellulose amyloïde. Mais s'il renferme 10 à 18 p. 100 d'azote et s'il ne fournit point de sucre, le prétendu a amyloïde animal » de- vra être rangé parmi les albuminoïdes, et le mot « amyloïde » devra être supprimé comme chimiquement inexact et donnant lieu sans aucun fonde- ment à une confusion fâcheuse avec la physiologie végétale. Les essais suivants ont été faits avec des corpuscules arayloïdes du plexus choroïde du cerveau, et avec ceux d'une rate dégénérée qui se colo- rait en rouge violacé par l'iode et l'acide sulfurique. I. Du plexus choroïde d'un cerveau humain riche en corpuscules aray- loïdes. a. On épuise la masse par l'eau, l'alcool, l'éther. b. On fait bouillir une demi-heure avec l'acide sulfurique étendu, on neu- tralise parle carbonate de baryte. On filtre, on concentre ; le liquide ne réduit point le tartrate cupropotassique et ne fermente pas avec la levure de bière. c. On fait digérer avec l'acide sulfurique concentré à froid; au bout d'une demi-heure on étend d'eau, on fait bouillir une demi-heure, on neutralise comme précédemment. Pas de trace de glucose. d. 0,0130 de substance séchée à 120° fondus avec un excès de potassium, puis traités par l'eau, un sel de fer en partie peroxyde et l'acide chlorhy- drique, ont fourni la même quantité apparente de bleu de Prusse que la môme quantité de substance intermusculaire traitée parallèlement. II. Rate humaine dégénérée, riche en corpuscules amyloïdes. a. 30 grammes ont été délayes dans l'eau bouillie avec l'acide sulfurique 06 étendu pondanlunc Jemi-lieii)o,saliins jiar la (•raic,lillri'S,(;vaport!'S en sirop, repris par l'alcool fort pour précipiter le sulfate de chaux el (''vaporés. Le ré- sidu ne réduit point le tartrate cupropotassique et ne fermente point avec la levure. h. Traitement par l'acide suU'urique concentré comme ci-dessus. Pas de glucose. c. 100 grammes de bouillie de rate fraîche épuisée par l'alcool et l'étlier, puis sécliésà 120°, laissent 15gr.,58 de résidu. 0,734 de ce résidu incinérés laissent 0,0151 de pliospliates, c'est-à-dire 2,06 p. 100. 0,2933 représentant 0,2873 de substance réelle (privée de cendre) ont fourni par la chaux sodée 15,6 p. 100 d'azote. D'où il résulte que le prétendu amyloïde animal dans les cas examinés, ne renferme point un hydrate de carbone exempt d'azote et analogue à la cellu- lose. 11 est donc opportun de changer leur nom contre un autre qui ne donne lieu à aucune confusion. V. — TÉRATOLOGIE. ABSENCE COMPLÈTE DE l.'UTÉRUS, DES TKOMPES , DU VAGIN ET DU REIN DROIT; par MM. Bastien et Le Gendre, prosecteur des hôpitaux. Sur une petite fdle qui avait vécu 7 à 8 mois environ, bien développée, outre une absence du rein droit qui sera décrite ultérieurement, nous n'avons pas trouvé de traces de l'utérus. Voici la description de ces anomalies di- verses qui existaient du côté des organes génitaux : La vulve était bien conformée, les grandes lèvres très-développées, sail- lantes, comme cela se voit chez les jeunes enfants, les petites lèvres et le clitoris avec son sac préputial bien conformés. En écartant ces petites lèvres on aperçoit en haut l'ouverture de l'urètre qui permet de pénétrer dans la vessie^ comme on s'en assure en faisant une injection dans ce réservoir. Au- dessous de cette ouverture et dans le même plan, est une petite membrane que l'on peut soulever avec un stylet, en forme de cul-de-sac et qui ressemble à l'hymen ; mais un examen plus attentif fait reconnaître au fond de ce cul-de- sac nue fente longitudinale donnant entrée dans un petit enfoncement de 5 ou G millimètres de profondeur seulement, connue on s'en assure avec une soie de sanglier. Les côtés de cette fente sont formés par une petite mem- brane flottante ; c'est bien là l'hymen, la première membrane ou l'ouverture antérieure du vagin, dont le conduit est tout à fait fermé. De cha(iue côté de ce cnl-de-sac vaginal sont deux petits pcrluis impcrméaliles avec un repli de la muqueuse en avant formant connue mi nid de pigeon et ressemblant aux orilices oblitérés des glandes de Bartholin. De chaque côté de l'urètre sont i 97 aussi de petits pertuis analogues, ressemblant à des iollicules. La paroi du vagin qui s'étend de ce cul-de-sac qui représente son ouverture jusqu'à l:i fourchette offre des rides assez nombreuses. La dissection minutieuse des parties génitales externes a montré leur con- formation régulière. Les muscles ischio-caverneux, constricteur du vagin existaient bien développés; le nerf honteux interne occupait ses rapporis normaux et pouvait être suivi jusqu'à la base du clitoris. Le périnée est tout à fait normal, l'anus est perforé et constitué convena- blement. Après avoir ouvert la cavité abdominale on constate l'absence de l'utérus entre la vessie et le rectum. Ces deux organes sont tout à fait accolés; des parties latérales de la vessie se détachent deux replis du péritoine analogues aux replis de Douglas. Sur les côtés les deux cordons ombilicaux soulèven t le péritoine et ont la forme ordinaire. Dans la partie inférieure des fosses iliaques, là où la paroi abdominale anté- rieure se réfléchit, on trouve de chaque côté un corps glanduleux, de forme allongée, ovale, dont la grosse extrémité est tournée en arrière , la petite extrémité vers l'orifice interne des canaux inguinaux. De ces deux glandes la gauche plus volumineuse que la droite, moins aplatie, est à moitié entrée dans le canal inguinal ; elle est un peu moins etrUée que l'autre. La droite plus petite, comme aplatie contre la paroi abdominale , est encore à près d'un centimètre du canal inguinal. Elles offrent un aspect blanchâtre avec de petits points translucides qui ressemblent à des vésicules. L'examen microscopique de ces corps fait par notre savant collègue M. Charles Robin a montré l'existence d'un certain nombre de petites vési- cules transparentes remplies d'un liquide contenant une gi^ande quantité de cellules d'épithélium nucléaire tout à fait analogue à celui que l'on ren- contre dans les vésicules ovariennes à l'état normal. Ces différents caractères permettent de reconnaître ces corps comme de véritables ovaires. Du sommet de la glande du côté droit part un cordon qui se divise en deux bandelettes, une qui pénètre dans le canal inguinal plus épaisse, plus arron- die, dans ce canal on peut le suivre dans l'étendue d'un centimètre jusqu'à son ouverture externe. L'autre bandelette, plus large, se dirige vers le bassin, coupe perpendi- culairement l'artère iliaque externe, et l'artère ombilicale oblitérée, à mesure qu'elle s'enfonce devient plus mince et se perd sur la face postérieure de la vessie en se confondant avec le péritoine sous forme de stries, de fila- ments. De la grosse extrémité et de la partie supérieure et interne se détache un repli péritouéal à travers lequel se voient par transparence une artère ovarique et plusieurs veines de chaque côté. Ces vaisseaux gagnent le bord interne de la glande qui est libre à son côté externe, tandis que vers sa concavité le pi-ritoine lui forme un véritable mésovaire. C. R. 7 98 L'anneau inguinal de ce côté offre ses rapports normaux avec l'artère épigastrique. Un stylet pénètre dans ce canal dans une étendue de 1 centimètre. Du côté gauche la glande présente les mêmes particularités pour les vais- seaux; le ligament qui se porte en arrière, pour se perdre derrière la vessie après avoir croisé les gros vaisseaux, est moins développé que celui de l'autre côté ; il se poursuit un peu moins loin sur la vessie où il se perd dans le péritoine. Quant à la paftie de l'ovaire engagée dans le canal inguinal, elle descend dans une cavité assez spacieuse qui se prolonge sur le pubis jusque dans l'épaisseur de la grande lèvre. Le canal inguinal mesure 25 mil- limètres en longueur. Si Ton retire un peu la glande de la cavité du canal inguinal, on voit partir de son sommet un gros cordon rougeàtre d'aspect musculaire libre par sa face externe, adhérent par sa face interne, qui se con- fond avec le péritoine : c'est le mésovaire en partie engagé dans le canal in- guinal. La dissection de la région inguinale externe montre la saillie que forme cette véritable hernie de l'ovaire dans le canal de Nuck persistant ; on voit quelques vaisseaux capillaires qui le traversent et vont se perdre dans les grandes lèvres. Plusieurs artères flexueuses, comme les artères ovariennes, se rendent à cette glande : un tronc principal artère ovarienne remonte dans la fosse iliaque, arrive sur la face antérieure et externe du rein, puis vient s'anasto- moser avec l'artère de la capsule surrénale et se jette dans l'artère rénale supérieure (ce rein reçoit deux artères, comme nous le verrons plus bas3. Du côté droit l'artère ovarienne petite, ûexueuse, naît de l'artère de la capsule surrénale de ce côté avec une artère diaphragmatique inférieure (le rein droit manque). Ainsi aucune branche artérielle ne vient directement de l'aorte. 11 est facile de résumer les faits de cette observation : aucune trace de l'utérus, ovaires complètement développés présentant un ligament rond normal engagé dans le canal inguinal et un ligament propre ou ligament ovarien anormalement développé et allant se perdre dans le cul-de-sac recto- vésical du péritoine; absence complète des trompes utérines. Anomalie des obganes ualvaires. — L'examen le plus minutieux de la cavité abdominale a montré qu'il n'existait qu'un seul rein situé du côté gauche avec sa forme, son volume, sa position normale, et donnant naissance à un seul uretère. Ce rein était surmonté d'une ca[)sule surrénale d'un volume ordinaire. Voici quelle était la disposition des vaisseaux : deux artères nées de l'aorte se rendaient au hile du rein, l'une supérieure, l'autre inférieure. La supérieure fournissait avant son entrée dans le rein une branche à la cap- sule surrénale et l'artère ovarienne dont nous avons décrit le trajet. L'artère inférieure se perdait en entier dans le rein. Entre ces deux artères était une veine volumineuse qui se rendait à la veine cave inférieure; avant de péné- trer dans le rein, elle se divisait en deux grosses branches. m Du côté droit, le rein manquait complètement; il existait seulement une capsule surrénale assez développée, dont la position, la forme étaient nor- males. Une artère venant de l'aorte se divisait en trois branches destinées l'une à cette capsule surrénale, l'autre à l'ovaire droit et la troisième à la face inférieure du diaphragme. Une veine assez volumineuse se rendait à la veine cave inférieure. La veine ne présentait rien d'anormal dans sa conformation. / ■-"i\ COMPTE RENDU DES SÉANCES r r LA SOCIETE DE BIOLOOIE PENDANT LE MOIS DE JUILLET 1859; Par m. le Docteur LE GENDRE, secrétaire. PRESIDENCE DE W. RAYER. I. — Physiologie. 1* RECHERCHES SUR L'ORIGINE DE LA GLYCOGÉME DANS LA VIE EMBRYONNAIRE ; NOUVELLE FONCTION DU PLACENTA; par M. Claude BERNARD. (Séance du 8 janvier.) Déjà, en 1854, j'avais signalé la présence du sucre dans les organes elles tissus du fœtus, chez les mammifères et les oiseaux ; cela était surtout inté- ressant chez les fœtus d'oiseaux, parce qu'ils sont complètement séparés de la mère et qu'on ne peut pas expliquer la production du sucre par une trans- mission de la mère au fœtus. A cette époque j'avais pensé que le sucre se formait principalement dans les muscles, et j'avais signalé dès lors l'absence de sécrétion du sucre par le foie pendant les premiers temps de la vie fœtale, 102 cet organe ne commençant à exercer la fonction glycogcniciue que dans les derniers temps qui précèdent la naissance. Aujourd'hui l'objet de ma com- munication est d'établir anatomiquement et physiologiquemcnt que, parmi ses usages, qui sont sans doute divers et multiples, le placenta est destiné pendant les premiers temps du développement fœtal à accomplir la fonction glycogénique du foie, avant que celui-ci ait acquis chez le fœtus le dévelop- pement et la structure qui lui permettent plus tard de fonctionner. J'ai été pendant très-longtemps détourné du but auquel ont abouti mes recherches, parce que je faisais mes expériences sur les placentas multiples des ruminants qu'on se procure le plus facilement dans les abattoirs de Paris. Pendant plusieui's années, j'ai fait infructueusement des observations multi- pliées sur des veaux et des moutons pris à tous les âges de la vie intra-uté- rine, et il me fut impossible de trouver jamais aucune partie du placenta de ces animaux qui contînt de la matière glycogène. Malgré ces premiers insuc- cès si complets, j'eus cependant recours par la suite aux placentas des la- pins, des cochons d'Inde, etc. Or je trouvai qu'il y avait dans le placenta de ces animaux une substance blanchâtre formée par des cellules épithéliales ou glandulaires agglomérées. Je constatai de plus que ces cellules, comme celles du foie de l'animal adulte, étaient remplies de matière glycogène. Cette masse de cellules glycogéniques m'a semblé être située principalement entre la portion maternelle et la por- tion fœtale du placenta, et après s'être développée elle m'a paru s'atrophier à mesure que le fœtus approche du moment de sa naissance. J'avais ainsi re- connu que le placenta des lapins et des cochons d'Inde est formé de deux portions ayant des fonctions distinctes : l'une vasculaire et permanente jus- qu'à la naissance, l'autre glandulaire préparant la matière glycogène et ayant une durée plus restreinte. Cependant il me restait toujours les observations négatives faites en si grand nombre sur les ruminants, expériences négatives qui étaient pour moi tout aussi indubitables que celles dans lesquelles j'avais obtenu des résultais positifs. En reprenant ces recherches, je suis arrivé à constater une disposition remarquable qu'on n'aurait certainement pas pu prévoir, c'est que chez les ruminants, tandis que la portion vasculaire du placenta, représenté par les cotylédons multiples, accompagne l'allanto'ide et s'étale à sa face externe, la portion glandulaire du placenta s'en sépare et se développe sur la face in- terne de l'amnios. D'où il résulte (|uc si, chez les rongeurs et les autres ani- maux à placenta simple, on trouve les parties vasculaire et glandulaire du placenta m(;langées, on voit au contraire chez les ruminants les portions vasculaire et glandulaire de cet organe se développer séparément sur des membranes distinctes, et pouvoir par conséquent être observées chacune isolément dans leur évolution respective. Grâce à cette disposition anato- 103 mique, nous pourrons prouver clairement que la portion vasculaire du pla- centa persiste et s'accroît jusqu'à la naissance, tandis que nous verrons sa portion glycogéuiquc attachée à l'amnios grandir dans les premiers temps de la gestation et atteindre, vers le troisième ou quatrième mois (1) de la vie intra-utérine, son summum de développement, puis disparaître peu à peu en passant par des formes variées d'atrophie et de dégénérescence; de telle sorte qu'à la naissance du mammifère il n'existera plus de traces de cette portion hépatique temporaire du placenta. Mais il faut encore ajouter, pour achever de caractériser ces organes, que pendant tout le temps que s'accroît et fonctionne le placenta hépatique de l'amnios, on voit le foie du fœtus ne posséder encore ni sa structure ni ses fonctions, et que c'est pré- cisément au moment où le foie est développé et que ces cellules ayant acquis leur forme déOnitivc commencent à sécréter la matière glycogène que l'or- gane hépatique de l'amnios tend à disparaître. Les plaques hépatiques de l'amnios chez les ruminants apparaissent dès les premiers temps de la vie embryonnaire. Elles se développent peu à peu sur la face interne de l'amnios, en recouvrant d'abord le cordon ombilical jusqu'au point où une ligne bien. nette sépare la peau de l'amnios. Ensuite ces plaques, qui sur la portion de membrane qui revêt le cordon affectent plus particulièrement la forme de villosités, s'étendent sur les autres por- tions de l'amnios a mesure que les vaisseaux sanguins qui les accompagnent se développent eux-mêmes. Elles augmentent peu à peu de volume; for- mées d'abord d'une matière transparente, elles deviennent plus tard plus opaques, surtout vers leurs bords, qui se relèvent un peu et les font parfois ressembler pour l'aspect à des plaques de lichen. Elles ont d'ailleurs des formes aplaties ou filiformes très-varices, et se confondent quelquefois les unes avec les autres de manière à devenir confluentes. Dans leur entier dé- veloppement les plaques offrent une épaisseur qui peut aller quelquefois à 3 ou 4 millimètres; celles qui sont filiformes présententsouvent une plus grande longueur et sont parfois renflées en forme de massue à leur extrémité. Plus tard ces plaques hépatiques de l'amnios cessent de se développer. Dans cer- tains points elles deviennent jaunâtres, d'apparence graisseuse; dans d'au- tres endroits elles tombent et flottent dans le liquide amniotique et laissent d'abord sur la membrane des espèces de cicatrices qui disparaissent ensuite complètement. On peut constater, avec la plus grande facilité, la présence de la matière glycogène dans les plaques hépatiques de l'amnios à toutes les périodes de (1) Je ne puis donner ici ces limites que d'une manière approximative, en raison de l'impossibilité où l'on est de connaître l'âge des veaux que l'on se procure dans les abattoirs. 1U4 leui- df'veloppcment. Dès qu'elles appuruisseiil, il esl lacile de reconualtre celle matière sous le microscope à l'aide de Tiode. Lorsque les plaques sont complétemeut développées, on peut eu retirer la matière glycogène en grande quantité et étudier ses caractères. Tour l'obtenir facilement, le procédé con- sistera à tremper la membrane amnios dans de l'eau bouillante, ce qui per- mettra de détacher facilement les plaques, afin de les broyer dans un mor- tier et d'en extraire la matière par i'ébullition, absolument comme pour la matière glycogène du foie. Quant à ses caractères, on peut dire que la ma- tière glycogène des plaques amniotiques offre l'identité la plus parfaite avec la matière glycogène du foie. Elle se dissout dans l'eau en lui donnant un aspect laiteux, est précipitable par l'alcool et par l'acide acétique cristalli- sable. L'iode lui donne une couleur rouge vineuse intense qui disparait par la chaleur et réapparaît par le refroidissement. Cette coloration par l'ioiie de la matière glycogène des plaques amniotiques a lieu, non-seulement lorsque la matière a été extraite des cellules par I'ébullition, mais elle s'observe aussi sur les cellules mêmes de l'organe, ainsi que nous le verrons bientôt. Comme la matière glycogène du foie, la matière des plaques amniotiques se change en dexlrine et en sucre fermentescible (glycose) avec la plus grande facilité sous l'influence des ferments diastatiques animaux et végétaux, et par l'action de I'ébullition avec les acides énergiques. Lorsqu'on étudie la structure et le développement histologique des plaques hépatiques du fœtus, on suit très-nettemeut la formation dos cellules giyco- gènes ainsi que le développement de la matière dans leur intérieur. La membrane amnios, chez le veau, semble être au début dépourvue d'é- pithéliumbien caractérisé, et on trouve son tissu constitué surtout par des fibres de tissu élastique avec des noyaux contenus dans des réseaux de cel- lules d'apparence fusiforme. Au moment même de l'apparition des plaques, on aperçoit au microscope, sur la face interne de i'aninios, et d'abord sur la partie de cette membrane qui revêt le cordon ombilical, des sortes de taches formées par des cellules épithéliales, puis au centre de cette tache se voient des groupes de cellules glandulaires d'abord en très-petit nombre, et même il arrive qu'on voit 1ï plaque tout à fait à son début et n'être formée encore que i)ar une ou deux cellules glandulaiies. On distingue très-lacilcment les cellules glandulaires ou glycogéiiiques d'avec les cellules épithéliales qui les accompagnent, d'abord par leur forme et ensuite par leu!' réaction avec l'iode. En effet, lorsqu'on ajoute à une papille ou à une plaque amniotique, sur le porte-objet du microscope, un peu de teinture d'iode acidulée avec l'acide acétique, on voit bientôt les cellules glycogéniqucs prendre une cou- leur ron^e vineuse, tandis que les cellules épithéliales restent incolores ou deviennent li'gèrcment jaunes. Peu à peu, par le dévelo|)pcmcnt, les groupes de cellules glycogènes augmentent et prennent la forme de papilles, particu- lièrement sur la partie de la membrane qui revêt le cordon. Examinées au 105 microscope, ces papilles sont constituées par des cellules glycogéniques re- couvertes par un épithéliura. Lorsqu'on ajoute (Je la teinture d'iode acidulée, on voit les cellules glycogéniques des papilles se colorer en rouge vineux, surtout il leur base qui se sépare nettement du tissu environnant. Les plaques hépatiques sont composées des mêmes éléments que les papilles : toutefois il est diflicile de savoir si dans leur agglomération elles doivent être consi- dérées comme des papilles soudées ou comme ayant un autre mode d'ac- croissement. Tout ce qu'on peut dire, c'est qu'on les voit s'étendre par leur circonférence qui offre des cellules glycogènes très-bien développées, tan- dis que dans le centre, ces cellules paraissent quelquefois être à un degré de développement moins avancé. Lorsqu'on brise les plaques ou les cellules et qu'on en sépare mécanique- ment les éléments histologiques, on obtient des cellules isolées pourvues d'un noyau et parfois d'un nucléole, et contenant une substance granuleuse. La substance granuleuse se colore en rouge vineux par la teinture d'iode acidulée; le noyau, dont le volume m'a semblé susceptible de varier avec les réactifs, ne prend pas toujours la même coloration par l'iode. Les cellules des plaques hépatiques de l'amnios offrent d'ailleurs une grande analogie de forme et de réaction avec les cellules du foie eu état de fonction. En effet, on peut isoler les cellules des plaques amniotiques et celles du foie en laissant macérer pendant quelque temps une petite portion du tissu de ces organes dans une solution alcoolique concentrée de potasse caus- tique. On voit alors que le contenu des deux ordres de cellules reste inso- luble dans ce réactif et tomiie au fond de la liqueur sous forme d'une matière blanchâtre qui offre sous le microscope, soit la forme primitive des cellules conservées, soit des granulations amorphes. Lorsque alors, sous le micro- scope, on sature l'excès de potasse par l'acide acétique cristallisable et qu'on ajoute ensuite de la teinture d'iode, on voit la couleur rouge vineuse appa- raître, et même avec plus d'intensité que si l'on agissait sur les cellules fraî- ches. Lorsque les plaques hépatiques de l'amnios commencent à jaunir, à tomber, à se résorber ou à dégénérer en matière grasse, on aperçoit des cliangements dans leur structure microscopique. Les cellules glandulaires perdent en gé- néral, d'abord leur noyau en même temps que la matière glycogène, de sorte qu'en traitant sous le microscope un fragment de ces plaques altérées avec la teinture d'iode acidulée, ou voit un mélange, de cellules, dont les unes se sont colorées en rouge vineux, tandis que d'autres sont restées incolores. On constate, en outre, que les cellules qui sont restées incolores sont dépour- vues de noyau et de contenu granuleux. On aperçoit même quelquefois un passage entre ces deux états extrêmes, c'est-à-dire qu'on voit des cellules dans lesquelles le noyau et la matière granuleuse sont presque disparus et chez lesquelles la couleur rouge vineuse est à peine perceptible. 106 Un peu plus tard, lorsque les plaques de l'amnios ne lorincnt plus que des cicatrices, on trouve seulement des cellules aplaties, toutes dépourvues de noyaux et dans lesquelles il est impossible de constater la moindre trace de matière glycogènc. Ces cellules finissent plus tard par disparaître elles-mêmes. Lorsque les plaques, au lieu de tomber et disparaître, dégénèrent en matières graisseuses, on constate au microscope la présence de la matière grasse, en même temps qu'on voit mélangés avec elle de ti'ès-beaux cristaux octac- driques, qui oCfrent les caractères des cristaux d'oxalate de chaux, en ce sens qu'ils sont insolubles dans l'eau et dans l'acide acétique. 11 est inutile d'ajouter qu'il y a alors absence complète de matière glycogène dans ces plaques hépatiques dégénérées. Si maintenant nous examinons, parallèlement à l'évolution des plaques hé- patiques de l'amnios, l'organisation et le développement de texture du foie du fœtus, nous serons frappés du rapport constant et inverse qu'on observe entre le développement des cellules du foie et celui des cellules des plaques hépatiques. Dans les premiers temps de la vie embrj'onnaire (l), lorsque les plaques amniotiques sont bien remplies de matière glycogène, on constate que le foie du fœtus très-mou est seulement constitué par des cellules embryonnaires, arrondies ou fusiformcs, se dissolvant dans la solution alcoolique de potasse, ne colorant pas par l'iode et n'ayant aucun des caractères des cellules glyco- géniques. A cette époque le tissu du foie ne donne pas les moindres traces de matière glycogène. A la fin de leur période d'accroissement, lorsque les cellules glycogènes des plaques amniotiques commencent à disparaître où à dégénérer, on trouve dans le foie du fœtus des cellules ayant acquis leur forme définitive de cel- lules du foie, renfermant un ou plusieurs noyaux avec un contenu granuleux, ne se dissolvant pas dans la solution alcoolique de potasse et prenant la cou- leur rouge vineuse par l'iode, après qu'on a saturé l'alcali par l'acide acé- tique. C'est à cette époque que l'on commence à pouvoir retirer du tissu du foie du fœtus, qui est devenu plus ferme, de la matière glycogène tout à fait semblable à celle que produit le foie adulte. Plus tard encore, lorsque les plaques sont complètement disparues ou qu'elles sont entièrement dégéné- rées en matière grasse et que le fœtus est près de l'époque de sa naissance, on trouve que le tissu du foie, devenu aussi résistant que chez l'animal adulte, est constitué par des éléments anatomiques qui tous ont pris leur (l) Dès le début de la vie embryonnaire sur des embryons de veaux de 2 à 3 centimètres de h)ng, je n'ai pas pu apercevoir encore les plaques de l'am- nios. Peut-être alors trouvcrail-oa des cellules glycogènes dans la vésicule ombilicale. 107 forme définitive ; toutes les cellules du foie sont alors remplies de matière glycogène, et à cette époque on peut retirer du foie du fœtus de la matière glycogène en aussi grande abondance que clicz l'animal adulte le mieux nourri. De tous les faits contenus dans ce travail, je crois qu'on peut tirer les con- séquences qui suivent : 1° 11 existe dans le placenta des mammifères (1) une fonction qui jusqu'a- lors était restée inconnue et qui paraît suppléer la fonction glycogénique du foie pendant les premiers temps de la vie embryonnaire. Cette fonction est localisée dans un élément anatoraique glandulaire ou épithélial du placenta qui, dans certains animaux, se trouve mélangé avec la portion vasculaire de cet organe, et qui chez les ruminants se présente séparé^ de manière à for- mer sur l'amnios des plaques d'apparence épithéliale que tout le monde avait sans doute pu voir, mais dont on avait ignoré jusqu'ici la signifi- cation. 2" Cet organe hépatique temporaire du placenta, en permettant d'étudier directement dans un élément anatomiciue isolé la production de la matière glycogène, confirme et complète par un exemple nouveau ce que j'ai dit de- puis longtemps, que la formation de la matière amylacée glycogène est une faculté commune au règne animal et au règne végétal. Les observations con- tenues dans ce travail nous fournissent encore des analogies nouvelles, puis- que nous voyons la matière amylacée glycogène s'accumuler autour de l'em- bryon animal, de même que chez les plantes elle s'accumule dans les graines autour de l'embryon végétal. 3° La fonction glycogénique chez les animaux commence donc dès le dé- but de la vie fœtale, et avant que l'organe dans lequel cette fonction est lo- calisée chez l'adulte, soit développé. Mais alors elle est localisée dans un organe temporaire, appartenant aux annexes du fœtus. 2° EXPÉRIENCES SUR LES NERFS DU SENTIMENT ET DU MOUVEMENT, ET SUR LE NERF PNEUJIOGASTRIQUE DES POISSONS; par M. MOREAU. M. Moreau rappelle à la Société la communication faite et publiée l'année dernière, relative à la distinction physiologique des nerfs de sentiment et de mouvement chez les poissons. M. Moreau a pu vérifier dans de nouvelles expériences faites cette année à Naples, devant M. Martini, professeur de phy- (1) Dans les oiseaux (poulet), j'ai constaté, avant le développement des cel- lules giycogènes du foie, l'existence de cellules giycogènes qui se dévelop- pent dans les parois du sac vitellin ; mais n'ayant pu suivre encore complète- ment leurs évolutions, je traiterai ce sujet dans une autre communication, me bornant aujourd'hui à parler des mammifères. 108 siologie et membre correspoudaut de la Société de bioloyie, l'exactitude des résultats qu'il a signalés. Sur plusieurs espèces de poissons, entre autres le squale connu sous le nom de Pesce cane, la carpe, M. Moreau a soumis le nerf pneumogastrique latéral à la galvanisation. Il a constaté que si l'on galvanise ce nerf, on n'obtient pas de mouvements dans les parties auxquelles le nerf se distribue; mais, d'autre part, on obtient dos signes de senstbilité, c'est-à-dire les mouvements réflexes généraux. Ce nerf est donc un nerf de sentiment, mais la scnsii)ilité qu'il manifeste est fugitive et ne peut pas être toujours constatée ; elle est aussi plus obtuse que celle des nerfs rachidicns, et rappelle la sensibilité obtuse et passagère qui a été constatée dans le nerf pneumogastrique du chien et des autres ani- maux à sang chaud. 3» DE LA TRANSPLANTATION DES ÉLÉMENTS ANATOMIQtlES DU BLASTÈSIE SOUS- PÉRIOSTAL ; FORMATION DE PETITS GRAINS OSSEUX DANS LA RÉGION OU ONT ÉTÉ SEMÉS CES ÉLÉMENTS; par M. OlLIER. Dans une communication faite à la Société en décembre dernier, M. Ollier avait annoncé que les éléments du blastème sous-périostal, transplantés dans une autre région pouvaient continuer d'y vivre et de s'y déveloper. Il pré- sente aujourd'hui une pièce pour démontrer la réalité du fait. Cette pièce a été obtenue en transplantant sous la peau de l'aine le blastème sous-périostal ou la couche ostéogène du périoste d'un lapin. Cette couche est constituée par des éléments analomiqucsenvoie d'organisation; noyaux, cellules mêlées d'une plus ou moins grande quantité de libres. On la détache du périoste en raclant avec un scalpel la face profonde de celte membrane. On en retire d'a- bord une matière semi-liquide un peu sanguinolente presque exclusivement composée de noyaux et de cellules ; puis par des raclages successifs on obtient une plus grande quantité d'éléments fibreux qui se confoudent avec ceux de la portion fibreuse du périoste. En transplantant ou plutôt en semant sous la peau de l'aine cette raclure du périoste, on obtient de petits grains osseux disséminés. Ces petits grains sont constitués par du tissu osseux véritable; ils sont d'abord de consistance libro-cartilagineuse ; ils n'atteignent jamais un grand volume. Ceux qu'on peut voir sur la pièce en (piestion sont à peu près comme la tète d'une épingle. Cette expérience démontre, d'après M. Ollier, (jue le blastème sous-périos- tal est l'élément essentiel de l'ossificalion. Ce blastème forme, à la face pro- fonde du périoste une couche qu'il appelle couche ostéogène, et dunt la con- servation est nécessaire à la i)roduction de l'os. M. Ollier rappelle à ce sujet une autre de ses ex|)érienccs dont il a autrefois entretenu la Société. Tour 109 prouver que toute l'épaisseur du périoste ne contribuait pas à l'ossification , il a enroulé autour de la jambe des lapins, des lambeaux du périoste tibial, dont il avait raclé la face profonde sur une partie de leur étendue. Ces lam- beaux ont continué à produire de l'os dans toute la partie qui n'avait pas subi cette opération. La portion raclée, au contraire, n'a donné lieu à aucune ossification; elle a continué seulement de vivre comme membrane fibreuse et vasculaire. 4° EXPÉRIENCES SUR LA TRANSPLANTATION DE LA DURE-MÈRE POUR DÉMON- TRER QUE CETTE MEMBRANE DOIT ÊTRE REGARDÉE COMME LE PÉRIOSTE IN- TERNE DES OS DU CRANE; par le même. M. Ollier présente plusieurs pièces relatives à la transplantation de la dure- mère au milieu des tissus d'un animal de la même espèce. Elles ont pour but de démontrer que cette membrane n'est pas seulement une enveloppe protectrice du cerveau, mais encore un véritable périoste. M. Ollier a d'abord cherché à résoudre cette question si controversée par des resections des os du crâne pratiquées dans diverses conditions. Ces ex- périences l'ont conduit, comme la plupart des physiologistes qui l'ont pré- cédé dans cette voie, à faire une part importante à la dure-mère dans cette reproduction. Mais comme plusieurs de ses résultats ne lui paraissaient pas avoir toute la netteté désirable, il a eu i-ecours au procédé d'expérimentation qui lui avait permis de démontrer de la manière la plus péremptoire la for- mation de l'os par le périoste. Il a donc transplanté des lambeaux de dure-mère de jeunes lapins sur d'autres animaux de même espèce; il les a placés sous la peau de l'aine et de diverses autres régions, et au bout de trente-cinq à quarante jours il a trouvé de petits os parfaitement caractérisés de 2, 4 et 6 millimètres. L'ossi- fication de ces lambeaux de dure-mère est d'autant plus abondante que l'ani- mal est plus jeune. Chez les lapins adultes, ces lambeaux ne se recouvrent généralement que de granulations osseuses isolées. Cette influence de l'âge semble expliquer, d'après M. Ollier, pourquoi la régénération des os du crâne a fait si souvent défaut après les opérations du trépan. M. Ollier a expérimenté sur les diverses portions de la dure-mère. Il n'a pas obtenu d'ossification avec les replis qui ne sont pas en contact avec l'os (faux du cerveau) ; c'est cependant dans cette partie qu'ont été le plus souvent observées les formations osseuses pathologiques. Quelques expériences ayant été faites comparativement avec laduro-mère de la convexité d'une part, et celle de la concavité de l'autre, les ossifications les plus volumineuses ont été obtenues avec la dure-mère de la convexité. M. Ollier explique cette difTérence par la plus grande abondance à la base des tissus fibreux ne participant pas normalement à la formation et à l'ac- croissement des os du crâne. 110 II. — Anatomie pathologique. 1 ° OBSERVATION DE KYSTE PILICELLAIRE DE LA RÉGION DE L'ÉPAULE ; EXAMEN microscopique; par 31. Gubler. M. Gubler montre une tumeur sous-cutanée de la région deltoïdienne qui lui parait offrir des éléments hislologiques mal appréciés jusqu'ici par les anatomo-patliologistes. 11 s'agit d'un kyste du volume d'une petite noix, enlevé le 16 juillet cou- rant, par M. Huguier, à une jeune tille placée dans les salles de médecine de l'hôpital Bcaujon. Le kyste, mince, sensible, transparent, facile à déchirer, est chargé à l'ex- térieur de quelques lobules du tissu adipeux sous-cutané ; intérieurement il est taché de noir dans la partie qui correspondait à la profondeur du mem ■ bre, et reçoit en ce point quelques vaisseaux sanguins de petit calibre qui s'irradient dans sa paroi. Des tractus du kyste pénètrent dans l'épaisseur de la masse solide incluse. Celle-ci arrondie du côté de sa partie profonde, oîi elle est recouverte d'un enduit noir semblable à celui qui tapisse le fond de la cavité cystique, est irrégulièrement mamelonnée du côté sous-jacent à la peau, et présente en outre, sur un point de son contour, deux lobules sura- joutés en forme d'appendice. La substance qui compose cette masse s'éloigne, par ses caractères, de toutes les productions décrites j elle est d'un blanc jaunâtre, d'une structure sèche, cassante, libroïde, qu'on ne saurait mieux comparer qu'à celle du vieux bois ou de l'agaric blanc des olïïcines {polyporus laricis). Les parcelles qu'on en détache ressemblent à de la sciure de bois ; mais avec quelque pré- caution, on peut en emporter de plus longues, comme des libres ou des co- lonneltes. Çà et là de petits trajets d'un rouge clair nous indiquent des pro- longements de la membrane vasculairc du kyste. Par la dessiccation, cette matière, d'apparence ligneuse, prend une couleur d'un blanc de céruse assez pur, en gardant la friabilité du bois pourri; elle est élastique, se laisse difficilement écraser, et sa légèreté spécifique con- traste avec son apparence calcaire. Traitée par l'acide acétique concentré, elle laisse dégager d'abord un très-petit nombre de bulles, qui ne sont peut- être autre chose que de l'air emprisonné dans les interstices. En tous cas, si elle renferme des carbonates terreux, la proportion en est assurément très- faible. Soumise à l'ébuUitiou pendant cinq à dix minutes dans l'acide acétique cristallisable, elle n'est pas sensiblement attaquée, mais elle se ramollit promptement et prend la consistance gélatineuse dans l'acide sulfurique bouillant, qu'elle colore en noir rougeâtre. Elle disparaît tout entière dans 111 une solution concentrée et bouillante de potasse caustique. Enfin l'iode la co- lore on brun foncé. L'examen microscopique y révèle des particularités curieuses. Au premier abord, on ne voit nager dans l'eau ajoutée à la préparation que des débris sombres et informes ; mais si l'on attend que la macération ait séparé davan- tage les éléments, et si l'on favorise cette désagrégation par diverses ma- nœuvres, on ne tarde pas à distinguer des cellules de formes variées, sou- vent bizarres, qui toutes ont ceci de commun qu'elles offrent un aspect som- bre et des contours fortement accusés par suite d'une grande réfringence, intermédiaire, par exemple, entre celle des matières albuminoïdes et celle des corps gras. Il est facile d'en distinguer deux espèces entièrement diffé- rentes ; quelques-unes sont arrondies, ovoïdes, ou obscurément polyédriques, et chargées d'une multitude de granulations noires qui en occupent la ca- vité. Un point clair, placé au milieu de chaque cellule, indique la position du noyau. Ce sont là des cellules pigmenteuses dont il paraît n'exister que de rares échantillons dans l'épaisseur de la masse, mais qui, en revanche, constituent à elles seules le tissu noir signalé sur la face interne du kyste et la partie contiguë de la masse incluse. D'autres cellules, toujours aplaties, comprimées, au moins dans un sens, et munies de prolongements acérés, sont d'ailleurs très-irrégulières. Tantôt ellipsoïdes, fusiformes, libroïdes ; tantôt, au contraire, larges, arrondies ou difformes. Ces cellules sont moins foncées que les précédentes, moins gra- nuleuses ; leur noyau est elfacé ou manque complètement ; leur paroi, sou- vent striée et même plissée longitudinalement, les fait paraître ratatinées et flétries. La plupart sont munies d'appendices longs et aigus, rayonnant en différents sens dans celles qui sont arrondies, un peu divergents ; parallèles ou fastigiés et prolongeant les deux extrémités dans celles qui sont fusiformes ou quasi- linéaires. Ces appendices, au nombre de deux, trois, et jusqu'à cinq ou six à chaque extrémité, sont fermes, rigides même, et ne se laissent jamais ployer parles courants liquides, comme le font les filaments mous des élé- ments fibro-plastiques. Ils donnent, suivant leur nombre et leur dispositiou, aux cellules qui les portent^ la forme d'un pinceau grossier, d'un œuf de raie, d'un peigne à double rangée de dents, etc. Lorsqu'ils sont très-nombreux, ils pourraient inspirer l'idée qu'on a affaire à deux ou plusieurs cellules ag- glutinées. La présence simultanée de plusieurs noyaux pourrait établir une présomp- tion en faveur de cette hypothèse, mais le défaut de transparence des parois, l'état indécis ou l'absence complète de noyaux, nous privent de ce moyen de vérification, et, si l'on ne tient compte que de l'impoçsibilité d'arriver 112 soit mécaniquement, soit par des agents chimiques, à dissocier en plusieurs cellules CCS éléments à extrémités multifidcs, on sera conduit à penser qu'un seul clément liistologique peut ainsi se diviser en cinq ou six laciniures ter- minales. Outre ces éléments isolés, le champ du microscope est rempli par des dé- bris de tissu morbide, des sortes de fascines d'un aspect noir, fortement striées, terminées par les extrémités acérées de cellules fibroïdes. On y trouve aussi un certain nombre de cristaux de cholestérine en lames rhomboïdales, brisées ou entières, des globules Iiuileux et de petits ;mias de corpuscules moins régulièrement sphériques, mais recouuaissables pour de la matière grasse à leur grande réfringence, et d'une consistance demi-solide : on dirait d'une substance intermédiaire entre la graisse liquide des globules et les cristaux de cholestérine. Entin, une multitude de granules moléculaires na- gent dans le liquide- Il reste maintenant à déterminer : 1» La nature de ces éléments histologiques spéciaux; 2° L'espèce d'organe composé que leur agrégat représente ; 3° L'appareil dans lequel ils se sont produits. D'abord il est difficile de reconnaître dans les cellules laciniées ou fimbrlées de l'épithélium durci et déformé par corrugat ion; leur résistance à l'action prolongije de l'acide acétique concentré et bouillant les assimile, au con- traire, aux éléments des cornes ou bien à ceux des poils. Le siège du kyste au voisinage de la peau s'accorde également avec l'une et avec l'autre de ces interprétations; mais l'existence d'une couche de cellules pigmentaires au fond de la tumeur doit faire conclure en faveur des éléments pileux. Toutefois, la réunion de ces cellules ne saurait représenter un bulbe pileux hypertrophié, car elles ne sont pas intimement unies et ne constituent pas un ensemble organique. Il n'en est pas moins vraisemblable que ces éléments ont pris naissance dans un des nombreux follicules pileux cutanés. En conséquence, cette tumeur appartiendrait à la classe des kystes préexis- tants de M. Gruveilhier, si largement accrue dans ces derniers temps par MM. Huguier, Giraldès et Verneuil. Et si l'on désignait les éléments des poils sous le nom de pilicelles {pilus, poil, et cella, cellule), on pourrait appeler les tumeurs de ce genre kystes pilicellaires. 2° SUR UNE ESPÈCE PARTICULIÈRE DE CONCRÉTION DU SAC LACRYMAL ; par M. le docteur Charles Robin. .l'ai reçu de M. Desmarres, à deux reprises, des concrétions {pi'il avait ex- traites du sac lacrymal qu'elles distendaient et dont l'aspecl l'avait frajjpé. Elh.'s avaient l'une le volume d'un pois, l'autre le double environ et une l'orme iiré,iiidièri\ Leur consislance était celle d'iuie i)àte assez ferme ; elles se ré- 113 duisaient eu petits fragments de formes diverses par la pression et la dila- côration. Leur couleur était d'ua blanc pâle ou grisâtre, devenant plus foucé ou brunâtre au bout de quelques heures d'exposition à l'air. La matière de ces concrétions examinée au micros.;ope était partout com- posée principalement de filaments d'un mycélium d'algue ou de champi- gnon. Ils entraient pour 9 dixièmes environ dans la composition de leur masse. Le reste était formé de matière amorphe finement et uniforméiueul granuleuse inter[)0sce aux filaments du végétal cryptogamique. Cette matii";re était surtout abondante vers la surface des concrétions. En traitant la pré- paration [)ar l'acide acéti(iiie, cette matière amorplie devenait Irès-transpa- rente, sans se dissoudre complètement, et il se dégageait un certain nombre de bulles de gaz. Les filaments du mycélium n'étaient pas attaqués par l'acide et devenaient seulement un peu plus pâles, mais sans rien perdre de la net- teté l'e leurs contours. Quant à ce mycélium, il ofi'rait les caraclères suivants: au premier coup d'oeil, il semblait qu'on eût sous les yeux des filaments de l'algue filiforme de la bouche; car la largeur de chacune de ses cellules ne dépasse pas 1 mil- lième de millimètre, quelle que soit leur longueur; celle-ci varie beaucoiip de l'uu à l'autre, mais sauf le cas de rupture, qui est fréquent, elle atteint gé- néralement ou dépasse un dixième de millimètre, autant qu'on peut le me- surer sur des filaments flexueux. Les filaments de ce mycélium se distinguent de ceux de l'algue filiforme de la bouche en ce que bien qu'aussi minces et aussi pâles, ils sont ramifiés assez fréquemment, comme la plupart des cel- lules forment les mycéliums d'algues et de champignon. Ils sont en outre irrégulièrement llexueux, à flexuosités très-petites et rapprochées. Ces par- ticularités jointes â leur enchevêtrement leur donnent un aspect très-parti- culier, ainsi qu'aux préparations qui les montrent. L'intérieur de ces cellules filamenteuses est transparent sans granulations, ou n'en contenant qu'un très-petit nombre, qui sont pâles, grisâtres, écar- tées les unes des autres. Je n'ai pu déterminer à quelle espèce appartient ce mycélium, ni même s'il appartient à une espèce d'algue ou de champignon, parce que dans aucun des cas que j'ai observés il ne se trouvait de fructification cryptogamique. J'ai cherché à en obtenir à l'aide du mycélium de la dernière des concrétions que m'a envoyées M. Desmarres, mais im accident l'a détruit et m'a empê- ché de répéter les expériences que j'avais commencées. 3° OBSERVATION DE PIED-BOT VARUS ; DÉGÉNÉRESCENCE GRAISSEUSE DES MUSCLES ; ALTÉRATION DES NERFS; par M. LE GeNDRE. L'examen complet d'un pied-bot varus trouvé sur un sujet qui servait aux dissections, nous a montré les altérations suivantes : c. R, 8 114 La plante du pied était tournée en dedans et lelevéc vers son côté interne. La malléole externe, repoussée en dehors et en avant, était surmontée d'une large bourse séreuse ; la malléole interne, au contraire, était enfoncée. Des durillons et des bourses synoviales sous-cutanées et profondes se trouvaient sur le bord externe du pied, près du petit doigt et sous la tète de l'apophyse du cinquième métatarsien. La tète de l'astragale faisait saillie en avant; l'apophyse du scaphoïde était remontée. Les muscles péroniers sont entièrement graisseux et atrophiés ; il en est de même des muscles extenseur commun et extenseur propre du pouce, mais à un degré moins avancé. Le muscle jambier antérieur est rouge et bien conservé. Les muscles jiimcaux ont entièrement disparu; ils sont re- présentés par une couche graisseuse striée. Le muscle soléaire est encore rouge, mais aminci et facile à déchirer. Des muscles profonds, le long flé- chisseur du pouce est entouré de graisse, au milieu de laquelle il est con- fondu dans sa partie inférieure ; du reste, comme le jambier postérieur et le fléchisseur commun des orteils, il est atrophié et se déchire avec facilité. Les muscles de la plante du pied sont striés de couches de graisse et dimi- nués de volume. L'aponévrose plantaire est médiocrement tendue. Au-dessous de l'aponé- vrose de la jambe, dans ses replis et ses différentes loges, dans les gaines des tendons, sous les enveloppes séreuses des muscles, conmie dans le né- vrilème et la gaine des vaisseaux, partout se trouvent des couches épaisses dégraisse plus ou moins adhérentes et pénétrant dans l'intervulledes organes et des tissus. Toutes les membranes séreuses et même la tunique externe des artères sont forment injectées de capillaires veineux. L'artère tibiale postérieure naissait de l'artère péronière. Dans le tendon du muscle long péronicr, au niveau de sou passage sous le cuboïde, existait une ossification de la grosseur d'une petite noix. La plante du pied était rétrécie des deux côtés. La grande tète de l'astra- gale faisait saillie en avant et était à moitié luxée- Le ligament latéral externe de l'articulation tibio-tarsienne, les ligaments astragalo-calcanécn, calcanco- cuboïdien, astragalo-scaphoïdien, étaient fortement tendus. L'examen microscopique des nerfs fait avec le plus grand soin par M. le docteur Fuhrer, professeur agrégé à l'université de Jena, nous montre les altérations suivantes : Les rameaux musculaires du nerf saphène péronicr sont profondément alttrés et atrophiés. Ils sont entourés de graisse qui pénètre jusqu'à l'inté- rieur des fascicules nerveux ; ceux-ci sont dépouillés de leur gaine fibreuse, les tubes des nerfs ont perdu leur double contour, sont transparents et presque sans traces de granulations médullaires ; ils sont élargis, comme aplatis, et plus ou moins distincts. Le nerf tibial antérieur est également diminué de volume, euvironué de 115 graisse ; sa gaine est injectée de vaisseaux capillaires veineux ; cependant il est bien distinct et facile à isoler ; les tubes nerveux sont encore en grande partie bien conservés et faciles à distinguer. Au contraire le nerf tibial pos- térieur semble être presque aussi complètement dégénéré que le nerf sa- phène péronier. 4" ATROPHIE MUSCULAIRE DU BRAS DROIT ; DÉGÉNÉRESCENCE GRAISSEUSE DES FIBRES musculaires; INTÉGRITÉ DES CORDONS NERVEUX; par M. LE GeNDRE. Sur le cadavre d'une femme qui fut envoyée de l'hôpital Necker, en jan- vier 1855, à l'amphitiiéàtre des hôpitaux, nous avons trouvé une atrophie considérable du membre supérieur droit dont la dissection nous a révélé les altérations suivantes : Le bras était tellement atrophié qu'il semblait formé seulement par la peau et les os ; ceux-ci étaient aussi diminués de vo- lume. Les arliculatious étaient contracturées et recourbées en divers sens ; de sorte que le bras ne pouvait être relevé qu'à un angle d'environ 50 degrés ; l'omoplate est portée en arrière et ne suit que ditïicilement les mouvements du bras. L'avaut-bras est fléchi à angle presque droit, il se trouve en même temps en proualion forcée, de sorte que la paume de la main regarde un peu en dehors. L'articulation du poignet est fortement fléchie et forme une saillie pointue du côté de la région dorsale. Les métacarpiens sont rétractés 'des deux côtés vers la paume de la main, de sorte que celle-ci est très-con- cave et rétrécie. Les premières phalanges des doigts sont dans la flexion, les dernières restant dans l'extenston. Le petit doigt est placé en travers des autres doigts quiluisout superposés de haut en bas. Le pouce est dans l'ad- duction avec flexion de la première phalange et extension de la seconde. Tous les muscles du bras et ceux de l'épaule sont réduits en minces cou- ches de graisse, séparées les unes des autres par des enveloppes aponévro- tiques. Ces gaiues ne sont pas épaissies, comme on les trouve dans d'auties cas, par du tissu fibreux, ni par des amas de graisse dans le tissu cellulaire ; elles sont au contraire amincies. Quant aux muscles du thorax qui viennent s'insérer à l'épaule, le grand dorsal, le petit pectoral, le trapèze, dans sa partie inférieure, ont complète- ment disparu, il n'en reste qu'une mince enveloppe remplie de graisse. Le grand pectoral conserve encore dans quelques parties, les supérieures no- tamment, l'aspect et la texture musculaires. De tous les muscles, le mieux conservé est le grand dentelé, quoiqu'il ait pâli et diminué aussi dans une grande étendue. Les rhomboïdes sont à peine reconnaissables. La partie supérieure du trapèze qui vient de la nuque se jeter sur l'épine de l'omo- plate est, au contraire, très-développée. Les autres muscles du cou et de la nuque ne se trouvent pas altérés. k l'avant-bras, les muscles long et petit supinateurs, extenseur et long 116 aoducteur du pouce, cubital postérieur, ont presque tout à fait disparu. Il reste peu de traces des muscles extenseurs communs et radiaux. Les mus- cles grand et petit palmaires, fléchisseurs superficiel et profond, sont bien conservés et prcstiue à l'état normal. Le tendon du rond pronateur est forte- ment rétracté; ce muscle présente encore des faisceaux musculaires. Des muscles de la main, le premier inlerosseux dorsal est tout à l'ait jaune; les autres, surtout les muscles du pouce, sont plus ou moins pâles et amoin- dris; cependant ils ont tous conservé encore un bon aspect musculaire, ainsi que les lombricaux. Les gaines tendineuses dorsales des doigts sont bien développées. Les dimensions et les parois des vaisseaux ne paraissent nullement alté- rées ; les nerfs même des membres sont forts et épais, et ils ne démontrent même à l'examen microscopique aucune altération de texture : on y trouve une grande quantité de tubes nerveux très-serrés et bien développés. Le nerf médian présentait à sa partie inférieure une anomalie : il contour- nait au-dessus du carpe les tendons lléchisseurs de dehors en dedans en pas- sant en avant d'eux de haut en bas, et du côté radial vers le bord cubital, puis au-dessous du ligament propre du carpe, il se réfléchissait en dehors, se ramiflant en forme de patle d'oie vers le côté radial. La distribution de ees rameaux se faisait comme à l'ordinaire. Dans ce trajet, le nerf cubital, l'artère et l'arcade superficielle côtoyaient le nerf médian. m. — Pathologie. OBSERVATION DE MORVE AIGUË ; par M. GUBLER. • La morve est, on le sait, une affection rare chez l'homme. Cependant, plus beureuxou plus malheureux que la plupart de mes collègues dans les hôpi- taux, j'ai eu l'occasion d'en rencontrer une demi-douzaine de cas appartenant à toutes les formes connues, et dont plusieurs offraient des parlicularités di- gnes d'attention. Un dernier fait de ce genre vient de se présenter à mou observation et m'a paru mériter de vous être communiqué. Un jeune homme de 25 ans, d'une belle constitution et d'une bonne santé habituelle, entrait dans mon service, à l'hôpital Beaujon, le 18 juin dernier, se plaignant d'une vive douleur dans le côté droit de la poitrine. Au moment où j'appliquai l'oreille sur la région, il se recula brustiuement en poussant un cri. A une seconde reprise, et qnoiiiue je procédasse avec la plus grande douceur, l'application de l'oreille provoqua la même plainte et le même mou- vement de retraite. Cette circonstance piqua ma curiosité. Ayant découvert le thorax, je constatai, le long de la gouttière vertébrale droite, une saillie peu prononcée, comme si la masse musculaire était plus dodue que du côté op- posé, sans changement, sans emp;ltemçnt sous-cutané. La lésion était évi- 117 demment musculaire ; s'agissait-il d'une myosite rhumatismale? La profes- sion du sujet, qui était palefrenier, me flt aussitôt songer à quelque chose de plus grave. Toutefois, rien nejustiflait d'ailleurs mes inquiétudes-, il n'exis- tait aucun autre symptôme dalfection morvo-farcineuse, et la fièvre, assez vive, avait un caractère franchement inflammatoire, qu'elle garda plusieurs jours encore. Pendant ce temps-là, le genou droit d"abord, puis le gauche, • devenaient le siège d'un gonflement considérable, avec rougeur et douleur violente, comparée par le malade à une dilacération, à une corrosion par un acide, ou à une véritable brûlure par le feu. Le diagnostic flotta ainsi en- tre un rhumatisme articulaire et musculaire, et une maladie virnlente ayant les mômes déterminations morbides locales. Mais quelques symptômes plus caractéristiques ne tardèrent pas à le décider dans le dernier sens. Une érup- tion composée de papules, de vésico-pustules et de pustules apparut en dif- férentes régions du corps. Des rougeurs circonscrites se formèrent sur le ge- nou droit et deux bosselures fluctuantes sur la région antérieure des jambes. Enfin, les narines s'embarrassèrent, laissèrent écouler quelques gouttes de sang et de muco-pus rougeâtre. Alors l'état général devint de plus en plus grave. Le malade tomba dans le délire, puis dans le coma, et succomba le 5 juillet, deux jours seulement après la manifestation des accidents du côté des fosses nasales. La mort ayant eu lieu à cinq heures du soir, par une cha- leur caniculaire, je crus devoir procéder a l'autopsie le lendemain 6 juillet, à la même heure. M. le professeur Goubaux (d'Alfort) voulut bien y as- sister. Il est inutile d'entrer dans tous les détails relatifs à l'anatoraie patholo- gique. Qu'il me suffise de dire que nous trouvâmes la série complète des al- térations signalées dans la morve aiguë, à l'exception toutefois des lésions viscérales. Le genou droit était rempli d'un pus sanieux et sanguinolent ; des foyers, contenant une matière visqueuse et rougeâtre, existaient en diffé- rents points du système musculaire. Les organes parenchymateux ofTraient des signes de congestion sanguine ou d'engouement, sans traces d'abcès. Mais les lésions les plus importantes se rencontraient dans les fosses nasales. Partout la muqueuse de ces cavités présentait une hyperémie inflammatoire bien prononcce. Les sinus maxillaires contenaient une masse volumineuse d'une substance gélatiniforme d'un jaune abricot, striée de rouge écarlate, transparente et reproduisant par conséquent l'ensemble des qualités physi- ques qui appartiennent aux crachats de la pneumonie. Sur la voûte des fosses nasales, surtout en avant et particulièrement à droite, on trouve des groupes de pustules en partie discrètes, en partie confluenles, environnées d'une au- réole inflammatoire d'un rouge intense; quelques-unes étaient disséminées sur d'antres points de la membrane de Schneider. J'ai fait reproduire ces lésions, pour ainsi dire pathognomoniques, par l'habile pinceau de M. Léveillé, dont mes collègues connaissent le talent. L'a- 118 quarelle que je soumets à l'îippréciation de la Sociéti'; rend avec une rare fidélité l'éruptiou que je me dispense de décrire. Ou pourra juger de son identité avec les altérations observées dans les mêmes circoustauces chez les solipèdes, en comparant mon dessin à ceux qui m'ont été confiés par mon excellent maître, M. Rayer, et que je mets en même temps sous vos yeux. D'après cet ensemble de symptômes et de désordres anatomiques,il était impossible de méconnaître une morve algue, et il me pouvait paraître super- flu d'en chercher d'autres preuves. Néanmoins je jiriai M. le professeur Re- nault, directeur de l'Ecole d'Alfort, de vouloir bien faire inoculer à un cheval le pus des abcès sous-cutanés et musculaires. L'opération fut aussitôt prati- quée par ses ordres et donna des résultats positifs. Eh bien ! malgré ce concours de preuves incontestables, je ne pus parvenir à me procurer la dernière démonstration de la nature du mal. Une enquête officieuse dans l'infirmerie vétérinaire dépendant de l'administration des voitures à laquelle le sujet était attaché ne me fit pas découvrir le moindre indice de la source pathogénique où il avait dû puiser le germe de son affec- tion. Ceci, pour le dire en passant, est le cas le plus ordinaire et semble de- voir nous rendre moins exigeants lorsqu'il s'agit d'admettre la réalité de la morve en l'absence de la constatation de la contagion. C'est d'ailleurs une question qui peut être posée de savoir si les alTections morvo-farcineuses ne seraient pas quelquefois spontanées chez l'homme. On pourrait le croire en voyant la plupart des symptômes qui leur sont propres chez les sujets que ni leurs habitudes, ni des circonstances accidentelles, n'ont jamais mis en rapport avec des animaux capables de les leur transmettre. J'ai vu des cas de ce genre, mais j'avoue qu'en raison de la diinculté habi- tuelle de remonter à la source, je mettrai toujours la plus grande réserve dans l'admission des faits en apparence favorables à l'idée d'une évolution spontanée. Je pense qu'il importe également d'apporter un esprit de critique sévère dans l'examen des symptômes et des lésions qui peuvent simuler celles de la morve ou dufarcin. Quant au farcin, il peut être confondu avec toute afTection chronique donnant lieu à des abcès multiples ; mais la morve elle-même ne me paraît pas facile à distinguer de certaines maladies géné- rales de mauvaise nature dont les principales manifestations locales auraient lieu du côté du nez et de la face. Mon embarras a été grand dans deux exemples de ce genre, dont l'un s'est présenté dans le service de mon savant maître M. Bouillaud, et l'autre dans le service de M. Barth, dont je faisais alors l'intérim. Je ne puis les exposer assez longuement à mes collègues pour les mettre à même de porler un jugement sur ces cas litigieux, je me contenlerai de faire remarriuer que des érysipèles graves de la tête propagés dans les fosses nasales, accompagnés de phlyctènes purulentes ot même de gangrène avec du jetage sanieux,en imposeraient parfaitement pour la morve aiguë. 119 Il est encore une autre maladie dont quelques formes seraient aisément confondues avec celle qui fait l'objet de cette communication, je veux parler de la syphilis. J'ai vu deux fois, à très peu de distance, le coryza syphilitique secondaire s'accompagner d'une sécrétion assez abondante pour rappeler celle de la morve, et comme, en pareille circonstance, il peut exister tout à la fois des douleurs musculaires et articulaires, ainsi qu'une éruption pus- tuleuse plilyzaciée, on comprend que l'erreur ne soit pas toujours évitée. C'est ce qui est arrivé dans un cas récent dont je dois la connaissance à mon maître et ami M. le professeur Natalis Guillot. Au reste, cette analogie de la morve avec la syphilis n'a pas échappé à tout le monde; un autre de mes illustres maîtres, M. Ricord, a émis l'opinion que la prétendue épidémie de syphilis de la péninsule italienne, observée à la fin du quinzième siècle, pourrait bien n'avoir été autre chose que de la morve. Mais, bien avant lui, Van Helmont, commenté plus tard par Astruc, avait été jusqu'à insinuer que la maladie vénérienne provenait du commerce infâme d'un homme avec une jument farcineuse. Pendant mon internat à l'hôpital du Midi, en 1848, j'ai vu, chez M. Ricord, un malade atteint de suppurations multiples à marche lente en même temps que des lésions osseuses du crâne, et chez qui je trou- vai à l'autopsie de nombreux abcès pulmonaires et d'anciens foyers apo- plectiques, en partie métamorphosés, de la rate, altérations qui s'observent d'ordinaire chez les farcineux. Le malade avait été admis comme syphili- tique; mais, en dernier lieu, M. Ricord pensa qu'il avait affaire à du farcin. Ainsi les lésions osseuses, communes aux deux affections, rendraient encore plus étroites les connexions qui existent entre elles. En terminant cette communication, je crois devoir mentionner un dernier fait de maladie morvo-farcineuse, qui offrit, dans sa marche et ses symp- tômes, plusieurs particularités peu communes. Il s'agit d'un charretier qui souffrit pendant un an environ de collections purulentes, disséminées dans les gaines des tendons, dans d'autres cavités synoviales, dans les muscles, et qui mourut dans le service de M. Rayer, en 1848, sans avoir présenté de jetage proprement dit, bien qu'il existât une ulcération en emporte-pièce, ayant la forme d'une cocarde, qui avait détruit la muqueuse, le tissu fibreux sous- jacent, et enfin le cartilage de la cloison. Chez ce sujet, il y avait donc co- existence de la morve chronique avec le farcin également chronique. IV. — Chimie animale. RECHERCHES SYNTHÉTIQUES SUR LA CHOLESTÉRINE, SUR LE BLANC DE BALEINE ET SUR LE CAMPHRE DE BORNÉO; par M. BeRTHELOT. Les recherches synthétiques exécutées depuis quelques années établissent des faits généraux de plus en plus précis entre les matières carbonées les plus simples, étudiées de préférence par les chimistes, et cette grande mul- 12U titiide de principes immédiats naturels formée par les organes des ('très vi- vants, et demeurés iusqu'à ce jour en dehors de toute classification chi- mique, malgré leur grande importance physiologique. C'est ainsi que le groupe des alcools et de leurs dérivés, longtemps isolé et limité dans une série particulière, a reçu une extension immense par suite de la découverte des alcools polyatomiques : les principes les plus essen- tiels du règne végétal, les sucres, la niannite, la glycérine, les corps gras neutres et une foule de matières analogues, se rattachent aujourd'hui par leurs fonctions chimiques, à un petit nombre de lois et de relations fondamentales, analogues à celles qui président à la chimie des anciens alcools, mais plus variées et plus générales. La chimie organique tend ainsi à se simpliGer, en même temps qu'elle s'agrandit sans cesse. Eu poursuivant cette longue suite d'expériences destinées à déflnir le rôle et la constitution des principes immédiats naturels, et à établir entre eux des liens nouveaux et plus étroits, je suis parvenu à reconnaître la fonction réelle de plusieurs de ces principes choisis parmi les plus importants, à les rattacher directement aux composés fondamentaux, et à obtenir la synthèse de j)lusieurs composés naturels qui n'avaient point été jusqu'ici formés arti- flcielleraent. Mes recherches sont relatives à la choleslérine, au blanc de baleine et au camphre de Bornéo. I. Cholestkrine. — La cholestérine, découverte d'abord dans les calculs biliaires et retrouvée depuis dans la bile, dans le cerveau et dans la plupart des liquides normaux ou pathologiques de l'économie humaine, est remar- marquable par sa belle cristallisation, par ses propriétés analogues à celles des graisses et des résines, enfin par sa composition. J'ai préparé les combinaisons de la cholestérine avec les acides stéarique, butyrique, benzoïipie, acétique. Ce sont là des composés artificiels ; mais divers indices font prc'suraer qu'une étude attentive permettra de les retrouver pour la plupart parmi les principes immédiats qui font partie des animaux supérieurs. Voici le résumé de leurs caractères pour servir de guide dans les recher- ches de ce genre. Leséthers cholest(M-iques sont solides et cristallisables, plus fusibles que la choleslérine, plus ou moins soliibles dans l'élhcr, très-peu solubles dans l'al- cool bouillant, presque insolubles dans l'alcool froid, tout a fait insolubles dans l'eau. Ils sont neutres et très-difïicilement saponifiables. Cependant les alcalis finissent par lc& résoudre dans leurs générateurs : acide et choleslérine. Traités à froid par l'acide sulfurique concentré, ils se colorent en jaune orangé ; au bout de quelque temps, si l'on ajoute une petite quantité d'eau, puis de solution iodée, il arrive souvent, mais non toujours, que la masse 121 prend par places une coloration bleuâtre analogue à celle de la cholestérine soumise aux mêmes agents. Divers faits, et notamment la pn'scnce de m-aticres cireuses presque inso- lubles dans l'alcool et très-difTiciiement sapnniflables que j'ai observées dans des liquides pathologiques où elles étaient associées à la cholestérine, me portent à croire que certains étbers de la cholestérine, son éther stéarique en particulier, pourraient exister dans l'organisation humaine. Peut-être leur présence joue-t-elle quelque rôle dans certaines manifestations subites de la cholestérine au sein des liquides et des tissus animaux; il suffirait d'admettre la préexistence de ces étherset leur dédoublement sous desinllnences analo- gues à celles qui déterminent parfois la décomposition des corps gras neutres ordinaires à base de glycérine; tandis que la glycérine sirupeuse et solubie dans l'eau ne devient pas manifeste, la cholestérine insoluble et cristallisable apparaîlrait aussitôt. Sa manifestation dans des liquides aqueux s'explique- rait de même par le dédoublement de composés solubles analogues aux phos- phoglycérates. Mais je n'ai point encore retrouvé les matières cireuses particulières que j'avais observées autrefois avant de connaître les éthers cholestériques. Pour en établir la nature, il sufTirait de les purilîer en s'appuyant sur leur presque Insolubilité dans l'alcool, et de rechercher si elles se décomposent par une saponification tiès-prolongée en acides gras et en cholestérine. Quoi qu'il en soit de cette hypothèse, la cholestérine présente certains liens remarquables vis-à-vis de divers principes immédiats naturels qu'elle accompagne dans l'économie : je veux parler des acides de la bile. D'après les recherches les plus récentes, ces acides peuvent être regardés comme des combinaisons de sucre, de gélatine et de taurine avec l'acide cholalique et l'acide hyocholalique. Or les formules de ces deux acides sont assez voisines de celles de la cholestérine pour qu'il soit permis d'espérer les former par son oxydation. Ce qui donne quelque valeur à ces rapprochements de formules, c'est la coexistence dans la bile des corps qu'elles représentent, et surtout la for- mation d'un même produit d'oxydation caiactérisiique, l'acide cholestérique, soit au moyen des acides de la bile, soit au moyen de la cholestérine. Voici un rapprochement plus général et non moins digne d'intérêt. La cho- lestérine soumise à l'influence des agents capables de la décomposer fournit des corps qui appartiennent à deux séries de dérivés tout à fait distincts et que peu de sujstances sont aptes à produire simultanément. Dans les uns, le carbone et l'hydrogène sont unis à équivalents égaux ou à peu près, de même que dans le gaz observé, l'alcool et l'acide acétique. Dans les autres, au contraire, le carbone prédomine sur l'hydrogène, de même que dans la benzine, l'essence d'amandes amères et les corps qui s'y rattachent. Cette production simultanée de dérivés de la cholestérine appartenant à 122 deux groupes fondamentaux distincts, mérite dVMre rapprociiée de la forma- tion de deux catégories de dérivés tout semblables et simultanés dans la dé- composition de l'albumine, de la fibrine et les principes azotés analogues. II. Etiiol et blanc de baleine. — Le rôle que l'éthol joue vis-à-vis des acides gras dans le blanc de baleine a été établi par M. Chevreul en se fon- dant sur les métbodes analytiques, mais on n'avait point encore formé arti- ficiellement les combinaisons de l'éthol avec les acides gras proprement dits, c'est-à-dire réalisé la synthèse des principes immédiats du blanc de baleine. Par une application nouvelle de mes procédés synthétiques, j'ai formé di- vers composés neutres entre l'éthol et les acides gras. J'ai préparé les élhers stéarique, butyrique, acétique de cet alcool. La formation de l'étiiol stéarique peut être considérée comme établissant complètement la synthèse du blanc de baleine, car ce dernier corps se dé- compose par la saponification en fournissant de l'éthol d'une part, et des acides margarique, oléique, etc., d'autre part, c'est-à-dire des acides gras analogues à l'acide stéarique et dont la combinaison avec l'éthol s'opérera sans plus de difficulté. III. Camphre de Bornéo. — Ce camphre est sécrété par le dryalaba- nops camphora; il diffère du camphre ordinaire ou camphre des laurinées par sa composition chimique, car il renferme deux équivalents d'hydrogène de plus. J'ai réussi à former le camphre de Bornéo artificiellcraeut par la mé- tamorphose du camphre ordinaire. J'ai également établi des relations nouvelles entre ces deux matières cam- phrées et l'essence de térébenthine. En elTet, les relations qui existent entre l'alcool et le gaz oléflant sont les mêmes qne celles entre le camplire de Bornéo et les carbures (essences de thérébenthine, de genièvre, de citron, d'oranges, etc., etc.,) si répandues dans la végétation; elles portent à penser que le camphre de Bornéo ou camphol est plus commun dans la nature qu'on ne l'a pensé jusqu'à présent. On l'aura sans doute confondu plus d'une fois avec le camphre ordinaire auquel il est si analogue par ses apparences physiques. D'ailleurs certains de ses éthers forment des principes immédiats contenus dans certaines substances natu- relles; c'est ainsi que dans des recherches que je poursuis en commun avec M. Buignct, j'ai obtenu du camphol eu saponifiant le succin. 11 se forme sans doute par suite de la décomposition d'un composé naturel du camphre de Bornéo analogue aux composés artificiels que j'ai formés par synthèse. C'est un nouvel exemple de ces résultats où la formation synthétique des princi[ics immédiats précède leur reconnaissance au sein des tissus dos êtres organisés, et fournit les méthodes par lesquelles cette reconnaissance peut être réalisée- COMPTE RENDU DES SÉANCES r r LA SOCIëTë de biologie PENDANT LE MOIS D'AOUT 1859; Par m. le Docteur LE GENDRE , secrétaire. PRESIDENCE DE W, RHYER. I. — Anatomie. NOTE SUR UN NOUVEL ORGANE GLANDULEUX, SITUÉ DANS LE CORDON SPERMATIQUE, ET POUVANT DONNER NAISSANCE A DES KYSTES ; par M. Gl- RALDÈS. L'organe auquel je fais allusion me paraît offrir, au point de vue del'anato- mie pathologique, un intérêt assez grand pour lui mériter désormais une in- dication spéciale dans les livres classiques. Cet organe, que les anatomistes semblent avoir méconnu, est placé derrière la séreuse vaginale, en avant du paquet de veines qui se rend dans letesticnle, et dans l'espace compris entre l'épididyme elle point où la tunique vaginale se réfléchit pour former le sac séreux. Sa persistance après la naissance, sa structure, son origine, son siège même, pourraient le faire considérer chez l'homme comme l'analogue 124 d'un orgiiiie ((u'on retrouve chez la femme, près de l'ovaire, le corps de Rosonmuller. L'organe dont nous parlons, et que je désignerai sous le nom de corps in- nominé, est constitué par une série d'agglomérations formées tantôt de vési- cules de forme variée, de tubes variqueux, ou bien de vésicules et de tubes réunis et placés dans le tissu cellulaire sons-st'rcux, qui leur fournit de nom- breux capillaires. Ces petites masses ont le volume de 3 ou 4 millim. d'é- tendue; elles recouvrent, comme je l'ai dit des parties ambiantes, un réseau capillaire très-serré. Les vésicules et les tubes de l'organe innominé sont tapissés par un épithélium analogue à celui des vaisseaux séminifères; ils sont, en outre, remplis par un liquide tenant en suspension de nombreuses granulations. Le corps innominé se rencontre toujours au moment de la naissance. On le retrouve encore chez l'adulte et le vieillard. Je Tai rencontré aussi dans quelques espèces animales. La pri'sence dans le cordon spermatiquc d'un corps formé de tubes am- biants et de vésicules d'apparence glandulaire, devait laisser supposer à priori qu'il i)Ouvail être l'origine, le point de départ des poches kystiques du cordon. L'analogie de structure et d'origine que nous lui supposons avec le corps de Rosennililler venait corroborer cette hypothèse. On se rappelle, en elFet, qu'on rencontre souvent dans le ligament large des kystes produits par la dilatation des tubes de ce corps ; aussi il ne doit point paraître élratigede supposer que les tubes et les vésicules du corps innominé, dilatés anor- malement, pourraient être le point de départ de certains kystes du cordon spermatique. Nous voyons ainsi se compléter, au point de vue pathologique, l'analogie qui existe entre le corps innominé et le corps de Uosenmiiller. Mais si l'analogie en matière scientifique est parfois un puissant auxiliaire, de nature à nous mettre sur la voie de la vérité, il est également vrai qu'elle ne peut être invoquée avec fruit qu'à la condition de nous conduire vers une démonstration; autrement son intervention ne servirait qu'à consacrer des erreurs et à nous tenir renfermés dans le cercle incommensurable des hypothèses. Des recherches, continuées depuis plus d'une année, m'ont permis de con- firmer par l'observation directe ce que l'analogie me faisait supposer. Maintes fois j'ai rencontré dans le cordon spermatique des enfants des tumeurs kys- ti(iuesdu volume d'un gros pois, produites par la dilatation des tubes et des vésicules du corps innominé; des faits du même ordre rei-ueillis chez l'a- dulte, nièm.e chez des animaux, sont venus ajouter un supplément de preuve à cette explication. Je ne prétends pas affirmer que toujours les kystes du cordon sperma- tique sont produits par la dilatation des éléments du corps innominé. Je suis 125 même en mesure de dire que quelques-uns de ceux connus sous le nom de grands kystes du testicule sont formés par la dilatation des vasa efferentia. Mais je crois pouvoir avancer qu'iuie grande partie des kystes développés dans le cordon spermalique sont formés par les dilatations des éléments du corps innominé. Ces kystes, aussi bien que ceux du corps de Rosenraliller, peuvent être congénitaux. Pour me résumer donc, je dirai qu'il existe dans le cordon spermatique un organe d'origine glandulaire, formé de tul)es et de vésicules, dont la dila- tation est le point de départ du plus grand nombre des kystes du cordon spermatique. (Séance du 30 avril.) II. —Physiologie. l» DE LA SENSIBILITÉ RÉCURRENTE ENVISAGÉE COMME PHÉNOMÈNE DE LA SENSATION RÉFLEXE ; par M. GUBLER. Il est impossible de contester aujourd'hui la réalité des faits désignés sous le nom de sensibilité récurrente. Les expériences de Magendie, celles plus récentes de son continuateur M. le professeur Claude Bernard, établissent de la manière la plus positive l'existence de manifestations douloureuses chez les animaux auxquels on irrite, par un procédé quelconque, le bout péri- phérique d'une racine antérieure, séparée de la moelle par une section com- plète. On connaît même assez bien un certain nombre des conditions qui font varier le phénomène soit dans son existence, soit dans son intensité. Plusieurs explications ont été proposées : l'une des plus plausibles est due à notre collègue M. Brown-Séquard, qui pourra tout à l'heure vous l'exposer mieux que je ne ferais moi-même. J'ariive à mon tour avec une théorie que j'ai déjà eu l'occasion d'exposer à la fin de l'année dernière, dans le cours de pathologie générale de la Fa- culté. Les résultats principaux fournis par les expériences des vivisecleurs sont tous présents à votre esprit, il est à peine besoin de les rappeler. Vous savez que les phénomènes, dits de sensibilité récurrente, supposent l'inté- grité de la racine postérieure correspondante, et non celle de toute autre racine sensitive. Par conséquent cela impliquait tout d'abord des relations anatomiques et fonctionnelles normales, exclusivement établies entre les rameaux moteurs et les rameaux centrifuges qui constituent une paire ner- veuse. Quel est le lieu où se faitla communication entre les deux ordres de fibres nerveuses? Quelle est la nature de cette communication? C'est ce qui reste à déterminer. Mais déjà des expériences nombreuses et variées ont démontré que le siège du phénomène a lieu, non dans les troncs, mais du côté de la périphérie. Quant au mécanisme de l'action réciproque exercée par les deux ordres de filets nerveux, voici l'hypothèse que je propose : 126 Toutes les parties du système nerveux sont le support d'une force que je compare, après d'autres physiologistes, à celle du monde physique et qu'on connaît sous le nom d'influx nerveux. Ce fluide impondéiable se meut en sens diirérent dans les nerfs sensitifs et les nerfs moteurs : le courant est centripète dans les premiers, centrifuge dans les autres. Ceci est connu de tout le monde ; seulement il faut ajouter à cette notion vulgaire que les cen- tres et les cordons nerveux exodiqueset eisodiques forment un tout continu, c'est-à-dire comme l'avaient enti cvu les anciens, comme l'admet aujourd'hui M. Flourens, un véritable circulus nerveux. Ce n'est pas tout : il faut reconnaître encore que l'influx nerveux n'est pas le même dans toutes les parties du cercle qu'il parcourt, mais qu'il peut se transformer en passant d'un segment à l'autre de ses conducteurs. En d'au- tres termes, un courant centrifuge, arrive à l'extrémité d'un rameau moteur, s'y métamorphosera en courant centripète revenant par le nerf de sentiment, de même qu'un courant électrique, entravé dans sa marche, se transforme en chaleur et en lumière. Telle eèl, à mon avis, l'explication de la sensibilité récurrente; il n'est pas besoin pour la faire accepter de maintenir l'hypo- thèse des anses nerveuses terminales : deux filets, l'un de sentiment, l'autre de mouvement, accolés pendant une grande partie de leur trajet, peuvent être le siège de la communication fonctionnelle, sans inosculatoire à leur extrémité périphérique ; cependant une disposition anatomique particulière pourrait bien être la condition indispensable de cette transformation, au moins dans certaine régions de l'économie. Un fait récemment découvert et resté jusqu'ici sans interprétation, me parait destiné à fournir la clef du phé- nomène et rend, dès aujourd'hui, assez plausible la théorie que je soumets à l'appréciation de la Société. Mais, pour en faire bien saisir la portée, je dois rappeler en deux mots eu quoi consistent les actions réflexes de la moelle spinale. Chacun sait ce qu'on entend par mouvements réflexes. Une irritation por- tée sur l'extrémité périphérique des fllcts sensitifs est transmise a la moelle; celle-ci répond à l'excitation en déterminant des mouvements dans la région irritée. C'est là, à proprement parler, une réaction et non le fait d'une simple réflexion comparable u celle des rayons caloriliques ou lumineux. Mais entin l'usage a consacré l'expression de mouvements réflexes. Eu tous cas, le chan- gement du courant sensitif en courant moteur parait se faire dans la sub- stance grise de la moelle formée en grande partie de cellules à pointes ou à embranchements appelées pour cela multipolaires. Eh bien! des cellules semblables existent a la i)ériphorie du coips, tant dans la peau elle-même que dans le tissu cellulaire sous-culané. JNi ceux qui les ont découvertes, ni ceux qui en ont parlé, n'ont cherché à en expliquer la présence. Or ces organes élémentaires servent à quelque chose, et puisqu'ils sont semblables à ceux qui entrent dans la constitution de la moelle épinièrc, ils doivent 127 avoir des fonctions analogues. Ces cellules servent sans doute d'intermé- diaires entre les filets exodiques et eisodiques : elles sont à mes yeux une sorte de moelle dissociée et diffuse, où le courant arrivé par le nerf moteur se transforme pour revenir au centre et produire cette sensation observée à la suite de l'irritation d'une racine antérieure. Cette théorie m'a permis d'expliquer rationnellement les faits patholo- giques diiriciles à comprendre sans elle, par exemple^ ceux qui sont com- pris en Allemagne sous le titre de loi d'excentricité des phénomènes, et que je propose de désigner par l'expression de périphérisme des sensations. Etant donnée une inflammation sur le trajet d'un cordon sensitivo-moteur, une douleur est ressentie souvent, non pas dans le point affecté, mais à une plus ou moins grande distance du côté de la pcriphcrie ; cela dépend, je crois, de ce que les filets moteurs irrités transmettent l'excitation jusqu'à leur extrémité terminale oîi elle se transforme, suivant le mode indiqué, pour revenir au centre nerveux. En réalité, l'impression ne commence qu'à l'ex- trémité des filets sensitifs ; il est donc tout naturel qu'elle soit rapportée à ce point. On observera peut-être qu'il devrait exister une autre douleur au niveau de cette portion du tronc nerveux qui plonge dans le foyer inflam- matoire ; mais deux hypothèses pourraient expliquer cette unicité de la sen- sation : ou bien les filets sensitifs faisant partie d'un tronc volumineux sont dépourvus de l'impressionnubilité et ne conservent guère que la faculté de conduire, ou bien les deux impressions superposées se confondent. Ma théo- rie serait applicable à beaucoup d'autres phénomènes physiologiques et pa- thologiques; mais je crois devoir borner pour le moment à ces considéra- tions ce que je voulais dire relativement aux sensations réflexes. M. Brown-Séquard, dont je désirais connaître l'opinion si compétente sur ce sujet qu'il a pris souvent pour but de ses savantes recherches, déclare qu'il ne repousse pas la manière de voir que je viens d'exprimer; seulement il attache une importance majeure à l'explication introduite par lui dans la science depuis une dizaine d'années. Je suis disposé, pour ma part, à re- connaître que les phénomènes de sensation, dus à l'irritation des racines motrices, dépendent de plusieurs conditions différentes : la récurrence de certains filets sensitifs, une influence comparable à celle de l'induction dans l'électricité, et surtout l'existence des sensations réflexes. Il faut, à mon avis, additionner tous ces coefficients pour obtenir la grandeur des résultats observés. Dans mon Cours de pathologie générale, j'ai mis l'hypothèse de M. Brown- Séquard en regard des faits pathologiques qu'il a rappelés particulièrement du tic douloureux; mais je ne comprends pas comment elle pourrait s'adap- ter à l'explication de ces cas où la douleur provoquée par l'irritation d'un nerf moteur se fait sentir, non dans un muscle, mais dans un point dépourvu de fibres charnues et pour ainsi dire à la superficie de la peau. Quant aux 128 expériences de contractions induites et de douleurs excitées par la contrac- tion d'un muscle dans le voisinage d'un nerf sensible, les particularités, si curieuses d'ailleurs, que M. Browu-Séquard nous a ignalécs comme des pro- blèmes d'une solution diflicile, trouveront aisément leur interprétation si l'on veut essayer, comme je l'ai fait dans mes leçons de pathologie générale, d'appliquer aux forces organiques les idées qui commencent a se faire jour sur la corrélation des forces physiques. La contraction musculaire est un changement de cohésion déterminé par une décharge nerveuse. Si ce chan- gement de cohésion produit une quantité de mouvements dont la grandeur représente la force dépensée, rien autre chose n'apparaît. Si, au contraire, pour une cause ou pour une autre, le mouvement est relativement faible, alors l'excédant de forces se montre sous forme de courant électrique ou de chaleur, comme dans une pile quelconque, un obstacle à la réunion des deux électricités détermine une évolution de chaleur et de lumière. J'ajouterai, en passant, que si le fait de l'élévation de la température pendant la con- traction musculaire est t>arfuiteraent établi, il n'est pourtant pas démontré, comme on le croit généralement, que la contraction musculaire soi*, une source réelle de clmleur. C'en est une occasion, et voilà tout. Ainsi lorsque la décharge est tellement calculée qu'elle soit tout entière efficace à produire le retrait du muscle et par suite le mouvement qui en dépend, il n'y a que peu ou point de chaleur; c'est ce qui a lieu dans l'état normal, principale- mcnlcliez certaines personnes privilégiées. Au contraire, les malades et les convalescents, chez qui la dépense est hors de proportion avec l'efiort pro- duit, s'échaufTent et ruissellent de sueur au moindre exercice. 2» NOTE SDR TROIS PIÈCES DE I.A COLLECTION PHBÉNOLOGIQUE DU DOCTEUR GALL ACQUISE PAR LE MUSÉUM D'HISTOIRE NATURELLE DE PARIS; par MM. IcS docteurs Emmanuel Rousseau et Henri Jacquart. Nous avons l'honneur de vous présenter, en notre nom et celui de M. le docteur Emmanuel Rousseau, conservateur des galeries d'anatomie du Mu- séum d'histoire naturelle de Paris, trois portions de crâne appartenant à la collection phrénologique du ilocteur Gall. Elles sont désignées sous trois nu- méros distincts, et c'est sur le registre transmis par son chargé d'affaires, el rédigi' par conséquent par Gall lui-même, ou l'un do ses disciples, lorsque le Muséum acquit cette collection, que nous copions textuellement les rensei- gnements qui concernent chacune d'elles. Le n»2Gl forme les deux tiers supérieurs de la face. Il est constitué par le frontal scié à 2 centimètres 1/2 au-dessus des arcades orbitaires, par l'ethraoïde, les os prniires du nez, les sus-maxillaires, les os de la pommette, etc. 11 comprend la plus grande partie du sphénoïde dont les grandes ailes ont été séparées de leur articulation avec les temporaux ; le corps de cet os, soudé 129 déjà avec l'apophyse basilaire de l'occipital, a clé fracturé transversalement au milieu de la selle tiirciqiic. « C'est, dit le registre, le reste du crâne d'un nnisicien mort d'un anévrisrac » du cœur. Gall montrait cette pièce pour prouver, contre ceux qui soutien- » neut l'opinion contraire, que les circonvolutions du cerveau s'impriment » sur les os du crâne. Les impressions digitales sont en ellet fort bien espri- » mées sur le plancher de l'orbite. » Le n' 279 n'est autre chose qu'une voûte de crànc, et porte en suscription sur les os mêmes : Madame la baronne Franck. « La baronne Franck était tourmentée d'une mélancolie avec penchant au » suicide. Elle paraissait jouir de tonte sa raison et prenait intérêt aux choses » de la vie; mais tous les mois, au retour de son épocjue menstruelle, elle » éprouvait le plus vif désir de se détruire, et plusieurs fois elle tenta de le » faire. Gall, qui fut consulté, détermina la famille de cette jeune femme à la » mettre dans une maison d'aliénés, où elle pût recevoir les soins que récla- » mait sa position. Pendant tout le temps de sa réclusion, on remarqua qu'elle /> était calme. Sa manière de vivre paraissait si naturelle, que les parents ju- >. gèrent la précaution désormais inutile; elle atlirmait elle-même qu'elle ne >> ressentait plus rien de ce qu'elle avait éprouvé autrefois; mais Gall, à qui » elle fut montrée, en jugea différemment, à cause d'une vivacité insolite » qu'elle conservait dans le regard ; néanmoins les conseils qu'il donna cette )i fois ne furent pas accueillis. Elle rentra dès lors dans sa famille, et le sur- it lendemain de son retour, une heure après (ju'elle venait de causer fort )) gaiement avec son mari et plusieurs de ses parents, elle monta rapidement » à l'étage le plus élevé de sa maison et se i)récipila par une fenêtre. La 1) forme générale de ce crâne est celle de la tète de la plupart des individus « qui ont une prédisposition à la mélancolie avec penchant au suicide. » La pesanteur des os indiciue un état de maladie qu'a souffert le cerveau » pendant longtemps. Gall faisait remarquer sur cette tête ce grand déve- I) loppement des organes de la circonspection et l'épaississement des os du » crâne. » On n'a trouvé aucun renseignement sur les qualités particulières qu'a » manifestées cette dame pendant sa vie. » La pièce qui est désignée sous le n° 353 forme à peu près les deux tiers postérieurs d'une base de crâne. Elle est constituée par la partie inférieure de l'occipital scié horizontalement à 3 centimètres environ au-dessus du con- lluent des sinus, les deux temporaux dont une très-petite partie de l'écaillé a été coupée, et enfin la partie postérieure du corps du sphénoïde fracturé dans son milieu. Elle porte eu suscription : Fragment du crâne d'un meurtrier. Le registre ne donne pas d'autres renseignements ; seulement il ajoute : « Les autres parties de ce crâue ont sans doute été perdues dans le cours » des voyages que Gall a faits avec sa collection. » C. R. 9 13U ■ 11 résulte de ces documents si ponctuellement oirconstancliJs, que vous avez sous les yeux trois portions de tôte appartenant à trois individus dif- férents : l'ime, comprenant la partie supérieure de la face, vient d'un musi- cien mort d'un itiu'vrisme au cœur; l'autre, la voùtc crânienne, a ap[)artcnu à la baronne Franck ; et enOn, la troisième, formée par les deux, tiers posté- rieurs de la base du crâne, a été attribuée à un meurtrier. Messieurs, attendez un peu, et vous pourrez juger de la bonne foi et de la sincérité qui ont pré- sidé à ces observations. Tout le monde a connu M. Laurillard, conservateur des galeries d'anatomie et son immense savoir, assimilé par une de nos il- lustrations scicntiliques. M. Laurillard n'aimait pas le système phrénologique, et il y trouvait souvent matière à exercer sa verve satirique. Examinant ces trois pièces, que nous ne savons quel hasard lui lit rapprocher, car elles ne por- tent pas des numéros qui se suivent dans la série de la collection, il s'aper- çut que, d'abord les écailles des temporaux de la base du crâne s'engrenaient parfaitement avec les ailes du sphénoïde appartenant à la face, et que la par- tie antérieure du corps de celui-ci,, fracturé dans son milieu, s'ajustait exac- tement au reste de ce corps soudé à l'apophyse basilaire de l'occipital. Ainsi le musicien et le meurtrier, c'est-à-dire les n. 201 et 353, perdent leur indivi- dualité, et constituent une seule et unique base de crâne ; et enfin, pour cou- ronner en quelque sorte ses malicieuses recherches, M. Laurillard s'assura que la voûlc du crâne attribuée à la baronne Franck venait recouvrir cette base de crâne, et s'y adapter aussi parfaitement que la perte de substance opérée par la coupe pouvait le permettre. En vérité, que ce soit le fait de Gall ou de ses disciples, il est incontestable que c'est le résultat d'une com- binaison plus ou moins compliquée, qu'il n'y a pas eu méprise, mais bien intention évidente de surprendre notre crédulité. Des trois individualités, laquelle doit survivre? Est-ce celle de la baronne Franck? est-ce celle du meurtrier, ou bien encore celle du musicien? Eh présence de pareils faits, on serait tenté de les rejeter toutes les trois, et de croire à une histoire fabricpiée à plaisir sur le premier crâne tombé sous la main, dans l'intérêt du système phréuologi(iue. Ce sont là des détails que M. le docteur Emmanuel Rousseau et moi avons cru devoir vous faire con- naître. Mais nous avons appris depuis que M. le professeur Bérard, de si re- grettable mémoire, les avait exposés dans ses cours ; et enfin que, bien avant lui, M. le professeur Flouions, qui a porté de si cruelles atteintes au système du docteur Gall, les avait signalés à son auditoire, dans les brillantes leçons qu'il professe au Muséum sur la physiologie du système nerveux. Que l'on veuille bien se donner la peine de consulter l'ouvrage de l'illustre professeur du jardin des plantes, intitulé Examen de l.\ PHRK.NOLOGrE, 3' édi- tion, on verra le flambeau de la science, porté par sa main puissante, dissiper les fantasmagories phrénologiques, comme les rayons solaires les ténèbres les plus profondes. 131 Le passage suivant, que nous copions en entier dans cet ouvrage, traite des faits que nous venons d'exposer. « A la mort de Gall, le Muséum d'histoire naturelle a acheté sa collection. » Or, dans cette collection, se voient méthodiquement rangées trois portions )) de crâne attribuées à trois individus ditTérents : à un musicien, et cette M portion montre l'organe de la musique; à une baronne qui s^ serait suici- » déc dans un accès de monomanie triste, et cette portion montre l'organe )) de la circonspection ; à un marchand devenu fou d'amour, et cette portion » montre l'organe de l'amour, de ïérotomanie. » Leuret a eu l'idée d'examiner ces trois portions de tête, et il s'est trouvé » qu'elles ne sont, toutes trois, que trois portions d'une môme tète. « La ca- » lotte du crâne, dit-il, enlevée par la scie, a été attribuée à la bai onne ; la » base, en partie désarticulée et en partie brisée de droite à gauche au ni- » veau du corps du sphénoïde, et séparée ainsi en portion antérieure et en » portion postérieure, a été attribuée aux deux autres individus : la pre- » mière au musicien, la seconde au marchand devenu erotique; or le tout » réuni forme une belle tête d'homme sur laquelle on voit les bosses parié- » taies développées comme elles le sont ordinairement chez l'homme, ce qui » a permis à Gall de doter la baronne des deux organes de la circonspection » dont il avait besoin afin de la rendre aussi craintive qu'elle devait l'être 11 pour avoir peur de tout et terminer sa vie par un suicide. Préparez donc « l'avenir d'une science avec des faits ainsi arrangés 1 » Sans vouloir décider qui a découvert le premier la supercherie à laquelle Gall ou ses disciples n'ont pas dédaigné de recourir ici pour le triomphe de la doctrine, nous pourrions nous contenter de dire : ab unodisce omnes! Plût à Dieu que ce fût le seul méfait à leur reprocher. Mais en lisant l'ouvrage cité de M. le professeur Flourens, on en trouvera mille autres tout aussi scanda- leux, et on verra le malheureux système phrénologique sortir anéanti de ce juste, mais impitoyable examen. 111. — Physiologie expérimentale. RFXHERCHES DES RACINES DE SENTIMENT ET DE MOUVEMENT CHEZ LES OISEAUX; par M. A. Moreau. L'analogie complète qui existe entre la disposiiion anatoniique des racines nerveuses rachidiennes chez les oiseaux et chez les mammifères fait natu- rellement supposer que les fonctions de ces racines sont les mêmes dans les deux classes de vertébrés. J'ai cherché la preuve expérimentale. Sur plusieurs pigeons et sur une pntile, j'ai ouverl le canal rarhidien et 132 cherché à distinguer les racines; mais les animaux ont toujours succombé avant la lin de l'expérience. Sur quatre oies, l'opération a parfaitement réussi. Les racines isolées ont été séparément étudiées; et j'ai toujours constaté que la piqiire ou le pince- ment de la racine postérieure ou racine ganglionnaire était extrêmement sensible. En «outre, qu'après la scclion de cotte racine, le bout périphé- rique irrité était insensible; et l'irritation de ce bout ne provoquait aucun mouvement dans les muscles auxquels il se distribue. La racine antérieure non ganglionnaire, pincée, est insensible, mais déter- mine des mouvements dans les muscles auxquels elle se distribue. 11 est nécessaire dédire ((ue le pincement ou l'irritation de celte racine n'ont pu être praticiuées qu'après la section de lu racine antérieure. Par suite, l'insensibilité constatée n'est établie que relativement à ses communications directes avec la moelle, mais la sensibilité qu'elle peut avoir par ses commu- nications avec la racine postérieure, en d'autres termes, la sensibilité récur- rente peut exister dans cette racine comme elle existe dans les lacines an- térieures du chien. Je n'ai pas encore réussi à faire l'expérience, à cause de la brièveté des racines. Malgré la mort rapide des pigeons et des poules, les expériences que j'ai pratiquées sur ces oiseaux ne sont pas tout à fait sans résuliat, car j'ai pu, après l'expiration, isoler aussitôt et couper les racines, et constater, en galvanisant leur bout périphérique, ce que j'ai vu aussi sur les oies, que la racine postérieure électrisée ne donnait pas de coniraction, tandis que l'an- térieure en donnait de manifestes. Je crois donc pouvoir conclure que, chez les oiseaux, les racines anté- rieures sont les racines de mouvement et que les racines postérieures sont les racines de sentiment. IV. — Chimie physiologique. !• SUR L.v nEcnERciiE DU SUCRE DANS l'urine ; par M. Cn. Leconte, pro- fesseur agrégé à la Faculté de médecine de Paris. La présence du sucre dans l'urine est l'un des symptômes du diabète et de certaines conditions physiologiques particulières mal déterminées encore aujourd'hui, mais dont l'étude constituera un jour l'un des phénomènes les plus intéressants de la digestion. 11 importe donc de bien préciser la valeur des moyens que l'on emploie actuellement pour déceler l'existence du sucre dans l'urine, alin d'éviter les incertitudes que peut faire naître l'imporlancc trop absolue que l'on accorde ù certains réactils. Dans mes pn-cédenles publications sur l'absence du sucre dans l'urine des 133 femmes en lactation, j'ai déjà signalé rapidement les précautions dont il fal- lait s'entourer dans la recheiche du sucre pour éviter toute erreur. Aujoiird'lmi, je m'étendrai plus longuement sur le même sujet, afin de dé- montrer comment M. Bruecke a pu être conduit, en se servant de caractères insuffisants et trop vagues, à admettre que l'urine normale de l'iiommo con- tient toujours de petites quantités de sucre. Les moyens dont on se sert aujourd'hui pour rechercher le sucre dans un liquide, sont bien loin de posséder la même valeur : les uns peuvent donner une présomption de la présence du sucre, les autres en font connaitrc l'exis- tence réelle. Les premiers sont des caractères généraux communs souvent à un grand nombre de substances. Les seconds sont les véritables caractères spécifiques, c'est-à-dire qu'ils n'appartiennent qu'à la substance qu'ils ca- ractérisent. Je suis bien loin d'admettre que les caractères que nous admettons aujour- d'hui comme spécifiques, ne seront pas plus tard modifiés dans leur valeur par suite des progrès des sciences, nous n'en devons pas moins cependant leur accorder dans le moment actuel leur donner l'importance qu'ils mé- ritent. Parmi les caractères généraux, c'est-à-Jire anpartenant à tous les corps ré- ducteurs et que l'on emploie pour rechercher le sucre dans l'urine, je place- rai le réactif de Trommcr, le cii[iia:e ii'ammonia(|iie, le cuprotartrale de potasse, la solution de potasse, l'eiiude chaux, la solution d'acide chromique acidulée d'acide chloriiydri(iue ou d'acide sulfurique, enfin l'emploi simul- tané du sous-azot.ite de bismutii ut iriine solution de potasse caustique. I/emploi lie tous ces réactifs ne saurait jamais permettre de conclure d'une manié; c a^i'oiuc à la présence ou à l'absence du sucre dans l'urine, ainsi que nous allons le démontrer; ils peuvent cependant rendredes services réels lorsque le sucre existe eu (piantité lui peu notable dans l'urine. Procédé de Trommer. Liquide de Barreswil ou cuprotartrat3 de potasse. Le procédé de Trommer, qui consiste à verser dans l'urine une petite quan- tité de siillale de cuivre en solution, puis un excès de potasse, et enfin a porter le liquide à l'ébuUition, repose sur la propriété que présente le sucre en s'oxydant, d'enlever à l'oxyiJe de cuivre la moitié de son oxygène et de le ramener a l'état d'oxydulc rouge insoluble dans la licpieur potassi(iue, et dont la formation est très-facile à constater. r.ien de plus simple que l'application de ce procédé, à la condition toute- fois de ne pas employer un excès de sulfate de cuivre, car l'excès d'oxyde sur lequel le sncie ne pourrait agir serait r.mTcné sous l'influence de l'ébul- liiion à l'état anhydre, et sa couleur noire masquerait la couleur rouge de l'oxydule formé. Le cuprolarlrate de potasse ne présente point l'inconvénient que je viens (le signaler, mais lorsqu'il a été préparé comme l'a indiqué M. Barreswil et 134 qu'il a été prépaiV; depuis (iiicUiues mois, il arrive souvent qu'où oijticut un précipité d'oxydule eu le Taisant bouillir soit seul, soit après l'addition de une ou deux fois son volume d'eau. La liqueur de Fehling, qui ne diffère du liquide de Barresvvil qu'en ce que la soude y remplace la potasse, se conserve beaucoup mieux que le pré- cédent; mais, ainsi que j'ai pu le constater iiu grand nombre de fois dans les tentatives nombreuses, mais toutes aussi infructueuses ([uej'ai faites pour trouver trouver un liquide de recherche du sucre exempt de reproches, c'est que le liquide de Fehling est moins sensible que le procédé de Trommer et celui de Barreswil, et que souvent il n'indique pas la présence d'un dcmi- millièrae de sucre ajouté à l'urine. On a également proposé un liquide cuprique dans lequel l'acide taririque a été remplacé par la glycérine. L'idée, tout ingénieuse qu'elle soif, ne m'a donné que des résultats peu satisfaisants, car cette liqueur au bout de quel- ques jours laisse déjà déposer à froid une quantité considérable d'oxydule rouge de cuivre, et presque toujours elle laisse déposer, lorsqu'on la fait bouillir immédiatement après sa préparation, des llocons rougeàtres prove- nant d'un commencement de réduction. Les quatre liquides qui précèdent présentent tous cet inconvénient, qu'ils peuveut être réduits par un grand nombre de substances, et notamment par l'acide urique, ainsi que je l'ai surabondamment démontré. Ces liquides peuvent, eu outre, se décolorer en présence du sucre ou de l'acide urique, au lieu de fournir un précipité rouge (juand la liqueur que l'on essaye renferme des sels ammoniacaux ou de l'urée en quantité convenable. Il suffit pour s'en convaincre de faire directement l'expérience en employant des réactifs purs. C'était précisément pour éliminer les causes d'erreur résultant delà pré- sence de l'urée et de l'acide urique dans l'urine, que j'ai employé le procédé que j'ai décrit dans mon premier travail sur l'urine des femmes en lactation et que je transcris ici à dessein, parce que s'il n'a donné que des résultats négatifs entre les mains de M. Bruecke, c'est que cet expérimentateur habile a omis la partie essentielle de l'opération, au moins dans la traduction de sonmémoire contenue dans le Journal de physiologie deM. Brown-Séquard, t. 11, n° G, page 3'il et suivantes, et qui a précisément pour but d'éliminer l'urée qui trouble les résultats. Voici mon procédé tel que je l'ai publié : « 4 litres d'urine de femme en lactation réduisant très-énergiquement le li- quide cupropotassique et rougissant fortement le papier de tournesol, furent acidulés par l'acide acétique et évaporés au baiu-marie dans des assiettes de porcelaine, l'évaporatiou fut rapiile en raison du peu de profondeur L\cf, vases. » Lorsque les 8 dixièmes environ de l'urine furent évaporés, on le laissa re- froidir, puis ou ajouta au liquide concentré, et peu à peu de l'alcool à 38°, de é 135 manière à précipiter la majeure partie des sels minéraux, et à obtenir une liqueur alcoolique assez faible pour retenir le sucre en dissolutiOH. » Lu liqueur alcoolique faible fut évaporée à siccité et le résidu épuisé par de l'alcool à 40", qui devait dissoudre l'urée et laisser indissous le sucre et les sels minéraux solublcs dans l'alcool faible. » Voici maintenant comment a opéré M. Bruecke, avec l'intention d'appliquer mon procédé, loc. cil. Je transcris textuellement. « Comme ce procédé (mon procédé) jouit auprès de beaucoup de personnes d'une confiance absolue, j'ai ajouté à l'urine d'un bomme biep portant de l'urine d'un diabétique en quantité sulTisante pour obtenir tH'épreuve de Trommer un précipité assez notable d'oxydule hydraté finement pulvérisé ne se déposant qu'avec une certaine peine. J'ai traité ce mélange par le pro- cédé de M. Leconte en examinant le résidu de la solution alcoolique (évapo- rée). Je n'ai d'abord obtenu aucune trace d'oxydule, ce ne fut que le lende- main qu'une des épreuves en avait déposé une certaine quantité, et néan- moins, ce résidu possédait des propriétés fortement réductrices; en effet, il noircissait complètement le sous-azotate de bismuth et il décolorait des quan- tités assez notables d'une solution étendue de sulfate de cuivre, mais en même temps il se développait une forte odeur d'ammoniaque qui s'opposait à la précipitation de l'oxydule, ainsi que le démontrait la réosydation au con- tact de l'air atmosphérique. » Il en résulte que, pour la recherche de petites quantités de sucre, ce procédé ne possède nullement l'efficacité qu'on lui avait attribuée. » M. Bruecke, sans s'en apercevoir, fait du même coup l'éloge de mon procédé et la critique de celui qu'il a suivi, il avoue que le sucre s'est trouvé concentré dans le premier résidu alcoolique, puisque, d'après lui- même, il brunissait le sous-azotate de bismuth et décolorait des quantités as-. sez notables de sulfate de cuivre. Si M. Bruecke n'a pas obtenu d'oxydule avec le réactif de Trommer, c'est qu'il a négligé d'épuiser, ce que je conseille formellement, le premier résidu alcoolique par l'alcool à 40" qui eîit enlevé l'urée et le sel ammoniac, cause de la dissolution de l'oxydule par l'ammoniaque qu'ils donnent sous l'in- fiuence de la potasse. Je ne doute pas que l'honorable professeur n'obtienne, les mêmes résultats que moi s'il applique rigoureusement ma méthode. Les autres caractères généraux de la présence du glycose, sont : la coloration, brune que prend à l'ébuUition une solution de potasse, de soude, de baryte, de strontiauo ou de chaux, et même d'ammoniaque en présence du glycose;. si ce caractère est uu très-bon moyen de distinguer les uns des autres les sucres qui appartiennent au premier ou au second genre, il n'en est plus de même lorsqu'on veut reconuaître le glycose au milieu d'un grand nombre de substances dont l'action sur les alcalis n'a pas encore été étudiée; la propo- sition se trouve donc ramenée à ce seul terme, le glycose est-il la seule 136 substance qui donue à l'urine uue coloration brune sous l'influence des al- calis? Personne, à mon avis, ne saurait, quant à présent, répondre par l'af- firmation; les matières colorantes de l'urine sont à peine connues, et il existe un grand nombre de substances qui se colorent en brun sous l'in- fluence des alcalis, et dont la teinte se fonce par la chaleur; toutes les ma- tières extractives, les composes chimiques, sont dans ce cas. La coloration brune du nitrate de bismuth sous l'influence de la potasse en présence de l'urine, ne saurait non plus constituer un caractère essentiel du sucre, puisqu'il existe un certain nombre de substances réductrices douées de la même propriété. En résumé, on voit que les caractères que je nomme secondaires peuvent bien fournir quelques renseignements utiles quant à la présence du glycose dans l'urine, sans cependant eu donner la certitude, puisqu'ils sont com- muns à plusieurs substances, et ils n'ont de valeur réelle que réunis aux caractères essentiels. Caractèkes essentikls. — Je désigne par caractères essenliels ceux qui n'appartiennent qu'au glycose, ce sont la fermentation alcoolique et l'extrac- tion du glycose lui-même. Fermentation alcoolique. Malgré les recherches intéressantes qui ont été publiées, dans ces derniers temps, sur la fermentation alcoolique, il n'en est pas moins vrai que le sucre de cannes et les difl'éreutes variétés de glycoses sont les seules substances qui, au contact de la levure de bière, donnent eu peu de temps une fermentation régulière, d'où résulte de l'acide carbonique pur et de l'alcool. Tous les liquides qui n'ont pas donné de gaz avec la levure de bière, après deux heures de contact au plus lorsqu'ils ont été exposés a une température de 20 à 30 degrés, doivent être considérés comme dépour- vus de sucre, à moins toutefois que le volume de l'acide carboniciue, qui doit prendre naissance, soit plus petit que celui du liquide qui tient le sucre en solution. Aussi ne doit-on ajouter directement la levflre à l'urine que dans le cas d'un diabète très-prononcé ; lorsqu'il s'agit de rechercher le sucre dans une urine qui n'en renferme que (juelques millièmes, il faut concentrer le sucre, en l'i.^^olant du plus grand nombre des corps étrangers, d'après ma méthode décrite plus haut, et mettre la substance isolée en ron- tact avec un peu d'eau et de levure à une température de 20 à 30 degrés; la fermentation s'établit rapidement, et pour avoir la certitude que le gaz dégagé ne provient pas de l'altihatiou de la levure, ou place à côté du tube précé- dent un autre tube contenant de l'eau, delà levure seule; ce tube sert de té- moin. Tontes les fois que la chose est possible, ou doit opérer dans un tube rempli de mercure ; mais dans le cas où l'on n'aurait pas de mercure à sa disposition, on peut faire usage du petit appareil suivant, facile à disposer et bien peu coûteux. On prend un tube fermé à l'une de ses extrémités, semblable à ceux dont 137 on fait usage pour les réactions chimiques; on y adapte un bouchon traversé par un tube d'un petit diamètre, ctTdi; à son extrémité inférieure qui doit plonger près du fond du tube fermé; l'extrémité supérieure du tube ctrdc doit dépasser le bouclion de quelques centimètres et rester ouverte. Tout étant ainsi disposé, on remplit complètement le grand tube du mélange de levure et du liquide dans lequel on veut déceler la présence du sucre ; puis on y introduit le tubeellilé, muni de son bouchon qui doit fermer exac- tement le grand tube. Une petite quantité de liquide s'écoule alors |)ar l'ex- trémité supérieure du tube effilé; on place alors le grand tube dans de l'eau tiède ; la fermentation s'établit, le gaz se rend à la partie inférieure du bou- chon, remplit peu à peu le tube, presse le liquide qui s'écoule par l'extrémité supérieure du tube etPdé. Pour reconnaître si le gaz obtenu est de l'acide carbonique pur, on plonge Icxtrémité ouverte du tube eflilé dans un verre contenant de la solution de potasse; puis, à l'aide d'une lampe, on chauffe le fond du grand tube ; quel- quelques bulles de gaz se dégagent ; on retitre alors la lampe ; le gaz se re- froidit et se contracte, la solution de potasse rentre uans l'appareil et le remplit complètement par une légère agitation efî'ectuée sans soulever l'ap- pareil. Extraction du sucre. Scientiliqucmeut, l'extraction du sucic d"nn liquide devrait seule permettre d'en affirmer la présence ; cependant lursqu'a la suite d'une fermentation régulière, on a constaté la pureté de l'acide carbonique et la présence de l'alcool parla distillation du liipiide l'ermenté, on est auto- risé, dans l'état actuel de nos connaissances, à allinner la présence du sucre. Mais aujourd'hui les procédés d'extraction du sucre sont si sensibles qu'on peut l'extraire de 200 grammes d'urine contenant 5 centigr. de sucre, soit un demi-millième de ce corps. J'ai pu, depuis cette époque, isoler le sucre du foie découvert ])ar M. Cl. Bernard, en faisant usage du même procédé proposé par M. Lehniann, et au- quel j'ai fait subir des modifications qui m'ont permis d'obtenir le suirc a l'état cristalisé. Voici comment j'opère : j'acidule très-légèrement l'urine sur laquelle j'o- père avec l'acide sulfurique, les sulfates minéraux, étant tons insolubles dans l'alcool, j'évapore au bain-maric dans des assielles peu piufondes, et j'obtiens ainsi un résidu pâteux, auquel j'ajoule à chaud une petite quantité d'alcool à Sy pour le délayer ; je l'introduis alors dans une liolc, et je l'épuisé à l'ébuUilion pardes traitements successifs avec de l'alcool à 33° ; les liqueurs sont réunies, chauffées ensemble et tiltiées ; après le refroissement, j'ajoute alors peu à peu une solution récente et saturée de potasse caustique dans l'alcool, et j'agite fortement après chaque addition; la liqueur, qui d'abord s'était troublée, s'éclaircit par la séparation d'une substance pâteuse qui ad- hère aux parois de la fiole. 138 Je continue ainsi les additions de potasse jusqu'à ce que la liqueur ne se trouble plus; arrivé à ce terme, je décante la liqueur claire, je lave à plu- sieurs reprises le magma de la fiole avec de l'alcool ; puis après l'avoir dis- sous dans un peu d'eau, je précipite la potasse par un léger excès d'acide tar- trique et j'agite ; lebitartrate de potasse est séparé par le Ultre. La liqueur acide est mise en contact, toujours à froid, avec un excès de craie, et on l'y laisse en l'agitant de temps à autre jusqu'à ce qu'elle soit par- l'ai-tement neutre au papier de tournesol violet ; ou filtre de nouveau, on évapore au bain-marie, et le résidu est épuisé par l'alcool. La liqueur alcoolique évaporée spontanément laisse un sirop qui, après un assez long temps (un de mes échantillons a mis huit mois), donne de petits cristaux prismatiques à quatre paus terminés par des sommets dièdre, qui occupent presque toute la masse. Lorsqu'au lieu d'extraire le sucre on veut se contenter de la fermentation, il sufTit de saturer la liqueur aqueuse du précipité potassique par de l'acide sulfurique étendu d'eau; le sulfate de potasse étant peu soluble se dépose surtout par l'agitation; on le sépare par le filtre, et la liqueur claire, étendue d'un peu d'eau et additionnée de levure de bière, est introduite dans l'un des appareils à fermentation. J'ai appliqué le procédé précédent à quatre urines, réduisant fortement la liqueur cupropotassique et provenant de femmes en lactation et à six urines d'hommes bien portants, et jamais je n'ai pu obtenir de fermentation. Il faudrait bien se garder de conclure qu'il y a du sucre dans une urine, parce que l'on obtiendrait un précipité par l'addition de la potasse dans la liqueur alcoolique provenant de l'épuisement du résidu fourni par l'impor- tance d'une urine. Toutes urines normales traitées de cette manière donnent un précipité très-notable qui réduit la liqueur cupropotassique, mais ne fer- mente pas; il est facile de se convaincre que le précipité potassique obtenu dans toutes les urines normales, et qui ne fermente pas après saturation de l'alcali, n'est autre que de l'urate de potasse; car si, après avoir dissous le maguia potassique dans un peu d'eau, on le chaufl'e avec un léger excès d'aciiic acétique, on laisse refroidir quelques heures, on trouve, en traitant par lalcool, qu'il se séjxu'C des cristaux d'acide urique, que l'on peut faci- lement reconnaître au microscope et à sa transformation en murex yde par l'acide azotique; de plus, la liqueur alcoolique évaporée ne donne plus de réduction par la liqueur cupropotassique; donc l'urine normale et l'urine des femmes eu lactation ne renferment pas do sucre. Eu résumé, si les procédés de Trommcr, de Barroswil, ainsi que la chaux, la potasse, le sous-uitratc de bismuth, peuvent, par les colorations diverses (ju'ils donnent en présence de plusieurs substances réductrices, guider dans la recherche du sucre, ils ne constituent que des caractères d'un ordre infé- 139 rieur, sur lesquels on ne saurait se baser pour affirmer la présence du sucre dans l'urine normale. Les caractères essentiels du sucre sont : 1° Une fermentation prompte en présence de la levure de bière avec for- mation d'acide carbonique pur et d'alcool ; une opération comparative faite sans sucre et dans les mêmes conditions doit toujours contrôler la valeur de la levure ; dans les cas douteux, il est absolument nécessaire de traiter l'urine par mon procédé. 2» L'extraction du sucre lui-même, à l'aide du procédé de M. Lehmann, modifié comme je l'ai dit plus haut. Enfin, toutes mes recherches m'ont prouvé de nouveau que si quelques personnes ont admises dans l'urine normale de l'homme et dans celle des femmes en lactation la présence d'une quantité notable de sucre, c'est qu'elles ont donné à des caractères insuffisants une valeur scientifique qu'ils ne possèdent pas. 2° RECHERCHES SUR LE SUCRE FORMÉ PAR LA MATIÈRE GLYCOGÈNE HÉPATIQUE ; par MM. Berthelot et de Luca. On sait, par les expériences de M. Cl. Bernard, que la matière glycogène hépatique peut être transformée en un glucose particulier; mais la nature même de ce glucose et ses caractères spécifiques n'ont pas encore été déter- minés avec précision. On ignore, par exemple, si le glucose est identique avec quelqu'une des diverses espèces de glucose aujourd'hui connues, telles que le glucose de raisin, le glucose de malt, le glucose lévogyre, le glucose lactique, etc., ou bien si le glucose hépatique constitue une nouvelle espèce douée de carac- tères propres. Ayant réussi à obtenir, sous forme cristallisée, la combinaison du glucose hépatique (1) avec le chlorure de sodium, nous avons soumis à une étude systématique cette combinaison définie. Elle se présente sous la forme de cristaux volumineux, limpides, incolores aptes à réduire le tartrate eu propotassique et à fermenter sous l'influence de la levure de bière. Ce sont des rhomboèdres apparents de 78 degrés. Leur pouvoir rotatoire, déterminé à l'aide d'une solution aqueuse, est di- rigé vers la droite ; il a été trouvé égal à -1- 47 degrés. Ce pouvoir est notablement plus considérable dans les premiers moments qui suivent la dissolution des cristaux- (1) Fornjé par la réaction de l'acide chlorhydrique dilué sur la matière gly- cogène hépatique du lapin. l'iO Enfin, CCS cristaux rcnfenuent 8,3 de cliloie, ce qui correspond avec la formule 2 C12 H»* 0>2, 2 HO + >'a CI. Toutes ces propriétés s'accordent exactement avec celles de la combinaison entre le glucose de raisin et le chlorure de sodium, telles qu'elles sont con- nues par les travaux de M. Peligot et de JI. Pasteur. Ainsi se trouve démontrée l'identité du glucose formé au moyen de la ma- tirre glycogène hépatique et du glucose ordinaire, c'est-à-dire du glucose de raisin et de diabète. V. — Anatomie pathologique. ALTÉnATlON LARDACÉE OU CIREUSE DU FOIE, DE LA RATE ET DE L'uN DES REINS (SPECKKRANKUEIT DES ALLEMANDS) ; ARSENCE DE CORPUSCULES AMTLOÏDES DANS LES PARTIES ALTEREES ; POL-VT DE COLORATION BLEUE PAR L' ACTION COMBINÉE DE LA TEINTURE D'iODE ET DE L'ACIDE SULFURIQUE ; par le doC- teur Charcot. — analyse histologique ; par M. Jules Luys. Une femme âgée de 35 ;ins environ avait éprouvé pendant deux ans des douleurs violentes revenant par accès, qui siégeaient principulemcnt dans la région lombaire droite, et ùe là se répandaient dans le liane droit, et (piel- quefois le long du membre inférieur correspondant. Ces accès s'accompa- gnaient souvent de vomissements. Ils avaient été suivis à plusieurs reprises de l'émission d'urines sanglantes, mais la malade assure n'avoir jamais rendu de calculs. Depuis trois ou quatre mois la douleur lombaire est devenue permancnlc, mais elle est moins violcnle (|ue par le passé; peu à peu les forces se sont affaiblies. Les membres inférieurtî se son! indlt^és et il est survenu une hydropisie ascite. Les urines laissent déposer une assez grande quantité de pus (nlobules pu- rulents, cellules d'épilhélium, de la vessie, des reins et des uretères). Dans les derniers temps de sa vie, la mahule ayant fait usage trongnent napolitain eu frictions sur le ventre, l'ut prise de stomatite merLuricUe, d'In - drargyrie (eczéma mercuriel), siégeant sur les parties du corps cii les onc- tions avaient été pratiquées, et de purpura dont les taches étaient nom- breuses, surtout sur les avant-bras, les jambes et les cuisses. A l'autopsie on trouve le rein droit tranformé en une sorte de coque fibreuse dans huiuelle on ne découvre iilus traces des éléments du paren- chyme rénal. Le bassinet, très-diiati', contient un calcul du volume d'un petit œuf de poule et hérissé de [)rolongenienls ruineux qui pénètrent dans les calices dont ils représentent assez exactement le moule interne. 141 Le foie est volumineux; ses borda sont mousses et arroiulis. La surface de section présente une coloration d'un blanc jaunâtre, un aspect yrras et luisant, et une consistance qui rappelle assez bien celle du lard ou de la cire. Sur le fond blanc se détachent des marbrures rougeàtres au niveau des- quelles le parenchyme semble moins profondément altéré. La rate est volumineuse; elle présente une altération semblable à celle du foie, seulement ses parties dégénérées sont ici plus limitées et disposées sous forme de noyaux. Le rein gauche, volumineux, présente également, mais dans toute son étendue, la dégénération cireuse ou lardacée. La teinture d'iode étendue simultanément sur les parties du foie, de la rate et des reins, où l'altération cireuse parait être le plus prononcée, ne détermine aucune façon la coloration bleue qui a été observée quelquefois dans des cas en apparence semblables. L'examen microscopique fait reconnaître dans ces parties des grainilations moléculaires, des gouttelettes huileuses, des cellules hépatiques pour la plu- part recoquillées, flétries et infiltrées de granulations graisseuses. On n'y découvre rien qui rappelle les corpuscules dits amyloïdes. Les autres organes n'ont présenté aucune altération. Analyse histologioue. — Un morceau de foie cireux m'a été rerais par M. Charcot. U ofTiait un des types les plus francs de ce genre d'altération. Pour la consistance et la coloration, il ne pouvait mieux se comparer qu'à un fragment de pâte de lichen des hôpitaux. La coupe ofTrait cet aspect semi- transparent qui donne au parenchyme la teinte caractéristique d'une cire grisâtre. L'analyse des éléments du foie nous fit constater les particularités sui- vantes : 1" Les parois des acini, ainsique celles des nombreux vaisseaux qui rampent à leur surface, se montrèrent à nous augmentées considérablement d'épais- seur par l'adjonction d'une trame fibroïde de nouvelle formation. Cette trame libro'ide nous a paru formée par du tissu conjonctif à différentes périodes d'évolution, depuis l'état de noyau jusqu'à celui de fibre fusiforme al- longée. 2° De tous les points de cette zone extérieure fibro'ide qui enserrait les acini, une multitude de tractus tibro'ides se dirigeant sur les portions cen- trales de ces acini, partaient en toutes les directions, mais principalement en suivant les parois des capillaires, et allaient aboutir en dernière analyse à la périphérie des cellules hépatiques. Celles-ci se trouvaient donc toutes en- tourées d'une zone spéciale de tissu libro'ide de nouvelle formation qui leur formait alors un véritable encadrement. J'ai pu, de la sorte, isoler quelques-unes de ces cellules hépatiques avec la 142 petite portion de tissu flbroïde dans lequel elles étaient comme enchâssées, et constater que ce tissu flijroïde était bien réellement formé par des fibres fusiformes de nouvelle formation, qui représentaient autour de la cellule hé- patique, en miniature, ce que les gros faisceaux libroïdes dont nous venons de parler représentaient à la périphérie des acini. Dans l'un et l'autre cas le développement du nouveau tissa s'était fait le long de la continuité des capillaires, et si l'on se représente quelle est l'ex- trême abondance de ces mêmes vaisseaux dans l'intérieur des acini, on sera peu surpris de l'énorme développement qu'ont pris les éléments de nouvelle formation auxquels ils servent de support. 2° Quand aux cellules hépatiques ainsi isolées par un cadre solide, c'était à leur contenu jaunâtre fortement réfringent que la coupe de l'organe devait son aspect cireux, et on pourrait dire que cet aspect n'était que la résultante commune des apparences nouvelles que prenaient les cellules hépatiques dont le contenu était modiflé. Mais en quoi consiste cette modification? c'est ce qu'il nous a été difficile de dire, la pièce ayant déjà subi un certain degré d'altération. Nous pouvons seulement annoncer que cette matière était précipitée en granulation grisâtre par l'acide acétique, qu'elle était soluble dans une dissolution de soude, et l'action de l'acide sulfurique et de l'iode n'y démontrait aucune trace de ma- tière amyloïde. Les noyaux des cellules avaient presque tous disparu. Au point de vue de l'évolution, la lésion nous paraît avoir débuté dans l'é- paisseur du cercle vasculaire extralobulaire, et de là, franchissant les limites des parois de l'acini, avait poussé des ramifications envahissantes vers les portions centrales, en encadrant la périphérie des cellules hépatiques comme un etTort ultime. De plus, en considérant l" l'abondance de la matière amorphe qui entou- rait les capillaires tant intra qu'cxtra-lobulaires, et 2° la multitude d'éléments histologiques en voie de développement, nous sommes porté à admettre qu'ici une grande partie du tissu nouveau s'est formé de toutes pièces aux dépens du blastème exsudé, et que la génération de ces éléments nouveaux aux dépens des éléments anciens a dû être très-limitée. Au point de vue de la classification, ce genre de lésion me parait avoir un lien de parenté si étroit avec toutes celles que l'on rencontre dans la cir- rhose, que je ne puis m'cmpècher de les ranger dans la même famille. Ne trouve-t-on pas dans les deux cas la même tendance aux productions libroïdes? Seulement dans la cirrhose l'altération se borne à investir les acini, les nouveaux Iractus n'existent le plus souvent qu'a l'extérieur du tissu sécréteur du foie. Ici, au contraire, le mal pénètre plus profondément dans la partie active de l'organe, non-seulement il investit les acini, mais encore . tieV Pour nous rendre compte de la réalité ou de l'absence de cette action ,, réciproque, nous avons déjà dit que nous avions donné à des animaux ces . deux substances mélangées en diverses propoitions ; les animaux sont » toujours morts, et ils ont succombé plus rapidement que lorsque la strych- » nine ouïe curare étaient administrés seuls; mais jamais ils n'ont eu de » convulsions, même lorsqu'une faible proportion de curare était associée a « une quantité relativement considérable de strychnine. On peut donc neu- » traliser le symptôme, mais c'est tout ce qu'on peut faire. L'inefficacité de » son action montre que, dans l'empoisonnement par la strychnine, la mort „ n'est pas causé par le tétanos seul. Le curare emploijé dans le tétanos ferait » cesser les convulsions. Il ne guérirait pas pour cela. » Si donc M. Vella a réellement guéri un tétanos, l'honneur qui lui en re- vient est en rapport avec la responsabilité qu'il a encourue. Mais l'observa- tion du médedin italien prouve-t-elle, comme ont paru le croire quelques personnes, qu'il y a antagonisme entre l'action du curare et celle de la strychnine? En aucune façon. 11 n'est pas démontré que le tétanos trauma- tique ait la même origine que le tétauos strychnique. 11 est très-probable que le premier est la conséquence de l'irritation primitive des nerfs en rapport avec la plaie; Marshall-Hall, M. Brown-Séquard, M. BonneUn, etc., ont montré, contre l'opinion de Stannius et de M. Bernard, que le tétanos strycbnique résultait de l'augmentation primitive de l'excitabilite de la moelle. îvous pensons que les expériences dans lesquelles nous avons em- poisonné directement cet organe, ne laissent guère de doute à cet égard. Les symptômes des deux tétanos, sont du reste, bien en rapport avec cette manière de voir. Dans le premier : il y a généralement coniraclion perma- nente d'un nombre plus ou moins considérable de muscles avec des exacer- balion^ qui se manifestent par des convulsions générales ; dans le second : il y a aussi des convulsions générales, mais, duns rintervalle de ces convul- sions tous les muscles sont au repos, et ils n'entrent de nouveau en con- traction qu'après qu'une excitation extérieure vient solliciter une nouvelle crise. Ou comprend donc qu'un topique paralysant les extrémités sensitives I 149 des nerfs, puisse guérir le tétanos traumatique, sans pour cela guérir le tétanos strychnique et réciproquement. Mais, admettons avec M. Vella que le curare arrête ce dernier comme il pourrait, à la rigueur, guérir le pre- mier, cela prouve-t-il l'antagonisme en question ? Nous disons: le curare agit sur la moelle comme la strychnine; la strychnine agit sur les extrémités motrices comme le curare ; c'est-à-dire : que l'une et l'autre augmentent l'excifabilité de la moelle et diminuent l'excitabilité des extrémités. Voilà le fait fondamental que nous croyons avoir démontré, et qui dénote la simili- tude d'action. Mais, en général, la strychnine agit surla moelle avec plus d'intensité que le curare, et ce dernier agit sur les extrémités avec plus d'intensité que la strychnine. Voilà la nuance que nous avons signalée et que nous faisons disparaître, en variant la dose ou le mode d'administration. Supposons maintenant, qu'une certaine dose de strychnine agisse comme deux sur la moelle, et comme une sur les extrémités ; qu'une certaine dose de curare agisse comme deux sur les extrémités, et comme un sur la moelle, ces deux doses administrées en même temps, si elles ne sont pas suffi- santes pour paralyser entièrement les extrémités ou la moelle, empêcheront les convulsions sans tuer l'animal. Et pourtant elles auront agi chacune de son côté, pour augmenter l'activité de la moelle et diminuer celle des ex- trémités, c'est-à-dire d'une manière analogue. Voilà ce qui est possible, et ce que nous avons vu arriver. Mais la grande difficulté est de trouver ces doses ; sans doute, chez les animaux on y parvient par tâtonnements, mais on en tue un grand nom- bre avant de réussir ; ce qui fait que, ce n'est qu'avec une grande réserve qu'il faut appliquer ces données physiologiques à la thérapeutique humaine. Cette réserve est commandée surtout par ce fait, que, comme l'ont fait voir M. Vulpian d'abord, M. Pelikan ensuite, chez les grands animaux, les nerfs moteurs conservent le plus souvent leur excitabilité après la mort de l'a- nimal. Nous avons fait l'expérience suivante : à deux heures, nous injectons du curare sous la peau d'un gros lapin ; à deux heures dix minutes l'animal parait mort, le cœur bat encore, nous pratiquons la respiration artificielle jusqu'à cinq heures, le cœur bat toujours; nous cessons la respiration arti- ficielle à cinq heures dix minutes, le cœur ne bat plus, l'animal est mort, tous les membres sont excitables par une pile de Bunsen chargée au vinaigre. Ajoutons que l'action mortelle du curare n'est pas le plus souvent précé- dée de symptômes qui permettent de prévenir l'effet fatal dans le plus grand nombre des cas, pendant un quart d'heure, quelquefois une demi-heure, le poison ne paraît produire aucun effet, puis tout à coup arrive un tremblot- tement dans une convulsion qui précède la mort de une ou deux minutes. 150 Z» NOTE SOR les effets OH LV NICOTINE SUU l>A GRENOtllLLE ; par M. ViîLPiAN. Dans les notes que j'ai publiées sur l'action des poisons, j'ai eu plusieurs fois l'occasion de parler de l'cflel de la nicotine; mais je n"ai jamais indiqué d'une façon complète ce que j'avais observé sur les phénomènes produits par ce poison, lequel a d'ailleurs déjà été étudié par un certain nombre de pliysiolopistes. Je ne parlerai dans cette note que de l'action de la nicotine sur les grenouilles, g I.— Lorsqu'on introduit unt; goutte de nicotine pure, récente, ou conser- vée à l'abri de la lumière dans des tubes fermés à la lampe, sous la peau d'une grenouille intacte (l), on observe des effets pouvant un peu varier sui- vant l'état de la grenouille et suivant la quantité du poison qui n'est pas tou- jours absolument on relativement la même. Dans tous les cas cependant, comme l'a indiqué depuis longlemps .M. (11. Bernard, l'animal, au bout de quelques instants (moins d'une minute), est pris de tiemblements convul- sifs qui agitent tous les muscles du corps, principalement ceux de la ré- gion hyoïdienne, ceux des bras et du tronc : les muscles des membres pos- térieurs, surtout ceux des cuisses, présentent aussi des tremblements des faisceaux musculaires, mais ces tremblements y sont moiïis intenses. La respiration s'arrête sous l'iullLience de cet état convulsif : les nunibr's an- térieurs quittent quelquefois le sol et sont ainsi soulevés dans un état i\<- demi-flexion ; on peut les pincer sans que l'animal les retire. Âù contraire les paupières se soulèvent encore lorsqu'on touche les globes oculaires. Dans certains cas, dès le début des accidents, i'atiimal entr'ouvie la bouche, et l'on peut voir des frémisseniclits (ibrillaires irri'guliers dans la langue qui s'injecte notablement. Telle est la première période qui dure plus ou moins longtenips, environ deux à trois minutes, et larenieut davantage. Les fi'émissen)en{s iuuscu- laires deviennent de moins en moins forts, de plus eu plus limités, dissé- minés, i)nis disparaissent. A cette période succède un calme complet. Si la dose de nicotine a été assez forle, si elle a été bien absorbée, la contrac- tililé musculaire s'est déjà considérablement affaiblie au bout de dix minu- tes; elle peut être abolie dans presque tous les points du corps au bout d'une Tlemi-heure : le cœur lui-nièuie iie tarde pas à s'arrêter, et son irri- tabilité disparait bientôt. Ces résultats de la nicotine à haute dose ont été découverts et publiés par (l) Il faut introduire le poison sous la peau de l'avant-bras ou de la jambe, et non pas à la région dorsale où l'on pourrait obtenir des effets dus au pas- sage direct de lanicotineau travers des tissus jusqu'au cœur. 151 M. Cl. Bernard. Mais ce sont là des résultats que l'on n'obserre que rare- ment, même lorsque l'on a introduit une quantité considérable de nicotine sous la peau. Le plus souvent alors, et constamment lorsqu'on n'a instillé qu'une ou deux gouttelettes de nicotine, bien que le tableau général des phé- nomènes de l'empoisonnement soit à peu près le même, quelques etlets va- rient notablement. Ainsi, pendant la période des Iremblements et frémisse- ments musculaires, la niotilité des membres antérieurs n'est pas abolie, et l'animal les relire lorsqu'on les pince ou qu'on les irrite d'une autre façon. A cette première période succède encore ici une période de calme complet. Dans les premiers temps de cette seconde période, la sensibilité paraît ou normale ou un peu émoussée ; mais un peu plus tard, après cinq, dix mi- nutes, la sensibilité, ou peut-être simplement la faculté excito-motrice, s'exalte, et il suffit de toucher un des membres antérieurs de la grenouille avec les doigts pour qu'il y ait un mouvement de détente dans les membres postérieurs. La propriété des parties antirieures de la moelle, en vertu de laquelle les grenouilles, placées sur le dos, se retournent aussitôt pour re- prendre leur position normale, subsiste aussi et se manifeste avec une force en rapport avec la conservation de l'irritabilité musculaire et de la motricité nerveuse. Ces phénomènes s'aCfaiblissent d'ailleurs de plus en plus, à me- sure que l'empoisonnement devient plus complet ; l'animal ofTre une résolu- tion complète de tous les membres et est dans un état tout à fait compara- ble à celui que détermine le curare. Si l'on met alors à nu les nerfs sciatiques ou les nerfs brachiaux, on voit qu'ils ont perdu en apparence toute motri- cité; les muscles, au contraire, ont conservé leur irritabilité. J'ai mis des grenouilles ainsi empoisonnées dans un lieu frais, et dès le lendemain, elles avaient, en général, repris toutes leurs fonctions. Quand on a préparé une grenouille de façon à empêcher la circulation dans les membres postérieurs, si l'on place une ou deux gouttelettes de nico- tine sous la peau d'un des membres antérieurs, les premiers phénomènes sont les mêmes que chez les grenouilles intactes : quoique les membres postérieurs ne communiquent plus avec le tronc qu'au moyen de leurs nerfs; cependant ils sont le siège de tremblements musculaires. Lorsque la période d'exaltation de l'aclion réflexe est survenue, la moindre excitation du Irain antérieur ou de la tète détermine de violents mouvements des membres postérieurs ; il suffit même de souffler sur la tète pour provoquer ces mou- vements : l'animal, mis sur le dos, se retourne avec vivacité. Ces phénomènes se manifestent longtemps encore après que toute la pai'tie antérieure a perdu ses mouvements réflexes. La sensibilité de la partie empoisonnée subsiste même alors que la pince galvanique, appliquée sur les nerfs brachiaux, n'a- mène plus aucune contraction des muscles. En résumé, nous voyons que la nicotine produit tout dabord un état cou- vulsif tout spécial, caractérisé par des contractions irrégulières, disséminées, 152 de tout le systôme musculaire. Laissons de côté les cas rares dans lesquels, après ces convulsions, la contractilité disparait très-rapidement non-seule- ment dans les muscles des membres, delà tète et du tronc, mais encore dans le cœur. Après la période convulsive, on observe une période de calme pen- dant laquelle la liberté des mouvements revient plus ou moins, mais ne se manifeste généralement pas sans excitation extérieure; toutefois, on peut voir se produire deux ou trois mouvements respiratoires de l'appareil hyoï- dien. Puis, sur place, l'animal s'affaiblit de plus en plus, la sensibilité pa- raissant conservée et même exaltée jusqu'à la fin , les paupières se relèvent ; il y a enfin une paralysie complète dans la résolution. L'empoisonnement est arrivé à ce degré au bout d'une heure, en général. § II. — Cherchons maintenant à interpréter physiologiquement les phéno- mènes de cet empoisonnement. Le premier elTet, c'est-à-dire les tremblements convulsifs, résulte bien évi- demment de l'action de la nicotine sur la moelle épinière. On ne l'observe pas lorsqu'on fait absorber de la nicotine à une grenouille déjà empoisonnée par le curare ; il en est de même pour les membres postérieurs ou l'un d'eux, si l'on a coupé les nerfs lombaires des deux cotés ou d'un seul côté ; enfin, cet effet se manifeste dans ces mêmes membres lorsqu'ils ne communiquent plus avec le tronc que par l'intermédiaire de leurs nerfs. Ainsi donc, la nicotine agit primitivement sur le système nerveux central, et y produit une excitation qui est la cause de l'état convulsif du début. Cette excitation ne dure que quelques moments, le tremblement convulsif cesse : il est probable que la moelle s'est accoutumée au contact du sang empoisonné. Pendant la première période, j'ai constaté le phénomène, bien étudié par M. Cl. Bernard, de l'arrêt de la circulation dans les petits vaisseaux. C'est surtout à la langue qu'il faut l'observer. Dans la langue, on distingue parfai- tement les parois des vaisseaux capillaires. Or je n'ai pas vu ces vaisseaux capillaires se contracter sous l'influence de la nicotine. La circulation s'y arrête, mais il me semble que cet arrêt est le résultat de plusieurs causes combinées, des contractions musculaires qui peuvent plus ou moins gêner la circulation locale, et peut-être aussi des modifications légères, mais réelles, déterminée par la préparation nécessaire pour bien voir au micro- scope la circulation. Certains vaisseaux capillaires se vident, il est vrai ; mais cela tient à ce qu'ils ne reçoivent plus de sang, et non pas à ce qu'ils se contractent, car on voit parfaitement leur cavité qui conserve la même lar- geur que lorsqu'elle contenait du sang. S'il y avait un changement dans le calibre des vaisseaux, ce serait même une dilatation plutôt qu'une contrac- tion. Ku effet, nous avons signalé précédemment l'injection vive des parois buccales et de la langue. Sur celte dernière, toutes les papilles apparaissent comme autant de points rouges. Mais ce qui arrive là, dans ces parties, 153 pourrait bien leur être particulier. Il y a probablement une excitation très- vive de ces membranes muqueuses produite par le sang modifié par la ni- cotine, excitation qui détermine, par action réflexe, la dilatation des vais- seaux. Je dois ajouter que j'ai fait aussi l'examen de la circulation dans les membranes interdigitales, et que tout ce que je viens de dire de la langue, sauf ce qui a trait aux phénomènes de congestion, leur est entièrement ap- plicable. Lorsque l'agitation convulsive des muscles a cessé, il y a, comme je l'ai dit, une période de repos très-souvent complet. L'animal est dans son atti- tude normale; on le dirait prêt à s'élancer pour fuir, mais il demeure im- mobile, même alors qu'on approche la main rapidement comme pour le prendre. C'est que la nicotine a agi non-seulement sur la moelle, mais en- core sur la moelle allongée et l'encéphale entier. C'est là ce qui explique aussi l'arrêt presque absolu de la respiration. Il n'y a plus d'actes volontaires et les perceptions sont abolies ; mais certains actes réflexes s'exécutent en- core, et le moindre contact d'une partie quelconque du corps détermine un mouvement de l'animal, souvent un saut assez énergique. Il se produit même une exaltation très-marquée des propriétés excito-motrices de la moelle épi- nière. Cette exaltation est-elle due à l'action de la nicotine sur la moelle? On peut en douter, et se demander si la vraie cause n'est pas dans le repos ab- solu de l'animal qui produit, dans d'autre cas, comme on le sait, cette exa- gération des propriétés excito-motrices. Durant cette période de repos la motricité nerveuse diminue peu à peu, pendant que l'irritabilité musculaire persiste. Il m'a semblé toutefois que l'irritabilité musculaire ne demeure pas complètement normale et qu'elle est un peu affaiblie; mais faute d'instruments convenables, je n'ai pu arriver à un résultat précis. Plusieurs fois même il m'est arrivé de ne pas obtenir de signes d'irritabilité à l'aide de la pince de Pulvermacher aux premiers con- tacts, puis un instant après de les voir se manifester de la façon la plus nette. C'est surtout à la région hyoïdienne que j'ai observé ces variations d'effets dues peut être d'ailleurs à l'imperfection de l'instrument, et c'est là ce qui m'avait conduit à publier dans une autre note que l'irritabilité musculaire disparaît dans les muscles hyoïdiens, sous l'influence de la nicotine, avant qu'elle soit abolie dans les autres parties du corps. C'est une erreur que je suis heureux de rectifier moi-même. La grenouille empoisonnée finit par présenter une paralysie complète avec résolution. Les nerfs qui ont conservé pendant très-longtemps des restes de motricité, ne peuvent plus provoquer de mouvements sous l'influence des excitations mécaniques ou galvaniques ; et cette impuissance de la motricité se montre aussi bien dans les nerfs séparés de la moelle avant l'empoisoune- nient que dans ceux qui sont inlacl.-. Il y a à ce moment une analogie com- plète entre une grenouille empoisonnée par la nicotine et une grenouille qui l.Vt aurait été empoisonnée par le curare. Dans i'nn comme dans l'autre cas, il y a conservation de l'irritabilité musculaire et abolition de la motricité ner- veuse; il y a plus : sous l'influence de la nicotine comme sous l'inlluence du curare, pendant que la motricité nerveuse disparait, la sensibilité de- meure plus ou moins intacte, comme on le prouve facilement en intercep- tant totalement la circulation dans le train postérieur, avant d'empoisonner l'animal. Cependant il faut bien se garder de conclure de là à une identité d'action toxique. Cette abolition de la motricité avec conservation de la sen- sibilité et de l'irritabilité musculaire est un effet ultime commun à plusieurs poisons. Mais les ph 'nomèiies progressifs de l'intoxication, lorsque les do- ses de la substance toxique n'ont pas été assez fortes pour supprimer ces phénomènes et amener presque immédiatement les derniers résultats, sont très-di/T.'rents; et ce sont eux surtout qui doivent servir à caractériser l'ac- tion spéciale de chacun de ces poisons. Lorsque rempoisonnement par la nicotine est arrivé à sa dernière période, si l'on place la grenouille empoisonnée dans un lieu frais et un peu humide, on la trouve le lendemain, en général, et quelquefois seulement le surlen- demain, complètement revenue à son état normal. Ce fait a déjà été indiqué très-nettement par M. Cl. Bernard. Or cette rapidité de disparition des phé- nomènes d'intoxication serait un caractère, s'il n'y en avait bien d'autres, qui pourrait servir à distinguer les effets de la nicotine de ceux du curare. Le curarisme profond ne se dissipe pas aussi vite. Les phénomènes de retour doivent être pris en grande considération lorsqu'on compare un agent toxique à uu autre. Il n'y a rien d'aussi frappant, par excmi)le, que d'ob- server concurremment une grenouille qui sort de la léthargie produite [)ar le curare et une grenouille qui sort de la léthargie que produit à une certaine dose la strychnine, comme l'ont montré MM. Martin-Magron et Buisson. Quel contraste! Si les grenouilles peuvent ainsi se réveiller après une léthargie plus ou moins longue déterminée par ces substances diverses, c'est que le cœur con- tinue à battre pendant tout le temps de la léthargie. Dans les premiers moments de l'empoisonnement, comme je l'ai vu en mettant le cœur à nu, il n'y a aucun trouble de ses mouvements. Quelques minutes après, les battements deviennent plus forts, ce qui répond au même phénomène observé déjà depuis longtemps par M. Cl. Bernard chez les mam- mifères. Plus tard, ils se rapprochent du type normal. La conclusion générale de ces recherches, c'est que, chez les grenouilles, la nicotine, comme la strychnine et le curare, agit sur les centres nerveux tout d'abord, que c'est là son ellet le plus saillant au début de l'empoisonne- ment, et qu'elle agit ensuite progressivement, mais lentement, sur les nerfs dont elle rend la motricité impuissante. Est-ce par une modification même des nerfs, est-ce par une modification peu appréciable des muscles qu'elle 155 produit ce dernier résultat ? C'est ce que nous uc pouvons pas décider. Nous n'avons point parlé des mammifères; ce ([ue nuus avons observe sur eux a déjà été vu, bien étudié et publié par M. Ci. Bernard. 3" SUR LA SECÏIO.N DES NERFS PNELiMOGASTRIQUES CHEZ LES REPTILES; par M. A. Moreau. J'ai pratiqué la section des nerfs i)iieumogastriqnes sur la tortue terrestre, et j'ai constaté que le nombre des pulsations du cœur n'était pas augmenté après cette section. Ce résultat est semblable à celui que j'avais obtenu en pratiquant la sec- tion de ces nerfs sur la grenouille. On sait que sur le chien la section des nerfs pneumogastriques est immé- diatement suivie de l'accélération des battements du cœur. Le nombre des pulsations est à peu près doublé. Voici comment je pratique l'opération : A l'aide de deux traits de scie, j'enlève sur le plastron une partie de l'écaillé eu forme de V. Le sommet du V doit arriver au niveau du cœur. Le cœur recouvert encore du péricarde est alors sous l'œil de l'observateur. Je mets à nu les deux nerfs pneumogastriques sur les côtés du cou, au niveau de l'angle de la mâchoire. Je passe un lil dessous. Et tout étant prêt, je compte les pulsations ; puis je coupe les deux nerfs, et je compte de nouveau les pulsations aussitôt après cette section, et plusieurs fois de demi-heure en demi-heure. 11. — Anatomie pathologique. 1° DÉPÔT DE matière TUBERCULEUSE DANS L'INTÉRIEUR DE LA PROTUBÉRANCE ATTAQUES ÉPILEPTIKORMES; par i\i. JULES LUYS. Le malade qui fait l'objet de cette communication était un sujet âgé de 28 ans, exerçant la profession de débardeur. Il eut dans son enfance les principaux attributs du tempérament scofuleu.x, gourmes, ganglions sous- maxillaires engorgés ; vers 1 âge de 15 ans, sans avoir pu préciser une cause déterminante, il fut [)ris de convulsions: c'était la première fois qu'il voyait éclater ce symptôme. Ces convulsions, pendant lesquelles il perdait presque toujours connaissance, se sont renouvelées environ tons les mois pendant à peu près l'espace de trois ans chaque fois; les crises se renouvelaient en moyenne deux ou trois par jour. Le traitement employé à cette époque ne pa- rait avoir seulement consisté que dans l'emploi des mesures hygiéniques. Toujours est-il que cet état morbide se dissipa peu à peu et que ce malade vit les intervalles de ces accès, saus jamais disparaître complètement, s'é- loigner de plus en plus ; l'intensité de chacun était, du reste, excessivement variable ; tantôt il n'était constitué que par quelques étourdissements passa- 156 gers, quelques bourdonnements fugaces dans les oreilles; tantôt les attaques avaient un caractère plus complet et plus prononcé; il y avait alors chute su- bite avec perte de connaissance, écume à la bouche et convulsions cloniqnes précédées presque toujours d'une sensation d'aura partie des régions infé- rieures des membres. La durée de chacune de ces attaques était en général très-courte ; quant à leur fréquence, elles n'apparaissent dans les dernières années qu'une ou deux foisparan. Ce malade, malgré cet état de demi-santé exerçait néanmoins une profession assez pénible qui exigeait un grand déploiement de forces musculaires, celle de débardeur sur le port. Environ quatre mois avant son entrée à l'hôpital, n'accusant que des travaux exagérés, il fut pris de pico- tements dans les extrémités inférieures, de douleurs vives à la région lom- baire et d'une sensation de faiblesse et de courbature générales; en même temps il se plaignait d'étourdissements fréquents qui l'empêchaient de se te- nir dans la station verticale. On constata pendant son séjour à l'hôpital d'environ deux mois: 1° Les symptômes d'une myélite aiguë: station verticale impossible, abo- lition presque complète des mouvements volontaires et de la sensibilité dans les extrémités inférieures; conservation de la sensibilité électro-mus- culaire dans les régions où la volonté avait encore accès. Douleur lombaire, incontinence des matières fécales dans les derniers temps. 2» L'apparition d'attaques épileptiformes : le malade a eu quelquefois plusieurs petites attaques par jour, presque constamment avec perle de con- naissance; il avait l'écume à la bouche. Les convulsions cloniques qui l'agi- taient n'étaient pas assez violentes pour faire craindre qu'il ne tombât hors de son lit pendant les accès ; il n'avait par conséquent pas besoin d'être maintenu. 3° L'absence d'albumine dans les urines à son entrée à l'hôpital, et l'appa- rition de cette substance dans le dernier mois de la maladie. 11 fut pris de symptômes graves du côté de la poitrine, et succomba aux progrès d'une pbthisie aiguë. A l'autopsie; on constata, outre la présence de granulations grises en nombre prodigieux dans le parenchyme des deux poumons, une infiltration graisseuse des deux reins et un ramollissement de la moelle épi- nière occupant environ l'espace de 3 centimètres à la région lombaire. Mais la lésion la plus curieuse était celle que nous rencontrâmes à la région su- périeure de la moelle, au sein même de la protubérance. C'était une masse jaunâtre, assez résistante, du volume d'une grosse tète d'é- pingle, côtoyée par (luelqucs capillaires gorgés de suiig, et occupant la région latérale droite de la protubérance: on avant de l'origine du trijumeau corres- pondant dans l'arrière des radiations ascendantes des faisceaux antérieurs de la moelle, et au sein même d'un noyau de matière grise. Ce dépôt était ramolli dans sa |)ortioii centrale; la portion corticale, au contraire, était lé- 157 gèreraent résistante, et oflïait cet aspect spécial que l'on trouve ordinaire ment dans les dépôts tuberculeux d'origine ancienne, et surtout dans ceux qui occupent l'intérieur des centres nerveux. Voici maintenant ce qu'un exa- men plus approfondi nous révéla: 1° L'existence d'une proportion considé- rable (environ la moitié de la niasse) û'éléments cellulaires en voie d'évolu- tion, des noyaux libres déchiquetés, des cellules à noyau recroquevillées, ratatinées, recouvertes de granulations moléculaires granulo-graisseuses ex-' cessives et abondantes ; en un mot tout cet ensemble d'éléments histologiques que les auteurs ont décrits sous le nom de corpuscules tuberculeux : corpus- cules qui, dans ce cas comme dans tous ceux que j'ai examinés, m'ont tou- jours paru pouvoir être ramenés à des types histologiques connus et devoir être classés parmi les phases plus avancées d'évolution des cellules et des noyaux. 2° La présence, en quantité notable, d'éléments cellulaires en voie de for- mation. Je rencontrai, en effet, au sein du blastème granulo-graisseux, des cellules nombreuses en voie de développement; depuis l'état de noyau libre jusqu'à l'état de cellules complètes, contenant dans leur intérieur des noyaux multiples; ces cellules étaient environ 2 ou 3 fois plus volumineuses que les éléments déchiquetés dont je viens de parler; quelques-unes d'entre elles nous parurent pareillement arrivées à une époque de développement plus complet; aussi au lieu de demeurer stationnaires dans un état plus ou moins rapproché de la forme ovoïde, on les voyaient s'étendre en prenant l'aspect fusiforme et s'allonger en fibrilles unes et granulées, pour former la coque libroïde que l'on retrouvait dans la portion corticale du dépôt pathologique. L'examen histologique de cette pièce nous parut intéressant à plusieurs points de vue. 11 nous permit d'abord de vérifier pour les dépôts tubercu- leux des centres nerveux les propositions que nous avons précédemment émises au sujet de l'évolution des tubercules dans le tissu pulmonaire, à savoir que la matière tuberculeuse n'est pas dépourvue de propriétés plas- tiques, qu'il se forme dans l'intérieur de la masse des éléments de nouvelle formation, noyaux libres d'abord, puis cellules granulées à un ou plusieurs noyaux, puis enfin cellules fusiformes et fibrilles celluleuses comme dernier terme de l'organisation de ce nouveau plasma ; que le maximum d'organisa- tion est à la périphérie là où le dépôt morbide confine les tissus sains, et le minimum dans les portions les plus centrales, et que s'il y a ramollis- sement de cette portion, cest-à-dire chute en deliquium organique, né- crose , recroquevillement des éléments cellulaires, c'est que l'organisation plastique ne peut s'y développer; et, a l'appui de cette manière de voir, nous citons comme preuve ce qui se passe dans les tubercules athéroma- teux. Si, en efTet, le ramollissement du dépôt tuberculeux résulte de l'inap- titude des portions centrales du plasma à s'organiser, dans les tubercules athéromateux qui ne sont pas ramollis, on doit trouver l'organisation fi- Iô8 biuïde aussi bien à la pcriphérie qu'au centre. C'est, en effet, ce que nous avons constaté nous-nit^me et ce que l'on peut confirmer devisusur des pièces anatomiques de notre collection. Il semble dans ces cas que toute la masse entière du dépôt a été solidifiée et que rien n'est resté en dehors du travail organisateur. Le second fait qui nous semble important à signaler, c'est que l'examen hislologique nous fait, en quelque sorte, plonger dans le passé de ce dépôt morbide et remonter la série des âges qu'il a dû traverser; en effet, l'exis- tence de cellules volumineuses récentes nous indique évidemment une évo- lution dernière à laquelle la vive congestion vasculaire (jue nous venons de signaler a dû ne pas rester étrangère; et d'un autre côté, la présence de ces éléments déchiquetés , recoquillés, vieillis , vient témoigner en faveur d'un ancien travail analogue, de date incertaine, et que l'on pourrait peut- être rendre contemporain des premiers accidents épileptifonnes que notre malade a éprouvés. 'î- ATROPHIE DE DEUX TESTICULES, PROBABLEMENT CONGÉMALE; ETAMEK MICROSCOPIQUE ; par MM. Le Gendre et Bastien, prosecteurs des hôpi- taux. Sur un homme âgé d'environ 50 ans, assez fortement constitué, le volume du scrotum était remarquablement petit ; il était lisse, ne présentant aucune ride, nullement flasque, le raphé était peu apparent; la verge avait des dimensions normales; les testicules paraissaient très-petits à travers les enveloppes du scrotum, et leur migration semblait avoir été incomplète, car ils étaient situés très-haut près de la racine de la vergo. Une dissection minutieuse de toutes les parties nous a montre que la glande testiculaire était véritablement atrophiée. Ayant ouvert la tunique vaginale, le testicule situé dans sa position normale, c'est-à-dire l'épidydime tourné eu arrière, paraissait avoir à peine le volume d'un haricot ; i'épididyrae était presque aussi gros que lui ; lu surface était lisse, il n'y avait aucune lésion apparente du côté de la tunique vaginale. En incisant la tunique albuginée, on a pu constater l'altération profonde de la substance glandulaire. Le parenchyme du testicule présentait dans son intérieur des plaques jaunâtres et rouges disséminées, on avait peine à re- connaître à l'œil nu les tubes sénimifères. En plaçant sous le miiroscope quelques fragments de cette substance, on a pu distinguer quelques fragments de ces tubes altérés, remplis de granu- lations graisseuses, dont l'épithélium ne se distinguait plus, recouverts de nombreux vaisseaux capillaires et entourés de gouttelettes graisseuses abon- dantes. Dans toutes les pri'paralinus on ne pouvait trouver que dos fragments isolés de ces tubes irréguliers dont la plus grande partie avait disparu. Du côté des éléments du cordon, le canal déférent n'offrait rien de parti- 159 culier à noter ; l'artère testiculaire qui avait été injectée était très-petite, elle optait entourée par un plexus veineux très-abondant, qui avait aussi été injecté. Ce plexus panipiniforrae ofTrait cela de remarquable qu'il était formé par un grand nombre de petites veines anastomosées entre elles, flesueuses, et qui, malgré l'injection qui les avait cependant distendues, ne présentaient pas un calibre plus considérable que celui d'une grosse épingle. Tous ces (éléments réunis donnaient au cordon un volume assez considérable, et tra- versaient le cr.ual inguinal, qui ne présentait pas de traces de hernie. Dans l'abdomen, en suivant le canal déférent jusqu'aux vésicules sémi- nales, on constatait que celles-ci présentaient un volume bien moindre que celui qu'elles présentent ordinairement: elles étaient allongées, aplaties, et après leur dissection elles n'offraient qu'une seule circonvolution ou un seul lobe. Le liquide qu'elles renfermaient était jaunâtre et ne contenait que des cellules d'épithelium nucléaire dont un grand nombre étaient infiltrées de granulations ; on voyait en outre beaucoup de ces corps transparents et à contours sinueux auxquels M. Robin a donné le nom de sympexions. Il n'y avait pas traces d'animalcules spermatiques. La prostate était plutôt petite pour un homme de cet âge. Toutes les lésions que nous venons de décrire étaient au même degré des deux côtés, ainsi que la disposition des vaisseaux. Quelle a pu être la cause de cette altération si profonde des deux glandes séminales? Nous n'avons trouvé aucune trace de traumatisme, soit dans la région des bourses, soit du côté du testicule. 11 n'y a pas de hernie qui ait pu comprimer la glande, mais surtout la symé- trie parfaite de la lésion dans les deux testicules rend difTicile l'bypothès d'une cause locale. D'autre part, le peu de développement du scrotum, des vaisseaux et de la glande elle-même prouvait que cette affection remonte à un temps très-éloigné, peut-être à la première enfance. Nous pensons même que cette affection peut être congénitale, car quoique les testicules soient descendus dans le scrotum, leur situation près de la racine de la verge semble indiquer que leur migration ne paraît pas tout à fait complète. 3° LÉSIONS DE LA RATE DANS LA LEUCOCYTHÉMIE, par M. JULES LUTS. J'ai eu l'occasion de faire trois analyses histologiques de rate d'individus qui avaient succombé aux accidents de la leucocythémie ; comme dans ces trois cas j'ai rencontré des lésions identiques, je les signale ici afin que l'at- tention des observateurs étant fixée sur ce point, on puisse, soit infirmer, soit confirmer nos recherches. Les auteurs qui ont écrit sur ce sujet ont déjà fait menlien de lésions semblables à celles que nous avons rencontrées. Ainsi Virchow, Fiiedreich, M. Leudet (Mémoires de la Soc. biolog., 1858) ont analyé des rates leucocythémiques dans lesquelles ils ont rencontré les corpuscules de Malpighi augmentés de volume et passés à l'état de masse 160 blancliâlre. Nous-même, en 1 857, avons présenté des cas semblables à la Société anatomique. Voici en quoi consiste la lésion : les rates que nous avons eu à notre dis- position étaient toutes trois évidemment hypertrophiées ; il y avait en même temps un développement concomitant du foie et des gauglions lympha- thiques. Le tissu de la rate était ferme, résistant, charnu en quelque sorte; la coloration était très--variable ; dans un cas nous avons rencontré des foyers hémorrhagiques disséminés et présentant par places des décolora- tions graduées, proportionnelles à leur degré d'ancienneté. En examinant le parenchyme splénique à l'aide d'une bonne loupe, nous pûmes constater l'existence d'un tissu blanchâtre par places, gris rosé en d'autres, interposé au milieu de masses et d'îlots rouges, qui représentait encore ce qui était resté inaltéré dans le tissu de l'organe. Ce tissu blan- châtre se dessinait sous forme de dépôts irréguliers à contours sinueux, fai- sant corps avec la substance même de l'organe. En disséquant avec quelque soin ce nouveau tissu, nous pûmes nous convaincre qu'il n'était formé par autre chose que par des amas d'épaisseur variable de corpuscules de Mal- pighi, considérablement augmentés de volume et complètement décolorés ; de sorte que cette teinte générale blanchâtre n'était que la résultante d'altéra- tions partielles d'une série de corpuscules de Malpighi. Ayant isolé quelques- uns de ces corpuscules, nous constatâmes que leur volume était plus que triplé : la proportion qui existe entre le volume d'un pois et celui d'une ce- rise pourrait donner une idée assez exacte de l'aspect nouveau qu'ils avaient pris, en les comparant à ce qu'ils sont à l'état normal. De plus, leur paren- chyme flbroïde, au lieu de se présenter avec une coloration rouge générale, était complètement privé de cette matière colorante; chaque lîbrille, au lieu d'apparaître avec des bords nets et une surface lisse, ne se faisait voir qu'en- gluée, en quelque sorte, par un dépôt plastique blanchâtre et granuleux. Les parois des vaisseaux alTérents et elTérents, qui sont si colorés à l'état normal lorsqu'on les suit jusqu'au moment où ils pénètrent dans rintéiiour des corpuscules, et lorsqu'ils en sortent; ces vaisseaux, dis-je, présenlaiont dans leurs parois une altération semblable ; elles étaient épaissies, comme doublées de volume, par un dépôt blanchâtre, et n'otlraient plus à leur in- térieur de liquide coloré. Quant au contenu des corpuscules, je l'ai constam- ment trouvé formé presque exclusivement par des noyaux, quelques-uns libres, le plus grand nombre enserrés dans une membrane de cellule, soit seules, soit au nombre de deux et de trois, et formant alors par leur réunion ces éléments particuliers du sang normal, connus sous le nom de leuco- cytes. Quelques-uns de ces noyaux étaient (même ceux contenus dans des membranes de cellules) teintés d'une coloration rougeâtrc qui rappelait con- fusément la nuance de la matière hématique : j'ai presque toujours rencontré siniultauémenl une proportiou variable de globules du sang. baris deux cas dont j'ai pu faii'e i'aulopsic compiétement; j'ai constalé quci le foie et les reins présentaient un certain degré d'altération : ainsi, j'ai ren- contré une fois les glomérnlesdc Malpiglii du rein fortement coDgestioiinéspar places; sur un autre sujet, la congestion avait été plus loin, el un exsudât grisâtre, entourant la plupart des glomérules comme d'une atmosphère, indi- quait qu'il y avait eu un état de stase sanguine plus actif et plus prolongé. Quant au foie, l'étude de son parenchyme m'a fait constater que son hy- pertrophie tenait bien plutôt à une augmentation générale de volume des cellules hépatiques en particulier qu'à une genèse de nouveaux éléments. Ces cellules m'ont, en moyenne, paru triplées ou quadruplées en volume. Ainsi, les lésions de la rate propres à la leucocythémie peuvent se résu- mer à ces faits : 1" Augmentation de volume énorme des corpuscules de Malpighi ; 2» Disparition de la matière colorante rouge du parenchyme de ces corpus- cules, avec infiltration au milieu de leurs mailles d'un dépôt granuleux blanchâtre ; 3° Altération identique des parois des capillaires qui se rendent aux cor- puscules et qui en sortent. Sans vouloir tirer des conséquences exagérées des faits que nous venons de rapporter, nous ne pouvons pas nous empêcher cependant de faire re- marquer que la décoloration du tissu de la rate et la décroissance de la ma- tière colorante dans le sang ont été des phénomènes corrélatifs, peut-être liés par des rapports de cause à effet, mais dont, dans l'état actuel de nos connaissances, nous ne devons signaler que la coïncidence de ces deux phé- nomènes. 111. — Tératologie. 1° OEUF DE POULE MONSTBUEUX RENFERMANT A LA FOIS UN JAUNE ORDINAIRE ET UNE VÉSICULE ovARiENi^E ; par M. le docteur A. Laboulbène. Mon ami le docteur Signoret m'a envoyé, le 3 mai 1859, un gros œuf mon- strueux qui venait d'être pondu dans sa propriété, près de Glamart, par une poule de la race dite de Houdan. Cette poule avait déjà produit beaucoup d'autres œufs ordinaires. L'aspect extérieur que présente cet œuf est très-insolite, non-seulement par son volume, mais parce que l'extrémité la plus grosse, qui est simple- ment membraneuse, dépourvue de sels calcaires, laisse sortir un corps al- longé, une espèce de pédicule. L'enveloppe calcaire est intacte, mais, vers le petit bout de l'œuf, elle est peu fournie d'éléments minéraux. Sur quelques autres points de la surface, on remarque également une absence, ou une épaisseur moindre du dépôt crétacé. C. K. U 162 La l'orme do l'œuf est régulière, à part l'oxM-iMnité la plus grosse, qui. étant membraneii?e, comme je l'ai dit, est on outre comme Ironciure et même lé- gèrement concave. C'est au centre de cette extrémité que sort le corps eu forme de pédicule. La grosseur totale de cet œuf est plus considérable que celle des autres œufs pondus par la même poule. Le grand diamètre otTre 67 millimètres; le petit diamètre 44 millimètres; le pédicule 20 millimètres de longueur et 2 à 3 millimètres d'épaisseur. Il résulte de là que cet œuf est remarquable extérieurement, à la fois par son volume plus grand qu'à l'ordinaire, sa coquille ou coque présentant en plusieurs endroits une absence ou une diminution de matière calcaire, sur- tout à la grosse extrémité, à la pointe et sur quelques points de sa surlace; enfin, par le pédicule allongé, linéaire, qui sort sur le milieu légèrement ex- cavé de la grosse extrémité, en la dépassant dans l'étendue de 2 centi mètres. I L'aspect intérieur est encore plus remarquable que rasi)eet extérieur. J'ai soulevé avec précaution une partie de la coquille, après l'avoir brisée par une section pratiquée au-dessus du graud diamètre. Voici ce que j'ai trouvé : La memlirane de la coque est partout continue. La cavité de l'œuf renferme \xa jaune, plus un autre corps sphérique pédi- cule. 11 semble y avoir deux albumen qui ne seraient pas confondus, mais distincts. Peut-être sont-ils isolés par une membrane mince reliée à la mem- brane de la coque? Je n'oserais point aflirnier l'existence de cette mem- brane, mais l'albumen est bien diflérent aux deux extrémités de l'œuf. Vers la petite extrémité se trouve un jaune ou vitellus très-frais, d'un aspect ordinaire , enveloppé par un albumen limpide et pourvu de ses deux chalazes. Le cumulus proligère et la cicatricule étaient à l'étal normal. Je les ai fait remarquer à M. Broca et à plusieur.-^ autres membres de la Société. Le corps sphérique occupant la grosse extrémité est plus volumineux que le premier jaune déjà décrit. Sa surface est légèrement tomenteuse, sa cou- leur d'un blanc sale, roussâtre ou rougoàtre, et on distingue des nervures qui paraissent produites par les saillies de vaisseaux sanguins. Le corps sphérique est placé au milieu d'un albumen plus dillluent que celui du premier jaune normal; cet albumen est d'une teinte louche, rosée ourougeâtre, un peu brune vers l'extrémité. Le pédicule parait faire partie intégrante de la masse sphérique et ne pouvoir en être stparé. L'enveloppe de l'œuf, membraneuse (comme je l'ai expli(iué) à la grosse extrémité, se dé- tache, par une faible traction, de ce pédicule aucpicl elle était a peine adhé- rente; elle ne se continue pas sur lui. Que pouvait être ce corps sphéro'ide, d'un aspect insolite, pédicule, à sur- 163 face légèrement inégale, un peu lomenteuse, dun hiane rougeâtre, sillonnée par des vaisseaux qui faisaient un léger relief? l^our le savoir, j'ai incisé avec soin ce cor|)s singulier couche par couche, en présence de MAI.Broca et Rouget, et j'ai détaché une première enveloppe mince qui s'est plissée, chiffonnée, eu laissant énucléer, pour ainsi dire, un nouveau corps. Cette membrane, dont la surface externe est légèrement tomenteuse, s'ap- plique, par sa face profonde, sur le corps pédicule et vasculaire qu'elle re- couvrait ; elle ne se continue pas avec le pédicule ; son adhérence était très- faible. On ne peut la rapporter qu'à une fausse membrane de formation nou- velle, dépourvue de vaisseaux. Examinée au microscope, elle se montre composée par une gangue de granulations moléculaires reliées entre elles par une matière amorphe unis- sante ; elle renferme aussi des globules graisseux. Au-dessous de cette fausse membrane enveloppante se trouve un corps sphérique, parcouru par de nombreux vaisseaux dans l'intérieur de ses pa- rois ; mais ces vaisseaux viennent tous aboutir au pédicule et n'atteignent pas un espace hnéaire silué au point opposé, et qui est lisse, non vasculaire. M. Rouget fait remarquer combien cet aspect rappelle celui du stigmate des vésicules ovariennes non rompues, renfermant encore l'ovule ou le jaune dans leur intérieur. En fendant avec précaution la membrane vasculaire, je m'assure qu'elle contient dans son intérieur un jaune ou un vitellus ordinaire. Si, présentement, nous cherchons à nous rappeler quelle est la disposition normale de l'ovaire de la poule, nous trouvons qu'il est constitué par un sac membraneux dont la surface intéripure est plissée, et de laquelle se déta- chent, sous forme de mamelons pédicules, des vésicules ovariennes ou calices de l'ovaire, renfermant les ovules ou les jaunes. Nous pouvons donc, nous devons admettre, sans aucun doute possible, que le corps sphérique pédi- cule situé vers la grosse extrémité de l'œuf présente tous les caractères d'une vésicule ovarienne entière, avec son pédicule, ses vaisseaux et son stigmate non vasculaire. 11 n'est autre qu'une vésicule ou un calice de l'o- vaire dont le pédicule s'est détaché, et cette vésicule non rompue s'est en- veloppée ii'albumen après s'être revêtue d'une fausse membrane. Ce fait d'un œuf de poule monstrueux contenant en même temps un jaune ordinaire et une vésicule ovarienne entière, détachée de l'ovaire, est extrê- mement remarquable. Je n'en ai trouvé aucun autre exemple dans les ou- vrages que j'ai consultés. M. Rayer, à qui la pathologie comparée doit de si beaux travaux, ne connaît rien de pareil. On trouve dans la science beaucoup de cas d'œufs monstrueux de diverses manières. Plusieurs sont indiqués dans les Actes des curieux de la nature. M. Rayer a fait connaître (Comptes rendus et mémoires de la Société de Ib4 bioLOGiE, 1" séïie, i, p. 9) diverses anomalies d'œufs de poule, Pour lui, les observations déjà nombreuses d'œiifs inclus dans un autre œuf, chez les oi- seaux, peuvent être rapportés à quatre groupes : l' œuf à une seule coquille avec un seul albumen autour des deux Jaunes contigus ; 2° œuf complet con- tenant dans son albumen un autre petit œut complet (coquille, albumen, vi- tellus) ; 3» œuf incomplet, sans vitellus, renfermant un petit œuf complet ; 4" œuf complet renfermant un petit œuf incomplet, sans vitellus. Notre savant président perpétuel nous a montré {loc. cit., p. 123) un œuf d'oie complet, c'est-à-dire pourvu d'une coque calcaire, d'albumen et de vi- tellus, inclus dans un autre œuf complet, dont le vitellus et l'albumen sont également enveloppés d'une coque calcaire. M. Verneuil a également présenté à notre Société (Comptes rendus et Mém., 1" série, IV, 61) un œuf de poule de volume ordinaire, muni d'un jaune et d'un albumen bien développes, dans lequel se trouvait un petit œuf très-ré- gulièrement conformé et offrant la figure d'un ovoïde parfait. M. Valencienues, dans une note sur des œufs à plusieurs jaunes renfermés dans la même coque (Comptes rendus des séances de lAcademie des SCIENCES, XLII, p. 3, 1856) décrit les œufs a deux jaunes et les œufs à trois jaunes. La rareté de ceux-ci est bien plus grande que celle des œul's à deux jaunes. 2° DEUX CAS DE MAMELONS SURNUMÉRAIRES OBSERVÉS CHEZ LA FEMME ; par MM. Charcot et Le Gendre. A l'autopsie d'une femme âgée de 30 ans environ, on trouva, sur le côté externe du sein gauche, un mamelon surnuméraire entouré d'une auréole brune, comme le mamelon principal. Ce petit mamelon recevait des conduits galactophores venant de quelques lobules glandulaires dépendant de la glande mammaire, qui était unique ; par la pression de cette glande, on pouvait faire sourdre un peu de liquide lactescent par les orifices de ce petit ma- melon. Le second cas a été recueilli sur une femme morte en couches, âgée de 25 ans environ. Le mamelon surnuméraire était situé à la région externe du sein droit, très-fortement coloré en brun, comme le mamelon normal, il fai- sait une légère saillie au-dessus de la peau, mais ne présentait pas d'auréole. 11 recevait plusieurs conduits galactophores dé[)endant de la glande mam- maire principale. En pressant cette glande, on faisait suinter un liquide blanc très-épais par ce petit mamelon. Huschke a rassemblé, dans son Traité de splanchnologie, un certain nombre de cas de cette anomalie parmi lesquels on peut établir plusieurs va- riétés. Le nombre de ces mamelons surnuméraires peut être Ue deux ou trois. Ils 165 siègent quelquefois sur le pourtour de l'auréole du mamelon normal. Lors- qu'ils sont disséminés sur la surface de la mamelle, tantôt ils présentent une auréole, tantôt ils en sont privés. On a coustaté toujours l'existence des con- duits galactophores qui les traversent, et, dans quelques cas, ils servent à la sécrétion du lait. 5* OBSERVATION D'ÉVOLUTION TARDIVE D'UNE DENT MOLAIRE ; TRANSPOSITION DE CETTE DENT ; REMARQUES SUR LES FAITS DE TROISIÈME DENTITION ; par M. Le Gendre. Haller, dans sa Physiologie (dentitio), a cité, d'après les auteurs, un cer- tain nombre de faits de troisième dentition, et quelques-uns, plus rares, de quatrième évolution. Quant à l'évolution tardive des dents, les exemples que cite cet auteur sont innombrables. Les auteurs modernes ont émis quelques doutes sur la valeur de tous ces faits, et ces observations de troisième denti- tion sont devenues de plus en plus rares à mesure qu'elles ont été soumises à des investigations plus complètes. Plusieurs membres de la Société de biologie ont rapporté des faits qui pouvaient faire croire à l'existence de cette troisième dentition, qui est, au contraire, très-contestable. Une dame, à l'âge de 27 ans, a vu ses dents canines de la mâchoire supé- rieure remplacer celles qui venaient de tomber ; elle croyait que c'était la troisième fois que ses dents repoussaient. M. Robin a constaté que les pre- mières dents canines étaient très-petites, que c'étaient des dents de lait qui avaient persisté; les nouvelles canines, au contraire, étaient très-dévelop- pées, dépassaient les autres dents et présentaient tous les caractères anato- miques que l'on attribue à ces dents de la seconde dentition. M. Broca a observé un cas d'évolution de la dent de sagesse chez une dame âgée de 73 ans. Cinq ans auparavant, il avait examiné la mâchoire inférieure et il avait constaté l'absence complète de dents. Cette éruption s'est faite sans aucun trouble apparent. Le fait que j'ai observé pouvait faire croire facilement à un cas de troi- sième dentition; il fallait être en garde contre toutes les causes d'erreur qu'un examen incomplet ou superflciel pouvait amener. En effet, il y avait non-seulement, comme cela a lieu le plus souvent dans les observations que l'on a rapportées, évolution tardive d'une dent ; mais, en outre, il y avait transposition de cette dent en retard dans une autre région. Voici cette ob- servation. Un homme de 35 ans vint me consulter pour une fluxion de la joue gauche dont il souffrait depuis quelques jours : la tuméfaction était assez considé- rable, et le malade éprouvait des douleurs lancinantes, continues, jour e\ fluitj daos les Régions temporale, malaire et auriculaire. 165 L'examen de la bouche iie me présenta rien de particulier, et je ne trouvai aucun gonflement de la muqueuse gingivale, soit à hi mâchoire supérieure, soit à la mâchoire inférieure; je constatai seulement l'absence de la deuxième petite molaire supérieure du côté ga\iclie, et le malade m'apprit qu'elle avait été arrachée depuis deux mois et demi. J'explorai alors avec soin le pourtour de cette alvéole, et je ne trouvai aucun gonflement, aucune rougeur ; je ne déterminai aucune douleur dans cette investigation. Je dus rejeter toute idée de lésion profonde des alvéoles dentaires, inflam- mation, abcès, et je penchai vers une afTection rhumatismale, ime simple fluxion occasionnée par l'impression du froid. Je conseillai au malade de re- couvrir la région de la joue avec de la ouate de coton, de prendre quelques pédiluves, pensant que cette aCTeclion serait de courte durée- Au bout de quatre jours, la tuméfaction de la joue n'avait pas diminué, et le malade vint m'annoncer qu'il lui semblait qu'une nouvelle dent repoussait à la place de celle qu'on lui avait arrachée (la seconde petite molaire supé- rieure). En effet, à l'examen de la bouche, on voyait facilement une large plaque blanche sortant de la gencive et remplissant l'alvéole de la deuxième petite molaire. Sa forme paraissait régulière, et en la touchant avec un sty- let, on constatait sa résistance et on ne déterminait pas de douleur sensible ; de plus, il n'y avait pas de gonflement notable de la gencive à l'entour, et aucune sécrétion de mauvaise nature. Ce n était donc pas là une esquille al véolaire résultant de l'arrachement delà dent précédente; c'était bien une évolution dljne dent. Je conseillai d'attendre la sortie complète de cette dent, qui était la seule cause des douleurs éprouvées par le malade. Etait-ce là un exemple de troisième dentition ou une éruption tardive de cette petite molaire ? L'examen de la dent qui avait été enlevée pouvait seul éclairer ce point de diagnostic. La dent qui avait été arrachée ayant été con- servée, il nous fut facile de lui reconnaître tous les caractères d'une dent de la seconde dentition. Couronne large présentant deux tubercules séparés par un sillon, deux racines volumineuses et très-longues. D'après toutes ces recherches, nous pensions avoir là un lait bien exacte- ment observé de troisième dentition. Quelques jours après, le malade qui n'avait pas eu la patience de tolérer son mal, nous apporta sa dent qu'il s'était fait arracher. Cette dent était incom- plètement développée; sa couronne très-petite, plate, d'une couleur d'un blanc mat et terne, présentait quatre tubercules séparés par deux sillons en croix, les racines étaient au nombre de trois divergentes, deux étaient soudées en- tre elles. Ces caractères anatomiques appartiennent aux grosses molaires : dans ce cas, c'était donc une grosse molaire qui, par suite d'un phénomène de trans- position que les auteurs ont signalé, avait fait éruption à la place d'une petite molaire. 167 Uq physiologiste distingué, M. le docteur Pbilipeaux, rejette la plupart des faits relatés de troisième dentition, et pense que dans ces cas on a eu affaire à une éruption tardive des dents. 11 était facile chez ce malade de ■vérifier cette opinion ; il sufTisait de constater le nombre des dents pour voir si réel- lement cette nouvelle denl appartenait au nombre normal que l'on trouve chez l'adulte. Or il y avait chez notre malade une différence notable dans le nombre des dents à la màclioire supéi'ieure et à la mâchoire inférieure. Pour cette dernière, le nombre était normal ; à la mâchoire supérieure, on trou- vait du côté gauche deux incisives, une canine, une petite molaire, la place de la seconde petite molaire et deux grosses molaires ; du côté droit, il n'y avait que sept dents, absence pareillement d'une grosse molaire. 11 était donc logique de penser que cette dent nouvelle était simplement une dent tardive, une grosse molaire comme ses caractères anatomiques l'indiquaient ; sans doute la troisième, la dent de sagesse qui en outre était venu faire éruption dans une région différente. L'absence complète de cette dent des deux côtés de la mâchoire supérieure, militait aussi en faveur de cette opinion, et j'ai pu prédire au malade que dans un temps plus ou moins éloigné, il pourrait voir survenir du côté droit les mêmes accidents que ceux qu'il venait d'a- voir, et qu'ils se termineraient aussi par l'éruption d'une dent. Ce cas nous montre combien une observation rigoureuse et complète est nécessaire pour affirmer un fait : le premier examen nous avait fait croire à un exemple de troisième dentition, et il a fallu la succession de tous les faits que nous avons rapportés pour infirmer cette opinion et pour nous montrer la vraie nature du phénomène que nous avions sous les yeux. Nous ne crai- gnons pas d'avancer que si tous les faits semblables rapportés par les auteurs étaient soumis à une investigation aussi rigoureuse, on reconnaîtrait parmi eux beaucoup d'erreurs. Cette observation se résume donc à un cas d'évolution peu tardive d'une dent molaire, probablement de la dent de sagesse, chez un homme de 35 ans, fait qui n'offre pas une grande rareté, mais remarquable en ceci que la transposition de cette dent dans une autre région lui a fait présenter tous les signes d'un fait de troisième dentition. IV, — Physique médicale. NOTE SUR l'appareil ÉLECTRO-MÉDICAL DE M. RUHMKORFF ; par M. J. Regnadld. M. J. Regnauld présente au nom de M. Ruhmkorff un nouvel appareil d'in- duction destiné aux applications de l'électricité à la thérapeutique et à la physiologie. Le mérite principal de cet instrument consiste dans la substitu- tion aux anciens couples de Bunsen plus ou moins modifiés de la pile à sul- 168 fate de mercure, imaginée par M. Marié Davy, professeur de pliysique dans un des lycées de Paris. Cette pile est formée par une cupule de charbon compact et conducteur, dans laquelle on introduit quelques centigrammes de sulfate mercurique ou mercureux à l'état pulvérulent. Dans ce vase, on verse de l'eau ordinaire au sein de laquelle on suspend un disque de zinc qui communique avec la bo- bine inductrice. L'action chimique génératrice du courant est la substitution du zinc au mercure; le premier de ces métaux se dissolvant tandis que le second se réduit du sulfate à un état d'extrême division. Ce qui rend cette combinaison voltaïque avantageuse, c'est que par la na- ture même des éléments qu'elle met en présence, le zinc reste sans cesse amalgamé, et que, de plus, la forme sous laquelle le mercure se dépose, l'ex- clut du circuit à mesure que l'action électro-motrice s'accomplit. Le sulfate de mercure peu soluble est en excès, et le liquide demeure à un état per- manent de saturation qui est l'origine de la constance remarquable du cou- rant. Déjà cette précieuse qualité de la pile à sulfate de mercure a été utili- sée par M. Marié Davy pour les usages de la télégraphie. Dans l'appareil de M. Ruhmkorir, la constance du couple à mercure est une condition moins importante peut-être que le transport facile d'un appareil de petite dimension qui n'oblige pas, pour être mis en fonction, à se servir de ces acides qui détériorent rapidement les meilleurs appareils, et dégagent des vapeurs pour le moins désagréables. L'habilet(' bien connue de M. Ruhmkorfl' apparaît dans l'agencement des diverses parties de son appareil électro-médical; condensation de nombreux organes dans un espace très-restreint, libre disposition pour l'opérateur de toutes les communications, tels sont les avantages les plus frappants de cette élégante construction. Du reste, malgré la modicité du prix, l'instrument permet, comme les plus grands appareils, d'utiliser l'cxtracourant du fil inducteur et le courant à forte tension de la bobine induite. Un manchon de Webersert, en glissant sur les bobines, à graduer l'intensité du courant ; quant à la vitesse des inter- ruptions, elle est variée, suivant le besoin, au moyen d'une simple vis de pression. V. — Botanique. !• SUR LA COLORATION ROUGE DU PAIN, EXAMEN MICROSCOPIQUE; par M. SCHIFF (de Francfort), jjrol'esscur d'anatomic à Berne. Les plaques rouges qui se montrent dans quchiucs cas sur le pain exposé pond-mt longtemps à l'humidité, et que la superstition du moyen âge attri- buait a lies goiUtes de sang dont l'apparition sur le pain béni u donné lieu |)lijsi"ous supposons qu'il s'agissait de pilules mercurielles. Tœitefois l'usage prolongé des bains sulfureux et des bains de vapeur parut lui procurer un adoucissement qui ne fut, d'ailleurs, que momentané. Parmi les changements opérés dans son extérieur, durant ces diverses pérégrinations, un surtout l'avait frappé : c'est un amaigrissement progres- sif de tout le corps, mais plus considérable aux membres inférieurs que par- tout ailleurs. Enfin, admis à l'hospice de Bicêtre au mois de mai 185'?, nous avons pu l'observer pour la première fois dans les salles de l'infirmerie, le 13 mars 1859, et voici dans quel état il s'est présenté à nous : Amaigrissement général considérable, portant surtout sur les membres inférieurs. L'atrophie musculaire est aussi très-marquée aux bras et aux avant-bras. Les muscles du thorax, au contraire, ont conservé un volume et une puissance relativement remarquables. Aux pieds, les orteils sont ré- tractés dans le sens de la flexion, et les pieds eux-mêmes entraînés, par une rétraction des muscles lléchisseurs et rotateurs en dedans, dans la position du pied-bot varus. Le mouvement est encore possible aux membres inférieurs, quoique dans de très-faibles limites; mais il s'y exécute avec des particularités remarqua- 187 blés : en efl'et, quand on prie le malade de mouvoir ses jambes, celles-ci se déjettent comme follement et inconsidérément à droite et à gauche, CDtrai- nces fatalement par des mouvements désordonnés et sans liarmonie. Elles sont, en un mot, complètement afi'rancliies de Tinfluence volontaire du malade. Cette espèce de folie, d'ataxie musculaire, ainsi que l'a le premier dénom- mée, après l'avoir décrite, M. le professeur Bonillaud, se manifeste aussi, à un haut degré, dans les mouvements que le malade veut imprimer à ses mains. — Soit qu'on lui présente la main ou tout autre objet à saisir, on voit aussitôt sa propre main errer, en quelque sorte, autour de l'objet sur lequel doit s'exercer la préhension; ses doigts, au lieu d'agir avec la syner- gie, l'ensemble habituels, se présentent successivement les uns dans l'ex- tension, les autres dans la flexion ; et lorsqu'après une foule de tâtonnements, ils parviennent à réaliser un accord suffisant pour atteindre le but si dés- harmonieusement poursuivi, ils laissent s'échapper presque aussitôt l'objet qu'ils avaient enfin saisi. Cependant, il serre encore la main qu'on a mise dans la sienne, avec une force à laquelle on était loin de s'attendre, vu l'état de la musculation. Ceci, pour le dire en passant, paraît bien démontrer que l'impuissance tient moins en pareil cas, à une déperdition des forces, qu'à une modification dans l'un des attiibuts de l'exercice musculaire, at- tribut très-bien et cliniquement étudié par M. le professeur Romberg de Vienne, sous la dénomination de sens musculaire, conscience musculaire. Quoi qu'il en soit, les diverses sensibilités sont partout conservées, chez notre malade, avec leurs manilestations normales • sensibilité douloureiîse au pincement et à la piqûre; sensation de chatouillement à la plante des pieds ; sensation de température, etc., etc. Toutefois, il existe une diminu- tion perceptible et progressive de la sensibilité, en remontant des extrémités vers le tronc : c'est ainsi que l'arrachement des poils qui est assez bien senti et perçu aux cuisses, n'est nullement perçu aux jambes, quoique donnant lieu à une vague sensation douloureuse. Enfin, tous les organes des sens spéciaux, — excepté le sens génital, ainsi que nous l'avons dit, — conservent toute leur intégrité de fonctionnement. Il est même très-bon d'ajouter que jamais, ni au début, ni dans le cours de la maladie, il n'est survenu la moindre modification symptomatologique dans le sens de la vue, tels que diplopie, strabisme. Relativement aux autres fonctions de l'économie, nous avons noté une constipation habituelle, mais facilement vaincue par l'usage continu des pilules d' Andersen; un commencement de difiiculté dans la mixtion, qui est longue à s'effectuer, mais n'exige pas encore Tintervention de la sonde; enfin, et nous y insistons, des douleurs abdominales en ceinture, qui ont fait pendant plus de trois mois le thème journalier des plaintes du malade. Respiration faible, sans bruit anormal. Battement du cœur très-écla- 188 tant, tintant et paraissant traduire un amincissement des parois de cet organe avec dilatation de ses cavités; peu d'appétit. 11 n'a pas été fait d'examen de ce malade par l'électricité, et c'est un desi- derata qu'il est peut-être bon de noter. Cependant, tout dans les symptômes offerts, nous porte à penser qu'un courant électrique eût provoqué des cou- tractions musculaires encore énergiques, et témoignant, par là, d'une atro- phie purement consécutive. En effet, la motilité est partout conservée, quoique à des degrés divers; seule, l'harmonie qui doit présider à ses ma- nifestations fait défaut. D'un autre côté, tout dans l'expression symptomato- logique et dans la marche de l'affection, n'appelle-t-il pas l'attention vers une lésion du centre nerveux rachidicn?... Début douloureux par les pieds et les membres inférieurs... incertitudes, hallucinations, si l'on peut ainsi dire, de la marche, et bientôt impossibilité complète de celle-ci; paresse des fonctions intestinale et urinaire, que nous allons bientôt voir aboutir à nne rétention complète des fèces et des urines; atrophie musculaire et amaigrissement consécutif des membres inférieurs et supérieurs ; douleurs rachidiennes et en ceinture caractéristiques, etc., etc.... Ne sont-ce pas là autant de manifestations symptomatologiques où se reflète une affection de la moelle? Personne, à coup sûr, ne voudra voir là l'existence de la paralysie générale dite progressive ou des aliénés? L'on ne saurait non plus y retrou- yer, ainsi que nous l'avons déjà fait remarquer, la physionomie habituelle de l'atrophie musculaire primitive ou essentielle; et, quant à la folie on ataxie locomotrice, dont on a voulu faire, dans ces derniers temps, une maladie propre, elle ne peut être admise, aux termes de notre diagnostic, qu'à titre de symptôme. Peut-être est-ce là le seul rôle véritablement légitime qu'il faudrait lui faire jouer dans les cas nombreux où elle se manifeste? Toujours est-il que cette manière de voir, d'accord avec celle d'un auteur (1) un peu trop oublié au milieu des stériles disputes d'une priorité plus ou moins usurpée, se trouve consacrée par le résultat de nos recherches sur le fait clinique particulier qui nous occupe. Quoi qu'il en soit, étant admise une affection de la moelle, restait à déter- miner sa nature, son espèce. Or, on sait quelles difficultés gisent, d'ordinaire, dans une semblable détermination, surtout quand l'étiologie ne vient pas suffisamment l'éclairer; c'est ce qui a eu lieu dans le cas actuel. Et d'abord, il était facile de constater l'absence de tout traumatisme, et de toute dévia- (1) L'auteur en question est M. le docteur Romberg, professeur de clinique à Vienne, qui, en 1856, nous a fait verbalement part, dans le service de M. Rayer, de ses idées sur la perte de ce qu'il appelait le sens musculaire, conscience musculaire, dans les affections de la moelle, et qui les a publique- ment (ixiH'rimeiitées sur plusieurs uuilades, au point de vue symptomatolo- gique et diagnostique. 189 tion du rachis, soit idiopathique, soit consécutive à une afl'ection du tissu osseux. Les antécédents liéréditaires, s"ils ne sont pas compléleraent rauets, n'apportent pas de grandes lumières u lad iagnose spécifique. Le grand-père du malade est mort à l'âge de 96 nns, sans infirmité. Sou père a succombé, assez jeune, à une fiuxion do poitrine. Sa mère, très-maladive, a presque constamment garde le lit pendant une période de quinze ou seize ans : il ignore entièrement de quelle affection elle était atteinte. Mais tout obscures qu'elles sont, les indications paraissent sufiisantes pour fournir la présomp- tion d'une maladie paralytique. De cinq frères et sœurs, pas un seul ne reste: Un fière est mort d'accident, les autres de maladie de poitrine, avant l'âge de 30 ans. Mais aucun, à ce qu'il affirme, n'a été paralysé. Quant à lui, il dit avoir toujours mené une vie très-régulière : jamais d'excès alcooliques ou d'autre sorte, jamais de blennorrbagie. Cependant il avoue des chancres, dont deux lui seraient tombés, selon son expres- sion, dans la bouche. Désignerait-il par là des plaques muqueuses? S'il en est ainsi, c'est l'unique accident consécutif qu'il soit possible de retrou- ver, et l'on voit combien il est obscur. D'ailleurs, une influence de nature syphilitique s'eserçant sur la moelle, donnerait évidemment lieu à des ma- nifestations plus localisées que celles que nous avons analysées. Enfin, rien dans les commémoratifs ne saurait légitimer la présomption d'une cachexie saturnine ou raercurielle. La profession de commissionnaire qu'il exerçait n'entraîne guère avec soi que de grandes fatigues, et il dit les avoir éprou- vées dans toute leur rigueur. Peut-être est-il bon d'ajouter qu'il n'a procréé que des eufants non viables ou malades. Trois sur cinq sont morts, peu de temps après leur naissance : des deux qui lui restent, l'un, l'aîné, garçon de 11 ans, porte des glandes au cou, des croûtes sur la tête, et de l'humeur s'é- coule presque constamment de ses oreilles; l'autre, jeune fille de 8 ans, a séjourné très-longtemps à l'hôpital, et reste presque toujours maladive. On ne saurait méconnaître dans tout cela le fait d'une transmission constitu- tionnelle d'un principe morbide quelconque. Nous allons bientôt voir, du reste, que l'affection de notre malade s'est compliquée, dans les derniers temps, de tubercules pulmonaires. Mais rien dans la symptomatologie que nous venons de parcourir ne pouvait îaire présumer l'existence de ce produit morbide dans le canal rachidien. Il ne reste donc plus dans le cadre du dia- gnostic que l'inflammation possible du tissu de la moelle, et, bien entendu, son inflammation chronique. Quelques symptômes initiaux, la marche de l'afTection, la profession du malade qui l'exposait à des fatigues excessives et au transport de lourds fardeaux sur les épaules, etc., etc., sembleraient légitimer cette présomption plutôt que toute autre; c'est aussi celle qui pa- raît avoir possédé l'esprit des médecins qui ont eu à le traiter; et cepen- dant, nous verrons bientôt combien elle a été peu confirmée par le résultat nécropsique. l'.lO Kn somme, l'esprit a dû rester forcement en suspens, relativement à la détermination, dans sa uatun;, de l'affection qui nous occupe, alleclion qui, cependant, paraît bien résider dans le centre nerveux rachidien, et exercer une influence généralisée sur la substance, et partant sur ses fonctions. Il est inutile, et il serait vraiment fastidieux de relater, jour par jour, les pro- grès, d'ailleurs insaisissables dans leur lenteur, de la longue affection dont nous traçons l'bistoire. Qu'il nous suffise de dire que durant les quatre pre- miers mois (du 13 mars au 11 juillet 1859j, que le malade a passés àrinlir- merie, il a constamment gardé le lit, oirrant de fréquentes alternatives de bien (plus ou moins apparent) et de mal, sans la moindre manifestation d'a- mélioration réelle ; voyant au contraire s'accroître toujours, quoique insen- siblement, l'impossibilité des mouvements et leur /"oh'e ,- se plaignant surtout de douleuis abdominales en barre, accompagnées de constipation dont les pilules d'Anderson avaient de moins en moins raison. Après l'infructueux essai de toutes les médications spéciflques appropriées (iodure de potassium, strychnine, bains de Barége, électricité, etc., etc.), il ne restait plus que les secours illusoires, dans l'espèce de l'hygiène, et c'est à eux que nous nous sommes presque exclusivement adressé. Les toniques liquides ( vins de quinquina, de Bordeaux, de Bagnols), ont été surtout invoqués, et ont lutté efficacement contre l'afTaiblissement progressif des forces. Vaincu par l'ennui, sinon parle découragement, le malade a sollicité son exeat le 11 juillet, et est rentré dans sa division. Il y est demeuré jusqu'au 1" août, époque à laquelle il nous est revenu dans l'état suivant : L'atrophie musculaire esta son maximum, surtout aux membres inférieurs qui peuvent à peine être soulevés. Le faciès porte plus que jamais l'em- preinte d'une profonde cachexie. Le malade se plaint d'une toux fréquente survenue depuis quelque temps, et l'auscultation révèle la présence non équivoque de tubercules, encore à l'état de crudité, au sommet des deux poumons ; ils sont plus nombreux et plus avancés dans leur évolution, du côté droit où coexiste un épanchement pleurétique considérable, se ratta- chant sans doute, aux toutes récentes manifestations de la diathèsc tubercu- leuse. Du reste, point de réaction sensible, et presque pas de dypsnée. Les douleurs en ceinture ont complètement disparu, et le malade qui s'en était autrefois tant afleclé, nous marque tout son étonnement de cette dispa- rition. Mais, d'autre part, sa constipation habituelle s'est changée en une irétcntion absolue des fèces, et la mixtion exige, désormais, la sonde, pour s'elTecluer. Anorexie complète, soif vive; on prescrit : huile de foie de morue, 30 gr., vin rie Bordeaux 125 gr., lavement purgatif, julcp diacodé. Les jours suivants, le malade va s'allalhlissaut gradutilemont, il éprouve des sueurs nocturnes très-abondantes, qui concourent puissamment à cet affaiblissement. I 191 Le 9 août, aa matin, ce dernier est tel que le malade est dans un véritable état lipotliymique ; la sueur lui ruisselle de tout le corps, et il est tourmenté depuis la veille par un hoquet incoercible. Le 12, il expire sans avoir pré- senté de nouveaux symptômes. Autopsie pratiquée vingt-quatre heures après la mort. Habitude extérieure. — Cadavre d'une maigreur extrême , l'atrophie se dessine plus que jamais, particulièrement aux membres inférieurs où elle domine : elle y est portée à un tel point qu'une seule main suffit pour em- brasser complètement l'une ou l'autre des deux jambes au niveau du mollet, c'est-à-dire de l'endroit où elles présentent habituellement le plus d'ampleur. Ecchymoses et sugillations nombreuses dans presque toutes les parties déclives, pur etTet cadavérique. Escarre large, mais superficielle, dans la région sacro-coccygienne; le aerme y parait simplement dénudé. Organes thoraciques et abdominaux. — Quelques adhérences anciennes existent aux sommets des deux poumons. Épanchement pleurétique à droite, avec organisations lî^rineuses au début et adhérences commençantes. Les poumons sont le siège, mais à leur sommet seulement, de granula- tions tuberculeuses abondantes, petites, sous forme miliaire, et pour la plu- part à la période de crudité. Engouement hypostatique aux bases, hydro- péricarde assez abondant, complètement passif , sans trace apparente de péricardite. Cœur petit, à tissu très-mollasse, à parois très-amincies et à cavités dilatées sa surface est envahie par une grande quantité de tissu adipeux. Le foie a également subi, au plus haut degré, la dégénérescence adipeuse. Le tube digestif et les autres organes abdominaux s'ofTrent dans toute leur intégrité normale. Centres nerveux. — Les centres nerveux devaient particulièrement attirer notre attention, et voici ce qu'ils nous ont présenté. Les os du crâne d'une épaisseur remarquable opposent une résistance extrême à l'action du marteau. Les recherches les plus minutieuses ne révè- lent rien d'anormal ni de pathologique dans toutes les parties de l'encéphale. Le canal rachidieu a été également rencontré normal dans toute son éten- due, et ne présentant ni tumeur, ni proéminence d'aucune sorte. Les enveloppes de la moelle sont aussi parfaitement saines. Toutefois, la pie-mère rachidienne apparaît légèrement injectée à sa surface. Dégagée facilement de ses enveloppes, la moelle épinière, qui n'olTre pas non plus la moindre apparence d'atteinte morbide, frappe néanmoins, tout d'abord, par une gracilité inaccoutumée, et telle que nous avons cru devoir chercher à l'évaluer autant que possible par la comparaison de ses dimen- 102 sions avec dos moyennes connues. Or. voici les résultats auxquels nous ont conduit les recherches. En premier lieu, nous avons, à l'exemple de M. Sappey, mesuré successi- vement les trois portions cervicale, dorsale, lombaire: la piemière et la troi- sième au niveau des renflements que présente la moelle ù ces endroits, et nous avons trouvé : Circonférence : Portion cervicale O^.OSG — — dorsale 0'°,027 — — lombaire O^.OSO Moyenne. . . . 0"',027 En comparant ces chiffres aux moyennes de plusieurs mensurations obte- nues par l'auteur précité sur des moelles saines, il est facile de saisir immé- diatement une différence notable, portant principalement sur les dimensions du renflement cervical; en effet, les chiffres de M. Sappey sont : Circonférence : Portion cervicale 0'",038 — — dorsale 0",02S — — lombaire 0'",033 Moyenne. . . . O^jOSS Ainsi différence de la circonférence 0'",006. Du reste, nous avons mesuré nous-même un certain nombre de moelles saines, ou du moins prises sur des sujets qui n'ont présenté, de leur vivant, aucun symptôme d'une maladie de cet organe, et nous sommes arrivé très- approximativement aux résultats de M. Sappey. En définitive, entre le diamètre fourni par la moyenne de ces mensurations et le diamètre de la moelle qui nous occupe, il existe une différence de 2 mil- limètres au moins, ce qui cst^ certainement, nue différence notable dans l'es- pèce. Mais celle qui porte sur la région cervicale mérite surtout de fixer l'attention; elle est déplus de 1 centimètre, relativement aux moyennes con- nues, et nous la verrons tout à l'heure coïncider avec une lésion d'une autre espèce siégeant juste au même niveau. L'existence d'imc atrophie do la moelle impliquant siu'tout sa moitié su- périeure est donc chose incontestable. Mais ce résultat brut eu quelque sorte et fourni par l'examen direct, sudlisait-il pour satisfaire l'esprit à l'endroit de la véritable cause anatomique des symptômes observés chez notre malade? C'est possible, et il eût bien fallu s'en contenter, si nous n'eu.ssions pas poussé plus loin nos recherches. Nous avons donc cru devoir faire appel au microscope, et voici comment il y a répondu : Eu premier lieu, sur des parcelle? de tissu médullaire prises dans les deux I 193 substances indistinctement, nous croyons avoir constaté une rareté relative des éléments propres de ce tissu, ce^u/M, tubes nerveux, etc., puis, les ayant traités par l'iode, nous avons apcrru une telle quantité de corpuscules amy- loïdes, pour les nommer de suite, qu'à chaque préparation, le champ du mi- croscope en était littéralement couvert. L'aspect, la forme plus ou moins sphérique, et la coloration par l'iode ou une solution d'iodure de potassium, de ces corpuscules, ne permettent pas de douter un seul instant de leur par- faite ressemblance avec les corpuscules dits amyloïdes et signalés par Wir- chow, Carter et M. Luys.— Un dessin soumis à la Société les représente tels, à part leur nombre, que nous les a révélés l'examen microscopique, pour lequel, d'ailleurs, notre excellent ami et collègue M. P. Chalvet a bien voulu nous prêter son concours éclairé. C'est principalement au niveau de la ré- gion cervicale correspondante au maximum de l'atrophie que nous les avons rencontrés, autant du reste dans la substance grise que dans la blanche. Ajoutons que le tissu médullaire ne nous a pas paru sensiblement altéré ni dans sa coloration, ni dans sa consistance ; et, par exemple, nous n'avons trouvé nulle part trace de ramollissement ou d'induration. Or, si l'on réfléchit que sur trois ou quatre moelles normales, et dans plus de vingt préparations c'est à peine si l'on rencontre deux, trois, ou au plus quatre de ces corpuscules, que faut-il conclure de leur énorme accumulation dans un même tissu, dans le cas qui nous occupe.'... Que conclure, surtout lorsque les plus attentives recherches n'ont conduit à la découverte d'aucune autre lésion de l'organe que la symptomatologie accuse presque fatalement d'être la cause des désordres observés?... Que conclure, dis-je, sinon que c'est bien à la présence anormale, surtout par la grande quantité du produit en question, qu'il faut rapporter, comme à leur véritable cause pathologique, les manifestations morbides ofTertes par notre malade. Il était intéressant d'examiner de près ce tissu musculaire, et si les résultats de cet examen concordent, quant au fait général, avec ce que l'on observe habituellement en pareille circonstance, nous y ferons, néanmoins, remarquer quelques par- ticularités auxquelles des recherches suivies sur l'histologie pathologique du tissu musculaire, faites avec notre collègue M. P. Chalvet, nous permettront de donner un commencement d'interprétation générale. 1° Muscles des jambes. — Absence à peu près complète de striation, — Chaque faisceau musculaire, très-réduit dans ses dimensions en largeur, est envahi par des granulations, plus de grosses gouttes graisseuses très-abondantes. Elles étouffent ou remplacent la striation disparue. 2" Muscles du bras et de l'avant-bras. — La striation est conservée sauf de très-légères modifications. On n'y aperçoit que de très-rares granulations graisseuses, pas du tout de grosses goutteletlcs huileuses, tandis que nous venons de les trouver en abondance dans les muscles de la jambe. 3» Muscles de la main. — Très-petits faisceaux avec striation encore appa- C. R. 13 rente, moins, toutefois, qu'au bra? et à l'avant-bras. Granulations graistieuses rares^ mais plus abondaules aussi quo daiis les muscles qui pn-fèdent. Un voit, par cet exposi'; succinct, qu'il existe une gradation progressive de la dégéiiéresccdce graisseuse des membres supérieurs aux inférieurs, ces derniers se trouvant affectés au plus baut degré. Or, c'est ce que l'on ren- contre, eu fténéial, dans les paralysies et les atropiiies musculaires sympto- matiques d'une afl'ection de la moelle épiniére, ce qui paraîtrait corroborer l'opinion despliysiologistes relativement au rôle essentiel de ce dernier or- gane dans les phénomènes de la nutrition. Quoi qu'il en soit, nous n'avons pas la prétention de tirer des conclusions définitives duu fait isolé et auquel, d'ailleurs, notre faible autorité ne donne pas une sutlisanle consistance. Mais il était, au moins, de notre devoir de le faire connaître et de l'appréciera notre point de vue, afin d'appeler l'attention et les recherches des observateurs sur un sujet dont l'exploration attentive amènera, peut-être, des résultats inespérés, appelés à combler un chapitre inconnu d'anatomie pathologique et de nosologie. IN'ous ajouterons qu'à part le fait annoncé par M. Luys et celui que dous venons de rapporter, nous en avons rencontré, lorsque cette note était ter- minée, un autre peu diflérent des précédents, et plus remarquable en ce que la matière dite amyloide se trouvait accumulée, non-seulement dans le sys- ,tème nerveux central (moelle épinière), mais encore dans une partie du sys- tème nerveux périphérique. Nous aurons bientôt l'occasion d'en faire part à la Société. V. — Pathologie comparée. 1» DE LA TRANSMISSION PAR HÉRÉDITÉ CHEZ LES MAMMIFÈRES, ET PARTICULIÈ- REMENT CHEZ LES COCHONS D'INDE, DUNE AFFECTION ÉPILEPTIFOKME, PRO- DUITE CHHZ LES PARENTS PAR DES LÉSIONS TRAUMATIQUES DE LA MOELLE ÉPI- NIÈRE ; par M, Brown-Séquard, Depuis quelques années, j'ai pu observer un assez grand nombre de petits nés de cochons d'Inde, qu'on avait rendus épileptiques en praticiuant sur eux diverses lésions de la moelle é[)inière. Or, chez quelques-uns de ces petits, j'ai constaté une atfection épileptiforme très-nette, avec des accès bien carac- térisés, mais un peu différents de celle des parents. En effet, on sait que chez ceux-ci, il y a non-seulement des accès spontanés, mais que, de plus, on peut déterminera volonté une attaque en excitant, en pinçant la peau delà face. Chez les cochons d'Inde, qui paraissent tenir leur affection convuisive de leurs parents, ou ne peut point provotiuer de cette manière les accès. La forme de ceux-ci n'est pas non plus tout à fait la même ; lorsqu'un accès commence, l'animal est pris de tremblement; puis il tombe sur le flanc et agite alors les membres spasmodiqueraent. 195 Les codions (J'indc, ainsi malades, que je possède en ce moment, pro- vieiinoiit, en nomlire à peu près (gai, les uns d'une mère rendue épiieptique par lésion uc lu moelle, Ses i:u\rci d'un père |)lac6 clans les mêmes condi- tions. D'ailleurs, on peut voir des parents épileptiques par myélo-traumatisme donner n;iissance à des petits dont aucun ne sera pris d'aflection du même genre, on dont les uns en scioni, exempts pendant que d'autres auront des nccès convni.-ifv-. J'ai eu sons les yeux un nombre très-grand de cochons d'Inde, et, bien (jue je sois loin de nier la possibilité du fait, je n'ai jamais \n un seul de ces animaux présenter une maladie convulsive analogue, s'il n'avait pas préalablement subi une lésion de la moelle, ou s'il n'était pas né d'un parent rendu épiieptique par une expérience de celte nature. l'.es observations ont une liante valeur; car elles ajoutent un nouveau trait (le ressemblance à ceux (jui rapprochaient dcjù l'épilepsie chez l'homme de ratl'ection convulsive déterminée chez les mammifères par hérédité. Plus l'analogie sera grande entre ces deux maladies, plus l'étude de l'épilepsie des animaux, sous tous les points divers, pourra venir en aide aux difficiles recherches qu'exige encore l'histoire de l'épilepsie chez l'homme. Je ferai aussi remarquer que ces faits ont un autre genre d'intérêt. On sait que les lésions tranmatiiiues ne se transmettent guère par hérédité, ou du moins que celte transmission est très-rare. Or, on pourrait invoquer les cas dont il s'agit comme des exemples démontrant la possibilité de cette trans- mission; mais ce serait à torl.En effet, chez les descendants des cochons d'Inde épileptiques, la moelle, examinée à i'œil nu ou au microscope, paraît parfaitement saine. Ce n"est pas la lésion locale qui se transmet; c'est l'alté- ration ou disposition organique générale du système nerveux, déterminée par la lésion, et qui s'est imprimée profondément chez les parents ou chez l'un d"eux. On doit donc plutôt rapprocher ces exemples des cas de trans- mission héréditaire d'une affection diaihésique produite chez un individu, hooirae ou femme, par queliiue cause bien déterminée. VI. — Anatomie pathologique. 1" TUMEUR INTRA-SCROTALE A PAROIS CALCIFIÉES, FORSIKE PROBABLEMENT PAU ONE ANCIENNE HÉMATOCÈLE; par M, VULPIAN.— EXAMEN DE CETTE TUMEUR par M. BÉRAUD. M. Vulpian met sous les yeux de la Société une tumeur trouvée dans le scrotum d'un homme mort de cirrhose, compliquée de péritonite chronique. Chez cet homme, il y a eu probablement une hernie du côté droit, c;ir le canal inguinal est largement ouvert, les deux orifices interne et externe se correspondent presque directement d'avant en arrière, et le doigt peut être introduit très-facilement dans l'ouverture ainsi constituée. Cette ouverture 1% conduit à une cavité assez large qui surmonte le testicule et qui est sans doute un sac Lcrniaire. Ce sac est rempli de liquide séreux, communiquant librement avec celui qui est contenu dans la cavité péritonéale. 11 n'y a au- cune partie solide (intestin ou épiploon) dans le sac ou dans son oriflce. Le fond de ce sac repose sur la tumeur dont il est ici question et qui occupe la place du testicule et de l'épididyme. Cette tumeur est très-dure, assez régulièrement arrondie et de la grosseur d'un œuf de poule. Elle paraît adhérente au tégument; mais peut-être est-ce un elTet de la dessiccation des enveloppes scrotales sur le point le plus voisin de la tumeur. La tumeur, après avoir été enlevée, présente une telle résis- tance aux Instruments tranchants , qu'on est obligé de la fendre à l'aide d'un marteau et d'un fort couteau. Lorsqu'elle est fendue, on voit qu'elle est constituée par une coque fibreuse de 2 à 3 millimètres d'épaisseur, ayant 8ubi une transformation calcaire compacte dans une grande partie de son étendue : à l'intérieur de cette coque on voit , vers la partie centrale , un dépôt fibrineux, grisâtre, d'aspect lardacé, d'épaisseur inégale, formant une sorte de cloison irrégulière. D'un côté de cette cloison, se trouve une ma- tière rougeâtre, formée par du sang et de la fibrine désagrégée ; de l'autre côté, une matière caséeuse , de faible consistance , blanc grisâtre, dans la- quelle on reconnaît, à l'aide du microscope, une masse énorme de cboles- térine mêlée à de la fibrine désagrégée et à de la graisse. La coque calcaire a un aspect osseux très-frappant. L'examen microsco- pique n'y montre pas les cavités osseuses caractéristiques. C'est une calci- fication. Toulefois, il y a réellement dans ce dépôt compacte et ostéiforme une certaine structure. Il y a des cavités très-irrégulièrement disséminées, dont la forme étoilée rappelle singulièrement la forme des éléments cellu- laires étoiles du tissu conjonctif. Les prolongements de ces cavités peuvent quelquefois être suivis très-loin, et vont, sur quelques points, en rejoindre d'autres appartenant à des cavités plus ou moins éloignées. Ce n'est donc pas un dépôt amorphe : M. Vulpian ajoute que des résultats analogues, ob- servés dans d'autres circonstances, permettent de soupçonner que la calci- fication, dans certains cas, se fait de cette manière, et par un processus parallèle au travail de l'ossification vraie, mais qui en dilTère sous plusieurs rapports , et en particulier sous le rapport des éléments envahis par le dépôt de matière osseuse. Cette tumeur est évidemment en dehors du testicule que l'on trouve ap- pliqué sur un de ses côtés. On distingue aussi très-nettement le canal défé- rent et une grande partie de l'épididyme- Les tubes séminifères ont conservé leur résistance presque normale et peuvent être tirés hors du testicule dans une certaine longueur. Ils con- tiennent leur épilhéliura normal ; mais cet épithélium renferme d'assez nombreux globules graisseux de petites dimensions. Dans une gouttelette de 197 liquide, extraite par compression du canal déférent, on n'a point trouvé la moindre trace de spermatozoïde, à quelque état que ce fût. M. Vulpian pense que cette tumeur est constituée par une hématocèle; il la remet à M. Béraud, qui a fait une étude spéciale de ce genre de tumeurs, et qui veut bien la disséquer avec soin pour indiquer d'une façon précise le siège exact et la nature probable qu'on doit lui assigner. Le testicule gauche, ses dépendances et ses enveloppes sont dans un état tout à fait sain. M. BÉRAUD a paru reconnaître exactement les différentes parties qui con- stituaient cette tumeur en rapprochant ses deux moitiés. Ainsi il a reconnu snccessivement par la dissection le cordon déférent, l'épididyme, la tunique albuginée du testicule, le testicule lui-même. 11 a reconnu la surface lisse de la surface albuginée; au delà se trouvaient des caillots sanguins stra- tifiés, formant la masse de la tumeur; ils étaient recouverts par une mem- brane fibreuse très-épaisse, tapissée en dedans par une surface lisse, c'était bien le feuillet pariétal de la tunique vaginale. D'après ses caractères dis- tinctifs on avait donc afTaire , dans ce cas , à une hématocèle ancienne de la tunique vaginale. 2» ÉVENTRATION OU HERNIE OMBILTCALE CONGÉNIALE PAR ABSENCE D'UNE PORTION DE LA PAROI ABDOMINALE ANTÉRIEURE ; par M. BlOT. M. Blot présente le dessin d'un cas d'éventration observé dans les condi- tions suivantes : Le 5 juillet 1859, madame X.., à peine âgée de 25 ans, bien portante et bien conformée, mit au monde, après un travail de sept heures un quart, un enfant à terme, du sexe masculin, d'un développement ordinaire, et bien vivace, qui offrait dans la région ombilicale la disposition suivante : Au niveau du point d'insertion du cordon existe une tumeur volumi- neuse hémisphérique, du volume de la moitié d'une grosse orange. Cette tumeur est formée par la plus grande partie du foie et de nombreuses cir- convolutions intestinales qu'on reconnait très-facilement au moment de la naissance, à travers l'épaisseur de la paroi abdominale qui, en ce point, n'est formée que par le péritoine doublé de l'enveloppe du cordon ombilical; la peau et les autres éléments de cette paroi manquent complètement au niveau de la tumeur, excepté dans une étendue d'un centimètre, tout à fait au niveau de la base de la tumeur. L'humidité naturelle des enveloppes leur laisse une transparence complète qui permet de distinguer très-nettement les moindres détails à travers elle. Grâce aux précautions prises pendant l'accouchement, cette mince paroi ne se rompit pas, comme cela arrive souvent dans les cas analogues. Les éléments vasculaires du cordon ombilical arrivent réunis 198 jusqu'au sommet de la tumeur, puis se divisent, s'écartent les uns des autres et se portent vers sa partie inférienre pour gagner la cavité abdominale par le bord pubien de la tumeur. Ciiariue fois que l'enfant criait, la turncur aug- mentait un peu de volume par l'engagement dans son intérieur de (jnelques circonvolutions intestinales. Du reste aucun autre vice de conformation. Dans la famille qui est nom- breuse aucun enfant n'a rien présenté de semblable. J'apprends seulement que la grand'mère maternelle est atteinte d'une hernie ombilicale ancienne, mais non congéniale. En présence de ce fait je me demandai tout naturellement si l'on pourrait tenter quelque chose pour obtcnii' laguérison de cette inlirniilé qui con- damnait notre petit malade à une mort a peu près certaine. Tout d'abord je me contentai de protéger la tumeur herniaire par un bandage de linge lin approprié, puis je consultai les archives de la science à cet égard. Je trouvai que, dans presque tons les cas, la mort était survenue au moment de la naissance par la rupture de la paroi herniaire, ou quelque temps plus tard par les accidents de péritonite. Cependant les Archives générales de MÉDECINE relatent (1828, 1" série, t. XVI, p. 445) un cas de guérison i)b- tenu par un chirurgien-accoucheur de Tiel, M. J. Bal, au moyen de la suture du sac herniaire. Celte observation me paraît assez remarquable pour que je croie utile de la rapporter ici. M. J. Bal, chirurgien accoucheur à Tiel, fut appelé, le 21 février 1826, pour un enfant du sexe féminin qui était né avec une hernie ombilicale considérable. Cette hernie, à peu près ronde à sa base, et se terminant en pointe antérieurement, était située à gauche de la ligne médiane, et recevait l'insertion du cordon ombilical à sa partie inférieure droite ; elle contenait la plus grande étendue des intestins, et présentait à peu près 7 pouces 6 lignes (pied du Rhin) de longueur sur 7 pouces de largeur ; le sac herniaire offrait une couleur cendrée et répandait une odeur de putréfaction. M. Bal, ayant e.\ploré les parties et reconnu leur état, proposa à des méde- cins venus en consultation de faire la ligature du sac herniaire. Cet avis fut adopté, et il y procéda de la manière suivante : l'enfant ayant été placé dans une position telle que les téguments de l'abdomen se trouvassent daus le relâchement , il fit rentrer les parties herniées et lia le sac avec un fd ciré, le plus près de la base qu'il lui fut possible. Alors le péritoine forma un cercle froncé, de deu.x pouces de diamètre, et sans apparences de muscles ou de téguments, qui fut recouvert de charpie trempée dans du vin rouge -, des compresses furent a[)pliquées par-dessus et le tout lut assujetti par quel- ques tours de bande. Le 24, M. Bal revit l'enfant. On lui rapporta (ju'il avait été inquiet et qu'il avait eu des mouvements convulsifs, mais que néanmoins il avait pris le sein et avait semblé par moments éprouver un peu de soulagement. Déjà la tu- 199 meur s'était affaissée ; une seconde ligature fut placée au-dessous de la pre- mière qui fut coupée, de même que le cordon ombilical, dans le dessein de diminuer l'odeur putiide qui s'en exli;:!ait; la peau fut ensuite rapprocliée au moyen de bandelettes agglutiiiatives, et le reste du pansement consista dans l'application de charpie et de compresses imbibées de rouge. Le 26, la ligature n'ayant déterminé aucun accident, fut serrée davantage. Les bords de la peau, recouverts de phlyctènes d'où s'écoulait un liquide ichoreux et fétide, nécessitèrent que le pansement fût renouvelé tous les jours. Le 1" mars, l'enfant se portait bien; le pus était mieux lié et l'odeur moins fétide : la ligature fut encore resserrée. De ce jour Jusqu'au 14 du mois, l'état delà petite malade s'était considérablement amélioré; le pus était bon, la mauvaise odeur avait entièrement disparu, des bourgeons charnus occupaient toute la surface privée de peau et s'élevaient au-dessus des bords de l'ouverture. La charpie fut trempée dans une décoction d'écorce de saule avec addition de sulfate acide d'alumine calciné et de mellite de roses; les fongosités furent touchées avec le nitrate d'argent. Le 29, l'enfant toujours bien portant commençait à reprendre de l'embon- point; la peau très-rapprochée ne laissait plus apercevoir dans l'inlervalle de ses bords qu'un trait longitudinal de trois quarts de pouce de largeur en- viron, et le ventre présentait une surface plane et unie au lieu de la tumeur qu'on y remarquait auparavant. Les mêmes pansements furent continues sans rien changer à l'appareil, et le 25 avril la guérison était complète; le ventre avait sa forme naturelle, et la hernie était remplacée par une cicatrice solide qui occupait le point où elle avait existé. (Vaderl. Lelterœfening., août 1826.) Malgré le succès obtenu dans le cas observé par M. Bal, je ne fus pas dis- posé à l'imiter, et cela pour plusieurs raisons : d'abord, chez mon petit malade, il était complètement impossible de refouler les viscères hernies dans la cavité abdominale; tout ce qu'on pouvait faire, c'était de former avec la paroi de la hernie, un très-petit pli ayant en hauteur à peine un centimètre. Ensuite, je ne pouvais comprendre comment des bourgeons charnus pouvaient se développer sur des membranes complètement dépourvues de vaisseaux, et j'avoue que c'est là un point de l'observation de M. Bal qui reste fort obs- cur dans mon esprit. Je m'abstins donc de tout traitement actif et me con- tentai de maintenir la tumeur au moyen d'un bandage légèrement contentif, après avoir recouvert la tumeur par un linge cératé, afln que la bande n'adhé- rât pas. Le premier jour qui suivit la naissance, cet enfant prit assez bien le sein d'une nourrice, mais le second jour , il commença à ne plus teler que difficilement ; une partie de ce qu'il avalait était rendue quelques instants après. Bientôt la tranquillité et le calme furent remplacés par de petits cris 200 plaintifs presque continuels ; un amaigrissement rapide et considérable eut lieu , les vomissements devinrent de plus en plus fréquents, et le cinquième jour le pelit malade s'éteignit. Dès le lendemain de la naissance, les parois minces de la hernie, d'abord complètement transparentes, devinrent opalines, puis jaunâtres, et l'on ne distinguait plus que très-difficilement, à travers elles, les parties contenues dans la tumeur. En même temps que ces parois devenaient opaques, elles répandaient une odeur très-fétide due à l'exhalation à leur surface d'une sé- rosité puriforme médiocrement abondante. Au moment de la mort (le cin- quième jour), le cordon ne s'était point encore détaché et aucun des points de la paroi herniaire ne s'était rompu. Pendant les cinq jours qu'a vécu le petit malade, il y a eu plusieurs fois selles, dont les dernières étaient devenues jaunâtres; ce qui prouve que la circulation intestinale n'était point interrompue. L'autopsie n'a pu être obtenue. 3° MÉMOiBE SUR l'encéphalocèle CONGÉNITALE ; par Ic Doctcur HonEL, conservateur du Musée Dupuytren, La démonstration de plusieurs pièces d'encéphalocèle congénitale et la description de faits semblables rapportés par les auteurs, a permis à M. Houel d'exposer à la Société dans sa séance du 6 aoiit, les principales conclusions de ce travail qui s'appuie essentiellement sur les faits. 1° Il n'existe point d'hydrocéphalie arachnoïdienne simple, à l'exception de celle qui succède à l'hémorrhagie méningée. C'est toujours à l'intérieur des cavités ventriculaires que s'accumule le liquide , qui devra plus tard quelquefois faire hernie en dehors de la boîte crânienne. 2" La hernie aqueuse simple, ou méningocèle de M. Spring, ne me paraît point suffisamment établie par les faits connus ; toutes les tumeurs du crâne dites aqueuses sont donc des encéphalocèles ou des hydrencéphalocèles. 3* L'état actuel de la science ne permet point encore d'établir d'une ma- nière exacte la relation qui existe entre les encéphalocèles et les hydrencé- phalocèles , mais cette dernière tumeur me paraît néanmoins de beaucoup la plus fréquente. 4° Le siège des hernies cérébrales dans des points du crâne qui peuvent être déterminés spécialement, indique que la cause qui préside à leur for- mation est pour toutes la même : ces tumeurs ont toujours été rencontrées dans les points qui correspondent aux cornes cérébrales antérieures, inté- rieures, inférieures, ou bien au niveau du ventricule du cervelet. 11 est tout naturel de supposer qu'elles résultent d'iuie hydropisie de ces cavités, et cela le plus souvent à une époque rapprochée de la vie embryonnaire. 5" Il résulte aussi des observations consignées dans ce travail, que les 201 hernies frontales et de la base du crâne, sans être aussi communes à beau- coup près que celles de la région postérieure ou occipitale, sont plus com- munes que ne le supposent la plupart des auteurs. 6' La forme pédiculée de ces tumeurs avec leur siège est un signe im- portant, qui permet presque à lui seul de les distinguer des autres tumeurs du crâne, qui sont au contraire toujours séniles. 7» La coloration exceptionnelle des hydrencéphalocèles de la région fronto- nasale, qui leur donne une grande ressemblance avec les tumeurs érectiles, a été considérée par M. Breslau comme résultante d'une anastomose des •vaisseaux contenus à l'intérieur du crâne avec ceux de la face. 8° Les reliefs et les irrégularités de certaines hernies cérébrales , et qui simulent assez bien les circonvolutions du cerveau, sont produits par des points plus résistants de la dure-mère, et en particulier par les sinus. 9° Le traitement de ces tumeurs , tel qu'il est formulé dans les auteurs classiques, me paraît résulter de ce qu'elles avaient été mal étudiées. Si, dans certains cas exceptionnels , il a été couronné de succès , il expose les petits malades aux plus grands dangers, et il prouve une fois de plus qu'une bonne et sage thérapeutique est basée sur les connaissances anatomopatho- logiques. 4" CONTRIBUTIONS A L'ÉTUDE DE L'ÉVOLUTION DES PUSTULES VARIOLIQDES; par M. Jules Luys. Les recherches que nous avons entreprises sur ce sujet sont en grande partie çonflrmatives de celles qui ont été déjà faites par M. Rayer, par MM. Rilliet et Barthez,et surtout par M. Petzholdt(de Leipsick) (Archiv., 1838). Les détails consignés par ce dernier auteur nous ont paru parfaitement con- cordants avec ceux que nous avons vus nous-mème. Quand on examine à un faible grossissement un fragment de peau vario- lique revêtue de sou épiderme, on constate que toutes les élevures pustu- leuses ne présentent pas toutes le même aspect. Ainsi, à côté de pustules qui sont franchement ombiliquées, on en rencontre d'autres qui sont globuleuses comme des gouttes de suif : les unes sont très-nettement délimitées, d'autres, au contraire, ont des bords irréguliers; l'épiderme semble soulevé à la base, et former comme une série de circonvolutions irrégulières. De plus, quand on examine la surface de l'épiderme, on y constate, comme, du reste, sur l'épiderme à l'état sain, une série de lignes entre-croisées, interceptant des espaces de forme plus ou moics losangique. Ces espaces sont à leur tour sub- divisés par de nouveaux sillons ou losanges secondaires : aux endroits d'in- tersection de ces diverses lignes et sillons apparaissent des points foncés multiples qui sont les orifices des glandes cutanées et des orifices pileux. 202 Ces points sont fixés au derme par les goulots de ces follicules ; ils sont, du reste, déprimés et semblent en contre-bas par suite du l)oiirsonlleraent du tissu épidermique qui les entoure; de sorte qu'on pourrait assez bien comparer les surfaces de l'épiderme ainsi vu à celle d'une paroi murale re- couverte d'une étofl'e disposée en façon dite capitonnée. L'étoffe représentant l'épiderme, la paroi murale le derme, et les clous qui relient Tune et l'autre les goulots des follicules ou des glandes. Ceci posé, voici ce que l'on constate dans les pustules qui sont encore au début : les papilles, ainsi que le derme sous-jacent, par places, sont légère- ment boursouflés sur une coupe verticale; on constate très-bien un soulève- ment limité çà et là, du sol sur lequel reposent les papilles. Il se joint à cet état une vascularisatioa très-intense. L'épiderme est encore adhérent à la surface des papilles. A un degré plus avancé, on note, dans les couches profondes de l'épiderme, l'existence d'une exsudation blanc jaunâtre assez irrégulièrement limitée. Cette exsudation est variable en abondance; ainsi, tantôt elle est localisée à l'endroit où s'est fait ce boursouflement primitif du derme, tantôt elle fuse plus loin, elle soulève l'épiderme et tend à l'isoler de la couche papillaire : elle s'étale alors en prenant des formes variées, irrégulièrement globuleuses, suivant que les goulots des follicules des glandes cutanées et des follicules pileux ont plus ou moins résisté à la distension et suivant l'état des voies qui se sont opposées à sa dilTusion. Lorsque l'on examine, en efTet, avec soin la coupe de pustules globuleuses et de eelles qui sont ombiliquées, on coustate que, dans les premières, les goulots des follicules rompus (par suite peut-être du ramollissement préa- lable sous l'influence du travail congestif ) ont pu permettre l'accumulaiion facile du dépôt plastique sous l'épiderme soulevé, tandis que, dans les se- condes, les goulots des follicules pileux et des glandes cutanées n'ont pas cédé, et que le plasma s'est accumulé tout autour. 11 eu résulte donc la for- mation d'une pustule ombiliquée dont la dépression centrale est d'autant plus marquée que les bords seront plus surélevés. Maintenant, si l'on poursuit l'étude de la structure de ces petits rétinacula, on constate qu'ils ne sont pas formés par un seul goulot de follicule pileux ou de glande sébacée, mais bien par une agglomération de ces petits or- ganes présentant alors un faisceau d'éléments capables de résister pendant quelque temps; effectivement, ils finissent par se ramollir, se rompre, et dès lors la pustule prend la forme plus ou moins globuleuse, par suite de l'apport croissant des matériaux liquides. Pour ce qui est de l'étude de la matière plastique en elle-même, épanchée sous l'épiderme, nous n'avons pu l'analyser chez le vivant; nous ne donnons donc ici que les résultats de ce que nous avons trouvé dans des pustules recueillies sur des cadavres. Disons d'abord que c'est ce dépôt qui se pré- 303 sente dans certaines pustules sous forme de disques pseudo-membraneux avec (lépressiou centrale qu'on peut enlever avec une pointe d'aiguille. Ce dépôt, formé de fibrine coagulée, subit les modes de décomposition par les- quels passe la fibrine en repos : de l'élat (ibriliairc elle passe à l'élat de gra- nulations moléculaires jaunâtres; c'est efrectivemeut ce que nous avons ren- coalré presque toujours. Ajoutons que sur les sujets morts dont nous avons examiné les pustules, nous avons presque constamment rencontré le dépôt plastique au début sous la forme tie granulations moléculaires jaunâtres, avec des quantités variables de cellules granulées : nous avons pareillement vu que, dans certains cas, ce dépôt plastique englobe, en les étouffant, un certain nombre de papilles, et même qu'il s'épanche dans les mailles super- ficielles du derme. Ces éléments anatomiques étant en quelque sorte noyés au milieu de cette masse envahissante, nous ne sommes pas éloigné de croire qu'il en résulte une véritable perte de substance, par suite de la fonte de CCS parties, une véritable gangrène moléculaire, destinée à être rempla- cée par un tissu cicatriciel de nouvelle formation, qui devient alors l'ori- gine des brides fibreuses que l'on trouve au niveau des pustules qui ont été le siège d'une phlogose très-développée. Pour nous résumer et grouper physiologiquement les faits dont nous ve- nons de faire l'analyse, nous dirons que l'évolution des pustules de la variole semble pouvoir se traduire ainsi : 1» Le derme, au début, devient, par places, le siège d'un développement vasculaire considérable, en vertu duquel des boursouflements partiels du derme et de l'épiderme apparaissent, c'est l'état papuleux. 2° Puis une exsudation a lieu dans ces points vascularisi's et tuniétiés; un liquide, variable, en abondance, en couleur et en composition chimique, élé- mentaire, s'épanche dans les couches molles, profondes de l'épiderme. Ce dépôt plastique est, dès le début, transparent et peu abondant (état vésicu- leus). 3° Puis il augmente en quantité sous l'influence de l'action congestive, qui se continue à la surface de la peau. Cet épanchement s'infdtre dans tous les espaces libres entre l'épiderme et le derme, de la même manière qu'un li- quide que l'on injecterait (pour continuer notre comparaison) dans l'inter- stice d'une paroi murale et d'une étoffe capitonnée appliquée à sa surface; le premier effet de la présence de ce liquide serait de distendre, en les soule- vant, les espaces d'étoffe libres, et le second de faire obstacle conire les points d'insertion qui relient l'une et l'autre. C'est effectivement ce qui se passe ici ; à la période vésiuuleuse succède bientôt la période de l'ombilica- tion, marquée par l'accumulation progressive de liquide sous l'épiderme et par la rétraction de goulots folliculaires qui résistent encore. « Dès le Iroi- » sième jour de l'éruption, écrit M. Rayer (traité des maladies de la peau, » 1. 1, p. 518), la dépression centrale est très-marquée dans le plus grand 204 » nombre des pustules ; leur forme ombiliquée devient de plus en plus pro- » noacée à mesure qu'elles augmentent de volume et que la période de la » suppuration approche. » 4" Alors les goulots distendus outre mesure, ou peut-être ramollis, se rompent; l'ombilication disparaît, et la matière plastique s'épanche d'une manière irrégulière; elle prend des aspects plus ou moins globuleux, se présente sous forme de saillies irrégulières qui s'affaissent peu à peu par suite soit de la résorption des parties liquides, soit de la rupture des cou- ches épithéliales superficielles. 5" Enfin nous ne sommes pas éloigné de croire que les cicatrices caracté- ristiques qui se remarquent sur les points qui ont été le siège des pustules sont dues à du tissu cicatriciel comblant les vides produits dans le corps pa- pillaire par la destruction moléculaire de ces papilles englobées et noyées dans la masse de l'exsudat. VII. — TÉRATOLOGIE. !• ANOMALIE DE LA VEINE AZYGOS DROITE ; par M. BASTIEN. Sur un fœtus à terme nous avons rencontré la disposition suivante du sys- tème veineux du bassin et de la grande veine azygos. Les deux veines iliaques primitives suivaient leur trajet normal et venaient s'aboucher immédiatement derrière et au-dessus de l'artère iliaque primi- tive droite en une veine commune, la veine cave inférieure. Celle-ci montait parallèlement à l'aorte, et à son côté droit suivait le trajet ordinaire de cette veine et recevait la veine rénale droite : plus loin il n'y avait rien de parti- culier à mentionner. Du milieu de la veine iliaque primitive gauche, un peu avant son passage sous l'artère iliaque primitive droite naissait une grosse veine, aussi volu- mineuse que le tronc même de la veine iliaque primitive. Ce vaisseau passait sous l'artère iliaque primitive gauche, montait parallèlement au côté gauche de l'artère aorte; arrivé au niveau du ile du rein gauche, il recevait la veine rénale, les veines capsulaires, et, formant alors un tronc volumineux, s'en- gageait bientôt, avant le passage de l'aorte, à travers les piliers du diaphragme, derrière cette arlère, et venait se placer à son côté droit en arrière de la veine cave inférieure. A partir de ce point, son trajet, ses rapports, sa dis- tribution, étaient analogues à ceux de la veine azygos droite. Ainsi dans la région intérieure du tronc, la grande veine azygos recevait les mêmes vaisseaux que la veine cave inférieure et affectait les mêmes rap- ports au côté gauche de l'artère aorte. On aurait pu croire dans ce cas à l'existence des deux veines caves infé- rieures. 205 5» ANOMALIE DE LA VEINE CAVE INFÉRIEUBE ; par M. Le GeNDRE. Sur un fœtus à terme qui présentait des bassinets et des uretères énormé- ment distendus, nous avons trouvé plusieurs anomalies des vaisseaux de celte région, et en particulier de la veine cave inférieure. Les deux artères rénales naissaient immédiatement au-dessus de la divi- sion de l'artère aorte en artères iliaques primitives. Quant aux deux veines iliaques primitives, au lieu de se réunir normale- ment pour former la veine cave inférieure, elles étaient situées toutes les deux en dehors de leur artère, puis montaient et se plaçaient de chaque côté de l'aorte jusqu'au niveau du bile des reins. Dans cette région elles étaient réunies par une branche transversale qui pas- sait en arrière de l'aorte. Du côté droit de cette artère le tronc de la veine cave inférieure était formé, et, suivant son trajet normal, il recevait bientôt la veine rénale droite. Du côté gauche de l'aorte il y avait aussi un tronc veineux volumineux, continuation de la veine iliaque primitive gauche au moment où elle envoyait la branche transversale derrière l'aorte. Ce tronc veineux recevait les veines rénales qui étaient au nombre de deux, montait parallèlement au côté gauche de l'aorte jusqu'au sommet du rein, et à ce niveau passait au devant de l'aorte pour aller s'aboucher dans la veine cave inférieure. Ainsi l'artère aorte dans la région rénale se trouvait enlacée de tous côtés par des troncs veineux importants, résultant de la réunion dans un très-petit espace des veines iliaques primitives et des veines rénales dans la veine cave inférieure, disposition qui pouvait faire croire à l'existence de deux veines caves inférieures. VIII. — Physique médicale. 1° DESCRIPTION d'un APPAREIL A INHALATION PULMONAIRE ; par le docteur H. Rangé (de la Nouvelle-Orléans). M. le docteur Mercier a fait manœuvrer sous les yeux de la Société un petit modèle de cet appareil. Son système est basé sur le principe même du mou- vement et de la force centrifuges. L'appareil est composé de deux roues marchant en sens inverse au moyen d'une manivelle et de deux cordes, dont l'une est croisée, et qui enroulent chacune une poulie fixée à l'extrémité de l'axe de chaque roue. C'est le croi- sement de l'une des cordes qui imprime le mouvement contraire. Ces axes sont creux et le plus petit s'emboîte et tourne dans le plus grand ; c'est lui qui reçoit l'eau par un tube vertical d'un réservoir placé supérieurement. 206 Ses rayons, an nombre de huit, sont également creux, et lorsque la machine esl mise en mouvement, l'eau, pénétrant par cet axe, est lancée par la force cciiiriiiige à travers les rayciis et s'échappe avec une vitesse relative à !a force motrice en très-minces filets par des ouvertes capillaires faites aux extrémités de ces mêmes rayons. Ces filets d'eau sont lancés directement contre des palettes fixées aux extrémités de chacun des huit rayons de l'au- tre roue, et chaque palette forme un angle de 135 degrés avec le rayon sur Iciiuel elle est établie. Les mêmes palettes relancent en sens contraire l'eau de ces filets qui viennent se briser contre elles, et de ces deux mouvements, l'un centrifuge, l'autre de répulsion, il résulte en trois minutes une pluie ou plutôt comme une brise marine excessivement fine qui remplit l'appartement où s'etfectue l'expérience. Toutes les lois de la mécanique sur lesquelles repose ce système sont par- faitement observées, et l'on peut à volonté augmenter ou diminuer la force d'impulsion en moditiant les longueurs des diamètres de la manivelle, des roues ou des poulies. IX. — Botanique. 2» DE LA COLORATION DKS FLEURS; par M. GEORGES BeRGERON. J'ai cherché à démontrer, et par des observations microscopiques et par des faits physiologiques surtout, l'unité d'origine des matières colorantes des fleurs et des matières colorantes des feuilles vertes, jaunes ou rouge.-. J'ai cherché à montrer que dans les feuilles vertes qui dcvieiuient jaunes ou rouges, ces deux matières colorantes se déposent sous des forme.- iden- tiques et suivant les mêmes lois que dans les fleurs, qui se colorent en jaune ou en rouge, et que cela tient à une altération de nutrition qui est UQ fait anormal pour les feuilles, et pour les fleurs un fuit normal et physiolo- gique. 1» Du mode suivant lequel apparaissent dans les fleurs leurs diverses ma- tières colorantes. Les fleurs sont vertes, rouges ou bleues, jaunes ou brunes : blanches, soit par l'absence complète, soit par la trop faible quantité [cam- panuta nobilis) de l'une ou l'autre des matières colorantes énnmérées ci- dessus. 2° Au microscope, la matière colorante verte des fleurs se présente sous trois formes distinctes : des granulations irrégulières ; de petits corpuscules sphériques de nombre et de forme limités ; une matière gélatineuse qui ta- pisse la face interne des cellules. 3" La matière colorante jaune des fleurs se présente au microscope sons forme de petits corps s[)héri(iues, d'un jaune clair, qui, nageant au milieu du liquide transparent que les cellules renferment, donnent à la fleur sa co- loration. 207 Quelques-uns des sépales du nénuphar jaune, d'un jaune vif, striés de verf, permettent d'examiner en i;iénie temps et sur la même fleur les cellules vertes et les cellules jaunes, et dans les unes comme dans les autres, des granulations identiques par Jcnr l'orme et ne différant que par leur couleur, sans qu'il soit possible cependant de reconnaître dans la même cellule, des granules colorés en vert, des granules colorés en jaune. Mais si l'on réflccliit que, dans ce sépale de nymphéa lutea, dont nous avons suivi, sous le microsco[)e, le développement, on voit le sépale, d'abord vert uniforme, devenir jaune par place, et cette coloration jaune s'étendre à mesure que le sépale se développe jusqu'à son {panouissement, on sera con- vaincu que toute cellule à granulations jaunes était primitivement une cel- lule à granules verts. 4" La couleur rouge, bleue ou violette des fleurs est due à une matière co- lorante liquide, dont la couleur répond à celle de la fleur, et qui en remplit les cellules. D'un pourpre éclatant dans le balisier, elle est bleue dans la gen- tiane; elle se présente sous la même forme et avec la même couleur dans toutes les parties colorées d'une même fleur, dans les pétales et dans les éta- mines des althea, etc. Le bouton d'une fleur rouge, bleue ou violette était vert comme un bour- geon encore imparfaitement développé : j'ai étudié sur la gentiana pneumo- nanthe et l'aconit napel, sur le canna indica et la salvia nobttts l'embryogénie de leur couleur. Eu examinant un des sépales latéraux de l'aconit napel, on le voit d'abord d'une couleur verte uniforme : puis, cette teinte s'affaiblit par place, et on voit, en suivant le trajet des vaisseaux, apparaître des stries d'un bleu foncé qui les dessinent, et cela d'autant plus vite que l'anastomose vas- culaire est plus riche, et que les vaisseaux sont plus superficiellement situés. En même temps que la matière colorante bleue liquide apparaît dans les cel- lules du parenchyme qui avoisinent les vaisseaux, on voit les cellules plus superficiellement situées se teinter par place, et bientôt le sépale tout entier devient d'un bleu uniforme. J'insisterai, surtout dans l'exemple que je viens de citer sur deux faits. 1" Les mêmes cellules bleues dans la fleur épanouie étaient vertes dans le bouton. 2* C'est par les couches qui avoisinent les vaisseaux d'abord, par la couche la plus superficiellement située du parenchyme ensuite, que débute la coloration. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE r r LA SOCIETE DE BIOLOGIE PENDANT LE MOIS DE NOVEMBRE 1859; Par m. le Docteur LE GENDRE, secrétaire. prësidmge de m. rayer. I. — Anthropologie. CONTEMPORANÉITÉ DE L'ESPÈCE HtMAINE ET DE DIVERSES ESPÈCES ANIMALES aujourd'hui ÉTEINTES ; par M. Albert Gaudrt, docteur es sciences. M. le docteur Bourguignon m'a dit que la Société de biologie verrait avec quelque intérêt les silex taillés de main d'homme que j'ai recueillis dans le diluvium de Picardie, associés avec des ossements de mammifères fossiles. La découverte des instruments humains dans le diluvium ne m'appartient pas; je n'ai fait que la confirmer. Le mérite de cette découverte doit revenir à M. Boucher de Perthes. Dès 1847 ce savant archéologue annonça avoir trouvé dans le diluvinra d'Abbeville (département de la Somme) des silex travaillés. En 1855, M. Uigollot fit savoir qu'on rencontrait dans le diluvium de Saint-Acheul, près d'Amiens, les mêmes silex que M. Boucher de Perthes c. R. 14 210 nvail signalés ù Abbovillc. Ces annDnces rencontivrenl peu d'arlbérents j)arnii les géologues; on donla qiie les sile^ t^ilK'S eussent bien l'île trouvés en place dans le tliluvium. Les membres de la Socictô de biologie savent sans doute ce qu'on entend par le mot dihivinm, Au-dessus des terrain? tertiaires on voit dans un grand nombre de pays des couches épaisses formées par l'agglomération de cail- loux roulés. Primitivement on crut que ces coucbes avaient été déposées par le déluge dont le souvenir est resté dans les traditions du genre buniain et on leur donna le nom de diluvium; mais par la suite les géologues ayant rencontré parmi les cailloux du diluvium un grand nombre d'ossements d'animaux, mais n'ayant vu aucun os humain ni aucun débris de l'industrie, ils ont pensé que ces cailloux avaient dû être déposés non-seulement avant le déluge, mais encore avant la création de l'homme. On conçoit que l'annonce faite par M. Boucher de l'crthes d'objets travaillés trouvés dans le diluvium ait étonné le monde savant : les géologues ont du aJmetlrc avec une extrême ré- serve un fait qui renversait une opinion basée sur de nombreuses et conscien- cieuses recherches. Au printemps dernier M. Prestwich et plusieurs autres savants anglais vin- rent en France pour étudier le gisement des silex taillés. M. Prestwich ne trouva pas lui-même de ces silex, mais en partant d'Amiens, il demanda qu'à la première découverte on le prévînt immédiatement; bientôt les ouvriers ayant rencontré une hache, on (It jouer le télégraphe et -M. Prestwich accou- rut à Amiens pour voir en place le silex taillé; il rejeta tout soupçon que les ouvriers eussent commis une supercherie. Bientôt après un de ses amis, M. Flowcr, observa en pUicc dans le diluvium un semblable silex. Alors je conçus le dessein d'entreprendre des fouilles et de les poursuivre jusqu'à ce que j'eusse moi-même une solution. Un géologue distingué de Picardie, M. Buteux, me guida aux environs d'Amiens et d'Abbeville. Amiens nous pa- rut plus favorable pour des fouilles, parce que les carrières y sont moins rcs- Ireintes et que par conséquent il est plus fatule d'y suivre les couches. Un mois après nos premières explorations je revins à Amiens accompagné de M. HiftorlT, membre de l'Académie des beaux-arls, et j'entrepris des excava- tions. .l'ai icndu compte dernièrement de mes recherches à l'Académie des sciences. C'est û Saint-Acheul, un des faubourgs d'Amiens, que je me fixai. Les carrières de Sainl-Achcul laissent voir les couches à découvert sur un espace d'au moins GO mètres; on peut s'assurer (lu'elles sont dans leur posi- tion normale et qu'elles n'ont pas été remaniées par les hommes. Je lis creuser le terrain sur 7 mètres de longueur. Ou abattit d'abord les couches qui recouvrent le diluvium; elles ont 3 mètres \/2 do hauteur et se composent de liinou e.\ploité pour la briqueterie cl de conglomérat brun ; dans ces as- sises supérieures je n'ai trouvé aucini silex travaillé, ceci est essentiel a no- 211 1er, car on a souvent objorti'; que ces silex (lovaient en provenir. Les limons et les conpiomi'Tiils brnns une luis enlevi'vs, je fi? allaqucr le cliluvinns. Ce terrain a 3'", 5 i'i\'paisseMr, il re[iose sur la craie. J'y ^' trouvé nenl' liaclies ; je ies ai vues tie mes propres yeux en place; j'ai eu pour témoins, outre jAi. IliltorfT, M. Puisani, arcliitecle des hospices d'Amiens, et .M. Garnicr, di- recteur de la bibliotlièque et du musée de cette ville. J'ai recueilli aussi moi- même, avec les silex taillés, des coquilles et quelques ossements, notamment des dents à'equus et d'une espèce de bos plus grand que les bœufs actuelle- ment vivants ; ces dents sont munies d'une colonnette dont le fiit m'a paru plus détaché que dans les espèces actuelles ; elles sont parfaitement sem- blables à des dents de bœuf fossiles déterminées au muséum comme venant des cavernes ou du diluvium ; elles appartiennent probablement au bison prisons pris près de Saint-Acbeul ; à Sainl-Rochon retrouve dans le diluvium ces mêmes dents associées avec des débris de rhinocéros ticliorhinus, à'ele- phas primigenius et d'hippopotames. Lors des excavations qui ont été faites, il y a déjà plusieurs années, pour l'établissement du chemin de fer d'Amiens à Boulogne, Jl. Buteux a constaté la continuation des couches du diluvium entre Saint-Acheul et Saint-Rocb ; il a même signalé des débris (ïelephas pri- migenius entre ces deux localités. Enfin dans la couche même où j'ai recueilli des os à'equus et de ios avec les silex travaillés, on a trouvé il y a peu de temps une dent d'éléphant qui a été remise à M. l'nsard. Ainsi il paraît im- possible de douter que les animaux fossiles les mieux caractérisés et les silex travaillés soient associés dans une même couche. On trouve aussi dans le diluvium de Saint-Acheul de petits spongiaires fossiles (Tragos globularis de Reus) ronds, percés d'un trou. M. Rigollot a cru que ce trou était artificiel et que ces corps avaient servi à former des colliers à l'usage des peuples sauvages. Dans la note que j'ai eu l'honneur de lire à l'Académie, j'ai cherché à montrer que le trou des Tragos recueillis dans mes fouilles était naturel et non le résultat d'un travail humain. Quant aux silex, il paraît impossible de douter qu'ils aient été travaillés. Ils sont taillés si grossièrement qu'en en voyant quelques-uns seulement on pour- rait avoir quelque hésitation ; mais cette hésitation cesse lorsqu'on en observe un nombre très-grand. M. Hittorfï" a essayé de façonner un silex semblable aux instruments du diluvium, il a réussi avec peine ; comment donc le hasard en produirait-il une telle quantité? Ces instruments portent vulgairement le nom de haches; mais il est bien probable que la plupart formaient, non des haches, mais des pointes de lance; encore aujourd'hui quelques peuples sau- vages emploient à la guerre de longs bâtons à Lextrémité desquels ils fixent des silex taillés semblables à ceux qui se trouvent dans le diluvium de Pi- cardie. On demandera comment on ne voit d'autres traces de l'existence de l'homme que des haches toutes plus ou moins semblables, comment on n'a découvert aucun ossement humain, comment tant de haches sont réunies sur 212 des espaces peu étendus. Ces objections ont le droit d'étonner, mais elles ne peuvent renverser un fait bien avéré. La seule objection véritablement sé- rieuse que l'on ait faite à M. Boucher de Perthes et RigoUot a été l'absence du témoignage de géologues ayant vu par eux-mêmes les silex travaillés en place : cette objection n'existe plus; quiconque aura des doutes à cet égard pourra se rendre à Saint-Acheul, faire de nouveau entreprendre des fouilles; il trouvera certainement des silex travaillés. Les conséquences des faits observés dans le diluvium de Picardie sont trop frappantes pour que j'aie besoin de les développer; il me suffira de les énoncer : 1° Nos pères ont été contemporains du rhinocéros tichorhinus, de Vhippo- potamus major, de Yelephas primigenius, du cervus somonensis et de quelques autres espèces aujourd'hui éteintes. 2° Le diluvium blanc de Picardie où l'on a trouvé des débris de l'indus- trie humaine a dû être formé après la création de l'homme. Son dépôt a sans doute été le résultat de la grande inondation restée dans les traditions du genre humain. II. — Anatomie. 1° NOTE SUR LE DÉVELOPPEMENT DES MACHOIRES CHEZ L'HOMME ET QUELQUES MAMMIFÈRES AVANT LAPPAUITION DES FOLLICULES DENTXIRES|; par MM. ICS docteurs Charles Robin et E. Magitot. Afin de coordonner plus facilement les résultats de nos recherches sur le sujet indiqué par le titre de ce travail, nous traiterons successivement : 1° de l'ordre dans lequel apparaissent les diverses parties qui constituent les mâ- choires ; 2" des mâchoires avant l'apparition des bulbes dentaires ; 3" des mâchoires au moment de la naissance des follicules. A. — ORDRE D'APPARITION DES DIVERSES PARTIES CONSTITDANTES DES MACHOIRES. Les deux mâchoires naissent à l'aide et aux dépens du premier arc vis- céral; il en est de même des parties molles qui l'accompagnent. Elles appa- raissent sous forme de mamelons ou bourgeons (appelés ma.rillaires par M. Coste, d'après ce qu'enseigne leur évolution ultérieure), situés au-dessous de la masse encéphalique embryonnaire ou capsule cérébrale (1). (1) On sait ([ue depuis llathkc (IS'^G), on appelle arcs branchiaux ou viscé- raux des organes embryonnaires transitoires, disposés sous forme d'arcs, ù l'extrémité extérieure ou céphalo-cervicale do l'embryon, au nombre de 5 chez les oiseaux et de 4 chez les mammifères, et superposés depuis le dessous de la capsule cérébrale jusqu'au niveau du cœur. Ils sont contigus. 213 Sur les embryons humains de 15 à 18 jours, la mâchoire inférieure est représentée par deux petits tubercules , qui sont les languettes d'origine de la partie principale du premier arc viscéral. Les bourgeons maxillaires supé- rieurs, moins avancés que les précédents, sont placés sur les côtés et au- dessus de Yapophyse frontale embryonnaire, ou prolongement de la cellule cérébrale antérieure. Ils sont une dépendance et un prolongement du côté externe de la base des languettes ou bourgeons maxillaires inférieurs ; ils font, par conséquent, partie du premier arc viscéral. Vers le vingt-cinquième ou le vingt-huitième jour, l'embryon ayant atteint à peu près 30 millimètres de longueur totale, les bourgeons maxillaires in- férieurs se sont réunis sous la ligne médiane et les supérieurs, toujours isolés, sont descendus au niveau de l'échancrure de l'apophyse frontale. Du trentième au trente-cinquième jour, naissent les tubercules ou bourgeons incisifs au bout de cette dernière, et séparés d'abord par une échancrure , ils sont réunis en une seule partie médiane vers le quarantième jour, mais par leur bord antérieur seulement; chacun d'eux offre, en arrière de ce bord, un prolongement dans lequel se développe le cartilage incisif ou inter- maxillaire ; chacun de ces prolongements, vers le quarantième ou quarante- cinquième jour, se soude par son côté externe au bourgeon maxillaire su- périeur correspondant, sans se joindre encore sur la ligne médiane. Alors se trouve formé l'arc de la mâchoire supérieure, douze à quatorze jours en- viron après l'autre. Ses prolongements incisifs restent libres par leur bord interne et ne se soudent sur la ligne médiane , pour former le palais , que vers le soixantième jour environ. Ainsi la mâchoire supérieure doit sa for- mais distincts, et entre eux se voient des fentes étroites appelées fentes bran- chiales ou viscérales. C'est à l'aide et aux dépens de leur tissu que naissent successivement les divers organes sous-crâniens de la face et tous ceux du cou. Ils apparaissent les uns après les autres, de haut en bas, dès que l'ex- trémité céphalique de l'embryon vient à se séparer du blastoderme, et sous forme de bourgeons ou languettes, à extrémité mousse, qui partent de la base de la capsule cérébrale dès que les lames viscérales ou ventrales du corps de l'embryon sont closes. Ces languettes, appelées branchiales ou viscérales, convergent de chaque côté au-dessous de la capsule cérébrale vers la ligne médiane, et c'est en se réunissant qu'elles forment des arcs; en même temps les lames ventrales disparaissent à ce niveau. Le premier arc est le plus gros , le deuxième un peu moins, et ainsi des autres, qui se mon- trent lorsque les premiers ont déjà commencé à donner naissance à des or- ganes déflnitifs. L'un de nous a constaté plusieurs fois qu'ils ne sont pas constitués par des cellules embryonnaires, mais par des noyaux embryo- plastiques et sont recouverts d'une rangée unique de larges cellules épi- théliales pavimenteuses. 214 luatioii ;i cjuati-e bourgeons, dont les deux extérieurs (bourgeons maxillaires, représentent le corps de la mâchoire et appartiennent au premier arc vis- céral; les deux médians, bientôt réunis en un seul, appelé incisif on de la sous-cloison , correspondant chacun à la partie du maxillaire , dite os incisif ou intermaxillaire ; ils ne proviennent pas des arcs viscéraux, mais du pro- longement olfactif de l'apophyse frontale embryonnaire. Les bourgeons maxillaires sont alors exclusivement composés de tissu embryoplastique, formé particulièrement de noyaux de ce nom, et d'un peu de matière amorphe interposée et recouverte d'épiderme à ceUules pavi- menteuses. Au sein de ces bourgeons apparaissent, quelque temps après leur réuniou, les cartilages, dans le même ordre que les bourgeons eux-mêmes, savoir : les deux cartilages maxillaires inférieurs, les deux maxillaires supérieurs, puis, un peu après eux, les cartilages incisifs. La naissance de ces cartilages a lieu par le mode dit de genèse. A ce moment la portion de tissu embryoplastique primitif, compris» entre l'éplthélium superficiel et le cartilage central, renferme déjà un certain nombre de fibres lamineuses, soit complètes, soit encore à l'état de corps fusiformes. Ces libres lamineuses se développent alors et se multiplient pour former la muqueuse, tandis que la couche épidermique augmente d'épaisseur. Peu de temps après se développe, par une même évolution d'éléments flbroplastiques, la couche plus transparente correspondante au tissu sous- muqueux. Puis, an sein du cartilage central, apparaissent les premiers points d'ossification. Enfin, consécutivement à cette série de phénomènes, à une époque variant entre le cinquantième et le soixantième jour après la conception , chez l'homme, on voit, au sein du tissu sous-muqueux remplissant la gouttière des maxillaires, naître de petites masses opaques conoïdes, premiers vestiges du bulbe, par lequel commence l'apparition de chaque follicule. B. — DES MACIIOIKES AVA^T L'APPARITION DES FOLLICCLES. A compter de l'époque de la soudure du tubercule ou bourgeon incisif (devenu simple de double qu'il était) avec les bourgeons ou prolongements maxillaires supérieurs du premier arc viscéral, l'état ultérieur des mâchoires avant l'apparition des bulbes dentaires peut être étudié indivlduellctncnt pour chacune d'elles. a. .Maciioihe infékikure. — Au moment de la soudure des deux bourgeons de l'arc maxillaire inféricui', la niâciioirc supérieure se présente, chez l'iiomni'j, iious forme d'un petit arc ogival, à bord antérieur ou supérieur mince et (ranchant. Presque aussitôt après sa soudure naît, dans son épais- seur, ver ,s le milieu à peu inxi^, le cartilage de Meckel. continu avec celui du 215 côté opposé sur la ligne médiane et plus résistant vers sa partie moyenne qu'à SCS deux extrémités. Il s'étend de chaque côté jusqu'à la base de Ja cellule cérébrale moyenne. Cet organe sera décrit plus loin ; il suJfit en ce moment d'en connailre ce (pii précède. Sur le côté externe dn cartilage de Meckel, tout près de lui, au milieu de sa longueur environ, dans la partie externe du premier arc viscéral, par conséquent, naît le cartilage du maxil- laire inférieur ; il est d'abord très-mou, aplati sur ses côtés , plus élevé eu arrière qu'en avant, où il est presque pointu; ce qui lui donne une forme allongée triangulaire à angles mousses. Il naît par genèse, de la même façon que pour les autres os, tels (pie ceux de la base du crâne, du corps des vertèbres, etc. (l)... Plus tard seulement, ce cartilage occupe toute la longueur de chaque moitié, mais il reste long- temps isolé encore de son congénère. La mâchoire inférieure , envisagée ainsi dans sa totalité, se trouve composée de la manière suivante : 1° Sur le côté externe du cartUaye de Meckel, qui est au centre à peu près, se trouve un cartilage étroit, allongé, peu élevé dans le sens vertical ; c'est celui du maxillaire inférieur en arrière duquel se voient bientôt deux saillies qui deviendront les apophyses coronoïdes et condylaires de la branche mon- tante Il est plus épais transversalement en avant de ces saillies qu'à leur niveau et qu'à sa partie antérieure, mais ne présente pas de gouttière. C'est vers son milieu que se voient, sous forme allongée, les premières traces d'ossification, qui s'y trouvent vers le trente-cinquième jour seulement. La totalité du cartilage, qui offre à peine un demi-millimètre d'épaisseur, est rapidement envahie par l'ossiflcation. On voit alors sur le bord supérieur de l'os s'élever deux crêtes très-minces, qui n'existaient pas à l'état cartilagineux et qui naissent d'après le mode d'ossification dit par envahissement. Elles don- nent de bonne heure à l'os l'aspect d'un organe bilamelleux ou formé de deux points osseux parallèles, bien que cela ne soit pas ; elles limitent la gouttière (l) Biscboff, parlant du maxillaire inférieur, dit : o La surface articulaire se produit par séparation histologique, de la même manière que les côtes se séparent des vertèbres. » (Traité du développement, Paris, 1845, in-8, trad. franc., p. 402.) Ce fait ne peut être considéré comme s'appliquant au car- tilage de la mâchoire et du rocher. L'un de nous à constaté, par des observa- tions directes, sur des embryons humains, de vache, de porc, de lapin, de mouton et de rat, que ni les cartilages de la mâchoire inférieure ni ceux des côtes ne sont en continuité de tissu avec ceux contre lesquels ils s'ai ticu- lent, pas plus que l'occiput n'est d'abord continu avec l'atlas lors de leur naissance. Tous ces cartilages, comme ceux -des vertèbres, naissent comme organes distincts, séparés par une mince couche de tissu lamineux, au ni- veau même des endroits où plus tard seront des cavités articulaires. 216 où naissent les foiliculcri, laiiiicllc méiile uue desci-iplioii minutieuse qui sera donnée plus loin. 2° Autour du cartilage maxillaire inférieur, existe une couclic relative- ment épaisse, d'un tissu mou, gélatinii'orme, tapissé d'épithélium, dont la partie la plus superlicielle sous-épithéliale est appelée, par son développe- rcent ultérieur, à former la muqueuse, et le reste, le tissu |sous-muqueux. Le cartilage offre la structure ordinaire des cartilages d'ossification à chon- droplastes ovoïdes, ou polyédriques peu réguliers. Quant au tissu mou, il est constitué par une masse composée principalement de noyaux erabryoplas- tiques (fibro-plastiques de beaucoup d'auteurs) unis à un petit nombre de corps fusiformes fibroplastiques, et par des vaisseaux capillaires. A ces éléments se trouve interposée un peu de matière amorphe transparente. Tout ce tissu est recouvert d'une mince couche de cellules épithéliales larges et pavimenteuses à la surface, très-petites et polyédriques dans la profondeur. Sur la mâchoire portée entière sous le microscope, et vue à un grossissement assez faible, cette lame épithéliale, dont on n'aperçoit alors que les noyaux, se présente sous l'apparence d'une couche de petits globules de- venus légèrement polyédriques ou pavimenteux par suite de leur rapproche- ment. Cette apparence est due surtout à ce que la substance des cellules interposée aux noyaux tranche, par sa transparence, sur la teinte foncée de ceux-ci. b. Mâchoire supérieure. — Le cartilage du corps du maxillaire supérieur se montre, lors de son apparition, sous forme d'une petite lame étroite, hori- zontalement placée au-dessous de l'œil, légèrement convexe en dehors, un peu renflée, tandis que son bord interne est très-mince. C'est ce bord qui se soude chez l'homme au bord externe du cartilage incisif ou intcrmaxillaire. Celui-ci existe pendant quelque temps sous forme d'une mince lamelle trian- gulaire, à sommet postérieur mousse, un peu plus épaisse en arrière. 11 se soude d'arrière en avant au cartilage maxillaire proprement dit, lorsqu'ap- paraît le premier point d'ossification dans le bord alvéolaire de ce dernier, c'est-à-dire vers le quarantième ou le quarante-cinquième jour seulement; c'est un peu après, deux ou trois jours environ, autant qu'on peut le juger d'après les pièces et par comparaison aux autres mammifères, que se montre un point osseux dans l'incisif. Quant aux parties molles qui entourent cet organe, elles ofTrent la même texture que celles qui entourent le maxillaire inférieur : leur épaisseur est seulement moindre. Nous verrons également plus loin que |)endant l'ossification la gouttière dentaire se développe par un mode d'ossification semblable à celui qui produit celle du maxillaire infé- rieur, et que celte gouttière existe avant l'apparition des bulbes dentaires. La soudure sur la ligne médiane des parties molles de chacune des moitiés du palais entre elles, et avec celles de la cloison des fosses nasales, s'achève avant l'apparition des follicules dentaires; elle a lieu, comme nous l'avons 217 dit, vers le soixantième jour. C'est en effet dans la neuvième semaine que la bouclie est formée par occlusion des fosses nasales au-dessus de la langue. On remarque aussi que, lors de l'apparition des follicules dans la mâchoire supérieure, la lèvre correspondante existe déjà comme un repli étroit à bord mince (1). 2» RECHERCHES SUR LES GOUTTIÈRES DENTAIRES ET SUR LA CONSTITUTION DES MACHOIRES CHEZ LE FCETUs; par MM. les docteurs Ch. Robin et E. Magitot. Lors de l'apparition des premiers follicules dentaires, l'ossification du cartilage par lequel commencent les mâchoires est déjà fort avancée, dans toute l'étendue de leur portion dentaire, la seule qui nous occupera essen- tiellement ici (2). Cependant elle n'est pas encore complète, surtout à la partie antérieure et chez les ruminants en particulier. Une fois opérée la substitution de l'os au cartilage, l'accroissement des maxillaires continue par le mode d'ossification dit par envalUssement, c'est- à-dire qu'à mesure que se développe la substance cartilagineuse à leur sur- face, en envahissant le tissu sous-muqueux ambiant, celle-là est elle-même gagnée par l'ossification. Sous le microscope à de faibles grossissements, l'os des maxillaires, et surtout du maxillaire inférieur, se distingue facilement des autres tissus par (1) Suivant M. Guillot, « ces traces primitives (celles des dents) naissent en même temps que les premières traces des os, avant que les muscles, les nerfs, les vaisseaux sanguins puissent être distingués dans les diverses parties de la face; » et encore : « Dans la réalité, les sphéroïdes dentaires paraissent les premiers (Brebis), les os naissent après eux ; la membrane muqueuse et le périoste appartiennent à une création consécutive. » (N. Guillot, Recher- ches sur la GENÈSE ET L'ÉVOLUTION DES DENTS ET DES MACHOIRES. — ANNALES DES SCIENCES NATURELLES. Paris, 1859; in-S", tome IX, p. 288, 289 et 310.) Les dissections faites sur des fœtus, et non sur des pièces conservées, ré- duites en coupesminces, et l'examen au microscope des préparations fraîches, permettent de constater aisément que les choses ne se passent pas ainsi. Les vaisseaux, les nerfs, les os et plusieurs muscles des mâchoires sont déjà développés et faciles à voir par transparence, ou même à disséquer à l'é- poque de l'apparition des follicules dentaires. Le paragraphe suivant achè- vera de montrer l'exactitude de ces derniers faits, depuis longtemps connus. (2) Les premiers bulbes dentaires apparaissent chez l'homme du cinquante- sixième au soixantième jour dans la mâchoire inférieure, et vers le soixante- cinquième jour dans la supérieure, c'est-à-dire après que la formation de la cavité buccale s'est achevée par réunion des cartilages incisifs ou inter- maxillaires et de la cloison du nez en arrière de i'arc dentaire. 21.8 la teinte foncée et la largeur de ses ostêoplastes apparaissant sous foriueile petits points uoirâtres étoiles. Si l'on observe une lame entière de la mâ- choire, on n'aperçoit qu'un tissu plein et fonce, à peine arcolaire sur ses bords, taudis que lorsqu'on examine une coupe à sa surface on voit que la substance osseuse est divisée en trabécules circonscrivant des aréoles et formant des dessins très-élégants. Quant au tissu cartilagineux qui forme, comme nous l'avons dit, une sorte de vernis en Toie d'ossiflcatiou par envahissement à la surface des parties déjà osseuses, il se présente sous l'aspect d'une couche transparente dillicile à distinguer à un faible grossissement du tissu lumineux ambiant. Les cbon- droplastes ([u'il renferme, vus à un grossissement de 300 diamètres environ, sont pâles, de forme triangulaire, ou irrégulièrement polyédriques. Daus la petite lame cartilagiueuse qui surmonte les lames osseuses et dans le carti- lage des extrémités de l'organe, les chondroplastes sont plus grands, angu- leux, à angles prolongés quelquefois en pointe, contenant 1 ou 2 cellules finement granuleuses grisâtres. Ces chondroplastes doiuient a ce cartilage l'as- pect général du cartilage d'ossification des autres parties du squelette fœtal tel qu'on l'observe lorsque le phénomène d'ossification est déjà notablement avancé après la naissance. Les particularités précédentes de texture s'observent sans difl"érences sen- sibles chez tous les mammifères. 11 importe actuellement d'examiner soparéraeut la disposition du maxil- laire inférieur et celle du maxillaire supérieur. A. Maxillaire l\kériei)r. — A l'époque de l'apparition des premiers fol- licules dentaires qui correspond chez Thomme à la fin du deuxième mois, on ne rencontre plus comme entièrement cartilagineux daus le maxillaire inférieur, que son condyle, et la partie postérieure de son angle, et le sommet de son apophyse coronoïde. Tout le reste de l'organe est ossilié, mais recou- vert d'une couche cartilagineuse épaisse de quelques centièmes de millimètre seulement; elle l'est un peu plus sur les bords de l'os que sur ses faces. Chez le porc, les choses sont dans le même état. Nous avons déjà dit que chez les ruminants les bouts et les bords de ce maxillaire sont moins avancés. Le bord inférieur de ce dernier est mince, régulier. Le bord supérieur de sa partie horizontale ou dentaire est creusé en gouttière; aussi en réalité est-il double, et chacun des bords de la gouttière est mince, facile à briser. A ce niveau, le maxillaire inférieur est presque aussi large que haut ; mais par suite de son évidement intérieur, il n'olTre pas la résistance que semblerait indiquer sou épaisseur. La gouttière mérite d'être décrite avec soin. Elle s'étend sans discontinuité depuis le bord antérieur de la branche mon- tante du maxillaire, sur la face interne de laquelle elle empiète un peu jus- qu'à l'extrémité autéricuie de la branche correspondante du maxillaire ; aussi 219 peut on enlever d'une seule pièce tout son contenu. Pourtant presque aussi- tôt l'apparition des bulbes elle est interrompue entre les molaires et les ca- nines et incisives au niveau de la barre chez tous les mammifères ([ui eu offrent une. A ce niveau l'os est rétréci et plus bas cpi'en arrière et au-de- Yant. La profondeur de la gouttière est considérable. Lors de l'apparition des bulbes elle occupe plus des deux tiers de la hauteur de l'os, dont le bord inférieur est mince et régulier par rapport au reste de l'organe. Toutefois chez l'homme, vers le commencement du quatrième mois, la partie pleine du maxillaire devient graduellement plus haute que la gouttière n'est pro- fonde, à partir du niveau de la canine jusqu'à la symphyse. Au niveau des molaires, et par rapport à l'axe du maxillaire inférieur, la gouttière est située en dedans de celui-ci, mais elle le contourne pour se trouver reportée du côté de la face externe dans toute la portion qui renferme les follicules de la canine et des incisives. La gouttière est élargie, comme renflée en ampoule vers sou tiers posté- rieur, étroite en avant et plus brusquement rctrécie en arrière ; là elle s'ou- vre à la face interne de la branche montante de la mâchoire, par une ouverture en forme de fissurOj élargie et arrondie au niveau du fond de la gouttière, étroite en haut, où elle se ferme bientôt. Il ne reste alors que la partie infé- rieure de cet orifice qui forme le trou dentaire postérieur, trou postérieur du canal dentaire que traversent les vaisseaux et nerfs de ce nom. Ils font partie du contenu de la gouttière, sur lequel nous reviendrons plus loin. Le fond de cette gouttière est occupé par les vaisseaux et nerfs ci-dessus qui rampent dans un léger sillon ; qui reste toujours lisse et régulier ; plus tard il formera le canal dentaire. La face interne des lames ou rebords du maxillaire qui limitent les côtés de la gouttière, s'épaississent d'espace eu en espace lors de la genèse des follicules, et sous forme de petites saillies verticales placées en face l'une de l'autre de chaque côté. Bientôt ces épais- sissements s'avancent, se rejoignent, et forment des cloisons complètes, di- visant alors la gouttière en petites loges ou alvéoles; mais cela n'a lieu qu'à une époque bien plus avancée du développement, et chez l'homme jusqu'au sixième mois de la grossesse on peut enlever d'une seule pièce le contenu de la gouttière, y compris tous les follicules (1). Lorsque ces cloisons se sont (I) Si l'on excepte les quelques ligues de Hunter (1771) sur le sujet qui nous occupe, nous n'avons p,i trouver de description de la gouttière du maxillaire inférieur dans laquelle naissent les follicules dentaires. Meckel dit seulement que « dans l'origine le canal maxillaire inférieur u'est pas encore fermé à sa partie supérieure, et ne fait qu'un avec l'espace limité par les deux bords dentaires. (Meckel, Manuel d'.^xatomie, trad. franc. Paris, 1825, iu-8, l. I, 220 produites, les vaisseaux ot nerfs passent au-dessous d'elles au foad de la gouttière sans discontinuité, comme dans un canal, sous autant de ponts re- prcscntt's par ces cloisons, et occupent bientôt, comme nous le verrous, un véritable conduit (dentaire inférieur) sous-alvéolaire. C'est toujours entre la première molaire et la canine, puis entre celle-ci et la deuxième incisive, que les rudiments de cloison se réunissent en premier lieu. Dès le milieu ou la fin du quatrième mois, la première de ces cloisons existe déjà sous forme d'une trabécule étroite, grêle et mince, au fond de la gouttière passant par-dessus les vaisseaux. k cette époque, entre la canine et la deuxième incisive les prolongements ne sont pas encore réunis, mais ils le sont vers le sixième mois. C'est vers le septième mois qu'ils se réunissent entre les deux incisives, et après la naissance seulement entre les molaires; avant de se réunir, ils forment un pont très-grêle immédiatement au-dessus des vaisseaux, lequel se continue en haut avec les miuces prolongements tranchants qui s'avancent des parois de la gouttière vers son milieu, et doivent compléter la cloison après la nais- sauce. Chez quelques mammifères, comme chez le porc, ces cloisons osseuses se réunissent entre les incisives et les canines, peu après l'occlusion de la paroi folliculaire, sous forme de sac, et bien avant la soudure des cloisons correspondantes entre les molaires. Ces cloisons se produisent en suivant le mode d'ossification dit par enva- hissement, c'est-à-dire par production d'une mince et étroite saillie cartilagi- neuse qui s'ossifie pres(|ue aussitôt qu'elle est produite, tant que les deux parties apparues vis-à-vis l'une de l'autre ne sont pas soudées. Sur les faces correspondantes des parois de la gouttière, on ne trouve qu'un mince vernis cartilagineux à leur surface, et toujours en voie d'ossification comme de pro- duction. Le mode de production des cloisons qui font passer la partie moyenne et supérieure de la gouttière dentaire à l'état d'alvéoles, et son fond à l'état de canal osseux pour les vaisseaux et les nerfs, a été généralement omis ou p. GGl.) » M, Cruveilhicr dit « que de cinquante à soixante jours, chaiiuc moitié de l'os est déjà creusée d'une gouttière commune à la fois au canal dentaire et aux alvéoles ; plus tard la gouttière devient très-considérable, et se divise en alvéoles à l'aide de cloisons incomplètes d'abord, puis complètes ; ces alvéoles et leurs cloisons occupent toute la hauteur du corps de l'os. » A deux ou trois mois on voit que les mâchoires « sont creusées par une gout- tière large et profonde, divisée par des cloisons très-minces en autant de loges ou alvéoles distinctes qu'il doit y avoir de germes dentaires. (Anato- MiE UEScniPTiVE, l'aris, 1843, 1. 1, p. 185 et 590). » 221 mal interprété. C'est ce que montrent les citations suivantes. Nous n'avons pas trouvé d'antres auteurs qui aient abordé cette question, sauf quelques lignes de Hunter citées plus loin. « Les lames fibreuses qui dans les premiers mois séparaient les follicules, s'ossifient (Oudet, art. Dent, Dict. de médecine, 2« édit., Paris, t. X, 1835, p. 105). » « Les follicules sont d'abord serrés les uns contre les autres, im- médiatement au-dessus des troncs des vaisseaux alvéolaires et du nerf, sépa- rés seulement par une substance molle qui file entre les doigts. Vers le milieu de la vie embryonnaire, les parois qui les séparent et qui en garnissent le fond deviennent plus fermes, plus fortes, s'ossifient peu à peu et arrivent ainsi à constituer des alvéoles. L'ossification commence par le fond, après quoi elle gagne la cloison depuis le fond jusqu'au rebord alvéolaire (Henle, Anat. générale, trad. franc. Paris, 1843, in-8, t. II, p. 441). » Nous avons vu que ce n'est nullement ainsi que se produisent ces cloisons. Aucun auteur n'insiste sur ce fait, que c'est contre les vaisseaux, au fond de la gouttière, dans la portion, par conséquent, qui va devenir canal dentaire, que naissent les follicules. Nous verrons, en outre, que la face interne de la gouttière n'a pas, à cette époque, de périoste distinct du type qu'elle renferme, et la substance osseuse s'y trouve directement en contact avec celui-ci. Les deux lames du maxillaire inférieur qui limitent la gouttière dentaire inférieure de la face interne desquelles partent les cloisons sont minces, flexibles, faciles à détacher par rupture le long de leur continuation avec le reste de l'os vers le fond de la gouttière, et la lame interne plus que l'autre. La face extérieure de chacune d'elles est bombée; celle de la lame interne est renflée au niveau des molaires, et là fait saillie au-dessus de la partie inférieure de l'os ; celle de la lame externe est surtout bombée au ni- veau de la canine et des incisives. 11 résulte de ses dispositions que le corps du maxillaire est renflé et comme boursouflé. En arrière la lame interne ofl"re un renflement bien plus marqué que l'autre ; elle s'avance sur la face corres- pondante de la branche montante, dont elle est d'abord séparée par une fis- sure, de manière à représenter ainsi une sorte de saillie apophysaire, qui se soude ensuite à la face interne de cette branche. Elle se développe du reste, dans le principe, sm- le corps ou bord inférieur de l'os postérieurement à la lame externe et s'élève ainsi au-dessus du premier sous forme d'apophyse lamelleuse, allongée saillante, en pointe du côté de la branche montante, comme nous venons de le dire. Les extrémités antérieures ou symphysaires de l'os sont un peu irrégulières à cet âge dans leur partie déjà osseuse, la- quelle est couverte d'une mince couche ou vernis cartilagineux. Par l'inter- médiaire de celle-ci elles adhèrent aux deux faces latérales de la portion médiane impaire ou commune du cartilage de Meckel (l). Cette adhérence est (1) Le cartilage de Meckel est aussi appelé prolongement de Meckel, du nom 5.22 a?pez fiiililo i)Oiir qu'il poil facile de les séparer de celui-ci sans le rompre, inaigré sa fragilil(^ encore grande à cette époque. Cliez les ruminnnts et chez le cheval, il y a en quelque sorte deux gouttières au maxillaire inférieur, comme chez le porc, toutes deux interrompues par la partie pleine de cet os ou barre. La portion antérieure est pour les iucisives et les canines ou coins chez le cheval, pour les incisives seulement chez les ruminants non camé- liens. Ses bords sont minces et elle se cloisonne pour former les alvéoles plutôt que la gouttière postériCL're. Cette dernière, chez les herbivores pré- cédents, a sa lame ou paroi interne bien plus basse que la paroi externe qui est sur le môme plan que la branche montante de l'os. Chez ces animaux To- riflce postérieur du canal dentaire est placé très-haut, comme on sait, sur la face interne delà branche montante du maxillaire. Aussi n'est-ce qu'assez avant dans la vie intra-ultérinc que la paroi interne de la gouttière s'élève et se prolonge en arrière, en dedans et autour des vaisseaux dentaires infé- rieurs, sous forme d'apophyse pour se souder ensuite à cette branche mon- tante et circonscrire ainsi le trou dentaire. Avant que ne se produisent ces particularités du développement, la partie postérieuie de la gouttière se ter- mine en cul-de-sac en dedans de la brandie montante, au lieu (léfre ouverte là en forme de tissure. En outre les vaisseaux descendent de haut en bas dans ce cul-de-sac osseux, qu'ils contournent pour suivre le fond de la gouttière, où ils se comportent comme chez les autres animaux. Ij.MAxir,LAiuEsnPK«iEUK. — Le maxillaire supérieur conserve chez l'homme jusque auprès de l'époque de la naissance, la forme d'une bande osseuse, courbe, ou de plaque mince, moins haute que longue ; de sorte que le globe de l'œil qu'elle supporte semble reposer et repose en Cuct sur le bord du plancher supérieur de la bouche. Cette particularité s'ol)serve sur les em- de l'anatomiste qui en aie mieux fait connaître l'existence (Meckel, Manuel d'anatomik, Paris, 1825, in-8°, traduction française, 1. 111, p. 199). On peut chez riiomme le trouver et le disséquer facilement (lei)uis le (piinzième ou le vingtième jour environ de la vie embryonnaire jusiiu'aii sixième ou au sep- tième mois de la grossesse. Il s'étend de l'oreille moyenne dans laquelle il adhère au marteau jusqu'à la symphyse ma.'îillaire inférieure qu'il concourt à former. Il sort de l'oreille moyenne entre la base du ciàne et l'anneau tym- panique, puis s'api)li(pie à la face interne de la moitié correspondante du maxillaire inférieur, (pi'il longe sur toute sa longueur, dans un sillon à cet efïet, près de son bord inférieur. Nous publierons prochainement une note sur cet organe trop généralement négligé par les anatomisles, bien que M. Serrres l'ait déjà signalé en 1819 sous le nom de marillaire inférieur temporaire. 223 bryons de tous les mammifères, sauT les difTéronces de forme et de longueur du maxillaire. Sur le bord extérieur de ce! os et avant (jn'il soit encore Irôs-épais on voit, dès le oinquantième ou le cinqiiante-einquième jour environ, chez l'homme se produire une mince crùte externe et une autre parallèle interne, qui limi- tent une gouttière peu profonde d'aboi'd et ayant plutôt l'aspect d'un sillon; une particularité semblable s'observe peu après sur l'intermaxillaire. C'est la production de ces crêtes ou lèvres osseuses qui donne au bord antérieur de l'os l'épaisseur qu'il n'avait pas encore- Dès leur apparition on peut voir au fond du sillon, dans les deux tiers postérieurs environ, un petit filament for- mé de vaisseaux et de nerfs dont la nature est reconnaissable au microscope. Dès cette époque on peut constater ce que le reste de l'évolution montre mieux encore, c'est que ce sont là les vaisseaux et nerfs sous-orbitaires, par-dessus lesquels passe la lèvre externe de la gouttière ci-dessus, près de son extrémit'; antérieure pour les laisser arriver sous la peau. Cette gout- tière se produit ainsi, immédiatement au-dessous de l'œil, place occupée alors par le bord du maxillaire supérieur et que continuent à occuper les vaissea|Ux et nerfs ; comme pour le maxillaire inférieur, dont la gouttière est apparue avant et se trouve déjà plus développée que celle-ci, la gouttière du maxillaire supérieur est commune aux follicules qui vont naitre et aux vais- seaux qui restent sous-orbitaires. C'est le fond de cette gouttière qui, par suite des phases du développement, va devenir canal sous-orbitaire, comme dans l'os opposé il devient canal dentaire inférieur; mais ici ce phénomène s'opère bien plutôt que dansle maxillaire inférieur. Néanmoins c'est au fond de cette gouttière, contre les vaisseaux et nerfs sous-orbitaires, par conséquent dans la partie qui va devenir plus tard le canal sous-orbitaire, que naissent aussi les follicules, mais ceux des molaires et de la canine seulement, parce que le canal n'appartient qu'au maxillaire et non à l'incisif. Une fois ainsi produite, la gouttière maxillaire supérieure présente les caractères suivants : Dès la fin du troisième mois sa partie postérieure qui ne faisait qu'un avec le canal sous-orbitaire se ferme et sépare les follicules placés à ce niveau des vaisseaux et nerfs. Les lames externe et interne qui la limitent sont minces, fragiles, à bord libre tranchant un peu ondulé. La gouttière est comme légèrement variqueuse parce que ces lames s'enfoncent peu au niveau de l'intervalle des follicules dès l'apparition de ceux-ci : à ce niveau on voit dès le commencement du quatrième mois se former comme à la mâchoire inférieure les rudiments de cloisons alvéolaires; mais ils se produisent à la fois au fond et sur les côtés de la gouttière, sous forme de minces saillies demi-circulaires à bord Iran- chant. Dès le septième mois elles atteignent en hauteur à peu près, mais non tout à fait, le niveau des bords de la gouttière entre la première molaire et la canine, ainsi qu'entre les incisives le reste de la gouttière reste indivis et 224 commun aux deux molaires. A cette époque le nerf et les vaisseaux sous-or- bitaircs qui sortaient d'al)ord an niveau de la ligne de contact de la canine et de la deuxième incisive, montrent leur trou de sortie au niveau de la cloi- son rudimentaire interposée à la première molaire et à la canine. La portion d'os maxillaire supérieur qui les sépare du fond des follicules n'est encore qu'à l'état de mince lame osseuse épaisse au plus de 1/4 à 1/2 millimètre et percée d'un ou deux très-petits orifices pour le passage des vaisseaux qui sont destinés à ces organes. Les vaisseaux ou nerfs sous-oibitaircs décrivent encore une courbe légèrement concave, comme le canal au-dessous du globe oculaire. Cette communication de la gouttière des follicules avec le canal sous-orbitaire au niveau des molaires lors de la naissance du follicule de ces dents et la persistance de leur voisinage, jusqu'à l'époque où le sinus d'Hygmore se développant entraine leurécartement est un fait important, au point de vue de la détermination analogique de la nature de ce canal et de son mode de formation, et de plus en raison de sa ressemblance avec ce qu'on observe sur la mâchoire inférieure durant la formation du canal den- taire inférieur (1). Ainsi c'est dans ce qu'on nomme le canal dentaire inférieur lui-même d'une part et dans le canal sous-orbitaire d'autre part, mais alors sous forme de gouttières que naissent les follicules; ce n'est que par suite du développe- ment de ceux-ci et de celui de l'os maxillaire que la gouttière se trouve remplie et fermée eu baut de manière à constituer un conduit, dont s'éloigne de plus en plus la couronne des dents née la première. 11 importe toutefois de ne pas oublier que les choses ne se passent ainsi que pour les dents de la première dentition, car celles de la seconde sont séparées des vaisseaux et nerfs sous-orbitaires par toute la hauteur du sinus maxillaire environ au moment de leur naissance et pendant toute la durée de leur évolution. La gouttière du maxillaire supérieur est d'autant plus importante à étudier en elle-même et dans ses rapports avec le canat des nerfs et vaisseaux sous- orbitaires que l'une et les autres sont disposés diU'ércmment chez beaucoup de mammifères. Chez les ruminants, le cheval et le porc, la dernière molaire a son bord postérieur situé à peu près au niveau du bord antérieur de l'or- bite. Aussi chez ces animaux n'y a-t-il pas de canal sous-orbitaire, mais un canal maxillaire supérieur, aussi appelé sus-maxillo-dentaire (jui est des plus intéressants à étudier d'une espèce et d'un genre à l'autre. Sou orifice (1) La signification de ces faits semble avoir échappé aux anatomistcs et aux piiysiologistes; M. Cruveilhicr est même le seul qui ait signalé le peu d'éloignemeut des donts et de l'orbite lors de la naissance : « A la naissance, la rangée alvéolaire est presque contiguë au plancher de l'orbite. » (.\nat. UEsciui'TiVE, Paris, 1843, 2' édit. t. 1, [). 107.) 225 postérieur est situé au-dessous de la partie antérieure de l'orbite et son ori- fice antérieur vers le niveau de la première molaire. U est creusé dans le maxillaire supérieur, qu'il traverse, comme le canal dentaire inférieur, dans l'os correspondant. Chez les fœtus de ces animaux, la gouttière dentaire supérieure se déve- loppe de la même manière que chez l'homme. Elle présente une lame ou pa- roi externe et une interne mince, facile à enlever par déchirure et plus haute, toutes proportions gardées, que chez le premier. Elle est plus large vers son tiers postérieur que dans le reste de son étendue. Contre le fond de cette gouttière rampent les vaisseaux et nerfs qui deviennent sous-cutanés à son extrémité antérieure, par un orifice de sa paroi externe. Avant la naissance cette gouttière est située en partie au-dessous de l'œil et en partie au devant, bien que plus tard par suite du développement des mâchoires, elle se trou- vera reportée tout entière en avant. Elle est interrompue ou mieux manque du niveau de la barre chez les ruminants et les palchydermes ; on la re- trouve, mais très-étroite, chez ces derniers, dans le bord antérieur de Tin- ter-maxillaire; chez les ruminants, au contraire, le bord de ceux-ci est mousse, encore cartilagineux et sans gouttière; il ne présente à aucune époque de la vie des traces de follicules dentaires, pas plus que de gout- tière. Dans la gouttière dentaire supérieure des ruminants et des pachydermes, les cloisons se produisent sur la face interne des lames ou parois osseuses qui la limitent, d'une manière analogue à celle que nous avons fait connaître plus haut pour le maxillaire inférieur. Une fois réunies en cloisons complè- tes elles limitent au fond de la gouttière un canal communiquant d'abord lar- gement avec les alvéoles qu'elles limitent aussi latéralement; mais peu à peu ces communications deviennent de plus en plus étroites et le canal de plus en plus complet. En un mot ce canal dentaire supérieur se développe aux dépens du fond de la gouttière, comme son analogue de la mâchoire infé- rieure. Comme lui aussi il se trouve peu à peu de plus en plus éloigné du bord dentaire du sus-maxillaire, à mesure que les racines des dents se dé- veloppent, ainsi que le bord des alvéoles. Ainsi, chez tous les animaux il y a urj canal dentaire supérieur qui est analogue au canal dentaire inférieur, tant par ses usages que par son mode d'évolution. Seulement sa situation au-dessous de l'œil, et loin des dents chez l'homme et chez les singes, a fait rapporter sa description et ses déno- minations à celles de l'orbite; tandis que, comme la gouttière dentaire dont il provient, ses caractères sont subordonnés au mode de distribution et d'é- volution des dents, ce qui entraîne des différences remarquables dans les maxillaires supérieurs, d'une espèce à l'autre et d'un âge à l'autre dans cha- que espèce. C'est ainsi que chez les chats, les lions, les chiens, les ours, on trouve pour les vaisseaux et nerfs sus-maxillaires un large et court canal c. R. 15 ^_. L 1 B R A R Y I : Î26 anté-orbitairc el non suus-oibitaire, criblé de [jctits trous mférieuremciil qui se rendent au fond des alvéoles correspondantes ; du bas de son orifice antérieur, on voit partir le canal dentaire supérieur proprement dit, fond de la gouttière fœtale des dents qui correspond aux trois dernières molaires et à la canine, puis aux incisives. Chez les porcs et les tapirs, on retrouve la même disposition fondamentale, sauf les différences de grandeur; mais l'orifice postérieur de ce canal, qui est tout anté-orbitaire, est placé bien au-dessous du plan inférieur de l'orbite. Chez les fœtus des carnassiers, la gouttière dentaire supérieure est remar- quablement contournée, parce que sa partie postérieure, qui est la plus large, est déjetée en dehors de l'orbite dans la base de l'arcade zygomatique. Plu- sieurs semaines avant la naissance se développe une cloison assez épaisse qui sépare cette partie élargie, qui loge les follicules des deux grosses mo- laires de la portion qui renferme ceux des deux petites molaires et de la canine, déjà séparée elle-même de la troisième incisive. C'est au uiveau de cette cloison que se trouve le court canal ou anneau in- diqué ci-dessus, appelé canal sous-orhitaire; il communique à celle époqu' avec le fond de la portion de gouttière qui loge ces derniers follicules, et qu, deviendra après la naissance le canal dentaire supérieur. Chez ces animaux, c'est par le bord libre des parois de gouttière que commencent, avant la nais- sance, à se produire les cloisons de séparation des follicules, tant entre les molaires qu'entre les incisives. Delà ces cloisons gagnent la face interne des parois et le fond de la gouttière, mais après la naissance et seulement après s'être même réunies vers les bords libres de la gouttière ; de telle sorte qu'a la naissance la gouttière est plus large vers le fond qu'à sa partie ouverte, dont les bords sont dentelés par les cloisons commençantes dans l'intervalle des interruptions complètes signalées ci-dessus. Quant à la gouttière dentaire inférieure, elle se développe, ainsi que se.s cloisons, à peu près comme chez l'homme, sauf les différences dues à l'écar- tement un peu différent des dents. Elle est aussi de bonne heure un peu plus large vers le milieu et vers le fond qu'à sa partie couverte. .\ l'époque de la naissance, les cloisons sont déjà complètes entre la dernière incisive et la canine, entre celle-ci et la première molaire, enfin, entre cette dernière cl la seconde molaire. Chez les rougeurs, le canal dentaire supérieur qui, comme la gouttière dont il dérive, est placé sur un plan interne par rapport à l'orbite, est court et s'ouvre au niveau de la dernière molaire. Mais la disposition particulière des dents, dites incisives, chez ces animaux, nous a l'ait réserver pour un tra- vail spécial et ultérieur, la description du développement de leurs gouttières, canaux et follicules dentaires. Ainsi, chez l'homme et les singes, le sinus d'Hygmore se développe cnlro le fond des alvéoles et le coual des vaisseaux et uerfs correspondants, apri> la séparation de la guuUière eu ces deux ordres d'orgaues ; de telle sorte que le canal reste toujours place immédiatement au-dessous de l'orbite , tandis que les alvéoles et les follicules qui, dans le principe, se trouvaient égale- ment très-rapprochées de l'œil, s'en éloignent à mesure que le sinus et l'os s'agrandissent. Chez les ruminants et les solipèdes, au contraire, le sinus se développe au-dessus du canal dentaire supérieur, et non entre lui et les al- véoles; de sorte que ce canal, provenant du fond de la gouttière, reste tou- jours placé contre le fond des loges dentaires, et c'est au-dessus de lui que s'agrandit le sinus qui augmente le volume du maxillaire supérieur. 3° VAISSEAUX LYMPHATIQUES DE LA PITUITAIRE CHEZ LHOMME ; par M. EDMOiND SiMOiN, interne des hôpitaux. Pendant le cours des préparations anatomiques destinées au concours d'aide d'anatomie de 185S, je dirigeai plus particuliùrement mes investiga- tions sur la partie la plus contestée de l'histoire anatomique des fosses nasa- les, je veux parler de l'existence des vaisseaux lymphatiques de la pitui- taire. Après plusieurs tentatives, je parvins à résoudre, je crois, la question sur ce sujet, et je m'empressai de communiquer le fruit de mes recherches à la Société de biologie, dans sa séance du 25 septembre 1858. Aujourd'hui, j'ai l'honneur de représenter cinq nouvelles pièces destinées à compléter ma première présentation. Je crois utile, avant d'aborder la description des vaisseaux lymphatiques des fosses nasales, d'indiquer le modus faciendi qui m'a surtout réussi dans la recherche de ces vaisseaux. Je me sers de l'appareil à injection conseillé par M. Sappey, en ayant soin d'effiler, en tubes capillaires très-fms les tubes de verres qui le terminent. Je donne à la partie capillaire O'^jOl à 0"',15 de longueur. Je choisis une partie où la pituitaire est naturellement tendue, et je la pique sous une incidence telle que mon tube parait parallèle à la muqueuse, 11 est rare qu'en m'y pre- nant de cette façon, je n'arrive pas, après trois ou quatre piqûres, à injecter quelques vaisseaux. Ceux-ci me guident alors pour injecter le reste du ré- seau. La pression d'une colonne de mercure de O^.SO de hauteur suflit pour faire pénétrer le mercure daus les vaisseaux qui se rendent eux gan- glions. Mes recherches ont porté sur des têtes d'enfant, d'adulte et de vieillard. Les injections réussissent également bien sur chacune d'elles. Peut-être m'ont-elles paru plus faciles à obtenir sur des tètes d'adulte- Voici maintenant la description de ces vaisseaux. Ils existent en égale abondance dans la muqueuse de la cloison et dans celle tles parois latérales dCû iuo^Cc nasalcc. 228 Sur la cloison, ils constituent un réseau superficiel à mailles serrées, me- surent une aire qui varie entre O^jOOl et 0"',004 carrés, mailles irrégulièros, plus uniformes toutefois que celles des parois latérales. Comme celles de ces dernières, elles m'ont paru d'autant plus étroites et plus superficielles qu'elles sont plus rapprochées de la lame criblée de l'ethmoïde. On retrouverait, pour les fosses nasales, la justification d'une loi posée par M. Sappey, que les lymphatiques d'une région sont d'autant plus abon- dants que la sensibilité y est plus développée. De ce réseau superficiel parlent des vaisseaux plus volumineux que ceux qui le constituent, lesquels s'anastomosent encore, mais plus largement, dans l'épaisseur de la muqueuse. Ils paraissent alors former six à hiiit grou- pes, dont les vaisseaux, après des anastomoses successives, se fusionnent en six ou huit troncs, qui passent dans la muqueuse des, parois latérales. L'un contourne le cornet de Berlin et descend verticalement en bas ; deux autres se réfléchissent, de dedans en dehors, sur la lame criblée de l'eth- moïde ; un et quelquefois deux croisent la direction des os propres du nez ; enfin, un dernier, à la partie postérieure et inférieure de la cloison, passe dans le plancher des fosses nasales. Tous vont s'anastomoser avec les lym- phatiques des parois latérales. Sur les parois latérales, les lymphatiques forment un réseau très-superfi- ciel et serré au niveau : 1° du cornet supérieur ; 2" de la moitié extérieure du cornet moyen ; 3° de l'espace situé au-devant des cornets. Un réseau plus profond, à mailles plus larges, à éléments plus volumineux, se manifeste dans le reste des parois latérales, tant dans la muqueuse des méats que dans celle qui recouvre la surface interne des cornets, non précédemment indi- quée. Les mailles de ces réseaux n'ont aucune conformité ni sous le point de vue de leurs formes ni sous celui de leurs dimensions, polygonales où elles sont le plus serrées; elliptiques où elles le sont moins; ayant à peine 0,001 mm. carré près de la limite supérieure des narines, elles offrent quelquefois une surface qu'on peut évaluer à plus de 0,01 c. carré dans d'auties points. Les vaisseaux qui les constituent olTrcnt des directions générales très-nelle- ment indiquées dans quelques endroits ; au devant des cornets, ils se dirigent obliquement en haut et en arrière. Sur les cornets et dans les méats oblique- ment en arrière et en bas, et sous une incidence très-aiguë, les uns par rapport aux autres, pour converger en résultat ultime dans une espèce de gouttière si'tuée entre l'ouverture de la tromn(> d'Eustache et rcxtrémité pos- térieure (les cornets. Dans ce point, ils se fusionnent en deux ou trois vais- seaux {|ui se rendent à leurs ganglions respectifs. Avant de décrire ces derniers troncs, je ci'ois devoir appeler l'attention sur les particularités suivantes : Premièrement, ces vaisseaux lymphatiques, outre leur ténuité, leur forme. 1 •229 se distingueut essentiellement des veines par des directions inliniment moins sinueuses. Secondement, les vaisseaux lymphatiques de la pituitaire naissent au-des- sus des narines, par un réseau serré à éléments très-fins, qui circonscrit ré- gulièrement les limites de celles-ci, désignées sous le nom de vestibule des fosses nasales, par M. Sappey. Par leur diamètre exigu, par leur direction plus particulièrement perpen- diculaire à ces limites, ils difTèrent essentiellement des vaisseaux lymphati- ques très abondants des narines. Ceux-ci, volumineux, parallèles et telle- ment serrés qu'ils se touchent, ont pour direction générale la direction de l'orifice des narines. Jamais je n'ai réussi à injecter un de ces réseaux far l'autre. Les lympha- tiques des narines aboutissent à un ou deux troncs qui tantôt traversent l'aile du nez, d'autrefois se réfléchissent au-dessous, et vont assez directe- ment se jeter sur un ou deux ganglions qui répondent à l'angle de la mâ- choire, ou au point où l'artère faciale croise la base du maxillaire inférieur. Cette disposition anatomique rend compte des tuméfactions que l'on voit quelquefois apparaître vers l'angle de la mâchoire, chez les enfants scrofu- leux, alors que l'on ne rencontre aucune croûte ni aucun bouton sur le cuir chevelu ou la face, mais alors qu'il existe un eczéma des narines peu appa- rent par suite de son siège. Troisièmement, je n'ai jamais réussi à injecter par les lymphatiques de la pittutaire, ni ceux de la partie supérieure du pharynx, appelée vulgairement arrière cavité des fosses nasales, ni ceux de la muqueuse qui tapisse la trompe d'Eustache, ni ceux de la muqueuse du canal lacrymal, tandis que j'ai fait pénétrer du mercure dans quelques lymphatiques peu abondants des sinus frontaux, ethmoïdaux et maxillaires. 11 semblerait donc que les vais- seaux lymphatiques des fosses nasales constituent un système bien limité et nettement isolé. Quatrièmement, enfin j'ai vu pendant l'injection des espèces de houppes très-fines se produire au niveau des cornets moyen et inférieur, houppes qui disparaissent en même temps qu'on suspendait la pression mercurielle. Je termine maintenant ma description par celle des troncs se rendant aux ganglions. Tous les vaisseaux lymphatiques de la pituitaire aboutissent, je l'ai déjà dit, à une espèce de gouttière située entre l'extrémité postérieure des cor- nets et l'extrémité antérieure de la trompe d'Eustache; ils constituent là un petit réseau duquel naissent deux et quelquefois trois troncs de plus de O^jOOl de diamètre ; ceux-ci se dirigent obliquement en arrière et en dehoi s et s'insinuent entre les deux péristaphylins. L'un de ces troncs, plus élevé, s'applique, à sa sortie d'entre ces deux muscles, sur la surface externe du pharynx qu'il contourne, passe en dehors du muscli' stylopharyngien, en 230 deJans de l'artère carotide interne, et après avoir décrit d'assez larges flcxuosités verticales, va se jeter dans un f?anglion, situé au devant du corps de l'axis. De cette disposition il résulte que des abcès rétropliaryngiens peuvent être la conséquence de maladie des fosses nasales. Quelquefois deux branches se détachent des flexuosités de ce vaisseau. L'une, accolée à la face externe de la carotide interne, se porte avec cette ar- tère dans le canal carotidien ; l'antre se dirige vers la surface interne de l'a- pophyse mastoïde. Le second tronc lymphatique (rarement il en existe un troisième et alors il suit la même direction), après s'être dégagé des péristaphylins, se porte obliquement en bas, en dehors et en arrière, suivant la direction des fibres du muscle ptérygoïdien interne dont il est séparé par du lissu celluloadipenx ; il croise la direction du styloglosse en passant en dedans de ce muscle, puis décrit deux ou trois anses, passe en dehors du nerf lingual, en dedans des muscles stylohyoïdien et ventre postérieur du digastrique, en dedans de la carotide interne, et se jette, après s'être bifurqué, dans deux ganglions situés sous le muscle sternomastoïdien, au niveau où ce muscle est perforé par la branche externe du nerf spinal. J'ajouterai une dernière remarque, c'est qu'il m'a été possible de réinjecter ces troncs complètement du ganglion vers le réseau, fait conflrmatif des opinions de MM. Bourgery et Sappey, que les valvules des vaisseaux lympha- tiques de la tête sont rares et insutrisantes comme celle des veines de cette partie. 111. — Anatomie comparer. examen des organes génitatix du hérisson a l'époque du rut ; par M. Liégeois. Le fait le plus remarquable porte sur le développement considérable de presque tout l'appareil à cette époque. Comme on peut le voir en comparant deux pièces dont l'une appartient à un hérisson en rut, l'autre à un héris- son qui ne l'élait point. La verge ei. spt.fnis.. 1671 , p. II. 236 fabuleux, ne pesait pas 43 livres, mais 43 onces , c'est-à-dire un peu plus de 2 livres et demie! En résumé, dans l'état actuel de la science, il n'existait pas d'exemple bien authentique de rate simplement hypertrophiée, pesant plus de 4 kilo- grammes ; limite extrême à laquelle le poids normal de ce viscère se trouve presque deux fois décuplé. La rate présentée par M. Grisolle à l'Académie de médecine, en 1850, était le fait le plus saillant qui eût été recueilli jusqu'a- lors, et, pour ma part, j'étais disposé à penser qu'il caractérisait le degré d'hypertrophie le plus élevé auquel pût parvenir cet organe. Mais en présence de la rate (1) que je viens de mettre sous les yeux de la Société de biologie, il reste démontré que cette hypertrophie peut atteindre un degré beaucoup considérable , qu'elle est pour ainsi dire indéflnie et ne recon- naît pour terme que la vie même de l'individu chez lequel elle prend naissance. 2» ÉTUDE DES POUMONS DANS LE CAS DE MORT PAR LE CHLOROFORME ; par M. le docteur Faure. M. Faure met sous les yeux de la Société les poumons de la femme qui est morte par le chloroforme dans le service de M. Manec, à la Charité; il fait remarquer combien de certaines lésions que portent ces organes sont ana- logues à celles qu'il avait produites artificiellement chez des animaux. On se souvient, en effet, que ce médecin, dans le mois de février 1859, a apporté à la Société de biologie les poumons de plusieurs animaux morts chlo- roformisés. Ces organes ofl'iaient des caractères bien spéciaux, ils étaient fortement congestionnés; en divers points, dans quelques-uns, on voyait des taches brunâtres ou noirâtres, mais en général leur teinte était uniforme ; ils avaient perdu toute élasticité, ne crépitaient plus, et enfin ofriaieut sous la pression du doigt une résistance presque analogue à celle de la rate. Quelques-uns à leur surface offraient de larges ecchymoses d'un noir très- foncé au centre, rouges sur les bords. Chez d'autres, c'étaient des plaques plus ou moins foncées et plus ou moins étendues. Ces plaques et ces ecchy- moses, M. Faure les avait fuit se produire en dirigeant l'inhalation de telle sorte que l'introduction du chloroforme dans les voies aériennes donnât lieu à de la toux, à des convulsions, à des contorsions du thorax, circonstances dans lesquelles le chloroforme, au lieu de se répandre uniformément dans les organes, se trouve refoulé dans de certains points où il s'accumule, tandis qu'il fait défaut dans d'autres. (!) Cette rate m'a été adressée par M. Simon , interne de l'hôpital de la Charité, 237 De certains animaux chez lesquels l'inlialalion avait été convulsive au plus liant degré, les uns sont morts presque subitement, et à l'autopsie on trouvait des lésions très-prononcées dans les poumons; d'antres, après avoir eu des convulsions très -violentes se sont anestliésiés, puis ils ont succombé au moment on l'on espérait les voir se réveiller. De ces faits, il fallait conclure que la mort, dans un grand nombre de cas, doit être la conséquence de l'introduction irrégulière du chloroforme dans les poumons. La femme morte à la Charité olTre un exemple frappant de ce genre. Cette femme, en effet, par suite d'une ancienne pleurésie, avait un poumon com- plètement adhérent aux parois thoraciques ; chez elle, par conséquent, le chloroforme ne trouvait pas des conditions pareilles pour se distribuer dans les poumons. Effectivement tout indique que le poumon droit en a reçu beaucoup plus que le gauche; il est d'un rouge violacé dans toute son étendue, dense, ré- sistant au toucher, privé de toute élasticité et de crépitation. Le gauche, au contraire, est d'un rose très-clair, à part quelques endroits où l'on trouve des ecchymoses isolées, et bien loin d'être doux et leutré, il est réellement emphysémateux, surtout sur ses bords. Ces lésions, sur la nature desquelles on n'était pas renseigné, ont été prises pour des contusions par ceux qui ont fait l'autopsie. 3° ATROPHIE COMPLÈTE DU TESTICULE GAUCHE SIMULANT UNE ABSENCE DE CET ORGANE OBSERVÉE SUR UN FCETUS A TERME; par MM. BASTIEN ET Le Gendre. L'examen du scrotum d'un fœtus à terme, bien constitué d'ailleurs, sans aucune anomalie, nous ayant fait reconnaître une absence du testicule du côté gauche, nous avons recherché très-minutieusement, d'après l'état des parties, quelle pouvait être la cause de cette anorchidie. Du côté de l'abdomen il n'y avait rien d'anormal, le cordon déférent ac- compagné de ses vaisseaux traveisaitl'oriûce interne du canal inguinal, et le conduit péritonéal était oblitéré dans ce point. L'artère spermatique seule se faisait remarquer par son petit volume. La dissection des enveloppes des bourses du côté gauche, nous a permis de voir que le cordon déférent venait se terminer à un petit renflement à peiqe plus gros que le cordon déiérent lui-même, à peu piès du volume d'un grain de chènevis, arrondi, grisâtre, lisse à l'extérieur, ayant tout à fait l'ap- parence de l'enveloppe fibreuse qui recouvre le testicule, sans aucune saillie extérieure ressemblant à un épididyme. En incisant cette petite tumeur, on la trouvait formée par une membrane fibreuse très-épaisse et très-dense, renfermant dans son intérieur uu tissu 238 jHUiiàti'e [lairiénié de plaiiiies rouges se dccliiiaiit facilenient. L'exaiucu au microscope de ce tissu a permis de conslaler qu'il renfermait des fiagmciits de tubes dout (luelques-uiis étaient opaciues, d'autres contournés, au milieu se voyait des masses amorplies d'un jaune très-éclalant, semblable a ce que M. Leberta décrit sous le nom de matière iiliyraalo'ide; enDn des vaisseaux capillaires, de la matière grasse et de la cbolestérine amorphe et eu cris- taux. La présence de ces éléments indiquait qu'on avait affaire a un reste «le la glande séminale altérée et presque compléiement détruite. Le petit volume de la tumeur aurait pu la faire échapper à l'obscrvatiou, et plus tard la traut- formatiou fibreuse complète de tous les éléments, se confondant avec l'extré- mité du conduit délérent aurait pu l'aire croire à une absence de formation du testicule, tandis que cet organe a subi une altération profonde à une épo- que assez éloignée de la vie intra-utérine. Le fait offre dune une certaine importance, parce qu'il vient augmenter le nombre de ces altérations congéniales encore peu connues, sur lesquelles nous avons déjà appelé l'attenliou. De plus, il montre avec quelle régularité s'est faite la marche du rudiment du testicule et du cordon a travers le canal inguinal, comment les vaisseaux artériels et veineux ont été entraînés en même temps, fait eu rapport du reste avec les autres observations que nous avons publiées, dans lesquelles le cordon déférent seul a suivi l'itincTaire qu'il suit normalement avec le testicule lorsque cet organe descend dans les bourses. 4" KYSTES MULTIPLES DU CREUX POPLITÉ; par J\I. LIÉGEOIS. Sur un sujet de l'École pratique, je trouvai dans le creu,x poplitc, sur la partie postérieure et supérieure du condyle externe, une tumeur de la gros- seur d'uue aveline, de coloration gris rosé, présentant à sa surface une série de bosselures, au nombre de six ou sept; toutes ces bosselures étaient fluc- tuantes. Sa situation exacte correspond ùla partie oxlerne de lacoipieaponé- vrotique du moule jumeau externe. La dissection de cette tumeur fut faite avec tout le soin désirable, et je parvins, sans trop de difficulté, à l'isoler ilu tissu cellulo-graisseux ambiant. Quand l'isolement fui aciievé, je recoimus que celle tumeur avait pris alors une lorine allongée, eu massue, dont la jjarlie élioite sous forme de pédicule adhérait à la coque fibreuse du jumeau cxleriic dans la partie correspondant à la réflexion de la synoviale articulaire. L'exa- men de la séreuse à ce niveau me fit apercevoir justement une dépression, sorte de petit cul-dc-sac sans ouverture, dépression que l'on exagérait en tirant sur la tumeur extérieure. L'autre extrémité de celle-ci, renflée, était adhérente a la capsule fibreuse, le corps était complètement libre, .l'ouvris cufeuitcla tumeur ci je vidai successivement quatre kystes, le liquide qui ■m s"écoula clait visqueux, gélatiiiilornie, décoloration bicuo jauuàlre.ll mt; fut permis alors de constater que cette tumeur était en réalilé formi'c de quatre kystes dont le volume allait en augmentant du premier au dernier, du pé- dicule à la base; que ces kystes étaient séparés les uns des autres par des cloisons interceptant toute communication entre eux; que les trois premiers avaient une disposition régulière, mais que le dernier, c'est-à-dire celui qui correspond à la base de la tumeur, plus volumineux que les autres, avait conservé une forme bosselée due à une sorte de hernie de la partie interne à travers la partie externe. L'examen microscopique ne fut fuit ni pour le con- tenant ni pour le contenu, le cadavre était livré a la dissection depuis une quinzaine de jours. En face de cette disposition, l'idée qui me vint fut la sui- vante : une hernie s'était produite à travers les fibres de la capsule et la synoviale herniée avait contracté sur son trajet des adhérences multiples, adhérences à son origine d'abord et sur difTérents points de son trajet. Je cherchai alors la preuve de cette assertion qui n'était, pour un instant, dans mon esprit, qu'une pure hypothèse, et j'examinai s'il n'y aurait pas dans l'ar- liculation môme quelque disposition qui me révélât ce mécanisme. Je trouvai d'abord sur le pourtour du pédicule une sorte de bourrelet bieu distinct :'eulement sur une partie de son contour, et donnant à l'esprit l'idée d'anneau dans lequel serait engagée la synoviale. Je vis de plus que la synoviale pré- sentait par places et en un grand nombre d'endroits de petites taches roses dues à une injection sanguine; de plus, examinant la disposition de la sy- noviale dans la partie opposée au lieu oii correspondait la tumeur, je reconnus manifestement que le cul-de-sac de celle-ci, dans le point qui cor- respondait à la capsule du jumeau externe, était réduit à une lame mince dans l'étendue d'un demi-centimètre environ, et tendue à la manière d'un rideau sur les fibres séparées de la capsule ; à ce niveau la synoviale s'en- fonçait dans cette ouverture, et cet enfoncement, léger il est vrai, pouvait être exagéré d'une façon très facile en souflant sur lui. De celte observation, je me crois en droit de conclure que chez ce malade il y a eu probablement, à une certaine époque, épancheraent dans l'articulation, que le liquide soumis à une pression, surtout de la part des jumeaux, a dû repousser à l'intérieur une synoviale à laquelle manquait comme support, en de certains points, le tissu fibreux extra-articulaire, et que cette synoviale herniée en un point a contracté sur son trajet des adhérences multiples, de la même façon que, dans certains cas, les parois de la tunique vaginale des bourses, après la descente du testicule, contractent entre elles des adhérences partielles limitant alors de petites poches kystiques qui constituent l'hydrocèle enkystée de la tunique vaginale. C'est véritalilement la seule explication plausible; on ne peut in- voquer ici le développement exagéré des follicules s-ynoviales de M. Gosselin, et à supposer qu'il serait partisan de cette explication, on ne comprendrait pas ces kystes multiples séparés par un étranglement et constitués par une 240 soric irenvcloppc extéricnie commune aboiilissaiit à rarticulatioii. La pièce a un intiTèt d'autant plus grand que jusqu'ici je iic sache point que l'on ail signalé à ce niveau la présence de kystes dus à une hernie synoviale; on n'a parlé que des kystes dus à l'hydropisie des bourses séreuses. Un autre intérêt se tire de la petitesse même de la tumeur : on comprend que si ces kystes multiples avaient pris un développement considérable, ils n'auraient pas manqué de contracter avec les parties voisines des rapports intimes qui auraient certainement déjoué l'exactitude dans l'observation. VI. — Pathologie. 1» nÉMOnRHAGIE CÉRÉBELLEUSE ; VOMISSEMENTS ; ÉTAT COMATEUX ; CONSERVA- TION DE l'intelligence; hébétude du visage (1); DÉCUBITUS SUR LE CÔTÉ CORRESPONDANT AU SIÈGE DE L'hÉMORRHAGIE , AVEC LÉGÈRE TENSION DU tronc; absence de paralysie directe NI croisée; station, ÉQUILIBRA- TION ET PROGR^ESSION IMPOSSIBLES JUSQU'A LA GUÉRISON ; PLUS TARD, NOU- VELLE ATTAQUE D'HÉMORRHAGIE ; HÉMIPLÉGIE DROITE ; MORT RAPIDE DANS LE COMA ; PERTE DE L'INTELLIGENCE DÈS LE DÉBUT ; FOYER HÉMORRHAGIQUE SIÉGEANT DANS LE CENTRE DE l'hÉMISPHÈRE DROIT DU CERVELET EN PARTIE REVENU SUR LUI-MÊME ET CICATRISÉ ; VASTE FOYER HÉMORRHAGIQUE RÉCENT, DÉTRUISANT TOUT LE CORPS STRIÉ GAUCHE ET UN PEU LA COUCHE OPTIQUE correspondante; par M. Hillairet. J'ai l'honneur de présenter à la Société une pièce d'anatomie pathologique qui confirme de tout point les assertions que j'ai émises dans le mémoire que j'ai publié en 1857 (Archives générales de médecine, février, mars, avril et mai) relativement à la symptomalologie de l'hémorrhagie cérébel- leuse et des autres affections du cervelet. Voici le fait : Le nommé Lepage, vieillard de 79 ans, d'une bonne constitution, grand, maigre, sans profession depuis longtemps et habitant l'hospice des Incura- bles, est apporté à l'infirmerie le 17 janvier 1859, où il est couché au n° 25. Bien ([u'il se porte habiluellement assez bien et qu'il n'ait pas d'habitudes d'ivrognerie, il a cependant été quelquefois malade. Ainsi, il y a vingt ans, il avait été atteint de fluxion de poitrine; il y a deux ans, il est entré à l'in- lirmerie des Incurables pour des accidents de congestion cérébrale avec perte de connaissance, et se rétablit parfaitement après quelque émission sanguine et des purgatifs. A la même é[)oque, pendant la convalescence, il se (I) Céphalalgie générale d'abord, et plus tard limitée à la région occipi- tale. ?4l plaignait de palpitations, et on lui aurait fait prendre de la digitale, du moins à ce qu'il dit. Mais il y a déjà six années environ qu'il a commencé à éprouver un tremblement des mains, des bras et un peu de la tête, qui, sans être très-fort hai)ituellement, est pourtant quelquefois assez développ;'' pour qu'il lui soit impossible de se servir de ses membres supérieurs. Jamais de cépbalalgie. Dans la nuit du 16 au 17 janvier, Lepage, qui s'était couché bîen portant, se réveilla vers minuit eu poussant des gémissements ; ses voisins s'aperçurent alors qu'il vomissait. L'interne du service, M. Bruder, appelé sur-le-champ, le trouva dans l'état suivant : intelligence conservée, abatte- ment, tendance au coma; conservation de l'intelligence, bien qu'il ne ré- ponde pas aux questions qu'on lui adresse; décubitus latéral droit; cris plaintifs lorsqu'on veut placer le malade sur le dos. Les vomissements sont composés de matières en partie alimentaires, en partie de liquides jaunâ- tres ; aucune évacuation alvine ; émission fréquente d'urines claires et abondantes. Le malade paraît comprendre très-bien les questions, bien qu'il n'y réponde pas; car, interrogé sur le siège de ses souffrances, il indique avec la main gauche tout le côté droit du corps et la région frontale; puis il retombe affaissé sur le côté droit, incliné un peu vers l'abdomen, le tronc subissant à la fois une sorte de double mouvement de flexion et de torsion antéro-latérale, la face étant appuyée sur l'oreiller. Les membres inférieurs sont dans la résolution. Pouls à 70; faible chaleur normale de la peau. Boissons chaudes; p'tion antiémétique de Rivière; sinapismes aux membres inférieurs. Le 17 janvier, à la visite, je trouve Lepage à peu près dans le même état que précédemment. Les vomissements n'ont pas reparu pendant le reste de la nuit; toutefois il en est repris à chaque tentavive que l'on fait pour le placer dans le décubitus dorsal, et les vomituritions sont composées de li- quides jaunâtres et non de matières alimentaires; il reste en effet toujours couché sur le côté droit, dans la même attitude que précédemment. L'état intellectuel est le même; il répond aux questions par un grognement suivi de nausées, et indique avec la main qu'il souffre à la poitrine et au front. Les membres supérieurs et inférieurs ne sont nullement paralysés, car il peut les mouvoir dans différentes directions ; la sensibilité est intacte, l'ouïe, l'olfaction et la vue conservées; pupilles dilatées; arc sénile marqué sur le segment supérieur de la cornée droite ; chaleur modérée de la peau ; pouls à 70; absence d'état fébrile; bruits du cœur normaux; ventre souple, indolent; pas de selles; hébétude marquée du visage. Limonade citrique, glace. Lavement purgatif; sinapismes aux membres inférieurs ; diète. Le 18, le malade est plus abattu; état subcomateux, décubitus latéral droit ; même attitude. Il se plaint de céphalalgie générale, mais plus violente dans la région frontale. La voix est affaiijlie; le visage pâle a une expression C. R. 16 242 toute particulière d'hébétude; les pupilles, moins dilatées, sont flexibles ; le pouls est à 84, petit et peu résistant. Langue aoUe, humide; respiration fréquente : elle paraît gûnéc. L'abdomen est douloureux à la pression, qui permet de constater la présence de matières accumulées dans l'intestin ; absence de selles. Les membres supérieurs et inférieurs ne sont nullement paralysés ; il les agite assez facilement dans tous les sens. Les vomissements n'ont pas reparu, spontanément du moins ; mais il survient des nausées chaque fois qu'on veut remuer le malade. Môme état du reste. Lavement laxatif, glace, compresses fraîches sur la tête ; bouillons. Le 19, le décubitus est le même ; mais, lorsqu'on place le malade sur le dos il peut y rester pendant quelques minutes sans être pris de nausées. La céphalalgie persiste dans la région frontale et se fait aussi sentir d l'occiput; le malade rend un peu mieux compte de ses sensations ; 80 pulsations; même absence de selles ; même état du reste. Pas de vomissements. Prescription ut suprà. Le 20, l'intelligence est plus nette , il répond mieux aux questions; mais la parole est empâtée. 11 dit souflrir a l'occiput seulement et dans tout le corps. Absence de sommeil pendant la nuit ; un peu d'assoupissement. Pouls régulier, résistant à 76; respiration toujours fréquente et difficile à 40. Sen- sibilité et mobilité toujours intactes ; même décubilus, môme état du reste. Absence de garde-robes; urines volontaires. Glace, limonade citrique ; huile de ricin, 30 grammes ; bouillons. Le 21 : la journée d'hier et la nuit ont été bonnes ; le malade a été trèi^- calme, mais a peu dormi. Une garde-robe abondante, formée de matière s moulées. Ce matin il est très-calme et affecte le même décubitus et la môme 'attitude que précédemment ; le visage est bon quoique affectant toujours dr l'hébétude. Anxiété légère et inquiétude sur sa situation. Le malade accusi' de la souffrance générale à l'estomac, au front, etc. ; la douleur occiptiale est moindre que la veille. Langue molle, humide, légèrement villcuse ; chaleur normale de la peau; 72 pulsations ; même fréquence de la respiration. Ventre encore développé, insensible, résistant ; région épigastriquc indolente. Pas de nausées ni d'envies de vomir. Même prescription. Le 22 : hier le malade u été plusieurs fois sous lui ; ce matin il va beau- coup mieux et répond très-bien aux questions ; il dit avoir été agité pendant la nuit. La céphalalgie a disparu; le ventre est souple, mais encore déve- loppé; langue nette, molle, humide. Décubitus dorsal pénible; toujours un peu de prostration. Même fréquence à peu près de la respiration; même état du reste. Prescription ut suprà. Le 23, même état; le malade ne peut encore s'asseoir lui-même sur son lit, et lorsqu'on le place sur son séant, il a l'air hébété, inquiet, grogne. cherche un point d'appui avec ses deux mains et retombe lorsqu'on cesse de le maintenir ; langue légèrement saburrale. Pouls à 68 ; respiration fré- quente. Ut suprà. 20 grammes huile de ricin. Le 24; le malade a eu plusieurs selles hier; la nuit a été très-bonne, et ce matin il est dans le dccubitus dorsal. La parole est meilleure, il peut se mettre lui-même sur son séant. Absence de céphalalgie; langue molle, humide ; 08 pulsations ; respiration moins fréquente. Bouillons, potages. Le 25, l'amélioration persiste. Moins d'hébétude du visage, et pourtant le malade dit ne pas se trouver mieux. 11 se met lui-même sur son séant et grogne toujours; il chancelle un peu en se plaçant. Même prescription. Le 31, le malade continue à gémir sur sa situation ; il craint de ne pas guérir. Un peu d'hypocondrie; pupilles contractées; pouls à 72, régulier. Langue saburrale, légèrement villcuse. Ventre souple, indolent à la pression. Même prescription. Sinapismes aux membres inférieurs. Le 1" février : le malade a eu ledévoiement hier; il se plaint de céphalalgie intense et générale, de malaise. Les pupilles sont très-contractées-, langue humide, un peu villeuse et grisâtre ; léger gargouillement. Sirop de coings, décoction blanche; quatre sangsues aux apophyses nias- toïdes. Le 2, les sangsues ont amené de l'amélioration; le malade a un peu som- meillé; le faciès est moins hébété que précédemment, les réponses plus nettes. Il existe encore de la céphalalgie frontale; la tète ne peut être tournée à gauche sans que cela provoque des envies de vomir, un tremblement et une agitation considérables. Hyperesthésie de la peau, des membres inférieurs ; la mobilité est conserve : il peut agiter ses membres inférieurs et les tenir soulevés au-dessus de son lit, mais la station debout est impossible. Lors- qu'on le place dans cette position , il pousse des cris et cherche un point d'appui avec ses deux mains qui tremblent, pendant que son corps chancelle, se portant tantôt en avant, tantôt en arrière : il lui semble qu'il va tomber dans un précipice. Prescription ut suprà. Le 3, il se trouve mieux ; la journée d'hier a été bonne. Sommeil pendant la nuit ; visage meilleur ; pupilles contractées, mais mobiles ; langue rosée, humide ; 76 pulsations, régulières. Respiration meilleure ; un peu de dé- Yoiement. Même prescription. Le 7, le malade parait découragé. Céphalalgie complète ; Thyperesthésie des membres inférieurs est moindre; 64 pulsations; appétit meilleur. Tisane gommcuse, eau de Vichy, sinapismes. 244 Le 10, amélioration marquée, intelligence plus nette, parole encore lente ; toujours un peu de céphalalgie. Lorsque le malade veut approcher la main d'un objet, il n'y arrive qu'en tremblant et en tâtonnant, mais une fois l'objet saisi la pression est très-forte; la station debout et l'équilibration sont tou- jours impossibles. On constate, à l'aide de l'appareil d'induction de Breton, que la sensibilité électro-musculaire est très-obtuse, car un courant élec- trique à forte pression ne détermine que des contractions presque impercep- tibles dans les deux membres inférieurs. Le malade se plaint d'avoir la tète creuse, vide, comme si les idées lui faisaient défaut. Tisane gommeuse, 40 grammes huile de ricin. Le 14, le malade raisomie mieux, quoiqu'il se plaigne toujours d'avoir la tête creuse. Il peut se tenir debout et faire quelques pas en avant , soutenu par quelqu'un; mais il éprouve toujours une certaine hésitation et l'équili- bration est très-imparfaite. Cependant il peut, quoique avec peine, remonter seul sur son lit; mais si, debout ou assis, il veut tourner la tète du côté gauche, il éprouve encore des envies de vomir. L'hyperesthésie des mem- bres inférieurs, qui a persisté jusqu'à ce jour, a beaucoup diminué et la sen- sibilité électro-musculaire est moins obtuse que la dernière fois, surtout dans les péroniers latéraux ; elle est même assez conservée dans les muscles de la cuisse gauche. Une petite portion. 17 février. Lepage va de mieux en mieux , mais il se plaint d'avoir perdu la mémoire; il peut tourner la tête en toussant sans avoir des nau- sées ; il se plaint encore d'avoir la tête un peu vide. Langue bonne ; aucune paralysie; beaucoup moins de tremblement. 22 février. Le malade est très-bien; la guérison approche; il peut se lever seul et se tenir debout en s'appuyant légèrement avec la main; mais la démarche est encore chancelante, et le corps s'incline tantôt en avant, tantôt en arrière; en un mot, l'équilibration n'est pas parfaite. La parole est très-nette et l'esprit est intact; le malade rend très-bien compte de l'attaque qui l'a conduit à l'infirmerie. Ainsi, après s'être couché bien portant, sans avoir mangé plus que d'habitude, il a été réveillé par un très-graud mal de cœur, et il a perdu la tête; il ne se souvient pas d'avoir souffert ni de ce qu'on a fait de lui. Le 10 mars, Lepage sort, sur sa demande, de l'infirmerie. Il éprouve en- core de la faiblesse dans les membres inférieurs, mais il peut marcher; son caractère est redevenu gai. Le 10 avril, Lepage entre do nouveau ;i l'iulirmerie; il se plaint qu'il monte diflicilemeut l'escalier, que ses jambes sont faibles ; ensuite il tousse un peu. Quelques jours après, il sort en meilleur état, et le 24 mai il entre de nouveau [lour des élourdissemenls et un peu de ccpiialalgie occipitale, surtout quand il veut imi)rimer un mouvement de rotation à la tête. On lui 245 applique un séton qui, au bout de quelques jours, fait disparaître ces acci- dents. Au bout de trois semaines, le séton est supprimé. Le 3 juillet, après s'être exposé trop longtemps à l'action du soleil, 11 est pris d'un crj'sipèle de la face et du cuir chevelu, et sort guéri le 22. Sa santé se soutint toujours assez bien, et il n'éprouvait qu'à de rares inter- valles quelques étourdisseraents, lorsque le 25 septembre il fut pris d'une nouvelle attaque, et fut transporté à l'infirmerie, où M. le docteur Gallard, qui m'a succédé dans le service, l'a trouvé dans l'état suivant : Hémiplégie droite; perte de la sensibilité; parole très-difflcile; l'ace con- gestionnée; pouls fréquent et fort; langue sèche; peau chaude et également sèche; état comateux; intelligence presque abolie. Eau de veau émétisée; saignée de 400 grammes; lavements purgatifs ; si- napismes. Le 26 septembre, le malade paraît un peu mieux; mais, dans l'après-midi, les symptômes s'aggravent. H a du délire et de l'agitation. Huile de croton; compresses glacées sur la tête; sinapismes le soir, à neuf heures un quart. Le pouls est à 110; le délire est plus violent; le malade est agité de mouvements convulsifs. Saignée. Le délire a persisté toute la nuit. Le 27, il est affaissé, sans coma; la face est pâle; les extrémités froides ; le côté gauche est aussi en résolution et complètement insensible ; pouls petit, fréquent, dépressible, à 120 pulsations. Mort à quatre heures de l'après-midi. Autopsie quarante heures après la mort; temps pluvieux. Aspect extérieur. — Rigidité cadavérique marquée ; pas de trace de dé- composition; amaigrissement très-grand. Cavité crânienne. — A l'ouverture du crâne, il s'écoule une très-grande quantité de sérosité sanguinolente ; les os du crâne sont épais et durs. La dure-mère, très-épaisse et opaque, est, dans sa presque totalité, adhé- rente à la face interne des os du crâne, à ce point qu'il est impossible de l'en détacher sur quelques points; les vaisseaux des membres sont gorgés de sang et parsemés de plaques athéromateuses, notamment la basilaire, les cérébrales antérieures, postérieures et les cérébelleuses ; ces plaques athé- romateuses sont isolées et de très-petite dimension. En incisant la substance cérébrale couche par couche, on arrive jusqu'au siège du corps strié gauche, qui est entièrement détruit par uu foyer hé- morrhagique récent considérable. Le sang est noir, à demi coagulé; la substance cérébrale environnante, à parois anfractueuses déchiquetées, est ramollie sur quelques points et infiltrée très-profondément, par place, de gouttelettes de sang; dans d'autres points, le sang fait corps avec la sub- stance cérébrale. Le ventricule latéral gauche contient une assez grande quantité de sérosité sanguinolente ; injection peu notable du reste de la sub- •?4G stance cérébrale sur cet hémisphère comme sur l'ht'misph^re droit, qui ne présente rien de particulier à noter. La protubérance annulaire est intacte. Le cervelet présente son volume ordinaire; à sa surface, les membranes sont assez notablement injectées ; Ihémisplièrc gauclie est parfaitement sain; mais au centre de la substance blanche de l'hémisphère droit, au centre môme de l'hémisphère, on rencontre un foyer hémorrhagique de la dimension et de la forme d'une amande, ayant son grand axe antéroposté- rieur, et horizontalement placé; le tissu celluleux aréolaire qui forme la cicatrice de ce foyer est jaune peau de chamois, et dans les cellules du tissu ou trouve cà et là quelque peu de litiuide encloisonné. Ce tissu dissé- qué laisse voir à son centre un espace vide et de même coloration. La sub- stance cérébelleuse qui forme la paroi de cet ancien foyer est légèrement indurée dans l'épaisseur d'un millimètre tout au plus. Le tissu cicatritiel jaune étant examiné au microscope, on trouve qu'il contient une grande quantité de cristaux d'héraatine et qu'il est composé de fibres ccUuleuses de nouvelle formation. Rien d'anormal du reste pour les autres parties de cet hémisphère. Le bulbe ne présente rieu à remarquer. Thorax. — Aorte athéromateuse; deux de ces plaques athéromateuses sont ulcérées et ramollies; caillot noirâtre dans les artères pulmonaires; hyperthrophie du ventricule gauche ; valvules du cœur normales; les val- vules aortiques seules sont épaisses et athéromateuses. Le poumon droit est seul le siège à sa base d'un engorgement assez con- sidérable. Rieu de notable pour la cavité abdominale ; la moelle n'a pas été exa- minée. Je n'ai rien à ajouter aux faits saillants qui se trouvent dans cette obser- vation détaillée. Je ferai remarquer que, comme dans les faits où l'hémorrha- gie cérébelleuse a entraîné la mort, les symptômes ont été les mêmes; aucun n'a l'ait défaut, ni l'hébétude du visage, la conservation de l'intelligence, l'état comateux et les vomissements incoercibles au début, vomissements, qui survenaient sans effort, véritable éjaculation gastrique, ni l'absence de paralysie, ni l'impossibilité de la station, de l'équilibration et de la progres- sion, ni un degré marqué d'hypercsthésie des membres inférieurs. Ce qui est bien digne de remarque, c'est i\\ic, bien que le foyer hémorrhagique ne fût pas complètement cicatrisé et qu'il existât encore uu espace en partie vide (au centre du foyer), en partie rempli par du tissu celluleux en voie d'orga- nisation, et qu'aucune continuité nouvelle n'ait été établie entre les libres n(>rveuses, les symptômes s'étaient progressivement dissipés. 147 2" CANCER ENCÉPHALOÏDE DE L'ŒSOPHAGE A LA FIN DE SON TIERS SUPÉRIEUR ; COMMUNICATION DE LOESÛPIIAGE AVEC LA TRACHÉE-ARTÈRE ; MORT SUBITE ; CYANOSE ET ASPHYXIE; DIFFICULTÉS DE DIAGNOSTIC; EXAMEN MICROSCOPIQUE ; [)ar M. Laborde, interne en médecine à l'hospice de Bicètre. Lesage (Pierre), âg-é de 72 ans, entré à l'infirmerie (service de M. Léger), salle Saint-André, n° 20, le 13 octobre 1857, mort le 8 novembre. Ce malade est entré à l'infirmerie, se plaignant uniquement de mal à la gorge et de difRculté dans la déglutition. Cependant les aliments passent bien; il n'y a ni régurgitation ni vomissements, et l'examen de l'arrière- gorge n'y révèle pas autre chose qu'une rougeur même assez légère. On se contente d'administrer un gargarisme simple. Le malade continue à se plaindre tous les matins, sans qu'aucune manifestation saisissable et caractéristique vienne légitimer à nos yeux ses plaintes. C'est au point que nous commencions à soupçonner, dans ce cas, une dissimulation assez ha- bituelle à Blcêtre chez les vieillards friands de petits pains et de vin de Bor- deaux. Il toussait un peu cependant^ et éprouvait de temps à autre quelque oppression ; mais ces deux symptômes trouvaient leur facile explication dans l'existence, révélée par la percussion et l'auscultation, d'une légère bronchite catarrhale accompagnée d'emphysème du bord tranchant du poumon. Notons surtout que ce malade ne portait l'empreinte bien marquée d'aucune cachexie, et que rien, en un mot, ne pouvait jusqu'alors faire soup- çonner l'existence de l'affection, pourtant très-grave, décelée par l'autopsie. Les choses allaient ainsi depuis trois semaines environ, lorsqu'un beau matin, au moment de la visite, nous trouvons le malade complètement cya- uos J et en pleine asphyxie. Pour la première fois, nous avons pu concevoir l'idée de la possibilité d'un obstable siégeant dans le conduit aérien lui- même ou dans les environs, mais de manière à l'impliquer ; car le malade, ([ui conservait encore sa connaissance, nous désigne avec obstination, de la main, la partie médiane antérieure du cou, et nous y entendons comme une espèce de gargouillement qui n'est pas du tout le râle de l'agonie. Bientôt on en verra l'explication. Quoi qu'il en soit, la mort imminente s'effectue avant même que nous eussions eu le temps de songer aux moyens de la conjurer. Or voici ce que l'autopsie nous a révélé : une tumeur de l'œsophage, si- tuée vers la fin du tiers supérieur de ce conduit, ayant détruit toute la paroi antérieure, c'est-à-dire celle qui se trouve immédiatement adossée à la tra- chée-artère , ayant détruit aussi la paroi de cette dernière, de façon à per- mettre la communication de ces deux conduits. Ainsi s'expliquent les acci- dents subits qui ont amené la mort, 248 On peut constater sur la pièce pathologique que le conduit œsophagien ;> conservé une perméabilité suffisante pour permettre le passage du bol ali- niontaire sans accidents de régurgitation, lesquels ont, ainsi que nous venons de le voir, fait coraplétenient défaut. Quant à la tumeur elle-même, blanchâtre, champignonnée, anfractueusc et d'ailleurs peu proéminente, elle occupe tout le pourtour du conduit œso- phagien, dans une étendue de 3 à 4 centimètres ; mais elle implique surtout le coté antérieur où elle a engendré les désordres les plus graves, La nature que l'aspect seul et les caractères physiques révèlent en partie, trouve une détermination définitive et sans équivoque à l'examen microsco- pique. Celui-ci, en effet, y démontre l'élément type du cancer encéphaloïde, ainsi qu'en fait foi le dessin fourni à la Société. Plusieurs enseignements utiles nous paraissent ressortir de cette obser- vation : En premier lieu, la symptomatologie en quelque sorte latente de l'afTec- tion , qui apporte à sou diagnosiic une excessive difficulté. Déjà nous avons soumis à la Société, dans une de ses séances du mois d'avril dernier (voir Gazette Médicale du 18 juin 1859), un cas à peu près semblable au précédent quant à l'obscurité des signes diagnostiques; mais ici la nature de l'affection {il s'agissait de la variété fibro-plastiqiic (iu cancer), exerçant une influence progressive sur le calibre du conduit œsophagien, a lini par mettre sur la voie du diagnostic, eu amenant un rétrécissement presque in- franchissable. Eu second lieu, le cas qui nous occupe aurait pu fournir l'occasion d'une application efficace du microscope au diagnostic de la nature de la lésion, en soumettant à son examen les produits excrétés, surtout par la bouche, de- puis la communication de la tumeur avec la trachée. 3° SECTION DE LA VERGE A L'AIUE d'uN RASOIR PAR U\ JEUNE HOMME DE Vu ANS, maniaque; SUPPURATION DE LA VÉSICULE SEMINALE GAUCUE ; ANÉMI:: TESTICIILAIRE. ABSENCE COMPLÈTE DE SPERMATOZOÏDES DANS TOUS LES OR- GANES OU ON LES PEUT RENCONTRER : VÉSICULES SÉMINALES, CANAUX DÉ- FÉRENTS, testicules; observation présentée par MM. Laborde et Cou?- REM, internes à l'hospice de Bicétre. Ors, — - Le nommé Gauthier, âgé de 26 ans, entré à l'iiospice de Bicétre K' 18 octobre 1859, dans le service de M. le docteur Voisin, mort le l" no- vembre. Ce malade nous est envoyé de l'hôpital Saint- Louis, où il a > té tout d'aboi d soigné de riiorrible mutilation dont il est lui-même l'auteur, à savoir, la sec- tion complète de la verge vers sa moitii-, à l'aide d'un rasoir. A un pareil artc, (jui n'est pas rare dans les annales de la science aliéniste, on devine de suite 249 tin maniaqne. En efTet, à défaut même de tons renseignements, l'état actuel du malade révèle des désordres psychiques non équivoques. Idées de persé- cution; conceptions délirantes ayant trait à la religion et à la politique. Il était surtout, au dire de ses parents qui ont fourni cet unique renseignement, il était tourmente de la crainte d'être poursuivi par la justice, crainte que rien ne motivait dans sa conduite. C'est celte apprcliension tout imaginaire qui aurait été, toujours d'après ses parents, le premier mobile de sa triste déter- mination. Quoi qu'il en soit, à part les manifestations délirantes dont nous venons de parler, et qu'il n'a cessé de présenter pendant son séjour ici, le malade s'est fait remarquer par un refus obstiné de tout aliment. Nourri autant que possible à l'aide de la sonde œsophagienne, il n'en est pas moins tombé dans le plus profond marasme et a succombé le V' novembre. La plaie de la verge parfaitement régulière (la section avait été des plus nettes) était complètement cicatrisée depuis quelque temps. Aucun accident ne s'est manifesté du côté des fonctions urinaires, et le canal de l'urètre avait conservé toute sa perméabilité. Autopsie.— Deux choses devaient surtout attirer l'attention : le centre en- céphalique et les organes génitaux. 1'' Encéphale. — Forte injection avec épaississement des méninges. Aplatissement et déformation remarquables de la partie postérieure et su- périeure des lobes cérébraux. Ils paraissent, en effet, comme étranglés dans toute leur portion qui correspond aux fosses cérébrales postérieures, et qui se trouve superposée au cervelet. Celui-ci ne présente ni déformation semblable ni anomalie d'aucune espèce. En cherchant la relation qui pourrait exister entre cette déformation des lobes cérébraux et la conformation de la portion correspondante de la boite crânienne, il a été facile de voir que la région pétrée du rocher était beau- coup plus volumineuse et plus proéminente que d'habitude, ce qui nous a paru pouvoir être la cause de l'étranglement susmentionné. Quelle a été, du reste, l'inlluence de cette anomalie sur l'état mental du malade, et faut-il lui attribuer les désordres psychiques observés ainsi que leurs tristes conséquences? C'est ce qu'il est difficile de dire. 2» Organes génitaux. — Partout normalement conformés. La vésicule séminale gauche renferme dans l'intérieur de ses circonvolu- tions une assez grande quantité de pus crémeux. Dans celle de droite, nous rencontrons le liquide habituel, transparent et de consistance séreuse ; mais dans aucune nous ne découvrons, à l'examen microscopique, trace de spermatozoïde. Pas davantage dans les canaux dé- férents, éjaculateurs, et même testicules; en un mot, dans tous les organes 2:^0 un l'on a rbabUiuie de rencontrer normaleuit'Ui le produit de la sécrtHion spermatique. Ajoutons qu'il existe un commencement d'atrophie des testicules avec ané- mie très-marquée de leur substance. Ce fait nous a paru intéressant au point de vue de la destinée des fonctions génitales, après section d'une partie do la verge, soit sponlamej soit par ac- cident, soit par amputation. Vil. — TÉRATOLOGIE. 1° MONSTRE CÉLOSOMIEN DU GENRE AGÉNOSOME ; par M. C. SAPPEY. Le fœtus monstrueux que j'ai l'honneur de mettre sous les yeux de la Société m'a été adressé du département du Finistère par M, Beaugendre', médecin de l'hospice de Quimperlé. La monstruosité qu'il présente est es- sentiellement caractérisée par l'évenlration; il appartient par conséquent à l'ordre des célosomiens d'après la classification de M. Is. GeoifFroy-Saint- llilaire. Les célosomiens se partagent en plusieurs genres. C'est au genre agéno- some que ce fœtus doit être rattaché ; ce genre de célosomiens ofTre en ell'ct pour attribut distinctif une absence complète des organes générateurs, et il n'existe sur le fœtus que je met sous les yeux de la Société aucune trace de ces organes. L'oriflce qui répond à la partie terminale du tube digestif, au lien d'être situé à la partie inférieure du bassin, se trouve reporté au devant de la région pubienne a peu près à la place qu'occupent ordinairement les or- ganes génitaux, disposition qu'on observe en général chez les célosomiens agénosomes. Le bassin tout entier a subi une déviation qui l'a porté en arrière et en haut, et les membres abdominaux l'ont suivi dans cemouvement de torsion ; de là il résulte que la plante des pieds, au lieu de se diriger en bas, regarde presque directement en haut; la moitié inférieure du corps forme ainsi avec la supérieure une arcade dont la convexité est tournée en bas. Cotte déviation du bassin et des membres en haut et en arrière parait avoir été le point de départ de l'éventration. En même temps que le bassin et les membres cor- respondants se sont déviés en haut et en arrière , ils ont subi aussi une rota- tion sur leur axe, rotation qui est surtout très-prononcée pour les deux mem- bres pelviens. Je me propose de soumettre ce fœtus à une dissection attentive; si mes observations me permettent de constater quelque fait qui puisse offrir de l'intérêt pour la Société, je me forai un devoir de le communiquer à la Société. ?r.i 2 ARRÊT DE DÉVELOPPEMENT DKï^ DEUX. REINS; ABSENCE APPARENTE DE L'uN d'eux sl'r un foetus a terme; par MM. Bastien et Le Gendre. En examinant la cavitù abdominale d'un fœtus a terme, nous avons été frappés par la disproportion qui existait entre le volume des deux uretères. Celui du côté droit était un peu plus petit et plus mince que celui du côté opposé; cependant il était complet dans toute sa longueur depuis son inser- tion à la vessie jusqu'à la région rénale en haut, où il se terminait par un petit tubercule rougeàlre entouré de tissu cellulaire et de capillaires nom- breux. Au-dessus, mais à une certaine distance, existait une capsule surrénale très-développée avec sa forme et sa coloration normales. Du côté gauche on trouvait un uretère normal pour le volume, se termi- nant à un rein d'un très-petit volume ayant seulement 17 millimètres dans sa hauteur et 1 centimètre dans sa largeur. Au-dessus était accolée une capsule surrénale semblable, pour le volume, la couleur, la cousistauce, à celle du côté opposé. Cette petitesse de volume du rein gauche tenait-elle à un atrophie des élé- ments ou à un arrêt de développement de l'organe entier ? Du côté droit le rein avait-il existé ou y avait-il eu arrêt complet de développement? Pour juger ces questions, nous avons disséqué minutieusement ces parties. Eu incisant le rein gauche de sou bord convexe vers son hile ou bord con- cave, nous avons reconnu facilement qu'il n'existait que trois pyramides dont les sommets correspondaient à trois calices. Sa couleur était normale, son dé- veloppement était régulier, etrienàl'entouru'indiquaitqueles autres groupes de tubes uriuifères eussent été atrophiés ; la capsule fibreuse recouvrait immé- diatemejt les trois pyramides existantes; la couche corticale quiles enveloppait était aussi régulièrement disposée, et ce rein paraissait très-régulièrement conformé avec ce petit nombre d'éléments. On sait que le nombre des pyra- mides est très-variable dans le rein, puisque les auteurs en admettent au nombre de huit à quinze, mais jamais ils ne descendent normalement jusqu'à trois, et la lésion que nous allons étudier du côté droit nous permettra encore d'appuyer cette opinion, à savoir l'existence d'un développement incomplet du rein gauche. Nous avons vu qu'il existait à l'extrémité de l'urètre droit un petit tubercule qui a 2 millimètres de hauteur sur 1 millimètre et demi de largeur. Sa cou- leur est rougeàtre, brune, sa consistance assez grande. Il est impossible de l'étudier à l'œil nu, mais en en déchirant quelques fragments et en les sou- mettant au microscope, on constate qu'ils sont formés par un tissu renfermant un grand nombre d'éléments irrégulièrement disposés au milieu desquels on a beaucoup de peine à retrouver les éléments constituants d'une glande. Il y a eu là éYidemment une altéi'aliori du lissu. Ka eii'et, on peut distinguer çà et 252 là des fragments de tubes irréguliers, au milieu de tissu fibreux et de masses arroudies remplies de cellules graisseuses. Ces tubes sont un peu contour- uls opaques, bien difTérents des tubes vasculaires qu'on retrouve en assez grand nombre. Ces vai.sseaux capillaires olTrcnt le môme aspect, ils sont aussi disposés en spirale ; enfin il existe aussi des masses opaques sans doute des sels amorphes. Ces caractères, comme on le voit, ne suturaient pas pour ca- ractériser un organe glandulaire, mais ils indiquent que cet organe a été pro- fondément altéré dans sa structure, et que le tissu qui reste a appartenuâ une glande. Nous pensons donc qu'il y a à la fois altération et arrêt de dévelop- pement de la glande rénale du côté droit, et que dans un âge plus avancé cette altération aurait fait disparaître complètement les vestiges de cette glande, et qu'on aurait pu croire à un arrêt complet de développement. Cette opinion doit être appuyée par la description que nous avons donnée du rein du côté opposé qui est frappé du môme vice de conformation à un degré moins avancé, car il n'y a qu'un arrêt de développement sans atrophie des éléments qui ont persisté. Cette étude montre de nouveau tout l'intérêt de ces recherches, des alté- rations des organes du fœtus dont nous avons souvent entretenu la Société, et permet d'éviter les erreurs que font naître les hypothèses lorsque ces mêmes altérations se rencontrent chez l'adulte. 3" EXEMPLE Il'iNSEHTION ANORMALE DU MUSCLE ADDUCTEUR DU POUCE SUR UNE MAIN d'homme, QUI PROUVE QUE CE MUSCLE n'EST EX RÉALITÉ QUE LE PREMIER LNTEROSSEUX PALMAIRE ; par M. le doctcur Henri Jacquart. Il y a dans les dispositions anatomiques des anomalies qui expliquent cer- taines conformations normales et les font rentrer dans la règle commune qui a présidé à l'arrangement des organes analogues. , Le fait que nous allons exposer en est un exemple. Lorsque notre main est pour saisir un corps, nos doigts s'étendent en même temps qu'ils s'écarlent les uns des autres pour agrandir le champ de la préhension. Les muscles qui écartent les doigts les uns des autres sont les interosseux dorsaux, qui tous sont abducteurs par rapport au doigt du milieu, qui est l'axe de la main. Deux muscles interosseux dorsaux s'insèrent l'un en dehors, l'autre en de- dans de son extrémité supérieure, et par leur contraction simultanée le tien- nent immobile. Pour embrasser l'objet que nous voulons saisir, les doigts se fléchissent et se rapprochent les uns des autres. Ce sont les muscles interosseux palmaires qui produisent ce dernier mou- vement. Us sont tous adducteurs par rapport à l'axe de la main. Pour que la disposition des muscles interosseux fût régulière, il devrait y avoir, pour I 253 chacun des espaces qui séparent les os m Hacarpiens, deux, muscles : l'un dorsal, l'autre palmaire; en tout, huit muscles. Or, il n'y en que sept d'admis généralement; car celui que l'on pourrait regarder comme le premier muscle interosseux palmaire, l'adducteur du pouce, est rangé généralement parmi les muscles de l'éminence thénar. A la vérité, quelques anatomisfes expliquent son insertion au troisième os métacarpien, sautant en quelque sorte le premier, par la nécessité de donner au mouvement d'adduction du pouce une plus grande étendue. Mais jusqu'ici on ne pouvait le prouver, et ce n'était qu'une hypothèse fondée sur les lois de l'analogie avec les muscles inlerosseux. Sur la pièce que nous avons l'honneur de vous présenter, et qui est la main droite d'un homme, on voit le muscle adducteur du pouce s'insérer au deuxième métacarpien, et non au troisième, comme cela a lieu ordinai- rement. Dans ce cas, il réunit toutes les conditions d'insertion et de position des autres muscles interosseux palmaires, c'est évidemment un premier muscle interosseux palmaire. La philosophie anatomique s'empresse de ressaisir l'analogie qui lui écl-appait avant que cet exemple d'insertion anormale se fût ofTert à notre observation. Ici donc la disposition insolite fait comprendre la disposition ordinaire et en donne l'explication. L'unité de plan n'a pas été rompue dans l'arrange- ment ordinaire, il y a eu seulement variété dans l'unité. Ce qui est chez l'homme une insertion anormale du muscle adducteur du pouce pourrait être ordinaire chez le singe. C'est ce que, sur l'invitation d'un de nos honorables collègues de la Société de biologie, nous avons recherché. Les auteurs d'anatomie comparée indiquent l'attache du muscle adducteur du pouce de la main antérieure des singes comme se faisant un troisième mé- tacarpien. Ce qui est en harmonie avec la plus grande étendue des mouve- ments de cette main. La brièveté du pouce par rapport aux autres doigts, chez le singe, limite un peu, il est vrai, l'étendue de ces mouvements. Voici la main du simius maimon, disséquée avec le plus grand soin, et sur laquelle le muscle adducteur du pouce s'insère, comme chez l'homme, au troisième métacarpien. Nous nous proposons, du reste, de poursuivre ces recherches sur d'autres espèces. i" DEUX OBSEUVATÎONS D'ANORCHIDIE ; ABSENCE DES DEUX TESTICULES, ANOR- CHIDE double; absence DU TESTICULE GAUCHE, ANORCHIDE SIMPLE, SUR DES FœTus A terme; par MM. Bastien et Le Gendre. .Nous avons à enregistrer deux nouveaux cas d'anorchidie. Sur un fœtus à terme, bien conformé, les bourses étaient assez dévelop- ■Zb'i l)L'es, la peau ridcc, llasiiue, et en palpant cette région on ne trouvait pas traces de tesUcuIcs d'aucun côte. L'ouverture de l'abdomen et du canal in- guinal ne révèle non plus aucune trace de ces organes. Une dissection minutieuse du cordon déférent, très-apparent dans la région pelvienne, nous a permis alors de constater la cause de celte absence des testicules. On pouvait suivre ces conduits depuis les vésicules séminales, tout à fait normales, jusquïi l'ouverlure abdominale du canal inguinal; celle-ci éki;L complètement oblitérée. La paroi antérieure du canal inguinal étant eulevéf, le cordon déférent apparaissait dans ses rapports réguliers avec les vais- seaux, et sortait par l'oriUcc externe du canal pour se rendre daus le scrotum. Après quelques millimètres de trajet, arrivé au niveau de la racine de ia verge, ce cordon se terminait brusquement par une exlrémilé arrondie tl un lllament très-grèle, qui se perdait dans le tissu cellulaire du scrotum, au milieu d'une petite masse rosée, que nous allons voir formée par le guberna- culum testis. En effet, il était important de constaler la structure de ce tissu, qui aurait pu être un reste de la glande séminale; mais, en en plaçant quelques fra;:- mcnts sous le microscope, on reconi:aissait la slrncture du tissu muscu- laire, dont les libres étaient ondulées, plissées sur elles-mêmes, et dont les éléments ressemblaient encore à ceux de la vie embryonnaire par le déve- loppement des cellules de formation. Les vaisseaux artériels et veineux accompagnaient normalement ce cor- don déférent et se terminaient en un réseau vasculaire très-apparent à la racine du scrotum. Celle disposition était exactement la même des deux cotés. Il serait inutile de donner une nouvelle description d'un autre fait tout à fait semblable, que nous avons observé peu de temps après celui-là sur un autre fœtus à terme : l'anomalie existait du côté gauche , toutes les particularités que nous venons de signaler se retrouvaient dans ce fait. Il est évident que l'on doit ranger ces cas dans les faits d'anorcliidic complète, c'est-à-dire d'absence du testicule par absence de formation pri- mitive de la glande séminale. Nous ferons remarquer seulement le dévelop- pement normal des vaisseaux en rapport avec le cordon déférent , et la marche régulièic que ce dernier a suivie dans sa migration à tiavers le canal inguinal. 5» œUFS DE POULE ANORMAUX; par M. LIÉGEOIS. Les deux œufs de poule présentés sont intéressants, tant au point de vue de leur conliguraliou extérieure (ju'au point de vue de leur contenu. Le premier se compose do deux parties régulièrement ovoïdes et commr 255 tordues sur elles-mêmes, séparées par un étranglement pédicule. La coquille est lisse et unie dans toute son étendue; le pédicule, légèrement incurvé, seul possède quelques plis correspondants à sa concavité. En vidant cet œuf par une ouverture pratiquée sur un point de sa surface extérieure, il fut facile de reconnaître que la membrane coquillière existait et qu'il n'y avait dans l'intérieur que de l'albumine sans jaune, et dans cette albumine qui s'écoula facilement parla perforation, il fut impossible de reconnaître au- cune trace de chalazes. La cause de cette contiguration de l'œuf tient pro- bablement à la position oblique que l'œuf a dû avoir dans l'oviducte; la pe- tite extrémité de l'œuf s'est probablement conservée sur la grosse extrémité alors que les parties extérieures de l'œuf étaient encore molles. Ce qui indi- que cette conservation, ce sont les plis que l'on aperçoit sur la concavité du pédicule. Ce sont ces œufs que les paysans regardent comme provenant des coqs, et qui sont eu réalité du fait de poules stériles. Le second œuf, de forme ovoïde, présente un volume qui n'est guère que le tiers du volume d'un œuf normal ; son grand axe est plus étendu que son petit axe, proportionnellement aux axes des œufs normaux. La coquille fut cassée en un point, et il fut facile de s'assurer qu'il n'y avait que le jaune. Malheureusement voulant conserver l'œuf pour le présenter, je n'étudiai point le vitellus, qui aujourd'hui est concrète. Un fait qui me paraît impor- tant, c'est que la membrane coquillière s'est incrustée elle-même de telle sorte qu'au-dessous de la coquille ayant les caractères ordinaires, il y a une autre coquille plus blanche, moins cassante, à grains plus tins. En résumé, deux œufs diversement configurés, la configuration de ces œufs tient probablement à la position oblique de ceux-ci par rapport à l'ovi- ducte. Le contenu est exactement dilTérent : l'un ne possède que de l'albu- mine, l'autre que du vitellus. 6° ANOMALIES DES REINS; par le même. Le rein droit est dans sa position normale. Deux artères naissant immé- diatement au-dessous de la mésentérique inférieure et superposées. Une seule veine, un uretère avec sa situation et sa forme normales. Le rein gauche est situé sur le détroit supérieur, au niveau de l'articula- tion sacro-iliaque. En rapport en avant avec le péritoine, la trompe et l'ovaire qui, à la suite de péritonites locales indiquées par des adhérences, se sont appliquées sur le feuillet pariétal du péritoine. L'uretère, arrivé à 5 centi- mètres environ du bord interne du rein, se divise en deux canaux secon- daires. Ceux-ci se subdivisent en canaux multiples, dont les inférieurs, au nombre de sept à huit, vont embrasser les papilles placées dans une dépres- sion ovalaire de la face antérieure du rein. Les supérieurs se divisent en trois ou quatre canaux qui vont embrasser les papilles placées superficielle- 256 ment el corre^i^oiidanl ;ï la partie supérieure de la face antérieure. Deux ar- tères, l'une uaissaula 1 millimèlre environ au-dessus de la bifurcation de l'aorte, l'autre à la bifurcation même, exactement an sommet de l'angle que fout les deux iliaques en se séparant. L'artère rénale supérieure se divise en deiix branches, l'une qui plonge dans le rein au niveau des papilles supé- rieures, l'autre contourne le bord externe pour venir se rendre dans les pa- pilles inférieures. L'artère rénale inférieure pénètre daus le rein au milieu lies papilles inférieures : une seule veine rénale. Le rectum est à droite. VIII. — Physique. SUR LA POLARITÉ ÉLECTRO-STATIQUE. Extrait d'un travail de M. Volpicelli, professeur de physique au collège de la Sapience, à Rome, par M. A. Mo- Rr.AU. On sait que les physiciens ont admis deux sortes d'électricité, l'une qui se développe à la surface du verie frotté et qu'ils ont nommé vitrée, l'autre à la surface de la résine frottée et qu'ils ont nommée résineuse. En poursuivant leurs recherches, ils ont vu que l'espèce d'électricité dé- veloppée par le frottement dépendait non-seulement de la substance frottée, mais encore de la matière dont on se servait pour la frotter. Ils ont vu aussi que deux rubans de niènie nature frottés l'un sur l'autre se chargeaient des électricités opposées ; la résineuse demeurant sur le ruban dont les fils sont longitudinaux, la vitrée sur celui dont les fibres sont cou- pées transversalement. Les épitliètes vitrée et résineuse se sont donc peu à peu écartées de leur sens primitif, et les épithètes positive et négative leur ont été substituées ha- bituellement. iNous extrayons les passages suivants du travail olTert à la Société par M. Volpicelli, travail dont l'examen et la critique appartiennent aux physi- ciens, nos collègues. On peut obtenir à volonté l'électricité positive ou l'électricité négative en frottant le verre ou l'une des trois résines suivantes : la cire à cacheter, la gomme laque, lejalap. Il convient d'employer pour frotter l'une des résines citées, une substaucr quelconque, en excluant seulement le poil et la gomme élastiijue. Pour frotter le verre, on emploiera de préférence le poil très-fin de la peau du chat ou du renard, etc. La substance avec laquelle on frotte étant choisie, on obtiendra à volonté soit l'électricité positive, soit l'électricité négative, en faisant varier seule- ment l'énergie du mouvement, c'est-à-dire, en d'autres termes, en frottant fort et eu frottant faiblement. 257 Il snfiif, pour la résine, d'employer un bâton qui ait 1 décimètres de lon- gueur, mais pour le verre on réussira mieux en prenant une longueur de 5 à 6 décimètres. Si l'on frotte ces substances alternativement avec force et avec légèreté, on obtient alternativement chacune des électricités, et l'on peut répéter in- définiment cette alternative. On peut obtenir sur une tige de verre longue de 1 mètre au moins, la pré- sence simultanée des ditTérents états électriques, et l'on voit qu'il existe entre la tension positive et la tension négative un point intermédiaire oîi la tension est nulle. Cette répartition de l'électricité sur une tige rappelle la dis- position des vibrations des cordes harmoniques dans lesquelles on voit les nœuds qui séparent les ventres et les concamérations. Pour obtenir cette double polarité, il convient de frotter d'abord fortement la tige de verre, on développe l'électricité négative, puis en frottant une ou deux fois légèrement, on obtient les deux électricités simultanément- Ce n'est pas la différence de température qui est la cause de ces différents états électriques, mais ces états correspondent à des mouvements vibratoires particuliers. Les épithètes vitrée et résineuse ne conviennent donc pas, puisque la ré- sine et le verre peuvent offrir les deux états quand on les frotte avec la même substance. Il convient de tenir compte de l'énergie de mouvement employé dans le frottement, si l'on veut classer les corps d'après la nature de l'électricité que le frottement des deux substances détermine dans l'une d'elles. Dans ces recherches, Télectroscope de Bonemberg doit être préféré à celui de Voila dans lequel la nature de l'électricité n'est pas déterminée. La polarité électro-statique alternative et indéfinie du verre ou de la résine, est sans doute le fait le plus remarquable pour fortifier les hypothèses des mouvements vibratoires moléculaires faites pour expliquer les phénomènes électriques, et pour établir que les caractères divers de l'électricité dépen- dent de l'amplitude diverse de ces vibrations. Elle établit qu'il existe une polarité électrostatique comme il existe une polarité électrodynamique, que les moyens mécaniques peuvent manifester en imprimant aux molécules un mouvement plus ou moins grand. IX.— Botanique. NOTE SUR UNE LORANTHACÉE TOXIQUE ; par M. J. LÉON SOUBEIHAN. Les plantes de la famille des loranthacées, qui vivent toutes en parasites sur d'autres végétaux, présentent en général à l'analyse un principe astrin- gent qui les a fait employer pour la teinture en noir aux Indes, et comme médicaments astringents dans plusieurs contrées. En outre on y trouve des C. R. 17 258 sels, de la cire, de la gomme, de la cliloropliylle, une malière visqueuse in- soluble et une matière particulière (très-abondante dans les espèces du genre loranthus, plus que dans celles du genre viscum), la glu, qui renferme d'après Macaire un principe immédiat, la liscine. Outre leur emploi comme astringent, la thérapeutique en fait usage chez plusieurs peuples au Brésil, à Java, dans les Indes, contre diverses affections ; il serait intéressant d'exa- miner si la variété de leur action, au cas où elle serait aussi efTicace qu'on le prétend, ne tiendrait pas aux plantes aux dépens desquelles les loranthacécs vivent en parasites. On trouverait peut-être par l'expérience la conûrmation de cette idée, à laquelle nous amène l'exemple que nous avons aujourd'hui l'honneur de mettre sous les yeux de la Société. M. Lépine, pharmacien distingué de la marine à Pondichéry, a adressé au musée du ministère de la marine et des colonies, sous le nom de poulouriii, des échantillons (tiges et feuilles) d'un loranthus, d'espèce botanique indé- terminée, qui croît sur les rameaux du strychnos nux-vomica, sur les collines du premier plan de la chaîne des Nilgherries (Indes). D'après cet habile ob- servateur, le bois de la plante parasite jouirait de propriétés toxiques sem- blables à celles du végétal nourricier et pourrait déterminer des accideiiis mortels, tout au moins très-graves. Traité par l'acide azotique, le bois prend une coloration rouge très-prononcée, ce qui y indiquerait la présence de la brucine. Du reste, déjà en 1837 le docteur O'Shaughnessy reçut du lieutenant Kitict', des feuilles du viscum monoicum, qu'il avait récollé sur le strychnos niu- vomica à Tattak (Indes), et qu'il lui signalait comme doué de proprié'.és toxiques très-énergiques. En effet, M. O'Shaughnessy en ayant administré de très-faibles doses à des chiens, détermina chez eux des accidents mortels. J'ai fait, avec 6 gr. 50 du loranthus de M. Lépine, un extrait alcoolique sec, dont j'ai obtenu 60 centigrammes. Avec 1 ou 2 centigrammes de cet ex- trait que j'ai fait avaler à des oiseaux (pinsons, chardonnerets), j'ai déter- miné la mort de ces animaux en quelques minutes (un quart d'heure au plus), et j'ai pu observer sur eux tous les phénomènes de soubresauts tétaniques qui caractérisent l'empoisonnement parles loganiacées. Je regrette vivemcn! que la petite quantité de matière que j'avais à ma disposition ne m'eût pas permis d'isoler les principes actifs et toxiques, mais j'ai l'espoir de pouvoir me procurer bientôt une quantité assez considérable de loranthus, et être ainsi en mesure de compléter cette note par des observations ultérieures. n COMPTE RENDU DES SÉANCES DE r r LA SOCIETE DE BIOLOGIE PENDANT LE MOIS DE DÉCEMBRE 1859; Par m. le Docteur LE GENDRE, secrétaire. presidëeë de m. rayer. I. — Anatomie, NOTE SUR QUELQUES PARTICULARITÉS ANATOMIQUES DE LA MUQUEUSE GINGIVALE CHEZ LE FOETUS ET LE NOUVE.VU-NÉ; par MM. les docteurs Charles Robin et Magitot. Lorsqu'on examine la coucbe de parties molles que recouvre le bord alvéo- laire des maxillaireschez le fœtus, on trouve d'abord une lame plus ou moins épaisse d'épithélium paviraenteux. Celte lame présente une épaisseur consi- dérable chez les ruminants, où elle est à elle seule aussi épaisse que les par- ties molles sous-jacentes qui la séparent du maxillaire. Les cellules qui com- posent cet épitbélium sont très-nettement pavimenteuses, leur volume est plus faible au voisinage de la muqueuse qu'à la surface libre. Chez l'homme, cette couche épithéiiale est plus mince et se détache avec facilité du tissu 260 sous-jacent, tandis que chez les herbivores elle est beaucoup plus adhérente ; chez les uns et chez les autres, bien que les cellules de la partie profonde soient plus difficiles à distinguer que celles de la partie superficielle, il est toujours possible de déterminer le point de réunion de l'épithélium à la mu- queuse. Une ligne nette indique, sur les préparations vues à la lumière trans- mise, le point précis de la jonction de ces deux tissus dont le pouvoir ré- fringent est d'ailleurs très-dififérent, et dont les diflerences de texture peuvent déjà être appréciées à un assez faible grossissement. La netteté de la dis- tinction que nous venons d'établir s'observe déjà dans la période du déve- loppement qui précède l'apparition des follicules. Au-dessous de la couche épithéliale s'observe une bande de tissu d'une épaisseur assez faible et tranchant par sa densité et sou opacité sur les cou- ches sous-jacentes avec lesquelles elle est cependant en continuité vasculaire et fibreuse; cette bande doit être considérée comme la muqueuse propre- ment dite. Elle est de couleur grisâtre, et l'observation microscopique y re- connaît une structure fibreuse; on y voit, en eCfet, des faisceaux de fibres lamineuses d'une texture serrée, immédiatement contigus les uns aux autres ou très-rapprochés ; elle est très-résistante, tenace, bien que d'une grande flexibilité, et il est facile de reconnaître sur les embryons frais qu'elle est douce d'une grande vascularité. Vers l'époque de l'apparition des follicules soit avant soit après, selon les espèces animales, on commence à apercevoir les papilles de la muqueuse sous forme de petites saillies coniques ou hé- misphériques. Elles sont à la surface de la trame de la muqueuse, s'avancent dans l'épiderme qui la tapisse ; mais la superficie de celui-ci n'en reproduit pas la forme ni les saillies. A la face profonde du chorion de la muqueuse, on voit les glandules salivaires naissant sous forme de courts culs-de-sac et fai- sant saillie dans le tissu sous-muqueux. Toutefois ce n'est pas au niveau même de la gouttière dentaire qu'on les trouve, mais un peu seulement à partir du niveau de ses extrémités et surtout un peu au delà lorsqu'on en- traîne une certaine longueur de son tissu en enlevant les follicules. L'épithé- lium donne un aspect lisse et brillant au bord libre ou dentaire des mâchoires qui sont épaisses et à surface cylindroïdc à ce niveau, qui est celui de la gouttière dentaire (1). En incisant la muqueuse, on distingue de suite les (1) On ne voit nullement, à l'époque dont nous venons de parler, et qui est celle de l'apparition des follicules, la prétendue gouttière primitive dentaire de la muqueuse du bord libre et épais des mâchoires, au fond de laquelle, d'après Goodsir (1838), naîtraient les saillies ou papilles, germes des dents; erreur qui, malgré son évidence, se trouve encore répétée dans beaucoup des ouvrages les plus récents. Inutile de faire remarquer que cette prétendue gouttière de Goodsir n'a aucune analogie avec la gouttière dentaire osseuse dont a cet âge sont creusés les os maxillaires. •261 différences d'aspect qui la séparent du tissu mou, presque gélatiniforme, décrit plus loin, qui est placé au-dessous d'elle et qui remplit la goutlière. On peut l'en séparer par une dissection attentive, sans même léser les folli cules sous-jacents lorsqu'ils existent déjà. En arrivant aux bords libres des lames maxillaires de la gouttière ou un peu au-dessous, on voit qu'elle adhère au périoste qui en tapisse la face externe ; elle ne peut pas être sé- parée de celui-ci et l'entraîne avec elle. Ce n'est que beaucoup plus tard^vers le cinquième ou le sixième mois de la vie intra-utérine chez l'homme et à l'époque correspondante chez les autres mammifères que les follicules adhé- rent assez à la muqueuse pour ne pouvoir plus en être séparés et détermi- ner plus tard une légère dépression de cette membrane à leur niveau (1). On sait qu'un épaississement fibreux et épidermique se développe, vers le septième ou le huitième mois, aux dépens de cette muqueuse sur la ligne qu'occuperont les dents , et qu'il diminue à mesure que l'on approche de l'époque de l'éruption. Il est gris blanchâtre, relevé en saillie ou crête tranchante dont le bord libre présente, d'espace en espace, de petites dépressions ou incisures qui lui donnent un peu l'aspect dentelé. A sa base, le long du bord concave ou postérieur de la gencive, il offre un pli qui suit la lèvre postérieure de la gouttière dentaire, et marque la ligne oîi la muqueuse gingivale se continue avec la muqueuse buccale proprement dite, plus mince et plus rosée. Ce sillon, dont certaines hypothèses sur la genèse des dents ont fait exagérer l'importance est peu profond, interrompu et croisé d'espace en espace par des saillies de la muqueuse qui se continuent avec la base de la crête gin- givale. Il s'efface peu à peu en même temps que cette crête, à mesure que l'accroissement des follicules arrondit et élargit le bord des mâchoires. A aucune époque il ne présente d'orifices traversant la muqueuse, lors même qu'il est réduit à une série de dépressions irrégulières. La crête gingivale a été nommée depuis longtemps cartilage dentaire {cartilago dentalis) et considérée comme réellement formée de tissu car- tilagineux; elle n'est composée que par du tissu fibreux, vasculaire, re- couvert d'une épaisse couche d'épithélium pavimenteux. Elle présente aux deux mâchoires, ou parfois seulement à l'inférieure, à peu près au niveau de chaque canine, une saillie membraneuse en forme d'oreille, plus prononcée (1) Ce sont ces dépressions qui ont été prises pour des orifices de canali- cules gingivaux communiquant avec les follicules des dents (Hérissant, 1745) et qui avalent autrefois, mais à tort, fait admettre que la membrane du folli- cule était une continuation ou un repli de la muqueuse des gencives (Bonn, 1763; Oudet, 1835), hypothèse reprise et développée depuis par Goodsir (1838^ m.ais repoussée par Raschkow (1S35) et récemment par M. Guillot. 262 en bas qu'en haut et davantage chez certains sujets que chez les autres. Cette anricule disparaît vers le troisième ou le quatrième mois après la naissance ; lorsqu'elle est bien développée, sa forme est curieuse. Elle est déprimée vers son milieu ; là elle présente souvent deux ou trois saillies papillaires visibles au microscope; elle en porte parfois aussi à son extrémité antérieure. Elle est, ainsi que ses saillies papillaires, d'une richesse vasculaire remarquable : ordinairement, à la mâchoire intérieure, l'auricule de droite est reliée à celle de gauche par une bordure membraneuse qui surmonte le bord tranchant de la crête gingivale; cette bordure est, d'un sujet à l'autre, élevée de l à 3 mil- limètres, moins saillante que les auricules, mais aussi vasculaire et présen- tant près d'elles quelques saillies papillaires microscopiques. Elle forme ainsi, sur le bord de la mâchoire inférieure, une sorte de petite lèvre mince étendue du niveau d'une canine à l'autre qui sert sans doute à la succion et doit entrer en une sorte d'érection par suite de sa vascularité. Ciiez quelques sujets, ce rebord membraneux n'est mince qu'au bord, et il est épais, comme charnu à sa base ; mais il est néanmoins susceptible d'être incliné ou renversé, soit en avant, soit en arrière de la gencive. Dans ce cas, il n'est pas rare de trouver les auricules remplacées par une sorte de d'épais- sissement des extrémités de ce repli, épaississement en forme de tubercule aplati, ovalaire, mou, comme œdémateux. On trouve alors à la place des au- ricules de la mâchoire supérieure des tubercules mous, aplatis, analogues aux précédents, mais moins larges et moins saillants. Eu examinant avec altention la surface de ce rebord membraneux, on voit qu'il est finement rugueux, ce qui est dii : i» à ce qu'il est couvert de pa- pilles à sommet arrondi, assez volumineuses ; 2° à ce que ces papilles, comme la surface muqueuse qu'elles surmontent, sont recouvertes d'une couche épithéliale mince, comparativement à celle du reste de la gencive; de telle sorte que cet épithélium laisse voir les sillons de séparation des papilles et le sommet de celles-ci, sans combler et recouvrir le tout dune couche com- mune, lisse et plus ou moins brillante. La teinte rougeàtre de cette mem- brane (que les purticularités anatomiques précédentes concourent à mettre eu évidence) tranche sur la coloration blanchâtre du tissu libreux et de la muqueuse des gencives qu'elle surmonte; elle cesse assez brusquement ainsi que l'aspect linement rugueux sur les lignes d'adhérence et aux extrémités de la bordure gingivale. Lorsque les auricules de ses extrémités viennent à manquer, ce qui n'est pas très-rare, la membrane existe néanmoins; elle se termine alors en s'a- baissant et s'élargissant au niveau des canines ou un peu au delà. Quami les auricules gingivales manquent ù la mâchoire inférieure, elles sont non-seu- lement plus petites à la mâchoire supérieure, mais elles y manquent égale- ment ou sont réduites à une ou deux petites saillies eu forme de papilles coniques ou aplaties, hautes au plus de 1 millimôtre, situées aussi au niveau 263 dos caninop. Malgrf^ rab?oncp constante de la bordure gingivale entre ces deux points à la mâchoire supérieure, le tissu fibreux de la gencive est re- levé davantage en saillie tranchante dans toute l'étendue qui correspond à la bordure de la mâchoire inférieure que sur la portion de gencive qui est en arrière des canines et correspond aux molaires. Cette saillie tranchante de la mâchoire supérieure est parfois séparée et comme coupée en deux sur la ligne médiane par une dépression nette et assez profonde, dont le fond est coupé assez carrément. Les follicules des incisives médianes se trouvent alors écartées d'autant; cette dépression' ainsi que cet écartement, persistent après la naissance, lors même que, par suite de l'accroissement des dents, la gencive s'est arrondie et que la saillie tranclianfe ci-dessus a disparu. C'est à cette disposition anatoraique congé- nitale qu'est dû l'écarfement qu'on observe sur beaucoup de sujets entre les dents incisives médianes, lors même que les autres se touchent ; on constate cette disposition sur des avortons dès le troisième ou le quatrième mois de la grossesse. Quant cet écartement existe, on voit que le repli muqueux ou frein labio- gingival est très-développé et se continue au travers de cette incisure mé- diane des gencives, pour se terminer à un tubercule blanchâtre, aplati, qui existe en avant du palais, immédiatement derrière les gencives. Il n'est pas rare de voir alors au fond de l'écarteraent, au milieu du repli muqueux qui le traverse, un petit tubercule fibreux, conique, grisâtre, résistant, qui fait saillie entre les deux gencives ainsi séparées. Il adhère à la symphyse des deux maxillaires supérieurs et s'isole facilement parla dissection du repli muqueux précédent qu'il soulève. 2" NOTE SUR LE TISSU SOUS-MUQUEUX GINGIVAL DU FCffiTUS OU CONTENU DE LA GOUTTIÈRE DENTAIRE DES OS MAXILLAIRES; par MM. ICS dOCteUrS CHAR- LES Robin et E. Magitot. La muqueuse gingivale du fœtus est lisse, brillante, mince, mais dissé- quable. Sa texture est serrée, et elle est recouverte d'une épaisse couche de cellules d'épitliélium pavimenteux. Au-dessous d'elle on trouve une épaisse couche d'un tissu mou, presque gluant ou filant entre les doigts, et d'aspect gélatiniforme plus ou moins rougeâtre (l). Ce tissu qui est en continuité de (I) Aucune description de ce tissu n'a encore été donnée, un peu exacte- ment du moins. Henle se borne à dire que les follicules sont séparés seule- ment par une substance molle qui flie entre les doigts (Anat. générale, trad. franc., Paris, 1843, in-S», t. II, p. 44). M. Guillot, qui Ta observé d'après des coupes durcies et conservées, ne distingue pas le chorion ou trame de la 264 substance avec la muqueuse, s'avance jusqu'au fond de la gouttière de?, maxillaires, sur laquelle il se moule en la remplissant exactement dans toulo son étendue. 11 est en contact immédiat avec le tissu osseux des parois do celle-ci, seulement au fond des gouttières il repose en quelque sorte sur les vaisseaux et nerfs qui rampent sur celui-ci tant que le développement ulté- rieur n'a pas encore amené la formation de la cloison qui les sépare des fol- licules. Ce tissu est formé de fibres et de faisceaux de fibres lamineuses très-lâche- ment unies, entre-croisées, et de vaisseaux; ces éléments contiennent dans leurs mailles écartées une quantité considérable de matière amorphe très- pâle et très-faiblement granuleuse. Cette particularité donne à ce tissu une grande transparence, et permet de suivre avec une grande facilité le trajet des vaisseaux qu'on voit se diriger vers la gaine commune des vaisseaux el nerfs de la mâchoire. Dans l'épaisseur de la muqueuse comme dans celui du tissu sous-muqueux, on trouve un grand nombre de noyaux embryoplasti- ques surtout visibles après l'emploi de l'acide acétique. Ces noyaux sont beau- coup plus faciles à observer et à isoler dans le tissu sous-muqueux en raison de sa transparence. Quant ù son épaisseur, elle va en diminuant à mesure que l'évolution folliculaire avance, de sorte qu'à la naissance, par exemple, lorsque le follicule est très-dé veloppé, le tissu sous-muqueux qui a fourni pour ainsi dire à la formation de ce dernier a presque entièrement disparu ; il en reste cependant une petite portion qu'on retrouve entre les follicules et la muqueuse buccale, de sorte que cette muqueuse, comme toutes les au- tres, reste constituée par son chorion ou derme de la muqueuse et son tissu soas-muqueux. C'est au sein de ce tissu que naissent et se développent les follicules den- taires, et c'est à mesure que le développement de ceux-ci s'eCTectue, que l'on voit diminuer de plus en plus la quantité relative de cette substance qui re- vient ainsi définitivement aux caractères et à l'épaisseur du tissu sous-mu- queux des autres régions du corps. muqueuse même de ce tissu, et donne l'épiderme comme étant toute la mu- queuse. C'est il tort qu'il dit ce tissu composé d'abord d'un amas très-compacle et très-serré de cellules ou molécules nucléolées semblables a celles dont naissent les os et le périoste, puis ensuite qu'il devient fibreux. Il pose, sai'.s la résoudre dans un sens ni dans l'autre, la question de savoir si celte parlio est ou non un périoste d'épaisseur ou de formes modifiées. Il dit, à torl, qu'il est difficile d'en préciser les limites; il l'appelle parfie odontogénique, partie génératrice des dents et odontognne; mais ce n'est pas un tissu différent du tissu sous-muqueux des autres régions et , par conséquent , il ne mérite i)as un nom spécial. (Recherches sur la genèse et l'évolution des dents et des mâ- choires, Annales des tsciENCES naturelles. Paris, 1851), t. IX, p. 28'2-2S8.) 265 Les caractères de composition anatomique et de texture que nous ve- nons de faire connaître dans le tissu qui remplit la gouttière dentaire lors de la genèse du follicule et pendant assez longtemps après, sont les mêmes que ceux qu'on retrouve dans les tissus sous-cutanés où naissent les bulbes pileux et sous-muqueux des joues et des autres régions du corps où naissent des glandes, comme les follicules dentaires naissent dans celui-ci. Ce n'est donc point là une espèce de tissu à part, et par suite il ne doit pas recevoir de nom particulier, d'après ce seul fait qu'il remplit la gouttière des maxillaires, pas plus que n'en reçoit le tissu lamineux sous-cutané et sous-muqueux, parce que dans son épaisseur naissent les follicules pileux et les glandes, avant qu'ils communiquent à l'extérieur au travers des téguments. Eu même temps que les follicules se développent les corps fibroplastiques de ce tissu sous- muqueux passant à l'état de libres lamineuses proprement dites; il devient plus dense, blanchâtre, moins transparent, et reste privé de fibres élastiques. Il adhère alors bien plus aux parois de la gouttière et des alvéoles qu'aupa- ravant; de sorte que déjà un peu avant la naissance il leur forme un véritable périoste qu'on trouve immédiatement sous l'os, quand on dissèque les folli- cules par ablation des lames des maxillaires. A l'époque de la naissance et quelques mois après, cette couche fibreuse n'adhère pas encore beaucoup à la paroi propre du follicule, en sorte qu'on peut en détacher la totalité de celui-ci; il lui forme en quelque sorte une deuxième tunique ou paroi blanchâtre, plus résistante, moins transparente et moins vasculaire que la paroi propre qui est réellement simple. Plus lard, ce périoste (reste du tissu sous-muqueux plongeant dans la gouttière) s'unit avec la paroi folliculaire, et forme avec celle-ci le périoste alvéolo-dentaire. Ainsi c'est dans le tissu sous-muqueux, tout près des vaisseaux et nerfs de la gouttière, que naissent les bulbes et les follicules dentaires. Ce tissu di- minue graduellement de quantité lorsque les follicules se développent, lors- que les racines des dents apparaissent, celles-ci s'éloignent peu à peu du fond de la gouttière; en même temps les cloisons osseuses provenant de l'é- paississement de la face interne des parois de cette dernière se forment entre les dents et leurs racines; il en résulte que la gouttière disparaît en tant que gouttière, bien qu'elle continue à s'agrandir. Elle se ferme de la sorte du côté de la muqueuse et persiste seulement sous forme de canal den- taire. De là une diminution graduelle de la quantité du tissu sous-muqueux remplissant la gouttière; il s'atrophie devant cet envahissement osseux, et à mesure que les follicules se développant remplissent de plus en plus la gout- tière ou les loges en lesquelles elle se subdivise. 26G 3" DES ORGANES GÉNÉRATEURS DES INFUSOIRES DANS LEURS RAPPORTS AVEC LA FissiPARiTÉ; par M. Balbiam. L'idée que l'on se faisait naguère encore du mode de reproduction si gé- néralement répandu dans la classe des protozoaires infusoircs, et connu sous le nom de division spontanée ou de lissiparité, rangeait ce phénomène parmi les moins compliqués de la physiologie des animaux inférieurs. Chez un grand nombre d'espèces, il ne s'élevait même guère au delà du fait simple de la division d'une cellule en deux autres par suite de l'étranglement qui se manifeste en son milieu. Séduits par les analogies plutôt apparentes que réelles que présentent beaucou[t de ces animaux avec une cellule élémentaire munie de son noyau, queUiues auteurs ont en ellèt voulu leur faire l'applica- tion des lois géuésiques simples qui président à la multiplication de ces der- nières. La dénomination de noyau ou de nucléus, qui a prévalu jusqu'ici pour désigner le corps central si communément répandu chez les différents types de cette classe, témoigne suffisamment de la faveur avec laquelle cette théo- rie a été généralement accueillie, et l'ignorance où l'on était longtemps sur la signification de ce corps non-seulement expliquait, mais semblait donner raison à cette manière de voir. La connaissance plus approfondie que l'on a acquise aujourd'hui de l'organisation de ces animaux n'autorise plus une pareille assimilation, et, d'un autre côté, il est eonstaté maintenant qu'à cer- taines époques déterminées leur imcléus fonctionne comme un organe pro- ducteur de germes analogue à l'ovaire des espèces sexuées supérieures. Ces époques, en ramenant périodiquement pour ces animaux tous les autres actes caractéristiques d'une véritable génération sexuelle succédant à un certain nombre de générations agames, révèlent donc chez eux l'existence de cycles de reproduction comparables à ceux que l'on a reconnus chez un grand nombre d'autres espèces animales et qui constituent le fait fondamental qui, au point de vue des fonctions géuésiques, relie toutes ces espèces entre elles. Les vues développées à cet égard par Steenstrup, étendues et généralisées par M. de Quatrefages, trouvent donc ici un nouveau cas d'application, et les infusoircs vont dès lors se ranger à côté des helminthes et des autres ani- maux soumis aux lois de la généagénèse la mieux caractérisée. 11 ne faudrait pas croire qu'en dehors des époques dont il vient d'être parlé, le nucléus restât complètement étranger aux autres actes de la vie de ces êtres. Sans jouer un rôle aussi prépondérant que pendant la génération sexuelle, il n'en devient pas moins, à chaque scission spontanée, le siège de modifications importantes qui lui attribuent encore une part essentielle dans ce rqode de propagation, et qui contribueront peut-être un jour à jeter quel- que lumière sur les relations qui peuvent exister entre les faits de génération agame et ceux dans lesquels interviennent des appareils distincts et spéciaux. La mïQièrc dont la plupart des observateurs font iateryeuir cet organe des m ivfu?olre3 dans les pht'nomènes qui accompagnent leur flsçlparilé n'est exacte cpje pour les formes les moins éievérs de celte classe pour celles qui possèdent un nucléus simple, homogène, [ilus ou moins arrondi ou ovalaire. Chez ces formes élémentaires, le rôle de ce corps se horiie en effet à peu près tout entier à un simple partasre qui en attribue une moititi à chacun des deux êtres nouveaux qui résultent de la division de laiiimalcule primitif. Mais il s'en faut bien que dans les autres types les faits soient aussi dépour- vus de complication. Chez un grand nombre, parmi lesquels on compte les représentants les plus élevés de la classe, le nucléus a la forme d'une sorte de boyau allongé plus ou moins contourné en spirale ou simplement recouibé en fer ù cheval, disposition qui est la règle dans les deux familles des Euplo- tiens et des Vorlicelliens propres, et que l'on rencontre aussi dans quelques autres espèces où elle apparaît d'une manière aussi isolée. Dans d'autres genres, nombreux aussi, le même organe se compose d'une série de grains placés à la file les uns des autres et réunis par des filaments minces que forme la membrane qui les enveloppe. On ne remarque que deux de ces grains chez les Oxytrichines, tandis qu'ils sont beaucoup plus multipliés chez les Stentors et les Spirostomes. On croit communément que, dans ces diffé- rentes formes, le noyau se divise directement comme dans les espèces pré- cédentes ou que les grains plus ou moins nombreux qui le composent se répartissent simplement entre les deux individus nouveaux, sauf à se recon- stituer, après la division, en un noyau complet, selon le type particulier à chaque espèce. Or il suffît de suivre avec attention, chez une de ces espèces, les phases successives de la scission spontanée pour se convaincre qu'il n'en est rien, et que les phénomènes atteignent ici une complication bien supé- rieure à l'idée que Ton s'en était formée d'après les descriptions qui en ont été données jusqu'à ce jour. Lorsqu'un des animaux dont le nucléus rappelle l'un des caractères précédents est sur le point de se diviser, la première modification que ce corps éprouve est une sorte de contraction ou de retrait en masse qui a pour effet d'en rapprocher graduellement les deux extrémités de la partie moyenne- Ses grains, si cet animal est porteur d'un nucléus de la dernière espèce, se rapprochent les uns des autres, puis se soudent entre eux et finissent par se fondre en une petite masse commune, compacte et homogène, d'une forme arrondie ou ovoïde, et située ordinairement vers le centre de l'animal. Sous ce nouvel aspect, le nucléus rappelle complètement celui d'un Colpode ou d'une Paramécie. Après être resté stationnaire pendant quelques instants dans cet état, il reprend peu à peu sa forme allongée en repassant, mais dans un ordre inverse, par toutes les apparences qu'il avait successivement revêtues dans la première moitié de son évolution. C'est ordi- nairement parvenu à un point plus ou moins rapproché ou éloigné du début de cette seconde période de ses transformations, que le noyau se trouve à son tour atteint par la section. Celle-ci, d'autres fois, ne s'effectue que lorsque 268 ce corps est arrivé aux dernières limites de son extension, et l'on remarque, dans ce cas, qu'il a considérablement augmenté de longueur et qu'il se com- pose en même temps de grains bien plus nombreux que chez l'animalcule indivis. D'après ce qui précède, il résulte, en définitive, que dans toutes les espèces à nucléus allongé, simple ou subdivisé en petites masses partielles, cet organe ne participe à la division qu'après que ses molécules les pins éloignées ont subi, en se condensant sous un volume beaucoup moindre, un mélange intime ayant probablement pour effet de rétablir, dans toutes les parties du nucléus et avant son partage définitif entre les deux êtres nou- veaux, un équilibre parfait de propriétés et de composition. Indépendamment de ces corps nucléaires qui, ainsi que nous l'avons dit, jouent à certaines époques de la vie des infusoires le rôle d'un véritable ovaire, on rencontre, chez de nombreuses espèces, des corpuscules d'un autre ordre, annexés aux premiers et non moins essentiels à leurs phéno- mènes de reproduction. On les connaît depuis l'éminent professeur de Munich, M. de Siebold, sous le nom de nucléoles {nucleoli). Leur nombre varie beaucoup d'un type à l'autre. J'ai indiqué, dans une communication antérieure, quelques-uns des principaux genres qui m'ont offert de ces petits corps. (Comptes rendus de LA Société de biologie, 1858, î' série, t. V, p. 133.) Depuis cette époque, je les ai retrouvés chez plusieurs autres espèces très-différentes, et notamment chez les Yorticelles. Leur long nucléus enrubané enchâsse un nucléole ([ui, pour la forme et l'aspect , rappelle celui si bien connu du Paratnecium ou Loxodesbursaria. On l'aperçoit surtout bien chez le Carchesiumpolypinum et ['Epistylis nutans, à la condition de joindre l'action de l'acide acétique à une compression légère du corps de l'animal. Je n'ai pas été aussi heureux chez les différentes espèces de Stentors dont les grains nucléaires nombreux, disposés en chapelet, ne m'ont jamais paru accompagnés des mômes organes ; mais, d'après ce que j'ai observé chez les Spirostomes, je suis porté à croire que ceux-ci n'apparaissent d'une ma- nière distincte qu'à l'époque où ces animaux se multiplient avec le concours des sexes, et qu'alors chaque grain du nucléus se montre accompagné d'un granule nucléolaire propre. Avant les faits observés et communiqués par nous à la Société de biologie, en juillet 1857, on n'était guère mieux fixé sur les fondions de ces petits organes que sur celles du nucléus lui-même. Nous les avons vus, à certaines époques, se développer et se transformer en capsules remplies de filaments tout à fait comparables aux filaments sper- maliqucs des autres animaux. Ils correspondent donc, chez les Infusoires, à la glande génitale mâle de ces derniers, de môme que le nucléus repré- sente leur glande sexuelle femelle. La réunion, qui parait être la règle chez ces animaux, de ces deux organes chez un môme individu, devra donc être 269 considérée comme un indice certain de la présence d'une forme adulte, tandis que leur absence caractérisera un ôtre qui n'a pas encore parcouru toute la série de ses transformations. A cet égard, la classe des infusoires présente une exception remarqualile parmi les espi'ccs animales soumises, comme les premiers, à un développement généagénétique. On sait qu'il est pour ainsi dire de principe, dans ce mode de développe- ment, que les individus portant les organes caractérisques des sexes n'ap- paraissent qu'après un certain nombre de générations neutres, pour clore, par l'émission de germes fécondés, le cycle dont ils sont les termes ultimes. Chez les infusoires, au contraire, toutes les générations comprises dans un même cycle sont également sexuées, quel que soit le mode de reproduction qui les rattache les uns aux autres. La présence d'organes générateurs n'exclut donc pas, chez ces animaux, Ja possibilité de se reproduire pendant une longue période, par les modes pour ainsi dire négatifs de la fissiparité ou de la gemmiparité. De plus, ces organes, dans la plupart des espèces, présentent dès l'origine le même développement qu'à l'époque où ils vont entrer en action et émettre leurs éléments reproducteurs mâles et femelles, et même, dans l'intervalle de ces époques , ils font encore preuve d'une activité vitale prononcée et fréquemment mise en jeu par les phénomènes dont ils sont le siège pendant chaque reproduction par scission. Pour en revenir à ces derniers phénomènes et à la part qu'y prennent les petits corps testiculaires dont nous avons reconnu l'existence chez les infu- soires, nous les voyons, dans les types les plus divers, se comporter d'une manière beaucoup plus simple et plus uniforme que le noyau auquel ils sont annexés. Qu'on l'examine chez une Paramécie, une Vorticelle, une Oxytrique ou une Stylonychie, ce rôle montrera chez toutes une identité complète qui se maintiendra pendant toute la durée des phénomènes que nous étudions. Ces corps, quand il en existe plusieurs chez un même animal, restent tou- jours libres et n'éprouvent jamais une fusion analogue à celle des grains du noyau qu'ils accompagnent, leur distribution entre les deux êtres nouveaux ayant toujours lieu d'une manière directe et isolée. Avant de se diviser, ils subissent une sorte d'hypertrophie ou de dilatation qui en modifie sensible- ment l'aspect général. Us perdent leur réfringence, prennent une forme plus allongée, ovoïde, et présentent distinctement des stries qui s'étendent pa- rallèlement d'une de leurs extrémités à l'autre. Cette apparence rappelle beaucoup celle de ces mômes corps au début de leurs transformations en capsules séminales lors de la génération sexuelle. De plus, elle reconnaît aux deux époques une cause identique. Si après les avoir extraits du corps de l'animal et soumis à une compression ménagée, on examine ces organes avec des grossissements de 5 à 600 diamètres, on remarque que les stries qui les parcourent résultent de la juxtaposition de petits corps en forme de crois- 270 sants très-ouverls et allougi-s, étendus d'un bout à l'autre du nucléole agrandi. On serait tenté, au premier abord, de les prendre pour des faisceaux de spermatozoïdes incomplctement développes. Mais outre qu'il ne peut être question de semblables cléments à l'époque de la reproduction fissipare, ou observe, aux époques sexuelles, que ces corpuscules ne tardent pas à dispa- raître avec les progrès qui se font dans la transformation des nucléoles en capsules séminales, et qu'ils y sont rapidement remplacés par l'aspiration des véritables éléments spermatiqucs bien différents des premiers. Tour ces raisons, j'incline plutôt à considérer ceux-ci comme tenant à quelque parti- cularité de la structure anatomique de ces organes, par exemple à certaines parties plus épaissies sous forme de bandes ou de côtes de leur membrane d'enveloppe, et rendues plus évidentes par l'hypertrophie qui accompagne, aux deux époques de reproduction, les changements dont les nucléoles de- viennent alors le siège. Quoi qu'il en soit, chacun des nucléoles ainsi agran- dis se divise bientôt transversalement en deux moitiés à l'exclusion de sa membrane d'enveloppe qui continue à maintenir celles-ci réunies. Cette mem- brane, en s'allongeant, franchit le plan de la section et entraîne dans celui des deux animaux qui en est dépourvu l'une des portions du nucléole dé- doublé, après quoi elle s'atrophie et disparaît. Quant aux deux moitiés de celui-ci, elles éprouvent, à partir de ce moment, une sorte de transformation récurrente par suite de laquelle elles perdent les stries de leur surface et prennent un aspect plus homogène et plus condensé, ainsi que tous les au- tres caractères que le nucléole offre chez l'animal indivis. Ce retour à l'état primitif et pour ainsi dire rudimentaire, succédant aux phénomènes dont il a été le siège pendant la reproduction par scission, constitue une différence essentielle entre le rôle de ce corps dans le mode de reproduction qui nous occupe et celui qui, à d'autres époques, lui est dévolu comme organe sexuel mâle : dans ce dernier cas, il s'atrophie et se détruit chez la plupart des es- pèces après avoir émis ses corpuscules fécondateurs. Toutes ces phases diverses de l'évolution des organes générateurs des In- fusoires pendant la scission spontanée présentent, à peu de chose près, des caractères identiques el se succèdent dans le même ordre chez celles des espèces de cette classe qui se multiplient par sectionnement longitudinal et les autres beaucoup plus nombreuses où la division est plus ou moins trans- versale ou oblique. D'après la plupart des auteurs, ces deux modes existe- raient au contraire simultanément chez le plus grand nombre des types connus, en sorte que, sous l'inlluence de conditions encore ignorées, ceu.\-ci pourraient se multiplier alternativement par fissiparité longitudinale et par lissiparité transversale. Nous sommes loin de partager cette manière de voir qui, selon nous, repose sur une fausse interprétation des faits Nous pensons que la scissiparité est une dans son essence, comme l'est l'oviparité ellc- mèmc, et que ses effclt seuls différent d'une cspcie à l'autre on raison de 271 certaines conditions d'organisation inliérenics à cliacunc de ces espèces. Or, ces conditions ne pouvant Taricr, il en résulte nécessairement que l'in- fluence qu'elles exercent sur le sens suivant lequel un même animal se divise pour en former deux autres, doit toujours aussi rester indentiquement le même dans chaque type. Par ces considérations, à la réserve du seul groupe formé par les Vorticelles simples et agrégées et de quelques espèces voi- sines, nous rejetons d'une manière absolue la prétendue scission longitudi- nale si souvent décrite et ligurée chez les autres types secondaires apparte- nant à la même classe, concurremment avec leur sectionnement transverse, pour ne voir dans le premier état, malgré les assertions contraires d'un grand nombre d'observateurs distingués, qu'un simple accouplement latéral, fait déjà soupçonné par Beccaria et 0. F. Millier, alternativement admis et rejeté par les naturalistes qui leur ont succédé, et que nous croyons avoir enfin mis hors de doute par l'observation directe et la constatation des autres actes caractérisant essentiellement une génération sexuelle. 4* NOTE SUR LA STRUCTURE DE LA GLANDE LACRYMALE CHEZ L'HOMME ET CHEZ QUELQUES VERTÉBRÉS; par M. PAUL TiLLAUX. 1» Ches l'homme. La science était loin d'être fixée à l'endroit de la structure de la glande la- crymale, lorsque cette question nous fut donnée pour le concours d'aide d'a- natomie de l'année 1859. Sans nous préoccuper de l'opinion des anciens anatomistes, tels que San- torini,Morgagni,Zinn,Haller, à ce sujet, et bien que i\Ionro le fils ait prétendu avoir injecté deux conduits excréteurs au mercure , arrivons tout de suite aux deux travaux modernes les plus importants, celui de M. Gosselin, en 1843, et de M. Sappey, en 1852. On sait que la glande lacrymale est divisée en deux portions parfaitement distinctes quant à leur siège et leurs rapports : l'une, la plus volumineuse, qui forme le corps proprement dit, située dans la cavité de l'orbite ; l'autre, étalée, aplatie, logée dans l'épaisseur des paupières à la partie externe et dans le dédoublement de l'aponévrose orbitaire. M. Gosselin trouva que ces deux portions, orbitaire et palpébrale, étaient munies de conduits excréteurs distincts, deux pour la première, six à huit pour la seconde , ces deux ordres de conduits ne communiquant point entre eux. M. Sappey trouva, au contraire, que ces deux portions étaient intimement confondues, en sorte que les conduits excréteurs et la portion principale re- cevaient, chemin faisant, ceux de la portion accessoire, à l'exception d'un ou deux qui s'ouvraient isolément sur la muqueuse. Ces deux anatomistes avaient employé le même procédé dans leurs recher- ches : l'injection au mercure. 272 Comment cx|tli(iiiGr cette divergence? >'ous allons démontrer pins loin qu'on en trouve la raison dans les variétés que présente la glande. Les injections au mercure ne peuvent donner un résultat complet. II est impossible, môme avec la plus grande habitude, d'introduire le tube, si fia qu'il soit, dans l'orifice de tous les conduits excréteurs; il me parait sur- tout impossible d'afiirmer que tous les conduits aient été injectés de cette manière. Aussi n'est-il pas étonnant que MM. Gosselin et Sappey, tout en diflférant d'opinion, ne soient pas arrivés à des résultats parfaitement exacts. J'ai employé pour la glande lacrymale le procédé indiqué par M. Giraldès/ qui m'avait déjà servi pour l'étude de la glande sublinguale, à savoir la ma- cération plus ou moins prolongée dans l'acide tartrique. Puis j'ai fortement comprimé la glande entre deux lames de verre. Les observations que j'ai faites sur un grand nombre de glandes lacrymales me permettent d'en reconnaître deux variétés principales. 1° La portion lacrymale et la portion palpébrale sont simplement contigués. Les conduits de chacune de ces portions sont distincts et vont s'ouvrir isolé- ment sur la muqueuse. Cette variété se rencontre le plus souvent ; sur quinze glandes déposées au musée de la Faculté, treize ofTrent cette disposition. Dans ses recherches, M. le professeur Gosselin n'avait rencontré que cette variété, mais il avait limité à deux le nombre des conduits de la portion principale. J'en ai con- stamment rencontré plus de deux ; ce nombre varie de trois à cinq. Le nom- bre des glandes de la portion palpébrale varie aussi de quatre ù douze. Sou- vent on rencontre, soit sur le bord interne, soit sur le bord externe de la glande, un petit groupe de glandules beaucoup plus petites que les autres, au nombre de quatre ou cinq, et qui ont chacune un conduit spécial très-appa- rent, à l'aide du procédé dont je me suis servi. Cette disposition rend compte de la difiiculté qu'on doit éprouver à tarir complètement la source des larmes par l'extirpation de la glande lacry- male, et il est matériellement impossible d'injecter ces conduits avec le mercure. C'est là une variété principale de la glande, mais je dois dire que tout en se rapprochant de ce type plus ou moins complètement, les glandes qui ap- partiennent à ce groupe dilTèrent les unes des autres par le nombre et la dis- position des conduits. Je n'ai pas rencontré deux glandes lacrymales dispo- sées identiquement de la même manière, non-seulement chez des sujets différents, mais encore d'un côté à l'autre; aussi j'attache une faible impor- tance au nombre exact des conduits excréteurs, car ici comme pour la glande sublingnale, le volume supplée au nombre, et réciproquement. 2° La portion lacrymale et la portion palpébrale sont continues, c'est-à-dire 273 que les conduits de la première reçoivent dans leur trajet les conduits de la seconde , mais seulement une partie de ces derniers ; car on rencontre tou- jours soit entre les conduits principaux, soit aux bords interne et externe de la glande, une ou plusieurs glandules isolées, munies d'un conduit excréteur distinct et qui représentent la portion lacrymale. Cette seconde variété est plus grande que la précédente, puisque je n'en ai trouvé que deux sur quinze ; c'est elle qu'avait rencontrée M. Sappey dans ses recherches. Ceci nous rend compte parfaitement des différentes opinions qui existaient dans la science. Ces deux variétés, indiquées par MM. Gosselin et Sappey, existent, dans des proportions inégales, il est vrai. Ces deux opinions avaient le tort d'être trop exclusives, on le conçoit très- bien en songeant à la difficulté des injections mercurielles, ce qui empêchait de multiplier les recherches aQn de confronter les résultats. De plus, le nombre de conduits indiqués par ces auteurs est loin d'être toujours exact, fait peu important d'ailleurs ; je pense, en effet, que pour se faire une bonne idée de la structure de la glande lacrymale, il suffit de se rappeler qu'elle présente deux types principaux, suivant que les deux por- tions sont simplement continues ou continues et un très-grand nombre de variétés se rattachant à ces types. Structure de la glande lacrymale chez qdelques mammifères.— Pour contrôler mes résultats chez l'homme, j'ai étudié la glande lacrymale d'un assez grand nombre de mammifères. Le fait qui frappe au premier abord, c'est que chez le mouton, le chien, le veau, le cerf, qui ont principalement servi à mes études, je n'ai pas trouvé de portion palpcbrale, mais seulement la portion lacrymale. Je citerai un fait qui démontre surabondamment que les différentes opi- nions trouvent souvent leurs causes dans le trop petit nombre d'observations. Chez le veau, des auteurs admettent douze conduits excréteurs; d'autres, traitant ce résultat d'exagération, n'en décrivent que cinq. Eh bien, un veau que j'ai étudié présentait douze conduits d'un côté et cinq seulement du côté opposé. Je n'ai constamment trouvé que deux conduits chez le mouton; ils sont très-gros, faciles à voir et à injecter au mercure; peut-être est-ce cette dis- position, très-bien vue par M. Gosselin, qui l'avait engagé à n'admettre par analogie que deux conduits principaux chez l'homme. Le chien ne m'a offert que deux conduits; quelquefois une ou deux petites glandules, rudiments de la portion palpébrale. Chez le cerf, j'ai trouvé de onze a douze conduits, parfaitement symé- triques, venant s'ouvrir sur un même sillon circulaire très-manifeste. Mais les animaux prc'sciiteut encore uue autre glande que l'on désigne sous le nom de glande de Harder, à tort suivant nous, puisque Harder, dans C. R. 18 .a lellre imprimée dans les Actes des érudits de Leipsick (mois de février i694). ne la décrit que chez les cerfs et les biches, et spéciQaiit quon ne la rencontre que chez ces animaux seulement. J'insisterai peu sur cette glande que je me propose d'étudier ultérieure- ""'j'è^dlrai seulement qu'à l'exception des oiseaux, chez lesquels elle offre un conduit excréteur unique, mais très-volumineux, je n ai pas reucon ré de conduits excréteurs chez le mouton, le veau, le cochon d Inde, le lapin, et même le ce.f, bien que Harder ail représenté dans deux planches le con- duit excréteur chez ces derniers animaux. Je n'oserais cependant pas encore aiïirmer qu'il n'y a pas de conduits ex- créteurs mais dans tous les cas, ces glandes ne ressemblent ni par la cou- leur ni par la consistance, aux glandes en grappe ordinaires. Elles se rappro- cbent beaucoup plus au microscope et à lœil nu de ce que piesenie le thy- mus. 11. —Physiologie expérimentale. NOTE SUR LA CICATRISATION DES PLAIES SOUS l'INFUENCE DE L'ACIDE carbonique; par MM. Demarquay et Leconte. Depuis quelques années nous avons fait un grand nombre de recherches sur l'action des gaz appliqués à l'organisme vivant. Nous avons déjà fait connaître à la Société nos études sur 1 action que cer- tains gaz exercent sur nos tissus lorsqu'ils ont été injectés dans le t.ssu cel- lulaire ou dans le péritoine. U résulte de nos expériences que 1 oxygène, l'azote, l'hydrogène et l'acide carbonique ne sont nullement toxiques, e que tous à l'exception de l'azote, sont promptcment résorbés ; qu'enhn Us ne restent pas à l'étal d'isolement au milieu de nos tissus, car bientôt les gaz du sang viennent à s'épancher. Ce fait de l'innocuité des gaz, cité plus haut étant bien déterminé, nous avons étudié avec soin le rôle que ces meu.es „az peuvent jouer au contact des tendons divisés par une section sous-cutanée. U résulte de nos expériences que l'oxygène mis chaque jour au contact des tendons divisés retarde d'une manière très-sensible Torganisatlon ou même la réparation des plaies sous-cutanées. L'hydrogène a nue action bien plus sensible encore, tandis que l'azote est complètement dépourvu d action. L'acide carbonique se distingue des gaz qui précèdent en ce qu .1 act.ve d'une façon merveilleuse la réparation des tendons divisés. Ce fait une fois bien constaté, il était tout naturel d'espéier que l'acide carbonique m s au contact d'une plaie des téguments exposée an contact de 1 au ^^ ;^^^ même manière, c'est-à-dire qu'il en hâterait considcrablement a - -^o si on parvenait à lo maintenir pendant un temps ««^^^ l^;"^^;^^ ^pr plaie qu'il s'agissait de modifier. Pour atteindre ce but, nous avons pnè 275 M. Gariel de nous faire construire des appareils en caoutchouc, des espèces de mouclioirs , lesquels , une fois appliqués sur les membres atteints de plaies, nous permettaient de plonger ceux-ci dans une atmosphère d'acide carbonique. Grâce à ces mouchoirs, nous avons pu maintenir pendant quatre et six. heures, et même plus, des membres afîectés de plaies en contact avec l'acide carbonique. Plusieurs malades atteints d'ulcères gangreneux, de plaies diphthéritiques ou de mauvaise nature, ayant résisté à des traitements antérieurs, ont été traités par nous depuis plus de deux ans dans le service chirurgical de la Maison de santé, et ont guéri avec une rapidité vraiment remarquable. Ces faits, constatés par i\l. Monod, par un grand nombre de médecins et d'élèves, ne laissent aucun doute sur les services immenses que peut rendre dans le traitement de toutes les plaies, et surtout de ces plaies interminables qui font le désespoir des malades et des chirurgiens, l'action cicatrisante de l'acide carbonique. Cette propriété de Tacide carbonique, que nous avons décou- verte, est bien différente de l'action anesthésique récemment signalée par MM. Mojon et Simpson, et confirmée par M. Follin et l'un de nous, M. Demar- quay. Dans ces recherches, nous avons constaté que l'acide carbonique donné en injections vaginales, en même temps qu'il amenait une rémission dans les douleurs, modifiait avantageusement l'aspect des plaies cancéreuses et leur enlevait souvent leur fétidité. Ce dernier effet est tellement incontes- table, quand on prolonge le contact de l'acide carbonique comme nous le fai- sons dans notre méthode, que les plaies les plus fétides deviennent presque inodores en vingt-quatre ou trente-six heures, par suite sans doute des mo- difications qu'éprouvent les sécrétions. L'action cicatrisante de Tacide car- bonique, que nous étudions, ne s'est pas manifestée seulement sur les plaies résultant d'un traumatisme plus ou moins récent, mais encore sur toutes celles qui présentaient un aspect plus ou moins mauvais et au contact desquelles nous l'avons appliqué. Suivant les indications à remplir, nous maintenons le contact de l'acide carbonique avec la plaie pendant un temps plus ou moins long ; dans quel- ques cas de plaies cancéreuses dont nous publierons les observations, ce contact a été permanent. 2" NOTE SUR LA PHYSIOLOGIE DU POULS; par M. MoiLIN. Le système circulatoire est composé de deux sortes de vaisseaux d'as- pect bien différent : les artères et les veines; au point de vue général où nous nous plaçons, les cœurs ne sont pas distincts de ces dernières et peu- vent être considérés comme des renflements veineux. Je n'insisterai pas sur l'anatomie descriptive des vaisseaux et je me bornerai à dire quelques mots de leur structure histologique. Los artères sont composées par une membrane interne, lisse, que doublent 276 en dehors des fibres contractiles et élastiques. Ces fibres sont toutes circu- laires et par conséquent perpenJiculaires à l'axe des vaisseaux; le tissu élastique forme presque exclusivement la charpente des troncs artériels; les fibres contractiles se rencontrent plus particulièrement dans les artérioles qu'elles forment presqu'à elles seules. Les parois artérielles sont animées par des nerfs vasomoteurs ou sym- pathiques artériels et renferment des vaisseaux propres, les vasa vasorum. Les veines sont composées d'une membrane interne pareille à celle des artères , si ce n'est qu'elle est pourvue de valvules empêchant le recul du sang. • Cette membrane est doublée par du tissu contractile et fibreux; ce dernier est disposé longitudinalement; les fibres contractiles sont, les unes circu- laires, les autres longitudinales; très-nombreuses et striées dans les cœurs, elles sont plus rares dans les troncs veineux et redeviennent abondantes sur les veinules qui, au point d^ vue de leur contraciilité, diffèreul à peine des artérioles. Les parois veineuses contiennent également des vasa vasorum et des nerfs, les vasomoteurs ou sympathiques veineux. Les systèmes artériels et veineux, en s'abouchant parleurs extrémités les plus fines et par leurs troncs les plus volumineux, forment un cercle com- plet où circule le sang; le passage d'un système à l'autre n'a pas lieu brus- quement, mais se fait à l'aide de valsseau.x mixtes intermédiaires. Ainsi les veinules communiquent avec les artérioles par les capillaires, vaisseaux de transition, formés seulement par la membrane interne commune. Les cœurs se continuent avec les aortes, à l'aide de vaisseaux mixtes qui sont les cœurs aortiques; ceux-ci sont situés à l'origine des artères; chez certains animaux, ils revêtent l'aspect des cœurs. Ils se reconnaissent facile- ment à leurs valvules sygmoïdes et à leurs vasa vasorum dépendant de la cir- culation cardiaque. PHYSIOLOGIE DES ARTÈRES. — Le tissu élastique jouc le rôle passif d'un res- sort; distendu par l'impulsion du cœur, il revient sur lui-même pendant la diastole et pousse le sang dans les capillaires : les valvules sygmoïdes im- priment une direction à ce mouvement. Les fibres contractiles des artères favorisent la réaction du tissu élastique; grâce a leur tonicité, elles ont toujours un certain degré d'élasticité et se comportent à ce titre comme un ressort passif. La contraction des fibres musculaires des gros troncs arlériels peut accé- lérer la circulation, mais il faut pour cela ([u'elles concordent avec les bat- tements du cœur et soient en harmonie avec eux. C'est ce qui arrive en effet pour les libres contractiles des cœuisaortiques. Partout ailleurs 'les contrac- tions des artères sont indépendantes de celles du cœur et, loin de favoriser la circulation, rllos In ralentissent on in/^me rarn"^ient tout à fait. 277 En effet, les fibres musculaires des artères étant circulaires tendent à ré- trécir le calibre des vaisseaux et agissent comme le ferait une ligature plus ou moins serrée; elles ne poussent pas le sang en avant, mais président à sa distribution en guidant la force aveugle dn cœur; elles représentent la main intelligente qui, dans un système d'irrigation, ouvre et ferme les écluses. Physiologie des veines. — Leur tissu fibreux agit d'une manière passive en s'opposant à la distension excessive des vaisseaux. Quant aux fibres con- tractiles, elles jouent un rôle bien différent de celui que nous leur avons trouvé dans les artères. Qu'elles soient situées sur les veinules ou sur les troncs veineux , qu'elles soient rares comme dans les jugulaires ou forment des couches épaisses comme dans les cœurs, leur usage est toujours le même : elles poussent le sang dans le sens de la circulation; cela est évi- dent dans les veines pourvues de valvules. Lorsque celles-ci manquent, les contractions des parois veineuses font en- core progresser le sang, car les fibres musculaires en se contractant oblitè- rent plus ou moins la lumière du vaisseau et jouent le rôle de valvules tem- poraires. La disposition circulaire et longitudinale des fibres des parois veineuses, analogues à celle de l'intestin, indique assez que les veines sont, comme ce dernier, animées d'un mouvement péristaltique. L'expérience montre en effet que le système veineux; est animé de mou- vements rhythmiques qui atteignent leur plus haut degré d'intensité dans les cœurs et que l'on peut du reste conslater directement dans les veinules de la rétine à l'aide de l'ophtlialmoscope. Les contractions des veinules, par cela seul qu'elles poussent le sang vers le cœur, favorisent et accélèrent la circulation dans les capillaires et les ar- térioles. En effet, la contraction des veinules s'ajoute à celle des ventricules et à la détente des artères pour soulever la colonne sanguine qu'il s'agit de déplacer; en poussant le sang en avant, les veinules font derrière elles un vide virtuel, où le sang lancé par le cœur se précipite et circule plus facile- ment que s'il avait été obligé de se faire sa place lui-même. Cette aspiration du sang exercée par les veinules est sans doute très-faible pour chacune d'elles ; mais comme elle est répétée dans un nombre immense de points, leur ensemble forme un agent d'impulsion très-énergique qui contribue pour sa part à faire circuler le sang. La dissémination des fibres contractiles dans les veinules, loin de nuire à leur action, la favorise et leur permet d'agir sur le sang d'une façon plus immédiate que ne le font les fibres mus- culaires accumulées en couches épaisses dans les cœurs. En résumé, les systèmes veineux et artériels, considérés d'une manière générale, sont en antagonisme; les contractions du système veineux repré- sentent les puissances actives qui l'ont circuler le sang; les contractions du 278 système artériel représentent les résistances actives qui s'opposent a celle progression. Les deux systèmes sont aussi opposés que possible, puisqu'ils produisent des effets diamétralement contraires, la paralysie des artères agissant comme l'excitation des veines, et réciproquement. Les paralysies du système veineux produisent les mêmes effets que les contractions des artères. Les fibres contractiles du système veineux sont localisées plus particuliè- rement à ses deux extrémités dans les cœurs et les veinules, les troncs in- termédiaires en contenant très-peu eu égard au volume du sang qu'elles ont à pousser. Les fibres musculaires des artères sont localisées plus particuliè- rement dans leurs ramifications les plus fines, et sont plus rares dans les troncs artériels. 11 résulte de cette distribution des fibres contractiles dans le cercle circu- latoire que les cœurs président à la circulation d'une manière générale et envoient le sang indifféremment dans toutes les parties et suivant toutes les directions ; les veinules et les artérioles président au contraire aux circula- tions locales des organes ou portions d'organes, les premières en y appelant le sang avec plus ou moins de force, les secondes en lui ouvrant ou en lui fermant le passage. Du POULS. — Le pouls est la sensation que donne le toucher d'une artère; il se compose de deux sensations successives. La première a lieu pendant la systole : c'est l'impression du pouls; la deuxième se produisant pendant la diastole : c'est la palpitation du pouls. L'impulsion est produite par la pulsa- tion proprement dite ; le doigt éprouve un choc et l'apprécie. Dans la pal- pation le doigt est actif ; il cherche à déprimer l'artère, à effacer son calibre, et mesure l'efTort qui lui est nécessaire pour atteindre ce résultat. Les propriétés élémentaires du pouls sont: 1» la fréquence et la rareté: c'est le nombre de pulsations qui ont lieu pendant un temps donné ; 2° la vitesse ou la lenteur : c'est la durée du choc ; 3» la force ou la faiblesse : c'est l'énergie du choc ; 4« la grandeur ou la petitesse : c'est la dilatation artérielle qui accompagne la pulsation; 5» la dureté ou la mollesse: je les définirai plus loin. Ces cinq caractères du pouls nous sont révélés par •l'impression ; les deux suivants appartiennent à la palpation ; ce sont : 6' la grosseur ou la minceur : c'est le volume que conserve l'artère pendant la diastole ; 7° la ré- sistance et la dépressibililé : c'est la difficulté plus ou moins grande que l'on éprouve à elfacer le calibre de l'artère. Le pouls normal est celui qui n'est ni fréquent, ni rare, ni lent, ni vite, etc. 11 résulte d'un équilibre exact des contractions antagonistes des systèmes artériels et veineux. Lorsque cet éiuilibre est troublé, le pouls s'altère et présente les différentes manières d'être que nous venons d'énumérer. Le pouls se divise en général et en local : le premier est dû aux modifica- tions survenues dans les battements du cœur; le second dépend des varia- 279 tions que présente la contraction des vaisseaux de l'organe que l'on consi- dère, du bras, par exemple, si on observe le pouls radial. Toutes les fois qu'il existe un pouls local quelque part, il existe nécessai- rement dans une autre portion de l'organisme un autre pouls complémen- taire; la circulation ne pouvant être accélérée dans une partie du corps qu'autant quelle est ralentie d'une manière équivalente dans un autre point- Les pouls locaux présentent quatre types fondamentaux : deux pour l'ex- citation et la paralysie des artères ; deux pour l'excitation et la paralysie des veinules. Principes préliminaires. — On démontre en mécanique : 1' Que la force du pouls dans les artères est en raison inverse des résis- tances qui s'opposent à la circulation locale que l'on considère; 2° Que la dépense du sang, c'est-à-dire la quantité de liquide qui traverse l'organe pendant un temps donné, est en raison delaforce du pouls et du ca- libre des vaisseaux que l'on explore. 3° Que la pulsation s'afifaiblit à mesure que l'on s'éloigne du cœur, d'où il suit que le pouls en s'afTaiblissant cesse d'être perçu aux extrémités et re- monte vers le cœur ; par contre , le pouls augmente de force : il descend et devient appréciable dans les capillaires et même dans les veines. Cela posé, l'excitation des artères rend le pouls plus faible, plus petit, plus mou, plus mince et plus dépressible. Le pouls est plus faible, car la résistance que les contractions des artères opposent au passage du sang est augmentée ; il est plus petit, car la contrac- tion des parois permet à celles-ci de résister avec plus de succès à l'impul- sion du cœur qui tend à distendre le vaisseau. A mesure qu'il s'affaiblit, le pouls devient plus difTicile à apprécier et remonte vers le cœur. Le pouls est plus mou ; la mollesse du pouls et son contraire, la dureté, produisent sur la peau exactement la même impression que feraient deux balles de même poids, de même volume, lancées avec la même force, etc., mais dont l'une serait entourée de coton et l'autre d'ivoire ou de quelque autre corps élastique. Ce coton amortit la force du cboc et le rend mou; l'ivoire, grâce à son élasticiié, transmet le choc intégralement et donne la sensation d'un corps dur. Or, lorsque les parois artérielles sont contrac- tées, elles se comportent en quelque sorte comme du coton, amortissent la sensation et la rendent molle ; le contraire arrive et celle-ci est dure lors- que les vaisseaux sont paralysés. La mollesse et la dureté du pouls sont des propriétés tout à fait distinctes de sa force et de sa grandeur, et ne dépendent que de l'état de relàcbement ou de contraction de l'artère explorée. Enfin le pouls est plus mince et plus dépressible. En effet les veinules 280 dont l'action n'est pas cliangée continuent d'attirer le sang des capillaires avec la (m'-mc force; il résulte de là que la qiiantilé de sang contenue dans les organes ya diminuant puisque les veines on font sortir plus que les artè- res n'en laissent entrer. Cette dernière proposition serait évidemment ab- surde si les parois des capillaires étaient imperméables, mais comme il n'en est rien, les veines pompent les sucs interstitiels des organes à défaut du sang dont elles augmentent ainsi la masse. Les vaisseaux de l'organe contenant moins de sang, leur volume est diminué et le pouls est naturelle- ment plus mince. Pour les mêmes raisons il est plus dépressible, car une cavité à parois élastiques est d'autant plus facile à déprimer qu'elle con- tient moins de liquide et est moins distendue. La circulation est ralentie, c'est la conséquence de la faiblesse du pouls et de sa petitesse. La vitesse linéaire du sang est au contraire augmentée, la petite quantité de sang qui traverse l'organe coulant en chaque point avec une plus grande vélocité. Cela résulte de ce que le calibre des vaisseaux est diminué et de ce que la contraction des veines, restée la même, s'exerçant sur une quantité moindre de sang lui imprime une vitesse plus considérable. Cette vitesse linéaire du sang, qu'il faut bien se garder de confondre avec celle de la circulation, est importante à considérer parce qu'elle a été la source d'un grand nombre d'erreurs. La pression du sang dans les capillai- res est diminuée; c'est la conséquence de la déplétion des vaisseaux. La quantité et la lension des sucs interstitielscontenus dansla trame de l'organe sont également moins considérables; c'est le résultat de la diminution de la pression du sang dans les capillaires et de l'aspiration qui y est exercée par les veines. La résorption des humeurs interstitielles par les vaisseaux lymphatiques est diminuée. En cflel, la lapidité de celte résorption dépend de la dilTérence existant entre les tensions des veines sous-clavières et celle du plasma qui imbibe la trame de l'organe. L'excitation des artères en diminuant cette dernière pression ralentit donc l'absorption par les lymphatiques. Je ferai remarquer ici occasionnellement que c"cst la tension des veines sous-claviè- res qui règle la circulation lymphatique en permettant ou en empêchant l'abaissement de la dernière valvule. Mais la circulation des veines sous- clavières est sous la dépendance immédiate des mouvements de la respira- tion et c'est cette fonction qui en délinitive apprécie l'état du sang et juge s'il a besoin d'être réparé ou non par la résorption des humeurs interstitiel- les. Celle particularité explique pourquoi les vaisseaux lymphatiques vien- nent s'ouvrir dans les veines sous-clavières et non ailleurs. L'excitation des artères produit encore une diminution de la tension des organes. Ceux-ci contenant moins de sang et de sucs interstitiels sont évi- demment plus souples, moins tendus et moins élastiques. Eufln, et connue conséquence du ralentissement de la circulation, l'excilatiuii des artères 281 amène la décoloration des tissus, leur refroidissement jinsi qu'une diminu- tion de leur susccptii}ilitc et de leurs sécrétions. Des modificalions du fouls consécutiies à la paralysie des artères. — La paralysie produit des phénomènes inverses de l'excitation. Le pouls est plus fort, plus grand, plus dur, plus gros, plus résistant; il descend vers les capillaires et passe même dans les veines. La circulation est accidérée, a pression du sang dans les capillaires, la quantité et la tension des hu- meurs interstitielles sont augmentées ; l'absorption par les lymphatiques est plus active; l'organe est traversé par un courant de liquide qui va des cap'il- lalres sanguins aux réseaux lymphathiques en traversant la trame des or- ganes. Ceux-ci sont tendus, turgides et même pulsatiles. Us contiennent une plus grande quantité de sang et celui-ci est animé d'u e vitesse linéaire moins considérable. L'altération de la circulation entraine comme consé- quences une augmentation de la rougeur du tissu, de sa température, de sa sensibilité et de ses sécrétions. Des modifications du pouls conse'cutives à l'excitation des veines. — Ce pouls est grand et fort, il descend dans les capillaires et passe même dans les veines. Cela vient de ce que les contractions des veines diminuent les résistances qui s'opposent à la circulation locale et rendent ainsi le pouls plus fort. Quelques personnes auront peut-être peine à comprendre comment le sang peut traverser des vaisseaux animés d'un mouvement rhythmique et présenter cependant encore des pulsations Isochrones à celles des artères. Ce phénomène est cepenJant très-simple et tient à ce que les mouvements ondulatoires des liquides se super[)osent sans se confondre. Les contrac- tions des vésicules produisent de petites pulsations qui festonnent en quel- que sorte la grande ondulation du pouls. Celle-ci, loin d'être détruite est au contraire exagérée puisque le pouls est plus fort. L'excitation des veines rend le pouls plus mince et plus dépressible C'est la conséquence nécessaire de l'aspiration qu'elle produit dans les ca- pillaires et les artérioles. En résumé, le pouls que nous étudions est carac- térisé par la force et par la grandeur de la pulsation, en même temps que par la diminution du volume de l'artère et sa dépressibilité; il s'accom- pagne d'une augmentation simultanée et de la rapidité de la circulation et de la vitesse linéaire du sang; ce liquide traverse les capillaires avec une grande vélocité et sous une faible pression. Les vaisseaux contiennent moins de sang et sont moins volumineux, moius distendus; les humeurs interstitielles, moins abondantes et douées d'une tension moindre, sont plus fréquemment renouvelées. La force et la dépressibilité du pouls produisent ce dernier efTet d'une manière très-simple. Pendant la pulsation la pression du sang est supérieure à celle du plasma contenu dans le tissu; il y a donc alors courant du sang vers l'organe ; après la pulsation, la pression des humeurs interstitielles devient prédominante, et il y a courant des or- 282 ganes vers le sang. Ce rônouvellement est du reste d'autant plus marqué que le pouls est pliîs fort, phis dépressible et plus rare. L'organe, souple, modérément élastique, parfois pulsalile, n'est ni tendre ni turgescent; il n'est pas gorgé de sang comme dans le cas précédent, bien qu'il soit le siège d'une circulation plus active. Cette accélération entraîne comme conséquences une augmentation de la rougeur, de la chaleur, de la sensibilité et des sécrétions de l'organe. Tous ces phénomènes s'observent également dans la paralysie des artères ; aussi a-t-on une grande tendance à confondre ces deux états de la circulation, bien qu'il soit facile de les distinguer à l'aide des caractères que nous leur avons assignés. Des modificaiians du pottïs consécutives à la paralysie des veines. — Cette paralysie produit les phénomènes inverses de l'excitation ; die rend le pouls plus faible, plus petit, plus gros, plus résistant. La circulation est ralentie, les vaisseaux sont engorgés et distendus par du sang en stagna- tion; la pression dans les capillaires est augmentée, ainsi que la ten- sion et la quantité des humeurs interstitielles; ces dernières, incomplè- tement renouvelées, sont résorbées avec plus d'activité par le système lymphatique; l'organe lourd, engorge et tendu est le siège d'une conges- tion passive due à la stase du sang veineux. Ce ralentissement de la circu- lation entraine comme conséquences une cyanose plus ou moins prononcée des tissus, une diminution de leur température, de leur sensibilité et une augmentation de leurs sécrétions. Tels sont les quatre pouls dus à l'excitation et à la paralysie des veines et des artères; en se combinant entre eux, ils donnent lieu à une inûnité de variétés faciles à concevoir et sur lesquelles il est inutile d'insister. Du POULS EN GÉNÉRAL. — Les modiûcatious qu'il présente dépendent du rliylhme et de la force des contractions du cœur. 11 offre aussi quatre va- riétés qui ont été déterminées par l'expérience, et qui sont : Le [)ouls de l'excitation des vagues ; il est rare, lent, fort et grand. Le pouls de la paralysie des vagues; il est fréquent, vite, faible et petit. Le pouls de l'excitation des nerfs cardiaques; il est fréquent, vile, fort et grand. Le pouls de la paralysie des nerfs cardiaques; il est rare, lent, faible et petit. Ces quatre pouls du cœur, en se combinant avec les quatre pouls locaux précédemment décrits, leur imprimeut des modillcations faciles à imaginer et partant inutiles à décrire. Si l'on ra[)prochc les différentes espèces de pouls que nous venons d'énu- mérer des phéuomèmes circulatoires |)roduits par la section et par l'excita- tion des nerfs, on trouve ce résultat remarquable : que les artères reçoivent leurs nerfs des racines antérieures, tandis que les veines sont animées par 283 les racines postérieures ; oa trouve également que les vagues animent les veines du cœur, tandis que les nerfs cardiaques font contracter ses artères. Mais j'aborde là un nouveau sujet dont l'exposition m'entraînerait dans de trop longs détails ; je me contenterai donc pour ce moment de iurmuler lu proposition suivante qui servira de conclusion à ce travail; c'est que : la vitesse, la force, la grandeur, la dureté, le volume, la déprossibilité du pouls, sont sous la dépendauce de l'excitation et de la paralysie des nerfs vaso- moteurs. m. — Pathologie. l» CANCER DU FOIE AYANT ENVAHI TOUT L'ORGANE AU POINT DE NE PLUS LAISSER TRACE VISIBLE DE SA SUBSTANCE PROPRE; FORME INSOLITE COM- MUNIQUÉE AU FOIE PAR l'affection DONT IL EST LE SIEGE; VOLUME ET POIDS ÉNORMES DE CELUI-CI ; COMPRESSION DES DEUX REINS ET EN PARTIE DES URETÈRES ; SUPPRESSION DE LURINE PAR DÉFAUT DE SÉCRÉTION, AYANT SIMULÉ TOUT d'abord UNE RÉTENTION; TUMEUR CANCÉREUSE CONCOMITANTE DE LA TÊTE, DU PANCRÉAS ET DU PYLORE AVEC DILATATION; DIFFICULTÉS DE DIAGNOSTIC ; par M. W. Laborde , interne des hôpitaux. Le foie dont je ne puis offrir à la Société qu'un spécimen, — car il eùl fallu un commissionnaire pour le transporter entier, — appartient à un homme de 62 ans, le nommé Michaux (Paul), couché au n^" 12, Saint-André (service de M. Léger, Bicètre), entré le 3 novembre 1857, mort le 24. Ce malade, qui a vu depuis deux ou trois mois son ventre prendre un dévelo|)pement insolite sans trop s'en inquiéter, a conçu une vtritable frayeur en apercevant hier, pour la première fois, ses bourses et sa verge notablement augmentés de volume. Il a dès lors pris la déci^ion, toujours rémise, d'entrer à l'infirmerie. Passablement amaigri, il ne porte cependant pas l'empreinte d'une véritable cachexie. Ce qui frappe tout d'aboi'd chea lui, c'est la tuméfaction du ventre, un œdème assez considérable des bourses et des membres inférieurs, mais ici plus marqué aux cuisses qu'aux jambes. Il n'y a point trace d'œdèrae à la face ni aux membres supérieurs. Comme symptômes fonctionnels, le malade accuse de l'inappélence, de la tendance à la diarrhée, et en général des difficultés de digestion se tradui- sant par des douleurs et des crampes d'estomac après le repas, des flatuosilés et quelquefois des nausées passagères qui, cependant, n'ont jamaw abouti au vomissement. De plus, il se plaint de ne pouvoir émettre ses urines lorsqu'il en éprouve le besoin, bien qu'il n'existe pas la moindre douleur du côté des organes génito-urinaires. L'aspect de l'abdomen, qui n'ollre dans sa conformation ni bosselure ni inégalité, pouvant Irrduire à l'œil l'existence d'une tumeur dans sa cavité, 284 donne immédiatement l'idée d'une ascife, et un examen approprié ne arde pas à confirmer celte présomption. A la percussion le foie, qui devait parliculiiM'emcnt attirer notre attention, parait dét)order de 2 centimètres environ le rebord des fausses côtes; mais à partir du point où il paraît se terminer, on ne retrouve pas le son liabi- tuel et normal fourni par cette région de l'abdomen. En effet, la matité, quoique changeant de caractère, en cela surtout qu'elle est plus faible, n'en existe pas moins dans une étendue qui embrasse toute la région rénale du côté droit et une partie de la région iliaque. Cette particularité, jointe au symptôme signalé pins baut du côté de la fonction urinaire, élait assez de nature à faire songer à une implication morbide du rein droit; car le cœur n'avait rien que de normal dans ses bruits et dans ses actes ; le foie, bien qu'un peu hypertrophié à en croire les résultats de la percussion dans ce cas particulier, n'offrait pas de manifestations pathologiques saisissables telles qu'il pût assumer tous les désordies existants, et, par exemple, il ne s'est jamais produit d'ictère chez notre malade ; enfin l'urine, essayée avec soin au moyen des réactifs appropriés, ne présentait pas trace d'albumine. Rien de notable du côté de la rate ; point de fièvres intermittentes antécé- dentes. Restaient donc, comme signes positifs, la matité anormale dans la région rénale droite et l'absence presque complète d'urine. C'est bien, eu effet, d'un défaut de sécrétion qu'il s'agissait, car, d'une part, la quantité de l'urine rendue soit spontanément, soit par la sonde, était à peine la moi- tié de la quantité moyenne normale; et d'autre part, l'examen le plus atten- tif pour lequel M. Després lui-même a bien voulu nous prêter son concours, a permis de constater l'absence de tout obstacle au cours de l'urine. Il pa- raissait donc assez légitime de conclure que, des deux reins, un seul fonc- tionnait, et qu'en conséquence l'autre était malade au point d'être complè- tement empêché dans ses fonctions. Du reste, le diagnostic entraînant l'idée d'une tumeur assez considérable pour comprimerl'un des grostroucs veineux abdominaux, concordait parfai- tement avec le symptôme infiltration. De quelle nature était la lésion? Là commençaient les conjectures et redoublaient les diiïicultés. Du reste, la rapidité avec laquelle marchèrent les accidents ne permit pas longtemps cette épineuse recherche ; en peu de jours l'œdème devint considérable par- tout où nous l'avons signalé, l'anorexie complète. Des symptômes d'oppres- sion se manifestèrent, dus à un engorgement et à un œdème passifs des poumons. Puis le malade tomba dans un état comateux, sans manifestation nouvelle, et expira le 24 novembre. Autopsie. — Le résultat de l'autopsie, nous nous empressons de le dire, a été un véritable désap|)ointement. C'est surtout le foie qui était malade, et les altérations pathologiques présentées par le rein accusé par erreur (erreur qui va bientôt s'ex[)liquer), ces altérations ne sont (lue consécutives. 285 Le parenchyme hépatique, qui présentait partout le même aspect que celui de l'échantillon mis sous les yeux de la Société, est, comme on voit, farci de noyaux blanclâtres, se touchant partout, quoique ayant des limites indi- viduelles propres, ayant pour ainsi dire, pris la place du tissu hépatique dont on retrouve à peine quelques traces; d'où il résulte que le viscère entier se trouve transformé en une vaste tumeur occupant, en même temps que les deux hypocondres, toute la moitié supérieure de la cavité abdominale jus- qu'à 1 ombilic, et se prolongeant à droite jusque dans la fosse iliaque. C'est ce prolongement qui en a imposé pour une tumeur rénale, et voici comment: La tumeur hépatique est comme divisée en deux tumeurs séparées par une espèce d'étranglement horizontal siégeant à peu près au niveau d'une ligne qui passerait à un centimètre et demi du rebord costal. Or la tumeur supé- rieure, c'est-à-dire la portion dufoie située au-dessus dudit étranglement, très- saillante, très-bombée, donnait lieu s cette matité presque absolue qui nous avait paru déterminer les véritables limites du viscère; la portion inférieure très-aplatie , très-mince, comme si le bord tranchant du foie eut été for- tement étiré, apportait par sa forme sans doute, sa situation et surtout son épaisseur, des modifications telles dans le résultat de la percusssion, qu'elle pai-aissait constituer une tumeur à part et assignable, par son siège, au rein droit. Quant à celui-ci, il était, non moins que le gauche, soumis à une compres- sion dont l'action paraît avoir eu un double résultat sur les organes : l" Empêcher directement leurs fonctions sécrétante et excrétrice (car les bassinets et les uretères à leur origine se trouvaient aussi comprimés); 2° Impliquer les fonctions d'une façon plus profonde, quoique moins im- médiate, en provoquant la dégénérescence adipeuse de ces organes. Quant à la nature intime du tissu morbide alTectant le foie, les caractères physiques et microscopiques portent à le rattacher à la variété épithéliale du cancer, bien qu'il ait présenté dans ce cas une généralisation vraiment insolite, et tout au moins très-rare dans l'organe dont il s'agit. Ajoutons enfin que la tète du pancréas adhérente à la face inférieure du foie vers son hile, et la portion pylorique de l'estomac à sa face interne, pré- sentent une dégénérescence absolument de même nature. L'absence de symptômes caractéristiques du côté de ce dernier organe s'explique, sans doute, par l'influence plutôt dilatatrice que rétrécissante de l'afTection. Les canaux biliaires ont conservé leur perméabilité; mais la vésicule ne contient pas de liquide, et ses parois sont accolées. 586 2' CANCER ENCÉPHALOÏDE DE L'EXTRÉMITÉ DE L'CESOPHAGE (RÉGION CAH- niAQUE); OIÎVERTURE DE CE CONDUIT DANS LE POUMON GAUCHE; ASPECT GANGRENEUX DE CE DERNIER; par M. J.-Y. Laborde, interne des hôpitaux. Pastorini (Louis), 65 ans, couché au n° 10 de la salle Salnte-Foy (service de M. Léger à Bicètre), est de moyenne taille et de constitution en appa- rence chélive; cependant il assure avoir joui jasqu'à ce jour d'une santé excellente, bien qu'il ait eu à supporter longlemps les fatigues d'un état militaire actif, non-seulement à cause des campagnes auxquelles il a pris part (campagnes de Russie, etc., etc-), mais encore à cause de sa profession de maître d'armes. A son entrée à l'infirmerie le ^8 août, il se plaint de quelques difTicultés dans l'ingestion des aliments, et de crampes d'estomac après que celle-ci s'est efTecluée. De plus, il rejette tous les matins, sans efforts de vomis- sement, une grande quantité de glaires qu'il n'arrache que très-difficilement de sa bouche et en faisant intervenir ses doigts. Enfin il a, depuis quelques jours seulement;, une tendance très-marquée à la constipation. 11 ne lui est pas encore arrivé de vomir des matières noires ou alimentaires. L'e.xaraen direct par la palpation et la percussion de la région épigasirique n'y font découvrir aucune tumeur appréciable. Toutefois, une pression un peu vive détermine vers la région du cardia une douleur notable. L'idée de la possi- bilité d'un ob>tacle au cours du bol alimentaire dans les premières voies, nous engage à les essayer par la sonde œsophagienne, qui pénètre dans l'esto- mac sans l'aire éprouver la sensation d'un empêchement quelconque. Enfin, l'examen atrentif de la cavité thoracique ne fournit pas le moindre signe d'une tumeur voisine du conduit œsophagien et le comprimant. Le malade n"a point de fièvre , et l'on ne pouvait songer à un abcès rétro- pharyngien. Le diagnostic reste donc en suspens, et l'on prescrit, pour satisfaire aux in- dications fournies par les fonctions gastrique et intestinale, d'abord un évacuant salin (eau de Sedlitz), et puis le sous-nitrate de bismuth. Au bout de trois semaines environ, le malade éprouvait un véritable soula- gement et s'apprêtait à partir, lorsque éclalèrent tout à coup de nouveaux symptômes tout à fait de nature à révéler le siège et la nature de la lésion. En effet, des régurgitations survinrent immédiatement après l'ingestion du bol alimentaire, qui était rendu indigéré, et tel absolument que l'avait pré- paré la mastication. De plus les douleurs légères que nous avons déjà signa- lées au niveau du cardia s'étaient exaspérées au point qu'il suffisait de toucher superficiellement à celte région pour arracher des cris au malade, et elles avaient pris un caractère de spontanéité qu'il exprimait par une sensation de briilure. Les liquides seuls pouvaient être supportés, principalement le lait et le vin de Bordeaux. Aussitôt qu'enhardi par un mieux trompeur, le malade 287 touchait à des aliments solides, la régurgitation iramc^dîate s'ensuivait, et pas une parcelle n'en était conservée. L'expression cacbeclique se dessinait de plus en plus, ajoutez-y le désespoir et le marasme, suite obligée d'une alimentation insuffîsante. L'existence d'une tumeur cancéreuse de l'œsophage dans la région cardiaque, était devenue évidente, et il était facile d'aiïirmer que la tumeur n'était pas de nature à rétrécir le conduit œsophagien. Le malade ayant formellement refusé d'èlre alimenté au moyen de la sonde qui était toujours très-facilement introduite, ne tarda pas à succom- ber. Mais nous devons noter que trois ou quatre jours avant sa mort (27 novembre 1859), il se plaignait amèrement d'avoir la bouche très-maM- vaise, et se disait empoisonné. 11 accusait de tout cela Teau de Sedlitz qui lui avait été administrée de temps en temps pour vaincre sa constipation opiniâtre. 11 présentait de plus des symptômes d'oppression que l'ausculta- tion ne pouvait rattacher qu'à des signes de bronchite catarrhale avec em- physème, et à un peu d'engorgement hypostatique. Toutefois nous allons voir l'autopsie nous révéler une lésion très-grave du poumon gauche, lésion qui a dii se produire dans les derniers jours de l'existence, et qui, pour cela sans doute, n'avait pu être soupçonnée. Autopsie pratiquée vingt-quaire heures après la mort. Il nous a suin d'examiner l'œsophage pour être immédiatement édifié sur la réalité de la lésion qui était en partie prévue. En effet, toute la région cardiaque de cet organe est envahie, dans une étendue de 5 centimètres en- viron, par une tumeur champignonnée, plutôt étalée que saillante, molle et dépressible, ne crevant point sous le scalpel, blanchâtre à la coupe et lais- sant s'écouler, sous une pression légère, un liquide d'aspect laiteux. Ces caractères physiques de la variété encéphaloïde du cancer sont con- firmés par l'examen microscopique. La tumeur occupe toute la circonférence du conduit à sa surface interne, et celui-ci offre à cet endroit une dilatation au moins double de son calibre normal. Dans les anfractuosités de la tumeur sont logés quelques débris de matières alimentaires indigérées. Mais un examen plus attentif révèle une particularité dans laquelle git surtout l'inté ■ rêt de cette observation. Du côté où l'œsophage confine au poumon gauche, dont il est séparé uni- quement par la plèvre niédiastine, la paroi du conduit alimentaire est com- plètement ulcérée et détruite, et il en est résulté son ouverture dans le pa- renchyme pulmonaire même. Celui-ci, à cet endroit, a un aspect notrdîre et comme gangreneux, et offre deux ou trois cavernes assez considérables remplies de saine purulente. Toutefois l'odeur si caractéristique de gan- grène pulmonaire fait complètement défaut. 11 n'est pas douteux, en tous cas, que les symptômes d'asphyxie survenus dans les derniers temps de l'existence n'aient eu leur source dans cette communication, d'ailleurs tar- dive, de la portion cancéreuse de l'œsophage avec le poumon. 288 Quoi qu'il en soit, ce cas peut servir de pendant à celui dont nous entrete- nions la Société dans l'une de ses dernières séances, et dans lequel la tu- meur cancéreuse, siégeant dans un point plus élevé de l'œsophage, s'était ouverte, cette fois, dans la trachée-artère. IV. — Anatomie pathologique. 1° DÉFORMATION CONSIDÉRABLE DES OS DU SQUELETTE CHEZ UN SUJET ATTEINT DEPUIS LONGTEMPS d'atropiiie MUSCULAIRE; par M. Le Gendre. Nous avons rencontré sur un sujet envoyé à l'amphithéâtre des hôpitaux diverses altérations du système osseux et du système musculaire qui nous ont engagé à rechercher l'observation de ce malade. Nous devons les détails généraux qui vont suivre à l'obligeance de M. le docteur Bail, qui avait vu le malade dans son service. Nous avons décrit avec détail la déformation parti- culière et l'altération des os du bassin et des membres inférieurs dont nous avions conservé les pièces. Obs. — Jumel est entré à l'âge de 13 ans dans le service de M. Dela- siauve, à Bicêlre, dans un état de rachitisme déjà très-avancé. Au dire de ses parents, l'origine de sa difformité reconnaîtrait une cause purement ac- cidentelle, une voiture lui ayant passé sur le corps deux ans avant l'époque de son admission; cène serait qu'à partir de ce moment qu'il est devenu visiblement difforme. On ignore s'il a été atteint d'hydrocéphalie dans son enfance; en tout cas, le volume énorme du crâne ne semble pas être en rapport avec le dévelop- pement de son intelligence : il n'a jamais appris à lire. Pendant son séjour dans la division des enfants, il se faisait voiturcr dans un fauteuil, jouait aux cartes et participait jusqu'à un certain point aux di- vertissements de ses camarades ; mais à l'âge de 19 ans, il dut entrer dans la division des adultes, chez M. Morcau. A partir de ce moment, il a été obligé de garder le lit par suite de sa faiblesse toujours croissante : ne pouvant pas marcher, il était obligé de se faire transporter d'un lieu à l'au- tre pour satisfaire ses besoins naturels. Enûn, sa triste existence s'est ter- minée le 7 avril 1856, à la suite d'une pneumonie qui a duré cinq jours. U parait avoir conservé sa connaissance jusqu'au dernier instant. L'autopsie a eu lieu 24 heures après la mort. A l'inspection extérieure du cadavre on reconnaît une incurvation latérale de la colonne vertébrale, tel- lement prononcée que tous les rapports naturels des organes sont déplacés. La déviation du bassin occasionne entre les deux membres inférieurs une inégalité frappante, ce qui rend la marche impossible. Le thorax, complète- ment déformé, présente une gibbosité costale droite tellement prononcée qu'elle remplace en arrière la cambrure naturelle et semble oflrir dans la 289 position horizontale le seul point d'appui : en elTet le sujet, de son vivant, restait continuellement couché sur le côté droit, sans pouvoir changer de position. Le crâne, extrcmemeut volumineux, offre à son tour une déformation lé- gère : il semble un peu aplati vers sa moitié latérale gauche, et la bosse frontale du même côté est plus saillante qu'à l'état normal. A l'ouverture du crâne, il ne s'écoule point de sérosité : les méninges et le cerveau sont dans un état d'intégrité parfaite ; l'encéphale séparé de ses enveloppes offre un poids de l kilog 497 grammes. La substance cérébrale est ferme, blanche et résistante. La moelle épinièrc n'a pas été examinée. A l'ouverture du thorax, on constate un état de compression notable du poumon gauche, qui se trouve refoulé en avant. Le poumon droit, plus volumineux, est le siège d'une pneumonie de la base au deuxième degré il existe de ce côté un peu de sérosité dans la cavité pleurale. Le cœur est pâle, flasque et mou : il est assez petit, et présente beaucoup de graisse. Point de lésion spéciale des oriflces ni des valvules. L'état des viscères dans la cavité abdominale présente un bouleversement général de leurs rapports réciproques. Le foie, peu volumineux, se trouve en arrière et à droite ; la rate atrophiée est cachée derrière le cœcura, qui proémine dans le flanc gauche, sur les côlés de la colonne vertébrale, au- dessous de l'estomac ; le colon à partir du cœcura décrit un grand arc de cercle, se porte de gauche à droite, et revient ensuite dans la direction op- posée pour se continuer avec rs iliaque, qui présente un volume énorme; elle est transversalement dirigée, et distendue par des matières fécales et des gaz. L'état de constipation habituelle du sujet semble expliquer l'état de cette portion du gros intestin. Les organes génitaux sonttrès-développés : à l'extérieur, la verge présente une longueur insolite; à l'intérieur, la prostate est hypertrophiée, les vési- cules séminales renferment une quantité notable de liquide spermatique, ce qui se rapporte sans doute aux habitudes probables du sujet, La vessie et les organes urinaires ne présentent aucune altération mor- bide. D'une manière générale, le système musculaire du sujet semble avoir subi un commencement d'atrophie; une incision faite au milieu du biceps bra- chial offre entièrement l'aspect de la chair de poulet, et les membres supé- rieurs ainsi que les inférieurs sont dans un état d'amaigrissement remar- quable. Nous n'admeltons pas entièrement la cause à laquelle on semble attribuer dans l'observation précédente, l'altération du systèine osseux à savoir, Tin- fluence du rachitisme. En effet, cette altération des os chez ce jeune homme d'une vingtaine d'années se serait traduite par les déformations habituelles c. R. 19 290 que le rachitisme produit ordinairement du côté des membres de la cage tboracique; or ici les membres supérieurs comme les membres inférieurs avaient conserve une rectitude parfaite et leur configuration ne ressemblait en rien à celle des os rachitiqucs, la poitrine était déformée, mais d'un seul côté par suite de la déviation de la colonne vertébrale. Nous voyons au con- traire que les os en général ont subi une atrophie considérable, qu'ils sont réduits à une lame très-mince de substance compacte recouvrant le iissu aréolaire très-peu développé aussi, comme nous le montre la mensuration des membres inférieurs. De plus, le poids spécifique des os fait ressortir de suite leur atrophie considérable. Voici les détails qui résultent de l'observation du bassin et du fémur de ce sujet. Les deux lames du tissu compacte des fosses iliaques interne et externe sont appliquées l'une contre l'autre et tellement minces que celte région est tout à fait transparente. 11 en est de même du fond de la cavité cotyloïde. Le pubis offre des bords tranchants ainsi que le bord iliaque qui sépare les deux épines iliaques antérieures. Le fémur offre 40 centimètres de hauteur dans sa partie moyenne; il n'of- fre que 16 millimètres de diamètre d'avant en arrière et seulement 1 centi- mètre transversalement. Les deux extrémités paraissent assez volumineuses comparées à la gracilité extrême de ce corps; le diamètre de la tête du fémur est de 42 millimètres. Si nous comparons ces chiffres à ceux pris sur un fé- mur d'adulte bien coKstitué, nous trouvons pour la longueur totale de l'os 42 centimètres 5 millimètres. Le diamètre antéro-postérieur est de 32 milli- mètres et son diamètre transversal 31 millimètres, dimension 3 fois plus grande que celle du fémur altéré que nous avons décrit. Il existait en outre sur la diaphyse du fémur gauche une ancienne fracture parfaitement consolidée quoique avec déviation des fragments. Nous pensons, d'après cet examen anatomiqiie, que cette atrophie du sys- tème osseux a été produite par l'altc-ration qui acte rencontrée dans tout le système musculaire, la dégénérescence graisseuse, et que ces lésions ainsi que les déformations du squelette sont consécutives à la paralysie dont ce sujet avait été atteint dans son jeune âge. 2° ALTÉRATION GRAISSEUSE DU FOIE ET DES REINS, SURVENUE SOUS L'INFLUENCE DE l'abus longtemps PROLONGÉ DES ALCOOLIQUES; par iM. Lanceraux. Le 17 décembre 1859, la nommée X., âgée de 30 ans, entre à l'Ilôiel-Dicu, salle Sainte-Anne, service de M. Guérard. C'est une femme d'une taille et d'une constitution moyennes. Elle est pâle et accuse de violentes douleurs à l'épigastre. Quelques minutes après son entrée, elle est prise de voniisso- mcats abondants de matières liquides noirâtres, tenant en suspension quel- 291 ques grumeaux semi-solides, et en cela assez semblables aux vomissements qui se rencontrent dans le cancer de l'estomac. Ce signe, d'une grande va- leur, donna lieu, en elTet, à la supposition de celte dernière alTection. La malade, dans une aiïreuse angoisse, prononçait à peine quelques mots et ne pouvait donner aucun renseignement sur sa maladie. Elle mourut le jour même de son entrée. NÉCROPSiE.— Le cadavre présente un état d'embonpoint modéré, il est en- core dans l'état de roideur cadavérique. La putréfaction, qui ne fait que com- mencer^ paraît cependant plus avancée que celle qui se remarque sur les ca- davres des tables voisines. La cavité pectorale ouverte, on trouve les pou- mons avec quelques adhérences assez sains au niveau de leur bord anté- rieur ; ils présentent néanmoins quelques altérations en arrière et à leur partie moyenne. Le lobe moyen du poumon droit et la portion supérieure du lobe inférieur du poumon gauclie offrent une coloration rouge, noirâtre en certains points. A ce même niveau la crépitation est diminuée et le paren- chyme un peu plus friable. Il semblerait qu'en ces points le sang soit coa- gulé dans les capillaires, et en partie infiltré dans la trame organique. Cette altération du parenchyme pulmonaire que j'ai fréquemment rencontrée chez les individus morts du délire des ivrognes, est quelquefois plus prononcée, la coloration est alors presque noire, charbonneuse, la surface du tissu dé- chiré légèrement grumeleuse. La base des poumons est un peu œdémateuse. Le cœur augmeuté de volume se trouve chargé de graisse sur ses faces antérieures et postérieures principalement sur le trajet des troncs vascu- laires. Examinées au microscope, les fibres musculaires présentent en abon- dance des granulations grises et quelques granulations graisseuses. L'estomac ouvert offre des sugillations dues à l'extravasation du sang à travers les parois des vaisseaux, mais en outre sa muqueuse, assez pâle et très-peu consistante dans le reste de son étendue, présente une coloration bleuâtre avec un ramollissement manifeste dans toute sa position pylorique. Le simple lavage suffit pour enlever la muqueuse qui est eu bouillie ; l'im- pression des doigts, et, à plus forte raison, le raclage, mettent à nu les tu- niques sous-jacentes. Le foie est très-volumineux, il déborde d'environ trois travers de doigt le rebord des fausses côtes; son épaisseur est très-considérable et proportionnée à sa longueur ; son bord libre est très-épais, moins toutefois qu'il ne m'est arrivé de le rencontrer fréquemment chez des hommes morts de delirium tremens. La surface est jaunâtre tachetée de brun. On aperçoit sous la cap- sule intacte quelques rares capillaires dilatés et gorgés de sang. La coupe de l'organe offre une coloration plus foncée, elle est lisse, régulière et graisse le scapel. La bile que renferme la vésicule est noirâtre, épaisse et peu abondante. 292 Les cellules du foie plus ou moins volumineuses, irrégulières et déformées renferment d'abondantes g-ranuiations graisseuses et quelques gouttes , d'huile. On trouve en outre, soit dans les cellules, soit en dehors d'elles, des corps assez semblables aux corpuscules amylacés. Il semblerait, en outre, qu'un certain nombre de cellules soient complètement détruites. Les reins augmentes de volume ont aussi la coloration jaunâtre du foie; leur capsule intacte se détache facilement du parenchyme de l'organe ; la coupe offre une surface lisse et régulière jaunâtre au niveau de la substance corticale, brunâtre au niveau de la substance tubuleuse. La déchirure est légèrement granuleuse principalement dans les portions plus fortement colorées en jaune et plus chargées de matières grasses, comme le foie ; ils graissent le scalpel. L'examen microscopique y fait dé- couvrir d'abondantes granulations graisseuses ayant pour siège les canali- cules qu'elles remplissent en grande partie. Les canalicules de la substance corticale sont surtout chargés de ces granulations qui se rencontrent encore, mais moins abondantes, dans les tubes droits ou canalicules de la substance tubuleuse. Les cellules renferment, en outre, de ces granulations qui ne pa- raissent guère exister en dehors des tubes urinifères. Les gouttes d'huile fréquentes dans le foie sont ici fort rares; c'est à peine si l'on eu voit quelques-unes, La rate n'offre pas d'altérations bien sensibles. Le cerveau n'a pas été examiné; il n'existait, du reste, aucun trouble pou- vant se rattacher à cet organe durant la vie de la malade. Les urines n'ont malheureusement pu être examinées. Cette malade avait, en outre, une ankylose de l'articulation coxo-fémoralc droite pour laquelle elle avait été traitée durant plusieurs mois à l'hôpital Saint-Louis. Ces altérations diverses portant à la fois sur le cœur, les poumons, le foie et les reins, en tout identiques à des altérations que j'avais eu fréquemment l'occasion de rencontrer chez des ivrognes durant le cours de mon internat à la Charité et à l'Hôtel-Dieu, me firent supposer, sinon affirmer que la ma- lade qui en était atteinte avait dû se livrer aux excès alcooliques. Je me rendis ainsi au domicile de la malade, et j'obtins de bonne source les renseignements suivants : Le père de la malade est moit depuis plusieurs années d'un rhimiatisme articulaire aigu, sa mère est bien portante. Mariée à l'âge de 19 ans à un marchand de vins de la Bourgogne, elle se serait bientôt adonnée à la bois- son en même temps que son mari, et depuis cette époque elle aurait tou- jours continué de boire avec excès. Veuve depuis 3 ans, elle n'a pas aban- donné ses mauvaises habitudes. Entrée dernièrement à l'hôpital Saint-Louis pour s'y faire traiter de sa coxalgie, elle y passa plusieurs mois. Mais aussi- tôt sa sortie, elle se mit de nouveau à boire, cl bien que seule et ne pouvant 293 quitter sa cliambre, elle se procurait du vin et de l'eau-de-vio par tous les procédés imaginables. On m'a alTirmé que trois ou quatre jours avant sa mort elle avait encore bu pour quinze centimes d'eau-de-vie et six bouteilles de vin. C'est à partir de ce moment que les vomissements qu'elle avait habi- tuellement augmentèrent de fréquence et aussi changèrent de caractère, puisqu'ils devinrentnoirâtres; ce fut le dernier assaut de la maladie, celui qui décida son transport à l'Hôtel-Dieu et qui amena sa mort. VI. — Chimie. Sun LES pnopniÉTÉs oxydantes de l'essence de terébemmine; pur M. Berthelot. Un grand nombre de matières jouissent, au moment où elles s'oxydent, de la propriété de déterminer l'oxydation simultanée de certaines substances que l'oxygène de l'air, agissant isolément, serait impuissant à oxyder. Ces phénomènes d'oxydation indirecte semblent jouer un rôle essentiel dans les réactions sur lesquelles repose la photographie ; ils se retrouvent fréquem- ment dans la végétation des plantes et dans la nutrition des animaux ; car il s'agit ici de métamorphoses qui s'accomplissent à la température ordinaire et sans le concours des réactifs puissants que l'on est habitué à mettre en œuvre dans les laboratoires. On a souvent attribué un rôle de cette nature à l'oxygène condensé dans les globules du sang. C'est pour tâcher d'éclairer quelques points relatifs à cet ordre si intéres- sant de phénomènes que j'ai entrepris des recherches sur les propriétés oxy- dantes de l'essence de térébenthine. Cette essence possède ces propriétés d'une manière très-remarquable, et en même temps elle constitue un com- posé organique suffisamment défini pour se prêter à une étude précise. J'ai fait un grand nombre d'expériences dont plusieurs ont amené des résultats défi- nitifs, tandis nue d'autres sont encore trop incomplètes pour en parler ici. Voici les questions que je vais discuter aujourd'hui : t" Quelles sont l'intensité et les limites des oxydations indirectes provo- quées par l'essence de -térébenthine? T Dans quelles conditions l'essence peut-elle acquérir ou perdre ses pro- priétés oxydantes ? 3° Quelle est la relation véritable entre l'essence iiui déteroiiue l'oxydation et l'oxygène qui en est l'agent ? I.— J'ai examiné l'action de l'essence sur l'indigo, sur l'acide pyrogallique, sur le mercure et sur le sucre. 1° J'ai déterminé d'abord la proportion d'indigo qui peut être oxydée sous l'influence de l'essence de térébenthine. La marche de cette expérience est très-propre a caractériser ce genre d'oxy- 294 dation indirecte. En voici l'indication. Elle a ôl6 commencée le 29 novembre i858. terminée le 13 juillet 1859. Au bout de sept jours, 5<>o d'essence ont décoloré 400« de solution d'in- digo, volume équivalent à 100". d'oxygène, c'est-à-dire que, en sept jours, 1 volume d'essence a déterminé l'absorption de 20 volumes d'oxygène. d'oxyg. En 16, jours l'absorption s'élevait à 40 vol, En 25 — 60 En 37 — 80 En 63 — 102 En 77 _ 108 En 160 — 135 En 182 — 147 En 220 — 168 La décoloration n'a pu être poussée plus loin. A ce moment l'essence pa- raissait complètement résinifiée ; elle avait perdu toutes ses propriétés. En résumé, 1" d'essence détermine l'absorption par l'indigo de 16S«* d'oxygène, c'est-à-dire Igr d'essence répond à 0gr,27 d'oxygène absorbé. Si l'on remarque que 1" d'essence exigerait, pour être cliangé en eau et en acide carbonique, 2 litres d'oxygène, on reconnaît que la proportion d'oxy- gène absorbée par l'indigo s'élève au douzième de la proportion nécesaire pour brûler complètement l'essence ; autrement dit, 1 équivalent d'essence de térébenthine G*o Hig détermine l'absorption par l'indigo de 4, 7 équivalents d'oxygène. Ces diverses formules donnent une idée exacte de l'intensité et des limites des propriétés oxydantes de l'essence de térébenthine vis-à-vis de l'indigo. 2» Pyroyallate de po«as«e.— L'essence de térébenthine peut déterminer im- médiatement l'oxydation du pyrogallate de potasse-, cette oxydation doit être elFectuée à l'abri du contact de l'air, dont l'oxygène agit déjà sur le pyrogal- late. L'oxydation de ce principe par l'essence atteint au bout de quelques instants sa limite extrême, laquelle peut servir de mesure à la proportion d'oxygène actif unie a l'essence. On voit par là que non-seulement l'essence oxyde dans une liqueur acide l'indigo, substance non oxydable par l'oxygène de l'air, mais que cette même essence oxyde dans une liqueur alcaline l'acide pyrogallique, sub- stance oxydable par l'oxygène de l'air. Cette aptitude oxydante qui s'exerce dans des milieux alcalins n'est pas sans intérèt;physiologique, si l'on remarque que le sang et la plupart des li- quides, de l'économie possèdent une réaction alcaline. 3» Ifercurc. — L'essence active jouit également de la propriété d'émulsion- ner et d'éteindre le mercure par le fait seul de l'agitation. En même temps se développe une poudre noire qui semble formée par du protoxyde. 295 Ce phénomène pourrait être rapproché de la formation du protoxyde de mercure signalée dans iaprcparafion de l'onguent gris. On sait que cet on- guent se prépare en broyant un mélange de mercure et d'axonge ; or l'axonge renferme de l'oléine, laquelle possède des propriétés oxydantes indirectes analogues à celles de l'essence de térébenthine. 4" Sucre. — Eu abandonnant dans un grand llacon une solution étendue de sucre de canne avec un peu de chaux éteinte, le tout placé sous une couche d'essence, j'ai obtenu une proportion notable d'acide oxalique. Une portion de sucre de canne est demeurée inaltérée. L'expérience a duré sept mois. Cette expérience nous montre comment le sucre peut être transformé en acide oxalique à la température ordinaire et par une action tout à fait du même ordre que celles qui s'exercent dans les végétaux. II. — 1» Il suffit d'abandonner l'essence récemment distillée à elle-même dans un vase à demi rempli pour lui faire acquérir les propriétés oxydantes caractéristiques. 2» L'influence de la lumière solaire n'est nullement indispensable; l'es- Bence acquiert les propriétés même dans l'obscurité relative d'une armoire fermée. 3 Le temps nécessaire n'est pas très-long, car l'essence, privée de cette aptitude oxydante, ne paraît jamais l'être d'une manière absolue, toutes les fois que l'on opère au contact de l'air. L'essence qui possède les propriétés oxydantes peut en être privée par plusieurs méthodes : 1» En la portant à la température de l'ébuUition (160°), comme, dans ces conditions, elle ne dégage point d'oxygène, il est probable que, par le fait de l'ébuUition, elle s'unit d'une manière définitive à l'oxygène qu'elle ren- fermait jusque-là sous une forme transitoire. 2° En agitant l'essence dans un vase clos ou sur le mercure avec du pyro- gallate de potasse; l'action est immédiate. 3" En agitant à froid ou à 100" avec un excès de teinture d'indigo l'es- sence contenue dans un vase scellé; il est nécessaire de prolonger l'action pendant une demi-journée. III. — Reste à examiner la nature véritable de l'action oxydante exercée par l'essence de térébenthine, problème d'autant plus intéressant qu'il se re- présente sans doute pour une multitude d'oxydations physiologiques. On peut se poser à cet égard quatre questions principales : 1. L'essence s'oxyde pour son propre compte, et en même temps qu'elle s'empare d'une portion de l'oxygène, elle en modifie une autre portion et lui communique les propriétés de l'ozone. C'est ce qui arrive, par exemple, avec le phosphore. Ce serait cet oxygène demeuré libre, mais modifié, qui oxyderait l'indigo. Mais l'oxygène uni à l'essence n'interviendrait pas dans le phénomène. 296 2» L'essence qui s'oxyde et l'oxyi^èiie aiit[iiel elle s'unit, avant déformer une union drlinitive, contractent une prcnriière coraLinaison déflnie, mais peu stable et transitoire. L'oxygène ainsi combiné peut se porter sur certains autres corps et les oxyder avec plus d'énergie que ne pourrait le faire l'oxy- gène libre. Dans cette explication, le rôle de l'essence vis-à-vis de l'indigo serait le même que celui du bioxyde d'azote eu présence de l'air vis-à-vis de l'acide sulfureux, dont il détermine la transformation en acide sulfurique. 3" L'essence peut condenser l'oxygène d'une façon spéciale intermédiaire entre la dissolution et la combinaison, ce dont les globules du sang offrent un exemple incontestable. Cet oxygène peut redevenir libre par l'emploi des méthodes qui dégagent les gaz de leurs dissolutions. Il peut aussi exercer sur certains corps une action plîis énergique que l'oxygène libre; on admet cette même activité propre dans l'oxygène des globules du sang, mais sans preuves suffisantes. 4° L'essence qui s'oxyde peut, au même moment et par une sorte d'entraî- nement, déterminer l'oxydation d'un autre principe, sans que l'oxygène libre soit modifié préalablement et sans qu'il s'engage d'abord dans une combi- naison peu stable ou dans une dissolution, intermédiaires obligés de son action. C'est ainsi que le chlore sec, incapable d'agir directement sur l'acide sul- fureux sec, s'y combine cependant si l'on ajoute au mélange du gaz oléflant avec lequel le chlore peut s'unir directement. Les divers effets qui viennent d'être énuniérés pourraient exister séparé- ment ou se trouver réunis dans l'action oxydante exercée par l'essence de térébenthine. Pour discuter ces divers problèmes, je me suis livré à un grand nombre d'expériences. J'ai d'abord déterminé par les expériences précédentes la proportion d'oxygène apte à agir sur l'indigo ou sur le pyrogallate que renferme l'essence de térébenthine, et j'ai trouvé ce volume égal à la moitié de celui de l'es- sence. Je me suis demandé alors si cet oxygène y est simplement dissous comme dans l'eau, s'il s'y trouve dans un état intermédiaire entre la disso- lution et la combinaison, comme dans les globules du sang, ou bien s'il y est contenu dans une combinaison réelle, mais peu stable, tel, par exemple, que l'oxygène combim- au bioxyde d'azote dans l'acide hypoazotique. Les faits que j'ai observés prouvent que l'essence peut dissoudre l'oxy- gène sans s'y combiner immédiatement et sans perdre aussitôt la propriété de dégager par voie de dé()lacement. Mais l'oxygène ainsi simplement dissous est distinct de l'oxygène doué de propriétés oxydantes vis-à-vis de l'indigo, car dans l'ossence examinée sou volume n'était guère que la centième partie de l'oxygène actif. 297 Ce dernier est d'ailleurs trés-suporieur au volume de l'oxygène simple- ment soluble; car l'oxygène solubic n'atteint pas le cinquième du volume de l'essence, tandis que l'oxygène actif peut s'élever à la moitié. Enfin l'oxy- gène actif se trouve dans l'essence avec des propriétés fort dilTorentes de celles qu'il possède dans les globules du sang, car ce dernier est déplaçable par un autre gaz et l'oxygène actif de l'essence ne l'est point. L'oxygène ac- tif contenu dans l'essence s'y trouve sans doute contenu dans une combi- naison peu stable. Cette combinaison n'a pu être isolée de façon à acquérir une certitude complète relativement à son existence isolée. Mais on peut s'en former une idée par voie de comparaison. Le composé dont on peut à plus juste titre rapprocher cette combinaison serait l'acide hypoazotique formé par l'union de l'oxygène et du bioxyde d'azote, et apte à oxyder un grand nombre de corps que l'oxygène libre ne pourrait oxyder. On remarquera que l'essence peut contenir de l'oxygène sous trois formes : !• De l'oxygène simplement dissous et déplaçable par un autre gaz ; 2o De l'oxygène engagé dans une combinaison peu stable et apte à se por- ter sur certaines matières suroxydables, telles que l'indigo et le pyrogallate de potasse; o" De l'oxygène définitivement combiné sous forme de composés résineux privés de la propriété d'agir sur l'indigo. Ces faits jettent beaucoup de lumière sur l'action oxydante exercée par l'essence, non-seulement à l'état isolé, mais aussi avec le contact de l'air. En effet, l'action oxydante exercée dans ce dernier cas ne peut guère être envisagée comme un problème d'entraînement pur et simple provoqué par l'oxydation simultanée de l'essence, car l'expérience prouve que l'essence oxydée jouit précisément des propriétés oxydantes voulues, ce qui autorise a la regarder comme l'intermédiaire nécessaire de l'oxydation. Cette con- jecture, fort vraisemblable, explique tous les phénomènes sans autre hypo- thèse. Elle écarte également l'opinion d'après laquelle l'oxygène, en agissant sur l'essence, acquerrait les propriétés de l'ozone. C'est là une hypothèse qu'au- cun fait connu jusqu'ici ne vient appuyer et qui n'est encore nécessaire à l'explication d'aucun phénomène- Mais le fait le plus saillant, celui d'un com- posé organique oxydable doué de propriétés oxydantes vis-à-vis d'autres composés organiques et apte à leur transmettre l'oxygène de l'air qu'ils :i aiisorberaient point directement, n'en subsiste pas moins avec descarac- ■ èr':3 nouveaux propres à le préciser et à lui assigner sa physionomie vérl- FIN DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES. C. R. 20 \ MÉMOIRES LUS r r A LA SOCIETE DE BIOLOGIE PENDANT L'ANNEE 1859. RECHERCHES SUR QUELQUES VEINES PORTES ACCESSOIRES, SUR LA PART QUE PREND L'UNE DE ŒS VEINES k LA DÉRIVATION DU SANG DE LA VEINE PORTE lorsqu'il ne trouve plus dans le foie un libre passage, ET SUR LE RÔLE QUE JOUE CE COURANT DÉRIVÉ DANS LA PEODCCTION DKS VARICES ET DES TUMEURS VARIQUEUSES ; Présentées à la Société de biologie, dans la séance du 2 avril 1859; Par m. le Docteur C. SAPPEY, Â-grégè à la Faculté de médecine de Paris. Indépendamnient du sang que lui apportent l'artère hépatique et la veine porte, le foie en reçoit encore de plusieurs veinules qui se com- porlent dans leur mode d'origine et de terminaison, comme le sys- tème veineux abdominal, c'est-à-dire qui affectent comme celui-ci la disposition d'un conduit simple dans sa partie moyenne ramitié à ses deux extrémités, et qu'on peut appeler par conséquent veines portes accessoires. Ces veinules portes accessoires peuvent être divisées en cinq grou- pes distincts les uns des autres. Le premier groupe occupe l'épaisseur de l'épiploon gastro-hépa- tique. Los petites velues qui le composent naissent du bord supérieur de l'estomac, et viennent se terminer dans les lobules qui limitent en avant et en arrière le sillon Iraosverse du foie. Dans leur trajet, on les voit ordinairement communiquer entre elles. Elles sont toujours d'une extrême ténuité, à l'exception toutefois de la veine pylorique, qui dans quelques cas exceptionnels fait partie de ce groupe. On sait que celte veine vient en général s'ouvrir dans la partie moyenne du tronc de la veine porte ; mais il n'est pas rare de la voir se rendre . sur un point plus élevé; et tantôt elle vient se terminer dans la partie supérieure du tronc de la veine porte, lanlôt dans la branche gauche de cette veine, et quelquefois enûn dans le lobe gauche du foie. Dans ce dernier cas, la veine pylorique se ramifie dans la glande à l'instar de la veine porte, et elle constitue alors une veine porte accessoire, parallèle à la veine porte principale, qu'elle pourrait en partie suppléer si celle-ci venait à s'oblitérer, et si son calibre à elle-même venait à se dilater, ce que les lois de la physiologie pathologique nous auto- risent à regarder comme très-probable. Le second groupe, composé de douze à quinze veinules de différent calibre, est situé sur le pourtour de la grosse extrémité de la vésicule biliaire. Toutes ces vésicules se ramitient par une de leurs extrémi- tés dans les parois de la vésicule, et par l'autre dans les lobules qui circonscrivent la fossette cystique. Chez quelques individus elles sont moins nombreuses, et alors on en trouve toujours dont le calibre est plus considérable; il existe à cet égard beaucoup de variétés. Par leurs radicules originaires, ces petites veines portes s'anastomosent entre elles et avec les deux veines cystiques qui vont s'ouvrir dans la branche droite du tronc de la veine porte. Il résulte de ces auosto- moses qu'en injectant celui-ci on injecte tout le système veineux de la vésicule biliaire, et, par conséquent aussi, toutes les petites veines portes accessoires auxquelles elle donne naissance. Le troisième groupe comprend toute une série de veinules qui nais- sent dans la capsule de Glisson, des parois de l'artère hépatique, delà veine porte et des conduits biliaires, et qui vont ensuite se ramifier dans les lobules sous-jacents à la capsule fibreuse. Ces veinules sont extrêmement grêles et difficiles à injecter. Kiernan avait pensé qu'elles vont se jeter dans les divisions de la veine porte; elles constituaient, par conséquent, à ses yeux, des veines ordinaires. Mais l'observation démontre qu'elles se comportent exactement comme celles qui éma- nent de la grosse extrémité de la vésicule bilaire. Lequatrième groupe comprend quelques veinules plus déliées encore que les précédentes, comprises dans cette partiedu ligament suspenseur qui unit la face convexe du foie au diaphragme. Ces veinules ne sont pas constantes, et lorsqu'elles existent, elles sont presque toujours capillaires. Cependant leur existence est un fait qui n'est pas sans intérêt, puisqu'elles établissent une communication entre les veines hépatiques et les veines diaphragmaliques. Le cinquième groupe est formé de plusieurs petites veines qui pro- viennent de toute l'étendue de la portion sus-ombilicale de la ligne' blanche. Parmi ces veines portes accessoires, il en est une, en général, plus considérable que les autres, qui suit le bord adhérent du liga- ment suspenseur de la veine ombilicale, et qui vient se perdre sur le bord tranchant du foie à l'entrée du sillon longitudinal; le diamètre de cette veine égale assez souvent et quelquefois même dépasse l'é- tendue d'un millimètre. Elle prend naissance par de nombreuses radi- cules dans la paroi abdominale; toutes ces radicules se réunissent à une petite distance du bord antérieur du foie eu un seul tronc qui pénètre dans la glande et s'y ramifie presque aussitôt. Des valvules échelonnés dans sa cavité à de courts intervalles, et tournées par leur concavité du côté du cœur, attestent clairement que le sang qui la parcourt se porte de la paroi abdominale vers le foie. Une petite branche de l'artère hépatique, accolée d'abord à la voûte du sillon longitudinal, l'accompagne dans toute son étendue et se prolonge jus- qu'à l'abdomen, où elle s'anastomose par quelques ramuscules avec l'artère mammaire interne. Indépendamment de la veine porte accessoire qui occupe le bord adhérent du ligament suspenseur, il en existe d'autres, dans l'épais- seur de ce ligament, beaucoup plus déliées, qui viennent successive- ment se perdre dans le sillon de la veine ombilicale. D'autres encore, au nombre de deux ou trois, suivent le cordon de cette veine; l'une de ces dernières s'ouvre dans la branche gauche de la veine pcfrte. Toutes les veines de ce groupe communiquent entre elles ; de là il suit que lorsqu'on injecte la veine porte hépatique, on voit non-seule- ment le liquide refluer dans leur cavité, et les remplir complètement, mais encore remonter de proche en proche jusqu'à la région ombili- cale au niveau de laquelle il pénètre dans les origines des veines épi- gastriques. Celle d'entre elles qui est munie de valvules et qui semble ne devoir pas se prêter au reflux de l'injection, se remplit également, mais par l'intermédiaire des anostomoses qu'elle reçoit. En résumé, les petites veines qui rappellent, par la disposition de leurs racines et deleurs branches, le mode de conformation de la veine 6 porte, se distiuguent à la l'ois par leur multiplicité et leur ténuité. Malgré l'analogie remarquable qu'elles présentent avec le système veineux abciominal, elles mériteraient à peine d'élre mentionnées, si dans certaines conditions morbides on ne voyait quelques-unes d'ea- tre elles atteindre un volume plus ou moins considérable. ■* Au nombre des veines portes accessoires qui peuvent ainsi se dila- ter anormalement, je dois surtout menlioiiner dans le cinquième groupe, celle qui s'éleid du sinus de la veine porte à la partie sus- ombilicale de l'abdomen. Lorsque le sang transmis au foie ne traverse plus que diriicilement et incomplètement cet organe, elle acquiert dans certains cas un volume et une importance qui ont échappé jus- qu'à ce jour à l'attention des médecins et qui nous montrent combien les détails, en apparence les plus futiles, peuvent offrir d'intérêt le jour où la loi du progrès vient les exbumer en quelque sorte du sein de la science pure pour les introduire dans le domaiae plus brillant de la science appliquée. Son calibre alors égale et même surpasse quelquefois celui de la veine fémorale. Ainsi dilatée, elle représente si bien par son diamètre, sa situation et sa direction, la veine ombili- cale, que tous les faits relatifs à sa dilatation ont été considérés jus- qu'à présent comme autant d'exemples de persistance de cette veine. Mais ces faits ne me paraissent pas avoir été ob ervés avec une suftisanle allenlion. Comme ils sont pi'u nombreux, je les rappellerai brièvement, afin de montrer qu'on peut leur donner une tout autre interprétation, et qu'ainsi interprétés, loin de témoigmr en faveur de la persistance de la veine ombilicale, ils nous autorisent, au contraire, à penser que cette veine ne persiste jamais chez l'adulte. Parmi ces faits considérés comme autant d'exemples de persistance de la veine ombilicale, un des premiers qui aient été mentionnés appartient à M. Ménière. 11 a été observé, en 1826, et publié dans les Archives de médecine : chez un enfant dont il faisait l'autopsie, cet auteur trouva un conduit veineux très-considérable qui partait de la veine iliaque droite, se dirigeait vers la symphyse du pubis, puis remontait jusqu'à l'ombilic, et suivait ensuite le ligament suspenseur pour aller s'ouvrir dans le sinus de la veine porte. Un lait analogue a été publié à la môme époque par M. Manec. M. Pegot, en 183-2, en a fait connaître un troisième plus important et mieux observé, qui a été inséré dans les bulletins de la Société ana- tomique, et représenté par M. Gruveilbicr dans son grand ouvrage 7 d'anatomie pathologique. Celui-ci a été recueilli sur un homme de 45 ans qui présentait vers le milieu du pli de l'aine de chaque côté une tumeur variqueuse de forme pyramidale, et au niveau de l'ombi- lic une autre tumeur de même nature, du yolurae d'une orange. Jusqu'au moment de l'autopsie, M. Pegot avait cru à de simples va- rices semblables à celles que M. A. Séverin et Boyer avaient déjà si- gnalés et décrites. A l'ouverture de l'abdomen, il fut fort surpris de rencontrer dans le ligament suspenseur du foie une veine très-volu- mineuse qui s'étendait de la tumeur ombilicale vers le sinus de la reine porte et qu'il considéra, à l'exemple de ses prédécesseurs, comme la veine ombilicale non oblitérée. M. Rokitansky, en Allemagne, a recueilli plusieurs observations of- frant la plus grande analogie avec celles qui précèdent. Le premier il s'est attaché à établir que les tumeurs variqueuses de l'abdomen doivent être considérées comme le résultat de la persistance de la veine ombilicale. M. Hambergor, de son côté, cite trois exemples de cette persistance. Dans le premier, la veine omblilicale se continuait à plein canal avec les veines épigastriques ; dans le second, elle se continuait aussi avec ces veines, mais au niveau de cette continuité il existait plusieurs petites tumeurs variqueuses; dans le troisième, qui est le plus remarquable, elle s'abouchait au niveau de l'ombilic avec des veines sinueuses de plusieurs lignes de diamètre, descendant vers le pli de l'aine et dans lesquelles on percevait un frémissement à la main et un murmure continu au stéthoscope (1). De ces observations et de quelques autres analogues mentionnés dans le Traité de physiologie de Haller, il résulte que tous les auteurs qui ont rencontré chez l'adulte, dans le ligament suspenseur du foie, une veine volumineuse, se sont accordés d'une part pour considérer celle-ci comme la veine ombilicale non oblitérée, de l'autre pour ad- mettre qu'elle est parcourue par le sang de bas en haut, c'est-à-dire de l'ombilic par lu foie. Ainsi s'est établie celte opinion, aujourd'hui unanimement admise, (t) Je suis redevable de la connaissance de ces faits et du travail de M. Rokitansky, à mon excellent collègue M. le docieur Aran qui a bien voulu» sur ma demande^ consulter ces auteurs et me communiquer les principaux résultats de leurs observations. 8 ijuo la veine ombilicule persiste quelquefois après la aaissauce, et peut iiième persister pendant toute la durée de la vie. Je l'avouerai cependant, malgré cette unanimité je n'étais cependant pas convaincu. Cherchant à me rendre compte du mécanisme d'après lequel pouvait se produire la persistance de la veine ombilicale, je me trouvais conduit à regarder cette persistance comme peu vrai- semblable, je n'ose pas dire comme tout à fait impossible. Après la naissance, en effet, la veine ombilicale se rétracte dans le ligament suspenseur du foie, ainsi que l'a démontré récemment M. Gh. Robin ; puis elle s'oblitère à son extrémité et de proche en proche dans toute son étendue. Si l'on suppose que sa cavité persiste, le sang rencon- trant à son extrémité libre une barrière infranchissable y restera em- prisonné; car il n'y a pas ici de branches collatérales par lesquelles il puisse s'échapper, la veine n'en recevant et n'en fournissant ja- mais aucime dans son trajet, et si cette barrière vient à céder, il ne pourra que s'épancher dans le tissu cellulaire sous péritonéal. Le raisonnement semble donc indiquer qu'aucune communication ne peut s'établir après la naissance entre la veine ombilicale et les veines de l'abdomen. Sans nier toutefois d'une manière absolue la possibilité d'une telle communication, j'en étais arrivé à conserver beaucoup de doutes sur sa réalité, et je regrettais vivement que l'extrême rareté des faits de ce genre ne me permît pas de les véritier lorsqu'un heu- reux hasard vint m'en otlrir deux presque coup sur coup dans le cou- rant de l'été dernier. L'un et l'autre me montrèrent combien mes dou- tes étaient fondés. Le premier de ces faits a été observé sur un cadavre à l'Ecole pra- tique. C'était un homme d'une quarantaine d'années qui me parut avoir succombé à une cirrhose du foie. Dans l'épaisseur du ligament suspenseur je trouvai une veine du volume du petit doigt, étendue de l'extrémité gauche du sinus de la veine porte vers l'ombilic où elle s'anastomosait avec les veines épigastrique qui étaient elles-mêmes trôs-dilatées. Examinant aussitôt le ligament suspenseur, j'aperçus dans l'épaisseur de son bord libre le cordon de la veine ombilicale qui offrait sa situation, sa direction, ses dimensions ordinaires, et qui témoignait ainsi de la manière la plus péremptoire en faveur de la parfaite oblitération de celle veine. Le second fait qui s'est offert à mon observation est plus complet et non moins démonstratif. M. le professeur Trousseau avait parmi ses 9 malades à l'Hôtel-Dieu un homme de 50 ans environ, affecté d'uno cirrhose du foie. En appliquant l'oreille ou le stéthoscope sur l'abdo- men de ce malade, on percevait un bruit très-distinct consistant dans une sorte de murmure continu. La mort ayant eu lieu, ce foie cir- rhotique me fut abandonné sur ma demande, et M. Trousseau qui soupçonnait quelque anomalie vasculaire dans la paroi antérieure de l'abdomen, me fit remettre aussi cette paroi eu m'invitant à l'examiner. L'anonaalie soupçonnée existait en effet, et consistait dans la présence d'une veine volumineuse, étendue du sinus de la veine porte vers l'ombilic, où elle se ramifiait et s'anastomosait aussi avec les veines épigastriques qui semblaient en être le prolongement. Au-dessous de cette veine, dans le bord libre du ligament suspenseur, on voyait le cordon de la veine ombilicale. Ce cordon avait conservé aussi la situa- tion, la direction, les dimensions qui lui sont propres; en un mot, il ne différait en rien de son état normal. Dans cette seconde observation comme dans la précédente, la com- munication existant entre le sinus de la veine porte et les veines épi- gastriques était donc établie par l'une des veinules qui accompagnent le cordon de la veine ombilicale et non par cette veine elle-même. Ces deux faits doivent-ilâ être considérés comme exceptionnels? ou bien faut-il les accueillir comme l'expression exacte de tout ce qui se passe dans tous les cas où la veine porte communique avec les veines de la paroi abdominale? Cette dernière opinion me paraît la mieux fon- dée. Si les auteurs qui ont rapporté des exemples d'une semblable com- munication n'ont fait aucune mention du cordon de la veine ombili- cale, c'est sans doute parce qu'une conviction trop arrêtée est venue en quelque sorte captiver et détourner leur attention. Persuadés au premier coup d'oeil qu'ils avaient sous les yeux la veine ombilicale, ils n'ont pas même eu la pensée de chercher le cordon de cette veine qui peut échapper à un examen trop superficiel, mais qu'une obser- vation plus attentive leur eût montré très-probablement s'ils eussent admis pour un instant la possibilité de son existence. Pour mieux apprécier, du reste, la valeur relative des deux opinions qui se trouvent ici en présence, il suffirait à la rigueur d'en faire l'application aux faits connus. Supposons donc que le sang, dans son reflux vers la paroi abdominale antérieure, suive la veine ombilicale non oblitérée. Parvenu à l'extrémité de celle-ci, par quelle voie arri- 10 vera-t-il dans les veines sous-aponévrotigues ou sous-cutanées de l'abdomen? Nous avons vu précédemment qu'il n'existe entre elle et ces di'rnières aucune relation vasculaire, aucune anastomose. Or sans anastomoses, point de communication possible. Dans cette première hypothèse on ne conçoit donc pas comment une voie de dérivalioa pourrait s'établir de la veine porte vers la veine iliaque. Supposons, au contraire, que le sang dans son reflux suive la petite veine qui accompagne le cordon de la veine ombilicale, aussitôt nous voyons tous les phénomènes qui nous sont connus s'enchaîner dans l'ordre le plus simple et le plus naturel. Cette petite veine distendue par le reflux du sang se dilatera peu à peu, et sa dilatation augmen- tant en raison de l'obstacle qui détermine ce reflux, elle finira par at- teindre des proportions qui pourront, dans quelques cas, l'égaler au tronc même de la veine porie. Ce double travail de dilatution et d'hy- pertrophie se propageant graduellement s'étendra un peu plus tard aux ramifications qu'elle envoie dans la région ombilicale, puis de ces ramifications aux veines qui s'anastomosent avec elle, et le sang de proche en proche s'ouvrira ainsi une grande voie de communica- tion qui le ramènera du sinus de la veine porte dans la veine principale du membre inférieur. Celte voie dérivative elle-même suivra tantôt les veines épigas- triques, et tantôt les veines sous-cutanées de l'abdomen. Si elle suit les veines épigastriques, celles-ci se dilateront, mais ne deviendront pas le siège de varices. Si elie suit les veines sous-cutanées de l'ab- domen, ces dernières non-seulement se dilateront, mais s'altéreront au point de donner naissance à des tumeurs variqueuses souvent mul- tiples et quelquefois trè.--considérables. Pourquoi l'absence de varices dans le premier cas et leur existence presque constante dans le second? C'est à l'anatomie qu'il faut de- mander la solution de celte question ; elle la résoud, en efîet, de la manière la plus satisfaisante, en nous montrant que les veines épigas- triques au niveau de leur embouchure dans la veine iliaque externe se rélléchissenl de bas en haut, d'où il suit que le sang qui les par- court marche à peu près dans le même sens que celui de celte veine, qu'elles se vident ainsi très-facilement dans sa cavité et qu'elles n'ont dès lors qu'une médiocre tendance à se dilater. Mais il n'en est pas de môme des veines sous-cutanées de l'abdomen ; celles-ci vont s'ou- vrir dans la veine saphèoe interne, sur la convexité du coude qu'elle 11 décrit au moment où elle traverse l'aponévrose de la cuisse pour se jeter dans la veine crurale ; le sang qui les parcourt chemine de haut en bas, tandis que celui de la veine saphène interne chemine, au contraire, de bas en haut ; les deux colonnes sanguines se font donc ici mutuellement obstacle; de là pour les veines sous-cutanées de l'abdomen et pour celles du membre inférieur une tendance incessante à se dilater ; de là aussi les varices qu'elles présentent et les tumeurs variqueuses qui, plus tard, se développeront sur leur trajet. Jusqu'à prosent les tumeurs variqueuses de l'abdomen, la veine anormale observée dans le ligament suspenseur du foie et la cirrhose avaient été considérées comme trois phénomènes indépendants. Tous les observateurs, en effet, s'élant accordés pour admettre, d'une pari, que cette veine anormale était constituée par la veine ombilicale non oblitérée, de l'autre qu'elle était pai courue par le sang de bas en haut, n'avaient pu entrevoir leur intime corrélation. En restituant, au con- traire, au sang son véritable cours, en le faisant cheminer de haut en bas, c'est-à-dire du foie vers la veine iliaque, nous n'avons plus trois phénomènes isolés, mais trois effets reliés entre eux par leur subor- dination a une seule et même cause, trois effets qui se succèdent et s'enchainent de la manière suivante : la cirrhose produit l'oblitération des capillaires et apporte ain.si un obstacle plus ou moins grand à la circulation du foie ; cet obstacle détermine la stase, et un peu plus tard le reflux du san^; ce reflux amène la dilatation, puis l'hypertro- phie de l'une des veinules comprises dans le ligament suspenseur, et celle-ci en se dilatant occasionne à son tour la dilatation des veines sous-cutanées ou sous aponévrotiques de l'abdomen. Ainsi donc, en admettant que le sang dans son mouvement de re- flux vers l'ombilic suit la veine ombilirale non oblitérée, on ne sau- rait expliquer, dans l'état actuel de nos connaissances, le mode de développement du grand courant veineux qui se porte du foie vers la veine iliaque externe. Mais si l'on admet, au contraire, que le sang suit l'une des veinules comprises dans le ligament suspenseur, le développement de celte voie collatérale devient un phénomène extrêmement simple, autour duquel se groupent dans l'ordre le plus naturel tous ceux que nous avons précédemment passés en revue. Le mode de développement de la voie dérivative par laquelle le sang passe de la veine porte dans la veine principale du membre, est un 12 fait qui u'iiiléresse pas inoius le chirurgien et le médecin que l'aua- tomiste. Connaissant le point de départ des varices etdes tumeurs variqueuses qui peuvent se développer sur le trajet de cette voie, le chirurgien comprendra mieux combien ces varices et ces tumeurs doivent être respectées. D'une autre part, toute tumeur de cette nature siégeant à l'ombilic, aux aines ou sur un point quelconque de la paroi abdominale, tout frémissement perceptible à la main, tout bruit perçu par l'oreille ou le stéthoscope appliqués sur cette paroi, deviendront pour le médecin un symptôme précieux qui, en lui révélant l'existence d'un grand courant veineux établi du foie vers la veine iliaque, appellera son attention sur la source, c'est-à-dire sur la cause de ce courant, et pourra ainsi dans quelques cas éclairer son diagnostic. Lorsque celte voie dérivalive s'élargit en raison de la difficulté (lue le sang éprouve à traverser le foie, la circulation du sang de la veine porte n'éprouve aucun trouble, parce qu'alors le trop-plein de celte veine rellue vers la veine iliaque, et il est facile de pressentir que, dans les cas de ce genre, il n'y aura aucun phénomène de congestion du côté des viscères abdominaux, et par suite aucune tendance à l'hy- dropisie abdominale. Si, au contraire, elle ne s'agrandit pas en raison de l'obstacle que le foie oppose au passage du sang, on verra les veines mésaraiques se congestionner, puis un épanchement séreux se produire dans la cavité du péritoine; et cet épanchement, conformément à la grande loi de physiologie pathologique si bien formulée par M. le professeur Bouil- laud, sera lui-même d'autant plus rapide et plus considérable que la voie dérivalive sera plus insuffisante. Tous les malades affectés de cirrhose du foie, chez lescjuels une circulation collatérale sera large- ment établie, seront donc peu ou point exposés à l'ascite. Dans les deux cas que j'ai observés, il n'en existait aucune Irace; il en était de même dans ceux qui ont été publiés par MM. Ménière, Manec, Pegot, Rokitansky et Hamberger. Par contre, les malades chez lesquels au- cune voie collatérale ne sera ouverte au sang de la veine porte reste- ront Irès-expûsés à l'hydropisie; c'est aussi dans cette catégorie de malades qu'on a vu, et que j'ai vu tout récemment encore l'ascite se produire. Des faits et considérations qui précèdent, je pense pouvoir conclure : 13 1* Qu'il n'existe aucun fait bien authentique de persistance de la veine ombilicale chez l'adulte, et que tous les faits qui ont élé consi- dérés comme attestant cette persistance, doivent être considérés, au contraire, comme autant d'exemples de dilatation avec hypertrophie de l'une des veinules comprimes dans le ligament suspenseur du foie ; 2° Que cette veinule en se dilatant et s'hyperlrophiant amène la di- latation et l'hypertrophie des veines avec lesquelles elle s'anastomose, et devient ainsi le point de départ d'une grande voie dérivative qui s'étend du sinus de la veine porte vers la veine principale du membre inférieur; 3° Que cette voie dérivative est parcourue par le sang de haut en bas, et non de bas en haut, ainsi que l'avaient pensé et le pensent en- core tous les auteurs; 4° Qu'elle peut suivre, tantôt les veines aponévrotiques et tantôt les veines sous-cutanées de l'abdomen; que dans le premier cas il ne se développe sur son trajet ni varices ni tumeurs variqueuses ; que dans le second, au contraire, on voit presque toujours une ou plusieurs de ces tumeurs se produire; 5* Que le courant veineux dirigé du foie vers la veine crurale accuse sa présence par un frémissement perceptible à la main, et par un mur- mure continu perceptible au stéthoscope ; 6° Entin que l'existence de ce courant peut être considérée, dans la très-grande majorité des cas, comme un symptôme de la cirrhose du foie, et que ce symptôme, bien qu'il accuse toujours une cirrhose an- cienne et incurable, doit être accueilli cependant comme un signe fa- vorable, puisqu'il écarte la crainte d'une hydropisie abdominale. INÉGALITÉ CONGÉNIALE DES DEUX MOITIÉS DU CORPS; SINGULIÈRES CONSÉQUENCÎBS PHYSIOLOGIQUES lu l U Société da Biologie , Par M. le Docteur Paul BROGA, Profenenr agrégé à la Faculté de médecine, chiriugiea des hôpitaux. J'ai été consulté tout récemment, dans un court voyage en proyince, pour un enfant atteint d'un singulier vice de conformation. Le sujet de celte observation est un garçon de 1 1 ans , chez lequel les deux moitiés du corps sont inégalement développées. Cette inéga- lité, constatée par les parents dès les premiers mois de la vie , est de- venue de plus eu plus apparente à mesure que l'enfant a pris sa crois- sance, mais aucune mensuration comparative n'ayant été faite avant mon examen, je ne puis dire si l'inégalité s'est réellement aggravée; j'ai lieu de croire au contraire que la différence relative des deuX moitiés du corps a toujours été la même , quoique la différence abso- lue se soit accrue en proportion du développement général. La moitié gauche du corps est notablement plus développée que l'autre. On dirait que le corps de cet enfant est formé par la réunion de deux moitiés provenant de deux individus différents d'âge, de taille et de force. Je donnerai d'abord les résultats fournis par la mensura- tion des membres, considérés sous le rapport de la longueur. J'ajoute dès maintenant, et une fois pour toutes, que les différences de volume 16 sont en rapport avec les différences de longueur, même les plus pro- noncées. Côté gaoche. C&té droit. Différencei. cent. cent, cent. Membre inférieur de l'épine iliaque à la malléole interne C5,5 60,0 5,5 De l'épine iliaque au bord supérieur delà rotule (cutsic) 32 29,5 2,5 Du bord supérieur de la rotule à la malléole interue {jambe) 33,5 30,5 3 Longueur du pied depuis l'exlrémité postérieure du calcanéura jusqu'à l'ex- trémité antérieure du gros orteil 22 21 1 Membre supérieur de l'acromion à l'a- pophyse styloïde du radius 41 39 2 Longueur de la clavicule 11,7 10,6 1,1 Le membre inférieur droit étant racourci de 5 centimètres et de- mi, cela suffirait déjà pour produire une claudication considérable; mais, de plus, l'épine iliaque du côté gauche est abaissée de prés de 2 centimètres, et la claudication se trouve ainsi aggravée. Cet abais- sement ne s'accompagne d'aucune projeclion en avant ou en arrière , d'aucune de ces déviations consécutives à rallongement ou au raccour- cissement des membres atteints de coxalogie ancienne. Il parait ré- sulter purement et simplement de l'inégal développement des deux moitiés de tronc. On remarquera que si l'obliquité de la ligne biilia- que était consécutive au raccourcissement du membre droit, elle serait dirigée en sens inverse, puisque l'enfant, dans la marche et la station, est disposé à incliner son corps vers le membre le plus court. La perpendiculaire abaissée de l'épine iliaque sur le raphé médian de l'abdomen est plus courte d'un centimètre à droite quà gauche. Le grand trochanter droit fait une moindre saillie ; la moitié droite du Bcrotum est moins volumineuse que le gauche, quoique les deux tes- ticules paraissent de môme grosseur. Une inégalité analogue existe entre les deux moitiés de la cage Ihoracique. Enfin, le sterno-mastoï- dien du côté droit est un peu moins gros que le gauche, mais il ne pa- raît pas plus court; le cou et la colonne vertébrale sont parfaitement conformés, et no sont le siège d'aucune déviation. Il n'y a aucune ap- parence de torticolis. Les particularités les plus curieuseg sont celles qu\ résultent de la 17 comparaison des deux moitiés de la léte. L'œil gauche est plus ouvert que l'œil droit : la commissure externe des paupières s'écarte moins de la ligne médiane du nez à droite qu'à gauche. La différence est de près de 3 millimètres. La ligne abaissée verticalement de cette commissure externe sur le bord inférieur de la mâchoire inférieure, donne du côté ganche 8,5, et du côté droit 7,6 seulement. La dilïérence est par conséquent de 9 raillimèlres. La dislance de l'angle externe de l'œil au bord inférieur de l'aile du nez est de 5 centimètres à gauche, et de 4,5 seulement à droite. Les arcades dentaires supérieures et inférieures décrivent une courbe plus longue à gauche qu'à droite, et les dents de ce dernier côté, faute d'espace, sont très-irrégulièrement implantées. Enfin, et surtout, la moitié droite du crâne est notablement moins développée que la gauche. Un cordon placé circulairement autour de la tête, au niveau des sourcils, et passant de chaque côté au-dessus de l'oreille pour aller rejoindre la protubérance occipitale externe, mesure 48 ceu- timétres; sur cette longueur, 25 centimètres appartiennent au côté gauche, 23 seulement au côté droit, ainsi que cela résulte des men- surations partielles pratiquées successivement des deux côtés, entre la protubérance occipitale et l'épine nasale. Ces mensurations ne peu- vent être considérées comme absolument rigoureuses, parce qu'il est presque impossible de fixer la ligne médiane de l'occipital ; mais la différence de 2 centimètres est trop considérable pour qu'on puisse l'attribuer à cette cause d'erreur. On peut donc affirmer que les deux moitiés du crâne sont inégalement développées. Cette inégalité est-elle purernent extérieure , ou coïncide-t-elle avec une disposition analogue des deux moitiés de l'encéphale? C'est ce que je ne puis dire, et tou- tefois il y a quelques faits physiologiques qui s'accordent assez bien avec cette dernière supposition. Quoique je n'aie pas eu le temps d'explorer minutieusement, au moyen des doubles piqûres, l'état de la sensibilité générale dans les diverses parties du corps, cette sensibilité m'a paru moins dévelop- pée sur les membres droits que sur les membres gauches. L'étude des fonctions des organes des sens m'a fourni des résultats beaucoup plus précis. L'oreille gauche étant cachée sous le bonnet, et l'oreille droite étant seule à découvert, l'enfant a pu suivre le tictac de ma montre jusqu'à une distance de l"',25. Paésé cette distance, il a cessé de pouvoir mar- MÉM. i 18 quer avec la main le battement des secondes. Avec l'oreille gauche, au contraire, il entendait parfaitement les battements à 2*", 50, et môme au delà. L'ouïe est par couséqueut beaucoup plus parfaite à gauche qu'à droite. Je n'ai pas fait l'exploration comparative de l'odorat des deux fosses nasales. Cette expérience, fort diflicile dune manière générale, aurait été probablement sans résultat sur un enfant de cet âge, et il aurait fallu y consacrer plus de temps que je n'en avais à ma disposition. Il aurait été plus difficile encore d'étudier comparativement la sensibi- lité spéciale des deux moitiés de la langue; je me propose de le faire dans quelques années, lorsque l'enfant sera plus âgé et plus en état de rendre compte de ses sensations ; mais je puis dire aujourd'hui que la moitié gauche de la langue est très-notablement plus large et sur- tout plus épaisse que la droite. En faisant tirer autant que possible la langue hors de la bouche, et en mesurant la longueur des deux moitiés de cet organe au niveau de l'arcade dentaire, on trouve pour la moitié droite une longueur de 0",0166, et pour le côté gauche une largeur de 0',0233. Diflërence de 0,6 en faveur du côté gauche. La ligne médiane de la langue se trouve par suite déviée à droite, et l'inégalité des deux moitiés est tellement prononcée qu'un brusque relief antéro-postérieur indique les limites de la moitié gauche. C'est une disposition tout à fait semblable à celle qui survient à la longue à la suite des hémiplégies. Parlons enfin de la division ; l'enfant s'était déjà aperçu que son œil droit était bien meilleur que son œil gauche. Pour m'assurer (]ue ce résultat ne dépendait pas de la myopie de l'œil gauche, jai fait fermer l'œil droit, et j'ai constaté que le gauche est aussi faible de près que de loin. Autant que je puis m'en rapporter aux renseignements four- nis par un enfant de cet âge, je crois avoir reconnu que les images de l'œil gauche paraissaient à la fois moins nettes et moins éclatantes que celles de l'œil droit. Quoi qu'il en soit, il est incontesiable que la vi- sion est notablement moins bonne du côté gauche que du côté droit. Ce fait est d'autant plus curieux que le meilleur œil correspond pré- cisément à la plus mauvaise oreille et à la moins développée des deux moitiés du crâne, de la face, du tronc et des membres. Comment ex- pliquer cette opposition? H me semble diffuile de ne pas songer à l'ea- tre-croisemenl des nerfs optiques au niveau du chiasma. Celle explica- lioa est loin sans doute d'être satisfaisante, puisque rentre-croisement 19 n'est que partiel, et que chaque œil reçoit des fibres nerveuses prove- nant des deux bandelettes optiques; néanmoins je suis disposé à croire que la cause de l'incgalité des deux yeux ne réside ni dans les globes oculaires ni dans les nerfs optiques, mais plus en arrière, soit dans les bandelettes optique?, soit dans leur origine centrale. Lorsque l'intelligence du sujet aura atteint tout son développement, il sera in- téressant d'explorer isolément les diverses parties de chaque rétine, et peut-être alors pourra- t-on constater des phénomènes propres soit à compléter l'histoire de ce fait particulier, soit à jeter quelque jour sur la question, encore si obscure, de la distribution respective des libres nerveuses directes ou croisées dans les diverses régions de la rétine. Uu mot enfin sur rintf'Iligence de l'enfant 11 appartient à une fa- mille Irèî-remarquablement douée sous ce rapport ; quoique au moins aussi avancé que la plupart de ses camarades, il l'est moins cepen- dant que ne létaienl à Sun âge ses nombreux frères et sœurs; mais ce détail n'a à mes yeux aucune signilication. La cause du vice de conformation que je viens de décrire est tout à fait inconnue; je puis affirmer qu'elle n'est pas héréditaire, car je connais depuis fort longtemps toute la famille de l'enfant. Les parents me consultaient surtout sur le traitement de la claudi- cation qui s'aggrave à mesure que le sujet prend de la croissance. J'ai conseillé une gymnastique particulière destinée à faire fonctionner surtout les membres du côté droit. J'ai recommandé s[)écialement de faire travailler l'enfant au tour, en exigeant de lui qu'il fasse constam- ment marcher la pédale avec le pied droit. Je n'ose pas espérer que cela fasse allonger le membre, mais j'espère du moins que cela pourra développer les muscles, qui sont considérablement plus faibles et plus grêles que du côté opposé. t,,j i. I 8 R A R y) 30} RECHERCHES "^^ " SARCOPTE DE LA GALE HUMAINE, Par m. le Docteur Charles ROBIN, frofMitur agrigi à U Facalté de médecioe, membre del'AcadéDÙe de médecine, etc. § I. — REMARQUES SUR LE BUT DE CE TRAVAIL. Le but de cette note est de faire connaître les caractères de l'arach- nide parasite qui cause la gale chez l'homme et chez quelques autres espèces de mammilères. Malgré un grand nombre de travaux publiés sur ce sujot, on est très-étonné, lorsqu'on a préparé un de ces sar- coptes, de trouver si peu de descriptions en rapport avec ce que pré- sente chaque animal considéré individuellement, en tant que mâle, femelle ou larve. Il est facile de reconnaître les causes des lacunes que présentent la plupart de ces descriptions et des différences qui les séparent les unes des autres. Le sarcopte dont il s'agit ici est visible à l'œil nu, beaucoup d'autres espèces sont dans le même cas, et les caractères essentiels qui ]le distinguent de celles-ci ne sont visibles qu'à un pouvoir amplifiant assez considérable. Comme le microscope a pour but de rendre per- ceptibles des objets invisibles à l'œil nu, ou certaines particularités invisibles sans cela dans les objets que nous apercevons, il devient certain que le pouvoir ampliliant qu'il faut adopter pour ces études n doit toujours être proportionné à la petitesse des corps à observer. Or ces conditions n'ont pas élé remplies par tous les observateurs. De là une première cause des lacunes et des différences indiquées plus haut. Les pouvoirs amplifiants uecessaires pour étudier le sarcopte de la gale sont ceux de 150 à 250 dianièlres ou environ. La slruclure de leur tête et de quelques parties des pattes exige des grossissements de 400 à 500 diaujèlres. (Objectifs 2 et 3 d'une part, puis 4 et 5 d'autre part;'oculaires 1,2 et 3 des microscopes deNaclieL) Beaucoup de descriptions ont été faites par des auteurs qui étaient peu au courant des lois d'après lesquelles se trouve établie, chez les animaux, la corrélation entre les dispositions anatomiques profondes elles conformations organiques extérieures. De là vient, en seioud lieu, que l'imporiance intrinsèque et comme caractères zoologiques de certaines dispositions anatomiques a été méconnue et a fait négli- ger la recherche de ces dernières C'est ainsi que la disposition anne- lée de certaines parties du corps, leur symétrie bilatérale, ainsi que celle de divers poils, etc., n'ont pas toujours élé notées lorsqu'elles existent. De même encore plusieurs auteurs ont négligé de faire con- naître successivement et séparément la face dorsale et la face ventrale de ces arachnides. Comme ces animaux sont très-petits, transparents, et ne peuvent être bien étudiés qu'à l'aide de la lumière transmise, on aperçoit en même temps les organes de la face dorsale d'une ma- Dière très-nette et ceux de la face ventrale plus vaguement ou vice versa De là est venu que souvent on trouve les deux faces du corps représentées sur un même plan par une seule figure. Sans parler de la diflîculté qu'on éprouve alors pour étudier ces dessins d'animaux si riches en détails anatomiques, il en est résulté, en outre, que parfois des organes situés sur le dos ont été indiqués comme appartenant à la face ventrale ou vice versa, surtout lorsque l'animal avait été aplati avant d'être dessiné. Pour éviter ces erreurs, l'animal doit être représenté comme on le fait pour les autres articulés, c'est-à-dire vu par sa face dorsale d'une part et par sa face ventrale d'autre part. Pour l'examiner, il faut le placer dans de la glycérine pure ou étendue d'eau. Ce liquide rend tran parents les tissus et fait ressortir avec la ijlus grande netteté les parties du squelette, les plis et les saillies du tégument, les poils et leurs tubercules basilaires, etc. On évite ainsi l'obligation d'aplatir l'animal pour le bien étudier et les déformations qui résultent de son 23 aplatissement. Bien que la transparence du corps fasse qu'on aperçoit à la fois sur le même individu le dos et le venlre, on dislingue facile- ment par quelques tours de la vis micrométrique ce qui appartient à l'une el à l'autre des faces du corps. Mais l'examen des divers organes est bien plus précis et plus rapide quand on observe directement la face du corps qui les porte. La glycérine ne s'évaporant pas permet de garder la préparation aussi longtemps qu'il est nécessaire, et de détourner la lame de verre qui porte celle-ci tantôt d'un côté, tantôt de l'autre pour faire cet examen. Il faut éviter aussi, eu dessinant ces animaux vus ainsi par trans- parence, de représenter sur une seule figure les organes appartenant les uns à une Face du corps, les autres à la face opposée, non-seule- menl en raison des inconvénients signalés plus haut, mais encore parce que cela est irrationnel et contraire à toute méthode. On sait, en effet, que le dessin n'est qu'un mode d'expression des choses placées hors de nous, un mode de transformation de la réalité en signes. Le dessin, pour imiter un objet, le transforme en lignes toutes reportées sur un même plan, lignes et unité de surface qui n'existent pas dans l'objet représenté. Dans aucune circonstance, par conséquent, un dessin ne pput remplacer la réalité, pour acquérir une connaissance complète de celle-ci; il ne peut que la riippeler si on l'a déjà vue, ou en donner une idée préalable qui en facilite l'examen lorsqu'on ne la connaît pas encore. En ce qui concerne l'objet qu'il s'agit de représenter, le dessin peut être exécuté de deux manières : 1° en figurant l'objet qu'on veut faire connaître dans les situations accidentel les où les manœuvres de la prépa- ration le placent toujours et qui varient un peu d'un casa l'autre; en dessinant les accidents avec la réalité; 2° en représentant les objets d'après un ensemble ou une succession de préparations, tels que l'étude amontié qu'ils sont en dehors des accidents de préparation, variant d'un cas à l'autre; en représentant les organes tels que l'étude a prou- vé qu'ils sont constitués, mais non tels que certains hasards de prépa- ration les montrent; en représentant en un mot les résullat^; du travail pour chaque appareil ou animal en particulier et négligeant les acci- dents. Quelques auteurs adoptent la première manière de faire, qui est celle que suivent aussi tous les commençants, en donnant pour raison que les dessins anatomiques étant faits d'après nature doivent repré- foiitL'i'Ies ctiosos toik!S qu'où les voit. Bi'aiicoup considèrent même comme plus exacts que les autres les dessins dans lesquels la ropré- .senlalion des organes est compliquée par celle des objets que le mode d'examen qu'on est obligé de choisir fait voir en même temps qu'eux. Mais en procédant ainsi, l'animal est tiguré, non ti'l qu'il est habituel- lement, mais tel qu'on l'a plus ou moins aplati, déformé, etc.; de telle sorte qu'on ne retrouve jamais ensuite une préparation semblable à ce dessin (pii est donné comme semblable à la nature; en eiïel, les moyens employés pour faire les observations modiQent toujours lea organes sous quelques rapports. Lorsque, sous prétexte de représenter la nature, on figure ainsi les déformations ou ruptures qu'on a cau- sées en cherchant à voir un organe, on agit comme le feraient les dessinateurs qui, en anatomie descriptive, reproduiraient les coups de scalpel donnés trop profondément pendant la dissection d'un mus- cle ou les lambeaux de tissu adipeux qui peuvent y rester adhérents. Or comme le résultat général des études anatomiques et zoologi- ques est de montrer en définitive : 1° qu'il y a constamment une régu- larité et une symétrie déterminées dans la disposition des organes; 2" qu'il existe des rapports constants entre les plans qui limitent ces derniers, même dans les cas d'anomalie; 3° que les déformations qui sont une conséquence habituelle decertaines phases de l'évolution natu- relle ont elles-mêmes une constante ai milieu de leurs variations; le mieux est donc de figurer les objets anatomiques sous ces aspects, bien qu'ils soient presque toujours dérangés par les moyens employés pour exécu-ler les préparations. Il est vrai qu'en suivantcette voie, les dis- sections faites pour vérifier des recherches montrent une régularité des organes égale à celle des figures, aussi rarement qu'elles conduisent à retomber sur la déformation, due à la préparation, qu'on peut avoir choisie pour type du dessin en suivant la méthode opposée. Mais, som- me toute, lorsque le résultat de l'étudeeslde montrer l'existence d'une régularité d'un ordre déterminé dans un organe ou dans un animal entier, il est certain qu'il faut, pendant l'exécution des figures, suivre les indications fournies par ce résultat final des observations compa- rées les unes aux autres; il faut la choisir comme type du dessin, type autour duquel viennent osciller en quelque sorte les déforma- tions entraînées par la plupart des préparations. Cela vaut mieux sans aucun doute que de fixer par le dessin une déformation accidentelle, fiit-cc même la plus habituellement produite. 25 Cette dernière manière de faire laisse toujours au lecteur l'obligation de rétablir par l'esprit cette régularité à laquelle se reporte toujours la raison, parce que c'est à l'aide de cette notion de symétrie que le souvenir des choses se conserve. La reconstitution de cette régularité après les déformations souvent inévitables des dissections rentre cer- tainement dans les altribu lions de l'auteur et non dans celles du lec- teur; il n'est pas difficile de reconnaître que, sous ce rapport, la per- feclion du dessin est toujours proportionnelle au fini des observations. L'expérience conduit bien vite à reconnaître laquelle de ces manières de procéder est préférable à l'autre. Des remarques analogues doivent être faites à propos de la manière de décrire les organes ou les animaux mêmes. L'expérience en anatomie et en zoologie a montré depuis longtemps qu'il était nécessaire de se soumettre à certaines règles à cet égard, sans lesquelles on est conduit soit à des omissions, soit à donner beau- coup plus d'importanceà certains caractèresou vice versa, qu'il ne faut, importance que la comparaison des animaux les uns aux autres fait seule reconnaître. Du reste, on ne remarque aucune supériorité dans l'exaclitudedesdescriptionsqu'ont données les auteurs qui se sont affran- chis de ces règles sur celles qui sont dues à ceux qui s'y sont soumis; il en est de même pour la valeur des résultats auxquels ils sont arri- vés. Il est vrai que le travail de l'auteur est d'abord plus difficile, et que l'esprit du lecteur qui n'en connaît pas l'usage en est fatigué dans le principe. Mais on reconnaît bientôt que suivre ces règles simplifie les descriptions et fait éviter de donner des noms nouveaux ou arbi- traires à des organes dont les analogues ont déjà été nommés ; on re- connaît surtout que leur usage conduit à rechercher des organes qui quelquefois ne sont que rudimenlaires sur les êtres qu'on étudie et qui seraient négligés sans les investigations que suscite toute méthode vraiment scientifique. § H. — DES CARACTÈRES DU SARCOPTE DE LA GALE HUMAINE. Les sarcoptes sont des Arachnides de l'ordre des Acarides on Aca- riens (acaridies, acaridiens, acarulisCcs, acarins, acarés ou acares de divers autours), appartenant en particulier à la famille des sarcoptidés (Gervais et Van Bênéden). ■ Le genre Sarcopte {Sarcoptes, Latreille) doit être ainsi caractérisé : acariens à corps large, ovalaire, obtus aux deux bouts, convexe en Ll 3R AR Y Uc 26 dessus, plat en dessous ; marqué de stries sinueuses symétriques; dé- passé en avant par un rostre (pi. VllI et IX, A) mobile, incliné, aplati, ongiiiforme, en partie caché sous l'épislome et pourvu de palpes élar- gis, à trois articles, bordés par deux joues carénées, membraneuses, transparentes, insérées sur les côtés du caméroslome. Mandibules épaisses, courtes, en pinces didactyles, dentelées; pattes épaisses.cour- tes, coniques, les antérieures un peu rétracliles à la base; tarses pour- vus de deux mamelons coniques; ventouses dis tarses articulées sur un pédicule d'une seule pièce (6, 6) ; vulve transversale sous le troi- sième anneau céphalo-tboracitjue (| 1. VIII, h)\ organe mâle (pi. IX, n) entre les dernières pattes: anus rétrodorsal (pi. IX, h). Sarcopte de la gale [Sarcoptes scabiei^ Latreille). Synonymie : Acariis humanus subcutaneus . L Acarus scabiei. L. Systema NATURE. Holmiœ, 1767, in-S", éd. duode- cima, I, p. 1024. De Geer, Mémoires pour servir a l'histouie des in- sectes. Sto( kholm, gr. in-4% t. VU. 1778, p. 94, pi, 5, lig. 12 à 15. Acarus humanus. Geoffroy, Linn^j Fauna suecica, edit. I. Sarcoptes scabiei. Latreille, Gênera crl'Staceorum et insectorum. Parisiis, 180G, in-8°, t. I, p. 152. Sarcoptes hominis. Raspail (1833) et Aube, CoNsmÉRATio.vs géné- rales SUR LA GALE ET l'insecte QUI LA PRODUiT.Thèse, Paris, 1836, in-4', n" 60, p. 6 et 19. Sarcoptes galei. Owcn, Lectures on comparative Anatomy and Phy- siOLOGY OK THE invertkbrate animals. Loodou, 1853, in-8", p. 252. Acarus brachypwi. De Olfers, De vegetativis et animatis C()RF»oribus IN coRPORiBus animatis reperiundis commentarius. Beroliui, 1816, in-$% p. 69. Sarcoptes hominis. A. G. Gerlach. Kraetze und RAiiOE. Berlin, 1857, in-8", p. 20et45,fig. 1 à 7. S. cqni. Gerlach, ibid., 1857, p. 29 et 72, fig. 8-10. S. suis. Gerlach, ibid,. 1857, p. 29 et 137, lig. 15-16. S. canis. Gerlach, ibli., 1857, p. 29 et 141, fig. 11 et 14. Sarcoptes hominis, Sarcopt'S scabiei et Sarcop'es suis. Delafond et Bourguignon. Recherches sur les animalcules de la gale des ani- maux, etc. (Ar.CH. CÉ.\. DE MED. Parjs, 1858, in-8", t. IT, p. 25 et 30). Sarcoptes à rostre peu caché par l'épislome, dépassé par deux paires de soies des palpes, presque aussi longues que lui {A) ; joues étroites ; céphalothorax (D) à quatre segments assez distincts les uns des autres 27 et de l'abdomen (G) sur les côtés; deux courts aiguillons ou spinules sur le bord de l'épiitome; trois paires d'aiguillons gros et courts en triangle sur les trois derniers segments thoraciques ; de nombreuses saillies cutanées conique?, aigtii's, interrompant les stries du corps derrière ces aiguillons (pi Vlllot IX, ce), jusquesur les côtés du ventre etenlre les deux rangées dos sept paires despinules du notogaptre(e,e); une paire de longues soies dorsales {cl} au niveau des secondes pattes, une paire de soies sur les côtés du corps, et une sous le ventre au même niveau (f/V/'); près de l'anus, qui est rétro-dorsal, deux paires de longues soies dont les plus grandes sont en dedans (térieure atteigne le bord posté- rieur du ventre, comme chez le S. Scabiei, Latreille, et la femelle du 5. mutans Robin et Lanquetin ; tantôt enfin comme chez le mâle et les nymphes de cette dernière espèce, il est placé sur ce bord même et s'avance autant sur la face dorsale que sur la face inférieure de l'ab- domen (1). Le Sarcoptes scabiei est de tous les sarcoptes celui qui présente de la manière la plus nette les divisions du céphalothorax. Elles se pro- noncent plus ou moins sur l'animal vivant, selon la nature des mou- yements qu'il exécute; sur l'animal mortelles sont aussi plus ou moins manifestes selon le degré de contraction et de resserrement ou de des- siccation qu'il a subis. Souvent alors le quatrième anneau forme sur le dos une forte saillie transversale, saillante au-dessus du troisième (!) Gerlacti place à tort l'anus sous forme de fente ou d'incisure sur I« bord postcrieiir même de l'abdoinen chez tous les sarcoptes; il commet une véritable erreur en décrivant les organes sexuels externes femelles des sar- coptes comme doubles, sous forme de deux courts prolongements cylindri- ques de chaque côté de l'anus. (Gerlacli, Kraetzk und Raeude, Berhn, 1857, in-8», pag.48à70, fig. 11.) 32 anneau en avant, et de l'abdomen on arrière; elle est séparée du pre- mier par un sillon concave anlcrieuremenl qui occupe toute la lar- geur du corps, et sur ses bords font saillie les tubercules légumen- taires coniques du dos. Cette saillie est distincte de l'abdomen par un sillon concave en arriére très-prononcé vers le milieu du corps et moins sur les rôles. Sur la face dorsale, le premier anneau se dislingue du suivant par une assez forte dépression des bords, placée entre les deux premières pâlies; un sillon lui fait suite, se dirige un peu en arrière de chaque côté, el se perd insensiblement sur le dos. Une dépression moins pro- noncée se voit derrière la deuxième paire de pattes, et sépare du troi- sième anneau le second qui est plus large que le premier; un sillon lui fait également suite, et se perd insensiblement en arrière près de celui qui sépare le troisième anneau du quatrième. Le troisième an- neau est le plusélroil; un sillon transversal le sépare du quatrième anneau ; ce sillon occupe toute la largeur du corps en arrière, el se continue par une dépression latérale sous le ventre qu'il traverse sans interruption. Au devant de lui, sous le ventre, les trois premiers seg- ments sont aplatis, coalesccnls,etn'oirrenl de sé|)aralion que tout à fait sur les côlés par les dépressions latérales indiquées plus haut. Le qua- trième anneau, qui est étroit au milieu du corps, s'élargit sur les flancs et plus à la face inférieure qu'à la face dorsale. Une légère dépression de chaque côlé, se conlinuant par un sillon couibe sur les deux faces du corps, le sépare de l'abdomen. Celui-ci est arrondi en arrière, uu peu déprimé à la face dorsale, et ne forme par rapport au céphalo- thorax qu'un tiers environ de la masse de l'animal. Sur la face dorsale, le bord antérieur du premier anneau s'avance au-dessus du rostre el forme ainsi l'épislome qui porte deux poils ou piquants très-courts; les bords droit et gauche s'avancent au-dessus de la première paire de pâlies dont ils recouvrent le premier article; ceux du deuxième anneau couvrent de même celui de la seconde paire de pattes. Ces bords sont inclinés, minces, comme tranclianlset formés par la jonction des faces antérieure el jjostérieure du corps (1). (I) M. liourgiii^iion a bien décrit ce? dernières disposilions, ainsi (pio les deux j)elits poils antérieurs, mais non répislome, car il ligure et décrit ces poils comme nianpiant le point précis où le tégument s'cicnd du corps sur la tOte. (BourgUiijnOU , TiIAITÉ EMÏOMOLOGIQLE LT l'AmOLOGIQUE DE LA GALE DE 33 A la face ventrale, le bord antérieur du premier anneau se prolonge autour de la base du rostre en un repli membraneux très-mince et très-transparent, en forme de cravate fendue sur la ligne médiane, qui limite le caméroslome et porte de chaque côté les joues. Ce repli n'a pas été décrit ni figuré jusqu'à présent. § IV. — REMARQUES SUR LA CONSTITUTION DE QUELQUES-UNES DES PARTIES DU CORPS DU SARCOPTE DE LA GALE. A. Rostre. — Chez les sarcoptes, le rostre est composé, comme chez tous les acariens : 1° de deux mâchoires placées en arrière, soudées ensemble sur la ligne méôlana; 2° de deux palpes maxillaires ^orgdines les plus volumineux de tous ceux du rostre, dont ils forment les cô- tés et qui s'étendent de sa base à son sommet; 3* d'une lèvre inférieure membraneuse plus courte que les palpes, dont la base est adhérente aux mâchoires et au bord interne des palpes; elle porte en arriére le menton et au milieu de sa face supérieure une languette ou ligule; 4" de deux mandibules dont l'extrémité dépasse le bord antérieur de la lèvre et dont la base adhère au fond du camérostome. Chez le sarcoptes scabiei (Latreille), le rostre est long de 0,075, large de 0,066 chez la femelle, et de 0,065 sur 0,60 chez le mâle. Sa face supérieure présente, au devant et au-dessous de l'épistome, deux plans étages d'arrière en avant qui montrent successivement la base des palpes repliés et plissés, puis plus bas, en avant les joues, le bout des palpes et des mandibules à peu près sur le même plan. La face in- férieure forme un plan plus régulier, bien que les détails en soient plus compliqués, par suite du rapprochement de la lèvre, des mâ- choires des mandibules et des palpes. Lorsque ces organes sont ainsi rapprochés, on distingue : 1° au tra- vers de la lèvre, par transparence, le sillon médian de séparation des l'homme, 1851; in-4» ; p. 49, 50 et 207, pi. I, fig. 1 e, k.) Gerlacli dé- crit el figure à tort la tête et les deux premières paires de pattes comme insérées au bord même du corps; il ne fait pas mention de l'épislome, ni des deux poils qu'il porte. (Gerlarh, toc. cit., 1857, p. 48, 73, 138, 143, fig. 1,2, 3, 8, 9, 11, 12, 13, 15 el 16.) Les figures de Renucci représeatenf, mais gros- sièrement, des dispositions semblables. (Thèse inaugurale Sua la décou- verte DE l'insecte qui PRODUIT LA CONTAGION DE LA GALE, DU PRURIGO ET DU PULTSAciA. Pari?, 1835; 10-4»; n" 83. p. 9, pi. II, fig. 1 et 2.) MÉM. 3 S4 mandibules, la dent en forme de crochet d'une des branches de cellfe- ci, la masse jaune rougeàtre arrondie en arrière que représentent ces mandibules; 2° les deux mâchoires courbées qui, par leur réunion, forment une pièce qui a la figure d'un fer à cheval ; 3" sur le milieu de leur convexité, la plaque carrée du menton ; 4° les palpes un peu plus transparents, mais jaunâtres aussi, placés en dehors des mandibules et pourvus de leurs poils; 5° puis enfin, vers le bord des palpes, les joues transparentes, incolores, dont la base se continue avec le bord en forme de prépuce du camérostome, qui embrasse la base du rostre en avant. Sur un rostre aplati par une compression assez forte et qui ne réus- sit pas toujours à en écarter les parties sans les briser, on reconnaît facilement les parties qui composent cet appareil. La nature de ces organes se détermine sans difficulté lorsqu'on a déjà étudié la constitution de leurs analogues dans la bouche des arachnides plus volumineuses, et en se servant d'un grossissement de 400 à 500 diamètres. 1° Les mâchoires ou maxîUcs forment la partie postérieure delà base du rostre entre les deux palpes; elles représentent chacune une bande ou pièce étroite courbée, de teinte jaunâtre ; elles sont soudées, continues l'une avec l'autre sur la ligne médiane, elle menton leur adhère à ce niveau. Chez les sarcoptes scabiei et cati^ elles se dirigent en avant et consti- tuent ainsi à elles deux un organe en forme de fer à cheval dont la convexité est tournée en arrière; cette convexité est circonscrite, à une certaine distance, par la concavité des branches réunies de la pre- mière paire d'épimères,etil reste entre elles un espace plus transparent semi-lunaire. Chaiiiie mâchoire, prise isolément, estlégèrementcourbée en S continue avec celle du côté opposé, et avec le menton par son extré- mité inférieure; elles entourent ce dernier par leur concavité ; elles se rapprochent de la ligne médiane par leur convexité, qui est épaisse chez le sarcopte scabiei, puis elles se dirigent en dehors, où leur ex- trémité s'articule, ou mieux, se continue avec le bord interne renflé, en forme de pli ou de bourrelet du palpe correspondant. Leur bord externe, du haut en bas, donne insertion au palpe maxillaire. Elles sont mobiles tranversalement, surtout par leur extrémité antérieure, en ayant le menton pour point fixe. Leur bord interne est lisse et donne insertion à la lèvre dans toute son étendue. è5 2' Les 'palpes forment les parties latéïales du tostre du haut jusqu'en bas ; ils occupent les parties laiôrales de sa base, tandis que les mâ- choires en constituent le milieu. Leur forme générale est cc4le d'un cône, avec une concavit'é 1g long de leiu- bord interne; leur base est élargie; leur sommet, recourbé en dedans, se termine assez brusque- ment en p'ointe, dépasse le bord antérieur de la lèvre et un peu le Sommet des mandibules lorsque celles-ci n'ont point été cbassées en avant par compression. Le bord externe des palpes est net, foncé, 'comme borné dans toute sa longueur par deux lignes parallèles qui fiiemblent limiter un é[,aississement de l'organe, mais qui indiquent seulement l'épaisseur de sa paroi, car il est creux et sa cavité remplie par des parties molles. Lorsque les palpes ont été aplatis par compression juS'qu'à l'efiFace- ment de la concavité de leur bord interne, ils paraissent membraneux. Par celte concavité, ils embrassent les côtés des mandibules au-àesSus et au-dessous dêsquelies ils s'avancent un pou. Les palpes sout composés de trois articles non séparables, mobiles l'Un stir l'autre, sans disjonction des segments, et il en est également ainsi de leur ïirticuktion avec les mâchoires. On distingue !es articles ou segments des palpes par un pli saillant ou un renflement trans- versal plus foncé que le reste de l'organe. La base du troisième article peut rentrer un peu dans le sommet du second, et de même pour celui-ci par rapport au premier, qui est le plus gros, très-large à sa base. Celle-ci s'articule avec la branche antérieure de la première paire d'épimères. C'est ainsi que tout le rostre se trouve soutenu par le squelette céphalothoracique. Le bord interne du pre- mier article des palpes n'est pas libre, parce qu'il adhère à la mâchoire en bas et à la lèvre dans presque tout le reste de son étendue. Le se- cond article, qui est plus petit que le précédent, porte deux poils • l'un à sa face ventrale, près du premier article, est court, grêle, dirigé en dehors ; l'autre est inséré à sa face dorsale, près du troisième article ; c'est le plus long ; il est dirigé en avant où il dépasse le rostre. 3° La lèvre (labium, fausse lèvre, lèvre sternale, lèvre inférieure) membraneuse transparente adhère en arriére à la face inférieure des deux mâchoires, et, sur les côtés, aux deux premiers articles des palpes; son bord antérieur, très-pâle, se voit au niveau de la base du troisième article; il est légèrement incisé sur la ligne médiane et lobé 36 de chaque côté. Là il offre deux petits appendices laraelleux qui sont peut-être des palpes labiaux (Sarcoptes scabiei, Tyroglypiies, Glyci- phages, Psoroples. etc.). Sa face inférieure porte deux poils très-lins, dirigés en dehors, insérés près du bout de chaque mâchoire. Chez le sarcoptes scabiei, le nnentoQ est une très-petite plaque car- rée, un peu plus longue que large, placée à la partie la plus infé- rieure et postérieure de la lèvre et du rostre. Il est aigu chez les 5. cati et muians; il est à peine distinct du point d'adhérence des mâchoires chez ce dernier. Sa situation absolue et par rapport aux mâchoires, auxquelles elle adhère aussi, est la même que celle de l'organe qui est appelé la lèvre par M. Nicolet, chez les oribates (l) et par\\'alcke- naer, chez les araignées; sa forme est identique à celle de cette pièce chez beaucoup d'animaux de cet ordre. Le menton est moins transparent que les parties voisines de la lèvre, parce qu'il est plus épais. Ses bords supérieurs et latéraux sont très- nets et foncés, parce qu'ils font saillie en avant; le bord inférieur, nu peu arrondi, se continue avec la portion inférieure demi-circulaire et commune des deux mâchoires. Sur sa partie moyenne se voit, chez le 5. scabiei, une très-petite dépression ovale, arrondie en bas, pointue en haut, simulant un oritice. Dans l'intervalle qui sépare le menton de la languette, cette mem- brane, chez les 5. scabiei et tati, porte une pièce verticale, étroite, al- longée, assez épaisse, foncée en couleur, mousse on avant, bilide en arrière ; elle fait saillie en avant, entre la partie postérieure arrondie des mandibules et la partie antérieure coudée des mâchoires. Elle manque chez le 5. muians; elle s'aplatit et s'eiïace lorsqu'on vient à comprimer trop fortement le rostre qu'on veut étudier, ce qui porte à penser que ce n'est peut-être qu'un pli de la membrane précé- dente. La languette ou ligule est une pièce mince, membraneuse, élégam- ment lancéolée, à base élargie, très-aip;ué au sommet. Vers son milieu, elle présente, chez les .S', scabiei et cati, un orilice très-petit, diflicile à voir, allongé, arrondi en arrière, effilé en avant; sa base se prolonge en deux branches dirigées en arrière, puis en dehors, où elles se con- fondent entre les deux palpes, sur la membrane décrile plus haut. Ces (1) Nicolet, Histoire natubf.llk des acariens, famille des Oribatides (Ar- chives DU Muséum d'mistoibe naturelle. Paris, 1855, in-4*, t. VU, p. -iOJ). 37 branches limitent ainsi une lente ou échancruie médiane, longitudi- nale, régulière, arrondie en avant, à la partie postérieure de laquelle s'engage la pièce médiane, étroite, décrite ci-dessus. Cette fonle con- duit dans le pharynx; elle représente l'orifice buccal, qui se trouve placé par conséquent entre la base des deux mandibules et la partie antérieure des deux mâchoires. 4* Les mandibules (aussi appelées forcipules, chélicèreSy pinces di" dactyles, antennes-pinces et serres) sont au nombre de deux ; elles sont terminées chacune en serre ou pince didactyle^ comme chez les auti es acariens, les phalangides, etc. (1). Les deux mandibules sont rapprochées l'une de l'autre sur la ligne médiane; elles forment par leur réunion une masse ovoïde à grosse extrémité tournée en arrière et cachée en partie sous l'épistome lors- qu'on les examine par la face dorsale de l'animal. La compression du rostre les détache et les fait saillir en avant avec facilité et même les chasse sans peine hors de l'espèce de loge dans laquelle ils sont main- tenus. Chaque mandibule prise à part est légèrement renflée au milieu de haut en bas, son bord supérieur est plus convexe que l'autre; cha- cune est aplatie latéralement, et c'est par une de ces faces un peu aplaties qu'elle touche celle du côté opposé; l'extrémité postérieure est arrondie et adhère à la lèvre ; elle reçoit un gros faisceau muscu- laire qu'elle entraîne avec elle lorsque la mandibule est expulsée par compression. Dans leur situation naturelle, les mandibules présentent par conséquent à l'observateur leur face convexe la plus étroite et se touchent par la plus large. Mais un léger degré de compression suffit pour les faire tourner sur leur axe ; elles montrent alors l'une de leurs deux faces aplaties. On reconnaît facilement ainsi que leur forme et leur structure se rapprochent beaucoup de celles des pinces didactyles des autres acariens tels que les oribates, les tyroglyphes, etc. Chaque pince est composée d'une tige comme dans les autres arach- (1) C'est pour avoir considéré cliaque pièce ou doigt de la mandibule en pince didactyle comme une mandibule distincte que MM. Bourguignon tt De- lafond parlent de deux paires de mandibules sous le nom de mandibules su- périeures et de mandibules inférieures, ce qui ferait en tout quatre mandi- bules, deux de chaque côté (Delafond et Bourguignon, Recheuches sur les ANIMALCULES DE LA GALE, ArCH. GÉNÉR. DE »1ÉD. Paris, 1858; in-8°, t. XI, p. 30 et 31) ; mais il n'y en a qu'une paire et non deux. 38 nides et de deux doigts, onglets ou crochets. La tige représente à peu près les trois quarts de leur masse; elle a la forme générale indiquée plus haut; les deux faces sont comme légèrement plissées ou sillon- nées, et non-seulement aplaties, mais encore déprimées avçcun rebord saillant, étroit tout autour de la dépression; à sa face externe se trouve adhérent une sorte de slylet, coudé, à pointe mousse qui part de sa base et se porte en avant et en bas. Cette tige est creuse, elle peut être aplatie et contient des libres musculaires, i'onglet supé- rieur fait suite au bord correspondant ou le plus convexe delà tige dont il occupe presque tout le sommet. Les côtés de sa base dépassent un peu les faces latérales de la tige, au-dessus desquelles ils font un léger relief ; c'est le plus épais et le plus foncé des deux onglets. Son bord supérieur ou dorsal est incliné en bas et en avant ; il se recourbç en crochet à son extrémité. Ce crochet dépasse un peu les petites dents qui garnissent le bord inférieur qui est droit et représente une dent un peu plus grosse que les autres. L'onglet inférieur est allongé, grêle, placé au-dessous de l'autre, ar- ticulé avec lui par une apophyse conique, et avec la tige par la por- tion de la longueur qui se trouve en arrière de la tige. La portion qui est au devant de l'apophyse s'avance jusqu'au-dessous du crochet ter- minal de l'onglet supérieur et s'y termine en pointe mousse; sonbor^ est tranchant, onduleux plutôt que denté. Il est mobile, dans le sens vertical, contre l'onglet supérieur qui est immobile; lescleux mandi- bules peuvent glisser l'une contre l'autre, alternativement en {ivant et en arrière dans le sens horizontal. B. Camérostgme et joues. — Le camérostome est la cavité de la par- tie antérieure du céphalothorax qui. reçoit et entoure la base du rostrç, un peu en arrière duquel se voit la concavité formée par les branches de la première paire d'épimères. L'épistome le dépasse un peu en dessus et recouvre ainsi la face dorsale 4e la base du rostre. Celle-ci est entourée, comme le gland parle prépuce, en dessous, c'est-à-dire à sa face ventrale par le bord antérieur du camérostome, qui est là un prolongement du tégument de la face ventrale du céphalothorax. Ce prolongement est mince, transparent, difficile à voir, comme incisé sur la ligne médiane jusqu'au niveau du menton. De là ce bord très- mince se relève de chaque côté, dépasse le céphalothorax et entoure circulairement la partie dorsale du rostre, en dépassant aussi un peu l'épistome. Sur les côtés du rostre, leborddu camérostome se prolonge 39 jusqu'au bout du palpe corespondant, qu'il borde sous forme d'appen- dice étroit, transparent, incolore. Cet appendice est la joue qui figure à peu près une spatule un peu recourbée en dedans, en empiétant un peu sur la face inférieure du palpe. Son insertion au bord du camé- rostome se fait par une partie grêle difficile à écarter du palpe et ne se voyant qu'avec un fort grossissement. Les organes désignés ici sous le nom de joues [genœ) ont été appe- lés faux palpes ou palpes secondaires (1). Mais ces dénominations ne peuvent être acceptées. C'est déjà un signe qu'un organe est mal déterminé dans sa nature, dans ses rapports et ses connexions, lorsqu'il a pour préfixe de son nom les mots pseuclo et faux ; car il n'y a pas de faux organes, ni de faux usages dans les êtres organisés. Des caractères anatomiques pré- cis prouvent ce fait en ce qui concerne l'organe dont il est question ici. D'une part, ce n'est point sur les mâchoires ou la lèvre qu'il s'in- sère, comme le font toujours les organes auxquels on réserve le nom de palpes; ce n'est point non plus des palpes maxillaires des sarcoptes qu'ils se détachent, comme le font les appendices des palpes de cer- taines aranéides, telles que les segestries. Il est fixé de chaque côté du camérostome. Il ne porte pas de poils, comme les palpes chez les arachnides en particulier, et surtout il n'est pas formé de pièces arti- culées, caractère qui ne manque jamais dans ces derniers organes. Enfin les joues dont il est ici question sont incolores, molles et trans- parentes, comme les téguments des sarcoptes dont elles sont un pro- longement et non jaunâtres ou rougeâtres, de la nature des pièces des épimères, comme les palpes et les autres pièces de la bouche chez les acariens. On doit donner le nom de joues {genœ) à ces organes : 1° parce qu'ils sont insérés sur les côtés du camérostome, plutôt un peu en avant qu'en arrière : soit directement, comme on le voit sur le sar- coptes mutans, soit sur le prolongement très-mince, pâle et transpa- rent, que ce bord du camérostome envoie autour de la base du rostre, sur ses côtés et en arrière; c'est ce que l'on observe chez le sarcoptes scabiei. Ce prolongement en forme de cravate existe aussi chez les (1) Bour^ignon, Traité entomologique et pathologique de la gale de l'homme. Paris, 1852; iu-4% p. 70. iO lyrogiy plies, niuis nu ijorto pas de joues carénées. Ces dernièros n'existent que chez les sarcoptes. 2° En second lieu, on doit donner le nom de joues à ces organes parce qu'ils se prolongent sur les côtés du rostre et des mandibules en particulier, comme le fait la pièce céphalique des insectes appelée joue chez quelques mélasomes^ beaucoup de punaises, etc. (1). 3° Enfin, ce n'est pas de la partie dorsale de la base du céphalo- thorax qu'elles se détachent, comme le tectum qui, chez les Oribates, recouvre par sa face inférieure la face supérieure du ce; >halotlioiax même (2), mais des côtés et en avant du camérostome. Elles ne sont donc pas comparables au tectum. C. Organes génitaux et anus. — 1° Organe mâle. C'est aux dépens des pièces solides d'un segment sternal du céphalothorax aux dépens du quatrième en général, qu'un appareil génital externe se développe chez les arachnides lorsqu'il s'en développe un, ainsi que nous l'avons vu précédemment. Ces pièces, comme les épimères qui portent les quatre dernières pattes, se prolongent plus ou moins loin sous le ventre chez les mâles : ce fait est très -manifeste chez le sarcoptes scabiei. Les pièces solides de l'appareil mâle sont dans cette espèce colorées en jaune rougeâtre, comme les autres parties solides ; elles sont au nombre de deux principales. La première est une pièce médiane, impaire (pi. IX, r), longitu- dinale, que j'appellerai ifermfe (3). L'extrémité supérieure duslernite (1) Gerlach, dont les figures bonnes quant àl'aspect général sont peu exactes dans les détails, les appelle lèvres; il nomme organes de perforation les man- dibules, et mandibules les palpes. Ses délerminatiuns des autres organes ne sont guère plus rigoureuses, faute de comparaison avec les autres arachnides (Gerlach, Kraetze und Raeude, Berlin, 1857, in-8*, p. 48, pi. 1, fig. 5). [1) Nicolel, HisToiBE natubelle des acariens, famille des Orihaiides (Ar- chives vv MUSÉUM DHisT. NAT., Paris, 1855, in-4"', t. Vil, p. 401-40?). (31 Le nom de sterniie a déjà été donné par M. Lacaze Dutliiers à une pièce de l'armure génitale femelle des inseeles qui a sans doute son homologue chez les insectes mâles, et probablement aussi cliez les arachniiles. C'est pourquoi j'emploie ici ce terme, sans être coniplrlement sûr de l'analogie, mais pour ne pas faire un mot nouveau. Chez les insectes femelles le siernite est une pièce médiane impaire antérieure, dépendant d'un anneau abdominal, dans lequel elle représente le sternum des anneaux thoraciques. Elle est tiiiillanto an dcliors et était appelée autrefois le gorgeret. Les êpisternites 41 est bifurquée, chacune de ses branches s'articule habituellement chez l'adulteavecle coude du quatrième épimèrequi lui-même estsoudé au troisiéme,mais ces deux branches n'étant pas encore assez développées chez les jeunes mâles, cette articulation n'a pas toujours lieu, bien que les quatre patti's existent déjà; les arcs de réunion des troisième et quatrième épimères restent isolés, et le bout antérieur du sternite reste libre sur la ligne médiane, simple ou bi tuberculeux seulement ; il est des individus chez lesquels, ainsi que nous l'avons vu, le déve- loppement s'arrête là (ij. L'extrémité inférieure du sternite est égale- ment divisée en deux branches courbes dirigées en bas, et limitant un espace ogival dans lequel est tendu une mince membrane transpa- rente finement grenue; ces branches se coudent brusquement et en dehors pour se terminer en pointe derrière la quatrième paire de pattes; elles méritent peut-être le nom d'épisternites. Une pièce apla- tie, tronquée et légèrement concave à son extrémité postérieure, se détache du bord libre de la membrane précédente, et envoie sur son milieu un petit prolongement. Celte pièce est dirigée en arrière, ses bords sont foncés et se courbeut en dehors pour joindre les deux branches ogivales du sternite; elle mérite le nom de pénis d'après le rôle qu'elle joue dans le coït, et, par comparaison avec son analogue, chez les autres sarcoptides où elle offre des dispositions curieuses et variées d'une espèce à l'autre. Une dernière pièce de l'appareil génital mâle est mobile de haut en bas et de bas en haut (n), en tournant autour d'un axe transversal re- présenté par deux prolongements grêles, qui de sa base se continuent (analogues aux episternums du thorax) sont des pièces doubles bilatérales comme les episternums dépendant du sternite, et autrefois appelées écailles latérales, etc. (Lacaze Duthiers, Recherches sur l'armure génitale des INSECTES, Paris, 1853, p. 67, in-4» avec planches.) (1) Tous les mâles du Sarcoptes scabiei que Gerlach a figurés croyant qu'ils appartenaient à des espèces diverses parce qu'ils vivaient sur des mammi- fères iliflférents, sont représentés à cet état de développement (Genach, loc. cit.. 1857, fig. 3, 13 et 16). Le mâle du Sarcoptes scabiei a, comme on sait, été décrit et ligure pour la première fi)is par M. le docteur Lanquetin en 1851 (AnN. DES MALADIES DE LA PEAU ET DE LA SYPHILIS. Paris, OCtObre 1851). M. Bourgogne, préparateur d'objets microscopiques, en possède un depuis 1840 et en a présenté deux préparations à l'expositioa de Londres en 1851. /^/^ ^•^ '^"3, Lui L I B R A R Y Up avec l'extrémité inférieure transversale des branches en ogive du sternite. Cette pièce a la forme d'un ongle; elle est échancrée du côté de sa base et un peu aussi à son extrémité libre. Le fond de ces éciian- crures et ses bords sont renflés en bourrelet et foncés. Cette pièce pourra recevoir probablement \e v.om à' hypo^te7-nUc. Lorsqu'elle est abaissée, le pénis remplit l'échancrure de sa base, dont la coucavilé est alors tournée en haut. Lorsqu'au contraire Vhyposternile est re- levé (pi. IX, n'), il remplit l'espace ogival des branches du sternite et laisse le pénis libre dans toute son étendue (1). 2° Organe femelle. Chez tous les sarcoptes, la vulve est une fente transversale située à la place qui correspond à peu près au milieu dii troisième anneau céphalo-thoracique. Elle est convexe en haut sur la ligne médiane, et un peu relevée à ses deux extrémités, elle ne se voit qu'à l'époque où l'animal est susceptible de reproduire et postérieure- ment à l'apparition de la quatrième paire de pattes. Les lèvres de la vulve ne sont pas renflées, elles sont rapprochées, en sorte que l'ou- verture est fermée et ne se voit que sous forme d'une mince ligne transversale, difiicile à apercevoir. Lorsque le tégument du céphalo- thorax se déchire par compression, il est facile de constater par la disposition des ruptures que cette ligne marque réellement une ou- verture dont les bords sont rapprochés jusqu'au contact. Chez le 5. scabiei, sa largeur est d'environ O^^.OSd. Au-dessous de la lèvre infé- rieure dans la profondeur du corps, se voit une petite saillie conique. 3* Anus. L'anus est une fente longitudinale, souvent un peu entr'ou- verte, sur les bords de laquelle le tégument forme un léger bourrelet. (1) C'est l'état d'arrêt de développement signalé plus haut, que M. Bourgui- gnon a décrit et figuré comme type du sarcopte de la gale de l'homme (Traité DE LA GALE DE l'homme, Paris, 1852, in-4°, p. 194 et 20G, pi. X, flg. 58) et qu'il a adopté encore avec M. Delafond comme caractérisant le mâle île cette espèce. C'est de l'état de complet développement des deux branches avec contiguïté immédiate aux épimères réunies des troisième et quatrième pattes, qu'ils ont fait une espèce distincte sous le nom de Sarcoptes suisy parce qu'ils l'ont observé sur le porc. (Delafond et Bourguignon, kaca. geneb. de MÉDECINE, Paris, 1858, in-8», t. XI, p. 30.) Mais on rencontre cet état aussi bien que le précédent chez le S. scabiei, Latreille, pris sur l'homme, comme chez ceux qui vivent sur le porc, le mouton, le lama, etc. Des particularités analogues s'observent sur presque toutes les pièces des épimères de beau- coup d'acariens. A3 Chez le 5. cati, elle est sur le milieu même du notogastre entourée par les deux rangées de spinules à pointe mousse qui s'y trouvent; chez le S. scabiei, l'anus, long do O^^.O^O, est encore sur la face dorsale de l'abdomen, mais son extrémité postérieure atteint exacte- ment le bord correspondant da corps; il en est de même chez la fe- melle du S. mutans; mais chez le mâle et les nymphes de celte espèce l'anus est à cheval en quelque sorte sur ce bord et s'avance autant sur la face ventrale que sur la face dorsale de l'abdomen. D. Squelette. — Le squelette des sarcoptes se compose, chez la fe- melle, d'autant d'épimères (1) qu'il y a de pattes, et, en outre, de cinq pièces solides dans chacune des huit pattes. Chez le mâle, il y a quel- ques pièces de plus qui appartiennent à l'appareil génital. Tous les épimères sont placés à la face profonde du tégument proprement dit et recouverts par lui, comme le sont aussi les pièces du rostre ; mais ils ne tombent pas à chaque mue comme la peau proprement dite; seule- ment celle-ci en emporte l'empreinte. Leur couleur les fait distinguer facilement des autres parties du corps; ils sont d'un jaune rougeâtre ou d'un brun rougeâtre pâle, ou mieux d'une teinte fauve. Assez difficiles à isoler des téguments ou des parties molles lors- qu'on ne les a soumis à aucune préparation, ils peuvent en être sépa-r rés lorsqu'on a placé l'animal dans l'acide sulfurique qui ne fait que les pâlir légèrement, tandis qu'il attaque les autres tissus. L'acide acétique et la glycérine les rendent plus nets et plus faciles à distin- guer dans tous leurs détails parce qu'ils rendent plus transparents les tissus auxquels ils adhèrent. Les épinaères présentent tous à leur face profonde chacun une la- melle saillante dans l'épaisseur des tissus du corps, et qui ne se vqit bien qu'après l'isolement de l'épimère. Cette lamelle est mince, très- transparente, mais de même teinte que les épimères, bien que plus pâle. Elle est mobile par suite de sa flexibilité et de sa minceur; elle est analogue de tous points aux épidèmes d'insertion qu'on trouve (2) (1) L'épimère {kiû. sur, [xepo; cuisse) est cette pièce du thorax (unique de chaque cùté ou accompagnée d'autres parties) avec laquelle s'articule la han- che des pattes chez les animaux articulés. (2) Les épidèmes (iizl, sur, et oéjxa, lien) sont des parties du squelette tégu- mentairp des articulés qui proviennent de la face interne de certaines de ses pièces, et font saillie à l'intérieur du corps; mais ne ils dépendent que d'une 'lï chez les inseclos et les crustacés. Gu;- 0[iidémcs donnent aussi insertion à des muscles. H faut pour les bien connaître les avoir vus successive- ment étalés et par leur bord tourné vers l'œil de l'observateur, parce qu'ils dillérenl beaucoup d'aspect dans ces deux cas; ils sont de teinte aussi foncée que les épidèraes dans cette position, et transparents pâles dans la première. La première paire des épimères est la seule qui, chez ce sarcopte et cbe/ quelques autres acariens, présente des apodèmes (1), et encore sont-ils extrêmement rudiraentaires. La comparaison des épimères (2) entre eux fait reconnaître qu'ils sont identiques d'un côté du corps à l'autre et symétriquement dispo- sés. Elle fait reconnaître aussi que du premier jusqu'au quatrième, libres ou soudés avec celui du côté opposé, tous se composent d'une pièce solide, allongée, grêle, irrégulièrement prismatique à trois côtés, ou aplatie au moins dans une partie de sa longueur. Tous portent sur leur bord inférieur une apophyse courte conique, dirigée en bas et en dehors, limitant avec le reste de l'épimère une légère con- cavité qui reçoit une saillie articulaire de l'anneau du premier article des pattes. A ce niveau, ils sont plus larges qu'ailleurs, et à partir de ce point leur épaisseur change habituellement et souvent aussi leur direction. Chez tous les sarcoptes aussi le côté opposé ou supérieur du premier épimère oll're une courte apophyse qui s'articule à la base du seule pièce à la fois et sont simples, par conséquent, ce qui les distingue des apodèmes. On les distingue en épidèmes d'insertion qui sont de petites la- melles intérieures mobiles servant à des insertions musculaires et en épidè- mex d'articulation en f^rme d'osselets ou de lôte de champignon, qui sont mobiles, so ides et servent à raiiiculation de certains organes. (1) Les apodèmes sont chez les articules des lames intérieures et parfois aussi extérieures, dont la nature est la même que celle du squelette tégumen- taire (àxb de, et U\t.7. lien), qui se trouvent au niveau des lignes de soudure de deu.\ anneaux ou de deux pièces contiguës d'un môme segment dont elles prolongent ainsi les bords; aussi elles sont toujours formées de deux lames adossées et soudées entre elles, dépendant de chacun des anneaux ou de chacune de leurs pièces (jui se réunissent deux à deux. Ce caractère les dis- tingue des épidèmes qui ne sont formés que d'une seule lame et avec lesquels il ne faut pas les confondre. (2) L'analogie de ces pièces avec les épimères des autres articules a été signalée, je crois, pour la première fois par M. Dujardin (Obseuvateub au MICROSCOPE, Paris, 1843, iu-.32. |). 147). 45 palpe correspondant, et l'extrémité externe du deuxième épimère s'ar- licule avec la base de la première patte, au côté iiii'érieur de laquelle elle se rend. Chez le Sarcoptes scabici les épimères de la première paire sont soudés dans une partie de leur étendue en une seule pièce médiane verticale [j] en forme de sternum plus longue mais plus étroite chez le mâle que chez la femelle. Vers le milieu de sa longueur cette pièce médiane est un peu renflée ou plus élargie que les portions qui sont au-dessus et au-dessous. Son extrémité postérieure descend aussi bas que celle des épimères de la seconde paire-, elle se termine tantôt en forme de lance, tantôt par une sorte de talon coudé à droite ou à gauche ou par un bout mousse irrégulier; chez la nymphe cette ex- trémité est presque toujours légèrement bifurquée. L'extrémité cé- phalique est élargie en forme de plastron, divisé en deux moitiés égales par une petite lame ou apodème saillant en avant, continuant la direction de la tige et se terminant en pointe. Cette extrémité en forme de plastron est régulièrement concave, coupée en demi-cercle en avant, un peu au-dessous de la convexité du menton et des mâ- choires qui est tournée en sens inverse, et laisse un espace clair trans- parent semi-lunaire entre ces deux parties. Là, chacun des épimères devenu libre contourne la base du palpe correspondant. Cette portion de l'épimère qui est aplatie dans toute son étendue, s'articule avec l'extrémité la plus inférieure et convexe du premier article du palpe, par une courte apophyse placée un peu au-dessus du point oîi elle se détache du plastron. De là, elle se porte en avant, contourne la base et le côté du palpe en s'appliquanl contre lui, et gagne sa face dorsale Bans dépasser l'épislome. Dans l'épaisseur de ce dernier, cette branche se recourbe brusquement sur elle-même en formant une anse courte arrondie (v. pi. IX), et se dirige en dehors et en arrière parallèlement au bord du corps sous ,1e tégument de la face dorsale du premier an- neau céphalothoracique près de son bord, immédiatement au-dessus du premier article de la patte correspondante. Dans tonte cette éten- due, elle est concave en dehors ; elle devient de plus en plus mince et se termine par une extrémité mousse et libre sur les côtés du corps au niveau de la base de la première patte (1). {[) C'est la pièce appelée lame ou ptèce claviculaire par M. Bourguignon loc. cit., 1851, pi. I, fig. 5, 6 et 1, p. 53-54. 46 Les portions libreë dé la \)re>nière paire d'rpimères, avec le plastron dont elles se délachent, circonscrivent ainsi la base de tout le rostre en avant et sur les côtés, à la manière d'une portion de collier; de là Tient que ce nom a été parfois donné à la réunion de ces pièce* (1). La simplicité de la disposition des autres épimères fait qu'il me suf- fira de renvoyer aux planches qui accompagnent ce mémoire, pour éviter les longueurs d'une description (2). Chaque épimère porte une apophyse à extrémité un peu concave qui s'articule avec le premier anneau de la patte correspondante. E. Composition du squelette des pattes. Elles sont constituées par cinq articles. Ce sont: 1» la hanche (ou rotule); 2° Y exînguinal on trochdntir ; 3° le fémoral ou cuisse; 4* la jamfee; et 5° le tarse. Ces cinq pièces, toutes annulaires, excepté la dernière dans quelques genres, corres- pondent à autant de segments que l'on observe sur chaque patte en- tière, et dont elles forment le squelette. Ce sout : 1° La pièce solide de la hanche, qui est un anneau de structure as- sez compliquée, articulé sur l'épimére à l'aide d'une apophyse qui mérite peut-être le nom de trochantin (3). Il porte un long poil à son bord antérieur, mince aux deux premières pattes {i, i), un très-court à la troisième et point à la quatrième (m,m). L'article dans lequel se trouve cette pièce correspond à celui appelé aussi /tanc/iedans la patte des insectes et des aranéides. Dugès (Am. des se. nat., 1. 1, p. 12) et M. Du- jardin lui donnent avec raison ce nom (4) chez les acariens (Observa- (1) Gervais dans Walckenaer, Histoibe naturelle des aptèues, Paris, 1S44, t. IV, p. 266 et 268. (2) Voyez Lanquetin, Notice sur la gale et sur l'animalcule qui ia pro- duit. Paris, 1859, in-8», 2" édition, pi. I à IV. (3) Chez les insectes, Vépimère s'articule avec le premier segment des pattes (appelé hanche et autrefois rotule) par l'intermédiaire d'une petite pièce so- lide appelée trochantin depuis Audouin. Cette pièce est tantôt cachre à l'inté- lieur du tliorax, tantôt saillante à l'extérieur, scion que la lianche est ou n'est pas prolongée en dedans du corps. Elle est décrite par tous les auteurs en môme temps que les épimères ; mais elle semble Ptre une dépendance de la hanche et de la patte par conséquent, plutôt que de l'épimére, car, chez certains insectes elle est soudée à la hanche et n'a pas de mouvements propres. (4) Chez les Acariens qui n'ont pas, comme les Dermanysses, etc., feîX ou 47 TEUR AU MICROSCOPE. Paris, 1843, in-32, pi. 16 et 17, p. 147). Chez les oribalides, cet article a été appelé cxinguinal paf M. Nicolet {(oc, cit., Archives du Muséum. Paris, 1835, t. VUI, p. 405). 2* La pièce bis-annulaire de Yexingidnal ou trochanter articulé avec la hanche par une section oblique (Dujardin), et olTrant une structure très-complexe chez tous les sarcoptides. C'est la pièce dont M. Bour- guignon a fait deux organes sous les noms de trochanter et de tro- chantin (Traité entomologique et pathologique de la gale de l'homme. Paris, 1852, in-4<', p. 58, fîg. 14 et 15). Chez les oribatides, cet article a été à tort aussi comparé au fémoral par M. Nicolet. Du côté posté- rieur des deux premières pattes, elle porte un long poil tlexible qui manque aux deux dernières. 3" La pièce solide du fémoral ou cuisse, qui est un anneau simple. Chez les oribatides, Tarlicle correspondant a été comparé au génual par M. Nicolet. Chez \e Dermanyssus agilis, la cuisse ou troisième seg- ment des pattes est subdivisée en deux segments : le premier très- court, à peine distinct du second, qui est quatre à cinq fois plus long. Il porte en avant un long poil tlexible à côté duquel se trouve un pi- quant grêle, aigu, excessivement court, et porte encore un poil court, mais flexible, dirigé en arrière. Ces appendices manquent aux deux pattes postérieures. 4° La pièce solide de la jambe, qui est un anneau simple comme le précédent, faisant partie du quatrième article. Cet article des pattes est comparé au tibial chez les oribalespar M. Nicolet. Chez le Dermanys- sus agilis, au lieu d'un seul segment (la jambe), existant à la suite de la cuisse et avant le tarse chez les insectes, tous les sarcoptides, les cheij- letus, les oribates, etc., on en trouve deux (le génual et le tibial de Sa- vigny), comme chez les aranéides. Ainsi on voit que les mots jambe, génual et tibial désignent, selon les groupes d'arachnides et autres ar- ticulés, des articles diftérents , ne sont point synonymes et devien- nent nécessaires pour la science, selon que les pattes ont cinq ou sept articles à chaque patte, Dngès considère Vépimère, plongé sous les tégu- ments du céphalothorax et nullement mobile, comme le premier article des pattes, et c'est à lui qu'il donne le nom de hanche (Dugès, Note sur le sar- copte DE la gale humaine; Ann. des se. nat., 1835, t. III, p. 246-247); c'est par suite de cette confusion qu'il dit que la hanche est tantôt adhérente, tan- tôt libre. 48 sept segments. Près de son bord interne, il porte un piquant grtMe, aigu, très-court, diffirile à voir. Près de son bord externe, il porte une sfiinuie courbe, allongée, rigide, terminée en pointe mousse, dirigée en dehors, supportée par un gros tubercule basilaire. Ces appendices manquent aux pattes postérieures. 5" La pièce solide du tarse ou pied ; elle est toujours conique, courte ou allongée, terminée par deux pointes mousses dans les sarcoptes, lespsoroples, etc., chez lesquels elle est très-courte, à base large, cir- culaire. Le tarse se reconnaît aux crochets pectines ou non, aux caroncules, aux ventouses avec ou sans crochets, au aux longues soies qu'il porte comme appendices terminaux, et qui sont caduques chez quelques es- pèces, telles que le Sarcoptes mulans. L'appendice principal de cette partie des pattes chez les Sarcoptes^ les Psoi optes, etc., est Vambulacre. Il se compose d'un pédicule et d'une ventouse. Le pédicule chez le S. scabicivsi grêle, incolore, transparent, cylindrique (6), luhuleux, comme les gros poils, et à base adhérente un peu élargie. Sa longueur est d'environ 5 centièmesde millim . Tout près de son extrémité librese voit,en avani, ime très-petite pointe aigué trans- parente. La ventouse se trouve articulée sur celte extrémité par l'inter- médiaire d'une très-petite pièce arrondie plus étroite que la lige; elle est en forme d'entonnoir, tixée par sa partie rétrécie et mobile autour de son point d'attache. Elle est transparente, à bord régulier, à paroi mince, pâle, renforcée de quatre très-petites côtes un peu sail- lantes en dehors et sans crochet dans son excavation. Elle s'aplatit facilement; alors, vue de côté, elle se présente sous forme d'un polit bâtonnet, comme le serait une palette ou raquette vue de champ. La pièce solide du tarse porte encore, au-dessous et en avant de l'inser- tiondu pédicule de l'ambulacre, deux poils allongés grêles et flexibles, dont l'antérieur est le plus long; ils sont plus allongés à la deuxième patte qu'à la première. Sur le tarse de la première patte, on trouve encore deux poils ou spinules très-courts, rigides, un peu courbés, à extrémité mousse, semblables à celui qui existe sur l'anneau de la jambe, mais un peu plus petits. Ils sont insérés du côlé du rostre, dirigés en dehors; l'un est inséré près de l'extrémité du tarse, l'autre près de rarticulation «le celui-ci avec la jambe, vers ?a face dorsale. Ce dernier manque au tarse de la deuxième patte, mais celui qui est au bout s'y retrouve. 49 Tout près de l'articulation du tarse, avec la jambe, on voit en outre, sur les deux premières pattes, un poil ou piquant extrêmement court, fin, rigide et difficile à voir. Le tarse des deux paires de pattes postérieures porte, au lieu d'am- bulacre, un gros et long poil flexible (/) dont la longeur peut atteindre à peu près les dimensions de la largeur du corps. Il est creux dans une certaine longueur, près de sa base. La pièce solide du tarse de la troi- sième patte porte en outre deux poils grêles et très-courts, difficiles à voir; le tarse de la quatrième patte ne porte qu'un seul de ces poils. Chez le mâle, la quatrième patte diffère de celle de la femelle, en ce qu'elle porte , au lieu d'un long poil , un ambulacre semblable à celui des pattes antérieures, mais du quart ou du tiers plus petit (pi. IX, ^f). Les appendices du tarse, tels que ambulacres divers, ventouses sessiles, caroncules avec ou sans crochets, pectines ou non, longs poils, etc., ont été considérés à tort par beaucoup d'auteurs comme étant eux-mêmes un article spécial des pattes. De là une des causes de la diversité des noms donnés aux véritables articles des membres. Chacun de ces articles offre des particularités curieuses d'organisa- tion, distinctes de l'un à l'autre; j'en ai fait la description, mais je ne peux la publier ici parce que des figures spéciales sont indispensables pour la faire comprendre. F. De la peau, de ses plis et de ses appendices. — La peau est trans- parente, sans couleur propre, cassante, à brisure nette, non filamen- teuse. Elle s'étend sur toutes les parties du tronc et des membres, sans discontinuité, et sur les pièces du squelette, dont après sa chute, à chaque mue, elle conserve exactement l'empreinte, mais non la teinte jaune rougeâtre propre. A chaque arliculation des pattes, on Voit un espace clair, étroit, circulaire, bordé en haut et en bas par une ligne foncée, qui, lorsqu'il offre une certaine largeur, peut faire croire à l'existence d'un article réel ; mais ce n'est autre chose que l'inter- valle existant entre le bord supérieur et le bord inférieur des anneaux squelettiques correspondants, que l'absence de coloration propre de la peau fait paraître clairs, tandis que la teinte rougeâtre des anneaux donne moins de transparence au reste du membre. La peau du corps offre, chez les sarcoptes, des plis plus ou moins profonds d'une région du corps à l'autre chez le même animal, et d'une espèce à l'autre pour les régions correspondantes. Chaque pli offre à observer une saillie tégumentaire mince inclinée en arrière, et un sil- MEiM. 4 Ion ùtruit scinblable ù unu taillt' dcLuiiu qui la Répart; du pli suivant; il Dii rOàullc l'aspect linement dentelé dos bords du corps dans les ré- gions où les plis sont tiès-prononcés. La pression du corps do l'animal fait disparaître les saillies cutanées qui, par leur extension, se prêtent à son aplatissemeni ; mais la trace du sillon persiste, malgré sa dispa- rition partielle, sous forme de ligne claire, étroite, difllcile à percevoir par places. La disposition des plis varie un peu d'une espèce à l'autre, bien qu'ils reproduisent au fond, chez toutes, le même type dans leur dis- tribution, dans leurs indexions et dans leurs interruptions, pour for- mer des saillies en pointes ou en simples mamelons. Leur disposition offre toujours une grande symétrie d'un côté à l'autre du corps. Chaque pli représente ordinairement une anse dont le plein est sous le ventre, et qui contourne symétriquement les bords du corps pour se terminer sur le dos par des interruptions de différentes formes, selon les parties du corps dont il s'agit; sur le notogastre, les plis se continuent pour la plupart d'un côté à l'autre, sans interruption sur • la ligne médiane, en présentant des inflexions symétriques autour de l'anus (pi. VI et VU). Une autre remarque anatomique importante aussi pour la détermi- nation des espèces et des genres doit être faite sur les stries ou sillons cutanés, onduleux, concentriques, symétriquement disposés, que l'on observe sur un grand nombre de sarcoptides. Ils sont plus ou moins profonds, plus ou moins larges et plus ou moins écartés selon les es- pèces. Us limitent ainsi entre eux des parties saillantes, comparables à celles d'un pli tégumentaire, plus ou moins larges, selon leur écar- tement; elles sont larges dans toutes les espèces du genre Sarcopte (Latreille) en particulier. Chez le Sarcoptes scabiei Latreille, ces sillons sont interrompus sur le dos par des saillies coniques, courtes, termi- nées en pointe mousse ou uiguè, selon la place qu'elles occupent, et à base plus ou moins élargie, continue avec le tégument (c C), qui est formé de chitine. Leur base est assez nettement limitée à tous les âges dans cette espèce, et elles sont assez aiguës pour qu'il soit diflicile au premier abord d'en déterminer exactement la nature, comme espèce d'app(;ndicesdistinctsounon despoilsou desaiguillons; ceux-ci, comme nous venons de le voir, ne sont que des modilicalions d'une même espèce d'ajjpendices. Mais chez le Sarcoptes cati llering, ils sont bien uiûius uûiiibreuN, ils b^oiit pins larges, surioul à la base, et ils sont &1 rangés en lignes qui suivent plus manifestement encore que dans l'es- pèce précédente la direction des stries ou sillons symétriques du tégu- ment. Or plus on s'éloigne du centre de l'amas qu'ils forment pour les observer plus près des sillons proprement dits, plus leur base s'élar- git, plus leur sommet devient mousse, puis arrondi comme le sommet d'un mamelon. Bientôt sur une même rangée ou sur une rangée plus extérieure, ils ne sont plus représentés que par des parties sail- lantes le long du bord des plis ordinaires ou par des plis ordinaires interrompus d'espace en espace, mais qui ne diffèrent pas autrement des plis continus. Il y a une transition graduelle très-nette sur un même animal des rangées de sailies cutanées coniques, terminées en pointe, à celles qui sont simplement mamelonnées, à sommet arrondi et de plus en plus larges jusqu'aux plis non discontinus; ou récipro- quement, de ces plis jusqu'aux plis interrompus devenant dé plus en plus saillants à mesure qu'ils sont plus courts, puis étroits, coniques et aigus. Chez la femelle du Sarcoptes mutans Robin, il n'y a que des saillies mamelonnées, à base large, sans tubercules coniques, et chez le mâle il n'y a aucune interruption des sillons qui sont très-fins. Ctiez \q Sarcoptes scabiei mâle, les plis sont plus écartés, bien moins nombreux et moins profonds que chez la femelle. Ils manquent com- plètement sur le milieu dorsal des deuxième, troisième et quatrième anneaux céphalothoraciques, sur toute la portion de la face ventrale du céphalothorax où se trouvent les épimères ; mais on en voit dans le sillon assez profond qui sépare l'un de l'autre les troisième et qua- trième anneaux. Enfin toute la portion de la face inférieure de l'ab- domen sur laquelle se prolongent l'organe sexuel mâle et la base des dernières pattes, n'en présente pas. Les séries de tubercules ou de saillies qui interrompent et remplaçaient ces plis sur le dos sont éga- lement très-rares (pi. ïX, c G). On ne trouve de tubercules que sur les côtés du quatrième anneau, sur le commencement et sur les côtés du uotogastre(i). (1) En voyant d'une espèce à l'autre les dispositions anatomiques d'où ré- sultent ces saillies tégumentaires, on comprend que tant qu'elles n'étaient pas bien connues, il était difïïcile de ne pas les considérer comme des appendices ou productions épidermiques, ou cornées qui ne seraient que des rudiments de poils à bulbes plus ou moins développés de même espèce tjue 52 Appendices cutanés. — La peau est pourvue d'appendices disposés symétriquement de chaque côté de la ligne médiane. Aux mêmes places, mais d'une espèce à l'autre, ils peuvent se présenter sous forme : 1* de soies ou poils longs et llexibles; 2° de piquants aigus, rigides et courts, et 3' de spinules rigides, à pointe mousse coupée carrément. Quelle que soit leur forme, ces appendices sont de même nature ; car ceux des iiattcs étudiés d'une espèce à l'autre se présentent aussi aux places correspondantes avec l'un ou l'autre de ces caractères. Leurs dimensions et leur forme aiguë ou tronquée diffèrent seules ; mais tous ont une structure canaliculée lorsqu'ils sont gros, que ce soient des poils ou des spinules ; ils sont pleins lorsqu'ils sont grêles ; tous sont insérés à l'aide d'un tubercule basilaire, ou d'une petite plaque tuber- culeuse circulaire, saillants à la surface du tégument. Souvent l'ap- pendice se brise au ras de ceux-ci, qui se présentent alors sous forme d'une petite pièce circulaire, avec un point brillant, central, rond, simulant un trou. Indépendamment des poils du rostre et de ceux des pattes qui sont insérés sur les pièces squelettiques de ces organes et qui flottent en quelque sorte autour du corps, on trouve chez le Sarcoptes scabiei les poils et piquants cutanés dont suit l'énumération : A. Poils de la circonférence du corps. Ce sont : 1" une paire de lon- gues soies placées sur le bord du quatrième anneau, près de sa jonc- tion à l'abdomen ; 2° deux paires de longues soies au bord postérieur du ventre, près de l'anus, supportées comme les précédentes par une saillie ou tubercule à peu près hémisphérique ; la paire la plus exté- rieure est la moins longue. B. ^0175 dorsaux. Ce sont : 1» une paire de courts piquants assez épais, un peu recourbés, situés près du bord de l'épistome; 2' une paire de longues soies placées sur le deuxième anneau, au niveau de la deuxième paire de pattes ; 3" trois paires de gros piquants coniques, très-courts, foncés, creux au milieu, placés en triangle de chaque côté : une paire vers la jonction du deuxième avec le troisième an- neau; la seconde plus en dehors, au milieu de ce dernier; la troi- sième plus en dedans, au bord antérieur du quatrième anneau ; i° sur les aiguillous ou spinules (Bourguiguon, De la gale de l'homsie. Paris, 1852,iii-4°, p. 47 et 48); mais, comme oh le voit, il n'y a pas d'analogie entre ces saillies tégumeutaires et les aiguillons. 53 le notogastre, on trouve sept paires de grosses spinules tubuleiises, à extrémité mousse, se détachant facilement de leur tubercule basi- laire; ces spinules sont sur deux rangées de chaque côté de la ligne médiane : la plus extérieure en présente quatre et l'autre trois. Un peu au devant de la commissure antérieure de l'anus (pi. VIIj se voit un piquant pointu un peu courbe, plus mince et plus court que les spinules ci- dessus et qui manque quelquefois, surtout chez le mâle. C. Poils ventraux. Ce sont : 1° une paire de poils fins, courts et ai- gus, près de la ligne médiane, au niveau des épimères de la deuxième paire ; 2" une paire de longues soies flexibles, dirigées en dehors et en arrière, en dehors des épimères de la cinquième paire, tout près d'eux ; 3° une paire de poils courts, fins et aigus, entre les épimères de la troisième et de la quatrième paire; 4° une paire de "poils sem- blables près de la ligne médiane, entre les épimères de la quatrième paire ; 5° chezla femelle seulement, une paire de petits poils semblables aux précédents, près de la ligne médiane, sur la lèvre antérieure de la vulve ; à la face profonde de la lèvre inférieure de celle-ci se voit une saillie conique, plus ou moins aiguë, qui manque quelquefois et qui lait saillie en dedans et non en dehors. NOTE SUR L'APPARITION PRÉMATURÉE DES DENTS, communiquée à la Société de Biologie Pab M. LE Docteur THORE , Ancien interne des hôpitaux, lauréat de la Faculté de médecine, etc. M. Sappey a communiqué'à la Société de biologie (avril 1859) l'ob- servation d'une petite fille âgée de 3 semaines, chez laquelle il a con- staté l'existence de doux incisives moyennes et de l'incisive latérale droite à la mâchoire inférieure. L'incisive latérale gauche était en voie d'éruption. La relation de ce fait, dont l'authenticité ne peut être mise en doute, m'engage à publier plusieursobservations analogues que j'ai recueillies, et à exposer le mécanisme de cette apparition précoce des dents. Schenck (De dentibus, obs. 407) cite les noms d'Ârsamen, de Papy- rius, de Gurius Dentatus^ qui étaient nés avec des dents, et plusieurs autres exemples tirés d'auteurs qui n'ont d'autre garant que la tra- dition. Haller (PHYSiOLOGiiE elementa, t. XVII, p. 19) reproduit ces citations, en y en ajoutant quelques autres encore. Joseph Franck rapjielle les noms fournis par l'histoire, de Richard II, roi d'Angleterre, de Louis XIV, de Mazarin, venus au monde avec plu- sieurs dents ou avec toutes leurs dents. D'après lui, l'auteur des Lettres a Sophie serait né (chose fort exceptionnelle) avec des dents molaires. Lui-même rapporte un exemple qui lui est propre et qu'il a observé à Wilna le 6 avril 1828, 56 Nous poumons facilement allonger la liste des faits de ce genre, la plupart fort contestables. Mais laissons de côté ceux qui sont du do- maine de la pure curiosité pour nous occuper de ceux qui peuvent présenter quelque intérêt au point de vue pratique. Il faut d'abord les séparer en deux catégories : 1" Les enfants naissent avec des dents, ou ces dents paraissent peu de temps après la naissance ; elles se développent régulièrement et ne tombent qu'à l'époque de la seconde dentition. 2° Ou bien ces dents sortent prématurément, tombent au bout d'un temps ordinairement assez court, par suite d'un travail pathologique qui va être examiné bientôt, et sur lequel nous pensons attirer pour la première fois l'attention. Dans la première série, nous n'avons à citer que deux faits qui nou:^ appartiennent : Le premier, d'une petite tille, mademoiselle P..., chez laquelle, à l'âge de 2 mois et demi, apparurent deux incisives latérales supé- rieures. Ces dents se développèrent régulièrement, et le reste de la dentition se fit avec assez de rapidité. Le second a été recueilli sur un garçon âgé de 3 mois. A cette époque, deux incisives médianes inférieures étaient déjà parues, et leur évolution se fit comme à l'ordinaire. Avant cet âge, nous n'avons aucun autre exemple à signaler. 11 n'en est point de même pour la seconde catégorie, où nous verrons les dents paraître beaucoup plus tôt pour tomber rapidement. Nous allons transcrire avec détail cinq observations, dont quatre ont été prises à l'hospice des Enfants trouvés et une dans notre pra- tique particulière. Obs. I.— Romain, enfant du sexe masculin, atteint de muguet et d'engoue- ment pulmonaire. A l'âge d'un mois et demi, le 30 mars 1842, on voit appa- raître une saillie rougeâtre à la partie moyenne de la mâchoire intérieure. Le t" avril il en sort une incisive médiane gauche, blanche, de volume normal, mais très-mobile; elle est au centre d'un bourgeon noirâtre, très- boursouflé. Le lendemain, cette dent est tombée; il reste un tubercule mou, sortant de la cavité alvéolaire ; autour, la muqueuse gcngivale est gri- sâlre et ulcérée. Le 3, ce tubercule a disparu et a laissé une cavité conique sur la ligne médiane. La fièvre et l'amaigrissement continuent; l'enlant succomba le 13 avril, aux progrès des maladies indiquées plus haut et dans le détail desquelles il 57 était inutile d'entrer ici. A l'autopsie, on trouve la cavité du maxillaire infé- rieur vide, plus de trace du bulbe dentaire ; les autres alvéoles étaient rem- plis et présentaient la disposition que l'on observe d'ordinaire à cette époque de la vie. Obs. II. — P , fille âgée d'un mois le 8 juin. On remarquait déjà depuis quelques jours, une ulcération grisâtre sur la ligne médiane de la mâchoire inférieure. Au fond de cette ulcération, on voit apparaître deux petites dents incisives médianes, plates, peu saillantes, légèrement dentelées et déjà mo- biles. Le 9 juin, elles deviennent plus saillantes ; elles sont d'un blanc grisâtre et se trouvent placées au centre de cette ulcération, qui s'étend encore. Le soir, cette petite fille succombe à une pneumonie. A l'autopsie, on con- state l'existence des deux dents déjà décrites; il est facile de les extraire, et elles se présentent sous la forme de deux cornets ; le follicule de l'incisive gauche est boursouflé et très-rouge, celui de droite l'est moins. La portion voisine du maxillaire inférieur est grisâtre et ramollie; les autres dents sont dans leur état normal. Obs. 111. — D,.., garçon âgé d'un mois et demi, succombe le 19 juillet 18'i2, à une double pneumonie; il n'avait point été observé pendant la vie. A l'au- topsie, on voit une dent incisive médiane inférieure et droite, faisant saillie hors de l'alvéole ; elle est placée au milieu d'une ulcération, elle est blanche, se détache facilement sous forme de cornet à parois minces, et laisse voit- un corps d'un rouge noirâtre, de forme globuleuse, qui dépasse la gencive. L'incisive médiane gauche faisait, hors de l'alvéole^, une saillie moins pro- noncée, elle reposait aussi sur un champignon noir et comme gangrené. La portion de l'os maxillaire inférieur qui correspondait à ces deux dents était manifestement cariée et se détachait par petits fragments ramollis. La gen- cive était profondément ulcérée. Les autres dents étaient à l'état sain. Obs. IV. — Ragonde, flUe entrée à l'infirmerie pour un muguet confluent. Elle avait un mois le 10 juillet, lorsqu'on remarqua qu'au milieu d'une ulcé- ration placée à la partie moyenne de la mâchoire inférieure apparaissaient les deux incisives médianes ; elles étaient très-saillantes et elles étaient déjà tombées le lendemain; elles sont remplacées par deux petits corps d'un gris noirâtre, arrondis, saillants et comme étranglés à leur base. Le 13 juillet, ces deux corps existent et présentent toujours le même aspect. Le 14, ils commencent à diminuer de volume et à s'aff'aisser. Le 16, ils ont disparu, mais l'ulcération reste. Le 17, elle s'étend et prend une coloration plus foncée. La lèvre inférieure, au point correspondant et près de la fossette du menton, devient rouge et douloureuse. 58 Le ?1, l'ulcération s'est encore étendue; en même temps se manifestent les symptômes d'une pneumonie du c6t(i droit, à laquelle elle succombe le 24 juillet. On constate l'ulcération de la mâchoire inférieure, déjà décrite pendant la vie; elle correspond à deux dents incisives tombées. Los alvéoles corres- pondants sont vides et compris dans l'ulcération ; l'os maxillaire ne parait point altéré dans cet endroit. Obs. V. — D garçon âgé de douze jours, nous est présenté le 9 mars 1849; il avait depuis quelque temps une tuméfaction de la lèvre supérieure, à la partie moyenne. Cette saillie fait de rapides progrès. Une autre saillie, d'un noir violet, apparaît à la gencive supérieure, du côté gauche ; elle cor- respond à l'incisive supérieure gauche et laisse échapper un pus jaunâtre quand on la presse- — Lotions émollientes. Deux ou trois jours après notre visite, il sort par cet abcès une dent inci- sive ayant la forme et la grosseur d'une dent régulièrement développée ; elle a la forme d'un cornet à minces parois, est aplatie et terminée à son bord libre par de petites saillies ; elle est partout recouverte d'émail. Le 27 mars : Depuis quelque temps la grosseur a beaucoup diminué, mais il s'est formé une autre tumeur plus en haut et plus en dehors ; elle est plus volumineuse et s'est ouverte la veille : il en est sorti une dent toute sem- blable à la première, c'est l'incisive latérale gauche. Au point correspondant existe une saillie rouge. 11 s'échappe de la narine gauche du pus en assez grande abondance. La partie moyenne du maxillaire supérieur est mobile et on peut le déplacer facilement avec une légère pression. L'enfant telle bien et paraît médiocrement souffrir. 7 avril, les abcès sont cicatrisés et la partie mobile de l'os maxillaire s'est consolidée : Ecoulement de pus par la narine gauche. Le 28, les points par lesquels les dents se sont échappées sont cicatrisés ; encore un léger écoulement un peu fétide par la narine gauche. L'enfant se développe bien. Examiné de nouveau le 31 janvier 1850, à l'âge de onze mois. — A l'âge de huit mois les deux incisives inférieures médianes ont paru, puis, il y a quatre jours, une incisive supérieure médiane et droite. Les deux incisives supérieures gauches sont, bien entendu, absentes, il existe une dépression trûs-prononcée à la place qu'elles occupaient. La canine supérieure gauche coninicnce à percer la gencive, ainsi que la dent correspondante du côté opposé. Le 9 juillet 1851, la première molaire supérieure du côté gauche a paru il y deux mois ; celle de droite n'est point encore sortie. Le 9 novembre 1857, nous l'examinons de nouveau : l'incisive médiane gauche a paru à la mâchoire supérieure, l'autre ne se montre point encore. 59 En février 1859, l'incisive latérale supérieure gauche n'existait point, la canine avait pris sa place. Comme on le voit par la lecture de ces cinq observations, les dents ont paru : 15jours après la naissance, 1 fois. 1 mois — 2 fois. 1 mois et demi — 1 fois. Une fois à la mâchoire supérieure : c'étaient les incisives médiane et latérale du côté gauche. Quatre fois à la mâchoire inférieure : c'étaient les incisives mé- dianes droite et gauche , deux fois ; une fois l'incisive médiane gau- che et une autre fois l'incisive médiane droite. Leur chute a suivi presque immédiatement leur apparition. Ordinairement on commençait à s'apercevoir de l'existence d'une ulcération grisâtre dans la portion de gencive qui correspondait aux dents qui devaient bientôt paraître. Après la sortie et la chute des dents, un tubercule arrondi et saillant, d'un rouge foncé, violacé et souvent noirâtre, se développait aussitôt; l'ulcération continuait à s'é- tendre et jà envahir l'os maxillaire, que l'on trouvait ramolli et ma- nifestement carié. Une fois des fragments de l'os se sont détachés, une fois aussi l'inflammation ulcéreuse s'est étendue aux téguments du menton. 11 est facile ici d'expliquer le mécanisme par lequel ces dents ap- paraissent d'une manière prématurée : il s'agit d'une affection du fol- licule dentaire, qui, en se développant outre mesure par l'effet d'un travail inflammatoire, ulcère le tissu de la gencive en chassant la dent au dehors ; celle-ci, formée d'une faible couche de matière dure réduite à l'état d'un simple cornet, ne tarde pas à tomber. L'inflam- mation alors s'arrête ou persiste, envahissant la gencive et jusqu'à l'os maxillaire, et se termine le plus souvent par la gangrène du follicule dentaire, qui apparaît au fond de l'ulcération et tombe bientôt à son tour. A l'autopsie, on trouve alors l'alvéole vide, tandis que les autres sont sains et présentent la disposition normale. Dans les quatre premières observations, les enfants ayant rapide- ment succombé à des maladies intercurrentes, l'observation a dû se borner aux faits que nous venons de résumer. 60 Une seule fois j'ai pu, pendant un grand nombre d'anni'^es, à plu- sieurs reprises, et aujourd'hui encore je puis examiner l'enfant qui fait rohjet de la cinquième observation. Chez lui la suppuration s'est longtemps prolongée; le maxillaire i?iipérieur a été envahi, en partie nécrosé, et est devenu mobile; un écoulement purulent et fétide s'est établi dans la narine correspon- dante. Au bout d'un mois la cicatrisation a eu lieu. A partir du huitième mois de l'existence, la dentition s'est faite avec régularité : les deux incisives gauches n'ont pas paru. A l'âge de huit ans l'incisivô-médiane gauche a fait son apparition ; mais deux ans plus tard l'incisive latérale n'existait point encore. Les anomalies de la dentition s'observent le plus habituellement rhez les enfants rachitiques et d'une constitution épuisée. Aussi, dans l'espace d'une année passée à l'hospice des Enfants-Trouvés, j'ai pu recueillir quatre faits de ce genre, tandis que depuis cette époque un seul s'est offert à moi dans une pratique de près de vingt années. On sait en effet dans quelles fâcheuses conditions se trouvent placés les enfants reçus dans cet établissement; ce qui explique, pour ce point de pathologie comme pour tous les autres, les énormes différences que l'on signale dans la pratique nosocomiale et dans la pratique civile. MEMOIRE L'OXALATE DE CHAUX DANS DES SÉDIMENTS DE L'URINE, DANS LA GRAVELLE ET LES CALCULS, lu à la Société de Biologie Par M. le Docteur GALLOIS. CHAPITRE PREMIER. HISTORIQUE DE L'OXALATE DE CHAUX, SA DÉCOUVERTE DANS LES CALCULS ET DAXS l'urine, moyens DE LE RECONNAÎTRE A L'AIDE DES RÉACTIFS CHI- MIQUES ET DU MICROSCOPE. §L Appelé à me livrer fréquemment à l'examen des urines, sous les auspices de M. Rayer, dans son service de l'hôpital de la Charité, je reconnus que les cristaux d'oxalate de chaux s'observaient assez sou- vent dans les sédiments urinaires. L'apparition de l'oxalate de chaux dans l'urine indique-t-elle la lésion d'un organe eu particulier ou d'une fonction? Peut-elle être considérée comme un symptôme constant se rattachant à telle ou telle classe d'états morbides? Est-elle susceptible, comme la présence du pus, du mucus, de l'albumine ou du sucre, d'éclairer puissamment 62 le médecin dans la voie du diagnostic? La maladie désignée sous le nom d'oxalurie existe-t-elle? L'excrétion de l'oxalate calcaire par les urines réclamc-t-elle un traitement particulier? Telles sont les ques- tions générales dont je me suis appliqué à chercher la solution. Des hommes éminents se sont occupés de ce sujet en France, en Amérique, en Angleterre et en Allemagne. Mais ils ont émis des opi- nions très-ditîérentes, souvent contradictoires, ce qui m'a porté à ten- ter de nouvelles recherches. Avant de les exposer, je donnerai un rapide aperçu des propriétés chimiques de l'oxalate de chaux et de son histoire, puis j'indiquerai les caractères qui permellent de le recon- naître à l'aide du microscope. L'oxalate de chaux est blanc, insoluble dans l'eau et presque inso- luble aussi dans l'acide acétique, soluble au contraire dans les acides azotique et chlorhydrique. Chauffé sur une lame de platine, il se trans- forme en carbonate de chaux, qui fait effervescence avec les acides, et si on chauffe davantage encore, on obtient de la chaux vive. Il est très-répandu dans le règne organique : certains lichens con- tiennent souvent la moitié de leur poids d'oxalate de chaux ; et d'après Schmidt (i), on le trouve en dissolution dans la sève de la plupart des plantes, d'où il se dépose sur le tissu vasculaire, vers la fin de la vé- gétation, en cristaux microscopiques, ayant la forme d'octaèdres à base carrée. Le même auteur en a également trouvé dans la levure de bière. Il en a rencontré de petits cristaux dans le mucus de la vésicule biliaire de l'homme, du bœuf, du chien, du lapin, du brochet, et sur la membrane muqueuse de l'utérus gravide. Enfin, c'est l'oxalate de chaux qui constitue les calculs muraux. Bergmann, dans sa Dissertation sur l'acide du sucre, parle de cal- culs constitués par la réunion de cet acide avec une certaine matière, qui reste comme résidu quand on brûle la pierfe, et qui n'est pas so- luble dans l'acide nitrique. Mais il ne connaissait point le sel résultant de la combinaison de l'acide du sucre avec la chaux, quoiqu'il in- dique une réaction qui prouve, à n'en pas douter, qu'il avait réelle- ment agi sur un calcul d'oxalate de chaux : « Cum enini calculi uri- narii carbonem combussissem, cinerem obtinui album, manifesto calcareum, cum acidis ferventcin...» ,1) Schmidt, Ann. dkr chem und puarm., LXI, 304, 63 GeBt Wollaston (t), en 1797, ([ui dumia le premier une véritable analyse des calculs muraux, et qui indiqua ([u'ils étaient composés d'oxalate de cliaux. Il ajouta que se sel y était uni généralement avec un peu d'acide urique et de phosphate de chaux. Plusieurs années après, Fourcroy et Vauquelin (2) ayant prié les chirurgiens des hôpi- taux de Paris de leur fournir une grande quantité de calculs uriiiaires, ils en recueillirent environ 600, et leur analyse des calculs muraux confimo pleinement celle de Wollaston, dont ils ignoraient les résultats. La voie de l'analyse une fois ouverte, de nombreux chimistes ne lar- dèrent pas à y entrer, tels que William Brandes (3), les docteurs Pearson, Henry (de Manchester), Vauquelin (4), Gaultier de Ciaul)ry(5), Martres et Prévost (6). Après ces chimistes, je citerai encore Las- saigne (7), qui a annoncé que l'oxalate de chaux faisait partie des hip- pomanes ou matières blanches, molles et visqueuses, qui nagent dans la liqueur de Tallantoïde de la vache, M.Taylor,dontlenom sera rappelé plus loin, entin M. Laurenzie (de Pavie) (8), qui a constaté la présence de l'oxalate de chaux, dans de petits calculs découverts dans les trompes de Fallope et dans les ligaments ronds. Voyons maintenant comment l'existence de ce sel a été constatée dans l'urine. MM. Robin et Verdeil rapportent que Brugnatelli en 1787, indiqua la présence d'un acide analogue à l'acide oxalique, et qui, dans les sédiments de l'urine, se trouvait combiné à la chaux ; que Four- croy (9) a trouvé de l'oxalate de chaux dans le dépôt de l'urine d'un (!) Wollaston, Transact. philosophic, 1797. (1) Fourcroy et Vauquelin, Sur l'analyse des calculs ueinaires humains. Annales de cmM., t. XXXII, 1799. (3) Brandes, Transact. philosopu., 1808. (4) Vauquelin, Sur la formation des bézoards intestinaux. Annales DE chimie, 1812, t. LXXXIII, p. 138. (5) Gaultier de Claubry, Annales de physique et de chimie, 1815, tome XCIII, p. 67. (C) Martres et Prévost, Annales de physique et de chimie, 1817, t. VI, p. 221. (7) Lassaigne, Annales de physique et de chimie, 1819, t. X, p. 200. (8) Laurenzie, Gaz. aiÉDic. lomb., ou Gaz, des hôpit., 1854, p. 36. (9) Fourcroy, Système des connaissances chimiques. Paris, in-8, F.-X., an IX, p. 177. 64 enfant tourmenté par des vers. Cependant, ce n'est guère qu'en 1825, que Prout en Angleterre, consacrant dans son ouvrage (1) un cha- pitre à l'étude de la dialhèse murale ou d'oxalate de chaux, a parlé des sédimenls urinaircs constitués par ce sel. « L'oxalate de chaux, dit-il, apparaît très-rarement sous la forme d'un sédiment amorphe. Dans quelques cas il se présente mêlé avec les sédiments amorphes d'acide lilhique, mais cela n'est pas très-commun. Use montre encore plus rarement sous la forme de gravelle cristallisée. » Au mois de décembre 1837, M. Vigla, attaché au service de M. Rayer, l)Lihlia dans l'Expérience (2), un mémoire intitulé : Etude microsco- pique DE l'urin'e, éclairée PAR l' ANALYSE CHIMIQUE. Daus cc travail, l'auteur ne nomme point l'oxalate de chaux, mais il en donne la figure, et il a écrit une phrase qui semble évidemment s'y rapporter, quand il dit : « Plusieurs fois, nous avons observé, dans l'urine peu évaporée, des octaèdres que nous n'avons pu rapporter au chlorure de soude, à cause de la solubilité de ce sel. » Au mois de mars 1838, M. Vigla, répondant à quelques objections que lui avait adressées M. Donné, s'exprime dans les termes suivants : « Les octaèdres que j'ai figurés n'étaient point du chlorure de sodium, et c'est une erreur de croire que ce sel puisse se montrer cristallisé dans un liquide qui en contient au plus 5 ou 6 millièmes de son poids.» Puis plus loin, en parlant de la classification des sédiments par Prout, il dit : « Les sédiments jaunes, rouges, œillets des urines acides, examinés au microscope, ne nous ont offert que deux apparences, une poussière amorphe, ou des cristaux d'acide urique plus ou moins pur. J'ajou- terai qu'il est assez commun de voir, dans ces dépôts, des octaèdres tout à l'ait semblables à ceux du chlorure de soude cristallisé dans l'urine. » On ne peut donc douter que M. Vigla n'ait parfaitement vu les cristaux d'oxalate de chaux, et qu'il ne les ait distingués des cris- taux de chlorure de sodium ; seulement il ne les avait point désignés par leur nom. Le 2 avril 1838, M. Donné présenta à l'Académie des sciences un travail intitulé : Table.vu des différents dépôts de m.uiéres salines (1) Pi oui, 1825. An INQUIRY INÏO THE NATUKE and TREATMJENT OF DIABETES, CALCULUS AND OTUER AFFECTIONS. (2) Vigla, l'Expérience, 1837, page 177. 65 ET DE SUBSTANCES ORGANISÉES QUI SE FONT DANS LES URINES- Dans Ce tra- vail l'auteur parle de l'oxalate de chaux comme d'une substance se trouvant très-rarement dans l'urine. Mais au mois de mai 1839 (l), il écrivit à Magendie une lettre dans laquelle il lui exprima des senti- ments différents, lettre que j'ai cru devoir reproduire en partie, parce que c'est le premier document détaillé que nous ayons sur les formes microscopiques de l'oxalate de chaux. « Depuis le commencement du printemps, dit M. Donné, je trouve fréquemment, dans les urines que je soumets à l'analyse microscopique, de très-beaux et très-nombreux cristaux, en apparence de forme cubique et ayant beaucoup d'analo- gie, au premier aspect, avec les cristaux de sel marin. Mais outre que le chlorure de sodium est trop soluble pour se déposer dans l'urine, sans évaporation préalable , d'une autre part, les cristaux dont je parle sont insolubles dans l'eau froide et même chaude. De plus, on s'aperçoit qu'au lieu d'être des cubes, ils sont formés de deux pyra- mides à quatre faces réunies par leur base. Ces cristaux sont inso- lubles dans l'acide acétique et solubles dans l'acide nitrique sans effervescence. Calcinés, ils laissent pour résidu uns matière blanche qui, placée avec un peu d'eau distillée sur du papier de tournesol rougi, le ramène instantanément au bleu. Cette matière est donc évi- demment de la chaux provenant de la décomposition d'un oxalate de cette base. Et, en effet, il suffit de manger une certaine quantité d'o- seille, pour voir se produire dans l'urine une immense quantité de ces cristaux. » L'oxalate de chaux est considéré par M. Rayer, dans son Traité des MALADIES DES REINS, publié en 1841, comme n'existant normalement, ni dans le sang, ni dans l'urine saine, mais se rencontrant dans ce liquide, dans certains états morbides. M. Henry Brett a publié, dans le 70^ volume de la Gazette médicale DE Londres, d'excellentes études sur les dépôts d' oxalate de chaux* Enfin, en 1842, Golding Bird (2) fit connaître le résultat de ses obser- (1) Donné, Compte rendus de l'Académie des sciences, séance du 20 mai 1839. (2) Golding Bird, Recherches sur la nature de certaines affections ca- ractérisées par la présence de l'oxalate de chaux dans l'urine., Gaz. MÉD. DE Londres, 1842, et Gaz. Méd. de Paris, 1842. MEM. 5 m valions, et annonça que Toxalate de chaux, qui était couAidôré jus- qu'alors comme existant rarement dans l'urine, s'y rencontrait au contraire fréquemment chez les sujets qui avaient éprouvé certaines indispositions caractérisées par une grande irritabilité nerveuse. Pour moi, les recherches auxquelles je me suis livré sur de nom- breux échantillons d'urines humaines me permettent d avancer que les cristaux d'oxalate de chaux peuvent se montrer passagèrement dans l'urine saine, comme dans l'urine pathologique, dans des condi- tions que j'essayerai bientôt d'établir. Mais, avant tout, je vais faire connaître les caractères microscopiques auxquels on reconnaîtra l'oxa- late de chaux. §11. Golding Bird (1) conseille, quand on veut découvrir de l'oxalate de chaux dans une urine, de recueillir de préférence celle qui a été ex- crétée un peu après le repas, et de la laisser déposer dans un verre à expérience. Après quelques heures de repos, on décâtJte la sixième ou septième partie de cette urine, et on verse le reste dans un vase de verre, puis on la chauiïe sur une lampe, ce qui permet aux cristaux d'oxalate de chaux de se précipiter plus facilement. Du reste, on hâte la formation du dépôt en agitant doucement le vase, de manière à im- primer à son contenu un mouvement de rotation, qui rassemble l'oxa- late dans le fond du verre. L'application de la chaleur sert à dissiper le trouble résultant de l'urate d'ammoniaque, qui s'est déposé dans l'urine, et qui se dissout aisément par une douce chaleur. Cela fait, on laisse reposer l'urine une ou deux minutes, on ert enlève la plus grande partie avec une pipette, et on la remplace par de l'eau distillée. Alors on voit une poussière blanche et brillante, comme de la poudre de diamant, qui est composée d'oxalate de chaux cristallisé en beaux octaèdres transparents. Bird ajoute que l'oxalate de chaux, dans une urine qui n'a point été chauflëe, se montre rarement sous la forme d'un dépôt distinct, et qu'il reste très-longtemps suspendu dans le li- quide, à moins qu'il ne s'y trouve un corps étranger, tel qu'un cheveu, par exemple, sur lequel il se dépose. Quant à la substitution de l'eau distillée à l'urine, l'auteur la conseille, pour rendre les cristaux d'oxa- (1) G. Bird, Uiunary deposits, 185G, fit latc de chaux plus facilement visibles, même à l'œil nu ; car il a éprouvé que le pouvoir réfringent de l'urine rendait quelquefois invi- sible une grande quantité de cristaux. Je dois mentionner également ici un procédé indiqué par Lehmann, et qui consiste à congeler l'urine dans laquelle on soupçonne l'exis- tence de l'oxalate de chaux. Une grande partie de Tcau se solidifie dans ce cas, comme cela arrive pour le vin et pour le vinaigre, et après la séparation de cette eau, il reste une solution saline très-concentrée, dans laquelle le microscope permet de découvrir les cristaux d'oxa- late de chaux. Je n'ai jamais eu recours ni au procédé de Lehraann, ni à celui de Bird, et je déclare que les précautions indiquées par ces auteurs me paraissent inutiles et superflues. En effet, les cristaux d'oxalate cal- caire présentent des caractères tellement nets et tellement tranchés, qu'on les distingue toujours facilement au milieu de l'acide urique, des urates et même du phosphate ammoniaco-magnésien, qui leur res- semble cependant quelquefois. Dans tous les cas, s'il restait quelques doutes dans l'esprit de l'observateur, il les ferait cesser immédiate- ment, à l'aide de moyens que j'indiquerai tout à l'heure. Ceci posé, je crois que, pour chercher l'oxalate de chaux dans une urine, il suffit, dans la grande majorité des cas, de la laisser déposer de douze à vingt-quatre heures, dans un petit flacon cylindrique haut et étroit, ou dans un verre à expérience, et de puiser au fond du vase à l'aide d'une pipette. Une goutte du liquide, échappé de la pipette, est placée entre deux lames de verre, en ayant soin qu'elle ne déborde point la plaque supérieure, et c'est la préparation ainsi obtenue qu'on soumet à l'examen microscopique. D'après MM. Robin et Verdeil, les cristaux d'oxalate y^^ de chaux sont des octaèdres dérivant du type cubique, et qui résultent de deux pyramides à quatre faces, réunies base à base (tig. 1). Ils s'éteignent complètement dans la lumière polarisée, comme le sel marin, mais ils ^^^ en diffèrent en ce qu'ils sont insolubles dans l'eau. ^ _ ^ , Leur transparence permettant de voir à la fois les an- Oxalate de chaus ^ ^ sous la forme gles Supérieurs et les angles inférieurs, il en résulte octaédrimie. , i. , . „. ^ , , « • • des figures bizarres (hg. 2) dont on a quelquefois peine à se rendre compte. Mais en les faisant rouler par des courants de li- quides, on comprend facilement comment la lumière réfractée et réflé- 68 chie de diverses manière, au niveau des arêtes, donnant des teintes plus foncées à celles-ci, peut leur faire figurer soit une croix, soit UD quadrilatère ou un rhombe. Il y a quelquefois ^ ^ rq ^^ c^s cristaux allongés et étroits ou aplatis ; d'autres /fl. - core de la rhubarbe. Je n'ai jamais pu faire apparaître de cristaux » d'oxalate, même en mangeant de grandes quantités de rhubarbe, si » ce n'est sous la forme de cubes très-ténus, pendant un jour ou deux, » à moins qu'ils n'existassent déjà dans mon urine. Tout aliment qui » ajoute à l'irritabilité des reins ou de la vessie provoque une aug- » mentation dans la sécrétion des oxalates. En effet, j'ai toujours re- » marqué que l'usage abondant du cresson augmentait chez moi l'ex- » crétion des oxalates, pourvu que j'en rendisse déjà, et cela à cause » de l'irritation de la vessie produite par l'excrétion d'acide urique » libre. » Les expériences de M. Bartrum se rapprochent des miennes par un point, c'est que les cristaux d'oxalate calcaire ont disparu de son urine au bout d'un jour ou deux, quoiqu'il eût continué à prendre de la rhubarbe en même quantité. Quant à l'idée qu'il émet sur le rôle que jouent les substances ingérées dans la production de l'oxalate de chaux de l'urine, je ne la discute pas, et je me contente de dire qu'elle me parait peu admissible. Je n'ai point encore parlé jusqu'à présent du rôle des boissons, par rapport à l'excrétion de l'oxalate de chaux, parce qu'en eSet je n'ai point d'expérience personnelle à cet égard. Je dois donc me borner à reproduire, sans m'en porter garant, l'opinion de M. Donné, qui a trouvé que la quantité d'oxalate calcaire augmentait dans l'urine, après l'ingestion des vins mousseux. Il en serait de même, d'après Lebmann, pour les bières riches en acide carbonique. J'en donnerai l'explication, d'après ce dernier chimiste, dans le chapitre consacré aux théories. (1) Bartrum, Sur la diathèse oxalique. La Lancette^ 1847. MEM. 82 CHAPITRE lli. DE L*OXALATE DE CHAUX DANS l'URINE DE L'IIOMME 'MALADE. — DESCRIPTION DE L'OXALURIE. Il n'a été question, jusqu'à présent, que de l'oxalate de chaux qu'on rencontre dans l'urine de l'homme, à l'état de santé (au moins appa- rente). Je vais maintenant m'occuper de l'existence de ce corps dans le liquide urinaire, pendant l'état de maladie. C'est en Angleterre et en Allemagne que cette question a été le plus étudiée; aussi est-ce dans les auteurs étrangers que je vais puiser les éléments de cette des- cription. Seulement, je déclare tout de suite que je ne partage nulle- ment leurs opinions. Le tableau qu'ils ont présenté de l'oxalurie est tout à fait artificiel, et ne représente point une entité morbide bien déterminée. Aussi ne le reproduirai-je que pour le faire servir à l'his- toire de l'art. Brandes paraît être le premier qui se soit occupé de l'oxalurie ; mais Prout(l), après lui, lit sur ce sujet des recherches plus étendues. Willis (2) ne décrit point l'oxalurie, mais il renvoie au travail de M. Henry Brettsur cette question. Un des auteurs qui ont le plus écrit sur l'oxalurie, c'est Golding Bird (3) ; je dois citer également Beg- bie (4), le docteur Frick (de Baltimore) (5), Douglas Maclagan (6), James Gray (7) et le docteur Kuchenmeisler (8). Enfin, eu France, (1) PrOUt, ReGH. sur la nature et le traitement du DL\BHTE, des CALCX'LS ET d'autres affections, 1825 , et De la nature et du tiuiteme-nt des ma- ladies DE l'estomac ET DES VOIES URINAIRES, 1840. (2) Willis, Urinary deposits and tiieir treatment, 1838; (3) Golding Bird, Urinary deposits, 1856. (4) Begbie, Monthly journal, 1848, Sur les caractères que présente l'urine qui contient de l'oxalate. (5) Frick, Revue médico-chirurg., 1848-49, ou bien The American journ. AND MEDIC. SCIENCE* (G) Maclagan, Monthly journal, 1853, et Gaz. Méd.,1854. (7) James Gray, Journal de Glasgow, 1854, Du traitement de l'oxalurie. (S) Kuchennicistcr, Journ. desconnaiss. medico-ciiiruug , 1853, ou Bulle- tin DliTIlKRAl'EUTIQUi:, 1854. 83 M. Bouchardat s'est occupé de l'oxalurie, à laquelle il consacre un article dans son Bulletin de thérapeutique de 1850. D'après les auteurs que j'ai cités, l'urine des oxaluriques est tou- jours acide, et souvent même beaucoup plus qu'à l'état normal. Elle n'est jamais alcaline ou même neutre, à moins qu'il n'y ait compli- cation d'un calcul ou d'une maladie de vessie. Assez souvent elle est plus abondante qu'à l'état sain. Elle est ordinairement d'une belle cou- leur ambrée; elle peut devenir noirâtre, quand elle contient les élé- ments du sang, dont la présence est due à un calcul développé dans l'intérieur du rein ou de la vessie ; mais, à part cette circonstance, la couleur verdâtre qui a été décrite par quelques auteurs, comme carac- téristique de l'oxalurie, ne s'observe que très-rarement. 11 est rare aussi qu'elle soit plus pâle que l'urine normale. Assez souvent elle dé- pose par le refroissement une couche jaunâtre d'urate d'ammoniaque ou un sédiment rouge d'acide urique. Son odeur est généralement naturelle ; cependant il est des auteurs qui lui ont trouvé une odeur aromatique, qu'ils ont comparée à celle du réséda ou de l'églantier odoriférant. Cette odeur, qui a été signalée déjà pour l'urine qui con- tient de la cysline, devient plus sensible quand on chauffe doucement le liquide urinaire; seulement elle est masquée, selon Begbie, dans la variété d'urine noire, par l'odeur piquante, sut genejHs, qui annonce l'existence de l'urée en excès. La densité de l'urine oxalique est assez variable. Selon Golding Bird, elle oscille le plus souvent entre 1015 et 1025, tandis que dans les échantillons examinés par Begbie, la pesanteur spécifique moyenne était de 1028. Dans trois ou quatre cas seulement, elle était inférieure à 1015, et rarement elle s'élevait à 1030. Dans un échantillon pour- tant la densité s'est élevée jusqu'à 1034, et dans uq autre jusqu'à 1040. Généralement la proportion d'oxalate calcaire est en raison directe de la densité. Un caractère qui est mentionné par presque tous les auteurs qui se sont occupés d'oxalurie, c'est la présence dans l'urine oxalique d'un excès d'urée. Pour l'établir, ils mettent l'urine à essayer dans un verre de montre, et ils versent dessus de l'acide nitrique, (jui doit fournir, au bout de peu de temps, une abondante cristallisation de ni- trate d'urée. Ils ont signalé aussi, dans l'urine des oxaluriques, la pré- sence d'un excès d'épithélium, qui se dépose au fond du vase ; et pour Bird, ce caractère est si constant que souvent un dépôt d'épithéliam a 84 attiré son attention et lui a fait soupçonner la présence de l'oxalate de chaux. La quantité de matière organique est en outre considérable- ment augmentée, et souvent elle s'élève presqu'au double de la quan- tité moyenne excrétée dans les vingt-quatre heures. C'est à cette ex- crétion considérable de matière organique que serait due, selon Bird, l'émaciation qui est si fréquente dans l'oxalurie. Après les caractères tirés de l'étude des urines, un des symptômes les plus importants qu'on ait indiqués chez les oxaluriques, c'est la dyspepsie. L'appétit est quelquefois nul, d'autres fois il est conservé et même augmenté; mais les digestions, toujours très-laborieuses, s'accompagnent, dans certains cas, de vomissements, et même de vo- missements noirs, d'après James Gray. Le plus souvent il se produit un abondant dégagement de gaz, qui distendent l'estomac et le colon, et dans lesquels, d'après Proul, l'azote entrerait pour une très-forte proportion. Quelquefois une simple pression sur la région épigastrique détermine une violente gastrodynie. Prout déclare qu'en général les oxaluriques supportent bien le sucre et les aliments sucrés, et qu'ils ont même souvent un goût assez prononcé pour ces substances, et pour celles d'origine végétale. Ils accusent parfois une soif vive, d'au- tres fois la soif est nulle. La langue est souvent blanche à la base, et rouge à la pointe et sur les bords. Les fondions de Tinteslin s'exé- cutent fréquemment d'une manière irrégulière. Chez certains malades, c'est de la diarrhée qu'on constate; chez d'autres, c'est de la consti- pation. Dans une des observations de Begbie, les matières fécales étaient mêlées de sang. La quantité de bile excrétée est très-peu considérable, ou bien elle est excessive. Les qualités de ce liquide sont aussi très-variables : quel- quefois il est d'une couleur verdâtre, d'autres fois d'une couleur rouge orangé, d'un brun chocolat ou presque noir. Sous l'influence de ce mauvais état du tube digestif, on observe un rapide amaigrissement avec perle des forces ; les cheveux tombent; il se produit des érup- tions squarameuses, et quelquefois il apparaît des furoncles ou des pustules de charbon. On a noté parfois des palpitations et de l'irrégu- larité du pouls, qui, le plus souvent, n'est pas accéléré. Dans une des observations rapportées par Maclagan, il y avait un commencement de dilatation du cœur (1). (1) A cette occasion, je répéterai ce que j'ai dit au commencement de ce 85 Les oxaluriques (toujours au dire des auteurs anglais) présentent quelquefois une toux spasmodique. Plusieurs ont été atteints de tu- bercules pulmonaires. Un symptôme extrêmement fréquent, c'est la douleur de reins. Elle occupe le plus souvent la région lombaire tout entière, quelquefois la région dorsale ; mais, dans quelques cas, elle se localise exclusivement dans l'un des reins, quand il est devenu le siège d'un calcul ou d'une altération organique. Certains malades ac- cusent un malaise particulier du côté de la vessie, ou une irritabilité considérable de cet organe. Dans quelques cas même, on a observé une incontinence momentanée de l'urine. Les fonctions génitales sont le plus souvent notablement affaiblies, et les désirs sexuels parfois presque éteints; chez un certain nombre de malades, on a observé des spermatorrbées ou de simples pollutions nocturnes. La peau est sèche, rugueuse; elle se couvre parfois de sueurs abondantes et visqueuses. Selon Prout, elle est susceptible de prendre un aspect tout particulier chez certains sujets. On a noté, dans quelques cas, une céphalalgie plus ou moins vive, des éblouissements, de l'insomnie, la perte de la mémoire et une diminution notable des facultés intellectuelles. Un symptôme qui, au rapport des auteurs, a été souvent signalé, c'est l'hypocondrie et la mélancolie. « Les oxaluriques, dit Begbie, sont » ordinairement brusques, sensibles, irritables, ou bien tristes et mé- » lancoliques. Quelques-uns se croient menacés de la consomption » pulmonaire ou d'une affection du cœur, et celte crainte les entraîne » souvent dans un état voisin de la folie. » On peut, d'après l'auteur que je viens de citer, enrayer les progrés du mal à l'aide d'un bon régime et d'autres moyens hygiéniques ; tan- dis que la maladie, abandonnée à elle-même, peut finir par prendre les caractères les plus graves. L'oxalurie, plus rare chez les femmes que chez les hommes, s'observe chez tous les tempéraments ; seulement les sujets sanguins et ceux qui sont enclins à la mélancolie y paraissent le plus exposés. On a in- diqué comme cause prédisposante, un dérangement chronique et per- sistant de la santé générale, qu'il succède à une maladie aiguë anté- chapitre, savoir que cet ensemble de symptômes attribués à l'oxalurie résulte évidemment du rapprochement de faits dissemblables, et qui ne peuvent ser- vir de base à une description générale. 86 rieiire, à une dyspepsie, ou à une cachexie syphilitique ou morru- rielle. — Comme cause déterminante, Prout accuse la résidence dans un pays humide et malsain, et il ajoute que l'abus du sucre a été plu- sieurs fois l'occasion de dyspepsies, en même temps que d'une excré- tion d'oxalate de chaux, qui a amené tôt ou tard la formation d'un calcul mural. Cet auteur voyait une relation très-étroite entre l'oxa- lurie et le diabète, et il pensait que le premier de ces états pouvait se transformer dans le second. Mais c'est là une opinion probablement erronée, comme j'essayerai de l'établir dans un chapitre spécial. Au nombre des médicaments qui ont le mieux réussi à faire cesser l'oxalurie, les auteurs citent un mélange d'acides nitrique et chlorhy- drique, administré dans imo infusion de serpentaire ou de houblon, ou dans une décoction de colombe, ou encore dans de la mixture de gentiane composée. Quand il existe une grande irritabilité du système nerveux, ils conseillent l'usage du sulfate de zinc, doimé à doses gra- duées, en commençant par un grain trois fois le jour, et en augmen- tant la dose tous les trois ou quatre jours, jusqu'à ce que le malade en prenne dix-huit ou vingt grains dans les vingt-quatre heures. L'addi- tion d'un grain ou deux d'extrait de jusquiame ou de camphre réussit souvent à le faire mieux supporter. Si le sujet est anémié ou chlcro- tique, ils lui administrent des sels de fer. Dans un petit nombre de cas rebelles, et qui résistaient à tous les autres traitements, BIrd dit avoir prescrit avec avantage les préparations de colchique; il ajoute qu'on voit parfois, chez les personnes qui font usage de cette substance, un dépôt d'acique urique ou d'urate d'ammoniaque se substituer au dé- pôt d'oxalate de chaux, et que c'est là une circonstance favorable, parce qu'il n'est pas très-difficile de se débarrasser des sédiments d'acide urique ou d'urate. Quand l'oxalate de chaux est cristallisé en sabliers, James Gray recommande l'usage du nitrate d'argent, et il alterne l'usage de ce sel avec l'acide nitro-muriatique, si les sabliers existent dans l'urine, en môme temps que les cristaux octaédriques. Enlin, le docteur Kuclienmeisler recommande parliculièrement le phosphate de chaux uni au carbonate de la môme base et au laclale de fer. En outre, d'après les auteurs que je viens de citer, il est bon de veiller à rétablir l'intégrité des fonctions de la peau. C'est dans ce but qu'ils conseillent des vêlements de flanelle et, dans certains cas, des douches d'eau salée. Quant à l'alimentaliou, elle doit s« composer Ue 87 substances prises à peu près en égale quantité, dans le règne végétal et dans le règne animal. Voilà l'oxalurie telle qu'elle a été comprise et décrite jusqu'aujour- d'hui. C'est évidemment, je le répète, une description symptomatique tout artificielle, et les médications qui ont été conseillées, et qui ont pu être utiles dans certaines circonstances, ne peuvent être recomman- dées d'une manière générale. Maintenant je vais dire, d'après les faits particuliers que j'ai rassemblés et d'après mes propres observations, ce que je crois qu'on doit entendre sous le nom d'oxaluric. CHAPITRE IV. QUE DOIT-ON ENTENDRE SOUS LE NOM d'OXALURIE? EST-CE UNE ENTITÉ MOR- BIDE ou UN SYMPTÔME? DES PRINCIPALES FORMES SOUS LESQUELLES ELLE SE PRÉSENTE, En étudiant avec soin les observations d'oxalurie rapportées par les auteurs, je fus frappé tout d'abord de la variété des symptômes grou- pés dans plusieurs d'entre elles, puis je crus remarquer que chez tous les malades dont l'histoire était ainsi rapportée avec détails, les phé- nomènes principaux n'étaient pas tout à fait identiques, de sorte que les observations n'étaient pas toujours comparables entre elles. Je n'ignorais pas, d'autre part, que des auteurs très-recommanda- bles avaient nié l'exactitude de l'expression symptomatique qu'on a donnée à l'oxalurie. C'est ainsi que M. Ûwen-Rees (l) déclare avoir goigné des malades chez lesquels la sécrétion d'oxalale de chaux a éié portée au point de produire une maladie calculeuse, et chez lesquels il n'a pu découvrir les conditions pathologiques particulières, qu'on a décrites comme se liant à l'oxalurie. \\ ne reconnaît pas non plus le rapport intime qu'on a voulu établir entre l'oxalurie et le diabète. M. Bence Jones (2) dit que l'oxalate de chaux se rencontre si sou- vent dans l'urine des personnes bien portantes, qu'on ne saurait le considérer comme indiquant une maladie, mais seulement un dés- (1) Owen-Rees, Des maladies calculeuses. (2) Bence Jones, loc. dt. ordre sans importance sérieuse, et que cela fait supposer à peine un dérangement plus sérieux de la sauté que le dépôt d'urate d'ammo- niaque. M. Rose (1) ne croit pas à la constance des accidents nerveux qu'on observe, d'après Bird, chez les oxaluriques, et il cite un cas dans le- quel il a vu l'oxalate calcaire continuer à être éliminé pendant des mois entiers, après la cessation des phénomènes nerveux. Eq présence de faits ainsi controversés, je résolus de chercher moi- même, dans l'expérience clinique, la solution du problème. Il s'agis- sait donc de savoir s'il était vrai que les cristaux d'oxalate de chaux fussent l'apanage exclusif de certains états morbides, et quels étaient ces états morbides; si l'oxalate calcaire se présentait parfois d'une manière assez abondante et assez continue pour constituer réellement une maladie, ou bien si l'oxalurie n'était qu'un symptôme commun à diverses affections, et quel était alors son degré d'importance ; s'il y avait un traitement à lui opposer ; si, enfin, on pouvait admettre une diathèse spéciale, désignée sous le nom de diathèse oxalique. §1. EXCRÉTION TEMPORAIRE d'oXALATE DE CHAUX (OXALURIE TEMPORAIRE). Pour résoudre ces questions, je recueillis à la Charité, dans le ser- vice de M. Rayer, l'urine de tous les malades qui étaient atteints de la même affection, en notant avec soin la période de la maladie à la- quelle chacun d'eux était arrivé, l'heure à laquelle l'urine avait été rendue, et enfm les aliments, dont le sujet avait fait usage. Je trouvai des cristaux d'oxalate de chaux chez plusieurs malades appartenant à la même série, mais non chez tous, ce qui me démontra que la similitude apparente des conditions morbides n'entraînait point, au moins en ce qui concerne l'oxalate de chaux, la similitude des ca- ractères de l'urine. Et puis je constatai en outre que le malade qui avait rendu de l'oxalate de chaux la veille, n'en rendait plus le len- demain, quoique rien ni dans son état général, ni dans son régime, ne put expliquer un changement aussi subit. {l)Rose, loc. cit. 89 Après avoir étudié un premier groupe de maladies, j'en étudiai un second, et mes observations me fournirent des résultats absolument identiques. Je parcourus ainsi une grande partie du cadre nosolo- gique; j'eus occasion d'observer des sujets des deux sexes, et presque à toutes les périodes de la vie, et mes recherches ont concouru au môme but, comme on peut en juger par les chiiîres que je consigne ici, et qui représentent les cas dan» lesquels j'ai observé la présence de l'oxalate de chaux dans l'urine, mais d'une manière tout à fait pas- sagère et accidentelle : Cas dans lesquels l'urine contenait de l'oxalate de chaux. Bronchite aiguë Emphysème Catarrhe pulmonaire . . Tubercules pulmonaires Pleurésie aiguë Pneumonie 1 1 0 8 0 ... 0 Laryngite chronique 0 0 0 0 5 1 0 0 1 0 1 0 0 0 1 Cystalgie avec catarrhe 0 Cystite aiguë 0 Orchite double 0 Néphrite albumineuse 1 Douleur lombaire sans néphrite. . 1 Diabète 2 Angine aiguë Embarras gastrique Gastralgie Fièvre continue légère Fièvre typlioïde grave Entérite chronique Colique de cuivre AfTection organique du cœur. . . Anévrisme de l'aorte Artérite Ictère avec cancer du foie .... Anasarque Ascite Catarrhe de la vessie Cas dans lesquels l'urine ne contenait point d'oialate de chaux. 0 3 17 2 23 70 90 Cas dans lescpids Cas dans lesquels l'urine contenait l'urine ne contenait de l'oxalate point d'oialate de chaux. de chaux. D'autre part, ... 23 70 Urine chyleuse i 0 Rhumatisme articulaire 4 5 Rhumatisme de cause saturnipe. . 1 o Paralysie saturnine 0 1 Paralysie générale progressive. . . 1 2 Paraplégie 2 0 Atrophie musculaire générale ... 0 1 Myélite 0 2 Variole 0 4 Varioloïde 1 \ Congestion cérébrale 0 1 Névralgie intercostale 0 t Fièvre intermittente 0 1 Courbature 0 1 Névralgie de la cinquième paire. . 0 1 Erythème noueux 0 1 Abcès profond du pied 0 1 Ténia 1 1 34 94 A la suite de ce tableau, qui indique dans combien de conditions morbides variées, j'ai observé de l'oxalate de chaux dans les urines, je mentionnerai aussi les recherches de M. Walshe (1). Cet auteur, en effet, a prouvé des cristaux de ce sel, une fois dans la scarlatine, six fois dans la fièvre continue, trois, fois dans la pleuropneumonie, une fois dans la phlhisie, une fois dans le rhumatisme blennorrhagique, deux fois dans le rhumatisme articulaire aigu, une 'fois dans une sperraatorrhée compliquée d'une affection du cœur, une fois dans les accidents secondaires de la syphilis, une fois dans l'amygdalite, une fois dans la pyélo-néphrite, une fois dans l'hystérie, quatre fuis chez des femnfies anémiques, et une fois enfin chez une femme atteinte d'ic- tère avec tumeur du foie. En somme, l'auteur a observé les cristaux (1) Walshe, MoNTULT journal of Edinburg, 1S40. Sur l'existence des CRISTAUX D'oXALATE DE CHAUX DANS LURINE. 91 d'oxalate calcaire dans 25 cas, et dans 59 cas d'affections diverses, il ne les a point rencontrés. Il conclut de son tableau, qui résume l'exa- men des urines de 8i malades, que l'oxalate de chaux s'est montré dans 28,57 pour 100 de ces cas. Je ferai remarquer ici que, d'après le mien, les cristaux octaédriques auraient été trouvés dans 36 pour 100 des maladies diverses que j'ai observées. Ainsi donc, en résumé, les cristaux octaédriques d'oxalate calcaire qu'on trouve passagèrement dans l'urine n'appartiennent en propre à aucune maladie, ni aiguë ni chronique. Ils ne constituent point un ca- ractère de la scrofule et du rachitisme (comme l'avait dit Simon), des affections de la moelle ou des organes respiratoires (comme l'avait annoncé Lehmann), de la chlorose ou de la mélancolie (comme le veu- lent certains auteurs); et on ne saurait affirmer qu'ils se montrent de préférence au moment de la convalescence des maladies aiguës. On en trouve dans l'urine, à tous les âges, dans presque toutes les maladies, et à toutes leurs périodes, sans qu'il soit possible encore aujourd'hui d'expliquer leur présence par la nature des aliments ingérés, sans qu'on puisse saisir aucune condition de l'organisme qui préside inva- riablement à leur apparition. §11. EXCRÉTION INTERMITTENTE D'OXALATE DE CHAUX (OXALURIE INTERMITTENTE). J'ai vu des malades, et M. Rayer en avait vu avant moi qui n'expul- saient d'oxalate de chaux par les urines que d'une manière en quelque sorte intermittente. Je veux dire qu'il m'est arrivé plusieurs fois, après avoir trouvé dans l'urine d'un sujet une quantité très-notable de ce sel, de rester plusieurs jours sans en découvrir de traces, quoique l'urine fût recueillie aux mêmes heures, et dans des condi- tions en apparence identiques. Et puis, sans cause connue, sans l'in- tervention d'aliments riches en acide oxalique, sans aucune modifica- tion sensible apportée à l'économie, je constatais la réapparition d'un grand nombre de cristaux d'oxalate, qui disparaissaient bientôt pour se montrer encore à un intervalle plus ou moins éloigné. On pourait objecter que l'excrétion de ce sel avait peut-être lieu aux heures oti l'urine n était point examinée. Pour éclaircir ce fait, il aurait fallu analyser l'urine de tous les jours et à toutes les heures 92 de la journée, ou au moins la lulalilé des urines des \ingt-quatre lieures, coudilion que je n'ai point remplie. Je me suis contenté de recueillir le produit de la sécrétion rénale, à la même heure à peu jirès, à la même distance du repas, et dans des circonstances autant que possible analogues, et c'est en procédant ainsi que j'ai constaté le phénomène d'intermittence que je me borne à signaler. §m. EXCRÉTION CONTINDE D'OXALATE DE CHAUX (OXALURIE CONTINUE). J'ai eu plusieurs fois occasion, dans le cours de mes recherches, d'observer des malades qui rendaient tous les jours des quantités no- tables d'oxalate de chaux. C'était sur ces sujets que je devais être en mesure de vérifier les caractères qui avaient été assignés à l'oxalurie par les auteurs anglais ; c'était dans ces cas que je devais retrouver la maladie telle qu'ils l'ont décrite, et telle que je l'ai reproduite d'après eux, dans le chapitre qui lui a été précédemment consacré. Mais il n'en fut rien, ainsi que je vais essayer de le démontrer, en m'appuyant sur les observations qui me sont propres. Les urines oxaliques que j'ai examinées avaient presque toujours un degré d'acidité normal ; leur couleur était le jaune ambré, et au- cun signe extérieur n'indiquait le plus souvent qu'elles continssent de l'oxalate de chaux. Elles étaient limpides et exemptes de dépôt apparent, ou bien elles présentaient un sédiment le plus habituelle- ment constitué, outre l'oxalate calcaire, par de l'acide urique ou des urates. 11 m'est arrivé plusieurs fois de trouver dans l'urine d'un des malades que j'observais une matière un peu lilante, et qui m'a fait croire à un dépôt spermatique; mais je n'ai pu y constater la pré- sence des animalcules caractéristiques, ce qui me donna à penser que cette matière visqueuse pouvait être de la liqueur prostatique. Quant à l'odeur de réséda que quelques auteurs attribuent ù l'urine oxalique, je ne l'ai jamais constatée. Il résulte de mes recherches que la pesanteur spécifique de l'urine à ox'alate de chaux n'offre aucune particularité qui mérite d'être si- gnalée. Elle a varié avec la quantité des boissons ingérées, et je ne crois pas qu'on puisse établir de règle à cet égard. Cependant, d'après les auteurs anglais, l'urine oxalique présenterait constamment uuq 93 densité considérable, qu'ils expliquent par la présence d'un excès d'urée. La preuve qu'ils donnent à l'appui de celte opinion, c'est qu'une goutte de cette urine, traitée par l'acide nitrique, se prend en masse par suite de la formation du nitrate d'urée. Ce caractère aurait assurément de l'importance s'il avait été constaté dans l'urine de toutes les émissions ou dans celle des vingt-quatre heures ; mais on ne s'est pas suffisamment expliqué à cet égard. Qu'est-ce maintenant que ce dépôt abondant d'épithélium et de ma- tière organique, que les auteurs signalent dans les urines qui con- tiennent de l'oxalate de chaux et qui, pour plusieurs d'entre eux, constitue un caractère constant? Je me bornerai à cet égard à dire que je ne l'ai pas observé. J'ai souvent vu, dans les urines oxaliques, quelques lamelles épithéliales, mais je n'en ai point trouvé en quan- tité considérable et d'une manière continue. D'un autre côté, quelque soin que j'aie mis à interroger les malades, je n'ai jamais surpris chez eux aucune tendance à la mélancolie et à l'hypocondrie. Je ne me suis jamais aperçu qu'ils eussent perdu de leurs facultés intellectuelles, et aucun d'eux ne m'a accusé cet état de souffrance vague et mal défini sur lequel les auteurs s'étendent si longuement. Chez les uns, l'appétit était conservé et la digestion s'accomplissait normalement; chez d'au- tres, la faculté digestive de l'estomac était affaiblie sous l'influence d'une maladie concomitante, et ces derniers même ne se sont jamais plaints que le travail de la digestion s'accompagnât chez eux d'un dé- gagement abondant de gaz. S'ils étaient amaigris, on devait surtout en accuser la maladie principale dont ils étaient atteints (pleurésie chronique, affections de la moelle épinière, etc.). Il est un des carac- tères indiqués par les auteurs que j'ai notés chez plusieurs des malades soumis à mon observation, c'est la douleur de reins; mais elle s'est surtout montrée chez ceux qui étaient atteints du mal de Polt, ou qui souffraient de douleurs rhumatismales. Or il est plus naturel d'invo- quer ces conditions morbides, pour expliquer la douleur lombaire, que de faire intervenir l'excrétion de l'oxalate de chaux. Quanta la couleur de la peau dont parle Prout, je ne l'ai point observée. Il ne me reste plus maintenant, pour appuyer les remarques que je viens de présenter, qu'à analyser les observations que les auteurs ont rassemblées. Celte analyse, en effet, est très-propre à faire ressortir la dissemblance des cas qu'ils ont rapprochés les uns des autres pour créer leur deecription générale de l'oxalurie. y4 Lu premier eus de Uolding Bird (l)est celui d'un homme probable- ment atteint d'une syphilis constitutionnelle, qui a encore été débilité par l'administration intempestive de fortes doses de mercure et d'iode, et qui présente des phénomènes de dyspepsie. Dans la seconde observation du même auteur, il s'agit d'un homme affecté de gravelle urique, qui se plaint de douleurs de reins à peu près continuelles, et qui éprouve des paroxysmes sous l'influence des écarts de régime et des promenades en voiture. A la suite d'une atta- que de gravelle, il a expulsé quelques petits calculs d'acide urique, et cinq ans plus tard il fut atteint d'une goutte irrégulière. Dans la troisième observation, c'est une femme qui accuse des dou- leurs lombaires, fort semblables à celles qu'on observe dans le cas de déplacement ou d'affections organiques de l'utérus, et chez laquelle le symptôme prédominant est un état morbide de l'estomac, qui rejette les aliments quelque temps après leur ingestion. Le quatrième cas est celui d'une dame qui a une leucorrhée abon- dante, mais le mal de reins vif et permanent qu'elle accuse, semble ne laisser aucun doute sur l'existence d'une affection utérine. 11 y a, en outre, une complication d'accidents nerveux qui n'est pas du tout rare en pareil cas. Dans la cinquième observation, il s'agit d'un homme affecté d'une spermatorrhée avec son cortège habituel. Amaigrissement notable, diminution des forces, affaiblissement des facultés intellectuelles, puissance génitale presque éteinte : tel est le tableau que Bird fait de la maladie. Le sixième cas présente une analogie très-prononcée avec le précé- dent. C'est encore une spermatorrhée avec aSaiblissement des organes sexuels, perte d'appétit et diarrhée. Enfin, il est facile de reconnaître dans la septième observation les symptômes qui accompagnent la présence d'un calcul dans le rein. Le premier cas rapporté par Begbie (2) n'est autre chose qu'une gastralgie, avec différents phénomènes nerveux. Le second est celui d'un homme qui a abusé des plaisirs de la table, et qui est affecté d'un embarras gastrique très-intense, avec de l'hy- pocondrie et des accidents nerveux. (1) Bird, Urinary deposits. [1) Bcgbic, toc. cit. Dans la troisième observation, il s'agit d'une [)ersonuc adonnée à l;i Ijonno chère qui a éprouvé une allaqu(! de goutte rhumatismale de la région lombaire et des extrémités inférieures, puis plus tard de la dyspepsie, compliquée d'une éruption de furoncles et de pustules charbonneuses. Enfin l'examen attentif du quatrième cas nous montre un sujet qui souffrit d'abord d'unedyspepsie, quidevintensuite tuberculeux,comme le démontra l'autopsie, et qui succomba à une pleuro-pneumonie. On trouva en môme temps sur le cadavre deux reins hypertrophiés, pâles et jaunes comme de la cire, dont l'un présentait une tumeur fongoïde du volume d'une grosse noix. Si je passe en revue les observations de James Gray, je vois que dans le premier cas il s'agit d'une affection douloureuse de l'estomac qui s'accompagne de dyspepsie. Il y a, en outre, probablement de petites héraorrhagies à la surface interne de ce viscère comme l'indi- quent les selles et les vomissements noirs. Le second malade, dont l'histoire est rapportée par James Gray, a été tout simplement atteint d'une angine qui a nécessité la cautéri- sation de l'arrière-bouche et de la partie supérieure du pharynx et du larynx. Son urine a été fort peu examinée, et ou se demande même comment ce cas a pu être considéré comme un exemple d'oxalurie. La troisième observation est celle d'un malade qui souffrait d'une gastro-entérite avec toux spasmodique. Dans la quatrième, il s'agit d'un embarras gastrique légèrement fébrile, avec douleur de la région épigastrique. perte d'appétit, déga- gement de gaz dans le tube digestif, et quelquefois vomissement. Enfin, dans le cinquième cas, c'est encore une maladie de l'estomac qui s'accompagne de vomissements couleur de café noir, et qui sem- bleraient indiquer un cancer de cet organe. Mais il n'en était rien d'a- près James Gray, puisque les accidents disparurent et que la santé se rétablit rapidement sous l'influence du nitrate d'argent pris à l'inté- rieur. Les observations rapportées par Maclagan sont très-peu détaillées* Cependant je puis dire que la plupart ont trait à des affections de l'estomac. Quant à celle du docteur Kuchenmeisteri elle nous retrace encore l'hiatoire d'un malade qui souffrait depuis quatre ans de di- gestions laborieuses accompagnées de diarrhée, qui a trouvé sa gué- rison dans l'emploi des absorbants unis aux toniques. 96 Il me paraît ressortir évidemment des faits que je viens d'analyser que l'excrétion de l'oxalate de chaux, au lieu d'être la maladie prin- cipale, n'a été qu'un épiphénomène, une complication, si je puis dire, qui accompagnait des maladies très-diverses. Cependant je me hâte d'ajouter que si l'oxalurie se rencontre dans des états morbides très-variés, il est quelques atîeclions avec lesquelles elle coïncide plus souvent qu'avec toutes les autres. Ce sont celles-là que je vais décrire maintenant. Dans le cours de la description, j'aurai soin de noter les symptômes particuliers qui peuvent résulter de la complication de l'oxalurie, et les modifications qu'il conviendra d'ap- porter au traitement en raison de l'excrétion de l'oxalate de chaux. CHAPITRE ▼. DE l'oxalurie dans LA DYSPEPSIE. En décrivant les symptômes de l'oxalurie, j'ai fait ressortir, avec intention, l'importance que certains auteurs avaient attachée à la dys- pepsie, qu'ils considéraient comme un accident dû à l'oxalurie. Il me paraît plus probable, au contraire, que l'excrétion de l'oxalate de chaux n'est qu'un phénomène accessoire de la dyspepsie. En effet, n'est-ce pas à celle-ci qu'il convient de rapporter les digestions labo- rieuses qui s'accompagnent d'un abondant dégagement de gaz, l'irré- gularité des fonctions de l'intestin, la diminution ou la perte de l'ap- pétit, les vomissements, la diarrhée ou la constipation, et dans certains cas les douleurs épigastriques? JN'est-ce pas encore à la dyspepsie que se rattachent l'amaigrissement, les palpitations, la perte des forces, et fréquemment l'hypocondrie et la mélancolie? Du reste, on jugera plus facilement si mon opinion est fondée, quand on aura lu les observa- tions qui suivent, et qui, au lieu d'être intitulées observations d'oxa- lurie, me semblent plutôt devoir être considérées comme des obser- vations de dyspepsie avec oxaLurie. AFFECTION SYPHILITIQUE ANCIENNE; MAUVAISES DIGESTIONS; AMAIGRISSEMENT; HYPOCONDRIE ; EXCRÉTION D'OXALATE DE CHAUX CONCOMITANTE. Obs. I. (Golding-Bird.) — II s'agit d'un homme d'environ 40 ans, d'un ca- ractère triste et mélancolique. Il y a quatre ans, il a contracté un mal qui fut 97 considéré comme syphilitique et qui, traiti; par de fortes doses de mercure et d'iode, fit tomber le sujet dans un état de cacliexie très-prononcé. Il est profondément découragé, et comme il a une toux fréquente, qui est due à l'allongement de la luetle, il se croit atteint de tubercules pulmonaires, qui l'emporteront infailliblement, s'il ne succombe auparavant au progrès de la syphilis Palpitations augmentant par l'ingestion des aliments et par l'exer- cice, colon distendu par des gaz, constipation, d(julenrs dans la région de l'estomac et des reins, irritabilité extrême, flux abondant d'urine, appétit vorace. L'urine de la nuit est acide, pâle, pesant 1029; elle contient beaucoup • de mucus, une grande quantité d'urate d'ammoniaque en suspension et beau- coup d'oxalate de chaux. L'acide nitrique y fait naître une abondante cris- tallisation de nitrate d'urre. Le malade est soumis à l'usage d'une mixture composée d'acides nitrique et chlorhydrique, dans de l'infusion de serpen- taire sucrée avec du sirop de gingembre. Il prend, en outre, des pilules d'oluès et d'opium, et trois verres par jour de vieux vin de Xérès. Sous l'in- fluence de ce traitement, continué pendant deux mois, les accidents se dissi- pent et la santé renaît. GASTROBRHÉE, DYSPEPSIE, VOMISSEMENTS D'ALIMENTS A DEMI DIGÉRÉS, ACCI- DENTS NERVEUX QUI SEMBLENT INDIQUER UNE AFFECTION DE L'UTÉRUS ; OXALURIE CONCOMITANTE. Obs. 11. (Bird.) — Femme âgée de 35 ans, qui a longtemps soufl'ert d'une gastrorrhée et qui, depuis plusicursmois, éprouve une vive douleur de reins. L'appétit est vif, la soif intense et le dégagement de gaz abondant. Peu de temps après le repas, un liquide limpide, provenant de l'estomac, s'écoule abondamment, et une heure après il y a un vomissement, dans lequel les aliments sont rejetés à demi digérés et mêlés à des grumeaux de matière noire. 11 y a, eu outre, constipation. L'urine est acide, pâle, rendue trouble parla présence d'une certaine quantité d'urate d'ammoniaque; elle contient, en outre, de i'épiihélium et de gros octaèdres d'oxalate de chaux; densité 1030 ; elle donne beaucoup de nitrate d'urée. Traitement par les opiacés et les toniques d'abord, puis par l'acide nitro-muriatique, dans l'infusion de serpentaire. Guérison en un mois. DYSPEPSIE AVEC AMAIGRISSEMENT CONSIDÉRABLE ; INSOMNIE, DÉCOURAGEMENT PROFOND ; EXCRÉTION DOXALATE DE CHAUX CONCOMITANTE. Obs. III. (Begbie.) — Abbé, âgé de 36 ans, tempérament sanguin, très-dys- peptique et nerveux, pâle et amaigri. L'appétit est vif, mais dépravé; le som- meil est perdu; la peau est sèche et rude, la langue blanche, les fonctions de l'intestin irrégulières. Le malade est en proie au plus profond découra- gement. L'urine est an brée foncée, transparente, acide, légèrement phos- MÉM. 7 -^^CAi 98 phatique ; elle contient de l'urce en excès et beaucoup d'oxalate de chaux. Le traitement a consisté dans l'administration de l'acide nitro-muriatique, à la dose de vingt gouttes, deux ou trois fois le jour. A un moment donné, le malade se plaignant d'une violente gastralgie, l'acide est suspendu, et oa conseille dix grains de bismuth blanc, à prendre trois fois le jour. Les ali- ments prescrits sont le lait, les végétaux amylacés et la viande en petite quantité; point d'aliments sucrés. Quand le mieux est prononcé, le malade prend, de deux mois l'un et alternativement, une infusion végétale amère, additionnée de carbonate de potasse et, comme précédemment, de l'acide nitro-muriatique. DYSPEPSIE, HYPOCONDRIE .\YEC PHÉNOJIÈXES NERVEUX, CONSTIPATION, 3I.VT1ÈRES FÉCALES FRÉQUEMMENT .MÊLÉES DE SANG ; EXCRÉTION CONCOMITANTE DOXA- LATE DE CHAUX. Obs. IV. (Begbie.) — Homme de 35 ans, un peu adonné aux plaisirs, san- guin et serofuleux ; digestions, laboiieuses, perte de l'appétit, de l'embon- point et des forces ; éruption de papules sur la poitrine, pesanteur au creux de l'estomac, avec dégagement de gaz dans ce viscère; langue blanche, palpitations, sommeil agité, esprit toujours inquiet et livré à l'hypocondrie. Le malade est constipé, les matières fécales sont décolorées et fréquemment mêlées de sang. Urine, de couleur ambrée foncée, contenant un excès d'un-e; densité 1040. Le microscope y démontre beaucoup d'épithélium et de cristaux octaédriques d'oxalate de chaux. Le traitement interne consiste dans l'admi- nistration de l'acide nitro-muriatique, avec des doses répétées d'huile de ricin ; le traitement externe dans les bains chauds et les fomentations tièdes sur la peau. A une certaine période du traitement, on remplace l'acide nitro- muriatique par de l'infusion de serpentaire, additionnée de faibles doses de carbonate de potasse. l'ius tard, ou ordonne alternativement et mois par mois les acides et l'infusion végétale. ATTAQUE DE GOUTTE, PLUS TARD DYSPEPSIE AVEC PALPITATIONS ET DIVERS ACCI- DENTS NERVEUX ; ÉRUPTION DE FURONCLES ET DE PUSTULES CHARBONNEUSES ; DOULEUR DANS LE DOS, LES REINS ET LA >'ESSIE, AVEC INCONTINENCE MOMEN- TANÉE DE l'urine ; OXALURIE CONCOMITANTE- Obs. V. (Begbie.) — Homme de 45 ans, né d'un père goutteux. Il eut une première atla(iue de goutte rlinmalismale, qui fut guérie par l'arsenic, puis il devint dyspeptique et hypocondriaque. Langue sale, fonctions de l'intes- tin irrégulières, abondant dégagement de gaz dans les voies digeslives, élourdis&emenls, palpitalions, (Tuijtion de furoncles et de |)ustules charbon- neuses, princiiialement sur le tronc et sur les cuisses. Doulem s de reins et de vessie, avec incontinence momentanée de l'urine. Urine de couleui* am- 99 brée foncée, 1030, sans sédiment apparent, mais contenant néanmoins de nombreux cristaux octaédriques d'oxalate de chaux. Ou conseille l'usage ré- gulier de l'acide nitro-muriatique, une douche d'eau salée et des vêtements chauds. DYSPEPSIE INTENSE ET HYPOCONDRIE ; PLOS TARD, TtTBERCCLBS PULMONAIRES, TUMEUR MAUG.NE DU REIN DROIT, PLEUROPNEUMONIE ET MORT ; PRÉSENCE DE l'oXALATE de CHAUX DANS l'URINE. Obs. Vl, (Begbie.) — Jeune avocat (jui avait été sujet toute sa vie à la dys- pepsie. Une am(''lioratioii notable avait été obtenue par l'acide nitro-muria- tique, quand il survint une plcuropneumonie qui emporta le malade. La pré- sence de l'oxalate de chaux avait été signalée dans l'urine. L'autopsie révéla l'existance de tubercules pulmonaires et d'une tumeur maligne du rein droit. Obs. vit. (Maclagan.) — Avant de rapporter les observations de cet auteur, qui sont très-courtes, je dirai une fois pour tonlts que les qualités de l'urine n'y sont pas indiquées ; mais chez tous les malades il devait y avoir excré- tion d'oxalate de chaux, puisque l'auteur les présente comme atteints d'oxa- lurie. Ecclésiastique, mince, pâle ; dyspepsie avec beaucoup de gaz, un peu de gastrodynie et un grand abattement ûa système nerveux. On ordonne de l'acide nitro-muriatique dans une infusion de gentiane et de houblon ; ali- mentation avec du poissoa et de la viande tendre. Abstinence de travail, et promenades pendant uu mois dans le pays natal. Obs. VIII. (Maclagan.) — Artiste. Dyspepsie ancienne avec diarrhée; on administre de faibles doses de morphine; plus tard de l'acide nitro-muria- tique dans une infusion amère. On défend les mets sucrés et les liqueurs fermeûtées. Obs. IX. (Maclagan.) — Jeune fille depuis longtemps dyspeptique, très- émaciée et très-pà>e ; douleur abdominale vive avec un peu de leucorrhée. Sinapisme sur le ventre deux fois par semaine, et acide nitro-muriatique dans une infusion de serpentaire ou de houblon. Obs. X. (Maclagan.) — Marchand de liqueurs, vigoureux, actif, tempérant. Il a eu des attaques de dyspepsie, auxquelles il est sujet de temps en temps ; la langue est sale et la bouche mauvaise. On prescrit un mélange de poudre de rhubarbe, de poivre de colombo et de soude, et l'abstinence des boissoiiè alcooliques. Obs. XI. (Maclagan.)— Marchand. Constitution pléthorique, bronchite chro- nique légère. Il y a six mois, le sujet a éprouvé de la dyspepsie avec un dépôt d'acide urique sans oxalate. Il est maintenaût dyspeptique ; la langue 100 pst sale ; il y a des douleurs dans la région du foie. On prescrit de la rhu- barbe et de la soude, et l'abstineuce des liqueurs ferinentées. Obs. Xll. (Maclagan.) — Agent de change. Dyspepsie habituelle, qui s'ac- compagne quelquefois de vomissements. On prescrit la glace pour arrêter le vomissement. La gastrodynie et les rapports acides sont dissipés par un mélange d'acide cyanhydrique, de solution de potasse et de teinture de Co- lombo. Obs. Xlll. (Maclagan.) — Domestique. Elle éprouve de la dyspepsie, qui s'accompagne de rapports acides et d'un abondant dégagement de gaz. L'in- testin fonctionne ii régulièrement. On conseille la rhubarbe et la soude, les pilules de rhubarbe composées et le vin de Xérès. Obs. XIV. (Maclagan.) — Professeur. Constitution pléthorique, tempéra- ment nerveux. Il est ordinairement bilieux, dyspeptique, et il vomit quel- quefois. On lui conseille de manger de bonne heure et d'une manière régu- lière, et d'aller à la campagne. Obs. XV. (Maclagan.) — Banquier. Dyspepsies fréquentes avec perte d'ap- pétit momentanée et passagère; fonctions de l'intestin régulières. On lui conseille tous les jours de la viande bien cuite, deux verres de vin de Xérès à diner, et l'abstinence des liqueurs fermentées. Obs. XVI. (Maclagan.) — Artiste très-pléthorique, dyspepsies fréquentes, peu d'appétit. On lui ordonne un mélange de rhubarbe, de Colombo et de soude. Obs. XVII. (Maclagan.) — Femme mariée; elle n'est plus réglée ; elle se plaint de dyspepsie avec palpitations, dégagement de gaz dans le tube di- gestif et faiblesse générale. 11 y a, en outre, un peu d'œdèrae des paupières. On lui conseille de prendre, deux fois le jour, un mélange de citrate de quinine et de fer. Obs. XVlll, (Maclagan.) — Offîcier en retraite. Dyspepsie avec tympanite et perte d'appétit; esprit très-inquiet. On prescrit 5 grains de rhubarbe tous les soirs, pour régulariser les garde-robes, une infusion amèrc, des pilules d'assa-fœtida composées, et une nourriture peu animalisée. Obs. XIX. (Maclagan.) — Étudiant en médecine, dyspeptique depuis long- temps, beaucoup de gaz dans le tube digestif et de la gastrodynie fout le jour. Prendre un mélange de rhubarbe, soude, colombo et bismuth ; vivre de poisson et de viande bien cuite. Obs. XX. (Maclagan.) — Chimiste. Dyspepsie avec tympanite, aigreurs, gastrodynie, intestin paresseu.x, esprit trôs-inquiel. On prescrit d'abord de la rhubarbe et Ao la soude, et ensuite de l'acide cyanhydrique et de la solu- 101 tion de potasse. Pour régulariser les selles, ou admiuistre des pilules de rhubarbe composées, avec de l'extrait de jusquiame. Obs. XXI. (Maclagan.) —Homme marié, légèrement dyspeptique; il se plaint surtout d'un impétigo de la face, traité sans succès par l'acétate de po- tasse et les laxatifs. Infusion de serpentaire avec acide muriatique, (pilules d'aloès et d'extrait de noix vomique ; nourriture azotée. Obs. XXII. (Maclagan.)— Ouvrière. Dyspepsie, paresse de l'intestin; rhu- barbe et soude, pilules de rhubarbe composées ; nourriture plus azotée. Obs. XXIII. (Maclagan.) — Marchand, né de parents scrofuleux Dyspepsie et constipation, infusion amère acidulée, nourriture reconstituante. Les acci- dents ayant persisté à un certain degré, on prescrit infusion de quassia et acide nitrique, huile de foie de morue. Obs. XXIV. (Maclagan.) — Femme veuve, constitution pléthoi ique, dyspep- sie avec aigreurs, abondant dégagement de gaz et irritabilité nerveu e générale. On prescrit de l'acide hydrochlorique dans de la teinture de Co- lombo. Obs. XXV. (Maclagan.) — Voyageur du commerce. Dyspepsie violente, rapports acides après le repas, gastrodynie continuelle, système nerveux très-déprimé, beaucoup d'anxiété. On prescrit de la rhubarbe, de la soude, du Colombo et du bismuth. dyspepsie, douleurs vives d'estomac, vomissements de grumeaux noirs, selles également noires, couleur jaune vebdatre de la peau, cristaux OCTAÉDRIQUES ET EN SABLIER ; GUÉRISON PAR LE NITRATE D'ARGENT. Obs. XXVI. (James Gray.) — James Fleck, âgé de 48 ans, éprouve une douleur vive à la région épigastrique. Celte douleur présente des paroxymes, qui s'accompagnent souvent de vomissements de grumeaux noirs. En même temps, la peau est froide et couveile de sueur. Les selles sont noires, et il y a parfois de la douleur dans la région des reins. On conseille de prendre un doux apéritif, et un verie d'infusion decolonibo trois fois le jour. Celte médication ne procure aucun soulagement. L'urine est acide, de couleur ambrée foncée; elle contient un grand excès d'urée, et le microscope y montre de nombreux cristaux octaédriquee d'oxalate de chaux, avec des lamelles d'épitbéliura. On prescrit de l'acide nitro-muriatique dans de la teinture de Colombo, et des lolions d'eau tiède, le matin, sur tout le corps. Le malade se rétablit ; mais, l'année suivante, il éprouve une rechute, et c'est de l'oxalate de chaux en sablier qui se présente dans son urine. Doux apéritif et teinture acidulée de coloûjbo ; point d'amélioration ; on prescrit alors dix gouttes de vin de colchique toutes les six heures et un demi- grain de sul- 102 fate de zinc matin et soir. L'état du malade s'agrgraye; son moral est de plus en plus affectô, et il ne peut plus prendre de nourriture. On prescrit alor?un grain de nitrate d'argent toutes les six heures. Une amélioration notalile se manifeste, les paroxysmes sont moins violents et moins fréquents. L'urine du matin coptient de l'oxalate de chaux octaédrique et en sablier. On conti- nue le nitrate d'argent, à la dose d'un demi-grain, et une cuillerée à thé de teinture acidulée de colombe soir et matin. La guérison a lieu sous l'in- fluence de CCS moyens. DOULEURS d'estomac AVEC DÉGAGEMENT DE GAZ ; AIGÇECRS ET PARFOIS V05US- sements; guériso.v par la teintiire acidulée de colojibo et le mtuate d'argent. Obs. XXVll. (James Gray.) — John Andersen, 34 ans, d'un tempérament nerveux, a perdu l'appétit ; il éprouve de la gastralgie, du pyrosis, des pal- pitations et de la douleur de reins. Après le repas, il se produit dans l'esto- mac un abondant dégagement de gaz, et parfois des vomissements. L'urine est d'unecouieur jaune pâle; elle pèse 1042 et contient de l'oxalate de chaux octaédrique, des sabliers, une petite quantité d'urate d'apamoniaque et des lamelles d'épithélium. Le traitement a consisté en teinture acidulée de co- lombe toutes les quatre heures, un grain de nitrate d'argent soir et malin, un bain tiède, et abstinence de nourriture végétale. ictère, gastralgie, vomissements noirs, AMAIGRISSEMENT CONSIDÉRABLE, TUMEUR DE LA RÉGION ABDOMINALE ; GUÉRISON PAR LE NITRATE d'ARGENT. Obs. XXYIll. (James Gray.) — M. J., âgé de 43 ans, d'un caractère mélan- colique, eut une attaque de jaunisse, avec vomissements et douleurs d'esto- mac. Llctère disparut, mais la gastralgie et les vomissements persistèrent ; il se montra une petite tumeur à la région épigastrique, et le sujet maigrit et s'affaiblit beaucoup. 11 consulta alors James Gray. A ce moment, la gas- tralgie est vive ; elle revient sous forme de paroxysmes, et il y a souvent des vomissements de matières couleur de café noir. La langue est blanche à la base, rouge à la pointe; il y a parfois de la douleur à la région lombaire, à la partie antérieure et interne des cuisses, et le sommeil est complètement perdu. L'urine du matin est d'une couleur brun noirâtre; sa densité de lOSS; elle contient du mucus, des lamelles d'épilliéliuni, de l'urate d'ammoniaque et de l'oxalate de chaux eu sablier. On prescrit un demi-grain de nitrate d'ar- gent toutes les six heures, des frictions sur la peau, et une alimentation mo- déréinent nutritive. Au bout de quelques jnurs, le malade peut garder ses aliments, et la tumeur a entièrement disparu. (Jiunes Gray suppose qu'elle était due à la contraction spasmodiquo de la partie supérieure du muscle droit de l'abdomen.) 103 Obs. XXIX (Knchenmeister). — Depuis quatre ans, troubles digestifs avec diarrhée, aTnaigrrisppment extrême et hyporondrie. L'urine est acide et con- tient nne ff'-a'' de qnanlitô de cristaux d'oxalate de ctianx. la îni(^ri?on a été obtenue à l'aide du phosphate de chaux uni au carbonate de la même base et au lacfate de fer. ANTÉCÉDENTS STPHILITIOrES ; DYSPEPSIE ; HYPOCONDRIE ; OXALFRIE CONCOMITANTE ; TRAITEMENT PAR L'eAU DE VICHY. Obs. XX"X (rommnnigiK^e par M. le docteur Davaine). —M. X., â?é de 30 ans. a en desrhancres de la A'er^e, qui ont néressité un traitement anlisyphi- litique très-mndérf^e, à cause de l'intolérance de l'estomac. A la suite d'exer- cices trop violents et de l'abus des femmes, les forces diminuent, l'amai- grissement est très-marqué, et les digestions, de plus en plus laborieuses, s'accompagnent de ballonnement du ventre. La lancue est blanche, très- chargée, le pouls fréquent, la peau chaude ; il y a en outre des pollutions nocturnes qui déterminent une impuissance momentanée. Un médecin con- sulté diagnostique une chloro-anémie, avec dyspepsie et hypocondrie, et conseille le vin de Séguin, les pilules de Vallet et le séjour à la cam- pagne. A. la suite de ce traitement, le malade éprouva du mieux, mais ne se sen- tant pas encore tout à fait bien, il vint réclamer les soins de M. Davaine. L'urine examinée fut trouvée contenir une grande quantité d'acide urique cristallisé et d'oxalate, et le malade fut soumis à l'usage de l'eau de Vichy naturelle. Après quinze jours d'emploi de ce médicament, la proportion d'a- cide urique et d'oxalate avait diminué notablement, et le malade était sensi- blement mieux. 11 ces.sa donc l'eau de Vichy, mais il ne tarda pas à retomber dans l'état où il était primitivement, et l'oxalate de chaux, ainsi que l'acide urique, reparurent en grande proportion dans son urine. On essaya pendan quinze jours, et sans le moindre succès, le valérianate d'ammoniaque, puis on en revint à l'eau de Vichy. M. le docteur Davaine avait déjà pu constater la diminution, dans l'urine, de l'oxalate calcaire et de l'acide urique, quand M. X. contracta une blennorrhagie qui le força de nouveau de suspendre l'usage de l'eau minérale alcaliue pour reprendre les médicaments destinés à combattre l'écoulement urétral. DYSPEPSIE AVEC ICTÈRE ET MENACE DE GRAVEI.LE. Obs. XXXI (recueillie par l'auteur). — M. Ch., âgé de 56 ans, d'un tempé- rament sanguin, et aimant beaucoup la bonne chère, a ressenti quelques douleurs de reins au mois de mai 1858. En même temps les digestions de- vinrent laborieuses et s'accompagnèrent d'un abondant dégagement de gaz, 10'. de régurgitations et parfois de vomissements. 11 survint un amaigrissemeot très prononcé, puis de l'ictère. Son urine examinée alors était acide, trou- ble, de couleur brun foncé, et prenant, en présence de l'acide nitri(|ue, la coloration caractéristique des urines bilieuses. Au microscope, j'y trouvai beaucoup d'acide urique crislallisé et aggloméré, et beaucoup d'oxaiate de cliaux également aggloméré, et qui paraissait coloré par de la bile. Je n'ai pu suivre le malade, parce qu'il n'habitait pas Paris; mais la disposition agrégée qu'affectaient les cristaux d'acide uiique et d'oxaiate de cbaux, me fait croiie que cet homme est prédisposé a la gravelle, s'il continue à s'a- donner aux plaisirs de la table. Les observations que je viens de rapporter prouvent que l'oxalurie accompagne assez souvent la dyspepsie, ou, autrement, que la dys- pepsie est une condition morbide dans laquelle on observe assez com- munément l'excrétion de l'oxalale calcaire. De plus, je répéterai en- core ici, en y insistant à dessein, que la plupart des accidents qu'on avait imputés à l'oxalurie doivent êlre rapportés à la névrose de l'eslo- inac. C'est elle, en etlet, qui engendre les bâillements, les éructations fréquentes, les renvois acides, les nausées, les borborygmes, les dou- leurs vives d'estomac, la cardialgie, le pyrosis, les vomissements, et entin les troubles sympathiques divers, tels que palpitations, céphalal- gie, malaise général, impossibilité de se livrer au travail, décourage- ment profond, et quelquefois hypocondrie plus ou moins prononcée. J'ajoute que si l'excrétion de l'oxalale de chaux était la cause de tous les désordres mentionnés dans les observations que je viens de résu- mer, elle se traduirait toujours par la même série de symptômes; or je démontrerai tout à l'heure qu'il n'en est rien, et que je n'ai constaté aucun de ces symptômes chez plusieurs malades qui expulsaient ré- gulièrement tous les jours des quantités assez considérables d'oxaiate de chaux. En résumé, au lieu de faire de l'oxalurie une maladie s'ac- compagnant d'accidents dyspe|>liques, on ne doit, à mon avis, la con- sidérer que comme un phénomène de la dyspepsie elle-même. Quant aux moyens qu'il convient d'employer, dau^ les cas de dyspepsie avec oxalurie, on peut les résumera peu prés de la manière suivante : in- fusion aiiière dans la journée; avant le repas, une petite quantité d'un extrait tonique tel que celui de quassia ou de quinquina ; après le re- pas, quehiues cuillerées d'un vin généreux ; alimeulaliou subslaiili»*Ue et convenablement graduée; exercice modère ; bains froids, lotions froides, ou fomentations toniques sur l'épigastre. Or c'est précisément 105 à ces indications que se sont conformés les praticiens dont nous ve- nons d'analyser les observations. Un des mcdiraments qu'ils conseil- lent le plus souvent, c'est l'acide nitro-muriatique dans de l'infusion de houblon, de serpentaire ou de quassia, et il paraît avoir joué un rôle utile dans le traitement de la dyspepsie avec oxalate de chaux. Je ne puis invoquer mon expérience personnelle à propos de l'acide nitro-muriatique ; mais il est une autre classe de médicaments que j'ai beaucoup expérimentés : ce sont les alcalis, et je n'hésite pas à dire qu'ils peuvent être comptés au nombre des plus efticaces, quand il s'agit de faire disparaître l'oxalate de chaux des urines. Il sera facile de s'en convaincre par la lecture des observations que je vais rappor- ter tout à l'heure, mais je puis néanmoins entrer tout de suite dans quelques détails à cet égard. L'alcali auquel j'ai eu recours est le bicarbonate de soude dissous dans l'eau gazeuse, à la dose de 4 à 5 grammes par litre, ce qui con- stitue l'eau de Vichy artihcielle des hôpitaux. Cette dissolution, admi- nistrée à la dose moyenne d'une bouteille dans la journée, aux ma- lades qui rendaient de l'oxalate de chaux, a réussi à peu près con- stamment, dans un espace de temps plus ou moins court, à faire disparaître de leurs urines les cristaux octaédriques de ce sel, et j'ai répété les expériences assez de fois, et dans des conditions assez va- riées, pour qu'il ne fut pas possible d'attribuer ce fait au hasard ou à une simple coïncidence. C'est ainsi, par exemple, qu'après avoir con- staté la présence continue de l'oxalate calcaire dans l'urine d'un ma- lade, pendant plusieurs semaines, je voyais disparaître en quelques jours les cristaux de ce sel sous l'influence de l'eau de Vichy artifi' cielle. Puis, dès qu'on venait à la suspendre, l'oxalate ne tardait pas à reparaître pour cesser de nouveau de se montrer dès que le malade était remis à l'usage de l'eau alcaline. Ce que je dis de l'eau de Vichy artificielle, je le répéterai de l'eau minérale naturelle. J'ajoute main- tenant que si Ton veut que la disparition de l'oxalaie calcaire des urines soit un phénomène durable, il faut ordinairement administrer l'eau alcaline d'unemanière assez prolongée, et à dose suffisaute,pour que la réaction aride de l'urine diminue notablement. Je ne dis rien du nitrate d'argent, que James Gray considère comme un spécifique de l'oxalate de chaux en sablier, si ce n'est que cette opi- nion aurait besoin d'être confirmée par de nouvelles expériences. Quant au succès obtenu par le docteur Kuchenmeister, il n'a pas lieu ^3h- lOS de surprendre, car nous connaissons tous l'utilité du phosphate de chaux uni à un carbonate de la môme hase et à un sel de fer, quand il s'agit de combattre certaines formes de dyspf^psie. Dans ce cas, le phosphate de chaux a guéri l'oxalurie en guérissant la dyspepsie elle- même, mais il n'a point agi directement sur les cristaux d'oxalate cal- caire. En résumé, dans les formes de dyspepsie qui s'accompagnent d'oxa- hirie, la médication générale sera la médication tonique. On la va- riera, suivant les indications parliculières fournies par le malade. Mais si, pour une raison quelconque, on désire s'attaquer directement au symptôme oxalurie, on recourra avec succès à l'oau deVichy, ad- ministrée en boisson et en bains, et on aura soin d'en prolonger suffi- samment l'usage pour éviter les rechutes. chapitre: VI. DE l'oxalurie dans LA SPERMATORRHÉE ; ÉTUDE MIGROSCOPIQUE DU SPERME. Golcling Bird raconte que la connexion qui existe entre l'oxalate de chaux et les spermatozoïdes lui fut pour la première fois révélée par le docteur WoltT (de Bonn), dans une conversation qu'il eut avec cet éminont praticien. C'est M. Donné, en France, qui a signalé le premier la fréquence des cristaux d'oxalate de chaux dans le produit de la sécrétion urinaire^ chez les sujets atteints de spermatorrhée, et voici comment il s'exprime à ce propos : « Quand il existe des zoospermes )> dans l'urine, on y trouve ordinairement, si ce n'est toujours, des » cristaux d'oxalate de cliaux. » Ailleurs il dit : « L'oxalate de chaux » se dépose aussi en excès dans l'urine des adultes, sans qu'on puisse » attribuer cette production à l'usage de substances riches en acide » oxalique. Cette circonstance se montre à peu près constamment )• chez les personnes atîeclées de pertes séminales, de telle sorte que » lorsqu'on rencontre dos cristaux de ce sel dans l'urine d'un homme » qui n'a fait usage ni d'oseille, ni de végétaux ou de fruits, dans los- » quels on puisse soupçonner la présence de l'acide oxalique, on doit >' être sur ses gardes relativeuient aux pertes de semence ; uun pas que » l'oxalate de chaux cristallisé ne puisse se trouver dans l'urine in- 107 » dépendamraent de cette cause, mais du moins peut-on affirmev » qu'il s'y montre presque toujours, lorsque l'urine contient du » sperme. » On convient généralement, avec M. Donné, que l'oxalate de chaux se montre souvent dans l'urine des sujets ulTectés de pertes séminales; mais ce que l'on ignore encore, c'est l'explication du phénomène. La première pensée qui devait se présenter à l'esprit, c'est que les cris- taux d'oxalate de chaux existaient tout formés dans le sperme. C'est pour élucider cette question que j'ai entrepris les expériences sui- vantes : 1° J'ai pris du sperme dans les vésicules séminales de l'homme, et je l'ai examiné au microscope. Or jamais je n'y ai observé de cristaux d'oxalate de chaux. 2» J'ai fait une autre série d'expériences sur du sperme frais; j'y ai observé des myriades de spermatozoïdes, dos globules spermatiques, des lambeaux d'épilhélium, mais pas un seul cristal octaédrique d'oxa- late de chaux. La question était donc résolue, et on ne pouvait ad- mettre que l'oxalate de chaux que l'on reucontre, en même temps que les zoospermes, dans l'urine des sujets atteints de spermatorrhée, pro- vînt de la liqueur spermatique elle-même. 3" Enfin une autre preuve que j'invoquerai à l'appui de cette opi- nion, c'est que, ayant examiné l'urine de plusieurs sujets qui avaient eu des pollutions nocturnes accidentelles, je n'y ai point rencontré de cristaux octaédriques, quoiqu'il fût facile d'y déceler la présence de nombreux animalcules. Si les cristaux d'oxalate de chaux trouvés dans l'urine des sujets affectés de pertes séminales n'avaient point été fournis directement par le sperme, il était encore permis de se demander si la li(ineur sper- matique ne contenait point de l'acide oxalique, susceptible de donner secondairement naissance à des octaèdres d'oxalate de chaux. Pour vérifier ce fait, je pris du sperme frais, dans lequel je venais de con- stater l'absence complète de cristaux, et après l'avoir conservé trois jours dans un tube de verre fermé, je l'examinai au microscope. J'ob- servai alors les phénomènes suivants : Sa réaction, qui était primiti- vement légèrement alcaline, devint de plus en plus prononcée, et le liquide se divisa en deux couches : une couche supérieure plus claire et presque translucide, et une couche inférieure d'un blanc laiteux, dense et très-visqueuse. Cette matière, recueillie avec une pipette et 108 placée ?uus le champ du microscope, fui trouvée reuiplie de cristaux, dont il s'agissait de déterminer la nature. J'ai cherché dans didercuts auteurs ce qui avait été dit de ces cris- taux, et je n'ai trouvé qu'un chimiste anglais, Simon, qui leur con- sacre une phrase conçue à peu près dans ces termes : « Vauquelin a annoncé que quand le sperme est abandonné pendant quelques temps à lui même, il s'y forme des cristaux que Berzélius a pensé être du phosphate ammoiiiaco-magiiésien. » Ces cristaux diiïéraient un peu les uns des autres par leur forme Les uns étaient des rhomboèdres à angles plus ou moins aigus, ordi- nairement très-réguliers, et ressemblaient à du carbonate de chaux rhomboédrique, ou encore à certaines formes de phosphate ammoniaco- magnésien; les autres avaient une forme losangique parfaitement ré- gulière, et ressemblaient par conséquent aux cristaux d'acide urique qu'on observe si souvent dans l'urine. Pour essayer de découvrir la nature de ces cristaux, j'ai eu recours au procédé qui a été indiqué par M. Leconle, et qui est basé sur ce que l'acide urique, en présence de l'acide nitrique, se décompose avec un abondant dégagement de gaz. Une première préparation fut traitée par l'acide acétique, sous le champ du microscope, et je vis immédiaiement tous les cristaux dis- paraître sans etfervescence, ce qui prouvait qu'on n'avait point affaire à du carbonate de chaux. Une seconde préparation, traitée par l'acide nitrique, se conduisit de la même manière, c'est-à-dire que les cris- taux disparurent, et qu'il n'y eut aucun dégagement de gaz. De ces expériences, je suis porté à conclure que les cristaux de sperme, qui se dissolvent sans etfervescence dans les acides acétique et nitrique, sont des cristaux phosphatiques, et probablement du phosphate am- nioniaco-magnésien. Les cristaux losangiques qui simulent l'acide urique sont des formes dérivées du rhomboèdre. En résumé, si les cristaux d'oxalate de chaux n'existent point tout formés dans le speime frais, ils ne sont point susceptibles de s'y dé- velopper non plus, en vertu d'une formation secondaire. Uoii il résulte que ceux qu'on observe dans l'urine des personnes atteintes de sper- matorrhée ne peuvent être rapportés à la liiiueur spermalique. Jus- qu'aiijourdliui la présence de l'oxalale calcaire dans l'uriiu' îles la- bescenis n'a point été expliijuée d'une manière satisfaisante. M. Donné la fait dépendre d'ime irritation symphatique des organes excréteurs de l'urine, produite par la perte de semence. Ceci posé, analysons 109 quelques observations de spermatorrhée avec oxalate de chaux. SPERMATORRHÉE AVEC PERTE DE L'EMBONPOINT ET DES FORCES; DOULEURS DE REINS ; EXCRÉTION DOXALATE DE CHAUX PAR LES URINES. Obs. I (Golding Bird). — Homme de 31 ans, corroyeur. Depuis deux ans, diminution de l'embonpoint, des forces et des facultés mentales; puissance génitale presque éteinte ; fréquemment, pendant le scmmeil, des [lertes sé- minales qui affaiblissent le sujet et le rendent mélancolique. Il ressent en même temps de la douleur de reins, des pesanteurs d'estomac. Les nuits sont agitées, l'appétit est faible, il y a des palpitations fréquentes, avec déga- gement de gaz dans les voies digestives. L'urine de la nuit est d'une couleur ambrée foncée, acide ; sa densité est de 1030, et elle contient de magnifiques cristaux octaédriques d'oxalate de cbau.K. On ordonne des pilules de colchi- que, de l'acide nitrique dilué dans de la décoction de quina, et une alimen- tation reconfortante. Au bout d'un mois de ce traitement, l'amélioration est prononcée et les pertes séminales ont cessé. On ordonne un mélange de vin de colchique et de mixture de gentiane. PERTES SÉMINALES FRÉQUENTES ; DIARRHÉE ; AMAIGRISSEMENT ; PRÉSENCE d'OXA- LATE DE CHAUX DANS L'URINE, SOUS LA FORME ORDINAIRE ET SOUS LA FORME DE SABLIERS. Obs. Il (Golding Bird). — Charpentier de marine, âgé de 58 ans. Depuis un an, douleurs de reins, diarrhée, affaiblissement considérable de la puis- sance génitale, pollutions nocturnes fréquentes. Urine claire, ambrée, 1017, sans dépôt apparent, contenant des cristaux cubiques d'oxalate de chaux, mêlés à des sabliers et à de l'acide urique. Le traitement consiste dans l'emploi de l'acide nitro-muriatique. On con- seille en outre une nourriture de facile digestion, et une ceinture de flanelle autour des reins. Sous l'influence de ce traitement, la diarrhée cesse et les forces reparais- sent. On prescrit alors des pilules de sulfate de zinc et d'opium. Malgré ce traitement, le malade accuse encore une douleur localisée entre la dernière vertèbre lombaire et le sacrum. Cette douleur revient surtout le soir, et aug- mente sous l'influence de la fatigue. Il y a encore fréquemment la nuit des perles séminales. Golding Bird ordonne de conlinuer l'usage du sulfate de aine, et de diriger une fois par semaine une douche d'eau froide sur les or- ganes sexuels et les reins. POLLUTIONS NOCTURNES ; PRÉSENCE d'OXALATE DE CHAUX DANS L'uRINE. Obs. m (Maclagan). —11 s'agit d'un artisan enclin à l'onanisme, et dont la physionomie est triste et languissante. 11 a des pollutions nocturnes, par le ho simple froissement des couvertures. Pour remédier à ces accidents, on passe de temps en temps une bougie dans le canal; on prescrit de la teiniiire de chlorure de fer et des douches, et on conseille une nourriture succulente. Une amélioration graduelle ne tarde pas à se manifester. Dans les observations que je viens de présenter, et qui avaient été données comme des exemples d'oxalurie, il est évident que l'excrétion de l'oxalate de chaux n'était qu'un phénomène accessoire, et que le symptôme principal était la sperraatorrhée. Aussi les auteurs, sans s'en douter, ont-ils dirigé une partie du traitement contre cet acci- dent. C'est qu'eu elTet ce sont les pollutions nocturnes ou diurnes in- volonlaires qui doivent, avant tout, fixer l'attention du médecin, car, quand elles se répètent fréquemment, elles exercent l'influence la plus fâcheuse sur les fonctions génitales de Ihomme, et elles peuvent en- gendrer la stérilité ou même l'impuissance. Les agents destinés à les combattre varient avec les causes qui les ont produites et qui les en- tretiennent. C'est ainsi que, dans certains cas, on guérira la sperma- torrhée en faisant cesser des habitudes de masturbation, ou en faisan observer la continence; dans d'autres, il suffira de vaincre une con- stipation opiniâtre, d'expulser des oxyures, d'exciser des hémorrhoïdes ou une bride du rectum, défaire disparaître un herpès prœpulialis.... pour guérir des pertes séminales qui dataient parfois de très-long- temps. Enfin je dois parler aussi d'un mode de traitement qui a réussi souvent entre les mains de Lallemand (de Montpellier), et qui a été tout récemment préconisé par M. Ségalas, c'est la cautérisation au nitrate d'argent. En effet, quand les pollutions sont causées ou entre- tenues par l'infiammation chronique delà membrane muqueuse de la portion prostatique de l'urètre, très-souvent une seule cautérisation suffit pour en amener la guérison, et, dans les cas rebelles, une se- conde cautérisation, suivie de bains sulfureux et de (}uelques soins hygiéniques, a presque toujours réussi, entre les mains de M. Ségalas, à ramener la fonction à l'état normal. En résumé, en guérissant la spermatorrhée, on fera cesser, dans l'immense majorité des cas, l'excrétion de l'oxylale de chaux, qui était sous la dépendance des pertes séminales, et on n'aura presque jamais à s'occuper sérieusement du symptôme oxalurie. Ce|iendant, si la. sp(;rmatorrhée s'accompagnait de phénomènes dyspeptiques qu'il fût urgent d'attaquer directement, on recourrait avec avantage aux agents propres à les combattre, et entre autres aux alcalis. m CHAPITRE TIl. DE L'OXALURIE dans LES MALADIES DES VERTÈBRES ET LES AFFECTIONS DE LA MOELLE ÉPINIÈRE. Les pathologistes français s'accordent généralement à dire que les affections de la moelle épinière sont au nombre de celles dans les- quelles on rencontre, le plus souvent, des sédiments urinaires consti- tués par de l'oxalate de chaux. Je n'ai point trouvé, dans les ouvrages des auteurs anglais, d'observations venant à l'appui de cette opinion ; mais j'en ai recueilli moi-même, et je vais les reproduire avec détails. CARIE DE PLUSIEURS VERTÈBRES DORSO-LOMBAIRES; ABCÈS PAR CONGESTION; DOULEURS DE REINS; FAIBLESSE DES JAMBES ET OXALURIE CONCOMITANTE. Obs. I. — Le 22 février 1857, est entré au n" 8 de la salle Saint-Michel (Cha- rité) le nommé Jacques Jubin, âgé de 45 ans. Les seuls antécédents que nous ayons à noter sont une blennorrhagie, dont le sujet a été atteint pendant sa jeunesse, et qui a duré six semaines, puis des pertes séminales qui avaient lieu la nuit et au moment des garde-robes. En 1851, cet homme était déjà entré a l'hôpital, accusant dans les reins des douleurs vives et une faiblesse des jambes telle qu'il ne pouvad marcher. A ce moment une saignée fut pratiquée; ou appliqua des ventouses aux lombes, on administra des purga- tifs et des bains sulfureux. Ce traitement n'ayant pas produit une amélioration suffisante, on eut recours à la noix vomique, à rélectricité, puis on appli- qua six cautères sur la région dorso-lombaire. Sous l'influence de cette mé- dication, le malade se trouva beaucoup mieux, et put reprendre ses occupa- tions. Mais il eut une rechute au mois de février 1857, et c'est alors qu'il en- tra dans le service de M. Rayer. Voici maintenant l'état dans lequel je l'ai trouvé : Il a été forcé d'abandonner ses occupations de garçon d'hôtel depuis un mois et demi environ, à cause de la faiblesse des jambes et de la douleur de reins, et il marche diffTicilement appuyé sur un bâton. L'examen de la co- lonne vertétrale permet de constater une saillie formée parla dixième ver- tèbre dorsale. La pression est douloureuse à ce niveau et dans le reste de la région lombaire. On prescrit des veiftouses de chaque côté du rachis et six boutons de feu. On avait obtenu une notable amélioration, quand, trois mois plus tard, il apparut, à gauche des vertèbres lombaires, une tumeur fluctuante, 112 plate, sans rougeur, mesurant 4 pouces de haut sur 3 pouces de large. En appuyant sur celle tumeur, qui n'était autre chose qu'un abcès par conges- tion, on déterminait de la douleur dans toute la portion inférieure du rachis. Deux applications de boulons de feu dans le voisinage de l'abcès en rédui- sirent considérablement le volume; le sujet redevint assez solide sur ses jambes pour marcher et môme pour courir un peu, et il remplit pendant plusieurs mois les fonctions d'intimierdans le service. Le microscopem'ayant montré l'existence de l'oxalate dechaux dans l'urine de ce malade, j'examinai tous les jours ce liquide, en notant attentivement la nature des aliments ingérés el l'heure à laquelle l'urine avait été rendue, afin de voir quelle pourrait ê!re l'influence de l'alimentation sur la produc- tion de l'oxalate de chaux. Voici quelques-uns des résultats obtenus : Le 58 août (bœuf, pommes de terre et salade), l'urine de la nuit a une cou- leur ambrée foncée, et elle contient des myriades de cristaux d'oxalate cal- caire et quelques cristaux d'acide urique. La pipette ramène du fond du vase un liquide un peu filant et qui ne contient pourtant point d'animal- cules. Le 29 (bœuf et artichaut), l'urine présente la même couleur que la veille, et contient autant d'oxalate. Le 30 (haricots et viande), un peu d'épithélium et moins d'oxalate. Le 31 (riz et viiinde), quantités énormes d'oxalate de chaux. Le 1" septembre (haricots verts et viande), très-gros cristaux d'oxalate de chaux. Le 2, le 14 et le 15, peu de cristaux octaédriques. Le 22 (pommes de terre et viande), de l'urate d'ammoniaque et pas d'oxa- late. Le 24 (haricots verts et bœuf), l'urine de la digestion est acide et contient de nombreux cristaux d'oxalate. On en trouve â peine dans celle qui ne pro- vient pas de la digestion. Le 25 (riz, viande et une moitié d'oignon cru), énorme quantité d'oxalate dans l'urine de la digestion. Idem le 1" octobre. Toujours beaucoup d'oxalate les2, 4, 5, 6, 8, 11, 13, 16 et 18 octobre. Les 19,20, 21, 22, 25, 27, 28 el 29 octobre, encore de l'oxalate, mais en moindre quantité. Le 3 novembre (pommes de terre et bœuf), l'urine des vingt-quatre heures pèse 1019; elle est aiide, louche, et contient des globules sanguins et de nombreux cristaux d'oxalate irréguliers. Le 4 et le 5 novembre (pois et bœuf), l'urine des vingt-quatre heures pèse 1026 ; on y trouve des globules sanguins et d'assez nombreux cristaux d'oxalate de chaux réunis en groupes. Les 11, 14, 15, 23,25, on trouve toujours un peu d'oxalate, uni le plus sou- vent ù de l'acide urique ou à de l'urate d'ammoniaque. 113 Pendant le mois de décembre, les 3, 4, 5 et 11, pas d'oxalate; on en con- state de petits cristaux, les 13, 16, 18 et 20. Dans les premiers jours de jauvier 1856, le malade a quitté l'hôpital. Voilà un exemple d'oxalurie très-proloagée, dans lequel on n'a point essayé d'attaquer l'excrétion de l'oxalate de chaux elle-même. On va voir que nous avons agi autrement dans le cas suivant. MALADIE DES VERTÈBRES CERVICALES, ACCOMPAGNÉE d'uN AFFAIBLISSEMENT TRÈS-MARQUÉ DES MEMBRES; TUMEUR DOULOUREUSE DU C0U;0XALUR1E TRÈS- PEBSISTANTE ; EFFETS PRODUITS PAR LES ALCALIS. Obs. II. — L'^ nommé Delâtre, âgé de 22 ans, journalier, souffrait du cou depuis huit mois, mais la santé générale était très-boune, et il n'y avait au- cune faiblesse des jambes. Des douleurs, qui étaient survenues dans les deux bras, avaient disparu sous l'influence des fumigations et des bains de vapeur. Mais, quatre mois plus tard, il parut dans la portion supérieure de la région cervicale une petite tumeur du volume d'un haricot. Depuis lors, le cou a été infléchi en avant, mais la santé générale était toujours assez satis- faisante, et le sujet i tait solide sur ses jambes. Malheureusement la tumeur continua à grossir; il survint de la faiblesse des extrémités inférieures, et c'est alors que le jeune homme se décida à entrer à l'hôpital. Au moment de son entrée, voici l'état dans lequel je l'ai trouvé : La tumeur a le volume d'un œuf de pigeon ; elle siège au niveau des 5% 6* ei 7' vertèbres cervicales. Le cou est fortement infléchi en avant; les mouvements de rotation sont douloureux et presque impossibles. Les jambes sont lourdes et peu flexibles, de sorte que le malade peut à peine marcher, en s'aidant de deux bâtons. Il ressent quelques douleurs dans les épaules, et la main droite sert un peu moins que la gauche. Les urines et les matières fécales ne peuvent être conservées longtemps; l'appétit est à peu près nor- mal ; les digestions sont régulières ; il n'y a point de douleurs de reins, et tous les huit jours environ, il se produit des érections qui s'accompagnent de pertes séminales. Deux boutons de feu sont appliqués de chaque côté de la tumeur du cou, et deux joui s après cette application il y a une amélioration très-prononcée; le malade redresse mieux la tèie et marche sans canne. Mais au bout de quinze jours, il retombe dans un état plus grave qu'avant l'application du feu. Les moindres mouvements du cou s'accompagnent de douleurs vives, qui retentissent jusque dans les épaules. Il sent bien le plancher et n'a pas la sensation de barre autour du ventre; mais ses jambes se roidissenl par- fois malgré lui, et il tonnerait s'il n'était pas soutenu. Le 12 novembre, on se décide a lui appliquer douze boutons de feu à la nuque, et c'est à partir de ce moment-là que j'ai rsarainé snn urine. MKM. S 114 Le 14 norembre, l'urine est acide, de couleur ambrée, et elle contient d'énormes quantités d'oxalate bien cristallisé, avec de l'acide urique égale- ment bien cristallisé. Le 15 (purée de pois et bœuf), petits cristaux irréguliers d'oxalate, avec de beaux groupes d'acide urique cristallisé. Le 18 (épinards et bœuf), urine acide, un peu louche, 1032, contenant beaucoup de cristaux d'oxalate; le 20, beaucoup d'acide urique cristallisé et d'oxalate. Idem les 22, 24, 25, 27, 28 et 29. C'est alors que, voyant la persistance avec laquelle l'oxalate de chaux con- tinuait à se montrer dans l'urine de ce malade, on commença à lui adminis- trer de l'eau de Vichy. Le 30 novembre, une bouteille d'eau de Vichy artilicielle fut ingérée dans l'après-midi. L'urine examinée le lendemain était acide, et contenait à peu près autant d'oxalate de chaux qu'avant l'administration de l'alcali ; on y trouvait aussi un dépôt briqueté d'acide urique. Le 2 décembre (épinards et bœuf, une bouteille d'eau de Vichy), l'urine est neutre, claire, avec un léger dépôt blanc phosphatique; elle contient en- core de beaux cristaux d'oxalate, mais un peu moins qu'avant l'adminis- tration des alcalis. On y trouve du phosphate de chaux, une petite quantité de phosphate amoniaco-magnésien et pas d'urates. Le 3 décembre (pruneaux, bœuf et une bouteille d'eau de Vichy), l'urine est neutre, présente une pellicule irisée à sa surface, et au fond un dépôt de phosphate de chaux. On n'y trouve que de rares cristaux d'oxalate calcaire. Le 5 décembre (riz, bœuf, eau de Vichy), l'urine conservée quarante-huit heures est alcaline, et offre à sa surface une pellicule irisée, form^'c d'énormes cristaux de phosphate ammoniaco-magncsien, au fond un dépôt bliuichàtre très-abondant, constitué surtout par du phosphate de chaux, auquel se trou- vent mêlés des octaèdres d'oxalate calcaire en quantité médiocre. Le 11 décembre (lentilles, bœuf, eau de Vichy), dépôt considérable de phosphate de chaux avec quelques cristaux d'oxalate. Le 12 (pommes de terre, bœuf et eau de Vichy), urine neutre, claire, san? dépôt, et ne contenant pas d'oxalate. Alors on suspend l'eau de Vichy. Le 13 décembre, troisième application de boutons de feu à la nuque. Le lendemain, il y a déjà de l'amélioration, el le malade remue plus facilement les jambes. Le 14 décembre (pommes de terre à l'huile et bœuf, pas d'eau de Vicliy), l'urine contient quelques cristaux d'oxalate, mais très-rares, et pas d'urate^. Le 15 décembre, quantité déjà assez considérable d'oxalate, en cristaux irré^ guliers et brisés. Le IGdécembie (riz et bœuf, pas d'eau de \ichy), énonnc quantité d'oxa- late de chaux ; beaucoup également le 18,1e 20 et le 21. Le 23, beaucoup d'oxalate et un peu d'acide urique. Idem le 28 et le 30 décembre. 115 Comme il était évident que l'excrétion de l'oxalate était redevenue exacte- ment ce qu'elle élait avant l'administration de l'eau de Vichy, la solution al- caline lut de nouveau prescrite, afin qu'on pût juger de ses elTets, par rap- port à l'excrétion de l'oxalate de cliaux, et voici ce que j'observai : Le malade ayant bu une bouteille d'eau de Vichy artificielle, le 3i décembre et le 1" janvier, son urine, qui avait été conservée pendant quarante-huit heures, fut examinée le 3. Elle était alcaline, avec un abondant dépôt de phosphate de chaux, et on y trouvait en outre de l'acide urique cristallisé et un peu doxalate. Le 3 janvier (riz et viande), une bouteille d'eau de Viciiy avait été bue dans l'aprcs-midi, je recueillis l'uriue de sept heures du soir, et je la trouvai franchement auide, presque privée de dépôt, contenant de l'acide urique cristallisé et beaucoup d'oxalate; au contraire, l'urine de la nuit était neutre, présentait un abondant dépôt blauc de phosphate de chaux, de gros cristaux de phosphate ammoniaco-magnésieu et pas du tout d'oxalate. Le 4 janvier (pommes de terre a l'huile, bœuf; a trois heures du soir une bou- teille d'eau de Vichy), l'urine rendue avant l'ingestion de l'eau de Vichy est acide, rougeâlre, et contient beaucoup d'acide urique cristallisé et d'oxalate de chaux . Il en est de même pour celle qui a été rendue immédiatement après l'ingestion de l'eau de Vichy ; au contraire, l'urine de la nuit est beaucoup plus pâle, ueutre, avec un abondant dépôt de phosphate de chaux et extrê- mement peu d'oxalate. Le 5 janvier, quatrième application de boutons de feu à la nuque. Le 6 (pommes de terre, bœuf, une bouteille d'eau de Vicliy à Irois heures du soir), l'urine de quatre et de six heures du soir est très-acide, un peu louche, et contient de l'acide urique et de l'oxalate en certaine quantité; celle de huit heures du soir est alcaline, avec un dépôt blanchâtre, sans oxalate ; celle du reste de la nuit est neutre, avec un dépôt blanc abondant et pas d'oxa- late. Le 7, le résultat obtenu est sensiblement le même. Le 15, l'urine rendue avant l'ingestion de l'eau de Vichy est troublée par la présence d'une cer- taine quantité d'urate d'ammoniaque, et elle contient en outre quelques cristaux d'oxalate. Celle qui a été recueillie trois heures après l'ingestion de l'eau de Vichy est parfaitement limpide, acide, sans dépôt, et ne contient pas sensiblement d'oxalate ; enfin, on n'en trouve pas du tout dans celle de la nuit. Le 21 janvier, le malade n'ayant pas bu son eau de Vichy, son urine fut trouvée contenir de l'acide urique cristallisé en quantité assez considé- rable, et beaucoup d'oxalate de chaux. Il quitta l'hôpital le 24, parce qu'il redoutait une nouvelle application du feu. II était alors dans un état relati- vement assez satisfaisant; il marchait avec deux bâtons et sentait bien le parquet ; la douleur du cou était très-supportable, et il n'y avait pas trop de "roiû. y^ '^«'s jambes. J'ai tenu surtout à rapporter cette observation tout au long, pour 116 démontrer convenablement les eflets de l'eau de Vichy sur l'excrétion de l'oxalale de chaux. AFFECTION DE LA MOELXE (PROBABLEMENT COMPRESSION) AVEC OXALURIE CONCOMITANTE. Obs. III. — Le 14 septembre 1856 est entré à la Charité, dans le service de M. Rayer, le nommé Cliâteriay, âgé de 27 ans. En 1854, après une opération de varicocèle, il a commencé à sentir des doulenrs de reins et de la faiblesse des jambes; mais il se livrait encoreà son travail, et il n'était obligé de l'interrompre que par intervalles. Cet état a duré près de deux ans, et au mois de septembre lb56, après l'ingestion d'un purgatif, la douleur de reins est devenue tout à coup très-vive. A dater de ce jour, la sensibilité tactile qui n'était qu'éraoussée disparut complètement, et le malade fut dans l'impossibilité de se tenir sur ses jambes. Les érections avaient cessé depuis le commencement de la maladie, et même quatre mois avant l'entrée du sujet à rhô()ital, il éprouvait des perles séminales abon- dar.tes, qui se produisaient tous les jours au moment des garde robes. Ce n'est qu'après trois mois de séjour dans la salle de M. Rayer, qu'il se déclara de l'incontinence d'urine, et elle disparut ainsi que la spermatorrbée, après une seule application du courant de la pile galvanique. Il n'y a jamais eu d'incontinence de matières fécales. Quand j'ai examiné le malade, il était dans l'état suivant : la douleur de reins était vive, les jambes étaient roides, et si l'on essayait de les détacher du lit, elles s'agitaient convulsivement, sans qu'il fiit possible au patient de maîtriser ces mouvements. En explorant la colonne ver.ébiale, on ne décou- vrait ni déformation ni tumeur, mais il existait, au niveau des dernières ver- tèbres dorsales et des premières lombaires, une sensibilité prononcée que la pression exagérait notablement. Pendant le séjour du malade a la Charité, on essaya divers traitements. En premier lieu, on administra la noix vomique, qu'on fut obligé de suspendre an bout de quelque temps, parce qu'elle déterminait des secousses, et par conséquent une augmentation de la douleur lombaire. On recourut une se- conde fois à cette méthode sans succès. Il en fut de même du traitement par la belladone, dont l'usage fut continué pendant trois mois. On voulut aussi attaquer le mal localement, et des boutons de feu turent appliqués sur la région des reins, en même temps qu'on administra des bains alcalins, des bains sulfureux et des fumigalions. Malgré l'emploi prrsévérant de tous ces moyens, l'état du sujet resta con- stamment le même. Seulement, au mois d'octobre 1856, il ressentit une pe- tite commotion dans les reins, et tout d'un coup il se mit à marcher; mais ce mieux trompeur no dura que trente-six heures, et le malade retomba 117 bientôt dans son état primitif. Comme son affection paraissait décidément incurable, on l'envoya à Bicêtre le 13 octobre 1857. La douleur de reins était toujours très-vive, et le tremblement des jambes tel qu'il ne pouvait les soulever de son lit sans les entre-choquer l'une contre l'autre. Mais le 8 fé- vrier 1858, vers minuit, il ressentit, sans cause appréciable, une douleur violente dans les reins; puis, s'apercevant qu'il pouvait plier les jambes, il descendit de son lit et se mit à marcher droit et sans canne. Le tremble- ment des extrémités inférieures avait complètement cessé. Cette gnérisoa subite ne dura qu'une nuit et un jour; après quoi la douleur flxe des reins recommença, la marcne devint plus chancelante ; et le 18 février, jour où je l'examinai, il marcliait encore avec deux bâtons, mais il projetait ses jambes en avant, comme on sait que cela arrive aux personnes atteintes de maladies de la moelle épinière. Pendant la station debout, il ne tremblait pour ainsi dire pas, et il sentait bien le parquet ; mais la douleur de reins persistait, ainsi que la faiblesse des jambes. Je le revis dix huit mois après, et je constytai qu'il marchait encore difTicilement, à l'aide de deux bâtons. Quant aux secousses qui ont amené deux fois une amélioration si prononcée dans la santé de ce malade, j'avoue que je ne sais comment les expliquer, et ce n'est qu'avec beaucoup de réserve que j'émets l'opinion d'une compres- sion qui aurait existé et qui aurait cessé momentanément. J'ai cité cette observationt fort intéressaole à plusieurs égards, parce qu'elle nous offre, en outre, nn cas d'oxalurie, mais l'oxalurie inter- miltenle, et qui a disparu sans traitement, comme le prouve l'examen suivant de l'urine. Le 28 août 1857, oxalate de chaux en quantité assez considérable; id. le 29. Le 31 (pommes de terre et viande) quelques cristaux d'o- xalale ; id. le 2 et le 14 septembre. Le 15 septembre (riz et viande) point de cristaux d'oxalale, beaucoup d'urates et nu peu de phosphate ammoiiiaco-magnésien; id. le 18, le 19. le 20, le 21 et le 22 Le 23 (épinardset viande) urine alcaline contenant du phosphate ammonia- co-magnésien, de l'urale d'ammoniaque et de l'oxaiale de chaux. Le 24 septembre (haricots verts et viande) l'urine est acide; celle de la digestion contient beaucoup d'oxalale; celle du reste des vingt-quatre heures en contient à peine; quelques cristaux d'oxalale dans l'urine du 25 et du 26; on n'en trouve plus dans celle du 27, du 28 et du 30 septembre; du 1" et du 2 octobre. L'oxalate de chaux continue à manquer dans l'urine du 5, du 6, du 8, du 9, du 11 et du 12 octobre, et c'est le 13 que le malade part pour Bicètre. Le 18 février suivant, quelques jours après la secousse qui lui avait permis de marcher, 118 j'eus occasion de le revoir, je recueillis de son urine et je l'examinai au bout de vingt-quatre heures. Elle était très-claire et très-limpide au moment de l'émission, mais le lendemain j'y trouvai un dépôt rou- geàtre de 1 centimètre de hauteur, avec une matière blanche et lilante comme du sperme. Le microscope ne m'y fit pourtant découvrir ni zoospermes ni oxalate de chaux. Ce dernier avait disparu spontané- ment. INFLAMMATION DE LA MOEXLE ËPINIÈRE DANS UNE GRANDE PARTIE DE SON ÉTENDUE. — OXALURIE CONCOMITANTE. Obs. IV. — Le nommé B..., polisseur d'instruments de musique, âgé de 42 ans, est entré a la Charité, dans le service de M. Rayer, le 17 septembre 1857. Depuis deux ans il ressentait de la douleur dans la région des reins, et tous les huit ou quinze jours il éprouvait des coliques vives qui s'accompa- gnaient de vomissements. Les jambes étaient faibles, elles étaient le siège de douleurs sourdes et parfois d'élancements. Le malade sentait bien le plan- cher, mais pendant la marche il traînait les pieds sur le sol. La vessie était paresseuse, et pourtant il n'y avait jamais eu d'incontinence d'urine. Tel était l'état du sujet lorsque, le 5 septembre 1857, il survint un pa- roxysme, annoncé par des coliques plus vives, des vomissements plus abon- dants et un état fébrile très-prononcé. On combattit ces accidents à l'aide de plusieurs purgatifs et d'un sirop ferriigineu.K, et comme il n'en résultait au- cune amélioration, le malade se décida à entrer à l'hôpital et il s'y rendit à pied. Le jour de son arrivée, il accusait une douleur vive qui occupait comme une ceinture, les reins et le ventre, et il ne se baissait qu'avec douleur. Il y avait de la fièvre, de l'inappétence, et la marche était très-chancelante; le rachis était douloureux à la pression, au niveau des deux dernières dorsales et des trois premières lombaires, sans qu'il y eût déformation. Six jours après son entrée dans le service, M. Rayer lui appliqua six bou- tons de feu, au niveau de la portion malade de la moelle, et le traitement, les jours suivants, consista en purgatifs, en bains de vapeurs et en bains sulfu- reux. Quatre jours à peine après la cautérisation, il y avait déjà du mieux, les coliques étaient moins vives et de plus courte durée, et le sentiment de cein- ture n'existait plus. Oui Iqucs jours plus tard encore, les vertèbres primitivement douloureuses ' pression, avaient cet'sé de l'élre, la marche était plus assurée, les fonc- tions de la vessie s'accomplissaient mieux et il n'y avait plus de vomisse- ments. Il y avait donc une amélioratjion du côté de la région inférieure du rachis ; 119 mais il n'en était pas de même dans la région supérieure. En effet, quel- ques jours après l'application du feu le malade avait ressenti de la douleur dans toute l'étendue du bras droit et des élancements accompagni's de four- millements Cette douleur ne fit qu'aiismonter, et bientôt le décubitus sur le côté droit devint impossible. En môme temps la main droite ne pouvait plus serrer, quoique la sensibilité du membre supérieur fût bien conservée. J'a- joute que les mouvements du cou étaient très-pénibles, et que la pression réveillait de la doulenr dans toute la liautenr durachis, depuis les dernières vertèbres cervicales jusque vers la dixième dorsale. 11 n'y avait donc plus de doute à conserver; l'affection de la moelle avait gagné vers la partie su- périeure, tout en paraissant être notablement amendée du côté de la région inférieure. Le malade se préoccupait vivement de son état; il avait la nuit des rêves dans lesquels il lui semblait qu'on en voulait à ses jours, et c'est pour cela qu'il demanda à retourner dans sa famille. J'ai interrogé attentivement cet homme pour voir à quelle cause il serait possible de rapporter l'affection dont il était atteint, et j'ai trouvé dans ses antécédents, des habitudes de masturbation qui s'étaient aecompagnées pour un temps de pollutions nocturnes, et qui n'étaient peut-être pas tout à fait étrangères au développement de la myélite. Quant à l'urine que j'ai examinée bon nombre de fois au point de vue de l'oxalate de chaux, j'ai constaté qu'elle contenait souvent des quantités no- tables de ce sel. Le 5 octobre, quelques cristaux d'oxalate et d'acide urique. Le 6 (pommes de terre et viande), l'urine du soir est acide, claire, de cou- leur ambrée, et contient de nombreux cristaux d'oxalate calcaire très-té- nus. Le 8 et le 9 octobre (riz, épinards et bœuf), l'urine est acide et contient de nombreux cristaux d'oxalate avec de l'urate d'ammoniaque. Le 1 1 octobre (choux-fleurs et bœuf), l'urine du soir ne contient pas d'oxa- late. Le 12 octobre (épinards et bœuf), de très-nombreux cristaux d'oxalate calcaire. Le 13 (pommes de terre à l'huile et bœuf), l'urine de cinq heures du soir est limpide, sans dépôt, de couleur ambrée, et renferme d'énormes quantités d'oxalate de chaux. Jd.le 15. Le 16, le malade quitte l'hôpital. A la suite de cette obsevation je dirai encore qui j'ai trouvé plu- sieurs fois des quantités notables de cristaux d'oxalate calcaire dans l'urine d'un jeune liomme atteint d'une affection de la moelle com- mençante, et qui accusait déjà de la faiblesse des membres inférieurs, 120 et surtout de la jauil)e droitp, quoiqu'il n'y eût encore aucune défor- mation appréciable du rachis. J'en ai observe aussi, quoique plus ra- rement, dans l'urine de deux paraplégiques. En résumé, les observations que je vieus de rapporter prouvent que l'excrétion continue d'oxulate de chaux peut s'ob.-erver avec le mal de Polt et les affections de la moi lie épiuiére; mais il est évident que chez la plupart des sujt'ls on n'a aucuu couipte à en tenir, et que le traite- ment tout entier doit s'adn sser à la maladie principale. On tâchera de découvrir la cause sons l'influence de laquelle la carie s'est déve- loppée. Si le malade est enclin à la masturbation, on s'efforcera de faire cesser cette funeste habitude; s'il est scrofuleux ou né de parents entachés de scrofules, on combattra cette dialhèse. Quant aux acci- dents locaux, on réussira souvent à les modifier à l'aide des exutoires profonds et de la révulsion énergique que produit l'application répé- tée des boulons de feu. Dans certains cas, on recourra en même temps avec avantage aux douches salées ou sulfureuses. J'ajoute maintenant que si la vessie était paralysée, qu'il y cùl in- flammation de la membrane muqueuse et que la quantité d'oxalale expulsée fût assez considérable pour qu'on eût à redouter la forma- tion d'un calcul, il y aurait lieu d'attaquer directement le symptôme oxaluiie par l'administration des alcalis. On emploierait le même moyen si les malades accusaient une dyspepsie prononcée; et, dans ce cas, en rétablissant la fonction digestive, on diminuerait en même temps la quantité d'oxalale calcaire rejetée par les urines. CBAPITRE TIll. DE L'OXALURIE dans LA PLEURÉSIE CHRONIQUE ET LES TUBERCULES PULMONAIRES. Dans deux classes d'affections pulmonaires, la pleurésie chronique et les tubercules, j'ai constaté plusieurs fuis une excréliou d'oxalale de chaux abondante et prolongée, comme raltestent les observations que je rapporte ici. PI.KITRÉSIE TUBERCULEUSE, INVERSION DES VISCJiRES, OXALURIE CONCOMIT/VNTE, ADMIiMSTHATlON DES ALCALIS. Ou». I. — Le 11 rtérembre 1857,e6t entré au n"24 de la salle Saint-Michel 121 (service de M. Rayer) le nommé Louis D,..., âgé de 37 ans, garçon de restau- rant. Au commencement de la morne année il avait été soigné d'une pleuré- sie à l'hôpital Lariboisière. 11 s'était assez bien rétabli, quoiqu'il eût conservé un peu de toux; mais, au mois de juin 1857, il ressentit des frissons, des maux de reins et un point de côté à droite et à gauche. Un épanchement se produisit dans les deux côtés de la poitrine, mais surtout du côté droit, et on eut recours aux vésicatoires volants. Cette fois le malade ne se rétablit pas complètement; il ne recouvra point ses forces et ne put reprendre son service. C'est alors qu'il se décida à entrer à la Charité, et voici l'état dans lequel je l'ai trouvé: La toux est assez fréquente, les crachats ne sont guère abondants, et le malade déclare n'y avoir vu que de rares filets de sang. 11 n'y a que peu de sueurs la nuit, et cependant les forces sont notablement diminuées. Le point de côte se fait toujours sentir pendant la toux, à droite et à gauche, mais principalement à gauche. A l'auscultation la respiration s'entend en avant des deux poumons ; seu- lement elle est un peu rude aux deux sommets avec quelques râles. En arrière, la respiration s'entend aussi dans la hauteur des deux poumons, et la percussion n'indique pas de matité d'épanchement; on n'entend pas non plus d'égoplionie, mais on constate aux deux sommets une respiration rude, de l'expiration prolongée, quelques râles et quelques craquements. Le pouls est à 84, l'appétit est mauvais et il y a un peu de diarrhée, en même temps qu'une légère douleur dans la région lombaire, quand le ma- lade est resté longtemps assis. Quant à l'inversion des viscères que j'ai annoncée, j'ai de nombreuses raisons d'y croire, quoique le fait n'ait point été vérifié par l'autopsie. En efTet, le cœur, qui a son volume ordinaire, bat à droite; la percussion, pratiquée au niveau de l'hypocondre droit, y indique la matité circonscrite de la rate, tandis qu'à gauche on constate la matité étendue du foie. Au bout d'un certain temps d'expectation on administra l'huile de foie de morue, et on se décida à appliquer sur le sein gauche des boutons de feu qui diminuèrent rapidement la violence du point de côté. Je vais maintenant suivre le malade en étudiant jour par jour les qualités de l'urine. Le 17 janvier (pommes de terre et bœuf), l'urine rendue vers six heures du soir est trouble, avec un dépôt briqueté très-abondant formé d'urate d'am- moniaque et d'oxalate de chaux en quantité assez considérable. Colle de la nuit est limpide, sans dépôt, et on y trouve à peine d'oxalate et d'urate. Le 19 janvier (pruneaux et œufs), l'urine est acide, trouble, et prosente un dépôt de 1 centimètre de hauteur, formé surtout d'urate d'ammoniaque avec de beaux cristaux d'oxalate calcaire. Le 21 janvier (pruneaux et bœut) l'urine rendue trois heures après le re- pas est acide, et abandonne un dépôt briqueté volumineux, formé surtout 122 d'urate d'ammoniaque, d'acide urique cristallisé et de quelques beaiix cris- taux d'oxalate de chaux. L'urine de la nuit est louche, sans dépôt, et ne con- tient ni uiate ni oxalate. Même remarque le 23, le 25 et le 27 janvier, ce qui semble indiquer, comme je l'ai déjà dit, que le travail de la digestion n'est pas sans influence sur la production de l'oxalate de cliaux. Le 28 janvier, pour faire cesser la douleur de côté, on applique un large vésicatoire volant qui produit sur-le-champ un soulagement très-marqué. L'urine de six heures du soir est acide, claire, et présente au fond un dépôt d'acide urique cristallisé, avec une quantité considérable d'oxalate de chaux; celle de la nuit ne contient pas sensiblement d'acide urique et d'oxalate. Id. le 31. Je trouvai encore de l'oxalate de chaux uni à de l'acide urique ou à un urate, le 4, le 5, le 8 et le 10 février, et c'est alors qu'en raison de la persis- tance avec laquelle l'oxalate de chauK continuait à être expulsé, la médica- tion alcaline fut administrée. Le 12 février (lentilles et bœuf), le malade a bu une bouteille d'eau de Vichy de trois à cinq heures du soir. L'urine recueillie à six heures du soir est acide, de couleur ambrée foncée; elle contient de l'acide urique et de nombreux cristaux d'oxalate. Celle du reste de la nuit est moins colorée, moins acide, et dans plusieurs préparations je n'ai découvert ni acide urique ni oxalate. Le 15 février, l'état général du malade est meilleur; le point de côté ne se fait plus sentir que pendant la toux. Une bouteille d'eau de Vichy a été in- gérée de deux à cinq heures de l'après-midi, et le malade en avait bu régu- lièrement une bouteille depuis le 12. L'urine rendue à neuf heures du soir est légèrement acide, pâle, un peu opaline et sans dépôt; elle ne contient, après plusieurs examens, ni oxalate ni urate. Celle du reste de la nuit est lé- gèrement acide aussi, plus claire et sans dépôt. Je n'y ai trouvé non plus ni oxalate ni acide urique. Le résultat est sensiblement le même le 16 et le 18, et c'est à peine si je trouve de temps en temps quelques cristaux d'acide urique et d'oxalate de chaux dans les urines du 20, du 22, du 23, du 24 et du 26 février. Le 2 mars, le malade se trouvant mieux voulut quitter l'hôpital, mais il s'aperçut bientôt qu'il ne pouvait reprendre son service, et il y rentra le 5, accusant des douleurs de côté plus vives. Les alcalis avaient été suspendus [)endant les trois jours qu'il avait passés hors de la salle ; or voici ce que l'examen de son urine m'a appris ; celle de neuf heures du soir est claire, très-acide, et contient des masses rouges d'a- cide urique cristallisé, avec une quantité énorme d'oxalate de chaux, quoique le sujet n'ait [lolut fait usage d'oseille. Le 6 mars, on prescrivit de nouveau l'eau de Vichy, et le 8, je ne trouvai 153 dans l'urine du soir que de rares cristaux d'acide urique et d'oxalate de chaux. Le 11 et le 13, je constatai leur disparition complète dans l'urine du soir; enfln, j'en retrouvai encore quelques cristaux dans celle du 14 et du 20, parce que le malade ne buvait plus qu'un verre d'eau de Vichy dans les vingt- quatre heures. Bientôt après, il demanda sa sortie : son état général était assez satisfai- sant ; il n'y avait plus de toux, plus de fièvre, plus de sueurs la nuit, seule- ment le point de côté reparaissait encore à droite et à gauche, au niveau du diaphragme, quand la marche était un peu accélérée, et l'auscultation faisait toujours entendre quelques craquements aux deux sommets. PLEURÉSIE CHRONIQUE AVEC ÉPANCHEMENT DE PUS DANS L.4 PLÈVRE ; OXALURIE CONCOMITANTE. Obs. 11. — Le 15 décembre 1837, est entré à la Charité le nommé Roblin, âgé de 36 ans. Au mois d'août 1855, il fut atteint d'une pleurésie à Marseille, à la suite d'un refroidissement^, et il ne se fit donner aucuns soins. Pendant deux ans et demi, il sentit, dans le côté gauche de la poitrine, une douleur qui augmentait surtout sous l'influence de la fatigue, et ce n'est qu'au bout de ce temps que, voyant le mal s'aggraver, il se décida à entrer à l'hô- pital. Voici l'état dans lequel je l'ai trouvé : 11 existe au niveau du sein gauche une douleur de côté vive, qui s'exas- père encore pendant la toux ; il y a de la matité dans presque toute la hauteur du poumon, et on entend une égophonie très-marquée. Le malade mange très-peu et il est fort amaigri. On fait, mais sans succès, une révulsion sur le thorax, à l'aide d'un large vésicatoire ; trois applications successives de boulons de feu n'amènent pas un résultat plus heureux, et l'asphyxie devenant imminente, on se décide alors à pratiquer la thoracentèse. Cette opération donne issue à environ trois litres de jms, et il en résulte aussitôt de l'amélioration dans l'état du patient ; mais la plèvre ne tarde pas à se remplir. Une seconde et une troisième ponction livrent également pas- sage à une grande quantité de pus, et après la troisième opération, on injecte un peu de teinture d'iode. Cette injection n'empêcha pas le liquide de se re- former, et il remonta bientôt jusqu'à la hauteur du mamelon. Il était très-mo- bile dans la cavité pleurale, car il se déplaçait à chaque mouvement du ma- lade, et même il était facile d'entendre à distance le bruit qu'il produisait. Néanmoins la santé générale était assez bonne, et l'appétit passablement conservé. Mais, sur ces entrefaites, il survint une pneumonie qui envahit le poumon sain et qui fit succomber le malade dans l'espace de quelques jours. 124 L'urine de cet homme avait été fréquemment examinée, et voici les résul- tats que j'avais constatés : Le 8 février, l'urine contient quelques petits cristaux d'acide urique et pas d'oxalate. Le 12, l'urine de six heures du soir présente un dépôt assez abondant formé de lieaucouj) d'acide urique cristallisé et d'une énorme quantité d'oxa- late de chaux. Le 13 et le 14, encore une quantité notable d'acide urique et d'oxalate de chaux. Le 15 et le 16, la proportion des cristaux octaédriques diminue sensible- ment. Le 18, le 23 et le 24, je ne trouve plus ni acide urique ni oxalate. Le 26 (pommes de terre et bœuf), l'urine de dix heures du soir, examinée au bout de quarante-huit heures, contient de l'acide urique, un peu de pus et d'assez nombreux cristaux d'oxalate de chaux. Le 27 février (lentilles et bœuf), l'urine de neuf heures du soir, examinée au bout de trois jours, est trouble, acide, et on trouve, dans le dépôt du phosphate ammoniaco-magnésien, de petits groupes d'urate de soude et un peu d'oxalate calcaire. Le 3 et le 8 mars, ni acide urique, ni oxalate. Je n'en trouvai pas davan- tage le 18, le 19, le 22 et le 23 septembre. Le 24 (pommes de terre, haricots verts et viande), l'urine de la digestion renferme d'énormes proportions d'oxalate de chaux et de phosphate ammo- niaco-magnésien. Les jours suivants, je n'en trouvai plus que des quantités insigni- fiantes (1). PLEURÉSIE CHRONIQUE AVEC EMPHYSÈME ; OXALURIE CONCOMITANTE. Obs. 111. — Homme de 40 ans, d'une bonne constitution ; il souffre depuis longtemps d'un emphysème pulmonaire, auquel est venue se joindre une pleurésie, qui est maintenant à l'état chronique. Plusieurs vésicatoires volants ont été appliqués et ont produit un soulagement très-marqué. Voici ce que l'examen de l'urine m'a appris : Le 16 décembre 1857 (navets et buMit), l'urine est claire, sans dépôt, et contient une quantité assez notable d'oxalate. Le 18, dépôt rougeàtre formé principalement d'urates. (1) Je ferai remarquer, en passant, que le phénomène d'intermittence dans l'excrétion de l'oxalate de chaux, que j'ai précédemment signalé, a été très-prononcé, en particulier dans ce cas. 125 Le 19, dépôt considérable contenant beaucoup d'acide urique et d'oxalate de cliaux. Le 21 (riz et bœuf) , dépôt très-abondant, formé d'nrate d'ammoniaque, d'acide urique et d'assez nombreux cristaux d'oxalate de chaux. Le 23, la quantité d'oxalate est moindre. Le 30 (riz et bœuf), on observe un dépôt jaunâtre abondant, constitué par de l'uiate d'ammoniaque, de l'acide urique et de l'oxalateen quantité assez considérable. Id. le 3 janvier, le 4, le 5, le 6 et le 7. Le 10 janvier, dépôt triqueté abondant, formé d'acide urique et d'oxalate de chaux. Le 11, la quantité d'oxalate calcaire est énorme, et il y a en même temps beaucoup d'acide urique crislallisé; le résultat est sensiblement le même le 13. Ce malade offrait une occasion favorable pour étudier l'action des alcalis dans le cas d'excrétion abondante et continue d'oxalate de chaux, et il allait être soumis à l'usage de l'eau de Vichy, quand il se décida subitement à quitter l'hôpital. TUBERCULES PULMONAIRES; LARYNGITE CHRONIQUE; EXCRÉTION CONTINUE ET ABONDANTE d'OXALATE DE CHAUX MODIFIÉE PAR L'USAGE DES ALCALIS. Obs. IV.— Le 15 octobre 1857, est entré au n" 4 de la salle Saint-Michel (service de M. Rayer) le nommé C, marchand ambulant, âgé de22 ans. lia toujours été d'une bonne santé; seulement, il y a un an environ, il a été atteint d'une bronchite qu'il a négligée et qui a continué jusqu'aujourd'hui. Depuis ce temps-là aussi sa voix est enrouée. Il y a six mois, il a craché euviron un demi-verre de sang en une fois, et depuis cette époque, il n'en a plus re- marqué dans ses crachats. Il a des sueurs la nuit, la peau est chaude le soir, et pourtant il n'a guère maigri et n'a pas perdu ses forces; le principal symp tome dont il se plaint, c'est un peu de mal de gorge le matin. A l'auscultation, on constate une respiration rude aux deux sommets en avant et en arrière, et c'est à peine si l'on entend de rares craquements. En interrogeant les fonctions génitales, on apprend que le pouvoir sexuel est no- tablement diminué. Aussitôt son entrée à l'hôpital, ce malade fut soumis à l'usage de l'huile de foie de morue et des tisanes béchiques, et son urine fut fréquemment exa- minée. Le 18 octobre (choux-fleurs et viande), l'urine pèse 1035; elle est acide et présente un dépôt abondant, formé par de l'urate amorphe et de l'oxalate de chaux. Le 19 (pommes de terre et bœuf), l'urine de sept heures du soir est acide, claire, sans dépôt appréciable, pesant 1034. On y trouve un peu d'urate de 1?6. soude et une énorme quantité d'oxalate de chaux en cristaux, les uns très- gros et rrgulier:^, les autres brisés et irrégulicrs. Le 20 octobre, l'urine de six lieures du soir pèse 1031, et contient beaucoup d'oxalate de chaux bien cristallisé. Id. le 21 et le 22. Le 23 octobre (choux-fleurs et bœuf), l'urine rendue à cinq heures du ma- tin pèse 1020, et on y voit d'énormes quantités d'oxalate de chaux, avec de l'urate d'ammoniaque. Celle rendue dans le reste desvingt-quatre heures pèse 1017 ; elle est de couleur plus foncée, et n'est pas moins riche en oxalate. Le 25, le 27 et le 28, on y trouve de beaux cristaux d'oxalate de chaux avec des urates. Le 1" novembre (pommes de terre et bœuf), l'urine de la nuit pèse 1032, elle est de couleur ambrée et sans dépôt ; quand on plonge la pipette au fond du verre, on reconnaît qu'elle est un peu filante, comme si elle contenait du sperme, et pourtant je n'y ai pas trouvé d'animalcules. Elle contient des quantités énormes d'oxalate de chaux pur et bien cristallisé, avec quelques pinceaux d'urate. Deux nuits auparavant, le malade avait eu une perte sémi- nale. Le 4, le 5, le 8 et le 9, l'urine est encore très-chargée d'oxalate. Le 11, la proportion de ce sel a notablement diminué. Même remarque le 12, le 13, le 14 et le 16. Le 17 et le 18, quoiqu'il n'y ait rien de changé dans le régime, l'urine ren- ferme une énorme quantité d'oxalate de chaux. C'est à partir de ce jour que le malade est soumis à l'usage de l'eau de Vichy. Le 19 novembre, après l'ingestion d'une bouteille d'eau de Vichy, l'urine des vingt -quatre heures est très-abondante; elle pèse 1017, et elle contient de l'oxalate de chaux en quantité médiocre. Le 20, densité 1024 ; oxalate calcaire en beaux cristaux, ave ■ un dépôt blanc de phosphate de chaux. Le 21, une bouteille d'eau de Vichy a été bue comme la veille ; le dépôt de phosphate de chaux est abondant, et les cristaux d'oxalate calcaire ont dis- paru. Le 22 et le 23 (pommes de terre, bœuf, eau de Vichy), l'urine est trouble avec un dépôt blanchâtre formé de phosphalc de chaux, de quelques cris- taux de phosphate aramoniaco-magnésien, et de quelques octaèdres d'oxalate de chaux. Le 24 (choux, bœuf, une bouteille d'eau de Vichy), l'urine des vingt-quaU"C heures a été recueillie en totalité; elle pèse 1015; elle est acide, transpa- rente, sans dé[)ôt, et dans ijuatre préparations faites avec le plus grand soin, je n'y ai pas trouvé un seul cristal d'oxalate. Le 25, le 20, le 27 et le 29, dépôt de phosphate de chaux sans oxalate. On en retrouve quelques cristaux dans l'urine du 30 noveiubre, et on n'en 1^7 constate point ou à peine dans les nrines du 2, du 3, du 4, du 5, du 9, du 11 et du 12 décembre. C'est alors que la disparition de l'oxalate de cliaux de l'urine paraissant bien confiimée, on supprima la solution alcaline, pour voir ce que devien- drait l'osalurie. Le 13 décembre, le malade a cessé de boire de l'eau de Vichy; son urine est acide, sans dépôt, et ne contient pas d'oxalate. Le 14 et le 15, on observe déjà quelques cristaux de ce sel. Le 16, le 17, le 18, le 19 elle 20, on en rencontre toujours très-peu. Le 21 (épinards et bœuf), dépôt assez abondant d'acide urique cristallisé et pas du tout d'oxalate. Le 23, acide urique cristallisé et un peu d'oxalate. Le 24, dépôt abondant d'acide urique accompagné de très-gros et très-nom- breux cristaux d'oxalate de cbaux. Il est probable qu'à dater de ce jour, j'en aurais continuellement rencontré dans l'urine, en quantité variable, comme avant l'administration de l'eau de Vichy, ce qui démontre bien le rôle impor- tant que joue l'eau alcaline dans la production de l'oxalate de chaux dans l'or- ganisme ; mais le malade étant sorti en permission ne rentra pas le soir. Il se trouvait beaucoup mieux, du reste, que lors de son entrée dans le service. La voix était toujours enrouée, mais l'appétit était assez bon, et les autres fonctions s'exécutaient à peu près régulièrement. TUBERCULES PULMONAIRES AVEC OXALURIE CONCOMITANTE. Obs. V. — Le 28 janvier 1858 est entré à la Charité, dans le service de M. Rayer, le nommé P., âgé de 33 ans, peintre. Il n'a jamais craché de sang, mais il est souvent enroué, et depuis le mois de janvier, il a maigri et il a perdu ses forces. L'oreille appliqiiée sur la poitrine perçoit des craquements humides au soumiet dn poumon droit, eu arrière et en avant.  gauche, on perçoit des bruits rudes seulement. Les battements du coeur sont normaux ; le malade accuse un peu de pesanteur dans la région lombaire quand il est resté longtemps debout. On prescrit l'huile de foie de morue, un julep opiacé, et un vésicatoire sur le côté du thorax. Voyons maintenant quels sont les caractères qui nous ont été fournis par l'urine. Le 23 février, elle est trouble et dépose une quantité considérable d'urate d'ammoniaque, de l'acide urique et quelques cristaux d'oxalate de chaux. Le 24, beaucoup d'oxalate et d'acide urique, Le 26 (pruneaux et poisson), dépôt rougeâtre d'acide urique, avec des quantités prodigieuses d'oxalate de chaux. Le 3 mars, l'urine du matin, rendue après un repas de navets, contient de l'acide urique et un peu d'oxalate ; celle du soir, après un repas de pommes 128 de terre et de bœuf, contient de l'acide urique et d'énormes quantités d'oxa- latc calcaire. Même remarque le 4. Le 5, l'urine rendue à onze heures du matin contient de l'acide urique et pas d'oxalate, tandis qu'on en trouve une quantité assez considérable dans celle du soir. Le 1, l'urine du soir est encore beaucoup plus riche en oxalate que celle du matin. Même observation le 9. Le 10, c'est au contraire dans l'urine du matin que j'ai trouvé le plus d'oxa- late, et il y était associé, comme les jours précédents, avec l'acide urique et l'urate d'ammoniaque. Le 11, le malade accusant de la douleur dans la région lombaire, un vési- catoire volant est appliqué sur cette région. L'urine du soir est recueillie, et le microscope y fait découvrir des quantités médiocres d'acide urique cris- tallisé et d'oxalate de chaux. Le 12 et le 13, point d'oxalate; quelques cristaux de ce sel dans l'iirine du 15, du 18 et du 20. Le 30, le malade se trouvant beaucoup mieux se décida à quitter l'hôpital. Dans l'urine rendue le jour de son départ, je n'ai pu découvrir que quelques cristaux d'acide urique et de très-rares cristaux d'oxalate, de sorte que l'ex- crétion de ce sel parait avoir cessé, dans ce cas, d'une manière toute spon- tanée. Obs. VI (Maclagan). — A la suite de mes observations, j'en citerai une qui est due à Maclagan. Il s'agit d'une institutrice qui, à l'auscultation, pré- sente, sous les deux clavicules, de la matité et une respiration bronchique, avec toux et crachats muqueux. Il y a de la soif, un abondant dégagement de gaz dans l'estomac, et un sentiment d'abattement prononcé aprùs le repas ; les fonctions de l'intestin sont lentes et irrégiilières. L'urine contient de l'oxalate de chaux. On prescrit une application de teinture d'iode dans la ré- gion sous clavière, de l'infusion de gentiane et du houblon addiliouué d'a- cide muriatique, des pilules d'aloès et d'extrait de noix vomique, pour ré- gulariser les fonctions de l'intestin. J'ai déjà rapporté une observation de Begbie, dans laquelle il est question d'un tuberculeux dy.-i)0|dique qui rendait de l'oxalate de chaux par les urines; enfin, M. Walslie a rencontré aussi ce sel dans le produit de la sécrétion rénale, cliez une femme phthisique. Ainsi donc, en résumé, il peut at river que l'oxalurie accompagne les tubercules pulmonaires et la pleurésie, surtout la pU'urésie chronique, à laquelle se rapportent particulièrement mes ob.^ervations. iMais, as- 1^9 sûrement, ce fait est loin d'être la règle, car je n'ai point trouvé d'oxa- lale de chaux dans l'urine de deux sujets atteints de pleurésie ai^aii, et de 17 tuberculeux arrivés à des périodes diverses de la maladie. Je répéterai encore ici à peu prés ce que j'ai dit dans le chai)itre précédent, c'est-à-dire que le plus souvent on aura peu de compte à tenir de l'excrétion de l'oxalate de chaux concomitante, et que toute l'attention du médecin devra être portée sur l'allection principale. En effet, chez tous les sujets soumis à mon observation, cette dernière a suivi sa marche exactement comme s'il n'y avait point eu d'excrétion d'oxalate de chaux, et l'oxalurie ne s'est révélée par aucun symptôme important. Sans l'intervention du microscope, elle eût passé complè- tement inaperçue, et pourtant, dans plusieurs cas, elle était portée à un très-haut degré. Il suit de là qu'on devra s'en tenir au traitement de la pleurésie ou des tubercules, et qu'on ne fera rien en vue de l'excrétion de l'oxalate de chaux, parce que le plus souvent il n'y a aucune indication de la combattre. Cependant, je rappellerai encore ici un conseil que j'ai donné déjà, c'est que, si on observait des phé- nomènes de dyspepsie prononcée dans le cours d'une pleurésie chro- nique, ou pendant la convalescence d'une pleurésie aigué, ou encore à une période quelconque de la tuberculisalion pulmonaire, et qu'on cn'it devoir diriger contre eux une médication spéciale, on pourrait recourir avec avantage aux eaux minérales alcalines, qui, dans beau- coup de cas, sont susceptibles d'atteindre ce but, en même temps qu'elles sont très-propres à arrêter l'excrétion de l'oxalate de chaux. C'est ce que démontre, en particulier, la quatrième observation consi- gnée dans ce chapitre. CUAPITBE li:. DE l'oxalurie dans LE RHU.MATISME CHRONIQUE. Chez un malade atteint de rhumatisme chronique, avec affection du cœur, j'ai constaté une excrétion d'oxalate de chaux longteujps pro- longée ; aussi ai-je cru devoir rapporter cette observation avec dé- tails. MEM. 130 DOULEORS RHUMATISMALES SUBAIGUESJ AFFECTION DU COEUR ; EXCHETION CON- SIDÉRABLE d'OXALATE de chaux combattue avec succès PAR LES AL- CALIS. Obs. 1. — Dans le courant de septembre 1857, est entré au n' 1 de la salle Saint-Michel, le nommé G., âgé de 19 ans, menuisier. Il est grand et maigre, et son étiolement lient peut-être en partie à ce qu'il a eu pendant longtemps des habitudes de masturbation. A l'âge de 10 ans, il a éprouvé une attaque de rhumatisme articulaire aigu, qui a occupé les deux genoux et qui a né- cessité le séjour au lit pendant un mois. Plusieurs années après est surve- nue une seconde attaque, qui a duré à peu près autant de temps que la pre- mière. Enfin, au mois de septembre 1857, il y a eu un vomissement de sang, mais il a duré très-peu de temps ; aussi n'est-ce point pour cela que le ma- lade est entré à l'iiôpilal. Ce qui l'y a amené, c'est une douleur qui siège aux pieds et qui dure déjà depuis deux mois. Pour peu qu'il marche, ses pieds se gonflent, surtout au niveau des articulations des gros orteils et aux ta- lons. 11 ressent également dans les genoux un mal qui s'exagère par la pression, quoiqu'il n'y ait aucune rougeur de ces articulations. Enfln, la ré- gion lombaire est aussi le siège de douleurs que le malade accuse principa- lement quand il est resté longtemps debout. Maigri- cela, la santé générale est bien conservée, l'appétit est bon, les digestions se font d'une manière satisfaisante, et il n'y a pas de diarrhée, l/oreille appliquée sur la poitrine perçoit, aux deux sommets et en arrière, une respiration rude, et à droite quelques râles humides. Au niveau du cœur, on entend au premier temps un énorme bruit de souffle dont le maximum existe très-nettement à la pointe de l'organe. Ce souffle masque presque complètement le second temps vers la pointe, mais à mesure qu'on se rapproche de la base, le second temps de- vient plus perceptible. La prescription consiste en un paquet de poudre de digitale par jour, pour remédier aux accidents du cœur, et en un bain sulfu- reux tous les deux jours, pour comi)attre les douleurs rhumatismales. Voici maintenant ce que m'a api)ris l'examen de l'urine de ce malade : Le 24 septembre, l'urine est acide, claire, sans dépôt, et contient de nom- breux cristaux d'oxalale de chaux, avec quelques groupes d'acide iiriciue cris- tallisé. Idem le 26, le 27, le 28 et le 30. Toujours de l'acide uiique et beaucoup d'oxalate de chaux le 1" octobre, le 2, le/i, les, le 8, le 9, le 11, le 12 et le 13. Le 15, la douleur du genou ayant été très-vive, on a appliqué des ven- touses scariliées, qui ont produit du soulagement. Ce môme jour, l'uriue ren- due à sept heures du soir, après un repas composé de pommes de terre et de viande, laisse déposer, au bout de trenle-six heures, un abondant sédi- 131 ment blanchâtre assez dense, formé d'urate d'ammoniaque et d'oxalate de chaux. Idem le 18, le 19, le 20, le 21 , le 22, le 23, le 25 et le 27. Le 29 (pommes de terre et bœuf), l'urine du jour est très-trouble et pèse 1029. Elle s'éclaircit complètement par la chaleur, ce qui prouve que ce trouble est dû à un urate, et on y observe, ainsi ({ue dans celle de la nuit, une grande quantité d'oxalate de chaux. Le 2 novembre (pommes de terre et bœuf), l'urine du soir est acide, claire, et contient une énorme quantité d'acide urique cristallisé, de beaux cristaux d'oxalate de chaux, et quelques prismes de phosphate ammoniaco-ma- gnésien. La coïncidence de l'oxalate avec l'acide urique ou les urates est encore constatée le 3, le 5 et le 9. Un vésicatoire volant est appliqué sur le cœur, et l'on continue toujours la digitale et les bains sulfureux. Quatre jours après, le malade accusant des douleurs de reins plus vives, on applique, sur la région lombaire, des ventouses scarifiées qui produisent un soulagement marqué. L'urine du 15, du 16 et du 17 contient des quantités assez abondantes d'oxalate de chaux, en cristaux réguliers et irréguliers. Le 18, elle renferme une énorme proportion d'oxalate calcaire, avec de nombreux groupes d'urates. C'est à partir de ce jour que, voyant la persistance avec laquelle l'oxalate de chaux continuait à se montrer dans l'urine, on se décida à attaquer di- rectement le symptôme oxalurie. Une bouteille d'eau de Vichy artificielle fut donc prescrite. Le 19 (pommes de terre, bœuf, une bouteille d'eau de Vichy), l'urine pré- sente un dépôt assez abondant, formé d'urates et d'oxalate. Le 23 (pommes de terre, bœuf, une bouteille d'eau de Vichy), l'urine est neutre et très-légèrement alcaline ; elle présente un abondant dépôt blanc, formé de phosphate de chaux amorphe, d'urate en pinceaux, et de très-rares cristaux d'oxalate. Le 24 novembre (choux, bœuf, une bouteille d'eau de Vichy), l'urine des vingt-quatre heures a été recueillie. Celle qui a été rendue vers sept heures du soir et qui représente l'urine de. la digestion, est claire et ne contient qu'un faible dépôt. On y trouve de nom- breux groupes d'urate de soude et beaucoup d'oxalale. L'urine du reste des vingt-quatre heures est acide et contient encore des urates et de l'oxalate, mais en moindre quantité. Même résultat le 25, le 27 et le 28 novembre. Le 31 (pommes de terre, bœuf, une bouteille d'eau de Vichy), l'urine esl alcaline, louche, pesant 1025; le dépôt est formé de phosphate de chaux, et je n'y ai pas du tout trouvé d'oxalate. ^ , i a R A R Yl : Idem le 2 décembre. Le 3 décembre, quoique l'caa de Vichy ait toujours été continuée, jo re- trouve de l'acide uiique et de l'oxalalc dans l'urine de la digestion. Le 4, ce dernier corps a coniplélemcnt disparu, et c'est à peine si j'en trouve des traces dans les urines du 5, du 7, du 9, du 11 et du 12 décembre. Il paraissait évident que l'usage de la solution alcaline avait contribué à liàter la disparition de l'oxalate de chaux des urines; mais pour en mieux juger, on suspendit l'eau de Vichy, et voici ce qui fut constaté. Le 13, le 14, le 15, le IG, le 17 et le 18 décembre, les urines contenaient quelques urates et très -peu d'oxalate de chaux ; mais la proportion de ce sel l'ut trouvée assez considérable dans l'urine du 19 et du 20. Celle du 21 fut trouvée contenir de l'oxalate de chaux, de l'acide urique et beaucoup de spermatozoïdes. Enfin, la proportion d'oxalate de chaux était à peu près aussi considérable qu'avant l'administralion de l'eau de Yichy dans l'urine du 23 et du 24, du 27, du 28 et du 30 décembre; j'ajoute que j'ai toujours noté en même temps la présence de l'acide urique ou des urales en quantité variable. Après la suppression de l'eau de Vichy, nous venons de constater la réap- parition de l'acide urique et do l'oxalate de cliaux dans le produit do la sécré- tion rénale, voyons maintenant ce qui va se passer si l'on administre de nou- veau la solution alcaline. Le 1" janvier 1858, le malade a pris une bouteille d'eau de Vichy artifi- cielle. Son urine est acide et elle contient un dépflt blanc très-abondant de phosphate de chaux, des urates en pinceau et une quantité médiocre d'oxalate calcaire. Le 2 et le 3, continuation de l'eau de Yichy. Le 4 janvier, une bouteille d'eau de Vichy ayant été bue de deux heures de l'après-midi à dix heures du soir, l'urine a été recueillie par fractions dans des bocaux séparés, et voici les résultats que j'ai notés : L'urine de quatre heures du soir est trouble, rougeâtre, très-acide ; elle contient un dépôt abondant d'urate d'ammoniaque et une grande quantité d'oxalate de chaux. Celle de six heures du soir est neutre, et contient encore beaucoup de cristaux de ce sel. Celle de huit heures du soir est i peine colorée, alcaline, et présente un dépôt blanc abondant de phosphate de chaux, avec une petite quantité d'oxa- late. Celle de onze heures du soir est alcaline, son dépôt phosphatique est en- core plus abondant, et on y trouve à peine des cristaux octaédriques. Kudn, celle du leste de la nuit est alcaline, son dépôt phosphatiqueost trôs- ahondanl, et cllo no contient (juc quelques rares cristaux d'oxalate. D'où il résiilto (iu'(.ii prui ^■u qiiolipie sorte suivre la décroissance dore sol, à me- 1 m 100 sure que l'acidité de l'urine diminue et à mesure que le dépôt phospbatique devient plus abondant. L'expérience a été répétée de la mt-me manière le 6 janvier, le 7, le 8, le 11, le 12 et le 15, et les résultats obtenus ont été sensiblement les mêmes. Comme les douleurs rhumatismales avaient disparu et que l'état général était beaucoup meilleur, le malade a quitté le service et a repris son tra- vail. .'VKTniiiïE subaigle; excrétion concomitante doxalate de chaux. Oiis. 11. — Le 20 septembre 1857 est entré à la Charité le nommé X..., at- teint d'un rhumatisme subaigu, localisé dans 1« genou droit. Les mouve- ments de l'articulation étaient douloureux, il y avait de la rougeur et un léger gonllement. Le 20 septembre l'urine contenait d'assez nombreux cristaux d'oxalate de chaux. 11 y en avait encore dans celle du 21, et je n'en constatai plus dans celle du 22. Celle du 23 en contenait de grandes quantités. Dans celle du 24, j'en trouvai quelques-uns mêlés à de l'urate d'ammo- niaque. Môme observation le 25 cl le 30 septembre, le I" et le 2 octobre. Les choses eu étaient la quand le mahule demanda tout à coup sa sortie, el ne permit pas, par Conséquent, de pousser i)his loin l'observation. Je rap]io[le encore ici que j'ai trouvé de l'oxalale de chaux, mais d'une îuanière tout à fait accidcnlelle, dans deux cas do rluinialisme arliculaire aigu, dans un cas de rhumatisme articulaire subaigii, dans un cas de douleurs rhumatismales dues ii l'intoxication par le p!on;!b, et dans un cas de rhumatisme chronique généralisé chez un vieillard, j'ajoute que M. "Walslie en a rencontré aussi dans l'urine de deux femmes atteintes de rhumatisme articulaire de cause ordinaire, el dans l'urine d'un homme qui souffrait d'un rhumatisme articulaire do cause blennorrhagique. Entin, s'il m'est permis de terminer par quelques mois concernant le traitement, je dirai que lorsque dans le rhumatisme articulaire l'urine présente habituellement un dépôt d'oxalate de chaux, l'oxalu- rie peut être, si le médecin le juge convenable, l'objet d'uuc médica- lion particulière, et, dans ce cas, on peut associer avec avantage l'em- 134 pi 01 des alcalis aux auUcs agents thérapeutiques employés contre le rhumatisme. t'UAPITRE TL. DE L'OXALLRIE dans SES RAPPORTS AVEC LA GOUTTE. De tout temps les médecins qui ont soigné des goutteux ont signalé dans leur urine l'existence d'un sédiment hriqueté soit au raomeut du paroxysme, soit au déclin de l'altaque. Cruikshank s'exprime ainsi à cet égard : « Kous avons examiné diverses portions de ce sédi- » ment et nous avons trouvé, en général, qu'il était composé d'acide » lithique, de phosphate de chaux et d'une petile quantité de matière » animale peu soluble dans l'eau. Quelques auteurs ont supposé qu'il » était entièrement composé d'acide lithique, mais cette substance, le » plus souvent, n'en constitue que la moindre partie. » Scudamore en parle longuement dans son Traite de la goutte, et les expériences auxquelles il s'est livré l'ont conduit à penser que le sédiment hri- queté des urines goutteuses est principalement composé d'acide urique combiné avec une matière animale, et que sa couleur dépend d'une petite quantité de phosphates contenus pour l'ordinaire dans l'urine. Plus la couleur hriquetée est foncée et moins le sédiment donne de résidu à la calcination, parce qu'il contient moins de phosphates. Scudamore a observé aussi dans les urines des goutteux des sédiments épais, d'un vert noirâtre, et qui se montraient principalement sous la forme de cristaux. La manière dont ils brûlaient au chalumeau lui a appris qu'ils contenaient de l'oxalate de chaux. C'est là, je crois, la première observation d'oxalurie dans la goutte. Depuis Scudamore, l'oxalate de chaux a été trouvé môle à l'acide urique et aux uratcs dans l'urine des goutteux. M. Owen-llees (l), que j'ai déjà cité, s'exprime à cet égard d'ue manière très-catégorique. « L'oxalurie, dit-il, est un symplùiiic qu'on rencontre chez les gout- » leux, et qui doit s'y montrer très-souvent si l'on en juge par la » fréquence comparative des cas où l'oxalate de chaux a été décou- » vert dans le dépôt. Je me sers de cette expression, découvert dans » le dépôt, parce que l'oxalate de chaux échappe constauiincnl à (l)Owen-Kces, Des maladies calculecsus. 135 » l'observalion (1), tandis que Igs dépôts d'acide uriquc altirenl Tal- » leiilion d;i malade. C'est pour cette seule raison, je crois, que la » relation entre la goutte et l'oxalurie est demeurée si longtemps » inconnue, ou a été révoquée en doute par les gens de l'art. » Quant à savoir si, dans le cas de diathèse goutteuse, l'oxalate de » chaux peut exister seul, ou s'il est toujours mêlé à l'acide urique y> ou aux urates, ou à tous les deux, je puis dire que, chez les sujets » goutteux, je l'ai rencontré tout à lait pur, et rarement mêlé à l'acido » urique ou aux urates. » J'ajouterai, pour appuyer l'opiuion de M. Owen-Ress, quelques mots sur les graviers et les concrétions urinaires des goutteux. Scudamore a examiné un petit calcul rendu par l'urètre d'un gout- teux, et qui contenait à peu près les mêmes éléments que les sédi- ments briquetés, plus, de l'oxalate de chaux. M. Begbie (2) a remar- qué que les concrétions urinaires des goutteux appartenaient souvent à la diathèse oxalique, et il rappelle à cette occasion que Prout in- dique les calculs d'oxalate de chaux comme suivant parfois une at- taque de goutte. 11 annonce en outre qu'il a soigné deux personnes chez lesquelles la goutte s'était développée par voie d'hérédité, et qui ren- daient des graviers d'oxalate. Enfin, c'est précisément du sang d'un goutteux que M. Garrod parvint à extraire une substance cristallisée en octaèdres, et qu'il pensa être de l'oxalate de chaux (3). Quant à moi, j'ai eu un certain nombre de fois l'occasion d'exami- ner des urines rendues pendant un accès de goutte, ou des urines provenant de personnes nées de parents goutteux, et, dans plusieurs cas, j'ai pu constater dans le dépôt la coexistence de l'oxalate de chaux et de l'acide urique ou des urates. M. Rayer a fait souvent la même observation et m'a montré un calcul à noyau d'acide urique, recouvert d'une couche considérable d'oxalate de chaux, qui provenait d'un goutteux. De plus, il m'a communiqué l'observation d'une dame (I) Cette remarque de M. Oweii-Rees s'applique aux observations faites à l'œil nu, car l'oxalate de chaux est très-facilement reconnu dans un sédi- ment à l'aide de riiispcction microscopique. (1) Begbie, De la diathèse oxalique dans la goutte (La Lancette, 1854.) (3) Garrod, Médico-chirurgical Transact.,1849; et Bence Jones, La Lan- cette, 184'J. 136 goutteuse, qui est devenue diabétique, et dont l'urine contenait, à la fois, une quantité notable de sucre, de l'oxalate de chaux et de l'acide urique cristallisé. Comme j'ai déjà établi que les alcalis réussissaient également à faire cesser, ou au moins à diminuer la double excrétion de l'oxalate de chaux et de l'acide urique cristallisé, on les administrera avec succès dans les cas de goutte avec oxalurie. D'ailleurs, l'emploi de ce genre de médicaments a été très-préconisé dans la goutte, qu'elle s'accompagne ou non d'une excrétion d'oxa- late calcaire par les urines. Scudamore, par exemple, conseille les alcalis à l'intérieur et à l'ex- térieur. La préparation à laquelle il accorde la préférence est une so- lution de potasse étendue avec une proportion convenable de lait d'a- mandes récemment préparé. Il l'a appliquée trois fois avec succès sur des concrétions goutteuses récentes, et il a même obtenu, par l'emploi de ce Uniment alcalin, une diminution notable dans le volume de tophus articulaires très-anciens et très-durs, qui s'opposaient complè- tement aux mouvements des doigts. Kn France, M. Rayer a eu plusieurs fois recours aux eaux de Vichy dans le traitement de la goutte avec oxalurie, et celte pratique vient encore à l'appui des faits que j'ai rappelés, et des opinions que je viens d'émettre. J'ajoute, en terminant, que la médication alcaline peut être utile pour remédier au mauvais état des voies digcstives, qu'on observe si souvent chez les goutteux ; elle me parait surtout indiquée quand ils sont sujets à la gravelle, car elle peut à elle seule diminuer notable- ment ou même faire cesser l'expulsion des graviers, et s'opposer, dans la plupart des cas, à la formation, dans les reins ou la vessie, de ces calculs qui ont été signalés chez les goutteux, et qui ont été trouvés composés d'oxalate de chaux pur, ou d'oxalate calcaire mélangé à l'a- cide urique ou à ses composés. C'HAPITRK 1kl. DE L'OXALUniE, DANS SES RAPPORTS .WEC LE DIARÈTE. Proul avait cru reconnaître une étroite parenté entre les urines oxa- li quand on se sert de procédés analytiques qui réclament l'applica- » tion continuée de la chaleur. » Plus loin l'auteur ajoute : « Je ne veux pas laisser supposer que je » ne crois pas que l'oxalate de chaux puisse exister en petite quantité » dans certaines urines qui contiennent des urates. U est indubitable » qu'il se rencontre souvent en même temps que ceux-ci. Seulement, 1 ce que je veux que l'on se rappelle, c'est que quand l'oxalate n'existe » point dans un dépôt urinaire, on peut le faire apparaître par la » chaleur aux dépens des urates... H me semble, dès lors, qu'on ne » peut s'empêcher de conclure, que toutes les fois que l'oxalate de » chaux se trouve dans l'urine, il doit être considéré comme ayant été » produit ap7'ès l'excrétion de ce li(iiiidc, et qu'il n'y a rien qui éta- » blisse l'existence dune diathèse oxalique. » 159 Le savant médecin dont Je viens d'exposer les opinions appuie sa théorie sur les expériences de MM. Wœhler et Frerichs que j'ai déjà rapportées, et sur l'assertion du professeur Lehmann,qui déclare que l'urine du matin mise à reposer pendant quelques heures, contient souvent de l'oxalate de chaux en certaine quantité, tandis que l'urine fraîche n'en présente pas trace. Les vues de M. Owen Rees sont assurément fort ingénieuses, mais le fait fondamental sur lequel elles reposent ne s'accorde point avec les expériences que j"ai tentées et que je rapporte ici. 1° Un échantillon d'urine conservée depuis vingt-quatre heures pré- sentait un dépôt d'acide uriquc cristallisé, sans mélange d'oxalate de chaux, et dont la nature m'avait été indiquée par le microscope. Je l'introduisis à l'aide d'une pipette, ainsi qu'une petite quantité de l'urine dans laquelle il s'était produit, dans deux tubes de môme dimen- sion. L'un des tubes fut chauffé à l'ébullition, l'autre à la température de 30 à 40 degrés, puis je les laissai reposer jusqu'au lendemain. Alors j'examinai de nouveau, au microscope, les deux sédiments qui avaient subi l'action de la chaleur, et je n'y découvris que de l'acide urique cristallisé en beaux losanges, et pas du tout d'oxalate de chaux, quel- que soin que j'aie mis à cette recherche. ?.° Une urine, qui présentait un dépôt abondant d'urate d'ammo- niaque sans oxalate, fut traitée comme la précédente, c'est-à-dire que le dépôt, avec le liquide qui le surnageait, fut introduit dans deux tubes. L'un de ces tubes fut chauffé à l'ébullilion, et l'autre seulement de manière à amener la dissolution de l'urate, puis tous deux furent mis à reposer pendant quarante-huit heures. Au bout de ce temps, j'examinai les dépôts qui s'étaient reformés dans les deux tubes. Dans le tube qui avait été porté à l'ébullition, je découvris de l'urate d'am- moniaque en quantité considérable et de beaux cristaux d'acide uri- que ; dans l'autre tube, je constatai la présence d'urate amorphe, d'u- rate cristaUisé en pinceaux et de quelques cristaux d'acide urique; mais ni dans l'un ni dans l'autre des dépôts, je ne réussis à découvrir un seul cristal d'oxalate de chaux. 3° Un sédiment urinaire, qui contenait de l'acide urique et pas d'oxa- late, fut divisé en deux portions; l'une fut chauffée à l'ébullition, et l'autre fut portée seulement à une température de 30 ou 40 degrés. Toutes deux furent examinées au bout de vingt-quatre heures, et je n'y trouvai que de l'acide urique sans oxalate. 160 ■'l'ilne urine d'enfaat, dont le dépôt était formé prinripaloimMit d'urale amorphe, fut traitée comme je viens de le dire; dans le lubi» qui avait été chautré à rébullilion, je trouvai de l'urate amorplic et pas d'oxalate ; il en fut de même pour h; tube i]ui avait été chaulVé seulement jusqu'à dissolution du sédiment. 5° Une autre urine d'enfant, dont le dépôt était formé d'urate amorphe et d'acide urique cristallisé, sans oxalate calcaire, fut sou- mise à l'opération que je viens de décrire, et je ne rencontrai pas plus d'octaèdres, dans le sédiment qui avait été chauRé, que je n'en avais rencontré avant l'action de la chaleur. 6" Une troisième urine d'enfant, qui contenait du pus et de l'urate d'ammoniaque, fut traitée de la même manière, et l'action de la cha- leur ne fit apparaître aucun cristal d'oxalate de chaux. 7° Un dépôt urinaire, qui ne contenait que de l'acide urique, a été chauffé à l'ébuUition et examiné deux joursaprès. J'ai retrouvé l'acide urique, mais point du tout d'oxalate. 8° Enfin, un malade atteint d'une fièvre typhoïde grave, ayant rendu une urine trouble et qui présentait un sédiment rougeùtre très-abon- dant, formé d'urate amorphe, je le répartis à peu près également dans quatre tubes. Les deux premiers furent chaulTés à l'ébuUition, les deux autres à une basse température, et tous quatre furent examinés après quarante-huit heures. Il me fut facile de retrouver l'urate amor- phe, mais je n'y découvris pas le moindre cristal octaédrique d'oxa- late de chaux. Ces faits démontrent sans aucun doute que l'oxalate de chaux ne peut résulter d'une transformation directe de l'acide urique, d'une métamorphose qui s'opérerait spontanément hors de l'organisme. L'acide oxalique dérive bien réellement de l'acide urique; mais cette transformation exige le concours de Véconomie vivante, et elle ne s'accomplit qu'à la faveur d'un phénomène de combustion ou d'oxy- dation. Or, dans quel point de l'organisme, cet acte peut-il s'accom- plir? Evidemment cela ne peut être que dans le sang; d'où il suit qu'on doit, à un moment donné, retrouver l'acide oxalique ou les oxalates dans la masse sanguine, comme les autres acides organiques qui y ont été signalés. Je dois dire tout de suite, à celte occasion, que le docteur Garrod (1) a fait connaître un procédé, à l'aide duquel il est (1) Garrod, Transac. MÉDico-ciunuRG. de Londres, 1849. DÉcorvEnTK de l'acide oxalique dans le sang. 161 parvenu à extraire de l'acide oxalique du sang. Voici le moyen qu'il emploie : on dessèche le s6rum au bain-marie, et on le fait bouillir avec de l'alcool pour enlever les matières solubles dans ce réactif. On reprend alors le résidu par l'eau, et on évapore celle-ci en consis- tance de sirop très-clair, puis on y ajoute de l'acide acétique, de manière à l'aciduler fortement. S'il y a de l'acide oxalique dans le sé- rum, il se forme des cristaux d'oxalate de chaux, quand le liquide s'est reposé pendant quelques heures. S'il y a de l'acide urique, on le trouve aussi cristallisé au môme moment ; mais il forme un dépôt beaucoup plus lourd que l'oxalate de chaux, et il peut facilement en être séparé. M. Garrod expUque son procédé, en disant qu'un oxalate soluble pourrait exister dans la solution aqueuse provenant du sérum du sang, sans être capable de décomposer la chaux, qui existe dans cette même solution unie aux phosphates. Mais en concentrant la li- queur et en l'acidulant avec de l'acide acétique, le sel de chaux se sépare du composé protéique qui le tenait sans doute en dissolution, et alors il est décomposé par l'oxalate soluble, avec formation et pré- cipitation d'oxalate de chaux insoluble. Je n'ai point expérimenté le procédé que conseille le docteur Garrod, de sorte que je n'ose me prononcer sur sa valeur réelle ; mais lors môme qu'on ne réussirait point, en l'appliquant, à isoler l'acide oxa- lique du sang, il se pourrait néanmoins que ce corps y existât, sinon toujours, au moins d'une façon temporaire ; et s'il en était ainsi, les reins ne feraient que l'y puiser, pour l'expulser ensuite de l'économie avec les urines. 11 me reste à expliquer le phénomène que M. Owen Rees a invoqué en faveur de sa théorie, et qui a été signalé par le professeur Lehmann, à savoir que quand une urine est fraîche, ou peut n'y pas trouver d'oxalate de chaux, tandis que dans le même liquide conservé pen- dant un jour ou deux, on découvre quelquefois de nombreux cristaux de ce sel. Ce fait est parfaitement exact, et je l'ai vérifié de deux manières. Trois heures après avoir mangé une certaine quantité d'oseille, j'ai recueilli mon urine dans un flacon, et je l'ai examinée au microscope presque immédiatement. J'ai commencé à y découvrir quelques cristaux d'oxalate, avant même qu'elle fût complètement refroi- die ; mais j'étais obligé pour cela de me livrer à une recherche aussi minutieuse qu'attentive, tandis qu'au bout de vingt-quatre heures, MÉM. 11 162 les octaèdrGS se trouvaient en grand nombre dans chaque prépara- lion. D'aulru pari, ayant recueilli une aulre portion d'urine dans un se- cond tlacon, je l'examinai au microscope au bout de cinq ou six heures, pour m'assurer qu'elle contenait bien de l'oxalate de chaux, puis je la tillrai avec soin à travers un papier, et le lendemain, je sou- mis à l'examen microscopique le liquide qui avait été filtré. J'y trou- vai encore des cristaux d'oxalate ; or évidemment ils n'avaient pu passer à travers les pores du papier, et ils avaient dû se déposer dans le liquide, après la filtration. Mais l'explication de ce fait est facile : il ne s'agit point ici d'une décomposition des urates, opérée dans le vase où l'urine a élé conser- vée. C'est tout simplement un phénomène de dissolution. L'oxalate de chaux n'est point soluble, il est vrai, dans l'urine, dans les conditions ordinaires; mais quand ce liquide sort du rein, l'oxalate de chaux s'y trouve en quelque sorte à l'état naissant, et on comprend très-bien qu'il puisse être dissous à la faveur d'autres principes (des acides, par exemple) qui existent avec lui dans l'urine, et qui s'y trouvent aussi à l'état naissant. Seulement, quelques heures après que l'urine a été rendue, l'oxalate se précipite graduellement, par suite des chan- gements qui s'opèrent dans ce liquide. Ainsi donc, en résumé, c'est dans la masse sanguine qu'il faut cher- cher la source de l'acide oxalique qui est excrété parles urines. C'est là que les reins le puisent tout formé, comme ils y puisent l'acide urique et l'urée, et il se produit dans le torrent circulatoire, aux dé- pens de l'acide urique ou de ses éléments. CONCLUSIONS. Les faits que j'ai consignés dans le cours de ce travail me permet- tent de formuler les propositions suivantes : 1" L'oxalate de chaux est un corps qu'on peut rencontrer passagè- rement dans l'urine de l'homme sain, à tous les ùges et ù toutes Jes périodes de la vie. 2'* Il y apparaît surtout eu proportion plus ou moins considérable, sous riniluonce de certains aliments, et de certains médicaments. 163 3° On i\'ncontre assez rrcqucmment l'oxalato de chaux dans l'urine de l'homme malade. L'oxalurie n'est point une entité morbide, mais un symptôme commun à des aiïections très-diverses. Néanmoins, l'oxalurie a été observée plus souvent dans la spermatorrhéc et dans certaines maladies du système nerveux, notamment dans la dys- pepsie. 4" Il y a un corps qui accompagne très-fréquemment l'oxalatc de ciiaux dans les sédiments urinaires, aussi bien que dans la gravelle et les calculs; ce corps, c'est l'acide urique cristallisé. 5" Le rapport qu'on avait voulu établir entre l'oxalurie et le diabète ne saurait être admis. 6" La coexistence, très-commune dans l'urine et les concrétions uri- naires, de l'acide urique et de l'oxalate de chaux, me paraît éclairer la formation de l'oxalate calcaire au sein de l'organisme. 7° L'acide oxalique (et par suite l'oxalate de chaux) semble dériver de Facide urique; il paraît résulter d'une combustion plus avancée de ce dernier corps ou des éléments qui devaient servir à te consti- tuer ; de telle sorte que, toutes les fois qu'il y a, dans l'économie, de l'acide urique ou des éléments propres à le former, il peut se produire de l'acide oxalique, sous l'inlluence d'une oxydation plus complète, ou au moins d'un phénomène analogue, qui se produit dans le sang. 8» L'oxalurie ne réclame pas d'autre traitement que celui de la con- dition physiologique ou morbide à laquelle elle est hée. Aussi a-t-on conseillé les médications les plus variées pour la combattre : 1" s'ab- stenir des aliments et des médicaments qui contiennent de l'acide oxa- lique; 2° faire usage de petites doses d'acide nitro-muriatique, dans une infusion amère et tonique, ou bien de nitrate d'argent (dans la variété d'oxalate en sablier) ; dans certains cas du colchique, ou bien encore du phosphate de chaux, etc 9" J'ai constaté que les eaux minérales alcalines constituaient le moyen le plus eftlcace à opposer à l'excrétion de l'oxalate de chaux , surtout quand il y a coïncidence de dépôt d'acide urique, condition qui me paraît la plus fréquente de toutes. DES PRINCIPES RATIONNELS DE LA MIMIODE ET DE LA PHÏSIOGNOMOMOIIE, Par M. le Docteur Th. PIDERIT. Mémoire lu à la Société de Biologie, dans sa séance 37 août 1859, Les idées exposées ci-après sont le résumé d'un travail que je viens de publier en allemand, sous le titre d'EpuNosAETZE der Mimik und Physiogno- MicK (Brunswick, 1858), et dans lequel j'ai cherché à donner une base ration- nelle à la science mimique et physiognomonique. Ce sujet, quoiqu'il soit un des plus intéressants, a été complètement négligé par les hommes de science. Tous confessent qu'il est impossible d'établir des principes relatifs aux ex- pressions mimiques et physiognomoniques de la figure. Le seul qui ait donné une attention sérieuse à l'étude des expressions phy- siognomoniques, c'est Lavater ; mais ses idées ont été condamnées par la science, parce qia'elles ne se fondent pas sur des bases physiologiques, mais sur des hypothèses, des suppositions et des raisonnements vagues. Mes recherches sur les mouvements mimiques sont limitées aux muscles de la figure, de même que mes observations sur les expressions physiogno- moniques. Je n'examinerai pas quelle importance peuvent avoir pour le physiono- miste les formes solides de la tète ; je n'examinerai pas non plus si la cou- leur des cheveux et des yeux, si la grandeur de la bouche ou des oreilles, si un nez aquilin ou retroussé permettent quelque induction sur les qualités de l'âme. Je crois que les seules parties du corps humain qui admettent une telle induction sont celles qui se trouvent sous l'influence immédiate et ra- tionnelle de l'âme. Ces parties, se sont les muscles et principalement les muscles nombreux de la figure. 166 Si quelques muscles du visage se contractent souvent, sous l'inlluence de quelque passion ou de quelque travail mental, alors ils acquièrent une cer- taine prépondérance sur les autres muscles de la figure et forment peu à peu ce qui s'appelle l'expression physiognomoniquc du visage. L'expression mimique, quand elle est devenue liabituelle, constitue l'expression pbysio- gnomonique. Trouvons donc une base rationnelle pour la mimique, et noug l'aurons trouvée aussi pour la physiognomonique. Mais avant d'examiner les effets, il faut se rendre compte des causes ; avant d'examiner les mouvements mi- miques de la figure, il faut examiner les dispositions de l'âme qui les pro- duisent. Pour cette raison, il m'a été nécessaire de donner, dans la première par- lie de mon livre, un précis psychologique. J'ai établi une hypothèse sur les fonctions du cerveau, qu'il serait trop long d'expliquer ici en détail. J'in- diquerai seulement que j'ai cherché à établir des analogies entre les fonc- tions du cerveau et celles de la moelle épinière. Je crois qu'on peut consi- dérer les nerfs de la moelle épinière et des sens comme les racines du cerveau qui, en entrant et en se déployant dans la cavité du crâne, forment les organes du cerveau. Cette hypothèse n'est pas arbitraire, quand on sait que les fibres des nerfs, en entrant dans le crâne, se perdent dans la masse du cerveau, sans souffrir aucune interruption dans leur continuité. Encore une autre considération m'a décidé à prendre ce chemin pour éclaircir le mécanisme obscur du cerveau. On sait que le crâne, dans les premières périodes de son développement, n'est qu'une partie de la colonne vertébrale, et que les os du crâne ne sont que des vertèbres développées. Or, comme dans les os du crâne, ou peut reconnaître encore la forme pri- mitive des vertèbres, ainsi dans les fonctions du cerveau, on peut distinguer les facultés primitives de la moelle épinière et des nerfs des sens. Dans le cerveau, la substance nerveuse acquiert des facultés supérieures, idéales ; mais dans ces fonctions on peut découvrir facilement des analogies avec les fonctions des organes et de la moelle épinière. Sur ces analogies, j'ai essaye d'établir une base physiologique pour la psychologie. De même que la fa- culté réflexe est la source principale de toutes les actions de la moelle épi- nière (considérée comme centre nerveux), de même je crois que, dans le cerveau, une faculté réflexe est la base et la source des actions de cet or- gane. Mais je ne rcproduinii de celle llK'orii' ([ue les considérations absolument nécessaires pour établir les principes de la mimique et de la physiognomo- nique. l.e fondement de toutes les idées, de toules les abstractions qui se forment dans le cerveau, se sont les impressions ro(;iies et apportées par les sens. 167 Or chaque sens possède la faculté d'être impressionné ou harmoniquement ou dcsharmoniquement (si vous me peruiellez d'employer ce mot). L'abstraclioH des impressions liarmonicpies donne dos idées agréables; l'abstraction des impressions désharmoniques donne des idées désagréables. Plus une idée est devenue abstraite, plus cette idée se dépouille des impres- sions sensuelles qui lui ont donné naissance. Mais si cette idée porte un caractère agréable, alors ce caractère ne peut être que l'abstraction d'un certain nombre d'impressions harmoniques. C'est pour cette raison qu'on éprouve des impressions imaginaires dans les sens, chaque fois que l'àme est émue par quelque idée agréable ou dés- agréable; et ces sensations imaginaires nous excitent à faire des mouve- ments, comme si ces sensations avaient été réelles. Si notre âme est frappée par une idée agréable, alors nous faisons des mouvements musculaires, comme si nous voulions aider une impression harmonique des sens ; si notre àme est frappée par une idée désagréable, alors nous faisons des mou- vements musculaires comme si nous voulions repousser une impression désharmonique des sens. Voici les affections de l'âme, que j'appelle passives, et voici la source prin- cipale des mouvements mimiques. La seconde, ce sont les affections actives, les passions. Alors les mouve- ments mimiques qui en résultent ne se rapportent plus à des sen.^at ions imaginaires, mais à des objets imaginaires. La troisième source des mouvements mimiques, c'est le travail de la ré- flexion. Il s'accompagne de mouvements qui se rapportent aussi à des objets imaginaires. Voici les trois axiomes fondamentaux de mon travail. Je les donne sans les prouver, parce qu'il serait trop long de répéter les raisons principales sur lesquelles je les ai fondés. Dans la seconde partie de ma brochure, j'ai examiné : 1» Les mouvements mimiques, qui sont en rapport avec le sens de la vue; 2° Les mouvements mimiques, qui sont en rapport avec le sens du goût ; 3» Ceux qui sont en rapport avec le sens de l'odorat ; 4° Ceux qui sont en rapport avec le sens du toucher. Le sens de l'ouïe n'influe que très-peu sur les mouvements mimiques, parce que son action est peu aidée par des appareils musculaires. Les sen- sations imaginaires de l'ouïe s'expriment par des interjections, dont j'ai parlé d'une manière assez détaillée dans ma brochure. Après avoir détaillé les mouvements mimiques d'une classe, j'ai toujours étudié leurs combinaisons, en ajoutant, l'un après l'autre, les Irails mimi- ques de la classe antérieure. Comme l'expression physiognomonique du visage n'est que la conséquence 168 des expressions mimiques, les réflexions sur la mimique sont toujours suivies de réflexions relatives à la science physiognomonique. Pour donner une idée exacte des principes établis dans la seconde partie, sur les expressions mimiques et pliysiognomoniques de la figure, je serais obligé de présenter et d'expliquer tous les dessins qui s'y trouvent. Mais pour montrer comment j'ai traité ces questions, je donnerai ici un extrait d'un des chapitres de la partie appliquée de mon travail. Je prendrai le neuvième chapitre qui traite de l'expression qui accompagne la sensation de la saveur amère. Quand on veut goûter quelque chose, alors on presse la surface de la langue contre le palais, parce que sans ce frottement les nerfs du goût ne réagiraient que d'une manière incomplète. Or quand le sens du goût est désharmoniquement impressionné, on éloigne le palais de la langue, et au même temps on éloigne la lèvre supérieure de la lèvre inférieure autant que possible. Cela se fait par la contraction des muscles élévateurs de la lèvre supérieure et de l'aile du nez, et voici l'ex- pression de la figure qui en est l'effet. (Fig. I.) On observe cette môme expression aussi, et comme signe d'une sensation imaginaire du goût, quand l'âme est frappée par une idée très-désagréable. J'ai expliqué, dans la première partie, que la sensation imaginaire se fait voir toujours plus facilement aux sens, qui sont plus continuellement en activité et qui sont mieux pourvus de muscles. Pour cette raison, les mou- vements mimiques se font plus facilement aux yeux qu'à la bouche, et si l'impression d'une idée désagréable sur l'âme n'est pas très-forte, on con- tracte seulement les muscles sourciliers, comme si la vue avait été blessée par une lumière très-intense ; mais si l'efTet d'une idée désagréable est très- fort, alors on contracte aussi les muscles élévateurs de la lèvre supérieure, comme si le sens du goût avait été désharmoniquement impressionné. (Fig. II.) Passons à présent aux combinaisons de l'expression de l'amertume avec quelques autres expressions mimiques. Les plis horizontaux du front apparaissent quand on fixe son attention vi- vement sur quelque chose ou sur quelque idée. Eh bien 1 quand l'expression de l'amertume est combinée avec des plis horizontaux, la figure a l'expression d'une personne qui fixe son attention sur des idées pleines d'amertume. (Fig. 111.) Si les yeux ont l'expression de l'extase, pendant que dans la bouche appa- raît l'expression de l'amertume, alors on voit que l'âme est ravie par une idée sublime, et encore en même temps par quelques réflexions ayant de l'amertume. (Fig. IV.) Dans un des chapitres antérieurs, j'ai parlé de l'expression de l'efl'roi dans les yeux et sur le iront. Les plis horizontaux du front indii|nent une sensa- 169 tion imaginaire et désharmonique de la vue, les plis horizontaux indiquent une attention vive. Fig. I. Fig. II. Fig. III. Maintenant, si l'on ajoute encore l'expression de l'amertume, alors l'ex- pression de l'effroi arrive à son plus haut degré. (Fig. V.j L'expression de la rage est semblable; seulement on serre en même temps les dents. Ce mouvement est expliqué par les réflexions que j'ai faites anté- rieurement sur les affections actives de l'âme et sur les mouvements muscu- laires qui se rapportent à des objets imaginaire^. (Fig. VI). Fig. rv. Fis. V. Fis. VI. 170 Passons maintenant aux traits physiog'noraoniques produits par les mouve- ments mimiques souvent répétés. Quand on trouve, dans un visage, le trait pliysioguomonique de l'amer- tume, alors on doit croire que cet homme est souvent aigri. Mais distin- guons bien. Les causes de ces chagrins peuvent être ou objectives ou sub- jectives, c'est-à-dire la cause peut être une irritabilité extraordinaire de l'âme, ou le concours de circonstances malheureuses. Si ce trait physiognomonique est peu marqué, alors on le reconnaît dans la partie supérieure des rides, qui s'étendent des ailes du nez aux angles de la bouche. C'est au point de l'insertion des muscles élévateurs de la lèvre su- périeure et des ailes du nez que ces vides sont singulièrement marques. Quand ce Irait est plus développé, alors la lèvre supérieure est un peu élevée aux points de l'insertion des mêmes muscles. S'il est plus prononcé encore, le milieu de la lèvre supérieure est un peu retroussé, s'il est très-marqué, alors les ailes du nez sont en même temps un peu élevées. Mais ce trait physiognomonique peut se former aussi sans avoir aucune si- gnification intellectuelle. Des personnes dont les yeux sont très-faibles et très-irritables, les serrent très-souvent convulsivement, Alors, comme les muscles orbiculaires de l'œil sont entrelacés avec les fibres des muscles élé- vateurs de la lèvre supérieure, ces derniers muscles sont attirés chaque fois que les muscles orbiculaires se contractent fortement, et c'est comme cela qu'une maladie des yeux peut produire dans la bouche le trait physiogno- monique de l'amertume. Ajoutons maintenant au trait de l'amerlume quelques autres traits physio- gnomoniques. Si ce trait se trouve avec des rides horizontales sur le front, alors on a af- faire à un homme qui a l'habitude de fixer son attention sur des idées amères (Dg. III). Les rides horizontales pourraient être aussi un signe de bonté ou d'un signe de curiosité ; mais dans une figure portant le trait physiognomonique de l'amertume, ces deux suppositions sont peu pro- bables. On trouve plus souvent, avec le trait de l'amertume, des rides perpendi- culaires au front. Cet homme est facilement aigri; il sera probablement un mauvais compagnon (fig. II). Au reste, si les rides horizontales sont généra- lement l'elTet de soufirances ou de colères, il ne faut pas oublier qu'elles peu- vent être aussi le signe d'un penseur profond. Si, avec ce trait se combine une bouche serrée, alors on a alTaLrc à un es- prit aigri et entêté ou aigri et réservé. Voici la manière dont je me suis servi pour étudier les questions de la mi- mique et de la physiognomonique. Je serais heureux si je parvenais à fixer l'attention dos houimes scienlifi- 171 ques sur un sujet trop longtemps négligé, abandonné aux charlatans, et qui pourtaul est d'uue importance incontestable. Ce ne sont pas seulement la physiologie et la psychologie qui sont pro- fondément lulércssées dans celle discussiou, ce sont encore, et surtout les arls qui en prolitcraicnt. L'n artiste qui veut donner à ses ligures l'expression d'une certaine pas- sion n'a pas d'autre ressource que les observations naturellement incom- plètes qu'il a pu faire sur les iiommes. U travaille instinctivement ou plutôt empiriquement. Aujourd'hui, sil'on pouvait réussir à trouver les lois qui régissent les mou- vements mimiques de la figure, un artiste pourrait facilement, et avec une exactitude complète, créer les expressions mimi(iucs les plus compliquées, selon les règles données. Quant à la physiognonomique, je n'ai pas besoin de parler de l'intérêt qu elle aurait pour tout le monde. U est vrai qu'une physiognomonique fon- dée sur la mimique ne pourrait jamais donner des renseignements aussi complets sur le caractère de l'homme, comme Lavater l'a prétendu ; mais, néanmoins, il y a une foule d'observations dont un homme intelligent sau- rait profiter. J'en donnerai un exemple. C'est un fait incontestable qu'un chagrin, qu'une colère produisent sur le front des plis horizontaux, qui ne disparaissent pas sitôt que la colère est passée ; ils restent encore des heures entières. Supposons maintenant le cas que l'on tienne beaucoup à trouver une per- sonne de bonne humeur pour lui communiquer ou pour solliciter quelque chose. Avant de parler, qu'on observe bien son front. Si l'on y trouve des rides perpendiculaires que l'on n'y avait pas observées avant, ou si ces rides sont plus prononcées que d'habitude, on doit s'abstenir et laisser sa commu- nication pour un autre jour. Cet homme a eu quelque dépit, quelque colère; on trouverait un esprit impatienté, des oreilles sourdes ! DIFFORMITÉ CONGÉNITALE DES OMTRE EXTRÉMITÉS; LUXATIONS, ATROPIIES; RÉUNION DES PARTIES DIVISÉES PAR LA MÉTHODE DE M. JULES CLOQUET; Observation présentée à la Société de Biologie, dans sa séance du 12 novembre 4859 ; Par m. le Docteur L. GAILLARD , Chirurgien de l'Hôtel-Lieu de Poitiers. A. . . , âgé de deux mois, est né avec une déformation congénitale des deux pieds et des deux mains. Ses parents des deux côtés sont bien portants. La mère a éprouvé une vive frayeur vers le sixième mois. Sa grossesse a été laborieuse, compliquée de vomissements et de mouvements convulsifs. Examen du jeune malade le 1" août 1855. Main droite. Le pouce est libre, le petit doigt libre, l'index semi- palmé avec le médius, le médius palmé avec l'annulaire. Ce médius est plus petit, plus court que les deux doigts voisins, on le dirait arti- culé sur la tête du quatrième os du métacarpe et non sur celle du troisième. La première phalange de l'annulaire est doublée de volume et semble supporter deux doigts. Main gauche. Elle est divisée par une grande scissure : d'un côté le pouce normal palmé avec l'index, la première phalange de cet index est normale, la deuxième luxée sur la première et renversée en dehors 174 de telle sorte que ce doigt fait un Z, et plié sur lui-même va se ca- cher sous l'extrémité du pouce. De l'autre côté de la grande fente de Pl. I. — Main droite. la main sn trouve le médius renversé; la deuxième phalange est luxée sur la première, et la troisième va se cacher sous le petit doigt. Le médius est semi-palmé avec le petit doigt. L'annulaire est rudimen- taire et ne consiste qu'eu une première phalange confondue avec celle du médius, Pn':n gauche. Le pouce est libre, mais la deuxième phalange est un peu divisée en dehors. Les deux doigts suivants manquent et sont réduits à un tubercule mousse. Les deux derniers doigts sont réunis en un seul orteil ornée de deux ongles à son extrémilé. Le gros orteil est séparé de tous les suivants par une profonde division qui aug- mente et bâille quand l'enfant fait des mouvements. Nous remarquons que la dernière pbalange du petit orteil est fortement fléchie sous le pied. 175 Pied droit. Le pouce est tout à fait normal. Trois orteils manquent et sont remplaces par un tubercule. Le petit orteil est normal, mais Ll. II. — Main gauche. la dernière phalange est fléchie à angle droit. Le pouce est séparé des autres doigts par une scissure qui s'étend jusqu'au milieu de la plante du pied et au delà des têtes des métatarsiens. En résumé, l'aspect des pieds est celui-ci : un gros orteil très- développé, véritable pouce fort mobile et opposable ; un petit orteil crochu à la base duquel se trouve un gros tubercule représentant trois orteils confondus dans un développement incomplet. Entre le gros et le petit orteil une grande scissure de 25 millimètres de pro- fondeur, qui s'élargit comme la pince d'un homard et bâille à tous les mouvements que fait l'enfant : il y a là un organe de préhension remarquable. On dirait que les pieds ont été soumis à un effort de divulsion qui les a partagés en deux parts : trois orteils couchés sur le petit doigt se sont soudés et confondus avec lui. A la main gauche, affection ana- logue ; divulsion violente des deux moitiés de la main. L'index a été tiré sur le pouce et palmé jusqu'à son extrémité; la seconde pha- 176 lange luxée sur la première. D'autre part, le médius a été renversé sur l'annulaire, qui s'est confondu avec lui. La deuxième phalange du médius a été luxée sur la première. Ll, III.— Pied gauche. Pl, rV. — Pied droit. Nous croyons utile d'instituer le traitement suivant : 1" Enlever les phalangettes des petits orteils qui, recourbées sous le pied, gêneraient la marche; 2° Réunir les deux .'•oiliés divisées de chaque pied par la cautérisa- tion successive de la scissure qui les sépare, suivant le procédé de M. Gloquet (hépheslioraphie) ; A. La pince formée par le bout des pieds s'ouvrant largement à chaque contraction musculaire constitue une difformité et ne permet pas de porter une chaussure ordinaire; 3" Séparer le pouce et l'index du côté droit en dédoublant le repli 177 de peau un peu lai'ge qui les unil el retroussant un des feuillets cuta- nés de ce pli sur chacun des doigts ; 4" Essayer, par des bandages, le redressement des doigts luxés; 5° Enlever le médius gauche s'il s'atrophie davantage, ou le séparer de son voisin, s'il prodte. Nous avons de notre mieux exécuté ces diverses opérations. La phalangette a été excisée avec une forte paire de ciseaux; la plaie s'est promptement cicatrisée. A plusieurs reprises, nous avons cautérisé l'angle de chaque scis- sure ; une fois avec le caustique ; les autres fois avec un stylet de bois trempé dans l'azotate d'argent. Les deux lambeaux du pli cutané unissant le pouce et l'index se sont bien retournés chacun de leur côté, et appliqués sur les doigts correspondants. Les bandages n'ont eu aucune influence sur les doigts déviés. Le traitement a duré deux mois. Pendant la première année, l'enfant a eu, à plusieurs reprises, de fortes convulsions, souvenir de celles qui l'avaient affligé pendant la vie intra-utérine. Cependant il s'est développé, et voilà le résultat de notre traitement. La réuniim des orteils est assez étendue pour que l'enfant puisse porter des souliers étroits et marcher sans aucune gêne. L'index est resté séparé du pouce; les doigts luxés sont toujours dans le même état ; mais l'enfant s'en sert avec adresse. L'intelligence est bien dé- veloppée. Quand on a sous les yeux une seule difformité, on peut se per- mettre, comme le faisaient nos devanciers, une foule d'hypothèses sur l'origine de cette lésion organique et l'attribuer soit à la pression de la matrice sur le fœtus, soit à une maladie du système osseux, ou toute autre cause locale ; mais en présence de cet enfant leurs idées ont peu de valeur. Une cause locale aurait-elle agi simultanément et de la môme façon sur les quatre, extrémités de manière à produire des lésions semblables dans ces diverses parties? Gela nous paraît difficile à croire. Des affections similaires si éloignées les unes des autres s'ex- pliquent au contraire, suivant la théorie de M. Guérin, par une lésion d'un point du système nerveux central, affection transmise aux cor- dons qui en dérivent, puis aux muscles des quatre extrémilOs d'où sont résultés des spasmes, des rétractions, et par suite divulsion et MÉM. 12 17S luxation des phalanges, pression cl adhérenct; des orteils les uns sur autre.s, soudure de deux ou trois orteils en un seul, atrophie, etc. Une circonstance remarquable, c'est la scissure profonde qui existe aux deux pieds, entre les pouces et les autres orteils ; à la main gau- che, entre l'index et le mt'dius : de telle sorte que ces deux moitiés du pied et de la maip, qui reçoivent des nerfs dillerents, sont tirés et rétractés en sens inverse. Nous avons vu que la mère avait eu des convulsions pendant sa grossesse, et que pendant la première année de sa vie, l'enfant a été atteint de convulsions à plusieurs reprises. REMAROIIES SUR LA. DIATHÉSE HÉMORRHÂGIQDE QUI SE MANIFESTE QUELQUEFOIS DANS LE COURS DE LA PHÏHISIE PULMONAIRE ET DANS D'AUTRES AFFECTIONS AIGUËS OU CHRONIQUES lues à la Société de Biologie, Par M. le Docteur E. LEUDET , Professeur titulaire de clinique médicale à l'Ecole de médecine de Rouen, médecin en chef à l'Hôtel-Dieu. etc. M. Charcot publiait, il y a quelques années, dans les Comptes rendus DE LA Société de biologie (sér. II, v. IV, p. 126, année 1857), une note sur le purpura hœmorrliagica et la tuberculisalion générale aiguë. Rappelant les recherches de Rokitansky et de Wallcr, notre collègue écrivait : « Quelque rares que puissent être les cas dans lesquels le purpura hiuraorrhagica se lie à la phthisie aiguë, nous ne pensons pas cependant qu'on puisse voir dans la coïncidence de ces deux aiïections reffet d'une coïncidence fortuite. » Cette note de M. Charcot m'avait paru énoncer des vérités intéressantes et utiles pour la pratique; aussi, ayant cousullé mes observations recueillies antérieurement, étais-je convaincu, comme lui, que la tuberculisalion peut détenniner une altération profonde du sang qui se traduit par un purpura huMnor- 180 rhagica et des hémorrhagies dans divers organes ; depuis deux an- nées, de nouveaux faits sont venus confirmer cette opinion, et je crois aujourd'hui, avec M. Gharcot et dautres médecins, que la tuberculi- sation peut être une cause de purpura. Mais cette diathèse hémorrhagique appartient-elle à la forme aiguë de la plilhisie ou également à la tuberculisation chronique ? M. Louis (Traité de la phthisie, p. 517, 2* édit., 1843) rapporte l'observation d'un malade atteint de phthisie pulmonaire, chez lequel une exacer- bation aiguë de la maladie fut accompagnée, peu de temps avant la mort, du développement de taches lenticulaires bleuâtres aux mains et aux pieds. A l'ouverture du cadavre, mon savant maître constata l'existence d'une caverne dans un poumon et de tubercules miliaires dans une grande étendue des deux organes et même dans des viscères étrangers à la cavité Iboracique. Ces lésions étaient identiques à celles qu'on observe dans la plupart des phthisies aiguës; en effet, comme Laennec l'avait déjà indiqué et comme je l'ai vérifié également ail- leurs (Recherches sur la phthisie aiguë chez l'adulte, thèse inaug. Paris, 1851), la tuberculisation miliaire aiguë survient le plus souvent chez des sujets portant, depuis un temps plus ou moins long, des tu- bercules arrêtés momentanément dans leur développement. Wood (A TREATisE ON PRACTiCE OF MEDiciNE, V, II, p. 285. Philadelphie, 2' éd., 1849) admet une influence plus générale encore des tubercules sur la production de la diathèse hémorrhagique, puisqu'il écrit que l'hémop- tysie dans la phthisie dépend souvent de l'altération générale du sys- tème qui précède lu tuberculisation, plutôt que de l'état local. MM. Ril- liet etBarlhezne sont pas moins aflirmatifs relativement à l'inllueuce de causalité de cet accident chez les enfants phlhisiques; ils écrivent, en etlel (Traité des mal. des enfants, v. U, p. 317, 2* édit., 1853) : « Le purpura simplex secondaire complique quelquefois des afl'eclions aiguës; dans la majorité des cas, il se développe, dans le cours des maladies chroniques, des entérites, des a/feclions tuberculeuses, ou chez des sujets profondément débilités. » El ailleurs {Ibid.^ p. 294).... « Les maladies dans lesquelles nous avons rencontré le plus souvent l'apoplexie pulmonaire sont les tubercules pulmonaires ou bronclii- ques, les varioles hémorrhagiqucs, la scarlatine, la néphrite, la pueu- monie, etc. » A côlé de ces opinions catégoriques, émises dogmatique- ment par deux auteurs dont nous connaissons tous l'exactitude en matière d'observation et d'analyse médicales, je citerai des faits où 181 cette diathèse hémorrhagique se manifesta dans le cours d'une Ijiber- culisation pulmonaire. M. Rayer (Traiti'î des maladies delà peau, v. III, p. 539, 2' édit., 1835) a fail connailre un fait qu'il résume ainsi : Tu- bercules pulmonaires, pneumonie et péritonite chroniques; purpura caractérisé par des épistaxis, par des bémorrhagies sous-culanées sous-muqueuses, sous-pleurales, etc. ; mort. Chez un malade dont l'his- toire est rapportée par M. Andral (Clinique médicale, v. IV, p. 150, 4* édit., 1840), une tuberculisation pulmonaire arrivée à sa dernière période se compliqua d'un épanchement sanguin dans le poumon, sans hémoptysie, et d'une hémorrhagie intestinale dont l'existence fut constatée à l'autopsie. Cette courte revue bibliographique, que je n'ai pu rendre complète, suffit pour prouver que cette disposition hémorrhagique, dans la phthisie pulmonaire, n'avait pas échappé à nos prédécesseurs ; cepen- dant elle mérite d'être élucidée. On sait, et je m'ensuis convaincu par de nombreuses recherches, que le souffle anémique est rare dans la phthisie, même à sa période cachectique, quand il n'y a pas eu préa- lablement de pertes de sang abondantes. Cela contredit-il la prédispo- sition que nous cherchons à attribuer à la phthisie ^ Nullement. De- puis quelques années, les recherches d'hématologie se sont singuliè- rement multipliées, et l'on a prouvé que, dans la cachexie, il y avait place, à côté de l'aglobulie, à d'autres altérations proportionnelles des éléments du sang : la leucémie, la mélanémie, etc. N'y aurait-il pas, chez les phthisiques, quelque modification du liquide sanguin analo- gue ou comparable à la leucémie ou la mélanémie? Nous pouvons af- firmer que le sang ne présente pas cet aspect ; mais l'étude clinique t'ait prévoir qu'il existe quelque altération encore inconnue. Sans pouvoir déterminer en quoi consiste cette altération, nous re- montons facilement à sa cause et nous trouvons, comme dans la plu- part des recherches modernes qu'une altération d'un solide a précédé l'altération du sang. C'est, du reste, ce qui a déjà fait diminuer consi- dérablement le nombre des cas de purpura dits idiopathiques. Ainsi donc, admettre une diathèse hémorrhagique comme consécu- tive à la tuberculisation, c'est chercher à étendre les notions géné- rales que l'observation clinique nous a enseignées dans les temps mo- dernes sur l'étiologie des altérations du sang. Celte relation une fois admise, et je crois pouvoir venir à l'appui des opinions déjà citées par de nouveaux faits cliniques, j'aurai à étu- 182 dier dans quelles conditions de la tiiberculisation celte diathése se manifeste, si c'est la forme aiguë qui y prédispose exclusivement ou plus spécialement; en outre, je chercherai à établir quelle iniluence cette diathése, une fois produite, exerce sur la marche de la lésion primitive, de la tuberculisation. Je vais essayer d'abord de décrire, par des observations, cette dia- thése héiliorrhagique, me réservaut ensuite de la comparer avec les hémorrhagics diatliésiques qui se produisent dans d'autres maladies chroniques. PLEURÉSIE tuberculeuse; TUBERCULISATION PULMONAIRE, AVEC AMAIGRISSE- MENT ; AMÉLIORATION ET RÉAPPARITION DE LKMBONPOINT PENDANT SIX MOIS ; RECRUDESCENCE DE LA PHTUISIE A FORME AIGUE ; HÉMORRHAGIES SOUS-CUTA- NEES, SOUS-MUQUEUSES IINGUALE, INTESTINALE, NASALE ; MORT. Ubs. I. — Hamelin (Caroline-Anne), âgée de 20 ans, ouvrière en parapluies, entre quatre fois, en 1855 et 1859, dans ma division, à l'Hôlel-Dien.D'nne faible santé iiabituelle, elle a été atteinte, à l'âge de 10 ans, d'une afTection tlioraciqnc aiguë, et à 13 d'une scarlatine ; la menstruation s'otablit à 16 ans, mais fut toujours irrégulière ; leucorrhée habituelle, angines fréquentes. A l'âge de 18 ans, pendant une suppression des règles, qui dura vingt mois, hémoptysie de sang rutilant peu abondant. A 20 ans, ainaigi isscmciit, plu- sieurs amygdalites terminées par abcès, pour lesquelles elle entra en janvier, judlet et aoîit, à l'Hôtel-Dieu de Rouen, dans ma division. A la fin de juillet, Hamelin commença à tousser et présenta quelques râles sibilants dans la poitrine, en même temps une pleurésie dans la moitié in- férieure postérieure gauche; pleurésie sèche et accompagnée de frottement pendant plusieurs jours, puis avec épanchement très-peu abondant. Sortie. Le 13 août, Hamelin fui reprise, après une course assez longue, d'une re- crudescence de la douleur dans le côté gauche du thorax ; la dyspnée avait alors augmenté, ainsi que l'amaigrissement; matité plus marquée dans la moitié inférieure postérieure gauche du thorax, souille profond et égo|)liouie dans ce point; en outre, je constatai une diminution légère de son aux deux som- mets en avant et en arrière, une expiralionrude, bronchique, avec une respi- ration rude sous la clavicule gauche, avec râles sifllants et sonores secs. L'é- pancliemenl pleurélique, traité parles vésicaloires, la teinture d'iode à l'ex- térieur, les dirirétii|ucs : digitale, etc., diminua grailu'llemeiil; au counnen- cemcnl de septembre 1858, on entendait du frollenient pleurélique niaiiitesle et pcrc ptible à la main à toute la base du cOté gauche du thorax. Afl'aiblis- sement, pâleur et amaigrissement, souille anémique très-fort dans les vais- seaux du col. (Huile de foie de morue, etc.) Hi-raclin quiUy l'Hôtel-Dieu le 1 i septembre 1858. Je la revis un mois plu^ 183 tard ; clic avait riepris de l'émbonjibint, né toussait pins et travaillait ; cepen- dant elle soulTrait toujours du côté gauche du thorax. Hamelin rentre a l'hôpital le 17 mars 1869. Depuis sa sortie, elle avait été atteinte d'un nouvel abcès d'une des amygdales; la tou.\ avait considérable- ment augmenté depuis le commencement du mois; expectoration purulente abondante ; même matilé dans la moitié inférieure postérieure gauche; ma- tité aux deux sommets en avant et en arrière, avec affaiblissement de la res- piration, surtout à gauche; l'expiration est presque bronchique à gauche; râles sibilants et sous-crépitants nombreux des deux côtés de la poitrine eu avant comme en arrière ; quelques-uns sont sous-crépitants lins, le plus grand nombre ronflants. Le 13 avril 1859, hémoptysie d'environ un demi-verre de sang clair, spu- meux, se renouvelant plusieurs fois pendant trois jours. (Infusion de grande consoude ; s. g. avec extrait de ratanhia, 4 grammes; deux paquets de seigle ergoté de chacun 1 gramme ; 0,10 d'extrait d'opium.) Le 14, plusieurs petites taches ecchymotiques apparaissent sous la peau, au col et sur la face externe des membres ; ces taches ne dépassent pas le diamètre d'une pièce de 20 centimes. Dans la matinée du 16, l'hémoptysie cesse, mais il survient dix selles san- guinolentes, rougeàtres, sans caillots, affaiblissement extrême de la malade. (S. g. avec acétate de morphine, 06,03 ; 2 granules de digitaline; glace à l'in- térieur ; vin de Malaga ; un quart de lavement avec 12 gouttes de laudanum et 4 grammes d'extrait de ratanhia.) L'hémorrhagie intestinale cesse le même jour; mais le purpura cutané augmente. Le 17, l'hémoptysie se reproduit, mais non abondante; mêmes ecchymoses sous la muqueuse buccale. Le 18, à quatre heures et demie, épistaxis qui se répète pendant presque toute la journée et nécessite le taponnement de la fosse nasale gauche en avant. L'urine présente une couleur assez foncée, et donne, par la ch;deur et l'acide nitrique, un léger précipité d'albumine , ce qui n'existait pas au commencement de la maladie. (Pilules de cachou, d'extrait de ratanhia et d'alun.) Le 19, les hémorrhagies ne reparaissent pas. Au commencement de mai, affaiblissement marqué, douleurs dans le tho- rax, souffle aux deux sommets avec bronchophonie ; râles sonores dans le tho rax, ayant pris aux deux sommets un timbre presque caverneux; mômes symptômes à la base gauche; l'adynamie et l'amaigrissement augmentent, mais il ne se manifeste aucune nouvelle hémorrhagie. Le 23 mai, Hamelin , presque mourante, quitte l'Hôtel-Dieu sur sa de- mande. Elle succombe en ville le 26 mai 1859. 184 Je n'ai malheureusement pas pu pratiquer l'autopsie ; cependant les symptômes généraux et locaux sont assez marqués pour per- mettre d'affirmer que la tuberculisation pulmonaire a été la cause initiale de tous ces accidents. La dialhèse hémorrhagique s'est mani- festée au moment de la recrudescence aiguë de la plilhisie et s'est traduite par des hémorrhagies pulmonaires, nasales, cutanées, intes- tinales. Ces hémorrhagies ont laissé la malade dans un état de fai- blesse telle que le rétablissement n'a pu s'effectuer et qu'elle a suc- combé au bout de quelques jours. Cette observation est la plus intéresante que je possède ; les autres ne présentent pas une diathèse aussi grave; cependant je crois devoir en donner ici une brève analyse. PHTHISIE PULMONAIRE A MARCHE RAPIDE ; HÉMORRHAGIE INTESTINALE ULTIME ; MORT ; TUBERCULES JAUNATRES RAMOLLIS AUX SOMMETS j TUBERCULES MI- LIAIRES NOMBREUX ; PÉRITONITE TUBERCULEUSE ; ULCÈRE SIMPLE DE l'ES- TOMAC. Obs. II. — Michel Grivoux, âgé de 56 ans, fileur, entre le 31 janvier 1855 àl'Hôtel-Dieu de Rouen, salle I, n* 13, dans ma division. Habituellement d'une bonne santé, il n'a jamais fait de maladies f^raves et n'était pas sujet aux rhumes. Le début appréciable de la maladie ne remonterait qu'à cinq se- maines. Depuis cette époque, toux continue, expectoration purulente dif- fluente assez abondante, pas de sueurs nocturnes, ni d'hémoptysie; travaU suspendu depuis le début de la maladie. A l'entrée, je trouve Grivoux dans l'état suivant : face pâle, affaiblissement, maigreur marquée; matitc aux deux sommets en avant et en arrière, dans le tiers supérieur; respiration broncho-amphorique au sommet droit en arrière, bronchique et moins mar- quée au sommet gauche ; quelques râles sous-crépitants épars, absence de diarrhée; appétit. (Lichen, huile de foie de morue, deux portions, deux vins.) Pendant le commencement de février 1855, Grivoux demeure dans le même état. Le 18 février, après avoir éprouvé quelques coliques, il rend une selle sanguinolente de sang rutilant qu'on peut évaluer à un tiers de litre. A la visite du matin, coma, face pâle, yeux à demi clos, quelques soubre- sauts de tendons. Mort le 18 f('vrior â dix heures et doniip du matin. Le poumon gauciie présentait des tubercules eu masse jaunâtre, comnien- rant à se ramollir au centre, entourés d'un tissu i)ulmonairc grisâtre ferme; les deux lobes inférieurs sont criblés de tubercules miliairesdenii-lranspa- 185 rents, situés au milieu d'un tissu pulmonaire engoué ; les mêmes lésions, mais à un degré moindre, existent dans le poumon gauche. Péritonite tuber- culeuse sèche; tubercules millaires en grand nombre sur le péritoine viscé- ral et pariétal. L'estomac qui renfermait un peu de liquide vineux, offrait près du grand cul-de-sac et le long de la grande courbure un ulcère super- ficiel parfaitement circonscrit de la muqueuse, sans rougeur ou induration des bords; ramollissement du reste de cette membrane. Du sang, d'un rouge noirâtre, était contenu dans l'intestin grêle, dans une longueur d'un mètre au-dessus de la valvule iléo-cœcale; quelques suffusions hémorrhagiques au-dessous de la muqueuse, sans trace d'ulcération ou de tubercules. Les autres organes étaient sains. Cette observation présente avec la précédente quelques points d'analogie ; dans ce dernier cas encore, la plithisie a suivi dans sa dernière période une marche aiguë, qui n'offrait pas d'abord un dan- ger immédiat, quand est survenue l'hémorrhagie intestinale, cause immédiate de la mort. Le fait que l'hémorrhagie a eu lieu exclusi- vement par la voie du tube digestif est encore assez rare, cette va- riété d'hémorrhagie ne se manifestant le plus souvent que chez les malades qui ont présenté déjà des héraorrhagies par d'autres surfaces muqueuses, celle des bronches ou la pituitaire. Le fait que je viens de relater vient aussi à l'appui de l'opinion que j'ai citée plus haut, émise par quelques auteurs, que ladiathèse hémorrhagique est pres- que propre à la forme aiguë de la tuberculisalion. On verra par quel- ques-unes des observations suivantes que cette opinion est trop ex- clusive. PHTHISIE PULMONAIRE A MARCHE CHRONIQUE ; RECRUDESCENCE DEPUIS UN MOIS ; HÉMOPTYSIE ultime; MORT; CAVERNES; TUBERCULES MILIAIRES EN PETIT NOMBRE ; HÉMORRHAGIE DANS L'ÉPAISSEUR D'UN DES MUSCLES GRANDS DROITS DE l'abdomen. Obs. III. — Antoine Pagis, âgé de 26 ans, cordonnier, entre le 16 octobre )856 àl'Hôtel-Dieu de Rouen, salle I, n* 1, dans ma division. D'une bonne santé habituelle, Pagis ne se rappelle pas avoir fait de maladies graves jus- qu'il y a deux ans ; à cette époque, il fut atteint de toux avec amaigrisse- ment, et resta plusieurs semaines dans une des salles de l'Hôtel- Dieu; il se remit parfaitement de cette maladie, recouvra son embonpoint et put re- prendre ses travaux habituels sans éprouver aucun malaise. Il y a un mois environ, hémoptysie de deux cuillerées à bouche de sang rutilant ; depuis cette époque, malaise, sueurs, douleurs entre les épaules, amaigrissement. Au moment de l'entrée, je constate une matité dans tout le tiers supérieur 186 droit du tliorax eu avaut et eu arrière, un peu moins étendue au sommet gauche ; respiration broucho-amplioriiiue dans ces deux points, avec bron- cliophonie; râles sous-crépitaiils épars dans tout le reste de laliauteur dn poumon droit; po'ils à 92 ; chaleur de la peau ; quchiues selles diarrhéiques; amaigrissement, faiblesse, pas d'hémorrliagie. La lièvre continue pendant tout le mois d'octobre. Au commencemciit de novembre, le gargouillement était plus marqué dans la partie supérieure du poumon droit; des râles sous-crépitauts s'étaient produits au sommet du gauche, mais ne se ren- contraient pas à la buse. Du 10 au 12 novembre, quatre hénioptysies d'un verre environ de sang ru- tilant ; météorisme abdominal, même diarrhée. Affaiblissement progressif. Mort le 20 novembre. A l'autopsie, je trouve sous le muscle grand droit de l'abdomen, du côté droit et dans son épaisseur, du sang rougeâtre non coagulé qui soulève le péritoine; aucune apparence de déchirure vasculaire. Poumon droit intime- ment adhérent à la plèvre, présentant au sommet plusieurs cavernes tuber- culeuses, à parois lisses et épaisses. Induration grisâtre de tout le lobe supérieur; dilatations bronchiques dans les lobes supérieurs et moyen; tu- bercules railiaires dont quelques-uns jaunâtres au centre, d'autres gris demi- transparents dans le lobe inférieur qui est engoué sans friabilité. Poumon gauche très-adhérent; cavernes tuberculeuses à son sommet; plus bas plu- sieurs points d'infiltration tuberculeuse jaunâtre. Le lobe inférieur du pou- mon est sain. Plaque récente et molle de péricardite à la surface antérieure du ventricule droit du cœur, sans épanchement. Cœur sain. Les autres or- ganes sont dans l'état normal; la tin de l'inteslin grêle présentait plusieurs follicules saillants et de petits tubercules eu masses jaunâtres au-dessous do la muqueuse, au niveau des plaques de Peyer. Ce dernier fait présente quelques analogies avec les précédents; la phlhisie a encore offert deux périodes : une première manifestation, puis au bout de deux antiées une recrudescence fébrile; la dialhèse hémorrhagique ne se traduit ici que par deux localisations : l'une, la plus fréquente, est l'hémoptysie; l'autre, relativement beaucoup plus rare, est celle que l'autopsie a fait constater dans l'épaisseur des muscles grands droits de labdomen. En revenant plus loin sur ces diverses manifestations de la diathése hémorrhagique dans la phlhi- sie, je montrerai que je n'ai guère rencontré ces hémorrhagies mus- culaires que dans deux maladies, la tuberculisaliou et la lièvre ty- phoïde à forme hémorrhagiciue. 187 PHTHISIE PULMONAIRE CHRONIQUE ; DIARRHÉE ; ECCHYMOSES SOUS-CUTANÉES ; DÉLIRE ULTIME ; MORT. Obs. IV. — Guicliaux (l'aul-Edouardi, âgé do 20 ans, entre le 28 mai 1858 à l'Hôtel-Uieii de Rouen, salle 9, ii" 14, dans ma division. D'une faible santé jusqu'à l'âge de 9 ans, Guicbaux ne se rappelle pas avoir fait de maladies graves ; il s'était bien porté toute l'année 1857 et n'avait pas discontinué son travail; en août de cette année, hémoptysie de sang rutilant peu abondante, sans aucun état de maladie et ne se reproduisant pas depuis. Guichaus fait dater sa maladie du mois de janvier 1858 ; depuis lors toux fréquente, amai- grissement, fièvre surtout le soir, diarrhée fréquente. Depuis le mois de mai soullrance continue, impossibilité de travailler, lièvre, peu d'appétit. A l'en- trée, je trouve Guichaux maigre, affaibli; affaissement du thorax sous les deux clavicules, bruit de pot fêlé à droite, matité absolue à gauche; gar- gouillement etsouffle broncho-amphoriqueauxdeux sommets -, pectoriloquie , râles sous-crépitants assez forts, épars dans les deux poumons jusqu'aux deux bases ; diarrhée avec quelques coliques. (Gou)me sucrée, julep gom. avec 15 gouttes de teinture d'aconit; une portion.) Les jours suivants, le malaise persiste, mais Guichaux se lève un peu et descend dans la cour : la diarrhée cesse momentanément et reparait en- suite. Le 31 juillet, Guichaux présente un peu d'œdème aux membres inférieurs; pas d'albumine dans l'urine. An commencement d'août, on constate quelques ecchymoses peu larges sur les jambes œdématiées, aucune autre bémorrhagie. Le 6 et le 7 août, coma, délire par moments. Mort le 7 août, à six heures du soir. Autopsie. — Adhérences du poumon droit dans toute son étendue ; vastes cavernes au sommet situées au milieu d'un tissu induré; tubercules miliaiies grisâtres et jaunâtres dans toute l'étendue de l'organe, au milieu d'un tissu engoué. Poumon gauche adhérent seulement au sommet ; tubercules ramollis au sommet, au milieu d'un tissu induré; tubercules miliaires grisâtres et jaunes dans tout le reste du poumon, un peu moins nombreux en avant qu'en ar- rière. Ulcérations tuberculeuses de la fin de l'inteslin grêle; quelques-unes de ces ulcérations atteignent j lu'à la (unique musculaire; elles s'étendent jusque dans l'appendice iléo-cœcal. Les autres organes sont sains. La marche de la tuberculisation pulniùnaire a été relativement moins rapide dans ce t'ait que dans les précédents ; cependant la durée 188 totale de la maladie fut encore moindre que dans la plupart des cas chronique?. Ce fait est encore curieux par l'appareil fébrile qui ac- compagna la période ultime delà maladie et l'abondance du produit tuberculeux dans les poumons; il en est de même du délire ultime qui, lui aussi, comme je pourrais le démontrer par mon expérience clinique, d'accord avec les résultats de m.on savant maître M. Louis, se montre surtout quand il existe un appareil fébrile marqué et pro- longé. Ces circonstances démontrent donc que, dans ce cas, la marche de la maladie a été plus aiguë que d'ordinaire ; aussi, dans cette der- nière observation, les pétéchics sous-cutanées se sont-elles rencon- trées dans des circonstances à peu près identiques. Chez ce malade, la diathèse hèmorrhagique ne s'est manifestée que vers un seul organe, l'enveloppe cutanée externe. PHTHISIE PULMONAIRE A MARCHE CHRONIQUE ; HÉMOPTYSTES RÉPÉTÉES ET DE LONGUE durée; hémorrhagie intestinale ultime; mort; hémorrhagie DERRIÈRE UN DES MUSCLES GRANDS DROITS DE L'ABDOMEN. Obs. V.— Perchel (Charles), âgé de 57 ans, serrurier, entre le 11 juillet 1855 à l'Hôtel-Dieu de Rouen, salle 1, n« 3, dans ma division. Perchel a été atteint, il y a quinze ans, d'une affection thoracique avec douleurs du côté droit de la poitrine qui dura sept mois; pendant son cours, il eut plusieurs hémopty- sies de sang rutilant. Il fut traité alors par trois ou quatre émissions san- guines générales ; il se rétablit de cette maladie et recouvra l'embonpoint qu'il avait perdu. Depuis un an, affaiblissement graduel devenant assez pro- noncé pour rendre la marche difficile, toux, oppression habituelle; huit jours avant l'entrée à THôtcl-Dieu, nouvelles hémoptysies de sang rutilant, abon- dantes et continuant encore au moment de l'admission dans mes salles. A celte époque, le malade était amaigri ; dépression de la paroi antérieure delà poitrine sous les deux clavicules, principalement à droite; matitéaux deux sommets, avec respiration bronchique et râles sous-crcpitants ; mêmes râles épars dans le reste du poumon. L'hémoptysie qui durait encore à l'entrée ne consistait qu'en un petit nombre de crachats rutilants spumeux, qui ne cessent qu'au bout de six jours, malgré l'administration du tannin, de la li- monade sulfurique et de l'extrait de ratanhia ; puis il survient de la diarrhée, quatre à six selles sans coliques ; sinudtancment le malade accuse de la dou- leur de tète, quelques bourdonnements d'oreilles, des sueurs abondantes nocturnes, accidents qui coïncident avec un état fébrile permanent. Au bout d'un mois de scjonr, les crachats sanguinolents reparaissent, mais le sang y est peu abondant. Perchel quitte rihMcl-Dicu, mais y rentre de nouveau au bout de vingt-six 189 jours atteîQt d'ime hémoptysie qui disparaît au bout de quatre jours, sous l'influence de la limonade suUuriquo et du seigle ergoté administré à l'intérieur. La faiblesse du malade étant alors très-grande, j'administre Oj30 de limaille de fer pendant un moiL;. Pendant ce traitement, l'adynamic semble diminuer, mais les râles sous- crépitants et la matité augmentent aux deux sommets des poumons ; de la diarrhée reparait à la fin de novembre 1855, et ne cède que vers le 20 dé- cembre ; simultanément les forces diminuent chaque jour. Le 16 janvier 1856, Perchel rend involontairement plusieurs selles mêlées de sang rutilant; ces selles sanguinolentes se répètent le lendemain; coma. Mort le 18 janvier 1856. Autopsie. — On trouve derrière les muscles grands droits de l'abdomen et soulevant le péritoine pariétal sans le rompre, un épanchement de sang noir liquide; le muscle lui-même n'est pas altéré. Aux sommets des deux poumons tubercules très-nombreux, jaunes, ra- mollis, sans trace de cavernes ; poumon non engoué, mais un peu Induré; tubercules miliaires épars dans le poumon droit jusqu'à la base. Les autres organes sont sains. Ces observations que je viens de transcrire sont les pins remarqua- bles que j'aie recueillies à l'Hôtel-Dieu de Rouen. Pour donner une idée complète de ces localisations liémorrhagiques dans la phthisie pulmonaire, j'aurais à transcrire plusieurs autres cas d'apoplexies capillaires sans tubercules concomitants dans le cerveau, accident rare également, mais que j'oserai presque considérer comme une autre manifestation de la mèuie diathèse héraorrhagique, plutôt qu'un accident fortuit sans relation aucune avec la maladie principale. En réunissant ces observations, je compte, sur 244 cas de phthisie pulmonaire sur lesquels je possède des notes suffisamment détaillées : 9 cas d'hémorrhagies se manifestant par une autre organe que par le poumon; tous se sont terminés par la mort. Ce résultat, qui est du reste également celui de la plupart des auteurs, prouve que les hé- morrhagies que je nomme diathésiques par opposition aux hémor- rhagies localisées dans le poumon, siège du dépôt tuberculeux, sont d'une extrême gravité. Je pourrais peut-être ranger dans la catégorie des hémorrhagies diathésiques quelques hémoptysies survenant au début de la tuberculisation pulmonaire, car ces hémorrhagies ne peu- vent être, dans ce cas, attribuées à une cause locale, à l'action des tubercules sur les vaisseaux du poumon. En effet, comme le dit l'.IO M. Louis (Recherches sur la phthisie, p. 'i^l, 2' édit., 1841), riié- moptysie qui débute avec les tubercules ou les accompagne dans leur cours, ne peut être attribuée à une congestion ; à proprement parler, elle tient à une disposition inappréciable dans sa nature, dont les tu- bercules sont la circonstance la plus importante, la plus nécessaire, la condition pour ainsi dire indispensable. C'est donc pour éviter toute discussion que j'élimine Tliémoptysie, me réservant de revenir plus loin sur la fréquence de ces hémorrhagies au début ou dans le cours de la tuberculisation pulmonaire. Le siège de l'hémorrhagiediathésique varie: je l'ai notée cinq fois par l'intestin, deux fois dans les muscles de la paroi abdominale, deux fois dans la peau, trois fois dans le cerveau, une fois par le nez, une fois par les urines. Le plus souvent l'hémorrbagie siégeait simul- tanément dans plusieurs organes ; ainsi je l'ai observée en même temps par le nez, l'intestin et dans la peau ; une autre fois par le tube digestif et dans les muscles. On ne saurait s'étonner, dans cet exposé de la fréquence des héraorrbagies suivant les organes, de voir figurer en tête do la liste les hémorrhagies intestinales, eu égard aux ulcéra- tions nombreuses et profondes que la phthisie détermine dans l'intes- tin grêle. Cependant si la fréquence de l'hémorrbagie intestinale est incontestable, il n'en est pas de même de la vérité de l'explication qui se présente d'abord à l'esprit. En effet, ces hémorrhagies existent le plus souvent sans ulcérations simples ou tuberculeuses visibles à l'œil nu. D'où il faut manifestement conclure que la cause de l'hé- morrhagie n'est pas l'érosion d'un certain nombre de vaisseaux au fond d'un ulcère de la muqueuse; mais celte disposition, attribuée peut-être gratuitement par les humoristes aux altérations qualilatives du sang, qu'ils font avec une certitude si grande suinter à travers les membranes. Je n'ai pas besoin tic dire qu'avec tous les auteurs mo- dernes, je regarde cette théorie do l'exhalation, de la transsudatiou du sang comme un non-sens. L'hémoptysie abondante répétée pourrait être regardée comme une cause de ces hémorrhagies généralisées ; cette supposition est encore gratuite. H est vrai que chez certains malades, les selles sanguino- lentes, les épistaxis surviennent à la suite d'hémoptysies répétées; mais il n'en est pas toujours ainsi, car, sur mes neuf malades, deux n'avaient eu aucune hémoptysie ni au début ni dans le cours de la phthisie; par contre, trois malades présentèrent de nombreux cra- l'.ll chements de sang à la (in, (1(mix vin grand nombre au commencement et à la tin de la maladie. La forme et la marche de la tiiborculisation pulmonaire semble exercer une inllnence plus grande sur la prédisposition aux hémor- rbagies. Déjà M. Waller dans un excellent mémoire anqnel j'ai fait de nombreux emprunts dans ma Dissertation inaugurale (Rechekches SUR LA PHTHisiE AiGUE CHEZ l'adulte, Paris, 1851), avait indiqué cette relation de causalité. M. Charcot [loc. cit.) émet dubitativement la même opinion; je peux venir déposer en faveur de cette manière de voir : sur les 9 cas que j'ai observés, sept fois la tuberculisation était aiguë, sinon dans tout son cours, au moins dans sa dernière période. Après une première manifestation d'accidents lents et latents, mais assez caractérisés ponr révéler le début de la maladie, l'état de santé était revenu complet, et ce n'était qu'après un laps de deux, quatre et même quinze ans que se manifestaient de nouveaux accidents aigus. Je n'ai pas hésité à ranger ces cas au nombre des exemples de mani- festations aiguës, suivant en cela, comme je l'ai indiqué dans un autre travail {Thèseinaug.), l'opinion de Laënnec qui n'admettait guère de phthisies aiguës d'emblée, mais des recrudescences aiguës. Dans les nou- velles observations recueillies depuis neu f ans, rien ne m'a fait abandon- ner celle opinion, si juste comme presque toutes celles que professait le célèbre inventeur de l'auscultation. Je n'ai trouvé dans aucun cas de lésions exclusivement miliaires; ces petites masses grenues existaient en même temps que d'autres tubercules plus avancés, et même des cavernes. Sans nier, bien entendu, la phthisie miliaire d'emblée, je crois pouvoir dire que, en général, la diathèse iiémorrhagique se manifeste surtout dans les recrudescences aiguës d'anciennes phthisies primitivement chroniques. Deux cas font exception, c'est l'observa- tion de deux malades chez lesquels la tuberculisation pulmonaire parcourut les phases ordinaires de la forme chronique saus aucune exacerbation aiguë. Ce que jai dit plus haut de la gravité de la complication, permet de prévoir que l'hémorrhagie dialhésique est, en général, ultime, puis- qu elle précipite la terminaison fatale de la maladie. J'ai vu dans six cas la mort survenir un ou peu de jours après l'hémorrhagie. M. Monneret (Des hémorrhagies survenant dans les maladies du FOIE, Archiv. génér. DE MÉD., sér. 5, t. III, 1854) attribue à un état congés tionnel subinflammatoire du foie, les épistaxis qui surviennent quelquefois chez les tuberculeux, et il cite à celle occasion plusieurs laits emprunt-'S à sa propre i)rali(iuc. Je n'ai pu constater dans mes observations la relation indiquée par le savant médecin de l'iiùpital Necker. Comme la plupart des auteurs, à l'exception de MM. Wallcr, Rayer, Gharcot, Haberslion ( Obseuvations on diseases of the alimentary canal), ne mentionnent pas ces hémorrhagies multiples dans le cours de la tuberculisation pulmonaire. J'ai voulu savoir si la fréquence relative de ces accidents dans mon expérience personnelle tenait à une fréquence plus grande de la prédisposition hémorrliagique dans la population de la ville de Rouen relativement à Paris. Pour cela, j'ai cherché à déterminer statistiquement si l'hémoptysie chez les tubercu- leux était plus fréquente à Rouen qu'à Paris. M. Louis {loc. ciQ écrit qu'il a rencontré l'hémoptysie 57 fois sur 87 cas ou dans les deux tiers. Je ne l'ai rencontrée que 144 fois sur 245 cas, ou 81 fois sur 110 cas de mort, et 63 fois sur 128 cas de malades non décédés, proportion infé- rieure à celle de mon savant maître, et bien plus inférieure à celle de M. Walshe (Diseases of the lungs and heap.t, London, 1851), qui dit l'avoir rencontrée à Londres dans 81 cas p. 100. 11 ressort donc de cette comparaison que le crachement de sang n'est pas plus fréquent à Rouen qu'à Paris dans le cours de la tuberculisation pulmonaire, au contraire, d'après mon observation personnelle, l'hémoptysie serait plus rare à Rouen. J'ai constaté, comme M. Louis, qu'il est exceptionnel de constater dans la phlhisie des récidives des hémoptysies ; ainsi je n'ai observé que 32 fois ces récidives sur 245 cas, ou 20 fois sur IIG cas de mort et 12 fois chez 128 malades non décédés. Je ne pourrais conclure de ces résultats que la répétition de l'iiénioptysie imprime à la tuberculisa- tion une marche plus rapide. M. Louis n'a pas observé que les ma- lades qui avaient craché plusieurs fois du sang eussent présenté une terminaison plus prompte que ceux qui n'en avaient expectoré qu'une fois. M. Walohe {loc. cil., p. 382) professe la même opinion. M. Th. Thompson (Clinical lectures on pulmonary consumpïion, p. 38, 1854) est encore plus optin)iste relativement aux hémoptysies, car il dit: ,, v. VI, p. 574, 1855). L'oblitération des canaux biliaire? par des calculs, ai-je dit plus haut, peut être aussi une cause de production de la diathèse hémor- rhagiqiie; je l'ai prouvé par ma propre expérience et je citerai encore, à l'appui de cette proposition, les faits de R. Rright (Guy's hosp. Re- ports, V. V, p. 298, obs. 12), de M. Andral (obs. -'i9), de M. Durand Pardel (Recherches sur les altérations anatom.de la vésicule biliaire. Archiv. gén. de méd., 1841, p. 480), eulîri celui de M. Bouisson (De La BILE, p. 138). J'ai à dessein insisté sur la fréquence âeè hémorrhàgies datis les maladies du foie, afin de montrer d'avance par inductioii clinique que la diathèse hémorrhagique que j'ai, comme fous les médecins, notée dans les maladies du cœur, est très-probablement occàsiormée par l'affection du foie épiphënomène de celle du cœur. M. Mohrieret a catégoriquement rapporté à cette cause la diathèse hémorrhagique constatée par d'autres auteurs; on pourri en juger par le passage sui- vant {loc. cit., p. 651) « A une période en général assez avancée des maladies du cœur, on voit apparaître quelquefois l'ictère et l'épislaxis; on peut être alors sûr que le foie est congestionné ou atteint de cir- rhose vraie, complication qui est beaucoup plus rare que la conges- tion hépatique avec laquelle on a à tort confondu la cirrhose. Nous n'hésitons pas à dire que ces hémorrhagies, observées d'ailleurs assez rarement dans les maladies du coeur, sont favorisées dans leur déve- loppement par la maladie du foie et particulièrement par la cirrhose ou par les congestions en partie mécaniques qui en sont très-distiucles. Dans les deux cas le sang gêné dans son cours subit plus tard une mo- dification dans sa composition chimique. » Depuis les recherches de Bright, Hallmann, Frerichs, etc., on a con- staté dans les caractères analomiques et révolution morbide de la cir- 199 rhose du foie les caractères d'une phlegmasie ; aussi quand on se rap- pelle que l'altération du foie dans les maladies du cœur a été également rattachée aux phlegmasies, comprend-on facilement la cause de la fré- quence des hémorrhagles diatliésiques dans la cirrhose et dans les ma- ladies du cœur coniplicpiées d'une lésion du foie. Conclusions. — 1° Des hémorrhagles apparaissent quelquefois simul- tanément dans le cours de laphthisie pulmonaire dans plusieurs or- ganes. Ces écoulements de sang peuvent se manifester isolément ou simultanément par l'intestin, par le nez, dans les urines, dans les mus- cles ou à la surface de la peau. 2° Ces hémorrhagles sont quelquefois assez abondantes pour mettre en danger la vie des malades. 3» Elles surviennent en général à une période assez avancée de la phthisie, surtout dans la forme aiguë ou dans les recrudescences aiguës de phthisies antérieurement chroniques ou latentes. Cependant cette règle n'est pas absolue, car on les observe aussi, mais plus rarement, dans la forme chronique. 4° La diathèse hémorrhagique n'est pas due à une plus grande pré- disposition aux hémoptysies, car ces malades n'en ont pas présenté de plus nombreuses ou de plus abondantes que les sujets qui n'ont pas eu d'hémorrhagies diathésiques. 5° Les phthisiques de la localité ne présentent pas plus souvent d'hé- moptysies que ceux observés à Paris ou à Londres. 6° Ces hémorrhagles diathésiques n'ont guère été observées par moi que dansla pleurésie chronique, le cancer du médiastin antérieur, les maladies du foie, celles du cœur compliquées de maladies du foie, les lésions du rein. 7° Ce sont les maladies du foie et la cirrhose en particulier dans les- quelles ces hémorrhagies surviennent le plus souvent. NOTE SUR LES GLANDES LACRYMALES, Ine i la Société de Biologie, dans sa séance du 29 mai 18S8, Par M. le docteur B. BÉRÂUD, Ghirnrgien des liôpitanz. Au moyen de divers acides, et plus spécialement de l'acide acétique, nous avons cherché à connaître la structure de la glande lacrymale. Nous sommes arrivés à des résultats qui modifient beaucoup les des- criptions classiques, et que nous avons, depuis plus de deux ans, eu l'honneur de communiquer à la Société de biologie. En nous basant sur ces recherches très-nombreuses, longtemps poursuivies, et qui doivent faire le sujet d'un mémoire spécial, nous diviserons les glandes lacrymales en deux classes. Dans la première classe nous mettrons les glandes lacrymales qui font partie de la conjonctive, et nous les ap- pellerons glandes lacrymales conjouctivales ou intrinsèques. Dans la deuxième classe, nous plaçons les glandes lacrymales qui, tout en se déversant sur la conjonctive, peuvent en être isolées facilement : ce sont les glandes lacrymales orbilo-palpébrales ou extrinsèques. Nous ne voulons décrire ici que les glandes lacrymales de cette dernière classe. Or ces glandes se divisent à leur tour en quatre groupes, qui sont : le groupe orbitaite, le groupe palpébral, le groupe ociilo-palpébral supérieur et le groupe oculo-palpébral inférieur. 202 1» GROUPE ORBITAIIŒ. Nous désicrnons sons ce nom ht jïI&tkJo lacrymale proprement dite. Cette partie iJilarjdairc a reçu de notre part dans notre première com- munication le nom de groupe orbilaire, parce qu'elle est située plus ou moins profondément dans l'orbite. Pendant longtemps on u'a pas conuu d'autre glande lacrymale que ce groupe, (pii constitue donc la glande lacrymale des auteurs. Situation. — Là glande lacrymale proprement dite est située sur le côté externe de l'orbite dans une fossette dite lacrymale. Là, elle est logée dans une capsule fibreuse, qui l'isole complètement des autres parties molles de l'orbite. La fossette lacrymale est creusée sur la par- tie antéro-externe de l'orbite : aussi, quand la glande lacrymale est augmentée de volume, on peut en faire l'exploration, soit a travers la paupière, soit par le cul-de-sac conjonctival. Néanmoins, le plus sou- vent cette exploration ne sera fructueuse que lorsque la tuméfaction sera considérable. Chez quelques sujets même, ainsi que nous l'avons maintes fois constaté, cette glande se prolonge très-profondément en arrière, et peut arriver jusque vers les insertions du muscle droit ex- terne; cela se voit surtout chez les jeunes sujets. Il résulte de cette disposition que l'extirpation de cette glande sera toujours plus ou moins difficile. Nous reconnaissons cepetidant volontiers que cette glande hypertrophiée tend à se porter en avant, et que dès lors cela favorise son extirpation. Volume.— Son volume est égal à celui d'une petite noisette. Toutes choses égales d'ailleurs, cette glande est plus grosse chez l'enfant de 8 à 10 ans que chez l'adulte. Forme. — Sa forme est celle d'un gros haricot, dont le bile serait tourné en avant, un peu en bas et en dedans. C'est par ce hile que sortent les canaux de la glande. Par la dissection dans l'acide acétique, on ne tarde pas à voir que cette masse, unique au premier abord, peut se séparer en deux lobes, et c'est dans la scissure qui existe entre les deux divisions que lui viennent ses vaisseaux et ses nerfs. Quand cette glande se prolonge beaucoup en arrière, elle n'a plus cette forme ar- rondie, elle s'allonge et ressemble alors à un rectangle irrégulier, qui rappelle un peu la disposition du pancréas. Rapports. — En dehors et en haut, cette glande est en rapport avec le périoste de l'orbite, qui tapisse la fossette lacrymale. En dedans et en 203 bas, la glandfi lacrymale est en rapport avec le muscle droit externe, qui la sépare du globe oculaire. C(î rapport explicpie pourquoi les tu- meurs de celte glande dévient l'œil en dedans et en bas, puisqu'elle ne peut se développer sur le côté exicrno et supérieur, retenue ([u'clle est parles os et le périoste. Structure. — Par la dissection au moyen de l'acide acéticjue, il est facile de voir que cette glande est une glande en grappes, et qu'elle est composée de lobes parfaitement distincts, sans aucun lien vàscu- laire ou nerveux. Chacun de ces lobes est composé de plusieurs lo- bules, qui sont constitués à leur tour par des grains glanduleux. Tous ces grains, tous ces lobules ont des canaux qui se déversent dans un canal principal, qui parcourt le centre du lobe. De sorte que pour cette glande nous avons deux canaux seulement, ayant une direction parallèle vers le cul-de-sac oculo-palpébral; il ne faudrait pas croire qu'ils sont libres dans toute leur étendue jusqu'au moment où ils s'ou- vrent à la surface de la conjonctive; ils reçoivent chacun et dans toute leur périphérie une série de canaux. D'où il résulte que la glande proprement dite est constituée par deux glandes parfaitement dis- tinctes, très-allongées, partant de la conjonctive, et dont les lobules occupent, non-seulement l'orbite, mais l'épaisseur de la paupière. Ces lobules formeraient deux longues grappes ; mais arrivées dans l'or- bite, ils se pelotonnent pour constituer la glande ou la portion de glande que nous décrivons. W nous semble dès lors très-rationnel d'ad- mettre qu'il n'existe pas de glande orbitaire à proprement parler, et que ce que nous venons de décrire n'est en définitive qu'un prolonge- ment de deux glandes palpébrales. Artères. — Les artères de la glande lacrymale viennent de l'artère ophthalraique; quelques-unes traversent la glande pour se rendre aux paupières ou à la région temporale. Veines. — Elles sont très-nombreuses; elles suivent les artères et vont se rendre dans les branches de la veine ophthalmique. Nerfs. — Ces nerfs viennent de plusieurs sources, et c'est toujours la cinquième paire; ainsi, nous citerons le rameau du maxillaire su- périeur et le filet qui pst fourni par la branche ophthalmique. Du reste, la plupart de ces nerfs ne font que traverser la glande. Outre ces bran- ches de la cinquième paire, la glande lacrymale reçoit un filet que nous avons signalé pour la première fois, et qui vient du ganglion ophthalmique en suivant l'artère lacrymale. Ce filet est très-volumi- 204 neux ; il nous a paru constant, et nous l'avons déjà montré à la Société de Biologie. Nous l'avons fait représenter dans notre atlas d'anatomie chirurgicale. 2' GROUPE PALPÉBRAL. C'est ce groupe de glandes qui a été décrit par Rosenmuller. On le désigne tantôt sous le nom de glande de Rosenmfdler , tantôt sous le nom de glande innommée. Situation. — Lorsqu'on examine la portion externe de la paupière supérieure en avant de la fossette lacrymale, on trouve dans son épais- seur un corps glanduleux grisâtre, aplati de haut en bas, du volume d'un petit haricot; c'est là le corps glandulaire lacrymal que nous dé- signons sous le nom de groupe palpébral. Cette situation nous rend compte de la tuméfaction de la paupière supérieure dans les tumeurs qui surviennent dans cette glande ou dans ses conduits. Elle nous expliquela présence de ces tumeurs et de ces ûs- tules lacrymales signalées par Schmith, Béer et M. le professeur Jarja- vay. Gomme ce groupe glandulaire est situé dans l'épaisseur de la pau- pière, on comprend que ses tuméfactions se montreront à la fois du côté du tégument externe et du côté de la conjonctive. Rapports. — Ce groupe glandulaire est contenu dans une loge fibreuse formée par des expansions aponévrotiques fournies par le muscle élé- vateur de la paupière supérieure. Cette petite loge est fermée en de- dans par un faisceau fibreux , ce qui sépare cette masse glandulaire du groupe que nous décrirons bientôt. En arrière, cette petite capsule fibreuse est en communication avec la capsule de la glande lacrymale par deux orifices étroits qui se trouvent sur le feuillet fibreux qui forme en avant la capsule lacrymale. En dehors et en bas, celte glande est séparée aussi d'un autre groupe par une bandelette fibreuse qui existe au niveau de la commissure palpébrale externe. Structure. — Elle est la même que celle de la glande lacrymale pro- prement dite, c'est-à-dire que nous trouvons ici tous les caractères d'une glande en grappe. Nous allons examiner la disposition et le nombre de conduits offerts par celte glande. Cette glande de Rosen- muller n'est pas unique; par le moyen de l'acide acétique, on recon- naît facilement qu'elle peut se séparer en phisieurs lobules, qui sont parfaitement distincts. Deux sont au centre de la masse, ils sont ac- colés-, ce sont les lobules ou glandules qui, pénétrant plus loin que les 203 autres, vont coostituer en se pcletonnant la glande lacrymale propre- ment dite. En outre, la glande de RosenmilUer est constituée par d'autres lobules qui ne dépassent pas la paupière, et dont le volume va en diminuant, à mesure qu'on s'éloigne à droite et à gauche de« deux lobes dont nous venons de parler. Le nombre de ces lobes, qui sont autant de glandules distinctes, est très variable. En dedans, il y en a généralement un plus grand nombre : nous en avons compté cinq, six, sept, huit et quelquefois neuf. En dehors, nous en avons trouvé deux, trois et quelquefois quatre. Si à ces conduits, qui représentent autant de glandules, nous ajoutons les deux canaux qui correspondent aux lobes de la glande lacrymale, nous aurons, pour l'ensemble de ce que l'on a décrit jusqu'ici comme glande lacrymale, un nombre de con- duits qui peut varier de huit à quinze. Ce qu'il y a de constant, c'est le nombre de conduits de la glande orbitaire; ce qu'il y a de variable, c'est celui du groupe palpébral. Quant aux vaisseaux et aux nerfs de la portion palpébrale de la glande lacrymale, nous les trouvons les mêmes que ceux de cette der- nière glande. Eu égard aux nerfs, nous ferons remarquer que quel- ques-uns d'entre eux, après avoir traversé la glande, se montrent sur son bord antérieur. Là, ils sont disposés parallèlement, très-ténus et offrant des plis transversaux , de sorte qu'on pourrait au premier abord les prendre pour des canaux lacrymaux. Mais leur terminaison à la peau et aux glandes de Meibomius du côté externe de la paupière ne permet pas de rester longtemps dans le doute. Leurs flexuosités sont en rapport avec les mouvements incessants de la paupière, qui peut ainsi s'abaisser et s'élever sans les tirailler. 3° GROUPE OCULO-PALPÉBRAL SUPÉRIEUR. Ce groupe de glandes lacrymales n'a pas été décrit avant nous, à notre connaissance du moins. Leur existence ne saurait faire l'objet d'aucun doute ; nous les avons fréquemment observées, nous les avons fait dessiner, et nous les avons montrées à deux reprises différentes aux membres de la Société de Biologie. La première fois qu'il nous a été donné de les voir, nous nous étions servi de l'acide nitrique ; mais plus tard nous avons poursuivi leur étude au moyen de l'acide acé- tique, qui a l'immense avantage de ramollir et de rendre transparents tous les tissus, tout en rendant opaques et blanchâtres les diverses glandes. 20G Ce groupe de glandes osl situé dans l'épaisseur et à la base de la paupière supérieure, au-dessous du tendon de l'élévateur de cette paupière, immédiatement au-dessus du cul-de-sac oculo-palpétral su- pi'rieur. C'est à cause de cette situation que nous avons appelé ce groupe groupe oculo-palpébral supérieur. Cet amas glandulaire s'é- tend depuis le côté interne de la glande de Rosenmiiller jusque vers le milieu et même jusque vers la partie la plus interne de l'orbite en suivant exactement la courbure du cul-de-sac oculo-palpétral. henombre de glandes qui entrent dans ce groupe est assez variable ; tantôt nous en avons trouvé trois ou quatre seulement, tantôt nous en avons trouvé jusqu'à quinze. Leur volume est aussi très-variable ; mais il va toujours en s'amoin- drissant à mesure que l'on se rapprocbe de l'angle interne de l'œil. Ainsi les premières glandes, c'est-à-dire les plus externes ont, en gé- néral, le volume d'une tête d'épingle, tandis que les plus internes ont un volume de moitié plus petit. Quelquefois la glande qui termine le groupe en dedans est aussi volumineuse que celle qui commence la série en dehors. Le plus souvent, nous avons trouvé ces glandes disposées régulière- ment en une seule rangée avec un écartement entre elles parfaitement égal ; mais il n'est point rare de les voir se grouper en petits groupes secondaires dans lesquels on peut compter trois ou quatre petites glandes qui toutefois ont leur conduit toujours distinct venant s'ou- vrir à la surface de la conjonctive. Leur structure, leur configuration en grappe est la même tiuecMle des glandes lacrymales connues, ^"ous n'avons pas encore fait leur examen au microscope. L'existence de ces glandes ost propre à nous dévoiler la nature de certaines tumeurs de la paupière supérieure. Que désormais une tu- meur apparaisse dans l'épaisseur de cette paupière et avant de pro- noncer le mot cancer, nous chercherons s'il ne s'agit pas tout simple- ment d'une hypertrophie de ces petites glandes. Déjà nous possédons une observation de semblable tumeur. 4' GROUPE OCULO-PALPÉBRAL INFÉRIEUR. Ce groupe nous a été dévoilé par les mêmes moyens et pendant les mêmes recherches que le précédent. Il n'a pas non plus été décrit. II commence en dehors de la glande de Rosenmiiller et s'éteud plus ou . 207 moins loin en suivant le cul-de-sac oeulo-palpéhral externe et infé- rieur. Le nombre de glandules qui composent ce groupe varie de deux à six ou sept. Leur volume va en diminuant depuis leur point de départ dans la paupière supérieure, jusqu'à leur terminaison dans la pau- pière inférieure. Ces glandes n'avaient pas été vues avant nous, et si on avait constaté une ou deux glandes, on les avait rattachées à laglande de Rosenmiiller. Il résulte de cette description, que des tumeurs hypertrophiques glandulaires pourront encore se montrer dans le côté externe de la région palpébrale. En résumé, si l'on jette un coup d'œil d'ensemble sur les divers groupes glandulaires que nous venons de décrire, on voit que tous leurs canaux s'ouvrent par autant d'orifices sur le cul-de-sac oculo- palpébral. Ces canaux sont rangés d'une manière très-régulière, pa- rallèlement, de sorte que vues du côté de la conjonctive, ils ressem- blent aux dents d'un peigne. Le nombre des orifices de la glande lacrymale et des glandes lacrymales est bien plus considérable qu'on ne l'avait cru, puisqu'on peut en compter jusqu'à vingt-cinq ou trente. Nous ajouterons une dernière réflexion qui nous est suggérée natu- rellement par ces recherches. En effet, que penser maintenant de cette opération qui consiste à extirper la glande lacrymale pour tarir la source des larmes? Vous pourrez bien enlever la glande orbitaire, vous pourrez bien à la rigueur disséquer minutieusement la paupière supérieure pour énucléer la glande innominée, mais jamais vous ne pourrez détruire les autres glandes, et voilà pourquoi les larmes cou- leront toujours, non-seulement par les deux groupes que nous venons de mentionner, mais encore par d'autres glandes très-nombreuses qui appartiennent à la conjonctive et sur lesquelles nous nous proposons de faire un travail spécial. MÉMOIRE ROLE DES SENSATIONS SDR LES MOMNEniTS, lu à la Société de Biologie en 1859 Par M. LIÉGEOIS , Docteur en médecine, ancien interne des hôpitaux, membre de la Société anatomique, de la Société médicale d'observation, de la Société d'anthropulogie, lauréat des hôpitaux, aide d'anatomie à la Faculté de médecine de Paris. Le travail que j'ai l'iionneur de présenter à la Société m'a été sug- géré par l'observation d'une femme atteinte de paralysie hystérique. En face de phénomènes aussi variés et aussi extraordinaires que ceux que m'a présentés cette malade, il est bien difficile de se défendre d'une certaine crainte quand on se propose de chercher à les expli- quer. Bien des esprits, dans ces cas, s'arrêtent à la contemplation et se récrient même de la hardiesse qu'il y a de vouloir pénétrer ce qu'ils regardent comme un mystère pathologique. Pour eux l'hystérie, vé- ritable Prêtée se montrant sous toutes les formes, doit ruiner les es- pérances des physiologistes qu'ils accusent de vouloir tout expliquer. Nous, au contraire, persuadé que la pathologie et la physiologie doivent marcher de front et s'éclairer mutuellement, nous n'hésitons pas à tâcher de meitre à profit celte observation pour en extraire, dans les limites de nos forces, des notions utiles. Le rapprochement que j'ai fait de la pliipaiî de ces phéiiomùirs nie permet d'intituler ce travail : Du rôle des sensations sur les mouve- MÉM. l-'i 21 U ments. J'étudierai successivement le rôle du sens musculaire, des sens spéciaux, des sensations réflexes. SENS MUSCULAIRE. Autrefois les troubles de la musculation observés dans les paraly- sies hystériques auraient pu avoir un intérêt immense comme fait de curiosité, mais aiijourd'hui ils sont conniis et la science fourmille d'observations de ce genre. Pour le physiologiste cependant, Tintérèt persiste, car le dernier mot est loin d'être dit sur la cause de ces sin- guliers phénomènes. Nous croyons que si aujourd'hui, malgré les travaux qui ont été faits, le sujet est encore obscur, cela tient : 1° aux variétés de sym- ptômes qn'onl pu présenter les malades atteintes de paralysie muscu- laire; 2" aux théories nombreuses issues de sources différentes, l'une le raisonnement seul, l'autre l'observation. Pourflaller, les facultés sensitives de la peau seule {sola cute) peuvent aller jusqu'à nous faire connaître les propriétés des corps qu'il a précé- demment énumérés : Rieherand n'est pas moins explicite, la faculté de prendre connaissance des facultés tangibles, dit-il, est accordée à toutes les parties de l'organe cutané, il suffit d'appliquer un objet à un point quelconque de la surface du corps pour que nous acquérions l'idée de sa température, de sa sécheresse ou de son humidité, de sa pesan leur, de sa consistance et môme de sa figure particulière. Si Bichat et Rieherand, par conséquent, avaient eu l'occasion d'observer des femmes anesthé- siques et incapables de soulever un poids quelconque, ils auraient certainement vu dans ce cas une application immédiate à leurs idées. Pour réfuter cette opinion que beaucoup de pathologisles et de phy- siologistes admettent encore aujourd'hui, il suftit de rappeler que l'on trouve souvent des malades (jui, quoique privés de la sensibilité cu- tanée, apprécient le poids du corps qu'ils tiennent de la main para- lysée avec la même justesse ([u'avec la main intacte. Wuller écrit (Pmys., l. Il, page 680) : « 11 n'est pas bien certain que l'idée de force employée à la coulraclion nuisculaire dépende unique- ment de la sensation. Nous avons une idée très-exacte de lu quantité d'action nerveuse partant du cerveau qui est nécessaire pour produire un certain mouvement. Il serait très-possible que l'idée de poids et de pression dans les cas oii il s'agit soit de soulever, soil de résis- 211 ter, fût en iiarlie au moins non pas une sensation dans le muscle, mais une notion de la quantité d'action nerveuse que le cerveau est excité à mettre en jeu. » Muller aurait donc expliqué le défaut d'ap- préciation de pbids que tîrésènlent certains malades noti jjar la perte dé la sensibilité de la peau, non par la perle de la sensibilité des muscles, mais par la perte lio la notion de la quantité d'action nerveuse que le cferVeau est excité à mettre en jeu. 11 est difficile d'ddmetlre celte opi- rildn, car on ne voit pas pourquoi certains malades perdraient celle notion quand les yeux sont fermés, et la recouvreraient quand les yeux sont ouverts. Dans Gerdy (Physiolocie philosoI'hique pes sensations et de lïn- TELLiGENCE, p. 151) 00 trouve : K Des sensations se manifestent dans tous les organes en activité, et l'activité même est la cause de la sen- sation particulière qu'on éprouve. Les muscles, ajoute-t-il, sont le siège d'une sensation d'activité musculaire : quand nous soutenons un fardeau avec nos épaules ou avec nos mains, nous sentons le poids du fardeau surtout par une sensation d'activité organique due à la con- traction des muscles qui agissent pour soutenir le fardeaii. » Dans l'o- pinion de Gerdy, si les malades privés de la vue, tout en exécutant les mouvements qu'ils teulent faire, ont perdu la conscience de l'é- tendue de ces mouvements, c'est qu'ils ont perdu cette sensation d'ac- tivité musculaire. Disons que Gh. Bell avait donné avant Gerdy à cette sensation le nom de sens musculaire. Jusqu'ici, comme on peut le voir, la pathologie a peu profité de ces idées théoriques, car nous nous sommes vu obligé, dans ce cours historique, de chercher nous-méme les applications que ces auteurs auraient certainement faites, si les cas seuls favorables à leiu- opiuion s'étaient présentés. M. Ducheune (de Boulogne) le premier chercha à subordonner le raisonnement à l'observation clinique. Cet observateur av^l remarqué que dans les cas d'anesthésie profonde les malades présentent, dans la contractilité volontaire, des troubles divers qui établissent deux caté- gories ou dégrés d'anesthésie musculaire. Dans là première catégorie, les malades privés de voir exécutent les mouverhents qu'ils veulent faire ou qu'on les engage a faire, mais ils perdent la conscience de rétendue de ces mouvements, de la pesanteur, de la résistance des corps. Dans la seconde catégorie, qui est beaucoup moins nombreuse que la première, les sujets que l'on prive également de la vue, per- 212 dent la faculté d'exécuter le moindre mouvement volontaire, quelque mouvement qu'on les invile à faire, les muscles qui devraient entrer en contraction restent dans l'inertie, malgré tous les efforts de la vo- lonté. Les malades de la première catégorie pour M. Duchenne (de Bou- logne) auraient perdu la sensation d'activité musculaire de Gerdy. Quant aux malades de la deuxième catégorie, M. Duchenne s'exprime ainsi : Il paraît exister un sens qui siège dans le muscle et qui sert à l'accomplissement de lu contraction musculaire volontaire, c'est lui qui, sans doute excité par le cerveau et réagissant à son tour sur cet or- gane, l'éclairé pour ainsi dire sur le choix des muscles dont il doit provoquer la contraction. Je propose de l'appeler conscience muscu- laire, qu'il faut bien différencier de la sensation d'activité musculaire. M. Duchenne (de Boulogne) trouva, comme on le sait, dans M. Lon- dry un critique judicieux, mais par trop acerbe. Je n'ai point l'inten- tion de rappeler cette longue discussion que l'on trouve dans le Moni- teur DES HÔPITAUX (année 1859). Je me contenterai d'emprunter au travail de M. Landry les conclusions qui portent à la fois sur ses idées propres et sur la critique faite sur les travaux de M. Duchenue (de Boulogne). L Le tissu musculaire est doué d'une manière de sentir spéciale, fournissant à la conscience des données exactes sur les divers états des muscles, et désignée, à cause de son rôle, sous le nom de sens de l'activité musculaire, ou sens proprement dit. II. Le sens musculaire est complètement distinct de la sensibilité générale que les muscles possèdent comme la plupart des organes de l'économie. III. Ce sens concourt au mécanisme : 1° Des phénomènes tactiles ; 2° De la motilité. IV. Gomme élément de la faculté tactile, il permet d'apprécier la pesanteur et la résistance, et contribue à l'acquisiliou de quelques no- lions complexes, celle par exemple de la consistance, de la forme, du volume, de l'épaisseur. V. Gomme élément de la faculté motrice, il remplit un rôle impor- tant dans la coordination des mouvements. VI. La diminution ou l'abolition des sensations d'activité musculaire 213 donne lieu à un état morbide connu sous le nom de paralysie du sens d'activité musculaire dont les principaux symptômes sont : 1° Des troubles du toucber; 2" Des désordres plus ou moins appréciables de la coordination des mouvements. VII. Dans le sens musculaire chargé d'attributions multiples et dans les troubles fonctionnels à manifestations complexes qui résultent de sa paralysie, M. Durhenne (de Boulogne) a vu plusieurs phénomènes physiologiques distincts, et trois états morbides différents. 1* Il a rapporté à la sensibilité générale du tissu musculaire l'appré- ciation du poids, de la résistance, etc., et de la perte de ces sensations a fait un symptôme de l'aneslhésie musculaire simple. 2° Il a attribué la conscience des positions des membres, des mou- vements actifs et passifs, à un sens particulier qu'il a appelé conscience musculaire, et a rattaché à l'abolition de ce sens certains cas patholo- giques dans lesquels l'intervention de la vue est plus ou moins utile ou nécessaire pour l'exécution des mouvements volontaires. 3° Sous le nom d'ataxie locomotrice, il a érigé en forme morbide spéciale et distincte de toutes les autres, les troubles delamtbilité qui détermine la paralysie du sens musculaire. VIII. L'anesthésie des muscles, telle que l'a comprise M. Duchenne (de Boulogne), la perte de la conscience musculaire et enfin l'ataxie locomotrice sont les symptômes divers d'un seul état morbide, et procèdent d'un même trouble fonctionnel la paralysie du sens muscu- laire. Ces notions historiques nous étaient indispensables pour entrer en matière. Les premières questions à étudier sont celles-ci : Les muscles sont- ils sensibles? S'ils sont sensibles, la sensibilité a-t-elle de l'influence sur leurs mouvements, et quelle est cette espèce d'influence? Il est hors de doute que les muscles sont sensibles ; personne ne s'aviserait de dire aujourd'hui que les filets nerveux qui du nerf nasal, branche de rophthalmique,vont se rendre aux muscles de l'œil, sont des filets moteurs ou exclusivement sympathiques ; personne ne se refuserait d'attribuer les douleurs atroces perçues dans les crampes à la pression des fibres sensibles par les muscles violentés dans leur con- traction; mais l'hésitation est permise quand il s'agit de déterminer si ces fibres sensibles ont de l'intluence sur la contraction du muscle. 214 Il est étonnant qnc les observateurs qui se sont occupés de cellu ques- tion n'aientpoinlchercliéàétayer leur opinion des résullatsqu'auf aient pu fournir l3s vivisections; cepeiidant les expériences physiologi{(ues démontrent celte inOuence d'une manière incontestable. îjl. Bernard coupe sur une grenouille les racines postérieures lombaires : }a sen- sibilité de toutes les parties du membre iriférieur a complètement disnarii, et malgré l'intégrité des racini'S antérieures, les mouveuients des denx membres sont pp[ablement diminués. Il coupe les rapines postérieures cervicales et place la grenouille à la surface de l'eau contenue dans un vase; celle-ci n'exécute plus aucun mouvement. D'autre part , Panizza nous a appris qu'après avoir coupé sur des çl|e- vaux les'raciues postérieures lombaires, ceux-ci se débattaient du train postérieur avec tant de violeuie qu'ils se déchiraient les muscles. Ces deux expériences, faites il est vrai sur des animaux éloigi^és l'un de l'autre dans la série zoologique, prouvent manifestement que la paralysie des nerfs sensibles a de l'intluence sur l'acte de la muscu- lation, et prouvent de plus que cette influence est double, que tantôt la paralysie suffit pour empêcher tout mouvement, que tout au corn traire'elle devient la cause de mouvements désordonnés ou exagérés. Et si alors nous nous reportons aux faits pathologiques, nousrappp- clierons tout naturellement les deux espèces de troubles obseryès uans les cas de paralysie musculaire de ceux que les vivisections nous dé- montrent, et nous dirons qu'il est impossible d'admettre que les gre- nouilles auxquelles on a coupé les racines postérieures n'ont pas pu perdre le sens d'activité musculaire, quand les chevaux sur lesquels Panizza faisait la même opération auraient perdu la conscience mus- culaire; de même qu'il est impossible d'adniettre, dans nos depx groupes de malades, la perte isolée de ces deux facultés. Quelle est maintenant l'espèce d'influence exercée par les fibres de sensibilité des muscles sur la contraction musculaire? Nous croyons qu'à l'état normal les fibres sensibles des muscles subissent de la part des fibres musculaires une pression ou compression (jui, transmise à l'encéphale, lui fournit la notion de l'état contractile et du degré de contractilité des muscles, notion (pie l'encéphale met à profit pour l'exéculion et la régularisation des mouvements, (pie cette notion cesse d'être acquise par le cerveau, et celui-ci, ou bien ne transmet- tra plus aux muscles l'influx nerveux, parce qu'il n'a plus la con- science de l'état contractile, ou bien si la volonté à une puissante 215 d'action assez considérable pour pousser le iluide nerveux dans les fibres motrices, le cerveau agissant sans régulateur, il y aura pro- duction de mouvenients, mais les mouvements ne seront plus réglés. On voit qu'ici nous tenons grand compte do l'excitation psychique, ce que l'on n'a pas fait jusqu'alors; nous la regardons commepou^^ant présenter des variations nombreuses suivant les individus, suivant les espèces animales, suivant lea inlluences morbides. Mettrons-nous, par exemple, sur la même ligne, au point de vue de la puissance cérébrale, l'individu lymphatique, de forte taille, qui ne contractera jamais ses muscles qu'avec peine et pour ainsi dire à regret, et l'athlète qui, d'une stature beaucoup moindre, sera vif, alerte et j'e- cherchera continuellement des assauts dont les succès lui sont assurés par des succès antérieurs ? Serons-nous exagéré, pour revenir à nos exemples pris dans les vivisections, en attribuant au cheval dont les muscles sont privés de sensibilité une puissance de volonté plus con- sidérable qu'à la grenouille qui a subi la même opération, et en con- cluant que les différences obtenues dans les résultats tiennent à cette cause? Et si nous nous reportons à nos deux groupes de malades, nous comprendrons que si les uns ne peuvent exécuter aucun mouvement, c'est qu'une volonté impuissante d'agir par elle-même sur la contrac- tion des muscles a perdu en même temps la propriété d'être influencée par l'impression musculaire. Et si les seconds exécutent des mouve- ments irréguliers et désordonnés, c'est que la volonté, puissante chez ceux-là, peut dépenser encore par sa propre force assez d'influx ner- veux pour mettre en jeu la contractilité du muscle ; mais comme la notion de cet état ne sera plus acquise par l'encéphale, les ellels se- ront amoindris ou exagérés. Ce que nous venons de dire s'applique à tous les muscles volon- taires, même à ces muscles qui interviennent dans les mouvements que la volonté n'a pas le pouvoir de dissocier d'autres mouvements : je veux parler des mouvements associés. Un fait qui dut me frapper dans l'observation de ma malade, d'au- tant plus qu'il cadrait peu avec l'idée que je discute actuellement, fut le suivant : Cette malade, paralysée du sentiment de tout le côté gauche et amaurotique de ce côté, faisait mouvoir l'œil et la paupière gauche avec la môme facilité que l'œil et la paupière droite et d'une façon synergique, malgré la paralysie des fibres sensibles des muscles de l'œil et de la paupière. Mais je reconnus bientôt ciue quand je com - 216 primais l'œil droit de manière à abolir les mouvements de celui-ci, l'œil gauche et la paupière correspondante restraient complètement immobiles. Ce fait, qui parait extraordinaire au premier abord, l'est moins quand toutefois on a égard à une des conditions des mouve- ments associés des muscles de l'œil, condition qui, je crois, n'a point encore été signalée, c'est qu'à l'état normal, pour qu'un œil puisse se mouvoir dans l'orbite, il faut que l'autre soit libre. Si nous suppo- sons par la pensée l'œil d'un côté fixé d'une manière extrêmement solide dans l'orbite, de telle façon que tout mouvement soit impos- sible, les mouvements du côté opposé, dans un sens opposé, ne s'exécuteront plus. Par exemple, je veux voir si mon muscle droit supérieur du côté gauche pourra encore se contracter, si en compri- mant l'œil du côté droit j'annule les mouvements du muscle droit supérieur de ce côté. J'élève d'abord mes deux yeux et je remarque où s'arrête le champ de la vision, au plafond par exemple; puis sans changer la tête de place, je regarde le plancher et je limite le champ de la vision en bas ; alors j'exerce une compression énergique sur le globe de l'œil droit, et quelque effort que je fasse pour arriver à la ligne de mon champ supérieur, je n'y parviens qu'au tiers, à moi- tié, et si mon œil est fixé très-fortement, l'axe oculaire de l'œil libre ne subit presque aucun changement. Pour que Texpérience fût com- plète, il faudrait comprimer l'œil avec une énergie considérable, ex- périence douloureuse et peut-être non exempte de danger. Chez notre malade dont les muscles de l'œil sont privés de sensi- bilité, on comprend qu'une pression, même très-faible, du côté sain annule tout mouvement du côté paralysé. INFLUENCE DES SENSATIONS RÉFLEXES SUR LES MOUVEMENTS. 11 est d'autres mouvements que les mouvements volontaires qui, au lieu d'être réglés par des impressions intermusculaires, sont réglés par des impressions faites à une certaine distance du lieu où ils s'exécutent : je veux parler des mouvements de nature réflexe, et je prends comme exemple le plus frappant les mouvements des pau- pières. Ici l'impression faite au pourtour de l'orbite se transmet à l'encéphale, et l'encéphale réagit sur les fibres motrices. Dans ce cas, la cnntraclililé du muscle ne dépend plus d'une impression qui a pour jioint (U; tlépail la libre sensible du muscle, mais d'une impression 217 tactile exercée à la surface de la peau. Peu importe que les muscles aient perdu leur sensibilité, toujours ceux-ci se contracteront si les excitations périphériques cutanées arrivent jusqu'à l'encéphale et se contracteront proportionnellement à l'intensité de l'impression. Tout cela n'est point théorique, car la preuve nous l'avons sur notre ma- lade. Dans certaines conditions que nous venons d'étudier, les pau- pières gauches ne se meuvent plus volontairement, et cependant toute excitation faite au pourtour de l'orbite provoque des mouvements dans celles-ci, mouvements d'autant plus énergiques que l'excitation a été forte. INFLUENCE DE LA VUE SUR LES MOUVEMENTS. Nous considérons le sens de la vue comme un autre régulateur d'une importance extrême. La précision, la régularité dans nos mou- vements habituels, semblent dirigés en premier lieu par ce sens. Nous pouvons nous en assurer par nous-même : si fermant les yeux nous cherchons à poser un doigt sur un petit objet placé à une cer- taine distance de nous et que nous avons eu soin de bien considérer avant de clore la paupière, nous serons souvent étonné de voir la distance à laquelle nous arriverons, et le résultat sera encore plus saisissant si l'on fait faire l'expérience à un jeune enfant. Il est évi- dent ^^ue si les yeux sont ouverts, nous arrivons sans hésitation et directement sur un objet que nous voulons saisir; l'encéphale, pour régulariser le mouvement, met à profit la notion d'étendue que lui fournit le sens de la vue et lance dans les fibres motrices la quantité d'influx nerveux nécessaire pour l'exécution des mouvements. Cette notion d'étendue ne peut exister exactement en souvenir, c'estpourquoi nous n'arrivons pas à saisir un objet directement quand les yeux sont fermés, et nous nous éloignerons d'autant plus du but que les pau- pières auront été closes plus longtemps. Cette notion d'étendue peut même, dans certains cas, s'éteindre, ne plus exister quand la vue n'est plus en exercice. C'est ce qui arrive chez notre malade; j'extrais de l'observation le fait suivant : j'invite la malade à regarder un objet situé à 2 mètres d'elle environ, puis je lui ferme les yeux et lui demande à quelle distance se trouve l'objet qu'elle a vu, elle me répond qu'elle n'en sait plus rien ; je la presse de répondre : peut-être, dit-elle, l'objet est à 5 ou 6 mètres. Je lui ou- vre les yeux et lui fais la même demande, elle répond : 2 mètres. 218 Pour rendro plus imppant l'influence des sens sur les détermina- tions de l'encéphale, je signalerai ici un fait des plus cxtraordnaires que cette malade nous présenta. J'extrais de l'observalion : Troubles du côté de C audition. La malade ne nous accuse aucun trouble de ces sens, cependant voulant nous en assurer, nous plaçons notre doigt dans l'oreille gauche (côté paralysé) : elle nous assure qu'elle entend autant qu'avant; puis plaçant le doigt dans l'oreille droite, nous sommes tout étonné de la voir tomber sans mouvements; nous répétons cette expérience plu- sieurs fois, et toujours elle s'affaisse sur elle-même sans pouvoir pro- noncer une parole tant que le doigt reste dans l'oreille droite. Enhardi peu à peu, nous proposons d'étudier le phénomène plus complètement, et dans une première expérience où je lui introduisis sans qu'elle s'en doute le doigt dans l'oreille droile, alors qu'elle était assise, nous voyons que l'intelligence est complètement abolie, le pouls reste le même, les mouvements respiratoires sont notablement affaiblis, le regard est fixe, immobile ; si on la brûle, la pince, l'électrise, elle reste insensible à tous ces excitants du côté paralysé comme du côté non paralysé. Dans une troisième expérience, je la surprends par derrière, intro- duis mon doigt dans l'oreille au moment où elle causait avec sa voi- sine et où elle prononçait la première syllabe du mot personne, et aussitôt elle s'arrête après avoir prononcé la syllabe per, même phé- nomène d'insensibilité, de perte intellectuelle. Dans une quatrième expérience, je la surprends alors qu'elle bu- vait un verre d'eau à pleine gorgée, j'introduis mon doigt dans son oreille au moment où le pharynx est élevé à son summum, la bouche entr'ouverte me permet de voir le liquide resté dans l'entonnoir pha- ryngien complètement immobile. Je laisse le doigt, la malade revient à elle, exécute un mouvement respiratoire, un peu d'eau pénètre dans le larynx, provoque une sorte de toux ; avant que celle-ci soit terminée tout est rentré dans l'ordre. Gomment expliquer ce fait si curieux ? Est-ce le cas de rappeler ici l'axiome des sensualistes : Mhil est in intellectu quod non prius fue- rit in sensu. Les sens sont-ils les instruuieuls de la i)ensée, la vue, le tact, l'ouïe, sont-ils les sources abondantes de nos idées, de nos voli- tions, de nos déterminations? A ce sujet, nous plaçons un point d'in- terrogation. 219 Nous voyons donc que le sens musculaire n'est pas la seule cause sans laquelle nos mouvements puissent s'exécuter, se régler, ainsi que l'a dit M. Landry. Un mouvement s'exécute parce qu'il est voulu. Tant ([ue la volonté sera assez énergique pour régler l'écoulement du lluide nerveux dans les libres motrices, les mouvements s'exécuteront, et cette volonté, au point de vue de sa puissance, de sa précision dans la manière doni. elle intervient, sera réglée i)ar les notions que lui l'ournit le sens de la vue en premier lieu, et d'une façon pour ainsi dire accessoire le sens musculaire. La mise en jeu de ces deux sens est pour les mou- vements volontaires ce que les impressions tactiles de la peau sont pour les mouvements involontaires. Pour traduire ma pensée sous une forme quasi-matérielle, je choisis un exemple. Si je veux saisir un corps d'un certain poids placé à ma portée, j'arrive sur ce corps et l'embrasse avec ma main dans tout son contour; la contraction de mes muscles n'a sa raison d'être jusqu'ici que dans ma volonté guidée par le sens de la vue, mais si en le soulevant je veux apprécier le poids de ce verre, ma vue est devenue inutile, et les mouvements que j'exécu- terai pour soulever ce corps, seront réglés par l'impression qui me sera transmise à l'encépliale d'après le degré de contractilité du muscle. Aussi qu'arrive- t-il chez les malades atteintes de paralysie musculaire auxquelles on donne la main à serrer? Si leurs yeux sont ouverts, elles arrivent à la main, l'embrassent dans tout son pourtour avec la même facilité, la même aisance qu'elles le font avec l'autre ; qu'on leur dise de la serrer, elles ne le feront en général qu'impar- faitement. Si on leur ferme les yeux avant de leur dire d'approcher leur main de la nôtre, elles n'y arrivent point, soit qu'il y ail abo- lition des mouvements ou perversion, RÉSUMÉ DU TRAVAIL. 1* Les expériences faites sur les animaux démontrent que les in- fluences de la section des racines postérieures sur l'acte de la muscu- lation sont doubles. Cette section, ou bien entraine l'abolition des mouvements, ou bien il vient la cause de mouvements exagérés ou désordonnés. 2° On ne peut se refuser d'assimiler ces troubles aux deux variétés que présentent les malades hystériques atteintes de paralysie muscu- laire. 220 3° La cause de ces deux variétés paraît dépendre de la puissance cérébrale considérée au point de vue de la quantité de force nerveuse qu'elle cède aux muscles. 4* On a exagéré le rôle de la sensibilité musculaire en la regardant comme une sorte de dynamomètre destiné à régler tous les mouve- ments des muscles. 5" Les mouvements de nature réllexe sont subordonnés à une ira- pression tactile et se font indépendamment de la sensibilité muscu- laire. 6° Les organes des sens, et la vue en particulier, jouent le plus grand rôle dans l'exécution de nos mouvements habituels, en ce qu'ils four- nissent à l'encéphale des notions que celui-ci met à profit pour régler ces mouvements. 7' Le sens musculaire intervient surtout dans les appréciations du poids des corps et de leur consistance. MEMOIRE SUR QUELQUES APPLICATIONS NOUVELLES DE LA CAUTÉRISATION POTENTIELLE (acide nitrique iniOMOHTI>BA.TÉ), présenté à la Société de Biologie Par M. le Docteur L. HAMON, (de Fresnay). La génération médicale actuelle se signale par un élolgnement marqué pour le régime du feu et du bistouri. L'homme de l'art, tout paternel pour ses malades, fait tous ses efforts pour leur éviter, sinon les angoisses parfois encore inévitables de la douleur, da moins les terreurs que ne saurait manquer de produire sur l'imagination le dé- ploiement d'un appareil chirurgical quelconque. La pusillanimité des patients n'est pas la seule raison de la réhabi- litation des caustiques si longtemps délaissés. Les opérations par l'instrument tranchant ne sont pas sans présen- ter, dans leurs suites, des dangers plus ou moins sérieux, qui ne sont pas à redouter quand on s'est servi des caustiques pour les effec- tuer. A tous les praticiens, enfin, n'est pas dévolu le génie chirurgical, qui exige un graod sang-froid, une certaine adresse manuelle, une expérience plus ou moins consommée, qualités indispensables et qu'un grand nombre de médecins ne possèdent pas suffisamment. •722 Ces raisons étaient, certes, assez puissantes, pour assurer a ia réac- tion contre le 1er, les sympatliies de la grande majorité du public médical. Tel malade qui frémissait de terreur à la simple pensée du bistouri ou du fer rouge, consentirait, sans de trop vives appréhensions, à su- bir les soutl'rances, parfois tout aussi vives et beaucoup plus prolon- gées, de la cautérisation potentielle. Tel praticien, médecin instruit, mais chirurgien timide et inexpéri- menté, maniera avec un grand sang-froid et une sagacité parfaite, les agents pdteîitiels qui le conduiront sûrement et sans encombres à un légitime sucf'ès, et cela sans le secours d'aucune assistance étran- gère. C'est parce que je crois que la vulgarisation potentielle est apte à rendre de grands services à la pratique, et à l'humanité souffrante, que je prends le parti de porter à la connaissance de tous, par l'entre- mise de cette savante Société, qui aura d'abord à en discuter la valeur, quelques nouveaux modes d'application des caustiques. L'agent cautérisateur que j'emploie journellement, parce qu'il me paraît le moins douloureux et qu'il se prêle admirablement aux divers buts que l'on se propose d'atteindre, c'est l'acide nitrique monohy- draté. Je ne saurais lui reconnaître qu'un seul inconvénient; c'est de dé- gager au contact de l'air des vapeurs qui, parfois, sont susceptibles d'etïrayer les malades, ou de les incommoder quand on opère au voi- sinage des voies aériennes. Dans des cas de celte nature, on pourrait substituer à cette substance de l'acide sulfurique concentré, qu'il serait bon, pour le manier avec plus de sûreté, de colorer avec ([ueUiues gouttes d'une solution con- centrée d'indigo. Ce caustique, toutefois, ma paru i)lus douloureux que lacide ni- trique. Aussi est-ce à ce dernier que j'ai presque exclusivement re- cours; quelques petites précautions suflisent, d'ailleurs, [lour en ren- dre l'emploi facile et exempt d'inconvénients. Je me propose, dans le présent travail, de faire connaître les moyens à l'aide desquels je pratiipie, avec l'acide nitrique, les caulérsalions : 1° Ponctuée ; 2" Linéaire ou transcurrenle; 3' Eu roseau ; 223 4° Circulaire; 5° Eq surface, pour les organes creux ; 6° Perforante. 1° CAUTÉRISATION PONCTUÉE. Personne jusqu'ici, que je sache, n'a encore tenté de pratiquer la cautérisation ponctuée à l'aide des caustiques. Je me sers, à cet effet, d'un tube de verre effilé à la lampe à l'une de ses extrémités, de telle sorte que le diamètre de cette dernière mesure environ 3 millimètres. On a eu soin, en le préparant, d'en effacer les aspérités et d'effectuer une sorte de bourrelet interne, en en appuyant convenablement la pointe, alors que sa température pré- sentait un degré de chaleur suffisant, contre un corps solide quelcon- que. Je dirai bientôt l'usage de ce petit bourrelet. Le tube de verre employé doit mesurer une longueur de 6 à 7 cen- timètres; son diamètre peut varier de 5 à 8 millimètres. Lorsqu'il est chargé d'acide, il est bon de le clore à sa partie supérieure, à l'aide d'un petit bouchon de liège. Le tube cantérisateur ainsi préparé, il ne restait plus qu'à trouver le moyen d'y maintenir le liquide caustique, et de faire en sorte qu'il s'en écoulât en proportions convenables pour produire l'effet désiré. Il suffisait, pour cela, de garnir son extrémité effilée par une sorte de diaphragme perméable, au travers duquel le liquide put filtrer convenablement. Il est une substance admirablement propre à remplir ce but, c'est l'amiante qui, comme on le sait, est inattaquable par les acides. On en forme un petit bourdonnet, que l'on introduit, à l'aide d'un stylet, jusqu'à l'extrémité effilée du tube, où il se trouve naturellement maintenu par le bourrelet intérieur préparé à cet effet. Le tube, une fois garni de ce tampon obturateur, peut fonctionner indéfiniment, sans qu'il soit nécessaire de songer à remplacer ce dernier. On conçoit maintenant que rien n'est plus facile que de graduer à volonté la filtration du liquide au travers les interstices du tampon obturateur. Il suffit, pour cela, d'augmenter ou de diminuer la com- pacité de ce dernier, à l'aide d'un stylet ou d'une aiguille. A défaut d'amiante, toute autre substance, telles que laine, coton, charpie, etc., pourrait être employée. Mais ces divers corps sont tous attaqués par les acides. Il serait donc nécessaire de renouveler le tara- ■224 pon à chaque cautérisation. Il c;st probable, de plus, que si l'on avait à pratiquer une série asssez nombreuse de poiicliiatious, la liltratioQ du caustique au travers de ces substances attaquées par lui, cesserait bientôt de s'etlectuer avec tout le degré de régularité convenable. L'amiante mérite donc la préférence à plus d'un titre. Je n'insisterai pas davantage sur la description du tube cautérisa- teur et sur la façon d'en faire usage, vu que l'on pourra trouver ail- leurs (1) quelques renseignements à cet égard. Je me bornerai à rappeler que, pour en faire usage, il suffit d'y verser une proportion de caustique en rapport avec le nombre de ponc- tuations que l'on se propose d'etrectuer. On bouche alors l'extrémité supérieure du tube pour éviter de répandre l'acide par suite de quel- que mouvement mal réglé ; puis, après en avoir préalablement essuyé la pointe sur un chiffon, on procède à la cautérisation des parties avec une rapidité proportionnée à la facilité suivant laquelle s'effectue la tiltration du liquide, et à la profondeur des parties que l'on désire intéresser. Quand on n'a en vue que d'opérer une cautérisation superficielle, on peut exécuter avec une prodigieuse rapidité, un nombre considé- rable de ponctuations. La cautérisation nitrique ponctuée produit exactement les mêmes effets que la cautérisation actuelle. Elle n'effraye point les malades, à beaucoup près, ainsi que cette dernière -, comporte beaucoup moins de petits embarras matériels, et s'effectue enfin avec infiniment plus de rapidité. Voilà bien des raisons qui militent en sa faveur, et la recommandent puissamment à l'attention des praticiens. La douleur qu'elle occasionne dure à peine dix minutes. On peut d'ailleurs la modérer presque aussitôt en appliquant sur la partie un linge imbibé d'eau froide. Applications. — Le premier, je crois, j'ai eu l'idée d'applicjuer la cautérisation ponctuée pour régulariser la modalité du système ner- veux pervertie dans la chorée. J'ai rapporté dans I'Union médicale (2) deux cas de chorée, dont (1) Voyez Union médicale, n." 30, 18.')9 (Chorée grave)^ et Bullet. (.kn. db TUÉnAP., Il" G, p. 393, 1859. (") l.oco citato, n" 30, 225 l'un très-grave, rapidement modiliée et guérie par la cautérisation nitrique ponctuée, pratiquée dans la région rachidienne dorso-lom- baire, puis suivant le trajet des gros troncs nerveux. La guérison de ces deux malades ne s'est pas encore démentie jusqu'à ce jour. Il est une autre affection de nature nerveuse : la cystalgie, dans la- quelle ce mode de cautérisation m'a également rendu de signalés ser- vices. J'ai pratiqué à l'hypogastre une soixantaine de ponctuations ni- triques, et ce moyen si simple a toujours eu pour effet de détruire, presque à l'instant même, des douleurs vésicales parfois invétérées. J'ai encore eu recours avec succès à ce puissant modificateur, pour calmer les douleurs violentes d'une jeune femme affectée d'une double tumeur blanche métastatique, d'une dyssenterie aiguë. J'ai pratiqué sur la région tumétiée et endolorie une soixantaine de ponctuations. Aussitôt la douleur a disparu, le sommeil est revenu, et le volume de la tumeur s'est presque aussitôt réduit. Plusieurs fois j'ai eu recours, chez le même sujet, à l'emploi de ce moyen, et toujours les résultats en ont été des plus satisfaisants. Cette jeune femme, trop longtemps négligée, n'est pas guérie, mais l'articula- tion tibio- fémorale peut exécuter, et sans faire actuellement entendre le moindre craquement, des mouvements beaucoup plus étendus ; la partie n'est plus douloureuse ; la marche enfin est devenue possible. En voilà assez, je suppose, pour faire voir que la cautérisation po- tentielle ponctuée est tout aussi puissante dans ses effets que la cau- térisation actuelle. Elle mérite donc, à juste titre, de passer dans le domaine de la pratique. 2° CAUTÉRISATION LINÉAIRE OU TRANSCURRENTE. La cautérisation linéaire ou transcurrente (dernière dénomination que je préfère, comme rappelant mieux l'effet qu'on se propose de re- produire) a été tentée déjà antérieurement, au moyen de caustiques liquides. Mais ces essais ont été peu heureux, par cela même que le mode d'application en était vicieux. Dans un article inséré, en septembre 1852, dans le Bulletin géné- ral DE THÉRAPEUTIQUE, M. Legroux proposait, pour combattre certai- nes névralgies, la cautérisation par l'acide sulfurique. Voici les inconvénients que reproche, à juste raison, à ce mode de cautérisation le regrettable Valleix (1). (1) Guide du méd. prat., t. IV, p, 318. MÉM. 15 1" L'épuisomeDt du pinceau, qui empêche le liquide d'être unifor- mément étendu; 2" Le peu de coloration du caustique, qui expose l'opérateur à re- passer sur les parties déjà cautérisées. Les trois autres reproches qu'il impute à la cautérisation poten- tielle, le sont également à la cautérisation actuelle, il est donc inutile de les rappeler. Quant à la douleur causée par l'acide sulfuriquc, j'ai déjà dit que je considérais comme moindre celle qui est déterminée par l'acide ni- trique. Relativement au peu décoloration de l'acide sulfurique, cet incon- vénient pourrait aisément être évité, à laide d'une solution concentrée d'indigo, dont il suffit de quelques gouttes pour donner au liquide une couleur bleu foncé, qui tranche suffisamment sur les tissus. L'acide nitrique, d'ailleurs, ne présente point un tel inconvénient, lors même qu'il est fraîchement préparé ; à peine en contact avec les tissus, il prend cette même teinte jaune qui caractérise l'acide ayant longtemps subi le contact de l'air. Reste enfin à parer à la première, à la plus sérieuse des objections, à savoir l'épuisement rapide du pinceau qui, toutes précautions pri- ses, n'en présente pas moins le très-grave inconvénient de prolongei' nécessairement la durée de l'opération, et d'augmenter d'autant les souffrances du patient. La façon suivant laquelle je procède met court à toutes ces objec- tions, et ne présente, je crois, que des avantages de toutes sortes. Voici en quoi elle consiste. Je choisis une mèche de coton à tricoter, un bout de laine ordi- naire, peu importe, d'une grosseur proportionnée à la largeur que je désire donner à la cautérisation. Je proportionne la longueur à la plus grande étendue que puisse offrir la partie à cautériser ; puis j'en fixe les deux chefs à ruiie des extrémités de deux bâtonnets. Quand la partie à cautériser, suivaDt plusieurs lignes, comme ia région hypogastrique, dans la cystalgie, par exemple, ne comporte aucune Variation dans réteiulue du cordon caustique, on fixe aux bù- toiujels la mêcUe a luquelic ou a préalablement donné la longueur voulue. Quand, an conliaiiv, ou a a lvaccrb,ur l'eqveloppe derraoïde uik- certaine strie de lignes de longueur variable, on donne à la mèche une étendue eu rapport avec, la plus grande qu'elle ait à tracer, puis on la fixe, par chacune de ses extrémités, à l'une de celle de chacun des deux bâtonnets. Il est aisé de comprendre maintenant que, durant le cours de l'opération, il est très-facile d'en diminuer, puis d'en aug- menter à volonté la longueur, en imprimant aux bâtonnets un sim- ple mouvement de rotation sur leur axe. Cette facilité d'accommoder le cordon caustique à celle de la partie à cautériser, constitue parfois UD grand avantage au point de vue de la rapidité d'exécution de l'o- pération. Lorsqu'on se sert d'acide sulfurique, le cordon, bientôt réduit en bouillie, se prête peu à cette semblable manœuvre. Avec l'acide ni- trique, au contraire, elle est très-exécutable, quand on sait s'y pren- dre avec une certaine adresse. J'ai pu plusieurs fois en faire l'expé- rience. Ce petit appareil préparé, on verse l'acide dans une assiette ou une soucoupe, puis on en imbibe uniformément la mèche, que l'on appli- que aussitôt sur la partie, ainsi qu'il convient. Il est aisé de comprendre les avantages que présente ce mode de cautérisation sur le cautère actuel. L'exécution de l'opération est in- finiment plus rapide. Veut-on, eu effet, tracer une ligne caustique al- lant de la région trochantérienne au creux poplitée interne, je sup- pose ? Il suffit de poser le cordon préparé à cet effet sur la partie, ce qui peut se faire instantanément. Pour le patient, voilà donc une douleur unique, si je puis m'expri- mer ainsi, et non une succession de souffrances, comme cela ne pour- rait manquer d'avoir lieu s'il s'agissait de tracer au fer rouge une ligue aussi longue, aussi flexueuse. Dans ce dernier cas, en outre, quelle que soit la sûreté de main de l'opérateur, la cautérisation ne saurait affecter, ù un égal degré, une action, une profondeur en tous points uniforme. Ainsi donc, la cautérisation potentielle, transcurrcnte, se recom- mande par les avantages suivants, qui sont loin d'être le propre de la cautérisation actuelle. Nul embarras matériel , aucune impression morale fâcheuse pour le malade, exécution d'une rapidité prodigieuse, uniformité parfaite d'action dans tous les points atteints par le caustique; douleur unique. 228 Quand on ne désire inléresser que l'épiderme, la durée de l'appli- cation ne doit pas excéder une demi-seconde. Au delà de cette limite, on s'exposerait à escarrifier tout le tégument dermoïde, ce qui pour- rait parfaitement donner lieu à des cicatrices indélébiles. Aussi, lorsqu'on veut agir sur une partie apparente du corps, faut-il avoir le soin d'avoir la main légère. Chez les sujets à peau fine, prin- cipalement chez les femmes, j'ai l'habitude d'absorber aussitôt, avec un linge fin, l'excédant du caustique, non encore combiné avec les tissus. La cautérisation superficielle est le plus généralement suffisante. La cautérisation profonde doit être réservée pour les cas les plus réfrac- taires, comme les sciatiques invétérées, les cystalgies opiniâtres. Et, je ne crains pas de l'affirmer, son action est tout aussi puissante, tout aussi héroïque dans de telles conditions, aussi bien, d'ailleurs, que dans tous les autres cas possibles que celle du fer rouge. On calme la douleur, qui dure peu, d'ordinaire, par des applications d'eau froide. Applications. — Elles sont exactement les mêmes que celles du fer rouge. Je l'ai, pour ma part, appliquée, avec un succès constant, dans plusieurs cas de tumeurs blanches ; elle a eu constamment pour effet de calmer tout au moins l'élément douleur; dans diverses névralgies, dans deux cas de cystalgie très-douloureuse, la cessation de la dou- leur vésicale fut, j'ose le dire, instantanée. Ce mode de cautérisation est plus puissant encore que la cautérisa- lion ponctuée, par la raison bien simple qu'une plus grande surface de l'enveloppe dermoïde est atteinte. H doit donc être réservé pour les cas dans lesquels il convient d'agir avec la plus grande énergie. Lorsque l'on a affaire à des sujets très-pusillanimes, on fera égale- ment bien d'y recourir, dans tous les cas possibles ; car, grâce à l'in- stantanéité de l'opération, elle peut être très-convenablement exécu- tée par une sorte de surprise. 3» CAUTÉRISATION EN ROSEAU. Je me suis servi deux fois de l'acide nitrique, en lieu et place du cautère actuel en roseau. Il s'agissait de deux enfants de 2 à 'i ans, aFFeclés de prolapsus do la muqueuse rectale. Dans le premier cas, je proposai aux parents l'emploi du fer rouge. 229 Je fus vigoureusement repoussé, comme on peut bien le croire. Comme je tenais à mon idée, je la proposai sous une autre forme, qui fut aisé ment adoptée. Voici comment je procédai à mon opération : Je coiffai simplement l'extrémité non taillée d'un crayon avec une longue et épaisse mèche de charpie, que je consolida,i de mon mieux à l'extrémité de ce bâtonnet, que j'avais eu la précaution d'encocher crucialement, suivant sa surface plane. Quelques circulaires, elfec- tués avec un fil résistant, suffirent à cet effet. Ce petit appareil pré- paré, je l'imbibai d'acide nitrique, que j'exprimai convenablement. Je fis placer l'enfant dans la position recommandée pour cette opération et je lui plongeai ce nouveau cautère en roseau dans le rectum, où je le maintins de quatre à sept secondes environ. Une compresse mouillée fut aussitôt placée entre les fesses, et forte- ment appliquée contre l'anus. Deux fois j'ai eu recours à ce mode opératoire, et mes deux petits malades ont parfaitement guéri, et sans retour, de cette dégoûtante infirmité. Je sais qu'à cet âge le prolapsus du rectum est susceptible d'une guérison spontanée. Mais si l'on considère les ennuis, les désagré- ments de toutes sortes dont il devient la source, et pour les enfants et pour les parents, n'a-t-on pas lieu de se croire suffisamment autorisé à tenter d'en obtenir la guérison radicale au moyen d'une opération exempte de dangers quand elle est convenablement exécutée, et si peu eiîrayante, quand elle est ainsi effectuée? Cette méthode est manifestement applicable au prolapsus rectal des adultes. Le diamètre seulement du cautère potentiel doit affecter une étendue appropriée à l'anneau sphinctérien à cautériser ; la durée de l'application doit, de môme, être mesurée par la puissance des ef- fets que l'on veut produire. 40 CAUTÉRISATION CIRCULAIRE. Je n'ai eu qu'une seule fois l'occasion de la pratiquer. Il s'agissait, encore une fois, d'une femme pusillanime, qui aurait conservé toute sa vie son infirmité, si je n'avais eu recours, pour l'en débarrasser, à un subterfuge de l'art. Obs. —Madame T..., âgée de 40 ans, portait dans le pli génito-crural droit une tumeur piriforme de la grosseur d'un œuf de dinde. Son collet ines\i- '230 rait 10 centimètres de circonférence. L'opération arec l'instrument tran- chant ayant été refusée, -voici de (luelie façon je l'exécutai, en faisant appel à la cautérisation potentielle. Je choisis une mèche en coton, d'une longueur de 30 centimètres environ ; j'en attachai les deux extrémités à la partie centrale de deux bâtonnets; j'im- Jjibai uniformément la mèche d'acide nitrique, et j'effectuai avec elle un double circulaire autour du collet de la tumeur, que j'avais préalablement dégagé, en faisant légèrement tirer par un aide sur cette dernière. Une compresse de linge, fendue longitudinalement jusqu'à sa partie moyenne, engagée à la racine du col de cette même tumeur, garantissait la cuisse con- tre les atteintes du caustique. Ceci se passait le 15 février 1856. Le 1 6, la tumeur avait presque doublé de volume. Nonobstant les bains de siège que j'avais fait prendre à mon sujet, elle était dure, rouge, tendue. Le même jour, je pratique, à l'aide d'une lancette, un sillon dans l'escarre produite, et je procède à une seconde cautérisation circulaire, d'une durée de vingt minutes, en ayant soin de faire tomber, de temps à autre, avec pré- caution, sur la mèche, quelques gouttes d'acide nitrique. Le 18, troisième cautérisation, effectuée suivant le même mode. La tu- meur est très-grosse et très-consistante. Bains de siège. Le 19, je trouve la peau de la tumeur mortifiée par parties. Quatrième opé- ration, ut supra. Le 22, la tumeur tombe spontanément, dans un mouvement effectué par la malade. Je trouvai, à la partie centrale de son collet, un vaisseau artériel d'un as- sez gros calibre. Il n'y eut aucune hémorrhagie. Je pansai avec de l'eau alumineuse au quinzième, et la cicatrisation s'effectua rapidement. La tumeur n'a pas repullulé, et la santé de cette dame n'a pas cessé d'ûlre parfaite. Voilà donc un excellent mode opératoire pour les tumeurs pédicu- lées externes, lorsque la pusillanimité des malades les porte à récuser toute opération chirurgicale d'un autre ordre. 5" CAUTÉRISATION EN SURFACE (ORGANES CREUX). Obs. — Une jeune lllle de 18 ans, d'une constitution un peu délicate et très-sujette aux amygdalites, était affectée d'une hypertrophie des tonsillcs. 11 s'était, eu oulrc, développé sur l'amygdale gauche une pelile tumeur hy- pertrophique, de U grosseur d'une noisette. Je proposai d'eu opérer l'exiii- m sion à l'aide d'un inslrument Iràûchant. Ma proposition fut rejetée avec hor reur. Voici de quelle façon je suppléai à l'emploi du fer : Je taillai un bouchon de liège en cône tronqué. Sa plus large extrémité fut préparée de telle sorte qu'elle s'accommodait, aussi exactement que pos- sible, à la surface à cautériser. Un tampon épais d'agaric la recouvrit exac- tement, solidement maintenu à l'aide de quatre épingles étêtées avec une pince coupante, formant un petit crochet à leur plus grosse extrémité, et implantées, par leur pointe, dans le bouchon de liège. Une tige en baleine, convenablement soudée, à Tune de ses extrémités, à la flamme d'une bougie, fut implantée dans le bouchon, suivant son axe, et par son bout le plus mince. J'avais eu soin de pratiquer un certain nombre de coches à la tige, à con- tre-sens, de manière à assurer la solidité du bouchon, dont il importait de prévenir la chute possible dans l'arrière-gorge de la malade. Tout étant préparé, j'imbibai le tampon , d'agaric d'acide nitrique, à l'aide d'un petit tube en verre plongé dans le flacon de caustique. J'abaissai la langue de la malade, je lui fis faire une profonde inspiration, et, à peine l'expiration commencée, je portai l'instrument sur la partie à cautériser, où je la maintins aisément pendant tout le temps que le sujet put retenir son haleine. Je répétai la même manœuvre à deux autres reprises. Puis, je portai sur la partie cautérisée un tampon de charpie imbibée d'eau fraîche, mais légè- rement exprimée, afin de mieux borner l'action du toxique. Enfin j'eus soin que la malade se gargarisât avec de l'eau fraîche, et ce fut tout. La douleur fut très-médiocre. Seulement les deux ou trois jours qui suivi- rent, il y eut un peu de gêne dans la déglutition. Je recommençai six ou sept fois les mêmes manœuvres, à cinq à six jours d'intervalle ; je touchai également deux fois l'amygdale droite, et j'ai obtenu un succès aussi complet que possible. La petite tumeur hypertrophique a disparu : les amygdales sont un peu moins volumineuses. Depuis six mois, enfin, cette jeune fille n'a point eu d'amygdalite, tandis qu'elle y était sujette presque tous les toois avant d'avoir subi son opéra- tion. Sa santé générale est aussi beaucoup meilleure. Je crois que ce mode opératoire pourrait rendre de grands services dans certains casd'hypertrophie chronique des amygdales. Il n'est pas nécessaire, pour le succès de l'opération, que l'on détruise entière- ment ia portion tonsillaire exubérante. Il suffit, je crois, de produire artificiellement un surcroit de vitalité dans l'organe, lequel a pewr 232 effet, avec l'assistance toute-puissante de la nature, d'en déterminer bientôt l'atrophie. Un seul reproche sérieux est parfois imputa])lc à ce mode opéra- toire. Tous les malades ne sont pas doués d'une tolérance suffisante pour supporter pendant cinq à huit secondes consécutives les instru- ments introduits et maintenus un tel laps de temps dans la cavité buc- cale. Cette opération nécessite enfin, de la part du patient, un certain degré de patience et de bonne volonté. L'instrument tranchant est, certes, bien plus expéditif, mais il a en soi quelque chose de bien autrement etl'rayant. Le praticien peut donc être bien aise, à l'occa- sion, d'avoir une autre ressource à sa disposition. C'est dans ce but que je soumets à l'appréciation de la savante société le moyen qui, dans le cas présent, a parfaitement réussi entre mes mains, tout en en reconnaissant moi-même les imperfections. Si l'on voulait éviter les effets désagréables du dégagement des va- peurs nitriques, on pourrait tout simplement substituer l'acide sulfu- rique concentré à l'acide azotique. 6° CAUTÉRISATION PERFORANTE. L'idée première de la cautérisation perforante nitrique appartient à M. le professeur Jobert. Ce chirurgien taille comme un crayon un morceau de bois blanc, le plonge dans le caustique, et s'en sert pour perforer la partie en combinant un mouvement de rotation avec un effort de pression com- binée. Pour produire l'eliet souhaité, il est nécessaire de plonger, à plu- sieurs reprises, le petit instrument dans l'acide. Pour éviter ce très- léger inconvénient, voici l'cxpédiiMit très-simple auquel j'ai recours. Je taille, ainsi que M. Jobert, un morceau de bois blanc, mais d'une bien moindre longueur. Je creuse sa base en cône pour que le liquide fdtre plus aisément jusqu'à sa pointe; puis je l'enfonce, par cette même base, dans un petit tube en verre dans lequel je verse l'acide. Ce dernier arrive à l'extrémité perforante de l'instrument par liltra- tion. J'ai plusieurs fois opéré, par ce moyen, des loupes du cuir che- velu. 233 J'ai essayé dernièrement d'opérer également ainsi une hydrocèle de la tunique vaginale. Je me proposais d'introduire par l'ouverture ainsi pratiquée, une corde en boyau dans la cavité séreuse, à l'eiret d'en irriter les parois. Je traversai la peau du scrotum avec la plus grande facilité ; mais il n'en fut pas de même de la tunique Ubreuse vaginale. Il est vrai de dire que je fus loin de mettre dans cette tentative tout le degré d'insistance convenable. Je suis convaincu, au contraire, que l'opération telle que je l'avais conçue est très-praticable. Quoi qu'il en soit, muni par précaution de tout ce qui m'était né- cessaire, je pratiquai, par la méthode ordinaire, l'opération par injec- tion iodée. 15 grammes seulement de teinture furent injectés, étendus d'eau, dans la tunique vaginale. Cette faible dose de liquide irritant suffit pour donner lieu à de violentes douleurs locales, à d'atroces douleurs lombaires, s'irradiant jusqu'à l'extrémité de la jambe ho- monyme, et à des symptômes réactionnels assez intenses. On pourra sans doute se rendre compte de ces phénomènes insolites en tenant compte des antécédents du malade. Il fut atîecté d'orchite avec épanchement séreux il y a environ qua- torze mois. L'hydrocèle dont il est ici question était une conséquence de cette affection testiculaire. La première aura été manifestement opérée, alors que la tunique séreuse était encore le siège d'une phleg- masie subaigué. La tumeur, en etfet, avait beaucoup grossi depuis quinze jours. C'est pour cette raison que j'avais jugé prudent de n'in- jecter qu'une faible dose de l'agent substitutif; mais on sait combien les séreuses sont susceptibles et impressionnables dans de semblables conditions. Quoi qu'il en soit, mon malade a parfaitement guéri ; son testicule, toutefois, est toujours resté assez volumineux. ANATOMIE COMPAREE APPLIQUÉE A LA TÉRATOLOGIE. MÉMOIRE SUR L' ANALOGIE QUI RAPPROCHE : 1* la (lisposiliou trouvée dans k système circulatoire des fœtus peracépJiales de i'Lomme et des animani ; 2° le système iacuHaire des animaux inférieurs; 3° enGn cerialue portion du système lympiiatique des opliidiens; communiquée à la Société de Biologie Par M. le Docteur HENRI JACQUART. Lorsque nous étions encore avec M. Serres, qui occupait alors la chaire d'anthropologie, entre autres travaux de tératologie, nous avons disséqué plusieurs peracéphales humains. Le plus remarquable est un fœtus du sexe féminin, âgé de 8 mois de vie intra-utérine. Nous avons rempli, avec succès, la veine ombilicale d'une in- jection solide ; puis les minutieuses dissections des différentes parties de ce monstre ont été représentées par nous, d'après nature, sur de nombreux dessins exécutés à l'aquarelle. C'est un véritable spécimen de l'anatomie des peracéphales ; et il nous est permis de douter qu'il existe en ce genre, dans la science, quelque chose de plus complet, ou du moins de plus laborieusement étudié. L'histoire de ce monstre a été tracée en détail dans le magnifique ouvrage sur l'embryogénie, la zoogénie, et la tératogénie, que M. le professeur Serres a présenté à l'Académie des sciences, dans la séance du 21 no- vembre 1850, et qui fait partie des mémoires de l'Institut. Mais la pu- blication n'a pas encore eu lieu. Aussi nous ne pourrions parier du l'ait 23G qui nous occupe, si depuis plus de dix ans M. le professeur Serres ne l'avait montré dans ses cours au Muséum, et si nous-mème, avec son autorisation, nous ne l'avions fait connaitre en détail dans les leçons de répétition du jeudi, dont il avait bien voulu nous charger. Ce fait est donc en quelque sorte passé dans le domaine public, et il nous est permis d'y puiser les matériaux nécessaires pour établir une des pro- positions énoncées dans le titre de ce travail. jXous ne ferons qu'indiquer rapidement les particularités anatomi- ques qui ne se rattachent pas directement à notre sujet, sans cepen- dant pouvoir les omettre complètement. Le monstre, avant toute dissection, a bien un développement et une taille en rapport avec l'âge de 8 mois qu'on lui a assigné. Le placenta est très-petit, et le cordon ombilical très-court. Le corps est ramassé sur lui-même ; il est distendu, ainsi que les membres, par de la séro- sité renfermée dans les cavités du thorax ou de l'abdomen, ou daus des poches ou kystes, ou disséminée sous forme d'anasarque dans tous les tissus. Supérieurement il ne présente d'autre trace de tête, ou d'in- sertion du col, qu'un ])édicule membraneux aplati, qui part du milieu d'une poche volumineuse communiquant avec le thorax, se conti- nuant avec les deux membres supérieurs fortement renflés à leur naissance, ce qui donne au monstre l'aspect d'une masse lipomateuse recouverte par la peau d'un aspect normal, et pourvue de quatre ap- pendices sous forme de membres, les supérieurs très-courts, peu dis- tincts du tronc, les inférieurs, au contraire, assez longs et assez bien isolés. Le membre supérieur droit est terminé par trois appendices ou doigts rudimentaires, le gauche n'en a que deux. Les membres infé- rieurs n'ont chacun que deux tubercules au lieu d'orteils. Nous renvoyons, pour plus de détails, au grand ouvrage déjà cité de M. le professeur Serres. Le squelette des membres et du tronc est presque complet. Le nom- bre et la forme des os, à l'exception des doigts, tout s'y trouve. La cage de la poitrine et la cavité du bassin sont bien constituées. Au-dessus de la région dorsale, la colonne vertébrale se termine par plusieurs pièces ou noyaux osseux irréguliers, groupés en forme de pyramides, et qui sont des rudiments de vertèbres cervicales, et peut-être aussi de quelques os du crâne. Il existe douze noyaux pour les vertèbres dorsales, mais quelques- 237 uns sont jiixlaposés laléralcniciil; il y a cinq vertèbres lombaires, et six pièces au sacrum, neuf côtes à pauche et sept seulement à droite; le sternum est entièrement cartilagineux, etc., etc. Il serait impossible, à la vue d'un squelette aussi complet et pres- que régulier, surtout pour les membres, de se faire une idée du vo- lume et de la difformité du monstre revêtu de ses parties molles. Dans la poitrine, il n'y a ni cœur ni poumons. Dans l'abdomen, pas de foie, d'estomac, de rate ni d'intestin grêle. Le gros intestin complet s'ouvre librement à l'anus, et son autre ex- trémité est aveugle et ressemble à l'appendice iléo-cœcal. Deux reins, avec leurs capsules surrénales, envoient leurs uretères à une vessie très-allongée, et dont l'ouraque s'étend jusqu'à l'om- bilic. Il existe aussi une matrice échancrée vers son fond, deux ovaires, un vagin et une vulve. Un rudiment de diaphragme sépare la poitrine de l'abdomen. Nous renvoyons à l'ouvrage de M. le professeur Serres pour l'his- toire du système nerveux. Ce qui donne au monstre, avant toute dissection, son énorme vo- lume comparativement au squelette, c'est, comme nous l'avons dit, la présence d'une grande quantité de sérosité dans le thorax, dans l'abdomen et dans les creux axillaircs, l'infUtration de tous les tissus du tronc et des membres, et enfin les poches ou kystes séreux à la naissance des deux membres, qui, par leur position, méritent le nom de poche huméro-sus-scapulaires et huméro-sous-scapulaires. Mais le système circulatoire parait surtout digne d'intérêt. La veine ombilicale, remplie d'injection solide, avant d'avoir fran- chi l'ombilic, a un calibre qui dépasse d'un tiers celui de l'artère ra- diale de l'homme ; une fois dans l'abdomen, elle se recourbe au-des- sous du diaphragme rudimentaire, en formant une crosse à convexité, dirigée vers la poitrine. Deux branches partent de cette convexité, l'une gauche, dont les divisions sont destinées au membre supérieur de ce côté, à l'aisselle correspondante, et à la moitié gauche des parois thoraciques ; l'autre droite, qui pénètre dans la poitrine à travers le diaphragme rudimentaire, et se divise en deux troncs ; l'un donne de chaque côté des veines intercostales; l'autre se dirige vers l'aisselle droite, oii il représente la veine axillairc, et se continue au bras correspondant comme veine humérale. Il se ramifie sur son trajet ■238 dans l'aisselle, dans le bras, l'avant-bras et la main, et offre l'image exacte de la distribution veineuse ordinaire du membre supérieur droit et du côté correspondant de la poitrine, comme l'a fait le tronc précédent pour le membre supérieur gauclie, et la moitié correspon- dante du thorax. La crosse de la veine ombilicale, après avoir fourni cos deux troncs brachio-lhoraciques, se recourbe pour fournir les deux veines ilia- ques primitives, qui se subdivisent ensuite en veines iliaques externes et internes, dont la distribution ultérieure est normale. Il y a des veines rénales et des veines mésentériques. Il est évident que la veine ombilicale continue avec le système vei- neux normal du thorax, de l'abdomen, et des membres, fait fonctiou d'artère et va porter dans toutes les parties le sang venant du placenta. Mais il est impossible de marquer l'endroit où elle finit, et où elle se jette dans le système veineux général ; car chez le fœtus, bien conformé, c'est dans le sillon transversal du foie, au niveau de l'abou- chement delà veine ombilicale avec la veine porte, que commence le canal veineux, qui est la véritable continuation de la veine ombili- cale, et qui va se terminer dans la veine cave inférieure, un peu au- dessous de l'oreillette droite ; mais ici il n'y a ni foie ni cœur, et l'on se- rait presque fondé à dire, que c'est la veine ombilicale qui fournil toutes les veines, puisqu'on ne sait pas où elle huit, et que tout l'arbre veineux semble en provenir. Il n"y a pas deux artères ombilicales ; la gauche seule existe. L'aorte abdominale se bifurque en iliaques primitives qui se subdi- visent ensuite, comme à l'ordinaire, dans le bassin et les membres. Il y a des artères qui se rendent au gros intestin, à l'utérus, aux ovaires, aux reins et à la vessie. En haut, l'aorte traverse la cloison diaphragmaliquc, donne des ar- tères intercostales, et se divise en deux branches, la sous-clavièrc droite et la gauche; celles-ci se continuent sous le nom d'axillaires, d'humérales, etc., etc., qui fournissent, d'ailleurs, dans leur trajet, tous les rameaux ordinaires. Les divisions de lai tère aorte remplissent les fonctions de veines, s'abouchent par leurs capillaires avec ceux des veines, et rapportent le sang versé dans le système veineux parla veine ombilicale. Mais il est évident que le sang venant du placenta ne trouve pas de cœur qui lui serve d'agent propulseur, et lui permette de passer dans 239 roreilletle gauclie parle Iroii do Botal, et de là dans le ventricule gauche, pour être lancé par la contraction ventriculaire dans l'artère aorte ; il est oblige de rester dans le système veineux, et ne peut s"y mouvoir que par le vis à tergo venant du placenta; la circulation lan- guit, le sang doit tendre à stagner, au niveau des capillaires. C'est ce qui nous permet de concevoir l'existence des kystes séreux des mem- bres supérieurs, l'hydropisie du thorax et de l'abdomen, l'infiltra- tion générale de tous les tissus, et enfin nous explique une disposi- tion dans le système circulatoire, qu'il nous reste à faire connaître, et qui fait le sujet principal de notre travail. Outre le système veineux que nous avons décrit plus haut, il existe, au-dessus du diaphragme, une veine cave supérieure bifurquée en haut, et dont chacune des branches va s'ouvrir par un, ou plusieurs ra- meaux manifestement percés à leurs extrémités dans le creux de l'aisselle correspondante. Cette veine cave supérieure, assez volumi- neuse, d'un diamètre d'environ 2 millimètres, traverse la cloison qui sépare le thorax de l'abdomen, et se continue en bas avec un sinus creusé dans l'épaisseur du psoas droit. Ce sinus se prolonge jusque dans le pli inguinal du même côté, où il débouche par plusieurs ouvertures. Là existe une cavité, ou sinus inguinal, qui, par l'intermédiaire du con- duit veineux du psoas, et de la veine cave supérieure, communique avec le creux axillaire, et avec le sinus axillaire gauche par les divi- sions supérieures correspondantes de celte veine cave supérieure. Le sinus inguinal droit, et il en existe un tout semblable à gauche, est remarquable par ses dimensions, par le grand nombre de petites cavités ou cellules arrondies en forme de lacunes, qui en accidentent les parois. Une membrane lisse comme les séreuses en tapisse toutes les anfractuosités. De nombreuses ramifications capillaires de la veine et de l'artère crurale viennent, se perdre à sa surface. Mais ce n'est pas tout encore ; il nous reste une disposition fort curieuse à signaler. La veine crurale, la fémorale profonde, la grande musculaire super- ficielle, etc., etc., en un mot, toutes les divisions veineuses du mem- bre, sont entourées d'une membrane lisse qui a l'apparence d'une sé- reuse. Celle-ci, après avoir tapissé les veines, se réfléchit sur les tissus ambiants, laissant entre eux et le vaisseau un espace ou conduit rem- pli de sérosité, et creusé d'un grand nombre de petites loges ou cavités arrondies qui sept garnies d'un éperon et rappellent, par leur dispu- 240 silion, la forme des valvules sigraoïdes. Quelques-unes de ces loges soûl très-gfaiulc!^. On se souvient que, sur le monstre pcracéphale dont nous esquissons l'histoire, le système veineux général continu avec la veine ombilicale, fait fonction d'artères en amenant le sang dans toutes les parties du corps; tandis que le système artériel le rapporte vers l'ombilic par l'artère ombilicale qui le conduit au placenta. Les demi-loges ou lacunes qu'on trouve sur le trajet des veines des deux membres ressemblent tout à fait à celles des sinus inguinaux ; c'est exactement la même disposition. Du reste, ces sinus secondaires, qui suivent le trajet des veines, communiquent largement avec le sinus inguinal correspondant, dont elles semblent n'être que les ramifica- tions ou prolongements. Quel est le rôle qu'ils jouent dans la circula- tion? Remplissent-ils les fonctions de vaisseaux lymphatiques? Le sang versé par les capillaires veineux se partage-t-il en deux parties, une colorée qui retournerait, par les capillaires artériels, dans l'aorte, l'artère ombilicale, et de là au placenta, et l'autre séreuse, qui aurait pour canaux les sinus déjà décrits? Faut-il voir ici l'analogue du sys- tème lacunaire des animaux inférieurs (1)? La solution de ce problème nous semblait exiger de nouvelles dis- sections de monstres peracépbales , et nous nous proposions de diri- ger toute notre attention sur les points de leur anatomie restés ob- scurs, lorsque des études ultérieures faites sur le système lymphatique de grands ophidiens, boas etpythons, nous mirent sur la voie d'une nou- velle analogie entre cette partie du système circulatoire des monstres peracéphales et certains canaux qui charrient la lymphe chez les ser- pents. C'est ce point que nous allons aborder maintenant. Mais, pour nous faire mieux comprendre, il est nécessaire que nous donnions une idée des lymphatiques des ophidiens. L'anatomiste habitué à la disposition de l'appareil lymphatique de l'homme vient-il à étudier celui des ophidiens, il est frappé de son développement excessif. Nous ne saurions évaluer au juste la quantité proportionnelle de la lymphe comparée à la masse du sang artériel et veineux réunis chez les serpents, mais nous pouvons affirmer qu'elle (l) Sur un fœtus pcracéphale d'environ i mois, une injection de grenùtinc dissoute dans l'eau chaude et poussée par la veine ombilicale, a pénétré dans les îutôrcs et dans tons les sinus axillaires et inguinaux, et aussi dans ceux qui suivent les divisions des veines, dans les membres inférieurs. 241 l'emporte infiniment sur elle. C'est, du reste, ce que la description succincte que nous allons faire de leurs lymphatiques mettra facile- ment en évidence. Nous conseillons aux anatomistes qui ne pourraient vérifier eux-mêmes les faits par la dissection, de consulter sur le sys- tème lymphatique des reptiles le magnifique ouvrage de Panizza, So- PRA IL SlSTEiMA LINFATICO BEI RETTILI , Pavia, 1833, in-fol., dout ICS figures ne laissent rien à désirer pour la perfection du dessin; et par- ticulièrement les planclies V et VI sur les lymphatiques des ophi- diens. Ce n'est pas seulement un renflement ou ampoule, comme le réservoir de Pecquet, qui sert de confluent aux lymptiatiques chez les serpents, mais bien un énorme tube membraneux qui mérite, par ses dimension?, le nom de citerne qu'on lui a donné, et qui, sur une couleuvre longue de 1 mètre environ, n'a pas moins de 30 et quelques centimètres de longueur. Cette citerne commence à quelques millimètres de l'anus et se termine par un gros infundibu- lum près de l'extrémité du foie. Effilée à son origine, où elle commu- nique avec deux très-petites ampoules appelées vessies lymphatiques, elle se renfle progressivement à mesure qu'elle approche du foie, et n'a pas moins de 2 à 3 centimètres vers le milieu de son trajet ; quand on l'a distendue par une injection de grenétine dissoute dans l'eau bouillante. On peut se faire une idée des dimensions de ce réservoir sur des serpents de 3 ou 4 mètres, comme ceux que la bienveillance de M. le professeur Auguste Duméril nous a mis à même d'étudier au Muséum d'histoire naturelle de Paris. Il reçoit dans son trajet les lymphatiques des corps caverneux de la verge, des testicules ou des ovaires, des oviductes, des reins, du gros intestin et de l'in- testin grêle, et de l'estomac. Il y a deux canaux thoraciques qui, dans leur point le plus rétréci, ont le volume d'une plume d'oie; ils sont tortueux, noueux et renflés par places dans leur trajet; l'un est droit ou postérieur, l'autre gauche ou antérieur; un seul de ces canaux a plus de volume que le canal thoracique de l'homme (nous parlons ici d'une couleuvre longue de 1 mètre). Ils naissent de la citerne lympha- tique, le droit à 2 ou 3 centimètres de distance de la vésicule du fiel ou du pylore, le gauche à 1 ou 2 centimètres de l'infundibulum du réservoir lymphatique. 11 y a entre eux une diO'érence de lon- gueur de 7 à 8 centimètres sur l'aniaial dont il est question ici. Le droit se renfle énormément au niveau du foie qu'il embrasse et dont MÉ!\[. 16 242 il reçoit les plexus. Après avoir (luitté le foie, il se rétrécit et se pro- longe à droite vers le cœur. Le gauche, d'un calibre plus uniforme, croise la direction du pre- mier, placé dabord à droite, puis à gauche de l'œsophage. Quand ils sont arrivés un peu en avant de la base du cœur, ils se réunissent aux troncs lymphatiques qui naissent des plexus pulmo- naires, et aussi à ceux qui viennent du col, et constituent un grand plexus cardiaque, sorte d'ampoule ou réservoir noueux, bosselé, qui s'ouvre dans la veine cave antérieure. Mais il n'y a pas seulement une grande citerne lymphatique, deux canaux Ihoraciques droit et gauche, et les plexus des dilTérents or- ganes qui viennent s'y jeter; il existe encore des canaux ou sinus lymphatiques bien autrement multipliés, et d'un calibie, dans cer- tains points, très-grand; ailleurs leur diamètre est très-petit, mais leur nombre est considérable. Voici leur mode de formation : tous les vaisseaux, veines et artères, sont entourés d'une gaine qui laisse entre elle elles parois de celles-ci un espace qui n'est autre qu'un sinus lym- phatique ; les vaisseaux baignent au milie;i de la lymphe. Des brides celluleuses, des cloisons membraneuses incomplètes forment des ca- vités ou loges arrondies sur le trajet de ces vaisseaux, et simulent des valvules rudimentaires. Ce ne sont pas seulement les artères et les veines qui sont ainsi enveloppées par la lymphe ; la tra- chée-artère elle-même est entourée d'une gaine qui laisse entre elle et celle-ci un grand canal lymphatique. Celui-ci va s'abou- cher avec le plexus lymphatique cardiaque, et , dans son trajet, est cloisonné par des replis en forme de valvules semi-lunaires; il offre quand on l'ouvre une foule de petites cavités arrondies à épe- rons membraneux plus ou moins saillants. Ne retrouvons-nous pas ici les sinus observés dans les plis inguinaux, dans les creux axillaires, et sur le trajet des veines des membres inférieurs, des acéphales? Est-il besoin d'insister sur l'analogie qui existe entre cette partie du système lymphatique des ophidiens et ces sinus des acépha- les, quels que soient, d'ailleurs, les usages qu'on veuille assigner à ces derniers? Gliez les serpents, ces sinus lymphatiques qui engaî- nent eu quelque sorte les vaisseaux, ne sont pas toujours bornés à ceux d'un certain volume, mais quelquefois ils en suivent tous les embranchements et les plus petits rameaux. Sur un ophidien de forte taille, on peut, sans dissection aucune, suivre le sinus lymphatique 243 qui engaine l'aorte, par exemple, dans tout son trajet et ses subdivi- sions qui accompagnent les artères intercostales et leurs ramilica- tions. Que l'on ad mette ou qu'on nie l'analogie que nous venons d'indiquer et celle entre les réservoirs lymphatiques des ophidiens, et les sinus axil- laires et inguinaux des monstres acéphales, nous croyons avoir fait quelque chose d'utile pour la science en éveillant l'attention des ana- toniisles sur ce sujet ; et nous espérons que les anatomistes qui seront assez heureux pour disséquer d'autres monstres semblables, ne négli- geront pas de les injecter par la veine et l'artère ombilicale, et cher- cheront à compléter les recherches de M. le professeur Serres et les nôtres, en profitant des indications que nous leur avons données. ï RECHERCHES SUR L'ORDRE ET LE MODE D'APPARITION DES FOLLICULES DENTAIRES DANS LA GOUTTIÈRE DE CHAQUE MACHOIRE , lues à la Société de Biologie, dans sa séance du 17 décembre 1859, PAR MM. LES DOCTEURS Ch. ROBIN ET E. MAGITOT. A. — ORDRE d'apparition DES FOLLICULES DENTAIRES. Les follicules qui naissent les premiers sont ceux de la mâchoire inférieure, puis, un peu après, ceux de la mâchoire supérieure. Nous avons constaté ce fait chez tous les mammifères que nous avons ob- servés (1). Il en résulte que jusqu'au voisinage de l'époque de l'érup- tion des dents , les follicules inférieurs sont toujours un peu plus dé- veloppés que ceux du maxillaire supérieur; nous verrons aussi que l'ivoire se montre à la surface du bulbe des premiers un peu avant d'apparaître dans les seconds. C'est vers le soixantième jour chez le fœtus humain que naît le pre- (1) C'est à tort que quelques auteurs disent que les follicules de la mâchoire inférieure apparaissent un peu plus tard que ceux de l'autre. (Voyez Heule, ÂNAT. GÉNÉRALE. Paris, 1843; trad. fr. In-8°; t. II, p. 441.) 246 iiiier follicule à la mâchoire inférieure et vers le soixante-cinquième à la mâchoire supérieure. Ainsi, les follicules n'apparaissent pas en même temps dans les deux mâchoires, ni dans chacune d'elles en particulier; mais l'ordre d'après lequel ils naissent dans l'une se reproduit dans l'autre. Ce fait s'observe aussi sur tous les mammifères; mais pour savoir quelle est la première dent qui naît sur chacun d'eux, il faut des observations directes, parce que sur tel d'entre eux c'est une incisive comme chez l'homme; sur tel autre, c'est la canine comme chez le porc, ou une molaire comme parmi les ruminants. Pour ces derniers, ce fait coïn- cide avec l'absence d'incisives à la raàrhoire supérieure. Si, maintenant, on envisage l'ordre d'apparition de chacune des parties constituantes du follicule en particulier, on voit que pour tous le bulbe naît le premier, la paroi fort peu après lui mais cependant un peu après, puis l'organe de l'émail en dernier lieu, aussitôt que la pa- roi folliculaire est close. D'après Meckel (Beitrag zur EntwicklungsgeschiclUe der menschlichcn Zaline, Arcuiv fur die physiologie. Halle und Berlin, 1817, in-8, t. III, p. 555), le follicule ou sac dentaire nait de lui-même dans le sillon creux des mâchoires au sein d'un tissu cellulaire commun , lâche et très-vasculaire (p. 556). Chez le fœtus de 10 semaines, il compte quatre follicules, deux antérieurs incisifs et deux postérieurs plus volumeux séparés des autres par un espace libre. C'est à la fin du deuxième mois qu'apparaîtrait le cinquième follicule entre les deux paires précédentes (p. 559-560). Nous avons vu que ce n'est pas là tout à fait l'ordre de leur apparition. Il admet, avec Blake (On the STRUCTURE AND FORMATION OFTEETH. Dublin, 1801, iu-B, p.l), qucc'estvers le quatrième mois qu'apparaît le follicule de la première dent perma- nente. Il croit à tort que dans le principe, les follicules sont pleins de liquide, sans trace de bulbe ou germe et que celui-ci se montre au quatrième mois de la vie intra-utérine. Il nait toujours simple et non par plusieurs portions distinctes qui se souderaient ensuite, et cela, même pour les dénis dont la couronne commence par plusieurs points osseux distincts (p. 560-561). M. Oudet a admis avec divers auteurs que les membranes des folli- cules dentaires sont les parties que se forment les premières et que c'est à une époque avancée dans le cours du troisième mois qu'il se développe à l'extrémité des vaisseaux du follicule un petit corps 247 jaunâtre ; la pulpe, qui monte peu à peu, soulève la membrane interne qui devient de cette manière son enveloppe extérieure (Oudet, Dict. de MÉD., t. X, 1855, p. 98) Nous verrons que les choses ne sont pas ainsi disposées. Raschkow admet aussi à tort que la paroi nail la première, puis un noyau formé de corpuscules ou grains anguleux reliés entre eux par des fibres; il le nomme organe de Cémail^ qui naîtrait avant le bulbe ou germe dentaire. Il note que la paroi est vasculaire dès le principe surtout du côté des vaisseaux et nerfs dentaires d'où lui arrivent ses capillaires (Raschkow, Melemata circâ mammalium oentium EVOLUTiONEM. Vratislaviœ, 1835, in-4% p. 12). M. Guillot admet que le follicule naît par une masse qu'il nomme sphéroïde inilial ou tracepri- mitive des dénis ] que trois divisions distinctes apparaissent rapide- ment dans ces sphéroïdes, par une sorle de fractionnement ; l'une est centrale et il la nom.me nucleus ou noyau, nom qui prête à équivoque, c'est le germe dentaire ou organe de l'ivoire ; la seconde est située au- tour de l'autre, c'est la zone moyenne ou organe de l'émail ; la troi- sième extérieure s'organiserait en sac fibreux, lorsque déjà les germes de l'ivoire et de l'émail sont formés depuis longtemps dans la partie génératrice; plus tard encore, elle devient vasculaire (Guillot, km. DES se. NAT., 1859, t. IX, p. 289 à 297). Nous verrons plus loin que ce n'est point ainsi que se passent ces phénomènes. Pour tous les follicules , le développement de ces parties consti- tuantes, et par conséquent du follicule, s'opère dans le même ordre de similitude et de succession. C'est dans le premier apparu que la paroi folliculaire se clôt, que l'organe de l'émail se montre, que nait l'ivoire et l'émail après lui; ces phénomènes s'accomplissent d'après ce même ordre dans le follicule né le second, mais un peu plus lard, et ainsi des autres, quellesquesoientrespècederaammifères et l'espèce de dent dont il s'agisse; réciproquement, on ne voitpasun folliculené avant un autre être devancé par ce dernier, dans ce développement particulier primi- tif. Mais il importe, dès à présent, de ne pas confondre ce qui regarde le développement de ces parties du follicule avec ce qui concerne la dent en tant qu'organe résistaut otfrant une couronne ou partie exté- rieure et une portion radiculaire ou partie intérieure. On constate, en effet, que chaque dent une fois née, en tant qu'ivoire et émail, suit un mode de développement qui lui est propre ; distinct du mode de déve- loppement du follicule autant que l'ivoire diffère des tissus formant le follicule et différent d'une dent à l'autre en tant qu'organe, selon le 248 volume et le degré de complication de chacune d'elles. C'est ainsi par exemple que la couronne est plus rapidement achevée sur les incisives des veaux que sur leurs dents molaires qui sont plus grosses et com- posées, bien qu'elles soient nées manil'eslement assez longtemps avant les précédentes. Aussi l'éruption des incisives est-elle, malgré cela, commencée à la naissance et Unie à un mois, bien avant l'éruption des molaires. L'éruption est donc un phénomène qui est subordonné surtout au développement de la dent comme organe et qui n'est pas en rapport essentiel avec la naissance et le développement du follicule. Ce phéno- mène est, en outre, compliqué par tout ce qui se rapporte au dévelop- pement et à l'atrophie des maxillaires et des gencives, comme le montre l'érupiion de la dent de sagesse. De là vient que la sortie des dents ne se fait pas chez tous les animaux dans le même ordre que la naissance des follicules auxquels elles correspondent. Il en résulte qu'on ne doit pas conclure de l'un de ces phénomènes à l'autre. Au contraire, la régularité avec laquelle se succèdent et achèvent de se développer les parties essentielles du follicule d'après l'ordre de leur apparition première fait que, sur plusieurs follicules réunis les uns à côté des autres, on peut assurer que le plus développé au point de vue de la structure est le plus ancien , lors même que son volume est moindre que celui de quelque autre. 11 résulte de là que, dans la pratique de l'anatomie, pour juger de l'époque précise de l'apparition des follicules, il n'y a en quelque sorte de dilficulté que sur ce qui concerne le premier qui se montre. Ce point fixé, le degré d'avancement de ceux qu'on trouve sur ses côtés à une époque ultérieure fait reconnaître facilement l'époque de leur nais- sance par rapport à lui. Chez le fœtus humain, l'ordre dans lequel apparaissent les follicules est à peu près le même que celui de la sortie des dénis correspon- dantes pour chacune des mâchoires considérées individuellement. Ainsi le follicule de la molaire antérieure et celui de l'incisive in- terne apparaissent à peu près en même temps, et plus tard la dentine se montre dans tous les deux simultanément; vient ensuite l'incisive externe qui les suit de près; un peu après se montre la molaire pos- térieure; puis la canine nait en dernier lieu. Elle reste longtemps si- tuée sur un plan plus voisin des vaisseaux et nerfs dentaires corres- pondants que les autres. 249 Le nombre des l'olliciiles do la première dentition se trouve alors complet (1). Cela a lieu vers le soixante-dixième jour pour la mâ- choire inférieure et le quatre-vinglième jour pour la mâchoire supé- rieure. Alors OQ voit paraître à l'extrémité postérieure de la gouttière maxillaire, presque immédiatement derrière le follicule de la grosse molaire, un nouveau follicule, celui delà première grosse molaire per- manente, dont la sortie n'a lieu, comme on sait, que vers la sixième année. L'apparition de ce follicule a lieu au quatre-vingt-cinquième jour pour la mâchoire inférieure, et varie du quatre-vingt-dixième au quatre-vingt-quinzième jour après la conception pour la mâchoire supérieure. Quant aux autres follicules des dents permanentes, ils n'apparaissent que beaucoup plus tard après la naissance (2). (1) D'après Henle, l'ordre d'apparition des follicules serait le suivant : 1° Molaire antérieure, canine, incisive interne, incisive externe, molaire postérieure {loc. cit., 1843, p. 44) ; mais il n'en est pas ainsi. M. Oudet avait déjà indiqué {loc. cit., 1835, p. 99): 1° qu'au commencement du troisième mois on trouve les follicules des deux incisives et ceux des deux molaires en même temps séparés par un intervalle assez grand; 2° qu'à la fin du troi- sième mois, au milieu et en dehors de l'intervalle ci-dessus, on découvre le sac de la canine; 3» qu'à la fin du quatrième mois, apparaît le sac de la pre- mière grosse molaire permanente. On vient de voir que la naissance des fol- licules a lieu plus tôt et dans un ordre un peu différent. Il ajoute avec Hunter (1771) et beaucoup d'auteurs répètent (Goodsir, etc.) que dans le cours du septième mois on voit distinctement les sacs des incisives permanentes, puis, un peu plus tard, celles de la canine et de la deuxième grosse molaire. Ce n'est qu'après ou à l'époque même de la naissance chez l'homme, ainsi que nous le verrons, que les dents permanentes naissent sur le côté des au- tres. Aussi faut-il se garder d'admettre, avec M. Guillot, que chez l'embryon humain âgé de 3 mois on voit déjà le follicule initial de l'incisive de lu deuxième dentition à côté de ceux de la première [loc. cit., 1859; t. IX, p. 312). (2) Bischoff dit (Développement, Paris, 1845, p. 401-402, 418-419) que «le bord du maxillaire chez le fœtus est très-épais et renflé, parce qu'il renferme des dents de lait et même quelques-uns de ceux des dents permanentes ; » que « le premier rudiment des dents permanentes apparaît de très-bonne heure, et pour toutes dès la vie embryonnaire même. » Nous verrons plus loin qu'il n'en est rien, non plus que de l'hypothèse de Goodsir, d'après laquelle ces follicules des dents permanentes se développeraient aussi par de petits enfoncements de la muqueuse se produisant de la quatorzième à la quinzième semaine de 250 Chez le porc, le premier follicule qui apparaît est celui de la ca- nine, qui se montre dés l'époque où le fœtus a 6 centimètres environ du vertex à la racine de la queue. Presque aussitôt après se montre la grosse molaire moyenne de première dentition, et en même temps la troisième incisive ou externe, tout contre la canine. Chez les ruminants, tels que le veau et l'agneau, le premier folli- cule qui apparaît est celui de la première grosse molaire, vers l'épo- que où l'agneau a environ 05 millimètres et le veau 90 millimètres de longueur totale. Ces dimensions correspondent à peu près pour les deux espèces au vingtiè.Tie ou vingt-cinquième jour après la concep- tion. Pendant que s'effectue chez les ruminants le développement des molaires, on voit se produire simultanément les phénomènes d'évo- lution des incisives au nombre de huit, comme on sait. On recoo- pait facileraenl que les follicuk'S des deux grandes incisives ou inci- sives médianes apparaissent après celui de la première grosse mo- laire et à peu près en même temps que celui de la deuxième petite molaire, tandis que les follicules des quatre dernières ou petites inci- sives correspondent à l'apparition du fullicule de la deuxième grosse molaire. B. — MODE DE GENÈSE DU FOLLICULE DENTAIRE. Nous avons dit plus haut que toutes les parties du follicule ne nais- saient pas en même temps, que le bulbe naissait le premier, puis la paroi folliculaire, et enfin l'organe de l'émail. C'est par le mode dit de genèse que s'accomplit leur naissance. Le lieu précis de la naissance des follicules doit être noté. Ce n'est pas tout à fait contre les vaisseaux des nerfs dentaires déjà existants que naissent les bulbes, mais un peu au-dessus, dans l'épaisseur du tissu sous-rauqueux remplissant la gouttière, à peu près au milieu de la profondeur de celle-ci. La base du follicule se rapproche plus tard un peu davantage de ces vaisseaux et nerfs lorsque cet organe grandit. la vie intra-utérine, mais qui deviendraient cavités complètes avant de ren- fermer un bulbe, lequel ne s'y montrerait pourtant qu'à partir du cinquième mois. 251 Les phénomènes généraux de celle genèse sonlinléressants à suivre. Un peu avanl la naissance des premiers vestiges du bulbe, la partie correspondante du lissu sous-muqueux remplissant la gouttière maxil- laire devient plus opaque et surtout plus vasculaire que le tissu am- biant gélatiuiforme. L'augmentation d'opacité snr ce point dépend d'une accumulation de noyaux libro-plastiques et d'une diminution relative dans la quantité de matière amorphe (I). La vascularité de ce point devient en même temps considérable. Les capillaires forment, en effet, des mailles polygonales ayant environ deux l'ois le diamètre des capillaires limitants. Les réseaux, très-distincts des réseaux voi- sins par leur richesse et leur configuration, forment par leur ensem- ble une bande répondant exactement au niveau du tissu où doit s'effectuer le développement des follicules. Ces réseaux se prolongent un peu vers le fond de la gouttière maxillaire sous forme de festons arrondis donnant à la bande vasculaire un aspect onduleux. C'est vers le centre de chacun de ces festons qu'a lieu pour les quatie grandes incisives d'abord, puis pour les quatre petites chez les rumi- nants, l'apparition d'une petite masse obscure qui n'est autre que le bulbe. Celui-ci offre dans le principe une forme arrondie dont le dia- mètre transversal est plus grand que le diamètre vertical; son bord inférieur est nettement limité, tandis que le bord supérieur reste diffus. Lorsque le bulbe a acquis un certain volume, on voit se dessi- ner autour de lui la bande grisâtre foncée qui représente la paroi fol- (1) Rascbkow (1835) a déjà fait voir que c'est sous la muqueuse et nou par renversement de celle-ci que naît le follicule ou sac denlah-e, qui, dans les premiers temps, est libre de toute communication avec la gencive, mais lui adhère plus tard à l'aide de vaisseaux et directement. Ce sont ces adhé- rences qui, vues à une période avancée de l'évoIatiOQ du follicule, ont été considérées à tort comme primitives, par suite de l'hypothèse ancienne de la production de celui-ci par renversement de la muqueuse et parfois suppo- sées creusées d'un canal, puis nommées gubemaculum dentis et iter dentis. Malgré l'exactitude des descriptions de Haschlcow, ces vues ont continué à être admises en même temps que l'hypothèse de Goodsir, mais elles ont de nouveau été combattues avec raison par M. Guillot (Ann. des se. nat., 1859; t. IX, p- 287 à 270). Rasclikow a noté aussi que le prétendu cartilago dentalis des gencives ne renferme pas les éléments du tissu cartilagineux, mais une épaisse couche épithéliale sur une muqueuse épaisse. 252 liculaire. Cette bande, après avoir circonscrit la base du bulbe, s'élève au-dessus de lui d'une quantité ;ï peu près égale au plus à sa propre hauteur chez les ruminants, mais bien moins chez l'Iioinme et le porc. Gellepartie n'a l'aspect d'une bandelettequ'en raison du mode d'examen de ces organes, elle indique la présence d'un sac, mais ouvert du côté de la muqueuse et dont le bord libre se réunit à lui-môme un peu plus tard. A ce moment le follicule est clos; sa cavité est bientôt exacte- ment divisée en deux parties, parce que, aussitôt cette occlusion opé- rée, l'organe de l'émail naît; la partie inférieure est occupée parle bulbe, la supérieure remplie par l'organe de l'émail. Lorsque le folli- cule est ainsi complet, il présente dans les incisives et les canines une forme ovoïde allongée à grand diamètre vertical. Le bulbe alors s'a- grandit notablement et devient plus haut que large. En même temps son sommet prend la forme d'un cône un peu aplati d'avant en ar- rière, de sorte que l'organe offre la configuration extérieure d'un coin semblable aussi à celle de la couronne future. Dès que le follicule des molaires est complété par l'occlusion de la paroi, il offre un diamètre à peu près égal en tout sens chez l'homme, mais devient bientôt plus large que long; mais chez la plupart des au- tres mammifères, il offre cette particularité dès l'époque de l'occlu- sion de sa paroi. Il est ici à peu près ovoïde dans le seus de la lon- gueur de la mâchoire et non dans le sens de sa hauteur. Sur tous les follicules on voit peu après l'occlusion, et à l'endroit où elle a eu lieu sur la paroi, un court prolongement de celle-ci, formé comme elle par des libres et des vaisseaux, qui se dirige vers la mu- queuse sans l'atteindre. Chez tous les mammifères et chez les reptiles, le bulbe se présente à cette époque sous forme d'une petite masse grisâtre, un peu plus foncée que le tissu ambiant dont rien ne la sépare. Elle est même en continuité de substance par sa base avec ce tissu, mais le reste de la périphérie, bien qu'immédiatement contigu avec celui-ci, s'en détache facilement, et présente une surface lisse très-nettement limitée. La teinte grisâtre du bulbe et son peu de transparence par rapport au tissu ambiant tient à ce que son tissu est formé dès son apparition par des noyaux ovoïdes finement granuleux, dont nous parlerons plus loin. Us sont un peu séparés les uns des autres par une petite quan- tité do matière amorphe, plus granuleuse et bien moins abondante que dans le tissu ambiant. 253 A cette époque le bulbe est, comme nous l'avons dit, à peu près co- nique, plus ou moins surbaissé pour les incisives et les canines, tout à fait mousse ou seulement bombé, et bien plus large à sa base et dans le voisinage de celle-ci pour les molaires. Dès son apparition il a de 2 à 4 dixièmes de millimètre de haut, et atteint rapidement 5 à7 dixièmes, sur une base un peu moindre pour les incisives et les ca- nines, mais presque double pour les molaires. Sur les embryons des mammifères, tels que l'homme, le porc, le veau et l'agneau, à l'époque indiquée plus haut, apparaît au sein du tisssu mou et transparent sous-muqueux, une petite masse globuleuse, opaque, composée principalement de noyaux embryoplasliques. Cette petite masse est le bulbe dentaire. Sa base ou pai tie profonde est, dès son apparition, assez nettement dessinée par une ligne courbe demi-circulaire, tandis que la partie opposée se confond encore avec le tissu ambiant. Un peu plus tard, on trouve cette partie nettement dessinée à son tour et légèrement pointue vers son milieu; le bulbe acquiert ainsi la forme d'un cône plus ou moins surbaissé selon l'espèce de dent dont il s'agit, et à base arrondie, se continuant insensiblement avec le reste de la surface. Lorsque le contour du sommet du bulbe se dessine, on voit en même temps ou à peu près se détacher circulai- rement de la base ou partie profonde du bulbe une bande grisâtre, plus foncée que le tissu ambiant, mais moins que le bulbe et à con- tour dillus. Cette ligne foncée représente la paroi folliculaire, com- mençant à apparaître, et qui bientôt circonscrira tout le bulle, avec la base duquel elle est en continuité de substance. Ainsi, dans le principe la circonférence de la base du bulbe n'est encore séparée par rien du reste de la surperlicie du bulbe; leurs sur- faces se continuent sans interruption l'une avec l'autre. Mais peu de temps après la naissance de ce petit organe, on voit se dessiner au pourtour de cette base quelques tilaments plus foncés que le tissu am- biant, sans être aussi peu translucides que le bulbe avec le tissu du- quel ils sont en continuité de substance. Us interrompent ainsi la con- tinuité de surface qui existait entre la base du bulbe et le reste de son étendue. Bientôt ces filaments forment, comme nous l'avons dit, une petite bande grisâtre un peu moins foncée encore que le petit cône lui- même. Elle est en contact direct avec sa surface, mais la moindre pression des lames de verre l'en écarte. Elle circonscrit ainsi la surface 254 ilii bulbe, sans être encore close du côté de son sommet, ce qui arri- vera bientôt toutefois et sans se replier au-dessous de sa base, de la circonférence de laquelle elle part comme nous venons de le dire. Cette petite masse conique est le bulbe dentaire; la petite bande grisâtre est la paroi du follicule. Le bulbe apparaît le premier, la paroi folliculaire un peu après. Le bulbe dentaire ou germe de l'ivoire, puis la paroi folliculaire, parties fondamentales du follicule, sont donc les premières qui appa- raissent. Dans les périodes d'évolution qui suivent la naissance du bulbe et de la paroi folliculaire, ces deux parties acquièrent une forme plus nette et mieux déterminée; la bande grisâtre se distingue plus exactement encore des parties voisines ; elle s'éloigne légèrement de la surface du bulbe, et ses extrémités se réunissent du côté du sommet de ce dernier pour former ainsi une cavité close de toute part, daus laquelle plon- gent toute la partie antérieure et le sommet du bulbe. L'apparition de la paroi folliculaire au sein du tissu sous-muqueux est accompagnée d'une exagération de vascularité. Les capillaires qui se produisent ainsi autour et dans l'intérieur de la paroi sont disposés en mailles polygonales assez régulières partant de la base du follicule pour se réunir à son sommet en une sorte de pinceau vasculaire. L'abondance de ces vaisseaux est quelquefois telle qu'elle donne aux préparations fraîches une opacité qui ne se dissipe qu'au bout de quelques heures ou par l'emploi de la glycérine. Ce n'est que plus lard, peu avant le moment de l'apparition des premiers chapeaux de denline, que se développent des vaisseaux, et plus tard encore des nerfs dans l'épaisseur du bulbe, dont jusqu'alors le tissu n'est formé (juc par les éléments que nous avons mentionnés (1). Entre la face utérine de la paroi folliculaire et la surface de la partie saillante des bulbes ainsi modifiées, naît et se développe pendant ce temps l'organe de l'émail. Il se présente alors sous l'apparence d'une masse claire, transparente en continuité de substance avec la paroi, tandis qu'elle n'est que contigué à la surface du bulbe dont la sépare, ([uelques jours après sou apparition une ligue pâle et blanche qu'un (l)l{ascbkow (1835) aie premier noté celte apparition Jes vaisseaux et des nerfs dans le bulbe comme postérieure à son apparilion. 255 examen attentif fait reconnaître comme formée par la rangée continue des cellules de l'émail (1). Cet organe a, chez les ruminants, la même disposition générale que chez l'homme, c'est-à-dire qu'il emboîte exac- tement toute la partie saillante du bulbe, à la façon d'une lame gélati- neuse molle d^unc épaisseur identique sur tous les points, et qu'on au- rait étendue sur une surface irrégulière et mamelonnée. Ainsi, peu après l'occlusion de la paroi folliculaire vers son sommet, on voit apparaître entre la surface du bulbe et la paroi une zone transparente dont l'éten- due varie suivant les espèces animales ou la nature des dents. Cette zone, qu'on pourrait croire remplie de liquide tellemenl elle est trans- parente, est occupée par l'organe de l'émail, dont la translucidilé reste toujours très-grande, surtout à l'époque où il vient d'apparaître. 11 ne faut pas confondre avec cette zone les intervalles que la pression des lames de verre peut produire entre elle et la paroi complètement dé- veloppée, par écartement et distension de la paroi comprimée ; inter- valles qui se remplissent du liquide de la préparation. A mesure que progresse le développementdu follicule, labande gri- sâtre représentant la paroi acquiert des bords de plus en plus nette- ment dessinés , indiquant des surfaces interne et externe de mieux en mieux distinctes par rapport aux tissus conligus. Elle finit par re- présenter une enveloppe sphéroïdale ou conoïde offrant une résistance assez grande et complètement distincte des parties voisines. Elle ne renferme encore que le bulbe et l'organe de l'émail qui vient de naître; celui-ci remplissant et constituant la zone transparente interposée en- tre la surface du bulbe et les parties tant supérieures que latérales de la paroi folliculaire. La zone claire remplie par l'organe de l'émail s'étend en diminuant toujours d'épaibseur jusqu'au sillon circulaire que forment, autour de la base du follicule, le bulbe et la paroi folliculaire par leur continua- tion en ce point. La pression même légère du follicule en distendant sa paroi, peut non-seulement en séparer l'organe de l'émail, mais écarter aussi celui-ci du bulbe dentaire. Il en résulte la production de deux cavités étroites que sépare l'organe de l'émail, et entre les- quelles il se trouve comme suspendu. Elles sont pleines du liquide de (1) MEMBRANE DE l'émail de RascLkow (1835) ; il la considère comme formée par de courtes fibres à 6 pans juxtaposées, reconnues comme étant des cel- lules par Schwann (1838). 256 la préparation qui pénètre pas endosmose et qui tient parfois en sus- pension des noyaux détaciiés de l'organe de l'émail. Rasclikow, qui a observé ce fait, considère ces cavités comme non accidentelles, et con- sidère le liquide comme de nature lymphatique contenant des corpus- cules incolores Mais il est facile de voir sur des folicules isolés, étudiés sous la pression des lames de verre, que la paroi folliculaire est natu- rellement très-rapprochée de la surface de l'organe de l'ivoire, à cause de la minceur de l'organe de l'émail à cette époque ; tandis qu'elle s'en écarte sous les yeux de l'observateur lorsqu'on vient à compri- mer la préparation. La base du bulbe est à cette période la partie la plus large, ou l'est un peu moins que la portion du follicule immédiatement placée au- dessus, qui est souvent un peu renllée; il en résulte alors pour les follicules des canines et des incisives eu particulier, un aspect ovoïde à grosse extrémité courte presque aplatie et tournée vers la profoQ- deur des tissus. Cette extrémité ou base du follicule est formée par la base même du bulbe, qui plus tard se rétrécit au niveau du silloQ intérieur qui résulte de sa continuation avec la paroi folliculaire. Ce rétrécissement devient assez prononcé dans quelques espèces , par exemple chez le foetus humain à l'époque de la naissance, pour faire paraître le bulbe comme pédicule au fond du follicule. C'est cette por- tion rélrécie qui s'allonge plus tard en partie radiculaire du bulbe, et qui reçoit directement les vaisseaux et les nerfs; tandis que la partie du bulbe qui se montre la première et qui bientôt va recouvrir l'or- gane (le l'émail en est la partie qui correspond à la couronne de la dent, ou partie coronaire. Si, à cette époque, on place l'ensemble de l'appareil folliculaire dans une préparation aplatie au fuyer du microscope à un grossissement assez fort, ou voit que le bulbe dentaire n'est encore formé que de noyaux ovoïdes pour la plupart, les autres arrondis, moins transpa- rents, plus riches en lines granulations grisâtres et un peu plus petits que les noyaux embryoplastiques. Lors de l'apparition du bulbe, et à l'époque voisine de la naissance dont nous parlons, ces noyaux sans être contigus, sont très-rapprochés les uns des autres; un peu de matière amorphe, à peine granuleuse, leur est interposée; mais plus tard il n'en est plus de môme, comme nous le verrons. La paroi folli- culaire renferme avec quelques noyaux embryoplastiques et un peu de matière amorphe linemeut granuleuse des libres lamineuses tanlfi 257 l'élat de corps fusiformos que complètement développées, assez serrées et formant par suite une lame membraneuse. Aucune cellule ne se rencontre encore à la surface du bulbe non plus qu'à la face profonde de la paroi folliculaire. Nous avons déjà dit que dès son apparition cette paroi renferme des capillaires formant des réseaux d'une forme déterminée et restant la même à toutes les périodes de la vie fœtale. Us seront décrits dans un travail ultérieur. Aux phénomènes qui précèdent, et qui se rapportent à l'apparition des parties constituantes du follicule, succèdent alors de nouvelles moditicatioiis amenant des changements qui sont de trois ordres. Ils portent en etfetsur le volume du follicule, sur sa forme et sur sa constitution intime. Le fond ou partie la plus adhérente aux tissus ambiants reste toujours convexe, tandis que la partie opposée, di- rigée vers la muqueuse, semble légèrement ondulée pour les follicules des incisives, assez régulièrement conique pour la canine; quant aux molaires, les faces interne et externe de leur follicule offrent phi- sieurs saillies corroïdesou aplaties. On observe alors assez facilement que les saillies de la partie du follicule tournée vers la gencive repro- duisent ainsi d'une manière générale la forme et le nombre des sail- lies du bulbe dentaire lui-même. Cette reproduction cependant, qui persiste pour le bulbe lui-même, ne reste parfaitement exacte pour l'ensemble du follicule que pendant la durée du temps où sa partie gingivale n'adhère pas encore intimement au tissu de la muqueuse. Une fois cette adhérence ultérieurement établie, elle ne permet pas à la paroi de se mouler exactement sur les parties intérieures da follicule. Quoi qu'il en soit, l'aspect général du follicule rappelle assez bien dans sa totalité la forme extérieure de la couronne de la dent future. Gela dépend, comme nous le verrons, de ce que le bulbe dentaire re- présente pour ainsi dire le moule sur lequel se développent la paroi folliculaire, l'organe de l'émail, et enfin la couronne, puis plus tard la racine de la dent; or, sa naissance précédant celle de toutes les portions constituantes du follicule, celles-ci viennent successivement se moulera sa surface. Les phénomènes d'augmenlalion des volumes du foUicule se répar- tissent également dans toute la masse; ainsi le follicule de la canine, par exemple, qui, au début du développement, n'avait que 4 à 6 dixiè- mes de millimètre de largeur acquiert au moment de l'apparition du MÉM. 17 Î58 premier chapeau de dentine jusqu'à 2 millimètres, el celte largeur peut atteiadre pour les molaires, à la même époque, jusqu'ù 3 el 4 mil- limètres. Il importe de noter que ces détails ne peuvent s'observer que sur des pièces l'raiches, isolées simplement des parties dures de la mâ- choire ou lui étant encore adhérentes selon le volume de ce dernier organe, et n'ayant pas encore subi l'aplatissement que nécessite la conservation entre deux lames de verre des préparations microscopi- ques. La compression du follicule donne lieu en etîet à ditTérents phé- nomènes qui changent considérablement les rapports et la forme des parties. La paroi folliculaire se plisse sur elle-même,- et tous les or- ganes glissant l'un sur l'autre, le bulbe se sépare parfois de l'organe de l'émail qu'il touche, et ce dernier quelquefois aussi de la paroi folliculaire, à laquelle il adhère par simple contiguïté. En même lempsle follicule prend une forme à peu près s[)héroidale, les saillies de la paroi s'effacent complètement. 11 faudra donc toujours tenir compte de ces modifications dans les préparations d'ensemble des follicules observées après compression. Lorsque la paroi a acquis une certaine netteté, le follicule des mo- laires subit les modifications suivantes : 11 s'élargit considérablement dans le sens de sa longueur, c'est-à-dire suivant l'axe de la mâchoire. Cet élargissement dépend de deux causes : d'abord de l'accroissement en volume du bulbe lui-môme, puis de la naissance de deux petits prolongements sur les côtés de sa base. On voit en ciVel, eu avant et en arrière de la partie la plus saillante du bulbe, s'élever et croître de petites saillies mamelonnées qui s'élèvent bientôt verticalement, devenant peu à peu saillantes et coniques comme la saillie médiane primitive, laquelle d'ailleurs reste toujours plus élevée et plus volu- mineuse que les autres. 11 y en a chez tous les animaux autant de paires qu'il y a de tubercules à la couronne des dents. Ces saillies, qui ne sont autres que la reproduction des tubercules principaux delà couronne, continuent à s'é'ever en se dirigeant vers la muiiueuse. Elles restent constamment séparées l'une de l'autre par un sillon pro- fond. 11 résulte de celte disposition que dans les périodes ultérieures de l'évolution, le bulbe des molaires se compose d'une base unique, étroite, surmontée de saillies muUiples s'allongeant de plus en plus, offrant chacun individuellement la forme d'un cône, ou mieux une pyramide à sommet de plus en plus aigu et représentant par leur en- 259 semble la disposition à loges multiples de la cavité de la pulpe en même temps que la forme générale des divisions de la couronne. Plus tard, chez les ruminants, naissent de petites saillies latérales, placées plus près du sillon que forme la jonction du bulbe avec la paroi, et qui donneront naissance aux tubercules latéraux. A l'époque qui correspond à peu près à la naissance de l'organe de l'émail dans le follicule de la première grosse molaire chez les rumi- nants, on voit apparaître au-devant d'elle le follicule de la deuxième fosse molaire dont l'évolution s'etïectue exactement de la même ma- nière que le précédent. A ce deuxième follicule succède alors celui de la deuxième grosse molaire, puis celui de la première petite molaire ; l'évolution de chacun d'eux reproduit la série des phénomènes déjà décrits avec des modiQcalioos de volume et de forme en raison même des variétés de volume et de forme des dents futures. ÉTUDE PHYSIOLOGIQUE DES PHÉNOJIÈxNES OBSERVÉS CHEZ UNE FEMME ATTEINTE DE PARALYSIE HYSTÉRIQUE, Par M. LIÉGEOIS, Docteur en médecine, ancien interne des hôpitaux, membre de la Soc'été anatomique, de la Société médicale d'observation. de la Société d'anthropologie, lauréat des hôpitaux, aide d'anatomie à la Faculté de médecine de Paris. Il y a deux mois environ, j'avais l'honneur de lire à la Société de bio- logie un mémoire intitulé : De l'influence des sensations sur le mou- vement, et en commençant ce travail je disais que celui-ci m'avait été suggéré par l'observation d'une femme atteinte de paralysie hysté- rique. Les phénomènes si curieux que celte malade me présenta m'en- gagent à faire à la Société une seconde communication et à faire suivre chaque fait de réflexions physiologiques. Quelques-unes de ces ré- flexions ont, il est vrai, déjà trouvé place dans mon travail, mais cependant je crois qu'il est nécessaire ici de les reproduire, afic de donner un tableau aussi complet que possible des troubles singuliers qu'il me fut permis d'observer. El d'abord j'extrais de l'observation les troubles qui ont rapport à la musculation. Les muscles des deux côtés du corps sont également développés, et leur pouvoir contractile est à peu près égal. La marche est lente, mais elle n'est nullement troublée, à la condition toutefois que la malade verra son pied se mouvoir ; car si par hasard elle 262 porte ses yeux de côté, elle s'aiïaisse du côté gauche et tombe sur le sol; si des membres on passe à lu face, celle-ci n'est pas déviée, les muscles du côté gauche se contractent à peu près comme ceux du côté droit ; quand on fait parler ou rire la malade ; si cependant la parole est rapide et le rire exagéré, on observe une légère déviatioD du côté droit. La mâchoire inférieure se meut parfuilemcnt sur la supérieure, et les aliments qui oiïrent une certaine résistance sont dilacérés ou broyés comme par une personne saine, mais toujours ils sont trans- portés instinctivement par la malade sur le côté droit de l'arcade alvéolaire. Un fait qui a lieu de nous surprendre est le suivant : Si, plaçant un doigt entre les dents du côté droit, nous engageons la ma- lade à nous mordre, elle le fait facilement; mais si nous plaçons notre doigt du côté gauche, il lui devient impossible de rapprocher les deux mâchoires, quoique sa volonté intervienne activement. Pour la faire mordre, il est nécessaire de porter alors un autre doigt du côté opposé. La langue n'est point déviée; elle conserve sa rectitude normale quand la malade la tire hors de la bouche, mais il lui est impossible de porter la pointe à gauche. Dans l'action de flairer, la narine gauche se dilate moins que la narine droite. Mais les choses sont bien diiVérentes si l'on examine ce qui arrive dans les mouvements des muscles du côté gauche, après qu'on a pris soin de fermer les deux yeux ou l'œil droit seulement, car lœil gauche était amaurotique. La malade ne seul plus la main qu'on lui faisait presser avant de clore les paupières, et quand sa volonté intervient énergiquement pour exercer une compression sur la partie qu'elle croit embrasser exactement, il ne se passe que de légers mouvements dans les muscles de l'avant-bras, et encore ces mouvements se passent- ils plutôt dans les extenseurs que dans les fléchisseurs. La prions-nous de leverson membre inférieur ou son membresupérieur gauche, ceux-ci ne changent point de place, et cependant elle a la certitude que les mou- vemenls ont été exécutés, et son étonneraent est grand quand la main qui lui fermait l'œil ayant été enlevée, elle ne trouve point son membre dans la position qu'elle a cru lui donner. Quelle que soit la manière dont on dispose le membre, qu'il soit élevé ou incliné, celui-ci reste hxe et immobile, et cependant la malade croit l'avoir abaissé. Inutile d'ajouter qu'elle ne peut exécuter aucun acte qui exige l'intervention des deux mains quand les yeux ont été fermés, comme de faire un nœud avec un ruban par exemple, et même si les yeux étant ou- 263 verts, nous la prions de nouer derrière son dos le cordon de son tablier, la main droite seule exécute des mouvements autour delà main g;iufhe immobile, sans qu'il lui soit possible d'arriver à aucun résultat. Si elle est levée et qu'elle porte à sa main gaucbe, ou sur son avarit-hras gauche (léchi sur le bras, un panier, elle ne le conserve dans cette posillon qu'à la condition qu'elle le verra; si elle regarde de côté, l'avant-bras se délléchit et le panier tombe. EnDn, si on lui ferme les yeux quand elle marche, le membre gauche reste en arriére tandis que le droit s'avance, et quand le premier temps du pas a été accompli, c'est-à-dire quand le bassin a été élevé et porté en avant par le membre droit, !e membre gauche obéit à son propre poids, dé- crit !in mouvement de pendule sans que la malade en ait conscience, et le pied de ce côté, au lieu de dépasser l'autre, s'arrête au niveau de celui-ci. Disons que pour étudier ce phénomène il était nécessaire de soutenir la malade, sans quoi elle se serait affaissée sur le côté gauche. Toujours, quand on ferme les yeux, la mâchoire inférieure s'élève sur la supérieure, à moins qu'on n'interpose un corps quel- conque entre les arcades du côté gauche. J'ai cru devoir rapporter ces symptômes comme devant surtout servir de complément à mon mé- moire, auquel je renvoie pour les réflexions que ceux-ci m'ont suggé- rées. Dans ce mémoire, je les ai supposés connus ; et en effet, ils repro- duisent avec la plus parfaite exactitude ce que l'on observe chez toutes les malades atteintes de paralysie hystérique. Un seul phénomène jusqu'ici est pour ainsi dire insolite : c'est l'impossibilité pour le sujet de l'observation de mouvoir la mâchoire inférieure, quand un corps quelconque était appliqué sur les arcades dentaires du côté corres- pondant à la paralysie, c'est-à-dire du côté gauche. Etudiant les phénomènes qui se rapportent à l'appareil moteur du globe oculaire, il me fut facile de m'assurer que les muscles de l'œil gauche, au lieu d'être arrêtés dans leur mouvement comme tous les muscles de la partie gauche de la face ou des membres, continuaient à se contracter avec la même régularité et la même précision que les muscles de l'œil droit, et d'une façon synergique. Mais appuyant le doigt sur la paupière droite, de manière à exercer sur le globe oculaire une pression assez énergique, je fus frappé de voir l'œil gauche com- plètement immobilisé. Ce fait me parut d'abord, je dois le dire, ex- traordinaire, mais depuis cette époque j'étudiai avec soin cette ques- tion de la molilité des muscles de l'œil, et je reconnus qu'il n'y avait 2(i4 daus cette immobilisation rien (lui IVit exceptionnel. Je nie pris pour Bujet de l'expérience, et j'arrivai au résultat suivant : Si, lixant un de mes globes oculaires dans mon orbite de manière à empêcher com- plètement celui-ci de rouler sous le doigt, j'enrayais immédiatement les mouvements de l'œil du côté opposé. L'expérience est facile à faire pour tout le monde; seulement au début la pression est douloureuse, mais en la répétant souvent, la sensibilité finit par s'émousser, et l'on arrive à immobiliser son œil de la façon la plus complète. Du reste, sans vouloir obtenir toute la préci.-iou désirable, on peut la modifier de la façon suivante. Que l'on fixe avec les deux yeux un objet placé sur le sol, que l'on accroche alors la partie postérieure du globe ocu- laire avec l'index et le médius recourbés en crochet, et qu'on l'accroche même d'une façon assez incomplète afin d'éviter une pression doulou- reuse, puis la tète restant dans la même position, que l'on cherche à élever l'œil du côté opposé dans le but de voir un objet placé au pla- fond par exemple, et l'on reconnaîtra que le champ de la vision n'at- teindra jamais cette limite, pour peu que l'œil comprimé soit fixé, tandis que les doigts comprimants étant enlevés, cet objet deviendra visible par la contraction des muscles élévateurs rendus alors à la liberté. Il est étonnant que personne jusqu'ici n'ait même soupçonné ce phénomène. Chacun reconnaît qu'un œil ne peut se mouvoir sans l'autre, et aucun physiologiste ne s'est demandé si le contraire arri- verait si, lorsque les muscles d'un côté ne pourraient plus agir sur le globe oculaire, dont ils assurent le mouvement; si, dis-je, les muscles du côté opposé jouiraient encore de leur intégrité d'action. Dans ces expériences, que j'ai répétées des centaines de fois eu immobilisant un œil dans toutes les positions possibles, je suis arrivé au même ré- sultat. J'immobilisais chaque œil dans la position correspondante à celle qu'il possédait dès qu'une compression exacte était faite sur l'œil du côté opposé. J'ai cherché à répéter ces expériences sur l'ani- mal, le lapin et le cochon d'Inde; malheureusement on ne peut déter- miner chez ceux-ci des mouvements oculaires bien prononcés; toute- fois je dois dire, sans cependant rien affirmer, que ces expériences sont plutôt en accord qu'en désaccord avec les faits observés sur moi-même. Passant sur cette femme à l'examen des mouvements des paupières, j'observai un phénomène digne à tout égard de l'attention des physio- logistes. Toute la peau de la face du côté gauche était atteinte d'anes- 265 thésie, comme nous le verroiis tout à Thoure, et cependant, quand j'appliquais sur la peau de la paupière ou de la partie supérieure de la joue un corps étranger quelconque, je déterminais dans les deux voiles palpébraux desmouvements. Je crus toutd'abordqueces mouve- ments, de nature réflexe, étaient consécutifs à une impression visuelle, et je me hâtai, pour m'en assurer, de fermer la paupière droite (l'œil gauche était insensible aux impressions lumineuses), ou bien les deux paupières en même temps, sans les comprimer de façon à empêcher dans celles-ci de légers mouvements. Et quoique les impressions lu- mineuses n'arrivassent plus à l'encéphale, le phénomène cependant restait le même, les paupières entraient en mouvement quand j'exci- tais la surface cutanée des parties indiquées, et la malade elle-même s'étonnait à juste raison des mouvements que la paupière droite exé- cutait sous mon doigt; car aucune sensation ne lui en révélait ni la cause ni la nature. Voilà donc une femme qui, quoique complètement paralysée du sentiment, qui par conséquent ne percevait plus les impressions intérieures, exécute encoreavec les paupières des mouve- ments sans conscience, consécutifs à une impression sans conscience. On sait que Marshall Hall, le premier, considérant que les muscles de la vie de relation pouvaient continuer à exécuter des mouvements d'ensemble sous une influence indépendante de la volon'.é, admet comme physiologiquement distinct de l'appareil nerveux volontaire, un appareil nerveux spécial, excito-moteur, composé de nerfs inci- dents ou excitateurs (nerfs eisodiques), de nerfs réfléchis ou moteurs (nerfs exodiques), et la moelle èpinière (centre diastaltique), par la- quelle ces nerfs spéciaux seraient unis entre eux, comme les nerfs sensitifs et volontaires formant une fraction de la moelle le sont par le cerveau proprement dit. Pour Marshall-Hall, un cordon nerveux composé offrirait deux origines : l'une dans le cerveau, l'autre dans la moelle èpinière. M. Longet, réfutant cette idée, s'exprime en ces termes. Traité de PHYSiOLOGiK, t. H, page 115 ; « L'existence de fibres nerveuses spéciales distantes des Qbres sensitives et motrices ordinaires ne saurait être décidément admise par le physiologiste, puisqu'elle n'est fondée que sur une supposition. Et d'ailleurs, dès que l'on reconnaît que l'encé- phale et la moelle èpinière constituent deux centres d'innervation, séparés ou réunis, indépendants ou dépendants, selon les circon- stances, on ne voit pas bien pourquoi les mêmes cordons nerveux ne 266 pourraient pas être subordonnés à l'un et à l'autre, pour donner lieu à des phénomènes dont les dilTérences dépendraient seulement de l'axe cérébro-spinal, qui entrerait plus particulièrement en action. Je (lois avouer que l'élude des phénomènes observés chez ma ma- lade, et que je viens de relater, a ébranlé cependant chez moi une conviclion à lacpielle ces quelques lignes si judicieusement écrites m'avaii'nt entraîné. Jusqu'ici, en ell'el, comme l'a dit M. Longet, il n'y avait pas de preuves pour appuyer l'opinion de Marshall-Hall, opi- nion qui, chez ce dernier même, n'était qu'i l'état d'hypothèse. Je crois fournir ici un commencement de preuve de cette indépendance des fibres volontaires et des fibres réflexes, que je dois chercher à com- pléter. En disant que cette malade ne me fournit qu'un commencement de preuve, je veux exprimer cette idée, que ces faits ne nous permettent pas pour le moment d'arriver à une conclusion complètement rigou- reuse. On pourrait m'objecter, en effet, que chez celte femme, l'im- pression faite à la peau des paupières a pu s'arrêter en route, si je puis m'exprimer ainsi, et n'est point arrivée jusqu'aux hauteurs de l'encé- phale, jusqu'au siège du sensorium ; que cette impression, qui s'est arrêtée à la moelle, a cependant suffi pour mettre en jeu son principe excitateur. Mais s'il existe des cas où par le fait d'une compression, par ex(;mple, exercée sur le trajet du nerf moteur de la face, les mou- vements de clignement des paupières ne peuvent pins s'ellectuer quand la volonté a encore prise sur ces mouvements, n'aurons-nous point là le complément de la preuve fournie par mon observation? Alors que je faisais des recherches pour ma thèse inaugurale, et que je ne per- dais point de vue les faits que je conservais soigneusemeul dans mes carions depuis 1857, je fus assez heureux pour trouver dans la science (Gazette Médicale) deux observations dont Tune appartient à M. Za- breski, l'autre à Dugès. Je me contenterai d'extraire de la première ces quelques lignes, qui sont importantes pour notre sujet, d'autant plus que l'observation de Dugès est tout à luit analogue : Obs. — « W entre à l'hôpital avec des syniplùmcs de syphilis secon- daire pour lesquels il est mis à l'usage de la salseiiarcille. Vers le déclin des accidents, il fut tout à coup all'eclé de paralysie de quelques-uns des muscles de la face. L'intégrité des organes sensoriaux ne permet pas de reconnaitre une afTection bornée à la septième paire. Mais la circonstance singulière que présente ce cas, c'est que l'occlusion des paupières n'avait 267 pas lieu du côté droit pendant le clignement instinctif, et ([u'au contraire le malade pouvait les fermer de ce même côte lorsqu'il faisait de ce mouve- ment un acte de sa volonté. » Pour M. Zabrcski, ce qui peut rendre compte de ce l'ait observé, c'est que la volonté fournit toujours au muscle paralysé un degré d'ai;tion supplémentaire, et de beaucoup supérieur à celle qui résulte du prin- cipe des mouvements involontaires. Mais j'objecterai à celte explica- tion Tobservalion même de ma malade, qui, atteinte de paralysie des mouvements volontaires des paupières, ne mouvait cependant pas ses paupières quand on l'en priait, alors que la paupière droite était fer- mée, quoiqu'elle apportât pour l'exécution de cet acte toule l'énergie possible. El ne savons-nous pas, du reste, que, dans un accès d'hysté- rie, la femme qui en est la victime déploie dans ses mouvements dés- ordonnés, involontaires cependant, une force dont elle ne serait pas susceptible en dehors de l'accès. Dugès, de son côté, attribue ce phé- nomène à ce que les mouvements de clignement sont sous la dépen- dance du facial et les mouvements volontaires sous la dépendance de l'ophlbalmique de Willis. C'est là une erreur qu'il est, je pense, inu- tile de combattre. Dans l'observation de M. Zabreski, il esl évident pour moi que par le fait même de l'affection syphililitiue, une compression quelconque a été exercée sur le trajet du nerf facial, de manière à arrêter la trans- mission de l'inllux nerveux dans une certaine quantité de fibres du facial. Ce qui le prouve, c'est qu'il n'y avait pas seulement que les fibres qui président aux mouvements de clignement des paupières qui étaient paralysées, mais encore des libres présidant aux mouvements volontaires de quelques muscles de la face. (Il fut, dit l'observation, affecté de paralysie de quelques-uns des muscles de la face.) Je résume ma pensée sous une forme anatomico-physiologique, en disant : 1° Les fibres destinées à transmettre les impressions faites à la surface des paupières appartiennent à un seul et même tronc, le nerf trijumeau ; mais parmi ces fibres qui le constituent, les unes s'arrêtent dans les cellules de la moelle allongée, les autres dépassent cette limite et vont jusque dans les hauteurs de l'encéphale. Les pre- mières transmetlent à la moelle allongée une impression brute, si je puis me servir de cette expression, dont nous n'avons pas conscience ; les autres transmettent à l'encéphale une pression perçue par le sen- sorium, et mise à profit par celui-ci pour servir de base à nos déter- 268 mioations, nos jugements, nos relations. 2° Les libres destinées à transmettre aux paupières le principe excitateur des mouvements apparliennent à un seul et même nerf, le nerf facial. Mais parmi les fibres qui le constituent, les unes partent des cellules de la moelle allongée, d'où elles tirent leur origine, les autres des cellules de l'en- céphale ; les premières transmettent le principe excitateur consécuti- vement à l'impression qui est arrivée au bulbe et s'y est arrêtée ; les autres transmettent le principe excitateur consécutivement à une excitation psychique, la volonté. Ce phénomène de réflexion persistant, malgré la paralysie des fibres de sensibilité, est aussi très-manifeste quand on excite la membrane pitiiitaire avec un corps étranger; seulement le phénomène réaclionnel est d'un autre ordre, il porte sur la sécrétion de la glande lacrymale. Malgré la paralysie complète de celle membrane privée de la sen- sibilité de contact, de la sensibilité spéciale, chaque fois qu'un stylet était porté à une certaine profondeur des fosses naï^ales, dos larmes abondantes coulaientsur la surface conjonctivale. Nous voyons donc encore ici que l'impression faite dans les fosses nasales sur une sur- face en apparence complètement insensible, est transmise à une cer- taine partie des centres et réagit sur les libres nerveuses motrices des vaisseaux de la glande pour activer la sécrétion. Il n'est plus permis aujourd'hui de douter que l'action du système nerveux sur les appa- reils glandulaires soit toute mécanique; le système nerveux doit être regardé comme destiné à régler la quantité de liquide qui doit traver- ser la glande pour les besoins de la sécrétion, sans avoir la moindre influence sur les mutations de ce liquide; c'est dans les cellules glan- dulaires que se passent les métamorphoses, c'est là que s'accomplit l'acte vital. J'ai parlé dans mon mémoire des troubles si singuliers que me pré- sentait cette malade, alors que j'étudiais sur elle chaque sens en par- ticulier. Je demanderai la permission à la Société de revenir sur ces phénomènes, et de les rappeler complètement, car, comme on le verra,' ces phénomènes ont aujourd'hui peut-être une importance bien autre qu'à l'époque même où je présentais mon travail. J'eniprunle donc une nouvelle fois à l'observation les faits suivants : La malade ne nous accuse aucun trouble du côté de l'audition ; cependant, vou- lant nous en assurer, nous plaçons notre doigt dans l'oreille gauche, elle nous dit qu'elle entend autant qu'avant ; puis plaçant le doigt 260 dans l'oreille droite, nous sommes tout étonné de la voir s'affaisser sur elle-même et tomber sans mouvement ; le doigt ne fut pas plutôt retiré qu'elle se releva, demandant dans son étonnement ce qui venait de se passer. Frappé du retour rapide de son intelligence, et enhardi par cela même, je refis l'expérience alors qu'elle était couchée, et le doigt ne fut pas plutôt introduit qu'immédiatement l'intelligence est abolie ; le pouls me paraît baisser, la respiration notablement di- minuée, presque abolie. Si on la brûle, la pince, l'électri se,elle de- meure complètement insensible du côté droit comme du côté gauche. Dans une troisième expérience, j'arrive derrière elle sans qu'elle m'aperçoive et j'introduis mon doigt alors qu'elle avait prononcé la première syllabe du mol personne, et aussitôt elle s'arrête après avoir prononcé la syllabe per. Môme phénomène d'insensibilité, de perte intellectuelle. Dans ma quatrième expérience, je la surprends alors qu'elle buvait un verre d'eau à pleine gorgée ; j'introduis mon doigt justement au moment où le pharynx est élevé au summum ; la bouche restée ou- verte, et la ma' hoire même tombant par son propre poids, me permet de voir la plus grande quantité de liquide restée dans l'entonnoir pha- ryngien complètement immobile. Je lâche le doigt, elle revient à elle, exécute un fort mouvement respiratoire suivi d'une quinte de toux due probabk'ment à l'entrée du liquide dans le larynx, et quand celle- ci est terminée, tout est rentré dans l'ordre; seulement, pendant un quart d'heure au moins, elle accuse dans la tête des douleurs sourdes, elle ne peut marcher ni faire aucun travail. Quand on l'interroge sur ce qu'elle a éprouvé pendant qu'où lui fermait l'oreille, elle dit ne se souvenir de rien, si ce n'est qu'il lui a semblé qu'elle avait reçu un mauvais coup qui l'a étourdie et fait perdre connaissance; déplus, elle traduit la perte de ses facultés intellectuelles eu disant qu'elle ne pense plus. Je prohte de suite de cette observation pour faire une réflexion que j'ai reportée ici à dessein. Eu face de ces phénomènes si singuliers, si extraordinaires que me présentait cette uialade, on pourrait se deman- der si je n'ai pas été victime d'une supercherie, et l'on a toujours le droitde se faire cette question en songeant combien de fois des femmes surtout ont abusé de la bonne foi de leur médecin. Mais on doit sup- poser que je me suis mis à l'abri de cette fourberie par tons les moyens possibles, en appliquant sur les parties supposées insensibles des exci- 270 tants divers, réleclricitô, la chaleur, et d'une énergie telle que la fausse patiente n'aurait pas manqué de trahir la ruse ; on peut encore dire que certaines personnes, et les femmes encore ici plus que les hommes, sont susceptibles de supporter les douleurs les plus vives sans dénoter la moindre émotion, et pour en donner un exemple, je n'oublierai jamais une malade à laquelle M. Michon avait excisé une parlie de la lan<,^ue pour un cancroïdc f|ui ne larda pas à récidiver et sur lequel on appiicpia le fer rouge. Celle femme, d'un courage rare, suggéré du reste par l'instinct de la conservation, amenait sa langue elle- même à la rencontre du fer rouge et la pressait fortement sur celui-ci. A supposer donc que ma malade fût soupçonnée d'être douée de cette dose de courage, je crois que le doute tombera en pensant qu'il n'est au pouvoir de personnede tenir son pharynx élevé et immobile, sur- tout quand un liquide le remplit. J'ajouterai que les supplications qu'elle m'adressait pour ne point réitérer sur elle ces dernières expé- riences plaident manifestement en faveur de l'honnéleté; de plus, que MM. Grisolle, Marliu-Magron, Uuchemin, Joberl furent témoins de ces faits, qu'il leur a sufli de voir pour être convaincus de leur réalité. J'ai insisté sur ces petits détails, parce que quand je lus l'observation de celte femme à la Société médicale, il resta quelque doute dans l'esprit d'un membre, et celte communication ne peut, comme on le comprend, intéresser qu'à la condition que ce doute soit enlevé. Après cette di- gression, si, revenant à notre sujet, nous nous demandons de quelle nature sont ces phénomènes, quelles en sont les causes, on compren- dra notre embarras aujourd'hui comme quand je présentais mon mémoire; alors, pour donner une ombre d'explication, je me deman- dais si l'on ne pouvait point appliquer ici l'axiome des sensualistes : « Nihil est in inlellectu quod non priùs fuerit in sensu. » Je me demandais si cette femme dont les sens se trouvaient notablement ré- duits en fermant l'oreille aux impressions extérieures, n'aurait pas perdu par ce seul fait l'usage de ses facultés intellectuelles. Mais quand je réfléchis que celte femme se trouve en définitive dans dos con- ditions analogues aux malades atteints d'hémiplégie par cause de lésion cérébrale, et que ceux-ci ne présentent rien d'analogue quand on leur ferme l'oreille, je suis tout prêt à laisser de côté mon expli- cation. Si donc aujourd'hui je suis aussi pauvre d'explication qu il y a quelques mois, je suis plus riche, ce me semble, de faits h placer à 271 côté de celui-ci, et je crois être clans le vrai en les mettant sur la même ligne que ces faits si singuliers quiserapporleiilà l'iiypnotisme. Sans m'étendre plus longuement sur ce sujet, je me demande si l'on ne pourrait pas, en agissant sur le sens de l'ouïe en même temps que sur le sens de la vue, liàler les phénomènes d'aneslhésie, et si l'on ne pourrait pas, sur certaines femmes comme chez ma malade, parvenir au même résultat en agissant seulement sur le sens de l'ouïe. Étudiant les troul)les de la sensibilité cutanée chez celte femme, je trouvai du côté gauche une paralysie complète de sensibilité générale, une paralysie complète de sensibilité de contact, une paralysie com- plète deseiisibilité de chatouillement, une demi-paralysie desensibilitô de température. Toutes les excilations physiques ou mécaniques faites à la peau n'étaient point perçues, tout corps mis eu rapport avec les téguments n'étant point senti, le chatouillement restait sans etïet; mais quand j'approchais de la peau un corps incandescent, les yeux même de la malade étant fermés, celle-ci accusait une sensation de va- peur,de souffle, quelquelois de cuisson. En énumérant ces quatre or- dres de paralysie, je ne fais qu'obéir à une idée que des observations multiples m'ont suggérée. Pour nous, la peau n'est point le départ d'une impression spéciale, unique qui.modiliée parle mode d'application des agents qui la pro- duisent, nous fournirait une série d'impressions que l'on doive cepen- dant rapporter au sens du tact. L'idée est loin d'être nouvelle, et sans donner un historique de la question, je me contenterai de rappeler que M. Gerdy admet vingt ou trente sensations spéciales. iN'ous repo- sant sur les observations que nous avons pu constater et faire au lit des malades, nous serons plus réservé, et réduirons pour le moment à quatre les impressions spéciales des téguments. J'ai pu en effet démontrer tous les cas où une des sensations précé- demment citées, à l'exception toutefois du chatouillement, avait per- sisté quand les autres étaient éteintes, et pour ne pas nmltiplier les exemples dont la science aujourd'hui est très- riche, je me contenterai de rapporter ici deux faits dont l'un m'est propre, et l'autre m'a été communiqué par mon excellent maître M. Marliii-Magion, et ces deux faits, je les choisis à dessein parce qu'ils sont précisément l'inverse du fait que j'observais chez ma malade. Chez une femme hystérique, la sensibilité de température seule était abolie, et un jour qu'elle por- tait dans une pelle à main des charbons ardents, un charbon tomba 272 sur la main et produisit une escarre assez considérable sans que la malade ail perçu la moindre sensation. Le sujet de l'observation de M. Martin était une repasseuse qui sentait parfaitement le fer qu'elle maniait, mai» qui n'avait pas la notion de sa température, et quand M. Martio la vit, sa main était noiiverte de phlyclènes multiples. De ces observations j'infère que dans la peau viennent se rendre des libres essentiellement diverses au point de vue du rôle qu'elles ont à remplir, les unes destinées à conduire au centre des impressions d'une certaine forme, les autres d'une certaine autre; la peau n'est pas seulement le sens du toucher, c'est le sens du contact, de la tem- pérature. Un membre de cette société, observateur des plus persévé- rants, M. Bastien livrera sans doute bientôt au monde médical ud travail qui certainement répandra sur cette question un jour tout nou- veau. Au moyen de la compression exercée sur les troncs nerveux, compression qu'il est arrivé à pouvoir graduer, il est parvenu à ce ré- sultat inattendu (communication orale) : les nerfs de la sensibilité spéciale de la peau sont disposés dans les troncs nerveux en zones con- centriques, car des impressions régulières et graduelles abolissent successivement les sensations de poids, de résistance, de tempéra- rature, de contact, etc. On voit par ces quelques lignes que M. Bas- tien admet, lui aussi, plus de sensations spéciales que nous. Reste la question du chatouillement. L'observation clinique n'a pas, que je !>ache, démontré plus aux autres qu'à moi cette sensation per- sistant quand les autres étaient abolies ; toutefois il est nécessaire, pour ne pas faire erreur, de se mettre en garde contre l'influence de l'imagination. Si, en etîet, expérimentant sur notre malade, nous ne prenions pas le soin de lui fermer les paupières, elle relevait promp- tement son membre, accusant une sensation réelle, tandis qu'en lui fermant les yeux elle ne percevait aucune sensation. Cependant le raisonnement joint à quelques faits d'observation nous conduit à regarder le chatouillement comme une sensation spéciale qui doit être regardée comme distincte des autres sensations. Entre la sensa- tion de contact ou la sensation de douleur éveillée par l'application des corps sur les téguments, et la sensation de plaisir éveillée par le cha- touillement, je trouve une telle ditrorencc, qu'il m'est diflicile de me soumettre à cette idée que le chatouillement est une sensation de con- tact modifiée par la manière dont l'excitant a été appliqué. Pourquoi alors certaines parties de la peau, telles que celle du mamelou, peu 273 seDsibles au coutact des corps extérieurs le deviennent-elles par le lait de la titillation? Mais la meilleure preuve que l'on puisse donner de cette distinction que nous cherchons à établir se tire du mode du sensibilité du col utérin. Tout le monde sait que les excitations phy- siques, mécaniques, chimiques, faites sur le col sont à peine perçues; mais ce que l'on ignore généralement, c'est que chez la plupart des femmes la lililiation de cette partie fait nailre des sensations volup- tueuses qui, même chez quelques-unes, sont bien plus puissantes que la sensation éveillée par la titillation du clitoris. L'idée n'est pas neuve. Smellie, au dire de Haller, le premier appela l'attention sur l'excessive sensibilité du col, car il dit : « Sensum acerrimum in uteri « ore reperit Smellie, ut femina à levi tactu exclamaret, » et Haller de son côté, tout en reconnaissant la grande sensibilité du clitoris, re- connaît cependant au col une vraie sensibilité développée sous l'in- fluence de la lililiation, car il dit à ce propos : « Os uteri in venerc « ab adfiicto organo genitali maris cum voluptate titillatur; eliam « totius pndendi sensus est et polissiraum clitoridis qua constricta « continuo femoracontremescunt. » Depuis Haller les auteurs, peut-être par un sentiment de pudeur, n'ont pas parlé de cette espèce de sensibilité du col, et si moi-même j'ai donné iri quelques détails sur cette question, c'est qu'il y a quel- que temps j'eus Toccasion de mettre à profit celte idée que je croyais véritablement dépourvue d'importance pratique. Une femme mariée ne pouvait plus subir les approches de son mari au moment de l'éré- thisme vénérien, la sensation de plaisir qu'elle rapportait très-bien au fond du vagin, se convertissait insensiblement en une sensation telle- ment douloureuse, qu'elle était décidée à renoncer complètement à ses devoirs conjugaux. Le conseil que je donnais au mari de ne point arriver dans l'acte du coït sur la partie sensible fut suivi avec tout le succès désirable. Nous concluons donc que le col ulérin, sensible sur- tout au chatouillement, doit cette sensibilité à un ordre de fibres spé- ciales, incapables de transmettre des impressions de contact et de température. En admettant la multiplicité des fibres destinées à conduire des impressions dilférentes, nous reconnaissons néanmoins une identité dans la constitution anatomique de ces fibres. Nous regardons les nerfs sensibles comme de simples conducteurs; seulement ces nerfs et même les filaments qui les constituent, aboutissent certainement à des MÉN. 18 274 parties différentes des centres nerveux qui sont ctiarf^és de les re- cueillir et de les utiliser pour nos délerminations ultérieures. Kn multipliant ainsi les attributions du système nerveux, on encourt, je le sais, le re[)roclie de contribuer à embrouiller encore une partie de la science déjà bien obscure ; cependant s'il est démontré aujourd'hui d'une façon, on peut dire certaine, grâce aux travaux si remarquables de M. Bernard, qu'il est dans les centres nerveux des points ou foyers qui les uns président à la circulation de l'abdomen, les autres à la circulation de la face, les autres aux mouvcniL'nls de l'iris, d'autres a la respiration, à la sécrétion du sucre de la salive, etc., je ne vois point pourquoi on n'aurait pas hasardé des hypothèses sur la spécia- lité des foyers de sensibilité , et pourquoi ces hypothèses ne se trans- formeraient pas un jour en vérités scientifiques sous l'observation des médecins physiologistes? Il nous reste, pour terminer ce qui a rapport aux troubles du côté de la peau observés chez cette femme, à parler d'autres phénomènes d'une importance et d'une nature tout autre. Chez cette femme, la peau de tout le côté gauche de la face, du cou, du tronc et des mem- bres, était d'une pâleur remarquable, contrastant avec la coloration du côté opposé, surtout quand la malade s'était donné un peu de mouvement; un llierniomètre mis dans les deux aisselles dénotait une différence de température de 3" ou davantage du coté gauche, la sé- crétion sudoripare ne s'effectuait plus du même côté, et quand après un travail actif la peau du côté droit était baignée de sueur, celle du côté opposé restait complètement sèche; enfin si l'on traversait la peau avec une aiguille, on ne déterminait pas la sortie d'une seule gouttelette sanguine, à la condition toutefois qu'on ne dépassât pas la face profonde du tégument, et si quelques instants après la piqûre on examinait la partie qui avait été traversée, on remarquait à la sur- face de la peau une série de petites taches rosées au niveau desquelles la sensibilité était revenue. Que déduirons-nous de ces faits, et de ce dernier surtout. Nous ne dirons pas qu'il n'y avait plus de sang, car l'absence de ce liquide implique l'idée de gangrène, mais nous dirons que le sang que contenaient les capillaires de la peau était en quantité inappréciable. Ce fait, dont je nai jamais entendu parler, si ce n'est par mon excellent maître M. Grisolle, qui m'a dit l'avoir observé plu- sieurs fois, ce fait, dis-je, existe chez un grand nombre de ces ma- lades paralytiques ; pour ma part, je l'ai constaté cinq ou six fois an î)5 moins, mais je n'oserais pas assurer qu'il lùL conslaul. Dans le cas actuel, au moins il nous est permis, je pense, d'expliquer la plupart des troubles accusés par le système tégiimentaire. Si les glandes sudo- ripares ne reçoivent qu'une quantité très-faible de sang, il est ration- nel de penser qu'elles ne devront transmettre à l'intérieur qu'une quantité minime de produit; si les capillaires de la peau sont momen- tanément fermés à la circulation, la température doit être notable- ment diminuée, et puisque la sensibilité d'un organe varie avec la quantité de sang que celui-ci contient, rien d'étonnant (luc chez notre malade la sensibilité cutanée ait complètement disparu. Le physiolo- giste s'occupe habituellement de l'influence des agents mécaniques, physiques, chimiques, sur le système nerveux ; mais, il faut bien le dire, il laisse un peu de côté l'influence des agents physiologiques sur le même système et surtout l'influence de l'agent qui lui est indispen- sable pour l'exercice de ses fonctions, le sang. M. Brown-Séquard a compris toute l'importance de cette étude, aussi à quel résultat admi- rable n'est-il point arrivé, et il est probable que si le physiologiste ((ulttait de temps à autre son laboratoire pour étendre le champ de ses observations jusque dans les salles de l'hôpital, cette question conduirait rapidement à des résultats d'une utilité pratique incon- testable. Je ne puis m'em pécher, à ce propos, de citer le résumé d'une ob- servation extrêmement importante, que je dois encore à l'obligeance de M. Martin-Magron, observation qui prouve, de la façon la plus évidente, l'influence que le sang peut avoir sur la perturbation des fonctions. 11 s'agit d'une jeune fille présentant à certaines épo(]ues des accès de nature manifestement hystérique et qui, dans d'autres moments et sans cause connue, est prise de convulsions tétaniques d'une in- tensité effrayante. Voilà dans quelle condition : la malade est assise, perd connaissance tout à coup; au bout de quelques instants, la peau des extrémités devient violacée, puis les jambes el les l)ras se déflé- chissent, et bientôt survient une roideur tétanique de tous les mem- bres, roideur telle, qu'on pourrait soulever la malade tout d'une pièce comme on soulèverait une statue. L'apparition de ces convulsions tétaniques est accélérée par i'attou' chement de quelques parties du corps que ce soit. Quand les mouvements respiratoires reparaissent, la roideur se 27 G dissipe pulit à petit, l'iiilelligeuce revient cl tout esl leutré dans l'ordre. Or, dans cet exemple, ne voyons-nous pas un rcsullat rumarquablr de rinfluence des ciîels du sang dans le système nerveux central ? Une nouvelle preuve à l'appui de cette opinion se tire du mode de traitement qu'emploie M. Martin pour l'aire cesser ce ti;tanos quand il voit les accès se prolonger. Quehiues ventouses scarifiées, appliquées le long de la colonne vertébrale, suflisent pour dissiper complète- ment ces accès. Ajoutons que lors des premières attaques que la malade re?.-entit, l'ue seule ventouse était nécessaire pour l'aire cesser les troubles de Ja locomotion ; mais la nécessité s'étant t'ait sentir d'iq^pliquer le Uième mode de traitement un grand nombre de l'ois, plus le sang s'ap- [)auvrissail, plus il l'ullail en eiilevL'r pour jjroduire un iHet. Nous rapprocherons ce résultat des bons eiïels ejuc produit la saignée daus les cas d'éclampsie, ainsi (jue M. Depaul nous l'a démontré. On trou- vera, dans les travaux de M. Brown Séquard, des exemples non moins curieux que celui que je viens de rapporter, de convulsions de même nature, dissipées sous la seule influence du décubitus ventral. Est-il besoin, pour démontrer maintenant l'influence du sang sur la partie périphérique, de rappeler les eiïets de l'arrachement du ganglion cervical supérieur, dont le résultat est d'abord d'une plus grande quantité de sang dans la peau de la face, et les conséquences de ce résultat, l'augmentation de température, de sensibilité? Il me semble difficile de contester l'importance de ces phénomènes que la science et la thérapeutique peuvent mettre à prollt. Pour revenir à notre sujet, si l'afllux du sang dans certaines par- ties du système nerveux central ou périphérique exagère les pro- priétés de ceux-ci, il est rationnel de penser que la diminution du sang produira un etl'et inverse, amoindrira par conséquent ses pro- priétés, le rendra en un mot nioins excitable. C'est donc ce qui arrive à notre malade qui, recevant moins de sang à la peau, a perdu la sensibilité dans celle-ci. Cette perte de sensibilité par diminution du liquide dans les capil- laires tient-elle à l'absence du plasma, dont le rôle unique serait d'humecter simplement la libre nerveuse, ainsi que quelques auteurs distingués l'ont annoncé? Je crois plutôt que ce phénomène est le résultat d'un défaut de nutrition, et que la fibre nerveuse pas plus que la libre musculaire ne peut jouir de ses propriétés qu'à la cou- 277 dilion qu'elle sera en contacl avec un plasma douii des propriétés de réparer les pertes dont elle est le siège. Mais ici se présente une question, celle de savoir pourquoi les vaisseaux capillaires n'apportent |)lus à la peau le sang nécessair au fonctionnement de ses parties intégrantes, nerfs et glandes. 11 est bien diflicile de ne pas voir dans ce phénomène un etTet de la conlractilité des vaisseaux capillaires, soumise à l'influence du sys- tème central, dont les propriétés, cliez cette femme comme chez toutes les femmes hystériques, sont exaltées comme on le sait. Je suis heureux ici de me servir, pour cette explication, des belles recher- ches de M. Marrey, sur la contractilité de ces vaisseaux; elles nous ont démontré, en elfet, que l'iniluence des agents excitateurs sur ceux-ci pouvait être double; si l'excitation est modérée, les capil- laires diminuant de calibre expulsent le sang contenu dans leur in- térieur; si l'excitation est plus intense, les capillaires se dilatent, au contraire, et permettent l'abord d'une plus grande (luantité de sang. De là une coloration ditférente dans les parties sur lesquelles ces phé- nomènes sont observés. (Voy. Mémoire sur la contractilité vascu- LAiRE, par M. Marey.) En conséquence, ce que nous observons cbez notre malade, la pâ- leur de la peau, la diminution ou l'absence de la sécrétion sudoripare de la sensibilité de la température, me paraissent devoir se rattacher aune cause principale, le défaut de liquide nourricier dans les tégu- ments ; mais cette cause nous paraît subordonnée elle-même au sys- tème nerveux central. Les résultats consécutifs à la piqûre de la peau viennent bien plaider en faveur de cette manière de voir. Que faisons- nous en traversant celle-ci avec une épingle? nous favorisons la dila- tation des capillaires par la très-vive excitation que produit l'épingle, et alors ceux-ci se dilatant au pourtour des points piqués, permettent l'abord d'une petite quantité de sang qui se traduit par de légères taches rouges, et de plus cette faible quantité de sang rend aux fibres sensibles périphériques voisines les propriétés qu'elles avaient per- dues, de pouvoir transmettre les impressions venues du dehors. C'est encore ainsi qu'il me semble que l'on doit expliquer la disparition ra- pide de l'aneslhésie, qu'obtenait M. Burchie avec ses plaques métal- liques. Les corps métalliques qu'il appliquait à la surface de la peau jouissant d'un pouvoir de conductibilité considérable, produisent par le froid qu'ils déterminent une excitation paralysante. Et si les résul- 278 tais obtenus ne persistent pas, c'est qu'il est facile de comprendre que les plaques métalliques n'agissent que sur la contraclilité des vais- seaux, qui est subordonnée, comme nous le croyons, au système ner- veux central, sur lequel l'allenlion surtout doit être portée pour obte- nir une guérison définitive. C'est encore de la même façon que l'on peut expliquer les résultats de l'électricité obtenus par M. Duchenoe (de Boulogne); mais l'hono- rable praticien, tout en reconnaissant que la faradisation dont il est le père est susceptible, dans la paralysie hystérique, de rendre degrands services, avoue lui-même que la sensibilité ne revient que dans les parties électrisées, et que souvent le moyen reste sans effet dans des conditions que l'on croyait favorables. Nous différons cependant de M. Ducheune sur un point, c'est que pour lui la faradisation rappelle les propriétés du système nerveux en l'ébranlant; pour nous, nous pensons que, dans ces conditions, l'excitation électrique ne se trans- met pas plus au centre que dans les conditions mécaniques, et qu'elle n'agit que sur la contraclilité même des vaisseaux sans agir sur le système nerveux. Un reproche que l'on pourrait faire aussi à l'électri- cité, c'est que le courant électrique n'agit efficacement que sur les parties comprises entre les deux réophores; je me demande si, dans ces cas, il ne serait pas préférable d'exciter la peau par des moyen? qui portent sur toute la périphérie du corps, de manière à produire d'un seul coup, et dans un même moment pour ainsi dire, ce degré d'excitabilité favorable à l'abord du sang. Ce qui me fait avancer cette dernière idée, c'est que je fus frappé du résultat que M. Jobert, dans le service duquel celte femme se trouvait, obtint dans son mode de traitement. Il prescrivit un bain contenant du sel et de la farine de moutarde. Le soir même, la peau des deux côtés avait une coloration intense et identique; la paralysie avait complètement disparu, la sé- crétion sudoripare s'était rétablie, et la température du côté gauche était la même que celle du côté droit. Pendant un mois que nous con- servions cette femme à l'hôpital, elle n'eut point d'accès. Je nv veux point dire que la guérison doit être définitive, car je n'ai pu retrouver cette malade; mais il y a là, il me semble, une indication à poursuivre. Si j'ai donné à celte étude une extension dont peut-être on me saura mauvais gré, c'est que j'y ai été en trahie par l'abondance même du sujet et par rinlérêt qu'il me paraissait comporter. C'est en 1857 que j'observais cette femme pendant deux înois qu'elle resta ;i l'hôpital. 279 Depuis celte époque je mûris cette observation, et, si j'ose me per- mettre de donner seulement aujourd'hui quelque interprétation des fails que je recueillais, c'est qu'aujourd'hui seulement je me croisa même de les faire concorder avec mes connaissances physiologiques encore naissantes. Dans cette élude, j'ai exprimé autant que possible les faits ; j'ai demandé à l'anatomie, à la physiologie, à la pathologie, ce qu'elles pouvaient me donner. J'ai frappé, en un mot, à toutes" les portes, et aurais-je mal entendu la voix qui m'a répondu, qu'il fau- drait accuser mes sens d'imperfection, et non ces trois parties scienti- fiques d'impuissance. RECHERCHES SUR LE POULS AU MOYEN D'UN NOUVEL APPAREIL ENREGISTREUR LE SPHYGMOGRAPHE, présenté à la Société de Biologie PAR LE DOCTEUR J. MAREY. PREMIÈRE PARTIE. Dans l'ancienne médecine, on attachait une grande importance à l'étude du pouls, et l'on avait, pour en caractériser les différentes formes, une riche nomenclature qui, disait-on, rendait compte des sensations particulières que peut éprouver le doigt lorsqu'il explore une artère. La diffirullé de s'entendre lorsqu'on veut exprimer par des mots des sensations aussi fugaces, a fait presque entièrement abandonner ce genre d'études, et la recherche de la fréquence du pouls est presque seule restée dans la pratique médicale. Cependant les physiologistes cherchaient toujours de nouveaux moyens de rendre saisissables les diftérentes formes de la pulsation artérielle. Les instruments à indications continues ont fourni le moyen de réaliser ces espérances. Tout le monde connaît la machine de Morin imaginée pour démontrer les lois du mouvement dans les corps qui tombent; c'est le type le plus simple de ce genre d'appa- 282 reils qui ont introduit une véritable révolution dans réliule des ninii- veraenls variés. 11 devenait possible d'écrire sur un cylindre touriiaut les oscilla- lions d'un manomètre à colonne raercurielle; c'est ce qui a été réa- lisé par Ludwig. Le kymograpliion reçoit sur un cylindre le tracé d'un pinceau porté par un Ilolleur qui monte et descend avec la co- lonne de mercure. Avec cet instrument, Ludwig, Volkmann, Spen- gler, etc., ont fait de nombreux et remarquables travaux sur la tension et le pouls des artères chez les animaux. A peine connaissait-on en France ce genre de recherches, que déjà un procédé nouveau tendait en Allemagne à se substituera l'emploi du kymographion. Karl Vierordt imagina d'adapter à l'artère un le- vier que chaque pulsation soulèverait, et qui, redescendant dans l'in- lervalle de deux pulsations consécutives, fournirait des mouvements d'ascension et de descente qui s'inscriraient sur le cylindre comme les mouvements de la colonne mercurielle dans l'appareil de Ludwig. Ce nouvel instrument permettait d'appliquer à la physiologie hu- maine et à la clinique des recherches qui, jusque-là, ne pouvaient être faites que sur les animaux, car elles exigeaient une vivisection. Toutefois, dans la construction du nouvel instrument existaient en- core des défauts considérables qui le rendaient impropre à fournir les indications de la forme du pouls, ce qui est précisément le plus essen- tiel et en même temps le plus dit'licile à saisir par le toucher. Dans un ouvrage inlilulé Die leiuie von auterie.npuls , l>rauu- schweig, 1855, Vierordt donne la ligure de son instrument et les tracés obtenus par lui dans dilîéreutes conditions physiologiques ou morbides. Le sphygmoyraplie de Vierordt est formé do deux leviers unis entre eux par une sorte de parallélogramme de Watt destiné à corriger l'arc de cercle dans les oscillations. La multiplicité des articulations doit entraîner de nombreux frottements, et de plus le poids consi- dérable des leviers et de leurs annexes a déterminé le physiolo- giste allemand à équilibrer son instrument au moyen d'un contre- poids placé sur le prolongement du levier principal. Comme de plus il faut, pour que le pouls se produise, que l'artère soit déprimée avec une certaine force, c'est avec un nouveau poids placé sur le levier lui-même que Vierordt cherche à obtenir cette dépression du vaisseau. 283 La masse considérable de rinslrument est précisément la cause qui enlève aux indications obtenues leur plus grande valeur. Le sphyq- mograp/ie pondéré oscille connue le ferait une balance presque équilibrée, mais dont les deux plateaux seraient très-chargés; les mouvements d'ascension et de descente du levier sont sensiblement isochrones. Le nombre des pulsations, leur plus ou moins de régula- rité et leur amplitude sont donc les seuls caractères que fournisse le sphygmographe de Vierordt. C'est à l'insufiisancede ces indications aussi bien qu'à l'incommo- dité de l'appareil, peu portatif à cause de son volume, que nous avons cherché à remédier par la construction d'un nouveau sphygmographe ipii n'a de commun avec l'appareil allemand que l'emploi du levier comme moyen de transmettre et d'amplifier la pulsation. Notre première préoccupation fut de donner au nouvel instrument toute la sensibilité nécessaire, ce qui ne pouvait s'obtenir qu'avec une extrême légèreté du levier L. Gomme, d'autre part, il fallait exercer sur l'artère une pression assez considérable pour obtenir la pulsation, nous nous sommes servi, à cet efïet, d'une pièce tout à fait indépen- dante, et qui est formée par un long ressort d'acier R, qui vient appli- quer sur l'artère une petite plaque d'ivoire avec une force que l'on peut graduer à volonté, au moyen d'un bouton de réglage. Les mou- vements que cette plaque reçoit des pulsations artérielles sont trans mis à la partie inférieure du levier, assez près de son centre de 284 mouvement pour que l'extrémilé libre se meuve dans une étendue suffisante. Tout l'appareil est établi sur une sorte de brassard BB, qui s'adapte à l'avant-bras, et en assure la parfaite fixité. Enfin le tracé est reçu sur une petite plaque de verre ou de métal P, qu'un mouvement d'horlo- gerie H conduit parallèlement au levier et avec une vitesse connue, qui sert à évaluer la fréquence du pouls. L'instrument n'ayant en tout qu'une longueur de 18 centim. et un poids de 240 grammes, est aussi portatif qu'on pouvait le désirer. L'inspection comparative des tracés obtenus par la machine de Vie- rordt et par la nôtre, est nécessaire pour bien faire comprendre la différence des indications que donnent les deux instruments. Fig. 1. La figure 1 représente un tracé du pouls à l'état de santé donné par Vierordt. 11 est facile de reconnaître l'isochronisme des périodes d'as- cension et de descente du levier, caractère commun à tous les tracés donués par le physioloiriste allemand. Fig. 2. Dans la figure 2 sont réunis bout à bout des tronçons de différents tracés, afin de faire ressortir la variété des indications de notre appa- reil. Toutes ces formes sont des types physiologiques recueillis dans des conditions de tension de plus en plus faible. Nous avons cru devoir conserver pour notre instrument le nom de sphygmographe que Vierordt a donné au sien. Ce nom rappellera que le physiologiste al- 285 lemand est l'auteur de l'emploi d'un levier qui seul permet d'obtenir sur les artères de riiomme les tracés des pulsations. Les indications communes à notre sphygmograplie et à celui de Vierordt sont celles de la fréquence du pouls et de son plus ou moins de régularité. La fréquence du pouls est lacilo à évaluer daus l'instrument de Vierordt, du moment que la vitesse avec laquelle tourne le cylindre est connue. Il suflit de voir combien de pulsations sont écrites sur la partie de la circonl'érence qui correspond à une minute. Dans notre instrument, la course entière delà plaque étant graduée à quinze se- condes de durée, on n'a qu'à mulliplier par 4 le nombre de pulsations obtenu, et l'on obtient le chitl're de la fréquence du pouls pour une minute. La régularité du pouls est encore un caractère que les deux instru- ments peuvent fournir également bien. Dans la ligure que nous em- pruntons à Vierordt, on trouve un exemple de pouls régulier. Parmi les figures que donne cet auteur dans son traité du pouls, il s'en trouve dans lesquelles l'irrégularité du pouls est très-reconnaissable, ainsi dans les maladies du cœur et les mouvements respiratoires énergiques. On voit alors l'amplitude des oscillations changer à chaque instant ainsi que la durée de chacune d'elles. Les mêmes effets de l'irrégularité du pouls sont accusés par notre instrument. Il n'en est pas de même de la forme du pouls; celle-ci, constamment la même dans les tracés de Vierordt, dans lesquels l'ascension et la descente du levier ont la même durée, offre dans les nôtres des va- riétés frappantes suivant les changements qui se sont opérés dans l'é- tat circulatoire. Nous allons parler de ces différentes formes de pouls et montrer quelle est la signification physiologique de chacune d'elles. DE L.^ KOr.Mt; DU I»OL"LS. La forme du pouls se peut juger par l'inspection du tracé d'une pulsation toute seule; elle est constituée par les différentes courbes que trace le levier dans son ascension et la descente qui suit. Les élé- ments les plus importants de cette courbe sont la période d'ascension du levier, le sommet de la courbe et la période de descente. Chacune de ces parties peut offrir un aspect particulier. En outre, une pulsa- tion complète offre à considérer son amplitude et sa durée. 286 Les tracés sphymographiques montrent que le pouls est presque constamment dicrote, c'est-à-dire que dans .la période de descente du levier se trouve une nouvelle pulsation rudimcntaire, presque tou- jours insensible au loucher, excepté dans des cas pathologiques, mais sensibles chez le sujet sain à l'aide de notre instrument. Le dicrotisrae du pouls existe nécessairement toutes les fois que l'ondée sanguine, lancée violemment, prend une vitesse acquise et, fuyant les régions initiales de l'aorte où elle laisse derrière elle une faible tension, va distendre l'extrémité abdominale de l'aorte et lo système vasculaire du membre inférieur, d'où elle reflue ensuite vers le cœur. Ce reflux est facile à démontrer dans des expériences physiques faites sur le mouvement du liquide dans des tuyaux élastiques. JN'ous avons donné ailleurs (1) la description de nos expériences; nous ne reviendrons sur ce point que pour ajouter quelques perfectionnements à notre théorie primitive (2). Connaissant le mode de production du dicrolisme, par le reflux d'une colonne liquide qui a pris une vitesse acquise , il est facile de comprendre que ce dicrotisme se produira à son maximum quand l'ondée lancée par le cœur sera poussée avec une grande rapidité, ce qui aura lieu dans deux cas : 1° Quand le cœur se contractera puissamment et vite; 2" Quand la tension artérielle faible fera peu d'obstacle à la systole du cœur et que celui-ci, par conséquent, se videra très-vite sans un grand effort. (1) Journal de physiol., 1859, n» 7, p. 438. (2) M. Buisson, qui a répété nos expériences, a obtenu les mêmes résultais que nous relatiTcment à la transmission des raouvemonts du liquide dans les conduits élastiques ; mais, pour le dicrolisme, il nous a fait remarquer avec raison qu'il doit se produire au moment où le sang reflue contre les val- vules sygmoïdes de l'aorte, un effet analogue au choc du bélier iiydraulitiuo. c'est-à-dire que la colonne liquide, poussée avec vitesse et rencontrant un ob stacle invincible dans l'occlusion des valvules sygmoïdes, doit chasser forte- ment le liquide dans les vaisseaux qui émergent de celte région initiale de l'aorte, c'est-a-dire dans les carotides, le tronc brachio-céphaliquc, etc.; cnlin, le reflux qui en résulte se peut se faire sentir jusqu'aux artères fémo- mrales. M. Buisson a vu en ellct que le pouls de la fémorale ofl'rc aussi un icrtain degré de dicrotisme. 287 Dans tous les cas, le dicrotisme est l'indice d'une systole cardiaque brève; dans l'immense majorité des cas, il tient à la faiblesse de la tension artérielle. AMPLITUDE DE LA PULSATION. iNous avons déjà montré (1) comment la force du pouls n'est pas toujours l'expression d'une systole du cœur énergique et comment l'aQaiblissement de la tension augmente l'intensité du pouls sans que la force du cœur ait besoin de varier. Ce qui arrive pour la force de la pulsation perçue par le toucher, pour les oscillations d'un mano- mètre adapté à une artère, existe aussi dans les indications du sphyg- mographe, et l'amplitude das courbes (c'est-à-dire la hauteur verti- cale prise sur la ligne des ordonnées) est, toutes choses égales, eu raison inverse de la tension artérielle. DURÉE DE LA PULSATION. Celte durée se compte, comme nous le savons déjà, sur la ligne des abscisses; elle est d'autant plus grande, par conséquent, que le pouls est plus rare. Nous ne nous en occuperons que quand il s'agira d'in- diquer les conditions qui augmentent ou diminuent la fréquence du pouls. EXRÉRIENCES SUR LE POULS FACTICE. Les faits que nous venons de mentionner trouvent leur contrôle dans des expériences que nous avons faites à l'aide de notre sphygmographe, en substituant à l'artère radiale un tube élastique, dans lequel nous lancions des ondées successives de liquide, de manière à simuler les conditions du mouvement du sang dans les vaisseaux artériels. Il nous était facile, dans ces expériences, de graduer à volonté la force d'afflux du liquide et la facilité de son écoulement. Dans ces conditions, les variations qui survenaient dans la forme des tracés avaient une cause facile à apprécier, puisqu'à chaque instant nous connaissions, d'après les indications du manomètre, quel était l'état de la tension du liquide contenu dans nos tubes. En conservant la môme force et la même fréquence aux afflux du (1) Voy. Journal de phtsiologie, 1859, n» 7, p. 4.28. 288 liquide, nous avons fait varier la tension en adaptant à l'orifice dé- couleraent des ajutages de diiïérents diamètres. La tigure suivante représente les formes de la pulsation correspondantes à cinq degrés de tension différents. Les ajutages employésétant de plus en plus étroits, il s'ensuit que la tension est de plus en plus forte. Fig. 3. On voit dans cette ligure que plus la tension est faible, plus le niveau général s'abaisse ; en même temps l'amplitude des pulsations aug- mente, le dicrotisme se prononce davantage et apparaît plus tardive- ment, de telle sorte qu'il empiète sur la période d'ascension de la pul- sation suivante dans les cas où la tension est très-faible. La forme du pouls est donc, en général, un moyen suffisant pour apprécier l'état de la tension artérielle , et ce moyen est d'autant plus précieux qu'il est le seul caractère de l'état delà tension quand celle-ci est uniforme pendant toute la durée du tracé. Nous avons vu en effet que, lorsqu'on applique notre instrument sur la radiale, on peut, au moyen de lavis de réglage, obtenir ce tracé à toutes les hauteurs possibles sur la plaque. Lorsque, pendant la durée d'une expérience, la tension artérielle varie, il est au contraire très-facile de constater celte variation d'après le changement du niveau général des pulsations : ainsi, indépendam- ment des changements dans la forme de chaque pulsation, nous avons, pour apprécier les variations brusques de la tension, un caractère do plus, les changements de niveau de la ligne d'ensemble. Comme exemple des changements de ce genre, nous citerons ce qui arrive pour le tracé du pouls à la radiale, lorsque, pendant ce temps, on comprime et relâche successivement l'artère humérale.de manière à suspendre et à rétablir alternativement le cours du sang. Il faut être prévenu que, dans cette première partie du tracé, notre 289 instruniciil ne donne plus tout à fait la forme exacte du mouvement, mais que, lorsque l'afflux du sang lancé par le cœur est très-brusque à son début, l'augmentation de tension dans l'artère explorée est très- brusque elle-même, et le levier, soulevé avec une très-grande rapidité, prend quelquefois une petite vitesse acquise qui le soulève instanta- nément jusqu'à un certain point, de telle sorte que toute la première partie de la ligne d'ascension est verticale. Il eût été possible d'éviter cette vitesse acquise en donnant plus de force au ressort qui presse sur le levier; mais comme ce caractère n'arrive que dans des cas exceptionnels, nous avons mieux aimé con- server cette légère vitesse acquise, qui, au lieu d'être un défaut, est un signe utile, qui exprime l'énergie et l'instantanéité du début de la systole cardiaque. DEUXIEME PARTIE. APPLICATIONS DE L ÉTUDE DE LA FORME DU POULS A LA PHYSIOLOGIE. Puisque nous savons maintenant , d'après la forme des tracés du pouls, apprécier l'état de la tension artérielle, nous pouvons déjà ré- soudre un grand nombre de questions importantes relativement aux influences de certains agents sur l'état circulatoire. Ainsi nous pou- vons étudier les influences physiologiques suivantes sur la tension sanguine. 1' Effets de l'attitude du sujet observé; modifications de la tension suivant qu'il est debout ou couché. 2° Etîets de la compression d'un ou de plusieurs vaisseaux artériels volumineux. 3° Effets du chaud et du froid appliqués à la surface du corps ; modi- tications secondaires qu'ils amènent dans la tension artérielle en dila- tant et en resserrant les petits vaisseaux d'une grande partie du corps. 4° Effets des mouvements et efforts respiratoires. 5" Effets de la contraction musculaire dans un ou plusieurs mem- bres. 6° Effets consécutifs à un exercice gymnastique ou à un repos plus ou moins prolongé. MÉM. 19 290 Jl° innucnce do l^attitadc sur la tension artérielle^ Ces influences peuvent dépendre de deux causes : l'effort musculaire que l'on déploie pour se tenir dans telle ou telle position, et les effets de la pesanteur sur les mouvements du sang. Nous avons cherché à nous mettre autant que possible à l'abri des effets de l'effort muscu- laire et , dans les positions diverses du corps, nous avions soin de nous tenir constamment appuyé de manière que la contraction mus- culaire n'eût pas besoin d'intervenir. Le premier fait qui frappe dans les résultats de nos expériences est la grande différence de forme du pouls , suivant que nous sommes de- bout ou couché. Les deux figures suivantes montrent nettement cette différence, FiK. 4 et S. La première moitié du tracé est obtenue pendant la station verti- cale et la deuxième pendant le décubitus horizontal. Ces différences de formes correspondent à un changement de la tension qui est plus grande dans la position horizontale que dans la position verticale. L'amplitude du tracé est plus grande en effet dans la première moitié que dans la seconde, et nous avons vu que l'amplitude de la puisa tion est en raison inverse de la tension artérielle. On peut se rendre compte de la production de ces changements de tension en remarquant que l'action de la pesanteur se fait sentir dans les mouvements du liquide sanguin, et qu'elle favorise nécessaire- ment la progression du sang artériel quand, agissant dans le sens du courant, elle vient s'ajouter à l'impulbion cardiaque. Dans les circon- stances opposées, elle exerce une action défavorable à la progression du sang. Tout ce qui favorise le courant artériel tend nécessairement à faire baisser la tension dans le système des artères (1); nous nous (1) 11 est bien entendu que le système veineux étant, par ses valtules, à 291 sommes expliqué sur ce point à propos de l'inlluence de la dilatation et du resserrement des capillaires , nous n'avons plus qu'à étudier quelles sont les attitudes dans lesquelles la pesanteur agissant favora- blement au cours du sang dans le plus grand nombre de vaisseaux, produira conséquemment le plus fort abaissement de la tension ar- térielle. Le cœur étant situé environ à la réunion du tiers supérieur du corps avec les deux tiers inférieurs , il s'ensuit que la plus grande portion des vaisseaux artériels ont, par rapport à lui, une direction descen- dante lorscjue nous sommes dans la station verticale. Ajoutons à cela que la direction descendante des membres thoraciques favorise le cours du sang à leur intérieur, en les plaçant presque tout entiers au- dessous du niveau du cœur. Dans toutes les autres attitudes, la pesan- teur agit moins favorablement pour la progression du sang dans les artères, et la tension artérielle générale devra être plus élevée. D'après ce que nous avons dit, il suffira de tenir élevé un des bras pour rendre dans ce membre le cours du sang moins facile, et dimi- nuant ainsi l'évacuation du système artériel, y produire une augmen- tation de la tension. L'expérience justifie celte prévision, on constate une élévation générale du niveau du tracé ; félévalion coïncide avec le moment où un bras a été tenu en haut. Les influences de l'attitude amenant dans la tension la légère mo- dification que nous venons de signaler, nous ont été d'une grande utilité pour classer les formes du pouls suivant l'état de la tension, elles nous permettaient de savoir ce que devient une forme quelcon- que du pouls si la tension acquiert un degré un peu plus élevé. 9» Influence de la compression d^ine on de plusieurs artères volumineuses sur la tension artérielle, et consécutivement sur la forme du pouls. Lorsqu'on oblitère une artère volumineuse au moyen d'une com- pression absolue du vaisseau , il est bien évident qu'on soustrait à l'écoulement du sang une large voie par laquelle il se produisait, et l'abri des influences défavorables de la pesanteur, ne contre-balance pas, par la résistance qu'il oppose au sang qui vient des capillaires, l'influence favo^ rable de la pesanteur sur le mouvement du sang artériel. 292 qu'en vcrlu des lois les plus simples de l'hydraulique, on augmente couséculivement la tension dans le reste du système artériel. Ici agit, à un haut degré, l'influence que nous avons constatée déjà, par suite de la simple élévation d'un bras; seulement l'obstacle à l'écoulement sanguin étant plus considérable, ses effets sont en conséquence beau- coup plus prononcés. Lorsque l'on comprime les deux fémorales à la fois, il est très-facile de voir que la tension artérielle augmente. Gela se traduit non-seulement par une plus grande hauteur de la ligne d'ensemble du tracé, mais encore par un changement dans la forme des pulsations qui, dans la première moitié, sont moins amples, ont une systole plus lente (ligne d'ascension plus oblique) et un dicrotisme moins prononcé. Pour rendre l'expérience très-concluante, nous avons produit pen- dant la durée d'un seul tracé les deux étals opposés de la tension, au moyen de la compression et du relâchement des fémorales. Exp.— L'instrument étant appliqué sur la radiale, nous faisons com- primer par un aide nos deux fémorales à la fois, et quand l'élévation de la tension est produite, nous faisons marcher le mouvement d'hor- logerie. Le tracé se produit alors, et quand il est arrivé au milieu de la longueur de la plaque, l'aide cesse la compression, et aussitôt les artères des membres inférieurs redeviennent perméables, la ten- sion baisse, et la seconde moitié du tracé se fait dans ces conditions de faible tension. Fis. 0. Il suffit d'un coup d'œil sur celte figure pour voir que le change- ment de tension s'est accusé par ses caractères ordinaires, c'est-à- dire que le pouls recueilli dans la tension forte présente un niveau général plus élevé, une amplitude moindre et un dicrotisme moins prononcé que dans la deuxième partie du tracé. 293 3* Influence du chaud et du froid sur le calibre de« volMseuax capillaires, effet consécutif sur In tension artérielle, niodiOa cation correspondante du pouls. Nous avons déjà longuement parlé des influences de la chaleur et du froid sur les phénomènes de contractilité dans les petits vaisseaux artériels (l), et nous avons déjà dit que la tension varie sous ces in- fluences de la même manière que dans les cas précédents, c'est-à-dire que lorsque l'écoulement du sang artériel est rendu plus facile par la dilatation des voies capillaires, sous l'influence de la chaleur, la ten- sion baisse, et qu'inversement elle s'élève quand ces vaisseaux res- serrés opposent au mouvement du sang artériel un obstacle analogue à celui que nous venons d'étudier dans les influences de la pesanteur et de la compression des grosses artères. On prévoit déjà que, sous l'influence de la chaleur, le pouls aura les caractères de la faible tension, et que l'inverse aura lieu par l'effet du froid. Voici les expériences : Exp. I. —Nous nous sommes tenu dans une chambre fortement chauffée, étant en outre chaudement velu, et au bout de quelques heures nous éprouvions une chaleur extrême, se traduisant par ses symptômes ordinaires, rougeur de la face et des mains, gonflement de celles-ci, saillie des veines, etc. A ce moment, nous prîmes le tracé de notre pouls et, comme l'indi- que la ligure, nous trouvâmes les caractères de la.faible tension. Fi". 7. K^^'^^^xî'^NMvJVMvgvJ^^^^JvoVH^.^^ Exp. II. — Dans d'autres expériences, nous nous plaçâmes dans les conditions entièrement inverses. Il n'y avait pas de feu dans la cham- (1) Voy. Gaz. Méd., année 1858. 294 ])re. et nous prîmes une ablution de tout le corps avec de l'eau à la température de zéro. Cette ablution dura environ une minute. Puis, sans nous essuyer, et restant à l'air froid, nous appliquâmes l'instru- ment. Ici les cas ont légèrement varié, suivant que nous nous hâtions plus ou moins de prendre le tracé. En effet, le retour de la chaleur tendait toujours à s'opérer, et si le tracé n'était pas pris très-rapide- ment, le retour de la chaleur arrivait malgré la température très- basse de l'air ambiant ; la peau rougissait d'une manière intense et nous n'avions plus le maximum de tension artérielle parce que nous n'avions plus pareillement le maximum de resserrement des vaisseaux capillaires. Voici deux des tracés obtenus dans ces conditions et dont le premier offre le plus haut degré de tension, comme on peut s'en assurer. Les premiers tracés sont, en effet, obtenus dans les cas où le refroidisse- ment était le plus complet. Du reste, les deux tracés offrent les carac- tères d'une tension très-forte. Fis. 8. Fiir. 9, 4.° Infltionro de*» inouveiucnts respiratoires sur in tension arléricllc et consécntivenicnt sur la forme du pouls. Les physiologistes ont constaté rinlliience de la rcspiralion sur la tension des artères au moyen de riiémomèire appliqué sur un animal; ils ont vu que l'effort énergiqued'expiration élève la tension d'une ma- nière énorme, que l'effort d'inspiration la fait baisser an contraire ; enlln que les mouvoraenls simples de la respiration font monlcr et descendre à intervalles réguliers le niveau général des oscillations 295 de l'hémomètrc. Tous ces effets sont d'autant plus prononcés qu'on opère sur une artère plus rapprochée de la poitrine. L'artère radiale, pour laquelle notre instrument a été construit, est une des plus défavorables à la constatation des influences respiratoires, à cause de son éloignement; il est cependant facile, en général, de saisir une légère variation du niveau de la ligne d'ensemble dans les mouvements de respiration les plus modérés. Mais on peut toujours rendre ces variations sensibles en donnant une grande intensité aux mouvements d'inspiration et d'expiration, et en exécutant ceux-ci la glotte fermée comme dans l'effort. Voici les deux types opposés qu'on obtient dans ces circonstances, et que nous présentons tout d'abord avant d'en discuter la signili- calion. Fig. io. Fie. II. La figure 10 montre le pouls régulier et à un niveau uniforme avant l'interveulioii du mouvement respiratoire. Au moment où l'effort d'expiration estproduit, la tension s'élève brusquement. Quand l'effort est à son maximum d'intensité, la tension reste élevée pendant quel- ques instants, puis décroit graduellement malgré la prolongation de l'effort. Au moment où l'expiration a cessé, la tension tombe brusque- ment au-dessous de son chiffre normal, et les pulsations se traduisent à peine à la radiale. Enfin ces pulsations reprennent graduellement leur 2% inlensi lé jusqu'à leur degré initial, qu' elles dépassent oidinairemcnt pendant quelques instants. Toutes ces variations s'expliquent avec la plus grande facilité lors- qu'on se rend bien compte des compressions que subissent l'aorte et les gros vaisseaux artériels in tra-lhoraciques et intra-abdominaux pen- dant l'eiïort d'expiration, et du relâchement qui suit cet ellbrt. Au moment où l'eiïort a lieu, une contraction énergique des muscles expirateurs et des parois abdominales presse violemment, par l'inter- médiaire élastique des gaz pulmonaire et intestinaux, sur toute la par- lie du système artériel contenu dans ces cavités splanchniques. La pression ainsi exercée est très-instense (je puis la porter à l'i» cenl. de mercure, hauteur calculée avec un manomètre dans lequel je souffle de toute la force que je puis déployer). Par l'effet de cette pres- sion, le sang rcfuulé de l'aorte et des artères intra-splanchniques va augmenter la tension dans les vaisseaux artériels des membres, et par conséquent dans la radiale, d'où l'élévation de la tension de ce vaisseau accusée par la plus grande hauteur du niveau du tracé et la moindre amplitude des pulsations. L'effort continuant, les perturbations de la tension ne continuent pas en même temps, parce que lorsque l'aorte a été réd-ùite d'un certain volume par une pression donnée, elle ne peut se réduire indéliniment car elle perd d'autant plus de sa force de retrait élastique qu'elle est plus revenue sur elle-même, et la diminution de son volume s'arrête lorsque la pression élastit}ue des gaz comprimés dans la poitrine et l'abdomen d'une part, et ce qui reste de rétractilité artérielle d'autre part, font un juste équilibre à la tension intra-artérielle. Mais pen- dant ce temps, l'écoulement à travers les capillaires a fait baisser la tension dans les artères périphériques, de telle sorte que la tension générale dans le système artériel n'est presque plus modifiée par l'ef- fort d'expiration, et ne le serait bientôt plus du tout si l'eiïort pouvait être longtemps prolongé. Au moment où cette tension dans la radiale est encore assez élevée, si nous cessons brusquement l'effort, le tracé tombe tout d'un coup, indiquant qu'un reflux s'est fait des artères périphériques dans l'aorte, ce qui a produit la chute instantanée de la tension. Enfin un effet curieux, et qu'on pouvait prévoir d'après ce que j'ai montré de l'influence des anévrismes sur la suppression du pouls, c'est que l'aorte devenue tout à coup trop élastique par suite du ros- 297 serrement qu'elle a éprouvé tout à, l'heure, et n'étant plus contenue par une pression extérieure énergique, consomme toutes les ondées cardiaques pour reprendre son volume normal, et n'envoie presque plus de pulsations à la radiale. Mais, comme on pouvait le prévoir aussi, à mesure qu'elle se rem- plit elle reprend sa tension et devient moins élastique, aussi transmet- elle mieux les pulsations à la radiale, ce dont on peut s'assurer à l'in- spection du tracé dans lequel les pulsations vont en grandissant d'une manière continuelle. Les pulsations arrivées à leur type initial ne s'y arrêtent pas tou- jours, et sous l'inlluence d'une stimulation nerveuse qui a été bien décrite par plusieurs auteurs, les battements prennent un accroisse- ment réel d'énergie qui dure pendant un certain temps, et quelque- fois il y a des irrégularités dans le rhylhme des batlements, ce qui montre bien l'intervention d'une perturbation nerveuse. La ligure tl est produite pendant un effort d'inspiration. Pour donner à cet etîet le plus d'intensité possible, nous avons l'habitude de fermer la glotte pour empêcher l'entrée de l'air dans le poumon et développer à son maximum l'action aspiratrice du thorax. Il est sou- vent plus facile de faire cet effort en tenant la bouche fermée et en se pinçant en même temps les narines. Cette manière de faire permet, en outre, d'adapter à la bouche un manomètre qui donne l'intensité de l'aspiration thoracique. On constate alors que cet effort a beaucoup moins d'énergie que ce- lui d'inspiration ; aussi se traduit-il sur le tracé par des effets beau- coup moins prononcés. Comme il était facile de le prévoir, les effets de l'inspiration sont tout à fait inverses de ceux que nous avions tout à l'heure. Un vide tend à se former dans la poitrine, et sous cette influence l'aorte tho- racique se dilate et l'appel du sang dans sa cavité fait baisser la ten- sion dans les artères périphériques, comme on le voit d'après le tracé de la radiale qui présente une concavité dont le début coïncide avec celui de l'inspiration. La tension basse qui existe alors amène la production d'un dicro- tisme assez prononcé (l). (1) Il est à remarquer que pendant l'inspiration les pulsations cardiaques 298 Entin, de mémo que pour l'eiïort d'expiration, le changement de volume de l'aorte une fois accompli, la tension reprend son état ordi- naire, aussi voyons-nous , môme lorsque l'inspiration continue, le niveau du tracé remonter graduellement jusqu'à ce qu'il ait atteint son degré normal. A ce moment môme si l'on cesse l'effort, les pulsa- tions offrent pour caractère spécial une petitesse et une fréquence que je suppose produites par une perturbation dans l'état nerveux du cœur, qui serait précisément l'inverse de celle qui suit l'effort d'expira- tion. Chez les sujets sains, la respiration s'exécute sans beaucoup de peine, et sans augmentation ni diminution de la pression intra-thora- cique assez sensible pour qu'on puisse en percevoir les effets jusqu'à la radiale; mais chez les malades dont la respiration est gênée, les efforts sont plus énergiques, et s'accusent à la radiale par des chan- gements notables du niveau du tracé. EXPÉRIENCES PHYSIQUES DÉMONTRANT LES INFLUENCES DE LA RESPIRATION SUR LA TENSION ARTÉRIELLE. Suivant notre méthode habituelle, nous avons contrôlé notre théo- rie par des expériences, et nous avons cherché à imiter autant que possible les conditions dans lesquelles se trouve le système artériel pendant les efforts de respiration. Nous prenons les tubes élastiques avec lesquels nous obtenons le pouls artificiel dont nous avons donné précédemment le tracé; et nous introduisons la première moitié environ du tube principal dans un ffacon à trois tubulures , le tube entrant par l'une d'elles et ressor- tant par l'autre, tandis que la troisième donne passage à un conduit qui s'ouvre librement à l'extérieur. Eu faisant varier la pression de l'air du flacon dans lequel le tube plonge, nous obtenons des résultats analogues à ceux que produisent sur les vaisseaux intra-thoraciques (levicniieiil plus rares. C'est, à noire avis, une cuiiscqueace de lu gène que lo cœur éprouve à se vider par suite de l'augmentatiou du vide intra-tliora- cique. Celui-ci peut agir de dcu.^ manières : 1» en oll'rant une résistance ù la contraclion des oreillettes qui, douées de peu de force musculaire, ont peine à lutter contre Icxpiralion ambiante qui tend à les dilater; 2» eu s'op- posant aussi d'une manière analogue, quoique moins énergique, à la con- tiaeliun des ventricules. 299 les variations de la pression dans ces cavités, et dans la partie du tube qui est libre, la tension du liquide sera modifiée par les changements de tension de l'air du flacon, la chose se passant pour ces tubes de la même manière que pour les artères extra-thoraciques dans les efforts respiratoires. Fis. 12. Le résultat a pleinement justifié nos prévisions, et si, tandis qu'on enregistre les pulsations du tube à l'aide du sphygmographe, on souffle de l'air dans le flacon, on aura dans le tracé un efl'et analogue à ce qui se passe à la radiale pendant un eff"ort d'expiration.— Si l'on aspire avec la bouche l'air du flacon, de manière à en diminuer la pression, on produit un efl'et analogue à l'eflort d'inspiration, c'est-à- dire une diminution passagère de la tension, une concavité de la ligne d'ensemble du tracé. &" Effets de la contraction musculaire sur la tension artérielle et la foriue du pouls. Lorsque pendant le cours d'un tracé sphygmographique on contracte de toutes ses forces les muscles des jambes et des cuisses, on obtient une élévation générale du niveau de la tension, et quelquefois en même temps une augmentation de la force et de la fréquence des pul- sations. Fig. 15. 300 Les Résultats obtenus dans ces conditions sont des plus complexes; il y a d'abord, comme dans tous les efforts violents, une accélération des battements du cœur avec augmentation de leur force. La preuve en est dans la fréquence plus grande et dans l'amplitude plus grande des pulsations, malgré rélévalion de la tension artérielle qui, sans cela, les eût fait diminuer, comme cela est constant en tout autre cas. Mais l'accroissement de la tension n'est pas uniquement produit par cette influence, il tient aussi vraisemblablement à la compression in- tense qu'éprouvent les artères des membres contractés, et on retrouve ici l'effet que nous avions produit isolément par la compression simple des fémorales. INFLUENCES DE LA GYMNASTIQUE ET DU BEPOS PROLONGÉ SUR LA TENSION ARTÉRIELLE ET LA FORME DU POULS. Fig. l 't. Lorsqu'on a été longtemps en repos, le pouls est faible au toucber et son tracé donne les caraclères de la forte tension artérielle. Lors, au contraire, qu'on s'est livré à un exercice violent, il offre les carac- tères de la faible tension artérielle. Ces différences, frappantes dans la forme du pouls, nous semblent devoir s'expliquer en grande partie par l'état du système capillaire dans les deux conditions opposées de repos et d'exercice violent. Nous avons plusieurs l'ois indiqué comme critérium de l'état des petits vaisseaux, la température plus ou moins élevée des parties péri- phériques du corps, leur gonfleincnt, leur coloration plus proiioni'ée; tous ces caractères de la dilalalion des petits vaisseaux et de la cir- culation rapide existent au plus haut degré après l'exercice violent, et nous en devons conclure à un abaissement de la tension artérielle sous l'inlluence de celte plus grande perméabilité des vaisseaux ca- pillaires. Nous avons déjà suflisamment décrit les caraclères graphi- ques du pouls suivant que la tension est faible ou forte, pour que 301 nous n'ayons pas besoin d'expliquer comment le pouls, pris après un exercice violent, présente les caractères d'une tension plus faible que lorsqu'on a gardé le repos avant l'expérience. La force du cœur est-elle restée invariable pendant la seconde expé- rience ? Nous n'oserions pas l'afllrraer, car dans les différents cas oîi une excitation nerveuse quelconque intervient, on sait que la force du cœur varie simultanément ; mais ce qui ressort de l'inspection des deux figures ci-dessus et des expériences artificielles que nous avons faites pour éclairer cette question, c'est que l'influence prédominante qui agit sur le pouls pour lui donner l'énorme amplitude qu'on voit dans la figure 14, est l'abaissement de la tension artérielle bien plutôt que l'augmentation de la force du cœur. Dans les différentes expériences que nous venons de rapporter, nous avions dans la forme du pouls un caractère suffisant pour affirmer que la tension artérielle s'élevait ou s'abaissait sous telle ou telle in- fluence. Nous allons apporter une preuve de plus à l'appui de ces changements de tension. Cette preuve est tirée de la fréquence du pouls qui est d'autant plus grande, toutes choses égales, que la tension artérielle est plus faible. Nous ne pouvions plus tôt signaler cette loi importante qui, pour être bien établie, avait besoin de longs développements. Dans ce qui va suivre, nous retrouverons souvent des expériences dont nous avons déjà parlé à propos de la forme du pouls ; nous avons cherché autant que possible à nous replacer dans des conditions déjà connues, pour qu'on puisse mieux saisir la concordance parfaite qui existe entre la forme et la fréquence du pouls dans chaque degré de tension ar-- lérielle. TROISIÈME PAÎITIE. Hapports de la fréquence tUi pouls avec In tension artérielle. Les causes du plus ou moins de fréquence des battements du cœur peuvent se grouper sous deux chefs principaux : 1' Les infiuences qui agissent sur le système nerveux ou sur l'acti- vité musculaire de cet organe; 2° Les conditions qui modifient la résistance que le cœur devra vaincre pour accomplir sa systole ventriculaire. 302 Le premier groupe de causes a seul al tiré jusqu'ici l'attention des physiologistes, et ceux-ci ont étudié l'action des différents nerfs qui agissent sur le cœur ainsi que les influences qui augmentent ou dimi- nuent l'irritabilité de cet organe. Quant aux conditions qui font varier la résistance que le cœur éprouve à chaque contraction, on s'en est peu préoccupé, quoique leur importance soit au moins aussi grande que celle du premier or- dre, ce que nous allons essayer de démontrer. Nous voyons pour tous les muscles de la vie animale que, lorsqu'ils exécutent un mouvement, la rapidité de celui-ci est toujours d'au- tant plus grande que la résistance à vaincre est moindre. Pour prendre des exemples, comparons la marche d'un homme lorsqu'il porte un fardeau et lorsqu'il est exempt de toute charge; nous voyons qu'elle est plus rapide dans le second cas. Si nous avons à exécuter un mouvement rhythmé avec la main , nous pourrons le produire avec d'autant plus de vitesse que nous trouverons moins d'obstacles à l'accomplir. Ainsi, en exécutant un mouvement quel- conque, dans l'air puis dans l'eau, nous serons frappés de la lenteur dans ce dernier milieu ; ce qui tient à la plus grande résistance à vaincre. Lorsqu'on voit que tous les mouvements qui se passent chez l'être organisé sont soumis à cette loi générale de la dynamique : que^ pour une force donnée, la rapidité du mouvement produit est en raison inverse de la résistance; on se demande, à priori, pourquoi le cœur échapperait à cette loi, et tout porte à croire, au contraire, que la fréquence de ses battements augmente lorsque la résistance qu'il éprouve diminue. Or, pour le cœur, la résistance est constituée par la pression exercée sur les valvules sygmoïdes de l'aorte et de l'artère pulmonaire par la tension du sang dans ces deux vaisseaux. Si donc le cœur se com- porte comme les autres muscles de l'économie , on aura pour la loi dynamique de sa fréquence la formule suivante : Toutes choses égales du côté de l'innervation et de la force du cœur, la fréquence des baltcmerds du cœur est en raison inverse de la tension. C'est en effet ce que l'on peut observer toutes les fois que l'on compare la fréquence du pouls à la tension artérielle dans les diffé- rences expériences que nous allons citer. Nous choisirons les cas les plus simples cl ceux dans Icsciucls il y a le moins possible do 303 perturbations dans l'état du sujet mis en expérience; presque tou- jours les vivisections seront éliminées, parce que la douleur, la frayeur qu'éprouve l'animal sont des causes suffisantes du change- ment dans la fréquence des battements du cœur. luflucnco de la saignée sur la tenisfon j^anguinc et |tar HuKe i^ur la fréquence des battements du cœur. Haies, qui le premier appliqua le manomètre aux artères des animaux, pour évaluer la tension du sang de ces vaisseaux, s'aperçut de suite que la tension baissait lorsqu'on faisait perdre du sang à l'animal; il vit que chez le cheval, la tension normale étant de 8 pieds 3 pouces, on pouvait la faire tomber à 2 pieds 4 pouces par une hémorrhagie de 15 pintes, et qu'après chacune des soustractions successives du sang, le degré de la tension diminuait graduellement et d'une manière sensiblement régulière. Le pouls, exploré pendant ce temps, avait pris une fréquence de plus en plus grande, et de 40 pulsations par minute, ce qui chez le cheval est le chiffre normal ; il s'était élevé par transitions graduelles, à mesure que baissait la tension, jusqu'à 100 pulsations par minute, chiffre qu'il atteignit au moment de l'expérience où la tension était à son minimum. Depuis Haies, tous les physiologistes ont constaté le même fait; les cliniciens l'ont observé chez l'homme comme résultat d'héraorrhagies considérables ou de saignées trop copieuses. C'est un des points les plus incontestablement acquis à la science que l'augmentation de la fréquence du pouls par l'hémorrhagie. Pour nous, la cause de cette fréquence est dans la diminution de la tension artérielle ; mais ce cas, que nous avons mis en première ligne parce que tout le monde a été à même de le constater, n'est pas d'une simplicité qui ne laisse rien à désirer. En effet, il y a eu soustraction d'une masse de sang assez considérable , et indépen- damment de la perturbation qui s'en est suivie dans l'état général de l'animal, on peut attribuer la fréquence des battements à la sous- traction de ce sang, qui n'étant plus versé en assez grande abon- dance par le système veineux, nécessite de la part du cœur un nombre de contractions d'autant plus grand que le volume des on- dées lancées à chaque fois sera moins considérable. Nous ne saurions approuver cette manière de raisonner; nous 30 'i croyons toutefois que l'expérience de Haies n'aura réellement la valeur que nous lui assignons que lorsque nous aurons rapporté des cas nombreux dans lesquels la fréquence du pouls sera accrue par suite de l'abaissement de la tension artérielle, et dans lesquelles, en même temps, le système veineux ne sera pas moins rempli ([ue de coutume. Dans la plupart des expériences que nous aurons à citer, la ten- sion veineuse sera môme plus forte que de coutume. En ellet, toutes les fois qu'on ne chanj^e pas la quantité de sang contenue dans les vaisseaux d'un animal, la tension veineuse augmente nécessai- rement quand la tension artérielle diminue. Influence de la pcsunteiir sur la ten»«ion nricricllc. Effet consécutif sur la fréquence des battements du cœur. Nous avons dit, à propos des changements que l'attitude verticale ou horizontale du corps produit dans la forme du pouls, comment nous comprenons les changements de la tension sous l'influence de ces attitudes. Plus la pesanteur agira dans le sens du courant artériel, plus la tension devra baisser. Dans notre théorie, la fréquence du pouls devra donc être d'autant ])lus grande que nous serons plus parfaitement dans la position ver- ticale. Rien n'est plus facile que de se convaincre de l'exactitude de cette proposition; un grand nombre de physiologistes ont étudié l'influence des différentes attitudes, elles chiffres qu'ils ont donnés concordent l)arfailement avec notre explication de l'action de la pesanteur. Voici les résultats obtenus par W. Guy : Le sujet étant debout. . . 79 puis, par niituile. » assis. ... 70 » » » couché. . . 07 » » Dans les expériences relatives à l'influence que la pesanteur exerce sur la fréquence des battements du cœur, on avait éloigné une cause d'erreur : c'est l'etfort musculaire qui intervient d'autant plus qu'on s'éloigne plus de la position couchée. Pour éviter cette cause d'erreur, le sujet était fixé sur un plan mo- bile auquel ou faisait prendre dill'érentes inclinaisons, et la fréquence 305 du pouls allait toujours en augnientant à mesuro qu'on passai!, par des inclinaisons successives, de l'iiorizontalité à la verticalité par- faite. Nous avons institué une expérience analogue pour obtenir des va- riations de tension parles seuls changements de position des bras. On comprend, d'après ce que nous avons dit plus haut, que lorsque les bras sont pendants, la circulation est favorisée, et par conséquent la tension est plus faible que lorsque les bras sont levés. Les résultats de ces expériences ont encore été parfaitement conformes à ce que la théorie faisait prévoir, et nous avons trouvé une plus grande fré- quence du pouls lorsque les bras sont élevés que lorsqu'ils sont abais- sés. Chez deux sujets seulement, chez lesquels il y avait fièvre pour l'un d'eux et grande fatigue pour l'autre, les résultats ont différé. Nous verrous plus loin comment nous semble devoir s'expliquer celle exception à une règle qui nous a paru être générale. En somme, sur plus de 40 expériences, nous avons trouvé une dif- férence de 2 à 14 pulsations par minute, la plus grande fréquence étant pour le cas où les bras étaient abaissés. La moyenne de toutes ces expériences nous a donné les chiffres suivants : Les bras baissés 94 » levés 87 Or, nous le demandons, quelle influence la pesanteur peut-elle avoir sur les mouvements du cœur, si ce n'est en modifiant la tension artérielle? Qu'importe aux nerfs du cœur ou à la force musculaire de cet organe que l'on soit debout, assis ou couché? Dira-t-on que, dans les différentes positions du corps, le cœur, glissant sur le dia- phragme, n'a pas toujours la même liberté dans ses battements et que le rhylhme peut en être modifié? On ne saurait du moins admettre une semblable influence dans la dernière expérience, qui consiste à ne changer que la position des bras (1). (1) Chez certains sujets, avons-nous dit, les résultats entêté différents. Ainsi des individus fatigués ou faibles avaient, soit une légère augmentation, soit une simple conservation du chiffre du pouls lorsqu'ils tenaient les bras élevés. Ces cas, tout a fait exceptionnels, nous semblent s'expliquer par l'influence de l'effort musculaire sur la fréfiuence du pouls. JS'ous aurons l'occasion de revenir plus tard sur l'action du système nerveux sur les MÉM. 20 306 Augiuentatiou de la tension artérielle par l'oblitératioa d'une ou de plusieurs urtèrcH volumineuse»*. Uiminution consécutive de la fréquence des battements du cœur. Oq a pu observer dans les vivisectioas que si, chez un animal, on lie uue arlère volumineuse, pendant qu'un manomètre adapté à un autre point du système artériel indique la tension dans cet ordre de vaisseaux, sous l'iutluence de la ligature artérielle, on voit la tension augmenter, pour s'abaisser ensuite quand le vaisseau desserré est redevenu [lerméable. Dans ces cas, la fréquence des battements du cœur devrait être bien différente d'un moment à l'autre; faible pendant la ligature, c'est-à-dire la forte tension artérielle, cette fréquence devrait, au ontraire, augmenter quand le vaisseau est rouvert et que la tension baisse. Malheureusement, là comme dans la plupart des vivisections, la question est complexe, et la douleur qui intervient suffît, dans certains cas, pour augmenter la fréquence du pouls au raomeut de la ligature artérielle. L'iniluence d'une douleur vive n'est du reste contestée par personne, et l'on sait que les pincements, les incisions, les excitations des nerfs sensilifs sont des moyens d'augmenter la fréquence des battements du cœur. Pour nous mettre à l'abri de l'iniluence pertubatrice de la douleur, nous avons expérimenté avec la simple compression des artères et, suivant notre habitude, nous avons opéré sur nous-môme pour être sur qu'il n'intervenait aucune douleur dans les conditions de l'expé- rience. Un aide fut chargé de nous comprimer les deux artères fémorales simultanément, et au bout de quelques instants nous comptâmes la fréquence du pouls. Lorsque l'aide eut cessé de comprimer et que les artères du membre inférieur étaùt perméables au sang la tension eut mouvements du cœur; nous nous bornons à dire ici que le fait de tenir les bras en l'air n'est pas pour tous les sujets un acte également facile, et que chez les individus faibles ou l'atigucs il exige un plus grand eirorl. C"cst à cette iulluunce nerveuse que l'on duit attril)ucr raugnicntation de fréquence des battements du cœur, ou, ce qui est la môme chose, la conservation du nombre de ces battements, malgré l'augmentation de la tension artérielle produite par 1 élévation des bras. 307 baissé, nous ctimptâhifcs Ib tJôuls de nouveau, 1.1 fWquëhte arail ,u'>- Hibfité. ° Cette expérience, répétée pldsieurs lois, nous donna toujours le même résultat. Le rapport de la fréquence du pouls, dans ces deux c ats de tension dilFerente, était eu nio|enne de 1/8 eu pluséufaveUfr (les cas ou la tension était faible. influence de .« chaleur sur .e« vai««ea„x «anguins, modUicationH consécutives daa. .a tension artérie.ie ee, par suite, dans la fréquence des battements du cœur. On a vu, dans la deuxième partie de ce travail, comment la cha- leur agit pour faire baisser la tension artérielle en faisant dilater les petits vaisseaux et l'on sait comment l'abaissement de Kx tension he traduit par la forme caractéristique des pulsations L'abaissement de la tension se Uaduit aussi dans les cas d'action de la chaleur par une augmentation de la fréquence du poUls ce qui confirme notre théorie. ' Qu'un sujet sain entre dans une étuvè, la fréquence du pouls aug- mentera immédiatement. M. le docteur Èleuty a étudié cette influence sur lui-même et a vu qu'un séjour de 35 hîiuutes, dans une étuve chauffée à 48%88, avait JDorté son pouls à 145 pulsations par minute' On trouve dans les annales de la science de nombreuses observa- tions dans lesquelles la température supportée a été bien plus consi- dérable; ainsi des individus sont entrés dans des fours pendant que le pain y cuisait et ont pu y rester jusqu'à 12 minutes. D'autres ex^' perimentateurs ont pu supporter pendant assez longtemps le séjour dans une étuve sèche, chauffée à 115" et même plus. Dans ces cds l'élévation du chiffre du pouls a été énorme, presque toujours il dé- passait 200 pulsations par minute. Si, dans ces cas d'extrême chaleur agissant sur le corps, on jiense que la cause principale d'acci-oisseiteut de la fréquence est l'impres- sion pénible produite par la chaleur, nous prendrons d'autres exem- ples. Les variations de la température, par suite des changements de saison et de climat, produisent aussi dans la fréquence du pouls des variations qui, pour être moins prononcées que les précédentes, n'en sont pas moins significatives, et dans lesquelles le sujet de l'obser- Tation ne souffrant pas, ou ne saurait admettre qu'il y ait là uu effet de perturbations nerveuses [)roduites par le calorique. 308 Tout le monde a observé sur soi que la fréquence du pouls aug- mente en été, et qu'elle est plus grande, même dans la saison froide, si nous nous tenons dans un appartement chauffé. Les voyageurs qui nous ont donné les chiffres de la fréquence du pouls chez l'homme sous différentes latitudes, nous apprennent tous que dans les pays chauds le pouls a une grande fréquence, qu'il est au contraire plus rare dans les pays froids. Influence da froid snr les vaisseaux capillaires; variations dans la tension artérielle et, par suite, dans la fréquence du pouls. M. le docteur Brown-Séquard a publié, dans son Journal de phy- siologie, 1858, p. 72, les recherches de MM. Bence-Jones et Dickinson sur l'influence des douches froides sur la fréquence du pouls. Dans ce travail, les auteurs sont arrivés à la conclusion suivante : Une fois que l'impression douloureuse que la douche produit au début est passée, le pouls perd de sa fréquence à mesure que le sujet se refroi- dit; il peut alors tomber à 50 pulsations par minute, mais dès que le sujet reprend sa température normale, le pouls reprend de la fré- quence et revient à son type ordinaire. D'après ce que nous avons dit des effets du froid, il est facile de voir ce qui s'est passé. Les vaisseaux capillaires de toute la surface cutanée, contractés par le froid, ont fait obstacle au cours du sang, comme l'atteste l'état de pâleur algide du sujet, et la fréquence du pouls a baissé comme dans tous les cas que nous avons cités plus haut. Dans des expériences instituées sur nous-même, nous avons cher- ché à mesurer d'une manière exacte les variations de fréquence du pouls et de tension artérielle tout à la fois, dans les deux états opposés d'algidité et de circulation activée par la chaleur; nous avons pris, à l'aide du spliygmographe, les tracés de notre pouls dans ces deux états opposés, et nous avons obtenu des figures qui montrent que, sous l'influence de la chaleur, la tension artérielle était faible et la pulsation fréquente, tandis que, par l'effet du froid, la tension s'était élevée et les pulsations étaient devenues plus rares. La rigueur expérimentale que nous nous sommes imposée nous empêche d'insister sur les variations pathologiques de la fréquence du pouls; en effet, dans les maladies, les conditions sont si corn- $1 309 plexes, la douleur et les autres perturbations nerveuses interviennent si souvent, que nous croyons devoir n'attacher aux observations pa- thologiques qu'une valeur pecondaire, comme nous le faisons pour les vivisections. Disons toutefois que chez les malades on observe encore, dans la majorité des cas, la relation que nous avons indiquée. Ainsi, dans un autre travail (1), nous avons indiqué certaines maladies comme s'accompagnant d'une faible tension artérielle, la fièvre et certaines chloroses, par exemple. Il est inutile de rappeler la fré- quence extrême du pouls dans la première de ces affections; quant à la seconde, elle s'accompagne aussi habituellement de fréquence du pouls ; les noms anciens qui lui ont été donnés rappellent cette fré- quence [febris abba, febris virginea^ etc., milke fabre (des Alle- mands). Parlerons-nous des influences médicamenteuses sur le pouls? Nous y pourrions trouver de nouvelles preuves en faveur de notre manière de voir. Ainsi les médicaments qui produisent l'algidité et sont, par conséquent, des astringents du système vasculaire, produisent en même temps le ralentissement du pouls. Exemple : les solanées, le col- chique, le tartre stibié, etc. Les médicaments qui relâchent les vais- seaux et accélèrent la circulation capillaire, font baisser la tension artérielle et donnent au pouls de la fréquence; exemple : l'alcool, les excitants diffusibles, etc. Nous ne nous étendrons pas sur ce sujet; les exemples tirés de la pathologie ou de l'action médicamenteuse de certaines substances peuvent être considérés comme trop complexes pour qu'on les fasse intervenir dans une question physiologique, et c'est aux expériences faites sur nous-même que uous attachons la plus grande valeur. (1) Journal de physiologie, 1859, p. 434 et suiv. NOTE SUR L'ABSENCE CONGÉNIALE DU TESTICULE, Par M. le Docteur ERNEST GODARD. L'absence coagéniale du testicule est le résultat de la non-forma- tion de la glande séminale pendant la vie intra-utérine. Ce vice de conformation a été admis par Montfalcon (1) et M. Curling (2). Tout au contraire, MM. I. Geotfroy-Saint-Hilaire (3), Blandin (4) et Vel- peau (5) l'ont nié, ou ont pensé qu'il pouvait être simulé par l'arrêt de la glande séraiûale dans l'abdomen. Enfin MM. Follin (6) et E.-Q. Le Gendre (7) ont publié chacun, comme exemple d'atrophie testiculaire, (1) Dictionnaire des Sciences médicales, Paris, 1821, in-8, t. LTV, p. 566. (2)  Practical Treatise of the Diseases of thé Testis, and of the Spermatic Cord and Scrotum, London, 1856, in-8, ch. i, p. 4; ou Traité pratique des maladies du testicule de M. Curling, traduit par M. Gosselin; Paris, 1857, in-8, p. 4. (3) Traité de tératologie, Paris, 1832, in-8, 1. 1, p. 707, 708, 709. (4) Anatomie topographique, Paris, 1834. in-8, 2« édit. p. 442. (5) Traité complet d'anatomie chirurgicale, Paris. 1837, in-8, 3"= édit., t. II, p. 192. (6) Archives générales de médecine, Paris, 1851, in-8, 4« série, t. XXVI, p. 279. (7) Mémoires de la Société de biologie, Paris, 1857, in-8, année 185G, p. 218. 312 un cas dans lequel il y avait réellement absence congéniale du testi- cule, et M. Gosselin a supposé que le fait d'absence congéniale du tes- ticule, qu'il a présenté à l'Académie de médecine, était du à un arrêt de développement de la glande séminale (1). L'anomalie peut exister d'un côté ou des deux côtés; de plus elle présente plusieurs variétés : tantôt le testicule est la seule partie qui ne s'est pas formée, tandis que l'épididyme et le canal déférent se sont développés sur le côté externe du corps de WollT, puis sont descendus seuls dans le scrotum; d'autres fois, la glande séminale et l'épididyme ne se sont pas formés, et le canal déférent, développé seul, est des- cendu plus ou moins bas dans les bourses; plus rarement enfin l'ap- pareil séminal tout entier d'un côté ne s'est pas formé. ABSENCE CONGÉNIALE DE L'UN DES TESTICULES. On trouve des exemples de cette anomalie dans les auteurs suivants : Nicolas Massa (2), Riolan (3), Régnier de Graaf (4), Daniel Sennert (5), Nicolas de Blegny (6), Leal Lealis (7), Paul Zaccbias (8), J. Devaux (9), (1) Bulletins de l'Académie de médecine, Paris, 1851, in-8, t. XVI, p. 463. (2) Anatomiic Liber inlrodiictorius. Venetiis, m.d.lix, in-4, p. 36. (3) Anthropograpliia, Parisiis, m.dc.xxvi, in-4, lib. il, p. 271; ou les OEv- vres anatomiqves de M* lean Riolan, contenant l'anatomie des hommes, des femmes, des enfants et des bestes viuantes, le tout rangé, corrigé, diuisé, noté et rais en francois par M. Pierre Constant. Paris, m.dc.xxix, in-4, 1. 1, liv. II, cliap. XXXI, p. 397. (4) De Virorum Organis Generationi inservientibus; Bibliotheca anatomica, Daniel Le Clerc et L lacobvs Mangetvs, Genevœ, m.dc.lxxxv, in-foL, tomvs primvs, pars i, p. 399. (5) Opéra omnia, Lugd., 1666, in-fol., 1. 111, p. 598. (6) Zodiacus Medico-Gallicus, Gencv., 16S0, in-4, an. m, januar., obs. 3, p. 6. (7) De partibus semen conficientibus, p. m. ii, cité par M. Schurig. (Sper- matologia Hislorico-Medica, Francofurti ad Mœnum, m.dcc.xx, in-4, caput ii, § 14, p. 55.) (8) Quirstiones medico -légales, Avenione, m.dc.lx, in-fol. EJitio quinta, lib. n, tit. 3, qua^st. 7, p. 100, 4. (9) L'Art de (aire les raports en chirurgie, par M. D*'*, Prévost de la Com- patoMiic des Muitrcs Gliirurjjicns de Paris, Paris, m.dccui, in-H, p. 474. Meckel (i), Schultzen (2), Pallington (3), Acrel (4), Ripaiilt (5), Blan din (6), MM. J. Thurnam (7), Velpeau (8), Curling (9), Deville (10), Follin (11), Gosselin (12), Cruveilhier (13), Paget (14), Le Gendre (15), Bastien (16). Enfin j'ai rapporté plusieurs exemples de ce vice de con- formation dans deux mémoires sur l'arrêt de migration du testicule(17), et depuis j'ai essayé de tracer l'histoire de cette anomalie dans ma thèse inaugurale (18). Chez l'homme affecté d'anorchidie congéniale unilatérale, l'ap- pareil testiculaire peut n'être représenté d'un côté que par l'épidi- (1) Handbuch der pathologischen Anatomie, Leipzig. 1812, iii-8, p. 685. (2) Descr. fœtus hydroc. Upsal. (3) Scella di opusc, mteress., Milano, 1776, vol. XVI, p. 93. (4) Schwed. Abb. Bd. 12, s. 19. (5) Bulletins de la Société anatomique de Paris, Paris, 1833, in-8, t. VIII, p. 221. (6) Anatomie topographique, Paris, 1834, in-8, 2' édit., p. 442. (7) London Médical Gazette, vol. XX, 1836-1837, p. 717. (8) Traité complet à' anatomie chirurgicale, Paris, 1837, in-8, t. II, p. 192. (9) Biseases ofthe Testis, London, 1856, in-8, cb. i, p. 4- (10) Bulletins de la Société anatomique de Paris, Paris, 1848, in-8, v. XXIII, p. 32. (11) Archives générales de medectne, Paris, 1851, in-8, 4« série, t. XXVI, p. 280. (12) Bulletins de l'Académie nationale de médecine, Paris, 1851, ia-8,Y0l. XVI, p. 463. (13) Traité d' anatomie pathologique, Paris, 1856, in-8, t. III, p. 247. (14) London Médical Gaaette, London, ].8i[, in-8, for the session 1840-1841, vol. XXVIII, p. 817 et p. 820. (15) Mémoires de la Société de biologie, année 1856, in-8, p. 216, et Ga;iette Médicale de Paris, n° du 8 octobre 1859, p. 649 et 650. (16) Gazette Médicale de Paris, n° du 8 octobre 1859, p. 649 et 650. (17) Recherches sur les monorchides et les cryptorchides chez l'homme, Paris, 1856, in-8, p. 16. — Etudes sur la monorchidie et la cryptorchidie chez l'homme, Paris, 1857, in-8, p. 43, 49, 107, 132. — Mémoires de la Société de biologie, année 1856, Paris, 1857, in-8, p. 353, 359, 417 ,442. (18) Etudes sur l'absence congéniale du testicule, Paris, 1858, in-4, thèse u" 259. 314 dyme et le canal déférent. MM. Deville (1% Gosselin (2), Follin (3), Le Gendre (4), ont publié des cas de ce genre. Dernièrement j'ai con- staté un fait semblable sur un fœtus que M. Almagro, interne des hôpitaux, avait bien voulu me donner. Ayant ouvert ce fœtus, qui était long de 16 centimètres et âgé de 4 mois environ, j'ai trquvé le testicule droit dans la fosse iliaque à 5 millimètres au-dessous du rein, à un millimètre environ de l'oritice abdominal du canal inguinal. Il avait la forme d'un haricot et mesu- rait 5 millimètres de hauteur sur 3 millimètres de largeur. Son bord interne était convexe, son bord externe était cpncave, et la face qui, dans le scrotum, aurait été interne, était postérieure, et reposait sur la fosse iliaque. L'épididyme placé en dehors du testicule avait 4 millimètres de longueur, et, comme on le voit planche I, son extrémité supérieure offrait une sorte d'appendice ayant la forme d'un petit crochet, dis- position que j'ai observée sur l'épididyme du cheval et du mulet. Par son extrémité supérieure, il adhérait au testicule ; il s'en séparait plus bas, et dans l'espace intermédiaire entre ces deux organes, on voyait une petite masse rouge allongée, formée par des vaisseaux. Son ex- trémité inférieure passait derrière le faisceau tesliculaire du guber- naculum, organe auquel il s'insérait, puis il se coulinuait avec le canal déférent. Celui-ci remontait un peu, puis contournait la vessie et venait se rendre à la prostate. En examinant l'épididyme au microscope ou seulement avec une forte loupe, on apercevait dans l'intérieur de cet organe un petit canal blanchâtre légèrement contourné et disposé comme le conduit de la semence, dans la première partie du canal déférent de l'ours. A gauche, le testicule manquait; mais l'épididyme avait la forme, la longueur, le volume et la disposition de celui du côté opposé. Il (1) Bulletins de la Société anatomique de Paris, Paris, 1848, in-8, t. XXIII. p. 32. (2) Bulletins de l'Académie nationale de médecine, Paris, 1851, in-8, t. XYI, p. 4C3. (3) Archives générales de médecine, Paris 1851, in-8, 4' série, t. XXYI, p. 280 (4) Mémoires de la Société de biologie, aimée 1856, Paris, 1857, ia-8, G. R., p. 216. 315 reposait sur la fosse iliaque; et son extrémité supérieure était libre et mobile. Toutefois, elle était un peu maintenue par le repli séreux en- veloppant les vaisseaux spernialiques. A son bord interne un peu concave, on voyait une petite masse allongée, rouge, formée par des vaisseaux, et absolument semblable à celle qui existait entre le testi- cule et l'épididyme droits. L'extrémité inférieure de l'épididyme gauche formait un coude à son point de jonction avec le canal déférent. Dans cet endroit s'insé- rait le gubernaculum testis. Dans l'épaisseur de l'épididyme on voyait un conduit blanchâtre contourné, en tout semblable à celui existant dans l'épididyme droit. Ce fœtus, dont les deux moitiés étaient d'un volume égal, avait un petit diverlicnlum de l'intestin grêle. Il ne présentait pas d'autres vices de conformation. Dans l'anomalie que je décris, le plus souvent l'appareil séminal est représenté seulement par le canal déférent. MM. Ripault (1), Paget (2), Cruveilhier (3), Le Gendre (4) et Bastien (5) ont publié des observa- tions de ce genre. Moi-môme, en 1854, j'en ai recueilli un exemple des pUis curieux (6). Plus rarement il y a absence totale du testicule de l'épididyme du canal déférent et de la vésicule séminale. Toute- fois Blandin (7) et M. Velpeau (8) ont constaté chacun un fait de ce genre. L'homme qui a un testicule normal, tandis que l'appareil séminal (1) Bulletins de la Société anatomiqiie de Paris, Paris, 1833, ia-8, t. VIII, p. 221. (2) London Médical Gazette, London, 1841, in-8, vol. XXVIII, p. 817.. (3) Traité d'anatomie pathologique générale, Paris, 1856, in-8, t. III, p. 247. (4) Mémoires de la Société de biologie, anaée 1856, Paris, 1857, in-8, C. R., p. 216. (5) Gazette Médicale de Paris, 1859, p. 649. (6) Etudes sur la monorchidie et la cryptorchidie chez l'homme, Paris, 1857, in-8, p. 49, ou Mémoires de la Société de biologie, année 1856. Paris, 1857, in-8, Mém., p. 359. (7) Ânatomie topographique, Paris, 1834, in-8, 2* édit., p. 442. (8) Anatomie chirurgicale, Paris, 1837, in-S, 3' édit., t. II. p. 192. du côté opposé manque d'une manière absolue, a les organes géni- taux extérieurs non symétriques et disposés de la sorte : le pubis est couvert de poils; au-dessous de la verge, dont le volume est normal, le scrotum n'est pas bilobé; mais il forme au-dessous et sur le côlé de la racine de cet organe une poche unique enveloppant le testicule, dont les dimensions varient nécessairement suivant les individus. Ainsi, il n'y a pas de scrotum du côté où l'appareil séminal manque complètement au-dessous de l'anneau cutané du canal inguinal. Si cet appareil est représenté au-dessous du canal inguinal par l'épididyme et le canal déférent, ou par ce dernier seulement, le scro- tum est un peu indiqué. Ce signe étant constant, l'aspect seul des or- ganes génitaux extérieurs permettra assez bien d'annoncer l'anomalie que je décris, et même la variété à laquelle elle appartient. Lorsqu'on presse entre les doigts la portion de peau qui correspond au scrotum, chez l'homme privé d'une manière absolue de l'appareil testiculaire d'un côté, on ne trouve rien. Au contraire, si de ce côté le testicule manque, et si l'appareil spermatique est représenté par le canal déférent, par le toucher on distingue un cordon d'un volume variable, appendu à l'anneau cutané du canal inguinal. Ce cordon, d'un diamètre supérieur à celui d'une très-forte plume d'oie, est libre dans le tissu cellulaire sous-jacent à la peau. Appendu à l'orifice cu- tané du canal inguinal, dans lequel il se continue supérieurement, il se termine eu bas par une extrémité arrondie. Tout d'abord, il sem- ble formé de parties uniformes; mais, si on le presse avec attention entre le pouce et l'index, en faisant filer entre les doigts les éléments qui le constituent, on reconnaît qu'il est formé de parties diverses, de consistance variable, en arriére desquelles on distingue parfaitement le canal déférent, dur, résistant au toucher; ce canal, à sa partie in- férieure, devient inégal, bosselé, et se termine par une extrémité ar- rondie, volumineuse et un peu recourbée en avant. L'anorchidie congéniale unilatérale ne devra pas être confondue avec l'inclusion testiculaire, avec l'arrêt de migration du testicule, l'épididyme et le canal déférent étant descendus dans le scrotum ; avec le résultat de la castration, de la fonte tuberculeuse ou de l'éli- mination du parenchyme testiculaire. Cet état anormal devra aussi être distingué de l'arrêt de développement du testicule et de la fusion des deux testicules sortis isolémcul de l'abdomen, anomalie dont lu 317 science possède quelques exemples (1), mais que j'ai peine à ad- mettre. L'absence congéniale de l'un des testicules n'expose à aucun acci- dent spécial, et celui qui en est affecté, s'il a un testicule sain, paraît aussi fort et aussi vigoureux que les autres hommes; l'est-il réelle- ment'' j« ne le pense pas; toutefois il a la voix masculine, de la barbe au menton, des poils aux aisselles, sur la poitrine, au pubis; ainsi rien n'indique extérieurement son vice de conformation, et il pourra être admis au service militaire. Mais il ne peut travailler à se repro- duire qu'avec la glande séminale qu'il possède; si elle est saine et placée dans le scrotum, il sera puissant, fécond, il éjaculera un liquide fourni de spermatozoaires, et il aura des enfants des deux sexes, se trouvant ainsi dans la condition du monorchide dont le tes- ticule descendu est sain (2). Est-il aussi puissant que ce dernier? je ne le crois pas; car un testicule, bien qu'il ne sécrète pas d'animal- cules, a cependant de l'influence sur les fonctions génitales. Ce qui le prouve, c'est que l'homme cryptorchide dont les deux testicules ne sécrètent pas de spermatozoaires est apte au coït, et éjacule de la se- mence (3), tandis que l'homme privé congénialement des deux testi- cules, a bien peut-être de rares érections, comme je le montrerai plus loin, mais il ne perd jamais une goutte de sperme. Ainsi l'appareil séminal est utile lors même qu'il ne sert pas direc- tement à la reproduction. Il donne tous les simulacres des facultés génératrices. (1) Voy. D. Alardus Hermanus Cummenus {Miscell. cur. Academise natur. ouriosorum, sive Ephemerides ; Lipsix et Francof., 1673, Jn-4, ann. m, déc. 1, obs. 100, p. 180). — Leal Lealis {De partibus semen conficientibus, Delph., 1726, p. 11). — Sédillot [Journal général de médecine, Paris, 1813, in-8. t. XLVI, p. 348). (2) Voyez mes Etudes sur la monorchidie et la cryptorchidie chef l'homme., Paris, 1857, ia-8, p. 72 et 75, ou Mémoires de la Société de biologie, année 1856. Paris, 1857, in-8, Mém., p. 382 et 385. (3) Voyez mes Recherches sur les monorchides et les cryptorchides chei l'homme, Paris, 1856, in-8, p. 34, et mes Etudes sur la monorchidie et la cryptorchidie chef l'homme, Paris, 1857, in-8, p. 143, ou Mémoires de la So- ciété de biologie, année 1856. Paris, 1857, in-8. Mém., p. 453. 318 L'homme affecté de l'infirrailé que je décris, a-t-il son Icsticiilo unique arrêté dans sa migration? il sera puissant, mais absolnrticnt stérile, tant que la glande spermalique ne sera pas complètement des- cendue dans le scrotum. Son testicule est-il atteint d'une inllammation aiguë ou clironiqiie^ il sera puissant, mais il éjaculera un liquide privé de spermatozoïdes; seulement son infécondité pourra n'être que temporaire, et guérir soit spontanément, soit par un traitement convenable (1). La glande séminale est-elle le siège de cet épancheraent plastique qui caractérise le sarcocèle syphilitique? le plus souvent l'homme at- teint de l'anomalie que je décris sera impuissant, et parfois stérile, suivant le plus ou moins d'intensité de la maladie; ruais son inllrmité pourra guérir, si elle est traitée au début. Le testicule unique est-il tuberculeux? le malade sera encore puis- sant, mais il éjaculera tout au plus une ou deux gouttes d'une se- mence inféconde. Entin, il est deux cas dans lesquels l'homme atteint d'anorchidie congéniale d'un côté sera impuissant et stérile et n'éjaculera pas une goutte de sperme; c'est lorsque son testicule se sera atrophié à la suite de l'orchite ou d'un coup, ou lorsqu'il aura subi de boniie heure un arrêt de développement. Seulement dans le premier cas il ne pourra guérir, tandis que dans le second il pourra conserver quelque espoir; car on a vu une fois des testicules, ainsi arrêtés dans leur évo- lution, se développer sous l'influence des excitations sexuelles, et prendre en peu de temps leurs dimensions normales (2). ABSENCE CONGÉNIALE DES DEUX TESTICULES. Ce vice de conformation n'entraîne pas nécessairement avec lui l'absence des épididymcs, des canaux déférents et des vé.-icules sémi- (1) Voyez la noie sur l'iaipuissancc et la stérilité, dans mes Etudes sur la monorchidie et la cryptorchidie ches l'homme, Paris, 1857, in-8, p. 143, ou dans les Mémoires de la Sociélé de biologie, année 18JG. Paris, 1857, in-8, p. .'i53. (2) Cette observation est rapportée dans l'ouviago de Wilson, intilulé : Lec- tures on the structure and Physiologjj ofthe Maie Vrinartj Génital Organs of the Human Body, London, mdcccxxi, in-8, p. 42/1. 319 nales. Le plus souvent, ces différents organes existent disposés comme il rordliiairc, parfois l'un d'eux peut manquer; plus rarement l'appa- reil séminal tout entier fait défaut des deux côtés. Cabrol (1), Itard de Riez (2), An?iaux (3), MM. Friese (4), Fis- lier (5), Le Gendre et Bastien (6) ont fait connaître des exemples de cette anomalie; j'en ai moi-même publié plusieurs observations (7). L'homme privé congénialement de ses deux testicules a les or- ganes génitaux extérieurs symétriques, mais peu développés. Le pubis est recouvert de quelques poils fins et clair-semés; la verge a tout au plus le volume du petit doigt. Si au-dessous de l'anneau cutané du canal inguinal, il n'y, a des deux côtés, ni canal déférent ni épididyme, le scrotum manque d'une manière absolue, et sous le tégument qui lui correspond, on trouve un peu de tissu cellulaire. Lorsque l'appa- reil testiculaire est représenté par les canaux déférents descendus seuls, le scrotum est un peu indiqué, et dans son épaisseur on ren- contre les deux cordons sperma tiques, en arrière desquels on dis- tingue aisément le canal déférent, qui, en bas, se termine par une extrémité renflée et recourbée en avant. M. le docteur Fisher (de Boston) a pu faire l'autopsie d'un homme présentant cette disposi- ion curieuse (8), et dernièrement MM. Le Gendre et Bastien (9) ont montré à la Société de biologie un fait semblable. (1) Alphabet anatomic, Tovrnon, M.D.xcini, in-4j obs. m, p. 86. (2) Mémoires de la Société médicale d'émulation, Paris, an vni, ia-8, 3*= an- née, p. 293. (3) Journal de médecine, chirurgie et -pharmacie de Corvlsart, Paris, 1807, n-8, t. XIV, p. 262. (4) Casper's Wochenschrift (december, 25, 1841), ou British and Foreign Médical Review, London, 1842, in-8, vol. XIII, p. 527. (5) The American Journal of the Médical Sciences, Philadelpbia, 1838, in-8, vol. XXIII, p. 352. (6) Gajsette Médicale de Paris, année 1859, p. 650. (7) Etudes sur la monorchidie et la cryptorchidie che;: l'homme, Paris, 1857, in-8, p. 133. — Mémoires de la Société de biologie^ année 1857, in-8, p. 443. — Etudes sur l'absence congéniale du testicule, Paris, 1858, in-4, p. 60, 61, 62. (8) The American Journal of the Médical Sciences, Philadelpbia, 1838, in-8, vol. XXllI, p. 352. (9) Galette Médicale de Paris, année 1859, p. 650. 320 Les hommes affectés d'anorchidie congéniale double ont la por- tion intra-pelvienne de l'appareil séminal aussi peu développée que les organes génitaux extérieurs. Ainsi dans l'observation suivante que j'ai pu recueillir, grâce à l'obligeance de M. le docteur Potain, la prostate et la vessie môme, étaient moins volumineuses que d'ordi- naire, bien que les reins fussent à l'état normal. On s'explique ainsi pourquoi ces individus sont inhabiles au coït et ne peuvent éjaculer, fait que je démontrerai plus loin. Chez eux, non-seulement les glandes destinées à sécréter le sperme font défaut, mais encore les organes appelés à fournir les liquides accessoires de la semence se trouvent à l'état rudimentaire. Obs.— Morillon (Jean-Henri), âgé de 61 ans, ciseleur, entré le 12 décembre 1859 à l'hôpital de la Cliarité, dans le service de M. Bouillaud (salle Saint-Jean- de-Dieu, n° 9 bis), succombe peu après son admission à l'hôpital. L'autopsie est pratiquée vingt-quatre heures après la mort. Le sujet est très- maigre, sa taille est de 1 mètre 72 centimètres, et bien qu'il n'ait pas de seins, il ressemble à une vieille femme. 11 a beaucoup de cheveux blancs ; ceux que l'âge n'a pas altérés sont blonds. Les joues, la lèvre supérieure et le menton sont privés de barbe. La peau de la poitrine est absolument glabre. On trouve seulement dans les creux axillaires, au pubis et sur le tégument qui corres- pond au scrotum, quelques poils rougeâtres isolés les uns des autres. Comme on le voit planche II, la verge a le volume du petit doigt et mesure 35 milli- mètres de longueur, le prépuce compris. Le gland ne peut être découvert et l'ouverture préputiale permet à peine l'introduction d'un stylet. Les bourses manquent d'une manière absolue; le tégument qui leur correspond est légè- rement plissé et présente quelques follicules pileux ; le raphé médian est bien indiqué. Au-dessous de la peau, on trouve un tissu cellulo-graisseux, lâche, abondant et traversé par des vaisseaux artériels et veineux. Les anneaux in- guinaux cutanés ne donnent passage à aucun organe et les canaux inguinaux ne contiennent ni cordons ni testicules. L'abdomen étant ouvert, je m'assure qu'aucun organe ne s'engage dans les anneaux inguinaux intérieurs. Après avoir recherché inntilemeut les testi- cules, les épididymes et les canaux déférents dans les fosses iliaques, dans le petit bassin, le long du rachis et au-dessous des reins; je détache ensem- ble tous les organes contenus dans l'abdomen et dans le petit bassin, en même temps j'ai le soin d'enlever une partie des muscles qui tapissent ces régions, afin de pouvoir trouver les testicules, s'ils existent. Après une dissection minutieuse, je découvre les canaux déférents. Ils ont environ 1 millimètre et demi de diamètre et ils sont légèrement noueux à leur extrémité urétralc Comme on le voit planche III, ces conduits parlent de la prostate, contournent 321 la vessie, puis, accompap:nés par les vaifseaii}: dc'fi'Tcnliels, ils snivoiit le trajet qu'ils affectent chez le fœtus avant la descente des testicules ;? mais bientôt ils cessent brusquement. Le canal déférent gauche a 205 millimètres de longueur. Celui de droite mesure 165 millimètres et se termine en en- voyant quelques filaments fibreux qui adhèrent au péritoine. Les vésicules séminales sont un peu moins volumineuses que les canaux déférents. Celle de gauche mesure 35 millimètres, celle de droite a 33 millimètres de lon- gueur. Chacune d'elles n'offre à sa terminaison qu'un petit diverticulum placé à la partie interne de son extrémité inférieure. La prostate, peu développée, se continue presque insensiblement avec la vessie et avec la portion membra- neuse de l'urètre. Elle a 3 centimètres de diamètre transversal à sa base et 15 millimètres de sa base au sommet. Les canaux déférents et les vésicules séminales sont perméables dans toute leur étendue et contiennent un liquide renfermant seulement des cellules épithéliales et des granulations molécu- laires, La crête urétrale et les canaux éjaculateurs sont bien disposés. La vessie est petite, bien que les reins aient leur volume ordinaire. Elle présente dans sa moitié droite une hernie de la muqueuse à travers les fibres muscu- laires. Le bulbe, les corps caverneux et l'urètre ont le volume de ces organes chez l'enfant. Le poids du cervelet est en rapport avec le poids des autres parties de l'encéphale ; ainsi l'encéphale pèse 1,266 grammes. Le cerveau a un poids de 1,110 grammes. Le cervelet seul pèse 128 grammes, et la protubérance et le bulbe pèsent 28 grammes. Morillon n'a eu qu'une sœur, celle-ci n'a rien présenté de particulier. Il a toujours vécu avec sa mère jusqu'à la mort de cette dernière. A 21 ans, il a été exempté du service militaire comme fils de femme veuve. Du reste, il avait une répulsion profonde pour tout ce qui touchait à l'état militaire. Quoique faible de santé, maniaque, tatillon et peu vigoureux, il a toujours été un bon ouvrier, aimé de ses camarades d'ateliers et des patrons qui l'em- ployaient. C'était un homme mou, sans grande initiative, aussi se laissait-il facilement conduire. Malgré cela, il était gai, spirituel, taquin, mais un peu querelleur. Il aimait la bonne chère, le vin et les liqueurs spiritueuses, et il lui fallait peu de chose pour le rendre ivre, ce qui lui arrivait souvent. C'est même le seul défaut qu'on lui ait connu. Sa voix était grêle, aiguë et fêlée; il chantait fort mal, il était blond, imberbe, et avait tout à fait l'air d'une femme, aussi ses camarades ont toujours supposé qu'il était hermaphi-odite ; d'au- tant plus qu'ils ne lui ont jamais connu de maîtresse et qu'ils ne l'ont jamais vu entrer dans une mauvaise maison. Malgré son infirmité, le sujet de cette observation aimait à faire le galant auprès des dames, et se disait même fort redoutable pour les maris. Ses mœurs ont toujours été pures, et bien qu'il eût des formes féminines, il est certain qu'il ne s'est pas prêté à des rappro- chements contre niilure, et ou ne l'a jamais vu fréquenter des gens connus MÉM. 21 322 tlaus les ateliers pour avoh' de telles habitudes. Ses cheveux ont blauchi lof I tard. A l'hôpital son caractère s'est modifié. Il est devenu triste, et deux fois il a essayé de se donner la mort. Dans l'anorchidie congéniale double, l'appareil séminal en entier peut faire défaut. Le docteur Friese cite un fait de ce genre (1). L'homme dont les deux testicules manquent congénialement a les organes génitaux extérieurs symétriques, le pubis est recouvert de poils rares, fins et clair-semés, la verge a le volume du petit doigt. Si l'épididyme et le canal déférent font défaut des deux côtés, le scro- tum manque d'une manière absolue; mais ce repli cutané est un peu indiqué si l'appareil séminal est représenté par les canaux déférents. Dans ce dernier cas, lorsqu'on vient à presser entre les doigts la por- tion du tégument qui correspond au scrotum, on distingue parfaite- ment de chaque côté, un petit cordon appendu à l'anneau cutané du canal inguinal. Ce cordon tout d'abord semble composé de parties uniformes; mais un examen plus attentif, permet de reconnaître, à sa partie posté- rieure, le canal déférent qui présente un léger renflement à son extré- mité inférieure. Cette disposition anormale ne sera pas confondue avec cette variété d'ectopie testiculaire, dans laquelle, les glandes séminales étant restées dans l'abdomen ou dans la région inguinale, les épididymes et les canaux déférents sont descendus seuls dans le scrotum. La présence des deux testicules arrêtés dans leur migration, soit derrière l'anneau abdominal du canal inguinal, soit dans le pli de l'aine, devra prévenir toute erreur. Au reste, Célal des fonctions génitales permettra de savoir dune vianii'.re certaine, si f homme qui n''a pas de testicules dans le scro- tum, ou dans aucun point accessible au toucher^ est cryptorcldde ou atteint d'anorchidîe congéniale double. Dans le premier cas, il sera puissant et pourra avoir des rapports sexuels dans lesquels il perdra une semence inféconde. (1) Casper's Wochenschrift, (Dercmber, 25, 1841.) Cette observation a été reproduite dans le Brilish and Foreign Médical lieview, London, 1842, in-b, ol. \m,p. T)?-. Dans le second cas, comme je le démontrerai plus loin par les obser^ Dations que j ai recueillies ^ il sera impnissant et néjaculcra pas une goutte de sperme. L'absence congéniale des deux lesticiilos ne peut être prise pou le résultat de la castration, de l'arrêt de développement ou de l'atro- phie testiculaire. L'homme, dont les deux glandes séminales ne se sont point formées pendant la vie intra-utérine, se trouve, quant aux fonctions génitales, absolument semblable à l'eunuque mutilé dans son enfance. Ainsi les individus observés par Itard de Riez, Ansiaux, le docteur Fislier, n'é- prouvaient pas le moindre penchant pour les femmes, et n'avaient jamais eu d'émission de semence. Ils étaient impuissants et stériles. Le nommé Morillon, dont je viens de rapporter l'histoire, se trouvait nécessairement dans le même cas. Des quatre hommes que j'ai pu interroger, trois m'ont aflirmé n'avoir jamais rien ressenti pour les femmes. Les nommés Anti... et Bri..., dont j'ai publié l'observation dans mes Études sur la monorchidie et la crypter cliidie chez l'homme (l), ont prétendu avoir eu des rapports sexuels. Disaient-ils vrai? il est permis d'en douter; ils m'ont assuré de plus qu'ils n'avaient jamais perdu une goutte de sperme dans différentes tentatives de coïl. Les nommés Bri... et Hen... (2) m'ont dit qu'ayant essayé plu- sieurs fois de se polluer, ils n'avaient jamais éprouvé aucune sen- sation agréable, et que jamais une goutte de semence n'était venue au méat. Me basant sur les observations d'itard de Riez, d' Ansiaux, du doc- teur Fi-her et sur les cinq faits que j'ai recueillis, je dirai : l'homme privé des deux testicules par une anomalie congéniale est impuissant ; peut-être a-t-il de rares érections, mais il n'éjacule pas une goutte de semence. Ainsi il diffère de celui qui ne présente cette anomalie que d'un côté, car ce dernier, s'il a un testicule normal, est puissant et apte à se reproduire. Il ne ressemble pas non plus à Ihomme cryptorchide ; celui-ci en (i) Paris, 1857, in-8, p. n^, (l) Voy. p. 324. i^r. 324 effet est bien stérile, mais il peut parfaitement exercer le coït et éja- culer de la semence. De plus, tout fait supposer qu'il peut devenir apte à la reproduction si ses testicules achèvent leur évolution, tandis que l'homme privé des deux glandes séminales ne peut voir en aucune façon son infirmité se modifier. Quant aux fonctions génitales, l'individu dont je parle est à peu près au niveau de l'homme dont les testicules présentent un arrêt de développement datant de la naissance; mais tandis que ce dernier est susceptible de guérir si ces testicules se développent tardivement, Ihomme privé des deux glandes sperraaliques par une anomalie con- géniale a une infirmité absolument sans remède. A l'appui des propositions que je viens d'émettre, je renvoie aux trois observations d'anorchidie congéniale bilatérale que j'ai déjà publiées (1). Je rappellerai seulement une observation que j'ai re- cueillie à l'Hôtel-Dieu dans le service de M. Horteloup, Obs. — Le nommé Hen... (Adolphe), âgé de 34 ans, ébéniste, est entré le 20 décembre 1858, salle Saint-Benjamin, n° 5, pour se faire traiter d'un œdème léger des membres Inférieurs. Cet homme parait avoir de 16 à 17 ans tout au plus. Sa voix est grêle, aigre et d'un timbre très-élevé. Il a les che- veux blonds, lins, lisses et longs, les yeux bleus; sa figure, qui est allon- gée, peu régulière, sans expression, est d'un blanc mat. Il n'a de barbe ni sur les joues, ni à la lèvre supérieure ; la peau du corps est absolument glabre, sauf les creux asillaires, où l'on rencontre quelques poils courts et clair- semés; les membres sont grands et secs; la taille est moyenne. Les organes génitaux extérieurs sont ainsi disposés : le pubis est recou- vert de quelques poils blonds très-courts ; la verge est du volume du petit doigt et longue de 3 centimètres environ, le gland ne peut èlre découvert. Le scrotum a les dimensions de celui d'un enfant à ternie; sur la ligne moyenne de ce repli cutané, on A'oit le raphé qui est bien indiqué. En pres- sant les parties latérales des bourses, on sent de chaque côté un petit cor- don qui rentre facilement dans le canal inguinal. Aussi, pour l'examiner complètement, faut-il préalablement le li.\er en pressant sur le pli de l'aine. Ce cordon, formé de parties inégales que je fais Hier aisément entre les doigts, et parmi lesquelles je ne puis distinguer ni canal déférent ni testi- (1) Voy. mes Études sur la monorchidie et la cryptorchidie chez l'homme, Paris, 1857, in 8, p. 133, les Mémoires de la Société de biologie, année 1S5G, Paris, 1857, in-8, p. 443, et mes Études sur l'absence congéniale du testicule, Paris, 1858, in-4,p. 60, 61, 61. 325 cule, est appendu à l'anneau cutané du canal inguinal, et se termine en bas par une extrémité arrondie et libre. Je ne puis trouver les testicules dans aucun point accessible au toucher. Je fais tousser Hen..., il n'a pas de hernie. Le sujet de cette observation, qui me dit avoir toujours été ainsi conformé, a plutôt l'air d'un grand enfant que d'un homme de 34 ans. Son intelligence paraît peu développée; il est peureux, craintif, et après l'exa- men que je lui ai fait subir, il s'est mis à pleurer sans motif. Il m'apprend qu'il n'a jamais eu de rapports sexuels; il dit s'être pollué, mais jamais rien n'est venu au méat. Au reste, il ne semble point avoir de penchant pour les femmes. Cet individu ne doit pas être vigoureux, car il gagne, comme ouvrier, la moitié seulement de la paye de ses camarades. Le 24 décembre j'ai revu Hen..., avec mon collègue, M. Raynaud, qui a bien voulu constater avec moi l'état anormal de cet homme. L'absence congéniale des deux testicules imprime un cachet tout particulier à ceux qui sont atteints de cette iulirmité. Semblables aux individus qui ont subi la castration étant enfants, leurs formes, leur extérieur les rapprochent de la femme : comme elle, le plus souvent ils sont de taille moyenne, leurs traits sont délicats et peu accusés ; leur peau est douce au toucher, d'un blanc mat et absolument glabre; presque constamment ils ont les cheveux blonds, fins et lisses, et leur appareil pileux est bien moins développé que celui de la femme, car ils n'ont quelques poils rares qu'au pubis; la poitrine, les aisselles, le menton en sont privés. On sait que chez l'homme, le système pileux se développe au mo- ment où les testicules commencent à sécréter : or, les hommes atteints d'anorchidie congéniale double ne subissent pas la transformation ordinaire au moment de la puberté ; chez eux tous les organes acquiè- rent du volume, excepté ceux qui concourent à la génération ou qui sont sous sa dépendance. Les individus affectés d'une absence congéniale des deux testicules sont mous, peu énergiques, craintifs; ils rougissent facilement, tout leur fait peur, et même on ne parvient à les examiner qu'à grand'- peine : en cela, ils ressemblent encore aux eunuques, qui le plus sou- vent sont pusillanimes. Au reste, la castration pratiquée sur l'adulte affaiblit singuUèrement l'énergie morale, comme le prouve le fait curieux rapporté par M, d'Escayrac de Lauture(l). (1) Le Désert et le Soudan, Paris, 1853, iQ-8, p. 448. ;i26 De même que chez les animaux chùlrés jeunes, les forces phy- siques des individus dont je fais l'histoire n'acquièrent pas leur dé- veloppement normal; aussi, le plus souvent sonl-ils incapables d'un travail pénible et continu; leur défaut d'énergie, de ceurage et de force, devra les faire exempter du service de l'armée, bien qu'ils ne soient spécialement exposés par leur iulirmilé à aucun acci- dent grave. Un sait qu'à l'époque de la puberté, le mouvement organique porte sur l'appareil de la phonation ; chez les hommes privés congéniale- menl des testicules, ce mouvement n'ayant pas lieu, ils restent ce ([u'ils étaient auparavant, ou plutôt leurs poumons, leur trachée, leur larynx, se développent, mais pas relativement autant que les autres parties de leur individu : aussi, leur voix, au lieu de muer, reste- t-elle à peu près ce qu'elle était auparavant; elle est grôle, aigre; chez quelques-uns, elle a une grande ressemblance avec la voix de femme, mais elle n'a pas un timbre aussi agréable; d'ailleurs, ce fait a déjà été noté chez les eunuques chanteurs ou castrats. tous les individus affectés d'anorchidie congéniale bilatérale dont j'ai recueilli l'observation avaient la voix grêle et d'un timbre élevé; l'un d'eux même (le nommé Anli...), avait absolument une voix de fennne, et la note la plus basse (ju'il pouvait donner était supérieure d'une octave à la note la plus basse que je pouvais atteindre. Il est donc permis de croire que ces hommes avaient le larynx peu déve- loppé, semblables en cela aux individus qui ont subi la castration étant enfants. Ln fait digne d'être noté, c'est que les quatre hommes que j'ai examinés, paraissaient beaucoup plus jeunes que leur âge ne l'eût fait supposer; ainsi l'un deux, le nommé Anti..., âgé de 27 ans, semblait tout au plus en avoir 17. Un autre, le nommé lien..., âgé de 3'i ans, paraissait en avoir de 16 à 17. De plus, ils avaient une intelligence très-ordinaire, ce qui ne doit pas surprendre; on sait que les eunuques opérés étant enfants sont peu doués à cet égard. Qu^nt à ceux qui ont été mutilés après la puberté, ils conser- vent, dil-on, une partie de leurs facultés. J'ai pu savoir deux fois seulement quelle avait été la durée de la vie chez les individus privés congénialement des testicules : l'homme nbservé par le docteui^ Fishér a silccombé à -45 ans, celui dont j'ai fait 327 l'autopsie est mort à (il ans. On peut donc supposer que, contraire ment à l'opinion de Burdach (1), ces individus, bien qu'inhabiles à la génération, sont aptes cependant à fournir une carrière aussi longue que celle des autres hommes. Leur état anormal exerce une influence manifeste sur leur ma- nière de vivre : comme ils sont faibles de santé, peu vigoureux, timides et craintifs, ils restent dans leur famille auprès de laquelle ils trouvent un appui qui leur est nécessaire. Ils redoutent la société des femmes, et avec elles ils sont honteux et réservés, car ils ont conscience de leur infirmité. Enfin, bien qu'ils soient absolument semblables aux individus qui ont été mutilés dans leur enfance, ils n'ont certainement pas les défauts que les auteurs ont reprochés aux eunuques. (1) Traité de physiologie, trad. par Jourdan. Paris, 1839, in-8, t. V, p. 402. NOTE SUR L'ABSENCE CONGÉNIALE DD CANAL EXCRÉTEUR ET DU RÉSERVOIR DE LA SEMENCE, LE TESTICULE EXISTANT, Par M. le Docteur ERNEST GDDARD. Dans un travail intitulé : Note sur l'absence congéniale du tes- ticule (1), j'ai fait voir que des hommes peuvent venir au monde et vivre sans testicules, tout en ayant, d'un côté ou des deux côtés, un épididyme et un canal déférent, ou ce dernier organe seulement. Je vais montrer maintenant qu'il y a des individus privés d'une partie ou de la totalité du canal excréteur et du réservoir de la semence, bien qu'ils aient l'une ou les deux glandes séminales dans l'abdomen ou dans le scrotum. Ce vice de conformation étant extrêmement rare et n'ayant été constaté qu'à l'autopsie, je l'étudierai dans son ensem- (l) Voy, même volume, p. 311. 330 ble, qu'il se présente soit d'un côté, soit des deux côtés ; mais aupa- ravant, j'indiquerai avec grand soin les variétés qu'il peut offrir. Le testicule, l'épitlidyrae et le canal déférent existent parfois des deux côtés, bien que les canaux déférents manquent à leur terminai- son dans une certaine étendue. Tenon (1) et M. Mayer (de Bonn) (2) rapportent des faits de ce genre. M. Parise a vu un nouveau-né qui présentait ce vice de conformation d'un côté seulement (3). M. le docteur Parisot m'a communiqué une observation qu'il a recueillie en 1856, à l'Hôtel-Dieu, sur un enfant mort cinq jours après sa naissance (4). Chez cet enfant, le scrotum était vide ; les testicules, du volume d'une olive, placés à la partie supérieure des faces laté- rales de la vessie, donnaient naissance l'un et l'autre à un épididyme se continuant avec un canal déférent, qui, après 2 centimètres de trajet environ, venait se perdre sur la paroi latérale de la vessie. Les vésicules séminales manquaient d'une manière absolue. M. Cusco a constaté un fait semblable sur un aliéné de Bicétre, mort en 1842 à l'âge de 45 ans. Cet homme avait les organes génilo-uri- naires ainsi disposés : d'un côté (M. Cusco croit se rappeler que c'était à droite), le testicule était du volume normal et parfaitement dis- posé, ainsi que l'épididyme, le canal déférent, la vésicule séminale et le rein. A gauche, la glande séminale, grosse comme une amande, donnait naissance à l'épididyme (jui se continuait avec le canal défé- rent. Celui-ci diminuait bientôt de volume, pour ne plus former qu'un cordon libro-celluleux, ne remontant pas au delà du canal inguinal. La vésicule séminale et le canal éjaculateur manquaient, ainsi que le (1) Mémoire sur quelques vices des voies urinaires et des parties de la géné- ration dans trois sujets du sexe masculin, par M. Tenon ; inséré dans les Mémoires de mathématique et de physique, tirés des registres do l'Académie royale des sciences de rannce mdcclxi, et contenu dans l'Histoire de l'A- cadémie royale des sciences de Paris, année mdcclxi. Paris, mdcclxui, iQ-4, p. 116. (2) Journal des progrès des sciences et institutions médicales. Paris, 1827, in-8, t. IV, p. 281. (3) Bulletins de la Société anatomiquc de Paris, Paris, 1857, in-8, vol. Xll, p. 38. (4) CeUe observation a été publiée par M. Parisot, dans la Ga;set(e des hôpitaux de Paris, numéro du 5 juillet 1656, p. 313. 331 rein et l'uretère de ce côté. Le sujet ne présentait pas d'autres vices de conformation. Bosscha rapporte dans sa thèse inaugurale une observation d'ab- sence de la vésicule séminale et de la plus grande partie du canal dé- férent gauches, le testicule existant (I). En 1859, grâce à robligeance de M. Siredey, j'ai pu disséquer un sujet qui offrait une disposition anormale de ce genre. Cet individu, nommé Henri Thiv., âgé de 31 ans, était entré le 19 mars 1859 à l'hô- pital Saint- Antoine, salle Saint-Antoine, n" 13, atteint de phthisie aiguë, affection à laquelle il a succombé le 21 mars 1859. Thiv. présentait une singulière conformation des organes génitaux extérieurs : il avait une verge et une vulve, sur la partie moyenne de laquelle s'ouvrait Purètre-, aussi appartenait-il à cette classe d'in- dividus désignée sous le nom d'hermaphrodites. Il était de petite taille, rachitique, d'une constitution faible et d'un tempérament lymphatique. Malgré sa mauvaise santé, il s'adonnait à la boisson et se livrait à la débauche. Ainsi, il est certain, d'après les renseigne- ments recueillis par M. Siredey, que cet bomme recherchait les femmes, et d'autre part se livrait à la pédérastie passive. Au reste, son orifice anal très-dilaté, indiquait parfaitement ces habitudes honteuses. Thiv. avait la lèvre supérieure garnie de poils, ainsi que les ais- selles et le pubis. La verge mesurait 5 centimètres de longueur. Au- dessous de cet organe, on voyait une vulve à la partie moyenne de laquelle venait s'ouvrir l'urètre. La vulve était limitée par deux grandes lèvres. Dans l'épaisseur de la grande lèvre gauche, le palper permettait de reconnaître un cordon allongé appendu à l'anneau cu- tané du canal inguinal, et descendant jusqu'à la partie moyenne de ce repli cutané. L'abdomen étant ouvert, et les organes génito-urinaires profonds ayant été disséqués, j'ai vu que l'urètre menait d'une part dans la vessie, et d'autre part dans un vagin, qui, en haut, se continuait avec une matrice. A droite, Thiv. n'avait ni ovaire ni testicule. A gauche, on apercevait au-dessus, et en dehors de rorifice abdominal (1) H. Bosscha : Dissertatio sislens observationem de vesiculae seminaîis sinistrae defeetu, integris testibus, vase vero déférente sinistro clauso, Leidae, 1813, in-4, p. 5. 332 du canal inguinal, un testicule mince, aplati et du volume d'une amande. Cet organe, maintenu seulement par un pédicule pénétrant dans le canal inguinal, était libre dans la cavité abdominale; il me- surait 3 centimètres de longueur sur 15 millimètres de largeur, et il était composé de canalicules spermaliques qui s'effilaient parfaite- ment. La grande lèvre gauche et le pli de l'aine étant disséqués, j'ai vu que le prolongement envoyé par le testicule dans le canal inguinal formait, au-dessous de son oriQce cutané, une sorte de corps allongé, mobile, recevant à son extrémité inférieure l'insertion d'un ligament qui m'a paru être la portion scrotale du gubernaculum testis. Ce ligament allait s'insérer sur le côté gauche de la racine de la verge. Le corps allongé appendu à l'anneau cutané du canal inguinal était recouvert en avant par la séreuse vaginale renflée en bas, mais com- muniquant librement en haut avec le péritoine. Derrière elle, par transparence, on apercevait des canalicules volumineux formant une sorte de gros cordon. Ayant disséqué avec grand soin ce cordon, j'ai vu qu'il était constitué par des vaisseaux etférenls, un épididyme, et une portion du canal déférent. Les vaisseaux elférents, au nombre de trois, distendus par un liquide blanc qui en facilitait la dissection, partaient du testicule et se rendaient au sommet des cônes épididy- maires. L'épididyme étalé avait 7 centimètres de longueur et 5 milli- mètres de largeur; il se continuait avec le canal déférent. Ce conduit, d'abord replié sur lui-même, se terminait en cul-de-sac après un tra- jet de 4 centimètres environ; il avait un millimètre de diamètre, ses parois étaient minces, et se laissaient facilement déprimer. Le liquide renfermé dans les canalicules épididymaires et dans le canal déférent ne contenait pas de spermatozoïdes; il était tel- lement abondant que ces organes semblaient parfaitement injectés. Ainsi, chez le sujet de cette observation, à gauche, il y avait ab- sence de la vésicule séminale et de la plus grande partie du canal déférent. Le canal déférent peut manquer d'un côté seulement dans une partie de son trajet, bien que le testicule, l'épididyme et la vésicule séminale soient bien disposés. En 1847, M. L. Gosselin a publié un fait de ce genre (1). (1) MémoiTe sur Us oblitérations des voies spermaliques, pur M. L. Qo^iseliD, 333 L'épididyme, au lieu de se continuer avec le canal déférent, peut se terminer en ciil-de-sac. M. Wilson rappelle qu'il a vu un épididyme ainsi mal conformé, et qu'il a déposé la pièce anatomique dans la collection de Windmill street (1). Il est fâcheux que ce fait soit rap- porté aussi brièvement. John Hunter (2) a observé un cas bien curieux. Sur un sujet dont il pratiqua l'autopsie, les deux testicules étaient parfaitement disposés, mais d'un côté l'épididyme était presque complet, tan- dis que du côté opposé il manquait sur une longueur de près d'un pouce. Les canaux déférents, partant d'une poche formée par les deux vésicules séminales, se terminaient, celui de droite à 1 pouce au-dessous de l'anneau ioguinal extérieur, celui de gauche cessait derrière le testicule sans avoir aucune continuité avec la glande. Les deux vésicules séminales juxtaposées étaient distantes de la prostate et ne venaient point s'ouvrir dans l'urètre. Dans son mémoire sur les vésicules séminales, Brugnone dit avoir disséqué un adulte privé d'une portion de l'épididyme et de la plus grande partie du canal déférent. Malgré cela, la glande séminale de ce côté était saine ; seulement la portion d'épididyme qui existait se trouvait fortement distendue par de la semence (3). J'ai eu l'occasion de constater l'absence de la vésicule séminale, de la plus grande partie de l'épididyme et de la totalité du canal défé- rent du côté gauche. Voici dans quelles circonstances : le 11 février 1859, M. Simon, interne de M. le professeur Natalis Giiillot, a bien voulu m'apporter les organes génito-urinaires du nommé Edme Pel- lard, mort la veille à l'hôpital Necker, salle Saint-Luc, lit n* 4. Cet homme, âgé de 37 ans, entré le 9 février, était atteint de pneumonie, et depuis le 5 février il souffrait d'un ictère intense. travail lu à l'Académie de médecine le 29 juin 1847. Archives générales de médecine, Paris, 1847, in-8, 4» série, tome XIV, p. 408. (1) M. Wilson, Lectures on the Structure and Physiology ofthe Maie Uri- nory and Génital Organs, London, 1821, in-8, p. 423. (2) The Works of John Hunter, edited by Palmer, London, 1837, in-8, vol. IV, p. 23. (3) Observations sur les vésicules séminales, par M. Brugnone; Mémoires de l'Académie royale des sciences de Turin, années 1786-1787. Turin, M.DCCL.xxxvîu, in-4, p. 625. 334 A l'ouverture du cadavre, M. Simon trouva le poninon gauche otl- tlammé au deuxième degré; plus, des traces anciennes diine double pleurésie. Ayant eu l'idée d'examiner les organes urinaires profonds, il fut frappé de voir que le rein et la capsule surrénale gauches man- quaient d'une manière absolue. Du reste, l'aorte ne fournissait aucune branche au niveau du point où ces organes auraient dû se trouver. M. Broca, assistant par hasard à l'autopsie, constata cette disposition singulière. M. Simon chercha le rein gauche dans le grand et dans le petit bassin; mais il ne put le trouver, ce qui lui donna l'idée d'exa- miner la face postérieure de la vessie. 11 vit alors que du côté gauche l'uretère manquait ainsi que la vésicule séminale et le canal défé- rent. Au contraire, tout l'appareil génito-urinaire droit était bien disposé. La verge était d'un volume médiocre. Le scrotum, petit, ren- fermait les deux testicules. Seulement, tandis qu'à droite, par le palper, on sentait parfaitement le canal déférent, à gauche on ne pouvait le distinguer au milieu des éléments du cordon. Ayant examiné les organes génito-urinaires de Pellard, que M. Si- mon avait bien voulu m'offrir, j'ai noté les particularités suivantes : la capsule surrénale droite était très-développée; le rein droit, unique, recevait trois artères et mesurait 14 centimètres 1/2 de longueur sur 77 millimètres de largeur au niveau du hile ; la glande était très- large à sa partie moyenne, et son extrémité supérieure était pins vo- lumineuse que son extrémité inférieure. A droite, le testicule, l'épididyme, le canal déférent et la vé^icule séminale étaient parfaitement disposés. La glande spermatiqne avait 45 millimètres de longueur sur 28 millimèlres d'avant en arrière. La vésicule séminale mesurait 65 millimètres de longueur sur 12 milli- mètres de largeur moyenne. Le liquidf contenu dans les canalicules du testicule et de l'épididyme, dans le canal déférent et dans la vési- cule séminale, ne renfermait pas d'animalcules spermatiques. A gauche, le testicule un peu moins gros que du côté opposé, avait 42 millimèlres de longueur sur 28 millimètres d'avant en arrière. Au-dessus de la glande, la tète de l'épididyme était normale, mais elle n'existait que sur une longueur de 15 millimètres. La tunique vaginale était bien disposée, si ce n'est vers le dos du testicule; dans ce point, comme l'épididyme manquait, elle se portait directement sur la tunique fibreuse. Ainsi, sur ce sujet, à gauche, il y avait absence du corps de l'épididyme, de la queue de cet organe, du canal déférent S35 et (le la vésicule séminale, disiposi lions dont les lig. 1, 2, 3, 4 et la planche IV rendent parfaitement compte. Malgré l'anomalie, le cor- don spermalique était bien disposé. L'injection des vaisseaux sanguins n'ayant pas été faite, je n'ai pu voir comment ils se distribuaient. Le parenchyme du testicule gauche était normal, et les canalicules par- faitemeiU disposés. Toutefois, leur contenu ne renfermait pas d'ani- malcules formés ou en voie de formation. Les canalicules de la tête de l'épididyme étaient distendus par un liquide épais et rougeâtre, dans lequel je n'ai pu trouver de spermatozoïdes. La face postérieure de la vessie ofïrait une disposition curieuse . à gauche, l'uretère, le canal déférent et la vésicule séminale man- quaient; à droite, l'uretère venait s'ouvrir à la partie moyenne de la face postérieure de la vessie. La crête urétrale présentait une seule ou- verture à sa partie moyenne. La moitié droite de la prostate était très- grosse, et avait 35 millimètres de longueur sur 23 millimètres de lar- geur, tandis que la moitié gauche était toute petite et mesurait seulement 22 millimètres de longueur sur 13 millimètres de diamètre transverse. Les faits de Hunter, de Brugnone et celui qui précède, montrent qu'une partie de l'épididynie peut manquer congénialement. L'ab- sence de cet organe dans sa totalité est bien plus rare; car je n'ai trouvé que les lignes suivantes se rapportant à cette anomalie : a Le 26 janvier 1647, dit Jean Rhodius, sur le cadavre d'un homme qui pendant la vie avait eu une mauvaise santé, il n'y avait pas d'épidi- dymes (1). » Il est à regretter que Jean Rhodius se soit borné seule- ment à énoncer le fait. Dernièrement, j'ai montré à la Société de biologie un cas semblable. J'ai fait voir que chez un porc l'un des épididymes manquait complè- tement (2). Cette anomalie est représentée planche V. (1) « An. 1647, jaav. 26, ia cadavere e valetuJinario épididymes faere nullse. n (Joaimis Rliodii 31antissa Anatomica, ad Thomam Bartholinum, Haf- niœ, cb bc LXI, in- 12. Obs. xlvi, p. 26.) (2) Le 23 juin 1859, j'ai disséqué un porc âgé d'un an dont les testicules étaient restés dans l'abdomen. Ctiez cet animal, l'épididyme et la partie terminale du canal déférent du côté droit manquaient congénialement. Peu après sa naissance, ce porc avait été présenté au chàlreur qui n'avait pu l'opérer; malgré cela, il fut laissé avec ceux de sa portée. Plus tard, il fallut 33F, Les observations que je viens de rapporter montrent que, dans tous les cas où la portion terminale du canal déférent manque, il y a ab- sence de la vésicule séminale du côté correspondant. le tenir séparé, parce qu'il était colère et méchant. Comme il se tourmen- tait continuellement, on ne put arriver à l'engraisser, ce qui décida son pro- priétaire à le faire abattre. Ainsi que j'ai pu m'en assurer par moi-môme, ce porc, mis avec les truies, n'essayait pas de les couvrir ; mais si on le fai- sait entrer dans la loge des vérats, aussitôt ceux-ci venaient le flairer, ce qu'il faisait ensuite à son tour, et bientôt ils commençaient à se battre. Cet animal était de taille moyenne, mais conformé d'une manière vicieuse, car il avait le dos concave; de plus, il présentait au flanc droit une cicatrice très-étendue. D'après le porcher, il serait venu au monde avec cette cica- trice, et depuis sa naissance il n'aurait jamais éprouvé d'accident. Ses te?ti- cules n'étaient pas apparents, la verge était d'une dimension ordinaire. Ce porc est abattu, puis saigné devant moi; il n'éjacule pas. Nous aurons plus loin l'explication de ce fait. L'abdomen étant ouvert, je trouve le testi- cule gauche dans la région lombaire au-dessous du rein. Le testicule droit est dans la même région du côté opposé, mais il est placé plus bas. Le tes- ticule gauche mesure 8 centimètres de longueur, 55 niillimùtres de largeur et 18 millimètres d'épaisseur. L'épididyme, comme on peut le voir planche V, est allongé et très-grêle par rapport au testicule; il se continue avec le canal déférent, qui a une longueur de 20 centimètres. Ce conduit est d'un petit diamètre. En se portant vers l'urètre, il diminue encore, et vers sa terminai- son il devient tellement ténu que je ne puis savoir d'une manière exacte s'il est perméable à son extrémité. Le testicule droit est tout petit; il a 11 millimètres de longueur, 1C milli- mètres de largeur et environ 5 millimètres d'épaisseur. De ce côté, l'épidi- dyme manque d'une manière absolue, et le canal déférent commence à 7 millimètres du testicule. Ce conduit chemine vers la prostate, et, après un trajet d'environ 13 à 14 centimètres, il cesse bruscpiement à 28 millimètres de la prostate, et cela sans s'elTder comme le canal déférent gauche. L'urètre étant ouvert, je vois un petit oriflce qui mène dans une sorte de poche ayant une longueur de 17 centimètres et qui côtoie le bord interne du canal défé- rent gaucho. Celte poche, terminée près de l'épididyme en un cul-de-sac arrondi de 5 millimètres de largeur, s'efllle vers son extrémité urélrale. Quelle est la nature de cette poche? Est-ce un ulricule prostatique très-déve- loppé ou une sorte de corne utérine? N'ayant pas encore eu l'occasion de disséquer les organes génitaux internes d'un vérat, je reste dans le doute à cet égard. Le parenchyme des deux testicules est parfaitement .«ain pt il oll'rc une 337 On conçoit très-bien qu'il en soit ainsi; la vésicule séminale n'est, chez l'homrae du moins, qu'un diverticulum destiné à contenir de la semence, et elle résulte d'une sorte de ploiement ou de bourgeonne- ment qui a lieu sur le côté externe de l'extrémité urétrale du canal déférent. Dans les faits que j'ai énumérés, tout au contraire, lorsque l'extrémité urétrale du canal déférent existait, le réservoir de la se- mence ne faisait point défaut. Mais ce n'est pas une règle absolue; car M. le docteur Béraud a présenté à la Société de biologie les organes génitaux d'un nouveau-né, chez lequel le canal déférent droit s'anasto- mosait avec le canal déférent gauche à peu de distance de la prostate; les deux vésicules séminales manquaient, ainsi que le lobe droit de la prostate. La glande de Méry du côté droit faisait aussi défaut. Ainsi, sans nul doute, l'épididyme, le canal déférent et la vésicule séminale peuvent manquer congénialement, bien que le testicule soit dans le scrotum et y sécrète des animalcules. On se demandera peut-être si, dans les observations que j'ai rappor- tées, il n'y avait pas atrophie complète des parties qui faisaient défaut; je ne crois pas trop m'avancer en disant que cela n'est pas possible; car un organe qui s'atrophie, après avoir été formé complètement, laisse toujours quelques traces, et, dans le lieu qu'il occupait, on ren- contre quelque chose de la maladie, cause déterminante de l'atrophie. N'y aurait-il pas eu opération? Cette objection n'a pas même besoin d'être réfutée, et je n'en parlerais pas si elle ne m'avait été adressée. Gomment a-t-on pu penser un instant à une excision du canal déférent et delà vésicule séminale? Sans doute, l'excision seule du canal dé- férent est possible : elle a été faite, et je l'ai pratiquée moi-même sur des animaux; mais elle n'est guère à supposer chez l'homme, et en admettant que jamais pareille mutilation fût tentée, elle laisserait après elle une cicatrice indélébile. La connaissance exacte du développement de l'appareil séminal coloration d'uu rouge brun chocolat. Le liquide contenu dans les canalicules spermatiques ne renferme pas d'animalcules; il est composé seulement de granulations et de gouUes graisseuses. De même les premières circonvolu- tions du canal déférent gauche renferment un liquide dépourvu de sperma- tozoïdes, mais abondamment fourni d'épithélium cylindrique de petite dimen- sion. MÉM. 22 338 rend parfaitement compte de l'anomalie dont je parle et des variétés qu'elle peut offrir. On le sait, le testicule, organe sécréteur, l'épidi- dyme et le canal déférent, organes excréteurs, se forment séparément. Plus tard, la tète de répididyme se soude à l'extrémité supérieure du testicule. Alors seulement, le gubernaculum qui s'insère à la partie inférieure du testicule et au point de continuité de l'épididyme et du canal déférent, amène après lui en se contractant tout l'appareil sper- matique. Le testicule et l'épididyme viennent d'abord, puis le canal déférent se ploie, est entraîné et suit derrière (1). De cette indépendance de formation il résulte que chacune des por- tions de l'appareil séminal peut ne pas se développer, bien que les autres parties arrivent à un développement complet; mais toujours les organes qui sont formés, sont descendus dans les bourses s'ils don- nent insertion au gubernaculum. Le testicule se forme-t-il seul? Il descend seul dans le scrotum en entraînant ses vaisseaux. Se déve- loppe-t-il ainsi que la tête de l'épididyme? Dès que celle-ci lui est en quelque sorte soudée, il l'amène dans son évolution. Se forme-t-il ainsi que la totalité de l'épididyme? Ils doivent l'un et l'autre au gu- bernaculum d'arriver dans les bourses. Le testicule privé de l'épidi- dyme se développe-t-il ainsi que la totalité du canal déférent? Bien qu'ils soient indépendants l'un de l'autre, ils arrivent ensemble dans le scrotum ; l'extrémité épididymaire du canal déférent est d'abord ployée, puis entraînée par le faisceau du gouvernail qui lui fournit une insertion. Enlin, lorsque la portion urélrale du canal déférent manque, toujours la vésicule séminale de ce côté fait défaut, ce qui montre bien que, chez l'homme du moins, la vésicule séminale n'est qu'un diverticulum du canal excréteur du lluide séminal. Un fait sur lequel on ne saurait trop insister et qui résulte des ob- servations que j'ai rapportées, c'est que l'absence partielle ou totale du canal excréteur de la semeuce n'a aucune influence fâcheuse sur le testicule qui se développe parfaitement, acquiert son volume nor- mal et sécrète des animalcules, comme s'il devait les éliminer. Ce fait est, je crois, sans analogue pour les autres glandes de l'économie. Ainsi, le testicule privé de son canal excréteur sécrète, mais ré- sorbe les animalcules. Toutefois, si cette anomalie n'entraîne pas (1) Voy. 1)1. 1, f, g,i,j, la disposition do l'appavoil tcsiiculaire droit. 339 d'accidents sérieux, le plus souvent (ïile détermine une dilatation des conduits séminaux que l'on trouve distendus par la semence. Gel état anormal des canalicules a été noté, du reste, dans l'orchite chronique, et je l'ai constaté chez les hommes atteints de roblitération des voies spermatiques déterminée par l'accumulation de phosphate de chaux dans les circonvolutions de la terminaison de l'épididymeou de l'origine du canal déférent. L'absence congéniale du canal excréteur du sperme a-t-elle de l'in- fluence sur les facultés génératrices? Pour répondre à cette question, je ne puis me servir des faits recueillis sur l'homme, car les observa- tions rapportées plus haut sont dues au hasard seul, et les auteurs qui les ont publiées n'ont pu rien dire de Tétat des fonctions génitales chez les individus dont ils avaient fait l'autopsie. Toutefois, il me sera, je crois, facile de montrer quelle influence exerce, sur les facultés gé- nératrices, l'absence du canal excréteur du sperme. Pour cela, je tirerai mes conclusions des expériences qui ont été faites sur des ani- maux que l'on a privés d'une partie des canaux déférents, soit avant, soit après la puberté. Astley Gooper est le premier qui ait fait de telles recherches (1). Depuis elles ont été répétées par MM. Curling (2) et Gosselin (3). Ayant voulu voir par moi-même l'influence que pouvait avoir sur la sécrétion spermatique l'absence des canaux déférents, j'ai fait les deux expériences suivantes : Le 6 octobre 1859, j"ai enlevé, avec M. le docteur Martin-Magron, à un jeune lapin, les canaux déférents sur une longueur de 27 milli- mètres. Le liquide qu'ils contenaient renfermait des animalcules. L'opération n'a pas été suivie d'accidents. Le 7 décembre, lanimal a (t) Observations on the Structure and Diseases of the Testis, by sir Astley Cooper. Secon'l édition, edited by Bransby B. Cooper, London, m.dcccxli, m-4, p. 52. (2) A Practical Treatise on the Diseases ofthe Testits and of the Spermatic Cord and Scrotum, by T. B. Curling. 2« édil., London, M.DCCcLvr, in-8, p. 11, ou Traité pratique des maladies du testicule, par T. B. Curling, trad. de M. Gos- selin, Paris, 1857, in-8, p. 12. (3) Archives générales de médecine, Paris, 1853, 5* série, t. II, p. 258 et 259. 340 Ole sacrifié; vingt-deux heures après la mort, j'ai examiné les orga- nes génitaux : les testicules étaient à l'état sain; le parenchyme de la glande séminale droite renfermait des animalcules en voie de déve- loppement ou tout formés; les épididymes avaient un volume double du volume ordinaire; les canalicules de la fin de l'épididyme et ceux des canaux déférents, au-dessous du point excisé, fortement distendus par un liquide blanc épais, renfermant une grande quantité de sper- matozoïdes, formaient une petite masse inégale muriforme, comme on peut le voir pi. IV, fig. 5 et 6. Dans le canal déférent droit, les spermatozoïdes étaient encore doués de mouvements très-rapides. Le bout supérieur du canal déférent droit contenait quelques têtes d'a- nimalcules et des spermatozoïdes privés de la moitié de leur queue. Le bout supérieur du canal déférent gauche ne renfermait pas d'ani- malcules. Le 7 octobre 1859, j'ai enlevé sur un lapin la portion scrotale du canal déférent droit. Le 2 décembre, l'animal a été sacrifié : du côté gauche, le testicule renfermait des animalcules en voie de développe- ment ou tout formés. L'épididyme et le canal déférent contenaient des spermatozoïdes doués de mouvement. A droite, du côté opéré, le tes- ticule reufermail un liquide dans lequel j'ai cru voir, à grand'peine, des animalcules en voie de développement. L'épididyme et le canal déférent avaient un volume double de l'épididyme et du canal défé- rent gauches. Leurs canalicules étaient fortement distendus par un liquide blanc épais renfermant des animalcules doués de mouvement. Le contenu du canal déférent droit au-dessus du poiut précis ne ren- fermait pas de spermatozoïdes. Les expériences de M. Curling montrent que l'excision d'une partie du canal déférent pratiquée chez de jeunes animaux, n'empêche pas le développement ultérieur du testicule qui acquiert son volume nor- mal et fonctionne comme s'il n'était point privé de son conduit excré- teur. Les observations de A. Gooper, de MM. Curling, Gosselin et les miennes, font voir que si l'opération est faite après que la glande a commencé de sécréter, elle n'en éprouve aucune altération patholo- gique grave et continue le rôle qui lui est dévolu. Seulement le liiiuide, formé dans le testicule, s'accumule dans les canalicules de l'épidi- dyme et dans la portion épididymaire du canal déférent. Ainsi, l'absence congéniale du canal excréteur du sperme chez 341 l'homme, et l'excision du même conduit pratiquée sur les animaux, donnent un résultat identique. Dans les deux cas, la glande, privée de son conduit, se développe et fonctionne comme si elle pouvait élimi- ner le produit de sa sécrétion. Au^ reste, pour se rendre compte de l'innocuité de l'absence congéniale du canal déférent, il n'était pas nécessaire de mutiler les animaux, mais il suffisait de se rappeler ce qui se passe sur la plupart des individus affectés d'un épanchement plas- tique au niveau de la queue de l'épididyme, soit d'un côté, soit des deux côtés. Chez eux, les testicules, s'ils sont à l'état sain, sécrètent des animalcules comme auparavant, mais le passage de la semence est empêché au niveau du point malade, comme il est impossible chez les hommes privés de canaux déférents; et, dans les deux cas, les canaliculessont distendus au-dessous du point oblitéré. L'obstacle apporté à l'écoulement du fluide séminal, l'obligation dans laquelle se trouve le testicule de résorber les produits sécrétés et la distension des canalicules ne déterminent rien de fâcheux : ainsi, sur plus de cent malades atfectés d'épididymite chronique unilatérale, sur plus de trente-ciuq individus atteints d'épididymite chronique double, et dont le sperme ne contenait pas d'animalcules, je n'ai pas encore noté d'accidents sérieux pouvant être rapportés d'une manière certaine à l'impossibilité du passage de la semence. L'absence congéniale du canal déférent, le testicule existant, a des conséquences absolument différentes au point de vue de la reproduc- tion, suivant que l'anomalie existe d'un côté ou des deux côtés : dans le premier cas, si l'appareil spermatiquedu côté opposé est à l'état sain et complet, l'homme affecté jouira de toutes ses facultés ; dans le second cas, il pourra entrer en érection et avoir des rapports sexuels, comme le prouvent les expériences faites sur les animaux et ce qui se passe chez les individus atfectés d'épididymite chronique bilatérale. Pourra-t-il éjaculer? Je le crois, s'il a des vésicules séminales; dans le cas con- traire, je ne le pense pas. Mais très-certainement il n'aura point d'en- fants, car le liquide qu'il émettra, peut-être^ ne renfermera pas d'a- nimalcules. L'absence congéniale des deux testicules et l'absence congéniale des canaux excréteurs de la semence, les testicules existant, ont donc un même résultat au point de vue de la reproduction : les hommes qui sont atteints de ces vices de conformation ne peuvent procréer; toutefois ils diffèrent absolument et pour l'extérieur et pour l'apti- 342 lilude aux rapprochements sexuels. Les premiers sont inaptes au coït et n'éjuculont pas. Les seconds ont tout l'cxlérieiir des lacullés viriles, et peuvent exercer le co'it, comme le démonlrcnl les expériences faites sur les animaux et ce qui se passe cliez les individus affectés d'épidi- dymite chronique bilatérale. RECHERCHES EXPÉRIMENTALES ■*' '' LA REGENERATION DES NERFS SÉPARÉS DES CENTRES NERVEUX, communiquées à la Société de Biologie pendant l'année 1859 PAR MM. LES DOCTEURS J.-M. PHILIPEAUX ET A. VULPIAN. PREMIERE PARTIE. Nous avons présenté à l'Académie des sciences, le 10 octobre 1859, une note relative à des expériences entreprises sur la régénération des nerfs. Dans cette note, nous avons été obligés de résumer et de con- centrer dans quelques lignes les résulals de nombreuses observations. Nos expériences ont donné lieu à des remarques et à des objections qui montrent bien que les faits annoncés ont une certaine importance. Nous avions l'intention de faire un mémoire très-complet sur ce sujet; mais à mesure que notre travail avançait, de nouvelles difficultés, de nouveaux problèmes surgissaient, et nous avons été forcés de réser- ver, pour une époque ultérieure, l'éclaircissement de plusieurs points encore obscurs. Aussi, dans ce mémoire, avons-nous pour unique in- tention de réunir les priacipales observations qui nous ont paru les plus propres à démontrer la proposition qui servait de titre à notre \) l i noie [tublico duiis k'S comptes iculIlis de l'in^^lilul, à savoir que les nerfs, séparés des centres nerveux^ peuvent, après s'être altérés com- plètement, se régénérer et recouvrer leurs propriétés pliysiologiques, tout en demeurant isolés de ces centres. U» tel sujet ne comporte guère dljistorique. On peut dire que tous les physiologistes, du moins à notre connaissance, jusqu'à la publi- cation de cette note, admettaient que, dans les nerfs dont la conti- nuité est interrompue complètement par une section transversale, la partie périphérique, après s'être altérée, demeure altérée, tant qu'une réunion ne l'a pas de nouveau mise en rapport avec la partie cen- trale, et par l'intermédiaire de celle-ci, avec les centres nutritifs. On sait que, d'après la détermination de M. A. Waller, ces centres sont les ganglions spinaux pour les nerfs sentitifs et l'axe cérébro-spinal pour les nerfs moteurs. M. Schilf, qui a fait un grand nombre d'expé- riences sur la régénération des nerfs, « n'a jamais vu une régénéra- tion des tubes daus la partie périphérique du nerf, s'il n'y avait pas réunion avec la partie centrale. » (Voir Comptes rend, de la Société DE BIOLOGIE, 1859.) MM. Gluge et Thiernesse (Extrait des bulletins de l'Académie royale de Belgique, t. Vil, n° 7, Sur la réunion des fibres nerveuses sensibles avec les fibres motrices), sont les seuls auteurs qui parlent de l'excitabilité des nerfs moteurs séparés des centres; mais loin d'en déduire que les nerfs peuvent se régénérer dans ces condi- tions, ils en tirent la conclusion « que les nerfs isolés de leurs centres nerveux conservent encore, pendant quatre mois, la faculté de pro- duire de fortes contractions musculaires : les faibles persistent jus- qu'à quatre mois et demi, contrairement à l'opinion reçue. » Une note à laquelle les auteurs renvoient à propos de ce passage démontre que les auteurs entendent bien parler d'une propriété conservée et non pas d'une propriété d'abord abolie, puis reparuc. Dans cette note, les auteurs rappellent le temps au bout duquel, suivant les physiologis- tes les plus accrédités, les centres perdent leurs propriétés. Ils ajou- tent qu'il y a des diiïèrences individuelles dépeudant des animaux et surtout des nefs opérés. « S'il est exact de dire que les nerfs perdent insensiblement leurs propriétés, il est donc impossible d'indiquer exactement le temps où cela arrive avant d'avoir examiné un plus grand nombre de nerfs. » (P. 23) (l). (1) Nous tenons à bien faire voir le sens de cette partie du mémoire de Nous avons été amenés à faire des expériences spéciales sur ce point de physiologie, en rélléchissant aux résultats que nous avions obtenus en cherchant à réunir des nerfs de source et de fonctions dif- férentes. Eu voyant le bout périphérique du nerf hypoglosse, uni au bout central du pneumo-gastrique, se régénérer en très-grande partie, nous nous sommes demandé si la réunion était bien indispensable à cette régénération, et si le bout périphérique de l'hypoglosse, isolé de son propre bout central, n'olMrait pas aussi une régénération plus ou moins complète. On conçoit combien il était important d'obtenir une réponse décisive sur ce point. En effet, si dans la partie périphérique d'un nerf, séparée de la partie centrale, on peut voir renaître et la structure et la propriété normales, on ne doit pas s'attacher à ce seul caractère de la régénération pour admettre une réunion entre deux nerfs différents; au lieu que ce caractère prend une valeur de premier ordre, si la partie périphérique, dans les cas où elle est isolée, de- meure altérée et dépourvue de toute trace de motricité. C'est alors que nous avons fait des résections de nerfs moteurs, sensitifs et mixtes sur des mammifères et des oiseaux. Voi.i d'abord l'expérience qui nous a servi de départ : RÉUNION DU BOUT CENTRAL D'UN PNEUMOGASTRIQUE AVEC LE BOUT PÉRIPHÉRIQUE DE L'HYPOGLOSSE DU MÊME CÔTÉ. Exp. I. — Celte expérience est faite sur les nerfs du côté gauche d'un MM. Glugeet Thiernesse, parce qu'il a été interprété d'une façon inexacte. Ainsi M. SchifF (note citée) dit: « Quant aux expériences de MM. Glugeet Thiernesse, sur la persistance ou le retour de l'excitabilité motrice dans l'hypoglosse, longtemps après la section...» M. Brown-Séquard (Journ. de la physiologie, n" 9, janvier 1860, p. 163) s'exprime ainsi : « Chez les mammifères, les nerfs séparés des centres nerveux, après avoir, en général, été soumis à des altérations morbides considérables, recouvrent spontanément leur pro- priété vitale, ainsi que l'ont montré MM. Gluge et Thiernesse, et MM. Phili- peaux et Vulpian, malgré la persistance de leur séparation du centre céré- bro-rachidien. » Il est certain que MM. Gluge et Thiernesse n'ont aucune part à cette démonstration, et qu'ils ne paraissent même pas avoir pensé à la possibilité de la réapparition de la motricité dans les nerfs séparés du cen- tre. Gela est tellement clair que nous sommes étonnés qu'on ait pu s'y mé- prendre. 346 très-jeune chien qui mangeait à peine seul, le 17 novembre 1858. Au mo- ment où l'on coupe l'iiypoglosse, il y a des signes évidents de douleur. On rapproche les deux parties opposées, la centrale du nerf vague et la périphé- rique du nerf hypoglosse, et on les maintient en contact au moyeu d'un point de suture. Le 18 novembre, on fait la même expérience sur un autre ciiien (lu même âge (le nerf vague l'emporte d'environ un tiers en volume sur riiypoglosso). Ces deux chiens meurent, l'un le 15 janvier, l'autre le 16 janvier. 11 y a deux mois que l'expérience a été faite. Sur l'un de ces chiens, le nerf pneumo-gastriqiie est resté bien uni à l'hypoglosse, et l'on retrouve encore le fil qui servait de lien. Entre les deux, bouts se voit un tissu mal défini, d'aspect conjonctif, assez induré, très-dif- férent, comme apparence, des deux extrémités des nerfs. Le nerf hypo- glosse a une coloiation manifestement plus grisâtre que dans l'état normal, et il parait avoir diminué de volume. A l'examen microscopique, on y trouve une quantité de tubes nerveux très-fins et quelques-uns plus larges. Leur double contour est bien moins marqué que celui des tubes du nerf hypoglosse de côté, examinés pour comparaison, et leurs bords paraissent moins réfringents. Les plus petits tubes, assez nombreux, ont 0'"'",0037 dix-millièmes de millimètre de largeur. Les plus communs ont l Les plus larges, qui sont les plus rares, ont. . de 0'°'",0050 id. à 0""",0062 id. . . 0-»,0075 id. Il y a quelques tubes encore un peu plus larges, mais ils sont extrême- ment rares. Il n'y a pas un seul tube qui ait conservé les granulations qui se produi- sent pendant le travail d'altération. Quelques pâles fibres présentent des noyaux longiludiuaux. Dans d'autres, il semble que la régénération ou res- tauration n'a pas lieu dans toute la longueur, mais seulement sur quelques points de distance eu distance. Dans ces points, en effet, on retrouve l'as- pect tubulé, mais il n'existe pas dans les parties intermédiaires. Les tubes les plus petits et les plus rares de l'hypoglosse du côté sain ont 0""",0075 dix-millièmes de millimètre de largeur, de 0""",0120 id. O-^^jOlOO id. D'autres assez commus ont 0""",0I50 id. D'autres enfin, les plus larges et les plus rares, ont. 0°"n,0170 id. Les plus communs ont \ , ( a Sur l'autre chien, le nerf hypoglosse parait assez écarté du bout vague qu'on en a rapproché. Gependaut entre les deux bouts se voit un tissu gri- 347 sâtre, sous forme d'un filament assez mince qui n'a pas été examiné. Quant à la partie périphérique de l'hypoglosse, elle offre exactement les caractôces microscopiques que nous venons d'indiquer chez le chien. Dans cette expérience, il y avait eu régénération assez étendue des tnlips nerveux. Chez l'un des doux chiens, les deux serments rappro- chés par un point de suture étaient restés réunis; chez l'autre, ils s'étaient écartés et il n'y avait de communication possible de l'un à l'autre que par l'intermédiaire d'un mince filament grisâtre de nou- velle formation. Ce dernier fait montrait déjà qu'il n'y avait pas be- soin, pour que la régénération se produisît, d'une union intime entre le bout central du pneumogastrique et le bout périphérique de l'hy- poglosse. Mais celte communication au moyen d'un tissu de nouvelle formation et de nature nerveuse selon toute apparence, était-elle né- cessaire elle-même? L'expérimentation pourrait seule éclaircir nos doutes. Nous avons donc pratiqué des resections nerveuses sur diffé- rents nerfs. L'hypoglosse s'offrit à nous comme un des nerfs les plus accessibles : il présentait encore l'avantage d'être un nerf à peu près exclusivement moteur, et nous avions ainsi l'espoir, dans le cas où le résultat serait différent pour les nerfs moteurs et les nerfs sensitifs, d'arriver à une solution nette du problème. RESECTION d'une PARTIE DE L'hYPOGLOSSE. Exp. II. — Le 31 mars 1859, sur un jeune chien de 2 mois et 1/2 environ, on a enlevé un segment du nerf hypoglosse du côté gauche : ce segment a 1 centimètre de longueur. Ce chien meurt dans la nuit du 23 au 24 juin, ayant vécu 2 mois et 24 jours après l'expérience. Il n'y a qu'une légère altération de la langue qui est un peu plissée du côté gauche. • Il n'y a pas de réunion entre les deux bouts qui sont séparés par un in- tervalle de 1 centimètre. Les deux bouts sont renflés à leur extrémité ; au- dessous de sou renflement, le bout supérieur se prolonge un peu. Ce pro- longement est grisâtre et a une longueur de 5 millimètres ; il se termine par une sorte d'éventail composé de filaments divergents. Quant au bout infé- rieur, il n'offre pas de prolongements. Le bout périphérique est grisâtre, et sa teinte fait contraste avec la cou- leur blanche du nerf lingual qui est voisin. On examine des filets musculai- 348 res, puis des parties du fronc mémo du nerl'. Evidemment il y a moins de tubes que dans Tétat normal, et il est certain qu'un grand nombre de tubes ne sont pas restaurés; ainsi, dans certains lilets musculaires, on ne trouve qu'une dizaine de tubes espacés. Mais, en somme, il y a une grande quantité de tubes restaurés : ils sont étroits, plus ou moins variqueux, ont les parois^ minces, sont faciles à écraser. On les rend surtout bien visibles par la soude; il y en a qui ne semblent remplis que dans une certaine étendue. Dans le prolongement du bout central, il y a une quantité considérable de tubes nerveux fins, dont quelques-uns sont variqueux. Entre les deux bouts se trouve l'artère linguale, et bien qu'on ne voie pas le moindre filament, cependant il peut se faire qu'il y ait quelques faisceaux microscopiques cachés par cette artère et formant réunion. On examine le tissu conjonctif attenant à cette artère et l'on n'y rencontre que deux ou trois tubes nerveux. Ce fait ne laisse aucune prise aux objections. Deux mois et vingt- quatre jours après la résection de 1 centimètre du nerf hypoglosse, on trouve dans le bout périphérique du nerf hypoglosse, bien qu'il n'y ait pas de réunion, de très-nombreux tubes nerveux restaurés. Dans ce cas, et dans tous les autres où nous avons en des nerfs à exa- miner, on a toujours assuré les résultats par l'emploi de la solution aqueuse de soude pure, laquelle permet de constater, sans la moindre chance d'erreur, les tubes nerveux conservés ou restaurés au milieu des autres éléments. Nous plaçons ici la relation d'une expérience qui avait été entre- prise dans une autre intention, comme le montre le titre ; mais un seul des quatre chiens opérés a vécu assez pour que la régénération se pro- duisit, et, chez cet animal, les segments rapprochés s'élant tout à fait disjoints, le bout périphérique du nerf hypoglosse s'est trouvé com- plètement séparé du centre nerveux. RÉUNION DU BOUT PÉRIPHÉRIQUE DU NERF HYPOGLOSSE AU BOUT CENTRAL DU NERF PNEUMOGASTRIQUE. INSUCCÈS ; RÉGÉNÉRATION DE CE BOUT PÉRIPHÉ- RIQUE ISOLÉ DES CENTRES NERVEUX. Exp. m. — Le 2 février 1859, on réunit l'un à l'autre, par un point de su- ture, le bout périphérique du nerf hypoglosse du côté gauche avec le bout central du nerf pneumogastrique du môme côté, sur quatre jeunes chiens de 2 mois 1/2 à 3 mois environ. La section de l'hypoglosse n'a paru produire de la douleur qu'une seule fois. Le 10 février, un de ces chiens meurt : les deux bouts sont demeurés bien 349 afifrontés. Le segment périphérique de l'hypoglosse offre une altération très- évidente; la matière médullaire des tubes nerveux est réduite en gru- meaux. Un autre chien meurt le 6 mars. Le bout périphérique de l'hypoglosse est encore très-altéré ; il a l'aspect, au microscope, du tissu conjonctif. La ré- sorption de la matière médullaire est très-avancée, car il ne reste plus que quelques rares granulations en série linéaire. Dans ce cas, le bout central de l'hypoglosse tendait à revenir se joindre au lieu de réunion du vague et de l'hypoglosse. C'est un point auquel nous avons donné la plus grande atten- tion dans les observations suivantes, d'autant plus que, dans ce cas, il y avait un tissu d'aspect conjonctif qui reliait le bout central de l'hypoglosse à ce lieu de réunion et, par conséquent, à son propre bout périphérique. Le 16 mars, un troisième chien meurt. Le bout périphérique ne présente pas de caractères assez différents de ceux que nous venons d'indiquer pour que nous nous y arrêtions. Les tubes sont encore vides et le tissu n'a pas perdu son aspect flbroïde, flbrillaire. Le dernier chien meurt dans la nuit du 20 au 21 mars. La réunion s'est dé- truite; le bout central du pneumogastrique est redevenu parallèle à la direc- tion du cou , mais il n'y a pas de tendance à la réunion avec son bout péri- phérique. L'extrémité du bout central est tuméfiée, renflée. Le segment central de l'hypoglosse a repris sa direction curviligne et est tout à fait dans la direction du segment ; mais il en est séparé par un intervalle de 1 centimètre. Son extrémité et celle du bout périphérique sont renflées. 11 n'y a pas de tractus blanchâtre ou grisâtre allant de l'un à l'autre segment. On a examiné au microscope le tissu conjonctif très-ordinaire qui se trouve entre les deux segments et l'on y a rencontré quelques tubes nerveux ; mais ces tubes proviennent bien certainement d'un point de l'hypoglosse situé au-dessus du lieu de la section ; ils sont surtout accolés à l'artère linguale. Or, dans la partie périphérique de l'hypoglosse ainsi isolée de toute com- munication apparente avec le système nerveux, on trouve une grande quan- tité de tubes nerveux restaurés au milieu de tubes qui ne le sont pas encore (pi. I, flg. 4). 11 y a dans les faisceaux nerveux quelques petites granulations, toutes très-petites, rares, et qui sont assurément les restes de l'ancienne matière médullaire détruite. Les tubes nerveux restaurés sont pâles, ont des doubles contours, visibles surtout dans les tubes les plus larges ; mais ces contours ne sont pas nette- ment dessinés : dans certains points, on dirait que la matière médullaire se reforme par places et non pas en même temps dans toute la longueur du tube nerveux. Il y a des tubes qui ne montrent pas un double contour, qui deviennent très-facilement variqueux et qui ressemblent ainsi aux tubes des centres nerveux. 350 Les plus larges tubes du segment périphérique de l'hypoglosse, etoe sont en même temps les plus rares, ont une largeur Je 0ram,005O à Onim,0O75 dix- milliémes de millimètre; les plus communs ont une largeur de 0rnm,0O25 à 0min,0037 dix-millièmes de millimètre. Les tubes nerveux du nerf hypoglosse du côté opposé, ont en général de 0mm, 0075 dix-millièmes de millimètre à Omm,Ol centième de millimètre. Leur double contour est bien plus marque; les bords sont plus sombres, plus réfringents. Nous voyons dans cette expérience une régénération du segment périphérique de l'hypoglosse, sans communication avec le centre nerveux, se produire en 46 à 47 jours, chez un chien âgé de 2 mois 1/2 à 3 mois environ au moment de l'expérience. Ce qu'il faut re- marquer, c'est que l'on a pu suivre, pour ainsi dire, les progrès de l'alléralion chez trois des quatre chiens opérés; et l'on e.[& droit atait été arraché avec ses racines. 415 régénérer ou de se restaurer spontanément sans intervention d'une influence émanée des centres nerveux. d. Le tissu nerveux possède donc, comme d'autres tissus, une auto- nomie qui se manifeste par la régénération des nerfs isolés des cen- tres nerveux et la réapparition concomitante des propriétés de ces nerfs. FIN DES MÉMOIRES. PLANCHES. «EH. 27 EXPLICATION DES PLANCHES. PLANCHE L NOTE SUR l'absence CONGÉNIALE DU TESTICULE. (Mémoires, page 511.) Dessin cinq fois plus grand que nature, repre'sentant la cavité abdominale d'un fœtus de 4 mois environ, cliez lequel, à droite, l'appareil testiculaire/, g, i, j, dtait complet. A gauche, cet appareil n'e'tait représenté que par l'épididyme p, r, et le canal déférent s. Le testicule manquait. De chaque côté, on voyait parfaitement le guhernacnlum testis k, f, s'insérant au point de jonction de l'épididyme avec le canal déférent et s'engageant dans le canal inguinal. A la partie interne de chaque épididyme on voyait une petite masse rouge, allongée, formée par des vaisseaux h, q. Le testicule droit et l'épididyme gauclie étaient maintenus par nn repli séreux enveloppant les vaisseaux spermatiques. A droite, ce repli est caché dans le des- sin par le testicule ; à gauche, il est indiqué par la letti'e x {Voy. l'obs. p. 314). a. Intestin maintenu par une érigne. b. Capsule surrénale droite, c. Rein droit. d. Uretère di-oit. e. Paroi abdominale. /. Testicule droit. ij. Tête de l'épididyme repliée en forme de crochet. A. Corps allongé, rouge, formé par des vaisseaux. i. Kpididyme droit. j. Canal déférent droit. k. Gubernaculum testis droit. /. Artl're ombilicale droite. în. Capsule surrénale gauclic. 71. Hein gauche. o. Urctfcre gauclie. p. Tête de l'épididyme gauche repliée en forme de crochet. q. Corps allongé, rouge, formé par des vaisseaux. r, Kpididyme gauche. s. Canal déférent gauclie, t. Gubernaculum testis gauche. u. Artfcre ombilicale gauche. V. Vessie tirée en avant pour permettre de voir les canaux déférents. X. lîepli péritonéal enveloppant les vaisseaux qui se rendent M'épididyme au.'hj. l ^ 'il Y - S -4- t •$l^ Lé veillé del et lilli. Jnip.le7nercw/;Pdr/, i PLANCHE II. (Mémoires, page 511, Organes génitaux extérieurs du nommé Morillon, dont l'observation est rapportée page 320, Cet individu était privé congénialement des testicules, des épididymes et de la plus grande partie des canaux déférents. Comme on peut le voir sur cette planche, qui est de grandeur naturelle, la verge était du volume du petit doigt. Le gland ne pouvait ttre découvert. Les bourses n'existaient pas, mais la peau qui correspondait au scrotum était légèrement plissée. Il y avait à peine quelques poils rares et rougeâtres sur les organes génitaux extérieur». £ r.f. r-^iV ' PI. II !-e veillé de! et lirh Imp Lemeraer. Pciri?: PLANCHE m. (Mémoires, page 311.) Ce dessin montre de grandeur naturelle la disposition des organes génito-nrinaires profonds du nommé Morillon dont l'observation est rapportée page 320. Chez cet individu, l'appareil séminal n'était représenté des deux côtés que par les vésicules séminales très-peu dévelop- pées A, 0, et par les canaux déférents e d c, m k i, qui venaient se perdre sur les parois du grand bassin. Le canal déférent gauche c se terminait d'une manière nette. Celui de droite t envoyait des tractus fibreux qui adhéraient à la face profonde du péritoine. La prostate p, la portion membraneuse de l'urètre q et le bulbe r étaient d'un volume inférieur à celui que com- portait l'âge du sujet. La vessie y, qui est représentée insufiBéc, était peu développée, bien que les reins eussent leur volume normal. Dans sa moitié droite, la vessie présentait un di- vcrticnlum indiqué par la lettre n. a. Ouraque maintenu par une érigne. b. Péritoine replié en dedans pour que l'on puisse bien voir la terminaison des canaux déférents. c. Terminaison du canal déférent gauche. d. Canal déférent gauche vu par transparence au-dessous du péritoine. e. Canal déférent gauche. /. l'retère gauche. g. Section de l'os iliaque. h. Vésicule séminale gauche. i. Terminaison du canal déférent droit. j. Vessie. A:. Canal déférent droit vu par transparence au-dessous du péritoine. /. Uretère droit. m. Canal déférent droit. w. Diverticulum que la vessie présentait dans sa moitié droite. c. Vésicule séminale droite. p. Trostate. q. Portion membraneuse de l'urètre. T. Bulbe de l'urètre. "^ ■j'ej//e de/ et /:• hnp Lejnercier ,fsns PLANCHE lY. NOTE SUR l'absence CONCÉNIALE DU CANAL EXCRÉTEUR ET DU RÉSERVOIR DE LA SEMENCE, LE TESTICULE EXISTANT. (Mémoires, page 329.) Les ûg. 1, 2, 3 et 4 représentent fie grandeur naturelle l'appareil séminal du nommé Pcllard, chez lequel, à droite, les organes génito-urinaires étaient bien disposés. A gauche, le rein, l'uret^ire, la plus grande partie de l'épididyme, la totalité du canal déférent et la vésicule séminale faisaient défaut. Le lobe gauche de la prostate avait subi un arrêt de dé- veloppement (Voy. p. 333). Fig. 1. a. Vessie vue par sa face postérieure. b. Uretfere droit. c. Canal déférent droit. d. Vésicule séminale droite. e. Lobe gauche de la prostate arrêté dans son développemeut. /. Lobe droit de la prostate. g. Portion membraneuse de l'urètre. Fig. 2, a. Section du lobe gauche de la prostate. h. Section du lobe droit de la prostate. c. Orifice de l'utricule prostatique dans lequel le canal éjaculateur droit venait s'ouvrir. Fig. 3. a. Testicule gauche. f>. Tête de l'épididyme gauche. Le corps et la queue de cet organe font défaut d'une manière absolue. c. Cordon spermatiqne gauche. Fig. 4. a. Testicule droit. b. Epididyme droit. c. Canal déférent droit. d. Cordon spermatique droit- Fig. 5 et 6. Testicules d'un lapin auquel j'ai enlevé, avec M. Martin-Magron, une por- tion des deux canaux déférents. Les glandes séminales ont continué de sécréter des animal- cules. Les épididymes et les canaux déférents au-dessous du point coupé sont distoudns par de la semence renfermant des animalcules {Voy. p. 339.) Fig. 5. a. Testicule droit. b. Epididyme droit distendu par la semence. c. Canal déférent droit coupé. d. Canal déférent droit au-dessus de la .section. Fig. C. a. Testicule gauche. b. Epididyme gauche distendu par la semence. c. Canal déférent gauche au niveau du point excisé. d. Canal déférent gauche au-dessus de lu section. lap Lejnerciei /'> PLANCHE V. (Mémoires, page 529. Vmj. page 555, note 2). Fig. 1 (de gi'andeur naturelle). Voies séminales d'un porc dont les deux testicules (-taient restés dans l'abdomen. A gauche, le testicule c était un peu plus petit que d'ordinaire, l'épi- didyme d, d' se continuait avec le canal déférent /; celui-ci, en s' approchant de l'ur'etre, devenait de plus en plus ténu, tellement qu'à sa terminaison g il était filiforme. A la partie interne du canal déférent/ on voyait un corps allongé terminé eu cul-de-sac h, c, qui était, soit un utricule prostatique trfes-développé, soit une sorte de corne utérine. A droite, le testicule i était arrêté dans son développement. L'épididyme et une portion du canal déférent manquaient d'une manière absolue. a. Col de la vessie. b. Glandes venant s'ouvrir dans l'urètre. c. Testicule gauche. d. Tête de l'épididyme gauche. d' . Queue de l'épididyme gauche. e. Cul-de-sac de la poche dont je n'ai pu découvrir la nature. /. Canal déférent gauche. rj. Terminaison du canal déférent gauche. h. Terminaison de la poche que je crois être soit un utricule prostatique, soit une corne utérine. i. Testicule droit arrêté dans son développement. j. Commencement du canal déférent droit. A:. Terminaison du canal déférent droit. ' « l. Urètre. m. Prostate. Fig. 2 (de grandeur naturelle). Portion prostatique de l'urètre chez le même animal. a. Col de la vessie. b. Orifice urétral de l'utricule prostatique ou de la corne utérine. e. Urètre. Pl.V LéveilLé deJ. et Iilli library;^] "^ PLANCHE VI RECHERCHES SUR LE SARCOPTE DE LA CALE HUMAINE. (Mémoires, çageîV.) Sarcoptes scabici Femelle vue par sa face dorsale et sa face ventrale. ) k -^ ^ ^v p- \ \ ^ ^ >V- -^ cm 1 .^^' PLANCHE VII (Mémoires, page 21 ) Sarcoptes scabiei. Mâle TU par sa face dorsale et sa face ventrala. \- PLANCHE VIIL (Mémoires, page ai.) Sarcoptes scablel (FemelieJ. FACE DOESALE. A. Rostre. B. Corselet. C. Abdomen. a a. Pattes antérieures, partie basilaire. b b. Pattes antérieures, partie filiforme, terminée par une ventouse. c. Saillies cutanées. d. Poils. e. Spinules. / /. Longue soie terminant les pattes postérieures. g. Anus rétrodorsal. FACE VEKIBALE.] A. Rostre. B. Corselet. C. Abdomen. a a. Pattes antérieures, partie basilaire. b b. Pattes antérieures, partie filiforme, terminée par une ventouse. i i. Epimère des pattes ante'rieures. j. Epimfere céphalothoracique médian. k. Epimfere de la deuxième paire de pattes antérieures. h. Vulve. l l. Epimferes latéraux postérieurs, libres à leur origine. m m. Epimères des pattes psstérienres. p p. Pattes postérieures, partie basilaire. / /. Pattes postérieures, partie filiforme. d d. Poils. M KM. *w^v-s%ï»-:» ■-.■f'--- 28 PLANCHE IX. (Mémoires, page 21.) SarcopicN scabiei (Mâle). FACE DORSALE. A. Eostre. B. Corselet. C. Abdomen. a a. Pattes antérieures, partie liasilaire. h b. Pattes antérieures, partie filiforme, terminée par une ventouse. c c. Saillies cutanées. d d. Poiis. /. Longue soie terminant la première paire postérieure. e. Spinales. g. Deuxième patte postérieure, partie filiforme, terminée par une ventouse. A. Anus rétrodorsal. FACE TENTKALE. A. Rostre. B. Corselet. C. Abdomen. a a. Pattes antérieures, partie basilaii-e. b b. Pattes antérieures, partie filiforme. i i. Epimères des pattes antérieures. j. Epimère céplialotlioracique médian. k. Epimère de la deuxième paire de pattes antérieures. p p. Pattes postérieures, partie tiasilaire. /. Partie filiforme de la première paire de pattes postérieures, terminée par une longue soie. g. Partie filiforme de la deuxième paire de pattes postérieures, terminée par une ventouse. m m. Epimères des pattes postérieures. l l. Epimères des deux paires de pattes postérieures, réunis à leur origine. r. Pièce médiane se bifurquant îi sa base pour soutenir et envelopper l'appareil sexuel niûle. n. Appareil sexuel mâle dans les deux positions. d d. Poils. ; ? '\ \ '•; r ^^ ■•^'/. >: •< >•: •• ^"'V *. » ■•■ \ .«:• £ *^ ^;i- V ^ ^ «vï % i •:• ; '..' ,' PLANCHE X. RKCHRKCHI'S F.XPKIlIMKNTALES SLR LA RÉGÉNÉRATION DES NERFS SÉl'ARÉS UliS CENTRES NERVELX. (Mémoires, iiage 343.) I I,;i iilii|iart des tiniiros uiicrographique.s repiésenteut les objets avec un grossissement de 350 diamètres.) Fi:;. I. Tulios nerveux en voie de restauration dans le segment périphdrique de l'hypoglosse, siiiis réunion. (Exp. III.) Fig. II. (Fig. tliéorique.) lîcscction d'une partie du lingual pratiquée chez un chien sur deux points situés 'a une certaine distance l'un de l'autre. Régénération du segment isolé du centre et de la pcripliL-rie. SC, segment central; SP, segment jjérij/hérique ; SI, seg- ment inlermcdiaire isolé; 15, extrémité centrale du segment intermédiaire; C, ra- meaux nerveux se rendant h la langue; D, partie dn segment intermédiaire, sans rela- tions ni avec le centre ni avec la périphérie, et trouvée en voie de restauration. (ICxp. V.) Fig. ni. Resection d'une pai'ti.' du lingual ; pas de réunion ; tubes régénérés dans le bout péripliérique. (Exp. VI.) Fig. IV. Resection d'une partie (iu lingual chez un chien; pas de réunion; tubes en voie de restauration dans le bout iicriphérique. (Exp. VI.) Fig. V. Résection d'une partie dn nerf seiatique chez un cochon d'Inde; pas de réunion; nombreux tubes nerveux restaurés dans le bout périphérique. (Exp. VIII.) Fig. VI. Resection d'une partie du nerf seiatique cliez un cochon d'Inde ; nombreux tubes ner- veux restiiurés. A, tubes restaurés au milieu de tubes encore altérés ; B, deux tubes séparés du segment périphérique par la préparation. (Exp. IX.) Fig. VU. Ik'section d'une partie du nerf seiatique chez un cliien; réunion très-imparfaite; restauration de nombreux tubes dans la partie du segment périphérique située en de- hors de l'influence des fibres de communication. {Le nerf est comprimé entre deux verres et vw par transparence.) [^x-p. XI.) Fig. Vlll. Résection d'une partie du nerf seiatique chez un chien; granulations dans quelques tubes restaurés. (Exp. XII.) Fig. IX. (1) Résection d'une partie du nerf médian chez un canard. A, segment centi-al, se terminant par un lentlcnient d'oii. partent de courts filets qui s'arrêtent sur un muscle I>. — B, segment périphérii]ue ; C, tractus grêle s'étendant d'un segment à l'autre. Lo bout périphérique est rempli de tubes régénérés. (Exp. XIII.) Fig. l.X. (2) Tubes v.'générés du bout périphérique du médan chez le canard précédent, A. Ces tubes, mêlés a des tubes encore altérés ; B, tube variqueux isolé; C, tube à varieosités trbs-prononcées. (Exp. XIII.) Fig. X. Deux resections du nerf médian brachial chez un canard : trois renflements A, seg- ment central; B, segment périphérique; SI, segment intermédiaire. (Exp. XIII.) Fig. XI. Deux resections du nerf médian brachial chez un canard. A, segment central; D, segment péripliérique; F., segment intermédiaire; E, point au niveau duquel a été pratiquée la seconde resection; C, filet grêle qui réunissait le segment central au segment intermédiaire vc'gi'néré en partie. (Exp. XIII.) Fig. XII. Resection d'une partie du nerf seiatique chez un rat. Altération des tubes, vingt jours aprfes l'opération. Tubes très-eomplétement isolés, contenant encore des granula- tions, derniers débris de la mati'ore médullaire en voie de disparition, et des gouttes d'une matière non définie. (_-S00 "a -liO diam'etres.) Fig. XIII. Resection d'une partie du nerf hypoglosse chez un cliien. Mort quinze jours après l'opération. A, tube encore rempli de la substance médullaire réduite en gouttes, et de la matière mentionnée dans l'expérience précédente, matière également sous forme de gouttes. B et C, tubes vidés plus ou moins de la substance médullaire probablement par la préparation, et d'où l'on voit sortir par l'une des extrémités le cylindre axilo conservé. (450 diamètres.) Fig. XIV. Résection d'une portion du pncumogastriquo chez un chien. Réunion par nn cordon nerveux ténu, de nouvelle formation et rempli de tubes nerveux. La partie périphé- rlipieB,!' n'est pas restaurée. (Exp. XVII.) Fig. XV. Réunion du bout périphérique du nerf hypoglosse et du bout central du nerf pneu- mo-gastrlquc chez un chien. Tubes nerveux restaurés dans le bout périphérique de l'hypoglosse. Tn des tubes est en partie vide et laisse voir facilement les noyaux de 1» gaine. (Exp. I, premier eliion.) mm %.m: Fic/.vi//. [ f ii'f ^'"K ri A < ^ /^^. yZ. ^2 ^ 1 !\ 'VA /-Pi il U V T^ '' ' rr n ' )!// \\ A il .( W l'mf /,ema-m è'im PLANCHE XI. Fig I et I[. Nouvelles expériences sur la survie des queues d'embryons de grenouilles , après leur séparation du corps. (Comptes kesdus, piige 37. — Voir Comptes p.esdcs DE l'académie des SCIENCES, 18 avril 1859.) (Dessins faits k la chambre claire, avec le mCme grossissement, et réduits ici de façon à repre'senter les objets avec un môme grossissement de 10 diambti'cs environ.) Fig. I. Queue d'embryon de grenouille, séparée du corps le 28 mars 1859. L'emhryon était dégagé de ses enveloppes depuis vingt-quatre heures environ • il n'y avnit que des mamelons branchiaux non encore ramifiés, et dans lesquels on ne voyait pas de circulation, 1. Le jour de l'expérience. On voit la partie axile de la qaeue d'une façon tres-con- fuse. Tous les tissus sont "a l'état embryonnaire et les éléments anatomiques sont rem- plis de nombreuses granulations vitellines : 28 mars). 2. La partie axile se dégage des lames natatoires, et l'on commence a y apercevoir quelques intersections musculaires, a, xjartic nouvelle repousséc; b, gouttelette d'eau qui a pénétré sous le tégument f31 mars). 3. La partie axile se sépare de plus en plus; les lames natatoires qui la prolongent en haut et en bas s'étalent et deviennent plus transparentes, les granulations vitellines disparaissant au fur et à mesure que se fait la multiplication des éléments, a et b, comme dans le dessin précédent. Mouvements de l'extrémité de la queue, lorsqu'on remet le segment caudal dans l'eau (1" avril). 4. Les intersections musculaires sont mieux marquées encore que dans la figure précédente; on aperçoit les faisceaux musculaires longituilinaux et parallèles séparés par ces intersections. De même que dans les précédents dessins, toute la portion a, située au devant de l'axe, est repoussée. 6, gouttelette d'eau sous-tégumentaire. c, ru- diments de vaisseaux (30 avril). Mouvements assez vifs quand on remet la queue dans l'eau. 5. Les éléments épithéliaux se dépouillent de plus en jilus des granulations vitel- lines. Les rudiments des vaisseaux se voient bien. Intersections et faisceaux muscu- laires plus prononcés que lesjours précédents. Encore des mouvements, a, b, c, mêmes indications. La queue commence "a se courber sur les bor.ls, ce qui indique une mort prochaine. Mort le 6 avril. (Dessin du 5 avril.) Fig. II. Queue d'embryon de grenouille, provenant de la même ponte qtie celle de la figure précédente. Section faite le 29 mars 1859, vingt-quatre heures après qu'on a institué l'expérience précédente. Les mamelons branchiaux étaient U7i peu phts développes, mais on n'y voyait pas encore de circulation. 1. Dessin du 29 mars 1859. 2. (31 mars.) a, partie repoussée au devant de l'axe. On commence 'a voir les inter- sections musculaires. 3. 1er avril.) La queue jusqu'alors immobils a effectué quelques légers mouvements sous le microscope. Le tégument devient de plus en plus transparent ; axe bien dé- taché; intersections musculaires tfes-visibles. a, partie repoussée. 4. (3 avril.) Intersections et faisceaux musculaires de plus en plus visibles, a, partie repoussée; 6, gouttelette d'eau sous-tégumentaire; c, vaisseaux. Mouvements au moment de l'examen microscopique et surtout lorsqu'on remet l.n queue dans l'e^u. Le déiclop- pement de cette queue paraît un jieu plus avancé que celui des queues de têtards in- tacts de la même ponte, regardés le même jour. 5. (5 avril.) Mêmes lettres; mêmes indications. Développement jdiis considérable de toutes les parties; granulations vitellines disparues en très-grand nombre. Mouve- ments. 6. (7 avril. ^ Le développement a fait de nouveaux progrbs. Intersections et faisceaux musculaires très-prononcés. Vaisseaux plus apparents, plus ramifiés, pleins de glo- bules sanguins. Ces globules sanguins sont moins abondants que ceux (lui circulent dans les vaisseeux de la nageoire caudale des embryons intacts. Les vaisseaux ont une teinte jaune légère. La queue parait sur le point de mourir le S avril, dix jours après 43B qu'elle a été coupée. On l'examine alors u un fort grossissement, et l'on constate bien mieux les modifications considérables qui se sont faites dans la structure de tous les éléments. Les globules sanguins sont bien moins granuleux que le jour oli la queue a été séparée du corps. Flp. III. Corps ovif ormes du foie et de l'intestin du lapin. Dessins présentés à la Société de biologie, a l'appui d'une communication faite en décembre 1858. (Voir les Comptes IIENDUS DE L.\ SOUlÉTÉ DE BIOLOGIE, 1858, p. 186 et SUiv.) 1. Corps oviforme provenant du foie d'un lapin. Ce corps est complètement formé, avec son enveloppe et son tuinulub yranuLux central. Grossi 3S0 fois. 2, 3, 4 et 5. Différents degrés de développement des corps oviformes trouvé» dans le mucus intestinal. D'abord simple vésicule sphéroïJale, très-granuleuae (2), le corps oviforme s'entoure d'une enveloppe appliquée assez exactement sur lui ; on voit un nucléole central (3); puis l'enveloppe, qui ne présente alors qu'un contour simple, s'écarte un peu du cumulus granuleux, lequel possède parfois "a ce moment une forme allongée et offre encore un nucléole (4). Enfin l'enveloppe, quelquefois un peu tronquée ;i une des extrémités du grand axe, s'écarte encore plus du cumulus granuleux, lequel reprend une forme arrondie, s'il l'a pcïdue ; et l'on voit très-bien le double contour de cette enveloppe (5). Le corps granuleux (4) a une longueur de Om^jOSS et une largeur de û""",015. 6, 7, S. Corps oviformes en voie de développement dans des cellules coniques de l'épithélium intestinal du lapin. Ces cellules sont tr'es-considérablem nt augmentées de volume. Le noyau normal se trouve refoulé en a dans le prolongement cajidiformo de ces cellules. Une de ces cellules (8) contient deux corps oviformes en voie de déve- loppement. 9. Petit lambeau de l'épithélium intestinal. Trois cellules renfermant des corps ovi- formes a diverses phases de leur développement. 10. Cellule allongée contenant un corps oviforme. 11. Cellule conique de l'épithélium intestinal, ayant laissé échapper dans le mucus intestinal le corps oviforme qu'elle renfermait, a, noyau de cette cellule. Fig. IV. Œufs et larves du distomum ovocaudalum de la grenouille. (Dessins présentés à la Société de biologie à l'appui d'une communication faite en septembre 1858; voir les COMl'TES RENDUS DE LA SoC. PE BIOL., 18-58; p. 150.) 1. Œuf vide par suite de la sortie de la larve, a, corps de l'œuf; b, opercule abaissé et arrivé presque au contact des bords de l'ouverture par laquelle s'est échappée la larve; d, prolongement caudiforme de l'œuf, sur l'extrémité opposée à l'extrémité opcrculaire. 2. Mêmes lettres, même signification. L'opercule est soulevé et livre passage h l'embryon c. Cette larve peut prendre pendant sa sortie différentes formes, dont l'une est représentée ici. e est la partie cépluiliquc qui est munie de petits bâtonnets rayon- nants, tr'es-grèles. Le corps est granuleux. 3. Larve examinée après vingt-quatre heures de séjour dans l'eau. Cette larve a pris un aspect strié transversalement, dû. probablement a ce que le tégument s'est plissé. 4. Œuf dans lequel la larve paraît ne pas s'être développée. 11 y a un amas d'ap- parenco huileuse dans la partie de l'œuf la plus rapprochée de l'opercule. Cet œuf a été dessiné à la chambre claire avec un grossissement d'environ 360 diamètres. Fu/ I /■'fa II. Hç.JV. ^ *'-'à ^3 l j'iç m. ' (^M^ -A Q^ Imp lemecaei Tair TABLE DES MÉMOIRES DE LA SOCIETE DE BIOLOGIE. 1. Recherches sur quelques veines portes accessoires, sur la part que prend l'une de ces veines à la dérivation du sang de la veine porte lorsqu'il ne trouve plus dans le foie un libre passage, f t sur le rôle que joue ce courant dérivé dans la production des varices et des tumeurs variqueuses; par M. C. Sappey 3 2. Inégalité congéniale des deux moitiés du corps; singulières conséquences physiologiques; par M. Paul Broca 15 3. Recherches sur le Sarcopte de la gale humaine; par M. Charles Robin (avec figures, planches VI, VII, VIII et IX) 21 4. Note sur l'apparition prématurée des dents; par M. Thore S"? 5. Mémoire sur l'oxalate de chaux dans les sédiments de l'urine, dans la gra- velle et les calculs ; par M. Narcisse Gallois (avec figures) 61 6. Des principes rationnels de la mimique et de la physiognomonique; par M. Th. Piderit (avec ligures). . 165 7. Difformité congénitale des quatre extrémilés; luxations; atrophies; reunion des parties divisées par la méthode de M. Jules Cloquet; par M. L. Gail- lard (avec figures) 173 8. Remarques sur la diatbèse hémorrhagique qui se manifeste quelquefois dans le cours de la phthisie pulmonaire et dans d'autres affections aiguës ou chroniques; par M. E. Leudet 179 9. Note sur les glandes lacrymales; par M. B. Béraud 20i 10. Mémoire sur le rôle des sensations sur les mouvements; par M. Liégeois. . 209 it. Mémoire sur quelques applications nouvelles de la cautérisation poten- tielle (acide nitrique monohydraté); par M. L. Hamon (de Fresnay). . . 221 12. Anatumie comparée appliquée à la tératologie; mémoire sur l'analogie qui rapproche : i" la disposition trouvée dans le système circulatoire des fœtus paracéphales de l'homme et des animaux; 2" le système lacunaire des ani- maux inférieurs; 3° enfin certaine portion du système lymphatique des ophidiens; par M. Henri Jacquart . . 235 13. Recherches sur l'ordre et le mode d'apparition des follicules dentaires dans la gouttière de chaque mâchoire; par MM. Ch. Robin et Magitot. . . . 245 i4. Études physiologiques des phénomènes observés chez une femme atteinte de paralysie hysléri(iue; par M. Liégeois 26t 15. Recherches sur le pouls au moyen d'un nouvel appareil enregistreur (sphyg- mographe); par M. Marey (avec ligures) 281 440 i6. Noie sur l'absence congéniale du testicule; par M. Godard (avec figures, planche» I, 11, HI) 3ii 17. Noie sur l'absence conj^éniale du canal excréteur el du rcser>oir de la se- mence, le testicule existant; par M. Godard (avec Qgures, planches IV, V). 329 18. Recherches expérimentales sur la régénération des nerfs sépares des centre» nerveux; par MM. Philipeaux el Vulpian (avec ligures, planche X . . . . 343 FIN DE LA TADLE DES MEMOIRES. Lj t I s R A R Y TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES CONTENUES DANS LES COMPTES RENDUS ET LES MÉMOIRES DE LA liOClÉTÉ DE BlOIiOGlE poli; l'année 1859 (1). A e. R. Abdomen (Observation d'une tumeur complexe de 1'); par M. Albert Puech " Absence du testicule gauclie chez un fœtus; par MM. Bastien et Le Gendre '^^ — complète des deux testicules chez un fœtus; par MM. Le Gendre et Bastien *^^ — complète du testicule gauche chez un fœtus; par M. Le Gendre. ... H5 — (Atrophie complète du testicule gauche simulant une) de cet organe; par MM. Bastien et Le Gendre -37 — des deux testicules dans un cas et du testicule gauche dans un autre cas; par MM. Bastien et Le Gendre 253 — (Note sur r)congéniale du testicule; par M. Godard « — (Note sur 1') congéniale du canal excréteur et du réservoir de la se- mence, le testicule existant; par M. Godard Acide carbonique (Note sur la cicatrisation des plaies sous l'inlluence de 1'); par MM. Deraar(|uay et Lecomte. . 274 Acide nitrique (Analogie d'action de 1') sur la bile et l'hématoïdine; par M. Gubler " 311 329 (1) Abréviations : C. R-, Comptes rendus; M., Mémoires. '('1-2 C. R. Adducteur (Exemple d'insertion normale du muscle) du pouce sur une main d'homme; par M. Jarrjuart 252 Agénosome (Monstre céiosomien du genre); par M. Sappey 250 Albuminurie (Observation d'angine couenneuse avec); par M. Gaux. . ii — 'Observation de croup avec); par M. Gaux il Alcooliques (Altération graisseuse du foie et des reins survenue sous l'in- lluence de l'abus des); par M. Laiiceraux 290 Amnios (Note sur le développemenl de 1') après la mort de l'embryon; par M. Dareste 33 Amylacée (Dégénérescence) de la moelle épiniére; par M. Luys. ... 68 Amylacés (Sur les prétendus corpuscules); par Schmidt (deDorpal); analyse de ce travail par M. Berllielot 94 Amyloïde (Note sur un cas d'atrophie et de dégénérescence' de la moelle épiniére; par M. Laborde 184 Amyloïdes (Altération lardacée ou cireuse du foie, de la rate et de l'un reins; abscence de corpuscules) dans les parties altérées; par M. Char- cot 140 Anatomie comparée appliquée à la tératologie ; par M. Jacquait, etc. . » Anévrisme de l'aorte thoracique; rupture; mort subite; par .M. La- borde 5 Angine (Observation d') couenneuse avec albuminurie; par M. Gaux.. u Anomalie de la veine azygos droite; par M. Bastien 204 — De la veine cave inférieure; par M. Le Gendre 205 Anomalies des reins; par M. Liégeois 255 Anorcbidie simple obsi-rvée chez un f(Etus; par MM. Bastien et Le Gcndie 143 — double observée sur un fœtus; par MM. Le Gendre et Bastien. ... i44 — simple sur un fœtus; par M. Le Gendre 145 — (Deux observations d'); pai- M.\I Bastien et Le Gendre 253 Aorte (Anévrisme de I'); rupture; mort subite; par M. Laborde. ... 5 — Observation de rupture de 1') à son origine; par .M. Laborde. ... 30 Apoplexie pulaioniire ayant délenuiné la mort subite chez un sujet de 70 ans atteint de rétrécissement de l'œsophage; par .M. Laborde. . 43 Appareil (Note sur I') électro-médical de M. Ruhnikorll'; par M. Re- gnauld • 167 — (Description d'un) à iidialation pulmonaire; par M. Rancc 205 Arthrite séche de l'articulation coxo-fémorale; par MM. Bastien et Le Gendre • 60 Articulation (Déformation de I') coxo-fémorale, suite d'arthrite sèche ; par MM. Bastien et Le Gendre 60 Asphyxie dans un cas de cancer encéphaloïde de l'œsophage; par M. Laborde 247 Ataxie musculaire ; par M. Laborde 184 Atrophie musculaire du bras droit; par M. Le Gendre . 115 — des deux testicules probablement congénialc; par MM. Le Gendre et Bastien i58 — el ataiie musculaire par M. Laborde i84 — (Note sur un cas d') et de dégénérescence amyloïde de la moelle épi- niére; par M. Laborde i84 — complète du testicule gauche observée sur un fœlus à terme; par MM. Bastien et Le (jendre 237 443 C. R. Atrophie ( Déformation considérable des os du squelette chez un su- jet atteint depuis longtemps d'j musculaire; par M. Le Gendre. . . . 288 Azygos (Anomalie de la veine} droite ; par M. Baslien 20i 6 Baleine (Recherches synthétiques sur le blanc de); par M. Berthelot. ii9 Bile( Analogie d'action de Tacide nitrique sur la ) et sur l'hémaloïdine; par M. Gubler 87 Blanc de baleine (Recherches synthétiques sur le ) ; par M. Berthelot. ii9 Bras ( Atrophie musculaire du) droit; par M. Le Gendre U5 Calculs ( Mémoire sur l'oxalate de chaux dans les); par M. N. Gallois. » Camphre ^Recherches synthétiques sur le ) de Bornéo ; par M. Berthelot. ii9 Canal (Note sur l'absence du ) excréteur et du réservoir de la semence, le testicule existant ; par M. Godard « Canal déférent (Inflammation de la membrane interne du ) chez un vieillard; par M. Laborde 73 Cancer épithelial du duodénum; par M. Laborde 84 — encéplialoïde de l'œsophage; par M. Laborde 247 — tumeur cancéreuse du pancréas et du pylore ; par M. Laborde. . . . 283 — du foie ayant envahi tout l'organe ; par M. Laborde 283 — encéphaloïde de l'extrémité cardiaque de l'œsophage; par M. Laborde. 286 Cautérisation ^ Mémoire sur quelques applications nouvelles de la ) polenlielie; par M. Hamon » Célosomien (Monstre) du genre agénosome; par M. Sappey 250 Centres nerveux ( Note sur l'existence de lésions secondaires des) dans le cours des ramollissements inllammatoires ; par M. Gubler .... 79 Cérébelleuse ( Observation d'hémorrhagie ) ; par M. Hillairet 240 Cerveau ( AfTection cérébrale ancienne ayant donné lieu a une hémi- plégie droite du ); par M. Hillairet 64 — Ramollissement cérébral, hémorrhagie cérébrale consécutive au ra- mollissement et superposée à celui-ci; par M. Laborde 66 Cervelet (Hémorrhagie cérébelleuse ; foyer hémorrhagique siégeant dans le centre de l'hémisphère droit du) en partie revenu sur lui-niônie et cicatrisé; par M. Hillairet 240 Chaux ( Mémoire sur l'oxalate de ) dans les sédiments de l'urine; par M. N. Gallois Chloroforme ( Étude des poumons dans les cas de mort par le ) ; par M. Faure 236 Cholestérine (Recherches synthétiques sur la); par M. Berthelot. . ii9 Cicatrice linéaire dans l'une des cavités ventriculaires du cerveau ; par M. Laborde 66 Cicatrisation ( Note sur la ) des plaies sous l'influence de l'acide carbo- nique; par MM. Demarquay et Lecomte 274 Circulation (Sur l'action des nerfs sur la) et la sécrétion des glandes ; par M. Cl. Bernard 49 — Des causes d'erreur dans l'emploi des instruments pour mesurer la pression sanguine et des moyens de les éviter, par M. Marey. ... 65 ïî'l C. B. M. Circulatoire ( Mémoire sur l'aïKiInsiie qui rapproche les (iispositioiis trouvées dans le système ) des foftiis pcraeépli.iles de l'iiomme et des animaux ; par M. Jacquarl « 235 Cireuse (Altération lardacée ou du foie, de la raie et de l'un des reins ; M. Cliarcot ilo " Claudication intermittente et inouvcinenis ataxiques dans le membre inférieur droit accompagnés de soubresauts dans le membre inférieur gauche, à la suite d'une atreclion cérébrale ancienne; par M Hillairet. 64 » Cloison recto-vaginale ( Cas de d vslotie par un kyste liydaticjue de la); par M. Blot 45 h Cœur (Nouvelles recherches sur l'anatomie du ^ des Ophidiens; par M. Henri Jacquart 17 » Cœurs de grenouilles plongés dana l'eau salée, étude des mouvements; par M. Vulpian 39 ■ Coloration ( De laides fleurs ; par M. Bergeron 20G » Concrétion (Sur une espèce particulière de) du sac lacrymal; par M. Robin 112 Congéniale ( Éventration ou la-niie ombilicale ); par Al. Blot 197 » — ( Inégalité j des deuv uioiiiés du corps; par M. Broca » 15 — (Note sur l'absence ) du canal excréteur et du réservoir de la semence, le testicule existant; par M. Godard » 329 — (Note sur l'absence) du testicule; par Aï. Godard » .'iii Congénitale (Mémoire sur l'encéphale); par M. Houel 200 » Contraction ( Expérience servant à établir les lois fondamentales de la ) musculaire; par M. iMoilin I8l » Contractures ( Contributions à l'étude des ) liées ù une altération du système nerveux périphérique; par M. Jules Luys 70 •> Cordon spermatique (Note sur un nouvel organe glanduleux situé dans le ); par M. Giialdés 123 » Corps (Inégalité congéniale des deux moitiés du); par M. Broca. . . >- 15 — étrangers de nature libro-cartalagineuse dans la tunique vaginale d'un vieillard ; par M. Luborde 73 >• — oviformes du foie et de l'inlfS'iin du lajiin ; par M. Yulpian (planche XI, fig. 111, et C. H. liins), p. IS6. Corps strié (Vaste foyer lieniorrliagi(|ue récent détruisant tout le) gauche; par M. Hillairet 240 » Corpuscules amylacés (.sur les prélendus); par M. Schmidt (de Dor- pat); analyse de ce travail par M. Berlhelot 94 » Corpuscules amyloïdos (Altération lardacée ou cireuse du foie, de la rate et de l'un des reins; absence de) dans les parties altérées; par M. Charcot HO » Couche optique (Vaste foyer liéuiorrliapique récent détruisant un peu la) gauche; par M. Ilillaiiel 240 >• Coxo-fémorale (Déformation de l'arliculation) ; suite d'arthrite sèche; par .MM. Bastien et Le (Scndre 60 » Crâne. Expériences sur la transplantation de la dure-mère; par M. 01- lier. . n'y » Croup (Observation de) avec aibuininuric; par M. Gaux 14 >• Curare (Note sur l'action simultanée du) et de la noix vonoique; par MM. Marlin-Magron et Buisson H7 » Cyclopie (Cas de); par .M. Sappey 4ti » 445 D c. n. H, Déformation considérable des os du squelette chez u!) sujet atteint de- puis longtemps d'atrophie musculaire; par M. Le Gendre. ...... 288 » Dégénérescence graisseuse des muscles chez un cnlant atteint de rachi- tisme; par M. Le Gendre 84 • — graisseuse des muscles dans un cas de pied-bot varus;par M. Le Gendre 113 » — graisseuse des fibres musculaires dans une atrophie du bras droit; par M. Le Gendre 115 » — (Note sur un cas de) amyloïde de la moelle épiniére; par M. Lahorde; 184 • Dent (Observation d'évolution tardive d'une) molaire; par M. Le Gendre. 165 » Dentaire (Sur le lissu sous-inuqueiix gingival du fœtus ou contenu de la gouttière) des os maxillaires; par -MM. Robin et Maijilot 2C3 » Dentaires (Note sur le développement des mâchoires chez l'homme et quelques mammifères avant l'apparition des follicules); par MM. Ro- bin etMagitot 212 » — (Recherches sur les gouttières) et sur la constitution des mâchoires chez le fœtus; par .\1M. Robin et Magitot 217 » — (Recherches sur le mode et l'ordre d'apparition des follicules); par MM. Robin et Magitot 245 r Dentition ^Remarques sur les faits de troisième) ; par M. Le Gendre. . 165 » Dents (Développement des} incisives de lu mâchoire inférieure chez un enfant de 3 semaines ; par M. Sappey 41 » — (Note sur l'apparition prématurée des); par M. Thore » 55 Développement (Note sur le) des mâchoires de l'homme et quelques mammifères; par MM. Robin et Magitot 212 » — (Arrêt de) des reins; par MM. Bastien et Le Gendre 251 • Diathèse (Remarques sur la) hémorrhagique qui se manifeste quelque- fois dans le cours de la phlhisie pulmonaire; par M. Leudel. . . • . a 179 Difformité congénitale des quatre extrémités; par M. Gaillard. ... «173 DistoiTium (OEufs et larves du) ovocaudalum de la grenouille; par M. Vulpian (planche XI, flg. IV, et C. R. 1858;, p. 150. Duodénum (Cancer épithélial du); par M, Laborde 84 » Dure-mère (Expériences sur la transplantation de la), par M. Ollier. . 109 » Dystocie (Cas de) par un kjste hydatique de la cloison recto-vaginale; par M. Blot 45 » E Electricité (Sur l'origine de 1') djiis l'appareil de la torpille; par M. Mo- reau 231 » Électriques (Recherclics sur les pro;iriL'tés) des nerfs vivants; par M. SchifT (de Francfort' 175 » Électro-médical (Note sur l'appareil) de M. Ruhmkorff: par M. Re- gnauld iG7 » Électro-statique (Sur la polarité); par M. Moreau 250 » Embryon (Note sur le développement de l'amnios après la mort de 1'); par M. Darcste 33 » — Recherches sur rorigiiiu de la glycogenlc dans la vie embryonnaire; par M. Cl. r.ernard 101 » 'fi5 C. R. Embryons (Nouvelles expériences sur la survie des queues d') de gre- nouilles, après leur séparation du corps ; par M. Vulpian 37 Encéphalocèle ( Mémoire sur 1') congénitale; par M. Houel 200 Encéphaloide (Cancer) de l'œsophage; par M. Laborde 247 — (Cancer de l'extrémité cardiaque de l'œsophage ; par M. Laborde. . . 286 Épaule (Observation de kyste piliccUaire de la région de 1' ); par M. Gubler ilO Épididyme (Inflammation de la membrane interne du canal de 1' ) ; par M. Laborde 73 Épididyniite (Orchite et) chroniques chez un vieillard de 80 ans ; par M. Laborde 73 Épileptiforme (De la transmission par hérédité chez les cochons dinde d'une afTection) produite chez les parents par des lésions traumatiques de la moelle épiniére ; par M. Brown-Séquard 194 Épileptiformes ( Dépôt de matière tuberculeuse dans l'intérieur de la protubérance; attaques ); par M. Luys 155 Espèce humaine ( Contemporanéitc de 1' ) et de diverses espèces ani- males aujourd'hui éteintes ; par M. Gaudry 209 Éventration ou hernie ombilicale congéniale ; par M. Blot 197 Évolution ( Observation d' ) tardive d'une dent molaire ; par M. Le Gendre I6j — (Contributions à l'étude de 1') des pustules varioliques; par M. Luys. 201 Excitabilité (Recherches expérimentales suri') des muscles et des nerfs ; par M. Kiihne 8i Extrémités (Difformités congénitales des quatre); par M. Gaillard. . . 173 Extrophie de la vessie ; par M. Paul Tillaux 7 F Fissiparité ( Des organes générateurs des infusoires dans leurs rapports avec la ); par M. Balbiani 263 Fistule hypogastrique; par M. Albert Puech 27 Fistules du canal de l'urètre rétablissant ce canal oblitéré par une cica- trice libreuse ; par MM. Le Gendre et Bastien 59 Fleurs ( De la coloration des ); par M. Bergeron 206 Fœtus ( Absence du testicule gauche chez un ); par MM. Bastien et Le Gendre 143 — ( Absence complète des deux testicules sur un ) ; par MM. Le Gendre et Bastien i44 — ( Absence complète du testicule gauche chez un ) ; par M. Le Gendre. . 145 — ( Recherches sur les gouttières dentaires et sur la constitution des mâ- choires chez le) ; par MM. Robin et Magiiot 217 — ( Atrophie complète du testicule gauche observée sur un ) à terme; par MM. Bastien et Le Gendre 237 — ( Arrêt de développement des deux reins ; absence apparente de l'un d'eux sur un ) à terme; par MM. Bastien et Legendre 251 — ( Absence des deux testicules chez un ) à tenue ; par MM. Bastien et Le Gendre 253 — ( Sur ({uelques particularités analomiiiucs de la niucjueusc gingivale chezle ) ; par MM. Robin et Mugitot 259 — (Note sur le tissu sous-inu(|ucux guigival du); par MM. Robin et Magitot 263 447 C. R. H. Foie ( Note sur l'anatomie pathologique d'un); par M. Félix Guyon. . 22 » — ( De la matière glycogène chez les animaux dépourvus de ) ; par M. Cl. Bernard 53 » — ( Altération lardacée ou cireuse du); par M. Charcot 140 » — ( Cancer du ) ayant envahi tout l'organe; par M. Laborde 283 » — ( Altération graisseuse du ) et des reins survenue sous l'influence de l'abus des alcooliques; par M. Lanceraux 290 » (Corps oviformes du) et de l'intestin des lapins; par M. Vulpian, (planche XI, fig. III, et G. R. 1858), p. 186. — Recherches sur quelques veines portes accessoires ; par M. Sappey. . » 3 Follicules ( Note sur le développennent des mâchoires chez l'homme et quelques mammifères avant l'apparition des) dentaires ; par MM. Robin et Magitot 212 » — ( Recherches sur l'ordre et le mode d'apparition des ) dentaires ; par MM. Robin et Magitot • « 245 G Gale ( Recherches sur le Sarcopte de la) humaine; par M. Robin. . . . » 21 Gaz ( Etudes chimiques sur l'action des ) injectés dans les tissus des animaux vivants ; par MM. Leconte et Demarquay 183 » Générateurs ( Des organes ) des infusoires dans leurs rapports avec la flssiparité ; par M. Balbiani 263 « Génitaux (Examen des organes) du hérisson à l'époque du rut; par M. Liégeois 230 » Gingival (Note sur le tissu sous-muqueux) du fœtus ; par MM. Robin et Magitot 263 » Gingivale ( Sur quelques particularités anatomiques de la muqueuse) ; par MM. Robin et Magitot 259 » Glande ( Note sur la structure de la ) lacrymale chez l'homme et chez quelques vertébrés; par M. Tillaux 271 » Glandes (Sur l'action des nerfs sur la circulation et la sécrétion des); par M. Cl. Bernard 49 » — ( Notes sur les ) lacrymales; par M. Béraud » 201 Glanduleux ( Note sur un nouvel organe ) situé dans le cordon sperma- tique; par M. Giraldès 123 » Globules ( Note sur des ) du sang colorés chez plusieurs animaux inver- tébrés; par M. Rouget 173 » Glycogène 1 De la matière ) chez les animaux dépourvus de foie; par M. Cl. Bernard 53 » — (Recherches sur le sucre formé par la matière) hépatique; par MM. Berthelot et de Lucas 139 » Glycogénie (iRecherches sur l'origine de la ) dans la vie embryonnaire; par M. Cl. Bernard 101 » Gouttière ( Sur le tissu sous-nmqueux gingival du fœtus ou contenu de la) dentaire des os maxillaires; par MM. Robin et Magitot 263 » Gouttières ( Recherches sur les ) dentaires et sur la constitution des mâchoires chez le fœtus; par MM. Robin et Magitot 2i7 » Graisseuse (Dégénérescence) des muscles chez un enfant atteint de rhu- matisme; par M. Le Gendre 84 » — ( Altération ) du foie et des reins survenus sous l'influence de l'abus . des alcooliques; par M. Lanceraux 290 » 4i8 C R. M. Gravelle (Mémoire sur l'oxalatc de chaux dans la} ; par M. N. Gallois. » ei Greffes osseuses; par M. Oliier 232 >■ Grenouille ( Note sur les eiïels de la nicotine sur la ); par M. Vulpian. iso » H Helminthe ( OEuTs et larvis du distornum ovocaudatuin de la gre- nouille ; par M. Vulpian (planche XI, lig. IV, et C R. I838), p. I50. Hcniatocèle ( Tumeur intra-scrotale, formée probablement par une an- cienne ) ; par M. Vulpian 195 • Hématoïdine ( Analo|^ie d'action de l'acide nitrique sur la bile et sur 1' ) ; par M. Gubler 87 » — ( Note sur un des caractères (jui peuvent servir à dislint^uer l'béma- losine de 1' ) ; par M. Robin 89 • Hématosine (Note sur un des caractères qui peuvent servir à distinguer r ) de l'iiématoïdine ; par M. Robin 89 » Hémiplégie (Afiection cérébrale ancienne ayant donné lieu à une) droite; par M. llillairet CJ • Hémorrhagfie (Note sur l'anatomie pathologiijue d'une) ayant son siège dans une vésicule ovarienne; f)ar M. Gujon 62 » — cérébrale consécutive à un raniollisseinent et superposée à celui-ci; par M. Labordc G6 • — (Observation d' ) cérébelleuse; par M. Hillairet '2iO •• Hémorrbagique ( Remarques sur la diatbèse ) qui se manifeste i|uel- quefois dans le cours de la phlhisie pulmonaire ; par M. Leudet. ... « 179 Hépatique ( Recherches sur le sucre formé par la matière glycogène ); par MM.Berlhelot et de I.uca 139 « Hérédité ( De la transmission par ) chez les cochons d'Inde d'une affec- tion épileptiforme produite chez les parents par des lésions Irauma- tiques de la moelle épinière ; par M. Rrown-Sèquard 194 » Hérisson ( Examen des organes génitaux du ) à l'époque dunii; par M. Liégeois 230 » Hernie ( Évenlralion ou ) ombilicale congéniale ; par M. Blot. . . . 197 » Hétérotaxies (Recherches sur les conditions organiques des}; par M. Camille Dareste 8 » Homme ( Contemporanéité de l'espèce humaine et de diverses espèces animales aujourd'liui éteintes ); par M. Gaudry 209 » Hybrides (Note sur plusieurs variétés de primevères dérivées des pri- mula elalior et oITicinaiis ; par M. Gubler 47 • Hydatique (Cas de dystocie par un kyste ) de la cloison vccto-vaginale; par M. RIol 4s • Hydrocéle de la luni(|ue vaginale, situation du testicule en avant de la tumeur; par MM. Le Gendre et Raslien 82 • — enkystée du testicule ; par M.M. Le Gendre et RastiL'n 83 » Hypertrophie de la raie; par .M. Sappey 2ji » Hystérique ( Etude physiologique des phénomènes observés chez une Iciniiu! atieiiilu de paralysie ); par M. Liégois << 2Ci I Ictère, dégénérescence de la tèle du paiicro;is; cancer ciiilliclial du duo- dénum ; par M. I. aborde 84 » 449 C. R. H, Incisives ( Développement des dents ) de la mâchoire inférieure chez un enfant de 3 semaines; par M. Sappey 4i » InégaHté con[;ciiiale des deux moitiés du corps; par M. Broca. ... » 15 Infuboires (Des organes généraleurs des ) dans leurs rapports avec la lissiparilc; par M. Balbiani 'J63 » Inhahîtion ( Descripiion d'un appareil à ) pulmonaire; par M. Ranec. . '^05 » ïnterrosseux ( Exciiiiiie d'insertion anormale du muscle adduiteur du pouce, qui prouve que ce muscle n'est en réalité que le premier) pal- maire; par M. Jac(]uart 252 » Invertébrés ' Note sur des globules de sang colorés chez plusieurs ani- maux); par M. Rouget i73 " Irritabilité musculaire (Abolition de 1') sur des cœurs de grenouilles plongés dans l'eau salée; par M. Vulpian 39 » K Kyste de l'ovaire gauche; par M. Albert Puech 27 i- — ( Cas de dystocie par un) hjdalique de la cloison vaginale; par M. Blot. i^> « — (Observation de) piiiceliaire de la région de l'épaule; par M. Gubler. UO » Kystes V Note sur un nouvel organe glanduleux pouvant donner nais- sance à des); par M. Giraldés 123 » — multiples du creux poplité; par M. Liégeois 233 » L Iiacunaire (Sur l'analogie qui rapproche la disposition trouvée dans le système circulatoire des fœtus péracéphales du système) des animaux inférieurs; par M. Jacquart » 235 Lacrymal tSur une espèce de concrétion du sac); par M. Rohin. . . . 112 » Iiacrymale (^îsote sur la structure de la glande) chez l'homme et chez quelques vertébrés; par M. Tillaux 27t » Iiacrymales (Note sur les glandes); par M. Béraud » 201 ïaeucocythémie (Lésion de la rate dans la); par M. Luys 159 » Xjoranthacée Note sur une) toxique ; par M. Soubeiran 257 » Iiuxation (Observation de) l'extrémité supérieure du radius en dehors et en arrière; par M. Le Gendre 31 » Iiuxations (Difformité congénitale des quatre extrémités) ; par M. Gail- lard » 173 Iiymphatique (Sur l'analogie qui rapproche la disposition du système circulatoire des fœtus péracéphales de l'homme et certaine portion du système! des Ophidiens ; par M. Jacquart , » 235 Lymphatiques (Vaisseaux) de la pituitaire chez l'homme; par M. Si- mon 227 » M Mâchoire {"Recherches sur l'ordre et !e mode d'apparition des follicules dentaires dans la gouttière de chaque; ; par MM. Robin et ilagitot. . . » 245 Mâchoires (Note sur le dèveloppeiiuMit des) chez l'homme et quelques mammifères avant ra[)pariiion des follicules dentaires; par MM. Robir et Magitot 212 » — Recherches sur les gouttières dentaires et sur la constitution des) chez le fœtus; par MM. Robin et Magilot 2i7 " MÉM. 29 450 r. n Main-bot (Observation do); par M. Le Gendre 2i Mamelons (Deux cas de) surnuméraires observés chez la reinnie; pnr MM. Charcot et Le Gendre. 164 Maniaque (Section de la Tcrge à l'aide d'un rasoir par un jeune homme de 2G ans); par MM. Laborde et Cousrem 248 Maxillaires (Sur le tissu sous-muqueux gingival du fœtus ou contenu de la gouttière dentaire des os); par MM. Robin et Magilot 26Î Mimique (Des principes rationnels de la) et de la pbysiognomonique; par M. Piderit >• Moelle épinière (Examen de la) dégénérescence amylacée ; par M. Luys. 68 — (Noie sur un cas d'atrophie et de dégénérescence amyloïde de la); par M. Laborde t84 — (De la transmission par hérédité chez les cochons d'Inde d'une affec- tion épileptiforme produite chez les parents par des lésions traumali- quesdela); par M. Brown-Séquard 194 Molaire (Observation d'évolution (ardive d'une dent;; par M. Le Gendre. îC5 Monstre (Note sur un) appartenant à un nouveau type de la famille de» polygnathiens; par M. Daresle 33 — célosomien du genre agénosome; par M. Sappey 250 Monstruosités (Note sur un nouveau genre de) doubles appartenant à la famille des polygnathiens; par M. Daresle 76 Mort (Sur la cause de la) chez les amimaux soumis à une haute tempé- rature; par M. Cl. Bernard Si — (Étude des poumons dans le cas de) par le chloroforme ; par M. Faure. 236 Mort subite par suite de rupture d'un anévrisme de l'aorte thoracique; par M. Laborde 5 — à la suite d'une rupture de l'aorte à son origine par M. Laborde. . . 30 — par suite d'apoplexie pulmonaire chez un sujet de 70 ans atteint de ré- trécissement de l'œsophage; par M. Laborde 43 — dans un cas de cancer enccphaloide de l'œsophage; par M. Laborde. 247 Morve (Observation de, aiguë; par M. Gubler iiG Mouvement (Expériences sur les nerfs du sentiment et du) des poissons; par M. Moreau lOT — (Recherches des racines de sentiment et de) chez les oiseaux; par M. A. Moreau I3l Mouvements (Mémoire sur le rôle des sensations sur les); par M. Lié- geois • . . » — (Abolition rapide des) rhylhiiii((ues surdes cœurs degrenouilles plongés dans l'eau salée; retour de ses mouvements après une immersion dans l'eau pure; par M. Vulpian 39 Muqueuse (Sur quelques particularités anatomiques de la) gingivale; par MM. Robin et Magitot 259 Muqueux (Sur le tissu sous-) gingival du fœtus ; par MM. Robin et Ma- gitot 263 Muscle (Exemple d'insertion ainormale dui adducteur du pouce sur une main d'hoiiiiiie; par .M. Jacquart 252 Muscles (Recherches expérimentales sur l'excilabililé des) et des nerfs: par M. Kliline 8i — (Dcgéni'Tescence graisseuse des) chez un enfant atteint de rachitisme; par M. Le (îendre 84 451 C. R. u. Muscles (Dégénérescence graisseuse des) dans un cas pied-bot variis* par M. Le Gendre n3 — Dégénérescence graisseuse des fibres des muscles du bras droit; par M. Le Gendre 115 — Atrophie musculaire du bras droit; par M. Le Gendre 115 >, Musculaire (Expérience servant à établir les lois fondamentales de la contraction); par M. Moilin I8i » — (Atrophie et ataxie); par M. Laborde 184 » — (Déformation considérable des os du squelette chez un sujet atteint depuis longtemps d'atrophie); par M. Le Gendre 388 » N Nerfs (Sur l'action des) sur la circulation et la sécrétion des glandes; par M. Cl. Bernard. 49 » — Contributions à l'étude des contractures liées à une altération du sys- tème nerveux périphérique; par M. Lujs 70 » — Recherches expérimentales sur l'excitabilité des muscles et des); par M. Klihne • 81 » — (Expériences sur les) du sentiment et du mouvement des poissons; par M. Moreau 107 » — (Altération des) dans un cas de pied-bot varus; par M. Le Gendre. .113 » — Intégrité des cordons nerveux dans une atrophie musculaire du bras droit; par M. Le Gendre 115 » — (Sur la section des) pneumogastriques chez les reptiles; par M. Mo- reau 155 » — (Recherches sur les propriétés électriques des) vivants; par M. Schiff. 175 » — (Expériences sur la régénéralion des) complètement séparés des cen- tres nerveux); par MM. Philipeaux et Vulpian • . . . 177 » — (Remarques sur les expériences de MM. Philipeaux et Vulpian sur la régénération des): par M. Schiff 179 » — (Recherches expérimentales sur la régénération des) séparés des cen- tres nerveux; par MM. Philipeaux et Vulpian » 343 Nicotine (Note sur les effets de la) grenouille; par M. Vulpian. ... 150 " Noix vomique (Noie sur l'action simultanée du curare et de la); par MM. Marlin-Magron et Buisson 147 i> o Oblitération complète du vagin chez une femme âgée; par MM. Le Gendre et Bastien 42 » — complète du canal de l'urètre par une cicatrice fibreuse; par MM. Le Gendre et Bastien 59 » Œsophag^e (Rétrécissement de 1') chez un sujet de 70 ans mort subite- ment d'apoplexie pulmonaire; par M. Laborde 43 •> — (Cancer encéphaloïde de 1'); par M. Laborde 247 » — (Cancer encéphaloïde rie l'extrémité cardiaque de 1'); par M. Laborde. 286 » Œuf de poule monstrueux renfermant à la fois un jaune ordinaire et une vésicule ovarienne; par M. Laboulbène. 161 » Œufs de poule anormaux; par M. Liégeois 254 » Oiseaux (Recherches des racines de sentiment et de mouvement chez les); par M. A. Moreau 131 452 C. R. M Olives Note sur l'existence des) chez quelques vertébrés supérieur»; par M. Luys 171 Ombilicale i,Éventralion ou iiernie) congéniale; par M. Hlot 197 ' Ophidiens (Nouvelles recherches sur l'analomie des cauirs des ; par M. Henri Jacquart i7 i Orchite et t-pididyniite chroni(|ue chez un vieillard de 80 ans; par M. La- boide 73 ) Organe (Note sur un nouveli glanduleux situé dans le cordon sper- matique; par M. Giraldès 123 ■ Organes (Examen des) génitaux du hérisson à l'époque du rut; par M. Liégeois ■ . . 230 i — (Des) générateurs des infusoircs dans leurs rapports avec la fissiparité; par M. Baibiani 203 Os. De la transplantation des cléments analoraiques du blastème sous- périoslal; formation de petits grains osseux dans la région où ont été semés ces éléments; par M. OUier !08 i — (Expériences sur les transplantations d') provenant d'un animal mort depuis un certain laps de temps; par M. Ollier 232 i — Greffes osseuses; par M. Ollier 232 ■ — (Déformation considérable des) du squelette chez un sujet atteint de- puis longtemps d'alrophie musculaire; par M. Le Gendre 288 ■ Ovaire ( Kysle de 1') gauche; par M. Albert Puech 27 ■ — Note sur l'anatomie pathologique d'une héniorihagie ayant siège dans une vésicule ovarienne; par M. Félix Guyon 62 i Ovarienne (OEuf de poule monstrueux renfermant à la fois un jaune ordinaire et une vésicule); par M. Laboulbéne 16I ■ Oxalate (Mémoire sur I') de chaux dans les sédiments de l'urine; par M. N. Gallois > 6; Oxydation. Sur les propriétés oxydantes de l'essence de térébenthine; par M. Berlhelot 29S ■ P Pain (Sur la coloration rouge du); par M. SchiiT tci > Pancréas (Dégénérescence de la tête du), cancer épithelial du duodé- num; par jM. Lahorde 8-J « — (Tumeur cancéreuse de la tête du) et du pylore; par M. Laborde. . . 283 « Paralysie (Elude physiologique des phénomènes observés chez une femme atteinte de ) hystérique; par M. Liégeois » 26i Paraplégie. Observation de) ; par M. Ilillairet. . . . " 68 » — ( Noie sur un cas de ); par M. Laborde 184 » Parole (Impossibilité complète de la ) sans perte des niouvements de la langue, à la suite d'une lésion cérébrale ; par M. Laborde 66 » Parotide. Observation de sueurs parotidiennes ; par M. Bergouhnioui. 3 > Peracéphales ( Mémoire sur l'analogie (|ui rapproche la disposition trouvée dans le système circulatoire des fœtus) de l'homnic el des ani- maux ; par M. Jacquart • 235 Périoste. De la transplantation des éléments anatomiques du blastème sous-périostal ; par M. Ollier 108 > — (Expériences sur la transplantation delà dure-mère pour démontrer que cette membrane doit être regardée comme le périoste interne des os du crâne; par M. Ollier 109 » 453 c. n. M. Péritoine vÉpancliemenl du pus dans le)morl;par .V.. Puech. ... 27 » Phrénologie. Note sur trois pièces de la collection phrénologique du docteur Gall ; par M.VI. Einin. Rousseau ei H. Jacquart 128 » Phthisie ( Remarques sur la dialiiése héinorrhagiqiie qui se manifeste quelquefois dans le cours de la ) pulmonaire; par M. Leudet. ... » 179 Physiognomonique ( Des principes rationnels de la mimique et de la); par M. Piderit » 165 Pied-bot (Observations de) varus;par M. Le Gendre 113 '• Pilicellaire ( Observation du kyste ) de la région de l'épaule ; par M. Gubler no Pituitaire (Vaisseaux lymphatiques de la) chez l'homme; par M. Simon. 227 » Placenta (Recberchcs sur l'origine de laglycogénie dans la vie embryon- naire; nouvelle fonction du ); par M. Cl. Bernard 101 » Plaies ( Note sur la cicatrisation des ) sous l'influence de l'acide carbo- nique; par MM. Demarquay et Lecomte 274 » Pneumog:astrique ( Expérience sur le nerf) des poissons; par M. Moreau , 107 » Pneumog^astriques ( Sur la section des nerfs) chez les reptiles; par M. Moreau 155 » Polarité ( Sur la ) électro -Statique ; par M. Moreau 256 * Polyg:natbiens (Note sur un monstre appartenant à la famille des ; par M. Dareste 33 » — (Note sur un nouveau genre de monstruosités doubles appartenante la famille des ); par M. Dareste 76 » Poplité ; kystes multiples du creux ) ; par M. Liégeois 238 » Portes ' Recherches sur ([uelques veines) accessoires; par M. Sappey. . » 3 Pouce Exemple d'insertion anormale du muscle adducteur du) sur une main d'iiomme; par M. Jacquart 252 » Poule (, OEuf de ) monstrueux renfermant à la fois un jaune ordinaire et une vésicule ovarienne; par M. Laboulbéne 161 » — ( OEufs de ) anormaux; par M. Liégeois 254 " Pouls ( Note sur la physiologie du ); par M. Moilin 275 » — ( Recherches sur le ) au moyen d'un nouvel appareil enregistreur ( sphygmographe ) ; par M. Marey » 281 Poumon ( Cancer encéphaloïde de l'œsophage; ouverture du conduit dans le t gauche; par M. Laborde 286 » Poumons ( Etudes des ) dans le cas de mort par le chloroforme; par M. Faure 236 » Pression ( Des causes d'erreur dans l'emploi des instruments pour me- surer la ) sanguine et des moyens de les éviter ; par M. Marey. . . • 55 » Primevères Note sur plusieurs variétés de) dérivées des primula ofTici- nalis et elatior ; par M. Gubler 47 » Prolapsus utérin ; par M. Albert Puech 27 » Protubérance (^ Dépôt de matière tuberculeuse dans l'intérieur de la ) ; par M. Luys 155 » Pulmonaire ( Tuberculisation) tardive; par M Laborde 184 » — ( Description d'un appareil à inhalation ); par M. Rancé 205 » Pustules ( Contributions à l'élude de l'évolution des ) varioliques ; par M. Luys 201 » Pylore (Tumeur cancéreuse de la léte du pancréas et du); par M. Laborde 283 » 454 Q C. k. M. Queues (Nouvelles expériences sur la survie de» ) d'embryons de gre- nouilles, après leur séparation du corps; par M Vulplan ( avec ligures. Voij. Planche XI, Og. I et II) • 37 R Rachitisme ( Dégénérescence graisseuse des muscles chez un enfant alleintde); par M. Le Gendre 84 » Racines ( Recherches des ) de senlimenl et de mouvement chez les oi- seaux ; par M. A. Moreau I3i » Radius ( Observation de luxation de l'extrémité supérieure du ) en de- hors et en arriére ; par M. E. Q. Le Gendre 3i » Ramollissement cérébral; foyers multiples et très-étendus ; hémor- rbagie cérébrale consécutive au ramollissement; par M. Laborde. . . 65 » Ramollissements ; Note sur l'existence de lésions secondaires des cen- tres nerveux dans le cours des ) inllammatoires ; par M. Gubler. ... 79 » Rate ( Altération lardaoée ou cireuse de la ) ; par M. Charcot. ... HO » Rate (Lésions de la) dans la leucocj'lhémie: par M. Luys 159 • — Recherches sur le volume et le poids réels de cet organe; par M. Sap- pey 234 » — (Hypertrophie de la); par M. Sappey 234 » Recto-vaginale (Cas de dyslocie par un kyste hydatique de la cloison) ; par M. Blot 4» » Récurrente (De la sensibilité) envisagée comme phénomène de la sen- sensalion réflexe; par M. Gubler 125 " Réflexe (De la sensibilité récurrente envisagée comme phénomène de la sensation ; par M. Gubler »25 » Régénération (Recherches expérimentales sur la) des nerfs séparés des Centres nerveux; par MM. Pbiiipeaux et Vulpian » 313 — (Expériences sur la) des nerfs complètement séparés des centres ner- veux; par MM. Philipcaux et Vulpian 177 » — (Remarques sur les expériences de MM. Pbiiipeaux et Vulpian sur la) des nerfs; par M. Schiff 179 " Rein (^Absence complète du) droit; par MM. Baslien el Le Gendre. . . 96 • Reins (Altération lardacée ou cireuse de l'un des); par M. Charcot. . . 1 10 » — (Arrêt de développement des deux); par MM. Baslien et Le Gendre. . -Jdi • — (Anomalies des); par M. Liégois 255 » — (Altération graisseuse du foie et des) survenue sous l'influence de l'a- bus des alcooliques; par M. Lanceraux 290 » Rétrécissement de l'œsophage clie^ un sujet do 70 ans mort subitement tl'apopicxie pulmonaire; par M. Laborde. . . . ' 43 » Rupture (Observation de) l'aorte ;'i son origine; par M. Laborde. ... 30 » Rut (lixamen des organes génitaux du hérisson à l'époque du); par M. Liégeois 230 S Sao laorjmal (Sur une espèce de concrétion du); par M. Robin. ... 112 » 455 (J. It. Mi Sang. Des causes d'erreur dans l'emploi des instruments pour mesurer la pression sanguine, et des moyens de les éviter; par M. Marey. ... 55 i> — (Note sur des globules du) colorés ciiez plusieurs animaux invertébrés; par M. Rouget 173 ■ Sarcopte (Recherche sur le) de la gale humaine; par M. Robin 21 Scrotum. Tumeur inlrascrotale à parois calcifiées; par M. Vulpian. . 195 • Sécrétion (Sur l'action des nerfs sur la circulation et la) des glandes; par M. Cl. Bernard 49 » Sensation (De la sensibilité récurrente envisagée comme phénomène de la) réflexe; par M. Gubler 125 » Sensations (Mémoire sur le rôle des) sur les mouvements; par M. Lié- geois 209 Sensibilité (De la) récurrente envisagée comme phénomène de la sensa- tion réflexe; par M. Gubler 125 »> Sentiment (Expériences sur les nerfs du) mouvement des poissons; par M. Moreau 107 » — (Recherche des racines de) et du mouvement chez les oiseaux; par M. A. Moreau 131 « Spermatozoïdes (Absence complète des) dans tous les organes où l'on peut les rencontrer, à la suite d'une section de la verge ; par MM. La- borde et Cousrem 248 » Spbyg^mographe. Recherches sur le pouls au moyen d'un nouvel appa- reil enregistreur; par M. Marey > 381 Squelette (Déformation considérable des os du) chez un sujet atteint de- puis longtemps d'atrophie musculaire; par M. Le Gendre 288 » Sucre (Sur la recherche du) dans l'urine; par M. Leconte 132 ■ — (Recherches sur le) formé par la matière glycogène hépatique; par MM. Berthelot et de Luca 139 » Sueur (Observation de) parotidienne; par M. Bergouhnioux 3 » Surnuméraires (Deux cas de mamelons) observés chez la femme; par MM. Charcot et Le Gendre 164 » Survie (Nouvelles expériences sur la) des queues d'embryons de gre- nouilles, après leur séparation du corps; par M. Vulpian J7 » Système nerveux (Contributions à l'étude des contractures liées à une altération du) périphérique; par M. Luys 70 » T Température (Sur la cause de la mort chez les animaux soumis à une haute); par M. Cl. Bernard 51 » Tératologie (Anatomie comparée appliquée à la); par M. Jacquart. . . » 235 Térébenthine (Sur les propriétés oxydantes de l'essence de) ; par M. Ber- thelot 293 » Testicule (Hydrocéle delà tunique vaginale; situation du) en avant de la tumeur par MM. Le Gendre et Bastien 82 » — (Hydrocéle enkystée du); par MM. Le Gendre et Bastien 83 » — (Abscence du) du côté gauche; par M.M. Bastien et Le Gendre. ... 143 »• — (Absence complète du) gauche chez un fœtus; par M. Le Gendre. . . 145 » — (Atrophie complète du) gauche observée sur un fœtus à terme; par MM. Bastien et Le Gendre 237 » 456 C. 11. Testicule (Note sur l'absence congéniale du) ; par M. Godard ■ — Anémie tesliculaire à la suite d'une section de la verdie; par MM. La- Borde el Cousrem 21» Testicules ( Absence complète des deux ) chez uu fœtus ; par MM. Le Gendre el Bastien ii.l — ( Atrophie des deux ) probablement congéniale ; par MM. Le Gendre el Bastien 158 — ( Absence des deux ); par MM. Bastien et Le Gendre 2jj Tissu ( Note sur le ) sous-muqueux gingival du fœtus; par MM. Robin el Magitot 26:; Tissus ( Etudes chimiques sur l'action physiologique et pathologique des gaz injectés dans les ) des animaux vivants: par MM. Leconie el De- marquay 183 Torpille (Sur l'origine de l'électricité dans l'appareil de laj; par M. Moreau 231 Toxique ( Note sur une Loranlbacée ) ; par M. Soubeiran 257 Trachée-artère ( Communication de l'œsophage avec la ) dans un ca.s decanciT encéphaloïde de l'œsophage; par M. Laborde 217 Transplantation ('De la) des éléments analomiques du blaslénie sous- périostal; par M. Ollier 1O8 — ( Expériences sur la ) de la dure-mère ; par M. Ollier 109 Transplantations ( Expériences sur les ) d'os provenant d'un animal mort depuis un certain laps de temps ; par M. Ollier 232 Transposition d'une dent molaire ; par M. Le Gendre i(;5 Trompes ( Inflammation el abcès des); par A!. Albert riiccli. .... 27 — Absence complète de l'utérus, des ); par MM. Bastien ci Le Gendre. 96 Tuberculeuse (Dépôt de matière ) dans l'intérieur de la proiubèrance; par M. Luys I55 Tuberculisation pulmonaire tardive; par M. Laborde i84 TuHîeur intra scrotale à parois calcifiées ; par M. Vulpian lOi Tumeurs ( De la production des varices el des ) variqueuses par suite de la dérivation du sang de la veine porte; par M. Sappey » Tunique vaginale (Hydrocèle de la), situation du testicule en avant de la tumeur; par MM. Le Gendre elBaslien 82 U Urètre (Oblitération complète du canal ds 1') par une cicatrice libreuse: par MM. Le Gendre el Bastien 59 Urine ( Sur les recherches du sucre dans I'); par M. Leconte i32 — ( Mémoire sur l'oxalate de chaux dans les sédiments de l"i; par M. N. Gallois » Utérus (Prolapsus de r ); par M. Albert Puech 27 — ( Absence complète del' ); par MM. Bastien el Le Gendre 96 V ■Vagin ( Oblitération complète du) chez une femme âgée; par MM. Le Gendre et Bastien 42 — ( Absence complète de l'utérus et du ^; par M.M. Baslien et Le Gendre. 96 Vaginale ( Concrétions iibrineuses à divers degrés d'organisation dans la tunique ) chez un vieillard ; par M. Laborde 73 457 C. R. Vaisseaux lymphatiques de la pituitairo chez l'homme; par M. Simon. 227 Varices » De la production des) par suite de la dérivation du sang de la veine porte ; par M. isappey » Varioliques (Contributions à l'étude de l'évolution des pustules); par M. Lu} s 201 Varus ( Observation du pied-bot ); par M. Le Gendre ii3 Veine ( Anomalie de la ) azygos droite ; par M. Bastien 204 — ( Anomalie de la) cave inférieure ; par M. Le Gendre ■20j Veines (Recherches sur quelques veines) accessoires; par M. Sappey. » Verge (Section de la ) à l'aide d'un rasoir, par un jeune homme de 'J6 ans, maniaque ; par MM. Labordt; et Cousrem 248 Vertébrés (Note sur l'existence des olives chez quelques) supéri(!urs; par M. Lujs m Vésicule ovarienne ( OEufde poule monstrueux renfermant à la l'ois un jaune ordinaire et une ); par M. Laboulbéne I6t Vésicule séminale ( Suppuration de la ) gauche à la suite d'une section delà verge; par MM. Laborde et Cousrem 248 — Note sur l'absence conjiéniale du canal excréteur et du réservoir de la semence, le testicule existant; par M. Godard » Vésicules séminales ( Inllamination de la membrane interne des ) chez un vieillard; par M. Laborde 73 Vessie ( Extrophie de la ); par M. Paul Tillaux 7 Voile du palais ( Remarques sur les divisions congénialcs de la voûle palatine et du ); par M. Le Gendre 34 Voûte palatine ( Remarques sur les divisions congéniales de la ) et du voile du palais; par M. Le Gendre 34 FIN DE LA TABLE ANALYTIQUE. TABLE DES MATIÈRES PAR NOMS FAUTEURS. B i:. M. Balbiani Des organes générateurs des infusoires dans leurs rapports avec la fissiparité 266 Bastien Anomalie de la veine azygos droite 204 — et Le Gendre. . Absence complète de l'utérus, des trompes, du vagin et du rein droit. i'i — {Voy. Le Gendre). — Absence du testicule du côté gauche; anorchidie simple observée sur un fœtus H3 — Arrôi de développement des deux reins; absence ap- parente de l'un d'eux sur un fœtus à terme. . . 2S1 — Atrophie complète du testicule gauche simulant une absence de cet organe, observée sur un fœtus à terme. 237 — Déformation de l'arliculalion coxo-fémorale, suite d'arthrite sèche 60 — Deux observations d'anorchidie; absence des deux testicules, anorchide double; absence du testicule gauche, anorchide simple, sur des fœtus à terme. 253 Bérald (B) Examen d'une tumeur intrascrotale 195 — Note sur les glandes lacrymales » Bergeron (Georges). De la coloration des fleurs 206 Bergouhnioux . . . Observation de sueur parotidienne 3 Bernard (Claude). Delà matière glycogène chez les animaux dépourvus de foie 53 — Sur l'action des nerfs sur la circulation et la sécré- tion des glandes -49 -.- Sur la cause de la mort chez les animaux soumis à une haute température 5i — Recherches sur l'origine de la glycogénie dans la vie embryonnaire; nouvelle fonction du placenta. . . lOi Berthelot ..... Recherches synthétiques sur la cholestérine, sur le blanc de baleine et sur le camphre de Bornéo. . . il9 — Sur les prétendus corpuscules amylacés ; par C. Schmidt (de Dorpat). Analyse de ce travail. . . 94 AfiO c. n. M. BERTnELOT. . . - . Sur les propriétés oxydantes de l'essence de théré- benliiie 'J93 » — et DE LucA. Reclierches sur le sucre formé par la matière j;lycogène hépati> Blot Cas de dystocie par un kysle hydalique de la cloison reclo-vaginale 45 » — Éventration ou liernie ombilicale congéniale par ab- sence d'une portion delà paroi abdominale anté- rieure 197 » BuocA (Paul). . . . Inégalité congéniale des deux moitiés du corps ; sin- gulières conséquences pliysiologiques • 15 HivUWN-Sequaud . . De la transmission par Jiérèdité ciiez les mammifères, et particulièrement chez les cochons d'Inde, d'une affection épileptiforme, produite chez les parents ])ar des lésions traumati(iues de la moelle épiniére. 194 » Buisson et MaktinMaguon. Note ;Sur l'action simultanée du curare et de la noix vomique I47 » c Charcot Altération lardacée ou cireuse du foie, de la rate et de l'un des reins (SpecUhrankhcil des Allemandsl; absence de corpuscules amyloïdes dans les parties altérées; point décoloration bleue par l'action com- binée de la teinture d'iode et de l'acide sulfurique. i40 » — et Le GENnaE. Deux cas de mamelons surnuméraires observés chez la femme 164 » CousREM ET Laboude Section de la verge à l'aide d'un rasoir, par un jeune homme de 2(> ans .- suppuration de la vésicule séminale gauche, etc 248 » D Dakeste(Camille). Note sur le développement de l'amnios après la mort de l'embryon 33 » — IS'oie sur un monstre appartenant à un nouveau type de la famille des |)olygnathiens 33 » — Note sur un nouveau genre de monslruosilés doubles appartenant à la famille des polygnalbiens. . . 76 » — Recherches sur les conditions organiques des hétéro- laxies 8 » Demarquay et Leconte. Noie sur la cicatrisation des plaies sous l'in- fluence de l'acide carboniciue 274 » F Faure Elude des poumons dans le cas de mort par le chlo- roforme 236 » G Gaillard (L.). . . . Diflormité congénitale des quatre exlrémilés; luxa- tions, atrophies; réunion des parties divisées par la inctbode de M- Jules Clo(|uet » 173 461 C. R. H. Gallois (Narcisse). Mémoire sur l'oxalalc de chaux dans le sédiment de l'urine , dans la gravelle et dans les calculs. . . » Gi Gaudry ( Alrert). Contemporanéité de l'espèce humai\ie et de di- verses espèces animales aujourd'hui éteintes. . 209 » Gadx Observation d'angine couenneuse avec albuminurie. il » — Observation de croup avec albuminurie 14 » Giraldés Note sui un nouvel organe glanduleux, situé dans le cordon spermatiquc, et pouvant donner naissance à des kystes 123 » Godard Noie sur l'absence congéniale du canal excréteur et » 329 du réservoir de la semence; le testicule existant. — Note sur l'absence congéniale du testicule. ... « 3il Gubler Analogie d'action de l'acide nitrique sur la bile ot sur l'hématoïdine 87 » — Delà sensibilité récurrente envisagée comme phéno- mène de la sensation réflexe 125 » — Note sur l'existence de lésions secondaires des cen- tres nerveux dans le cours des ramollissements in- flammatoires 79 » — Note sur plusieurs variétés de primevères dérivées des primula ofTicinalis et elatior. .' 47 » — Observation de kysie piliceilaire de la région de l'é- paule ; examen microscopique iio » — Observation de morve aiguë. . . • 116 • Guyon (Félix), . . Note sur l'anatomie pathologique d'un foie. ... 22 » — Note sur l'anotomie pathologique d'une hémorrhagie ayant siège dans une vésicule ovarienne 62 » H Hamon (L.) (de Fresnay). Mémoire sur quelques applications nouvelles de la cautérisation potentielle » 221 HiLLAiRET Affection cérébrale ancienne ayant donné lieu à une hémiplégie droite; claudication intermittente et mouvements ataxiques dans le membre inférieur droit accompagnés de soubresauts dans le membre inférieur gauche 64 » — Hémorrhagie cérébelleuse; vomissements; état coma- teux; conservation de l'intelligence; hébétude du visage: décubitus sur le côté correspondant au siège de l'hèrnorrhagie , avec légère tension du tronc; absence de paralysie directe ni croisée; sta- tion, équilibration et progression impossibles jus- * qu'à la guérison ; plus tard, nouvelle attaque d'hé- morrhagie; hémiplégie droite; mort rapide dans le coma; perte de l'intelligence dés le début; foyer hémorrbagique siégeant dans le centre de l'hémi- sphère droit du cervelet en partie revenu sur lui- même et cicatrisé; vaste foyer héniorrhagique ré- cent, détruisant tout le corps slriè gauche et un peu la couche optique correspondante 240 » — Observation de paraplégie es » 462 C. R. M. HoL'EL Mémoire sur l'encéplialocèle congénitale 200 • J Jacquart (Henri). . Analomie comparée appliquée à la tératologie ; mé- moire sur l'analogie qui rapproche : r la disposi- sition trouvée dans le système circulatoire des fœtus péracéphales de l'homme et des animaux; 2" le système lacunaire des animaux inférieurs; 3° enfin certaine portion du système lymphatique des ophi- diens » M* — Exemple d'insertion anormale du muscle adducteur du pouce sur une main d'homme, qui prouve que ce muscle n'est en réalité que le premier inleros- seux palmaire 252 » — Nouvelles recherches sur l'anatomie du cœur des ophidiens '7 • — et RoussKAU (Emmanuel). Note sur trois pièces de la collection phré- nologique du docteur Gall, acquise par le Muséum d'histoire naturelle de Paris t28 » K KiiHNE (W.) Recherches expérimentales sur l'excitabilité des mus- 8i » des et des nerfs Laborde Anévrisme considérable de l'aorte Ihoracique; usure des vertèbres correspondantes; rupture; mort su- bile 5 — Cancer encéphaloïde de l'extrémité de l'œsophage (ré- gion cardiaque); ouverture de ce conduit dans le poumon gauche; aspect gangreneux de ce dernier. 286 — Cancer encéphaloïde de l'œsophage à la fin de son tiers supérieur ; communication de l'œsophage avec la irachêe-artére; mort subite; cyanose et as- phyxie; difficultés de diagnostic; examen micro- scopique 247 — Cancer du foie avant envahi tout l'organe au point de de ne plus laisser trace visible de la substance pro- pre; forme insolite communiquée au foie par l'af- fection dont il est le siège; volume et poids énormes de celui-ci; compression des deux reins et en partie des uretères; suppression de l'urine par défaut de sécrétion, ayant simulé tout d'abord une rétention; tumeur cancéreuse concomitante de la tète du pancréas et du pylore avec dilation ; dif- ficultés de diagnostic 83 — Ictère; dégénérescence de la lèle du pancréas; can- cer épithélial du duodénum au niveau de l'enibou- chure, dans ce dernier, des canaux cholédoque et pancréatique si 463 C. R. Laborde Note sur un cas d'atrophie et de dégénérescence amy- loïde de la moelle épinière; paraplégie; atrophie et ataxie musculaires ; tuberculisation pulmonaire tar- dive; examen nécropsique et microscopique. . . 184 — Observation de rupture de l'aorte à son origine; mort subite 30 — Orchite et épididymite chroniques (manifestations aiguës chez un vieillard de 80 ans; concrétions fibri- neuses à divers degrés d'organisation dans la tuni- que vaginale, et dans la même cavité corps étranger de nature libro-cartilagineuse, du volume d'une pe- tite noisette, non pédicule; inflammation de la mem- brane interne du canal de l'épididyme, du canal déférent et des vésicules séminales; présence do globules purulents mêlés à des globules sanguins altérés dans les canaux déférents, et aussi dans la vésicule séminale du côté gauche; pas de traces do spermatozoïdes. Examen microscopique des cana- licules sperraatiques 73 — Ramollissement cérébral; foyers multiples et très- étendus ; hémorrhagie cérébrale consécutive au ra- mollissement et superposée à celui-ci; cicatrice linéaire dans l'une des cavités ventriculaires; hé- morrhagie toute récente dans la corne antérieure du lobe cérébral gauche ayant coïncidé avec une impossibilité complète de la parole sans perte des mouvements de la langue C8 — Rétrécissement de l'œsophage chez un sujet de 70 ans mort subitement d'apoplexie pulmonaire. . 43 — et CousRKM. . . Section de la verge à l'aide d'un rasoir par un jeune homme de 26 ans, maniaque; suppuration de la vésicule séminale gauche; anémie testiculaire; ab- çence complète de spermatozoïdes dans tous les organes où l'on peut les rencontrer : vésicules sé- minales, canaux déférents, testicules 248 Làboclbènb (A.). . OEuf de poule monstrueux renfermant à la fois un jaune ordinaire et une vésicule ovarienne. ... i6i LlNCERAOX Altération graisseuse du foie et des reins, survenue sous l'influence de l'abus longtemps prolongé des alcooliques 290 LecOnte (Ch.). . . Sur la recherche du sucre dans l'urine 132 — et Deuahquay (J.). Éludes chimiques sur l'action physiologique et pathologique des gaz injectés dans les tissus des animaux vivants 183 — Toy. DEMARQUAT. Le Gendre (E.-Q.). Absence complète du testicule gauche chez un fœtus; anorchidie simple l45 — Anomalie de la cave inférieure 205 — Atrophie musculaire du bras droit; dégénérescence des fibres musculaires; intégrité des cordons ner- veux 4 15 464 C. R. M. Lk Gendue (E.-Q.) Déformalion considérable des os du squelelle chez un sujet alleint depuis longtemps d'airophie mus- culaire '^S-j » — Dégénérescence praisseuse lies muscles clicz un en- fant atteint de rachitisme 81 — Observation d'évolution tardive d'une dent molaire; transposition de celte dent; remarque sur les faits de troisième dentition iCr. » — Observation de luxation de l'extrémité supérieure du radius en dehors et en arriére 31 » — Observation de main-bot -^4 » — Observation de pied-bot varus; dégénérescence graisseuse des muscles; altération des nerfs. . . ii3 » — Remarques sur les divisions congéniales de la voûte palatine et du voile du palais 34 » — et Bastien. . . Absence couipléte des deux lesiiLulcs; anorchidie double observée sur un fœlus i-il » — Atrophie de deux testicules, probablement congé- niale ; examen microscopi(iue 15S » — Hydrocéle de la tunique vaginale, situation du testi- cule en avant de la tumeur 82 » — Hydrocéle enkystée du testicule 83 » — ' Oblitération complète du canal de l'urètre par une cicatrice fibreuse ; rétablissement de l'urélre par deux fistules situées sur les côtés de ce canal. . . 59 » — Oblitération conjplète du vagin chez une femme ûgée. •12 » — (I"!/. Bastien.) — et Charcot. {Voy. Charcot.) Lel'det (E.) Remarques sur la diathése hémorrliagi(]iie (|ui se ma- nifesie quelquefois dans le cours de la phlbisie pul- monaire et daiis d'autres affections aiguës ou chro- niques. ................ „ 179 LiÉcrois Anomalie des reins 255 •> — Elude physiologique des phénomènes observés chez une femme atteinte de paralysie hystérique. . . » 26i — Examen des organes génitaux du licrisson à l'époque du rut -220 H — Kystes multiples du creux proplile 233 ■< — Mémoire sur le rôle des sensations sur les mouve- ments » 'joQ — OEufs de poule anormaux 234 ■• De Ll'CA ET Hi'.[;TI1I'.L0T. (loi/- IiF-liTHKl,OT.) l.uYs (Jiji.es) Analyse histologique d'une allcralion céreuse du foie, de la rate i4o » — Contributions à l'élude de l'évolution des pustules varioliques 'joi — Contributions à l'étude des contractures liées à une altération du système nerveux pèripliéri(|ue. . . 70 » — Dépôt de matière tuberculeuse dans l'intérieur de la protubérance; attaques épileptiformes i55 » 465 C. R. It. — Examen de la moelle épiniére; dégénérescence amy- lacée 68 » — Lésions de la rate dans la leucocylhémie 15!) » — Note sur l'existence des olives chez quelques verté- brés supérieurs I7i » M Macitot etCH. Robin. (Voy. Robin.) Marey Des causes d'erreur dans l'emploi des instruments pour mesurer la pression sanguine, et des moyens de les éviter S."» » — Recherches sur le pouls au moyen d'un nouvel appa- reil enregistreur (sphygmographe, avec figures). . • 281 Martin Magron el Buisson. Note sur l'action simultanée du curare et de la noix vomique 147 » MoiLiN Expérience servant à établir les lois fondamentales de la contraction musculaire 181 » — Note sur la physiologie du pouls 275 • MoREAU (A.)' • . • Expériences sur les nerfs du sentiment et du mouve- ment, et sur le nerf pneumogatrique des poissons. 107 » — Sur la polarité électro-statique. Extrait d'un travail de M. Volpicelli, professeur de physique au collège de la Sapience, à Rome 256 » — Sur la section des nerfs pneumogastriques chez les reptiles 155 » — Sur l'origine de l'électricité dans l'appareil de la Tor- pille 155 » — Recherches des racines de sentiment et de mouve- ment chez les oiseaux i3i » o Olligr De la transplantation des éléments anatomiques du blaslème sous-périostal; formation de petits grains osseux dans la région où ontété semés ces éléments. 108 » — Expériences sur la transplantation de la dure-mère pour démontrer que cette membrane doit être re- gardée comme le périoste interne des os du crâne. 109 » — Greffes osseuses. Expériences sur les transplanta- tions d'os provenant d'un animal mort depuis un certain laps de temps 232 » Philipeaiix (J-M.) et Vclpian (A.). Note sur des expériences démontrant que des nerfs sépares des centres nerveux peu- vent, après s'être altérés complètement, se régé- nérer tout en demeurant isolés de ces centres, el recouvrer leurs propriétés physiologiques. . . . 117 » — Recherches expérimentales sur la régénération des nerfs séparés des centres nerveux » 3-}3 .MK.M. 30 466 C. R. PiDERiT (Th.). . . . Des principes falionnels (le la mimique et de la phy- siogtiomonique iCS PuECH (Albert). . . Observation d'une tumeur complexe de l'abdonn'ii ; phlhisic pulmonaire ; kj ste de l'ovaire gauche ; pro- lapsus ulérin; inflammation et abcès des trompes; épanchement du pus dans une cavité accidentelle communiquant au dehors par une fistule à l'hypo- gastre; perforation spontanée de celte cavité acci- dentelle; épanchement de pus dans le péritoine; mort 27 R Rangé (H.) Description d'un appareil à inhalation pulmonaire. . 20."> Regnauld (Jules). . Note sur l'appareil électro-médical de M. BuhmkorfT. 1G7 Robin (Charles). . Note sur un des caractères qui peuvent servir à dis- tinguer l'hématosine de l'hématoïdiiie 89 — Recherches sur le Sarcopte de la gale humaine. . . » — Sur une espèce particulière de concrétion du sao lacrymal 112 — el Magitot. . . Note sur le développement des mâchoires chez l'homme et quelques mammifères avant l'appari- tion des follicules dentaires 212 — Note sur le tissu sous-muqueux ginvival du foetus ou contenu de la gouttière dentaire des os maxilaires. 263 — Note sur quelques particularités anatomi(|ues de la muqueuse gingivale chez le fœtus et le nouveau-né. 259 — Recherches sur les gouttières dentaires el sur la con- stitution des mâchoires chez le fœtus 217 — Recheiches sur l'ordre et le mode d'apparition des follicules dentaires dans la gouttière de chaque mâ- choire » Rouget (Ch.). . . . Noie sur des globules du sang colorés chez plusieurs animaux invertébrés 173 Rousseau (Emi^januel) et Jacquart (Henri). Note sur trois pièces de la collection phrénologique du docteur Gall acquise par le Muséum d'hisloire naturelle de Paris. . . 123 RuHMKORFF (Nole sur l'appareil eleclro-médical de M.); par M. Regnauld 167 S Sappey (C.) Cas de cyclopie 46 — Développement des dents incisives de la mâchoire inférieure chez un enfant de 3 semaines .... 41 — Hypertrophie de la rate; recherches sur le volume et le poids réels de cet organe 234 — Monstre celosomien du genre agénosome 250 — Recherches sur quelques veines portes accessoires* sur la part que prend l'une de ces veines à la déri- vation du sang de la veine porte lorsqu'il ne trouve plus dans le foie un libre passage, et sur le rôle que joue ce courant dérivé dans la production des va- rices et des lutniMirs vari(|ueu$es » C. R. ScniFF (de Francfort). Recherches sur les propriétés électriques des nerfs vivants ni — Remarques sur les expériences de MM. Pbilipeaux et Vulpian sur la régénération des nerfs J79 — Sur la coloralion rouge du pain; examen micro- scopique 168 ScHMiDT (de Dorpat). Sur les prétendus corpuscules amylacés. Analyse de ce travail par M. Berihelot 94 Simon (Edmond). . Vaisseaux lymphatiques de la piluitairechezlhomme. 227 SouBEiRAN (J.-Léonj. Note sur une Loranthacée toxique 2.57 T Thore. Note sur l'apparition prématurée des dents. ... » TiLLAUx (Paul). . . Extrophie de la vessie; disposition de la paroi abdo- minale 7 — Note sur la structure de la glande lacrymale chez 271 l'homme et chez quelques vertébrés 271 V VoLPiCELLi Sur la polarité électro-statique 250 Vulpian Cœurs de grenouilles plongés dans l'eau salée. Aboli- tion rapide des mouvements rhythmiques et de l'irritabilité musculaire Retour des mouvements rhythmiques après une immersion plus ou moins prolongée dans l'eau pure 39 — Corps oviformes du foie et de l'intestin du lapin (planche XI, fig. III, et C. R. 1858), p. 186. — OEufs et larves du distomum ovocaudatum de la grenouille (planche XI,rig.IV, et G. R. I85S), p. 150. — Note sur les effets de la nicotine sur la grenouille. . 150 — Nouvelles expériences sur la survie des queues d'em- bryons de grenouilles après leur séparation du corps 37 — Tumeur intrascrotale à parois calcifiées, formée probablement par une ancienne hématocèle. . . 195 — et Philipeaux. (Foi/. Philipeaux.) FIN DES TABLES. LISTE DES OUVRAGES OFFERTS A liA SOCIÉTÉ DE BIOliO^IE. A Académie royale de médecine de Belgique, mémoires. Academy of natural science of Philadelphie proceedings. Académie royale des sciences, lettres, beaux-arts de Belgique, compte ren- dus, 3 volumes. — Annuaire pour l'année 1859. Annales de la Société anatomo-pathologique de Bruxelles. Annales de médecine vétérinaire de Bruxelles. B Batailhé et Guillet. ... De l'alcool et des composés alcooliques en chi- rurgie. Baud Sur l'emploi thérapeutique des corps gras phos- phores extraits de la moelle allongée des mam- mifères herbivores. BouLEY ET Raynal Dictionnaire de médecine vétérinaire. BouTEiLLiER. Table analytique et générale des matières con- tenues dans les trente premières années des Bulletins de la Société anatomique. Broca Rapport sur une observation de M. Décroizilles et Remarques sur les fractures spiroïdes et sur les régénérations osseuses. Brunet Recherches sur les néomembranes et les kystes de l'arachnoïde (Thèse inaugurale). Bulletins de l'Académie royale de médecine de Belgique. Bulletins de la Société de chirurgie, 1857-1858. Bulletin de la Société médicale des hôpitaux de Paris, t. IV, fascicule n" 4. Bulletins de la Société royale de Londres, procès-verbaux 1854-1858. Bulletins de la Société des naturalistes de Francfort. Bulletin de la Société de médeciue et d'histoire naturelle de Heidelberg. 470 Bulletins de la Société anafomique, 2* sérient. II, 1858. Bulletins de la Société de botanique de France, 1858. Bulletins de la Société impériale de médecine de Marseille. Bulletins de la Société de médecine de Besançon, année 1858. C Cliarleston médical journal. Chassinat Sur la métrorrhée séreuse des femmes en- ceintes. Chatel Brochures sur les céréales. CoLLONGES De la dynamoscopie dans l'hémorrhagie céré- brale. — Application de la dynamoscopie à la constatation des décès. D Dareste Nouveau genre de monstruosité double appar- tenant à la famille des polygnatliiens. Da VAINE Traité des entozoaires. Depaul Observations présentées à l'Académie impériale de médecine, à roccasion du mémoire de iM. Huguier. Desmartis Quelques mots sur les prophylaxies. — Sur le ncivosisnie. DoLBEAU Des tumeurs cartilagineuses de la parotide. — Des tumeurs cartilagineuses des doigts et des métacarpiens. F Ferrier Sur les insectes vésicanis (Thèse inaugurale). FiscHET (James) Ttie Mosaic accouut of the création. G Gaillard Coalescence des quatre membres avec réunion par la méthode de M. J. Cloquet. Gallois (Narcisse) Sur l'oxalate de chaux dans les sédiments de l'u- rine, dans la gravelle et les calculs. Is. Geoffroy -Saint-Hilaire. Résumé des vues sur l'espèce organique 0l (Je la thé.orJ3 do la variabilité lipiilée de l'es- pèce. Gluge et Thiernesse. . . . Sur la réunion des libres nerveuses sensibles avec les fibres motrices. 471 GouLD Desence Albany, 1858. — Reply to the statement of tbe trustées of tbe Dudley observatory. Goux (Louis) Étude sur les eaux sulfureuses sodiques (Tbèse inaugurale). GuBLER Ramollissement cérébral atropbiquc enyisagé comme lésion consécutive à d'autres affec- tions encéphaliques. — Biographie de Lallemant. (Extrait de la Biogra- phie générale des contemporains.) — Sur les paralysies alternes engénéral, et particu- lièrement sur l'hémiplégie alterne avec lésion de la protubérance annulaire. H HouEL Sur l'encéphalocèle coagénital. L Laboulbène Histoire des métamorphorses de plusieurs In- sectes. — Note sur les caroncules thoraciques des Mala- chius. — Sur un Icbneuœon parasite des Araignées. Le Bret Dictionnaire des eaux minérales (livraisons 1, 2 et 3). Lecadre Notice biographique de Lucas Championnière. — Nouveau chapitre aux études sociales hygié- niques et médicales sur les ouvriers employés aux travaux du port du Havre. Le Gendre De l'anus contre nature. (Extrait des mémoires de Société de chirurgie.) Liégeois Physiologie du nerf facial (Thèse inaugurale). M Marey Recherches sur la circulation du sang à l'état physiologique et dans les maladies (Thèse inaugurale). Mémoires de la Société de médecine de Wurzbourg. Meynier Recherches sur l'action toxique de quelques es- sences (Thèse inaugurale). 472 P Painks Institiites of médecine. l'iDEnrT Sur la mimique et la pliysiogiiomonique. l'ivro (Aiitunio Correira de Sequeira). Rapportai! gouvernement de sa ma- jesté sur les hôpitaux provisoires créés à Lisbomie pour les malades atteints de fièvre jaune. PoucHET De riiétérogénie, ou Traité de la génération spontanée. PuECH De l'hématocèle péri-utérine et de ses sources. — Etude sur un monstre double compliqué de deux autres monstruosités. R Rangé (Nouvelle-Orléans). . Sur l'utilité d'un appareil à inhalation pulmo- naire. RoLLET Sur le rhumatisme blennorrhagique. S Smith (Edward) Sur les phénomènes de la respiration. FIN. raiis.— Iiiiiiiiiin- ii:ir E. Tlnuiut et (\\ 2û, vue Racine. i